Vous êtes sur la page 1sur 4

Section III : La justice commerciale

Le législateur a procédé à deux réformes importantes dont les conséquences sur la justice
commerciale ne tarderont pas à se manifester. D’une part il a réformé l’article 40 C.P.C.C.
prévoyant la possibilité de création de chambres commerciales au sein des tribunaux de
première instance (a). D’autre part, et sans que cela soit exclusif aux relations commerciales,
il a réformé le droit de l’arbitrage en promulguant le code de l’arbitrage (b).

a) Les chambres commerciales

Par une importante loi du 2 mai 1995, le législateur a modifié l’article 40 du C.P.C.C.
régissant la compétence d’attribution du tribunal de première instance. Désormais, le
paragraphe 4 dudit article prévoit la possibilité de créer par décret, au tribunal de première
instance, des chambres commerciales compétentes pour connaître des affaires
commerciales. En application de ce texte, un décret du 11 mars 1996 a créé des chambres
commerciales au sein des tribunaux de première instance du siège des différentes cours
d’appel de la
République (Tunis, le Kef, Sousse, Monastir, Sfax, Gabès, Gafsa et Médenine).

Les chambres commerciales ne connaissent pas de toutes les affaires commerciales, celle-ci
sont définies par le paragraphe 5 de l’article 40 comme étant celles qui opposent les
commerçants en raison de leurs activités commerciales. En sont donc exclues les affaires
opposant des commerçants à des non-commerçants ou encore celles opposant des
commerçants pour des affaires non-commerciales. Il ne s’agit donc de chambres spéciales
aux commerçants : « Est considérée commerciale en vertu du présent article, toute action
relative à un litige entre commerçants en ce qui concerne leur activité commerciale »$=)On
doit signaler que le contentieux de la lettre de change (acte de commerce par la forme) ne
relève de compétence la chambre commerciale que lorsque les litigants sont des
commerçants.Autrement, ce sont des actes civils relevant la compétence de tribunal de
première instance et du tribunal cantonal dans les limites de leurs ressorts respectifs.

Composition et compétence de la chambre commerciale :


La chambre commerciale contient deux compositions soit :

Un président, deux assesseurs (3 juges) et deux membres commerçants : Dans le premier


cas, c’est-à-dire, lorsque la chambre commerciale est composée d’un président de deux
assesseurs et de deux membres commerçants, elle est appelée à statuer sur trois
catégories de litiges :

1°- les litiges relatifs à la constitution, la direction, la dissolution ou la liquidation des


sociétés,

2°- les litige se rapportant au redressement ou à la faillite des entreprises en difficulté


économique,

3°- enfin, lorsque la chambre commerciale est saisie sur appel des décisions rendues en
matière commerciale par les tribunaux cantonaux de son ressort.

La chambre commerciale se caractérise dans sa composition par l’adjonction à cette


structure de deux membres commerçants désignés pour trois ans par arrêté du ministre de
la justice.

La technique juridique à une connaissance adéquate du monde des affaires. La méthode


adoptée par la réforme de 1995 a consisté dans l’injection au sein du tribunal de première
instance de membres de la profession sans faire de la chambre commerciale une juridiction
exclusivement composée de commerçants comme c’est le cas en droit français. C’est le
système de l’échevinage. Le pragmatisme de la solution n’est pas mis en doute. Les
assesseurs commerçants éclairement les juges par leur expérience 1.

Cependant les assesseurs n’ont qu’un avis consultatif. Leur absence ne justifie pas le sursis à
statuer (art. 40 al. 8) ce qui n’est pas sans influence sur la garantie des droits des justiciables
notamment lorsque cette absence donne lieu à une décision rendue par un juge unique (ce
qui est le cas des affaires qui doivent normalement être examinées par un président
magistrat professionnel et deux assesseurs commerçants.
1

Dans le second cas, c’est-à-dire lorsque les membres commerçants se substituent aux
assesseurs magistrats professionnels, la chambre commerciale connaît de tous les
litiges commerciaux qui ne rentrent pas dans la liste prévue au paragraphe 6 de l’article
40 C.P.C.C. à savoir, le contentieux des effets de commerce lorsqu’il oppose des
commerçants ou celui des contrats commerciaux.

Les règles régissant la chambre commerciale (art. 40) ne sont pas des règles de procédure
mais des règles de compétence. C’est une compétence spéciale exclusive : seule la
chambre commerciale peut connaître des affaires spécialement désignées par le texte qui
l’organise. Ce texte l’investit d’un pouvoir propre qui se manifeste dans le fait qu’elle rend
ses décisions en son propre nom. (La chambre commerciale, composée…). Il résulte de ce
qui précède que la chambre commerciale doit se déclarer incompétente pour connaître des
affaires qui ne relèvent pas normalement de sa compétence telle que définie par l’article
40 al 5 du C.P.C.C.

REMARQUE : lorsque le litige est un litige mixte qui oppose un commerçant et un non
commerçant (civil ) , la compétence n’appartient pas à la chambre commerciale .

b) La justice arbitrale : une justice privée

La justice arbitrale est une justice privée. Les arbitres sont des personnes privées investies du
pouvoir de juger par ceux qui les ont désignés. C’est une justice parallèle. C’est une
procédure coûteuse.

Les types de convention d’arbitrage : Les parties peuvent prévoir dès la formation du
contrat, avant donc même la naissance de tout litige, qu’elles soumettent leur conflit à
l’arbitrage. On parle alors de clause compromissoire. C’est un accord en vue de porter
devant l’arbitre les litiges qui vont naître.

Elles peuvent, une fois le litige né, s’entendre pour soumettre cette contestation à un
tribunal arbitral. C’est le compromis d’arbitrage : c’est une convention d’arbitrage par
laquelle deux parties conviennent de porter devant l’arbitre leur litige déjà né.
L’arbitre : L’arbitre ne peut être qu’une personne physique. (art. 10 du code de l’arbitrage.),
si la convention d’arbitrage désigne une personne morale le rôle de celle-ci se réduit à
désigner le tribunal arbitral (art. 10 al. 2). La saisine du tribunal arbitral, ainsi que l’existence
d’un compromis ou d’une clause compromissoire rendent la justice étatique incompétente
pour connaître de litige (art. 19 C.A).

La procédure est caractérisée par sa souplesse (exemple : la procédure débute dès la


réception par le défendeur de la demande de soumission de différend à l’arbitrage)

Comment l’arbitre va juger? Les arbitres appliquent le droit (une loi nationale, la loi
d’autonomie ou la loi désignée par la règle de conflit) à moins que les parties ne leur
confèrent dans la convention d’arbitrage la qualité d’amiables compositeurs. Il en résulte
qu’ils ne sont pas tenus d’appliquer les règles de droit et statuent en équité. C’est à dire on
va pas appliqué la règle de droitmais les règles d’équité.

Quand l’arbitre doit juger?

L’arbitre doit juger au maximum dans un délai ne dépasse pas 6 mois. lorsque les arbitres
ont jugé, leurs jugement doit être exécuté pour cela le jugement d’arbitre est présenté au
président du tribunal de première instance pour qu’il donne exequatur.

Le tribunal arbitral rend une sentence qui peut faire l’objet soit d’une exécution spontanée
soit d’une exécution forcée par ordonnance du juge.

Est ce que la décision d’arbitrage peut être attaquée par voie d’appel?

Les recours contre la sentence sont limités. L’appel voie de recours ordinaire en droit
commun est, en matière d’arbitrage interne, exceptionnel (art. 39 C.D). Les sentences ayant
fait l’objet d’un appel ne peuvent faire l’objet d’un recours en annulation. En matière
d’arbitrage international les sentences arbitrales ne sont susceptibles que d’annulation (art.
78 C.D).

Vous aimerez peut-être aussi