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LE CENTRE INTERNATIONAL

DE REGLEMENTS DES
DIFFERENDS RELATIFS AUX
INVESTISSEMENTS (CIRDI)

Journées CNUDCI , UPN, 23-24 novembre 2023

Par
Professeur Cléo MASHINI MWATHA
Introduction
A/ Distinctions :
- Contentieux de l'investissement
- Contentieux du commerce international (OMC)
- Arbitrage commercial traditionnel (CNUDCI)
- Arbitrage commercial dans le contentieux de l'investissement
(CIRDI)
Sommaire
B/ Les différents modes de règlement des litiges relatifs aux
investissements internationaux

I. Compétences du CIRDI

II. La procédure CIRDI : déroulement de la procédure et


exécution des sentences

III. Analyse de certaines sentences CIRDI

Conclusion
INTRODUCTION:

A/ Distinctions :

4 types de contention à distinguer:

1. Le contentieux de l'investissement :

- essentiellement décentralisé, arbitral et bilatéral

- porte sur l'indemnisation : contentieux des intérêts

- reconnaît la légitimation directe de la partie privée, l'investisseur.


2. Le contentieux de l'OMC :

- centralisé, multilatéral

- contentieux de légitimité : l'objet de l'action est le retrait d'une mesure


nationale d'un Etat non conforme aux engagements pris par cet Etat.

- Pas de liquidation des dommages et intérêts.

- Géré par l'Organe de Réglement des Différends


3. L'arbitrage commercial traditionnel:

- arbitrage ad hoc
- mécanismes souples
- se réalise dans le cadre de la Commission des Nations Unies pour le
Droit commercial International (CNUDCI)
- prévu par le Règlement d ’arbitrage de la CNUDCI de 1976 (destiné aux
parties) et la Loi type de 1985 (destinée aux Etats pour leurs législations).
- fondé sur une clause compromissoire (litige virtuel) ou sur un
compromis d ’arbitrage (litige né et existant) exprimant le choix réel des
deux parties d ’avoir recours au Règlement d ’arbitrage CNUDCI.
4. L'arbitrage commercial dans le contentieux de l'investissement

- arbitrage institutionnel
- mécanismes encadrés
- fondé sur des Traités Bilatéraux de promotion et protection des
Investissements : le contentieux CIRDI se fonde sur accord prévu dans
une clause introduite dans un TBI conclu entre deux Etats, auquel s'ajoute
l'acceptation de l'investisseur au moment d'entreprendre l'arbitrage.
- Les clauses introduites dans les TBI ressemblent plus à des clauses
d'arbitrage forcé créant un rapport de forces déséquilibré au profit des
investisseurs.
B/ Les différents modes de réglement des litiges relatifs aux
investissements internationaux

1) Les procédures internes à l’État d’accueil.

2) La médiation
3) L’arbitrage

L’arbitrage institutionnel :
L’arbitrage institutionnel implique le recours à une institution
d’arbitrage.
Les institutions arbitrales générales : la Cour Permanente de
La Haye, Cours d ’arbitrage à Londres, Paris, Stockholm
Une institution spécialisée en matière d’investissement, le
CIRDI.

L’arbitrage ad hoc :
- procédure d’arbitrage ad hoc encadrée par un recours
subsidiaire au règlement d’arbitrage (CNUDCI).
Q/ Qu’est-ce que le CIRDI?

R/ Tribunal arbitral
supranational exclusivement
dédié au règlement des
différends relatifs aux
investissements entre États et
investisseurs étrangers.

La Convention de Washington du
18 mars 1965 prévoit la création
du CIRDI,
C'est une institution de la BM,
ayant son siège à Washington.
RDC:

Signature
Oct 29, 1968

Dépôt inst. At
Apr 29, 1970
Entrée en
vigueur
May 29, 1970
- 156 Etats sont membres du CIRDI
- Tous les membres CIRDI sont membres Banque Mondiale.
- Quelques membres du Groupe BM ne sont pas membres du
CIRDI (Brésil, etc.)
I. Compétence du CIRDI

La compétence du CIRDI est prévue à l’article 25


de la Convention de Washington

=> 3 conditions cumulatives nécessaires pour la


compétence du CIRDI
i. Compétence ratione personae :

Jusqu’en 2022: le CIRDI n’est compétent que pour les


litiges entre un Etat contractant et un investisseur privé
ressortissant d’un autre Etat contractant: reconnaissance
de la personnalité juridique à l’investisseur et du droit
de saisine directe du CIRDI.

Depuis 2022: extension de cette competence


personnelle (voir la presentation du secretariat CIRDI
sur les amendements des règles d’arbitrage du CIRDI)
ii.Compétence ratione materiae :

Ne peut être soumis au CIRDI qu’un différend d’ordre juridique qui


soit en relation directe avec un investissement : interprétation large
de la notion d’investissement et extension du champ de compétence
CIRDI

Exemple : Une réclamation de dette (bons de la dette externe) =


investissement
EX. Cas Société africaine de construction au Congo, Africa
Holding Company, INC c/ USA
iii. Compétence ratione volontatis :

Un consentement par écrit doit être donné par chacune


des parties au litige : interprétations extraordinaires du
consentement par écrit à la compétence du CIRDI donné
par les Etats, consentement qui devient de plus en plus
virtuel.
II. La procédure CIRDI

- Indépendante de tout droit national, y compris celui du siège de l’arbitrage.

- Requête introduite devant le CIRDI :


* établissement de l’existence d’un consentement.
* chaque partie choisit un arbitre qui ne doit pas être ressortissant du pays
dont elle relève.
* si désaccord, c’est le Président du Conseil d’Administration, également
Président de la Banque Mondiale, qui sera chargé de cette nomination.

- Règles de procédure : Le tribunal peut être saisi directement par un


investisseur, l'épuisement des voies de recours internes n'est pas nécessaire
sauf article 26 (rarement invoqué par les Etats)
- Les sentences sont directement exécutoires et dispensées de toute
procédure d’exequatur.

- La possibilité de révision et d’annulation des sentences

Par principe, aucun appel n'est possible devant le CIRDI sauf


exceptions suivantes :

* Révision possible si “fait nouveau de nature à exercer une


influence décisive sur la sentence, à condition qu’avant le prononcé
de la sentence ce fait ait été inconnu du Tribunal et de la partie
demanderesse et qu’il n’y ait pas eu, de la part de celle-ci, faute à
l’ignorer”.
* Annulation pour l’un des motifs suivants : « vice dans la
constitution du Tribunal ; excès de pouvoir manifeste du
Tribunal ; corruption d’un membre du tribunal ;
inobservation grave d’une règle fondamentale de
procédure ; défauts de motifs ».

En pratique, étant donné le coût élevé des procédures, les


Etats n’ont que rarement eu recours à ces actions en révision
ou en annulation.
III. Quelques sentences CIRDI

Voir: https://icsid.worldbank.org/fr/affaires/terminees
RDC: AAN Digital Services Holding Company (KSC,
Koweïtien) c. RDC(Affaire CIRDI n° ARB/19/24)

Objet du litige : Accords de licence de télécommunications


- Secteur économique : Information et communication-
Instrument(s) invoqué(s) :(i) Loi sur l'investissement - Congo
(2002)

- Règles applicables : Convention CIRDI

- Date d'enregistrement : 11 septembre 2019


o Représentants des parties

Demandeur(s) :Dechert, Washington, D.C., U.S.A.

Défendeur(s) :Le Ministre des Postes et Télécommunications, Kinshasa Gombe, RDCLe ministre des Finances, Kinshasa Gombe,
RDCOrrick, Herrington & Sutcliffe, Paris, FranceYves Nouvel, Paris, France

Statut de la procédure : Conclue

Résultat de la procédure : 17 juin 2021

-Le Secrétaire général émet une ordonnance prenant acte du désistement de l'instance conformément à la Règle d'arbitrage 45 du
CIRDI.
Autres sentences

* Sentence CMS c. Argentine (2005) : le rejet de l’état de


nécessité comme moyen d’exonération de la responsabilité
de l’Etat hôte.

* Sentence Duke Energy c. Pérou (18 Août 2008) : un


changement de loi, mettant un terme à une clause de
stabilisation des impôts, est constitutif d’ une violation du
principe de bonne foi envers l’ investisseur.
Un tout grand merci!
cleo.mashini@juristrale.org

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