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LA PROBLEMATIQUE DE LA VOCATION HEREDITAIRE DES ENFANTS

NES HORS MARIAGE ET NON AFFILIES DU VIVANT DU DE CUJUS

L’une des questions qui se posent après qu’une personne arrive à mourir est
celle de la dévolution de son patrimoine. Ne dit-on pas qu’un bon père de
famille doit devenir propriétaire ? En effet, un homme doit son prestige social
se mesure à la succession qu’il laisse à ses enfants 1 dans la mesure où le
lien établi entre la personne et son patrimoine impose qu’au décès de la
personne, son patrimoine soit transmis à ses héritiers2.

C’est en ces termes que l’article 756 du Code la Famille dispose que les
droits et obligations du de cujus constituant l’hérédité passent à ses
héritiers et légataires. C’est de là que se pose la question de la dévolution des
biens légués par le De cujus à plus de celle consistant à déterminer les
membres de l’hérédité, surtout qu’il existe parmi eux certains dont
l’affiliation peut soulever des questionnements partant de la manière dont ils
sont venus au monde.

En effet, il n’est secret pour personne que depuis la nuit des temps certaines
personnes entretiennent des relations extraconjugales ou encore arrivent à
avoir des enfants sans qu’elles soient unies par un  lien de mariage
conformément à la législation actuellement en vigueur en République
Démocratique du Congo.

Les enfants nés de ces genres de relation font souvent objet des graves
discussions et dissensions qui, parfois, conduisent à la dislocation de la
famille concernée par ces cas. Certes que sous l’empire du Décret du 04 mai
1895 relatif aux personnes, communément appelé « Code Civil Congolais
Livre 1 », le législateur colonial faisait un distinguo entre les enfants nés
dans le mariage qualifiés « d’enfants légitimes » des enfants nés hors
mariage, appelés « Enfants adultérins ou illégitimes ou encore naturels ».
Tirant conséquence de l’option politique qui veut que tout enfant doit avoir
un père, le législateur de 1987 a, d’un côté élaguer du vocabulaire congolais
le vocable « enfant naturel » et, de l’autre remplacer le terme « filiation » par
« Affiliation » qui veut que le père reconnaisse son enfant, avec pour nuance
de l’obligation faite au père de se faire reconnaitre par la famille maternelle
de l’enfant3.
Bien que la loi a rendu l’affiliation obligatoire pour éviter de tomber dans la
situation des enfants sans père, il est cependant vrai que rare sont ceux de
pères qui se soumettent à cette obligation si bien que dans la plupart de cas,
l’on n’échappe pas à la situation d’enfants sans père ou tout au moins
d’enfants n’ayant pas un acte d’affiliation les rattachant à leur géniteur.

1
Lukombe Nghenda, Droit civil les biens, Publication des facultés de droit des universités du Congo, Kinshasa,
2003
2
MABIKA Kalonda, le code de la famille à l’épreuve de l’authenticité, LASK, KIN, 1990.
3
Exposé des motifs de la loi n°87-010 du 1er août 1987 portant Code de la Famille, point 2 sur la Filiation.
Aussi, il n’est secret pour personne, le nombre de père qui se font
reconnaitre par la famille maternelle de la femme parait très minime, si pas
inexistant si bien qu’on peut se permettre de dire que cette obligation faite
au père est chimérique si pas utopique.
C’est de cette réalité qu’il a paru utile de se pencher sur la problématique
des enfants nés hors mariage mais non affiliés du vivant de leur père. Cette
question vaut son pesant d’or dans la mesure où lorsque le père arrive à
mourir tout en laissant des biens, le partage entre les différentes catégories
d’héritiers est sujette de conflit entre membre de l’hérédité, surtout lorsque
parmi eux il existe des enfants nés hors mariage mais non affilié du vivant
du père.
Dans l’ancienne législation, à savoir celle établit par le Décret de 1895, les
enfants nés hors mariage n’avaient pas droit de cité. Mais le législateur de
1987 comme celui de 2016 a instauré le principe de l’égalité des enfants
mais à la seule condition que ceux des enfants nés lors mariage soient
reconnus du vivant de leur père.
Qui du reste étaient dépourvus de plusieurs droits subjectifs, entre autre le
droit à l’héritage.
Si pour l’enfant né hors mariage mais reconnu du vivant de son père
l’application de la loi ne souffre d’aucune objection, la situation de l’enfant
né hors mariage et non affilié soulève, par contre, d’énormes difficultés
notamment lors de l’ouverture de la succession et du partage des biens
successoraux.
L’affiliation de l’enfant né hors mariage tout en étant une garantie, elle
constitue un handicap pour l’enfant non affilié du vivant de son père dans la
mesure où il sera difficile pour cet enfant de prouver son affiliation.
Certes que le code de la famille lui ouvre l’action en recherche de paternité.
Cependant, il doit être admis que le fait de l’écarter de toute bénéfice de
biens de son père au seul motif que son affiliation poserait un problème, est
contraire aux prescrits de la loi n°16…………………portant code protection de
l’enfant, qui veut qu’à tout état de cause, l’intérêt de l’enfant doit être
privilégié.
Mais avant de se pencher sur la problématique des conséquences qui
résulteraient de la non-affiliation de l’enfant du vivant du père, il nous
semble utile de parler de la succession ou de la dévolution successorale.
LA SUCCESION

Dans la plus part des sociétés africaines et particulièrement au Congo, la


succession est un domaine lié à la coutume ou à la tradition. Pour elles, la
succession s’appuie sur les ancêtres dont elles vénèrent et perpétuent leur
mémoire. C’est la raison pour laquelle, elles considèrent la succession
comme une continuation et non comme un héritage. La succession prend la
relève en se mettant déjà dans la peau du défunt dont il devient
l’incarnation. Mais parce que ces coutumes sont dans la plupart de cas
discriminatoires, le législateur de différentes sociétés en a fait une priorité en
la réglementant.

C’est ainsi que le législateur congolais a réservé le livre IV du code de la


famille aux successions et libéralités.

Toutefois, le Code de la famille ne définit pas expressis verbis le terme ou


vocable « Succession ». Le code de la famille ne se limite qu’à dire, dans son
article 756, que «  les droits et les obligations du de cujus constituant
l’hérédité passent à ses héritiers et légataires,…».

Le Professeur Jean Carbonnier 4 innove en établissant une distinction entre


la succession sociologique et la succession juridique.

Sous l’angle sociologique, le terme de succession désigne la transmission du


pouvoir, de la dignité, d’un droit exclusivement attaché à la personne de son
titulaire (cas du droit moral de l’auteur), la succession au trône etc. Il
englobe donc les droits extrapatrimoniaux.

Sous l’angle juridique, la succession désigne dans un sens propre, la


transmission des biens d’une personne du fait de sa mort, à des héritiers
désignés par la loi ou la coutume ou encore à des légataires institués par
testament, c’est d’autre part, dans un sens dérivé, les biens qui font l’objet
de cette transmission. On dira ainsi que telle succession est « opulente » et
que telle autre est « déficitaire ».

Pour Terré et Lequette (1998 :165)5 succéder signifie remplacer une


personne à la tête de ses biens. Succession signifie ainsi au sens propre la
transmission du patrimoine d’une personne décédée à une ou plusieurs
personnes vivantes. Cette transmission de biens d’une personne du fait de
sa mort est considérée comme la succession subjective.

De surcroit, la succession désigne objectivement, le patrimoine laissé par la


personne décédée, ou mieux les biens qui font l’objet de la transmission.

Cette appréhension objective définie la succession au sens dérivé et fait d’elle


synonyme de « héritier ou hérédité », comprenant tous les droits et
obligations qu’avait le de cujus de son vivant, à l’exclusion de ceux qui, par
leur nature ou en vertu d’une disposition légale, sont tellement inhérents à
la personne, qui échappent à toute transmission.6
4
Félicien TSHUBANGU TSHIASU KALALA et Jean-Claude TSHIBANGU MWAMBA, Droit civil Régimes
matrimoniaux, Successions et Libéralités, Ed version académique Kinshasa, 2018, P63
5
TERRE, F. et LEQUETTE, Y., (1984), Précis des droits civil français, les successions, les libéralités, 2 ème édition
Dalloz, Paris.
6
YAV Katshung, les successions en Droit Congolais. Cas des enfants héritiers, New voices publishing, Cap town,
2008,1ère éd, p.20
Ainsi la succession c’est, le remplacement à titre universel ou particulier
pour cause de mort. Les biens se transmettent pour cause de mort soit en
vertu de la loi (c’est la succession ab intestat), soit par testament (c’est la
succession testamentaire) conformément à l’article 757 du code de la
famille.

Pour éviter le foutoir ou le désordre au sein de la famille après la mort du De


cujus, le législateur congolais à prévu les différentes catégories des héritiers
en vue de pérenniser la paix dans la famille.
7
Cependant ; le code de la famille prévoit dans son article 758 al2 (4) quatre
catégories des héritiers dont les enfants du de cujus nés dans le mariage et
ceux nés hors mariage mais affiliés du vivant de ce dernier occupent la
première catégorie, suivie du conjoint survivant, les père et la mère, les
frères et sœurs du de cujus (deuxième catégorie), les oncles et tantes
paternels ou maternels (troisième catégorie) ainsi que tout autre parent ou
allié du de cujus qui forme la dernière catégorie. 8Mais celui-ci ne pourra
succéder qu’à défaut d’héritiers de la troisième catégorie et pour autant que
son lien de parenté ou d’alliance soit régulièrement constaté par le tribunal
de paix qui pourra prendre telles mesures d’instructions qu’il estimera
opportunes (art. 762 CF).

Les successions sont toujours des moments douloureux, particulièrement


lorsqu’un enfant apprend qu’il n’héritera pas de son géniteur du fait que
celui-ci ne l’a pas affilié de son vivant d’où la notion de la filiation.

LA FILIATION

En matière de filiation, le code de la famille a traduit l'option politique selon


laquelle tous enfants devraient avoir un père. Des lors, le législateur a banni
le terme enfant naturel en utilisant la vocale «affiliation »  pour signifier la
reconnaissance par le père de son enfant.

Ainsi, l'enfant autrefois dit «  Naturel ou adultérin » a été mis dans les
mêmes conditions juridiques qu'un enfant né dans le mariage. Cette
solution, croyons-nous cadre avec l'évolution actuelle des mœurs
congolaises. En effet, en instituant l'infériorité de l'enfant né hors mariage
par rapport à l'enfant issu d'une union légitime, le législateur du code civil
avant cru décourager les hommes de faire les enfants en dehors de leurs lits
conjugaux ou mieux les décourager de procréer à volonté hors mariage.
Agissant ainsi, il sanctionne un innocent car l'enfant était privé de droits
non à cause de sa faute mais de celle de ses auteurs.

7
Article 758 du code de la famille
8
Art 762 du code de la famille
La filiation est le lien qui unit l'enfant à ses parents. La loi en distingue trois
sortes :

- La filiation légitime qui établit l'état d'un enfant né de parents mariés.


L'enfant légitime est considéré comme un enfant à part entier ;
(Quid ?)

- La filiation naturelle établit l'état des enfants nés des parents non
mariés. L'enfant illégitime n'as pas selon les prescrits du code civil, les
mêmes droits que l'enfant légitime. Toutefois il peut être soit reconnu
soit légitime, c'est-à-dire rendu par le fait du mariage de ses parents ;

- La filiation adoptive établit l'état des enfants adoptés. Le code de la


famille établit contrairement au code civil une égalité entre tous les
enfants.

Ainsi, aux termes de l’article 601 du code de la famille, la filiation paternelle


s’établit soit par la présomption légale en cas de mariage, soit par une
déclaration, soit par une action en recherche de paternité9.

Législateur rejette la distinction entre enfant légitime et illégitime ou naturel.


En effet, aux termes de l'article 593 « toute discrimination entre congolais
basée sur les circonstances dans laquelle leur filiation a été établie, est
interdite. Les droits prévus par la présente loi doivent être reconnus à tous
les enfants vivant sur le territoire congolais, sans exception aucune » en
croire l’article 591 du même code.10

Pour préciser, tout enfant congolais doit avoir un père. Nul n'a le droit
d'ignorer son enfant, qu'il soit né dans le mariage ou hors mariage.

Dorénavant, tous les enfants sont égaux dans les rapports avec leurs
géniteurs ainsi qu'avec les familles. Toutefois, l'accès au domicile conjugal
d'un enfant né hors mariage est subordonné à l'acceptation préalable de
l'autre conjoint.

Ainsi; le code de la famille donne la possibilité à tout homme de reconnaitre


ou d’affilier ses enfants nés hors mariage de son vivant en vue de leurs
permettre d’hériter ses biens lorsqu’il sera parti dans l’au-delà
conformément à l’article 758 al1 du CF.

Cependant, il ressort donc de l’article 758 du CF, qu’en ce qui concerne la


vocation héréditaire, seuls les enfants nés hors mariage mais affiliés du
vivant du défunt viendront à la succession, qu’en-est- il alors des enfants
nés hors mariage et non affiliés du vivant de leurs géniteurs ?

LA VOCATION HEREDITAIRE DES ENFANTS NES HORS MARIAGES


MAIS NON AFFILIES DU VIVANT DU DE CUJUS
9
Art. 601 du code de la famille
10
Art. 593 et 591 du code de la famille
Selon DEKKER, la vocation héréditaire d’une personne résulte du fait que
cette personne appartient à une catégorie de successibles admises par la
loi11.

La loi voudrait que les enfants nés hors mariage ne succèdent pas à leurs
auteurs. Il se dégage de l’article 758 al1 du code de la famille et même de
son exposé des motifs que les enfants nés hors mariage ne pouvant succéder
que lorsqu’ils ont fait l’objet d’une affiliation du vivant du de cujus. Pour
dire que, ceux nés hors mariage et non affiliés du vivant du défunt sont
exclus de la succession.

Dans l’exposé des motifs du code de la famille, le législateur explique comme


suit cette exclusion : « En ce qui concerne les enfants nés hors mariage,
seuls ceux affiliés du vivant du de cujus viendront à la succession. Ceci pour
éviter une certaine insécurité pour le conjoint survivant qui serait surprise
lors de l’ouverture de la succession par l’arrivée subite d’un grand nombre
d’enfants héritiers dont il n’a jamais soupçonné l’existence. » C’est une
justification malheureuse de l’exclusion des enfants non affiliés du vivant de
leurs père.

Comme on le voit déjà, l’intérêt de l’enfant né hors mariage, innocent de sa


naissance honteuse, est sacrifié au respect dû à la famille légitime. La paix
des ménages justifiant alors ce qui apparait dans l’état actuel de nos mœurs
comme une injustice.

En effet, la loi impose dans son article 614 que tout enfant né hors mariage
en fasse l’objet dans les douze mois qui suivent sa naissance. Qui dépasse ce
délai, l’affiliation ne puisse se faire que moyennant amande allant de 1000 à
5000 Zaïres.

Cette faculté d’affiliation a été critiquée non sans raison par une certaine
opinion, soutenue essentiellement par les femmes mariées qui estiment
qu’en cette matière, la liberté accordée aux hommes parait excessive, dans
la mesure où, ils se permettent sous la couverture de la loi, de procrées à
volonté hors mariage. Cette liberté concourant malheureusement, à
consolider davantage la prostitution pratiquée sous la forme violée de « 
deuxième bureau » disent-elles.

De ce fait, On constate que le législateur congolais n’a pas voulu se


contredire lui-même dans sa logique interdisant le mariage polygamique. Le
législateur reconnait les œufs sans pour autant reconnaitre la poule qui.
Dans la mesure où, il reconnait les enfants nés hors mariage à condition que
ces derniers fassent l’objet d’une affiliation du vivant de leurs père, mais il

11
Dekker René, Précis de droit civil belge, Tome 3, Les régimes matrimoniaux, les successions, les donations et
les testaments, Bruylant, Bruxelles, 1955
refuse de reconnaitre la mère de ces enfants. Le législateur congolais
privilège les intérêts de l’enfant né hors mariage qu’il qualifie d’innocent
mais, il boycotte ceux de la mère de peur qu’il enfreigne sa propre loi
interdisant la polygamie.

MUPILA12 reconnait la noblesse de l’opinion qui critique l’affiliation, mais


conclu néanmoins que malgré tout cela, l’affiliation constitue une innovation
heureuse malgré les faiblesses qui l’entourent.

Cette position de MUPILA est celle que prendrait tout positivisme paresseux
qui, reconnaissant les faiblesses qui entourent une institution juridique,
s’arrêterait à dire qu’on en peut rien. Parce que dans ce domaine on inflige
un manque à gagner à celui qui ne joue, à aucun endroit dans le film qu’il
ne fait que constater (la femme surtout, alors que la justice exige que chacun
porte les conséquences de ses actes).

Nous estimons lorsqu’une naissance hors mariage intervient au cours d’un


mariage légalement reconnu, l’affiliation tout en étant une bonne chose,
amène néanmoins l’ enfant affilié à rejoindre et/ou augmenter le rang des
successibles , ce qui restreint la succession sur laquelle les autres héritiers
étaient en droit de compter, surtout si du mariage en présence certains
enfants y sont déjà nés.

Les hommes ont beaucoup plus tendance à amener au foyer les enfants
fruits de leur commerce charnel, et ça ne fait aucun doute. Pour remédier à
cette situation, nous proposons que l’adultère du mari, soit réprimé sans
condition d’être entouré des circonstances susceptibles à lui imprimer le
caractère d’injure grave.

Ce faisant, le mari sera réprimé et en contre partie de la satisfaction même


morale dont jouira la victime ; il perd une partie de ce qu’il était en droit
d’attendre à l’ouverture de la succession, si l’enfant fruit de l’adultère n’était
pas né.

Ou alors, dans la pire des hypothèses, le législateur admettra s’il tient à ce


que l’adultère de l’homme ne soit puni que lorsqu’il revêt un caractère
injurieux, de revêtir d’office le fait d’avoir un enfant hors mariage pendant
qu’un autre cours, un caractère injure à l’égard du conjoint, sauf accord de
celui-ci. Ainsi, il restera à l’époux qui s’en plaint de saisir le tribunal pour
obtenir réparation, ou pardonner et alors ne plus en faire un problème.

Mais, si cette position protège les droits du conjoint victime d’adultère et des
autres enfants nés dans le mariage, elle ne résout pas pour autant le
problème épineux de la vocation successorale d’un enfant né hors mariage

12
MUPILA Ndjike kawende, H.F, les successions en Droit congolais, éd. Pax-Congo, Kinshasa, 2000, P 51
et non affilié du vivant du de cujus, car c’est cette affiliation, lorsqu’elle est
faite du vivant du de cujus qui confère la vocation à l’enfant né hors
mariage, à en croire l’article 758 du code de la famille.

Cette prise de position du législateur suivie par plusieurs juges, ne résiste


pas à la critique des plusieurs doctrinaires. Ils en relèvent la contradiction
flagrante entre l’article 758 du code de la famille qui impose l’affiliation avant
la mort du de cujus et l’article 616 du même code qui prévoit que l’affiliation
doit intervenir même si le père est mort ou s’il n’est pas en mesure de
manifester sa volonté, par le biais d’un ascendant ou un autre membre de
sa famille.

Cette situation laisse à désirer dans la pratique juridique congolaise dans la


mesure où, certains plaideurs estiment que les enfants né hors mariage qui
n’a pas fait l’objet une affiliation du vivant de son père, ne peuvent pas se
prévaloir des biens laissés par leurs père en vertu de l’article 758 al1, Les
autres pensent par contre que, même des enfants nés hors mariage mais
affiliés par un ascendant ou un autre membre de la famille du père soit
lorsque ce dernier n’est pas en mesure de manifester sa volonté soit après sa
mort, bénéficient des droits successoraux au même titre que ceux nés dans
le mariage.

Le législateur consacre des règles qui se contredisent.

Cela est d’autant plus vrai que le code de la famille dans son article 601
indique que la filiation paternelle s’établir par la présomption légale en cas
de mariage ou par une déclaration ou par une action en recherche de la
paternité.

En effet, l’article 593 du code de la famille ne prescrit il pas que: « Toute


discrimination entre congolais, basée sur les circonstances dans lesquelles
leur filiation a été établie est interdite. Les droits prévus par la présente loi
doivent être reconnus à tous les enfants congolais, sans exception aucune ».

Et, s’agissant de l’affiliation, l’article 616 confirmant la règle posée par


l’article 614 du même code, qui rend obligatoire l’affiliation, dispose que si le
père meurt, un ascendant ou un membre de sa famille doit agir en son nom.

Le législateur affirme que l’affiliation peut valablement être réalisée après la


mort du père. Quels seraient alors les droits successoraux de cet enfant dont
l’affiliation a été réalisée après la mort de son père lorsque l’on prend en
compte la règle de l’article 593 ci haut rappelé ?

La doctrine a toujours soulevé d’autres cas d’inégalités ou de discrimination


entre enfants. C’est notamment le cas de l’enfant placé sous la paternité
juridique parce qu’étant né hors mariage, sa mère ne sachant déterminer
avec précision qui est le père de son enfant. Cette situation se présente
surtout lorsque la mère de l’enfant menait une vie de dévergondage d’une
notoriété publique, ou lorsqu’elle a été violée et de ce viol un enfant qui ne
peut établir avec succès sa paternité.

La loi exigeant que chaque enfant ait un père, prévoit qu’à celui-ci le juge
désigne un père juridique, membre de la famille de sa mère ou même un
autre désigné par la mère, assumera vis-à-vis de cet enfant les charges
paternelles.

Néanmoins, la même la loi refuse à cet enfant la vocation héréditaire dans


son article 649 en disant que la parenté juridique ne produit pas d’autres
effets, en dehors des prérogatives et devoirs résultant de la filiation et en
assume les devoirs. Donc l’enfant à père juridique ne concourt pas à la
succession de son père juridique malgré que l’établissement de la filiation
par le tribunal.

En considération de cet état des choses, GUYINDULA Gam estime que cet
enfant qui n’hérite ni de son père biologie ni de son père juridique désigné
est défavorisé et devait être de lege ferenda sous réserve de ce qui a été dit,
inséré dans la première catégorie d’héritiers de son père juridique. 13

Aussi, suivant les prescrits de l’article 632, l’action en recherche de la


paternité est exercée contre le père ou contre ses héritiers. Il s’ensuit que le
législateur congolais envisage l’hypothèse d’une action en recherche de la
paternité qui serait initiée après la mort du père de l’enfant. La même loi
dispose d’une part que les actions en matière de filiation sont
imprescriptibles ; et d’autre part précise que les jugements rendus en
matière de filiation sont opposable mêmes aux personnes qui n’y ont point
été parties.

Pourquoi dès lors l’enfant qui a fait établir sa filiation après la mort de son
père par une action en recherche de la paternité, ne pourrait-il opposer sa
qualité d’héritier aux autres enfants en se fondant sur le principe posé par
l’article 593 ci haut rappelé ?

Cela est d’autant justifié en considération du fait que le législateur lui-même


précise davantage la règle ainsi posée, dans l’article 591 du code de la
famille qui dispose : « Tout Congolais doit avoir un père. Nul n’a le droit
d’ignorer son enfant, qu’il soit né dans le mariage ou hors mariage ». L’on
13
GUYINDULA Gam, De l’égalité déclarée et de l’inégalité persistante entre enfants dans le code de la famille, in
Les analyses juridiques, Lubumbashi, N°8, 2006, P21
voit clairement qu’à travers ces dispositions, le législateur a refusé de
maintenir la différence de statut qui, en matière de filiation existait entre
enfants. Tous les enfants sont égaux dans les rapports avec leurs géniteurs
ainsi qu’avec les familles de ceux-ci. Tout géniteur a l’obligation de
reconnaitre son enfant. La volonté d’effacer toute trace de discrimination se
traduit aussi à travers la proscription de l’utilisation du terme « enfant
naturel » dans le langage juridique congolais.

Le code de la famille se réclame ainsi protecteur à la fois de l’intérêt


supérieur de l’enfant en supprimant toute discrimination entre enfant fondée
sur les circonstances particuliers de leur naissance, et de communauté
humaine. C’est pour assurer cette stabilité que le législateur a subordonné
l’accès au domicile conjugal d’un enfant né hors mariage à l’acceptation
préalable de l’autre conjoint. Il s’agit là d’une des inégalités qui persiste
encore dans le code la famille. Mais pourquoi doit on pousser cette inégalité
jusqu’aux droits successoraux ? 14

Les droits successoraux de l’enfant ne portent aucunement atteindre aux


droits successoraux du conjoint. La justification ci-haut du législateur est
assez surprenante. Les enfants non affiliés sont exclus de la succession pour
«  éviter une certaine insécurité au conjoint survivant à l’ouverture de la
succession ». Que doit-on en déduire ? Le nombre d’enfant du de cujus a-t-il
une influence quelconque sur la part successorale du conjoint survivant ? Le
législateur lui-même répond par la négative. Car, les héritiers de la première
catégorie reçoivent les trois quarts de l’héritier dit l’article 759 du code de la
famille. Le partage s’opère par égales portions entre eux et par
représentation entre leurs descendants. Les héritiers de la deuxième
catégorie dans laquelle se trouve le conjoint survivant, dit l’article 760 du
code de la famille reçoivent le solde (c’est-à-dire un quart) si les héritiers de
la première catégorie sont présents et l’hérédité totale s’il n’y en a pas.

Quel que soit le nombre d’héritiers de la première catégorie, il recevra


toujours le un douzième de l’hérédité. Mais lorsqu’à la mort du de cujus,
deux groupes sont seuls représentés dans la deuxième catégorie, il recevra le
un huitième de l’hérédité ; lorsqu’un seul groupe est représenté, il reçoit le
un huitième, le solde étant dévolu aux héritiers de la première catégorie.

Bref, la présence dans la succession des héritiers non affilié n’entraine en


rien une quelconque insécurité pour les droits successoraux du conjoint
survivant.

14
KIFWABALA TEKILAZAYA, Droit congolais, Régimes matrimoniaux successions, libéralités, les analyses
juridiques, Mars 2014, p 165, 166 et 167.
C’est ainsi que le professeur Yav Katshung affirme que la discrimination
consacrée par l’article 758 du code de la famille en ce qui concerne les
enfants non affiliés n’a pas de rapport raisonnable avec le but poursuivi.

En définitive, il reste établi que le président fondateur du mouvement


populaire de la révolution avait au moment de l’élaboration du code de la
famille, imposé à la commission de réforme du droit civil et au législateur la
mission de satisfaire dans la législation une double option fondamentale
d’effacer entre les enfants toute trace de discrimination fondée sur la
naissance et d’assurer à chaque enfant une famille dans laquelle il puisse
s’épanouir et se développer harmonieusement.

Visiblement, si le code de la famille a simplifié les modes d’établissement de


la filiation et qu’en cette matière, il contient des dispositions favorables à
tous les enfants qui naissent nous pouvons dire que prise au pied de la
lettre, les dispositions dudit code, laissent persister des grosses inégalités
entre enfants.15

Le législateur congolais n’a-t-il pas notamment considéré que la personnalité


de l’homme commence dès la conception ? L’article 211 du même code ne
dispose-t-il pas que toute personne jouit des droits civils depuis sa
conception ?
Cependant, si les effets de l’affiliation sont les même qu’elle soit faite avant
ou après la mort du de cujus, nous ne comprenons pas pourquoi le
législateur n’accorde la vocation héréditaire qu’aux enfants nés hors mariage
et affiliés du vivant Du de cujus dans l’article 758 du code de la famille.
Ainsi, la majeure partie de la doctrine ne plaide que même affilié après la
mort du de cujus, que l’enfant vienne à la succession de ses père et mère.

Conclusion

Eu égard à ce qui précède, force est de constater la pagaille qui gangrène


notre législation en ce qui concerne la vocation héréditaire des enfants nés
hors mariage et non affiliés du vivant de leurs pères. Les articles 616 et 758
révèlent une contradiction flagrante à la matière. La réforme du code de la
famille s’impose sur la question, en tout état de cause.

Ainsi, nous proposons que l’article 758 du code de la famille soit modifier
dans son alinéa premier en ce termes : «les enfants du de cujus nés dans le
mariage et ceux nés hors mariage  mais affiliés soit par leurs père, soit par
un ascendant ou par un membre de la famille du père après la mort de celui-ci
ou lorsque qu’il n’est pas en mesure de manifester sa volonté » ; car en disant
ceci, le législateur congolais sonnera le glas à cette contradiction qui existe
entre l’article 616 et 758 du code de la famille et permettra aux enfants
15
KIFWABALA TEKILAZAYA, OP.cit, p. 168 et 169
affiliés après la mort de leurs père de venir à la succession sans aucune
difficulté.

En sus, nous proposons que, les juges accordent la vocation héréditaire des
enfants nés hors mariage et affiliés après la mort du de cujus en vertu de
l’article 616 du code de la famille qui en donne possibilité après analyse
approfondies des effets de l’affiliation qui sont les mêmes que celle-ci soit
post mortem ou pas. En outre, qu’il interprète largement la notion de
l’affiliation en ne l’enfermant pas seulement dans le cas où elle a eu lieu
devant l’officier de l’état civil. Quant aux enfants sous la paternité juridique,
étant donné qu’il existe aucune disposition qui puisse leurs accorder la
vocation héréditaire, qu’ils soient intégrés dans les différentes catégories des
héritiers prévues par l’article 758al1 en vue de privilégier a tout pris les
droits des enfants.

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