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Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 1

INTRODUCTION

1. Définition de la procédure civile

La procédure civile a pour objet de préciser les règles que les particuliers
sont appelés à observer devant les tribunaux, les formalités auxquelles eux-mêmes, et
les hommes de loi (avocats, mandataires judiciaires et juges) doivent se soumettre en
vue d'aboutir au jugement et à son exécution (1).

Il y a lieu de souligner le caractère peu heureux de cette expression, en effet,


en droit congolais, la procédure " civile " régit également le procès du contentieux
fiscal, des affaires du droit du travail et de la sécurité sociale, le procès des affaires de
droit commercial et même, devant les sections administratives des Cours d'Appel et
la Cour Suprême de Justice, le procès du contentieux administratif.

L'expression indiquée serait " procédure en droit privé ou Droit


judiciaire privé".
Il est vrai que cette terminologie ne fait pas à l’unanimité au sein de la doctrine
congolaise.

2. Le formalisme procédural

L'Utilité sociale du formalisme juridique est cependant évidente (2).

 d'un côté il garantit le bon fonctionnement de la justice en empêchant


que la justice ne soit laissée à la fantaisie des plaideurs et à l'arbitraire des juges : ce
formalisme permet également d'assurer aux discussions et aux débats un caractère
loyal ;
 de l'autre côté, le formalisme garantit le droit du plaideur ; en effet, il
importe que ce dernier soit assuré de la conservation de son droit dès l'instant où il a
respecté le rite imposé par la loi (3).

3. L'importance sociale de la procédure

La procédure, mieux le droit judiciaire, joue sur le plan social un rôle


capital. Tout d'abord, il faut souligner que la procédure est la voie obligatoire que
doit emprunter toute personne qui voudrait agir en justice; ignorer ou méconnaître la
procédure c'est s’exposer à être débouté dans l'exercice de son droit, par ailleurs, la
simple existence de la procédure donne à tous les citoyens un sentiment de sécurité et
de confiance dans le droit; c’est à ce titre que, la procédure se révèle un gage de paix
sociale.

1) R. MOREL, Procédure civile, 2ème édition, 1949, n° 5 ; H. SOLUS et R. PERROT, Droit judiciaire privé, T.I. n° 4.
2) H. SOLUS et R. PERROT: op. cit.
3) R. MOREL, op. cit., n° 7; H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 19.
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Enfin, la procédure civile a pour vocation d’éviter ou d’estomper les


troubles, les violences ; de décourager les Citoyens à se faire justice sachant que si
leurs droits sont méconnus, les tribunaux, dans le respect des formalités légales, sont
prêts à dire le droit, à rétablir chacun dans son droit ou à défaut à dédommager ceux
dont la violation des droits est irrévocable (4).

4. La place de la procédure dans le monde juridique

L'on peut bien être tenté de considérer, à première vue, la procédure civile
comme étant une branche du droit privé étant donné qu'elle a pour objet d'assurer la
protection des droits privés; cependant, telle démarche est loin de rendre la place de
cette branche parmi tant d’autre. En effet, les règles d'organisation judiciaire, celles
relatives à la compétence des tribunaux, aux voies de recours, celles relatives aux
formalités qui doivent être respectées sont toutes des règles de droit public parce
qu'elles ont pour objet d'assurer le fonctionnement d'un service public, de régler les
rapports entre les Citoyens et l'Etat. Et à ce titre, l'on peut légitimement soutenir que
5
le droit judiciaire privé est une branche du droit public ( ).

Aussi est-il normal que les règles de procédure aient un caractère impératif,
car l'on ne peut abandonner aux plaideurs le choix de la juridiction à saisir, des
formalités à accomplir; c'est ce caractère qui se traduit par l'intervention de la notion
6
d'ordre public ( ).

5. Le champ d'application de la procédure civile

Le problème du champ d'application de la procédure civile peut être


envisagé à trois niveaux : du point de vue de la matière, de l'application dans le temps
et de l’application dans l'espace.

a) Du point de vue de la matière

La procédure civile régit tous les litiges de droit privé, que ceux-ci soient
régis par le droit civil, coutumier, commercial ou par le droit du travail et de la
sécurité sociale.

La procédure civile régit également le contentieux administratif de pleine


juridiction (répondant aux actions patrimoniales), elle régit aussi le contentieux
d'annulation, en effet, en droit Congolais, en attendant l’installation effective des
juridictions administratives, la Cour d'Appel a compétence pour annuler au premier
degré, les actes ou décisions des autorités administratives provinciales, locales, qui

4) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, Procédure Civile, Paris, Dalloz, 1994, n° 12 ; Jean VINCENT et Serge
GUICHARD, op. cit., n° 9 ; Loïc CADET, Droit judiciaire privé, Paris, Litec, 1992, n° 28.
5) A. RUBBENS, Le Droit judiciaire Congolais, Tome IV. La Procédure contentieuse de droit privé, Presse
Universitaire du Congo, 1978, n° 11 ; Jean VINCENT et Serge GUINCHARD; op. cit.n° 12.
6) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD; op. cit., n° 12.
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violent la loi, tant qu'une procédure ad hoc n'aura pas été promulguée, il est entendu
que c'est la procédure civile qui régit ce genre de litige.

La procédure civile régit également les litiges fiscaux qui sont portés devant
les tribunaux civils , il en est ainsi en matière de droits d'enregistrement lorsque le
contribuable estime qu'il lui est réclamé plus qu'il ne doit ou en matière de droit de
douane pour répéter des droits payés indûment ou en matière d'impôt direct lorsque le
contribuable ayant épuisé le recours administratif peut s'adresser à la Cour d'Appel.

Traditionnellement, la procédure civile régit aussi ce qu'on appelle la


juridiction gracieuse, consistant pour un juge ou un tribunal à dire le droit en
l'absence de toute contestation. De même, les règles qui régissent l'exécution forcée
des jugements et des arrêts civils appartiennent à la procédure civile. Ainsi donc, tous
les litiges de droit privé sont soumis à la procédure civile.

b) Du point de vue de l'application dans l'espace

En principe, le droit judiciaire privé étant une législation nationale, s'étend à


tout le territoire national et n'a point d'application en dehors. Des difficultés peuvent
naître sur le plan du droit international privé lorsque les tribunaux Congolais font
application du droit étranger quant au fond de l'action alors que les règles de forme
sont liées au fond. Des difficultés peuvent également surgir lorsque des décisions
étrangères (sentence arbitrale ou jugement) doivent être exécutée au Congo, la
procédure civile Congolais réglemente minutieusement l'exequatur des jugements et
des sentences arbitraires.

c) Du point de vue de l'application dans le temps

Les lois de procédure sont d'application immédiate, elles régissent sans


attendre les instances en cours, ainsi le procès commencé sous l'empire de la loi
ancienne doit être jugé suivant les formes de la loi nouvelle.

Toutefois la loi nouvelle ne s'applique qu'aux actes de l'instance postérieur à


sa promulgation, les actes antérieurement accomplis restent valables, alors même
7
qu'ils seraient irréguliers ou tardifs d'après la loi nouvelle, il y a ici droits acquis ( ), il
faut également relever une exception au principe de l'application immédiate des lois
de procédure, s'agissant des lois de compétence, le principe de l'effet immédiat n'est
admis que si l'affaire n'a pas déjà subi sur le fond, l'épreuve d'un jugement en premier
ressort, car en ce cas la bonne administration de la justice requiert que la cause
continue à relever du même ordre juridictionnel jusqu'à la fin du procès.

La doctrine fait également échapper au principe de l'application immédiate


des lois de procédure la cause dans laquelle est déjà rendu un jugement interlocutoire.

7) R. MOREL, op. cit., n° 19, p. 19; H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 23.
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De même si la loi nouvelle au cours de l'instance d'appel, la juridiction qui


aurait été saisie antérieurement et valablement, demeure compétente et les règles de
l'exécution provisoire sont celles qui étaient en vigueur au moment où la décision a
8
été rendue ( ). L'on doit également noter que lorsqu'une loi nouvelle intervient alors
que le pourvoi en cassation est devant la Cour Suprême de Justice, elle ne peut
recevoir application devant cette juridiction, en effet la Cour Suprême de Justice juge
les jugements et non pas les litiges et ne peut apprécier la décision des juges de fond
9
qu'au vu de la loi applicable ( ).

6. L'interprétation des règles du droit judiciaire privé ou procédure


civile

Le droit judiciaire privé étant une branche du droit public, il est normal que
ses règles soient impératives et de stricte interprétation. Toutefois des nuances
doivent être apportées à cette affirmation.
Concernant le caractère impératif, il faut souligner que conçues pour
permettre aux particuliers de faire valoir des prétentions de droit privé donc, des
prétentions dont ils ont entière disposition, ces règles doivent fournir aux justiciables
des garanties au sujet de leurs droits, et les justiciables peuvent renoncer librement à
ces garanties (10).

Mais les règles de droit judiciaire gardent leur caractère impératif


lorsqu'elles déterminent les modalités par lesquelles les particuliers peuvent mettre
l'appareil judiciaire en mouvement ; concernant la stricte interprétation, le principe a
pour but de ne pas introduire dans la procédure Congolais des institutions qu'elle
ignore, cependant si la procédure a été instaurée c'est pour permettre aux justiciables
de trouver une solution pacifique à leurs contestations, dès lors, les organes
judiciaires ont le devoir d'utiliser tout l'arsenal des moyens de procédure que le
législateur met à leur disposition en vue de dire le droit applicable.

7. Les techniques de la procédure civile (11)

7.1. Le système accusatoire et le principe dispositif


a) Le système accusatoire

Dans la procédure accusatoire, les juges adoptent une attitude purement


passive, ils attendent que les parties apportent la preuve de bien-fondé de leurs

8) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit., n° 45.


9) Idem.
10) A. RUBENS, op. cit., n° 12.
11) Idem.
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prétentions ou des exceptions qu'ils soulèvent, ils ne prennent aucune initiative quant
à la recherche de la vérité, ils ne prennent pas la direction de la marche du procès qui
12
se trouve entre les mains des parties ( ), dans la procédure inquisitoriale, les juges
prennent l'initiative de rétablir le droit partout où ils le voient violé et de le protéger,
ils se saisissent d'office des litiges de leur compétence pour y apporter la juste
solution, ils recherchent activement la vérité en recourant d'office à tous les moyens
de preuve susceptibles de les éclairer, ils prennent en main la direction des opérations
13
de la procédure ( ). Dans ce sens, les parties peuvent de commun accord, le dessaisir
ou restreindre sa saisine.

b) Le principe dispositif

Il signifie, au sens strict, que les parties ont la maîtrise de la matière


litigieuse, le pouvoir de fixer les éléments du litige. Ce qui veut dire que le juge ne
peut statuer que sur ce qui lui est demandé et non pas sur ce qui ne lui est pas
demandé.

Cependant, il est possible que certaines questions se posent, quant à


l'étendue de ce pouvoir et quant au point de savoir quels sont les pouvoir du juge. Ce
dernier peut-il requalifier les faits allégués par les parties, peut-il relever des faits que
ces parties n'ont pas allégués ?

1°. Au plan des faits

Le domaine des faits du procès est essentiellement du ressort des plaideurs


qui ont la charge d'alléguer les faits qui sont pertinents et de nature à fonder leurs
prétentions. Le juge ne peut pas fonder sa conviction sur des faits qui ne sont pas
dans le débat, toutefois, il est admis que le juge peut prendre en considération même
les faits que les parties n'auraient pas spécialement invoqués au soutien de leur
prétention. C'est ce qu'on appelle faits adventices. C'est-à-dire des faits qui ont été
allégués par les parties même, dont elles n'ont tiré aucune conséquence juridique. Il
est admis que le juge ne pas toujours constants des faits pour la simple raison que les
parties ne les ont pas expressément contesté, le juge, en vertu de son pouvoir
d'interpréter les écritures de parties peut les contester sur la base d'une contestation
implicite par ces parties.

2°. Au plan du droit

S'il est vrai que les parties ont la maîtrise du fait, sous réserve d'une certaine
intervention du juge, en revanche le juge a la maîtrise du droit, il a l'obligation de
trancher le litige conformément aux règles de droit qui lui sont applicable. Il a le
pouvoir de qualifier les faits afin de déterminer la règle de droit applicable, il a aussi
le pouvoir de modifier ou d'interpréter le fonctionnement juridique invoqué par le

12) A. RUBBENS; Tome I - Le pouvoir, l'organisation et les compétences judiciaires, Kinshasa-Bruxelles, 1970, n°
31.
13) Idem.
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demandeur au soutien de ses prétentions. Ce pouvoir vaut pour toutes les règles de
droit qu'il s'agisse des règles de fond, des règles de compétence ou des règles de
14 15
procédure ( ). C'est ce pouvoir qu'exprime l'adage " jura novitcuria " ( ).

Le juge peut modifier le fondement de la demande en relevant d'office un


moyen de droit mais à la double condition de respecter le principe du contradictoire
16
et de ne pas modifier les termes du litige dans son objet et dans sa cause ( ). Il nous
17
faut signaler deux autres limitations au pouvoir du juge d'appliquer le droit ( ).

7.2.Le principe de l'immutabilité du litige (18)

1. Notion de l'immutabilité du litige

a. La doctrine classique a longtemps enseigné que l'étendue de l'instance est


définitivement fixée par la demande en justice et que durant le procès, il n'est pas
possible d'en modifier les éléments constitutifs.

b. Les raisons suivantes sont invoquées comme fondement de ce principe :


 le souci de ne pas compliquer le procès,
 le souci de sauvegarder les droits de la défense, en tenant l'adversaire à
l'abri de modifications susceptibles de le surprendre,
 la crainte que les règles de compétence ne soient perturbées par
l'adjonction de nouvelles prétentions.

2. La position de la doctrine moderne

a. Ce principe pousse à l'extrême, risque d'entraîner des conséquences


fâcheuses.
b. Il y a une " dynamique du procès " qui fait que celui-ci continue
d'évoluer durant l'instance, il faut permettre aux parties d'élargir le débat initial, pour
ne pas les obliger à engager un nouveau procès, qui va entraîner une perte de temps.
c. Tout en se souciant de la bonne administration de la justice et du respect
des droits de la défense; il est préférable de conserver au lien juridique d'instance une
certaine plasticité afin de permettre aux plaideurs de vider en une seule fois tout le
contentieux qui les oppose. Bref " l'objet du litige peut être modifié par des demandes
incidentes pourvu qu'elles se rattachent aux prétentions originaires par un lien
suffisant ". L'immutabilité du litige est désormais considérée comme une règle ayant
valeur de référence afin d'éviter les excès que peut entraîner la recevabilité
désordonnée des demandes incidentes.

14) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit, n° 554 ; Loïc CADET, op. cit., n° 895.
15) Loïc CADET, op. cit, n° 897; A. RUBBENS, op. cit., n° 69.
16) VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 557.
17) Loïc CADET, op. cit., n° 899.
18) Henry SOLIES et Roger PERROT, Droit judiciaire privé, Tome III, Procédure de première instance, Paris, éd.
Sirey Paul, 1991, n° 1015.
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7.3.Le caractère contradictoire de la procédure civile

Le caractère contradictoire est essentiel à la procédure civile, en effet, toute


prétention de droit formulée à l'endroit d'une partie doit lui être notifiée et ce dans les
délais légaux, cependant la loi organise la procédure par défaut qui suppose que la
partie défaillante a eu connaissance de l'objet de l'instance ainsi que du lieu, de la
date et de l'heure de l'audience, mais la procédure par défaut réserve les droits de la
partie défaillante à faire revoir contradictoirement la procédure à laquelle elle n'a pas
pu assister.

7.4.L'oralité de la procédure civile

Le principe de l'oralité est de rigueur, les parties doivent comparaître en


personne ou être représentées et soutenir verbalement leurs prétentions sous forme de
conclusion et peuvent plaider la thèse qu'elles soutiennent. Les enquêtes et auditions
personnelles des parties se font par interrogatoire verbal à l'audience.
Le serment litisdécisoire ou supplétoire est toujours oral et formulé à l'appui
d'une déclaration verbale. Le jugement doit être prononcé. Toutefois, le principe de
l'oralité est tempéré par les éléments suivants :
 les actes de la procédure et le jugement sont " actés " par le greffier ou
repris par les exploits d'huissier;
 plusieurs actes de procédure sont nécessairement formés par écrit,
exemple : commission rogatoires, assignations;
 d'autres actes de procédure peuvent être formés par écrit (lettre missive)
ou par déclaration actée : exemple : acte d'appel ou d'opposition;
 il y a des actes qui doivent nécessairement être faits oralement mais
doivent faire l'objet d'un dépôt de note qui dispense le greffier d'acter la déclaration;
exemple : comparution volontaire, conclusions, désistement, etc. L'oralité perd sa
raison d'être dans certaines procédures qui ne sont pas publiques, exemple :
 les ordonnances rendues sur requête;
 la procédure du recours en annulation se faisant essentiellement sur "
pièces " quoique ne soit pas exclue la tenue d'une audience publique avec audition
des parties;
 dans la procédure de pouvoir en cassation, il est largement fait recours à
la procédure écrite d'où cependant l'oralité n'est pas totalement absente.

7.5.La publicité des audiences civiles

La publicité des audiences est considérée comme une garantie essentielle


pour la bonne administration de la justice, cette garantie ne concerne pas seulement
les parties à la cause mais elle protège aussi les juges contre les suspicions du public.
Enfin, il y a mieux de noter que la publicité des audiences est d'ordre public.

7.6.La publicité des jugements

L'article 21 de la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi


du 20 janvier 2011 dispose que les jugements sont prononcés en audience publique,
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même dans le cas où le huis clos a été ordonné et dans le cas où une partie de la
procédure se fait en chambre du Conseil. Dans certains cas, les jugements font l'objet
d'une publicité spéciale. Ainsi par exemple, il est requis que les jugements
prononçant le divorce ou la faillite doivent être publiés par extraits dans le journal
officiel. De même, la publication d'un jugement peut être ordonnée par le tribunal au
titre de réparation civile.

7.7.Les formes et le secret du délibéré

A. Les formes du délibéré (19).

Le délibéré peut se présenter sous trois formes :


a) les membres du tribunal, sans quitter la salle d'audience, se concertent à
voix basse sur la décision à prendre, une fois qu'ils sont d'accord, le jugement est
rendu séance tenante, on appelle cette forme de délibéré, le jugement sur le siège,
b) le tribunal se retire pendant quelque temps, après lequel il rentre dans la
salle d'audience et rend son jugement. Dans ce cas, on parle de jugement rendu sur le
banc.
c) le tribunal estime qu'il a besoin de plusieurs jours pour délibérer. C’est la
procédure à la quelle le tribunal se réfère le plus souvent. En droit français, la loi
exige que si le jugement n'est pas rendu sur le banc, le tribunal doit indiquer aux
parties la date à laquelle il sera prononcé (20). Cette règle est importante lorsque le
point de départ des délais des voies de recours se situe au jour du prononcé du
jugement, il est alors essentiel, pour le respect des droits de la défense, que les parties
soient informées du jour où le jugement sera prononcé.

Il y a lieu de préciser que ne peuvent participer au délibéré que les juges


devant lesquels l'affaire a été débattue. Cette exigence a pour vocation d’assurer le
respect du principe qui veut que les juges se prononcent d'après la connaissance qu'ils
ont acquise des éléments du débat et non pas d'après leurs renseignements
personnels. Cette règle qui est prévue sous forme de disposition légale ailleurs, ( 21)
est appliquée en droit congolais à titre de principe général de droit (22).

B. Le secret du délibéré (23).

Les délibérations des juges sont secrètes, ce qui entraîne deux conséquences
:

19) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 1220.


20) Art. 450 du Code de Procédure Civile.
21) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit.; 1218.
22) NIMY MAYIDIKA NGIMBI : Essai critique de jurisprudence. Analyse d'arrêts de la Cour Suprême de Justice,
1969-1972, Kinshasa, 1973, p. 88-91
Le développement que Maître Nimy consacre à cette question se situe sur le terrain des causes pénales, mais ce principe
s'applique aussi en procédure civile.
23) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 1223.
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a) toute personne autre que les magistrats légalement admis au délibéré doit
être écartée de ce délibéré.
b) toute divulgation de son contenu est interdite. La nullité du jugement
peut être prononcée sur base de cette divulgation en considérant qu'il s'agit d'une
nullité d'ordre public (24).

7.8.L'accessibilité au public des registres et archives du greffe

L'article 84 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ, requiert des parties


l'autorisation du Procureur Général de la République et celle du Procureur Général
près la Cour d'Appel pour toute communication et délivrance des pièces judiciaires.

Des greffiers Congolais se fondent, à tort sur cette disposition, pour refuser
l'accès au public, des archives civiles gardées au greffe, il s'agit d'une mauvaise
interprétation étant donné que l'article 84 susvisé ne concerne que la matière
répressive et disciplinaire.

7.9.Le rôle du Ministère Public en Procédure Civile

Le Ministère Public assiste à toutes les audiences civiles des tribunaux, à


cette fin il peut recevoir en communication les dossiers des parties ; en certaines
matières que la loi elle-même fixe1, il doit prendre connaissance des dossiers et
formuler un avis, en veillant au respect du droit et de l'ordre public.
En sa qualité de responsable du maintien de l'ordre dans les Cours et
Tribunaux, il signale au Président, Maître de l'audience, les abus et excès qu'il
constate dans le chef des parties et de leurs défenseurs comme dans le chef des tiers,
au cas où leurs agissements revêtent un caractère infractionnel et que le tribunal
n'applique pas la procédure de délit d'audience, il peut dresser un procès-verbal de
constat.

Le Ministère Public exerce également une mission de surveillance des


officiers publics et des officiers ministériels, sauf des agents du greffe et de l'office
des huissiers2.

8. Les sources de la procédure civile

8.1.La Constitution

La constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier


2011 portant révision de certains articles de la constitution consacre plusieurs
dispositions procédurales. A titre exemplatif nous pouvons citer :

24) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 1243.


1 Art. 68 et 69, loi organique de 2013 sur l’OCJ
2 Article 66, idem
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L'article 19 institue le droit, pour toute personne d'être jugée dans un


délai raisonnable.
 l'article 21 proclame la nécessité d'un jugement écrit et motivé.
l'exigence de la motivation obéit à des fins de contrôle par les juridictions supérieures
(appel, cassation, requête civile).
 l'article 20 alinéas 1 requiert le prononcé du jugement en audience
publique, éte…

8.2. La loi et les actes ayant force de loi (les ordonnances-loi ou les
décrets-lois)

La loi, entendue comme un acte pris par le parlement dans le cadre de sa


mission principale de légiférer une matière, est une source importante de la procédure
civile à bien des égards. A côté de la loi, figure d’autres actes qui, par nature, sont de
la compétence du parlement, mais pour une circonstance donnée sont pris par le
gouvernement ou le pouvoir exécutif. C’est à ce titre que la constitution du 18
février2006 dispose en son article 129 que le gouvernement peut, pour l’exécution
urgente de son programme d’action, demander à l’assemblée nationale ou au sénat de
prendre par ordonnances lois pendant un délai limité et sur des matières déterminées,
des mesures qui sont normalement du domaine de la loi.

8.3.Les ordonnances du Premier Président de la Cour de cassation et


celle des Premiers Présidents des Cours d'Appel.

Les articles 21 et 27 de la loi organique de 2013 reconnaît au Premier


Président de la Cour d’appel et celui de la Cour de cassation le pouvoir de régler le
service d'ordre intérieur de leur juridiction.
Ces dispositions accordent le pouvoir à chaque Premier Président de la Cour
d'Appel de régler le service d'ordre intérieur des cours et tribunaux dans son ressort.
Ces ordonnances constituent également une source de la procédure civile.

8.4. La jurisprudence

La jurisprudence demeure une source de droit de procédure civile, compte


tenu de l'accroissement des litiges, la preuve en est la place importante consacrée
dans les revues juridiques aux décisions rendues en matière de procédure.

Il convient de relever ici la place qu'occupent dans la jurisprudence, les


arrêts de principe de la Cour de cassation, pour autant qu’ils soient considérés comme
guides de la jurisprudence tout entière.

8.5. La doctrine

Le rôle de la doctrine est primordial, la doctrine anime considérablement le


progrès et l'évolution du droit, par ses analyses, ses recherches et ses critiques, elle
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stimule le législateur à améliorer des textes incomplets ou obscurs. Bref; la doctrine


peut créer une école, une orientation nouvelle26.

8.6. La coutume, les usages et les pratiques judiciaires

La coutume, en droit judiciaire privé, peut jouer un rôle important mais


uniquement en ce qui concerne les règles de procédure, les usages sont, en effet,
dépourvus d'efficacité en matière d'organisation judiciaire et de compétence qui
relève du droit public.

Mais, l'usage jouera un rôle purement supplétif, c'est-à-dire chaque fois que
le législateur n'aura pas prévu aucune disposition légale dans une matière. Il ne
l'emportera pas sur la règle, s'il est en contradiction avec elle, encore que la loi a
souvent adopté certains usages qui s'étaient imposés en les coulants dans des textes.

A côté des usages, il ne faut point méconnaître l'importance de la pratique


judiciaire qui crée ces procédés que la loi n'avait prévus mais qui varient suivant les
tribunaux établis dans les différents ressorts des Cours d'Appel.

En RDC, la coutume locale issue du droit coutumier pourra suppléer, en plus


des usages et pratiques judiciaires aux lacunes de la loi et ce, en vertu de
l'ordonnance du 14 mai 1886 qui dispose :
" Lorsque la matière n'est pas prévue par un décret, un arrêté ou une
ordonnance déjà promulguée, les contestations qui sont de la compétence des
tribunaux du Congo seront jugées d'après les coutumes locales, les principes
généraux du droit et l'équité".

Les articles 10, 110, 118 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ prévoient
que si une contestation doit être tranchée suivant la coutume, celles-ci s’applique
[pour autant qu'elle soit conforme aux lois et à l'ordre public]. Les cours et tribunaux
s'inspirent des principes généraux du droit qui, comme les autres sources du droit
judiciaire, suppléent au silence de la loi dans les matières judiciaires.

8.8. L'équité

Lorsque les sources formelles, c'est-à-dire les principes généraux du droit, la


coutume locale, les usages et la pratique judiciaire font défaut, les tribunaux s'en
réfèrent à l'équité, qui est également source de droit et à laquelle renvoie
l'ordonnance de 1886 précitée. L'on peut définir l'équité comme le sens humain de la
27
pondération et de la conscience sociale du juge .

26 Emile LAMY, Le droit privé Congolais, volume I, Presses Universitaires du Congo, Kinshasa 1975, p. 131, n°81.
27Emile LAMY, op. cit. p. 118, n° 71.
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PREMIERE PARTIE : LA PROCEDURE CONTENTIEUSE


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CHAPITRE I : LES PROCEDURES PREALABLES

Il existe un certain nombre de procédures qui se déroulent avant même que


le procès proprement dit ne commence, et dont l’examen préalable est capital.
Certains auteurs, pour des raisons didactiques, examinent d'abord le déroulement du
procès sous ses diverses facettes; ce n'est qu'après qu'ils abordent les procédures
préalables. Nous avons opté pour la rationalité judiciaire, qui consiste à étudier
d'abord les procédures pré juridictionnelles avant d’en arriver à la phase de
l’instruction à l’audience.

Section 1 : La mise en demeure

Il s'agit d'une sommation notifiée par le créancier au débiteur d'avoir à


exécuter son obligation. Bien souvent, un créancier d'une obligation ne peut ester en
justice contre son débiteur sans l'avoir préalablement mise en demeure. La mise en
demeure n'est soumise à aucune règle de forme en droit Congolais, l'essentiel pour le
créancier est de s'aménager une preuve.

Souvent c'est l'huissier, officier ministériel, qui est qualifié pour faire des
sommations civiles, mais le créancier peut aussi utiliser une lettre recommandée à la
poste. Notons d'ores et déjà qu'en matière d'exécution forcée, la mise en demeure
s'appelle " commandement ".

Section 2 : La tentative de conciliation

Nous rappelons brièvement l'essentiel de l'enseignement de l'Organisation et


Compétence Judiciaires sur la conciliation.

En Afrique, la conciliation, appelée " palabre ", constitue l'expression d'une


philosophie de vie sociale qui permet le règlement pacifique des conflits en société
en faisant en sorte que chaque patriote ait la satisfaction morale et psychologique de
vider la rancœur et la haine accumulée, de ménager l'amour propre des parties car il
n'y a ni vainqueur ni vaincu et la paix sociale est rétablie.

En France, la conciliation se trouve consacrée au niveau judiciaire avec


l'institution du " Conciliateur ", qui est une sorte de juge privé désigné dans un
quartier pour régler à l'amiable de petits litiges de droit privé, la conciliation a aussi
été instituée en France au plan administratif avec la création du " médiateur de la
République ". Quand les parties ont déjà saisi la justice, on peut présumer que les
chances de réconciliation ont été épuisées par les avocats ou de tiers médiateurs,
toutefois, la conciliation, en droit judiciaire privé, reste toujours possible en tout état
de la procédure et le juge Congolais doit s'y intéresser.

Le droit Congolais rend obligatoire la tentative de conciliation


préalablement à la tenue de l'audience publique dans les cas suivants :

1. Pour exercer l'action en divorce :


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 L'article 559 du Code de la Famille charge le Président du Tribunal de


Paix, à huis clos et hors de la personne de leurs conseils, de tenter en amiable
conciliateur de resserrer les liens conjugaux, dans un but de rapprochement des
époux, le Président peut convoquer les personnes qu'il estime susceptibles de
favoriser celui-ci, il peut aussi ajourner la suite de l'instance en divorce pour une
durée maximum de six mois lorsque le rapprochement n'est pas exclu. Les décisions
prises lors des audiences de conciliation ne sont pas susceptibles d’appel. Avant
l'instruction de la cause, le Tribunal de Paix peut encore à la demande des parties ou
même d'office, ordonner que celles-ci se présentent devant des réunions de famille
selon des modalités qu’il précise, la conciliation intervenue en cours d'instance est
constatée par le tribunal, elle éteint l'action (art. 567 du Code de la Famille).

2. En matière sociale (conflit de travail), aucune action opposant


l’employeur à son employé n'est recevable, si la conciliation extrajudiciaire n'a pas
été tentée devant l’inspecteur du travail compétent (art. 200 du Code du Travail).
Cette conciliation doit en plus aboutir à l’établissement d’un procès-verbal de non
conciliation ou de conciliation partielle.

3. En matière de mariage, le consentement des parents au mariage, qu'il


s'agisse des enfants mineurs, constitue une obligation légale pour la validation du
mariage. En cas de refus de consentement des parents, ou du tuteur, et que le Conseil
de famille n'a pas pu obtenir le consentement, le futur époux ainsi que le ministère
public peuvent saisir, par requête, le Tribunal de Paix, ce dernier instruit à huis clos
la requête en amiable conciliateur (art. 359 du Code de la Famille). Ce préalable se
trouve à ce jour irrélevant depuis l’entrée en vigueur de la loi du 10 janvier 2009
portant protection de l’enfant3. En effet, ce texte de loi en prohibant l’émancipation
de la minorité du fait du mariage a abrogé plusieurs dispositions relatives à cette
matière, en l’occurrence le consentement des parents au mariage de mineure.

4. Si la dot est refusée par ceux qui, selon la coutume, doivent la recevoir,
les futurs époux peuvent porter le litige devant le conseil de famille composé d’au
moins quatre membres en raison de deux membres pour chaque famille, si le refus
persiste, les futurs époux ainsi que le ministère public peuvent saisir, par voie de
requête, le Tribunal de Paix du lieu où le mariage devrait être célébré et qui aura à
instruire à huis clos la requête en amiable conciliateur (art. 367 du Code de la
Famille).

5. En cas de manquement de l'un des époux à ses devoirs conjugaux, le


Tribunal de Paix saisi par l'époux plaignant, tentera, en chambre du conseil, de
concilier les époux plaignants, à cet effet, il peut notamment faire comparaître les
époux en personne ainsi que leurs parents respectifs, appeler en chambre du conseil
les personnes susceptibles de promouvoir la conciliation, envoyer les époux, l’un
d’eux ou leurs parents devant une réunion familiale ou, à défaut, convoquer un
conseil de famille qu’il préside (art. 460 du Code de la Famille).

3 Lire avec intérêt l’article 48 de la loi portant protection de l’enfant.


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Section 3 : L’accord du conjoint et l'autorisation du juge préalable à


l'introduction de la demande en justice

Aux termes de l’article 448 de la loi n° 16/008 du 15 Juillet 2016 modifiant


et complétant la loi n° 87/010 du 1er Août 1987 portant Code de la Famille, les époux
doivent s’accorder pour tous les actes juridiques dans lesquels ils s’obligent à une
prestation qu’ils doivent effectuer et en cas de désaccord persistant, le conjoint lésé
saisit Tribunal de paix. Cette disposition consacre la substitution de l’autorité
maritale par « l’accord des époux ».

Cependant, l'article 451 du même texte, dispose que l'accord du conjoint


n'est pas nécessaire dans les cas suivants :
 pour ester en justice contre l’autre;
 pour disposer à cause de mort;
 si l’un des conjoints est absent pendant douze mois.

En matière de tutelle, l'autorisation du Tribunal de Paix est requise pour un


tuteur qui veut faire voyager le mineur plus de trois mois hors du territoire national
ou passer pour ses biens un acte excédent la simple administration (art. 231 du Code
de la Famille).

Il y a des cas dans lesquels la loi prévoit l'autorisation de justice :

 Selon l'article 178, les droits et les devoirs de l'administration des biens
d'un absent, se limitent à l'administration des biens, il ne peut intenter
une action ni y défendre sans autorisation de justice.
 S'il y a nécessité ou avantage évident à aliéner ou à hypothéquer les
immeubles de l'absent, l'administrateur peut y procéder avec autorisation
de justice (art. 181 du Code de la Famille).
 En cas de manquements d'un des époux à ses devoirs, le Président du
Tribunal de Paix tentera de concilier les époux, si la conciliation
n'aboutit pas, il rend une ordonnance constatant l'échec et autorisant la
partie requérante à saisir le tribunal (art. 460 al. 4 du Code de la
Famille).

Section 4 : L’abréviation de délai

Le délai d'assignation est de 8 jours francs. Mais dans les cas qui requièrent
célérité, le Président de la Juridiction compétente peut, par ordonnance rendue sur
requête, permettre d'assigner à bref délai (art. 10 du Code de procédure civile).

C'est l'ordonnance du Président qui fixe le délai abrégé, une expédition de


l'ordonnance doit être signifiée en même temps que l'assignation.
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Section 5 : La désignation d'une personne ayant qualité pour ester en


justice pour un incapable

Le Code de la Famille prévoit quelques cas dans lesquels l'on désigne une
personne ayant qualité pour ester en justice pour un incapable, il y a notamment :

1. En cas d'absence de l’un des conjoints qui a laissé des enfants mineurs
d’un commun mariage, l’autre conjoint exerce sur les enfants tous les attributs de
l'autorité parentale, notamment quant à leur éducation et à l’administration de leurs
biens, sous réserve du droit de regard d’un membre de la famille de l’absent désigné
par le Tribunal pour enfants, sur proposition du conseil de famille(art. 198 du code de
la famille).

2. Dans tous les cas où les intérêts des père et mère, tuteur ou curateur ou
de leurs parents ou alliés en ligne directe sont en conflit avec les intérêts de
l'incapable, le Tribunal pour enfants ou le Tribunal de Paix, selon le cas, désignera
un tuteur spécial ou un curateur spécial (art. 216 du code de la famille).
L'on peut donc en ce cas concevoir que le tuteur spécial soit désigné pour
ester en justice.

3. Le parent qui exerce seul l'autorité parentale sur les enfants mineurs
peut, s'il se considère incapable, demander au Tribunal de désigner un tuteur (art. 324
du code de la famille), ici également, ce tuteur peut être amené à ester en justice.

4. Pendant la minorité de l'enfant, la mère peut exercer l'action en


recherche de paternité, si la mère de l'enfant est décédée ou encore si elle se trouve
dans l'impossibilité de manifester sa volonté, l'action sera intentée par un membre de
la famille maternelle de l'enfant, désigné par le Tribunal, conformément à la coutume
ou par celui qui a la garde de l'enfant. Si la mère de l’enfant n’est pas connue ou
chaque fois que l’intérêt de l’enfant le requiert, le ministère public peut exercer
l’action en recherche de paternité. (art. 631 du Code de la Famille).

Section 6 : La désignation d'un conseil

L'assistance ou la représentation de demandeur par un Conseil n'est pas en


principe imposée pour introduire une action, toutefois, dans des cas précis, la loi
impose le recours à un Conseil :
a) la requête civile ne peut être formée qu'après la consultation de trois
avocats, exerçant depuis cinq ans au moins près un des tribunaux du
ressort de la Cour d'Appel dans lequel le jugement a été rendu.
b) la requête introductive de pourvois en cassation doit être signée par un
avocat du barreau près la Cour de cassation.

La loi congolaise n'impose pas l'assistance judiciaire gratuite en faveur des


personnes indigentes dans les procès civils. Mais la loi congolaise organise des
mécanismes propres en faveur des personnes qui se révèlent inaptes à exercer une
action en justice, à assurer leur défense ou à y pourvoir.
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En effet, l'article 68 de la loi organique du 11 avril 2013 portant


organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire
prévoit ce qui suit :

- Les officiers du ministère public peuvent agir, en matière de droit privé,


par voie d'action principale dans l'intérêt de toute personne physique
lésée qui serait inapte à ester en justice, à assurer sa défense ou y
pourvoir. Les officiers du ministère public peuvent, par voie de requête
écrite, demander au Président de la Juridiction, la désignation d'un
Conseil chargé d'assister les personnes inaptes visée au point ci-dessus.

- Le juge de paix qui préside le tribunal peut désignent d'office un Conseil


chargé d'assister les personnes dont il est question au point A ci-dessus.

Selon le Doyen Antoine RUBBENS, le cas d'inaptitude dont il est question


est celui des personnes parfaitement capables d'exercer leurs droits dans leur milieu
traditionnel mais qui se trouvent perdues dans un cadre de vie qui leur est trop peu
familier et lorsque cette situation va de pair avec l'indigence, il va de soi que les
services du Conseil désigné soient " pro deo " (26). Nous soutenons, pour notre part,
que lorsque cette " inaptitude " se manifeste en ce qui concerne la sauvegarde de la
défense ou l'impossibilité d'y pouvoir, l'on se trouve bel et bien en présence d'une
véritable indigence. Le seul regret est qu'en ce cas, seul le Président du Tribunal de
Paix soit autorisé par la loi à désigner d'office un Conseil, e pouvoir aurait dû être
reconnu à tous les Chefs de juridictions.

Section 7 : Les mesures conservatoires

Dans certains cas, la loi prévoit l'organisation des mesures conservatoires en


vue de sauvegarder le fond même des droits des parties. Ces mesures conservatoires
sont prises donc avant que le tribunal ne soit saisi du fond même de la demande
principale. C'est ainsi que :

- Les créanciers peuvent, avec la permission du juge, saisir un gage


mobilier ou une créance de leur débiteur, avant d'avoir obtenu un titre
exécutoire.

- La loi du 20 juillet 1973 prévoit l'opposition au droit du propriétaire ou


du concessionnaire. Le droit de propriété ou de concession étant absolu,
le législateur a cependant prévu des cas où, dans l'intérêt des tiers, on
peut le paralyser temporairement.

Peuvent faire opposition :


 le créancier hypothécaire du certificat d'enregistrement,
 le créancier muni d'un titre exécutoire,

26) A. RUBBENS, op. cit., n° 32, p. 29.


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 le précédent concessionnaire ou propriétaire ayant un droit à la


rétrocession,
 le curateur de la faillite,
 la femme mariée,
 le détenteur du droit a devenir concessionnaire ou propriétaire.

L'objet de l'opposition est d'empêcher toute mutation, l'inscription de cette


opposition au certificat immobilier a pour effet de paralyser le droit du
concessionnaire ou du propriétaire de se dépouiller de sa concession ou de sa
propriété. L'opposition est valable pour une durée de six mois lorsqu'elle est autorisée
par le Conservateur des titres immobiliers. Elle peut être renouvelée pour une
nouvelle période de six mois par une ordonnance du Président du Tribunal de Grande
Instance.

- Le séquestre peut être postulé par voie de requête et peut être demandé
préalablement à une action litigieuse, en effet, selon l'article 523 du
Code Civil Livre III, le juge de l'ordonnance du séquestre contrôle le
bien-fondé des requêtes, le requérant téméraire assume la responsabilité
du dommage causé par la mesure obtenue s'il se révélait dans la suite
qu'elle n'était pas justifiée.

- Le juge ordonnant le séquestre peut imposer l'opposition de scellés par


voie d'ordonnance.

Section 8 : La dispense de consignation des frais

En principe l'assignation ou la requête introductive n'est pas prise en


considération par le greffier qu'après la consignation de la somme d'argent nécessaire
pour le paiement des frais. La partie indigente peut obtenir du Président de la
juridiction une ordonnance de dispense de consignation des frais.

Sa requête est appréciée par le Président. Le Règlement Intérieur des Cours


et Tribunaux prévoient la production des documents justifiant l'indigence (art. 33 à
36 du règlement intérieur des Cours et tribunaux).

C'est ainsi que :

 S'agissant du fonctionnaire ou d'un militaire, l'indigence est appréciée sur la


base des crédits relatifs au traitement du dernier trimestre précédant
l'introduction de la requête;
 S'agissant des agents des sociétés para-étatiques et des sociétés privées,
l'indigence est appréciée d'après les fiches de paie relatives au salaire du
trimestre qui précède l'introduction de la requête;
 Lorsqu'il s'agit d'un commerçant ou d'une personne exerçant une profession
libérale, l'appréciation de l'indigence se fonde sur les documents de déclaration
ou de paiement d'impôt sur les revenus relatifs à l'exercice fiscal précédant
l'introduction de la requête.
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En ce qui concerne les indigents ou les personnes qui ne rentrent dans


aucune des catégories précitées, il est tenu compte de l'attestation d'indigence
délivrée par les autorités administratives.

CHAPITRE II : L'ACTION EN JUSTICE

Section 1 : Notions générales

§1. Définition

La loi ne définit pas l'action en justice. L'on pourrait définir l'action en


justice comme étant le pouvoir reconnu aux particuliers de s'adresser à la justice pour
obtenir le respect de leurs droits et de leurs intérêts légitimes (27).

Le nouveau Code Français de procédure civile pose une définition qui a le


mérite de la clarté : l'action est le droit, pour l'auteur d'une prétention, d'être entendue
sur le fond de celle-ci afin que le juge la dise bien ou mal fondée. Pour l'adversaire,
l'action est le droit de discuter le bien-fondé de cette prétention (28).

Il faut noter que l'abus dans l'exercice de l'action est sanctionné par la
condamnation aux dépens, parfois aux dommages-intérêts. En effet, si un plaideur, en
attaquant ou en se défendant, abuse de la faculté offerte par la loi, son attitude peut
être sanctionnée.

§2. L'objet de l'action (29).

Deux situations peuvent se présenter :

- Le droit est contesté de bonne foi et le contestataire estime ne pas devoir


respecter une prétention qu'il croit non fondée.

- Sans contester le droit, quelqu'un l'a lésé, de mauvaise foi par son
comportement ou refuse de s'y conformer.

Il faut savoir qu'on ne peut recourir à l'appareil judiciaire pour lui soumettre
une contestation abstraite, ou une controverse académique. En effet, les juridictions
ne sont pas instituées pour donner des consultations ni pour trancher des discussions
jurisprudentielles, car leur mission consiste à dire le droit, à trancher les litiges.

Généralement le juge est appelé à remplir trois rôles :

27) Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, Procédure Civile, 23è édition, Paris, Dalloz, 1994.
28) J. VINCENT et S. GUICHARD; op. cit., n° 68.
29) A. RUBBENS; op. cit., n° 37.
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a) vérifier les faits qui définissent les rapports juridiques entre les parties ;
b) rechercher le droit qui régit ces rapports ;
c) procurer au demandeur un titre exécutoire qui puisse lui permettre de
rétablir son droit.

§3. Les conditions d'exercice de l'action en justice

Pour pouvoir exercer une action en justice, trois conditions doivent être
réunies :

 avoir un intérêt
 avoir la qualité
 avoir la capacité.

A. L'intérêt

1. Définition

Une condition jugée indispensable par l'ensemble de la doctrine et de la


jurisprudence pour l'exercice d'une action est : " l'intérêt ". Cette règle trouve son
fondement dans les maximes anciennes " pas d'intérêt pas d'action " ou encore "
l'intérêt est la mesure des actions ".

Mais nous pouvons définir l'intérêt comme étant la fonction de l'utilité que
présente l'exercice de l'action en justice.

L'intérêt légitime forme la base de l'action judiciaire comme il en est la


mesure. Dès qu'il y a un intérêt il y a une action et l'adage "sans intérêt, pas d'action
est un axiome de droit admis de tout temps. Cela signifie qu'une personne n'a pas le
droit de soulever des contestations inutiles et d'occuper les juges dont le temps est
précieux, de questions qui lui sont indifférentes.

Exemple : Ma sœur et son mari éprouvent depuis un moment des problèmes


dans leur couple, quel que soit le degré qu'atteindront ces problèmes, je ne pourrai
introduire une action en divorce et ce, par manque d'intérêt.

2. Caractères exigés de l'intérêt

L'intérêt ne doit pas nécessairement être pécuniaire. Il peut également être


moral.

Exemple : Une personne peut intenter une action en justice lorsqu'elle a été
atteinte dans son honneur par suite de calomnie ou de diffamation et ce, même si elle
n'a pas subi de perte financière.

L'intérêt doit être juridique et légitime. La partie qui agit en justice doit faire
état d'un intérêt juridiquement protégé.
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Exemple : Le mécontentement ou l'irritation provoquée par une émission de


télévision dont la qualité est contestable ne saurait suffire à justifier une demande en
justice. L'on doit cependant noter que l'exigence de la légitimité de l'intérêt conduit le
juge à examiner le bien-fondé de la prétention, alors qu'on est encore sur le terrain de
la recevabilité de l'action (30).

D'autre part, intérêt doit être né et actuel ce qui signifie qu'il doit exister au
moment même où la demande est formée (31). Mais, il peut devenir imminent de
prévenir un dommage ou de mettre le droit à l'abri d'une contestation ultérieure.

Exemple : X est locataire d'un immeuble. Un des murs de la propriété


menace ruine, c'est-à-dire qu'il risque de s'écrouler à tout moment, mettant en danger
l'intégrité corporelle des usagers de la voie publique. Le propriétaire refuse de faire
abattre le mur. L'on considère que le locataire possède un intérêt suffisant pour faire
admettre une action en justice tendant à la démolition du mur, alors que le mur ne
s'est pas écroulé et qu'aucun préjudice n'a encore été causé.

C'est ainsi que la doctrine et la jurisprudence belge et français ont été


amenées à admettre l'action déclaratoire qui tend à faire constater judiciairement
l'existence ou l'inexistence d'une situation juridique ou d'un droit, alors que la
contestation n'est pas encore née mais qu'existe déjà une menace grave et sérieuse de
nature à créer un trouble précis. Pareille action n'est pas éventuelle mais préventive
ou action ad futurum(32).

En France, la jurisprudence se montre de plus en plus accueillante aux


actions déclaratoires, de même la loi française prévoit de nombreux cas dans lesquels
elle permet à un particulier d'agir préventivement avant que le droit ne soit violé. Le
cas le plus typique est celui de la dénonciation de nouvelle œuvre. Citons également
ces cas où la loi permet d'ordonner toute mesure d'instruction admise légalement s'il
existe un motif légitime de conserver ou d'établir, avant tout procès, la preuve des
faits dont pourrait dépendre la solution d'un litige.

Enfin, l'intérêt doit être direct et personnel, ce qui veut dire que pour pouvoir
ester en justice, il faut avoir été directement et personnellement lésé dans ses intérêts
propres. On ne peut tolérer, en effet, qu'un simple particulier prenne l'initiative de
s'adresser aux tribunaux en invoquant l'intérêt d'autrui. Mais s'il est vrai que cette
existence est évidente lorsque l'action est exercée par le titulaire du droit qui a
toujours un intérêt personnel et direct à défendre ce droit lorsque celui-ci est
méconnu ou violé, le problème devient plus complexe quand un groupement doté de
la personnalité juridique prétend exercer une action en justice pour obtenir la

30) J. VINCENT et S. GUINCHARD; op. cit., n° 104.


31) SOLUS et PIERROT; op. cit., Tome I, n° 229.
32) L'ancien droit connaissait d'autres actions préventives notamment l'action interrogatoire et l'action provocatoire que
la jurisprudence se refuse à admettre de nos jours en raison des abus qu'elles peuvent entraîner. Pour plus de détails à ce
sujet, voyez SOLUS et PERROT; op. cit., Tome I, n° s 231 et 232.
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condamnation de certains agissements qui, sans porter atteinte de façon directe à


l'intérêt propre de groupement lui-même, risquent cependant de nuire indirectement
et par répercussion aux intérêts généraux de la collectivité qu'il représente.

Exemple : Lorsqu'un guérisseur, non diplômé exerce sa pratique, le syndicat


des médecins peut-il agir en justice non pas pour défendre ses propres intérêts en tant
que groupement mais pour demander réparation du dommage que de tels agissements
ont pu causer à la profession médicale en général? En France, la jurisprudence
reconnaît de plus en plus aux groupements professionnels (syndicats et ordres), le
droit d'exercer une action en justice pour la défense des intérêts collectifs d'une
profession chaque fois que celle-ci apparaît comme étant menacée dans ses
prérogatives et qu'un dommage matériel ou moral lui a été causé. En effet, la
tendance s'accentue de considérer certaines professions comme des entités juridiques
ayant un intérêt propre à défendre. Par contre, les tribunaux n'ont pas accordé le
même encouragement aux associations privées qui essayent d'intervenir pour faire
cesser des agissements qu'elles s'étaient donné pour but de combattre (associations de
moralité publique, comités de défense contre l'alcoolisme). Pareils conflits qui
suscitent en France une abondante littérature ne semblent pas encore avoir été soumis
aux tribunaux Congolais.

Précisons qu'en France, la recevabilité d'une action syndicale est soumise à


deux conditions :
a) le syndicat doit agir pour la défense de la profession
b) le préjudice doit avoir été causé aux intérêts collectifs de la profession.

3. Fondement juridique de la notion d'intérêt

En dépit de l'importance qu'il présente, l'intérêt, condition nécessaire à


l'admission d'une action n'a fait l'objet d'aucune disposition générale dans les Codes
de Procédure Civile Français et Congolais (33).

La jurisprudence Congolaise a cependant admis dans de nombreux cas que


l'intérêt est une condition indispensable pour ester en justice (34).

B. La qualité

La qualité est le pouvoir en vertu duquel une personne exerce l'action en


justice (35). Ainsi définie, la qualité apparaît comme une notion très voisine de
l'intérêt avec lequel elle présente une telle affinité que l'on a parfois pu en déduire

33) Voyez notamment les nombreuses références citées par SOLUS et PERRET, op. cit. T.I, n° 242. CUCHE et
VINCENT, op. cit., n° 18 et le Répertoire de Procédure Civile et Commerciale, Dalloz, Vè action.
34) J. VINCENT et S. GUINCHARD, op. cit., n° 122.
35) Elis 6/4/1912 - Jur. et dr. Congo p. 278; 1° Inst. Léo, 28 avril 1931 - R.J.C.B. 1931 p. 242, Léo, 7/1/1941, R.J.C.B.
1941 p. 134 - Appel Ruanda-Urundi 18/3/1952 - R.J.C.B. 1952 p. 155, 1° Inst. Elis. 6/4/1961, R.J.A.C., 1962, p. 133 +
Dibunda.
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qu'elle ne constitue que l'un des aspects de la condition d'intérêt (36). L'intérêt est
fonction de l'utilité que présente l'exercice de l'action, alors que la qualité est une
question de pouvoir (37). Ainsi, lorsque l'action est exercée non par le titulaire du
droit mais par un représentant, la condition d'intérêt s'apprécie en la personne de
représenter tandis que la qualité en la personne du représentant qui devra justifier du
pouvoir qui l'habilite à agir au nom d'autrui. La liste des personnes ayant qualité
pour exercer une action est fort valable, elle est dans chaque cas particulier, fonction
de l'institution en cause, de sa nature et de la volonté du législateur d'élargir ou de
restreindre le cercle de ceux qui peuvent assurer la protection de la défense ( 38).
Ainsi, la qualité varie selon que le titulaire de l'action est personne physique ou
morale.

1. La qualité appartient à une personne physique

a) Le titulaire du droit

A première vue, le titulaire a toujours qualité puisqu'il agit pour lui-même,


en son nom personnel. Mais, il arrive que la loi désigne elle-même le titulaire de cette
action en leur nom.

Exemple : En matière d'interdiction, la loi prévoit que seuls les parents, le


conjoint ou exceptionnellement le ministère public peuvent intenter l'action. Dès lors,
un ami de la famille n'aurait pas qualité pour le faire. Enfin, un tiers ne pourrait
pas intenter une action pour le titulaire du droit.

Exemple : La personne qui a indemnité la victime d'un accident ne peut pas


intenter une action en réparation du dommage causé à la victime contre l'auteur de
cet accident (39).

b) Le mandataire du titulaire du droit

Le titulaire du droit peut fort bien ne pas agir lui-même mais confier
volontairement à un autre le soin de le représenter dans l'exercice de l'action. Dans
cette hypothèse, le mandataire légal agira en lieu et place du titulaire du droit. On dit
qu'il introduit l'action "en qualité ". Parfois, il arrive que la loi oblige certaines
personnes à se faire représenter pour ester en justice. C'est le cas des incapables
(mineurs, interdits, personnes mises sous conseil judiciaire, faillis, etc.) qui jouissent
de leurs droits mais ne peuvent les exercer eux-mêmes. Le représentant légal peut
introduire l'action en son nom au profil de l'incapable mais il doit pour avoir qualité,
démontrer au tribunal l'existence et l'étendue du pouvoir qu'il tient de la loi d'agir au
nom et pour le compte d'autrui. Dans le cas contraire, si le représentant légal, ne

36) SOLUS et PERROT : Tome I, n° 262. Voyez notamment, CUCHE et VINCENT, op. cit., n° 16.
37) Idem, n° 263.
38) CUCHE et VINCENT, op. cit., n° 16.
39) J. Trib. Brux. 5/15/1903, Pas. 1903, II, 127; Comm. Brux., 18/11/1924, Jur. Comm. Brux., 453.
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prouve pas qu'il a reçu l'autorisation d'agir en justice, l'action intentée par lui ne sera
pas admise par le tribunal qui la rejettera, faute de qualité quant à l'étendue de
représentation.

Le représentant conventionnel ne pourra agir pur compte de son mandat que


si ce dernier lui a donné une procuration écrite. C'est le document qui va permettre
d'établir l'étendue du pouvoir du mandataire conventionnel. Tantôt, le pouvoir sera
général. C'est-à-dire pour toutes les affaires litigieuses du mandat, tantôt, il sera
spécial c'est-à-dire pour une opération particulière (40). Mais, contrairement au
représentant légal qui peut ester en justice en son nom au profit du représenté, le
mandataire conventionnel devra agir au nom du représenté (41). Son nom devra à
tout le moins, figurer à côté de celui du représentant.

Exemple : Si Monsieur X... est mandataire de Monsieur Z... il devra intenter


l'action en justice de la manière suivante : " Au nom de Monsieur Z...représenté par
son mandataire X... Y est assigné à comparaître devant le Tribunal de... Il devra
ensuite au moment de faire valoir les prétentions de Monsieur Z... en cours de procès,
prouver par la production de la procuration écrite qui lui a été délivrée par Monsieur
Z... qu'il est habilité non seulement à introduire en justice mais encore qu'il a le droit
de poursuivre la procédure au nom de son mandat.

Signalons qu'en général, l'avocat et le défendeur judiciaire ne sont ni les


mandataires conventionnels de leurs clients. Leur qualité d'auxiliaire de la justice leur
donne toutefois une postulation privilégiée car ils ne doivent pas démontrer les
pouvoirs qu'ils détiennent. Ils sont présumés représenter les parties lorsqu'ils sont
porteurs de pièces de la procédure (42).

Il en est de même, en France mais pas en Belgique (43) de l'avoué. C'est-à-


dire l'officier ministériel chargé de représenter les parties en justice et de rédiger les
actes de procédure (sauf ceux que la loi réserve spécialement à l'huissier) au nom du
titulaire du droit. Mais, l'avoué n'est pas un mandataire légal malgré son caractère
obligatoire. Le titulaire du droit peut choisir parmi les avoués inscrits près les cours
et les tribunaux, celui qu'il changera de le représenter. Mais, l'avoué n'instruit et ne
plaide pas. Ces fonctions sont réservées aux avocats ou aux mandataires des parties si
ceux-ci sont admis à les exercer. Au Congo, la procédure n'étant pas formaliste, le
ministère de l'avoué est inconnu. Rappelons qu'au Congo, les avocats ont le
monopole de la représentation en justice (article 6 de l'ordonnance-loi du 28
septembre 1979 précisera) sauf les exceptions prévues pour les défenseurs
judiciaires, les mandataires ad litem, les tuteurs, curateurs et liquidateurs, les parents,
alliés et associés, toutes ces personnes pouvant représenter une partie dans les

40) Voir Code Civil Congolais, livre III, les règles édictées à propos du mandat.
41) En vertu de la règle que " nul ne plaide par procureur " Voyez ce cours, deuxième partie, chapitre II).
42) Art. 73 de l'Ord. Loi n° 79/9/1979 portant organisation du barreau et du corps des défenseurs judiciaires et du corps
des mandataires de l'Etat.
43) La loi belge du 10 octobre 1967 portant code judiciaire a supprimé le ministère des avoués, leur utilité n'étant plus
requise en raison de la simplification des règles de procédure.
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matières qui leur sont limitées. Les autres mandataires ne pourront représenter les
parties que s'il ne s'agit pas d'une question de statut personnel et à condition que la
somme en litige soit supérieure à 50.000 FC et qu'ils soient agréés dans chaque cas
par le tribunal (article 14 du C.P.C.). Le pouvoir de ces mandataires conventionnels
est donc fortement limité.

c) Les héritiers et les légataires du titulaire du droit

Les héritiers légaux ou testamentaires en tant qu'ayants-cause universels ou


à titre universel appelés à recueillir l'intégration ou une quote-part du patrimoine de
leur auteur peuvent exercer tous les droits et actions qui appartenaient au défunt. Ils
sont donc, à cet égard, dans la même situation.

d) Les créanciers du titulaire du droit

Dans certains cas, les créanciers sont admis à agir aux lieux et place de leur
débiteur (action oblique) dans le cas où ce dernier reste inactif et ne fait pas valoir ses
droits.

Cependant, pour que les créanciers puissent agir de la sorte, il faut que leur
créance soit liquide (appréciable en argent) et exigible (le paiement ou l'exécution
peut être réclamée immédiatement) et que l'action ne soit pas personnelle (c'est-à-dire
attachée à la personne du débiteur : divorce, litige sur l'état et la capacité des
personnes) mais patrimoniale (se rapportant aux biens du débiteur).

Exemple : X me doit 500.000 NZ depuis deux ans. Ma créance est liquide et


exigible (je puis l'obliger à me rembourser tout de suite). J'apprends qu’Y doit
800.000.000 de FC à X qui ne fait rien pour récupérer cette somme (inaction). Je
serai en droit d'agir directement contre Y et me payer à concurrence de 500.000.000
FC. J'aurai dons qualité pour agir au nom du titulaire du droit. En fait, le créancier
puisse son droit d'action dans le texte de l'article 1 du décret du 15 mars 1922 sur le
régime hypothécaire aux termes duquel tous les biens du débiteur sont le gage
commun de ses créances et que dans les biens sont compris, les actions en justice.

2. La qualité appartient à une personne morale

Une personne morale ne peut ester en justice comme telle. Elle doit agir par
l'intermédiaire des personnes physiques. En règle générale, le pouvoir appartient à
l'organe désigné légalement (personnes morales de droit public) ou statutairement
(personne morale de droit privé) à cette fin.

Exemple : Une société commerciale agira par son Directeur Général, son
Gérant ou éventuellement les membres de son Conseil d'Administration. Une
association sans but lucratif, par intermédiaire de son représentant légal.

Ainsi, une personne morale agira de façon suivante : " Au nom (ou à la
requête de) la société X..., représentée par son Directeur-Gérant; Mr Y... ayant
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pouvoir aux termes de l'article... de ses statuts d'ester en justice au nom de ladite
société " au " Au nom de (à la requête de) l'Université Officielle du Congo,
Etablissement public créé par l'ordonnance-loi du... représentée par Messieurs W....,
H.... et U.... habilités à ester en justice au nom de l'établissement prénommé
conformément à l'article de la suscité ordonnance-loi ".

Remarquons que comme les personnes physiques, les personnes morales


peuvent toujours se faire représenter devant les tribunaux par un mandataire
conventionnel de leur choix. Le nom du mandataire viendra alors s'ajouter à celui des
organes habilités à représenter la personne morale.

Exemple : On ajoutera donc au texte prévu dans l'exemple cité ci-dessus "
agissant par son mandataire, Mr X..., ou " agissant par Maître R..., avocat " ou " par
Monsieur T..., défenseur judiciaire " suivant le cas.

De même, les créanciers auront qualité pour agir au nom des personnes
morales chaque fois les conditions requises pour l'existence de l'action oblique seront
ouvertes.

Les groupements et associations qui n'ont pas la personnalité civile ne


possèdent pas la capacité d'agir en justice. En effet, ils n'ont comme telle aucune
existence juridique et de ce fait, ne sont pas capables d'exercer régulièrement et sous
la dénomination qu'ils se sont données, l'action en justice. Nous verrons
ultérieurement que, s'ils désirent introduire une demande devant les tribunaux, il sera
indispensable que le nom de toutes les personnes qui en font partie figure dans l'acte
introductif de l'action judiciaire.

3. La capacité

La notion de la capacité rime avec celle de la personnalité juridique. Cette


dernière peut s’entendre comme l’aptitude à être titulaire des droits et obligations. Il
est un droit fondamental et inaliénable que toute personne a un patrimoine dès sa
naissance jusqu’à sa mort. Il est composé de l’actif, qui englobe le droit dont la
personne est titulaire, c’est la créance et, du passif constitué des obligations ou de
dettes contractées. C’est à la mort, pour la personne physique et à la dissolution de la
société pour la personne morale, que le patrimoine est liquidé.

La capacité juridique est entendue comme : « l’aptitude d’une personne à


exercer ses droits et obligations »4. Cette capacité juridique englobe d’une part la
capacité d’exercice, et d’autre part la capacité de jouissance. La capacité de
jouissance est saisie comme : « l’aptitude à être titulaire d’un ou plusieurs droits »5.
Il en découle que cette capacité permet à son titulaire de jouir des droits comme tous

4 MULUMBA KATCHY, Introduction générale à l’étude du droit privé, Kinshasa, Centre de recherche et d’études
juridiques africaines, 2011, pp. 144 et s ; J. CARBONNIER, Droit civil : les personnes : personnalité, incapacité,
personnes morales, Paris, PUF, 1955, p. 43.
5 J. CARBONNIER, Droit civil la famille, les incapacités, Paris, PUF, 1955, p. 34.
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les autres être vivant en vertu du principe de l’égalité de tous. En effet, l’égalité en
droit est entendue comme, un principe d’après lequel tous les individus de part leur
création, doivent être considérés comme semblables, sans distinction de personne,
race, religion, classe ou de fortune6. En ce sens, il est interdit une quelconque
discrimination quelle qu’elle soit à l’égard des membres de la communauté. Il s’agit
là d’une question consubstantielle et inhérente à la nature humaine.

La capacité d’exercice ne se confond nullement pas avec celle analysée


précédemment. En effet, la capacité d’exercice peut s’entendre comme « l’aptitude à
exercer soi-même un droit que l’on détient, sans avoir besoin d’être représenté par un
tiers »7. Néanmoins, la reconnaissance de la personnalité juridique ne conduit pas à
reconnaitre automatiquement la capacité d’exercice soi-même de droit qu’on est apte
à détenir. L’institution de la capacité d’exercice traduit l’idée de protection à l’égard
de certains êtres qui, à raison des aptitudes tant physiques, physiologique que
psychologique qui le caractérisent requièrent une attention particulière visant la
sauvegarde de leurs patrimoines.

La distinction entre la capacité et la qualité est souvent fort difficile à faire à


telle enseigne que de confusions restent souvent possibles tandis que la qualité
s'entend du pouvoir qui appartient à un plaideur de déduire en justice le droit
litigieux, la capacité détermine les conditions dans lesquelles, en fonction de son
aptitude personnelle, il sera admis à exercer l'action (44).

Exemple : La femme mariée sous un régime de communauté ne peut


intenter une action mobilière parce que le régime matrimonial adopté lui a retiré la
possibilité d'invoquer en justice les droits mobiliers dont elle se prétend titulaire pour
l'attribuer exclusivement à son mari lequel, de ce fait, a seul qualité pour agir. Cette
distinction correspond à celle que la doctrine moderne a établie entre la capacité et le
pouvoir (45).
Dans certaines situations la loi prive à certains individus l’aptitude soit
d’acquérir tel ou tel droit déterminé, soit, d’une façon générale, d’exercer les droits
qui sont pourtant susceptibles d’être acquis. Il s’agit d’incapacités et celui qui subit
une atteinte dans la plénitude de la personnalité juridique est un incapable. Les
raisons de cette atteinte sont diverses. En tout état de cause le législateur, dans son
objectif, vise à sauvegarder l’intérêt de chaque individu en tenant compte de sa
situation8. Il sied de rappeler qu’en principe « toute personne capable peut exercer
ses droits civils conformément à la loi ou à la coutume sauf les exceptions établies
par la loi »9. Ces dernières sont nommément appelées : incapacités juridiques. Un
incapable est ainsi une personne qui ne rempli pas les conditions fixées à l’article 211

6 G. CORNU, op. cit., p. 347.


7 J. CARBONNIER, op. cit., p. 112.
44) Solus et Perrot; op. cit. n° 164.
45) Marty et Raymond , Droit Civil, T. I, n° 792; Carbonnier, Droit Civil, T.I, p. 625.
8 Ch. LAROUMET, Droit civil. Introduction à l’étude du droit privé, T. I, 4ème éd., Paris, Economica, 2004, p. 203.
9 Article 212 de la loi n°87-010 du 1èr août 1987 portant Code de la famille promulguée le 1 èr août 1987 et mise en
vigueur le 1èr août 1988, In J.O., 44ème année, n°spécial.
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du Code de la famille. Aux termes de cette disposition, sauf les exceptions établies
par la loi, toute personne jouit des droits civils depuis sa conception.

C’est la loi n° 16/008 du 15 Juillet 2016 modifiant et complétant la loi n°


87/010 du 1er Août 1987 portant Code de la Famille qui, en son article 215, énumère
les différentes catégories d’incapables.

Il s'agit des mineurs, des majeurs aliénés interdits, des majeurs faibles
d'esprit, prodigues, affaiblis par l'âge ou infirmes placés sous curatelle. Le Code civil
français quant à lui n'a pas consacré une partie distincte aux incapacités. Mais dans
les titres IX, X et XI de son livre des personnes, il a réglementé les principales
institutions qui sont en rapport avec les incapacités : autorité parentale, tutelle,
protection des majeurs. Et à la lumière des dispositions des articles 488 et 1124 de ce
code, sont incapables de contracter dans la mesure définie par la loi : les mineurs non
émancipés et les majeurs interdits.

Les différentes catégories d'incapables énumérées ci-haut bénéficient de


certains mécanismes de protection qu'il convient d'étudier dans les lignes qui suivent.

Régime de protection des incapables

Le but poursuivi par le législateur en organisant l'incapacité étant la


protection de l'incapable, il existe trois régimes de protection.

La représentation

L’incapacité d’exercice qui frappe cette catégorie des individus, en


l’occurrence, le mineur, est générale dans la mesure où il ne peut accomplir aucun
acte de la vie juridique, sous réserve bien évidemment des actes d’administration, et
que les actes accomplis par lui sont susceptible de nullité. Aux termes de l’article
219, le mineur est l’individu de l’un ou de l’autre sexe qui n’a pas encore l’âge de
dix-huit ans accomplis. A cette situation du mineur, il a été jugé nécessaire de lui
apporter un remède lui permettant de poser des actes de la vie juridique sous couvert,
sans cela il y a aurait paralysie dans la gestion des biens de son patrimoine. Ainsi, le
législateur a remédié à l’incapacité du mineur en instituant le mécanisme de
représentation. Ce mécanisme consiste à ce que l'incapable ne figure pas en personne
sur la scène juridique : il n'émet pas sa volonté et ne peut s'engager. Sa personnalité
s'efface et la loi lui impose un représentant qui va agir en son nom et pour son
compte. Selon Jean CARBONNIER, « la représentation est un remède spécifique des
incapacités les plus profondes et aurait comme mécanisme technique de protection la
tutelle »10. La représentation est un mécanisme de portée générale et dont les
applications sont multiples. L’acte accompli par le représentant produit ses effets
directement à l’encontre et au profit du représenté11. Il importe de noter que selon
que le mineur a ou non au moins un de ses parents, la représentation n’est pas le
même. L’on distinguera à cet égard, l’administration légale et la tutelle.

10 J. CARBONIER, op. cit., p. 160.


11 Ch. LAROUMET, op. cit., p. 209.
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C’est le cas du mineur émancipé dont la capacité juridique est limitée aux
actes pour lesquels l’émancipation lui a été accordée et qui ne peut passer les actes
pour lesquels il est incapables que représenté par ses père et /ou mère, ou à défaut par
son tuteur (art 292et 293 C.F).Sans préjudice des articles 292 et 293 ci-dessus, les
actes accomplis irrégulièrement par le mineur sont nuls de nullité relative (Art. 294
CF).

Il existerait ainsi un autre remède propre aux incapacités moins graves,


celles frappant les personnes mises sous curatelle : c'est l'assistance.

L'assistance

Dans certains cas, un individu, qui a atteint l’âge de 18 ans mais ne peut
disposer d’une volonté libre et éclairée compte tenu de la détérioration de ses facultés
mentales ou physiques le législateur le soumet à un régime de protection en exigeant
pour la régularité des actes juridiques qu’il est appelé à poser l’assistance. Dans ce
régime, l'incapable reste à la tête de ses affaires mais doit avoir à ses côtés, sur la
scène juridique, une personne dont l'intervention est obligatoire.

La volonté personnelle de l'incapable est donc nécessaire à la formation de


l'acte juridique qu'il est appelé à signer conjointement avec la personne chargée de
l'assister, laquelle personne ne viendrait ainsi approuver l'acte.

L'accord du conjoint

Aux termes de l’article 448 de la loi sous examen, les époux doivent
s’accorder pour tous les actes juridiques dans lesquels ils s’obligent à une prestation
qu’ils doivent effectuer .

Ainsi, sur le plan civil, lorsque l’un des conjoints n’a pas obtenu l’accord et
agit contre les dispositions de l’article 448 précité, les actes tant civils, commerciaux
que mixtes qu’il aurait accomplis sont frappés de nullité, laquelle nullité ne peut être
invoquée que par l’un des conjoints ou leurs héritiers étant donné qu’en cas de
désaccord persistant, le conjoint lésé peut saisir le Tribunal de paix (Art. 449 et 452
Code de la Famille).

Section 7 : La classification des actions

Nous avons déjà signalé précédemment que le nombre des actions en justice
était illimité. En réalité, il y a autant d'actions qu'il existe de droits prévus par la loi et
deux ou plusieurs personnes peuvent conclure des conventions génératrices de droits
variables à l'infini. Aussi, est-il particulièrement difficile d'établir un classement
parmi les actions et de leur donner à tout un nom déterminé.

L'action est désigné parfois par le droit qu'elle protège (action en


reconnaissance d'enfant naturel), tantôt par la juridiction qui doit en connaître (action
civile, publique, disciplinaire), tantôt par la nature de son objet (action mobilière,
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 31

immobilière, etc.).Il appartient au juge saisi d'une action en justice de préciser son
titre s'il éché, suivant les éléments qu'il recueille des débats judiciaires.

Les différences classifications d'actions habituellement adoptées sont


d'origine purement doctrinale, c'est dire que ce sont des constructions techniques qui
n'ont rien d'immuable, ni même de nécessité. Elles s'inspirent néanmoins des
principes généraux de notre droit dont elles dessinent assez exactement l'économie.
Elles n'ont donc rien d'absolu et son sujettes à modification suivant les conceptions
que le juriste peut se faire.

Nous verrons donc la classification des actions suivant les grands critères
sur lesquels la plupart des auteurs se sont basés pour les différencier. Les actions qui
sont de la compétence des juridictions civiles et commerciales se divisent :

a) suivant la nature du droit prétendu, en action réelles et personnelles


b) suivant la nature de l'objet demandé : en actions mobilières et
immobilières
c) suivant qu'elles portent ou non sur des biens et droits appréciables en
argent en actions patrimoniales ou extra-patrimoniales
d) suivant le moment auquel la demande est formulée
e) suivant la forme dans laquelle l'action doit être introduire. Examinons
plus en détail chacune de ces catégories.

1. Les actions réelles et personnelles

A. L'action réelle

C’est est celle qui garantit un droit réel à la reconnaissance duquel elle tend.
Elle existe lorsque celui qui agit en justice invoque un droit réel (Jus in re). Nous ne
pourrons donc comprendre ce qu'est l'action réelle qu'au moment où nous aurons
rappelé la définition du droit réel. Le droit réel est celui qui s'exerce directement sur
les choses sans l'intervention d'aucun autre sujet de droit. Son caractère fondamental
est la création des rapports entre une personne et une chose. Il donne à celui qui en
est titulaire un pouvoir direct et immédiat sur cette chose, pouvoir dont l'étendue
varie d'après le droit lui-même. De là, l'expression " Jus in re ".

Le droit réel type est le droit de propriété


Les droits réels se classent généralement en droits réels principaux et droits
réels accessoires.
Droits réels principaux : propriété, usufruit, usage, habitation, toutes les
servitudes, l'emphytéose et la superficie.
Droits réels accessoires : les privilèges et les hypothèques.
On peut considérer que cette énonciation est limitative car la loi n'a pas
prévu d'autres droits que ceux qui viennent d'être énumérés et que l'homme en peut
en créer d'autres par le truchement de conventions. Il est d'ailleurs difficile d'en
imaginer d'autres.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 32

Sont donc réelles : l'action en revendication portant sur la recommandation


d'un droit de propriété, l'action confessoire, c'est-à-dire en reconnaissance du droit
d'usufruit, d'usage, d'habitation ou de servitude. L'action hypothécaire, l'action du
bailleur contre le preneur à bail emphytéotique, etc.

B. L'action personnelle

C’est une action par laquelle celui qui agit réclame l'exécution d'un droit de
créance. Le droit de créance au contraire du droit réel crée un rapport entre deux ou
plusieurs personnes limitativement déterminées. Il tend à obtenir au profit d'une
personne appelée créancier, de la part d'une personne appelée débiteur, l'exécution
d'un fait appelé obligation.

L'obligation peut être positive c'est-à-dire qu'elle peut être de donner ou de


faire quelque chose. Elle peut être négative, c'est-à-dire que le débiteur s'est engagé à
ne pas faire quelque chose. Le droit de créance s'appelle aussi droit personnel (jus in
persona).

Un exemple fera mieux comprendre la distinction entre droit réel et


personnel, je suis propriétaire d'un immeuble. Je jouis directement de cet immeuble
sans l'intervention ou l'assistance de personne. Mon droit s'applique directement à la
chose sans intermédiaire (droit réel). Au contraire, je suis locataire d'un immeuble. Je
ne puis entrer en jouissance de cet immeuble que si le propriétaire me permet d'en
disposer.

J'ai donc besoin de l'intervention entre la chose et moi : le propriétaire.

Il y a un nombre illimité de droits personnels car ceux-ci naissent des


conventions que les hommes concluent librement entre eux. On ne peut donc pas
faire le dénombrement des actions personnelles.

En principe, toutes les actions qui ne sont pas spécifiquement réelles sont
personnelles.

2. Les actions mobilières et immobilières

Une action est mobilière du moment qu'elle a pour objet un meuble. Elle est
immobilière lorsqu'elle a pour objet un immeuble. Cette distinction simple à
première vue peut donner lieu à de nombreuses discussions dans la pratique. En effet,
les mots " meubles " et " immeuble " doivent être entendus dans le sens que leur
donnent les articles 3 et 4, livre II du Code Civil Congolais.

Sont immobiliers " tous les droits réels qui ont pour objet des immeubles
ainsi que les droits de créances tendant à acquérir ou à recouvrer un droit réel sur un
immeuble " (art. 3).
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 33

Sont mobiliers " tous les autres droits patrimoniaux " (meubles incorporels).
Mais l'article 5, livre II du Code Civil fait une distinction entre les immeubles par
nature et les immeubles par destination incorporation? L'énumération en est faite aux
articles 7 et 8.

Dès lors, la vente de bois sur pied non destinés à être abattus fait naître une
action immobilière, mais l'acheteur de grains à couper, de fruits détachés et d'arbres
abattus possède une action mobilière, il en est de même de l'acheteur de bois à
couper, de fruits à cueillir et d'arbres à abattre car, bien qu'encore immeubles au
moment de la vente, ils sont vendus pour être séparés et sont par conséquent
mobiliers.

L'action par laquelle le créancier hypothécaire réclame l'exercice de son


droit sur des animaux attachés à la culture ou l'exploitation agricole et autres objets
considérés comme nécessaires à cette exploitation est immobilière.

En effet, ces biens meubles à l'origine sont devenus immeubles par


distinction. Cette distinction présente un très grand intérêt pratique sur le plan de la
compétence du tribunal car en matière mobilière, action peut être portée soit devant
le juge du domicile de la personne qui est citée devant le tribunal, soit devant le juge
du lieu dans lequel l'Obligation est née ou doit être exécutée tandis qu'en matière
immobilière, l'action est portée devant le juge de la situation de l'immeuble, ce qui
n'est pas pareil.

Les acteurs français et belges font généralement une sous distinction parmi
les actions à la fois immobilières et réelles, c'est-à-dire, qui ont pour objet le
recouvrement ou la protection d'un droit réel sur un immeuble, les actions pétitoires
qui sont celles tendant à la protection du droit de propriété ou d'un autre droit réel
immobilier et les actions possessoires dont le but est de protéger la possession de ces
mêmes droits.

Le droit français distingue 3 catégories d'action possessoire :

a) la complainte : action possessoire qui est au seul possesseur contre tout


acte qui trouble sa possession;
b) la dénonciation de nouvel œuvre : action ouverte contre un cas de
trouble simplement éventuel ou futur, le but de l'action est d'arrêter les
travaux qui, s'ils devaient continuer, sont de nature à porter atteinte à la
possession.

La possession d'un immeuble n'étant pas juridiquement protégée en droit


Congolais en raison de la force probante ou certificat d'enregistrement, nous n'avons
mentionné cette distinction délicate que pour être et parce qu'elle a de l'importance
sur le plan de la compétence en droit procédural français et belge. Nous n’en y
attarderons pas davantage.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 34

c) La réintégrande : elle est accordée à celui qui a été dépossédé par


violence ou voie de fait. L'acte agressif peut être dirigé soit contre la
personne soit contre l'immeuble du possesseur.

3. Les actions patrimoniales et extrapatrimoniales

Les actions sont patrimoniales lorsqu'elles portent sur les biens et droits
appréciables en argent et qui composent le patrimoine d'une personne déterminée.
Les actions patrimoniales seront donc réelles ou personnelles, immobilières ou
mobilières, suivant la nature ou l'objet des biens et droits auxquels elles se rapportent
et qui donnent naissance à l'action.

Les actions extra-patrimoniales sont celles qui sont relatives à l'état des
personnes (action en réclamation ou en contestation d'état, action en recherche de
paternité ou de maternité, en nullité de mariage, d'adoption ou en reconnaissance d'un
enfant naturel).

Tous les droits qui composent l'état des personnes (nationalité, domicile,
qualité d'époux, majorité, etc.) peuvent être génératrices d'actions en justice et donner
lieu à des débats judiciaires.

En outre, certaines des actions extra-patrimoniales ne tendent pas à faire


déclarer par le tribunal l'existence d'un droit préétabli (comme le droit de propriété
par exemple) mais à créer un état nouveau, telles sont les demandes d'adoption,
d'interdiction, de nomination d'un conseil judiciaire, de divorce, de séparation de
corps et de biens etc.

Exemple : Avant d'intenter l'action en divorce, X et marié. S'il gagne son


procès, il n'oublie pas la reconnaissance d'un droit préétabli dans son chef et devient
titulaire d'un état nouveau, il n'est plus marié, mais divorcé ce qui entraîne de
nombreuses conséquences dans son existence future.

4. Action principale et action incidente

L'action principale est celle qui par la demande introductive d'instance met
en mouvement l'activité juridictionnelle du tribunal. L'action incidente est celle qui
vient se greffer sur une action pendante ;

Exemple :
 la demande additionnelle du demandeur originaire
 appel en garantie
 demande en jugement commun en cause un tiers
L'intérêt de ce mode de classement réside dans le fait que :

Il permet de fixer la forme dans laquelle l'action doit être introduite


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 l'action principale est introduite par assignation


 l'action incidente est normalement introduite par voie de conclusion.
Il permet de déterminer le tribunal qui est normalement désigné par l'action
mue par la demande introductive d'instance.

Exemple :
 la demande reconventionnelle est reçue par le tribunal saisi de la
demande principale
 le juge compétent pour statuer sur une demande principale connaît de
tous les incidents etc.

5. Forme de la demande

L'action principale est normalement introduite par assignation. Cependant, il


y a des actions principales qui sont introduites par voie de requête d'une partie privée
ou par réquisitions du Ministère Public (ex : interdiction).

Les actions de caractère privé qui n'intéressent par l'ordre public peuvent
être introduites par voie des conclusions, sur comparution volontaire. Les demandes
incidentes tendant à mettre un tiers à la cause requièrent une assignation.

Section 8 : Les sujets de l'action

Il y a le sujet actif, la personne qui use de son pouvoir de saisir le tribunal.


Les sujets passifs sont :
a) La personne traduite devant le tribunal qui est appelée " défendeur ".
Elle a un intérêt légitime à présenter sa défense. Elle possède aussi le droit d'appeler
des tiers en garantie ou en jugement commun. Elle dispose également de l'action
reconventionnelle.
b) Les tiers mis en cause par le défenseur (intervention forcée). Il y a aussi
les tiers qui prennent l'initiative d'intervenir dans le procès (intervention volontaire).

Section 9 : Les conventions des parties portant sur l'exercice de l'action

Une convention consistant à renoncer d'une manière générale au pouvoir


conféré aux justiciables de recourir aux tribunaux est contraire à l'ordre public et n'a
aucun effet juridique.

Toutefois, s'agissant d'un rapport juridique déterminé, un sujet de droit peut


renoncer, même de manière irrévocable à saisir la justice.

Le sujets de droit peuvent s'agissant des droits dont ils ont la libre
disposition, convenir de ne pas agir avant certains délais, ou vivait l'accomplissement
de certaines conditions ou encore de renoncer à aller en justice si certaines conditions
surviennent.
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Le tribunal peut donner la forme d'un jugement à un contrat intervenu entre


les parties, cet accord est le plus souvent une transaction par laquelle chacun des
adversaires pour faire cesser le conflit, abandonne une partie de ses prétentions.

Le juge, après avoir constaté l'accord des parties, prononce un véritable


jugement comprenant des motifs et un dispositif, le juge s'est approprié des éléments
conventionnels préparés par les parties, on parle de jugement d'expédient ou de
jugement convenu, qui est un véritable acte juridictionnel.

En revanche il y a le jugement de donné acte qui est en réalité un accord


contractuel que les parties soumettent au juge après la disparition de la contestation,
le juge ne fait que constater l'accord sans lui conférer l'autorité de la chose jugée, on
parle en ce cas de contrat judiciaire qui relève du régime des conventions (48).

Section 10 : La transmission de l'acte à un tiers

D'une manière générale, les actions se transmettent entre vifs ou à cause de


mort avec la prérogative juridique dont elles assurent la sanction ( 49). En effet, la
cession d'une chose entraîne cession de toute action protégeant les droits réels, en
matière de droits personnels, la cession de créance, transfère l'action au cessionnaire
tandis que la subrogation permet au subrogé d'exercer l'action du subrogeant (50).

Il est fait exception des cas où le droit à un caractère viager ou strictement


personnel à son titulaire, cependant, même lorsque le droit à un caractère personnel,
les héritiers sont autorisés à continuer l'instance, dès lors que l'intéressé avait, de
son vivant, introduit une demande en justice (51). Il est clair que les héritiers du
défaut ne peuvent pas agir, à la place de ce dernier, en ce qui concerne les actions qui
sont trop intimement rattachées à la personne de leur titulaire (ex : action en divorce
ou révocation d'une donation simple), en revanche, ils peuvent exercer par voie
successorale, toutes les actions non exclusivement patrimoniales, comme l'action en
réparation d'un préjudice moral. Deux situations peuvent se présenter :

a) Les héritiers ont le droit de continuer l'action préalablement engagée par


leur acteur. Ex : action relative à la filiation, la saisine de la juridiction continue
d'exister tant que le droit n'a pas été atteint par l'effet du jugement ou toute autre
cause.
b) Les héritiers ont aussi la possibilité d'exercer " ab initio " une action
appartenant au défunt et que celui-ci n'avait pas encore mise en œuvre. Le fondement
ici est que le défunt n'a pas eu le temps d'exercer l'action mais qu'il l'aurait fait (52).

48) J. Vincent et S. Guinchard, op. cit., n° 200.


49) J. Vincent et S. Guinchard, op. cit., n° 156.
50) A. Rubbens, op. cit., n° 45.
51) J. Vincent et S. Guinchard, op. cit.
52) Loïccadict, op. cit. n° 765.
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Section 11 : L'action du Ministère Public devant les juridictions de droit


privé

Nous n'examinons pas pour l'instant la procédure d'émission d'avis par le


ministère public. Vont être examinés ici les cas dans lesquels le ministère public
possède l'action de droit privé soit dans l'intérêt d'un sujet de droit incapable
d'assumer son action soit dans l'intérêt d'une bonne justice :

L'article 66 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ dispose que le ministère


public surveille l'exécution des actes législatifs et réglementaires et des jugements, il
poursuit d'office cette exécution dans les dispositions intéressant l'ordre public, ce qui
veut dire que le ministère public peut ou doit agir d'office pour le respect de toute
règle de droit impératif ou à tout le moins dans les cas où l'intérêt public exige son
intervention, bref, pour que le Ministère Public exerce l'action principale, il faut que
l'ordre public soit mis en péril par un état de chose auquel il importe de remédier
(53).

Mais le Ministère Public doit se montrer extrêmement prudent dans


l'exercice de l'action principale afin de respecter la liberté individuelle tant que les
écarts à la loi civile ne troublent pas l'ordre public (54).

La loi confie, dans des cas spécifiques, l'exercice de l'action au Ministère


Public, ces cas constituent une explication de la mission du Ministère Public prévue
par l'article 66 précité. Nous avons relevé quinze (15) cas :

- L'article 107 de la loi n° 16/008 du 15 juillet 2016 modifiant et


complétant la loi n° 87-010 du 1er Août 1987 portant Code de la Famille permet au
Ministère Public de présenter une requête en rectification d'un acte d'état civil, au
Tribunal de paix ou pour enfant, selon le cas dans le ressort duquel l’acte a été dressé
ou transmis.
- L'article 142 de la loi précitée reconnaît au Ministère Public le droit de
demander au Tribunal de paix ou pour enfants, selon le cas, de rendre un
jugement déclaratif de décès d'une personne disparue.

- Le Ministère Public peut demander par requête au Président du Tribunal


depaix ou pour enfants, selon le cas, du lieu où a été établi un acte de notoriété,
l'annulation ou la rectification de cet acte (art. 158 de la loi précitée).
- Le Ministère Public peut demander au Tribunal de paix du dernier
domicile ou de la dernière résidence, la nomination d'un administrateur des biens d'un
absent (art. 176 de la loi précitée).
- A la demande du Ministère Public, le Tribunal de paix du dernier
domicile ou de la dernière résidence de l'absent déclare son décès (art. 191 de la loi
précitée).

53) Revue Juridique du Congo-Belge, 1958, p. 49, Arrêt Cour d'appel d'Elisabethville, 10 sept., 1957.
54) A. Rubbens, op. cit., n° 46, p. 41.
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- Le Tribunal peut, à la demande du Ministère Public, désigner un


administrateur provisoire du patrimoine du disparu, si possible parmi les héritiers
présomptifs (art. 209 du Code de la Famille).
- Le Ministère Public peut saisir le Tribunal pour faire décharger le tuteur
de la tutelle du mineur lorsqu'il s'est compromis dans l'exercice de sa fonction de
tutelle ou lorsqu'il avait fait l'objet d'une condamnation judiciaire définitive à la suite
d'une infraction qui porte atteinte à l'honneur ou à la dignité de sa fonction de tuteur
(art. 236 de la loi n°16/008 du 15 juillet 2016 …).
- Le Ministère Public peut provoquer l'interdiction d'un époux (art. 302 du
Code de la Famille).
- Le Ministère Public peut saisir par voie de requête, le Tribunal pour
enfant pour qu'il instruise en amiable conciliateur dans le cas où il y a persistance du
refus de consentement des parents ou l'un d'eux ou du tuteur au mariage du futur
époux mineur. Cette possibilité est abrogée par la loi portant protection de l’enfant
dans la mesure où l’article 48 de ce texte interdit le mariage de mineur, même
émancipé.
- En cas de persistance du refus de la dot par ceux qui, selon la coutume,
doivent la recevoir, le Ministère Public peut saisir le Tribunal de Paix pour qu'il
instruise en amiable conciliateur (art. 367 de la loi n° 16/008 du 15 juillet 2016 …).
- En cas de mariage célébré en famille, les époux doivent se présenter
devant l'officier de l'Etat Civil du lieu de la célébration en vue de faire constater le
mariage et d'assurer sa publicité et son enregistrement (art. 370 de la loi précitée).
Passé le délai d'un mois, l'enregistrement a lieu sur décision du Tribunal de Paix qui
statue soit sur requête du Ministère Public soit sur requête de toute personne
intéressée (art. 378 de la loi précitée). Lorsque le mariage a été contracté sans le
consentement de l'un des époux, pour quelque cause que ce soit la nullité du mariage
doit être prononcée soit à la demande des deux époux eux-mêmes ou de toute
personne qui y a un intérêt, soit à la requête du Ministère Public du vivant des époux
(art. 402 du Code de la Famille).
- Le Ministère Public peut demander, du vivant des époux la nullité du
mariage lorsque le mariage a été célébré par un officier de l'état civil incompétent ou
sans publicité (art. 429 du Code de la Famille).
- Le Ministère Public peut exercer l'action en recherche de paternité si la
mère de l'enfant n'est pas connue ou chaque fois que l'intérêt de l'enfant le requiert
(art. 631 du Code de la Famille).
- Lorsque l'action en recherche de paternité est fondée, le Ministère Public
peut demander au Tribunal de Paix de condamner le père au remboursement de tout
ou partie de frais de gésine et d'entretien pendant les 9 mois de la grossesse et tout le
temps qui a précédé l'affiliation (art. 639 du Code de la Famille).

Il y a lieu de rappeler que les 15 cas que l'on vient d'étudier constituent des
exemples illustratifs de la mission générale dévolue au Ministère Public dans l'article
66 de la loi organique, il n'a pas de pouvoirs étendus ni plus impératifs en ces
matières, il garde son pouvoir d'appréciation de l'opportunité d'exercer l'action
principale, la seule chose à retenir est que le Ministère Public ne vas pas agir selon sa
fantaisie, il ne peut exercer l'action principale que dans la mesure où l'ordre public
parait compromis.
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L'article 35 de la loi organique de 2013 relative à la procédure devant la


Cour de cassation donne l'action en pourvoi en cassation au Procureur Général près
cette cour tandis que l'article 36 de la même loi prévoit que le même Procureur
Général doit agir en pourvoi en cassation sur injonction du Ministre de la Justice. Ce
genre de recours est dit " dans le seul intérêt de la loi " et l'arrêt rendu sur ce pourvoi
ne pourra, en matière de droit privé ni nuire ni profiter aux parties, le pourvoi en
cassation introduit sur injonction du Ministre de la Justice aboutit à un arrêt
opposable aux parties, c'est pourquoi on peut dire qu'il est rendu dans l'intérêt de la
justice.
Rappelons enfin l'article 68 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ que nous
avons étudié plus haut et qui donne l'action principale au Ministère Public pour agir
dans l'intérêt de toute personne physique lésée qui serait inapte à assurer sa défense
ou à y pourvoir.

CHAPITRE 3 : LES INCIDENTS

Section 1. La notion d'incident

On appelle " incident " tout événement qui vient modifier le déroulement de
la procédure entre la demande et le jugement.

Il est en effet très rare de voir un procès se dérouler du début à la fin sans
incident ne serait-ce que parce que tout demandeur doit faire la preuve de son droit et
que l'administration de cette preuve donne lieu souvent à une procédure incidente.
C'est dire donc que dans presque tous les procès, il y a des incidents nombreux et
variés. L'on doit noter que les incidents peuvent surgir tout au long du procès, aux
différents degrés de juridiction et jusque dans l'exécution du jugement.

Section 2. Classification des incidents

L'on doit distinguer les incidents d'audience et les actions incidentes. Les
incidents d'audience sont des troubles de fait, qui ne sont pas des actes juridiques,
bien que leur sanction puisse affecter la procédure.

Les actions incidentes sont des demandes qui viennent altérer la saisine des
juges soit en modifiant l'objet, la cause ou les parties du litige, ce genre d'incidents
est qualifié d'incidents de fond diffèrent des incidents de procédure, qui sont
incidents proprement dits ou sans modifier ni l'objet ni la cause ni les parties au
procès, posent un problème dont la solution commande a marche du procès, la
décision de cause ou la vie de l'instance. Ce sont par exemple les fins de non-
recevoir, les questions préjudiciables, la récusation des juges, le désaveu du
mandataire, les exceptions, etc...(46).

46) A. Rubbens; op. cit., n° 48, p. 43.


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a) Les incidents qui ne donnent pas lieu à un jugement


b) Les incidents qui donnent lieu à un jugement avant dire droit
c) Les incidents qui donnent lieu à un jugement définitif.

§1. Les incidents qui ne donnent pas lieu à un jugement

Il s'agit des incidents qui peuvent accidentellement interrompre ou retarder


la marche sereine du procès mais sans qu'il soit nécessaire que le tribunal intervienne
par jugement ou par décision administrative formelle, il va simplement organiser les
audiences en exerçant la police d'audience. Parmi ce genre d'incidents, nous allons en
examiner quelques-uns de plus significatifs (47).

Le rappel à l'ordre de l'assistance, des parties ou de leurs conseils.


S'agissant des avocats, le président pourrait ordonner au greffier d'acter les
remarques faites afin d'établir une preuve de faits qui pourraient donner lieu à une
action disciplinaire.

Les rappels à l'ordre adressés au public ou aux parties qui aboutissent à une
suspension d'audience, à l'évacuation de la salle d'audience, peuvent être notés à la
feuille d'audience.

Les remises d'audience, sont simplement actées à la feuille d'audience


lesquelles ont lieu de manière consensuelle, mais lorsque les parties ne sont pas
d'accord, certains tribunaux rendent un jugement, cependant le Président a le Pouvoir
d'en décider, sans être lié à aucune formalité.

La constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier


2011 garantit la publicité des audiences. La doctrine classique considère la publicité
des audiences civiles comme une garantie essentielle des justiciables.

Le huis clos peut être demandé par les parties ou par le Ministère Public
usant de son pouvoir de police d'audience, le Président qui estime que les débats sont
de nature à éveiller la curiosité malsaine ou provoquer des désordres peut ordonner
d'office le huis clos et ce par une ordonnance motivée.
1. La suspension d'audience.
2. Les donnés-acte d'audience

Exemple sur un choix d'experts.

§2. Les incidents qui donnent lieu à un jugement avant dire droit

Les incidents probatoires ou judiciaires


Deux attitudes peuvent être observées lorsque les parties produisent en
justice les preuves qui appellent leurs prétentions :

47) A. Rubbens, op. cit., n° 48, p. 49.


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Certaines preuves sont reçues de plano c'est-à-dire qu'elles sont produites


sans autorisation préalable du tribunal; l'autorisation de recourir à d'autres moyens de
preuve doit être demandée auprès du tribunal, qui par jugement avant dire droit doit
examiner si les moyens de preuve proposés sont pertinents ou non et s'ils sont permis
en droit ou non.

Donnons quelques exemples des incidents probatoires :

* La dénégation d'écriture : c'est lorsque la partie à laquelle on suppose un


écrit ou une signature prétendument établi de sa main ou de la main de celui dont il
est l'ayant-droit conteste que cet écrit soit de sa main ou de la main de celui dont elle
tient les droits. En ce cas interviendra un jugement de désignation d'un expert, le
jugement fixe une date pour le dépôt de son rapport et sa communication aux parties
pour leur permettre de conclure. En ce cas; le tribunal laisse au juge commis le
pouvoir de fixer par ordonnance la date à laquelle il accomplira ses devoirs.

* L'on peut recourir au témoignage pour établir les faits, les parties
doivent au préalable préciser les faits sur lesquelles va porter l'enquête du tribunal.

Par commission rogatoire, le tribunal peut confier les enquêtes à un autre


juge. Mais le tribunal peut estimer opportun d'entendre les parties en personne, en ce
cas il va ordonner, par jugement avant dire, leur comparution personnelle. Le tribunal
peut aussi décider la descente sur les lieux. Le tribunal doit autoriser une partie à
déférer à la partie adversaire, le serment litisdécisoire en ce cas, cette partie doit
formuler avec précision le fait sur lequel portera le serment.

Le serment décisoire est un défi lancé par une partie à son adversaire et par
lequel elle lui propose de mettre fin au litige en relevant l'offre de prêter serment.

Si l'offre est acceptée, le juge doit se borner à prendre acte des faits affirmés
sous serment et formuler en conséquence son jugement qui se borne à donner force
exécutoire à la solution que les parties ont déterminé par serment.

Le serment supplétoire ne peut être déféré que par le juge à l'une des parties,
le juge y recourt lorsqu’un fait n'est pas pleinement établi et qu'il n'a pas d'autre
moyen de lever le doute.

Au plan de la procédure, il faut noter que les incidents probatoires sont


généralement soulevés par voie de conclusions des parties qui doivent argumenter,
plaidé pour convaincre le tribunal d'autoriser la procédure probatoire, mais le tribunal
peut recourir d'office à des mesures d'instructions. Le jugement qui autorise ou qui
ordonne d'office une mesure d'instruction fixe le lieu, la date et l'heure des
opérations.

Les parties peuvent demander des mesures provisoires qui peuvent être de
trois natures :
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a) il y a des mesures provisoires qui ont caractère conservatoire (tels les


scellés, les séquestres)
b) il y a des mesures provisoires qui ont un caractère provisoire (à valoir
sur la demande)
c) il y a des mesures provisoires qui ont un caractère accessoire au procès.

Exemple : en matière de divorce, la garde des enfants.


Il faut noter que les demandes provisoires ne peuvent pas tenir en échec
l'instruction des demandes principales. Les jugements provisoires doivent être
signifiés en vue de l'exécution forcée. Ils n'ont pas l'autorité de la chose jugée car ils
sont susceptibles de rétractation en cours d'instance et ils cessent tous leurs effets par
le prononcé du jugement définitif.

§3. Les incidents qui se terminent par un jugement définitif :

Ils se divisent en deux catégories :


 Incidents de procédure
 Incidents de fond.

Dès lors, une inexactitude ou une omission dans la désignation du requérant


ne vicie pas l'assignation pour autant qu'aucune confusion n'en résulte et que le
défendeur ne soit pas entravé dans sa défense (56).

CHAPITRE 4 : LA LIAISON DE L'INSTANCE AU PREMIER


DEGRE DE JURIDICTION

Section 1 : Les actes qui saisissent un tribunal

1. La demande en justice

Généralités : Définition - Objet - Cause - Chefs

A. Définition

Nous avons vu que la personne physique ou morale qui désirait saisir le juge
de l'action en justice doit pour ce faire introduire un acte de procédure en vue
d'obtenir la sanction du droit dont elle se prétend titulaire ou de la prétention qu'elle
revendique. Cet acte de procédure, porte le nom de " demande en justice ". Nous
pouvons donc définir la demande en justice comme étant " l'acte par lequel on
soumet au juge, la prétention d'un plaideur ".

B. L'objet de la demande

56) Elis. 3 janv. R.J.C.B., p. 114, 1è Inst. Luebo


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Pour exister, la demande doit nécessairement avoir un objet, c'est-à-dire


qu'elle doit tendre à obtenir quelque chose du juge. L'objet est le résultat auquel un
plaideur désire aboutir en intentant l'action en justice.
Exemple :
1. Monsieur X... me doit 10 millions de Nouveaux Zaïres. Il refuse de me
les payer et je dois introduire une action en justice pour les recouvrer. Je solliciterai
du Juge la condamnation de Monsieur X... à me payer 10 millions de Nouveaux
Zaïres. Cette condamnation et l'objet de ma demande, le but que le poursuis en
intentant mon action, le résultat que je veux obtenir.
2. Je suis propriétaire d'un immeuble qui est occupé par un locataire. Je
veux obtenir de l'occupant qu'il quitte l'immeuble parce que le bail a pris fin. Le
locataire continue à se maintenir dans les lieux loués et je dois introduire une action
en justice en vue d'obtenir son déguerpissement. L'objet de ma demandera, en ce cas,
l'expulsion du locataire dont je solliciterai le prononcé par le tribunal.
3. J'estime que le contrat que j'ai conclu avec Monsieur X... est nul.
J'introduis une action en justice pour solliciter le tribunal l'annulation du contrat.
L'annulation est dans ce cas d'espèce, l'objet de ma demande.

L'objet peut donc varier à l'infini suivant ce que le plaideur demande au Juge
d'ordonner, d'accorder, ou de prononcer. Les trois hypothèses citées ci-dessus ne sont
qu'exemplatives.

Pour exister, la demande doit nécessairement avoir un objet, c'est-à-dire


qu'elle doit tendre à obtenir quelque chose du Juge. L'objet est le résultat auquel un
plaideur désire aboutir en intentant l'action en justice. L'objet peut donc varier à
l'infini suivant ce que le plaideur demande au Juge d'ordonner, d'accorder ou de
prononcer.

Exemple :
1. Monsieur X... me doit 10 millions de Francs Congolais. Il refuse de me
les payer et je dois introduire une action en justice pour les recouvrer. Je solliciterai
du Juge la condamnation de Monsieur X... à me payer 10 millions de Francs
Congolais. Cette condamnation est l'objet de ma demande, le but que je poursuis en
intentant mon action, le résultat que je veux obtenir.
2. Je suis propriétaire d'un immeuble qui est occupé par un locataire. je
veux obtenir de l'occupant qu'il quitte l'immeuble parce que le bail a pris fin. Le
locataire continue à se maintenir dans les lieux loués et je dois introduire une action
en justice en vue d'obtenir son déguerpissement. L'objet de ma demande sera, en ce
cas, l'expulsion du locataire dont je solliciterai le prononcé par le tribunal.
3. J'estime que le contrat que j'ai conclu avec Monsieur X... est nul.
J'introduis une action en justice pour solliciter du tribunal l'annulation du contrat.
L'annulation est dans ce cas d'espèce, l'objet de ma demande.

Rien n'interdit à un plaideur de prévoir dans une même demande plusieurs


objets différents.
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Exemple : Un propriétaire donne son immeuble en location. Le locataire ne


paie pas les loyers. Il peut demander ensemble dans le même acte de procédure
 la résiliation du bail pour non paiement de loyer
 la condamnation du locataire aux arriérés impayés
 les dommages-intérêts qui lui sont dus pour dégâts locatifs causés
pendant la durée du bail
 les dommages-intérêts pour la préjudice qui lui a été causé parce qu'il
s'est trouvé dans l'obligation de mettre fin au bail par la faute du locataire qui n'a pas
accompli toutes ses obligations et qu'il perdra des loyers pendant tout le temps qu'il
mettra à rechercher un nouveau locataire (indemnité de relocation).

Dans ce cas, on dira que la demande a quatre chefs, c'est-à-dire, quatre


objets différents rassemblés dans le même exploit.

C. Cause de la demande

La cause exprime le fondement juridique de la demande, c'est-à-dire la base


légale ou contractuelle sur laquelle un plaideur se fonde pour introduire une action en
justice.

Exemple :
1. Je demande la condamnation de mon débiteur en me fondant sur un
contrat de prêt aux termes duquel je lui ai prêté 100.000.000 Francs Congolais,
somme qu'il devait me rembourser à une date déterminée. Comme le débiteur n'a pas
accompli son obligation, j'introduis une demande en justice en me basant sur le
contrat de prêt. ce contrat est donc la cause de ma demande en justice.
2. Je suis victime d'un accident qui a été causé par Monsieur X... qui a
commis une faute entraînant sa responsabilité et un dommage corporel pour moi.
L'article 259, livre III du Code Civil Congolais prévoit que chacun est responsable du
dommage qu'il a causé non seulement par son fait mais encore par sa
négligence ou son imprudence. Je pourrai donc réclamer en justice Monsieur X... des
dommages-intérêts qui constitueront la réparation du préjudice que j'ai subi en suite
de cet accident en me basant sur l'article 259 précité. Le droit à réparation que le
législateur me permet de déduire de cette disposition légale formera la cause de ma
demande.

D. Moyens de la demande

On appelle moyens, les motifs de la demande, en d'autres termes les


différents arguments de fait et de droit qui justifient l'introduction de la demande. Les
moyens ne doivent pas être confondus avec la cause de la demande qui, nous l'avons
vu, est constituée par la base légale ou conventionnelle sur laquelle le demandeur
s'appuie pour étayer la méconnaissance ou la violation d'un droit existant dans son
chef. Les moyens sont donc des supports de l'argumentation développée par un
justiciable.

Exemple :
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Pour obtenir réparation des dommages que j'ai subis à la suite d'un
accident, j'exposerai dans ma demande en justice, les raisons et les motifs qui me
permettent de conclure à la responsabilité de l'auteur de cet accident contre lequel
j'intente une action en justice.

E. Les différences espèces de demandes

On distingue entre la demande introductive d'instance, la demande incidente,


la demande reconventionnelle et la demande en intervention.

1. La demande introductive d'instance est celle qui fait naître un procès,


c'est-à-dire que le procès n'a pas encore commencé et c'est l'introduction de la
demande par celui qui a des prétentions à faire valoir concernant les droits dont il est
titulaire qui forme la genèse du recours en justice.

Exemple :
X... me doit 5 millions de Nouveaux Zaïres. Comme il ne paie pas
volontairement, je dois introduire une demande en justice pour obtenir qu'il
s'exécute, ma demande est introductive d'instance parce qu'il n'y a aucun
procès existant entre nous. La demande incidente au contraire est formée
quand le procès a déjà commencé. Celui qui entame le procès augmente,
modifie ou restreint sa demande introductive originaire.

Exemple :
J'introduis une demande en justice contre X... en paiement de 5 millions de
Francs congolais parce que celui-ci me doit cette somme. Lorsque le procès est
commencé, je réclame en plus des 5 millions de Francs Congolais, les intérêts sur
cette somme ou je réduis ma demande introductive à 3 millions de Francs Congolais
parce que dans l’intervalle, X... m'a déjà payé 2 millions de Francs Congolais.

2. Les demandes incidentes ne sont pas toujours admises car il ne faut pas
embarrasser la marche du procès et aggraver la tâche du Juge en soulevant au
cours d'une instance toutes les questions que peut inventer l'esprit processif
d'un plaideur, ce serait aussi surprendre celui qui se défend en introduisant
dans le débat judiciaire une prétention qui n'a pas été révélée au moment où
l'action a été entamée et que la personne contre qui le procès est dirigé n'est
pas prête à réfuter.

3. La demande reconventionnelle est formée en cours d'instance et pendant le


procès par la personne contre laquelle l'action en justice est dirigée et qui
formule elle-même une prétention contre son adversaire tout en se défendant,
s'il y a lieu, contre la demande introductive ou incidente qui lui est intentée. En
réalité, l'action reconventionnelle est aussi incidente mais mue uniquement par
celui contre lequel l'action est intentée. La demande reconventionnelle présente
de grands avantages car elle évite une nouvelle demande introductive
d'instance de la part du justiciable actionné en justice et qui veut riposter à son
adversaire. Elle constitue une économie de temps et de frais. Les formalités
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prescrites par la loi pour introduire une demande reconventionnelle sont


simples et n'entraînent pas de nouveaux frais judiciaires.

4. La demande en intervention consiste pour une personne qui n'a pas été partie à
l'instance d'y intervenir pour y faire valoir ses droits. Elle peut être volontaire
ou forcée, elle est volontaire lorsqu'elle est spontanément formée par un tiers,
elle est forcée au cas où elle est dirigée par le demandeur ou par le défendeur
contre un tiers. On parle dans cette dernière hypothèse de mise en cause.

§2. La demande introductive d'instance

En droit Congolais, la demande introductive peut prendre quatre formes


différentes :
 Le tribunal peut être saisi de la demande au moyen d'un acte de
procédure que l'on appelle " assignation " ou " ajournement ".
 C'est le procédé technique le plus couramment employé pour porter
l'action en justice à la connaissance du tribunal.
 Le tribunal peut encore être saisi du différend par la comparution
volontaire de deux parties devant le juge. Elles sont d'accord de soumettre leur litige
au tribunal. Le procédé est assez fréquent et se présente le plus souvent lorsque
l'assignation et entachée d'une irrégularité qui risque de la vicier et que les parties
désirent obtenir que le Juge tranche leur contestation sans perdre de temps.
 Les tribunaux coutumiers sont saisis par une plainte.
 Enfin, il arrive parfois que la loi précise elle-même que la juridiction
compétente sera valablement saisie de la demande en justice au moyen d'une "
requête ".

A. L'assignation

1. Définition - Terminologie

L'assignation est un exploit de l'huissier ou du greffier par lequel ce


fonctionnaire porte à la connaissance d'une personne, l'action en justice formée
contre elle par une autre personne et la somme de se présenter devant le juge après
l'écoulement d'un délai déterminé. L'assignation est donc un acte de procédure qui
introduit l'instance judiciaire. L'assignation constitue l'exploit introductif d’instance.
Celui qui engage l'action en justice, par le moyen de la demande s'appelle chose au
tribunal. Celui contre lequel l'action est engagée s'appelle " le défendeur " parce qu'il
est appelé à comparaître devant le tribunal et qu'il va user, s'il éché, de nombreux
moyens de défense que la loi met à sa disposition pour faire rejeter l'action.

2. Mentions que doit contenir l'assignation

L'article 2 du décret du 7 mars 1960 énumère les mentions sue doit contenir
l'assignation pour être valable.

a. Mentions relatives à l'identité du requérant


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L'exploit doit mentionner les noms, profession et domicile du requérant.


Cette indication est évidemment fort importante car le défendeur doit savoir qui lui
intente un procès. Dès lors, une inexactitude ou une omission dans la désignation du
requérant ne vicie pas l'assignation pour autant qu'aucune confusion n'en résulte et
que le défendeur ne soit pas entravé dans sa défense (57).

Pour étudier le caractère des mentions que la loi exige en vue de permettre
l'identification du requérant, nous envisageons trois hypothèses selon que le
requérant est une personne physique agissant en son nom personnel, selon qu'il agit
par l'intermédiaire d'un représentant et enfin selon que le requérant est une personne
morale.

1°. Le requérant est une personne physique agissant en son nom


personnel.

- Le nom
Par " nom, il faut entendre, pour les Congolais un nom puisé dans le
patrimoine culturel Congolais. Pour l'Européen par nom, il faut entendre le nom de
famille.
- La profession
Une indication générale suffit, sauf si d'autres personnes, ayant les mêmes
noms et les mêmes prénoms exercent la même profession, ce qui pourrait amener des
confusions, sans doute rares. L'indication de la profession peut parfois compléter
utilement l'absence d'autres éléments du nom lorsqu'il existe deux personnes portant
le même nom.

- Le domicile
D'après l'article 161 du Code de la Famille, le domicile de toute personne est
au lieu où elle a son principal établissement (58). A défaut de domicile connu, la
résidence en produit les mêmes effets, la résidence étant le lieu où une personne à sa
demeure habituelle (article 169 du Code de la Famille). L'on admet que la
désignation de la résidence dans l'assignation est équivalente à la mention du
domicile (59).

Exemple :
A supposer qu'une personne ait son domicile en Belgique et une résidence
en R.D.C.Elle intente une action en justice devant le Tribunal de Lubumbashi. Elle
pourra uniquement mentionner dans l'assignation sa résidence en R.D.C. En règle
générale, le domicile ou la résidence devront être suffisamment précisés pour que
le défendeur ne puisse faire d'erreur sur l'identité de celui qui agit (60).

57) Elis 3 janv. 1925, R.J.C.B, p. 114, 1è Inst. Luebo, 25/2/1932, Jur. Col. 1932-33, p. 212.
58) Sur la notion de " principal établissement ", voir Léo, 16/9/1952, R.J.C.B., 1952, p. 295.
59) L'inst. Elis., 4 mai 1934, R.J.C.B., 1934, p. 141.
60) Inst. Stan. , 15 juillet 1955, R.J.C.B., 1957, p. 190.
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L'incertitude sur le domicile ou le lieu de résidence du requérant constitue


une entrave pour le défendeur si, ultérieurement et après jugement le condamnant, ce
dernier devait interjeter l'appel de cette décision dans un délai fort bref et se trouvait
dans l'impossibilité de préciser le domicile de son adversaire ce qui empêcherait
l'huissier de signifier l'appel (61).

2°. Le requérant est une personne physique agissant par l'intermédiaire


d'un représentant légal ou conventionnel.

Dans ce cas, l'article 2, alinéa 2 du décret du 7 mars 1960 précise que "
lorsque le demandeur n'agit pas en nom personnel, l'assignation doit mentionner en
outre sa qualité ", ce qui veut dire que lorsque le demandeur n'agit pas en nom
personnel, il faut non seulement mentionner les noms, profession et domicile de la
personne qu'il représente mais encore les noms, profession et domicile du demandeur
lui-même (62).
Il existe certaines personnes que la loi répute incapables d'ester en justice
(introduire une action en justice).

Citons parmi celles-ci :


a) le mineur qui ne peut assigner que par l'intermédiaire de son père et mère
ou tuteur
b) l'interdit qui doit introduire une demande par l'intermédiaire de son tuteur
d) dans certains cas, les femmes mariées ne peuvent introduire de demande
sans l'autorisation de leur mari.

Exemple :
Une assignation lancée par le tuteur d'un mineur sera libellée comme suit
: " A la requête de Monsieur X... résidant à Lubumbashi, 40 Avenue Z..., médecin,
agissant en sa qualité de tuteur de Monsieur H...", écolier résidant en la même Ville,
25 avenue Y...

3°. Le requérant est une personne morale ou juridique

Pour les sociétés, groupements, associations quelconques, une difficulté peut


naître car, pour assigner sous sa dénomination propre, le groupement doit posséder
la personnalité civile.

La Cour Suprême de Justice a, à plusieurs reprises, décidé que la personne


physique qui représente une personne morale, doit prouver son pouvoir d'ester en
justice en versant au dossier une pièce qui doit être authentique ou produite en
photocopie certifiée conforme et préciser la disposition statutaire en vertu de laquelle

61) Inst. E'ville, 4 mai 1934, R.J.C.B., 1935, p. 36.


62) Cour Suprême de Justice
a) R.C., 199, arrêt du 28/5/1980
b) R.C., 18, arrêt du 3/5/1972, Bulletin des arrêts, 1973, p. 47, R.J.Z., 1973, p. 37.
c) R.C., 26, arrêt du 7/12/1991, R.J.D, 1972, II p. 27 , R.J.Z, 1972, p. 128.
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elle agit ne serait-ce qu'en produisant les statuts sociaux ou en donnant la référence
de leur publication au journal officiel (63).

- Le domicile
D'après l'article 161 du Code de la Famille, le domicile de toute personne est
au lieu où elle a son principal établissement (64). A défaut de domicile connu, la
résidence en produit les mêmes effets, la résidence étant le lieu où une personne a sa
demeure habituelle (article 169 du Code de la Famille).

L'on admet que la désignation de la résidence dans l'assignation est


équivalente à la mention du domicile (65).
Exemple : A supposer qu'une personne ait son domicile en Belgique et une
résidence en R.D.C. Elle Intente une action en justice devant le Tribunal de
Lubumbashi. Elle pourra uniquement mentionner dans l'assignation sa résidence en
R.D.C.

En règle générale, le domicile ou la résidence devront être suffisamment


précisés pour que le défendeur ne puisse faire d'erreur sur l'identité de celui qui agit
(66)
. L'incertitude sur le domicile ou le lieu de résidence du requérant constitue une
entrave pour le défendeur si, ultérieurement et après jugement le condamnant, ce
dernier devait interjeter l'appel de cette décision dans un délai fort bref et se trouvait
dans l'impossibilité de préciser le domicile de son adversaire ce qui empêcherait
l'huissier de signifier l’appel.
2° Le requérant est une personne physique agissant par l'intermédiaire d'un
représentant légal ou conventionnel.
Dans ce cas, l'article 2, alinéa 2 du décret du 7 mars 1960 précise que «
lorsque
le demandeur n'agit pas en nom personnel, l'assignation doit mentionner en outre sa
qualité », ce
qui veut dire que lorsque le demandeur n'agit pas en nom personnel, il faut non
seulement
mentionner les noms, profession et domicile de la personne qu'il représente mais
encore les
noms, profession et domicile du demandeur lui-même (67).
Il existe certaines personnes que la loi répute incapables d'ester en justice
(introduire une action en justice).
Citons, parmi celles-ci :

63) Cour Suprême de Justice, arrêt du 6/2/1974 ;- Bulletin des arrêts, 1975, p. 41 ; - Arrêt du 3/11/1971, R.Z.D., 1972 II
p. 24.
64 "Sur la notion de « principal établissement », voir Léo, 16/9/1952, R.J.C.B. 1952, p. 295.
65 L'inst. Elis. 4mai1934 - R.J.C.B. 1934, p. 141.
66Inst. Stan. 15 juillet 1955, R.J.C.B, 1957, p. 190.
67Inst. E'i/ille, 4 mai 1934, R.J.C.B. 1935, p. 36.
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a) le mineur qui ne peut assigner que par l'intermédiaire de ses père et mère
ou tuteur ;
b) l'interdit qui doit introduire une demande par l'intermédiaire de son tuteur
:
c) les prodigues et les faibles d'esprit, par l'intermédiaire de leur conseil
judiciaire ;
d) dans certains cas, les femmes mariées ne peuvent introduire de demande
sans
l'autorisation de leur mari.
Exemple : Une assignation lancée par le tuteur d'un mineur sera libellée
comme suit : « A la requête de Monsieur X ... résidant à Lubumbashi, 40, Avenue
Z..., médecin, agissant en sa qualité de tuteur de Monsieur H... », Écolier résidant en
la même ville, 25, avenue Y...
3°. Le requérant est une personne morale ou juridique
Pour les sociétés, groupements, associations quelconques, une difficulté peut
naître car, pour assigner sous sa dénomination propre, le groupement doit posséder la
personnalité civile.
La Cour Suprême de justice a, à plusieurs reprises, décidé que la personne
physique qui représente une personne morale, doit prouver son pouvoir d'ester en
justice en versant au dossier une pièce qui doit être authentique ou produite en
photocopie certifiée conforme et préciser la disposition statutaireen vertu de laquelle
elle agit ne serait-ce qu'en produisant les statuts sociaux ou en donnant la référence
de leur publication au journal officiel (68).

Si le groupement n'a pas la personnalité civile : la demande en justice doit


être introduite par tous les associés et leurs noms, profession et domicile doivent être
mentionnés dans l'exploit. En effet, lorsque une association est dépourvue de
personnalité civile, ses biens sont soumis à l'indivision, chaque associé dispose d'une
partie de l'avoir sans que les tiers puissent pour autant en déterminer l’importance.
.
Exemple : Si la société X... désire introduire une action en justice, elle
assignera : « A la requête dela société X... (Indication du genre de société ou
d'association : société commerciale, association d'agrément, philanthropique,
religieuse etc.) dont le siège social est établi à ... (éventuellement avenue et numéro)
poursuites et diligences de son conseil d'administration composé de : Messieurs
O.Z.Y. (avec indication des noms, prénoms, profession et domicile des
administrateurs) ou encore « représentée en Afrique par Monsieur X... son gérant ».
En ce qui concerne l'Etat, en pratique, il assigne par l'intermédiaire du
Ministre compétent c'est-à- dire celui qui a dans ses attributions la matière du
différent formant la base de la demande en justice.

68Cour Suprême de justice :


a) R.C 199, arrêt du 28/5/1980.
b) R.C 18, arrêt du 3/5/1972, Bulletin des arrêts 1973, p. 47 (R.J.Z. 1973 p. 37)
C) R.C 26, arrêt du 7/12/1991, RJD, 1972, II p. 27 RJZ 1972 p. 128.
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Les entités administratives décentralisées assignent par l'intermédiaire des


organes que la loi n° 95/005 du 20/12/1995 sur la décentralisation a reconnus
compétents pour les représenter.
b. Mentions relatives à l'identité du défendeur

L'article 2 du décret du 7 mars 1960 prévoit que « l'assignation contient les


noms et demeure du défendeur».
Les détails sont moins complets que ceux qui sont requis par la loi pour
déterminer le requérant car il va de soi que ce dernier aura parfois de la peine à se
procurer des renseignements quant au domicile légal de son adversaire, par exemple.

Toutefois, il faut que le juge saisi au procès puisse identifier la partie qui est
citée à comparaître.

L'erreur dans la qualification du défendeur ne viciera pas l'assignation si ce


dernier n'a soulevé aucune objection ou ne lui a pas porté préjudice.

Dès lors, il faut que le défendeur puisse être suffisamment déterminé pour
ne pas être confondu avec une autre personne (69).

Si le défendeur est une personne morale ou juridique, il ne faudra pas


nécessairement détailler la composition du conseil d'administration.

Il ne sera même pas exigé du requérant d'indiquer le représentant légal


habilité par les statuts à agir en justice au nom de l'être moral pour autant que se
trouve dans l'assignation, l'adresse de la société (siège social ou succursale ou encore
siège d'exploitation).

Toutefois, il est impossible d'assigner un groupement qui n'a pas la


personnalité juridique (70) car on ne peut mettre en cause une personne qui n'existe
pas légalement. Dans ce cas il faudra
directement assigner devant le tribunal là où les personnes auxquelles on reproche la
méconnaissance ou la violation d'un droit. .

Les incapables devront toujours être assignés en la personne de leurs


représentants légaux mais la qualité du défendeur lui-même devra être indiquée (art.
2, alinéa 2). Il en est de même si l'assignation est dirigée contre le mandataire
conventionnel.

69 Léo,19 décembre 1929, Jur. Col. 1930-1931, p. 358.


70Inst Elis 4 mai 1944, R.J.C.B. 1945, p. 24
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c. Objet et moyen de la demande

L'article 2 du décret du 7 mars 1960 précise que le requérant doit énoncer


dans son assignation l'objet et les moyens de la demande. Mais il ajoute «
sommairement ».
On distingue dans l'assignation deux parties :
• les motifs qui constituent l'exposé des faits de la cause, la façon dont les
événements se sont produits et qui ont amené le demandeur à introduire une action
judiciaire.
• Le dispositif : le libellé de la demande proprement dite.

Exemple : X... me doit 5 millions de FC. Je l'assigne en justice. Dans les


motifs, j'indiquerai le; raisons pour lesquelles X... me soit 5 millions de FC
(promesse reconnue contrat quelconque-prêt que je lui ai accordé et dont je demande
le remboursement). Dans le dispositif, je demanderaisimplement au tribunal de
condamner X... à me payer 5 millions de FC.

L'objet et les moyens de la demande doivent être énoncés sommairement, ce


qui veut dire que renonciation doit être assez claire pour mettre le défendeur à même
de préparer sa défense dès
qu'il est assigné, il faut et il suffit qu'il sache ce qu'on lui demande. Toutefois, le
libellé de
)
l'assignation pourra être précise ultérieurement en cours d’instance (71 . Néanmoins,
l'énoncé doit être précis, car l'assignation présente une importance capitale. Nous
verrons ultérieurement que les demandes incidentes, c'est-à-dire celtes qui n'ont pas
été comprises dans l'assignation et qui sont introduites en cours d'instance par le
demandeur ne sont admises que sous certaines conditions bien déterminées.

Mais, les exigences de la loi sont tempérées par la jurisprudence. En cette


matière tout
particulièrement le tribunal doit tenir compte du fait que le plaideur Congolais est
souvent ignorant de la procédure judiciaire.

En droit congolais, si la demande formule dans le dispositif est peu précise,


on estime que l'assignation est néanmoins valable si les motifs et l'objet sont
suffisamment clairs (72). Cependant, il arrive que la jurisprudence rejette comme
nulles des assignations pour insuffisance des moyens développés par le requérant
(73)
.

71 1° inst. E'ville, 18 mars 1931, RJC.B 1931, p 255; 1° Inst. Elis. IOdéc.1925. R.J.C.B.
(kat. Il), p 52; Elis., 28/7/1945, R.J.C.B. 1945, p. 173.
72 Elis. 30 mars 1935, R.J.C.B. 1935, p. 188.
73 Elis 16jan .1926, R.J.C.B. (kat. Il), p. 277, 1° Inst Elis.-14juin 1961,R.J.A.C. 1963, p.185.
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d. Indication du tribunal ou la demande est portée

L'article 2 du décret du 7 mars 1960 prévoit que l'assignation doit indiquer le


lieu ou la demande est portée.

e. Lieu, jour et heures de la


comparution

Ces mentions sont exigées par l'article 2 du décret précité. Il faut en effet
que le défendeur sache où il doit comparaître et quand.
f. Date de l'exploit d'assignation
L'article 2 du décret précité ne fait pas figurer la date de l'exploit parmi les
mentions que doit contenir l'assignation. Cependant, l'article 4 relève : « l'original et
la copie de l'exploit sont datés » ce qui prouve que le législateur a considéré qu'une
assignation n'est pas valable si elle ne mentionne pas la date.
La date est apposée par le greffier ou l'huissier au jour de la signification.
3. Rédaction et dépôt de l'assignation
L'article 2 du décret précité précise que l'assignation est rédigée par le
greffier.
L'article 1 donne les conditions dans lesquelles le greffier rédige
l'assignation : "Toute personne qui veut en assigner une autre fournit au greffier de la
juridiction où la demande sera portée tous les éléments nécessaires à la rédaction de
l'assignation. Si le requérant sait écrire, il remet au greffier rédige l'assignation : "
Toute personne qui veut en assister une autre fournit au greffier de la juridiction où la
demande sera portée tous les éléments nécessaires à la rédaction de l'assignation.

Si le requérant sait écrire, il remet au greffier une déclaration signée".


Dans les grandes villes où sont installés des avocats, ceux-ci rédigent
entièrement l'exploit d'assignation qu'ils remettent au greffier du tribunal.

Il résulte de tout, ce que nous venons de dire-que l'assignation est un acte


authentique, les formes déterminées par les articles 1 et 2 du décret supposent un
écrit : celui-ci est absolument nécessaire pour l'assistance même de l'exploit. Une
assignation orale ne se concevrait même pas.

4. Signification de l'assignation

a. Notions générales

L'article 3 du même décret précise : l'assignation est signifiée par un huissier


: elle peut l'être aussi par le greffier. Seul, le greffier de fa juridiction qui doit
connaître de la demande a qualité pour signifier.
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L'assignation doit être signée par le greffier ou l'huissier. Il s'agit d'une


formalité essentielle dont l'absence entraîne la nullité (74), l'acte ne présentant plus
aucun caractère authentique.

L'huissier ou le greffier devra également dater l'acte et indiquer son nom et


qualité, avant de le signifier. Il faut, en effet, que le plaideur sache si l'exploit a été
signifié par le greffier ou par l'huissier et en toute hypothèse quel est le nom du
fonctionnaire qui a procédé à la signification et qui porte ainsi la responsabilité des
erreurs éventuelle qui auront été commises.
b. Modes de signification
Le législateur distingue :
• la signification au défendeur lui-même ou à personne ;
• la signification au domicile réel ou au domicile élu du défendeur ;
• la signification par messager;
• la signification par édit et missive lorsque Je défendeur n'a ni résidence, ni
domicile connu en R.D.C mais a un domicile ou une résidence connu dans un pays
étranger ;
• la signification par édit et publication lorsque le défendeur n'a pas de
domicile connu, ni en R.D.C., ni à l'étranger.

1° Signification à personne
La façon normale pour l'huissier de signifier l'exploit est de le remettre au
défendeur en personne, mais cela n'est possible que si l'huissier connaît le défendeur.
Il peut, par exemple, le rencontrer dans la rue ou au palais de Justice.

L'huissier ou le greffier pourrait même convoquer le défendeur au palais et


lui remettre l'assignation directement (75) encore que cette pratique n'a pas été prévue
par le législateur. Lorsque l'exploit introductif d'instance est remis à la personne,
l'huissier ou le greffier indiquera au bas de
l'assignation « parlant à lui-même ».

2° Signification à domicile réel

a. Le défendeur est une personne


physique
L'huissier peut également signifier l'exploit au domicile du défendeur s'il ne
le connaît pas ou ne le rencontre pas car la signification à personne est toujours

74 Léo, 21 novembre 1939 R.J.C.B. 1940, p. 101.


75 Tribunal de Parquet de Jadotville, 9 septembre 1953, R.J.C.B.1954 p. 48.
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préférée. Notons que l'huissier peut signifier à la résidence à défaut de domicile


(article 3, alinéa 2 du décret du 7 mars 1960).

A la résidence, l'huissier remettra l'exploit aux personnes suivantes qu'il y


rencontrera :
- aux parents ou alliés ( 76) ;
- à défaut de parents, aux maîtres ou domestiques ( 77).
L'huissier indiquera toujours le nom de la personne à qui il parle et sa
qualité : exemple : « X.. domestique du défendeur ».

Si l'huissier ne trouve ni parent, ni allié, ni maître, ni domestique, il devra


s'adresser à un voisin l'ordre successif de signification est obligatoire.

L'huissier apposera donc sur l'exploit d'assignation la mention suivante : « et


n'ayant trouvé ni parents, ni maîtres, ni domestiques, j'ai, huissier soussigné, remis le
présent exploit à Monsieur X ; voisin qui se charge de remettre le pli au défendeur et
signe avec nous »73.

Le voisin est une personne de l'un ou l'autre sexe habitant le voisinage; on


choisira de préférence au tiers en bons rapports avec le signifié. Le voisin doit signer
l'original de l'exploit.

Le refus du défendeur de recevoir l'exploit qui lui est offert par l'huissier
n'empêche pas la signification d'être valable: de même, le refus du parent, allié ou
serviteur trouvé au domicile pari
l'huissier n'oblige pas celui-ci à s'adresser à une autre personne pour procéder à la
signification.

L'article 4 du décret du 7 mars 1960 prévoit qu'à défaut de voisin, l'exploit


peut être remis dans une circonscription, au chef de la circonscription ou au chef de
la subdivision coutumière.

L'huissier ou le grenier peut également s'il ne trouve ni parent, ni allié, ni


maître, ni domestique, ni serviteur, ni voisin, remettre le pli au Bourgmestre de la
commune où réside-le signifié (article4alinéa 2). Il appartient au Bourgmestre, après
signature de l'original, de prendre les mesures utiles pour que l'assignation parvienne
au défendeur.

Mais, il arrive que le voisin, le chef de la circonscription ou le Bourgmestre


refuse de signer l'exploit ou n'accepte pas de recevoir la copie destinée au défendeur ;
la copie est alors remise au juge qui avisé » au moyen de la faire parvenir au
défendeur» (art. 4 al. 2). Dans ce cas, l'huissier ou le greffier mentionnera dans

76 Article 3du décret du 7 mars 1960.


77Idem.
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l'exploit les motifs pour lesquels la copie n'a pas été remise (article 5 décret du
7/3/1960).

Cette disposition est peu employée dans la pratique. Le juge peut autoriser la
remise à un ami, un fondé de pouvoirs, un employeur, bref à toutes personnes qui, en
raison de leurs bons rapports avec le défendeur et de l'intérêt qu'elles lui portent, ne
manqueront pas de l'aviser rapidement de l'existence de l'exploit.

Remarquons que la signification à Bourgmestre (Commissaire de zone) est


une innovation du décret du 7 mars 1960. Antérieurement, si le voisin ne voulait pas
signer, l'huissier devait immédiatement remettre la copie au juge.

Jusqu'à présent, il n'a pas été fait un usage fréquent de la signification à


Bourgmestre (Commissaire de zone), alors que cela aurait pu donner satisfaction.
b. Le défendeur est une personne morale
L'article 8 du décret du 7 mars 1960 prévoit des règles précises en ce qui
concerne les assignations à signifier aux personnes morales.
- Assignation de l'Etat et des administrations publiques
Selon l'article 8 du Code de procédure civile, sont assignés :
La République Démocratique du Congo, en la personne ou dans les bureaux
du Président de la République ou du Gouverneur de la région où siège le Tribunal qui
doit connaître de la
demande.
Les administrations et établissements qu4 jouissent de la personnalité civile,
en leurs bureaux, dans le lieu où se trouve leur siège, en la personne ou au bureau de
leur préposé, dans les
autres lieux.
La loi n° 95/005 du 20/12/1995 portant décentralisation territoriale,
administrative et politique de la République Démocratique du Congo (pendant la
période de transition) reconnaît la
personnalité civile aux entités administratives décentralisées (province, la ville, la
commune, le
territoire et la collectivité) en précisant chaque fois l'organe compétent pour
représenter l'entité
administrative décentralisée. ,
Les sociétés qui jouissent de ta personnalité civile à leur siège social,
succursale ou siège
d'opération ou à défaut, en la personne ou au domicile de l'un des associés.
Les faillis, en la personne ou au domicile du Curateur.

Est un serviteur, toute personne qui rend service au signifié y compris un


domestique de
l'hôtel où résiderait le défendeur (1 - Inst. E'vitle 27/9/1951, R.J.C.B. 1952, p. 176).
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Voir
aussi Léo. 30/3/1948.- R.J.C.B, 1948, p 170.

Ainsi, lorsqu'il voudra assigner l'Etat, le requérant aura le choix : il


signifiera l'assignation par l'huissier ou le greffier soit au Ministre responsable lui-
même, soit à toute personne qu'il rencontrera en ses bureaux ou au contentieux, soit
au Gouverneur de Province en personne, à condition, dans cette dernière hypothèse
que soit compétent un tribunal siégeant dans la Province.

- Les administrations et établissements publics ou privés

Sens des mots « administrations » et « établissements »

Le décret du 7 mars 1960 parle « d'administration et d'établissement qui


jouissent de la personnalité civile (article 8, 2).

Si l'établissement ou l'administration a la personnalité civile, il sera assigné


séparément sans que l'Etat entre en cause.

Si l'établissement ou l'administration n'a pas la personnalité civile, l'Etat sera


directement assigné.

Le seul critère est donc de savoir si l'organisme public que l'on veut assigner
a ou n'a pas lapersonnalité civile.

Que faut-il entendre par « administration » ou « établissement », on admet


généralement qu'il faut englober de multiples services publics, ainsi que tous les
établissements d'utilité publique), qui jouissent de la personnalité civile.

Les provinces, les villes, les communes, les territoires et les collectivités ont
la personnalité civile, ainsi que certains établissements publics.

1. Signification des exploits

Ces administrations et établissements pourront être assignés, soit dans le lieu


où se trouve leur siège, c'est-à-dire dans tous et chacun des nombreux bureaux que
les administrations peuvent
parfois comporter, dans le bureau d'un préposé quelconque, soit dans tous les autres
lieux.

Le législateur s'est donc montré particulièrement large et en fait, l'huissier et


le greffier pourront remettre l'exploit à toute personne qu'ils rencontreront et
connaîtront comme préposé de
l'administration ou de l'établissement en cause et ce, même au domicile ou à
l'habitation d'un des
préposés quelconque.
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C. Les faillis

- Les sociétés civiles ou commerciales

L'article 8, 3° du Code de procédure civile prévoit que les sociétés qui


jouissent de la personnalité civile seront assignées :
• à leur siège social ;
• à leur succursale ;
• à leur siège d'opération ;
• s'il n'y a pas de siège, en la personne ou au domicile de l'un des associés.

Ils seront assignés chez leur curateur désigné par le Tribunal dans le
jugement déclaratif de faillite puisque le curateur représente le faillis dans les actions
mobilières ou immobilières tant en demandant qu'en défendant (article 1 du décret du
27 juillet 1934 - Codes - Tome l - p ; 248).

2. Signification à domicile élu

La signification des exploits peut parfoisse faire à domicile élu.


L'article 168 du Code de la Famille, prévoit en effet que « toute personne
peut élire domicile pour l'exécution d'un, de plusieurs ou de tous actes, l'élection doit
être expresse et ne peut se faire que par écrit.

Le même article ajoute : « Toutes significations, demandes et poursuites


pour l'exécution d'un acte pour lequel domicile a été élu pourront être faites à ce
domicile et devant le juge de ce domicile.

Pour les mots « signification à domicile élu "n'est possible que si le défendes
a constitua un mandataire chargé de revoir l'exploit. En effet, le domicile élu suppose
que l'assignation sera
transmise au défendeur par celui chez lequel élection a été faite. Si le domicile n'est
pas élu chez
une personne déterminée, il n'est pas possible que l'assignation parvienne finalement
au défendeur
qui pourrait ainsi ne pas en avoir connaissance. Il y aurait là un abus que le
législateur n'a
74
certainement pas voulu protéger .

En outre, l'existence du domicile élu n'empêche jamais le requérant de faire


signifier l'assignation au domicile réel. Le requérant a dans le choix entre le domicile
réel et le domicile élu.

3. Signification par lettre missive et messager

a. Par lettre missive


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L'article 6 du décret du 7 mars 1960 prévoit un autre mode de signifier une


assignation : envoi au défendeur d'une copie de l'exploit sous pli fermé mais à
découvert, recommandé à la poste avec avis de réception.

Nous allons expliquer les termes employés par le législateur pour ce mode
de signification.

- Sous pli fermé mais à découvert :

Cela veut dire que l'assignation en peut être mise sous enveloppe. Dans la
pratique, on plie l'assignation en quatre et sur un des côtes, on inscrit l'adresse exacte
du défendeur en y
apposant tes timbres nécessaires.

Le pli doit néanmoins être fermé ce qui signifie qu'une fois l'assignation
pliée, les côtes doivent en être scellées au moyen de papier collant ou d'agrafes qui ne
peuvent être détachées, en telle sorte que personne d'autre que le défendeur lui-même
ou la personne qui recevra le pli pour lui, ne puisse en prendre connaissance.

- Recommandé à la poste avec avis de réception

Un simple envoi recommandé ne peut suffire, il faut en plus que soit adressé
au défendeur un avis ou accusé de réception (carte rosé délivrée par la poste et
prouvant que le pli recommandé a bien été remis au destinataire lui-même en telle
sorte que celui-ci en a eu connaissance).

Toutefois, la preuve de cette remise peut résulter de la signature de l'avis de


réception par l'agent des postes, la signature du destinataire n'étant pas requise.

Il appartient au requérant de prouver que toutes les formalités ont été


accomplies et que l'exploit est bien parvenu au défendeur. Pour cela, au moment de
l'appel de la cause ou avant l'audience le requérant prendra le soin de déposer
l'original de l'assignation ainsi que le talon du recommandé et l'avis de réception
dûment accepté par l'agent postal ou le destinataire.

Lorsque l'avis de réception n'est pas rentré avant l'appel de la cause devant le
tribunal, celui-ci n'est normalement pas saisi, car il ne peut vérifier la régularité de
l'assignation.

Toutefois, il arrive que le juge ordonne une remise de la cause pour


permettre au requérant de prouver que le pli a bien été délivré au défendeur et que
celui-ci a eu connaissance de l'assignation.
Ajoutons que, si le défendeur refuse de recevoir le pli recommandé, l'assignation est
néanmoins
valable76.
b. Par messager
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Ce mode de signification est exceptionnel mais il faut néanmoins l'envisager


pour être complet.
L'article 6 du décret du 7 mars 1960 prévoit la possibilité de faire signifier
une assignation par un messager ordinaire contre récépissé daté et signé par le
défendeur ou par parent, allié, maître, serviteur ou voisin de ce dernier.

La loi n'a pas déterminé ce qu'elle entend par « messager », mais elle précise
uniquement qu'il peut être « ordinaire », c'est-à-dire ne pas appartenir au personnel
judiciaire.

Il est en tout cas certain que l'on ne peut admettre comme valable que le
requérant remettre l'assignation à un messager quelconque et se passe ainsi de
l'huissier ou du greffier. En effet l'article 3 du décret du 7 mars 1960 est formel :
seuls, l'huissier ou le greffier peuvent signifier un exploit à l'exception de toute autre
personne.

Dès lors, quelle est l'utilité du messager? Il est inutile d'épiloguer à nouveau
sur l'immensité du territoire congolais, l'importance des distances à parcourir d'une
ville à l'autre ou d'un poste àl'autre. Il est certain que l'huissier ne peut se déplacer au-
delà d'un certain rayon du tribunal pour signifier une assignation. Il se peut
également qu'il soit impossible de confier l'assignation à la poste en raison de
l'éloignement de la résidence du défendeur de tout courrier postal régulier et que
l'acheminement par la poste prenne un temps considérable.

Dans ce cas, l'huissier qui trouvera une personne qui de rend près de
l'habitation du défendeur pourra lui confier le pli en telle sorte que la remise se fasse
plus rapidement.

Mais, la loi exige que les formalités accomplies par le messager ne laissent
aucun doute sur le fait que l'assignation a bien été remise au défendeur (article 6
alinéa 2 et 3 du décret du 7 mars 1960). Le messager ne peut remettre l'assignation
que contre un récépissé. Ce récépissé (reçu) doit être signé et daté par la personne à
qui le messager a parlé, c'est-à-dire :
• le défendeur ;
• le parent, l'allié, le maître ou le serviteur à défaut d'avoir trouvé le
défendeur ;
• le voisin, à défaut des personnes précitées.

4. Signification par édit et missive

II se peut que le requérant ne connaisse pas le domicile du défendeur en


R.D.C. et ce, malgré toutes les investigations auxquelles il s'est livré, mais qu'il sache
ou apprenne que le défendeur a fixé son domicile ou sa résidence à l'étranger, c'est-à-
dire en dehors du territoire de la nation congolaise.

Dans ce cas, la loi ne pouvait pas mettre le requérant dans l'impossibilité


d'introduire une demande en justice. ..
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Le législateur a alors prévu une procédure particulière prévue à l'article 7


alinéa 1 du décret du 7 mars 1960 et que l'on appelle : « EDIT ET MISSIVE ».

EDIT : parce que la loi exige qu'une copie de l'assignation soit affichée à la
porte principale du tribunal où la demande est portée (article 7, alinéa 1 du 7 mars
1960).

MISSIVE : parce que la loi exige en outre que la copie de l'exploit soit
adressée au domicile ou à la résidence étrangère sous pli fermé mais à découvert,
recommandé à la poste (art. 7 alinéa 1, décret du 7 mars 1960).

5. Signification à domicile inconnu

II peut arriver que le demandeur, malgré toutes les recherches commandées


par la bonne foi et la prudence, n'a pas trouvé le domicile du défendeur, ni en R.D.C,
ni ailleurs à l'étranger.
Le requérant pourra alors demander à l'huissier ou au greffier d'agir de la
façon suivante :

1. afficher une copie de l'exploit à la porte principale du tribunal où la


demande est portée (art. 7 alinéa 2, décret du 7.3.1960).
2. faire publier l'extrait de l'assignation au journal officiel (article 7, alinéa
2, décret du 7 mars 1960).

5. Les délais
d'assignation

a. Le délai ordinaire

En définissant l'assignation, nous avons vu que cet acte de procédure somme


le défendeur de se présenter devant le juge après l'écoulement d'un délai déterminé.

Pourquoi un délai ? Parce qu'il faut que le défendeur ait depuis qu'il a reçu
l'assignation, un intervalle lui permettant d'assimiler l'action en justice qui lui est
intentée, de se tracer une marche de défense, de réunir les éléments nécessaires à
mettre l'action en échec, de se choisir éventuellement un conseil, de comparaître en
justice.

Le délai ordinaire est celui qui est donné normalement au défendeur pour
comparaître devant le tribunal lorsqu'il réside dans le lieu où il siège.

Le délai ordinaire est augmenté à raison des distances ce qui veut dire que
plus le défendeur réside loin du siège du tribunal, plus long est le délai pour lui
permettre de comparaître.
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Le délai qui s'ajoute au délai ordinaire à raison de la distance porte le nom


de « délai de distance ». L'article 9, alinéa 1 du décret du 7 mars 1960 prévoit « le
délai d'assignation est de huit jours francs entre l'assignation et la comparution ».

L'article 9, alinéa 2 précise : « le délai d'assignation pour les personnes qui


n'ont ni domicile, ni résidence en R.D.C est de trois mois ou dont le domicile ou la
résidence sont inconnus ».

Lorsqu'une assignation à un défendeur domicilié hors de la République


Démocratique du Congo est remise à sa personne dans le territoire, elle n'emporte
que le délai ordinaire (art. 9 alinéa 3).

b. Le délai de distance

1° Le défendeur réside sur le territoire de la République


Démocratique du Congo

Si le défendeur réside dans le territoire de la République, l'article 9, alinéa 1


prévoit que le délai d'assignation est prolongé d'un jour par 100 kms de distance.

D'après les travaux préparatoires « l'augmentation de délai à raison de la


distance est de 1 jour par cent kilomètres pleins. Il n'y a pas d'augmentation du délai
pour les fractions qui s'y ajouteraient.
Comment évaluer la distance ?

Faut-il la calculer suivant la longueur de la voie à parcourir entre la


résidence du défendeur et le lieu où siège la juridiction devant laquelle il doit se
rendre ou bien faut-il suivre la longueur d'une ligne idéale entre deux points entre
lesquels il n'existe aucun moyen de communication ?

La jurisprudence a généralement estimé qu'il fallait adopter la longueur la


plus directe de la voie à parcourir sans sortir du pays 77. Toutefois, on discute
toujours du point de savoir si, pour déterminer la voie la plus courte, on doit tenir
compte de la voie aérienne78. A notre sens, il est préférable de compter les délais de
distance en prenant comme base les voies de communication (route – chemin de fer -
voies navigables) et en ajoutant un jour s'il le faut en cas d'hésitation.

Mais, il arrive que des difficultés naissent dans la détermination des délais.

En effet, il se peut que l'huissier ait signifié l'assignation en parlant au


défendeur à un endroit différent de sa résidence ou de son domicile.

Par exemple : le défendeur résident à Bukavu. Je lui fais signifier un exploit


au moment où il se trouve à Lubumbashi. Faut-il considérer que la détermination du

77 Cons. Sup. 15 mars 1924, Jur.Col.1924, p. 193, combiné avec Léo, 31 oct 1944, R.J.C.B 1945 ; P 108 avec note.
78sur le calcul du délai de distance par la voie des airs. Voir Léo. 22 juillet 1953 ; RJCB 1955, P 143.
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délai se fait en prenant comme base la résidence du défendeur à Bukavu ou son


passage à Lubumbashi ?

L'article 197 du décret du 7 mars 1960 donne la réponse: «le délai applicable
est toujours
déterminé d'après le lieu de notification ou de la signification même si celui à qui la
signification est faite n'y a ni son domicile, ni sa résidence ».

Dans le cas cité ci-dessus, je devrais donc compter uniquement les délais
ordinaires et non ajouter les délais de distance Bukavu/Lubumbashi.

2. Le défendeur réside à l'étranger

II n'existe pas de délai de distance à ajouter aux délais d'assignation prévus


pour les personnes domiciliées ou résidant en dehors de la République ou qui n'ont
aucun domicile ni résidence connus.

Pour ces personnes le délai de trois mois est fixe et il n'y a pas lieu d'ajouter
les délais de distance. Les délais d'assignation étant déjà suffisants à raison de la
distance.

L'article 9 alinéa 3 prévoit que « lorsqu'une assignation à une personne


domiciliée hors de la R.O.C est remise à sa personne dans ces territoires elle
n'emporte que le délai ordinaire ».

c.Point de départ des délais d'assignation et de distance:

Pour pouvoir calculer un délai, il faut savoir à partir de quel moment il


commence à courir.
Le principe paraît simple ; l'article 9 du décret dit : « entre l'assignation et la
comparution ». Par assignation, il faut entendre la date à laquelle l'huissier ou le
greffier a signifié à personne ou à domicile. Ce sera donc la date qu'il indique dans
l'exploit au moment où il opère la signification.

Toutefois, lorsque la signification est opérée par voie postale, le point de


départ du délai
d'assignation sera-t-il la date à laquelle le huissier met le pli à la poste, ou celle à
laquelle le
défendeur le reçoit ?

L'article 11 du décret du 7 mars 1960 tranche la question : le délai


commence à courir du jour de l'avis de réception. En cas de signification effectuée
par messager, le délai court depuis le jour du récépissé (même disposition).

Enfin, en cas d'assignation à l'étranger ou à domicile inconnu, le délai court


du jour de l'affichage (article 11 alinéa 2 décret du 7.3.1960).
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d. L'abréviation des délais

L'article 10 du décret du 7 mars 1960 précise que « dans les cas qui
requièrent célérité, le président de la juridiction compétente peut permettre d'assigner
à bref délai ».

On admet que l'abréviation des délais s'applique à tous les délais ordinaires,
de distance, et à ceux prévus pour les significations à l'étranger.

B. La comparution volontaire des parties

L'article 12 du décret du 7 mars 1960 prévoit que les parties peuvent


toujours se présentervolontairement devant le juge. Dans ce cas, les parties,
demandeur et défendeur sont d'accord de soumettre leur différend au tribunal. Elles
s'entendent sur ce point bien déterminé. L'attention doit être attirée sur le mot «
volontairement ».

En effet, l'assignation somme la partie défenderesse de comparaître devant


le tribunal, si, répondant à l'assignation, le défendeur est présent devant le tribunal au
jour fixé par l'exploit (voir article 14 du décret du 7 mars 1960), on ne peut pas dire
qu'il y a comparution volontaire. Pour que celle-ci existe, il faut que le défendeur
soit d'accord de se présenter devant le juge sans y avoir été contraint par un acte de
procédure quelconque79.

Le juge peut statuer en dernier ressort si les parties le demandent ; en ce cas,


elles renoncent à l'appel. « La déclaration des parties qui demandent jugement est
actée par le greffier. Elle est signée par les parties ou mention est faite qu'elles ne
peuvent signer » (article 12 alinéa 2 du décret du 7 mars 1960).

Dans la pratique, on emploie par extension l'expression « comparution


volontaire » après que l'assignation ait été signifiée et lorsqu'il est constaté que
l'exploit introductif est entaché d'un vice qui peut le faire déclarer non valable par le
juge. La partie défenderesse accepte parfois à l'audience d'introduction de la cause,
de « comparaître volontairement » sans toutefois que soient réunies les formalités
prévues par l'article 12.

On s'est souvent demandé si la comparution volontaire du défendeur


couvrait les irrégularités de l'assignation. En d'autres termes, lorsqu'il accepte de
comparaître volontairement, le défendeur entend-il ou non couvrir les irrégularités de
l'exploit introductif ? On a estimé qu'il y aurait lieu de rechercher dans chaque cas si
elles ont entendu ou non maintenir celle-ci80bien que l'on puisse prétendre que la
comparution volontaire remplace l'assignation81.

79 Note d'observations sous Léon 19 avril 1966, R.J.C. 1966, p. 329.


80 "SOHIER. Droit de procédure au Congo, p. 51,
81 Voir note d'observations sous Léo 19 avril 1966, R J.C. 1966, p. 329.
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Toutefois, à moins que le vice soit tel que l'acte de procédure doit être
considéré comme inexistant, le tribunal aura toujours tendance à admettre que le vice
a été couvert par la comparution du défendeur en vertu du principe selon lequel les
omissions ou erreurs de procédure ne doivent être admises que si elles ne violent pas
ou portent atteinte aux droits de la défense82.

C. La plainte

La loi organique de 2013 sur l’OCJ consacre implicitement la suppression


des juridictions coutumières qui continuaient jusqu’alors de fonctionner selon la
procédure fixée par l'arrêté Royal du 13 mai 1938 qui a coordonné les différents
décrets sur les juridictions coutumières.

Pour rappel, en matière de droit privé, les Juridictions coutumières étaient


saisies par une plainte des citoyens indiquant l'atteinte portée à leur droit et désignant
l'auteur, le responsable ou le répondant de ce tort dont ils demandent réparation.

D. La requête

La requête est l'acte par lequel un justiciable réclame directement d'une


autorité judiciaire une décision de sa compétence.

Le demandeur dépose sa requête au greffe sans en avertir préalablement les


autres parties
intéressées : c'est une dérogation au principe du contradictoire, qui se justifie
particulièrement
pour des solutions provisoires, préalables à un procès contradictoire ou en l'absence
de tout
contentieux. C'est la procédure ordinaire pour saisir la juridiction gracieuse.

Dans certains cas, le législateur impose le recours à la requête pour


introduire certaines
procédures préalables à l'assignation en justice.

Quelques exemples :

1. Demande d'abréviation des délais


2. Désignation d'un conseil ou d'un tuteur ad hoc qualifié pour représenter en
justice un incapable ou un absent

82 -Elis 22mai1915. Jur Col. 1925, p. 359 avec note:


-Elis 27 mars 1915, Jur.Col.1925, p. 354 avec note;
-Elis. 16janvier 1926, Jur. Kat II, p. 277;
-Elis. 16 juillet 1927, R.J.C.B. 1928, p. 321;
-Léo. 28 Juillet 1931. R.J.C.B. 1932. D. 113.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 66

3. Les époux doivent s’accorder pour tous les actes juridiques dans lesquels
ils s’obligent à une prestation qu’ils doivent effectuer.En cas de désaccord persistant,
le conjoint lésé saisit le Tribunal de paix (Art. 448 et 449 du Code de la Famille).
4. La mutation de droits immobiliers pour cause de décès est soumise à la
procédure d'investiturepar la voie d'une ordonnance sur requête. La requête doit être
préalablement publiée aux fins d'inviter toute personne qui pourrait faire valoir des
droits concurrents ou préférentiels à une intervention contentieuse.
5. En cas de viciation par un des époux de ses devoirs conjugaux, l'époux
saisi par voie de requête, le président du tribunal de paix-pour tenter une conciliation
si celle-ci aboutit, le
président acte par voie d'ordonnance l'accord des parties dans la négative, le président
rend
une ordonnance constatant l'échec et autorisant la partie requérante à saisir le tribunal
(art.
460 du Code de la Famille).
6. Cas de saisies conservatoires (saisie-arrêt, saisie-mobilière), ces mesures
préalables doivent être suivies d'une assignation en bonne et due forme dans le délai
fixé par la loi ou par le Juge (art. 109 et 138 du Code de procédure civile),

Il y a des cas ou le législateur prévoit la saisie du tribunal par voie de


requête pour éviter que la partie appelée au tribunal n'abuse des délais de
l'assignation pour énerver l'action en justice.

Quelques exemples :

1. Le cas de saisie conservatoire.


2. La demande en faillite : l'on recourt à la requête lorsqu'il y a lieu de
craindre que le débiteur défaillant détourne l'actif en profitant des délais imposés par
la procédure d'assignation : les droits de la défense du failli ne pourraient en ce cas
s'exercer que par la voie de l’opposition
(du décret du 27 juil. 1934).

De manière générale, l'on admet que la requête doit mentionner de façon


claire et précise.
a) l'identité du requérant ;
b) l'exposé de la demande et des moyens ;
c) les noms et demeure du défendeur même si la requête ne doit pas être ni
signifié ni
communiquée au défendeur avant d'être déposée.

Le président ou le tribunal est le seul juge de la décision à


prendre.

§3. Les demandes incidentes


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On distingue entre la demande nouvelle, la demande additionnelle, la


demande provisionnelle et la demande accessoire.

A. La demande nouvelle

Il y a demande nouvelle lorsque le demandeur introduit au cours d'instance


une action différente de celle qu'il a circonscrite dans l'exploit introductif et qui
s'écarte de l'action originaire dans son objet83et dans sa cause84. II ne faut pas
confondre la demande nouvelle et les moyens nouveaux et cette distinction est
parfois très délicate à faire85.

Exemple : j'assigne mon locataire en résiliation de bail mais j'ai omis de


dire que je demandais cette résiliation parce que les loyers n'étaient pas payés. Cet
argument qui renforce ma thèse est un moyen nouveau mais non une demande
nouvelle puisque mon action originaire conserve toujours la même cause et tend au
même objet : la résiliation du bail.
.
Dans la pratique, la question de savoir s'il y a moyen nouveau ou demande
nouvelle est parfois malaisée à résoudre. C'est une question que le tribunal
appréciera86.

En effet, aucune disposition légale n'interdit de présenter une demande


nouvelle en cours
d'instance. Toutefois, l'article 77 du décret du 7 mars 1960 prévoit : « il ne peut être
formé en degré
d'appel, aucune nouvelle demande ». La jurisprudence a admis que cette disposition
légale
s'applique également en première instance et que le demandeur ne peut modifier
l'objet et la cause
de sa demande originaire87.

Remarquons que rien n'empêche les parties de marquer accord sur une
extension des débats judiciaires. Supposons en effet, que le demandeur introduise une
demande nouvelle en cours
d'instance et que le défendeur ne s'y oppose pas dans ses conclusions verbales ou
écrites; le
tribunal ne peut pas de son propre chef, rejeter la demande sous prétexte qu'elle

83 L'Inst. Elis. 29 Janvier 1932, R.J.C.B. 1932? P. 184.


84 Une demande est nouvelle lorsqu'elle diffère par sa cause de la demande originaire, bien que l'objet soit demeuré le
même (réf. citée n) 95).
85Léo 15 oct, 1926, Jur.Kat. III, p. 226; Léo 30/11/1954, R.J.C.B 1955, p. 158.
86 Répertoire pratique de droit belge, Vè demande nouvelle, n° 4.
87 1° InstBrux. 5juillet 1923, Jur. Col. 1925, p. 73;
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n'entre pas dans le


cadre de l'assignation88.

B. La demande additionnelle

On dit que la demande est additionnelle lorsqu'elle ne modifie pas l'objet et


la cause de l'assignation mais que le demandeur se contente de rectifier, préciser,
augmenter ou diminuer l'évolution des mesures réclamées89.

Exemple : Au moment où je lance l'assignation, mon locataire me doit 200


millions de FC d'arriérés de loyer. Le bail continu à courir pendant l'instance et le
locataire ne paie toujours pas les loyers qui s'accumulent. Au moment des plaidoiries
de la cause, les loyers ne s'élèvent plus à 200 millions de FC mais à 300 millions de
FC. Je demanderai au tribunal par voie de conclusions verbales ouécrites de
condamner le défendeur au paiement de 300 millions de FC. Cette somme
comprenant les loyers échus en cours d'instance bien que ceux-ci n'aient pas été
réclamés dans l'assignation.
Toutefois, le demandeur sera bien aisé, s'il veut être sûr que sa demande
additionnelle sera admise de faire des réserves dans son assignation.

Exemple :
1. Je pourrai porter mon action de 100 millions à 500 millions de FC en
spécifiant dans
l'assignation que je demande au tribunal de condamner le défendeur au paiement de
100 millions
de FC sous réserve de mieux libeller, majorer ou réduire en cours d'instance.
2. Je pourrai réclamer les loyers échus à la condition qu'il soit prévu dans
mon -assignation que je demande la condamnation du défendeur à payer 100 millions
de FC du chef de loyers arriérés à la date de l'exploit sous réserve de postuler en
cours d'instance les loyers à échoir jusqu'à jugement définitif.

C. La demande accessoire

La demande accessoire est une demande introduite en cours d'instance et qui


ne constitue qu'un accessoire de la demande introductive parce qu'elle est
virtuellement comprise dans celle-ci90.

Exemple : X... intente une action pour violation, des devoirs conjugaux sur
base d'injures graves de son épouse. Dans son assignation, il a invoqué certains griefs
qui sont de nature à établir la gravité des injures. Mais en cours d'instance, des faits
nouveaux se produisent et notamment l'adultère de son épouse. Si l'une des injures

88 1" Inst. Stan, 9avril 1927, RJCB 1928, p. 139, Léo 24 sept 1929. Jur. Col. 1930-31, p. 249 avec note
Léo 25 luin 1925. Jur. Col. 1929, p. 75 avec note.
89 Léo 9 fézvrier 1928, RJCB. 1928, P139, Léo 12 juillet 1955, RJCB, P 358
1° Inst. Elis. 16 juin 1950 RJCB. 1951. P 38
1° Inst. Léo 17 décembre RJCB. 1953. P 263
90 1° Inst. Elis. 29 janvier 1929, RJCB. 1932, p. 100.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 69

relevées dans l'assignation est par exemple, l'inconduite de l'épouse, la demande


fondée sur l'adultère pourra être retenue sans que X.... soit obligé de lancer une
nouvelle assignation, la demande du chef d'adultère étant virtuellement comprise
dans la demande originaire du chef d'injures graves. .

La demande accessoire peut aussi procéder d'une cause postérieure à


l'assignation91.

Exemple : Si le défendeur oppose à la demande introductive une résistance


injustifiée (en vue de gagner du temps et de retarder avec malice l'issue du procès), il
a parfois été admis que le demandeur pouvait réclamer, en cours d'instance des
dommages-intérêts du chef de défense
téméraire et vexatoire.

Cette demande ne peut pas être postulée dans l'exploit introductif puisque
son objet et sa cause sont déterminés et motivés par l'attitude du défendeur en cours
de procès. On admet que pareille demande ne constitue pas une demande nouvelle
mais accessoire.

D. La demande provisionnelle

La demande provisionnelle, c'est-à-dire dans laquelle le demandeur se


contente de ne réclamer condamnation que pour une partie des sommes postulées
dans l'exploit introductif d'instance, est une demande incidente accessoire qui n'est
pas nouvelle étant virtuellement comprise dans la demande originale92.

Exemple : J'assigne X. en paiement de 100 millions de FC., Or, X... n'est


pas solvable : il
n'a pas de situation, pas de biens mobiliers ou immobiliers saisissables. Pour éviter le
paiement de
droits proportionnels élevés 10% sur les sommes allouées récupérables contre le
défendeur mais devant être avancées par le demandeur) sans savoir si j'en obtiendrai
le remboursement, je
demanderai par conclusions au tribunal de condamner X... à me payer 50 millions de
FC
provisionnellement quitte à solliciter un jugement complémentaire pour le solde si
j'apprends
qu'ultérieurement X... est revenu à meilleurs fortunes.

E. La demande reconventionnelle

1. Notions élémentaires

91 Léo 26 mars 1929, R.J.C.B 1929, p. 305.


92Elis 7 oct.Jur. Congo 1921, p. 315
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La demande reconventionnelle est toujours formulée par le défendeur au


cours de l'instance et qu'elle constitue une véritable attaque du défendeur qui, en
même temps qu'il oppose ses moyens de défense intente une action judiciaire à son
adversaire.

Normalement, le défendeur devrait intenter une autre action par une


assignation nouvelle mais dans certaines conditions, il est autorisé à l'introduire en
cours d'instance par voie de simples conclusions écrites ou verbales en vue de gagner
du temps et d'éviter des frais.

Par opposition à la demande reconventionnelle, la demande introductive


d'instance prendra le nom de « principale ».

La demande reconventionnelle étant une action principale, le défendeur


prend le nom de « demandeur sur reconvention » tandis que le demandeur principal
devient « défendeur sur reconvention ».

2. Conditions nécessaires à l'admission de la demande reconventionnelle

La demande reconventionnelle doit répondre aux conditions suivantes :

-- La demande reconventionnelle ne peut sortir du cadre des débats tel


qu'il a été tracé par la demande principale dans l'exploit introductif
d'instance93.
Exemple : J'introduis une action en divorce. Au cours de la même instance,
mon adversaire introduit une action reconventionnelle en liquidation de la
communauté de bien ayant existé entre époux. Il va de soi que la cause de la
demande reconventionnelle n'est pas liée à l'action principale. Elle ne sera pas reçue
et mon adversaire devra engager une action séparée.

Toutefois, une certaine évolution s'est marquée dans la jurisprudence : on


admet généralement qu'il suffit et que la demande reconventionnelle peut être
acceptée par le tribunal lorsqu'elle n'est pas complètement indépendante de la
demande principale et l'on exige plus qu'elle dérive de la même cause ou tente au
même objet que la demande principale94.

Notons que le législateur Congolais a pris position sur ce point en


supprimant l'exigence d'une corrélation étroite entre la demande principale et
reconventionnelle, en effet, la nouvelle loi organique de 2013 sur l’OCJ prévoit que
les tribunaux connaissent de toutes les demandes reconventionnelles quels qu'en

93 1° Inst. Elis 5 février 1925, Jur. Kat. 1, p. 267.


1° Inst. Elis. 21/11/1930, R.J.C.B., 1934, p. 131.
Elis 22 nov 1941, R.J.C.B., 1942, p. 2.
Elis 12 février 1944, R.J.C.B., 1944, p. 131.
94 R.P DE., Vè demande reconventionnelle, n" s. 46 à 59
1° InstBrux. 4 mars 1933, Jur. Col. 1934, p. 26: Brux. 11/12/1935, Jur. Col. 1936, p. 72, Léo 29 mars 1942, RJCB
1942, p. 142, Elis. 12 février 1944, RJCB 1944, p. 131; 1° Inst. Elis. 12/12/1942, RJCB. 1947. D. 105.
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soient la nature, c'est-à-dire même si l'objet et la cause de la demande


reconventionnelle sont différents de ceux de la demande principale12.

-- La demande reconventionnelle doit se présenter comme une défense


tendant à anéantir partiellement ou totalement la demande principale.

Exemple : Je suis assigné en paiement d'une certaine somme en exécution


d'un contrat. Je formule une demande reconventionnelle en prétendant que le contrat
est nul pour vice de consentement (erreur, dol, violence). Si le tribunal fait droit à ma
demande, l'action originaire sera nécessairement anéantie.

-- La demande reconventionnelle ne peut avoir pour effet de retarder


l'action principale.

Ce serait le cas si la demande principale est claire et présente un caractère


d'urgence alors que la demande reconventionnelle va réclamer une instruction
prolongée.

Dans ce cas, il arrive que le juge rejette purement et simplement la demande


reconventionnelle.
Cependant, les tribunaux ont généralement décidé que si la demande
reconventionnelle réclame une instruction plus longue que la demande principale, il y
a lieu de disjoindre la demande
reconventionnelle, c'est-à-dire de statuer d'abord sur la demande principale et de
prolonger ensuite l'audience quant à la demande reconventionnelle qui sera jugée par
un jugement subséquent97.

-- Seul le défendeur peut introduire une demande reconventionnelle.

C'est ce qui se traduit par l'adage : « reconvention sur reconvention ne vaut


». Le demandeur ne pourrait donc pas répondre à son tour par une autre demande
reconventionnelle, ce qui n'empêche pas toutefois le demandeur de se défendre par
tous moyens à l'action qui lui est intentée comme il le ferait dans le cas où le
défendeur aurait préféré introduire l'action reconventionnelle par voie principale98.

-- L'action reconventionnelle suit le sort de l'action principale à laquelle


elle est attachée, en conséquence, si l'action principale n'est pas recevable non plus
(même si intrinsèquement et prise à partie elle l'est)99.

Le défendeur devra donc introduire sa demande au moyen d'une assignation.


Il va de soi qu'au point de vue du fond, la demande reconventionnelle peut être
déclarée fondée alors que la demande principale est rejetée et réciproquement.

12 Art. 141, al.2, loi organique de 2013 sur l’OCJ.


97
98CommBrux. 7 juillet 1932, Jur. Col. 1932-1933, p. 128.
99 Elis. 10 avril 1956, RJCB 1958, p. 274; Elis. 11 juin 1957, RJCB 1957, p. 372.
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3. Demandes reconventionnelles particulières

II existe deux sortes de demandes reconventionnelles particulières parce


qu'elles ne doivent pas nécessairement répondre pour être admises par le tribunal aux
conditions prescrites pour les demandes reconventionnelles ordinaires :

-- La demande reconventionnelle tendant à réduire la demande


principale par compensation
Lorsque deux personnes se trouvent débitrices l’une envers l'autre, il s'opère
une compensation qui éteint les deux dettes jusqu'à concurrence de leurs quotités
respectives.

Exemple : A... introduit une action en justice contre B..en vue de lui
réclamer paiement d'une somme de 100 millions de FC. En cours d'instance, B...
parvient à prouver que A... est son débiteur à concurrence de 50 millions de FC. Il
introduit une demande reconventionnelle en vue de faire condamner A... à lui payer
50 millions de FC. En réalité, la demande reconventionnelle de B... tend à réduire la
demande principale par compensation puisque finalement par ce mode d'extinction
des obligations, A... ne pourra plus réclamer à B... que 50 millions de FC et non les
100 millions de FC qui constitue l'objet primitif de sa demande introductive100.

La demande reconventionnelle tend à la compensation et réclame


instruction, le juge peut surseoir à statuer sur la demande principale et non
nécessairement rendre son jugement au principal et disjoindre la demande
reconventionnelle101.

-- La demande reconventionnelle du chef d'action principale téméraire


et vexatoire.

Toute personne a libre accès au prétoire et chacun peut introduire une action
en justice aussi fantaisiste soit-elle.

Toutefois, cette liberté trouve un contrepoids dans l'avantage accordé au


défendeur de réclamer des dommages-intérêts à l'auteur d'une action qui abuse du
droit d'agir en justice.

Cette demande peut être introduite par le défendeur en cours d'instance et est
par conséquent reconventionnelle.

Les tribunaux admettent pareille demande reconventionnelle et allouent des


dommages-intérêts au défendeur à la condition qu'il soit établi que le demandeur ait

100 Léo 9 sept. 1941; RJCB 1941,p. 207; Elis. 13 avril 1946, RJCB 1946, p. 90, Elis. 10 décembre
1955, RJCB 1956. p.106. Léo 9 sept. 1941; RJCB 1941,p. 207; Elis. 13 avril 1946, RJCB 1946, p. 90, Elis. 10
décembre 955, RJCB 1956. p.106.
101 Articles 181 et 182, livre III du code civil congolais.
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intenté l'action principale avec mauvaise foi ou une insouciance tellement grossière
qu'on peut l'assimiler au dol102. II ne suffit donc pas que l'action principale soit
déclarée mal fondée par le tribunal pour que le juge
alloue reconventionnellement des dommages-intérêts au défenseur.

Cette demande reconventionnelle particulière présente les caractères


suivants :
- par sa nature même, telle qu'elle vient d'être définie, elle n'a aucun lien
de dépendance avec l'objet ou la cause de la demande principale.
- elle ne se présente pas comme un moyen de défense tendant à anéantir la
demande
principale.

Elle peut donc être prise en considération par le tribunal sans devoir
répondre à deux des conditions essentielles exigées pour l'admission des demandes
reconventionnelles ordinaires.

Cependant, le. Principe « reconvention sur reconvention ne vaut » s'applique


à la demande reconventionnelle du chef d'action principale téméraire et vexatoire. De
même, la non recevabilité de la demande principale entraîne l'irrecevabilité de la
demande reconventionnelle basée sur le caractère téméraire de l'action mue par le
demandeur au principal.103

F. L'intervention
1. Définition et notions générales

L'intervention est l'acte par lequel un tiers qui n'était pas originairement
partie dans une instance judiciaire s'y présente ou est appelé à y prendre part et y
faire valoir ses droits. Le code de procédure civile congolais est muet sur cette
notion. La faculté d'intervention repose sur une nécessité non seulement de pratique
judiciaire mais encore d'équité, elle est fondée sur une tradition constante. Aussi, les
tribunaux congolais ont-ils considéré que le droit d'un tiers d'intervenir dans un
procès pendant entre d'autres personnes ou le droit pour les parties litigantes de faire
intervenir ce tiers découle des principes généraux du droit104. Devant le silence de la
loi, la Jurisprudence s'inspirera du droit belge pour y puiser des principes.

On distingue deux sortes d'intervention :

• l'intervention volontaire;
• l'intervention forcée;

102 Elis. 6 novembre 1915, Jur. Col. 1926, p. 169 avec note; MInst. Léo 9 déc. 1926, Jur, Kat. III, p.122, Léo 17 août
1926, Jur.Col.1929, p. 139 avec note, Léo 12 oct.1926.Jur. Col. 1929 p. 145 avec note, Léo 22 juillet 1930, Jur. Col.
1932p. 103 avec note, Elis. 18 juin 1932, R.J.C.B. 1932, p 311.1° Inst. Elis, 31nov 1930. RJCB 1934, p. 131; Elis. 30
mai 1944, RJCB 1945, p. 4; Elis. 22février 1947. RJCB 1947, p. 176.
103 1" Inst Léo 29 juillet 1925, RJCB 1933,p.156: Elis. 20 mai 1944, RJCB 1944, p. 211.
104 Elis. 28 mai 1936, RJCB 1936, p. 288: Elis, 20 mars 1937, RJCB 1937, p. 165.
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ii.L'intervention volontaire

II y a intervention volontaire lorsque le tiers intervient volontairement (de


son propre gré) au procès pour faire prévaloir la thèse de l'une des parties contre
l'autre.

Exemple : X... signe une reconnaissance de dette à Z... pour un prêt qu'il a
reçu. Z... doit lui- même effectuer un paiement à y .... et comme il ne dispose pas de
fonds nécessaires, il cède à Y.. la reconnaissance de dette que lui a remise X.,. Y...
intente une action en justice contre X... sur base de la reconnaissance cédée. X...
prétend qu'il s'est libéré et ne doit rien Z... a le plus grand
intérêt à intervenir dans le procès pour appuyer l'action de Y... et démontrer que c'est
à tort que X
prétend s'être libéré ou qu'il ne doit rien.

Pour que l'intervention volontaire soit admise par le tribunal, il faut que le
tiers démontre qu'il a un intérêt actuel à agir. Dans certaines conditions, la
jurisprudence admet un intérêt éventuel du tiers.
En réalité, le tribunal apprécie souverainement si le tiers a ou non un intérêt
à agir105.
Il faut en outre, pour pouvoir intervenir volontairement être tiers au procès,
d'éviter les contrariétés de jugement et de hâter la solution des litiges106.

En effet, si nous reprenons l'exemple envisagé ici dessus, un examen attentif


démontrera :
a) que si Z... n'intervient pas, il y a un risque de voir deux procès au lieu
d'un (Z.. c/X... et Y.... c/Z...);
b) que les jugements qui seraient rendus pourraient être contraires en fait et
en droit, le juge qui statuerait dans le procès y... c/X... pouvant avoir une optique
différente de l'ensemble du débat de celui qui statuerait en cause Y.. c/Z....
c) deux jugements et deux procès allongent la solution du litige.

iii. L'intervention forcée

II y a intervention forcée lorsque le tiers est assigné par l'une de deux parties
à la cause
(généralement le défendeur).

Dans ce cas, deux hypothèses peuvent se présenter :


Première hypothèse : le tiers est appelé au litige pour prendre fait et cause à
l'égard de la partie Qui l'assigne en justice au cours de l'instance.

105 1. Inst. Elis. 15 janvier 1932. réf. Citée. Note 119


106 Elis 24 janvier 1942, R.J.C.B., 1942, p 48
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Exemple : A... est fonctionnaire et il ne reçoit pas son traitement. Il assigne


la province en prétendant que celle-ci lui est redevable de FC 100 millions à titre
d'arriérés de traitement et qu'elle doit être condamnée à lui payer cette somme. La
province prétend qu'elle n'a pas la charge des traitements de ce fonctionnaire qui
relève du Gouvernement. Elle force le Gouvernement à intervenir dans le procès et
demandera au tribunal de condamner le Gouvernement tout en la mettant hors cause.

L'intervention forcée est presque similaire à la procédure d'appel en garantie


que nous examinerons ultérieurement.

Deuxième hypothèse : Le tiers est contraint d'intervenir uniquement pour


que le jugement lui soit opposable. C'est-à-dire qu'il soit obligé de s'incliner devant le
jugement. (C'est la déclaration de jugement commun). Ici c'est le demandeur qui
agira.

Exemple : Contrat de vente d'immeuble entre deux particuliers par acte sous
seing privé. En vertu de l'article 37 livre II du Code civil congolais « les mutations
entre vifs ne s'opèrent que par un nouveau certificat d'enregistrement » dressé par le
Conservateur des Titres Fonciers ; supposons que le vendeur refuse de comparaître
devant le Conservateur des Titres Fonciers pour établir le certificat. L'acheteur n'aura
donc d'autres possibilités que d'assigner le vendeur pour exiger que le certificat soit
passé par le Conservateur nonobstant le refus de ce dernier d'accepter
l'enregistrement.

Le Conservateur est un tiers à qui le jugement qui interviendra entre vendeur


et
acheteur n'est pas opposable. Dès lors même si l'acheteur obtient son jugement, le
Conservateur
refusera la mutation. Pour obtenir que le Conservateur soit dans l'obligation
d'accepter le jugement,
l'acheteur va le forcer à intervenir pour que le jugement rendu lui soit opposable
(qu'il ait l'autorité de la chose jugée à son égard). C'est ce qu'on appelle la déclaration
en Jugement commun qui est
admis par la jurisprudence congolaise comme principe général de droit107.

Mentionnons pour être complet que l'intervention qu'elle soit volontaire ou


forcée, s'introduit par une assignation108 encore qu'il ait parfois été jugée, mais à tort
selon nous, que de simples conclusions verbales ou écrites étaient suffisantes 109.

§6. Les effets de la demande

La demande en justice produit des effets qui lui sont propres :

107Elis . 4 décembre 1926, Jur. Kat III, p.49


108 Elis. 20 mars 1937, RJCB, 1937, p.165
109 1° Inst. Elis 15 janvier 1932, RJCB, 1932, p.315
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A.La demande en justice donne naissance entre les parties au procès à


un lien juridique nouveau, appelé « lien juridique d'instance ».

On a beaucoup discuté dans la doctrine sur la nature de l'état de droit créé


par l'ouverture d'un débat devant un organe judiciaire. Pour certains auteurs, le lien
d'instance serait de nature contractuelle ou quasi-contractuelle110. Pour notre part, il
semble préférable d'y voir-un rapport juridique d'origine légale qui intéresse la
relation entre les parties mais aussi la relation entre les parties et les juges.

1. Relation entre parties

Le fait d'être engagé dans un procès de manière active comme demandeur ou


de manière passive comme défendeur tisse entre les plaideurs un réseau de droits et
d'obligations. Ils trouvent leur sanction dans les forclusions, déchéances,
condamnation par défaut, radiation... On a soutenu parfois que ce lien d'instance avait
sa source dans un contrat passé entre les plaideurs ou dans un quasi-contrat.

Pour nous, il semble plus exact d'y voir un rapport d'origine légale. En effet,
la conception contractuelle a une origine romaine puisqu'on droit romain
lalitiscontestatioétait considérée comme une sorte de contrat entre les plaideurs dont
l'effet était de les soumettre à l'obligation de subir le cours de l'instance et d'être
jugés. C'était ce contrat qui innovait le droit initial du demandeur afin d'obtenir
jugement. Ainsi, dans ce sens, s'il était vrai que le demandeur ne peut plus se désister
de sa demande après l'échange de premières conclusions sans l'accord du défendeur;
l'origine de son action ne se trouve pas pour autant dans un contrat passé avec
l'adversaire mais dans le fait qu'il lui est interdit de se faire justice à lui-même d'une
part et d'autre part, il n'a pas d'autres moyens d'obtenir satisfaction que d'agir en
justice.

Dans le même sens, envisagé du côté de défendeur, la conception


contractuelle est abusive car ce dernier subit le procès même s'il ne comparaît pas.

2. La relation entre les parties et le juge

La demande en justice provoque l'intervention du juge et l'oblige à statuer


sous peine de déni de justice; entre les parties et lui s'établissent ainsi des liens qui
n'expriment en aucune manière un droit de plaideur, un droit dit subjectif à rencontre
du juge ou de l'Etat mais qui sont les obligations fonctionnelles dérivant elles aussi
de la loi.

B. La demande en justice fait courir les intérêts judiciaires

C'est en effet à partir de la demande en justice qu'il faut se placer pour


calculer les intérêts judiciaires. En effet, un temps plus ou moins long peut s'écouler

110 Aubry et Ray. Droit civil, Tome VI, p.482


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entre le moment de l'introduction de l'action en justice qui tend au paiement d'une


somme d'argent et la date à laquelle le créancier, en exécution du jugement de
condamnation persévéra les fonds que son débiteur a été condamné à lui régler. Il y a
donc un retard dans le paiement qui ne peut s'expliquer que par les lenteurs de
l'administration de la justice, lenteurs dont le créancier n'a pas à souffrir. C'est pour
cette raison que le tribunal, en même temps qu'il ordonne le paiement des sommes
dues par le débiteur, le condamne à payer des intérêts judiciaires sur les montants
alloués, ces intérêts n'étant somme toute que la continuation soit des intérêts
compensatoires, soit des intérêts moratoires.

Les intérêts judiciaires sont calculés depuis le jour de la demande en justice


parce que le jugement rétroagit au jour de cette demande112. Le juge fixe
souverainement le taux des intérêts judiciaires (généralement 6% ou 8%-article 51,
livre III du Code Civil Zaïrois).

C. La demande en justice opère mise en demeure

La demande est l'état dans lequel se trouve le débiteur sommé par le


créancier d'avoir à remplir les obligations qu'il a assumées en vertu d'un contrat. La
mise ne demeure s'effectue par une sommation ou « tout autre acte équivalent ».
Parmi ces actes équivalents, on admet l'assignation en justice.

D. La demande en justice interrompt la prescription

La prescription est un moyen d'acquérir ou de se libérer d'un droit113 par


l'écoulement d'un certain laps de temps et sous les conditions déterminées par la loi.

La prescription suppose le défaut d'exercice d'un droit pendant un temps


prolongé. Que le droit vienne à être exercé ou reconnu, la prescription s'arrête. Le
seul problème qui se pose est alors de savoir à partir de quand une prescription
nouvelle pourra commencer à courir114.

Lorsque le cours de la prescription est brisé par l'exercice ou par la


reconnaissance du droit qui en forme l'objet, on dit que la prescription est
interrompue.

La loi admet que la demande en justice interrompt la prescription parce que


l'on présume que si le demandeur agit judiciairement c'est qu'il a l'intention d'user de
son droit et de le faire reconnaître en justice115.

112 DE PAGE. Tome III, n°100


113 Droit réel, de créance ou intellectuel.
114 DE PAGE, Tome VII, page 1064, n°1171
115 Article 638 du code Civil, livre III.
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La prescription est interrompue même si la demande est introduite devant un


juge incompétent mais l'interruption ne se produit pas si l'assignation est nulle pour
défaut de forme ou si la demande est rejetée116.
Section 3 : La défense en justice

On divise généralement les défenses en justice en trois groupes : les


défenses au fond, les exceptions et les fins de non-recevoir.

§1. Défenses au fond

A. Notions

On appelle "défense au fond" le moyen par lequel un défendeur entend


établir que la demande de son adversaire est injuste et mal fondé "en droit" parce que
le droit allégué par le demandeur, à l'appui de sa prétention n'existe pas ou n'existe
plus117.

Il s'agit, en d'autres, de tout moyen qui tend à faire rejeter comme injustifiée,
après examen au fond du droit, la prétention de l'adversaire. C'est donc par ce
procédé que le défendeur va combattre directement l'action en justice dans son
fondement même. Il va tenter de la faire rejeter par le juge. C'est le moyen de défense
le plus couramment employé.

Il est admis que ta défense au fond peut être présentée à tout auteur de la
procédure, au premierdegré, au degré d'appel et même en cassation dans la mesure où
elle ne constitue pas un moyen nouveau.

§2. Les exceptions

A. Notions

Les exceptions sont des moyens par lesquels le défendeur, sans contredire le
droit lui-même, tient l'action du demandeur en échec jusqu'à ce qu'un certain délai
soit expiré ou une formalité déterminée accomplie. L'exception est donc un moyen
opposé par le défendeur et non une
demande nouvelle, elle ne contredit pas directement le droit sur lequel l'action est
basée.

B. Sortes

On distingue généralement les exceptions déclinatoires ou déclinatoires de


compétence, les exceptions dilatoires et enfin les exceptions de nullité de procédure.

1. Les exceptions déclinatoires

116 Article 639 du code Civil, livre III.


117 A. Rubbens Op. Cit. N°71, p.75.
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a. L'exception
d'incompétence

II s'agit d'un moyen soulevé par le défendeur lorsqu'il estime que le


demandeur a porté l'action en justice devant un tribunal qui n'est pas compétent en
vertu de la loi. Les conditions suivantes sont imposées pour que l'exception
d'incompétence soit recevable :

1° l'exception d'incompétence doit être soulevée « in liminelitis ». C'est-à-


dire avant toute défense au fond ou fin de non-recevoir. Concrètement, « in
liminelitis » ne vise pas le premier appel de la cause mais le moment où les parties
après avoir échangé conclusion et dossiers plaident à l'audience et déposent leurs
pièces et défenses en vue d'obtenir jugement.
2° l'exception d'incompétence doit être motivée, la défense ne doit pas se
contenter de contester la compétence de la juridiction saisie, elle doit exposer les
raisons qui justifient cette incompétence et indiquer la juridiction devant laquelle
[affaire doit être portée. Les deux conditions sont requises à peine d'irrecevabilité de
l'exception.
3° L'incompétence peut être relevée d'office c'est-à-dire invoquée par le juge
saisi, il faut préciserque :
- le juge n'a que la faculté et non pas l’obligation de soulever son
incompétence et ce même dans l'hypothèse où la règle de compétence violée est
d'ordre public.
- le juge qui relève d'office son incompétence est tenu de respecter le
principe du contradictoire en toutes circonstances et doit inviter les parties à présenter
leurs observations préalablement à sa décision. Au plan de la terminologie, précisons
que l'exception d'incompétence s'appelle également déclinatoire de compétence parce
que la défense décline la compétence du tribunal.

b. L'exception de litispendance

1° II y a litispendance lorsque deux juridictions également compétentes sont


saisies d'un même litige, ce qui suppose un litige portant sur le même objet, reposant
sur la même cause et
opposant les mêmes parties. Pour éviter une contradiction entre deux jugements, l'un
des
tribunaux doit se dessaisir.
2° L'article 145 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ dispose qu'en cas de
litispendance, les causes pendantes devant les juridictions différentes sont renvoyées
de l'une d'elles à l'autre selon les règles et dans l'ordre ci-après :
- la juridiction saisie au degré d'appel est préférée à la juridiction saisie au
premier degré.
- la juridiction qui a rendu sur l'affaire une décision autre qu'une
disposition d'ordre intérieur est préférée aux autres juridictions.
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- la juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions; une


expédition de la décision de renvoi est transmise avec les pièces de la procédure au
greffe de la juridiction à laquelle la cause a été renvoyée.

c. L'exception de connexité

1° II y a connexité lorsque deux juridictions également compétentes sont


saisies de deux litiges entre lesquels existe un lien tel qu'il est de l'intérêt d'une bonne
justice de les faire instruire et juge ensemble. Il s'agit d'une question de fait qui relève
du souverain pouvoir d'appréciation de juges du fond.
2° L'art. 146 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ règle comme suit la
connexité :

- les demandes pendantes devant un tribunal de paix peuvent, à la


demande de l'une des parties, être jointes à des demandes connexes pendantes devant
le tribunal de grande instance. La juridiction ainsi saisie statue en premier ressort.

Lorsque des demandes pendantes devant les juridictions différentes de


même rang sont
connexes, elles peuvent, à la demande de l'une des parties, être renvoyées à celle de
ces
juridictions qui a déjà rendu une décision autre qu'une disposition d'ordre intérieur,
sinon à la
juridiction saisie la première. Les décisions de renvoi sont en dernier ressort. La
juridiction de
renvoi ne peut déclarer sa compétence sur ces causes dont elle est saisie. Une
expédition de la
décision de renvoi est transmise avec les pièces de la procédure au greffe de la
juridiction à
laquelle la cause a été renvoyée.

d. Le règlement des juges

- L'article 98 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ donne compétence à la


Cour de cassation de connaître du règlement des juges.
- L'article 65 de la loi organique de 2013 sur la procédure devant la Cour
de cassation dispose qu'il y a lieu à règlement de juges lorsque deux ou plusieurs
Juridiction judiciaires statuant en dernier ressort se déclarent compétentes pour
connaître d'une même demande mue entre les mêmes paries. Le règlement des juges
peut être demandé par requête de toutes parties à la cause ou du M.P. près l'une des
juridictions concernées. La Cour de cassation désigne souverainement la juridiction
qui connaîtra de la cause.
- Le droit congolais ne prévoit que le règlement de juger pour les cas du
conflit positif où deux juridictions saisies d'une même cause prétendent toutes deux
vider un même litige.
Il n'organise pas le conflit négatif qui se présente lorsque deux Juridictions saisies
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opèrent le
renvoi de l'une à l'autre.

2. Les exceptions de nullité de procédure

Ces exceptions aboutissent généralement à la suspension de l'instance. En


effet, chaque fois que le défendeur estime qu'un acte de procédure intervenue pour
mettre l'action en justice en œuvre ou encours d'instance est irrégulier, il dispose
d'une exception que l'on dénomme « exception de nullité de procédure ».
.
Le moyen tiré de la nullité d'un acte de procédure constitue bien une
exception puisqu'elle crée un obstacle temporaire à l'examen du fond de la demande.
En effet, il sera indispensable que le tribunal tranche préalablement le point de savoir
si l'irrégularité existe et dans l'affirmative, si elle est de nature à entraîner la nullité.
Si le tribunal prononce la nullité, le demandeur devra recommencer l'acte irrégulier,
ce qui retardera l'examen du fond de la demande, mais ne l'exclura pas. Mais, le
défendeur devra invoquer la nullité avant toute défense au fond s'il ne veut pas que
celle-ci soit déclarée couverte.

Le tribunal refusera de faire droit à l'exception de nullité chaque fois qu'il


estimera que l'irrégularité qui entache l'acte de procédure ne nuit point à la partie
adverse à moins qu'il ne s'agisse d'une nullité substantielle.

Il est particulièrement difficile de relever les différentes irrégularités qui


pourraient donner ouverture à une exception de nullité de la part du défendeur. Nous
nous contenterons donc de relever les irrégularités les plus courantes et sur lesquelles
la jurisprudence reste divisée :

- L'omission d'une des mentions que doit contenir l'assignation.


- Le caractère incomplet ou insuffisant des mentions que la loi exige dans
la rédaction de l'expier introductif d'instance. A cet égard, signalons que l'obscurité
des motifs de l’assignation peut donner ouverture pour le défendeur à « l'exception
obscurilibelli ».
- La signification imparfaite de l'assignation.

La question de savoir si l'irrégularité porte ou non grief à la partie adverse


est appréciée
souverainement dans chaque cas par les tribunaux.

3. Les exceptions dilatoires

Les exceptions dilatoires sont celles dont l'objet direct et immédiat est
d'obtenir un délai ou un sursis momentané à la procédure en cours. L'on peut citer à
titre illustratif :

a. L'exception de garantie
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La garantie est l'obligation imposée à une personne de défendre une autre


personne en justice contre un danger qui la menace et au cas où elle ne peut la
défendre efficacement, de payer des dommages-intérêts118.

Exemple : A.... achète un immeuble à B... qui s'en prétend le propriétaire.


C... affirme égalementêtre le propriétaire de l'immeuble et assigne l'acquéreur A...
A... va appeler B... en garantie et le forcera à intervenir dans le procès pour le
défendre en démontrant sa qualité de propriétaire de l'immeuble. Si B... refuse de
défendre A... ou ne peut lé défendre, A... exigera de B... des dommages-intérêts, la
résolution de la vente et la restitution du prix.

Celui qui est obligé de venir défendre un autre est le Garant: celui qui est
défendue et appelle en garantie s'appelle le Garanti L'action en garantie peut l'être
intentée :

- comme action principale : dans l'exemple repris ci-dessus A... assigne


B... séparément. C'est la demande en garantie.
- comme action incidente : A... forme une demande de garantie comme
incident de son procès avec C... C'est l'exception dilatoire de garantie.

L'action en garantie intentée à titre incident présente des avantages car elle
est moins lente, elle entraîne moins de frais.

Ensuite l'action en garantie échouera si le garant parvient à démontrer que


s'il avait été appelé en garantie efficacement. Cet argument du garant pourra
difficilement être invoqué s'il est appelé la cause par voie incidente.

L'exception de garantie est en tout point semblable à l'intervention forcée


que nous avons étudiée sauf lorsque celle-ci tend uniquement à la déclaration d'un
tiers en jugement commun et avec la réserve que cette exception est toujours
invoquée par le défendeur.

En règle générale, l'exception de garantie est surtout utilisée dans la pratique


lorsque le défendeur prétend qu'il n'est pas responsable de la violation d'un droit dont
on l'incrimine mais que cette responsabilité pèse en réalité sur un tiers qu'il oblige à
prendre fait et cause pour lui en essayant d'échapper lui-même au procès. Après avoir
appelé le tiers en garantie, le défendeur va tenter de se faire mettre hors cause.

L'article 27 du décret du 7 mars 1960 démontre qu'en droit congolais,


l'exception de garantie est dilatoire et qu'elle constitue un obstacle temporaire à
l'examen du fond de l'action en Justice.

118 RJCB. 1949, p. 94; Stan, 28/10/1949, RJCB, 1950, p. 149; Elis. 31/12/1949, RJCB. 1950, p. 95; Elis. 7/2/1950,
RJCB. 1950, p. 134; 1° Inst. Stan. 21/6/1952, RJCB. 1954, p. 98; 1° Inst. Elis. 31/1/1952, RJCB. 1952, p. 262; Léo
3/6/1953, RJCB 1953, p. 277; Elis. 13/9/1955, RJCB, 1955, .p.370: Elis. 29/3/1955, RJCB 1955, p. 197.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 83

En effet, si le défendeur demande à mettre le garant en cause, le juge


accorde délai suffisant à raison de la distance du domicile du garant. La procédure est
introduite par assignation et le juge accorde un sursis tenant compte du délai de
distance entre le domicile et la résidence du garant et celle du tribunal.

Le décret du 7 mars 1960 se montre très strict dans la lettre des termes
employés : il exige que l'assignation soit faite dans le délai fixé et que l'autorisation
d'invoquer l'exception de garantie soit accordée le jour de la première comparution, la
sanction étant que l'action principale sera Jugée séparément de la demande en
garantie.

b. L'exception de communication des pièces

Ces exceptions provoquent aussi la suspension-de l'instance. Le décret du 7


mars 1960 n'exige pas que chacune des parties communique à l'autre les documents
sur lesquels elle base son action en justice ou se défend à l'instance introduite.

Toutefois, il s'agit d'un principe général de droit qui est applicable en R.D.C
en vertu de l'équité qui exige qu'aucun document, ou dossier ne peut être déposé à
l'appui d'une action ou d'une défense en justice sans qu'il ait été porté à la
connaissance de toutes les parties en cause. On ne concevrait pas que le défendeur
puisse combattre l'action Judiciaire lui intentée et répondre aux moyens invoqués par
son adversaire dans l'exploit introductif d'instance s'il n'a pas eu connaissance des
documents sur lesquels l'action est basée. Il en est de même des documents produits
par le
défendeur et dont le demandeur n'aurait pas eu connaissance. Lorsque la partie à qui
la
communication des pièces est demandée n'y procède pas spontanément, son
adversaire oppose
l'exception de communication de pièces qui oblige le tribunal à suspendre l'instance
tant que la
communication n'est pas faite. Il y a donc en l'espèce, comme dans les autres
exceptions que nous
avons examinées, un obstacle momentané qui empêche l'examen du fond de la
contestation.
Remarquons que cette exception peut être invoquée tant par le demandeur que par le
défendeur.

Tout dépend de savoir si c'est l'une ou l'autre de deux parties qui refuse la
communication.
Notons que la partie n'est pas tenue de communiquer toutes les pièces qui se
rapportent au litige mais uniquement celles dont elle compte se servir pendant la
cours de l'instance et sur lesquelles elle base son argumentation.

En R.D.C, aucune disposition légale ne règle la procédure de


communication de pièces mais le règlement intérieur des cours et tribunaux prévoit
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que doivent être communiquées les pièces dont les parties veulent faire état au moins
trois jours francs avant l'audience où la cause sera appelée119.

C. Le régime légal des exceptions et de


nullité

Le Code de procédure civile congolaise organise le régime des exceptions et


des nullités de la manière suivante :
1. Le tribunal peut joindre les exceptions et dédicatoires au principal et
ordonner aux parties de conclure à toutes fins (art. 26 du Code de la procédure
civile).
2. Si au jour de la première comparution, le défendeur demande à mettre
garant en cause, le juge accorde de délai suffisant en raison de la distance du
domicile du garant. L'assignation donnée au garant est libellée sans qu'il soit besoin
de lui notifier le jugement qui ordonne sa mise en
cause (art. 27 C.P.C).
3. Aucune irrégularité d'exploit ou d'acte de procédure n'entraîne leur nullité
que si elle nuit aux intérêts de la partie adverse (art.28 C.P.CJ-, sauf dans le cas où la
nullité est d'ordre public120. Mais l'on reconnaît que la partie préjudiciée peut
couvrir la nullité en reconnaissant explicitement ou implicitement l'activité.
Soulignons aussi que la nullité est décrétée lorsque la violation portesur une forme
expressément imposée à peine de nullité par un texte ou lorsqu'il s'agit d'une
formalité substantielle121.
§3. Les fins de non-recevoir122

A. La notion de fin de
recevoir

La fin de non-recevoir ne doit être confondue ni avec la défense au fond ni


avec l'exception de procédure car la contestation qu'elle exprime ne porte pas sur le
fond du droit et ne tend pas à différer l'issue du litige. Elle met en cause le droit
d'action lui-même; elle vise à faire sanctionner l'absence du droit d'action.
La fin de non-recevoir est appréciée par le juge sans examen de l'affaire au
fond. L'ancien droit français qualifiait les fins de non-recevoir des « exceptions
péremptoires ».

B. Le régime de fins de non-recevoir.

119 Article 29 du Règlement intérieur des cours et tribunaux. Article 29 du Règlement intérieur des cours et tribunaux.
120 A. Rubbens : Le droit judiciaire congolais, Tome I. Le pouvoir d'organisation et la compétence judiciaire organisée
à Paris 1970 n°96.

122 Loïc Cadiet : op. cit n° 822 à 825.


A. Rubbens : Le droit judiciaire zaïrois, Tome II n° 85 à 91.
Jean Vincent et Serge Guinchard : op. cit. n° 146.
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La règle de principe est que les fins de non-recevoir peuvent être proposées :
« en tout état de cause », y compris après une défense au fond. Par ailleurs, l'on doit
noter que la partie qui
invoque une fin de non-recevoir n'a pas à justifier d'un grief.
Le juge a le pouvoir de relever d'office certaines fins de non-recevoir. Il en a
l'obligation quand les fins de non-recevoir ont un caractère d'ordre public. Ainsi le
juge peut relever d'office la fin de non-recevoir tirée du défaut d'intérêt pour agir, car
c'est l'application de la règle, « pas d'intérêt, pas d'action ». Chaque fois que le juge
soulève d'office une fin de non-recevoir, il doit au préalable provoquer l'explication
des parties.

C. Analyse des cas types des fins de non-recevoir

1. Fin de non-recevoir résultant de l'inexistence d'une partie

Pour ester en justice, il faut avoir une existence légale ainsi une action ne
peut être dirigée contre une personne décédée si le décès intervient en cours
d'instance, celle-ci peut être reprise par les ayants droit. A défaut de reprise
volontaire de l'instance, il y a lieu de réassigner les héritiers. Il en va de même pour
les personnes morales une association ou une société qui n'a pas ou qui n'a plus la
personnalité juridique ne peut être partie dans un procès;

2. Fin de non-recevoir résultant du défaut de capacité

La capacité d'exercice des droits et notamment celle d'ester en justice frappe


certaines catégories des personnes qui ne peuvent comparaître en justice que par leurs
représentants (mineurs, interdits ou avec une assistance (prodigues). Si ces personnes
introduisent une action ou si elles sont appelées comme défendeurs ou intervenants,
sans que leur représentant ou Conseil soit mis en cause, la demande sera déclarée
irrecevable.

3. Fin de non-recevoir résultant du défaut de qualité

En principe toute personne a qualité pour ester en justice en son propre nom,
les incapables ne peuvent cependant agir que par la personne qui a qualité pour les
représenter en justice. La personne morale par la personne physique qui a qualité
pour agir comme organe de la personne morale.

Une personne qui comparait pour une autre sans accord de cette personne et
sans être mandatée pour la représenter se verra opposer une fin de non-recevoir, faute
de qualité.
Cette fin de non-recevoir peut être postulée par toute personne intéressée,
elle doit être soulevée par la résistance et retenu d'office par le tribunal en tout état de
cause.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 86

123
§3. Les fins de non-récevoir

A. La notion de fin de recevoir

La fin de non-recevoir ne doit être confondue ni avec la défense au fond ni


avec l'exception de procédure car la contestation qu'elle exprime ne porte pas sur le
fond du droit et ne tend pas à différer l'issue du litige. Elle met en cause le droit
d'action lui-même; elle vise à faire sanctionner l'absence du droit d'action.
La fin de non-recevoir est appréciée par le juge sans examen de l'affaire au
fond. L'ancien droit français qualifiait les fins de non-recevoir des « exceptions
péremptoires »123.

B. Le régime des, fins de non-recevoir

La règle de principe est que les fins de non-recevoir peuvent être proposées :
« en tout état de cause », y compris après une défense au fond. Par ailleurs, l'on doit
noter que la partie qui
invoque une fin de non-recevoir n'a pas à justifier d'un grief.
Le juge a le pouvoir de relever d'office certaines fins de non-recevoir. Il en a
l'obligation quand les fins de non-recevoir ont un caractère d'ordre public. Ainsi le
juge peut relever d'office la fin de non-recevoir tirée du défaut d'intérêt pour agir, car
c'est l'application de la règle, « pas d'intérêt, pas d'action ». Chaque fois que le juge
soulève d'office une fin de non-recevoir, il doit au préalable provoquer l'explication
des parties.

C. Analyse des cas types des fins de non-recevoir

1. Fin de non-recevoir résultant de l'inexistence d'une partie

Pour ester en justice, il faut avoir une existence légale ainsi une action ne
peut être dirigée contre une personne décédée si le décès intervient en cours
d'instance, celle-ci peut être reprise par les ayants droit. A défaut de reprise
volontaire de l'instance, il y a lieu de réassigner les héritiers. Il en va de même pour
les personnes morales une association ou une société qui n'a pas ou qui n'a plus la
personnalité juridique ne peut être partie dans un procès.

2. Fin de non-recevoir résultant du défaut de capacité

La capacité d'exercice des droits et notamment celle d'ester en justice frappe


certaines catégories des personnes qui ne peuvent comparaître en justice que par leurs
représentants (mineurs, interdits ou avec une assistance (prodigues). Si ces personnes

123 Loïc Cadiet : op. cit n° 822 à 825.


123 Loïc Cadiet : Op. Cit. N°822 à 825
Rubbens : Le droit judiciaire zaïrois, Tome II, n°85 à 91
Jean Vincent et Serge Guinchard : Op. Cit. n°146
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introduisent une action ou si elles sont appelées comme défendeurs ou intervenants,


sans que leur représentant au Conseil soit mis en cause, la demande sera déclarée
irrecevable.

3. Fin de non-recevoir résultant du défaut de qualité

En principe toute personne a qualité pour ester en justice en son propre nom,
les incapables ne peuvent cependant agir que par la personne qui a qualité pour les
représenter en justice. La personne morale par la personne physique qui a qualité
pour agir comme organe de la personne morale.

Une personne qui comparait pour une autre sans accord de cette personne et
sans être mandatéepour la représenter se verra opposer une fin de non-recevoir, faute
de qualité.

Cette fin de non-recevoir peut être postulée par toute personne intéressée,
elle doit être soulevéepar la résistance et retenu d'office par le tribunal e en tout état
de cause.

CHAPITRE 3 : L'INSTANCE AU PREMIER DEGRE DE


JURIDICTION

L'instance, si on l'envisage sous l'angle pratique, se présente comme une


série d'actes de procédures allant de la demande en justice jusqu'au jugement ou a
l'abandon de la prétention par un désistement.

Décrire l'instance se bornerait donc à relever la liste de formes a accomplir


et de délais à observer.

Section 1 : La mise au rôle124

L'on distingue deux sortes de rôles : le rôle général et le rôle d'audience.

§1. Du rôle général

Toute demande de droit privé qui est introduite au greffe, est portée au rôle
général. Le greffier lui donne un numéro d'ordre et indique l'audience à laquelle la
cause pourra être introduite. Les demandes additionnelles ou reconventionnelles, font
l'objet d'une inscription distincte au rôle
général; le tribunal peut en ordonner éventuellement la jonction. Le greffier tient a
jour le rôle général en y indiquant les diverses dispositions prises par le tribunal par

124 Antoine Rubbens : Op. Cit. N°54, p53


Règlement intérieur des Cours et tribunaux, art. 23 à 26
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 88

les parties : remises a date


déterminée ou renvoi au rôle général. En cas de renvoi au, rôle général, une nouvelle
assignation
avenir est en principe nécessaire pour ramener la cause a une audience. Au moment
du renvoi
d'une cause au rôle général, les parties peuvent convenir de comparaître
volontairement a
l'invitation de la partie adverse, en ce cas le greffier doit être averti en temps utile
pour pouvoir
ramener l'affaire du rôle général au rôle de l'audience utile.

Dans le souci d'éviter que L'envoi des causes au rôle général en puisse
bloquer la bonne
administration de la justice, le règlement intérieur des cours et tribunaux prévoit qu'a
la première
audience du mois de novembre de chaque année, le premier Président de la Cour
d'appel et le
Président du Tribunal de Grande Instance précèdent a l'appel des causes portées au
rôle général en
matière de droit privé, administratif, fiscal ou du travail. Les affaires terminées par
transaction ou
autrement et dont les juridictions se trouveraient dessaisies; celles dans lesquelles tes
parties ne se
présentent pas, refusent fixation du jour pour conclure et plaider ou demandent le
maintien au rôle
général sont radiées.

§2. Du rôle ordinaire

C'est la relève faite par le greffier de toutes les causes qui doivent être
entendues à la même audience, soit comme affaires nouvelles soit à la suite de
remises ou d'avenir. Il est affiche a l'entrée principale du tribunal.

En vertu de son pouvoir réglementaire, chaque président de juridiction fixe


l'une de ses audiences pour l'introduction des causes.

Le greffier établit un extrait du rôlepour chaque audience. Cet extrait


mentionne les causes introduites ou renvoyées pour ce jour.

Section 2 : La comparution et la représentation des parties

§1. La comparution des parties

L'article 14 du Code de procédure civile dispose que les parties peuvent


comparaître en personne.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 89

§2. La représentation des parties

A. Généralités125

La représentation en justice peut prendre deux formes ; il y a la


représentation « ad agendum». C'est la représentation dans l'exercice de l'action, dans
cette hypothèse, le représentant agit en lieu et place du titulaire de l'action lorsque
celui-ci, pour une raison quelconque, n'est pas en mesure de l'exercer lui-même, il y a
la représentation ad litem qui comporte le pouvoir et le devoir d'accomplir au nom du
mandant les actes de procédure. Dans ce cas le titulaire figure à l'instance en son
propre nom, mais les actes de la procédure sont accomplis par un mandataire au nom
du « dominuslitis ».
Il est à noter que dans un même procès, représentation ad agendum et
représentation ad litem peuvent se combiner. Exemple : les parents agissent en
qualité d'administrateur légal des biens de leur enfant (représentation ad agendum) et
peuvent se faire représenter par un avocat s'ils portent leur action devant le tribunal
(représentation ad litem).
Les parties sont libres de se faire représenter ou non par un mandataire ad
litem car en l'absence de représentation, elles comparaissent en personne et
accomplissent elles-mêmes les actes de procédure
Mais dans certaines hypothèses, la loi impose la représentation. Ainsi les
parties doivent constituer avocat à la Cour Suprême de justice statuant en cassation.
Le contrat de représentation en justice est un contrat « intuitu personae ». En
principe, les parties choisissent librement leur défenseur pour se faire représenter
comme pour se faire assister. Mais ce choix n'est pas entièrement libre car il doit se
faire suivant ce que la loi permet ou ordonne. Il n'est permis de se faire représenter
que par les seules personnes habilitées par la loi.
Le nom du représentant et sa qualité doivent être portée à la connaissance
du juge par
déclaration auprès de la juridiction; la partie adversaire doit en être aussi informée.
Le mandat ad litem a pour durer la procédure elle-même : il doit
normalement cesser avec, sinon le prononcé, du moins la signification du jugement
qui marque le terme normal de l'instance.
Le mandat ad litem peut prendre fin de manière anticipée dans trois
hypothèses :
 le mandat tant qu'un contrat intuitu personnae, le décès de la partie ou
celui du mandataire entraîne l'extinction du mandat;
 la radiation de la cause et la démission;
 la révocation du mandat par la partie représentée ou par son mandataire.
Le mandat ad litem est un mandat général en ce sens que, sans qu'il ait à
justifier d'un pouvoir spécial pour chacun des actes qu'il accomplit, le mandataire ad
litem peut accomplir tous les actes de procédure qu'implique le déroulement de
l'instance, depuis son déclenchement jusqu'à son dénouement. Par extension, ce
mandat couvre également un certain nombre d'actes pour lesquels le mandataire est
réputé avoir reçu pouvoir spécial de les accomplir : faire ou accepter un désistement,

125 Loïc Cadiet::OP. cit. n° 838 a850.


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 90

acquiescer, faire, accepter, donner des offres, un aveu ou un consentement, ce qui


valide la transaction conclue par le mandataire avec la partie adverse.

Le mandataire ad litem, comme tout mandataire, a l'obligation d'exécuter le


mandat,
conformément à la mission qui lui a été confiée et d'en rendre compte.
L'accomplissement d'un acte de procédure est une obligation de résultat, cette
obligation doit en principe être exécutée personnellement par le mandataire, qui ne
peut donc se substituer à un tiers sans l'accord de son mandant.

B. Les particularités légales du droit congolais en matière de


représentation des parties

En procédure civile congolaise, le mandat de représentation en justice


comporte le droit de comparaître, de postuler et de conclure pour la partie ainsi que
de porter la parole en son nom (art. 14 alinéa 4).
Moyennant l'autorisation du tribunal, toute partie comparante au procès
munie d'un pouvoir spécial peut en outre comparaître, postuler, conclure et porter la
parole au nom des cohéritiers ou associés, au nom de son époux ou de ses enfants
majeurs (art. 14 alinéa 5). Il en est de même pour les mandataires de l'administration
et pour les mandataires ad litem visés à l'art. 13.
La procédure civile congolaise prévoit un cas, spécifique de mandataire dit
« ad litem » qui est un mandataire chargé d'introduire et de soutenir une action civile
ou commerciale devant les juridictions de la R.D.C ou d'y défendre une action de la
même espèce en faveur des personnes demeurant hors de la R.D.C et des personnes y
ayant une résidence éloignée du siège de ces tribunaux. Dans ces cas, ces personnes
adressent une requête au gouverneur de province, qui en examine le bien fondé (art.
13).

Section 3 : La réglementation des incidents

§1. La notion d'incident

On appelle « incident » tout événement qui vient modifier le déroulement de


la procédure entre la demande et le jugement.

L'on doit noter que les incidents peuvent surgir tout au long du procès ; aux
différents degrés de juridiction et jusque dans l'exécution du jugement.

§2.Classification des incidents

On classe les incidents du point de vue de leur nature et du point de vue de


leur régime.

B. Du point de vue de leur nature


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L'on doit distinguer ici les incidents d'audience, les incidents de fond ou
actions incidentes et les incidents de procédure.
- Les incidents d'audience sont des troubles de fait, qui ne sont pas des
actes juridiques, bien que leur sanction puisse affecter la procédure.
- Les actions incidentes sont des demandes qui viennent altérer la saisine
des juges, soit en modifiant l'objet, la cause ou les parties du litige, ce genre
d'incidents est qualifié d'incidents de fond.
- Les incidents de procédure sont aussi appelés incidents proprement dits:
ce sont des demandes qui, sans modifier ni l'objet ni la cause ni les parties au procès,
posent un problème dont la solution commande la marche du procès, la décision de
cause ou la vie de l'instance. Ce sont par exemple les fins de non-recevoir, les
questions préjudicielles, la récusation des juges, le désaveu du mandataire, les
exceptions, etc. 126

C. Du point de vue de leur régime

On distingue ici entre :


• Les incidents qui ne donnent pas lieu à un jugement;
• Les incidents qui donnent lieu à un jugement avant dire droit;
• Les incidents qui donnent lieu à un jugement définitif.

1. Les incidents qui ne donnent pas lieu à un jugement :

Ce sont pour la plupart des incidents d'audience; il s'agit des incidents qui
peuvent accidentellement interrompre ou retarder la marche sereine du procès mais
sans qu'il soit nécessaire que le tribunal intervienne par jugement ou par décision
administrative formelle, il va simplement organiser les audiences en exerçant la
police d'audience. Parmi ce' genre d'incidents, nous allons en examiner quelques-uns
uns de plus significatifs127 :
a. Le rappel à l'ordre de l'assistance, des parties ou de leurs conseils.
S'agissant des avocats, le président pourrait ordonner au greffier d'acter les
remarques faites afin d'établir une preuve de faits qui pourraient donner lieu à une
action disciplinaire. Les rappels à l'ordre adressés au public ou aux parties qui
aboutissent à une suspension d'audience, à l'évacuation de la salle d'audience,
peuvent être notée à la feuille d'audience.
b. Les remises d'audience, sont simplement actées à la feuille d'audience
lorsqu'elles ont lieu de manière consensuelle; mais lorsque les parties ne sont pas
d'accord, certains tribunaux rendent un jugement, cependant le président a le pouvoir
d'en décider, sans être lié à aucune formalité.
c. La suspension d'audience.
d. Les donné-acte d'audience. Exemple sur un choix d'experts.

2. Les incidents qui donnent lieu à un jugement avant dire droit.

126 A. Rubbens : op cit., n° 48, p. 43.


127A Rubbens • on.cit.. n° 48, p. 49
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a. Les incidents probatoires ou fiduciaires

Deux attitudes peuvent être observées lorsque les parties produisent en


justice les preuves qui appuient leurs prétentions :
 certaines preuves sont reçues de piano c'est-à-dire qu'elles sont produites
sans autorisation préalable du tribunal ;
 l'autorisation de recourir à d'autres moyens de preuve doit être
demandée auprès du tribunal, qui par jugement avant dire droit doit examiner si les
moyens de preuve proposés sont pertinents ou non et s'ils sont permis en droit ou
non.

Donnons quelques exemples des incidents probatoires :


 La dénégation d'écriture : c'est lorsque la partie à laquelle on oppose un
écrit ou une signature prétendument établi de sa main ou de la main de celui dont il
est l'ayant droit conteste que cet écrit soit de sa main ou de la main de celui dont elle
tient les droits. En ce cas interviendra un jugement de désignation d'un expert, le
jugement fixe une date pour le dépôt de son rapport et sa communication aux parties
pour leur permettre de conclure. En ce cas, le tribunal laisse au juge commis le
pouvoir de fixer par ordonnance la date à laquelle il accomplira ses devoirs.
 L'on peut recourir au témoignage pour établir les faits ; les parties
doivent au préalable préciser les faits sur lesquels va porter l'enquête du tribunal.
Par commission rogatoire, le tribunal peut confier les enquêtes à un autre
juge. Mais le tribunal peut estimer opportun d'entendre les parties en personne, en ce
cas il va ordonner, par jugement avant dire, leur comparution personnelle. Le
tribunal peut aussi décider la descente sur les lieux. Le tribunal doit autoriser une
partie à déférer à la partie adversaire, le serment litisdécisoire, en ce cas cette partie
doit formuler avec précision le fait sur lequel portera le serment.

 Le serment litis décisoire est un défi lancé par une partie à son
adversaire et par lequel elle lui propose de mettre fin au litige en relevant l'offre de
prêter serment. Si l'offre est acceptée, le juge doit se borner à
prendre acte des faits affirmés sous serment et formuler en conséquence son
jugement qui se borne à donner force exécutoire à la solution que les parties ont
déterminée par serment.
 Le serment supplétoire ne peut être déféré que par le juge à l'une des
parties : le juge y recourt lorsqu'un fait n'est pas pleinement établi et qui n'a pas
d'autre moyen de lever le doute.

Au plan de la procédure, il faut noter que les incidents probatoires sont


généralement soulevés par voie de conclusions des parties qui doivent argumenter,
plaider pour convaincre le tribunald'autoriser la procédure probatoire, mais le
tribunal peut recourir d'office à des mesures
d'instructions.

Le jugement qui autorise ou qui ordonne d'office une mesure d'instruction


fixe le lieu, la date et l'heure des opérations.
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b. Les incidents des demandes provisoires

Les parties peuvent demander des mesures provisoires qui peuvent être de
trois natures :
 il y a des mesures provisoires qui ont caractère conservatoire (tels les
scellés, les séquestres).
 il y a des mesures provisoires qui ont un caractère provisionnel (à valoir
sur la demande) ;
 il y a des mesures provisoires qui ont un caractère accessoire au procès.

Exemple : en matière de divorce, la garde des enfants.


Il faut noter que les demandes provisoires ne peuvent pas tenir en échec
l'instruction des demandes principales. Les jugements provisoires doivent être
signifiés en vue de l'exécution forcée. Ils n'ont pas l'autorité de la chose jugée car ils
sont susceptibles de rétractation en cours d'instance et il; cessent tous leurs effets par
le prononcé du jugement définitif.

3. Les incidents qui se terminent par un jugement définitif

Ils se divisent en deux catégories :


• Incident de procédure ;
• Incidents de fond.

a. Incidents de procédure

Quelques exemples
 La demande incidente de nullité. Cette demande peut porter sur l'acte
introductif d'instance.
Exemple : assignation, acte d'appel, acte d'opposition. Si le tribunal y fait
droit, la demande peut aboutir à mettre fin à l'instance. Si la demande porte sur un
autre acte de procédure, en y faisant droit, le tribunal met cet acte à néant et en efface
tous les effets tout en demeurant saisi de la cause.
A la demande de nullité, est lié le désaveu de l'avocat.
 Le désistement et les demandes de délai. Généralement, le greffier se
borne à acter l'accord des parties, cependant un jugement sera nécessaire s'il y a
contestation.
 Les demandes de dessaisissement du tribunal (exception déclinatoire de
compétence, exception de litispendance ou de connexité), les demandes de récusation
d'un Juge ou de l'officier du Ministère Public : doivent être vidées par un jugement
définitif.

Au plan de la procédure, il faut noter qu'il y a deux possibilités :


 le tribunal peut prononcer un jugement séparé sur les incidents en ce cas
ce jugement est définitif ;
 mais le tribunal peut, par simple déclaration actée à la feuille
d'audience, joindre l'incident au fond ; en ce cas, il ne se prononcera sur l'incident
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qu'au moment où il sera amené à se prononcer sur le fond de l'affaire. Cette


possibilité est écartée lorsqu'il s'agit des incidents de récusation du juge, du désaveu
du mandataire ou d'une demande de dessaisissement, de renvoi pour cause de
litispendance ou de connexité.

Enfin, les exceptions peuvent être soulevées à tout degré de procédure,


même devant la CourSuprême de Justice; toutefois, lorsqu'une partie a conclu au
fond sans soulever d'exception, elle est censée y avoir acquiescé, car les exceptions
doivent être soulevées in liminelitis ; mais une
exception d'ordre public peut être soulevée en tout état de la cause et même être
retenue d'office
par le tribunal.

b. Incidents de fond

 il s'agit des demandes additionnelles, des demandes reconventionnelles


et des demandes en intervention forcée ou volontaire. Ces demandes sont «
incidentes » par rapport à l'action qui a mis en mouvement le tribunal et qui s'appelle
« action principale ».
 Le but de l'action incidente est d'obtenir du tribunal que, dans un seul et
même jugement, une décision soit rendue qui réponde à l'action principale et aux
actions incidentes qui y sont jointes. Notons toutefois que le tribunal peut décider de
disjoindre les actions.

§3. Analyse de cas types d'incidents de procédure

Nous allons distinguer 128 :


- les incidents relatifs à la juridiction
- les incidents relatifs à l'instance
- la radiation.

A. Les incidents relatifs à la juridiction

1. incidents concernant un magistrat

La récusation peut être définie comme l'incident soulevé par une partie qui,
sans s'opposer à la saisine de la juridiction prétend faire écarter un juge qu'elle
suspecte de partialité envers l'un des plaideurs. En raison de sa gravité, la loi en
définit strictement le domaine et la procédure. Cette matière a été étudiée en
procédure pénale et est réglementée par les articles 49 à 59 de la loi organique de
2013 sur l’OCJ.

2. Incident concernant une formation

128 Loïc Cadiet, Op. cit. n° 606 à 1045.


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Le renvoi d'une cause à une autre juridiction. Le renvoi peut être fondé soit
sur une cause de suspicion légitime soit sur une cause de sûreté publique. Cette
matière, est régie par les articles 61 et 62 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ.

B. Incidents relatifs à l'instance

1. Incidents affectant les modalités de l'instance

a. Incidents relatifs à la structure de l'instance : la jonction et la


disjonction des causes :
 lorsqu'il existe entre plusieurs instances pendantes devant la même
juridiction, un lien tel qu'il est de bonne justice de les instruire ou de les juger
ensemble, ces instances peuvent faire l'objet d'une jonction.
 à l'inverse, s'il est de bonne justice de les instruire ou de les juger
séparément, le juge peut ordonner la disjonction d'une instruction en plusieurs. La
jonction et la disjonction constituent des mesures d'administration judiciaire que le
juge peut prendre d'office ou à la demande des parties.

b. Incidents relatifs au déroulement de l'instance

Le déroulement de l'instance dans le temps n'est pas toujours continu, il faut


tenir compte desévénements qui imposent d'en interrompre ou d'en suspendre le
cours.

Interruption de l'instance

II s'agit de la rupture du lien d'instance à la suite d'un événement qui affiche


la situation personnelle des parties ou de leurs représentants. Aucun acte de la
procédure ne peut être accompli tant que les liens de l'instance n'auront pas été
renoués. Le décès de l'une des parties au procès, la
cessation de la fonction d'avocats, le recouvrement ou la perte par une partie de la
capacité d'ester en justice et la cessation des fonctions du représentant légal d'un
incapable peuvent être cités a
titre d'exemple des causes de l'interruption de l'instance. Quelle qu'en soit la cause,
l'interruption a
pour effet d'arrêter la procédure. Le juge demeure saisi, il peut inviter les parties à
prendre les
initiatives nécessaires pour la reprise de l'instance et en cas de carence, procéder à la
radiation de
l'affaire.

La suspension de l'instance

II y a suspension de l'instance lorsque certains virements étrangers à la


situation .personnelle des parties ou de leurs représentants font obstacle à la
poursuite de l'instance qui marque une pause. La suspension d'instance peut
intervenir lorsqu'il y a sursis à statuer ou dérivation de l'affaire. Un certain nombre
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d'événements peuvent amener le juge à surseoir à statuer, l'on peut citer à titre
illustratif, l'existence d'une question préjudicielle, l'inscription en faux, le
ressentions. Mention spéciale doit être faite de l'adage : « Le criminel tient le civile
en état » : Les juridictions civiles saisies d'une cause connexe avec une affaire
répressive, doivent surseoir à statuer jusqu'à ce que le procès pénal soit vidé. Mais la
surséance suppose que les poursuites soient effectivement entamées et que le juge
civil se trouve dans l'impossibilité de se prononcer sur la demande civile sans
préjuger de la responsabilité pénale. En toute hypothèse, le cours de l'instance est
poursuivi à l'initiative des parties par voie de conclusion ou à la diligence du Juge.

Incidents provoquant l'extinction de l'instance

Normalement l'extinction de l'instance résulte du jugement, forclusion du


délai.
Le droit français de procédure civile dispose que l'instance est périmée
lorsqu’ aucune des parties n'accomplit des diligences depuis deux ans. La péremption
d'instance est un instrument de police processuelle qui assure efficacement la purge
des rôles encombrée d'instances fantômes.

La procédure civile congolaise ne réglemente pas la péremption d'instance,


elle organise un autre mécanisme au cas où, après trois remises d'audience
d'instruction, la cause n'est toujours pas en état d'être jugée; ou bien le juge passe
outre une nouvelle demande de remise et retient la cause ou bien le juge ordonne le
renvoi au rôle général. Nous y reviendrons lorsque nous traiterons de l'instruction de
la cause. Il faut cependant retenir qu'en droit français, la péremption d'instance ne
peut pas être mise en œuvre d'office par le juge, elle ne s'applique qu'à la condition
d'être
demandée ou opposée par l'une des parties. Dans la plupart des cas, elle est opposée
par voie
d'exception à la partie qui accomplit un acte après l'expiration du délai de
péremption.

C. La radiation

La radiation de l'affaire consiste à retirer celle-ci du rang des affaires en


cours, l'affaire et retirée du rôle de la juridiction.

En principe, la radiation est une sanction du défaut de diligence des parties


qui n'ont pas accompli les actes de procédure dans les délais requit. L'art. 17 du Code
de procédure civil prévoit que si le demandeur ne comparait pas le défendeur peut
demander défaut congé. C'est la radiation. L'art. 31 de la loi organique de 2013
relative à la procédure devant la cour de cassation prévoit la radiation de la cause
pour défaut de consignation supplémentaire après un délai de 15 jours. Mais les
parties ont aussi le pouvoir de former une demande conjointe de radiation au cas où
elles estimeraient que leur intérêt est d'éviter du moins de différer une solution
judiciaire. Que la radiation soit imposée par le juge ou voulu par les parties,
l'instance est simplement suspendue.
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129
Section 4 : L’instruction de l'affaire

§1. Notion

L'instruction de l'affaire est une étape qui a pour objet de mettre l'affaire en
état d'être jugée. Le plus souvent, c'est au cours de l'instruction que les parties vont
préciser l'objet du litige dans leurs conclusions respectives, surtout c'est au cours de
l'instruction que les parties vont échanger entre elles et faire connaître au juge les
éléments de fait sur lesquels elles fondent leurs prétentions.
L'on doit bien se rendre compte du fait qu'il est extrêmement rare qu'une
affaire puisse être plaidée et jugée dès la première audience. Dans la plupart des cas
il est nécessaire de procéder à une instruction pour que l'affaire soit en état d'être
jugée, le tribunal puisse; trouver tous les éléments nécessaires à son information.
Dans la procédure civile française existe un Juge de la mise en état dont la
mission générale est de veiller ou déroulement loyal de la procédure, spécialement à
la ponctualité de l'échange de; conclusions et de la communication des pièces pour ce
faire, le juge peut entendre les avocats et leur faire toute communication utile, il peut
entendre les parties et les inviter à mettre en cause tous les intéressés dont la
présence lui paraît nécessaire à la solution du litige enfin, il peut fixer les délais
nécessaires à l'instruction de l'affaire, par exemple pour conclure. Si le défaut de
diligence est le fait d'une seule partie, il peut prononcer une ordonnance de clôturer
et décider le renvoi de l'affaire à l'audience des plaidoiries.
Et si le défaut de diligence est le fait de toutes les parties, il peut d'office
pendre une ordonnance de radiation motivée, qui dessaisit le tribunal.

Le droit congolais organise comme suit l'instruction des causes130


 Aucune cause ne peut faire l'objet de plus de trois remises.
 La première remise est destinée à permettre aux parties la préparation et
la communication de leurs dossiers, elle ne peut excéder un mois. Si, à l'expiration
du délai, la cause n'est pas en état d'être plaidée, le juge pourra accorder à titre
exceptionnel une seconde remise limitée à 15 jours laquelle ne pourra plus être
renouvelée qu'une seule fois.

Si, après ces trois remises, la cause n'est toujours pas en état il ne peut être
accordé de nouvelle remise qu'avec l'autorisation du Président de la juridiction. A
défaut, le juge doit passer outre la demande de remise et retenir la cause ou ordonner
le renvoi au rôle général. Dans ce dernier cas, le greffier est tenu d'aviser directement
les parties de la défaillance de leurs mandataires et des conditions auxquelles la
cause pourra revenir à l'audience.

129 - Loïc Cadiet : op. cit. n° 917 à 975.


-A. Rubbens : op. cit. n° 93 à 113.
- Solus Henry et Perrots Roger : Le droit judiciaire privé III Procédure Première instance, édition Sirev Paris 1991. n°
212 à 238.
130 Art. 28 et 29 du règlement intérieur des cours et tribunaux.
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Les conclusions sont écrites et communiquées entre parties ou leurs


mandataires soit directement soit par la voie du greffe avec les pièces dont elles
comptent faire usage au moins trois jours avant l'audience où la cause sera appelée.

§2. Le régime de l'administration de la preuve

La preuve en matière de droit privé est réalisée de trois manières :


 au moyen des pièces;
 au moyen des mesures d'instruction;
 au moyen des serments judiciaires.

A. La preuve préalable par les pièces

Les pièces sont les documents qui permettent aux parties d'établir la preuve
des faits qu'elles allèguent à l'appui de leurs prétentions.

1. Présentation des pièces

L'on doit distinguer deux situations :


 la communication des pièces
 la production des pièces.

a. La communication des pièces

Une partie fait état, au soutien de ses prétentions d'une pièce en sa


possession. La pièce est donc produite au débat et il faut la porter à la connaissance
de la partie adverse. La pièce doit être communiquée spontanément et en temps utile
à la partie adverse, autrement il peut être demandé au juge d'enjoindre cette
communication. Le juge peut écarter du débat les pièces qui n'ont pas été
communiquées en temps utile.

Rappelons que l'article 29 du règlement intérieur des cours et tribunaux


dispose que les conclusions sont écrites et communiquées entre parties ou leurs
mandataires soit directement soit par la voie du greffe avec les pièces dont elles
comptent faire usage au moins trois jours avant l'audience où lacause sera appelée.
Dans la pratique du prétoire, entre avocats, la communication se fait par la remise du
dossier, sans réclamer inventaire ni décharge. Les parties qui n'ont pas recouru aux
offices d'un avocat peuvent prendre connaissance du dossier, dans le même délai, au
greffe du tribunal. Le greffier qui reçoit le dépôt du dossier est responsable de ce
qu'aucune pièce ne puisse en être soustraite; il peut exiger que de dossier lui soit
remis relié et que les pièces soient
numérotées afin d'exercer plus commodément sa surveillance.

Un usage condamnable est celui du dépôt de pièces hors des audiences ou


fixé encore, après la clôture de débats, même si l'adversaire n'a pas fait d'objection.

b. La production des pièces


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II s'agit ici des pièces qui ne sont pas encore dans le débat. Car elles n'ont
pas été invoquées au soutien d'une prétention, mais dont une partie connaît
l'existence. Mais ces pièces ne sont pas en sa possession, elles sont détenues par
l'autre partie ou par un tiers. Le problème est de savoir si et comment elle peut
obtenir qu'elles soient versées au débat. Si la pièce se trouve entre les mains de la
partie adverse, en vertu du principe de la loyauté du débat juridique qui exige que les
partiescollaborent à la recherche de la vérité, le juge peut en conséquence, sur
requête de la partie
intéressée, ordonner à une partie de produire les documents qu'elle détient. C'est
l'action ad
exhibendum. Si les documents se trouvent aux mains de tiers (privé ou officiel) et
qu'ils sont utiles
pour la révélation de la vérité, le juge peut, par un jugement appelé le compulsoire,
ordonner leur
dépôt, toutefois les détenteurs gardent le droit de les retenir s'ils sont liés par le secret
professionnel
ou, pour te Ministère public, si l'ordre public s'oppose à la communication.

Notons que la procédure civile s'oppose à la communication. Notons que la


procédure civile française a abrogé l'action ad exhibendum et le compulsoire.

En ce qui concerne la communication des dossiers répressifs à titre de


preuve les parties qui ont intérêt à voir produire un dossier répressif en demandant
sans frais le dépôt sur le bureau du tribunal par voie de requête du procureur général
près la cour d'appel qui décide souverainement et de la communication de tout ou
partie du dossier.

2. Contestation des pièces

Bien souvent, les pièces produites au débat ne donnent lieu à aucune


contestation. Mais il arrive que la sincérité de la pièce soit contestée par la partie à
laquelle elle est opposée, sachant que la pièce n'émane pas d'elle ou que son contenu
a été falsifié.

a. La vérification d'écriture

Aucune procédure propre n'est organisée par te législateur congolais en cette


matière. La
jurisprudence admet qu'en cas de vérification d'écriture c'est-à-dire lorsque la partie à
laquelle on
oppose un écrit ou une signature, prétendument établi de sa main ou de la main de
celui dont elle
est l'ayant droit, conteste que cet écrit soit de sa main ou de la main de celui dont elle
tient les
droits, le juge peut user de toute voie de droit pour apprécier si cette contestation est
fondée. Dans
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la pratique, on recourt à l'expertise, à moins qu'une comparaison avec d'autres écrits


de la même
main lui permette de former immédiatement son opinion.

b. L'inscription en faux

Si une partie veut faire établir qu'une pièce est fausse (faux matériels ou
faux intellectuel) dans des actes authentiques, elle n'a actuellement d'autres
possibilités que d'en saisir la juridiction pénale compétente, après condamnation, elle
pourra faire rejeter la pièce arguée de faux.

3. Le rejet des pièces du dossier

Le juge n'aura pas égard aux documents dont l'écriture a été controversée, et
aux documents qui auront été jugés faux. Il rejettera également des débats toute pièce
que les parties se seraient illégalement procurées par vol, violences, corruption ou en
violation du secret professionnel.

B. La preuve subsidiaire par les mesures d'instruction

1. Notion

Les mesures d'instruction sont les mesures ordonnées par le juge, à la demande d'une
partie
d'office, afin d'établir les faits dont dépend la solution du litige.Les mesures
d'instruction sont des modes d'administration judiciaire de la preuve qui ont pour
objet d'établir la réalité des faits nécessaires, au succès d'une prétention lorsque ces
faits allégués par l’une des parties sont contestés par l'autre et que, la partie qui les
allègue ne dispose pas de pièces qui suffisent à les prouver.

2. Les diverses mesures d'instruction

a. La visite des lieux

Le tribunal peut décider de se transporter sur les lieux ou commettre un des


juges qui a participé au jugement pour l'accomplissement de cette mesure (art. 4 du
Code de procédure civile). Cette mesure peut être prise à la requête des parties ou
d'office. Elle permet au juge de se rendre compte d'une situation de fait. Il faut un
jugement avant dire droit, qui fixe le jour et le lieu afin que les parties puissent y
assister. Ce jugement vaut sommation de comparaître' sans qu'il soit besoin de
signification lorsqu'il est rendu en présence des parties (art. 4 du Code de procédure
civile).

Si l'objet de la visite exige des connaissances dont le juge ne dispose pas, ce


dernier peut nommer par le même jugement un expert qui fera la visite avec lui et
donnera son avis. Le greffier dresse procès-verbal des opérations : date, jour et heure,
présence ou absence des parties, de l'enfant, actes posés par le juge, questions posées
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 101

et réponses faites, etc. Le jugement peut être prononcé sur les lieux sans désemparer.
Le procès-verbal de la visite dressé par le greffier est signé par le juge et le greffier,
il est également signée par l'expert, dont la signature est précédée du serment suivant
: « je jure que j'ai rempli ma mission en honneur et conscience, avec exactitude et
probité (art. 48 du c. p. c.).

b. Les enquêtes

 il s'agit des auditions des témoins par le juge


 les enquêtes sont autorisées et organisées par le juge
 ne sont admis à preuve testimoniale que des faits articulés précis,
pertinents (ou
concluants) et admissibles, car la loi peut interdire certains témoignages (art. 29 du
Code de Procédure Civile).
 La demande d'enquête est introduite par des conclusions tendant à cette
fin
et articulant les faits offerts à preuve.
 Le juge peut aussi ordonner d'office la preuve des faits qui lui paraissent
concluante si la loi ne le défend pas (art. 29 du Code de Procédure Civile).
 Les enquêtes sont ordonnées par un jugement avant dire droit qui
contient les éléments suivants (art. 30 du Code de Procédure Civile).
 L'objet du litige et les faits à prouver
 Le lieu, jour et heure où les enquêtes sont tenues.

Les témoins doivent être assignés dans les délais d'assignation mais les
parties peuvent les inviter à comparaître volontairement (art.32 du Code de
Procédure Civile). L'assignation détermine le lieu, jour et heure où se tiendra
l'enquête et indique l'objet de celle-ci, sans mentionner les faits dont la preuve est
ordonnée (art. 32 Code Procédure Civile). Les témoins sont entendus séparément
enprésence des parties si elles comparaissent. Avant son audience, chaque témoin
déclare ses noms professions, âge et demeure, s'il est parent ou allié de l'une des
parties, s'il est au service de l'une d'elles; le témoin prête serment à peine de nullité.
Le serment est ainsi conçu : « je jure de dire toute la vérité, rien que la vérité » (art.
33 Code de Procédure Civile). Le juge, au cours des enquêtes, peut confronter ou
réentendre les témoins et ce à la demande de l'une des parties ou d'office. Le témoin
dépose sans qu'il lui soit permis de ne lire aucun projet écrit. La déposition est
consignée dans un procès-verbal tenu par le greffier, et il lui est demandé s'il y
persiste s;il requiert taxe. La déposition est signée par le témoin, le juge et le greffier,
le procès-verbal mentionne si le témoin ne veut ou ne peut signer, il indique aussi la
taxe allouée par le juge (art. 34 du Code de Procédure Civile).

Les témoins défaillants peuvent être condamnés à une amende qui ne peut
dépasser 1000 zaïres ils sont éventuellement assignés à cours frais. Si des témoins
réassignés sont encore défaillants, ils peuvent être condamnés à une nouvelle amende
qui n'accède pas 5000 Zaïres et le juge peut décerner contre eux un mandat d'amener
(art. 35 Code de Procédure Pénal). Le témoin qui Justifie pourquoi il n'a pu se
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présenter au jour indiqué est déchargé par te juge de l'amende et des frais de
réassignation (art. 36 du Code de Procédure Civile).

Si le témoin est dans l'impossibilité de se présenter au jour indiqué, le juge


peut lui accorder délai ou recevoir sa déposition sur place (art. 37 du Code de
Procédure Civile). Le reproché des témoins n'est pas organisé en procédure civile,
cela veut dire que le juge peut toujours entendre des témoins contestés, il accorde à
leurs dires le crédit qu'il juge convenable. Le juge apprécie souverainement la
justification du secret professionnel invoqué par le témoin qui refuse de répondre.
Les enquêtes contraires sont de droit (art. 31 Code de Procédure Civile); ceci veut
dire que l'adversaire peut faire entendre des témoins sur les points articulés et admis
à la preuve.

Le droit congolais prévoit des lettres rogatoires d'enquête.


Au plan interne, la commission rogatoire aux fins d'entendre des témoins,
qui sont trop éloignés du siège du tribunal, peut être ordonnée par le jugement
ordonnant enquête (art. 30 code de Procédure Civile). Généralement le tribunal ne
fera recours à la commission rogatoire qu’en réponse à des conclusions qui le
demandent. Le jugement ne peut commettre rogatoirement qu'un tribunal de niveau
égal ou inférieur, il doit articuler les points sur lesquels porte l'enquête et désigner les
témoins à entendre. Le tribunal commis entend les témoins désignés sur les points
articulés au jugement; le président ne peut sortir du cadre des faits libellés ni
entendre d'autres témoins que ceux que le jugement désigne. Les parties peuvent
facultativement assister personnellement à ces enquêtes ou s'y faire représenter.

Les tribunaux congolais peuvent aussi commettre des juges étrangers, ils ne
peuvent toutefois exécuter des commissions des juges étrangers qu'avec l'autorisation
du Ministre de la Justice (art. 38 Code de Procédure Civile), Le juge commis peut
proroger les enquêtes, si cela s'avère nécessaire; mais le juge de l'action peut passer
outre s'il y a manifestement manœuvre dilatoire dans le chef d'une partie.
c. Les expertises (art. 39 à 45 du Code de Procédure Civile).

L'expertise est une opération confiée à des personnes compétentes appelées


« experts » dont la mission consiste à. fournir, en vue de la solution d'un litige, des
explications ou des renseignements d'ordre technique que le juge ne peut se procurer
lui-même.
 L'expertise est ordonnée par un jugement avant dire droit qui désigne le
nom des experts et la mission précise qui leur est confiée et qu'impartit un délai pour
le dépôt du rapport.
 L'expert peut être désigné sur conclusions d'une partie ou de l'accord des
deux parties, mais le juge peut aussi ordonner d'office une expertise.
 Il n'est nommé qu'un expert à moins que le juge n'estime nécessaire et
en nommer trois.

En pratique le juge discute avec les parties de la mission et du choix de


l'expert. Ceci est d'autant plus utile que le droit congolais n'organise pas la récusation
de l'expert. C'est le greffier qui avise l'expert de sa désignation (art. 40 du Code de
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Procédure Civile). L'expert avise, par lettre


recommandée à chacune des parties, les lieux, jour et heure où il commencera des
opérations (art.
40 du Code de Procédure Civile). Si l'expert désigné ne fixe pas les lieux, jour et
heure pour le
commencement de ses opérations, les parties s'entendront pour en nommer lin autre à
sa place,
mais la nomination peut être faite sur requête présentée au tribunal par la partie la
plus diligente
(art. 41 Code de Procédure Civile). L'expert désigné et qui a fixé les lieux, jour et
heure pour
l'expertise et qui ne remplit pas sa mission pourra être condamné à tous les frais
frustratoires et
éventuellement à des dommages-intérêts. La prorogation des droits n'est pas
organisée mais
l'écoulement du délai même dilatoire n'entraîne pas décharge d'office, la décharge
pour cause de
retenu peut intervenir avec demande d'une partie.

Les experts ne forment qu'un seul avis à la pluralité des voix et ne dressent
qu'un seul rapport en cas d'avis divergents, ils indiquent les motifs de divers avis,
sans faire connaître l'avis personnel de chacun d'eux (art. 42 du Code de Procédure
Civile). Le rapport est signé par tous les experts sauf empêchement constaté par le
greffier au moment du dépôt de ce rapport. Si les experts ne savent pas tous lire, le
rapport est écrit et signé par le greffier. La signature des experts est précédée du
serment « je jure que j'ai rempli ma mission en honneur et conscience avec
exactitude et probité » (art. 42 du Code de Procédure Civile).

Si le rapport d'expertise n'apporte pas aux juges les éclaircissements


suffisants ils peuvent ordonner d'office une nouvelle expertise. Les juges peuvent
aussi entendre les experts à l'audience à titre de renseignement et sans autre
formalité. Les experts sont convoqués par le greffier par lettre recommandée à la
poste (art 43 du Code de Procédure Civile). Le juge n'est pas lié par les conclusions
des experts, mais il ne peut cependant les rejeter sans justification131.

d. La commission d'arbitres - rapporteurs132

L'arbitre rapporteur n'est pas choisi par les parties mais désigné par le
tribunal. Mais une partie peut conclure au recours à ce mode de procédure tout
comme tes parties peuvent conclure dans le même sens, allant jusqu'à proposer des
noms des arbitres rapporteurs. Le rôle de l'arbitre-
rapporteur est bien différent de celui de l'expert et de l'arbitre. L'arbitre-rapporteur est
choisi pour ses connaissances techniques mais son rôle ne se borne pas à fournir des
renseignements d'ordre

131 Léo, 8 juin 1965, Revue juridique du zaïre 1966, p. 122


132 A. Rubbens: Op. Cit n°111.
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technique, il est chargé en outre de chercher une solution au litige. Si la solution


proposée par
l'arbitre-rapporteur est acceptée par les parties, il y a conciliation. L'arbitre rapporteur
en dresse acte motivé qu'il soumet à la signature des parties qui peuvent se désister
de l'instance; autrement, il dépose l'acte de conciliation au tribunal qui va prononcer
un jugement d'expédient, donnant force
exécutoire à la convention des parties.

e. La comparution personnelle des parties (art. 49 à 58 du C.P.C)


 Le juge peut en tout état de cause et en toute matière, ordonner même
d'office la comparution personnelle des parties devant lui. C'est dire que les parties
peuvent dans leurs conclusions prendre l'initiative de comparution.
 La décision qui ordonne la comparution des parties fixe le jour et heure,
détermine s'il est procédé en audience publique ou en chambre du conseil. Les parties
peuvent être interrogées en l'absence de l'une ou de l'autre, elles peuvent être
confrontées. Elles répondent en personne aux questions qui leur sont posées sans
pouvoir s'aider d'aucun texte préparé.
Les conseils des parties peuvent assister à la comparution et après
l'interrogatoire, demander au juge de poser les questions qu'ils estiment utiles si des
parties sont trop éloignées, le juge peut ordonner qu'elles soient entendues ensemble
ou séparément par un juge commis par un tribunal désigné à cet effet, aux lieux, jour
et heure fixés par ce tribunal. L'utilité de la comparution personnelle des parties
réside dans ce contact physique du juge pour lui permettre de former sa conviction et
de démêler dans les affirmations contradictoires, le vrai du faux. La comparution
personnelle des parties peut aussi être l'occasion d'un serment prononcé par l'une
d'elles à la demande du juge, sans exclure la possibilité d'obtenir un aveu judiciaire
enfin, le juge peut tirer toute conséquence de droit des déclarations des parties, de
leur absence ou du refus de répondre de l'une d'elles.

En effet, si l'une des parties ne comparait pas ou refuse de répondre, le juge


peut en tirer toute conséquence de droit, et notamment considérer que l'absence ou le
refus équivalent à un
commencement de preuve par écrit, qui permet de recourir à la preuve
testimoniale133.

f. L'aveu134

Les déclarations que fait spontanément une partie devant un juge au cours
d'une audience (mitant du litige auquel se rapportent ses dires constituent l'aveu
judiciaire. Valent également aveu judiciaire les réponses que fournit une partie
convoquée en comparution personnelle. L'aveu est indivisible.

133 Art. 58 du code de Procédure Civile


Loïc Cadiet : Op. Cit. N°955
134 A. Rubbens: Op. Cit. N°106
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 105

Le juge doit apprécier avec plus de prudence la portée d'un aveu


extrajudiciaire qui résulte des déclarations émanant d'une partie qui les a faites hors
des audiences de l'instance.

C. Preuve par les serments judiciaires

1. Le serment supplétoire135

C'est une variété de serment judiciaire qui consiste en une déclaration faite
par une partie à l'instance en vue d'établir la preuve des faits litigieux. Ce serment est
dit supplétoire ou supplétif ou d'office; il a pour objet particulier de suppléer
l'insuffisance des éléments de preuve dont dispose le juge, il s'agit d'un moyen
supplémentaire d'information dont l'emploi et l'appréciation sont laissés à la
discrétion du juge.

Seul le juge peut proposer le serment mais les parties peuvent suggérer d'y
recourir, dans ce cas, le juge apprécie souverainement l'opportunité de cette
procédure. C'est par jugement qu'est ordonné ce serment, le jugement énonce les faits
sur lesquels celui-ci sera reçu et fixe l'audience à laquelle il sera prêté. La partie prête
serment en personne et à l'audience. En cas d'empêchement légitime dûment
constaté, le serment peut être prêté en la demande de la partie chez laquelle le juge se
transporte assisté de son greffier. Si la partie à laquelle le serment est déféré est trop
éloignée, le
juge peut ordonner qu'elle prête serment devant une juridiction du lieu de sa
résidence. Le serment
est prêté en la présence de l'autre partie ou celle-ci est avisée par lettre recommandée
du greffier.
Lorsque le juge défère le serment supplétoire, il est lié par la solution que la réponse
au serment lui
impose la partie à laquelle est déféré le serment ne peut le référer à la partie adverse.

2. La preuve parfaite par le serment litisdécisoire

C'est un défi lancé par une partie à son adversaire et par lequel elle lui
propose de mettre fin au litige en relevant l'offre de prêter serment. Si l'offre est
acceptée, le juge doit se borner à prendre acte des faits affirmés sous serment et
formuler en conséquence son jugement qui se borne à donner force exécutoire à la
solution que les parties ont déterminée par le serment. C'est en son
nom un jugement d'expédient comme si les parties avaient conclu une transaction. Le
juge doit
veiller à ce que le serment porte sur un fait et sur sa qualification et que ce fait
déterminant pour la

135 A. Rubbens: Op. Cit. N°103


Loïc Cadiet : Op. Cit. N°956
Art 59 et 60 Code Procédure Civile.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 106

solution d'un litige, s'il n'en est pas ainsi, le juge n'autorise pas la prestation du
serment
litisdécisoire.

Section 5. Les débats136

Dans toute procédure, devant quelque juridiction que ce soit, il vient


toujours un moment où les parties, directement ou par l'intermédiaire de leurs
représentants, vont être physiquement
confrontées devant un juge pour s'en tenir à leurs prétentions et répondre, Ite cas
échéant, aux
demandes d'explication de celui-ci. Ce moment est celui des débats.

§1. La forme des débats

A. Deux traits caractérisent les débats : leur oralité et leur publicité.

L'oralité est un trait constant. En pratique, les plaidoiries tendent à perdre


leur importance, elles consistent souvent en de brèves observations orales,
spontanées; en des réponses à des questions de juge, et parfois elles sont écartées par
la pratique du dépôt des dossiers de plaidoirie. Il convient également de noter que le
juge qui préside l'audience a le pouvoir discrétionnaire de mettre un terme aux débats
lorsque la juridiction s'estime éclairée, il peut également retenir la parole aux parties.

La publicité des débats qui est un principe directeur du procès signifie que
le public doit être admis à l'audience des plaidoiries. Elle ne peut être écartée que
dans les cas prévus par la loi. C'est notamment le cas lorsque les débats ont lieu en
chambre du conseil, car alors il est procédé hors la présence du public. Nous pouvons
citer deux exemples :
o Lorsque l'un époux prétend que l'autre a manqué à ses devoirs, le
président du tribunal de paix saisi par une requête, tentera en chambre du conseil, de
concilier les époux: si la conciliation aboutit, le président acte par voie d'ordonnance,
l'accord des parties (art. 460 alinéa 1 du Code de la famille).
o En cas de demande dévouée, le président du tribunal de paix tiendra
d'instance de conciliation a huis clos (art. 559 à 562 du Code de la famille).

Les débats ont lieu au cours d'une audience que l'on appelle "audience des
plaidoiries" et ceci pour éviter toute confusion avec les « audiences de procédure «
ou » de mise en et « qui se tiennent durant l'instruction ».

§2. Chronologie des débats

A. La fixation des débats

136 Loïc Cadiet : Op. Cit. N°976 à 992


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 107

C'est le président de la chambre qui fixe la date des débats avec comme
conséquence que l'affaire devra être plaidée à la date indiquée. L'avocat absent ne
pourra que déposer son dossier sans le plaider. Mais il est toujours possible de
solliciter du juge une « remise » de l'affaire- et son « renvoi »à une audience
ultérieure des plaidoiries; si l'avocat justifie d'un motif légitime, cette demande peut
même émaner conjointement des parties, mais la décision de renvoyer est une
mesure d'administration judiciaire qui est de la discrétion du juge.

B. L'ouverture des débats

Les débats sont ouverts au jour fixé, mais ils peuvent se poursuivre au cours
d'une audience ultérieure. A partir de ce moment, l'instance ne peut être interrompue,
la composition du tribunal ne peut être modifiée et que toute irrégularité dans la
composition de la juridiction doit être soulevée à faire d'irrévocabilité.

C. Le déroulement des débats


 Les débats sont dirigés par le président qui assurera la police de
l'audience.
 Le greffier tient le plumitif (feuille d'audience) qui doit mentionner
l'identité des parties, les incidents qui pourraient survenir au cours de l'audience et
les décisions prises sur ces incidents. Le Ministère public doit être présent. Au cours
de l'audience de plaidoiries, l'ordre des interventions est fixé par la pratique de la
manière suivante : l'audience commence par l'exposé des prétentions du demandeur
puis du défendeur et des intervenants. Les exposés au cours desquels les parties
développent et les moyens et arguments propres à justifier leurs prétentions,
constituent les plaidoiries. Le président peut toujours redonner la parole aux parties
pour qu'elles fournissent les explications de droit de fait qu'elles estiment nécessaires
ou précisent ce qui paraît obscurs. Enfin, le Ministère public prend la parole le
dernier quant il émet un avis et vient porter la parole à l'audience.

D. La clôture des débats


 La clôture des débats est prononcée par leprésident dès qu'il estime que
le tribunal est suffisamment informé. Les effets de la clôture des débats sont les
suivants :
 Aucune partie ne peut plus verser des pièces au dossier.
 Les parties ne peuvent plus déposer aucune note à l'appui de leurs
prétentions, car le juge ne peut fonder sa décision que sur les observations ou des
documents produits en cours de débats par les parties. Une tolérance veut que des
notes des plaidoiries soient encore envoyées au juge.
 II est important de savoir que malgré la clôture des débats, les parties
peuvent être amenées à déposer des notes en délibéré à l'appui de leurs observations;
ceci peut arriver dans deux hypothèses :
 D'abord afin de répondre aux arguments développés par le ministère
public qui prend la parole en dernier quand il donne avis.
 Ensuite lorsque le président en fait la demande pour que les parties
puissent expliciter leurs positions dans le rapport du principe du contradictoire.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 108

Ces notes en délibéré doivent être portées à la connaissance de l'autre partie


qui a la possibilité d'y répondre en la même forme. Ces notes en délibéré ne sauraient
modifier les éléments du litige et ne sauraient valoir conclusion. En revanche, il est
possible que les informations contenues dans ces notes conduisent le président de la
chambre à rouvrir les débats. Cette réouverture peut toujours intervenir sur décision
du président qui dispose d'un pouvoir discrétionnaire en la matière, cependantles
parties et le M.P. peuvent la solliciter par voie de requête. En principe, la réouverture
des débats permet aux parties de déposer de nouvelles conclusions. Une fois débattue
ou rebattue, l'affaire est prise en délibéré.

§3. Le contenu des débats

Les juges, éclairés sur les faits, soit par production des dossiers soit par les
procédures
probatoires qu'ils ont organisées doivent appliquer le droit aux faits tels qu'ils leur
apparaissent pour vrais dans leur intime conviction.
Les parties ont cependant la faculté de présenter les faits aux juges sous
l'angle qui leur paraît le plus favorable à leur thèse. Elles peuvent faire un exposé
écrit de leur raisonnement juridique en fait et en droit. Ce sont les conclusions. Elles
peuvent en faire un exposé verbal : c'est la plaidoirie.
Les conclusions des parties sont formulées comme un raisonnement
juridique :
1. En fait
o Pour le demandeur : en exposant les faits qui ne sont pas controversés,
en établissant les faits controversés.
o Pour le défendeur : en renversant ou en ébranlant les preuves apportées à
l'appui des faits contestés ou encore en établissant d'autres faits qui viennent
contredire ceux évoqués par le demandeur.
2. En droit
o Pour le demandeur : en exposant ou (en mentionnant) les règles de droit
applicables en offrant des interprétations favorables à la thèse soutenue en montrant
que les faits tels qu'ils sont établis sont vides ou couverts par ces règles de droit en
recherchant les conséquences qui en découlent.
o Pour le défendeur : en démontrant que les faits ne tombent pas sous le
coup de telle règle et éventuellement en invoquant une autre règle.
3. Dispositif
En proposant au tribunal une conclusion, décision découlant logiquement de
l'exposé en fait et en droit. Il est d'usage de libeller les conclusions en forme
"d'attendre que" et d'introduire le dispositif par « Par ces motifs, plaise au tribunal ».
Mais ce formalisme ne constitue pas l'essentiel qui est de présenter un à un ses
motifs, en fait et en droit et de dégager suivant la dialectique juridique, la prétention
qu’on formule, comme aboutissement de son raisonnement.

Chaque partie doit communiquer les conclusions à l'adversaire afin de lui


permettre de répliquer aux moyens qui s'y trouvent exposés. C'est pourquoi, il est
permis aux parties de prendre de nouvelles conclusions en réplique. L'original des
conclusions est versé au dossier communiqué au Ministère Public. Les conclusions
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 109

sont signées par les parties; les avocats peuvent signer les conclusions enqualité de
mandataires de leurs clients. Certains avocats demandent à leurs clients de signer les
conclusions afin de prévenir un désaveu.
Notons que les parties ne sont pas obligées de formuler des conclusions ;
e/tes peuvent s'en remettre à la prudence du tribunal ou déclarer expressément s'en
référer à justice.

§4. Les plaidoiries

Ce sont les commentaires oraux des conclusions que les parties ou leurs
avocats peuvent faire. C'est le genre littéraire qui peut recourir à l'art de la rhétorique
pour entraîner la conviction, car il s'agit de persuader le juge et de ramener son
sentiment à celui de l'orateur.

Au plan de la terminologie, précisions la différence entre « plaidoyer », et «


plaidoirie ». L'on peut dire que l'un est synonyme de l'autre, Mais de manière plus
spécifique, la plaidoirie vise la défense d'un prévenu devant une juridiction
répressive137. Une note de plaidoirie est un résumé des arguments destiné à faire
revivre dans la mémoire les fugaces effets littéraires lorsque, dans leur délibéré, les
juges reverront l'affaire.

Section 6 : L'avis du Ministère public138

Selon l'art. 68 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ ? le Ministère Public


peut intervenir, soit par voie d'avis, soit par voie d'action.

Il intervient par voie d'action lorsqu'il agit comme partie principale, c'est-à-
dire qu'il a le pouvoir d'assigner et a qualité à être assigné comme une véritable partie
qui agit en demande ou en défense.
Il intervient par voie d'avis lorsqu'il fait connaître son avis sur l'application
de la loi dans une affaire dont il a communication.

§1. Terminologie :

La doctrine française, de manière constante, affirme que lorsque le


Ministère Public intervient par voie d'avis, il agit en tant que « partie jointe »139.
Nous sommes d'avis que cette terminologie est incorrecte pour les raisons
suivantes :
 Lorsque le Ministère Public intervient par voie d'avis, il participe à la
formation du jugement, il fait partie du tribunal ; c'est pourquoi, il peut être récusé ;

137 Cornu (Gérard): Op. Cit. V° Plaidoyer, p. 599


138 A. Rubbens: Op. Cit, Tome II, n°117.
Loïc Cadiet: Op. Cit, n°348 à356
Solus Henry et Perrot (Roger): Op. Cit. N°232 à 238
139Solus Henry et Perrot (Roger): Op. Cit. N°231
Loïc Cadiet: Op. Cit, n°348
Jean Vincent et Serge Guinchard : Op. Cit, n°761
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 110

or on ne peut concevoir qu'une partie, même appelée jointe, puisse être récusée140.
 Même en France, l'on considère que le Ministère Public intervient par
voie d'avis, il se comporte comme « commissaire de la loi » et en tant que tel, il
apparaît moins alors comme une partie que comme un magistrat, indépendant du
juge, mais dont la fonction est d'éclairer ce dernier en lui donnant un « avis » sur la
façon dont la loi devrait être appliquée à la cause débattue entre les parties141.
 Lorsque le Ministère Public intervient par voie d'avis, il n'a pas à
accomplir des actes de procédure quels qu'ils soient ; ce qui n'est pas la situation
normale d'une partie, fut-elle dite jointe142.
 Audience des plaidoiries, le Ministère Public prend la parole en dernier
après que les parties au procès aient été entendus en leurs plaidoiries ou en leurs
observations. Les parties n'ont pas le droit de répliquer. C'est bien la preuve que le
ministère Public n'est pas parti au procès.
 Les parties au Procès peuvent être amenées, malgré la clôture des débats,
à répondre aux arguments développés par le Ministère Public qui prend la parole en
dernier quand il donne un avis : c'est la preuve que le Ministère public se comporte
en doctrinaire dont l'avis peut influencer le tribunal dans son jugement.
 Le Ministère Public qui donne un avis ne peut exercer aucune voie de
recours contre la décision qui a été rendues ; ce n'est pas ainsi que peut se comporter
une partie au procès.
 Le Ministère Public n'a jamais à supporter les frais du procès étant donné
que n'étant pas partie au procès, il ne peut succomber et il échappe à la charge des
dépenses et des frais.

§2. Différents types de communications 143

La lecture de l'Art. 69 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ fait voir qu'il a
trois types de communication :
 la communication légale ;
 la communication judiciaire ;
 la communication facultative.

A. La communication légale :

Dans certains cas, la communication préalable du dossier au Ministère


Public est rendue obligatoire par la loi en raison de la gravité des intérêts en cause ;
on dit alors que la cause est communicable.

Lorsqu'il en est ainsi, le défaut de communication du dossier entraîne la


nullité du jugement, laquelle est d'ordre public.

140 Art 68 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ ; A. Rubbens : Op. Cit, Tome II, n°114, voir référence 210
141 Loïc Cadiet, Op. Cit, n°349
142 Loïc Cadiet, Op. Cit, n°350
143 Henry Solus et Roger Perrot: Op. Cit, n°233 à 236.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 111

En droit congolais, il y a 11 cas des causes obligatoirement communicables


au Ministère Public :
1) les causes qui concernent l'état, les entités régionales et locales dotées de
la personnalité juridique ainsi que les établissements publics;
2) les procédures relatives à l'absence des personnes aux actes d'état Civil,
à la procédure d'ouverture des tutelles et d'ouverture de la curatelle ;
3) les déclinatoires sur incompétence, litispendance ou connexité ;
4) les actions civiles introduites en raison d'un délit de presse
5) les demandes qui intéressent les mineurs, les interdits, les femmes
mariées non autorisées par leur conjoint et personnes placées sous curatelle ou qui
concernent l'administration du patrimoine des faillis ;
6) les procédures-en matière de faillite ou de concordat judiciaire ;
7) les contestations où sont invoquées les dispositions légales sur le contrat
de louage de services ou relevant du régime légal de la sécurité sociale des
travailleurs
8) les causes mues par des procédures admises comme indigentes ou
comme inaptes à ester en justice ou à se défendre chaque fois que l'assistance
judiciaire a été accordée ;
9) les litiges que les juridictions tranchent en appliquant la coutume ;
10) les litiges relatifs aux successions.

B. La communication judiciaire

En dehors des cas dans lesquels les causes sont obligatoirement


communicables au Ministère Public, la communication du dossier au Ministère
Public peut être décidée par la juridiction saisie de l'affaire. Dans ce cas, la
communication est dite judiciaire parce qu'elle résulte de la décision du juge. La
justification de cette prérogative reconnue au juge tient au légitime souci que peuvent
avoir les juges de connaître l'opinion du Ministère Public afin d'être mieux éclairés.
En France, la communication judiciaire peut être utilisée dans la perspective de
porter à la connaissance du parquet un dossier susceptible d'avoir des incidences
pénales.

C. La communication facultative

Indépendamment de toute communication légale ou judiciaire, le Ministère


Public peut toujours demander communication d'un dossier dans les affaires pour
lesquelles il estime devoir intervenir. En d'autres termes, le Ministère Public a un
droit de regard virtuel sur les affaires pendantes devant une juridiction.

§3. Procédure

Elle sera étudiée en 7 points suivants :


1) L'avis du Ministère Public sera donné par écrit dans les trente jours
après que la cause lui aura été communiquée, à moins qu'en raison des circonstances
de l'affaire, il puisse être émis verbalement sur les bancs ; dans ce cas, l'avis est acte
à la feuille d'audience.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 112

2) L'imposition d'un écrit pour donner un avis s'explique par le soucide


combattre la paresse scientifique longtemps observée dans le chef de l'Officier du
Ministère Public qui, appelé à
donner un avis, s'en référait souvent à la sagesse du tribunal.
3) Dans des pays développés, l'avis du Ministère Public constitue un
morceau choisi de doctrine, qui est attendu avec d'autant plus de considération que
bien souvent il émane des magistrats spécialisés au plan académique et scientifique.
4) En R.D.C, l'observation du fonctionnement des parquets nous a révélé
que les magistrats des parquets, plongés chaque jour, du matin au soir, dans des
dossiers à caractères pénal, en arrivent au bout de quelques années, à perdre pied
avec le domaine vaste et complexe du droit privé. L'émission d'un avis suppose des
recherches approfondies en bibliothèque ; et bien souvent les magistrats des parquets,
tiraillés par les interrogatoires des inculpés et par d'autres devoirs judiciaires du
dossier pénal qui est accaparant, en arrivent même à carrément déserter le prétoire.
5) Devant ce constat qui entraîne la lenteur dans l'administration de la
justice, nous pensons qu'une réforme judiciaire doit intervenir dans le sens suivant :
au bout d'un délai que la loi doit fixer, si le Ministère Public n'a toujours pas donné
son avis, le tribunal peut passer outre et rendre son jugement.
6) Lorsqu'il s'agit des litiges qui ne soulèvent aucune difficulté et qui
peuvent être tranchés suivant une règle de droit claire et univoquement appliquée par
la jurisprudence, le Ministère Public peut s'en remettre à la prudence du tribunal.
7) En matière civile, c'est le Ministère Public quia le dernier la parole avant
la clôture des débats. En principe, les parties n'ont pas le droit de réplique ; toutefois,
lorsque l'avis du Ministère Public a soulevé un problème de droit qui par voie de
requête, demander une réouverture des débats en ce cas, la parole doit à nouveau être
donnée au Ministère Public avant que le débat ne soit définitivement clos.

CHAPITRE IV. : LE JUGEMENT CONTRADICTOIRE142

Section 1 : Le délibéré

Délibérer, c'est réfléchir à plusieurs et confronter des solutions possibles


d'un litige dans le but de trouver une solution commune. Par extension, l'on parle
aussi de délibéré du juge unique : en ce cas le juge confronte les positions des parties
pour dégager la solution qui lui paraît conforme à la vérité.
Le délibéré se fait à huis clos, généralement dans te cabinet du président.
Lorsque l'affaire est fort simple, le délibéré peut se faire sur les bancs par un échange
d'opinions à voix basse (ou « in petto » pour le juge unique), suivi du prononcé. L'on
dit alors que le jugement est rendu sur les bancs. En procédure civile, il n'est pas
d'usage de rendre des jugements sur les bancs, sauf pour prendre des mesures
conservatoires et provisoires ou pour organiser des mesures d'instruction.

§1. Le dossier sur base duquel les juges délibèrent

142 A. Rubbens: Op. Cit., Tome II, n°120 à 137


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 113

Le délibéré des juges se fait sur base des données consignées dans un
dossier qui comprend les éléments suivants :
 l'assignation ;
 les pièces des dossiers des parties ;
 les procès-verbaux et rapports lorsqu'il y a eu enquête, descente sur les
lieux, expertise, comparution personnelle des parties, etc.
 la feuille d'audience où se trouve relatée l'évolution de l'affaire ;
 les conclusions écrites des parties et éventuellement l'avis écrit du
Ministère Public.

§2. L'objet du délibéré

Seules les prétentions de droit formulées par les parties font l'objet du
délibéré : le tribunal vérifie si les solutions de droit qui lui sont proposées
s'appliquent, à moins que le tribunal, en application du principe « jura novitcuria »,
n'ait à faire application d'office du droit impératif.
Les juges vérifient la régularité de la demande, la compétence du tribunal, la
recevabilité de l'action et répondent aux incidents liminaires.
Les juges vident, s'il échet, les questions préliminaires, préalables ou
préjudicielles.
A la lumière des éléments consignés au dossier, le tribunal établit la vérité
judiciaire quant aux faits, il qualifie ces faits, c'est-à-dire qu'il les range dans les
catégories juridiques établies par le droit; il recherche ensuite quelles règles de droit
régissent les faits ainsi qualifiés; enfin, il fixe la solution juridique du litige et prend
les décisions qui s'imposent pour protéger ou pour restaurer le droit.
Chaque décision prise sur une contestation entre parties doit être motivée,
c'est-à-dire
comporter une justification explicite. Ainsi doivent être motivés :
 le sort réservé fait aux exceptions ;
 la décision en fait et en droit.
Le tribunal doit également motiver les points dont il s'est saisi d'office. En d'autres
termes, la motivation doit répondre aux moyens de la demande et de la défense pour
les accueillir ou pour
les rejeter. Lorsque le tribunal prononce une condamnation, il s'impose, d'en fixer les
mesures d'exécution délais, force exécutoire, etc.
Le tribunal se prononce aussi sur la condamnation aux frais et dépens.

§3. La procédure du délibéré

La loi impose le secret du délibéré (art. 41 de la loi organique de 2013 sur


l’OCJ). Ceci ne veut pas seulement dire qu'il se tient à huis clos, mais encore que les
juges qui y ont participé ne peuvent pas révéler ce qui a fait l'objet des discussions ;
les opinions dissidentes ne peuvent être divulguées ni par le juge qui les a soutenues
ni par ses collègues. Il faut rappeler que ne peuvent participer au délibéré que les
juges devant lesquels l'affaire a été débattue afin d'assurer le respect du principe qui
veut que les juges se prononcent d'après la connaissance qu'ils ont acquise des
éléments du débat et non pas d'après leurs enseignements personnels.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 114

Pendant le délibéré, le juge le moins ancien ou du rang le moins élevé donne


son avis le premier cette règle vise à garantir la sérénité et l'indépendance d'esprit du
juge le moins ancien ou du rang le moins élevé. En effet, l'intérêt de cette disposition
est d'éviter que l'opinion de ce dernier soit influencée ou gênée par le point de vue du
Président si ce dernier devait opiner le premier.
Les décisions sont prises à la majorité des voix. Le principe en la matière est
que s'il se forme plus de deux opinions pendant les délibérés, le juge le moins ancien
ou du rang le moins élevé est tenu de se rallier à l'une des deux autres opinions. Cette
position adoptée par le législateur congolais à travers la loi-organique du 11 avril
2013 portant organisation, fonctionnement et compétences de juridictions de l’ordre
judiciaire en son article 42 alinéa 2 permet d'éviter le recours prétorien au système
Français du « Juge départiteur ».
Pour exister, le jugement doit être rédigé. La décision doit être formulée par
écrit; on appelle « minute » (du latin médiéval minuta c'est-à-dire écriture menue)
l'original du jugement.
Dans la pratique, il s'opère, après le délibéré, une répartition des dossiers
pour la rédaction des projets des jugements, que le siège approuve ultérieurement
avant le prononcé, en examinant la forme et te fond.

Section 2 : Le jugement143

§1. Le prononcé du jugement

L’art. 14 alinéa 3 de l'Acte Constitutionnel de la Transition impose le


prononcé du jugement en audience publique. Le jugement est donc ce qui est dit ou
lu ; l'écrit, la minute du jugement, signé par les juges et le greffier, ne constitue que
la preuve authentique du contenu du jugement prononcé.
Au bas de la minute du jugement, il est mentionné qu'il a été prononcé en
audience publique avec l'indication de la date de cette audience.

Le prononcé du Jugement dessaisit le tribunal; toutefois, le tribunal peut


procéder à l'interprétation et à la rectification des omissions ou des erreurs
matérielles.

A. Interprétation du jugement

II peut arriver que le jugement soit obscur ou, qu'il y ait divergence entre les
parties, sur le sens ou la portée exacte de ce qui a été décidé par le juge. Dans ce cas,
l'art. 117 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ dispose que les cours et tribunaux
connaissent de l'interprétation de toutes décisions de justice rendues par eux. Il suffit
d'une simple requête de l'une des parties ou d'une requête commune, les parties étant
entendues ou appelées. La décision interprétative s'incorpore à la décision interprétée

143 A. Rubbens : Op. Cit, Tome II, n°124 à 137


Loïc Cadiet, Op. Cit, n°1097 à 1263
Jean Vincent et Serge Guinchard : Op. Cit., n°1229 à 1263
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 115

et n'a donc pas d'existence autonome. Le jugement interprétatif ne peut apporter une
modification substantielle au jugement initial.

B. Rectification du jugement en cas d'erreur et d'omission matérielle

Exemple :
- erreurs de calcul
- erreurs de frappe ou d'orthographe
- oublis des chefs du dispositif

Le juge peut être saisi par une simple requête d'une partie ou par une requête
commune, le juge peut même se saisir d'office, il statue les parties entendues ou
appelées, selon ce que le dossier révèle ou selon ce gué la raison commande.

La décision rectificative est mentionnée sur la minute et sur les expéditions


du jugement. Le jugement rectificatif ne peut apporter une modification substantielle
au jugement initial.

§2. Le contenu du jugement

Le jugement se présente au plan pratique de la manière suivante :

A. Les qualités

II s'agit d'un résumé chronologique des événements qui ont précédé le


jugement. C'est l'historique du procès qui comprend :
 l’indication du nom des parties, de leurs conseils
 les conclusions des parties
 l’exposé sommaire des points de fait et de droit soutenus par les parties
 les incidents du procès.

Les qualités sont rédigées par le greffier. On peut signaler qu'en France, les
qualités étaient autrefois rédigées .par les avoués après le jugement. Cela engendrait
souvent la confusion entre« qualités du jugement et la minute». C'est pourquoi en
1972, il a été décidé de supprimer les
qualités œuvres des avoués pour les confier au juge.

B. Le jugement proprement dit

En procédure civile congolaise, le jugement proprement dit, œuvre du juge


comprend :
 l'identification du tribunal et du siège
 la modalité de saisine, la recevabilité et compétence du tribunal
 l'identification complète des parties et leurs prétentions (noms,
professions, demeure ou du fondé de pouvoir en cas de représentation
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 la motivation en fait
 la motivation en droit
 le dispositif qui apparaît comme la conclusion du raisonnement tenu
dans l'enchaînement des motifs en fait et en droit (art. 23 du code de procédure
civile).

Le dispositif qui condamne une partie de faire ou de payer quelque chose


doit également mentionner les détails ou les modalités suivant lesquelles cet ordre
doit être exécuté.

Le dispositif doit toujours se prononcer sur les frais qui sont mis à la charge
de la partie
succombant, sauf s'il s'agit des frais frustratoires, qui sont des frais résultant de
vaines procédures
provoquées de mauvaise foi par l'adversaire et qui sont laissés à sa charge.

Si les parties succombent chacune à une partie de leurs prétentions, le


tribunal peut « compenser » les frais c'est-à-dire les mettre à charge de chacune
d'elles.

Le jugement doit aussi indiquer le nom des juges qui l'ont rendu, celui de
l'officier du Ministère Public s'il a donné son avis et du greffier qui a assisté au
prononcer et la date à laquelle le jugement a été rendu.
Les minutes du jugement sont signées par les juges qui les ont rendues et
par le greffier ; elles sont annexées à la feuille d'audience (art. 24 du Code de
procédure civil).

§3. Les différentes catégories de jugements

L'on distingue, en procédure civile congolaise les catégories suivantes de


jugement.

A. Le jugement définitif vidant le fond du litige

Ce jugement dessaisit le tribunal, cependant, à la demande d'une partie, le


tribunal peut accorder des réserves lui permettant de réassigner sur un chef de ses
demandes pour lequel une solution définitive né peut être actuellement postulées ;
exemple : à la suite d'un accident, l'état de la victime n'est pas consolidé.

B. Le jugement définitif sur incident

Le tribunal peut également rendre un jugement définitif qui vide un incident


survenu à l'audience et cela sans se prononcer sur le fond.
Ce jugement est susceptible d'appel, rappelons que le juge peut toujours
joindre l'incident au fond, ce qui évite de prononcer un jugement séparé sur
l'incident.
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C. Le jugement d'expédient

II s'agit d'un jugement qui se borne à enregistrer une transaction qui est
intervenue entre les parties en donnant, si elles le demandent, force exécutoire à leur
accord.

D. Le jugement avant dire droit (art. 37 du code de procédure civile) :

II s'agit du jugement par lequel le tribunal ordonne une mesure d'instruction


complémentaire. On peut distinguer deux sortes de jugement avant dire droit :
1. Le jugement préparatoire ainsi appelé parce qu'il ne préjuge pas le fond.
2. Le jugement interlocutoire ainsi appelé parce qu'il préjuge le fond.

Il y a lieu cependant de noter que ce critère de distinction n'est pas toujours


aisé à saisir, la lecture de la jurisprudence est à ce sujet édifiant 144. Toutefois,
l'intérêt de la distinction des jugements avant dire droit réside dans le fait qu'en droit
congolais seuls les jugements interlocutoires sont susceptibles d'appel, avant le
jugement définitif. En effet, l'appel d'un jugement préparatoire ne peutêtre interjeté
qu'après le jugement, définitif et conjointement avec l'appel de ce jugement (art. 72
de code procédure civile).

Parmi les jugements interlocutoires, on peut relever :

a. Le jugement provoquant la disjonction des chefs de demande

L'assignation, les demandes reconventionnelles et/ou additionnelles peuvent


contenir plusieursdemandes distinctes et indépendantes les unes des autres, dont les
unes sont en état, tandis qued'autres requièrent des mesures d'instruction ou la mise
en cause des tiers. Dans ce cas le juge
peut, à la demande qui d'une partie disjointe les actions et vider les chefs de la
demande qui se
trouvent en état d'être jugé, il demeure saisi des autres chefs de demande.

b. Le jugement provisionnel

C'est le jugement par lequel le juge alloue une indemnité provisoire


susceptible de modification ultérieure.

C'est souvent le cas lorsqu'il n'est pas possible de déterminer d'emblée le


montant auquel il y a lieu de condamner la partie qui succombe soit parce que
l'estimation du préjudice requiert une expertise, soit encore parce qu'il faut attendre

144 Jugements préparatoires :


- R.J.C.B 1934, p. 91 (Elis, 3 Mars 1934).
-R.J.C.B. 1957, p. 167 (Léo, 14 décembre 1954)
- R.J.C.B. 1957, p. 31 (Léo, 27 Novembre 1956)
- R.J.C.B. 1962, p. 142 (Elis, 22 Octobre 1960)
-R,J.C.B.1965,p 113 (Léo, 13 Octobre 1965)
- R.J C.B. 1966. D. 234 (Elis. 19 Avril 1966)
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la consolidation pour fixer le degré d'invalidité notamment en cas de lésion


corporelle.
c. Le jugement se prononçant sur les mesures conservatoires et
provisoire

 A la demande des parties, le tribunal peut être amené à prendre des


mesures conservatoires, par exemple : apposition de scellés ou mise sous séquestre
d'un bien litigieux,
 En matière de divorce, c'est par le jugement que sont prises les mesures
provisoires telle que la garde des enfants pendant la durée de l'instance.

Section 3 : Les effets du jugement145

§1. Le dessaisissement du tribunal

Le jugement définitif a pour effet de dessaisir le tribunal dès le prononcé.


Il est cependant admis que le tribunal peut rendre un jugement interprétatif
ou un jugement rectificatif des erreurs matérielles.
Si un Jugement définitif sur incident est rendu, le tribunal est
irrévocablement dessaisi de
l'incident, il ne peut plus revenir sur sa décision, mais il demeure saisi du fond du
litige, à moins qu'il ne s'agisse d'un jugement d'incompétence, d'irrecevabilité ou de
renvoi pour connexité.
Le Jugement avant dire droit ne dessaisit pas le tribunal, il doit statuer sur
les chefs de la
demande, il peut même revenir sur ce qu'il a jugé de manière interlocutoire ou
provisoire.

§2. L'autorité de la chose jugée

Dès son prononcé, tout jugement civil a l'autorité de la chose jugée qui est la
conformité à la vérité légale : doit être reconnu pour vérité ce qui est dit dans le
dispositif du jugement.
L'autorité de la chose jugée n'est pas à confondre avec la force de chose
jugée qui suppose l'absence de recours suspensif d'exécution.
L'autorité .de la chose jugée se limite en principe au dispositif du jugement.
En effet, le jugement n'a autorité de la chose jugée que relativement à la contestation
qu'il tranche, or c'est dans le dispositif qu'est tranchée la contestation, en
conséquence, les motifs du jugement ne peuvent avoir autorité de la chose jugée, les
motifs ne peuvent être décisions : en effet, la chose jugée serait incertaine s'il fallait

145 Jugements interlocutoires :


- R.J.C.B. 1950, p. 171 (Elis, 25 Février 1950)
- R.J.C.B. 1943, p. 87 (Elis, 13 Novembre 1943)
- R.J.C.B. 1961, p. 24 (Elis, 03 Février 1961)
- R.J.C.B. 1967, p. 105 (Elis, 29 Mars 1950)
- R.J.C.B. 1957, p. 32 (Kin, 27 Juin 1966)
- R.J.C.B. 1969 D. 193(L'Shi,21 Novembre 1967)
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la déceler dans les attendus du jugement, toutefois l'on admet que l'autorité de la
chose jugée déborde parfois le dispositif du jugement pour s'attacher aux motifs qui
sont indissociables de la décision; l'on parle en ce cas des motifs qui sont « le soutien
nécessaire du dispositif, », l'on parle plus souvent « des motifs décisifs ».
Lorsque le jugement n'est plus susceptible d'aucun recours, on dit qu'il est
irrévocable ou qu'il a force irrévocable de chose jugée.
Les jugements avant dire droit ont également l'autorité de la chose jugée
mais, ils ne peuvent jamais être coulés en force de chose jugée puisque le tribunal qui
demeure saisi dispose de la faculté de revenir sur sa décision.

Les jugements définitifs sur incident acquièrent la force de chose jugée par
l'écoulement de délais de recours ou par l'acquiescement des parties.
L'autorité de la chose jugée n'est que relative, elle n'est pas opposable aux
tiers, elle ne peut nuire ni profiter aux tiers. En dehors du mécanisme de
l'intervention, le Jugement doit rester «res inter alios » à l'égard des tiers.
Si un jugement porte atteinte aux intérêts d'un tiers, celui-ci pourrait faire
rétracter ce qui a été jugé à son égard au moyen de la tierce - opposition. Il faut noter
que l'autorité de la chose jugée n'a lieu qu'à l'égard de ce qui a fait l'objet du
Jugement, il faut que la chose demandée soit la même, que la demande soit fondée
sur la même cause, que la demande soit mue entre les mêmes parties et formée par
elles et contre elles en la même qualité.

C'est la règle de la triple identité : corollaire


 Identité des parties
 Identité d'objet
 Identité de cause.
Il y a lieu cependant de noter que les jugements qui modifient l'état ou la
capacité des
personnes (divorces, désaveu de paternité, interdiction mise sous curatelle) font
autorité « ergaomnes».

§3. La force exécutoire :

Les Jugements civils sont immédiatement exécutoires, il faut néanmoins


noter qu'un jugement ne peut normalement être exécuté qu'après significations.
Le jugement dans son dispositif, prévoit des délais d'exécution.
En principe, l'exercice du recours en appel suspend la force exécutoire des
jugements, toutefois, le tribunal doit dire son jugement exécutoire même d'office
nonobstant tout recours et sans cautionnement, s'il y a titre authentique, promesse
reconnue ou condamnation précédente par jugement dont il n'y ait pas fait appel (art.
29 C. P. C.).

§4. L'ouverture des voies de recours


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En droit congolais tous les jugements sont susceptibles de recours sauf


prescription légaleexpresse contraire.146

CHAPITRE V : LA PROCEDURE PAR DEFAUT

Section 1 : Le défaut : portée, étendue et limites

§1. Quand y a-t-il défaut ?

En droit congolais, il y a « défaut » lorsqu'une des parties, régulièrement


avertie de la procédureengagée/contre elle devant un tribunal, n'y a pas fait valoir ses
prétentions de droit. La procédurepar défaut s'oppose à la procédure « contradictoire
» qui est celle où toutes les parties ont
effectivement soutenu leurs prétentions à l'audience de la cause.

Le fonctionnement normal de la juridiction procédant du principe


accusatoire est que le juge entende les différentes parties en leurs moyens de fait
(pour former sa conviction) puis sur les leurs moyens de droit (pour s'éclairer sur les
options possibles).

II ne serait cependant pas admissible qu'une partie puisse, en refusant


d'exposer ses moyens,paralyser Je cours de la justice. Ainsi, deux solutions sont
possibles :
 Soit, on amène de force les parties devant le juge (système de la plupart
des coutumes congolaises)
 Soit, on passe outre le « défaut » de la partie, et le jugement est rendu
suivant les seules conclusions des parties qui font régulièrement valoir leurs moyens
(c'est le régime de nos
juridictions judiciaires).
En opposition aux actions coutumières147, il est important de signaler que
faire « défaut » est une voie de droit, c'est-à-dire que celui qui ne comparait pas ne
commet aucune faute, qu'il use de son droit. Cette affirmation est corroborée par
l'observation qu'il n'existe aucune disposition impose les frais de l'opposition au
défaillant quand le défaut lui serait imputable.

On peut cependant noter que l'évolution moderne du droit procédural n'est


cependant pas favorable au défaut. En effet, on s'est rendu compte de ce que les
règles régissant le défaut ouvrent le champ aux manœuvres dilatoires ; dans plusieurs
pays le législateur a voulu réagir. En droit congolais on peut dire que les articles 18
et 19 s'inspirent de cette orientation hostile au défaut ou du moins hostile aux abus du
défaut.

146 Loi sur la Cours d’Ordre Militaire


147 Texte du CQCJ sur les juridictions coutumières
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La simplification de la procédure Congolaise écarte déjà plusieurs


manœuvres dilatoires. Il n'y a pas en effet de-, défaut faute de comparaître (c'est-à-
dire de constituer avoué) à côté du défaut deconclure : c'est le seul fait de prendre
part ou de ne pas prendre part à l'instruction qui fait qu'il y a défaut ou' pas; dans ce
sens, le défaut peut exister dès l'audience d'introduction, il peut survenir en cours de
débat si une partie se retire avant que l'instruction ne soit terminée, il peut enfin en
cours d'instance être « rabattu » par la comparution du défaillant148.

§2. Hypothèses de défaut

A. Défaut du demandeur

Le défaut du demandeur à l'audience introductive de l'instance peut


s'accompagner du défaut du défendeur, en ce cas le tribunal n'est pas saisi : il n'y a
pas d'instance, l'affaire est rayée du rôle, les frais s'arrêtent à l'enrôlement. En
revanche, l'article 17 prévoit le cas où le demandeur fait défaut alors que le
défendeur comparaît.

Sur ce point, il convient de noter que la jurisprudence avait admis, après


quelques hésitations, que le défendeur pouvait obtenir soit la radiation
habituellement appelée défaut-congé, soit jugement sur lefond, à l'exclusion de toute
demande reconventionnelle150.

Actuellement le régime de l'article 17 du Code de Procédure Civile prévoit


que le défendeur peut « demander le défaut-congé », mais le résultat atteint par cette
demande n'est en rien différent de celui qui résulterait de l'abstention pure et simple
de conclure du défendeur à l'égard du demandeur défaillant car l'instance seule est
éteinte, ni le droit, ni l'action ne se trouvent entamés par le défaut- congé, et le
demandeur peut aussitôt faire une nouvelle assignation.

Cependant la lecture des travaux préparatoires nous indique que l'article 17


n'entend pas refuser ai défendeur de recourir à l'autre alternative qui est de postuler
un jugement sur le fond de la demande dont le tribunal est saisi. Ce jugement serait
cependant rendu par défaut, ouvrant au demandeur qui serait débouté le recours à
l'opposition. Toutefois, le défendeur ne pourrait pas profiter de l'absence du
demandeur pour former une demande reconventionnelle qui dépasserait le simple
moyen de défense, car le tribunal ne serait pas saisi d'une pareille demande dont le
demandeur originaire pourrait avoir connaissance.

L'assignation régulière garde, même après « défaut - congé », un effet


juridique : elle interrompt la prescription et peut aussi valoir mise en demeure.

B. Le défaut du défendeur

148Sohier n°259 à 260


voir 1erinst., Elis, 16 Mars 1950 (avec note) admettant défaut-congé mais pas jugement sur le fond, R.J.C.R 1950 P. 119
et contre : Elis. 20 Juillet 1956 avec note R.J.C.B., 1957, p. 67).
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II faudrait distinguer selon que le défendeur est ou n'est pas seul.

1. Cas du défendeur unique

Le demandeur peut demander les fins de son exploit d'assignation. Il n'est


pas pour autant dispenser d'en établir le bien fondé. Car, le défaut du défendeur
n'implique nullement un acquiescement à la demande. Cela est si vrai que le
défendeur qui ne comparaît pas ne peut être présumé :
 couvrir tes nullités d'une assignation,
 consentir à une prorogation de compétence territoriale,
 renoncer à une exception149 alors que sa comparution sans réserve
aurait été interprétée
 comme une :
• couverture des nullités
• consentement à la prorogation de compétence,
• renonciation à toute exception qui ne serait pas d'ordre public.

2. Pluralité des défendeurs dont certains comparaissent (défaut profit-


joint)

L'option ici est de mettre fin aux manœuvres au cours desquelles tour à tour
deux ou plusieursdéfendeurs pouvaient faire défaut. L'intérêt d'une prompte justice
l'emporte sur le « droit de fairedéfaut ».

En effet, dès qu'il y a plusieurs défendeurs dont certains comparaissent


tandis que d'autres font défaut, l'un- des comparants (demandeur ou défendeur) peut
demander fixation pour jugementréputé contradictoire à l'égard de toutes les parties
comparantes ou défaillantes. Le greffier avertit ainsi les parties, par lettre
recommandée, de la date de fixation en signalant que le jugement ne sera pas
susceptible d'opposition même si elles ne comparaissent pas150.

La question qui pouvait se poser ici est celle de savoir si à la date de


fixation, l'affaire doit être vidée. Il ne me semble pas qu'il ait objection à ce que la
cause soit remise à la demande d'une partie comparante ou d'office, pourvu que les
parties soient de nouveau averties par lettre recommandée qu'à cette nouvelle
fixation le jugement sera réputé contradictoire.

D. Le rabat du défaut

Au sens qu'à cette institution en droit français le rabat n'existe pas au


Congo. On désigne toutefois couramment de ce vocable des procédés qui tendent à
obtenir jugement contradictoire après que la défaillance d'une partie a été constatée à

149 Elis, WJany. 1939, R.J., p.152


150 Cette solution s'inspire du système du défaut-profit-joint du droit belge, art. 752 nouveau code judiciaire belge de
1967.
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l'audience.Lorsqu'un jugement est prononcé par défaut, la partie défaillante peut


seulement recourir à l'opposition.

Cependant, de l'accord de la partie qui a obtenu le jugement par défaut, la


partie défaillante qui apparaît avant la fin de l'audience, peut former aussitôt
opposition et ressaisir le tribunal par comparution volontaire dans les formes de l'art.
12 du Code de Procédure Civile. La partie qui a obtenu le jugement par défaut y
consentira normalement afin d'éviter les lenteurs.
En effet, le juge attend généralement la fin de l'audience pour prononcer les
jugements par défaut, afin de donner aux défaillants leurs chances de comparaître
utilement, en évitant les frais d'un double jugement. Sur ce point, il convient de
signaler qu'en France, certaines juridictions ont conservé une pratique issue d'une
ordonnance de 1967, pratique que la loi n'a pas consacrée et qui consiste pour un
avoué à se présenter au cours de l'audience durant laquelle le jugement par défaut a
été prononcé. Ce jugement est « rabattu », c'est-à-dire anéanti et l'instance est
poursuivie
contradictoirement. Cette pratique facultative pour le juge présente des avantages
certains de
rapidité et d'économie. Il faut cependant souligner qu'à défaut de texte légal qui la
consacre, elle est
peu compatible avec le principe du dessaisissement du juge dès que ce dernier a
prononcé un
jugement151. Enfin, en aucun cas le juge ne peut remettre une cause par défaut à une
audience
ultérieure : il ne serait plus saisi à cette audience à moins que le défaillant n'ait été
rappelé à la
cause en la forme d'une assignation. L'usage est dès tors ainsi (quand la partie
comparante ne
réclame pas jugement), de renvoyer la cause au rôle général, la partie la plus
diligente la faisant
fixer par voie d'avenir, à moins que les parties ne conviennent de comparaître à la
date qu'elles ont
fixée de commun accord. En ce cas, le tribunal étant déjà saisi, les formalités de
l'article 12 du CPC
ne sont pas requises.

D. La dérobade du défendeur

Le principe en la matière est que lorsque après avoir comparu (article 19 du


CPC) la partie qui, à bout d'argument, cesse de comparaître. Dans ce cas, dès son
prononcé, tout jugement civil a l'autorité de la chose jugée qui est la conformité à la
vérité légale : c'est-à-dire doit être reconnu pour vérité ce qui est dit dans le
dispositif.

151 Gérard CORNU et Jean FOYER : Procédure Civile, Presses Universitaires de France, Paris, p. 458 (état de
question)
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Ainsi, il suffit de sommer le défaillant qui a déjà comparu en lui notifiant le


texte de l'article 19, pour obtenir après un délai de 15 jours un jugement réputé
contradictoire, bien que le défaillant ne réponde pas à la sommation. C'est dans ce
sens que, s'inspirant de la procédure des justices de paix belges, certains juges
congolais avaient jadis estimé pouvoir rendre jugement contradictoire lorsqu’après
avoir comparu à l'introduction le défendeur faisait ultérieurement défaut152.

Cette jurisprudence est donc périmée depuis le Décret de 1960 portant Code
de Procédure Civile.

II a été jugé que :

En cas de défaut du demandeur, le défenseur peut réclamer condamnation


contre celui-ci par demande reconventionnelle présentée en conclusion,
communiquée au demandeur originaire153.
Si une demande reconventionnelle a été régulièrement introduite avant la
dérobade du demandeur originaire, il n'y a pas de doute, le défendeur est devenu
demandeur sur reconvention et peut soit demander un jugement par défaut, soit se
prévaloir de l'article 19. En ce cas il pourra demander un jugement réputé
contradictoire sur l'ensemble du litige y compris la demande.

Section 2 : La procédure par défaut

La procédure par défaut ne diffère point en son principe de la procédure


contradictoire. Cependant, le juge n'étant éclairé que par l'une des parties doit
suppléer tous les moyens qu'aurait fait valoir le défaillant .s'il avait été présent156. Il
faut entendre par là que le défaillant n'est censé avoir renoncé à aucune prorogation
de compétence.

Ainsi, le demandeur a le fardeau de la preuve. Le juge ne pourrait pas pour


autant susciter d'office des preuves contraires, mais il n'est pas dispensé de faire la
critique des preuves qui lui sont soumises.

Signalons sur ce point qu'en droit français, la situation de la procédure


pardéfaut se présente comme suit :
 L'hypothèse dans laquelle une partie s'abstient d'accomplir les actes de
procédure dans les délais: requis. C'est le défaut de diligence, qui était autrefois
appelé « défaut faute de conclure ».
En ce cas, le juge statue par Jugement contradictoire au vu des éléments
dont il dispose. Le défaut de diligence de l'ensemble des parties donne au juge le
pouvoir de radier d'office l'affaire par une décision non susceptible de recours après
qu'un dernier avis ait été adressé aux parties, le cas échéant, à leur mandataire si deux

152 (Léo, 24 mars-1924, Doct. & col. 1927, p. 185 contra 1è inst. Elis., 9avril 1920, R.J.C.B. p. 142, 1è. Inst. Léo 24
juillet 1929 R.J.C.B. p 1421e. Inst. Léo 24 juillet 1929, R.J.C.B. 1920 P. 172
Léo 18 août 1955, J T.O.M., 1956.
153 Léo 1 déc. 1956 J.T.O.M. 1958, p. 51 ; Elis 19 février 1964. B.J., p. 86.
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années se sont écoulées depuis la dernière diligence effectuée. La négligence des


parties peut aussi être sanctionnée par une péremption d'instance.
 L'hypothèse dans laquelle une partie ne se présente pas devant le juge et
ne se fait pas représenter. C'est le défaut de comparution, autrefois appelé, défaut
faute de comparaître. Dans ce cas, il faut distinguer selon qu'il s'agit du défaut de
comparution du demandeur ou du défendeur :

* Défaut de comparution du demandeur :

II y a défaut de comparution du demandeur lorsque celui-ci, après avoir


assigné son
adversaire à comparaître et saisi du tribunal, ne se présente pas au jour fixé ; en ce
cas, les
situations suivantes peuvent se présenter :
 le défendeur peut requérir du juge un jugement sur le fond qui sera
contradictoire.
 Le juge peut soit ordonner le renvoi de l'affaire à une audience ultérieure
soit
déclarer l'assignation caduque dans quel cas, le demandeur fait connaître le motif
légitime qui n'aurait pas été en mesure d'invoquer en temps utile. Le juge apprécie
.la légitimité du motif avancé ; s'il est convaincu, il convoque les parties à une
audience ultérieure.

* Défaut de comparution du défendeur :

Le défaut de comparution du défendeur ne doit pas empêcher le demandeur


d'obtenir un
jugement sur le fond. Le principe est qu'il est néanmoins statué sur le fond ; le juge
ne fait
droit à cette demande que s'il l'estime régulière, recevable et bien fondée. Ce
jugement sera
par défaut s'il est non susceptible d'appel et que le demandeur n'a pas été assigné
a personne. Dans tous les autres cas, ce sera un jugement réputé contradictoire.

A titre de rappel, le silence du défaillant ne dispense pas le juge de vérifier


le raisonnement que lui propose le comparant ou de fournir un effort d'imagination
d'une autre solution de droit.

Dans la procédure de défaut, la communication au Ministère Public se fait


dans les mêmes conditions que si la cause était contradictoire. Les règles du délibéré
sont les mêmes.

Section 3 : Jugement par défaut.

Le jugement par défaut ne diffère guère du jugement contradictoire.


Cependant, on peut noter :
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§1. Dans la forme

II faut que d'une manière ou d'une autre il apparaisse qu'une partie était
défaillante.
La formule .consacrée est : " x .... Régulièrement assigné ne comparaissant
pas ni personne pour lui". Si c'est le demandeur qui fait défaut on mentionne : "ayant
fait assignation à comparaître ce jour, mais rie .comparaissant pas ni personne pour
lui". Il convient qu'avant le dispositif le tribunal mentionne : « Le tribunal statuant
par défaut » au lieu de « Le tribunal statuant contradictoirement ».
La formule peut être aussi : « statuant contradictoirement à l'égard de .... Ou
par défaut à l'égard de.... « Ou encore « le tribunal statuant en un jugement réputé
contradictoire à l'égard de tous les défendeurs »....

Pour l'application de l'art. 18 la formule sera : «le tribunal statuant par


jugement réputé
contradictoire ».

§2. Dans les effets du jugement

Le jugement par défaut est un jugement parfait s'il est définitif, il dessaisit le
juge, il a autorité de chose jugée; il donne à la partie qui a obtenu jugement le
pouvoir de l'exécuter.
Il ne diffère du jugement contradictoire que par le seul fait qu'il est susceptible d'un
recours spécial
par voie de rétractation : l'opposition.

CHAPITRE VI : LA PROCEDURE DEVANT LES JURIDICTIONS


TRADITIONNELLES

Section 1 : La procédure applicable devant les juridictions


coutumières

La procédure applicable aux juridictions coutumières a été fixée par l'arrêté


royal du 13 mai 1938 qui est toujours en vigueur. Elle prévoit des textes
particulièrement concis, renvoyant aux coutumes et à l'équité. En réalité ce sont des
techniques procédurales qui furent introduites à cause de l'action directe des
administrateurs territoriaux et des substituts du procureur du Roi qui devaient
surveiller le fonctionnement des Juridictions coutumières.
Une question se pose : faut-il revenir à une application plus fidèle des
coutumes ou faut-ilmaintenir- la procédure actuelle ? Nous avons toujours soutenu
que le droit doit prendre en
compte les réalités socioculturelles; agir autrement c'est courir le risque de voir le
droit être en porte-à-faux et demeurer lettre morte.
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Section 2 : La saisine des tribunaux coutumiers

La plainte demeure la modalité de saisine des juridictions coutumières. Elle


est généralement formée verbalement à l'audience du tribunal. Elle comporte l'exposé
des faits, parfois la règle du droit écrit ou coutumier invoqué ou bien des précédents
des palabres analogues.
Si la partie adverse n'est pas présente à l'audience, le tribunal se borne à
faire acter la plainte et à convoquer l'adversaire.

Section 3 : Les audiences

Si les parties sont présentes, le tribunal procède sur-le-champ à leur


audition; il entend «de plano » les témoins qui sont généralement invités par les
parties à les accompagner au tribunal.
Le tribunal ne peut statuer sans avoir entendu les parties.
Le serment peut être offert ou différé ou ordonné par le juge.
Le tribunal peut prendre, même d'office, la décision de recourir à des
moyens de preuve
empruntés au droit écrit ou conformes à la coutume; toutefois grâce à l'action du
parquet, on a réussi à faire écarter du tribunal le recours aux pratiques magiques ou
superstitieuses.
Le greffier établit un procès-verbal qui indique les nombres des parties,
l'objet du litige, la publicité de l'audience, la composition du tribunal et la date de
l'audience. Le procès-verbal doit être signé par le greffier et par les juges s'ils sont
lettrés.

Section 4 : Le jugement

Le tribunal doit annoncer sa composition, le siège et le niveau de la


juridiction et ce pour justifier la régularité de ses pouvoirs.
Le tribunal doit vérifier sa compétence, la régularité de la saisine et la
recevabilité de la plainte; en cas de contestation sur ces points, le tribunal doit
justifier pourquoi il estime devoir se saisir ou se déclarer non saisi.
Le jugement doit exposer l'objet de la contestation, les versions des faits
exposés par les deux parties et la version qu'il a retenue pour vraie. Il doit préciser la
coutume qui s'applique et ordonné la mesure qu'il estime adéquate pour maintenir ou
rétablir le droit dans les rapports entre les parties, il doit statuer sur ces faits
Selon la belle tradition du tribunal africain, les parties doivent rentrer
réconciliées, acquiescent à la sagesse des Juges, lesquels ont le souci de ne jamais
renvoyer les parties en ennemies, avec un vainqueur arrogant provoquant la rancune
d'un vaincu humilié. Malheureusement cette belle tradition se perd.
Les directives du parquet aux juges coutumiers, avaient permis d'imposer
quelques règles qui ont contribué à l'efficacité de la procédure et à l'unification du
droit national. Voici quelques-unes de ces règles:
a) Le respect des droits de la défense impose au Juge de recevoir les
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moyens de preuve proposés s'ils ne sont pas contraires à l'ordre public154.


b) L'exigence de la motivation des décisions et de la référence à ta règle de
coutume
appliquée.
c) chaque fois qu'il y a lieu de restaurer le droit, le tribunal doit prononcer
une condamnation exécutoire.

Section 5 : Les effets du jugement

Le jugement dessaisit le tribunal, possède l'autorité de la chose jugée et est


exécutoire dès le prononcé s'il a été rendu en présence des parties. Biffure
Le jugement rendu « par défaut » n'est exécutoire que du jour de sa
signification155. En réalité, le législateur colonial a perdu de vue les réalités sociales
car en l'absence d'une procédure
d'opposition le défaut, refus de présenter ses moyens, ne sort aucun effet juridique; le
défendeur peut être emmené par la force à comparaître.

Section 6 : évocation

Saisi par la demande de révision ou par la révision d'office, la juridiction


supérieure « évoque» la connaissance de la cause dans son entier. ""
L'évocation d'une cause pendante devant un tribunal inférieur, peut
cependant se faire:
 du tribunal secondaire au tribunal principal
 du tribunal inférieur au tribunal de territoire.

Section 7 : Le renvoi

Le tribunal principal peut renvoyer devant le tribunal secondaire les


contestations de droit privé, pourvu que les parties résident toutes dans le ressort du
tribunal de renvoi. Le tribunal de territoire peut faire de même à l'égard des tribunaux
inférieurs de son ressort.
Le renvoi peut se concevoir dans l'hypothèse où un tribunal coutumier
supérieur statuant enrévision estime renvoyer la cause en continuation devant le
premier juge plutôt que d'évoque
l'affaire. Le renvoi peut également se concevoir lorsque le tribunal coutumier
supérieur après
er
avoir annulé le jugement du 1 degré, n'est pas en mesure d'évoquer l'affaire parce
que le
dossier n'est pas en état.

154 Cf. BAYONA BA MEYA, le Droit face à la sorcellerie.


Réf. Coutumes conformes à l’ordre public
155 Art. 37 du C.P.C
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CHAPITRE VII : LES VOIES DE RECOURS

Introduction

A. Le fondement du recours

Les règles de la procédure dont la collégialité, là où elle est instaurée,


tendent à éliminer leserreurs d'appréciation, auxquelles les jugements des hommes
sont sujets, mais l'on doit réaliser que les juges, quelle que soit leur conscience
professionnelle se trouve toujours exposés à un certain subjectivisme car seul Dieu
est juste.
Par les voies de recours, les justiciables ont reçu de la loi la chance d'obtenir
une meilleurejustice, eh effet, en donnant aux justiciables une nouvelle occasion de
présenter leur défense, en invitant le juge mieux éclairé par la contradiction; (cas de
l'opposition) rétracter son jugement, ou en s'adressant à des juges plus expérimentés,
du degré d'appel pour obtenir la réformation de jugement, les aléas de l'erreur
humaine se trouvent considérablement réduits.
La sécurité judiciaire impose deux exigences: les recours doivent s'exercer
sans limite mais sans s'étaler dans le temps de manière infinie au risque de mettre en
cause l'autorité de la justice et la paix dans la société.
L'existence du recours remplit aussi un rôle préventif : le juge qui sait que
son jugement peut être contrôlé à un degré supérieur de juridiction sera moins tenté
de se laisser aller, sans se laisser influencer par des considérations subjectives ou des
pressions extérieures qui le détournent de son devoir.

B. Le recours dans le droit traditionnel

Le droit traditionnel ignore la procédure par défaut et par conséquent la


procédure de l'opposition.
Dans 1a logique traditionnelle, l'on ne peut concevoir une palabre sans adversaire à
convaincre; c'est un non-sens. L'adversaire récalcitrant comparaît devant le juge de
gré ou de force.
Mais la notion du recours en réformation était au contraire en honneur dans
les coutumes deplusieurs ethnies d'Afrique centrale: après avoir échoué devant un
juge, le justiciable n'hésitait
pas à recourir à un plus grand juge. C'était soit le tribunal du chef hiérarchique du
juge local, soit le tribunal supérieur déterminé par le renom du juge, qui pouvait être
un sage ou un mage,
parfois étranger à la tribu des parties litigantes.

L'on révèle que les recours pouvant se répéter sans limite autre que la
fatigue ou la ruine desparties ou mieux encore, conformément à la mentalité des
ancêtres, jusqu'à la réconciliation.

C. Les recours dans le droit moderne du Congo


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L'opposition est ouverte à toute partie qui n'a pas usé de son droit de
contredire son adversaire; elle est exercée devant le tribunal qui a entendu la cause
par défaut; le défaillant en ramenant le procès devant ce tribunal invite les juges
mieux informés à rétracter leur décision.
Tout jugement contradictoire ou par défaut, peut en principe être réformé
par un recours exercé par la partie à laquelle elle fait grief portant (à cause devant un
autre tribunal. C'est l'appel.
La révision est une voie de recours propre pour attaquer le jugement des
juridictions coutumières.
Notons cependant que les jugements rendus au premier degré par les tribunaux des
territoires
sont attaqués en appel devant les tribunaux de grande instance.
Le pourvoi en cassation est ouvert aux jugements et arrêts rendus en dernier
ressort; il casse les décisions qui n'ont pas fait application correcte de la coutume ou
de la loi.
Les jugements coutumiers sont susceptibles d'annulation devant les
tribunaux de grande
instance.
Pour répondre à des situations exceptionnelles, le législateur a organisé
d'autres recours, suivant des techniques empruntées au droit occidental :
 La tierce opposition
 la requête civile
 la prise à partie
La hiérarchie des recours a pour effet notamment d'assurer l'unité de la
jurisprudence et la sécurité juridique.
La justice doit être la même pour tous; c'est pourquoi, il importe que les
tribunaux fassent la même application des mêmes textes de loi.
Au plan du droit coutumier, l'exercice du recours a pour effet de favoriser
l'unification descoutumes.

D. La classification des recours

L'on peut d'abord distinguer les voies de recours ordinaires et les voies de
recours extraordinaires. Les voies de recours ordinaires sont :
- l'opposition,
- l'appel
- et la révision coutumière.
Elles sont appelées ainsi parce qu'elles se présentent plus fréquemment.
Les voies de recours extraordinaires sont :
- la cassation
- la tierce-opposition
- la requête civile
- l'annulation coutumière
- la révision devant la Cour Suprême de Justice.
Elles sont ainsi appelées parce que généralement leur exercice suppose
qu'on a épuisé les voies de recours ordinaires. Tel n'est cependant pas le cas pour la
prise à partie ni pour l'annulation coutumière.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 131

L'on peut classer également les voies de recours en distinguant :

 Les voies de rétractation (opposition, tierce opposition et la requête


civile) : dans ces cas c'est le même tribunal qui a rendu le jugement qui peut corriger
ou compléter sa décision.
 Les voies de réformation (appel ou révision) : dans ces cas c'est une
juridiction supérieure qui peut corriger le jugement entrepris.
 Les voies d'annulation (cassation, annulation du jugement) : dans ces cas
une juridiction peut mettre à néant le jugement vicié. On peut classer dans cette
catégorie la prise à partie du juge qui peut donner lieu à la mise à néant du jugement
entaché de dol.

E. La renonciation et le désistement

Les parties peuvent renoncer à l'exercice du recours. Cette renonciation sera


déduite de
l'acquiescement au jugement. La signification du jugement faite sans réserves doit
être
interprétée comme un acquiescement implicite; il en est de même de l'exécution
volontaire d'un jugement sans contrainte.
Les parties peuvent aussi renoncer de manière tacite en laissant écouler des
délais légaux
endéans lesquels les recours doivent être exercés emportant ainsi la forclusion des
recours.
Les parties peuvent même convenir soit pendant l'instance soit même avant
la naissance de tout litige entre elles de renoncer au deuxième degré de juridiction.
Même quand les parties ont entamé l'exercice d'un recours elles peuvent en
tout état de cause s'en désister : le désistement ne vaut que pour autant qu'il ait été
accepté par la partie adverse.
L'acquiescement, la renonciation ou le désistement ne sont valables que
dans les matières qui n'intéressent pas l'ordre public.

SOUS-CHAPITRE 1 : LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES

Nous allons distinguer entre l'opposition, l'appel et la révision coutumière.

Section 1: L'opposition

§1. Les conditions d'exercice de l'opposition

L'opposition est une voie de recours ouverte aux parties qui, ayant fait
défaut dans une instance ont intérêt à obtenir rétractation d'un jugement qui leur fait
le grief.
Le détendeur condamné par défaut et le demandeur défaillant débouté
peuvent faire opposition (art. 6 et. 17 du code de procédure civile).
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 132

Un jugement réputé contradictoire signifie que l'opposition est refusée au


défaillant.
L'adage « Opposition sur opposition ne vaut » veut que lorsqu'un tribunal a
rendu jugement après avoir été saisi à nouveau par voie d'opposition, il est
définitivement dessaisi; une nouvelle opposition ne sera plus recevable; les deux
parties ayant été entendues, il n'est pas Justifié de rouvrir l'instance une troisième fois
devant le même tribunal.
La partie défaillant qui a exercé d'emblée le recours en appel est sensée
avoir renoncé à la voie de l'opposition.

§2. L'acte d'opposition

L'opposition peut être formée par la partie défaillante elle-même ou par un


fondé de pouvoir spécial (art. 63 du Code Procédure Civile).
L'opposition est formée de trois manières:
a) Par la déclaration verbale reçue et actée par le greffier du tribunal qui a
rendu le jugement par défaut (art. 63 C.P.C).
b) Par une lettre recommandée à la poste adressée au greffier de cette
juridiction.
c) Par déclaration sur les commandements, procès-verbaux de saisie et de
tout acte
d'exécution, à condition que l'opposant la réitère dans les 10 jours, dans les formes
ci-
dessus prévues car autrement, elle n'est plus recevable. (art. 63 alinéa 1).
L'opposition doit être motivée. Ce qu'il faut motiver, ce n'est pas la
défaillance ou l'opposition, qui sont de droit; ce sont les moyens opposés
(compétence, recevabilité, exception et fond) aux motifs retenus par le jugement
attaqué; il faut des moyens de droit.

§3. L'assignation en opposition

C'est le greffier qui assigne suivant les données fournies par les déclarations
de l'opposant; mais les avocats peuvent rédiger le projet d'assignation.
L'assignation en opposition a la même forme que l'acte introductif
d'instance, sauf sur deux points de divergence :
a) Avant les motifs, l'on doit mentionner « Vu le jugement rendu par
défaut à l'égard de mon requérant à la date..., par le tribunal de ...... et lui faisant grief
».
b) Le dispositif est formulé comme suit : « y voir et entendre mettre à
néant le jugement entrepris, y voir et entendre de statuer à nouveau en faisant droit à
l'opposition de mon requérant.... ». Ce dispositif doit finir par indiquer la prétention
soutenue par l'opposant.

§4. Les délais d'opposition


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La partie qui n'a pas pris part aux débats doit pouvoir faire valoir ses
prétentions et les moyens de les soutenir lorsqu'elle a été surprise par un jugement
par défaut qui lui fait grief
La sécurité juridique exige que le temps durant lequel le jugement peut être
entrepris soit limité. Ce temps ne peut commencer à courir que du moment où la
partie défaillante a connaissance du jugement rendu; d'où la nécessité de signifier le
jugement par défaut à personne; à moins que la preuve soit faite que l'intéressé a
connaissance du jugement. Les jugements par défaut sont totalement signifiés par
extraits. L'extrait d'un jugement est le jugement qui ne comprend que les qualités et
le dispositif, en omettant de reprendre les motifs.
Au plan historique, la signification du jugement par défaut par extrait, se
justifiait à l'époque où les expéditions et les grosses étaient recopiées à la main;
l'encombrement des greffes exposait au retard de signification. Aujourd'hui, les
copies sont reproduites par des moyens mécaniques ou photographiques; en outre le
signifié a intérêt à connaître le texte intégral du jugement; malheureusement, le
législateur a maintenu le texte qui prévoit la signification par extrait156. Le délai, est
de 15 jours à dater de lendemain du jour où le défaillant a eu connaissance de la
signification du jugement. Si l'assignation n'a pas été faite à personne mais à
domicile par édit ou missive, le défaillant garde son droit à opposition 15 jours après
la date à laquelle il aura, en fait eu connaissance de la signification. Cette date peut
être établie par toute voie rie droit. De toute manière, l'opposition n'est plus recevable
après exécution consommée du jugement. L'on estime
qu'il y a exécution consommée dès qu'il y a eu exécution forcée.
Les délais, d'opposition sont prolongés des délais de distance. La distance à
retenir est celle qui sépare le domicile ou la résidence de l'opposant du greffe du
tribunal. Les délais d'opposition ne sont pas de rigueur; le juge peut relever
l'opposant de la déchéance s'il justifie le retard de son action; les délais d'opposition
ne sont pas d'ordre public et les parties peuvent renoncer à l'exception.
L'opposition est non avenue si l'opposant n'a pas consigné les frais.

§5. Les effets de l'opposition

A. L'opposition produit deux effets:


1. Un effet suspensif
2. Un effet dévolutif

L'effet suspensif consiste en ce que l'opposition suspend l'exécution du


jugement, sauf; le
jugement a été dit exécutoire nonobstant appel.

L'effet dévolutif consiste en ce que l'opposition fait retour de la chose jugée


devant le juge qui en est l'auteur; en/d'autres termes, le tribunal qui était" dessaisi par
le jugement se trouve à nouveau saisi. Ce n'est pas une nouvelle action, l'effet est un
peu celui de la réouverture des débats, avec cette différence que le juge a déjà fait
connaître son opinion. Nous ne partageons pas l'opinion selon laquelle il n'est pas

156 A. Rubbens, Tome II, Op. Cit., Référence n°283 au bas de la page 168
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nécessaire que le tribunal soit pareillement composé ni que soit saisie la même
chambre157; en effet en tant que voie de rétractation, l'opposition fait revenir
l'affaire devant le même juge pour que ce dernier, mieux éclairé, puisse dire le droit;
si l'affaire doit être attribuée à un autre juge. Ce dernier ne va pas bénéficier d'un
nouvel éclairage car ce sera la première fois qu'il va connaître de l'affaire; l'on ne
peut alors valablement parler de rétractation.

Le demandeur a toute liberté de reprendre et de modifier ses conclusions


sans pouvoir cependant étendre la saisine limitée par son assignation introductive. Le
défendeur peut opposer toute fin de
non-recevoir, défense et exception, même former une demande reconventionnelle
pourvu que celle-
ci ne retarde pas la solution du litige principal; il pourra postuler des mesures
d'instruction; le tribunal pourra les ordonner d'office.

Dès que .le jugement est frappé d'opposition, le recours en appel est
irrévocable. L'opposition formée après que l'appel a été interjeté n'anéantit pas cet
appel mais le suspend ; il reprend vigueur si l'opposition est déclarée irrecevable ou
si le jugement est confirmé.
L'acte d'opposition n'anéantit pas le jugement rendu par défaut ; seul le
jugement de rétraction l'anéantit car l'acte d'opposition n'a pour seul effet que de
remettre la totalité du litige à l'appréciation du juge.

§ 6. L'objet du jugement sur opposition


.
Le juge doit examiner ou réexaminer la recevabilité de l'action principale.
La cause étant réexaminée en fait et en droit, le jugement sur opposition doit
être motivé en chacun de ses chefs et répondre à chaque prétention formulée.

§7. La forme du jugement sur opposition

1. Le jugement sur opposition est rédigé de ta même manière que le


jugement du premier degré, sauf qu'il doit justifier la régularité de cette procédure et
mentionner le jugement attaqué et l'acte d'opposition.
2. Le juge de l'opposition peut renvoyer aux motifs du premier jugement
s'il ne modifie pas le dispositif.

§8. Les effets du jugement rendu sur opposition

Le jugement rendu après opposition dessaisit définitivement de tribunal :


l'opposant qui fait à nouveau défaut et la partie adverse qui a comparu
antérieurement mais ne comparait plus durant la procédure en opposition ne peuvent
plus ramener la cause devant le même tribunal. Le recours en appel est ouvert à
toutes les parties, après jugement rendu sur opposition.

157 Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit. n°1339


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 135

158
Section 2. Le recours en appel

§1. L'objet du recours en appel

L'appel tend essentiellement à corriger un mal jugé du premier tribunal ; en


effet, toute partie à laquelle le jugement fait grief dispose de l'action en appel pour
faire revoir tout le jugement, si elle estime que le premier juge a mal jugé. La
juridiction d'appel peut reformer l'appréciation du premier juge quant aux faits, quant
au droit applicable et quant à la décision-sanction du droit, en faisant ce que le
premier juge aurait dû faire.

Accessoirement, l'appel est une voie de nullité ; la juridiction d'appel peut


en effet déclarer nul le jugement entrepris et éventuellement statuer à nouveau.

L'appel du M.P, organe de la loi, vise à voir appliqué le droit correctement


dans le domaine qui intéresse l'ordre public.

La juridiction d'appel est toujours la juridiction du rang supérieur dans le


ressort de laquelle se trouve le tribunal qui a rendu le jugement entrepris.

§2. Appel principal et appel incident

La partie qui prend l'initiative de porter la cause devant la juridiction d'appel


est dite appelante principale.

L'intimé est la partie contre laquelle l'appel principal a été formé. Tout
intimé auquel le jugement intervenu fait grief peut former un appel incident en tout
état de cause, quand même il aurait signifié le jugement sans protestation ni réserve
(art. 71 C. P. C.).

§3. L'étendue de l'appel

Lorsqu'il est rédigé en termes généraux, l'appel est présumé porter sur
l'ensemble du dispositif du jugement entrepris.

Mais l'appel peut être limité non seulement à certaines parties qui étaient en
cause au premier degré -mais encore à certaines prétentions; ainsi les conclusions
peuvent indiquer que l'appel est limité à certains chefs.

L'appel du jugement définitif n'emporte pas-appel des jugements


interlocutoires rendus dans la même cause; il faut dans l'acte d'appel, récapituler tous
les jugements interlocutoires dont la
réformation s'impose pour justifier la réformation du jugement définitif.

158 A. Rubbens: Op. Cit 111 n°171 à 202


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§4. L'appel -peut-il servir de voie de nullité ?

L'art. 19.0 du code de procédure civile prévoit qu'une assignation en nullité


peut être introduite devant la cour d'appel contre une sentence arbitrale.

L'annulation du jugement non susceptible d'appel relève exclusivement de la


compétence de la Cour de cassation, par la voie de la cassation.

Lorsqu'il s'agit de jugement susceptible d'appel, la demande en nullité


s'accompagne d'une demande de statuer à nouveau.

Peut-on en ce cas dire que le tribunal évoque ou s'il agit en vertu de l'effet
dévolutif de l'appel.
Nous y reviendrons plus loin en étudiant les deux notions.

§5. Jugements susceptibles d'appel

En principe, toutes les décisions contentieuses rendues en premier ressort et


faisant grief à une partie, sont susceptibles d'appel. Ainsi le droit congolais ne
connaît pas le principe de la limitation de l'appel « defectusommae » c'est-à-dire le
refus de l'appel lorsque le taux de la demande n'atteint pas un certain montant; de
même, il n'est pas imposé, lorsqu'un jugement a été rendu par défaut, d'épuiser la
voie de l'opposition avant de faire appel.

L'appel d'un jugement interlocutoire peut être interjeté dès le prononcé,


tandis que l'appel du jugement «préparatoire ne peut se faire que conjointement avec
le jugement principal.

Signalons que compte tenu de la délicatesse que présente la distinction du


jugement
interlocutoire du jugement préparatoire la prudence impose d'interjeter l'appel dans le
délai de 30 jours de la signification, de tout Jugement avant dire droit, s'il existe le
moindre soupçon de
y préjugé au fond et de faire acter des réserves d'appel avant de participer à
l'exécution de tout
jugement avant dire droit car l'exécution sans réserve vaut acquiescement.

§6. Le jugement dont l'appel n'est pas recevable

L'appel contre certains jugements n'est pas possible, soit en raison de leur
nature, soit en raison du prescrit exprès de la loi :

Le jugement qui prononce le défaut-congé du demandeur est équivalent à


une radiation, décision non susceptible d'appel; mais la radiation permet la
réintroduction de l'instance.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 137

Le défaut - congé de l'opposant vaut également radiation; l'opposant peut


former appel contre le jugement sur opposition mais pas contre le jugement qui
décrète le rejet de l'opposition.
Le jugement d'expédient ne donne pas lieu à l'appel.

§7. Suspension du recours en appel

L'appel des jugements purement préparatoires ne peut être introduit que


conjointement avec l'appel du jugement au fond.

Les jugements rendus par défaut et frappés d'opposition ne peuvent être


jugés en appel avant que ne soit vidée l'instance d'opposition.

En cas d'opposition, la partie qui comparaît et qui a interjeté appel verra son
appel tenu en suspens durant l'instance d'opposition. Si le jugement rendu sur
opposition rétracte le jugement par défaut, il y a lieu de renouveler l'appel, le premier
jugement n'ayant plus d'existence.

§8. Les parties bénéficiaires du droit d'appel

L'action en appel appartient aux parties auxquelles le jugement rendu fait


grief, c'est-à-dire aux parties qui ne se sont pas vu adjugé le dispositif de leurs
conclusions se trouve sans grief pour interjeter appel la partie qui soutient que le juge
a invoqué d'autres motifs qu'en ceux qu'elle a exposés dans ses conclusions.

Le garant justifie d'un intérêt suffisant pour-interjeter appel afin de


s'affranchir de son obligation de garantie, même s'il n'a pas été condamné devant le
premier juge.
L'appel du garant contre le garanti et le créancier du garanti est recevable.

Un tiers n'a pas qualité pour interjeter appel du jugement ou il n'est pas
partie, quand
le M.P. dispose de l'action en appel dans toute cause où il a estimé devoir donner son
avis ou a été invité à le faire par le juge. Le M.P. dispose du même droit lorsqu'il est
abstenu à ton de donner un avis en une cause qui devait lui être communiquée
suivant la loi, cette prérogative, étant d'ordre public, il ne peut y renoncer.

Le M.P. dispose du droit d'appel dans toute cause où il a été partie


principale au premier degré.
En application de l'art. 68 de la loi-organique de 2013 sur l’OCJ le M.P.
peut interjeter appel au nom d'une personne inapte à exercer son action.

Le conseil désigné en faveur d'une personne inapte au sens de l'article


précité, sur requête du M.P. ne peut exercer l'action en appel que sur injonction ou
sur avis du M.P. pour la simple raison que la personne inapte qu'il défend n'est pas en
mesure d'apprécier l'opportunité d'un recours et donc de donner valablement la
procuration spéciale pour ce faire.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 138

§9. Qui peut interjeter appel incident

L'appel incident est dirigé contre l'appelant principal, pour la forme, il faut
être intimé par un appel principal.

L'appel incident d'intimé à intimé n'est pas recevable, en principe, toutefois


cela est possible notamment dans le cas de rapports de garant à garanti.

Un intimé peut former appel contre un co-défendeur solidaire si le co-


défendeur est à la cause, il peut le faire en la forme d'un appel incident dans le cas
contraire, il doit en outre l'assigner à comparaître.

§10. L'intervention au degré d'appel163

L'altération est minime voire bénéfique, lorsque l'intervention du tiers est


volontaire, en ce cas le tiers veut bien perdre le bénéfice du second degré de
juridiction, l'on peut en effet admettre qu'une partie en première instance peut
renoncer à l'appel. Il faut et il suffit que le tiers ait intérêt à intervenir.

L'altération est plus grave lorsque l'intervention du tiers est forcée, surtout
lorsqu'il s'agit d'une intervention aux fins de condamnation.

C'est contre leur gré que les tiers perdent alors le bénéfice du double degré
de juridiction. Mais cela peut arriver lorsque l'évolution du litige implique leur mise
en cause; ceci requiert la
présence d'un élément nouveau né du jugement survenu ou révélé postérieurement au
jugement.
Ce peut être un élément de fait : découverte d'une pièce, dépôt d'un rapport
d'expertise devant la
juridiction d'appel, présentation, pour la première fois devant la juridiction d'appel,
d'une
demande reconventionnelle; il peut également s'agir d'un élément de droit :
promulgation d'une
loi nouvelle, nouvelle jurisprudence... Ces éléments sont susceptibles d'éclairer le
litige d'un jour
nouveau.

§11. Qui peut être intimé dans l'instance d'appel

Seules les parties qui ont été les adversaires de l'appelant peuvent être
appelées à répondre à sa demande de réformation du jugement entrepris. Ainsi un
défendeur au premier degré d'instance ne peut diriger l'appel contre celui qui fut co-
défendeur, sauf lorsqu'on première instance un défendeur avait, par une demande
incidente conclue contre un co-défendeur celui-ci devenant dès lors son adversaire;
exemple ; un tiers appelé en garantie à sa mise hors cause.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 139

Mais un co-défendeur peut être assigné en « déclaration d'arrêt commun,


tout comme toute personne qualifiée pour exercer la tierce opposition peut être
assignée au degré d'appel pour entendre prononcer un arrêt qui sera opposable. Nous
venons de voir supra la condition imposée pour ce faire.

Le M.P. n'est jamais intimé sauf s'il a été partie principale au premier degré.
Si M.P. agit au nom des personnes inaptes, en application de l'article 68 de la loi-
organique de 2013 sur l’OCJ., l'appel doit être dirigé contre la personne que le M.P. a
représentée.

§12. La saisie de la juridiction d'appel

A. Les formes de l'appel principal

L'appel est formé par la partie ou par un fondé de pouvoir spécial soit par
une déclaration reçue et actée par le greffier de la juridiction d'appel soit par lettre
recommandée à la poste adresse de la déclaration au greffier ou celle de la réception
de la recommandée par le greffier.
L'acte d'appel doit contenir les éléments suivants :
 Le nom de l'appelant et le nom des personnes qu'ils entendent intimer
 Le ou les jugements contre les quels est dirigé le recours.
Une juridiction d'appel ne peut être saisie par la comparution volontaire des
parties.

B. Les formes de l'appel incident

L'appel incident est généralement formé par voie de conclusion, il peut être
formé en reprenant simplement devant la juridiction d'appel les conclusions rejetées
en tout ou en partie par le premier Juge.

C. Les délais d'appel principal

Le délai pour interjeter l’appel est de 30 jours. Ces délais courts pour les
jugements contradictoires, du jour de la signification et pour les jugements par
défauts, du jour où l'opposition n'est plus recevable. Pour le M.P., le délai prend
cours le jour du prononcé. Mais l'appel peut être interjeté dès le prononcé du
jugement.

D. Les délais de l'appel incident

1. L'appel incident peut être formé dès que le jugement est entrepris.
2. L'appel incident a-t-il une existence propre, c'est-à-dire peut-il subsister
lorsque l'appel principal disparaît par désistement ou pour cause de nullité ou
d'irrecevabilité ?
Il faut ici envisager plusieurs hypothèses :
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 140

a) Un appel a été déposé au greffe dans les délais légaux mais


postérieurement à un appel principal. Cet appel incident est valable si l'appel de
l'adversaire tombe dans le néant pour nullité ou irrecevabilité ou pour désistement.
b) II en est de même au cas où l'appel incident est formé dans les délais par
voie de conclusion.
c) On admet également la validité de l'appel incident formé hors délai,
avant que la nullité ou l'irrecevabilité ne soit constatée car le droit de former appel
incident ayant existé, il ne peut y avoir de déchéance sans texte. .:.
d) Si l'appel principal est nul (inexistant), et que l'appel incident est
interjeté hors délai, la partie adverse n'a jamais pu se considérer comme intimé et n'a
donc pu disposer à aucun moment du droit de former appel incident.
3. L'intimé peut s'opposer au désistement d'appel en vue de former un
appel incident, l'on peut du reste soutenir que lorsque l'intimé forme appel incident, il
s'oppose implicitement au désistement et l'appel principal se trouve maintenu de
plein droit.

E. L'assignation à comparaître devant la juridiction d'appel

1. Le greffier de la juridiction d'appel rédige l'assignation en appel qu'il


signifie dans les formes et délais de l'assignation à comparaître devant le tribunal du
premier degré; il a le devoir
professionnel de faire diligence et de faire fixer la cause à la première audience utile.
2. L'acte d'appel doit contenir tous les éléments qui permettent au greffier
de faire valable
assignation, il s'agit des éléments suivants :
- Nom, profession et domicile de l'appelant
- Nom et demeure du défendeur.
3. L'assignation fait référence au jugement entrepris en mentionnant le
nom et le domicile des parties, le tribunal et la date du prononcé, le numéro du rôle
du jugement si plusieurs jugements ont été rendus entre les mêmes parties devant le
même tribunal et à la même date.
4. Il n'est pas nécessaire d'indiquer l'objet et les moyens, l'intimé étant déjà
informé de la cause par les assignations et conclusions de première instance.
5. Le greffier indique l'objet de la demande par la clause de style « afin d'y
voir entendre la juridiction d'appel, mettre à néant le jugement entreprise et statuant à
nouveau , faire droit aux conclusions de l'appelant »

§13. Les effets de l'appel

A. L'effet relatif de l'appel

1. L'acte d'appel a un effet relatif en cesens qu'il n'intéresse que l'appelant


et l'intimé.
2. L'appel n'a, en principe, aucun effet, à l'égard des parties qui ne sont ni
appelantes ni intimées.
3. Toutefois, les effets de l'appel s'étendent aux autres parties lorsque
l'objet du litige estabsolument indivisible : Exemple : L'appel interjeté par un co-
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 141

débiteur profite à tous les co-débiteurs solidaires en matière de garantie, l'appel du


garant profite au garanti et l'appel du garanti profite au garant mais ne peut lui nuire.

B. L'effet suspensif d'exécution

1. En matière civile, le délai d'appel n'est pas suspensif d'exécution, mais


l'acte d'appel suspend, dès qu'il est acte, l'exécution du jugement.
2. Certains jugements sont cependant de pleins droits exécutoires
nonobstant opposition ou appel, les tribunaux peuvent également dire leurs
jugements exécutoires nonobstant tout recours s'il y a titre authentique, promesse
reconnue ou condamnation précédente.

C. L'effet suspensif d'instance

1. L'instance pendante devant le premier juge-est suspendue par l'acte


d'appel lorsqu'un jugement interlocutoire est frappé d'appel; le premier juge n'est pas
dessaisi; mais il doit suspendre la procédure; il pourrait être dessaisi par l'évocation.
2. C'est la même situation qui se produit si le jugement portant une
condamnation provisionnelle est frappé d'appel.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 142

D. L'effet dévolutif164.

1. Il nous faut d'abord définir la notion de l'effet d'évolutif de l'appel : cela


veut dire que par l'appel, le litige peut être transporté du premier juge, aux juges du
deuxième degré avec toutes les questions de fait et de droit qu'il comporte; en
d'autres termes, l'appel remet la chose jugée en question devant la Juridiction d'appel
pour qu'il soit à nouveau statué en faite et en droit; c'est la traduction au niveau
d'appel du principe de l'immutabilité du litige.
2. L'effet dévolutif de l'appel se trouve explicité par deux adages latins :
a) Le principe du double degré de juridiction impose qu'il ne peut être
dévolu à la juridiction d'appel plus qu'il n'a été jugé au premier degré : «
tantumdevolutum, quantum jurdicatum ».
b) Le principe dispositif traduit au degré d'appel qu'il n'est dévolu qu'autant
qu'il est appelé : « tantumdevolutum, quantum appellatum » : L'appel ne défère à la
juridiction d'appel que la connaissance des chefs de jugement qu'il critique
expressément ou implicitement et de ceux qui en dépendent.
3. En application de la règle de l'interdiction de la « réformatio in pejus »,
le juge d'appel ne peut pas, sauf appel incident, condamner l'appelant plus gravement
que ne l'a fait le premier juge.

§14. L'évocation165

1. L'évocation est une faculté qui appartient au juge du deuxième degré,


saisi de l'appel de certains jugements de premier degré, de s'emparer de toute l'affaire
et de statuer sur tout, c'est-à-dire sur l'appel et sur le fond du procès, par une seule et
même décision.
2. L'évocation a pour fondement la suspicion de l'impartialité du juge du
premier degré : Les juges du premier degré peuvent être froissés de voir leur
jugement infirmé par la juridiction supérieure s'ils restent saisis du fond après
l'infirmation de leur jugement, ils peuvent, parce que mécontents, avoir une tendance
plus ou moins consciente à ne pas tenir des indications qui résultent de cette
infirmation.
3. Le droit congolais prévoit deux hypothèses d'évocation (art. 79 du
C.P.C)
a. L'évocation après un appel d'un jugement interlocutoire ; les conditions
suivantes doivent être réunies.
Le juge d'appel doit être saisi pour un appel sur un jugement avant dire droit
et ce jugement doit être infirmé : Le premier juge étant parti sur une fausse piste, il
ne convient pas de lui envoyer la cause en continuation après désaveu.
Le juge du premier degré ne doit pas avoir vidé sa saisine la cause doit être
en état d'être jugé le juge d'appel doit être compétent en tant que juge d'appel.

164 Loïc Cadiet: Op. Cit., n°1234 à 1243


165 Jean Vincent et Serge Guinchard: Op. Cit : n°1439 à 1447
A Rubbens, Op. Cit, n°193
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 143

b. La juridiction d'appel peut statuer sur le fond définitivement par un seul


et même jugement dans le cas où elle infirme des jugements définitifs soit pour vice
de forme soit pour toute autre cause (art. 79 alinéa 2 du C.P.C)
Si la juridiction d'appel estime ne pas devoir évoquer après infirmation du
jugement, elle ordonne le renvoi au premier tribunal autrement composé si celui - ci
n'a pas épuisé sa saisine ou bien elle se borne à annuler par retranchement le
jugement entrepris.
4. L'évocation en cas d'infirmation du jugement définitif mérite d'être bien
précisée :
S'il s'agit d'un jugement définitif sur le fond, la juridiction d'appel qui
l'infirme est normalement saisie non par l'effet de l'évocation mais bien par l'effet de
dévolution.
Si le jugement infirmé est un jugement définitif sur incident (exemple un déclinatoire
de saisine, de recevabilité, de compétence et que ce jugement soit reformé en ce sens
que la juridiction d'appel dit que c'est à tort que le premier juge s'est déclaré non saisi
ou incompétent, le tribunal d'appel peut évoquer, c'est-à-dire se prononcer en premier
et dernier ressort, si l'affaire est en état d'être jugée.
5. L'évocation est facultative
6. L’évocation étant une procédure de dérogation à la compétence
d'attribution, intéresse l'ordre public et requiert que le M.P donne son avis.

§15. L'audience d'appel

A. La comparution des parties

1. Les parties peuvent comparaître par leur mandataire ; les avocats,


porteurs des pièces sont réputés avoir mandat de comparaître pour leurs clients.
2. La comparution sans réserve des parties couvre les irrégularités
éventuelles de l'acte d'appel et de l'assignation.
La comparution volontaire des parties ne saisit pas la juridiction d'appel car
l'ait. 68 du C.P.C, prescrit de manière impérative les formes suivant lesquelles l'appel
est formé ; par ailleurs l'art. 78 du (C.P.C) prévoit la comparution volontaire comme
modalité de saisine du jugé au premier degré.
3. La juridiction d'appel peut ordonner la comparution personnelle des
parties au titre de mesure probatoire,

B. Le défaut au degré d'appel

1. Les règles de la procédure par défaut du premier degré s'appliquent à la


procédure par défaut au degré d'appel.
2. Il y a cependant quelques problèmes qui doivent être résolus : en cas de
défaut des deux parties, il y a radiation du rôle, sans compter la forclusion du
recours ; en effet en raison de non production de l'expédition, l'appel est irrecevable.

C. La production de l'expédition
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 144

1. Aucun appel n'est recevable si l'appelant ne produit pas l'expédition du


jugement entrepris.
2. Mais il peut arriver que le défaut de production de l'expédition soit dû à
l'encombrement du greffe du premier degré qui ne parvient pas à répondre au
demandeur ; en ce cas la jurisprudence admet que si l'appelant fait valoir des motifs
plausibles pour ne pas produire les expéditions à l'audience d'introduction, la
juridiction d'appel peut accorder une remise1'36. Mais si l'appelant ne comparait pas et
que l'intimé ne produit pas d'expédition ou ne demande pas lui-même une remise,
l'irrecevabilité de l'appel doit être décrétée.
Il en sera autrement si l'intimé demande seulement défaut congé, ce qui
n'empêche pas de réintroduire un nouvel appel sauf s'il y a péremption de délai.

D L'instruction devant la juridiction d'appel

1. L'appel permet le réexamen en fait et en droit de toute la cause soumise


au premier juge ; toute erreur de procédure et toute erreur d'appréciation du premier
juge peuvent être corrigées ; il est donc permis à la juridiction d'appel de faire ou de
refaire toute la procédure probatoire en appliquant les règles de procédure du premier
degré.
2. L'art. 78 alinéa 2 du CPC prévoit une dérogation en permettant à la cour
d'appel de
commettre un conseiller pour procéder aux enquêtes, pour entendre un témoin sur
place, pour visiter les lieux et pour recevoir les serments. Une question se pose :
Peut-on étendre la règle prévue pour la cour d'appel à toute juridiction siégeant à
plusieurs juge.
La réponse est affirmative; l'origine historique de cette disposition repose sur
l'organisation
judiciaire en vigueur à l'époque de sa promulgation167 le tribunal de première
instance siège au degré d'appel à un seul juge tandis que le tribunal de district ne
siège au degré d'appel que pour connaître des recours contre les jugements rendus en
premier ressort par les tribunaux de ville, de territoire et ce toujours à juge unique.
La nature de certains devoirs, par exemple l'audition d'un témoin à son domicile ou la
visite des lieux par le collège au complet, peut s'avérer incommode.
Il y a cependant lieu de noter l'intérêt qu'il y a de tenir les enquêtes devant le
collège complet du juge et en présence du M.P, et ce afin de minimiser la subjectivité
dans l'appréciation de ces enquêtes. C'est pourquoi, les juridictions devront user avec
prudence de la faculté de commettre un membre du siège pour exécuter les devoirs
d'instruction.

E. Le débat devant la juridiction d'appel

1. Les parties doivent conclure.


2. Les demandes nouvelles ne peuvent être admises que dans les limites
étroites ; cependant les moyens nouveaux peuvent être invoqués sans limite.
3. Toutes les exceptions peuvent être soulevées pour la première fois au
degré d'appel, à moins que les parties ne les aient couvertes par leurs conclusions :
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 145

les exceptions d'ordre public


peuvent être soulevées même s'il y a eu renonciation implicite de les invoquer.
4. Les parties peuvent plaider devant la juridiction d'appel en exposant leur
version des faits et en invoquant les preuves à l'appui ; elles peuvent également
exposer le droit qui justifie leurs conclusions.
5. La communication au M.P se fait au degré d'appel dans les mêmes
conditions qu'à l'audience du premier degré.
La clôture et la réouverture éventuelle des débats sont régies au degré
d'appel par les mêmes règles qu'au premier degré.

F. Le jugement (arrêt) d'appel

1. La délibération au degré d'appel se fait suivant la même procédure qu'au


premier degré de juridiction.
2. Les décisions rendues au degré d'appel doivent motiver leur censure qui
annule ou réforme les jugements entrepris.
3. En statuant à nouveau, les décisions du degré d'appel doivent motiver leur
nouvelle décision ; elles peuvent confirmer le dispositif du premier juge et estimer
complète et bien rédigée sa motivation ; en ce cas elles peuvent se l'approprier et
statuer par les motifs du premier juge.
4. En cas d'évocation, elles doivent justifier dans leurs motifs le pourquoi de
l'extension des leur pouvoir juridictionnel.

G. Les effets du jugement (de l'arrêt) d'appel

1. S'il y a confirmation du jugement entrepris, celui - ci se trouve coulé en


force de chose jugée; il ne peut plus être attaqué que par des recours extra ordinaires.
2. LA condamnation de l'imputation des faits-de l'instance d'appel met ces
frais à la charge de l'appelant, en cas d'appel du M.P, les frais sont à charge du trésor.
3. En cas d'infirmation du jugement définitif qui avait épuisé la saisine du
premier juge, la décision d'appel se substitue au jugement infirmé.
4. La même solution s'impose en cas d'infirmation d'un jugement avant dire
droit et d'évocation.
5. En cas de confirmation du jugement avant dire droit, le tribunal du
premier degré demeure saisi, et doit sur assignation avenir de la partie la plus
diligente, poursuivre son instance devant la juridiction du premier degré.
6. En cas d'information d'un jugement avant dire droit et de renvoi de la
cause devant le premier juge, l'effet suspensif d'audience est levé et le juge qui était
toujours saisi, doit sur assignation avenir de la partie la plus diligente, poursuivre
l'instance en tenant pour chose jugée la décision d'appel.
7. La décision d'appel fait courir les délais de pourvoi en cassation à dater
de la signification.

Section 3. La révision coutumière

§1. La nature de la voie de la révision coutumière


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 146

1. Les juridictions coutumières supérieures sont compétentes pour réviser


les jugements rendus par les tribunaux coutumiers inférieurs.
2. La juridiction supérieure est saisie par la demande d'une partie ; elle peut
aussi se saisir d'office.
3. En matière de révision coutumière, le tribunal supérieur évoque la cause
amendée ou remplace le jugement par sa décision.
4. La révision coutumière diffère de l'appel, en ce que le tribunal n'est pas
limité dans la saisine parle terme de la demande et qu'il peut évoquer en tout état de
cause et quel que soit le sort qu'il fait au jugement dont la révision a été demandée.

§2. La procédure de révision

1. La loi n'impose aucune forme, il Suffit que le tribunal supérieur exprime


sa volonté de réviser pour que le greffier de la juridiction inférieure soit dans
l'obligation de lui remettre le dossier.
2. Lorsque le tribunal de révision est saisi par une partie, la demande peut se
faire oralement ou par écrit- Le tribunal saisi agit dès réception de cette demande.
3. La révision ne peut plus être demandée ni décidée d'office lorsqu'il s'est
écoulé un délai de trois mois depuis la date du prononcé du jugement.
4. Le tribunal saisi peut décider la suspension de l'exécution du jugement
soumis à révision et ce par mesure provisoire ; cette suspension ne peut se prolonger
plus de trois mois.-
5. L'instruction et les débats avant le tribunal de révision se font en
appliquant la même procédure que cette qui est suivie devant les juridictions siégeant
au premier degré.
6. La loi impose le principe du contradictoire en permettant au tribunal de
rendre son jugement dès lors que les parties ont été convoquées en temps utile. Le
tribunal fait comparaître sui convocation la partie qui n'a pas comparu. L'on sait que
la procédure par défaut ne trouve aucun
fondement dans la coutume ; par ailleurs, la loi n'organise nullement la procédure en
opposition.

§3. Les effets de la révision

1. La demande de révision et la décision du tribunal supérieur de s'en saisir


d'office ne suspendent pas l'exécution du jugement entrepris, à moins que cela ne soit
décidé par une mesure
provisoire.
2. Les jugements de révision ne peuvent pas faire l'objet d'un pourvoi en
cassation parce qu'ils ne sont jamais rendus en dernier ressort puisqu'ils peuvent faire
l'objet d'un recours en annulation.
3. Les jugements de révision ne sont jamais susceptibles d'opposition ni
d'appel.
4. Les jugements de révision sont exécutoires dès le jour où ils ont été
rendus.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 147

SOUS-CHAPITRE II : LES RECOURS EXTRAORDINAIRES.168

Le droit congolais organise les voies de recours extraordinaires suivantes :


La tierce opposition, la requête civile, la cassation, l'annulation coutumière et
moyennant certaines considérations la prise à partie.
169
Section 1 : La tierce opposition

§1 L'historique de la tierce opposition en droit congolais

La tierce opposition a été introduite tardivement par la réforme du 07 mars


1960, qui a donné naissance à l'actuel code de procédure civile congolais, cette
reforme fut mise en vigueur le 15 mai I960. Il peut toutefois signaler que la
jurisprudence congolaise n'a pas eu jusqu'ici à en faire
application.
Les articles 80 à 84 du CPC de procédure civile organisent cette procédure
qui est largement inspirée du droit belge.

§2. L'objet de la tierce opposition

Lorsque des intérêts non représentés à l'instance ont été entamés par un
jugement, les tiers au procès disposent de plusieurs moyens de protection :
- De manière passive, le jugement ne lui était pas opposable; il peut en
repousser l'exécution et l'autorité de la chose jugée ;
- De manière agissante, il peut intervenir tant que l'instance est pendante
même au degré d'appel ; enfin il peut, après le prononcé du jugement, prendre
l'initiative d'assigner en tierce opposition, il peut aussi si ce jugement lui est opposé
dans une instance pendante, formé tierce opposition incidente par voie de conclusion.

§3 Griefs donnant lieu à la tierce opposition

D'une manière générale on peut dire que dans toute cause où 'un tiers aurait
pu intervenir
l'instance pendante, la tierce opposition est recevable l'instance terminée.
Il suffit que le tiers qui agit puisse invoquer la lésion d'un droit subjectif
même éventuel. L'on admet qu'il peut agir lors même que ses intérêts peuvent être
protégés par la simple exception de non opposabilité.
En droit congolais, l'exception de non opposabilité peut être insuffisante
pour la protection des droits de tiers en toute matière ou un jugement valant «

168 A. RUBBENS, op. cit., n°203 à 217


169 A RUBBENS, op. cit., n° 208 à 217
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 148

ergaomnes » a été obtenu, sans mettre en cause un tiers directement intéresse :


exemple : En matière immobilière, en matière de faillite en matière de saisie
mobilière.

§4 Le titulaire de l'action en tierce opposition

La condition essentielle est de n'avoir pas été partie au procès.


Les personnes qui ont été représentées au procès et celles qui ont été elles-
mêmes au procès ne disposent pas de la tierce opposition sauf si leur représentant a
agi par fraude.
Une partie qui a fait défaut n'est pas tierce au procès, elle dispose de
l'opposition ; si elle n'a pas exercé ce recours, elle ne dispose pas pour autant, de la
tierce opposition.

§5 La partie adversaire dans l'instance en tierce opposition.

En principe l'action en tierce opposition est dirigée contre celui qui invoque
le jugement attaqué.
Malheureusement la procédure congolaise échait la mise en cause des autres
parties qui, ayant été à l'ancien procès ne sont pas nécessairementau nouveau procès,
cette situation est due au fait que ta procédure en cause n'est pas imposée.
La logique impose pourtant que les tiers qui attaquent la chose jugée entre
les parties d'un procès, mettent en cause toutes les parties car ils ont intérêt à appeler
toutes les partiesau
procès à la deuxième instance pour jugement commun.

§6 La juridiction compétente

Parce que voie de rétraction, la tierce opposition doit être portée devant la
juridiction qui a rendu te jugement attaqué car il s'agit de rectifier une erreur non
imputable au juge, il est donc logique de s'adresser au même juge.

§7. La procédure de l'action en tierce opposition.

La tierce opposition doit être introduite par voie d'assignation devant le


tribunal qui a rendu la décision contestée.
La tierce opposition incidente est introduite par voie de conclusion.
Si la juridiction devant laquelle l'incident est soulevé n'a pas compétence
pour y faire droit ces conclusions tendent seulement à obtenir sur séance de
procédure, pour permettre au tiers
opposant de porter sa demande, comme question préjudicielle, devant sa juridiction
compétente.
Ce tribunal ne peut saisir que par assignation ou par comparution volontaire. Si la
juridiction
devant laquelle l'incident est soulevé est compétente. Elle pourra Se vider de piano
en joignant
l'incident au fond se prononcer en même temps que sur l'action principale.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 149

§8. Les effets de la procédure en tierce opposition

La tierce opposition ne suspend de plein droit ni l'exécution du jugement


attaqué ni la procédure en cours (cas de la tierce opposition incidente).
Sur requête d'une partie, le juge peut suspendre l'exécution du jugement
attaqué (Art. 84duC.P.C)
Le juge peut suspendre la procédure en cours et prendre toute mesure utile
pour l'instruction de l'affaire.
En cas de tierce opposition devant une autre juridiction, il y a question
préjudicielle qui suspend de droit la procédure.

§ 9. L'effet du jugement sur tierce opposition

En principe le jugement qui fait droit à la tierce opposition ne profite qu'à


l'opposant ; il peut y avoir des cas où l'indivisibilité de la décision apporte un
avantage à d'autres.
Exemple : Un copropriétaire fait tierce opposition contre une servitude à
laquelle un autre copropriétaire s'était laissé condamner, celui-ci profite de la
rectification.

Section 2 : La requête civile.

§1. Historique et nature de la requête civile

La requête civile a été introduite par le décret du 07 mars 1960 qui a institué
le code de
procédure civile, il faut cependant relever qu'il y a peu de jurisprudence publiée à ce
sujet et ceci
semble être dû au fait que les praticiens répugnent d'y recourir à cause de la
complexité de la
procédure.
Avant la réforme du 07 mars 1960, l'on avait tenté introduire la requête
civile en invoquant les principes généraux du droit, mais cette jurisprudence est
vigoureusement combattue étant donné que le principe générai est l'immuabilité de la
chose jugée.
La requête civile est classée parmi les voies de rétraction, elle comprend
alors deux phases :
a) Lorsque ta requête est accueillie, intervient un premier jugement qui met
en néant le jugement.
C'est le rescindant, qui est cette décision d'annulation.
b) La deuxième phase, appelée le rescisoire, qui permet à la juridiction
saisie de statuer à nouveau Contrairement au droit français dans lequel ces deux
phases sont nettement distinctes, le droit congolais ne les distingue pas nettement, car
le tribunal qui a raison demeure saisi et peut, sur conclusions des parties, vider le
rescisoire.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 150

La requête civile peut aussi être une voie de réformation : Lorsque celle - ci
est formée par une action incidente devant une juridiction supérieure à celle qui a
rendu le jugement entrepris, c'est la juridiction supérieure qui connaît de la requête
civile, à condition que toute les parties soient à la cause.

§2. Les conditions d'ouverture de la requête civile

La requête civile est la voie spécifique qui est ouverte pour corriger l'erreur
de fait.
Les cas d'ouverture à la requête civile sont rigoureusement limités par la loi
(art, 85 C.P.C).
a) Le dol personnel : il s'agit du dol qui motiverait la nullité d'un contrat. Il
faut prouver que le juge a été induit en erreur par une manœuvre frauduleuse ;
exemple : La subornation des
témoins.
b) Le jugement a été rendu sur base des pièces reconnues fausses depuis le
jugement.
c) Depuis le jugement, il a été recouvré des pièces décisives qui avaient été
retenues par le fait d'une autre partie.
d) S'il y a contrariété du jugement en dernier ressort entre les mêmes parties
et sur les mêmes moyens dans les mêmes cours et tribunaux. Ce dernier cas donne
lieu aux observations
suivantes :

Cette ouverture ne rentre pas dans ce cadre des erreurs de fait : En effet, si
un jugement a
déjà été rendu entre les mêmes parties pour Sa même cause et le même objet, il y a
chose
jugée : ou bien les parties soulèvent l'exception et le jugement qui passe outre est
susceptible
de cassation : ou bien les parties ne l'invoquent pas et la chose jugée n'étant pas
d'ordre public,
le nouveau jugement est valable et va se substituer au premier.

L'hypothèse de contrariété de jugement civile est difficile à imaginer en


droit congolais ; l'on peut cependant imaginer l'hypothèse suivante En matière
mobilière, l'article 132 de la loi-organique portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l’ordre judiciaire du 11 avril 2013 rend compétent le
juge du lieu dans lequel l'obligation est née ou dans lequel elle doit être ou a été
exécutée II peut arriver que, par maladresse ou hésitation, le demandeur ait du lieu
dans lequel l'obligation est née et celui dans lequel l'obligation doit être exécuté.
Les actions judiciaires vont évoluer devant les deux juridictions au degré
d’appel. L'on peut se trouver en ce cas en présence des deux jugements rendus au
degré d'appel, entre les mêmes
parties et portant sur le même objet jugements qui peuvent être contraires, Cette
hypothèse
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 151

n'est concevable que lorsque la règle de la litispendance n'ont pas joué au premier
degré.

§3 Les conditions de forme et de délai pour l'introduction de !a requête


civile

La loi impose trois conditions :


Le jugement doit avoir été rendu en dernier ressort et être coulé en force de
chose jugée,
La requête civile n'est ouverte que pendant un délai de trois mois à dater de
la découverte du fait qui donne ouverture à l'action.
La requête civile n'est recevable que si elle est appuyée par l'avis unanime
de trois avocats ayant au moins cinq (5) ans d'inscription au barreau ; l'avis doit
indiquer les moyens sur lesquels l'action peut être basée.

§4. La procédure

La requête civile est introduite par voie d'assignation ou par voie de


conclusions; suivant qu'elle est exercée par voie principale ou incidente. Si elle est
introduite par voie principale, la
consultation de trois avocats doit être signifiée avec l'assignation.
Aucun moyen autre que ceux repris dans l'avis consultatif de trois avocats
ne peut être Invoqué.
La communication au M.P est nécessaire.
Le tribunal peut se prononcer par un jugement séparé sur le rescindant et
ordonner aux parties de conclure ensuite sur le fond.

§5. Les effets de la requête civile

La requête civile ne suspend pas l'exécution du jugement entrepris.


Le tribunal saisi est sans pouvoir pour prendre des mesures provisoires
suspendant l'exécution.
Seul le jugement rescindant qui met à néant le jugement entrepris, peut
avoir cet effet.

§6. Les recours

Le jugement de rescindant peut être attaqué en cassation pour violation des


formes.
Les jugements rendus sur requête ne sont pas susceptibles d'appel ; mais ils
peuvent être
attaqués par un pourvoi en cassation.
Requête civile sur requête civile ne vaut.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 152

170
Section 3. L'annulation

§1. Historique et régime en vigueur

Au départ le contrôle de la régularité des jugements rendus par les


juridictions coutumières futdévolu à ce qu'on appelait « tribunaux du parquet », c'est-
à-dire réalité aux substituts duprocureur au Roi qui avaient le pouvoir d'annuler les
Jugements coutumiers.
Dans un premier temps, les magistrats du parquet, en tournée d'inspection;
relevaient les
décisions coutumières qui heurtaient l’ordre public colonial ou contenaient une grave
irrégularité
de procédure et se saisissait d'office pour annuler ces décisions, par la suite, les
plaideurs,
informés de cette procédure d'annulation, prirent l'habitude de s'adresser au tribunal
du parquet
pour solliciter l'annulation des jugements, sans attendre l'inspection du parquet.
Selon le décret du 15 avril 1926, le jugement d'annulation avait pour
conséquence d'effacer tous les effets du jugement vicié mais s’abstenait de statuer sur
la cause ou d'ordonner le renvoi.
Cette situation causait un trouble évident car la plupart des palabres pour lesquelles
un jugement
avait été annulé demeuraient sans solution judiciaire.
C'est pourquoi le décret du 16 septembre 1959 mis en vigueur le 15 avril
1960 par l'arrêté royal du 15 mars 1960, avait dévolu la compétence d'annulation aux
tribunaux de district actuellement tribunal de grande instance de statuer à nouveau
sur le fond lorsque la cause est en état, lui imposant le renvoi devant une autre
juridiction ou devant la même juridiction autrement
composée lorsque la cause n'est pas en état.
Seul le ministère public a le pouvoir d'introduire la requête en annulation,
mais dans la plus part de cas ces sont les parties qui alertent le Ministère public. C'est
la partie qui a intérêt à
l'annulation qui « saisit » le M.P. Aujourd'hui les tribunaux de grande instance ont
toujours la
compétence pour connaître des recours en annulation contre les jugements des
tribunaux
coutumiers et celle jusqu'à l'installation des tribunaux de paix.

§2. Les moyens d'annulation

1. Les causes d'annulation sont les suivantes :

a) Violation des formalités de procédure formellement prescrites à peine de


nullité ou des formalités considérées comme substantielles par la jurisprudence.
b) Irrégularité de la composition du tribunal ;

170 A. RUBBENS op. cit. N° 203 à 217


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 153

c) Incompétence ratione materiae ; il s'agit de toute compétence d'ordre


public ; il y a aussil'incompétence « ratione personae ».
L’annulation pour incompétence du tribunal ne permet le renvoi qu’au
tribunal coutumier et non sa juridiction judiciaire : elle ne permet pas non plus au
tribunal de grande instance dese saisir d'office en sa qualité de tribunal civil.
d) Application d'une coutume contraire à la législation ; il s'agit des mesures
législatives par lesquelles le législateur a voulu altérer les contenus, il y a aussi
l'application de la coutume contraire à l'ordre public national qui doit revêtir le
contenu suivant : la prise en compte des principes de la déclaration universelle des
droits de l'homme. L'intérêt majeur de la nation, les principes constitutionnels et le
développement de la conscience nationale sous l'influence chrétienne. Il faut y
ajouter la fausse application de la coutume et le défaut d'énoncer la règle coutumière.
La jurisprudence sur les formalités qu'elle estime « substantielles ; est mal
fixée et même
parfois contradictoire.

§3 La procédure d'annulation

La requête en annulation doit être introduite dans le 4 mois à dater du


prononcé du jugement attaqué.
Toutefois lorsque la coutume appliquée est contraire à la législation ou à
l'ordre public, la requête peut être introduite hors délai et ce pour autant qu'il y a
encore utilité à le faire.
La requête en annulation doit être notifiée aux parties en cause au jugement
et au greffier du tribunal qui a rendu le jugement.
Le terme « notifier » utilisé au lieu de « signifier » veut exprimer l'idée
selon laquelle les parties ne doivent pas nécessairement être averties par exploit
d’huissier. C'est dans les 15 Jours que le greffier de la juridiction coutumière doit
transmettre le dossier de l’affaire au greffe du tribunal de grande instance
Dès sa saisine, le tribunal de grande instance peut suspendre pendant le
délai qu'il détermine; mais qui ne peut être supérieur à trois mois, l'exécution du
Jugement entrepris.
Le tribunal d'annulation doit se prononcer dans un délai de trois mois à dater
de la réception de la requête.
Le tribunal d'annulation a le pouvoir de statuer sur le fond lorsque
l'annulation a été prouvée et que la cause se trouve en état d'être jugée en un seul et
même jugement.
Si la cause n'est pas en état, il n'appartient pas au tribunal d'annulation de
refaire ou de
compléter l’instruction de la cause, la solution qui s’impose est le renvoi au tribunal
autrement
composé ou à un tribunal voisin ou la même coutume est en vigueur.
Les jugements d'annulation, qu'ils aient statué au fond ou non; peuvent être
attaqués par un pourvoi en cassation

Section 3 : La cassation
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 154

§1. Historique

La cassation fut introduite dans le droit révolutionnaire français comme un


contrôle du pouvoir législatif sur l'application de la loi par les tribunaux (Décret du
27 novembre 1790, article 1).
La cour de cassation devait empêcher que Ses tribunaux révolutionnaires
versent dans le défaut des anciens parlements qui, non seulement créaient du droit
mais en contrôlaient le pouvoir
législatif du Roi.

Le souci du contrôle de la séparation du pouvoir a évolué vers un contrôle


de la procédure et du choix du droit applicable ainsi que de son interprétation
uniforme par tous les tribunaux. En somme, la cour de cassation dépassait sa
fonction d'auxiliaire du pouvoir législatif pourras sumer une fonction judiciaire
autonome.

Bientôt l'on observa que la fonction juridictionnelle de la cour de cassation


ne se limitait pas à l’application des lois parce que la loi devait être interprétée et
bien souvent appliquée par analogie à des situations que le législateur n'avait pas
prévues. Ainsi la cour de cassation
s'arroge le droit d’apprécier si l'interprétation des juges était correcte si l'analogie
invoquée était
légitime.

En 1970, devait être cassé « tout jugement qui contenait une contravention
expresse au texte de loi ».
La loi au 20 avril 1810 avait repris la même expression.
La loi française du 25 juillet 1947, avait prévu la cassation d'une décision
contraire à la loi.
Durant la période de l'Etat indépendant du Congo, fut crée le conseil
supérieur, siégeant à Bruxelles et composé de conseillers de la cour de cassation de
Belgique ; il avait pour
compétence d'exercer le contrôle de la légalité du jugement de la régularité de la
procédure en
matière civile et commerciale. Cette institution fut maintenue après l'annexion de
1909.
La loi belge du 15 avril 1947 donna compétence à la cour de cassation beige
pour connaître du pourvoi en cassation contre les jugements et arrêts rendus en
dernier ressort en matière civile et commerciale, les cours et tribunaux du Congo
belge et du Rwanda Burundi.

La loi fondamentale belge du 19 mai 1960 maintint la compétence de la


cour de cassationbelgejusqu’au jour où se nouvel Etal aura créé sa propre loi. Cet
article de la loi fondamentalefutabrogé par la loi congolaise du 18 juillet 1963.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 155

La constitution du premier août 1904 avait prévu la création d'une cour


suprême de justice qui devait avoir une compétence de cassation, cette cour ne fut
cependant jamais installée.
L'article 60 de la constitution du 24 juin 1967 donna compétence à la
section judiciaire de la cour suprême de justice de connaître des pourvois en
cassation formés pour violation de la loi et de la coutume, contre les décisions
rendues en dernier ressort par la section judiciaire de la cours d'appel et par les
tribunaux. La cour suprême de justice fut installée le 24 novembre 1968.

L'ordonnance loi du 10 juillet 1968 portant code judiciaire, précise en son


article 164 que
violation de la loi et de la coutume comprend notamment. L'incompétence, l'excès du
pouvoir
de cours et tribunaux, la fausse interprétation, la fausse application du droit, la non-
conformité aux lois ou à l'ordre public de la coutume dont il a été fait application,
violation de
formes substantielles ou prescrite à peine de nullité. Actuellement c’est la loi
organique du 19 février 2013 qui organise la procédure devant la Cour de cassation.

La différence des voies de rétractation (opposition), ou de réformation


(appel) la cassation constitue une voie d'annulation des jugements trouvés en
contradiction avec le droit.
La juridiction de cassation ne tranche pas le litige ; elle se borne à contrôler
si les jugements (ou arrêts) ne violent pas la loi ou coutume et les casse. C'est - à -
dire les mets à néant, si tel est le cas : si elle constate qu'après cassation, il reste un
litige à vider, elle renvoi la cause à un tribunal du fond devant lequel les parties
pourront reprendre leur débat au point où il se trouvait avant le prononcé du
jugement cassé.

La juridiction de cassation ne connaît pas des faits en ce sens qu'elle ne


contrôle pas le
jugement des faits de la cause c'est-à-dire la version des faits que le tribunal du fond
a retenu pour vraie. Mais on ne peut pas dire d'une façon absolue que la juridiction
de cassationestindifférente aux faits, en effet, elle est compétente pour contrôler la
qualification juridique que
juge du fond attribué aux faits et au rapport entre les faits retenus souverainement par
le juge
du fond, car ''erreur de qualification du fait est une erreur de droit et non de fait.

§2. Décisions susceptibles, d'être entreprises par un pourvoi en


cassation
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 156

Les jugements et arrêts définitifs rendus en dernier ressort par les cours et
tribunaux
13
peuvent faire l'objet d’un pourvoi en cassation .
Le pourvoi en cassation contre les jugements avant dire droit n'est ouvert
qu'après le jugement
14
définitif .
Les décisions des juridictions gracieuses; rendues en dernier ressort, parce
que disant le droit
sont, selon notre entendement, susceptibles d'être attaquées en cassation, même s'il
s’agit des
ordonnances, quelles soient gracieuses ou contentieuses. Notre point de vue sur ce
sujet trouve
appui dans l'arrêt de principe de la Cour suprême de Justice du 09 septembre l980
(RP 278). Arrêt dans lequel la Cour suprême de justice a levé l'option selon laquelle
les ordonnances de la Chambre du conseil rendues en dernier ressort en matière de
détention préventive, doivent considérées comme visées dans l'expression légale
d'arrêt et jugement rendu en dernier ressort par les cours et tribunaux et donc
susceptible d'être attaquées en cassation.

Est fausse l’opinion selon laquelle les décisions qui ne jugent rien ne sont
pas des jugements même si elles en revêtent la forme ou l'apparence. En application
de l'adage « voie de nullité n’ont lieu contre les jugements », ces jugements ne
peuvent pas être attaqués en nullité, aussi des décisions sont rendues en dernier
ressort, la seule possibilité légale de les attaquer est le
pourvoi en cassation. C'est le cas des jugements d'expédients et des jugements
d'exequatur
jugements étrangers.

Lorsque l'arrêt ou le Jugement a été rendu par défaut le pourvoi n'est ouvert
et le délai de trois mois pour introduire le pourvoi en cassation ne commence à
courir à l'égard de la partie
défaillante que du jour où l’opposition n’est plus recevable15.

§3. Les personnes qui peuvent intervenir dans l’action en cassation

Bien que le pourvoi en cassation ait été institué dans l’intérêt collectif du
respect de la loi et de la coutume, le législateur a estimé que les parties seraient les
plus vigilantes à dénoncer les violations du droit lorsque celles-ci leur font grief. Le
demandeur en cassation doit avoir la qualité et la capacité et justifier d’un intérêt.

13 Art. 116 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’organisation, le fonctionnement et les compétences des
juridictions de l’ordre judiciaire
14 Article 35 alinéa 2 de la loi-organique13/010 du 19 Février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation
15 Art. 38 alinéa 2 de la loi-organique du 1 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 157

Le pourvoi en cassation doit être dirigé contre une partie qui a été adversaire
dans l'instance qui a donné lieu au jugement entrepris16.
La loi congolaise ne prévoit ni l'intervention volontaire ni l'intervention
forcée en cassation.
Le ministère public peut introduire un pourvoi en cassation en trois qualités
distinctes :
a) Si le ministère public a été partie principale au procès civile, le pourvoi
en cassation lui est ouvert suivant droit commun.
b) Le procureur général de la République a qualité pour se pourvoir; sans
limite de délai dans le seul intérêt de la loi ; en ce cas, le pourvoi n’est pas dirigé
contre les parties qui étaient au procès dans la décision entreprise; le but du pourvoi
est de fixer la jurisprudence de la cour, en une matière disputée,
c) Sur injonction du Ministre de la justice, le Procureur général près la Cour
de cassation peut former, même hors délai, un pourvoi en cassation auquel les parties
sont invitées à conclure, l'arrêt à intervenir leur étant opposable17. Nous ne
partageons pas l'opinion du Doyen Antoine RUBBENS, selon laquelle le Ministère
public peut introduire un pourvoi en cassation lorsqu’il a donné un avis, parce que
l'on sait que lorsque le M.P donne un avis il fait partie du tribunal.

§4. Les ouvertures à cassation

L'article 96 de la loi-organique du 11 avril 2013 portant organisation,


fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire fixe les cas de la
violation de la loi ou de la coutume qui donnent ouverture à cassation, il s'agit de :
a) l'incompétence
b) l'excès de pouvoir des cours et tribunaux,
c) la fausse application ou la fausse interprétation
d) la non-conformité aux lois ou à l'ordre public de la coutume dont il a été
fait application
e) la violation des formes substantielles ou prescrite à peine de nullité.

§5. La connaissance des faits

Le principe selon lequel la juridiction de cassation ne connaît pas des faits


doit être nuancé.
Il est vrai que la juridiction de cassation laisse à l'appréciation souveraine du
juge du fond les faits matériels et leurs circonstances ainsi que les attitudes
subjectives (bonne ou mauvaise foi), lorsqu'elle sorte quelque effet juridique.

Le juge du fond apprécie également souverainement l'opportunité de


recourir à tel ou tel moyen de preuve.

En revanche, la juridiction de cassation est compétente pour contrôler la


qualification juridique que le juge du fond attribue aux faits et aux rapports entre les

16 Art. 35 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


17 Article 36 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 158

faits retenus souverainement par lejuge du fond car l'erreur de qualification du fait
est une erreur de droit et non de fait. La juridiction de cassation connaît encore de la
méconnaissance des faits (constatés ou simplement allégués] par le tribunal dont le
jugement est entrepris ; elle connaît de la méconnaissance de la loi due aux actes des
parties. La juridiction de cassation connaît aussi des faits de la procédure
etnotamment les actes qui ont déterminé la saisine du juge et l'acte du jugement
entrepris; elle vérifie en fait les actes par lesquels le pourvoi a été introduit et mis en
état.

Enfin, la juridiction de cassation connaît de tout fait postérieur aux


jugements entrepris s'il peut avoir une influence sur la procédure en cassation, par
exemple : le décès d'une partie,
l'acquiescement, le changement de qualité, de domicile etc.

§6. Forme et délais de pourvoi en cassation

Le pourvoi d'une partie est introduit par voie de requête, le pourvoi formé par
le Procureur général est également formé par voie de requête18.

Les pourvois des parties doivent être datés et signés par un avocat du
barreau près la Cour de cassation qui doit être porteur d'une procuration spéciale : le
pourvoi du procureur
général de la République ne doit évidemment pas être signé par un avocat.

La requête doit être accompagnée, sous peine d'irrecevabilité, de deux


copies signées par
l'avocat, ainsi que d'autant d'exemplaire qu'il y a des parties désignées à la décision
entreprise.

La requête doit mentionner :


a) Le nom et post - nom, qualité et demeure ou siège de la partie requérante.
Si la partie
demanderesse n'a pas son domicile ou son siège à Kinshasa, elle doit faire élection de
domicile en ce lieu dans la requête introductive d’instance et ce à peine
d'irrecevabilité,
b) L'objet de la demande ; ce qui veut dire que doit être indiqué le Jugement
ou l'arrêt dont la cassation est demandée, la manière la plus sûre est d'indiquer la
date, la juridiction, le numéro du rôle, les parties à la cause.
c) Les noms et post -noms, qualité et demeure ou siège de la partie adverse.
d) L'inventaire des pièces formant le dossier19.

Outre les mentions ci-dessus indiquées, la requête contient l'exposé des


moyens de la partie demanderesse, ses conclusion et l'indication des dispositions

18 Art. 35 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


19 Art. 2 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 159

légales ou les principesde droit


coutumier dont la violation est invoquée, le tout à peine de nullité.

Le dossier de cassation qui doit être joint à la requête comprend les


éléments suivants :
L'expédition de la décision entreprise et de tous les arrêts ou jugement avant
dire droit ainsi que ta copie conforme de l'assignation du premier degré, l'expédition
du jugement du premier degré, la copie conforme des conclusions des parties prise au
premier degré et en appel, la copie
conforme des feuilles d'audience du premier degré et d'appel.

Le réquisitoire du Procureur général près la Cour de cassation formant un


pourvoi en cassation doit porter les mêmes mentions que la requête introductive par
un particulier mais la requête ne doit pas justifier les qualités du Procureur général
près la Cour de cassation, celle-ci étant suffisamment connue par l'acte de
nomination et la cérémonie d'installation: rappelons que la signature d'un avocat
n’est pas requise.

Le délai d'introduction de la requête est de trois mois francs à dater de la


signification de la décision attaquée si celle - ci a été rendue contradictoirement20.
Les parties qui ont comparu
peuvent introduire le pourvoi dès le prononcé. La partie à laquelle signification est
faite dispose, à dater de la signification trois mois pour se pourvoir, il ne lui est pas
accordé de délai de distance.

On comprend mal une faveur accordée aux parties demeurant à l'étranger


qui pourtant, doivent faire élection de domicile à Kinshasa. Mais le délai de trois
mois est augmenté de trois mois en faveur des personnes demeurant à l'étranger21.
Si l'arrêt ou le jugement a été rendu par défaut la partie défaillante ne peut
former le pourvoi que du jour ou l'opposition n'est plus recevable et le délai court
durant trois mois à compter de cette date ; l'opposition du défaillant suspend la
procédure en cassation.

Ceci veut dire qu'à dater de la déclaration d'opposition jusqu'au jugement


disant l'opposition irrecevable, la partie qui a comparu est paralysée dans l'exercice
du pourvoi. Si l'opposition est, déclarée recevable, le pourvoi sera rejeté faute
d'objet22.

La requête civile suspend à l'égard de toutes les parties le délai pour se


pourvoir cassation lequel ne prend cours qu'à partir de la signification de l'arrêt ou du
jugement qui a statué
définitivement sur la dite requête23.

20 Art. 38 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


21 Art. 38 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
22 Art. 38 alinéa 2 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation
23 Art. 41de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 160

Lorsque le Procureur Général près la Cour de cassation introduit un pourvoi


en cassation, soit sur injonction du Ministre de la justice soit dans le seul intérêt de la
loi, il n'est limité par aucun délai24.

§7. Les effets du pourvoi en cassation

Les délais pour se pourvoir et le pourvoi en cassation ne sont pas suspensifs


de l'exécution de la décision entreprise, sauf lorsque celle - ci modifie l'état des
personnes25.

Par le dépôt de la requête, le demandeur a arrêté définitivement les moyens


qu'il peut invoquer en la cause.

§8. L'audience de la Cour de cassation

Les audiences de la Cour de cassation sont publiques à moins que cette


publicité ne soit
dangereuse pour l'ordre public ou les mœurs ; dans ce cas, la cour ordonne le huis-
clos par un
arrêt motivé26.

L'audience se déroule de la manière suivante ; à l'appel de la cause, le


rapporteur résume les
faits et les moyens et expose l'état de la procédure les parties ou leurs avocats
peuvent
présenter des observations orales, il ne peut être produit à l'audience d'autres moyens
que ceux
développés dans la requête ou le mémoire. Chaque partie n'a la parole qu'une fois,
sauf s'il y a
lieu de conclure sur un incident. Le ministère public donne son avis.

Le président de l'audience prononce la clôture des débats et la cause est


prise en délibéré. Le greffier du siège dresse le procès verbal de l'audience27.

La Cour se prononce sur les moyens présentés par les parties et par le M.P.
Aucun moyen autre que ceux repris à la requête et au mémoire déposé dans les délais
prescrits ne peut être reçu, toutefois la cour peut soulever tous moyens d'ordre public
en ce cas si elle l'estime nécessaire,
elle peut ordonner aux parties de conclure sur ces moyens28.

24 Art. 36 alinéa 1 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


25 Art. 40alinéa 2 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation
26 Art. 14de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
27 Art. 15de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
28 Art. 16de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 161

La Cour peut, avant la clôture des débats, ordonner aux parties de conclure
sur un incident ou sur les moyens d'ordre public soulevés d’office, elle peut même
après la clôture des débats, décider leur réouverture pour ordonner aux parties de
conclure sur un incident ou sur les moyens d'ordre public soulevé d'office29.

§9. Les incidents devant la juridiction de cassation

En audience de cassation, les incidents sont rares, mais ils sont cependant
possibles, L'on peut concevoir les incidents suivants30 :

A. La connexité

Plusieurs affaires peuvent être pendantes devant des Chambres différentes,


ces affaires peuvent être connexes : en ce cas il s'impose d'y statuer par un seul
même arrêt. Le premier président désigné par ordonnance soit d'office soit à la
demande des parties soit à la demande du Procureur général près la Cour de
cassation, la Chambre qui en connaîtra. Le greffier notifie cette demande aux parties
et P.G.

B. La reprise d'instance

En cas de décès d'une partie en cours d'instance, toutes communications et


notifications de la cause sont faites valablement aux ayant-droits au domicile élu ou
au dernier domicile du défunt ; en outre, la Cour peut demander au Procureur général
de recueillir des renseignements sur l'identité ou la qualité des parties à l'égard
desquelles la reprise d'instance peut avoir lieu :
- La reprise d'instance volontaire se fait dans le délai préfixé de 6 mois à
la suite d'un décès ou de la perte de la qualité ou de capacité d'une partie par dépôt au
greffe d'un mémoire justifiant les qualités de la personne qui reprend l'instance. Le
défaut de reprise d'instance du demandeur vaut désistement.
- Les ayant droits qui ont volontairement repris l'instance peuvent forcer
les autres ayant droits à intervenir. Cette reprise d'instance forcée est faite en la
forme d'une requête introductive et indiquant l'état de la procédure en cours.

C. Les mesures probatoires : les articles 23 à 25 de la loi-organique


relative à la procédure devant la Cour de cassation.

La Cour peut commettre un conseiller pour procéder à l'exécution de toute


mesure probatoirequ'elle a ordonnée. Le conseiller commissaire siège en ce cas avec
l'assistance d'un greffier lorsque les opérations probatoires doivent avoir lieu hors de
la ville de Kinshasa, il peut assumer tout greffier ou greffier - adjoint du ressort dans
lequel il est appelé à siéger.

D. Contestation des pièces

29 Art. 17 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


30 Les articles 18 à 22 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 162

Les pièces produites par une partie peuvent être contestées par la partie
adverse en faisantunedéclaration au greffe de la cour ; dès le dépôt de la déclaration,
le greffier fait sommation à la partie qui a produit la pièce incriminée de déclarer si
elle persiste à en faire état. Si la partie qui a produit la pièce contestée renonce à en
faire état par une déclaration au greffe ou si elle n'a pas fait de la déclaration dans la
huitaine, la pièce est écartée. Si elle déclare persister à faire état de la pièce
contestée, le greffier le notifie à la partie qui a soulevé l'incident. Cette partie ou le
ministère public peuvent dans les 8 jours saisir la Juridiction compétente dans ce cas
la cour sursoit à statuer jusqu'après te jugement sur le faux à moins qu'elle ait estimé
que la pièce contestée est sans influence sur sa décision. Si ni le ministère public ni
la partie qui soulève l'incident n'ont introduit d'action dans le délai précité, la pièce
est maintenue au dossier et soumise à l'appréciation de laCour.

§10. Le délibéré de la Cour de cassation

Le M.P assiste à la délibération sauf s'il est partie poursuivante ou s'il est lui
même en cassation, il n'a pas voix délibérative (Art.).

Les règles ordinaires du délibéré applicable aux juridictions de fond,


s'appliquent au délibéré de la Cour de cassation31.

§11. Les effets de l'arrêt de la juridiction de cassation

Les arrêts de la Cour de cassation ne sont susceptibles d'aucun


32
recours

La loi ne prévoit la tierce - opposition aux arrêts de la cour que dans le cas
où ils prononcent l'annulation d'un acte, d'une décision ou d'un règlement d'une
autorité publique. Il faut en conclure à contrario que la tierce-opposition n'est pas
recevable contre les arrêts de cassation. •
Le rejet de la cassation épuise l'action en pourvoi et ne permet plus de
l'introduire dans la même cause fût-ce par d'autres moyens () II y a cependant une
exception :

Lorsque le pourvoi a été introduit pour motif d'incompétence: l'on vise ici
l'hypothèse où un tribunal s'est déclaré incompétent par un jugement définitif sur
incident et n'a donc pu aborder le fond ou encore le cas où il s'est déclaré à tort,
compétent et a rendu un jugement nul sur le fond.
Lorsqu'un arrêt rejette le pourvoi; la décision entreprise se trouve coulée en
force de chose
jugée, cependant la requête civile et la tierce opposition peuvent encore être dirigées
contre la
décision ainsi confirmée.

31 V. art. 42 aliéa 2 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ


32 Article 28 de la loi-organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
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Lorsqu'un arrêt casse une décision et qu'il reste de ce fait un litige à


trancher, la cour renvoie la cause pour connaître du fond de l'affaire à la même
juridiction autrement composée ou à une autre juridiction de même rang qu'elle
désigne ; cette juridiction ne peut pas décliner la
compétence et doit se conformer à la solution juridique retenue par la Cour de
cassation.

Le jugement rendu sur renvoie n'est pas susceptible d'un nouveau pourvoi
sauf si la cassation a été prononcée sur le moyen d'incompétence. Si la cassation s'est
fondée sur motif
d'incompétence matérielle de la juridiction qui a rendu le jugement ou l'arrêt, la cour
suprême va
renvoyer d'autorité à la juridiction compétente qui ne peut pas décliner la compétence
qui lui a
175
été attribuée par la Cour de cassation .

La prise à partie au regard de la loi organique n° 13/010 du 19 février


2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation
Dans l’exercice de ses fonctions, le magistrat est tenu au respect strict non
seulement des règles déontologiques, mais aussi des lois et règlements du pays. En
quelque qualité que l’on puisse l’appréhender, il peut causer un préjudice aux
particuliers et engager ainsi sa responsabilité tant disciplinaire, civile que pénale.

- Sa responsabilité pénale peut être engagée en cas de commission d’une


infraction prévue et sanctionnée par la loi pénale congolaise. le magistrat étant un
citoyen comme tous les autres, il peut être individuellement poursuivi dans le cadre
de la procédure pénale pour toute méconnaissance de la loi que celle-ci sanctionne
d’une peine, sauf à respecter les règles en matière de privilège ou d’inviolabilité
éventuelle.

- Sa responsabilité disciplinaire vise à mettre en cause la responsabilité du


magistrat en tant que les faits qui lui sont reprochés constituent une méconnaissance
des règles de la déontologie professionnelle.

- La responsabilité civile, quant à elle, vise la mise en cause du magistrat


en vue de l’allocation de dommages-intérêts pour le préjudice subi du fait de son
acte. Cette responsabilité peut s’engager tant pour les faits de la vie quotidienne que
pour les faits professionnels. dans ce dernier cas, la procédure est particulière et
s’articule sur base d’éléments définis par la loi en tant que faits générateurs de la
prise à partie33.

33 A. RUBBENS, Droit judiciaire congolais, tome 2, Kinshasa, PUC, 2010, p. 248.


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La prise à partie peut s‘entendre de la procédure mise en mouvement à la


suite d’une faute professionnelle commise par le magistrat et qui vise à le sanctionner
pour n’avoir pas rempli ses devoirs en toute impartialité suite à la concussion, au déni
de justice ou au dol, favorisant l’une des parties au procès34.

Principalement marquée par sa complexité, la prise à partie est l’une des


procédures spéciales dévolues à la cour de cassation aux termes de la loi organique
du 19 février 2013. Il s’agit ainsi d’une action qui tend essentiellement à sanctionner
la responsabilité civile du magistrat et à réparer le préjudice causé à un plaideur par
une faute professionnelle35. Cette procédure est déclenchée par une partie au procès
à l’encontre d’un magistrat qui, soit à l’occasion de l’instruction de la cause soit lors
de la décision rendue, s’est rendu coupable de dol, de concussion ou de déni de
justice. De cette affirmation, il se dégage qu’il existe trois causes d’ouverture de la
prise à partie : le dol, la concussion et le déni de justice.

1. Le dol

La loi définit le dol comme une violation volontaire du droit par le


magistrat, caractérisée par la mauvaise foi, des artifices et des manœuvres donnant à
la décision une valeur juridique apparente, pour aboutir à une conclusion erronée
dans le but d’accorder un avantage indû à une partie. L’erreur grossière du droit est
équipollente au dol36. Il s’agit d’une faute d’ordre intellectuel, qui se matérialise par
un effort de contourner la loi à dessein afin de procurer à une partie un avantage
immérité de par la loi. Cette faute intellectuelle peut être présomptive lorsqu’elle se
caractérise comme une erreur de compréhension ou d’interprétation de la loi, donnant
lieu à une conclusion manifestement contraire au devoir du magistrat tel qu’il ressort
de la loi.

Il a été jugé que le dol est caractérisé par les artifices et les manœuvres
auxquelles les magistrats pris à partie ont recouru pour donner à leur décision les
apparences d’un arrêt juridiquement valable alors que les griefs relevés dénotent
manifestement qu’en réalité ils étaient résolues à favoriser une partie par l’adoption
facile de sa thèse pourtant battue en brèche tel qu’il résulte du jugement du premier
degré37.

Il appartient au requérant d’apporter la preuve du dol. Pour que sa requête


soit dite fondée, le requérant doit prouver que le cheminement du raisonnement qu’a
adopté le magistrat dans le traitement de sa cause procède d’une volonté de
contourner le droit. La tendance à contourner le droit peut consister en la

34 P. OKENDEMBO MULAMBA, Des procédures de récusation et de suspicion légitime en droit congolais,


Kinshasa, Edition Via Nova, 2012, p. 45.
35 CSJ, 5 juillet 1994, RAJC, 1997, p. 15 avec note de Dibunda.
36 Art. 56, Loi organique n°13/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation.
37 CSJ, 5 juillet 1997, RPP 30, Ibidem, CSJ, 29 août 1997, RPP 061, RAJC, 1997, Vol. II, fascicule unique, janvier à
décembre 1997, pp. 21-27 ; CSJ, 13, mars 1997, P.C. contre juges, Ordonnance RPP 57 ; CSJ, 24 avril 1997, UZB
contre juge M. Ordonnance RPP 058, inRAJC, fascicule unique, janvier à décembre 1997, pp. 27-30.
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dénaturation des faits ou en l’adoption d’une base légale inadaptée au contexte des
faits en vue de rendre fondée ou non fondée une prétention.

Il a été jugé qu’est injustifiée et, partant, non fondée, la requête en prise à
partie fondée sur le dol alors que le requérant ne parvient pas à établir un fait fautif
justifiant le comportement dolosif imputé au magistrat38 ou un acte de malice ou
l’intention de nuire39 ou des manœuvres, des artifices ou procédés précis à même
d’établir l’existence du dol40.

2. La concussion

Prévue et sanctionnée par le code pénal livre II en son article 146, la


concussion est définie par la loi organique relative à la procédure devant la cour de
cassation comme le fait, pour un magistrat, d'ordonner, de percevoir, d'exiger ou de
recevoir ce qu'il savait n'être pas dû ou excéder ce qui était dû, pour droits, taxes,
impôts, revenus ou intérêts, salaires ou traitements41.

La concussion est donc essentiellement un acte d’improbité, signalant un


manque de délicatesse et d’intégrité morale dans le chef du magistrat incriminé. On
relève cependant que la difficulté pour le justiciable de prouver dans le chef du
magistrat suspecté42 qu’il s’est rendu coupable de concussion serait l’une des
raisons de l’absence d’une jurisprudence abondante en la matière. Du fait que de tels
actes sont souvent commis dans le secret des offices et des cabinets, en dehors de
toute oreille indiscrète, le doute qui s’ensuit est toujours de nature à profiter au
magistrat incriminé, la seule parole du requérant ne suffisant généralement pas à
orienter l’intime conviction de la Cour suprême de justice vers la condamnation du
magistrat.

3. Le déni de justice

Le déni de justice est un acte d’omission, se constituant de l’abstention d’un


magistrat de faire suite à une demande judiciaire qui lui est adressée sans
justification.

La loi le définit comme le refus ou la négligence pour un magistrat de


procéder aux devoirs de sa charge en négligeant de juger les affaires en état d’être

38 CSJ, 29 août 1973, RPP 3, Bulletins des arrêts de la Cour Suprême de Justice, 1984, p. 233.
39CSJ, 30 novembre 1983, RPP 4, inRépertoire général de la jurisprudence de la Cour Suprême de Justice 1969-1985,
Kinshasa, éd. C.P.D.Z., 1990, n° 10, p. 183.
40 CSJ, 18 avril 2003, RPP 141, inédit.
41 Article 57, Loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
42 DIBUNDA NTITA, « La jurisprudence de la Cour suprême de justice en matière de prise à partie de 1979 à 2003 »,
in RAJC, Fascicule I, janvier à juin 2004, p. 49.
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jugées. Ce refus ou cette négligence doit être constatée par deux sommations
adressées au magistrat par l’huissier à 8 jours d’intervalle au moins43.
La Cour suprême de justice a arrêté et jugé que sont coupables de déni de
justice, les juges qui, en dépit de deux sommations, d’une part, n’ont accompli
aucune démarche soit pour faire refixer la cause qui était pendante devant leur siège
en passant par le greffe, soit pour faire savoir aux parties qu’il leur incombait de
contacter le greffier de leur juridiction pour faire revenir l’affaire et, d’autre part,
après avoir décidé d’office la surséance en vertu du principe le criminel tient le civil
en état, n’ont rien fait pour s’enquérir auprès des autorités du ministère public afin
de connaître l’issue de l’action répressive qui avait justifié la surséance44. A travers
cette décision, la Cour suprême rappelle aux magistrats leur devoir de diligence dans
le traitement des affaires judiciaires mais également leur devoir de permettre, en tant
que de besoin, aux justiciables, par des informations pertinentes sur la procédure
qu’ils ont engagées, de savoir quelle sollicitude ils doivent mettre en œuvre afin que
soit obtenue la décision qu’ils recherchent.

4. La nature de ce recours

La prise à partie devant la Cour de cassation n'est une voie de recours (en
nullité) que de manière incidente. Car c'est essentiellement une demande de
dommages-intérêts à titre de
réparation du préjudice causé aux justiciables par des magistrats, à la suite de
certaines fautes que
la loi définit. Ce n'est que dans le cas où un jugement est vicié par le dol d'un juge,
que la partie qui
justifie d'un intérêt pour ce faire, peut en demander la mise à néant en introduisant
une action en
prise à partie de ce magistrat.

5. Seuls les magistrats peuvent être pris à partie

Les officiers ministériels et les officiers de police judiciaire n'ont pas la


qualité de magistrat et ne peuvent donc être poursuivis par cette procédure, ils
répondent de la responsabilité de leurs fautes professionnelles devant les autorités
disciplinaires ou devant les tribunaux ordinaires suivant la procédure de droit
commun.

Les arbitres : sont des juges privés; mais ils ne sont pas magistrats, ils
répondent de leurs fautes devant les juridictions de droit commun.

En France, la prise à partie a été abrogée depuis la loi du 18 janvier 1979 en


ce qui concerne les magistrats dont la responsabilité est désormais définie comme

43 Article 58 de la loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.


44 Voyez KATUALA KABA KASHALA et YENYI OLUNGU, Cour suprême de justice : historique et textes
annotés de procédure, Kinshasa, éd. BatenaNtambwa, 2000, p. 128 ; MATADI NENGA GAMANDA, Droit judiciaire
privé, 2006, Louvain-la-Neuve, Kinshasa, éd. Académia-Bruylant, Droit et Idées Nouvelles, 2006, n° 606, p. 538-539.
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suit. « Les magistrats du corps judiciaire ne sont responsables que de leurs fautes
personnelles; en ce qui concerne la faute personnellese rattachant au service public
de la justice, leur responsabilité ne peut être engagée que sur l'action récursoire";
ainsi donc à l'égard du justiciable, c'est l'Etat français qui doif
répondre du fonctionnement défectueux du service de la justice, mais cette
responsabilité qui
suppose une faute de service public, ne peut être engagée que par une faute lourde ou
un déni
178
de justice .

6. Les effets de la prise à partie

A dater de la signification de l’ordonnance autorisant à poursuivre, jusqu’au


prononcé de l’arrêt à intervenir, le magistrat pris à partie doit s’abstenir de la
connaissance de toute cause concernant la requérant, son conjoint ou ses parents en
ligne directe, à peine de nullité de tout acte, arrêt ou jugement.
Si la requête est rejetée, le demandeur sera condamné aux frais.
Si la requête est admise, elle sera signifiée au magistrat pris à partie qui sera
tenu de fournir ses défenses dans les 15 jours de la notification.

Le requérant doit déposer au greffier de la section judiciaire de la Cour de


cassation un mémoire ampliatif formulant ses prétentions aux dommages-intérêts et
éventuellement à l’annulation des arrêts ou jugements à peine d’irrecevabilité.

C’est la procédure de l’audience de cassation civile qui s’applique.


Le magistrat pris à partie peut postuler reconventionnellement des
dommages-intérêts pour action téméraire et vexatoire et ce en formulant cette
demande reconventionnelle dans la mémoire en réponse.

7. La prise à partie : une procédure civile pour des faits pénaux

La prise à partie est essentiellement une action en responsabilité civile. Elle


ne vise pas la responsabilité pénale du magistrat mis en cause, bien que certains faits
qui y donnent lieu aient une connotation pénale. C’est l’Etat qui, en tant que
commettant du magistrat incriminé, répond en tant que civilement responsable des
dommages-intérêts auxquels ce dernier est condamné. Il s’agit d’une condamnation
solidaire45. L’Etat dispose d’une action récursoire contre le magistrat à qui la
responsabilité a été imputée. Malheureusement, de telles actions ne sont
généralement pas intentées. La critique contre cette abstention consisterait à dire
qu’elle est appauvrissant pour l’Etat et encourageante pour les magistrats non
consciencieux au point d’amenuiser l’efficacité de la prise à partie. Celle-ci est
dénuée de toute forme de dissuasion dans la mesure où les magistrats n’y voient pas
une menace réelle pour leur patrimoine ou pour leur liberté.

178
45 Article 63, loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 168

Le seul effet de dissuasion pourrait plutôt être perçu du côté disciplinaire en


considérant que la prise à partie, lorsqu’elle est fondée, peut influencer la situation
professionnelle du magistrat mis en cause. Cette influence peut agir à diverses
dimensions, qu’elles soient pénales ou disciplinaires. Le projet de loi sur la
disciplinarisation de la prise à partie prévoyait qu’une fois déclenchée, l’action en
prise à partie provoque la suspension avec privation de salaire du magistrat incriminé
et lorsque la prise à partie est déclarée recevable et fondée, le magistrat est révoqué.
En outre, un magistrat qui passe un jour en prison, cesse d’être magistrat.

En l’état actuel de la question, le droit congolais traite la responsabilité du


magistrat, quant au fond, dans le cadre du droit commun. Il devrait s’inspirer du droit
de certains pays africains qui consacrent, au-delà de la responsabilité civile du
magistrat, sa responsabilité pénale pour certains faits commis dans l’exercice de ses
fonctions. C’est le cas du Maroc, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal qui attache à
la procédure de prise à partie des dispositions pénales susceptibles de frapper les
magistrats pour certains actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions46.

Lorsque la prise à partie est déclarée non fondée, le magistrat incriminé


dispose toujours d’une action reconventionnelle pour procédure téméraire et
vexatoire contre le requérant47.

Ce magistrat est ainsi reçu en justice pour vanter le préjudice dont il a


souffert du fait d’une demande manifestement mise en mouvement de mauvaise foi et
avec légèreté, portant à la fois atteinte à son honneur et à sa carrière.
Au cours des dix dernières années, il s’observe, dans le chef des justiciables
épris d’une bonne administration judiciaire, un recours fréquent à la prise à partie. Le
nombre de procès en la matière a connu une ascension éponyme. Alors que jusqu’en
1977 seules 3 prises à parties ont été enregistrées, entre 1977 et 2008, en revanche,
470 ont été introduites à la cour suprême de justice. Pour l’année 2007, plus de 215
ont été déposées48.

Ce recours au bord de l’abus inquiète parfois dans la mesure où « certains


plaideurs malicieux se permettent de contourner les moyens pertinents de leurs
adversaires au niveau de la cassation pour initier, intempestivement, des procédures
en prise à partie et obtenir ainsi facilement l’annulation des décisions judiciaires à
49
l’insu de leurs adversaires » . Cela rend nécessaire une nette démarcation entre le
champ d’application de la prise à partie et celui des voies de recours ordinaires ou
extraordinaires.

46 Association des Hautes Juridictions de Cassation des pays ayant en partage l’usage du Français, AHJUCAF en sigle,
Synthèse du 2ème Congrès consacré à l’indépendance de la Justice, Dakar du 7 au 8 novembre 2007, in
www.ahjucaf.org.
47 Article 64, loi organique relative à la procédure devant la Cour de cassation.
48 KWESO AKELE ONKIE, Exposé à l’occasion du renouvellement du serment, le 16 février 2008, cité par
MWILANYA, p. 49.
49Idem.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 169

Cette propulsion vertigineuse doit sa justification à plusieurs facteurs


résultant principalement du fonctionnement de l’appareil judiciaire congolais. La
plupart des décisions attaquées sont certes manifestement iniques de par leur
caractère arbitraire et du fait que leur formulation est conditionnée par la sollicitude
des parties disposées à répondre favorablement aux attentes illicites des magistrats.
Cela recommande que la question de la responsabilité professionnelle des magistrats
soit prise au sérieux pour une administration saine de la justice et la nécessité de
consolider la confiance des justiciables en la justice.
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DEUXIEME PARTIE : L’ARBITRAGE

INTRODUCTION

La naissance d’un litige entre particulier revêt plusieurs formes autant que le
mode de sa résolution commande l’intervention de diverses procédures et institutions
chargées de trouver l’équilibre rompu entre deux protagonistes. C’est dans ce sens
que les parties peuvent opter pour l’arbitrage. L’entrée en vigueur des actes
uniformes de l’OHADA en République démocratique du Congo a eu une incidence
majeure sur les règles régissant l’arbitrage. Toutes les dispositions consacrées à cette
matière ont cédé la place à celles prévues par l’acte uniforme relatif à l’arbitrage du
11 avril 1999, conformément aux dispositions de l’article 1 de l’acte uniforme sur
l’arbitrage. La particularité des procédures instituées par cet acte réside dans le fait
qu’il consacre un système dualiste de l’arbitrage. D’une part l’arbitrage institutionnel
et, d’autre part l’arbitrage ad hoc. Le premier, d’une portée limitée, s’inscrit dans le
cadre de la Cour commune de Justice et d’arbitrage et fonctionne en son sein. Le
second a, quant à elle, une portée large et se tient sous les auspices d’une institution
d’arbitrage public ou privé qui n’a pas vocation de priver les parties de leur droit de
fixer en avance les modalités du déroulement de l’instance.

A. L’arbitrage et les notions voisines

1. La conciliation

La conciliation est un mode de règlement des différends grâce auquel les


parties en présence s’entendent directement pour mettre fin à leur litige, au besoin
avec l’aide d’un tiers, appelé conciliateur. Les parties s’efforcent de rapprocher leurs
points de vue, parfois en abandonnant une partie de leurs prétentions originaires
jusqu’à ce qu’un accord dont les termes seront constatés dans un document
appelés « procès-verbal de conciliation » ou de « non conciliation » en cas d’échec.

La conciliation présente l’avantage psychologique d’éteindre un conflit sans


désigner ostensiblement un vainqueur et un vaincu puisque, au moins en apparence,
l’accord procède d’un accord de volontés50. Elle revêt plusieurs connotations selon
le domaine dans lequel on l’emploie. Ainsi, en droit international public c’est l’un
des modes de règlement politique des conflits internationaux consistant dans
l’intervention d’une commission chargée, en mettant en œuvre une procédure
contradictoire, d’examiner l’affaire et d’en proposer une solution51.

En droit du travail, la conciliation désigne, la phase obligatoire et préalable


qui précède la saisine du tribunal de travail. Elle consiste à soumettre une requête
auprès de l’inspecteur du travail, lui demandant de concilier l’employeur et le
travailleur au sujet du litige qui les oppose.

50 VINCENT, J., MONTAGNIER, G. et VARINARD, A., La justice et ses institutions, 2ème éd. Paris, Dalloz, 1985, p.
41.
51 GUINCHARD, S. (sous dir.), Lexique des termes juridiques, 19ème éd., Paris, Dalloz, 2012, p. 194.
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En procédure civile, la conciliation, est une phase préalable qui conditionne


la recevabilité de certaines actions en justice.

2. La médiation

La médiation est menée par un médiateur. Ce dernier se rapproche du


conciliateur en ce qu’il n’a pas non plus pour vocation à trancher le litige, mais il
cherche que les parties arrivent d’un commun accord à la résolution de leur différend.
Il s’en distingue par son rôle plus actif qui s’exprime par la recherche des éléments
d’une entente qu’il propose aux parties, sans d’ailleurs pouvoir la leur imposer.
Ainsi, la médiation possède un vaste champ d’application qui est plus vaste.

La médiation est usitée en droit international comme l’un des mécanismes


pacifiques de résolution des différends entre Etats, le recours à la force étant
strictement prohibé dans les relations internationales. Dans ce domaine, elle consiste
dans le fait, qu’une tierce personne désignée en raison de sa personnalité et influence
sur la scène internationale, puisse être désignée par les parties pour les aider à régler
le litige qui les oppose. Il peut s’agir d’un Etat, d’un groupe d’Etats. Il faut se garder
de confondre la médiation avec les bons offices, qui comme ces derniers, tend
simplement au rapprochement et à l’ajustement des positions des parties en litige,
mais à la différence des bons offices, elle comporte généralement de la part du
médiateur, des propositions en vue de la solution du litige52. Elle se distingue de
l’arbitrage dans la mesure où, elle confiée à un organe collégial et qu’il n’est pas
doter de l’exercice d’une fonction juridictionnelle proprement dite.

3. L’arrangement à l’amiable

Il y a lieu de cerner la notion d’arrangement à l’amiable qui, par les


modalités de son fonctionnement, s’apparente à l’arbitrage. Lorsqu’aux termes de
leur convention, les parties décident de soumettre leur litige à une instance dont la
mission principale est de faciliter simplement sa résolution en statuant non pas sur la
base des règles prédéfinies mais plutôt en fonction de l’équité, l’on dit que le tribunal
a statué en amiable compositeur. Pareil accord des parties suppose une confiance
toute particulière dans le tribunal arbitral dont la composition est maquée, le plus
souvent, par des personnalités bénéficiant d’une révérence de la part des parties.

4. L’arbitrage international et l’arbitrage national

La résolution de litige par voie arbitrale n’est nullement l’apanage du droit


interne des Etats. Dans les relations interétatiques, figure également le mécanisme
d’arbitrage qui, par ailleurs, connait une évolution fort remarquable de nos jours. En
effet, l’arbitrage au plan international est diversifié et fait intervenir moult
juridictions selon l’objet sur lequel il porte. Il peut s’agir de l’arbitrage d’un différend
entre Etat et Etat ou d’un conflit entre un Etat et un individu investisseur étranger en

52 CORNU, G., (sous dir.), Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2009, pp. 582- 583.
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matière d’investissements. L’arbitrage international entre Etat et individu est un


mécanisme qui s’inscrit dans l’optique d’offrir aux investisseurs étrangers qui ont
choisi d’effectuer les activités commerciales d’une certaine envergure sur le territoire
d’un autre Etat une garantie de leur investissement.

En revanche, lorsqu’il s’agit d’Etat à Etat, ce mécanisme vise à résoudre


facilement et dans un temps record les divergences des vues entre sujet de droit
international sur une question de droit qui les divisent. C’est donc un choix opéré par
les Etats en vue de soumettre le litige non pas à une juridiction judiciaire, mais à une
juridiction arbitrale.

Il faut indiquer toutefois, que l’arbitrage au plan national requiert, lorsque la


sentence est prononcée, une procédure particulière, appelée exequatur, en vue de lui
donner une force exécutoire. Au plan international, cette procédure n’est pas de mise.
Cette situation est à la base de la problématique de l’exécution de sentences arbitrales
rendues par des instances internationalement constituées. Une sentence est pourvue,
sur ce plan, d’une force exécutoire d’office, mais son l’exécution est tributaire de la
bonne foi des parties. En cas du refus persistant par un Etat d’exécuter la sentence
arbitrale, l’autre partie est en droit de faire exécuter la décision par n’importe quel
moyen, il peut même pratiquer la saisie sur les biens dudit Etat se trouvant sur le
territoire étranger.

B. Les principales caractéristiques de l’arbitrage

L'arbitrage est un mode privé de trancher les litiges fondé sur la convention
établie entre les parties. Le champ qu’il couvre est celui des relations à caractère
privé. Ce caractère appelle un régime où l'autonomie des parties dans la
détermination des règles de droit applicables est particulièrement large. Pareille
liberté permet aux parties de s'assurer de la neutralité du cadre juridique du règlement
de leur litige, à défaut de l'existence d'une juridiction en matière de litiges de droit
privé. En dépit de ce qui précède, nous réalisons que l’arbitrage est un processus,
volontaire, privé, confidentiel, accusatoire et flexible.

1. L’arbitrage est volontaire

L’arbitrage est volontaire en ce sens que les parties doivent consentir


expressément à l'arbitrage par écrit ou être visées par l'application d'une disposition
législative qui rend l'arbitrage obligatoire dans une situation particulière. Si les
parties ont accepté d'avoir recours à l'arbitrage, les tribunaux, sur requête d'une des
parties à la convention, exigeront généralement que les parties soumettent leur
différend à l'arbitrage, à moins que la convention d'arbitrage soit caduque, inopérante
ou non susceptible d'être exécutée.

2. L’arbitrage est privé


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Il est privé parce qu’en règle générale, l'audition d'un arbitrage est privée.
C’est die qu’elle ne donne pas lieu à la présence d’une quelconque autorité publique.
Les parties se résignant à porter leur choix à un nombre des personnalités en vue
qu’elles viennent à trancher le litige qui les oppose.

3. L’arbitrage est confidentiel

Il est confidentiel dans la mesure l'arbitrage est généralement confidentiel si


les parties en décident ainsi. Il est exigé le respect des restrictions sur la divulgation
de renseignements et l'obligation de divulguer des renseignements en conformité
avec le caractère confidentiel de la procédure.

4. L’arbitrage est accusatoire

Il est accusatoire parce que le processus arbitral est fondé sur le modèle
accusatoire. Ce modèle suppose que les parties doivent présenter chacune en ce qui la
concerne ses moyens, qui doivent absolument être examinés mais la conduite et la
nature de l'audition sont déterminées par les parties, leur avocat et l'arbitre.

5. L’arbitrage est flexible

Il est en fin flexible en ce sens que les parties sont dotées d’une liberté de
choisir motu proprio les arbitres appelés à statuer sur le litige ainsi que la procédure à
suivre pour arriver à le régler.

C. Nature de l’arbitrage

La nature de l’arbitrage est sujette à débat. Il est des auteurs qui analysent
l’arbitrage en un contrat de transaction suivi d'un mandat donné conjointement par
les contractants de la transaction à un arbitre chargé de compléter la transaction en
déterminant les obligations des parties.

Le compromis est bien un contrat, concours de volontés, mais son objet est
de désigner un juge en délimitant son pouvoir juridictionnel, sa saisine, non plus par
affrontement de l'assignation et des conclusions mais suivant un accord quant à
l'objet litigieux. Loin de terminer une contestation, le compromis explicite la
contestation, la met à l'état actif. Loin de donner conjointement un mandat à l'arbitre
pour faire quelque chose pour eux et en leur nom, les plaideurs demandent à l'arbitre
de trancher le litige qui les oppose.

Du point de vue de sa nature, on peut retenir la nature ambivalente de


l’arbitrage. En effet, cette nature se manifeste de la manière suivante : c’est une
justice privée qui, d’une part, est instituée par un acte juridique, une simple
convention des parties (la convention d’arbitrage) et, qui, d’autre part, se conclut par
une décision (la sentence) ayant l’autorité de la chose jugée comme un jugement
rendu par un tribunal officiel. Donc un acte juridictionnel ponctue la procédure
arbitrale. Cet acte est susceptible d’exécution forcée car, dès lors que l’une des
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parties refuse d’exécuter la sentence, l’autre peut obtenir du juge étatique la formule
exécutoire par le biais d’une ordonnance d’exéquatur.

Les parties soumettent leur litige à l’arbitrage de deux manières. Soit par la
clause compromissoire, soit par le compromis d’arbitrage. Il y a clause
compromissoire, lorsqu’avant la survenance d’un quelconque litige, les parties
insèrent dans leur convention, une clause, aux termes de laquelle, tout litige à venir,
dans le cadre de leur rapport d’obligation, serait soumis à une instance arbitrale. Il en
découle qu’une clause compromissoire ne se conçoit qu’à l’absence de litige et avant
la naissance de celui-ci. En revanche, il y a compromis d’arbitrage, lorsque les
parties, à la suite de la survenance du litige, décident de commun accord à soumettre
sa résolution à un tribunal arbitral.

La clause compromissoire n’a d’effet qu’entre parties. Elle est inapplicable,


lorsque la contestation qui surgit entre ceux qui l’ont conclue et d’autres qui ne sont
point liés par elle, est indivisible. Il en est de même lorsqu’une des parties qui l’ont
conclue est appelée devant un tribunal dans un des cas prévus aux articles 120 et 121
de la loi organique du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l’ordre judiciaire.

D. Le fondement de l’arbitrage

En droit congolais l’arbitrage était prévu par le code de procédure civile. Il y


était consacré le titre V. Il en découle, que les règles en matière arbitrale étaient
celles prévues aux articles 159 à 19453 de ce texte. Toutefois, l’entrée en vigueur des
actes uniformes de l’OHADA en République démocratique du Congo a eu une
incidence majeure sur les règles régissant l’arbitrage. Toutes les dispositions
consacrées à cette matière ont cédé la place à celles prévues par l’acte uniforme
relatif à l’arbitrage du 11 avril 1999, conformément aux dispositions de l’article 1 de
l’acte uniforme sur l’arbitrage. La particularité des procédures instituées par cet acte
réside dans le fait qu’il consacre un système dualiste de l’arbitrage.

D’une part l’arbitrage institutionnel et, d’autre part l’arbitrage ad hoc. Le


premier, d’une portée limitée, s’inscrit dans le cadre de la Cour commune de Justice
et d’arbitrage et fonctionne en son sein. Le second a, quant à elle, une portée large et
se tient sous les auspices d’une institution d’arbitrage public ou privé qui n’a pas
vocation de priver les parties de leur droit de fixer en avance les modalités du
déroulement de l’instance.

Le recours à l’arbitrage étant un droit reconnu tant à une personne physique


qu’à une personne morale en vue de réclamer les droits dont elle a la libre
disposition54, les parties à l’arbitrage peuvent, par leur convention d’arbitrage, à
travers d’une clause compromissoire ou d’un compromis d’arbitrage, déterminer les
règles en complément de celles prévues par la loi, pour organiser l’instance arbitrale.

53 Les articles 159 à 194 du Code de procédure civile congolais.


54 Article 2 de l’Acte uniforme sur l’arbitrage de l’OHADA.
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Il est malaisé de penser que l’arbitrage, étant un mécanisme qui ne fait pas intervenir
les cours et tribunaux, serait dépourvu d’un fondement ou encore d’une force
juridique. L’arbitrage, est bien pourvu de la force juridique et les parties sont
obligées de se conformer aux prescrits de la sentence arbitrale comme toute décision.
Sauf qu’elle doit pour avoir un caractère exécutoire être soumise à une procédure
d’exequatur. Il est nécessaire de s’interroger sur la nature de l’arbitrage dont
l’appréhension n’est pas aisée.

E. L’organisation de l’arbitrage à l’une de l’entrée en vigueur de


l’OHADA

Les règles procédurales organisant l’arbitrage sont énoncées en dehors du


Code de procédure civile congolais, dans l’acte uniforme sur l’arbitrage de
l’OHADA. Cet acte sans déterminer toute la procédure, donne la possibilité à titre
supplétif aux parties en litige de convenir sur bien des règles dont le tribunal arbitral
sera appelé à prononcer. Parmi ces règles, figurent celles qui président à la
désignation des arbitres par les parties en litige avant de relever les droits ainsi les
obligations qui incombent aux arbitres dans l’exercice de leur mission, la mise au
point de la clause d’arbitrage, la compétence dévolue à la juridiction d’arbitrage,
l’exécution de la sentence arbitrale et l’annulation de sentences arbitrales.

1. La désignation des arbitres

En matière de désignation des arbitres deux situations peuvent se présenter.


La première tient au fait que les parties se soient entendues sur la question, à travers
leur convention d’arbitrage. Dans ce cas, les arbitres sont nommés, révoqués ou
remplacés conformément à la convention des parties55.
La deuxième situation se présente, lorsque les parties ne se sont pas
entendues au préalable sur la désignation des arbitres ou lorsque la convention se
révèle insuffisante sur la question. L’alinéa 2 de l’article 5 de l’AUA sur l’arbitrage
prévoit deux solutions suivant le nombre des membres appelés à constituer le
tribunal:
- Lorsque l’instance arbitrale est constituée par trois arbitres, chaque partie
nomme un arbitre et les deux arbitres ainsi nommés choisissent le troisième arbitre ;
si une partie ne nomme pas un arbitre dans un délai de trente jours à compter de la
réception d’une demande à cette fin émanant de l’autre partie, ou si les deux arbitres
ne s’accordent pas sur le choix du troisième arbitre dans un délai de trente jours à
compter de leur désignation, la nomination est effectuée, sur la demande d’une partie,
par le juge compétent dans l’Etat-partie ;
- En cas d’arbitrage par un arbitre unique, si les parties ne peuvent
s’accorder sur le choix de l’arbitre, celui-ci est nommé, sur la demande d’une partie,
par le juge compétent dans l’Etat-partie.

2. Droits et devoirs des arbitres

55 Article 5 de l’AU OHADA sur l’Arbitrage.


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Dans l’exercice de leur mission les arbitres bénéficient de certaines


prérogatives, mais également ils sont soumis à certaines obligations. Au titre des
droits, les arbitres ont le libre choix quant à l’acceptation de la mission leur confiée.
Nul arbitre ne peut être contraint de remplir cette mission. Les arbitres ne sont pas
obligés d'accepter la mission, mais une fois qu'ils l'ont acceptée, ils doivent la mener
à bonne fin. C’est dire qu’ils ne doivent pas se comporter indignement, sous peine
d’engager leur responsabilité au plan civil ou pénal selon le cas. L’arbitre qui accepte
sa mission doit porter cette acceptation à la connaissance des parties par tout moyen
laissant trace écrite56. Cependant, toute défaillance, c’est dire en cas de déni de
justice, ne donne cependant pas lieu, à prise à partie, cette procédure étant réservée
en droit congolais aux seuls magistrats. Ils peuvent être attaqués en dommages -
intérêts, par une procédure ordinaire. C’est pourquoi il est prévu, à l’article 7 de
l’AUA, que l’arbitre dont l’impartialité est suspectée, la récusation. Si l’arbitre
suppose en sa personne une cause de récusation, il doit en informer les parties, et ne
peut accepter sa mission qu’avec leur accord unanime et écrit.

En cas de litige, et si les parties n’ont pas réglé la procédure de récusation, le


juge compétent dans l’Etat-partie statue sur la récusation. Sa décision n’est
susceptible d’aucun recours.

Toute cause de récusation doit être soulevée sans délai par la partie qui
entend s’en prévaloir.
La récusation d’un arbitre n’est admise que pour une cause révélée après sa
nomination.
Aux termes de leur mission ils ont le droit de recevoir une récompense eu
égard au service qu’ils ont fournis. Contrairement aux cours et tribunaux dont le
fonctionnement obéit au principe de la gratuité, le service des arbitres est payant
suivant les modalités définies par les parties. Les arbitres peuvent recourir à toutes les
mesures d'instruction, comme les juges judiciaires. Il est fréquent que les arbitres
descendent sur les lieux. Il est rare qu'ils commettent un expert, étant généralement
choisis en considération de leurs connaissances dans la matière litigieuse.

3. La compétence de la juridiction arbitrale

La compétence d’une juridiction, s’entend du pouvoir que la loi attribue à un


organe, en vue de connaître d’une matière donnée. En matière arbitrale, la
compétence est attribuée substantiellement à la juridiction, par les parties qui
s’entendent de lui soumettre un litige bien précis. L'arbitre statue sur sa propre
compétence57 (principe appelé "compétence-compétence")58, si la clause
compromissoire visant tout litige ou différend né du contrat ou en relation avec celui-
ci n'est pas manifestement inapplicable, il appartient à l'arbitre de se prononcer par
priorité sur sa propre compétence dès lors que la demande présente un lien avec le

56 Article 7 de l’AUA.
57 Article 11 de l’AUA
58 BRAUDE, S., Dictionnaire de droit privé, in www. dictionnaire-juridique.com/définition, consulté le 15 mai 2013 à
18 heures, p. 3.
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contrat. Il s’en suit que l’arbitre tire sa compétence de la convention des parties. Les
arbitres ne peuvent en aucune façon statuer en dehors de la sphère de compétence
tracées par les parties dans la clause.

4. La sentence arbitrale

A l’antipode des cours et tribunaux qui rendent les décisions qualifiées de


jugement ou arrêt selon le cas, l’instance arbitrale prononce une décision appelée,
sentence arbitrale. La sentence (jugement arbitral, solution de composition amiable
ou donne acte de l’accord transactionnel) doit être écrite et datée, et revêtue de la
signature des arbitres. Elle est toujours contradictoire. Ce qui suppose qu’il n’ya pas
lieu à l’opposition parce que toutes les parties sont censées être présentes à toutes les
audiences.

C'est la majorité des arbitres qui décide. L'arbitre qui a une opinion
dissidente devrait signer. On a cependant prévu que si un arbitre minoritaire refuse de
signer, la sentence signée par la majorité est valable. Car il est inconcevable qu’un
membre minoritaire puisse bloquer pour une raison qui peut se révéler moins justifiée
la machine arbitrale.

a. Forme de la sentence

La sentence doit répondre à certaines exigences, car il s’agit, pour les


arbitres de départager les parties par une décision acceptée comme telle par elles.
Pendant le délibéré, la sentence doit être rendue à la majorité de voix, lorsqu’il y a
plusieurs arbitres au siège.

La sentence arbitrale doit être écrite et datée. Chacun des arbitres ayant
siégé doit y apposer sa signature. En cas de refus de la signature par la minorité, les
autres arbitres font mention de ce refus et la sentence au même effet que si elle avait
été signée par tous les arbitres. Il s’agit là de faire obstruction à toute tentative visant
la sentence.

Une fois prononcée, la sentence arbitrale tient lieu de loi aux parties. Elle
fait foi comme une convention entre elles et ne peut être opposée aux tiers. Elle reste
une res inter alio acta. La sentence arbitrale est un véritable jugement. Elle a en soi «
autorité de chose jugée » entre parties59 ; elle est toujours exécutoire par provision et
peut même être dite exécutoire nonobstant tout appel et sans cautionnement, mais
l'exécution forcée qui implique l’appui des forces de l'Etat ne peut être obtenue sans
l'exequatur. Sauf si les parties y ont renoncé, la sentence peut être entreprise en appel
dès son prononcé. Si les parties ont donnés aux arbitres une mission d'amiables
compositeurs, elles ont implicitement renoncé à l'appel. Car cette procédure ne peut
faire l’objet d’une quelconque procédure d’appel.

59 Idem, article 181.


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b. Le recours contre la sentence arbitrale

La lecture de l’article 25 de l’acte uniforme sur l’arbitrage révèle que la


sentence arbitrale ne peut faire l’objet d’opposition, d’appel, ni de pourvoi en
cassation. Les seules voies de recours ouvertes sont, l’annulation, la révision et la
tierce opposition.

- Le recours en annulation doit être porté devant le juge compétent dans


l’Etat-partie. La décision du juge compétent dans l’Etat-partie n’est susceptible que
de pourvoi en cassation à exercer devant la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage.µ

Le recours en annulation n’est recevable que dans les cas suivants :


 si le Tribunal arbitral a statué sans convention d’arbitrage ou sur une
convention nulle ou expirée ;
 si le Tribunal arbitral a été irrégulièrement composé ou l’arbitre unique
irrégulièrement désigné;
 si le Tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui a été
confiée ;
 si le principe du contradictoire n’a pas été respecté;
 si le Tribunal arbitral a violé une règle d’ordre public international des
Etats signataires du Traité.
 si la sentence arbitrale n’est pas motivée60.

Le recours en annulation est recevable dès le prononcé de la sentence ; il


cesse de l’être s’il n’a pas été exercé dans le mois de la signification de la sentence
munie de l’exequatur61.

Sauf si l’exécution provisoire de la sentence a été ordonnée par le Tribunal


arbitral, l’exercice du recours en annulation suspend l’exécution de la sentence
arbitrale jusqu’à ce que le juge compétent dans l’Etat-partie ait statué62.

Ce juge est également compétent pour statuer sur le contentieux de


l’exécution provisoire.
En cas d’annulation de la sentence arbitrale, il appartient à la partie la plus
diligente d’engager, si elle le souhaite, une nouvelle procédure arbitrale,
conformément au présent Acte Uniforme.

- La tierce opposition peut être exercée, devant le tribunal arbitral, par


toute personne physique ou morale qui n’a pas été appelée et lorsque cette sentence
préjudicie à ses droits.

60 Article 26 de l’AU sur l’Arbitrage.


61 Article 27è de l’AU sur l’Arbitrage.
62 Article 28 de l’AU sur l’Arbitrage.
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- Le recours en révision s’exerce devant le tribunal arbitral en raison de


la découverte d’un fait de nature à exercer une influence décisive et qui, avant le
prononcé de la sentence, était inconnu du tribunal arbitral et de la partie qui demande
la révision.

c. L’exécution des sentences arbitrales

Lorsqu’elle est rendue, la sentence arbitrale est obligatoire à l’égard des


parties. Elle n’est susceptible d’exécution forcée qu’en vertu d’une décision
d’exequatur rendue par le juge compétent dans l’Etat-partie. La reconnaissance et
l’exequatur de la sentence arbitrale supposent que la partie qui s’en prévaut établisse
l’existence de la sentence arbitrale par la production de l’original accompagné de la
convention d’arbitrage ou des copies de ces documents réunissant les conditions
requises pour leur authenticité63. La décision qui accorde l’exequatur n’est
susceptible d’aucun recours.

Il en découle que l’acte uniforme sur l’arbitrage ne réglemente pas la


procédure que les parties doivent observer pour faire exequaturer la sentence
arbitrale. La question est renvoyée à la législation interne de chaque Etat. Ce qui
sous-entend que l’Acte uniforme sur l’arbitrage n’a pas abrogé totalement les
dispositions internes sur l’arbitrage existant avant son entrée en vigueur tel que cela
ressort de son article 35, pour autant qu’il peut être complété par certaines
dispositions pourvue qu’elles ne lui soient pas contraires.

En droit congolais, la sentence arbitrale n'est susceptible d'exécution forcée


qu'en vertu d'une ordonnance d'exequatur émanant du tribunal de grande instance
dans le ressort duquel elle été rendue. En effet, la lecture de l’article 184 du Code de
procédure civile révèle qu’à l’exception des sentences préparatoires ou
interlocutoires, lesquelles seront exécutoires de plein droit du jour où les arbitres en
auront donné connaissance aux parties ou à leurs représentants, l’exécution forcée
d’une sentence arbitrale ne pourra être poursuivie qu’après que le président du
tribunal compétent l’aura rendue exécutoire par une ordonnance accordée sur la
minute à la requête de la partie la plus diligente et sans qu’il soit besoin d’en
communiquer au Ministère public. Ainsi, il est institué une procédure d’exequatur
qu’il convient d’analyser.

L’on doit toutefois relever que l’on discute en doctrine congolaise sur la
question des effets de l'exequatur. Certains estiment que c'est une formalité que le
président du tribunal de grande instance doit accomplir sans pouvoir d’appréciation
d'aucune sorte. D’autres estiment qu’il doit vérifier le « bien procédé » si non le «
bien jugé » ; il devrait contrôler si les arbitres ont régulièrement saisis par un
compromis écrit, si les parties avaient capacité ; si l’objet du litige était de ce dont les
parties pouvaient disposer par transaction, si les droits de la défense ont été respectés,
si la sentence est signée par la majorité, si elle a été rendue dans les délais, si la
solution retenue ne va pas à rencontre de l'ordre public etc.

63 Article 28 de l’AU sur l’Arbitrage.


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 180

La solution, à notre avis, se situe à mi-chemin, dans la mesure où le juge


n'accordera pas l'exequatur à une sentence qui lui apparaît nulle64 ; cependant le juge
n'est pas appelé à faire une vérification systématique de la procédure, il ne voit que la
décision intervenue et non le compromis ni la procédure qui l'ont engendrée.

L'exequatur est assez rare, car les parties qui recourent à l'arbitrage sont
généralement
disposées à exécuter volontairement ne serait-ce que peur éviter les droits
proportionnels.

TROISIEME PARTIE : LA PROCEDURE GRACIEUSE182

64 Article 190 du Code de procédure civile.


182 A. RUBBENS, op. cit. Tome II n°262 à 266.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 181

CHAPITRE I : LES ORDONNANCES SUR REQUETE

Section 1. : Les ordonnances sur requête

§1. La nature des ordonnances sur requête

La loi accorde aux juges des pouvoirs de décision, en dehors de la fonction


juridictionnelle qu’ils exercent en siégeant aux audiences des cours et tribunaux. Ces
décisions sont prises sur demande d'un particulier (requête) et en forme
d'ordonnance.

Une controverse divise la doctrine sur la nature des ordonnances sur requête
; certains auteurs les considèrent comme de nature gracieuse, d'autres auteurs leurs
reconnaissant une nature contentieuse183.

Il est bon de rappeler que la juridiction gracieuse se caractérise par deux


éléments essentiels savoir184.
a) La nécessité légale de l'intervention du juge.
b) L'absence d'une contestation.

En général, les ordonnances sur requête sont de nature gracieuse mais il


peut y avoir contestation certes non tranchée contradictoirement, en ce cas-là
l’ordonnance sur requête a alors une nature contentieuse185.

Signalons que l'ordonnance sur requête s'insère dans un contexte


contentieux ; souvent elle est dirigée contre un adversaire virtuel qui, sans figurer
dans la procédure, sera appelé à conséquences de la décision prise; l'intéressé qui n'a
pas été entendu et qui s'estime lésé par
l'ordonnance, a la possibilité d’exercer le recours en rétractation ; ce qui va élever le
contentieux186. Du fait que l'ordonnance sur requête est prise sur demande
unilatérale d'un requérant sans que le juge ne doive entendre les parties auxquelles sa
décision peut éventuellement faire découle que ces ordonnances n'ont pas l'autorité
d'un jugement; n'étant pas rendu après un débat contradictoire, l'ordonnance ne
prétend pas arrêter la vérité judiciaire ni vider le litige en disant le droit.

Les décisions prises par voix d'ordonnance n'ont pas l'autorité de la chose
jugée ; la rétraction,la réformation et l'annulation d'une ordonnance peuvent être
obtenues généralement sans recourir aux rigueurs des procédures de recours.

Certaines ordonnances peuvent faire grief à une partie qui n'a pas pu faire
entendre son point de vue. Pour parer à cet inconvénient, le droit français a prévu un

183 Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit. n°170.


184 BAYONA, La juridiction gracieuse en droit congolais. Nature et portée. Thèse de doctorat, Université
Louvanium, Kinshasa 1969.
185 Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit., n°170.
186 Jean VINCENT et Serge GUINCHARD, op. cit., n°1697.
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recours approprié, le réfère. S’il est fait droit à la requête, tout intéressé peut en
référer au juge qui a rendu l'ordonnance. Ce référé est un référé officiel qui n'est
subordonné ni à l'urgence ni à l'absence d'une contestation sérieuse.

§2. La forme de la requête

Le requérant doit ensuite exposer les faits qui justifient ou nécessitent


l'intervention du juge. Dans la requête, doivent être indiqué les textes de loi en vertu
desquels l'intervention du
président est requise.
Vient enfin le dispositif qui est formulé en forme de supplique, c'est-à-dire
ta décision postulée.La requête dort être datée et signée ; elle est déposée au greffe
du tribunal où siège le présidentauquel elle s'adresse.

Il ne paraît pas indiqué d'introduire en droit congolais la pratique des « actes


d'hôtel » qui permet aux parties de présenter les requêtes urgentes au, domicile du
magistrat.

§3. La communication au M.P.

Chaque fois qu'un texte l'impose, la communicationdes requêtes au M.P,


pour qu'il donne son avis, est nécessaire à peine de nullité.

Le juge des ordonnances peut demander l'avisde l’O.M.P avant de répondre


à toute requête portant sur un sujet intéressant l'ordre public.

Quand il a connaissance de l'introduction d'une requête, le M.P peut


demander communication de la requête et du dossier en toute cause dans laquelle il
voit son ministère nécessaire.

§4. La forme et l’objet de ordonnance

L’ordonnance doit indiquer le nom et l'identité du requérant, l'objet et la


date de la demande, le nom et la qualité du juge. L’ordonnance doit également
préciser à peine de nullité, le nom et la qualité du greffier.

La motivation de l'ordonnance ne s'impose que si la loi le requiert, mais


l'ordonnance de rejet doit être motivée pour éviter des suspicions d'arbitraire. Il faut
noter qu'il y a obligation de motiver lorsque la loi prévoit l'appel.

Le dispositif peut faire droit à tout ou partiede la requête ou peut la rejeter


pour le tout. Le dispositif peut se présenter sous d'autres aspects; ainsi il peut
déclarer la requête :
- mal formulée d'où son irrecevabilité
- mal dirigée (incompétence)
- contraire au droit
- inopportune ou inadéquate.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 183

Le juge peut imposer des conditions, faire des restrictions ou des réserves.
Les ordonnances doivent être datées et signées par le juge et par le greffier.

§5 Le caractère exécutoire des ordonnances sur requête

Les ordonnances sur requête sont exécutoires sur tout le territoire national
dès leur signature par le juge et par le greffier.

Les ordonnances demeurent exécutoires jusqu'au moment où elles sont


rapportées ou déclarées nulles.

La loi n'organise ni l'opposition ni la tierce opposition; toutefois, l'on peut


considérer que la partie qui s'estime lésée peut adresser à son tour une requête au
juge de l'ordonnance en postulant une modification ou même l’anéantissement des
mesures prises. En effet, mieux informé, le juge a le pouvoir de modifier sa décision
ou de la rapporter car l’ordonnance n'a pas force de chose jugée et ne dessaisi pas le
juge.
Dans la pratique, certains présidents, pour prévenir les inconvénients
résultant de sa rétraction ou de l'annulation de l'ordonnance convoquent les
personnes susceptibles d’être touchées par les effets de l'ordonnance, afin d'être
éclairés avant que ne soit prise la décision; ceci est légitime, du moins dans les cas
où l'effet de surprise n'est pas essentiel à l'efficacité de la mesure donnée.

L'appel des ordonnances n'est pas recevable sauf dans le cas où la loi le
prévoit expressément.
4. Nous sommes d'avis que le pourvoi en cassation devant la Cour de
cassation est possible et cela suite à un arrêt de principe de la Cour suprême de
justice (RP 280) du 9 septembre 1980 qui a décidé que les ordonnances rendues en
dernier ressort ; par
ailleurs, nous estimons que les ordonnances sur requête même de nature gracieuse,
sont des
188
actes juridictionnels et donc susceptibles de pouvoir en cassation si elles sont
rendues en dernier ressort.

189
CHAPITRE II : LE REFERE

Introduction

- Le droit congolais ne connaît pas la procédure de référé,


- Le développement qui va suivre est puisé dans la doctrine française afin
d'informer les
étudiants sur l'essentiel de cette procédure.

188 Nicolas. BAYONA: Op. Cit. Idem


189 A. RUBBENS: Op. CitTome II, n°268
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Section 1 : Définition

II s'agit d'une procédure qui accorde au président de juridiction le pouvoir


de statuer.
Contradictoirement et provisoirement sur les difficultés relatives à l’exécution d'une
décision judiciaire et en cas d'urgence en toute matière rentrant dans la compétence
de la juridiction qu'il préside.

Section 2 : Catégories

L'on distingue deux catégories de référé :

1. Cas classique ou ordinaire de référé :

C'est le référé qui s'applique dans tous les cas d'urgence, lorsque le président
du tribunal ordonne en référé toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune
contestation sérieuse ou qui justifie l'existence d'un différend.

2. Cas spécifique :

Les cas spéciaux de référé se caractérisent tantôt par le fait que l'urgence et
l'absence de
contestation sérieuse ne sont pas exigées, tantôt par le fait que l'une ou l'autre des
conditions du
référé ordinaire est maintenue par la loi; aussi, le juge du référé a le pouvoir
d'accorder une
provision au créancier. C'est le référé-provisoire. Il peut également ordonner
l'exécution d'une
obligation, même s'il s'agit d'une obligation de faire; c'est ce que l'on nomme en
pratique, le référe-
injonction. Pour synthétiser, disons que l'on peut classer les référés de la manière
suivante :
a) le référé ordinaire est commun à toutes les juridictions;
b) certains référés spéciaux sont communs à toutes les juridictions;
c) certains référés spéciaux sont communs à certaines juridictions
seulement;
d) d'autres référés spéciaux sont réservés à une seule juridiction.

Section 3. Procédure

Il y adeux manièresd'introduire le référé :


a) Le défendeur est appelé par une assignation. C'est le référé sur place.
b) un officier public ou ministériel (ex un huissier) se heurte à une difficulté
grave dans l'exécution de l'acte du titre qui lui aété confié.
Le président tient l'audience du référé d'une manière périodique et régulière.
Mais si le cas requiert célérité, Se président peut permettre d'assigner soit à
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 185

l'audience soit à son domicile


portes ouvertes à une heure indiquée, et cela même un jour férié ou chômé; mais il
faut alors
obtenir une autorisation préalable d'assigner: Le président a la faculté de renvoyer le
référé à une
audience du tribunal en formation collégiale dont il fixe 'a date. Le tribunal statuer
collégialement, mais en référé.
Le référé intervient souvent pour régler un incident isolé; mais le recours au
référé, pour de raisons de rapidité, est également pratique au cours d'une instance
pendante, devant le tribunal
de grande instance ou devant un tribunal d'exception.

Section 4 : Pouvoirs du juge des référés

Le juge des référés par ce que ne pouvant statuer que d'une manière
provisoire ne peut
condamner une partie à acquitter une somme à titre de dommage-intérêt sauf en cas
de
procédure abusive devant lui; auquel cas il a le pouvoir de prononcer une amende
civile.

Mais le juge des référés peut condamner une partie à verser une provision.
Le juge des référés pour mettre fin à certaines controverses, peut prononcer
des condamnations à des astreintes, tes liquider provisoirement et statuer sur les
dépens.

Section.5 L'ordonnance de référé

La décision du référé est une ordonnance rendue publiquement,sauf, si le


président statue àson domicile. La minute est conservée au greffe.

L'ordonnance de référé présente trois caractères :


A. Caractère exécutoire de plein droit : elle bénéficie de l'exécution
provisoire c'est-à-dire qu'elle peut être exécutée dès la signification, nonobstant le
caractère suspensif du délai de voie de recours et de leur exercice. Dans certains cas
d'absolu nécessité, les ordonnances peuvent être même exécutées sans signification
préalable et sur minute.

B. Caractère provisoire : l'ordonnance de référé est une décision


provisoire; l'ordonnance ne peut jamais entamer le fond du droit elle ne peut jamais
empiéter sur la décision qui prendra plus tard le tribunal ultérieurement saisi du
procès.

C. Absence d'autorité de la chose jugée au principal :


Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 186

a) Etant donné que le juge du fond n'est pas lié par la décision obtenue au
référé, l'on en déduit que l'ordonnance n'est pas investie, quant au fond, de l'autorité
de la chose jugée.
b) L'ordonnance de référé peut être modifiée ou rapportée par un nouveau
référé dans la mesure où sont apparues des circonstances nouvelles L'ordonnance de
référé a une certaine autorité de la chose jugée dans la mesure où le juge du référé est
obligé de maintenir sa propre ordonnance.
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Section 6 : Les recours contre l'ordonnance des référés

L'ordonnance rendue en dernier ressort par défaut est susceptible


d'opposition.
L'appel est légalement possible sauf si l'ordonnance émane du premier
président.
L'arrêt de la cour a la même portée que l'ordonnance et est susceptible de
pourvoir en cassation.

Section 7 : Lacune à combler en droit congolais

L'absence de la procédure de référé en droit congolais constitue une lacune


évidente.
Le législateur colonial n'a pas cru indiqué d'y remédier prétextant que la
procédure ordinairedevant les tribunaux était suffisamment rapide et efficace.

Les raisons d'être delà procédure de référé en droit congolais sont les
suivantes:
a) les tribunaux ne peuvent apporter la solution rapide qui est requise.
b) la procédure de référé peut assurer le respect du contradictoire dans
plusieurs matière'
déférées actuellement à la décision unilatérale du juge des ordonnances.
c) Dans les matières où l'effet de surprise est essentiel, la procédure de
référé pourra
permettre aux parties qui prétendent que l'ordonnance sur requête leur fait grief
d'élevé
le contentieux devant le président du tribunal siégeant en référé, suivant une
procédure expéditive.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 188

190
QUATRIEME PARTIE : LES VOIES D'EXECUTION

190Voir en substance, les actes de l’OHADAsur la procéduresimplifiée de récouvrement des créances et


voiesd’exécution et A. RUBBENS : op. cit. n° 269 à 277 et Loïc CADIET : Op. Cit: 1113 à 1129.
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CHAPITRE 1 : LE DROIT A L'EXECUTION

Section 1 : La notion du droit à l'exécution

Toute obligation qui créé un droit subjectif confère au créancier le droit d'en
obtenir l'exécution. Normalement le débiteur de l'obligation peut faire exécuter
volontairementses
obligations contractuelles ou légales sans intervention de la justice.

En principe, il n'est pas permis au créancier du droit, d'user de la force pour


obtenir l'exécution de l'obligation qui lui est due parce que cela est source de
désordre, sauf dans des cas particuliers.

L'exécution forcée ne peutse faire que sous le contrôle de la justice ; on ne


peut y recourirqu'après mise en demeure.

Section 2 : Les actes exécutoires

L'office ministériel compétent peut revêtir de la formule exécutoire les actes


authentiques; mais le bénéficiaire doit recourir aux agents de l'Etat (huissier, les
OMP. les agents de la force publique) pour contraindre la partie qui manque à ses
engagements à les exécuter de force.

Le juge doit autoriser l'exécution provisoire de jugement dont le fondement


se trouve dans les actes authentiques parce que ces derniers ont une force probante
particulière.

Il existe un cas où il y a un titre exécutoire sans contrôle de la justice mais


sous le contrôle du conservateur de titres fonciers qui est officier ministériel; c'est en
matière de mutation de droits immobiliers, le conservateur des titres immobiliers
auquel est présenté un acte authentique de mutation de droits, opérera le transfert des
droits immobiliers à la requête unilatérale de l'acquéreur à condition que celui-ci
présente également le certificat d'enregistrement.

En matière d'hypothèque; la clause de la voie parée donne également force


exécutoire au contrat mais l'exécution forcée ne peut se faire que sous le contrôle du
juge.

En matière de conflit individuel de travail, les P.V. de conciliation dressés


par l'inspecteur du travail peuvent être revêtus de la formule exécutoire par
ordonnance du président de la juridiction qui aurait pu être compétente pour
connaître du litige.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 190

Section 3 : Le caractère exécutoire des jugements

La grosse, c'est-à-dire l'expédition revêtue de la formule exécutoire permet


au bénéficiaire d'un jugement de condamnation à faire ou à payer quelque chose,
d'exécuter de force des dispositions du jugement mais cela doit se faire par l'office de
l'huissier.

L'exercice de recours suspend la force exécutoire du jugement, sauf si le


jugement a été dit exécutoire nonobstant tout recours.

Les jugements ne peuvent être exécutés qu'après signification; et s'ils


comportent une
condamnation, les jugements ne peuvent être exécutés qu'après commandement fait
au débiteur
de l'obligation; toutefois, il existe des jugements dits « exécutoires sur minute, c'est-
à-dire des
jugements qui peuvent être exécutés dès !e prononcé : il s'agit des jugements avant
dire droit qui
organisent la procédure : exemple désignation d'experts, mesures probatoires,
mesures
provisoires.
L'exécution peut être retardée par une décision motivée du juge qui accorde
au débiteur le
bénéfice d'un délai de grâce.

CHAPITRE II : LES PROCEDURES D'EXECUTION FORCEE

Section 1 : Les modes d'exécution forcée

Pour vaincre la résistance du condamné à exécuter les décisions de justice,


divers moyens de contrainte physique et morale peuvent être utilisés de même que
l'expropriation d'une partie ou de la totalité du patrimoine du condamné.

Le mode d'exécution dépend de la nature du dispositif du jugement :


a) Lorsque l'exécution directe est possible, on usera de la force pour
atteindre le résultat prescrit par le jugement ;
b) Lorsqu'une obligation de faire est imposée au condamné, on peut user
soit de l'astreinte, soit faire exécuter l'ouvrage par un tiers aux frais du condamné;
c) Lorsqu'il y a obligation de payer, il est indiqué de saisir certains éléments
du patrimoine, de les réaliser pour affecter le prix au payement de la dette.

Section 2 : La contrainte par corps

La procédure civile congolaise ne prévoit pas, comme la procédure pénale,


la contrainte par corps dite « prison pour dettes ».
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Les juridictions coutumières appliquent la contrainte par corps; si elle a


pour but d'exercer unepression sur le débiteur de mauvaise foi qui cache des biens
sur lesquels l'exécution eut pu se faire, cette mesure est parfaitement défendable. Elle
est plus douteuse si elle a pour but
d'exercer une pression sur les membres de la parentale pour les amener à cotiser de
l'argent en
vue de libérer un parent de son obligation. La mesure est immorale si elle fait subir
une
« peine » à un débiteur insolvable.

Section 3 : L'exécution en nature

- Il faut donner la préférence à l'exécution directe chaque fois qu'elle


serévèle possible;
- il faut enlever aux mains du condamné, pour le remettre au légitime
propriétaire, un objet attribué au demandeur ;
- il faut expulser de l'immeuble occupé indûment le condamné pour en
remettre la possession au demandeur.

Section 4 : L'exécution par équivalent

Lorsque la condamnation porte sur une obligation de donner une certaine


qualité de
marchandises, le jugement peut prévoir qu'à défaut de livrer la marchandise dans un
délai fixé, le demandeur peut se procurer sur le marché toute quantité et exiger le
remboursement du prix
payé; cette modalité d'exécution est cependant à décommander parce qu'elle peut
susciter des
controverses sur le prix réellement payé, ce qui va provoquer de nouveaux procès.

Lorsque la condamnation porte sur une obligation de faire, l'exécution peut


en être faite par un autre et aux frais du condamné, lorsque ce dernier a refusé de
s'exécuter dans le délai prescrit par le jugement. C'est notamment le cas lorsque le
jugement condamne à une démolition
d'ouvrage.

Section 5 : L'astreinte

L'astreinte constitue un autre moyen de contraindre le condamné à exécuter


une obligation defaire au sens strict, l'astreinte est une pénalité infligée,
proportionnée à la durée du retard, pour non accomplissement d'une obligation civile.

Il y a lieu de noter que le droit civil congolais répugne à l'idée qu'une peine
puisse être infligée sans qu'il y ait infraction et qu'un particulier puisse être
bénéficiaire d'une « amende » qui pourrait l'enrichir sans cause. Cependant l'on
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 192

rencontre des cas où la jurisprudence congolaise fait application quoique de façon


réservée, de l'astreinte (191).

L'astreinte a été également introduite en droit français par la loi du 5 juillet


1972; elle vise à exercer une pression sur te plaideur négligeant ou de mauvaise foi
ou sur un tiers; elle est
indépendante des dommages-intérêts. L'on peut, en droit français recourir à
l'astreinte,
notamment pour obliger les parties à communiquer et à restituer les pièces, pour
192
contraindreles parties ou lestiers à fournir des documents ou de la justification .

CHAPITRE III. LES MESURES CONSERVATOIRES ET LES


VOIES D’EXECUTION A LAUNE DE L’ENTREE EN VIGUEUR DE
L’OHADA EN RDC

Dans le rapport d’obligations entre créancier et débiteur, il arrive que leur


exécution rencontre plusieurs écueils, si bien que le bénéficiaire de la créance se
trouve préjudicié par le retard ou simplement l’inexécution de l’obligation de son
débiteur. C’est pour faire face à ces écueils qu’il a été institué des mécanismes visant
à protéger le créancier. Ces mécanismes déterminent les modalités à prendre en
compte par le créancier, pour que soit garanti le paiement de sa créance par son
débiteur insolvable, soit mettre la main sur les biens de ce dernier afin de se faire
payer.

Ces garanties se présentent d’une part comme étant des mesures d’assurance
en possession du créancier victime de l’inexécution sur les biens de son débiteur
insolvable (mesures conservatoires) et, d’autre part comme étant les mesures offrant
au créancier la possibilité de se faire payer sur les biens de son débiteur insolvable
(voies d’exécution). C’est dans cette logique qu’il convient d’affirmer que
l’exécution forcée conduit nécessairement aux voies d’exécution.

Alors que les mesures conservatoires ont pour vocation de rendre


indisponibles les biens du débiteur en vue de garantir sa solvabilité lorsqu’il est établi
qu’il existe des circonstances de nature à en menacer le recouvrement ; les voies
d’exécution constituent, elles, le dernier moyen auquel recourt le créancier insatisfait
pour être désintéressé par son débiteur. Le droit, en cette matière, a connu une
évolution en matière des saisies et voies de suretés. Evolution qui est tributaire de
l’entrée en vigueur des actes uniformes de l’OHADA en RDC, depuis le 12
septembre 2012. Il convient d’analyser tour à tour les règles qui organisent les saisies
conservatoires et les saisies exécutoires.

Section 1. Saisies conservatoires

191Jean Vincent et Serge GUINCHARD , Op. Cil. n° 792 à 798


192A. RUBEENS: Op Cit. Tome II n° 268
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Les saisies conservatoires répondent à une nécessité d’affranchir la vie


contractuelle entre créancier et débiteur. Si tous les biens du débiteur, même ceux
qu’il acquerra ultérieurement tant que la dette n’est pas apurée, répondent de ses
engagements, il reste que le créancier est exposé à tous les aléas qui pourraient
affecter la consistance du patrimoine du débiteur dont il subira les vicissitudes 65. Le
créancier ne pouvant pas écarter les actes d’appauvrissement du débiteur dont le droit
de disposition de ses biens demeure entier malgré les dettes qu’il a pu contracter, il se
risque de se retrouver à la merci d’une gestion négligente du patrimoine du débiteur
faire face au moment du recouvrement de sa créance à un patrimoine dégarni et se
heurter à l’insolvabilité du débiteur. C’est dans l’optique d’éviter cette situation que
le législateur procure au créancier divers moyen dont le recours aux saisies
conservatoires.

En cette matière, à l’instar des voies d’exécution, le droit congolais a connu


des nouvelles saisies en supprimant par la même occasion toutes les saisies et voies
d’exécution qui existaient en droit congolais66. Contrairement à l’ancienne
législation congolaise, l’AUPSRVE distingue quatre types de saisie conservatoire à
savoir : la saisie conservatoire des biens meubles corporels, la saisie conservatoire
des créances, la saisie conservatoire de droit d’associés et des valeurs mobilières et la
saisie-revendication. Au-delà des règles particulières qui s’appliquent à chacune des
saisies, il existe des règles communes qu’il convient de mettre en évidence.

§1. Règles communes applicables à toutes les saisies conservatoires

L’AUPSRVE prévoit des règles communes se rapportant à la procédure et à


la contestation qui peut résulter de la procédure de saisie.

1. Règles relatives à la procédure

Tout créancier peut par requête, solliciter de la juridiction compétente du


domicile ou du lieu où demeure le débiteur, l’autorisation de pratiquer une mesure
conservatoire sur tous les biens mobiliers corporels ou incorporels de son débiteur,
sans commandement préalable s’il justifie des circonstances de nature à en menacer
le recouvrement. La décision autorisant la saisie conservatoire doit à peine de nullité
préciser le montant des sommes pour la garantie desquelles la mesure conservatoire
est autorisée et préciser la nature des biens sur lesquels elle porte. Cette autorisation
tombe caduque si la saisie conservatoire n’est pas pratiquée dans un délai de trois
mois à compter à partir du jour de son prononcé.

De même, il apparait affirmé que lorsque le créancier est détenteur d’un titre
exécutoire, il n’a plus besoin d’une autorisation judiciaire pour procéder à la saisie
conservatoire, il ne peut que solliciter l’acte de saisie auprès de l’huissier ou de

65 F. T’KINT, Sûretés et principes généraux du droit de poursuite du créancier, 3 ème éd, Bruxelles, Larcier, 200, p. 23.
66 Cette abrogation totale résulte de l’article 336 de l’AUPSRVE aux termes duquel, l’AU/RVE abroge toutes les
dispositions relatives aux matières qu’il concerne dans les Etat parties.
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l’agent d’exécution67. Toutefois, lorsque la saisie est exercée sans titre exécutoire, le
créancier doit dans le mois qui suit ladite saisie à peine de caducité introduire une
procédure ou accomplir les formalités nécessaires à l’obtention d’un titre exécutoire.

D’une manière générale, en plus de l’existence certaine de la créance,


comme les saisies conservatoires sont exercées généralement avant l’exigibilité de la
créance, l’article 54 de l’AUPSRVE subordonne leur exercice à l’existence de
circonstance de nature à menacer le recouvrement de la créance68. Ainsi, l’obligation
est faite au créancier d’apporter la preuve de l’existence de ces circonstances. C’est
cet élément qui différencie remarquablement les saisies conservatoires des saisies
exécutoires.

Etant donné que le législateur parle de circonstances de nature à


compromettre le recouvrement, on est fondé à considérer que les saisies
conservatoires ne peuvent être pratiquées que s’il s’agit d’une créance ayant pour
objet une somme d’argent. En effet, le terme « recouvrement » utilisé ne concerne
que les créances de cette nature69. La formule adoptée dans l’article 59 conforte
d’ailleurs cette analyse70.

L’expression « recouvrement » utilisé par le législateur exprime simplement


l’obtention de l’exécution de l’obligation par le créancier (la satisfaction du
créancier). Toutefois, la situation devient paradoxale lorsque le législateur érige en
condition générale de nullité des saisies conservatoires, le défaut de précision du
montant des sommes pour la garantie desquels la mesure conservatoire est autorisée,
comme s’il limitait les saisies conservatoires aux seules saisies de créances et des
biens meubles corporels alors que lui-même a prévu la saisie-revendication pour
laquelle la précision du montant n’est pas nécessaire, car le créancier ne fait que
réclamer sa propriété ou même son droit de jouissance.

Lorsque l’huissier établit l’acte de saisie à l’égard du tiers, il doit lui


demander de lui indiquer les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie antérieure et
de lui communiquer le procès-verbal enfin, l’huissier dresse un procès-verbal de
saisie contenant certaines mentions obligatoires à peine de nullité71.

2. Règles relatives aux contestations

67 Dans l’état actuel de la pratique judiciaire congolaise, des telles mesures relèvent plus du greffier que de l’huissier,
car sur le terrain, les huissiers ne sont là que pour instrumenter les actes de justice.
68 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.786. Se fondant sur la doctrine et la jurisprudence française, le
professeur Ndiaw DIOUF soutient aussi dans le même ouvrage que l’expression « circonstance de nature à menacer le
recouvrement de la créance » est synonyme de risque d’insolvabilité imminente du débiteur, il faut en déduire que
l’autorisation ne sera pas accordée s’il n’existe pas un risque sérieux d’insolvabilité du débiteur.
69 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.785.
70 Il s’agit de l’article 59 de l’AUPSRVE aux termes duquel, la décision autorisant la saisie conservatoire doit, à peine
de nullité préciser le montant des sommes pour la garantie desquelles la mesure conservatoire est autorisée et préciser la
nature des biens sur lesquels elle porte.
71 Voir l’article 64 de l’AUPSRVE.
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Dans toutes les saisies, le créancier dispose toujours d’un délai pour
contester la saisie conservatoire. Ce délai court à compter du jour que la saisie est
signifiée régulièrement au débiteur. En usant de son droit de contestation, le débiteur
sollicite toujours du tribunal la décision de mainlevée. Cette décision vaut annulation
de la saisie. La saisie conservatoire étant aussi pratiquée entre les mains des tiers, ce
dernier dispose aussi du droit de le contester.

§2. Les saisies conservatoires instituées par l’AUPSRVE

Quatre formes de saisies conservatoires sont réglementées par l’OHADA. Il


s’agit de : la saisie conservatoire des biens meubles corporels, la saisie conservatoire
des créances, la saisie conservatoire de droit d’associés et des valeurs mobilières et la
saisie-revendication.

1. Saisie conservatoire des biens meubles corporels (les articles 64 à 76


de l’AUPSRVE)

La saisie conservatoire des biens meubles corporels est une possibilité que la
loi offre à tout créancier de rendre indisponibles les biens de son débiteur lorsqu’il ne
l’a pas désintéressé. Une telle démarche constitue une mesure de sécurité pour le
créancier, car il n’aura pas à se plaindre de l’insolvabilité de son débiteur le moment
venu par le simple fait qu’il aura gardé intact le patrimoine de son débiteur qui du
reste, est le gage général de tous les créanciers.

1.1.Objet sur lequel peut porter la saisie conservatoire des biens


meubles corporels
La simple constatation de l’intitulé de cette saisie suffit pour déterminer le
domaine de son intervention. La saisie conservatoire des meubles corporels touche
tous les biens meubles corporels du débiteur. Ce qui implique que le créancier peut la
pratique sur tous les biens meubles corporels.

Toutefois, certains biens meubles corporels du débiteur qui ne peuvent pas


être saisis. Sur cette question, la référence est faite au code de procédure civile
congolais, car le droit OHADA dans l’article 55 de l’AUPSRVE reconnait la
possibilité à chaque Etat partie de déterminer la liste des biens insaisissables. En droit
congolais, la question est réglée par l’article 127 du code de procédure civile. Cette
disposition indique la liste d’un nombre des biens qui ne peuvent faire l’objet de la
saisie. Il s’agit : des couches et des habits du saisi et de sa famille, les livres
indispensables à la profession du saisi et s’il est artisan, les outils nécessaires à son
travail personnel, les provisions de bouche nécessaires à la nourriture du saisi et de sa
famille pendant un mois, une bête à corne, ou trois chèvres, ou trois moutons, au
choix du saisi.

Il appert de l’analyse de cette disposition que l’énumération des biens non


saisissable est désuète et inadéquate aux contingences de la société congolaise
actuelle. Le législateur animé du souci humanitaire, a attendu ériger un bouclier en
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 196

faveur du débiteur en vue de lui éviter le dénuement total. A ce jour il est impérieux
que cette énumération soit revisitée, surtout que l’OHADA laisse la latitude aux Etats
partie de lister les biens qui ne doivent pas faire l’objet de la saisie.

1.2.Procédure de la saisie conservatoire des biens meubles corporels


Il est vrai qu’à l’instar de toutes les autres saisies, la saisie conservatoire des
biens meubles corporels est exécutée par l’huissier ou greffier le cas échéant. Avant
de procéder à la saisie, l’huissier (greffier) doit demander au débiteur de lui indiquer
les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie antérieure et de lui en communiquer le
procès-verbal. Après ce préalable, l’huissier dresse un procès-verbal de saisie qui
contient certaines mentions obligatoires à peine de nullité. Par ailleurs, le procès-
verbal de saisie est signifié au saisi dans le délai de 8 jours pour que si possible, ce
dernier puisse la contester ou au tiers lorsque la saisie est pratiquée entre les mains de
celui-ci.

Cette saisie peut être pratiquée sans autorisation judiciaire préalable lorsque
le créancier est détenteur d’un titre exécutoire. Conformément aux dispositions de
l’article 111 de la nouvelle loi organique du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences de juridictions de l’ordre judiciaire, il est reconnu au
président de tribunal de paix ou à défaut celui du tribunal de grande instance la
compétence d’autoriser les saisies.

Lorsqu’elle est autorisée et régulièrement pratiquée, la saisie conservatoire


entraine l’indisponibilité des biens saisis qui se trouvent placés sous-main de justice
et ne peuvent plus faire l’objet d’aucune opération juridique ni d’aucun déplacement
matériel. Ils sont en quelque sorte « gelés » entre les mains du gardien72.

La situation devient différente, lorsque le débiteur n’a pas de domicile fixe


ou encore lorsque son domicile ou son établissement se trouve établi à l’étranger.
Dans cette hypothèse, l’article 73 de l’AUPSRVE, donne la compétence à la
juridiction du domicile du créancier pour trancher les litiges relatifs à la saisie des
biens.
Cette solution n’est pas loin de la notion de la saisie foraine.
Lorsque la saisie conservatoire des biens meubles corporels n’aboutit pas,
c’est-à-dire, qu’elle ne permet pas au créancier de bénéficier de sa créance, elle peut
être convertie en saisie vente qui du reste, est une voie d’exécution pour que le
créancier trouve satisfaction en se faisant payé le prix. Muni d’un titre exécutoire
constatant l’existence de sa créance, le créancier signifie au débiteur un acte de
conversion contenant certaines mentions à peine de nullité73. D’ailleurs sur cette
question, il convient de rappeler que l’OHADA est porteur d’une innovation, car
dorénavant, le créancier n’aura plus à recourir à la validation de la saisie lorsqu’il est
détenteur d’un titre exécutoire. L’acte de conversion qui est l’œuvre d’huissier doit
être signifié au saisi qui dispose d’un délai de 8 jours, et à l’expiration de ce délai,

72 M. DONNIER, Voies d’exécution et procédures de distribution, 5 ème éd, Paris, Litec, 1999, p.172.
73 Voir l’article 69 de l’AUPSRVE.
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l’huissier procède à la vérification des biens saisis et dresse acte de ceux qui
manquent ou qui sont dégradés. Dans cet acte, le débiteur est informé qu’il dispose
d’un délai d’un mois pour vendre à l’amiable les biens saisis et si après ce délai, il
n’a pas été procédé à la vente amiable, il est alors procédé à la vente forcée des biens
saisis74.

2. Saisie conservatoire des créances

Réglementée par les articles 77 à 84 de l’AUPSRVE, la saisie conservatoire


des créances est une garantie que le législateur reconnait au créancier de saisir les
créances de son débiteur se trouvant entre les mains d’une tierce personne pour s’en
attribuer au cas où le débiteur demeurerait insolvable. Elle apparait comme étant une
grande sécurité en faveur du créancier en ce sens qu’il n’aura pas à s’inquiéter en cas
de l’insolvabilité du débiteur.

1.3.Objet sur lequel peut porter la saisie conservatoire des créances

Comme son intitulé l’indiqué, cette forme de saisie conservatoire porte sur
les créances. Cela emporte comme conséquence que cette saisie ne peut être
appliquée que sur les créances. La polysémie du substantif « créance » ne doit pas
conduire à inclure sur le champ de la saisie conservatoire des créances toutes les
formes des créances. Seules entre sur la ligne de compte que les créances portant sur
les sommes d’argent. On doit exclure également, les droits d’associés et les
rémunérations quand bien même qu’il s’agit des créances des sommes d’argents 75. A
la différence de l’ancien système qui était d’application en RDC, système dans lequel
la saisie conservatoire était appliquée sur les biens tant meubles corporels
qu’incorporels, le droit OHADA consacre une saisie conservatoire des créances qui
ne porte que sur les sommes d’argent.

1.4.Procédure de la saisie conservatoire des créances

La saisie conservatoire des créances est effectuée au moyen d’un acte


d’huissier de justice qui contient certaines mentions obligatoires à peine de nullité76.

La saisie conservatoire des créances est pratiquée dans les mains d’un tiers,
en conséquence, elle met en relief trois personne à savoir : le créancier, le tiers saisi
et le débiteur. A partir du moment de sa mise en œuvre, elle doit être signifiée au
débiteur au moyen d’un acte d’huissier dans un délai de 8 jours à peine de

74 M. DONNIER, op.cit, p.174.


75 Dans le champ d’application de la saisie conservatoire des créances, il y a d’une part l’exclusion des droits
d’associés par le fait que ceux-ci sont soumis à une saisie conservatoire particulière (la saisie conservatoire des droits
d’associés et des valeurs mobilières) et d’autre part, il y a aussi l’exclusion des rémunérations par l’article 175 de
l’AUPSRVE aux termes duquel les rémunérations ne peuvent faire l’objet d’une saisie conservatoire.
76 Voir l’article 77 de l’AUPSRVE.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 198

caducité77à fin que le débiteur puisse faire ses contestations et l’acte d’huissier par
lequel la saisie est portée à la connaissance du débiteur contient certaines mentions
obligatoires à peine de nullité78.

Lorsque l’huissier procède à la saisie, le tiers saisi doit lui fournir tous les
renseignements nécessaires79 et lui remettre copie de toutes pièces justificatives.
Tout tiers saisi qui refuserait de fournir les renseignements sans motif légitimes
s’expose au payement des sommes pour lesquelles la saisie a été pratiquée au cas où
celle-ci est convertie en saisie attribution. En outre, le tiers saisi peut aussi être
condamné au paiement des dommages-intérêts en cas de négligence fautive ou
fausses déclarations.

Comme dans la saisie conservatoire des biens meubles corporels, le


créancier peut procéder à la saisie conservatoire des créances sans autorisation
préalable du juge lorsqu’il est détenteur d’un titre exécutoire.

Une fois autorisée, la saisie conservatoire des créances rend les sommes
saisies indisponibles. Cependant, le créancier ne peut pas aller au-delà de sa créance,
c'est-à-dire que le créancier ne peut saisir les sommes qu’en concurrence de sa
créance.

Lorsque le créancier qui a pratiqué la saisie n’est pas désintéressé par son
débiteur, il peut obtenir sa conversion en saisie attribution qui du reste, est la voie
d’exécution par laquelle, le créancier se fait attribuer les sommes saisies. Pour y
arriver, il doit être porteur d’un titre exécutoire constatant sa créance demeurant
toujours impayé par son débiteur en dépit de la saisie conservatoire des créances
effectuée. La conversion est autorisée par l’huissier, à la diligence du créancier.
L’acte de conversion doit contenir certaines mentions à peine de nullité80, puis
signifié au tiers saisi en l’informant aussi que dans la limite, la demande entraine
l’attribution immédiate de la créance saisie en sa faveur. En outre, le créancier doit
aussi signifier l’acte de conversion au débiteur qui dispose d’un délai de 15 jours
pour contester l’acte devant le juge compétent. A défaut, le tiers effectue le paiement
au créancier sur base des sommes saisies.

Toutefois, le paiement peut intervenir avant l’expiration de ce délai de


15jours, lorsque le créancier déclare expressément n’est pas contester l’acte de
conversion.

77 Le législateur communautaire évoque la caducité comme sanction frappant le non-respect du délai de huitaine pour
la signification de la saisie conservatoire des créances au débiteur. Ainsi, il est clair que le souci du Cette mesure est
protectrice de droit du débiteur qui doit être informé rapidement de toute servitude qui grève son patrimoine.
78 Voir l’article 79 de l’AUPSRVE.
79 Les renseignements que le tiers saisi doit fournir à l’huissier sont fixés par l’article 156 de l’AUPSRVE aux termes
duquel, le tiers saisi doit déclarer et communiquer à l’huissier l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur ainsi
que les modalités qui pourraient les affectées et s’il y a lieu les cessions des créances, les délégations ou saisies
antérieures.
80 Article 82 de l’AUPSRVE.
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3. Saisie revendication

Règlementée par l’AUPSRVE des articles 227 à 235, la saisie revendication


se particularise par le fait qu’elle a pour finalité de rendre indisponible un bien
meuble corporel pour lequel il est réclamé la propriété ou la jouissance, en vue d’une
restitution ou délivrance.

Toute personne qui réclame un bien meuble corporel se trouvant entre les
mains d’une autre personne peut par le mécanisme de la saisie revendication
indisponibilisé le bien en question. Il ressort que la saisie revendication constitue une
sécurité pour le créancier d’un bien qui doit lui être délivré ou restitué, étant donné
qu’elle lui permet de garder intact le bien en question partout où il serait à fin qu’il
puisse lui être délivré ou restitué le moment venu.

Le titulaire d’une telle saisie est soit le propriétaire du bien meuble corporel
revendiqué, soit celui qui en a la jouissance. Il résulte de cette condition que la saisie
revendication n’est autre que le prolongement du droit de suite reconnu au
propriétaire en droit congolais.

3.1. Objet sur lequel peut porter la saisie revendication

Autant que la saisie conservatoire des biens meubles corporels, la saisie


revendication porte aussi sur les biens meubles corporels. Toutefois, en faisant la
jonction de la nature de la saisie revendication et le droit de suite du propriétaire, on
pourrait dire que la saisie revendication touche même certains biens meubles
corporels qui ont été cités comme ne faisant pas l’objet de la saisie conservatoire des
biens meubles corporels. Cet élargissement de la saisie revendication même aux
effets personnels se justifie par le fait que celui qui revendique ce bien est sensé en
être propriétaire ou jouisseur.

3.2. Procédure de la saisie revendication

A l’instar des saisies précédentes, la saisie revendication se fait par l’acte


d’huissier et obéit à la même procédure. Elle peut être exercée par le créancier sans
autorisation préalable lorsqu’il est détenteur d’un titre exécutoire ou d’une décision
de justice qui n’a pas encore force exécutoire. Dans la même optique, il faut signaler
que l’autorisation de saisir ou tout titre permettant la saisie est opposable à tout
détenteur du bien sans aucune exception sous réserve de l’éventuel droit de propriété
que pourrait démontrer le détenteur81.

Comme dans toutes les autres saisies conservatoires, la saisie revendication


demeure aussi soumise aux conditions de l’article 60 et 61 de l’AUPSRVE. En outre,
lorsque cette saisie est exercée entre les mains d’un tiers, celui-ci est soumis aux
mêmes obligations que le tiers saisi dans la saisie conservatoire des créances.
Toutefois, il faut signaler que les tiers saisi et le débiteur garde toujours le droit

81Voir l’article 230 de l’AUPSRVE.


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contestation comme dans les deux précédentes saisies et à défaut de contestation dans
un délai d’un mois, l’indisponibilité cesse.

La saisie revendication peut aussi être convertie en saisie appréhension qui


est une voie d’exécution. Cette conversion n’est possible que dans la mesure où le
créancier dispose d’un titre exécutoire prescrivant la délivrance ou la restitution du
bien saisi.

Section 2. Voies d’exécution

Les voies d’exécution constituent le dernier rempart pour la créancière


victime de l’inexécution. Elles lui permettent à défaut d’obtenir le paiement de sa
créance, de s’adresser aux biens composant l’actif du patrimoine de son débiteur afin
de se faire payer sur leur valeur.

L’AUPSRVE prévoit plusieurs saisies exécutoires, notamment, la saisie-


vente, la saisie-attribution, la saisie-appréhension et la saisie immobilière. Au-delà
des règles particulières qui gouvernent chacune des saisies, des règles communes
sont prévues pour toutes les saisies exécutoires.

§1. Règles communes à toutes les voies d’exécution

1. La détention d’un titre exécutoire

Pour qu’un créancier procède à la saisie exécution, il doit détenir un titre


exécutoire. Ce dernier s’entend d’un acte permettant à son bénéficiaire de poursuivre
l’exécution forcée en recourant, si nécessaire, à la force publique. Il se caractérise
formellement par l’apposition de la formule exécutoire sur la première expédition du
titre ou de l’acte qui, pour cette raison, est dénommée copie exécutoire82.
L’OHADA a, dans le dessein de dissiper tout malentendu au sujet de titre exécutoire,
indiqué une liste des documents qui constituent le titre exécutoire. Aux termes de
l’article 33 de l’AUPSRVE, ces documents sont : les décisions juridictionnelles
revêtues de la formule exécutoire et celle qui sont exécutoire sur minute ; les actes et
décisions juridictionnelles étrangères ainsi que les sentences arbitrales déclarées
exécutoires par une décision juridictionnelle, non susceptibles de recours suspensif
d’exécution de l’Etat dans lequel ce titre est invoqué ; les procès-verbaux de
conciliation signés par le juge et les parties, les actes notariés revêtus de la formule
exécutoire ; les décisions auxquelles la loi nationale de chaque Etat partie attache les
effets d’une décision judiciaire.
Le titre exécutoire doit constater une créance certaine, liquide et exigible
sous réserve de la saisie-appréhension où le caractère liquide et exigible de la créance
n’est pas exigé, compte tenu de l’objet de la réclamation qui porte sur la propriété ou
la possession d’un bien meuble corporel.

2. Le commandement

82 M. DONNIER, op.cit., p.58.


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En sus de la détention d’un titre exécutoire, il faut aussi qu’un


commandement soit signifié au débiteur 8 jours avant la saisie. Ainsi, le créancier n’a
plus à recourir à l’instance de validité. Alors voulant dissiper toute confusion,
l’AUPSRVE dresse une liste limitative des actes considérés comme titres
exécutoires. En effet, aux termes de l’article 33 de l’AUPSRVE, constituent titres
exécutoires : les décisions juridictionnelles revêtues de la formule exécutoire et celle
qui sont exécutoire sur minute ; les actes et décisions juridictionnelles étrangères
ainsi que les sentences arbitrales déclarées exécutoires par une décision
juridictionnelle, non susceptibles de recours suspensif d’exécution de l’Etat dans
lequel ce titre est invoqué ; les procès-verbaux de conciliation signés par le juge et les
parties, les actes notariés revêtus de la formule exécutoire ; les décisions auxquelles
la loi nationale de chaque Etat partie attache les effets d’une décision judiciaire.

3. Le droit de contestation

Dans toute la procédure d’exécution, le législateur reconnait au débiteur ou


au tiers s’il échait, le droit de contester l’irrégularité de la saisie exécutoire appliquée
à son égard. La juridiction compétente reste celle du domicile du débiteur ou celle du
lieu de la situation des biens saisis. Ainsi, concrètement, en droit congolais, le juge
compétent reste le président du tribunal de paix et celui du TGI à défaut du premier.

§2. Règles particulières à chaque saisie

1. Saisie-vente
Elle s’entend d’une saisie par laquelle le créancier, muni d’un titre
exécutoire, place sous mains de justice et fait vendre un meuble corporel (ou
plusieurs) se trouvant dans le patrimoine de son débiteur et détenu soit par lui soit par
un tiers83. Dans la mesure où elle permet au créancier de procéder au placement sous
main de la justice les biens meubles corporels du débiteur en vue de les faire vendre
pour se faire payer sur leurs prix de vente, la saisie-vente est une sécurité que le
législateur offre au créancier non désintéressé pour obvier l’insolvabilité de son
débiteur.

Notons que cette saisie peut être exercée à titre principal, tout comme elle
peut résulter de la saisie conservatoire des biens meubles corporels après conversion.

1.1.Objet sur lequel peut porter la saisie-vente

L’article 91 de l’AUPSRVE84, il ressort que la saisie vente concerne les


meubles corporels du débiteur soit lorsqu’ils sont en la possession de celui-ci, soit

83 M. DONNIER, op. cit., p. 239.


84 Tout créancier muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible peut…, faire procéder à la saisie
et à la vente des biens meubles corporels appartenant à son débiteur, qu’ils soient ou non détenus par ce dernier, afin de
se faire payer sur leur prix…
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lorsqu’ils sont détenus par un tiers. Sur ce point, il se dégage une différence entre la
saisie-vente et l’ancienne saisie-exécutoire d’autant plus que la saisie-vente peut être
pratiquée sur les biens du débiteur se trouvant même entre les mains d’un tiers alors
que l’ancienne-saisie-exécutoire n’était pratiquée que sur les biens se trouvant entre
les mains du débiteur. Il est aussi important de noter que cette saisie peut être
pratiquée même sur les biens mobiliers corporels qui ont été saisis antérieurement à
titre conservatoire85.

Toutefois, il convient de signaler que certains biens meubles corporels


échappent à la saisie-vente compte tenu de leur caractère personnel ou leur nécessité
pour le besoin familial (voir ce qui a été dit sur les biens meubles corporels
insaisissables dans la saisie-conservatoire des biens meubles corporels ou compte
tenu de leur destination, car il y a certains biens qui sont meubles par nature et
immeubles par destination et des tels biens ne peuvent faire l’objet de la saisie-vente
sauf pour paiement de leur prix86.

1.2.Procédure

1.2.1. Le titre exécutoire


Avant de procéder à toute voie d’exécution y inclus la saisie-vente, le
créancier doit justifier d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible.
La saisie-vente apparait comme étant une véritable mesure d’exécution forcée, car
elle conduit (sauf incident) à la vente forcée des biens saisis. C’est une mesure grave
qui, dès l’origine exige des garanties sérieuses de la part du créancier et c’est
pourquoi le législateur exige de ce dernier la détention d’un titre exécutoire constant
une créance certaine et liquide pour éviter toute conséquence néfaste.

1.2.2. Commandement de payer


Lorsque le créancier est détenteur d’un titre exécutoire, il doit obtenir un
commandement de payer qui doit être signifié au débiteur dans les 8 jours à peine de
nullité. En cas d’absence de réponse de la part du débiteur au-delà des 8 jours,
l’huissier ou l’agent d’exécution peut sur justification du titre exécutoire, pénétrer
dans un lieu servant ou non d’habitation87. Toutefois, avant de procéder à la saisie,
l’huissier ou l’agent d’exécution réitère verbalement la demande de paiement si le
débiteur est présent en l’informant qu’il est tenu de faire connaitre les biens qui ont
fait l’objet d’une saisie antérieure. C’est en ce moment que l’huissier dresse l’acte de
saisie contenant certaines mentions à peine de nullité88. C’est l’acte de saisie qui

85 Voir l’article 95 de l’AUPSRVE.


86 M. DONNIER, op.cit, p.241. Il faut faire une exception en ce qui concerne les immeubles par destination qui, étant
des objets mobiliers affectés au service ou à l’exploitation d’un fonds ou bien lui étant attachés à perpétuelle demeure,
n’ont qu’une nature juridique immobilière artificielle et fictive, c’est pourquoi il est admis que ces biens ne peuvent être
saisis indépendamment de l’immeuble, sauf pour paiement de leur prix.
87 Voir l’article 98 de l’AUPSRVE.
88 Voir l’article 100 de l’AUPSRVE.
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constitue le point de départ de la saisie-vente, car, il marque l’indisponibilité des


biens saisis.

Le débiteur est, en règle générale, gardien des biens saisis.


Exceptionnellement, la juridiction compétente peut désigner un séquestre. Elle peut
également ordonner l’immobilisation si le dans les biens saisis il y a un véhicule pour
éviter la détérioration de ce dernier avant que la vente n’intervienne.

Si la saisie porte sur les biens détenus par un tiers et dans les locaux
d’habitation de ce dernier, elle doit être autorisée par la juridiction compétente du
lieu où se trouvent les biens. Fort de cette autorisation et justifiant du commandement
de payer signifié au débiteur 8 jours passés sans effets, l’huissier peut saisir entre les
mains du tiers, les biens que celui-ci détient pour le compte du débiteur.

C’est à partir de cette étape que l’huissier invite le tiers à déclarer les biens
qu’il détient pour le compte du débiteur, et, parmi ces derniers, ceux qui auraient fait
l’objet d’une saisie antérieure. Au cas où le tiers déclare détenir des biens pour le
compte du débiteur, il est dressé un inventaire qui contient certaines mentions à peine
de nullité89. Si le tiers est présent à l’opération, l’huissier lui rappelle verbalement
que toute déclaration mensongère ou inexacte l’expose à être condamné au paiement
des causes de la saisie et éventuellement aux dommages-intérêts ; les objets saisis
sont indisponibles, sont placés sous sa garde et ils ne peuvent être ni aliénés ni
déplacés si ce n’est dans le cas prévu par l’article 97 de l’AUPSRVE 90 sous peine
des sanctions pénales et il est tenu de faire connaitre la saisie appliquée sur les biens
à tout créancier qui procéderait à une saisie sur les mêmes biens et enfin il conserve
le droit de refuser la garde des biens saisis, il peut à tout moment demander à en être
déchargé. Dans cette hypothèse, l’huissier pourvoit à la nomination d’un gardien et à
l’enlèvement des biens.

La saisie-vente a pour finalité réelle de satisfaire le créancier non


désintéressé. Pour ce faire, le créancier fait vendre les biens saisis pour se faire payer
sur leur prix. Ainsi, le principal effet de la saisie-vente est la vente des biens saisis
afin de désintéresser le créancier sur leur prix. Il importe de signaler que le
législateur communautaire a institué deux formes de vente qui sont : la vente amiable
et la vente forcée. Il importe aussi de noter qu’avant la réalisation des biens saisis, la
saisie-vente les rend indisponibles.

 Vente amiable
Cette vente constitue la possibilité que le législateur laisse au débiteur des
biens saisis de les vendre avec sa propre volonté pour désintéresser ses créanciers.
Ainsi, le législateur reconnait cette possibilité au débiteur pendant un délai d’un mois
à compter de la notification du procès-verbal de saisi.

89 Voir l’article 109 de l’AUPSRVE.


90 Les biens saisis sont indisponibles. Si une cause légitime rend leur déplacement nécessaire, le gardien est tenu d’en
informer préalablement le créancier, sauf en cas d’urgence absolue.
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D’ailleurs, s’agissant de cette vente, le professeur Ndiaw DIOUF affirme


que le législateur communautaire a fait preuve d’humanisme en introduisant cette
forme de vente qui la laisse la possibilité au débiteur de vendre volontairement les
biens saisis avant toute vente forcée91.

Après que le débiteur a vendu volontairement les biens saisis en ayant bien
sûr averti l’huissier sur toutes les propositions qui lui ont été faites et que ce dernier
ait aussi informé le créancier saisissant et ceux opposants disposant d’un délai de 15
jours pour se prononcer, le prix de la vente est consigné entre les mains de l’huissier
au choix du créancier saisissant. C’est à ce stade que le greffier procédera au
paiement de prix aux divers créanciers selon le cas.

 Vente forcée
D’emblée, il convient de signaler que cette vente a lieu lorsque la vente
amiable n’a pas été réalisée. Donc, on ne peut directement passer à la vente forcée
sans qu’il ne soit accordé au créancier le délai de la vente amiable (ce délai est d’un
mois augmenté de 15 jours reconnus aux créanciers un pour prendre parti).

Cette vente s’effectue aux enchères publiques par l’auxiliaire de justice


compétente. Elle a lieu soit à l’endroit où se trouvent les biens saisis, soit en une salle
ou un marché publics ou même sur le lieu qui sera désigné par la juridiction
compétente en cas de contestation92.

Etant effectuée aux enchères, la vente des biens saisis est faite au plus
offrant après trois criées. Le paiement est fait au comptant et la vente est arrêtée
lorsque le prix des biens vendus assure le paiement du montant des causes de la saisie
et des oppositions, en principal, intérêts et frais. C’est à ce stade qu’intervient le
paiement des obligations aux créanciers après que le procès-verbal de la vente a été
dressé.

Toutefois, il sied de noter que la vente est soumise à certaines règles de


publicité se cristallisant par l’apposition des affiches indiquant le lieu, l’heure et le
jour de la vente à la mairie du domicile ou du lieu où demeure le débiteur, au marché
voisin et à tous les lieux appropriés ainsi qu’au lieu de la vente.

Avant de passer à la saisie-attribution, il convient de relever que dans la


saisie-vente, le législateur communautaire a instauré une particularité concernant la
saisie-vente permettant au créancier du propriétaire de droit aux fruits de saisir les
récoltes et fruits proches de la maturité. Il s’agit en fait de la « saisie des récoltes sur
pied ». Ces fruits et récoltes sont saisis avant qu’ils soient séparés du sol et cette
saisie ne peut à peine de nullité intervenir plus de 6 semaines avant l’époque
habituelle de maturité.

91 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.809.


92 Voir l’article 120 de l’AUPSRVE.
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Les récoltes et fruits saisis sont la garde du débiteur saisi ou du gérant à


l’exploitation désigné par la juridiction compétente. La vente de ces fruits et récoltes
est faite aux enchères publiques dans les conditions précédemment analysées dans la
vente forcée des biens saisis. Cette vente est aussi soumise aux mêmes règles de
publicité que celles de la saisie-vente.

2. Saisie-attribution des créances

La saisie-attribution des créances est la voie d’exécution par laquelle, un


créancier muni d’un titre exécutoire, bloque entre les mains d’un tiers les sommes
d’argent qui sont dues par celui-ci à son débiteur en vue de se le faire attribuer93.
Partant de cette définition, il est vrai d’affirmer que la saisie-attribution des créances
est une véritable garantie de sécurité pour le créancier non payé et un véritable
moyen de paiement, car le débiteur n’aura qu’à se faire attribuer les sommes d’argent
saisies à concurrence de sa créance. Donc, il reçoit directement payement.

2.1.La saisie attribution des créances ancienne saisie-arrêt en droit


congolais

La saisie-arrêt consacrait par le droit congolais a été remplacée par la saisie


attribution des créances depuis l’entrée en vigueur des Actes uniformes de
l’OHADA. En effet, si la saisie-attribution des créances a pris la place de la saisie-
arrêt avec l’entrée en vigueur du droit OHADA, elle en est cependant très différente
dans la mesure où elle est beaucoup plus légère et beaucoup plus efficace mais aussi
beaucoup plus limitée dans son domaine94. Il est vrai que la saisie-arrêt qui était
d’application en RDC sur base du code de procédure civile, fonctionnait sur un
schéma tellement complexe et tellement lourd qu’elle n’était plus en mesure de faire
face à sa mission de pourvoir à la satisfaction du créancier non désintéressé, car
coûtante et lourde pour ce dernier. D’ailleurs l’une des causes de la complexité de la
saisie-arrêt était sa double nature juridique, en partie conservatoire et en partie
exécutoire, ce qui lui permettait tout en aboutissant nécessairement à une exécution
forcée, de conserver une grande souplesse pendant la première phase conservatoire
laquelle, pour cette raison, avait été considérablement prolongé alors que la saisie-
attribution des créances est purement exécutoire.
Comme cela résulte de la terminologie elle-même, l’ancienne saisie-arrêt,
« arrêt » d’abord les sommes saisies, les mettait sous mains de justice, alors que la
nouvelle saisie-attribution « attribue » directement la créance au saisissant, lequel,
dès l’acte de saisie, devient « propriétaire » de la créance saisie.

93 J. ISSA – SAYEGH, N. DIOUF et alii, op.cit, p.814.


94 Il importe de noter qu’en sus des sommes d’argent, la saisie-arrêt portait aussi sur des créances de livraison d’objets
mobiliers corporels alors que la saisie-attribution ne porte que sur des créances des sommes d’argent. D’ailleurs, cette
pluralité des biens à saisir entrainait des différences importantes quant au déroulement des opérations de saisie-arrêt.
Ainsi, lorsque la saisie-arrêt portée sur une créance des sommes d’argent, le jugement en validité constituait un titre de
paiement qui créait un droit exclusif du saisissant sur les sommes saisies arrêtées. Tandis que lorsque la saisie-arrêt
portée sur une créance de livraison d’objets mobiliers corporels le jugement de validité ne constituait pas un titre de
paiement mais seulement un titre exécutoire permettant d’accéder à la vente aux enchères des biens saisis.
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Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il y ait confusion avec un paiement95.
Une autre cause de sa lourdeur provenait de sa procédure compliquée
comprenant plusieurs phases et dominée surtout par l’instance en validité qui
remettait en cause toute la procédure déjà engagée et qui rendait sans valeur le titre
exécutoire que détenait le créancier alors qu’avec la saisie-attribution, il n y a plus
d’instance en validité. Donc, la procédure est beaucoup plus allégée et par
conséquent, sécurisant pour tout créancier qui en utilise.

2.2.Objet sur lequel peut porter la saisie-attribution des créances

Le seul titre de cette saisie suffit pour prouver son domaine d’intervention,
c'est-à-dire que cette saisie ne porte que sur les créances. Toutefois, il convient
d’affirmer que les créances dont mention est faite ici sont des créances des sommes
d’argent.

Comme il a été affirmé dans la saisie conservatoire des créances, il est aussi
logique d’affirmer qu’il y a certaines créances quoique consistant en sommes
d’argent, ne sont pas soumise à la saisie-attribution. Il s’agit là des rémunérations qui
du reste, sont soumises à une saisie particulière qui est la saisie et cession des
rémunérations.

En bref, la saisie-attribution des créances porte sur les créances des sommes
d’argent autres que les rémunérations (salaires).

2.3.Procédure de la saisie-attribution des créances

Comme il a été signalé dans la saisie-vente, dans la saisie-attribution des


créances, le créancier doit être muni d’un titre exécutoire constatant une créance
liquide et exigible.

Ainsi, fort d’un tel titre, le créancier se présente chez l’huissier pour y
solliciter la saisie-attribution des créances. C’est à ce niveau qu’un commandement
de payer est attribué au débiteur. Sur ces points, les conditions restent les mêmes que
celles de la saisie-vente. Après cette étape, l’huissier procède bien sûre à
l’élaboration de l’acte de saisie qui comporte, à concurrence des sommes pour
lesquelles la saisies est appliquée, tous les accessoires ainsi que certaines mentions à
peine de nullité96.

3. Saisie-appréhension

La saisie-appréhension peut être définie comme étant une procédure fondée


sur un titre exécutoire permettant au créancier d’une obligation de livraison ou de
restitution d’un bien meuble corporel de faire appréhender ledit meuble par un

95 E. PUTMAN cité par M. DONNIER, op.cit, p.291.


96 Voir les articles 154 et 157 de l’AUPSRVE.
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huissier de justice soit encore entre les mains de la personne ténue de la remise soit
entre celles d’un tiers.

Cette mesure apparait comme une voie d’exécution dans la mesure où le


saisissant entre directement en possession de son bien. Elle une arme entre les mains
des créanciers d’une obligation de livraison ou de restitution, qui, par ce biais, entre
directement en possession de leurs biens au cas où le débiteur traine le pas.
Comme on peut le constater, la saisie-appréhension peut être exercée à
l’endroit du débiteur directement ou à l’égard du bien se trouvant entre les mains
d’une tierce personne.
A l’instar de deux saisies précédentes, la saisie-appréhension peut être
exercée à titre principal ou elle peut résulter de la conversion de la saisie-
revendication lorsqu’elle la précède.

3.1.Objet sur lequel peut porter la saisie-appréhension

La saisie-appréhension ne porte que sur les biens meubles corporels. De ce


point de vue, elle présente de similitudes avec la saisie-vente et la saisie
conservatoire des biens meubles corporels. Elle s’en différencie par la finalité qu’elle
poursuit. En effet, la saisie-appréhension ne poursuit pas la vente des meubles
corporels auxquels elle s’adresse et ne vise pas à mettre ces meubles sous main de
justice et de les rendre indisponibles. Son objet très spécifique est la livraison ou la
restitution de ceux-ci aux personnes qui ont des droits sur eux (créancier saisissant).

3.2.Procédure de la saisie-appréhension

Avant d’analyser la procédure, il sied de relever que la saisie-appréhension,


comme il a été signalé ci-haut, a pour objet, la livraison ou la restitution d’un bien
meuble corporel. Il en découle qu’une telle saisie ne peut être exercée que par le
créancier d’une obligation de livraison ou de restitution. Ainsi, partant de la nature de
cette obligation, il est parait loisible d’affirmer qu’une telle action ne peut être
l’œuvre que d’une personne qui a un droit réel sur les biens meubles corporels dont
elle réclame la livraison ou la restitution97. En conséquence, il est logique de noter
que la saisie-appréhension ne peut être exercée que par une personne qui a le droit
réel sur les biens à saisir, c'est-à-dire que dans la saisie-appréhension, le créancier
doit être soit le propriétaire du bien, soit une personne qui a la jouissance du bien
(usufruitier). A cette catégorie, il y a aussi le créancier gagiste qui veut récupérer les
biens qui lui avaient été gagés.

S’agissant du propriétaire, l’exercice de ce droit n’est autre que le


prolongement de son droit de suite et de préférence sur son bien.

97 A vrai dire, la livraison prouve que la personne veut entrer en possession pour la première fois d’un bien dont elle a
acquis la propriété ou la jouissance alors que la restitution signifie que la personne cherche à récupérer son bien (le bien
sur lequel elle a un droit de propriété)se trouvant chez l’autre personne soit en vertu d’un contrat soit en vertu de tout
autre acte.
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Certes, comme dans toutes les autres voies d’exécution analysées ci-haut, le
créancier qui veut exercer la saisie-appréhension doit avoir un titre exécutoire98
constatant son droit sur les biens à saisir d’une part et d’autre part, il doit y avoir un
commandement de délivrer ou de restitution signifié à la personne tenue de la remise
(débiteur), ce commandement contient certaines mentions à peine de nullité99. La
procédure diffère selon qu’il s’agit de la saisie pratiquée sur les biens se trouvant
entre les mains du débiteur ou celle pratiquée sur les biens se trouvant entre les mains
d’une tierce personne.

Lorsque la saisie est exercée directement sur les biens se trouvant chez le
débiteur, en principe, l’huissier doit lui adresser un commandement, mais, le bien
peut être saisie (appréhendé) sans commandement préalable si le débiteur est
présente et qu’il n’offre pas à effectuer le transport du bien à ses propres frais, à
condition qu’il lui soit présenté le titre exécutoire en vertu duquel la saisie est
pratiquée100.
C’est à ce niveau que l’huissier dresse l’acte de la remise volontaire ou de
l’appréhension du bien.

Avant d’analyser la procédure de l’appréhension entre les mains du tiers, il


convient de signaler que la situation du tiers revêt deux facettes, il peut s’agir soit
d’un tiers qui détient effectivement pour le compte de celui qui est tenu de la remise
soit d’un tiers qui détient pour son propre compte. Dans ce dernier cas,
l’appréhension aura comme fondement, le droit de suite reconnu à tout propriétaire
en matière mobilière. Mais on sait bien cette appréhension risque de se heurter
fréquemment à un obstacle de taille qui n’est autre que le célèbre bocard « en fait de
meuble possession vaut titre ». A priori, cela devrait éliminer toute possibilité
d’appréhension dans ce cas, mais il est bien connu que cette règle comporte bien des
exceptions.

Quoi qu’il en soit, chaque fois que l’appréhension est faite entre les mains
du tiers, une sommation de remettre le bien appréhendé lui doit directement être
signifiée. Cette sommation doit directement être dénoncée à la personne tenue de
livrer le bien ou de le restituer. La sommation ainsi signifiée doit contenir certaines
mentions à peine de nullité dont notamment une injonction d’avoir, dans un délai de
8 jours, soit à remettre le bien désigné, soit à communiquer à l’huissier, sous peine
des dommages-intérêts le cas échéant, les raisons pour lesquelles il s’oppose à la
remise101. Toutefois, à défaut de remise dans le délai imparti, le créancier peut
demander au tribunal du domicile du tiers détenteur du bien d’ordonner la remise de
celui-ci. L’action du créancier se prescrit dans une année à compter à partir du jour
où la sommation a été signifiée.

98 A la différence du titre exécutoire contenant une créance exigible et liquide exigé dans la saisie-vente tout comme
dans la saisie-attribution, le titre exécutoire exigé dans la présente saisie ne constate que le droit du créancier sur le bien
à appréhender.
99 Article 219 de l’AUPSRVE.
100 Article 220de l’AUPSRVE.
101 L’article 224 de l’AUPSRVE.
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3.3.Contestation

Autant que les autres saisies, la saisie-appréhension n’est pas aussi démunie
des contestations. Ces dernières peuvent provenir du débiteur, du tiers saisi ou même
de toute autre personne intéressée. Au demeurant, il convient de signaler que dans le
fond, les contestations de la saisie-appréhension sont quasiment celles déjà analysée
dans les deux première voies d’exécution. En tout état de cause, la juridiction
compétente est soit celle du lieu où est domicilié le débiteur soit celui du lieu où le
tiers saisi est domicilié.

Comme le non l’indique, la finalité de la saisie-appréhension est


l’appréhension du bien. Cette appréhension est faite dans le but de remettre le bien au
créancier. L’AUPSRVE reconnait que sur la seule présentation de la décision
judiciaire prescrivant la remise du bien au requérant, il peut être procédé à
l’appréhension de ce bien102.

Nonobstant toutes les garanties analysées dans la présente section, il est


aussi impérieux de noter que le législateur communautaire a prévu une autre
procédure permettant à certains créanciers de recouvrer plus vite leurs créances. Il
s’agit en effet de la procédure simplifiée de recouvrement des créances.

Cette procédure est exempte de plusieurs formalités, car ici, le créancier


sollicite seulement l’autorisation du président de la juridiction compétente pour
passer à l’œuvre. Dans la procédure simplifiée de recouvrement des créances, il y a
deux grandes procédures qui peuvent être exercées. Il s’agit de la procédure
d’injonction de payer et de la procédure simplifiée tendant à la délivrance ou à la
restitution d’un bien meuble corporel.

La procédure d’injonction de payer n’est ouverte qu’aux créanciers justifiant


d’une créance certaine, liquide et exigible. La créance dont question doit résulter
d’une cause contractuelle ou d’un engagement provenant de l’émission ou de
l’acceptation de tout effet de commerce, d’un chèque dont la provision s’est révélée
inexistante ou insuffisante103. Ainsi, lorsque le créancier saisit le président du
tribunal de paix ou du tribunal de grande instance selon le cas, celui-ci doit apprécier
la demande, à l’issue de l’analyse, il peut rejeter la demande104 ou lui donner une
suite favorable. Dans la dernière hypothèse, il rend la décision d’injonction de payer
qui du reste doit être signifié au débiteur dans les trois mois. Le débiteur dispose d’un
délai de 15 jours augmentés de délai de distance à compter du jour de la signification
pour faire opposition. Après que le tribunal est saisi en opposition, le président qui a
rendu la décision d’injonction de payer doit tenter une réconciliation entre les deux
parties. En cas de succès, le président dresse un procès verbal de conciliation et en
cas d’échec, il doit immédiatement statuer sur la demande de recouvrement. Au bout

102 Voir l’article 226 de l’AUPSRVE.


103Articles 1 et 2 de l’AUPSRVE.
104 Dans ce cas, la décision du juge n’est susceptible d’aucun recours sous réserve des recours de droit commun.
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de cette opération le président rend une décision qui se substitue à la décision


d’injonction de payer105.

Toutefois, il faut noter que si le débiteur n’a pas fait opposition dans le délai
de 15 jours à dater de la signification de la décision d’injonction de payer lorsqu’il a
désisté après avoir formé l’opposition, le créancier est fondé de demander
l’apposition de la formule exécutoire sur ladite décision et dans ce cas, cette décision
produit les mêmes effets qu’une décision contradictoire et ne souffre pas d’appel106.

La procédure simplifiée tendant à la délivrance ou à la restitution d’un bien


meuble corporel, il faut noter qu’elle est ouverte aux créanciers d’une obligation de
délivrance ou de restitution d’un bien meuble corporel. A l’instar de la procédure
d’injonction de payer, dans cette procédure le créancier de l’obligation de délivrance
ou de restitution saisit le président de la juridiction par le biais d’une requête au fin
d’obtenir une décision portant injonction de délivrer ou de restituer. Le président
saisi suit la même procédure que celle qui vient d’être analysée dans le cadre de la
procédure d’injonction de payer, c'est-à-dire que le débiteur dispose du délai
d’opposition qui est toujours de 15 jours, le président dispose de son pouvoir
d’appréciation et de conciliation en cas d’opposition, le créancier peut toujours
solliciter l’apposition de la formule exécutoire sur la décision portant injonction de
livrer ou de restituer en cas de non opposition dans le délai ou en cas du désistement
du débiteur qui a fait l’opposition. Comme la décision d’injonction de payer
contenant la formule exécutoire et celle rendue sur opposition, la décision portant
injonction de délivrer ou de restituer contenant la formule exécutoire et celle rendue
sur opposition sont aussi des titres exécutoires et peuvent par conséquent faire l’objet
d’exécution forcée en cas de besoin.

4. La saisie immobilière

La saisie immobilière est organisée par les articles 246 à 334 de


l’AUPSRVE. Elle s’entend de la procédure par laquelle un créancier poursuit la
vente par expropriation forcée des immeubles appartenant à son débiteur défaillant
ou de ceux affecté à sa créance107. Pour y arriver, le droit OHADA a prévu un
formalisme de strict respect en vue de préserver les intérêts mis en jeu à l’occasion de
cette saisie. C’est pourquoi une procédure longue et complexe a été instituée à
l’endroit du créancier saisissant. La vente ne peut intervenir qu’en vertu d’un titre
exécutoire constatant une créance liquide et exigible. La juridiction saisie pour la
vente de l’immeuble, est celle qui exerce la plénitude de juridiction dans le ressort
territorial du lieu où se situe l’immeuble.

4.1.Objet sur lequel peut porter la saisie immobilière

105 Cette décision est appelable dans un délai de 30 jours.


106 Articles 16 et 17de l’AUPSRVE. La demande tendant à l’apposition de la formule exécutoire est formée au greffe
par simple déclaration écrite ou verbale et se prescrit dans un délai de deux mois suivant l’expiration du délai
d’opposition ou le désistement du débiteur.
107 OHADA, Traité et actes uniformes commentés et annotés, 3ème éd., 2008, p. 841.
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La saisie immobilière ne peut porter que sur un bien immobilier. De ce point


de vue, elle se différencie de la saisie-vente qui porte exclusivement sur un bien
mobilier. Compte tenu de la nature des biens sur lesquels porte la saisie, il s’est avéré
indispensable de l’entourer de mécanismes efficace et pour le bien du débiteur et
pour celui du créancier.

4.2.Procédure et conditions

L’exercice de la saisie immobilière requiert la réalisation de quelques


conditions ainsi que l’observation stricte de certaines procédures.

4.2.1. Les conditions

Les conditions pour procéder à la saisie immobilière tiennent à la nature des


biens et à l’immatriculation préalable. Elles sont prévues aux articles 249 à 253 de
l’AUPSRVE. Elles ont la vocation de protéger les droits réels qui se rapportent à
l’immeuble au risque, compte tenu de l’importance du bien, de mettre en moule
lesdits droits. C’est en ce sens que, par exemple, lorsqu’il s’agit d’un bien immobilier
qui est dans un régime de l’indivision ; la par indivise ne peut être mise en vente
avant le partage ou la liquidation108. Relativement à l’immatriculation, il est admis
que si l’immeuble sur lequel la saisie veut être pratiquée n’a pas fait l’objet de
l’immatriculation, dans la mesure où la législation nationale l’exige, le créancier est
tenu de requérir que cette immatriculation soit faite109.
Lorsque ces conditions sont satisfaites, il reste que la procédure soit
observée par le créancier.

4.2.2. La procédure

La saisie immobilière fait appelle à une procédure complexe et stricte. Elle


va de la mise de l’immeuble sous main de justice en passant par la préparation de
vente pour aboutir à la vente proprement dite.

- La mise de l’immeuble sous main de justice110

Caractérisée par deux temps forts, la mise de l’immeuble sous main de


justice est une phase importante, dont l’inobservance de certaines formalités est de
nature à entrainer l’échec dans l’entreprise du créancier. Le point de départ de cette
phase commence avec le commandement préalable aux fins de saisie.

Ainsi, toute poursuite en vente forcée d’immeuble ne peut, sous peine de


nullité, s’exercer sans ce commandement. Il doit contenir de mentions obligatoires à

108 Article 249 de l’AUPSRVE.


109 Article 253 de l’AUPSRVE.
110 V. les articles 254 à 258 de l’AUPSRVE.
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peine nullité, et être signifiée régulièrement au débiteur et le cas échéant au tiers


détenteur de l’immeuble. Cette signification est accompagnée d’une sommation, soit
de payer l’intégralité de la dette en principal et intérêts, soit de délaisser l’immeuble
hypothéqué, soit enfin de subir la procédure d’expropriation.

Après qu’il a été signifié à qui de droit, l’original du commandement est visé
par le conservateur des titres immobiliers, à l’initiative de l’huissier ou de l’agent
d’exécution. Une fois qu’il l’a visé, une copie lui est laissée pour publication. Cette
formalité est cruciale, dans la mesure où le créancier ne peut, lorsque dans le 3 mois
de la signification il n’arrive pas à sa diligence de déposer ou faire déposer l’original
du commandement pour publication, reprendre les poursuites qu’en les réitérant.
Le principal effet que produit le commandement, c’est qu’en cas de défaut
de paiement, il vaut saisie à partir du moment où il fait l’objet d’inscription. Outre cet
effet, il est à indiquer que le commandement ouvre la voie à la préparation de la
vente.

- La préparation de la vente111

Quatre étapes interviennent dans la préparation de la vente de l’immeuble


saisi. La rédaction et le dépôt du cahier des charges où doivent être indiquées en
avance les conditions et modalités de la vente de l’immeuble saisi ; la sommation de
prendre communication dudit cahier, qui implique que dans les huit jours à compter
du dépôt du cahier précité, le saisi et d’autres créanciers inscrits doivent obtenir
d’amples précisions sur le contenu du cahier et y déposer leurs dires et l’audience
éventuelle qui permet en respect au principe du contradictoire la confrontation des
dires et observations, après quoi intervient la dernière étape de la publicité en vue de
la vente. Cette étape permet, dans les trente jours plus tôt ou dans les 15 jours plus
tard, de passer à l’adjudication.

- La vente de l’immeuble saisi112

La vente de l’immeuble est l’étape ultime dans la procédure de saisie


immobilière. Elle ne peut avoir lieu que dans la mesure où toutes les étapes
précédemment analysées sont observées. La vente est faite aux enchères publiques à
la barre de la juridiction compétente ou en l’étude du notaire convenu. Seul celui qui
fait l’offre la plus importante peut être déclarée adjudicataire.

CHAPITRE III : LA DISTRIBUTION

Section 1. Notions

111 Voir, les articles 266 à 278 de l’AUPSRVE.


112 Voir, les articles 280 à 297 de l’AUPSRVE.
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L’opération de saisie débouche à la vente du bien ayant fait l’objet de la


saisie. Lorsque la vente est réalisée, la question de la répartition du prix résultant de
la vente entre créancier se pose avec acuité. L’option levée par l’Acte uniforme sur
les procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution en matière de
distribution est d’instituer une procédure simple et accélérée prenant en compte deux
situations. Le cas d’un seul créancier et celui de plusieurs créanciers sur une même
saisie. La lecture des dispositions de cet Acte révèle que dans certains cas
l’intervention du tribunal est nécessaire, tel est le cas de plusieurs créanciers qui ne se
mettent pas d’accord sur la distribution. Dans d’autres cas l’intervention du tribunal
peut se révéler inutile, tel est le cas d’un seul créancier ou de plusieurs créanciers
dont l’accord sur la distribution du prix a été conclu sans embûche.

Un seul créancier peut, en effet, procéder à l'une des formes de saisie et se


faire payer sur le produit de la réalisation de la chose saisie à concurrence de la
créance reconnue, en principal, intérêts et frais, dans un délai de quinze jours, à
compter du versement du prix de la vente.

S’il y a plusieurs créanciers inscrits ou privilégiés qui poursuivent le


paiement de leur créance en matière mobilière ou immobilière, les créanciers peuvent
s’entendre sur la répartition du prix. Dans ce cas il s’agit d’une réparation
consensuelle rendant inutile l’intervention du tribunal. L’article 325 de l’Acte
uniforme qui organise les procédures simplifiées de recouvrement et voies
d’exécution demande aux créanciers qui se sont ainsi entendu d’adresser leur
convention sous seing privé ou sous forme authentique au greffe ou à l’auxiliaire de
justice qui détient les fonds. A défaut d’une telle convention entre créanciers, dans
un délai d’un mois suivant la date du versement du prix de la vente, l’intervention du
tribunal, saisi par le créancier le plus diligent, est le seul moyen de fixer les règles de
distribution entre créanciers. C’est dans ce sens que l’article 326 de l’Acte précité
attribue la compétence de stature sur la répartition du prix, au président de la
juridiction du lieu de la vente ou le magistrat délégué par lui.

Section 2 : La distribution du produit des saisies immobilières

Le créancier qui a le premier pratiqué la saisie immobilière est le seul qui


peut poursuivre l'expropriation. Les autres créanciers ne peuvent avoir part à la
distribution qu'à une doublecondition :
a) Avoir fait reconnaître la sincérité de leur créance par un jugement.
b) Avoir consigné entre les mains du comptable de l'Etat une part des frais
proportionnels au montant de leur créance.
Le notaire dresse un projet de distribution du prix dans l'ordre suivant :
 les droits proportionnels dus pour la vente aux enchères ;
 les hypothèques légales ;
 les hypothèques conventionnelles, dans l'ordre de l'inscription ;
 les privilèges arrêtés par l'art. 249 de la loi dite foncière du 20 juillet
1973, les créances privilégiées autres, dûment reconnus comme telles par le
jugement, pour vu que les créanciers aient participé aux consignations des frais ;
 les créanciers chirographaires dans les mêmes conditions.
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Lorsque le résidu d'une distribution ne permet plus d'honorer les créances du


rang suivant, ce solde est réparti par contribution au marc le franc, chaque créancier
du dernier rang honoré contribuant aux pertes en proportion de sa créance.
Le Président du tribunal de grande instance ordonne la convocation des
créanciers et leur demande après vérification, leur accord sur la distribution
proposée. En cas de désaccord sur
l'ordre de distribution, les créanciers les plus diligents peuvent soumettre leurs
prétentions aux tribunaux qui se prononcent par un jugement.

Section 3 : La distribution du produit des saisies mobilières

La loi congolaise est muette sur cette question ; la pratique s'est instaurée
d'appliquer le barème de la répartition du prix des droits immobiliers. Les saisissants
ne sont pas propriétaires mais créanciers des deniers provenant de la vente aux
enchères tant qu'ils n'ont pas été versés par le greffier aux mains des saisissants. En
cas de distribution inéquitable, les autres créanciers peuvent saisir par requête, le
président pour pouvoir faire opposition au paiement et ce en saisissant entre les
mains du greffier, toute somme appartenant au débiteur.
S'ils ont déjà un titre exécutoire, ils participent de plein droit à la
distribution.

Le greffier établit le compte en prenant en considération les privilèges, en


répartissant les sommes disponibles au marc le franc, en suivant l'ordre des
privilèges. Le projet, de paiement
est soumis à la signature de tous les créanciers ayant pratiqué des saisies.
Dès que la distribution est effectuée, elle ne peut plus donner lieu à la
réparation en faveur des créanciers qui surgissent ultérieurement, fussent-ils nantis
de privilèges.
Si les créanciers intéressés à une même saisie n'arrivent pas à s'entendre sur
la distribution, le greffier les invitera d'assigner et le tribunal tranchera.
Tout créancier peut intervenir dans l'instance pendant toute la durée de la
procédure en
validation de saisie et jusqu'à l'exécution du jugement et même après le prononcé
jusqu'à
l'exécution parfaite par voie de tierce opposition ; mais une tierce-opposition ne sera
pas
recevable après que le greffier s'est dessaisi : en effet les créanciers n'ont pas été
payés sans
cause et ne peuvent donc pas être condamnés à restituer quand bien même ils ont été
favorisés.

L'huissier ne procédera pas à une nouvelle saisie sur les mêmes objets car
saisie sur saisie ne vaut ; il procédera à un recollement c'est-à-dire que l'huissier va
immédiatement dénombrer les meubles saisis avant la vente consécutive à une saisie
exécution afin de vérifier s'il n'en a pas détourné depuis lors ; ce dénombrement
donne lieu à la rédaction d'un PV. Si la première saisie n'a pas épuisé les biens
meubles, l'huissier peut, à la requête d'un deuxième créancier, compléter la saisie, et
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c'est l'ensemble des biens qui sera exproprié pour couvrir le paiement dû à l'ensemble
des créanciers saisissants.
Plusieurs saisies arrêts peuvent être autorisées sur une même créance et le
débiteur saisi peut encore céder une créance saisie jusqu'à la date de validation de la
saisie.

L'on ne peut concevoir deux saisies immobilières sur un même droit


immobilier. En revanche, tout créancier ayant un titre exécutoire peut intervenir et se
joindre au saisissant en participant aux frais de l'exécution (art. 19 de l'ordonnance de
12 novembre 1886).
Si le produit total de la saisie couvre le total des créances, il est sans intérêt
de savoir quel créancier sera le premier payé. Si le montant est insuffisant, pour les
payer tout, il se pose un problème de distribution.
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CINQUIEME PARTIE : LES FRAIS ET LES DROITS DE JUSTICE


(193)

193 A. RUBBENS : Op. Cit. n°290 à 308


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CHAPITRE I : LES FRAIS ET DROIT EN MATIERE


CONTENTIEUSE

Section 1 : Le caractère fiscal des frais et droits

Rappelons que la justice est gratuiteen ce qu'il n'appartient pas aux parties
de rémunérer les juges qui sont agents de l'Etat.

Les frais de justicesont du reste sans rapport avec l'importance, la valeur ou


le coût des
prestations fournies par les magistrats et les officiers ministériels; ces frais n'ont pas
un caractère
rémunératoire, c'est à dire proportionnel aux prestations fournies. Ils ont un caractère
purement
fiscal parce qu'ils assurent quelques recettes pour le trésor public.

Est absurde l'idée d'une justice payante, c'est à dire une justice qui rapporte
autant où-plus qu'elle ne coûte.

Section 2. : Le tarif des frais de justice en matière contentieuse

Pour chaque acte de procédure, la loi a fixé un tarif des frais, dont les taux
ont été arrêtés par l'ordonnance loi du 30 novembre 1970, qui a modifié sur ce point
le code de procédure civile.
Le juge fixe te frais de transport de séjour des magistrats, greffiers et
huissiers, qui sont
nécessaires pour l'accomplissement de devoirs inhérents à la procédure de la cause:
ceci veut
dire que le juge établit ou vérifie le compte des dépenses réellement et utilement
exposées; il en
arrête le montant qui va entrer en ligne de compte pour l'établissement de l'état des
frais. Les
magistrats et les officiers ministériels le soucieront de comprimer ces frais non tarifié
qui peuvent
constituer une charge très lourde.
Le tarif établi par la loi est réduit de moitié lorsqu'il s'agit des litiges d'une
valeur ne dépassant pas100 zaïres à actualiser).

Section 3 : Les taxes

Témoigner en justice est un devoir civique qui ne peut pas donner lieu à
rémunération.
Mais, il ne faut pas que l'accomplissement de ce devoir cause un préjudice
au témoin; c'estpourquoi celui-ci peut obtenir en taxe la compensation des pertes
qu'il subit (salaire, manque à
gagner) ainsi que les frais (transport, séjour) qu'il a dû exposer pour apporter son
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témoignage.
Ainsi les taxes sont des indemnités payées aux témoins et ne constituent pas un
"salaire".
Les agents de l'Etat qui sont appelés à témoigner ne subissent aucun manque
à gagner puisqueleur traitement n'est pas suspendu; c'est pourquoi leur taxe est
allouée au profit du trésor, saufen ce qui concerne les frais que ces agents auraient
personnellement exposés.
C'est le tribunal qui fixe la taxe de l'audience à laquelle le témoin a
comparu. Le témoin peuttoucher la taxe au greffe à l'issue de l'audience.

Section 4 : Les honoraires

Les experts, arbitres rapporteurs, traducteurs, interprètes etc. peuvent


prétendre à des
émoluments ou salaires qui récompensent leur prestation.
En principe les experts fixent librement leurs honoraires suivant la
déontologie de leur profession.
Lorsque les honoraires et frais sont exagérés, les parties peuvent demander
au juge de les
"taxer" c'est à dire de réduire le montant à ce qui est raisonnable.

Section 5 : Les dépens

Les dépens sont les frais, taxes et honoraire qui ont été exposés par les
parties en cours deprocédure.
Les dépens de la partie qui obtient gain de cause sont mis, par le jugement
définitif à charge de la partie succombante.
Certains frais d'avocat ou frais de déplacement d'une partie pour se rendre
aux audiences, nerentrent pas dans les dépens et restent à la charge de la partie qui
les a exposés.

Section 6 : Les frais au degré d'appel

Au degré d'appel les frais tarifés sont doublés


Dans son jugement ou arrêt définitif la juridiction d'appel doit statuer tant
sur les frais exposésen première instance que sur les frais exposés en appel ; l'on dit
que la juridiction d'appel fait unemasse des frais" dont elle décide l'imputation.
Cependant, il peut y avoir compensation du fait entre les parties,
compensation qui fait quelesfrais des deux instances ne seront pas globalisés.

Section 7 : Les frais du pourvoi en cassation

L'article 30 et suivant de la loi organique de 2013 sur la procédure devant la


Cour de cassation fixe le tarif de frais des actes de la procédure de cassation.
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L'arrêt qui vide la saisine de la cour suprême taxe et impute les frais à la
partie succombant.
La juridiction de cassation ne doit pas statuer sur les frais exposés aux
degrés inférieurs dejuridiction; si elle casse le jugement, les dispositions imputant les
frais sont également cassées,
l'imputation de la masse des frais.

Section 8 : Les droits proportionnels

Les droits proportionnels constituent un véritable impôt dû sur toute somme


ou valeur mobilièreallouée par un jugement passé en force de chose jugée.
Par valeur allouée il faut entendre que par l'effet du jugement se fera un
transfert des biens,argent ou liens meubles; dans ce transfert des biens, il faut inclure
des dommages-intérêts alloués et la condamnation au paiement d'un prix qui était dû
avant le début du procès.
La mutationdu droit immobilier donne lieu à une perception fiscale.
Les droits proportionnels sont dus sur les intérêts qui ont couru jusqu'au jour
du jugementsi le juge condamne au paiement d'intérêts moratoires judiciaires.

CHAPITRE II : L'IMPUTATION ET LE RECOUVREMENT DES FRAIS


EN MATIERE CONTENTIEUSE

Section 1 : le moment de l'imputation des frais.

Une juridiction doit statuer sur l'imputation des frais au moment où elle vide
sa saisine; danstousles jugements avant dire droit, les frais sont réservés.
Le jugement qui prononce la disjonction d'une demande peut envisager la
ventilation des frais: les frais exposés pour la demande vidée par un jugement
peuvent être établis et imputés par cejugement.
En cas de jugement provisionnel, il convient de réserver les frais, mais les
droits proportionnelssont dus sur le montant alloué.
La condamnation aux frais constitue une obligation légale; le tribunal doit la
prouver d'office.
Le ministère public, partie principale au procès, ne peut jamais être
condamné aux frais; lesfraissont mis à la charge du trésor, s'il est débouté de son
action ou de son recours, il en est de
même du greffier qui succombe dans une action dirigée contre lui en réduction de la
base de
calcul des droits proportionnels.
Lorsque le ministère public donne son avis, il n'est jamais partie
succombante et rien ne peut être mis comme frais à charge du trésor quand cet avis
n'est pas suivi par le tribunal.

Section 2 : L'état des frais


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Le greffier tient à jour les comptes de dépense; il crédite le compte de


provisions faites par lesparties et le débite des frais exposés à leur requête ou par les
actes du tribunal.
La liquidation des dépenses se fait suivant l'état du frais arrêté par le greffier
lors du prononcé dujugement définitif. Cet état est vérifié et visé par le juge qui
incorpore dans son jugement lemontant ainsi fixé pour condamner la partie
succombante au payement des frais.
Il n'existe pas de procédure pour contester l'état des frais ; si l'état des frais
contient une erreur,
les parties peuvent en faire l'observation au greffier ou au juge avant le visa.
La juridiction d'appel n'a pas le pouvoir de réviser l'état des frais visé par le
premier juge.
La cour suprême siégeant en cassation ne connaîtpas des erreurs contenues
dans l'état des frais visés par le juge.

Section 3 : L'imputation des dépenses

Le principe est que les dépens doivent être mis à la charge e la partie
succombante.
Mais il y a possibilité de compensation ou de partage de dépens lorsque les
différentes parties ont succombé dans les demandes et les recours qu'elles ont
formés: chaque partie est laissée avec la charge des frais qu'elle a avancés.
Lorsqu'une partie obtient une somme moindre que celle demandée dans ses
dernières
conclusions, elle est partie succombante partiellement. C'est pourquoi la prudence
recommande,
face à une demande qui porte sur un montant qui doit être évalué par ce juge, de citer
le chiffre
demandé ou tout autre montant que le tribunal estimera équitable.
Il y a lieu à partager des frais lorsqu'une demande reconventionnelle a été
retenue, fût-ce
partiellement.
Le partage se fait généralement en imputant aux parties une fraction du total
de l'état des frais: par moitié tiers, quart ou dixième, à la discrétion du tribunal qui va
veiller à effectuer un partage équitable.
La juridiction d'appel ne peut revoir les propositions du partage des frais que
dans le cas où elleinfirme le jugement; elle peut reformer un jugement qui statuant
sur les frais, n'a effectué aucunpartage alors que les parties ont succombé
partiellement ou quand le tribunal du premier degré a omis de statuer sur les dépens.
La juridiction de cassation peut casser un Jugement qui ne statue pas sur les
frais ou qui ne metpas les frais à la charge de la partie qui a succombé; elle ne peut
pas casser du fait que la
proportion de partage est inéquitable.
Lorsque la juridiction d'appel confirme le jugement entrepris, les frais sont à
la charge de
l'appelant; les frais sont partagés si l'intimé a fait appel incident. Si la juridiction
d'appel réforme le jugement, elle fait une masse des frais des deux instances. C'est en
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principe aux parties


succombantes dans le jugement d'appel qu'incombent les frais de l'ensemble du
procès.
Les frais frustratoires, c'est-à-dire des frais occasionnés par des actes de
procédure qui ne sontpas de nature à éclairer la justice, sont laissés à la charge de la
partie qui les a occasionnés,
quand bien même elle a gagné le procès.

Section 4 : La consignation de la provision pour frais

Le greffier doit veiller à ce qu'aucun acte de procédure ne soit accompli si la


partie qui le demande n'a pas consigné préalablement les frais nécessaire pour
couvrir.
Dès l'introduction de la cause au moment de déposer l'assignation, une
somme minimale
forfaitaire doit être versée aux mains du greffier. Sauf dispense de consignation le
greffier ne
recevra pas la demande avant le payement.

Section 5 : la dispense de consignation des frais

Rappelons qu'une ordonnance du président de juridiction peut dispenser une


partie indigente defaire la consignation forfaitaire requise à l'introduction d'une
instance.
Le président peut également décider que les frais d'expertise et
d'indemnisation d'expert serontavancés par le trésor.
L'ordonnance peut aussi prévoir une dispense partielle, suivant les moyens
de la partie.

Section 6 : Les recouvrements des frais

Les consignations préalables couvrent normalement tous les frais. Le


greffier use
du droit de rétention sur les provisions versées par les parties; il retiendra d'abord les
provisions de la partie succombante et si celles-ci sont insuffisantes; toute autre
provision qui lui aura été faite dans l'instance.

Section 7 : Le recouvrement des droits proportionnels

Dès le prononcé du jugement, la créance fiscale existe; c'est cela qu'exprime


l'art. 155 du code deprocédure civile selon lequel les droits proportionnels sont dus
sur minute de jugement.
Mais la créance n'est exigible que lorsqu'une partie demande une expédition
ou lorsque lejugement est coulé en force de chose jugée.
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CHAPITRE III : LES FRAIS EN MATIERE NON CONTENTIEUSE

Section 1 : La définition fiscale des matières non contentieuses

Le tarif des frais en matière non contentieuse est fixé par l'art. 1 du décret du
11 juillet 1920, tel que modifiée par le décret-loi du 13 mars 1965 et par
l'ordonnance du 30 novembre 1970, mais les textes de loi ne définissent pas le
domaine auquel s'applique ce tarif.

Il y a affaire non-contentieuse lorsqu'il y a nécessité légale de recourir au


juge en l'absence de toute contestation ou sans que l'adversaire ne doive être entendu
pour que le juge prenne une décision.

L'intention du législateur semble être de vouloir taxer plus lourdement tout


acte de procédure qui prépare une procédure contentieuse ou qui en découle sans que
soit prise en considération le critère du caractère contradictoire ou contentieux de
l'acte tarifié. Exemple: les saisies conservatoires; les actes accessoires du tribunal
durant l'instance litigieuse (désignation d'expert, jugement d'expédient...,); les
exequatur des sentences arbitrale et des jugements étrangers, dans ces exemples, les
actes de procédure sont taxés suivant le tarif des actes contentieux.

En conclusion, l'on peut soutenir que le tarif des actes non contentieux ne
s'appliquerait qu'aux homologations et actes semblables, même rendus en forme des
jugements

Section 2 : La perception des frais en matière non contentieuse

Le paiement des frais en matière non contentieuse ne donne pas lieu à


consignation de frais, sauf si la loi le prévoit expressément.
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Bibliographie sommaire

A. Droit Congolais

1. Antoine SOHIER : Droit de procédure du Congo-Belge. Cet ouvrage édité en


1952 porte sur la procédure pénale et la procédure civile.
2. BOURS L. : Répertoire général de la jurisprudence Congolaise, Elisabethville
1951.
3. COLIN J.P : Répertoire général de la jurisprudence Congolaise, Elisabethville
1936 + supplément 1940.
4. DUFRENOY P. : Précis de procédure civile et de procédure pénale coloniale,
Bruxelles, 1952.
5. PIRON P. et DEVOS J. : Codes et Lois du Congo-Belge, 3 volumes,
Bruxelles, 1959-1960. N.B. : Le Tome II qui traite de l'organisation
administrative et judiciaire contient aux pages 23 à 41, le Code de Procédure
Civile du 7 mars 1960.
6. HOEN R. : Manuel pratique de procédure à l'usage des huissiers au Congo-
Belge, Bruxelles, 1953.
7. PIRON P. : Supplément aux Codes Congolais, 4 fascicules, Bruxelles, 1970.
8. Revue Jurisprudence et Droit du Congo
9. Revue Juridique du Congo-Belge
10. Revue Juridique du Congo
11. Antoine RUBBENS : Le droit judiciaire Congolais. Tome II ; la procédure
judiciaire contentieuse du droit privé, Presse Universitaire du Congo,
Kinshasa, 1978.

B. Droit Belge

2. BRAAS (chev), Précis de procédure civile, 3è éd. Liège-Bruxelles, 1994.


3. Le Code judiciaire de 1967.
4. FETTWEIS (A), La compétence -Tome II, précis du droit judiciaire, Bruxelles,
Larcier, 1971.
5. André LE PAIGE, Précis de droit judiciaire, Tome IV, les voies de recours,
Bruxelles, Larcier, 1973.
6. KRINGS (E), L'organisation judiciaire, Tome I du précis de droit judiciaire.
7. STORME (M), L’instance, Tome III du précis de droit judiciaire
8. RIGAUX (F), La nature du contrôle de la Cour de Cassation, Bruxelles,
Bruylant, 1966.
9. Georges DE LEVAL, Institutions judiciaires. Institution au droit judiciaire
privé, Ed. collection scientifique de la Faculté de Droit de Liège, 1993.
10. Répertoire pratique du Droit Belge
11. Pendantes Belges
12. Les Nouvelles, procédure civile (2 tomes)
13. Pasicrisie
14. Journal des tribunaux.
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 225

C. Droit Français

1. H. SOLUS et R. PERROT, Droit judiciaire privé, Tome I : Introduction,


Notions fondamentales, organisation judiciaire, éditions Sirey-Paris, 1961.
Tome II : La compétence, même édition, 1973, Tome III : Procédure de
première instance, même édition 1991.
2. MOTUISKV, Ecrit, Etudes et Notes de procédure civile, préface Cornu et
Foyer, éd. Dalloz, 1973.
3. Loïc CADET, Droit judiciaire privé, éd. Litec, 1992.
4. CORNU et J. FPYER, Procédure civile, coll. Thémis, 1958, supplément 1960.
5. H. CROZE et Ch. MOREL, Procédure civile 1988, Presses Universitaires de
France (P.U.F), éd. collection Droit fondamental.
6. R. PERROT, Institutions judiciaires (précis Domat), 5è éd., 1993.
7. M.L. RASSAT, Institutions judiciaires, Paris, P.U.F, 1993.
8. J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINARD, La
justice et ses institutions dans le droit contemporain, 3è éd., Paris, Dalloz,
1991.
9. Jean VINCENT et Serge GUICHARD, Procédure Civile, Précis, Paris,
Dalloz, 1994.
10. Encyclopédie Dalloz, Répertoire de procédure civile, Tome I, 1978, Tome II,
1979, Tome III, 1980.
11. M. DONNIER, Voies d'exécution, 3è éd., Paris, éd. Litec, 1993.
12. J. VINCENT et J. PREVAULT, Précis d'exécution, 17è éd., 1993.
13. Recueil Dalloz-Sirey
14. La semaine juridique ou jurisclasseur périodique (J.C.P).
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 226

TABLE DES MATIERES


INTRODUCTION……………… ............................................................................... 1
1. DEFINITION DE LA PROCEDURE CIVILE .................................................................... 1
2. LE FORMALISME PROCEDURAL ................................................................................ 1
3. L'IMPORTANCE SOCIALE DE LA PROCEDURE ............................................................ 1
4. LA PLACE DE LA PROCEDURE DANS LE MONDE JURIDIQUE ...................................... 2
5. LE CHAMP D'APPLICATION DE LA PROCEDURE CIVILE .............................................. 2
a) Du point de vue de la matière ........................................................................... 2
b) Du point de vue de l'application dans l'espace................................................. 3
c) Du point de vue de l'application dans le temps ................................................ 3
6. L'INTERPRETATION DES REGLES DU DROIT JUDICIAIRE PRIVE OU PROCEDURE CIVILE
................................................................................................................................... 4
7. LES TECHNIQUES DE LA PROCEDURE CIVILE (11) ....................................................... 4
7.1. Le système accusatoire et le principe dispositif ............................................. 4
7.2.Le principe de l'immutabilité du litige (18) ...................................................... 6
7.3.Le caractère contradictoire de la procédure civile ........................................ 7
7.4.L'oralité de la procédure civile ....................................................................... 7
7.5.La publicité des audiences civiles ................................................................... 7
7.6.La publicité des jugements .............................................................................. 7
7.7.Les formes et le secret du délibéré .................................................................. 8
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7.8.L'accessibilité au public des registres et archives du greffe ........................... 9


7.9.Le rôle du Ministère Public en Procédure Civile ........................................... 9
8. LES SOURCES DE LA PROCEDURE CIVILE ................................................................. 9
8.1.La Constitution ................................................................................................ 9
8.2. La loi et les actes ayant force de loi (les ordonnances-loi ou les décrets-
lois) ...................................................................................................................... 10
8.3.Les ordonnances du Premier Président de la Cour de cassation et celle des
Premiers Présidents des Cours d'Appel. ............................................................. 10
8.4. La jurisprudence........................................................................................... 10
8.5. La doctrine.................................................................................................... 10
8.6. La coutume, les usages et les pratiques judiciaires ..................................... 11
8.8. L'équité ......................................................................................................... 11
PREMIERE PARTIE : ................................ LA PROCEDURE CONTENTIEUSE
13
CHAPITRE I : LES PROCEDURES PREALABLES .......................................... 14
SECTION 1 : LA MISE EN DEMEURE ............................................................................ 14
SECTION 2 : LA TENTATIVE DE CONCILIATION .......................................................... 14
SECTION 3 : L’ACCORD DU CONJOINT ET L'AUTORISATION DU JUGE PREALABLE A
L'INTRODUCTION DE LA DEMANDE EN JUSTICE .......................................................... 16
SECTION 4 : L’ABREVIATION DE DELAI ..................................................................... 16
SECTION 5 : LA DESIGNATION D'UNE PERSONNE AYANT QUALITE POUR ESTER EN
JUSTICE POUR UN INCAPABLE .................................................................................... 17
SECTION 7 : LES MESURES CONSERVATOIRES ........................................................... 18
SECTION 8 : LA DISPENSE DE CONSIGNATION DES FRAIS ........................................... 19
CHAPITRE II : L'ACTION EN JUSTICE ............................................................ 20
SECTION 1 : NOTIONS GENERALES ............................................................................ 20
§1. Définition ....................................................................................................... 20
§2. L'objet de l'action (29). ................................................................................... 20
§3. Les conditions d'exercice de l'action en justice ............................................ 21
La représentation .......................................................................................... 29
L'assistance .................................................................................................... 30
L'accord du conjoint ..................................................................................... 30
SECTION 7 : LA CLASSIFICATION DES ACTIONS ......................................................... 30
1. Les actions réelles et personnelles .................................................................. 31
SECTION 8 : LES SUJETS DE L'ACTION ........................................................................ 35
SECTION 9 : LES CONVENTIONS DES PARTIES PORTANT SUR L'EXERCICE DE L'ACTION
................................................................................................................................. 35
SECTION 10 : LA TRANSMISSION DE L'ACTE A UN TIERS ............................................ 36
SECTION 11 : L'ACTION DU MINISTERE PUBLIC DEVANT LES JURIDICTIONS DE DROIT
PRIVE ........................................................................................................................ 37

CHAPITRE 3 : LES INCIDENTS ........................................................................... 39


SECTION 1. LA NOTION D'INCIDENT .......................................................................... 39
SECTION 2. CLASSIFICATION DES INCIDENTS ............................................................ 39
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CHAPITRE 4 : LA LIAISON DE L'INSTANCE AU PREMIER DEGRE DE


JURIDICTION ………………………………………………………………..42
SECTION 1 : LES ACTES QUI SAISISSENT UN TRIBUNAL .............................................. 42
1. La demande en justice ..................................................................................... 42
§2. La demande introductive d'instance .............................................................. 46
§3. Les demandes incidentes ............................................................................... 66
E. La demande reconventionnelle ....................................................................... 69
F. L'intervention .................................................................................................. 73
§6. Les effets de la demande ................................................................................ 75
Section 3 : La défense en justice ......................................................................... 78
A. Notions ........................................................................................................ 78
§2. Les exceptions................................................................................................ 78
B. Sortes .......................................................................................................... 78
C. Le régime légal des exceptions et de nullité ............................................ 84
§3. Les fins de non-reçevoir ................................................................................ 84
§3. Les fins de non-récevoir ................................................................................ 86
A. La notion de fin de recevoir........................................................... 86
CHAPITRE 3 : L'INSTANCE AU PREMIER DEGRE DE JURIDICTION .... 87
SECTION 1 : LA MISE AU ROLE .................................................................................. 87
§1. Du rôle général ............................................................................................. 87
§2. Du rôle ordinaire........................................................................................... 88
SECTION 2 : LA COMPARUTION ET LA REPRESENTATION DES PARTIES ....................... 88
§1. La comparution des parties ........................................................................... 88
§2. La représentation des parties ........................................................................ 89
SECTION 3 : LA REGLEMENTATION DES INCIDENTS ................................................... 90
§1. La notion d'incident ....................................................................................... 90
B. Du point de vue de leur nature ...................................................... 90
C. Du point de vue de leur régime ..................................................... 91
§3. Analyse de cas types d'incidents de procédure ............................................. 94
SECTION 4 : L’INSTRUCTION DE L'AFFAIRE ............................................................... 97
§1. Notion ............................................................................................................ 97
§2. Le régime de l'administration de la preuve ................................................... 98
SECTION 5. LES DEBATS ......................................................................................... 106
§1. La forme des débats ..................................................................................... 106
§2. Chronologie des débats ............................................................................... 106
§3. Le contenu des débats.................................................................................. 108
§4. Les plaidoiries ............................................................................................. 109
SECTION 6 : L'AVIS DU MINISTERE PUBLIC.............................................................. 109
§1. Terminologie : ............................................................................................. 109
§2. Différents types de communications ........................................................... 110
§3. Procédure .................................................................................................... 111
CHAPITRE IV. : LE JUGEMENT CONTRADICTOIRE ................................ 112
SECTION 1 : LE DELIBERE ....................................................................................... 112
§1. Le dossier sur base duquel les juges délibèrent .......................................... 112
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§2. L'objet du délibéré ....................................................................................... 113


§3. La procédure du délibéré ............................................................................ 113
SECTION 2 : LE JUGEMENT ...................................................................................... 114
§1. Le prononcé du jugement ............................................................................ 114
§2. Le contenu du jugement............................................................................... 115
§3. Les différentes catégories de jugements ...................................................... 116
SECTION 3 : LES EFFETS DU JUGEMENT ................................................................... 118
§1. Le dessaisissement du tribunal .................................................................... 118
§2. L'autorité de la chose jugée......................................................................... 118
§3. La force exécutoire :.................................................................................... 119
§4. L'ouverture des voies de recours ................................................................. 119
CHAPITRE V : LA PROCEDURE PAR DEFAUT ............................................ 120
SECTION 1 : LE DEFAUT : PORTEE, ETENDUE ET LIMITES ......................................... 120
§1. Quand y a-t-il défaut ? ................................................................................ 120
§2. Hypothèses de défaut ................................................................................... 121
SECTION 2 : LA PROCEDURE PAR DEFAUT ............................................................... 124
SECTION 3 : JUGEMENT PAR DEFAUT....................................................................... 125
§1. Dans la forme .............................................................................................. 126
§2. Dans les effets du jugement ......................................................................... 126
CHAPITRE VI : LA PROCEDURE DEVANT LES JURIDICTIONS
TRADITIONNELLES
………………………………………………………………..12
6
SECTION 1 : LA PROCEDURE APPLICABLE DEVANT LES JURIDICTIONS COUTUMIERES
............................................................................................................................... 126
SECTION 2 : LA SAISINE DES TRIBUNAUX COUTUMIERS ........................................... 127
SECTION 3 : LES AUDIENCES ................................................................................... 127
SECTION 4 : LE JUGEMENT ...................................................................................... 127
SECTION 5 : LES EFFETS DU JUGEMENT ................................................................... 128
SECTION 6 : EVOCATION ......................................................................................... 128
SECTION 7 : LE RENVOI ........................................................................................... 128
CHAPITRE VII : LES VOIES DE RECOURS ................................................... 129
INTRODUCTION ....................................................................................................... 129
A. Le fondement du recours............................................................................... 129
B. Le recours dans le droit traditionnel ............................................................ 129
C. Les recours dans le droit moderne du Congo .............................................. 129
D. La classification des recours ........................................................................ 130
E. La renonciation et le désistement ................................................................. 131
SOUS-CHAPITRE 1 : LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES................. 131
SECTION 1: L'OPPOSITION ....................................................................................... 131
§1. Les conditions d'exercice de l'opposition .................................................... 131
§2. L'acte d'opposition....................................................................................... 132
§3. L'assignation en opposition ......................................................................... 132
§4. Les délais d'opposition ................................................................................ 132
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§5. Les effets de l'opposition ............................................................................. 133


§ 6. L'objet du jugement sur opposition ............................................................ 134
§7. La forme du jugement sur opposition .......................................................... 134
§8. Les effets du jugement rendu sur opposition ............................................... 134
SECTION 2. LE RECOURS EN APPEL ......................................................................... 135
§1. L'objet du recours en appel ......................................................................... 135
§2. Appel principal et appel incident ................................................................ 135
§3. L'étendue de l'appel ..................................................................................... 135
§4. L'appel -peut-il servir de voie de nullité ? .................................................. 136
§5. Jugements susceptibles d'appel ................................................................... 136
§6. Le jugement dont l'appel n'est pas recevable .............................................. 136
§7. Suspension du recours en appel .................................................................. 137
§8. Les parties bénéficiaires du droit d'appel ................................................... 137
§9. Qui peut interjeter appel incident ............................................................... 138
§10. L'intervention au degré d'appel163 ............................................................. 138
§11. Qui peut être intimé dans l'instance d'appel ............................................. 138
§12. La saisie de la juridiction d'appel ............................................................. 139
§13. Les effets de l'appel ................................................................................... 140
§14. L'évocation ................................................................................................ 142
§15. L'audience d'appel ..................................................................................... 143
SECTION 3. LA REVISION COUTUMIERE ................................................................... 145
§1. La nature de la voie de la révision coutumière ........................................... 145
§2. La procédure de révision ............................................................................. 146
§3. Les effets de la révision ............................................................................... 146
SOUS-CHAPITRE II : LES RECOURS EXTRAORDINAIRES...................... 147
SECTION 1 : LA TIERCE OPPOSITION ........................................................................ 147
§1 L'historique de la tierce opposition en droit congolais ............................... 147
§2. L'objet de la tierce opposition ..................................................................... 147
§3 Griefs donnant lieu à la tierce opposition.................................................... 147
§4 Le titulaire de l'action en tierce opposition ................................................. 148
§5 La partie adversaire dans l'instance en tierce opposition. .......................... 148
§6 La juridiction compétente............................................................................. 148
§7. La procédure de l'action en tierce opposition............................................. 148
§8. Les effets de la procédure en tierce opposition ........................................... 149
§ 9. L'effet du jugement sur tierce opposition ................................................... 149
SECTION 2 : LA REQUETE CIVILE. ............................................................................ 149
§1. Historique et nature de la requête civile ..................................................... 149
§2. Les conditions d'ouverture de la requête civile........................................... 150
§3 Les conditions de forme et de délai pour l'introduction de !a requête civile
........................................................................................................................... 151
§4. La procédure ............................................................................................... 151
§5. Les effets de la requête civile ...................................................................... 151
§6. Les recours .................................................................................................. 151
SECTION 3. L'ANNULATION ..................................................................................... 152
§1. Historique et régime en vigueur .................................................................. 152
§2. Les moyens d'annulation ............................................................................. 152
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§3 La procédure d'annulation ........................................................................... 153


SECTION 3 : LA CASSATION .................................................................................... 153
§1. Historique .................................................................................................... 154
§2. Décisions susceptibles, d'être entreprises par un pourvoi en cassation ..... 155
§3. Les personnes qui peuvent intervenir dans l’action en cassation.............. 156
§4. Les ouvertures à cassation .......................................................................... 157
§5. La connaissance des faits ............................................................................ 157
§6. Forme et délais de pourvoi en cassation..................................................... 158
§7. Les effets du pourvoi en cassation............................................................... 160
§8. L'audience de la Cour de cassation ............................................................ 160
§9. Les incidents devant la juridiction de cassation ......................................... 161
§10. Le délibéré de la Cour de cassation .......................................................... 162
§11. Les effets de l'arrêt de la juridiction de cassation .................................... 162
4.La nature de ce recours .................................................................................. 166
5.Seuls les magistrats peuvent être pris à partie............................................... 166
6. Les effets de la prise à partie ........................................................................ 167
DEUXIEME PARTIE : L’ARBITRAGE ............................................................. 170
1. LA DESIGNATION DES ARBITRES.......................................................................... 175
4. LA SENTENCE ARBITRALE ................................................................................... 177
B.LE RECOURS CONTRE LA SENTENCE ARBITRALE .................................................. 178

TROISIEME PARTIE : LA PROCEDURE GRACIEUSE ............................... 180


CHAPITRE I : LES ORDONNANCES SUR REQUETE .................................. 181
SECTION 1. : LES ORDONNANCES SUR REQUETE ...................................................... 181
§1. La nature des ordonnances sur requête ...................................................... 181
§2. La forme de la requête................................................................................ 182
§3. La communication au M.P. ......................................................................... 182
§4. La forme et l’objet de ordonnance .............................................................. 182
§5 Le caractère exécutoire des ordonnances sur requête ................................. 183
CHAPITRE II : LE REFERE ................................................................................ 183
INTRODUCTION ....................................................................................................... 183
SECTION 1 : DEFINITION ......................................................................................... 184
SECTION 2 : CATEGORIES ........................................................................................ 184
1. Cas classique ou ordinaire de référé : .......................................................... 184
2. Cas spécifique : ............................................................................................. 184
SECTION 3. PROCEDURE.......................................................................................... 184
SECTION 4 : POUVOIRS DU JUGE DES REFERES......................................................... 185
SECTION.5 L'ORDONNANCE DE REFERE .................................................................. 185
SECTION 6 : LES RECOURS CONTRE L'ORDONNANCE DES REFERES .......................... 187
QUATRIEME PARTIE : LES VOIES D'EXECUTION ................................... 188
CHAPITRE 1 : LE DROIT A L'EXECUTION ................................................... 189
SECTION 1 : LA NOTION DU DROIT A L'EXECUTION .............................. 189
SECTION 2 : LES ACTES EXECUTOIRES..................................................................... 189
SECTION 3 : LE CARACTERE EXECUTOIRE DES JUGEMENTS ..................................... 190
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CHAPITRE II : LES PROCEDURES D'EXECUTION FORCEE ................... 190


SECTION 1 : LES MODES D'EXECUTION FORCEE .................................... 190
SECTION 2 : LA CONTRAINTE PAR CORPS ................................................................ 190
SECTION 3 : L'EXECUTION EN NATURE .................................................................... 191
SECTION 4 : L'EXECUTION PAR EQUIVALENT ........................................................... 191
SECTION 5 : L'ASTREINTE ....................................................................................... 191
§1. REGLES COMMUNES APPLICABLES A TOUTES LES SAISIES
CONSERVATOIRES………. ................................................................................ 193
§2. LES SAISIES CONSERVATOIRES INSTITUEES PAR L’AUPSRVE .... 195
1. SAISIE CONSERVATOIRE DES BIENS MEUBLES CORPORELS (LES
ARTICLES64 A 76 DE L’AUPSRVE)
………………………………………………………………195
2. SAISIE CONSERVATOIRE DES CREANCES.............................................. 197
3. SAISIE REVENDICATION .............................................................................. 199
CHAPITRE III : LA DISTRIBUTION................................................................. 212
SECTION 2 : LA DISTRIBUTION DU PRODUIT DES SAISIES IMMOBILIERES ................. 213
SECTION 3 : LA DISTRIBUTION DU PRODUIT DES SAISIES MOBILIERES ..................... 214
CINQUIEME PARTIE : LES FRAIS ET LES DROITS DE JUSTICE () ....... 216
CHAPITRE I : LES FRAIS ET DROIT EN MATIERE CONTENTIEUSE ... 217
SECTION 1 : LE CARACTERE FISCAL DES FRAIS ET DROITS ....................................... 217
SECTION 2. : LE TARIF DES FRAIS DE JUSTICE EN MATIERE CONTENTIEUSE .............. 217
SECTION 3 : LES TAXES .......................................................................................... 217
SECTION 4 : LES HONORAIRES................................................................................. 218
SECTION 5 : LES DEPENS ......................................................................................... 218
SECTION 6 : LES FRAIS AU DEGRE D'APPEL .............................................................. 218
SECTION 7 : LES FRAIS DU POURVOI EN CASSATION ................................................ 218
SECTION 8 : LES DROITS PROPORTIONNELS ............................................................. 219
CHAPITRE II : L'IMPUTATION ET LE RECOUVREMENT DES FRAIS . 219
EN MATIERE CONTENTIEUSE ........................................................................ 219
SECTION 1 : LE MOMENT DE L'IMPUTATION DES FRAIS............................................. 219
SECTION 2 : L'ETAT DES FRAIS ................................................................................ 219
SECTION 3 : L'IMPUTATION DES DEPENSES .............................................................. 220
SECTION 4 : LA CONSIGNATION DE LA PROVISION POUR FRAIS ................................ 221
SECTION 5 : LA DISPENSE DE CONSIGNATION DES FRAIS .......................................... 221
SECTION 6 : LES RECOUVREMENTS DES FRAIS ......................................................... 221
SECTION 7 : LE RECOUVREMENT DES DROITS PROPORTIONNELS ............................. 221
CHAPITRE III : LES FRAIS EN MATIERE NON CONTENTIEUSE........... 223
SECTION 1 : LA DEFINITION FISCALE DES MATIERES NON CONTENTIEUSES.............. 223
SECTION 2 : LA PERCEPTION DES FRAIS EN MATIERE NON CONTENTIEUSE ............... 223
9. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE ................................................................................. 224
A. Droit Congolais ............................................................................................ 224
Professeur LUZOLO BAMBI LESSA& Professeur MAKAYA KIELA : Cours de Procédure civile 233

B. Droit Belge .................................................................................................... 224


C. Droit Français .............................................................................................. 225
TABLE DES MATIERES ...................................................................................... 226

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