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L’une des questions qui se posent après qu’une personne arrive à mourir est
celle de la dévolution de son patrimoine. Ne dit-on pas qu’un bon père de
famille doit devenir propriétaire ? En effet, un homme doit son prestige social
se mesure à la succession qu’il laisse à ses enfants 1 dans la mesure où le
lien établi entre la personne et son patrimoine impose qu’au décès de la
personne, son patrimoine soit transmis à ses héritiers2.
C’est en ces termes que l’article 756 du Code la Famille dispose que les
droits et obligations du de cujus constituant l’hérédité passent à ses
héritiers et légataires. C’est de là que se pose la question de la dévolution des
biens légués par le De cujus à plus de celle consistant à déterminer les
membres de l’hérédité, surtout qu’il existe parmi eux certains dont
l’affiliation peut soulever des questionnements partant de la manière dont ils
sont venus au monde.
En effet, il n’est secret pour personne que depuis la nuit des temps certaines
personnes entretiennent des relations extraconjugales ou encore arrivent à
avoir des enfants sans qu’elles soient unies par un lien de mariage
conformément à la législation actuellement en vigueur en République
Démocratique du Congo.
Les enfants nés de ces genres de relation font souvent objet des graves
discussions et dissensions qui, parfois, conduisent à la dislocation de la
famille concernée par ces cas. Certes que sous l’empire du Décret du 04 mai
1895 relatif aux personnes, communément appelé « Code Civil Congolais
Livre 1 », le législateur colonial faisait un distinguo entre les enfants nés
dans le mariage qualifiés « d’enfants légitimes » des enfants nés hors
mariage, appelés « Enfants adultérins ou illégitimes ou encore naturels ».
Tirant conséquence de l’option politique qui veut que tout enfant doit avoir
un père, le législateur de 1987 a, d’un côté élaguer du vocabulaire congolais
le vocable « enfant naturel » et, de l’autre remplacer le terme « filiation » par
« Affiliation » qui veut que le père reconnaisse son enfant, avec pour nuance
de l’obligation faite au père de se faire reconnaitre par la famille maternelle
de l’enfant3.
Bien que la loi a rendu l’affiliation obligatoire pour éviter de tomber dans la
situation des enfants sans père, il est cependant vrai que rare sont ceux de
pères qui se soumettent à cette obligation si bien que dans la plupart de cas,
l’on n’échappe pas à la situation d’enfants sans père ou tout au moins
d’enfants n’ayant pas un acte d’affiliation les rattachant à leur géniteur.
1
Lukombe Nghenda, Droit civil les biens, Publication des facultés de droit des universités du Congo, Kinshasa,
2003
2
MABIKA Kalonda, le code de la famille à l’épreuve de l’authenticité, LASK, KIN, 1990.
3
Exposé des motifs de la loi n°87-010 du 1er août 1987 portant Code de la Famille, point 2 sur la Filiation.
Aussi, il n’est secret pour personne, le nombre de père qui se font
reconnaitre par la famille maternelle de la femme parait très minime, si pas
inexistant si bien qu’on peut se permettre de dire que cette obligation faite
au père est chimérique si pas utopique.
C’est de cette réalité qu’il a paru utile de se pencher sur la problématique
des enfants nés hors mariage mais non affiliés du vivant de leur père. Cette
question vaut son pesant d’or dans la mesure où lorsque le père arrive à
mourir tout en laissant des biens, le partage entre les différentes catégories
d’héritiers est sujette de conflit entre membre de l’hérédité, surtout lorsque
parmi eux il existe des enfants nés hors mariage mais non affilié du vivant
du père.
Dans l’ancienne législation, à savoir celle établit par le Décret de 1895, les
enfants nés hors mariage n’avaient pas droit de cité. Mais le législateur de
1987 comme celui de 2016 a instauré le principe de l’égalité des enfants
mais à la seule condition que ceux des enfants nés lors mariage soient
reconnus du vivant de leur père.
Qui du reste étaient dépourvus de plusieurs droits subjectifs, entre autre le
droit à l’héritage.
Si pour l’enfant né hors mariage mais reconnu du vivant de son père
l’application de la loi ne souffre d’aucune objection, la situation de l’enfant
né hors mariage et non affilié soulève, par contre, d’énormes difficultés
notamment lors de l’ouverture de la succession et du partage des biens
successoraux.
L’affiliation de l’enfant né hors mariage tout en étant une garantie, elle
constitue un handicap pour l’enfant non affilié du vivant de son père dans la
mesure où il sera difficile pour cet enfant de prouver son affiliation.
Certes que le code de la famille lui ouvre l’action en recherche de paternité.
Cependant, il doit être admis que le fait de l’écarter de toute bénéfice de
biens de son père au seul motif que son affiliation poserait un problème, est
contraire aux prescrits de la loi n°16…………………portant code protection de
l’enfant, qui veut qu’à tout état de cause, l’intérêt de l’enfant doit être
privilégié.
Mais avant de se pencher sur la problématique des conséquences qui
résulteraient de la non-affiliation de l’enfant du vivant du père, il nous
semble utile de parler de la succession ou de la dévolution successorale.
LA SUCCESION
LA FILIATION
Ainsi, l'enfant autrefois dit « Naturel ou adultérin » a été mis dans les
mêmes conditions juridiques qu'un enfant né dans le mariage. Cette
solution, croyons-nous cadre avec l'évolution actuelle des mœurs
congolaises. En effet, en instituant l'infériorité de l'enfant né hors mariage
par rapport à l'enfant issu d'une union légitime, le législateur du code civil
avant cru décourager les hommes de faire les enfants en dehors de leurs lits
conjugaux ou mieux les décourager de procréer à volonté hors mariage.
Agissant ainsi, il sanctionne un innocent car l'enfant était privé de droits
non à cause de sa faute mais de celle de ses auteurs.
7
Article 758 du code de la famille
8
Art 762 du code de la famille
La filiation est le lien qui unit l'enfant à ses parents. La loi en distingue trois
sortes :
- La filiation naturelle établit l'état des enfants nés des parents non
mariés. L'enfant illégitime n'as pas selon les prescrits du code civil, les
mêmes droits que l'enfant légitime. Toutefois il peut être soit reconnu
soit légitime, c'est-à-dire rendu par le fait du mariage de ses parents ;
Pour préciser, tout enfant congolais doit avoir un père. Nul n'a le droit
d'ignorer son enfant, qu'il soit né dans le mariage ou hors mariage.
Dorénavant, tous les enfants sont égaux dans les rapports avec leurs
géniteurs ainsi qu'avec les familles. Toutefois, l'accès au domicile conjugal
d'un enfant né hors mariage est subordonné à l'acceptation préalable de
l'autre conjoint.
La loi voudrait que les enfants nés hors mariage ne succèdent pas à leurs
auteurs. Il se dégage de l’article 758 al1 du code de la famille et même de
son exposé des motifs que les enfants nés hors mariage ne pouvant succéder
que lorsqu’ils ont fait l’objet d’une affiliation du vivant du de cujus. Pour
dire que, ceux nés hors mariage et non affiliés du vivant du défunt sont
exclus de la succession.
En effet, la loi impose dans son article 614 que tout enfant né hors mariage
en fasse l’objet dans les douze mois qui suivent sa naissance. Qui dépasse ce
délai, l’affiliation ne puisse se faire que moyennant amande allant de 1000 à
5000 Zaïres.
Cette faculté d’affiliation a été critiquée non sans raison par une certaine
opinion, soutenue essentiellement par les femmes mariées qui estiment
qu’en cette matière, la liberté accordée aux hommes parait excessive, dans
la mesure où, ils se permettent sous la couverture de la loi, de procrées à
volonté hors mariage. Cette liberté concourant malheureusement, à
consolider davantage la prostitution pratiquée sous la forme violée de «
deuxième bureau » disent-elles.
11
Dekker René, Précis de droit civil belge, Tome 3, Les régimes matrimoniaux, les successions, les donations et
les testaments, Bruylant, Bruxelles, 1955
refuse de reconnaitre la mère de ces enfants. Le législateur congolais
privilège les intérêts de l’enfant né hors mariage qu’il qualifie d’innocent
mais, il boycotte ceux de la mère de peur qu’il enfreigne sa propre loi
interdisant la polygamie.
Cette position de MUPILA est celle que prendrait tout positivisme paresseux
qui, reconnaissant les faiblesses qui entourent une institution juridique,
s’arrêterait à dire qu’on en peut rien. Parce que dans ce domaine on inflige
un manque à gagner à celui qui ne joue, à aucun endroit dans le film qu’il
ne fait que constater (la femme surtout, alors que la justice exige que chacun
porte les conséquences de ses actes).
Les hommes ont beaucoup plus tendance à amener au foyer les enfants
fruits de leur commerce charnel, et ça ne fait aucun doute. Pour remédier à
cette situation, nous proposons que l’adultère du mari, soit réprimé sans
condition d’être entouré des circonstances susceptibles à lui imprimer le
caractère d’injure grave.
Mais, si cette position protège les droits du conjoint victime d’adultère et des
autres enfants nés dans le mariage, elle ne résout pas pour autant le
problème épineux de la vocation successorale d’un enfant né hors mariage
12
MUPILA Ndjike kawende, H.F, les successions en Droit congolais, éd. Pax-Congo, Kinshasa, 2000, P 51
et non affilié du vivant du de cujus, car c’est cette affiliation, lorsqu’elle est
faite du vivant du de cujus qui confère la vocation à l’enfant né hors
mariage, à en croire l’article 758 du code de la famille.
Cela est d’autant plus vrai que le code de la famille dans son article 601
indique que la filiation paternelle s’établir par la présomption légale en cas
de mariage ou par une déclaration ou par une action en recherche de la
paternité.
La loi exigeant que chaque enfant ait un père, prévoit qu’à celui-ci le juge
désigne un père juridique, membre de la famille de sa mère ou même un
autre désigné par la mère, assumera vis-à-vis de cet enfant les charges
paternelles.
En considération de cet état des choses, GUYINDULA Gam estime que cet
enfant qui n’hérite ni de son père biologie ni de son père juridique désigné
est défavorisé et devait être de lege ferenda sous réserve de ce qui a été dit,
inséré dans la première catégorie d’héritiers de son père juridique. 13
Pourquoi dès lors l’enfant qui a fait établir sa filiation après la mort de son
père par une action en recherche de la paternité, ne pourrait-il opposer sa
qualité d’héritier aux autres enfants en se fondant sur le principe posé par
l’article 593 ci haut rappelé ?
14
KIFWABALA TEKILAZAYA, Droit congolais, Régimes matrimoniaux successions, libéralités, les analyses
juridiques, Mars 2014, p 165, 166 et 167.
C’est ainsi que le professeur Yav Katshung affirme que la discrimination
consacrée par l’article 758 du code de la famille en ce qui concerne les
enfants non affiliés n’a pas de rapport raisonnable avec le but poursuivi.
Conclusion
Ainsi, nous proposons que l’article 758 du code de la famille soit modifier
dans son alinéa premier en ce termes : «les enfants du de cujus nés dans le
mariage et ceux nés hors mariage mais affiliés soit par leurs père, soit par
un ascendant ou par un membre de la famille du père après la mort de celui-ci
ou lorsque qu’il n’est pas en mesure de manifester sa volonté » ; car en disant
ceci, le législateur congolais sonnera le glas à cette contradiction qui existe
entre l’article 616 et 758 du code de la famille et permettra aux enfants
15
KIFWABALA TEKILAZAYA, OP.cit, p. 168 et 169
affiliés après la mort de leurs père de venir à la succession sans aucune
difficulté.
En sus, nous proposons que, les juges accordent la vocation héréditaire des
enfants nés hors mariage et affiliés après la mort du de cujus en vertu de
l’article 616 du code de la famille qui en donne possibilité après analyse
approfondies des effets de l’affiliation qui sont les mêmes que celle-ci soit
post mortem ou pas. En outre, qu’il interprète largement la notion de
l’affiliation en ne l’enfermant pas seulement dans le cas où elle a eu lieu
devant l’officier de l’état civil. Quant aux enfants sous la paternité juridique,
étant donné qu’il existe aucune disposition qui puisse leurs accorder la
vocation héréditaire, qu’ils soient intégrés dans les différentes catégories des
héritiers prévues par l’article 758al1 en vue de privilégier a tout pris les
droits des enfants.