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INTRODUCTION
Chapitre I : La prévention du risque de contentieux.
Section I : L’anticipation du risque de contentieux.
Paragraphe I : La veille juridique.
Paragraphe II : La communication efficiente.
Section II : La sécurisation de la relation.
Paragraphe I : L’approche prospective dans la quête du partenaire.
Paragraphe II : L’engagement dans la relation d’affaires.
INTRODUCTION.
1
Parler du contentieux doit prendre nécessaire point de départ sur la définition du
terme.
En effet, dans le langage courant, ce mot renvoie à un litige, un différend ou une
querelle. Avec cette prégnance de conflit, le mot désigne par ailleurs la matière
opposée à celle dite gracieuse1.
En droit, il a une acception plus ou moins dédiée et renvoie au processus permettant
de se prononcer sur la recevabilité et le bien-fondé ou non des prétentions en
présence.
Le contentieux2 ne convoque pas un ensemble de corps de règles certain mais
l’ensemble des litiges s’élevant dans une relation. Il peut s’agir donc d’une affaire
civile, commerciale, sociale, fiscale, administrative, bancaire etc…. C’est en cela qu’il
se différencie, par exemple, de la procédure civile (droit judiciaire privé) ou de la
procédure pénale qui sont des ensembles de corps de règles de droit gouvernant
l’organisation et le fonctionnement de la justice dans leur domaine spécifique.
Et, c’est parce que le contentieux3 peut porter sur un litige pouvant trouver solution
hors du système judiciaire étatique que son domaine déborde les limites d’une
quelconque autre discipline juridique.
Quoiqu’il en soit, le conflit suppose le délitement d’une relation, le choc de
prétentions à l’intérieur de cette dernière. Et, à chaque fois que la situation se
présente, les parties sont souvent tentées de chercher une solution afin d’en apaiser
les ardeurs. Celle-ci peut être amiable ou judiciaire.
Elle est amiable, lorsque les parties conviennent librement de se faire confiance eux-
mêmes ou à l’intervention d’un tiers dans l’ébauche des voies de sorties de crise, sans
faire recours au juge. Ainsi, par des concessions réciproques, les parties au conflit
évitent l’aléa judiciaire et parviennent à un accord de leur propre chef ou du fait de
l’intervention du tiers.
Parfois par contre, cet accord peut résulter d’une transaction, c’est-à-dire, le paiement
d’une somme d’argent préalablement fixée par la loi ou les règlements soit à titre de
sanction pécuniaire, soit à titre de réparation librement convenue entre les parties.
Outre ces voies de règlement, les parties peuvent également soumettre leur litige à
un juge aux fins de résolution. On parle alors de règlement judiciaire.
1
Caractérise une procédure, lorsque, en l'absence d'un conflit d'intérêts, le tribunal est saisi d'une demande dont
la loi exige qu'une situation juridique soit soumise à son contrôle.
2
Les deux notions sont bel et bien liées, puisqu'on parle de contentieux pour désigner une action juridique
visant à faire trancher un litige par un juge. Partant de cette définition, tous les litiges ne donnent pas lieu à un
contentieux, mais un contentieux est toujours le résultat d'un litige.
3
Le contentieux des affaires regroupe l'ensemble des litiges relatifs au droit des affaires, notamment
recouvrements, actions en exécution contractuelle, conflits d'associés, d'actionnaires ou dirigeants, litiges post-
acquisition ou encore abus de majorité et de minorité.
2
Il est également possible de saisir un tribunal arbitral lorsque l’objet du litige est hors
du domaine des facultés indisponibles telles que l’ordre public, le statut personnel ou
les bonnes mœurs.
Quant à « affaires », il désigne, ici, l’ensemble des activités économiques ou de
manière plus spécifique une instance ou une procédure. Le contentieux des affaires
s’intéresse donc, de manière générale, au management des litiges s’élevant dans les
activités économiques.
Soucieuse de son épanouissement, l’entreprise veille à prévenir tous les risques de
troubles pouvant affecter négativement ses activités.
Pour ce faire, certaines entreprises mettent en place un service spécialisé aux fins
d’assister la Direction dans le traitement des questions juridiques que leur posent les
relations internes ou externes auxquelles elles doivent faire face.
C’est donc autour de ces deux considérations que s’articulera essentiellement notre
réflexion. Il s’agira de voir, dans une première partie, la prévention du risque de
contentieux (chap. I) avant de faire de même, et dans une seconde partie, le règlement
du contentieux (chap. II).
3
Elle repose sur le souci de l’entreprise de minimiser les risques juridiques de conflits
et s’articule autour d’une politique d’anticipation de difficultés dans la culture de la
relation d’affaires.
Dans le milieu des affaires, la connaissance des règles de jeu (usages, coutumes, lois et
règlements), la bonne foi et le respect des engagements pris participent grandement à
la consolidation de la relation et à la prévention du risque de son délitement.
C’est pourquoi l’entreprise se doit de faire dans la veille juridique (paragraphe I),
mais aussi et surtout, dans la culture d’un dialogue sain et constructif (paragraphe II).
En principe, un professionnel est censé avoir une certaine maitrise des dimensions
techniques, administratives et juridiques de son activité. Il ne peut pas et ne doit pas
plaider l’ignorance. Toutefois, l’attitude vertueuse et non transgressive de la loi reste
le fruit d’une quête permanente de connaissances de son esprit souvent versatile.
Pour parvenir à cette fin, l’entreprise doit mettre en œuvre des instruments d’études
et d’analyses adéquats et aptes à permettre une bonne appréhension de toutes les
situations juridiques encadrant la vie de la structure.
4
Relevant du fait d’une partie à la relation (inobservation d’une clause, violation d’une valeur sociétale protégée
au moyen d’une sanction pénale etc….).
5
Relevant d’un fait extérieur à la volonté des parties au conflit (l’imprévision, le cas fortuit ou force majeur
etc…).
4
s’attacher les services d’un cabinet d’avocat par le mécanisme de l’externalisation de
cette tâche.
Il faut dire que la reine de la matière première de toute entreprise réside dans la
relation.
En effet, l’entreprise est incarnée par des personnes physiques et ne fonctionne que
sur la base d’une relation. C’est notamment le cas des sociétaires, salariés,
partenaires, clients et autres. La satisfaction de ses besoins sociaux et matériels est
intimement liée à l’existence d’une relation construite au moyen de la
communication.
Ainsi, pour réduire le risque de contentieux, l’entreprise se doit d’adapter son
discours à la nature de la relation avec toute la vigilance nécessitée par la culture
capitalisée en la matière. Le discours doit être empreint de dignité, de sincérité et
d’objectivité car, comme disait Goethe, « parler est un besoin, écouter est un art ».
Ce faisant, l’entreprise doit avoir une certaine finesse dans l’expression de ses
besoins, une profonde écoute dans la réception des offres afin de parvenir à la
conclusion d’une relation sérieuse. En affaires, disait Auguste DETOEUF, « mentir
n’est jamais nécessaire, rarement utile et toujours dangereux ».
5
Une bonne communication participe à assainir la relation et à renforcer la
coopération ou le partenariat. Elle permet de lever les équivoques et facilite la
mutualisation des prétentions des parties à la relation.
6
C’est notamment le cas du principe de l’inopposabilité à la masse des créanciers de
certaines opérations effectuées en période suspecte6. Il en est également de même
dans la politique de lutte contre le blanchiment des capitaux où la loi met à la charge
de certains professionnels (les banquiers ou gestionnaires de certaines institutions
financières) de procéder, dans certaines opérations, à des investigations sur le
partenaire et sur l’origine et la destination des fonds qu’il engage7.
C’est dire donc que l’obligation d’investigation sur le partenaire puise parfois sa
source dans la règle de droit et revêt alors les atours d’une injonction de connaître
son client (know your customer) qui donne l’acronyme « KYC ».
Traditionnellement, les écritures publiques des institutions judiciaires,
administratives, fiscales ou foncières constituaient une précieuse source
d’information pour l’entreprise. Aujourd’hui, les réseaux sociaux offrent de belles
opportunités de recherches.
Cependant, avec l’envie grandissante de protection des données à caractère
personnel du citoyen, la tâche se complique de plus en plus pour l’entreprise,
notamment, dans la constitution ou l’exploitation des bases de données.
En définitive, la démarche prospective ne doit pas être un mobil pour investir les
entrailles de l’entreprise de l’extorsion ou de la soustraction frauduleuse
d’informations. Son usage excessif ou illégal peut effectivement constituer une source
potentielle de risques de contentieux.
Bien que le monde des affaires soit le domaine de la célérité, il s’y développe
d’innombrables relations économiques ou sociales. Généralement, fondées sur des
engagements verbaux, dites relations sont de potentielles sources de conflits et
posent d’énormes difficultés dans l’administration de la preuve.
6
Cf art. 5 et 65 de l’Acte Uniforme portant organisation des procédures collectives et d’apurement du passif.
7
Loi n° 2005 – 554 relativement à la lutte contre le blanchiment des capitaux.
8
Art. 40 al. 1er C.O.C.C
7
Ainsi, le délitement d’une relation met à la charge des litigants l’obligation
d’administrer la preuve de leurs prétentions réciproques. Cela dit, l’entreprise se
doit, même en l’absence d’écrit, de se donner les moyens de caractériser la relation
afin de permettre l’imputation de la responsabilité en cas de litige.
Si l’administration de la preuve peut se faire par tout moyen 9dans des rapports
commerciaux, il en est autrement dans d’autres secteurs d’activités. Par exemple,
l’article L.37 du code du travail dispose que « le contrat d’engagement à l’essai est,
à peine de nullité, constaté par écrit…. ».
Aussi, même s’il est fait exception à cette règle, « toutes les fois qu'il n'a pas été
possible au créancier de se procurer ou de produire une preuve écrite de la convention 10 »,
l’article 14 du COCC dispose qu’« il doit être passé acte devant notaire ou signatures
privées de toute convention dont l’objet excède 200 Francs ».
C’est dire donc que la nécessité de se prémunir d’éléments probatoires aux fins de
la caractérisation d’une relation est vivement recommandée. Et, l’écrit se présente
ainsi comme un puissant instrument de prévention de litiges.
A propos, les usages ont développé, dans le cadre des rapports publics - privés, un
mémorandum d’entente communément appelé MOU (memorandum of
understanding) pour encadrer les pourparlers en vue d’une éventuelle
collaboration.
Quoiqu’il en soit, il ne faut jamais perdre de vue qu’il existe des situations dans
lesquelles l’écrit ne remplit pas seulement cette fonction probatoire. En effet, la loi
l’élève parfois au rang de condition de validité du contrat11.
Le problème c’est que le monde des affaires est très dynamique et les situations
juridiques qui y naissent ne peuvent être que très fluctuantes. Et, en dépit des
9
Art. 5, Acte Uniforme portant droit commercial général.
10
Art. 15, COCC.
11
Art. 383, COCC.
8
efforts dans l’anticipation du risque de contentieux, le choc des prétentions finit
toujours par produire des étincelles qui, parfois, génèrent des conflits. Pour
solutionner ces conflits, seulement deux voies s’ouvrent aux litigants : celle du
règlement extrajudiciaire (section I) ou celle judiciaire (section II).
12
La conciliation a cela de particulier qu’elle n’est pas une notion d’origine juridique et que sa connotation
juridique actuelle résulte du fait que la pratique judiciaire se l’est appropriée ; elle comporte une ambivalence
intrinsèque puisqu’elle désigne tout à la fois la procédure à suivre pour pouvoir mettre fin à un désaccord et
l’accord en résultant.
13
Cette catégorie de conciliation, très vaste, peut être encore scindée en deux sous-catégories, qui distinguent
selon que les modalités d'organisation de la procédure sont plus ou moins formelles : ainsi, la conciliation
consensuelle, ou ad hoc se distingue de la conciliation institutionnelle par son absence de formalisme. Le recours
à l’un ou l’autre de ces types de conciliation peut être décidé d’un commun accord par les parties, une fois le
litige né. Mais l’hypothèse la plus fréquente reste néanmoins la prévision anticipée, avant même qu’un litige ne
naisse, par l’insertion de clauses dites de conciliation dans les contrats régissant les rapports entre les parties.
10
La faiblesse de ce mode de règlement de conflit réside dans le fait qu’il repose
essentiellement sur la confiance que les parties ont du conciliateur. Ce faisant, les
risques de détournement de la procédure sont donc énormes.
Par ailleurs, avec l’idée de parvenir à résorber localement et au mieux les conflits véniels (en
matière pénale) hors du cadre formel juridique, le législateur a pensé utile de mettre en œuvre
une justice de proximité par l’institution des maisons de justice14.
La fin de la procédure de conciliation doit nécessairement être sanctionnée par un
écrit à valeur transactionnelle.
En tout état de cause, le médiateur doit être indépendant et impartial et en faire une
déclaration écrite dés sa désignation. De même, il doit informer les parties de la survenance
de circonstances nouvelles susceptibles de soulever des doutes légitimes sur son impartialité
ou son indépendance.
La fin de la médiation est sanctionnée par un accord écrit susceptible d’une exécution forcée.
Pour ce faire, cet accord doit être déposé au rang des minutes d’un notaire avec
reconnaissance d’écritures et de signatures. Et c’est seulement après que cet officier
ministériel peut délivrer une grosse ou une copie exécutoire.
Il est également possible de saisir le juge d’une requête ou assignation aux fins
d’homologation ou d’exéquatur. Ce mécanisme permet d’inscrire cet accord dans le
14
Décret n°99 – 1124 du 17 novembre 1999 portant maisons de justice.
15
La médiation peut être mise en œuvre par les parties (médiation conventionnelle), sur demande ou invitation
d’une juridiction étatique (médiation judiciaire), d’un tribunal arbitral ou d’une entité publique compétente.
16
Art. 2 Acte uniforme sur la médiation.
11
répertoire des décisions rendues par ladite juridiction. Une fois les voies de recours épuisées,
cette décision reçoit force exécutoire.
Comme dans les autres situations, l’accord des parties est sanctionné par un procès-
verbal dont la violation exposera son auteur aux conséquences de droit.
Malgré tout, ces techniques de gestion du contentieux n’ont pas permis de juguler la
demande et ses délais de traitement n’ont pas cessé de s’allonger, entravant
considérablement le libre écoulement des capitaux.
Face à cette situation, les acteurs du monde des affaires ont, de leur côté, développé
une justice privée inspirée des coutumes et usages du monde commercial.
18
Un litige peut être pénal, administratif, fiscal, social ou commercial.
19
Juridictions pénales, civiles, administratives, commerciales et sociales.
20
Al. 3, art. 4 de la loi 84 – 09 du 04 juin 1984 portant création de l’ordre des avocats.
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