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DEUXIÈME SEMESTRE
Gaëlle Hardy
Professeur agrégé de droit public
gaellehardy.cours@gmail.com
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I – INDICATIONS PRÉLIMINAIRES
Il est attendu des étudiants qu’ils connaissent, en amont du TD, le cours et qu’ils aient lu, avec
attention, tous les documents contenus dans la fiche de travaux dirigés.
Chaque étudiant doit rendre deux devoirs maison (entièrement rédigés) pendant le semestre, le
premier devant être rendu durant les séances n° 2 à 5 et le deuxième durant les séances n° 6 à
10.
B – Évaluation
Note sur 20 :
- Deux devoirs maison notés sur 20 : chacun correspondant à 1/3 de la note de TD.
Attention : un point est enlevé à chaque fois qu’une des étapes de l’introduction de la
dissertation ou de l’introduction du commentaire d’arrêt n’est pas présente.
- Un galop d’essai : 1/3 de la note de TD. Attention : un point est enlevé à chaque fois
qu’une des étapes de l’introduction de la dissertation ou de l’introduction du
commentaire d’arrêt n’est pas présente.
à Participation orale en séance : seulement des points supplémentaires (et pas des
points négatifs) : la participation orale permet d’augmenter la note du TD de 1 à 3 points
en fonction de l’investissement de l’étudiant. Si l’étudiant ne participe pas, aucun point
supplémentaire ne lui est attribué.
Les travaux dirigés sont conçus comme un complément de l’enseignement magistral. Afin d’en
tirer profit, le cours doit être su et assimilé en amont par l’étudiant.
Les travaux dirigés n’ont pas vocation à répéter le cours magistral mais à mettre en pratique
les connaissances acquises pendant le cours magistral. Pour ce faire, chaque séance de
travaux dirigés (excepté la première séance de travaux dirigés) sera consacrée à la
correction de l’exercice proposé (commentaire d’arrêt ou dissertation). Il s’agira, pour
les étudiants et l’enseignant, de corriger ensemble et pas à pas l’exercice proposé. Les
notions vues en cours magistral et les documents du TD seront utilisés dans l’unique
perspective de corriger l’exercice proposé.
II – DOCUMENTS REPRODUITS
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9 – Tribunal des conflits, 29 février 1908, Feutry.
10 – Conseil d’État, 31 juillet 1912, Société des granits porphyroïdes des Vosges
11 – Grégoire BIGOT, Les faillites conceptuelles de la notion de service public en droit
administratif, Revue française de droit administratif, 2008.
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1 – La structure des arrêts du Conseil d’État et du Tribunal des
conflits.
2 – Visas des textes applicables : Ils énoncent les dispositions sur lesquelles le tribunal
s’appuie pour rendre sa décision.
3 – Le fond
Le Conseil d’État examine le fond et, donc, les moyens soulevés par le requérant.
Après les considérants, le Conseil d’État utilise la formule « DECIDE » puis énonce les
différents articles du dispositif.
2 parties :
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- Demandeur : celui qui forme une requête devant le tribunal, partie à l’initiative de
l’instance.
- Défendeur : personne contre laquelle agit le demandeur.
Les juges de première instance rendent un jugement en se fondant sur les faits et le droit.
Appel principal : premier appel interjeté contre une décision d’une juridiction du premier
degré et auquel pourront s’ajouter des appels incidents.
Appel incident : appel consécutif à l’appel principal, interjeté par l’intimé contre l’appelant ou
contre un autre intimé. Il se forme lorsque l’intimé n’a pas entièrement obtenu satisfaction en
première instance.
Le demandeur au pourvoi forme un pourvoi en cassation contre l’arrêt rendu par le Conseil
d’État.
Les critiques formulées par l’auteur d’un pourvoi sont divisés en un ou plusieurs moyens,
chacun d’eux pouvant à leur tour être subdivisés en griefs distincts aussi appelés branches. Les
griefs sont les arguments de l’auteur du pourvoi.
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Plusieurs solutions s’offrent, dès lors, au Conseil d’État. Il peut casser et annuler, totalement
ou partiellement l’arrêt déféré, s’il n’a pas respecté les règles de droit. Dans cette hypothèse
l’affaire est renvoyée pour être à nouveau jugée par une autre Cour d’appel. Il peut également
casser sans renvoi. Il peut, enfin, rejeter le pourvoi.
À la différence des juridictions inférieures, le Conseil d’État ne contrôle pas les énonciations et
contestations de fait. Le Conseil d’État est « le juge du droit ». Il veille à la bonne application
du droit par les juridictions du fond.
Moyens : Arguments invoqués par les parties devant le juge pour contester l’acte qui a été pris
à leur encontre.
A – L’incompétence
L’acte pris n’a pas respecté les formes ou les procédures requises.
Le contrôle du juge consiste à rechercher la cause de l’acte, c’est-à-dire la raison pour laquelle
il a été pris au regard des éléments qu’il contient.
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Si ces vices sont retenus par le juge, on dit que le juge annule pour « violation de la loi ».
1 – L’erreur de fait
L’inexactitude matérielle des faits existe lorsque l’autorité administrative fonde son acte sur
des faits qui ne se sont pas réellement produits. Autrement dit, les faits retenus pour justifier la
prise de l’acte sont erronés.
La qualification juridique des faits est l’opération par laquelle l’administration décide
d’appliquer une règle de droit déterminée aux faits de l’espèce.
L’erreur de qualification des faits ou d’appréciation des faits se produit lorsque les faits ne
sont pas de nature à justifier l’acte attaqué. Autrement dit, l’administration a appliqué la
mauvaise règle de droit aux faits de l’espèce. Elle a pensé à tort qu’une situation de fait méritait
d’intégrer la catégorie juridique créée par une règle juridique.
2 – L’erreur de droit
L’erreur de droit vise à contester les règles de droit que l’Administration applique dans une
situation de fait donnée. L’erreur de droit comporte deux variantes.
L’illégalité relative à l’objet de l’acte correspond à la violation directe des règles de droit. Elle
se rencontre lorsque le dispositif de l’acte attaqué porte atteinte à la hiérarchie des normes. Tout
acte administratif dont le contenu est incompatible avec une norme qui lui est supérieure en
donne une illustration.
L’erreur dans les motifs de droit est réalisée quand l’autorité administrative fonde son acte sur
des règles juridiques qu’elle a mal interprétées ou qui sont inapplicables. Ce n’est pas le
contenu, le dispositif de l’acte qui pose problème, mais ses motifs de droit.
Dans le cas d’une mauvaise interprétation des règles de droit, l’autorité administrative a
fondé son acte sur une règle juridique applicable, mais elle s’est trompée sur ce que celle-ci
permettait ou imposait de faire. Autrement dit, le requérant peut faire valoir que
l’Administration a commis une erreur dans l’application de la règle de droit.
Dans l’hypothèse du défaut de base légale, l’autorité administrative a fondé son acte sur une
règle juridique inapplicable. C’est la validité même de la règle de droit dont la décision fait
application qui est remise en cause. La règle juridique (généralement un texte) peut être
inapplicable pour quatre raisons : parce qu’elle n’est pas encore en vigueur, parce qu’elle n’est
plus en vigueur, parce qu’elle n’existe pas ou parce qu’elle est illégale.
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B – Détournement de pouvoir et de procédure.
Le détournement de pouvoir correspond à un acte qui a été pris et dont les mobiles sont
étrangers à l’intérêt général que son auteur entendait poursuivre ou lorsque l’auteur de l’acte a
utilisé ses pouvoirs dans un but autre de celui pour lequel ils lui ont été conférés.
Économie de moyens : Le juge n’est pas tenu de se prononcer sur tous les moyens invoqués
par le requérant mais seulement sur ceux qui suffisent à fonder l’annulation de l’acte attaqué.
1- Vu l'exploit introductif d'instance, du 24 janvier 1872, par lequel Jean Y... a fait assigner,
devant le tribunal civil de Bordeaux, l'Etat, en la personne du préfet de la Gironde, Adolphe
Z..., Henri X..., Pierre Monet et Jean A..., employés à la manufacture des tabacs, à Bordeaux,
pour, attendu que, le 3 novembre 1871, sa fille Agnès Y..., âgée de cinq ans et demi, passait sur
la voie publique devant l'entrepôt des tabacs, lorsqu'un wagon poussé de l'intérieur par les
employés susnommés, la renversa et lui passa sur la cuisse, dont elle a dû subir l'amputation ;
que cet accident est imputable à la faute desdits employés, s'ouïr condamner, solidairement,
lesdits employés comme co-auteurs de l'accident et l'Etat comme civilement responsable du fait
de ses employés, à lui payer la somme de 40,000 francs à titre d'indemnité ;
3- Considérant que l'action intentée par le sieur Y... contre le préfet du département de la
Gironde, représentant l'Etat, a pour objet de faire déclarer l'Etat civilement responsable, par
application des articles 1382, 1383 et 1384 du Code civil, du dommage résultant de la blessure
que sa fille aurait éprouvée par le fait d'ouvriers employés par l'administration des tabacs ;
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4- Considérant que la responsabilité, qui peut incomber à l'Etat, pour les dommages causés aux
particuliers par le fait des personnes qu'il emploie dans le service public, ne peut être régie par
les principes qui sont établis dans le Code civil, pour les rapports de particulier à particulier ;
5- Que cette responsabilité n'est ni générale, ni absolue ; qu'elle a ses règles spéciales qui varient
suivant les besoins du service et la nécessité de concilier les droits de l'Etat avec les droits
privés ;
6 - Que, dès lors, aux termes des lois ci-dessus visées, l'autorité administrative est seule
compétente pour en connaître ;
7 - DECIDE : Article 1er : L'arrêté de conflit en date du 22 juillet 1872 est confirmé. Article 2 :
Sont considérés comme non avenus, en ce qui concerne l'Etat, l'exploit introductif d'instance du
24 janvier 1872 et le jugement du tribunal civil de Bordeaux du 17 juillet de la même année.
Article 3 : Transmission de la décision au garde des sceaux pour l'exécution.
Par un arrêt du 8 février 1873, le Tribunal des conflits se prononce sur le régime de
responsabilité applicable à l’Administration et, ce faisant, en déduit la compétence des
tribunaux administratifs pour connaître de ses litiges.
2 – Les faits (Cette mention ne doit normalement pas apparaître dans votre fiche d’arrêt)
Une jeune fille a été renversée par un wagon poussé par des agents de la manufacture des tabacs
de Bordeaux, gérée par l’État. Cet accident a causé l’amputation de sa cuisse.
3 – La procédure (Cette mention ne doit normalement pas apparaître dans votre fiche d’arrêt)
Son père a, dès lors, assigné l’État, représenté par le préfet de Gironde, et quatre employés de
la manufacture des tabacs, devant le tribunal civil de Bordeaux. Par un déclinatoire de
compétence, le préfet a contesté la compétence du juge judiciaire. Le tribunal civil a rejeté ce
déclinatoire.
Continuant à nier la compétence des tribunaux ordinaires, le préfet a pris un arrêté de conflit
afin d’élever le litige devant le Tribunal des conflits.
4 – Les prétentions des parties (Cette mention ne doit normalement pas apparaître dans votre
fiche d’arrêt)
Le père de la jeune fille accidentée a demandé que soit reconnue la compétence de la juridiction
judiciaire. Pour ce faire, il s’est fondé sur plusieurs articles du Code Civil (articles 1382, 1383
et 1384 du Code civil) qui oblige toute personne qui a commis une faute à la réparer (régime de
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responsabilité civile). Le préfet a revendiqué, à l’inverse, la compétence du juge administratif
pour connaître du litige en cause en se fondant sur la nécessité d’apprécier la part de
responsabilité incombant aux agents de l’État selon les règles variables dans chaque branche
des services publics et sur l’interdiction répétée par le droit positif aux tribunaux ordinaires de
connaître des demandes constituant l’État comme débiteur.
Question de droit : La responsabilité de l’État pour des dommages accomplis par ses agents
dans le cadre du service public, à des particuliers, emporte-t-elle application du régime de la
responsabilité civile posé aux articles 1382, 1383 et 1384 du Code civil, et, ce faisant,
compétence du juge judiciaire ?
Problématique : Cet arrêt renvoie à la question de savoir si l’État, lorsqu’il agit dans le cadre de
ses services publics, doit se voir appliquer un droit dérogatoire du droit privé.
6 – La solution (Cette mention ne doit normalement pas apparaître dans votre fiche d’arrêt)
7 – La portée (Cette mention ne doit normalement pas apparaître dans votre fiche d’arrêt)
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satisfaisant aux prescriptions de l'article 9 de ladite ordonnance ; que cet arrêté a été déposé au
greffe dans le délai légal ; qu'ainsi le tribunal des conflits est régulièrement saisi ;
Sur la compétence : Considérant que par exploit du 30 septembre 1920, la Société commerciale
de l'Ouest africain, se fondant sur le préjudice qui lui aurait été causé par un accident survenu
au bac d'Eloka, a assigné la colonie de la Côte-d'Ivoire devant le président du tribunal civil de
Grand-Bassam, en audience des référés, à fin de nomination d'un expert pour examiner ce bac ;
Considérant, d'une part, que le bac d'Eloka ne constitue pas un ouvrage public ; d'autre part,
qu'en effectuant, moyennant rémunération, les opérations de passage des piétons et des voitures
d'une rive à l'autre de la lagune, la colonie de la Côte-d'Ivoire exploite un service de transport
dans les mêmes conditions qu'un industriel ordinaire ; que, par suite, en l'absence d'un texte
spécial attribuant compétence à la juridiction administrative, il n'appartient qu'à l'autorité
judiciaire de connaître des conséquences dommageables de l'accident invoqué, que celui-ci ait
eu pour cause, suivant les prétentions de la Société de l'Ouest africain, une faute commise dans
l'exploitation ou un mauvais entretien du bac. Que, - si donc c'est à tort qu'au vu du déclinatoire
adressé par le lieutenant-gouverneur, le président du tribunal ne s'est pas borné à statuer sur le
déclinatoire, mais a, par la même ordonnance désigné un expert contrairement aux articles 7 et
8 de l'ordonnance du 1er juin 1828, - c'est à bon droit qu'il a retenu la connaissance du litige ;
DECIDE : Article 1er : L'arrêté de conflit ci-dessus visé, pris par le lieutenant-gouverneur de
la Côte-d'Ivoire, le 13 octobre 1920, ensemble le télégramme susvisé du lieutenant-gouverneur
n° 36 GP, du 2 octobre 1920, sont annulés.
Le service public a connu une expansion spectaculaire, occupant une place de plus en plus
importante au sein du droit administratif.
Traditionnellement, la doctrine définit le service public à partir de deux critères, l’un organique
et l’autre matériel.
Au sens organique, un service public fait référence aux institutions, aux structures, qui
assurent une activité, ainsi qu’aux agents qui animent ces structures. En ce sens, évoquer
les services publics, revient à se référer aux personnes publiques qui assurent un certain
nombre de missions.
Les personnes publiques sont, d’abord, représentées par l’État. L’État dispose de services
centraux et locaux. Les personnes publiques sont, également, représentées par les collectivités
territoriales avec, principalement (mais il en existe d’autres) les communes, les départements
et les régions.
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B – La définition matérielle
Au sens matériel, un service public est une activité qui est assurée dans l’intérêt général.
Cette notion d’intérêt général appelle quelques précisions, tant elle peut paraître relativement
vague.
La terminologie usitée peut varier. Peuvent être utilisés les formulations suivantes : « l’intérêt
général », « l’utilité commune », « l’utilité publique » ou, encore, « l’intérêt public ».
Il est nécessaire de comprendre que l’intérêt général ne se trouve pas uniquement sur le terrain
juridique. L’intérêt général est, d’abord, celui qui est défini par les gouvernants désignés
démocratiquement par la Nation. Cela signifie que, selon les idéologies, l’intérêt général peut
être compris et défini de manière plus ou moins compréhensive, c’est-à-dire de manière plus ou
moins large. En d’autres termes, certaines idéologies sont plus interventionnistes que d’autres,
notamment, dans le domaine économique. Il est légitime que, en fonction de leur idéologie, les
dirigeants donnent un contenu variable à l’intérêt général. Il faut, également, tenir compte, à
côté de l’idéologie, du facteur temps : ce qui est d’intérêt général à un moment donné peut ne
plus l’être quelques décennies ou un siècle après. Cela explique que des services publics
peuvent disparaître ou, au contraire, être créés.
L’intérêt général est une notion politique au sens le plus noble du terme, l’organisation de la
vie des hommes vivant dans la Cité (polis). Cependant, il convient de ne pas faire de confusion
entre les considérations purement politiques et les considérations juridiques : ce n’est pas parce
que quelque chose est qualifié de « public » qu’il y a, pour autant, intérêt général et service
public.
Apparu pour la première fois en jurisprudence dans l’arrêt du 23 décembre 1921, Société
générale d’armement, la notion de service public à caractère industriel et commercial (SPIC)
prend position à côté de celle traditionnelle de service public administratif (SPA), pour former
les deux branches des services de l’Administration.
La jurisprudence USIA (Conseil d’État, 16 novembre 1956, U.S.I.A) a livré les trois critères
(cumulatifs) d’identification d’un SPIC.
Sous réserve de la qualification législative, tout service est présumé être un SPA, et ne peut être
industriel ou commercial que si :
- Son objet est comparable à celle des entreprises privées, c’est-à-dire renvoie à une activité
tournée vers l’achat, la vente ou la production de biens ou services ;
- Son mode de financement est comparable à celui des entreprises privées : le SPIC est
financé par des redevances versées par les usagers en contrepartie des prestations qui leur
sont offertes ; le service financé par l’impôt ou subventionne est un SPA.
- Ses conditions de gestion sont comparables à celles des entreprises privées : elles se font
selon les usages du commerce – adoption d’une comptabilité privée, équilibre financier,
etc…–.
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8 – Conseil d’État, 6 février 1903, Terrier.
« Vu la requête sommaire et le mémoire ampliatif présentés pour le sieur Adrien X..., demeurant
à Villevieux Jura , ladite requête et ledit mémoire enregistrés au Secrétariat du Contentieux du
Conseil d'Etat les 7 septembre et 16 novembre 1901 et tendant à ce qu'il plaise au Conseil
annuler un arrêté en date du 17 juillet 1901 par lequel le Conseil de Préfecture du département
de Saône-et-Loire s'est déclaré incompétent pour statuer sur sa demande tendant à obtenir du
département le paiement d'un certain nombre des primes allouées par le Conseil Général pour
la destruction des vipères ; Vu la loi du 22 juillet 1889 ; Vu la loi du 24 mai 1872 ;
Sur la compétence : Considérant que le sieur X... défère au Conseil d'Etat une note rédigée en
chambre du conseil par laquelle le secrétaire-greffier lui fait connaître que la requête adressée
par lui au conseil de préfecture du département de Saône-et-Loire à l'effet d'obtenir du
département le paiement d'un certain nombre de primes allouées pour la destruction des
animaux nuisibles aurait été soumise à ce conseil qui se serait déclaré incompétent ;
Considérant que la note dont s'agit ne constitue pas une décision de justice et ne peut à ce titre
être déférée au Conseil d'Etat ;
Mais considérant que, dans son pourvoi, le requérant a pris, en vue de l'incompétence du conseil
de préfecture, des conclusions directes devant le Conseil d'Etat pour être statué sur le bien-
fondé de sa réclamation ;
Considérant qu'étant donné les termes dans lesquels a été prise la délibération du conseil général
allouant des primes pour la destruction des animaux nuisibles et a été voté le crédit inscrit à cet
effet au budget départemental de l'exercice 1900, le sieur X... peut être fondé à réclamer
l'allocation d'une somme à ce titre ; que du refus du préfet d'admettre la réclamation dont il l'a
saisi il est né entre les parties un litige dont il appartient au Conseil d'Etat de connaître et dont
ce conseil est valablement saisi par les conclusions subsidiaires du requérant ;
Au fond : Considérant que l'état de l'instruction ne permet pas d'apprécier dès à présent le bien-
fondé de la réclamation du sieur X... et qu'il y a lieu, dès lors, de le renvoyer devant le préfet
pour être procédé à la liquidation de la somme à laquelle il peut avoir droit ;
DECIDE : Article 1er : Le sieur X... est renvoyé devant le Préfet du département de Saône-et-
Loire pour être procédé à la liquidation de la somme à laquelle il peut avoir droit. Article 2 : Le
surplus des conclusions de la requête susvisée du sieur X... est rejeté. Article 3 : Expédition de
la présente décision sera transmise au Ministre de l'Intérieur ».
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Considérant que, par exploit en date du 14 janvier 1907, le sieur Feutry a assigné le préfet de
l'Oise devant le tribunal civil de Clermont pour entendre dire que le département qu'il
représentait était responsable de l'incendie qui avait dévoré, le 5 septembre 1906, deux meules
de paille et grain lui appartenant ; qu'il faisait découler cette responsabilité de ce que l'incendie
avait été allumé par le nommé Baudry, aliéné, interné à l'asile départemental de Clermont, que
le service de garde de cet établissement avait laissé s'évader ;
Considérant que la réclamation de la Société des granits porphyroïdes des Vosges tend à obtenir
le paiement d'une somme de 3.436 francs 20, qui a été retenue à titre de pénalité par la ville de
Lille, sur le montant du prix d'une fourniture de pavés, en raison de retards dans les livraisons
;Considérant que le marché passé entre la ville et la société, était exclusif de tous travaux à
exécuter par la société et avait pour objet unique des fournitures à livrer selon les règles et
conditions des contrats intervenus entre particuliers ; qu'ainsi ladite demande soulève une
contestation dont il n'appartient pas à la juridiction administrative de connaître ; que, par suite,
la requête de la société n'est pas recevable ;
DECIDE : Article 1er : La requête susvisée de la Société des Granits porphyroïdes des Vosges
est rejetée. Article 2 : Les dépens sont mis à la charge de la Société des Granits porphyroïdes
des Vosges. Article 3 : Expédition de la présente décision sera transmise au Ministre de
l'Intérieur.
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