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Le droit applicable au contrat électronique

International

1-Régles des conflits des lois:

Le contrat électronique international n’est pas doté de spécificités particulières qui lui permettent
d’échapper aux règles de conflits de lois des ordres juridiques nationaux ou européens, ou mêmes
aux règles matérielles internationales. Des règles, d’origine conventionnelle et exprimant des
volontés étatiques communes d’harmonisation, ont vocation à s’appliquer au contrat électronique
international. Outre les règles de détermination de la loi applicable issues du Règlement Rome I qui
n’apparaissent pas poser de difficultés majeures quant à leur applicabilité au contrat électronique, la
Convention de La Haye relative aux contrats d’intermédiaire et de représentation et la Convention de
La Haye sur la loi applicable aux ventes d’objets mobiliers corporels, trouvent également à
s’appliquer. Ces deux Conventions reposent, également, sur des rattachements fixes et ne semblent
pas poser de véritables difficultés d’application au contrat électronique international. La loi
applicable au contrat électronique international étant une affaire étatique, elle relève des règles de
droit international privé de chaque Etat. Ces règles ne sont pas harmonisées et dépendent de chaque
ordre étatique. En droit français, certains troubles des méthodes du droit international privé sont
apparus avec la transposition des dispositions de l’article 3 de la directive du 8 juin 2000 sur le
commerce électronique, qui elle-même a suscité de nombreux commentaires autour du premier
paragraphe de cet article. Malgré la réponse donnée par la Cour de justice quant à son
interprétation, les dispositions de l’article 17 de loi pour la Confiance dans l’Economie Numérique se
présentent comme une règle de conflit en matière contractuelle. Toutefois, il convient d’admettre
qu’il est inutile de chercher une quelconque règle de conflit de loi dans la loi française, en présence
des règles relevant de l’Union européenne applicables aux contrats électroniques internationaux. En
droit comparé, plusieurs méthodes de détermination de la loi applicable sont identifiées. Aux Etats-
Unis, le Restatement of the law Second retient comme fondement le critère du lien le plus
significatif, tout en définissant les éléments de rattachement que l’on doit prendre en compte pour
déterminer la loi ayant des relations plus significatives avec le contrat. Contrairement au Règlement
Rome I qui met l’accent sur des critères de rattachement objectifs et fixes, le Page 566 Restatement
laisse au juge un important pouvoir d’appréciation dans la détermination de la loi applicable en
matière contractuelle. Mais la méthode à laquelle recourent les juridictions américaines dans la
détermination de la loi applicable au litige, ne reste pas sans risque juridique. Celle-ci laisse au juge la
possibilité de décider de chaque cas à la lumière des critères fondamentaux sur lesquels est fondé le
droit de conflits. Cette liberté ne correspond pas à une conception civiliste du droit et
particulièrement celle du Règlement Rome I, où le critère qui gouverne les modalités de désignation
de la loi applicable, est principalement la résidence de l’une des parties, ce qui répond
essentiellement à l’objectif d’assurer la sécurité juridique. C’est ce souci de sécurité qui a donné lieu
à des clauses d’exception, comme ce que prévoit l’article 3082 du code civil de Québec en posant le
principe de proximité, s’inspirant, de son côté, de la Loi fédérale sur le droit international privé suisse
de 1987. Celle-ci s’est remarquablement rapprochée des dispositions de la Convention de Rome de
1980. Le Règlement Rome I a renouvelé considérablement les solutions de cette Convention, sans
sacrifier au principe de proximité renforcé en matière contractuelle. Le caractère exceptionnel du
principe de proximité se trouve donc clairement envisagé par les textes étudiés. Cette solution
fondée sur le principe de proximité est analogue dans certains pays du continent asiatique comme la
loi japonaise ou la loi chinoise. Ces solutions se rapprochent également de celle proposée par la
Convention interaméricaine sur la loi applicable aux contrats internationaux dont l’article 9 adopte le
rattachement à la loi ayant les liens les plus étroits avec le contrat.
Mais quoi qu’il en soit, en présence des tendances législatives variées et entre deux approches, l’une
se concentrant principalement sur les rattachements fixes et l’autre sur le principe de proximité, il
convient d’admettre que, par ce souci de prévisibilité et de sécurité juridique, le principe de
proximité ne doit être adopté que comme un procédé accessoire afin de suppléer à l’approche
traditionnelle. Une autre méthode, voisine du principe de proximité, dite de focalisation, s’est
développée. Elle ne vise pas à localiser le contrat, mais plutôt l’activité du professionnel à travers un
faisceau d’indices qui sont pris en considération pour évaluer l’étroitesse des liens avec un Etat. Cette
méthode peut aisément s’adapter au contexte contractuel numérique. Quelle que soit la méthode de
détermination de la loi applicable au contrat électronique international, cette loi désignée traite un
domaine très large, malgré le fait que certains aspects peuvent y échapper. De plus, les lois de police
impératives peuvent écarter l’application de la loi désignée au bénéfice d’une autre loi, ce qui
représente la principale limite à la loi applicable au contrat électronique international.

2- Le rattachement juridictionnel et les modes électroniques de règlement des conflits :

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