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Fiche de droit bancaire

Partie 1 : les opérateurs bancaires


Titre 1 : les structures de la profession bancaire
CH 1 : les établissements de crédit :

Section 1 : le statut des établissements de crédit :

L’art premier de la loi de janvier 2015 définit les établissements de crédits : « sont considérés comme
établissement de crédit les personnes morales qui exercent leur activité au Maroc, quels que soient le
lieu de leur siège social, la nationalité des apporteurs de leur capital social ou de leur dotation ou celles
de leurs dirigeants et qui exercent, à titre de profession habituelle, une ou plusieurs des activités
suivantes :

➢ La réception des fonds publics,


➢ Les opérations de crédit,
➢ La mise à disposition de la clientèle de tous moyens de paiement, ou leur gestion. »

1- Le monopole bancaire :
L’art 12 de la loi bancaire de 2015 dispose que les banques peuvent être agrées en vue d’exercer toute ou
partie des activités visées aux arts 1er, 7 et 16 de ladite loi, et sont seules à pouvoir être habilitées à recevoir
du public des fonds à vue ou d’un terme égal ou inférieur à deux ans.

L’art 1er vise le monopole bancaire le monopole bancaire dans le sens stricto sensu des termes. L’art 7
appréhende la notion des activités connexes (les services d’investissements, les opérations de change, les
opérations sur or, métaux précieux et pièces de monnaie…), et l’art 16 touche les services de paiement.

L’art 13 dispose que les sociétés de financement ne peuvent exercer parmi les activités visées à l’art 1 et
aux paragraphes 2 et 5 de l’art 7, que celles prévues dans les décisions d’agrément qui les concernent

Art 18 : Il est interdit à toute personne non agréée en qualité d’établissement de crédit ou d’établissement
de paiement d’effectuer à titre de profession habituelle, les opérations visées à l’art premier et 16.

Il est donc interdit à toute personne qui n’a pas obtenu l’agrément délivré par le gouverneur de BANK AL-
MAGHRIB de recevoir des fonds du public, d’octroyer des crédits et de mettre à disposition et de gérer des
moyens de paiement.

L’objet du monopole bancaire se fonde sur la nécessaire protection des déposants et afin de mettre en
place une sécurité bancaire. En effet, les établissements de crédit sont dotés d’un statut réglementé,
l’autorité peut leur imposer le respect de certaines prescriptions, notamment en matière de crédit.

A- Le domaine du monopole bancaire :


a) Les opérations de banque :
La réception de fonds du public : les fonds reçus du public sont les fonds qu’une personne recueille de tiers
sous forme de dépôt ou autrement, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, à charge pour elle
de les restituer. Sont assimilés aux fonds reçus du public : les fonds déposés en compte à vue, les fonds
déposés avec un terme, les fonds versés par un déposant avec stipulation d’une affectation spéciale.

La réception de fonds implique une remise de monnaie.

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Les fonds peuvent être reçus autrement que par un dépôt, ils peuvent être reçus par le biais de convention
de prêt ou d’une convention de compte bancaire. La notion de réception n’implique donc pas forcément le
contrat de dépôt au sens du DOC (art 781 et suivants). En droit bancaire, le contrat de dépôt n’a pas la
même signification. La réception de fonds se fait par plusieurs moyens. (Dépôt civil différent du dépôt
bancaire). Même si on qualifie de déposant le tiers qui verse les fonds à l’établissement de crédit et de
dépositaire ce dernier. Le moyen de remise est également indifférent (espèces, chèques, virement…). La
durée de la remise est également sans importance (les remises peuvent concerner des fonds restituables à
terme comme des fonds constitutifs de dépôts à vue).

A partir du moment où le banquier reçoit des fonds recueillis de personnes autre que lui-même, il reçoit
des fonds du public. L’établissement de crédit qui reçoit des fonds des tiers peut les utiliser pour son propre
compte selon ses convenances (généralement les banquiers travaillent avec l’argent des autres). Les
établissements de crédit ont l’obligation de restituer les fonds reçus.

Les opérations de crédit :art 3 de la loi 103-12 : tout acte, à titre onéreux, par lequel une personne met des
fonds à la disposition d’une autre personne, à charge pour celle-ci de les rembourser. Ou prend, dans
l’intérêt d’une autre personne, un engagement par signature, le fait de garantir un crédit, sous forme
d’aval, de cautionnement ou de toute autre garantie.

L’octroi de crédit est une opération par laquelle une personne met à la disposition de l’autre, d’une
manière onéreuse, des fonds. A charge de celle-ci de les rembourser> conception de contrat de prêt
classique.

Sont également assimilées à des opérations de crédit : les opérations de crédit-bail et de location avec
option d’achat, les opérations d’affacturage, les opérations de vente à réméré :

➢ Le contrat de crédit-bail est un montage qui est composé de plusieurs techniques juridiques : promesse
unilatérale de vente, promesse unilatérale d’achat, contrat de vente, contrat de location…etc. il a un
objectif financier : financer l’acquisition d’un bien pour un particulier. Le crédit—bail immobilier est
ouvert uniquement aux professionnels pour des besoins professionnels.
➢ La cession bail, contrat par lequel un client débiteur qui voudrait se faire financer, vend un bien à un
établissement de crédit qui va le lui donner par crédit-bail (le paiement du bien constitue l’octroi du
crédit, le client devra par la suite payer des tranches de crédit sous forme de loyer en contrepartie de la
jouissance du bien et qui rembourse le prix d’acquisition).
➢ L’affacturage est la convention par laquelle un établissement de crédit s’engage à recouvrer et à
mobiliser des créances commerciales soit en acquérant lesdites créances, soit en se portant
mandataires du créancier avec dans ce dernier cas, une garantie de bonne fin.
➢ La vente à réméré est une vente avec option de rachat.

Les opérations de crédit sont multiples et variées, on peut limiter l’appréhension de la notion de crédit par
deux choses : la rémunération et la mise à disposition des fonds :

• La rémunération constitue la condition de l’engagement du banquier : l’opération de crédit est


faite moyennant le versement d’un intérêt ou d’une commission. La conception du DOC dispose
que le contrat de prêt est gratuit (art 870 du DOC), comment se fait-il qu’il existe des contrats de
prêt avec intérêts ? d’abord, l’utilisation de cet article a été fortement limitée, cet article concerne
les musulmans en premier lieu, les établissements de crédit étant des personnes morales et de ce
fait elles n’ont donc pas de religion, elles ne sont donc pas concernées par l’art 870 du DOC.
• La mise à disposition des fonds : l’avance de fonds est un élément caractéristique de l’opération de
crédit. Elle repose sur le motif suivant : celui qui la demande souhaite obtenir immédiatement un
avantage qu’il pourrait obtenir plus tard ou moins facilement. Egalement, la mise à disposition des
fonds peut être future en cas de promesse de prêt. Elle peut être éventuelle lorsqu’elle ne devient
effective qu’en cas de défaillance du client (ex : cautionnement, aval, garanties). Elle est immédiate
lorsque le décaissement n’est subordonné à aucune date postérieure.
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L’opération de crédit suppose un coût du crédit, ce sont les frais et la rémunération du banquier. Le coût du
crédit est particulièrement important parce qu’il permet, par le biais du taux effectif global TEG, de calculer
le coût global du crédit et de plafonner le taux de l’intérêt conventionnel.

➢ Les éléments du taux d’intérêt : 1) taux de base bancaire qui est un taux de référence librement
déterminé par chaque établissement de crédit et auquel s’ajoutent certaines majorations (qui concerne
la durée du crédit, les risques engendrés et la surface financière du client) 2) le taux fixe, indexé,
variable.
➢ La fixation du taux d’intérêt : 1) liberté des parties 2) taux de l’intérêt conventionnel > la stipulation
d’intérêt doit être expresse, le taux d’intérêt conventionnel doit être fixé par écrit. 3) le taux effectif
global qui est le taux réellement pratiqué pour une opération de crédit déterminée, tous les éléments
participant au coût du crédit doivent être inclus dans le calcul du TEG, il doit être mentionné par écrit,
et ne doit pas dépasser plus tiers le taux effectif moyen qui est le taux pratiqué au cours du trimestre
précédent par les établissements de crédit pour les mêmes opérations de même nature comprenant
des risques analogues.

La mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou leur gestion :art 6 al 1 > sont
considérés comme moyen de paiement tous les instruments qui, quel que soit le support ou le procédé
technique utilisé, permettent à toute personne de transférer des fonds.

Autrement dit, ce sont des moyens de transfert de fonds indifféremment du support et procédé technique
utilisé. Le moyen de paiement peut être matérialisé dans un support (papier : chèque, magnétique :
virement) ou être dématérialisé (télépaiement). Le transfert peut être effectué au profit de n’importe
quelle personne. Il est généralement irrévocable sauf exceptions.

La mise à disposition des moyens de paiement se caractérise par la création des agences bancaires,
d’automates de distribution, de la mise à disposition de carte de paiement ou de chèque.

La gestion des moyens de paiement vise l’organisation des transferts de fonds, c à d le règlement du
paiement qui se traduit par le crédit d’un compte et le débit d’un autre compte. On parle d’opérations
d’encaissement et de décaissement, ainsi que les opérations effectuées par chèques, par virement, ou par
carte de paiement.

La monnaie électronique : elle constitue également un moyen de paiement et elle est définie comme étant
une monnaie qui se transfert uniquement par des moyens électroniques (PayPal, Bitcoin)

b) L’exercice habituel des opérations de banque :


Le monopole bancaire implique l’accomplissement d’opérations bancaire à titre habituelle. Toute opération
occasionnelle n’est pas possible puisque la loi énonce qu’il est interdit à toute autre entreprise autre qu’un
établissement de crédit de recevoir du public des fonds à vue ou à moins de deux and de terme. Les
personnes physiques qui n’agissent pas dans le cadre d’une entreprise individuelle peuvent recevoir
occasionnellement des fonds à vue ou à moins de deux ans de terme.

Les dépôts à vue ou à moins de deux ans de terme : ils représentent une grande partie des ressources des
banques. Ils sont remboursables immédiatement sur la demande des déposants > la propriété des fonds est
transférée au banquier mais ces fonds restent disponibles au profit du déposant qui peut les retirer à tout
moment. Au Maroc, le dépôt à vue porté dans les comptes de dépôts ou les comptes courants ne produit
pas automatiquement d’intérêts au profit du déposant. En France, les dépôts à vue sont rémunérés à partir
de 2005 suite à la condamnation de la CJCE de l’interdiction française.

B- L’étendue du monopole bancaire :


➢ Les activités compatibles avec le monopole bancaire :

Les établissements de crédit voient leurs activités se diversifier. Cette diversification doit permettre au
secteur bancaire d’effectuer sa mutation et répondre aux contraintes économiques qui pèsent sur lui.
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Les établissements bancaires peuvent, en plus de leurs activités bancaires principales protégées par le
monopole, proposer d’autres services à la clientèle. La loi bancaire de 2006 distinguait les activités
connexes aux opérations bancaires, les activités extra-bancaires et enfin, les prises de participation. La
nouvelle loi bancaire de 2015 a mis en place une nouvelle classification :

Dans son article 7, elle ne fait pas expressément références aux opérations connexes telles que prévues par
la loi de 2006 : elle les maintient sans les qualifier de connexe. Ainsi, les établissements de crédit peuvent
effectuer en dehors du monopole bancaire au sens stricto sensu du terme, les opérations ci-après : 1) les
opérations de change. 2) les opérations sur or et métaux précieux et pièces de monnaie. 3) la présentation
au public des opérations d’assurance de personne, d’assistance, d’assurance-crédit et toute autre
opération d’assurance. 4) les opérations de location de biens mobiliers ou immobiliers, pour les
établissements qui effectuent, à titre habituel, des opérations de crédit-bail.

Egalement, la nouvelle loi bancaire considère désormais les anciennes activités extra bancaires de services
d’investissements, celles-ci sont citées par l’art 8 de la loi bancaire de 2015 : * la gestion d’instruments
financiers * la négociation pour compte propre ou pour compte de tiers d’instruments financiers * la
réception et la transmission d’ordres pour le compte de tiers * le conseil et l’assistance en matière de
gestion de patrimoine et en matière de gestion financière * l’ingénierie financière * le placement sous
toutes ses formes * le services de notation de crédit.

Les établissements de crédit peuvent également effectuer certaines activités, qui sont qualifiées comme
activité connexes aux services d’investissements : les opérations d’octroi de crédits à un investisseur pour
lui permettre d’effectuer une transaction qui porte sur des instruments financiers ; le conseil et la
fourniture de services aux entreprises notamment en matière de structure de capital, de stratégie, de
fusion et de rachat.

Ces activités ne peuvent être effectuées qu’à certaines conditions. Elles doivent demeurer d’une
importance limitée par rapport à l’ensemble des activités habituelles de l’établissement et ne pas
empêcher, restreindre ou fausser le jeu de la concurrence.

Ces limitations visent à éviter que les établissements bancaires prennent des risques susceptibles de porter
atteinte à la sécurité des déposants.

Enfin, les établissements de crédit peuvent prendre des participations directement ou indirectement dans
des entreprises existantes ou en création. Toutefois, BANK AL MAGHRIB peut s’opposer à toute prise de
participation de la part d’un établissement de crédit qui pourrait altérer sa situation sur le plan de la
solvabilité, de liquidité ou de rentabilité, ou de lui faire courir un risque excessif.

➢ Les exceptions au monopole bancaire :

L’art 23 de la loi bancaire de 2015 énonce de nombreuses dérogations au monopole des établissements de
crédit. Ces dérogations concernent les opérateurs bancaires, c à d les personnes morales qui peuvent
exercer le monopole sans agrément et qui sont : 1) BAM 2)la trésorerie générale du royaume 3) les
entreprises d’assurances et de réassurances régies par la loi 17-99 4) les organismes à but non lucratif qui,
dans le cadre de leur mission et pour des raisons d’ordre social, accordent sur leurs propres des prêts à des
conditions préférentielles aux personnes qui peuvent en bénéficier en vertu des statuts de ces organismes
5) le fonds Hassan II pour le développement économique et social régi par la loi 36-01 6) les institutions
financières internationales et les organismes publics de coopération étrangers autorisées par une
convention conclue avec le gvnmt du Royaume du Maroc.

Par ailleurs, les opérations de crédit demeurent licites lorsqu’elles sont accomplies par des organismes à
vocation sociale. Ce sont ici les finalités sociales qui justifient les dérogations. Ainsi, les opérations de crédit
demeurent licites lorsqu’elles sont accomplis : soit par des organismes sans but lucratif qui accordent sur
leurs ressources propres des prêts à conditions préférentielles pour des motifs d’ordre social ; soit par des
organismes qui, à titre accessoire de leur activité de constructeur ou de prestataire de services, consentent
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aux personnes physique accédant à la propriété le paiement différé du prix des logements acquis ou
souscrits par elles (Addoha ;) ; soit par des entreprises qui consentent à leurs salariés des avances sur
salaires ou des prêts de caractère exceptionnel pour des motifs d’ordre social…

➢ Sanctions de non-respect du monopole bancaire :

La violation du monopole bancaire peut donner lieu à des sanctions pénales, disciplinaires et civiles.

Sanctions pénales : On note un durcissement pécuniaire du châtiment pénal. L’art 183 de la loi bancaire de
2015 sanctionne de l’emprisonnement de 6 mois à 3ans et d’une amende de 100.000 à 5.000.000 de
dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement, toute personne qui :

• Exerce, à titre de profession habituelle, les opérations visées aux articles 1 et 16 de la loi sans avoir
été dûment agréée en tant qu’établissement de crédit.
• Effectue des opérations pour lesquelles elle n’a pas été agréée.

Il faut relever le rôle important de BAM dans ces procédures. Les autorités judiciaires saisies peuvent, en
tout état de la procédure, demander à celle-ci tout avis ou information. BAM peut également se constituer
partie civile à tous les stades de la procédure.

Sanctions disciplinaires : BAM a le pouvoir de prononcer à l’encontre de tout établissement qui ne respecte
pas les limites de l’agrément qui lui a été accordé, des sanctions pouvant aller du simple avertissement à la
radiation de l’établissement de la liste des établissements de crédit. Ces sanctions peuvent être
accompagnés d’une sanction pécuniaire égale ou plus au cinquième du capital minimum auquel il est
assujetti la personne morale.

Sanctions civiles : La question qui se pose concerne le sort des opérations accomplies en violation du
monopole. En l’absence de dispositions légales prévues par la loi bancaire, le droit commun est applicable.
Voir le cas français p. 22.

2- L’agrément de Bank AL-MAGHRIB


L’agrément est un acte émanant des autorités bancaires, quelle qu’en soit la forme, d’où découle la faculté
d’exercer l’activité d’établissement de crédit. Ainsi, toute personne morale considérée comme
établissement de crédit doit, avant d’exercer ses activités au Maroc, avoir été préalablement agréée par le
gouverneur de BAM après avis du comité des établissements de crédit.

Une des particularités de l’agrément tient à son caractère « spécial » : l’établissement qui en fait la
demande n’est pas agréé en tant qu’établissement de crédit mais soit au titre d’une catégorie
d’établissement de crédit, soit d’une catégorie d’organismes assimilés à un établissement de crédit. Un
établissement de crédit est donc agréé en qualité de banque, ou société de financement, etc.

A- Conditions de l’agrément :

L’art 34 et suivants de la loi bancaire de 2015 mentionnent les conditions pour obtenir l’agrément. Celles-ci
sont relatives à la forme juridique de l’établissement, à sa direction ou encore à son capital.

Concernant la forme juridique, en principe, seules les personnes morales peuvent être agréées. Il existe
quelques exceptions : les formes sociales compatibles avec l’activité d’établissement de crédit : les sociétés
anonymes à capital fixe et les coopératives à capital variable. En ce qui concerne les établissements de
paiement, seule la forme sociale de société anonyme et de société à responsabilité limité leur est permise.

Les dirigeants, quelle que soit leur nationalité, doivent posséder « l’honorabilité et la compétence
nécessaires ainsi que l’expérience adéquate à leur fonction ». Ceci dit, cette condition floue reste à
préciser. L’établissement doit également posséder un personnel compétent et des moyens techniques qui
lui permettent d’effectuer l’activité qu’il envisage. Par ailleurs, le Comité des établissements de crédit et
BAM demandent aux apporteurs de capitaux détenant au moins 10% du capital ou des droits de vote de lui
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communiquer une série de renseignements afin de vérifier la sécurité financière de l’établissement et
éviter que soit agréer un établissement pratiquant le blanchiment.

Enfin, l’établissement pour être agréé doit disposer d’un capitallibéré ou d’une dotation versée d’un
montant au moins égal à une somme fixée. Les taux diffèrent selon la catégorie juridique de
l’établissement.

B- Décision d’agrément :

La décision d’agrément est délivrée depuis 2006 par le gouverneur de la BAM après avis obligatoire du CEC.
Cette autorité dispose d’un délai de 4 mois pour statuer à compter du dépôt de la demande. Avant 2006,
c’était le ministre de la finance qui décidait de l’agrément.

Si BAM accorde l’agrément, il doit préciser la catégorie dans laquelle figure l’établissement. La liste des
établissements de crédit et organismes assimilés est publiée au Bulletin officiel.

Le refus d’agrément peut trouver son origine dans une des causes mentionnées à l’art 34. La décision de
BAM, acte administratif, peut faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir devant les juridictions
administratives.

C- Retrait de l’agrément :

Art 52 > le retrait d’agrément est prononcé par BAM à la demande de l’établissement, ou décidé d’office
par le gouverneur de BAM si l’établissement ne remplit plus les conditions ou les engagements auxquels
étaient subordonné son agrément ; ou si l’établissement n’en a pas fait usage dans un délai de douze
mois ; ou si l’établissement n’exerce plus son activité depuis plus de 6 mois ; enfin, en cas de situation
irrémédiablement compromise.

Le retrait d’agrément entraîne la liquidation judiciaire de la personne morale.

D- Absence d’agrément :

Voir p 25.

Section 2 : les différentes catégories d’établissements de crédit et organismes assimilés :

La loi bancaire de 2015 dispose dans son art 10 que les établissements de crédit comprennent deux
catégories : les banques et les sociétés de financement. Et elle ajoute une nouvelle classification dans son
art 11, celle d’organismes assimilés aux établissements de crédit :

1) Les établissements de crédit


Les banques : le statut de banque a une vocation universelle, elles ont pour particularité de pouvoir
effectuer toutes les opérations de banques, à savoir : la réception des fonds du public, la réalisation des
opérations de crédit et la mise à disposition ou la gestion des moyens de paiement. Les banques peuvent
relever du secteur public ou du secteur privé. Il peut s’agir de banque à réseau ou banque de siège. Et si
certaine ont une vocation véritablement généraliste, il existe également des banques spécialisées.

Les sociétés de financement : ce sont des établissements de crédit spécialisées qui ont une capacité
réduite. Selon les termes de l’art 12, elles ne peuvent recevoir des fonds à vue ou à moins de deux de
termes, le financement de leur activité ne peut être assuré que grâce à leurs capitaux propres ou par des
emprunts auprès d’autres établissements de crédit. Les sociétés financières ne peuvent effectuer que les
opérations de banques résultant soir de la décision de l’agrément qui les concerne, soit des dispositions
législatives et réglementaires qui leur sont propres. (Ex : les ets de vente à crédit, les entreprises de crédit-
bail, les sctés d’affacturage).
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2) Les organismes assimilés aux établissements de crédit
1. Les établissements de paiement : ce sont ceux qui offrent un ou plusieurs services de paiement. Il est
essentiel de souligner la différence entre les paiements d’une part, et les services de paiement d’autre
part. Les services de paiement consistent dans la mise à disposition d’instruments de paiement, dans le
traitement et la transmission des données et dans le transfert de fonds qu’ils réalisent.
2. Les associations de microcrédit : association dont l’objet est la distribution des microcrédits qui sont
des crédits dont l’objet est de permettre à des personnes faibles de créer ou de développer leur propre
activité de production ou de service en vue d’assurer leur insertion économique, son montant ne peut
excéder 50.000 dhs.
3. Les banques offshores : personne morale qui, quelle que soit la nationalité de ses dirigeants et les
détenteurs de son capital social, qui a son siège dans une place financière offshore et pour profession
habituelle et principale de recevoir des dépôts en monnaies étrangères convertibles et d’effectuer, en
ces mêmes monnaies, pour son propre compte ou pour le compte de ses clients toutes opérations
financières, de crédit, de bourse ou de change.
4. Les compagnies financières : l’art 20 de la nouvelle loi bancaire énonce que ses dernières sont des
sociétés qui contrôlent, exclusivement ou principalement, un ou plusieurs établissements de crédit.
5. La caisse de dépôt et de gestion.
6. La caisse centrale de garantie.

CH 2 : les organes de contrôle de l’activité bancaire :

Section 1 : le contrôle par BAM


Art 80 et suivants > BAM est chargée de contrôler le respect par les établissements de crédit, des
dispositions de la loi bancaire et des textes pris pour son application ; elle vérifie l’adéquation de
l’organisation administrative et comptable et du système de contrôle interne de ces établissements et veille
à la qualité de leur situation financière. Dans ce cadre, BAM est habilitée à effectuer les contrôles sur place
et sur documents des établissements susvisés. Les contrôles sur place peuvent être étendus à leurs filiales
et aux personnes morales qui les contrôlent.

Les entreprises ayant leur siège social au Maroc qui contrôlent un établissement de crédit, sont tenues de
communiquer à BAM leurs états de synthèse.

BAM peut demander aux organismes soumis à son contrôle, la communication de tous documents et
renseignements nécessaires à l’accomplissement de sa mission. BAM communique les résultats des
contrôles ainsi que ses recommandations aux dirigeants de l’établissement concerné et à son organe
d’administration ou de surveillance.

Toutes personnes occupant une fonction de direction (PDG, dg, membres du directoire), dans un
établissement soumis au contrôle de BAM, sont tenus d’informer les membres du conseil d’administration
ou du conseil de surveillance de leur établissement, ainsi que le ministre chargé des finances et le
gouverneur de BAM, de toute anomalie ou événement grave survenu dans l’activité ou la gestion dudit
établissement et qui sont susceptibles d’en compromettre la situation ou de porter atteinte au renom de la
profession. Voir p 33 et 34

Section 2 : le contrôle des commissaires aux comptes


Art 99 et suivants > un CAC exerce une profession agréée, c’est un extérieur à l’entreprise ayant pour rôle
de contrôler la sincérité et la régularité des comptes annuels. Les établissements de crédit sont tenus de
désigner deux commissaires aux comptes qui ont pour mission : de contrôler les comptes conformément à
la loi relative aux S.A ; de s’assurer du respect des mesures prises en application des dispositions de la
présente loi ; de vérifier la sincérité des informations destinées au public et leur concordance avec les
comptes.

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Les CAC doivent présenter toutes les garanties d’indépendance à l’égard de l’établissement contrôlé. Ils
établissent des rapports qui sont communiqués à BAM et au conseil d’administration ou de surveillance de
l’établissement. Ils sont tenus de signaler immédiatement à BAM tout fait ou décision dont ils ont
connaissance au cours de l’exercice de leur mission qui constituent une violation des dispositions
législatives ou réglementaires et qui sont de nature à affecter la situation financière de l’établissement, à
mettre en danger la continuité de l’exploitation, à entrainer l’émission de réserves ou le refus de
certification des comptes.

BAM peut saisir les organes délibérant de l’établissement contrôlé afin de mettre fin au mandant d’un CAC
et procéder à son remplacement, lorsque ce dernier ne respecte pas les dispositions de la loi bancaire, a
fait l’objet de mesures disciplinaires de la part de l’ordre des experts comptables ou de sanctions pénales.

Titre 2 : les obligations professionnelles du banquier


CH 1 : les obligations envers la clientèle

Section 1 : l’étendue des obligations du banquier :

1- L’assistance du client :
Le principe de non-ingérence : ou principe de non immiscion, il impose aux établissements de crédit de ne
pas intervenir dans les affaires de leurs clients. Il connait des applications multiples : concernant les services
de caisses, l’établissement bancaire n’a pas à rechercher l’origine ou le destinataire des fonds ; en matière
de crédit, si une banque accorde un prêt à un client pour un investissement, elle n’a pas à rechercher si cet
investissement est opportun.
Ce principe n’a pas un caractère absolu, il doit s’articuler avec le principe de vigilance qui impose au
banquier de procéder à certaines vérifications pour détecter les anomalies et irrégularités manifestes.

L’obligation d’information : le devoir d’information porte sur les conditions de l’opération projetée, c’est
en quelque sorte une obligation de renseignement. Il s’agit d’une obligation de moyen qui repose sur le
banquier, il appartient donc au client qui estime que son banquier a manqué à son devoir d’information de
prouver la faute de celui-ci. Ceci dit, quand l’absence totale d’information est présumée, le banquier devra
prouver qu’il a exécuter son obligation. Cette obligation cesse dès-lors que le client est parfaitement au
courant de sa situation.
Le devoir de conseil vise l’opportunité de la décision, et la responsabilité du banquier dispensateur de
crédit ne saurait être engagée au motif qu’il aurait manqué à son obligation de conseil, dès lors que le
banquier n’a pas à se substituer à son client dans l’appréciation de l’utilité du crédit demandé. Cette
obligation est donc limitée par le principe de non-ingérence.

2- Le secret professionnel :
L’atteinte au secret professionnel est relative à la révélation d’une information à caractère secret. Ce
manquement souligne l’importance de la confidentialité qui doit être préservée pour assurer notamment la
protection de la vie privée de la clientèle et le secret des affaires.

Les magistrats apprécient le caractère confidentiel d’une information au regard des pratiques
professionnelles et les circonstances conduisant à sa validation. Par ex : la diffusion par un banquier à des
commerçants d’une liste informatique de clients douteux est considérée comme une atteinte au secret
professionnel.

Les personnes soumises au secret professionnel sont : toute personne appelée, à un titre quelconque, à
connaître ou à exploiter des informations se rapportant à des établissements de crédit ou à des organismes
assimilés, conseil national du crédit et de l’épargne, CEC, commission de discipline des établissements de
crédit… voir p 39.

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Néanmoins, il existe des exceptions à ce principe : les établissements de crédit ne peuvent pas s’abriter
derrière le secret professionnel lorsqu’elles sont interrogés par certaines administrations comme les
services fiscaux, les douanes, les autorités judiciaires dans le cadre d’une procédure pénale ou par BAM.

Section 2 : les sanctions de non-respect des obligations du banquier :

1- Les sanctions civiles :


La responsabilité du banquier à l’égard du client : elle ne sort pas de l’ordinaire du droit commun de la
responsabilité contractuelle. Elle suppose principalement la commission d’une faute contractuelle (non-
respect total ou partiel des clauses contractuelles), un lien de causalité et un dommage subi par le client.

La responsabilité du banquier à l’égard des créanciers : la responsabilité délictuelle du banquier se base


essentiellement sur les dispositions des arts 77 et 78 du DOC. En fait, la jurisprudence a toujours chercher à
faire participer le banquier dans les pertes des projets financés.

➢ La responsabilité civile délictuelle du banquier dispensateur de crédit : les créanciers du débiteur


peuvent être les victimes des crédits imprudents accordés par un banquier. En créant une apparence
de solvabilité, le crédit agit comme un leurre : il donne au débiteur l’illusion d’échapper à la faillite et
offre aux créanciers une perspective de paiement qui n’est en réalité qu’un mirage. Mais tôt ou tard
l’entreprise disparaîtra et les créanciers dont les chances de paiement s’évanouiront alors,
demanderont réparation de ce préjudice au banquier. Sa responsabilité sera délictuelle, car le
dispensateur de crédit n’est lié aux créanciers de son client par aucune espèce de contrat. Fondée sur
le droit commun (art 77 et 78 du DOC), cette responsabilité est le plus souvent mise en œuvre dans le
cadre d’une procédure collective.

La liste des fautes du banquier est longue est non exhaustive :

➢ Financement d’activités illicites ou recours à des procédés de crédit interdit : le banquier doit connaitre
ses clients. Il commettrait une faute s’il concourait au financement d’une activité en elle-même illicite
ou exercée de manière illicite. Le crédit bancaire constitue une sorte de brevet de moralité qui
encourage les tiers à traiter avec le commerçant malhonnête. De même, le banquier qui se prêterait à
l’escompte d’effets fictifs ou de complaisance s’exposerait au risque de voir sa responsabilité engagée.
➢ Défaut de surveillance des fonds prêtés : le banquier a intérêt évident à s’assurer que les fonds qu’il
prête reçoivent effectivement la destination annoncée par l’emprunteur.
➢ Inadaptation du crédit aux besoins du client : le devoir de discernement impose au banquier de veiller à
ce que le crédit soit adapté aux besoins du client. Il doit s’informer afin d’ajuster le montant du
concours qui ne doit être ni trop élevé, ni trop faible. Le banquier est tenu de prendre toutes les
dispositions pour ne pas causer de préjudice à son client ou aux tiers.
➢ Financement d’une entreprise dont la situation est compromise

Les créanciers qui prétendent avoir été victimes du comportement et des décisions du banquier doivent
naturellement démontrer la réalité du préjudice et qu’ils ont subi l’existence d’un rapport de causalité
unissant ce dommage à la faute du professionnel du crédit, puisque leur action se situe sur le terrain de la
responsabilité civile délictuelle de droit commun annoncée aux arts 77 et 78 du DOC.

2- Responsabilité pénale du banquier :


Il peut s’agir de la responsabilité pénale de la personne morale ou bien la responsabilité pénale personnelle
de l’agent. L’infraction pénale la plus compatible avec la responsabilité pénale du banquier dispensateur de
crédit est la Banqueroute. Il s’agit de la distribution de crédits à des entreprises, dont la situation financière
est à tel point compromise qu’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire sera par la suite
ouverte à leur égard.

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L’art 721 du CDC dispose que les coupables de banqueroute sont les dirigeants de l’établissement de crédit
ayant facilité sa préparation ou sa consommation en toute connaissance de cause.

La banqueroute est punie de 1 à 5 ans d’emprisonnement et d’une amende de 10.000 à 100.000 dirhams
ou d’une de ces deux peines seulement. Les personnes coupables de banqueroute peuvent encourir
également, à titre de peine accessoire, la déchéance commerciale.

CH 2 : les obligations d’intérêt général : la lutte contre le blanchiment des capitaux :

Section 1 : l’étendue des obligations du banquier :

1- L’obligation de déclaration :
BAM a demandé aux organismes financiers par des circulaires de février 2001 et de décembre 2003 à faire
part d’une vigilance renforcée vis-à-vis des flux financiers suspects. Deux lois et un décret ont été adapté à
la matière par la suite : la loi 43-05 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux ; le décret n° 2-08-
572 du 25 hija 1429 portant création de l’unité de traitement du renseignement financier ; la loi 03-03
relative à la lutte contre le terrorisme.

Ainsi, l’obligation de déclarer s’impose à tous les organismes, institutions et services régis par les
dispositions de la loi bancaire.

La procédure de déclaration : les organismes financiers sont tenus de déclarer à l’unité de traitement du
renseignement financier : 1) les sommes inscrites dans leurs livres qui pourraient provenir du trafic de
stupéfiants ou d’activités criminelles organisées 2) les opérations qui portent sur des sommes qui
pourraient provenir du trafic de stupéfiants ou d’activités criminelles organisées.

2- L’obligation de vérification : devoir de vérification et responsabilité


incombant au banquier :
Le banquier est tenu par une obligation de vigilance avant l’entrée en relation avec sa clientèle. Le
professionnel doit, en effet, identifier son client et doit se faire présenter tout document écrit probant pour
s’assurer l’exactitude des éléments d’identifications recueillis. Il doit également recueillir les informations
relatives à l’objet et la nature de la relation d’affaires et tout autre élément pertinent sur son client.

L’obligation de vérification concerne le suivi des clients et des opérations qu’ils conduisent.

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LES FINANCES PARTICIPATIVES
Le principe fondamental de la banque participative repose sur l'intervention directe de la Banque dans les
transactions financées par elle. La rémunération qu'elle perçoit se justifie soit par sa qualité de
copropriétaire , aux résultats du projet financé (pertes ou profits) dans le cas d'une Moudharaba ou
d'une Moucharaka, soit par la prestation de commercialisation ou de location de biens préalablement
acquis par elle , dans le cas d'une Mourabaha , d'un Idjar ( Leasing / Location-vente) ou d'un Salam , soit ,
enfin par la fabrication/construction de biens meubles ou immeubles par ses soins ou par des tiers , dans le
cas d'un Istsina'a.
La règle générale est que la monnaie, n'est, du point de vue islamique, qu'un simple intermédiaire et
instrument de mesure dans les échanges de produits. Même si, en parallèle, elle assure une fonction de
réserve de valeur, elle ne peut produire de surplus que dans la mesure où elle est transformée
préalablement en bien réel.
Donc, la marge bancaire n'est considérée comme licite par la chari'a islamique que dans la mesure où elle
est générée par l'une des activités suivantes : Vente - Participation - Location - Fabrication. Les Institutions
financières islamiques ont une double vocation commerciale et financière. Loin de se cantonner dans la
mission classique d'intermédiation financière, elles interviennent dans les activités de création,
transformation et commercialisation des richesses en tant que parties prenantes à part entière.
Cette double vocation est illustrée sur le plan juridique par l'existence de deux types de clauses dans les
contrats de financement régissant la relation entre la Banque Islamique et ses partenaires: des clauses
financières fixant le montant, la durée et les conditions générales d'utilisation et de renouvellement de la
ligne de financement, des clauses commerciales, fixant les modalités de la transaction et/ou opération
effectuée dans le cadre de la ligne de financement précitée.
Cette double vocation est illustrée sur le plan juridique par l'existence de deux types de clauses dans les
contrats de financement régissant la relation entre la Banque Islamique et ses partenaires: des clauses
financières fixant le montant, la durée et les conditions générales d'utilisation et de renouvellement de la
ligne de financement, des clauses commerciales, fixant les modalités de la transaction et/ou opération
effectuée dans le cadre de la ligne de financement précitée.

La Finance participative n'a donc pas pour seul objectif la rentabilité contrairement à la finance
conventionnelle loin de là. La finance islamique doit jouer un véritable rôle dans l'économie d'un pays. Elle
doit participer directement aux projets, et ainsi créer de la vraie valeur ajoutée. La finance islamique doit
jouer un rôle d'Acteur et prendre des risques et non pas un rôle de Spectateur comme dans le cadre de la
finance conventionnelle.

Un crédit immobilier est le plus souvent :


Etabli sous forme de Prêt d'un montant précis (encore qu'il existe aussi dans des cas particuliers des
formules d'ouverture de crédit immobilier pouvant être utilisé par tirages à l'intérieur d'un plafond total)
accordé par une banque ou un organisme financier spécialisé. établi sur une durée longue (plusieurs
années ou décennies) sauf en cas de Prêt relais couvrant une période d'attente entre l'achat d'un bien
immobilier et la revente d'un autre bien ou une autre rentrée financière attendue) à Taux fixe sur toute la
durée du pret immobilier (c'est du moins le cas le plus courant en France), ou bien taux révisable lié à un
apport personnel. Cependant, un financement de la totalité de l'acquisition (coût d'acquisition du bien +
frais de notaire + coût de la garantie) est toujours possible. remboursables par mensualités constantes avec
une garantie de prêt sur le bien financé accompagnée d'une Assurance décès invalidité sur l'emprunteur,
de frais de dossier limité à une partie de la valeur du bien, en général un apport personnel situé entre 10 et
30 % est exigé.

La taux effectif global ( TEG )

Est le coût total du prêt consenti à l'emprunteur exprimé en pourcentage annuel du montant de ce prêt. Le
TEG est calculé à partir du taux nominal. C'est l'indicateur du coût global de votre prêt.
Les différents types de prêt immobilier.
D'un point de vue technique, il existe plusieurs types de prêt : Le prêt amortissable Le prêt in fine Le prêt
progressif ou dégressif Le prêt palier Le prêt modulable Société de courtage en prêt immobilier
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Il n'existe pas de définition unique de la finance islamique mais ce terme est aujourd'hui largement utilisé
pour désigner les activités financières et commerciales qui respectent les principes du droit et de la
jurisprudence islamiques, plus communément désignés sous le vocable "Chari'a". Le respect de tels
principes permet ainsi d'investir et de réaliser des profits en conformité avec les règles du droit musulman.
De manière générale, les produits et instruments financiers compatibles avec la Chari'a visent à offrir une
alternative éthique viable aux outils de financement traditionnels.
Les sources de la "Chari'a"
Le mot arabe "Chari'a" signifie littéralement "le chemin".
A travers des principes et des recommandations, la Chari'a définit un comportement acceptable dans tous
les domaines de la vie des musulmans. Elle gouverne la dimension morale, éthique, spirituelle et sociale de
la vie privée et publique des musulmans, incluant notamment les activités économiques et commerciales.
Le terme Chari'a désigne la loi islamique non codifiée. Il s'agit d'un système légal basé sur l'éthique
musulmane, qu'il est possible d'interpréter et de développer.

Les principales prohibitions ou restrictions de la Chari'a incluent :

L'intérêt (riba)
L'interdiction du riba est une règle fondamentale de l'Islam. La Chari'a considère l'argent comme un simple
moyen d'échange. L'argent ne peut par conséquent, à lui seul, faire l'objet d'un contrat ou être utilisé
comme un moyen de réaliser un profit. Cette prescription interdit de percevoir tout intérêt en contrepartie
de la mise à disposition d'une somme d'argent. En vertu de la Chari'a, la perception et la réception
d'intérêts (fixes ou variables) sont ainsi strictement prohibées et toute obligation de verser des intérêts est
réputée nulle.

L'incertitude (gharar)
En droit musulman, les contrats contenant des éléments d'incertitude sont réputés nuls. Un contrat non
affecté par le gharar est un contrat dont tous les termes fondamentaux (tels que le prix, l'objet, l'identité
des parties et les délais d'exécution) sont clairement définis au jour de sa conclusion. Cette règle est
rigoureusement appliquée par les scholars. Il est ainsi rare de prévoir des conditions suspensives portant
sur les éléments caractéristiques du contrat dans les documents de financement islamique. Les scholars
encouragent par ailleurs fortement la satisfaction de toutes les conditions préalables avant la signature du
contrat.

La spéculation (maisir)
Les opérations qui reposent sur de la pure spéculation en vue de réaliser un profit sont illicites (haram) et
donc nulles en droit musulman. Ce principe ferme notamment aux investisseurs islamiques l'accès au
marché des produits dérivés en tant que source de profit à titre principal et fait obstacle à ce que ces
derniers participent à la négociation spéculative de titres de sociétés. Il existe cependant une nette
distinction entre les opérations relevant de la pure spéculation et une activité certes spéculative au sens de
non certaine mais accomplie de façon “entrepreneuriale”, qui est, elle, parfaitement licite dans la mesure
où elle est au service de la création ou de l'investissement dans une entreprise.

L'enrichissement injuste / exploitation déloyale


Les contrats aux termes desquels l'une des parties exploite de façon déloyale son cocontractant ou perçoit
injustement un gain au détriment de ce dernier sont également réputés nuls. En effet, suivant les principes
dictés par la Chari'a, un musulman ne doit générer de profit qu'à partir de transactions ou d'activités dans
lesquelles il investit et à la condition qu'il en partage les risques (cette règle fait référence au “principe des
trois p” : partage des pertes et des profits). Le partage n'est pas nécessairement égalitaire mais il doit être
déterminé selon une clé de répartition convenue à l'avance. En application de cette règle, il est ainsi
formellement interdit à un bailleur de fonds de réaliser un profit financier résultant des pénalités de retard
payées par un débiteur en défaut de paiement. En revanche, il est permis (et accepté par un certain
nombre de scholars) à un bailleur de fonds d'imposer le paiement de pénalités de retard, dès lors qu'il s'agit
d'une incitation à un paiement rapide. Toutefois, les pénalités de retard perçues par le financier ne
pourront être conservées par ce dernier que dans la mesure où elles correspondent à la somme des frais
Hamid FARRICHA & S.E.H
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qu'il a réellement encourus du fait du retard de paiement. Tout montant ne correspondant pas à de tels
frais devra être distribué à des œuvres de charité.

Financements / Investissements éthiques


Un financement islamique ne peut avoir pour objet un investissement dans une activité interdite par la
Chari'a. Aucun investissement ne peut ainsi être réalisé par un financier islamique dès lors qu'il porte sur
des produits haram ou des activités illicites telles que l'alcool, l'armement, la viande porcine, la
pornographie ou les jeux de hasard. L'examen de la compatibilité des investissements et des financements
avec la Chari'a peut s'avérer parfois complexe (ex. : l'investissement dans un hôtel vendant de l'alcool).

La thésaurisation
Dans la mesure où la Chari'a considère l'argent comme un simple moyen d'échange sans valeur intrinsèque,
la thésaurisation est fortement déconseillée, voire condamnée. Un musulman peut accumuler de la
richesse légitimement acquise, mais il doit veiller à dépenser ou investir cette richesse de façon judicieuse.
Lorsqu'un musulman dispose d'un revenu annuel supérieur à un certain montant, il a l'obligation d'en
reverser une partie à une catégorie définie de la population incluant notamment les nécessiteux. Il se
conforme ainsi à l'obligation de paiement de la zakat, l'un des cinq piliers de l'Islam.
(Source : Herbert Smith LLP | Guide de la finance islamique )
Au delà de ces interdictions, il faut savoir que la Finance Islamique doit être un moteur pour l'économie
et doit donc participer activement à la création de la valeur ajoutée. Elle ne doit pas se cantonner à un
rôle de loueur d'argent! c'est là toute la différence avec la finance conventionnelle qui n'a pour seul
objectif la Rentabilité et la diminution de l'exposition Risques !

Hamid FARRICHA & S.E.H


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