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INTRODUCTION
La procédure civile a pour objet de préciser les règles que les particuliers
sont appelés à observer devant les tribunaux, les formalités auxquelles eux-mêmes, et
les hommes de loi (avocats, mandataires judiciaires et juges) doivent se soumettre en
vue d'aboutir au jugement et à son exécution (1).
2. Le formalisme procédural
1) R. MOREL, Procédure civile, 2ème édition, 1949, n° 5 ; H. SOLUS et R. PERROT, Droit judiciaire privé, T.I. n° 4.
2) H. SOLUS et R. PERROT: op. cit.
3) R. MOREL, op. cit., n° 7; H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 19.
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L'on peut bien être tenté de considérer, à première vue, la procédure civile
comme étant une branche du droit privé étant donné qu'elle a pour objet d'assurer la
protection des droits privés; cependant, telle démarche est loin de rendre la place de
cette branche parmi tant d’autre. En effet, les règles d'organisation judiciaire, celles
relatives à la compétence des tribunaux, aux voies de recours, celles relatives aux
formalités qui doivent être respectées sont toutes des règles de droit public parce
qu'elles ont pour objet d'assurer le fonctionnement d'un service public, de régler les
rapports entre les Citoyens et l'Etat. Et à ce titre, l'on peut légitimement soutenir que
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le droit judiciaire privé est une branche du droit public ( ).
Aussi est-il normal que les règles de procédure aient un caractère impératif,
car l'on ne peut abandonner aux plaideurs le choix de la juridiction à saisir, des
formalités à accomplir; c'est ce caractère qui se traduit par l'intervention de la notion
6
d'ordre public ( ).
La procédure civile régit tous les litiges de droit privé, que ceux-ci soient
régis par le droit civil, coutumier, commercial ou par le droit du travail et de la
sécurité sociale.
4) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, Procédure Civile, Paris, Dalloz, 1994, n° 12 ; Jean VINCENT et Serge
GUICHARD, op. cit., n° 9 ; Loïc CADET, Droit judiciaire privé, Paris, Litec, 1992, n° 28.
5) A. RUBBENS, Le Droit judiciaire Congolais, Tome IV. La Procédure contentieuse de droit privé, Presse
Universitaire du Congo, 1978, n° 11 ; Jean VINCENT et Serge GUINCHARD; op. cit.n° 12.
6) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD; op. cit., n° 12.
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violent la loi, tant qu'une procédure ad hoc n'aura pas été promulguée, il est entendu
que c'est la procédure civile qui régit ce genre de litige.
La procédure civile régit également les litiges fiscaux qui sont portés devant
les tribunaux civils , il en est ainsi en matière de droits d'enregistrement lorsque le
contribuable estime qu'il lui est réclamé plus qu'il ne doit ou en matière de droit de
douane pour répéter des droits payés indûment ou en matière d'impôt direct lorsque le
contribuable ayant épuisé le recours administratif peut s'adresser à la Cour d'Appel.
7) R. MOREL, op. cit., n° 19, p. 19; H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 23.
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Le droit judiciaire privé étant une branche du droit public, il est normal que
ses règles soient impératives et de stricte interprétation. Toutefois des nuances
doivent être apportées à cette affirmation.
Concernant le caractère impératif, il faut souligner que conçues pour
permettre aux particuliers de faire valoir des prétentions de droit privé donc, des
prétentions dont ils ont entière disposition, ces règles doivent fournir aux justiciables
des garanties au sujet de leurs droits, et les justiciables peuvent renoncer librement à
ces garanties (10).
prétentions ou des exceptions qu'ils soulèvent, ils ne prennent aucune initiative quant
à la recherche de la vérité, ils ne prennent pas la direction de la marche du procès qui
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se trouve entre les mains des parties ( ), dans la procédure inquisitoriale, les juges
prennent l'initiative de rétablir le droit partout où ils le voient violé et de le protéger,
ils se saisissent d'office des litiges de leur compétence pour y apporter la juste
solution, ils recherchent activement la vérité en recourant d'office à tous les moyens
de preuve susceptibles de les éclairer, ils prennent en main la direction des opérations
13
de la procédure ( ). Dans ce sens, les parties peuvent de commun accord, le dessaisir
ou restreindre sa saisine.
b) Le principe dispositif
S'il est vrai que les parties ont la maîtrise du fait, sous réserve d'une certaine
intervention du juge, en revanche le juge a la maîtrise du droit, il a l'obligation de
trancher le litige conformément aux règles de droit qui lui sont applicable. Il a le
pouvoir de qualifier les faits afin de déterminer la règle de droit applicable, il a aussi
le pouvoir de modifier ou d'interpréter le fonctionnement juridique invoqué par le
12) A. RUBBENS; Tome I - Le pouvoir, l'organisation et les compétences judiciaires, Kinshasa-Bruxelles, 1970, n°
31.
13) Idem.
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demandeur au soutien de ses prétentions. Ce pouvoir vaut pour toutes les règles de
droit qu'il s'agisse des règles de fond, des règles de compétence ou des règles de
14 15
procédure ( ). C'est ce pouvoir qu'exprime l'adage " jura novitcuria " ( ).
14) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit, n° 554 ; Loïc CADET, op. cit., n° 895.
15) Loïc CADET, op. cit, n° 897; A. RUBBENS, op. cit., n° 69.
16) VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 557.
17) Loïc CADET, op. cit., n° 899.
18) Henry SOLIES et Roger PERROT, Droit judiciaire privé, Tome III, Procédure de première instance, Paris, éd.
Sirey Paul, 1991, n° 1015.
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même dans le cas où le huis clos a été ordonné et dans le cas où une partie de la
procédure se fait en chambre du Conseil. Dans certains cas, les jugements font l'objet
d'une publicité spéciale. Ainsi par exemple, il est requis que les jugements
prononçant le divorce ou la faillite doivent être publiés par extraits dans le journal
officiel. De même, la publication d'un jugement peut être ordonnée par le tribunal au
titre de réparation civile.
Les délibérations des juges sont secrètes, ce qui entraîne deux conséquences
:
a) toute personne autre que les magistrats légalement admis au délibéré doit
être écartée de ce délibéré.
b) toute divulgation de son contenu est interdite. La nullité du jugement
peut être prononcée sur base de cette divulgation en considérant qu'il s'agit d'une
nullité d'ordre public (24).
Des greffiers Congolais se fondent, à tort sur cette disposition, pour refuser
l'accès au public, des archives civiles gardées au greffe, il s'agit d'une mauvaise
interprétation étant donné que l'article 84 susvisé ne concerne que la matière
répressive et disciplinaire.
8.1.La Constitution
8.2. La loi et les actes ayant force de loi (les ordonnances-loi ou les
décrets-lois)
8.4. La jurisprudence
8.5. La doctrine
Mais, l'usage jouera un rôle purement supplétif, c'est-à-dire chaque fois que
le législateur n'aura pas prévu aucune disposition légale dans une matière. Il ne
l'emportera pas sur la règle, s'il est en contradiction avec elle, encore que la loi a
souvent adopté certains usages qui s'étaient imposés en les coulants dans des textes.
Les articles 10, 110, 118 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ prévoient
que si une contestation doit être tranchée suivant la coutume, celles-ci s’applique
[pour autant qu'elle soit conforme aux lois et à l'ordre public]. Les cours et tribunaux
s'inspirent des principes généraux du droit qui, comme les autres sources du droit
judiciaire, suppléent au silence de la loi dans les matières judiciaires.
8.8. L'équité
26 Emile LAMY, Le droit privé Congolais, volume I, Presses Universitaires du Congo, Kinshasa 1975, p. 131, n°81.
27Emile LAMY, op. cit. p. 118, n° 71.
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Souvent c'est l'huissier, officier ministériel, qui est qualifié pour faire des
sommations civiles, mais le créancier peut aussi utiliser une lettre recommandée à la
poste. Notons d'ores et déjà qu'en matière d'exécution forcée, la mise en demeure
s'appelle " commandement ".
4. Si la dot est refusée par ceux qui, selon la coutume, doivent la recevoir,
les futurs époux peuvent porter le litige devant le conseil de famille composé d’au
moins quatre membres en raison de deux membres pour chaque famille, si le refus
persiste, les futurs époux ainsi que le ministère public peuvent saisir, par voie de
requête, le Tribunal de Paix du lieu où le mariage devrait être célébré et qui aura à
instruire à huis clos la requête en amiable conciliateur (art. 367 du Code de la
Famille).
Selon l'article 178, les droits et les devoirs de l'administration des biens
d'un absent, se limitent à l'administration des biens, il ne peut intenter
une action ni y défendre sans autorisation de justice.
S'il y a nécessité ou avantage évident à aliéner ou à hypothéquer les
immeubles de l'absent, l'administrateur peut y procéder avec autorisation
de justice (art. 181 du Code de la Famille).
En cas de manquements d'un des époux à ses devoirs, le Président du
Tribunal de Paix tentera de concilier les époux, si la conciliation
n'aboutit pas, il rend une ordonnance constatant l'échec et autorisant la
partie requérante à saisir le tribunal (art. 460 al. 4 du Code de la
Famille).
Le délai d'assignation est de 8 jours francs. Mais dans les cas qui requièrent
célérité, le Président de la Juridiction compétente peut, par ordonnance rendue sur
requête, permettre d'assigner à bref délai (art. 10 du Code de procédure civile).
Le Code de la Famille prévoit quelques cas dans lesquels l'on désigne une
personne ayant qualité pour ester en justice pour un incapable, il y a notamment :
1. En cas d'absence de l’un des conjoints qui a laissé des enfants mineurs
d’un commun mariage, l’autre conjoint exerce sur les enfants tous les attributs de
l'autorité parentale, notamment quant à leur éducation et à l’administration de leurs
biens, sous réserve du droit de regard d’un membre de la famille de l’absent désigné
par le Tribunal pour enfants, sur proposition du conseil de famille(art. 198 du code de
la famille).
2. Dans tous les cas où les intérêts des père et mère, tuteur ou curateur ou
de leurs parents ou alliés en ligne directe sont en conflit avec les intérêts de
l'incapable, le Tribunal pour enfants ou le Tribunal de Paix, selon le cas, désignera
un tuteur spécial ou un curateur spécial (art. 216 du code de la famille).
L'on peut donc en ce cas concevoir que le tuteur spécial soit désigné pour
ester en justice.
3. Le parent qui exerce seul l'autorité parentale sur les enfants mineurs
peut, s'il se considère incapable, demander au Tribunal de désigner un tuteur (art. 324
du code de la famille), ici également, ce tuteur peut être amené à ester en justice.
- Le séquestre peut être postulé par voie de requête et peut être demandé
préalablement à une action litigieuse, en effet, selon l'article 523 du
Code Civil Livre III, le juge de l'ordonnance du séquestre contrôle le
bien-fondé des requêtes, le requérant téméraire assume la responsabilité
du dommage causé par la mesure obtenue s'il se révélait dans la suite
qu'elle n'était pas justifiée.
§1. Définition
Il faut noter que l'abus dans l'exercice de l'action est sanctionné par la
condamnation aux dépens, parfois aux dommages-intérêts. En effet, si un plaideur, en
attaquant ou en se défendant, abuse de la faculté offerte par la loi, son attitude peut
être sanctionnée.
- Sans contester le droit, quelqu'un l'a lésé, de mauvaise foi par son
comportement ou refuse de s'y conformer.
Il faut savoir qu'on ne peut recourir à l'appareil judiciaire pour lui soumettre
une contestation abstraite, ou une controverse académique. En effet, les juridictions
ne sont pas instituées pour donner des consultations ni pour trancher des discussions
jurisprudentielles, car leur mission consiste à dire le droit, à trancher les litiges.
27) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, Procédure Civile, 23è édition, Paris, Dalloz, 1994.
28) J. VINCENT et S. GUICHARD; op. cit., n° 68.
29) A. RUBBENS; op. cit., n° 37.
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a) vérifier les faits qui définissent les rapports juridiques entre les parties ;
b) rechercher le droit qui régit ces rapports ;
c) procurer au demandeur un titre exécutoire qui puisse lui permettre de
rétablir son droit.
Pour pouvoir exercer une action en justice, trois conditions doivent être
réunies :
avoir un intérêt
avoir la qualité
avoir la capacité.
A. L'intérêt
1. Définition
Mais nous pouvons définir l'intérêt comme étant la fonction de l'utilité que
présente l'exercice de l'action en justice.
Exemple : Une personne peut intenter une action en justice lorsqu'elle a été
atteinte dans son honneur par suite de calomnie ou de diffamation et ce, même si elle
n'a pas subi de perte financière.
L'intérêt doit être juridique et légitime. La partie qui agit en justice doit faire
état d'un intérêt juridiquement protégé.
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D'autre part, intérêt doit être né et actuel ce qui signifie qu'il doit exister au
moment même où la demande est formée (31). Mais, il peut devenir imminent de
prévenir un dommage ou de mettre le droit à l'abri d'une contestation ultérieure.
Enfin, l'intérêt doit être direct et personnel, ce qui veut dire que pour pouvoir
ester en justice, il faut avoir été directement et personnellement lésé dans ses intérêts
propres. On ne peut tolérer, en effet, qu'un simple particulier prenne l'initiative de
s'adresser aux tribunaux en invoquant l'intérêt d'autrui. Mais s'il est vrai que cette
existence est évidente lorsque l'action est exercée par le titulaire du droit qui a
toujours un intérêt personnel et direct à défendre ce droit lorsque celui-ci est
méconnu ou violé, le problème devient plus complexe quand un groupement doté de
la personnalité juridique prétend exercer une action en justice pour obtenir la
B. La qualité
33) Voyez notamment les nombreuses références citées par SOLUS et PERRET, op. cit. T.I, n° 242. CUCHE et
VINCENT, op. cit., n° 18 et le Répertoire de Procédure Civile et Commerciale, Dalloz, Vè action.
34) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 122.
35) Elis 6/4/1912 - Jur. et dr. Congo p. 278; 1° Inst. Léo, 28 avril 1931 - R.J.C.B. 1931 p. 242, Léo, 7/1/1941, R.J.C.B.
1941 p. 134 - Appel Ruanda-Urundi 18/3/1952 - R.J.C.B. 1952 p. 155, 1° Inst. Elis. 6/4/1961, R.J.A.C., 1962, p. 133 +
Dibunda.
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qu'elle ne constitue que l'un des aspects de la condition d'intérêt (36). L'intérêt est
fonction de l'utilité que présente l'exercice de l'action, alors que la qualité est une
question de pouvoir (37). Ainsi, lorsque l'action est exercée non par le titulaire du
droit mais par un représentant, la condition d'intérêt s'apprécie en la personne de
représenter tandis que la qualité en la personne du représentant qui devra justifier du
pouvoir qui l'habilite à agir au nom d'autrui. La liste des personnes ayant qualité
pour exercer une action est fort valable, elle est dans chaque cas particulier, fonction
de l'institution en cause, de sa nature et de la volonté du législateur d'élargir ou de
restreindre le cercle de ceux qui peuvent assurer la protection de la défense ( 38).
Ainsi, la qualité varie selon que le titulaire de l'action est personne physique ou
morale.
a) Le titulaire du droit
Le titulaire du droit peut fort bien ne pas agir lui-même mais confier
volontairement à un autre le soin de le représenter dans l'exercice de l'action. Dans
cette hypothèse, le mandataire légal agira en lieu et place du titulaire du droit. On dit
qu'il introduit l'action "en qualité ". Parfois, il arrive que la loi oblige certaines
personnes à se faire représenter pour ester en justice. C'est le cas des incapables
(mineurs, interdits, personnes mises sous conseil judiciaire, faillis, etc.) qui jouissent
de leurs droits mais ne peuvent les exercer eux-mêmes. Le représentant légal peut
introduire l'action en son nom au profil de l'incapable mais il doit pour avoir qualité,
démontrer au tribunal l'existence et l'étendue du pouvoir qu'il tient de la loi d'agir au
nom et pour le compte d'autrui. Dans le cas contraire, si le représentant légal, ne
36) SOLUS et PERROT : Tome I, n° 262. Voyez notamment, CUCHE et VINCENT, op. cit., n° 16.
37) Idem, n° 263.
38) CUCHE et VINCENT, op. cit., n° 16.
39) J. Trib. Brux. 5/15/1903, Pas. 1903, II, 127; Comm. Brux., 18/11/1924, Jur. Comm. Brux., 453.
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prouve pas qu'il a reçu l'autorisation d'agir en justice, l'action intentée par lui ne sera
pas admise par le tribunal qui la rejettera, faute de qualité quant à l'étendue de
représentation.
40) Voir Code Civil Congolais, livre III, les règles édictées à propos du mandat.
41) En vertu de la règle que " nul ne plaide par procureur " Voyez ce cours, deuxième partie, chapitre II).
42) Art. 73 de l'Ord. Loi n° 79/9/1979 portant organisation du barreau et du corps des défenseurs judiciaires et du corps
des mandataires de l'Etat.
43) La loi belge du 10 octobre 1967 portant code judiciaire a supprimé le ministère des avoués, leur utilité n'étant plus
requise en raison de la simplification des règles de procédure.
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matières qui leur sont limitées. Les autres mandataires ne pourront représenter les
parties que s'il ne s'agit pas d'une question de statut personnel et à condition que la
somme en litige soit supérieure à 50.000 FC et qu'ils soient agréés dans chaque cas
par le tribunal (article 14 du C.P.C.). Le pouvoir de ces mandataires conventionnels
est donc fortement limité.
Dans certains cas, les créanciers sont admis à agir aux lieux et place de leur
débiteur (action oblique) dans le cas où ce dernier reste inactif et ne fait pas valoir ses
droits.
Cependant, pour que les créanciers puissent agir de la sorte, il faut que leur
créance soit liquide (appréciable en argent) et exigible (le paiement ou l'exécution
peut être réclamée immédiatement) et que l'action ne soit pas personnelle (c'est-à-dire
attachée à la personne du débiteur : divorce, litige sur l'état et la capacité des
personnes) mais patrimoniale (se rapportant aux biens du débiteur).
Une personne morale ne peut ester en justice comme telle. Elle doit agir par
l'intermédiaire des personnes physiques. En règle générale, le pouvoir appartient à
l'organe désigné légalement (personnes morales de droit public) ou statutairement
(personne morale de droit privé) à cette fin.
Exemple : Une société commerciale agira par son Directeur Général, son
Gérant ou éventuellement les membres de son Conseil d'Administration. Une
association sans but lucratif, par intermédiaire de son représentant légal.
Ainsi, une personne morale agira de façon suivante : " Au nom (ou à la
requête de) la société X..., représentée par son Directeur-Gérant; Mr Y... ayant
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pouvoir aux termes de l'article... de ses statuts d'ester en justice au nom de ladite
société " au " Au nom de (à la requête de) l'Université Officielle du Congo,
Etablissement public créé par l'ordonnance-loi du... représentée par Messieurs W....,
H.... et U.... habilités à ester en justice au nom de l'établissement prénommé
conformément à l'article de la suscité ordonnance-loi ".
Exemple : On ajoutera donc au texte prévu dans l'exemple cité ci-dessus "
agissant par son mandataire, Mr X..., ou " agissant par Maître R..., avocat " ou " par
Monsieur T..., défenseur judiciaire " suivant le cas.
De même, les créanciers auront qualité pour agir au nom des personnes
morales chaque fois les conditions requises pour l'existence de l'action oblique seront
ouvertes.
3. La capacité
4 MULUMBA KATCHY, Introduction générale à l’étude du droit privé, Kinshasa, Centre de recherche et d’études
juridiques africaines, 2011, pp. 144 et s ; J. CARBONNIER, Droit civil : les personnes : personnalité, incapacité,
personnes morales, Paris, PUF, 1955, p. 43.
5 J. CARBONNIER, Droit civil la famille, les incapacités, Paris, PUF, 1955, p. 34.
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les autres être vivant en vertu du principe de l’égalité de tous. En effet, l’égalité en
droit est entendue comme, un principe d’après lequel tous les individus de part leur
création, doivent être considérés comme semblables, sans distinction de personne,
race, religion, classe ou de fortune6. En ce sens, il est interdit une quelconque
discrimination quelle qu’elle soit à l’égard des membres de la communauté. Il s’agit
là d’une question consubstantielle et inhérente à la nature humaine.
du Code de la famille. Aux termes de cette disposition, sauf les exceptions établies
par la loi, toute personne jouit des droits civils depuis sa conception.
Il s'agit des mineurs, des majeurs aliénés interdits, des majeurs faibles
d'esprit, prodigues, affaiblis par l'âge ou infirmes placés sous curatelle. Le Code civil
français quant à lui n'a pas consacré une partie distincte aux incapacités. Mais dans
les titres IX, X et XI de son livre des personnes, il a réglementé les principales
institutions qui sont en rapport avec les incapacités : autorité parentale, tutelle,
protection des majeurs. Et à la lumière des dispositions des articles 488 et 1124 de ce
code, sont incapables de contracter dans la mesure définie par la loi : les mineurs non
émancipés et les majeurs interdits.
La représentation
C’est le cas du mineur émancipé dont la capacité juridique est limitée aux
actes pour lesquels l’émancipation lui a été accordée et qui ne peut passer les actes
pour lesquels il est incapables que représenté par ses père et /ou mère, ou à défaut par
son tuteur (art 292et 293 C.F).Sans préjudice des articles 292 et 293 ci-dessus, les
actes accomplis irrégulièrement par le mineur sont nuls de nullité relative (Art. 294
CF).
L'assistance
Dans certains cas, un individu, qui a atteint l’âge de 18 ans mais ne peut
disposer d’une volonté libre et éclairée compte tenu de la détérioration de ses facultés
mentales ou physiques le législateur le soumet à un régime de protection en exigeant
pour la régularité des actes juridiques qu’il est appelé à poser l’assistance. Dans ce
régime, l'incapable reste à la tête de ses affaires mais doit avoir à ses côtés, sur la
scène juridique, une personne dont l'intervention est obligatoire.
L'accord du conjoint
Aux termes de l’article 448 de la loi sous examen, les époux doivent
s’accorder pour tous les actes juridiques dans lesquels ils s’obligent à une prestation
qu’ils doivent effectuer .
Ainsi, sur le plan civil, lorsque l’un des conjoints n’a pas obtenu l’accord et
agit contre les dispositions de l’article 448 précité, les actes tant civils, commerciaux
que mixtes qu’il aurait accomplis sont frappés de nullité, laquelle nullité ne peut être
invoquée que par l’un des conjoints ou leurs héritiers étant donné qu’en cas de
désaccord persistant, le conjoint lésé peut saisir le Tribunal de paix (Art. 449 et 452
Code de la Famille).
Nous avons déjà signalé précédemment que le nombre des actions en justice
était illimité. En réalité, il y a autant d'actions qu'il existe de droits prévus par la loi et
deux ou plusieurs personnes peuvent conclure des conventions génératrices de droits
variables à l'infini. Aussi, est-il particulièrement difficile d'établir un classement
parmi les actions et de leur donner à tout un nom déterminé.
immobilière, etc.).Il appartient au juge saisi d'une action en justice de préciser son
titre s'il éché, suivant les éléments qu'il recueille des débats judiciaires.
Nous verrons donc la classification des actions suivant les grands critères
sur lesquels la plupart des auteurs se sont basés pour les différencier. Les actions qui
sont de la compétence des juridictions civiles et commerciales se divisent :
A. L'action réelle
C’est est celle qui garantit un droit réel à la reconnaissance duquel elle tend.
Elle existe lorsque celui qui agit en justice invoque un droit réel (Jus in re). Nous ne
pourrons donc comprendre ce qu'est l'action réelle qu'au moment où nous aurons
rappelé la définition du droit réel. Le droit réel est celui qui s'exerce directement sur
les choses sans l'intervention d'aucun autre sujet de droit. Son caractère fondamental
est la création des rapports entre une personne et une chose. Il donne à celui qui en
est titulaire un pouvoir direct et immédiat sur cette chose, pouvoir dont l'étendue
varie d'après le droit lui-même. De là, l'expression " Jus in re ".
B. L'action personnelle
C’est une action par laquelle celui qui agit réclame l'exécution d'un droit de
créance. Le droit de créance au contraire du droit réel crée un rapport entre deux ou
plusieurs personnes limitativement déterminées. Il tend à obtenir au profit d'une
personne appelée créancier, de la part d'une personne appelée débiteur, l'exécution
d'un fait appelé obligation.
En principe, toutes les actions qui ne sont pas spécifiquement réelles sont
personnelles.
Une action est mobilière du moment qu'elle a pour objet un meuble. Elle est
immobilière lorsqu'elle a pour objet un immeuble. Cette distinction simple à
première vue peut donner lieu à de nombreuses discussions dans la pratique. En effet,
les mots " meubles " et " immeuble " doivent être entendus dans le sens que leur
donnent les articles 3 et 4, livre II du Code Civil Congolais.
Sont immobiliers " tous les droits réels qui ont pour objet des immeubles
ainsi que les droits de créances tendant à acquérir ou à recouvrer un droit réel sur un
immeuble " (art. 3).
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Sont mobiliers " tous les autres droits patrimoniaux " (meubles incorporels).
Mais l'article 5, livre II du Code Civil fait une distinction entre les immeubles par
nature et les immeubles par destination incorporation? L'énumération en est faite aux
articles 7 et 8.
Dès lors, la vente de bois sur pied non destinés à être abattus fait naître une
action immobilière, mais l'acheteur de grains à couper, de fruits détachés et d'arbres
abattus possède une action mobilière, il en est de même de l'acheteur de bois à
couper, de fruits à cueillir et d'arbres à abattre car, bien qu'encore immeubles au
moment de la vente, ils sont vendus pour être séparés et sont par conséquent
mobiliers.
Les acteurs français et belges font généralement une sous distinction parmi
les actions à la fois immobilières et réelles, c'est-à-dire, qui ont pour objet le
recouvrement ou la protection d'un droit réel sur un immeuble, les actions pétitoires
qui sont celles tendant à la protection du droit de propriété ou d'un autre droit réel
immobilier et les actions possessoires dont le but est de protéger la possession de ces
mêmes droits.
Les actions sont patrimoniales lorsqu'elles portent sur les biens et droits
appréciables en argent et qui composent le patrimoine d'une personne déterminée.
Les actions patrimoniales seront donc réelles ou personnelles, immobilières ou
mobilières, suivant la nature ou l'objet des biens et droits auxquels elles se rapportent
et qui donnent naissance à l'action.
Les actions extra-patrimoniales sont celles qui sont relatives à l'état des
personnes (action en réclamation ou en contestation d'état, action en recherche de
paternité ou de maternité, en nullité de mariage, d'adoption ou en reconnaissance d'un
enfant naturel).
Tous les droits qui composent l'état des personnes (nationalité, domicile,
qualité d'époux, majorité, etc.) peuvent être génératrices d'actions en justice et donner
lieu à des débats judiciaires.
L'action principale est celle qui par la demande introductive d'instance met
en mouvement l'activité juridictionnelle du tribunal. L'action incidente est celle qui
vient se greffer sur une action pendante ;
Exemple :
la demande additionnelle du demandeur originaire
appel en garantie
demande en jugement commun en cause un tiers
L'intérêt de ce mode de classement réside dans le fait que :
Exemple :
la demande reconventionnelle est reçue par le tribunal saisi de la
demande principale
le juge compétent pour statuer sur une demande principale connaît de
tous les incidents etc.
5. Forme de la demande
Les actions de caractère privé qui n'intéressent par l'ordre public peuvent
être introduites par voie des conclusions, sur comparution volontaire. Les demandes
incidentes tendant à mettre un tiers à la cause requièrent une assignation.
Le sujets de droit peuvent s'agissant des droits dont ils ont la libre
disposition, convenir de ne pas agir avant certains délais, ou vivait l'accomplissement
de certaines conditions ou encore de renoncer à aller en justice si certaines conditions
surviennent.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 36
53) Revue Juridique du Congo-Belge, 1958, p. 49, Arrêt Cour d'appel d'Elisabethville, 10 sept., 1957.
54) A. Rubbens, op. cit., n° 46, p. 41.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 38
Il y a lieu de rappeler que les 15 cas que l'on vient d'étudier constituent des
exemples illustratifs de la mission générale dévolue au Ministère Public dans l'article
66 de la loi organique, il n'a pas de pouvoirs étendus ni plus impératifs en ces
matières, il garde son pouvoir d'appréciation de l'opportunité d'exercer l'action
principale, la seule chose à retenir est que le Ministère Public ne vas pas agir selon sa
fantaisie, il ne peut exercer l'action principale que dans la mesure où l'ordre public
parait compromis.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 39
On appelle " incident " tout événement qui vient modifier le déroulement de
la procédure entre la demande et le jugement.
Il est en effet très rare de voir un procès se dérouler du début à la fin sans
incident ne serait-ce que parce que tout demandeur doit faire la preuve de son droit et
que l'administration de cette preuve donne lieu souvent à une procédure incidente.
C'est dire donc que dans presque tous les procès, il y a des incidents nombreux et
variés. L'on doit noter que les incidents peuvent surgir tout au long du procès, aux
différents degrés de juridiction et jusque dans l'exécution du jugement.
L'on doit distinguer les incidents d'audience et les actions incidentes. Les
incidents d'audience sont des troubles de fait, qui ne sont pas des actes juridiques,
bien que leur sanction puisse affecter la procédure.
Les actions incidentes sont des demandes qui viennent altérer la saisine des
juges soit en modifiant l'objet, la cause ou les parties du litige, ce genre d'incidents
est qualifié d'incidents de fond diffèrent des incidents de procédure, qui sont
incidents proprement dits ou sans modifier ni l'objet ni la cause ni les parties au
procès, posent un problème dont la solution commande a marche du procès, la
décision de cause ou la vie de l'instance. Ce sont par exemple les fins de non-
recevoir, les questions préjudiciables, la récusation des juges, le désaveu du
mandataire, les exceptions, etc...(46).
Les rappels à l'ordre adressés au public ou aux parties qui aboutissent à une
suspension d'audience, à l'évacuation de la salle d'audience, peuvent être notés à la
feuille d'audience.
Le huis clos peut être demandé par les parties ou par le Ministère Public
usant de son pouvoir de police d'audience, le Président qui estime que les débats sont
de nature à éveiller la curiosité malsaine ou provoquer des désordres peut ordonner
d'office le huis clos et ce par une ordonnance motivée.
1. La suspension d'audience.
2. Les donnés-acte d'audience
§2. Les incidents qui donnent lieu à un jugement avant dire droit
* L'on peut recourir au témoignage pour établir les faits, les parties
doivent au préalable préciser les faits sur lesquelles va porter l'enquête du tribunal.
Le serment décisoire est un défi lancé par une partie à son adversaire et par
lequel elle lui propose de mettre fin au litige en relevant l'offre de prêter serment.
Si l'offre est acceptée, le juge doit se borner à prendre acte des faits affirmés
sous serment et formuler en conséquence son jugement qui se borne à donner force
exécutoire à la solution que les parties ont déterminé par serment.
Le serment supplétoire ne peut être déféré que par le juge à l'une des parties,
le juge y recourt lorsqu’un fait n'est pas pleinement établi et qu'il n'a pas d'autre
moyen de lever le doute.
Les parties peuvent demander des mesures provisoires qui peuvent être de
trois natures :
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 42
1. La demande en justice
A. Définition
Nous avons vu que la personne physique ou morale qui désirait saisir le juge
de l'action en justice doit pour ce faire introduire un acte de procédure en vue
d'obtenir la sanction du droit dont elle se prétend titulaire ou de la prétention qu'elle
revendique. Cet acte de procédure, porte le nom de " demande en justice ". Nous
pouvons donc définir la demande en justice comme étant " l'acte par lequel on
soumet au juge, la prétention d'un plaideur ".
B. L'objet de la demande
L'objet peut donc varier à l'infini suivant ce que le plaideur demande au Juge
d'ordonner, d'accorder, ou de prononcer. Les trois hypothèses citées ci-dessus ne sont
qu'exemplatives.
Exemple :
1. Monsieur X... me doit 10 millions de Francs Congolais. Il refuse de me
les payer et je dois introduire une action en justice pour les recouvrer. Je solliciterai
du Juge la condamnation de Monsieur X... à me payer 10 millions de Francs
Congolais. Cette condamnation est l'objet de ma demande, le but que je poursuis en
intentant mon action, le résultat que je veux obtenir.
2. Je suis propriétaire d'un immeuble qui est occupé par un locataire. je
veux obtenir de l'occupant qu'il quitte l'immeuble parce que le bail a pris fin. Le
locataire continue à se maintenir dans les lieux loués et je dois introduire une action
en justice en vue d'obtenir son déguerpissement. L'objet de ma demande sera, en ce
cas, l'expulsion du locataire dont je solliciterai le prononcé par le tribunal.
3. J'estime que le contrat que j'ai conclu avec Monsieur X... est nul.
J'introduis une action en justice pour solliciter du tribunal l'annulation du contrat.
L'annulation est dans ce cas d'espèce, l'objet de ma demande.
C. Cause de la demande
Exemple :
1. Je demande la condamnation de mon débiteur en me fondant sur un
contrat de prêt aux termes duquel je lui ai prêté 100.000.000 Francs Congolais,
somme qu'il devait me rembourser à une date déterminée. Comme le débiteur n'a pas
accompli son obligation, j'introduis une demande en justice en me basant sur le
contrat de prêt. ce contrat est donc la cause de ma demande en justice.
2. Je suis victime d'un accident qui a été causé par Monsieur X... qui a
commis une faute entraînant sa responsabilité et un dommage corporel pour moi.
L'article 259, livre III du Code Civil Congolais prévoit que chacun est responsable du
dommage qu'il a causé non seulement par son fait mais encore par sa
négligence ou son imprudence. Je pourrai donc réclamer en justice Monsieur X... des
dommages-intérêts qui constitueront la réparation du préjudice que j'ai subi en suite
de cet accident en me basant sur l'article 259 précité. Le droit à réparation que le
législateur me permet de déduire de cette disposition légale formera la cause de ma
demande.
D. Moyens de la demande
Exemple :
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 45
Pour obtenir réparation des dommages que j'ai subis à la suite d'un
accident, j'exposerai dans ma demande en justice, les raisons et les motifs qui me
permettent de conclure à la responsabilité de l'auteur de cet accident contre lequel
j'intente une action en justice.
Exemple :
X... me doit 5 millions de Nouveaux Zaïres. Comme il ne paie pas
volontairement, je dois introduire une demande en justice pour obtenir qu'il
s'exécute, ma demande est introductive d'instance parce qu'il n'y a aucun
procès existant entre nous. La demande incidente au contraire est formée
quand le procès a déjà commencé. Celui qui entame le procès augmente,
modifie ou restreint sa demande introductive originaire.
Exemple :
J'introduis une demande en justice contre X... en paiement de 5 millions de
Francs congolais parce que celui-ci me doit cette somme. Lorsque le procès est
commencé, je réclame en plus des 5 millions de Francs Congolais, les intérêts sur
cette somme ou je réduis ma demande introductive à 3 millions de Francs Congolais
parce que dans l’intervalle, X... m'a déjà payé 2 millions de Francs Congolais.
2. Les demandes incidentes ne sont pas toujours admises car il ne faut pas
embarrasser la marche du procès et aggraver la tâche du Juge en soulevant au
cours d'une instance toutes les questions que peut inventer l'esprit processif
d'un plaideur, ce serait aussi surprendre celui qui se défend en introduisant
dans le débat judiciaire une prétention qui n'a pas été révélée au moment où
l'action a été entamée et que la personne contre qui le procès est dirigé n'est
pas prête à réfuter.
4. La demande en intervention consiste pour une personne qui n'a pas été partie à
l'instance d'y intervenir pour y faire valoir ses droits. Elle peut être volontaire
ou forcée, elle est volontaire lorsqu'elle est spontanément formée par un tiers,
elle est forcée au cas où elle est dirigée par le demandeur ou par le défendeur
contre un tiers. On parle dans cette dernière hypothèse de mise en cause.
A. L'assignation
1. Définition - Terminologie
L'article 2 du décret du 7 mars 1960 énumère les mentions sue doit contenir
l'assignation pour être valable.
Pour étudier le caractère des mentions que la loi exige en vue de permettre
l'identification du requérant, nous envisageons trois hypothèses selon que le
requérant est une personne physique agissant en son nom personnel, selon qu'il agit
par l'intermédiaire d'un représentant et enfin selon que le requérant est une personne
morale.
- Le nom
Par " nom, il faut entendre, pour les Congolais un nom puisé dans le
patrimoine culturel Congolais. Pour l'Européen par nom, il faut entendre le nom de
famille.
- La profession
Une indication générale suffit, sauf si d'autres personnes, ayant les mêmes
noms et les mêmes prénoms exercent la même profession, ce qui pourrait amener des
confusions, sans doute rares. L'indication de la profession peut parfois compléter
utilement l'absence d'autres éléments du nom lorsqu'il existe deux personnes portant
le même nom.
- Le domicile
D'après l'article 161 du Code de la Famille, le domicile de toute personne est
au lieu où elle a son principal établissement (58). A défaut de domicile connu, la
résidence en produit les mêmes effets, la résidence étant le lieu où une personne à sa
demeure habituelle (article 169 du Code de la Famille). L'on admet que la
désignation de la résidence dans l'assignation est équivalente à la mention du
domicile (59).
Exemple :
A supposer qu'une personne ait son domicile en Belgique et une résidence
en R.D.C.Elle intente une action en justice devant le Tribunal de Lubumbashi. Elle
pourra uniquement mentionner dans l'assignation sa résidence en R.D.C. En règle
générale, le domicile ou la résidence devront être suffisamment précisés pour que
le défendeur ne puisse faire d'erreur sur l'identité de celui qui agit (60).
57) Elis 3 janv. 1925, R.J.C.B, p. 114, 1è Inst. Luebo, 25/2/1932, Jur. Col. 1932-33, p. 212.
58) Sur la notion de " principal établissement ", voir Léo, 16/9/1952, R.J.C.B., 1952, p. 295.
59) L'inst. Elis., 4 mai 1934, R.J.C.B., 1934, p. 141.
60) Inst. Stan. , 15 juillet 1955, R.J.C.B., 1957, p. 190.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 48
Dans ce cas, l'article 2, alinéa 2 du décret du 7 mars 1960 précise que "
lorsque le demandeur n'agit pas en nom personnel, l'assignation doit mentionner en
outre sa qualité ", ce qui veut dire que lorsque le demandeur n'agit pas en nom
personnel, il faut non seulement mentionner les noms, profession et domicile de la
personne qu'il représente mais encore les noms, profession et domicile du demandeur
lui-même (62).
Il existe certaines personnes que la loi répute incapables d'ester en justice
(introduire une action en justice).
Exemple :
Une assignation lancée par le tuteur d'un mineur sera libellée comme suit
: " A la requête de Monsieur X... résidant à Lubumbashi, 40 Avenue Z..., médecin,
agissant en sa qualité de tuteur de Monsieur H...", écolier résidant en la même Ville,
25 avenue Y...
elle agit ne serait-ce qu'en produisant les statuts sociaux ou en donnant la référence
de leur publication au journal officiel (63).
- Le domicile
D'après l'article 161 du Code de la Famille, le domicile de toute personne est
au lieu où elle a son principal établissement (64). A défaut de domicile connu, la
résidence en produit les mêmes effets, la résidence étant le lieu où une personne a sa
demeure habituelle (article 169 du Code de la Famille).
63) Cour Suprême de Justice, arrêt du 6/2/1974 ;- Bulletin des arrêts, 1975, p. 41 ; - Arrêt du 3/11/1971, R.Z.D., 1972 II
p. 24.
64 "Sur la notion de « principal établissement », voir Léo, 16/9/1952, R.J.C.B. 1952, p. 295.
65 L'inst. Elis. 4mai1934 - R.J.C.B. 1934, p. 141.
66Inst. Stan. 15 juillet 1955, R.J.C.B, 1957, p. 190.
67Inst. E'i/ille, 4 mai 1934, R.J.C.B. 1935, p. 36.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 50
a) le mineur qui ne peut assigner que par l'intermédiaire de ses père et mère
ou tuteur ;
b) l'interdit qui doit introduire une demande par l'intermédiaire de son tuteur
:
c) les prodigues et les faibles d'esprit, par l'intermédiaire de leur conseil
judiciaire ;
d) dans certains cas, les femmes mariées ne peuvent introduire de demande
sans
l'autorisation de leur mari.
Exemple : Une assignation lancée par le tuteur d'un mineur sera libellée
comme suit : « A la requête de Monsieur X ... résidant à Lubumbashi, 40, Avenue
Z..., médecin, agissant en sa qualité de tuteur de Monsieur H... », Écolier résidant en
la même ville, 25, avenue Y...
3°. Le requérant est une personne morale ou juridique
Pour les sociétés, groupements, associations quelconques, une difficulté peut
naître car, pour assigner sous sa dénomination propre, le groupement doit posséder la
personnalité civile.
La Cour Suprême de justice a, à plusieurs reprises, décidé que la personne
physique qui représente une personne morale, doit prouver son pouvoir d'ester en
justice en versant au dossier une pièce qui doit être authentique ou produite en
photocopie certifiée conforme et préciser la disposition statutaireen vertu de laquelle
elle agit ne serait-ce qu'en produisant les statuts sociaux ou en donnant la référence
de leur publication au journal officiel (68).
Toutefois, il faut que le juge saisi au procès puisse identifier la partie qui est
citée à comparaître.
Dès lors, il faut que le défendeur puisse être suffisamment déterminé pour
ne pas être confondu avec une autre personne (69).
71 1° inst. E'ville, 18 mars 1931, RJC.B 1931, p 255; 1° Inst. Elis. IOdéc.1925. R.J.C.B.
(kat. Il), p 52; Elis., 28/7/1945, R.J.C.B. 1945, p. 173.
72 Elis. 30 mars 1935, R.J.C.B. 1935, p. 188.
73 Elis 16jan .1926, R.J.C.B. (kat. Il), p. 277, 1° Inst Elis.-14juin 1961,R.J.A.C. 1963, p.185.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 53
Ces mentions sont exigées par l'article 2 du décret précité. Il faut en effet
que le défendeur sache où il doit comparaître et quand.
f. Date de l'exploit d'assignation
L'article 2 du décret précité ne fait pas figurer la date de l'exploit parmi les
mentions que doit contenir l'assignation. Cependant, l'article 4 relève : « l'original et
la copie de l'exploit sont datés » ce qui prouve que le législateur a considéré qu'une
assignation n'est pas valable si elle ne mentionne pas la date.
La date est apposée par le greffier ou l'huissier au jour de la signification.
3. Rédaction et dépôt de l'assignation
L'article 2 du décret précité précise que l'assignation est rédigée par le
greffier.
L'article 1 donne les conditions dans lesquelles le greffier rédige
l'assignation : "Toute personne qui veut en assigner une autre fournit au greffier de la
juridiction où la demande sera portée tous les éléments nécessaires à la rédaction de
l'assignation. Si le requérant sait écrire, il remet au greffier rédige l'assignation : "
Toute personne qui veut en assister une autre fournit au greffier de la juridiction où la
demande sera portée tous les éléments nécessaires à la rédaction de l'assignation.
4. Signification de l'assignation
a. Notions générales
1° Signification à personne
La façon normale pour l'huissier de signifier l'exploit est de le remettre au
défendeur en personne, mais cela n'est possible que si l'huissier connaît le défendeur.
Il peut, par exemple, le rencontrer dans la rue ou au palais de Justice.
Le refus du défendeur de recevoir l'exploit qui lui est offert par l'huissier
n'empêche pas la signification d'être valable: de même, le refus du parent, allié ou
serviteur trouvé au domicile pari
l'huissier n'oblige pas celui-ci à s'adresser à une autre personne pour procéder à la
signification.
l'exploit les motifs pour lesquels la copie n'a pas été remise (article 5 décret du
7/3/1960).
Cette disposition est peu employée dans la pratique. Le juge peut autoriser la
remise à un ami, un fondé de pouvoirs, un employeur, bref à toutes personnes qui, en
raison de leurs bons rapports avec le défendeur et de l'intérêt qu'elles lui portent, ne
manqueront pas de l'aviser rapidement de l'existence de l'exploit.
Voir
aussi Léo. 30/3/1948.- R.J.C.B, 1948, p 170.
Le seul critère est donc de savoir si l'organisme public que l'on veut assigner
a ou n'a pas lapersonnalité civile.
Les provinces, les villes, les communes, les territoires et les collectivités ont
la personnalité civile, ainsi que certains établissements publics.
C. Les faillis
Ils seront assignés chez leur curateur désigné par le Tribunal dans le
jugement déclaratif de faillite puisque le curateur représente le faillis dans les actions
mobilières ou immobilières tant en demandant qu'en défendant (article 1 du décret du
27 juillet 1934 - Codes - Tome l - p ; 248).
Pour les mots « signification à domicile élu "n'est possible que si le défendes
a constitua un mandataire chargé de revoir l'exploit. En effet, le domicile élu suppose
que l'assignation sera
transmise au défendeur par celui chez lequel élection a été faite. Si le domicile n'est
pas élu chez
une personne déterminée, il n'est pas possible que l'assignation parvienne finalement
au défendeur
qui pourrait ainsi ne pas en avoir connaissance. Il y aurait là un abus que le
législateur n'a
74
certainement pas voulu protéger .
Nous allons expliquer les termes employés par le législateur pour ce mode
de signification.
Cela veut dire que l'assignation en peut être mise sous enveloppe. Dans la
pratique, on plie l'assignation en quatre et sur un des côtes, on inscrit l'adresse exacte
du défendeur en y
apposant tes timbres nécessaires.
Le pli doit néanmoins être fermé ce qui signifie qu'une fois l'assignation
pliée, les côtes doivent en être scellées au moyen de papier collant ou d'agrafes qui ne
peuvent être détachées, en telle sorte que personne d'autre que le défendeur lui-même
ou la personne qui recevra le pli pour lui, ne puisse en prendre connaissance.
Un simple envoi recommandé ne peut suffire, il faut en plus que soit adressé
au défendeur un avis ou accusé de réception (carte rosé délivrée par la poste et
prouvant que le pli recommandé a bien été remis au destinataire lui-même en telle
sorte que celui-ci en a eu connaissance).
Lorsque l'avis de réception n'est pas rentré avant l'appel de la cause devant le
tribunal, celui-ci n'est normalement pas saisi, car il ne peut vérifier la régularité de
l'assignation.
La loi n'a pas déterminé ce qu'elle entend par « messager », mais elle précise
uniquement qu'il peut être « ordinaire », c'est-à-dire ne pas appartenir au personnel
judiciaire.
Il est en tout cas certain que l'on ne peut admettre comme valable que le
requérant remettre l'assignation à un messager quelconque et se passe ainsi de
l'huissier ou du greffier. En effet l'article 3 du décret du 7 mars 1960 est formel :
seuls, l'huissier ou le greffier peuvent signifier un exploit à l'exception de toute autre
personne.
Dès lors, quelle est l'utilité du messager? Il est inutile d'épiloguer à nouveau
sur l'immensité du territoire congolais, l'importance des distances à parcourir d'une
ville à l'autre ou d'un poste àl'autre. Il est certain que l'huissier ne peut se déplacer au-
delà d'un certain rayon du tribunal pour signifier une assignation. Il se peut
également qu'il soit impossible de confier l'assignation à la poste en raison de
l'éloignement de la résidence du défendeur de tout courrier postal régulier et que
l'acheminement par la poste prenne un temps considérable.
Dans ce cas, l'huissier qui trouvera une personne qui de rend près de
l'habitation du défendeur pourra lui confier le pli en telle sorte que la remise se fasse
plus rapidement.
Mais, la loi exige que les formalités accomplies par le messager ne laissent
aucun doute sur le fait que l'assignation a bien été remise au défendeur (article 6
alinéa 2 et 3 du décret du 7 mars 1960). Le messager ne peut remettre l'assignation
que contre un récépissé. Ce récépissé (reçu) doit être signé et daté par la personne à
qui le messager a parlé, c'est-à-dire :
• le défendeur ;
• le parent, l'allié, le maître ou le serviteur à défaut d'avoir trouvé le
défendeur ;
• le voisin, à défaut des personnes précitées.
EDIT : parce que la loi exige qu'une copie de l'assignation soit affichée à la
porte principale du tribunal où la demande est portée (article 7, alinéa 1 du 7 mars
1960).
MISSIVE : parce que la loi exige en outre que la copie de l'exploit soit
adressée au domicile ou à la résidence étrangère sous pli fermé mais à découvert,
recommandé à la poste (art. 7 alinéa 1, décret du 7 mars 1960).
5. Les délais
d'assignation
a. Le délai ordinaire
Pourquoi un délai ? Parce qu'il faut que le défendeur ait depuis qu'il a reçu
l'assignation, un intervalle lui permettant d'assimiler l'action en justice qui lui est
intentée, de se tracer une marche de défense, de réunir les éléments nécessaires à
mettre l'action en échec, de se choisir éventuellement un conseil, de comparaître en
justice.
Le délai ordinaire est celui qui est donné normalement au défendeur pour
comparaître devant le tribunal lorsqu'il réside dans le lieu où il siège.
Le délai ordinaire est augmenté à raison des distances ce qui veut dire que
plus le défendeur réside loin du siège du tribunal, plus long est le délai pour lui
permettre de comparaître.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 62
b. Le délai de distance
Mais, il arrive que des difficultés naissent dans la détermination des délais.
77 Cons. Sup. 15 mars 1924, Jur.Col.1924, p. 193, combiné avec Léo, 31 oct 1944, R.J.C.B 1945 ; P 108 avec note.
78sur le calcul du délai de distance par la voie des airs. Voir Léo. 22 juillet 1953 ; RJCB 1955, P 143.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 63
L'article 197 du décret du 7 mars 1960 donne la réponse: «le délai applicable
est toujours
déterminé d'après le lieu de notification ou de la signification même si celui à qui la
signification est faite n'y a ni son domicile, ni sa résidence ».
Dans le cas cité ci-dessus, je devrais donc compter uniquement les délais
ordinaires et non ajouter les délais de distance Bukavu/Lubumbashi.
Pour ces personnes le délai de trois mois est fixe et il n'y a pas lieu d'ajouter
les délais de distance. Les délais d'assignation étant déjà suffisants à raison de la
distance.
L'article 10 du décret du 7 mars 1960 précise que « dans les cas qui
requièrent célérité, le président de la juridiction compétente peut permettre d'assigner
à bref délai ».
On admet que l'abréviation des délais s'applique à tous les délais ordinaires,
de distance, et à ceux prévus pour les significations à l'étranger.
Toutefois, à moins que le vice soit tel que l'acte de procédure doit être
considéré comme inexistant, le tribunal aura toujours tendance à admettre que le vice
a été couvert par la comparution du défendeur en vertu du principe selon lequel les
omissions ou erreurs de procédure ne doivent être admises que si elles ne violent pas
ou portent atteinte aux droits de la défense82.
C. La plainte
D. La requête
Quelques exemples :
3. Les époux doivent s’accorder pour tous les actes juridiques dans lesquels
ils s’obligent à une prestation qu’ils doivent effectuer.En cas de désaccord persistant,
le conjoint lésé saisit le Tribunal de paix (Art. 448 et 449 du Code de la Famille).
4. La mutation de droits immobiliers pour cause de décès est soumise à la
procédure d'investiturepar la voie d'une ordonnance sur requête. La requête doit être
préalablement publiée aux fins d'inviter toute personne qui pourrait faire valoir des
droits concurrents ou préférentiels à une intervention contentieuse.
5. En cas de viciation par un des époux de ses devoirs conjugaux, l'époux
saisi par voie de requête, le président du tribunal de paix-pour tenter une conciliation
si celle-ci aboutit, le
président acte par voie d'ordonnance l'accord des parties dans la négative, le président
rend
une ordonnance constatant l'échec et autorisant la partie requérante à saisir le tribunal
(art.
460 du Code de la Famille).
6. Cas de saisies conservatoires (saisie-arrêt, saisie-mobilière), ces mesures
préalables doivent être suivies d'une assignation en bonne et due forme dans le délai
fixé par la loi ou par le Juge (art. 109 et 138 du Code de procédure civile),
Quelques exemples :
A. La demande nouvelle
Remarquons que rien n'empêche les parties de marquer accord sur une
extension des débats judiciaires. Supposons en effet, que le demandeur introduise une
demande nouvelle en cours
d'instance et que le défendeur ne s'y oppose pas dans ses conclusions verbales ou
écrites; le
tribunal ne peut pas de son propre chef, rejeter la demande sous prétexte qu'elle
B. La demande additionnelle
Exemple :
1. Je pourrai porter mon action de 100 millions à 500 millions de FC en
spécifiant dans
l'assignation que je demande au tribunal de condamner le défendeur au paiement de
100 millions
de FC sous réserve de mieux libeller, majorer ou réduire en cours d'instance.
2. Je pourrai réclamer les loyers échus à la condition qu'il soit prévu dans
mon -assignation que je demande la condamnation du défendeur à payer 100 millions
de FC du chef de loyers arriérés à la date de l'exploit sous réserve de postuler en
cours d'instance les loyers à échoir jusqu'à jugement définitif.
C. La demande accessoire
Exemple : X... intente une action pour violation, des devoirs conjugaux sur
base d'injures graves de son épouse. Dans son assignation, il a invoqué certains griefs
qui sont de nature à établir la gravité des injures. Mais en cours d'instance, des faits
nouveaux se produisent et notamment l'adultère de son épouse. Si l'une des injures
88 1" Inst. Stan, 9avril 1927, RJCB 1928, p. 139, Léo 24 sept 1929. Jur. Col. 1930-31, p. 249 avec note
Léo 25 luin 1925. Jur. Col. 1929, p. 75 avec note.
89 Léo 9 fézvrier 1928, RJCB. 1928, P139, Léo 12 juillet 1955, RJCB, P 358
1° Inst. Elis. 16 juin 1950 RJCB. 1951. P 38
1° Inst. Léo 17 décembre RJCB. 1953. P 263
90 1° Inst. Elis. 29 janvier 1929, RJCB. 1932, p. 100.
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Cette demande ne peut pas être postulée dans l'exploit introductif puisque
son objet et sa cause sont déterminés et motivés par l'attitude du défendeur en cours
de procès. On admet que pareille demande ne constitue pas une demande nouvelle
mais accessoire.
D. La demande provisionnelle
E. La demande reconventionnelle
1. Notions élémentaires
Exemple : A... introduit une action en justice contre B..en vue de lui
réclamer paiement d'une somme de 100 millions de FC. En cours d'instance, B...
parvient à prouver que A... est son débiteur à concurrence de 50 millions de FC. Il
introduit une demande reconventionnelle en vue de faire condamner A... à lui payer
50 millions de FC. En réalité, la demande reconventionnelle de B... tend à réduire la
demande principale par compensation puisque finalement par ce mode d'extinction
des obligations, A... ne pourra plus réclamer à B... que 50 millions de FC et non les
100 millions de FC qui constitue l'objet primitif de sa demande introductive100.
Toute personne a libre accès au prétoire et chacun peut introduire une action
en justice aussi fantaisiste soit-elle.
Cette demande peut être introduite par le défendeur en cours d'instance et est
par conséquent reconventionnelle.
100 Léo 9 sept. 1941; RJCB 1941,p. 207; Elis. 13 avril 1946, RJCB 1946, p. 90, Elis. 10 décembre
1955, RJCB 1956. p.106. Léo 9 sept. 1941; RJCB 1941,p. 207; Elis. 13 avril 1946, RJCB 1946, p. 90, Elis. 10
décembre 955, RJCB 1956. p.106.
101 Articles 181 et 182, livre III du code civil congolais.
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intenté l'action principale avec mauvaise foi ou une insouciance tellement grossière
qu'on peut l'assimiler au dol102. II ne suffit donc pas que l'action principale soit
déclarée mal fondée par le tribunal pour que le juge
alloue reconventionnellement des dommages-intérêts au défenseur.
Elle peut donc être prise en considération par le tribunal sans devoir
répondre à deux des conditions essentielles exigées pour l'admission des demandes
reconventionnelles ordinaires.
F. L'intervention
1. Définition et notions générales
L'intervention est l'acte par lequel un tiers qui n'était pas originairement
partie dans une instance judiciaire s'y présente ou est appelé à y prendre part et y
faire valoir ses droits. Le code de procédure civile congolais est muet sur cette
notion. La faculté d'intervention repose sur une nécessité non seulement de pratique
judiciaire mais encore d'équité, elle est fondée sur une tradition constante. Aussi, les
tribunaux congolais ont-ils considéré que le droit d'un tiers d'intervenir dans un
procès pendant entre d'autres personnes ou le droit pour les parties litigantes de faire
intervenir ce tiers découle des principes généraux du droit104. Devant le silence de la
loi, la Jurisprudence s'inspirera du droit belge pour y puiser des principes.
• l'intervention volontaire;
• l'intervention forcée;
102 Elis. 6 novembre 1915, Jur. Col. 1926, p. 169 avec note; MInst. Léo 9 déc. 1926, Jur, Kat. III, p.122, Léo 17 août
1926, Jur.Col.1929, p. 139 avec note, Léo 12 oct.1926.Jur. Col. 1929 p. 145 avec note, Léo 22 juillet 1930, Jur. Col.
1932p. 103 avec note, Elis. 18 juin 1932, R.J.C.B. 1932, p 311.1° Inst. Elis, 31nov 1930. RJCB 1934, p. 131; Elis. 30
mai 1944, RJCB 1945, p. 4; Elis. 22février 1947. RJCB 1947, p. 176.
103 1" Inst Léo 29 juillet 1925, RJCB 1933,p.156: Elis. 20 mai 1944, RJCB 1944, p. 211.
104 Elis. 28 mai 1936, RJCB 1936, p. 288: Elis, 20 mars 1937, RJCB 1937, p. 165.
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ii.L'intervention volontaire
Exemple : X... signe une reconnaissance de dette à Z... pour un prêt qu'il a
reçu. Z... doit lui- même effectuer un paiement à y .... et comme il ne dispose pas de
fonds nécessaires, il cède à Y.. la reconnaissance de dette que lui a remise X.,. Y...
intente une action en justice contre X... sur base de la reconnaissance cédée. X...
prétend qu'il s'est libéré et ne doit rien Z... a le plus grand
intérêt à intervenir dans le procès pour appuyer l'action de Y... et démontrer que c'est
à tort que X
prétend s'être libéré ou qu'il ne doit rien.
Pour que l'intervention volontaire soit admise par le tribunal, il faut que le
tiers démontre qu'il a un intérêt actuel à agir. Dans certaines conditions, la
jurisprudence admet un intérêt éventuel du tiers.
En réalité, le tribunal apprécie souverainement si le tiers a ou non un intérêt
à agir105.
Il faut en outre, pour pouvoir intervenir volontairement être tiers au procès,
d'éviter les contrariétés de jugement et de hâter la solution des litiges106.
II y a intervention forcée lorsque le tiers est assigné par l'une de deux parties
à la cause
(généralement le défendeur).
Exemple : Contrat de vente d'immeuble entre deux particuliers par acte sous
seing privé. En vertu de l'article 37 livre II du Code civil congolais « les mutations
entre vifs ne s'opèrent que par un nouveau certificat d'enregistrement » dressé par le
Conservateur des Titres Fonciers ; supposons que le vendeur refuse de comparaître
devant le Conservateur des Titres Fonciers pour établir le certificat. L'acheteur n'aura
donc d'autres possibilités que d'assigner le vendeur pour exiger que le certificat soit
passé par le Conservateur nonobstant le refus de ce dernier d'accepter
l'enregistrement.
Pour nous, il semble plus exact d'y voir un rapport d'origine légale. En effet,
la conception contractuelle a une origine romaine puisqu'on droit romain
lalitiscontestatioétait considérée comme une sorte de contrat entre les plaideurs dont
l'effet était de les soumettre à l'obligation de subir le cours de l'instance et d'être
jugés. C'était ce contrat qui innovait le droit initial du demandeur afin d'obtenir
jugement. Ainsi, dans ce sens, s'il était vrai que le demandeur ne peut plus se désister
de sa demande après l'échange de premières conclusions sans l'accord du défendeur;
l'origine de son action ne se trouve pas pour autant dans un contrat passé avec
l'adversaire mais dans le fait qu'il lui est interdit de se faire justice à lui-même d'une
part et d'autre part, il n'a pas d'autres moyens d'obtenir satisfaction que d'agir en
justice.
A. Notions
Il s'agit, en d'autres, de tout moyen qui tend à faire rejeter comme injustifiée,
après examen au fond du droit, la prétention de l'adversaire. C'est donc par ce
procédé que le défendeur va combattre directement l'action en justice dans son
fondement même. Il va tenter de la faire rejeter par le juge. C'est le moyen de défense
le plus couramment employé.
Il est admis que ta défense au fond peut être présentée à tout auteur de la
procédure, au premierdegré, au degré d'appel et même en cassation dans la mesure où
elle ne constitue pas un moyen nouveau.
A. Notions
Les exceptions sont des moyens par lesquels le défendeur, sans contredire le
droit lui-même, tient l'action du demandeur en échec jusqu'à ce qu'un certain délai
soit expiré ou une formalité déterminée accomplie. L'exception est donc un moyen
opposé par le défendeur et non une
demande nouvelle, elle ne contredit pas directement le droit sur lequel l'action est
basée.
B. Sortes
a. L'exception
d'incompétence
b. L'exception de litispendance
c. L'exception de connexité
opèrent le
renvoi de l'une à l'autre.
Les exceptions dilatoires sont celles dont l'objet direct et immédiat est
d'obtenir un délai ou un sursis momentané à la procédure en cours. L'on peut citer à
titre illustratif :
a. L'exception de garantie
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Celui qui est obligé de venir défendre un autre est le Garant: celui qui est
défendue et appelle en garantie s'appelle le Garanti L'action en garantie peut l'être
intentée :
L'action en garantie intentée à titre incident présente des avantages car elle
est moins lente, elle entraîne moins de frais.
118 RJCB. 1949, p. 94; Stan, 28/10/1949, RJCB, 1950, p. 149; Elis. 31/12/1949, RJCB. 1950, p. 95; Elis. 7/2/1950,
RJCB. 1950, p. 134; 1° Inst. Stan. 21/6/1952, RJCB. 1954, p. 98; 1° Inst. Elis. 31/1/1952, RJCB. 1952, p. 262; Léo
3/6/1953, RJCB 1953, p. 277; Elis. 13/9/1955, RJCB, 1955, .p.370: Elis. 29/3/1955, RJCB 1955, p. 197.
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Le décret du 7 mars 1960 se montre très strict dans la lettre des termes
employés : il exige que l'assignation soit faite dans le délai fixé et que l'autorisation
d'invoquer l'exception de garantie soit accordée le jour de la première comparution, la
sanction étant que l'action principale sera Jugée séparément de la demande en
garantie.
Toutefois, il s'agit d'un principe général de droit qui est applicable en R.D.C
en vertu de l'équité qui exige qu'aucun document, ou dossier ne peut être déposé à
l'appui d'une action ou d'une défense en justice sans qu'il ait été porté à la
connaissance de toutes les parties en cause. On ne concevrait pas que le défendeur
puisse combattre l'action Judiciaire lui intentée et répondre aux moyens invoqués par
son adversaire dans l'exploit introductif d'instance s'il n'a pas eu connaissance des
documents sur lesquels l'action est basée. Il en est de même des documents produits
par le
défendeur et dont le demandeur n'aurait pas eu connaissance. Lorsque la partie à qui
la
communication des pièces est demandée n'y procède pas spontanément, son
adversaire oppose
l'exception de communication de pièces qui oblige le tribunal à suspendre l'instance
tant que la
communication n'est pas faite. Il y a donc en l'espèce, comme dans les autres
exceptions que nous
avons examinées, un obstacle momentané qui empêche l'examen du fond de la
contestation.
Remarquons que cette exception peut être invoquée tant par le demandeur que par le
défendeur.
Tout dépend de savoir si c'est l'une ou l'autre de deux parties qui refuse la
communication.
Notons que la partie n'est pas tenue de communiquer toutes les pièces qui se
rapportent au litige mais uniquement celles dont elle compte se servir pendant la
cours de l'instance et sur lesquelles elle base son argumentation.
que doivent être communiquées les pièces dont les parties veulent faire état au moins
trois jours francs avant l'audience où la cause sera appelée119.
A. La notion de fin de
recevoir
119 Article 29 du Règlement intérieur des cours et tribunaux. Article 29 du Règlement intérieur des cours et tribunaux.
120 A. Rubbens : Le droit judiciaire congolais, Tome I. Le pouvoir d'organisation et la compétence judiciaire organisée
à Paris 1970 n°96.
La règle de principe est que les fins de non-recevoir peuvent être proposées :
« en tout état de cause », y compris après une défense au fond. Par ailleurs, l'on doit
noter que la partie qui
invoque une fin de non-recevoir n'a pas à justifier d'un grief.
Le juge a le pouvoir de relever d'office certaines fins de non-recevoir. Il en a
l'obligation quand les fins de non-recevoir ont un caractère d'ordre public. Ainsi le
juge peut relever d'office la fin de non-recevoir tirée du défaut d'intérêt pour agir, car
c'est l'application de la règle, « pas d'intérêt, pas d'action ». Chaque fois que le juge
soulève d'office une fin de non-recevoir, il doit au préalable provoquer l'explication
des parties.
Pour ester en justice, il faut avoir une existence légale ainsi une action ne
peut être dirigée contre une personne décédée si le décès intervient en cours
d'instance, celle-ci peut être reprise par les ayants droit. A défaut de reprise
volontaire de l'instance, il y a lieu de réassigner les héritiers. Il en va de même pour
les personnes morales une association ou une société qui n'a pas ou qui n'a plus la
personnalité juridique ne peut être partie dans un procès;
En principe toute personne a qualité pour ester en justice en son propre nom,
les incapables ne peuvent cependant agir que par la personne qui a qualité pour les
représenter en justice. La personne morale par la personne physique qui a qualité
pour agir comme organe de la personne morale.
Une personne qui comparait pour une autre sans accord de cette personne et
sans être mandatée pour la représenter se verra opposer une fin de non-recevoir, faute
de qualité.
Cette fin de non-recevoir peut être postulée par toute personne intéressée,
elle doit être soulevée par la résistance et retenu d'office par le tribunal en tout état de
cause.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 86
123
§3. Les fins de non-récevoir
La règle de principe est que les fins de non-recevoir peuvent être proposées :
« en tout état de cause », y compris après une défense au fond. Par ailleurs, l'on doit
noter que la partie qui
invoque une fin de non-recevoir n'a pas à justifier d'un grief.
Le juge a le pouvoir de relever d'office certaines fins de non-recevoir. Il en a
l'obligation quand les fins de non-recevoir ont un caractère d'ordre public. Ainsi le
juge peut relever d'office la fin de non-recevoir tirée du défaut d'intérêt pour agir, car
c'est l'application de la règle, « pas d'intérêt, pas d'action ». Chaque fois que le juge
soulève d'office une fin de non-recevoir, il doit au préalable provoquer l'explication
des parties.
Pour ester en justice, il faut avoir une existence légale ainsi une action ne
peut être dirigée contre une personne décédée si le décès intervient en cours
d'instance, celle-ci peut être reprise par les ayants droit. A défaut de reprise
volontaire de l'instance, il y a lieu de réassigner les héritiers. Il en va de même pour
les personnes morales une association ou une société qui n'a pas ou qui n'a plus la
personnalité juridique ne peut être partie dans un procès.
En principe toute personne a qualité pour ester en justice en son propre nom,
les incapables ne peuvent cependant agir que par la personne qui a qualité pour les
représenter en justice. La personne morale par la personne physique qui a qualité
pour agir comme organe de la personne morale.
Une personne qui comparait pour une autre sans accord de cette personne et
sans être mandatéepour la représenter se verra opposer une fin de non-recevoir, faute
de qualité.
Cette fin de non-recevoir peut être postulée par toute personne intéressée,
elle doit être soulevéepar la résistance et retenu d'office par le tribunal e en tout état
de cause.
Toute demande de droit privé qui est introduite au greffe, est portée au rôle
général. Le greffier lui donne un numéro d'ordre et indique l'audience à laquelle la
cause pourra être introduite. Les demandes additionnelles ou reconventionnelles, font
l'objet d'une inscription distincte au rôle
général; le tribunal peut en ordonner éventuellement la jonction. Le greffier tient a
jour le rôle général en y indiquant les diverses dispositions prises par le tribunal par
Dans le souci d'éviter que L'envoi des causes au rôle général en puisse
bloquer la bonne
administration de la justice, le règlement intérieur des cours et tribunaux prévoit qu'a
la première
audience du mois de novembre de chaque année, le premier Président de la Cour
d'appel et le
Président du Tribunal de Grande Instance précèdent a l'appel des causes portées au
rôle général en
matière de droit privé, administratif, fiscal ou du travail. Les affaires terminées par
transaction ou
autrement et dont les juridictions se trouveraient dessaisies; celles dans lesquelles tes
parties ne se
présentent pas, refusent fixation du jour pour conclure et plaider ou demandent le
maintien au rôle
général sont radiées.
C'est la relève faite par le greffier de toutes les causes qui doivent être
entendues à la même audience, soit comme affaires nouvelles soit à la suite de
remises ou d'avenir. Il est affiche a l'entrée principale du tribunal.
A. Généralités125
L'on doit noter que les incidents peuvent surgir tout au long du procès ; aux
différents degrés de juridiction et jusque dans l'exécution du jugement.
L'on doit distinguer ici les incidents d'audience, les incidents de fond ou
actions incidentes et les incidents de procédure.
- Les incidents d'audience sont des troubles de fait, qui ne sont pas des
actes juridiques, bien que leur sanction puisse affecter la procédure.
- Les actions incidentes sont des demandes qui viennent altérer la saisine
des juges, soit en modifiant l'objet, la cause ou les parties du litige, ce genre
d'incidents est qualifié d'incidents de fond.
- Les incidents de procédure sont aussi appelés incidents proprement dits:
ce sont des demandes qui, sans modifier ni l'objet ni la cause ni les parties au procès,
posent un problème dont la solution commande la marche du procès, la décision de
cause ou la vie de l'instance. Ce sont par exemple les fins de non-recevoir, les
questions préjudicielles, la récusation des juges, le désaveu du mandataire, les
exceptions, etc. 126
Ce sont pour la plupart des incidents d'audience; il s'agit des incidents qui
peuvent accidentellement interrompre ou retarder la marche sereine du procès mais
sans qu'il soit nécessaire que le tribunal intervienne par jugement ou par décision
administrative formelle, il va simplement organiser les audiences en exerçant la
police d'audience. Parmi ce' genre d'incidents, nous allons en examiner quelques-uns
uns de plus significatifs127 :
a. Le rappel à l'ordre de l'assistance, des parties ou de leurs conseils.
S'agissant des avocats, le président pourrait ordonner au greffier d'acter les
remarques faites afin d'établir une preuve de faits qui pourraient donner lieu à une
action disciplinaire. Les rappels à l'ordre adressés au public ou aux parties qui
aboutissent à une suspension d'audience, à l'évacuation de la salle d'audience,
peuvent être notée à la feuille d'audience.
b. Les remises d'audience, sont simplement actées à la feuille d'audience
lorsqu'elles ont lieu de manière consensuelle; mais lorsque les parties ne sont pas
d'accord, certains tribunaux rendent un jugement, cependant le président a le pouvoir
d'en décider, sans être lié à aucune formalité.
c. La suspension d'audience.
d. Les donné-acte d'audience. Exemple sur un choix d'experts.
Le serment litis décisoire est un défi lancé par une partie à son
adversaire et par lequel elle lui propose de mettre fin au litige en relevant l'offre de
prêter serment. Si l'offre est acceptée, le juge doit se borner à
prendre acte des faits affirmés sous serment et formuler en conséquence son
jugement qui se borne à donner force exécutoire à la solution que les parties ont
déterminée par serment.
Le serment supplétoire ne peut être déféré que par le juge à l'une des
parties : le juge y recourt lorsqu'un fait n'est pas pleinement établi et qui n'a pas
d'autre moyen de lever le doute.
Les parties peuvent demander des mesures provisoires qui peuvent être de
trois natures :
il y a des mesures provisoires qui ont caractère conservatoire (tels les
scellés, les séquestres).
il y a des mesures provisoires qui ont un caractère provisionnel (à valoir
sur la demande) ;
il y a des mesures provisoires qui ont un caractère accessoire au procès.
a. Incidents de procédure
Quelques exemples
La demande incidente de nullité. Cette demande peut porter sur l'acte
introductif d'instance.
Exemple : assignation, acte d'appel, acte d'opposition. Si le tribunal y fait
droit, la demande peut aboutir à mettre fin à l'instance. Si la demande porte sur un
autre acte de procédure, en y faisant droit, le tribunal met cet acte à néant et en efface
tous les effets tout en demeurant saisi de la cause.
A la demande de nullité, est lié le désaveu de l'avocat.
Le désistement et les demandes de délai. Généralement, le greffier se
borne à acter l'accord des parties, cependant un jugement sera nécessaire s'il y a
contestation.
Les demandes de dessaisissement du tribunal (exception déclinatoire de
compétence, exception de litispendance ou de connexité), les demandes de récusation
d'un Juge ou de l'officier du Ministère Public : doivent être vidées par un jugement
définitif.
b. Incidents de fond
La récusation peut être définie comme l'incident soulevé par une partie qui,
sans s'opposer à la saisine de la juridiction prétend faire écarter un juge qu'elle
suspecte de partialité envers l'un des plaideurs. En raison de sa gravité, la loi en
définit strictement le domaine et la procédure. Cette matière a été étudiée en
procédure pénale et est réglementée par les articles 49 à 59 de la loi organique de
2013 sur l’OCJ.
Le renvoi d'une cause à une autre juridiction. Le renvoi peut être fondé soit
sur une cause de suspicion légitime soit sur une cause de sûreté publique. Cette
matière, est régie par les articles 61 et 62 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ.
Interruption de l'instance
La suspension de l'instance
d'événements peuvent amener le juge à surseoir à statuer, l'on peut citer à titre
illustratif, l'existence d'une question préjudicielle, l'inscription en faux, le
ressentions. Mention spéciale doit être faite de l'adage : « Le criminel tient le civile
en état » : Les juridictions civiles saisies d'une cause connexe avec une affaire
répressive, doivent surseoir à statuer jusqu'à ce que le procès pénal soit vidé. Mais la
surséance suppose que les poursuites soient effectivement entamées et que le juge
civil se trouve dans l'impossibilité de se prononcer sur la demande civile sans
préjuger de la responsabilité pénale. En toute hypothèse, le cours de l'instance est
poursuivi à l'initiative des parties par voie de conclusion ou à la diligence du Juge.
C. La radiation
129
Section 4 : L’instruction de l'affaire
§1. Notion
L'instruction de l'affaire est une étape qui a pour objet de mettre l'affaire en
état d'être jugée. Le plus souvent, c'est au cours de l'instruction que les parties vont
préciser l'objet du litige dans leurs conclusions respectives, surtout c'est au cours de
l'instruction que les parties vont échanger entre elles et faire connaître au juge les
éléments de fait sur lesquels elles fondent leurs prétentions.
L'on doit bien se rendre compte du fait qu'il est extrêmement rare qu'une
affaire puisse être plaidée et jugée dès la première audience. Dans la plupart des cas
il est nécessaire de procéder à une instruction pour que l'affaire soit en état d'être
jugée, le tribunal puisse; trouver tous les éléments nécessaires à son information.
Dans la procédure civile française existe un Juge de la mise en état dont la
mission générale est de veiller ou déroulement loyal de la procédure, spécialement à
la ponctualité de l'échange de; conclusions et de la communication des pièces pour ce
faire, le juge peut entendre les avocats et leur faire toute communication utile, il peut
entendre les parties et les inviter à mettre en cause tous les intéressés dont la
présence lui paraît nécessaire à la solution du litige enfin, il peut fixer les délais
nécessaires à l'instruction de l'affaire, par exemple pour conclure. Si le défaut de
diligence est le fait d'une seule partie, il peut prononcer une ordonnance de clôturer
et décider le renvoi de l'affaire à l'audience des plaidoiries.
Et si le défaut de diligence est le fait de toutes les parties, il peut d'office
pendre une ordonnance de radiation motivée, qui dessaisit le tribunal.
Si, après ces trois remises, la cause n'est toujours pas en état il ne peut être
accordé de nouvelle remise qu'avec l'autorisation du Président de la juridiction. A
défaut, le juge doit passer outre la demande de remise et retenir la cause ou ordonner
le renvoi au rôle général. Dans ce dernier cas, le greffier est tenu d'aviser directement
les parties de la défaillance de leurs mandataires et des conditions auxquelles la
cause pourra revenir à l'audience.
Les pièces sont les documents qui permettent aux parties d'établir la preuve
des faits qu'elles allèguent à l'appui de leurs prétentions.
II s'agit ici des pièces qui ne sont pas encore dans le débat. Car elles n'ont
pas été invoquées au soutien d'une prétention, mais dont une partie connaît
l'existence. Mais ces pièces ne sont pas en sa possession, elles sont détenues par
l'autre partie ou par un tiers. Le problème est de savoir si et comment elle peut
obtenir qu'elles soient versées au débat. Si la pièce se trouve entre les mains de la
partie adverse, en vertu du principe de la loyauté du débat juridique qui exige que les
partiescollaborent à la recherche de la vérité, le juge peut en conséquence, sur
requête de la partie
intéressée, ordonner à une partie de produire les documents qu'elle détient. C'est
l'action ad
exhibendum. Si les documents se trouvent aux mains de tiers (privé ou officiel) et
qu'ils sont utiles
pour la révélation de la vérité, le juge peut, par un jugement appelé le compulsoire,
ordonner leur
dépôt, toutefois les détenteurs gardent le droit de les retenir s'ils sont liés par le secret
professionnel
ou, pour te Ministère public, si l'ordre public s'oppose à la communication.
a. La vérification d'écriture
b. L'inscription en faux
Si une partie veut faire établir qu'une pièce est fausse (faux matériels ou
faux intellectuel) dans des actes authentiques, elle n'a actuellement d'autres
possibilités que d'en saisir la juridiction pénale compétente, après condamnation, elle
pourra faire rejeter la pièce arguée de faux.
Le juge n'aura pas égard aux documents dont l'écriture a été controversée, et
aux documents qui auront été jugés faux. Il rejettera également des débats toute pièce
que les parties se seraient illégalement procurées par vol, violences, corruption ou en
violation du secret professionnel.
1. Notion
Les mesures d'instruction sont les mesures ordonnées par le juge, à la demande d'une
partie
d'office, afin d'établir les faits dont dépend la solution du litige.Les mesures
d'instruction sont des modes d'administration judiciaire de la preuve qui ont pour
objet d'établir la réalité des faits nécessaires, au succès d'une prétention lorsque ces
faits allégués par l’une des parties sont contestés par l'autre et que, la partie qui les
allègue ne dispose pas de pièces qui suffisent à les prouver.
et réponses faites, etc. Le jugement peut être prononcé sur les lieux sans désemparer.
Le procès-verbal de la visite dressé par le greffier est signé par le juge et le greffier,
il est également signée par l'expert, dont la signature est précédée du serment suivant
: « je jure que j'ai rempli ma mission en honneur et conscience, avec exactitude et
probité (art. 48 du c. p. c.).
b. Les enquêtes
Les témoins doivent être assignés dans les délais d'assignation mais les
parties peuvent les inviter à comparaître volontairement (art.32 du Code de
Procédure Civile). L'assignation détermine le lieu, jour et heure où se tiendra
l'enquête et indique l'objet de celle-ci, sans mentionner les faits dont la preuve est
ordonnée (art. 32 Code Procédure Civile). Les témoins sont entendus séparément
enprésence des parties si elles comparaissent. Avant son audience, chaque témoin
déclare ses noms professions, âge et demeure, s'il est parent ou allié de l'une des
parties, s'il est au service de l'une d'elles; le témoin prête serment à peine de nullité.
Le serment est ainsi conçu : « je jure de dire toute la vérité, rien que la vérité » (art.
33 Code de Procédure Civile). Le juge, au cours des enquêtes, peut confronter ou
réentendre les témoins et ce à la demande de l'une des parties ou d'office. Le témoin
dépose sans qu'il lui soit permis de ne lire aucun projet écrit. La déposition est
consignée dans un procès-verbal tenu par le greffier, et il lui est demandé s'il y
persiste s;il requiert taxe. La déposition est signée par le témoin, le juge et le greffier,
le procès-verbal mentionne si le témoin ne veut ou ne peut signer, il indique aussi la
taxe allouée par le juge (art. 34 du Code de Procédure Civile).
Les témoins défaillants peuvent être condamnés à une amende qui ne peut
dépasser 1000 zaïres ils sont éventuellement assignés à cours frais. Si des témoins
réassignés sont encore défaillants, ils peuvent être condamnés à une nouvelle amende
qui n'accède pas 5000 Zaïres et le juge peut décerner contre eux un mandat d'amener
(art. 35 Code de Procédure Pénal). Le témoin qui Justifie pourquoi il n'a pu se
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 102
présenter au jour indiqué est déchargé par te juge de l'amende et des frais de
réassignation (art. 36 du Code de Procédure Civile).
Les tribunaux congolais peuvent aussi commettre des juges étrangers, ils ne
peuvent toutefois exécuter des commissions des juges étrangers qu'avec l'autorisation
du Ministre de la Justice (art. 38 Code de Procédure Civile), Le juge commis peut
proroger les enquêtes, si cela s'avère nécessaire; mais le juge de l'action peut passer
outre s'il y a manifestement manœuvre dilatoire dans le chef d'une partie.
c. Les expertises (art. 39 à 45 du Code de Procédure Civile).
Les experts ne forment qu'un seul avis à la pluralité des voix et ne dressent
qu'un seul rapport en cas d'avis divergents, ils indiquent les motifs de divers avis,
sans faire connaître l'avis personnel de chacun d'eux (art. 42 du Code de Procédure
Civile). Le rapport est signé par tous les experts sauf empêchement constaté par le
greffier au moment du dépôt de ce rapport. Si les experts ne savent pas tous lire, le
rapport est écrit et signé par le greffier. La signature des experts est précédée du
serment « je jure que j'ai rempli ma mission en honneur et conscience avec
exactitude et probité » (art. 42 du Code de Procédure Civile).
L'arbitre rapporteur n'est pas choisi par les parties mais désigné par le
tribunal. Mais une partie peut conclure au recours à ce mode de procédure tout
comme tes parties peuvent conclure dans le même sens, allant jusqu'à proposer des
noms des arbitres rapporteurs. Le rôle de l'arbitre-
rapporteur est bien différent de celui de l'expert et de l'arbitre. L'arbitre-rapporteur est
choisi pour ses connaissances techniques mais son rôle ne se borne pas à fournir des
renseignements d'ordre
f. L'aveu134
Les déclarations que fait spontanément une partie devant un juge au cours
d'une audience (mitant du litige auquel se rapportent ses dires constituent l'aveu
judiciaire. Valent également aveu judiciaire les réponses que fournit une partie
convoquée en comparution personnelle. L'aveu est indivisible.
1. Le serment supplétoire135
C'est une variété de serment judiciaire qui consiste en une déclaration faite
par une partie à l'instance en vue d'établir la preuve des faits litigieux. Ce serment est
dit supplétoire ou supplétif ou d'office; il a pour objet particulier de suppléer
l'insuffisance des éléments de preuve dont dispose le juge, il s'agit d'un moyen
supplémentaire d'information dont l'emploi et l'appréciation sont laissés à la
discrétion du juge.
Seul le juge peut proposer le serment mais les parties peuvent suggérer d'y
recourir, dans ce cas, le juge apprécie souverainement l'opportunité de cette
procédure. C'est par jugement qu'est ordonné ce serment, le jugement énonce les faits
sur lesquels celui-ci sera reçu et fixe l'audience à laquelle il sera prêté. La partie prête
serment en personne et à l'audience. En cas d'empêchement légitime dûment
constaté, le serment peut être prêté en la demande de la partie chez laquelle le juge se
transporte assisté de son greffier. Si la partie à laquelle le serment est déféré est trop
éloignée, le
juge peut ordonner qu'elle prête serment devant une juridiction du lieu de sa
résidence. Le serment
est prêté en la présence de l'autre partie ou celle-ci est avisée par lettre recommandée
du greffier.
Lorsque le juge défère le serment supplétoire, il est lié par la solution que la réponse
au serment lui
impose la partie à laquelle est déféré le serment ne peut le référer à la partie adverse.
C'est un défi lancé par une partie à son adversaire et par lequel elle lui
propose de mettre fin au litige en relevant l'offre de prêter serment. Si l'offre est
acceptée, le juge doit se borner à prendre acte des faits affirmés sous serment et
formuler en conséquence son jugement qui se borne à donner force exécutoire à la
solution que les parties ont déterminée par le serment. C'est en son
nom un jugement d'expédient comme si les parties avaient conclu une transaction. Le
juge doit
veiller à ce que le serment porte sur un fait et sur sa qualification et que ce fait
déterminant pour la
solution d'un litige, s'il n'en est pas ainsi, le juge n'autorise pas la prestation du
serment
litisdécisoire.
La publicité des débats qui est un principe directeur du procès signifie que
le public doit être admis à l'audience des plaidoiries. Elle ne peut être écartée que
dans les cas prévus par la loi. C'est notamment le cas lorsque les débats ont lieu en
chambre du conseil, car alors il est procédé hors la présence du public. Nous pouvons
citer deux exemples :
o Lorsque l'un époux prétend que l'autre a manqué à ses devoirs, le
président du tribunal de paix saisi par une requête, tentera en chambre du conseil, de
concilier les époux: si la conciliation aboutit, le président acte par voie d'ordonnance,
l'accord des parties (art. 460 alinéa 1 du Code de la famille).
o En cas de demande dévouée, le président du tribunal de paix tiendra
d'instance de conciliation a huis clos (art. 559 à 562 du Code de la famille).
Les débats ont lieu au cours d'une audience que l'on appelle "audience des
plaidoiries" et ceci pour éviter toute confusion avec les « audiences de procédure «
ou » de mise en et « qui se tiennent durant l'instruction ».
C'est le président de la chambre qui fixe la date des débats avec comme
conséquence que l'affaire devra être plaidée à la date indiquée. L'avocat absent ne
pourra que déposer son dossier sans le plaider. Mais il est toujours possible de
solliciter du juge une « remise » de l'affaire- et son « renvoi »à une audience
ultérieure des plaidoiries; si l'avocat justifie d'un motif légitime, cette demande peut
même émaner conjointement des parties, mais la décision de renvoyer est une
mesure d'administration judiciaire qui est de la discrétion du juge.
Les débats sont ouverts au jour fixé, mais ils peuvent se poursuivre au cours
d'une audience ultérieure. A partir de ce moment, l'instance ne peut être interrompue,
la composition du tribunal ne peut être modifiée et que toute irrégularité dans la
composition de la juridiction doit être soulevée à faire d'irrévocabilité.
Les juges, éclairés sur les faits, soit par production des dossiers soit par les
procédures
probatoires qu'ils ont organisées doivent appliquer le droit aux faits tels qu'ils leur
apparaissent pour vrais dans leur intime conviction.
Les parties ont cependant la faculté de présenter les faits aux juges sous
l'angle qui leur paraît le plus favorable à leur thèse. Elles peuvent faire un exposé
écrit de leur raisonnement juridique en fait et en droit. Ce sont les conclusions. Elles
peuvent en faire un exposé verbal : c'est la plaidoirie.
Les conclusions des parties sont formulées comme un raisonnement
juridique :
1. En fait
o Pour le demandeur : en exposant les faits qui ne sont pas controversés,
en établissant les faits controversés.
o Pour le défendeur : en renversant ou en ébranlant les preuves apportées à
l'appui des faits contestés ou encore en établissant d'autres faits qui viennent
contredire ceux évoqués par le demandeur.
2. En droit
o Pour le demandeur : en exposant ou (en mentionnant) les règles de droit
applicables en offrant des interprétations favorables à la thèse soutenue en montrant
que les faits tels qu'ils sont établis sont vides ou couverts par ces règles de droit en
recherchant les conséquences qui en découlent.
o Pour le défendeur : en démontrant que les faits ne tombent pas sous le
coup de telle règle et éventuellement en invoquant une autre règle.
3. Dispositif
En proposant au tribunal une conclusion, décision découlant logiquement de
l'exposé en fait et en droit. Il est d'usage de libeller les conclusions en forme
"d'attendre que" et d'introduire le dispositif par « Par ces motifs, plaise au tribunal ».
Mais ce formalisme ne constitue pas l'essentiel qui est de présenter un à un ses
motifs, en fait et en droit et de dégager suivant la dialectique juridique, la prétention
qu’on formule, comme aboutissement de son raisonnement.
sont signées par les parties; les avocats peuvent signer les conclusions enqualité de
mandataires de leurs clients. Certains avocats demandent à leurs clients de signer les
conclusions afin de prévenir un désaveu.
Notons que les parties ne sont pas obligées de formuler des conclusions ;
e/tes peuvent s'en remettre à la prudence du tribunal ou déclarer expressément s'en
référer à justice.
Ce sont les commentaires oraux des conclusions que les parties ou leurs
avocats peuvent faire. C'est le genre littéraire qui peut recourir à l'art de la rhétorique
pour entraîner la conviction, car il s'agit de persuader le juge et de ramener son
sentiment à celui de l'orateur.
Il intervient par voie d'action lorsqu'il agit comme partie principale, c'est-à-
dire qu'il a le pouvoir d'assigner et a qualité à être assigné comme une véritable partie
qui agit en demande ou en défense.
Il intervient par voie d'avis lorsqu'il fait connaître son avis sur l'application
de la loi dans une affaire dont il a communication.
§1. Terminologie :
or on ne peut concevoir qu'une partie, même appelée jointe, puisse être récusée140.
Même en France, l'on considère que le Ministère Public intervient par
voie d'avis, il se comporte comme « commissaire de la loi » et en tant que tel, il
apparaît moins alors comme une partie que comme un magistrat, indépendant du
juge, mais dont la fonction est d'éclairer ce dernier en lui donnant un « avis » sur la
façon dont la loi devrait être appliquée à la cause débattue entre les parties141.
Lorsque le Ministère Public intervient par voie d'avis, il n'a pas à
accomplir des actes de procédure quels qu'ils soient ; ce qui n'est pas la situation
normale d'une partie, fut-elle dite jointe142.
Audience des plaidoiries, le Ministère Public prend la parole en dernier
après que les parties au procès aient été entendus en leurs plaidoiries ou en leurs
observations. Les parties n'ont pas le droit de répliquer. C'est bien la preuve que le
ministère Public n'est pas parti au procès.
Les parties au Procès peuvent être amenées, malgré la clôture des débats,
à répondre aux arguments développés par le Ministère Public qui prend la parole en
dernier quand il donne un avis : c'est la preuve que le Ministère public se comporte
en doctrinaire dont l'avis peut influencer le tribunal dans son jugement.
Le Ministère Public qui donne un avis ne peut exercer aucune voie de
recours contre la décision qui a été rendues ; ce n'est pas ainsi que peut se comporter
une partie au procès.
Le Ministère Public n'a jamais à supporter les frais du procès étant donné
que n'étant pas partie au procès, il ne peut succomber et il échappe à la charge des
dépenses et des frais.
La lecture de l'Art. 69 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ fait voir qu'il a
trois types de communication :
la communication légale ;
la communication judiciaire ;
la communication facultative.
A. La communication légale :
140 Art 68 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ ; A. Rubbens : Op. Cit, Tome II, n°114, voir référence 210
141 Loïc Cadiet, Op. Cit, n°349
142 Loïc Cadiet, Op. Cit, n°350
143 Henry Solus et Roger Perrot: Op. Cit, n°233 à 236.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 111
B. La communication judiciaire
C. La communication facultative
§3. Procédure
Section 1 : Le délibéré
Le délibéré des juges se fait sur base des données consignées dans un
dossier qui comprend les éléments suivants :
l'assignation ;
les pièces des dossiers des parties ;
les procès-verbaux et rapports lorsqu'il y a eu enquête, descente sur les
lieux, expertise, comparution personnelle des parties, etc.
la feuille d'audience où se trouve relatée l'évolution de l'affaire ;
les conclusions écrites des parties et éventuellement l'avis écrit du
Ministère Public.
Seules les prétentions de droit formulées par les parties font l'objet du
délibéré : le tribunal vérifie si les solutions de droit qui lui sont proposées
s'appliquent, à moins que le tribunal, en application du principe « jura novitcuria »,
n'ait à faire application d'office du droit impératif.
Les juges vérifient la régularité de la demande, la compétence du tribunal, la
recevabilité de l'action et répondent aux incidents liminaires.
Les juges vident, s'il échet, les questions préliminaires, préalables ou
préjudicielles.
A la lumière des éléments consignés au dossier, le tribunal établit la vérité
judiciaire quant aux faits, il qualifie ces faits, c'est-à-dire qu'il les range dans les
catégories juridiques établies par le droit; il recherche ensuite quelles règles de droit
régissent les faits ainsi qualifiés; enfin, il fixe la solution juridique du litige et prend
les décisions qui s'imposent pour protéger ou pour restaurer le droit.
Chaque décision prise sur une contestation entre parties doit être motivée,
c'est-à-dire
comporter une justification explicite. Ainsi doivent être motivés :
le sort réservé fait aux exceptions ;
la décision en fait et en droit.
Le tribunal doit également motiver les points dont il s'est saisi d'office. En d'autres
termes, la motivation doit répondre aux moyens de la demande et de la défense pour
les accueillir ou pour
les rejeter. Lorsque le tribunal prononce une condamnation, il s'impose, d'en fixer les
mesures d'exécution délais, force exécutoire, etc.
Le tribunal se prononce aussi sur la condamnation aux frais et dépens.
Section 2 : Le jugement143
A. Interprétation du jugement
II peut arriver que le jugement soit obscur ou, qu'il y ait divergence entre les
parties, sur le sens ou la portée exacte de ce qui a été décidé par le juge. Dans ce cas,
l'art. 117 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ dispose que les cours et tribunaux
connaissent de l'interprétation de toutes décisions de justice rendues par eux. Il suffit
d'une simple requête de l'une des parties ou d'une requête commune, les parties étant
entendues ou appelées. La décision interprétative s'incorpore à la décision interprétée
et n'a donc pas d'existence autonome. Le jugement interprétatif ne peut apporter une
modification substantielle au jugement initial.
Exemple :
- erreurs de calcul
- erreurs de frappe ou d'orthographe
- oublis des chefs du dispositif
Le juge peut être saisi par une simple requête d'une partie ou par une requête
commune, le juge peut même se saisir d'office, il statue les parties entendues ou
appelées, selon ce que le dossier révèle ou selon ce gué la raison commande.
A. Les qualités
Les qualités sont rédigées par le greffier. On peut signaler qu'en France, les
qualités étaient autrefois rédigées .par les avoués après le jugement. Cela engendrait
souvent la confusion entre« qualités du jugement et la minute». C'est pourquoi en
1972, il a été décidé de supprimer les
qualités œuvres des avoués pour les confier au juge.
la motivation en fait
la motivation en droit
le dispositif qui apparaît comme la conclusion du raisonnement tenu
dans l'enchaînement des motifs en fait et en droit (art. 23 du code de procédure
civile).
Le dispositif doit toujours se prononcer sur les frais qui sont mis à la charge
de la partie
succombant, sauf s'il s'agit des frais frustratoires, qui sont des frais résultant de
vaines procédures
provoquées de mauvaise foi par l'adversaire et qui sont laissés à sa charge.
Le jugement doit aussi indiquer le nom des juges qui l'ont rendu, celui de
l'officier du Ministère Public s'il a donné son avis et du greffier qui a assisté au
prononcer et la date à laquelle le jugement a été rendu.
Les minutes du jugement sont signées par les juges qui les ont rendues et
par le greffier ; elles sont annexées à la feuille d'audience (art. 24 du Code de
procédure civil).
C. Le jugement d'expédient
II s'agit d'un jugement qui se borne à enregistrer une transaction qui est
intervenue entre les parties en donnant, si elles le demandent, force exécutoire à leur
accord.
b. Le jugement provisionnel
Dès son prononcé, tout jugement civil a l'autorité de la chose jugée qui est la
conformité à la vérité légale : doit être reconnu pour vérité ce qui est dit dans le
dispositif du jugement.
L'autorité de la chose jugée n'est pas à confondre avec la force de chose
jugée qui suppose l'absence de recours suspensif d'exécution.
L'autorité .de la chose jugée se limite en principe au dispositif du jugement.
En effet, le jugement n'a autorité de la chose jugée que relativement à la contestation
qu'il tranche, or c'est dans le dispositif qu'est tranchée la contestation, en
conséquence, les motifs du jugement ne peuvent avoir autorité de la chose jugée, les
motifs ne peuvent être décisions : en effet, la chose jugée serait incertaine s'il fallait
la déceler dans les attendus du jugement, toutefois l'on admet que l'autorité de la
chose jugée déborde parfois le dispositif du jugement pour s'attacher aux motifs qui
sont indissociables de la décision; l'on parle en ce cas des motifs qui sont « le soutien
nécessaire du dispositif, », l'on parle plus souvent « des motifs décisifs ».
Lorsque le jugement n'est plus susceptible d'aucun recours, on dit qu'il est
irrévocable ou qu'il a force irrévocable de chose jugée.
Les jugements avant dire droit ont également l'autorité de la chose jugée
mais, ils ne peuvent jamais être coulés en force de chose jugée puisque le tribunal qui
demeure saisi dispose de la faculté de revenir sur sa décision.
Les jugements définitifs sur incident acquièrent la force de chose jugée par
l'écoulement de délais de recours ou par l'acquiescement des parties.
L'autorité de la chose jugée n'est que relative, elle n'est pas opposable aux
tiers, elle ne peut nuire ni profiter aux tiers. En dehors du mécanisme de
l'intervention, le Jugement doit rester «res inter alios » à l'égard des tiers.
Si un jugement porte atteinte aux intérêts d'un tiers, celui-ci pourrait faire
rétracter ce qui a été jugé à son égard au moyen de la tierce - opposition. Il faut noter
que l'autorité de la chose jugée n'a lieu qu'à l'égard de ce qui a fait l'objet du
Jugement, il faut que la chose demandée soit la même, que la demande soit fondée
sur la même cause, que la demande soit mue entre les mêmes parties et formée par
elles et contre elles en la même qualité.
A. Défaut du demandeur
B. Le défaut du défendeur
L'option ici est de mettre fin aux manœuvres au cours desquelles tour à tour
deux ou plusieursdéfendeurs pouvaient faire défaut. L'intérêt d'une prompte justice
l'emporte sur le « droit de fairedéfaut ».
D. Le rabat du défaut
D. La dérobade du défendeur
151 Gérard CORNU et Jean FOYER : Procédure Civile, Presses Universitaires de France, Paris, p. 458 (état de
question)
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Cette jurisprudence est donc périmée depuis le Décret de 1960 portant Code
de Procédure Civile.
152 (Léo, 24 mars-1924, Doct. & col. 1927, p. 185 contra 1è inst. Elis., 9avril 1920, R.J.C.B. p. 142, 1è. Inst. Léo 24
juillet 1929 R.J.C.B. p 1421e. Inst. Léo 24 juillet 1929, R.J.C.B. 1920 P. 172
Léo 18 août 1955, J T.O.M., 1956.
153 Léo 1 déc. 1956 J.T.O.M. 1958, p. 51 ; Elis 19 février 1964. B.J., p. 86.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 125
II faut que d'une manière ou d'une autre il apparaisse qu'une partie était
défaillante.
La formule .consacrée est : " x .... Régulièrement assigné ne comparaissant
pas ni personne pour lui". Si c'est le demandeur qui fait défaut on mentionne : "ayant
fait assignation à comparaître ce jour, mais rie .comparaissant pas ni personne pour
lui". Il convient qu'avant le dispositif le tribunal mentionne : « Le tribunal statuant
par défaut » au lieu de « Le tribunal statuant contradictoirement ».
La formule peut être aussi : « statuant contradictoirement à l'égard de .... Ou
par défaut à l'égard de.... « Ou encore « le tribunal statuant en un jugement réputé
contradictoire à l'égard de tous les défendeurs »....
Le jugement par défaut est un jugement parfait s'il est définitif, il dessaisit le
juge, il a autorité de chose jugée; il donne à la partie qui a obtenu jugement le
pouvoir de l'exécuter.
Il ne diffère du jugement contradictoire que par le seul fait qu'il est susceptible d'un
recours spécial
par voie de rétractation : l'opposition.
Section 4 : Le jugement
Section 6 : évocation
Section 7 : Le renvoi
Introduction
A. Le fondement du recours
L'on révèle que les recours pouvant se répéter sans limite autre que la
fatigue ou la ruine desparties ou mieux encore, conformément à la mentalité des
ancêtres, jusqu'à la réconciliation.
L'opposition est ouverte à toute partie qui n'a pas usé de son droit de
contredire son adversaire; elle est exercée devant le tribunal qui a entendu la cause
par défaut; le défaillant en ramenant le procès devant ce tribunal invite les juges
mieux informés à rétracter leur décision.
Tout jugement contradictoire ou par défaut, peut en principe être réformé
par un recours exercé par la partie à laquelle elle fait grief portant (à cause devant un
autre tribunal. C'est l'appel.
La révision est une voie de recours propre pour attaquer le jugement des
juridictions coutumières.
Notons cependant que les jugements rendus au premier degré par les tribunaux des
territoires
sont attaqués en appel devant les tribunaux de grande instance.
Le pourvoi en cassation est ouvert aux jugements et arrêts rendus en dernier
ressort; il casse les décisions qui n'ont pas fait application correcte de la coutume ou
de la loi.
Les jugements coutumiers sont susceptibles d'annulation devant les
tribunaux de grande
instance.
Pour répondre à des situations exceptionnelles, le législateur a organisé
d'autres recours, suivant des techniques empruntées au droit occidental :
La tierce opposition
la requête civile
la prise à partie
La hiérarchie des recours a pour effet notamment d'assurer l'unité de la
jurisprudence et la sécurité juridique.
La justice doit être la même pour tous; c'est pourquoi, il importe que les
tribunaux fassent la même application des mêmes textes de loi.
Au plan du droit coutumier, l'exercice du recours a pour effet de favoriser
l'unification descoutumes.
L'on peut d'abord distinguer les voies de recours ordinaires et les voies de
recours extraordinaires. Les voies de recours ordinaires sont :
- l'opposition,
- l'appel
- et la révision coutumière.
Elles sont appelées ainsi parce qu'elles se présentent plus fréquemment.
Les voies de recours extraordinaires sont :
- la cassation
- la tierce-opposition
- la requête civile
- l'annulation coutumière
- la révision devant la Cour Suprême de Justice.
Elles sont ainsi appelées parce que généralement leur exercice suppose
qu'on a épuisé les voies de recours ordinaires. Tel n'est cependant pas le cas pour la
prise à partie ni pour l'annulation coutumière.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 131
E. La renonciation et le désistement
Section 1: L'opposition
L'opposition est une voie de recours ouverte aux parties qui, ayant fait
défaut dans une instance ont intérêt à obtenir rétractation d'un jugement qui leur fait
le grief.
Le détendeur condamné par défaut et le demandeur défaillant débouté
peuvent faire opposition (art. 6 et. 17 du code de procédure civile).
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 132
C'est le greffier qui assigne suivant les données fournies par les déclarations
de l'opposant; mais les avocats peuvent rédiger le projet d'assignation.
L'assignation en opposition a la même forme que l'acte introductif
d'instance, sauf sur deux points de divergence :
a) Avant les motifs, l'on doit mentionner « Vu le jugement rendu par
défaut à l'égard de mon requérant à la date..., par le tribunal de ...... et lui faisant grief
».
b) Le dispositif est formulé comme suit : « y voir et entendre mettre à
néant le jugement entrepris, y voir et entendre de statuer à nouveau en faisant droit à
l'opposition de mon requérant.... ». Ce dispositif doit finir par indiquer la prétention
soutenue par l'opposant.
La partie qui n'a pas pris part aux débats doit pouvoir faire valoir ses
prétentions et les moyens de les soutenir lorsqu'elle a été surprise par un jugement
par défaut qui lui fait grief
La sécurité juridique exige que le temps durant lequel le jugement peut être
entrepris soit limité. Ce temps ne peut commencer à courir que du moment où la
partie défaillante a connaissance du jugement rendu; d'où la nécessité de signifier le
jugement par défaut à personne; à moins que la preuve soit faite que l'intéressé a
connaissance du jugement. Les jugements par défaut sont totalement signifiés par
extraits. L'extrait d'un jugement est le jugement qui ne comprend que les qualités et
le dispositif, en omettant de reprendre les motifs.
Au plan historique, la signification du jugement par défaut par extrait, se
justifiait à l'époque où les expéditions et les grosses étaient recopiées à la main;
l'encombrement des greffes exposait au retard de signification. Aujourd'hui, les
copies sont reproduites par des moyens mécaniques ou photographiques; en outre le
signifié a intérêt à connaître le texte intégral du jugement; malheureusement, le
législateur a maintenu le texte qui prévoit la signification par extrait156. Le délai, est
de 15 jours à dater de lendemain du jour où le défaillant a eu connaissance de la
signification du jugement. Si l'assignation n'a pas été faite à personne mais à
domicile par édit ou missive, le défaillant garde son droit à opposition 15 jours après
la date à laquelle il aura, en fait eu connaissance de la signification. Cette date peut
être établie par toute voie rie droit. De toute manière, l'opposition n'est plus recevable
après exécution consommée du jugement. L'on estime
qu'il y a exécution consommée dès qu'il y a eu exécution forcée.
Les délais, d'opposition sont prolongés des délais de distance. La distance à
retenir est celle qui sépare le domicile ou la résidence de l'opposant du greffe du
tribunal. Les délais d'opposition ne sont pas de rigueur; le juge peut relever
l'opposant de la déchéance s'il justifie le retard de son action; les délais d'opposition
ne sont pas d'ordre public et les parties peuvent renoncer à l'exception.
L'opposition est non avenue si l'opposant n'a pas consigné les frais.
156 A. Rubbens, Tome II, Op. Cit., Référence n°283 au bas de la page 168
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nécessaire que le tribunal soit pareillement composé ni que soit saisie la même
chambre157; en effet en tant que voie de rétractation, l'opposition fait revenir
l'affaire devant le même juge pour que ce dernier, mieux éclairé, puisse dire le droit;
si l'affaire doit être attribuée à un autre juge. Ce dernier ne va pas bénéficier d'un
nouvel éclairage car ce sera la première fois qu'il va connaître de l'affaire; l'on ne
peut alors valablement parler de rétractation.
Dès que .le jugement est frappé d'opposition, le recours en appel est
irrévocable. L'opposition formée après que l'appel a été interjeté n'anéantit pas cet
appel mais le suspend ; il reprend vigueur si l'opposition est déclarée irrecevable ou
si le jugement est confirmé.
L'acte d'opposition n'anéantit pas le jugement rendu par défaut ; seul le
jugement de rétraction l'anéantit car l'acte d'opposition n'a pour seul effet que de
remettre la totalité du litige à l'appréciation du juge.
158
Section 2. Le recours en appel
L'intimé est la partie contre laquelle l'appel principal a été formé. Tout
intimé auquel le jugement intervenu fait grief peut former un appel incident en tout
état de cause, quand même il aurait signifié le jugement sans protestation ni réserve
(art. 71 C. P. C.).
Lorsqu'il est rédigé en termes généraux, l'appel est présumé porter sur
l'ensemble du dispositif du jugement entrepris.
Mais l'appel peut être limité non seulement à certaines parties qui étaient en
cause au premier degré -mais encore à certaines prétentions; ainsi les conclusions
peuvent indiquer que l'appel est limité à certains chefs.
Peut-on en ce cas dire que le tribunal évoque ou s'il agit en vertu de l'effet
dévolutif de l'appel.
Nous y reviendrons plus loin en étudiant les deux notions.
L'appel contre certains jugements n'est pas possible, soit en raison de leur
nature, soit en raison du prescrit exprès de la loi :
En cas d'opposition, la partie qui comparaît et qui a interjeté appel verra son
appel tenu en suspens durant l'instance d'opposition. Si le jugement rendu sur
opposition rétracte le jugement par défaut, il y a lieu de renouveler l'appel, le premier
jugement n'ayant plus d'existence.
Un tiers n'a pas qualité pour interjeter appel du jugement ou il n'est pas
partie, quand
le M.P. dispose de l'action en appel dans toute cause où il a estimé devoir donner son
avis ou a été invité à le faire par le juge. Le M.P. dispose du même droit lorsqu'il est
abstenu à ton de donner un avis en une cause qui devait lui être communiquée
suivant la loi, cette prérogative, étant d'ordre public, il ne peut y renoncer.
L'appel incident est dirigé contre l'appelant principal, pour la forme, il faut
être intimé par un appel principal.
L'altération est plus grave lorsque l'intervention du tiers est forcée, surtout
lorsqu'il s'agit d'une intervention aux fins de condamnation.
C'est contre leur gré que les tiers perdent alors le bénéfice du double degré
de juridiction. Mais cela peut arriver lorsque l'évolution du litige implique leur mise
en cause; ceci requiert la
présence d'un élément nouveau né du jugement survenu ou révélé postérieurement au
jugement.
Ce peut être un élément de fait : découverte d'une pièce, dépôt d'un rapport
d'expertise devant la
juridiction d'appel, présentation, pour la première fois devant la juridiction d'appel,
d'une
demande reconventionnelle; il peut également s'agir d'un élément de droit :
promulgation d'une
loi nouvelle, nouvelle jurisprudence... Ces éléments sont susceptibles d'éclairer le
litige d'un jour
nouveau.
Seules les parties qui ont été les adversaires de l'appelant peuvent être
appelées à répondre à sa demande de réformation du jugement entrepris. Ainsi un
défendeur au premier degré d'instance ne peut diriger l'appel contre celui qui fut co-
défendeur, sauf lorsqu'on première instance un défendeur avait, par une demande
incidente conclue contre un co-défendeur celui-ci devenant dès lors son adversaire;
exemple ; un tiers appelé en garantie à sa mise hors cause.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 139
Le M.P. n'est jamais intimé sauf s'il a été partie principale au premier degré.
Si M.P. agit au nom des personnes inaptes, en application de l'article 68 de la loi-
organique de 2013 sur l’OCJ., l'appel doit être dirigé contre la personne que le M.P. a
représentée.
L'appel est formé par la partie ou par un fondé de pouvoir spécial soit par
une déclaration reçue et actée par le greffier de la juridiction d'appel soit par lettre
recommandée à la poste adresse de la déclaration au greffier ou celle de la réception
de la recommandée par le greffier.
L'acte d'appel doit contenir les éléments suivants :
Le nom de l'appelant et le nom des personnes qu'ils entendent intimer
Le ou les jugements contre les quels est dirigé le recours.
Une juridiction d'appel ne peut être saisie par la comparution volontaire des
parties.
L'appel incident est généralement formé par voie de conclusion, il peut être
formé en reprenant simplement devant la juridiction d'appel les conclusions rejetées
en tout ou en partie par le premier Juge.
Le délai pour interjeter l’appel est de 30 jours. Ces délais courts pour les
jugements contradictoires, du jour de la signification et pour les jugements par
défauts, du jour où l'opposition n'est plus recevable. Pour le M.P., le délai prend
cours le jour du prononcé. Mais l'appel peut être interjeté dès le prononcé du
jugement.
1. L'appel incident peut être formé dès que le jugement est entrepris.
2. L'appel incident a-t-il une existence propre, c'est-à-dire peut-il subsister
lorsque l'appel principal disparaît par désistement ou pour cause de nullité ou
d'irrecevabilité ?
Il faut ici envisager plusieurs hypothèses :
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D. L'effet dévolutif164.
§14. L'évocation165
C. La production de l'expédition
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 144
Lorsque des intérêts non représentés à l'instance ont été entamés par un
jugement, les tiers au procès disposent de plusieurs moyens de protection :
- De manière passive, le jugement ne lui était pas opposable; il peut en
repousser l'exécution et l'autorité de la chose jugée ;
- De manière agissante, il peut intervenir tant que l'instance est pendante
même au degré d'appel ; enfin il peut, après le prononcé du jugement, prendre
l'initiative d'assigner en tierce opposition, il peut aussi si ce jugement lui est opposé
dans une instance pendante, formé tierce opposition incidente par voie de conclusion.
D'une manière générale on peut dire que dans toute cause où 'un tiers aurait
pu intervenir
l'instance pendante, la tierce opposition est recevable l'instance terminée.
Il suffit que le tiers qui agit puisse invoquer la lésion d'un droit subjectif
même éventuel. L'on admet qu'il peut agir lors même que ses intérêts peuvent être
protégés par la simple exception de non opposabilité.
En droit congolais, l'exception de non opposabilité peut être insuffisante
pour la protection des droits de tiers en toute matière ou un jugement valant «
En principe l'action en tierce opposition est dirigée contre celui qui invoque
le jugement attaqué.
Malheureusement la procédure congolaise échait la mise en cause des autres
parties qui, ayant été à l'ancien procès ne sont pas nécessairementau nouveau procès,
cette situation est due au fait que ta procédure en cause n'est pas imposée.
La logique impose pourtant que les tiers qui attaquent la chose jugée entre
les parties d'un procès, mettent en cause toutes les parties car ils ont intérêt à appeler
toutes les partiesau
procès à la deuxième instance pour jugement commun.
§6 La juridiction compétente
Parce que voie de rétraction, la tierce opposition doit être portée devant la
juridiction qui a rendu te jugement attaqué car il s'agit de rectifier une erreur non
imputable au juge, il est donc logique de s'adresser au même juge.
La requête civile a été introduite par le décret du 07 mars 1960 qui a institué
le code de
procédure civile, il faut cependant relever qu'il y a peu de jurisprudence publiée à ce
sujet et ceci
semble être dû au fait que les praticiens répugnent d'y recourir à cause de la
complexité de la
procédure.
Avant la réforme du 07 mars 1960, l'on avait tenté introduire la requête
civile en invoquant les principes généraux du droit, mais cette jurisprudence est
vigoureusement combattue étant donné que le principe générai est l'immuabilité de la
chose jugée.
La requête civile est classée parmi les voies de rétraction, elle comprend
alors deux phases :
a) Lorsque ta requête est accueillie, intervient un premier jugement qui met
en néant le jugement.
C'est le rescindant, qui est cette décision d'annulation.
b) La deuxième phase, appelée le rescisoire, qui permet à la juridiction
saisie de statuer à nouveau Contrairement au droit français dans lequel ces deux
phases sont nettement distinctes, le droit congolais ne les distingue pas nettement, car
le tribunal qui a raison demeure saisi et peut, sur conclusions des parties, vider le
rescisoire.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 150
La requête civile peut aussi être une voie de réformation : Lorsque celle - ci
est formée par une action incidente devant une juridiction supérieure à celle qui a
rendu le jugement entrepris, c'est la juridiction supérieure qui connaît de la requête
civile, à condition que toute les parties soient à la cause.
La requête civile est la voie spécifique qui est ouverte pour corriger l'erreur
de fait.
Les cas d'ouverture à la requête civile sont rigoureusement limités par la loi
(art, 85 C.P.C).
a) Le dol personnel : il s'agit du dol qui motiverait la nullité d'un contrat. Il
faut prouver que le juge a été induit en erreur par une manœuvre frauduleuse ;
exemple : La subornation des
témoins.
b) Le jugement a été rendu sur base des pièces reconnues fausses depuis le
jugement.
c) Depuis le jugement, il a été recouvré des pièces décisives qui avaient été
retenues par le fait d'une autre partie.
d) S'il y a contrariété du jugement en dernier ressort entre les mêmes parties
et sur les mêmes moyens dans les mêmes cours et tribunaux. Ce dernier cas donne
lieu aux observations
suivantes :
Cette ouverture ne rentre pas dans ce cadre des erreurs de fait : En effet, si
un jugement a
déjà été rendu entre les mêmes parties pour Sa même cause et le même objet, il y a
chose
jugée : ou bien les parties soulèvent l'exception et le jugement qui passe outre est
susceptible
de cassation : ou bien les parties ne l'invoquent pas et la chose jugée n'étant pas
d'ordre public,
le nouveau jugement est valable et va se substituer au premier.
n'est concevable que lorsque la règle de la litispendance n'ont pas joué au premier
degré.
§4. La procédure
170
Section 3. L'annulation
§3 La procédure d'annulation
Section 3 : La cassation
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 154
§1. Historique
En 1970, devait être cassé « tout jugement qui contenait une contravention
expresse au texte de loi ».
La loi au 20 avril 1810 avait repris la même expression.
La loi française du 25 juillet 1947, avait prévu la cassation d'une décision
contraire à la loi.
Durant la période de l'Etat indépendant du Congo, fut crée le conseil
supérieur, siégeant à Bruxelles et composé de conseillers de la cour de cassation de
Belgique ; il avait pour
compétence d'exercer le contrôle de la légalité du jugement de la régularité de la
procédure en
matière civile et commerciale. Cette institution fut maintenue après l'annexion de
1909.
La loi belge du 15 avril 1947 donna compétence à la cour de cassation beige
pour connaître du pourvoi en cassation contre les jugements et arrêts rendus en
dernier ressort en matière civile et commerciale, les cours et tribunaux du Congo
belge et du Rwanda Burundi.
Les jugements et arrêts définitifs rendus en dernier ressort par les cours et
tribunaux
13
peuvent faire l'objet d’un pourvoi en cassation .
Le pourvoi en cassation contre les jugements avant dire droit n'est ouvert
qu'après le jugement
14
définitif .
Les décisions des juridictions gracieuses; rendues en dernier ressort, parce
que disant le droit
sont, selon notre entendement, susceptibles d'être attaquées en cassation, même s'il
s’agit des
ordonnances, quelles soient gracieuses ou contentieuses. Notre point de vue sur ce
sujet trouve
appui dans l'arrêt de principe de la Cour suprême de Justice du 09 septembre l980
(RP 278). Arrêt dans lequel la Cour suprême de justice a levé l'option selon laquelle
les ordonnances de la Chambre du conseil rendues en dernier ressort en matière de
détention préventive, doivent considérées comme visées dans l'expression légale
d'arrêt et jugement rendu en dernier ressort par les cours et tribunaux et donc
susceptible d'être attaquées en cassation.
Est fausse l’opinion selon laquelle les décisions qui ne jugent rien ne sont
pas des jugements même si elles en revêtent la forme ou l'apparence. En application
de l'adage « voie de nullité n’ont lieu contre les jugements », ces jugements ne
peuvent pas être attaqués en nullité, aussi des décisions sont rendues en dernier
ressort, la seule possibilité légale de les attaquer est le
pourvoi en cassation. C'est le cas des jugements d'expédients et des jugements
d'exequatur
jugements étrangers.
Lorsque l'arrêt ou le Jugement a été rendu par défaut le pourvoi n'est ouvert
et le délai de trois mois pour introduire le pourvoi en cassation ne commence à
courir à l'égard de la partie
défaillante que du jour où l’opposition n’est plus recevable15.
Bien que le pourvoi en cassation ait été institué dans l’intérêt collectif du
respect de la loi et de la coutume, le législateur a estimé que les parties seraient les
plus vigilantes à dénoncer les violations du droit lorsque celles-ci leur font grief. Le
demandeur en cassation doit avoir la qualité et la capacité et justifier d’un intérêt.
13 Art. 116 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’organisation, le fonctionnement et les compétences des
juridictions de l’ordre judiciaire
14 Article 35 alinéa 2 de la loi-organique13/010 du 19 Février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation
15 Art. 38 alinéa 2 de la loi-organique du 1 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 157
Le pourvoi en cassation doit être dirigé contre une partie qui a été adversaire
dans l'instance qui a donné lieu au jugement entrepris16.
La loi congolaise ne prévoit ni l'intervention volontaire ni l'intervention
forcée en cassation.
Le ministère public peut introduire un pourvoi en cassation en trois qualités
distinctes :
a) Si le ministère public a été partie principale au procès civile, le pourvoi
en cassation lui est ouvert suivant droit commun.
b) Le procureur général de la République a qualité pour se pourvoir; sans
limite de délai dans le seul intérêt de la loi ; en ce cas, le pourvoi n’est pas dirigé
contre les parties qui étaient au procès dans la décision entreprise; le but du pourvoi
est de fixer la jurisprudence de la cour, en une matière disputée,
c) Sur injonction du Ministre de la justice, le Procureur général près la Cour
de cassation peut former, même hors délai, un pourvoi en cassation auquel les parties
sont invitées à conclure, l'arrêt à intervenir leur étant opposable17. Nous ne
partageons pas l'opinion du Doyen Antoine RUBBENS, selon laquelle le Ministère
public peut introduire un pourvoi en cassation lorsqu’il a donné un avis, parce que
l'on sait que lorsque le M.P donne un avis il fait partie du tribunal.
faits retenus souverainement par lejuge du fond car l'erreur de qualification du fait
est une erreur de droit et non de fait. La juridiction de cassation connaît encore de la
méconnaissance des faits (constatés ou simplement allégués] par le tribunal dont le
jugement est entrepris ; elle connaît de la méconnaissance de la loi due aux actes des
parties. La juridiction de cassation connaît aussi des faits de la procédure
etnotamment les actes qui ont déterminé la saisine du juge et l'acte du jugement
entrepris; elle vérifie en fait les actes par lesquels le pourvoi a été introduit et mis en
état.
Le pourvoi d'une partie est introduit par voie de requête, le pourvoi formé par
le Procureur général est également formé par voie de requête18.
Les pourvois des parties doivent être datés et signés par un avocat du
barreau près la Cour de cassation qui doit être porteur d'une procuration spéciale : le
pourvoi du procureur
général de la République ne doit évidemment pas être signé par un avocat.
La Cour se prononce sur les moyens présentés par les parties et par le M.P.
Aucun moyen autre que ceux repris à la requête et au mémoire déposé dans les délais
prescrits ne peut être reçu, toutefois la cour peut soulever tous moyens d'ordre public
en ce cas si elle l'estime nécessaire,
elle peut ordonner aux parties de conclure sur ces moyens28.
La Cour peut, avant la clôture des débats, ordonner aux parties de conclure
sur un incident ou sur les moyens d'ordre public soulevés d’office, elle peut même
après la clôture des débats, décider leur réouverture pour ordonner aux parties de
conclure sur un incident ou sur les moyens d'ordre public soulevé d'office29.
En audience de cassation, les incidents sont rares, mais ils sont cependant
possibles, L'on peut concevoir les incidents suivants30 :
A. La connexité
B. La reprise d'instance
Les pièces produites par une partie peuvent être contestées par la partie
adverse en faisantunedéclaration au greffe de la cour ; dès le dépôt de la déclaration,
le greffier fait sommation à la partie qui a produit la pièce incriminée de déclarer si
elle persiste à en faire état. Si la partie qui a produit la pièce contestée renonce à en
faire état par une déclaration au greffe ou si elle n'a pas fait de la déclaration dans la
huitaine, la pièce est écartée. Si elle déclare persister à faire état de la pièce
contestée, le greffier le notifie à la partie qui a soulevé l'incident. Cette partie ou le
ministère public peuvent dans les 8 jours saisir la Juridiction compétente dans ce cas
la cour sursoit à statuer jusqu'après te jugement sur le faux à moins qu'elle ait estimé
que la pièce contestée est sans influence sur sa décision. Si ni le ministère public ni
la partie qui soulève l'incident n'ont introduit d'action dans le délai précité, la pièce
est maintenue au dossier et soumise à l'appréciation de laCour.
Le M.P assiste à la délibération sauf s'il est partie poursuivante ou s'il est lui
même en cassation, il n'a pas voix délibérative (Art.).
La loi ne prévoit la tierce - opposition aux arrêts de la cour que dans le cas
où ils prononcent l'annulation d'un acte, d'une décision ou d'un règlement d'une
autorité publique. Il faut en conclure à contrario que la tierce-opposition n'est pas
recevable contre les arrêts de cassation. •
Le rejet de la cassation épuise l'action en pourvoi et ne permet plus de
l'introduire dans la même cause fût-ce par d'autres moyens () II y a cependant une
exception :
Lorsque le pourvoi a été introduit pour motif d'incompétence: l'on vise ici
l'hypothèse où un tribunal s'est déclaré incompétent par un jugement définitif sur
incident et n'a donc pu aborder le fond ou encore le cas où il s'est déclaré à tort,
compétent et a rendu un jugement nul sur le fond.
Lorsqu'un arrêt rejette le pourvoi; la décision entreprise se trouve coulée en
force de chose
jugée, cependant la requête civile et la tierce opposition peuvent encore être dirigées
contre la
décision ainsi confirmée.
Le jugement rendu sur renvoie n'est pas susceptible d'un nouveau pourvoi
sauf si la cassation a été prononcée sur le moyen d'incompétence. Si la cassation s'est
fondée sur motif
d'incompétence matérielle de la juridiction qui a rendu le jugement ou l'arrêt, la cour
suprême va
renvoyer d'autorité à la juridiction compétente qui ne peut pas décliner la compétence
qui lui a
175
été attribuée par la Cour de cassation .
1. Le dol
Il a été jugé que le dol est caractérisé par les artifices et les manœuvres
auxquelles les magistrats pris à partie ont recouru pour donner à leur décision les
apparences d’un arrêt juridiquement valable alors que les griefs relevés dénotent
manifestement qu’en réalité ils étaient résolues à favoriser une partie par l’adoption
facile de sa thèse pourtant battue en brèche tel qu’il résulte du jugement du premier
degré37.
dénaturation des faits ou en l’adoption d’une base légale inadaptée au contexte des
faits en vue de rendre fondée ou non fondée une prétention.
Il a été jugé qu’est injustifiée et, partant, non fondée, la requête en prise à
partie fondée sur le dol alors que le requérant ne parvient pas à établir un fait fautif
justifiant le comportement dolosif imputé au magistrat38 ou un acte de malice ou
l’intention de nuire39 ou des manœuvres, des artifices ou procédés précis à même
d’établir l’existence du dol40.
2. La concussion
3. Le déni de justice
38 CSJ, 29 août 1973, RPP 3, Bulletins des arrêts de la Cour Suprême de Justice, 1984, p. 233.
39CSJ, 30 novembre 1983, RPP 4, inRépertoire général de la jurisprudence de la Cour Suprême de Justice 1969-1985,
Kinshasa, éd. C.P.D.Z., 1990, n° 10, p. 183.
40 CSJ, 18 avril 2003, RPP 141, inédit.
41 Article 57, Loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
42 DIBUNDA NTITA, « La jurisprudence de la Cour suprême de justice en matière de prise à partie de 1979 à 2003 »,
in RAJC, Fascicule I, janvier à juin 2004, p. 49.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 166
jugées. Ce refus ou cette négligence doit être constatée par deux sommations
adressées au magistrat par l’huissier à 8 jours d’intervalle au moins43.
La Cour suprême de justice a arrêté et jugé que sont coupables de déni de
justice, les juges qui, en dépit de deux sommations, d’une part, n’ont accompli
aucune démarche soit pour faire refixer la cause qui était pendante devant leur siège
en passant par le greffe, soit pour faire savoir aux parties qu’il leur incombait de
contacter le greffier de leur juridiction pour faire revenir l’affaire et, d’autre part,
après avoir décidé d’office la surséance en vertu du principe le criminel tient le civil
en état, n’ont rien fait pour s’enquérir auprès des autorités du ministère public afin
de connaître l’issue de l’action répressive qui avait justifié la surséance44. A travers
cette décision, la Cour suprême rappelle aux magistrats leur devoir de diligence dans
le traitement des affaires judiciaires mais également leur devoir de permettre, en tant
que de besoin, aux justiciables, par des informations pertinentes sur la procédure
qu’ils ont engagées, de savoir quelle sollicitude ils doivent mettre en œuvre afin que
soit obtenue la décision qu’ils recherchent.
4. La nature de ce recours
La prise à partie devant la Cour de cassation n'est une voie de recours (en
nullité) que de manière incidente. Car c'est essentiellement une demande de
dommages-intérêts à titre de
réparation du préjudice causé aux justiciables par des magistrats, à la suite de
certaines fautes que
la loi définit. Ce n'est que dans le cas où un jugement est vicié par le dol d'un juge,
que la partie qui
justifie d'un intérêt pour ce faire, peut en demander la mise à néant en introduisant
une action en
prise à partie de ce magistrat.
Les arbitres : sont des juges privés; mais ils ne sont pas magistrats, ils
répondent de leurs fautes devant les juridictions de droit commun.
suit. « Les magistrats du corps judiciaire ne sont responsables que de leurs fautes
personnelles; en ce qui concerne la faute personnellese rattachant au service public
de la justice, leur responsabilité ne peut être engagée que sur l'action récursoire";
ainsi donc à l'égard du justiciable, c'est l'Etat français qui doif
répondre du fonctionnement défectueux du service de la justice, mais cette
responsabilité qui
suppose une faute de service public, ne peut être engagée que par une faute lourde ou
un déni
178
de justice .
178
45 Article 63, loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 168
46 Association des Hautes Juridictions de Cassation des pays ayant en partage l’usage du Français, AHJUCAF en sigle,
Synthèse du 2ème Congrès consacré à l’indépendance de la Justice, Dakar du 7 au 8 novembre 2007, in
www.ahjucaf.org.
47 Article 64, loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
48 KWESO AKELE ONKIE, Exposé à l’occasion du renouvellement du serment, le 16 février 2008, cité par
MWILANYA, p. 49.
49Idem.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 169
INTRODUCTION
La naissance d’un litige entre particulier revêt plusieurs formes autant que le
mode de sa résolution commande l’intervention de diverses procédures et institutions
chargées de trouver l’équilibre rompu entre deux protagonistes. C’est dans ce sens
que les parties peuvent opter pour l’arbitrage. L’entrée en vigueur des actes
uniformes de l’OHADA en République démocratique du Congo a eu une incidence
majeure sur les règles régissant l’arbitrage. Toutes les dispositions consacrées à cette
matière ont cédé la place à celles prévues par l’acte uniforme relatif à l’arbitrage du
11 avril 1999, conformément aux dispositions de l’article 1 de l’acte uniforme sur
l’arbitrage. La particularité des procédures instituées par cet acte réside dans le fait
qu’il consacre un système dualiste de l’arbitrage. D’une part l’arbitrage institutionnel
et, d’autre part l’arbitrage ad hoc. Le premier, d’une portée limitée, s’inscrit dans le
cadre de la Cour commune de Justice et d’arbitrage et fonctionne en son sein. Le
second a, quant à elle, une portée large et se tient sous les auspices d’une institution
d’arbitrage public ou privé qui n’a pas vocation de priver les parties de leur droit de
fixer en avance les modalités du déroulement de l’instance.
1. La conciliation
50 VINCENT, J., MONTAGNIER, G. et VARINARD, A., La justice et ses institutions, 2ème éd. Paris, Dalloz, 1985, p.
41.
51 GUINCHARD, S. (sous dir.), Lexique des termes juridiques, 19ème éd., Paris, Dalloz, 2012, p. 194.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 171
2. La médiation
3. L’arrangement à l’amiable
52 CORNU, G., (sous dir.), Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2009, pp. 582- 583.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 172
L'arbitrage est un mode privé de trancher les litiges fondé sur la convention
établie entre les parties. Le champ qu’il couvre est celui des relations à caractère
privé. Ce caractère appelle un régime où l'autonomie des parties dans la
détermination des règles de droit applicables est particulièrement large. Pareille
liberté permet aux parties de s'assurer de la neutralité du cadre juridique du règlement
de leur litige, à défaut de l'existence d'une juridiction en matière de litiges de droit
privé. En dépit de ce qui précède, nous réalisons que l’arbitrage est un processus,
volontaire, privé, confidentiel, accusatoire et flexible.
Il est privé parce qu’en règle générale, l'audition d'un arbitrage est privée.
C’est die qu’elle ne donne pas lieu à la présence d’une quelconque autorité publique.
Les parties se résignant à porter leur choix à un nombre des personnalités en vue
qu’elles viennent à trancher le litige qui les oppose.
Il est accusatoire parce que le processus arbitral est fondé sur le modèle
accusatoire. Ce modèle suppose que les parties doivent présenter chacune en ce qui la
concerne ses moyens, qui doivent absolument être examinés mais la conduite et la
nature de l'audition sont déterminées par les parties, leur avocat et l'arbitre.
Il est en fin flexible en ce sens que les parties sont dotées d’une liberté de
choisir motu proprio les arbitres appelés à statuer sur le litige ainsi que la procédure à
suivre pour arriver à le régler.
C. Nature de l’arbitrage
La nature de l’arbitrage est sujette à débat. Il est des auteurs qui analysent
l’arbitrage en un contrat de transaction suivi d'un mandat donné conjointement par
les contractants de la transaction à un arbitre chargé de compléter la transaction en
déterminant les obligations des parties.
Le compromis est bien un contrat, concours de volontés, mais son objet est
de désigner un juge en délimitant son pouvoir juridictionnel, sa saisine, non plus par
affrontement de l'assignation et des conclusions mais suivant un accord quant à
l'objet litigieux. Loin de terminer une contestation, le compromis explicite la
contestation, la met à l'état actif. Loin de donner conjointement un mandat à l'arbitre
pour faire quelque chose pour eux et en leur nom, les plaideurs demandent à l'arbitre
de trancher le litige qui les oppose.
parties refuse d’exécuter la sentence, l’autre peut obtenir du juge étatique la formule
exécutoire par le biais d’une ordonnance d’exéquatur.
Les parties soumettent leur litige à l’arbitrage de deux manières. Soit par la
clause compromissoire, soit par le compromis d’arbitrage. Il y a clause
compromissoire, lorsqu’avant la survenance d’un quelconque litige, les parties
insèrent dans leur convention, une clause, aux termes de laquelle, tout litige à venir,
dans le cadre de leur rapport d’obligation, serait soumis à une instance arbitrale. Il en
découle qu’une clause compromissoire ne se conçoit qu’à l’absence de litige et avant
la naissance de celui-ci. En revanche, il y a compromis d’arbitrage, lorsque les
parties, à la suite de la survenance du litige, décident de commun accord à soumettre
sa résolution à un tribunal arbitral.
D. Le fondement de l’arbitrage
Il est malaisé de penser que l’arbitrage, étant un mécanisme qui ne fait pas intervenir
les cours et tribunaux, serait dépourvu d’un fondement ou encore d’une force
juridique. L’arbitrage, est bien pourvu de la force juridique et les parties sont
obligées de se conformer aux prescrits de la sentence arbitrale comme toute décision.
Sauf qu’elle doit pour avoir un caractère exécutoire être soumise à une procédure
d’exequatur. Il est nécessaire de s’interroger sur la nature de l’arbitrage dont
l’appréhension n’est pas aisée.
Toute cause de récusation doit être soulevée sans délai par la partie qui
entend s’en prévaloir.
La récusation d’un arbitre n’est admise que pour une cause révélée après sa
nomination.
Aux termes de leur mission ils ont le droit de recevoir une récompense eu
égard au service qu’ils ont fournis. Contrairement aux cours et tribunaux dont le
fonctionnement obéit au principe de la gratuité, le service des arbitres est payant
suivant les modalités définies par les parties. Les arbitres peuvent recourir à toutes les
mesures d'instruction, comme les juges judiciaires. Il est fréquent que les arbitres
descendent sur les lieux. Il est rare qu'ils commettent un expert, étant généralement
choisis en considération de leurs connaissances dans la matière litigieuse.
56 Article 7 de l’AUA.
57 Article 11 de l’AUA
58 BRAUDE, S., Dictionnaire de droit privé, in www. dictionnaire-juridique.com/définition, consulté le 15 mai 2013 à
18 heures, p. 3.
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contrat. Il s’en suit que l’arbitre tire sa compétence de la convention des parties. Les
arbitres ne peuvent en aucune façon statuer en dehors de la sphère de compétence
tracées par les parties dans la clause.
4. La sentence arbitrale
C'est la majorité des arbitres qui décide. L'arbitre qui a une opinion
dissidente devrait signer. On a cependant prévu que si un arbitre minoritaire refuse de
signer, la sentence signée par la majorité est valable. Car il est inconcevable qu’un
membre minoritaire puisse bloquer pour une raison qui peut se révéler moins justifiée
la machine arbitrale.
a. Forme de la sentence
La sentence arbitrale doit être écrite et datée. Chacun des arbitres ayant
siégé doit y apposer sa signature. En cas de refus de la signature par la minorité, les
autres arbitres font mention de ce refus et la sentence au même effet que si elle avait
été signée par tous les arbitres. Il s’agit là de faire obstruction à toute tentative visant
la sentence.
Une fois prononcée, la sentence arbitrale tient lieu de loi aux parties. Elle
fait foi comme une convention entre elles et ne peut être opposée aux tiers. Elle reste
une res inter alio acta. La sentence arbitrale est un véritable jugement. Elle a en soi «
autorité de chose jugée » entre parties59 ; elle est toujours exécutoire par provision et
peut même être dite exécutoire nonobstant tout appel et sans cautionnement, mais
l'exécution forcée qui implique l’appui des forces de l'Etat ne peut être obtenue sans
l'exequatur. Sauf si les parties y ont renoncé, la sentence peut être entreprise en appel
dès son prononcé. Si les parties ont donnés aux arbitres une mission d'amiables
compositeurs, elles ont implicitement renoncé à l'appel. Car cette procédure ne peut
faire l’objet d’une quelconque procédure d’appel.
L’on doit toutefois relever que l’on discute en doctrine congolaise sur la
question des effets de l'exequatur. Certains estiment que c'est une formalité que le
président du tribunal de grande instance doit accomplir sans pouvoir d’appréciation
d'aucune sorte. D’autres estiment qu’il doit vérifier le « bien procédé » si non le «
bien jugé » ; il devrait contrôler si les arbitres ont régulièrement saisis par un
compromis écrit, si les parties avaient capacité ; si l’objet du litige était de ce dont les
parties pouvaient disposer par transaction, si les droits de la défense ont été respectés,
si la sentence est signée par la majorité, si elle a été rendue dans les délais, si la
solution retenue ne va pas à rencontre de l'ordre public etc.
L'exequatur est assez rare, car les parties qui recourent à l'arbitrage sont
généralement
disposées à exécuter volontairement ne serait-ce que peur éviter les droits
proportionnels.
Une controverse divise la doctrine sur la nature des ordonnances sur requête
; certains auteurs les considèrent comme de nature gracieuse, d'autres auteurs leurs
reconnaissant une nature contentieuse183.
Les décisions prises par voix d'ordonnance n'ont pas l'autorité de la chose
jugée ; la rétraction,la réformation et l'annulation d'une ordonnance peuvent être
obtenues généralement sans recourir aux rigueurs des procédures de recours.
Certaines ordonnances peuvent faire grief à une partie qui n'a pas pu faire
entendre son point de vue. Pour parer à cet inconvénient, le droit français a prévu un
recours approprié, le réfère. S’il est fait droit à la requête, tout intéressé peut en
référer au juge qui a rendu l'ordonnance. Ce référé est un référé officiel qui n'est
subordonné ni à l'urgence ni à l'absence d'une contestation sérieuse.
Le juge peut imposer des conditions, faire des restrictions ou des réserves.
Les ordonnances doivent être datées et signées par le juge et par le greffier.
Les ordonnances sur requête sont exécutoires sur tout le territoire national
dès leur signature par le juge et par le greffier.
L'appel des ordonnances n'est pas recevable sauf dans le cas où la loi le
prévoit expressément.
4. Nous sommes d'avis que le pourvoi en cassation devant la Cour de
cassation est possible et cela suite à un arrêt de principe de la Cour suprême de
justice (RP 280) du 9 septembre 1980 qui a décidé que les ordonnances rendues en
dernier ressort ; par
ailleurs, nous estimons que les ordonnances sur requête même de nature gracieuse,
sont des
188
actes juridictionnels et donc susceptibles de pouvoir en cassation si elles sont
rendues en dernier ressort.
189
CHAPITRE II : LE REFERE
Introduction
Section 1 : Définition
Section 2 : Catégories
C'est le référé qui s'applique dans tous les cas d'urgence, lorsque le président
du tribunal ordonne en référé toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune
contestation sérieuse ou qui justifie l'existence d'un différend.
2. Cas spécifique :
Les cas spéciaux de référé se caractérisent tantôt par le fait que l'urgence et
l'absence de
contestation sérieuse ne sont pas exigées, tantôt par le fait que l'une ou l'autre des
conditions du
référé ordinaire est maintenue par la loi; aussi, le juge du référé a le pouvoir
d'accorder une
provision au créancier. C'est le référé-provisoire. Il peut également ordonner
l'exécution d'une
obligation, même s'il s'agit d'une obligation de faire; c'est ce que l'on nomme en
pratique, le référe-
injonction. Pour synthétiser, disons que l'on peut classer les référés de la manière
suivante :
a) le référé ordinaire est commun à toutes les juridictions;
b) certains référés spéciaux sont communs à toutes les juridictions;
c) certains référés spéciaux sont communs à certaines juridictions
seulement;
d) d'autres référés spéciaux sont réservés à une seule juridiction.
Section 3. Procédure
Le juge des référés par ce que ne pouvant statuer que d'une manière
provisoire ne peut
condamner une partie à acquitter une somme à titre de dommage-intérêt sauf en cas
de
procédure abusive devant lui; auquel cas il a le pouvoir de prononcer une amende
civile.
Mais le juge des référés peut condamner une partie à verser une provision.
Le juge des référés pour mettre fin à certaines controverses, peut prononcer
des condamnations à des astreintes, tes liquider provisoirement et statuer sur les
dépens.
a) Etant donné que le juge du fond n'est pas lié par la décision obtenue au
référé, l'on en déduit que l'ordonnance n'est pas investie, quant au fond, de l'autorité
de la chose jugée.
b) L'ordonnance de référé peut être modifiée ou rapportée par un nouveau
référé dans la mesure où sont apparues des circonstances nouvelles L'ordonnance de
référé a une certaine autorité de la chose jugée dans la mesure où le juge du référé est
obligé de maintenir sa propre ordonnance.
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Les raisons d'être delà procédure de référé en droit congolais sont les
suivantes:
a) les tribunaux ne peuvent apporter la solution rapide qui est requise.
b) la procédure de référé peut assurer le respect du contradictoire dans
plusieurs matière'
déférées actuellement à la décision unilatérale du juge des ordonnances.
c) Dans les matières où l'effet de surprise est essentiel, la procédure de
référé pourra
permettre aux parties qui prétendent que l'ordonnance sur requête leur fait grief
d'élevé
le contentieux devant le président du tribunal siégeant en référé, suivant une
procédure expéditive.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 188
190
QUATRIEME PARTIE : LES VOIES D'EXECUTION
Toute obligation qui créé un droit subjectif confère au créancier le droit d'en
obtenir l'exécution. Normalement le débiteur de l'obligation peut faire exécuter
volontairementses
obligations contractuelles ou légales sans intervention de la justice.
Section 5 : L'astreinte
Il y a lieu de noter que le droit civil congolais répugne à l'idée qu'une peine
puisse être infligée sans qu'il y ait infraction et qu'un particulier puisse être
bénéficiaire d'une « amende » qui pourrait l'enrichir sans cause. Cependant l'on
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Ces garanties se présentent d’une part comme étant des mesures d’assurance
en possession du créancier victime de l’inexécution sur les biens de son débiteur
insolvable (mesures conservatoires) et, d’autre part comme étant les mesures offrant
au créancier la possibilité de se faire payer sur les biens de son débiteur insolvable
(voies d’exécution). C’est dans cette logique qu’il convient d’affirmer que
l’exécution forcée conduit nécessairement aux voies d’exécution.
De même, il apparait affirmé que lorsque le créancier est détenteur d’un titre
exécutoire, il n’a plus besoin d’une autorisation judiciaire pour procéder à la saisie
conservatoire, il ne peut que solliciter l’acte de saisie auprès de l’huissier ou de
65 F. T’KINT, Sûretés et principes généraux du droit de poursuite du créancier, 3 ème éd, Bruxelles, Larcier, 200, p. 23.
66 Cette abrogation totale résulte de l’article 336 de l’AUPSRVE aux termes duquel, l’AU/RVE abroge toutes les
dispositions relatives aux matières qu’il concerne dans les Etat parties.
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l’agent d’exécution67. Toutefois, lorsque la saisie est exercée sans titre exécutoire, le
créancier doit dans le mois qui suit ladite saisie à peine de caducité introduire une
procédure ou accomplir les formalités nécessaires à l’obtention d’un titre exécutoire.
67 Dans l’état actuel de la pratique judiciaire congolaise, des telles mesures relèvent plus du greffier que de l’huissier,
car sur le terrain, les huissiers ne sont là que pour instrumenter les actes de justice.
68 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.786. Se fondant sur la doctrine et la jurisprudence française, le
professeur Ndiaw DIOUF soutient aussi dans le même ouvrage que l’expression « circonstance de nature à menacer le
recouvrement de la créance » est synonyme de risque d’insolvabilité imminente du débiteur, il faut en déduire que
l’autorisation ne sera pas accordée s’il n’existe pas un risque sérieux d’insolvabilité du débiteur.
69 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.785.
70 Il s’agit de l’article 59 de l’AUPSRVE aux termes duquel, la décision autorisant la saisie conservatoire doit, à peine
de nullité préciser le montant des sommes pour la garantie desquelles la mesure conservatoire est autorisée et préciser la
nature des biens sur lesquels elle porte.
71 Voir l’article 64 de l’AUPSRVE.
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Dans toutes les saisies, le créancier dispose toujours d’un délai pour
contester la saisie conservatoire. Ce délai court à compter du jour que la saisie est
signifiée régulièrement au débiteur. En usant de son droit de contestation, le débiteur
sollicite toujours du tribunal la décision de mainlevée. Cette décision vaut annulation
de la saisie. La saisie conservatoire étant aussi pratiquée entre les mains des tiers, ce
dernier dispose aussi du droit de le contester.
La saisie conservatoire des biens meubles corporels est une possibilité que la
loi offre à tout créancier de rendre indisponibles les biens de son débiteur lorsqu’il ne
l’a pas désintéressé. Une telle démarche constitue une mesure de sécurité pour le
créancier, car il n’aura pas à se plaindre de l’insolvabilité de son débiteur le moment
venu par le simple fait qu’il aura gardé intact le patrimoine de son débiteur qui du
reste, est le gage général de tous les créanciers.
faveur du débiteur en vue de lui éviter le dénuement total. A ce jour il est impérieux
que cette énumération soit revisitée, surtout que l’OHADA laisse la latitude aux Etats
partie de lister les biens qui ne doivent pas faire l’objet de la saisie.
Cette saisie peut être pratiquée sans autorisation judiciaire préalable lorsque
le créancier est détenteur d’un titre exécutoire. Conformément aux dispositions de
l’article 111 de la nouvelle loi organique du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences de juridictions de l’ordre judiciaire, il est reconnu au
président de tribunal de paix ou à défaut celui du tribunal de grande instance la
compétence d’autoriser les saisies.
72 M. DONNIER, Voies d’exécution et procédures de distribution, 5 ème éd, Paris, Litec, 1999, p.172.
73 Voir l’article 69 de l’AUPSRVE.
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l’huissier procède à la vérification des biens saisis et dresse acte de ceux qui
manquent ou qui sont dégradés. Dans cet acte, le débiteur est informé qu’il dispose
d’un délai d’un mois pour vendre à l’amiable les biens saisis et si après ce délai, il
n’a pas été procédé à la vente amiable, il est alors procédé à la vente forcée des biens
saisis74.
Comme son intitulé l’indiqué, cette forme de saisie conservatoire porte sur
les créances. Cela emporte comme conséquence que cette saisie ne peut être
appliquée que sur les créances. La polysémie du substantif « créance » ne doit pas
conduire à inclure sur le champ de la saisie conservatoire des créances toutes les
formes des créances. Seules entre sur la ligne de compte que les créances portant sur
les sommes d’argent. On doit exclure également, les droits d’associés et les
rémunérations quand bien même qu’il s’agit des créances des sommes d’argents 75. A
la différence de l’ancien système qui était d’application en RDC, système dans lequel
la saisie conservatoire était appliquée sur les biens tant meubles corporels
qu’incorporels, le droit OHADA consacre une saisie conservatoire des créances qui
ne porte que sur les sommes d’argent.
La saisie conservatoire des créances est pratiquée dans les mains d’un tiers,
en conséquence, elle met en relief trois personne à savoir : le créancier, le tiers saisi
et le débiteur. A partir du moment de sa mise en œuvre, elle doit être signifiée au
débiteur au moyen d’un acte d’huissier dans un délai de 8 jours à peine de
caducité77à fin que le débiteur puisse faire ses contestations et l’acte d’huissier par
lequel la saisie est portée à la connaissance du débiteur contient certaines mentions
obligatoires à peine de nullité78.
Lorsque l’huissier procède à la saisie, le tiers saisi doit lui fournir tous les
renseignements nécessaires79 et lui remettre copie de toutes pièces justificatives.
Tout tiers saisi qui refuserait de fournir les renseignements sans motif légitimes
s’expose au payement des sommes pour lesquelles la saisie a été pratiquée au cas où
celle-ci est convertie en saisie attribution. En outre, le tiers saisi peut aussi être
condamné au paiement des dommages-intérêts en cas de négligence fautive ou
fausses déclarations.
Une fois autorisée, la saisie conservatoire des créances rend les sommes
saisies indisponibles. Cependant, le créancier ne peut pas aller au-delà de sa créance,
c'est-à-dire que le créancier ne peut saisir les sommes qu’en concurrence de sa
créance.
Lorsque le créancier qui a pratiqué la saisie n’est pas désintéressé par son
débiteur, il peut obtenir sa conversion en saisie attribution qui du reste, est la voie
d’exécution par laquelle, le créancier se fait attribuer les sommes saisies. Pour y
arriver, il doit être porteur d’un titre exécutoire constatant sa créance demeurant
toujours impayé par son débiteur en dépit de la saisie conservatoire des créances
effectuée. La conversion est autorisée par l’huissier, à la diligence du créancier.
L’acte de conversion doit contenir certaines mentions à peine de nullité80, puis
signifié au tiers saisi en l’informant aussi que dans la limite, la demande entraine
l’attribution immédiate de la créance saisie en sa faveur. En outre, le créancier doit
aussi signifier l’acte de conversion au débiteur qui dispose d’un délai de 15 jours
pour contester l’acte devant le juge compétent. A défaut, le tiers effectue le paiement
au créancier sur base des sommes saisies.
77 Le législateur communautaire évoque la caducité comme sanction frappant le non-respect du délai de huitaine pour
la signification de la saisie conservatoire des créances au débiteur. Ainsi, il est clair que le souci du Cette mesure est
protectrice de droit du débiteur qui doit être informé rapidement de toute servitude qui grève son patrimoine.
78 Voir l’article 79 de l’AUPSRVE.
79 Les renseignements que le tiers saisi doit fournir à l’huissier sont fixés par l’article 156 de l’AUPSRVE aux termes
duquel, le tiers saisi doit déclarer et communiquer à l’huissier l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur ainsi
que les modalités qui pourraient les affectées et s’il y a lieu les cessions des créances, les délégations ou saisies
antérieures.
80 Article 82 de l’AUPSRVE.
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3. Saisie revendication
Toute personne qui réclame un bien meuble corporel se trouvant entre les
mains d’une autre personne peut par le mécanisme de la saisie revendication
indisponibilisé le bien en question. Il ressort que la saisie revendication constitue une
sécurité pour le créancier d’un bien qui doit lui être délivré ou restitué, étant donné
qu’elle lui permet de garder intact le bien en question partout où il serait à fin qu’il
puisse lui être délivré ou restitué le moment venu.
Le titulaire d’une telle saisie est soit le propriétaire du bien meuble corporel
revendiqué, soit celui qui en a la jouissance. Il résulte de cette condition que la saisie
revendication n’est autre que le prolongement du droit de suite reconnu au
propriétaire en droit congolais.
contestation comme dans les deux précédentes saisies et à défaut de contestation dans
un délai d’un mois, l’indisponibilité cesse.
2. Le commandement
3. Le droit de contestation
1. Saisie-vente
Elle s’entend d’une saisie par laquelle le créancier, muni d’un titre
exécutoire, place sous mains de justice et fait vendre un meuble corporel (ou
plusieurs) se trouvant dans le patrimoine de son débiteur et détenu soit par lui soit par
un tiers83. Dans la mesure où elle permet au créancier de procéder au placement sous
main de la justice les biens meubles corporels du débiteur en vue de les faire vendre
pour se faire payer sur leurs prix de vente, la saisie-vente est une sécurité que le
législateur offre au créancier non désintéressé pour obvier l’insolvabilité de son
débiteur.
Notons que cette saisie peut être exercée à titre principal, tout comme elle
peut résulter de la saisie conservatoire des biens meubles corporels après conversion.
lorsqu’ils sont détenus par un tiers. Sur ce point, il se dégage une différence entre la
saisie-vente et l’ancienne saisie-exécutoire d’autant plus que la saisie-vente peut être
pratiquée sur les biens du débiteur se trouvant même entre les mains d’un tiers alors
que l’ancienne-saisie-exécutoire n’était pratiquée que sur les biens se trouvant entre
les mains du débiteur. Il est aussi important de noter que cette saisie peut être
pratiquée même sur les biens mobiliers corporels qui ont été saisis antérieurement à
titre conservatoire85.
1.2.Procédure
Si la saisie porte sur les biens détenus par un tiers et dans les locaux
d’habitation de ce dernier, elle doit être autorisée par la juridiction compétente du
lieu où se trouvent les biens. Fort de cette autorisation et justifiant du commandement
de payer signifié au débiteur 8 jours passés sans effets, l’huissier peut saisir entre les
mains du tiers, les biens que celui-ci détient pour le compte du débiteur.
C’est à partir de cette étape que l’huissier invite le tiers à déclarer les biens
qu’il détient pour le compte du débiteur, et, parmi ces derniers, ceux qui auraient fait
l’objet d’une saisie antérieure. Au cas où le tiers déclare détenir des biens pour le
compte du débiteur, il est dressé un inventaire qui contient certaines mentions à peine
de nullité89. Si le tiers est présent à l’opération, l’huissier lui rappelle verbalement
que toute déclaration mensongère ou inexacte l’expose à être condamné au paiement
des causes de la saisie et éventuellement aux dommages-intérêts ; les objets saisis
sont indisponibles, sont placés sous sa garde et ils ne peuvent être ni aliénés ni
déplacés si ce n’est dans le cas prévu par l’article 97 de l’AUPSRVE 90 sous peine
des sanctions pénales et il est tenu de faire connaitre la saisie appliquée sur les biens
à tout créancier qui procéderait à une saisie sur les mêmes biens et enfin il conserve
le droit de refuser la garde des biens saisis, il peut à tout moment demander à en être
déchargé. Dans cette hypothèse, l’huissier pourvoit à la nomination d’un gardien et à
l’enlèvement des biens.
Vente amiable
Cette vente constitue la possibilité que le législateur laisse au débiteur des
biens saisis de les vendre avec sa propre volonté pour désintéresser ses créanciers.
Ainsi, le législateur reconnait cette possibilité au débiteur pendant un délai d’un mois
à compter de la notification du procès-verbal de saisi.
Après que le débiteur a vendu volontairement les biens saisis en ayant bien
sûr averti l’huissier sur toutes les propositions qui lui ont été faites et que ce dernier
ait aussi informé le créancier saisissant et ceux opposants disposant d’un délai de 15
jours pour se prononcer, le prix de la vente est consigné entre les mains de l’huissier
au choix du créancier saisissant. C’est à ce stade que le greffier procédera au
paiement de prix aux divers créanciers selon le cas.
Vente forcée
D’emblée, il convient de signaler que cette vente a lieu lorsque la vente
amiable n’a pas été réalisée. Donc, on ne peut directement passer à la vente forcée
sans qu’il ne soit accordé au créancier le délai de la vente amiable (ce délai est d’un
mois augmenté de 15 jours reconnus aux créanciers un pour prendre parti).
Etant effectuée aux enchères, la vente des biens saisis est faite au plus
offrant après trois criées. Le paiement est fait au comptant et la vente est arrêtée
lorsque le prix des biens vendus assure le paiement du montant des causes de la saisie
et des oppositions, en principal, intérêts et frais. C’est à ce stade qu’intervient le
paiement des obligations aux créanciers après que le procès-verbal de la vente a été
dressé.
Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il y ait confusion avec un paiement95.
Une autre cause de sa lourdeur provenait de sa procédure compliquée
comprenant plusieurs phases et dominée surtout par l’instance en validité qui
remettait en cause toute la procédure déjà engagée et qui rendait sans valeur le titre
exécutoire que détenait le créancier alors qu’avec la saisie-attribution, il n y a plus
d’instance en validité. Donc, la procédure est beaucoup plus allégée et par
conséquent, sécurisant pour tout créancier qui en utilise.
Le seul titre de cette saisie suffit pour prouver son domaine d’intervention,
c'est-à-dire que cette saisie ne porte que sur les créances. Toutefois, il convient
d’affirmer que les créances dont mention est faite ici sont des créances des sommes
d’argent.
Comme il a été affirmé dans la saisie conservatoire des créances, il est aussi
logique d’affirmer qu’il y a certaines créances quoique consistant en sommes
d’argent, ne sont pas soumise à la saisie-attribution. Il s’agit là des rémunérations qui
du reste, sont soumises à une saisie particulière qui est la saisie et cession des
rémunérations.
En bref, la saisie-attribution des créances porte sur les créances des sommes
d’argent autres que les rémunérations (salaires).
Ainsi, fort d’un tel titre, le créancier se présente chez l’huissier pour y
solliciter la saisie-attribution des créances. C’est à ce niveau qu’un commandement
de payer est attribué au débiteur. Sur ces points, les conditions restent les mêmes que
celles de la saisie-vente. Après cette étape, l’huissier procède bien sûre à
l’élaboration de l’acte de saisie qui comporte, à concurrence des sommes pour
lesquelles la saisies est appliquée, tous les accessoires ainsi que certaines mentions à
peine de nullité96.
3. Saisie-appréhension
huissier de justice soit encore entre les mains de la personne ténue de la remise soit
entre celles d’un tiers.
3.2.Procédure de la saisie-appréhension
97 A vrai dire, la livraison prouve que la personne veut entrer en possession pour la première fois d’un bien dont elle a
acquis la propriété ou la jouissance alors que la restitution signifie que la personne cherche à récupérer son bien (le bien
sur lequel elle a un droit de propriété)se trouvant chez l’autre personne soit en vertu d’un contrat soit en vertu de tout
autre acte.
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Certes, comme dans toutes les autres voies d’exécution analysées ci-haut, le
créancier qui veut exercer la saisie-appréhension doit avoir un titre exécutoire98
constatant son droit sur les biens à saisir d’une part et d’autre part, il doit y avoir un
commandement de délivrer ou de restitution signifié à la personne tenue de la remise
(débiteur), ce commandement contient certaines mentions à peine de nullité99. La
procédure diffère selon qu’il s’agit de la saisie pratiquée sur les biens se trouvant
entre les mains du débiteur ou celle pratiquée sur les biens se trouvant entre les mains
d’une tierce personne.
Lorsque la saisie est exercée directement sur les biens se trouvant chez le
débiteur, en principe, l’huissier doit lui adresser un commandement, mais, le bien
peut être saisie (appréhendé) sans commandement préalable si le débiteur est
présente et qu’il n’offre pas à effectuer le transport du bien à ses propres frais, à
condition qu’il lui soit présenté le titre exécutoire en vertu duquel la saisie est
pratiquée100.
C’est à ce niveau que l’huissier dresse l’acte de la remise volontaire ou de
l’appréhension du bien.
Quoi qu’il en soit, chaque fois que l’appréhension est faite entre les mains
du tiers, une sommation de remettre le bien appréhendé lui doit directement être
signifiée. Cette sommation doit directement être dénoncée à la personne tenue de
livrer le bien ou de le restituer. La sommation ainsi signifiée doit contenir certaines
mentions à peine de nullité dont notamment une injonction d’avoir, dans un délai de
8 jours, soit à remettre le bien désigné, soit à communiquer à l’huissier, sous peine
des dommages-intérêts le cas échéant, les raisons pour lesquelles il s’oppose à la
remise101. Toutefois, à défaut de remise dans le délai imparti, le créancier peut
demander au tribunal du domicile du tiers détenteur du bien d’ordonner la remise de
celui-ci. L’action du créancier se prescrit dans une année à compter à partir du jour
où la sommation a été signifiée.
98 A la différence du titre exécutoire contenant une créance exigible et liquide exigé dans la saisie-vente tout comme
dans la saisie-attribution, le titre exécutoire exigé dans la présente saisie ne constate que le droit du créancier sur le bien
à appréhender.
99 Article 219 de l’AUPSRVE.
100 Article 220de l’AUPSRVE.
101 L’article 224 de l’AUPSRVE.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 209
3.3.Contestation
Autant que les autres saisies, la saisie-appréhension n’est pas aussi démunie
des contestations. Ces dernières peuvent provenir du débiteur, du tiers saisi ou même
de toute autre personne intéressée. Au demeurant, il convient de signaler que dans le
fond, les contestations de la saisie-appréhension sont quasiment celles déjà analysée
dans les deux première voies d’exécution. En tout état de cause, la juridiction
compétente est soit celle du lieu où est domicilié le débiteur soit celui du lieu où le
tiers saisi est domicilié.
Toutefois, il faut noter que si le débiteur n’a pas fait opposition dans le délai
de 15 jours à dater de la signification de la décision d’injonction de payer lorsqu’il a
désisté après avoir formé l’opposition, le créancier est fondé de demander
l’apposition de la formule exécutoire sur ladite décision et dans ce cas, cette décision
produit les mêmes effets qu’une décision contradictoire et ne souffre pas d’appel106.
4. La saisie immobilière
4.2.Procédure et conditions
4.2.2. La procédure
Après qu’il a été signifié à qui de droit, l’original du commandement est visé
par le conservateur des titres immobiliers, à l’initiative de l’huissier ou de l’agent
d’exécution. Une fois qu’il l’a visé, une copie lui est laissée pour publication. Cette
formalité est cruciale, dans la mesure où le créancier ne peut, lorsque dans le 3 mois
de la signification il n’arrive pas à sa diligence de déposer ou faire déposer l’original
du commandement pour publication, reprendre les poursuites qu’en les réitérant.
Le principal effet que produit le commandement, c’est qu’en cas de défaut
de paiement, il vaut saisie à partir du moment où il fait l’objet d’inscription. Outre cet
effet, il est à indiquer que le commandement ouvre la voie à la préparation de la
vente.
- La préparation de la vente111
Section 1. Notions
La loi congolaise est muette sur cette question ; la pratique s'est instaurée
d'appliquer le barème de la répartition du prix des droits immobiliers. Les saisissants
ne sont pas propriétaires mais créanciers des deniers provenant de la vente aux
enchères tant qu'ils n'ont pas été versés par le greffier aux mains des saisissants. En
cas de distribution inéquitable, les autres créanciers peuvent saisir par requête, le
président pour pouvoir faire opposition au paiement et ce en saisissant entre les
mains du greffier, toute somme appartenant au débiteur.
S'ils ont déjà un titre exécutoire, ils participent de plein droit à la
distribution.
L'huissier ne procédera pas à une nouvelle saisie sur les mêmes objets car
saisie sur saisie ne vaut ; il procédera à un recollement c'est-à-dire que l'huissier va
immédiatement dénombrer les meubles saisis avant la vente consécutive à une saisie
exécution afin de vérifier s'il n'en a pas détourné depuis lors ; ce dénombrement
donne lieu à la rédaction d'un PV. Si la première saisie n'a pas épuisé les biens
meubles, l'huissier peut, à la requête d'un deuxième créancier, compléter la saisie, et
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c'est l'ensemble des biens qui sera exproprié pour couvrir le paiement dû à l'ensemble
des créanciers saisissants.
Plusieurs saisies arrêts peuvent être autorisées sur une même créance et le
débiteur saisi peut encore céder une créance saisie jusqu'à la date de validation de la
saisie.
Rappelons que la justice est gratuiteen ce qu'il n'appartient pas aux parties
de rémunérer les juges qui sont agents de l'Etat.
Est absurde l'idée d'une justice payante, c'est à dire une justice qui rapporte
autant où-plus qu'elle ne coûte.
Pour chaque acte de procédure, la loi a fixé un tarif des frais, dont les taux
ont été arrêtés par l'ordonnance loi du 30 novembre 1970, qui a modifié sur ce point
le code de procédure civile.
Le juge fixe te frais de transport de séjour des magistrats, greffiers et
huissiers, qui sont
nécessaires pour l'accomplissement de devoirs inhérents à la procédure de la cause:
ceci veut
dire que le juge établit ou vérifie le compte des dépenses réellement et utilement
exposées; il en
arrête le montant qui va entrer en ligne de compte pour l'établissement de l'état des
frais. Les
magistrats et les officiers ministériels le soucieront de comprimer ces frais non tarifié
qui peuvent
constituer une charge très lourde.
Le tarif établi par la loi est réduit de moitié lorsqu'il s'agit des litiges d'une
valeur ne dépassant pas100 zaïres à actualiser).
Témoigner en justice est un devoir civique qui ne peut pas donner lieu à
rémunération.
Mais, il ne faut pas que l'accomplissement de ce devoir cause un préjudice
au témoin; c'estpourquoi celui-ci peut obtenir en taxe la compensation des pertes
qu'il subit (salaire, manque à
gagner) ainsi que les frais (transport, séjour) qu'il a dû exposer pour apporter son
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témoignage.
Ainsi les taxes sont des indemnités payées aux témoins et ne constituent pas un
"salaire".
Les agents de l'Etat qui sont appelés à témoigner ne subissent aucun manque
à gagner puisqueleur traitement n'est pas suspendu; c'est pourquoi leur taxe est
allouée au profit du trésor, saufen ce qui concerne les frais que ces agents auraient
personnellement exposés.
C'est le tribunal qui fixe la taxe de l'audience à laquelle le témoin a
comparu. Le témoin peuttoucher la taxe au greffe à l'issue de l'audience.
Les dépens sont les frais, taxes et honoraire qui ont été exposés par les
parties en cours deprocédure.
Les dépens de la partie qui obtient gain de cause sont mis, par le jugement
définitif à charge de la partie succombante.
Certains frais d'avocat ou frais de déplacement d'une partie pour se rendre
aux audiences, nerentrent pas dans les dépens et restent à la charge de la partie qui
les a exposés.
L'arrêt qui vide la saisine de la cour suprême taxe et impute les frais à la
partie succombant.
La juridiction de cassation ne doit pas statuer sur les frais exposés aux
degrés inférieurs dejuridiction; si elle casse le jugement, les dispositions imputant les
frais sont également cassées,
l'imputation de la masse des frais.
Une juridiction doit statuer sur l'imputation des frais au moment où elle vide
sa saisine; danstousles jugements avant dire droit, les frais sont réservés.
Le jugement qui prononce la disjonction d'une demande peut envisager la
ventilation des frais: les frais exposés pour la demande vidée par un jugement
peuvent être établis et imputés par cejugement.
En cas de jugement provisionnel, il convient de réserver les frais, mais les
droits proportionnelssont dus sur le montant alloué.
La condamnation aux frais constitue une obligation légale; le tribunal doit la
prouver d'office.
Le ministère public, partie principale au procès, ne peut jamais être
condamné aux frais; lesfraissont mis à la charge du trésor, s'il est débouté de son
action ou de son recours, il en est de
même du greffier qui succombe dans une action dirigée contre lui en réduction de la
base de
calcul des droits proportionnels.
Lorsque le ministère public donne son avis, il n'est jamais partie
succombante et rien ne peut être mis comme frais à charge du trésor quand cet avis
n'est pas suivi par le tribunal.
Le principe est que les dépens doivent être mis à la charge e la partie
succombante.
Mais il y a possibilité de compensation ou de partage de dépens lorsque les
différentes parties ont succombé dans les demandes et les recours qu'elles ont
formés: chaque partie est laissée avec la charge des frais qu'elle a avancés.
Lorsqu'une partie obtient une somme moindre que celle demandée dans ses
dernières
conclusions, elle est partie succombante partiellement. C'est pourquoi la prudence
recommande,
face à une demande qui porte sur un montant qui doit être évalué par ce juge, de citer
le chiffre
demandé ou tout autre montant que le tribunal estimera équitable.
Il y a lieu à partager des frais lorsqu'une demande reconventionnelle a été
retenue, fût-ce
partiellement.
Le partage se fait généralement en imputant aux parties une fraction du total
de l'état des frais: par moitié tiers, quart ou dixième, à la discrétion du tribunal qui va
veiller à effectuer un partage équitable.
La juridiction d'appel ne peut revoir les propositions du partage des frais que
dans le cas où elleinfirme le jugement; elle peut reformer un jugement qui statuant
sur les frais, n'a effectué aucunpartage alors que les parties ont succombé
partiellement ou quand le tribunal du premier degré a omis de statuer sur les dépens.
La juridiction de cassation peut casser un Jugement qui ne statue pas sur les
frais ou qui ne metpas les frais à la charge de la partie qui a succombé; elle ne peut
pas casser du fait que la
proportion de partage est inéquitable.
Lorsque la juridiction d'appel confirme le jugement entrepris, les frais sont à
la charge de
l'appelant; les frais sont partagés si l'intimé a fait appel incident. Si la juridiction
d'appel réforme le jugement, elle fait une masse des frais des deux instances. C'est en
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Le tarif des frais en matière non contentieuse est fixé par l'art. 1 du décret du
11 juillet 1920, tel que modifiée par le décret-loi du 13 mars 1965 et par
l'ordonnance du 30 novembre 1970, mais les textes de loi ne définissent pas le
domaine auquel s'applique ce tarif.
En conclusion, l'on peut soutenir que le tarif des actes non contentieux ne
s'appliquerait qu'aux homologations et actes semblables, même rendus en forme des
jugements
Bibliographie sommaire
A. Droit Congolais
B. Droit Belge
C. Droit Français