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Intérêt = protéger l'intérêt public → s’il n’y a pas de procédure pénale, on revient à la justice
privée.
retrouve face à un juge expérimenté, non influencé par le public. Risque du choix d’un
Délai raisonnable: l’Arrêt de droit de l’homme donne des précisions → 3 éléments essentiels
Points de convergence:
Existence:
- Le droit civil peut exister sans procédure civile: Dans un contrat de Bail, tant que les
parties respectent leurs obligations, aucun des deux protagonistes n’ira voir le juge→ il
→Toutefois l’action civile peut suivre l’action pénale. Dans ce cas, il y a possibilité de transiter
Théorie de la preuve:
- En procédure civile, la preuve est réglementée par le DOC. Elle est souvent préétablie
en matière civile, puisqu’il s’agit d’actes juridiques (contrat) établis par écrit;
- En procédure pénale, la preuve est libre. L’infraction étant un fait juridique, aucune
preuve préconstituée ne peut être donnée, seulement des indices. Le juge aura donc
un rôle plus important dans la recherche des preuves en matière pénale qu’en matière
civile.
Exécution de la peine:
- En procès civil, il revient au plaideur gagnant de faire mettre la décision de justice à
exécution;
- Dans un procès pénal, la charge de l’exécution de la décision judiciaire revient au
ministère public.
2) Procédure pénale et droit pénal:
La procédure pénale = droit pénal de forme.
L’expression de droit pénal recouvre les règles de droit pénal de fond = Catalogues
d’infractions + sanctions afférentes. Il peut ainsi être défini comme:
- L’ensemble des règles ayant pour objet de déterminer les actes antisociaux, de
désigner les personnes pouvant en être déclarées responsables et de fixer les peines
qui leur sont applicables »;
- L’ensemble des règles ayant pour objet la détermination des infractions».
A- La charge de la preuve:
En matière répressive, la charge de la preuve incombe au demandeur = MP;
Contrairement au juge civil passif, puisqu’il se contente d’apprécier la valeur des preuves
produites par les parties au soutien de leurs prétentions, le juge pénal agit activement afin de
découvrir la vérité et peut même user de pouvoirs coercitifs à cet effet.
➢ Le juge de l’instruction qui instruit à charge et à décharge (=doit chercher les preuves qui
innocentent la personne mais aussi celles qui le condamnent);
➢ Les juges de jugement qui, s’ils estiment que les preuves présentées sont insuffisantes
peuvent ordonner un supplément d’informations. En effet, en cas d’incertitude sur la
culpabilité, le juge doit prononcer une relaxe ou un acquittement, puisqu’il est impossible
de juger sur un doute.
Cependant, le principe de la charge de la preuve connaît une limite prévue par le code de
procédure pénale qui prévoit que les procès-verbaux et les rapports dressés par les officiers
de la police judiciaire et de la gendarmerie pour constater les délits et les contraventions font
foi jusqu’à preuve du contraire.
B- Modes de preuve:
En matière pénale, la preuve est libre. Contrairement à la matière civile où les modes de
preuve sont fixés préalablement.
→Cette particularité se justifie par le fait qu’en matière répressive, il ne suffit pas de prouver
De là tous les moyens de preuve qui peuvent venir à leur soutien sont admissibles sous
réserve qu’elles soient contradictoirement discutées et qu’elles ne soient pas illicites (aveu
sous tortures, suite au sérum de vérité, détecteurs de mensonges, etc.)
De manière générale, les modes de preuve classiques concernent notamment:
- Le témoignage : Le témoin n’est pas impliqué, il a juste vu ou entendu quelque chose,
raison pour laquelle il est auditionné par les autorités;
- L’aveu = moyen sensible pcq il est généralement “forcé’ par violence, peur,
menace..etc;
- L’écrit = lettre manuscrite ou électronique..etc;
- Demande à la personne accusée d’apporter les preuves de son innocence. Exemple:
origine de l’argent pour une personne accusée de prositution;
- La connaissance directe du juge qui consiste à permettre à celui-ci de se déplacer sur
les lieux de l’infraction, de constater par lui-même, faire des perquisitions et des saisies
afin de se faire une intime conviction.
Les radars, les modes d’investigation scientifique (les empreintes digitales et génétiques), la
médecine légale (autopsie révèle strangulation, empoisonnement…) et la balistique (impacts
de balles, calibres, type d’arme) sont également des moyens de preuve admis.
C- La valeur de la preuve:
Il existe en principe deux systèmes de preuves:
- La preuve légale: le juge devrait condamner à chaque fois qu’une preuve ayant une
force probante déterminée par la loi a été administrée;
- L’intime conviction du juge: C’est ce dernier système qui est appliqué au Maroc et
selon lequel, le juge condamne ou acquitte suivant qu’il est ou non convaincu de la
culpabilité sans être tenu à aucune justification de la force probante des preuves qu’il
détient.
Inconvénients:
- Les parties riches sont privilégiées: L'égalité et l’équité entre les parties font défaut;
- Les juges n’ont pas de rôle actif, ils se contentent des éléments apportés par les
parties;
- Les jurys qui décident de la culpabilité sont partiaux;
- Il n’y a pas de distinction entre procès civil et procès pénal: L’infraction est considérée
comme un délit privé.
Le grand inconvénient de ce système est qu'il risque de sacrifier les intérêts de la répression.
En effet, comme la procédure imposait à l’accusateur la charge matérielle, juridique et
pécuniaire du procès et l’exposait aux peines prévues pour les crimes commis en cas
d’absolution de l’accusateur, cette situation avait entraîné à un moment la carence de tout
accusateur, ce qui a poussé les civilisations ayant adopté cette procédure à suppléer à
l’absence de tout accusateur.
C’est ainsi qu’au début du XIIIème siècle en France par exemple, les procurators ont été
institués et avaient pour mission de représenter les victimes en justice et de porter donc les
accusations.
À la moitié du XIVème siècle, l’institution du procureur du Roi est définitivement établie. Le
procureur du Roi ou le ministère public est ainsi investi du pouvoir de déclencher la procédure
indépendamment de tout accusateur privé et ce dans le but de représenter l’intérêt social.
Néanmoins, il faut signaler qu’à côté du ministère public, tout accusateur peut déclencher ou
se joindre à une procédure.
Le juge d’instruction est saisi par le ministère public et la victime avec constitution de partie
civile. Cependant, le juge d’instruction ne peut se saisir lui-même et doit tenir compte des droits
de la défense. Il n’a pas le droit de se prononcer sur la culpabilité du défendeur et il doit instruire
aussi bien à charge et à décharge.
Caractère accusatoire durant le jugement: Les débats sont publics, oraux et contradictoires
et le juge doit veiller au respect de l’équilibre entre l'accusation et la défense.
3) Le règlement:
Le règlement est tout texte provenant du pouvoir gouvernemental ou administratif
(gouvernement ou ministre) qui n’est autre que le pouvoir exécutif. Les règlements peuvent
être sous forme de Dahirs, de Décrets ou d’Arrêtés. Que signifient-ils ces textes ?
- Le Dahir est une règle juridique émanant du Roi ;
- Le Décret est une règle juridique émanant du premier ministre ;
- L’Arrêté est une règle juridique élaborée et signée par une autorité administrative
subordonnée au premier ministre.
Le domaine réservé au règlement dans le cadre de la procédure pénale paraît dérisoire. En
effet, les interventions du pouvoir réglementaire en matière pénale restent bien rares, car la
loi reste le domaine privilégié de la procédure pénale.
B) Le demandeur:
Le demandeur à l’action publique est le ministère public (procureur, avocat général) incarnant
la défense de la société. Mais la victime, juridiquement parlant, n’est pas partie au procès
pénal.
Elle peut cependant demander réparation de son préjudice dans le cadre d’un procès civil, elle
peut se constituer partie civile. Ce procès peut se tenir dans le même temps que le procès
pénal.
Cet ouvrage traitera, dans un chapitre préliminaire, les principes directeurs du procès pénal. Il
traitera également les différentes étapes qui avancent en quelque sorte des déclinaisons de
ces principes directeurs, du procès pénal. D’un côté l’enquête policière (titre 1), de l’autre côté
l’instruction préparatoire menée par un juge d’instruction (titre 2).
Chapitre préliminaire : Les principes directeurs du procès pénal:
Le procès pénal est fait pour connaître la vérité tout en respectant certaines règles
internationales inspirées de la convention de droit de l’homme. A défaut, il y a violation à la loi
et de la CI au droit de l’homme.
Les principes qui érigent le Procès Pénal sont spécifiés dans 3 cadres essentiels:
- Cadre international: Déclaration universelle des droits de l’homme à l’article 10 +
Pacte international relatif au droit civil et politique au titre de l’article 14 + La convention
européenne de sauvegarde des droits de l’homme au sein de l’article 6.
Ces conventions protègent le droit à la vie, à l'opinion et à la vie privée = protections attachées
à l’être humain et son corps.
Elles posent également les principes phares de tout procès: Le procès équitable, la
présomption d'innocence (propre au droit pénal), l’impartialité des juges, le contradictoire, le
droit de la défense.
La justice doit obéir à ces règles pour que la nation puisse être caractérisée de nation
démocratique et civile. S’il n’y a pas respect de ces principes fondamentaux, elle perd
dénomination de démocratique et est requalifiée d'État dictateur, autoritaire qui n’applique pas
la séparation des pouvoirs.
- Cadre constitutionnel;
- Cadre légal à travers la loi.
L’article premier du livre préliminaire du code de procédure pénale reprend ces principes, dont
principalement le principe de la présomption d’innocence. Donc une protection à tous les
niveaux de ces principes fondamentaux.
L’article 6 de la C.E.S.D.H., l’article 10 de la D.U.D.H. et l’article 14 du pacte international relatif
aux droits civils et politiques, intitulé « droit au procès équitable » envisagent des hypothèses
qui s’appliquent pour l’ensemble du droit processuel et pas seulement qu'au procès pénal. Par
contre certaines dispositions ne s’appliquent qu’à la procédure pénale.
Concernant la première hypothèse, il s’agit, d’un côté, du droit pour tout individu à ce que
sa cause soit entendue équitablement, publiquement dans un délai raisonnable, par un
tribunal indépendant et impartial, le jugement doit être rendu publiquement et chacun a
le droit à l’exécution d’une décision de justice. Il faut dans un premier temps avoir accès à
un tribunal.
Équité = possibilité d’accéder à la justice peu importe la situation sociale de la personne
concernée, et lui permettre de faire l’objet d’une justice de qualité. L’Art 118 de la Constitution
garantit ce droit d’accès.
+ Art 8 de la DUDH donne à toute personne la possibilité de s’opposer à la décision du
juge, et d’intenter un 2ème procès;
+ Art 14: toute personne a le droit d’être entendue dans un tribunal.
La deuxième hypothèse ne se rapporte pas au droit processuel en général, car elle est
spécifique à la matière pénale, il s’agit de la présomption d’innocence, et certains droits et
garanties octroyés à l’accusé et à la victime.
- Arret GOLDER 1921: accès à un tribunal avec droit à une bonne justice + bonne
organisation et composition de la juridiction + garantie dans le déroulement de la
procédure + exécution effective des décisions de justice;
- Arret Duweer 1980: droit au tribunal pour une personne accusée. La CEDH a affirmé
le recours au mode alternatif, mais n’était pas d’accord que l’accusé ait été obligé
d’accéder au tribunal.
instruit l’affaire n’a pas le droit de juger le même dossier. Cette impartialité protège le juge car
sa décision ne sera pas critiquée et sera à l’abri des connivences et des recours.
Pour faire une bonne justice, il doit non seulement y avoir indépendance mais aussi impartialité
des juges.
Le tribunal doit aussi être impartial. Impartialité qui s’analyse de deux manières :
- Une façon objective au regard de ses fonctions, c’est-à-dire qu’on ne pourrait pas
concevoir qu’un magistrat qui par exemple instruit un dossier et demande la
présentation de l’individu devant la juridiction de jugement, s’il estime qu’il y a des
charges suffisantes pour qu’il soit jugé, on ne pourrait donc pas concevoir que ce juge
d’instruction soit aussi dans la juridiction de jugement, car on estime légitimement s’il
demande le renvoi, il a déjà une petite idée de l’issu, en tous les cas, il s’est forgé son
opinion sur la question;
- Cette impartialité s’apprécie également subjectivement, il ne faut pas que le juge
puisse soupçonner de connivence avec l’une ou l’autre des parties en cause 1.
2) Principe de la publicité:
La publicité des débats figurent également dans les instruments des droits de l’homme pour
éviter une justice secrète.
La publicité des débats à l’audience est en effet une garantie pour le justiciable et pour le
juge. Le premier est assuré que la vérité ne sera pas étouffée par une juridiction aveugle ou
partiale, le second voit son œuvre gagner en autorité morale.
Aussi le code de procédure pénale a fait de la publicité une formalité substantielle des
procédures d’audience, dont le respect doit être mentionné à peine de nullité dans les
jugements.
La publicité est assurée à la fois par la présence du public aux débats et par la possibilité
de publier le compte-rendu des débats.
Limites au principe:
a) Évincement:
La publicité est parfois limitée, en application de principes supérieurs de moralité et de
bienséance, qui permettent d’écarter de l’audience certaines personnes ou même la totalité
du public. Le président de la juridiction répressive peut:
- Interdire l’accès de la salle d’audience aux mineurs ou à certains d’entre eux;
- Expulser un ou plusieurs individus qui troublent la bonne tenue de l’audience par leur
attitude, leur manque de respect envers la justice, leur tapage ou même les infractions
qu’ils commettent.
S’ils résistent ou causent du tumulte, la juridiction peut les placer sous mandat de dépôt et les
frapper de deux mois à deux ans d’emprisonnement. Si, au trouble d’audience, s’ajoute une
infraction (par exemple des outrages à magistrat), celle-ci peut être jugée dans les conditions
de compétence indiquées précédemment.
b) Accès complètement interdit:
En outre, l’accès du public à la salle d’audience peut être interdit par le huis clos, total ou
partiel, prononcé par décision motivée, quand l’ordre public ou les bonnes mœurs risquent de
souffrir d’une publicité complète.
Le huis clos a soulevé en pratique de nombreuses difficultés. Son prononcé appartient à la
juridiction elle-même. L’opportunité de la mesure est laissée à l’appréciation souveraine des
magistrats, et ne dépend, en principe, ni du consentement ni de l’avis de l’individu poursuivi,
qui ne peut ni s’y opposer, ni la critiquer.
Toutefois, dans les affaires de viol (simple ou aggravé) ou d’attentat à la pudeur de nature
criminelle, le huis clos est « de droit » si la victime, constituée partie civile, le réclame. Dans
1Afin de garantir l’impartialité des magistrats, la loi prévoit certaines incapacités de juger, par exemple en cas de
lien de parenté entre plusieurs magistrats d’une même juridiction, ou entre un magistrat et un avocat ou une partie.
Il existe en outre une procédure de récusation permettant aux parties de mettre en cause la partialité suspectée d’un
juge.
les autres cas, c’est-à-dire lorsque la victime n’a pas réclamé elle-même le huis clos, celui-ci
ne peut être ordonné que si elle ne s’y oppose pas.
En ce qui concerne sa portée, le huis clos peut viser toutes personnes étrangères au procès,
ou admettre la présence de certaines d’entre elles. Il peut, en outre, être limité à une partie
des débats ou les couvrir entièrement. Mais on admet, en pratique, que rien n’empêche
qu’avant la fin des débats, on revienne à la publicité complète, même si le huis clos avait été
ordonné pour toute la durée de l’audience.
Pendant le huis clos, la procédure se poursuit comme à l’ordinaire, ce qui autorise
l’accomplissement de tous les actes qui auraient pu être faits à l’audience publique.
5) Le principe du contradictoire:
Le principe du contradictoire (ou principe de la contradiction) est un principe de droit existant
dans toute procédure, qu’elle soit civile, administrative, pénale ou disciplinaire, et qui signifie
que chacune des parties a été mise en mesure de discuter l’énoncé des faits et les moyens
juridiques que ses adversaires lui ont opposés.
Ce principe est à rapprocher des notions de droits de la défense, loyauté, équité et égalité des
armes. Le principe du respect du contradictoire s’applique à tout moment de la procédure.
Le trait le plus important est la contradiction dans la procédure à l’audience. Les parties sont
présentes aux débats, y produisent leurs preuves et y combattent librement celles de leurs
adversaires.
La présence des parties est nécessaire. Deux hypothèses à distinguer:
- D’une part, si le prévenu est libre, il doit déférer à la citation et se présenter à l’audience;
- D’autre part, s’il est détenu, il est extrait de prison et conduit aux débats.
Que se passe-t-il s’il refuse de se voir juger régulièrement ?
➢ S’il est libre, la procédure par défaut en matière correctionnelle ou de police et de
contumace en matière criminelle permettent de le juger malgré tout ; mais les décisions
rendues sont fragiles et tombent soit sur opposition, soit par la purge de la contumace;
➢ S’il s’agit d’un accusé, placé en état de détention provisoire, le président du tribunal de
première instance ou de la Cour d’appel peut, sur sommation de comparaître faite par
huissier et restée sans effet, le faire amener de force devant la Cour, ou décider qu’il
sera passé outre aux débats, malgré son absence. Après chaque audience, lecture lui
est donnée du procès-verbal des débats et copie délivrée des réquisitions du ministère
public et des décisions rendues, qui sont toutes réputées contradictoires.
La libre défense des parties implique leur présence à toutes les phases du procès et la
communication de toutes les preuves sur lesquelles la juridiction formera sa conviction.
Corollaire du principe de contradiction, le droit est donné à chaque partie privée d’être assistée
d’un défenseur.
La liberté de parole devant la juridiction de jugement est garantie par l’impunité des discours
prononcés, qui ne peuvent donner lieu à aucune action en diffamation, injure ou outrage, sauf
pour les faits étrangers à la cause et sous réserve de l’action civile appartenant aux tiers (sur
la presse).
La présence de l’accusé ou du prévenu aux débats ne suffit pas. Le principe du contradictoire
impose, en outre, que la personne poursuivie soit informée exactement des faits qu’on lui
reproche, et de la nature ainsi que de la gravité des charges retenues contre elle. Si, au cours
de l’audience, des éléments nouveaux sont découverts ou sont produits par une des parties
au procès, les juges ne peuvent établir leur conviction sur eux ou s’en servir à l’appui de leur
décision si ces éléments n’ont pas été soumis à la libre discussion de toutes les parties.
6) Principe de la présomption d’innocence:
Dans sa définition commune, la présomption d’innocence signifie qu’un individu, même
suspecté de la commission d’une infraction, ne peut être considéré comme coupable avant
d’en avoir été jugé tel par un tribunal et après épuisement des voies de recours.
Ce principe est consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (art.
11), de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 (art. 9), de la Convention
européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme (art. 6), le Pacte international relatif aux
Droits civils et politiques du 16 décembre 1966 3, ou encore de la nouvelle Constitution
marocaine adoptée par référendum le 1er juillet 2011 (art. 23), le code de procédure pénale (a.
1er).
Juridiquement, la présomption d’innocence est un principe fondamental qui fait reposer sur
l’accusation, en l’occurrence le procureur du Roi, la charge de rapporter la preuve de la
culpabilité d’un prévenu/accusé.
Ce principe relève des droits de la personne mise en cause qui a droit au respect de sa dignité.
C’est une garantie essentielle du procès pénal. Il permet à l’individu mis en cause de se
défendre en partant du postulat qu’il n’a pas commis les faits. La personne est donc présumée
innocente jusqu’à ce qu’on démontre l’inverse.
Droits de personne accusée:
En se défendant pour rester innocent, il existe toute une gamme des droits accordés à la
personne mise en cause en vue de protéger cette innocence:
- Elle doit être informée des charges retenues contre elle pour la garde-à-vue, dans le
cadre de l’instruction préparatoire et lors de l’audience;
- Elle a droit à l’assistance d’un avocat qui suppose que la charge de la preuve repose
sur la partie accusatrice, sur le ministère public. C’est à celui-ci de démontrer
l’existence de l’infraction en tous ces éléments : légal, matériel et moral et la culpabilité
de l’individu. Si le doute subsiste, il profite à la personne mise en cause.
Les termes qu’on entend régulièrement dans les médias : de présumé coupable, d’auteur
présumé coupable d’une infraction sont faux et n’ont aucun sens juridiquement puisque c’est
le principe de la présomption d’innocence qui gouverne.
Il existe, cependant, quelques exceptions à cette nécessité pour l’accusation d’apporter la
preuve de l’infraction pour faire tomber la présomption d’innocence, pour renverser la charge
de la preuve. Ainsi, à titre d’exemple, l’article 498 C.P. prévoit:
« Est puni de l'emprisonnement de un an à cinq ans et d'une amende de cinq mille à un
million de dirhams, à moins que le fait ne constitue une infraction plus grave, quiconque
sciemment :
(…)
7) se trouve incapable de justifier la source de ses revenus, considérant son niveau de
vie alors qu'il vit avec une personne se livrant habituellement à la prostitution ou à la
Restructuration:
L’action publique est généralement mise en mouvement par le dépôt de la plainte. Une
personne qui s’estime victime d’une infraction peut porter plainte pour déclencher des
poursuites à l’encontre de l’auteur de l’infraction.
Le dépôt de plainte s’effectue généralement en se déplaçant auprès d’un commissariat ou
d’une gendarmerie.
L’action publique peut aussi être mise en mouvement par dénonciation ou lorsque le
procureur du Roi constate l'infraction de lui-même.
Une fois qu’elle est déclenchée, l’enquête judiciaire peut commencer. On peut la définir
comme l’ensemble des procédures et des mesures prises dans le but de rechercher les
auteurs d’une infraction, de réunir les preuves et de mettre au jour les conditions et les
modalités de commission de l’infraction.
L’enquête judiciaire ne concerne que les délits et les crimes.
La première phase du procès pénal, le juge va se baser sur les PV établis par les enquêteurs
essentiellement. « La qualité d’une Nation civilisée se résume aux méthodes utilisées par sa
police pour appliquer le droit » - William Churchill.
L’enquête menée par la police judiciaire, a connu une évolution dans l’histoire du droit
marocain4.
Sous le protectorat, les actes visant à constater les infractions pénales et à rechercher les
éléments de preuve et les auteurs d’infractions, sont régis par une réglementation divergente
selon les juridictions compétentes, françaises ou du Makhzen.
➢ Les principes directeurs du procès pénal appliqués devant les juridictions française et
le Royaume sont les mêmes: l’instruction est confiée au juge d’instruction, tandis que
la poursuite est confiée au ministère public. A l’exception des cas de flagrant délit,
l’enquête n’était pas explicitement confiée à la police judiciaire.
L’article 2 C.P.C. précise que « l’officier de police judiciaire qui constate une contravention en
transmet le procès-verbal à l’officier du ministère public près le tribunal de paix de la
circonscription ou au juge de paix pour toute suite de droit ».
Cependant, la difficulté était de savoir les autorités compétentes à exercer les pouvoirs de la
police judiciaire. En raison de l’insuffisance de l’organisation empruntée de la métropole, la
qualité d’officier de police judiciaire a dû être étendue dès 1913 à « certains magistrats et à de
nombreux fonctionnaires, civils ou militaires, dans leurs circonscriptions respectives »5.
➢ L’organisation des juridictions Makhzen était plus compliquée. Il y avait une confusion
des pouvoirs administratif et judiciaire, particulièrement caractérisée par le
renforcement des compétences juridictionnelles des Pachas et Caïds6.
Ainsi, l’instruction a été confiée aux Pacha et Caïd, ou leur suppléant, assisté par un
commissaire du gouvernement. Ce dernier « tient [en effet] le rôle de ministère public et veille
4
EL BAKIR Mohammed, hal.archives-ouvertes.fr.
5
Les officiers du ministère public près les tribunaux de paix ; les commandants ou chefs de région ; les
commandants ou chefs de poste ; les chefs soit d’une brigade ou d’un poste de gendarmerie, soit d’un corps
remplissant les fonctions de la gendarmerie ; les contrôleurs civils ou leurs adjoints des affaires indigènes ; le
directeur des services de la sécurité publique, les contrôleurs généraux de police, les inspecteurs-chefs principaux
et inspecteurs de police ; les officiers commandant un port et leurs adjoints ; les officiers du service de
renseignement ; les chefs des services municipaux et leurs adjoints ; les chefs de la police mobile ; les inspecteurs
de la sûreté régionale ; les inspecteurs-adjoints du contrôle du chemin de fer pour la constatation des crimes, délits
et contraventions commis dans l’enceinte des chemins de fer et de leurs dépendances ; et l’inspecteur principal,
chef de la répression des fraudes, les inspecteurs principaux et les inspecteurs de la répression des fraudes, dans
l’exercice de leurs fonctions, sur tout le territoire de la zone française de l’empire. V. CAILLE (J.), précité, p. 165.
6ZIRARI-DEVIF Michèle, la formation du système pénal marocain, thèse, Nice, 1989, p. 206 et s.
à la bonne administration de la justice. Il décide au pénal de l’ouverture des informations ou
des classements des plaintes, exerce l’action publique et peut poursuivre d’office ».
La police judiciaire dans le sens moderne n’existait pas.
Le début du protectorat a connu la création d’un corps de police structuré et assez spécialisé.
La gendarmerie était organisée par le décret du 25 novembre et le dahir du 2 décembre 1927.
Son rôle est d’aider les deux justices makhzen et française.
Or l’organisation judiciaire du Maghzen lui attribue plus de pouvoirs, car elle avait la qualité de
police judiciaire. Elle était placée sous l’autorité du procureur général près la Cour de Rabat.
La police et la gendarmerie pouvaient ainsi conduire des enquêtes en toutes matières. Elles
sont tenues de matérialiser toutes les opérations et tous les actes en relation avec la
construction de la procédure dans des procès-verbaux.
→L’arrêté résidentiel du 17 avril 1917 portant réglementation de la police mobile lui confiait les
missions de seconder l’autorité judiciaire dans la recherche et la répression des délits de droit
renseignements les concernant, de réprimer la fraude dans la vente des marchandises et les
fabrications des denrées alimentaires et des produits agricoles, d’assurer la police des voies
« bulletin de la police générale », les mandats de justice décernés contre les malfaiteurs en
fuite.
La police de sûreté, organisée par le dahir du 1 er mars 1924, était chargée, à côté de ses
attributions purement administratives, de prévenir les attentats, constater les crimes et délits,
rechercher les auteurs et exécuter les mandats de justice.
Le code de procédure pénale de 19597 contenait des dispositions suffisamment claires,
calquées sur le modèle de la procédure pénale française. Il prévoyait une enquête préalable
à la saisine du juge qui peut se dérouler en deux modes, préliminaire ou de flagrance. Il en
confie la charge à des officiers dont il précise les qualités et qui l’exercent sous la direction du
procureur du Roi ou du procureur général du Roi et le contrôle de la chambre correctionnelle
de la Cour d’appel.
Cette présentation permet de traiter, d’une part, les organes de la police judiciaire (Chapitre
1), et d’autre part, leurs actes (chapitre 2).
7Abrogé à compter du 1er octobre 2003 par la loi n° 22-01 relative au code de procédure pénale promulguée par
le dahir n° 1-02-255 du 3 octobre 2002 - 25 rejeb 1423 ; publié au B.O n° 5078 du 30 janvier 2003.
contrôle de la chambre correctionnelle de la Cour d’appel, désigne l’ensemble des personnes
chargées de faire l’enquête.
C’est la police qui reçoit les plaintes des victimes, les dénonciations, auditionne les témoins.
Son rôle essentiel est l’investigation en cherchant tous les éléments pour identifier l’auteur.
La police judiciaire, qui intervient très tôt dans le processus pénal, a un rôle très important
dans la constitution matérielle et juridique du dossier.
Police judiciaire = Police nationale + Gendarmerie.
Elles exercent deux types de mission :
- Des missions dites de police administrative, qui consistent à s’assurer, à veiller au
maintien de l’ordre public, ou à le rétablir ;
- Des missions dites de police judiciaire qui ont pour but de rechercher et constater
une infraction déjà commise ou qu’elle va l’être.
La mission de la police administrative est de préserver davantage l’ordre public. Imaginons, et
c’est un exemple donné en doctrine, une ronde menée par la police dans tel ou tel quartier, si
la police mène cette ronde pour s’assurer qu’il n’y pas de bruit, on est dans une mission de
police administrative.
Mais si la police mène cette même ronde après avoir été alertée par un riverain par exemple
qu’il y avait du bruit, qu’un individu rodait de près autour de tel ou tel véhicule faisant de bruit,
là on est devant une mission de police judiciaire parce qu’on s’intéresse à quelque chose de
beaucoup plus précis que le simple fait de surveiller ou de veiller sur la protection de l’ordre
public.
→ Ce sont les mêmes organes qui mènent ces deux types de missions.
En fait, l’enquête de police judiciaire sont les investigations menées par les officiers de police
judiciaire avec l’assistance des agents de police judiciaire, pour constater les infractions à la
loi pénale, rassembler les preuves et rechercher les auteurs.
La police judiciaire comprend les officiers supérieurs de police judiciaire (section 1), les
officiers de police judiciaire (section 2), les agents de police judiciaire (section 3), et certains
fonctionnaires que la loi leur attribue la qualité de police judiciaire (section 4).
§. 1 - Les catégories:
Les officiers supérieurs de police judiciaire comprennent :
- Le procureur général du Roi et ses substituts;
- Le procureur du Roi et ses substituts ;
- Les juges d’instruction.
§. 2 - Les pouvoirs:
➢ Le ministère public est représenté, auprès de la Cour d’appel, par le procureur général
du Roi en personne sous le contrôle de la chambre correctionnelle de la Cour d’appel
de sa circonscription.
Il a dans l’exercice de ses fonctions le droit de requérir directement la force publique.
Le procureur général du Roi procède en personne ou fait procéder à tous les actes nécessaires
à la recherche des crimes, en appréhender les auteurs et les présenter aux fins de poursuite
(art 49 du CPP);
➢ Le procureur du Roi a le droit, selon l’article 40 § 2, code procédure pénale, de procéder
ou faire procéder à tous les actes nécessaires à la recherche des auteurs des infractions
à la loi pénale. Il ordonne qu’ils soient appréhendés et présentés aux fins de poursuite.
Il a aussi le droit de décerner des mandats d’arrêt internationaux de recherche et d’arrêt
aux fins d’extradition.
Le procureur du Roi dirige, dans le ressort de son tribunal, l’activité des officiers de police
judiciaire et procède à leur notation à la fin de chaque année.
De même, le procureur du Roi veille sur le respect des mesures de garde à vue, ses délais et
son déroulement dans les locaux aménagés à cet effet dans le ressort de sa circonscription.
Pour cela, il procède à une visite des locaux de garde à vue, au moins deux fois par mois. Il
établit un rapport à l’occasion de chaque visite.
➢ Le juge d’instruction est un officier supérieur de la police judiciaire. Le législateur lui
attribue des pouvoirs importants, car il procède à l’instruction des infractions commises
dans le ressort de sa circonscription.
D’après l’Article 56, le juge d'instruction ne peut informer qu'après avoir été saisi par un
réquisitoire du procureur du Roi ou par une plainte avec constitution de partie civile.
Le réquisitoire est l’écrit par lequel le ministère public expose ses arguments aux magistrats
de la juridiction répressive afin d'ouvrir une information, de renvoyer le prévenu devant une
juridiction répressive ou de conclure à un non-lieu.
Pour l’instruction sur les faits nouveaux, s’il s’avère qu’il y a d’autres infractions pendant
l’instruction sur une affaire déterminée, le juge d’instruction doit demander un nouveau
réquisitoire.
Dans la situation de la flagrance, le transport du juge d’instruction sur les lieux de l’infraction
lui attribue la priorité pour procéder à toute opération et à tous actes justifiés par l’urgence, et
cela en dépit de la présence du procureur général du Roi ou du procureur du Roi sur le lieu de
l’infraction. Il peut ainsi procéder à des constatations d’indices matériels, à des perquisitions
et saisies (…). Il a le droit, dans l’exercice de ses fonctions, de requérir directement la force
publique.
Le juge d’instruction peut aussi décerner des mandats et décider de contrôle judiciaire, ou la
détention préventive.
Section 2 - Les officiers de police judiciaire:
Selon l’article 20, code procédure pénale8, ont qualité d’officiers de police judiciaire :
- Le directeur général de la sûreté nationale, les préfets de police, les contrôleurs
généraux de police, les commissaires de police, les officiers de police;
- Les officiers et gradés de la Gendarmerie Royale ainsi que les gendarmes
commandant une brigade ou un poste de Gendarmerie Royale, pendant la durée de
ce commandement;
8Modifié et complété par l’article 2 de la loi n° 35-11 promulguée par le Dahir n° 1.11.169 du 17/10/2011.
- Les pachas et caïds;
- Le directeur général de la direction de la surveillance du territoire, les préfets de police,
les contrôleurs généraux de police, les commissaires de police, les officiers de police
de cette direction concernant les infractions visées à l’article 108 de ce code (…) ».
Cette qualité peut être octroyée aux inspecteurs de la sûreté nationale ayant une ancienneté
d’au moins trois ans de service mais il faut un arrêté conjoint des ministres de la justice et de
l’intérieur ; aux gendarmes ayant effectué le même temps de service avec un arrêt du ministre
de la justice.
Leur compétence d’attribution s’étend à la constatation des infractions, le rassemblement des
preuves et des indices et la recherche des délinquants. Ils reçoivent également les plaintes et
les dénonciations et effectuent les enquêtes préliminaires.
En cas de flagrant délit, ils peuvent effectuer les actes nécessaires au bon déroulement de
l’enquête et informer, sans délai, le procureur.
§. 1 - Le directeur général de la sûreté nationale, les préfets de police, les
contrôleurs généraux de police, les commissaires de police, les officiers de police:
Les contrôleurs généraux de police, les commissaires et les officiers de police exercent,
souvent, les fonctions de police judiciaire avec la coordination du ministère public. Le directeur
général de la sûreté nationale et les préfets de police prennent seulement, en tant que haute
autorité administrative, la direction et le contrôle de ces organes.
§. 2 - Les officiers de police judiciaire chargés des mineurs:
Selon l’article 460 du C.P.P., un officier de police judiciaire est en charge des mineurs. Il s’agit
d’une police spécialisée en la matière conformément aux dispositions de l’article 40.3 de la
C.I.D.E.
Cette police judiciaire est tenue d’un certain nombre d’obligations: Il s’agit de garder le mineur
auquel est imputée l’infraction dans un endroit spécialement aménagé à cet effet pour une
durée ne dépassant pas celle de la garde à vue.
§. 3 - Les pachas et caïds:
Les pachas et caïds à la tête d’une circonscription ont la qualité d’officiers de police judiciaire
pour les délits mineurs.
En ce qui concerne le wali ou le gouverneur, ils ont la qualité d’officiers de police judiciaire,
mais il faut la réunion de trois conditions :
1) En cas d’urgence ;
2) Dans le cas des infractions contre la sûreté intérieure ou extérieure de l’Etat ;
3) Cette autorité de l’Etat n’a pas connaissance que l’autorité judiciaire soit déjà saisie.
Ils peuvent donc faire personnellement tous actes nécessaires à l’effet de constater les
infractions ou requérir par écrit à cet effet les officiers de police judiciaire compétents.
Le wali ou le gouverneur est tenu, s’il fait usage de ce droit, d’en aviser immédiatement le
représentant du ministère public de la juridiction compétente, de se dessaisir de l’affaire à son
profit dans les vingt-quatre heures de l’ouverture des opérations en lui transmettant les pièces
et en lui présentant toutes les personnes appréhendées.
§. 4 - Les officiers et gradés de la Gendarmerie Royale ainsi que les gendarmes
commandant une brigade ou un poste de Gendarmerie Royale, pendant la durée de ce
commandement:
Cette catégorie de la police judiciaire concerne les officiers de la Gendarmerie Royale et les
gendarmes dont le grade est supérieur au grade de lieutenant, car ce dernier n’a pas la qualité
d’officier de police judiciaire, à moins qu’il commande une brigade ou un poste de Gendarmerie
Royale.
Il est à noter que les simples gendarmes peuvent être officiers de police judiciaire à condition
de compter 3 ans de services dans la Gendarmerie et d’être nominativement désignés par
arrêté des ministres de la justice et de l’intérieur.
Section 3 : Les agents de la police judiciaire :
A) Catégories:
Ils sont visés à l’article 25 C.P.P. ce sont :
- Les fonctionnaires des services actifs de police ;
- Les gendarmes qui n’ont pas la qualité d’OPJ ;
- Les Khalifas de pachas et les Khalifas de Caïds.
B) Fonctions:
Leurs fonctions consistent à assister les officiers de police judiciaire et à les informer des
infractions parvenues à leur connaissance outre la constatation de celles-ci et la recherche de
leurs auteurs sous le contrôle des officiers de police judiciaire.
Ces agents dressent des procès-verbaux pour constater les infractions. Ils reçoivent par
procès-verbal les déclarations faites par toutes personnes susceptibles de leur fournir des
indices. Mais ils ne peuvent pas décider du placement en garde à vue, ni exécuter des
commissions rogatoires.
Les procès-verbaux doivent être datés, signés, et indiquer la qualité de leur auteur.
Ils ne devraient avoir la valeur que de simples renseignements, et le tribunal devrait pouvoir
écarter les faits qui y sont constatés s’il a acquis une conviction différente.
Chapitre 2 – Les opérations de police judiciaire
L’enquête de police précède l’instruction. Elle ne sera pas toujours conduite de la même
manière. Il existe :
- Une enquête de flagrance (section 1) où le principe de la PI est légèrement écarté en
vue des circonstances qui entourent le crime ou le délit flagrant.
- Une enquête préliminaire (section 2) dans laquelle le principe de la présomption
d’innocence joue pleinement.
- Une enquête sur commission rogatoire (section 3) lorsque l'enquête policière a lieu
après l'ouverture d’une information judiciaire (A ce stade du déroulement du processus,
l’action publique n’est pas encore mise en mouvement).
→Il y a violation de la loi si une EF est ouverte en dehors des cas prévus. Toutefois, la loi ne
prévoit pas la nullité des PV en cas de violation (Art 751 du CPP).
9Jean Louis DEL BAYLE, la police : approche socio politique, éd. Montcherstien, 1992, p. 111.
● Crime ou délit réputé flagrant ;
● Infraction assimilée à la l’infraction flagrante.
1) Crime ou délit concrètement flagrant:
C’est le crime qui se commet actuellement (même au stade de la simple tentative) ou qui vient
de se commettre.
L’actualité du crime ou délit dont parle le texte signifie que l’auteur est pris sur le fait, en train
d’exécuter son projet (qu’il soit déterminé ou indéterminé) : le coupable est surpris. La solution
retenue par la jurisprudence dominante exige que l’infraction se révèle par des indices
extérieurs indiscutables. L’infraction qui se commet actuellement : « suffisamment
parlants », exemple l’incendie. Au facteur temps doit s’ajouter l’élément de publicité 10.
Il est à noter que l’actualité n’est pas toujours évidente selon qu’on a affaire à un crime ou un
délit. Selon une étude intéressante de Miloudi Hamdouchi sur une période de 10 ans (1982-
1992), l’actualité du crime ne se rencontre qu’une fois sur 1000 ; le crime étant presque
toujours pensé, calculé, même dans les hypothèses où les victimes étant presque toujours
indéterminées. Le criminel prépare son plan de retrait avant la commission du crime, même
indéfini, de façon à dérouter les enquêteurs11.
→L’actualité n’est en fait réelle qu’en matière de délit parce que, généralement, le délit est
indéterminé et peut se constituer sans plan préétabli, sauf lorsqu’il s’agit d’infractions
économiques ou de mœurs. Les gens ne sortent pas dans les lieux publics avec l’intention de
se battre. Mais tout endroit de concentration favorise le développement d’une forme de
criminalité, notamment l’escroquerie, le trafic d’influence, l’émission de chèques sans
provision, le vol à la tire, le racolage, etc.12
10André Vitu et Roger Merle, traité de droit criminel : procédure pénale, CUJAS, Paris, 1979, p. 286.
11Miloudi Hamdouchi, le régime juridique de l’enquête policière, Coll. Manuels et travaux universitaires, 1ère éd.
1999, p. 83.
12
Op. cit.
Le problème du délai devient inconcevable car le crime peut avoir lieu au cours d’une absence
plus ou moins longue du chef de maison.
Est régulière la procédure dans laquelle deux A.P.J., alertés par la personne indiquant que la
porte d’une maison voisine est ouverte dans tout l’après-midi, sans manifestation de présence
humaine, pénètrent sur les lieux pour une mission d’assistance, constatent la présence de
haschich, informent un O.P.J. qui, agissant en enquête de flagrance, perquisitionne. Il suffit de
la connaissance par l’O.P.J. d’indices apparents d’un comportement délictueux.
L’article 65 du CPP autorise l’OPJ à contrôler l'identité de toute personne présente sur les
lieux. Si cette dernière refuse, elle est passible d’une peine d’emprisonnement et d’une
Arrivée du PR: Durant l’enquête flagrante, l’arrivée du procureur du Roi sur les lieux dessaisit
l’O.P.J. Le représentant du parquet a le choix : accomplir lui-même tous les actes de police
judiciaire ou prescrire à l’O.P.J. de poursuivre les opérations.
Si le procureur demande par réquisitoire au juge d’instruction d’ouvrir une information, on
bascule de l’enquête à une instruction.
Arrivé du JI: Le contrôle devient purement judiciaire si le juge d’instruction est présent sur les
lieux de l’infraction flagrante. Selon l’article 75 du C.P.P., les magistrats du ministère public et
les O.P.J. sont de plein droit dessaisis à son profit. Il peut accomplir lui-même les actes de
police judiciaire, comme il peut prescrire à l’O.P.J. de poursuivre les opérations.
B) La perquisition:
La perquisition d’un domicile est la deuxième mesure accordée par la loi à la police judiciaire
en matière de flagrance.
14Ilfaut remarquer que l’article 57 C.P.P., qui fait obligation à l’O.P.J. d’informer le procureur du Roi, ne fait pas
partie des dispositions qui, selon l’article 63 C.P.P., sont prescrites à peine de nullité. Mohammed-Jalllal ESSAID,
précité, p. 66.
C’est une étape décisive. On cherche des objets, des documents, des données
informatiques…, des éléments qui permettent la manifestation de la vérité. Par la perquisition
on obtient la saisie des choses.
C’est une opération qui implique une intrusion de la police judiciaire pour rechercher les
preuves présentes dans le domicile de la personne soupçonnée ou d’un tiers susceptible de
détenir des pièces ou objets ayant un rapport avec les faits incriminés. Ces éléments de preuve
peuvent être corporels ou incorporels.
But = connaître l’infraction + identifier l’auteur et déterminer sa culpabilité ou non.
Notion de domicile: Le domicile est défini à l’art 511 du CP: “Est réputée maison habitée,
tout bâtiment, logement, loge, tente, cabine même mobile, qui, même sans être actuellement
habité, est destiné à l'habitation et tout ce qui en dépend comme cours, bassescours, granges,
écuries, édifices qui y sont enfermés, quel qu'en soit l'usage et quand même ils auraient une
clôture particulière dans la clôture ou enceinte générale”.
+ Art 230 du CP: “Tout magistrat, tout fonctionnaire public, tout agent ou préposé de
l'autorité ou de la force publique qui, agissant comme tel, s'introduit dans le domicile
d'un particulier, contre le gré de celui-ci, hors les cas prévus par la loi, est puni d'un
emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 200 à 500 dirhams..”.
→Le domicile est protégé par la C, la loi et les conventions internationales.
Condition: Le domicile est considéré comme domicile lorsque ce dernier est aménagé.
D’après la cour de cassation française, le véhicule aménagé est un domicile.
Cas d’immeubles en copropriété: Seule la partie en copropriété ouverte peut faire l’objet
d’une perquisition en dehors des heures légales prévues. En effet, la Cour de Cassation
française n’admet pas la partie non entourée d’une clôture constante comme un domicile.
Après avoir posé le principe de l’inviolabilité du domicile, l’article 24 de la constitution de 2011
prévoit que « les perquisitions ne peuvent intervenir que dans les conditions et les formes
prévues par la loi ».
→En cas de perquisition dans un cabinet d’avocat, la perquisition est effectuée par un
magistrat du ministère public (procureur du Roi) en présence du bâtonnier ou de son délégué
ou après l’avoir avisé par tous les moyens possibles.
Information supplémentaire: L’art. 60, al. 2 C.P.P. prévoit une situation découlant à la fois
de la tradition musulmane et du droit international: La fouille corporelle des personnes de sexe
féminin, ne peut être effectuée que par une femme désignée par l’O.P.J.
Appel au secours (infraction en cours) ≠ appel pour constater une infraction (infraction
commise)
C) La garde à vue:
Le code de procédure pénale ne définit pas la garde à vue. Il ne précise pas aussi les
fondements de cette mesure (indices, raisons plausibles…). Cet état de lieu est critiquable,
surtout que la mesure de la garde à vue porte une atteinte grave aux libertés individuelles. Elle
concerne aussi bien les crimes et délits flagrants que les situations ordinaires.
Depuis la création du code de procédure pénale le 10 février 1959, la garde à vue était
réglementée par des textes épars qui ne protégeaient guère les libertés et les droits des
personnes gardées à vue. → garde à vue = mesure exceptionnelle. Dans ce code, plusieurs
Malgré les réformes, le Dahir du 3 octobre 2002 ne précise pas les cas où les personnes
peuvent être placées en GAV “en cas de nécessité" = preuves, risques de disparition,
risques d’influencer le témoin..etc . ≠ “pour des raisons plausibles” dans le code
français. Mais l'avant-projet du Code de procédure pénale a réussi à combler les lacunes de
la loi 22.01.
C’est l’une des mesures la plus contestée. Ce n’est pas une arrestation malgré le fait qu’elle
soit une privation de liberté. C’est une mesure de contrainte.
➢ Pour l’EF: L’O.P.J. informe le ministère public de la mesure qu’il a décidée (art. 66, al.
1er C.P.P.). La présentation de la personne avant expiration de la durée n’est pas
envisagée.
➢ Pour l’EP: La GAV ne peut être ordonnée que sur autorisation préalable du MP (art.
80, al. 1er C.P.P.). La personne gardée doit être présentée au MP avant expiration de
la durée de la GAV.
Exceptions: Pour les GAV des personnes suspectées d’infractions contre la sécurité
intérieure ou extérieure de l’Etat ou d’infractions terroristes, les dispositions suivantes sont
prévues:
L’art. 66 C.P.P. dispose que « lorsqu’il s’agit d’atteinte à la sécurité intérieure ou extérieure de
l’Etat, le délai de la garde à vue est de 96 heures renouvelable une seule fois sur autorisation
du ministère public …
….Lorsqu’il s’agit d’une infraction en matière de terrorisme, le délai de la garde à vue est de
96 heures renouvelable deux fois, pour une durée de 96 chaque fois, sur autorisation écrite
du ministère public » (al. 4).
Il ne faut pas pousser la personne à parler → aveu extorqué (surtout pour les primo
délinquants).
L’art. 66 C.P.P. fait du contact d’un avocat un droit de l’individu gardé à vue qui en bénéficie
quelle que soit la nature de l’infraction en cause, « cette assistance permet d’étendre,
timidement, les bases du procès équitable dès l’enquête de flagrance »15mais il a limité ce
droit quant au moment de son exercice. Cet article énonce que : « la personne placée en garde
à vue peut, en cas de prolongation de celle-ci, demander à l’O.P.J. à s’entretenir avec un
avocat … », et ajoute : « l’avocat désigné peut également communiquer avec la personne
placée en garde-à-vue ».
Moment d’intervention:
- Pour l’EF, l’avocat peut intervenir dès 24h, c’est-à-dire avant la fin de la moitié de la
durée principale de la garde à vue. Cet entretien se fait sur autorisation du ministère
public et sous le contrôle de l’OPJ;
- Pour l’EP, son intervention débute dès les premières heures de prolongation de la
GAV).
Exceptions:
- Les mineurs ont le droit de s’entretenir avec un avocat dès le début de la détention
puisque l’article 460 C.P.P. n’a fixé aucun moment d’intervention;
- Pour les infractions terroristes et celles de l’article 108 du CPP, il y a déplacement du
moment d’intervention. L’entretien peut être différé de 24 à 48H à compter de
l’expiration de la durée principale de la garde à vue (96H) avec autorisation du MP.
Durée de l’entretien: Droit à un entretien de 30 mins dans les locaux pour garder la
confidentialité.
Pouvoirs de l’avocat: Ils sont limités puisque l’avocat n’a le droit ni d’avoir accès au dossier
de la personne gardée à vue, ni informé de la date présumée de l’infraction reprochée ni de
sa nature, ni d’assister aux interrogatoires, ni d’être informé des résultats de l’enquête qui a
été réalisée. A cet effet, sa mission se résume à vérifier les conditions dans lesquelles se
déroulent la garde à vue, et il se base uniquement sur les dires de la personne mise en cause.
5) Le contrôle de la garde-à-vue:
Le législateur impose que soit établi l’ensemble des actes accomplis par l’O.P.J. pendant le
placement d’une personne en garde-à-vue par deux moyens essentiels : le registre et le P-V.
Établissement d’un registre dans les locaux: L’a. 66, al. 11 C.P.P. dispose qu’ : « un
registre, coté et paraphé par le Procureur du Roi, doit être tenu dans tous les locaux
susceptibles d’accueillir des personnes placées en garde-à-vue ».
Il y sera fait mention de l’identité de la personne retenue, des motifs de sa garde-à-vue, l’heure
du départ et de la fin de celle-ci, le temps des interrogatoires, les moments de repos, l’état
physique et de santé de la personne et la nourriture qui lui a été offerte (al. 13).
Signature du registre: Le registre est signé par la personne gardée à vue et l’OPJ. Si le
suspect refuse de signer le procès-verbal cela n’entraîne pas la nullité de la procédure, il suffit
d’avoir la signature de l’OPJ. Il doit mentionner son identité pour contrôler la compétence
territoriale de la PJ. Il doit être présenté au procureur du Roi, 2 fois par mois.
Rôle du PR: Le registre des déclarations est mis à la disposition du représentant du ministère
public (art 68 du CPP) pour éviter d'éventuels abus de la PJ. Le procureur est tenu de visiter
les locaux à tout moment à chaque fois que la nécessité l’exige et au moins 2 fois par mois et
est tenu de contrôler les registres de la garde à vue (art 45 du CPP).
6) Fin de la garde à vue:
La règle est qu’il est mis fin à la garde à vue soit par la fin du délai légal, soit par une décision
de l’O.P.J. ou du ministère public avant l’écoulement total du délai légal en raison de la
disparition du besoin qui la justifiait.
En principe, la présentation d’une personne au ministère public doit mettre fin à sa garde à
vue. Lorsque le procureur du Roi procède à l’interrogatoire d’un suspect, il ne possède à l’issue
de celui-ci que deux options :
- Libérer la personne;
- Faire en sorte qu’elle reste retenue à la disposition de la justice, en présentant un
réquisitoire aux fins d’information assorti d’une requête de mise en détention préventive
ou en ordonnant un dépôt jusqu’à ce qu’il soit déféré devant le tribunal (art. 47, et 74
C.P.P.).
D) Audition:
L’article 60, al. 3, C.P.P. confère à l’O.P.J. des pouvoirs importants. En effet, ce dernier peut
appeler et entendre toutes les personnes susceptibles de fournir des renseignements sur les
faits ou sur les documents saisis. En cas de refus, il dispose désormais d’un pouvoir
redoutable : il peut les contraindre à comparaître après autorisation du ministère public.
Pour les étrangers, un traducteur est mis à disposition.
Devant l’OPJ, les témoins ne prêtent pas serment (≠devant le JI) et ne peuvent bénéficier de
Les déclarations sont rédigées dans le PV. Le témoin doit les relire et ensuite signer le PV.
Si les conditions de flagrance ne sont pas réunies, l’OPJ peut ouvrir une enquête préliminaire.
Elle est définie par défaut de l’enquête de flagrance.
Elle se singularise par les moyens offerts à l’OPJ qui sont limités par rapport à l’enquête de
flagrance. Mais son champ d’intervention est plus large car il concerne les délits, les crimes et
les contraventions.
Elle est ouverte sur plainte de la victime, par une dénonciation d’un tiers, ou bien d’office par
l’OPJ quand il constate l’infraction. Le MP peut demander l’ouverture de l’enquête préliminaire
à la PJ.
Elle permet le déclenchement de l’action publique et ce par les investigations faîtes au
préalable. Le MP va décider de poursuivre ou non ou de classer sans suite.
§. 1 – Les acteurs:
L’enquête préliminaire peut être diligentée par :
- Les officiers de la police judiciaire compétents territorialement;
- Ou, sous le contrôle de ceux-ci, les agents de police judiciaire désignés;
- et, exceptionnellement, par le procureur du Roi ou le procureur général du Roi.
Ils procèdent à des enquêtes préliminaires, soit sur les instructions du ministère public, soit
d’office, ou sur plainte ou dénonciation de la victime (art. 78, C.P.P.).
Il est à noter que dans le cadre de l’enquête préliminaire, les officiers de police judiciaire
peuvent sur réquisitions du procureur du Roi ou de procureur général du Roi :
- Opérer sur l’étendue du territoire national (art. 22, al. 2, C.P.P.) ;
- Procéder à des auditions sur le territoire d’un état étranger avec son accord.
§. 2 - Le déclenchement de l’enquête préliminaire:
A) Les hypothèses de déclenchement de l’enquête préliminaire:
La police judiciaire est informée de la commission d’une infraction de deux manières.
Les plaintes et dénonciations : La victime qui veut porter plainte, et un tiers dénonce des
faits parce qu’il n’est pas victime, il a juste vu certains faits, ou entendu certains éléments
susceptibles de revêtir une qualification pénale.
Dans 85% des cas, c’est de cette manière-là que la police judiciaire a connaissance de
l’existence d’une infraction, ce qu’on appelle une saisine dite « réactive ».
Saisine proactive: Parfois, la police a connaissance d’une infraction par ses propres
investigations (15% des cas).
La police judiciaire mène l’enquête, avant le déclenchement des poursuites, pour permettre
au procureur du Roi de décider sur l’opportunité des poursuites (choix de poursuivre ou classer
sans suite).
Il est à préciser que la police judiciaire mène son enquête sous la direction du procureur du
Roi qui est à la tête de cette police contrôlé par le procureur général du Roi encore au-dessus.
B) Les objectifs de l’enquête préliminaire:
L’enquête préliminaire, dite de droit commun, son but est d’éclairer le ministère public sur les
suites à donner à la procédure. Le ministère public détient l’opportunité des poursuites, c’est
lui qui détermine si oui ou non, il est judicieux de poursuivre, et de présenter notamment la
personne devant la juridiction de jugement.
L’enquête policière permet donc de porter des éléments qui vont éclairer la décision du
ministère public sur l’opportunité de poursuivre, c’est l’enquête de droit commun.
Cette enquête peut être menée par la police elle-même sans se référer au procureur du Roi,
mais doit l'informer sans délai.
Le procureur du Roi peut demander l'ouverture d’une enquête préliminaire lorsqu’il se doute
d’une commission probable d’une infraction. But = Savoir si oui ou non il y a infraction, si oui
ou non on peut trouver les coupables, savoir quelles suites donner à l’affaire : poursuivre ou
classer sans suite.
Les objectif de l’EP sont donc :
- De recueillir des renseignements nécessaires à l’autorité judiciaire (Recherches,
auditions de personnes,… etc.);
- D’établir, éventuellement, l’absence d'une infraction pénale (suicide, incendie
accidentel,… etc.)
Il est à noter que l’O.P.J., sur autorisation du procureur du Roi, peut requérir les personnes,
les établissements ou organismes privés ou publics, les administrations publiques, pour la
fourniture ou la remise d’informations ou de documents intéressants à l’enquête, y compris
ceux issus d’un système informatique ou de traitement de données nominatives. Ceux-ci sont
tenus de lui remettre ces documents, sans que puisse lui être opposé, sans motif légitime,
l’obligation au secret professionnel16.
Seul le procureur du Roi, peut rendre publics certains éléments objectifs dans le but de mettre
fin à la circulation d’informations erronées ou pour faire cesser un trouble à l’ordre public.
Par ailleurs, l’O.P.J. ou l’A.P.J. peuvent requérir dans certaines conditions d’autres catégories
de personnes pour l’exécution d’un travail matériel ou d’une action exigeant technicité ou
compétences particulières (terrassiers, plombiers, serruriers). Ces personnes compétentes ne
prêtent pas serment et ne fournissent pas de rapport.
Enfin, l’O.P.J. ou l’A.P.J. peuvent requérir un médecin, en vue d’effectuer un prélèvement
sanguin sur la personne : *
- D’un conducteur dans un accident de la circulation ;
- De l’auteur ou de la victime d’un accident de la circulation;
- D’un crime ou d’un délit.
4) Perquisitions et saisies:
L’O.P.J. et l’A.P.J., ne disposent d’aucun moyen de coercition. Les perquisitions et saisies ne
peuvent être exécutées que dans le strict respect des modalités prévues par la loi et dans le
seul cas où l’enquêteur obtient l’assentiment exprès de la personne dans le domicile de
laquelle l’opération a lieu (article 79 du CPP).
L’assentiment doit faire l’objet d’un acte écrit. Si l’intéressé ne sait pas écrire, il convient de
mentionner cette circonstance et de demander à deux personnes, des voisins si possibles,
d’attester par écrit de l’acquiescement verbal donné en connaissance de cause par l’intéressé.
Il est à noter que si la personne ne donne pas son assentiment, aucune perquisition et saisie
ne peut être exécutée. Il convient alors d’informer le ministère public et d’en faire mention sur
le procès-verbal.
Cependant, en matière de terrorisme, si la personne chez laquelle l’opération doit avoir lieu
s’est abstenue de donner son accord, ou lorsqu’il n’est pas possible d’obtenir cet accord, les
perquisitions et saisies peuvent avoir lieu sur autorisation écrite du ministère public en
présence de la personne concernée (art. 79, al. 4, C.P.P.).
→Il ne s’agit pas d’une délégation générale, le juge d’instruction ne peut déléguer, d’une
manière générale, toute son enquête. Il reste à la tête de celle-ci, mais il peut demander à la
police d’accomplir certains actes parce qu’il est trop éloigné géographiquement, parce qu’il n’a
pas le temps, il a d’autres investigations à mener de son côté.
Il est à noter que l’enquête sur commission rogatoire n’est pas contrôlée par le procureur du
Roi, mais par le juge d’instruction puisqu’une information est ouverte.
Il procède de 2 manières:
1) Commission rogatoire nationale:
Le juge d'instruction peut déléguer, dans et en dehors du ressort de sa juridiction, certains
pouvoirs qui relèvent de sa compétence à un juge de jugement ou à un juge d’instruction ou à
l’OPJ pour proposer et effectuer des actes d’informations nécessaires dans les lieux soumis à
la juridiction de chacun d’eux (Art 189 du CPP).
Même s’il n’est pas du même ressort territorial, le juge d’instruction peut solliciter l’aide de
l’OPJ se trouvant dans une autre ville où les opérations de la PJ doivent être faites (audition,
perquisition…).
L’objet de la délégation: D’après l’article 189 du CPP, la délégation ne peut pas être
générale. Elle n’ordonne que des actes d’instruction se rattachant directement à l’infraction
visée aux poursuites (= infraction dont est saisi le juge d’instruction).
S’il y a découverte d’une autre infraction lors de l’exercice de ses fonctions, l’OPJ auquel
l’instruction a été déléguée peut enquêter sur cette nouvelle infraction dans le cadre de sa
compétence et donc ouvrir soit une enquête de flagrance soit une enquête préliminaire.
Dans le cadre de la commission rogatoire, l’OPJ ne peut pas effectuer des interrogatoires et
procéder aux confrontations de l’inculpé. Il ne peut auditionner la partie civile qu’à la demande
de celle-ci (Article 190 du code de procédure pénale).
2) Commission rogatoire internationale:
C’est une entraide judiciaire qui implique nécessairement une convention bilatérale ou
multilatérale. L’entraide judiciaire est une demande de recherche de preuves.
L’extradition est l’arrestation et transfert des personnes.
C’est une demande adressée par l’autorité judiciaire d’un Etat à l’autorité judiciaire d’un Etat
étranger pour accomplir une mesure d’instruction à son nom et pour son compte.
Les articles 714 et 715 du CPP, relatifs aux rapports judiciaires avec les autorités étrangères,
les dispositions de ces articles ne s’appliquent qu’en cas d’absence de convention entre le
Maroc et un autre Etat.
Objet de la commission: La commission rogatoire internationale peut avoir pour objet tout
acte d’instruction, toute opération de recherche de preuves, audition de témoins, perquisition,
vérification bancaire dans le cas de blanchiment d’agent, évasions fiscales, saisie, expertise,
constatation, communication de pièce à conviction…
Un Etat ne peut jamais demander l’arrestation dans le cadre commission rogatoire
internationale.
Les procès-verbaux:
C’est un écrit rédigé par un OPJ pour décrire les opérations effectuées (perquisition, saisie,
GAV..). C’est un moyen de preuve.
Le procès-verbal est défini à l’article 24 du CPP comme un document écrit et dressé par
l’OPJ, agissant dans l’exercice de ses fonctions et y rapporte ce qu’il a vu ou entendu comme
déclarations ou les opérations qu’il a effectuées sur une matière de sa compétence.
L’OPJ n’a pas besoin de qualifier les faits. Ce sont le MP et les juges d'instruction qui sont
chargés de celà.
Toutes les infractions sont concernées par le PV.
Intérêt du PV: Établir l’existence des éléments de faits et leur donner un aspect juridique pour
qu’il puisse constituer des preuves recevables. C’est par référence aux PV que le JI construit
sa conviction.
Les conditions pour l’établissement des procès-verbaux:
Pour que les PV acquièrent la force probante, plusieurs conditions doivent être réunies:
- Seuls les officiers territorialement compétents peuvent rédiger un PV = acte
authentique, document officiel solennel. Ils doivent donc être identifiés: Nom, signature,
date et heure de l’accomplissement de l’acte (art 24 du CPP);
- La rédaction doit être claire et précise: exposition et description des faits..etc. Les
officiers doivent reprendre les propos du suspect sans aucune modification =
paraphrase;
- Détermination de l'administration, du lieu et date (pour calculer le délai de prescription),
le numéro d’ordre, l’objet et la référence s’il y a lieu et la signature de son rédacteur.
quantité des objets saisis et leur présentation devant les personnes concernées. La date et
l’heure doivent être écrites en toute lettre → par la date, on peut contrôler les horaires de la
Art 289 du CPP parle de sanction en cas de violation de la formalité → Le PV ne sera pas
- S'il y a défaut de signature de l’OPJ, l’écrit n’a plus de force probante = il n’a plus de
caractère solennel;
- S’il y a refus de signature du suspect, le PV reste à l’appréciation du MP.
Art 69 du CPP: Défaut de signature comme moyen de défense: Chaque copie doit être signée
par les 2 parties (OPJ + suspect), sinon il n’y a plus de force probante → signature a une
importance capitale.
Art 73 du CPP:
Art 243 du CP:
Force probante:
Art 291 du CPP: Les écrits et les rapports rédigés en matière de crime ne valent que de
simples renseignements pour le juge, il peut s’en passer.
Les PV jusqu’à preuve du contraire soit par le juge soit pas le suspect lui-même. art 290 du
CPP: intime conviction du juge.
PV jusqu’à inscription du faux: Art 292 du CPP
LES RAPPORTS sont de simples informations aux supérieurs. Dans les rapports, ces
formalités ne sont pas obligatoires
S’il y a une victime indirecte, elle ne peut intenter une action pénale. Elle ne peut tenter que la voie
civile.
→Le juge d’instruction est à la fois juge et enquêteur. Il juge uniquement s’il y a infraction ou
pas. Il instruit à charge ou à décharge. Il peut opérer par commission rogatoire pour faire
certains actes à l’étranger (cas des infractions transfrontalières).
Les droits de la personne accusée et le principe du contradictoire sont mieux protégés devant
le juge d’instruction (accès au dossier, à l’avocat..etc).
18
L'Allemagne a supprimé le rôle du juge d'instruction.
19Rapport du comité de réflexion sur la justice pénale, rapport dit "LEGER" remis le 1er septembre 1999 au
président de la République française et au premier ministre, p. 9.
B) Une procédure inquisitoire:
La procédure d'instruction est une procédure dite inquisitoire pour les besoins de la
manifestation de la vérité : écrite, secrète et non contradictoire. Ces caractères ne subissent que
les assouplissements justifiés par la protection des droits de la défense et plus généralement la
bonne administration de la justice.
Cette règle ne concerne que l’autorité judiciaire et les auxiliaires auxquels elle fait appel. C’est
ainsi que les particuliers et les étrangers au procès (les témoins par exemple) échappent à
l’obligation du secret.
Il faut alors savoir quelles sont ces personnes qui « concourent à l’instruction ». Ce sont celles
qui concourent à la recherche de la vérité, qu’en font leur profession.
Ce sont d’abord les magistrats: juge d’instruction, magistrats du parquet.Il s’agit aussi des
enquêteurs de police, huissiers, greffiers, experts, personnes qui participent au contrôle
judiciaire.
En revanche, ne sont pas visés par l’art. 15, al. 2 C.P.P. :
⮚ la personne mise en examen, car elle ne concourt pas à l’instruction. Elle a le droit de révéler
des éléments du dossier dont elle a pris connaissance;
⮚ les témoins ;
⮚ la victime. Elle agit dans son intérêt propre, et non dans l’intérêt objectif de la répression ;
⮚ l'avocat, il n'est pas tenu au secret vis-à-vis de son client au contraire. Toutefois, il contribue au
dossier d'instruction, le droit de réclamer des actes d'instruction. Il est tenu au secret dans
l'intérêt de son client ;
⮚ les journalistes, car ils ne concourent pas à la procédure et peuvent donc librement publier les
faits relatifs à une information.
Cette affirmation a, cependant, besoin d’être tempérée, car l’article 54 du code de la presse dispose
qu’ "Il est interdit de publier les actes d'accusation et tous autres actes de procédure criminelle ou
correctionnelle avant d'en débattre en audience publique sous peine de 5.000 à 50.000 dirhams
d'amende.
En cas d'infraction constatée, les mêmes peines seront appliquées à la publication, par tous moyens,
de photographies, de gravures, dessins ou portraits, ayant pour objet la divulgation et la reproduction
de tout ou partie des circonstances d'un crime ou délit, de meurtre, assassinat, parricide, infanticide,
empoisonnement, menaces, coups et blessures, atteinte à lamoralité et aux mœurs publiques ou
séquestration par la force. Toutefois, il n'y aura pas de délit lorsque la publication aura été faite sur la
demande écrite du juge chargé de l'instruction. Cette demande restera annexée au dossier de
l'instruction. »
Le secret n’est toutefois pas absolu. En effet, certains textes permettent une publicité relative
l’instruction préparatoire. Le juge d’instruction doit dire au prévenu les faits qui lui sont reprochés ; il
peut le confronter avec ses adversaires (sauf les témoins) ; il doit l’interroger sur le fond en présence
de son avocat.
dans tous les crimes, et dans les délits quand un texte de loi le prévoit, et en matière de
L'article 53 C.P.P. a comblé ce vide, car il permet, dans cette hypothèse, aux présidents des
juridictions, en cas d'urgence, sur réquisitions du ministère public, "et dans l'attente de la
disparition de l'empêchement ou à défaut de désignation par arrêté réglementaire, désigner
l'un des juges ou conseillers de la juridiction pour exercer ces fonctions".
Par ailleurs, l’art. 52, al. 5 C.P.P. énonce que : « les juges d’instruction ne peuvent, à peine de
nullité, participer au jugement des affaires pénales dont ils ont connu en leur qualité de juge
d’instruction ».De là, l’article précité consacre la séparation des juridictions de jugement et
celles de l’instruction. Ce principe a été consacré par l’article 52, al. 2 du Dahir du 10 février
1959 (abrogé), mais l’article 6 du dahir du 28 septembre 1974 l’avait supprimé.
Il est à noter que l’article 52 C.P.P. a repris l’article 6 du dahir de 1974 concernant la
suppression de la garantie consacrée par l’article 53 du dahir de 1959 et qui se rapporte de
l’obligation de prendre l’avis de la Cour de cassation quand le ministre de la justice décide de
mettre fin au fonction du juge de l’instruction.
B) La Commission rogatoire:
Au lieu de procéder lui-même, le juge d’instruction peut déléguer à certaines personnes une
partie de ses pouvoirs en les chargeant d’accomplir à sa place tel ou tel acte d’information qu’il
estime nécessaire, cette délégation se fait au moyen de commissions rogatoires.
Les destinataires ou les délégataires peuvent être des juges mais le plus souvent ce sont des
officiers de la police judiciaire, ils doivent respecter les mêmes règles et formalités que celles
qui s’imposent au juge d’instruction et exercent dans la limite des commissions rogatoires les
prérogatives du juge d’instruction.
Cependant le juge d’instruction se réserve les actes les plus graves de l’instruction c'est-à-dire
le placement d’une personne en détention provisoire. Il assume la direction de l’instruction et
ne recourt aux commissions rogatoires que pour des actes d’information qu’il ne peut effectuer
lui-même, il doit également vérifier les informations recueillies sur commission rogatoire.
Il importe de traiter l'objet (1) et la forme de la Commission rogatoire (2).
1) L’objet :
L’objet de la commission rogatoire se limite aux actes d’instruction impliqués par la poursuite
d’une infraction. Il ne doit pas se confondre avec l’ensemble de l’instruction.
Lorsque le délégataire n’est pas un magistrat, c’est-à-dire un O.P.J. il ne peut procéder ni à
l’interrogatoire des suspects, ni à leur confrontation.Le législateur estimant que les droits de la
défense sont mieux garantis par un juge que par un policier.
Pareillement, la police ne peut pas entendre la partie civile sauf si l'intéressé le demande
expressément.
Cela signifie que l’O.P.J. délégataire exerce les prérogatives du juge d’instruction : audition des
témoins, il peut retenir une personne à sa disposition dans le cadre d’une garde-à-vue, il peut
procéder à tous actes d’instruction : la perquisition, la saisie tout en respectant l’art. 89 C.P.P.
qui énonce dans son al. 4 qu’ "elle ne peut ordonner que des actes d’instruction se rattachant
directement à l’infraction visée aux poursuites ».
1°) Audition des témoins:
L’article 19: C.P.P. énonce que : "tout témoin cité pour être entendu au cours de l’exécution
d’une commission rogatoire est tenu de comparaître, de prêter serment et de déposer.
S’il ne satisfait pas à cette obligation, avis en est donné au magistrat mandant qui peut le
contraindre à comparaître par la force publique et prendre contre lui les sanctions prévus au
premier alinéa de l’article 128 ».
Que peut-on tirer comme conclusion de la lecture de cet article?D’abord, toute personne appelée
à déposer par un O.P.J. dans le cadre d’une commission rogatoire est tenue de comparaître et
de prêter serment. Il est important de relever que conformément aux principes généraux qui
gouvernent l’enquête policière, les O.P.J peuvent auditionner les témoins sans que ceux-ci
prêtent serment.
Cette précision permet de dire que l’audition des témoins dans le cadre d’une commission
rogatoire par un O.P.J. ne diffère pas de celle déposée devant une juridiction de jugement.
Ensuite, si le témoin refuse de répondre à la convocation adressée par l’O.P.J. ce dernier avise
le magistrat mandant. Le magistrat délégataire peut contraindre le témoin à comparaître par la
force publique et prendre contre lui les sanctions prévues par le premier alinéa de l’art. 128.
2°) La perquisition
L’article 189 C.P.P. énonce que « le juge d’instruction peut requérir par commission rogatoire
tout autre juge d’instruction, tout juge, tout O.P.J. dans le ressort de sa juridiction qu’il estime
nécessaire dans les lieux soumis à la juridiction de chacun d’eux »
3°) La garde-à-vue
L'O.P.J.qui entend sur délégation un suspect peut le placer en garde-à-vue L’art. 192 C.P.P.
dispose en effet que : « lorsque, pour les nécessités de l’exécution de la commission rogatoire,
l’officier de police judiciaire est amené à retenir une personne à sa disposition, il est fait
application des articles, 66, 67, 68, 69 et 80 relatifs au placement en garde à vue sont
applicables. Le juge d’instruction en est avisé ».Cela résulte de ce que la garde-à-vue n'est pas
un acte d'instruction, mais un acte de police. Dans ce cas, l'O.P.J. avise le juge d'instruction
saisi des faits.
2) La forme:
L’acte de commission rogatoire est pris par écrit, désignant l’infraction poursuivie, les suspects
éventuels, le juge commettant, (cachet et signature), la date et le délai d’exécution.
Quand ce dernier point n’est pas déterminé, le délégataire remet son rapport au juge
d’instruction dans un délai maximum de 8 jours après la fin des opérations.
Sous l'empire du C.P.P. de 1959, les juridictions d'instruction étaient organisées à deux
niveaux: celui du juge d'instruction ou le premier degré, et celui de la chambre d'accusation ou
le 2èmedegré.
L'art 10 du D. du 28.9.1974 attribue à la chambre correctionnelle de la Cour d'appel
l'instruction du 2ème degré. Cette compétence est reprise par le Code de procédure pénale de
2002 dans son article 231 al. 3.
Selon l’art. 231 C.P.P. la chambre correctionnelle est composée d’un président ou son
délégué et deux conseillers, avec la présence du ministère public et un greffier.
Cette chambre est compétente pour :
⮚ Décider sur les demandes de libération provisoire présentée directement selon les alinéas 4 et 5
de l’art. 179 C.P.P. et la gestion des mesures de contrôle judiciaire prises selon l’art. 160 ;
⮚ les demandes de nullité des opérations d’instruction prévues par les art. 210 et 213 ;
⮚ des appels contre les ordonnances du juge d’instruction selon l’ art. 222 et s. ;
⮚ toute violation de l’O.P.J. dans l’exercice de ses fonctions conformément aux
art. 29 et 35 du C.P.P.
Chapitre 2 - Les actes d'instruction préparatoire:
La compétence du juge d’instruction est territoriale, il est compétent en raison du lieu de
l’infraction, de la résidence, du suspect, de sa détention, de son arrestation. Les opérations
effectuées par le juge d'instruction peuvent être réparties selon les objectifs visés en deux
catégories : la première vise à rechercher et à rassembler les preuves, la deuxième vise
l'accusé pour l'empêcher de s'enfuir ou au moins de faire disparaître les preuves.
Art 97: incompétence du juge d’instruction → ordonnance de renvoi pour envoyer la partie civile
à un juge compétent.
le juge peut placer l’accusé ou le prévenu en détention. Les cas où cette mesure peut être
appliquée ne sont pas précisé par la loi.
Mais il importe de traiter dans une section préliminaire les modes de saisine du juge
d'instruction (section 1), puis les opérations se rapportant à la recherche, au rassemblement
des preuves (section 2), et enfin les actes pris par le juge d'instruction contre l'accusé pour
assurer qu'il reste à sa disposition (section 3).
Le problème, en réalité, va être de savoir ce qu'est un "fait nouveau". S'il s'agit d'une
qualification nouvelle d'un fait déjà visé, le réquisitoire supplétif n'est pas nécessaire. Si au
contraire le fait est véritablement autre, le réquisitoire supplétif s'impose.
A l'égard des personnes"in personam", les solutions sont plus nuancées.
Le réquisitoire du procureur du Roi peut être pris contre personne dénommée ou non dénommée
(art. 84, al. 2 C.P.P.).Lorsque le réquisitoire introductif n’indique nommément aucune
personne, aucun suspect, le juge instruit contre X ; il peut inculper tous les auteurs et
complices de l’infraction à l’occasion de laquelle l’information est ouverte, le juge d'instruction
n'a pas besoin de réquisitoire supplétif. Inversement, quand le réquisitoire désigne des
personnes, théoriquement, le juge peut les inculper ainsi que tous les coauteurs et complices de
la même infraction objet de l’instruction préparatoire. En réalité, il paraît difficile d’étendre
l’information contre les suspects non désignés par le réquisitoire sans se référer au procureur
du Roi.
Lorsque le juge d’instruction est saisi par un réquisitoire d’informer contre X, ou bien contre
des personnes désignées par la plainte avec constitution de partie civile, tous les sujets
impliqués sont considérés comme de simples suspects. Ils sont entendus comme témoins. Ils
restent juridiquement tiers par rapport au procès.
B) Une plainte avec constitution de partie civile:
Selon l’art. 84, al. 5 du C.P.P. le juge d’instruction peut être saisi par une plainte de la victime
accompagnée de constitution de partie civile, il est alors saisi de l’action civile et pénale. La
victime dans ce cas profite des preuves rassemblées par le juge d’instruction.
Selon l’art. 82-4 du Dahir du 17/10/2011, portant promulgation de la loi n° 22-01 relative à la
procédure pénale en matière de protection des victimes , des témoins, des experts et des
dénonciateurs en ce qui concerne les infractions de corruption, de détournement, de trafic
d’influence et autres, : « La victime d’une infraction doit être informée de son droit de se
constituer partie civile devant le juge d’instruction ou de juridiction de jugement. Elle doit
également être informée des droits dont elle jouit en vertu de la loi. »
Par la suite, le juge d'instruction ordonne à la victime de consigner auprès du greffe de tribunal,
une somme d’argent destinée à couvrir éventuellement les frais du procès, à moins qu’elle ne
bénéficie de l’aide juridictionnelle (art. 95), et de désigner un domicile – (en pratique le cabinet
d’un avocat)- où elle peut recevoir la correspondance judiciaire.
Il prend ensuite une ordonnance de soit communiqué, en vertu de laquelle il transmet le dossier
au procureur du Roi qui en vérifie l’objet et l’admissibilité avant de décider le classement sans
suite ou l’ouverture d’une information. Quand il opte pour cette dernière – (que ce soit d’ailleurs
à la suite d’une ordonnance de soit communiqué du juge d’instruction, ou aux termes de la
plainte et des renseignements qu’il a reçus directement de la victime ou des tiers ou des services
de la police judiciaire)- il remet au juge d’instruction un réquisitoire introductif d’instance. Mais
ce réquisitoire n'est qu'une formalité secondaire de procédure, qui ne met pas en mouvement
l'action publique, cette mise en mouvement ayant été opérée par la plainte elle-même.
La première obligation qui s’en suit pour le magistrat instructeur, consiste dans la
vérification de sa compétence. S’il estime qu’elle existe, il doit procéder aux différentes
opérations formulées dans le réquisitoire introductif, ainsi qu’à tout acte nécessaire à la
découverte de la vérité.
L'obligation de prêter serment s'impose à tout témoin doué de discernement (adulte), et exempt
de condamnation qu'elle soit pénale ou civile, ainsi qu'à tout témoin détaché du prévenu ou de
la partie civile. De là l'ascendant et le descendant, le conjoint, ne prêtent pas serment.
Si le témoin refuse de comparaître, le juge d’instruction lui adresse une deuxième convocation
par une lettre recommandée avec accusé de réception, ou par un agent ou un huissier de justice,
ou par voie administrative. Si la personne répond, il donne son témoignage. Mais s'il refuse, le
juge d’instruction, sur réquisition du ministère public peut lui contraindre par la force publique
et risque une amende de 1200 ou 12000 dhs, à moins que son absence est justifiée, dans ce cas,
et après réquisition du ministère public, la personne est dispensée de la totalité ou une partie de
l’amende (art. 128, al. 1 et 2 C.P.P.).
Le témoin doit dire la vérité sinon il risque d'être sanctionné pour faux témoignage de l'art. 368
C.P. ainsi rédigé : "Le faux témoignage est l'altération volontaire de la vérité, de nature à
tromper la justice en faveur ou au détriment de l'une des parties, faite sous la foi du serment,
par un témoin au cours d'une procédure pénale, civile ou administrative dans une déposition
devenue irrévocable". Les peines sont prévues par les art. 369 C.P.P. (en matière criminelle) et
370 C.P. (en matière délictuelle).
Les témoins sont entendus séparément et hors de la présence de la personne mise en examen.
Ils ne sont pas assistés d’avocats.
Le témoin peut aussi témoigner sous anonymat dans n'importe quelle affaire (art. 82-6 C.P.P.
→ pour éviter les menaces de mort..etc) ou dans certains cas : il faut que les faits soient
constitutifs d'une infraction de corruption, de trafic d'influence, de détournement, de
dilapidation, de concussion ou de blanchiment d'argent (art. 82-7 C.P.P.) mais il faut que
l'audition soit de nature de mettre gravement en danger la vie ou l'intégrité physique du
témoin ou de sa famille ; que la connaissance de l'identité du témoin ne soit pas par ailleurs
indispensable à l'exercice des droits de la défense. L'identité de la personne entendue sera
cependant mentionnée dans un procès-verbal distinct du procès-verbal d'audition.
Le juge d’instruction lui est interdit d’entendre comme témoin une personne
nommément désignée dans un réquisitoire introductif ou supplétif. Dans cette hypothèse, le
juge d’instruction doit l’interroger comme mis en examen.
Il lui est également interdit d’entendre comme témoin toute personne à l’encontre de
laquelle il existe des indices graves et concordants d’avoir participé aux faits. De même, les
individus nommément visés dans une plainte.
Chaque témoin doit être entendu séparément, en dehors de toute autre présence, par le juge
d’instruction assisté de son greffier, un procès-verbal étant établi.
L’audition des membres du Gouvernement en cette qualité implique autorisation particulière
du Conseil des ministres sur le fondement d’un rapport du ministre de la justice.
Il est à noter que le statut de la partie civile est analogue à celui du mis en examen. Elle a donc
notamment droit à l'assistance d'un avocat qui a accès à la procédure et a droit à un interprète.
Elle peut faire appel de certaines ordonnances du juge d'instruction.
2) Les interrogatoires et confrontations:
Le terme "interrogatoire" s'applique à la personne mise en examen. Le terme "audition"
s'applique au témoin et à la partie civile.
Au maroc, avant le juge d’instruction même en l’absence de preuves solides peut choisir une
personne et la convoquer.
C’est par cet interrogatoire que le juge d’instruction désigne officiellement l’accusé comme
auteur probable de l’infraction objet de l’instruction20.
Modes de convocation prévus par la loi. Pour convoquer la personne concernée, le juge
d’instruction dispose de deux modes :
● il peut user d’une lettre recommandée informant cette personne qu’elle est convoquée aux
fins d’interrogatoire de première comparution aux date et heure qu’il précise ;
● il peut faire notifier cette convocation par un O.P.J. qui, pour attester la réalité de la
notification, devra rédiger un procès-verbal signé par la personne en cause qui en reçoit une
copie.
Le juge l’informe ensuite de son droit de choisir un avocat ou de demander qu’il lui en
soit désigné un d’office. Il bénéficie de cette faculté même s'il n'a pas les moyens matériels de
payer les honoraires car une assistance judiciaire bénévole peut lui être apportée dans ce sens.
Il lui fait connaître les charges qui pèsent sur lui, ses qualifications juridiques (art. 134-2
C.P.P.).
20 En France, dans le but de renforcer la protection de la présomption d'innocence, le législateur a introduit par
la loi du 30 décembre 1987 dans la procédure pénale un nouveau statut, celui de "témoin assisté", intermédiaire
entre le simple témoin, dépourvue de toute assistance, et le mis en examen, véritable partie à la procédure. Ce
statut sera officialisé par la loi du 15 juin 2000 qui lui consacre toute une section de la section intitulée "des
auditions des témoins". Le témoin assisté reste témoin mais a droit à un avocat. Le statut de témoin assisté est
en réalité lié à la mise en examen dont il constitue le préalable. L'attribution obligatoire de la qualité de témoin
assisté a lieu pour toute personne nommément visée par un réquisitoire introductif et qui n'est pas mise en
examen : elle doit être entendue comme témoin assisté.
L'attribution facultative aura lieu soit sur demande de l'intéressé, soit sur l'initiative du magistrat instructeur.
Toute personne nommément visée par une plainte simple ou mise en cause par la victime peut être entendue
comme témoin assisté.
Le second cas d'attribution facultative est celui qui résulte de l'initiative du juge d'instruction. Il s'agit de la
personne mise en cause ou contre laquelle il existe des indices rendant vraisemblable sa participation comme
auteur ou complice à la commission des infractions dont le juge est saisi (en l'occurrence les indices ne sont ni
graves ni concordants).
Le juge d'instruction doit soumettre la personne gardée à vue à un examen médical. La demande
est faite par le prévenu ou son avocat ou de sa propre initiative lorsqu'il a constaté des indices
qui justifient cet examen et désigne à cet effet, un médecin expert. exemple: lorsqu’il y a des
traces de violence ou lorsqu’il remarque certaines pathologies psychologiques.
→La pression psychologique est une technique d’enquête, elle peut consister en des menaces,
privation du temps de repos pour pousser la personne à parler.
Il avise l’intéressé qu’il a le droit de se taire (art. 134-4 C.P.P.), en mentionnant cet avis au
procès-verbal, sous peine de nullité (art. 210 C.P.P.). Or l'intéressé peut faire une demande
d'être entendu et le juge d'instruction doit la recevoir pour être inscrite au procès-verbal par
le greffier (art. 134 C.P.P.). →Le cas du proxénétisme ou d’agression sexuelle, la partie a intérêt
à parler puisque le silence vaut une reconnaissance des faits reprochés, une sorte d’aveu. Elle
devrait au moins nier.
Le juge demandera à la personne mise en examen qu'elle déclare une adresse personnelles ou
celle d'un tiers, avec son accord, chargé de recevoir les actes de procédure qui lui seront notifiés.
Toute notification faite à l'adresse indiquée sera réputée faite à personne. La personne mise en
examen devra aussi signaler tout changement d'adresse de domicile. L'intéressé doit choisir un
lieu dans la circonscription du tribunal ; en pratique il opte pour le cabinet de l'avocat qui
l'assiste.
Ce formalisme assez lourd mais en même temps très protecteur peut être écarté en cas d'urgence.
L'art. 135 C.P.P. autorise le juge d'instruction à procéder à un interrogatoire immédiat si
l'urgence résulte soit de l'état d'un témoin en danger de mort, soit de l'existence d'indices sur le
point de disparaître ou encore en présence d'une infraction flagrante lorsque le procureur du Roi
et le juge d'instruction sont simultanément sur les lieux et que le procureur a requis l'ouverture
d'une information. Le procès-verbal doit faire mention des causes d'urgence.
L’interrogatoire de première comparution est menée par la juge d’instruction chargé de
l’affaire ou sur commission rogatoire par un autre juge d’instruction, mais il ne doit pas déléguer
ses pouvoirs à ce stade à un O.P.J. (art. 190, al. 2).
Il assiste à cet interrogatoire le greffier, qui rédige un P-V de déclaration de l’accusé et
son avocat.
L’interrogatoire de première comparution fait l’objet d’un procès-verbal qui relate
l’accomplissement de toutes les formalités légalement prévues.
2°) L’interrogatoire de fond:
L’interrogatoire sur le fond constitue une opération fondamentale de l’instruction préparatoire,
celle-ci ne peut être close sans que le juge procède audit interrogatoire.
L'interrogatoire est l'acte par lequel le juge d'instruction pose des questions à la personne mise
en examen aux fins de découvrir la vérité. C’est généralement par les réponses données, que les
agents arrivent à déterminer la culpabilité ou l’innocence de l’accusé/prévenu.
Peut-il s’agir de questions pièges? Oui.
Présence de l’avocat obligatoire sauf si la personne ne souhaite pas avoir d’avocat: Selon
l'art. 139 du CP.P. les parties ne peuvent être entendues, interrogées ou confrontées, à moins
qu'elles n'y renoncent expressément, qu'en présence de leurs avocats, ou ces derniers dûment
appelés.
- Si la personne interrogée ou entendue est étrangère, le juge peut recourir à un interprète,
choisi en général sur la liste des interprètes assermentés ; si l'interprète n'est pas
assermenté, il doit prêter serment;
- Dans le cas où la personne est atteinte de surdité, le juge d'instruction nomme d'office
un interprète en langue de signes. L'interprète qui déforme intentionnellement les
déclarations est puni des peines de faux témoignages (art. 374 C.P.).
Convocation de l’avocat: L'avocat de la personne mise en examen a le droit d'assister aux
interrogatoires. D'où l'obligation pour le juge de le convoquer par lettre recommandée avec
demande d'avis de réception, télécopie, ou verbalement avec émargement au dossier, 2 jours au
moins avant chaque interrogatoire21.C'est la convocation qui est importante : l'avocat peut
s'abstenir de venir.
Toutefois si la convocation a été faite moins de 2 jours ouvrables avant l'interrogatoire, la
procédure n'est nulle que s'il en est résulté une atteinte aux intérêts de la personne mise en
examen.
Accès aux dossiers: L'avocat a le droit d'avoir communication des pièces du dossier un jour au
moins à la veille de l’interrogatoire. Ce délai est très court pour permettre une bonne préparation
de la défense. En France, l'avocat a le droit d'avoir communication de la procédure à tout
moment durant les jours ouvrables, sous réserve des exigences du bon fonctionnement du
cabinet d'instruction. En tout cas, la procédure est mise à sa disposition 4 jours ouvrables au
plus tard avant chaque interrogatoire.
Présence du procureur: Le procureur du Roi peut présenter les réquisitions mais il n'assiste
pas aux interrogatoires et confrontations de la personne mise en examen 22. Or en France, le
procureur de la République peut assister aux interrogatoires et confrontations de l'accusé. Il doit
être averti au plus tard l'avant-veille de l'interrogatoire quand il demande à y assister.
Eu égard au fait que la partie civile constitue une partie au procès pénal et court les risques
éventuels du jugement qui relaxe ou acquitte, l'art. 137 C.P.P. lui accorde les mêmes droits que
le prévenu.
21 En France, le juge a l'obligation de convoquer l'avocat au plus tard 5 jours ouvrables avant l'interrogatoire.
22
Le projet de code de procédure pénale avant la promulgation de l'actuel code prévoit dans son article 128 que
"le procureur du Roi peut assister aux interrogatoires et confrontations de la personne mise en examen et
l'audition de la partie civile . Quand il fait savoir au juge d'instruction de sa volonté d'y assister, le greffier doit lui
adresser un avis vingt quatre heures au moins avant l'interrogatoire".
3) Le dossier de personnalité (non établi en pratique):
Il comprend, d'une part, l'enquête de personnalité, d'autre part, l'examen médical et médico-
psychologique. Le juge d'instruction y ajoute l'examen mental et l'enquête sociale rapide.
1°) L'enquête de personnalité
Elle a pour objet de construire un portrait de l'individu et de son milieu.
Toutefois d'après l'art. 87, al. 1er du C.P.P., l'enquête est facultative pour les délits : "cette
enquête est facultative en matière de délit".
Par conséquent, elle est obligatoire en matière criminelle. L'art. précité dispose en effet que :
"le juge d'instruction procède, de manière obligatoire en matière de crime, à une enquête sur
la personnalité de l'inculpé, ainsi que sur sa situation familiale et sociale".
Or la jurisprudence française semble adopter une position différente 23:"les dispositions de l'art.
81 C.P.P., qui font un devoir au juge d'instruction de procéder à une enquête sur la personnalité
de l'inculpé poursuivi pour crime, ne dérogent pas au principe fondamental suivant lequel les
juges d'instruction ontl'obligation de clore leur information dès qu'ils estiment que celle-ci est
complète". Curieuse motivation, rappelait le professeur Rober Vouin, d'où il résulte que cette
enquête, en matière criminelle, est obligatoire sans l'être, tout en l'étant néanmoins! 24
Il est incontestable que le juge d'instruction a le droit et le devoir de clore son
information s'il estime suffisamment informé. Mais l'application de cette règle par la chambre
criminelle française est entachée de confusion. La dite chambre aboutit à permettre au juge de
tenir pour complète une information dans laquelle n'a été faite à aucun moment cette enquête
de personnalité. Ce faisant, elle assimile cette enquête à un acte d'instruction, ce qui est inexact,
compte tenu de la distinction des deux dossiers, celui de l'information et celui de la personnalité.
Ainsi, l'enquête de personnalité est une procédure distincte de l'acte d'instruction, parce qu'elle
ne porte pas sur le fond de l'affaire. Elle est obligatoire : le juge d'instruction ne doit renvoyer
la personne mise en examen que lorsque l'affaire est en état d'être jugée. Or cette condition n'est
certainement pas remplie quand un arrêt de mise en accusation est rendu dans une affaire pour
laquelle le dossier de personnalité n'est pas joint au dossier de l'instruction proprement dite.
L'enquête de personnalité peut être faite par un officier de police judiciaire ou par toute
personne physique ou morale habilitée à procéder à cette enquête.
Sur le plan de la nature juridique, faute d'une technicité suffisante, l'enquête de personnalité
doit être distinguée de l'expertise. Par conséquent, les articles 194 et suivants du C.P.P. ne
s'appliquent pas.
2°) L'examen médical et l'examen médico-psychologique
23 Cass. crim., 5 avril 1960, Bull. crim. n° 210. - 7 nov. 1989, bull. crim. n° 399. Cité par Leroy (J.), procédure
pénale, L.G.D.J, éd. 2009, p. 382.
24 Cf. Note VOUIN sous Paris 27 juin 1967, D. 68 p. 184 ; du même auteur, l'enquête de personnalité,
Pour y procéder, le juge pourra effectuer ou faire exécuter au moyen de commissions rogatoires
des expertises (1), des descentes sur les lieux, des perquisitions (2), ou bien recourir à des
interceptions téléphoniques (3).
1) L'expertise:
Cette opération est réglementée par les art. 194 C.P.P. à 209 C.P.P. L'expertise permet au juge,
en recourant à un homme de l'art, de connaître l'interprétation des indices recueillis, dans le cas
où se pose une question technique étrangère au droit Il s'agit des difficultés techniques et
scientifiques dans lesquelles un juge est en principe incompétent (médecine, psychiatrie,
architecture, ingénierie, etc.).
La loi n° 45-00 relative aux experts judiciaires définit l'expert dans son art. 2 comme "un
spécialiste qui est chargé par les juridictions d'instruire des points à caractère technique. Il lui
est interdit de donner son avis sur tous points de droit.Les avis de l'expert sont reçus par les
juridictions à titre de simples renseignements sans pourautant avoir un caractère obligatoire."
L'expertise, comme le dit le Pr. Machichi Alami, n'est pas la justice, elle ne crée et ne décide
d'un droit. Mais elle a une influence sur les droits et libertés des parties au procès 25.
Le juge dit le droit, celui-ci peut reprendre les conclusions de l'expert, les compléter, les
dépasser ou les refuser 26.
L'expertise n'est pas une simple mesure d'investigation. Elle implique, de la part du spécialiste,
une appréciation, un choix entre deux ou plusieurs solutions. L'expert n'est donc pas un simple
témoin. Il y a une part de subjectivité dans l'expertise. C'est pourquoi les rapports d'expertise
font rarement l'unanimité, et que peut être ordonnée, à la demande de l'une des parties, une
contre expertise.
Parmi les différentes expertises, l'expertise psychiatrique revêt une importance particulière dans
la mesure où elle fonde l'irresponsabilité pénale pour trouble mental. Celui-ci est une question
de fait qui relève de l'appréciation souveraine du juge du fond.
1°) Désignation des experts:
De prime abord il importe de préciser que pour pouvoir être expert, il faut être inscrit sur le
tableau des experts judiciaires27. Ce spécialiste peut être auprès d'une Cour d'appel ou au niveau
national. Mais après cinq année d'exercice auprès d'une Cour d'appel, l'expert peut demander a
être inscrit sur le tableau national.
L'inscription se fait par arrêté du ministre de la justice sur proposition d'une commission
instituée auprès de celui-ci28. Il est procédé à la révision des tableaux chaque année et le refus
de candidature doit être motivé et ne s'oppose pas à la présentation de candidature l'année
suivante.
C'est le juge d'instruction qui, soit d'office, soit sur la demande du ministère public ou des
parties, désigne l'expert. Les parties ne peuvent que faire des observations et interjeter appel de
la décision de refus dans les délais prévus aux art. 222 et 223 C.P.P.
Le juge peut aussi autoriser l'expert d'adjoindre un autre expert dans le cas où il s'agit d'un point
particulier échappant aux compétences de l'expert.
L'art. 196 C.P.P. dispose que la décision ordonnant l'expertise doit être notifiée sans délai au
ministère public et aux parties qui disposent d'un délai de trois jours pour présenter leurs
observations sur le choix de l'expert, et sur sa mission. Or l'art. 196 n'est pas applicable en cas
d'urgence. Le juge d'instruction peut en effet ordonner que la mission de l'expert commence
tout de suite, mais il est permis au ministère public, aux parties et à leurs conseils de choisir
dans un délai de trois jours des assistants experts qui vont aider celui-ci, mais une désignation
par le juge d'instruction est obligatoire.
personnes morales.
28 La commission est présidée par un représentant du ministre de la justice, président et comprend, trois
premiers présidents de cours d'appel ; trois procureurs généraux du Roi près des cours d'appel ; deux experts
judiciaires de la discipline du candidat. Cette commission instruit donc les candidatures à l'expertise judiciaire,
élabore et révise les tableaux des experts et exerce un pouvoir disciplinaires (art. 8 et 9).
Cette ouverture légale en direction de l'expertise contradictoire suppose toutefois qu'il s'agisse
d'une catégorie d'expertises dont les conclusions ont une incidence sur la détermination de la
culpabilité de la personne mise en examen.
Le juge d'instruction désigne en principe un seul expert ; il désigne plusieurs experts seulement
si les circonstances le justifie.
2°) Le déroulement de l'expertise:
La mission de l'expert doit être précise et limitée à des questions purement techniques.
Dans le cadre de sa mission, l'expert a des pouvoirs assez large. Il peut recevoir les déclarations
de personnes autres que le délinquant. Il peut même entendre l'accusé par le canal du juge
d'instruction. Les déclarations sont recueillies par l'expert en présence du conseil ou ce dernier
dûment convoqué.
Quand il s'agit d'une expertise pratiquée par un médecin ou un psychologue , ceux-ci ont le droit
dans tous les cas de poser des questions à la personne examinée hors la présence du juge et des
avocats (art. 203, al. 3).
L'expert doit avoir prêté serment, sauf s'il est inscrit sur une liste officielle. Il agit sous le
contrôle du juge et en liaison avec lui (art. 200 C.P.P.). Cela veut dire que, s'il découvre des
faits jusqu'ici inconnus du juge, il doit les lui dénoncer.
L'expert doit déposer son rapport dans le délai fixé par le juge. Ce délai peut être prorogé par
décision motivée. Le retard dans l'exécution de la mission peut conduire au remplacement de
l'expert initialement désigné, voire sa radiation de la liste des experts.
A la fin de sa mission, l'expert rédige un rapport expliquant les opérations et investigations
menées par lui et aussi le résultat de l'expertise. Il doit attester qu'il les a réalisées
personnellement ou qui les a supervisées. L'expert assistant qui a des réserve à faire valoir doit
les consigner dans un mémoire que l'expert rajoute à son rapport avec ses remarques (art. 205
C.P.P.). Le rapport est déposé au greffe de la juridiction qui l'a demandé contre récépissé.
En vertu des dispositions de l'art. 208 C.P.P. le juge d'instruction doit informer le résultat de
l'expertise aux parties conformément aux formalités prévues par les art. 139 et 140 C.P.P. Ils
les convoquent pour recevoir leur déclaration et fixe un délai dans lequel ils pourront présenter
des observations ou réclamer un complément d'expertise ou même une contre-expertise. Le juge
doit remettre à leurs avocats une copie du rapport d'expertise.
Le rejet des demandes de nouvelle expertise, contre-expertise ou complément d'expertise donne
lieu à une ordonnance motivée susceptible d'appel. Il en est de même si le juge d'instruction a
désigné un seul expert alors que l'une des parties avait demandé la désignation de plusieurs
experts.
L’objet du transport sur les lieux est de procéder à des constatations d’indices matériels
(ex. empreintes), à des reconstitutions, ou à des perquisitions et saisies.
Le juge en avise le procureur du Roi, qui a la faculté de l'accompagner. Le juge est
toujours assisté d'un greffier. Il dresse procès-verbal de ses opérations.
En pratique ce transport est rare dans le cadre de l’instruction, il n’est effectué qu’en cas
de flagrance, et même dans ce cas il n’agit pas en tant que juge mais en tant qu’officier supérieur
de la police judiciaire.
2°) Perquisitions
Les perquisitions peuvent être menées par le juge d’instruction dans tous les lieux où
peuvent se trouver des objets utiles à la manifestation de la véritéaussi bien chez l’inculpé lui-
même que chez un tiers si le lieu de la perquisition se trouve dans le ressort du tribunal. Le juge
s’y transporte avec son greffier après avoir avisé le procureur du Roi, qui a d’ailleurs la faculté
de l’accompagner.
En cas où la perquisition est effectuée chez l’inculpé, les formalités sont celles prévues
par les art. 60 à 62 C.P.P.Il en résulte que la perquisition ne peut avoir lieu après 21h du soir
jusqu’à 6h du matin, et qu’elle doit s’accomplir en présence de l’inculpé. Si celui-ci ne veut ou
ne peut y assister on lui demandera, s’il est présent, de désigner un représentant de son choix,
s’il est absent ou s’il refuse, le juge désignera deux témoins pris en dehors des personnes
relevant de ses autorités, ils devront signer le procès-verbal, toutes ces formalités sont prescrites
à peine de nullité.
Cette règle est assortie d'une exception. Le juge d'instruction peut en effet effectuer des
perquisitions en dehors des heures légales, en matière de crime et dans le cas de terrorisme,
mais il faut la présence du ministère public (art. 102 C.P.P.).
Toute personne, y compris la personne mise en examen et la partie civile, qui prétend
avoir droit sur un objet ou document placé sous la main de la justice peut en réclamer la
restitution.
Le juge d’instruction peut décider d’office de restituer les objets saisis dont la propriété
n’est pas contestée. Il peut aussi refuser la restitution lorsque les choses saisies sont susceptibles
d’être confisquées par décision de la justice, ou lorsque la restitution serait de nature à faire
obstacle à la manifestation de la vérité ou à la sauvegarde des droits des parties, ainsi que
lorsqu’elle présente un danger pour la personne ou les biens.
L’ordonnance ainsi rendue est notifiée soit au requérant soit au ministère public et à
toute autre partie intéressée en cas de décision de restitution.
L’appel est possible par voie de requête portée devant la chambre correctionnelle, ce
recours est ouvert à toute personne ayant intérêt à s’opposer à la restitution dans un délai de 10
jours.
Cette interception est réglementée par les articles 108 à 166 C.P.P. Elle peut avoir lieu
quand les nécessités de l'information l'exigent.
Quant à la procédure, la seule autorité habilité à ordonner les écoutes est le juge
d'instruction. Le procureur général du Roien aindirectement le pouvoir dans le cadre d'une
enquête. Le parquet ne peut recourir à cette mesure, sauf en cas d'urgence, que s'il a requis au
préalable par écrit le premier président de la Cour d'appel et dans le cas des infractions graves:
l'atteinte à la sûreté de l'Etat, le terrorisme, les associations de malfaiteurs, l'homicide,
l'empoisonnement, l'enlèvement et la prise d'otages, la contrefaçon ou la falsification de la
monnaie ou des effets de crédit public, les substances psychotropes, les armes, munitions et
explosifs, la protection de la santé.
En cas d'urgence le procureur général du Roi peut, lorsque les nécessités de l'enquête
exigent la rapidité, et par crainte de disparition de preuves, ordonner par écrit l'interception de
communication. Dans ce cas, il est tenu d'aviser immédiatement le premier président de son
ordonnance. Celui-ci "rend, dans les vingt quatre heures, une décision de confirmation,
d'amendement ou d'infirmation". S'il infirme l'ordonnance du procureur général du Roi,
l'interception est suspendu(art. 108 C.P.P.).
La décision du juge est écrite et n' a pas de caractère juridictionnel : elle n'est donc
susceptible d'aucun recours. Cette décision doit comporter tous les éléments d'identification de
la liaison à intercepter, l'infraction qui motive la mesure et la durée de l'interception.
Le juge d’instruction peut recourir aux écoutes téléphoniques quand il le juge nécessaire
(art. 108 C.P.P.). La décision d’interception et prise pour une durée dequatre mois. Une
prorogation est possible pour la même durée et selon les mêmes formes , le tout à peine de
nullité (art. 109 C.P.P.).
C'est un acte d'instruction, qui prendra la forme d'une commission rogatoire saisissant
un O.P.J. La transcription de la conversation donne lieu à l'établissement d'un procès-verbal.
Cette transcription ne porte que sur la correspondance "utile à la manifestation de la vérité".
Chacune des opérations d'interception doit faire l'objet d'un procès-verbal qui
mentionnera les jours et les heures de début et d'achèvement de l'opération. Les enregistrements
seront placés sous scellés fermés.
Les enregistrements, une fois utilisés, sont détruits à la diligence du juge d'instruction
ou du parquet et à l'expiration de l'action publique ou lorsque "le jugement rendu dans l'affaire
est passée en force de chose jugée" (art. 113 C.P.P.).
C'est une question centrale parce qu'elle met en cause les libertés individuelles et tant qu'une
personne n'a pas été condamnée, elle est présumée innocente. Néanmoins, l'incarcération peut
être nécessaire. Le problème est comparable à la garde à vue : c'est un mal mais un mal
nécessaire.
Avant d'étudier la détention provisoire (§. 3), et le contrôle judiciaire (§. 2), il est
important de se poser la question sur les mandats de justice que le juge d'instruction peut
décerner (§. 1).
La liste des mandats figurent aux article 144, 146 et 154 C.P.P.
Les mandats sont des ordres écrits et datés, portant la signature du juge et son sceau.
Exceptionnellement, c'est le procureur du Roi qui décerne certains mandats ( mandat de dépôt
dans le cas de crime ou délit flagrant : art. 74 C.P.P.).
Ce sont des ordres écrits permettant la comparution ou l’arrestation de la personne visée,
et délivrés en principe par le juge d’instruction. Ils sont exécutoires sur tout le territoire du
Royaume, et notifiés selon les cas par un huissier, un membre de la police judiciaire ou un agent
de la force publique.
Ces ordres sont les mandats de comparution (A), d'amener (B) et de dépôt (C).
A) Mandat de comparution
B) Mandat d'amener
Le mandat d'amener est l'ordre donné par le juge d'instruction à la force publique, de
conduire immédiatement devant lui la personne à l'encontre de laquelle il est décerné. Il s'agit
d'un ordre donné à la police d'amener la personne devant le juge, et de l'y contraindre si elle s'y
refuse. Si le prévenu est déjà détenu pour une autre cause, les formalités sont accomplies par le
chef de la maison pénitentiaire (art. 146 al. 3). En cas d'urgence, l'art. 146 al. 4 permet la
communication de l'ordre par tous les moyens.
Le mandat d'amener doit spécifier les faits imputés à la personne, leur qualification
juridique et les articles de loi applicables. Il est notifié par un officier ou un agent de police
judiciaire, ou un agent de force publique. La personne en reçoit copie. L’agent ne peut, pour
exécuter ce mandat, entrer dans un domicile privé entre 21 heures et 6 heures.
Si le juge d'instruction n'est pas disponible à ce moment là, la personne peut être retenue
par les services de police ou de gendarmerie pendant vingt-quatre heures au maximum à la
maison d'arrêt avant d'être présentée devant le juge d'instruction. A défaut, le chef de la maison
d'arrêt doit impérativement le présenter au procureur du Roi qui requiert au juge d'instruction
ou d'un autre juge de l'interroger immédiatement, si non la personne doit être mise en liberté.
Dans le cas où la personne qui fait l'objet d'un mandat d'amener réside en dehors de la
circonscription du juge qui donné l'ordre, il est conduit devant le procureur compétent dans le
lieu de sa résidence. Ce magistrat l'interroge sur son identité et l'informe de son droit de parler
ou de se taire. S'il choisit d'être interrogé, le représentant du ministère public en rédige un
procès-verbal et l'adresse au juge d'instruction. Il lui transfère également l'intéressé.
Quand ce dernier réfute sérieusement les faits reprochés, le ministère public l'envoie en
prison et en informe immédiatement le magistrat instructeur en lui envoyant un procès-verbal
complet sur ce qu'il a accompli. Seul le juge d'instruction demeure compétent pour décider des
suites à donner à cette situation (art. 149, al. 3 et 5 C.P.P.).
Il est à noter que le texte est muet sur la question de l'inaction du juge d'instruction. Il
ne précise pas en effet aucun pour soit libérer l'individu, soit le conduire devant le juge, soit
pour prononcer une détention préventive par un véritable mandat de dépôt.
L'art. 150 traite la situation selon laquelle un mandat d'amener reste infructueuse en
raison soit du fait que l'individu ne peut être trouvé. Dans ce cas, l'autorité chargée de
l'exécution présente le mandat au juge d'instruction avec procès-verbal constatant les opérations
de recherche et leur échec.
C) Mandat d’arrêt
Selon l'art. 154 C.P.P. al. 1 : "Le mandat d'arrêt est l'ordre donné à la force publique de
rechercher l'inculpé et de le conduire à l'établissement pénitentiaire indiqué sur le mandat où
il sera reçu". Ce mandat constitue donc une combinaison du mandat d'amener (puisqu'il permet
la comparution forcée) et du mandat de dépôt (puisqu'il permet l'incarcération).
Le mandat d'arrêt ne peut être décerné que dans les conditions fixées à l'art. 154 al. 2
C.P.P., c'est-à-dire la personne est en fuite ou si elle réside à l'étranger (dans ce dernier cas, le
mandat d'arrêt sera international). De plus, il faut que la peine encourue soit au moins
l'emprisonnement pour un délit. Enfin, le juge d'instruction ne peut décerner le mandat qu'après
avis du ministère public. L'agent chargé de l'exécution du mandat doit respecter les heures
légales prévues par l'art. 157 C.P.P. avant de s'introduire dans le domicile, c'est-à-dire avant six
heures et après vingt et une heures.
En cas d'urgence, le mandat d'arrêt peut être diffusés par tous les moyens.
Dans le cas où l'inculpé est arrêté dans le ressort du juge d'instruction auteur du mandat,
celui-ci est tenu de procéder à son interrogatoire dans les quarante huit heures de la détention,
à défaut la personne est remise en liberté.
En revanche, dans le cas où la personne est arrêté hors du territoire géographique du
juge auteur du mandat, il est conduit immédiatement devant le procureur du Roi ou le procureur
général du Roi. Ce magistrat l'interroge sur son identité et l'informe de son droit de parler ou de
se taire.
S'il choisit d'être interrogé, le représentant du ministère public en rédige un procès-
verbal et l'adresse immédiatement au juge d'instruction.
Le procureur du Roi et le procureur général du Roi avise sans délai le juge d'instruction,
Il lui requiert également le transfèrement de l'intéressé. Un obstacle au transfèrement immédiat
de la personne doit être notifié au juge d'instruction par le biais du parquet.
Dans le cas ou l'arrestation du prévenu a eu lieu postérieurement au dessaisissement du
juge d'instruction de l'affaire par son renvoi au juridiction compétente, le ministère public du
lieu d'arrestation est tenu de l'interroger sur son identité et sur les faits après l'avoir informé qu'il
a le droit de garder le silence. Il est tenu de rédiger un procès-verbal et de l'adresser dans un
délai de vingt-quatre heures au ministère public près la juridiction compétente.
Dans l'hypothèse où la personne objet du mandat ne peut être trouvé, le mandat d'arrêt
est notifié par l'affichage au lieu de sa dernière résidence, un procès-verbal est dès lors dressé.
Il est rédigé par l'agent en présence des deux témoins voisins du prévenu. Ces derniers signent
le procès-verbal, ou apposent leurs empreintes et en cas d'impossibilité ou s'ils refusent, l'agent
doit mentionner cela dans le procès-verbal.
L'agent doit par la suite vise son procès-verbal à l'O.P.J. territorialement compétent, et
lui laisse une copie.
Le mandat d'arrêt et le procès-verbal sont transmis au juge d'instruction auteur du
mandat ou au ministère public compétent.
La question qui se pose est de savoir si l'inobservation de ses formalités prescrites par
les textes peuvent entraîner la nullité de la procédure. La réponse est portée par l'art. 158 C.P.P.
qui dispose que : "L'inobservation des formalités prescrites dans la présente section, lorsqu'elle
a porté atteinte à la liberté individuelle, rend le représentant du ministère public et le juge
d'instruction et, s'il y a lieu le greffier, passibles de sanctions disciplinaires sans préjudice des
dispositions pénales en matière de détention arbitraire".
§ 2) Le contrôle judiciaire
Le contrôle judiciaire reste l'une des grandes innovations du code de procédure pénale
promulgué en 2003 tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens. Cette
mesure est destinée à inciter le juge d'instruction à ne recourir à la détention avant jugement
qu'à titre exceptionnel.
Avant cette date, le magistrat instructeur n'avait qu'une alternative à l'égard de la
personne qu'il avait inculpée : soit la laisser en liberté avec le risque qu'elle prenne la fuite, fasse
pression sur les témoins, la victime, ou bien ne détruise les preuves, soit l'incarcérer. C'était la
politique du tout ou du rien. L'incarcération est ce point de vue une mesure radicale qui offre
une parfaite tranquillité au juge d'instruction protégé de toute tentative de nuire de la part de la
personne mise en cause.
Cet état de lieu fait apparaître l'avantage du contrôle judiciaire : pouvoir contrôler la
liberté d'aller et venir de la personne impliquée sans lui infligée le traumatisme d'une détention
toujours trop longue.
Aujourd'hui et encore plus, le contrôle judiciaire s'inscrit dans une démarche législative
qui privilégie les alternatives à la privation de liberté.
Cette présentation permet de s'interroger sur la décision de placement (A) et sur sa durée
(B).
A) La décision de placement
Il est question de traiter la forme de la décision (1), les personnes auxquelles elle
s'applique (2), le contenu de la décision (3).
1) La forme de la décision
De prime abord une précision s'impose. Le juge d'instruction saisi est l'autorité
compétente pour ordonner un contrôle judiciaire.
La décision du contrôle prend la forme d'une ordonnance prise par le juge d'instruction
(art. 160 al. 2 C.P.P.), notifiée immédiatement et verbalement au prévenu et au procureur du
Roi dans un délai de vingt-quatre heures. Elle peut faire l'objet d'un appel par la personne mise
en examen et le procureur du Roi dans la journée qui suit celle où l'ordonnance a été rendu. La
chambre correctionnelle de la Cour d'appel doit statuer dans un délai de cinq jours à compter
de la date de renvoi.
3) Contenu de la décision
La personne peut être soumise selon la décision du juge d’instruction à une ou plusieurs
obligations citées par l'art. 161 C.P.P. Ces obligations ont pour finalité d'aider la personne à se
réinsérer socialement et surtout à garantir son maintien à l'autorité judiciaire. Il s'agit
d'interdictions et d'injonctions.
Parmi les premières : ne pas sortir des limites territoriales ; ne s'absenter de son domicile
ou de sa résidence qu'à des conditions précisées par le magistrat ; ne pas se rendre ne certains
lieux ou ne se rendre que dans certains lieux ; s'abstenir de conduire un véhicule à certaines
conditions ; s'abstenir de recevoir ou de rencontrer certaines personnes ; ne pas se livrer à
certaines activités professionnelles ; ne pas émettre de chèques ; ne pas détenir une arme.
Parmi les secondes : informer le juge de tout déplacement au-delà des limites déterminés
; se présenter périodiquement à des services ou associations habilitées ; répondre aux
convocations de toute autorité, associations habilitées et se soumettre le cas échéant à des
mesures de contrôle portant par exemple sur ses activités professionnelles ou son assiduité à un
enseignement ; remettre tous documents justificatifs de l'identité ; se soumettre à des mesures
d'examen, ou de traitement (notamment de désintoxication) ; justifier le paiement des aliments
ou la contribution aux charges familiales ; en cas d'infraction commise contre le conjoint.
Il peut également ordonné la constitution de la sûreté personnelles ou réelles ou le dépôt
d'un cautionnement dont le montant et les délais seront fixés par le juge d'instruction compte
tenu notamment des ressources et des charges de la personne mise en examen.
Ces sûreté ou ce cautionnement ont pour finalité de garantir, d'une part, la représentation
de la personne mise en examen à tous les actes de la procédure et pour l'exécution du jugement
ainsi que, le cas échéant, l'exécution des autres obligations qui lui ont été imposées et, d'autre
part, le paiement, selon l'ordre suivant : de la réparation des dommages, des restitutions, de la
dette alimentaire, quand la personne mise en examen est poursuivie pour défaut de paiement de
cette dette ; des amendes.
L'art. 160 al. 1 précise que les obligations du contrôle judiciaire s'imposent à la personne
mise en examen pour une durée de deux mois.Une prorogation est possible pour une durée de
10 mois.
Cependant, à tout moment, le juge d'instruction peut ajouter une ou plusieurs obligations
auxquelles la personne mise en examen est astreinte, voire la dispenser, à titre occasionnel ou
temporaire, d'observer certaines d'entre elles (art. 160 al. 3 C.P.P.), soit sur réquisitions du
ministère public, soit à la demande de l'inculpé ou de son conseil après avis du ministère public.
Cette faculté permet d'adapter le contrôle judiciaire à l'évolution de la situation de
l'intéressé et de maintenir son efficacité. L'ordonnance qui modifie le contrôle est susceptible
d'appel.
Le juge d’instruction peut aller plus loin et prononcer, à tout moment, la mainlevée du
contrôle judiciaire, qui peut être décidée :
- Soit d’office ;
Elles sont relatives aux infractions (1), à la durée (2) et aux motifs (3).
1) Infractions
La détention préventive ne peut être ordonnée que par le juge d'instruction pour les
crimes et délits punis des peines privatives de liberté. Il ne peut recourir à cette mesure qu'après
interrogatoire du prévenu.
Le ministère public ou l'O.P.J. ne sont donc pas compétents à une exception près. En
effet le procureur du Roi ou le procureur général du Roi peut ordonner, lorsqu'il s'agit d'un
crime ou un délit flagrant, de placer un accusé "sous mandat de dépôt et le défère devant la
chambre criminelle dans les quinze jours au plus tard" (art. 73-4 C.P.P. et 74-1). Il s'agit de
l'hypothèse où l'instruction n'est pas obligatoire et que l'affaire est en état d'être jugée.
Un autre cas est prévu par l'art. 160 al. 5 C.P.P. Il s'agit de la personne mise en examen
qui se soustrait volontairement aux obligations du contrôle judiciaire.
3) Les motifs
Le Code de procédure pénale est incapable de fournir une liste précise des motifs qui
exige le placement en détention préventive. Cela est critiquable, car l'ancien Code de 1959
prévoit dans son art. 152 que celui-ci ne peut se justifier qu'en cas de nécessité. Or cette
justification n'est pas suffisante pour protéger l'individu d'une atteinte possible à sa liberté et
aussi pour garantir le principe de la présomption d'innocence.
Le Code de procédure pénal français est en revanche beaucoup plus précis et plus
protecteur que le Code marocain, car il présente des hypothèses encadrant le pouvoir des juges
d'instruction pour décider du placement en détention préventive. Ainsi l'art. 137 C.P.P. exige
d'abord que la détention provisoire ne puisse être prononcée qu'à raison "des nécessités de
l'instruction ou à titre de mesure de sûreté". Le texte est complété par l'art. 144, tel qu'il résulte
de la loi du 5 mars 2007 ainsi rédigé : "La détention provisoire ne peut être ordonnée ou
prolongée que s'il est démontré, au regard des éléments précis et circonstanciés résultant de la
procédure, qu'elle constitue l'unique moyen de parvenir à l'un ou plusieurs des objectifs
suivants et que ceux-ci ne sauraient être atteints en cas de placement sous contrôle judiciaire
ou d'assignation à résidence avec surveillance électronique :
1° Conserver les preuves ou les indices matériels qui sont nécessaires à la manifestation de la
vérité ;
2° Empêcher une pression sur les témoins ou les victimes ainsi que sur leur famille ;
3° Empêcher une concertation frauduleuse entre la personne mise en examen et ses coauteurs
ou complices ;
4° Protéger la personne mise en examen ;
5° Garantir le maintien de la personne mise en examen à la disposition de la justice ;
6° Mettre fin à l'infraction ou prévenir son renouvellement ;
7° Mettre fin au trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public provoqué par la gravité de
l'infraction, les circonstances de sa commission ou l'importance du préjudice qu'elle a causé.
Ce trouble ne peut résulter du seul retentissement médiatique de l'affaire. Toutefois, le présent
alinéa n'est pas applicable en matière correctionnelle."
La lecture des art. 137 et 144 C.P.P. font montre que le législateur français accepte d'une
manière restrictive la détention provisoire. Le texte mentionne que celle-ci ne doit être ordonnée
que si les objectifs énumérés ne peuvent être atteints au moyen du contrôle judiciaire. La
privation de liberté est subsidiaire. Les mots employés sont bien précis : il faut "démontrer"
dans le cadre "des éléments précis et circonstanciés" de la procédure ; la détention doit être
"l'unique moyen" de parvenir à certains objectifs limitativement énumérés avec tout autant de
précision.
Le scandale judiciaire révélé par l'affaire d'Outreau 30 conduit même le législateur à
ajouter à propos de la motivation antérieure tirée du trouble exceptionnel et persistant à l'ordre
public que "ce trouble ne peut être lié au seul retentissement médiatique". En outre, la finalité
de l'ordre public ne pourra jamais être invoqué en matière délictuelle.
B) La mise en liberté
30L'affaire d'Outreau est une affaire pénale d'abus sexuel sur mineurs. Douze enfants sont reconnus victimes par
la Justice de viols, d'agressions sexuelles et de corruption de mineurs. L'affaire a débouché sur l'acquittement de
la majorité des accusés : quatre sont jugés coupables et 7 sont acquittés. Elle a donné lieu à un procès devant la
Cour d'assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) du 4 mai 2004 au 2 juillet 2004, puis à un procès en appel auprès de
la Cour d'appel de Paris en novembre 2005.
La lecture des articles se rapportant à la matière permet de relever que la liberté
provisoire est obligatoire (1) ou facultative (2).
Dans cette hypothèse le juge d'instruction sera obligé de prendre une ordonnance de
mise en liberté. C'est dire que le juge d'instruction n'a pas un pouvoir d'appréciation de
l'opportunité de la mise en liberté puisqu'il est tenu d'appliquer ce qu'a décide le législateur dans
des cas bien déterminés. C'est ainsi le cas lorsque les fondements qui le justifie, ne se vérifient
plus. Cette situation se rapporte à trois cas de figure :
* D'abord l'expiration du délai de la détention préventive qui est d'un mois pour les délits,
et de deux mois pour les crimes sans que le juge d'instruction ne prend une ordonnance pour
prolonger la durée. Cela ressort clairement des art. 176 C.P.P. sur les délits et 177 C.P.P. sur
les crimes, qui prévoient la mise en liberté de plein droit de l'accusé.
* Puis l'art. 179 al. 4 C.P.P. prévoit la mise en liberté du prévenu si le juge d'instruction n'a
pas statué sur la demande dans un délai de cinq jours. Dans ce cas il peut saisir la chambre
correctionnelle de la Cour d'appel qui se prononce au plus tard dans les quinze jours après
réquisitions écrites et motivée du ministère public, faute de quoi l'agent est mise d'office en
liberté provisoire.
* Il s'agit de l'hypothèse où le juge d'instruction rend une ordonnance de non lieu, si les faits
ne reçoivent aucune qualification pénale, ou absence de chargesconcordantes et suffisantes, ou
cela est dû à l’état inconnu du délinquant. Dans ces cas il doit ordonner la mise en liberté
immédiate des accusés même si le ministère public décide de faire appel de l'ordonnance.
Elle désigne que la mise en liberté relève de l'appréciation du juge d'instruction qui
estime que son maintien n'est pas nécessaire pour le bon déroulement de l'instruction.
En se référant aux articles du Code de procédure pénale qui se rapporte à la question, le
juge d'instruction peut ordonner d'office la mise en liberté provisoire après avoir consulté le
ministère public à charge pour le prévenu de prendre l'engagement de se représenter à tous les
actes de la procédure aussitôt qu'il en sera requis et de tenir informé le juge d'instruction de tous
ses déplacements ou sa résidence dans un lieu déterminé. La liberté provisoire peut aussi être
subordonnée à l'obligation de fournir une attestation d'un établissement public ou privé, de santé
ou d'enseignement confirmant la prise en charge de l'inculpé durant cette liberté.
Elle peut également être subordonnée à l'obligation de fournir un cautionnement pécuniaire
ou un cautionnement personnel.
Cette mise en liberté peut être assortie de la mise sous contrôle judiciaire conformément
aux formes prévues aux art. 160 à 174 C.P.P.
Cette initiative de mettre en liberté un prévenu peut être requis, à tout moment, par le
ministère public. Dans ce cas le juge d'instruction est tenu de statuer dans un délai de cinq jours
à compter de la date de présentation de ces réquisitions (art. 178-2 C.P.P.).
Dans le même ordre d'idée, le prévenu lui-même ou son avocat peut demander sa mise
en liberté avec ou sans propositions de garanties de se soumettre au juge durant le reste de la
procédure, quelle que soit l'infraction pour laquelle il est poursuivi et quelle que soit la forme
qu'il choisit pour sa demande.
Dans ce cas le juge d'instruction communique dans les vingt quatre heures la demande
au parquet et en avise la partie civile par lettre recommandée. Quelle que soit l'avis et la réponse,
le juge reste libre dans sa décision. Celle-ci doit avoir lieu dans les cinq jours à compter de la
date de dépôt de la demande par ordonnance juridictionnelle motivée. Or lorsqu'il y a une partie
civile en cause, l'ordonnance du juge d'instruction ne peut intervenir que quarante huit heures à
compter de l'avis donné à cette partie de la présentation de la demande de liberté provisoire.
A supposer que le juge d'instruction ne statue par dans le délai que se passe-t-il ? La
réponse est portée par l'art. 179-4 C.P.P. Ainsi, l'inculpé ou le ministère public peut saisir
directement la chambre correctionnelle de la Cour d'appel qui se prononce au plus tard dans les
quinze jours après réquisitions écrites et motivée du ministère public, faute de quoi l'inculpé est
mis d'office en liberté provisoire, sauf s'il y a un supplément d'information.
Mais que se passe-t-il si le juge d'instruction refuse la demande du prévenu ? Dans ce
cas l'ordonnance du juge est susceptible d'appel devant la chambre correctionnelle de la Cour
d'appel.
* La juridiction qui a connu en dernier lieu de l'affaire au fond en cas de pourvoi devant la
Cour de cassation qui n'a pas encore statué. Son arrêt n'est pas susceptible de recours.
* lorsqu'il s'agit d'une décision d'incompétence dont l'affaire n'est pas encore renvoyée
devant la juridiction désignée, l'arrêt rendu par cette juridiction n'est pas susceptible d'appel.
Cette présentation permet de faire trois remarque :
La finalité de l'instruction préparatoire, qui est l'ensemble des mesures et des procédés,
est de permettre au juge d'instruction d'effectuer les recherches nécessaires et d'épuiser les
mesures utiles à la manifestation de la vérité. Elles permettent à ce magistrat de prendre des
ordonnances qui ont un caractère juridictionnel susceptible d'appel et de pourvoi en cassation.
Ainsi quand le juge d'instruction rassemble des preuves suffisantes et éclairantes, il
décide le renvoi de l'accusé devant la juridiction compétente. Or s'il lui apparaît que les
recherches effectuées ne permettent pas ce renvoi, il décide dans ce cas le non lieu. Dans ces
hypothèses, le magistrat instructeur prend des ordonnances de règlement (section 2).
Cependant, ces deux mesures sont précédées par une ordonnance de soit communiqué
par laquelle le juge remet le dossier au parquet en lui demandant de lui transmettre son
réquisitoire définitif par retour du dossier (section 1).
Selon l'art. 214 C.P.P. : "le juge d'instruction communique le dossier, côté par le
greffier, au ministère public aussitôt qu'il estime l'information terminée. Le ministère public
doit lui adresser ses réquisitions dans les huit jours au plus tard à compter de la réception du
dossier".
Le texte précité traite le rapport entre le ministère public et la juridiction d'instruction
au niveau de la Cour d'appel et du tribunal de première instance selon le domaine de compétence
de la juridiction. L'établissement de ce lien vise essentiellement à permettre au parquet
d'exprimer son point de vue, en tant que représentant de la société, sur le litige dans un délai
déterminé avant que le magistrat instructeur prenne une décision soit par le renvoi de l'affaire
devant la juridiction de jugement compétente en fonction de ce qu'il a décidé sur la qualification
pénale des faits, soit par un non-lieu. Dans le deuxième cas, il transmet le dossier au ministère
public pour l'étudier d'une manière approfondie et prendre des réquisitions supplémentaires
pour demander au magistrat instructeur d'effectuer telles ou telles démarches qu'il pense utile à
la manifestation de la vérité.
Or si le procureur du Roi ou le Procureur général du Roi, selon le domaine de
compétence de chacun, constate que l'instruction préparatoire a bien répondu à sa finalité et que
rien ne justifie sa continuité, dans ce cas il retourne le dossier au juge d'instruction avec ses
réquisitions définitives sur les faits, et dans lesquelles il résume son point de vue sur le renvoi
de l'affaire devant la juridiction compétente ou le non-lieu. Ces réquisitions peuvent être
conformes au résultat du juge d'instruction ou contraire à ce que celui-ci est parvenu dans les
opérations menées.
Il est à noter que le juge d'instruction est obligé de respecter les formes édictées par l'art.
214 C.P.P., notamment de communiquer au ministère public le dossier avant de prendre une
ordonnance de clôture sous peine de nullité 31. Or les réquisitions du parquet n'ont aucun
caractère obligatoire, car le magistrat instructeur prend des ordonnances de clôture de
l'instruction en fonction des opérations qu'il a mené pour construire sa conviction mais qu'il
n'est pas tenu de suivre telles ou telles démarches proposées notamment par le ministère public.
Elle est appelée aussi ordonnance de clôture. Il peut s'agir d'une ordonnance de non lieu
ou d'ordonnance de renvoi devant la juridiction de jugement.
Il est tout à fait normal qu'à l'issue de l'instruction, le juge chargé de l'instruction décide,
après examen des preuves et des charges retenues contre le prévenu, soit de le renvoyer devant
la juridiction de jugement compétente (§. 1), soit de prendre une ordonnance de non lieu (§. 2),
lorsque ce magistrat estime que la saisine de cette juridiction pour prononcer la sentence ne se
justifie pas.
Ces ordonnances sont portées à la connaissance de l'accusé ou son conseil, et de la partie
civile dans un délai déterminé (§. 3).
La réouverture de l'instruction sur charges nouvelles est, cependant, possible (§. 4).
Dès l'abord, une précision s'impose : le juge d'instruction est compétent pour décider
directement le renvoi devant la juridiction compétente pour toutes les catégories d'infractions
(art. 217-218 C.P.P.). Cela n'est rendu possible qu'avec le code actuelle de procédure pénale.
En effet, le Code de 1959 (abrogé) donne la compétence à la chambre d'accusation pour
renvoyer l'accusé devant la juridiction de jugement compétente, sur le fondement de
l'ordonnance de renvoi émanant de celle-ci et constatée dans l'acte d'accusation. Le Code de
procédure pénale de 2002 a réorganisé la procédure de l'instruction, car seul le juge d'instruction
est compétent lorsqu'il est saisi d'une réquisitoire afin d'informer.Or le même code rend les
ordonnances du magistrat instructeur susceptibles d'appel devant la chambre correctionnelle de
la Cour d'appel, sauf l'ordonnance de renvoi de l'accusé devant la chambre criminelle, car elle
n'est susceptible que de pourvoi en cassation (art. 218, al. 4).
31"L'ordonnance qui n'est pas signé par le juge d'instruction dont elle émane est dépourvue de valeur légale. De
même l'ordonnance de soit communiqué qui n'est pas signée entraîne la nullité de la procédure". Arr. n° 95 publié
à la jurisprudence de la Cour de cassation criminelle, 65-57, p. 106.
Lorsque le juge d’instruction a communiqué au ministère public le dossier et après avoir
reçu ses réquisitions définitives, il estime que les charges sont suffisantes pour justifier la
saisine de la juridiction de jugement, il rend une ordonnance de continuation des poursuites.
Il ressort donc de cette présentation que le juge d'instruction est seul compétent pour
décider du renvoi de l'accusé selon la gravité de l'infraction devant la chambre criminelle de la
Cour d'appel (A), soit devant le tribunal de première instance (B).
Si le juge d'instruction estime que les faits retenus à la charge des personnes mises en
examen constituent une infraction qualifiée crime, il ordonne leur mise en accusation devant la
chambre criminelle de la Cour d'appel.
L'ordonnance contient, à peine de nullité, l'exposé et la qualification légales des faits, et
précise l'identité de l'accusé. S'il y a lieu, l'ordonnance précise les circonstances tendant à
aggraver ou à atténuer la peine.
Pour ce qu'est de la détention préventive, si l'accusé a été placé sous ce régime, le mandat
de dépôt décerné contre lui conserve sa force exécutoire. Si un mandat d'arrêt a été décerné, il
conserve aussi sa force exécutoire ; en revanche, les mandats d'amener ou de comparution
cessent de recevoir exécution, sans préjudice pour le juge d'instruction de décerner contre
l'accusé un mandat d'arrêt.
L'accusé détenu reste en détention jusqu'à son jugement par la chambre criminelle de la
Cour d'appel sous réserve de la possibilité pour la chambre criminelle de statuer sur la mise en
liberté provisoire qui peut être demandée par l'inculpé, son conseil ou le représentant du
ministère public (art. 180, al. 1er C.P.P.).
Si le juge d'instruction près le tribunal de première instance estime que le faits
constituent un délit, il transmet le dossier de l'affaire au procureur du Roi aux fins de citation
dans les conditions prévues aux articles 308 et 309 C.P.P. (art. 217-4 C.P.P.)
Si le juge d'instruction près la Cour d'appel estime que les faits constituent un crime, il
rend une ordonnance de renvoi de l'accusé devant la chambre criminelle. Elle n'est susceptible
que de pourvoi en cassation dans les conditions prévues aux articles 419-420 C.P.P. (art. 418-
4 C.P.P.).
§. 2 - L'ordonnance de non-lieu
Selon l'art. 216 C.P.P., le juge d'instruction rend une ordonnance de non-lieu lorsqu'il estime
que l'affaire ne peut comporter aucune suite. L'ordonnance juridictionnel est un acte
juridictionnel, elle arrête l'action publique.
L'ordonnance de non-lieu peut être motivée en droit ou en fait.
Sont des motifs de droit : le fait que l'infraction n'est pas constituée, qu'il existe un fait
justificatif, que l'action publique est éteinte, ou que les faits sont amnistiés.
L'établissement d'une cause de non-imputabilité telle la contrainte entraîne un non-lieu
au profit du délinquant chez qui cette cause a été relevée, mais uniquement à son égard. Une
ordonnance de non lieu motivée par la contrainte, un fait justificatif ou le décès de la personne
mise en examen doit néanmoins préciser s'il existe des charges suffisantes établissant que
l'intéressé a commis les faits qui lui sont reprochés.
Sont des motifs de fait : le non établissement des circonstances de l'infraction, la non
identification du coupable et d'une manière générale l'absence de charges suffisantes.
Le non-lieu peut viser tous les faits et toutes les personnes (non-lieu total), ou seulement
certains d'entre eux (non-lieu partiel). Le non-lieu total ne peut intervenir qu'en fin
d'information, alors que le non-lieu partiel peut être décidé au cours de l'instruction selon l'art.
219 C.P.P.
Les effets de non-lieu dépendent des motifs relevés. Ainsi, si l'ordonnance est motivée
en droit, elle est irrévocable et a l'autorité de la chose jugée. Or, si elle est motivée en fait, elle
est au contraire révocable. Elle n'a pas l'autorité de la chose jugée, de sorte qu'il peut y avoir
réouverture de l'instruction sur charges nouvelles.
Le caractère définitif de l'ordonnance de non-lieu motivée en droit ne doit pas induire
en confusion, car l'ordonnance de non-lieu motivée en droit comme l'ordonnance de non-lieu
motivée en fait, peuvent être frappées par un appel auprès de la chambre correctionnelle de la
Cour d'appel par les soins du ministère public (art. 222 C.P.P.) et la partie civile (art. 224
C.P.P.).
L'ordonnance de non-lieu permet à celui qui a été visé par l'instruction et mis en examen
de faire condamner, s'il y a lieu, le dénonciateur pour dénonciation calomnieuse.
Dans le but de restaurer la présomption d'innocence qui aurait été mise à mal par une
mise en examen, le juge d'instruction peut ordonner sur la demande de la personne concernée
ou avec l'accord de cette personne, d'office ou à la demande du ministère public, soit la
publication intégrale ou partielle de la décision de non-lieu, soit l'insertion d'un communiqué
informant le public des motifs du dispositif de celle-ci dans un ou plusieurs journaux. Si le juge
d'instruction refuse d'accéder à la demande de la personne concernée, il doit rendre une
ordonnance motivée susceptible d'appel devant la chambre correctionnelle de la Cour d'appel
conformément aux art. 222 et 223 C.P.P.
Si la personne mise en examen était détenue, elle est remise immédiatement en liberté.
Le non-lieu met également fin au contrôle judiciaire.
Les ordonnances du juge d'instruction, de non lieu ou de renvoi, sont communiquées
dans les vingt-quatre heures suivantes, par lettre recommandée, au conseil de l'inculpé et de la
partie civile.
Si l'inculpé est détenu, la communication lui en est faite par l'intermédiaire du chef de
l'établissement pénitentiaire.
L'art. 220 C.P.P. prévoit que : "il est donné avis, dans les vingt quatre heurs suivantes,
par lettre recommandée, au conseil de l'inculpé et de la partie civile de toutes ordonnances
rendues par le juge d'instruction.
Dans les mêmes formes et délais, les ordonnances de règlements et les ordonnances qui
sont susceptibles d'appel sont portées à la connaissance de l'inculpé et de la partie civile.
Si l'inculpé est détenu, la communication lui en est faite par l'intermédiaire du chef de
l'établissement pénitentiaire.
Le greffier donne avis de toute ordonnance au ministère public le jour même où elle est
rendue."
Le texte ci-dessous traite clairement la question de la communication des ordonnances
du juge d'instruction comme une formalité substantielle, car l'information menée par ce
magistrat a un caractère juridictionnel susceptible d'appel. De plus, cette communication est
justifiée par la protection des droits de la défense.
Il est à noter que le législateur a abandonné dans le dernier alinéa de l'art. 220 C.P.P. sa
position qu'elle a exprimé dans l'ancien art. 202 du Dahir du 10/2/1959 (abrogé). Elle consistait
à l'époque de dispenser le juge d'instruction de la charge de porter à la connaissance du ministère
public les ordonnances qui sont en conformité avec ses réquisitions, ce que la doctrine s'y est
opposée. En effet, le ministère public doit tenir informer de toutes les ordonnances du juge
d'instruction mêmes celles qui ne contredisent pas son point de vue, car il n'est qu'une simple
partie au litige. Cette solution s'impose pour répondre à la situation où le parquet change sa
position et décide d'interjeter un appel.
Selon l'art. 228 C.P.P. "l'inculpé à l'égard duquel le juge d'instruction a rendu une
ordonnance de non-lieu ne peut être poursuivi du même fait, à moins qu'il ne survienne
de nouvelles charges".
Il convient d'examiner les conditions de la réouverture de l'instruction sur charges
nouvelles (A), et la procédure de cette réouverture (B).
Il faut, bien entendu, des "charges nouvelles". Aux termes de l'art. 229 C.P.P., "sont
considérées comme charges nouvelles, les déclarations de témoins, pièces et procès-verbaux
qui n'ayant pas pu être soumis à l'examen du juge d'instruction sont cependant de nature, soit
à fortifier les charges qui auraient été trouvées trop fiables, soit à donner aux faits de
développements utiles à la manifestation de la vérité". Les charges nouvelles ne sont donc pas
nécessairement des faits entièrement nouveaux, elles peuvent être des aspects nouveaux des
mêmes faits.
La réouverture sur charges nouvelles suppose que l'information avait été ouverte contre
personne dénommée. En cas d'information contre X, il n'est pas nécessaire qu'il ait des charges
nouvelles pour rouvrir l'instruction. Une nouvelle instruction peut être ouverte contre une
personne qui n'a pas été mise en examen dans la première information.
La réouverture de l'information ne peut être requise que par le Ministère public (art. 230
C.P.P). La partie civile est donc exclue. Elle sera requise par le procureur du Roi ou le procureur
général du Roi près la Cour d'appel.
B) La procédure
Les décisions du juge d’instruction restent susceptibles d’un contrôle de nature judiciaire.
Le ministère public, le prévenu et la partie civile sont habilités, à interjeter appel devant la
chambre correctionnelle de la Cour d'appel, en vue de rectifier ou d’annuler les ordonnances
d’un juge d’instruction. Mieux encore, les arrêts de la chambre correctionnelle peuvent faire
l’objet de pourvoi en cassation devant la Cour de cassation afin de contrôler leur conformité au
droit.
Chapitre 4 - Contrôle de l'instruction préparatoire
A) La composition
La chambre correctionnelle a été créée par l'article 10 du dahir du 28 septembre 1974 32.
Elle remplace l'ancienne chambre de mise en accusation qui constituait un deuxième degré
d'instruction selon l'article 204 de l'ancien code de procédure pénale de 1959 33. La particularité
de l'actuelle chambre réside dans le fait qu'elle peut statuer en appel à la fois du jugement de
tribunal de première instance et les ordonnances du juge d'instruction. Le code actuelle de
procédure pénale réglemente son fonctionnement dans ses articles 231 et s.
La chambre correctionnelle se réunit sur convocation de son président ou à la demande
du procureur général du Roi toutes les fois qu'il est nécessaire (art. 233 C.P.P.).
Elle se compose du premier président (ou de son délégué), de deux conseillers, en
présence du représentant du ministère public représenté par le procureur général du Roi ou l'un
de ses substituts et du greffier.
B) L'audience
La procédure est inquisitoire. Elle repose sur la rapidité, l'écrit et le secret. En effet les
débats se déroulent à huit clos. La chambre correctionnelle statue en chambre du conseil, après
rapport du conseil chargé de l'affaire. Le procureur général du Roi met le dossier en état et le
soumet avec son réquisitoire à la chambre correctionnelle dans les cinq jours de sa réception du
32Dahir portant loi n° 1-74-448 du 11 ramadan 1394 (28 septembre 1974) édictant des mesures transitoires
pour l'application du dahir portant loi n° 1-74-338 du 24 joumada II 1394 (15 Juillet 1974) fixant l'organisation
judiciaire du Royaume et du décret n° 2-74-498 du 25 joumada II 1394(16 juillet 1974) pris en application du
dahir portant loi sus visé.
33Dahir n° 1-58-261 du 1erchaabane 1378 (10 février 1959) formant Code de procédure pénale.
dossier (art. 234). Ce dossier comprenant les réquisitions du procureur général du Roi est
communiqué aux parties et leurs conseils. La chambre examine des réquisitions écrites du
procureur générale du Roi et des mémoires des parties. Le parquet et le greffier ne peuvent être
présents aux délibérées. Or l'arrêt est rendu en audience publique.
La chambre correctionnelle peut ordonner la comparution personnelle des parties et leur
audition.
§. 2 - Le président de la chambre
Les articles du Code de procédure pénale confèrent au président les prérogatives d'un
supérieur administratif des juges d'instruction. Dans ce but, les cabinets d'instruction établissent
tous les trois mois un état complet des instructions en cours avec indication précise de la date
d'accomplissement de la dernière formalité, de description spéciale des conditions de détention
préventive.
Ces états sont transmis, tous les trois mois, au président de la chambre correctionnelle et au
procureur général du Roi.
Les procédure dans lesquelles sont impliqués des inculpés détenus préventivement figurent
sur un état spécial (art. 248 C.P.P.).
Le président de la chambre correctionnelle ou son délégué peut effectuer une visite tous les
trois mois dans tout établissement pénitentiaire de la Cour d'appel vérifiant ainsi la situation des
détenus préventifs. Il peut provoquer toutes explications utiles de la part du juge d'instruction.
Il peut aussi adresser des recommandations au juge d'instruction si la détention lui apparaît
injustifiée (art. 249 C.P.P.).
Il dépose un rapport annuel sur le fonctionnement des cabinets d'instruction du ressort de la
Cour d'appel et transmet une copie au procureur général du Roi (art. 250 C.P.P.).
D'un point de vue procédural, les formes de l'appel sont prévues aux al. 2, 3, 4 et 5 de
l'article 222 C.P.P. Sur le fondement de cet article, on peut faire les remarques suivantes :
⮲ L'appel a lieu sous forme de déclaration écrite au greffe de la juridiction où siège le juge
d'instruction, dans la journée qui suit celle où l'ordonnance a été rendue (art. 222-2 C.P.P.).
⮲ Selon l'article précité, lorsque l'appel est interjeté contre une ordonnance du juge d'instruction
près du tribunal de première instance (pour les délits dont l'instruction est obligatoire ou
facultative), le procureur du Roi peut former une déclaration au greffe du tribunal où siège le
juge d'instruction. Or pour les crimes, c'est le procureur général du Roi près la Cour d'appel
qui est compétent pour interjeter appel d'une ordonnance du juge d'instruction près de cette
Cour.
⮲ Dans tous les cas où l'appel de toute ordonnance du juge d'instruction près du tribunal de
première instance est interjeté par le procureur du Roi près ledit tribunal, le juge d'instruction
lui adresse le dossier de l'information ou une copie certifiée conforme, dans les vingt quatre
heures de la déclaration d'appel (art. 225-1 C.P.P.).Après la réception du dossier, le procureur
général du Roi le transmet avec ses réquisitions à la chambre correctionnelle au plus tard dans
les cinq jours à compter de la date de cette réception (art. 225, al. 2 et 3 C.P.P.).
⮲ Dans le cas d'appel interjeté de toute ordonnance prises lors d'une information en matière
criminelle, le juge d'instruction communique le dossier ou une copie certifiée conforme au
procureur général du Roi dans les vingt quatre heures de l'appel, avec ses propres
observations.
2) Prérogatives des particuliers
L'accusé reste un particulier dont les droits et les intérêts paraissent limités en procédure
pénale.
Il peut former appel des ordonnances du juge d'instruction qui peut lui causer des ennuis
très graves. Le domaine d'appel du prévenu est déterminé par l'article 223 C.P.P. aux termes
duquel : "l'inculpé a le droit d'interjeter appel devant la chambre correctionnelle de la Cour
d'appel des ordonnances prévues aux art. 94, 152, 176, 177, 179, 194 (dern. al.), 208 et 216 (les
al. 2, 3, 6 et 7).
Il peut aussi interjeter appel de l'ordonnance par laquelle le juge d'instruction a, d'office
ou sur déclinatoire des parties, statué sur sa compétence.
Il ressort donc du texte que l'appel ne peut avoir lieu qu'à l'encontre des ordonnances
relatives à l'admission d'une constitution de partie civile (art. 94 C.P.P.), au mandat de dépôt
(art. 152 C.P.P.), à la détention préventive pour délits (art. 176 C.P.P.), ou pour crimes (art. 177
C.P.P.), et au refus de la liberté provisoire (art. 179 C.P.P.), au refus d'ordonner une expertise
(art. 194 C.P.P.), au refus d'ordonner un complément ou une contre expertise (art.208 C.P.P.),
à la restitution des objets saisis (art. 216-2 C.P.P.), à la liquidité des dépens (art. 216-3 C.P.P.),
à la publication de l'ordonnance de non-lieu (art. 216-6 et 7 C.P.P.), à la compétence (art. 223-
2 C.P.P.).
Il s'agit d'une liste limitative des ordonnances pouvant faire l'objet d'un appel. Mais il
semble que les ordonnances de renvoi sont exclues de cette liste 34. C'est une prérogative du
ministère public35.
Sous l'angle procédural, la partie poursuivie interjette appel en déposant une déclaration
écrite au greffe de la chambre correctionnelle de la Cour d'appel, dans les trois jours qui suivent
sa réception de l'ordonnance du juge d'instruction.
Lorsque l'inculpé est en détention, cette déclaration est reçue au greffe de
l'établissement pénitentiaire où elle est immédiatement inscrite sur un registre spécial. Le chef
de l'établissement est tenu de transmettre cette déclaration, sous peine de sanctions
disciplinaires, au greffe de la juridiction dans les vingt quatre heures (art. 223-4 C.P.P.).
En application de l'art. 224du C.P.P., la partie civile peut interjeter appel des
ordonnances du juge d'instruction dans les cas suivants :
⮲ Les ordonnances de refus d'informer ;
⮲ les ordonnances de non lieu ;
⮲ les ordonnances de compétence.
D'une manière générale de diminution de ses intérêts particuliers (ex. admission d'une
autre partie civile, refus d'expertise ou expertise complémentaire ou contre expertise).
34"L'ordonnance du juge d'instruction de renvoi de l'accusé à la chambre criminelle de la Cour d'appel n'est pas
susceptible d'appel devant la chambre correctionnelle. L'arrêt objet du pourvoi qui a décidé la recevabilité de
l'appel de l'accusé dans ce cas, encourt la cassation pour violation de la loi". Arr. de la Cour suprême, n° 205 du
26 janvier 2000, rev. de la jurisprudence de la Cour suprême, n° 57 et 58, p. 491.
35"Selon les articles 7 et 10 du Dahir du 8 septembre 1974 édictant des mesures transitoires et l'article 204 de
l'actuel code de procédure pénale, l'appel du ministère public de l'ordonnance du juge d'instruction de renvoi des
accusés devant la chambre criminelle est recevable. L'arrêt attaqué qui a décidé la non recevabilité encourt la
cassation pour violation de la loi". C. sup., n° 32, du 17 janvier 1999, jurisprudence de la Cour suprême, n° 53 et
54, p. 379.
Les autres ordonnances lui demeurent refusées. C'est ainsi le cas des ordonnances de
détention provisoire, et pendant la libération provisoire, du contrôle judiciaire.
Sur le plan procédural, l'appel de la partie civile obéit aux mêmes règles que celui de la
partie poursuivie.
De prime abord, une précision s'impose. Les règles de procédure pénale sont d'ordre
public. Certains mécanismes se justifient davantage par le respect des droits de la défense de la
partie poursuivie ou de la victime.
D'autres enfin s'expliquent par une prudence logique recherchée par le législateur en
vue d'assurer à la justice pénale le maximum de régularité.
De ce qui précède, on peut relever qu'il existe certains cas de nullités (A) qui peuvent
être demandées par les parties (B), aux autorités compétentes (C).
A) Cas de nullité
Elles sont expressément prévues par l'article 210 du C.P.P. Elles sont limitatives et
visent à protéger la personne poursuivie et la victime. Il en est ainsi de la violation des articles
134 et 135 concernant l'interrogatoire de première comparution. D'abord, l'article 134 (des
informations que le juge d'instruction doit donner au prévenu lors de l'interrogatoire de première
comparution : choix d'un avocat, informer la personne des faits qui lui sont imputés, la liberté
de ne faire aucune déclaration lors de l'interrogatoire de première comparution, ne pas
mentionner cette information dans le procès-verbal ...). Puis l'article 135 (le fait que le juge
d'instruction procède immédiatement à un interrogatoire et à des confrontations sans préciser
les causes d'urgence). De l'interrogatoire sur le fond en l'absence d'avocat et sans renonciation
expresse et celles des articles 59, 60, 62 et 101 concernant les perquisitions.
Il est évident que ces cas reflètent l'impératif de protéger la partie poursuivie. Ils
s'expliquent essentiellement par la bonne administration de la justice.
Elles ne sont pas énumérées par l'article 210 C.P.P. On en trouve trace dans l'art. 212-1
C.P.P. Celui-ci se contente d'indiquer qu'elles consistent dans la violation des droits de la
défense.
Ces cas de nullité même s'ils régis par l'article précité, il n'en demeure pas moins que
son domaine est indéterminé. Le texte est en effet accepte une souplesse qui permet au juge
d'apprécier souverainement la nullité de l'instruction. C'est ainsi le cas de l'incompétence
territoriale du juge d'instruction, ou lorsqu'un renvoi a lieu sans interrogatoire sur le fond, ou
lorsque les ordonnances ne sont pas notifiées aux parties intéressées.
Selon l'art. 211 C.P.P. le juge d'instruction saisit la chambre correctionnelle de la Cour
d'appel s'il lui apparaît qu'un acte de l'information est frappé de nullité, après avoir pris l'avis
du ministère public et en avoir avisé l'inculpé et la partie civile.
L'alinéa 2 du même article donne au ministère public, à l'inculpé et à la partie civile la
possibilité s'il leur apparaît qu'une nullité a été commise, ils requièrent du juge d'instruction
communication de la procédure au ministère public qui transmet à la chambre correctionnelle
une requête motivée aux fins d'annulation dans les cinq jours.
Celle-ci décide si l'annulation doit être limitée à l'acte vicié ou s'étendre partiellement
ou totalement à la procédure ultérieure.
Le respect de ces délais s'impose sous peine de forclusion. Le juge peut alors continuer
l'instruction sauf quand elle est terminée ou quand la chambre correctionnelle en décide
autrement suivant une procédure et un formalisme.
Quand il est question d'une violation textuelle, la chambre correctionnelle annule l'acte
irrégulier. En effet, l'acte qui porte une violation au droit de la défense, l'annulation est d'ordre
public.
En revanche, quand l'annulation vise une situation substantielle pure, elle peut être
ratifiée expressément par la partie intéressée.
La nullité virtuelle reste soumise à l'appréciation souveraine de son opportunité par la
chambre correctionnelle.
La décision d'annulation peut se limiter à l'acte contesté ou s'étendre à toute ou partie
de la procédure ultérieure. L'acte annulé est retiré de la procédure.