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M IN IS T E R E D E L ’E N S E IG N E M E N T S U P E R IE U R ,
D E L A R E C H E R C H E E T D E L ’IN N O V A T IO N COURS : Pr. M. NIANE
T.D. : MM. T. O. TANDINE
S. FAYE
O. SEYE
Y. DJIGO
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE
M. G. SENE
DE SCIENCES JURIDIQUE ET POLITIQUE
M. L. SY
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E. S. N. AW
Section Droit de l’Entreprise MME Kh. LY
DROIT DE LA FAMILLE
TRAVAUX DIRIGES
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THÈME 1 : LA FORMATION DU LIEN MATRIMONIAL
PRESENTATION DU THÈME
Aux termes de l’article 100 du Code sénégalais de la famille (CF), le lien matrimonial
crée la famille par l’union solennelle de l’homme et de la femme dans le mariage. La
famille résulte donc du mariage. Cependant, avant la célébration de ce lien, l’homme et la
femme peuvent se promettre mutuellement le mariage par les fiançailles. Il s’agit d’une
promesse qui obéit aux mêmes conditions de fond que le mariage, mais des conditions
de forme plus souples. Les fiançailles ne sont ni nécessaires, ni obligatoires.
Les séances proposées interpellent les étudiants sur les conditions de formation du
mariage : conditions de fond et de forme. Ce sont également une occasion pour aborder
l’entrée en mariage par l’analyse des conditions de validité et des conséquences
attachées à leur inobservation, des moyens accordés aux intéressés ou aux tiers pour
réagir contre la violation des ces conditions avant ou après la formation du lien
matrimonial.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
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Au terme du présent thème, les étudiants devraient :
v Connaitre les conditions de formation du mariage prévues par le code sénégalais
de la famille ;
v Pouvoir distinguer nettement les conditions de fond des conditions de forme du
mariage ;
v Etre en mesure de saisir les conséquences liées au non respect des conditions de
formation du mariage ;
v Maitriser les moyens de droit accordés aux parties ou aux tiers pour contester
l’inobservation des conditions du mariage avant ou après sa formation.
LECTURE CONSEILLEE
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Monsieur X... a relevé appel de cette décision le 24 juin 2010.
Par conclusions déposées le 24 septembre 2010, monsieur X... sollicite la réformation du
jugement et demande à la cour de :
v déclarer nul et de nul effet le mariage en raison, d'une part, de l'absence de
volonté de l'épouse de s'unir définitivement et durablement, d'autre part, de
l'existence d'une erreur sur les qualités essentielles de son épouse, cette dernière
étant engagée à l'époque du mariage dans une autre liaison qu'elle n'avait pas
l'intention d'interrompre et dont elle n'avait pas informé son futur mari,
v condamner madame Y... à lui verser la somme de 15. 000 euros à titre de
dommages et intérêts en réparation de son préjudice moral,
v outre celle de 3. 000 euros sur le fondement de l'article 700 du code de
procédure civile.
Par conclusions déposées au greffe le 10 novembre 2010, madame Y... demande la
confirmation du jugement entrepris. A titre subsidiaire, si l'annulation du mariage était
prononcée, elle sollicite le rejet de la demande de dommages et intérêts. En toute
hypothèse, elle demande la condamnation de monsieur X... à lui verser la somme de 3.
000 euros au titre de ses frais irrépétibles.
Elle soutient qu'elle n'entretenait plus aucune liaison en août 2008 et que c'est avec
sincérité et réflexion qu'elle s'est engagée dans les liens du mariage avant de se rendre
compte, deux mois plus tard, que cette union ne la rendait pas heureuse. Elle ajoute que
son mari avait lui aussi entretenu à plusieurs reprises une liaison avec une autre femme
avant leur mariage.
Le dossier a été communiqué au procureur général qui n'a pas formulé d'observations.
L'ordonnance de clôture est intervenue le 7 septembre 2011.
MOTIVATION :
Sur la demande de nullité du mariage :
Attendu qu'aux termes de l'article 146 du code civil, il n'y a pas de mariage lorsqu'il n'y a
point de consentement ;
Qu'encore, l'article 180 alinéa 2 dispose que s'il y a eu erreur dans la personne, ou sur
les qualités essentielles de la personne, l'autre époux peut demander la nullité du
mariage ;
Attendu qu'en l'espèce, il n'est pas contesté que madame Y... avait débuté une relation
avec un collègue de travail en mars 2008, soit six mois avant la célébration du mariage,
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et que cette relation n'était pas connue de son fiancé ; Qu'en revanche, la question de la
poursuite de cette liaison au jour du mariage ou de la volonté de l'épouse d'y mettre un
terme est débattue et que de ce débat dépend la solution du litige ;
Attendu que les premiers juges, par une motivation pertinente que la cour adopte, ont
retenu que monsieur X... ne démontrait pas qu'au jour du mariage madame Y... aurait
entendu poursuivre sa relation avec son collègue ; Qu'ils ont dès lors justement
considéré que l'intimée avait contracté mariage avec l'appelant dans le souci de
respecter intégralement ses obligations à son égard, en sorte que le consentement de ce
dernier ne pouvait être vicié au jour du mariage ;
Attendu en effet, sur un plan strictement matériel, que l'éloignement géographique de
monsieur Mickaël Z..., installé au Canada à compter du 2 juillet 2008, rendait impossible
l'existence de relations entre madame Y... et ce dernier, au cours de la période précédant
et suivant directement la célébration du mariage ;
Que les attestations produites par l'appelant n'établissent pas formellement que
madame Y... avait l'intention, le jour de l'union, de poursuivre, sur un plan tant affectif
que physique, sa liaison avec monsieur Z...sous la forme d'une relation extra-conjugale ;
Que mademoiselle Christine A...atteste ainsi que l'intimée " désirait mettre un terme à
son aventure pour consolider son union avec monsieur X... " ;
Que le fait pour la future épouse d'avoir pensé à un autre homme le jour de l'union ne
signifie pas qu'elle n'entendait pas s'engager pleinement dans les liens du mariage avec
l'intention sincère de respecter les devoirs et obligations énoncés aux articles 212 et
suivants du code civil ;
Qu'encore, il ne saurait être tiré argument de la brièveté de la vie commune après le
mariage ou des circonstances de la rupture pour en déduire, de façon rétroactive,
l'existence, au jour de la célébration du mariage, d'un défaut ou d'un vice du
consentement ;
Qu'au vu de ce qui précède, il convient de confirmer le jugement entrepris en toutes ses
dispositions.
Sur les dépens et l'article 700 du code de procédure civile :
Attendu que monsieur X..., qui succombe, sera tenu aux dépens ; Qu'en revanche, il
n'apparaît pas contraire à l'équité de laisser à chaque partie la charge des frais
irrépétibles qu'elle a dû engager.
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PAR CES MOTIFS :
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que le mariage crée entre les époux. Leur exécution n’est pas cependant sans incidence
financière. Il en est ainsi de l’obligation de secours, d’assistance, le devoir de
communauté de vie…
Les effets patrimoniaux du mariage concernent en revanche les droits et les devoirs
découlant des rapports pécuniaires des époux entre eux et à l’égard des tiers.
L’ensemble de ces rapports sont organisés dans le cadre d’un régime matrimonial.
L’obligation de contribution aux charges du ménage est un exemple des rapports
pécuniaires entre époux.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES :
A l’issu de ce thème, les étudiants doivent :
v Maitriser de l’ensemble des effets à la fois patrimoniaux et extrapatrimoniaux
du mariage et pouvoir distinguer en conséquence le contenu des droits et des
devoirs de part et d’autre et éventuellement les sanctions prévues en cas
d’inexécution.
v Se familiariser davantage avec la notion de régime matrimonial, les formes
prévues par la loi ainsi que pour chaque régime matrimonial son contenu et ses
implications.
LECTURE CONSEILLEE
• Gaël HENAFF, La communauté de vie du couple endroit français, RTD. Civ., juillet-
septembre 1996.551.
• Articles 148 à 156 du Code de la famille
• Articles 214 à 226 du Code civil
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THÈME 3 : LA DISSOLUTION DU LIEN MATRIMONIAL
PRESENTATION DU THEME
Encore désigné sous le vocable de rupture du lien matrimonial, le divorce renvoie à
l’épilogue judiciaire d’une crise latente ou ouverte de l’union conjugale.
Mais, la loi sénégalaise consacre deux formes de divorce : le divorce par consentement
mutuel et le divorce contentieux. La première forme de divorce recouvre la situation où
les époux, conscients des difficultés cristallisées et peut-être irréversibles que traverse
leur couple, décident de la séparation définitive. Cependant, puisque le divorce demeure
obligatoirement judiciaire au Sénégal, ils soumettront leur projet de rupture à
l’homologation du juge. Les articles 158 à 164 règlementent ce type de divorce en
définissant les limites des pouvoirs des époux et en déterminant les missions du juge.
Ainsi, le couple a la faculté de convenir mutuellement des aspects patrimoniaux de leur
union et de s’entendre sur ses aspects extrapatrimoniaux dans les limites de ce
qu’autorisent l’ordre public et les bonnes mœurs. Par exemple, s’il y a des enfants
mineurs, leur garde sera définie suivant leur intérêt supérieur.
Le divorce contentieux, désigne, quant à lui, la situation où une partie à l’union désire la
rupture, nonobstant éventuellement l’absence de consentement de l’autre. Dès lors, elle
devra initier la procédure de divorce en invoquant à l’appui de ses prétentions, au moins
une des cause de divorce énumérées par l’article 166 du code de la famille. En pareille
occurrence, les pouvoirs du juge sont plus accrus dans la mesure où il devra examiner le
bien-fondé des allégations du demandeur en divorce et se prononcer sur les prétentions
subséquentes. En tout état de cause, afin d’éviter une procédure contentieuse
passionnelle, le code de la famille impose une tentative de conciliation obligatoire dont
seul l’échec éventuel peut autoriser le juge à examiner la demande au fond.
En toute hypothèse, il convient de souligner qu’au-delà de toutes ces questions de
conditions de fond et de forme du divorce (qui relèvent de la technique juridique), la
constante qui ressort d’une lecture du code de la famille est que le législateur a voulu
encadrer la rupture de l’union conjugale. Cette philosophie qui sous-tend les options du
législateur autorise à affirmer que l’union matrimoniale est essentiellement volontaire
tandis que le divorce est fondamentalement judiciaire. La présente séance est une
occasion pour les étudiants d’appréhender concrètement le mariage et le divorce à
travers l’initiation au cas pratique.
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Le divorce rompt à la fois les rapports pécuniaires et extrapatrimoniaux qui liaient les
époux. Aussi, convient-il de percevoir cette dualité des effets de la rupture afin de cerner
de manière exhaustive les conséquences du divorce quelle qu’en soit la forme.
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siège, président, avec l'assistance de Maître Papa Sogui FAYE, Greffier en Chef tenant la
plume, a été rendu le jugement dont la teneur suit dans la cause ;
ENTRE :
Monsieur X, né le 19 mai 1974 à Foumihara Demboubé demeurant au lieu de naissance ;
Comparant et concluant à l'audience en personne;
D'UNE PART
ET
Madame Y, née le 15 avril 1989 à Foumihara Demboubé aide-infirmière domiciliée au
lieu de naissance ;
Comparant et concluant à l'audience en personne;
D'AUTRE PART
Sans que les présentes qualités ne puissent nuire ni préjudicier en rien aux droits et
intérêts respectifs des parties en cause, mais avec les plus expresses réserves de fait et
de droit ;
POINT DE FAIT
Par requête écrite en date du 23/01/2014, la dame Y a saisi le Tribunal Départemental
de céans d'une action en divorce dirigée contre son époux Monsieur X;
A la suite de cette requête inscrite au rôle des affaires civiles sous le numéro 09 de
l'année 2014, les parties furent invitées à comparaître en chambre du conseil à
l'audience du 04 février 2014 pour la tentative de conciliation préalable ;
Advenue cette audience, la cause fut renvoyée tour à tour jusqu’à l’audience du 13 mai
2014 pour la citation de l’époux ;
A cette date échue, les époux ont régulièrement comparu et avant même la phase
obligatoire de la tentative de conciliation, ils ont communément manifesté leur volonté
de voir la procédure aboutir à un divorce par consentement mutuel ;
Sur quoi, le tribunal après avoir pris acte de la déclaration des deux époux a rendu le
jugement qui suit :
LE TRIBUNAL
Vu les pièces du dossier;
Vu la loi n°72-61 du 12 juin 1972 portant code de la famille;
Oui les parties en leurs déclarations respectives ;
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
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Attendu qu'à l'audience de ce jour, les époux susnommés ont Comparu devant le juge
pour faire constater le divorce par consentement mutuel intervenu entre eux et ont
déposé sur le bureau du Tribunal des documents desquels il résulte qu'ils ont contracté
mariage le 12/02/2004 à Foumihara Demboubé avec comme option la polygamie dont
aucun enfant en est issus ;
Attendu qu'aux termes de leurs accords, les époux susnommés ont convenu que chacun
disposera librement des biens lui appartenant ;
Attendu qu'il résulte du dossier et des débats à l'audience que la volonté des parties
s'est manifestée librement et qu'il ne résulte de leurs accords aucune disposition
contraire à la loi à l'ordre public et aux bonnes mœurs;
Qu'il y’a lieu en conséquence de constater le divorce par consentement mutuel des
époux et de leur en donner acte ;
PAR CES MOTIFS
Statuant publiquement, contradictoirement, en matière civile et en dernier ressort ;
DONNE acte aux époux X et Y de leurs déclarations ;
Constate le divorce par consentement mutuel intervenu entre eux comme
valablement donné et ce conformément aux dispositions de l'article 158 alinéa 3
du code de la famille ;
Dit et juge que le divorce par consentement mutuel dissout le lien matrimonial
desdits époux ;
Constate qu’aux termes de leurs accords, les époux ont convenu que chacun d’eux
disposera librement des biens lui appartenant ;
Constate que la volonté des parties s'est manifestée librement et qu'il ne résulte
de leurs accords aucune disposition contraire à la loi, à l'ordre public ou aux
bonnes mœurs ;
Ordonne que le dispositif du présent jugement sera transcrit sur les registres de
l'état civil du centre principal de Wouro Sidy où le mariage a été enregistré pour
l'année 2004 sous le numéro 11 et que mention sommaire en sera faite en marge
de l'acte de naissance de chacune des parties…
Dit que mention du divorce sera portée sur le livret de famille des ex-époux par
les soins de Monsieur le Greffier en Chef du Tribunal Départemental de Kanel, et
ce, conformément aux dispositions de l'article 174 alinéa 2 du code de la famille;
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Et vu les dispositions des articles 360 ter et 606 ter de la loi n°75-102 du 20
décembre 1975;
Dit que le présent jugement sera enregistré gratis et dispensé de timbre;
Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les, jours, mois et a que dessus; Et ont signé le
Président et le Greffier en Chef.
LE PRESIDENT LE GREFFIER EN CHEF
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Que lorsqu’elle était tombée malade, elle avait quitté le domicile conjugal et rejoint celui
de ses parents pour se soigner ;
Qu’elle a ajouté que depuis qu’elle est partie, son mari a coupé tout contact avec elle et
n’a fait aucun effort pour venir la chercher et ce malgré l’appel des habitants du village,
et des imams et qu’il s’est même permis de prendre une autre épouse ;
Qu’elle ne pouvait plus continuer à vivre dans cette situation et sollicite le divorce d’avec
cet homme ;
Attendu que le défendeur a réfuté les déclarations de son épouse ;
Qu’il a déclaré s’être toujours occupé d’elle et ce même lorsqu’il était au Gabon, en lui
envoyant régulièrement de l’argent ;
Qu’il a ajouté que le seul problème de son épouse est le fait qu’il ait pris une seconde
épouse ;
Qu’il a justifié ce second mariage par le fait qu’après cinq ans de ménage avec la
demanderesse, ils n’ont pas eu d’enfant ;
Attendu que la demanderesse n’a pas rapporté la preuve de ses déclarations ;
Que celles-ci n’ont par ailleurs pas été confirmées par le témoin qu’elle a fait citer ;
Qu’il ne ressort pas ainsi des débats, notamment des déclarations recueillies, Y
n’entretient pas sa femme X ;
Que dès lors le divorce ne saurait être prononcé pour la cause invoquée ;
Attendu que le divorce peut être prononcé en l’absence de toute autre cause pour
incompatibilité d’humeur rendant intolérable le maintien du lien conjugal ;
Qu’il échet ainsi de prononcer le divorce d’entre Y et X, pour ladite cause, aux torts
exclusifs de l’épouse ;
Sur les dommages et intérêts
Attendu que le divorce a été prononcé aux torts de l’épouse ;
PAR CES MOTIFS
Statuant publiquement, contradictoirement, en matière civile et en premier ressort :
EN LA FORME
Reçoit l’action ;
AU FOND
Prononce le divorce d’entre Y et X pour incompatibilité d’humeur, rendant
intolérable le maintien du lien conjugal, aux torts exclusifs de l’épouse ;
Fixe le délai de viduité à trois mois ;
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Ordonne la transcription des dites mentions en marge des actes de l’état civil des
parties ;
Dit enfin que le présent jugement sera dispensé des droits de timbres et
d’enregistrement ;
Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement, les jours, mois et an ci-dessus. Et ont
signé le Président et le Greffier.
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