Vous êtes sur la page 1sur 9

Chapitre I- Le paiement de la lettre de change :

La réalisation du paiement d’une lettre de change fait l’objet d’une procédure minutieuse. Cette
procédure a pour but de conserver les droits du porteur à obtenir un paiement effectif et intégral
de la traite, elle se fait à la date de l’échéance (S1), ou avant, par le biais de l’escompte (S2)

1- L’échéance:

Le chapitre VI du Code de commerce, notamment les articles 181 à 183, définit l'échéance
comme étant la date de paiement de la lettre de change, et précise la manière dont cette échéance
est déterminée en fonction des stipulations de la lettre elle-même, et qui prend quatre formes, à
savoir, payable à vue, dès sa présentation au tiré, soit un an à partir de l’émission, elle peut également être
payable à un certain délai de vue, soit à l’expiration d’un certain délai à partir du jour de la présentation
pour acceptation, ou alors payable à certain délai de date, c’est-à-dire à l’expiration d’un certain délai à
partir de son émission, sans pour autant omettre le forme la plus répandue qui la lettre de change payable à
jour fixe. L'échéance revêt un caractère donc impératif. Cependant , avant de payer la traite, le tiré
doit effectuer deux sortes de vérifications, en l’occurrence s’assurer de la régularité des
endossements ce qui veut dire que la lettre de change doit faire une suite ininterrompue
d’endossements même si le dernier est en blanc, sans pour autant se soucier de la vérification de
la signature et la capacité des endosseurs 1. Cette règle correspond bien à l’impératif de rapidité du
droit commercial. Il faut également vérifier qu’il n’y a pas d’opposition au paiement de la lettre
de change.

En effet, la lettre de change doit être présentée au paiement à la date d'échéance ou dans les 5
jours ouvrables qui suivent, à l'endroit désigné. Le porteur doit remettre la lettre de change au tiré
afin de recevoir le paiement convenu. De même, lorsque l'échéance est atteinte, le tiré doit
effectuer le paiement dès lors que les fonds nécessaires sont disponibles à cette date.

Quant à la mention de domiciliation, devenue obligatoire en pratique, elle permet de déterminer


le lieu de paiement à un endroit convenu, autre que celui du tiré. Il s'agit généralement du
domicile de la banque, laquelle n'accepte la remise par encaissement ou pour escompte que
lorsque le titre est domicilié2.

1
C Com. art. 186.
2
EL OUFIR Chakib - Les instruments de paiement et de crédits - Cours Magistral - Rabat - 2020.
Selon l'article 184 du code de commerce, le porteur d'une lettre de change à une date fixe, ou à un
délai spécifique à partir d'une date donnée ou à vue, doit la présenter pour paiement soit le jour
où elle est payable, soit dans les cinq jours ouvrables qui suivent, ce qui veut dire que si
l'échéance tombe un jour férié légal, celle-ci est automatiquement reportée et la date limite de
présentation est prolongée en conséquence. En cas d'empêchement de présentation de la lettre de
change dans les délais prescrits en raison d'un cas de force majeure, ces délais sont également
prolongés. Dans ce cas, le porteur est tenu d'informer immédiatement son endosseur et de
mentionner cet avis, daté et signé, sur la lettre de change ou sur une allonge. Une fois la force
majeure terminée, le porteur doit présenter la lettre pour paiement sans délai. Si la force majeure
persiste au-delà de trente jours à compter de l'échéance, les recours peuvent être exercés sans
nécessité de présentation. De plus, conformément à l'article 181 du code de commerce, une lettre
de change peut-être tirée soit à vue, à un certain délai à partir de la vue, à un certain délai à partir
d'une date donnée, ou à une date fixe.

En cas de la lettre de change à vue ou sans indication d’échéance, la traite est payable à la
présentation, c'est-à-dire dès le jour de son émission, et au plus tard dans le délai d’un an à partir
de sa date de création. Cependant, le tireur peut abréger ce délai ou en stipuler un plus long, quant
aux endosseurs, ils ne peuvent que l’abréger 3. Ce délai a été largement critiqué pour le fait qu’il
constitue un long délai qui est susceptible de nuire aux intérêts de certaines parties même si le
législateur ouvre la porte à des allongements et à des raccourcissements. Par ailleurs, le tireur
peut également spécifier une date antérieure à laquelle la lettre ne peut être présentée pour
paiement, ce qui signifie que le délai d'un an commencera à courir à partir de cette date fixée par
le tireur.

La lettre de change à un certain délai de vue est payable après un délai préfixé qui court de
l’acceptation par le tiré. Donc, l‘échéance court à partir, soit de la date de l’acceptation soit de la
date du protêt. Il se diffère du mode précèdent par le fait qu’elle n’est payable qu’après une durée
déterminée de la présentation. De même, il épargne le commerçant la surprise et il lui permet de
préparer le paiement de la créance à l’échéance. Donc, elle est payable après un délai préfixé qui
court de l’acceptation. Si l’acceptation n’est pas datée, celle-ci sera réputée, à l’égard de
l’accepteur, avoir été donnée le dernier jour du délai prévu pour la présentation à l’acceptation 4.
3
C Com. Art. 182.
4
Ibid. Art. 182 Al. 4
La lettre de change payable à un délai de date quant à elle, signifie concrètement que le délai
commence à courir à partir de la date d'émission de l'effet, par exemple : "payez dans 20 jours".
Bien qu'il existe des similitudes entre ce mode de paiement et le précédents, la détermination de
la date d'échéance en fonction d'un délai à partir de la date de création permet de résoudre les
litiges liés aux différences entre les calendriers en vigueur dans le pays d’émission de la lettre de
change et celui de paiement5. à cet égard, le législateur marocain a résolu ce litige en ramenant la
date d’émission au jour correspondant dans le journal du pays de paiement6.

Cependant, il existe des règles spécifiques au calcul de l’échéance notamment dans la lettre de
change tirée à plusieurs mois de date ou de vue survient à la date correspondante du mois où le
paiement doit être effectué. En l'absence d'une date correspondante, l'échéance est fixée au
dernier jour du mois en question7. Lorsqu'une lettre de change est tirée à un ou plusieurs mois et
demi de date ou de vue, on compte d'abord les mois entiers. Si l'échéance est spécifiée au début,
au milieu (mi-mars, mi-avril) ou à la fin du mois, ces termes font référence respectivement au
1er, au 15 ou au dernier jour de ce mois. Les expressions "huit jours" ou "quinze jours" désignent
un délai de huit ou quinze jours calendaires, et non d'une ou deux semaines. Le terme demi mois
indique un délai de quinze jours8.

Enfin, la lettre de change dont le paiement est à jour fixe, signifie qu'elle est payable à la date
précisée. C'est le mode de paiement le plus simple et le plus courant tant entre les commerçants
que les non-commerçants9.

En dehors des modes d’échéance prévus par le législateur, aucun autre mode de règlement de la
lettre de change n'est autorisé. De plus, les lettres de change avec des échéances différentes ou

5
« - ‫ مطبعة المعارف الجديدة‬- ‫ دار نشر المعرفة‬- ‫ الرباط‬- ‫ الجزء األول‬- ‫ الوسيط في األوراق التجارية‬- ‫أحمد شكري السباعي‬
240 ,» 1998 - ‫الطبعة األولى‬.
6
« C Com. », art. 183, Al 2.
7
« - ‫ مطبعة المعارف الجديدة‬- ‫ دار نشر المعرفة‬- ‫ الرباط‬- ‫ الجزء األول‬- ‫ الوسيط في األوراق التجارية‬- ‫أحمد شكري السباعي‬
242 ,» 1998 - ‫الطبعة األولى‬.
8
« C Com. », art. 182 Al. 7.
9
« - ‫ مطبعة المعارف الجديدة‬- ‫ دار نشر المعرفة‬- ‫ الرباط‬- ‫ الجزء األول‬- ‫ الوسيط في األوراق التجارية‬- ‫أحمد شكري السباعي‬
240 ,» 1998 - ‫الطبعة األولى‬.
successives sont considérées comme nulles 10. De même, le caractère impératif de ces règles
explique également pourquoi le juge ne peut accorder de délais de grâce11.

Dans la même optique, l’article 186 du Code de commerce prévoit que « le porteur d’une lettre
de change ne peut être contraint d’en recevoir le paiement avant l’échéance ». Ce qui veut dire
que le texte de loi n’interdit pas le paiement anticipé si le porteur consent à l’accepter, mais le tiré
qui paie dans ces conditions s’expose à faire un paiement non libératoire, il le fait à ses risques et
périls. L’objectif poursuivi par le texte est d’empêcher qu’en cas de perte ou de vol les droits du
véritable propriétaire ne soient sacrifiés faute par lui de n’avoir pas pu pratiquer une opposition
en temps utile. A titre d’exemple, si le tiré paie avant l’échéance un porteur, qui s’avère par la
suite illégitime, il peut être contraint de payer une seconde fois le montant de la traite au véritable
propriétaire.

De surcroit, le porteur doit réclamer le paiement à l’échéance en présentant la lettre de change au


paiement. La présentation du titre au paiement à l'échéance est généralement obligatoire pour le
porteur légitime, qui est le dernier endossataire, communément appelé le présentateur. Ce
présentateur est souvent un banquier agissant en vertu d'un mandat rémunéré de recouvrement
(endos de procuration) accordé par le propriétaire du titre, à savoir son client. Il se peut
également que le présentateur soit lui-même le propriétaire du titre qu'il a acquis par escompte,
ou qu'il agisse en tant que créancier gagiste. Quelle que soit sa qualité, la personne détenant
régulièrement le titre à l'échéance est tenue en principe de le présenter au paiement dans
l’échéance fixée12.

Si le porteur n’effectue pas les diligences nécessaires pour obtenir le paiement de la lettre de
change, il sera alors considéré comme négligent et il sera donc déchu de certains de ses recours
conformément à l’article 206 du C. Com. De manière plus générale, en application des principes
généraux de la responsabilité civile, le porteur s’expose à devoir indemniser un ou plusieurs
signataires de l’effet, si le défaut de présentation leur a causé un préjudice 13.

10
- ‫ مطبعة المعارف الجديدة‬- ‫ دار نشر المعرفة‬- ‫ الرباط‬- ‫ الجزء األول‬- ‫ الوسيط في األوراق التجارية‬- ‫أحمد شكري السباعي‬
«
241 ,» 1998 - ‫الطبعة األولى‬.
11
C Com. 231.
12
https://www.labase-lextenso.fr/ Consulté le 25.03.2024
13
PIEDELIEVRE Stéphane - Instruments de crédit et de paiement - Paris - Editions Dalloz - 10éme édition - 2018 »,
paragr. 195.
En principe, le paiement de la lettre de change doit être demandé au tiré. Cependant, il est
possible qu'un tiers intervienne pour le compte de n'importe quel débiteur (tireur, endosseur,
avaliseur) afin de régler le montant de la lettre de change. Ce tiers, appelé payeur par
intervention, acquiert par la suite les droits découlant de la lettre de change après avoir effectué le
paiement. Ces droits sont exercés à l'encontre de celui pour lequel il a payé et contre ceux qui
sont légalement responsables envers ce dernier en vertu de la lettre de change.

Lorsque l'effet doit être présenté, cela se fait généralement chez le tiré, ou chez le domiciliataire
si celui-ci a été désigné. En l'absence de mention de l'adresse du tiré, la présentation doit être
effectuée à son domicile, et s'il est commerçant, à l'endroit où il exerce son activité commerciale.

Les lettres de change sont souvent domiciliées dans une agence bancaire, ce qui signifie que la
présentation doit avoir lieu chez ce banquier, également appelé domiciliataire. La domiciliation
facilite le paiement de la lettre de change, cependant le banquier domiciliataire n'assume aucun
engagement personnel à cet égard, il se contente d'exécuter les instructions données par son client
(le tiré).

D’autre part, l'acceptation est l'engagement pris par le tiré de payer la lettre de change à son
échéance. Ce n'est pas seulement une reconnaissance de dette, car par cette acceptation, le tiré
devient le débiteur principal de la traite. Par conséquent, le tiré s'engage de manière cambiaire
envers le porteur de la traite et envers le tireur de la traite 14. De la même manière que le tireur, le
tiré est également engagé cambiairement envers le porteur. Ainsi, le porteur dispose désormais de
deux débiteurs cambiaires Le tireur et Le tiré.

Le paiement par intervention est une possibilité prévue par la loi, bien que cette procédure soit
assez rare en pratique15. Conformément à l'article 215, alinéa 2, du Code de commerce, un tiers
peut intervenir et effectuer le paiement à la place de l'un des débiteurs cambiaires. En l'absence
d'indication contraire, le paiement est réputé effectué pour le compte du tireur. Si le porteur
refuse le paiement de ce tiers, il perd ses droits de recours contre ceux qui auraient normalement
dû être libérés. Ce tiers acquiert alors les droits résultant de la lettre de change contre celui pour

14
https://aurelienbamde.com Consulté le 25.03.2024
« - ‫ مطبعة المعارف الجديدة‬- ‫ دار نشر المعرفة‬- ‫ الرباط‬- ‫ الجزء األول‬- ‫ الوسيط في األوراق التجارية‬- ‫أحمد شكري السباعي‬
15

268 ,» 1998 - ‫الطبعة األولى‬.


lequel il a payé et contre ceux qui sont légalement responsables envers ce dernier en vertu de la
lettre de change.

Enfin, les règles du droit commun relatives au paiement, notamment l’article 243 du DOC,
précise que, sauf clause contraire, le paiement est indivisible. Le droit cambiaire, quant à lui,
connaît une solution différente, il prévoit qu’un porteur ne peut pas refuser un paiement partiel 16.
Cette approche se justifie par le fait qu'un tel paiement partiel libère d'autant les personnes qui
sont solidairement responsables du paiement17. Le tiré a le droit d'exiger que la mention de ce
paiement partiel soit inscrite sur le titre et qu'une quittance lui soit délivrée. Dans tous les cas, le
porteur est tenu de faire protester l'effet pour le montant restant dû. Cependant, si le porteur
refuse le paiement partiel de la traite, le tiré a le plein droit de déposer le montant auprès du
secrétariat-greffe du tribunal de commerce. Cette possibilité concerne aussi les cas de défaut de
présentation de la lettre de change dans les délais fixés18.

L’escompte :

Si le vendeur a besoin des fonds avant l'échéance, il peut remettre la traite à l'escompte à sa
banque. L'escompte est une opération de crédit permettant à la banque du vendeur de lui remettre
les fonds par anticipation. A l'échéance, c'est la banque qui se fera alors payer. L'escompte est
conditionné à l'accord de la banque et met à la charge du vendeur le paiement d'intérêts et de
commissions, s'agissant d'une opération de crédit19.

Le créancier remettra la traite à sa banque, qui lui versera immédiatement le montant dû, avant la
date d'échéance figurant sur la traite. En conséquence, la banque devient le bénéficiaire de la
traite, en remplacement au créancier.

Par le biais de l'escompte, le créancier reçoit de la banque une avance sur le montant de la traite
ou de la lettre de change, moyennant des frais. Ces frais représentent la contrepartie de ce service,
et sont payés par le créancier à sa banque. Le taux d'escompte est fixé par la banque, et le
montant des frais dépend du taux d'escompte ainsi que du nombre de jours entre la date à laquelle
la banque escompte l'effet de commerce et sa date d'échéance20.

16
C Com. Art. 186 al2
17
PIEDELIEVRE Stéphane op cit parag 203
18
C Com. Art. 188
19
https://www.assistant-juridique.fr Consulté le 24.03.2024
20
https://www.sumup.com Consulté le 25.03.2024
La pratique de l'escompte soulève parfois des questions quant à sa nature juridique. Certains
considèrent que le fait pour le banquier de remettre immédiatement le montant de l'effet non échu
à son client équivaut à un prêt. Selon cette perspective, la remise du titre à la banque ne serait
qu'une garantie pour celle-ci, et le banquier ne créditerait le compte du remettant que "sous
réserve d'encaissement" ou "sauf bonne fin"21. Cette vue perçoit l'escompte comme une simple
avance du banquier jusqu'au paiement de la lettre de change.

D'autres interprètent l'escompte comme un achat de titre. Selon cette interprétation, les fonds
correspondant au montant de l'effet sont remis en échange du transfert de propriété de celui-ci.
Cependant, le fait que le banquier n'accepte la traite que sous réserve d'encaissement indique
clairement qu'il n'a pas l'intention de devenir purement et simplement propriétaire de l'effet.

Certains estiment qu'il faut combiner les opérations de prêt et d'achat pour comprendre
l'escompte. Selon cette conception, il y aurait un échange de propriété de deux valeurs à la base
(achat), mais le banquier, en rejetant l'aléa du non-paiement sur le remettant, ne ferait qu'une
avance à ce dernier (prêt). Cette approche revient à assimiler l'escompte au prêt 22.

2- Les obstacles au paiement de la lettre de change :

L’opposition au paiement est possible que dans deux cas23 :

 Le redressement ou liquidation judiciaire du porteur

Il concerne la sauvegarde, redressement et la liquidation judiciaire du porteur, Cette solution est


applicable dans le cadre du droit des procédures collectives. Lorsqu’un débiteur est soumis à une
procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire, il existe un risque que le
débiteur détourne des fonds qui lui sont destinés, au détriment de ses créanciers. Pour éviter cela,
l’administrateur ou le liquidateur est chargé d’effectuer l’opération de paiement. Cela garantit que
les fonds sont correctement gérés et distribués conformément à la procédure en cours.

 La perte ou le vol de la lettre de change

Cette solution s’applique à toutes les situations de dépossession involontaire, lorsqu’un porteur de
lettre de change perd physiquement le document, il peut être confronté à des difficultés pour

21
PIEDELIEVRE Stéphane Op. Cit. Note (10) 230.
22
Ibid.
23
C Com. Art. 189.
récupérer le montant de la traite. Dans ce cas, la loi autorise le porteur dépossédé à interdire au
tiré (la personne ou l’entité qui doit payer la traite) de verser le montant au nouveau porteur.
Cette mesure permet de résoudre les conflits entre le porteur initial (dépossédé) et le porteur
actuel.

En dehors de ces deux cas, l’opposition n’est pas valable mais cette validité est appréciée par le
juge des référés, si l’opposition n’est pas valable, c’est lui seul qui peut donner mainlevée
d’opposition.

Dans tous les cas, la banque en tant que mandataire n’est pas habilité de procéder au paiement
d’une traite opposée même si l’objet de l’opposition sort des deux cas indiqués par l’article 189
du code de commerce. Dans ce cadre, un arrêt de la cour de cassation a estimé que la banque doit
respecter les instructions de son client conformément aux règles générales de la responsabilité
contractuelle règlementée par le DOC notamment l’article 90324.

D’autre part, si la pluralité des exemplaires résout le problème de la perte ou du vol d'une lettre
de change, elle crée, cependant, de nombreux problèmes que législateur essaye de régler
notamment afin de d’éviter le paiement deux fois ou plus de la provision d'une lettre de change. Il
s’agit des solutions que certains les considèrent comme discordants, ou incomplètes et d'autres
qui les considèrent comme proportionnées aux caractéristiques du droit cambiaire 25.

Alors la nécessité peut exiger de tirer plusieurs exemplaires pour les utiliser en cas de besoin. Par
exemple, pour endosser ou escompter l’effet afin de gagner du temps. Ou lorsqu’il est contraint
d'adresser la première lettre de change au tiré en vue de son acceptation dans une autre ville ou
Etat ou même en criant de sa perte. Vu le caractère international de la lettre de change 26 ou pour
d’autres considérations, le législateur a permis le paiement sur une deuxième, troisième … etc,
en donnant caution, si la traite n’était pas acceptée 27. Or, lorsque la traite avait été acceptée, le
porteur doit obtenir une ordonnance du juge et fournir une caution pour en demander le paiement.
De surcroit, S’il existait un seul exemplaire de l’effet, l’article 192 du Code de commerce

24
Cass.com. Arrêt n°516, dossier n° 2006/1/3/1082 du 9/5/2007
25
« - ‫ مطبعة المعارف الجديدة‬- ‫ دار نشر المعرفة‬- ‫ الرباط‬- ‫ الجزء األول‬- ‫ الوسيط في األوراق التجارية‬- ‫أحمد شكري السباعي‬
274 ,» 1998 - ‫الطبعة األولى‬.
26
« - ‫ مطبعة المعارف الجديدة‬- ‫ دار نشر المعرفة‬- ‫ الرباط‬- ‫ الجزء األول‬- ‫ الوسيط في األوراق التجارية‬- ‫أحمد شكري السباعي‬
274 ,» 1998 - ‫الطبعة األولى‬.
27
« C Com. », art. 190.
autorise le porteur à en percevoir le montant par une ordonnance du juge, en justifiant de sa
propriété par ses livres et en donnant caution. Dans ce sens, il existe une certaine confusion entre
les dispositions des deux articles suscités. En effet, un arrêt rendu par la cour de cassation en
2009 qui casse l’arrêt de la cour d’appel commercial objet du pourvoi en cassation formé par la
BMCE en tant que gestionnaire des comptes de la société ciments du Maroc. Suite à la perte
d’une lettre de change escomptée. La demanderesse, ne disposant pas d’exemplaire, a sollicité le
président du tribunal commercial d’Agadir pour ordonner le paiement d’une lettre de change
perdue sans exemplaire. Par conséquent , le président du tribunal commercial a rejeté sa demande
et la cour d’appel a confirmé sa décision au motif que, à supposer qu'elle soit propriétaire de la
lettre de change, il ne lui est pas permis d'exiger le paiement sur la base d'une seconde
exemplaire, sauf par une ordonnance du président du tribunal et en donnant caution, tandis qu'il
faut distinguer ce cas visé à l'article 191 du Code de commerce, et celui visé à l'article 192 dans le
cadre duquel l'action est intentée, qui précise que si une lettre de change est perdue et que son
perdant n'est pas en mesure d'en fournir un exemplaire, il peut exiger le paiement de la lettre de
change perdue et obtenir ce paiement par ordonnance du président du tribunal28.

28
Cass.com. Arrêt n°1251, dossier n° 817/3/2/2007 du 2/9/2009

Vous aimerez peut-être aussi