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UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO

FACULTE DE DROIT
DEPARTEMENT DE DROIT PRIVE ET JUDICAIRE
B.P 4745 KIN II
KINSHASA/LINGWALA

Par KAHISHA Alidor MUNEMEKA


Assistant

SYNTHESE DU DROIT JUDICIAIRE PRIVE


(Résumé du cours du Professeur Matadi)
Nenga Gamanda)

Année académique : 2007 – 2008

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INTRODUCTION

A. Définition

Le droit judiciaire privé se définit comme étant un ensemble de


règles de droit qui régissent l’organisation du règlement des différends entre
particuliers au cours du procès ou en dehors du procès.

B. Problème de la terminologie

L’expression « droit judicaire privé » est récente ;


traditionnellement on parlait de la procédure civile.
Cette dernière expression est critiquable d’abord du fait qu’elle ne couvre pas
toutes les branches du droit privé qui, pourtant recourent aux même règles de
forme (à la procédure) pour leur mise en œuvre.

 En suite, elle a tendance à réduire toutes les procédures de


dérèglements des différends au droit civil alors qu’il y a d’autres
branches telles que le droit du travail, le droit commercial…

En fin, cette expression ne prend pas en considération les règles relatives à


l’organisation judiciaire qui sont cependant très importantes du fait qu’elles
dressent en quelque sorte la scène où va se dérouler le théâtre du procès.
C’est pourquoi il est préférable d’utiliser l’expression droit judiciaire privé parce
qu’elle couvre l’entièreté des matières de droit privé

C. La nature du droit judiciaire privé.

Le but poursuivi par les règles du droit judiciaire privé réside dans la mise en
œuvre des droits subjectifs reconnus aux particuliers.

En effet, on ne va à un procès que lorsque l’on veut obtenir la reconnaissance


des droits subjectifs que l’on veut faire valoir.

De ce qui précède, le droit judiciaire apparaît comme étant un droit auxiliaire,


un droit sanctionnateur, un droit servant au service des droits substantiels que
sont le droit des obligations, le droit commercial, de droit des société….

D. La nécessité du droit judiciaire privé

Les règles du droit judiciaire privé présentent une importance majeure dans le
règlement de différends entre particuliers.
Elles sont établies afin d’éviter l’arbitraire en garantissant les droits des
particuliers.

En effet, le juge ne doit pas conduire le procès tel qu’il l’entend, mais il le fait
en se conformant aux règles arrêtées à l’avance par rapport au conflit ; des
règles qui sont impersonnelles.
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E. Le domaine du droit judiciaire privé

Problème : le droit judiciaire privé est-il une branche du droit privé ou


du droit public ?

Le droit judiciaire privé est une branche du droit privé parce qu’il a pour objet
le règlement des litiges dans lesquels sont mis en jeu les intérêts des
particuliers.

Toutefois, certains auteurs estiment que le droit judiciaire privé est une
branche du droit public, étant donné qu’il se rapporte à l’organisation du
service publique de la justice.
Cette tendance est minoritaire.

F. Les règles du droit judiciaire privé

Les règles du droit judiciaire privé présentent deux caractères ; un caractère


impératif et un caractère formaliste.

1. Le caractère impératif des règles du droit judiciaire privé

a. Signification : les règles du droit judiciaire privé sont impératives,


c’est-à-dire qu’elles s’imposent à tous.

Le caractère impératif n’est pas absolu ; il y a en droit judiciaire privé une


sphère où joue l’autonomie de la volonté. C’est notamment le fait que les
parties sont libres de saisir ou de ne pas saisir le juge, elles peuvent choisir un
règlement du différend par l’arbitrage en fixant même la règle à appliquer par
l’arbitre.

b. Fondement du caractère impératif

 Le caractère impératif du droit judiciaire privé se justifie par la


nécessité qu’il y a d’éviter l’anarchie qui résulterait de fait de
laisser chacun déterminer les règles qui lui seront applicables.

2. Le caractère formaliste du droit judiciaire privé

Signification :

Les règles du droit judiciaire privé sont prescrites à peine de nullité.


C’est-à-dire que la nullité est la sanction de la violation des règles du droit
judiciaire privé.

En droit Congolais, le caractère formaliste du droit judiciaire privé ne s’applique


pas dans toute sa rigueur, il est atténué (diminueé). Ce qui a poussé certains
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auteurs à confondre la simplicité du formalisme à l’absence de formalisme et


soutenir que la procédure congolaise est non formaliste. Ces auteurs évoquent
l’article 28 du code procédure civile pour qui conditionne la nullité des actes de
procédure irrégulier au préjudice que subirait la partie adverse.

Ceci reflète une confusion regrettable parce que, loin de consacrer le non
formalisme (qui équivaudrait à l’absence de sanction en cas de violation des
règles de procédure), l’article 28 du code de procédure civile affirme le
caractère formalisme mais en le simplifiant car, la nullité qui y est consacrée
est conditionnée par le préjudice subi par la partie adverse.
Ainsi, au lieu de conclure au caractère non formaliste du droit judiciaire privé,
une bonne lecture de l’article 28 du code de procédure civile devrait conduire à
constater que le droit judiciaire congolais est peu formaliste.

Il s’agit donc d’un formalisme atténué et non d’une absence de formalisme.

c. Les sources du droit judiciaire privé

1. En droit Interne

- La constitution
- La loi (le code de procédure civile, le code de l’O.C.J, code de procédure
devant la Cour suprême de justice) ;
- La coutume ;
- La jurisprudence ;
- Les principes généraux du droit ;
- La doctrine
- L’équité ;
- La pratique judiciaire

1. En droit international

- la déclaration universelle des droits de l’homme ;


- le pacte international relatif aux droits civils et politiques ;
- la charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
- Le traité de l’OHADA.

D. La Problématique de l’équité comme source du droit

Le droit positif Congolais retient l’équité parmi les sources du droit.

En effet, l’ordonnance du gouverneur général du Congo du 14 mai 1886


prévoit que lorsqu’il n’y a ni loi, ni règlement, le juge pour les contestations qui
sont de la compétence des tribunaux du Congo appliquera notamment
l’équité.

La valeur de l’équité comme source de droit soulève des interrogations sur le


plan philosophique.
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L’équité se définit comme étant le sentiment spontané (soi même, naturel) du


juste et de l’injuste.
Ainsi définie, l’équité fait ressortir deux éléments : d’une part, l’équité en tant
que sentiment, est une donnée intérieure au juge qui l’applique ; et d’autre
part, elle n’est pas observable.

Ces deux traits font que l’équité ne devrait pas objectivement être une source
de droit parce que d’une part une source est une donnée extérieure au juge et
à laquelle ce dernier se réfère. D’autre part, une source parce que élément
extérieur au juge, doit être observable tel la loi, la coutume…

Ne remplissant pas ces conditions l’équité devrait être écartée de la liste des
sources du droit.
Néanmoins en droit congolais l’équité est une source légale du droit sur base
de l’ordonnance =loi du 14 mai 1886

E. Application dans le temps et dans l’espace des règles de droit


judiciaire privé.

1. Application dans le temps

a. Principe : Application immédiate

Le principe en la matière est celui de l’effet immédiat des règles du droit


judiciaire privé.
Ce principe signifie que ces règles s’appliquent immédiatement aux instances
en cours et à venir. Il n’y a cependant pas de rétroactivité.

b. Limites au principe de l’effet immédiat

1° La règle de droit judiciaire nouvellement posée ne s’applique pas lorsque le


juge saisi a déjà rendu un jugement sur le fond. C’est l’ancienne loi qui
continue à s’appliquer.

2° La loi nouvelle ne s’applique pas lorsqu’elle remet en cause le fond du droit.


C’est le cas lorsqu’une règle de droit judiciaire remet en cause le principe de la
force probante du certificat d’enregistrement, cette règle ne s’appliquera pas
aux certificats d’enregistrement qui lui sont antérieurs.

2. Application dans l’espace

a. Principe : la territorialité

b. Exception au principe : Dans certains cas il y a des conflits de juridiction.

L’étude de cette dernière relève du droit international privé.


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PREMIERE PARTIE : LE CADRE DU DROIT JUDICIAIRE PRIVE

TITRE I : LE CADRE INSTITUTIONNEL DU DROIT JUDICIAIRE

Le droit judiciaire privé s’exprime dans un cadre institutionnel


tracé par le législateur. Ce cadre se compose d’une part les structures
judiciaires que sont les juridictions et d’autre part, par une série d’intervenants
que sont les gens de justice.

CHAPITRE I : LES JURIDICTIONS EN MATIERES DE DROITS PRIVE

En droit judiciaire privé, les juridictions se présentent sous la


forme pyramidale suivante :
- La cour suprême de justice actuellement la cour de cassation
- Les cours d’appel,
- Les tribunaux de grande instance, les tribunaux de commerce et les
tribunaux du travail.
- Les tribunaux de paix

I. Les tribunaux de paix

A. Composition en matière de droit priver (Art 24 C.O.C.J.)

Principe : Il siège à juge unique


Exception : En matière coutumière, le siège est constitué de trois juges dont
deux assesseurs.

B. La compétence du tribunal

Le tribunal de paix est compétent pour les matières suivantes :

1. Les contestations du droit de la famille


2. Les successions
3. Les libéralités
4. Les conflits fonciers régis par la coutume
5. L’exécution de propres décisions
6. L’autorisation des saisies arrêts et des saisies conservatoires.
7. La rétraction de la saisie arrêt ou de la saisie conservatoire
8. Les autres contestations évaluables en argent dont le montant ne
dépassent pas cinq mille Zaïre.

II. Les tribunaux de grande instance

A. La composition en matière de droit privé


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Il faut distinguer selon que le tribunal de grande instance est


saisi au premier degré ou qu’il l’est au degré d’appel.

 Au premier degré : la composition du T.G.I est du juge unique


 Au second degré : trois juges

B. La compétence du tribunal de grande instance

1. Toutes les contestations qui ne sont pas de la compétence du tribunal


de paix.
2. Les contestations de la compétence du tribunal de paix lorsque le
défendeur l’accepte. Dans ce cas, il statue en dernier ressort.
3. l’exécution de toutes les décisions de justice à l’exception de celle des
tribunaux de paix, des tribunaux de commerce et des tribunaux de
travail.
4. l’exécution des autres actes authentiques
5. l’exequatur
6. l’exécution des actes authentiques exécutoires dressés à l’étranger.
7. l’appel des jugements rendus au premier degré par les tribunaux de
paix.

II. Les tribunaux de commerce (loi du 3 juillet 2001)

A. La composition

Le siège du tribunal de commerce est constitué de trois juges


dont un permanent et deux consulaires. Le juge permanent préside le tribunal
lorsqu’il s’agit des matières qui touchent à l’ordre public à savoir :

1°) Le faillites et concordats judiciaires


2°) les contentieux relatifs aux contrats de société
3°) les actions en matière de concurrence déloyale
4°) les affaires dans lesquelles un ou plusieurs défendeurs ont été caution ou
signataires d’un chèque bancaire, d’une lettre de change ou d’un billet à
l’ordre.

Alors que le juge permanent est un juge de carrière, les juges


consulaires sont élus parmi les opérateurs économiques.

B. La compétence du tribunal de commerce

1°) Les contestations relatives aux engagements et transactions entre


commerçants.
2°) Les contestations entre associés, pour raison de société de commerce.
3°) Contestations entre toutes personnes relatives aux actes de commerces y
compris les actes relatifs aux sociétés commerciales au fond de commerce, à la
concurrence commerciale et aux opérations de bourse.
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4°) Les actes mixtes si le défendeur est commerçant


5°) Les litiges comprenant plusieurs défendeurs dont l’un est lettre de charge
ou d’un billet à ordre.
6°) Litiges relatifs au contrat de société.
Faillite et concordat judiciaire.

III. Les tribunaux du travail ( la loi n°016/2002 du 16 octobre 2002)

A. La composition du tribunal du travail

Le tribunal de grande instance siège au nombre de trois juges


dont un juge permanent et deux assesseurs issus du monde professionnel et
représentant l’un les employeurs et l’autre les travailleurs.

B. La compétence

1°) Les conflits individuels du travail


2°) Les conflits collectifs du travail
3°) L’exécution des décisions rendues en matière du travail
4°) L’interprétation et la rectification de ses propres décisions.
5°) L’exequatur des décisions rendues par les tribunaux du travail
étrangers.

IV. Les cours d’appels

A. La composition de la cour d’appel

Elle est de trois juges

B. La compétence de la cour d’appel

1°) L’appel des jugements rendus au premier degré par les tribunaux de
grande instance, les tribunaux de commerce et du travail.
2°) Renvoi pour cause de sûreté publique ou suspicion légitime, de la
connaissance d’une affaire d’un T.G.I à un autre et pour les tribunaux de
commerce et les tribunaux du travail.

V. La cour de cassation
La cour de cassation chapeaute l’ordre judiciaire de la R D C. (article 153 de la
constitution de la 3e République)

B. La compétence
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En ce qui concerne le droit judiciaire privé, cette cour est


compétente dans les cas suivants :

1° Les pouvoirs en cassation


2° La prise a partie
3° Les règlements des juges
4° Les demandes en renvoi d’une cour d’Appel à une autre cour d’Appel ou
d’une juridiction du ressort d’une d’Appel à une autre du ressort d’une autre
cour d’Appel.
5° Des renvois après une deuxième cassation

En attendant une loi pour fixer les modalités sur la manière que
doit fonctionné la cour de cassation, la cour suprême de justice assume les
compétences dévolues à l’actuelle cour de cassation

CAHPITRE II : LES GENS DE JUSTICE

Le droit judicaire privé se déroule dans un cadre où interviennent


plusieurs personnes : les magistrats, les greffiers, les huissiers ainsi que les
avocats et défenseurs judiciaires.

I. Les magistrats

A. Définition :

Le terme magistrat désigne toute personne appartenant au corps


judiciaire et investie à titre personnel du pouvoir de rendre la justice ou de la
requérir au nom de l’Etat.

B. Classification des magistrats

Il y a deux catégories des magistrats : les magistrats du siège ou


juge et les magistrats débouts ou officiers du Ministère Public.

Remarque : En matière de droit privé le ministère public intervient en principe


par voie d’avis, et exceptionnellement par voie d’action (Article 9 code
d’O.C.J.)
Lorsqu’il intervient par voie d’action, dans l’intérêt des personnes faibles que le
législateur a voulu protéger, le ministère public est une partie principale au
procès. Tandis que lorsqu’il intervient par voie d’avis, il est parti jointe.

A propos de l’avis du ministère public, il faut noter que ce dernier


est dans certains cas obligatoire.

Notamment pour les litiges relatifs aux successions, faillite ou


concordat judicaire…
II. Les greffiers et les huissiers
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A. Les greffiers : Chaque juridiction comprend un greffe dirigé par un greffier


assisté d’un ou plusieurs adjoints.
Le tribunal siège avec le concours du greffier. Le rôle de ce dernier consiste à :

1) signer avec le juge les projets, les procès verbaux….


2) Garder les minutes, registres et tous les actes afférents à la juridiction.
3) Délivrer les grosses, expéditions et extraits de jugements et
ordonnance.
4) Rédiger le plumitif d’audiences
5) Rédiger les exploits
6) Signifier les exploits comme les huissiers

B. Les huissiers : sont chargés du service intérieur des cours et tribunaux et de


la significations des exploits.

Remarque : à la différence des magistrats qui sont soumis à un statut


particulier, les greffiers et les huissiers sont placés sous le statut de la fonction
publique.

III. Les Avocats et défenseurs judiciaires

A. Les Avocats

Ce sont des auxiliaires de la justice dont la profession consiste à


assister ou représenter les parties, postuler, conclure et plaider devant les
cours et tribunaux. La profession d’avocat est régie par l’ordonnance – loi n°79-
028 du 28 septembre 1979. Auprès de chaque cour d’Appel il y a un barreau
qui assure l’organisation et la discipline de la profession.

B. Les défenseurs judiciaires

Ce sont au même titre que les avocats des auxiliaires de la


justice ayant comme profession d’assister ou représenter les parties, postuler,
conclure et plaider devant les tribunaux. A la différence des avocats, les
défenseurs judiciaires ne sont autorisés à l’intervenir que devant les tribunaux
de paix et les tribunaux de grande instance.

TITRE II : LE CADRE PRINCIPIEL DU DROIT JUDICIAIRE PRIVE


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Il s’agit d’étudier les différents principes qui régissent le droit


judiciaire privé. Ce dernier est régi par quatre principes majeurs à savoir : le
principe dispositif, le principe de l’oralité des débats, le principe du secret du
délibéré et le principe du droit à un procès équitable.

CHAPITRE I : LE PRINCIPE DISPOSITIF

I. Signification du principe

Le principe dispositif veut dire que les parties disposent de


l’instance civile, elles sont maîtres de cette instance en ce que par l’assignation,
elle limite la saisine du juge. Ce dernier ne peut connaître ni statuer sur ce que
les parties ne lui ont pas demandé. Le juge ne peut donc pas statuer « ultra
petita ». Le principe dispositif procède du caractère accusatoire du droit
judiciaire privé qui veut que le juge civil soit un juge passif attendant des
parties les faits et leurs preuves.

II. Dérogations au principe dispositif

Il existe plusieurs cas où le juge déroge au principe dispositif.

A. En cas des faits adventis

Les faits adventis sont des faits que le juge découvre lorsqu’il a
déjà pris l’affaire en délibéré et qui sont susceptibles alors qu’il n’ont pas été
discuté contradictoirement, d’avoir une incidence sur le jugement à intervenir.

Les faits adventis occasionnent une dérogation au principe


dispositif en ce que le juge qui les découvre est obligé de rouvrir les débats
pour que les parties discutent sur ces faits. Cette réouverture des débats se fait
sans aucune autorisation des parties.

B. En cas du défaut du défendeur

L’article 17 alinéas 2 du code de procédure civile prescrit que


lorsque le défendeur fait défaut, « les conclusions du demandeur sont
adjugées si elles se trouvent justes et bien vérifiées ». Cette vérification se fera
par le fait que le juge sera obligé de soulever toutes les exceptions que le
défendeur aurait soulevées s’il avait comparu. Et c’est un en cela qu’il y a
dérogation au principe dispositifs car le juge assure ainsi la défense des
intérêts du défendeur sans aucune autorisation de ce dernier, il sort donc de
son rôle passif.

C. Le pouvoir d’ordonner d’office des mesures d’instruction

Au cours de l’instruction de la cause de juge dispose en matière


d’administration de la preuve des pouvoirs lui permettant de sortie de son rôle
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passif et donc, déroger au principe dispositif. Cela apparaît à travers le pouvoir


lui reconnu d’ordonner même d’office des mesures d’instruction telles que
l’expertise (Article 43 CPC), la visite des lieux (Art 46) et la comparution
personnelle des parties ( art 49 CPC).

CHAPITRE II : LE PRINCIPE DE L’ORALITE DES DEBATS ET DU


SECRET DU DELIBERE

I. Le Principe de l’oralité des débats

Le principe de l’oralité est tiré de l’article 15 du code de


procédure civile qui dispose : « les parties sont entendues
contradictoirement ». Il signifie donc que les débats se déroulent oralement
car, on ne peut entendre que celui qui parle.

Ce principe n’est cependant pas absolu ; en effet, le même article


15 prévoit la possibilité pour les parties de prendre des conclusions écrites. Et
d’ailleurs, sur le plan pratique, même là où la procédure est orale, il y a
toujours un support écrit.

II. LE PRINCIPE DE SECRET DU DELIBERE

Le principe du secret du délibéré a comme base juridique l’article


er
62 alinéa 1 du code d’O.C.J.

Ce principe signifie que lorsque les débats ont été clôturés, la


délibération sur les prétentions des parties pour prendre la décision se fait
secrètement.

Ainsi, les parties ne sont censées connaître le jugement que par


le fait de la signification.

Il faut remarquer que le principe du secret du délibéré est un


principe d’ordre public qui ne souffre d’aucune exception ; les jugements qui
sont rendus en violation du principe du secret du délibéré sont susceptibles de
cassation.

CHAPITRE III : LE PRINCIPES DU DROIT A UN PROCES EQUITABLE

I. Sources et sens du droit à un procès équitable

Principe récent en droit judiciaire privé, le principe du droit à un


procès équitable à pour source l’article 10 de la déclaration universelle des
droits de l’homme, l’article 14 du pacte international relatif aux droits civils et
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politiques et les articles 7 et 26 de la charte africaine des droits de l’homme et


des peuples.

Tous ces textes ont été ratifiés par la R.D.C et donc s’imposent
au juge congolais.

Le procès équitable n’est pas un procès dans lequel il est fait


application de l’équité. C’est plutôt un procès dans lequel les parties sont
placées sur le même pied d’égalité, un procès dans lequel une partie n’est pas
privilégiée au détriment d’une autre.

II. Le contenu du principe du droit à un procès équitable

Le principe du droit à un procès équitable comprend plusieurs


garanties à savoir : la garantie d’accès à un tribunal, la garantie de l’égalité
devant le juge, la garantie de la gratuité de la justice et de l’organisation d’une
assistance judiciaire, la garantie d’une justice de bonne qualité, la garantie de
l’indépendance et de l’impartialité des juridictions, le droit à une langue que
l’on comprend, la laïcité des juridictions, la publicité de la procédure, la célérité
de la procédure, la motivation des décisions de justice, l’égalité des armes et
les principe des contradictoire et enfin la garantie de l’exécution de la décision
de justice.

1°) Le droit d’accès à un tribunal

C’est le droit pour toute personne d’accéder à la justice pour y


faire valoir ses droits. Cette garantie suppose :

- La continuité de la justice dans l’espace : c’est-à-dire qu’il y ait des


juridictions près des justiciables (la proximité des juridictions).

- La continuité dans le temps : que le service public de la justice ne souffre pas


d’interruption

2°) La garantie de l’égalité devant le juge

Tous les citoyens doivent être traités de la même façon par les
tribunaux. Il n’y a pas de privilège de juridiction ni des immunités en matière
de droit privé.

3°) La garantie de la gratuité de la justice et l’organisation d’une assistance


Judiciaire.

 Gratuité de la justice : Le juge ne doit pas être rémunéré par les parties
pour le travail qu’il fait. La justice étant un service public, il appartient à
l’Etat de prendre en charge les magistrats. La gratuité de la justice
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renforce le principe de l’égalité en ce que l’on ne sera pas traité


proportionnellement aux moyens que l’on a mis à la disposition du juge.
 L’organisation de l’assistance judiciaire :

L’assistance judiciaire est accordée aux justiciables qui présentent


une indigence. Cette assistance judiciaire se présente sous deux formes : la
délivrance des pièces en débets et la désignation de l’avocat ‘pro-deo ».

La délivrance des pièces en débets consiste à dispenser une


personne du payement total ou partiel de la consignation des frais.

 La désignation d’un avocat « pro-deo » consiste à désigner un avocat


qui assurera gratuitement la défense des intérêts d’une personne
indigente.

4°) La garantie d’une justice de bonne qualité

Elle se réalise par la réunion de deux éléments : un bon juge et


une collégiale dans la prise de décision.

5°) La garantie de l’indépendance et de l’impartialité

 L’indépendance se traduit par la liberté dans l’accomplissement de la


tâche juridictionnelle. L’indépendance procède du principe des pouvoirs
judiciaires, exécutif et législatif.

Ainsi le juge est indépendant vis à vis du pouvoir exécutif, et du


pouvoir législatif. Il est également indépendant vis-à-vis du ministère public,
des parties et des autres pouvoirs des faits tels que : la presse, les groupes de
pression…
 L’impartialité signifie que le juge ne doit pas avoir en faveur d’une partie
au détriment d’une autre.

6°) Le droit à une langue que l’on comprend

7°) La garantie de la laïcité des juridictions

Les juridictions ne doivent ni appliquer des préceptes religieux, ni


tenir compte des considérations religieuses des parties. Tout le monde est
traité d’une façon, celle prévue par la loi.

8°) La publicité de la procédure

Les audiences ne doivent être organisées publiquement ; il en est


de même pour le prononcé du jugement.

Il faut cependant noter que le principe de la publicité connaît une


exception, le huis clos.
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Huis clos désigne à la fois la procédure de non publicité et la


décision prise par le juge de ne pas ou de ne plus admettre le public.

Le huis clos n’est prononcé que lors que l’ordre public ou les
bonnes mœurs sont menacées.

Remarque : Même dans le cas où le juge a ordonné le huis clos, le jugement


à intervenir doit être prononcé en audience publique.

9°) La célérité de la procédure

Le procès doit se dérouler pendant un temps raisonnable, il faut


éviter que la procédure en longueur pour rien parce que cela peut être très
coûteux pour les parties. Il faut cependant noter que l’appréciation de la
célérité est une question de fait étant donné qu’elle est liée à la complexité de
la cause.

10°) La motivation des décisions de justice

Les jugements doivent être motivés. La motivation est une partie


du jugement dans la quelle présente les arguments et les raisons qui l’ont
poussé à se prononcer dans tel ou dans tel autre sens. La motivation est
importante parce qu’elle permet d’éviter l’arbitraire du juge, est obligé de
justifier sa décision. C’est également un moyen qui permet à la juridiction
supérieure de contrôler le jugement.

11°) L’égalité des armes et le principe de la contradiction

 Légalité des armes : C’est le fait pour toute partie à un procès d’avoir
une possibilité raisonnable d’exposer sa cause au tribunal dans des
conditions qui ne la désavantagent pas d’une manière appréciable par
rapport à la partie adverse.
Ainsi, lorsqu’il est refusé à partie remise afin d’obtenir le service d’un
avocat, il y a violation de l’égalité des armes.

 Le principe du contradictoire veut que toute personne ait la possibilité de


discuter tout ce qui est mis à sa charge. Le principe du contradictoire se
réalise d’une part par l’exigence de la communication des pièces et
d’autre part, par le déroulement des débats contradictoires.

 Le principe du contradictoire et l’avis du Ministère public

En droit congolais, une pratique judiciaire s’est affirmée, celle de


voir le juge ordonner la clôture des débats après l’avis du ministère public sans
accorder la possibilité aux parties de répliquer. Cette pratique est soutenue en
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doctrine par A. Rubbens qui soutient qu’après l’avis du ministère public le juge
doit clôturer les débats, la partie qui souhaite discuter l’avis du ministère public
n’a qu’à demander la réouverture des débats.

Il faut cependant noter que cette pratique est malheureuse parce


que l’avis du Ministère public qui, ne bien que lie pas le juge, peut dans
certains cas, l’influencer dans sa décision. Et ce avis peut à la suite d’une
mauvaise interprétation de la loi par l’officier du ministère public causer un
préjudice à une partie.

Il est donc souhaitable d’accorder à une telle partie la possibilité


de discuter l’avis du ministère public chose qui, d’ailleurs n’est pas interdite par
la loi. Laisser clôturer automatiquement les débats pour demander une
réouverture des débats est une perte de temps qui va à l’encontre du principe
de la célérité de la procédure.

12°) La garantie de l’exécution des décisions du juge

Un procès n’est pas équitable lorsque les décisions qui y font


suite ne sont pas exécutées. Un tel procès est d’ailleurs inutile.

Nous terminons l’analyse de cette partie en attirant l’attention sur


le fait que le droit a un procès équitable fait les parties de l’arsenal des droits
de l’homme consacrés par les différents instruments internationaux notamment
le pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi que la charte
africaine des droits de l’homme et des peuples.

La RDC étant partie à ces instruments, elle se doit de le mettre


en œuvre et cela en engageant sa responsabilité en cas de violation. Cela
devient d’autant plus concret que la cour africaine des droits de l’homme est
entrée en vigueur.
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DEUXIEME PARTIE : LE PROCES

Titre I : L’action en justice

CHAPITRE I : LA THEORIE GENERALE DE L’ACTION EN JUSTICE

I. Notion de l’action en justice

a. Définition

L’action en justice est la faculté qu’à tout individu de soumettre


sa prétention au juge afin que celui-ci la déclare bien ou mal fondée. Sur le
plan passif (pour le défendeur) l’action est la faculté de discuter de la
prétention de demandeur.

b. Autonomie de l’action vis-à-vis du droit subjectif substantiel et de


la demande en justice

1. Distinction entre action et droit subjectif substantiel

L’action en justice a une existence séparée du droit dont se


prétend être titulaire. En effet, l’action est au service de ce droit car, c’est une
faculté que l’on a de saisir le juge afin d’obtenir la sanction dudit droit.

L’autonomie de l’action par rapport au droit subjectif substantiel


apparaît clairement lors qu’une personne, titulaire d’un droit voit son action
déclarée irrecevable, alors que son droit est établi.

C’est le cas par exemple d’un créancier qui se voit opposer la fin
de non recevoir tirée de la chose jugée alors qu’il n’y a aucune contestation sur
son droit de créance.

Cette autonomie apparaît également lorsque après avoir


complètement exercé l’action, le juge constate que le droit dont on poursuit la
mise en œuvre n’est pas fondé.

2. La distinction entre l’action en justice et la demande en justice

A l’état isolé, l’action en justice n‘est qu’une probabilité inefficace


de soumettre une prétention au juge. Cette probabilité se concrétise par une
demande en justice qui, peut être comprise alors comme étant l’action
effectivement exercée, l’action effectivement soumise au juge.
De ce qui précède, il apparaît que malgré l’étroitesse su lien
existant entre une action et une demande, ces deux notions gardent leur
autonomie conceptuelle.

c. Les attributs de l’action en justice


17

Deux traits caractérisent l’action en justice : le caractère facultatif


et la liberté de l’action.

1. Le caractère facultatif de l’action

Le titulaire d’une action n’est pas obligé de l’exercer.

En effet toute personne est libre de saisir ou de ne pas saisir le juge. Le


caractère facultatif de l’action procède du principe de l’autonomie de la volonté,
principe qui constitue l’un des piliers du droit privé.

2. La liberté de l’action en justice

Deux critères sont généralement retenus pour classifier sa


responsabilité pénale ou sa responsabilité civile par l’exercice de l’action en
justice.

Ce principe est justifié par le fait que la menace d’une sanction


pénale ou civile anéantirait toute possibilité d’exercice de l’action en justice.
Exception par l’action téméraire et vexatoire. Les parties doivent avoir la liberté
d’exposer tous les arguments tendant à soutenir leurs prétentions devant le
juge.

II. La classification des actions en justice

Deux critères sont généralement retenus pour classifier l’action


en justice : la nature de l’action ainsi que son objet.

A. Classification d’après la nature

D’après la nature on distingue l’action mobilière et l’action


immobilière.

 L’action mobilière : c’est l’action qui porte sur un bien meuble


 L’action immobilière : c’est celle qui porte sur un immeuble

* Intérêt de la distinction

La distinction entre les notions mobilières et les actions


immobilières présente un intérêt dans la détermination de la compétence
territoriale.

En effet, aux termes de l’article 129 du code d’O.C.J, les actions


mobilières sont de la compétence du juge du lieu où l’obligation est née ou
dans lequel elle doit être ou a été exécutée, alors que l’article 133 du même
18

code attribue en matière immobilière la compétence au juge de la situation de


l’Immeuble.

Si l’immeuble est situé dans différents ressorts, la compétence


est fixée par la partie de l’immeuble le plus étendu. Cependant, lorsque le
défendeur a son domicile ou sa résidence dans le ressort ayant la partie de
l’immeuble la moins étendue, le juge de ce ressort peut être saisi.

B. Classification d’après l’objet

On distingue d’après l’objet, l’action réelle de l’action personnelle.

 L’action réelle : c’est celle qui porte sur un droit réel


 L’action personnelle : c’est celle qui porte sur un droit personnel ou un
droit de créance.

* Intérêt de la distinction

L’action réelle est une action « in rem » (attachée à la chose). Par


conséquence elle peut être exercée par le titulaire contre toute personne qui
détient le bien, car, le droit réel confère à son titulaire un droit de suite.

Alors que l’action personnelle est une action « in personam » c’est-


à-dire attachée à la personne. En conséquence, elle ne peut être exercée que
contre le débiteur et non contre une autre personne.

C. Classification spéciale

Au sein des actions immobilières est faite une classification


spéciale consistant à distinguer les actions pétitoires des actions possessoires.

 Les actions pétitoires : sont définies comme étant des actions


immobilières ayant pour objet un droit réel.

 Les actions possessoires : sont des actions immobilières ayant pour


objet la défense d’une possession. A ce propos on distingue trois
d’actions possessoires à savoir :

- La complainte : action possessoire visant à protéger la possession contre


un trouble actuel.
- La dénonciation de nouvel œuvre : action possessoire visant à protéger
la possession contre un trouble éventuel

- La réintégrande : action possessoire dont dispose un possesseur qui a


été dépossédé (découverte) par violence ou voie de fait.

Remarque : En droit congolais, la doctrine dominante soutient que les actions


possessoires ne sont pas possibles.
19

Elle se fonde sur le fait que les actions possessoires ne se


conçoivent qu’en faveur d’un possesseur de bonne foi. Or, en droit congolais, il
est impossible d’être de bonne foi possesseur d’un immeuble ou d’un fond
étant donné que l’article 219 de loi n°73-021 du 20 juillet 1973 portant régime
général des biens, régime foncier, régime immobilière et régime des sûretés
conditionne l’existence d’un quelconque droit immobilier ou foncier à
l’inscription de ce droit dans certificat d’enregistrement.

Ainsi, dès lors qu’une personne n’a pas de certificat


d’enregistrement, elle ne peut prétendre à une quelconque possession de
bonne foi, elle est donc de mauvaise foi et ne peut exercer une action
possessoire.

Cette observation doit cependant être tempérée par le fait que


jusqu’à ce jour, il y encore des terres qui sont régie par le droit coutumier et,
qui ne sont donc pas encore sous le régime du certificat d’enregistrement. A
l’égard de ces terres, n’est-il pas possible d’envisager des actions
possessoires ?

CHAPITRE II : LE REGIME JURIDIQUE DES ACTIONS EN JUSTICE

I. Les Conditions de l’Action en Justice

Il faut distinguer d’une part les conditions d’existence de l’action


et d’autre part les conditions d’exercice de l’action.

A. Les conditions d’existence de l’action en justice

Deux conditions sont nécessaires pour l’existence de l’action en


justice : - l’intérêt de la qualité.

1. L’intérêt

a) Définition : c’est l’avantage que l’on poursuit par l’exercice d’une action
en justice. Lorsqu’il n’ y a aucun intérêt, l’action en justice n’existe pas.
Ceci est exprimé par l’adage « Pas d’action sans intérêt ».

b) Les caractères de l’intérêt : L’intérêt doit être né et actuel, concret,


certain, personnel et direct, légitime.

1°) Intérêt né et actuel

L’intérêt doit exister au moment où on agit.


20

Remarque : Intérêt actuel ne signifie pas intérêt présent, un intérêt futur peut
également être actuel, pourvu qu’il soit susceptible d’être apprécié au moment
où on agit.

L’exigence de l’intérêt né et actuel fait qu’en droit congolais les


actions interrogatoires et les actions provocatoires ne sont pas admises.

 Les actions interrogatoires sont celles qui obligent une personne


disposant d’un délai d’option à se prononcer avant l’expiration de ce
délai.
 Les actions provocatoires sont celles qui tendent à obtenir d’une
personne qui prétend être titulaire d’un droit de la prouver ou de se taire
définitivement.

2°) Intérêt concret

L’intérêt doit être suffisant.

A ce propos on doit retenir qu’une action qui tend à obtenir


simplement une manière de consulter n’est pas recevable.

L’action doit avoir une incidence concrète sur la situation des


parties.

3°) Intérêt certain

L’intérêt doit être évident et non seulement hypothétique.

Il ne faut cependant pas confondre l’intérêt hypothétique avec la


perte d’une chance.

En effet, la perte d’une chance est évidente et donc certaine alors


qu’un intérêt hypothétique n’est que casuel, il ne dépend que du hasard.

4°) L’Intérêt direct et personnel

L’action appartient à celui qui agit. On ne peut pas en principe


agir pour le compte d’une autre personne. Ceci exprime par l’adage « Nul ne
plaide par procureur » celui qui a reçu mandat d’agir pour le compte d’une
autre personne doit relever l’identité complète du mandat.

5°) Intérêt légitime

L’intérêt juridiquement protégé c’est celui qui est conforme à


l’ordre public et aux bonnes mœurs.

2. La qualité
21

La qualité c’est le titre en vertu du quel une personne est investie


du pouvoir d’agir en justice. Dans l’application de la notion de la qualité, on
distingue trois hypothèses :

1°) L’hypothèse de l’action banale (Art 1 C.P.C)

C’est celle où la personne qui agi, le fait personnellement. Dans


ce cas, la preuve de la qualité n’est pas exigée, la qualité se confondant avec
l’intérêt.

2°) L’hypothèse de l’action attirée (Art 2 C.P.C)

L’action attirée est celle qui exercée par le représentation tel est
le cas, la preuve de l’action d’un mineur qui est exercée par le tuteur de ce
dernier. Dans ce cas, la preuve de qualité est exigée.
3°) L’hypothèse de l’action d’un regroupement

Ici également, la preuve de la qualité est exigée parce que, pour


exercer l’action au nom du groupement, la personne qui saisi le juge ou donne
mandat à quelqu’un d’autre (un avocat) pour la ; faire, doit prouver qu’elle a
conformément à la loi ou aux statuts du groupement le pouvoir d’agir en
justice pour le compte dudit groupement.

B. Les conditions d’exercice de l’action en justice

Ces conditions sont étudiées à trois points de vue : à savoir la


personne qui agit, l’objet de l’action ainsi que le délai pour agir.

1. Condition quant à la personne

La seule condition requise quant au titulaire de l’action en justice


c’est la capacité. Il s’agit en fait de la capacité d’exercice telle qu’elle est régie
par les articles 211 et suivant du code de famille.

2. Condition quant l’objet

L’objet de l’action ou chose jugée doit être licite et moral.

Remarque : Il ne faut pas confondre la notion de chose jugée à celles


d’autorité de la chose jugée, de force de chose jugée et celle
de l’exception de la chose jugée.

 La chose jugée : c’est tout litige sur le quel on a déjà rendu une décision
quant au fond.
 L’autorité de la chose : c’est la qualité que revêt tout jugement quand au
fond et qui empêche, sous réserve des voies de recours, que la même
chose soit rejugée entre les mêmes parties dans un autre procès.
22

 La force de chose jugée : c’est l’état d’un jugement non susceptible de


voies de recours car celles-ci ont été épuisées, soit que le délai de leur
exercice est forclos.

 Exception de chose jugée : c’est une façon abusive de désigner la fin de


non-recevoir consistant pour un plaideur de faire valoir comme moyen
de défense l’autorité de la chose jugée.

3. Les conditions relatives au délai

Le droit judiciaire privé enferme l’action dans des limites de temps.


Il est important de vérifier chaque fois que l’on est devant une prétention, si on
est encore dans le délai ou s’il n’y a pas encore eu de prescription.

A propos des délais, il faut distinguer d’une part les délais d’action
et le délai d’attente d’autre part.

 Les délais d’action : sont ceux pendant les quels on doit nécessairement
agir, sous peine de déchéance ou forclusion ces délais fixent un temps
maximum que l’on ne doit pas dépasser. On les appelle aussi délais de
rigueur. Tel est le cas d’un délai d’exercice de voie de recours. Les délais
d’actions visent un déroulement rapide de l’instance.
 Les délais d’attente : sont ceux qui imposent un minimum de temps à
observer avant d’accomplir un acte de procédure. Ces délais d’actions
visent à permettre au défendeur d’avoir suffisamment de temps pour
préparer sa défense. C’est le cas du délai de comparution,

II. La transmission et l’extension de l’action en justice

a. La transmission de l’action en justice

1. Principe :

L’action en justice est en règle générale, transmissible aux


héritiers. Ceci justifie par le fait qu’en tant bien de son titulaire, l’action en
justice est un élément du patrimoine et, est par conséquent transmissible.

2. Exception :

L’action en justice n’est cependant pas transmissible dans les cas


suivants :

- Lors que le droit on poursuit la mise en œuvre est un droit viager,


- Lorsque le droit visé par l’action est attaché à la personne qui agit, c’est
le cas par exemple d’une action visant à recouvrir une pension
alimentaire.
23

- Lorsque l’action exercée a un caractère strictement personnel, c'est-à-


dire une action dont l’exercice par une autre personne que le titulaire ne
peut se concevoir. C’est le cas d’une action en divorce, d’une action e
recherche de paternité.

b. L’extinction de l’action en justice

Plusieurs causes peuvent éteindre l’action en justice. On peut


ente autre citer : la prescription, l’extinction du droit subjectif substantiel objet
de l’action, l’acquiescement, le désistement, la transaction, et les modes
alternatifs de règlement des différents.

CHAPITRE III : L’EXERCICE DE L’ACTION TANT EN DEMANDE QU’EN


DEFENSE OU QUESTION DE LA MATIERE DU PROCES

Tout procès consiste en une confrontation entre les prétentions


des parties. Ces prétentions constituent pour une partie les demandes et pour
l’autre les défenses.

I. Les Demandes

A. Définition et caractéristique

1. Définition : La demande est l’action soumise au juge par l’un des modes
introductif de l’instance. (Cfr distinction entre l’action et la demande en
justice).

2. Les éléments caractéristiques de la demande

Quatre éléments caractérisent une demande en justice : les


parties, l’objet, la cause et le juge compétent.

a) Les parties

En général, une demande comporte deux parties. Une partie


active (le demandeur) et une partie passive (le défendeur).

Il arrive cependant qu’il y ait en matière de procédure unilatérale


(saisie arrêt, saisie conservatoires), une seule partie (le requérant ou
demandeur).

En effet, lorsqu’une requête est introduite en vue d’obtenir une


saisie arrêt, le juge statue sur cette requête sans avoir entendu la personne
contre laquelle la requête est dirigée. Cette personne ne deviendra partie au
24

procès que plus tard après que la saisie ait été accordée, lorsqu’elle sera
assignée en validité de la saisie – arrêt par le saisissant.

Nous rappelons encore ici que le ministère public peut au cours


d’une procédure de droit privé être soit partie principale, soit partie jointe.

b) L’objet de la demande

L’objet de la demande est la prétention de celui qui l’introduit.


C’est donc ce que l’on veut obtenir du juge.

Rappelons encore ce que nous avons dit plus haut qu’au nom du
principe dispositif le juge ne peut accorder aux parties ce qui ne lui a pas été
demandé. S’il le fait, il aura statué « ultra petita »

b) La cause de la demande

La cause est le fait générateur de la demande. C’est le fait qui


est allégué pour obtenir par application de la norme juridique adéquate, une
décision du juge.

Remarque : Les parties ne sont pas obligées de qualifier en droit leurs


prétentions. Elles ne sont pas obligées d’indiquer la norme juridique qui fonde
leurs prétentions. Car, le juge est censé connaître le droit applicable. « Juri
novit curia ».

Cependant, lorsque les parties indiquent la norme applicable, le


juge au nom du principe dispositif ne peut la substituer par une autre. Il se
contentera de vérifier la conformité des prétentions à la règle évoquée.

c) Le tribunal compétent

Exigence naturelle car une demande en justice n’est destinée qu’à


un juge compétent.

Différentes catégories de demandes

Il y a quatre catégories de demandes :

- la demande principale ;
- les demandes incidentes ;
- les demandes provisoires ;
- les demandes subsidiaires.

1. La demande principale
25

La demande principale ou demande initiale est celle qui introduit


l’instance. C’est la demande par laquelle une partie met en mouvement
l’instance. Elle est généralement formulée par voie d’assignation.

2. Les demandes incidentes

Les demandes incidentes sont celles qui sont soumises au juge au


cours d’une instance qui avait déjà commencé.
Les demandes incidentes sont classées en demandes
additionnelles, demandes nouvelles, demandes reconventionnelles et
demandes interventionnelles.

a) Demande additionnelle

La demande additionnelle est celle par laquelle le demandeur


rectifie l’objet de la demande principale en le réduisant ou en l’étendant sans
pour autant le modifier.

C’est le cas d’un demandeur qui après avoir demandé les


dommages intérêts de l’ordre de 500 dollars décide d’étendre sa demande à
50.000 dollars. L’objet de sa demande n’a pas changé mais il a été rectifié par
son extension.

La demande additionnelle est donc le prolongement implicite de


la demande principale. Elle est recevable même pour la première fois en appel.

b) La demande nouvelle

La demande nouvelle est celle par laquelle le demandeur modifie


l’objet de la demande principale.

C’est le cas d’une partie qui, après avoir saisi le juge pour obtenir
la nullité d’un contrat modifie sa prétention en demandant la résolution et les
dommages – intérêts.

* Recevabilité de la demande nouvelle

Le principe varie selon que la demande nouvelle est faite au


premier degré ou selon qu’elle est faite en appel.

- Au premier degré

La demande nouvelle est au premier degré recevable en tout état


de cause avant la clôture des débats. Elle doit cependant procéder de la même
cause que la demande principale.
26

Remarque : Lorsqu’on veut modifier la cause, il faut faire une assignation


distincte de la première demande en cours d’instance et demander la jonction
des deux affaires.

- En appel

Le principe posé par l’article 77 du code de procédure civile est


celui de l’irrecevabilité de la demande nouvelle en appel. C’est ce que l’on
appelle « EXCEPTION DE NOVELLEITE ».

Limites à l’exception de novelléite

Il y a deux limites à l’exception de nouvelleté :


- Premièrement, l’exception de noveléite n’est pas d’ordre public, elle doit
être soulevée de façon expresse par l’adversaire ; le juge ne peut pas la
prononcer d’office.
- Deuxièmement, l’article 77 du code procédure civile établi des
dérogations à l’exception de novelléite en admettant des demandes
nouvelles portant sur la compensation, de demandes reconventionnelles,
ou encore sur le paiement des intérêts, arrérages, loyers et autres
accessoires échus depuis le jugement et les dommages – intérêts qui y
sont inhérent.

c) La demande reconventionnelle

C’est celle qui est formée par le défendeur en réplique à celle du


demandeur.

Le but de la demande reconventionnelle est soit d’empêcher la


condamnation du défendeur, soit d’atténuer cette condamnation ou soit
d’obtenir la condamnation du demandeur.

La demande reconventionnelle est recevable en tout état de


cause et même pour la première fois en appel lorsqu’elle est un moyen de
défense. Il faut remarquer que la demande reconventionnelle n’est pas
recevable lorsqu’elle n’est qu’une manœuvre dilatoire visant à retarder la
solution du litige principal.

La demande reconventionnelle est soumise au juge saisi de la


demande principale quels que soient sa nature et son montant. (Dérogation à
la compétence matérielle).

d) La demande en intervention ou interventionnelles

C’est celle par laquelle une partie tierce à une procédure sollicite
d’y participer (intervention volontaire) ou par laquelle une partie à une
procédure déjà engagée sollicite la mise ne cause d’un tiers (intervention
forcée).
27

3. La demande provisoire

C’est celle qui tend à faire prendre sans lier le juge du fond, les
mesures nécessaires pour éviter ou atténuer les inconvénients graves d’une
longue attente de la décision définitive sur le fond.

C’est le cas d’un accident qui sollicite que le défendeur en


réparation soit condamné à supporter les frais liés aux premiers soins avant
que le juge ne se prononce sur l’étendue des dommages – intérêts.

Lorsqu’une décision est prononcée relativement à une demande


provisoire, elle est exécutoire nonobstant tout recours.

4. La demande subsidiaire

C’est la demande qui est faite par le demandeur qui estime que
pour une raison ou une autre la demande principale sera rejetée.

C. Les effets de la demande

L’effet général de la demande est la naissance du lien d’instance


qui concerne à la fois le juge et les parties.

1. Effets vis-à-vis de juge

A l’égard du juge, la demande produit trois effets :

- La saisine du juge ;

- L’obligation pour le juge de statuer sous peine de commettre un déni de


justice.

2. Effets vis-à-vis des parties

- La demande constitue une mise en demeure du défendeur ;


- Interruption de la prescription.

Remarque : Il y a interruption, si par une irrégularité, l’assignation est


annulée, la demande n’interrompt pas la prescription.

Il en est de même en cas de désistement. Lorsque le demandeur


désiste, l’interruption de la prescription est considérée comme non avenue.

II. Les Défenses

A. Notion
28

Les défenses sont des procédés légaux (moyens légaux)


permettant au défendeur de réagir contre les attaques dont il est l’objet.

B. Les différents moyens de défenses

Il y a quatre moyens de défense : la défense au fond, les


exceptions, les demandes reconventionnelles et les fins de non-recevoir.

1. La défense au fond

C’est le moyen qui consiste pour le défendeur à rejeter la


prétention du demandeur. Ici le défendeur soutien que le droit prétendu par la
demandeur (l’objet de sa demande) n’est pas fondé et cela, totalement ou
partiellement. La défense au fond est recevable en tout état de cause. Elle est
également recevable en appel lorsqu’elle ne constitue pas un moyen nouveau.

2. Les exceptions

a. Définition :

L’exception est un obstacle à la procédure, dirigé contre le non –


respect des règles de forme (irrégularité de la procédure). Elles tendent à
obtenir la nullité de la procédure ou son retardement.

c. Les différentes catégories d’exception

1’exception dilatoire
Ce sont les exceptions qui tendent à obtenir la suspension de la
procédure. Elles ont pour but direct et immédiat d’obtenir un délai. On peut,
citer : l’exception d’appel en garantie, l’exception d’acceptation de la succession
sous bénéfice de l’inventaire, l’exception de défaut de communication, le
déclinatoire de compétence, la connexité, la litispendance, l’exception
d’inconstitutionnalité.

2°) Exceptions péremptoires ou de nullité

Ce sont les exceptions qui visent l’anéantissement de l’instance à


cause d’une irrégularité de procédure.

c. Le régime juridique des exceptions

Ce régime est rigoureux parce qu’il impose que les exceptions


soient soulevées « in limine litis » c’est-à-dire que les exceptions doivent être
soulevées avant tout débat quant au fond.

Ce régime connaît cependant des dérogations en ce qu’il y a des


exceptions qui peuvent être soulevées après que les débats aient été engagés
29

ou pour les actes intervenus au cours de l’instance. C’est le cas de l’exception


de connexité.

2. Les fins de non - recevoir

Ce sont des moyens de défense qui consistent pour le défendeur


à renier (renoncer) au demandeur son droit d’agir en justice.

Les fins de non-recevoir ont un caractère mixte en ce qu’ils


ressemblent à la fois à la défense au fond et aux exceptions péremptoires.

 Le point commun avec la défense au fond réside dans le fait que la


décision prononcée sur vase d’une fin de non – recevoir est dotée
comme pour les défenses au fond, de l’autorité de la chose jugée.
 Le point commun avec l’exception péremptoire réside dans le fait que
dans les deux cas (faits de non – recevoir et exception péremptoire), la
demande est paralysée sans entrer au fond.

Elle se distingue cependant de l’exception péremptoire en ce que


la décision prononcée sur base d’une exception péremptoire n’est pas dotée de
l’autorité de la chose jugée ; le demandeur peut introduire par assignation une
autre demande après avoir régularisé la procédure.

Tandis que la décision prononcée sur base d’une fin de non –


recevoir est dotée de l’autorité de la chose jugée.
30

TITRE II : L’INSTANCE

CHAPITRE I : LES ROLES DU JUGES ET DES PARTIES AU COURS DE


L’INSTANCE

I. L’œuvre juridictionnelle

A. Notion

Le juge est un professionnel du droit, technicien de procédure


dont la fonction consiste à dire de droit, trancher les litiges.

De part la mission du juge, il ressort que son intervention est une


intervention à postériorité car, le juge n’est saisi qu’après l’éclosion du litige ;
son rôle ne consiste donc pas à créer la norme à appliquer, c’est plutôt à
appliquer les normes préétablies par le législateur ou les parties.

Un bon juge doit réunir les qualités suivantes :

- Indépendance
- Avoir une bonne moralité
- Etre compétent
- Etre intègre

B. Les actes du juge

Le juge peut poser deux sortes d’actes ; juridictionnels et les


actes judiciaires non juridictionnels.

1. Les actes juridictionnels

a. Notion

Les actes juridictionnels sont les actes que pose le juge lorsqu’il
exerce sa mission de dire le droit.

b. Les critères des actes juridictionnels

A propos des critères permettant de distinguer ce qui est


juridictionnel de ce qui ne l’est pas. Deux écoles se sont dégagées l’une se
référant aux critères formels et l’autre aux critères matériels.

1°) Les critères formels

Les critères formels font référence aux aspects extérieurs de


l’acte. Il y a deux critères sur le plan formel : l’origine de l’acte et l’autorité de
la chose jugée.
31

* L’origine de l’acte :

D’après ce critère est juridictionnel, l’acte juridique provenant


d’une juridiction.

Ce critère est critiquable par le fait que les juridictions prennent


aussi des actes juridiques ayant un caractère administratif. C’est le cas des
actes par les quels le Président de juridiction attribue les affaires aux
différentes chambres de la juridiction.

* L’autorité de la chose jugée

D’après ce critère, un acte juridictionnel est celui qui est revêtu de


l’autorité de la chose jugée. Ce critère est également critiquable parce que
l’autorité de la chose jugée loin d’être un critère de détermination de l’acte
juridictionnel, est plutôt un effet de l’acte juridictionnel. En fait, un acte n’est
pas juridictionnel, est plutôt un effet de l’acte juridictionnel. En fait, un acte
n’est pas juridictionnel parce qu’il est revêtu de l’autorité de la chose jugée,
mais il tes revêtu de l’autorité de la chose jugée qu’il est juridictionnel.

2°) Les critères matériels

Sur le plan matériel trois critères ont été avancés pour déterminer
le caractère juridictionnel d’un acte juridique ; la structure de l’acte, la
contestation et le but.

* La structure de l’acte

D’après ce critère, l’acte juridictionnel se reconnaît par sa


structure de syllogisme juridique ayant pour majeur la règle de droit, pour
mineur, le cas d’espèce et pour la conclusion la décision du juge. Ce critère est
critiquable par le fait que le syllogisme juridique n’a pas un monopole réservé
aux décisions de justice, un acte administratif peut également répondre à ce
critère.

* La contestation

D’après ce critère, l’acte juridictionnel est celui qui fait suite à une
contestation qui est tranchée par le juge. La critique de critère est que dans
certains cas, le juge est amené à prendre des décisions juridictionnelles sans
pour autant qu’il y ait eu de contestation en amont. C’est notamment le cas
d’un jugement déclaratif de nationalité.

* Le but

D’après ce critère, l’acte juridictionnel se reconnaît par le but


poursuivi qui consiste pour le juge à appliquer le droit existant et non à
changer l’ordonnancement juridique par la création des règles nouvelles.
32

En conclusion, il faut retenir quant à la détermination des critères


de l’acte juridictionnel que l’on doit faire la combinaison de ces différents
critères matériels et formels.

c. Les effets des actes juridictionnels

Les actes juridictionnels produisent trois effets à savoir : un effet


déclaratif, dessaisissement du juge et l’autorité de la chose jugée.

1°) L’effet déclaratif :

Le juge déclare le droit, il ne le crée pas, ainsi en jugeant que tel


plaideur est le propriétaire du droit de propriété, le juge ne lui attribue pas
cette propriété, il la constate et la déclare conformément au droit.

2°) Le dessaisissement du juge

« lata, sententia, judex desinit esse judex », Lors qu’il a jugé, le


juge ne pourra plus parvenir sur l’affaire sauf dans le cas de l’exercice des
voies de recours qui l’y contraignaient. (Recours en rétractation, recours en
interprétation).

3°) L’autorité du juge

La portée de l’autorité de la chose jugée est variable selon les


moyens de défense utilisés.

* La défense quant au fond et la fin de non recevoir confère, à la décision du


juge, une autorité de chose jugée de portée générale.
* La décision sur exception a cependant une autorité relative car
cette autorité n’est limitée qu’à la dite exception, la partie
débouchée peut réintroduire l’instance.

Il fait noter que les actes juridictionnels peuvent intervenir soit e


matière contentieuse qu’en matière gracieuse.

2°) Les actes judiciaires non juridictionnels

Ce sont des actes des juges qui ne rentrent pas dans la formation
de dire le droit (le jus dicere). Ce ne sont que mesures administratives relevant
de la gestion administrative des juridictions.
33

II. Le rôle des parties au cours de l’instance

Les parties ont cours de l’instance :


1. Le monopole de l’introduction d’instance ; c'est-à-dire qu’en droit
judiciaire privé il n’y a pas de saisine d’office, le juge est nécessaire et
uniquement saisi par les demandes des parties.
2. Le monopole de limiter le contenu du procès : Le juge n’examine que ce
qui lui est soumis par les parties : pas une partie de ce qui lui est
soumis, pas plus ce que qui lui est soumis (principe dispositif).
3. La liberté de mettre fin au procès en effet, les parties peuvent désister
ou acquiescer et mettre fin à l’instance.

CHAPITRE II : LA PREINSTANCE

1. Les délais de procédure

a. Notion

Le délai est un laps de temps qu’un plaideur doit observer avant de


poser un acte de procédure (délai d’attente) où pendant le quel il doit agir sous
peine déchéance (délai d’action ou de rigueur)

1. La composition des délais

La composition est le calcul des délais de procédure. Elle est régie


en droit congolais par l’article 195 du code de procédure civile. Elle présente de
façon suivante :
- Le jour de l’émission de l’acte (dies aquo) n’est pas dans le délai ;
- Le jour de l’échéance (dies ad quem) est compté sauf si ce délai est franc ;
- Lorsque le délai expire un jour où le greffe est ferme, l’acte y est valablement
reçu le prochain jour de l’ouverture de ce greffe.
- Le délai qui est fixé par ce jour se compte de jour à jour, celui qui est fixé par
mois ou par année se compte de quatrième à veille de quantième.

Le délai franc est celui dans le quel ni le dies quo ni le dies ad


quem ne sont pas comptés.

2. La modification des délais

La modification de délai doit s’apprécier différemment selon qu’il


s’agit de l’augmentation ou de la réduction du délai.

a. L’augmentation des délais

Les délais initialement prévus par la loi peuvent être augmentées


d’un délai de distance. (Art 9 C.P.C)
34

b. La réduction des délais

En principe on ne peut abréger un délai que dans le cas prévu par


la loi. C’est le cas de l’article 10 du code de procédure civile dans les matières
qui requièrent célérité.

II. Les actes de procédure

a. Les actes greffiers

1. Principe : Le greffier rédige les exploits (Assignation, itératifs


commandements, plumitif d’audience…) (Art 2 codes de
procédure civils).

2. Exception : Le greffier peut également signifier les actes de procédure (Art 3


codes de procédure civile).

3. La nature juridique des actes du greffier

Les actes du greffier sont des actes authentiques. Par


conséquent, ils ont une force probante qui n’admet que la preuve littérale
contraire (Art 201 code civil livre 111).

b. Les actes de l’huissier

1. Principe : Un huissier de justice pose les actes suivants :

- La signification des exploits dirigés par le greffier ;


- La rédaction des procès verbaux relatifs à leur mission ;
- L’exécution forcée des jugements ;
- La notification des actes de procédure.

2. Nature juridique : Les actes de l’huissier ainsi que les mentions qu’il porte
sur les actes, ont une valeur authentique.

c. Sanction des irrégularités des actes de procédure

Lorsqu’un acte de procédure est irrégulier, deux sanctions sont


envisageables :

- La nullité dudit acte ;


- La responsabilité de l’agent auteur de l’acte (Article 258 du code de
procédure civile) ou la responsabilité administrative de l’Etat.

Remarque : Pour ce qui est de la nullité il faut rappeler ce qui a été dit à
propos du caractère, formaliste du droit judiciaire privé, que
l’article 28 du code de procédure civile conditionne cette
35

nullité au fait que la partie la quelle l’acte est posé souffre


d’un préjudice.

III. Les procédures pré juridictionnelles

Dans certaines matières, le législateur impose l’accomplissement


de certaines formalités avant de saisir le juge. C’est notamment le cas de
l’exigence de :

- La conciliation préalable devant l’inspecteur du travail lorsqu’un litige


oppose un travailleur à son employeur :
- La conciliation préalable des époux en matière de divorce par le
président du tribunal de paix ;
- L’autorisation préalable du juge d’assignation à bref délai.

CHAPITRE III : L’INTRODUCTION DE L’INSTANCE

I. Les formes de demandes

Parler des formes de demandes c’est examiner les différentes


manières à la disposition des parties pour soumettre leurs prestations au juge.
Il s’agit de déterminer l’acte qui saisi le juge.

A cet propos, il y a cinq formes de demande : l’assignation, la


requête, la comparution volontaire, les conclusions des parties et plainte.

a. L’assignation

1. Définition

L’assignation est un exploit d’huissier par le quel une partie


introduit l’instance contradictoire en formulant sa demande.

a. La rédaction de l’assignation

L’assignation est rédigée par le greffier. (Article 2 C.P.C).


En pratique, on constate que les parties font rédiger les
assignations par leurs avocats qui, les soumettront par la suite à la signature
du greffier qui, de ce fait engage sa responsabilité.

b. Le contenu de l’assignation

L’assignation contient :

- Les noms, domicile, profession du demandeur


- Noms du défendeur
36

- Un exposé sommaire de l’objet et des moyens ;


- Le tribunal compétent ;
- Les lieux, jour et heure de comparution.
c. La signification de l’assignation (Art 4 C.P.C)

Il existe six modes de signification : la signification à personne, la


signification à domicile, la signification à voisin ou à l’autorité administrative, la
signification par lettre missive, la signification par messager et signification à
l’étranger.

1°) La signification à personne : Elle consiste à remettre l’exploit entre les


mains du destinataire et ce, quelque soit l’endroit où on le trouve.

Remarque : Le refus pour le destinataire de signer ou de recevoir l’assignation


n’affecte pas la validité de celle-ci. Les mentions du huissier font foi.

2°) La signification à domicile

C’est celle qui est faite au domicile (ou résidence) du


destinataire, entre les mains d’un parent conjoint, allié, maître ou serviteur
lorsque les destinataires ne s’y trouvent pas. Le huissier doit préciser la
circonstance en mentionnent l’absence du destinataire et la qualité de la
personne à qui la signification est faite.

* L’élection du domicile : C’est le fait pour une personne de désigner un autre


endroit que son domicile ou sa résidence afin d’y recevoir les actes de
procédure. L’élection du domicile doit être écrite et expresse. Dans la pratique,
toute personne physique ou morale peut élire domicile.

* La domicile des personnes morales

* Domicile de la R.D.C :
- Bureaux de président de la République
- Bureaux du gouverneur de la province où siège le tribunal
saisi
* Domicile d’une administration ou un établissement public
doté d’une personnalité civile :
- Leurs bureaux,
- Leurs sièges,
- La personne ou les bureaux de leurs préposés

* Domicile des sociétés


- Leur siège social
- Leur succursale ou siège d’opération
- La personne ou le domicile de l’un des associés lorsqu’il n’y a pas de siège.

3°) La signification à voisin ou l’autorité administrative


37

Lorsqu’il n’y a personne au domicile du destinataire, la


signification peut être faite entre les mains du voisin. Le huissier doit préciser
cette circonstance s’il n’y a pas de voisin. L’exploit peut être remis à une
autorité administrative du domicile du destinataire qui se chargera de signifier.
4°) La signification par voie postale (lettre missive)
Elle se fait par lettre envoyée par la poste sous pli fermé à
découvert et recommandée. Dans ce cas, la date de signification est
déterminée par le récépissé.

5°) La signification par messager

Elle se fait par la lettre sous pli fermé à découvert avec remise de
récépissé.

6°) La signification par Edit

Cette signification comprend deux hypothèses.

* La signification par Edit et Missive

Elle se fait par l’affichage d’une copie de l’assignation à la porte


du tribunal et l’envoi d’une copie par voie postale sous pli fermé à découvert à
l’adresse du destinataire. Ce mode de signification suppose que le destinataire
n’a pas de domicile connu en RDC mais en a un connu à l’étranger.

* La signification par Edit et Publication

Elle se fait par l’affichage d’une copie de l’assignation à la porte


principale du tribunal et la publication au journal officiel. On y recoure lorsque
le destinataire n’a de domicile connu ni en RDC, ni à l’Etranger.

d. Le délai d’assignation (Article 9 CPC)

Le délai d’assignation est de 8 francs plus le délai de distance


pour ceux qui ont des domiciles ou résidences en RDC. Le délai de distance est
1 jour par cent kilomètres à vol d’oiseau.

Le délai d’assignation est de trois mois ceux qui n’ont ni domicile


ni résidence en R.D.C. Dans ce cas, il n’y a pas de délai de distance.

d. Le moment et lieu de la signification (Article 196 CPC)

La loi n’indique pas l’endroit où doit être une signification. Elle se


contente de prescrire que dans le cas où cet endroit n’est pas ouvert au public,
la signification ne peut être faite avant six heures du matin et après sept heures
du soir.

f. Sanction en cas de non respect du délai d’assignation (Article 198


38

CPC)

Lorsque le délai d’assignation n’a pas été respecté, la cause sera


remise à une date ultérieure.

b. La requête

La requête est l’acte par le quel on introduit une demande dans le


cas de procédures non contradictoires spécifiée par loi. Par la requête, la partie
de façon motivée sollicite du juge une mesure d’autorité. A une requête, le
juge répond par une décision contenue dans une ordonnance. (pas de
jugement).

c. La comparution volontaire des parties

Elle consiste pour les parties de se présenter de façon spontanée


et volontaire devant le juge sans qu’il y ait aucun qui les y invite. Ainsi
comprise, la comparution volontaire suppose au préalable un accord entre les
parties de soumettre au juge leur litige. Le juge dans ce cas est saisi par les
déclarations signées par les parties et actées par le greffier.

d. Les conclusions des parties

Les conclusions sont des écrits dans les quels les parties exposent
leurs prétention. Elles se présentent sous la forme suivante :

- L’identité de la cause
- L’identité des parties et de leurs conseils
- Les faits
- Le droit
- Le dispositif

C’est par voie des conclusions que les demandes incidentes sont
introduites à l’instance.

d. La plainte

La plainte est le mode de saisine des juridictions coutumières. A


ce propos, nous pensons qu’il faut préciser la notion de juridiction coutumière.

En effet, par juridiction coutumière il faut entendre la structure


établie par la coutume pour trancher les litiges. Il ne faut pas comprendre par
là qu’il s’agit des juridictions qui appliquent exclusivement le droit coutumier.

Ainsi, le critère de détermination du caractère coutumier d’une


juridiction c’est son origine (la coutume) et non la matière qu’elle examine. Ceci
est d’autant vrai que l’application de la coutume n’est pas une exclusivité des
juridictions coutumières, les juridictions du « droit écrit » sont aussi, dans
39

certains cas appelés à appliquer les coutumes locales elles ne deviennent pas
pour autant des juridictions coutumières.

Les juridictions coutumières sont encore à ce jour établies là où il


n’y a pas de tribunaux de paix et de tribunaux de police.

II. La mise au rôle et le dossier de la procédure

A. Le rôle général

1. Définition

Le rôle général est un registre tenu au greffe de chaque


juridiction et dans lequel les affaires sont répertoriées sous un numéro d’ordre
d’après l’ordre d’arrivé.

2. Sortes de rôles en droit privé

Etant donné que jusqu’à ce jour (mars 2004) les tribunaux de


commerce et les tribunaux du travail n’ont pas encore d’existence effective, les
juridictions de droit privé ont des rôles suivants :

a. Au premier degré

 Le rôle civil et commercial (RC)


 Le rôle des affaires du travail (RAT)

b. Au second degré

 Le rôle civil en Appel : RCA


 Le rôle du travail en Appel : R.A.T

B. L’extrait du rôle

Il est établi chaque jour de l’audience par le greffier et reprend


toutes les affaires qui doivent être appelées à cette audience.

Lorsque pour une raison ou pour une autre, il y a des affaires qui
sont régulièrement inscrites au rôle général mais qui ne peuvent recevoir la de
ces affaires seront appelées en une ou plusieurs audiences spéciales des Cours
d’appel et des tribunaux de grande instance au début de l’année judiciaire.

III. La consignation des frais, le non procédé et la radiation

A. La consignation des frais (Art 144 C.P.C)

L’inscription au rôle est conditionné par le paiement d’une somme


fixé par le greffier et destinée à couvrir les frais ; c’est la consignation.
40

Lorsque le demandeur conteste la hauteur de ce montant, c’est le


président de la juridiction qui tranche.

Le montant de la consignation peut au cours de l’instance être


majorée si elle s’avère insuffisante.

B. Le non procédé

C’est la sanction qui frappe le défaut de consignation. Elle


consiste pour le tribunal de ne poser aucun acte relativement à cette affaire. Il
ignore l’affaire.

C. La radiation

C’est la sanction qui frappe le refus de suppléer à la consignation


lorsqu’elle est insuffisante. Elle consiste à effacer l’affaire de rôle.

* Intérêt de la distinction entre le non procédé et la radiation

La cause, objet du non procédé peut revenir au rôle aussitôt que


les frais seront payés. Alors que la cause radiée est éteinte elle ne peut revenir
que sur base d’une nouvelle assignation et donc, après paiement d’une
nouvelle consignation.

D. La délivrance des pièces en débet (Article 146 CPC)

C’est l’ordonnance par laquelle le président d’une juridiction


accorde à une personne indigente, une dispense totale ou partielle de la
consignation des frais.

L’indigence se constate par le président de la juridiction ; dans la


pratique la partie indigente annexe un procès – verbal d’état d’ingence dressé
par les autorités administratives.

IV. Le dossier de procédure

Dès l’inscription au rôle d’une affaire, le greffier ouvre un dossier


sur lequel il est inscrit le numéro de l’affaire et les noms des parties. Il y sera
porté toutes les dates d’audience. Le dossier peut être consulter par les parties,
le Ministère public et le juge.

V. La comparution personnelle des parties et la représentation

A. Le principe en matière de comparution

La comparution personnelle est un droit, les parties sont libres de


se présenter personnellement devant le juge ou de se faire représenter.
41

Cependant l’article 49 du code de procédure civile reconnaît au juge le pouvoir


d’ordonner une comparution personnelle.

Dans ce cas, le défaut de comparaître personnellement est


sanctionné par l’article 58 du C.P.C qui accorde au juge la possibilité de tirer
toute conséquence de droit notamment considérer que le refus de comparaître
est un commencement de preuve littérale.

* La comparution personnelle des personnes morales (Art. 57 al 1)

- La comparution des personnes morales se fait par un préposé d’une


procuration spéciale ou d’un membre de leurs organes de gestion en
vertu de la loi ou des statuts.
- Les administrations publiques comparaissent par les agents habilités par
la loi pour les représenter ou muni d’un pouvoir spécial.
- Le juge peut ordonner la comparution d’administrateurs et agents
nommément désignés par lui pour être interrogés sur des faits qui leurs
sont personnels ou qu’ils ont connus en raison de leurs fonctions.

B. La représentation

Le monopôle de la représentation est attribué aux avocats et


défenseurs judiciaires.

En principe, la représentation d’une partie n’est pas obligatoire ;


cependant, la représentation devant la cour suprême de justice est obligatoire
pour des matières autres que les matières administratives. En cas de
représentation, le représentant doit être muni d’une procuration lui conférant
ainsi le pouvoir d’agir pour le compte de la partie représentée.

Le mandat ainsi conféré peut être général ou spécial.

Il est dit général lorsqu’il est exprimé en des termes généraux


conférant ainsi le pouvoir au représentant le pouvoir de poser n’importe quel
acte relativement à l’affaire.

Il est dit spécial, lorsqu’il confère le pouvoir de poser un acte bien


spécifique à l’exclusion de tout autre acte. Dans certains cas la loi exige un
mandat spécial pour la validité d’une représentation c’est notamment le cas
pour interjeter appel, pour désister ou acquiescer.

CHAPITRE IV : L’INSTRUCTION DE LA CAUSE

1. Les règles relatives à l’Instruction


42

Les règles régissant l’instruction de la cause sont contenues aux


articles 27 et suivant de l’arrêté d’organisation judiciaire n°299/79 du 20 août
1979 portant règlement intérieur des cours, tribunaux et parquets.

Le principe posé par cet arrêté est que les affaires sont appelées,
instruites, plaidées et jugées à l’audience déterminée dans l’exploit introductif
sauf remise pour juste motif ou prise en délibéré pour le prononcé ultérieur de
l’arrêt ou du jugement.

Lorsqu’une une affaire n’est pas état d’être plaidée ou jugée, les
parties peuvent obtenir une remise. Le principe s’applique de manière
suivante :

 Première remise : pour mettre l’affaire en état. Elle est d’une durée
maximale d’un mois.
 Deuxième remise : elle est accordée exceptionnellement pour une durée
maximale de quinze jours renouvelable une fois.

Note : Si à l’expiration du délai des troisièmes remises l’affaire n’est toujours


pas en état, il n’ y aura aucune autre remise sans l’autorisation du président de
la juridiction. Le président est dans ce cas saisi par requête et pour un cas de
force majeure.

II. La Communication des pièces et des conclusions

A) Notion
La communication des pièces et des conclusions procédé du
principe du contradictoire posé par l’article 15 du code de procédure civile.
Elle permet aux parties d’être en état de se présenter au procès et assure les
droits de la défense.

B. Formes et délai (Art 29 arrêté d’organisation judiciaire n°299-79)

La communication des pièces et conclusions peut être faite de


deux manières :

- Soit directement entre parties ou par voies de leurs mandataires ;


- Soit par voie de greffe.

La communication doit être faite au moins trois jours avant


l’audience. Lorsque les conclusions sont faites verbalement, la partie adverse
peut solliciter une remise pour y répondre.

III. L’instruction contradictoire

A. L’Allégation des faits et l’interrogatoire des parties

L’Allégation des faits


43

C’est le fait pour le juge d’interroger les parties. C’est dernières


peuvent être interrogés séparément ou en présence l’une de l’autre. Dans tous
les cas, elles doivent être confrontées.

B. L’Enquête

a. Notion

L’enquête est la procédure au cours de laquelle sont auditionnés


les dépositions des témoins. Les parties peuvent solliciter l’enquête les
allégations ne permettent pas établir la vérité.

Cette procédure n’est pas automatique, elle est ordonnée par un


jugement avant dire droit. La partie qui sollicite l’enquête doit articuler les faits
qui ne feront l’objet. Ces faits doivent être précis, succinct, concluant, pertinent
et susceptible de preuve.

b. La procédure de l’enquête

1° Jugement ordonnant l’enquête : Il contient l’objet du litige et les fait à


pouvoir, les lieu, jour et heure où l’enquête aura lieu.

2° Assignation et déposition des témoins

Les témoins sont assignés dans les formes ordinaires.

Avant de déposer, le témoins prêtent le serment suivant : « je


jure de dire la vérité et rien que la vérité ».

Les témoins sont attendus séparément. Ils peuvent en cas de


contradiction être confrontés.

c. Défaut du témoin

Lorsqu’un témoin régulièrement assigné fait défaut, il peut être


condamné à une amande. Il peut également être réassignés à ses frais.

En cas de défaut après avoir été réassigné, le témoin est à


nouveau condamné à une amende supérieure à la première. Il peut faire l’objet
d’un mandat d’amener.

Le témoin défaillant ne fera l’objet ni d’amende ni de mandat


d’amener s’il justifie son défaut. Lorsque le témoin est dans l’impossibilité de se
présenter au jour indiqué, le juge pour lui accorder délai au recevoir sa
déposition sur place.
44

d. Audition à titre de renseignement

La loi exclut l’audience de certaines personnes comme témoin. Il


s’agit des personnes ayant un lien de parenté ou d’alliance avec l’une des
parties.

Ces personnes peuvent seulement être entendu à titre de


renseignement. Dans ce cas, elles ne prêtent pas serment.

C. L’Administration de la preuve

Définition de la preuve

La preuve est l’acte qui établi la véracité des faits allégués par
une partie et leur conformité au droit.

La charge de la preuve

Le principe posé par l’article 197 du code civil livre III est «
Actori incumbit probatio ». Il appartient donc à celui qui allègue un fait d’en
apporter la preuve. Ce principe connaît cependant une exception posée par le
même article et qui consiste en ce que celui qui se prétend libéré d’une
obligation doit apporter la preuve des libérations.

Le Pouvoir du juge dans l’administration de la preuve

Le juge dispose d’un pouvoir étendu en matière d’instruction et


ce, malgré le principe dispositif. C’est ainsi qu’il peut d’office ordonner une
enquête, une expertise, une descente sur les lieux…

1. Notion

L’expertise est la mesure qui consiste à faire examiner les faits du


litige à l’analyse d’un homme de l’art (expert) pour pouvoir les élucider.

2. Procédure

L’expertise est ordonnée soit d’office ou à la demande des


parties, par un jugement avant dire droit. Ce jugement contient le nom des
experts ainsi que leur mission. Il est nommé un ou trois experts.

3. Valeur de l’avis de l’expert

Le juge n’est pas lié par l’avis de l’expert, il l’apprécie


souverainement. La partie qui conteste les résultats de l’expertise peut solliciter
une contre – expertise.
45

Le juge peut désigner des arbitres rapporteurs ayant pour mission


de concilier les parties (Art 44).

Il ne faut pas confondre l’arbitre rapporter avec l’arbitre désigné


dans le cadre de l’arbitrage tel que nous le verrons plus tard.

4. Honoraire des experts

C’est la partie qui requiert l’expertise qui est débitrice des


honoraires des experts. Lorsque l’expertise est ordonnée d’office, les deux
parties sont débitrices. L’expert doit au préalable faire connaître la hauteur de
ses honoraires.

D. La visite des lieux

C’est la mesure d’instruction consistant pour le juge d’aller


constater la matérialité des faits soumis à son examen sur les lieux de leur
survenance. Elle est ordonnée par un jugement même d’office. Lorsque le
tribunal comprend plusieurs juges, un seul peut être commis à descendre sur
les lieux. Dans ce cas ce magistrat doit participer à l’audience du jugement.

F. Le Serment (Article 59-60)

Le serment est ordonné par un jugement qui énonce les faits sur
lequel il portera et fixe l’audience à laquelle il sera prêté.

* Effet Du serment : Lorsqu’il est prêté, la partie qui le prête gagne le


procès. Car, ce serment est un serment litis décisoire.

Le serment pour être admis doit être prêté en personne par la


partie ou, par un avocat muni d’une procuration spéciale.

IV. Les incidents de procédure

Les incidents sont des éléments qui perturbent le déroulement


normal de l’instance. Il y en a qui sont liés à la compétence, à la juridiction et
aux magistrats, à l’instance et enfin à l’extinction de l’instance.

A. Les incidents liés à la compétence

Trois incidents sont liés à la compétence, l’exception


d’incompétence ou le déclinatoire de compétence, l’exception de litispendance,
la connexité et le règlement des juges.

1. L’exception d’incompétence ou le déclinatoire de compétence


46

Elle consiste pour le défendeur à denier à la juridiction saisie, la


compétence de connaître du litige en cause.

L’exception d’incompétence doit être soulevée « in lime litis »,


c’est-à-dire avant toute défense au fond. La compétence est une matière
d’ordre public, par conséquent, le juge peut d’office soulevée l’exception
d’incompétence.

2. La litispendance (article 142 COCJ)

Il y a litispendance lorsqu’une même demande (ayant le même


objet, la même cause et les mêmes parties agissant en même qualité) est
formée devant plusieurs tribunaux compétents.

* Solution de la litispendance

Lorsqu’il y a litispendance une des juridictions saisies doit


renvoyer l’affaire à l’autre dans l’ordre suivant :

1°) La juridiction saisie au degré d’appel est préférée à la juridiction saisie au


premier ressort.

2°) La juridiction qui a rendu sur l’affaire une disposition autre qu’une
disposition d’ordre intérieur est préférée aux autres.

3°) La Juridiction saisie la première est préférée aux autres.

3. La connexité

Il y a connexité lorsque plusieurs demandes ont des liens étroits,


qu’il y a intérêt à les examiner ensemble. Lorsque les liens sont tels qu’il est
impossible de juger séparément, les demandes connexes, on parle
d’indivisibilité. Deux éléments distinguent la connexité de la litispendance :

 d’une part, la connexité met en présence plusieurs demandes distinctes


alors que pour la litispendance, il y a qu’une seule demande
 d’autre part, la connexité ne suppose pas nécessairement plusieurs
juridictions alors qu’on ne peut parler de litispendance que lorsqu’il y a
au moins deux tribunaux sais.

Le règlement des juges

Le règlement des juge consiste à trancher un conflit de


compétence entre deux ou plusieurs juridictions statuant en dernier ressort qui
se déclarent compétentes pour connaître d’une même demande entre les
mêmes parties.
47

C’est la cour suprême de justice qui est compétence en matière


de règlement des juges. Elle statut à la requête de toutes les parties à la cause
ou du ministère public près l’une des juridictions saisies.

B. Les incidents liés au magistrat et à la juridiction de jugement

La récusation est le droit reconnu à une partie d’écarter du siège


pour le jugement de son procès, un juge dont la partialité est légalement
suspectée.

b. Causes de récusation

Ces causes sont limitativement énumérées par l’article 71 du code


d’OCJ. Il s’agit de cas suivant :

 Existence d’un intérêt personnel du juge ou de son conjoint dans l’affaire


 Existence d’un lien de parenté ou d’alliance directe ou collatérale
jusqu’au troisième degré entre le juge ou son conjoint et les parties,
avocats ou mandataires.
 Existence d’une amitié entre le juge et l’une des parties.
 Existence d’une dépendance étroite à titre de domestique, de serviteur
ou d’employé entre le juge et les parties.
 Existence d’une inimitié grave entre le juge et l’une partie
 Si le juge est déjà intervenu dans l’affaire en qualité d’officier de police
judiciaire ou d’officier du ministère public.

c. La procédure de récusation (Article 71 C.O.J)

La procédure de récusation se présente de la manière suivante :

 Déclaration motivée de la partie récusant et actée par le greffier de la


juridiction saisie du litige.
 Notification par le greffier de la déclations au président de la juridiction
et au juge mis en cause. Ce dernier doit faire une déclaration verbale ou
écrite dans les deux jours de la notification.
 La juridiction statue sur la récusation toutes affaires cessantes, la partie
usante entendue.

Remarque : Le juge mis en cause par la récusation ne peut faire partie du


siège qui prend une décision sur la récusation.

Effet de la récusation

 lorsqu’elle est fondée, le juge récusé quitte le siège, il encourt d’ailleurs


une sanction disciplinaire.
 Lorsqu’elle n’est pas fondée, le juge mis en cause peut par une action
reconventionnelle postuler aux dommages - intérêts
48

Les jugements sur récusation sont susceptibles d’Appel.

Remarque : Le juge qui se retrouve dans l’un des cas prévus pour la
récusation (les causes de la récusation) a l’obligation de quitter le siège. On
parle dans ce cas déport ; un juge qui se déporte n’encoure pas de sanction
disciplinaire.

Difficulté relative à la récusation

Dans certains cas, la récusation peut paralyser la juridiction en la


mettant dans l’impossibilité de siéger et donc de statuer. C’est le cas lorsqu’un
plaideur dans une juridiction qui n’a qu’un effectif de trois magistrats, les
récuse tous.

 Piste de solution

- En cas d’urgence et lorsque la demande en récusation a été rejetée, le


juge mis en cause peut continuer à siéger dans la même affaire, à
condition qu’il y ait urgence et ce malgré l’Appel du jugement sur
récusation.
- Lorsque la récusation prend les allures d’une suspicion légitime, il faut
recourir au renvoi.
- La récusation est individuelle aux juges, ainsi les autres juges récusés en
cas de récusation multiple peuvent statuer pour connaître de la
récusation de l’un d’entre eux.
- Lorsque la récusation paralyse totalement une juridiction et qu’elle est
utilisée comme manœuvre dilatoire, la partie diligente peut saisir une
juridiction de rang supérieur et créé ainsi un incident de litispendance.

2. Le renvoi (Article 82 C.O.C.J)

a. Définition

Le renvoi est le fait pour une juridiction de se dessaisir au


bénéfice d’une autre pour cause de sûreté publique ou suspicion légitime.

b. Juridiction compétente pour ordonner le renvoi

Le principe en matière de renvoi est que c’est la juridiction


immédiatement supérieure à celle qui est saisie qui est compétente pour
connaître du renvoi. Ainsi, la compétence est attribuée de manière suivante :

- Le tribunal de grande instance pour les affaires soumises à l’examen


d’un tribunal de paix de son ressort.
- La cour d’Appel pour les affaires soumises à l’examen d’un tribunal de
grande instance de son ressort.
49

- La cour suprême de justice pour les affaires qui sont soumises à


l’examen de la cour d’Appel.

c. Procédure de renvoi

Le renvoi est demandé par une requête du procureur général de


la République ou de l’Officier du ministère public près la juridiction saisie en cas
de renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime. Les parties
peuvent introduire des requêtes en cas de suspicion légitime.

3. La composition irrégulière de la juridiction

Un jugement ne peut être rendu que par une juridiction


régulièrement composée ; c'est-à-dire par un siège composé du nombre des
juges requis par loi, ces juges doivent avoir suivi les débats du début à la fin.
Ainsi, les cas suivants constituent la composition irrégulière de la juridiction :

- Un tribunal siégeant avec plus de juge que le nombre requis ;


- Un tribunal siégeant avec moins de juge que requis ;
- Un tribunal qui prononce le jugement avec le nombre requis des juges
mais parmi lesquels un ou plusieurs n’a pas participé aux débats.

NB : Dans ce dernier la composition serait régulière si après le changement


des juges au cours de l’instruction on réouve les débats pour en faire un
résumé au juge qui a remplacé.

C. Les incidences d’instance

Quatre incidents sont liés à l’instance : la jonction, la disjonction,


l’interruption et la reprise ainsi que la suspension de l’instance.

1. La jonction

C’est l’incident qui consiste pour le tribunal de juger au même


moment plusieurs demandes connexes. La jonction est ordonnée par le juge à
la demande de l’une ou l’autre partie ou d’office. Elle n’est possible que lorsque
les affaires connexes se trouvent au même degré de juridiction et au même
stade de procédure.

2. La disjonction

C’est l’incident qui consiste pour le tribunal d’ordonner que


plusieurs demandes dont il est saisi soient jugées séparément.

3. L’interruption de l’instance et la reprise


50

C’est l’incident consistant pour l’instance à s’arrêter à la suite


d’un événement qui affecte la situation personnelle des parties ou de
leurs représentants. Le cas notamment :

- Du décès d’un plaideur ;


- La cessation des fonctions du représentant légal d’un incapable ;
- Recouvrement ou perte de la capacité d’ester en justice ;
- Cessation des fonctions d’avocats dans l’hypothèse où la représentation
est obligatoire.

 La reprise de l’instance

L’instance interrompue peut reprendre de deux manières. En


effet, soit que le demandeur ou ses héritiers prennent l’initiative de relancer
l’instance (Reprise volontaire) ou, à défaut, le défendeur ou ses héritiers
relancent la procédure (reprise forcée). La reprise volontaire se fait dans un
délai de six mois à partir de la cause de l’interruption.

4. La suspension de l’instance

C’est l’incident qui consiste pour l’instance de s’arrêter à la suite


d’événement qui n’affecte pas la situation personnelle des parties ou de
leurs représentants.
C’est le cas des questions préjudicielles telles que l’exception
d’inconstitutionnalité et le cas du principe selon lequel le criminel tient le civil
en état.

 Exception d’inconstitutionnalité

Lorsqu’une partie prétend devant le juge civil qu’une loi est


inconstitutionnelle, celui-ci sursoie à l’examen de l’affaire pour laquelle il est
saisi jusqu’à ce que la cour suprême de justice, toutes sections réunies tranche
cette question de constitutionnalité.

 Le criminel tient le civil en état

Ce principe veut dire que le juge civil doit surseoir à examiner les
affaires qui lui sont soumises chaque fois que l’action publique est mise en
mouvement en portant sur la même affaire. Il est mû par le souci d’éviter de
contradiction entre le jugement au pénal et celui rendu en matière de droit
privé.
Ce principe ne peut s’appliquer qu’à la réunion des conditions suivantes :

- Identité d’objet entre l’action civile et l’action publique ;


- Poursuites pénales effectives avant la fin de l’instance civile (avant un
jugement définitif au civil).
Note : Lorsque les poursuites pénales sont déclenchées après la clôture des
débats au civil, le juge civil doit rouvrir ces débats.
51

- Absence d’un prononcé définitif au pénal ;

Note : Il appartient à la partie qui invoque le principe du « criminel tient le civil


en état » de prouver l’existence des poursuites pénales.

D. Les incidents relatifs à l’extinction de l’instance

1. Le désistement

Le désistement est l’acte par lequel un demandeur renonce à ses


prétentions au cours de l’instance.

Effet du désistement

Le désistement éteint l’instance. Il faut cependant noter que


lorsque le défendeur a déjà pris des conclusions sur le fond de la demande,
l’extinction n’est possible qu’avec son acceptation. Dans ce cas, on dit que le
désistement est bilatéral.

Forme du désistement

Le désistement ne se présume pas ; il doit être prouvé. Il peut


cependant être tacite ou exprès. Un avocat ne peut faire un désistement que
s’il est muni d’une procuration spéciale. Cette exigence n’est pas requise
devant la cour suprême de justice.

2. L’acquiescement

L’acquiescement est le fait pour le défendeur, de se soumettre


aux prétentions du demandeur (les accepter). La différence entre
l’acquiescement et le désistement est que le désistement n’est qu’un
anéantissement de la procédure alors que l’acquiescement est une renonciation
au droit de se défendre. Comme pour le désistement, l’acquiescement ne se
présume pas. Un avocat ne peut acquiescer que s’il est muni d’une procuration
spéciale.

Remarque

- Dans son champ d’application, l’acquiescement n’est possible que dans


le cas qui ne touchent pas à l’ordre public.
- Dans sa portée, l’acquiescement à un chef de la demande ne vaut que
pour celui-ci et non pour les autres (caractère relatif).

Lorsqu’un défendeur a acquiescé, il doit se soumettre au


jugement à intervenir. Ce jugement ne pourra donc pas faire l’objet des voies
de recours.
52

V. La plaidoirie

La plaidoirie est l’exposé oral, devant une juridiction, des faits


prétentions, moyens de preuves et arguments des parties.

VI. L’avis du ministère public (Cfr. Introduction)

VII. La clôture des débats

Elle est déclarée par le juge lorsqu’il estime que sa religion a été
suffisamment éclairée. A partir de ce moment, l’affaire est prise en délibérée,
aucune pièce, aucune note ne peut plus être communiqué au juge si elle n’a
fait l’objet des débats contradictoires.

Lorsque l’affaire est prise en délibéré, les décisions sont prises à


la majorité des voies. S’il se dégage plus de trois opinions, le juge du rang le
moins élevé est tenu de se rallier à l’une des deux autres opinions.

VIII. La réouverture de débats

Les débats déjà clôturés peuvent faire l’objet de réouverture dans


les cas suivants :

- Lorsqu’à la suite de la découverte des faits nouveaux une partie sollicite


une réouverture ;
- Lorsqu’à la suite des faits adventis le juge décide d’office de rouvrir les
débats.
- Lorsque le juge a une nouvelle mesure d’instruction à ordonner.
- Lorsqu’après la clôture des débats il y a changement de juge.

IX. Le jugement contradictoire

A. Notion et sortes de jugements

1. Notion

Le jugement est au sens large, toute décision d’une juridiction qui


tranche un litige. Au sens strict, le jugement est la décision d’un tribunal qui
tranche un litige. Les décisions des cours sont appelées arrêts.
53

2. Sortes des jugements

Il y a trois sortes de jugements :

a. Les jugements avant dire droit

Sont ceux qui sont rendus avant que le juge ne dise le droit sur la
contestation, jugements rendus sans vider le différend.

b. Les jugements provisoires

Sont ceux qui ne tranchent pas le fond du procès, mais statuent


sur un chef urgent de la demande (Voir demande provisoire).

c. Les jugements définitifs

Sont ceux par lesquels le juge se prononcent sur le fond, sur


incident ou sur la validité ou la nullité des actes de procédure.

Note : Les jugements définitifs ont pour effet notamment de dessaisir le juge.

3. Le contenu des jugements (Art 23 C.P.C)

Le jugement contient les noms des juges, de l’officier du ministère


public, identité des parties et de leur représentant, les motifs et le dispositif.

4. Le prononcé du jugement

Aucune loi à l’exception de la loi créant les tribunaux de


commerce, ne fixe le délai du prononcé du jugement. En matière commerciale,
ce délai est de 8 jours.

5. La signification du jugement

Elle se fait dans les formes ordinaires de la signification de l’article


4 du code de procédure civile. La signification présente une grande importance
dans ce qu’elle permet le calcul du délai d’appel.

X. La procédure contentieuse défaut

La procédure est dite par défaut lorsqu’une partie régulièrement


citée ne comparaît pas.
54

A. Le défaut du demandeur

Lorsque le demandeur ne comparaît pas, le défendeur dispose de


trois possibilités :

1. Il peut demander le défaut congé.


Dans ce cas, l’instance s’éteint sans qu’il ne soit statué sur le fond
(Article 17 al C.P.C).
2. Il peut préférer obtenir un jugement, l’affaire sera dans ce cas jugée par
défaut, le demandeur ayant la faculté d’attaquer la décision par
l’opposition.
3. Il peut avoir intérêt à obtenir un jugement contradictoire. Il va dans ce
cas solliciter le renvoi de l’affaire à une date ultérieure en prenant soin
de notifier cette date au demandeur.

B. Le défaut du défendeur

Lorsque le défendeur ne comparaît pas, le demandeur dispose de


deux possibilités :

1. Il peut requérir que le défaut soit retenu contre le défendeur et dans ce


cas, ce dernier pourra attaquer le jugement à intervenir par l’opposition.
2. Il peut solliciter le renvoi de la cause à une date ultérieure et si le
défendeur ne comparaît pas, il peut procéder à la sommation de
comparaître et de conclure conformément à l’article 19 précité et le
jugement à intervenir sera réputé contradictoire.

 Hypothèse de pluralité de défendeur (Art. 18 C.P.C)

Si de plusieurs défendeurs certains comparaissent et d’autres


non, le tribunal à la requête des parties comparantes peut remettre l’affaire à
une date ultérieure. Le greffier notifie la nouvelle date à toutes les parties en
les avisant que le jugement à intervenir ne sera pas susceptible d’opposition.
C’est l’hypothèse du défaut profit-joint.

 Le défaut et la sommation de comparaître ou conclure

Lorsqu’une partie a cessé de comparaître ou de conclure alors


qu’elle avait commencé à le faire, il faut la forcer à comparaître ou à conclure
par une sommation de comparaître ou de conclure.

Si après la sommation le défendeur ne comparaît pas ou refuse


de déposer les conclusions, les jugements à intervenir est réputé
contradictoire.

Remarque : La sommation de comparaître ou de conclure doit contenir les


dispositions de l’article 19 du code de procédure civile.
55

XI. Les affaires qui requièrent célérité

L’article 10 du code de procédure civile prescrit que dans les


affaires qui requièrent célérité (où il y a urgence), le président de la juridiction
compétente, par ordonnance rendue sur requête peut permettre une
assignation à bref délai. C'est-à-dire que lorsqu’une affaire est urgente, le
demandeur peut solliciter l’autorisation de faire une assignation dont le délai de
comparution est inférieure à huit jours francs.

La procédure congolaise est toute de même critiquable car, elle


ne considère la célérité de l’affaire que dans l’abréviation du délai sans poser
des règles qui rendaient rapide l’instruction de ladite cause.

IIIème PARTIE : LES VOIES DE RECOURS

Introduction

I. Notion et fondement des voies de recours

A. Définition

Les voies de recours sont des voies de droit qui ont pour objet de
remettre en cause une décision de justice.

B. Fondement

Les voies de recours reposent sur l’idée d’une bonne


administration de la justice qui accorde la possibilité à une partie intéressée
d’attaquer un jugement qu’elle estime injuste.

II. Classification des voies de recours

Deux critères permettant de classifier les voies de recours :

- L’objet du recours ;
- La possibilité d’ouverture.

A. La classification d’après l’objet du recours

D’après ce critère on distingue : les voies de réformation, les


voies de rétractation et les voies d’annulation.
1. Les voies de réformation visent à faire modifier par la juridiction
supérieure, la décision rendue par le premier juge (cas de l’Appel).
2. Les voies de rétractation visent à faire revenir un juge sur sa décision
(cas de l’opposition et de la tierce opposition).
3. Les voies d’annulation qui visent à annuler une première décision (cas
de la cassation).
56

B. Classification d’après la possibilité d’ouverture

D’après ce critère, on distingue les voies de recours ordinaires et


les voies de recours extraordinaires.

1. Les voies de recours ordinaires

Sont celles qui sont ouvertes à toutes les parties et sont


suspensives de l’exécution du jugement. Il s’agit de l’Appel et de l’opposition.

2. Les voies de recours extraordinaires

Sont celles qui ne sont ouvertes que dans des cas spécifiques
prévus par la loi et qui n’ont pas d’effet suspensif de l’exécution du jugement
attaqué. On y range la tierce opposition, la requête civile, la cassation, et la
prise à partie.

CHAPITRE I. LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES

I. L’opposition (Article 61 à 65 CPC)

A. La notion

L’opposition est la voie de recours ordinaire ouverte à la partie qui


a été condamnée par défaut pour obtenir la rétractation du juge qui a rendue
la décision attaquée.

B. La forme de l’opposition

L’opposition se fait :

- Par une déclaration faite au greffe du tribunal qui a rendu le jugement ;


- Par une déclaration au bas des procès verbaux de saisie ou toute autre
acte d’exécution ;
- Par lettre missive adressée au greffier de la juridiction qui a rendu le
jugement attaqué.

Remarque : Lorsque l’opposition est faite par une déclaration aux procès –
verbaux d’exécution ou autre acte d’exécution, elle doit être
réitérée (recommencée) dans un délai de dix jours.

C. Qui peut faire l’opposition

D’après l’article 61 du code de procédure civile seule le défendeur


condamné par défaut peut faire opposition. Cependant, il faut noter qu’un
57

demandeur qui se ferait condamner par défaut à la suite d’une demande


reconventionnelle du défendeur, peut également faire opposition.

D. Le délai d’opposition

1. Lorsque la signification du jugement est faite à personne, le délai est de


quinze jours à partir de la signification.
2. Lorsque la signification n’est pas faite à personne, le délai est de quinze
jours à partir du moment où l’on a eu connaissance du jugement ou
après le premier acte d’exécution.

Remarque : Lorsque le juge a des raisons de croire que la signification de


l’assignation n’a pas été faite au défendeur, il peut accorder
un délai plus long pour faire opposition (Pouvoir
discrétionnaire). Il faut remarquer aussi que l’opposition
devient sans objet lorsque le jugement a été complètement
exécuté.

E. Les effets de l’opposition

L’opposition produit deux effets :

- Un effet suspensif ;
- Un effet dévolutif.

1. Effet suspensif de l’opposition

Lorsque la partie condamnée par défaut fait opposition, il est


sursis à l’exécution du jugement attaqué sauf lorsque ce jugement était déclaré
exécutoire nonobstant (malgré) recours.

2. Effet dévolutif

Cet effet consiste en ce que l’opposition fait retour de la chose


jugée entre les mains du juge qui est l’auteur. Ce dernier est à nouveau saisi.

F. L’assignation en opposition

Elle est faite dans les formes et délais ordinaires.

G. Opposition sur opposition ne vaut (Art 65)

Lorsqu’une partie fait défaut au cours de l’instance en opposition,


elle ne pourra pas être admise à former opposition contre le jugement rendu
sur opposition. La décision rendue sur opposition ne peut plus être attaquée
qu’en Appel.

H. L’opposition et l’exécution provisoire


58

Le juge peut en rendant son jugement dire que ce dernier est


exécutoire nonobstant tout recours en se fondant sur l’article 21 du code de
procédure civile. Dans ce cas, la partie qui fait opposition peut conformément à
l’article 76 obtenir les défenses à exécuter.
Elle doit pour ce faire interjeter Appel (malgré le fait qu’elle ait formé
opposition) et au cours de la première audience en appel solliciter une
autorisation d’assigner à bref délai pour obtenir les défenses à exécuter. Dès
lors que celles-ci sont accordées ou refusées, l’instance d’opposition reprend
son cours.

II. L’appel (Article 66 – 79 CPC)

A. Notion

L’appel est une voie de recours ordinaire de réformation ou


d’annulation par laquelle une partie qui se croit lésée par un jugement, défère
(évoque, mentionne) celui-ci à un juge du degré supérieur. L’appel a pour objet
de contrôler la validité formelle et le fondement du jugement rendu au premier
degré. Il sanctionne donc les vices de formes et de fond.

B. Sortes et formes d’appel

1. Sortes d’appel

Il existe deux sortes d’Appel : l’Appel principal et l’Appel incident.


L’appel principal est celui qui introduit l’instance d’Appel alors que l’Appel
incident : qui est formé en cours de l’instance d’Appel.

2. Formes d’Appel

a. Formes d’Appel principal

L’Appel principal est formée soit par une déclaration actée par
le greffier de la juridiction d’Appel, ou soit par une lettre recommandée
adressée au greffier de cette juridiction. La date de l’Appel est celle de la
déclaration ou de la réception de la lettre.
Après la déclaration, le greffier doit assigner l’intimé dans les formes et délais
ordinaires.

Notes : C’est l’acte d’Appel et non l’assignation qui saisi le juge d’Appel.

b. Forme de l’Appel incident

L’Appel incident est formé par voie des conclusions écrites ou


orales. Dans le cas de conclusions orales, l’Appel incident n’est possible que si
59

la partie adversaire l’audience. Les conclusions écrites doivent être


préalablement communiquées.

c. Lien entre l’Appel principal et l’Appel incident

L’Appel incident ‘est pas un accessoire de l’Appel principal. Il en


est représenté. Quel est le sort de l’Appel incident lorsque l’Appel principal est
déclaré irrecevable, lorsqu’il y a désistement de l’Appel principal ou nullité de
l’Appel principal.

1. Cas de l’irrecevabilité de l’Appel principal

Lorsque l’Appel principal est irrecevable, l’Appel incident est


recevable s’il a été introduit dans le délai.

2. Cas de la nullité de l’Appel principal

La nullité de l’Appel principal (par exemple pour forclusion de


délai) entraîne celle de l’Appel incident. Parce que, la nullité produit des effets
rétroactifs, l’affaire se retrouve ainsi dans l’état où elle était avant l’Appel
principal.

3. Cas du désistement de l’Appel

Le désistement de l’Appel principal entraîne l’extinction


Désistement suppose un accord des parties et a donc pour

d. La juridiction d’Appel

C’est la juridiction immédiatement supérieure à celle qui a rendu


le jugement qui est compétente pour connaître de l’Appel.

e. Le concours de l’opposition et de l’Appel

Lorsqu’il y a concours entre l’opposition et l’Appel, le juge d’Appel


sursoit à statuer jusqu’au jugement sur opposition.

f. Qui peut faire Appel

Seuls les parties ou leurs fondés de pouvoir spécial et le ministère


public peuvent interjeté Appel. Par partie il faut entendre le demandeur, le
défendeur, le garant, l’intervenant volontaire ou forcé. Le ministère public ne
peut faire appel que dans les cas où il agit comme partie principale, dans le cas
où son avis est obligatoire et dans le cas où le jugement porte atteinte à l’ordre
public.

g. Les délais d’Appel (Article 67 C.P.C)


60

1. Le délai d’appel principal

Il faut distinguer selon que le jugement est rendu contradictoire

a. Appel contre un jugement contradictoire

Le délai est de trente jours à partir de la signification de ce


jugement.

b. Appel contre un jugement par défaut

Le délai est de trente jours à partir du jour où l’opposition n’est


plus recevable.

Note : Le délai d’Appel est un délai fixe, il ne prend pas en considération la


distance.

2. Le délai de l’Appel incident

L’Appel incident peut être interjeté à tout moment avant que


l’intimé n’ait pris ses conclusions.

3. Les délais spéciaux

- En matière de faillite le délai d’Appel est de vingt jours ;


- En matière d’homologation du concordant, réhabilitation du failli et
commerciale, le délai d’Appel est de huit jours.

Note : Un Appel tardif est recevable lorsque le retard est dû à un cas de force
majeure.

h. Les jugements susceptibles d’Appel

1. Principe

Le principe est que tous les renseignements sont susceptibles


d’Appel. Il faut cependant noter que les jugements préparatoires ne peuvent
faire l’objet d’Appel qu’après et conjointement avec le jugement définitif.

2. Exception au principe : jugements non susceptibles d’Appel

Ne peuvent faire l’objet d’Appel :

- Le jugement de défaut – congé ;


- Le jugement se prononçant sur l’admission des créanciers à la faille ;
- Le jugement rendu en dernier ressort par le tribunal de grande
instance ;
61

- Le jugement d’expédient (jugement par lequel les parties demandent au


juge de se prononcer dans tel sens).

i. Les effets de l’Appel

L’Appel produit trois effets : l’effet suspensif, l’effet dévolutif et l’effet


relatif.

1. L’effet suspensif
Comme pour l’opposition, l’Appel suspend l’exécution du jugement
attaqué.

Remarque : Il n’y a pas d’effets suspensifs si le jugement est déclaré


exécutoire nonobstant Appel dans le cadre de l’article 21 du code de procédure
civile.

2. L’effet dévolutif de l’Appel

L’Appel transfère au juge d’Appel l’affaire dans l’état où elle est ; le


premier juge est dessaisi. Il ne peut par conséquent plus examiner le dossier
relatif à ladite affaire. Cependant, l’effet dévolutif est limité dans ce sens que le
juge d’Appel ne connaîtra pas ce qui n’a pas été jugé au premier degré
« TANTUM DEVOLUTUM, QUANTUM JUDICATUM ».

L’effet dévolutif traduit le principe dispositif en ce que le juge d’Appel ne peut


connaître que des chefs des jugements qui sont contestés et qui lui sont
déférés.
Cela est exprimé par l’adage « TATUM DEVOLUTUM QUANTUM
APPELATUM »
Ainsi, lorsque le jugement contient plusieurs décisions, le juge
d’appel ne peut pas statuer su celles qui n’ont pas été contestée.

 L’effet dévolutif de l’Appel et l’évocation

L’évocation est le droit reconnu à un juge d’appel qui n’a été saisi
que contre un jugement avant dire droit interlocutoire, de connaître du fond de
l’affaire alors que celui-ci n’avait pas encore été vidé par le premier juge.
Le juge d’appel a également le droit d’évoquer lorsque saisi contre un jugement
sur exception il constate que le premier juge est incompétent ou a violé la loi.
L’évocation apparaît ainsi comme une exception à l’adage « Tantum devolutum
quantum appelatum» parce que, le juge d’appel statue au-delà de sa saisine en
jugeant le fond alors qu’il n’a été saisi que sur exception ou sur jugement avant
dire droit.

L’évocation présente l’inconvénient de soustraire le fond du


double degré de juridiction. Notons cependant peut être évité par le fait que
l’évocation est une possibilité et non une obligation pour le juge.
62

3. L’effet de l’appel

L’Appel ne produit ses effets qu’à l’égard de la partie qui l’a


interjeté (l’appelant) et celle contre laquelle il est interjeté (l’intimé) ; il ne nuit
ni ne nuit un tiers. Lorsqu’une seule partie fait appel, cet appel ne peut pas
être étendu aux autres parties. L’appel n’est suspensive de l’exécution du
jugement qu’à l’égard de la partie qui l’a interjeté.

 Limite à l’effet relatif de l’appel

Dans certains cas d’indivisibilité lorsqu’il y a impossibilité


d’exécuter à l’égard de certaines parties seulement, un jugement frappé
d’appel sera suspendu dans son exécution même à l’égard des parties qui n’ont
pas interjeté Appel.

j. L’expédition pour Appel

L’article 66 du code de procédure civile conditionne la recevabilité


de l’Appel par la production d’une expédition régulière de la décision attaquée,
du dispositif des conclusions des parties et d’autres actes nécessaires à la
détention de l’objet et des motifs de la demande. Cette disposition ne parle pas
de l’expédition pour Appel qui, est un document consacré par la pratique et qui
contient toutes les pièces requises par l’article 66.

 Délai de production de l’expédition pour Appel

L’expédition pour Appel peut être produite à n’importe quel


moment avant la clôture des débats à l’instance d’Appel.
Lorsque l’appelant ne produit pas l’expédition pour Appel, son Appel est déclaré
irrecevable. Le jugement d’irrecevabilité de l’Appel pour défaut de production
d’expédition pour Appel est définitif sur incident ; tout nouvel Appel est
irrecevable.

Note : A la place d’une expédition pour Appel, on peut produire une copie
signifiée du jugement attaqué car, le but de l’expédition pour Appel
est de permettre au juge d’Appel de contrôler la décision attaquée, ce
but est pleinement rempli par une copie signifiée. La cour suprême de
justice a abordé dans le même sens.

k. L’Appel et l’exécution provisoire

Comme on l’a dit ci-dessus, le juge peut accorder une exécution


provisoire du jugement en vertu de l’article 21. Cette exécution provisoire n’est
accordée qu’à des conditions alternatives suivantes :

- L’existence d’un acte authentique ;


- L’existence d’une promesse reconnue ;
- L’existence d’un jugement antérieur non attaqué.
63

 Les défenses à exécuter

Lorsque l’exécution provisoire est accordée alors que les


conditions ne sont pas remplies, la partie à qui ce jugement fait grief peut
obtenir les défenses à exécuter de manière suivante :

- Faire un Appel du premier jugement ;


- Faire une assignation à bref délai aux fins d’obtenir les défenses à
exécuter.

Note : Les défenses à exécuter doivent être demander à la première audience


d’Appel.

l. La procédure du niveau d’Appel

La procédure au niveau d’Appel obéit aux mêmes règles qu’au


premier degré.

m. Le défaut niveau d’Appel

1. Le défaut de l’Appelant

Lorsque l’Appelant fait défaut, l’intimé dispose de quatre


solutions :

a. Demander le défaut-congé ;
b. Il voudrait obtenir un jugement définitif sans aborder le fond, il
demandera dans ce cas que le juge déclare l’Appel irrecevable faute
d’expédition pour Appel.
c. Il peut disposer lui-même d’une expédition pour Appel et demander à la
juridiction d’Appel de connaître ses moyens, dans ce cas la décision sera
rendue par défaut à l’égard de l’appelant.
d. Il peut solliciter la radiation de la cause du rôle.

2. Le défaut de l’intimé

Lorsque l’intimé fait défaut, l’appelant dispose deux solutions :

a. Il peut obtenir le défaut et s’il dispose d’une expédition pour appel,


plaider sur le fond.
b. Il peut avoir intérêt à obtenir une décision contradictoire. Il obtiendra
une remise à une date ultérieure et fera notifier cette date à l’intimé. Si
l’intimé ne comparait toujours pas, on peut appliquer l’article 19 déjà
évoqué.
64

3. Le défaut des deux parties

Lorsque l’appelant et l’intimé ne comparaissent pas, la juridiction


d’Appel dispose de deux solutions :

a. Procéder à la radiation de l’affaire du rôle ;


b. Renvoyer l’affaire au rôle général.

n. Le jugement d’Appel (Voir l’instance car, même règle)

o. Les effets du jugement à l’arrêt d’Appel

Le jugement d’Appel produit les effets suivants :

1. En cas de confirmation du jugement attaqué, ce dernier est coulé en


source de chose jugée à ne plus être attaqué que par les voies de
recours extraordinaire.
2. En cas d’infirmation du jugement attaqué, ce dernier est substitué par le
jugement d’Appel.
3. En cas d’infirmation d’un jugement avant dire droit et évocation, le
jugement d’Appel substitue le premier jugement.
4. En cas de confirmation d’un jugement avant dire droit sans évocation, le
du premier degré doit assignation de la partie la plus diligente
premier degré sans tenir chose jugée ses jugements
que sa décision a laissé entrevoir.
5. Si la juridiction d’appel infirme un jugement avant dire droit et renvoie
l’autre au premier juge, l’effet suspensif de l’audience est levée. Le
premier juge sur assignation de la partie la plus diligente poursuit
l’instance en tenant pour chose jugée la décision d’Appel.
Le jugement en Appel fait courir les délais de pourvoi en cassation à
dater de la signification.

CHAPITRE II. LES VOIES DE RECOURS EXTRAORDINAIRES

I. La tierce opposition (Article 80 – 84 C.P.C)

A. Notion et Objet

La tierce opposition es la voie de recours extraordinaire par


laquelle un tiers attaque une décision qui préjudice à ses droits. Elle a pour
objet la rétractation ou la réformation d’un jugement qui fait grief au tiers.

B. Conditions de recevabilité de la tierce opposition

Pour être admis à faire tierce opposition, le tiers doit remplir les
conditions suivantes :
65

1. N’avoir pas été partie à la décision entreprise ;


2. souffrir d’un préjudicie à la suite de ce jugement.

C. Le délai

La tierce opposition est recevable tant que le droit d’exécuter le


jugement n’est prescrit. Elle se prescrit cependant par trente ans.

D. Les parties à tierce opposition

Sont parties à la tierce opposition :

- Le tiers opposant (demandeur)


- Le défendeur sur tierce opposition : il s’agit en principe de la personne
qui a gagné le procès dont le jugement est attaqué par la tierce
opposition, il est cependant préférable d’assigner les deux parties pour
obtenir un jugement commun dont l’opposabilité ne sera pas contestée.

Note : Tierce opposition sur tierce opposition ne vaut.

e. La juridiction compétente

La tierce opposition formée par voie principale est de la


compétence du tribunal qui a rendu la décision. Dans ce cas, elle est une voie
de rétractation.
La tierce opposition par voie incidente est faite devant une juridiction égale ou
supérieur à celle qui a rendu le jugement attaqué. Dans ce cas, c’est une voie
de réformation.

Note : Lorsque la tierce opposition est faite par une voie principale, elle se fait
sous forme d’assignation alors que lorsqu’elle se fait par voie
incidente, elle prend la forme des conclusions.
Devant la cour suprême de justice, la tierce opposition n’est recevable
qu’en matière administrative.

f. Les effets de la tierce opposition

1. Il n’y a pas d’effet suspensif.


Note : Le juge peut suspendre l’exécution du jugement attaqué. Dans ce
cas, l’effet suspensif n’est que facultatif.
2. L’effet relatif : le jugement rendu sur une tierce opposition ne profite
qu’au tiers opposant.

Note : Dans le cas d’indivisibilité le jugement peut profiter aux autres parties.

g. Les recours contre les jugements sur tierce opposition


66

Toutes les voies de recours sont ouvertes à l’exception d’une


autre tierce opposition (Tierce opposition sur tierce opposition ne vaut).

Note : L’Appel d’une décision sur tierce opposition n’est pas possible lorsque
cette décision a été prise en instance d’Appel.

h. Les décisions susceptibles de tierce opposition

Le principe est que toutes les décisions de justice peuvent faire


l’objet d’une tierce opposition.

II. La requête civile (Art 85 – 95 C.P.C)

A. Notion

La requête civile est la voie de recours extraordinaire par laquelle


une partie sollicite la rétractation d’une décision coulée en force de chose
jugée, lorsqu’elle estime que cette décision avait été rendue par erreur.

B. Les causes de la requête civile

Elles sont limitativement énumérées par l’article 89 du code de


procédure civile. Il s’agit de :

1. Le dol personnel de la partie qui a gagné le procès

Il s’agir des cas où une partie use des manœuvres frauduleuses


en vue d’obtenir une décision du juge qui lui est favorable.

2. Lorsque la décision a été rendue sur des pièces reconnues ou


déclarées fausse depuis le jugement.

3. La contrariété de jugement en dernier ressort

C’est le cas d’un jugement rendu en dernier ressort qui contredit


un autre jugement rendu en dernier ressort.

4. La découverte des pièces décisives qui ont été retenues par le fait
de la partie qui a remporté le procès.

C. Les décisions susceptibles de la requête civile

Seuls les jugements contradictoires ou par défaut rendus en


dernier ressort peuvent faire l’objet d’une requête civile.
67

Note : La requête civile est admise même à l’égard des jugements rendus par
les juridictions pénales qui statuent sur les intérêts civils. Cependant
dans ce cas, la requête civile ne remet pas en question les
condamnations pénales.

D. La juridiction compétente

Par vie principale, la requête civile est de la compétence exclusive


de la juridiction qui a rendu la décision attaquée. Lorsqu’elle est faite par voie
incidente, la requête civile peut être examinée par une juridiction supérieure à
celle qui a rendu le jugement attaqué.

E. Le délai (Art 87 C.P.C)

La requête civile doit être formée dans un délai de trois mois à


partir de la découverte de la cause qui donne ouverture à ce recours.

Note : En cas de décès de la partie qui avait droit à former requête civile, ce
délai est prorogé de six mois en faveur de ses héritiers.

F. La forme et la procédure

1. Forme : la requête civile est formée par voie d’assignation.


2. Procédure : La partie qui forme la requête civile doit y joindre une
consultation de trois avocats exerçant depuis au moins cinq ans près
un des tribunaux du ressort de la cour d’Appel où le jugement a été
rendu. La consultation des avocats doit indiquer leur avis que la requête
civile est fondée.

G. Les effets de la requête civile

- Pas d’effet suspensif ;


- Il ne peut pas être accordé des défenses à exécuter ;
- Suspension du délai de la cassation.
H. Les voies de recours

- On ne peut pas faire appel contre une décision rendue sur requête civile.
- On ne peut faire une nouvelle requête civile contre un jugement rendue
sur requête civile ou contre un jugement qui a été objet d’une première
requête civile.

III. La cassation

A. Notion

La cassation es la voie de recours extraordinaire par laquelle une


partie attaque un jugement rendu en dernier ressort pour violation de la loi ou
68

de la coutume. Le pouvoir en cassation a donc pour objet la sanction de


l’illégalité d’une décision rendue en dernier ressort. Le juge de cassation n’est
pas un juge de fond, mais plutôt un juge de la légalité.

B. La juridiction compétente

C’est la section judiciaire de la cour suprême de justice qui est


compétente pour connaître des pouvoirs en cassation.

Note : Lorsqu’un pouvoir est introduit pour la deuxième fois, la cour statue
toutes sections réunies.

C. Les cas d’ouverture de la cassation

La cassation n’est ouverte que dans le cas de la violation de la loi


ou de la coutume (article 155 C.O.C.J).

Application de la violation de la loi ou de la coutume (article 156


C.O.C.J)

Il y a violation de la loi ou de la coutume dans les cas suivants :

1. L’incompétence du juge qui a rendu la décision attaquée.


2. L’excès des pouvoirs : Il y a excès de pouvoirs lorsque le juge statue
« ultra petita ». On considère également que le fait pour le juge de
statuer au-delà sa saisine constitue un excès de pouvoirs.
3. La fausse application de la loi ou de la coutume.
4. La non-conformité aux lois ou à l’ordre public de la coutume dont il a été
fait application.
5. La violation des formes substantielles ou prescrites à peine de nullité.
6. L’absence de motivation.
Il y a absence de motivation dans cinq cas :
 Lorsqu’il y a défaut de motivation ;
 Lorsqu’il y a contradiction entre les motifs et les dispositifs ;
 Lorsque la motivation est insuffisante ;
 Lorsqu’il y a défaut de réponse aux conclusions des parties
régulièrement déposées.
 Lorsque les motifs sont contradictoires entre eux ou lorsqu’il n’ont pas
de logique.
7. Violation des droits de la défense
8. La violation de la foi due aux actes : c’est le cas où le juge rejette un
moyen, de preuve auquel la loi accorde une force probante.
9. L’impossibilité d’exercer le contrôle de la légalité par la cour.

D. Le délai
69

Le pouvoir en cassation est introduit dans un délai de trois mois à


dater de la signification du jugement attaqué. Si le jugement a été rendu par
défaut, le délai court à partir du moment où l’opposition n’est plus recevable.

Note : L’opposition introduite contre un jugement suspend la cassation ; si


cette opposition est déclarée recevable, le pouvoir sera rejeté. La
requête civile suspend le délai du pouvoir en cassation.

E. Les effets des arrêts de la cour suprême de justice

1. Effets en cas de rejet

Lorsqu’il y a rejet du pourvoi, la décision qui avait été attaquée


devient irrévocable.

2. Effet en cas de cassation

Lorsque la cour casse la décision entreprise, la décision attaquée


est annulée. La cour peut casser avec ou sans renvoi. Si elle casse avec renvoi,
l’affaire est renvoyée soit devant la même juridiction autrement composée ou
devant une autre juridiction de même rang et de même nature.

Lorsqu’un pourvoi est introduit pour la deuxième fois, il est


examiné par la cour suprême de justice siégeant toutes les sections réunies. En
cas de cassation, la cour renvoie l’affaire à la section judiciaire pour statuer sur
le fond.

IV. La prise à partie

A. Notion

La prise à partie est une voie de recours extraordinaire par


laquelle une partie attaque les magistrats en cas de dol, concussion ou déni de
justice.

B. Les causes d’ouverture de la prise à partie

Il y a trois cas qui donnent ouverture à la prise à partie :

1. Le dol du juge : (A ne pas confondre avec le dol personnel d’une partie


qui donne ouverture à la requête civile). Le dol est considéré comme
une erreur de droit consciente.
2. La concussion : est le fait pour le magistrat d’exiger, de recevoir ou de
faire percevoir sciemment à titre de droits, taxes ou salaires, des
sommes non dues.
3. Le déni de justice : il y a déni de justice lorsque le magistrat refuse de
procéder aux devoirs de sa charge ou néglige de juger les affaires en
70

état d’être jugée. Le déni de justice doit être prouvé par deux
sommations faites par l’huissier et adressées au magistrat à huit jours
d’intervalle au moins.
4. La juridiction compétente : c’est la section judiciaire de la cour suprême
de justice qui est compétente pour connaître de la prise à partie.

D. Procédure préalable : Pour faire une prise à partie, il faut préalablement


obtenir l’autorisation d’un président de la cour suprême de justice.
L’ordonnance d’autorisation ou de rejet est signifiée à la fois au requérant et au
magistrat mis en cause. En cas de rejet, le requérant peut réitérer sa requête
en invoquant des faits nouveaux ou une carence (l’ordonnance de rejet n’a pas
d’autorité de la chose jugée).

E. La procédure devant la cour

Si l’autorisation est accordée, la requête est notifiée au magistrat


pris à partie qui, est tenu de fournir ses défenses dans 15 jours de la
notification.

Si la prise à partie n’est pas fondée, le requérant sera condamné


à une amende. Le magistrat peut exercer une action reconventionnelle pour
action téméraire et vexatoire.
Privilège du préalable : doit conféré législativement à l’administration dans de
nombreuses matières de prendre des décisions exécutoires par elle-même.
Sans qu’elle ait à respecter la règle de droit privé selon laquelle nul ne se
décerne un titre à lui-même.

IVème Partie : LES VOIES D’EXECUTION

CHAPITRE I. LES GENERALITES

I. Le droit à l’exécution

A. Autonomie du droit à l’exécution

Le droit à l’exécution est la matière qui traite des procédés légaux


offerts au titulaire d’un droit pour obtenir la satisfaction qui lui est due. C’est un
droit qui ne se confond pas avec la procédure proprement dite. En effet,
l’exécution forcée ne débouche pas nécessairement l’issue d’un procès, il y a
des jugements qui sont spontanément exécutés sans qu’il ne soit besoin de
l’exécution forcée, tout comme il y a dans certains cas des exécutions forcées
sans procès.

B. Intérêt du droit de l’exécution

Le droit de l’exécution présente un intérêt majeur en ce qu’il


assure une sanction efficace des droits reconnus aux particuliers (les droits
71

subjectifs). La reconnaissance des droits ou leur établissement en justice ne


suffit pas à elle-même à garantir leur mise en œuvre. En effet, lorsqu’un
débiteur ne s’est pas volontairement exécuté, le recours à l’exécution forcée
devient nécessaire.

C. Les formes des titres exécutoires

Titres permettant de recourir à l’exécution forcée ? L’exécution


forcée suppose que le titulaire du droit subjectif à exécuter détient en titre
exécutoire. Il existe trois sortes de titres exécutoires :

1. Les actes authentiques :

Ecrits établis par un officier public dont les affirmations font foi
jusqu’à inscription de faux et donnant les grosses revêtues de la formule
exécutoire et susception d’exécution forcée.

Les actes authentiques sortent immédiatement leurs effets ; en


principe, pour exécuter un acte authentique, on n’a pas besoin de saisir le juge.
C’est le cas lorsqu’on veut obtenir une mutation sur base d’un contrat
authentique ; c’est le cas lorsqu’on veut obtenir une saisie-arrêt sur base d’un
acte authentique.

Remarque : Il faut remarquer qu’en droit congolais, la force exécutoire des


actes authentiques est relativisée par les articles 110 et 112 du code d’OC.J qui
attribuent aux tribunaux de paix et tribunaux de grande instance la
compétence de connaître de l’exécution de ces actes. Ceci suppose qu’avant
d’exécuter un acte authentique il faudrait saisir l’une ou l’autre de ces
juridictions.

2. Les jugements : Les jugements, arrêts et ordonnances sont exécutoires


lorsqu’il sont revêtus de la formule exécutoire. Formule insérée dans
l’expédition d’un acte ou d’un jugement par l’officier public qui le délivre et
permettant au bénéficiaire de poursuivre l’exécution en recourant si cela est
nécessaire à la force publique. Dans ce cas, on parle de la grosse. C’est
l’expédition revêtue de la formule exécutoire d’un acte authentique
ou d’un jugement.

3. Les décisions administratives : En vertu du privilège du préalable,


l’administration est habilitée à prendre des actes qui sont pour elle des titres
exécutoires.

D. Les conditions de l’exécution forcée

1. Les conditions de fond

Un droit ne peut faire l’objet de l’exécution forcée qu’à la réunion


de trois conditions : la certitude, l’exigibilité et la liquidité.
72

a. La certitude : Le droit doit être certain (existence effective) il ne


doit pas être éventuel, ni casuel.
b. L’exigibilité : Le droit doit être élu. C'est-à-dire que le débiteur
doit être dans une situation où il n’a plus de délai pour exécuter
volontairement.
c. La liquidité : La liquidité est le caractère déterminé ou
déterminable de la créance.

2. Les conditions de formes

L’exécution forcée suppose d’une part grosse et d’autre part un


commandement préalable (l’itératif commandement).

a. La grosse : c’est l’expédition d’un jugement revêtu de la formule


exécutoire.
b. Le commandement préalable (itératif commandement) : c’est un exploit
d’huissier qui constitue une mise en demeure adressée à la partie
succombante d’exécuter le jugement la condamnant. Dans certains cas,
cet exploit comporte à la fois le commandement et la signification. On
parle dans ce cas de « signification avec commandement ».

II. Le droit de saisir

Le principe

Tout créancier a le droit de pratiquer une saisie sur les biens de


son débiteur (article 245 lois n° 73 - 021 du 20/07/1973).

CHAPITRE II. LES SAISIES

I. La saisie – arrêt (Art 106 – 119 CPC)

A. Notion

La saisie-arrêt est la voie d’exécution qui consiste pour un


créancier de saisir les sommes d’argent ou les effets mobiliers de son
débiteur se trouvant entre les mains d’un tiers. Elle consiste en fait à interdire
au tiers de remettre ces biens au débiteur.

B. Procédure

La procédure de la saisie-arrêt se présente de la manière


suivante :
73

1. Autorisation du président du tribunal de paix ou le président du TGI là


où il n’y a pas de tribunal de paix.

Note : Le créancier muni d’un titre authentique n’a pas besoin de cette
autorisation.

2. L’assignation en validation et dénonciation

Lorsque la saisie-arrêt est pratiquée par l’huissier, le créancier est


tenu dans un délai de quinze jours de la dénoncer au tiers-saisi ainsi qu’au
débiteur et, d’assigner ce dernier en validité de la saisie.

Note : A défaut d’exécuter cette obligation, la saisie-arrêt est nulle.

3. La déclaration du tiers-saisie

Le tiers-saisi est tenu de déclarer tous les effets et tout ce qu’il


doit au débiteur saisi. Le tiers-saisi qui fait des paiements au mépris d’une
saisie régulière ou qui déclare une somme inférieure à ce qu’il devait ou qui ne
fait pas sa déclaration, peut être condamné au paiement de dette cause de la
saisie.

Il est reconnu au débiteur saisi la possibilité de demander la


mainlevée de la saisie-arrêt. Il peut dans la huitaine de la notification de la
saisie demander la rétractation de l’autorisation de la saisie au juge qui l’a
accordée.

VI. Effets de la saisie-arrêt

Lorsqu’elle est déclarée valable, la saisie-arrêt se transforme en


saisie-exécution.

II. La saisie conservatoire

A. Notion

La saisie conservatoire est la voie d’exécution pratiquée par un


huissier sur requête d’un créancier sans commandement préalable, avec ou
sans titre sur les biens mobiliers du débiteur se trouvant entre les mains de ce
dernier. Elle a un caractère préventif car, elle vise à empêcher que le débiteur
ne soustraie certains biens, se rendant ainsi insolvable.

B. La procédure

1. La permission du juge saisi


74

La saisie arrêt ne peut être faite sans la permission du juge saisi


du litige. Cette permission n’est pas à confondre avec l’autorisation du
président du tribunal de paix nécessaire en cas de saisie-arrêt.

2. L’assignation en validité

Le créancier doit assigner le débiteur-saisi en validité de la saisie


dans un délai fixé par le juge.

C. Effet de la saisie conservatoire

Le jugement de validité de la saisie conservatoire la transforme en


saisie-exécution.

III. La saisie-exécution

A. Notion

La saisie-exécution est la voie d’exécution par laquelle un


créancier, possédant un titre exécutoire, s’adresse à l’huissier pour saisir et
vendre les biens de son débiteur afin de se faire payer sur le prix. La saisie-
exécution ne peut être faite qu’en vertu d’un titre exécutoire. Elle ne
nécessite le recours au juge que lorsqu’elle soulève des difficultés ou lorsqu’il
faut établir un géant pour les biens d’un exploitant.

B. Procédure

1. L’huissier procède à un commandement préalable (l’itératif


commandement)
2. au jour fixé, il procède à la saisie hors la présence du saisissant mais
assisté de deux témoins qui signent l’original et les copies des procès-
verbaux.
3. Remise d’une copie du procès-verbal au saisi.
4. Dépôt des biens saisis au greffe du tribunal de grande instance ou du
tribunal de paix le plus proche.
L’huissier peut constituer un gardien de ces biens.

C. La vente

Les biens du saisi sont vendus à la criée de l’agent publique autre


que celui qui a procédé à la saisie et ce, au comptant (pas de crédit). Il est mis
fin à la vente lorsque le produit est suffisant pour payer le montant de la cause
de la saisie et les frais.

Note : La vente ne peut avoir lieu moins de quinze jours après la remise du
procès-verbal de saisie.
75

Si la vente est faite à vil prix, l’agent des ventes publiques sur requête du
saisissant ou du saisi ou même d’office, peut y surseoir. Dans ce cas, le juge
fixe un autre jour de vente tenant compte du délai de 15 jours. Au jour fixé, la
vente aura lieu à n’importe quel prix.

Remarque : L’opposition à la vente (l’action en distraction)

Celui qui prétend être propriétaire des biens saisis ou d’une partie
de ceux-ci, peut s’opposer à la vente par exploit d’huissier signifié au saisissant,
au saisi et dénoncé à l’argent des ventes publiques. Cet exploit contient
l’assignation du saisissant et du saisi et les preuves de sa propriété.

Le tribunal du lieu de la saisie est compétent pour connaître de


cette opposition. Si celui qui s’oppose à la vente succombe, il peut être
condamné aux dommages-intérêts envers le saisissant.

D. Difficultés de la saisie

 Si la saisie élève des difficultés, l’huissier en réfère au juge du lieu où


l’exécution se poursuit, sans qu’il ne soit suspendu aux opérations de
saisie.
 Si le saisi résiste à la saisie, l’huissier requiert la force publique auprès
du procureur de la République ou de l’autorité administrative.

E. Insaisissabilité de certains biens

Les biens suivants sont insaisissables :

- Les coucher et habits du saisi et de sa famille ;


- Les livres indispensables à la profession du saisi et s’il est artisan les
outils nécessaires à son travail personnel ;
- Les provisions de bouche nécessaire à la nourriture du saisi et de sa
famille pendant un mois ;
- Une bête à corne ou trois chèvres ou trois moutons au choix.
Remarque : Qu’il s’agisse de la saisie-arrêt, de la saisie conservatoire ou de la
saisie-exécution, le débiteur peut libérer les biens saisis en versant à la
caisse d’une greffe, une somme suffisante pour répondre à la cause
de la saisie en l’affectant à l’exécution de la créance, sous conditions
que les droits du créancier soient reconnus.

IV. La saisie immobilière

Ordonnance du 12 novembre 1986 tel que modifié à ce jour, loi


n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime
immobilier, régime de sûreté.
76

A. Notion

La saisie immobilière est celle qui porte sur un immeuble ou sur


un droit immobilier ou foncier.

B. Biens susceptibles de saisie-immobilière

- La propriété immobilière ;
- La concession perpétuelle ;
- Les concessions ordinaires ;
- L’usufruit ou l’accessoire des immeubles ;
- La concession minière ;
- La concession de chemin de fer ;
- La superficie.

Remarque : La propriété foncière ne peut pas faire l’objet d’une saisie


immobilière car, en droit congolaise l’article 10 de la loi n° 73-021 du 20 juillet
1973 pose le principe selon lequel le sol est la propriété exclusive et
inaliénable de l’Etat ;

C. Le droit de saisir un immeuble

Ce droit appartient à tout créancier et ce, sans considération ni du


rang de sa créance ni sa valeur.

D. Le titre donnant lieu à la saisie immobilière

La saisie immobilière ne peut être poursuivie qu’en vertu d’un


jugement définitif. Le créancier qui n’a qu’un titre authentique ne peut
obtenir une saisie immobilière qu’après un jugement qui établi que sa créance
est certaine et liquide.

E. La procédure

La procédure de la saisie immobilière se déroule en suivant les


étapes suivantes :

1. Jugement définitif reconnaissant le droit du créancier.


2. Requérir au conservateur des titres immobiliers un extrait du livre
d’enregistrement constatant les droits immobiliers du débiteur.
3. Grâce à ce document, le créancier fera un commandement portant
élection du domicile dans le ressort du tribunal de grande instance du
lieu des immeubles ou fonds à exproprier.
4. Ce commandement est signifié aussi au conservateur des titres
immobiliers en reprenant les droits à exproprier.

Note : La signification au conservateur vise à empêcher toute mutation. La


vente doit être faite dans un délai de 4 mois à partir de cette
77

signification. Délai de 15 jours à dater du jugement et 1 mois entre


l’affichage et celui

5. Le poursuivant doit remettre au notaire un dossier comprenant une


copie authentique du jugement ou la grosse signifiée, l’exploit du
commandement et l’extrait du livre d’enregistrement.
6. Le notaire dresse l’acte d’adjudication et le remet au poursuivant
lorsqu’il a justifié le paiement des frais dû au trésor.
7. Requête au juge aux fins de fixation du lieu de la vente ; des conditions
d’affichage et autres mesures de publicité.
8. Le notaire fixe la date de la vente.
9. Si le bien est indivis, le créancier provoque la licitation.
10. La vente publique.

Note : Le créancier peut se porter acheteur. Si le prix offert est insuffisant, le


créancier ou le débiteur peuvent demander la remise de la vente.
Dans ce cas, le notaire apprécie l’opportunité de cette remise.

11. Le débiteur de plusieurs immeubles saisis, peut indiquer l’ordre dans


lequel va se faire la vente.
12. La vente est arrêtée lorsque le produit suffit à désintéresser le créancier
13. Si le créancier n’a saisi qu’une partie des immeubles du débiteur, ce
dernier peut demander au créancier de saisir les autres afin d’indiquer
l’ordre de la vente.

Remarque : Les difficultés de la saisie immobilière sont de la compétence du


tribunal de grande instance de la situation des biens. Ce
tribunal statue par voie d’ordonnance et ses décisions
sont sans appel.

CHAPITRE III. LA DISTRIBUTION

Il faut remarquer que la saisie n’a pas pour effet de transférer la


propriété de biens au créancier saisissant. Ce dernier ne sera désintéressé que
sur le produit de la vente.

I. La distribution lorsqu’il y a un seul créancier

Dans ce cas, il n’y a aucune difficulté, le créancier est payé sur le


produit de la vente à concurrence de la créance reconnue dans le jugement.

II. La distribution en cas de pluralité de créanciers

Le principe de partage lorsqu’il y a plusieurs créanciers est posé


par l’article 245 de la loi du 20 juillet 1973. Ce principe est celui du partage
proportionnel aux créances sauf s’il existe des causes légales de préférence.
78

Sur le plan pratique, ce principe s’applique différemment selon qu’il s’agit du


produit d’une saisie mobilière ou celui d’une saisie immobilière.

A. La distribution du produit des saisies immobilières

Seul le créancier qui le premier pratiqué la saisie immobilière peut


poursuivre l’expropriation. Les autres créanciers ne participent à la distribution
que s’ils remplissent les conditions suivantes :

14. Faire connaître par jugement la certitude et la liquidité de leur créance.


15. Avoir consigné entre les mains du comptable de l’Etat une partie des frais
proportionnels au montant de leur créance.

Le greffier dresse un projet de distribution en suivant l’ordre suivant :

- Les frais exposés pour l’expropriation ;


- Les droits proportionnels dûs pour la vente aux enchères ;
- Les hypothèques légales ;
- Les hypothèques conventionnelles dans l’ordre de l’inscription ;
- Les créances chirographaires.

II. La distribution du produit des saisies mobilières

Tous les créanciers disposant des titres exécutoires participent de


plein droit à la distribution. Le greffier établit le compte en tenant compte des
préférences légales (gage, privilège, ...).

Lorsqu’un créancier estime que le partage est inéquitable, il peut


par requête faire opposition au paiement. Si la créance liquide est certaine,
cette opposition se transforme en saisie-arrêt et doit être validée.

Note : Dès que la distribution est effectuée, elle ne peut plus donner lieu à la
répartition en faveur des créanciers qui surgissent ultérieurement.

III. La distribution en cas de saisie-arrêt concurrente

Lorsque plusieurs saisies-arrêts sont pratiquées sur le même objet


ou lorsque le saisi cède sa créance à un autre créancier après la saisie-arrêt
mais avant la validation, il y a concours. Dans ce cas de concours, le partage
est judiciaire (c’est le jugement de validation qui statuera sur le partage en
tenant compte des différents privilèges et préférences).

Vème Partie : LES FRAIS DE JUSTICE

CHAPITRE I. GENERALITES

I. Le principe de la gratuité de la justice


79

Sens du principe :

Le principe de la gratuité de la justice qui fait partie du travail à


un procès équitable signifie que les parties n’en doivent pas rémunérer les
juges pour le travail qu’ils font. Les juges sont des agents publics qui sont à la
charge de l’Etat et non des parties. Ce principe n’exclut cependant pas l’idée du
paiement des frais qui doivent couvrir le déroulement de l’instance.

II. Le caractère des frais de justice

Les frais de justice tels qu’ils sont tarifés n’ont aucun rapport avec
les prestations des magistrats, ni des greffiers ou huissiers. Ils n’ont donc
aucune proportionnalité avec le service rendu. Par conséquent, ils n’ont qu’un
caractère fiscal (forfaitaire) assurant quelques recettes à l’Etat.

CHAPITRE II. LES FRAIS ET DROITS EN MATIERE CONTENTIEUSE

I. Le tarif des frais de justice en matière contentieuse

L’ordonnance loi du 30 novembre 1970 a fixé le taux des frais de


justice. A la suite des dépréciations successives de la monnaie nationale, le
premier président de la cour suprême de justice et le procureur général de la
république ont par le circulaire n° 789/D.010/GB/CSJ-PGR du 23 avril 1997,
arrêté des nouveaux taux. Ceci est, il faut le remarquer, une violation du
principe du parallélisme de forme étant donné qu’une circulaire n’a pas
vocation à modifier une ordonnance loi. Il faut d’ailleurs remarquer que les
taux fixés par cette circulaire sont à ce jour dépassés.

II. Les différents frais et taxes en matière contentieuse

A. Les taxes

Les taxes sont des indemnités payées aux témoins à la suite des
pertes qu’ils subissent à l’occasion de leurs dépositions (transport, manque à
gagner …).

Note : Lorsqu’un magistrat est appelé à témoigner, il ne lui est alloué aucune
taxe car, il ne subit aucun manque à gagner puisque son traitement ne
sera pas suspendu.

B. Les honoraires

Les honoraires sont des rémunérations dues aux experts, aux


arbitres et interprètes. Les experts et interprètes fixent à l’avance leurs
honoraires conformément à la déontologie professionnelle. Les parties, si elles
estiment que ces honoraires sont exagérées, peuvent demander au juge de les
« taxer » ; c’est à dire les réduire à un niveau raisonnable.
80

Les honoraires des arbitres sont fixés conventionnellement avec les parties.

C. Les dépens

Les dépens sont les frais, taxes et honoraires exposés par les
parties en cours de procédure. Les dépens de la partie gagnante sont mis à la
charge de la partie succombante.

D. Les droits proportionnels

Le droit proportionnel est une somme prélevée par le trésor public


sur toute somme ou valeur mobilière allouée par un jugement coulé en force
de chose jugée, par une sentence arbitrale ou un jugement prononcé à
l’étranger rendus exécutoires.

E. Les frais de justice au niveau d’appel

Au niveau d’appel, les frais de justice sont fixés au double de leur


valeur au premier degré.

F. Les frais du pourvoi en cassation


Le tarif des frais au niveau de la cassation est fixé par l’article 30
du code de procédure devant la cour suprême de justice. Il faut noter que la
cour ne statue pas sur les frais exposés aux degrés inférieurs de juridiction.
Lorsqu’elle casse, les dispositions imputant les frais sont également cassés, la
juridiction de renvoi statuera sur la masse des frais.

III. L’imputation et le recouvrement des frais en matière


contentieuse

A. Le moment de l’imputation des frais

L’imputation des frais (désignation de la partie qui paie) se fait au


moment du jugement définitif. Il ressort de ce principe que tout jugement
contenant une condamnation aux frais est censé être définitif. Les jugements
avant dire droit et les jugements provisionnels réservent les frais. En cas de
disjonction, on peut faire la ventilation des frais qui consiste à imputer les frais
pour la demande vidée.

A propos de l’imputation des frais, il faut noter que le ministère


public lorsqu’il est partie principale à un procès de droit privé, ne peut être
condamné aux frais. Ces derniers sont mis à la charge du trésor.

B. L’imputation des dépens


81

Le principe est que les dépens sont mis à la charge de la partie


succombante. Il y a cependant une possibilité de partage lorsque chaque partie
succombante même partiellement dans ses demandes.

Lorsqu’on obtient une somme inférieure à celle qu’on a demandé


au tribunal, on a partiellement succombé et on doit par conséquent supporter
une partie des dépens. La prudence sur le plan pratique commande pour les
demandes portant sur un montant qui doit être évalué par le juge de citer de
chiffre demandé ou tout autre que le tribunal estimera équitable.

C. L’état des frais

L’Etat des frais est tenu par le greffier qui crédite le compte des
provisions faites par les parties et le débite des frais exposés à leur requête ou
par les actes du tribunal. La liquidation des frais se fait suivant l’état des frais
arrêté par le greffier le jour du prononcé. Cet état est vérifié et visé par le juge
qui incorpore le montant dans sons jugement.

Note : Il n’existe pas de procédure pour contester l’état des frais. En cas
d’erreur, les parties peuvent faire l’observation au greffier et au juge
avant le visa.
La cour suprême siégeant en cassation ne connaît pas des erreurs
contenues dans l’état des frais visés par le juge.

D. La consignation des frais Art 144 C.P.C

(Voir la consignation des frais et le non procédé à l’introduction de l’instance)

E. La dispense de consignation des frais (Voir la délivrance des pièces


en débet).

IV. Le recouvrement des frais et droits proportionnels

A. Le recouvrement des frais

En général, le greffier commence par retenir les frais sur la


consignation qui avait été faite. Lorsque cette consignation ne suffit pas à
régler tous les frais, ceux-ci seront réglés au moment de lever expédition. Dès
lors que l’état des frais est visé par le juge, il peut revêtir la formule exécutoire
et faire l’objet de l’exécution forcée.

Le recouvrement des droits proportionnels

Les droits proportionnels sont dus sur minute. C'est-à-dire au


moment du prononcé. Cependant, ces droit ne sont exigibles que lorsque la
partie demande une expédition ou lorsque le jugement est coulé en force de
chose jugée.
82

Si aucune partie ne signifie le jugement et par conséquent ne lève


l’expédition, les droits proportionnels ne deviendront jamais exigibles. Les
droits proportionnels sont dus par la partie succombant et payée par elle. A
défaut pour cette dernière de les payer, le gagnant les paie et dispose d’un
recours contre la partie succombante.

Note : Toute partie qui voudrait exercer un recours contre un jugement, doit
payer les droits proportionnels.

Les droits proportionnels peuvent faire l’objet de l’exécution forcée après


commandement préalable dans deux cas :

1. Si le greffier a connaissance de l’acquiescement ou de l’exécution


volontaire sans réserve.
2. Si les délais de recours courent dès le prononcé.

CHAPITRE III. LES FRAIS EN MATIERE NON CONTENTIEUSE EN


MATIERE D’ARBITRAGE ET DE L’EXQUATUR DES
JUGEMENTS ETRANGERS

I. Les frais en matière non contentieuse

A. Le tarif

Le taux est fixé par le décret du 11 juillet 1920 et l’ordonnance loi 1970.

B. La perception des frais en matière non contentieuse

En matière non contentieuse il n’y a pas de consignation des frais ; le


coût de l’acte requis est perçu par le greffier au moment du dépôt de la
requête s’il y a des frais supplémentaires, ils seront perçus avant de délivrer
l’acte requis.

II. Les frais et droits en matière d’arbitrage

Les actes posés par le tribunal de grande instance dans le cadre


de l’arbitrage sont taxés comme en matière contentieuse. Il en est de même de
l’exequatur de la sentence arbitrale. Ces actes ne donnent pas lieu à la
consignation des frais. En cas d’exequatur de la sentence arbitrale, les droits
proportionnels ne sont exigibles que quand cette dernière n’est plus susceptible
de recours.

III. Les frais et droits en matière de l’exequatur des jugements


étrangers

Les frais et droits en matière d’exequatur des jugements rendus à


l’étranger sont soumis au même principe qu’en matière contentieuse. Car,
83

l’exequatur suppose une assignation du défendeur ; d’où la nécessité de


consigner les frais.

VI ème PARTIE : LES MODES ALTERNATIFS DE REGLEMENT DES


CONFLITS

Les modes alternatifs de règlement des différends sont des


procédés par lesquelles les parties vident leur litige sans recourir à
l’intervention d’une juridiction étatique. Sont rangés parmi les modes alternatifs
de règlements des conflits : l’Arbitrage, la conciliation, la méditation e.

CHAPITRE I. L’ARBITRAGE

I. Notion

L’arbitrage est le mode de règlement des litiges consistant pour


les parties à soustraire leur litige de la compétence du juge étatique et
l’attribuer à un juge privé choisi par elles.

A. Les avantages de l’arbitrage

L’arbitrage présente plusieurs avantages :

1. La souplesse : l’arbitrage permet aux parties de s’entendre sur tout : le


droit applicable, la procédure à suivre, la langue et le lieu de l’arbitrage.

La neutralité

les arbitres sont plus neutres que les juges étatiques surtout dans un état
comme le nôtre. Cette neutralité provenant du fait que les parties ont
conventionnellement désigné les arbitres.
2. La technicité et la qualité : le recours à l’arbitrage permet de confier le
règlement du différend aux techniciens, aux personnes qui connaissent
le domaine dans lequel s’incère le litige.
3. La confidentialité : l’arbitrage permet une discrétion étant donné que les
sentences arbitrales ne sont pas nécessairement publiées, les audiences
elles-mêmes ne sont pas publiques.
4. La rapidité : elle st due à la technicité des arbitres.
5. L’efficacité : les sentences arbitrales sont souvent exécutées
spontanément par la partie succombante afin de préserver sa
réputation surtout dans les milieux des affaires.

B. Les inconvénients de l’arbitrage

1. Le problème de garantie : l’arbitrage supprime certaines garanties


notamment la renonciation à l’exercice des voies de recours de droit
commun.
84

2. Le déséquilibre entre partie : une partie économiquement plus forte


peut imposer ou choisir des arbitres plus expérimentés en la matière
que ceux choisis par l’autre. Ces arbitres peuvent dans une certaine
mesure déséquilibrer la sentence arbitrale.
3. La difficulté d’établir un programme d’audience : elle est liée au fait que
les arbitres n’ont toujours pas le même emploi du temps.

II. L’arbitrage en droit congolais (Art 159-194 C.P.C)

A. La convention d’arbitrage

1. Définition

La convention d’arbitrage est un contrat par lequel les parties


décident de soustraire le litige qui les oppose à la compétence des juridictions
étatiques pour les soumettre à des arbitres, que cette convention soit conclue
avant ou après la naissance du litige.

2. Les formes de la convention d’arbitrage

La convention d’arbitrage peut prendre deux formes à savoir la


clause compromissoire et le compromis d’arbitrage.

a. La clause compromissoire

C’est la clause par laquelle les parties prévoient à l’avance que les
litiges qui surgiraient seront soumis à l’arbitrage. La clause compromissoire est
donc conclue avant la naissance du litige, elle ne contient pas nécessairement
les noms des arbitres. Souvent les parties prévoient qu’elles choisiront chacune
un arbitre et ces arbitres désigneront un troisième arbitre.

Lorsque le litige surgit, la partie la plus diligente désigne un


arbitre et le notifie à l’autre par une lettre recommandée avec sommation de
procéder de même. A défaut pour la partie sommée de désigner son arbitre, la
partie la plus diligente saisit le président du tribunal de grande instance
compétent qui désignera un arbitre.

 Les effets de la clause compromissoire

En tant que contrat, la clause compromissoire est soumise à


l’article 63 du code civil livre III qui pose le principe de la relativité des
contrats. Ainsi, la clause compromissoire ne produit pas ses effets à l’égard des
tiers. Lorsqu’une affaire qui oppose les parties est indivisible avec un autre
litige où interviennent d’autres personnes que les parties, les juridictions
étatiques restent compétentes. Un tiers ne peut non plus être appelé en
intervention forcée dans une cause soumise à l’arbitrage.

b. Le compromis d’arbitrage
85

C’est la convention par laquelle les parties décident après la


naissance du litige, de recourir à l’arbitrage en désignant les arbitres qui
connaîtront de l’affaire. A la différence de la clause compromissoire, le
compromis d’arbitrage fait suite à la naissance du litige et contient
nécessairement le nom de l’arbitre et l’objet du litige. Le compromis d’arbitrage
se prouve par un écrit.

3. Les conditions de validité de la convention d’arbitrage

a. Condition de fond

La convention d’arbitrage est un contrat ; d’où elle est soumise


aux conditions de validité du contrat érigées par l’article 8 du code civil livre III.
L’article 159 du code de procédure civile revient sur la condition de la capacité.
Ainsi ne peut conclure une convention d’arbitrage qu’une personne ayant la
capacité ou le pouvoir de transiger. Cette condition se justifie par le fait que la
convention d’arbitrage a pour objet de renoncer aux juridictions étatiques or,
pour ce faire, il faut avoir la capacité ou le pouvoir de disposer des droits en
question.

Ainsi, un incapable ne peut pas compromettre car n’ayant pas la


capacité de disposer, un administrateur des biens d’un absent ne peut pas
compromettre parce que n’ayant pas le pouvoir de disposer. Un mandataire ne
peut compromettre que s’il est muni d’une procuration spéciale.

b. Condition de forme

La convention d’arbitrage doit être faite par écrit.


B. Les arbitres

1. Les conditions pour être arbitre

Les arbitres doivent avoir la capacité de contracter et de s’obliger.


La loi ne pose aucune condition quant à la qualification des arbitres. Les parties
peuvent cependant exclure certaines catégories des personnes en fonction des
critères fixés par elles. Lorsqu’un arbitre trouve dans une des catégories
exclues par les paries, il ne peut faire l’objet d’une récusation car, l’article 71 du
code d’organisation et compétence judiciaire fixe limitativement les causes de
la récusation. Il s’agit là d’un incident qui sera soumis au tribunal de grande
instance compétent.

2. Les arbitres de la mission des arbitres

Lorsqu’elle n’est pas fixée par les parties, la durée de la mission


des arbitres est de six mois à compter de la date du compromis. Cette durée
peut être prorogée par une convention de parties, par un procès-verbal des
arbitres ou encore par un jugement rendu par le tribunal de grande instance.
86

c. La récusation des arbitres et le déport

La récusation et le déport des arbitres sont possibles


conformément aux articles 71 et suivant le code d’organisation et compétence
judiciaire. La récusation est faite pas requête adressée au président du tribunal
de grande instance compétent ; la décision accordant ou rejetant la récusation
n’est pas susceptible de recours.

d. La suspension et la révocation de la mission des arbitres

1. La suspension

La mission des arbitres est suspendue par :

- La récusation d’un arbitre ;


- Le décès ou l’incapacité de l’une des parties ;
- Les mesures d’instruction admises devant les tribunaux en matière civile
et commerciale ;
- Les incidents qui ne sont pas de la compétence des arbitres.
Lorsqu’il y a une suspension pour ce dernier cas, les arbitres disposent
de plein droit d’un délai de trois mois.

2. La révocation

A partir du compromis, la révocation d’un arbitre n’est possible


qu’avec le consentement des parties.

e. La fin de la mission des arbitres

La fin de la mission des arbitres se fait par l’arrivée du terme ou le


prononcé de la sentence arbitrale.

f. les honoraires des arbitres

Les arbitres fixent eux-mêmes le montant de leurs honoraires


conformément aux usages. Les arbitres statuent sur les dépends et les mettent
à la charge de la partie succombante.

C. L’instance arbitrale

L’instance d’arbitrage se déroule de façon suivante :

1. Les parties comparaissent en personne ou représentées par un avocat


porteur des pièces ou par un fondé de pouvoir spécial agréé par les
arbitres ;
87

2. Dès l’accord des parties, les arbitres peuvent juger sur pièces.
Toutefois, même dans ce cas, les arbitres peuvent décider que les
parties soient entendues ;
3. Les pièces sont après communication préalable entre parties, remises
aux arbitres dans les délais fixés par eux. Lorsque la partie ne remet
pas les pièces, les arbitres jugent sur les seules pièces reçues ;
4. Les arbitres peuvent ordonner toutes les mesures d’instruction admises
devant les juridictions de droit commun ;
5. Les mesures d’instruction ordonnées suspendent le délai de l’arbitrage ;
6. Tout incident dont les arbitres ne peuvent connaître est pourvu devant
le tribunal de grande instance compétent. L’arbitrage dans ce cas est
suspendu jusqu’au jour où les arbitres seront informés par la suite la
plus diligente que le jugement sur l’incident a acquis la force de chose
jugée.
7. Sauf convention des parties, ces dernières et les arbitres sont dispensés
de suivre les délais et formes d’actes prévus devant les juridictions
d’Etat.
D. La sentence arbitrale

La sentence arbitrale est la décision prise par les arbitres pour


trancher les litiges. La sentence est définitive, elle peut être totale ou partielle.
Dans leur sentence, les arbitres appliquent les règles de droit sauf si les parties
leur ont donné le pouvoir de statuer en amiable compositeur.

La sentence arbitrale est prononcée après le délibéré, à la


majorité des arbitres. Elle doit être motivée car, elle est un jugement. Une
sentence arbitrale peut faire l’objet d’une exécution provisoire.

 La forme de la sentence arbitrale

Une sentence arbitrale est faite à l’écrit, datée et signée par tous
les arbitres. Lorsque la minorité des arbitres refuse de signer une sentence, il
est fait mention de ce refus sans pour autant indiquer ses motifs.
La sentence arbitrale doit contenir les mentions suivantes :

- Les noms et les domiciles des parties,


- Les noms, domiciles et signatures des arbitres,
- L’objet du litige,
- La date de la sentence,
- Le lieu de l’arbitrage et la sentence.

Il faut cependant remarquer que ces mentions ne sont pas prescrites à peine
de nullité.

3. Les effets de la sentence arbitrale


88

La sentence arbitrale produit deux effets : le dessaisissement des


arbitres et l’effet de la loi entre parties (la force obligatoire à l’égard des
parties). Le dessaisissement des arbitres se réalise même lorsque la sentence
est nulle. Ainsi, les arbitres ne peuvent pas substituer une sentence régulière à
une sentence nulle par suite des irrégularités commises par eux.

4. L’exécution de la sentence arbitrale et les voies de recours

a. L’exécution

La sentence arbitrale ne peut faire l’objet de l’exécution forcée


qu’après l’exequatur accordée par ordonnance du président du tribunal de
grande instance compétent. Il faut cependant noter que l’exequatur n’est pas
nécessaire pour les sentences arbitrales préparatoires ou interlocutoires.

b. Les voies de recours

La sentence arbitrale ne peut faire l’objet que de l’appel et de la


requête civile. L’appel est formé devant la cour d’appel si les parties n’y ont pas
renoncé ou si elles n’ont pas convenu de déférer l’appel à d’autres arbitres.

Le délai d’appel contre une sentence arbitrale est d’un mois à


partir de la signification de la sentence arbitrale rendue exécutoire.

Remarque : L’ordonnance accordant l’exequatur d’une sentence arbitrale peut


faire l’objet d’un appel formé par requête adressée au
président de la cour d’appel dans le délai de quinze jours à
partir de la signification.

III. L’arbitrage dans l’OHADA

1. Présentation de l’OHADA

L’OHADA est l’abréviation de l’Organisation pour l’Harmonisation


du Droit des Affaires en Afrique. Il s’agit d’une Organisation instituée par le
Traité du 17 octobre 1993 et qui a pour objet fondamental l’unification
progressive des législations dans le droit des affaires afin de favoriser le
développement harmonieux de tous les Etats parties. Il s’agit donc d’une
œuvre d’intégration. Au départ, les parties contractantes furent le Bénin, le
Burkina Fasso, le Cameroun la République Centrafricaine, les Comores, la
République du Congo (Brazzaville), la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée
équatoriale, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo.

Depuis, quelques pays les ont rejoint. La République


Démocratique du Congo est en voie d’adhérer au Traité car si elle ne le fait
pas, elle serait dans un isolement par rapport au droit des affaires.
Actuellement, le droit congolais des affaires n’offre aucune garantie aux
investisseurs tant nationaux qu’étrangers. L’adhésion à l’OHADA fournirait cette
89

garantie. D’abord en raison de l’existence d’une institution supérieure


commune, la Cour commune de justice et d’arbitrage qui assure une sorte de
contrôle et ensuite, la RDC bénéficierait des vues modernes exprimées dans les
actes uniformes. Les actes uniformes sont ainsi qualifiés car ce sont des actes
pris pour l’adoption des règles communes.

L’OHADA comprend les organes suivants :

- Un Conseil des ministres assisté par un Secrétaire permanent, auquel est


rattachée une école supérieure de la magistrature. Le Conseil assure à la
fois le pouvoir de décision et le pouvoir normatif.
- La Cour commune de justice et d’arbitrage qui exerce le pouvoir de
contrôle et de sanction.

2. La cour commune de justice et d’arbitrage

a. Compétence

L’article 21 du Traité stipule qu’en application d’une clause


compromissoire ou d’un compromis d’arbitrage, toute partie à un contrat, soit
que l’une des parties ait son domicile ou sa résidence habituelle dans un des
Etats parties, soit que le contrat exécuté ou à exécuter en tout ou partie sur le
territoire d’un ou plusieurs Etats parties, peut soumettre un différend d’ordre
contractuel à la procédure d’arbitrage prévue par le Traité.

b. Nombre d’arbitres

Un ou trois arbitres. Lorsque les parties sont convenues que le


différend sera tranché par un arbitre unique, elles peuvent le désigner d’un
commun accord pour confirmation par la Cour. Faute d’entente dans un délai
de 30 jours à partir de la notification de la demande d’arbitrage à l’autre partie,
l’arbitre sera nommé par la Cour.

Lorsque trois arbitres ont été prévus, chacune des parties, dans la
demande d’arbitrage ou dans la réponse à celle-ci, désigne un arbitre
indépendant pour confirmation par la Cour. Si l’une des parties s’abstient, la
notification est faite par la Cour, le troisième arbitre qui assume la présidence
du tribunal arbitral est nommé par la Cour, à moins que les parties n’aient
prévu que les arbitres qu’elles ont désignés devraient faire choix du troisième
arbitre dans un délai déterminé. Dans ce dernier cas, il appartient à la Cour de
confirmer le troisième arbitre. Si, à l’expiration du délai fixé par les parties, ou
imparti par la Cour, les arbitres désignés par les parties n’ont pu se mettre
d’accord, le troisième arbitre est nommé par la Cour.

Si les parties n’ont pas fixé d’un commun accord le nombre des
arbitres, la Cour nomme un arbitre unique, à moins que le différend ne lui
paraisse justifier la désignation de trois arbitres. Dans ce dernier cas, les
90

parties disposent d’un délai de quinze jours pour procéder à la désignation des
arbitres.

Les arbitres peuvent être choisis sur la liste des arbitres établie
par la Cour et mise à jour annuellement. Les membres de la Cour ne peuvent
pas être inscrits sur cette liste.

En cas de récusation d’un arbitre par une partie, la Cour statue.


Sa décision n’est pas susceptible de recours.

Il y a lieu à remplacement d’un arbitre lorsqu’il est décidé ou


empêché, lorsqu’il doit se démettre de ses fonctions à la suite d’une récusation
ou pour tout autre motif ou lorsque la Cour, après avoir recueilli ses
observations, constate qu’il ne remplit pas ses fonctions conformément aux
stipulations du présent titre ou du règlement d’arbitrage, ou dans les délais
impartis. Dans chacun de ces cas, il est procédé comme ci-dessus.

c. La sentence doit être préalablement soumise à la Cour

Lorsque l’arbitre ou les arbitres ont terminé la rédaction de la


sentence, avant de la signer il doit ou ils doivent soumettre le projet à la Cour
commune de justice et d’arbitrage. Cette intervention de la Cour représente
une certaine garantie pour les parties encore qu’elle ne soit pas contraignante
pour l’arbitre ou les arbitres.

d. Les honoraires

Les honoraires des arbitres sont fixés par la Cour.

e. Autorité de la chose jugée et l’exequatur

Les sentences arbitrales ont l’autorité définitive de la chose jugée


sur le territoire de chaque Etat privé. Au même titre que les décisions rendues
par les juridictions étatiques. Elles peuvent faire l’objet d’une exécution forcée
en vertu d’une décision d’exequatur. Cette décision est de la seule compétence
de la Cour.

L’exequatur ne peut être refusé que dans les cas suivants :

- Si l’arbitre a statué sans convention d’arbitrage ou sur une convention


nulle ou expirée ;
- Si l’arbitre a statué sans se conformer à la mission qui lui avait été
confiée ;
- Lorsque le principe de la procédure contradictoire n’a pas été respecté ;
- Si la sentence est contraire à l’ordre public international ;

f. Le règlement d’arbitrage
91

Le règlement d’arbitrage de la Cour est fixé par le Conseil des


Ministres à l’unanimité des représentants des Etats parties présents et votants.
L’adoption n’est valable que si les deux tiers au moins des Etats parties sont
représentés et l’abstention ne fait pas obstacle à l’adoption.

La requête civile n’est admise que pour les causes prévues aux
numéros 1, 2 et 4 de l’article 85 du code de procédure civile.

5. L’annulation d’une sentence arbitrale

Les causes d’annulation d’une sentence arbitrale sont


limitativement prévues par l’article 190 du code de procédure civile. Ainsi, la
sentence arbitrale est nulle dans les cas suivants :

1. Si la convention d’arbitrage est conclue par une incapable ou une


personne sans pouvoir de compromettre ;
2. S l’objet du litige n’est pas susceptible de transaction (ex : une
convention d’arbitrage portant sur la garde des enfants ou sur la
pension alimentaire) ;
3. Si la forme prescrite par l’article 164 pour la validité du compromis n’a
pas été respectée ;
4. Si la sentence a été rendue sans compromis ou hors compromis ;
5. Si la sentence est rendue alors que le délai d’arbitrage est suspendu ;
6. Si la sentence n’est pas rendue par les arbitres n’ayant pas la capacité
de contracter ou de s’obliger ;
7. Si la sentence n’est pas rendue par tous les arbitres ou si elle est rendue
par des arbitres siégeant en nombre pair ;
8. Si une partie peut justifier, même contre les contestations des arbitres,
qu’elle n’a pas été avisée du délai fixé par eux pour le dépôt des pièces
et défenses et si cette omission nuit à ses intérêts ;
9. Si la sentence arbitrale rendue sur appel d’une sentence en a prononcé
la nullité hors les cas prévus par loi ;
10. Si la sentence a été rendue sur pièces, serment ou témoignage qui
depuis ont été reconnus faux ; ou depuis il a été recouvré des pièces
décisives qui avaient été retenues par le fait d’une partie.

La demande en nullité doit être formulée dans un délai de un mois à dater de


la signification de la sentence pour les causes allant de 1° à 9° ; et pour la
cause 10°, à partir de la découverte de la fausseté des pièces serments ou
témoignages ou encore

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