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Mastère professionnel : Commerce international ***** Matière : Droit international privé
Chapitre I : Le droit applicable aux contrats de commerce
international
Année Universitaire : 2020-2021
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Plan du Chapitre
• Introduction
• Droit applicable au fond du contrat de commerce international
• Droit applicable à la forme du contrat de commerce international
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Introduction
• Notion de droit applicable : Il s’agit d’une notion
large qui permet d’englober la loi étatique mais aussi du droit non étatique tels que les usages du commerce international (lex mercatoria) et les conventions internationales.
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Introduction (2)
• A titre d’exemple, la Convention des Nations Unies
sur les contrats de vente internationale de marchandises. • En matière contractuelle, les parties au contrat peuvent choisir même une convention internationale non ratifiée par la Tunisie.
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Introduction (3)
• L’article 26 du Code de droit international privé
dispose que : « Lorsque le rapport juridique est international, le juge fera application des règles prévues par le présent code, à défaut de règles, il dégagera la loi applicable par une détermination objective de la catégorie juridique de rattachement ». • En effet, le juge doit vérifier au préalable qu’il s’agit bien d’un rapport de droit international pour par la suite se prononcer sur sa compétence ainsi que sur la loi applicable.
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Introduction (4)
• Tous les éléments d’extranéité n’ont pas la même
incidence sur la qualification du rapport juridique. Le rapport de droit touche par l’un de ses éléments déterminants à un ou plusieurs ordres juridiques autres que l’ordre juridique Tunisien. • En matière contractuelle, la présence de parties de nationalité différente n’octroie pas au contrat son caractère international. La doctrine et la jurisprudence se référent à deux critères pour la qualification du contrat : un critère économique et un critère juridique.
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Introduction (5)
• Selon le critère économique, le contrat est
international lorsqu’il « met en jeu les intérêts du commerce international ». • Selon le critère juridique, le contrat est international lorsqu’il y a dépassement des frontières (toucher à un ordre juridique autre que l’ordre juridique Tunisien). • La Cour d’appel de Tunis dans sa décision n°55639 du 2 mars 1999 s’est référée aux deux critères à la fois pour dégager le caractère international d’une vente : « Le caractère international d’une vente est établi dès lors que le vendeur a son domicile en Espagne, que l’origine de la marchandise est le pays du vendeur et qu’il y a accord sur le paiement en devise étrangère ».
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I- Droit applicable au fond du contrat de commerce international • Règle de la loi d’autonomie.
• Etendue du droit applicable au fond.
• Les limites à la liberté de choix par les parties du
droit applicable au fond du contrat de commerce international.
• L’hypothèse de défaut de choix par les parties au
contrat de commerce international. M. Hichem MHIRI D.I.P._2020-2021 8 I.1- Règle de la loi d’autonomie : Liberté de choix • Art. 62 (alinéa 1) du Code de D.I.P. : « Le contrat est régi par le droit désigné par les parties ». → Loi d’autonomie : C’est une règle de conflit de lois selon laquelle, en matière contractuelle, les contrats sont soumis, quant au fond, aux conditions prévues par la loi à laquelle les parties se sont explicitement ou implicitement référées. • les parties peuvent choisir une ou plusieurs lois étatiques. → Morcellement du contrat. M. Hichem MHIRI D.I.P._2020-2021 9 Exemple : en matière de transport par mer
• L’article 164, §2 du Code de commerce maritime
dispose que : « Les parties sont libres, sous réserve des restrictions et interdictions édictées par le présent Code, de régler leurs conventions comme elles l’entendent, notamment en se référant à toutes lois étrangères, à toutes conventions-types ou en combinant différentes lois ou conventions- types ou en créant de nouvelles ».
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I.1.2- Etendue du droit applicable au fond
• Art. 64 du Code de D.I.P. : Le droit applicable au
contrat régit notamment : 1 - Son existence, 2 - Sa validité, 3 - Son interprétation, 4 - L'exécution des obligations qui en découlent,
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5 - Les conséquences de l'inexécution totale ou
partielle des obligations, y compris l'évaluation du dommage et les modes de réparation, 6 - Les divers modes d'extinction des obligations ainsi que leur prescription fondée sur l'expiration des délais, 7 - Les conséquences de la nullité du contrat.
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• Les modalités d'exécution, et les mesures à prendre
par le créancier en cas de défaut d'exécution sont régies par le droit de l'Etat dans le quel elles sont effectivement prises.
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I.1.3- Limites à la liberté des parties de choisir le droit applicable au fond
• Les lois de police.
• L’exception de l’ordre public.
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I.1.3.1- Les lois de police
• Article 38 du code de DIP :
« Sont directement applicables quel que soit le droit désigné par la règle de conflit, les dispositions du droit tunisien dont l’application est indispensable en raison des motifs de leur promulgation ». → Il s’agit en général de dispositions qui visent à protéger les intérêts de la collectivité à travers une catégorie de personnes (les salariés, les locataires, les consommateurs, les mineurs en danger …) ou encore assurer la sécurité des transactions et le jeux de la concurrence. M. Hichem MHIRI D.I.P._2020-2021 15 I.1.3.2- L’exception de l’ordre public
L’ordre public au sens du droit international privé
tunisien vise la défense des principes fondamentaux du droit du for. • Article 36 du code de DIP : « L’exception de l’ordre public ne peut être soulevée par le juge que lorsque les dispositions du droit étranger désigné s’opposent aux choix fondamentaux du système juridique tunisien ». NB : Dans le cas de l’exception de l’ordre public, la règle de conflit de lois n’est pas mise en cause, mais c’est la loi étrangère qui va être évincée dans ses dispositions contraires à l’ordre public au sens du droit international privé tunisien.
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Remarque : • Les lois de police et l’exception d’ordre public s’imposent même dans l’hypothèse d’absence de choix du droit applicable au fond par les parties.
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I.1.4- L’hypothèse de défaut de choix par les parties au contrat de commerce international
A défaut par les parties de désigner la loi applicable, en
application de l’article 62 (alinéa 2) du code de D.I.P., le contrat est régi par la loi de l'Etat du domicile de la partie dont l'obligation est déterminante pour la qualification du contrat, ou celle du lieu de son établissement, lorsque le contrat est conclu dans le cadre de son activité professionnelle ou commerciale.
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I.1.4- L’hypothèse de défaut de choix par les parties au contrat de commerce international • Le législateur tunisien n’a pas déterminé quelle est l’obligation déterminante pour la qualification du contrat. • L’article 117 de la loi suisse de droit international privé précise à ce titre que par prestation caractéristique ou obligation déterminante on entend : - La prestation de l’aliénateur, dans les contrats d’aliénation. (Exemple : la vente → L’obligation du vendeur : la délivrance) - La prestation du fournisseur de services dans les contrats de prestation de services.
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II- Droit applicable à la forme du contrat international • Art. 68 du Code de DIP : « Le contrat est valable quant à la forme s'il satisfait aux conditions déterminées par la loi applicable au contrat ou par celle du lieu de sa conclusion. La forme d'un contrat conclu entre personnes qui se trouvent dans des Etats différents, est valable si elle satisfait aux conditions fixées par le droit de l'un des ces Etats ».
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