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B/La jurisprudence
La jurisprudence c’est d’une part l’ensemble des décisions rendues par les
juridictions mais c’est aussi et surtout la solution donnée par une instance
juridictionnelle généralement la plus élevée à une question de droit/difficulté
juridique.
La jurisprudence antérieure à 1960 est toujours une source de référence en Côte
d’Ivoire. Cette jurisprudence est très importante en matière de contrat, de
responsabilité contractuelle mais également de responsabilité civile
C/La doctrine
A ce jour, les seuls ouvrages Ivoiriens de droit des obligations sont : celui du
professeur Coulibaly C. Jerôme et celui du Docteur Serge Bony.
PARTIE UNIQUE : Les actes juridiques
Les actes juridiques sont des actes volontaires accomplis en vue de produire des
effets de droit.
On distingue trois (3) catégories d’actes juridiques.
_le contrat *acte juridique bilatéral*
_l’acte juridique unilatéral. Ex : le testament *manifestation d’une seule volonté
_l’acte juridique collectif. Ex : la délibération d’assemblée ou de groupement ;
la convention collective de travail
C/L’acceptation
Pour qu’il y ait consentement, il faut qu’il y ait en plus de l’offre une seconde
manifestation de volonté c’est-à-dire l’acceptation. Elle est aussi importante que
l’offre car, sans elle, il n’y a pas de contrat.
Toute réponse par laquelle est demandée une modification des conditions fixées
par le pollicitant s’analyse non comme une acceptation mais comme une contre-
proposition, c’est-à-dire une nouvelle offre.
1-Les formes de l’acceptation
L’acceptation peut être expresse ou tacite.
_Elle est expresse lorsqu’elle est exprimée verbalement ou par écrit ; mais elle
peut également résulter d’un acte ou d’un geste qui n’a été accompli que pour
faire connaître sa volonté d’accepter. Ex : ouvrir la portière d’un taxi pour y
monter est l’acceptation du contrat de transport offert par le chauffeur de taxi.
_L’acceptation tacite suppose un acte d’où l’on peut raisonnablement réduire la
volonté de contracter. Ex : le fait d’exécuter un contrat est une acceptation
tacite.
Mais en matière d’acceptation, un problème spécifique se pose : c’est celui de
savoir si le silence d’une de ses parties peut-il valoir acceptation ?
2-Le silence d’une partie peut-il valoir acceptation ?
Par silence, il faut entendre que le destinataire de l’offre n’ai rien dit ou écrit,
mais en plus qu’il ait observé une attitude passive.
Pour résoudre la question posée, il faut se référer à un principe et à des
exceptions.
Le principe est que le silence ne vaut pas acceptation parce que le
silence est équivoque
Mais ce principe connaît des exceptions qui sont pour certaines
d’origine légale, pour d’autres jurisprudentielle
Au titre des exceptions légales, il faut retenir qu’il existe des textes indiquant
que le silence vaut acceptation au contrat à exécution successive.
Ex : En matière de bail, l’article 1738 du code civil prévoit l’hypothèse d’un
locataire (bailleur) qui reste sur les lieux après expiration du contrat. On
considère dans un tel cas que le silence du bailleur vaut acceptation tacite e
l’offre du locataire de rester dans les lieux.
Au titre des exceptions jurisprudentielles, trois (3) cas ont été dégagés (dans
lesquels le silence vaut acceptation).
_le 1er cas est celui des relations d’affaire antérieure entre les parties. Ex : un
commerçant a l’habitude de commander ses marchandises chez un fournisseur.
Il envoie une commande chez son fournisseur qui n’accuse pas réception de la
commande. Le silence du fournisseur vaut acceptation de la commande.
_le 2e cas est celui où le silence vaut acceptation d’après les usages. Dans ce cas,
la jurisprudence ne tient plus compte seulement des habitudes des parties, mais
considère aussi les habitudes générales des branches d’activité considérées. Mais
il faut préciser sur ce point que les règles jouent beaucoup plus sur les clauses
accessoires du contrat que sur les clauses principales.
_le 3e cas est celui où la jurisprudence décide que le silence vaut acceptation,
lorsque l’offre a été faite dans le seul intérêt du destinataire. Mais cette
jurisprudence ne fait pas l’unanimité.
Paragraphe 2 : L’intégrité du consentement
L’exigence de l’intégrité du consentement signifie qu’il n’est juridiquement
efficace qu’autant qu’il présente chez l’une et chez l’autre partie certaine
qualités. C’est la raison pour laquelle, l’article 1109 du code civil dispose qu’il
n’y a pas de consentement si ce dernier a été donné par erreur, extorqué par
violence ou surpris par dol ; c’est ce qu’on appelle la théorie des vices du
consentement.
A/L’erreur
On peut définir l’erreur comme une fausse représentation de la réalité. Cela
consiste à tenir pour vrai ce qui est faux et inversement mais il importe de noter
que toutes les erreurs ne vicient pas le consentement. Seules les erreurs
suffisamment graves entraînent l’annulation du contrat. On est ainsi amenés à
distinguer les erreurs qui invalident le contrat de celles qui sont en effet sur sa
validité.
1-Les erreurs invalidant le contrat
On en distingue deux (2) sortes :
L’erreur obstacle
Elle résulte d’un malentendu radical. Par suite d’un quiproquo, il arrive que sous
les déclarations formelles en apparence concordantes, les volontés réelles ne se
soient pas rencontrées. L’accord ne s’est pas opéré parce que les parties n’ont
pas voulues la même chose. *Erreur qui empêche la formation même du
contrat*
En général, on considère qu’il y a trois (3) cas d’erreurs obstacles :
_L’erreur sur la nature du contrat. Ex : l’une des parties au contrat a cru recevoir
un don, l’autre partie a cru consentir une vente ;
_L’erreur sur l’identité de la chose qui fait l’objet du contrat. Ex : l’une des
partie a voulu vendre la parcelle de terrain A, l’autre partie a cru acheter la
parcelle de terrain B.
_L’erreur sur la cause du contrat c’est-à-dire sur la raison déterminante qui a
amené les parties à contracter. Par exemple, vous assurez votre appartement
contre l’incendie parce que l’immeuble n’est pas couvert par unetelle assurance ;
or il s’avère que le dit immeuble fait déjà l’objet d’une assurance contre
incendie. Dans un tel cas, le juge a admis qu’il y avait erreur sur la cause du
contrat. Cette solution juridictionnelle est controversée.
L’erreur simple vice du consentement
Il en existe deux (2) : l’erreur sur la substance et l’erreur sur la personne.
La notion de substance fait appel à deux (2) interprétations. Il y a en
premier lieu l’interprétation qu’on qualifie d’objective et en second lieu
celle qu’on qualifie de subjective.
Dans la conception objective, la substance désigne la matière dont la chose est
faite. Ex : Vous croyez acheter un bijou en or, alors qu’il s’agit d’un bijou en
métal doré.
Au contraire, dans la conception subjective, la matière de la chose importe peu ;
c’est plutôt la qualité de la chose que la partie a voulu qui importe. Ex : j’achète
un masque Sénoufo pensant qu’il est authentique. Or, il s’avère qu’il s’agit
d’une vulgaire copie. Dans ce cas, la matière qui fait l’objet de la chose n’est pas
en cause ; ce qui est en cause c’est la qualité, le caractère authentique et ancien
du masque.
Devant ces deux (2) interprétations possibles, la jurisprudence pose que c’est
l’interprétation subjective qui l’emporte.
L’erreur sur la personne
Elle consiste d’abord à se tromper sur l’identité physique ou civile de la
personne (son nom, sa nationalité, l’âge, la situation matrimoniale…). Mais on
parle également d’erreur sur la personne lorsqu’on se trompe sur les qualités
essentielles de la personne (son honorabilité et son expérience).
2-Les erreurs indifférentes à la validité du contrat
On en distingue deux (2) : l’erreur sur la valeur et l’erreur sur les motifs.
_L’erreur sur la valeur
On entend par erreur sur la valeur l’évaluation erronée de l’objet du contrat. Par
suite d’une appréciation économique erronée, le vendeur a vendu trop bon
marché ou l’acheteur a payé trop cher. Le principe est simple : l’erreur sur la
valeur n’est pas une cause de nullité de contrat, parce qu’elle s’apparente à ce
qu’on appelle une lésion or, celle-ci sauf cas exceptionnel n’est pas cause
d’annulation du contrat.
_L’erreur sur les motifs
En principe, l’erreur sur les motifs n’est pas une cause d’annulation du contrat
mais il y a des tempéraments. Elle peut être une cause de nullité du contrat si
elle se confond avec l’erreur sur la substance. L’erreur sur les motifs peut être
exceptionnellement admise, même si elle ne se confond pas avec la substance,
dans le cas où le motif a été déterminant du consentement de la partie concernée.
Dans les autres cas où les parties ont été d’accord pour en faire une condition du
consentement, l’erreur sur les motifs est admise.
3-Les conditions de l’annulation pour erreur
Pour pouvoir entraîner l’annulation du contrat, l’erreur doit être excusable, c’est-
à-dire qu’elle ne doit pas procéder d’une négligence excessive. Dès lors, le
contrat est maintenu lorsque l’erreur procède d’une négligence inexcusable.
*en cas de vigilance l’erreur est excusable or en cas d’une trop grande
négligence l’erreur est inexcusable*
Le caractère excusable ou non de l’erreur est appréciée in concreto c’est-à-dire
en fonction des aptitudes personnelles de l’intéressé.
La preuve de l’erreur est à la charge de la partie qui prétend que son
consentement a été vicié. Cette partie doit établir d’abord que son consentement
a été déterminé par une croyance(1). Elle doit établir ensuite que son co
contractant connaissait ou devait connaître cette croyance et son caractère
déterminant au moment de la conclusion du contrat(2). La victime doit établir
que sa croyance était contraire à la réalité(3).
4-Les effets de l’erreur
Il y en a deux (2)
_le principal effet de l’erreur c’est d’entraîner la nullité du contrat, une nullité
relative qui ne peut être évoquée que par la victime de l’erreur. *personne ne
peut évoquer l’erreur sinon la victime*
La nullité est en principe totale c’est-à-dire que tout le contrat est annulé.
_éventuellement, l’erreur peut entraîner un deuxième effet qui est l’attribution à
la victime de dommages et intérêts, s’il est établit que le co contractant a
commis une faute.
B/Le dol
Pour qu’il y ait dol, deux (2) éléments sont nécessaires. Il faut qu’il y ait en
premier lieu un élément matériel consistant en des agissements constitutifs de
tromperies. Il faut ensuite un élément psychologique qui est l’intention de
tromper.
1-Les conditions de l’annulation pour dol
_La première condition est que le dol doit avoir été déterminant, c’est-à-dire que
les manœuvres et les mensonges doivent être tels que s’ils n’avaient pas existés,
la victime n’aurait pas contracté.
_La deuxième condition est que le dol doit émaner de l’autre contractant ; ce qui
veut dire a contrario que le dol émanant d’un tiers n’est pas une cause
d’annulation du contrat.
Mais la jurisprudence admet deux (2) tempéraments : c’est ce que cette règle ne
joue pas pour les contrats unilatéraux.
Ensuite, la jurisprudence accepte de prononcer l’annulation du contrat, si le co
contractant été complice du dol commis par un tiers.
Tout naturellement, la charge de la preuve du dol pèse sur la partie qui l’invoque
(article 1315 du code civil)
2-Les sanctions du dol
La sanction normale du dol est la nullité du contrat. Il s’agit d’une nullité
relative. Il y a aussi une sanction accessoire qui consiste en l’allocation de
dommages et intérêts. Il est bon de préciser par ailleurs que la victime peut se
contenter de dommages et intérêts.
De plus, en cas de dol causé par un tiers ou de dol incident, l’attribution de
dommages intérêts est la seule sanction qui puisse être envisagée.
C/La violence
C’est une contrainte contre une personne pour l’amener à contracter contre son
gré. On distingue deux sortes de violence : la violence physique et la violence
morale.
La violence morale est plus fréquente que la violence physique, qui s’exerce par
des menaces. Contrairement à ce qui se passe pour le dol, il est indifférent que la
violence émane du co contractant ou d’un tiers.
On retiendra aussi que la jurisprudence récente assimile parfois l’état de
nécessité à la violence. Il en a été ainsi jugé en matière d’assistance maritime.
Cette solution a été confirmée par une loi en date du 19 Avril 1916.
1-Les caractères de la violence
Pour pouvoir être regardé comme un vice du consentement, la violence doit en
premier lieu, être déterminante, en second lieu, illégitime.
Est déterminante la violence qui présente une certaine gravité. Cette gravité
s’apprécie in concreto, c’est-à-dire en considération de la victime.
Ne sont pas illégitimes la crainte révérencielle envers les ascendants (père, mère,
tuteur) et les menaces d’exercer une voie de droit. Mais pour que la menace
d’exercer un droit soit légitime il faudrait que rien ne puisse est reproché à
l‘auteur de la menace. Cela implique que l’auteur de la menace doit prétendre
exercer des voies de droit régulières et sans caractère vexatoire. De plus, il doit
menacer d’exercer une voie de droit qui a un rapport direct avec le contrat qu’il
cherche à conclure.
2-La preuve et les sanctions de la violence
Tout naturellement, la charge de la preuve, la réunion des conditions exigées
pour qu’il y ait violence incombe à la victime. Cette preuve peut être faite par
tout moyen. La violence est susceptible d’entraîner deux (2) sanctions :
_en tant que vice du consentement elle entraîne tout d’abord la nullité du
contrat. Mais en matière de violence il faut noter l’existence d’un texte spécial,
l’article 1115 du code civil qui prévoit la possibilité de confirmation : « un
contrat ne peut plus être attaqué pour cause de violence, si depuis que la
violence a cessé, ce contrat a été approuvé soit expressément, soit tacitement,
soit en laissant passer le temps de la restitution fixée par les lois ».
_En tant que délit, la violence peut motiver au même titre que le dol, une
condamnation à des dommages et intérêts.