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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

PAIX-TRAVAIL-PATRIE PEACE - WORK – FATHERLAND


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UNIVERSITE DE YAOUNDE II THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

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Faculté des Sciences Juridiques et Politiques Faculty of Law and Political Science
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Département de Droit des Affaires

Matière : INTRODUCTION GENERALE AU DROIT


Licence & / Semestre 1
Responsable de l’enseignement : Prs TCHAKOUA (J.-M.) ET KENFACK (P.-E.)

Fiche de TD n° 8 : La preuve
Année académique : 2023-2024
Campus : Soa
Enseignant : Dr MEKOUL Israël J B
Statut de l’Enseignant : Chargé de Cours

Méthodologie du cas pratique ou de la consultation juridique

C’est l’exercice qui vise à apprécier le raisonnement juridique de l’étudiant.

1. Il faut lire plusieurs fois le texte

Après avoir bien lu le sujet, il faut comprendre la situation de fait. Dans le


déroulé des faits qui me sont présentés, je dois être capable d’avoir une idée
d’ensemble. Pour le faire, je peux établir un tableau chronologique des
évènements.

Au cas où on me propose non pas un récit exposant la situation, mais les pièces
d’un dossier (copies de lettres, extraits d’actes civils…) il faut analyser
soigneusement chaque document et en extraire les renseignements qui y sont
contenus.

2. Qualifier les faits : Après avoir fourni des indications sur la situation de fait,
l’énoncé du sujet pose une ou plusieurs questions, on repère les éléments
essentiels et on les qualifie : on leur donne des étiquettes juridiques. C’est à ce
niveau qu’on résume les faits traduisant notre propre compréhension du sujet.

3. On détermine les problèmes de droit

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La chose essentielle est la formulation de la question ou des questions :

En cas de question indéterminée ou alors aucune orientation n’est donnée, « X


vous demande de l’éclairer sur sa situation juridique », il vous revient
d’envisager tous les aspects juridiques de la situation de fait exposés. La
formulation des questions ne peut se faire qu’en identifiant les règles de droit
éventuellement applicables. Vous devez vous-même identifier le problème ou
les problèmes.

Si par contre vous faites face à une série de question, s’ils sont déjà formulés en
langage juridique, il faut les reproduire : « X peut-il prouver sans écrit qu’il a
fait un prêt de 800 000 FCFA ? »

Si la question n’est pas en langage juridique, il faut les reformuler : « X a prêté


de l’argent à sa copine sans laisser une trace et il veut savoir s’il peut obtenir sa
condamnation au paiement ? »

Généralement on vous donne une série de questions.

4. Identification des règles de droit correspondant aux problèmes posés : la


règle de droit provient de la doctrine, jurisprudence, coutume…

5. Application aux faits : il s’agit de confronter la règle au cas d’espèce. Cette


confrontation permet de présenter la correspondance de la règle au fait et de tirer
la conséquence logique qui est la conclusion.

Rédaction du cas pratique ou construction de la consultation juridique

1. En cas de question indéterminée, on est en face d’une véritable consultation


juridique : il faut soi-même problématiser le sujet. On élabore une introduction
qui comportera le cadre général ou situation du sujet, le rappel des faits, les
problèmes posés ou le problème posé et l’annonce du plan. Le plan sera fonction
des problèmes identifiés. S’il y a un seul problème, le plan pourra être divisé en
deux parties.

 S’il y a plusieurs problèmes, il y aura autant de parties que de problèmes.

Situation du sujet : indiquer en une phrase le ou les secteurs du droit que


concerne l’affaire.

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Par exemple : La situation de Monsieur Goudjou met en cause les règles de
preuve des droits subjectifs.

Ou encore : Le différend qui oppose Monsieur Goudjou et son ex fiancée


intéresse les règles de preuve des droits subjectifs.

 En cas de plusieurs problèmes juridiques :

Par exemple : Cette affaire concerne divers aspects des procédés de preuve…

ou encore : La situation de Monsieur Goudjou conduit à envisager plusieurs


aspects des procédés de preuve.

Attention, ce n’est pas la dissertation juridique mais le cas pratique avec son
syllogisme : Majeure : norme juridique dont l’application est envisagée ;
Mineure : le cas d’espèce ; Conclusion : conséquence qui s’y attache.

2. Lorsque une série de questions ont été préalablement posées, le candidat se


contente de respecter l’ordre des questions. Il fait un rappel global des faits en
rappelant les problèmes pertinents. Il énoncera les problèmes dans l’ordre des
questions et y répondra au fur et à mesure. Cela ressemblera à peu près à ceci :

ON PEUT FAIRE UNE petite introduction (voir ci-dessous)

Ou alors sans faire une petite introduction :

Rappel des faits…Etant donné cet état de fait, nous examinerons successivement
les différents points sur lesquels Monsieur Goudjou demande un avis.

Ou alors sans faire une petite introduction :

Ou encore : « Rappel des faits…Nous envisagerons successivement les


différentes questions soulevées par cette affaire ».

Après, on met le numéro de la question et on procède ainsi :

Question posée/Problème juridique

Règle de droit

Application au cas d’espèce

Conclusion

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Application

Cas pratique de la page 16

Les faits : Monsieur Goudjou a prêté à sa fiancée par devant témoin mais sans
reçu établi une somme de 800 000 FCFA. Le délai de remboursement a expiré
sans qu’il ne reçoive son argent. Les fiançailles rompues, l’ami de Monsieur
Goudjou le déconseille de poursuivre la vie avec sa fiancée sous le prétexte qu’il
a surpris sa fiancée avec son voisin et de ce fait leur supposé enfant ressemble
étrangement à ce voisin. Sommée à s’expliquer, l’ex fiancée refuse de le faire
excipant qu’elle ne se plaint de rien.

Questions :

a) Si Monsieur Goudjou peut obtenir une condamnation de son ex fiancée au


paiement de la somme due ;
b) Si Monsieur Goudjou peut désormais considérer son prétendu fils comme
n’étant plus le sien ;
c) Si les faits juridiques se prouvent de la même manière que les actes
juridiques ;
d) A qui incombe-t-il la charge de la preuve ?

Réponses aux questions :

Sorte de petite introduction : « La situation de Monsieur Goudjou met en


cause diverses règles des preuves des droits subjectifs. Monsieur Goudjou a
prêté à sa fiancée par devant témoin mais sans reçu établi une somme de
800 000 FCFA. Le délai de remboursement a expiré sans qu’il ne reçoive son
argent. Les fiançailles rompues, l’ami de Monsieur Goudjou le déconseille de
poursuivre la vie avec sa fiancée sous le prétexte qu’il a surpris sa fiancée avec
son voisin et de ce fait leur supposé enfant ressemble étrangement à ce voisin.
Sommée à s’expliquer, l’ex fiancée refuse de le faire excipant qu’elle ne se
plaint de rien. Au vu des éléments de fait qui nous ont été exposés, il convient
d’envisager successivement les différents points sur lesquels un avis nous est
demandé ».

a) La condamnation forcée d’une ex fiancée à rembourser l’argent emprunté


chez son ex fiancé en l’absence de preuve écrite ou matérielle.

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L’obtention de la condamnation d’une ex fiancée au paiement de la somme
due à son ex fiancé sans preuve de versement d’argent.

Problème juridique : un prêteur ou créancier peut-il forcer son emprunteur ou


débiteur au paiement d’une somme d’argent (si forte) sans moyens de preuve
parfaite (ou écrit par exemple ?) Peut-on obtenir une condamnation au paiement
forcé d’une forte somme d’argent prêtée à une personne avec laquelle vous
entretenez des rapports affectifs poussés sans preuve ou trace du prêt ? Un
fiancé, créancier, prêteur peut-il obtenir une condamnation au paiement de la
somme due (paiement forcé) de sa fiancée, débitrice empruntrice lorsque ladite
ex fiancée excipe l’absence de preuves lors du versement d’argent ?

Règle de droit : En principe, lorsqu’une somme d’argent est supérieure à 5000,


la preuve d’un acte juridique se fait par écrit ou acte sous seing privé/acte
authentique ou tout autre moyen de preuve parfaite (article 1341 du code civil).

Exceptionnellement, la loi tempère ce principe en soulignant que l’on peut


toujours prouver un acte juridique sans recourir à un procédé de preuve parfait :
c’est le cas dans notre espèce de l’impossibilité de se préconstituer un écrit du
fait des relations affectives entre le créancier et la débitrice et avec un témoin.

Application au cas d’espèce : fort des relations qui lient les parties, Monsieur
Goudjou ne pouvait pas se préconstituer un écrit.

En conclusion, il peut obtenir une condamnation de son ex fiancée au paiement


de la somme due.

b) Le renoncement à la filiation d’un père avec son fils soutenu par des
témoignages et des indices de ressemblance du prétendu fils avec un autre
homme.

Problème juridique : Un père peu-il renier son fils aux moyens des
témoignages d’un ami et des traits de ressemblance de ce fils avec un autre
homme ?

Règle de droit : Les procédés de preuve imparfaite parmi lesquels nous pouvons
citer les témoignages, les présomptions de fait et les indices peuvent être
mobilisés pour soutenir sa défense ou apporter des éléments de preuve face à
une situation donnée

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Au cas d’espèces : Monsieur Goudjou s’est appuyé sur les témoignages de son
ami et les indices de ressemblance à son voisin pour déclarer cet enfant n’est
pas le sien.

NB : contrairement aux moyens de preuve parfaite qui lient le juge, les moyens
de preuve imparfaite (témoignages, présomptions de fait, indices) laissent au
juge l’appréciation.

En conclusion, Monsieur Goudjou peut considérer son prétendu fils désormais


comme n’étant plus le sien.

3. Question de cours : La preuve des faits juridiques et des actes juridiques

Règle de droit : les faits juridiques, évènements volontaires ou non, mais


produisant des effets juridiques se prouvent par tous moyens (preuve libre). Le
témoignage constitue le mode de preuve par prédilection des faits juridiques (vu
et entendu…). A contrario, les actes juridiques se prouvent par écrit ou tout
autre procédé de preuve parfaite. Exceptionnellement, en matière commerciale,
sociale, la preuve se fait par tout moyen ; un montant de 5 000 par tout moyen
de preuve ; dans une relation amicale, affective ou fraternelle, pas besoin d’un
écrit.

En conclusion, les faits juridiques ne se prouvent pas de la même manière que


les actes juridiques.

d) La charge de la preuve

Problème juridique : A qui incombe la charge de la preuve

Règle de droit : A. Le principe est celui-ci : la charge de la preuve incombe à


celui qui l’évoque : « actori incumbit probatio » (article 1315 du Code civil). Le
défendeur peut se contenter de nier sans apporter de preuve. Mais si ce dernier
invoque un autre fait, il doit, à son tour, le prouver.

Au cas d’espèce, Monsieur Goudjou étant le demandeur doit apporter des


éléments de preuve pour soutenir ses arguments.

Sauf à se taire et à donner raison à Monsieur Goudjou, son ex fiancée serait


obligée de montrer que son ex fiancé a tort : dès lors, elle doit renverser la
charge de la preuve. Dès lors le défendeur (l’ex fiancée devra prouver que les
arguments de son ex fiancé ne sont pas fondés : ce sont les présomptions
simples.

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En conclusion, c’est Monsieur Goudjou qui devra prouver qu’il a raison de
renier son prétendu fils ; mais sur la base des témoignages et des indices, son ex
fiancée peut également chercher à démontrer que son ex fiancé n’a pas raison.

Là-dessus, le juge aura certainement un rôle à jouer dans l’interprétation


(présomptions de fait).

C’est dire que les procédés de preuve imparfaite n’emportent pas toujours la
conviction du juge. Dans une société où les rapports humains sont parfois sous-
tendus par de nombreux intérêts, il peut arriver que les témoignages et les
indices ne suffisent pas à inculper ou disculper un justiciable.

L’office juge et sa libre conscience sont requis.

Dr MEKOUL Israël J B

Enseignant UYII-Privatiste-Affairiste

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