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L’ACTE JURIDIQUE
Chapitre introductif :
La vie sociale donne naissance à un tissu de lien qui se manifeste par de
multiples exigences. La cohésion d’un groupement repose sur une multitude
d’obligations qui à l’évidence, ne relèvent pas toutes du domaine du droit.
La notion d’obligation doit être entendue dans un sens plus étroit. L’obligation est
un lien de droit entre un créancier et un débiteur en vertu duquel le créancier peut
exiger du débiteur l’exécution d’une prestation. On reconnait à l’obligation trois (3)
caractères essentiels : obligatoire, personnel et patrimonial :
Cela signifie que l’obligation a un caractère contraignant pour le débiteur car son
exécution n’est pas laissée au bon vouloir du débiteur. Si le débiteur ne s’exécute pas,
il sera contraint par un recours en justice. Cela permet de distinguer l’obligation civile
de l’obligation naturelle.
L’obligation est civile quand le lien entre le créancier et le débiteur est assez fort pour
que le premier puisse contraindre le deuxième à exécution. Exemple : Obligation
alimentaire entre parents et enfants (art. 48 de la loi sur le mariage). A l’inverse
l’obligation est naturelle quand le créancier ne peut contraindre le débiteur à exécution.
L’obligation naturelle peut être appréhendée comme un devoir de conscience, non
juridiquement sanctionnée. Exemple : Obligation alimentaire entre frère et sœur ;
l’engagement pris par un ex concubin de s’occuper des frais d’entretien des enfants
de son ex concubine qu’il n’a pas reconnu (Cour d’appel d’Abidjan, 28 mars 1975, arrêt
n° 131, RID 1976, 1-2, p. 42 et s.).
Toutefois si le débiteur de l’obligation naturelle s’acquitte volontairement de son
obligation, il ne peut en demander la répétition c’est-à –dire la restitution. L’obligation
naturelle est en effet une obligation juridique c'est-à-dire reconnue par le droit positif.
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Il est possible que l’obligation naturelle se transforme en obligation civile, soit parce
que le débiteur l’exécute volontairement soit parce qu’il s’est engagé à le faire (Civ.
1re, 14 février 1978, Bull. civ. I, N° 59 ; Civ., 11 mars 1936, DP 36.1.16 ; Civ. 1re, 6
janvier 2011, n° 09-71.243 ; Cour d’appel d’Abidjan, 28 mars 1975, arrêt n° 131, RID
1976, 1-2, p. 42 et s.). voir également l’Art. 1100 de l’ordonnance française de 2016 qui
dispose: « Les obligations naissent d'actes juridiques, de faits juridiques ou de l'autorité seule de
la loi. Elles peuvent naître de l'exécution volontaire ou de la promesse d'exécution d'un
devoir de conscience envers autrui ».
II- Le caractère personnel de l’obligation :
Cela signifie que l’obligation n’existe que dans les rapports du créancier et du débiteur.
Le droit du créancier n’est pas en principe opposable à des tiers. En cela, l’obligation
s’oppose au droit réel qui est opposable à tous.
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L’obligation, élément du patrimoine peut se définir comme un lien de droit ou
vinculum juris entre deux personnes en vertu duquel, l’une des personnes, le créancier
peut exiger de l’autre, le débiteur l’exécution d’une prestation.
Nous verrons la notion de patrimoine et les droits patrimoniaux.
§1 : La notion de patrimoine
En l’absence de définition légale, la définition du patrimoine a été l’œuvre de deux
auteurs français, les Prof. Aubry et Rau . Le patrimoine est l’ensemble des droits et
des obligations appartenant à une personne, et ayant une valeur pécuniaire à
l’exclusion des droits extrapatrimoniaux. Nous verr ons la composition et les
caractères du patrimoine.
A- La composition du patrimoine
Il comprend deux éléments : l’actif et le passif
1- L’actif :
C’est l’ensemble des biens corporels ou incorporels d’une même personne. L’actif ne
s’identifie pas à l’ensemble des biens que le patrimoine comporte à un moment donné.
L’actif s’étend et s’entend de tous les biens que le patrimoine est susceptible de
contenir dans l’avenir. Plutôt que le contenu c’est le contenant qui est pris en compte.
C’est pourquoi les droits du créancier ne portent pas sur la configuration du patrimoine
tel qu’il se présente au moment de la naissance de la créance.
Les droits du créancier embrassent aussi les biens à venir. C’est l’idée que le
code civil rend en son article 2092 du code civil quand il dispose que “le débiteur
s’acquitte de ses engagements sur ses biens présents et à venir”.
2- Le passif :
C’est l’ensemble de toutes les dettes et plus généralement de toutes les charges d’une
même personne. Le passif est indissolublement lié à l’actif. C’est pourquoi toute
transmission du patrimoine réalise à la fois transfert du passif et de l’actif. Exemple :
la transmission du patrimoine en cas de décès (succession).
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Ces caractères sont liés à la théorie selon laquelle le patrimoine est une émanation de
la personnalité, le lien entre la personne juridique et le patrimoine est un lien étroit.
Ainsi toute personne a nécessairement un patrimoine, toute personne ne peut avoir
qu’un seul patrimoine, le patrimoine forme une universalité.
1- Le caractère nécessaire du patrimoine :
La notion de patrimoine étant intimement liée à celle de personnalité juridique,
seule la personne juridique (physique ou morale) a un patrimoine, et toute personne a
un patrimoine même si elle ne possède aucun bien. Ainsi le nouveau-né dès lors qu’il
bénéfice de la personnalité juridique a un patrimoine. Il en est de même du chômeur
ou de l’élève, car le patrimoine comprend les biens présents mais aussi ceux à venir.
Toutefois, il n’y a pas que les personnes physiques qui puissent avoir un patrimoine,
les personnes morales peuvent en être également titulaires. Exemple : les sociétés
commerciales, les sociétés civiles.
Tant que la personnalité juridique n’est pas éteinte, le patrimoine persiste. Le
patrimoine est donc intransmissible entre vifs. Un individu peut céder tous ses biens
et ses dettes mais il garde toujours un patrimoine, tant que subsiste la possibilité
d’avoir de nouveaux droits et de nouvelles obligations. Par contre à la mort de
l’individu, il y a transmission intégrale du patrimoine à ses héritiers parce que l’individu
n’a plus de personnalité.
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C’est toujours une obligation de résultat. C’est celle qui est faite au débiteur de
transférer la propriété au créancier. Il importe peu que ce transfert soit à titre gratuit ou
onéreux. Cette obligation est plus évidente dans les contrats de vente de choses de
genre (riz). Le transfert de propriété ne se réalise pas à la conclusion du contrat mais
est retardé jusqu’à l’individualisation de la chose. Pour les corps certain, cette
obligation offre peu d’intérêt. Car le transfert de propriété est instantané et se réalise
du seul accord de volonté des parties (vente). Dans certains cas l’obligation de donner
prend une coloration particulière et s’appelle obligation pécuniaire et consiste pour le
débiteur à transférer au créancier une certaine quantité de monnaie, elle est soumise
à la dépréciation monétaire.
2- L’obligation de faire :
Ici le débiteur est astreint à un fait positif distinct du transfert de propriété. Ex :
l’obligation pour l’entrepreneur de bâtir une maison, obligation pour un peintre de
réaliser une œuvre d’art.
b- L’obligation de moyens :
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Le débiteur ici n’est pas tenu de garantir le résultat, il doit agir avec le maximum de
prudence et de diligence en mettant en œuvre tous les moyens pour atteindre ce
résultat. Si celui-ci n’est pas atteint le débiteur n’est pas responsable pour cette seule
raison. Le créancier de l’obligation doit démontrer sa faute c'est-à-dire qu’il n’a pas agit
avec la diligence requise.
Exemple : Obligation du médecin à l’égard du malade.
L’intérêt de cette distinction réside dans les conditions de mise en jeu de la
responsabilité du débiteur. Le créancier d’une obligation de résultat n’a pas à
démontrer la faute du débiteur, il lui suffit de démontrer que le résultat attendu n’a pas
été atteint, elle suffit à constituer le débiteur en faute.
Au contraire le créancier d’une obligation de moyens doit démontrer la faute du
débiteur pour engager sa responsabilité.
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La doctrine unanime admet la distinction obligation conventionnelle, obligation non
conventionnelle comme la distinction majeure : C’est la Summa Divisio. Le contrat est
la source essentielle des obligations.
L’ESSENTIEL
L’obligation est un lien qui unit un créancier et un débiteur en vertu duquel le premier peut
exiger du second l’exécution d’une prestation. Elle revêt un certain nombre de caractères
notamment le caractère obligatoire, personnel et patrimonial.
Obligatoire, en ce sens que le créancier peut saisir les juridictions pour demander l’exécution
de la prestation qui lui est due. Personnel, cela suppose que ce droit du créancier n’est pas
opposable aux tiers. Enfin, le caractère patrimonial, vient du fait qu’elle est évaluable en
argent. L’obligation peut être classée selon plusieurs critères notamment selon l’objet, la
source
Bien que certains droits soient évaluable en argent, d’autres ne le sont pas. On appelle ces
droits
derniers, extrapatrimoniaux, par opposition aux droits patrimoniaux.
BIBLIOGRAPHIE
ASSIest
Le patrimoine ESSO Anne Marie,
l’ensemble des Droit
droitscivil les obligations,
et des obligations éditions IUBA,à une personne, et
appartenant
ayant une Abidjan, 2012.
valeur pécuniaire à l’exclusion des droits extrapatrimoniaux. Il comporte l’actif et le
passif.
Le patrimoine
Bony Serges, est caractérisé par sa
Droit civil, droit nécessité
des c’estles
obligations, direéditions
toute personne
ABC, 2016a un patrimoine
même si elle ne possède aucun bien ; il est unique en ce sens qu’à une personnalité juridique
François
correspond TERRE,
un patrimoine Yves
; le LEQUETTE,
patrimoine Philipe
est enfin uneSimler, Droit civil,
universalité puisque les biens qui
les obligations, Paris 2009
entrent répondent des dettes existantes.
Par ailleurs, une distinction est à opérer entre les droits patrimoniaux. erOn a tout d’abord, le
MAZEAUD Jean et CHABAS François, Droit civil, tome 2,1 volume, édition
droit réel, c’est un droit qui confère à son titulaire un pouvoir direct sur la chose. Ensuite le
Montchrestien
droit personnel encore appelé droit de créance qui est le droit qui permet au créancier d’exiger
de son débiteur l’exécution d’une prestation.
S’agissant de la classification des obligations, il y’a celles fondées sur l’objet, c'est-à-dire ce
sur quoileExercices d’application
débiteur est tenu à l’égard du créancier, dans ce cas il faut se fier à la
classification proposée par le code civil et celle proposée par la doctrine. Mais aussi, il y’a
celles fondées sur de
Contrôle la connaissances
source, on fait référence au fait qui leur donne naissance, ici il ya les
obligations conventionnelles et celles qui se forment sans convention.
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BIBLIOGRAPHIE
ASSI ESSO Anne Marie, Droit civil les obligations, éditions IUBA, Abidjan, 2012.
Bony Serges, Droit civil, droit des obligations, les éditions ABC, 2016
1) Définir la notion d’obligation. Quelles sont les composantes de l’obligation ?
LA COUR,
Sur le moyen unique pris en ses première et troisième branches :
Vu l’article 1147 du Code civil :
Attendu qu’un médecin est tenu, vis-à-vis de son patient, en matière d’infection
nosocomiale, d’une obligation de sécurité de résultat, dont il ne peut se libérer
qu’en rapportant la preuve d’une cause étrangère.
Attendu que M.Fr., qui exerçait une activité de médecin radiologiste dans des
locaux qu’il louait à une clinique dans des conditions exclusives de tout pouvoir
d’intervention ou d’organisation de cette dernière, y a pratiqué le 22 septembre
1987 sur la personne de M.F., une arthrographie d’un genou. Que quelques jours
après, M.F a souffert d’une arthrite sceptique consécutive à l’action de
staphylocoques dorés ayant pénétré dans son articulation lors de l’arthrographie.
Que l’arrêt attaqué a rejeté l’action en réparation de son préjudice engagée par M.F
contre M.F au motif que « dès lors que le médecin est tenu d’une obligation de
moyen et non pas de résultat et que, de la sorte sa faute ne peut se déduire de la
seule apparition du préjudice fut-il en relation de causalité avec l’acte médical
pratiqué .M.F ne peut qu’être débouté de ses demandes à défaut de de rapporter
la preuve d’une faute commise par le docteur Fr ».
Attendu qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a violé le texte susvisé,
Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur la deuxième branche du moyen :
Casse et annule, en ce qu’il a rejeté l’action engagée par M.F contre M .Fr, l’arrêt
rendu le 18 septembre 1997,entre les parties par la Cour d’appel de Versailles
remet en conséquence quant à ce ,la cause et les parties dans l’état où elles se
trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la Cour d’appel
d’AMIENS.
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Première partie : L’ACTE JURIDIQUE : SOURCE D’OBLIGATIONS
L’acte juridique est une manifestation de volonté réalisé en vue de produire des effets
de droit. Le contrat est le prototype de l’acte juridique : c’est un acte juridique bilatéral.
En dehors du contrat, il ya les autres actes juridiques qui sont les actes juridiques
unilatéraux et l’acte collectif.
- L’acte juridique unilatéral :
C’est une manifestation de volonté par laquelle une personne agissant seule
détermine des effets de droit. Il existe sous plusieurs formes :
- des actes juridiques extra patrimoniaux : tels que la reconnaissance d’enfant naturel,
l’émancipation.
- Les actes juridiques patrimoniaux : tels que le testament, les renonciations (ce sont
les actes par lesquels le titulaire d’un droit décide de ne plus s’en prévaloir).
- L’acte juridique collectif : Ce sont des actes qui sont non seulement formés par
plusieurs personnes mais qui ont aussi vocation à s’appliquer à plusieurs personnes.
Ils se présentent sous deux formes principales :
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- Les actes unilatéraux collectifs : Ce sont des actes collectifs dans lesquels des
personnes manifestent individuellement des volontés concordantes et s’entendent
pour atteindre le même but. L’acte résulte donc d’un faisceau de déclaration unilatérale
de volonté.
Exemple : les actes constitutifs de personnes morales. Ce qui les caractérise, c’est
l’absence de conflit d’intérêt entre leurs auteurs.
- les conventions collectives : ce sont des actes collectifs conclus entre deux groupes
de personnes dont les intérêts sont antagonistes. Ces actes ont vocation à s’appliquer
à des parties qui n’y ont pas personnellement consenties. Exemple : la convention
collective du travail.
En dépit de l’existence des actes juridiques unilatéraux et collectifs, le code civil
accorde une part prépondérante au contrat. Ainsi les conditions de validité de tous les
actes juridiques et leurs effets obéissent aux règles qui gouvernent le contrat.
Autrement dit les conditions de formation du contrat ainsi que les effets du contrat sont
applicables à tous les autres actes juridiques. C’est la raison pour laquelle dans ce
cours le contrat sera le seul acte juridique que nous aborderons.
Le contrat est définit comme un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes
dans le but de faire naître des obligations. Il est cependant des accords de volonté qui
ne sont pas des contrats en ce sens que les intéressés n’ont pas voulu établir entre
eux un rapport juridique qui permette d’exiger l’exécution d’une obligation.
Il y a ainsi des promesses que nous faisons de bonne foi, et avec la volonté actuelle
de les accomplir, mais sans une intention d’accorder à celui à qui nous les faisons, le
droit d’en exiger l’accomplissement.
Cela peut résulter des circonstances ou des qualités de celui qui promet et de celui à
qui la promesse est faite. Par exemple lorsqu’un père promet à son fils, qui étudie en
droit de lui offrir un billet d’avion pour les USA s’il réussit à son examen, le père en
faisant cette promesse, n’entend pas contracter envers son fils un engagement
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proprement dit. De telles promesses peuvent être politiques ou découler de rapports
mondains. Exemple : promesses politiques, elles n’engagent pas leurs auteurs.
De même les actes de courtoisie : une invitation à dîner qui a été acceptée ne constitue
pas un contrat.
De même la question s’est posée de savoir si l’automobiliste était tenu sur le terrain
contractuel en cas d’accident survenu au cours de transport bénévole ?
La jurisprudence a toujours refusé de voir en cette prestation de services gratuits un
contrat : il s’agit d’un acte de complaisance (cass. Civ. 27 mars 1928, G.P, N°202, voir
arrêt ivoirien CAA 22 Mars 1974).
Plus controversée a été la question de l’acte d’assistance. Le sauveteur conclut-il avec
celui auquel il porte secours une convention ?
De nombreuses décisions retiennent l’existence d’une convention d’assistance.
Les problèmes soulevés par les contrats ont trait à leur classification et au principe de
l’autonomie de la volonté.
La classification des contrats a pour but essentiel de faire apparaître non seulement
les caractères communs à une même catégorie de contrats, mais aussi les différences
qui se dégagent entre ces différents groupes de contrats. Ces classifications peuvent
se fonder sur :
- les conditions de formation des contrats
- le but poursuivi par les parties
- les effets produits par les contrats
- la durée d’exécution des contrats
Avant d’étudier ces différentes catégories nous évoquerons les contrats nommés et
les contrats innommés. Ils proviennent du code civil : le contrat est dit nommé quand
c’est un contrat usuel et pour cela réglementé par le code civil et d’autres lois. Le
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contrat est innommé quand il n’a pas de dénomination et est soumis pour cela à un
régime différent.
Section I : les classifications fondées sur les conditions de formation des contrats
Nous verrons trois groupes de contrats :
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Du fait de cette rigidité, les juristes classiques se sont demandé si les contrats
d’adhésion étaient vraiment des contrats. En effet dans l’analyse classique adhérer
n’est pas consentir. Sur le plan pratique ces deux contrats sont soumis aux mêmes
règles et régimes. Plusieurs moyens ont été recherchés pour mettre sur un pied
d’égalité les parties au contrat d’adhésion. Ainsi la loi a prévu des règles impératives.
Exemple : dans le contrat de travail, on impose à l’employeur le respect d’un congé
annuel au profit de l’employé.
Section II : Les classifications fondées sur le but poursuivi par les parties
§ 2 : La distinction des contrats à titre onéreux et des contrats à titre gratuit (contrats
de bienfaisance)
Selon l’article 1105 le contrat est à titre gratuit (contrat de bienfaisance) quand l’une
des parties procure à l’autre un avantage sans contrepartie. Au contraire l’article 1106
définit le contrat à titre onéreux comme un contrat dans lequel chacune des parties est
assujettie à une obligation de donner ou de faire quelque chose.
Intérêt de la distinction : Dans les contrats à titre gratuit l’intuitu personae est très
marquée. On y admet donc plus facilement la nullité pour erreur sur la personne. Par
ailleurs le code civil se montre moins rigoureux à l’égard des débiteurs dans les
contrats gratuits qu’envers les débiteurs des contrats à titre onéreux.
SECTION III : La classification fondée sur les effets produits par le contrat
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Certains de ces contrats proviennent du code civil mais d’autres lui sont postérieurs.
§1 : Les contrats synallagmatiques et les contrats unilatéraux
Selon l’article 1102 le contrat synallagmatique ou bilatéral est celui dans lequel les
contractants s’obligent réciproquement les uns envers les autres. Ex : contrat de vente.
Selon l’article 1103 le contrat est unilatéral quand une seule des parties est soumise à
obligation, l’autre y échappe. Ex : donation, le contrat de dépôt, contrat de prêt, le
gage.
Il ne faut pas confondre contrat unilatéral et acte unilatéral. Dans le premier il y a
accord de volonté des deux parties mais une seule s’oblige. Dans le deuxième, une
seule personne manifeste sa volonté pour déterminer des effets de droit, exple : le
testament.
- Les intérêts de la distinction : Ils se situent à deux niveaux :
* au niveau de la preuve préconstituée. Dans les contrats synallagmatiques, il y a
autant d’actes constatant l’accord de volonté qu’il y a de parties ayant un intérêt
distinct : c’est la formalité du double original (article 1325).
* Au niveau de l’exécution des deux sortes de contrats : dans les contrats
synallagmatiques, si l’une des parties n’exécute pas son obligation, l’autre a deux
moyens :- l’exception d’inexécution : on dit aussi exception non adimpliti contractus qui
permet au créancier de l’obligation inexécutée de retarder l’exécution de son obligation
jusqu’à ce que l’autre exécute la sienne. Le deuxième moyen :- la résolution du contrat
(article 1184 du code civil)). Le créancier de l’obligation inexécutée du fait de la
mauvaise foi du débiteur peut demander la résolution judiciaire du contrat. Ces moyens
existent pour les contrats synallagmatiques et non pour les contrats unilatéraux.
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Le contrat est instantané quand il s’exécute en un trait de temps. Ex : le contrat de
vente.
-Contrats à exécution successive :
Dans ce type de contrat, l’accomplissement des prestations des parties s’échelonne
dans le temps. Ex : contrat de bail, contrat de travail.
L’intérêt majeur de cette distinction se situe au niveau de l’annulation ou de la
résolution des contrats. Dans les contrats à exécution instantanée, l’annulation est
rétroactive, c'est-à-dire que le contrat est anéanti aussi bien pour l’avenir que pour le
passé. En conséquence, les prestations réciproques sont restituées.
Dans les contrats à exécution successive, l’anéantissement de l’acte ne produit pas
d’effet rétroactif. L’annulation opère pour le présent et l’avenir. On dit qu’il y a résiliation
et les prestations réciproques effectuées ne sont pas susceptibles d’être restituées.
Ex : le contrat de travail et de bail.
Conclusion
Les différentes classifications de contrats énoncées peuvent se regrouper et un même
contrat peut relever de plusieurs catégories à la fois. Par ailleurs, la liste proposée
n’est pas exhaustive et pourrait être complétée par une série de contrats issus de la
pratique et qui correspond à de nouvelles figures contractuelles, qui répondent aux
besoins sans cesse changeant de la vie économique et sociale et au progrès de la
technologie.
Ainsi aux contrats traditionnels dans lesquels le consentement s’extériorise par les
méthodes traditionnelles (signature, paroles échangées, etc.), on oppose les contrats
électroniques dans lesquels le consentement s’exprime au travers d’impulsions
électroniques. D’autres contrats correspondent à de nouvelles structures complexes
différentes de celles connues jusque-là :
- contrat complexe – groupe de contrats (la chaîne de contrat, le sous contrat,
l’ensemble contractuel).
- Contrat de consommation : conclu entre professionnels et consommateurs.(
voir la Loi ivoirienne n°2016‐412 du 15 juin 2016 relative
à la consommation : les articles 1 et 2)
- Contrat égalitaire : conclu entre professionnels ou entre particuliers.
Dans les contrats conclus entre professionnels nous avons une autre classification :
contrat de dépendance – contrat égalitaire.
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L’essentiel
L’acte juridique est une manifestation de volonté réalisée en vue de produire des effets de droit.
Il peut être unilatéral, bilatéral ou multilatéral. Le contrat est un acte juridique bilatéral définit par
l’article 1101 Code Civil, comme « une convention par laquelle une ou plusieurs personnes
s’obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose ».
Le contrat, même s’il n’est pas le seul, est la convention par excellence qui elle résulte de l’accord
de volontés de deux ou plusieurs personnes tendant à produire un effet de droit quelconque.
Il est impérieux de procéder à une classification des contrats afin d’établir les éléments similaires
et les différences entre les différents types de contrats. Plusieurs critères dont la liste n’est pas
limitative peuvent être utilisés notamment : les conditions de formation des contrats, le but
poursuivi par les parties, les effets produits par les contrats, la durée d’exécution des contrats.
S’agissant, des classifications fondées sur les conditions de formation des contrats, on a la
distinction contrat consensuel, contrat solennel et contrat réel ; les contrats de gré à gré et les
contrats d’adhésion.
Pour les classifications fondées sur le but poursuivi par les parties, il faut distinguer les contrats
commutatifs et les contrats aléatoires ; les contrats à titre onéreux et les contrats à titre gratuits.
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Par ailleurs, la classification fondée sur les effets produits par le contrat, on fait référence ici aux
contrats synallagmatiques et aux contrats unilatéraux ; contrats individuels et contrats collectifs.
CHAPITRE II-LE PRINCIPE DE L’AUTONOMIE DE LA VOLONTÉ
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La liberté de choisir son cocontractant : les personnes sont libres de choisir leur
cocontractant
La liberté de déterminer le contenu du contrat : les parties choisissent librement
l’étendue de leurs obligations. Elles en choisissent le genre et le nombre. De ce point
de vue, les règles du code civil ne sont que supplétives de la volonté. Elles ne
s’imposent pas aux parties qui peuvent innover ou s’y conformer. Il en découle
l’obligation pour le juge de ne tenir compte que de la volonté des parties pour apprécier
la validité du contrat.
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Cette doctrine se retrouve aussi dans les rapports de l’homme avec la société. Si
l’homme naît naturellement libre comment expliquer que la société lui impose des
règles ? L’on répond que c’est l’homme lui-même qui a eu le besoin de créer la
société c'est-à-dire d’adopter la vie sociale. Il lui fallait donc donner à sa création
les moyens de son fonctionnent normal. C’est pourquoi l’homme accepte que la
société crée des règles indispensables au maintien de la vie sociale.
En dernière analyse c’est la volonté humaine qui crée les contraintes sociales. Il y
a donc un pacte, un contrat social c'est-à-dire une adhésion de l’homme aux
contraintes de la société.
B/ les fondements économiques
A ce niveau l’autonomie de la volonté repose sur la doctrine du libéralisme
économique. Cette doctrine est née dès avant le XVIIIe siècle. Selon cette doctrine
l’Etat doit laisser faire et laisser passer c'est-à-dire que les hommes doivent librement
aménager leurs rapports économiques. Cette liberté est perçue comme un moyen de
réaliser au plan individuel l’intérêt des particuliers et au plan social l’intérêt général. Le
libéralisme économique établit une équation entre le contractuel et le juste. Du fait de
la liberté de l’homme il ne peut signer un contrat qui lui soit défavorable. Et ce qui naît
d’un engagement contractuel est forcement juste. Autrement les parties n’auraient pas
consenti.
Le libéralisme économique et son corollaire la liberté contractuelle permettent de
sauvegarder des intérêts particuliers en assurant la justice dans les rapports
économiques. Au plan plus général de la société, le libéralisme économique permet
de réaliser l’intérêt général. En effet, si tous les rapports économiques individuels sont
justes, l’ensemble de ces relations, par le jeu des automatismes économiques ne peut
être que juste. L’intérêt général est perçu comme la somme des intérêts particuliers.
Si les uns sont justes, les autres ne peuvent que l’être.
A/ L’ordre public
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L’ordre public est constitué de valeurs considérées comme indispensables au
développement harmonieux de la communauté et qui s’expriment par un certain
nombre de règles sociales impératives. L’examen du contenu de l’ordre public est
révélateur sur cette notion. D’abord on peut se demander quelle est la source de l’ordre
public ? Si on s’en tient à l’article 6, elle serait législative mais il y a aussi un ordre
public d’origine judiciaire. Quel est le contenu de l’ordre public ? Il y a plusieurs ordres
publics : un ordre public politique, familial, social et économique.
- L’ordre public politique : concerne la défense de l’Etat c'est-à-dire il est interdit
de porter atteinte à l’organisation de l’Etat et des services publics. Il comprend
des lois constitutionnelles, administratives et des lois pénales. Ainsi, il est
interdit à l’assuré de prendre une assurance pour garantir les paiements de ses
condamnations pénales.
- L’ordre public social : découle d’un certain nombre de règles applicables au
travailleur en général. Ces règles sont instituées dans leur intérêt. Exemple : les
règles de sécurité dans le travail (obligation du port du casque et des lunettes).
- L’ordre public familial : il comporte un ensemble de règles jugées comme
fondamentales au maintien de la famille. Il vise à protéger le statut familial et le
patrimoine de la famille. Il est interdit de déroger par convention particulière à
tout ce qui relève de la filiation, du mariage, du divorce, et de la puissance
paternelle.
- L’ordre public économique : ensemble de règles impératives édictées pour
éviter ou pour entraîner par le jeu des contrats certains résultats d’ordre
économique. Il peut être vu de manière plus générale et englober l’ordre public
social. Maintenant l’ordre public économique cherche à limiter l’exercice de la
liberté contractuelle pour mieux diriger l’économie.
25
L’ESSENTIEL
BIBLIOGRAPHIE
26
- ASSI ESSO Anne Marie, Droit civil les obligations, éditions IUBA,
Abidjan, 2012.
- Bony Serges, Droit civil, droit des obligations, les éditions ABC, 2016
Exercice d’application
27
Titre 2 : LA FORMATION DU CONTRAT
Le code civil a prévu un certain nombre de conditions générales pour la validité de
toute convention (chapitre 1). Par conséquent tout accord qui ne remplit pas ces
conditions de formation encourt la nullité (chapitre 2).
Ici le représentant ne déclare pas agir comme mandataire. Dans cette hypothèse, lui
seul est engagé et partie au contrat. Pour que le représenté soit engagé, il doit lui
transférer les droits.
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§2 : Les éléments du consentement
I- : L’offre ou pollicitation
A- la notion et les caractères de l’offre
L’offre est la manifestation de volonté par laquelle l’offrant fait connaître son intention
de se tenir pour lier, si l’autre partie accepte sa proposition aux conditions qu’elle
détermine. Une telle offre n’est valable que si elle remplit certains caractères :
1- La précision de l’offre : c’est-à-dire que l’offre doit comporter une description des
éléments essentiels du contrat projeté, de sorte qu’un seul oui du destinataire suffise
à le conclure. Exemple : pour le contrat de vente l’art. 1583 du code civil exige des
précisions sur la chose et sur le prix.
2-La fermeté de l’offre : l’offrant doit manifester une volonté résolue de conclure le
contrat. Cette volonté doit en principe s’exprimer sans réserve. Les réserves sont des
restrictions que l’offrant met à sa volonté de contracter. Ex : l’auteur de la proposition
se réserve la possibilité d’agréer son cocontractant.
Toutefois l’offre n’est pas incompatible avec les réserves. Mais dans ce cas, la validité
de l’offre va dépendre de la nature de la réserve.
Pour certains auteurs, il faut distinguer selon que la réserve est subjective ou objective.
Lorsque la réserve permet à l’offrant de choisir de manière discrétionnaire son
cocontractant, alors elle est une réserve subjective. Dans cette hypothèse, la
proposition ainsi faite ne vaut pas offre mais c’est une simple invitation à entrer en
pourparlers.
Dans la négative, elle est une réserve objective et il y aurait offre véritable. Ex : l’offre
faite “jusqu’à épuisement du stock” demeure une véritable offre.
La réserve subjective peut être expresse ou tacite. Elle est expresse quand par
exemple l’auteur de la proposition se réserve la possibilité d’agréer son cocontractant
par une stipulation expresse.
Elle peut être implicite ou tacite quand elle résulte de la nature même de la convention
proposée. C’est le cas lorsqu’elle présente un caractère intuitu personae, c'est-à-dire
où la considération de la personne est déterminante. La réserve subjective a pour
conséquence de disqualifier la proposition en une simple invitation à entrer en
pourparlers. Exemple : offre de bail d’immeuble, offre d’emploi.
De tout ce qui précède, il faut conclure que l’offre en soi même n’est pas incompatible
avec des réserves. Cependant l’offre assortie de réserve n’est une offre véritable que
30
si l’acceptation pure et simple de l’acceptant suffit à conclure le contrat, autrement dit
même si elle contient une réserve objective. Au contraire quand en plus de
l’acceptation de l’acceptant, l’offrant se réserve le dernier mot (réserve subjective),
alors la proposition ainsi faite n’est pas une offre valable.
a- la révocation de l’offre
*La position de la doctrine : elle admet traditionnellement que l’offre est librement
révocable par son auteur même si celui-ci l’a assorti d’un délai. L’on se fonde pour
cela sur l’idée qu’une manifestation unilatérale de volonté ne peut engager son auteur.
Mais une telle position présente un inconvénient : elle expose l’acceptant à l’insécurité
surtout lorsqu’il a engagé des frais pour étudier la proposition.
* La position de la jurisprudence
En raison de ces inconvénients, la jurisprudence a opté pour le maintien de l’offre
pendant un certain temps, que l’offrant ait prévu un délai ou non (social 22 Mars 1972,
Dalloz 1972, p468). Si l’offrant prévoit un délai, il doit maintenir l’offre pendant ce délai ;
mais ce délai passé, l’éventuel acceptant ne peut plus rien exiger. Si l’offrant ne prévoit
aucun délai la jurisprudence admet que l’offre doit –être quand même maintenue
pendant un délai raisonnable : délai moral. Il varie selon les circonstances et est
librement apprécié par le juge. L’obligation de maintenir l’offre pendant un délai existe,
que l’offre ait été faite au public ou à une personne dénommée (civil 3 e ch. 28 Nov.
1968, Bulletin civil 1968, 3e Partie N°507 p389)
b- La caducité de l’offre :
Sans révocation par son auteur, une offre peut-elle devenir inopérante ?
Il est admis que l’écoulement d’un certain temps peut faire tomber l’offre.
C’est le cas quand l’offre est assortie d’un délai qui s’est entièrement écoulé
(civil 1ere ch. 5Fev. 1962 au bulletin civil 1962 1ere partie N°80).
Quand l’offre n’est pas assortie de délai, elle demeure indéfiniment tant
qu’elle n’est pas acceptée et toute acceptation ultérieure conclut le contrat
Il est admis aussi que le décès de l’offrant ou son incapacité survenue
ultérieurement rend l’offre caduque. Le fondement de cette solution réside
dans le fait qu’en cas de décès l’offrant ne peut plus manifester sa volonté
et en cas d’incapacité il ne peut manifester une volonté valable. (civil 3e ch.
10 Mai 1990 au Dalloz Sirey 1990 p365).
32
II- : l’acceptation
A- la notion d’acceptation :
C’est l’acte de volonté par lequel le destinataire de l’offre accepte la proposition de
l’offrant et conclu le contrat aux conditions prévues par ce dernier. Ce consentement
n’est juridiquement valable que s’il consiste à un agrément pur et simple de l’offre. Il
faut donc que l’acceptation soit identique à l’offre. Si l’acceptation n’est pas strictement
conforme à l’offre, il n’y a pas acceptation. C’est le cas quand l’acceptant émet des
réserves sur les conditions de l’offre initiale. La jurisprudence considère une telle
acceptation comme une contreproposition assimilable à une nouvelle offre. Cette
nouvelle offre transforme l’offrant initial en acceptant et l’acceptant initial en offrant.
Cependant il n’y a de véritable contre-proposition qu’en cas de défaut réel d’agrément
de l’offre. C’est le cas quand la contre-proposition concerne un élément essentiel du
contrat tel que le prix ou la chose vendue. Si le désaccord ne porte pas sur un élément
important du contrat, alors il y a acceptation valable concluant le contrat. Ainsi la
jurisprudence a admis que si l’acceptant se contente d’apporter une précision sur l’état
de l’immeuble qui lui ai proposé, il ne fait pas de contre -proposition : Il y a acceptation
valable. (Civil 1ère chambre, 27 Mai 1961, bulletin civil 1961, 1ere partie, N°271). Dans
tous les cas l’acceptation ne vaut acceptation que si elle porte sur les conditions
définitives du contrat.
B- La manifestation de l’acceptation
L’acceptation doit être extériorisée pour la conclusion du contrat. Cette manifestation
peut être expresse ou tacite. Dans le premier cas c’est quand elle est écrite ou verbale.
Exemple : acceptation donnée dans un acte sous seing privé ou authentique par
signature, par mail, télégramme, par téléphone etc.
Dans le deuxième cas, elle se déduit d’un comportement ou de gestes accomplis.
Ainsi le fait pour une personne d’ouvrir la portière d’un taxi, arrêté à une tête de
stationnement et de s’y installer vaut acceptation de l’offre de conclure un contrat de
transport faite par le chauffeur ; le fait pour un client d’un super marché de remplir son
chariot de produits et autres articles etc.
Une autre question se pose :
En dehors de l’acceptation expresse ou tacite peut-il exister un autre mode
d’acceptation ? En d’autres termes le silence peut-il valoir acceptation ?
33
La question reçoit une réponse négative mais connaît des exceptions.
1- Le principe :
Le silence ne vaut pas acceptation. Il y a silence quand le destinataire de l’offre ne dit
rien ni par écrit ni verbalement et adopte une attitude passive de laquelle on ne peut
déduire aucune réponse tacite. La jurisprudence considère dans ce cas suivant qu’il
n’ya pas d’acceptation. Un banquier avait écrit à son client pour l’avertir que sauf ordre
contraire il le portait sur la liste des souscripteurs d’actions émises par une société.
(Civil 27 Mai 1870, au Sirez 1870, 1ère partie p. 341).
La même solution a été adoptée dans une autre espèce. Un journal avait offert pendant
un certain temps un service gratuit à une personne, puis l’a fait prévenir qu’à la fin de
la période, il la considérera comme abonnée si elle ne manifeste pas un désir
contraire. Le juge a eu à considérer que la personne concernée n’était pas liée
contractuellement (tribunal civil de la Seine, 19 Avril 1893, à la Gazette du palais 1893,
2ème partie, p162).
fondement du principe
Il repose sur la liberté contractuelle. L’individu ne peut être lié s’il n’ya pas consenti.
Ce consentement doit être clairement manifesté. Or le silence est équivoque et ne peut
donc valoir consentement.
2- Les exceptions au principe
Dans certaines circonstances exceptionnelles, le silence peut valoir acceptation : on
parle de silence circonstancié.
a) les parties peuvent convenir que dans leurs rapports le silence vaudra
acceptation (civil 1ère ch., 12janvier 1988, 4è partie, p108, à la Revue
Trimestrielle de Droit Civil, 1988, p521.)
b) les exceptions légales :
“Le bailleur qui ne donne pas congés au locataire resté dans les lieux loués
à l’expiration du bail, est considéré comme ayant accepté l’offre tacite de
reconduction du bail faite par le locataire“ : article 1738 du code civil
Il y a l’article 6 du code CIMA : “l’assureur qui pendant un délai de 15 jours
garde le silence sur la proposition de l’assuré de renouveler ou de prolonger
le contrat d’assurance, ou de remettre en vigueur un contrat suspendu est
sensé avoir accepté cette offre“.
c) Les exceptions jurisprudentielles
Dans trois hypothèses la jurisprudence donne une valeur positive au silence :
34
Le silence vaut acceptation quand les usages professionnels le requièrent.
Ici ce sont les habitudes générales propres à une activité professionnelle qui
donnent valeur au silence (commercial 9 Janvier 1956, bulletin civil 1956,
3ème partie, n°17).
Le silence vaut aussi acceptation quand il y a des relations d’affaires
antérieures entre les parties. Dans cette hypothèse ce sont les habitudes
propres aux parties qui justifient le sens donné au silence. C’est le cas quand
une offre qui est faite périodiquement a été jusque -là acceptée. Il doit s’agir
du même type de contrat c'est-à-dire de la même quantité et qualité de
marchandises, du même prix (ex : 13 Août 1870, au Dalloz 1877 5ème partie,
p456). La cour de cassation reconnaît au juge du fond une liberté
d’appréciation des circonstances.
Quand l’offre est faite dans l’intérêt exclusif du destinataire. Le fondement
est que le destinataire n’a aucune raison de refuser l’offre.
Ex : un créancier avait fait à son débiteur une remise partielle de dettes. Mais
celui-ci garda le silence et le créancier a par la suite voulu se rétracter. Le juge
a considéré que l’offre de remise partielle était acceptée (chambre des
requêtes, 29 mars 1938, au Dalloz 1939, 1ère partie, P5). Ex : convention
d’assistance dans laquelle l’assisté (blessé) est supposé accepter l’offre
d’assistance de l’assistant (celui qui lui porte secours) par son silence.
35
former le contrat dans cette hypothèse (civil 1ere ch. 19 Février 1958 au
bulletin civil 1ere partie, N° 108).
-Si l’offre est limitée aux seuls éléments essentiels alors l’acceptation est
elle-même limitée à ces éléments et réalise la conclusion du contrat. Pour le
reste les parties sont condamnées à s’entendre.
36
La jurisprudence exige une faute patente, indiscutable. La réparation à laquelle peut
prétendre la victime ne peut pas être une réparation en nature (conclusion forcée du
contrat projeté), mais l’allocation de dommages et intérêts qui compensent les pertes
subies ou la perte de chance de conclure le contrat projeté.
Par ailleurs afin de faciliter les négociations, les parties peuvent conclure des accords :
accord préparatoire, contrat temporaire, contrat de négociation etc. qui ont pour but
d’en organiser le déroulement. Ces différents accords font naître des obligations
contractuelles à la charge des parties : obligation de nouer la négociation (c’est une
obligation de résultat) et obligation de la mener de bonne foi (c’est une obligation de
moyen). La méconnaissance de ces obligations ne peut conduire qu’à l’octroie de
dommages et intérêts. Ces contrats préparatoires peuvent contenir certaines clauses
particulières telles que : la clause d’exclusivité de la négociation, la clause de
confidentialité etc.
En pratique le seuil qui sépare les pourparlers de la conclusion du contrat n’est pas
toujours aussi net et évident, surtout en cas d’existence d’un accord de principe.
L’accord de principe dresse un bilan des points sur lesquels les parties sont déjà
d’accord. Dans ces conditions à quel moment pourrait –on considérer que le contrat a
été conclu ?
Selon la jurisprudence le contrat est réputé formé dès qu’il y a accord sur les éléments
essentiels du contrat, à moins que les parties n’aient voulues subordonner la
conclusion de leur contrat, à un accord préalable sur tel ou tel élément accessoire. Cet
élément accessoire devient essentiel par la seule volonté des parties.
38
Le principe en la matière c’est le consensualisme. Toutefois il est admis que la
promesse de conclure un contrat solennel, doit obéir aux mêmes formes que celui-
ci. Ex : la promesse de vente d’un immeuble doit revêtir la forme notariée.
b) Les effets de la promesse unilatérale
- Avant la levée de l’option :
Le bénéficiaire est titulaire d’un droit personnel, d’un droit de créance, qui lui donne
le pouvoir de conclure le contrat définitif. Cette obligation est transmissible entre
vifs et à cause de mort, à moins qu’elle n’ait été accordée intuitu personae.
Si le promettant vend le bien à une autre personne, il engage sa responsabilité
contractuelle. Le tiers acquéreur qui a acquis le bien en connaissance de la
promesse, est de mauvaise foi et les juges peuvent décider que son acte est
inopposable au bénéficiaire à qui on pourra attribuer le bien s’il lève l’option.
Toutefois le droit du bénéficiaire n’existe que pendant la période d’option, passé le
délai, la promesse devient caduque. A défaut d’un tel délai la promesse devient
caduque au bout de 30 ans.
- Après la levée de l’option :
Le contrat est définitivement formé. Lorsque la promesse a pour objet la vente d’un
bien, alors le bénéficiaire devient désormais titulaire d’un droit réel. Le contrat
définitif ne prend effet qu’à la levée de l’option.
39
réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix ». La jurisprudence étend
cette solution à d’autres contrats.
Lorsqu’il s’agit d’un contrat dont la conclusion nécessite outre l’accord des
volontés, l’accomplissement d’une certaine formalité, alors la distinction entre la
promesse synallagmatique et le contrat définitif devient plus réelle. Ainsi l’accord
des volontés ne donne pas naissance au contrat définitif, mais à une obligation de
faire : accomplir les formalités requises. L’accomplissement de celles-ci forme le
contrat définitif.
Lorsque le contrat définitif est un contrat réel, la promesse de contrat réel est plus
distincte. En effet dans cette hypothèse, la promesse de contrat réel est
consensuelle et le contrat définitif ne se forme que par la remise de la chose. Cette
promesse est valable et donne naissance à une obligation de faire, qui se résoudra
en dommages- intérêts en cas d’inexécution.
Le plus souvent la formule du « compromis » est utilisée par les parties qui
subordonnent ainsi la conclusion du contrat définitif à la réalisation d’un
évènement : obtention d’un financement, d’une autorisation administrative, d’un
permis de construire etc. Dans cette hypothèse, la promesse synallagmatique de
vente s’analyse en une vente sous condition suspensive. Juridiquement la vente
est déjà formée, mais elle ne produira ses effets que si la condition se réalise. Dans
ce cas elle sera réputée conclue au jour de la promesse. Si la condition ne se
réalise pas, le contrat sera rétroactivement anéanti.
C- Le pacte de préférence
C’est le contrat par lequel une personne s’engage envers une autre, qui accepte,
à ne pas conclure avec des tiers un contrat déterminé avant de lui en avoir proposé
la conclusion aux mêmes conditions.
Ex : un associé promet à un autre de ses associés de lui proposer en priorité la
vente de ses parts sociales, au cas où il se déciderait à les vendre.
Le pacte de préférence apparait ainsi moins contraignant que les promesses
unilatérale et synallagmatique. Ainsi le promettant ne s’engage qu’à proposer la
conclusion du contrat prévu au bénéficiaire, au cas où il se déciderait à conclure.
Le bénéficiaire ne jouit que d’un droit de priorité ou droit de préemption d’origine
conventionnelle. Tant que le promettant n’a pas décidé de vendre, la droit de
préférence du bénéficiaire est maintenu.
40
Pour que le pacte de préférence soit valide, il suffit que soit précisé l’objet du contrat
éventuel, et que cet objet soit licite.
Si le promettant conclut le contrat projeté avec un tiers sans l’avoir proposé au
préalable au bénéficiaire, il engage sa responsabilité contractuelle et doit verser
des dommages et intérêts au bénéficiaire. Les juges annulent souvent le contrat
conclu avec le tiers, s’il est établi que ce tiers connaissait l’existence du pacte ainsi
que l’intention du bénéficiaire d’exercer le droit de préférence dont il est titulaire.
Mais on ne peut contraindre le promettant à conclure le contrat avec le bénéficiaire.
.
§4 : Le problème de la rencontre des volontés dans les contrats conclus entre
absents
La plupart du temps, les contrats sont conclus entre personnes présentes. Mais il peut
arriver que les parties au contrat ne soient pas en face l’une de l’autre. On parle alors
de contrat entre absents. Ils posent deux problèmes juridiques :
a) En quel lieu et à quel moment ce contrat s’est –il formé ? C’est l’hypothèse des
contrats par correspondance.
b) Quand les contrats sont conclus par téléphone se pose le problème du lieu de
formation du contrat.
41
- Dans les contrats qui opèrent transfert de propriété les risques de pertes par
cas fortuit de la chose vendue sont à la charge de l’acheteur puisque le contrat
est considéré comme formé.
42
C’est une variante du système de l’émission. Ici le contrat est considéré comme formé
du jour où le destinataire de l’offre prend dans son fort intérieur la décision d’accepter.
Mais comme l’existence d’une telle volonté ne peut être vérifiée, l’on admet que celle-
ci doit être extériorisée. C’est ce qui se passe quand l’acceptation est déclarée dans
une lettre. D’où le nom du système : système de la déclaration. Ce système présente
de gros inconvénients. En effet une telle acceptation est trop précaire car non
seulement on ne peut prouver quand la lettre a été écrite mais surtout l’acceptant peut
lui-même détruire sa lettre sans que l’on puisse l’en empêcher.
*Le système de l’émission :
Ici, le contrat n’est conclu que quand l’acceptant se dessaisit de sa lettre d’acceptation.
C’est le cas en pratique lorsqu’il l’expédie à la poste. Le cachet postal faisant foi de la
date et du lieu de l’acceptation.
b) Le système de la réception :
Ici encore, il y a en fait deux éléments :
* le système de la réception proprement dit
* le système de l’information
Dans ces deux systèmes, il n’est pas suffisant que les volontés des parties coexistent
dans l’espace. Il faut que celles-ci se soient effectivement rencontrées. C'est-à-dire
que chacune des parties doit avoir une connaissance du consentement de l’autre.
*Le système de l’information :
Ici le contrat n’est formé que si l’offrant a eu connaissance de l’acceptation.
L’inconvénient ici est que tant que l’offrant n’ouvre pas son courrier le contrat n’est pas
formé. Or l’offrant peut retarder la formation du contrat en ouvrant le courrier le plus
tard possible, il peut même empêcher sa formation en n’ouvrant jamais le courrier.
* Le système de la réception proprement dite
Pour surmonter cet inconvénient l’on adopte la théorie de la réception. Pour que le
contrat soit formé il n’est pas nécessaire que l’offrant ait eu connaissance effective de
l’acceptation. Il suffit que l’offrant ait reçu la lettre d’acceptation.
2- La position de la jurisprudence
L’analyse de la jurisprudence révèle que les solutions des juges sont diverses et non
homogènes. Cependant, la chambre des requêtes de la Cour de Cassation a
considéré que les problèmes de la date et du lieu de formation des contrats entre
absents relevaient d’une question de droit qu’il fallait régler sur le fondement de la
théorie de l’émission (requête 21 Mars 1932 au Dalloz 1933, 1ere partie p65)
43
Depuis des arrêts ultérieurs prennent position pour soit la théorie de l’émission ou soit
celle de la réception. De plus la doctrine donne de ces arrêts une interprétation non
homogène et diverse.
Toutefois, en pratique et par souci d’uniformisation, on a voulu voir dans un arrêt de la
ch. Commerciale de la Cour de Cassation, la solution de principe au double problème
du lieu et du moment de formation des contrats entre absents.
Dans l’espèce qui date du 7 Janvier 1981, un litige sur l’existence du contrat opposait
la société l’aigle distributrice de carburant à la société Comez son fournisseur. Pour
condamner la première à payer à la deuxième des dommages et intérêts sur une base
contractuelle, la Cour de Cassation avait soutenu que : « faute de stipulation contraire,
l’acte du 6 Juin 1975 était destiné à devenir parfait non pas par la réception, par la
société l’aigle de l’acceptation de la société Comez mais par l’émission par celle-ci de
cette acceptation, que le moyen qui soutient le contraire est dépourvue de
fondement ».
On en déduit que le problème de la date et du moment de formation des contrats entre
absents est réglé par la théorie de l’émission.
(Commercial 7 Janv. 1981 au Bulletin civil 1981, 4e partie, p14, La Revue Trimestrielle
de Droit Civil, 3e partie, N°290). Cette solution n’a pas été consacrée par l’ordonnance
française de 2016 qui reforme le droit des obligations en France. Elle a plutôt retenue
la théorie de la réception : article 1121 de l’ordonnance de 2016.
NB : en matière de vente commerciale l’Acte Uniforme relatif au droit commercial
général, a opté pour la théorie de la réception. C’est la même solution qui est retenue
par la loi ivoirienne de 2013 sur les transactions électroniques concernant les contrats
conclus par voie électronique.
L’ESSENTIEL
L’article 1108 Du Code civil évoque en premier le consentement comme l’un des
quatre éléments pour la validité de toute convention. Autant dire que l’importance
indubitable que renferme cette notion. Le consentement est l’accord de volonté des
parties au contrat. Il doit s’extérioriser.
En effet, les parties peuvent manifester leur consentement ayant recours à plusieurs
44
techniques telles que la représentation par exemple. La représentation est un
mécanisme par lequel une personne appelée représentée donne le pouvoir à une
autre appelée représentant d’agir en son nom et pour son compte. Elle peut être
Parfois également, certains accords peuvent intervenir en vue de préparer le contrat
final, on parle d’avant-contrat. Ce sont de véritables contrats mais qui préparent la
conclusion du contrat final, c’est le cas de du pacte de préférence, la promesse
unilatérale ou synallagmatique de contracter.
En sus de cela, un problème est celui de la rencontre de volontés entre absents. Il
s’agit de savoir le lieu et le moment de la formation du contrat. Pour résoudre la
question, deux théories ont été admises : la théorie de l’émission et la théorie de la
45
réception.
EXERCICES D’APPLICATION
Contrôle de connaissance
1) Quels sont les grands principes qui gouvernent les pourparlers contractuels ?
46
2) Une partie peut-elle voir sa responsabilité civile engagée du fait de la rupture
des pourparlers ? justifiez votre réponse.
3) La promesse unilatérale de vente vaut vente : vrai ou faux, justifiez votre
réponse.
4) Distinguez l’offre de la promesse unilatérale de contracter.
5) L’offre est-elle compatible avec des réserves ?
6) L’offre et l’acceptation engagent-t-elles les héritiers du pollicitant ou de
l’acceptant ?
7) Dans quelles hypothèses le silence peut-il valoir acceptation ?
8) A quel moment est formé le contrat électronique ?
47
protection du consentement uniquement aux vices du consentement qui apparaissent
comme des moyens curatifs ou répressifs. Plusieurs s’accordent à montrer les limites
de ces mécanismes, et soutiennent qu’il serait préférable de développer une politique
d’information des parties.
Ainsi la tendance actuelle est de doubler la théorie des vices du consentement, par
des mesures préventives qui ont pour but de favoriser l’information et la réflexion des
contractants. Alors que la plupart du temps les législateurs se sont contenté d’imposer
des obligations spéciales d’information dans les rapports entre professionnels et
consommateurs( article 3 de la loi 91- 1000 du 27 décembre 1991 portant interdiction
et répression de la publicité mensongère ou trompeuse en côte d’ivoire ; décret n° 92-
50 du 29 janvier 1992 portant réglementation de la concurrence et des prix en côte
d’ivoire ; article 6 du code CIMA etc.), la jurisprudence française se fondant sur le
principe de bonne foi, a crée une obligation générale d’information.
Cette obligation précontractuelle d’information a été consacrée par la loi ivoirienne de
2016 relative à la consommation. En effet l’article 3 de ladite loi impose au
professionnel vendeur ou fournisseur de services, de communiquer au consommateur
de manière lisible et compréhensible, avant la conclusion du contrat, les informations
portant notamment sur : le prix du bien ou du service ; les principales caractéristiques
du bien ou du service, quel que soit le support de communication utilisé etc. L’
l’obligation précontractuelle d’information vise à mettre à la disposition du
consommateur, toutes les informations utiles et nécessaires pour éclairer son
consentement. Son inobservation peut être sanctionnée par la nullité du contrat en
invoquant une réticence dolosive ou par l’octroi de dommages et intérêts au
consommateur ayant subi un préjudice par application de la responsabilité délictuelle
(article 1382 du code civil).
En dehors de l’obligation d’information, la loi sur la consommation accorde un droit de
repentir ou de rétractation au consommateur pour les contrats de vente à distance et
hors établissement (article 10 à 12), les démarchages et vente à domicile ou dans les
lieux de travail (article 13 à 16). Le consommateur dispose en principe d’un délai de
10 jours à partir de la livraison de sa commande, pour faire retour du produit au
vendeur pour échange ou remboursement. Ce délai peut être prorogé dans certaines
hypothèses (article 12, alinéa 2).
Quant aux vices du consentement on en distingue 3 : l’erreur, le dol, la violence.
48
§1 : L’erreur
Le code civil ne définit pas l’erreur. C’est la doctrine qui la définie comme une méprise
de l’un des contractants sur les conditions de son engagement. C’est donc une fausse
appréciation de la réalité qui consiste à croire vrai ce qui est faux et inversement.
49
Quand à la sanction d’une telle erreur la jurisprudence classique y voyait une cause
de nullité relative, se fondant sur l’existence d’une erreur sur la substance. La majorité
de la jurisprudence et la doctrine contemporaine y voient une cause de nullité
absolue.
1- article 1110 du code civil : l’erreur sur la personne dans les contrats où l’intuitu
personae n’est pas pris en compte.
2- L’erreur sur la qualité non substantielle de la chose. : Une telle erreur n’annule
pas le contrat. C’est le cas de l’erreur sur la substance matérielle de la chose, objet du
contrat quand celle-ci n’a pas été déterminante.
3- L’erreur sur la valeur des prestations : c’est une erreur sur la valeur économique
réelle du bien ou du service
Ex : Le propriétaire d’une œuvre d’art sculptée valant réellement huit millions la vend
seulement à six ou sept millions parce qu’il l’a mal estimé. Une telle erreur qui est sur
la prestation, n’entraîne pas la nullité du contrat car la lésion n’est pas une cause
systématique d’annulation des contrats.
Cependant seule l’erreur directe sur la valeur des prestations est indifférente. Il y a
erreur directe sur la valeur, quand l’appréciation de la victime de l’erreur est effectuée
à partir des données économiques exactes.
Au contraire, en cas d’erreur indirecte sur la valeur, il y a nullité du contrat. Il y a erreur
indirecte sur la valeur, quand l’erreur sur la valeur est la conséquence d’une erreur
initiale sur la qualité substantielle de la chose.
Ex : Le propriétaire d’un terrain à bâtir valant huit millions le vend à quatre millions
seulement parce qu’il croyait le terrain inconstructible, compte tenu des règlements
d’urbanisme. Or au moment de la vente, ces règlements avaient changés et le terrain
était redevenu constructible. La vente est annulable pour erreur indirecte sur la valeur.
Dans une telle hypothèse, l’appréciation erronée de la valeur est la conséquence d’une
erreur initiale sur une qualité substantielle de la chose(le caractère constructible du
50
terrain). Donc il y a erreur indirecte sur la valeur, dans un tel cas, le contrat est
annulable.
4- L’erreur sur les motifs déterminants
Quand ces motifs sont étrangers aux qualités que le contractant recherchait dans la
chose, objet du contrat ou de la personne de son contractant. Ex : Un fonctionnaire
lors du redéploiement des effectifs de la fonction publique achète une maison à
Bouaké, en croyant qu’il y serait affecté. Par la suite, il est maintenu à Abidjan. Il ne
pourra pas obtenir l’annulation du contrat de vente pour erreur sur le motif déterminant
car ce motif, son éventuelle affectation à Bouaké est complètement étranger à l’objet
de la vente de la maison, et en tout cas n’est pas entré dans le champ contractuel. (Cf.
cour d’appel d’Abidjan chambre civile et commerciale, 27 octobre 1972, RID 1974,
3ème et 4ème partie, p5).
Aux termes de l’article 1110 alinéa 1 du code civil : “l’erreur n’est une cause de nullité
que si elle tombe sur la substance même de la chose qui en est l’objet“.
a) La notion de substance :
51
Dans une interprétation objective la substance c’est la matière dont la chose est
faite. Ex : Un meuble en bois ou une bague en or.
Dans une interprétation subjective, la substance est la qualité substantielle
c'est-à-dire la qualité de la chose que les parties ont eue principalement en vue.
C’est la qualité qui a déterminé leur consentement, c’est celle qui a déterminé
le consentement de la partie qui s’est trompée.
C’est la conception subjective que la jurisprudence adopte et selon la Cour de
Cassation : “l’erreur doit être considérée comme portant sur la substance même de
la chose lorsqu’elle est de telle nature que sans elle la partie n’aurait pas
contractée’’ (civil 28 Janvier 1913, au Sirez de 1913, 1ère partie, p487).
Dans l’interprétation du caractère subjectif la jurisprudence adopte une conception
extensive. Le juge considère que selon l’article 1110 du code civil, la chose peut
être aussi bien un bien corporel qu’un bien incorporel. Le terme de substance
recouvre différentes réalités. Ce peut être la substance matérielle ou encore la
qualité artistique de la chose, ou encore la conformité de la chose à sa destination.
c) La preuve de l’erreur
C’est au demandeur de prouver non seulement qu’il y a eu erreur mais que cette
erreur a déterminé son consentement. Pour cette preuve, le demandeur doit
prouver qu’il a cru faussement en l’existence d’une qualité qu’il recherchait dans la
chose. Dans le deuxième cas, il lui revient de prouver que sans l’erreur il n’aurait
pas contracté. Cette double preuve est une question de fait, librement appréciée
par les juges du fond (civil 20 février 1947, au JCP 1974, 4ème partie p125). Le juge
52
apprécie ces circonstances in concreto c'est-à-dire compte tenu de la situation
particulière de la victime de l’erreur. Dans tous les cas, à défaut de ces preuves la
nullité n’est pas prononcée (C.A. Abidjan ch. civile et commerciale 27 Octobre
1972, RID 1974, 3ème et 4ème partie, p5). La nullité encourue est une nullité relative
et elle se prescrit pour 10 ans à compter de la découverte de l’erreur.
Cette erreur est un cas d’erreur de gravité suffisante pour que le consentement soit
vicié et que le contrat soit annulé. Mais selon l’article 1110 alinéa 2, une telle erreur
n’est opérante que si la considération de la personne est la cause principale de la
convention. On parle dans ce genre de cas de contrat conclu intuitu personae. Ex :
contrats gratuits, le mandat, contrat médical, le contrat de travail, de bail, contrat
de mariage.
Différentes sortes d’erreurs sur la personne peuvent être prises en compte. En
matière contractuelle, l’erreur peut porter sur l’identité physique ou civile de la
personne du cocontractant, ou sur une qualité essentielle de la personne. En droit
ivoirien de la famille, seules les erreurs sur l’identité physique et civile de la
personne était cause de nullité du mariage à l’exclusion de l’erreur sur les qualités
essentielles. Toutefois, cette solution a été assouplie par la loi de 2019 relative au
mariage qui consacre une telle nullité en cas d’erreur sur l’incapacité physique de
consommer le mariage ou de procréer d’un époux qui a manqué d’informer l’autre
sur son état dont il était lui-même informé.
Par ailleurs, il ne suffit pas que l’erreur soit vice du consentement pour que le contrat
soit annulé. Il faut la réunion d’autres conditions. Quelles sont les conditions pour
aboutir à une telle annulation ?
B- Les conditions de sanction de l’erreur
53
1) l’erreur doit être excusable
Pour obtenir la nullité du contrat la victime doit aussi démontrer que l’erreur qu’elle
a subie est excusable, c'est-à-dire qu’en fait elle est pardonnable à l’avoir
commise. Au contraire quand l’erreur est grossière, la victime de l’erreur n’est ni
pardonnable, ni excusable. Dans une telle hypothèse, il n y a pas nullité même si
l’erreur porte sur une qualité substantielle. Le droit ne protège pas les naïfs, le
caractère excusable de l’erreur est apprécié in concreto c'est-à-dire on prend en
compte la personne de la victime de l’erreur : son âge, son degré d’expérience et
sa fonction. Il en résulte que des erreurs commises par des professionnels dans
leurs spécialités ne sont pas excusables (comm. 4 juillet 1973, au Dalloz, 1974
p530). Le fondement d’une telle solution repose sur des considérations morales.
La victime se trompe mais moralement ne mérite pas d’être protégée.
L’erreur doit être déterminante signifie que la victime de l’erreur doit démontrer que
sans l’erreur elle n’aurait pas contracté.
L’erreur est entrée dans le champs contractuel signifie que le contractant non
victime de l’erreur ait su que l’autre partie considérait comme essentielle, la qualité
sur laquelle elle s’est méprise.
Il n’est pas nécessaire pour qu’il y ait nullité que les deux parties se soient
trompées, il suffit que l’autre partie ait eu connaissance de ce qui était désiré par
le contractant qui évoque l’erreur.
§2 : Le dol
C’est l’article 1116 du code civil qui règlemente le dol. Il ne le définit pas. En droit
on le définit comme une tromperie ayant pour objet d’induire une personne en
erreur pour l’inciter à conclure un contrat désavantageux. Au plan psychologique
le dol produit le même effet que l’erreur. L’une des parties conclut en se faisant une
fausse représentation de la réalité. Mais le dol se distingue de l’erreur d’un triple
point de vue : *En tant que fait extérieur à l’individu, il est plus facile à prouver.
*Certaines erreurs inopérantes en tant qu’erreurs spontanées telle que l’erreur sur
la valeur, provoquent la nullité quand elles proviennent d’un dol.
54
* Le dol impliquant toujours une faute de celui qui l’a commis, la victime du dol
pourra obtenir, outre la nullité, des dommages- intérêts pour le préjudice subi. Dans
l’hypothèse de l’erreur, la preuve d’une faute est toujours difficile à rapporter, par
conséquent l’octroie de dommages- intérêts est plus délicat.
A/L’élément matériel
L’article 1116 du code civil parle de manœuvres pratiquées par l’une des parties.
En plus de ces manœuvres l’on prend en compte aussi le mensonge et la réticence.
1- En ce qui concerne les manœuvres, elles supposent une mise en scène ou
au moins des artifices de la part de l’auteur du dol.
2- Le mensonge : La jurisprudence considère que le simple mensonge même s’il
ne s’appuie pas sur un fait extérieur peut constituer l’élément matériel du dol.
C’est le cas quand l’auteur du mensonge ment délibérément dans l’intention
de tromper l’autre. Mais un tel mensonge pour être efficace doit avoir une
certaine gravité. C’est pourquoi on distingue entre le bon dol et le mauvais dol.
Seul le dernier est pris en compte comme cause de nullité.
Le mensonge est un bon dol (Dolus Bonus) quand il correspond aux vanteries
normales qu’un vendeur fait de ses produits. Au contraire, le mensonge est un
mauvais dol (Malus Bonus) quand il dépasse nettement l’habilité normale permise
à tout vendeur. (Paris 16 Décembre 1924, au Dalloz hebdo, 1925, p125).
3 - La réticence : Le fait pour une partie de ne pas renseigner l’autre peut-il
constituer un dol ? Aujourd’hui, aussi bien la loi que les juges admettent la réticence
comme un dol. Ainsi, le code CIMA oblige l’assuré à déclarer toutes circonstances de
nature à permettre à l’assureur d’apprécier le risque qu’il prend en charge. A défaut
d’un tel renseignement, le contrat est nul pour réticence dolosive (article 18, al.1 du
code CIMA).
La réticence dolosive est aussi admise lorsqu’il ya manquement à une obligation
précontractuelle d’information ou de renseignement. C’est le cas de l’article 3 de la loi
de 2016 relative à la consommation qui impose une telle obligation d’information au
professionnel à l’égard du consommateur.
55
Le juge considère qu’il y a aussi réticence dolosive quand l’un des contractants omet
de révéler à l’autre des faits dont il lui était impossible par lui-même d’avoir
connaissance. Maintenant la réticence est une forme de dol, et la Cour de Cassation
reconnaît au juge du fond un pouvoir souverain d’appréciation de l’existence de la
réticence (civil 1ere ch. 27 Oct. 1970, au JCP 1971, 2e Partie N°16710). Le juge ivoirien
a eu sur ce point à se prononcer (Cour d’Appel Abidjan, 21 Février. 1969 RID 1970,
1ere Partie, p45).
B- L’élément intentionnel
La manœuvre, le mensonge, la réticence doivent avoir été accomplis par l’auteur dans
l’intention de tromper l’autre partie. A l’origine du dol, il y a donc l’intention de tromper
et en absence d’une telle intention il n’y a pas dol. En effet dans le dol l’on ne trompe
pas en se trompant. C’est dans ce sens que la Cour d’Appel de Paris a eu à décider
qu’il n’y avait pas dol si par simple négligence un contractant fournit à l’autre des
renseignements erronés (civil 30 Décembre 1934, au Sirez 1935, 2e partie, p190).
L’intention de tromper doit être prouvée par le demandeur en nullité. Cette preuve se
fait par tout moyen. Elle peut résulter de la seule existence de l’élément matériel. A
défaut de cette preuve, la nullité n’est pas prononcée.
II- Les caractères du dol opérant
B- l’auteur du dol
Il y a un principe et des exceptions
1- Le principe :
Il est posé par l’art 1116 : le dol pour entraîner la nullité doit provenir du contractant,
de la victime du dol. Il en résulte que le dol d’un tiers n’entraîne pas la nullité du contrat.
Cette règle a un fondement moral. Le dol est une faute dont la sanction doit être
supportée par l’auteur. Imposer la nullité pour dol d’un tiers à un contractant revient à
le sanctionner injustement. Le dol d’un tiers ne donne droit qu’à des dommages et
intérêts contre le tiers auteur du dol.
2- Les exceptions
Le dol d’un tiers entraîne la nullité d’un contrat dans certains cas :
- En cas d’actes unilatéraux : l’explication c’est que dans ce genre d’acte, il n’y a qu’une
seule partie et le dol ne peut provenir fatalement que d’un tiers, exclure ici la nullité
pour dol revient à exclure ce genre d’actes du domaine des nullités.
- Quand le tiers est mandataire c'est-à-dire représentant de l’une des parties au
contrat.
- Quand le tiers est complice de l’une des parties au contrat
- Dans le cas de donation (contrat unilatéral)
Ici l’on privilégie l’intérêt du donateur par rapport à celui du donataire. Ce dernier ne
perd qu’un avantage.
Le demandeur en nullité doit établir l’existence de toutes ces conditions par tous
moyens car le dol est un fait juridique.
La nullité est prononcée quand ces conditions sont réunies. C’est une nullité relative
qui se prescrit par 10 ans à compter de la découverte du dol. Par ailleurs la victime
57
du dol peut demander des dommages et intérêts pour le préjudice subi du fait de la
faute de son contractant, ou même en démontrant qu’elle a subi un préjudice du fait
de l’annulation. Elle peut même se borner si elle le désire à ne demander que des
dommages et intérêts.
I- La notion de violence
Selon l’article 1112 du code civil « il y a violence quand l’acte est de nature à faire
impression sur une personne raisonnable et qu’elle peut lui inspirer la crainte d’exposer
sa personne ou sa fortune à un mal considérable et présent ».
Il résulte de cette définition que la violence est une contrainte consistant en une
menace d’infliger un mal considérable, contrainte exercée sur la volonté d’une
personne pour la forcer à conclure. C’est donc la crainte qui résulte de la violence qui
vicie le consentement. La victime perd donc sa liberté de choisir de conclure ou de ne
pas conclure. La violence comporte un élément matériel et psychologique. La question
de son origine se pose.
A- L’élément matériel de la violence :
L’acte matériel peut s’exercer sur la volonté ou sur le corps de la personne. Dans le
premier cas on parle de violence morale et dans le deuxième cas de violence physique.
a- La violence morale : elle pèse sur la volonté de la victime et prend la forme d’un
chantage. Cette dernière signe le contrat pour échapper au mal qui la menace. Ce mal
peut être physique (menace de coups, ou de tout autre acte de tortures, séquestration
etc ) ou moral (la perte de sa fortune ou d’un être cher etc).
b- La violence physique : c’est celle qui pèse sur le corps et consiste à annihiler la volonté
de la victime. Elle n’est pas prise en compte comme vice du consentement, car il n’y
a même pas consentement donc il n’y a pas contrat.
La contrainte exercée dans la violence a pour but de susciter la crainte afin que la
partie donne son consentement. Cette crainte doit être assez grave pour inspirer la
peur chez la victime d’exposer sa vie, ses biens ou un être cher.
58
C- La question de l’origine de la violence :
La question s’est posée en droit de savoir si toute forme de violence pourrait être prise
en compte. En effet, le code civil semble limiter l’origine de la violence au fait de
l’homme. Alors qu’en est-il lorsque la violence n’est pas le fait d’un homme mais résulte
d’évènements extérieurs à l’homme tout en exerçant une pression, une contrainte sur
sa volonté ? On s’est demandé si la contrainte résultant des évènements pouvait être
assimilée à la violence. C’est le problème de l’état de nécessité.
La question s’est posée en matière d’assistance maritime. Le capitaine d’un navire
sauveteur pouvait imposer au capitaine d’un navire en péril les conditions de la
convention d’assistance sans que ce dernier puisse en discuter librement, doit- on
annuler leur contrat pour violence ? La cour de cassation Française a admis
formellement une telle violence (requête 27 Avril 1887, au Dalloz, 1888, 1ère partie,
p327).
La cour de cassation a par la suite étendue cette solution à d’autres domaines. Elle
annule un contrat de travail désavantageux conclu par un employé pressé par des
besoins d’argent, besoin dû à la maladie de son enfant. (Social 5 juillet 1965, au
Bulletin Civil 1965, 4ème partie, n°545).
On peut pourtant souhaiter que l’assimilation de l’état de nécessité à la violence soit
posée comme une règle générale, toutes les fois où le contractant a profité des
circonstances pour imposer à la partie contrainte, la signature d’un contrat lui
procurant des avantages abusifs. Une telle solution se justifierait par des
considérations morales et psychologiques (ex : nullité des contrats conclus par les
Israéliens pendant la 2ème guerre mondiale en se fondant sur la violence découlant de
l’état de nécessité : les acheteurs avaient abusé de la persécution que subissait les
israéliens pour payer des prix anormalement bas).
59
La violence est déterminante quand sans elle la victime n’aurait pas contracté ; cette
condition est remplie quand la crainte résultant de la menace présente une certaine
intensité et gravité. C’est ce que veut dire l’article 1112 du code civil quand il précise
que « la violence doit être de nature à impressionner une personne raisonnable, et
pouvoir lui inspirer la crainte d’exposer sa personne, ou sa fortune a un mal
considérable et présent ». Selon cet article pour que la violence soit considérée
comme déterminante, il faut certaines conditions :
- Il est nécessaire que la peur de voir le mal se réaliser soit présente donc concomitante
à la signature du contrat.
- Il est aussi nécessaire que cette crainte soit considérable, c'est-à-dire en fait, assez
grave pour déterminer le consentement. La gravité de la crainte inspirée par la
menace est appréciée in concréto : C’est ce que semble souligner le même article
1112 quand il prescrit d’avoir égard à l’âge, au sexe et à la condition sociale des
personnes concernées. C’est l’appréciation in concréto que la jurisprudence retient.
(Requête 17 Juin 1877, au Dalloz 1870,1ère partie, p60).
-Il importe peu que cependant le mal redouté soit dirigé contre la personne ou la
fortune de la victime de la violence. Par ailleurs, les personnes menacées peuvent être
des proches du contractant, (Art 1113) c'est-à-dire le conjoint, les descendants ou
ascendants. Cette énumération n’est pas limitative et d’autres êtres chers : amis,
fiancé, maîtresse ou amants peuvent être pris en compte.
B/ Le caractère illégitime ou injuste de la violence
Pour causer la nullité la violence doit être injuste ou illégitime c'est-à-dire non fondée
en droit. C’est le cas quand la violence emprunte la forme d’une voie de fait. Quand la
violence prend la forme d’une voie de droit elle est légitime. Deux cas peuvent se
présenter :
1- l’article 1114 du code civil dispose : “ la seule crainte révérencielle envers le
père, la mère ou un autre ascendant ne suffit point pour annuler le contrat“. En
d’autres termes, le souci des enfants de ne pas déplaire à leurs parents, aux
grands parents ne peut entraîner la nullité du contrat même quand ce souci à
déterminé leur consentement. Cette solution se justifie par l’idée que l’influence
des parents sur les enfants résulte de l’exercice légitime d’une autorité morale.
Mais la crainte révérencielle n’est une violence légitime que si elle est la seule
cause ayant déterminée le consentement. Cependant si elle s’accompagne de
60
violence ou menaces caractérisées alors la nullité peut être prononcée. Cette
solution ressort expressément de l’article 1114 du code civil.
2- Les tribunaux décident que la menace d’exercer une voie de droit est légitime
(social 1960, au bulletin civil 1960, 4ème partie, n°442). Dans l’espèce, le juge
admet que le fait pour l’employeur de menacer son employé indélicat de
poursuites correctionnelles pour l’obliger à démissionner est légitime.
Cependant la légitimité de l’exercice d’une voie de droit suppose certaines
conditions :
a) les moyens utilisés doivent être corrects. Un créancier titulaire d’une créance
légalement établie ne peut user de coups et violences contre son débiteur pour
obtenir paiement. De même, la mise en œuvre d’une procédure judiciaire peut
constituer une violence illégitime si son initiateur agit de manière vexatoire ou
dans le seul souci d’intimider le débiteur.
b) La menace d’utiliser une voie de droit n’est légitime que si l’avantage
recherché est en rapport direct avec le droit que l’on exerce ou menace
d’exercer. Ex : quand un créancier hypothécaire menace son débiteur d’opérer
une saisie si la dette échue n’est pas payée, elle est légitime. Au contraire
l’utilisation d’une voie de droit est illégitime quand celui qui agit recherche un
avantage autre que celui que son droit consacre. (Criminel 21 juillet 1933, au
Sirez 1935 ,1ère partie p36).
Quand ces conditions sont remplies la nullité du contrat conclu est prononcée. Peu
importe cependant l’auteur de la violence car l’article 1111 du code civil précise
expressément que la nullité peut être obtenue même si la violence émane d’un
tiers. Cette solution est justifiée pour la victime de la violence mais elle paraît injuste
pour le contractant qui est sanctionné sans l’avoir mérité.
L’ESSENTIEL
Le consentement donné par chacune des parties doit être donné en toute connaissance
de cause. Ainsi dans le but de protéger les contractants, des moyens ont été mis en place.
Ce sont tantôt des mesures préventives telle que l’obligation générale d’information, tantôt
ce sont des moyens curatifs, on parle de vices du consentement.
Lorsqu’on évoque les vices du consentement, on fait référence à l’erreur, au dol et à la 62
violence.
L’erreur n’est pas définie par le Code Civil, la définition est donc l’œuvre de la doctrine.
Enfin, l’on peut évoquer comme dernier vice du consentement la violence dont la
définition est donnée par l’article 112 du Code Civil « « il y a violence quand l’acte
est de nature à faire impression sur une personne raisonnable et qu’elle peut lui
inspirer la crainte d’exposer sa personne ou sa fortune à un mal considérable et
présent ». La violence suppose un élément matériel et un élément psychologique.
De même que le dol, la violence suppose deux caractères : La violence doit être
déterminante, illégitime. 63
BIBLIOGRAPHIE
EXERCICE D’APPLICATION
Contrôle de connaissance
64
Répondez vrai ou faux et justifiez.
1- L’erreur sur la valeur n’est point une cause de nullité du contrat.
2- L’erreur sur la personne n’est pas une erreur viciant le consentement.
3- La valeur artistique d’un objet ne peut être vue comme une erreur sur la
substance.
4- Le dol implique toujours une faute de celui qui l’a commis.
5- La menace d’exercer un droit que l’on détient de la loi n’est pas illégitime.
Cas pratique
M. Lagrinta, un particulier, fait face à une situation financière très difficile, situation
connue par toute la ville où il réside. Contraint, il doit vendre ses meubles de collection.
Pour sa commande ancienne, il prend contact avec un antiquaire dans sa rue. Ce
dernier remarque un indice témoignant de la grande valeur du meuble mais il ne dit
rien et l’achète auprès de M. Lagrinta pour 3.000.000 FCFA, somme bien inférieure à
la valeur réelle du meuble. Deux ans plus tard, après avoir rétablie une situation
financière plus favorable, M. Lagrinta est persuadé d’avoir été floué lors de cette vente.
Dissertation
65
SECTION 2 : LA CAPACITÉ DES PARTIES
L’article 1108 du code civil exige en second lieu pour la validité des contrats que les
parties soient capables. La capacité est réglementée par les articles 1123 à 1125 du
code civil. Pratiquement le contrat est annulable si l’une des parties est incapable.
I - les généralités
Pour conclure un contrat, il faut être capable c'est-à-dire avoir 18 ans révolus et jouir
de toutes ses facultés mentales. C’est pourquoi les mineurs et les incapables majeurs
ne peuvent contracter. Leur âge ou l’altération de leurs facultés mentales ( ou
corporelles, leur infirmité, ou l’affaiblissement dû à l’âge ou au retard anormal de son
développement) conduit à penser qu’ils n’ont pas un consentement suffisamment
éclairé pour contracter. L’incapacité se présente sous deux formes:
*Les incapacités de jouissance : c’est quand une personne est déclarée
inapte à avoir des droits et à être soumise à obligations. Elle est donc privée
du droit de conclure les actes juridiques. Une telle incapacité ne peut être
générale car cela reviendrait à priver l’individu de la personnalité juridique.
*Les incapacités d’exercice : Quand l’individu est apte à avoir des
obligations et des droits mais il ne peut les mettre en œuvre. Ce genre
d’incapacité est fréquent et est une mesure de protection de l’incapable.
C’est celle-ci qui frappe les incapables en droit ivoirien.
L’incapacité d’exercice peut être générale ou spéciale, dans le premier cas elle couvre
en principe tous les actes de la vie civile sauf exception légale ou judiciaire. Dans le
second cas elle ne concerne que quelques actes de la vie juridique. L’individu demeure
capable pour tous les autres actes.
Les personnes frappées d’incapacité d’exercice sont protégées de deux manières :
elles peuvent être représentées ou assistées.
La représentation est la mesure de protection utilisée pour les personnes frappées
d’une incapacité générale d’exercice. Ces personnes sont en principe juridiquement
inaptes à exercer leurs droits. En pratique, elles ne peuvent donc conclure seules des
actes juridiques sauf hypothèse exceptionnelle.
L’assistance est une mesure de protection utilisée pour les personnes frappées
d’incapacité spéciale d’exercice. Dans ce cas, la personne protégée est capable en
principe de faire les actes de la vie civile sauf les actes que la loi lui interdit
spécialement.
Ces deux modes de protections sont le régime des incapacités contractuelles.
66
II - Le régime des incapacités contractuelles
L’article 1123 du code civil prévoit que toute personne peut contracter si elle n’en est
pas déclarée incapable. On peut classer les incapables en deux groupes : les mineurs
et les majeurs incapables.
Les articles 32 et 33 de la même loi disposent que le mineur non émancipé est
incapable de contracter. Il a nécessairement besoin d’un représentant pour tous les
actes de la vie civile. Lorsque la représentation est exercée par les père et mère, on
parle d’autorité parentale (article 3 et svts de la loi de 2019), à défaut, elle est exercée
par le tuteur : article 53 et svts de ladite loi.
L’article 37 de la loi prévoit que l’acte que le mineur conclut seul n’est pas nul pour ce
seul fait, son sort dépend de sa nature. Si l’acte conclut est de ceux que le représentant
légal aurait pu faire seul, alors l’acte peut être valable : ce peut être un acte
d’administration c'est-à-dire un simple acte de gestion courante du patrimoine, qui ne
peut en diminuer la valeur parce que n’opérant pas transmission de droits. Un tel acte
n’est annulable que si le mineur subit une lésion quelque soit l’importance.
Si l’acte conclu est de ceux que le représentant légal n’aurait pas pu faire seul alors,
l’article 37 prévoit qu’un tel acte est nul de plein droit ou nul dans la forme : ce sont les
actes de disposition. Ils ont pour effet de diminuer la valeur du patrimoine parce qu’ils
entraînent la transmission d’un droit. Ex : la vente d’un bien du mineur.
2) Les exceptions à ce principe :
67
a- Selon l’article 34 de la loi sur la minorité, le mineur peut conclure seul les actes
conservatoires (actes dont le but est de préserver la substance du patrimoine
du mineur). Ex : contrat d’assurance de dommage, renouvellement d’une
inscription hypothécaire etc
b- Les actes d’administration : il est admis que le mineur peut les faire seul
puisque son représentant légal peut le faire seul. Ex : conclusion d’un
contrat de bail
c- L’article 35 de la même loi prévoit que le mineur de 16 ans peut conclure et
rompre un contrat de travail avec l’assistance de son représentant légal.
d- Il est d’usage d’admettre que le mineur non émancipé peut conclure seul
les actes de la vie courante.
L’acte irrégulier conclu par le mineur est frappé de nullité relative. Cette nullité est
invocable par le mineur à sa majorité dans un délai de 5 ans ou par le représentant
légal pendant sa minorité (article 40 de la loi) sauf si le mineur a ratifié l’acte à sa
majorité ou à son émancipation (article 39 de la loi).
Selon l’article 40 l’action en nullité pour minorité se prescrit pour cinq ans à compter
de la majorité ou de l’émancipation. Si la nullité est prononcée et celle-ci doit l’être
même en cas de déclaration frauduleuse de majorité, le mineur ne restitue que ce qui
a tourné à son profit (article 41 de la loi sur la minorité.)
B- Le mineur émancipé:
L’émancipation est l’acte par lequel un mineur acquiert la pleine capacité d’exercice
par son affranchissement de l’autorité parentale ou de la tutelle. Il devient capable
d’accomplir tous las actes de la vie civile et se trouve de ce fait assimilé à un majeur :
article 119. Cependant, pour l’exercice du commerce et son adoption, il faut
l’autorisation des père et mère ou celui qui exerce l’autorité parentale ou le conseil de
famille : article 125 à 126.
Depuis la réforme de 2019, l’émancipation par le mariage n’existe plus. Aujourd’hui,
l’émancipation est exclusivement volontaire. Elle résulte de la déclaration conjointe
des père et mère ou de l’un d’eux en cas de désaccord, à condition que le mineur ait
atteint 16 ans révolus. Cette déclaration est reçue par le juge des tutelles qui recueille
le consentement du mineur et prononce l’émancipation si elle satisfait aux intérêts du
mineur et s’il ya de justes motifs : article 120. L’émancipation des mineurs sous tutelle
ou non placés sous tutelle est régie par les articles 121 et 122 de la loi sur la minorité.
68
§2 : Les majeurs incapables
Leur condition juridique a beaucoup évolué avec la loi ivoirienne du 22 mai 2023
relative aux majeurs protégés par la loi. Cette loi a abrogé les différents régimes
de protection qui étaient prévus par le code civil français de 1804 et qui étaient
encore applicables en Côte d’Ivoire, malgré leur inadaptation et leurs
insuffisances. Il faut envisager la situation du majeur non protégé d’une part et
celle du majeur protégé d’autre part.
A- Le majeur non protégé :
Selon l’article 1er de la loi de 2023 relative aux majeurs protégés, le majeur est la
personne âgée de 18 ans accomplis. Il est capable d’accomplir tous les actes de la
vie civile. Par conséquent il est capable de contracter et les actes juridiques passés
par lui sont en principe valables.
Toutefois, l’article 6 dispose que pour faire un acte valable, il faut être sain
d’esprit. Il appartient à ceux qui agissent en nullité pour cette cause de prouver
l’existence d’un trouble mental au moment de l’acte. Du vivant de la personne,
l’action en nullité ne peut être intentée que par elle-même ou par son mandataire.
L’action se prescrit par 5 ans. Après sa mort, les actes ne peuvent être attaqués
que dans les cas suivants :
- Si l’acte porte en lui-même la preuve d’un trouble mental
- Si une action avait été introduite avant le décès aux fins d’ouvrir la tutelle
ou la curatelle
B- Le majeur protégé
Lorsque l’état ou la situation de la personne majeure l’exigent, elle peut recevoir
une protection spéciale de sa personne et de ses biens selon les modalités prévues
par la loi. La mesure de protection n’est ordonnée par le juge des tutelles qu’en
cas de nécessité et lorsqu’il ne peut être suffisamment pourvu aux intérêts de la
personne par l’application des règles du droit commun de la représentation, de
celles relatives aux droits et devoirs des époux et des règles des régimes
69
matrimoniaux, ou par une autre mesure de protection judiciaire moins
contraignante. La demande d’ouverture de la mesure de protection peut être faite
par le majeur qu’il ya lieu de protéger, ses père et mère, ses descendants, ses frères
et sœurs, son conjoint, le procureur de la république pour la personne se trouvant
dans les situations suivantes :
- Le majeur qui est dans l’impossibilité de pourvoir seul à ses intérêts en raison de
l’altération de ses facultés mentales ou corporelles, de son infirmité, de son
affaiblissement dû à l’âge ou du retard anormal de son développement. Dans cette
hypothèse, l’altération des facultés mentales ou corporelles et le retard anormal du
développement doivent être de nature à vicier ou à empêcher l’expression de la
volonté. Ils doivent être médicalement établis.
- Le majeur qui par sa prodigalité ou son intempérance, s’expose à tomber dans le
dénuement ou compromet l’exécution de ses obligations familiales.
La loi de 2023 relative aux majeurs protégés prévoit 3 régimes de protection des
majeurs incapables : la sauvegarde de justice, la tutelle et la curatelle. Les majeurs
sous tutelle sont des incapables représentés et les majeurs sous sauvegarde de justice
et en curatelle sont des incapables assistés.
70
Selon l’article 47 de la loi relative aux majeurs protégés, lorsqu’un majeur, pour
l’une des causes prévues à l’article 3, sans être hors d’état d’agir lui-même, a
besoin d’être assisté ou contrôlé dans certains actes de la vie civile, il peut être
placé sous le régime de la curatelle par le juge des tutelles qui lui désigne un
curateur.
Le majeur en curateur ne peut, sans l’assistance de son curateur, faire aucun acte
qui, sous le régime de la tutelle des majeurs, requerrait une autorisation du conseil
de famille. Il ne peut, non plus, sans cette assistance, recevoir des capitaux, ni en
faire emploi. Si le majeur en curatelle a fait, seul, un acte, pour lequel l’assistance
du curateur était requise, lui-même ou le curateur peuvent en demander
l’annulation dans un délai de 5 ans à compter de l’accomplissement de l’acte :
article 52 de ladite loi. La nullité encourue est donc une nullité relative.
3- Les majeurs sous tutelle
La tutelle est ouverte quand un majeur, pour l’une des causes prévues à l’article
3, a besoin d’être représenté d’une manière continue dans les actes de la vie civile.
Le juge des tutelles ne peut prononcer l’ouverture de la tutelle que si l’altération
des facultés mentales ou corporelles du malade a été constatée par deux médecins
spécialistes choisis sur une liste des experts agrées auprès des juridictions.
Tous les actes passés par la personne protégée, postérieurement à la publication
de la décision d’ouverture de la tutelle, sont nuls de droit. Toutefois, le juge, sur
avis du médecin traitant peut énumérer certains actes que la personne protégée a
la capacité de faire seule, soit avec l’assistance de son tuteur.
Les actes antérieurs peuvent être annulés si la cause qui a déterminé l’ouverture
de la tutelle existait notoirement à l’époque où ils ont été faits. L’action en nullité
se prescrit par 5 ans à compter de la décision d’ouverture de la tutelle.
Le mariage d’un majeur en tutelle n’est permis qu’avec l’autorisation du conseil
de famille spécialement convoqué pour délibérer, à moins que les père et mère du
majeur protégé ou l’un d’eux, si l’autre est prédécédé, n’est donné leur
autorisation au mariage. Dans tous les cas, l’avis du médecin traitant est requis.
71
L’ESSENTIEL
A la lecture de l’article 1108 du Code Civil, on peut affirmer que pour conclure un
contrat, il faut avoir la capacité. C’est fort de cela que les mineurs et les majeurs
incapables ne peuvent valablement conclure des contrats : ils sont donc frappés
d’incapacité d’exercice.
Le mineur non émancipé est frappé d’une incapacité générale d’exercice.
Cependant ce principe connait des tempéraments, il s’agira donc d’analyser si le
contrat conclu est de l’ordre des actes conservatoires, des actes d’administration
ou encore les actes de la vie courante ou des actes de disposition.
Pour les majeurs, la capacité est le principe sauf lorsqu’ils sont placés sous l’un
des régimes de protection. Ainsi soit ils sont protégés par le mécanisme de
l’assistance lorsqu’ils sont sous sauvegarde de justice ou en curatelle : dans ces
hypothèses, ils conservent l’exercice de leurs droits mais pour les actes énumérés
ils ne peuvent agir sans l’assistance de leur mandataire spécial ou de leur curateur
sous peine de nullité des actes passés; soit ils sont protégés par la représentation
lorsqu’ils sont sous tutelle. Dans cette hypothèse, ils sont dessaisis de l’exercice
de leurs droits sauf exception admise par le juge pour certains actes qu’il aura
énuméré dans sa décision. Pour le principe, le tuteur agira au nom et pour le
compte du majeur protégé.
72
SECTION III : l’objet du contrat
C’est l’une des conditions qu’exige l’article 1108 pour que le contrat soit valable. Cet
article précise que le contrat doit avoir un objet valable qui forme la matière de
l’engagement. Les termes “objet du contrat” font l’objet d’une controverse en doctrine.
Pour certains, il faut distinguer l’objet du contrat et l’objet de l’obligation contractuelle.
Le premier désignerait l’opération juridique que les parties entendent réaliser c'est-à-
dire l’intérêt que la convention présente pour les parties. Le deuxième désigne les
prestations prévues par les parties au contrat. Pour d’autres auteurs les termes “objet
du contrat” sont impropre car un contrat n’a pas d’objet mais crée seulement des
obligations qui elles ont des objets.
Les termes “objet du contrat” sont un raccourci de langage utilisé pour désigner l’objet
de l’obligation. C’est pourquoi ces derniers auteurs préfèrent s’en tenir à l’esprit de
code civil : l’objet du contrat c’est ce à quoi le débiteur est tenu à l’égard du créancier.
73
B- L’objet doit être possible
C'est-à-dire que l’objet doit être réalisable matériellement. Si l’objet est impossible à
réaliser le contrat est nul. Mais toute sorte d’impossibilité de l’objet n’aboutit pas à
l’annulation du contrat. Il n’est nul qu’en cas d’impossibilité absolue c'est-à-dire une
impossibilité à laquelle se heurterait n’importe quel débiteur placé dans les mêmes
conditions. Au contraire en cas d’impossibilité relative, c'est-à-dire en cas
d’impossibilité due à une inaptitude personnelle du débiteur, le contrat n’est pas nul.
Mais le débiteur engage sa responsabilité contractuelle pour inexécution ou mauvaise
exécution de son obligation. Il devra alors des dommages et intérêts au créancier. Ces
données générales s’appliquent quelque soit la nature de l’obligation : de donner, de
faire ou de ne pas faire. Quand c’est une obligation de donner portant sur un corps
certain, l’impossibilité absolue suppose que ce corps n’existe pas. Quand il s’agit d’une
chose de genre, l’impossibilité absolue de l’objet suppose que la chose n’existe nulle
part.
D- La licéité de l’objet
C'est-à-dire que la prestation prévue au contrat doit pouvoir faire l’objet d’une
convention. En d’autres termes l’objet prévu au contrat doit être dans le commerce. En
effet l’article 1128 du code civil interdit que le contrat puisse porter sur une chose hors
du commerce. Sont donc licites les choses dont la vente est permise. A l’inverse celles
dont la vente est interdite sont illicites. Aux choses illicites, il faut ajouter les choses
immorales. C’est ainsi qu’il est interdit de vendre des substances vénéneuses ou
encore des animaux atteints de maladies contagieuses, les organes ou substances
74
d’origine humaine (le sang, les ovocytes etc.) les armes, la drogue etc. Sont nuls les
contrats dans lesquels une personne promet de commettre un crime contre paiement.
La lésion c’est le préjudice résultant pour l’une des parties du défaut d’équivalence
entre les prestations au moment de la conclusion du contrat. La lésion est un vice qui
se situe au moment de la conclusion du contrat, c’est-à-dire un vice originel. Par
conséquent si le déséquilibre survenait après la conclusion du contrat, alors on serait
en présence non d’une lésion mais de l’imprévision. La lésion n’est pas prise en
compte dans les contrats à titre gratuit (ici le déséquilibre est voulu) et dans les contrats
aléatoires : les parties elles même décident de faire dépendre l’existence ou l’étendue
de la prestation d’une des parties d’un évènement incertain : cela empêche d’apprécier
en principe si les prestations sont équilibrées ou non. On dit que l’aléa chasse la lésion.
A : le domaine de la lésion
1- Le principe
L’article 1118 du code civil dispose que la lésion n’est pas une cause de nullité des
contrats ce qui veut dire qu’en principe un contrat lésionnaire n’est pas rescindable.
Ce principe négatif se justifie par deux idées :
- le principe de l’autonomie de la volonté
C’est l’idée selon laquelle tout ce qui est contractuel c'est-à-dire tout ce qui est consenti
dans un contrat est juste. Il en résulte que la lésion ne devrait pas exister. On ne peut
donc la sanctionner.
- la sécurité juridique : admettre la nullité pour lésion reviendrait à introduire dans
la matière une insécurité juridique qui risquerait de décourager l’esprit d’initiative et
de spéculation, moteur du libéralisme économique.
L’ESSENTIEL
77
Tout contrat suppose un objet. Cependant il faut distinguer l’objet du contrat, qui est
l’opération juridique que les parties entendent réaliser et l’objet de l’obligation
contractuelle, faisant référence aux prestations prévues au contrat.
EXERCICE D’APPLICATION
78
Contrôle de connaissance
Cas pratique
Lagrinta a reçu la succession de son père de très nombreux biens, dont un terrain
situé à Marcory, qu’il décide de vendre le terrain à 5000000 FCFA. Peticouto ; un
habitant du quartier se porte acquéreur au prix fixé. Dans la foulée, il le revend à
50000000 FCFA. Une semaine après la transaction, Lagrinta est informé par un
expert immobilier que la villa vendue coute en en réalité 35000000 FCFA.
79
SECTION IV : LA CAUSE DANS LES OBLIGATIONS CONTRACTUELLES
C’est la 4e condition exigée par l’article 1108 du code civil ; en pratique ce sont les
articles 1131 à 1133 qui réglementent la cause. Ces articles invalident les obligations
sans cause, celles qui sont fondées sur une cause illicite ou sur une fausse cause.
Sont illicites les causes contraires à la loi, à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
I : La notion de cause
Au sens général, la cause c’est la raison pour laquelle l’on contracte. Le but que les
parties visaient en concluant le contrat. De telles raisons sont par essence très
variables. Déjà en droit romain l’on distinguait deux sortes de cause :
- La cause du contrat : c’est la raison, les mobiles lointains qui ont déterminés les
parties à conclure le contrat : c’est la cause moderne
- La cause de l’obligation contractuelle : La raison pour laquelle le contractant assume
son obligation : c’est la cause classique. Ex : si l’acheteur paye le prix c’est pour avoir
la propriété de la chose achetée. Si le vendeur s’oblige à transférer la propriété c’est
pour recevoir le prix.
Les juristes du 18e et 19e siècle, imbus d’individualisme et de liberté n’ont pas voulu
permettre au juge de scruter la psychologie des contractants. Ils ont donc refusé de
prendre en compte la cause du contrat, c'est-à-dire les mobiles lointains qui ont
motivés les parties et ils ne retiennent que la cause de l’obligation. Cependant la
doctrine et la jurisprudence moderne ont peu à peu réintroduit la notion de cause du
contrat car elle leur paraissait utile. Maintenant le droit positif fait coexister les deux
notions de cause c'est-à-dire la cause classique et la cause moderne.
La cause classique c’est la raison pour laquelle les parties assument leurs obligations
contractuelles. Ce but immédiat (causa proxima) s’oppose aux raisons lointaines, aux
motifs lointains qui ont poussés les parties à contracter. Ces motifs s’appellent causae
remotae. Cette cause classique qui est immédiate est aussi appelée cause objective
car elle se distingue des motivations individuelles des parties. Cette cause s’impose
80
aux contractants car liée aux différents types de contrats conclus. Cette cause est dite
objective car elle est la même pour un même type de contrat donné. Ainsi dans les
contrats synallagmatiques la cause de l’obligation de l’une des parties est l’obligation
assumée par l’autre partie. Ex : Si l’acheteur paye c’est pour avoir le bien. Si le vendeur
cède son bien c’est pour avoir de l’argent.
Dans tous les contrats de vente cette cause est la même pour toutes les parties
(acheteurs et vendeurs).
Ex : Dans les contrats réels la cause de l’obligation assumée par l’une des parties est
l’obligation assumée l’autre. Ainsi dans le contrat de dépôt si le dépositaire a
l’obligation de restituer le bien déposé c’est parce que le déposant lui a antérieurement
remis cette chose. Dans tous les contrats de dépôts, cette obligation est la même pour
tous les déposants et tous les dépositaires.
Dans les contrats à titre gratuit, la cause de l’obligation de la partie qui consent les
sacrifices sans contrepartie réside dans sa volonté de gratifier c'est-à-dire son intention
libérale.
Cette notion classique de cause doit s’entendre de la contrepartie que toute personne
qui assume une obligation, est en droit d’attendre. C’est dans ce sens que le juge
moderne l’utilise.
L’ESSENTIEL
84
La cause est la raison pour laquelle les parties contractent. On distingue deux
types de cause : La cause classique ou cause objective et la cause moderne.
La cause classique, c’est la raison pour laquelle les parties assument leurs
EXERCICE D’APPLICATION
85
Contrôle de connaissance
86
CHAPITRE 2 : LES SANCTIONS DES CONDITIONS DE FORMATION DES
CONTRATS : LES NULLITÉS
La sanction des irrégularités commises dans la formation des contrats est une sanction
répressive car le contrôle se fait à posteriori. Cette sanction répressive s’appelle la
nullité.
87
indépendant de la volonté de l’auteur de l’acte. Ex : le prédécès du légataire rend le
legs caduc.
* La nullité peut être textuelle ou virtuelle.
Elle est textuelle quand elle est prévue expressément par un texte.
Au contraire elle est virtuelle quand elle ne résulte d’aucune disposition expresse de
la loi. C’est le juge qui la prononce pour sanctionner une irrégularité jugée importante.
*Il faut distinguer nullité absolue et nullité relative. Avant, le critère de distinction
résidait dans l’importance de la cause de nullité.
Ainsi on considérait qu’il y a nullité absolue quand la cause de nullité est tellement
importante que la formation du contrat est inconcevable. La nullité était relative quand
l’existence de l’irrégularité ne peut pas faire obstacle à la formation du contrat.
Aujourd’hui, ce critère est dépassé et un autre critère est utilisé : la finalité poursuivie
par la règle violée. Ainsi il y a nullité relative quand la condition violée assure la
protection d’un intérêt particulier ou privé, et il y a nullité absolue quand la règle violée
est protectrice de l’intérêt général.
1- La confirmation
89
C’est l’acte par lequel une personne titulaire du droit d’invoquer la nullité renonce à
s’en prévaloir. Trois conditions cumulatives sont nécessaires pour la validité d’un tel
acte :
- Le confirmant doit avoir connaissance de la cause de nullité entachant l’acte
- II doit avoir l’intention de réparer ce vice
- La confirmation doit être exempte de vice
La confirmation peut être expresse ou tacite. Elle est expresse lorsqu’elle résulte d’un
acte établi en ce sens (art 1338 du code civil), tacite quand elle résulte de tout
comportement révélant l’intention du confirmant de renoncer à son droit d’agir. La
confirmation n’est pas possible dans tous les cas de nullité. Elle est admise pour les
cas de nullité relative. Il est normal que la personne protégée puisse renoncer à la
protection qui lui est accordée. La confirmation est exclue en principe en cas de
violation d’une règle protégeant l’intérêt général. La raison est que le droit d’agir en
nullité absolue est indisponible.
Il découle de l’article 1338 du code civil qu’entre les parties au contrat la confirmation
empêche le confirmant de se prévaloir ultérieurement de la nullité. L’acte nul est donc
rétroactivement validé. La confirmation n’est pas opposable aux tiers car l’article 1338
précise que la confirmation ne peut nuire aux tiers.
2- la prescription
L’écoulement d’un certain délai peut éteindre l’action en nullité absolue et relative.
90
Pour les actes faits par les interdits et les mineurs, le délai court pour le mineur du
jour de la majorité et pour l’interdit du jour où l’interdiction est levée.
L’on admet que l’action en nullité se prescrit parce que l’on veut consolider certaines
situations de fait. Car au bout d’un certain temps, il devient au plan social beaucoup
plus difficile de discuter de la régularité d’un acte que de maintenir l’acte irrégulier.
94
EXERCICE D’APPLICATION
Contrôle de connaissance
Cas pratique
Cependant, son atelier de fausse monnaie fonctionne à merveille et les loyers pour la
location de six appartements de son immeuble qu'il perçoit, lui permettent de vivre
sans problème, bien qu'ils ne soient pas suffisants pour permettre à Coutofia
d'entretenir l'immeuble, qui au fil des années se dégrade.
D'autre part, Lagrinta, engagé en politique est devenu maire de la ville et c'est avec
stupeur qu'il a appris que Coutofia avait fait de son ancien immeuble un atelier de
fausse monnaie, ainsi il souhaite engager des poursuites contre lui et obtenir nullité de
la vente pour récupérer l'immeuble et en faire des logements sociaux.
95
TITRE III : LES EFFETS DU CONTRAT
Les effets du contrat sont régis par un double principe : entre les parties c’est la
force obligatoire du contrat. Le contrat est sans effet à l’égard des tiers : c’est le
principe de l’effet relatif du contrat.
Selon l’article 1134 al.1 du code civil : « les conventions légalement formées
tiennent lieu de lois à ceux qui les ont faites ». Cet article met sur le même pied
la loi et la convention si celle-ci est faite dans la légalité. Cet article pose le
principe de l’effet obligatoire du contrat entre les parties. Ce principe signifie que
non seulement les parties au contrat doivent exécuter les obligations qui leur
incombent mais aussi, qu’elles peuvent y être contraintes par l’autorité publique.
Ce principe veut aussi dire que toutes les obligations nées du contrat et seulement
elles doivent être exécutées par les parties. La volonté est donc à la fois la source
et la mesure de l’obligation contractuelle.
96
Selon l’article 1134 du code civil, les conventions doivent être exécutées de bonne
foi par les parties. Le juge en déduit qu’il pèse sur les parties un devoir de loyauté,
et même parfois un devoir de coopération dans l’exécution du contrat.
III- Le principe de l’irrévocabilité du contrat
A- La position du principe
L’article 1134, al 2 du code civil prévoit que les conventions ne peuvent être
révoquées que du consentement mutuel des parties et pour les causes que la loi
autorise. Il résulte de l’article précité que les parties ne peuvent mettre fin au
contrat que de leur consentement mutuel et seulement si la loi le permet. En dehors
de ces deux possibilités, les parties n’ont pas le droit de mettre fin au contrat
conclu. Ce principe de l’irrévocabilité des contrats est un corollaire du principe
de la force obligatoire du contrat qui lui-même est une conséquence du principe
de l’autonomie de la volonté.
97
- De même il est reconnu aux parties à certains contrats, la faculté de rupture
unilatérale : c’est le cas des contrats à durée indéterminée (contrats de travail),
des contrats à durée déterminée dans lesquels joue l’intuitu personae : si la
confiance ne règne plus entre les parties, il est normal de permettre à l’une
d’elles de prendre l’initiative de la rupture (contrat de mandat par exemple).
- les parties peuvent prévoir elles même dans le contrat une rupture unilatérale
du contrat, mais ce droit n’est pas totalement discrétionnaire.
Ici la question est de savoir si la volonté exprimée par les parties correspond à leur
volonté réelle. Dans le cas de la simulation c’est volontairement que les parties
dissimulent leur volonté réelle derrière une apparence trompeuse. Dans
l’interprétation des contrats les difficultés quant à la réalité des clauses
contractuelles ne sont pas connues par les parties.
A) La simulation
1) Définition et présentation
L’art 1321 précité dispose que les contre-lettres n’ont pas d’effets contre les 1/3.
Ce texte ne signifie pas que les contres -lettres sont inexistantes pour les 1/3 mais
que les contre -lettres ne nuisent pas aux 1/3, c'est-à-dire qu’elles ne leur sont pas
opposables. Par contre les 1/3 peuvent invoquer une contre- lettre qui leur est
favorable et s’en prévaloir. En pratique un choix est laissé aux 1/3. Ils peuvent
agir selon leurs intérêts : soit ils se prévalent de la situation apparente qui les
arrange en invoquant l’acte ostensible. Soit ils décident de combattre la situation
apparente et favorable en se prévalent de l’acte secret.
La situation du demandeur n’est pas toujours la même au plan procédural. Les
tiers qui se prévalent de l’acte apparent n’ont aucune preuve à fournir. Cet acte
existe matériellement et publiquement, il leur suffit de le produire pour s’en
100
prévaloir. Les tiers qui au contraire se prévalent de l’acte secret doivent combattre
la situation apparente créée par l’acte ostensible. Ils doivent agir en déclaration de
simulation et en tant que tiers, ils peuvent en établir l’existence par tout moyen.
(cvl 3ème ch, 6 nov 1973, au Dalloz 1974, p29, information rapide).
105
il se refuse donc de déclencher par une décision juridique un phénomène dont il
ne maîtrise pas les conséquences économiques. Il laisse ce soin au législateur.
Le juge administratif admet la révision au nom du principe de la continuité
du service public.
2/ Le problème de la révision dans les textes
C’est l’article 1134 du code civil qui a posé le principe de la force obligatoire du
contrat. Le contrat est la loi des parties, le juge judiciaire refuse donc de porter
atteinte à ce principe de l’intangibilité des contrats, il considère que l’article 1134
est un principe légal qui suppose des exceptions légales. Cette vision a été
entérinée par le législateur qui d’autorité a modifié certaines clauses
contractuelles. Certaines de ces modifications sont justifiées par le principe de
l’imprévision. D’autres par contre s’expliquent par le souci du législateur de
réorienter l’économie.
Ex : Le législateur est intervenu dans les relations contractuelles des parties en
accordant aux débiteurs des délais de paiement pour se libérer de leurs
obligations : article 1244 du code civil.
Ex : Certaines lois modifient d’autorité le contenu même du contrat. Ex : lois
sociales instituant le repos hebdomadaire. Ces lois ont modifié d’autorité le
contenu des contrats conclus avant leur mise en vigueur.
En France, la position du législateur a évolué dans l’ordonnance de 2016 qui
dispose : Art. 1195 : Si un changement de circonstances imprévisible lors de la conclusion du
contrat rend l'exécution excessivement onéreuse pour une partie qui n'avait pas accepté d'en
assumer le risque, celle-ci peut demander une renégociation du contrat à son cocontractant. Elle
continue à exécuter ses obligations durant la renégociation.
« En cas de refus ou d'échec de la renégociation, les parties peuvent convenir de la résolution du
contrat, à la date et aux conditions qu'elles déterminent, ou demander d'un commun accord au
juge de procéder à son adaptation. A défaut d'accord dans un délai raisonnable, le juge peut, à la
demande d'une partie, réviser le contrat ou y mettre fin, à la date et aux conditions qu'il fixe.
106
Les parties peuvent prévoir par des clauses la révision automatique des
stipulations contractuelles, si un changement de circonstances économiques
survient en cours d’exécution :
- la clause d’échelle mobile ou clause d’indexation : elle permet la variation
automatique de l’obligation de somme d’argent en fonction d’une variation
d’indices qui peuvent être le prix d’un produit ou d’un service.
- Les clauses de révision : elles permettent à toute partie contractante de
demander soit à tout moment, soit à la fin d’une période fixée, la révision
du contrat en cas de changement des circonstances économiques. Le contrat
prévoit les critères de révision ainsi que les organes qui pourront être
sollicités.
De prime abord, il faut relever que le principe de la force obligatoire signifie simplement que
dès lors que le contrat a été valablement conclu, les parties sont tenues de les exécuter car à
défaut, on peut contraindre la partie défaillante à le faire par le recours à la force publique.
Quant au principe d’irrévocabilité, il signifie que les parties ne peuvent révoquer ce qu’elles
ont-elles mêmes voulu. Toutefois, cette règle est assortie d’exception car il est admis que dans
certains cas il puisse avoir révocation du contrat par le consentement des deux parties ou encore
pour les causes que la loi autorise telles que la résolution judiciaire dans les contrats
synallagmatiques. Mais dans certains contrats, la loi autorise des cas de rupture unilatérale.
Mais dans l’application de ce principe, il existe des difficultés qui sont fonctions de la réalité
de la clause contractuelle d’une part, et d’autre part il y a la question de la révision des contrats.
Relativement au premier obstacle, il peut arriver que les parties aient conclu une convention
qui est celle-là qu’elles entendent passer réellement (la contre-lettre), mais vont la dissimuler
pour ne présenter qu’une autre (acte ostensible) qui n’est qu’une façade : il s’agit de la
simulation. Etant en présence de deux contrats, l’une cachée et l’autre dévoilée à tous, quelle
sera alors le contrat qui va régir la relation des parties. Dans une telle situation entre les parties,
107
il est de principe que c’est la contre-lettre qui régit les parties, sauf dans certains cas prévus par
la loi. A l’égard des tiers, c’est l’acte ostensible qui est valable, mais s’ils pensent tirer profit de
la contre-lettre, alors ils peuvent valablement s’en prévaloir. Ils bénéficient d’une option. Mais
le problème peut également apparaitre lorsque les parties ont conclu un contrat avec des clauses
obscures, ambiguës. Face à ce cas, le juge est invité à interpréter le contrat des parties.
L’interprétation des contrats est régie par les art 1156 à 1164 cc. En la matière, il est de principe
que le juge doit rechercher la commune intention des parties, c’est-à-dire la véritable volonté
des parties exprimée dans le contrat. Ce rôle d’interprétation est l’apanage des juges du fond.
Ainsi, ils ne doivent interpréter que ce qui est obscure afin d’éviter la dénaturation du contrat.
Cependant, si cela arrive, ce sont les juges de la cour de cassation qui doivent censurer cette
dénaturation.
EXERCICES D’APPLICATION :
I- CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1) Un ayant cause universel peut-il être tenu d’une dette contractée par son auteur ? Est-il
également tenu de poursuivre le contrat conclu par son auteur ?
Arrêt de la Cour de Cassation, 6 mars 1876 (Décision attaquée : Cour d'appel d'Aix, 31
décembre 1873)
Attendu que la règle qu'il consacre est générale, absolue et régit les contrats dont l'exécution
s'étend à des époques successives de même qu'à ceux de toute autre nature ;
Que, dans aucun cas, il n'appartient aux tribunaux, quelque équitable que puisse apparaître leur
décision, de prendre en considération le temps et les circonstances pour modifier les
conventions des parties et substituer des clauses nouvelles à celles qui ont été librement
acceptées par les contractants ;
Par ces motifs, casse, dans la disposition relative à l'augmentation du prix de la redevance
d'arrosage, l'arrêt rendu entre les parties par la Cour d'appel d'Aix le 31 décembre.
109
Section 2 : Les sanctions en cas de violation de la force obligatoire du contrat
Nous avons plusieurs sanctions que nous pouvons classer en deux groupes : les sanctions
communes à tous les contrats et les sanctions spécifiques aux contrats synallagmatiques.
Le créancier d’une obligation inexécutée peut demander par une action en justice que le
débiteur soit condamné à exécuter sa prestation, c'est-à-dire sa promesse : c’est l’exécution
forcée ou en nature.
Mais comme il est souvent difficile de contraindre le débiteur à exécuter son obligation en
nature, le créancier ne pourra recevoir satisfaction que par équivalent : c’est la responsabilité
contractuelle.
Elle tend à procurer au créancier, la prestation qui lui était due. Elle peut être directe ou
indirecte.
Elle n’est pas toujours possible selon que l’on se trouve devant une obligation de donner, de
faire ou de ne pas faire.
Elle a pour objet l’exécution de la prestation qui est prévue. Lorsque l’obligation porte sur une
somme d’argent, son exécution forcée directe est toujours possible et elle est la seule possible
car il ne peut y avoir d’autre équivalent de l’argent que l’argent.
Le procédé habituel d’exécution forcée des obligations de somme d’argent est la saisie des biens
du débiteur, suivie de la vente forcée de ces mêmes biens, sur le prix desquels le créancier
obtiendra paiement. On a ainsi la saisie vente des biens meubles, la saisie immobilière pour les
immeubles, la saisie attribution entre les mains d’un tiers : voir en ce sens, l’Acte Uniforme
portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement des créances et des voies
d’exécution de 1998. L’étude de ces moyens relève du cours portant sur les voies d’exécution.
Lorsque l’obligation est en nature et qu’elle est de donner, l’exécution forcée est toujours
possible car le transfert de propriété est bien souvent déjà réalisé et il ne reste que l’obligation
de livraison, de passer l’acte authentique (on peut y remédier par la constatation judiciaire de
la vente), de payer le prix etc qui sont des obligations de faire dont l’exécution forcée demeure
possible.
En effet, on sait qu’en principe l’exécution forcée d’une obligation de faire ou de ne pas faire
est impossible (article 1142 du code civil) à cause du respect de la nature humaine (l’ouvrier
qui doit accomplir un travail, l’artiste qui doit faire un tableau etc). Toutefois, selon la
jurisprudence, l’exécution forcée est possible si la prestation n’implique pas les qualités
individuelles du débiteur (livraison de la chose, réparation d’un bien, destruction des
constructions ou aménagements faits en violation d’une obligation : article 1143 du code civil
etc). On pourrait ainsi se passer de l’intervention du débiteur, menacer son patrimoine en cas
d’inaction en le condamnant à une astreinte. Il est même possible, lorsque la loi le permet de
110
recourir à des contraintes physiques : exple : expulsion d’un locataire des lieux loués à certaines
conditions.
Elle peut être définit comme la condamnation du débiteur à payer au créancier, à titre de peine
privée, telle somme d’argent fixée par le juge, de manière globale, ou le plus fréquemment,
par jour de retard, s’il s’agit d’une obligation de faire, ou par infraction constatée, s’il s’agit
d’une obligation de ne pas faire. C’est donc une mesure licite d’intimidation pour amener le
débiteur récalcitrant à s’exécuter volontairement.
Dans les articles 1146 à 1155 du code civil, le législateur détermine à quelle condition l’on
peut accorder des dommages intérêts au créancier de l’obligation inexécutée. Accessoirement,
il a réglementé la mise en œuvre de l’action en responsabilité contractuelle.
On peut les subdiviser en 2 groupes. Les conditions positives, c'est-à-dire le créancier doit
établir les éléments de la responsabilité contractuelles, et les conditions négatives, c'est-à-dire
le débiteur ne doit opposer au créancier une cause d’exonération.
1) La faute contractuelle
Le défaut d’exécution peut être total ou partiel. Au défaut d’exécution, on assimile l’exécution
défectueuse. Pour qu’il yait faute, il faut identifier les obligations dont les parties étaient
tenues.
En principe, ce sont les parties qui déterminent elles-mêmes les obligations qui leur
incombent en vertu du contrat. Mais il y a des atténuations.
En effet, pour un bon nombre de contrat, ce sont les textes qui déterminent les obligations. Par
ailleurs, l’on constate que la jurisprudence joue en ce domaine un rôle créateur important. Les
textes déterminent les obligations des contrats les plus usuels et en décrivent les règles
communes.
Toutefois, le plus souvent, les textes ne sont pas impératifs. Les parties peuvent alléger ou
aggraver leurs obligations nées du contrat. La jurisprudence française a également joué un
rôle créateur très important dans le domaine contractuel. Elle a admis dans un certain nombre
de contrats l’existence d’obligations qui n’avaient pas été prévues par les parties, ni par les
111
textes. Les exemples les plus connus concernent l’obligation de sécurité1 et l’obligation de
renseignement2.
La faute est présumée dans les obligations de résultat alors qu’elle doit être prouvée dans les
obligations de moyen.
Toute les fois que l’obligation inexécutée est une obligation de résultat, la faute contractuelle
est impliquée dans le seul fait matériel de l’inexécution (art.1147 C. Civil). Le créancier n’a
pas à la prouver distinctement, il lui suffit d’établir que le contrat contenait tel engagement à
son profit et que cet engagement n’a pas été exécuté. Il s’agit d’une présomption de faute,
mais cette présomption n’est pas irréfragable. Le débiteur pourra se libérer en prouvant que
l’inexécution est due au fait d’une cause étrangère qui ne lui est pas imputable. Ex : force
majeure, fait du créancier, fait du tiers.
n revanche, lorsque l’obligation inexécutée est une obligation de moyen (art.1137), la faute
ne se déduit plus de la seule absence de résultat. Il est nécessaire de prouver la faute en
portant un jugement sur la conduite du débiteur et de comparer ce qu’il a fait à ce qu’il aurait
dû faire.
L’obligation de donner est une obligation de résultat de même que l’obligation de ne pas faire.
C’est pour les obligations de faire que les difficultés apparaissent. Certaines obligations de
faire sont des obligations de moyens (obligation du médecin), d’autres sont des obligations de
résultat (obligation du transporteur).
Le dol dans l’inexécution du contrat est tout acte intentionnel et illicite par lequel le débiteur
refuse d’exécuter son obligation. C’est la malhonnêteté du débiteur qui délibérément se
1
L’obligation de sécurité met à la charge d’une partie l’obligation d’indemniser l’autre pour toutes les atteintes
112
physiques que pourrait subir le contractant. Ainsi en matière de contrat de transport, la Cour de Cassation décida
que le transporteur est tenu de l’obligation de conduire le passager sain et sauf à destination (21 Novembre 1911,
Dalloz périodique 1913, I, 249). Par la suite, la jurisprudence a découvert l’obligation de sécurité dans d’autres
types de contrats, notamment dans les contrats dont l’objet est de fournir des soins, mais également dans certains
contrats de services. Ex : contrat d’hôtellerie, contrat entre le restaurateur et son client.
2
Dans un grand nombre de contrat, la jurisprudence fait peser sur l’une des parties une obligation de
renseignement. Le plus souvent, cette obligation est l’accessoire des obligations de service. Ce sont surtout les
professions libérales (notaires, médecins, architectes etc.), qui dans les contrats qu’elles passent sont tenues de
l’obligation de renseignement. Mais cette obligation peut être également l’accessoire du contrat portant sur les
transferts de droits. Ex : Dans les contrats de vente de produits dangereux, la jurisprudence estime que le
vendeur a une obligation de mise en garde. L’idée générale est que l’obligation de renseignement est destinée à
compenser l’inégalité des compétences entre les contractants, ce qui explique qu’elle profite essentiellement aux
consommateurs.
soustrait à ses engagements même si ce refus n’est pas dicté par son intention de nuire. Le
débiteur qui a commis une faute dolosive ne peut se prévaloir d’une clause de non
responsabilité ni d’une clause d’exonération.
La faute ordinaire ou faute non intentionnelle est une faute de négligence ou d’imprudence.
La faute lourde se caractérise par sa gravité, son énormité. Il s’agit d’une faute grossière du
débiteur qui témoigne de son inaptitude à accomplir la mission dont il est chargé. La faute
lourde ne peut être couverte par une clause de non responsabilité ni une clause limitative.
2) Le dommage
C’est l’atteinte subit par la victime. Cette atteinte doit avoir sa source dans l’inexécution du
contrat. L’inexécution est entendue dans un sens large : le défaut d’exécution (total ou
partiel), le retard dans l’exécution, l’exécution défectueuse. Le créancier doit faire la preuve
du dommage qu’il a subi, sauf s’il s’agit d’une créance monétaire où le préjudice résultant du
retard est présumé (art.1153 al.2).
La règle est prévue par l’art.1150 du code civil qui pose que la réparation qui incombe au
débiteur est limitée aux dommages prévisibles. Cette règle est justifiée par le fait qu’en
matière contractuelle le débiteur doit pouvoir évaluer lors de la conclusion du contrat le risque
qu’il prend. Ex : Une personne expédie un colis par la poste et ce paquet se perd. Le
propriétaire se retourne contre le transporteur c'est-à-dire la poste pour indemnisation et
prétend que le paquet contenait de l’or et du diamant. Cependant, comme le transporteur n’a
pas été informé de la valeur du contenu du colis lors de la conclusion du contrat, il n’est pas
tenu de répondre de la perte des objets de valeurs. Il s’agit d’un dommage imprévisible. S’il
en avait été informé, il n’aurait peut être pas contracté. Il est seulement tenu de répondre de
la perte du colis (dommage prévisible) et sa responsabilité se limitera à ce qu’il est d’usage
de transporter dans ces bagages ou d’expédier par voie postale (lettres, photos, objets
d’usage).
On retiendra qu’un dommage n’est indemnisable que s’il rentre dans le champ contractuel. Le
juge apprécie le caractère prévisible ou imprévisible du dommage selon les circonstances de
l’espèce. Toutefois, cette règle connaît une exception. En cas de faute dolosive et de faute
lourde, tous les dommages c'est-à-dire prévisibles comme imprévisibles sont réparés.
113
3) Le lien de causalité
On sait toutefois qu’en cas de violation d’une obligation contractuelle de résultat, la faute est
présumée du seul fait que le débiteur n’a pas apporté au créancier le résultat promis. Cette
présomption se double d’une présomption de causalité, le débiteur devant pour s’exonérer,
démontrer que la cause du dommage résulte d’une cause étrangère valant force majeure.
La causalité peut également être plurale c'est-à-dire on peut avoir plusieurs causes et mettre en
jeu la responsabilité de plusieurs débiteurs. Dans ce cas il y aura partage de responsabilité. La
victime dispose de l’action in solidum contre les différents débiteurs. Il y aura donc
condamnation des différents débiteurs qui bien que tenus par des contrats différents, ont
participés à la réalisation du dommage.
Selon l’art.1147, le débiteur est libéré quand il justifie d’une cause étrangère qui ne lui est pas
imputable. L’art.1148 fait référence seulement à la force majeure ou au cas fortuit. La
jurisprudence y ajoute le fait du créancier et le fait du tiers.
L’art.1148 dispose : « il n’y a lieu à aucun dommage intérêts lorsque par suite d’une force
majeure ou d’un cas fortuit le débiteur a été empêché de donner ou de faire ce à quoi il était
obligé ou a fait ce qui lui était interdit ». Les forces majeures par excellence sont les forces de
la nature(foudre, inondation, tremblement de terre etc), mais certains évènements tenant à
l’action humaine peuvent entrer dans la définition (émeutes, grèves, guerre etc.). Dans tous les
cas, un évènement ne constitue une force majeure que s’il présente 3 caractères.
a- L’irrésistibilité
114
sévère. On a égard qu’à l’impossibilité absolue et non pas à l’impossibilité relative découlant
des faibles moyens dont dispose personnellement le débiteur. Il n’y a pas non plus force
majeure si l’inexécution était rendue plus difficile ou plus onéreuse.
b- L’imprévisibilité
Il n’y a de force majeure que lorsque l’obstacle échappait lors de la conclusion du contrat à
toutes les prévisions humaines, car s’il était prévisible, le débiteur devait prendre toutes les
précautions qu’il faut pour l’éviter. En revanche si un débiteur a pris toutes les précautions
nécessaires et qu’un évènement imprévisible s’est produit, alors on estime que l’évènement
revêt le caractère d’imprévisibilité pour lui.
c- L’extériorité
L’évènement doit se produire en dehors de la sphère dont le débiteur doit répondre. Ainsi, la
défaillance du matériel ou du personnel qu’un contractant emploie à l’exécution du contrat
peut bien être irrésistible et imprévisible pour lui, mais comme elle est survenue à l’intérieur
de son entreprise, il ne peut s’en prévaloir comme une force majeure.
Si ces trois conditions sont réunies, il y a cas de force majeure. La force majeure entraîne
libération du débiteur. Son obligation est éteinte et le créancier ne pourra pas obtenir des
dommages intérêts du fait de l’inexécution du contrat.
a- Le fait du créancier
Le créancier ne peut se plaindre si c’est par son propre fait que le contrat n’a pas été exécuté.
Le fait du créancier revêtira le plus souvent les caractères d’une faute, mais il peut être
exonératoire pour le débiteur même s’il n’est pas fautif. Le fait non fautif du créancier n’est
pris en considération que s’il présente les caractères de la force majeure et en conséquence
entraîne l’exonération totale du débiteur. Quant au fait fautif, il peut constituer une cause
d’exonération partielle même s’il ne présente pas tous les caractères de la force majeure.
b- Le fait du tiers
Pour libérer le débiteur, le fait du tiers doit être pour lui irrésistible et imprévisible. Il faut en
outre que le tiers ne soit pas un représentant ni un préposé du débiteur car alors il n’y aurait
pas d’extériorité. Le fait du tiers a un effet exonératoire total.
115
Le droit du créancier se réalise par une procédure, mais avant le procès qui doit aboutir à la
condamnation du débiteur à des dommages intérêts, une procédure extrajudiciaire peut être
nécessaire dans certains cas pour fixer le droit du créancier : c’est la mise en demeure
Prévue par l’art.1146, la mise en demeure est une manifestation de volonté du créancier qui
exige l’exécution des prestations qui lui sont dues. Elle s’opère en général par un acte
d’huissier appelé sommation. Elle peut toutefois résulter d’un acte équivalent. Ex : un
commandement de payer ou une assignation qui ouvre l’action en justice.
- Dans le cas des dommages et intérêts moratoires : La mise en demeure est en principe
exigée, c’est une condition à défaut de laquelle les dommages et intérêts moratoires ne sont
pas dus.
- Dans le cas des dommages et intérêts compensatoires : Dans cette hypothèse, la mise en
demeure n’est pas exigée, mais elle est recommandée dans la mesure où elle constitue un
moyen de pression et un moyen de preuve.
En cas d’inexécution d’une obligation en nature, les dommages intérêts compensatoires sont
dus. Le principe est que les juges du fond sont souverains pour en déterminer le montant sous
réserves que la somme attribuée puisse entièrement réparer le préjudice subi. Mais le
législateur peut dans certains cas prévoir des sommes forfaitaires.
Les parties peuvent elles-mêmes décider qu’en cas de non paiement, le débiteur devra des
intérêts sur les intérêts qu’il doit : c’est l’anatocisme (art.1154).
116
Les parties peuvent insérer dans le contrat diverses clauses relatives à la responsabilité
contractuelle.
Certaines lois annulent les clauses de non responsabilité dans certains contrats. Ces lois
concernent les contrats de transport. Ex : L’art.103 du C. Commerce déclare nulles les clauses
d’irresponsabilité en matière de transport terrestre des marchandises.
C) Clauses pénales
C’est une clause par laquelle les contractants déterminent eux-mêmes forfaitairement les
dommages intérêts qui seront dus en cas d’inexécution. Si elles sont conçues objectivement,
elles évitent les difficultés d’évaluation judiciaire. Contrairement aux clauses limitatives de
responsabilité, les clauses pénales tiennent lieu de dommages intérêts car l’évaluation
conventionnelle est substituée à l’évaluation judiciaire.
La clause pénale est un forfait. Cela signifie que la peine est applicable par le seul fait de
l’inexécution et il n’est pas nécessaire que le créancier établisse le montant du préjudice subi.
Par ailleurs, l’art.1152 interdit au juge de réviser le montant de la clause pénale soit à la
hausse, soit à la baisse. Toutefois, compte tenu de la sévérité de cette règle pour le débiteur,
elle a été abandonnée en droit français.
Force obligatoire, oui ! Mais il n’en demeure pas moins que l’une des parties pour des raisons
diverses, justifiées ou non, n’exécute pas son obligation. L’autre partie dispose alors de
différentes actions lui permettant de sanctionner la partie défaillante. Certaines de ces sanctions
sont communes à tous les contrats, et d’autres sont spécifiques au contrat synallagmatique.
Au titre des sanctions communes à tous les contrats il y en a de deux types : l’exécution forcée
ou en nature et l’exécution par équivalent (la responsabilité contractuelle).
L’exécution forcée consiste à procurer au créancier la prestation qui lui était due. Elle peut être
directe ou indirecte. Dans le cas d’une exécution forcée directe, lorsque l’obligation consiste au
117
paiement d’une somme d’argent, elle est toujours possible et elle est la seule possible.
Egalement lorsqu’elle porte sur des obligations de donner elle est toujours possible également.
Quant aux obligations de faire ou de ne pas faire, selon l’art 1142 cc dispose qu’il ne se résout
qu’en dommages-intérêts mais à condition que cette obligation implique les qualités
individuelles du débiteur. L’exécution forcée indirecte consiste en une astreinte. Il s’agit d’une
condamnation portant sur une somme d’argent fixée par le juge que le débiteur doit payer par
jour de retard ou par infraction constatée. Et il l’exécution par équivalent. Elle consiste à obtenir
la réparation du préjudice subi par le créancier en raison du manquement du débiteur. Pour ce
faire, il est nécessaire de mettre en œuvre la responsabilité contractuelle du débiteur. Sa mise
en œuvre doit respecter des conditions positives (c’est-à-dire qu’elles doivent être remplies),
mais il faut en plus l’absence de conditions négatives (il s’agit de causes qui pourraient exonérer
le débiteur). Les conditions positives sont au nombre de trois : la faute contractuelle, qui est soit
l’inexécution ou l’exécution en retard de la prestation. En outre, lorsqu’on se trouve dans une
obligation de résultat, la faute du débiteur est présumée (art 1147 cc), tandis que s’il s’agit d’une
obligation de moyen, sa faute doit être prouvée (art 1137 cc). Celle-ci peut être une faute
ordinaire, lourde ou dolosive ; Ensuite il y a le préjudice (art 1150 cc), qui est l’atteinte, le
dommage (matériel, moral ou corporel) que subit le créancier. Mais il n’y a que le dommage
prévisible qui peut être réparé c’est-à-dire celui qui est rentré dans le champ contractuel. Enfin,
il y a le lien de causalité, c’est-à-dire le lien de cause à effet entre l’inexécution par le débiteur
de son obligation et le dommage dont le créancier réclame la réparation. Et selon l’art 1151 cc,
il faut que le lien de causalité soit direct, une suite immédiate de la faute du débiteur. Encore
faut-il en rapporter la preuve. Mais lorsque les conditions positives sont remplies, il faut encore
qu’il y ait absence de causes d’exonération du débiteur qui serait de nature à obstruer la mise
en œuvre de sa responsabilité contractuelle. En effet, selon l’art 1147 cc, le débiteur est libéré
s’il justifie d’une cause étrangère qui ne lui est pas imputable. Et l’art 1148 cc fait référence à
la force majeure ou au cas fortuit. Et cela, la jurisprudence y adjoint le fait du créancier et celui
du tiers.
Parlant de la force majeure ou cas fortuit, il s’agit d’un évènement imprévisible, extérieur aux
parties, qui rend impossible l’exécution du contrat. Ainsi cet évènement, pour qu’il soit
considéré comme une force majeure, doit présenter trois caractères cumulatifs que sont,
l’irrésistibilité, l’imprévisibilité et l’extériorité. L’irrésistibilité suppose que l’évènement est tel
qu’il est objectivement impossible de pouvoir exécution le contrat. L’imprévisibilité suppose
que les parties ne puissent prévoir un tel évènement, il est en dehors de toute prévision humaine.
Et l’extériorité signifie que l’évènement doit se produire en dehors de la sphère du débiteur
(matériels défaillants par exemple). En juxtaposition à la force majeure, il y a le fait du créancier
et le fait du tiers. Dans la première situation, le débiteur n’exécute pas son obligation en raison
du propre fait du créancier. Par son comportement, le débiteur a manqué à son obligation. Dans
un tel cas, si ce fait remplit les conditions de la force majeure, alors le débiteur est exonéré,
mais l’exonération peut être partielle. Quant au fait du tiers, il s’agit d’une personne qui n’est
pas partie au contrat et par son fait, le débiteur n’arrive pas à exécuter son obligation. Pour
qu’un tel fait soit libératoire pour le débiteur, il doit remplir les conditions également de la force
majeure. En pareil cas, le débiteur est totalement libéré.
118
Lorsque les conditions de la responsabilité contractuelle sont remplies, le débiteur pourra
prétendre au paiement de dommages-intérêts. Mais il existe les dommages-intérêts moratoires
et les dommages-intérêts compensatoires. Ainsi avant d’arriver au procès qui doit déboucher
sur la condamnation du débiteur, il peut être exigé de la part du créancier que celui-ci adresse
une mise en demeure au débiteur qui est un acte d’huissier (commissaire de justice) qui permet
de sommer le débiteur, c’est-à-dire rappeler au débiteur qu’il est tenu d’exécuter une obligation.
Cette mise en demeure est obligatoire pour pouvoir prétendre aux dommages-intérêts
moratoires. Mais pour les dommages-intérêts compensatoires, c’est une faculté. En outre
lorsque l’obligation inexécutée du débiteur est une obligation en nature, ce sont des dommages-
intérêts compensatoires qui sont dus. Mais lorsque les obligations sont de nature pécuniaire,
alors seuls les dommages-intérêts moratoires sont dus. Mais avec la liberté qu’ont les parties
dans la rédaction de leur contrat, il est loisible qu’elles insèrent des clauses de nature soit à les
exonérer du paiement de dommages-intérêts (clause de non responsabilité) ou à plafonner le
montant de ceux-ci (clause limitative de responsabilité). Ces clauses sont valables, donc
s’imposent à elles, sauf lorsque la faute du débiteur peut être regardée comme une faute lourde
ou dolosive, dans ce cas la clause devient caduque et ne peut produire aucun effet.
EXERCICES D’APPLICATION :
I- CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
2) En cas d’exonération de l’une des parties en raison d’un cas de force majeure, l’autre
partie est-elle tenue d’exécuter sa prestation ?
5) Un contractant peut-il arguer d’une grève du personnel d’un service public ou d’une
guerre civile qui sévit dans son pays pour ne pas exécuter son obligation ?
CAS PRATIQUE
119
Malheureusement aux dates convenues l’artiste ne se présente pas. M. FACHE DG de la société
DANCING production est désespéré.
120
Sous-section 2 : Les sanctions spécifiques aux contrats synallagmatiques
En pratique, les contrats synallagmatiques sont les plus importants. En cas d’inexécution d’un
contrat synallagmatique, il existe en plus des règles communes précédemment étudiées, des
règles spéciales qui sont justifiées par l’idée de cause. La cause de l’obligation contractée par
une partie est l’obligation promise par l’autre.
Il en résulte que si l’un des contractants n’exécute pas son obligation, l’obligation de l’autre
partie n’a plus de cause, c'est-à-dire qu’il n’y a plus de raison qu’elle soit exécutée. Nous
verrons essentiellement deux sanctions : l’une est temporaire : l’exception d’inexécution,
l’autre est définitive : la résolution.
§1 : L’exception d’inexécution
Ce moyen de défense est justifié par le fait que dans un contrat synallagmatique les
obligations des 2 parties doivent s’exécuter en même temps. Le Code Civil n’a pas prévu ce
moyen de défense dans un texte général. Il ne l’envisage que dans certains contrats
particuliers tels que la vente (art.1612).
Celui qui oppose l’exception d’inexécution doit être tenu d’une obligation envers l’autre
contractant. Les 2 obligations doivent relever du même contrat, être exigibles. Les deux
obligations doivent s’exécuter simultanément trait pour trait.
Celui qui oppose l’exception d’inexécution doit agir de bonne foi. L’on considère qu’il y aura
mauvaise foi si l’inexécution de l’autre partie est minime. Ex : un locataire ne peut refuser de
payer les loyers sous prétexte que le bailleur a négligé de procéder à des réparations dont
l’immeuble a besoin.
On considère qu’il ne serait pas conforme à la bonne foi d’opposer ainsi l’inexécution d’une
obligation relativement secondaire pour se dispenser de remplir soit même son engagement
essentiel.
121
L’exception d’inexécution se fait en dehors de tout recours au juge et peut être exercée sans
mise en demeure préalable. En revanche, si le cocontractant estime que l’exception
d’inexécution lui a été opposée à tort, il doit saisir le juge et c’est au tribunal qu’il appartient
de vérifier le bien-fondé de l’exception.
§2 : La résolution du contrat
Lorsqu’une partie manque à ses obligations et que cette inexécution s’avère définitive, l’autre
partie peut choisir de mettre fin au contrat en saisissant le juge : c’est la résolution judiciaire
du contrat.
Par ailleurs, les parties peuvent prévoir dans le contrat que la sanction de l’inexécution sera la
résolution du contrat : c’est la résolution conventionnelle du contrat.
A- La résolution judiciaire
L’art.1184 laisse le choix au créancier d’une obligation inexécutée entre l’exécution forcée, si
elle est possible, et la résolution du contrat.
1) Les conditions
a- Condition de fond
- La résolution n’est pas admise dans tous les contrats. Il faut que l’on soit en principe en
présence d’un contrat synallagmatique. Mais la loi exclu la résolution pour certains contrats
synallagmatique. Ex : Le contrat de rente viagère.
- La résolution ne peut être demandée qu’en cas d’inexécution fautive imputable au débiteur.
Peu importe que cette inexécution concerne une obligation principale ou une obligation
accessoire. Peu importe également que l’inexécution soit totale ou partielle.
122
b- Condition d’exercice
- Elle doit être demandée en justice (art.1184 al.2, 3 C. Civil). Mais il peut y avoir
dispense de la saisine du juge si un texte de loi le prévoit expressément. La jurisprudence
admet aussi dans certains cas d’inexécution grave que la résolution joue de plein droit.
Le contrat est anéantit, c'est-à-dire qu’il est considéré comme n’ayant jamais été conclu. Cet
effet rétroactif soulève 2 problèmes :
Le principe est identique à celui des nullités. La résolution anéantit les droits que les parties
ont pu consentir aux tiers sur la chose faisant l’objet du contrat. La résolution doit entraîner
donc une cascade d’autres résolutions.
Mais ce principe connaît des atténuations. Les actes d’administrations sont maintenus. Pour
les actes de dispositions, on peut faire jouer l’art.2279 C. Civil en matière mobilière. En
matière immobilière, les tiers sont protégés par les règles de la publicité foncière.
B- La résolution conventionnelle
Les parties prévoient dans le contrat l’éventualité de la résolution pour inexécution. Ce sont
les clauses résolutoires ou pactes commissoires.
Elles sont valables sauf lorsque certaines lois spéciales réglementent leurs conditions de
validité et d’opposabilité. Ex : Dans le contrat de bail réglementé par la loi du 18 Décembre
123
1977. L’art.10 de cette loi n’admet la clause résolutoire qu’à défaut de paiement de loyer et
ne lui accorde d’effet que si le juge n’accorde pas un délai de grâce au débiteur pour se
libérer.
On parle de théorie des risques lorsqu’il y a impossibilité d’exécuter un contrat à raison d’un
cas de force majeure. La question est de savoir si le débiteur de l’obligation inexécutée, c'est-
à-dire celui qui n’a pas accompli sa prestation, peut exiger de l’autre l’exécution de sa
prestation.
A- La règle générale
Lorsque dans un contrat synallagmatique l’un des contractants ne peut exécuter son
obligation à raison de force majeure, l’autre contractant est dispensé d’exécuter la sienne. On
en déduit que les risques sont pour le débiteur de l’obligation inexécutée.
B- L’exception
Selon l’art.1138, dans les contrats translatifs de propriété, les risques sont pour le créancier
parce qu’il est déjà devenu propriétaire par le seul accord des volontés. Cela signifie que
l’acquéreur d’une chose doit payer le prix de la chose même si elle est détruite par cas de
force majeure ; on dit que la perte est pour le propriétaire.
Si le vendeur est mis en demeure de livrer, les risques continuent à peser sur lui car la mise en
demeure constate son retard. Par ailleurs, les parties sont libres d’indiquer dans le contrat que
les risques seront transférés soit à l’acheteur, soit au vendeur.
124
Les contrats synallagmatiques sont les plus nombreux en pratique. En cas de méconnaissance
des obligations contractuelles, on peut recourir aux règles communes qui sanctionnent
l’inexécution, mais il y a des règles qui sont spécifiques à ce contrat car les deux parties sont
concomitamment débitrices et créancières. Ainsi nous verrons d’une part l’exception
d’inexécution et d’autre part la résolution du contrat.
L’exception d’inexécution est un moyen de défense que l’une des parties soulève pour refuser
d’exécuter son contrat lorsque l’autre partie n’exécute pas elle-même son obligation. Pour se
prévaloir de cette règle, il faut que des conditions soient respectées. En effet, il faut qu’il
s’agisse d’abord de deux obligations qui relèvent du même contrat, ensuite il faut que les
obligations des deux parties s’exécutent simultanément, et enfin celui qui oppose l’exception
doit être de bonne foi. Cette exception se lève en dehors de tout recours au juge. Ce moyen de
défense a pour effet de suspendre le contrat.
Quant à la résolution, elle peut intervenir en cas de faute de l’une des parties, ou en raison d’un
cas fortuit.
La résolution pour faute peut se faire par la saisine d’un juge afin qu’il mette fin au contrat : il
s’agit de la résolution judiciaire. Mais également les parties peuvent prévoir des cas où le contrat
prendra fin : il s’agit de la résolution conventionnelle.
La résolution judiciaire est une possibilité qui tire sa source de l’art 1184 cc, et elle obéit à des
conditions de fond et d’exercice. Au titre des conditions de fonds, il faut qu’on soit en présence
d’un contrat synallagmatique d’une part et il faut qu’il y ait une faute imputable au débiteur
d’autre part. Au niveau des conditions d’exercice, elle doit être demandée en justice (art 1184
al 2,3 cc), mais il y a des cas de résolution de plein droit en fonction de la gravité de
l’inexécution. Le prononcé de la résolution dépend de l’appréciation souveraine du juge qui
peut la prononcer ou non, avec des dommages-intérêts ou non. Dans les rapports entre les
parties il y anéantissement rétroactif du contrat, et à l’égard des tiers, les droits qui ont été
consentis sur la chose faisant objet du contrat, sont anéantis également. Mais en dehors des cas
où la résolution est demandée devant un juge, il peut arriver que les parties prévoient les cas
d’inexécution qui entraineront la résolution conventionnelle du contrat.
La résolution fortuite quant à elle intervient lorsque l’une des parties n’est plus en mesure
d’exécuter sa prestation en raison d’un cas de force majeure. Ainsi, l’autre partie est exonérée
de l’exécution de sa prestation également. Les risques sont alors pour le débiteur de l’obligation
inexécutée. Toutefois, à cette règle, l’art 1138 cc apporte une exception s’agissant des contrats
translatifs de propriété portant sur des corps certains. Ici, le seul accord de volonté a fait du
créancier le véritable propriétaire du bien et dès ce moment il supporte tous les risques que sa
chose pourrait subir. Dans ce cas alors le créancier sera tenu d’exécuter sa prestation même si
le débiteur lui a été exonéré en raison du cas fortuit. Mais cette exception est empreinte
également d’exception. Si le créancier a mis en demeure le débiteur de s’exécuter, alors les
risques continuent de peser sur le débiteur, car la mise en demeure constate son retard.
EXERCICES D’APPLICATION :
125
I- EXERCICES PRATIQUES
CAS PRATIQUE
La compagnie BTU spécialisée dans le transport des personnes et des marchandises a inséré
dans les contrats de transports, passés avec les passagers, qu’elle n’est pas responsable des
dommages corporels subis par les passagers en cours de transport. Ainsi en cas de dommages
corporels subis par un passager lors d’un accident de la circulation intervenu en cours de
transport, elle ne devra pas des dommages et intérêts. Cette clause est-elle valable ? Justifiez
votre réponse.
126
CHAPITRE 2 : L’EFFET RELATIF DU CONTRAT
129
l’immeuble ne sont pas transmises aux ayants cause car elles sont personnelles à
l’auteur.
- Si le contrat fait naître une créance en rapport avec le bien transmis : l’actp
peut – il invoquer à son profit une créance ou un droit attaché au bien qu’il
a reçu ? ex : clause de non concurrence, garantie décennale etc.
le principe est celui de l’intransmissibilité (art 1165 civill)
131
représenter. Quant aux ayants-cause universels ou à titre universel, ce sont des personnes qui
ont reçu respectivement la totalité du patrimoine d’une autre personne qui est leur auteur, ou
une quote part, c’est-à-dire une fraction du patrimoine de leur auteur. Ils sont assimilés aux
parties car continuent la personnalité juridique de leur auteur (art 1122 cc). Ils bénéficient des
droits mais sont également tenus pour les dettes. Toutefois, cette règle ne s’applique pas aux
contrats intuitu personae conclus par leur auteur, de sorte qu’à sa mort le contrat prend fin, mais
aussi lorsque les parties ont prévu que le contrat prendra fin à la mort de l’une d’elles.
A l’égard des tiers, nous avons les ayants-cause à titre particulier, les créanciers chirographaires
et les tiers penitus extranei.
Les ayants cause à titre particulier sont des personnes qui n’ont de droit que sur un bien
déterminé du patrimoine de leur auteur (acquéreur d’un bien par exemple). Ce bien est
considéré comme une individualité. A la question de savoir si les actp peuvent être tenu des
obligations ou dettes de leurs auteurs ou s’ils peuvent invoquer des créances de leurs auteurs il
y a des solutions légales ou conventionnelles tel que dans le cas du bail selon l’art 1743 cc.
Ainsi l’acquéreur d’un immeuble est tenu de continuer les contrats de bail passés par le 1er
propriétaire. Mais en l’absence de solutions légales ou conventionnelles, si le contrat fait naitre
une dette par rapport au bien transmis, il y a le principe de l’intransmissibilité des dettes à l’actp.
Toutefois, lorsqu’il s’agit de droit réel grevant le bien, il y a transmission de ceux-ci (une
hypothèque). Dans le cas où le contrat fait naitre une créance au profit de l’actp, le principe de
l’intransmissibilité joue également.
A l’égard des créanciers chirographaires, l’art 1165 cc a vocation également à s’appliquer même
s’il est vrai qu’ils subissent les variations du patrimoine de leur débiteur sans pouvoir s’opposer
aux contrats qu’il passe. Toutefois, par la voie de l’action oblique (1166 cc) et l’action paulienne
(1167 cc), les créanciers chirographaires disposent de ces actions pour agir respectivement
contre le débiteur de leur débiteur, lorsque ce dernier est négligent, et contre des tiers à qui leur
débiteur a consenti des droits en fraude de leurs droits.
S’agissant des tiers penitus extranei, il s’agit de véritable tiers, et l’art 1165 cc s’applique
pleinement. Néanmoins, le contrat reste à leur égard un fait juridique qu’ils ne peuvent
méconnaitre, il s’impose à eux : c’est le principe de l’opposabilité du contrat aux tiers. Ils ne
doivent pas se rendre complice de l’inexécution du contrat auquel ils sont étrangers. Egalement,
les tiers peuvent invoquer l’existence du contrat contre les parties lorsqu’il subit un préjudice
de l’exécution de celui-ci : il s’agit de l’opposabilité du contrat par les tiers.
EXERCICES D’APPLICATION :
I- Contrôle de connaissances
1- Un ayant cause universel peut-il être tenu d’une dette contractée par son auteur ?
Justifiez votre réponse
2- Un ayant cause universel peut-il être tenu de poursuivre les contrats conclus par son
auteur ? Justifiez votre réponse
3- Un ayant cause à titre particulier peut-il être tenu d’une dette née du fait de son auteur,
c’est-à-dire de l’ancien propriétaire du bien ?
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- Bony Serges, Droit civil, droit des obligations, les éditions ABC, 2016
133
Section 2 : La dérogation au principe de l’effet relatif des contrats.
Ces dérogations concernent deux sortes de contrat. L’une des dérogations est
réelle : C’est la stipulation pour autrui. L’autre n’est qu’apparente : C’est la
promesse de porte- fort.
3
La théorie de l’offre ou encore la théorie du double contrat. Le stipulant signe un premier contrat 134
avec le promettant à l’égard de qui il acquiert un droit. Dans un deuxième contrat qu’il signe avec le
tiers bénéficiaire il offre de lui céder ce droit, ce que ce tiers accepte. La théorie de la
gestion d’affaires : on considère que le stipulant et le promettant gèrent les affaires du bénéficiaire, et
ce dernier en acceptant la stipulation ratifie cette gestion. Le système de la création du droit direct : ici
le tiers bénéficiaire acquiert un droit direct contre le promettant.
A quelle condition un tiers peut-il être désigné comme
bénéficiaire ?
135
moment de la conclusion du contrat, le tiers bénéficiaire est déterminable au
moment de l’exécution du contrat.
Une autre question se pose : la stipulation peut-elle naître au profit de personnes
futures ? C'est-à-dire de personnes qui non seulement ne sont pas nées mais aussi
ne sont pas encore conçues au moment de la stipulation ? Initialement la
jurisprudence avait exclu une telle possibilité. Mais en droit Français, une reforme
intervenue en 1980 et modifiant la loi sur les assurances de 1930 a admis cette
possibilité. Il en résulte maintenant qu’en la matière des enfants non encore nés
peuvent être désignés comme tiers bénéficiaires de l’assuré.
137
droit de révocation de la stipulation reconnu au stipulant prend fin dès que le tiers
bénéficiaire accepte la stipulation. Cette acceptation peut être expresse ou tacite.
Le principe de l’effet relatif du contrat est assorti d’exceptions qui sont de nature soit à mettre
des charges sur la tête d’un tiers : la promesse de porte-fort, ou soit à créer des droits au profit
d’un tiers : la stipulation pour autrui.
La stipulation pour autrui est prévue par l’art 1119 cc et 1121 cc. C’est un mécanisme qui
consiste pour une personne appelée le stipulant qui obtient d’une autre appelée le promettant
qu’elle s’engage à exécuter une prestation au profit d’un tiers bénéficiaire. Mais pour être
valable, cette opération doit respecter des conditions tenant de prime abord au contrat principal
entre le stipulant et le promettant. En effet, la SPA est une opération accessoire insérée dans le
contrat principal, et elle était limitée à deux sortes de contrat, mais aujourd’hui son champ est
beaucoup plus large. Ensuite, il y a des conditions tenant en la personne du tiers bénéficiaire. Il
doit s’agir d’une personne déterminée, mais elle est valable si à défaut d’être nommément
désigné au moment de la conclusion du contrat, le tiers bénéficiaire est déterminable au moment
de l’exécution du contrat.
Lorsque les conditions sont remplies, il en résulte des effets qui s’apprécient d’abord dans les
rapports entre le stipulant et le promettant. Ici les parties doivent respecter leurs obligations en
vertu du contrat principal qui les lie. Mais le stipulant ne peut pas obliger le promettant à
exécuter sa prestation, il ne peut qu’agir en résolution. Ensuite dans les rapports entre le
bénéficiaire et le promettant, le bénéficiaire est tiers au contrat mais il a un droit direct qui lui
permet de réclamer l’exécution de la prestation. Mais le promettant peut opposer toutes les
exceptions et clauses de résiliation conventionnelle qui figurent dans le contrat principal. Enfin
dans les rapports entre le stipulant et le bénéficiaire, le stipulant dispose d’un droit de révocation
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de la stipulation tant que le bénéficiaire ne l’a pas acceptée, mais dès lors qu’il y a acceptation,
il ne peut plus avoir révocation.
La promesse de porte fort est régie par l’art 1120 cc, peut se définir comme un contrat par lequel
le porte fort s’engage auprès de l’autre partie à obtenir d’un tiers qu’il ratifie le contrat envisagé.
Les effets de cette opération sont fonctions de la ratification ou non du contrat envisagé. En
effet, en cas de refus le contrat principal est privé de tout effet, de sorte que les prestations
exécutées seront restituées. En outre le porte-fort doit indemniser son cocontractant car il était
tenu d’une obligation de résultat. Mais si le tiers ratifie le contrat, le porte-fort est libéré et le
contrat produit tous ses effets de façon rétroactive.
EXERCICES D’APPLICATION :
I- Contrôle de connaissances
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Le responsable de la société PRIMOR, vous informe que sa société est encore créancière d’une
somme de 50 millions FCFA au titre des travaux d’aménagement et de décoration. Il vient
d’être informé que la société unipersonnelle à responsabilité limitée est titulaire de plusieurs
créances qu’elle néglige de percevoir. Ainsi Dame Ratou est débitrice de 10 millions ainsi que
M. Ali d’une somme de 10 millions. Ces créances sont venues à échéance depuis juillet 2009.
Par ailleurs le responsable de la société unipersonnelle à sa fille Flora Koffi. Il voudrait savoir
s’il dispose de moyens juridiques pour contester la donation et pour agir contre les débiteurs de
la société unipersonnelle.
Conseillez les différentes parties sur les chances de succès des actions envisagées.
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