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Les nouvelles technologies et les effets de commerce

UNIVERSITE AMADOU HAMPATE BA


MASTER 1 DROIT PRIVE 2022-2023
SEMINAIRE D’INSTRUMENTS DE PAIEMENT

Membres groupe 1
Marième DIOP
Mame Ndella FAYE
Mame Diarra GUEYE
Salamata MBENGUE
Yama NDIAYE
Mame Diarra SAMB
Christian Jean Noel SARR

____________________________________

Introduction
Avant l’avènement de l’informatique et des transactions électroniques, tous les documents
étaient rédigés sur papier. Aujourd’hui, les technologies ont eu une influence majeure dans le
domaine des effets de commerce. Elles ont transformé la manière dont ces instruments sont
émis, échangés et gérés, offrant de nombreux avantages aux entreprises et aux consommateurs,
d’où le sujet, objet de notre étude : Les nouvelles technologies et les effets de commerce.
Les nouvelles technologies désignent des domaines très évolutifs et des techniques diverses,
pouvant rendre plus accessible les rapports entre les humains et les machines.
Les effets de commerce sont des titres négociables qui constatent, au profit du porteur, une
créance de somme d’argent, et sert à son paiement.
Dès lors, il convient de se poser la question de savoir : quel est l’impact des nouvelles
technologies sur les effets de commerce ?
Il est nécessaire pour nous d’exclure le chèque dont les règles qui lui sont applicables sont restées
en dehors du Code de commerce.
Ce sujet revêt un intérêt théorique en ce que si certains auteurs considèrent que la signature
électronique est équivalente à la signature manuscrite et qu'elle peut être utilisée sur les effets
de commerce sans aucune restriction, d'autres auteurs, en revanche, estiment qu'il est nécessaire
de prendre en compte les spécificités de la signature électronique, notamment en termes de
fiabilité et d'intégrité, et qu'il convient de mettre en place des garanties supplémentaires pour
assurer la validité juridique de cette signature.
Pour une meilleure compréhension de notre sujet, nous allons aborder dans un premier temps
l’innovation technologique des effets de commerce (I) et dans un second temps la portée de la
technologie sur les effets de commerce (II)
I- L’innovation technologique des effets de commerce
Les nouvelles technologies ont apporté de nombreux changements aux effets de commerce
traditionnels notamment dans leurs caractéristiques (A) et dans leur mécanisme de circulation (B)
A- Les caractéristiques des effets de commerce électroniques
Les effets de commerce, comme les lettres de change et les billets à ordre, sont des instruments
financiers utilisés pour faciliter les transactions commerciales.
Avec l’avènement des nouvelles technologies, la façon dont ces effets de commerce sont créés,
échangés et payés a considérablement évolué. Il convient ainsi de voir leurs spécificités issues de
ces innovations technologiques ainsi que les caractéristiques propres aussi bien à la lettre de
change qu’au billet à ordre électroniques.
Tout d’abord, l’émergence des technologies numériques a conduit à la création de la lettre de
change relevé-papier, encore appelée lettre de change électronique. La lettre de change relevé
papier contient toutes les mentions obligatoires de la lettre de change classique. Cependant, en
sus de ces mentions, s’ajoutent d’autres mentions obligatoires1 qui ne le sont pas dans la lettre de
change classique.
Si la date d’échéance n’est pas mentionnée, la Lettre de Change Relevé est payable « à vue »,
c’est-à-dire lorsque le souhaite le tiré.
Néanmoins il n’est pas obligatoire que le tireur dispose des fonds le jour de l’émission. Ce qui
peut être considéré comme un effet de complaisance dans la lettre de change classique.
Relativement à la preuve du paiement, dans la lettre de change classique, elle est la détention de
la lettre de change. Ça suppose un transfert matériel de la lettre de change. En général, la
jurisprudence considère qu’elle peut se faire par tous moyens, mais qu’elle peut résulter du débit
du compte du tiré correspondant au montant de la lettre de change.
Quant au recouvrement des lettres de change relevées impayées, le protêt n’est pas possible. La
banque bénéficiaire peut soit, sortir le support papier du coffre et exercer les recours cambiaires
classiques, ou encore contrepasser le montant de la lettre de change au débit du compte du
tireur. Ils ne contrepassent pas vraiment, car ça veut dire d’inscrire au débit les écritures passées
au crédit, c’est à-dire, le montant de la lettre de change.
Rien n’interdit de procéder à l’endossement et à l’aval. L’exigence de la signature manuscrite
pourrait représenter un frein, il n’est cependant stipulé nul part que la signature électronique soit
exclue conformément à l’article 1367 du code civil français ainsi que l’article 37 de la loi 2000-08
du 25 Janvier 2008 qui stipulent que l’écrit sous forme électronique est admis en preuve et
présumé valable au même titre que l’écrit sur support papier et a la même force probante, sous
néanmoins quelques réserves.

1 Il s’agit: des informations relatives à la créance : date d’émission, lieu d’émission et le montant dû, des coordonnées du
tireur et du tire (nom, adresse et coordonnées bancaires), de la clause de domiciliation en banque (chez le banquier du tiré);
de l’échéance (qui ne peut être fixée que les 5, 10, 15, 20, 25 et fin de mois).
Pour des innovations technologiques plus poussées, il y’a la lettre de change magnétique dans
laquelle aucune trace de papier n’est constatée; raison pour laquelle cette dernière n’est
juridiquement pas considérée comme un effet de commerce.
De la même manière qu’il y’a une lettre de change électronique, le billet à ordre subit également
l’impact du numérique : on parle de billet à ordre relevé-papier.
Le billet à ordre relevé, plus connu sous l’acronyme BOR, est un moyen de paiement
dématérialisé couramment utilisé dans le monde de l’entreprise. Le souscripteur crée le BOR à
destination de son client désigné comme bénéficiaire. Par ce biais, il s’engage à lui régler la
somme due à une échéance convenue entre les deux parties. Le billet à ordre relevé a la
particularité de pouvoir être utilisé dans le cadre de prélèvements ou de virements. Dans le cas
où le billet à ordre relevé est directement créé de façon dématérialisée par le souscripteur et
remis à son établissement bancaire, l’endossement n’est pas possible. Il doit, comme la lettre de
change, respecter les mentions obligatoires ainsi que les conditions du billet à ordre classique.

B. Mécanisme de circulation des effets de commerce


Depuis une quarantaine d’années, les nouvelles technologies ont porté leurs effets sur les effets
de commerce que l’on nomme aujourd’hui titre cambiaire informatisé. Cela traduit l’adaptation
des effets de commerce à l’électronique et au numérique. Cependant nous parlerons de lettre de
change relevé2 et du billet à ordre relevé en lieu et place de lettre de change et billet à ordre.
La création de la lettre de change relevée est émise sous format papier. Sa circulation s’effectue
par endossement, acceptation, aval ou escompte, elle se transmet.
Pour parvenir à une lettre de change relevé, nous procédons à un jumelage de la lettre de change
classique avec des documents informatiques.
A premier abord, l’exécution d’une lettre de change classique est effectuée suite à laquelle on
recopie les éléments sur un support informatique. Le support papier va être remis au bénéficiaire
qui est généralement le banquier du tireur qui va la conserver dans un coffre. Ceci dit il n’y a que
les éléments informatiques qui circulent. Ces derniers circulent au jour de l’échéance de
l’ordinateur du terminal du banquier porteur jusqu’au terminal du banquier tiré. Nous assistons
alors à un système interbancaire de télé-compensation. Sur demande ponctuelle du client, la
banque peut recueillir l’acceptation du tiré. Dans ce cas la lettre de change papier est envoyé à ce
dernier par courrier pour régularisation. Le banquier du tiré émet un document appelé relevé et
on y trouve les caractéristiques de l’effet. Le relevé est remis au tiré qui va vérifier s’il est
redevable des montants qu’on lui réclame. S’il accepte de payer il donne l’ordre à sa banque de
faire transiter les fonds vers le bénéficiaire. Cet ordre se fait par la remise d’une partie de
récépissé signé au banquier du tiré. L’autre partie est conservée par le tiré pour sa comptabilité.

2Le droit français a créé la lettre de change relevé mise en application le 2 Juillet 1973 dont le système a été transposé au
billet à ordre
En cas de non acceptation, de modification du montant ou de l’échéance, la banque prend de
nouvelles instructions auprès de son client et procède à un contrôle.3
Pour ce qui est du billet à ordre relevé, c’est le débiteur aussi appelé souscripteur qui prend
l’initiative de créer le BOR et donne ainsi ordre de payer une certaine somme à un bénéficiaire
désignée à une échéance convenue entre eux. Cependant Il présente une particularité à savoir
qu’il peut être utilisé comme un virement ou un prélèvement. Si le BOR est créé par le
souscripteur directement sous forme dématérialisée et remis à sa banque alors un endossement
n’est pas possible. Dans le cas où le bénéficiaire souhaite l’endosser il demandera au souscripteur
de créer un billet à ordre papier où il procédera lui-même à la création d’une lettre de change
papier et demandera au souscripteur de l’accepter. Dans ce cas le BOR est quasi équivalent d’un
virement différé moyen de paiement beaucoup plus simple et moins onéreux. La plupart du
temps, le BOR sera créé sous forme papier et remis au bénéficiaire. C’est lui qui se chargera de le
dématérialiser ou il le remettra à sa banque et c’est elle qui effectuera la dématérialisation. Le
BOR parviendra après échanges interbancaires à la banque du souscripteur qui règlera la somme
due à échéance. Dans ce cas il est alors équivalent d’un prélèvement, tout comme la LCR, le BOR
peut être remis à l’escompte. La banque créditera son client moins les frais et celle qui encaissera
le BOR à l’échéance. La banque peut avoir recours au droit cambiaire et de retourner contre son
client le tireur et tous les endosseurs pour obtenir réparation.

II- Portée de la technologie sur les effets de commerce


Les nouvelles technologies ont fourni des apports significatifs (A) dans le domaine des effets de
commerce, mais elles ont également généré certains risques (B).

A- Apports significatifs
Les nouvelles technologies ont apporté de nombreux avantages dans le domaine des effets de
commerce. Les effets de commerce électroniques sont des effets de commerce qui sont créés,
émis, transférés, négociés et présentés au paiement par voie électronique. Au Sénégal, la loi
relative aux transactions électroniques (loi n° 2018-27 du 19 avril 2018) régit les effets de
commerce électroniques. Cette loi reconnaît la validité juridique des effets de commerce
électroniques et prévoit des dispositions spécifiques pour leur utilisation. Ces instruments de
paiement incluent les lettres de change et les billets à ordre.
Les nouvelles technologies peuvent réduire l’importance de la distance, qu’elle soit géographique,
linguistique ou réglementaire. Elles facilitent la recherche, aident à vérifier la qualité et la

3La banque du remettant contrôle la conformité et la cohérence technique des informations contenues dans les fichiers remis
et aussi à la validité des remises automatisées en s’assurant qu’elles ont bien été émises par le remettant. En cas
d’anomalies elle en informe son client selon les modalités d’information et de régulation convenues.
réputation, et permettent d’optimiser la planification des itinéraires en permettant la conduite
autonome, en réduisant les frais de logistique grâce au suivi des cargaisons et des envois, en
utilisant des robots intelligents pour optimiser le stockage et l’inventaire, et en intégrant
l’impression 3D pour réduire le besoin de services de transport et de logistique.

Les effets de commerce électroniques ont des avantages par rapport aux effets de commerce
papier, notamment en termes de rapidité, de sécurité, de traçabilité et de coûts. Ils permettent
aux entreprises d'économiser du temps et de l'argent en automatisant les processus de
négociation, de présentation et de paiement des effets de commerce. Cela permet de réduire les
coûts liés à l'émission, au traitement et au stockage des documents, tout en facilitant leur gestion
et leur suivi. Ils peuvent également être émis et transférés via des plateformes en ligne
sécurisées, ce qui permet une traçabilité en temps réel des transactions et réduit les risques de
fraude et d'erreur. En effet, les nouvelles technologies ont permis de renforcer la sécurité des
transactions commerciales, grâce notamment à l'utilisation de systèmes de cryptage et de
signatures électroniques.4 Ces dernières ont pour objectif de valider les effets de commerce. Ces
signatures ont une valeur juridique équivalente à une signature manuscrite et offrent un niveau
de sécurité supplémentaire pour les parties impliquées dans la transaction. Elles ont également
permis l'émergence de plates-formes de financement participatif qui permettent aux entreprises
de lever des fonds rapidement en émettant des effets de commerce sous forme de titres
financiers. Cela offre une alternative aux méthodes traditionnelles de financement et permet de
démocratiser l'accès au financement. Ils sont utilisés dans une grande variété de transactions
commerciales, notamment pour financer des importations et des exportations, pour le paiement
des factures et des dettes commerciales, ainsi que pour les transactions entre entreprises et
institutions financières. Les nouvelles technologies ont également facilité le paiement des effets
de commerce en permettant l'utilisation de moyens de paiement électroniques tels que les cartes
de crédit, les virements bancaires et les portefeuilles électroniques. Cela réduit les délais de
paiement et facilite les échanges commerciaux. En sus, les nouvelles technologies ont permis de
simplifier les procédures liées aux effets de commerce, ce qui facilite leur utilisation et réduit les
risques de litiges.

B. Risques générés
Malgré les avantages offerts par les nouvelles technologies dans les effets de commerce, il existe
également des risques qu'il est important de prendre en compte.
Les nouvelles technologies, en particulier l'Internet, ont rendu les systèmes informatiques
vulnérables aux attaques de pirates informatiques. Elles ont entraîné de nouveaux risques de
sécurité, notamment en raison de la multiplication des cyber-attaques et des fraudes en ligne. En
effet, comme avec tout système informatique, les effets de commerce électroniques sont
vulnérables aux cyberattaques, telles que les virus, les piratages et les attaques de phishing.5 Ces
4 La signature électronique, dans le règlement n°15/ CM/2002/UEMOA, est une donnée qui résulte de l’usage d’un procédé
répondant aux conditions définies à l’article 23 du présent Règlement
5 L'hameçonnage ou phishing en anglais est une technique frauduleuse destinée à leurrer l'internaute pour l'inciter à

communiquer des données personnelles (comptes d'accès, mots de passe…) et/ou bancaires en se faisant passer pour un
tiers de confiance.
attaques peuvent compromettre la sécurité des données et causer des pertes financières. Ils sont
également vulnérables à la fraude, notamment en raison de la facilité avec laquelle les documents
peuvent être modifiés ou falsifiés électroniquement. C’est dire qu’ils peuvent être falsifiés ou
manipulés par des personnes malveillantes, ce qui peut entraîner des pertes financières
importantes pour les parties impliquées dans la transaction. Il est important de mettre en place
des mesures de sécurité pour protéger les informations sensibles et garantir l'intégrité de la
transaction.6

De plus, les effets de commerce électroniques dépendent entièrement de la technologie, telle


que les réseaux informatiques et les serveurs ce qui signifie qu'ils sont susceptibles la transaction
vulnérable à des pannes. Cela peut entraîner des retards dans le traitement des paiements et des
problèmes de communication entre les parties.
Les données personnelles et financières des parties impliquées dans la transaction peuvent être
exposées en raison d'une mauvaise gestion des données ou d'une violation de la confidentialité. Il
est donc important de respecter les règles de protection des données pour éviter tout risque de
violation de la vie privée.
Aussi, la mise en place d'un système d'effets de commerce électroniques peut être coûteuse,
notamment en raison des frais de développement, de l'achat de matériel informatique et de la
formation du personnel.
L'utilisation excessive des nouvelles technologies peut également entraîner une perte de
confiance dans les effets de commerce traditionnels, tels que les lettres de change et billets à
ordre.
Les nouvelles technologies, en particulier l'automatisation, peuvent réduire les coûts et
augmenter l'efficacité, mais elles peuvent également entraîner la perte d'emplois dans certains
secteurs.
L'utilisation des effets de commerce électroniques peut également entraîner une exclusion
financière pour les personnes qui n'ont pas accès aux outils informatiques nécessaires pour gérer
les effets de commerce. Elle peut également soulever des questions complexes en matière de
réglementation et de conformité, notamment en ce qui concerne les normes de sécurité des
données, les lois sur la protection de la vie privée et les exigences de conformité fiscale.
En sus, la preuve de l'existence et de l'authenticité des effets de commerce électroniques peut
être plus difficile à établir que pour les effets de commerce sur support papier, ce qui peut rendre
la résolution des litiges plus complexes.

6 Réf. peines prévues à l'article 84 de la Loi Uniforme sur les Instruments de Paiement

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