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2022-2023
THEME :
LA RÉALISATION DES SURETÉS
A- LA REALISATION DU CAUTIONNEMENT
Les sûretés sont un moyen permettant d’assurer le paiement d’une dette liant un
créancier à son débiteur.
C’est en ce sens que l’article 1 de l’acte uniforme portant organisation des sûretés
défini la sûreté comme « l’affectation au bénéfice d’un créancier d’un bien, d’un
ensemble de biens ou d’un patrimoine afin de garantir l’exécution d’une
obligation ou d’un ensemble d’obligations, quelle que soit la nature juridique de
celles-ci et notamment qu’elles soient présentes ou futures, déterminées ou
déterminables, conditionnelles ou inconditionnelles, et que leur montant soit fixe
ou fluctuant. »
Il ressort de cet article que les principales sûretés sont les sûretés personnelles et
les sûretés réelles.
Par ailleurs, pour mettre en œuvre ces sûretés en cas de défaillance du débiteur le
créancier par le mécanisme de la réalisation peut selon différentes modalités
obtenir paiement de la créance garantie quel que soit sa nature. C’est dans ce
contexte que s’inscrit notre sujet qui est : la réalisation des sûretés.
Ce sujet présente un intérêt double. Un intérêt théorique car permettant
l’approfondissement des connaissances en matière de réalisation des sûretés et un
intérêt pratique concernant l’effectivité de la mise en œuvre de la réalisation des
modalités des sûretés.
Dès lors, il se pose la question suivante : quel sont les modes de réalisation des
sûretés ?
Les modalités de réalisation des sûretés personnelles varient selon qu’il s’agit
d’un cautionnement (A) ou d’une garantie autonome (B)
A- La réalisation du cautionnement
1
Traité actes uniformes commentés et annotés, Juriscope 2018, p.98.
2
ANOUKAHA (F.), CISSE -NIANG (A.), FOLI (M.), ISSA SAYEGH (J.), NDIAYE (I.Y.), SAMB (M.),
OHADA Sûretés, Bruylant Bruxelles, 2002, p.29
En ce qui concerne la défaillance du débiteur elle est prévue à l’article 23 en ses
alinéas 1 et 2. De ces articles il ressort que la défaillance du débiteur est
clairement constatée par une mise en demeure restée sans effets. Ainsi à la suite
de son inaction la caution sera maintenant engagée pour satisfaire à l’obligation
principale qui lui était échu.
3
Traité actes uniformes commentés et annotés, Juriscope 2018, p.900.
de sa créance si il y a conformité entre les documents présentés et l’effectivité de
la créance le garant est tenu au paiement de l’obligation il ne peut rejeter la
demande qu’en constatation de certaines irrégularités qu’il devra notifier au
créancier.
Outre les modalités de réalisation visible en matière de sûreté personnelle,
les sûretés réelles disposent également de certaines modalités de réalisation.
En la pratique comment cela se présente-t-il ?
L’analyse dans cette partie, portera sur les sûretés réelles principales(le gage et le
nantissement), les propriétés-sûretés.
S’agissant des sûretés réelles principales à savoir le gage et le nantissement il
faut savoir qu’elles ont des modes de réalisation qui leurs sont propres.
Concernant la réalisation du gage, lorsque le débiteur ne paie pas à l’échéance le
créancier a la possibilité d’exercer son droit de rétention lorsque le gage a été
constitué avec dépossession. Pour réaliser le gage le créancier bénéficie en vertu
de l’article 104 de l’acte uniforme organisant les sûretés de plusieurs options dont
la possibilité de vendre la chose, d’en demander l’attribution judiciaire ou dans le
cas où les parties auraient prévu une attribution conventionnelle du bien 4.
En ce qui concerne la vente forcée, lorsque le débiteur ne paie pas à l’échéance
le créancier gagiste muni d’un titre exécutoire peut faire procéder à la vente du
bien objet du gage huit jours après sommation de ce dernier5. Cette vente est
4
RACHEL KALIEU ELONGO, cours de droit des sûretés OHADA, Université de Dschang, 2016, P.35
5
Article 104 de l’acte uniforme organisant droit des sûretés
judiciaire, le créancier ne peut valablement procéder à une vente amiable du gage
même avec le concert de son débiteur6.
Ensuite, concernant l’attribution judiciaire du gage il permet au créancier gagiste
de faire ordonner en justice que le bien grevé lui demeurera en paiement jusqu’à
due concurrence du solde de sa créance après une estimation faite par un expert
ou suivant les cours pour les biens qui font souvent l’objet de transaction sur les
marchés internationaux tel que les matières premières. Cette estimation est
destinée à éviter la sous-évaluation du bien. En cas de pluralité de gagiste sur un
même bien seul le gagiste de premier rang peut demander l’attribution judiciaire7.
Enfin, concernant l’attribution conventionnelle les parties sont désormais
autorisées à convenir que le bien sera attribué en paiement au créancier gagiste à
défaut de paiement. Au terme de l’article 104 cela n’est possible que dans trois
cas, il faut tout d’abord que le bien objet du gage soit une somme d’argent ou
qu’il soit un bien dont la valeur fait l’objet de cotation officielle et enfin que le
débiteur de la dette garantie soit un débiteur professionnelle. Dans le dernier cas,
le bien gagé doit être estimé au jour du transfert par un expert désigné à l’amiable
ou judiciairement.
On retrouve ces différents modes de réalisation dans les gages spécifiques tels
que le gage de véhicule automobile qui contient les mêmes modes de réalisation
tout comme le gage de matériel professionnel et le gage de stocks.
Relativement au nantissement qui est l’affectation d’un bien meuble incorporel
ou d’un ensemble de bien meubles incorporels, présents ou futurs, en garantie
d’une ou plusieurs créances, présentes ou futures, à condition que celles-ci soit
déterminées ou déterminables8.
Les modes de réalisation tel que l’attribution judicaire, celle conventionnelle et
la vente forcée sont aussi retrouvé dans les nantissements notamment dans le
nantissement de droits d’associés et valeurs mobilières à l’article 144 de l’acte
uniforme organisant les sûretés. Toutefois certains nantissements obéissent à des
règles différentes comme c’est le cas des nantissements titres financiers.
Les modes de réalisation des sûretés principales étant examinés il convient de se
pencher sur la réalisation des propriétés sûretés.
Les propriétés sûretés prévues par l’acte uniforme sont au nombre de trois. Ce
sont la clause de réserve de propriété, la cession de créance à titre de garantie et
le transfert fiduciaire de somme d’argent.
6
Pour le détail voir le manuel sur les sûretés OHADA, Juriscope, 2002.
7
RACHEL KALIEU ELONGO, cours de droit des sûretés OHADA, Université de Dschang, 2016, P.37
8
Article 125 de l’AUS
La clause de réserve de propriété est la clause qui permet de retenir la propriété
d’un bien mobilier en garantie d’une obligation9. La réalisation de cette clause
certaines situations. Lorsqu’il s’agit d’un débiteur in bonis l’article 77 de l’acte
uniforme prévoit qu’en cas de non-paiement à l’échéance le créancier peut
demander la restitution afin de recouvrir le droit d’en disposer.
Dans le cas où le débiteur est soumis à une procédure collective la réalisation
prend la forme d’une revendication selon l’article 103 alinéas 4 et 5 de l’acte
uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif.
S’agissant de la réalisation de la cession de créance à titre de garantie elle est
prévue par l’article 86 qui dispose que « les sommes payés au cessionnaire au
titre de la créance cédée s’impute sur la créance garantie lorsqu’elle est échu. Le
surplus est restitué au cédant. Toute clause contraire est réputée non écrite. »
Enfin, le transfert fiduciaire est défini par l’article 87 alinéa 1 qui dispose que « le
transfert fiduciaire d’une somme d’argent est la convention par laquelle un
constituant cède des fonds en garantie de l’exécution d’une obligation. »
L’article 91 alinéa 2 dispose que « en cas de défaillance du débiteur et huit jours
après que le constituant en ait été dûment averti, le créancier peut se faire remettre
les fonds cédés dans la limite du montant des créances garanties demeurant
impayé.» En d’autres termes, huit jours après que le constituant en a été averti, le
créancier peut se faire remettre les fonds cédés dans la limite du montant des
créances restant impayés.
Au vu de cette analyse il convient maintenant d’analyser la réalisation de la sûreté
immobilière.
9
Article 72 de l’AUS
La réalisation de l’hypothèque conventionnelle peut se faire selon trois moyens :
la vente par voie de saisie immobilière, l’attribution conventionnelle et
l’attribution judiciaire de l’immeuble.
S’agissant de la vente par voie de saisie immobilière, lorsque le débiteur ne
s’exécute pas le créancier a la possibilité de saisir l’immeuble hypothéqué en vue
de sa vente, dont le produit servira à désintéresser le créancier hypothécaire et les
autres créanciers.
La procédure de saisie relève des voies d’exécutions tel que prévues aux articles
246 et s. par l’acte uniforme portant recouvrement et voies d’exécutions.
Pour ce qui est de l’attribution judiciaire l’article 198 de l’acte uniforme dispose
que « à moins qu’il ne poursuive la vente du bien hypothéqué selon les modalités
prévues par les règles de la saisie immobilière, auquel la convention ne peut
déroger le créancier hypothécaire peut demander en justice que l’immeuble lui
demeure en paiement.» Il ressort de cet article que le créancier impayé peut se
voir octroyer par la voie judiciaire l’immeuble hypothéqué. Toutefois si
l’immeuble constitue la résidence principale du constituant cette faculté n’est pas
octroyée au créancier.
Dans le cas de l’attribution conventionnelle l’article 199 de l’acte uniforme
prévoit qu’il peut être convenu dans la convention d’hypothèque que le créancier
deviendra propriétaire de l’immeuble hypothéqué en cas de non-paiement à deux
conditions. La première étant que le constituant soit une personne morale ou une
personne physique immatriculée au RCCM. La seconde que l’immeuble ne soit
pas à usage d’habitation.
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE