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Fiche d’arrêt

Face à un arrêt, il y a plusieurs questions à se poser pour éviter une mauvaise


interprétation/un contresens. L’erreur majeure c’est de se tromper sur « qui parle ? ».
Pourquoi ? car la Cour de cassation se base sur des faits souverainement appréciés par les juges
du fond, pour trancher une contestation de la décision des juges du fond, par une autre partie
(le demandeur au pourvoi) qui elle-même formule son propre argumentaire. Donc on peut
parfois s’y perdre sur qui parle, à qui sont les arguments ? Il faut donc bien déterminer : qui
s’oppose à qui ? Quel est l’enjeu (que cherchent à obtenir les parties = prétentions) ? Sur quel
fondement les parties s’appuient-elles s’il s’agit d’un arrêt de rejet ? Sur quel fondement la
Cour d’appel s’appuie-t-elle s’il s’agit d’un arrêt de cassation, et en quoi la Cour d’appel n’a
pas appliqué correctement la loi pour la Cour de cassation ?

1/ Références de l’arrêt : date de l’arrêt et juridiction qui l’a rendu (sa formation = chambre,
s’il s’agit d’un arrêt de la Cour de cassation).

2/ Faits : reconstitution des faits :


pertinents : il faut écarter les faits inutiles et retenir les faits importants seulement.
ET
qualifiés : Il ne faut pas nommer les parties !! Il faut les qualifier juridiquement (pas de
Monsieur X ou Madame Y, mais selon la situation : vendeur, locataire, propriétaire, patient,
acquéreur, prêteur, victime …).
Attention : les faits peuvent parfois être présentés de façon très succincte et confondue avec la
procédure.

3/ Introduction de la première instance (si on a les éléments dans l’arrêt sur la 1ère instance
seulement)
- Détermination des parties (demandeur et défendeur à l’instance) ;
- Détermination des prétentions du demandeur.

4/ Procédure
Détermination des étapes de la procédure après l’introduction de l’instance jusqu’au pourvoi,
en s’en tenant à ce que l’on sait sans rien inventer. Il est possible qu’il n’y ait aucune
information au sujet de la 1ère instance. Mais il est parfois possible de déduire le sens de la
décision de 1ère instance s’il est indiqué que l’arrêt d’appel est infirmatif ou confirmatif (arrêt
confirmatif > confirme le jugement rendu par la juridiction précédente ; arrêt infirmatif >
censure le jugement rendu par la juridiction précédente).

5/ Argumentation
Arrêt de cassation : retracer le raisonnement de la Cour d’appel (motifs de la Cour d’appel)
Arrêt de rejet : retracer les arguments du demandeur au pourvoi (moyen)

6/ Problématique
Il s’agit de la question de droit à laquelle la Cour de cassation a dû répondre.
Elle doit être générale, pas générale dans le sens trop vaste, mais dans le sens où elle doit
pouvoir s’appliquer à toutes les situations aux faits semblables (elle doit pouvoir se lire
indépendamment de la fiche d’arrêt pour saisir l’enjeu de la décision). Raison pour laquelle elle
doit se détacher des faits de l’espèce et ne pas nommer les parties.
Ø Il faut bien réussir à l’identifier et ne pas l’exposer de manière imprécise ou
confuse.
Il faut une seule problématique s’il n’y a qu’un seul problème de droit dans l’arrêt.

7/ Solution de la Cour de cassation


Il s’agit de restituer la solution retenue par la Cour de cassation. Dans la mesure où la
solution est la réponse à la problématique précédemment formulée, il est possible de
commencer par « La Cour de cassation répond par l’affirmative/la négative à cette question ».
Il faut indiquer s’il s’agit d’un rejet ou de cassation, avec le visa éventuel de la décision.
Il faut ensuite expliquer la solution en recherchant le fondement (règles appliquées) et
l’interprétation donnée.
Attention : La position de la Cour de cassation se retrouve dans le paragraphe juste avant le
dispositif. Toutefois, il y a parfois également un chapeau après le visa en début d’arrêt, par
lequel la Cour de cassation donne son interprétation. Il ne faut pas l’oublier.
Normalement, il faut plutôt expliquer que recopier textuellement sauf s’il s’agit d’un arrêt de
principe où il n'est pas interdit d'ouvrir les guillemets et de reproduire le motif de la décision.

Ø Consignes :

- Les titres (faits ; procédure ...) ne doivent pas apparaître expressément dans la fiche d’arrêt,
elle doit être une suite de paragraphes aérés, qui retracent les différentes étapes. Les
subdivisions vont alors apparaitre implicitement.

- Il faut faire attention au vocabulaire employé !!!


1ère instance = jugement ; demandeur à l’instance et défendeur à l’instance ; assigner
Appel = arrêt ; appelant et intimé ; interjeter appel
Cassation = arrêt ; demandeur au pourvoi et défendeur au pourvoi ; former un pourvoi
en cassation

- De manière générale, il ne faut pas recopier l’arrêt, mais plutôt le reformuler/synthétiser. Mais
si on cite l’arrêt, cela doit être entre guillemets.

Ø Exemple de fiche d’arrêt rédigée : Cass. 2e civ. 18 janvier 2001, n° 96-20.912 (de la
séance 1)

(Références de l’arrêt) L’arrêt objet de notre étude est un arrêt de la deuxième chambre civile
de la Cour de cassation en date du 18 janvier 2001. Il traite de la définition du lieu de la livraison
effective de la chose en matière de compétence territoriale.

(Faits) Une société fournissait directement une société sous-acquéreur, sans passer par la société
revendeur ayant passé commande, mais elle a cessé ses livraisons.

(Introduction de l’instance) La société sous acquéreur établi en Ille et Vilaine, demandeur à


l’instance, assigne devant le TC de Rennes la société fournisseur établi dans le Pas de calais,
défendeur à l’instance, en résolution du contrat d’approvisionnement et réparation du préjudice.
(Procédure) La société fournisseur conteste la compétence territoriale du TC de Rennes et
soulève une exception d’incompétence. Elle invoque la compétence du TC d’Arras.
Le TC de Rennes n’accueille pas la demande d’exception d’incompétence et se reconnait
compétent.
La société fournisseur conteste cette décision et forme un contredit.
Le 5 septembre 1996, la Cour d’appel de Rennes rejette le contredit et se reconnait
territorialement compétente, en tant que lieu de livraison de la chose.
La société fournisseur, demandeur au pourvoi, forme un pourvoi en cassation contre cette
décision.

(Argumentation) La société demanderesse au pourvoi fait grief à l’arrêt de la Cour d’appel


d’avoir reconnu sa compétence territoriale, alors que l’option ouverte au demandeur en matière
contractuelle en faveur du lieu de livraison de la chose ne peut être invoqué que s’il y a eu une
livraison effective de la chose. Or en l’espèce, la marchandise n’a pas été livrée. De plus la
Cour d’appel n’a pas démontrer en quoi les relations entre les deux sociétés pouvaient être
qualifiées de contrat.

(Problématique) La compétence territoriale d’une juridiction sur le fondement du droit d’option


en matière contractuelle est-elle subordonnée à une livraison effective de la chose ?

(Solution) La Cour de cassation répond par la négative à cette question et rejette le pourvoi, aux
motifs qu’au sens de l'article 16 du nouveau Code de procédure civile, le lieu de livraison
effective s'entend de celui où la livraison a été ou doit être effectué. En l’espèce, dans la mesure
où les parties sont liées par un contrat prévoyant un lieu de livraison, le demandeur peut se
prévaloir de l’option de compétence. La juridiction compétente peut donc être celle où la
livraison devait être effectuée, peu importe l’absence de livraison effective. Il s’agit de la
Bretagne en l’espèce donc le TC de Rennes est bien compétent.

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