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UNIVERSITE IBN TOFAÏL

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

TRAVAUX DIRIGÉS DE DROIT DE LA RESPONSABILITE CIVILE


LICENCE 2EME ANNEE – SEMESTRE 3
ANNEE 2021/2022

Enseignant responsable : D. SFENDLA

SEANCE 1 : METHODOLOGIE DE TRAVAIL

Documents :

I. La fiche d’arrêt
II. Le cas pratique

I. La fiche d’arrêt

La fiche d’arrêt est un exercice important lors des études de droit. Elle permet de retracer
le fil conducteur qui a permis à la juridiction de prendre telle décision plutôt qu’une autre.
D’abord usée comme exercice juridique pour acquérir une certaine rigueur, elle est surtout
employée en guise d’introduction dans un commentaire d’arrêt (A). Il est toutefois
nécessaire de disposer de connaissances précises sur l’organisation judiciaire et maîtriser le
vocabulaire juridique (B) pour mener à bien la démarche d’analyse que suppose cet exercice
(C).

A) Les phases de la fiche d’arrêt

La rédaction de la fiche d’arrêt obéit à plusieurs phases qu’il convient de scrupuleusement


respecter :

 La phrase d’accroche

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 Les faits
 La procédure
 Les prétentions des parties (qui dit quoi ?) et leurs arguments (qui demande quoi ?)
 Le problème de droit
 La solution de la juridiction

1) L’accroche

D’abord, il conviendra de présenter l’arrêt rapidement par une accroche : simplement en


mentionnant la juridiction dont il est question, la chambre éventuellement, la date et le
thème de l’arrêt (ou du jugement).

Voici un court exemple d’accroche : « La première chambre civile de la Cour de cassation a rendu
un arrêt le 8 décembre 1987 eu égard à la stipulation pour autrui et plus précisément sa validité ». Ne
vous perdez pas dans davantage de détails.

2) Les faits

Ensuite, il conviendra de présenter les faits. Relatez-les, ne les recopiez pas bêtement et
surtout qualifiez juridiquement et distinguez qui est demandeur et qui est défendeur.

Madame L. achète une parcelle à la SAFER de lorraine par un acte du 5 octobre 1973 dans
lequel elle s’engage à faire donation de cette parcelle à son fils Jacques L. dans les 5 ans. Cet
acte de donation se doit d’inclure une clause interdisant au donataire ou à ses ayants droit,
pour une durée de 15 ans, d’aliéner, de morceler ou de lotir l’immeuble. La clause les oblige
également à l’exploiter eux-mêmes. Ce même jour, Madame L. donne cette parcelle en bail
à Jacques par acte. En 1976, leurs relations sont rompues et Madame L. décide de revendre
l’immeuble à la SAFER le 1er décembre 1978. Jacques L. assigne alors sa mère en
indemnisation de la valeur de l’immeuble qu’il aurait dû recevoir en donation. La cour
d’appel de Nancy fait droit à sa demande dans un arrêt du 15 novembre 1984. Madame L.
forme alors un pourvoi en cassation. La cour de cassation en sa première chambre civile
rejette le pourvoi dans un arrêt du 8 décembre 1987. Mais une stipulation pour autrui peut-
elle créer des obligations pour le tiers ?

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Voici donc un exemple par rapport à notre arrêt d’espèce : « Par acte en date du 5 octobre
1972, une acheteuse acquiert une parcelle auprès de la Safer en tant que vendeur de celle-
ci. Dans cet acte, l’acheteuse mentionne expressément qu’elle s’engage à faire dans les cinq
années qui suivent une donation de cette acquisition à son fils. Il est mentionné que l’acte
de donation comportera obligatoirement une clause qui interdira au donataire ou encore à
ses ayants droit d’aliéner, morceler ou lotir l’immeuble ce qui emporte pour conséquence
qu’ils devront exploiter la parcelle eux-mêmes pendant ce laps de temps d’une durée de
quinze ans. Le même jour, l’acheteuse a donné à bail la parcelle à son fils ; toutefois,
quelques années plus tard, mère et fils ne sont plus en contact, celui-ci quitte l’exploitation
et cette dernière décidera finalement de vendre son immeuble le 1er décembre 1978 à la
société qui lui avait vendu la parcelle ».

3) La procédure

Par ailleurs, il vous faudra mentionner la procédure. Concrètement, ici, vous retracez la
procédure qui a mené à l’arrêt dont vous avez à connaître en donnant autant de détails que
possible, mais sachez que tous les arrêts ne sont pas aussi bien fournis que certains. Ce n’est
pas grave : retracez donc la procédure avec les éléments qui vous sont donnés, mais surtout
n’en omettez pas. Qui est demandeur ? Quelles sont les juridictions du fond qui ont eu à
connaître de l’affaire ? Quelle chambre finalement se charge de connaître de l’affaire au
niveau de la Cour de cassation (ou d’une autre haute juridiction type Conseil d’Etat ou
encore Cour de justice de l’Union européenne) ?

Ainsi, en l’espèce, « Le fils de la venderesse, ayant quitté l’exploitation, assigne sa mère en paiement
dans le courant de l’année 1979. Il demande à titre d’indemnité que lui soit versée la valeur de l’immeuble
qu’il aurait dû recevoir en donation. Les juges du premier degré ont d’abord refusé la demande. Cependant,
par un arrêt du 15 novembre 1984, la Cour d’appel de Nancy fait droit à cette demande et admet donc
que le demandeur était bénéficiaire d’une stipulation pour autrui. ». [A la lecture de l’arrêt, on voit
que l’arrêt de la cour d’appel est « infirmatif », et donc, l’on sait automatiquement ce qui fut
jugé en premier ressort. Portez bien votre attention sur ces mots-clés !]

4) Les prétentions et les moyens des parties

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Doivent après apparaître les moyens des parties. En gros, il faut retenir que vous devez
expliciter les arguments avancés par les parties - demandeur(s) et défendeur(s), et donc vous
explicitez les moyens. Notez toutefois la différenciation entre un moyen et un motif. L’un
est un argument émanant d’une partie, l’autre un argument émanant de la juridiction. Faites
donc attention !

Nous pourrions noter dans notre cas que « La venderesse forme donc un pourvoi en cassation. Celle-
ci considère d’une part, que la stipulation pour autrui ne peut avoir pour objet une promesse de donation
au profit d’un tiers, incluant comme il est mentionné dans l’arrêt « une charge et une clause d’inaliénabilité
stipulées en dehors de lui. D’autre part, elle considère qu’il est impossible pour un tiers de devenir débiteur
sans encourir la nullité et enfin, l’inexécution d’une promesse (de donation) d’obligation sans cause n’est pas
fautive ».

5) Le problème de droit

Le problème de droit est sûrement l’une des parties les plus importantes de la fiche d’arrêt.
Passez-y du temps, triturez-vous l’esprit : bref, portez-y une attention toute particulière tant
il est primordial de savoir poser la bonne problématique. En tous les cas, un « bon » mais
peut-être pas « le » problème de droit vous permettra de développer davantage dans vos
sous-parties lorsque la fiche vous servira d’introduction pour un commentaire... En fait, ce
problème de droit c’est la question qui fut posée à la juridiction qui rend l’arrêt ou le
jugement, ni plus ni moins. Allez droit au but !

Sous forme de question, votre problématique se doit d’être ni trop générale ni trop
spécifique.

Retenez que lorsque vous lisez votre problème de droit, celui-ci doit en fait répondre à la
solution apportée par la juridiction. Il doit donc répondre au cas d’espèce.

Nous pourrions tout à fait poser le problème suivant concernant notre arrêt : « une
stipulation pour autrui pourrait-elle créer des obligations pour les tiers ? ».

6) La solution de la juridiction

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Apparaît ensuite la solution de la juridiction. Il suffit « simplement » d’indiquer quelle fut la
solution retenue par les juges suprêmes ou par les juges qui ont rendu la décision (sens de
la décision). La juridiction infirme-t-elle ou confirme-t-elle ce qui fut précédemment jugé ?
Notez bien si elle est « d’accord » ou pas et pourquoi ! D’apparence simple, cette partie ne
doit pas être négligée et bâtie avec soin sans paraphraser, mais surtout sans s’écarter non
plus de l’essence de l’arrêt...

Notons que dans notre exemple, « La Cour de cassation considère que la stipulation pour
autrui, en cas d’acceptation de celle-ci, n’exclut pas que celui-ci soit tenu de certaines
obligations. Son fils ayant manifesté l’intention de prendre possession de ladite parcelle et
ayant refusé de la lui donner comme elle s’y était pourtant engagée, et ayant procédé à sa
vente, la venderesse et demanderesse au pourvoi a causé à son fils, bénéficiaire, un préjudice
dont elle doit réparation. La stipulation pour autrui est valable ».

Finalement, rien ne vous empêcherait de replacer votre arrêt ou jugement dans un contexte
jurisprudentiel (la portée). Suit-il la mouvance de la jurisprudence ? Au contraire, s’oppose-
t-il à ce qui était précédemment décidé et donc constitue-t-il un revirement ? Notez
toutefois que point trop ne s’en faut et que cette étape n’est pas forcément la plus
importante dans la mesure où, la plupart du temps, vous expliciterez cette portée dans le
plan de votre commentaire d’arrêt qui suivra cette fiche.

B) La maîtrise de la terminologie juridique

- Les décisions rendues par les juridictions du premier degré sont des jugements, celles
rendues par une cour (d’assises, d’appel) et par la Cour de Cassation sont des arrêts.

- Lorsque la Cour d’appel rend un arrêt qui confirme la décision prise par les juges du
premier degré, il s’agit d’un arrêt confirmatif ; sinon, il s’agit d’un arrêt infirmatif.

- Compétence d’attribution : à quelle juridiction attribue-t-on l’affaire du point de vue de


la nature du litige ? (ex : juridiction de droit commun (TPI) ou juridictions spécialisées
(tribunal de commerce ou tribunal administratif)).

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- Compétence géographique : à quelle juridiction attribue-t-on l’affaire du point
de vue géographique ? (principe : domicile du défendeur…sauf exceptions).

- Partie : Personne physique (majeure ou mineure) ou morale (société, association…),


privée ou publique, engagée ou impliquée dans une procédure judiciaire ou un procès.

- Demandeur : personne qui présente une demande en justice et prend l’initiative d’un
procès civil.

- Défendeur : personne contre laquelle la demande en justice est dirigée.

- Ester en justice : agir en justice, en tant que demandeur ou défendeur.

- Appelant / intimé : celui qui interjette appel est l’appelant ; celui contre lequel l’appel
est formé est l’intimé.

- Assignation : acte de procédure qui permet à une personne (le demandeur) d’informer
son

adversaire (le défendeur) qu’elle engage un procès contre lui et l’appelle à comparaître
devant
une juridiction. L’assignation est établie et délivrée par un huissier de justice.
- Débouter : c’est le fait, pour une juridiction, de rejeter une demande en justice portée
devant
elle.
- Former un pourvoi : engager un recours devant la Cour de cassation.

- Jurisprudence / faire jurisprudence : c’est l’ensemble des décisions de justice. Elles


appliquent, interprètent, précisent le sens des textes de droit. Désigne également la
solution faisant autorité, donnée par un juge ou une juridiction à un problème de droit.

- Renvoi : c’est la décision par laquelle un tribunal transfère une affaire à une autre
juridiction ou reporte l’examen d’une affaire à une date ultérieure.

- Moyens (des parties) : arguments juridiques des parties.

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- Prétention(s) (des parties) : objet de leur demande.

- Motifs (de la juridiction) : arguments juridiques sur lesquels la juridiction appuie sa


décision.

- Dispositif : solution de la juridiction, énoncé de la décision prise.

- Arrêt de rejet (de la Cour de cassation) : la Cour de cassation rejette le pourvoi formé
car elle estime que le droit a correctement été appliqué.

- Arrêt de renvoi (de la Cour de cassation) : La Cour de cassation casse et annule le


jugement précédent et renvoie l’affaire devant une juridiction de même degré que celle
dont le jugement a été cassé afin que l’affaire soit rejugée.

C) La démarche d’analyse d’une décision de justice

L’analyse de l’arrêt consiste à en rechercher la structure pour constituer la « fiche de l’arrêt »


ou « fiche de jurisprudence ». Un travail préalable au brouillon est nécessaire avant de passer
au travail de rédaction au propre. Le travail d’analyse de l’arrêt suppose trois importantes
phases :

Identification Analyse de Appréciation de


de l’arrêt l’arrêt l’arrêt

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1) Identification de l’arrêt

Un arrêt est identifié par sa date et par la juridiction qui l’a rendu. Lorsque l’arrêt à analyser
émane de la Cour de cassation, vous pouvez d’ores et déjà déduire de cet élément que l’arrêt
comporte une solution de droit (contrairement aux juges du fond, la Cour de cassation
n’apprécie pas les faits mais seulement le droit).

2) Analyse de l’arrêt

L’analyse de l’arrêt suppose de noter sur son brouillon les « rubriques de l’analyse » à
renseigner (voir supra A) et de les compléter. Pour cela, il convient de lire et relire par phrase
et « partie de phrase » la décision de justice jusqu’à compléter son brouillon au fur et à
mesure de cette lecture. Remarque : un schéma peut être utile pour la partie « procédure
antérieure ».

3) Appréciation de l’arrêt

Une fois l’arrêt analysé et sa structure maîtrisée, il convient d’apprécier celui-ci, c’est-à-dire
en dégager le SENS, la VALEUR et la PORTEE.

Apprécier le sens de l’arrêt revient à s’interroger sur la réponse que les juges ont apportée
au problème de droit. Qu’ont-ils décidé ? Qu’ont-ils répondu aux parties ? Ont-ils approuvé
la décision de la Cour d’appel ou du tribunal ?

Apprécier la valeur de l’arrêt revient à s’interroger sur les raisons qui ont poussé les juges à
prendre cette décision ? S’ils pouvaient juger autrement ? Quelles règles ont-ils appliquées ?
Etait-ce prévisible ? L’arrêt est-il un revirement de jurisprudence, une décision isolée ?

Apprécier la portée de l’arrêt revient à s’intéresser aux conséquences de l’arrêt. Que va-t-il
se passer pour les prochaines affaires similaires ? Les parties seront-elles mieux protégées,
plus libres ? Sera-t-il opportun de se prévaloir d’autres règles de droit ? Quelle va être la
réaction du législateur ? La jurisprudence risque-t-elle de changer ?

Une fois ce travail effectué et à partir du brouillon, vous pouvez mettre le travail d’analyse
au propre en suivant les rubriques propres à la fiche d’arrêt énoncées en A.

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II. Le cas pratique

A) Qu’est-ce que c’est ?

Le cas pratique (ou consultation juridique) est un exercice qui est la base de l’activité des
juristes : tous les praticiens, quels qu’ils soient, sont confrontés à diverses situations de
résolution de « cas pratiques ». Les deux termes sont importants. Un « cas » est une situation
particulière, isolée, le problème qui se présente à telle personne ou groupe de personnes et
qui se distingue de celui que pourrait rencontrer une autre personne. Un cas « pratique » est
en outre une situation concrète, et non un ensemble d’abstractions ou de propositions
générales, qui appelle une résolution, c’est à dire, une opinion, un avis ou un conseil, qui
par hypothèse, engage celui qui le propose. Par conséquent, le cas pratique est une
excellente méthode d’apprentissage du « métier » de juriste à la faculté en ce sens
qu’il permet à l’étudiant de mobiliser des connaissances juridiques, non comme un
ensemble de recettes qui lui apparaitraient comme toutes faites, mais au service de
la résolution d’une situation particulière, par un ensemble de raisonnements
concrets.

 Prérequis

Le cas pratique requiert une parfaite connaissance des règles de droit applicables à la matière
(à savoir : dispositions légales et jurisprudence).

 Forme

L’énoncé du cas pratique se présente sous la forme d’une succession de faits, de dates, de
personnages et d’événements plus ou moins fantaisistes suivant l’inspiration du rédacteur
du sujet, se trouvant généralement dans une situation de conflit ou de questionnement. Le
(ou les) protagoniste(s) demande(nt) conseil.

 Objectif

L’objectif du cas pratique est d’évaluer l’aptitude au raisonnement juridique. De ce fait,


la solution revêt moins d’importance que sa justification. Il convient d’apporter la
solution juridiquement rigoureuse et factuellement la plus vraisemblable aux différentes

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problématiques par une démonstration logique et argumentée de type déductif, nommé
syllogisme1.

L’un des intérêts de ce type d’exercice consiste à démontrer à l’étudiant qu’il ne suffit pas
d’invoquer un article de loi ou une décision de jurisprudence, comme un talisman
ou une baguette magique, pour résoudre un cas pratique : tout au contraire, le
candidat doit pouvoir observer que les règles de droit, combinées, permettent de dessiner
un cadre, dresser un certain nombre d’obstacles, par des interdits, des impasses ou des
incertitudes juridiques, qui ne permet en rien d’établir un avis ou une opinion efficaces.
Tout au contraire, ces règles de droit, doivent être interprétées, en sorte qu’elles
puissent être appliquées, de la manière la plus efficace, à défaut d’être la plus sûre,
au cas concret.

B) Comment le résoudre ?

 Le travail préparatoire au brouillon

La méthodologie du cas pratique comporte deux phases : la première consiste à préparer


la solution, la seconde à la rédiger. La démarche de préparation du cas pratique consiste à :

- Lire l’énoncé de manière attentive. Cette lecture doit être si possible « neutre »,
c’est-à-dire sans a priori en termes de solutions ou de qualifications, tendance propre
à tout juriste et qu’il doit tenter de réfréner à ce stade.

- Sélectionner les faits pertinents, repérer les éléments importants et évincer les
éléments superfétatoires (notamment ceux qui n’auraient pas de rapport avec le
cours dans lequel le cas pratique est proposé). Généralement, la plupart des données
présentent une certaine importance. En ce cas, il convient de hiérarchiser les faits,
ce qui n’est pas toujours aisé.

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Il s’agit du raisonnement classique du juriste, lequel consiste à appliquer à une situation de fait la règle de droit
adéquate. L’opération est menée en trois étapes. Ex. du syllogisme d’Aristote : 1. Tous les homes sont mortels. 2. Or
Socrate est un homme. 3. Donc Socrate est mortel.

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L’objectif de cette étape est de permettre ensuite de procéder à des qualifications,
permettant de sélectionner les catégories juridiques permettant de les accueillir.

- Qualifier juridiquement les faits pertinents.

- Déterminer le ou les problèmes juridiques. Une fois la qualification des faits


effectuée, il convient de déterminer le ou les problèmes juridiques que pose le cas
pratique. Cet exercice permet de déceler de manière efficace l’« esprit juridique » du
candidat. Il est évident que c’est la maîtrise du cours et du raisonnement
juridique qui permet au candidat de formuler efficacement les
problématiques juridiques. Il peut également s’agir d’une situation dans laquelle
une ou des questions précises sont posées, ce qui facilite grandement les choses pour
l’étudiant, même s’il convient souvent de reformuler juridiquement la problématique
juridique.

- Rechercher les règles de droit applicables : la majeure. Le syllogisme juridique


commande de déterminer les règles de droit (la majeure) s’appliquant aux faits de
l’énoncé (la mineure).
En effet, la majeure commande de rechercher les règles de droit applicables à la
situation soumise à l’étude. Pour cela, il convient de mobiliser ses connaissances et
de bien savoir manipuler les outils à disposition car les sources peuvent être diverses.

Il s’agit au premier plan de recenser les textes applicables au problème juridique


posé. Lesdits textes peuvent se trouver dans la Constitution, dans des Conventions
internationales ou européennes, dans un code ou une loi particulière. À défaut de
sources textuelles - et bien que le cas pratique soit un exercice peu théorique - la
règle applicable peut éventuellement être découverte dans une coutume, une théorie
doctrinale ou encore dans un adage.
La jurisprudence permet également d’enrichir la majeure du syllogisme. Dans ce cas,
les arrêts les plus récents et de principe de la Cour de cassation doivent être préférés
aux arrêts d’espèce ou aux arrêts de cours d’appel.

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Ainsi, la majeure est une étape importante dans la résolution du cas pratique
car elle permet de répondre en droit à une problématique juridique. Mais
l’objectif du cas pratique étant de donner in fine une réponse concrète à une situation
de fait, il convient, dans un second temps, de vérifier l’effective application aux faits
des règles de droit recensées dans la majeure.

- Appliquer les règles de droit à l’espèce : la mineure. Deuxième échelon du


syllogisme, la mineure est fréquemment négligée par les étudiants. En effet, l’exposé
des règles de droit applicables est trop souvent suivi de la solution à la question de
droit posée. Or, le résultat importe moins que la démarche intellectuelle du
raisonnement et de l’argumentation. L’essentiel n’est pas de préconiser une
réponse mais de la justifier. Dans ces circonstances, la mineure exige de
déterminer si un fait ou une circonstance remplit la (ou les) condition(s)
d’application de la règle de droit citée dans la majeure. La difficulté de la démarche
varie suivant qu’il s’agisse de vérifier l’application de la règle de droit à un élément
de fait objectif ou à un élément de fait subjectif.

L’application d’une règle de droit à un élément de fait objectif ne pose pas de


difficultés. Il suffit de confronter les conditions de la règle de droit à l’élément de
fait et d’en tirer les conséquences.

- Donner la solution. Une fois l’application de la règle de droit aux faits pertinents
du cas pratique vérifiée, il est possible de conclure en formulant une réponse au
problème posé. La solution constitue l’étape ultime du syllogisme juridique. Elle
permet de dégager les conséquences concrètes qui résultent de l’application ou de la
non-application de la règle de droit aux faits.

 Les écueils à éviter

Ne pas dénaturer les faits

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Pour parvenir à une solution complète, il convient d’exploiter l’ensemble des faits et
d’indiquer les points forts et les points faibles de la situation du demandeur de conseils. Il
ne saurait être question de retenir uniquement ceux qui seraient favorables à ses prétentions.
À l’opposé, il faut s’abstenir d’imaginer des faits qui ne figurent pas dans le sujet ou
encore d’envisager les solutions si les faits avaient été différents, sous peine d’être
hors sujet.

Ne pas succomber à un exposé exclusivement théorique

Le cas pratique est un exercice particulièrement concret. Il ne s’agit pas d’une


dissertation. De la sorte, les développements exclusivement théoriques doivent être
proscrits. Cela signifie qu’il faut renoncer à recopier des parties complètes du cours
sans se préoccuper des faits. Seules les connaissances théoriques précises en lien avec les
questions soulevées par le sujet doivent être utilisées pour être aussitôt suivies des
applications pratiques.

Ne pas fuir la solution à retenir

L’exercice du cas pratique exige de prendre position. Parfois, aucune réponse ne s’impose
véritablement en raison d’une pluralité d’interprétations possibles de la règle de droit ou de
faits qui requièrent une appréciation excessivement subjective. De telles incertitudes ne
peuvent autoriser à faire l’économie d’une solution. Il convient alors de mentionner les
différentes hypothèses envisageables et retenir de manière argumentée et prudente, celle
qui semble la plus appropriée.

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