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FELIX HOUPHOUET-BOIGNY
ABIDJAN-COCODY
Fiche n° 1 :
Thème : ENTRAINEMENT AU COMMENTAIRE D’ARRET
Andreu (L.) et Thomassin (N.), Cours de droit des obligations, GUALINO Eds,
7e éd, 2022-2023.
Assi-Esso (A-M. H), Droit civil, Les Obligations, 1ère ed, Ed. UIBA, 2012.
Bénabent (A.), Droit des obligations, 19ème éd., L.G.D.J., Lextenso, 2021.
Flour (J.), Aubert (J.-L.), Savaux (E.), Andreu (L.), Forti (V.), Droit civil, Les
obligations, t. 3, Le rapport d’obligation, 10ème éd., Sirey, 2022.
Ghestin (J.), Billiau (M.) et Loiseau (L.), Régime des créances et des dettes,
LGDJ, 2005.
Julienne (M.), Régime général des obligations, 3ème éd., LGDJ, 2020.
Seube (JB.), Mekki (M.), Malinvaud (Ph.), Droit des obligations, 16 ème éd.,
LexisNexis, Manuel, 2021.
Terré (F.), Simler (Ph.), Lequette (Y.), Les obligations, 11ème éd., Ed. Dalloz,
Coll. Précis, 2013.
Terré (F.), Simler (Ph.), Chénedé (F.), Lequette (Y.), Les obligations, 13ème éd.,
Ed. Dalloz, Coll. Précis, 2022.
3. Exercices :
Lisez la méthodologie du commentaire d’arrêt (DOC. 1) puis entrainez-vous en répondant aux
questions suivantes.
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(1) L’introduction
Lisez le DOC. 2 et établissez au brouillon sa fiche d’arrêt en suivant la méthodologie
indiquée dans le DOC.1. Puis, intégrez ces éléments en introduction du commentaire
d’arrêt « à trous » (DOC. 3).
Notez que l’introduction commence par une phrase d’accroche et se termine par l’annonce
de plan.
Vous remarquerez que chaque sous-partie part de la solution de l’arrêt. Le plan est dicté par
l’arrêt lui-même et tout contenu, qu’il porte sur le sens, la valeur, la portée, doit être rattaché
directement à l’arrêt.
(4) Le plan
Complétez enfin le commentaire « à trous » avec des titres pour le I, le II, les A et les B.
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1. Méthodologie du commentaire d’arrêt
Zoé Jacquemin
Méthodologie du commentaire d’arrêt
Chers étudiants,
Vous trouverez ci-dessous quelques conseils pour réussir vos commentaires d’arrêts.
Un commentaire d’arrêt se réalise en plusieurs étape. L’étape préliminaire est celle de la
lecture du sujet. Le sujet – ici l’arrêt – doit être lu au minimum trois fois : une première
lecture de prise de connaissance, une seconde lecture de « dissection » du sujet, une troisième
lecture de vérification. Cette consigne vaut d’ailleurs pour tout exercice juridique
(commentaire d’arrêt, commentaire de texte, dissertation, cas pratique).
Après cette lecture attentive, il vous faudra réaliser la fiche d’arrêt (I) qui formera in fine la
base de votre introduction ; puis réfléchir sur l’arrêt lui-même, c’est-à-dire vous poser un
certain nombre de questions qui vous permettront d’alimenter votre commentaire, de le
« nourrir » afin qu’il ne soit pas creux (II). Alors seulement, vous pourrez passer à la
construction du plan (III), puis à la rédaction de l’introduction (IV) et enfin la rédaction du
devoir dans son entier (V).
Après vous avoir exposé dans le détail ces étapes, quelques remarques conclusives porteront
sur l’utilisation des sources et le plagiat (VI).
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- dans un arrêt de cassation, s’opposent la thèse de la CA contre la thèse de la cour de
cassation
Attention à la formulation de la question de droit : la question de droit est abstraite mais
précise ! Elle est abstraite au sens où les parties n’y figurent pas, elle a une portée générale.
Elle est précise dans son contenu et on doit normalement pouvoir y répondre par oui ou par
non (à bannir : les questions de cours ouvertes du type « dans quelles conditions…? » ou
« dans quelle mesure… ? »).
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III. Construire le plan
Même si l’on s’est interrogé sur le sens, la valeur et la portée de l’arrêt, cela ne signifie pas
que l’on doit faire un plan « sens / valeur / portée ». Le meilleur plan est celui qui suit la
structure de l’arrêt et le fil du raisonnement du juge, en intégrant les critiques au fur et à
mesure :
S’il y a deux questions de droit, alors chaque partie sera consacrée à une question (à
condition que les deux questions soient de même importance) ;
Si le raisonnement de la Cour peut se décomposer en deux temps – et c’est souvent
le cas – alors la première partie du raisonnement sera développée en I., la seconde en
II.
A BANNIR :
- une sous-partie consacrée à la thèse de la cour d’appel : tout le commentaire porte sur la
solution de la cour de cassation et uniquement celle-ci, même si l’argumentation de la
juridiction du fond peut nous aider à comprendre ou critiquer la solution de la cour de
cassation.
- une sous-partie dans laquelle aucune référence n’est faite à l’arrêt, par ex. un IA qui ne
fait que rappeler le cours, sans exposer la solution de la cour de cassation.
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- pas de verbe conjugué, pas d’article de loi, pas de « selon la cour de cassation… », pas de
référence à un autre arrêt, ni à « la jurisprudence » en général dans vos titres.
- ce sont les mots clés de l’arrêt qui doivent figurer dans vos titres.
- vérifiez à la relecture que vos titres correspondent effectivement au contenu. Sinon
changez-les.
- comme vos titres doivent refléter la solution de l’arrêt, on devrait pouvoir ajouter à la fin
de chaque titre « par la Cour de cassation dans cet arrêt » - mais on ne le fait pas !
Par exemple : I. La consécration de la théorie de la réception (« par la CCass. dans notre
arrêt ») II. Le rejet de la théorie de l’émission (« par la CCass. dans notre arrêt »).
Pour finir, ayez toujours à l’esprit que, pour évaluer votre devoir, votre correcteur vérifiera
trois points principaux :
- votre maîtrise de la méthode (fiche d’arrêt, cohérence du plan, clarté du raisonnement)
- vos connaissances du cours (not. les arrêts vus en cours et en TD sont-ils mis à profit ?)
- votre analyse de l’arrêt (l’arrêt est-il bien expliqué et bien analysé ?).
Essayez d’anticiper cette évaluation, de porter un regard « auto-critique » sur votre travail, qui
vous aidera à progresser.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bon courage !
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Montpellier, 14 septembre 2017), que M. et Mme X... ont
confié à M. Z..., architecte, assuré auprès de la société Mutuelle des architectes français (la
MAF), une mission complète pour la construction d'une maison individuelle ; qu'ils ont
conclu un contrat d'entreprise pour le gros oeuvre et les terrassements avec la société Bozkir,
assurée auprès de la société Axa France Iard (la société Axa) et, pour la charpente et les
ossatures bois, avec la société Culture bois, assurée auprès de la société Sagena, devenue
SMA ; qu'ayant constaté des désordres et une erreur d'altimétrie de quarante centimètres, M.
et Mme X... ont, après expertise, assigné M. Z..., la MAF, les sociétés Bozkir, Axa et Sagena
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et le commissaire à l'exécution du plan de la société Culture bois pour obtenir la démolition et
la reconstruction de l'immeuble et l'indemnisation de leurs préjudices ;
Sur les deux premiers moyens, réunis :
Vu l'article 1184 du code civil, dans sa rédaction antérieure à celle issue de l'ordonnance du
10 février 2016 ;
Attendu que, pour rejeter la demande de M. et Mme X... en démolition et reconstruction de
l'immeuble, l'arrêt retient que la non-conformité de la maison aux dispositions contractuelles
et au permis de construire n'en affecte pas l'habitabilité ni la solidité, n'a pas empêché le
maître d'ouvrage d'obtenir le certificat de conformité et n'a aucune conséquence sur l'usage de
la maison, la pente rendue nécessaire pour l'accès au garage et l'accès piétonnier ne causant
pas à M. et Mme X... un préjudice important ;
Qu'en statuant ainsi, après avoir relevé que la maison était implantée avec un défaut
d'altimétrie de quarante centimètres et sans constater que l'exécution en nature du contrat était
impossible, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
Et sur le troisième moyen : [non reproduit]
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 14 septembre 2017, entre les
parties, par la cour d'appel de Montpellier ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans
l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour
d'appel de Toulouse [...]
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DOC. 3 : Commentaire d’arrêt « à trous » à compléter.
Procédure (incl.
thèse adverse)
Question de droit
Solution (motif,
dispositif, visa)
La Cour de cassation rappelle ainsi qu’il existe, pour le créancier, un droit à Annonce de plan
l’exécution en nature (I) qui ne cède qu’en cas d’impossibilité d’exécuter (II).
I. ................................................................................................... Titre
La Cour de cassation constate qu’ayant relevé l’existence d’un défaut
d’altimétrie caractéristique de l’inexécution du contrat (A), la Cour d’appel Chapeau
aurait dû nécessairement appliquer l’article 1184 ancien du Code civil (B)
A. .................................................................................................. Titre
La Cour de cassation insiste sur le fait que la Cour d’appel avait « relevé que la
maison était implantée avec un défaut d’altimétrie de quarante centimètres ».
Ce défaut d’altimétrie (la maison était implantée 40 centimètres plus haut que
prévu) constituait indéniablement un manquement au contrat. En cas Sens
d’inexécution du contrat (inexécution totale ou partielle, ou mauvaise
exécution), le créancier a à sa disposition plusieurs remèdes ou sanctions. Il
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peut notamment opter entre des dommages et intérêts et une exécution forcée.
En l’espèce, les demandeurs cherchaient à obtenir la démolition et la
reconstruction de l’immeuble, ce qui correspond à une demande en exécution
forcée et, par ailleurs, l’indemnisation de leurs préjudices, au titre, cette fois, de
la responsabilité contractuelle.
Or, dans cette espèce, il semble que la Cour d’appel ait opéré une confusion
entre les deux sanctions. En effet, la Cour d’appel avait relevé que la non-
conformité de la maison aux dispositions contractuelles « ne causa[it] pas à M.
et Mme X... un préjudice important » et elle avait refusé, de ce chef, l’exécution
forcée du contrat. Pourtant, l’exécution forcée ne suppose nullement la
démonstration d’un préjudice. Le préjudice n’est qu’une condition de la
responsabilité contractuelle. L’absence de préjudice peut justifier, dès lors, le
refus des dommages et intérêts. En revanche, elle ne saurait avoir aucune
influence sur la demande de démolition et reconstruction de l’immeuble,
laquelle relève de l’exécution forcée en nature. La Cour de cassation sanctionne
donc à juste titre le raisonnement de la cour d’appel.
En effet, la simple constatation de l’inexécution suffisait à mettre en jeu Transition
l’article 1184 du Code civil.
B. .................................................................................................. Titre
Pour la Cour de cassation, il convenait d’appliquer à l’espèce l’article 1184 du
Code civil, dans sa rédaction antérieure à celle issue de l’ordonnance du 10
février 2016. Cet article dispose que « la partie envers laquelle l’engagement
n’a point été exécuté a le choix ou de forcer l’autre à l’exécution de la
convention lorsqu’elle est possible, ou d’en demander la résolution avec
dommages et intérêts ». Cet article est le fondement traditionnel légal d’une
demande en exécution forcée. Ainsi donc, l’entrepreneur devra être condamné,
sur le fondement de cet article, à démolir et reconstruire entièrement
l’immeuble tout juste terminé.
La solution peut apparaître sévère, mais elle n’en est pas moins traditionnelle.
La troisième chambre civile de la cour de cassation avait déjà opté pour cette
solution dans un arrêt très commenté du 11 mai 2005 (Civ. 3e, 11 mai 2005,
pourvoi n° 03-21136) ou encore dans d’autres arrêts plus récents (Civ. 3e, 16
juin 2015, pourvoi n° 14-14612 et Civ. 3e, 13 juill. 2017, pourvoi n° 16-
11968).
Ainsi que le souligne un commentateur (...............................................................
.............................................................................................), la troisième
chambre civile marque ainsi sa volonté de « s’en tenir à une application
rigoureuse de l’article 1184 ancien qu’elle considère implicitement comme
impératif ».
Le créancier qui subit l’inexécution dispose donc d’un droit à l’exécution Transition
forcée qui ne cède qu’en cas d’impossibilité d’exécuter.
II. ................................................................................................... Titre
La Cour de cassation rejette un éventuel contrôle de proportionnalité (A). Seule Chapeau
l’impossibilité pourrait permettre au débiteur d’échapper à l’exécution forcée,
mais celle-ci n’est pas caractérisée (B).
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A. .......................................................................................... Titre
La Cour de cassation sanctionne le raisonnement de la cour d’appel qui a opéré
une balance des intérêts entre, d’une part, le (faible) préjudice causé au
créancier et, d’autre part, le coût (très onéreux) de la démolition et
reconstruction complète de l’édifice par le débiteur. Il n’y a pas lieu de vérifier,
selon elle, que la sanction prononcée est bien proportionnée aux intérêts des
deux parties en présence.
Ce contrôle de proportionnalité vient pourtant de faire son entrée dans le Code
civil. L’article 1221 nouveau du Code civil, introduit par l’ordonnance du 10
février 2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la
preuve des obligations, dispose en effet que : « le créancier d’une obligation
peut, après mise en demeure, en poursuivre l’exécution en nature sauf si cette
exécution est impossible ou s’il existe une disproportion manifeste entre son
coût pour le débiteur et son intérêt pour le créancier ».
Si cet article avait été applicable à la présente espèce, l’entrepreneur aurait
échappé à l’exécution forcée. D’où l’on voit, ainsi que le souligne un
commentateur (....................................................................................................
.............................................................), toute l’importance que revêt la question
de l’application de la réforme du droit des contrats dans le temps.
En l’état actuel du droit néanmoins, seule l’impossibilité réelle d’exécuter Transition
aurait pu constituer un obstacle à l’exécution forcée, si seulement elle avait pu
être caractérisée.
B. ................................................................................................ Titre
Pour la cour de cassation, la Cour d’appel ne pouvait refuser de prononcer
l’exécution forcée « sans constater que l’exécution en nature du contrat était
impossible ». De fait, d’impossibilité matérielle il n’y avait pas. Il n’est pas
impossible de trouver le matériel et les ouvriers pour procéder à la démolition
et à la reconstruction. L’article 1184 du Code civil prévoit que « lorsqu’elle est
possible » l’exécution doit être ordonnée. La Cour de cassation applique le droit
en vigueur, et sur le plan théorique, son raisonnement n’est guère contestable.
La démolition et la reconstruction ne sont pas impossibles, mais elles vont
coûter : du temps, de l’argent, des matières premières inutilement dépensées.
D’un point de vue strictement économique, il ne fait aucun doute qu’ordonner
la destruction et la reconstruction à l’identique de la maison seulement 40
centimètres plus haut, relève du gâchis. Mais tel est le prix à payer pour assurer
la force obligatoire du contrat. L’efficacité économique sera pour demain...
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