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PARTIE II – LES DROITS SUBJECTIFS

• Les droits subjectifs sont des prérogatives que le droit objectif consacre au
profit des sujets de droit.

• Ces prérogatives peuvent être politiques, publiques ou civiles

• Il s’agit donc des facultés reconnues à une personne (le titulaire appelé
subjectum, d’où le terme droit subjectifs) de faire ou d’exiger quelque
chose, y compris par le recours à la justice, pour la satisfaction de ses
propres intérêts.

• Les droits subjectifs s’exercent :

 soit sur les personnes, Exemple : le droit de créance est une


prérogative détenue sur une personne

 soit sur les biens : Exemple: le droit de propriété est un droit que l’on
détient sur une chose.
• Le droit subjectif peut être opposable de manière absolue ou relative :

 Les droits absolus sont opposables à tous. On dit qu'ils s'appliquent erga
omnes.
• Exemple : le droit de propriété peut être défendu devant toute personne.

 Les droits relatifs s'appliquent à l'égard de personnes bien déterminées.

• Exemple : une partie à un contrat ne peut demander l’exécution qu’à son ou


ses cocontractants.

• Seront abordés dans cette partie du cours, les points suivants :

• Titre 1. La classification des droits subjectifs


• Titre 2. Les sources des droits subjectifs
• Titre 3. Les titulaires des droits subjectifs
• Titre 4. La preuve des droits subjectifs
TITRE 1 : LA CLASSIFICATION DES DROITS SUBJECTIFS

• Les droits subjectifs peuvent être regroupés suivant plusieurs


classifications :

• Les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux. Cette


première catégorisation est fondée sur le caractère pécuniaire ou
non du droit.

• Les droits réels, les droits personnels et les droits intellectuels.


Cette seconde classification repose sur l’objet sur lequel porte le
droit.

• Pour compléter ce tableau, une place sera faite à la classification


des choses sur lesquelles portent les droits subjectifs.
Chapitre 1 : Distinction Droits Patrimoniaux et Droits extrapatrimoniaux

• Il convient de présenter cette distinction avant d’aborder l’étude du


patrimoine.

• Section 1 : Présentation de la distinction Droits Patrimoniaux Droits


extrapatrimoniaux

• Dans la littérature juridique, les droits Patrimoniaux sont considérés


comme ceux qui font partie du patrimoine alors les droits
extrapatrimoniaux restent en dehors du patrimoine

• Dès lors, la distinction droits patrimoniaux et extrapatrimoniaux repose


sur un critère très simple.

• Il convient de l’exposer avant d’examiner la portée de cette distinction.


• § 1 : Le critère de la distinction

• Ce critère réside dans le caractère pécuniaire :


 les droits patrimoniaux sont caractérisés par leur signification économique. On dit qu’ils sont évaluables en argent.
• Exemple : Une créance ou le droit de propriété sont évaluables en argent

 A l’inverse, les droits extrapatrimoniaux ont une valeur purement morale.

• Exemple : le Droit au respect de la vie privée, le Droit à l’intégrité physique, les droits de l’homme etc.

• A . Les Droits Patrimoniaux



• Les droits patrimoniaux représentent un élément de richesses pour le titulaire. Ils sont dans le commerce juridique et
présentent les caractéristiques suivantes :

– Ils sont transmissibles. Cela signifie qu’ils peuvent être cédés soit à titre onéreux (Ex : dans le cadre d’une
vente) soit à titre gratuit (transmission par donation ou par succession).
– Ils sont saisissables. Cela veut dire que lorsqu’une personne ne paie pas ses dettes, ses créanciers pourront
saisir ses droits patrimoniaux, les faire vendre et se faire payer sur le produit de la vente.
– Ils sont prescriptibles. Cela signifie qu’ils peuvent être acquis ou au contraire perdus par l’écoulement d’un
certain temps.

• Exemple : le titulaire d’une créance de somme d’argent doit agir dans le temps qui lui est imparti par la loi pour se
faire payer. Passé ce délai, son action est prescrite. Ce délai est de 10 ans pour les dommages intérêts.
• B. Les Droits extrapatrimoniaux

• A la différence des droits patrimoniaux, les droits extrapatrimoniaux sont hors du


commerce juridique c’est-à-dire qu’ils sont intransmissibles, insaisissables et
imprescriptibles.

§ 2 : La portée de la Distinction

• La distinction droits patrimoniaux et droits extrapatrimoniaux a été critiquée. En effet


on lui reproche sa rigidité car la frontière entre les deux catégories de droits n’est pas
toujours nette. En effet, les droits extrapatrimoniaux peuvent avoir une incidence
pécuniaire.

• Exemple : Une atteinte à l’honneur peut donner lieu à une réparation en argent
sous forme de dommage intérêts.

• Sous cette réserve, la distinction droits patrimoniaux et droits extrapatrimoniaux


mérite d’être maintenue car c’est la classification la plus ancienne et la plus simple.

• Ceci étant précisé, il convient d’amorcer l’étude du patrimoine.


Section 2 : Le Patrimoine
• § 1 : La Nature du Patrimoine

• Techniquement le patrimoine est une universalité. C’est à dire l’ensemble des


droits et obligations à caractère pécuniaire d’une personne, c’est-à-dire l’actif et
le passif. L’Actif est la réunion des droits tandis que le Passif est l’ensemble des
dettes de la personne.
• Il en résulte deux conséquences :

 La première, c’est que les éléments de l’Actif et du Passif entretiennent des


rapports étroits dans la mesure où les éléments de l’actif répondent du passif. Il
découle de cette règle deux principaux intérêts.

• Le premier, c’est en matière de succession :

 les héritiers qui acceptent purement et simplement la succession seront tenus de


désintéresser tous les créanciers de la succession même si l’actif successoral est
inférieur au passif successoral.
• Le second intérêt est relatif à la situation des créanciers chirographaires
qui ont un droit de gage général sur l’ensemble des biens du débiteur.

• Ainsi, si le débiteur ne peut plus faire face à ses engagements, le créancier


pourra saisir n’importe quel bien figurant dans le patrimoine de ce dernier
et le vendre aux enchères pour se faire payer.

 La seconde conséquence de l’universalité du patrimoine réside dans la


subrogation réelle. Cela signifie que les différents biens qui composent le
patrimoine peuvent changer, mais l’universalité demeure. Autrement dit, le
patrimoine garde toujours sa nature même si un bien nouveau qui entre et
prend la place d’un bien qui en sort.

• Par exemple : un bien hypothéqué étant détruit, l’indemnité due par le


responsable ou versée par une compagnie d’assurance lui est substituée
et servira à payer le cas échéant les créanciers qui avaient hypothéqué ce
bien.
• § 2 : Les Caractères du Patrimoine

• Le patrimoine est lié à la personnalité juridique dont il est la projection économique. Cette règle
entraîne plusieurs conséquences.

• 1°) Seules les personnes ont un patrimoine. On n’admet pas l’existence d’un patrimoine sans une
personne qui lui serve de support. La personne c’est l’être juridique apte à avoir des droits et des
obligations.

• 2°) Toute personne a nécessairement un patrimoine même si elle ne possède rien ou si elle n’a
que des dettes. Même l’enfant qui vient de naître à un patrimoine. Le patrimoine est donc un
contenant. Les droits (l’actif) et les obligations (passif) en forment le contenu.

• 3°) Etant attaché à la personne, le patrimoine est intransmissible du vivant de son titulaire. Celui-
ci peut modifier seulement son patrimoine par exemple en vendant un bien.
• Faut-il donc conclure que le patrimoine disparaît au décès de son titulaire ? C’est difficile à
imaginer. Ainsi admet-on que l’héritier est le continuateur de la personne du défunt. C’est-à-dire
qu’en cas de décès l’héritier recueille l’actif et le passif du défunt.

• 4°) Une personne ne peut avoir qu’un seul patrimoine. C’est l’affirmation du principe de l’unité et
de l’indivisibilité du patrimoine dégagée par AUBRY et RAU deux juristes français. Ainsi une
personne qui isole dans son patrimoine une masse de biens ne crée pas un second patrimoine.
• Le caractère unitaire et indivisible du patrimoine a été critiqué pour diverses raisons :

 D’abord, il rend difficile la situation de l’héritier qui accepte la succession car il sera
obligé de payer les créanciers de la succession si l’Actif successoral est insuffisant.

• C’est pourquoi la loi a prévu des dérogations. Elle permet à l’héritier :

- soit d’accepter sous bénéfice d’inventaire. Dans ce cas, ils sont tenus jusqu’à
concurrence du montant de la succession. En clair les prétentions des créanciers ne
portent que sur l’actif successoral.

- soit Refuser la succession, auquel cas l’Etat devient successeur (succession vacante). A
noter que l’Etat est toujours successeur sous bénéfice d’inventaire.

- De même pour éviter que les créanciers de la succession ne soient concurrencés par
ceux de l’héritier qui accepte purement et simplement la succession, la loi leur permet
de demander l’application de la règle de la séparation des patrimoines. Cette règle
permet aux créanciers de la succession d’être payés en priorité sur l’actif de la
succession.
 Ensuite, la règle de l’unicité s’accorde
difficilement avec le développement des
affaires. Car la personne qui diversifie ses
activités ne sera pour autant à la tête de deux
patrimoines mais à la tête d’un seul
patrimoine.

-De ce fait, il ne pourra pas protéger une


partie de son patrimoine en la faisant
échapper à ses créanciers.
Chapitre 2 : La Classification des Droits Subjectifs Fondés sur leur Objet.

Section 1 : Les Droits Réels

• Le droit réel est un droit qui est directement exercé par une personne sur une chose. On distingue les
droits réels principaux et les droits réels accessoires ou de garantie.

• §1. Les droits réels principaux

• Ce sont ceux qui confèrent à leur titulaire une maîtrise de la chose. Ils tendent à l’utilisation directe de
la chose par le titulaire du droit mais ils diffèrent par leur étendue. Le droit de propriété est le plus
complet. Les autres droits réels qui sont de simples démembrements sont moins étendus.

• A. Le droit de propriété

• Il donne à son titulaire trois prérogatives :

– L’usus : c’est le droit d’user de la chose.

– Le fructus : le droit d’en percevoir les fruits ou les revenus.

– L’abusus : c’est le droit d’en disposer à son gré en la donnant, en la vendant ou en la détruisant.
A. Les démembrements de la propriété :

• Ils sont limitativement énumérés par la loi. On examinera ici les démembrements les plus importants
à savoir l’usufruit et la servitude.

– L’usufruit : il confère à son titulaire l’usus et le fructus c’est-à-dire le droit d’usage et le droit
d’exploiter le bien. L’abusus est conservé par le propriétaire. Ce dernier est appelé nu-
propriétaire.

• Exemple : Mme Ndiaye vend un immeuble à une commune. Mais il est convenu entre les parties
que Mme NDIAYE pourra habiter la maison et même la louer. Dans ce cas d’espèce, Mme NDIAYE
est usufruitière. En effet elle à deux prérogatives l’usus et le fructus. L’usus c’est le droit d’habiter la
maison, le fructus le droit de la louer c’est-à-dire le droit de percevoir les fruits.

• De son côté la commune est un nu-propriétaire. Elle est appelée ainsi car elle n’a que le droit de
disposer (l’abusus). L’usufruit est temporaire, généralement c’est un droit viager. Cela signifie qu’il
disparaît à la mort de l’usufruitier sauf si une durée plus brève a été prévue par les parties dans
leur contrat.

• Si on revient à notre exemple, à la mort de Mme NDIAYE sauf si les parties ont décidé de fixer une
durée plus brève dans leur contrat, la commune devient le propriétaire à part entière de la maison.
• Le droit de propriétaire est alors reconstitué.
– La Servitude : la servitude est une charge imposée à un immeuble au profit d’un
autre immeuble. L’immeuble qui supporte la servitude s’appelle le fonds servant.
L’immeuble qui en bénéficie s’appelle le fonds dominant. Ces deux immeubles ne
doivent pas appartenir au même propriétaire.

•L’origine des servitudes peut se trouver dans la loi.

 Exemple : les servitudes de passage pour les lignes électriques ou téléphoniques.

• A côté de ses servitudes légales, existe aussi des servitudes naturelles.

 Exemple : la servitude permettant au propriétaire d’un terrain enclavé de passer sur le


terrain d’autrui pour accéder à la voie publique.

• Les servitudes peuvent enfin être d’origine conventionnelle.

 Exemple : une servitude de ne pas construire au-delà d’une certaine hauteur.


• §2. Les droits réels accessoires ou de garantie

• Ce sont des garanties qui portent sur un bien du débiteur et qui sont conférés
aux créanciers. On les appelle aussi sûreté réelle. S’il s’agit d’un immeuble
c’est une hypothèque, s’il s’agit d’un meuble c’est un gage.

• A. L’hypothèque

• Il y’a hypothèque lorsque le débiteur consent en garantie à son créancier un


droit réel sur un immeuble. Il faut encore préciser que le constituant doit être
propriétaire de l’immeuble. On retiendra aussi que l’hypothèque doit être
inscrite au registre foncier faute de quoi elle ne sera pas efficace.

• Exemple : le propriétaire d’un immeuble a conféré une hypothèque à l’un de


ses créanciers qui a négligé de la publier au registre foncier, le propriétaire
vend ensuite l’immeuble faute de publication le tiers acquéreur a été dans
l’impossibilité d’être renseigné. L’hypothèque ne lui sera pas opposable c’est-
à-dire qu’elle sera dépourvue de tout effet.
• Le créancier bénéficiaire d’une hypothèque est appelé
créancier hypothécaire. Son hypothèque lui confère deux
prérogatives : le droit de suite et le droit de préférence :

 Le Droit de Suite : il permet au créancier hypothécaire de


reprendre le bien objet de son hypothèque en quelques
mains qu’il se trouve.

 Le Droit de Préférence : il permet au créancier


hypothécaire de se faire payer en priorité sur le prix de la
chose objet de son hypothèque. En cas d’insolvabilité du
débiteur, le créancier disposant d’une sûreté sera payé
avant le créancier chirographaire.
• B. Le Gage
• Il y’a gage lorsqu’un débiteur offre à son créancier une garantie reposant sur un bien
meuble. Pour que la garantie soit efficace, l’objet doit être remis au créancier ou à un tiers
neutre. Faute de paiement à l’échéance le créancier gagiste peut se faire autoriser la vente de
la chose et se faire payer en priorité sur le prix. Lorsque le bien meuble est incorporel, on
parle d nantissement. Tel est le cas lorsque le fonds de commerce est donné en garanti.

• §3. Les Caractères des Droits Réels :

 Ils sont limitativement énumérés par la loi (la loi dresse la liste des droits réels)

 Ils sont opposables à tous. A travers l’opposabilité on veut montrer la force absolue des
droits réels. Il faut cependant préciser que certains droits réels ne sont efficaces que si les
formalités de publicité prescrites par la loi sont respectées.

• Exemple : le propriétaire d’un immeuble, l’hypothèque portant sur un immeuble ne sont


opposables au tiers qu’à partir du moment où la publicité a été effectuée au registre
foncier.
 Ils confèrent à leurs titulaires une position privilégiée car ils comportent un droit de suite et
un droit de préférence.
• Section 2 : Les Droits Personnels
• §2. Définition

• Le droit personnel est le rapport juridique entre deux ou plusieurs personnes dont l’une le créancier a le droit
d’exiger d’une autre le débiteur une prestation dont l’objet est varié. Il peut s’agir d’une somme d’argent, d’une
marchandise, d’un travail ou d’une abstention.

• Les obligations se divisent en trois grandes catégories :

 L’obligation de donner

• C’est l’obligation par laquelle le débiteur s’engage à transférer au créancier un droit réel sur une chose lui appartenant.

• Exemple : l’obligation assumée par le vendeur de transférer la propriété de la chose vendue à l’acheteur.

 L’obligation de faire

• C’est l’obligation par laquelle le débiteur s’engage à accomplir un fait.

• Exemple : l’obligation du peintre qui s’engage à faire un tableau.


 L’obligation de ne pas faire.

• C’est l’obligation par laquelle le débiteur s’engage à une abstention.

• Exemple : un vendeur d’un fonds de commerce s’engage à l’égard de l’acheteur à ne pas ouvrir dans la même ville un
établissement semblable à celui qu’il a cédé.
• §2 Les Caractères

 Les droits personnels sont innombrables.

• Ils peuvent trouver leurs sources dans la volonté individuelle. Exemple : contrat de bail,
contrat de prêt.
• Ils peuvent aussi trouver leurs sources dans la loi. Exemple : la responsabilité civile
obligeant l’auteur d’un dommage à le réparer en indemnisant la victime.

 Ils ne confèrent à leurs titulaires aucun privilège particulier.

• Le créancier titulaire d’un droit personnel s’appelle créancier chirographaire. La seule


garantie dont il dispose est le patrimoine de son débiteur le jour de la saisie. C’est ce
qu’on appelle le droit de gage général des créanciers.

Il faut préciser que la saisie ne peut être autorisée que si le débiteur ne peut plus faire
face à ses engagements. Les créanciers chirographaires qui n’ont ni le droit de suite, ni le
droit de préférence sont payés soit au marc le franc c’est-à-dire proportionnellement au
montant de leurs créances, soit au prix de la course c’est-à-dire le premier arrivé devant
le débiteur sera payé intégralement.
 Ils ont un effet relatif c’est-à-dire que le lien de droit n’existe
qu’entre le créancier et son débiteur. De façon plus claire le
droit de créance ne peut s’exercer que contre le débiteur et
lui seul.

• Exemple : dans le bail, le propriétaire des lieux est


créancier car il exige pour la jouissance des locaux le
paiement d’un loyer. Le locataire lui est le débiteur.

• Autre exemple : le contrat de prêt crée un lien d’obligation


entre le prêteur et l’emprunteur. Le prêteur est le créancier
il peut exiger de l’emprunteur, le remboursement de la
somme prêtée. L’emprunteur contre qui l’action est dirigée
est le débiteur.
• Section 3 : Les Droits Intellectuels

• Ce sont des droits qui portent sur une œuvre de l’esprit. A titre d’exemple on peut citer le droit
d’auteur reconnu à un écrivain sur son œuvre.

• Les droits intellectuels ont trois caractères :

 §1. Ils ne portent ni sur une chose palpable ni sur une personne mais sur une chose immatérielle.

 §2. Ils sont opposables à tous c’est-à-dire ils confèrent à leurs titulaires un monopole d’exploitation
proche du droit réel. C’est ce monopole d’exploitation qui permet de qualifier les droits intellectuels
de propriété incorporelle. C’est ainsi qu’on parle de propriété artistique pour désigner les droits de
l’artiste sur son œuvre, de propriété industrielle pour désigner les droits de l’inventeur sur son
invention, de propriété littéraire pour désigner les droits de l’écrivain sur son œuvre.

 §3. Ils confèrent à leurs titulaires deux prérogatives :

- Un droit patrimonial ou d’exploitation exclusive. Ce droit permet à son titulaire de recevoir une
rémunération chaque fois que l’œuvre est reproduite ou représentée.

- Un droit moral. Ce droit permet au titulaire d’une œuvre de la défendre, de la modifier, de la


détruire ou de refuser de la divulguer.
Chapitre 3 : La classification des choses sur lesquelles portent les droits
subjectifs.
• Le patrimoine est composé d’un certain nombre de choses qui ne seraient rien sans les droits que nous
pouvons exercer sur elle. Ces choses prennent le nom de biens en raison des avantages qu’elles procurent à
l’homme.
• On peut envisager plusieurs classifications :

• Section 1. Les Biens Corporels

• Ils ont une existence matérielle c’est-à-dire qu’ils sont perceptibles par les sens. Exemple : une maison, de
l’argent, un animal.

• §1. La classification tirée de l’appropriation des choses.

• En principe toute chose a un propriétaire. Il existe cependant des choses qui ne sont pas appropriées. Cette
catégorie exceptionnelle de chose concerne les choses communes, les biens du domaine public et les biens
sans maîtres.

• A. Les choses communes :

• Ce sont des choses qui n’appartiennent à personne. Leur usage est commun à tous. Exemple : on peut citer la
lumière, l’air que nous respirons.
• B. Les biens du domaine public :
• Ils sont affectés à la collectivité et ne sont pas susceptibles de propriété privée. Exemple: les rues, les écoles publiques.

• C. Les biens sans maîtres :


• Ce sont des biens qui n’appartiennent à personne. Il en va ainsi pour les choses abandonnées. Ils peuvent être à nouveau l’objet de
propriété privée par le fait de l’occupation.

• §2. Les choses consomptibles et les choses non consomptibles

• A. Les choses consomptibles :


• Ce sont des choses qui disparaissent nécessairement dès qu’on les utilise Exemple : les denrées, les billets de banque, les pièces de
monnaie

• B. les choses non consomptibles :


• Elles ne disparaissent pas dès qu’on s’en sert. Elles peuvent faire l’objet d’un usage prolongé. En clair elles ne perdent leurs valeurs que
de façon progressive. Exemple : un téléviseur, une maison, des vêtements.

• §3. Les choses fongibles et les choses non fongibles.

 Une chose fongible est une chose qui peut être remplacée par une autre. On l’appelle également chose de genre. Lorsque la chose due
est une chose fongible, le débiteur se libère en livrant une chose semblable. Exemple : 10 pièces de 100 à la place d’un billet de 1 000 F.

 Une chose non fongible ou corps certain est une chose qui ne peut être remplacée par une autre chose. On peut donc dire que la chose
non fongible a une individualité propre

• Exemple : un tableau d’un grand peintre. Lorsque le contrat porte sur un corps certain, le débiteur est obligé de remettre au créancier
cette chose précisément et non autre chose.

• §4. Les Biens Incorporels :

• Ce sont des biens qui n’ont pas d’existence matérielle. On ne peut pas les toucher. Exemple : Le fonds de commerce
Section 2 : Les Meubles et les Immeubles

• Pour la loi les biens sont immeubles ou meubles.

§1. Les Immeubles

• Les biens sont immeubles par leur nature ou par leur destination ou par l’objet
auquel ils s’appliquent.

• 1°/ Les Immeubles par nature

• Ce sont des choses qui ne peuvent ni se déplacer ni être déplacées. Cette


définition vise le sol et tout ce qui adhère au sol.

• Exemple : une maison, un terrain, un arbre, un pont, un barrage.

• Mais un bâtiment simplement posé sur le sol n’est pas un immeuble. Exemple :
un mobile home
• 2°/ Les immeubles par destination

• Ce sont des biens meubles qui sont considérés comme immeubles par destination parce qu’ils constituent l’accessoire d’un
immeuble par nature.

• Les conditions de l’immobilisation par destination


• Pour qu’un meuble devienne immeuble par destination il faut 3 conditions :

 1ère / le meuble et l’immeuble doivent appartenir au même propriétaire.


 2ème / le propriétaire de l’immeuble par nature doit avoir la volonté de créer un lien entre le meuble et l’immeuble.
 3ème / le meuble doit être destiné à l’immeuble.

• Si l’une de ces conditions cesse l’immeuble par destination redevient meuble.

• Les catégories d’immeubles par destination

• Il existe deux catégories d’immeubles par destination

• 1/ La destination à l’exploitation d’un fonds

• Ce sont des biens meubles qui ne doivent pas être destinés à l’usage personnel du propriétaire de l’immeuble.
• Exemple : les tracteurs, les animaux attachés à la culture sont considérés comme des immeubles par destination.
• Sont encore considérés comme immeubles par destination les outils accessoires à l’exploitation artisanale (les rabots, les scies pour
une menuiserie).

• 2/ Les choses attachées à l’immeuble à perpétuelle demeure


• Ce sont des choses qui ne peuvent être détachées de l’immeuble sans être elles- mêmes détériorées ou sans briser ou détériorer la
partie de l’immeuble sur laquelle elles sont fixées.

• Exemple : les glaces, les placards scellés dans un appartement.


• Quels sont les effets de l’immeuble par destination ?

• En principe les immeubles par destination sont solidaires de l’immeuble auquel ils sont
attachés.

• Ils subissent le même sort:

 Ainsi en cas de vente de l’immeuble par nature la délivrance portera également sur les
immeubles par destination.

 De même les créanciers sont en droit de saisir l’immeuble en même temps que l’immeuble
par destination.

• Il existe cependant des hypothèses où l’immeuble par destination garde toujours sa nature
mobilière.
• Exemple : Il en va ainsi en matière d’hypothèque cette garantie ne peut porter sur un
immeuble par destination.

• Autre exemple : l’immeuble par destination redevient meuble et est traité comme tel dès que
l’affectation cesse. C’est le cas lorsque le propriétaire le vend séparément. C’est encore le cas
lorsqu’un voleur s’en empare.
• 3/ Les Immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent

• Ce sont les droits qui portent sur les immeubles. Exemple :


l’hypothèque, l’usufruit, la servitude.

• On peut encore citer les actions en justice tendant à faire recouvrer


la propriété d’un immeuble (action en annulation de la vente d’un
immeuble par exemple).

• On retiendra que le droit de propriété qui porte sur un immeuble


n’est pas un immeuble par l’objet auquel il s’applique mais
simplement un immeuble.

• Cette solution est fondée sur le fait que le droit de propriété se


confond avec son objet.
§2. Les Meubles
• Les biens sont meubles par leur nature, par détermination de la loi ou par anticipation.

• 1°/ Les meubles par nature

• Ce sont des choses susceptibles de déplacement.


• Exemple : les animaux, les meubles meublant placés dans un local d’habitation ou
professionnel, les livres, l’argent etc.…

• 2°/ Les meubles par détermination de la loi


• Ce sont des meubles incorporels. Entre dans cette catégorie, les droits intellectuels ou les
droits réels portant sur des meubles (Exemple : droit d’usage, l’usufruit, le gage) les droits
de créances, les valeurs mobilières (les titres d’une société)

• 3°/ Les meubles par anticipation

• Il arrive qu’un immeuble devienne meuble avant qu’il ne soit séparé du sol par
anticipation.
• Exemple : la vente de récolte sur pied, la vente des matériaux, d’une maison à démolir
sont traitées comme des ventes mobilières par anticipation.
C. Les intérêts de la distinction meubles/immeubles

• Ils portent sur la publicité, la possession, et la compétence judiciaire.

• 1°/ La publicité :

• Tous les actes portant sur les immeubles sont soumis aux règles de la
publicité foncière. Faute de quoi ils ne sont pas opposables aux tiers.

• Exemple : dans une vente immobilière le transfert de priorité n’a


lieu qu’à compter du jour de la publication de l’acte sur le registre
foncier. Si cette formalité est respectée, les tiers ne peuvent plus
ignorer la mutation.

• Pour les biens meubles, la loi n’a organisé aucune publicité. Cela se
comprend car le bien meuble est un bien que l’on peut déplacer.
• 2°/ La Possession :

• C’est un état de fait qui consiste à se comporter comme si on était propriétaire


de la chose.

• La possession comporte deux éléments :

 Un élément matériel qui consiste dans la détention exclusive de la chose (le


corpus)
 un élément intentionnel : c’est l’intention d’agir comme un propriétaire
(l’animus).

• Il existe une différence entre le possesseur et le détenteur :

 Le détenteur a l’élément matériel de la possession mais il n’a pas l’élément


intentionnel. Il détient en principe en vertu d’un contrat qui implique la remise
de la chose au véritable propriétair (c’est le cas de l’emprunteur, du dépositaire).
• Pour être valable, la possession doit présenter 4 caractères. Elle doit être continue,
paisible, publique et non équivoque.

• La possession est continue lorsque le possesseur utilise la chose aussi fréquemment que
la nature de celle-ci l’exige.
• Exemple : le possesseur d’une camionnette l’utilise régulièrement chaque fois qu’il doit
faire une livraison.

• La possession est publique lorsqu’elle se manifeste par des actes ostensibles. Si au


• contraire le possesseur dissimule la chose, la possession est clandestine.
• Exemple : le dépositaire d’un tableau de maître qui le conserve en cachette ne peut
invoquer la possession à son profit.

• La possession est non équivoque lorsque les actes matériels accomplis sur la chose ne
sont pas ambigus quant à son intention de se comporter comme le véritable propriétaire.

• Exemple : le domestique d’une personne décédée a entre les mains des objets ayant
appartenu à celle-ci. Il y’a ici un doute, car ou bien le défunt les lui a donnés, ou bien il
les lui a remis en dépôts. Cette possession est donc équivoque.
• Lorsque les caractères ainsi examinés sont réunis, on dit que la possession est utile
et qu’elle est susceptible de produire des effets juridiques. Ces effets sont plus ou
moins importants selon qu’on est en présence d’un immeuble ou d’un meuble.

 En matière immobilière l’existence de la publicité permet de limiter les effets de la


possession. Ainsi le fait de se comporter comme propriétaire d’un immeuble,
n’en fait pas acquérir la propriété. Seule la personne dont le droit est inscrit au
registre foncier est considérée juridiquement comme le véritable propriétaire.

 Au contraire en matière mobilière le possesseur est considéré comme propriétaire


à condition toutefois qu’il soit de bonne foi.
• Exemple : un individu achète un bien meuble mais il ne savait pas que le vendeur
n’était pas propriétaire. Cet individu est un possesseur de bonne foi et il est
considéré comme propriétaire du bien qu’il a acheté. C’est l’application de la
règle « en fait de meuble possession vaut titre ».

• Pour bien comprendre cette règle, il convient de voir les meubles et les
hypothèses concernés.
• - Les meubles soumis à la règle

• En principe la loi ne vise que les meubles corporels c’est-à-dire les meubles dont la
transmissions s’effectue de la main à la main et sans écrit.

• Il faut donc exclure les meubles incorporels comme les créances, propriété
littéraire et artistique.

• Mais, il existe des meubles incorporels soumis à la règle.

• Exemple : les billets de banque, les titres d’une société car la créance est ici
incorporée au titre.

• Il existe aussi des meubles corporels qui échappent à la règle, à savoir les meubles
relevant du domaine public.

• Exemple : les tableaux de musée. Rentrent encore dans ce cadre, certains


meubles comme les navires et les aéronefs.
• - Les hypothèses visées par la loi

• 1ère hypothèse : la chose n’a été ni perdue ni volée. Lorsque le propriétaire se dessaisit volontairement du
meuble en le confiant à une autre personne un locataire, un dépositaire, un emprunteur par exemple et si
cette personne trompant la confiance du propriétaire aliène le meuble et le remet à une personne de bonne
foi celle-ci devient automatiquement propriétaire. En pareil cas, la revendication est impossible.

• 2ème hypothèse : la chose a été perdue ou volée. C’est l’hypothèse où le propriétaire est dessaisi
involontairement. Dans ce cas la revendication est possible dans un délai de 3 ans contre l’acquéreur de bonne
foi à compter du jour de la perte ou du vol.
• Si l’action en revendication du véritable propriétaire aboutit, le possesseur de bonne foi devra restituer la
chose au propriétaire sans les fruits de la chose.

• Les fruits sont les biens accessoires donnés par une chose de manière périodique et sans en altérer la
substance.

• Les fruits sont naturels, industriels ou civils:

 Sont des fruits naturels, les fruits que la chose donne directement (ils sont produits spontanément sans le
travail de l’homme). Exemple : un cerisier donne des fruits naturels (des cerises).

 Les fruits industriels sont ceux qui sont produits à l’aide du travail de l’homme. Exemple : les fruits des arbres
cultivés
• Les fruits civils sont les revenus que la chose produit périodiquement. Exemple : un immeuble loué rapporte
des fruits civils (les loyers)
• Aux fruits on oppose les produits. Les produits sont fournis par les choses de manière non
périodique et ils en diminuent de plus en plus la substance. Exemple : les pierres extraites
d’une carrière. Une coupe d’arbres dans une forêt.

• Cette faveur accordée au possesseur de bonne foi s’explique par cette idée que le
possesseur qui croît être le propriétaire de la chose en consomme les fruits. Si donc on
l’obligeait à les rendre à celui qui fait postérieurement reconnaître son droit on risquerait de
provoquer sa ruine. Car la restitution de plusieurs années de revenus peut atteindre un
montant très important. Il faut retenir que le possesseur évincé pourra réclamer au
revendiquant les dépenses supportées pour la conservation de la chose vendue.

• 3ème hypothèse : La chose volée ou perdue est acquise dans le commerce ou à une vente
publique. Exemple : marché, foire.

• La revendication est possible dans un délai de 3 ans si le possesseur est de bonne foi.
L’acheteur peut exiger du propriétaire le remboursement du prix qu’il a payé. En effet rien
ne pouvait lui laisser supposer qu’il s’agit d’une chose volée ou perdue. Il est donc
équitable que le propriétaire soit obligé de lui rembourser le prix.
• Le possesseur de bonne foi peut refuser de restituer la chose tant que le prix ne lui ait pas
remboursé. On dit qu’il a le droit de rétention. Comme dans la seconde hypothèse le
possesseur de bonne foi conserve les fruits de la chose.
• Dans toutes ces hypothèses que nous venons d’étudier une différence apparaît entre le
possesseur de bonne foi et le possesseur de mauvaise foi.

- Le possesseur de bonne foi (le cas où la chose a été perdue ou volée) accède à la propriété si
le propriétaire n’agit pas en revendication dans un délai de 3 ans.

- Contre le possesseur de mauvaise foi l’action en revendication est possible dans un délai de
10 ans.
- On retiendra que dans le cas où le possesseur de mauvaise foi a acheté une chose perdue ou
volée dans le commerce ou dans une vente publique il ne pourra pas prétendre au
remboursement du prix qu’il a payé. Il est également tenu de restituer la chose et les fruits.

• 3°/ La compétence judiciaire :

- Les litiges concernant les immeubles sont portés directement devant le tribunal de leur lieu
de situation.

- Cette règle ne joue pas pour les meubles qui sont par nature déplaçables. Pour les meubles il
faut appliquer les règles du droit commun, c’est-à-dire porter le litige devant le tribunal du
domicile ou de la résidence du défendeur.
Titre 2. Les sources des droits subjectifs

• Il y a deux catégories de sources des droits subjectifs : les actes juridique et


les faits juridiques. Le critère de distinction entre ces deux sources réside
dans le rôle joué ou non par la volonté de la personne dans la naissance
des droits subjectifs.

• Chapitre 1. L’acte juridique

• L’acte juridique peut être défini comme une manifestation de volonté


accompli en vue de produire des effets de droit. Ici l’acte et ses effets sont
voulus par l’auteur.

• On distingue en général le negotium qui est le fond, c’est à dire l’acte lui-
même et l’instrumentum qui est le document écrit en vue de constater un
acte juridique. Seul le premier nous intéresse ici.
• Section 1. Typologie des actes juridiques

• Il existe plusieurs classifications des actes juridiques.

• §1- Actes unilatéraux, conventions et actes collectifs

 L’acte unilatéral est un acte juridique résultant de la manifestation


de volonté d’une seule personne sans que l’accord d’une autre
personne ne soit nécessaire. Exemple: testament, reconnaissance
d’enfant naturel).

• NB : L’acte unilatéral doit être distingué du contrat unilatéral qui est


un accord de volonté qui ne met des obligations qu’à la charge
d’une des parties Exemple : donation, l’accord du donataire est
nécessaire pour que la donation soit valable).
 Une convention ou contrat est un acte juridique qui repose sur un accord de volontés de deux ou
plusieurs personnes (contrat de vente, contrat de bail).

• On distingue plusieurs sortes de contrats :

• contrat synallagmatique/contrat unilatéral :

 Le contre est synallagmatique est celui qui comporte des obligations réciproques à la charge des
parties contractantes. Exemple : le contrat de vente.

 le contrat unilatéral est le contrat dans lequel une seule partie est tenue d’obligations. Exemple :
le contrat de dépôt où seul le dépositaire est tenu de restituer ce qu’il a reçu en dépôt.

• contrat consensuel/contrat solennel :

 Le contrat est consensuel lorsqu’il se forme dès le seul échange de consentements, sans qu’il soit
besoin de respecter une formalité particulière. Le simple échange de consentements suffit pour la
validité du contrat.
 A l’inverse, le contrat est solennel lorsque sa validité nécessite l’accomplissement d’une formalité
particulière, une formalité solennelle. On dit qu’il s’agit d’une formalité requise ad validitatem ou
ad solemnitatem. Par exemple : toute transaction immobilière doit faire l’objet d’un acte notarié
à peine de nullité.
• contrat conclu à titre onéreux/contrat conclu à titre gratuit :
 le contrat conclu à titre onéreux est le contrat dans lequel chaque partie
reçoit de l'autre un avantage en contrepartie de celui qu'elle procure.

 le contrat conclu à titre gratuit est celui par lequel une des parties fournit
une prestation sans rien recevoir en retour. C’est un acte de bienfaisance

• contrat commutatif/contrat aléatoire :


 le contrat commutatif est celui dans lequel chacune des parties, dès la
conclusion du contrat, peut apprécier le montant de sa prestation et
l’avantage que le contrat lui procure.

 le contrat aléatoire est celui dans lequel l’appréciation de l’avantage


procuré par le contrat est subordonnée à un aléa, c’est-à-dire un
événement incertain, de réalisation hypothétique, qui peut se réaliser ou
non. Par exemple le contrat d’assurance.
• contrat à exécution instantané/contrat à exécution successive :

 le contrat à exécution instantané c’est celui qui s’exécute en un trait de temps, en une seule prestation.
Généralement, la conclusion et l’exécution sont concomitantes, elles se font en même temps.

 Le contrat à exécution successive est le contrat dont l’exécution s’échelonne dans le temps. Par exemple, le
contrat de bail.

• Le contrat conclu intuitu personae est celui conclu en considération de la personne.


• Exemple : le contrat de travail.

• contrat de gré à gré/contrat d’adhésion :

 le contrat de gré à gré est le contrat dans lequel les parties discutent chaque élément du contrat jusqu’à
convenir d’un accord.
 le contrat d’adhésion est le contrat généralement pré-rédigé par la partie la plus puissante économiquement
et qui ne laisse à l’autre partie aucune possibilité de négociation, celle-ci ne fait qu’y adhérer ou ne pas
conclure. Par exemple, le contrat d’abonnement à la SONATEL.

• contrat à durée déterminée/contrat à durée indéterminée :

 le contrat à durée déterminée est celui assorti de terme, d’une échéance fixée à l’avance. Par exemple un
contrat de trois mois.
 Le contrat à durée indéterminée est celui dont le terme n’est pas déterminé.
• les contrats nommés/contrats innommés :

• les contrats nommés sont ceux qui ont fait l’objet d’une réglementation dans la loi
et qui ont été expressément nommés (vente, bail, dépôt, mandat, etc.).

• les contrats innommés sont des contrats qui n’ont pas fait l’objet d’une
réglementation. Mais, cela ne signifie pas pour autant que les contrats innommés
ne sont pas soumis au droit. Ce sont des contrats peut être sans loi, mais qui sont
assujettis au droit des obligations.

 L'acte collectif est l’acte par lequel se manifestent les volontés d’un ensemble de
personnes unies par une communauté d’intérêts ou impliquées par une action
commune. Ex : délibération d’une assemblée parlementaire, d’associés, de
copropriétaires.

• Il existe aussi des contrats collectifs passés entre quelques personnes, mais dont
les clauses sont, à certaines conditions, obligatoire pour un ou plusieurs ensembles
d’autres personnes. Ex : conventions collectives.
• §2- Actes conservatoires, actes d’administration et actes de disposition

 Un acte conservatoire ou de conservation est un acte ayant pour objet de sauvegarder un


droit ou d’éviter la perte d’un bien.

• Exemple : contrat de réparation conclu pour réparer un bien qui est en train de se
détériorer

 Un acte d’administration est un acte ayant pour but la gestion normale d’un patrimoine en
conservant sa valeur et en le faisant fructifier.

 Exemple : Contrat de location puisque le but est de percevoir des loyers qui viennent faire
fructifier le bien.

 Un acte de disposition est un acte juridique comportant transmission d’un droit réel ou
souscription d’un engagement juridique et ayant pour effet de diminuer la valeur du
patrimoine. C’est le plus grave des actes juridiques car son effet est d’entamer le
patrimoine, le diminuer, faire sortir un bien du patrimoine. Exemple la vente.

• Plus un acte est grave plus la loi vient protéger l’auteur de l’acte. C’est pour ça que les
personnes incapables n’ont pas le droit de passer seul des actes de disposition.
• §3- Actes à titre onéreux et actes à titre gratuit

 Un acte à titre gratuit est un acte juridique par lequel une personne
s’oblige ou dispose d’un droit avec une intention généreuse ou de
bienveillance sans contrepartie. Ex : Donation, legs, remise de dette.

 Un acte à titre onéreux implique un avantage pécuniaire qui compense un


sacrifice ; il est inspiré par une idée d’échange. Exemple : vente, louage.

• §4. Acte entre vifs et Acte à cause de mort

 Un acte entre vifs est celui passé entre personnes vivantes et produit ses
effets du vivant de son auteur.
 Un acte à cause de mort est un acte dont les effets se produisent après la
mort de son auteur. Ex : le testament.
• §5. Actes constitutifs, actes déclaratifs, actes translatifs, actes abdicatifs

 Actes constitutifs. Ce sont les actes qui ont pour objet de créer des
droits et des obligations. Exemple type: le contrat.

 Actes déclaratifs. Ils constatent officiellement un droit ou une situation


préexistante. Exemple : la reconnaissance d’un enfant. Cette
reconnaissance vient déclarer le lien de filiation entre un homme et un
enfant.

 Actes translatifs. Ils ont pour objet le transfert d’une personne à une
autre de droits préexistants. Exemple : la donation, la vente.

 Actes abdicatifs. Ils ont pour objet la renonciation à un droit ou à une


situation juridique préexistante. L’auteur du doit va décider de ne plus
sans prévaloir. Exemple : La renonciation à la succession.
Section 2. Conditions de formation

• La formation d’un acte juridique obéit à des conditions de fond et de forme.

• § 1. Conditions de fond
• Elles sont au nombre de 4 (consentement, capacité, objet et la cause).

• A- Le consentement
• L’acte juridique repose sur une manifestation de volonté. A cet égard la loi précise
que le consentement doit émaner d’une personne jouissant de toutes ses
facultés mentales. Le consentement n’existe donc pas s’il émane d’un dément ou
d’une personne en état d’ivresse totale.

• Le consentement peut être exprimé par le cocontractant ou l’auteur de l’acte lui-


même ou par un représentant.

• Le consentement doit être libre et éclairé et ne laisser aucun doute sur l'intention
de son auteur de s’engager. En clair, il doit être exempt de vices.
• On distingue 3 vices du consentement, l’erreur, la violence et le dol.

 La violence est une contrainte physique ou morale exercée sur une personne en vue de
l’amener à donner son consentement. La menace peut atteindre le contractant, sur ses proches
ou ses biens. Elle peut être exercée par le cocontractant ou un tiers. Exemple : une menace de
mort, un chantage ou une menace d’enlever le fils d’un individu en vue de le pousser à
contracter.

• L’annulation de l’acte juridique pour violence est subordonnée à deux conditions :

• Premièrement : il faut que la violence ait bien déterminé la victime à contracter. Cette
condition s’apprécie en fonction de la gravité des menaces mais aussi des capacités de
résistance personnelle de la victime consentante c’est-à-dire de son âge, de son sexe de sa
condition sociale.

• Deuxièmement : il faut que la violence ait été illégitime c’est-à-dire injuste. Il en va ainsi
lorsque l’auteur de la violence a utilisé la force pour pousser son contractant à passer le
contrat.

• En revanche il est communément admis que la menace de faire un procès n’est pas une
violence et ne peut en principe motiver l’annulation de la convention qui en est la suite car ce
n’est que l’exercice d’un droit.
• Exemple : le débiteur ne peut invoquer l’existence d’une violence si son créancier le
menace de poursuites et pour éviter une telle procédure il lui remet une reconnaissance
de dettes pour une somme d’argent qu’il lui doit effectivement.

• La violence devient cependant illégitime lorsque celui qui menace son débiteur de procès
cherche à lui extorquer des engagements excessifs.

• Exemple : obliger celui qui a volé dans un commerce à signer une reconnaissance de
dettes démesurée sous menace d’un procès revient à exercer sur lui une violence
illégitime.

• La menace est également légitime et il n’y a pas de violence au sens de la loi lorsqu’elle
résulte de l’autorité des parents ou ascendants.

• Cette forme de menace visée sous l’appellation de crainte révérencielle ne peut entraîner
la nullité du contrat.

• Exemple : celui qui passe un contrat par simple crainte de ses parents ne peut en
demander la nullité car l’autorité des parents est un droit et elle est présumée utile à
ceux qui la subissent.
 l’erreur est une fausse représentation de la réalité. C’est le fait de se tromper sur un élément
essentiel de l’engagement souscrit. L’erreur peut porter sur la personne. Mais dans ce cas, elle n’a
d’effet que dans les contrats en considération de la personne.

• Exemple : il y a erreur si je crois m’adresser pour la construction de ma maison à Mr X architecte


célèbre alors que la personne que j’ai contactée n’est rien d’autre que Mr X un architecte
inconnu.

• L’erreur peut aussi porter sur les qualités substantielles d’une chose c’est-à-dire une qualité de la
chose en l’absence de laquelle la victime n’aurait jamais donné son consentement.

• Exemple : l’acheteur croît acheter de l’or alors qu’il est en du plaqué.

• La preuve de l’erreur est à la charge de la personne qui prétend que son consentement a été vicié.
Cette preuve est souvent difficile. Il ne lui suffit pas en effet de prouver que son consentement a
été déterminé par une certaine croyance et que celle-ci était contraire à la réalité. Il lui faut
encore établir que son co-contractant connaissait le caractère essentiel de l’élément sur lequel
porte l’erreur.

• Exemple : si l’acquéreur d’un objet d’antiquité accepte de payer un prix très élevé on pourra en
déduire qu’il croyait acheter un objet authentique et que le vendeur devait le comprendre.
 Le dol, c’est le fait d’avoir été trompé. C’est l’erreur provoquée par les manœuvres
une personne qui a intentionnellement cherché à tromper une autre dans le but de
l’amener à donner son consentement.

 Le dol peut aussi être constitué par le silence gardé sur un élément essentiel de la
chose ou de la personne. On parle alors de réticence dolosive. Exemple : le dol par
réticence peut être retenu à l’encontre d’un vendeur d’immeuble ayant dissimulé à
l’acheteur l’installation prochaine d’une porcherie à proximité du bien vendu.

 Le Dol suppose deux éléments :

• Un élément intentionnel : C’est l’intention de tromper


• Un élément matériel : Les manœuvres, les déclarations mensongères ou le
silence.
• EX: un individu achète un véhicule dont le compteur a été truqué. Son vendeur
en agissant ainsi l’a trompé. Il a voulu par son comportement lui faire croire que
la voiture qu’il a achetée n’est pas vieille. Si le jeu de ce vendeur est découvert,
l’acheteur pourra agir en nullité.
• B- L’objet

• C’est ce sur quoi porte l’opération juridique envisagée par les parties. Il peut varier à l'infini. La seule limite est
le respect de l'ordre public et des bonnes mœurs.

• Par exemple dans le contrat de vente : l’objet du contrat est la chose vendue

• L’objet doit être :

 réel. Il doit avoir une existence certaine même s’il peut porter sur une chose future. Par exemple : une
récolte.

 possible c’est-à-dire réalisable. Exemple : la vente d’une chose imaginaire est nulle.

 déterminé (Il doit être défini de manière précise) ou déterminable (Il doit exister des critères précis qui
permettront le moment venu de le déterminer.

 licite, il doit respecter l’ordre public et les bonnes mœurs.

- S’il s’agit d’une chose, elle doit être dans le commerce juridique.
Exemple : une vente ne peut porter sur un être humain ou sur de la drogue.

- S’il réside dans une obligation de faire, elle ne doit pas être prohibée par la loi.
Exemple : on ne peut pas s’engager par contrat à voler ou à tuer.
• C- La cause
• La cause est le but poursuivi par la personne qui s’engage. Le motif qui a
poussé à accomplir l’opération juridique.

• La cause doit exister et être licite.

• On distingue deux sortes de causes.

 la cause objective (appelée aussi cause proche ou abstraite) qui reste la même
pour tous les contrats de même catégorie. Par exemple : l’intention libérale
dans tous les contrats conclus à titre gratuit. Pour vérifier l’existence de la
cause, le juge utilise cette cause objective.

 la cause subjective (cause lointaine ou concrète) qui est le motif qui conduit la
personne à s’engager. Elle sert à apprécier la licéité de la cause. Exemple :
Achat d’un terrain (cause du contrat licite) pour la culture de chanvre indien
(cause illicite).
• D- La capacité juridique

• Pour passer un acte juridique, les personnes doivent avoir la capacité juridique.

• Il existe deux types de capacité :

 Capacité de jouissance – C’est l’aptitude à être titulaire de droits. Toute personne a la capacité
de jouissance car toute personne est apte à acquérir et à jouir de droit subjectif.

 Capacité d'exercice – C’est l’aptitude à exercer ses droits.

• Certaines personnes ne peuvent pas à elles seules exercer les droits dont elles sont titulaires. On
dit que ces personnes sont frappées d’incapacité d’exercice. Cette incapacité vise à protéger ces
personnes contre leur inexpérience ou la défaillance de leurs facultés intellectuelles : il s’agit des
mineurs non émancipés( Pour rappel, en droit sénégalais, l’émancipation ne peut résulter que
du mariage ) et les majeurs en curatelle ou en tutelle.

• Concernant, les personnes morales, leur capacité est limitée à leur objet social c’est-à-dire à leur
activité du fait du principe de spécialité.
• §2. Conditions de forme

• Le principe en droit sénégalais est celui du consensualisme. Il signifie que la validité d’un acte juridique
n’est en principe soumise à aucun formalisme particulier. L’acte est valable par le seul consentement de
son ou ses auteurs. Il existe toutefois des exceptions à cette règle. Dans certains cas exceptionnels, la loi
impose certaines formalités pour que l’acte soit valable.

 La formalité imposée par la loi peut consister dans la remise de la chose. L’acte juridique dont la validité est
soumise à cette formalité est appelé acte juridique réel. Ex: le gage, le prêt et le dépôt.

 Le plus souvent, la formalité requise consiste dans la nécessité de rédiger un acte authentique ou sous
seing privé. L’acte juridique soumis à cette formalité est alors appelé acte juridique solennel. Ex: C’est le cas
pour la vente d’un immeuble ou de fonds de commerce ou certains contrats de travail.

• Ces formalités qui sont des conditions de validité ne doivent pas être confondues avec d’autres formalités
qui sont imposées par la loi dans un but probatoire ou publicitaire.

• Exemple : L’article 14 du COCC exige un écrit lorsque l’acte juridique a un objet supérieur à 20 000 F CFA.
L’écrit ainsi exigée par la loi est un mode de preuve et non une condition de validité.

• Exemple : la vente d’un fonds de commerce n’est opposable aux tiers que si elle a été publiée au registre
foncier.
• Section 3. Sanction des conditions de formation des actes
juridiques

• Il existe trois types de sanctions qui peuvent frapper les actes


juridiques irrégulièrement constitués.

 La nullité est la sanction du non-respect des conditions de


validité des actes juridiques.

-La nullité constitue une sanction judiciaire, elle doit être


prononcée par un juge. Il faut donc saisir le juge, soit en
demande (action en nullité) ou en défense (exception de nullité).
• On distingue deux types de nullités : la nullité relative et la nullité absolue.

• Pour les distinguer, il suffit de répondre à la question de savoir quel est


l’intérêt qui était protégée par la règle qui n’a pas été respectée ?

 S’il s’agit d’un intérêt particulier, la sanction sera alors la nullité relative. Il
en est ainsi l’inobservation des dispositions concernant les vices du
consentement, l'absence de cause, les incapacités de protection et la
lésion.

- Seule la personne que la loi protège peut invoquer la nullité relative.


- L'action en nullité relative se prescrit par deux ans du jour de la formation
de l’acte.
- Ce délai court cependant dans les cas d'incapacité ou de violence du jour où
elles ont cessé, dans le cas d'erreur ou de dol du jour où le vice a été
découvert.
 En revanche, si l’intérêt protégé par la règle méconnue
est l’intérêt général, la nullité sera absolue.

-Il en est ainsi en cas d’illicéité de l’objet ou de la cause.

-La nullité absolue peut être invoquée par toute


personne intéressée, c’est-à-dire qui justifie d’un intérêt
à agir, lequel intérêt doit être né, actuel et direct ou par
le ministère public, ou soulevée d'office par le juge.

-L'action en nullité absolue est soumise à la prescription


de droit commun (10 ans ).
• La nullité emporte l’anéantissement total de l’acte à la fois pour l’avenir mais également
pour le passé. On dit que la nullité a un effet rétroactif. Les parties à l’acte (exemple
contrat) sont remises dans l’état où elle se trouvait avant la conclusion de l’acte. On
parle du retour au statu quo ante.

- Chaque partie doit donc restituer ce qu’elle a reçu. Ex : Lorsqu’un contrat de vente est
annulé, le vendeur doit restituer le prix qui lui a été versé et l’acheteur la chose qui lui a
été livrée.

• Il existe toutefois des exceptions à la règle de la rétroactivité de la nullité.

• Exemple 1: les contrats à exécution successive comme le contrat de travail ou le contrat de


bail. La nullité de tels contrats n’opère que pour le futur.

• Exemple 2: pour les contrats annulés pour cause d’incapacité, il est admis que l’incapable ne
devra restituer que ce qui reste entre ses mains au moment de l’annulation et non ce qu’il a
dépensé.

• Exemple 3: l’annulation d’un contrat contraire aux bonnes mœurs ne donne lieu à aucune
restitution.
 L’inopposabilité de l’acte : Elle sanctionne le non-respect des conditions de publicité (formalité
qu’impose la loi pour avertir les tiers de l’existence de l’acte). Le contrat est valable mais
inopposable aux tiers.

- Exemple: lorsque la nomination d’un dirigeant de société n’est pas publiée au registre du
commerce et du crédit immobilier, les tiers ont le droit d’ignorer cette nomination.

 La requalification. Elle s’applique notamment en droit du travail et sanctionne essentiellement


l’inobservation des conditions de forme.

- Exemple: lorsqu’un contrat de travail à durée déterminée n’est pas établi par écrit, il sera
requalifié par le juge en contrat à durée indéterminé.

 L’inexistence. C’est une sanction plus grave que la nullité, comme la nullité elle sanctionne une
irrégularité commise dans la formation de l’acte juridique mais à la différence de cette dernière,
l’inexistence n’a pas besoin d’être prononcée par le juge.

• En effet l’irrégularité qu’elle sanctionne est tellement grave que l’acte juridique n’a pu produire
aucun effet.

• Exemple: C’est le cas par exemple d’un mariage célébré par une personne qui n’est pas un
officier de l’état civil
 La rescision pour lésion. C’est la sanction qui consiste à faire
annuler un acte juridique lésionnaire, c’est-à-dire un acte dans
lequel il y a un gros déséquilibre entre la valeur des prestations
dues par chacune des parties à l’acte.

- La lésion n’est cependant retenue que dans des cas


exceptionnels prévus par la loi.

- La rescision entraîne l’anéantissement de l’acte juridique, il s’agit


d’une véritable nullité qui opère rétroactivement parce-que en
raison de la lésion l’acte n’a pas été valable lors de sa formation.

- Comme dans la nullité relative, l’action doit être intentée dans un


délai de 2 ans à compter de la formation de l’acte juridique.
Section 4. Effets des actes juridiques
• Il faut distinguer la force obligatoire et l’effet relatif des actes juridiques.

• §1. Force obligatoire de l’acte juridique

• La force obligatoire de l’acte juridique signifie que celui qui le prend est lié par son
engagement. il ne peut être délié qu’avec l’accord de l’autre. Un co-contractant ne
peut donc en principe se dégager unilatéralement du contrat.

• Il existe cependant des exceptions à cette règle car la révocation unilatérale est
possible :
- lorsqu’elle est prévue par l’acte juridique.
- lorsque le contrat est à durée indéterminée (dans ce type de contrat, chaque partie
peut prendre l’initiative de la rupture).

- Pour le reste, l’acte juridique doit être exécuté dans les conditions prévues au moment
de sa conclusion même si ultérieurement les circonstances viennent à changer.

- La révision pour imprévision n’est pas admise en droit sénégalais.


• Les sanctions en cas d’inexécution ? Elles sont au nombre de trois :

- L’exécution forcée en justice : comme l’acte juridique est obligatoire si le ou les auteurs ne
l’exécutent pas, le bénéficiaire de l’engagement peut saisir le juge qui ordonnera l’exécution.

- La responsabilité : lorsque le ou les auteurs de l’acte ne s’exécutent pas, on considère que


ce manquement constitue une faute, qui aura pour conséquence la condamnation en justice
à des dommages et intérêts.

• La résolution et la résiliation : Elle sanctionne l’inexécution ou la mauvaise exécution de


l’acte juridique.

- On parle de résolution lorsqu’il s’agit d’un contrat à exécution instantanée. Exemple: la


vente peut être résolue si l’acheteur ne paie pas le prix. Cette résolution efface
rétroactivement les conséquences de l’acte juridique parfaitement valables à l’origine. Elle a
pour but l’anéantissement de l’acte. Ainsi, il devra y avoir des restitutions réciproques entre
les parties comme en matière de nullité.

- En revanche, on parle alors de résiliation lorsque le contrat est à exécution successive


(exemple : contrat de travail). Cette résolution n’est pas rétroactive, elle n’anéanti le contrat
que pour l’avenir.
• §2. Effet relatif de l’acte juridique

• Le principe de l’effet relatif signifie que les actes juridiques n’ont d’effets qu’envers ceux qui se sont
engagés.
• Ils ne nuisent ni ne bénéficient aux tiers. Exemple : On ne peut pas demander l’exécution d’un contrat à
une personne qui ne la pas conclu.

• Et corrélativement, les tiers ne peuvent pas bénéficier des contrats auquel ils n’ont pas été parties. On
appelle tiers toutes les personnes qui n’ont pas participé à la formation de l’acte juridique.

• Il arrive cependant dans des cas exceptionnels qu’un acte juridique puisse produire des effets à l’égard
des tiers.

• D’une part, l’article 114 du COCC admet la stipulation pour autrui qui est un contrat conclu dans l’intérêt
d’un tiers et qui a pour effet de le rendre créancier.

• Exemple : un contrat d’assurance souscrit au profit d’un tiers rend ce dernier créancier d’une
indemnité. L’exemple type est l’assurance vie. Dans ce contrat le stipulant c’est le souscripteur. Le
promettant c’est l’assureur. Le tiers est le bénéficiaire.

• Autre exemple : les héritiers peuvent réclamer les loyers des baux conclus par le défunt. De même,
l’acquéreur d’un local faisant l’objet d’un bail commercial peut se voir imposer le renouvellement du bail par
le locataire.
Chapitre 2. Le fait juridique

• Les faits juridiques sont des situations factuelles auxquelles la loi


attache des effets de droit indépendamment de la volonté des
intéressés.

• A la différence des actes juridiques, les faits juridiques


présentent des variétés innombrables, à l’image de l’infinie
diversité des situations juridiques.

• Divers par les circonstances qui leur donnent naissance, ils le


sont aussi par leurs effets, qu’il s’agisse de créer, de modifier ou
d’éteindre des droits subjectifs.

• On distingue les faits involontaires et les faits volontaires.


• Section 1- Les faits involontaires

• Les faits involontaires sont ceux qui se produisent sans aucune prise du sujet de
droit qui en subit les conséquences juridiques.

• On est porté à dire qu’il s’agit là de faits naturels, en ce qu’ils seraient le fruit du
hasard ou du cours naturel des choses.

• En pratique, le fait involontaire peut consister en la survenance d’un événement.

- Exemple: la naissance ou le décès d’une personne qui créent des droits et


obligations à la charge des parents ou provoquent l’ouverture d’une succession.

- Autre exemple : le cas fortuit ou la force majeure qui sont définis comme des
événements imprévisibles, extérieurs et irrésistibles. Il en est ainsi des
tremblements de terre, des naufrages etc. De tels événements sont des faits
involontaires
• Le fait juridique involontaire peut aussi découler de l’écoulement du temps.

- Exemple : au bout d’un certain temps, le fait d’atteindre l’âge de la


majorité fait cesser l’incapacité qui frappe l’individu mineur, considéré
jusque-là comme n’ayant pas un développement suffisant pour exercer ses
droits.

- Autre exemple : La prescription qui découle de l’écoulement du temps est


un fait involontaire. Quand une personne A prêté de l’argent à une
personne B, elle devient son créancier. Si elle n’est pas remboursée à
l’échéance du crédit et n’agit pas en justice à ces fins pendant les 10 ans qui
suivent, le débiteur sera libéré de ses obligations.

- De même, en matière mobilière, l'acquéreur de bonne foi de la chose


d'autrui en devient propriétaire lorsque le propriétaire de la chose ne l’a
pas revendiquée dans le délai de trois ans à compter du jour de la perte
ou du vol.
• Section 2- Les faits volontaires

• Les faits volontaires ou faits de l’homme se définissent comme des faits voulus
mais ce qui est voulu c’est l’évènement déclencheur mais pas les effets de
droit qui en découlent (ils sont imposés par la loi).

• §1. Faits générateurs de droits : la possession

• La possession consiste à se comporter comme le titulaire d’un droit et à être


considéré comme tel, qu’on le soit ou non du point de vue juridique. Elle est
donc l'exercice de fait d'un droit, dont il se peut qu’on ne soit pas le titulaire.

- Exemple : la possession constante de l’état d’enfant peut suffire à établir la


filiation.
- En droit des biens, le possesseur de bonne foi d’un bien meuble qui exerce
les prérogatives du propriétaire pendant un certain temps en devient le
propriétaire.
• §2. Faits générateurs d’obligations

• Il s’agit des faits ayant causé un dommage à autrui et les quasi-contrats, à savoir la
gestion d’affaires, la répétition ou le paiement de l’indu et l’enrichissement sans cause.
Dans le premier cas, il y a obligation de réparer alors que dans le second il existe une
obligation de restitution.

 L’obligation de réparer : la responsabilité civile

- Lorsqu’une personne cause un préjudice à une autre personne, il est juste qu’elle le
répare.
- Lorsque le préjudice résulte de l’inexécution d’un contrat on parle de responsabilité
contractuelle.
- Mais le préjudice peut résulter d’un événement en dehors de tout rapport
contractuel. Dans ce cas on parle de responsabilité délictuelle ou extra contractuelle.
Dans le COCC, il existe plusieurs régimes de responsabilité :
• la responsabilité du fait personnel,
• la responsabilité du fait d’autrui
• la responsabilité du fait des choses et des animaux
• La Responsabilité du Fait Personnel

• Une personne est responsable parce que par sa faute elle a causé un préjudice à autrui. La faute est un
manquement à une obligation préexistante. Il peut s’agir d’un manquement à la loi ou à la prudence.

- Exemple : infraction au code de la route. Violation du code de déontologie professionnelle.

• Il peut aussi y avoir faute dans l’exercice d’un droit. Le titulaire d’un droit peut l’exercer mais il y’a faute
lorsque son droit a été exercé de manière abusive.

• Exemple : la concurrence est libre mais elle doit être loyale. En conséquence, tout acte de nature à dénigrer
les produits d’un concurrent en vue de détourner sa clientèle est un acte de concurrence déloyale.

• La faute peut être de commission. Dans ce cas elle résulte d’un acte positif. Exemple : frapper quelqu’un.

• La faute peut être d’omission. Dans ce cas elle correspond à une abstention.

• Exemple : un expert en bâtiment néglige volontairement de dire que le terrain sur lequel on doit construire
un immeuble à trois étages ne peut supporter ce type de construction.

• La faute peut revêtir un caractère intentionnel. Dans ce cas le responsable a recherché sciemment le
dommage qu’il a fait subir à autrui. Cette faute est appelée délit en matière délictuelle et dol en matière
contractuelle.
• A la faute intentionnelle on oppose la faute non intentionnelle. C’est celle qui
résulte de la maladresse ou de la négligence. Elle est appelée quasi-délit en matière
délictuelle.

• Il faut signaler que dans l’opinion générale, l’acte générateur du dommage n’est
fautif que lorsqu’il s’accompagne chez l’auteur du dommage de la conscience d’avoir
mal agi.

• Avec cette façon de voir, il est sûr et certain que la faute ne peut en aucun cas être
imputée aux personnes atteintes de démence et aux mineurs. Cette manière de voir
n’est pas celle de la loi.

• Pour elle, il n’est pas besoin que l’auteur de l’acte ait conscience d’avoir mal agi. Il
suffit que son acte soit objectivement illicite.
• La faute est donc détachée de son aspect subjectif.

• Exemple : un enfant de 3 ans est responsable du dommage causé au moyen d’un


bâton à l’un de ses camarades qu’il a blessé grièvement.
• La Responsabilité du Fait d’Autrui
• On est responsable non seulement du dommage que l’on
cause de son propre fait mais encore de celui qui est causé
par les personnes dont on doit répondre. Plusieurs cas sont
envisagés par la loi.

– La responsabilité du fait des parents


• Les personnes sont responsables des dommages causés par
leur enfant mineur. Les conditions de cette responsabilité sont
les suivantes :
- le mineur doit avoir commis une faute ayant entraîné un
dommage à autrui.
- le mineur doit habiter chez ses parents.
– La responsabilité des artisans

• Les artisans sont responsables du fait de leur apprenti. Les conditions sont les
suivantes :

- l’apprenti doit avoir commis une faute ayant entraîné un préjudice.


- la faute doit avoir été commise pendant le temps où il se trouvait sous la
surveillance du maître.

– La responsabilité du commettant du fait de leur préposé

• La faute doit être commise pendant l’exercice de la fonction par le préposé. Il


faut un lien de subordination entre le commettant et le préposé. La victime peut
agir contre le préposé mais en pratique, elle agit contre le commettant car celui-
ci est toujours solvable.

• Le commettant condamné pourra se retourner contre le préposé pour se faire


rembourser.
• La Responsabilité du Fait des Choses ou des animaux

• On est aussi responsable du dommage causé par le fait des choses ou des animaux dont
on a la garde. Trois conditions sont exigées par la loi :

 Il faut une chose ou un animal. La loi vise toute chose quelconque, un meuble, un
immeuble et tout animal.

• Exemple : une chaise n’est pas en soi une chose dangereuse mais si elle est abandonnée
dans un passage et provoque la chute mortelle d’une personne, le gardien de cette
chaise doit réparer le dommage qui a été causé à la victime.

 Il faut la qualité de gardien ou un maître de la chose.

• Est gardien ou maître de la chose celui qui a l’usage, la direction et le contrôle de la


chose. En principe le propriétaire de la chose est le gardien.

• Mais le droit de garde peut être exercé par une personne autre que le propriétaire.
Exemple : le locataire, l’emprunteur, le dépositaire, le voleur.
 Il faut une intervention de la chose ou de l’animal dans la réalisation du
dommage.

• Le gardien ou maître de la chose n’est responsable du dommage causé à la


victime que si la chose ou l’animal a causé le dommage. C’est à la victime
de rapporter la preuve de l’intervention de la chose, de démontrer que
sans elle, elle n’aurait jamais subi le préjudice.

• Pour les dommages causés par les véhicules terrestres, il l y’a une
réglementation spéciale prévue dans le droit des assurances. Cette
réglementation améliore la situation des victimes d’accident de la
circulation.

• Le principe, c’est l’assurance obligatoire mais si le véhicule qui a causé


l’accident n’est pas assuré ou n’est pas identifié, la victime est
dédommagée par le fond de garantie automobile.
• Finalement pour toutes les formes de responsabilité, la loi exige trois conditions :

 Le fait générateur du dommage

• C’est la faute entendue comme un manquement à une obligation préexistante

 Le dommage

• On l’appelle aussi le préjudice. Il doit présenter certains caractères. Il doit être direct c’est- à-dire découler du fait
générateur du dommage. Il doit aussi être actuel. Enfin il doit porter atteinte à un droit.
• Exemple : il ne fait aucun doute que la personne blessée au cours d’un accident a le droit d’agir en justice.

• Il existe trois sortes de dommages :

 Le dommage matériel
• C’est le dommage causé au patrimoine de la victime. Exemple : destruction ou détérioration d’un bien
appartenant à la victime.

 Le dommage moral
• C’est le dommage qui ne porte pas atteinte ni au patrimoine ni au corps. Exemple : atteinte à l’honneur, atteinte à
la vie privée.

 Le dommage corporel
• C’est une atteinte à l’intégrité physique de la victime.
 Le lien de causalité

• Il signifie que le fait fautif doit être la cause directe du dommage subi par la victime.

• Exemple : une femme laisse son véhicule portière ouverte, les clés sur le tableau de bord
devant son domicile. Le véhicule est volé et les auteurs du vol provoquent un accident. La
victime de l’accident peut-elle agir contre cette femme en raison de sa négligence ?

• A cette question il faut répondre par la négative. La victime a subi un dommage direct du
fait du comportement des voleurs. Elle a donc intérêt à agir contre ces derniers.

 Si ces trois conditions sont réunies, l’auteur du dommage pourra être condamné à une
réparation. Il existe 2 formes de réparation :

– La réparation en nature : elle consiste à remettre les choses dans leur état antérieur.
Exemple : réparer un bien dégradé

– La réparation par équivalent : c’est une somme d’argent allouée à la victime. C’est ce
qu’on appelle les dommages intérêts.
 L’obligation de restituer : les quasis contrats

• Trois hypothèses sont ici visées :

 La gestion d’affaires

• Elle correspond à la situation dans laquelle une personne (le gérant) prend l’initiative d’agir
pour autrui (le maitre de l’affaire) à son insu, ou sans qu’il s’y oppose, mais dans son
intérêt. Exemple : une personne s’aperçoit d’une inondation dans la maison du voisin et
décide d’intervenir pour l’éteindre.

– Conditions de la gestion d’affaire : Elles touchent l’acte de gestion, le gérant et le maitre.

• L’acte de gestion

• Il peut s’agir d’un acte juridique d’administration, conservatoire ou de disposition. Exemple


: conclure un contrat de réparation. Il peut aussi s’agir d’un acte matériel.
• Il doit être utile au géré et opportun. Cette règle vise à décourager les immixtions
intempestives dans les affaires d’autrui. L’utilité s’apprécie au moment de l’acte et non à
celui où le gérant demande indemnisation. A noter cependant que le maitre sera engagé
dans tous les cas, s’il a ratifié l’acte.
• Le gérant

• S’il agit en représentation du maitre, il ne s’oblige pas personnellement : peu importe donc qu’il
soit incapable. En revanche, s’il déclare agir en son nom, il s’engage et doit donc être capable.

• Il doit par ailleurs avoir l’intention de gérer l’affaire d’autrui, au moins accessoirement
(exemple : l’indivisaire qui gère les biens indivis, poursuit à la fois son intérêt personnel et ceux
de ces coindivisaires.

• Le maitre de l’affaire ou le géré

• Sa capacité juridique est indifférente car ce n’est pas sa volonté qui est la source de l’obligation.

• Il ne doit pas s’être opposé à la gestion, sinon celle devient une voie de fait entachée d’illicéité
(c’est-à-dire tout comportement portant atteinte à des droits personnels et causant ainsi un
trouble manifestement illicite).

• Il ne doit pas non plus avoir commandé la gestion. Sinon, l’acte s’analysera comme un mandat.
L’intervention doit être spontanée.
– Les effets de la gestion d’affaire

 Le gérant doit :

• agir en bon père de famille.


• poursuivre la gestion jusqu’à son terme. Cette seconde obligation vise à
décourager les interventions motivées juste par une curiosité vite émoussée.
• rendre compte de sa gestion.

 Le maitre doit rembourser au gérant les dépenses qu’il a engagées pour


sauvegarder le bien.
• Mais encore faut-il que l’acte soit utile ou qu’il l’ait ratifié.

 Concernant les tiers,


• si le gérant a agi au nom du maitre, alors il ne sera pas engagé personnellement
• s’il agit en son propre nom, il sera engagé personnellement.
 La répétition ou le paiement de l’indu

• L’article 187 du COCC dispose que « Celui qui, par erreur ou sous l'effet de la violence, effectue
un paiement sans cause ou exécute un contrat entaché de nullité, peut demander la répétition
de l'indu,… ».

– Conditions de la répétition de l’indu

• Il faut soit :

• un paiement sans cause


• Le solvens (celui qui avait payé) ne devait rien à l’accipiens (celui qui a reçu le paiement).
Exemple : s’il paie à une personne qui n’est pas le bon créancier ou s’il ne devait rien à
personne.

• En revanche, s’il s’exécute d’une obligation légale (ex : pension alimentaire), pas d’action en
répétition.

• un paiement sur la base d’un contrat entaché de nullité


• Ici il y avait bien une dette, mais la nullité du contrat lui donne un caractère indu. Sur ce point,
l’article 187 parait redondant puisque la question des restitutions est déjà réglée par les
textes sur les nullités.
– Effets de la répétition de l’indu

• Si l’accipiens était de bonne foi, il devra juste restituer au solvens la chose dans
l'état où elle se trouve et conserve les fruits. S'il a aliéné la chose, il restitue le
prix de vente. Si la chose a péri par cas fortuit, il est libéré.

• En revanche, s’il était de mauvaise foi, il devra restituer la chose (il répond des
éventuelles dégradations) et les fruits qu'elle a produits. S'il a aliéné la chose ou
si celle-ci a péri par cas fortuit, il en doit la valeur au jour du remboursement.

• Remarques : Si l’accipiens est un incapable, il doit restituer ce qui reste dans son
patrimoine au moment de la restitution. Si l’accipiens était créancier d’une autre
personne que le solvens, et qu’il était de bonne foi, c’est-à-dire qu’il croyait que
le solvens payait en connaissance de cause la dette d’autrui, et qu’il a détruit son
titre ou laisser perdre les garanties qui l’accompagnaient ou laisser prescrire son
action contre le véritable débiteur, il ne sera pas tenu à répétition à l’égard du
solvens.
 L’enrichissement sans cause

• Selon l’article 160 COCC, « Celui qui, en l'absence d'un acte juridique valable, s'est enrichi aux dépens
d'autrui, est tenu de l'indemniser dans la mesure de son propre enrichissement jusqu'à concurrence de
l'appauvrissement ».

• Conditions de l’enrichissement sans cause : Il faut :

- un enrichissement du défendeur
- un appauvrissement du demandeur
- un lien de causalité entre l’appauvrissement et l’enrichissement.
- une absence de cause, c’est-à-dire toute justification juridique de l’enrichissement. Ainsi, pas d’action
in rem verso s’il existe un contrat ou si l’appauvri agit dans son intérêt.

• Effets de l’enrichissement sans cause

- L’appauvri a une action en indemnisation appelée action in rem verso.


- Cette action n'est toutefois pas recevable si l'appauvrissement est dû à une faute de l'appauvri.
- L'action ne peut être intentée qu'à défaut de tout autre moyen de droit. L’action pour enrichissement
sans cause ne peut pas constituer un moyen de contourner un obstacle de droit ou fait.
- Si l’action aboutit, l’indemnité ne peut pas dépasser la plus faible des deux sommes que constituent
l’enrichissement et l’appauvrissement.
Titre 3 : Les titulaires des droits subjectifs

• Les titulaires des droits subjectifs sont les personnes juridiques, qui sont seules dotées de la personnalité
juridique. La personnalité juridique, c’est l’aptitude à être titulaire de droits subjectifs et débiteur
d’obligations.

• Chapitre 1 : Typologies des titulaires des droits subjectifs

• Il existe deux types de personnes juridiques : les personnes physiques et les personnes morales. La
personnalité juridique est exclue pour les choses et les animaux.

• Section 1. Les personnes physiques

• Il s’agira d’examiner la naissance et la fin de la personnalité juridique des personnes physiques.

• §1. L’apparition de la personnalité juridique

• La question ici est de savoir à partir de quand la personnalité juridique des personnes physiques apparait-
elle.

• Aux termes de l’article 1er du Code de la famille (CF), la personnalité commence à la naissance. Donc,
jusqu’à cette date précise, l’enfant n’a pas la personnalité juridique. La naissance se manifeste à
l’accouchement dont la section du cordon ombilicale marque le terme.
• Pour bénéficier de la personnalité juridique l’enfant doit être né vivant. Ainsi, les enfants
mort-nés ne sont pas des personnes. L’enfant mort-né est celui qui était déjà mort dans le
ventre de sa mère. Il est à distinguer de celui qui n’a vécu que quelques minutes, voire,
quelques secondes. Celui-ci durant ce laps de temps, a connu la vie et a acquis la
personnalité juridique.

• Toutefois, la naissance n’est pas toujours la condition nécessaire de la personnalité


juridique.
• En effet, selon le code de la famille, l’enfant peut acquérir des droits du jour de sa
conception s’il nait vivant. Selon cette règle, l’enfant sera réputé né au jour de sa
conception chaque fois qu’il y va de son intérêt.

• Cette fiction juridique est faite pour permettre à l’enfant d’acquérir des droits. Exemple : un
père décède avant la naissance. Il est dans l'intérêt de l'enfant de pouvoir hériter.

• Il faut toutefois trois conditions. Il faut que l’enfant soit né vivant, qu’il y aille de son
intérêt et qu’il soit conçu. La date de cette conception peut être à n’importe qu’elle date
dans la période allant du 300e (10 mois) au 180 e jour (6 mois) inclus précédant la
naissance. Il s’agit d’une présomption irréfragable. Il apparait ainsi que la personnalité
juridique peut préexister à la naissance.
• §2. La disparition de la personnalité juridique

 En principe, la personnalité morale cesse au décès de la personne.


• Mais les textes ne définissent pas ce qu’est le décès. Selon la médecine
légale, la mort c’est l’arrêt complet et irréversible des fonctions vitales.
C’est l’état de la personne dont l’activité cardiaque et respiratoire est
définitivement arrêtée.

• Toutefois si la personne est dans un coma prolongé, elle ne sera considérée


comme morte que si son système cérébral est irrémédiablement détruit.
Pour le savoir, on utilise des appareils médicaux comme les artériographies
et les électroencéphalogrammes.

• Dans tous les cas, le décès doit être constaté par un médecin. A noter
cependant que si la mort marque la fin de la personnalité juridique, la
personne morte mérite le respect de sa dignité.
• Toutefois, le décès n’est pas la seule cause de disparition de la personnalité juridique.

 Les incertitudes sur l’existence de la personne physique

 L’absence :
• L’article 16 du CF définit l’absent comme la personne dont le manque de nouvelles rend l’existence
incertaine. Il s’agit donc d’une personne qui a cessé de paraitre à son domicile sans qu'on en ait eu des
nouvelles.

• La personne qui ne donne plus de nouvelles peut avoir des biens. Qui va gérer les biens, payer les dettes
pendant l'absence ?
- la loi permet à toute personne intéressée ou le ministère public de saisir le TGI du dernier domicile de la
personne, dès la fin de la première année d’absence, pour faire constater l'absence par une déclaration
de présomption d'absence. Il ne s’agit pas d’une déclaration de mort car l'absent peut reparaitre.

- Cette requête est ensuite communiquée au parquet pour l’ouverture d’une enquête sur la personne. Le
parquet prend ensuite toute mesures utiles pour publier l’absence notamment par voie de presse
nationale et internationale.

- Dès le dépôt de la demande, le tribunal désigne un administrateur provisoire des biens de l’absent. Il
peut s’agir du conjoint, du curateur, le mandataire choisi par l’absent. L’administrateur doit dès sa prise
de fonction déposer au greffe du tribunal un inventaire des biens de la personne. Il peut faire tout acte
conservatoire ou d’administration. Et en cas d’urgence, il peut demander au juge une autorisation de
faire des actes de disposition. A tout moment, le juge peut le révoquer et le remplacer.
- Si l’absent a laissé des enfants mineurs, ceux-ci seront placés sous administration légale ou
en tutelle.

- Un an après le dépôt de la demande, le tribunal peut, suivant les résultats de l’enquête,


déclarer la présomption d’absence.

- Dix ans après le jugement déclaratif de présomption d’absence, tout intéressé pourra
introduire devant le tribunal une demande de déclaration de décès. Ainsi, le parquet va à
nouveau rouvrir une enquête complémentaire.

- Si la personne est retrouvée, il reprend la totalité de ses biens dès qu’il en fait la demande.
L’administrateur lui rend compte de sa gestion. Toutefois, les actes de dispositions
régulièrement conclus lui sont opposables.

- Si toutefois, la personne n'est toujours pas réapparue malgré la nouvelle enquête, un second
jugement intervient pour déclarer l'absence. Ce jugement vaut acte de décès et ouvre la
succession et le conjoint peut se remarier.

- Si jamais la personne revient après 10 ans, il reprend ses biens dans l’état ou ils se trouvent
sans pouvoir réclamer ceux qui sont aliénés. En revanche si le conjoint s'est remarié, le
mariage reste valable. Toutefois, les enfants cessent d’être sous le régime de protection et le
juge statuera sur la garde.
 La disparition :

• le disparu est la personne dont l’absence s’est produite dans des circonstances de nature à mettre sa vie
en danger sans que son corps ait pu être retrouvé. Il y’a donc disparition lorsqu’un individu a cessé de
paraître à son domicile dans des conditions mettant sa vie en danger.
• Exemple: lorsqu’une personne est emportée dans un crash d’avion, un tremblement de terre, une
noyade.

• Comme dans l’absence, il n’y a pas de cadavre. Il faut donc un jugement déclaratif de décès mais
contrairement à l’absence, la procédure est constituée ici par une seule étape. Pour la déclaration de décès,
la loi pose les règles suivantes :

• Les tribunaux sénégalais peuvent déclarer le décès :

- de tout sénégalais disparu au Sénégal ou hors du Sénégal, de tout étranger ou apatride (une personne qui
n’a pas de nationalité) disparue soit sur le territoire sénégalais, soit à bord d’un bâtiment (bateau ou navire)
ou aéronef (avion) sénégalais soit même à l’étranger s’il avait son domicile ou sa résidence au Sénégal.

- Une requête de déclaration de décès doit être présentée d’office par le parquet ou tout intéressé et elle n’est
soumise à aucune condition de délai car il y a une forte probabilité que le disparu soit mort. Une requête
collective peut être déposée lorsque plusieurs personnes ont disparu lors du même évènement. Le juge
compétent est le tribunal de grande instance du lieu de la disparition si celle-ci s’est produite sur le
territoire sénégalais. Dans le cas contraire, le tribunal compétent est le tribunal de grande instance hors
classe de Dakar.
- Une fois saisi, si le tribunal estime que le décès n’est pas suffisamment
établi, il peut ordonner une mesure d’information complémentaire et
ouvrir une enquête.
- Si après enquête, il estime que le décès est suffisamment établi, il rend un
jugement déclaratif de décès. Le tribunal doit forcément fixer la date du
décès en fonction des circonstances ou au jour de la disparition.

• La déclaration de décès du disparu produit les mêmes effets que la


déclaration de décès de l’absent. La succession du disparu est ouverte et
son mariage est dissout de plein droit.

• Si la personne reparait avant le jugement déclaratif de décès, il reprend la


totalité de ses biens. Si elle revient après ce jugement, il reprend ses biens
dans l’état ou ils se trouvent sans pouvoir réclamer ceux qui sont aliénés.
En revanche si le conjoint s'est remarié, ce mariage reste valable. Toutefois,
ses enfants cessent d’être sous le régime de protection et le juge statuera
sur la garde.
Section 2 : Les personnes morales
• La notion de sujet de droit ne se confond pas avec la notion de personne physique. Le droit reconnaît aussi la qualité de
sujet de droit à certains groupements représentant une collectivité d’intérêts.

• §1 : La classification des personnes morales

• Les personnes morales relèvent du droit public ou du droit privé.

• A : les personnes morales de droit public : Elles sont constituées par l’état, les communes, les départements, les régions
et les établissements publics (université par exemple).

• B: les personnes morales de droit privé : Elles se subdivisent en deux catégories.


• I. les groupements de personnes : Ce sont des groupements ayant un but commun qui peut être lucratif ou non lucratif.

- les groupements à but lucratif


- Leur objectif est la recherche et le partage des bénéfices. Exemple: les sociétés commerciales ou civiles. Pour les
sociétés commerciales, on peut citer la société anonyme (SA), la société en nom collectif (SNC), la société à
responsabilité limitée (SARL) et la société en commandite simple (SCS).

- les groupements à but non lucratif


- Ce sont les associations dont les membres poursuivent un but charitable, culturel, sportif ou politique…
- les GIE
- un cadre juridique intermédiaire entre les sociétés et les associations est constitué par les groupements d’intérêts
économiques (GIE). Le GIE a pour but exclusif de mettre en œuvre pour une durée déterminée, tous les moyens propres
pour faciliter ou développer l’activité économique de ses membres à améliorer ou à accroître les résultats de cette
activité. Son activité doit se rattacher à celle de ses membres. Le GIE ne donne pas lieu par lui-même à la réalisation et au
partage des bénéfices.
• II: la fondation

• C’est l’affectation d’une masse de biens à une œuvre d’intérêt général. Elle a le plus souvent un but charitable ou
culturel.
• Exemple : fondation Kéba MBAYE; Léopold S. Senghor etc.

• La fondation n’a la personnalité morale que si elle est reconnue comme étant d’utilité publique par décret.

• §2. La personnalité juridique des personnes morales

– L’apparition de la personnalité juridique

• Contrairement aux personnes physiques, la naissance de la personnalité juridique des personnes morale dépend des
conditions posées par la loi et varient en fonctions des organismes.

• Ainsi, les associations acquièrent la personnalité morale à leur déclaration à la préfecture tandis que pour les
sociétés, c'est à l'immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier.

– La disparition de la personnalité juridique

• La disparition découle de leur dissolution. Celle-ci peut avoir différentes causes :


• Elle peut résulter de volonté des membres du groupement en question. Exemple : dissolution amiable
d’une société ou d’une association.

• Elle peut aussi découler d’une décision judiciaire. Exemple : dissolution judicaire d’une société pour
mésentente entre associés ou annulation du contrat de société.
Chapitre 2. Les attributs de la personnalité juridique
• L’étude des attributs de la personnalité juridique renvoie à celle de
l’identification des personnes juridique et celle de la capacité
juridique.

• Section 1 : L’identification des personnes juridiques

• § 1. L’identification des personnes physiques

• A. Le nom

• C’est l’appellation qui sert à identifier la personne physique.

• Les personnes physiques sont essentiellement désignées par deux


éléments : le nom patronymique ou le nom de famille et le prénom.
A ces deux éléments viennent s’ajouter le pseudonyme et le surnom.
• I. Les éléments constitutifs du nom

• Il faut distinguer entre le nom patronymique et les accessoires du nom.

• a : Le nom patronymique

• Le nom patronymique s’acquiert par différents moyens et on peut le changer mais de façon exceptionnelle.

– L’acquisition du nom patronymique

• Il y a trois modes d’acquisition du nom : la filiation, le mariage et exceptionnellement, l’intervention de l’autorité


publique.

• La filiation

- Dans la famille légitime, l’enfant porte le nom de son père. Dans la famille naturelle, l’enfant porte le nom de sa mère
mais en cas de reconnaissance par son père, il porte le nom de celui-ci.

- Pour la filiation adoptive, il faut distinguer l’adoption simple de l’adoption plénière :

 l’adoption simple :
• L’adopté ajoute à son nom patronymique celui de son adoptant mais le tribunal peut décider que l’enfant ne portera
que le nom de l’adoptant.

 l’adoption plénière :
• L’adopté prend toujours le nom de l’adoptant et en cas d’adoption par deux époux celui du mari.
• Le mariage

• La femme mariée acquiert l’usage du nom de son mari. En cas de divorce, la femme peut continuer à user du nom de son mari,
sauf si ce dernier s’y oppose expressément.

• L’intervention de l’autorité publique

• Le nom patronymique s’acquiert par une décision administrative s’il s’agit d’un enfant trouvé et dont l’origine est inconnue.
• Dans cette hypothèse, il revient à l’officier de l’état civil d’attribuer un nom à cet enfant.

– Le changement de nom

• Le changement de nom est possible dans deux hypothèses :



 Le changement de nom résultant d’un changement d’état

• L’établissement de la filiation peut provoquer un changement de nom. Exemple : la reconnaissance d’un enfant naturel. L’enfant
naturel porte le nom de sa mère. En cas de reconnaissance, il porte le nom de son père.

 le changement de nom peut résulter d’un décret

• Le nom peut être changé si le demandeur invoque un motif légitime. Exemple : est légitime le changement de nom pour cause
de naturalisation ou si le nom d’origine est ridicule.

• La demande de changement est adressée au Ministère de la justice. Après réception de la demande, le Ministre procèdera à sa
publication au journal officiel. Si aucune contestation n’est élevée dans le délai d’un an à compter de cette publication, le
Président de la République autorise le changement de nom par décret. Ce décret sera publié au journal officiel.
• b. Les accessoires du nom
• Les accessoires sont le prénom, le surnom et le pseudonyme.

 Le prénom

• C’est un accessoire obligatoire. Il précède le nom patronymique et


sert à individualiser une personne dans la famille dont elle porte le
nom. Il faut donc avoir un prénom mais on peut avoir plusieurs
prénoms.

– La détermination du prénom

• Le prénom résulte d’une indication portée sur l’acte de naissance.


Son choix appartient aux parents qui déclarent la naissance de
l’enfant.
– Le changement du prénom

• Le changement est possible dans deux hypothèses :

- Pour cause d’intérêt légitime

• Il y a intérêt légitime lorsque le changement du prénom est fondé sur


des considérations religieuses. Le changement est également légitime
dans le cas où le prénom est ridicule. Le changement n’est possible
que par jugement.

- L’adoption

• Comme dans l’hypothèse précédente, il faut un jugement. Le tribunal


peut sur la demande de l’adoptant, modifier le prénom de l’enfant
adopté.
 Le surnom et le pseudonyme

• Ce sont des accessoires facultatifs.

– Le surnom

• C’est une appellation employée par le public pour distinguer une personne. Il est souvent précédé du mot « dit ».

– Le pseudonyme

• C’est une appellation volontairement choisie par celui qui le porte. Généralement pour conserver l’anonymat dans sa
vie professionnelle surtout dans les professions littéraires et artistiques.

• II : Les caractères et la protection du nom

• a. Les caractères

• Le nom a trois caractères. Il est immuable, indisponible et imprescriptible.

– Le nom est immuable

• Le nom est attribué de façon définitive. Il ne peut être modifié selon le bon vouloir de son titulaire. Celui-ci doit le
conserver mais la règle de l’immuabilité n’est pas absolue. La loi admet les changements de nom dans des cas
exceptionnels.
– Le nom est indisponible

• Le nom ne peut faire l’objet de convention. C’est un droit attaché à la personne. Ce principe de
l’indisponibilité souffre de limites. En effet, le nom sous lequel on exerce une activité commerciale est
appelé nom commercial. Il se distingue donc du nom civil qui permet d’individualiser la personne. Ce
nom commercial peut être un élément du fonds de commerce et à ce titre, il peut être cédé.

– le nom est imprescriptible

• Le nom est attaché à la personne. En conséquence, il est imprescriptible c’est à dire le nom ne se perd
ni ne s’acquiert par un long usage.

• b. La protection du nom

• Le titulaire du nom est protégé contre toute usurpation de son nom par un tiers. Il y a usurpation
lorsqu’un individu porte de façon illégitime le nom d’autrui. Dans ce cas, le titulaire du nom a le droit
d’agir en contestation contre le tiers usurpateur. Il suffit seulement qu’il existe un risque de confusion
entre le titulaire du nom et le tiers usurpateur.

• Le titulaire du nom a aussi le droit de s’opposer à toute utilisation abusive de son nom. L’utilisation du
nom est abusive lorsqu’il existe un risque de confusion préjudiciable pour le véritable titulaire du nom.

• Exemple : Pour les romans, le cinéma et le théâtre, le préjudice est établi lorsque le héros qui porte le
nom du demandeur en justice est un personnage ridicule ou odieux.
• B. Le domicile

- Le domicile est le lieu du principal établissement de l’individu. En d’autre terme, c’est le


lieu où est censé se trouver une personne. Il se distingue de la résidence qui est le lieu
où se trouve une personne de façon effective pourvu toutefois que ce ne soit pas de
manière passagère sinon il y aurait tout simplement une habitation.

- Le droit attache au domicile plusieurs intérêts. On donnera quelques indications.

 C’est le domicile qui permet de déterminer la compétence des juridictions (le tribunal
compétent pour connaître des litiges entre particuliers est celui du domicile du
défendeur).
 De même, les actes de procédure (exemple : les assignations en justice) sont signifiés à
la personne à son domicile.
 C’est encore au domicile que sont réalisés certains actes très importants : le mariage, le
vote, le paiement de l’impôt, etc…

• Pourtant, il n’est pas toujours facile de déterminer le domicile. Il est donc opportun
d’envisager les règles forgées par la loi pour la détermination du domicile avant
d’examiner les caractères qui sont attachés à la notion de domicile.
 La détermination du domicile

• Le domicile peut être déterminé de façon volontaire. La loi peut aussi fixer
un domicile pour certaines personnes.

– La détermination volontaire du domicile

• La loi définit le domicile comme le lieu où la personne a son principal


établissement. Mais elle laisse à chacun la liberté de fixer son domicile où il
le désire : le principal établissement n’est pas défini par la loi. Il peut donc
s’agir de la résidence. Il peut également s’agir du lieu où l’individu exerce
son activité professionnelle.

– La détermination légale du domicile

• C’est la loi qui détermine le domicile des personnes frappées d’incapacité. Il


s’agit du mineur non émancipé et du majeur en tutelle. Ces personnes ont
pour domicile celui de leur représentant légal.
 les caractères du domicile

• Le domicile en tant qu’élément d’individualisation doit présenter certains


caractères :

– Le domicile est obligatoire

• Toute personne a un domicile. Quand on ne peut pas déterminer le


domicile d’une personne, on peut recourir à sa résidence. Mais lorsqu’on
ne peut déterminer ni son domicile, ni sa résidence, on a recours à la
notion de domicile d’origine c’est à dire, le domicile que la personne
avait à sa naissance et qu’elle est censée avoir conservé tant qu’elle n’a
pas manifesté l’intention d’en changer.

• Exemple: le jeune homme qui continu de vivre chez ses parents après
sa majorité, continue à y être domicilié tant qu’il n’a pas choisi un autre
domicile.
– L’unité du domicile

• Toute personne n’a qu’un domicile. Ce principe souffre de tempéraments. A côté du


domicile, il existe des domiciles spéciaux qu’il faut bien connaître.
• Le domicile élu

• C’est le domicile choisi par les parties au moment de la conclusion d’un acte
juridique. En cas de procès, le tribunal du domicile choisi est compétent à condition
que le litige porte sur l’acte juridique conclu par les parties.
• Le domicile apparent

• C’est le domicile que les tiers attribuent par erreur à l’individu. Ce domicile a la
même valeur que le domicile réel et les assignations faites par les tiers en ce lieu sont
valables.

• Exemple : on ne connaît ni le domicile ni la résidence de la personne, dans ce cas, les


tiers pourront assigner la personne devant le tribunal du lieu où se trouve son
habitation (l’habitation servira ici de domicile).
- Le domicile est fixe
• Le domicile contrairement à la résidence ne suit pas les mouvements de la personne. Il est fixé mais la
règle de la fixité ne signifie pas qu’on ne peut pas changer de domicile. Le changement est possible si
deux conditions sont remplies :

• 1° Il faut que l’individu transfert son principal établissement,


• 2° Il faut que l’individu ait la volonté de s’installer dans son nouveau principal établissement.

• C. La nationalité

• C’est le lien juridique qui lie une personne à un Etat.

 l’attribution de la nationalité sénégalaise

• Elle repose sur la naissance ou la filiation :

 l’attribution de la nationalité sénégalaise par la naissance sur le territoire du Sénégal.

- En principe est sénégalais, l’enfant né au Sénégal si l’un de ses parents est né au Sénégal.
- De même l’enfant nouveau-né au Sénégal dont les parents sont inconnus acquiert la nationalité
sénégalaise. Il cesse toutefois d’être sénégalais si au cours de sa minorité la filiation a été établie à l’égard
un étranger et s’il peut acquérir la nationalité de cet étranger.
 l’attribution de la nationalité sénégalaise fondée sur la filiation à l’égard
d’un national sénégalais

• Est sénégalais, l’enfant naturel ou légitime dont l’un des parents au moins
a la nationalité sénégalaise.

 l’acquisition de la nationalité sénégalaise

• On peut intégrer la communauté sénégalaise soit par mariage, soit par


naturalisation.

– Le mariage

• La personne étrangère qui épouse un sénégalais acquiert la nationalité au


bout de 5 ans après la célébration du mariage mais le gouvernement peut
s’y opposer par décret. De même l’étranger concerné peut décliner la
nationalité sénégalaise et conserver sa nationalité d’origine.
– La naturalisation

• La naturalisation est l’octroi discrétionnaire par un état déterminé de sa nationalité à un étranger qui
l’a sollicité. Les conditions sont les suivantes :

• avoir au moins 18 ans,


• avoir sa résidence habituelle au Sénégal pendant 10 ans. Ce délai peut être réduit à 5 ans
pour ceux qui ont servi pendant 5 ans dans une administration sénégalaise, dans un service
public ou ayant rendu au Sénégal un service important.
• Il faut entendre par résidence habituelle, l’établissement à demeure sur le territoire de la
république sans esprit de fixation ultérieure dans un autre Etat.
• être sain de corps et d’esprit. La loi a cependant prévu une exception : les maladies ou
infirmité contractées au service du Sénégal.
• Enfin, être de bonne moralité.

• La procédure de naturalisation est très simple : l’intéressé doit adresser une demande au Président
de la République par le biais de la Direction de la Naturalisation du ministère de la justice. Après
enquête par les soins de ce service, le Président de la République prend sa décision par décret.

• NB : Celui qui est naturalisé peut pendant 15 ans à compter du décret de naturalisation être déchu
de cette nationalité : en cas de commission de crime ou délit d’atteinte à la sureté de l’Etat, de
condamnation au Sénégal ou à l’étranger pour délit ou crime d’une peine de plus de 3 ans de
prison ou de comportement préjudiciable au Sénégal.
• §2. L’identification des personnes morales

• La personne morale a un nom :

- Pour les associations on parle de titre, pour les sociétés de dénomination


sociale.

- La personne morale a aussi un domicile : c’est son siège social mais la


personne morale (une société par exemple) peut être assignée devant les
tribunaux dans le ressort duquel sont situées ses succursales ou
établissement. C’est la théorie dite des gares principales. Cette théorie
enseigne que chaque succursale peut être considérée par les tiers comme
étant le domicile de la personne morale.

- La personne morale a enfin une nationalité qui la soumet aux lois d’un état
déterminé. Pour les sociétés commerciales, cette nationalité est celle l’Etat
où se trouve le siège social.
TITRE 4 : LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS

• La preuve revêt une importance capitale dans la mesure où pour obtenir


la protection et la sanction d’un droit il est nécessaire de rapporter la
preuve de son existence.

 La question de la preuve peut se poser en dehors de toute contestation.

• Exemple : celui qui se présente aux examens doit prouver sa qualité


d’étudiant.

 Mais le plus souvent la question de la preuve se pose à l’occasion d’un


procès. C’est pourquoi l’essentiel de la réglementation du droit de la
preuve est consacré à son administration en justice. Cette réglementation
fixe les principes généraux du droit de la preuve et détermine les
moyens de preuve utilisables ainsi que leurs conditions d’admissibilité.
• Section 1 : Les Principes Généraux.

• Les Principes concernent d’une part la charge de la preuve et


d’autre part l’objet de la preuve.

• Sous-section 1 : La charge de la preuve

- Le problème de la charge de la preuve est celui de savoir lequel


des acteurs (le juge, le demandeur, le défendeur) doit établir la
preuve des droits invoqués ou des prétentions allégués.

- Ce problème est réglé par l’art 9 du COCC. Ce texte pose le


principe de la neutralité du juge et repartit entre les parties
elles-mêmes la charge de la preuve.
• Paragraphe 1 : La neutralité du juge

• Le principe de la neutralité du juge varie selon que l’on trouve dans un procès administratif ou un procès
civil.

• Dans le procès administratif ou pénal qui sont de type inquisitoire, le juge joue un rôle très actif et tous
les modes de preuve sont en principe admis. L’essentiel est que le juge puisse former son intime
conviction. Il n'existe pas de règles précises en matière de preuve.

• En revanche, dans le procès civil de type accusatoire, la direction du procès est l’affaire des parties elles-
mêmes puisque seuls les intérêts privés sont en jeu. Dans ce cas, le juge a alors pour mission d’arbitrer
entre ces intérêts de manière neutre. Il ne doit statuer qu’en fonction des seules preuves qui lui sont
fournies par les parties elles-mêmes. Il ne doit pas fonder sa décision sur la connaissance personnelle
qu’il a eu de l’affaire en dehors du procès.

• Cependant, le principe de la neutralité ne fait pas du juge civil un être passif. En effet, pour une bonne
administration de la justice la loi reconnaît au juge des pouvoirs de plus en plus étendus. Exemple: le juge
a la possibilité d’ordonner une enquête, la comparution personnelle des parties, recueillir leurs
déclarations et en tirer toute conséquence de droit. De manière générale il appartient au juge de vérifier
les conditions d’admissibilité des moyens de preuves fournies par les parties et d’apprécier la force
probante qu’il convient d’attacher à certains de ses moyens.

• Enfin le juge doit veiller au respect des règles gouvernant la répartition de la charge de la preuve entre
les parties.
• Paragraphe 2 : La répartition de la charge de la preuve entre les parties

• La détermination du plaideur sur laquelle porte la charge de la preuve est


réglée par l’article 9 du COCC.

• Ce texte consacre deux règles :

• La 1ère règle résulte de l’alinéa 1er du COCC qui dispose que « celui qui
réclame l’exécution d’une obligation doit en rapporter l’existence ». Cette
règle signifie qu’il appartient au demandeur c’est-à-dire à la personne qui
a pris l’initiative du procès de rapporter la preuve de ses prétentions. On
dit que la charge de la preuve incombe au demandeur.

• Exemple: celui qui prétend être créancier doit prouver l’acte juridique ou
le fait juridique qui a donné naissance à sa créance. A défaut de pouvoir
apporter cette preuve il perdra son procès.
• La 2nde règle est posée par l’alinéa 2 du même article qui dispose que «
celui qui se prétend libéré doit prouver que l’obligation est inexistante ou
éteinte ». Cette règle ne s’applique que lorsque le demandeur fait preuve
de ses prétentions et que le défendeur allègue un fait nouveau pour se
soustraire aux conséquences de la preuve. Il appartient alors au
défendeur de prouver le fait nouveau ou l’exception qu’il oppose au
demandeur.

• Exemple : voilà une personne qui est poursuivi en restitution d’un prêt.
Si cette personne déclare qu’elle s’est exécuté, elle doit apporter la
preuve du paiement.

• On retiendra que sont nulles les conventions ayant pour objet de


modifier la charge de la preuve. Mais les conventions sur les modes de
preuve sont admises. Cela signifie que les parties peuvent décider par
convention qu’en cas de litige leur opération juridique sera établie par
un mode de preuve déterminé.
• Sous-section 2 : L’objet de la preuve

• La question est la suivante : que doit prouver la personne qui veut établir son
droit ? Pour répondre à cette question, il y’a un principe général posé par la loi
et un tempérament à ce principe général.

• Paragraphe 1 : Le principe général

• La personne qui entend obtenir en justice la reconnaissance de son droit doit


établir l’acte ou le fait juridique générateur de son droit.

• Exemple : lorsque la victime d’un accident de la route réclame des dommages


intérêts, elle ne doit prouver que l’accident et le dommage qui en est résulté.

• Mais elle n’a pas à faire la preuve de la règle de droit en vertu de laquelle
quiconque cause un dommage à autrui est tenu de le réparer. C’est au juge
d’établir l’existence et le contenu de cette règle.
• Paragraphe 11 : Le tempérament au principe général

• Dans certains cas, il peut être difficile voir impossible de prouver un fait ou un acte
juridique.
• Dans ce cas, la loi intervient pour apporter son aide au demandeur soit en facilitant
elle-même cette preuve au demandeur soit en autorisant le juge à assurer cette
mission.

• Dans la 1ère hypothèse on parle de présomption légale. Dans la seconde hypothèse


on parle de présomption du fait de l’homme ou de présomption de fait.

• Les présomptions consistent à déduire l’existence du fait à prouver de l’existence


d’un autre fait plus facile à prouver.

• Des deux sortes de présomption que définit la loi nous n’étudierons pour le moment
que les présomptions légales.

• Les présomptions du fait de l’homme seront étudiées dans le cadre des différents
modes de preuve prévus par la loi.
• A – La notion de présomption légale.

• La présomption légale consiste à déduire d’un fait connu l’existence d’un


fait inconnu. Le rôle des présomptions est de dispenser la personne qui en
bénéficie de faire la preuve du fait qu’elle invoque.

• Exemple 1 : un individu est en possession d’une chose mobilière dont on


ne sait pas s’il est propriétaire ou s’il l’a emprunté. Par le seul fait de sa
possession, la loi présume qu’il en est le propriétaire.

• Exemple 2 : l’enfant qui veut établir sa filiation paternelle légitime peut


simplement établir sa conception ou sa naissance pendant le mariage de
sa mère et de son père. De cette preuve la loi présumera que cet enfant
est issu des œuvres du mari de sa mère.

• Autre exemple : la remise volontaire par le créancier au débiteur du titre


constatant la créance dispense le débiteur de prouver sa libération.
• B – La force des présomptions légales

• Il existe deux sortes de présomptions légales

• 1°) Les présomptions simples : on les appelle également


présomptions réfragables. Cela signifie qu’elles peuvent être
combattues par la preuve contraire.

• Exemple : lorsque la loi dispose que les pères et mères sont


responsables du dommage causé par leur enfant mineur, il ne
fait que retenir une présomption de responsabilité à la charge
des parents. Cette présomption est simple. Cela signifie que les
parents sont admis à prouver qu’ils ont bien éduqué leur enfant
et qu’ils ont pris toutes les précautions pour l’empêcher de
causer des dommages.
• 2°) Les présomptions irréfragables : ce sont des
présomptions légales contre lesquelles la preuve
contraire n’est pas admise.

• Exemple : une décision de justice ayant acquis force


de chose jugée (elle est définitive, car les voies de
recours sont épuisées) ne peut plus être remise en
cause. La loi présume de façon irréfragable qu’elle est
l’expression de la vérité.

• Autre exemple : en l’absence d’une quittance ou d’un


bulletin de salaire, la loi présume de façon irréfragable
que le salarié n’a pas perçu les fonds qui lui sont dus.
• Section 2 : Les modes de preuve

• Ils sont énumérés par la loi. Il s’agit de l’écrit, du témoignage, de la présomption du


fait de l’homme, de l’aveu et du serment.

• Sous section 1 : La preuve par écrit

• Traditionnellement, l’écrit s’envisageait uniquement sur support papier et la


signature ne se concevait que de manière manuscrite. Présentement, les choses ont
évolué. La preuve par écrit ou littérale peut résulter d’une suite de lettres de
caractères de chiffres ou de tous autres signes ou symboles dotés d’une
signification intelligible quel que soit leur support et leur modalité de transaction.

• Il existe donc deux sortes d’écrits : l’écrit sur support papier et l’écrit sur support
électronique. Sous réserve que puisse être identifiée la personne dont il émane et
qu’il soit établi et conservé dans les conditions de nature à en garantir l’intégrité,
l’écrit sur support électronique vaut preuve au même titre que l’écrit sur support
papier.
• L’écrit peut prendre plusieurs formes : l’acte authentique, l’acte sous seing privé, les
lettres missives et les copies.

• Paragraphe I : L’acte authentique

• C’est un acte dressé par un officier public. On examinera les conditions d’existence et
sa force probante.

• A - Les conditions d’existence

• L’acte authentique doit être dressé par un officier public compétent en raison du lieu
et en raison de la nature. Ont la compétence d’officier public les notaires, les
huissiers de justice, les officiers de l’Etat Civil, les commissaires de police.

• 1°) Les formalités de rédaction : l’acte authentique doit être rédigé en français, sur
papier timbré, sans blanc, ni rature ni surcharge. Il doit être lu aux parties et
éventuellement aux témoins. Il doit également être daté et signé par les parties, les
témoins et l’officier public. Si l’une de ces conditions de forme ne sont pas respecté
l’acte ne peut pas valoir acte authentique.
• 2°) Les formes de l’acte authentique

• l’acte authentique est habituellement rédigé en minute. La


minute, c’est l’original. Elle est conservée par l’officier. Celui-ci ne
délivre aux parties que des copies appelées expéditions.

• L’une de ces copies s’appelle la grosse, elle est délivrée au


créancier. C’est une copie revêtue de la formule exécutoire c’est-
à-dire que son titulaire peut obtenir son exécution avec l’aide de
la force publique sans être obligé d’obtenir un jugement.

• Exceptionnellement l’acte authentique peut être rédigé en


brevet. Dans ce cas, l’original lui-même est remis aux parties. Il
en est aussi notamment pour les procurations.
• B – La force probante de l’acte authentique

• Elle est très grande. Cependant, il faut distinguer l’origine et le contenu de l’acte authentique.

• 1°) L’origine de l’acte authentique

• l’acte fait foi de son origine jusqu’à inscription de faux. L’inscription de faux est une procédure tendant à
faire constater l’existence d’un faux en écriture. C’est une procédure longue et dangereuse car elle
peut mettre celui qui en prend l’initiative au devant d’une condamnation pénale s’il ne réussit pas à
prouver l’existence du faux.

• 2°) Le contenu de l’acte authentique : une distinction s’impose :

- les mentions émanant de l’officier public ou constatées par lui font foi jusqu’à inscription de faux :
Exemple : le paiement du prix en cas de vente, la date, la présence des parties.

- l’opinion de l’officier mentionnée dans l’acte n’a aucune valeur. Exemple : l’officier public se prononce
sur l’état mental des parties.

- les conséquences juridiques du fait mentionné dans l’acte non plus n’a aucune valeur. Exemple: le fait
qu’une somme d’argent soit remise devant le notaire par l’une des parties ne prouve nullement
jusqu’à inscription de faux, qu’il s’agisse d’une somme prêtée.
• Paragraphe II : L’acte sous seing privé.

• L’acte sous seing privé est un acte signé par les parties en dehors de la
présence d’un officier public.

• A – Les conditions de validité de l’acte sous seing privé.

• La seule condition absolument indispensable est la signature des parties. La


signature permet d’identifier les parties et constitue le signe de leur
consentement à l’acte. Lorsque l’une des personnes est illettrée, elle doit se
faire assister de deux témoins qui certifient dans l’écrit son identité et sa
présence et atteste en outre que la nature et les effets de l’acte lui ont été
précisés.

• Outre la signature, la loi exige dans certains cas des formalités


supplémentaires. Il en va ainsi lorsque l’écrit sous seing privé constate un
contrat synallagmatique ou un contrat unilatéral.
• 1°) L’écrit constate un contrat synallagmatique.

• Lorsqu’il s’agit d’un contrat synallagmatique qui constate les obligations


réciproques de deux ou plusieurs parties, le législateur exige que l’acte
soit rédigé en autant d’originaux qu’il y’a de parties ayant un intérêt
distinct. C’est ce qu’on appelle la formalité du double. Cette formalité
peut être écartée lorsque le seul original qui a été rédigé et signé est
remis à un tiers neutre.

• 2°) L’écrit constate un contrat unilatéral

• Lorsqu’il s’agit d’un contrat unilatéral comportant un engagement à la


charge d’une seule partie, l’acte doit être rédigé en entier de la main de
celui qui le souscrit, à défaut l’acte doit porter la mention ‘’bon pour’’
ou ‘’lu ou approuvé’’ et l’indication du montant de l’obligation en
chiffres et en lettres. Si ces formalités ne sont pas respectées l’acte est
irrégulier.
• B – La force probante de l’acte sous seing privé

• Il faut distinguer entre le contenu et la date de l’acte.

• 1°) Le contenu de l’acte

• L’acte sous seing privé reconnu par celui a qui on l’oppose ou déclaré sincère par
le juge fait foi de son contenu à l’égard de tous jusqu'à preuve contraire.

• Le contenu de l’acte sous seing privé est donc opposable aux parties à leur ayant
cause comme aux tiers.

• Il en va autrement s’il y’a des aveux ou contestation de l’écriture ou de la


signature des parties ou lorsque les héritiers déclarent ignorer l’écriture ou la
signature de leur auteur.

• Dans ce cas le juge ordonne une vérification d’écriture ou de signature pour


établir la sincérité de l’acte.
• 2°) La date de l’acte

• Entre les parties elle fait foi comme le contenu jusqu’à preuve contraire.

• A l’égard des tiers, l’acte ne fait foi que lorsqu’il a acquis date certaine c’est-à-dire
une date opposable aux tiers. La loi entend protéger ces derniers contre les fraudes
dont ils pourraient être victimes.

• Exemple : A vend un immeuble à B le 31 décembre 2019. Il veut louer le même


immeuble à C. Pour maintenir C locataire sur les lieux, il lui suffira de lui donner un
titre antérieur à celui de l’acquéreur.

• C’est pour éviter ce genre de comportement que la loi a été amenée à préciser que
l’acte sous seing privé a date certaine à l’égard des tiers à compter du jour où il a
été enregistré ou du jour où il a été authentifié. L’enregistrement est une formalité
administrative qui relève de la compétence du service de l’enregistrement attaché à
la direction des impôts. L’acte sous seing privé est authentifié lorsque sa substance
est constatée dans un acte authentique. La date de l’authentification sera la date de
l’acte sous seing privé et elle seule sera opposable aux tiers.
• Paragraphe III : Les lettres missives et les copies.

• Les lettres missives sont des correspondances privées. Elles font foi des
engagements qu’elles contiennent contre celui qui les a signé.

• S’agissant des copies et autres reproductions de titres, la loi indique qu’elles


ont la même force probante que l’acte lui- même lorsqu’elles sont certifiées
conformes à l’original par un officier public.

• Sous section 2 : Les autres modes de preuve

• Paragraphe I : Le témoignage

• Témoigner, c’est déclarer en justice ce que l’on a personnellement vu ou


entendu sur l’affaire faisant l’objet du litige. Le témoignage est laissé à la
prudence et à la lumière du magistrat. Ce dernier peut l’accueillir comme il
peut le rejeter (c’est un mode de preuve imparfait).
• Paragraphe II : Les présomptions du fait de l’homme

• La présomption du fait de l’homme encore appelée présomption


de fait ou présomption judiciaire est le raisonnement par lequel
le juge part de certains faits connus appelés indices pour établir
l’existence du fait à prouver.

• Exemple : pour établir la faute du conducteur d’un véhicule


ayant causé un accident, le juge peut fonder sa conviction à
partir de certains indices : l’état de la route, l’état des pneus, la
largeur des traces de freinage.

• La présomption judiciaire ou présomption de fait est laissée à la


libre appréciation du magistrat (c’est un mode de preuve
imparfait).
• Paragraphe III : l’aveu et le serment

• A – l’Aveu

• La loi a prévu deux sortes d’aveux : l’aveu judiciaire et l’aveu extra judiciaire

• 1°) L’aveu judiciaire est celui qui est fait par l’un des plaideurs au cours d’un procès. Un tel aveu fait pleine foi
contre celui dont il émane. Sa force probante est donc absolue (c’est un mode de preuve parfait). Le juge est lié
par l’aveu judiciaire c’est-à-dire qu’il est obligé de le tenir pour vrai et de trancher le litige en faveur de l’adversaire
de la partie dont il émane.

• L’aveu judiciaire est irrévocable et indivisible.

- L’irrévocabilité de l’aveu signifie que le plaideur qui l’a fait ne peut pas se rétracter, c’est-à-dire retirer sa
déclaration. Mais à ce principe, il existe cependant une exception. La loi admet la rétraction en cas d’erreur de
fait.
- Exemple : venant d’hériter d’un parent, une personne avoue l’existence d’une dette que le défunt avait
contracté. Plus tard, elle découvre une quittance constatant que la dette est éteinte. Elle peut rétracter l’aveu.

- L’indivisibilité de l’aveu signifie que l’aveu doit être pris dans son entier. En claire celui qui l’invoque ne peut pas
en retenir seulement la partie qui lui est favorable pour rejeter une partie qui ne lui est pas favorable.
• Exemple : une personne reconnaît qu’elle doit à son créancier la somme de 1 000 000 F CFA. Dans le même
temps elle dit devant le juge que conformément à la convention, elle ne doit pas s’exécuter dans l’immédiat
mais dans deux ans. Le créancier peut invoquer cet aveu mais il ne sera pas payé dans l’immédiat. Il faut qu’il
attende deux ans pour obtenir remboursement.
• 2°) L’aveu extra judiciaire

• C’est un aveu qui est fait en dehors du procès dans lequel il est invoqué. Il ne
lie pas le juge car il ne présente pas de garanties suffisantes. La loi le considère
comme une simple présomption de fait c’est-à-dire que le juge garde son
pouvoir d’appréciation. Il peut le retenir comme indice tout en restant libre de
le rejeter (c’est un mode de preuve imparfait).

• B – Le serment

• Il existe deux sortes de serment : Le serment décisoire et Le serment


supplétoire

• 1°) Le serment décisoire :

• Le serment est décisoire parce qu’il a une force probante absolue qui lie le
juge c’est-à- dire que celui-ci ne peut donner libre cours à son appréciation
personnelle (c’est un mode de preuve parfait).
• Lorsque l’un des plaideurs défère le serment à son adversaire celui-ci peut
adopter 3 attitudes :

- prêter serment dans ce cas il gagne le procès


- refuser de prêter serment dans ce cas ce refus vaut aveu judiciaire et il
perd son procès
- référer le serment au plaideur qui le lui a déféré. Ce dernier peut alors
prêter serment et gagner le procès ou refuser et le perdre.

• Exemple : dans une action en paiement, le demandeur se trouvant dans


l’impossibilité de prouver son droit de créance invite le défendeur à
jurer qu’il ne lui doit rien. Si le défendeur jure qu’il ne doit rien, il gagne
le procès. S’il refuse de jurer, il sera condamné à payer mais il peut à son
tour inviter le demandeur à jurer qu’il est bien créancier. Dans ce cas, si
le demandeur jure qu’il est bien créancier, il gagne le procès et
obtiendra paiement. S’il refuse de jurer, il perd le procès.
• 2°) Le serment supplétoire.
• Il à pour but de combler l’insuffisance des preuves fournies par les parties. A la différence
du serment décisoire, c’est le juge qui défère d’office le serment supplétoire à l’une des
parties. Cette dernière ne peut pas référer le serment à l’adversaire. C’est un mode de
preuve imparfait c’est-à-dire que le juge garde toujours son pouvoir d’appréciation.

• Section 3 : Les conditions d’admissibilité des divers moyens de preuve

• Pour déterminer les moyens de preuve utilisables dans le procès civil, il faut distinguer
suivant qu’il s’agit de prouver un acte juridique ou selon qu’il s’agit de prouver un fait
juridique.

• Paragraphe I : La preuve des actes juridiques :

• Elle n’est pas libre, c’est-à-dire qu’elle ne peut être faite par n’importe quel moyen de
preuve. Elle est en effet soumise au principe de l’exigence d’un écrit.

• Cependant, dans certains cas exceptionnels ce principe est écarté de sorte que l’acte
juridique pourra être prouvé par tout moyen et notamment par témoignage ou par
présomption.
• A – L’exigence d’un écrit

• Un acte juridique ne peut en principe être prouvé que par un acte authentique ou sous seing privé.
Il importe de souligner que l’exigence d’un écrit n’est qu’une formalité de preuve et non une
formalité de validité. En effet un acte juridique conclu verbalement est parfaitement valable. Seule
sa preuve soulèvera des difficultés en cas de contestation. C’est précisément pour éviter les
contestations sur l’existence ou le contenu d’un acte juridique que la loi impose la rédaction d’un
écrit pou sa preuve.

• L’écrit qu’il soit authentique ou sous seing privé est en effet une preuve très sérieuse qui est de
nature à réduire les contestations et en même temps les procès fantaisistes. L’exigence d’un écrit
se justifie également par le fait que les parties à l’acte ont en principe la possibilité au moment où
elles manifestent leur volonté de consigner celle-ci dans un écrit.

• La seule remarque qu’ont peut faire à propos de l’opportunité d’une telle exigence est que la
grande majorité de la population est analphabète et ne sait ni lire, ni écrire en français tout au
moins.

• Sous cette réserve, l’exigence d’un écrit préconstitué pour la preuve des actes juridiques se justifie
parfaitement.

• Il reste à préciser que l’exigence d’un écrit ne s’impose pas aux tiers à l’acte. Les tiers peuvent
prouver l’acte juridique par tout moyen.
• B – Les exceptions :

• Il s’agit des cas dans lesquels un acte juridique peut être prouvé par témoignage ou par
présomption.

• Mais avant il faut signaler que l’aveu judiciaire et le serment décisoire sont des modes de
preuve parfaits. A ce titre, ils peuvent être utilisés pour la preuve des actes juridiques.

• Au contraire le témoignage et la présomption du fait de l’homme ne sont admissibles pour


servir de preuve des actes juridiques que dans les cas exceptionnels où la préconstitution de
la preuve écrite n’est pas obligatoire.

• Les cas envisagés par la loi sont les suivantes :

• 1°) Les petites affaires

• L’article 14 du COCC n’exige la preuve écrite que pour les actes juridiques dont l’objet est
supérieur à 20 000 F CFA.
• On peut tirer de la lecture de ce texte que la preuve est libre lorsque l’objet est égal ou
inférieur à 20 000 F CFA.
• 2°) Les opérations commerciales

• Sur cette question, la loi invite à faire la distinction suivante :

• A l’égard des commerçants les actes de commerce peuvent se prouver par tout moyen.
• Par exemple un témoignage, une facture, des documents comptables, des correspondances.

• Il faut cependant signaler que le commerçant qui entend prouver une opération qu’il a passé avec un non
commerçant ne peut le faire que par application des règles du droit civil c’est-à-dire au moyen d’un écrit. Mais si c’est
le non commerçant qui entend prouver l’opération juridique contre un commerçant, il peut le faire par tout moyen.

• 3°) L’impossibilité de se procurer ou de produire un écrit

• L’exigence d’un écrit est écarté lorsque les parties ont été dans l’impossibilité de se procurer un écrit. L’impossibilité
de se procurer un écrit ou d’en rédiger un peut être matériel.

• Exemple : une personne dont la maison brûle n’a pas le temps matériel de réclamer un écrit à son voisin chez qui il
a déposé les objets sauvés.

• L’impossibilité peut aussi être morale. Il en va ainsi lorsqu’il existe un lien affectif entre les parties.
• Exemple : un fils est dans l’impossibilité moral d’exiger un écrit de son père lorsqu’il lui prête de l’argent.

• Il y’a impossibilité de produire un écrit lorsque l’écrit qui a été rédigé est perdu. La loi exige que la perte provienne
d’un cas fortuit ou d’un cas de force majeure c’est-à-dire d’un événement extérieur à la volonté de l’individu.
Exemple : incendie
• 4°) L’existence d’un commencement de preuve par écrit

• Le commencement de preuve par écrit est un écrit qui émane de la personne à qui on l’oppose
et qui rend vraisemblable le fait allégué.

• En principe, il faut 3 conditions :

- Il faut un écrit (un écrit qui ne fait pas pleine preuve). Exemple : une lettre missive, de simples
notes, un acte sous seing privé nul parce que les conditions de validité n’ont pas été
respectées.

- L’acte doit émaner de la personne à qui on l’oppose.

- L’écrit doit rendre vraisemblable le fait allégué c’est-à-dire qu’il doit rendre à peu prés certain le
fait contesté. Exemple : la lettre par laquelle une personne demande un prêt d’argent ou
remercie d’un service qui lui à été rendu rend vraisemblable l’existence d’un prêt.

• 5°) L’existence d’une convention contraire

• L’existence d’un écrit n’est pas une règle impérative. Les parties peuvent écarter l’écrit par un
autre mode de preuve.
• Paragraphe II : La preuve des faits juridiques

• Le fait juridique est un événement voulu ou non auquel la loi attache des effets
juridiques.

• Exemple : un accident, le décès, la naissance.

• La preuve des faits juridiques est libre, c’est-à-dire qu’on peut rapporter
l’existence d’un fait juridique par n’importe quel moyen de preuve.

• En pratique, la preuve des faits juridiques ne résulte que de simples témoignages


ou présomptions.

• Cependant, certains faits juridiques présentent une importance si grande que la


loi exige pour leur preuve un acte écrit. Il en va ainsi de tous les événements qui
concernent l’état des personnes.

• Exemple : la naissance, le décès.


FIN

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