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Chapitre 1-6 

: la procédure pénale

Introduction :

La procédure pénale est l’ensemble des actes qui vont aller d’une infraction jusqu’à
l’obtention d’une décision définitive.
Cette procédure peut rencontrer quatre phases maximums :
- Phase de l’action publique 
- Phase d’instruction
- Phase de jugement (juridiction du premier degré)
- Phase de recours (appel, cassation, opposition, révision)

La procédure pénale va obéir à quatre principes essentiels :


- Inquisitoire : la charge de la preuve incombe au ministère public ;
- Contradictoire : la personne poursuivie a le droit de se défendre, le droit de faire
valoir ses arguments ;
- Le ministère public est le maître de l’opportunité des poursuites.
o Exception, pour les crimes, la procédure est codifiée, imposée.
- La présomption d’innocence : tant que la personne n’a pas été jugée et condamnée,
elle est présumée innocente. Cette personne est appelée prévenu pour les délits et
accusé pour les crimes.
Section 1 : La constatation des infractions

Il s’agit de la 1ère phase de la procédure pénale.


C’est le moyen utilisé pour que le ministère public (substitut ou procureur) apprenne la
commission d’une infraction. Les différentes solutions sont :
- Procès-verbal délivré par une autorité compétente
- Plainte de la victime
o Soit contre X
o Soit plainte avec constitution de partie civile
- Dénonciation
- …

A. La dénonciation d’infraction
C’est le fait qu’une infraction est révélée à la justice. La loi crée parfois des obligations de
dénonciation, comme le mauvais traitement sur mineur, ou le commissaire au compte (CAC).

Remarque / CAC :
Le CAC a trois missions essentielles :
- Il contrôle et certifie les comptes d’une entreprise (sincère, véritable, image fidèle de
la situation de l’entreprise) ;
- Il a une obligation d’alerte. A l’occasion de sa mission, lorsqu’il constate des faits qui
sont de nature à compromettre la continuité de l’exploitation, il doit déclencher une
procédure d’alerte des dirigeants (cf Chp2-entreprises en difficulté) ;
- Il a une obligation de dénonciation des infractions dont il a connaissance auprès du
ministère public, comme abus de bien social, fiscales, à défaut il engage sa
responsabilité.
Pour être CAC, il faut le diplôme d’expertise comptable, s’inscrire à l’ordre des experts
comptables, MAIS on ne peut pas être expert-comptable et CAC auprès du même client, à
cause de conflit d’intérêt (on ne peut pas établir ET certifier).
Obligation d’avoir un CAC pour :
- Société anonyme
- Autres sociétés lorsqu’elles franchissent deux des trois seuils suivants :
o Au minimum 50 salariés
o Chiffre d’affaire annuel HT > 3,1 millions €
o Bilan HT > 1,55 millions €
B. La recherche des infractions

1. Les agents verbalisateurs


En France, il existe deux types de pouvoir de police : police administrative et police judiciaire

La police administrative (préventive)
= pouvoir qu’ont certaines personnes publiques de restreindre par des actes administratifs
les droits et libertés des personnes dans un but d’intérêt général.
o C’est une police d’acte administratif, comme décrets, arrêtés, circulaires,
décisions individuelles, …
o Cette police s’exerce sous le contrôle du juge administratif.
o Les mesures prises peuvent être contestées sous forme de REP.
o La personne publique crée des contraventions
o Par exemple, un maire peut porter atteinte à la liberté de circulation sous
arrêté municipal de passer une rue en sens interdit. Mais aussi, le préfet peut
interdire une manifestation sous forme d’arrêté préfectoral, car il y a un
risque de trouble à l’ordre public.

La police judiciaire (répressive)
= plusieurs rôles :
o Constatation d’une infraction : procès-verbal adressé au Ministère Public.
o Rechercher les auteurs de ces infractions
o Réunir les preuves des infractions
o La police judiciaire exécute les décisions des magistrats.
o La police judiciaire s’exerce sous le contrôle du juge judiciaire.
o Par exemple, des interpellations, un mandat d’amener, effectuer une
perquisition.
Il y a deux sortes d’agents de police judiciaire :
- Les APJ de compétence générale : compétence pour tous les types d’infraction.
Principalement, la police générale, la gendarmerie et la police municipale (seulement
dans certains cas).
- Les APJ à compétence spéciale : leur compétence ne s’exerce que sur certains types
d’infractions prévues par la loi.
o Par exemple, les inspecteurs (=contrôleurs) des impôts, les agents de
l’URSSAF (contrôle du travail non-déclaré, fraude aux allocations sociales),
l’inspecteur (=contrôleur) du travail, les agents de douanes, les agents de la
Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de la Répression
des Fraudes (DGCCRF), services vétérinaires, ...
2. Les pouvoir des agents de police judiciaire

Possibilité de constater des infractions (cf 3)

Possibilité d’effectuer des visites


Ils peuvent entrer librement, de jour comme de nuit, sur certains sites.
Par exemple, l’inspecteur du travail rentre comme il veut dans l’entreprise.

Possibilité de communication
Ils ont le pouvoir de se faire communiquer les pièces nécessaires à l’exercice de leurs
fonctions.

Ils ont tous les pouvoirs que leur confèrent les magistrats.
Ils tirent l’essentiel de leur pouvoir des décisions de justice. Le magistrat leur donne une
commission rogatoire (pouvoir donné d’un magistrat à un APJ pour faire quelque chose). En
droit français, il n’y a pas de mandat mais bien une commission rogatoire (<> de l’Amérique).

Remarque concernant la garde à vue :


 Définition
La police judiciaire a un pouvoir d’interpellation des auteurs présumés d’infraction. Ils ont le
pouvoir de garde à vue = maintenir une personne à disposition de la justice (du juge ou du
magistrat du parquet).
La garde à vue n’est, en principe, possible que lorsque c’est l’unique moyen restant d’éviter
qu’une personne ne se soustrait à la justice, qu’une personne fuie, qu’elle communique avec
des complices de l’infraction ou bien qu’elle dissimule des preuves.

 Durée
En principe, la durée de la garde à vue est de 24 heures maximum (on ne peut pas aller au-
delà du délai mais on peut l’écourter). Celle-ci peut être prorogée jusqu’à 48h, à deux
conditions :
- Il faut que l’infraction poursuivie entraine une peine d’emprisonnement supérieure à
1 an.
- Il faut une autorisation du Ministère Public.
Par exception :
- Garde à vue d’emblée 72h pour les infractions les plus graves prévues par la loi.
o Par exemple, toutes les infractions commises en bande organisée, les délits
aggravés (blanchiment d’infraction financière)
- Garde à vue d’emblée de 96h pour toutes les infractions liées au terrorisme.
Quelles que soient les infractions, les gardes à vue peuvent aller jusqu’à 120h, si le juge des
libertés de la mise en détention l’autorise.

 Droits
Droit d’information de la durée de principe de la garde à vue, ainsi que la définition de
l’infraction pour laquelle la personne est soupçonnée, dans une langue que la personne
comprend. Au moment où on donne l’information sur la garde à vue, droit au rappel des
droits de la personne gardée à vue.
Droit à un examen médical par tranche de garde à vue
Droit d’informer deux personnes de sa situation, son employeur et un proche désigné.
Droit à l’assistance d’un avocat au bout de 30 minutes, puis par tranche de 30 minutes.
Droit de garder le silence sauf en ce qui concerne l’identité de la personne.

 Fin de la garde à vue


Au terme du délai de la garde à vue peuvent se déboucher deux choses :
- Remise en liberté de la personne
- Présentation à un juge (instruction, des libertés, …) qui va décider des suites
possibles de cette garde à vue, si elle continue par une privatisation de liberté, alors
le juge va prononcer une mise en détention provisoire en attendant une décision
définitive dans l’affaire.

3. Le procès-verbal
Un procès-verbal est un acte rédigé par un agent de police judiciaire constatant une
infraction relevant de sa compétence à destination du Ministère Public ou d’un juge.
En droit des affaires, les procès-verbaux établis régulièrement par les agents de
l’Administration valent jusqu’à preuve contraire.
La constatation des infractions peut conduite à l’action pénale.
Section 2 : Les actions pénales

Les actions pénales sont la mise en jeu de la responsabilité d’une personne.


Il y a deux niveaux d’actions pénales :
- Action publique
- Action civile

A. Action publique : PENAL


C’est la mise en jeu de la responsabilité pénale de la personne qui va être déclenchée, en
principe, par le Ministère Public dans un but de protection de l’intérêt général contre une
personne qui va s’appeler un prévenu pour un délit, ou un accusé pour un crime.

1. Les acteurs
En principe, c’est le Ministère Public qui est le maitre de l’opportunité des poursuites.
Exception pour les crimes, il est obligé de déclencher une instruction de double degré. Il va
rendre un réquisitoire à fin d’informer.

Il a le choix de prononcer un classement sans suite pour des raisons d’opportunité


(provisoire) avec une condition : il peut être assorti d’une admonestation judiciaire, d’un
rappel à la loi ou d’une injonction.
S’il ne classe pas sans suite, il va pouvoir déclencher des poursuites.

Remarque sur le classement sans suite :


Problème : si on est victime d’une infraction et qu’elle tient qu’il y ait des poursuites et que
le Ministère Public classe sans suite, alors :
- La victime peut saisir une JJC => procédure accusatoire (la victime qui supporte la
charge de la preuve) et longue donc pas intéressant.
- Par exception, la victime va avoir la possibilité de contraindre le moyen de
contourner un classement sans suite => déclencher des poursuites. Pour cela, il faut :
o Déposer une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des
juges d’instructions => Entraine obligatoirement une ouverture d’une
instruction : DANS LE CAS OU IL N’Y A PAS SUFFISAMMENT DE PREUVES
o Ou effectuer une citation directe => déclenche forcément une audience de
jugement : DANS LE CAS OU IL Y A SUFFISAMMENT DE PREUVES
o Le point commun dans les deux cas est que c’est excessivement risqué pour la
victime, car si la démarche échoue, alors il y a une dénonciation calomnieuse
qui va entrainer des conséquences civiles : dommages et intérêts et
éventuellement des conséquences pénales : délit pénal, par la victime pour la
personne accusée.
La clôture de l’instruction se fait sous forme d’ordonnance pour plainte avec constitution de
partie civile :
- De décision (juridiction)
- De non-lieu donc dénonciation calomnieuse
Pour la citation directe, demande au Ministère Public de fixer une date d’audience de
jugement (MP est obligé de donner une date d’audience). Dans ce cas-là, notification de la
citation directe à la personne contre qui on agit, c’est-à-dire à la personne que l’on
soupçonne d’être l’auteur de l’infraction, au minimum 10 jours avant l’audience. Le
problème est la charge de la preuve, c’est la victime qui va devoir supporter la charge de la
preuve. L’audience de jugement peut aboutir à deux conséquences :
- Une condamnation pénale
- Une relaxe (=acquittement)
o Conséquences : dénonciation calomnieuse

2. L’exercice de cette action pénale


Par exception, elle peut être faite par la victime.
En principe, c’est le Ministère Public :
- Pour les crimes : réquisitoire à fin d’informer => instruction
- Pour les délits : plusieurs options :
o Classement sans suite (suspension) : tant que le délai de présomption de …
o Déclenchement des poursuites :
 Pour les infractions les moins graves :
 Médiation pénale
 Transaction
 Proposition une comparution sur reconnaissance préalable de
culpabilité (procédure de plaider coupable)
 Si l’infraction qui a été commise ne présente pas de problème de
preuve :
 Comparution immédiate : il faut que la peine encourue soit au
maximum de deux ans d’emprisonnement. Il faut le
consentement du prévenu. En principe, il faut que l’audience
de jugement intervienne au maximum dans les trois jours et
que l’infraction soit prouvée. Si le prévenu refuse, le juge
statue sur le sort sur le sort du prévenu (une éventuelle mise
en détention provisoire), dans ce cas-là l’audience du jugement
doit intervenir dans les quatre mois maximums.
 Citation directe : le prévenu reste libre et est convoqué par le
Ministère Public à une date d’audience au minimum dix jours
avant.
 Si l’infraction présente des difficultés en termes de preuves :
 Procédure de complément d’information : le Ministère Public
garde la maitrise du dossier et ordonne à la police judiciaire les
mesures d’enquêtes qu’il estime nécessaire.
 Rendre un réquisitoire à fin d’informer et déclenchement d’une
instruction.

3. L’extinction de l’action publique


La personne ne peut plus être poursuivie, ne peut plus être jugée par une JJP.
Les causes d’extinction de l’action publique sont :
- Fin du délai de prescription de l’action publique (20 ans C, 6 ans D, 1 an C) ;
- Décès du prévenu ou de l’accusé (contrairement à l’action civile) ;
- Autorité de la chose jugée : si l’affaire a déjà été jugée, on ne peut pas la rejuger
(décision définitive : relaxée, acquittée, non-lieu) ;
- La rétroactivité d’une loi pénale plus douce ;
- Amnistie, …

B. Action civile : CIVIL


Mise en jeu de la responsabilité civile de la personne qui va être déclenchée, en principe, par
la victime dans le but d’obtenir une réparation du préjudice subi : protection des intérêts
privés.

1. Les acteurs
En principe, c’est la victime qui déclenche l’action civile. Mais il y a possibilité de
mutualisation de l’action (action de groupe).
Le Ministère Public peut déclencher l’action civile quand l’affaire présente des aspects de
droit civil. Par exemple, abus de biens sociaux (annulation du contrat après le jugement au
pénal).

2. L’exercice de cette action pénale


JJC :
- Procédure accusatoire
- La JJC statue après la JJP
Une fois que la juridiction judiciaire pénale est faite, constitution de partie civile jusqu’à
l’audience de jugement (consiste à se déclarer au greffier de la juridiction).
3. L’extinction

Le décès du prévenu éteint l’action publique, par conséquent il n’y a pas de partie pénale
au procès. Mais c’est le seul cas possible où une JJP peut juger la partie civile seule.
Le désistement de la victime éteint seulement l’action civile.
Médiation ou transaction
Fin du délai de prescription de l’action civile (en principe, c’est 10 ans).
Section 3 : L’instruction

A. Le juge d’instruction
Il s’agit d’un magistrat du siège. Sa principale caractéristique est qu’il est indépendant, à la
différence du Ministère Publique, qui lui est un magistrat du parquet.

Saisine du juge s’instruction


Pour les crimes, elle est obligatoire donc le MP prend un réquisitoire à fin d’informer et
transmet un dossier au juge d’instruction.
Pour les délits, si le MP prend un réquisitoire à fin d’informer et transmet un dossier au juge
d’instruction ou bien si la victime qui, pour contourner un classement sans suite, dépose une
plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instructions de la
juridiction compétente.

Quel que soit le cas, le juge d’instruction est saisi d’un dossier précis fixant le cadre de
l’instruction.

L’instruction obéit à des principes fondamentaux :


- Elle est limitée par la saisine : « effet dévolutif ». Le réquisitoire fixe le cadre : le juge
d’instruction ne pourra pas, de lui-même, s’il trouve d’autres infractions à l’occasion
de sa mission, il n’est pas compétent pour décider, car c’est le Ministère Public qui
est le maitre de l’opportunité de poursuites, qui pourra :
o Prendre un réquisitoire supplétif : il confie l’affaire au même juge
d’instruction
o Prendre un autre réquisitoire à fin d’informer : il confie l’affaire à un autre
juge d’instruction
o Effectuer un complément d’information : le MP conserve et monte le dossier.
- L’instruction est couverte par le secret. Il n’y a pas de publicité : l’instruction se fait à
huit clos. Par conséquence, pour avoir accès au dossier, il va falloir se constituer
partie civile pour la victime, pour l’auteur présumé mise en examen (ou bien sous le
statut de témoin assisté)
- L’instruction se fait à charge et à décharge. Le juge d’instruction est censé chercher
les preuves quelles qu’elles soient (nuire ou en faveur de l’accusé).

Les pouvoirs du juge d’instruction :


Il a tous les pouvoirs : il fait ce qu’il veut. Il a tous les pouvoirs pour instruire le dossier, à
l’exception depuis 2008 de la détention provisoire, où le juge d’instruction doit demander au
juge des libertés et de la mise en détention à l’aide d’arguments.
Il peut utiliser des agents de police judiciaire (commission rogatoire) et les auxiliaires de
justices dont principalement les experts (médico-légaux, scientifiques, comptables).
La fin de l’instruction
Soit le juge d’instruction a réussi à réunir des preuves et trouver des auteurs présumés.
Dans ce cas-là, il va donc les mettre en examen. Eventuellement, il peut prononcer un statut
intermédiaire de témoin assisté.
Pour la mise en examen, il doit exister des indices graves et concordants. Les auteurs
deviennent prévenus ou accusés.
Pour le statut de témoin assisté, il doit exister des indices rendant vraisemblable la
commission : les personnes ont accès au dossier et peuvent demander au juge d’instruction
d’effectuer certains actes.
Le juge d’instruction va donc ordonner une ordonnance de renvoi.
- Si c’est un délit, il renvoie à une audience du tribunal correctionnel ;
- Si c’est un crime, il renvoie devant la chambre d’instruction de la cour d’appel et va
recommencer l’instruction (double degré) sur pièces.

Soit le juge d’instruction n’arrive pas à caractériser le fait que ce soit une infraction (pas
de preuves ni d’auteurs présumés). Dans ce cas-là, il rend une ordonnance de non-lieu.
Possibilité d’interjeter appel par le MP ou le prévenu/accusé.

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