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Comment faire ?
Surligner les mots clefs
Se demander le sens du vocabulaire juridique : savoir l’expliquer ou chercher dans le cours/les corrections de TD/un dictionnaire juridique/un manuel
Organiser les mots clefs entre les différents points de la fiche d’arrêt au brouillon
Objectif : Comprendre une décision de justice, connaître l’articulation et la structure d’une décision de justice. A cet effet, il convient de respecter plusieurs
étapes. Après lecture de la décision, il faut par écrit présenter le contenu de la décision en 6 points :
1) Présentation générale
Quelle est la juridiction dont vous étudiez la décision ? Quelle est la formation (chambre) de cette juridiction ? Quelle est la date de la décision étudiée ? Et
éventuellement le numéro de pourvoi, la publication et le sens de la décision (rejet ou cassation).
Ex : Il s’agit d’un arrêt de / la présente décision est un arrêt de la Première chambre civile de la Cour de cassation en date du … et portant sur … .
2) Les faits
Il s'agit dans un premier temps de rassembler l'ensemble des faits ayant donné lieu au litige. Vous évoquez succinctement mais précisément les évènements
qui se sont produits. (Pensez aux dates indiquées dans l'arrêt car elles jouent souvent un rôle important !). Présentez les faits en les « qualifiant » (dire à
quelle catégorie juridique les personnes ou événements appartiennent.
Ex : un salarié/employeur, parents/enfants, victime/auteur de l’accident, administré/collectivité territoriale, un consommateur/une entreprise, etc.
En principe, il ne faut pas mettre le nom des parties, et surtout pas M. X, Mme Y, etc.
Ex : Les faits de l’espèce concernent / Aux faits de l’espèce / Dans les faits de l’espèce, il s’agit de…
3) La procédure
Vous retracez l'ensemble du processus judiciaire en commençant par la saisine du juge de première instance. Il importe de rappeler la qualité de chaque
partie lors de chacune des phases de saisine (Qui est demandeur ? Qui est défendeur en première instance ? En appel ? etc…). Il importe aussi de préciser
les dates des décisions et le résultat de chacune d'entre elles (Quelles sont les juridictions saisies avant la présente ? Quelles sont les dates de rendu des
précédentes décisions de justice ?).
Attention, vous ne devez pas inventer ce qui n’est pas dit dans la décision.
Ex : il est rarement précisé si le jugement de première instance a accueilli ou refusé la demande. On ne peut pas le savoir donc on ne l’invente pas.
Donnez un maximum d’information sur les trois niveaux de juridiction :
- En première instance : qui est le demandeur/défendeur (utilisez la qualification plutôt que le nom de la personne), qu’est-ce qui est demandé, quelle
juridiction est saisie, accueille-t-elle ou déboute-t-elle la demande ?
- En seconde instance : qui est l’appelant/l’intimé, quelle juridiction est saisie, confirme-t-elle ou infirme-t-elle le jugement ?
- En cassation : qui est le demandeur en cassation ?
Ex : Le demandeur est l’acheteur qui agit contre le vendeur (défendeur) afin d’obtenir la livraison conforme du bien acheté » ou « L’action est intentée par
… (demandeur), agissant contre … (défendeur) en vue d’obtenir … . Le tribunal accueille/ déboute la demande. »
…. (Appelant) interjette appel de la décision / Appel est interjeté contre la décision / La cour d’appel confirme/infirme le jugement /
… (demandeur au pourvoi) forme un pourvoi devant la Cour de cassation / Un pourvoi est formé
Il s’agit de retrouver dans la décision les arguments des parties et/ou les raisonnements des juges du fond. Attention : cette étape est délicate ! Le risque
est de mélanger les positions de chaque partie. Il importe donc de faire preuve de rigueur, de procéder à une lecture attentive et surtout de ne pas travailler
dans la précipitation. Il faut s’en tenir à ce qui est dit dans l’arrêt et ne pas inventer. Ainsi, dans les arrêts de rejet de la Cour de cassation, seuls les moyens
(les arguments) du demandeur au pourvoi sont présentés : il ne faut pas inventer les arguments de l’autre partie (ou alors au brouillon si cela vous aide). A
l’inverse, dans les arrêts de cassation, ce sont uniquement les motifs (le raisonnement) du juge du fond qui sont développés et que vous devez expliquer
dans la fiche d’arrêt.
Ex : La Cour d’appel fonde / a fondé sa décision sur les motifs selon lesquels / aux motifs que / Les motifs de la Cour d’appel sont que
- Le demandeur au pourvoi soulève le moyen selon lequel / Le moyen comporte deux branches.
D’une part … . D’autre part…
5) La question de droit
C’est l’enjeu essentiel du travail de la fiche d’arrêt. C’est aussi l’étape la plus ardue pour l’apprenti en droit. Il convient, en termes clairs et précis de formuler
le problème juridique posé aux juges à l’occasion du litige. C’est en confrontant les différents raisonnements développés par les parties au litige que l’on
retrouve la question de droit. Lorsque le problème est repéré, il faut l’énoncer en utilisant des expressions et termes juridiques exacts en se détachant des
faits propres au litige.
Elle peut être formulée sous forme de question (ou non : La question de droit est de savoir si…). Il est souhaitable de faire apparaître que la question se
pose sur des principes (Un cocontractant peut-il se rétracter avant la réception de l’acceptation de l’offre ?) ou l’appréciation d’un critère
C'est l'étape la plus simple de votre travail. Vous reprenez le dispositif et les motifs retenus par les magistrats, quelle que soit la juridiction : Quelle est la
solution adoptée par la juridiction ayant rendu la décision commentée ? En faveur de quelle partie se prononce la juridiction ? Quels sont les motifs retenus
par la juridiction pour justifier sa décision ?
Attention : pour les arrêts de cassation de la Cour de cassation, il ne faut pas oublier de mentionner le visa et éventuellement le chapeau dans la réponse
fournie par la juridiction !
(Au visa de …), la deuxième chambre civile de la Cour de cassation énonce que … . Dès lors l’arrêt d’appel est cassé / le moyen est rejeté.
Etape 2 : Création d’un modèle type de fiche d’arrêt
Comment faire ?
Recopier au propre les mots clefs de manière organisée entre les différents points de la fiche d’arrêt
1) PRESENTATION GENERALE
Références de la décision : Juridiction, formation, date (+ n° de pourvoi) et sens :
Thème :
2) FAITS
Phrase de liaison : « En l’espèce, +++ »
/!\ Dates, qualifications des faits
3) PROCEDURE ANTERIEURE
Phrase de liaison : « Le demandeur assigne le défendeur devant la juridiction de premier degré. »
Premier degré :
Juridiction, formation, date :
Demandeur :
Défendeur :
Demande/Prétention :
Sens : Accueille ou déboute la demande /!\ Ne pas inventer
Motif : /!\ Ne pas inventer
4) POURVOI
Phrase de liaison : « Le demandeur se pourvoi en cassation. »
Demandeur au pourvoi :
Moyens du demandeur : /!\ Ne pas inventer
5) QUESTION DE DROIT
Phrase de liaison : « Il convient alors de se demander +++ »
/!\ Termes juridiques génériques, sous forme d’une question ou non
6) SOLUTION
Phrase de liaison : « Dans son arrêt +++, la Cour de cassation répond +++ »
Références de la décision : Juridiction, formation, date (+ n° de pourvoi) :
Visa :
Chapeau :
Motif :
dont Portée (arrêt de principe/d’espèce/d’application)
et dont Situation (revirement de jurisprudence/jurisprudence constante)
Dispositif : Casse et annule l’arrêt de la Cour d’appel ou rejette le pourvoi du demandeur
+ 7) APPORT (à insérer dans son cours)
Etape 3 : Lecture active d’un arrêt
Comment faire ?
Se créer un code couleur pour chaque point de la fiche d’arrêt
Identifier à quel point appartient chaque portion de l’arrêt en surlignant
Bien penser à aller lire les textes !
Se demander le sens du vocabulaire juridique : savoir l’expliquer ou chercher dans le cours/les corrections de TD/un dictionnaire juridique/un manuel
Légende :
1) Présentation générale
2) Faits
3) Procédure antérieure
4) Pourvoi
5) Question de droit A trouver soi-même
6) Solution
7) Apport A trouver soi-même
Deuxième degré :
Juridiction, formation, date : Ensuite, appel de cette décision a été
interjeté par l’appelant devant la Cour d’appel de Metz, laquelle a rendu
un arrêt.
Appelant : Néant
Intimé : Néant
Sens : Confirme ou infirme le jugement (ou Accueille ou déboute la
demande) /!\ Ne pas inventer Néant
Motif : /!\ Ne pas inventer Néant
selon l'arrêt attaqué (Metz, 29 septembre 2016), rendu sur
renvoi après cassation (2e Civ., 10 septembre 2015, pourvoi Cour de cassation :
n° 14-19.891) Juridiction, formation, date : Puis, une des parties s’est pourvue en
cassation devant la Haute juridiction, laquelle a rendu un arrêt numéro
que sa veuve Mme C..., a saisi […] un tribunal des affaires de 14-19.891, le 10 septembre 2015.
sécurité sociale pour faire juger que l'accident était dû à la Par suite, elle a renvoyé les parties devant la Cour d’appel de Metz,
faute inexcusable de l'employeur et obtenir réparation de son autrement constituée.
préjudice et de celui de ses enfants ; Demandeur au pourvoi : Néant
Moyens du demandeur : /!\ Ne pas inventer Néant
Motif : Néant
qu'il a été jugé que la société, ayant commis une faute Dispositif : Néant
inexcusable, devait, avec son assureur, garantir la société
Manpower de l'ensemble des conséquences de celle-ci ; Cour d’appel de renvoi :
Juridiction, formation, date : La Cour d’appel de renvoi de Metz a rendu
grief à l'arrêt d'indemniser le préjudice moral de l'enfant un arrêt le 29 septembre 2016, […]
Zachary, Sens/Motif : […] par lequel elle a accueilli la demande de l’épouse.
En effet, elle a jugé que l’employeur avait commis une faute inexcusable
(fait générateur), laquelle a pour conséquence (lien de causalité) que
l’enfant dont il s’agit souffre de l'absence définitive de son père décédé
alors qu’il était simplement conçu (préjudice).
Dès lors, elle a indemnisé le préjudice moral de cet enfant.
/!\ Ne pas inventer
Question de /!\ Termes juridiques génériques, sous forme d’une question ou non
droit Il convient alors de se demander s’il existe, pour l’enfant simplement
conçu au décès de son père, et né vivant et viable par la suite, un
préjudice moral résultant dudit décès donnant droit à indemnisation.
Apport : Il existe, pour l’enfant simplement conçu au décès de son père, et né vivant et viable par la suite, un préjudice moral résultant dudit décès donnant
droit à indemnisation.
Ce que cela peut donner en examen :
(Présentation générale) Le 10 décembre 1985, la Première chambre civile de la Cour de cassation a rendu un arrêt de cassation concernant
l’application de la maxime « infans conceptus » qui veut que l’enfant conçu est réputé né chaque fois qu’il y va de son intérêt.
(Faits) En l’espèce, le 20 août 1979, un salarié a adhéré à une assurance-décès souscrite par son employeur pour son personnel. Cette assurance
consistait à ce que, en cas de décès de l’assuré, l’assureur reverse au bénéficiaire un capital d’un montant majoré en fonction du nombre d’enfants à charge
vivant au foyer de l’assuré. En l’occurrence, l’assuré avait trois enfants, et son épouse était enceinte de jumeaux simplement conçus. Il a désigné comme
bénéficiaire son épouse et, à défaut, ses enfants, avant de décéder le 1er mars 1980. Par la suite, les jumeaux sont nés vivants et viables le 24 mai 1980, soit
pendant la période légale de conception. Puis, l’assureur a versé le capital-décès à l’épouse, mais a refusé, pour en déterminer le montant, de tenir compte
desdits jumeaux, dans la mesure où ceux-ci n’étaient pas encore nés au moment de la réalisation du risque, à savoir le décès de l’assuré.
(Procédure antérieure) Dès lors, le 30 juillet 1981, l’épouse (demandeur) a assigné l’assureur (défendeur) devant une juridiction de premier degré. Sa
prétention consistait en le versement d’une somme complémentaire tenant compte desdits jumeaux au titre du capital-décès. Une juridiction de premier
degré a alors rendu un jugement.
Puis, appel de cette décision a été interjeté par un appelant devant la Cour d’appel de Paris. Ainsi, le 24 mai 1984, celle-ci a rendu un arrêt par lequel
elle a rejeté la demande de l’épouse. En effet, pour le calcul de la majoration du capital-décès, elle a écarté les enfants simplement conçus et né vivants et
viables par la suite, aux motifs que la seule bénéficiaire de l’assurance-décès, contractuellement désignée aux termes de la clause bénéficiaire, était ladite
épouse. De plus, factuellement, les enfants simplement conçus ne vivaient pas au foyer de l’assuré.
(Question de droit) Il convient alors de se demander si un enfant simplement conçu au décès de l’assuré, mais né vivant et viable par la suite, doit
être pris en compte dans le calcul du capital de l’assurance-décès reversé à son bénéficiaire, lequel capital dépendant du nombre d’enfant de l’assuré.
(Solution) Dans son arrêt de cassation du 10 décembre 1985, la Première chambre civile de la Cour de cassation répond par la positive, par une
application de la maxime « infans conceptus » qu’elle vise et érige en principe général du droit. Elle affirme que si les conditions d’application du contrat
d’assurance-décès doivent être appréciées au moment de la réalisation du risque, la détermination des enfants à charge vivant au foyer, doit être faite en se
conformant aux principes généraux du droit, et spécialement à celui d’infans conceptus. A ce sujet, l’existence d’un intérêt pour l’enfant, conçu pendant la
période légale de conception et né vivant et viable par la suite, est caractérisé dans la mesure où la majoration du capital-décès est destinée à faciliter
l’entretien des enfants à charge dont il fait partie. En statuant comme elle l’a fait, la Cour d’appel a alors violé le principe susvisé.
Par ces motifs, la Haute juridiction casse et annule l’arrêt de la Cour d’appel.
+ Apport : La maxime « infans conceptus » est un principe général du droit. Un enfant simplement conçu au décès de l’assuré, mais né vivant et viable
par la suite, doit être pris en compte dans le calcul du capital de l’assurance-décès reversé à son bénéficiaire, lequel capital dépendant du nombre d’enfant
de l’assuré.
Cass. civ. 1ère, 10 déc. 1985 : La maxime « infans conceptus » est un principe général du droit. Un enfant simplement conçu au décès de l’assuré, mais né
vivant et viable par la suite, doit être pris en compte dans le calcul du capital de l’assurance-décès reversé à son bénéficiaire, lequel capital dépendant du
nombre d’enfant de l’assuré.