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PROCÉDURE PÉNALE

MASTER 1 JPP CJ 2022-2023 – Facultés de Droit de TOULON et DRAGUIGNAN


Enseignantes : Mme Valérie BOUCHARD et Mme Catherine TZUTZUIANO

TRAVAUX DIRIGÉS
Chargé de TD : Jérôme LEBORNE

MÉTHODOLOGIE

I. Lire un arrêt (p. 2)


II. Le commentaire d’arrêt (p. 3)
III. Le commentaire d’article (p. 5)
IV. Le cas pratique (p. 8)
V. La dissertation (p. 11)

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I. LIRE UN ARRÊT

Il faut toujours avoir à l’esprit que la Cour de cassation est un juge du droit : elle doit vérifier que la
décision attaquée (l’arrêt de la Cour d’appel) par le pourvoi a été rendue conformément à la loi. La Cour
de cassation ne rejuge pas les faits (ceux-ci ont été discutés devant les juges du fond). Un arrêt de la
Cour de cassation est donc beaucoup plus bref qu’une décision de juridiction au fond.

En outre, la Cour de cassation ne se prononce que sur les questions qui lui sont posées par l’auteur du
pourvoi. Un pourvoi peut comporter plusieurs moyens, eux-mêmes divisés en plusieurs branches. Un
moyen est un ensemble d’arguments de droits. Le moyen critique la décision attaquée, tandis que les
branches sont les différents arguments qui constituent le moyen.

Lorsqu’elle rejette tous les arguments du pourvoi, la Cour de cassation rend un arrêt de rejet. Lorsqu’au
contraire, elle reçoit les arguments du pourvoi et casse l’arrêt de la Cour d’appel, la Cour de cassation
rend un arrêt de cassation.

Avant même de commencer à lire l’arrêt, il faut immédiatement identifier dans quel type d’arrêt
on se trouve : arrêt de rejet ou arrêt de cassation. Pour identifier le type d’arrêt, on va directement
lire le dispositif (placé tout à la fin de l’arrêt) :
- « Par ces motifs…rejette le pourvoi » : c’est un arrêt de rejet
- « Par ces motifs…casse et annule … » : c’est un arrêt de cassation.
L’identification de l’arrêt est fondamentale car elle détermine le fond de l’exercice, que ce soit une
fiche de jurisprudence, une analyse d’arrêt ou un commentaire d’arrêt.

- S’il s’agit d’un arrêt de rejet, cela signifie que la Cour de cassation estime que le pourvoi est
mal fondé et que l’arrêt attaqué (de la Cour d’appel) a été rendu conformément à la loi. Dans ce
cas, c’est une confrontation entre les arguments du pourvoi et la décision de la Cour de
cassation qui est intéressant. Le problème juridique résulte des moyens du pourvoi, et la
Cour de cassation y répond. Ces trois éléments - le pourvoi, la problématique et la
motivation de la Cour de cassation - constituent les éléments qui doivent être posés,
analysés, développés et critiqués.
- S’il s’agit d’un arrêt de cassation, cela signifie que la Cour de cassation approuve le pourvoi
et que l’arrêt attaqué (de la Cour d’appel) a été mal rendu. Ici, c’est une confrontation entre
l’arrêt de la Cour d’appel et la décision de la Cour cassation qui est intéressant. Le
problème juridique résulte de l’application du droit par la Cour d’appel et le contrôle du
droit par la Cour de cassation. Ces trois éléments - l’application du droit par la Cour
d’appel, le problème de cette application et le contrôle du droit par la Cour de cassation -
constituent les éléments qui doivent être posés, analysés, développés et critiqués.

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II. LE COMMENTAIRE D’ARRÊT

Le commentaire d’arrêt sert à décortiquer une décision de justice. Il ne s'agit pas de faire de la
paraphrase. Il faut déterminer les incidences théoriques et pratiques de la décision. Il faut donc expliquer
la décision et apprécier positivement et/ou négativement sa portée.

L’introduction : fiche de jurisprudence de l’arrêt

Phrase d’accroche : vous devez toujours commencer par une phrase d'accroche qui situe la décision.
Par exemple « Dans un arrêt de la chambre criminelle du .., la Cour de cassation s'est prononcée sur…
(exemple : les effets de la nullité en garde à vue)…».

Les faits : les faits doivent être qualifiés juridiquement, sans détails inutiles. On fait du droit (pénal), on
parle en droit (pénal).

La procédure : Quelle partie a entamé l’action ? Quelle a été la solution des juges du tribunal
correctionnel ? Qui a interjeté appel et quelle a été la décision de la Cour d’appel ou de la chambre de
l’instruction ? Qui a formé le pourvoi ? Attention, on ne donne pas la solution de la Cour de cassation !

Les arguments en présence : les moyens du pourvoi contre les arguments de la Cour d’appel ou de la
chambre de l’instruction. Cela vous permet de trouver la problématique puisque vous confrontez les
arguments ; la problématique résulte de cette confrontation.

La problématique : il faut poser la question juridique posée à la Cour de cassation dans l’arrêt
commenté. C’est à l’étudiant de trouver la question en faisant une confrontation des éléments précédents.

La solution : la décision de la Cour de cassation avec le principe et/ou le visa et les arguments de la
Haute juridiction. La solution doit répondre au problème de droit. Ici, il ne faut pas décortiquer la
solution, car vous allez le faire dans le corps du devoir. Vous devez simplement énoncer la solution, ce
qui vous permet ensuite d’annoncer votre plan.

Annonce de plan : pour répondre à la problématique, et en fonction de la décision de la Cour de


cassation, vous annoncez votre plan. En master 1, il n’est pas admis de dire : dans une 1ère partie
nous allons voir … dans une 2nde partie nous allons voir … Il faut faire une annonce de plan
argumentée.

Le plan du commentaire

Le plan doit être fait en deux parties et deux sous-parties. Il faut obligatoirement des chapeaux pour
annoncer vos (A) et (B), ainsi que des transitions entre les parties (I) et (II) et sous-parties (A) et (B).

Plusieurs techniques pour déterminer votre plan peuvent être utilisées.


- Si l’arrêt comporte deux attendus, le I est consacré au 1er attendu de l’arrêt, et le II est consacré
au 2nd attendu de l’arrêt ;
- Si l’arrêt comporte un seul attendu, mais qu'il est rédigé avec les termes « d'une part… d'autre
part », le I est consacré au d'une part, et le II est consacré au d'autre part ;
- Si vous ne pouvez pas décortiquer l’attendu comme ci-dessus, vous pouvez faire un plan qui
explique le sens de l’arrêt (IA), sa valeur (IB et IIA), et sa portée (IIB).

Quel que soit le type de plan, il faut retrouver dans les développements le sens, la valeur et la portée.

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- Le sens : chercher le sens d’une décision revient à se poser les questions suivantes : qu’est-ce
que les juges ont décidé ? qu’ont-ils déclaré ? qu’ont-ils répondu aux parties ? ont-ils sanctionné
ou approuvé la décision de la cour d’appel ou du tribunal ?
Il faut démontrer que vous avez compris la décision :
-en la situant dans son contexte juridique, en faisant appel à vos connaissances pour la rattacher
à un problème connu
-en recherchant les règles et les textes dont les juges ont fait application
-en démontrant comment, à partir de la règle générale et abstraite, le juge a résolu le problème
concret et particulier qui lui était posé, en faveur de l’une des parties ; comment la décision a
qualifié juridiquement les fait qui lui étaient soumis ; comment le juge a interprété la règle
applicable.
Si la décision peut faire l’objet de plusieurs interprétations, vous devez les indiquer et choisir
celle qui, eu égard à la rédaction, au contexte…paraît correspondre, le plus exactement, à la
pensée du tribunal ou de la cour, en précisant les raisons de son choix.

- La valeur : pour déterminer la valeur de l’arrêt, vous devez vous poser les questions suivantes :
pourquoi les juges ont-ils pris cette décision ? pouvaient-ils juger autrement ? quelles règles ont-
ils appliquées ? était-ce prévisible ? est-ce un revirement de jurisprudence, une décision isolée ?
S’il s’agit d’un arrêt de rejet, il est opportun de confronter les moyens du pourvoi face à la
décision de la Cour de cassation.
S’il s’agit d’un arrêt de cassation, il est opportun de confronter l’arrêt de la Cour d’appel face à
l’arrêt de la Cour de cassation.
Ici, une bonne connaissance du cours, de la jurisprudence, des arrêts étudiés en TD sont très
utiles pour faire cette réflexion.
Il faut notamment :
-rechercher les motifs qui ont conduit le juge à choisir l’interprétation qu’il a retenu, classer les
arguments (de texte, jurisprudence antérieure, coutume, d’équité ou sociaux) ;
-rechercher la conformité ou la non-conformité de la décision au droit positif (textes et
jurisprudence) existant au moment où celle-ci a été rendue ;
-dégager l’état de la jurisprudence,
-apprécier objectivement la solution, à l’aide d’arguments de droit puis de fait. L’exposé des
arguments doit se terminer par votre opinion sur l’arrêt, exprimée avec mesure et discrétion.

- La portée : déterminer la portée de la décision revient à se poser les questions suivantes :


quelles vont être les conséquences de l’arrêt ? que va-t-il se passer pour les prochaines affaires
similaires ? les parties seront-elles mieux protégées, plus libres ? sera-t-il plus opportun de se
prévaloir d’autres règles de droit ? quelle va être la réaction du législateur ? va-t-il devoir
légiférer ? la jurisprudence risque-t-elle de changer ?
Si l’arrêt commenté est ancien, il faut rechercher et développer l’évolution postérieure
(modification des textes, si la jurisprudence qui suit est modifiée ou confirme l’arrêt commenté).

Autrement dit, il faut « critiquer », c’est-à-dire « analyser » la décision de la Cour de cassation. Vous
devez vous poser toutes ces questions et y répondre dans votre commentaire d’arrêt : que décide la
Cour de cassation ? Pourquoi décide-t-elle cela ? Aurait-elle pu dire autre chose ? Mais alors quoi,
et pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Sa décision est-elle logique ? Quels sont les différents intérêts en
balance, c’est-à-dire quel droit contre quel droit ? Est-ce qu’un intérêt l’emporte sur un autre, ou
est-ce que la Cour de cassation cherche à poser un équilibre entre les intérêts ? Qui ou que protège-
t-elle ? Est-ce un revirement de jurisprudence ? Dans ce cas pourquoi opère-t-elle un revirement
de jurisprudence ? Quels sont les impacts de sa décision ?

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III. LE COMMENTAIRE D’ARTICLE

Il faut bien distinguer le commentaire d’article du commentaire d’arrêt. Dans le commentaire d’arrêt,
l’étudiant tient à sa disposition une foule d’informations. Elles sont contenues dans la décision qu’on lui
demande de commenter. L’essentiel de l’exercice consiste donc à poser un problème juridique et à y
répondre sous forme de plan. Tandis que dans le commentaire d’article, l’exercice est inverse. On
soumet à l’étudiant une problématique et la construction correspondante. On lui demande d’exploiter
ses connaissances pour expliquer ladite problématique, pour apporter des informations nécessaires à la
compréhension du sujet (de l’article). Ainsi, un commentaire d’article est en quelque sorte une
dissertation guidée. Le plan est renfermé dans le libellé même de l’article. Une bonne méthode de travail
permet à l’étudiant de savoir le décrypter.

A – La préparation du commentaire d’article

La préparation du commentaire d’article se fait en plusieurs lectures.

1. Une lecture globale de l’article

Une première lecture permet à l’étudiant de prendre connaissance de la teneur du sujet. Il découvre le
texte à commenter comme s’il était à l’extérieur du texte. Cette lecture globale du sujet amène l’étudiant
à se poser un certain nombre de questions. Il doit rechercher dans quel contexte juridique s’inscrit
l’article ou le texte à commenter :
- D’où provient le texte ? Quelle est sa nature juridique ? (législative, réglementaire…)
- Quelle est l’origine historique du texte ? (Code pénal de 1810 ou de 1994 ?)
- Ce texte est-il inchangé depuis son origine ou a-t-il été remanié depuis ? Si oui, par quel texte ?
Quand ? Comment ? Pourquoi ?
- Quelle est la notion ou le domaine abordé ? Quelle est sa particularité ? Quels problèmes pose-
t-il ?

Ces questions permettent d’effectuer une première approche du sujet. Elles sont d’autant plus
importantes que les réponses se retrouveront ultérieurement lorsqu’il s’agira de rédiger l’introduction
du devoir. Après cet aperçu général, l’étudiant peut entrer dans le détail du texte.

2. Des lectures ciblées de l’article

Dans cette phase, plusieurs lectures s’imposent afin de porter l’analyse sur différents éléments du sujet.
Cette fois, l’étudiant analyse le texte de l’intérieur. Ces lectures méthodiques manient la forme et le
fond. Elles doivent être pratiquées dans cet ordre et non dans l’ordre inverse. Seul le décryptage de la
forme amène à la compréhension du fond.

a. Lectures portant sur la forme

Ces lectures portent sur la structure de l’article, à la manière dont il est découpé. Il faut s’interroger sur
le nombre d’alinéas éventuels et la longueur de chacun d’eux (révélateur de son intérêt). Cette analyse
permet déjà d’avoir une idée sur le plan retenu plus tard.

Ces lectures s’accompagnent aussi d’une étude rigoureuse de la ponctuation. Ne pas hésiter à tronquer
le texte en repérant d’abord les points afin de faire ressortir les phrases principales puis, à l’intérieur de
celles-ci rechercher les virgules, les points virgules ou les doubles-points (voire les points d’exclamation

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ou d’interrogation pour un texte). La finesse de l’analyse laisse présager les sous-parties éventuelles à
retenir dans le futur plan.

b. Lectures portant sur le fond

Ces lectures portent sur ce que dit l’article. L’étudiant va donc affiner davantage sa lecture et porter son
attention sur les modalités de rédaction du document. Il convient ainsi de repérer la terminologie
employée en recherchant les verbes, les adjectifs, les adverbes…en s’interrogeant sur leur emplacement
dans l’alinéa étudié, en le comparant avec l’alinéa précédent pour détecter des répétitions ou des
oppositions éventuelles…Il convient de souligner les mots clés et de les confronter aux termes
secondaires.

Les questions suivantes méritent d’être posées :


- Pourquoi l’article a-t-il créé ? À quoi il sert ?
- Quelle est la règle ou la situation décrite dans l’article ?
- À quels principes ou à quelles données la règle fait-elle référence ?
- Cette règle suppose-t-elle des conditions ? Si oui, lesquelles ?
- Cette règle énonce-t-elle un principe ? Lequel ? Ce principe supporte-t-il des exceptions ? Ces
exceptions figurent-elles dans le document ou faut-il faire un renvoi à un autre ?

La précision de cette analyse critique est déterminante de la consistance du commentaire qui va suivre.
Elle permet, non seulement de délimiter les contours du sujet en fournissant des renseignements utiles
à l’introduction du devoir, mais aussi de rechercher les notions qui feront l’objet de développement
ultérieurs dans le corps du commentaire.

B – La forme et la rédaction du commentaire d’article


Si l’étudiant à bien préparé en amont son commentaire d’article, l’élaboration du plan n’est pas difficile.

L’introduction

Les éléments figurant dans l’introduction doivent être nécessaires à la compréhension des notions
ultérieurement approfondies dans le plan. Pour organiser une introduction, il faut commencer par une
phrase d’accroche puis exploiter les interrogations posées pendant le travail préparatoire, dans cet
ordre :
- La situation juridique du texte : nature de l’article, origine, date, localisation dans le
code…(ces éléments ne font que reprendre les questions posées et les réponses apportées lors
de la lecture globale du texte) ;
- Le domaine juridique d’appartenance de l’article : les notions doivent être abordées de
manière générale et synthétique sachant que de plus amples développements vont leur être
consacrés. L’étudiant reprend le travail d’analyse effectué lors des lectures portant sur le fond
de l’article. Autrement dit, pourquoi cet article a-t-il été créé ? à quoi il sert ?
À cette fin, il convient d’apporter quelques précisions sur les conditions d’adoption de l’article
voire de la loi ayant créé l’article (ou retouché l’article).
- La structure du texte : l’étudiant reprend le travail d’analyse effectué lors des lectures portant
sur la forme du sujet
- La problématique
- L’annonce du plan

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Le plan du commentaire d’article

Le choix du plan est guidé par la structure même de l’article. Cependant, le plan juridique classique
en deux parties (I) et (II) et deux sous-parties (A) et (B) est très vivement recommandé.

Le plan doit impérativement coller à l’article. En effet, il ne s’agit pas d’une pure dissertation, vous
ne pouvez pas sortir du cadre de l’article. En revanche, vous pouvez utiliser la jurisprudence en
lien direct avec l’article ou faire référence à d’autres articles pour développer une comparaison,
une critique, une analyse…

La formulation des titres doit également retenir l’attention. Pour ne pas perdre de temps, il est conseillé
de se préoccuper du contenu prioritairement, vous verrez la formulation de vos titres après puisque le
titre dépend de ce que vous allez développer.

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IV. LE CAS PRATIQUE

Le cas pratique est l’exercice le plus courant en procédure pénale. C’est un exercice concret dans lequel
vous devez montrer que vous êtes capable d’appliquer des règles théoriques à une situation pratique.
Ce n’est pas tant la solution que tout le raisonnement juridique qui compte. Avant de passer au
plan et à la rédaction (B), la préparation du cas pratique est déterminante (A).

A - La préparation du cas pratique

1. Lire un cas pratique

Préparer un cas pratique, c’est d’abord accorder du temps à la lecture du sujet. Il ne faut pas hésiter à
lire, lire et relire le cas pratique car souvent l’étudiant ne respecte pas ce qui est demandé de faire,
l’étudiant voit des choses qui ne sont pas écrites ou l’étudiant ne voit pas des choses pourtant
écrites.

L’énoncé est généralement rédigé sous la forme d’une histoire dans laquelle les faits sont présentés en
termes non juridiques et de manière désordonnée, comme dans la vie lorsqu’un avocat reçoit un client
ou un magistrat reçoit les faits d’un dossier. Il convient donc de lire l’énoncé attentivement, de manière
à avoir une vue d’ensemble de l’affaire et à situer les connaissances qui vont être mises en œuvre. Il ne
faut pas hésiter à découper le texte, à l’analyser phrase par phrase, mot par mot, en recherchant
l’intérêt et le sens juridique des renseignements donnés. De cette manière, on peut faire le tri entre
les éléments importants et les éléments inutiles, organiser ces éléments, regrouper les éléments liés
entre eux ou distinguer les faits (par exemple, en faisant une chronologie).

2. La qualification juridique des faits

Il ne s’agit pas de recopier l’énoncé, c’est inutile ! La qualification suppose de transposer des
termes communs (et parfois peu clairs) en termes juridiques et précis, autrement dit de traduire
le discours d’un non-juriste en discours d’un juriste. Pourquoi on qualifie ? Le fait de la vie
courante est qualifié en droit pour aboutir à des effets spéciaux. En effet, une qualification renvoie
à un ensemble de règles, que l’on appelle le régime juridique.

Il faut présenter les faits de manière juridique, synthétique et structurée. Par exemple, un « accident
ayant entraîné un décès » doit être qualifié « d’homicide involontaire ».

Lorsqu’on choisit d’exclure un élément de l’énoncé, si cette exclusion n’est pas évidente il faut la
justifier. En revanche, il n’est pas nécessaire de justifier pourquoi un élément inutile est écarté (« les
oiseaux chantaient pendant le meurtre »).

En outre, seuls les faits connus doivent être exposés. En conséquence, si des éléments de faits sont
ambigus, il convient de le signaler mais en aucun cas il ne faut inventer. Ce doute prendra la forme
d’hypothèse(s) dans votre argumentation

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3. La problématique

La formulation du problème de droit est une étape très importante « parce que chercher, sans d’abord
poser le problème, c’est comme si l’on marchait sans savoir où l’on va » 1. La problématique s’appuie
sur les qualifications juridiques qui ont été réalisées juste avant. Le problème de droit doit être
posé de telle manière qu’un juriste puisse y répondre sans forcément connaître les faits. On pose
une question de droit, pas une question de faits.

Une fois qu’on a posé la problématique juridique, on peut aller plus loin dans le détail et poser la
même question mais en l’appliquant aux faits du cas pratique.

La problématique est déterminante car elle permet de déterminer les règles applicables aux faits.

4. Les règles applicables

Une fois le problème de droit posé, il convient de rechercher et d’exposer les règles qui vont
permettre d’aboutir à la solution. Il faut donc rechercher quelles sont les règles de droit ou les
décisions jurisprudentielles qui vont permettre de répondre, précisément et juridiquement, aux
problèmes posés.

Le cas pratique suppose que l’étudiant maîtrise son cours et les séances de TD et qu’il sache
chercher et trouver des informations dans le code. Attention, le cas pratique ne doit pas être un
prétexte pour « recracher » son cours.

Cette étape doit être réalisée avec une organisation logique, un développement cohérent. Les règles
de droit pertinente, ainsi que la jurisprudence notamment les arrêts de principe, doivent être
développés.

Donner immédiatement la solution à la réponse, sans réflexion, sans développement, ne sert à rien
et ne vaut aucun point. Ce qui compte dans un cas pratique, c’est tout le raisonnement juridique.

Il faut respecter la hiérarchie qui peut exister entre les différentes normes. Ainsi, on énonce d’abord
un principe avant de présenter une simple loi, avant d’exposer les exceptions à la loi. L’exposé des
textes de droit (principe, article…) se fait avant la jurisprudence. Enfin, éventuellement, en cas d’une
question polémique, on peut citer la doctrine.

Il y a donc tout une argumentation organisée, structurée, hiérarchisée à développer, toujours en


faisant le lien avec les faits du cas pratique, pour aboutir à la solution.

5. La solution

Une fois les règles de droit et la jurisprudence énoncées, il faut proposer une solution. Il s’agit tout
simplement d’appliquer les règles à la situation en cause. Le raisonnement doit être énoncé le plus
clairement possible et avec la rigueur nécessaire. Il vaut vérifier que toutes les conditions d’application
des règles (le droit, la jurisprudence…) soient réunies.
Lorsqu’une règle suppose plusieurs conditions cumulatives, pour la mettre en œuvre il faut vérifier que
toutes ces conditions sont bien présentes.

1
Aristote, Ethique à Nicomaque

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B – La forme et la rédaction du cas pratique

La forme du cas pratique dépend du type de cas pratique.

 Le cas pratique sans questions (un bloc de faits, avec une question générale du type « qu’en
pensez-vous ? »)

1. L’introduction

L’introduction est toujours courte, mais elle comporte plusieurs étapes essentielles :
- Le résumé des faits et la qualification juridique des faits
- La problématique
- L’annonce du plan

2. Le corps du devoir

En principe, un plan se fait en deux parties (I) et (II) et deux sous-parties (A) et (B).

Les titres doivent être courts et synthétiques. Attention il ne faut pas donner la réponse du cas
pratique dans les titres du plan. Les titres du I et II annoncent des thèmes juridiques par rapport
au cas pratique.

Les titres des A et B sont plus précis, ils correspondent aux problèmes de droit qui vont être
développés. Les titres sont toujours suivis d’un chapeau.

La sous-partie (A) (B)…correspond à un problème du cas pratique. Le raisonnement doit être organisé
et rigoureux. L’argumentation doit toujours être fondée, les sources citées : référence au principe, article
du Code de procédure pénale, citer la jurisprudence… Les idées doivent être ordonnées avec un fil
directeur dans l’objectif de construire une argumentation convaincante. N’oubliez pas de donner la
solution, ne laissez pas planer le doute ou le flou ! S’il y a des doutes ou plusieurs solutions, formulez
des hypothèses.

Cependant, dans un cas pratique, à la différence des autres exercices, il est possible de faire une
partie pour chaque question posée dans le cas pratique. Ainsi, si dans l’introduction vous posez 3
questions, vous pouvez faire un I, II et III propre à chaque question. Si vous posez 4 questions,
vous pouvez faire un I, II, III, IV… Mais vous pouvez aussi réunir vos 3 ou 4 questions dans un
plan classique en deux parties.

D’ailleurs, les sous-partie (A), (B)… ne sont pas obligatoires. Tout dépend du plan que vous allez
adopter.

En définitive, bien que le plan soit obligatoire, sa forme demeure libre. Ce qui compte est sa
cohérence.

Il ne faut pas oublier que l’on écrit non pas pour se faire plaisir, mais pour être lu. En conséquence,
l’étudiant doit tout mettre en œuvre pour adopter une démarche logique et claire pour son lecteur.

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 Le cas pratique avec questions (cas pratique dirigé)

Pas d’introduction. Vous répondez question par question, idéalement dans l’ordre des questions
car la chronologie de l’affaire a souvent impact sur la résolution du cas pratique.

Pour répondre à la question posée, il faut appliquer exactement la même méthodologie qu’un cas
pratique classique (méthodologie expliquée ci-dessus). Ainsi, il faut faire un petit résumé des faits, une
qualification juridique et reformuler la question posée en véritable problématique.

Selon la « complexité » de la question, il faudra faire un plan pour y répondre (de la même manière
qu’un cas pratique classique, méthodologie ci-dessus). Si la question est rapide ou assez simple,
vous pouvez y répondre sans plan, en faisant des paragraphes argumentés jusqu’à la solution.

V. LA DISSERTATION

Il s'agit de l’exercice juridique typique. La dissertation n’est pas une récitation du cours, car une
récitation ne présente aucun intérêt. La dissertation doit être une démonstration qui répond à un
problème, une progression logique de votre pensée.

INTRODUCTION

 Phrase d’accroche : il faut situer le sujet, éventuellement rappeler son évolution.

 Définir les termes du sujet : Les termes doivent être définis individuellement, puis les uns par
rapport aux autres.

 Délimiter le sujet : il faut expliquer pourquoi vous allez vous concentrer sur tel point, pourquoi
vous n'allez pas examiner tel autre point non pertinent pour la démonstration.

 Problématique : il faut donner votre conception du sujet en 4 / 5 phrases pour expliquer votre
problématique. Attention, la problématique n’est pas Zorro qui surgit hors de la nuit ! À l’issue de
ces explications, vous devez poser votre problématique sous la forme d’une question ou d’une
phrase affirmative.

 Annonce de plan : il est interdit d’utiliser dans une première partie nous allons voir que… dans
une seconde partie nous allons voir que...

PLAN DE LA DISSERTATION

Le plan de la dissertation contient deux parties et deux sous parties. Généralement, le cœur du sujet
se situe dans le IB et dans le IIA.
Il ne faut pas oublier les chapeaux qui annoncent les sous parties (A), (B), et les transitions. Il faut
soigner les chapeaux et transitions, car ils montrent la progression logique de votre pensée et donnent
de la cohérence à votre devoir.

Dans les titres, il est interdit d’utiliser un verbe conjugué (les participes sont tolérés), de la ponctuation
ainsi que des conjonctions de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car).

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