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Département de droit privé

Filière : Sciences juridiques

M1

Thème : Le système cambiaire du chèque

Sujet : Évaluation de l´efficacité du système cambiaire des chèques impayés : Limites et


perspectives d´amélioration

Travail réalisé par : Encadré par :

ESSEBBAGH Oumaima Pr. EL OUFIR Chakib

LAAROUSSI Fatima Zahra

BADIANE Fatou

MALLOUCH Raouia

EL JAOUHARI Sara

Année universitaire : 2022-2023


Introduction :

Le chèque est un moyen de paiement largement utilisé dans les transactions commerciales et financières. Bien
que la loi ne donne pas de définition précise de cet instrument de paiement, le chèque peut être défini comme l
´écrit par lequel le tireur donne au tiré, qui doit nécessairement être une banque ou un établissement assimilé, l
´ordre de payer à vue une somme déterminée au bénéficiaire ou à son ordre.

À l´origine, le chèque a été introduit comme moyen de paiement pour la première fois au Maroc en 1912, et sa
réglementation initiale était contenue dans les articles 325 à 334 du Dahir des Obligations et des Contrats. En
1939, la loi uniforme de la Convention de Genève de 1931 a remplacé cette réglementation, mais elle n´a pas
été intégrée au Code de commerce. Ce n´est qu´en 1996 que le Code de commerce marocain a finalement inclus
la législation sur le chèque, avec des modifications significatives en matière pénale. Actuellement, le chèque est
classé par le législateur marocain, parmi les effets de commerce dans le livre III, titre II du même Code.1

Le chèque est soumis à un formalisme, ainsi selon les dispositions du Code de commerce, il doit contenir
certaines mentions obligatoires et peut en contenir d’autres facultatives. Les mentions obligatoires sont
énumérées à travers l’article 239 de ce même code comme suit : « Le chèque contient :

1. la dénomination de chèque, insérée dans le texte même du titre et exprimée dans la langue employée pour la
rédaction de ce titre ; 2. le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ; 3. le nom du tiré ; 4.
l'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer ; 5. l'indication de la date et du lieu où le chèque est créé ; 6.
le nom et la signature du tireur. » 2

Quant aux mentions facultatives, il s’agit tout d’abord ; du nom du bénéficiaire qui n’est pas obligatoire. En
conséquence le chèque peut être émis au porteur, en blanc, au nom du tireur lui- même ou payable à personne
dénommée. Il est nécessaire de préciser que dans le cas du chèque nominatif, le bénéficiaire ne peut le
transmettre qu’à travers l’endossement, qui peut être translatif ou à titre de procuration, mais en aucun cas le
chèque ne peut être objet d’une garantie. La clause non endossable ou non à ordre, fait également partie des
mentions facultatives du chèque, tout comme le barrement général ou spécial et la certification , qui sont tous
des mesures préventives et de garantie, instaurées par le législateur pour éviter tout incidents relatif à ce moyen
de paiement. 3

Il est à noter que le chèque est un instrument de paiement à vue appartenant à̀ la monnaie scripturale, il n’est pas
un instrument de crédit. Par conséquent, son émission suppose qu´une provision suffisante existe au préalable et
implique que le bénéficiaire peut disposer de celle-ci immédiatement en présentant le chèque au paiement.

Néanmoins, en cas d´absence et d´insuffisance de provision sur le compte de l´émetteur au moment de l


´encaissement, le chèque sera rejeté et considéré comme impayé.4

En effet, un chèque impayé est un chèque émis sur un compte non approvisionné : cela signifie que le compte
bancaire en question ne dispose pas de suffisamment de liquidités pour honorer le montant indiqué.

Ainsi, le chèque bénéficie d´un système de protection triple pour lutter contre les impayés de chèques et les
émissions de chèques sans provision. D´une part, en tant qu´un effet de commerce, il est soumis au droit
cambiaire, qui facilite les transactions commerciales et assure la sécurité des paiements. D´autre part, pour
renforcer sa protection, le système pénal réprime pénalement les pratiques frauduleuses liées au chèque. Quant

1
El OUFIR Chakib, cours des « Instruments de paiement et de crédit », Université Mohammed V, Rabat-Agdal, 2019-2020.
2
Article 239 du Code de commerce marocain.
3
Ce sont les mentions que les parties demeurent libres de porter sur le chèque.
4
La provision d´un chèque se réfère aux fonds suffisants et disponibles sur le compte bancaire du tireur du chèque pour couvrir le
montant de celui-ci.
au système bancaire, il consiste à assujettir les banques à certaines obligations tout en les soumettant à un
système de responsabilité et en permettant à leurs clients de réparer leurs incidents.5

En matière de droit cambiaire du chèque, le porteur impayé peut en effet exercer ses recours cambiaires contre
tous les signataires du chèque, mais pour cela il doit se montrer diligent et accomplir certaines obligations de
vigilance que lui impose la loi. En effet, l´action cambiaire du chèque est un recours important pour les
porteurs de chèques, leur permettant de protéger leurs droits en cas de défaut de paiement. Elle consiste à
engager une action en justice contre l´émetteur du chèque pour obtenir une décision judiciaire qui ordonne le
paiement du montant du chèque.

Le système cambiaire est un outil juridique clé pour le traitement des chèques impayés et la récupération
des montants dus aux bénéficiaires de chèques. Toutefois, malgré son importance, il est confronté à des
limites qui peuvent entraver son efficience. Ainsi, notre étude vise à évaluer l´efficacité de ce système dans
le traitement des chèques impayés, tout en examinant les limites qui peuvent réduire son efficacité. En
conséquence, nous cherchons à déterminer dans quelle mesure le système cambiaire marocain afférent au
chèque assure t´il une protection suffisante aux différentes parties au titre ?

Afin de répondre à cette problématique, notre étude se divisera en deux grandes parties :

La première partie portera sur l´analyse du cadre législatif dérogatoire du système cambiaire pour les chèques
impayés, en étudiant les deux principales mesures prévues par la loi, à savoir le protêt et les recours cambiaires

Ensuite, la deuxième partie abordera la nécessité d´une refonte du système cambiaire pour les chèques impayés,
en montrant comment le fossé entre la loi et la pratique entraîne de nombreux problèmes pour les émetteurs et
les bénéficiaires de chèques impayés. De plus, des perspectives d´amélioration seront également envisagées afin
de répondre aux besoin pratiques et d´assurer une meilleure protection des parties prenantes.

I- Un cadre législatif dérogatoire :

Le législateur marocain a encadré le chèque d’un dispositif cambiaire lourd visant à protéger sa fonction
d’instrument de paiement et à garantir au bénéficiaire le recouvrement de son montant, néanmoins en cas de
défaut de paiement, le porteur doit en premier lieu dresser protêt (A), pour exercer, par la suite ses recours
cambiaires (B)

A. Le protêt : élément clé du recours cambiaires 

Le protêt est un acte authentique de constatation du défaut de paiement et de ses causes ou motifs. Aux termes
de l’article 299 du code de commerce, aucune formalité ne peut le remplacer, et son défaut peut être considéré
comme une cause de déchéance des recours judiciaires fondés sur le droit cambiaire 6

Le protêt doit être fait avant l’expiration du délai de présentation, et si celle-ci a lieu le dernier jour du délai, il
peut être établi le premier jour ouvrable suivant conformément aux conditions arrêtés par l’article 285 du code
de commerce
L’intérêt de procéder à une protestation, résulte de son effet, car il permet de toucher l’ensemble des signataires
du chèque en application de la règle de solidarité

Après avoir dressé un protêt en cas de défaut de paiement, le porteur du chèque doit informer son endosseur et
son tireur du défaut de paiement dans un délai de huit jours ouvrables qui suivent le jour du protêt. Cependant,
si le chèque comporte une clause de retour sans protêt, ce délai commence à partir du jour de la présentation.
5
El OUFIR Chakib, cours des « Instruments de paiement et de crédit », Université Mohammed V, Rabat-Agdal, 2019-2020.
6
DRISSI ALAMI MACHICHI, Mohamed. Droit commercial instrumental au Maroc, Rabat,2011.
Selon le code de commerce, le secrétariat greffe du tribunal est également tenu d'informer le tireur par lettre
recommandée des motifs du refus de paiement dans les quatre jours suivant le protêt, à condition que le nom et
l'adresse du tireur soient mentionnés sur le chèque.
De plus, chaque endosseur doit informer son propre endosseur dans les quatre jours ouvrables suivant la
réception de l'avis, jusqu'à atteindre le tireur.

Les avis peuvent être transmis sous n'importe quelle forme, y compris par lettre missive. 7Si le délai n'est pas
respecté, la personne responsable est tenue de payer des dommages-intérêts correspondant au préjudice causé.

Il est important de noter que si le chèque comporte la mention "retour sans protêt", le porteur est dispensé de
dresser un protêt, mais doit tout de même informer les parties concernées pour éviter de payer des dommages-
intérêts.
Il convient de souligner l'importance de l'art.301 du code de commerce 8 qui a introduit une innovation majeure
en accordant à la notification du protêt adressé au tireur la même valeur qu'un commandement de payer. En
d'autres termes, la notification du protêt constitue une invitation au tireur de payer sous peine d'être saisi, et le
commandement de payer est le prélude à une saisie.

Suite à l'établissement et à la notification du protêt par le greffe du tribunal au tireur par lettre recommandée, le
porteur peut demander au président du tribunal d'émettre une ordonnance de saisie conservatoire contre les
signataires du chèque, ce qui implique la saisie de tous leurs biens, meubles ou immeubles.

Si le porteur n'est pas payé dans un délai de 30 jours à partir de la saisie conservatoire, il peut alors procéder à la
vente des biens saisis. Toutefois, si le porteur omet d'exercer ses recours cambiaires avant l'expiration des délais
de prescription malgré son obligation de vigilance, il peut être déchu de son droit.

En revenons au protêt, celui-ci doit être dressé par un officier public, le secrétaire greffier. Aucune autre autorité
ne peut le faire à sa place. Ni un huissier ni un officier de police judiciaire ni un notaire ne peuvent accomplir
cette formalité malgré leur qualité d'officier public.

Les termes de la loi n'admettent point d'interprétation extensive. Toute autre autorité commettrait un abus de
pouvoir, au sens du droit administratif, en remplaçant le greffier dans cet acte.

L'importance de cet acte pour le droit des signataires explique la responsabilité explicite du greffier. En effet,
les agents du secrétariat-greffe du tribunal sont tenus sous leur responsabilité personnelle de laisser copier
exacte des protêts et de les inscrire en entier, jour par jour et par ordre de dates, dans un registre particulier coté,
paraphé et vérifié par le juge.
Cette obligation sert à découvrir leur négligence personnelle ou celle de leur service administratif, dans le but
d'en imputer la responsabilité soit à l'administration soit à la personne du greffier qui a commis la faute.

Ces dispositions restent d’ordre purement théorique, car malgré les termes explicites de la loi, la pratique a
démontré des lacunes et des problèmes de terrains qui ont permis des transgressions de la règle écrite, donnant
lieu à des pratiques contraires à la loi

B. Rigueur et Sécurité́ des recours cambiaires

7
Art 285 du code de commerce marocain , al 6
8
Art 301 du code de commerce : La notification faite au tireur du protêt vaut commandement de payer.
Le porteur du chèque protesté peut solliciter une ordonnance sur requête l'autorisant à faire procéder à toute saisie conservatoire contre
les signataires du chèque.
A défaut de paiement à l'expiration d'un délai de trente jours après la saisie, le porteur du chèque peut faire procéder à la vente des
objets saisis.
La procédure cambiaire est régie par des règles strictes et rigoureuses visant à protéger les différentes parties
impliquées dans une transaction de chèque. La rigueur et la sécurité de la procédure se traduit à travers plusieurs
facteurs notamment dans le formalisme , dans la procédure de présentation, à travers les règles de la solidarité
des signataires mais également celui des voies d'exécution forcée.

Certes, le but premier de l'action cambiaire est de protéger le porteur du chèque impayé. Ce dernier est
particulièrement protégé par les dispositions de la loi, qui prévoient notamment de formalismes à respecter pour
exercer son droit de recours cambiaire. En outre, la loi prévoit également des dispositions pour contraindre les
signataires du chèque à honorer leur dette, ce qui renforce la sécurité de la procédure.

En effet, le recours cambiaire peut être mis en œuvre dès lors qu'un défaut de paiement du chèque est constaté.
Cette procédure permet au porteur du chèque de faire valoir son droit de recours contre tous les signataires du
chèque, y compris ceux qui n'ont pas fourni de provision. Toutefois, il est important de noter que le droit d'agir
en recours cambiaire est réservé au porteur diligent, c'est-à-dire à celui qui a respecté les formalités de
présentation et de protestation dans les délais impartis. En revanche, le porteur négligent qui n'a pas respecté ces
formalités se verra déchu de son droit de recours cambiaire.

En matière cambiaire, le porteur est appelé à respecter certaines obligations. Tout d'abord, il doit présenter le
chèque à l'encaissement dans les délais légaux. Si le tiré refuse le paiement du chèque par faute de provision
disponible, le porteur doit dresser un protêt pour constater le défaut de paiement du chèque.

L'autre obligation à respecter en matière de recours cambiaire est celle faite au porteur de donner avis du défaut
de paiement à son endosseur et au tireur dans les huit jours ouvrables
qui suivent le jour du protêt.9

Vu les sanctions qui peuvent en découler au terme de cette procédure, la loi impose au porteur de mettre au
courant les différents signataires de ce défaut de paiement pour leur donner la chance d'y remédier dans les
délais. Cette signification permet non seulement de les informer du refus de paiement mais aussi de les tenir
responsables du paiement.

Toutefois, le porteur doit donner avis à son endosseur même en cas de clause de retour sans protêt ou tout autre
clause équivalente sous peine d'être commandé au paiement de dommage et intérêt. En l’absence de l'exigence
de dresser un protêt, l'avis qui lui reste obligatoire dans toutes les situations doit se faire ainsi au jour même de
la présentation ou le défaut de paiement est constaté.

En ce qui concerne la protection offerte par la loi au porteur diligent, elle se matérialise notamment par la
solidarité des signataires du chèque, par les voies d'exécution forcée et d'autres types de protections prévues par
la loi en cas de non-paiement du chèque.

Tout d'abord, l'un des protections les plus importantes prévues par la loi à l'encontre du bénéficiaire du chèque
est celle prévue à l'article 283 du code de commerce10qui dispose que le porteur diligent peut exercer son droit
d'agir contre les endosseurs, le tireur et les autres obligés. Au terme de cet article la loi assure une multitude de
choix en termes de débiteur à poursuivre par le bénéficiaire du chèque. Cette disposition permettant ainsi de
garantir au porteur diligent qui s’est fait lésé dans son droit d'obtenir réparation au préjudice subi même en cas
d'insolvabilité de certains obligés. Cela permet au porteur de se protéger contre les risques d'impayés.

Ensuite, la loi prévoit la solidarité des signataires du chèque, le porteur peut agir contre tous les signataires du
chèque sans provision. Cette solidarité des signataires du chèque est prévue à l'article 287 du Code de

9
Art 285 du Code de commerce marocain.
10
Art 283 du Code de commerce marocain : « Le porteur peut exercer ses recours contre les endosseurs, le tireur et les autres
obligés, si le chèque, présenté en temps utile, n'est pas payé et si le refus de paiement est constaté par un protêt.»
Commerce.11 Ce principe permet au porteur de poursuivre tous les signataires collectivement ou
individuellement ce qui signifie que le porteur peut exiger le paiement auprès de n'importe quel signataire, sans
avoir à rechercher en priorité le signataire principal. Cette solidarité implique que chaque signataire est
responsable de l'intégralité de la dette, même si un autre signataire a déjà payé tout ou partie de la somme due.

En plus de cela, si les différents recours amiables ont échoué, le porteur peut recourir aux voies d'exécution
forcée pour obtenir le paiement du chèque. La procédure cambiaire permet d'engager des voies d'exécution
forcée pour récupérer les sommes dues, comme la saisie des biens du débiteur. Suivant les dispositions de
l'article 301 du Code de commerce. La notification du protêt faite par le porteur au tireur constitue un
commandement de payer à ce dernier. Par la suite de cette notification, le tireur est invité à payer la somme due
sous peine de faire l’objet d’une saisie.

L’établissement du protêt et sa notification au tireur par le greffe du tribunal par lettre recommandée, permettent
au porteur de solliciter du président du tribunal de rendre une ordonnance sur requête l’autorisant à procéder à
toute saisie conservatoire contre les signataires du chèque. La saisie conservatoire des biens des signataires
donne lieu à un délai de trente jours. Si le porteur n'est pas payé à l'expiration de ce délai, il peut procéder à la
vente des biens saisis pour recouvrer la somme due. Cette possibilité renforce la sécurité de la procédure et
assure une protection suffisante au porteur du chèque impayé.

Enfin, l'action cambiaire offre également une protection au porteur en ce qui concerne les intérêts de retard. En
cas de défaut de paiement, le porteur peut réclamer au débiteur tout le montant du chèque non payé, les intérêts
à partir du jour de la présentation dus au taux légal pour les chèques émis et payables au Maroc, ainsi que les
frais du protêt, d'avis donnés et autres frais engagés.

Il convient de noter que la dispense du protêt peut être prévue par la clause de retour sans frais ou sans protêt 12
Dans ce cas, le porteur ne peut réclamer les frais engagés pour le protêt.

Cette protection de l'action cambiaire ne se limite pas seulement au porteur du chèque. En effet, la protection du
recours cambiaire assure également une protection envers les autres parties impliquées dans la transaction du
chèque. Par ailleurs, le même droit peut être exercé par celui que le porteur a saisi en justice. Ce dernier, qui a
payé la somme du chèque, peut à son tour saisir une action en justice contre les autres obligés. Selon le principe
que tous les obligés en matière de chèque sont solidairement tenus responsables envers le porteur, celui-ci peut
à son tour exercer contre les autres obligés. L’action se prescrit par six mois à partir du jour où l'obligé a
remboursé le chèque ou du jour où il a été lui-même actionné.

En outre, la loi prévoit également une garantie pour le tiers qui a payé la somme due. Il est important de noter
que le chèque dépourvu de provision peut être payé par un tiers non obligé à l'égard du porteur13. Ainsi, la loi lui
permet, au même titre que le porteur, en cas d'impayé d'exercer une action non seulement en droit commun,

11
Art 287 du Code de commerce marocain : « Toutes les personnes obligées en vertu d'un chèque sont tenues solidairement envers le
porteur. Le porteur a le droit d'agir contre toutes les personnes individuellement ou collectivement, sans être astreint à observer l'ordre
dans lequel elles se sont obligées. Le même droit appartient à tout signataire d'un chèque qui a remboursé celui-ci. L'action intentée
contre un des obligés n'empêche pas d'agir contre les autres, mêmes postérieurs à celui qui a été d'abord poursuivi. »
12
Article 286 du Code commerce marocain : « Le tireur, un endosseur ou un avaliseur peut, par la clause « retour sans frais », « sans
protêt », ou tout autre clause équivalente, inscrite sur le titre et signée, dispenser le porteur, pour exercer ses recours, de faire établir un
protêt. Cette clause ne dispense pas le porteur de la présentation du chèque dans le délai prescrit ni des avis à donner La preuve de
l'inobservation du délai incombe à celui qui s'en prévaut contre le porteur. Si la clause est inscrite par le tireur elle produit ses effets, à
l'égard de tous les signataires ; si elle est inscrite par un endosseur ou un avaliseur, elle produit ses effets seulement à l'égard de celui-
ci. Si, malgré la clause inscrite par le tireur, le porteur fait établir le protêt, les frais en restent à sa - 98 - charge. Quand la clause
émane d'un endosseur ou d'un avaliseur, les frais du protêt, s'il en est dressé un, peuvent être recouvrés contre tous les signataires. »
13
Article 289 du Code de commerce marocain : “Celui qui a remboursé le chèque peut réclamer à ses garants: 1) la somme intégrale
qu'il a payée 2) les intérêts de ladite somme à partir du jour où il l'a déboursée, calculés au taux légal pour les chèques émis et
payables au Maroc, ce taux étant majoré de un pour cent pour les autres chèques ; 3) les frais qu'il a exposés. »
mais aussi en matière cambiaire. Par ailleurs, s'il décide d'exercer son recours cambiaire, il bénéficie de toutes
les protections prévues pour le porteur pour le recouvrement de sa dette.14

En somme, on pourrait dire que l'action cambiaire offre de meilleures chances au porteur de récupérer les fonds
qui lui sont dus. Toutefois, cette protection présente certaines failles, notamment en raison des lourds frais du
protêt et de la lenteur de la procédure, ce qui peut causer des retards importants. A cela s'ajoutent des délais de
préinscription très limités pour l'action cambiaire, ce qui peut rendre difficile la récupération des fonds impayés
si le porteur ne respecte pas ces délais.

Il est également important de noter qu'en cas de prescription, il subsiste une action de droit commun contre le
tireur qui n'a pas fait provision, ou contre les autres obligés qui auraient été enrichis injustement

II- La nécessité d’une refonte


La procédure cambiaire en matière de chèques impayés est souvent longue et complexe, engendrant ainsi un
fossé entre la loi et la pratique (A), ce qui ouvre des horizons d’évolution et des perspectives d’amélioration
dans le but de la modernisation du système juridique marocain afin de répondre aux besoins actuels (B)

A. Un fossé entre la loi et la pratique :

La procédure de recours cambiaire du chèque au Maroc présente des réalités pratiques qui peuvent différer de la
lettre de la loi. Malgré l'existence d'un cadre juridique régissant les obligations des tireurs et les droits des
bénéficiaires, la mise en œuvre effective de ces dispositions peut être confrontée à diverses difficultés.
En pratique, en matière de recours cambiaire du chèque, il Ya des éléments qui peuvent se produire.

Le recours cambiaire au Maroc peut être confronté à plusieurs difficultés. Tout d’abord, les délais de traitement
des chèques impayés peuvent être prolongés, ce qui entraîne des retards dans le remboursement des
bénéficiaires.
Les banques peuvent prendre du temps pour effectuer la vérification des fonds disponibles et pour engager les
procédures nécessaires. Ensuite pour entamer la procédure de recours cambiaire, le bénéficiaire peut être tenu
de fournir des preuves supplémentaires pour étayer sa demande, telles que des copies du chèque impayé, des
relevés de compte, des factures ou des contrats.
Rassembler ces documents peut être un défi, en particulier si le bénéficiaire n'a pas conservé tous les éléments
de preuve nécessaires.
Aussi, engager une action en justice pour récupérer les sommes dues peut entraîner des frais et des coûts
exorbitants en sus des couts supplémentaires, tels les frais d'avocat et les frais judiciaires.
Ces coûts peuvent constituer un obstacle pour certains bénéficiaires, en particulier ceux qui ont des ressources
financières limitées.
Il faut mentionner que le système judiciaire peut être complexe et intimidant pour les personnes non
familiarisées avec les procédures légales. Comprendre les exigences, les délais et les formalités juridiques peut
être difficile, ce qui peut dissuader certaines personnes d'engager une action en justice, notamment les non
commerçants

Finalement, il faut rajouter que dans certains cas, le tireur peut contester la validité du chèque ou refuser de
payer les sommes dues. Cela peut entraîner des litiges prolongés et compliquer davantage la procédure de
recours cambiaire pour le bénéficiaire

14
DRISSI ALAMI MACHICHI Mohammed, Droit commercial Instrumental au Maroc , Imprimerie ImprimElite, Rabat 2011.
Il est important de souligner aussi le manque de sensibilisation et de connaissances, certaines personnes peuvent
ne pas être pleinement conscientes de leurs droits et des procédures à suivre en cas de chèque impayé ce qui fait
que ce manque peut rendre la procédure cambiaire moins utilisée , en préférant un recours à la voie pénale , les
victimes de chèques sans provision croient que celle-ci constitue une menace suffisamment contraignante pour
le coupable et efficace pour obtenir le paiement
Bien que ceci se vérifie souvent, il ne demeure pas moins objectif de reconnaitre que la voie cambiaire reste
plus appropriée pour le paiement
La condamnation pénale ne produit pas nécessairement le paiement. Si le condamné s’avère insolvable, elle
risque de révéler des défauts majeurs, notamment, en cas de contrainte par corps, le porteur désireux de
récupérer son dû n’améliore pas sa situation et ses chances de paiement demeures ou deviennent nulles.

L’emprisonnement du tireur provoque souvent une aggravation de sa situation financière suite à l’arrêt de ses
activités commerciales, ce qui n’est pas le cas dans l’action cambiaire, c’est pour cette raison qu’il est conseillé
au porteur non payé d’exercer un recours cambiaire devant le tribunal de commerce contre le tireur, les
endosseurs et le tiré, alors que cette possibilité manque dans le recours pénal, sauf complicité.

Donc, les intéressés obéissent à la règle de solidarité cambiaire de plein droit des signataires et la spécificité des
droits ou réclamations des uns et des autres, un avantage qui est consolidé par la possibilité de saisie des biens
du coupable, a l’occasion du contentieux, à titre conservatoire ou exécutoire

En revanche, les difficultés rencontrées en matière cambiaire peuvent varier en fonction des circonstances
spécifiques, donc il faut noter que les délais et les procédures peuvent varier en fonction de divers facteurs, tels
que les politiques internes des banques, la complexité de l'affaire et l'efficacité du système judiciaire.

Pour pallier ces problèmes, des réformes législatives et des mesures supplémentaires peuvent être nécessaires
pour renforcer l'efficacité du recours cambiaire au Maroc. Cela peut inclure l'accélération des procédures de
traitement des chèques impayés, l'amélioration de la coordination entre les banques et les tribunaux, ainsi que la
sensibilisation accrue des acteurs impliqués sur leurs droits et obligations en matière de chèques.

Mais également, d’ajuster les dispositions législatives avec les nécessités pratiques, notamment le recours aux
huissiers de justice dans le dressement des protêts alors que le code de commerce donne cette attribution aux
agents du greffe du tribunal de commerce

C. Les perspectives d’amélioration

Il semble en théorie que l'action cambiaire constitue un moyen efficace pour le porteur d'un chèque dans le
recouvrement rapide de son dû, ce qui est proportionné à la nature des transactions commerciales. Elle garantit
la stabilité de la confiance et du crédit commercial entre les commerçants. Toutefois, une analyse plus
approfondie de ses dispositions révèle qu'elle peut être plus lente et plus complexe que les autres modes de
poursuites, voire très peu utilisée
Il est clair qu'il y a une tendance à privilégier la voie civile pour les chèques en cas de poursuite du tireur pour
l'infraction d'émission de chèque sans provision.15 Cette situation est principalement due aux meilleures chances
du porteur de recouvrer sa créance avec des procédures moins compliquées
Toutefois, cela soulève la nécessité d'une révision législative des dispositions réglementant le recours à la
procédure cambiaire, car des améliorations doivent être apportées pour la rendre plus efficace et mieux adaptée
aux besoins actuels

15
‫ العدد السادس من مجلة القانون و‬، " ‫ " الدعوى الصرفية على ضوء القواعد المنظمة لألوراق التجارية في مدونة التجارة المغربية‬، ‫الخايلي عدنان‬
2016 ‫ يونيو‬، ‫األعمال الشهرية‬
L’absence d'uniformisation des concepts et des notions dans les domaines du droit commercial et du droit civil
d'une part, et dans le domaine répressif d'autre part, incite le porteur à recourir à la voie de la justice pénale et à
négliger les autres voies de recours disponibles

L’unification des concepts : une égalité de garanties (cambiaire, civile et pénale)

En effet, l'action cambiaire est fondée sur l’existence d’un chèque contenant toutes ses composantes
obligatoires (mentions obligatoires). À défaut, le porteur est en mesure d'exiger le paiement du montant du
chèque qui est ainsi déclaré nul et non avenu, même si le chèque pourrait être utilisé en tant qu'élément de
preuve dans les affaires civiles. Quant au volet pénal, l'action judiciaire vise à faire du chèque un moyen de
paiement efficace, ce qui a conduit certaines décisions judiciaires à considérer que le manque d'une ou plusieurs
des composantes obligatoires du chèque n’entrainera pas une impossibilité pour le porteur de poursuivre
pénalement son débiteur. 16 Cela témoigne donc de l’indépendance invoquée en faveur du porteur vis-à-vis du
formalisme cambiaire rigoureux touchant les recours exercés devant les tribunaux de commerce

Il est donc essentiel d’unifier les concepts et les notions entre le volet criminel, civil et commercial, une
unification qui garantit une solution efficace pour éviter l'implication continue dans des litiges pénaux. Le
chèque, en tant que concept commercial et notion liée au droit cambiaire, doit également être pris en compte
dans le contexte du droit pénal en l’occurrence l’action publique relative à l’émission d’un chèque sans
provision.

Sinon, nous serions confrontés à un phénomène qui donnerait une sorte de validité et de crédibilité au document
commercial (le chèque) dès le dépôt de la plainte devant le ministère public, malgré le fait qu'elle ne satisfait
pas les éléments nécessaires pour sa validité. Ainsi, l'unification des concepts assurera une égalité de garanties,
et le procès pénal ne bénéficiera pas de garanties supérieures aux autres voies de recours notamment le recours
cambiaire, et permettra au porteur d’éviter les litiges pénaux en raison de l'unité des garanties devant toutes les
juridictions civiles, pénales ou commerciales.

Vers une réactivation de la voie cambiaire :

Les statistiques montrent que la plupart des affaires portées devant les tribunaux impliquent des montants
inférieurs à 10.000 dirhams. Nous considérons donc qu'une alternative pour soulager les tribunaux des affaires
relatives aux chèques serait de prévoir la pénalisation du défaut de provision dans une limite maximale
déterminée par des dispositions législatives explicites qui peut atteindre ce montant 17. Donc, si la pénalisation
était limitée à des montants supérieurs à ce seuil, le nombre de plaintes déposées devant le parquet serait
considérablement réduit par rapport au nombre actuel. Et par conséquent, les procédures de recouvrement des
créances, les actions cambiaires et civiles seraient activées, et auront une valeur juridique égale a celle
répressive sanctionnant le défaut de la provision

Volet comparatif :

Le transfert de la propriété de la provision : quelle protection en droit cambiaire marocain ?

En se référant à la position du législateur marocain concernant la provision, on peut dire à cet égard qu'il a opté
en faveur de la théorie française qui admet le transfert de propriété de la provision au porteur, conformément à
l’alinéa premier de l'article 256 du Code de commerce, précisant que : L’endossement transmet tous les droits
résultant du chèque et notamment, la propriété de la provision.

16
http://www.caoujda.ma/ ‫ المنشور‬.5 ‫ الصفحة‬، 2005 " ‫ الواقع و اإلشكاالت القانونية‬، ‫ "الشيك بدون مؤونة‬، ‫بوزيان الفهمي‬.‫ذ‬
‫بالموقع االلكتروني التالي‬:
17
Ibid, p : 6
En bénéficiant de la réserve émise par la loi uniforme sur les chèques, relative à la convention de Genève dans
son article 19 (annexe II) énonçant que la question de savoir si le porteur a des droits spéciaux sur la provision
et quelles sont les conséquences de ces droits, reste en dehors de la loi uniforme. Il en est de même pour toute
autre question concernant le rapport sur la base duquel a été émis le chèque

Les critiques portées sur la théorie française concernant le transfert de la propriété de la provision dans le
chèque sont similaires à celles concernant la lettre de change. Ces critiques soulignent que cette théorie est
basée sur des concepts obsolètes qui ne sont plus en harmonie avec la notion moderne de l'instrument
commercial et les principes du droit cambiaire, car le chèque repose sur le principe d'autosuffisance et n'a aucun
lien avec des relations extérieures à l'instrument lui-même. En conséquence, l'engagement de payer découle
directement du chèque (le support matériel) lorsque tous les éléments requis par la loi sont remplis, et toute
personne qui le signe est liée par cet engagement conformément au principe cambiaire de l’indépendance des
signatures

En revanche, la théorie allemande s'oppose à cette position de droit marocain d’inspiration française, elle
avance que la relation entre le porteur ou le bénéficiaire du chèque et le tireur se limite à l'engagement de ce
dernier à remplir son obligation en signant le chèque. Cela signifie que les garanties de paiement découlent de la
propre signature du tireur sur le chèque et ne dépendent pas des autres relations juridiques en dehors du chèque.
Par conséquent, la garantie liée à l'endossement du titre n'est pas d’ordre public, cette théorie considère donc
que la provision est un élément extérieur au titre qui ne concerne que le rapport : tireur – tiré18

La théorie du droit allemand offre donc une garantie plus forte au porteur du chèque que la théorie française
dont le législateur marocain a été inspirée, le chèque est considéré comme une garantie suffisante en soi. Cela
signifie que la simple présentation du chèque par le porteur est suffisante pour que la banque paie le montant
indiqué sur le chèque, à moins que la banque ne puisse prouver qu'il n'y a pas de provision suffisante sur le
compte du tireur. Dans ce cas, c'est à la banque de prouver l'absence de provision, pas au porteur du chèque de
prouver son existence, car son existence est présumée du fait de l’existence du titre qui l’a matérialisé

Le protêt, une entrave à l’exercice du recours cambiaire : quel alternatif ?

Si le législateur a considéré dans l'article 299 du Code de commerce qu'il n'y a aucune mesure de la part du
porteur qui dispense de l’établissement du protêt pour la préservation de son droit de recours cambiaire contre
les signataires du chèque, et a donné à cette procédure judiciaire une force exécutoire en elle-même, tel que
prévu explicitement à l'article 301 du Code de commerce comme suit : La notification faite au tireur du protêt
vaut commandement de payer, cette mesure reste pour autant controversée et critiquée, notamment étant
donné que le législateur dans le Code de commerce de 1996, en parlant des "dispositions générales et pénales "
du chèque, a introduit pour la première fois ce qui est connu sous le nom de certificat de refus de paiement,
« une mesure d’inspiration française »

Le protêt présente des inconvénients pratiques qu'il ne faut pas négliger. Il est donc envisageable, sur le plan
législatif, de le remplacer par d'autres moyens atteignant le même objectif, comme le certificat de refus de
paiement. Cependant, bien que l'article 309 du Code de commerce exige la délivrance d'un certificat de refus de
paiement par la banque en cas de rejet d'un chèque, ce certificat ne possède pas le même statut que le protêt en
matière de recours cambiaire, tel que prévu à l'article 299. Ainsi, la valeur du certificat de refus de paiement
dans la protection cambiaire en cas de défaut de paiement demeure ambiguë et nécessite une intervention
législative claire.
Sur ce, nous avancerons 3raisons clé pour prouver cette nécessité, pour lui accorder une valeur équivalente à
celle du protêt dans le cadre du recours cambiaire :
18
‫ بحث لنيل دبلوم الدراسات العليا المعمقة في القانون الخاص بكلية العلوم القانونية و‬، ‫ " الحماية الصرفية لحامل الشيك‬، ‫مسعودي محمد‬
2008 ، ‫ الرباط‬، ‫ جامعة محمد الخامس‬، ‫االقتصادية و االجتماعية أكدال‬
1.Droit Français , et législations arabes  : Le certificat de refus de paiement dans la législation française, bien
qu'elle n'annule pas le système traditionnel reposant sur l’établissement d’un protêt ainsi que sur des procédures
lourdes et épuisantes, il a des effets et des résultats qui le rendent une alternative au protêt ,ou le remplacent
pour assurer le paiement, en particulier pour les porteurs et bénéficiaires autres que les commerçants et les
porteurs de chèques de faible valeur, qui n'ont pas accès aux procédures compliquées de protestation ou de
contestation, qui peuvent ne pas être familières et routinières sauf pour les commerçants. Ainsi, il ressort de la
position du législateur français que le certificat de refus de paiement occupe une place importante dans le
système de protection cambiaire en France. Ainsi, dès l’établissement du titre exécutoire par l’huissier de
justice, le porteur du chèque impayé peut exercer toutes les saisies sur les biens meubles et immeubles du
débiteur, ce qui manque au Code de commerce marocain en matière de règlementation du certificat de refus de
paiement

La plupart des législations arabes ont adopté plus d'un moyen pour prouver le refus de paiement d'un chèque,
facilitant ainsi l'exercice du droit de recours du porteur. Contrairement à la position relativement rigide de la
législation marocaine qui considère la protestation comme la seule mesure pour prouver le refus de paiement,
les positions du législateur libanais (1942)19 et égyptien (1999)20, sont caractérisées par une certaine flexibilité,
en exigeant soit l’établissement d’un protêt, soit une déclaration écrite datée par le tiré et mentionnant le jour de
la présentation au paiement avec quelques spécificités dans chacune de ces deux législations ( comme le cas de
la déclaration de la part de la chambre de compensation en droit (égyptien)

2. La souplesse qu’offre la loi uniforme sur les chèques annexée à la convention de Genève (1931) :

En se référant à l’article 40 de la loi uniforme sur les chèques, le porteur peut exercer ses recours contre les
endosseurs, le tireur et les autres obligés, si le chèque, présenté en temps utile, n’est pas payé et si le refus de
paiement est constaté: Soit par un acte authentique (protêt), soit par une déclaration du tiré, datée et écrite sur le
chèque avec l’indication du jour de la présentation, soit par une déclaration datée d’une Chambre de
compensation constatant que le chèque a été remis en temps utile et qu’il n’a pas été payé.

Autrement, la loi uniforme a adopté une position flexible et modérée. Cette position permet au Maroc, en tant
que bénéficiaire des dispositions de ladite Convention depuis le 19 janvier 1939, d'adapter sa législation actuelle
régissant le chèque en fonction de la souplesse accordée par cette Convention.

Ainsi, le Maroc peut adopter le certificat de refus de paiement en tant que mesure prouvant l'incident de
paiement de la banque tirée, à côté du protêt, qui est devenue une méthode traditionnelle dépassée et critiquée,
permettant ainsi au porteur d'exercer son droit de recours cambiaire en conférant au certificat une force
exécutoire, comme l'a fait son homologue français, ou au moins en adoptant la déclaration émise par la banque
tirée, comme l'a fait son homologue égyptien ou libanais

3.Le rôle du certificat de refus de paiement dans l’action pénale : Si le certificat de refus de paiement n'a
aucun rôle dans le cadre d'un recours cambiaire, tant que le protêt reste le principal procédé du recours pour
non-paiement (article 299 du Code de commerce), il a néanmoins une importance indéniable dans le domaine
de la poursuite pénale , Alors comment le certificat de refus de paiement peut-il jouer un rôle très important
dans le domaine de l'action publique (preuve de la commission d'un crime d’émission de chèque sans

19
1942 /12 /24 ‫ صادر في‬- 304 ‫ مرسوم اشتراعي رقم‬، ‫قانون التجارة اللبناني‬
‫ عن االيفاء‬D‫ يحق لحامل السند ان يداعي المظهرين والساحب وغيرهم من الموجب عليهم اذا لم يوف الشك الذي عرض في الوقت المناسب واذا كان االمتناع‬- 436 ‫المادة‬
‫ واما بتصريح من المسحوب عليه مكتوب ومؤرخ على الشك ومبين فيه يوم العرض‬- 2 D.)‫ اما بوثيقة رسمية (االحتجاج‬- 1 D:‫مثبتا‬.

20
1999/17 ‫ قانون التجارة المصري رقم‬518‫مادة‬

‫ ويجوز عوضا عن‬. ‫لحامل الشيك الرجوع علي الحساب والمظهرين وغيرهم من الملتزمين به اذا قدمه خالل يعاد التقديم ولم تدفع قيمته واثبت االمتناع عن الدف باحتجاج‬
‫ ويكون البيان مؤرخا وككتوبا علي الشيك نفسه وذيال بتوقيع من اصدر‬. ‫االحتجاج اثبات االمتناع عن الدفع وسببه بيان يصدر من المسحوب عليه مع ذكر وقت تقديم الشيك‬
‫ يجوز ان يصدر هذا البيان علي انموذج خاص او من غرفة مقاصه على ان يذكر فيه ان الشيك قدم في الميعاد ولم تدفع قيمته‬- : .
provision ) et ne pas jouer le même rôle dans le recours cambiaire , sachant que l'article 309/1 du Code de
Commerce reconnait implicitement son rôle dans la preuve de l'incident de l'abstention de la banque tirée de
payer le chèque.

Cette troisième donnée confirme donc la nécessité d'une intervention du législateur marocain pour réglementer
le certificat de refus de paiement et lui donner la valeur du substitut possible au protêt

D’autres suggestions pourront être présentées dans le même cadre de la protection recherchée :

1) Une disposition expresse quant au transfert de propriété de la provision au bénéficiaire depuis l'émission du
chèque en sa faveur, afin de lever toute confusion ou ambiguïté concernant les dispositions de l'article 256 du
Code de commerce relatives à l’endossement

2) Une disposition expresse prévoyant une amende à l'encontre de la banque tirée qui néglige de présenter la
provision manquante (par rapport au montant du chèque) au porteur lors de la présentation, lui permettant
d'exercer son droit de recours cambiaire.

3) Donner au porteur le droit de refuser le paiement partiel du chèque, conformément à la législation


commerciale égyptienne

Bibliographie :
BOUABIDI Zakaria ; Le contentieux de l’impayé : approche comparative entre la France et le Maroc, Thèse de
Doctorat en cotutelle pour l’obtention du titre de Docteur en Droit Privé 2013 fsjes, Tanger.

DRISSI ALAMI MACHICHI, Mohamed. Droit commercial instrumental au Maroc, Rabat,2011.

EL OUFIR, Chakib, cours des « Instruments de paiement et de crédit » -S4 droit , Université Mohamed V ,
Rabat 2019.

Francis lefebvre – droit des affaires – mémento pratique/ contrats biens et droit de l’entreprise, édition francis
lefebvre, 4° édition mise à jour au premier février 1995, imprimerie hérissey à Évreux.

Piedelievre Stéphane, Instrument de Paiement et de Crédit, Dalloz, 10ème édition, 2018.

‫ دراسة معمقة في‬/ )" ‫ الوسيط في األوراق التجارية (في آليـات االداء أو أدوات الوفـاء "الـشيك ووسائل األدا ء األخرى‬- ‫د أحمد شكري السباعي‬
‫ مطبعة المعارف‬1998، ‫ الطبعة األولى‬،‫ الجزء الثاني‬-‫قانون التجارة المغربي الجديدـ وفي اتفاقية جنيف للقانون الموحـد وفي القانون المقارن‬
‫الجديدة بالرباط‬

‫ بحث لنيل دبلوم الدراسات العليا المعمقة في القانون الخاص بكلية العلوم القانونية و االقتصادية‬، ‫ " الحماية الصرفية لحامل الشيك‬، ‫مسعودي محمد‬
2008 ، ‫ الرباط‬، ‫ جامعة محمد الخامس‬، ‫االجتماعية أكدال‬

Webographie :

: ‫منشورة على الموقع التالي‬. 2005 " ‫ الواقع و اإلشكاالت القانونية‬، ‫ " الشيك بدون مؤونة‬، ‫بوزيان الفهمي‬.‫ذ‬

  http://www.caoujda.ma/

‫ العدد السادس من مجلة‬، " ‫ " الدعوى الصرفية على ضوء القواعد المنظمة لألوراق التجارية في مدونة التجارة المغربية‬، ‫الخايلي عدنان‬
2016 ‫ يونيو‬، ‫القانون و األعمال الشهرية‬

www.droitetentreprise.org ‫منشورة على الموقع التالي‬

https://www.village-justice.com/articles/certificat-paiement-cheque-regularite,12409.html

Codes et législations :
Livre III titre III du Dahir n° 1-96-83 du 15 rabii 1417 (1er août 1996) portant promulgation de la loi n° 15-95
formant code de commerce.

Le code de commerce libanais : 1942 /12 /24 ‫ صادر في‬- 304 ‫مرسوم اشتراعي رقم‬

Le code de commerce égyptien : 1999/17 ‫قانون التجارة المصري رقم‬

Convention portant loi uniforme sur les chèques , Genève, 19 mars 1931.

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