Vous êtes sur la page 1sur 37

Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Faculté des Sciences Juridiques et Politiques


Master 1 – Droit Privé / Affaires

Droit des Successions


Pr. Françoise Bineta DIENG

Année 2017-2018
INTRODUCTION
Le droit des successions constitue la partie la plus importante du droit
patrimonial de la famille, importance quantitative comme en atteste le nombre d’
articles consacrés à cette matière (291 articles). Importance aussi liée à l’
application inéluctable de ce droit à tout un chacun car tout le monde meurt un
jour alors que tout le monde se marie pas. Mais que faut-il entendre par
succession ? le terme succession désigne soit l’ensemble des biens transmis
par l’effet d’un décès ; soit le processus suivant lequel ce qui est laissé par le
défunt sera dévolu, transmis, partagé entre ses héritiers. C’est cette deuxième
acception qui sera retenue pour l’étude du droit des successions. Le droit des
successions organise la transmission des biens de la personne décédée
appelée de cujus abréviation de l’expression latine ‘‘is de cujus successione
apitur’’, c’est-à-dire la personne décédée dont la succession est en cause.
La succession peut être testamentaire ou ab intestat. Dans le premier cas, les
successeurs sont désignés par le de cujus dans un testament. Dans le second
cas, ils sont désignés par la loi. Le législateur a instauré une dualité de
succession, d’une part les successions de droit commun du droit successoral
français ; d’autre part les successions de droit musulman inspirées du droit
musulman et plus précisément du rite Malikite. L’application des successions
de droit musulman a lieu lorsque le De Cujus a expressément ou implicitement
opté pour ce droit (cf. art 571 du Code de la Famille).
Le droit des successions a pour source le Code de la Famille issu de la loi
n°72-61 du 12 juin 1972 et entré en vigueur le 1er Janvier 1973. Cela ne saurait
surprendre compte tenu du lien existant entre les successions et la famille.
En effet, s’agissant des successions légales ou successions ab intestat, les
héritiers désignés par la loi sont des membres de la famille du De Cujus :
descendants, ascendants, collatéraux, autrement dit des personnes qui sont
liées au De cujus par un lien de sang. A ces personnes s’ajoute le conjoint
survivant, seul allié appelé à la succession.
Quant aux successions testamentaires, elles concernent aussi la famille. Certes
les légataires, c’est-à-dire ceux à qui le de cujus a légué des biens, peuvent être
étrangers à la famille mais la famille est concernée. En effet elle doit être
protégée contre une générosité excessive du de cujus. L’institution de la réserve
héréditaire répond à cette préoccupation. La réserve est en effet une fraction de
la succession (2/3) affecté à certains membres de la famille du de cujus appelé
héritiers réservataires. Lorsque la réserve héréditaire est entamée, il y’a lieu de
réduire le legs selon les modalités de la réduction des libéralités. Le legs est en
effet une libéralité.
Il faut préciser que le Code de la Famille ne s’appliquera pas toujours en
matière successorale en raison des règles d’application de la loi dans le temps.
Selon l’article 838 al. 1er du code de la famille, la loi applicable à la désignation
des successeurs à l’ordre dans lequel ils sont appelés (autrement dit à la
dévolution successorale), à la transmission de l’actif et du passif à chacun d’eux
et à l’option des héritiers est celle en vigueur au jour de l’ouverture de la
succession. De son côté l’article 838 al.2 dispose que « le règlement
successoral est régi pour le partage de l’actif et la répartition du passif par la loi
en vigueur au jour où intervient l’acte de partage ». Compte tenu de ces
dispositions, on peut voir coexister la loi ancienne et la loi nouvelle. Par exemple,
si une personne est décédée avant l’entrée en vigueur du code de la famille et
que le partage de la succession a lieu après l’entrée en vigueur du code de la
famille, la loi ancienne (Code Civil Français) mais aussi par extension la
coutume s’appliquera pour désigner les héritiers alors que le Code de la Famille
régira le partage d’où l’intérêt de connaitre la date d’ouverture de la succession.
Il ressort de l’article 397 al.1 du CF que la date d’ouverture succession est la
date du décès. La preuve du décès et celle de sa date résulte de l’acte de décès
ou du jugement déclaratif de décès pour l’absent ou le disparu. La détermination
de la date d’ouverture de la succession présente d’autres intérêts, ainsi elle
permet de fixer le début de l’indivision successorale. En effet, les héritiers sont
en indivision à partir de cette date. Elle permet aussi de savoir si l’héritier a la
capacité de succéder.
Mais connaitre la date d’ouverture de la succession ne suffit pas. Il faut aussi
connaitre le lieu d’ouverture de la succession. En effet, le tribunal compétent est
celui du lieu d’ouverture de la succession (sauf pour les actions relatives aux
immeubles et aux fonds de commerce pour lesquels le tribunal compétent est
celui du lieu de leur situation). Le lieu d’ouverture de la succession permet
aussi de régler les conflits de loi dans l’espace. Ainsi, l’article 847 al.2 du CF
indique que la loi applicable à l’option successorale, à la mise en possession
des héritiers, à l’indivision et au partage est la loi du lieu d’ouverture de la
succession. Mais quel est donc ce lieu ? selon l’article 397 al.2, la succession s’
ouvre au lieu du dernier domicile du défunt et selon l’article 23, al 3 in fine, la
succession de l’absent déclaré décédé s’ouvre au lieu de son dernier domicile.
La loi n’indique rien pour le disparu mais la même règle doit s’appliquer puisque
le sort du disparu est calqué sur celui de l’absent.
L’étude du droit des successions portera essentiellement sur la dévolution
successorale. La dévolution de la succession consiste à déterminer les
personnes qui sont appelées à la succession et les conditions requises pour
succéder. Il existe au Sénégal deux types de successions ab intestat : les
successions de droit commun et les successions de droit musulman. Nous
envisageons donc la détermination des héritiers ab intestat dans les
successions de droit commun (Chapitre 1er) et la détermination des héritiers ab
intestat dans les successions de droit musulman (Chapitre 2). Mais auparavant,
il convient de préciser les conditions requises pour succéder, lesquelles
concernent le droit commun et le droit musulman (Chapitre préliminaire).

Chap. préliminaire : Les Conditions requises pour


succéder
Pour succéder il faut exister au moment de l’ouverture de la succession (S.1) et
ne pas être indigne (S.2).

S.1 : l’Existence au moment de l’ouverture de la


succession
L’article 399 est le siège de la matière. Selon l’article 399 al.1er, « ne peuvent
succéder que les personnes dont l’existence est certaine à l’instant du décès » ;
par conséquent l’absent ne peut succéder car son existence est incertaine. Cela
est d’ailleurs conforté par l’article 521 al.1er qui prévoit que les personnes
présumées ou déclarées absentes sont représentées par leurs descendants
légitimes. Selon l’article 399 al.2 du CF, « l’enfant, simplement conçu, peut
succéder s’il nait vivant ». Cette disposition est une application de la règle issue
du droit romain ‘‘infans conceptus pro nato habetur quoties de commidis ejus
agitur’’ qui signifie que l’enfant simplement conçu est réputé né chaque fois qu’il
y va de son intérêt. L’article 399 al.3 renvoie à l’article 1er du Code de la Famille
pour déterminer la date de la conception. En l’occurrence ladite disposition
indique que « la date de la conception d’un enfant est fixée légalement et de
façon irréfragable entre le 180ème et le 300ème jour précédent sa naissance » ;
autrement dit ce serait entre le 6ème et le 10ème mois précédant sa naissance. ( !!!!
allier les deux dispositions pour répondre)
outre l’existence, une autre condition est requise pour succéder à savoir l’
absence d’indignité successorale.

S.1 : l’absence d’indignité successorale


Pour pouvoir succéder, il ne faut pas être indigne. Les personnes frappées d’
indignité successorale sont celles qui ont commis des fautes graves envers le
de cujus. Nous envisagerons les causes d’indignité successorale (Para 1), les
effets de l’indignité successorale (Para 2) et l’effacement de l’indignité
successorale par le pardon (para 3).
Para 1er : Les causes d’indignité successorale
Les articles 400 et 401 du code de la famille prévoit respectivement l’indignité
de plein droit et l’indignité facultative.
A) Indignité de plein droit
L’expression « de plein droit » signifie que la personne est indigne sans qu’une
déchéance ne soit prononcée en justice. Selon l’article 400 intitulé indignité
successorale de plein droit, « est indigne de succéder et comme tel exclu de la
succession celui qui a été condamné en tant qu’auteur, co-auteur ou complice
pour avoir volontairement donné la mort ou tenté de donner la mort, ou porté
des coups mortels au défunt ». Cette cause d’indignité se passe de
commentaires. Il serait vraiment choquant que l’on hérite de ceux qu’on
assassine ou qu’on tente d’assassiner ou à l’assassinat duquel on a participé.
D’autres actes sont moins graves et n’entrainent pas une indignité de plein droit
mais une indignité facultative pour leur auteur.

B) Indignité facultative
Selon l’article 401, intitulé indignité successorale facultative, « peut être déclaré
indigne de succéder : 1°- Celui qui s’est rendu coupable envers le défunt de
sévices, délits ou injures graves/ 2°-Celui qui a gravement porté atteinte à l’
honneur, à la considération ou aux intérêts patrimoniaux du défunt ou de sa
famille ». Ces causes d’indignité sont facultatives, elles sont laissées à la libre
appréciation du juge qui peut déclarer leur auteur indigne ou ne pas le faire. La
loi n’exige aucune condamnation préalable de l’auteur de ces actes. Le juge,
saisi par toute personne intéressée, devra donc apprécier d’abord la réalité des
faits reprochés ; par exemple y’a t’’il eu sévices ? Puis il devra apprécier
souverainement l’opportunité de déclarer l’auteur de ces actes indigne de
succéder.
Quels sont les causes d’indignité successorale, celle-ci produira des effets.

Para 2 : les effets de l’indignité successorale


L’indigne est exclu de la succession, il ne peut hériter du de cujus. L’article 400
dispose en effet « est indigne de succéder, et comme tel exclu de la succession…
». Ce texte est relatif à l’indignité successorale de plein droit mais il est évident
que l’indignité facultative produit les mêmes effets. L’indigne est donc exclu de
la succession de celui envers lequel il s’est comporté indignement.
S’il avait déjà appréhendé des biens de la succession, il devra les restituer.
Cependant, les descendants légitimes de l’indigne peuvent le représenter selon l’
article 521 al.1er CF. Ils succéderont donc à sa place. L’alinéa 5 de l’article 521
précise que l’indigne ne peut administrer les biens dévolus à ses descendants
qui le représentent. Ainsi par exemple, si les descendants de l’indigne sont
mineurs, il ne peut administrer les biens dont ceux-ci ont hérité par la
représentation.
La rigueur de la loi s’estompe cependant lorsque le de cujus a accordé son
pardon à son héritier.

Para 3 : L’effacement de l’indignité par le pardon


Selon l’article 402 al 1er, Le pardon accordé par le de cujus fait cesser l’indignité.
Il faut cependant préciser que la justice suivra son cours normal. Ainsi, par
exemple, l’héritier condamné pour homicide devra effectuer sa peine. L’intérêt
général est protégé. Le pardon du de cujus n’a que des conséquences
pécuniaires relatives au bien de celui-ci.
La preuve du pardon peut être apportée par tout moyen.

Chap.1er : Détermination des héritiers dans les


successions de droit commun
On peut distinguer trois sortes de dévolution dans les successions de droit
commun : la dévolution selon la parenté (S.1), la dévolution à l’Etat (S.2) et enfin
la dévolution en fonction de l’origine des biens ou succession anormale.

S.1 : la dévolution selon la parenté


La succession est dévolue en principe aux parents du défunt, c’est-à-dire ses
parents par le sang, son parent par alliance qui est le conjoint et le cas échéant,
ses parents adoptifs

§.1 : dévolution au parent par le sang


Nous envisagerons d’abord chacun des principes généraux (Para 1er ) puis leur
application combinée (Para 2).
Para 1er : Principes généraux
Il y’en a quatre : Le principe de hiérarchie des ordres d’héritiers (A), le principe
de priorité selon le degré de parenté (B), le principe de la fente (C) et enfin le
principe de la représentation (D)
A) Le principe de hiérarchie des ordres d’héritiers
Les héritiers sont répartis en quatre ordres : l’ordre des descendants, l’ordre des
ascendants privilégiés et des collatéraux privilégiés, l’ordre des ascendants
ordinaires, et enfin l’ordre des collatéraux ordinaires
-l’ordre des descendants est le premier ordre. Il comprend les descendants du
défunt, c’est-à-dire ses enfants, petits-enfants, arrière-petits enfants etc. cet
ordre exclu les ordres suivants.
-l’ordre des ascendants privilégiés et des collatéraux privilégiés est le 2ème ordre
qui comprend d’une part les ascendants privilégiés, c’est-à-dire le père et la
mère du défunt, et d’autres part les collatéraux privilégiés, c’est-à-dire les frères
et sœurs du défunt. Cet ordre exclu en principe les troisième et quatrième ordre.
-l’ordre des ascendants ordinaires est le 3ème ordre, il comprend les ascendants
autres que le père et la mère, autrement dit les grands-parents, les arrières
grands-parents etc… Cet ordre exclu principe donc le 4ème ordre.
-l’ordre des collatéraux ordinaire est le 4ème ordre, il comprend tous les
collatéraux autres que les frères et sœurs, exemple les oncles, les tantes, etc…
Pour ceux qui ne figurent pas dans les ordres précédents, cet ordre, étant le
dernier, ne succède qu’à défaut des ordres précédents conformément au
principe de hiérarchie des ordres

B) Le Principe de la Priorité selon le Degré de Parenté


A l’intérieur d’un même ordre d’héritiers, les parents du degré le plus proche du
défunt écartent de la succession ceux qui sont d’un degré plus éloigné.
Comment se calcule le degré de parenté ? Chaque degré correspond à un
intervalle entre deux générations dans la ligne de parenté. Ainsi dire que X et Y
sont parents au 1er degré signifie qu’un intervalle les sépare, et dire qu’ils sont
parents au 2ème degré signifie que deux intervalles les séparent.
Comment calculer le nombre d’intervalles ? Il faut distinguer la ligne de parenté
directe et la ligne de parenté collatérale.
La ligne de parenté directe est une ligne verticale, soit ascendante soit
descendante. Dans la ligne ascendante, on trouve le père, la mère, les grands
parents, les arrières grands-parents, etc. Dans la ligne descendante, on trouve
les enfants, les petits-enfants, les arrière-petits-enfants.

Si la ligne n’est pas directe, elle est collatérale. Elle comprend les personnes qui
ont un auteur commun.
a) Ligne directe
Il suffit de compter les intervalles entre le défunt et la personne considérée. (2
intervalles séparent X de sa grand-mère maternelle, ils sont donc parents au 2ème
degré) (ex : 2 : 3 intervalles séparent X de son arrière-petite-fille sont des parents
au 3ème degré)

b) La ligne collatérale
Pour calculer le nombre d’intervalles et donc le degré de parenté, il y’a deux
méthodes.
-La première méthode : le degré de parenté est calculé par addition des
intervalles qui séparent chacun des deux parents de leur auteur commun. c’
est-à-dire la personne la personne dont il descend tous les deux. (ex : entre X et
son cousin Y ; l’auteur commun est le grand-parent de X et Y ; deux intervalles
séparent X de l’auteur commun et deux intervalles séparent aussi Y de l’auteur.
2 + 2 = 4, donc ils sont parents au 4ème degré).

-deuxième méthode : il faut calculer le nombre d’intervalles qui séparent les


personnes considérées en passant par leur auteur. (ex : entre X et son cousin Y.
il faut partir de X pou rejoindre son cousin Y en passant par leur auteur
commun, c’est-à-dire leur grand-père ; quatre intervalles séparent X et Y, donc ils
sont parents au 4ème degré.)

On peut constater que les deux méthodes conduisent au même résultat. L’


essentiel est de déterminer l’auteur commun. Il faut préciser que les parents ne
descendent pas forcément de la même manière de leur auteur commun (ex : X
et son neveu Z/ trois intervalles séparent X et Z, ils sont donc parents au 3ème
degré. On peut remarquer que l’auteur commun est le père ou la mère de X et le
grand-père ou la grand-mère Z. ils ne descendent pas de la même manière).
(Ex : entre A et son frère B ; ils sont parents au 2ème degré)

Il existe un degré au-delà duquel les collatéraux ne peuvent succéder, c’est le


6ème degré (art.527 al.1er). Quant aux parents en ligne directe, il n’existe pas de
limite légale au degré successible mais il y’a une limite naturelle. En effet il est
très rare d’être parent en ligne au-delà du 3ème degré qu’il s’agisse d’ascendants
comme de descendants.

C) Le Principe de la fente
Lorsque la succession est dévolue à des ascendants ou à des collatéraux, elle
se divise, elle se fend en parts égales. Une moitié revient aux parents de la ligne
paternelle et l’autre moitié aux parents de la ligne maternelle. La fente s’applique
aussi entre collatéraux privilégiés lorsque coexiste d’une part des frères ou
sœurs germains et d’autre part des frères ou sœurs consanguins ou utérins
(germain = de même père et de même mère ; consanguin : de même père/
utérin :de même mère).
1- Application de la fente aux collatéraux privilégiés
Selon l’article 523 al.4, la fente s’applique aux collatéraux privilégiés lorsque
coexiste, d’une part des frères ou sœurs germains, et d’autre part des frères ou
sœurs consanguins ou utérins. Cette règle a pour but de privilégier le frère ou la
sœur ayant un double lien avec le de cujus, autrement dit le frère ou la sœur
germain. (ex. 1 : le de cujus laisse un frère consanguin et une sœur germaine ; le
frère consanguin aura ¼ et la sœur germaine ¼ + ½ = ¾ ) (Ex 2 : le de cujus
laisse un frère utérin, une sœur consanguine et une sœur germaine ; la sœur
germaine aura ¼ + ¼ = 2/4, et le frère utérin et une sœur consanguine auront
1/4 .

2- L’application de la fente aux ascendants et aux collatéraux ordinaires


a- Application de la fente aux ascendants ordinaires
Le de cujus laisse son grand-père paternel et sa mère, la succession se divise
en deux : une moitié ira à la ligne paternelle et l’autre ira à la ligne maternelle. Le
grand père prend la moitié dévolue à la ligne paternelle et la mère prend la
moitié dévolue à la ligne maternelle. On peut remarquer que le système des
ordres d’héritiers est ainsi modifié. Il y’a atteinte au principe de hiérarchie des
ordres. En effet, le grand-père appartient 3ème ordre, l’ordre des ascendants
ordinaires, pourtant il hérite au même titre que la mère qui est du 2ème ordre, l’
ordre des ascendants privilégiés.
A l’intérieur d’une même ligne, le principe de la priorité selon le degré de parenté
va s’appliquer (ex : le de cujus laisse sa mère, son grand-père paternel et son
arrière-grand-père paternel ; l’arrière-grand-père paternel n’aura rien parce que le
grand-père est d’un degré de parenté plus proche.
S’il existe dans une ligne plusieurs ascendants d’un même degré, la part dévolue
à cette ligne se répartit entre eux par tête. (ex : le de cujus laisse sa mère, son
grand-père paternel, son arrière grand père paternel et sa grand-mère
paternelle ; Ses grand-parents se partageront la part dévolue à la ligne
paternelle)
Si dans une ligne il n y’a pas d’ascendants, la fente ne s’applique pas, la
succession est dévolue entièrement à l’autre ligne.
S’il n y’a d’ascendants dans aucune ligne, la succession est dévolue aux
collatéraux ordinaires et le principe de la fente aux collatéraux ordinaires.

b- Application aux collatéraux ordinaires


Ex : le de cujus laisse un cousin (fils de son oncle paternel et deux tantes
maternelles)

D) Le principe de la représentation
Ce principe a pour but d’éviter des situations injustes. Il s’agit d’empêcher que
certains membres de la famille ne soient écartés de la succession en raison du
décès prématuré de leur père ou de leur mère. Ainsi, le petit fils du de cujus qui
a perdu son père avant son grand-père serait totalement exclu de la succession
par les autres enfants du de cujus, ceux-ci étant d’un degré plus proche de
celui-ci. La représentation va éviter cette injustice. Le petit-fils représentera son
défunt père et pourra hériter comme l’aurait fait son père. L’étude de la
représentation se fera autour de trois points : le domaine de la représentation,
les conditions de la représentation et enfin les effets de la représentation.
1- Domaine de la représentation
La représentation ne peut profiter qu’aux descendants légitimes du de cujus et
aux descendants légitimes de ses frères et sœurs. (Ex 1 : le de cujus avait
quatre filles, l’une d’elle est prédécédée et laisse un fils légitime. Ce fils
représentera sa mère. Le petit fils prend la part de sa mère, c’est-à-dire ¼. Sans
la représentation, le petit-fils, descendant du 2ème degré, aurait été écarté par les
filles du de cujus descendantes du 1er degré). (Ex 2 : le de cujus avait deux frères
et une sœur, celle-ci prédécédée, laisse une fille et un fils légitime. Ces deux
enfants (nièce et neveu du de cujus) vont représenter leur mère. La succession
sera ainsi dévolue. La nièce est le neveu se partage la part qu’aurait eu leur
mère si elle était vivante soit 1/3 divisé 2 = 1/6 chacun.

2- Conditions de la représentation
Certaines conditions sont relatives aux représentés et d’autres aux
représentants.
a- Conditions relatives aux représentés
Le représenté doit être soit prédécédé soit codécédé dans les conditions
prévues par l’article 398 du Code de la Famille, soit présumé ou déclaré absent,
soit indigne. En revanche, il n’est pas possible de représenter un héritier qui
renonce à la succession. En cas de renonciation, ce sont les cohéritiers du
renonçant qui se partagent sa part successorale et non ses descendants
légitimes (ex : le de cujus laisse trois enfants A, B, C. A renonce à la succession,
il a lui-même deux enfants légitimes A1 et A2, ces derniers ne pourront pas
représenter A, car on ne représente pas un renonçant. La succession sera donc
partagée entre B et C qui recueilleront chacun la moitié).
Lorsque tous les enfants du défunt renoncent à la succession, les petits-enfants
viennent à la succession de leur propre chef et non par représentation (Ex : le de
cujus laisse trois enfants A, B, C, tous les trois renoncent à la succession. A a
deux enfants légitimes, B et C n’ont pas enfants. Les deux enfants de A vont
recueillir la succession de leur grand-père. Ils la recueillent de leur propre chef
et non par représentation de A).
Il en est de même pour les frères et sœurs du défunt. S’ils renoncent tous à la
succession, leurs descendants légitimes hériteront de la succession de leur
propre chef et non par représentation (ex : le de cujus laisse ses deux frères A et
B et tous deux renoncent à la succession, A est père d’un enfant légitime A1 et B
est père de trois enfants légitimes B1, B2 et B3 / les quatre neveux hériteront de
leur oncle de leur propre chef et non par représentation, chacun aura ¼ de la
succession).
b- Conditions relatives aux représentants.
Le représentant doit être légitime. En outre, il doit remplir les conditions requises
pour succéder car, bien qu’il hérite au rang et à la place du représenté, il n’hérite
pas au nom du représenté mais en son nom propre. Par conséquent, son
existence doit être certaine au moment de l’ouverture de la succession et il ne
doit pas être indigne envers le de cujus. Peu importe qu’il ait renoncé à la
succession du représenté ou qu’il en soit indigne, ce qui importe c’est son
aptitude à recueillir la succession du de cujus (ex 1 : le de cujus laisse un fils A
et les deux enfants X et Y de sa fille prédécédé B. X avait été déclaré indigne de
succéder à sa mère B, Y avait renoncé à la succession de sa mère B, pourtant X
et Y représenterons leur mère car ils sont aptes à succéder au de cujus. La
succession sera ainsi dévolue : A aura ½ et X et Y se partagerons l’autre moitié,
chacun aura 1/4) (Ex 2 : le de cujus laisse un enfant A et les deux enfants X et Y
de sa fille prédécédée B, X est indigne de succéder à son grand-père/ Donc seul
Y représentera sa mère B dans la succession du de cujus : ½ pour A et ½ pour Y.
3- Effets de la représentation
En cas de représentation, le partage se fait par souche et non par tête. La
souche est un groupe de personnes ayant un auteur commun. La souche est,
selon la loi (art.517 CF), l’auteur commun de plusieurs descendants (ex : le de
cujus laisse un fils X et le trois enfants A, B, C de son fils prédécédé Y, la
succession se partage en deux parts, celle du fils X et celle du fils prédécédé Y
et non en Quatre parts. Les trois enfants du fils prédécédé Y constituent une
souche. La souche ayant pour auteur commun Y. Le fils X recueille la moitié de
la succession, la souche Y recueille l’autre moitié ; A B et C se partage par tête la
part que leur père aurait eu et ils auront donc ½ /3 = 1/6 chacun). A, B, C
constitue chacun une branche ; selon l’article 518 CF, la branche est constituée
par la ligne directe des parents issues d’une même souche : Branche A, Branche
B, Branche C. Une branche peut produire à son tour une souche. Par exemple, si
parmi les descendants du fils prédécédé Y, l’un est décédé. S’il a des
descendants, ceux-ci constituent une souche ayant pour auteur commun ce fils
prédécédé (par ex : A est décédé et a laissé deux fils, a et b, ces derniers
constituent une souche dont l’auteur commun est A. a et b sont issus de la
branche A, laquelle est issus de la souche Y. Donc la succession se répartie
ainsi : X aura ½, B 1/6, C 1/6, a 1/12, b 1/12.
La représentation permet au représentant d’avoir les droits qu’auraient eu le
représenté. C’est la raison pour laquelle la représentation s’applique même si
tous les enfants du défunt ou tous sont prédécédés par exemple. Son but est
alors de maintenir la même répartition des biens entre les descendants et des
neveux ou nièces du de cujus que s’il n y’avait pas eu prédécès des héritiers. (Ex
1 : le de cujus avait deux frères A et B et une sœur C, tous prédécédés. Ceux-ci
ont laissé respectivement 2 enfants, 1 enfant et 3 enfants. Chaque souche aura
1/3 à se partager.
(Ex 2 : le de cujus avait deux fils, tous deux prédécédés. Le fils A laisse un
enfant, le fils B laisse deux enfants ; A1 aura ½ et la souche B composée de B1
et B2 aura l’autre moitié et B1 et B2 auront chacun 1/4. Grace à la
représentation, A1 aura les mêmes droits que son père, c’est-à-dire la moitié de
la succession. Sans la représentation, la succession aurait été partagée par tête
entre les 3 petits enfants chacun ayant 1/3.

Para 2 : l’application des principes généraux


Les principes généraux que nous avons étudiés seront appliqués pour
déterminer les droits des différents parents par le sang du de cujus, selon les
situations familiales, ils trouveront matière à s’appliquer. En pratique, il y’a
souvent combinaison de ces principes. Nous distinguerons la parenté légitime
et la parenté naturelle.
A) Dans le cadre de la parenté légitime
Nous envisagerons les droits successoraux des parents des différents ordres.
1- Les droits successoraux des descendants
Les descendants constituent le premier ordre d’héritiers, ils excluent tous les
autres héritiers par le sang. Les descendants du degré le plus proche du de
cujus excluent ceux d’un degré plus éloigné. Ainsi, les enfants du de cujus
excluent en principe les petits enfants. A degré égal de parenté, les descendants
auront la même part, il n y’a pas de privilège de masculinité ni de droit d’ainesse
(ex : le de cujus laisse un fils de 50ans, une fille de 40ans et un fils de 35 ans, ils
auront la même part, c’est-à-dire 1/3 de la succession, l’ainé n’aura pas plus que
les cadets et la fille n’aura pas moins que les fils.
Les enfants légitimés, c’est-à-dire initialement naturels puis devenu légitimes
par le mariage de leurs parents, ont les mêmes droits que les enfants légitimes.
Les enfants nés de mariages différents ont les mêmes droits (ex : une veuve
ayant deux enfants A et B se remarie, elle a un enfant C de son deuxième mari,
cet auteur décède, ses trois enfants A B et C auront les mêmes droits
successoraux).

2- Les droits successoraux des ascendants privilégiés et des collatéraux


privilégiés.
Il s’agit du deuxième ordre d’héritiers. Il faut distinguer trois situations : la
coexistence entre ascendants privilégiés et collatéraux privilégiés, ensuite l’
existence de collatéraux privilégiés sans ascendants privilégiés et enfin l’
existence d’ascendants privilégiés sans collatéraux privilégiés.
a- Coexistence d’ascendants privilégiés et de collatéraux privilégiés
Lorsqu’il existe à la fois des ascendants privilégiés et des collatéraux privilégiés,
la succession est dévolue pour moitié aux ascendants privilégiés et pour moitié
aux collatéraux privilégiés ou aux représentants de ces derniers.
La part dévolue aux ascendants privilégiés se partagent entre eux par tête (le
père aura ¼ et la mère aura ¼), si l’un d’eux est décédé, l’autre prend toute la
part dévolue aux ascendants privilégiés, donc la moitié de la succession.
De même la part dévolue aux frères et sœurs se partagent entre eux par tête et
si un seul d’entre eux vient à la succession il recueille toute la part dévolue au
collatéraux privilégiés, donc la moitié de la succession (Ex 1 : le de cujus laisse
son père, sa mère, deux frères et trois sœurs ; le père et la mère se partagent
moitié de la succession chacun aura ¼ ; les frères et sœurs se partagent l’autre
moitié et chacun aura 1/10.) (Ex 2 : le de cujus laisse son père, deux frères et
quatre sœurs ; le père aura la moitié dévolue aux ascendants privilégiés ; les
frères et sœurs se partagerons la moitié dévolue aux collatéraux privilégiés,
chacun ayant 1/12) (Ex 3 : le de cujus laisse son père, sa mère et un frère ; le
père et la mère se partagent la moitié dévolue aux ascendants privilégiés et
chacun ayant ¼ et le frère recueille la moitié dévolue aux collatéraux privilégiés.
S’il existe à la fois des frères et sœurs germains et des frères et sœurs utérins
ou consanguins, la part dévolue aux collatéraux privilégiés est alors divisée
entre la ligne maternelle et la ligne paternelle. Les frères et sœurs germains
prenant une part dans chaque ligne, les frères et sœurs utérins ou consanguins
ne prenant une part que dans leurs lignes (les utérins dans la ligne maternelle et
les consanguins dans la ligne paternelle), il s’agit d’une application du principe
de la fente. (Ex 1 : le de cujus laisse son père, sa mère, une sœur germaine, un
frère utérin, et un frère consanguin ; le père et la mère, ascendants privilégiés
auront la moitié, soit ¼ chacun ; les frères et sœurs collatéraux privilégiés se
partageront l’autre moitié, cependant, comme il y’a un germain et des
non-germains, il faut appliquer la fente, ¼ pour la ligne maternelle et ¼ pour la
ligne paternelle, en définitive la sœur germaine aura 1/8 + 1/8 = 1/8 = ¼ , le frère
utérin aura 1/8 et le frère consanguin aura 1/8). (Ex 2 : le de cujus laisse son
père, sa mère, deux frères utérins et un frère consanguin ; le père et la mère se
partage la moitié dévolue aux ascendants privilégiés ; s’agissant des collatéraux
privilégiés il n y’a pas lieu d’appliquer la fente car il n y’a pas de frère ou sœur
germain, donc ils partageront la moitié qui leur est dévolue et chacun aura 1/6).
L’absence de fente se justifie car le lien de chaque collatéral privilégié avec le de
cujus est le même quoi que certains sont parents du côté maternel et d’autres
du côté paternel.

b- Existence de collatéraux privilégiés sans ascendants privilégiés


S’il existe des collatéraux privilégiés et aucun ascendant privilégié, les
collatéraux privilégiés recueillent la totalité de la succession. Par exemple le de
cujus laisse trois frères et une sœur, ils partageront la succession, chacun
ayant 1/4. Le de cujus laisse son frère et la fille légitime de sa sœur
prédécédée ; la succession se partage entre le frère qui aura ½ et la nièce du de
cujus qui représente sa mère et qui aura aussi 1/2.
C- Existence d’ascendants privilégiés sans collatéraux privilégiés
S’il existe des ascendants privilégiés et qu’il n y’a pas de collatéraux privilégiés,
on applique la technique de la fente. Une moitié de la succession est attribuée
aux ascendants de la ligne maternelle et l’autre moitié à ceux de la ligne
paternelle. Exemple : la de cujus laisse sa mère et son grand-père paternel ; la
mère aura la moitié dévolue à la ligne maternelle et le grand-père aura la moitié
dévolue à la ligne paternelle. Il faut souligner que la mère ne prend pas toute la
part revenant aux ascendants privilégiés contrairement au cas où il y’a
coexistence d’ascendants privilégiés avec des collatéraux privilégiés. Ici le
grand-père paternel prend la part dévolue à la ligne paternelle bien qu’il soit du
3ème ordre, il hérite comme la mère qui est du 2ème ordre. Il y’a là une exception au
principe de hiérarchie des ordres. L’article 525 al.2 précise que s’il existe dans
une ligne plusieurs ascendants de même degré, la portion dévolue à cette ligne
se répartit entre eux par tête. (Ex 1 : le de cujus laisse sa mère, son grand-père
paternel et sa grand-mère paternelle ; la mère aura la moitié ; le grand-père et la
grand-mère se partagent l’autre moitié chacun ayant ¼).
Par ailleurs si un ascendant privilégié renonce à la succession qu’il existe un
ascendant ordinaire dans sa lignée, celui-ci viendra à la succession. (Ex : Le de
cujus laisse sa mère, son père, et son grand-père paternel, le père renonce à la
succession, la moitié dévolue à la ligne paternelle reviendra au grand-père
paternel et la mère recueille l’autre moitié dévolue à la ligne maternelle. C’est
une entorse selon laquelle la renonciation profite aux cohéritiers. En effet, la
renonciation du père ne profite pas à la mère mais au grand-père paternel
compte-tenu de l’application de la fente. Par contre il n y’a pas d’entorse à la
règle selon laquelle on ne représente pas un renonçant car le grand-père ne
représente pas le père.

3- Les droits des ascendants ordinaires


En principe, ils sont exclus par les descendants (1er ordre) et par les ascendants
privilégiés et les collatéraux privilégiés (2ème ordre). Cependant, en l’absence de
collatéraux privilégiés et par le jeu de la fente, ils peuvent succéder si dans une
ligne il existe pas d’ascendants privilégiés ou si un ascendant privilégié renonce
à la succession. En l’absence des ordres précédents, la succession est dévolue
pour le tout aux ascendants ordinaires. La fente sera appliquée entre les
ascendants ordinaires, chaque ligne aura la moitié de la succession, dans
chaque ligne l’ascendant du degré le plus proche exclue les autres. A égalité de
degré, il y’a partage par tête. (Ex : le de cujus laisse son grand-père paternel, sa
grand-mère-paternelle, son arrière-grand-père paternel et sa grand-mère
maternelle ;
Si dans une ligne il n y’a pas d’ascendants ordinaires, l’autre ligne recueillera
toute la succession, il n y’a pas de fente (ex : le de cujus laisse son grand-père
paternel et son arrière-grand-père paternel ; le grand-père recueille toute la
succession, il exclue l’arrière-grand-père qui est d’un degré plus éloigné).

4- Les droits des collatéraux ordinaires


Les collatéraux ordinaires (4ème ordre) héritent très rarement parce qu’ils ne
peuvent hériter qu’à défaut des descendants, d’ascendants privilégiés, de
collatéraux privilégiés et d’ascendants ordinaires. Entre collatéraux ordinaires, il
faut appliquer le mécanisme de la fente, une moitié de la succession est donc
dévolu aux collatéraux de la ligne maternelle, l’autre moitié à ceux de la ligne
maternelle. La moitié dévolue à chaque ligne est recueillie par le collatéral le
plus proche en degré. Si dans une ligne il existe plusieurs collatéraux de même
degré, la part dévolue à cette ligne se répartie entre eux par tête. Si dans une
ligne il n y’a pas de collatéraux du degré successible (6ème degré), l’autre ligne
prend toute la succession. (Ex 1: le de cujus laisse sa tante paternelle et ses
deux oncles maternelles).
Quand le de cujus laisse des collatéraux éloignés, il faut vérifier qu’ils sont d’un
degré successible, autrement dit qu’ils ne dépassent pas le 6ème degré. Telle est l’
application des principes généraux dans la parenté légitime. Qu’en est-il dans la
parenté naturelle ?

B) Dans le cadre de la parenté naturelle


Nous envisagerons d’une part les droits successoraux de l’enfant naturel (1ère), d’
autre part la dévolution de la succession de l’enfant naturel (autrement dit
quand le de cujus est un enfant naturel).
1- Les droits successoraux de l’enfant naturel
En principe, les enfants naturels ont les mêmes droits successoraux que les
enfants légitimes si leur filiation est juridiquement établie (art 533 al.1er CF). Il y’
a donc assimilation des enfants naturels aux enfants légitimes. Mais ce principe
comporte des limites. En effet, le domaine de la vocation héréditaire de l’enfant
naturel est restreint (a) ; en outre, l’enfant naturel de l’article 534 du Code de la
Famille peut voir ses droits successoraux diminués (b).

a) Le domaine restreint de la vocation héréditaire de l’enfant naturel


Il existe deux restrictions : 1ère restriction, l’enfant naturel n’a de droits
successoraux que dans la succession de ses père et mère. C’est ce qui ressort
de l’article 533 al.1er du CF, selon lequel « les enfants naturels sont appelés à la
succession de leurs père et mère ». Un enfant naturel ne peut donc hériter de
ses frères et sœurs (précisons légitimes) car il ressort de l’article 537 al.2 qu’il
peut hériter de ses frères et sœurs naturels comme lui.
2ème restriction, l’enfant naturel ne peut représenter son père ou sa mère. C’est ce
qui ressort, à contrario, de l’article 521 al.1er selon lequel, « les enfants du de
cujus prédécédés, codécédés dans les conditions prévues à l’article 398,
indignes, présumés ou déclarés absent sont représentés par leurs descendants
légitimes » et de l’article 523 al.5 selon lequel, « les frères et sœurs du de cujus
prédécédés, codécédés dans les conditions prévues à l’article 398, indignes,
présumés ou déclarés absents sont représentés par leurs descendants
légitimes ».
(Ex 1 : le de cujus laisse ses deux petits-fils A et B qui sont les enfants de X, fils
unique prédécédé du de cujus ; A est un enfant légitime et B est un enfant
naturel/ la représentation ne joue étant donné que X était le fils unique du de
cujus, donc si A et B devait succéder au de cujus ce serait de leur propre chef, c’
est en tant que petits enfants. A étant un enfant légitime peut succéder à son
grand-père et B étant un enfant naturel il ne pourra pas succéder, car selon l’
article 533 al.1er les enfants naturels ne peuvent succéder que de leurs père et
mère).

(Ex 2 : Le de cujus laisse 4 enfants :3 enfants légitime A B et C et un enfant


naturel D)

(Ex 3 : le de cujus laisse une fille naturelle, un fils légitime, les deux filles
légitimes de son fils naturel prédécédé // la fille naturelle a les mêmes droits
successoraux qu’un enfant légitime donc elle va succéder. Le fils légitime va
succéder. Les deux filles légitimes du fils naturel prédécédé peuvent-elles
représenter leur père ? OUI, car le fils naturel prédécédé aurait succédé à son
père et elles sont enfants légitimes, donc elles peuvent le représenter. En
définitive, la succession sera partagée en trois (3) parts : 1/3 pour la fille
naturelle, 1/3 pour le fils légitime et 1/3 pour les deux petites filles représentant
leur père, chacune ayant 1/6.

(Ex 4 : le de cujus deux neveux, fils naturels de sa sœur légitime prédécédée ; 3


nièces, filles légitimes de son frère légitime prédécédé ; un neveu, fils légitime
de son frère légitime prédécédé // les deux neveux ne peuvent représenter leur
mère car ce sont des enfants naturels ; les trois nièces peuvent représenter
leurs pères car elles sont légitimes et lui-même aurait hérité de son frère puisqu’
étant légitime ; le neveu peut représenter son père car il est légitime et son père
étant légitime, aurait hérité de son frère. En définitive, la succession sera divisé
en deux ; une moitié pour les 3 nièces représentant leur père, chacune ayant
1/6 ; l’autre moitié au neveu représentant son père.

b) L’enfant naturel de l’article 534 du CF


Cet enfant n’aura pas toujours les mêmes droits qu’un enfant légitime, ses droits
seront en effet diminués lorsque l’épouse de son père n’aura pas donné son
acquiescement, mais d’abord de quel enfant s’agit-il ?
1) Détermination de l’enfant naturel au sens de l’article 534
L’article 534 évoque l’enfant né hors mariage. Cet enfant, ayant été reconnu par
son auteur pendant qu’il était engagé dans les liens du mariage. Bien que le
texte n’entre pas dans les détails, cela recouvre deux situations :
1ère situation : il s’agit de l’enfant adultérin, la situation est la suivante : un
homme a, pendant son mariage, un enfant d’une autre que son épouse et il
reconnait cet enfant.
2ème situation : il s’agit de l’enfant né avant le mariage de son père mais qui est
reconnu par celui-ci pendant son mariage avec une autre que sa mère. La
situation est la suivante : un homme avait un enfant avec une femme X, il
épouse une femme Y et pendant son mariage il reconnait cet enfant.
2) Les droits successoraux de cet enfant
Dans la première situation, c’est-à-dire celle de l’enfant adultérin, il convient de
protéger la famille légitime contre l’adultère, en particulier l’épouse bafouée.
Dans la deuxième situation, il s’agit de protéger l’épouse qui ignorait l’existence
d’un enfant naturel de son mari.
Fort de ces considérations, le législateur accorde à l’enfant des droits
successoraux identiques à ceux d’un enfant légitime mais à condition que l’
épouse donne son acquiescement. Il faut donc distinguer selon que l’épouse
acquiesce ou non.
-l’épouse acquiesce : l’acquiescement de l’épouse peut être donné soit dans l’
acte de reconnaissance soit par une déclaration distincte souscrite par la
femme devant un officier de l’Etat civil (Article 534 al.2). L’acquiescement de l’
épouse permet à la reconnaissance du mari de produire son plein effet
successoral. Comme l’indique l’article 534 al.1er, « Lorsqu’il s’agit d’un enfant né
hors mariage, l’auteur de la reconnaissance qui était engagé dans les liens du
mariage au moment de la reconnaissance doit, pour qu’elle produise son plein
effet, justifier de l’acquiescement de son ou ses épouses ». Par conséquent, si l’
épouse ou les épouses acquiescent, l’enfant aura les mêmes droits
successoraux que s’il était légitime.
-l’épouse n’acquiesce pas : selon l’article 534 al.2, si l’épouse n’acquiesce pas, l’
enfant n’aura droit qu’à la moitié de la part successorale d’un enfant légitime. Et
en l’absence d’absent légitime, il aura la moitié de ce qu’il aurait eu s’il était
légitime. La question se pose de savoir qui bénéficie du surplus dans les deux
cas ? en présence d’enfant légitime, le législateur est muet mais il serait logique
que les enfants légitimes et le conjoint survivant bénéficie du surplus. En l’
absence d’enfant légitime, le législateur s’est prononcé mais d’une manière
confuse. En effet l’article 534 al.2 in fine dispose, « Dans ce cas, à défaut d’
enfant légitime, il ne reçoit que la moitié de ce qu’il aurait eu s’il avait été
légitime, le surplus est dévolu aux héritiers conformément aux articles 513 à
530 du présent chapitre ». Pourtant les articles 513 et 514 ne concernent pas la
dévolution successorale, ils ont trait à la réduction des donations. Quant aux
articles 520 à 522, ils déterminent les droits successoraux des descendants
légitimes alors que par hypothèses, il n y’a en pas. Il semble qu’il y’ait une erreur
dans l’énumération des articles précités. S’agissant des autres articles ils sont
relatifs aux principes généraux de dévolution successorale (l’ordre, le degré, et
c.). Partant de là, on peut considérer que le surplus ira aux autres héritiers en
tenant compte de l’ordre du degré de la femme, de la fente, bref des principes
généraux. Ils nous semblent cependant qu’il aurait été plus équitable d’attribuer
le surplus à l’aveugle.
2- La dévolution de la succession de l’enfant naturel
La loi distingue différentes situations :
a- Dévolution en présence du conjoint ou de descendants
La succession de l’enfant naturel est, selon l’article 536 al.1er, dévolue à ses
enfants et descendants légitimes, à son conjoint, à ses enfants naturels et aux
descendants légitime de ces derniers. Selon l’article 536 al.2, en l’absence du
conjoint et de descendants légitimes, sa succession revient à ses enfants
naturels ou aux descendants légitimes de ces derniers. On remarque que ce
texte n’ajoute rien à l’alinéa précédent. Il englobe tous les enfants, qu’ils soient
légitimes ou naturels, ainsi que leurs descendants légitimes ainsi que le conjoint.
Il pourrait même prêter à confusion car on pourrait penser à tort que les enfants
naturels n’héritent qu’à défaut de descendants légitimes et du conjoint
survivant, ce qui n’st pas le cas. Selon l’article 536 al.3, en l’absence de
descendants légitimes, d’enfants naturels et de descendants légitimes de ces
derniers, la succession est dévolue pour moitié à son conjoint et l’autre à celui
de ses parents à l’égard duquel sa filiation est juridiquement établie. Si la
filiation est juridiquement établie à l’égard de deux parents, ils se partagent cette
moitié. On peut remarquer que le père et la mère figurent en bonne place ; en
effet, ascendants privilégiés, ils sont appelés à la succession alors que les
collatéraux privilégiés ne le sont pas dans cette hypothèse.
Enfin, selon l’article 536 al.4, s’il n y’a ni descendant légitime, ni enfant naturel, ni
descendants légitimes de ces derniers, ni père, ni mère, la succession est
dévolue pour le tout au conjoint.

b- Dévolution en l’absence de conjoint et de descendants


Selon l’article 537 al.1er, si le de cujus ne laisse ni enfant naturel, ni descendant
légitime de ces derniers, ni conjoint, sa succession est dévolue à celui de ses
père et mère à l’égard duquel sa filiation a été juridiquement établie ou pour
moitié à chacun d’eux si sa filiation a été établie à l’égard de l’un et l’autre. On
remarque que l’alinéa 1er comporte un oubli, à savoir les descendants légitimes.
Selon l’article 537 al.2, si le défunt laisse en outre des frères et sœurs légitimes
ou naturels, sa succession est dévolue pour moitié à ses père et mères, et pour
moitié à ses frères et sœurs. On remarque que les collatéraux privilégiés
peuvent hériter comme dans la parenté légitime mais à condition qu’il n y’ait pas
de conjoint. On notera aussi une exception par rapport à la règle selon laquelle
les enfants naturels ne peuvent hériter que de leurs père et mère. En effet dans l’
article 537 al.2, il apparait que les frères et sœurs naturels peuvent hériter du de
cujus qui est un enfant naturel comme eux. Enfin, l’article 537 al.3 indique les
descendants légitimes des frères et sœurs, à défaut de ces derniers, sont
appelés à la succession de leur chef ou par représentation. (ex 1 : le de cujus
avait un frère prédécédé qui a un fils légitime. Ce fils, donc neveu du de cujus,
viendra à la succession de son oncle de son propre chef) (ex 2 : le de cujus avait
un frère et une sœur, tous deux prédécédés. Le frère laisse une fille légitime, la
sœur laisse deux fils légitimes).

§.2 : Dévolution aux parents par alliance : le conjoint


Le parent par alliance c’est d’abord le conjoint survivant, c’est-à-dire la veuve ou
le veuf. Les parents par alliance ce sont aussi les frères et sœurs du conjoint,
ses père et mère, etc., bref la belle-famille. Mais parmi les parents par alliance,
seul le conjoint survivant a des droits successoraux. Il faut préciser il faut
préciser que pour avoir des droits successoraux, il ne doit pas être divorcé, ce
qui est logique car le divorce entraine la dissolution du lien conjugal. Il ne doit
pas non plus faire l’objet d’un jugement de séparation de corps à ses torts. En
effet, selon l’article 529, « le conjoint survivant contre lequel n’existe pas de
jugement de séparation de corps est appelé à la succession ». Cette condition
est moins logique juridiquement car la séparation de corps n’entraine pas la
dissolution du mariage mais seulement relâchement du lien conjugal. Donc le
conjoint séparé de corps reste conjoint, cependant sur le plan moral, son
exclusion de la succession s’explique par ses torts envers le de cujus. Cela
étant précisé, il convient d’examiner les droits du conjoint survivant en cas de
monogamie (para 1) et en cas de polygamie (para 2).
Para 1 : les droits successoraux du conjoint survivant en cas de
monogamie
La loi envisage trois situations : l’existence de descendants légitimes (A) ; l’
absence de descendants légitimes mais la présence d’autres héritiers (B), l’
absence de descendants légitimes et de parents au degré successible (C).

A) Existence de descendants légitimes


Selon l’article 530, lorsque le défunt laisse des enfants légitimes ou
descendants d’eux, le conjoint survivant a droit à une part d’enfant légitime le
moins prenant sans qu’elle puisse être supérieur au quart de la succession.
Etant donné que les enfants naturels ont les mêmes droits que les enfants
légitimes, eux aussi doivent être comptés parmi les enfants en concours avec le
conjoint survivant. Pour connaitre les droits du conjoint survivant il faut l’
assimiler à un enfant légitime le moins prenant. Qu’est-ce à dire ? bien que les
enfants légitimes soient en principe traités de manière égalitaire, il arrive que l’
un ou l’autre voit ses droits diminués. C’est le cas de l’enfant qui a reçu une
libéralité du de cujus qu’il doit rapporter, il aura une part successorale inférieur à
celles des autres enfants et par conséquent, le conjoint survivant aura la même
part que lui. L’article 530 limite la part du conjoint au quart de la succession,
donc si elle devait dépasser le ¼, il faut la ramener au quart et répartir le surplus
entre les enfants du de cujus ou leurs descendants légitimes. (ex 1 : le de cujus
laisse sa veuve et deux enfants légitimes ; la veuve étant assimilée à un enfant
légitime, elle devrait avoir 1/3, mais 1/3 est supérieur à 1/4 , donc la part de la
veuve sera ramenée au 1/4 , il restera ¾ , et chaque enfant ¾ divisé par 2 = 3/8.
En définitive, la veuve aura ¼ et chaque enfant aura 3/8). (ex 2 : le de cujus
laisse une veuve, quatre enfants légitimes, un enfant naturel adultérin non
acquiescé ; en définitive chaque enfant légitime et la veuve aura 2/11 et l’enfant
non acquiescé aura 1/11).

B) A défaut de descendants légitimes et en présence d’autres héritiers


Selon l’article 531, lorsqu’à défaut de descendants légitimes le défunt laisse un
ou plusieurs parents légitimes, son conjoint survivant a droit a la moitié de la
succession. Quant au surplus, il devrait revenir logiquement aux autres héritiers
en tenant compte des principes généraux. (Ex 1 : la de cujus laisse son veuf, sa
mère, son frère et son cousin / son veuf aura la moitié de la succession ; son
frère et sa mère qui sont du 2ème ordre excluent le cousin, ils se partagent donc l’
autre moitié chacun ayant 1/4 .

C) A défaut de descendants légitimes et de parents au degré successible.


Selon l’article 532, « à défaut de descendants légitimes et de parents au degré
successible, la succession est dévolue en totalité au conjoint survivant ». Ex : le
de cujus laisse son conjoint et un collatéral du 7ème degré, la succession revient
au conjoint survivant.
Para 2 : En cas de polygamie
Si le de cujus était polygame, quels seront les droits de ses veuves ? A cette
question, le Code de la Famille apporte des réponses contradictoires. En effet, l’
article 529 al.2 dispose « lorsqu’il existe plusieurs veuves, les parts fixés par
lesdits articles (530 ;531 et 532) se partagent entre elles par tête ». Alors que l’
article 530 indique que lorsque le défunt laisse des enfants légitimes ou
descendants d’eux, le conjoint survivant ou éventuellement chacun des
conjoints survivants a droit à une part d’enfants légitimes. Si on applique l’
article 529 al.2, il conviendra de partager entre les coépouses la part qu’aurait
eu l’épouse si elle était seule ; par exemple s’il y’a trois épouses la part sera
divisée en 3. Alors que si on applique l’article 530, chaque épouse une part d’
enfant légitime. Par conséquent l’article 530 contredit l’article 529 al.2. S’
agissant des autres textes, c’est-à-dire 531 et 532, qui attribuent respectivement
aux conjoints survivants la moitié et la totalité de la succession, il va s’en dire
que le partage devra se faire par tête conformément à l’article 529 al.2 car si le
défunt avait par exemple plus d deux épouses, on ne pourrait attribuer à
chacune la moitié de la succession. Et s’il en avait deux on ne pourrait attribuer
à chacune la totalité de la succession.

Pour régler la contradiction, deux possibilités sont envisageables :


Etendre l’article 529 al.2 à toutes les situations y comprise celle de l’article 530,
autrement dit dans tous les cas il y’aura partage par tête de ce que la veuve
aurait eu si elle était seule. On appliquerait l’article 529 al.2 qu’aux hypothèses
posées par les articles 531 et 532. Cette deuxième solution nous semble
préférable.

(Ex 1 : le de cujus laisse deux veuves et 3 enfants légitimes, par application de l’


article 530 chaque veuve aura la part d’un enfant légitime, par conséquent
chaque veuve et chaque enfant légitime aura 1/5.)

(ex 2 : le de cujus laisse 3 veuves, sa mère, son frère et son cousin/ par
application de l’article 529 al.2, la part d’une veuve sera partagé en trois, et
chaque veuve aura ½ divisé par 3 = 1/6 ; la mère, ascendante privilégiée aura ¼
et le frère, collatéral privilégié aura ¼.)
(Ex 3 : le de cujus laisse deux veuves et un collatéral du 7ème degré / par
application de l’article 529 al.2, les deux veuves se partageront la totalité de la
succession et auront chacune ½.
§.3 : Dévolution successorale dans le cadre de la parenté
adoptive
Il existe deux types d’adoption : l’adoption plénière et l’adoption limitée.

Para 1 : L’adoption plénière


Elle a pour effet d’assimiler l’enfant adopté à un enfant légitime de l’
adoptant. L’article 539 CF indique que « Dans le cadre de l’adoption
plénière, l’adopté a dans la famille de l’adoptant les mêmes droits qu’
un enfant légitime ».
Autrement dit, l’adopté pourra hériter de tous les membres de la
famille de l’adoptant. Et inversement, au décès de l’adopté, les
membres de la famille de l’adoptant pourront lui succéder.

Par contre, du fait que l’adoption plénière entraine une rupture totale
entre l’adopté et sa famille d’origine, l’adopté n’a plus aucun droit dans
sa famille d’origine. Il n’a donc pas de droits successoraux dans sa
famille d’origine. Et inversement, celle-ci n’a aucun droit dans sa
succession.

Para 2 : L’adoption limitée


L’adoption limitée n’entraine pas de rupture entre l’adopté et sa famille d’origine.
Certes l’adopté intègre la famille de l’adoptant mais il conserve des liens avec sa
famille d’origine.
L’adoption limité confère en principe une vocation successorale (A) sauf s’il est
stipulé qu’elle est pratiquée sans bénéficie de vocation successorale.

A) Adoption limitée faite avec vocation successorale


Nous distinguerons selon que l’adopté est héritier ou de cujus.

1- Les droits successoraux de l’adopté (l’adopté est l’héritier)


L’adopté conserve ses droits successoraux dans sa famille d’origine, comme l’
indique l’article 540 al.1er, « dans le cas d’une adoption limitée, l’adopté conserve
tous ses droits héréditaires dans sa famille d’origine ». En outre l’adopté a des
droits dans sa famille d’adoption, en effet l’article 540 al.2 dispose « L’adopté et
ses descendants légitimes ont dans la succession de l’adoptant et celles des
enfants légitimes, naturels ou adoptifs de ce dernier, les mêmes droits que ses
enfants légitimes ». Autrement dit l’adopté pourra hériter de ses parents adoptifs
et de ses frères et sœurs adoptifs. (Ex : A est un enfant adopté par X. X est père
d’un enfant légitime B, si B décède A peut hériter de lui en tant que collatéral
privilégié).
On remarque que l’article 540 al.2 n’évoque que l’adoptant et ses enfants
(légitimes, naturels ou adoptifs) de sorte que, première vue, l’adopté ne peut
hériter des autres membres de la famille de l’adoptant comme, par exemple, ses
ascendants. Pourtant l’article 540 al.3 dispose « toutefois l’adopté n’est pas
héritier réservataire à l’égard des ascendants de l’adoptant ». Cet alinéa est
surprenant car si l’article 540 al.2 ne concerne pas les ascendants de l’adoptant,
autrement si l’enfant adopté n’hérite pas des ascendants de l’adoptant, il n’est
pas leur héritier. Et s’il n’est pas héritier, il ne peut être réservataire. Par contre l’
alinéa 3 ne présente aucun intérêt, on pourrait s’en passer. Cette incongruité s’
explique par le fait que l’article 540 reproduit plus ou moins l’article 368 du Code
Civil français. Selon ce texte relatif à l’adoption simple, « l’adopté et ses
descendants légitimes ont dans la famille de l’adoptant les mêmes droits
successoraux qu’un enfant légitime sans acquérir cependant la qualité d’héritier
réservataire à l’égard des ascendants de l’adoptant ». Autrement dit en droit
français, l’adopté hérite des membres de la famille de l’adoptant, le terme
‘‘famille’’ est large et recouvre donc les descendants, les ascendants privilégiés,
les collatéraux privilégiés, les ascendants ordinaires et les collatéraux
ordinaires, avec cette restriction il n’est pas héritier réservataire des ascendants
de l’adoptant. Il est leur héritier simple et peut être déshérité par ceux-ci qui
peuvent le priver de sa part successorale par des legs en faveur d’autres
personnes.
Au Sénégal, l’article 540 al.3 ne peut être interprété comme l’article 368 du Code
Civil français car il existe une différence fondamentale. Dans l’article 540 al.2, il
est question de la succession de l’adoptant et celle des enfants légitimes,
naturels ou adoptifs de ce dernier et non de la famille de l’adoptant. Par
conséquent, les ascendants de l’adoptant ne sont pas visés par l’article 540 al.2.
Cela dit on pourrait considérer malgré la rédaction de l’article 540 que l’adopté
hérite des ascendants de l’adoptant sans être réservataire. Solution favorable à l’
adopté qui serait ainsi héritier des ascendants de l’adoptant et favorable aux
ascendants de l’adoptant puisqu’il pourrait le déshériter, ce serait donc une
solution de compromis.

2- Dévolution de la succession de l’adopté (l’adopté est le de cujus)


Si l’adopté laisse des descendants, on applique les règles générales de
dévolution. Ces descendants se partageront sa succession ainsi que son
conjoint survivant s’il en a. Cela ne pose pas de problèmes. En revanche la
dévolution de la succession de l’adopté pose problème lorsqu’il ne laisse pas de
descendants. L’article 541 du CF prévoit des solutions qui tiennent compte du
double lien existant entre l’adopté et sa famille d’origine d’une part ; et entre l’
adopté et sa famille adoptive d’autre part. Ainsi, l’article 541 al.1er prévoit un
droit de retour, selon ce texte, les biens donnés par l’adoptant à l’adopté ainsi ce
que l’adopté a recueilli dans la succession de l’adoptant doivent faire retour, c’
est-à-dire être restitués à l’adoptant ou à ses descendants s’ils existent encore
en nature lors du décès de l’adopté. De même selon ce texte les biens que l’
adopté avait reçu à titre gratuit de ses père et mère doivent être restitués à
ceux-ci ou à leurs descendants.
S’agissant des autres biens de l’adopté, l’article 541 al.2 dispose « le surplus des
biens de l’adopté se divise entre sa famille d’origine et la famille de l’adoptant. A
défaut d’héritier dans une famille, la succession est dévolue pour le tout à l’autre
famille ». Selon l’article 541 al.3, « dans la famille adoptive, sont seuls héritiers
de l’adopté l’adoptant, ses ascendants et ses descendants ». On peut remarquer
que les ascendants de l’adoptant peuvent héritier de l’adopté alors que l’inverse
n’est pas vrai. Enfin, d’après l’article 541 al.4, « les dispositions des alinéas 1 et
2 du présent article ne s’applique que sous réserve des donations consenties
par le défunt à son conjoint ». Autrement dit, il n’y a pas de remise en cause des
donations faites à son conjoint par le de cujus. Si par exemple, ayant reçu
gratuitement un bien de ses parents adoptifs ou de ses père et mère
biologiques, il l’avait donné à son conjoint. Ce bien ne pourra être restitué à
ceux-ci, il n y’a pas de droit de retour. De même pour le partage du surplus, il ne
sera pas demandé au conjoint de restituer les biens que lui avait donné le de
cujus. Il faut préciser que les principes généraux de dévolution successorale
doivent aussi s’appliquer au conjoint survivant. Ainsi, puisque par hypothèse le
de cujus ne laisse pas de descendants, son conjoint aura droit à la moitié de la
succession (plus précisément le surplus) en présence d’autres héritiers (Cf. art.
531 du CF). Et il aura droit à la totalité de la succession en l’absence d’héritiers
au degré successible, conformément à l’article 532 du CF. On peut regretter que
l’article 541 al.2 ne réserve pas les droits du conjoint survivant, c’est un oubli. Il
aurait dû indiquer sous réserve des droits du conjoint survivant. En effet le
conjoint ne doit pas être privé de ses droits successoraux. Par application de l’
article 541 al.1er, la maison sera restituée au père adoptif (droit de retour). Quant
au reste de la succession, c’est-à-dire le surplus, il faut donner au conjoint la
moitié puisqu’il n y’a pas descendants et qu’il y’a d’autres héritiers et l’autre
moitié, par application de l’article 541 al.2, sera partagé entre le père adoptif et
la mère d’origine.

B) L’adoption limitée sans vocation successorale


L’adoption limitée peut être stipulée sans vocation successorale (Cf. art 250 CF).
Selon l’article 250 al.1er, l’adopté et ses descendants n’ont alors aucun droit dans
la succession de l’adoptant. Inversement les parents adoptifs n’ont aucun droit
dans la succession de l’adopté. En effet, selon l’article 250 al.2, sa succession
entière, si l’adopté meurt sans descendant, est dévolue à sa famille d’origine. On
observe que dans la pratique, les étrangers qui adoptent des enfants au Sénégal
et qui repartent chez eux font ce genre d’adoption.

S.2 : La dévolution à l’Etat


L’Etat recueille la succession lorsqu’elle est en déshérence. C’est ce qui ressort
de l’article 542 CF intitulé ‘‘déshérence’’ selon lequel « à défaut de parent
légitime, naturel ou adoptif ou degré successible et de conjoint, la succession
est acquise par l’Etat ». La succession en déshérence ne doit pas être
confondue avec la succession vacante. Selon l’article 448 CF, « les successions
des personnes décédées sans laisser d’exécuteur testamentaire ou dont les
ayant-droits ne sont pas présents ou représentés ou ont renoncé, sont
administrés, liquidés et remises au Domaines par le curateur aux successions et
biens vacants dans les conditions fixées dans le Code de procédure Civile,
deuxième partie, Livre II, Titre Huit ». Par conséquent, la succession vacante
recouvre plusieurs situations, notamment celles où les héritiers ont renoncé à la
succession. Il faut souligner que l’Etat n’intervient qu’en tant qu’administrateur
et liquidateur. Il liquide la succession en vue de payer les créanciers. Si d’
aventure il reste un actif après paiement des dettes, il s’agira d’une succession
en déshérence et l’Etat la recueillera. Il faut préciser que l’Etat n’est pas un
héritier mais un successeur irrégulier. L’article 542 dispose ne effet que la
succession est acquise par l’Etat et non et non qu’il hérite de la succession. Par
conséquent, l’Etat n’a pas la saisine, c’est-à-dire le droit de se mettre en
possession de l’héritage, il doit se faire envoyer la possession.

{S.3 : La dévolution de la succession en fonction de l’origine


des biens (succession anormale)

Chap.2 Détermination des héritiers en droit sénégalais


des successions musulmanes
Pour être soumis aux successions musulmanes, il faut avoir opter selon l’article
571 du CF. la succession est dévolue aux parents du de cujus (S.1) et à défaut, à
l’Etat (S.2).

S.1 : Dévolution successorale en fonction de la parenté


Il faut souligner la spécificité du droit musulman par rapport au droit commun
que nous avons étudié. Ainsi, en droit musulman, il y’a ni fente ni représentation.
En outre, les parents peuvent succéder jusqu’au douzième (12ème) degré inclus
alors qu’en droit commun, le dernier degré successible en ligne collatéral est le
6ème degré. Par ailleurs, l’enfant naturel n’est pas héritier de son père alors qu’en
droit commun, il est en principe assimilé à un enfant légitime. Enfin il existe en
droit musulman un privilège de masculinité, c’est-à-dire qu’à égalité de place, de
degré et de lien de parenté, la femme a la moitié de la part de l’homme.
Cependant, malgré ces spécificités, comme en droit commun ce qui est
fondamental en droit musulman c’est la division des héritiers en différents
ordres, d’elle dépend la détermination des héritiers. Nous envisagerons d’abord
les différents ordre d’héritiers (Para 1), puis la dévolution successorale entre les
ordres d’héritiers (Para 2), puis enfin nous examinerons la dévolution à l’intérieur
de chaque ordre (Para 3).

Para 1er : Les différents ordres d’héritiers


Il faut d’abord préciser que le terme « ordre » n’a pas le même sens que dans les
successions de droit commun. Il existe trois ordres d’héritiers : l’ordre des
légitimaires, l’ordre des acebs et enfin l’ordre des parents par les femmes non
légitimaires.
A) L’ordre des héritiers légitimaires
L’héritier légitimaire est celui à qui la loi assigne une part déterminée dans la
succession. Cette part est appelé légitime. L’article 574 distingue deux sortes d’
héritiers légitimaires : les héritiers légitimaires de sexe masculin et les héritiers
légitimaires de sexe féminin.
1- Les héritiers légitimaires de sexe masculin
Il s’agit du père (l’ascendant paternel quel que soit son degré), le frère utérin et
enfin le veuf.

2- Les héritiers légitimaires de sexe féminin


Il s’agit de la fille, la fille du fils, la fille du petit-fils né du fils, la mère, l’aïeul
maternel ou paternel quel que soit son degré, la sœur germaine, consanguine ou
utérine et enfin la veuve.

B) L’ordre des acebs


Les acebs ont vocation à recueillir la totalité de la succession, c’est pourquoi on
les appelle aussi héritiers universels. Mais cela ne veut pas dire qu’ils auront
effectivement toute la succession, ils n’ont qu’une vocation. Leur part peut n’
être qu’un résidu de la succession. C’est pourquoi on les appelle aussi héritiers
résiduaires. Ils peuvent même ne rien recevoir. En effet, lorsqu’un aceb est en
concours avec un héritier légitimaire, ce dernier prend la légitime qui lui est
attribuée par la loi et l’aceb recueille ce qui reste de la succession et il peut ne
rien rester. Il existe trois catégories d’aceb : les acebs par eux-mêmes ; les
acebs par un autre et les acebs avec un autre.
1- Les acebs par eux-même
Selon l’article 576, « l’aceb par lui-même est un parent de sexe masculin dont le
lien avec le défunt n’est interrompu par aucune génération féminine ». les acebs
par eux-mêmes sont donc tous les hommes, parents par les hommes. L’article
577 les divise en cinq classes qui sont exclusives les unes des autres,
autrement dit, il existe une hiérarchie entre les classes :
Première classe : les descendants
Deuxième classe : le père
Troisième classe : les autres ascendants et les frères germains et consanguins
Quatrième classe : les descendants des frères germains et consanguins
Cinquième : les oncles germains et consanguins et leurs descendants

Précisons que les descendants sont légitimes. Concernant les descendants


naturels, en droit musulman classique, il ne peut y avoir de lien juridique entre l’
enfant naturel et son père. Celui-ci ne peut le reconnaitre. Par conséquent, cet
enfant ne peut hériter de son père. Le droit sénégalais des successions
musulmanes, dénie la qualité d’héritier à l’enfant naturel. Cependant, dans la
succession de son père, il est réputé légataire d’une part égale à celle qu’il aurait
eu s’il était légitime, sauf dispositions écrites contraires du de cujus (art. 220 al.
2 du Code de la Famille). Vis-à-vis de sa mère par contre, l’enfant naturel a la
qualité d’héritier.

2- Les acebs par un autre


Ce sont des femmes en principe légitimaires qui deviennent acebs lorsqu’elles
sont en présence d’un aceb par lui-même. Il existe deux sortes d’avec par un
autre : les acebs par un autre proprement dits et les acebs par assimilation.
a) Les acebs par un autre proprement dits (art.578)
Ce sont des légitimaires qui deviennent acebs en présence de même place, de
même degré et de même lien de parenté. Selon l’article 578 al.3, il s’agit de la
fille en présence du fils, la fille du fils en présence du fils du fils, la sœur
germaine en présence du frère germain et enfin la sœur consanguine en
présence du frère consanguin. Elles ont droit à la moitié de la part de celui-ci.

b) Les acebs par assimilation


Selon l’article 579, il s’agit d’une part de la fille du fils qui, par suite de la
présence de deux ou plusieurs filles ne peut venir à la succession comme
légitimaire. Elle devient aceb en présence d’un descendant mâle d’un degré plus
éloigné. Il s’agit d’autre de la sœur germaine, consanguine, lorsqu’elle est en
concurrence avec un aïeul paternel. Elle devient alors aceb.
3- Les acebs avec un autre
Il s’agit de la sœur germaine et de la sœur consanguine. Elles sont en principe
légitimaires mais elles deviennent acebs lorsqu’il n’existe pas de frère du même
lien et qu’elles sont en concurrence avec une ou plusieurs filles ou petites-filles
(art.580). Sinon elles deviendraient aceb par un autre. L’article 581 précise que
la sœur consanguine n’est appelée à succéder qu’à défaut de sœur germaine
venant à la succession à ce titre, en qualité d’aceb avec un autre. En effet, dans
ce cas la sœur germaine exclurait la sœur consanguine car elle a un double lien
avec le de cujus.
C- L’ordre des héritiers parents par les femmes non légitimaires
Il existe un certain nombre de personnes qui ne figurent non dans la catégorie
des légitimaires ni dans celle des acebs. La plupart de ces personnes, ce sont
par exemple les enfants de la fille, les enfants des frères utérin, l’oncle maternel,
etc. Selon l’article 643 « à défaut d’héritiers légitimaires ou d’héritiers acebs, les
parents par les femmes sont appelés à la succession. » Autrement dit, la
vocation successorale de ces personnes n’existent qu’à défaut d’héritiers
légitimaires et d’héritiers acebs, ils auront donc rarement l’occasion de succéder.
D’autant plus que le dernier degré successif est le 12e degré.

Para 2 : La dévolution successorale entre les ordres d’héritier


Nous avons vu qu’il y’a trois ordres d’héritiers : l’ordre des légitimaires, l’ordre
des acebs et l’ordre des parents par les femmes non légitimaires. Comment s’
effectue la dévolution successorale entre ces différents ordres ? autrement dit
quelles sont les relations entre ces différents ordres ?

A) L’ordre des légitimaires et l’ordre des acebs excluent l’ordre des parents
par les femmes non légitimaires
En effet, selon l’article 643 que nous avons vu ********

B) Les rapports entre l’ordre des légitimaires


La règle générale c’est que les légitimaires prennent leur part et les acebs le
reliquat (1e). Cependant il peut y avoir des exclusions entre ces ordres (2è). Enfin
il existe des hypothèses de cumul de qualité et de changement de qualité.
1- Règle générale
Les légitimaires prennent leur part et les acebs prennent le reliquat, c’est ce qui
résulte de l’article 587 du CF (texte de base). Selon l’article 596-1°, les héritiers
légitimaires prélèvent dans la succession les parts qui leur sont fixées par la loi ;
si ces prélèvements absorbent la totalité de la succession, les acebs sont
exclus. (Ex : le de cujus laisse deux filles, sa mère et son oncle germain). D’
après l’article 611 les filles ont droit à une légitime de 2/3, d’après l’article 613 la
mère a droit à une légitime de 1/3. La succession est absorbée par la part des
deux filles et la mère, l’oncle germain, aceb, n’aura rien ; il est exclu de ce fait de
la succession).

Selon l’article 596-2°, les héritiers aceb prennent la totalité de la succession s’il n
y’a pas d’héritiers légitimaires. (Ex : le de cujus laisse son frère consanguin et
son oncle consanguin. Le frère consanguin est un aceb de la troisième classe, l’
oncle consanguin est un aceb de la cinquième classe ; compte tenu de la
hiérarchie des classes, le frère consanguin exclut l’oncle consanguin, l’aceb
prend la totalité de la succession).
Toujours selon le même texte, les héritiers aceb prennent le reliquat de la
succession s’il existe des héritiers légitimaires qui n’ont pas tout pris. (Ex : le de
cujus laisse sa fille et son frère germain ; la fille est légitimaire, alors elle a droit
à une légitime de la moitié selon l’article 604, le frère germain aura le reliquat
constitué par l’autre moitié.

Selon l’article 596-3°, si après les prélèvements pratiqués par les légitimaires il y’
a un reliquat et s’il n y’a pas d’héritiers aceb pour recueillir ce reliquat, les
héritiers légitimaires se partagent ce reliquat au pro rata de leur part de la
succession. (ex : le de cujus laisse sa fille et sa veuve ; la fille est légitimaire, sa
légitime est de la moitié ; la veuve est légitimaire, sa légitime est de 1/8 selon l’
article 612 ; après le prélèvement de leurs légitimes (1/2 + 1/8 = 5/8), il y’a un
reliquat de 3/8, ce reliquat sera partagé entre la fille et la veuve au pro rata de
leur part. puis que la fille, a 4/8 et la veuve 1/8, donc la fille aura 4 fois plus que
la veuve dans le reliquat. Si la part de la veuve dans le reliquat est X, la part de la
fille sera 4X. cherchons X. donc la veuve aura 3/40 et la fille aura 4(3/40) =
12/40. En définitive la fille aura ½ + 12/40 = 32/40 = 4/5 / la veuve aura 1/8 +
3/40 = 8/40 = 1/5).
A travers l’article 596, on peut constater qu’il n y’a pas de hiérarchie entre les
légitimaires et les aceb. Ils peuvent succéder en même temps, c’est pourquoi on
dit qu’ils succèdent les uns à la suite des autres. Cependant il existe des cas d’
exclusions d’un aceb par un légitimaire ou l’inverse.

2- Cas d’exclusion entre ces deux ordres


a) Exclusion d’un légitimaire par un aceb
L’article 590 al.2 donne un exemple d’exclusion d’un légitimaire par des aceb.
Selon ce texte, les frères et sœurs utérins (légitimaires) sont exclues par le père,
l’aïeule paternel, le fils et le fils du fils (aceb).
b) Exclusion d’un aceb par un légitimaire
Etant donné que les légitimaires prennent leur part et que les aceb prennent le
reliquat, s’il ne reste rien les aceb seront par la même, exclu. Comme l’indique l’
article 596-1°, « Si ces prélèvement absorbent la totalité de la succession, les
aceb sont exclus ».

3- Cumul et changement de qualité


a) Cumul de qualité
Un héritier peut être à la fois aceb et légitimaire, c’est le cas du père et de l’
aïeule paternelle. L’article 582 al.1er indique que les héritiers qui appartiennent à
la fois à l’ordre des légitimaires et à l’ordre des aceb succèdent soit comme
légitimaires soit comme aceb, soit en la double qualité de légitimaire et d’aceb.
L’expression ‘‘en la double qualité de légitimaire et d’aceb’’ signifie qu’ils vont
cumuler les qualités de légitimaire et d’aceb. L’article 582 al.2 donne l’exemple
du père venant à la succession avec une fille du défunt. Il va dans ce cas
prélever 1/6 de la succession en tant que légitimaire et recueillir en tant qu’aceb
le reliquat de cette succession, déduction faite de la part revenant à la fille. (3/6
+ 1/6 = 4/6, il reste 2/6 = 1/3) donc père 1/6 + 2/6 = 3/6 = ½

b) Changement de qualité
Certains héritiers peuvent changer d’un ordre à un ordre. Un légitimaire peut
devenir aceb (la fille devient aceb quand elle est en présence d’un fils). Un aceb
peut devenir légitimaire, c’est le cas du père lorsqu’il est en concurrence avec un
descendant mal du défunt. Il n’hérite qu’en qualité de légitimaire. Il s’agit de
changement et non de cumul de qualité. Ces changements de qualité assurent
la préservation des intérêts de certains parents proches du défunt qui
risqueraient d’être exclus. Ainsi, en faisant du père un légitimaire, la loi préserve
ses intérêts face aux descendants mâles qui l’auraient exclu en tant qu’aceb car
étant une classe préférable. (Ex : le de cujus laisse son fils et son père. Le fils
est aceb de première classe, le père est aceb de la 2ème classe, pour ne pas être
exclu, il est légitimaire, il prend sa légitime de 1/6 et le fils prend le reliquat de
5/6).

Para 3 : La dévolution de la succession à l’intérieur de chaque ordre


Il est évident que tout le monde ne peut pas hériter, tous les aceb ne vont pas
hériter, tous les légitimaires ne vont pas hériter, à fortiori les parents par les
femmes non légitimaires qui sont de toute façon exclus par les aceb et les
légitimaires. Il existe des phénomènes d’exclusion au sein de chaque ordre.
Cependant, la loi garantit une part dans la succession à certains héritiers. Ils ne
sont jamais exclus par d’autres. Il s’agit, selon l’article 588, du père, de la mère,
du fils, de la fille, du veuf et de la veuve. Mis à part ces personnes, tous les
autres héritiers peuvent être exclus, qu’ils soient aceb ou légitimaires.

A) Dévolution dans l’ordre des aceb


Elles reposent sur quatre (4) règles : la hiérarchie des classes, le degré de
parenté, le lien de parenté, et le privilège de masculinité.
1- Hiérarchie des classes
L’ordre des aceb divisé en cinq (5) classes (art.577), les classes succèdent les
unes à la faute des autres. Les aceb d’une classe déterminée excluent ceux des
classes subséquentes (art.633). Ainsi, le père qui est de la 2ème classe exclue le
frère germain, le frère consanguin et les autres ascendants mâles qui sont dans
le 3ème classe. Il exclue aussi bien évidemment les aceb de la 4ème et de la 5ème
classe.
2- Degré de parenté
Au sein d’une même classe, on applique la règle de la proximité en degré (art.
639). Ainsi dans la classe des descendants, le fils exclue le fils du fils qui est d’
un degré plus proche du de cujus. Il est du premier degré alors que le fils du fils
est du 2ème degré. Cependant, la règle de la proximité en degré ne s’applique pas
toujours ; ainsi l’arrière-grand-père paternel (3ème degré) n’est pas exclu par les
frères germains et consanguins (2ème degré) bien qu’il soit d’un degré plus
éloigné qu’eux.
3- Lien de parenté
Dans chaque classe, à égalité de degré, les aceb unis au défunt par un double
lien de parenté, quel que soit leur sexe, excluent ceux qui se rattachent au
défunt par un seul lien (art.635-2°). Ainsi le frère germain exclut le frère
consanguin car il a un double lien de parenté avec le défunt alors que le frère
consanguin n’a qu’un lien de parenté avec le défunt.
4- Privilège de masculinité
A égalité de degré et de lien de parenté, on tient compte du sexe. Si les aceb en
concours sont de même sexe, le partage a lieu par tête (art.636 al.1er). Si les
aceb en concours ne sont pas du même sexe, les hommes ont le double de la
part de la femme, c’est le privilège de masculinité.

B) Dévolution dans l’ordre des légitimaires


Nous envisagerons d’abord les règles générales puis la part attribuée à certains
légitimaires.
1- Règles générales
a) Un légitimaire peut en exclure un autre
Selon l’article 589, le père exclut le grand-père paternel et la grand-mère
paternelle. La mère exclut toutes les aïeules. La grand-mère maternelle exclut
les aïeules paternelles d’un degré plus éloigné. La fille et la fille du fils excluent
les utérins. Les filles excluent la petite-fille née d’un fils prédécédé à moins que
cette petite-fille née du fils prédécédé ne soit rendue aceb par un autre héritier.
Les sœurs germaines excluent la sœur consanguine qui n’a pas été rendue aceb
par la présence d’un autre héritier.
b) Lorsque les légitimaires sont en concours
Il n y’a pas de rang de préférence, et chacun peut réclamer sa légitime (art.598).
Il faut préciser qu’un problème peut se poser lorsque la somme des légitimes
dépasse l’unité. Autrement dit quand la succession est insuffisante pour que
chaque légitimaire reçoit la part que lui attribue la loi. Dans cette hypothèse,
chacune des parts doit être réduite proportionnellement (art.598 al.2). C’est la
technique de l’Awl qui permet cette réduction proportionnelle.
(Ex 1: le légitimaire A a droit à une légitime de 1/3, le légitimaire B a droit à une
légitime de 2/3, le légitimaire C a droit à une légitime de 1/3 ; le total des
légitimes est de 4/3, il y’a dépassement de l’unité, par application de la
technique de l’Awl, il faut prendre le numérateur total, c’est-à-dire 4, pour en faire
le dénominateur commun. Ainsi A aura 1/4 ; B aura 2/4 et C aura ¼).
(EX 2 : le légitimaire X a droit à 1/8, le légitimaire Y à droit à 2/3 et le légitimaire
Z a droit à ¼ / par réduction au même dénominateur, on aura 3/24+ 16/24 +
6/24 =25/24 / et par application de la technique de l’Awl on aura X= 3/25 Y=
16/25 et Z= 6/25).

c) Lorsque des légitimaires se voient attribués collectivement une même part


de succession, celle-ci doit être répartie entre eux par fraction égale. (Ex :
plusieurs filles ont droit à 2/3, elles vont se le partager, si elles sont deux
chacune aura 2/6).
d) Lorsqu’un légitimaire a doublement la qualité de légitimaire par rapport au
défunt, il ne peut hériter qu’en vertu du lien le plus avantageux (art.600).

2- Quotité des droits de certains légitimaires


a) Le père : sa légitime est de 1/6
b) Le veuf : si sa femme décède sans laisser de descendant successible, le
veuf a droit à la moitié de la succession (1/2) ; si sa femme décède en
laissant un ou plusieurs descendants, le veuf a droit à ¼ de la succession.
c) La ou les filles : lorsque le de cujus laisse une fille sa légitime est de la
moitié ; et lorsque le de cujus laisse plusieurs files, elles ont droit
collectivement à une légitime de 2/3.
d) La mère : elle a droit à une légitime de 1/3 lorsque le de cujus n’a laissé ni
descendant successible, ni deux ou plusieurs frères ou sœurs germains,
consanguins ou utérins. Et elle a droit à une légitime de 1/6 lorsque le de
cujus a laissé un ou plusieurs descendants successibles ou bien deux ou
plusieurs frères ou sœurs germains, consanguins ou utérins.
e) La veuve : sa légitime est de ¼ si son défunt mari ne laisse pas de
descendant successible ; si elles sont plusieurs, donc en cas de
polygamie, ce ¼ se divise entre elles par tête. La légitime de la veuve est
de 1/8 si son défunt mari laisse un ou plusieurs descendants successibles.
Si elles sont plusieurs veuves, ce 1/8 se divise entre elles par tête.

Vous aimerez peut-être aussi