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BANQUE D’ALGÉRIE

ÉCOLE SUPÉRIEURE DE BANQUE

MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES

DIPLÔME SUPÉRIEUR DES ÉTUDES BANCAIRES


(DSEB)

THÈME

LE SYSTÈME DE RÈGLEMENT
BRUT EN TEMPS RÉEL (RTGS)
Cas pratique : Projet algérien

Présenté par : Fares BOULAOUAD

Encadré par : M. Abdelhamid HADJARAB


&
M. Slimane GUETTAF
Décembre 2004
DÉDICACES

Je dédie ce mémoire à…

Mes parents et grands-parents…

Toute ma famille…

Tous mes amis…

Et à tous les Hommes Libres…

I
REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier toute personne ayant contribué de près ou de


loin à l’élaboration de ce travail.

Ainsi, je remercie tout particulièrement les membres de l’’UGP


pour leur dévouement qui a été d’un apport décisif à la réussite de
ce mémoire.

Merci Mr Abdelhamid HADJARAB, Mr Slimane GUETTAF et


Mr Mohamed FETTANE.

Enfin, je remercie Mehdi pour son soutien.

Fares

II
Liste des abréviations

LISTE DES ABRÉVIATIONS

Abréviation Signification

ARTIS Austrian Real-time Interbank Settlement System


BCE Banque Centrale Européenne
BCN Banque Centrale Nationale
BI-REL Sistema di regolamento lordo
BoF Bank of Finland
BRI Banque des Règlements Internationaux
CCR Compte Courant de Règlement
CEC Centre d’Échange et de Compensation
CHAPS Clearing House Automated Payment System
CSPR Comité sur les Systèmes de Paiement et de Règlement
DAB Distributeur Automatique de Billets
DBC Deutsche Börse Clearing
DNS Defered Net Settlement
DVP Delivery-Versus-Payment
EAF Euro Access Frankfurt
ELLIPS Electronic Large-value Interbank Payments System
ELS Euro Link System
FAFO First Available, First Out
FIFO First In, First Out
GC Groupe de Comptes
GSIT Groupement pour un Système Interbancaire de Télécompensation
Hermes Hellenic Real-time Money Transfer Express System
IRIS Irish Real-time Interbank Settlement System
LIPS-Gross Luxembourg Interbank Payment System – Gross
LIPS-NET Luxembourg Interbank Payment System – Netting System
NICS Norwegian Interbank Clearing System
PNS Paris Net Settlement

III
Liste des abréviations

Abréviation Signification

PVP Payment-Versus-Payment
RTGS Real-Time Gross Settlement
SEBC Système Européen des Banques Centrales
SGMT Système des Virements de Gros Montants Tunisien
SIBTEL Société Interbancaire de Télécompensation
Sicovam Société Interprofessionnelle pour la Compensation des Valeurs
Mobilières
SIMT Système Interbancaire Marocain de Télécompensation
SIT Système Interbancaire de Télécompensation
SLBE Servicios de Liquidación del Banco de España
SPGT Sistema de Pagamentos de Grandes Transacções
SPIS Système de paiement d’importance systémique
SSS Securities Settlement System
SWIFT Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication
TARGET TransEuropean Automated Real-Time Gross Settlement Express
Transfer System
TBF Transferts Banque de France
UGP Unité de Gestion de Projet
VGM Virements de Gros Montants

IV
Sommaire

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE

PREMIÈRE PARTIE :
LE SYSTÈME DE RÈGLEMENT BRUT EN
TEMPS RÉEL (RTGS)

Chapitre 1 : Généralités sur les systèmes de paiement


et de règlement
1. Le paiement et le règlement
2. La monnaie et les moyens de paiement
3. Les systèmes de paiement

Chapitre 2 : Présentation du système de règlement brut


en temps réel (RTGS)
1. Définition du système RTGS
2. Objectifs du système
3. Les participants au système
4. Caractéristiques du système RTGS
5. Les opérations échangées
6. Fonctionnalités du système RTGS
7. La possibilité d’interconnexion de plusieurs systèmes RTGS

Chapitre 3 : Le système RTGS et les autres systèmes


de paiement et de règlement
1. Présentation des différents systèmes de paiement et de règlement
2. Interconnexion entre le système RTGS et certains autres systèmes de paiement
et de règlement

V
Sommaire

Chapitre 4 : Les risques liés aux systèmes de paiement


et de règlement
1. Présentation des risques liés aux systèmes de paiement et de règlement
2. Les systèmes de paiement d’importance systémique

Chapitre 5 : Prévention des risques liés au système RTGS


1. Sources et prévention du risque opérationnel dans le système RTGS
2. Sources et prévention du risque juridique dans le système RTGS
3. Sources et prévention des risques financiers dans le système RTGS
4. Sources et prévention du risque systémique dans le système RTGS

DEUXIÈME PARTIE :
CAS PRATIQUE : EXPÉRIENCE DES PAYS
DU G-10 ET PROJET DU SYSTÈME RTGS
ALGÉRIEN

Chapitre 1 : Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10


1. Vue d’ensemble des systèmes RTGS des pays du G-10
2. Caractéristiques des systèmes RTGS des pays du G-10
3. Les mesures de prévention des risques dans les systèmes RTGS
des pays du G-10

Chapitre 2 : État des lieux du système de paiement en Algérie


1. Le cadre institutionnel
2. Les moyens de paiement
3. Volumétrie des paiements
4. Le cadre juridique
5. Les marchés de capitaux
6. Le projet de modernisation du système de paiement en Algérie

VI
Sommaire

Chapitre 3 : Le projet du système RTGS en Algérie


1. Définition
2. Rôle du système
3. Principes de fonctionnement du système
4. Architecture et fonctionnalités du système
5. Objectifs de la mise en place du système

CONCLUSION GÉNÉRALE

VII
Introduction générale

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le système de paiement et de règlement dans un pays est pour son économie ce que
le système cardiovasculaire est pour le corps humain. Plus particulièrement, le
système de paiement de type RTGS (Real-Time Gross Settlement)(1) est au cœur du
système de paiement dans un pays. Il représente sa plaque tournante et le carrefour
des flux monétaires provenant des systèmes exogènes (système de paiement de
masse, système de règlement de titres et autres). Il est en relation avec les principaux
marchés de capitaux (marché financier, de change et monétaire) et traite des
montants de valeur très importante. Ainsi, la place occupée par ce système se révèle
capitale vu la gravité des conséquences qui en découleraient en cas de
dysfonctionnement en son sein. C’est pourquoi il est classé parmi les systèmes de
paiement systémiquement importants.

Ainsi, tout au long de ce mémoire, nous nous intéresserons aux systèmes de


paiement de type RTGS, en abordant leur différents aspects, notamment les
différents risques auxquels ils sont exposés et les conditions de leur stabilité, c’est-à-
dire les conditions de sécurité et d’efficience auxquelles ils doivent satisfaire. À ce
sujet, notre problématique se résumera aux questions suivantes :

9 En quoi consiste exactement un système de paiement de type RTGS ?

9 Quelle est la place qu’il occupe vis-à-vis des systèmes exogènes ?

9 Comment se présentent les risques dans les systèmes de paiement, plus


particulièrement dans le système RTGS ?

9 De quelle manière peut-on gérer les risques liés au système RTGS ?

9 À travers l’expérience des pays du Groupe des Dix (G-10)(2) dans le


système RTGS, le système algérien en projet est-il en conformité avec les
pratiques internationales ?

Afin de répondre à cette problématique, nous avons procédé par l’utilisation de


ressources peu diversifiées vu le fait qu’il s’agit d’un domaine nouveau et dont les

(1) L’acronyme français RBTR correspondant à « Règlement Brut en Temps Réel » étant peu usité,
nous avons préféré d’utiliser l’acronyme anglais RTGS tout au long de notre travail.
(2) Les pays du G-10 sont les premiers pays à travers le monde en termes de mise en place et de
développement de systèmes RTGS. Il s’agit de l’Allemagne, la Belgique, les États-Unis, la France,
l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse.

1
Introduction générale

normes et pratiques en matière de conception et de fonctionnement sont bien


encadrées. À l’échelle internationale, diverses initiatives sont actuellement en cours
dans ce domaine. Le Comité sur les systèmes de paiement et de règlement (CSPR)
des banques centrales des pays du G-10, qui se réunit au sein de la Banque des
Règlements Internationaux (BRI)(3), contribue à ce processus par ses travaux sur
l’élaboration de Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement
d’importance systémique. Ainsi, nous nous sommes basés essentiellement sur les
rapports du CSPR concernant le système RTGS aussi bien pour le cadre théorique
que pour le cas pratique. Par ailleurs, nous avons utilisé la documentation de l’Unité
de gestion de projet (UGP) en ce qui concerne le projet du système RTGS algérien.

Aussi, notre travail est divisé en deux parties. Une première partie réservée pour le
cadre théorique et subdivisée à son tour en cinq chapitres. Et une deuxième partie
qui, quant à elle, traite d’un cas pratique et comprend trois chapitres.

Dans le souci d’obtenir une vue globale sur la conception et l’exploitation générales
des systèmes de paiement et de règlement et de bien cerner le fonctionnement du
système RTGS, la première partie traite du cadre général de ce système c’est-à-dire
sans s’intéresser à un pays particulier. C’est pourquoi, les éléments présentés dans
chaque chapitre de cette partie sont traités pratiquement du point de vue de la BRI.

Nous entamerons la première partie par la définition des notions de base ayant trait
aux systèmes de paiement en général dans un premier chapitre. Ensuite, nous
passerons à la présentation du système RTGS dans le second chapitre. Le troisième
chapitre est consacré à une présentation globale des différents autres systèmes de
paiement (systèmes de paiement de masse, de règlement de titres, etc.) et leur
relation avec le système RTGS. Nous enchaînerons par un quatrième chapitre qui
exposera les différents risques liés aux systèmes de paiement et de règlement en
général. Nous finirons la première partie par les mesures de prévention des risques
liés au système RTGS qui seront traitées dans le cinquième chapitre.

La deuxième partie (cas pratique), quant à elle, s’intéresse aux normes et pratiques
appliquées dans les pays du G-10 concernant le système RTGS afin d’observer la

(3) Créée en 1930 en Suisse, la BRI est une organisation internationale qui favorise la coopération
monétaire et financière internationale et fait office de banque des banques centrales. Elle assure le
secrétariat du Comité du G-10 sur les systèmes de paiement et de règlement (CSPR) et de ses
groupes de travail. Ce comité concentre son attention sur l’efficience et la stabilité des systèmes
nationaux et transfrontières de paiement et de règlement. Il associe de plus en plus des banques
centrales hors du G-10 à ses travaux, notamment au sujet des Principes fondamentaux pour la
conception et l’exploitation des systèmes de paiement.

2
Introduction générale

tendance générale de ces pays et, partant, tirer des conclusions pour le projet du
système RTGS en Algérie en termes de conformité avec ces pratiques étant donné
que les pays du G-10 sont les leaders dans ce domaine.

À cet effet, nous allons mettre en évidence les différentes caractéristiques des
systèmes RTGS des pays du G-10 dans un premier chapitre. Nous dresserons ensuite
un état des lieux du système de paiement en Algérie pour déceler les lacunes et les
atouts du système existant dans un second chapitre. Nous présenterons enfin le
projet du système RTGS algérien afin de l’appréhender par rapport aux pratiques
internationales dans un troisième chapitre qui conclura notre travail.

3
PREMIÈRE PARTIE :
LE SYSTÈME DE
RÈGLEMENT BRUT EN
TEMPS RÉEL (RTGS)

4
Chapitre 1
Généralités sur
les systèmes de
paiement et de
règlement

Les systèmes de paiement et de règlement


revêtent une importance fonctionnelle en
permettant un traitement efficace des
paiements. Ils contribuent ainsi au bon
fonctionnement d’une économie de
marché moderne. Il en existe plusieurs
variantes. De par les montants élevés qu’il
traite en temps réel et bien d’autres
caractéristiques, le système de règlement
brut en temps réel (RTGS) constitue un
des plus importants de ces systèmes.

En premier lieu, une bonne


compréhension de la terminologie utilisée
dans ce travail s’avère nécessaire pour
bien cerner les différents systèmes de
paiement et de règlement et pouvoir situer
le système RTGS par rapport aux autres
systèmes.

Ainsi, le premier chapitre traitera des


principaux concepts évoqués tout au long
de ce travail et concernant les systèmes de
paiement et de règlement en général.

5
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

1. Le paiement et le règlement
Payer ou régler dans le langage courant veut dire pratiquement la même chose. Mais
dans le langage technique, ces termes renvoient à deux notions différentes que nous
allons définir ci-après :

1.1. Le paiement

Suite à une transaction entre deux parties, l’acheteur s’engage à payer le


vendeur qui, à son tour, s’engage à livrer le bien ou la prestation de service
objet de la transaction. L’acheteur, ayant des créances sur des tiers
(généralement une banque), décide de transférer une partie de ces créances
correspondant à la valeur du bien ou du service au bénéficiaire. Ce dernier
recevra un moyen de paiement lui transférant la propriété de la créance.

Le Petit Robert définit le terme paiement de la manière suivante : « Ce qu’on


donne pour exécuter une obligation, et qui éteint cette obligation ». Dans l’exemple
précité, la dette contractée lors d’un achat est une obligation qui peut être
éteinte par un paiement. Payer, c’est donc mettre fin à une tension, plus
exactement, apaiser son créancier, le satisfaire.

La Banque des Règlement Internationaux (BRI) retient une définition d’une


orientation plus monétaire du terme paiement. Elle le définit comme étant un
« transfert de la créance monétaire par le payeur à une partie recevable par le
bénéficiaire ».

1.2. Le règlement

La transaction ne peut être réglée avec certitude que lorsque le bénéficiaire


encaisse ses fonds (par exemple après l’encaissement d’un chèque qui lui a été
remis par le débiteur comme moyen de paiement). Au moment où il reçoit le
moyen de paiement, le bénéficiaire ne peut pas être sûr que les fonds rentreront
dans son actif car il y a possibilité de défaillance du créancier du débiteur ou du
débiteur lui-même.

Lors de la présentation du moyen de paiement pour l’encaissement de la valeur


du bien (par exemple retirer les fonds ou les imputer dans un compte), si la
situation financière du débiteur permet au bénéficiaire d’encaisser ses fonds on
dit qu’il est réglé ; dans le cas contraire le règlement n’a pas eu lieu.

6
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

La créance dont dispose le bénéficiaire est, avant qu’elle ne soit encaissée,


relativement plus risquée que celle qu’il aura après l’encaissement. Le
règlement est donc l’acte par lequel s’éteint une obligation financière entre deux ou
plusieurs parties(4) en transformant une créance exigible à haut risque, compte
tenu de la possible défaillance du débiteur, en une créance à risque à peu près
nul. On distingue deux types de règlement :

— Le règlement brut

Il est effectué sur une base brute et instantanément (cela veut dire qu’il
coïncide avec le paiement) dans la mesure où la provision est suffisante ;

— Le règlement net

Il porte sur le solde des échanges ; il se dénoue après compensation entre


les montants de différentes transactions, à une heure déterminée. Il peut
être bilatéral ou multilatéral.

Le tableau ci-dessous donne un exemple sur les différents types de règlement.

Tableau 1 Exemple sur les types de règlement


(Chiffres en millions d’unités monétaires – M.u.m. –)

Montant brut dû Total dû par


Montant Montant
Montant
Par à A B C net net
brut
bilatéral multilatéral
A - 230 0 230 - -
B 320 - 150 470 90 -
C 190 380 - 570 420 420
Total dû à Total des règlements effectués
Montant brut 510 610 150 1 270 - -
Montant net
280 230 - - 510 -
bilatéral
Montant net
280 140 - - - 420
multilatéral

Le montant net bilatéral est issu du solde net des montants bruts portés pour
chaque couple de banque dans la matrice « Montant bruts dû ». Par exemple :
A à B – B à A = 230 – 320 = – 280 d’où B doit un montant net bilatéral de 280
M.u.m. à A. Tandis que le montant net multilatéral est égal au solde net des
montants nets bilatéraux inscrits pour chaque banque dans les matrices « Total

(4) Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique (SPIS), page 88,
CSPR, BRI, Janvier 2001.

7
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

dû à » et « Total dû par ». Par exemple : Total des montants nets bilatéraux dû à


B – Total des montants nets bilatéraux dû par B = 230 – 90 = 140 M.u.m.

1.3. La différence entre paiement et règlement

De ce qui précède, on peut résumer les principales différences qui existent entre
ces deux notions dans les points suivants :

— Dans toute transaction, le paiement précède le règlement ou coïncide


avec ce dernier (par exemple dans une transaction en espèces) mais ne
peut en aucun cas s’effectuer après le règlement ;

— Le paiement n’est que le transfert de la propriété des fonds (la


créance) du débiteur au bénéficiaire alors que le règlement consiste en
l’acte transformant la créance comme elle a été reçue au début de la
transaction (c’est-à-dire relativement risquée compte tenu de la possibilité
de défaillance du débiteur ou de son créancier) en une créance à risque
presque nul (espèces, entrée des fonds en compte, etc.).

2. La monnaie et les moyens de paiement


La monnaie sert communément au paiement, l’usage que nous en faisons tous les
jours en est la preuve. En cela, la monnaie est un outil servant aux échanges. Mais ce
n’est pas la seule fonction de la monnaie :

— Elle est une unité de compte (la valeur d’un bien s’exprime en unités
monétaires) ;

— Elle est une réserve de valeur (les unités monétaires peuvent être
conservées pour un usage futur).

Toute transaction financière nécessite un transfert de fonds entre les parties


contractantes. Ce transfert doit s’effectuer au moyen d’instruments permettant la
circulation des fonds. Ces instruments sont constitués par les moyens de paiement.
Dans ce qui suit, nous allons définir dans un premier temps cette notion de moyens
de paiement et présenter par la suite, de manière globale, les différentes formes qu’ils
prennent.

2.1. Définition

Les moyens de paiement sont constitués par les supports dont disposent les
particuliers et les entreprises pour solder le prix d’un bien ou d’un service. Ce
sont donc des instruments qui permettent à un débiteur d’acquitter sa dette à

8
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

l’égard d’un créancier. Chacun de ces instruments a des règles de


fonctionnement et des circuits de traitement qui lui sont propres.

À cet égard, les moyens de paiements sont définis en Algérie par l’article 69 de
l’Ordonnance n° 03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit
comme suit : « Sont considérés comme moyens de paiement tous les instruments qui
permettent à toute personne de transférer des fonds et ce, quel que soit le support ou le
procédé technique utilisé ».

2.2. Les différentes formes de moyens de paiement

Lorsque le paiement s’effectue au moyen de billets de banque et de pièces de


monnaie ayant cours légal, la créance du créditeur sur le débiteur est transférée
sur l’État. C’est un paiement fiduciaire. De manière similaire, lorsque le
débiteur effectue le paiement par virement bancaire, la créance du créditeur sur
le débiteur se change en créance sur sa banque. On parle alors de paiement
scriptural.

Nous présenterons ci-après les différentes formes que peuvent revêtir les
moyens de paiement.

2.2.1. La monnaie fiduciaire

C’est le moyen de paiement le plus ancien. Elle a pour principale


caractéristique d’être absolument anonyme. Elle peut être utilisée aussi
bien par les entreprises que par les particuliers. Sa transmission physique
suffit et ce, grâce au fait qu’elle ne nécessite pas d’instruction ni de
systèmes de communication spécifique ou la détention d’un compte
auprès d’un établissement de crédit. Néanmoins, elle convient
principalement aux transactions de petits montants et face à face. En effet,
étant donné que ce moyen est anonyme, il est la cible de vols. S’ajoute à
cela le risque de falsification.

La monnaie fiduciaire se compense et se liquide d’elle-même. Elle est de


transmissibilité immédiate et peut être réutilisée immédiatement par son
porteur. Ainsi, les dates de valeur sont nulles. En revanche, tout paiement
retardé est impossible.

Le privilège d’émettre cette monnaie est conféré par l’État exclusivement à


la banque centrale. On distingue dans cette catégorie :

9
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

— Les pièces métalliques

Appelées aussi monnaie divisionnaire, pour les valeurs les plus


faibles. Elles ont un pouvoir libératoire limité ; on ne peut les
remettre en paiement d’une dette qu’à concurrence d’un certain
montant.

— Les billets de banque

Pour des valeurs faciales relativement plus élevées mais qui ne


dépassent pas généralement quelques centaines d’unités monétaires.
Ils ont un pouvoir libératoire illimité ; leur usage libère le porteur de
n’importe quelle dette.

2.2.2. La monnaie scripturale

Émise par les établissements de crédit (banques et établissements


financiers), la monnaie scripturale se traduit généralement par un jeu
d’écritures entre le compte du débiteur et celui du bénéficiaire. Ainsi,
l’inscription dans un compte dont le titulaire est connu est obligatoire. Le
règlement passe par l’intermédiaire d’un système de compensation et de
règlement (exception faite du cas où le débiteur et le créancier ont un
compte auprès de la même institution).

La monnaie scripturale peut être utilisée dans des contextes multiples :


face à face, commerce à distance, opérations transfrontalières, etc. Les
transactions doivent pouvoir être retracées, notamment pour des raisons
de sécurité.

Dans les pays développés, la monnaie scripturale a largement remplacé la


monnaie fiduciaire. En effet, la facilité et la sécurité des transferts sur place
et à distance ainsi que la conservation de traces des transactions sont à
l’origine de la hausse du taux de bancarisation, c’est-à-dire de l’utilisation
de la monnaie scripturale.

Ce moyen présente de nombreuses variantes dont nous regroupons les


principales dans deux catégories :

— Les moyens de paiement scripturaux traditionnels

Ils prennent souvent la forme de papier pré-imprimé. Leur utilisation


est régie par des modalités très strictes vu la fréquence des incidents
de paiement découlant de leur usage. Le chèque, les effets de

10
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

commerce (la lettre de change, le billet à ordre, etc.), l’avis de


prélèvement automatique constituent les principaux moyens de
paiement de cette catégorie. Le virement aussi en fait partie mais la
tendance est à sa dématérialisation. En effet, le support papier tend à
disparaître grâce à la création de réseaux interbancaires informatisés.
Le virement devient ainsi un simple jeu d’écritures.

— Les moyens de paiement scripturaux électroniques (ou


utilisant les nouvelles technologies)

Nés des besoins de plus en plus croissants et exigeants des


consommateurs, ces moyens permettent de faciliter le règlement des
transactions quotidiennes et les rendent plus pratiques et plus
rapides. Les moyens de paiement électroniques sont principalement
les cartes (de paiement ou de retrait) dont nous distinguons les cartes
bancaires (exemples : MasterCard, VISA), accréditives (exemples :
American Express, Diners Club International) et privatives. Il existe
aussi des moyens de paiement utilisant des technologies plus
avancées telles que le porte-monnaie électronique et le porte-
monnaie virtuel (paiement par Internet).

3. Les systèmes de paiement


3.1. Définition

Selon la BRI, un système de paiement est un ensemble d’instruments, de procédures et


de règles assurant le transfert de fonds entre les participants au système. Il repose
normalement sur un accord entre les participants et l’opérateur du système, le transfert
de fonds étant effectué au moyen d’une infrastructure technique convenue(5).

En d’autres termes, c’est un dispositif qui assure la circulation des capitaux


entre les participants au système. Il assure le traitement des ordres de paiement
et leur transmission, la compensation dans les systèmes nets et le règlement.

Les différentes composantes d’un système de paiement sont :

— L’opérateur du système,

— Les participants,

— L’agent de règlement,

(5) Principes fondamentaux pour les SPIS, page 15, Paragraphe 6.4.

11
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

— Les règles et procédures,

— L’environnement légal.

Figure 1 Modèle général d’un système de paiement

Banque Banque
émettrice destinataire

Centre de
traitement

Les flèches portent sur des messages


échangés entre les différentes parties
(ordre de paiement, confirmation,
etc.) et donnant lieu par la suite à un
transfert réel des fonds (règlement)
au niveau de la banque centrale. Banque centrale

3.2. Les intervenants dans un système de paiement et leurs rôles

Les institutions intervenant dans un système de paiement se partagent les rôles


d’opérateur du système, d’agent de règlement et de participant direct ou
indirect au système. Ces institutions sont, généralement, la banque centrale, les
établissements de crédit ainsi que d’autres institutions financières telles que le
trésor public et la poste. Nous allons définir ci-après ces différents rôles et
essayer de les répartir sur les institutions qui les assurent :

— L’opérateur du système

Il intervient pour assurer le bon fonctionnement du système. C’est le


premier responsable de l’élaboration de règles et de procédures claires,

12
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

actualisées et facilement compréhensibles par les participants. L’opérateur


peut aussi aider les participants en leur apportant la formation nécessaire,
en particulier lorsqu’il s’agit de nouveaux participants ou de nouveaux
agents de participants existants. Il est le mieux placé pour observer les
performances des participants et repérer ceux qui ne font pas preuve
d’une bonne compréhension des procédures et pourraient par conséquent
provoquer des risques inutiles. En pareilles circonstances, il serait utile
que l’opérateur fournit des conseils au participant en question au niveau
requis au sein de l’institution ou, dans des cas importants, le responsable
de la surveillance du système ou l’autorité de tutelle du participant.

L’opérateur du système est généralement la banque centrale. Cependant, il


n’est pas exclu que l’opérateur soit une autre institution telle qu’une
association de banques.

— L’agent de règlement

Il gère les comptes de règlement ouverts dans ses livres et permettant aux
participants d’effectuer leurs opérations de paiement pour leur propre
compte ou pour le compte de leurs clients en effectuant des transferts
d’actifs. Ainsi, l’agent de règlement doit fournir l’actif de règlement le plus
sûr. C’est pourquoi, ce rôle est du ressort de la banque centrale dans la
majorité des systèmes étant donné que les avoirs en compte auprès de la
banque centrale représentent une créance sur celle-ci et constituent ainsi
un actif de règlement très sûr.

— Les participants

Ce sont les parties autorisées par les règles d’un système de paiement à
échanger et régler des paiements avec les autres participants par
l’intermédiaire du système soit directement, soit indirectement :

• Les participants directs sont une catégorie de participants à un


système de paiement, dont les paiements se règlent dans les livres de
l’agent de règlement du système. Ils doivent être, au moins, au
nombre de deux (2), autrement le système consisterait en un
traitement interne à une banque.

• Les participants indirects sont une catégorie de participant à un


système de paiement où il existe une participation à plusieurs
niveaux, qui effectue le règlement des paiements dans les livres des
participants directs et non de l’agent de règlement.

13
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

Les participants ont pour responsabilité première de lire et de comprendre


les documents fournis par l’opérateur et qui expliquent les règles et les
procédures du système.

Les institutions pouvant participer au système sont les établissements de


crédit (banques et établissements financiers) qui ont pour mission
l’intermédiation financière (rôle traditionnel) ainsi que la prestation
d’autres services tels que les opérations de change, les placements, etc. La
banque centrale est aussi considérée comme participant au système.

Vu les montants et le volume importants d’opérations qu’elles traitent,


certaines institutions telles que le trésor public et la poste ont intérêt à
adhérer à ces systèmes. En effet, ces derniers permettent de gérer leurs
comptes de très près et de faciliter leurs opérations en les rendant plus
sécurisées et plus rapides.

3.3. Les types de systèmes de paiement : critères de classification(6)

Les systèmes de paiement et de règlement peuvent être classifiés de plusieurs


manières. L’une de ces classifications divise ces systèmes en systèmes de
règlement net (net settlement systems) et systèmes de règlement brut (gross
settlement systems), selon que les opérations soient traitées en net ou en brut.

Ils peuvent également être classifiés selon le moment où intervient le règlement


final (cf. chap. 2- 1.1). Ce critère donne lieu à deux groupes de systèmes :
systèmes de règlement différé (deferred settlement systems) et systèmes de
règlement en temps réel ou continu (real-time settlement systems), selon qu’ils
règlent à des points annoncés (ou prédéterminés) dans le temps ou de façon
continue. La combinaison des deux critères précités donne la classification
récapitulée dans le tableau suivant :

(6) REAL-TIME GROSS SETTLEMENT SYSTEMS, pages 4, 5 et 6, CSPR, BRI, Mars 1997.

14
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

Tableau 2 Les types de systèmes de paiement


(selon les critères brut/net et différé/en temps réel)

Caractéristiques
Brut Net
du règlement

Différé Règlement brut différé(a) Règlement net différé(b)

En temps réel Règlement brut en temps réel (non applicable)(c)

(a)
Il ne faut pas confondre ces systèmes avec les systèmes hybrides que nous présenterons plus tard
dans le chapitre 3. Le système de règlement interbancaire quotidien DIS en Irlande et le système du
marché monétaire STMD en Espagne sont des exemples des systèmes de règlement brut différé mais
qui seront convertis à des système RTGS.
(b) Dits systèmes RND ou en anglais DNS (Deferred Net Settlement) systems.
(c)Par définition, solder comporte l’accumulation d’un certain nombre de transactions de sorte que
des crédits puissent être soldés avec des débits. Ainsi, l’opération de compensation peut prendre du
temps ce qui est incompatible avec le règlement véritablement continu.

Une autre classification est celle qui retient comme critère le fait que le
règlement des opérations soit effectué en monnaie de banque centrale ou en
monnaie commerciale. Cette classification donne lieu à : des systèmes de
paiement en monnaie de banque centrale dont les comptes des participants sont
ouverts dans les livres de la banque centrale et des systèmes de paiement en
monnaie commerciale dont les comptes des participants sont ouverts dans les
livres d’une ou plusieurs banques commerciales.

Les gestionnaires de réseaux adoptent une classification commune établie sur la


base de l’importance des montants des opérations traitées par ces systèmes.
Cette classification distingue deux (2) types de systèmes : les systèmes de
paiement de masse ou de détail (retail payment systems) et les systèmes de
paiement de gros montants (large-value payment systems). Cette dichotomie
faite entre les paiements de grande valeur et les paiements de masse ou de
petits montants se base sur la valeur unitaire des opérations et non pas sur le
volume de ces dernières. Nous allons définir chacun des deux types de
systèmes issus de cette dernière classification.

3.3.1. Les systèmes de paiement de masse

Ce sont des systèmes destinés au traitement de gros volumes de


paiements de petits montants. Ils se basent généralement sur un traitement
en net des opérations et un règlement en différé à des moments
déterminés dans la journée de traitement. (Cf. chap. 3).

15
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

3.3.2. Les systèmes de paiement de gros montants

Il s’agit de systèmes permettant le traitement d’opérations de gros


montants (par transaction). Ces opérations sont généralement traitées en
brut et leur règlement est effectué en temps réel. (Cf. chap. 3).

Les critères retenus dans ces différentes classifications portent sur la forme et le
moment du règlement, et non sur le mode de traitement ou de transmission des
paiements (cf. chap. 1 – 3.4). Aussi, ces classifications ne tiennent compte que
des systèmes qui contiennent un seul aspect (l’aspect paiement) dans le
traitement d’une transaction donnée. Ainsi, ces classifications s’intéressent aux
systèmes d’espèces c’est-à-dire les systèmes de paiement proprement dits. Il
existe des systèmes qui comprennent deux aspects pour une transaction. Il
s’agit de systèmes qui intègrent un système d’espèces dédié pour le règlement
d’une transaction qui porte sur des titres, des devises étrangères, etc. Par
exemple, le système de règlement de titres, que nous allons présenter dans le
chapitre 3, comprend un aspect livraison (le système de titres proprement dit) et
un aspect paiement (le système de paiement dédié).

3.4. Le processus de transfert de fonds au sein d’un système de paiement

L’opération de transfert de fonds implique deux principaux éléments. Le


premier est le transfert d’informations entre la banque du débiteur (banque
émettrice) et la banque du bénéficiaire (banque destinataire). Le second est le
règlement du paiement.

3.4.1. Le transfert d’informations

Après avoir reçu l’instruction de paiement de son client, la banque


émettrice initie le transfert de fonds par la transmission au système de
paiement d’un « ordre ou message de paiement » ordonnant le transfert
des fonds au bénéficiaire. Les informations sur le paiement sont ainsi
transmises au système de paiement. Une fois présentés au système, les
ordres de paiement subissent différents traitements comme la validation.
Ensuite, le système procède à l’application de ses tests de gestion des
risques (cf. chap. 4) avant d’accepter le paiement en vue de son règlement.

3.4.2. Le règlement

Le deuxième élément principal est le règlement – qui est le transfert réel


des fonds entre la banque du débiteur et la banque du bénéficiaire –. Un

16
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

paiement accepté en vue de son règlement est réglé définitivement


aussitôt après son acceptation dans les systèmes RTGS. Dans un système
RND, le paiement est compensé et le règlement définitif (cf. chap. 2 - 1.1) a
lieu à l’heure déterminée par le système. Enfin, l’agent de règlement se
charge de créditer le compte de règlement de la banque destinataire et de
débiter celui de la banque émettrice simultanément. Le système confirme
le paiement à la banque destinataire qui, à son tour, envoie un avis de
crédit à son client bénéficiaire après avoir crédité son compte.

Le tableau suivant résume l’évolution d’un paiement une fois que le système a
reçu les instructions de paiement.

Tableau 3 Statuts successifs d’un paiement au sein d’un système de paiement(7)


Validé par le Accepté en vue de
Présenté Réglé définitivement
système son règlement
• Les informations • Les paiements • Le paiement a subi • Le compte de
sur le paiement ont peuvent être placés tous les tests de règlement du participant
été transmises au dans une file gestion des risques et bénéficiaire au sein du
système de d’attente (cf. autres et le système a système de paiement a
paiement. Cette chap. 2) avant d’être décidé qu’il peut faire été crédité et le
étape peut parfois acceptés en vue de l’objet d’un règlement. règlement définitif a
avoir lieu avant la leur règlement. • Dans un système ainsi eu lieu.
date de règlement. • Le système de RTGS, le règlement
• Le système de paiement applique définitif a lieu aussitôt
paiement effectue ses tests de gestion après.
différents des risques. • Dans un système
traitements, comme RND, le paiement est
la validation. compensé. Le
règlement définitif a
lieu à l’heure définie.

Le transfert d’informations Le règlement

Enchaînement

Le schéma ci-après illustre les étapes du processus de transfert de fonds au sein


d’un système de paiement.

(7) Principes fondamentaux pour les SPIS, pages 33, Encadré 9.

17
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

Figure 2 Cycle de vie d’un paiement

18
Chapitre 1 Généralités sur les systèmes de paiement et de règlement

En conclusion

Nous avons défini dans ce premier chapitre les différentes notions de base utilisées
dans ce travail et ce, pour une bonne compréhension des éléments qui seront abordés
dans les chapitres qui suivent. En effet, dans ce contexte des systèmes de paiement,
même la terminologie doit être définie de manière très précise vu le fait que ce
domaine est étroitement lié à l’utilisation des nouvelles technologies de l’information
et des télécommunications qui ne cessent d’évoluer et qui nécessitent ainsi une
définition claire et précise des termes utilisés.

Nous avons abordé les différents critères de classification des systèmes de paiement
dans le chap. 1 – 3.3, à savoir que le règlement soit effectué en net/en brut, en
différé/en temps réel, en monnaie de banque centrale/en monnaie commerciale, etc.
Mais nous retenons dans ce travail un seul critère, celui qui donne lieu à des
systèmes de gros montants et des systèmes de masse. Ce choix étant, parce que cette
distinction englobe certains autres critères (règlement net/brut, différé/en temps
réel).

Le système RTGS effectue le traitement des opérations de gros montants en brut et


leur règlement en temps réel. Ainsi, il fait partie de la catégorie des systèmes de
paiement de gros montants. L’objet du chapitre suivant est de présenter le système
RTGS et ses caractéristiques.

19
Chapitre 2
Présentation du
système de
règlement brut
en temps réel
(RTGS)

Tout projet de mise en place ou de


modernisation d’un système de paiement
nécessite la présence d’un système de
paiement de gros montants. Le système
RTGS fournit les caractéristiques
nécessaires pour le traitement de telles
opérations.

Dans ce chapitre, nous allons définir le


système RTGS ensuite nous verrons ses
objectifs, ses principales caractéristiques,
les participants, les opérations échangées,
les fonctionnalités du système et enfin la
possibilité d’interconnexion de plusieurs
systèmes RTGS.

20
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

1. Définition du système RTGS


Un système RTGS est défini comme étant un système de règlement brut dans lequel
le traitement des ordres de paiement et leur règlement final sont effectués en continu
(c’est-à-dire en temps réel)(8). En tant que système de règlement brut, il règle les
paiements individuellement, c’est-à-dire, opération par opération, sans solder les
débits avec les crédits. En tant que système de règlement en temps réel, il effectue le
règlement final en continu sous réserve que le compte de règlement de la banque
émettrice (payeuse) soit suffisamment provisionné.

Par règlement final ou définitif, il faut entendre l’irrévocabilité et l’inconditionnalité


des règlements engagés dans le système. L’irrévocabilité signifie que le paiement ne
peut plus être annulé unilatéralement par le payeur. L’inconditionnalité signifie que
le paiement ne peut plus être remis en cause par le système de paiement.

Le schéma ci-dessous donne une illustration sur le mode de règlement brut et ce, en
reprenant l’exemple du Tableau 1 (chap. 1).

Figure 3 Exemple sur le règlement brut

A 320 à A
B
150 à C
230 à B
230 de A
320 de B

190 de C SYSTÈME 380 de C

150 de B

190 à A 380 à B

Montant dû à : Nombre de transferts : 10


Montant dû par : C Total échangé : 1 270 M.u.m.

(8) Les systèmes RTGS sont typiquement des systèmes électroniques, utilisant des réseaux de
télécommunications qui transmettent et traitent l’information en temps réel.

21
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

2. Objectifs du système
Le système RTGS vise comme objectifs de :

— Traiter les ordres de paiement de gros montants ;

— Effectuer les règlements en mode brut : les ordres de paiement sont


individualisés et réglés un à un (sans compensation) dans la mesure où le solde
du compte du payeur permet le règlement ;

— Régler les paiements en temps réel ;

— Assurer l’irrévocabilité et l’inconditionnalité des règlements.

3. Les participants au système


Généralement, la participation au système RTGS est hiérarchisée, selon les conditions
d’accès au système, à deux (2) niveaux de participation : directe et indirecte.

3.1. Les participants directs

Ce sont les membres qui disposent d’un compte à la banque centrale et qui
répondent aux exigences techniques et de garantie du système. Ainsi, une
banque qui n’est pas connectée au réseau de transmission (privé ou SWIFT – cf.
note de bas de page n° 13 en page 85 –) ne peut pas adhérer au système.

3.2. Les participants indirects

Faute de moyens techniques ou pour d’autres raisons, certains membres ne


peuvent pas participer directement au système. Néanmoins, ils peuvent être
représentés par des participants directs. C’est le type de participation indirecte.

Il convient de noter que les conditions ainsi que les règles de participation au
système sont régies par une convention dite « de participation ». Il en est de même
pour la représentation des participants indirects par des participants directs.

4. Caractéristiques du système RTGS


4.1. Fonctionnement en monnaie de banque centrale

Vu l’importance des opérations traitées par le système RTGS, un actif de


règlement très sûr doit être mis à la disposition des participants. C’est
pourquoi, les comptes des participants sont ouverts dans les livres de la banque
centrale qui est ainsi l’agent de règlement et tous les paiements doivent être
libellés en monnaie de banque centrale qui constitue un actif de règlement très
22
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

sûr. Il suffit donc de disposer d’un compte auprès de la banque centrale et


d’avoir les compétences techniques et les garanties financières nécessaires pour
pouvoir adhérer au système.

Le moyen de paiement utilisé par le système RTGS est donc le virement.

4.2. Les types de comptes des participants

Pour les besoins de leurs opérations, deux (2) types de comptes sont mis à la
disposition des participants par la banque centrale :

4.2.1. Les comptes courants de règlement (CCR)

Les opérations de montants élevés des participants au système RTGS


s’imputent systématiquement sur des comptes qui leur sont réservés : les
comptes courants de règlement (CCR). Ces comptes, gérés de manière
automatisée, sont seuls à donner accès aux services particuliers de ce
système.

4.2.2. Les groupes de comptes (GC)

Afin de leur faciliter la gestion de leur liquidité selon leurs propres besoins
d’organisation, les participants et groupes bancaires peuvent utiliser
plusieurs comptes courants de règlement bénéficiant d’une consolidation
permanente tout au long de la journée. La liquidité intrajournalière est
alors appréciée au niveau du groupe de comptes, lors de l’imputation
d’une opération sur un des comptes du groupe.

Tout virement est imputé sur un CCR tant au débit qu’au crédit. Par
contre, le contrôle de la provision est effectué au niveau du groupe de
comptes (GC) auquel appartiennent les CCR de l’émetteur. Ces règles
d’imputation sont destinées à procurer une plus grande souplesse dans la
gestion de la liquidité.

4.3. Ordre d’exécution des paiements

Tous les ordres de paiement sont traités dans l’ordre de leur réception par le
système selon la règle FIFO (« first in, first out »), c’est-à-dire que le premier
paiement entré dans le système est le premier à être réglé.

23
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

4.4. Contrôle de la provision

Les opérations sont comptabilisées une à une en temps réel dans la mesure où
le solde du compte du participant débiteur (payeur) permet cette imputation. À
défaut d’une provision suffisante pour effectuer le règlement, plusieurs
possibilités sont envisageables. Les ordres de paiement peuvent être :

— soit imputés dans le compte de règlement grâce au dispositif de


crédit octroyé par la banque centrale pour une durée inférieure à une
journée d’activité (crédit intrajournalier) ;

— soit rejetés par le système et renvoyés à leur émetteur qui les


introduira dans le système à nouveau à un moment ultérieur (lorsqu’il
aura constitué la provision nécessaire). Jusqu’à ce temps, la banque
émettrice peut maintenir et contrôler les paiements suspendus dans son
système interne (file d’attente interne) ;

— soit temporairement maintenus, au lieu de les rejeter, au centre de


traitement du système (file d’attente centralement localisée). Dans ce cas
aussi, les paiements suspendus seront libérés pour le règlement lorsque la
provision nécessaire devient disponible.

Ces trois (3) possibilités (crédit intrajournalier, rejet avec mise en file d’attente
interne, mise en file d’attente centralement localisée) ne sont pas mutuellement
exclusives. Par exemple, lorsque l’octroi de crédit par la banque centrale est
contraint d’une manière quelconque, les ordres de paiement suspendus pour
lesquels la banque émettrice peut ne pas obtenir le crédit de la banque centrale
seront rejetés ou placés en file d’attente centralement localisée. Ces dernières
années, la conception des systèmes RTGS a tendance à appliquer une
combinaison de ces possibilités plutôt qu’à être basée sur une seule forme de
traitement concernant les paiements suspendus.

4.4.1. Le dispositif de crédit intrajournalier

Afin de permettre le règlement immédiat de leurs transferts (virements


interbancaires, soldes nets des systèmes exogènes, les virements mis en file
d’attente, etc.) au cours de la journée, les participants peuvent se procurer
la liquidité nécessaire par un dispositif de crédit intrajournalier auprès de
la banque centrale.

24
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

La banque centrale détermine les conditions d’octroi de ce crédit : le


montant plafond, l’octroi par découvert ou sous forme d’avances et si le
crédit est à titre onéreux ou gratuit. Aussi, ces facilités sont assorties de
garanties portant intérêts dans certains pays et gratuites dans d’autres. Le
remboursement de ces crédits peut se faire au cours ou à la fin de la
journée de traitement. Leur non remboursement entraîne :

— soit leur transformation en facilités overnight à un taux


dissuasif ;

— soit la conservation de la garantie par la banque centrale.

Certaines banques centrales n’autorisent pas les crédits intrajournaliers,


c’est le cas, par exemple, des banques centrales suisse et japonaise.

4.4.2. La mise en file d’attente

Définie d’une manière générale, une file d’attente est un dispositif par
lequel les ordres de paiement sont suspendus par la banque émettrice ou
par le système dans un certain ordre afin de prévenir la banque émettrice
d’être en infraction lorsque l’ordre de paiement est accepté par le système
en vue de son règlement.

Dans les systèmes RTGS, les files d’attente sont générées lorsque les
banques émettrices ne disposent pas d’une provision suffisante dans leur
compte à la banque centrale.

Comme décrit ci-dessus, les files d’attente des différentes banques


peuvent se situer au niveau du processeur central du système (files
d’attente centralement localisées) ou au niveau des systèmes internes des
banques (files d’attente internes). Ces deux possibilités qui diffèrent en
termes de l’emplacement des files d’attente ne sont pas mutuellement
exclusives ; les banques peuvent mettre en place des files d’attente
internes en plus de la file d’attente centralisée, comme c’est le cas dans
certains systèmes RTGS avec file d’attente centralement localisée.

Nous allons donner ci-après une synthèse des principales méthodes de


traitement des files d’attente.

25
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

4.4.2.1. La règle « FIFO »

Les files d’attente fonctionnent en appliquant la règle FIFO (« first in,


first out »). Selon cette règle, les ordres de paiement gardent l’ordre
dans lequel ils sont émis par les banques émettrices ; le paiement au
début de la file d’attente est libéré et réglé dès que la provision
devienne suffisante, et c’est seulement après cela que le paiement
suivant dans la file d’attente passe pour le règlement.

4.4.2.2. La règle « By-pass FIFO »

Dans la pratique, il est possible d’apporter certains changements à la


stricte règle FIFO. Sous la règle « By-pass FIFO », le système tente de
régler le premier paiement dans la file d’attente, mais si cela ne peut
pas se faire vu l’insuffisance de la provision, il tente alors de régler le
paiement suivant. Si celui-ci est réglé, le système retourne au premier
paiement et tente encore de le régler sinon il saute au paiement
suivant et ainsi de suite. La méthode By-pass FIFO est parfois
désignée par le nom « FIFO dynamique ». Selon cette règle, la règle
FIFO demeure dans le sens que, chaque fois qu’il réussit à régler un
paiement dans la file d’attente, le système retourne à nouveau au
début de la file d’attente pour tester si d’autres paiements peuvent
être réglés.

4.4.2.3. FIFO avec attribution de priorités

Une autre approche pratique consiste à attribuer des codes de


priorité aux ordres de paiement. Dans ce cas, les paiements sont
placés dans la file d’attente sur la base des priorités attribuées et sont
libérés pour le règlement selon la règle FIFO à l’intérieur de chaque
niveau de priorité (c’est-à-dire qu’aucun paiement d’une priorité
particulière ne sera réglé jusqu’à ce que tous les paiements d’une
priorité directement plus élevée aient été réglés). Le choix des
priorités peut se faire soit par les banques émettrices (par exemple,
selon leur estimation de l’urgence du paiement), ou par le système
central (par exemple, selon le type de la transaction). Dans ce dernier
cas, les priorités élevées sont celles relatives aux ordres de paiement
concernant les opérations de la banque centrale ou aux engagements
de règlement provenant d’autres systèmes tels que les systèmes de
règlement de titres et les systèmes de détail. L’utilisation des
26
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

priorités permet d’atteindre une plus grande flexibilité dans le


traitement selon la règle FIFO.

Nous allons illustrer ces différentes méthodes de traitement par l’exemple


qui suit :

Exemple : Supposons que la banque A dispose d’un solde de 1000. Elle


émet alors cinq ordres de paiements respectivement P1 (valeur : 400), P2
(700), P3 (200), P4 (300) et P5 (100). Pour simplifier, la banque A ne reçoit
aucun paiement et aucun crédit intrajournalier ne lui est octroyé par la
banque centrale pendant le temps considéré. Le traitement des paiements
dépend de la méthode employée à la file d’attente :

FIFO : Le premier ordre de paiement P1 est testé pour la provision et


réglé. Cependant, le solde résultant de 600 est insuffisant pour régler
le deuxième paiement P2. Par conséquent, P2 et tous les autres
paiements sont placés en file d’attente. (Le nombre de paiements
réglés est un (01) et la valeur réglée est 400.)

By-pass FIFO : P1 est réglé (le solde résultant est 600) et P2 est mis en
file d’attente exactement comme dans la règle FIFO. Le système va
alors sauter (by-pass) P2 (parce que sa valeur est trop grande pour
être réglée avec le solde restant) et tester P3 pour la provision.
Puisque le solde de 600 est suffisant pour régler P3, celui-ci sera réglé
(le solde restant est de 400). Le système reviendra alors à P2 pour
tester la provision à nouveau. Néanmoins, P2 ne sera pas réglé et
continuera à être placé dans la file d’attente. (Notons que dans cet
exemple, le solde est supposé ne pas augmenter. Si cette hypothèse
était levée, P2 pourrait être réglée si le solde augmente jusqu’à 700 ou
plus avant que le système teste P2 encore pour la provision.) Le
système sautera P2 à nouveau et testera P4 pour la provision. P4 sera
réglé et P2 sera testé à nouveau. Ce processus d’itérations continuera,
et permettra à P5 également d’être réglé, en laissant P2 seulement
dans la file d’attente. (Le nombre de paiements réglés est quatre (04)
et la valeur réglée est 1000.)

FIFO avec attribution de priorités : Supposons que la banque A peut


classer les paiements en deux (2) classes de priorité (haute et basse)
au moment de leur introduction au système, avec l’application de la

27
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

règle FIFO à l’intérieur de chaque classe de priorité. Nous pouvons


distinguer trois (3) cas :

Cas 1 : La banque A introduit P2 et P4 dans le système en tant


que paiements de haute priorité et les autres comme paiements
de basse priorité. P1 est réglé quoiqu’il soit d’une basse priorité
parce que, étant donné que c’est le premier paiement à être
introduit dans le système, aucun autre paiement précédent (de
haute ou de basse priorité) n’est placé dans la file d’attente à ce
stade. Le solde restant de 600 est insuffisant pour régler le
paiement suivant (P2), qui est donc mis en file d’attente. Tous
les paiements restants sont ainsi également placés dans la file
d’attente parce que P2 est de haute priorité : P3 et P5 sont des
paiements de basse priorité et ne seront donc pas réglés tant
que n’importe quel paiement de haute priorité est en file
d’attente, et P4, bien qu’il soit également de haute priorité, est
derrière P2 dans la file d’attente FIFO à l’intérieur de la classe
des paiements de haute priorité. Le résultat s’avère donc être le
même qu’avec une file d’attente simple FIFO sans attribution de
priorités.

Cas 2 : La banque A introduit P2 comme paiement de basse


priorité et tous les autres paiements sont de haute priorité. Là
aussi, P1 est réglé et P2 est mis en file d’attente, laissant un
solde de 600. Cependant, puisque P2 est de basse priorité, les
paiements de haute priorité P3, P4 et P5 seront réglés (le solde
de 600 étant suffisant pour ce faire). Dans ce cas-ci, le résultat
s’avère être le même qu’avec une file d’attente By-pass FIFO.

Cas 3 : P4 est de haute priorité et les autres paiements sont tous


de basse priorité. Dans ce cas également P1 est réglé tandis que
P2 est mis en file d’attente en raison de l’insuffisance de la
provision. Le paiement de basse priorité P3 sera alors
également mis en file d’attente derrière P2, mais le paiement de
haute priorité P4 (valeur 300) peut être réglé avec le solde de
600. Le paiement de basse priorité P5 sera également mis en file
d’attente derrière P2 et P3. Ce cas donnera alors un résultat
différent.

28
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

Tableau 4 Synthèse de l’exemple sur les différentes


méthodes de traitement des files d’attente (FA)

FIFO By-pass FIFO FIFO avec attribution de priorités

Cas 1 Cas 2 Cas 3


P2 et P4 sont Tous de haute P4 est de haute
de haute priorité sauf P2 priorité
priorité
(P1) 400 réglé (P1) 400 réglé (P1) 400 réglé (P1) 400 réglé (P1) 400 réglé
(P2) 700 en FA (P2) 700 en FA (P2) 700 en FA (P2) 700 en FA (P2) 700 en FA
(P3) 200 en FA (P3) 200 réglé (P3) 200 en FA (P3) 200 réglé (P3) 200 en FA
(P4) 300 en FA (P4) 300 réglé (P4) 300 en FA (P4) 300 réglé (P4) 300 réglé
(P5) 100 en FA (P5) 100 réglé (P5) 100 en FA (P5) 100 réglé (P5) 100 en FA

Total réglé 400 Total réglé 1000 Total réglé 400 Total réglé 1000 Total réglé 700
Total en FA 1300 Total en FA 700 Total en FA 1300 Total en FA 700 Total en FA 1000

4.5. Structures de flux des messages de paiement (modes de routage)

Les ordres de paiement ne sont plus transmis via un support physique mais ils
sont formulés à travers des messages sous forme normalisée et acheminés au
moyen de liaisons fortement sécurisées.

Le traitement des échanges est automatisé de bout en bout ; cette


automatisation concerne aussi bien l’émission des ordres de virement, que leur
imputation, ainsi que les informations transmises à l’émetteur et au destinataire
de l’ordre.

Ainsi, pour initier un transfert de fonds, la banque payeuse émet un ordre ou


message de paiement à destination du système central et de la banque
destinataire afin que le système traite et règle le paiement. La structure de flux
des messages émis par la banque payeuse (c’est-à-dire leur acheminement ou
routage) peut prendre différentes formes : structure en « V », en « Y », en « L »
ou en « T » exposées ci-après :

4.5.1. La structure en « V »

Dans la structure de flux des messages en « V », le message incluant toutes


les informations concernant le paiement (par exemple, les détails sur
l’identité du bénéficiaire) est envoyé par la banque émettrice d’abord à la
banque centrale et n’est envoyé par cette dernière à la banque destinataire
qu’après son règlement définitif.

29
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

4.5.2. La structure en « Y »

Dans cette structure, le message de paiement est transmis par la banque


émettrice à un processeur central. Ce dernier prend, depuis le message
initial, un extrait des informations reçues et plus précisément celles
servant à effectuer le règlement. Cet extrait constitue une demande de
règlement que le processeur central transmet à la banque centrale ; le
message initial étant maintenu dans le processeur central. À la réception
de la demande de règlement, la banque centrale vérifie la provision de la
banque émettrice et informe le processeur central du statut du paiement,
par exemple réglé ou mis en file d’attente. Une fois réglé, un message
contenant la confirmation du règlement est reconstruit par le processeur
central et envoyé à la banque bénéficiaire. Les renseignements
commerciaux échangés entre la banque émettrice et la banque destinataire
(tels que l’identité du bénéficiaire) ne sont donc pas connus par l’agent de
règlement.

4.5.3. La structure en « L »

Cette structure est proche dans sa conception à celle en « Y ». Cependant,


la banque émettrice maintient le message de paiement dans un « système
de passage » attaché à son système interne et l’extrait servant au règlement
(demande de règlement) est envoyé à la banque centrale. Si la provision
dans le compte de règlement de la banque émettrice est suffisante, le
règlement est effectué et la banque centrale renvoie un message de
confirmation au système de passage de la banque émettrice. À la réception
de cette confirmation, le message de paiement initial est libéré
automatiquement du système de passage de la banque émettrice et envoyé
à la banque destinataire.

4.5.4. La structure en « T »

Les systèmes RTGS peuvent appliquer une structure en « T », dans


laquelle les messages de paiement sont directement acheminés (routés) de
la banque émettrice à la banque destinataire (à travers un système de
transmission), avec des copies (faites par le système de transmission)
envoyées simultanément à la banque centrale. Cela signifie que la banque
destinataire recevra d’abord le message de paiement non réglé juste après
que la banque émettrice l’ait envoyé et recevra ensuite un message de

30
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

confirmation du règlement envoyé par la banque centrale une fois que le


règlement a lieu.

Il est important de noter que les trois premiers types de structure se partagent
tous la caractéristique commune que la banque destinataire recevra le message
de paiement (comprenant la confirmation du règlement) après son règlement
par la banque centrale. Ce n’est pas le cas pour la structure en « L ».

Les schémas ci-après illustrent les différentes formes des structures de flux des
messages de paiement.

Figure 4 Structures de flux des messages de paiement

Structure en « V » Structure en « Y »

Banque Banque Banque Banque


émettrice destinataire émettrice destinataire
(1) message
(5) message de
de paiement
paiement avec
(1) message (3) message de
la confirmation
de paiement paiement avec Processeur
la confirmation central
(2) demande
Banque de règlement (4) confirmation
centrale
(2) règlement Banque
(3) règlement
centrale

Structure en « L » Structure en « T »

(1) message
Banque de paiement
(2) règlement
centrale Banque Banque
émettrice destinataire
(1) demande (3) confirmation
de règlement
(1) message
de paiement (3) confirmation
Système de (4) message de
passage paiement avec
la confirmation
Banque Banque Banque
(2) règlement
émettrice destinataire centrale

31
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

5. Les opérations échangées


Le système RTGS est réservé aux paiements de gros montants ou urgents entre les
participants, pour leur propre compte ou pour le compte de leurs clients, en
particulier les opérations liées aux transactions sur les marchés financier et monétaire
et les opérations de politique monétaire. Outre les virements de gros montants,
certains systèmes RTGS assurent le règlement des soldes issus d’autres systèmes de
paiement dits exogènes (systèmes de paiement de détail, systèmes de règlement de
titres, etc.).

5.1. Les virements de gros montants (VGM)

Les VGM sont constitués par les opérations de banque centrale ainsi que les
ordres électroniques de paiement émis par les participants pour :

— Le règlement de leurs opérations interbancaires (de marché


monétaire, de marché de change, etc.) ;

— Le règlement de leurs opérations de trésorerie intrabancaire


(virements en faveur des agences, directions, etc.) ;

— Des transferts urgents de la clientèle ;

— Les montants accessoires associés à ces opérations.

Ces virements doivent être à imputation immédiate ou passer en file d’attente.


L’émetteur peut demander la restitution des fonds par un ordre de restitution
émis par le destinataire de l’ordre de paiement (dans la même journée).

Les opérations de banque centrale bénéficient d’une priorité plus élevée. Les
opérations de cette nature sont imputées avant toute opération de priorité
normale.

Dans certains pays, les ordres de paiement doivent porter sur des valeurs
supérieures à un montant plancher (par exemple en France, il est de 1 million
d’euros).

5.2. Les règlements des soldes exogènes

Les soldes de tous les systèmes exogènes sont imputés dans ce système. Ainsi,
tous les participants à l’un de ces systèmes ont vocation de participer
indirectement au système RTGS.

32
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

Ces soldes sont présentés pour imputation selon une chronologie quotidienne
fixe. Lors de leur présentation pour imputation, les soldes de ces systèmes sont
soumis aux mêmes contrôles de provision que les virements proprement dits en
tenant compte toutefois de leur priorité plus élevée.

En cas d’impossibilité d’imputation par le système exogène pour au moins un


des participants, le système RTGS rejette l’ensemble des opérations du système
considéré. Chaque système doit alors recalculer les soldes après élimination du
ou des participant(s) défaillant(s) et présenter à nouveau les soldes pour
imputation.

6. Fonctionnalités du système RTGS


L’architecture générale du système tourne autour d’un pivot qui est la plate-forme
centrale gérée par la banque centrale et les plates-formes périphériques des
participants. Selon la structure de flux des messages de paiement adoptée, la plate-
forme centrale et les autres plates-formes peuvent être directement connectées
(structure en « V », « L » et « T ») ou bien communiquent par l’intermédiaire du
réseau SWIFT ou d’un réseau privé (structure en « Y »). Concernant les systèmes
exogènes, ils sont directement liés à la plate-forme centrale.

Le schéma ci-après explique l’architecture fonctionnelle d’un système RTGS : les


plates-formes qu’il gère, les connexions qui existent entre les participants et les
réseaux utilisés.

33
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

Figure 5 Architecture fonctionnelle d’un système RTGS

Plate-forme participant Plate-forme participant

RÉSEAU

Plate-forme participant Plate-forme participant


A b

SYSTÈME SYSTÈME
EXOGÈNE EXOGÈNE
Plate-forme centrale

Le système est techniquement conçu pour ne pas connaître des pannes (doublement
des équipements centraux et basculement automatique de l’un sur l’autre). En cas de
panne au niveau du réseau de transmission d’un participant, il y a lieu d’utiliser le
réseau de secours.

6.1. Fonctions de la plate-forme centrale

6.1.1. Configuration et paramétrage

C’est la banque centrale qui est chargée de mettre à jour les paramètres
ainsi que le référentiel du système (fichiers des banques, mode de routage,
gestion des priorités, gestion des comptes, gestion des files d’attente, etc.).

34
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

6.1.2. Gestion des échanges

Tous les virements échangés entre les participants sont transmis via le
réseau de transmission (avec l’existence d’un réseau privé de secours).
Pour la gestion des échanges, la plate-forme centrale assure :

— La consultation et le suivi des soldes des files d’attente de


l’ensemble des participants grâce à un dispositif de tableau de bord ;

— L’établissement et l’envoi de tous les avis (avis de débit, avis de


crédit, etc.) aux banques via le réseau ;

— La gestion des files d’attente (envoi des messages d’alerte aux


banques ayant des virements bloquant le système, déclenchement du
processus d’optimisation, etc.) ;

— La gestion des avances intrajournalières (octroi et récupération)


qui s’effectue sur la base des cotes d’avances attribuée à chaque
banque ;

— Le déversement des soldes nets des systèmes exogènes ;

— L’acheminement des données des virements en faveur des


agences de chaque banque.

6.2. Fonction de la plate-forme participant

Cette plate-forme permet au trésorier de la banque participante de suivre les


soldes du compte de sa banque dans le système : les virements initiés, en file
d’attente, à recevoir, ainsi que ceux des participants indirects.

La banque centrale permet un transfert souple de liquidités entre les comptes


courants ordinaires des banques et les comptes de règlement de ces banques
dans le système. Le gestionnaire des flux de trésorerie sur la base du système
d’information de la banque centrale dispose ainsi d’un outil moderne et
performant de gestion.

7. La possibilité d’interconnexion de plusieurs systèmes RTGS


Nous avons décrit dans ce chapitre les caractéristiques des systèmes RTGS du point
de vue de leur mise en place au niveau d’un seul pays donné, c’est-à-dire les
systèmes domestiques. Comme exemple de ces systèmes qui fonctionnent au niveau
local et en monnaie nationale, nous pouvons citer le système Fedwire aux États-Unis,
TBF (Transferts Banque de France) en France, ELLIPS (Electronic Large-value

35
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

Interbank Payments System) en Belgique, EIL-ZV en Allemagne, CHAPS (Clearing


House Automated Payment System) au Royaume-Uni. En Tunisie, le SGMT
(Système des Virements de Gros Montants Tunisien) devrait être opérationnel
durant le dernier trimestre 2004 et en Algérie la mise en place d’un système RTGS est
prévue pour le premier trimestre 2006.

Des liaisons entre plusieurs systèmes RTGS domestiques sont possibles et ce, dans le
but d’assurer les transferts transfrontaliers de gros montants, c’est-à-dire le
mouvement de fonds vers l’extérieur d’un pays. Ces systèmes consistent en une
interconnexion des différents systèmes RTGS nationaux des pays participants.
L’exemple le plus illustre de ces systèmes est le système TARGET (TransEuropean
Automated Real-Time Gross Settlement Express Transfer System) mis en place
depuis 1999 dans l’Union européenne dans le cadre de l’Union économique et
monétaire.

TARGET associe les banques centrales nationales (BCN) des pays de l’Union
européenne et assure les paiements transfrontaliers en euro entre ses participants. Sa
supervision incombe principalement à la Banque Centrale Européenne (BCE). Il se
compose des systèmes RTGS nationaux qui sont interconnectés par un réseau de
télécommunications échangeant des messages de paiement selon un format commun
et des procédures communes : le Système d’Interconnexion.

L’utilisation de TARGET n’est obligatoire que pour les paiements directement liés
aux opérations de politique monétaire dans lesquelles le SEBC (Système Européen
des Banques Centrales) est impliqué soit en tant que destinataire ou en tant
qu’émetteur.

Dans la pratique, TARGET traite exclusivement des paiements de montants élevés


devant être effectués entre participants pour leur propre compte ou pour le compte
de leurs clients. Les systèmes RTGS participant à TARGET conservent leurs
caractéristiques spécifiques pour le traitement des paiements nationaux. Néanmoins,
un certain degré d’harmonisation des caractéristiques des systèmes RTGS nationaux
a été réalisé (par exemple en termes d’horaires de fonctionnement et de principes de
tarification des opérations).

36
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

Figure 6 Le système TARGET

Tableau 5 Systèmes RTGS nationaux participant au système TARGET

États Agent de
Nom du système Lieu
membres règlement
Belgique Electronic Large-value Interbank Banque nationale de Bruxelles
Payment System (Ellips) Belgique/ Nationale
Bank van België
Deutsche
Allemagne Euro Link System (ELS) Francfort
Bundesbank
Hellenic Real-time Money Transfer
Grèce Banque de Grèce Athènes
Express System (Hermes)
Servicios de Liquidación del Banco
Espagne Banco de España Madrid
de España (SLBE)
France Transferts Banque de France (TBF) Banque de France Paris
Irish Real-time Interbank Central Bank of
Irlande Dublin
Settlement System (IRIS) Ireland
Sistema di regolamento lordo BI-
Italie Banca d’Italia Rome
REL
Luxembourg Interbank Payment Banque centrale du
Luxembourg Luxembourg
Systems (LIPS-Gross) Luxembourg
De Nederlandsche
Pays-Bas TOP Amsterdam
Bank
Austrian Real-time Interbank Oesterreichische
Autriche Vienne
Settlement System (ARTIS) Nationalbank
Sistema de Pagamentos de Grandes
Portugal Banco de Portugal Lisbonne
Transacções (SPGT)
Finlande Bank of Finland (BoF) Suomen Pankki Helsinki

Suède ERIX Sveriges Riksbank Stockholm


Danmarks
Danemark DEBES Copenhague
Nationalbank
Royaume-
CHAPS-Euro Bank of England Londres
Uni

37
Chapitre 2 Présentation du système de règlement brut en temps réel (RTGS)

En conclusion

De nos jours, les paiements de gros montants deviennent de plus en plus une
préoccupation primordiale pour les banques centrales. Comme nous l’avons vu, les
caractéristiques du système RTGS, lui permettent d’être, par excellence, un système
de paiement de gros montants grâce à sa capacité de fournir l’efficacité, la rapidité et
la sécurité nécessaires pour le traitement de telles opérations. De plus, le système
RTGS contribue au développement des échanges extérieurs d’un pays et de son
économie dans l’ensemble et ce, s’il est connecté aux systèmes RTGS des pays
partenaires. En effet, les paiements transfrontaliers seront plus rapides et sécurisés,
ce qui assurera une dynamique des échanges extérieurs et de l’économie nationale en
général.

Aussi, le système RTGS joue un rôle central dans le système de paiement global d’un
pays. En effet, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, il permet le
déversement des soldes des autres systèmes de paiement. Ainsi, le chapitre suivant a
pour objet de présenter globalement les autres systèmes de paiement qui puissent
exister en parallèle avec le système RTGS et ce, en vue d’avoir une idée sur la relation
qui existe entre le système RTGS et les systèmes exogènes afin de mieux situer et de
bien cerner le système RTGS considéré par rapport aux autres systèmes de paiement
et de règlement.

38
Chapitre 3
Le système RTGS
et les autres
systèmes de
paiement et de
règlement

En adoptant la classification distinguant


les systèmes de paiement de masse de
ceux de gros montants, il est possible de
concevoir des systèmes fonctionnant selon
certains principes des premiers combinés
avec d’autres principes des derniers : ce
sont les systèmes hybrides. En parallèle,
les systèmes qui s’occupent du traitement
des transactions sur titres sont les
systèmes de règlement de titres.

Dans le but d’avoir une vue panoramique


des systèmes de paiement et de règlement
et afin de situer le système de règlement
brut en temps réel (RTGS) parmi les
différents systèmes existants, nous allons
présenter de façon globale, dans ce
chapitre, chacun des systèmes précités :
leurs caractéristiques et modes de
fonctionnement. Nous verrons enfin les
possibilités d’interconnexion entre le
système RTGS et certains autres systèmes
de paiement et de règlement.

39
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

1. Présentation des différents systèmes de paiement et de règlement


1.1. Les systèmes de paiement de masse

1.1.1. Définition

Les paiements de détail (retail payments) sont traités par des systèmes de
règlement net différé –RND– (Deferred Net Settlement –DNS– systems).
En effet, les règlements sont effectués en séance unique après calcul des
soldes en fin de journée ou à chaque cycle de compensation dans le cas où
les règles de fonctionnement prévoiraient plusieurs séances par jour après
compensation de toutes les opérations initiées entre le règlement
précédent et le règlement en question.

Ainsi, les systèmes RND sont des systèmes conçus pour absorber de très
gros volumes de transactions quotidiennes avec de faibles montants par
transaction. Ils traitent un grand nombre de paiements de petits montants.

1.1.2. Mode de fonctionnement et principales caractéristiques

Comme leur nom l’indique, les systèmes de règlement net différé


procèdent au règlement en termes nets. Les paiements effectués par une
banque et les paiements qu’elle reçoit sont soldés ou compensés avant
d’être réglés. Le règlement est effectué à des moments annoncés, qui
peuvent se situer au cours de la journée d’échange ou à sa fin. Le principe
de fonctionnement de ces systèmes est donc la compensation des
paiements et le règlement des positions nettes en fin de journée ou à
chaque cycle de compensation.

La position nette d’un participant peut être calculée sur une base bilatérale
(paiements envers un seul autre participant) ou, dans la majorité des
systèmes RND, sur une base multilatérale (paiements envers plusieurs
participants) comme la somme des valeurs de tous les transferts reçus
moins la somme des valeurs de tous les transferts émis jusqu’à un moment
donné. Elle peut être donc une position nette débitrice ou créditrice. La
position nette au moment du règlement est appelée position nette de
règlement et c’est elle qui est définitivement réglée.

Nous avons repris l’exemple donné dans le Tableau 1 (chap. 1) pour


illustrer la compensation multilatérale dans la Figure 3 suivante :

40
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

Figure 7 Exemple de compensation multilatérale

A B

140
280

SYSTÈME

420

Montant dû à : Nombre de transferts : 3


Montant dû par : C Total échangé : 420 M.u.m. ?

Les moyens de paiement utilisés pour effectuer ces paiements sont : le


chèque, le virement, l’avis de prélèvement automatique, les effets de
commerce, les cartes bancaires, etc.

Les systèmes RND sont gérés soit par des chambres de compensation soit
par la télécompensation du fait de l’automatisation sans cesse croissante
des opérations.

Nous avons pris l’exemple du chèque pour expliquer la différence entre


un système géré par une chambre de compensation et un système géré par
la télécompensation, en donnant un schéma montrant le circuit du chèque
pour chacun des deux cas.

• Les chambres de compensation

Ce sont des lieux physiquement distincts des centres de paiement. Ils


centralisent les échanges officiels d’instruments sur support papier
(chèques, virements, effets de commerce).

Les chambres de compensation fonctionnent tous les jours ouvrés.


Certains échanges sont réglés le jour même (virements et chèques),
d’autres à échéance (effets de commerce).

41
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

Figure 8 Circuit du chèque dans un système géré par une chambre de


compensation

• Le système de télécompensation

Le système de télécompensation est un système d’échange


d’opérations de masse reposant entièrement sur les
télécommunications.

Il est constitué d’un réseau décentralisé permettant l’échange direct


et en continu des ordres de paiement entre les centres informatiques
des banques. Cette organisation permet, en particulier, d’exécuter les
paiements dans des délais très courts.

42
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

Figure 9 Circuit du chèque dans un système géré par la télécompensation

Comme exemple des systèmes de télécompensation, nous pouvons


citer le SIT (Système Interbancaire de Télécompensation) qui traite
l’ensemble des paiements de masse en France depuis 1992 (voir
Figure 10). En effet, le SIT permet l’échange entre établissements de
moyens de paiement dématérialisés : chèques, effets de commerce,
virements, paiements par carte et autres instruments de paiement de
détail (avis de prélèvement, retrait DAB, etc.). Le SIT est géré par un
groupement d’établissements, le GSIT (Groupement pour un
Système Interbancaire de Télécompensation), dont la Banque de
France est membre. Au Luxembourg, les paiements de détail sont
traités par le système LIPS-NET (Luxembourg Interbank Payment
System – Netting System), en Norvège, le système NICS (Norwegian
Interbank Clearing System) et en Belgique, par le CEC (Centre
d’Échange et de Compensation).

Les travaux sur la mise en place d’un système de télécompensation


en Tunisie qui ont démarré en 1997 se sont achevés en fin 2003. La
SIBTEL (Société Interbancaire de Télécompensation), créée à cet effet
en novembre 1999, gère ce système. Au Maroc, le système de
paiement de masse lancé en janvier 2002 s’appelle SIMT (Système
Interbancaire Marocain de Télécompensation). Enfin, le démarrage
43
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

d’un tel système en Algérie est prévu pour le début du 2ème trimestre
2006.

Figure 10 Exemple : Architecture de fonctionnement du SIT (en France)

Les principales caractéristiques des systèmes de paiement de détail


peuvent être récapitulées comme suit :

— La compensation multilatérale : les participants à un tel système


peuvent effectuer des paiements tout au long de la journée. Ce n’est
qu’en fin de journée, après la compensation, que les participants sont
appelés à régler leur solde dans le cas où celui-ci serait débiteur. En
d’autres termes, pour plusieurs paiements au profit de plusieurs
participants, on a un seul règlement à effectuer ;

44
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

— Ce système n’est pas doté de comptes dédiés, les positions des


participants en fin de journée sont soldées à travers leurs comptes de
règlement à la banque centrale ;

— Seules les banques participantes peuvent communiquer avec le


système ;

— Le système de comptabilisation des échanges est intégré au


système.

1.2. Les systèmes de paiement de gros montants

Les transferts de gros montants (large-value transfers) concernent les opérations


de grande valeur (par transaction) et de haute priorité entre les participants soit
pour leur propre compte ou pour le compte de leurs clients. Il s’agit
d’opérations liées aux transactions sur le marché financier, les transferts
interbancaires (sur le marché monétaire ou sur le marché de change) ainsi que
les opérations de politique monétaire.

Ainsi, vu l’importance de ces opérations, ces transferts doivent être gérés par
des systèmes qui puissent garantir un haut niveau de sécurité et de rapidité, en
l’occurrence, le système de règlement brut en temps réel. Une autre variante de
systèmes, conçue sur la base d’une combinaison de certains principes des
systèmes RTGS avec d’autres principes des systèmes RND, traite aussi ces
transferts de gros montants : les systèmes hybrides. Le moyen de paiement
utilisé par les systèmes de paiement de gros montants pour effectuer les
transferts est le virement.

1.2.1. Le système de règlement brut en temps réel (RTGS)

Un système de règlement brut en temps réel ou RTGS est un système dans


lequel le traitement et le règlement des ordres s’effectuent en continu, en temps
réel (sans différé) et sur une base brute(9). (cf. chap. 2).

1.2.2. Les systèmes hybrides

Les systèmes hybrides (hybrid systems) sont le fruit d’innovations


récentes dans la conception et l’exploitation des systèmes de paiement de
gros montants.

(9) Principes fondamentaux pour les SPIS, page 89.

45
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

Les systèmes hybrides associent la rapidité du règlement définitif


qu’offrent les systèmes RTGS à l’utilisation plus efficiente des liquidités
qui caractérise les systèmes RND, en d’autres termes la fréquence des
cycles de compensation durant la journée.

L’approche adoptée est la conservation des opérations de paiement dans


une file d’attente centralisée. Les positions sont alors compensées à un
rythme continu, c’est-à-dire à des intervalles rapprochés, de manière à les
faire coïncider avec d’autres paiements provenant d’autres participants.
Cette fréquence de compensation permet de limiter les besoins de
liquidités des participants par rapport à ceux exprimés dans les systèmes
RTGS.

Parallèlement, une partie du risque supporté dans un système RND peut


être évitée par l’application de deux (2) mesures :

— Seuls les paiements permettant d’avoir des positions nettes


couvertes sont pris en compte dans chaque série d’opérations de
compensation.

— Le règlement irrévocable et inconditionnel des positions nettes


intervient immédiatement à chaque série d’opérations de
compensation.

Ces systèmes offrent différentes possibilités pour la liquidation des


positions. Toutefois, il peut être prévu dans tous les cas, une séance de
clôture pour le règlement d’un dernier lot resté dans la file d’attente, à la
fin de la journée.

En définitive, les systèmes hybrides présentent des caractéristiques de


conception variables ; ils comportent généralement une file d’attente, des
services de transmission des instructions en temps réel et des algorithmes
complexes pour traiter les paiements.

PNS (Paris Net Settlement) en France, EAF (Euro Access Frankfurt) en


Allemagne et le projet New CHIPS aux États-Unis sont des exemples de
systèmes hybrides de ce type. EAF, par exemple, effectue les règlements
définitifs de positions nettes calculées chaque cycle de compensation qui
dure 20 minutes. Ces formules continuent d’évoluer et d’autres
innovations devraient voir le jour.

46
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

1.3. Les systèmes de règlement de titres

1.3.1. Définition et intervenants

Un système de règlement de titres (Securities Settlement System –SSS–)


est un ensemble de dispositifs institutionnels pour le négoce et la
conservation de titres ainsi que pour la confirmation, la compensation et le
règlement des opérations sur titres. Il traite les opérations qui font suite à
l’exécution d’une transaction sur titres jusqu’au règlement et la livraison.

Les principaux intervenants dans le processus de règlement des titres sont


les investisseurs, les banques et les dépositaires centraux de titres.

Les banques, dont le rôle est la conservation des titres des investisseurs,
tiennent ces derniers sous forme d’inscription en compte. Chaque
investisseur dispose généralement de deux (2) comptes :

— Un compte courant (espèces)

Il est destiné à recevoir des liquidités en vue d’un règlement de titres


achetés, ou reçus en contrepartie d’une vente de titres.

— Un compte titres

C’est un compte qui ne figure pas dans les comptes annuels du


conservateur (bilan et hors bilan), il est géré par la comptabilité titres.

Les dépositaires centraux de titres sont des organismes auprès desquels


les titres sont déposés lors de leur émission. Dans le cas où les titres sont
dématérialisés, c’est-à-dire n’existant pas sous la forme papier, le dépôt
des titres se fait sous forme d’inscription en compte.

Leur fonction ne se limite pas à la tenue des comptes, mais également la


compensation pour le compte de leurs membres. Elle consiste à assurer à
la suite d’instructions reçues des conservateurs, l’ensemble des opérations
qui conduisent au règlement et à la livraison des titres.

Nous pouvons prendre comme exemples de dépositaires centraux de


titres la Sicovam SA (Société Interprofessionnelle pour la Compensation
des Valeurs Mobilières) devenue Euroclear-France en France et DBC
(Deutsche Börse Clearing AG) en Allemagne. En Algérie, le dépositaire
central de titres est Algérie Clearing.

47
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

Tout comme les systèmes RTGS, il existe aussi des centrales de clearing
supranationales. Ces centrales offrent à leurs participants, de différents
pays, une compensation internationale qui s’étend à toute transaction
transfrontalière. Cette compensation permet d’effectuer des règlements de
titres contre espèces multidevises, de manière fiable et en toute sécurité.

En Europe, il existe actuellement deux (2) systèmes qui permettent la


consolidation européenne des opérations sur titres. Il s’agit d’Euroclear
Group qui réunit les dépositaires centraux de titres Sicovam SA (devenue
Euroclear-France) français, Crest du Royaume-Uni, Necigef hollandais et
l’Euroclear Bank et le CIK belges. L’autre système est Clearstream
International qui regroupe le dépositaire central allemand Deutsche Börse
Clearing AG et celui du Luxembourg Cedel International.

1.3.2. Les étapes de règlement des titres

— L’exécution de la transaction ou de la négociation où les


contreparties conviennent d’une date de règlement ;

— La vérification de l’accord (appelée aussi appariement) entre les


parties concernant les divers éléments du contrat ;

— Le calcul des obligations de chaque contrepartie (Trade


clearing) ;

— Les instructions ou ordres de transfert aussi bien des titres que


des fonds au système de règlement ;

— Le règlement-livraison qui consiste à transférer des fonds (des


liquidités) du compte espèces de l’acheteur à celui du vendeur et le
transfert des titres du compte titres du vendeur à celui de l’acheteur.

48
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

Figure 11 Architecture globale d’un système de règlement de titres

2. Interconnexion entre le système RTGS et certains autres systèmes


de paiement et de règlement
Les systèmes RTGS fonctionnent habituellement en liaison avec d’autres systèmes de
paiement et de règlement (voir Figure 12). La nature de la liaison peut changer selon
certains facteurs tels que le type du système avec lequel le système RTGS est joint et
du fait que la liaison soit domestique ou internationale.

Dans le contexte domestique, il y a deux principaux types de liaison. Le premier type


concerne les systèmes RND pour les transferts interbancaires de fonds dans lesquels
les positions nettes de règlement des participants sont réglées dans un système RTGS
à un ou plusieurs moments désignés dans la journée. Une caractéristique principale
de ce type de liaison est que le règlement final des transferts dans les systèmes RND
est effectué quand les débits ou les crédits basés sur les positions nettes de règlement
des participants sont imputés dans leurs comptes à la banque centrale par le système
RTGS.

Le deuxième type de liaison concerne les mécanismes des titres DVP (Delivery-
Versus-Payment). Ce mécanisme permet d’effectuer les transactions sur titres de
manière à ce que le transfert des fonds de l’acheteur au vendeur a lieu si et seulement

49
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

si le transfert des titres a lieu aussi. Selon que le système de titres maintient des
comptes espèces et des comptes de titres pour les participants, le mécanisme DVP en
temps réel peut être réalisé soit (a) par une liaison en ligne entre le système RTGS et
le système de règlement de titres (par exemple la liaison SIC-SECOM en Suisse - voir
Figure 13) ou (b) dans le système de règlement de titres même (par exemple le
système de transfert de titres de Fedwire). Dans les deux cas, les aspects paiement
des transactions sur titres sont réglés en continu par le système RTGS, qui crée une
liaison étroite et en temps réel entre le système RTGS et le SSS.

D’autres formes de liaison se produisent quand le système RTGS est impliqué dans le
règlement différé de l’aspect paiement des transactions de titres ; c’est-à-dire les
positions nettes résultant de l’aspect paiement des transactions sur titres.

Au niveau international, les mécanismes PVP (Payment-Versus-Payment) qui


permettent le règlement des transactions de devises étrangères en assurant le
transfert simultané des deux devises en temps réel ont impliqué des liaisons
transfrontières importantes entre les systèmes RTGS nationaux. Une plus grande
synchronisation des heures d’ouverture et de fonctionnement des systèmes RTGS
faciliterait ce procédé.

Figure 12 Exemple de liaison entre le système RTGS et d’autres systèmes de


paiement et de règlement

50
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

Figure 13 Exemple de liaison entre le système RTGS et le système de règlement de


titres : La liaison SIC-SECOM en Suisse

51
Chapitre 3 Le système RTGS et les autres systèmes de paiement et de règlement

En conclusion

Nous avons fait un survol sur les systèmes de paiement et de règlement dans ce
chapitre. Nous pouvons conclure que le système RTGS est le pilier du système de
paiement d’un pays parce qu’il permet le déversement des soldes de tous les autres
systèmes de paiement et de règlement. En plus, il permet un niveau de rapidité et de
sécurité assez élevé qui lui permet d’effectuer les transferts de gros montants.

Bien que la mise en place de systèmes de paiement et de règlement entièrement


automatisés permette une plus grande fluidité des transferts de fonds, les systèmes
de paiement et de règlement peuvent présenter divers risques. En effet, les délais de
règlement, les défaillances techniques, le cadre juridique, ainsi que la structure en
réseau des systèmes de paiement et de règlement les rendent vulnérables à différents
risques.

Le chapitre suivant a pour objet de présenter les risques auxquels les systèmes de
paiement et de règlement peuvent être confrontés. Nous verrons brièvement
comment ces risques se présentent dans chacun des systèmes de paiement déjà
exposés et ce, toujours afin de bien situer le système RTGS par rapport aux autres
systèmes de paiement mais aussi dans le but de mieux appréhender les risques
auxquels il peut être confronté.

52
Chapitre 4
Les risques liés
aux systèmes de
paiement et de
règlement

Les systèmes de paiement et de règlement


sont exposés à divers risques. En effet,
leurs modes de fonctionnement même,
leur structure ainsi que d’autres facteurs
font en sorte que ces systèmes présentent
et même propagent des risques.

Nous nous proposons d’exposer les


différents risques associés aux systèmes
de paiement et de règlement. Nous
verrons aussi comment ils se présentent
dans chacun de ces systèmes afin de
pouvoir bien cerner leur importance dans
le système RTGS. Et nous verrons enfin
une catégorie particulière de systèmes de
paiement, celle des systèmes de paiement
d’importance systémique.

53
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

1. Présentation des risques liés aux systèmes de paiement


et de règlement
Les systèmes de paiement et de règlement jouent un rôle important dans les
économies modernes. À ce titre, ils représentent une source de risques dont
l’insuffisance de la maîtrise peut être à l’origine de graves perturbations.

Cependant, ces risques sont souvent mal perçus ou sous-estimés par les banques,
étant donné la confiance qu’elles accordent à leurs contreparties. En effet, certaines
banques estiment que les mesures de prévention contre les risques coûtent trop cher
par rapport à la probabilité de défaillance d’un participant.

Ces risques découlent d’une part, de l’imperfection des informations relatives aux
événements futurs (mauvaises anticipations) et aux coûts qu’engendrent l’obtention
et le traitement des renseignements qui peuvent servir à bien anticiper les situations
à venir. D’autre part, ils sont le résultat de l’interdépendance des institutions qui
participent aux systèmes de paiement et du décalage entre le moment de la
transaction et celui du règlement définitif du paiement étant donné que ce dernier
intervient après la transaction.

Les systèmes de paiement peuvent être soumis à divers risques prenant


principalement les formes suivantes :

— Le risque de liquidité ;

— Le risque de crédit ;

— Le risque opérationnel ;

— Le risque juridique ;

— Le risque systémique.

Les risques de crédit et de liquidité sont regroupés dans une catégorie dite de risques
financiers. Nous nous proposons de présenter ci-après ces différents risques ainsi que
la manière dont ils se présentent dans chacun des systèmes de paiement sans nous
intéresser cependant aux mesures à prendre pour les prévenir.

1.1. Les risques financiers

1.1.1. Le risque de liquidité

C’est le risque qu’un participant à un système de paiement se trouve dans


l’impossibilité de s’acquitter en totalité d’une obligation à l’échéance

54
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

prévue. Le risque de liquidité ne signifie pas que la contrepartie ou le


participant est insolvable, car il se peut qu’il soit en mesure de s’exécuter à
une date ultérieure non spécifiée. Il entraîne une perte aux banques
bénéficiaires qui doivent alors se procurer des fonds à très court terme
pour assurer leurs obligations de règlement, surtout si elles réduisent au
minimum leur liquidité. Ces fonds que les banques bénéficiaires doivent
lever peuvent coûter très cher.

L’exposition au risque de liquidité est beaucoup plus importante dans un


système RTGS que dans un système RND. Cela découle du fait que le
premier exécute les paiements sur une base brute et en temps réel alors
que le deuxième effectue les règlements en fin de journée après
compensation des positions.

Un participant effectuant un paiement à travers un système RTGS, doit


disposer des liquidités nécessaires sur son compte auprès de l’organisme
de règlement pour que le paiement soit accepté par le système. S’il n’y a
pas assez de liquidités dans le système (ou si elles sont mal réparties) pour
permettre un flux de paiement régulier intrajournalier, il peut en résulter
un blocage du système. En cas de blocages fréquents, les participants
peuvent perdre confiance dans le système et recourir à d’autres formes
d’accords moins sûrs.

Quant aux systèmes de règlement de titres, le risque de liquidité est


double : le vendeur d’un titre ne recevant pas les fonds à échéance, peut
être contraint d’emprunter ou de réaliser des actifs pour effectuer d’autres
paiements ; l’acheteur n’obtenant pas les titres à échéance peut être obligé
d’emprunter des titres afin de respecter sa propre obligation de livraison.
Les deux parties à la transaction sur titres sont donc exposées au risque de
liquidité à la date de règlement. Les coûts en résultant dépendent du
degré de liquidité des marchés sur lesquels la partie affectée doit se
reporter : plus il est élevé, moins l’ajustement est coûteux.

En l’absence d’un lien étroit entre la livraison et le paiement, des


répercussions systémiques sur la liquidité sont alors tout à fait
vraisemblables, car la crainte de perdre la valeur intégrale de leurs titres
ou fonds pourrait dissuader certains participants de s’acquitter de leurs
obligations, ce qui pourrait empêcher les autres de s’exécuter à leur tour.

55
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

1.1.2. Le risque de crédit

C’est le risque qu’une contrepartie ne s’acquitte pas intégralement d’une


obligation ni à la date d’échéance ni ultérieurement. C’est donc le risque
d’insolvabilité du payeur et qui fait perdre au bénéficiaire l’intégralité ou
une partie du montant en principal du paiement.

Les expositions au risque de crédit entre les participants se produisent au


sein des systèmes où un certain laps de temps existe entre l’acceptation
d’un paiement par le système et le règlement définitif. Par conséquent, les
expositions ne peuvent survenir dans des systèmes RTGS, étant donné
l’absence de ce décalage, contrairement aux systèmes RND.

Le risque de crédit dans les systèmes de règlement de titres est lié au


défaut d’un participant, habituellement pour cause d’insolvabilité. Il est
utile de le subdiviser en deux (2) composantes :

— Le risque de règlement

Une autre forme de risque de crédit a trait aux contrats dont le


règlement est programmé à une date à laquelle une contrepartie fait
défaut. La partie non défaillante est exposée à un risque en principal :
le risque que le vendeur d’un titre le livre sans en recevoir le
paiement ou que l’acheteur effectue le paiement sans obtenir la
livraison. Dans l’un ou l’autre cas, le risque porte sur le montant total
de la transaction, d’où le terme risque en principal.

— Le risque de pré-règlement

Appelé aussi risque de coût de remplacement, ce risque se manifeste


lorsqu’une contrepartie solvable se sent obligée de remplacer la
transaction initiale par une autre transaction évaluée au prix du
marché. De ce fait, la contrepartie solvable perdra les gains acquis
entre la conclusion de la transaction initiale et le défaut. Cette perte
se détermine en comparant le prix du marché du titre au moment du
défaut avec le prix contractuel. Ce risque dépend donc de la volatilité
du prix du titre et du temps écoulé entre l’exécution de la transaction
et son règlement.

56
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

1.2. Le risque opérationnel

Concernant le traitement des paiements, le risque opérationnel est un élément


qui a trait à l’intégrité du système.

Par risque opérationnel, on désigne le risque que des dysfonctionnements des


systèmes informatiques ou des contrôles internes, des imperfections dans la
conception du système, des erreurs humaines ou de gestion entraînent des
coûts financiers pour certains participants, c’est-à-dire les exposent à des
risques de crédit ou de liquidité.

Certains risques sont étroitement liés au risque opérationnel, tels que le risque
de fraude, qui expose une partie à des pertes financières, ou le risque qu’un
tiers entre illégalement en possession de renseignements confidentiels sur les
paiements, et qui sont susceptibles de l’aider à exploiter la situation financière
de quelqu’un d’autre. C’est pourquoi, les travaux de la BRI qui ont trait aux
risques inhérents aux systèmes de paiement, préconisent que les systèmes
informatiques doivent être conçus de telle manière à sécuriser l’information et à
permettre la mise en œuvre des règles et procédures liées à la surveillance et au
contrôle des risques financiers.

1.3. Le risque juridique

On désigne par ce risque, les incertitudes ou les failles du cadre juridique qui
peuvent entraîner des risques de liquidité ou de crédit pour les participants à
un système de paiement. Le manque de clarté de certaines lois et conventions
peut susciter des incertitudes et des mauvaises interprétations concernant les
obligations et droits des parties.

Ainsi, il est possible qu’un transfert de paiement ne soit pas accompagné des
documents précis stipulés dans l’accord conclu entre les contreparties, ce qui
pourrait entraver le bon déroulement des opérations. Le fait qu’un paiement ne
soit pas mené à terme, entraîne un engagement imprévu.

Pour maîtriser ce risque, il importe que les règles et procédures du système, les
lois et règlements relatifs aux paiements, soient définis d’une manière claire et
précise.

57
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

Exemple sur les aspects du risque juridique dans les systèmes de paiement :
le droit de la faillite et « la règle zéro heure »

Les concepteurs de systèmes et autorités compétentes doivent se demander ce


qui adviendrait si un participant s’avérait insolvable. Les transactions seraient-
elles honorées comme étant définitives ou seraient-elles considérées comme
nulles ou annulables par les liquidateurs et autorités compétentes ?

« Règle zéro heure »

Appliquée dans le contexte d’un système de paiement, la « règle zéro heure » a


pour effet d’invalider toutes les transactions effectuées par le participant en
faillite dès le début (« zéro heure ») du jour de mise en faillite (ou d’un
événement comparable). Dans un système à règlement brut en temps réel, cela
pourrait conduire à inverser des paiements apparemment déjà entérinés et que
l’on pensait définitifs. Dans un système à règlement net différé, une telle règle
pourrait entraîner la révocation de la compensation de toutes les transactions.
Cela impliquerait de recalculer toutes les positions nettes et pourrait provoquer
de profondes modifications des soldes des participants. Dans les deux cas, des
répercussions systémiques pourraient s’ensuivre.

Un certain nombre de pays ont pris un ensemble de mesures pour apporter des
amendements au droit de la faillite et ce, en supprimant « la règle zéro heure »
et garantissant l’application des contrats de compensation.

1.4. Le risque systémique

Il désigne l’éventualité que l’incapacité d’un participant à honorer à temps ses


obligations de paiement empêche d’autres participants d’honorer à leur tour les
leurs, lorsque celles-ci arriveront à échéance.

C’est donc le risque que la défaillance d’une banque entraîne celle d’autres
banques et de proche en proche celle du système bancaire et menacer ainsi la
stabilité du système ou des marchés financiers.

Cet effet domino est de nature à créer des problèmes de liquidité voire même
d’insolvabilité pour d’autres institutions participant au système de paiement.

En effet, lorsqu’une banque n’honore pas ses obligations envers d’autres


banques, ces dernières peuvent éprouver des problèmes de liquidité, ce qui ne
leur permet pas de respecter leurs propres obligations de paiement, cette
58
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

situation peut se propager par un effet de contagion, et mettre en difficulté


l’ensemble du système de paiement et de règlement dont la structure en réseau
rend le système vulnérable à une telle propagation des risques.

Exemple de réalisation du risque : HERSTATT

Le meilleur exemple d’incident de règlement (réalisation du risque) à citer serait


celui de la banque allemande HERSTATT.

En effet, le 26 juin 1974, l’agrément de cette banque allemande a été retiré et donc elle
est mise en liquidation et ce, pendant les heures de travail des banques, mais après la
fermeture du système de paiement interbancaire allemand. Au cours de la journée,
avant l’annonce du retrait d’agrément, plusieurs banques avaient, par le biais de
leurs correspondants, payé irrévocablement des marks à la banque Herstatt en
utilisant un système de paiement allemand, dans l’attente de la réception de dollars
plus tard dans la même journée à New York.

L’activité de la banque Herstatt cesse à 3 heures 30 minutes, heure de Francfort. Il est


alors 10 heures 30 minutes à New York. À cet instant, le correspondant à New York
de la Herstatt suspend les règlements en dollars à partir du compte de la Herstatt.
Les contreparties de la banque allemande à des transactions de change supportent
alors un risque de valeur (risque de change). Quant aux banques qui ont des dépôts à
la banque Herstatt, elles supportent un risque de crédit.

2. Les systèmes de paiement d’importance systémique (SPIS)


2.1. Définition

Un système de paiement est dit «d’importance systémique» lorsque, en


l’absence de protection suffisante contre les risques, une perturbation interne –
résultant, par exemple, de l’insolvabilité d’un participant – peut déclencher ou
propager des perturbations en chaîne chez les participants ou, plus
généralement, des perturbations systémiques dans la sphère financière.

Le principal critère de l’importance systémique est le montant ou la nature des


ordres de paiement ou leur valeur globale. Un système spécialisé dans la
gestion des paiements de gros montants est normalement considéré comme
d’importance systémique. En revanche, un système d’importance systémique
ne gère pas nécessairement que des paiements de gros montants. Le terme peut
désigner un système qui traite des paiements de montants divers, mais qui a la

59
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

capacité de déclencher ou de propager des perturbations systémiques du fait de


certains segments de son trafic. En pratique, la frontière entre les systèmes de
paiement d’importance systémique et les autres n’est pas toujours très nette et
la banque centrale doit être attentive à bien situer la limite.

2.2. Identification des systèmes de paiement d’importance systémique

Dans un pays, il peut exister de nombreux systèmes de paiement importants


pour leurs utilisateurs et pour le bon fonctionnement de l’économie. Un
système de paiement d’importance systémique se distingue, toutefois, par sa
capacité de déclencher des dysfonctionnements ou de propager des ondes de
choc dans le système financier national ou même international. La plupart des
pays sont dotés d’au moins un système de ce type.

Le principal facteur d’évaluation de la capacité d’un système de paiement de


déclencher ou de propager des dysfonctionnements systémiques réside dans la
valeur des paiements que le système traite, de façon agrégée ou individuelle,
par rapport aux ressources des participants et plus généralement du système
financier.

Un autre facteur à prendre en compte pour déterminer si le système revêt ou


non une importance systémique réside dans la nature des paiements traités. Un
système qui sert à effectuer les opérations de règlement d’autres systèmes de
paiement (par exemple, s’il gère les paiements de montants en base nette afin
d’assurer les règlements d’un système RND) ou un système qui traite des
paiements réalisés dans le cadre du règlement de transactions sur les marchés
des capitaux (par exemple, des opérations sur le marché monétaire ou de
change ou encore le volet espèces dans les transactions sur titres) est
généralement considéré comme un système de paiement d’importance
systémique.

En résumé, il est fort probable qu’un système soit d’importance systémique s’il
répond au moins à l’un des critères suivants :

— C’est le seul système de paiement d’un pays ou son principal


système en termes de valeur agrégée des paiements ;

— Il traite essentiellement des paiements présentant une forte valeur


individuelle ;

60
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

— Il est utilisé pour le règlement de transactions effectuées sur les


marchés des capitaux ou pour les opérations de règlement d’autres
systèmes de paiement.

2.3. Les Principes fondamentaux et les Responsabilités de la banque


centrale dans leur application

Le Comité sur les Systèmes de Paiement et de Règlement (CSPR) a réalisé, sous


l’égide de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), une série de travaux
concernant l’élaboration de Principes fondamentaux pour les systèmes de
paiement d’importance systémique (voir Annexe 1). Ils sont au nombre de dix
(10) et sont destinés aux concepteurs, opérateurs et responsables des systèmes
de paiement. Le CSPR a défini aussi quatre (4) Responsabilités pour la banque
centrale afin de veiller à l’application des Principes fondamentaux.

Les Principes fondamentaux s’appliquent aux systèmes de paiement


d’importance systémique qu’ils soient informatisés ou manuels, traitant des
instruments électroniques ou sur support papier. Mais ils peuvent être
également utiles pour évaluer et comprendre les caractéristiques de systèmes
qui comportent relativement peu de risque systémique, et il est souhaitable que
de tels systèmes se conforment à certains ou à la totalité de ces Principes.

Les systèmes de paiement d’importance systémique peuvent être détenus et


exploités par des banques centrales ou des institutions du secteur privé. Dans
certains cas également, ils sont détenus et exploités conjointement par des
organismes publics et privés. Les Principes fondamentaux sont destinés à
s’appliquer à toutes les structures institutionnelles et formes de propriété. Ils
concernent essentiellement la conception et l’exploitation des systèmes de
paiement, mais visent aussi à influencer les actions des participants ainsi que
des autorités de surveillance. Le rôle et les responsabilités de l’opérateur et des
participants devraient être clairement définis et bien compris.

Bien que les Principes fondamentaux soient destinés aux systèmes de paiement
au niveau d’un pays, ils sont également applicables lorsque la structure du
système de paiement ou réseau de systèmes interconnectés couvre une zone
économique plus large qu’un pays. Ces principes valent aussi pour les systèmes
de paiement multidevises et les systèmes de paiement transfrontières.

Les Principes fondamentaux devraient servir comme référence et comme outil


d’orientation reflétant les caractéristiques et les critères clés auxquels devrait
61
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

satisfaire ou répondre tout système de paiement, notamment les systèmes dits


d’importance systémique. Leur objectif d’intérêt général étant de promouvoir la
sécurité et l’efficience. La banque centrale a des responsabilités capitales dans
l’application des Principes fondamentaux afin d’atteindre cet objectif.

62
Chapitre 4 Les risques liés aux systèmes de paiement et de règlement

En conclusion

Comme nous avons vu dans le premier chapitre, les systèmes de paiement


permettent de transférer des fonds entre les banques, et les principaux d’entre eux,
comme nous venons de l’évoquer dans ce chapitre, appelés systèmes de paiement
d’importance systémique, constituent un vecteur de transmission majeur des chocs
entre systèmes et marchés financiers domestiques et internationaux.

Tous les systèmes d’importance systémique devraient se conformer aux dix (10)
Principes fondamentaux, et la banque centrale devrait jouer un rôle clé dans la
réalisation des objectifs de sécurité et d’efficience, en mettant en évidence les quatre
(4) Responsabilités qui leur incombent plus particulièrement.

Le système RTGS est considéré comme étant un système de paiement d’importance


systémique. En effet, il répond au moins à l’un des critères utilisés pour identifier les
systèmes de paiement d’importance systémique, à savoir le fait qu’il est, par
définition, un système de paiement de gros montants.

Nous avons vu aussi, dans ce chapitre, les différents risques liés aux systèmes de
paiement et de règlement. Nous allons nous intéresser dans le chapitre qui suit aux
mesures préventives des risques liés au système RTGS en tenant compte du fait que
c’est un système de paiement d’importance systémique.

63
Chapitre 5
Prévention des
risques liés au
système RTGS

Nous avons décrit dans le chapitre


précédent les différents risques auxquels
les systèmes de paiement peuvent être
confrontés. Comme nous le verrons dans
ce chapitre, les sources de ces risques sont
multiples ; les délais de règlement, le
cadre juridique et les défaillances
techniques en sont des exemples. Il
convient alors, afin de se prémunir contre
ces risques, de détecter leurs sources et de
trouver les moyens pour les éliminer.

Comme démarche logique, nous allons


essayer, dans ce chapitre, d’analyser les
sources de chacun des risques liés au
système RTGS et nous exposerons pour
chaque risque les mesures à prendre afin
d’éliminer ces sources et, par conséquent,
garantir la prévention contre ces différents
risques.

64
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

1. Sources et prévention du risque opérationnel


dans le système RTGS
1.1. Les sources du risque opérationnel

Comme nous l’avons déjà vu, le risque opérationnel se manifeste notamment à


la suite des défaillances des réseaux informatique et des télécommunications
qui peuvent toucher les systèmes, des erreurs humaines, des catastrophes
naturelles, des imperfections dans la conception du système, des risques de
fraude, des actes terroristes, etc. En résumé, il résulte du manque de sécurité et
de fiabilité opérationnelle qui réside dans l’intégrité du système lui-même. Ces
dysfonctionnements entraînent des coûts financiers très élevés qui ne se
limitent pas seulement aux pertes des investissements endommagés mais
peuvent entraîner des risques de crédit et de liquidité.

1.2. La prévention du risque opérationnel

Sans informatique rien n’est envisageable. Ainsi, l’action doit être mené sur le
système lui-même dans la conception des mesures de sécurité et de fiabilité liées
au système. Le Principe fondamental VII (voir Annexe 1) définit les normes
auxquelles devrait se référer tout système de paiement d’importance
systémique (SPIS) en matière de sécurité et de fiabilité opérationnelle. Dans le
système RTGS qui est considéré comme étant un SPIS, il suffit de se conformer
aux recommandations du Principe fondamental VII qui préconise la mise en
place d’installations de secours appropriées de systèmes informatiques conçus
pour fonctionner en parallèle et pour remplacer en cas de besoin le système
principal et prévenir ainsi tout blocage du système. De plus, les systèmes
informatiques et procédures de contrôle doivent être bien conçus pour
permettre la mise en œuvre des règles et procédures liées à la surveillance et au
contrôle des risques financiers. Il recommande aussi que :

— Le système soit sûr

• Les objectifs et politiques de sécurité devraient être arrêtés lors


de la conception du système et réexaminés périodiquement. Ils
devraient être adaptés au système de paiement, en tenant compte de
son architecture et de son régime de propriété ;

• La sécurité du système devrait être conforme à des normes


commercialement raisonnables, notamment en matière de

65
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

confidentialité, d’intégrité, d’authentification et d’auditabilité. Les


dispositifs de sécurité devraient faire l’objet de tests réguliers ;

• Le système devrait être soumis à des analyses régulières du


risque de sécurité ;

• L’opérateur du système devrait suivre attentivement les


progrès technologiques pour que l’analyse du risque de sécurité
profite de ces avancées.

— Le système soit opérationnellement fiable

• Il faut prendre en compte que le système de paiement est autant


sensible aux défaillances des services d’infrastructure et des
catastrophes naturelles qu’à celles des composantes du système et de
ses participants ;

• Le système devrait prévoir des procédures opérationnelles et


techniques exhaustives, rigoureuses et bien explicitées ;

• Les modifications du système devraient être bien explicitées,


autorisées, contrôlées, testées et soumises à des procédures
d’assurance de la qualité.

— Le système assure une continuité des opérations

• L’opérateur du système devrait effectuer une planification


visant à assurer une continuité des opérations. La simplicité et
l’aspect pratique devraient être des facteurs essentiels à prendre en
compte lors de la conception des procédures de redémarrage du
système en cas de problèmes ;

• Les dispositions sur la continuité des opérations devraient être


explicitées et testées régulièrement. Elles devraient prévoir des
procédures pour la gestion des crises et la diffusion de l’information ;

• Les dispositions sur la continuité des opérations devraient


prévoir le détournement des paiements vers un autre système, un
second site de traitement et/ou « un niveau de service minimum ».

Les systèmes bien conçus et répondant aux critères et normes de sécurité,


de fiabilité opérationnelle et de continuité des opérations ne sont pas à
l’abri de problèmes techniques ou d’erreurs opérationnelles quand bien

66
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

même les utilisateurs auraient pris des précautions pour les éviter. Il peut
donc survenir des « évènement risqués » comme :

• Le retard dans l’exécution d’un paiement dû à une panne


informatique, conduisant à une perte pour un client, qui pourrait
réclamer un dédommagement ;

• Le contournement d’une procédure de contrôle des limites dans


une salle de marché, conduisant à une prise de position, puis à une
perte excessive.

Il existe deux (2) approches pour mesurer et contrôler le risque


opérationnel. La première consiste en la conception d’une base de données
d’« évènements de pertes », ce qui revient à imaginer tous les scénarios
possibles d’une erreur opérationnelle. Sur la base de ces évènements de
perte, on procède à la dotation aux pertes totales dues au risque
opérationnel. C’est-à-dire prévoir la somme nécessaire à la couverture de
la perte. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle ne permet pas la
prévention contre le risque opérationnel, mais une couverture financière
de celui-ci. La deuxième approche consiste à auditer les processus internes
et faire des recommandations pour diminuer le risque opérationnel.

L’idéal est de combiner les deux approches, avec d’une part l’analyse
approfondie des processus, et d’autre part une mémorisation de tous les
évènements et des pertes liées au risque opérationnel, qui pourront être
mis en correspondance avec les processus qui ont failli.

2. Sources et prévention du risque juridique dans le système RTGS


2.1. Les sources du risque juridique

Les systèmes de paiement mettent en œuvre plusieurs aspects juridiques liés à


leur fonctionnement. En effet, l’acte de paiement met en relation plusieurs
parties, ce qui nécessite un cadre réglementaire pour régir les différentes
obligations et droits incombant à chaque intervenant.

Une mauvaise compréhension peut donner aux participants un sentiment


fallacieux de sécurité, qui les emmènerait par exemple à sous estimer leur
exposition aux risques de crédit et de liquidité.

D’une façon générale, des bases juridiques solides et saines sont indispensables
à la gestion et la limitation des risques.

67
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

Sur le plan international et sous l’effet de la dématérialisation et de l’ouverture


des frontières, on constate des transformations profondes qui sont apparues
dans ce domaine. Ainsi, le problème de conflit de loi se pose notamment pour le
cas des systèmes RTGS transfrontières.

En définitive, nous concluons que les systèmes de paiement sont étroitement


liés aux nouvelles technologies de l’information et aux aspects juridiques des
paiements et que l’évolution des technologies de l’information nécessite une
évolution parallèle des juridictions. Cependant, l’adaptation du cadre juridique
aux nouvelles pratiques est souvent moins rapide par rapport à l’évolution de
ces dernières. En outre, le risque juridique peut entraîner des risques financiers
qui peuvent à leur tour se propager dans le système et constituer un risque
systémique. Dans cet ordre d’idées, il peut être considéré comme une source
des risques financiers.

2.2. La prévention du risque juridique

Le Principe fondamental I (voir Annexe 1) insiste sur le fait que des bases
juridiques saines sont indispensables pour la conception et l’exploitation des
systèmes de paiement. Il recommande principalement :

• le caractère complet et fiable du cadre juridique ;

• la possibilité de faire appliquer les lois et les contrats en toutes les


circonstances ;

• la reconnaissance juridique des accords de compensation ;

• la possibilité de faire valoir les sûretés prévues dans le cadre des


dispositifs de garantie et de tout accord de pension ;

• l’existence d’un cadre juridique permettant le traitement électronique


des paiements ;

• l’application éventuelle d’un autre droit que celui de la juridiction


nationale.

De grands chantiers bancaires sont en cours, ce qui nécessite la coopération des


partenaires, à savoir : l’harmonisation des législations entre les États, la
normalisation des procédures entre les banques et la coopération pour mettre
en place un système de sécurité dans les paiements électroniques et la
protection des usagers.

68
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

3. Sources et prévention des risques financiers


dans le système RTGS
3.1. Les sources des risques financiers

Comme nous l’avons déjà vu, le risque de crédit, qui est souvent associé au défaut
d’une contrepartie, est le risque qu’une contrepartie ne puisse pas faire face à
un engagement pour la totalité de sa valeur, soit à échéance ou à tout autre
moment ultérieurement. Le risque de liquidité, quant à lui, se rapporte au risque
qu’une contrepartie ne soit pas en mesure de faire face à un engagement à
échéance mais qu’elle peut l’honorer à une date ultérieure non spécifiée. Ceci
peut compromettre la position de liquidité prévue du bénéficiaire. Le retard
peut forcer le bénéficiaire à couvrir ses besoins de liquidité, dans un délai très
court, par un financement provenant d’autres sources, qui peut avoir comme
conséquence une perte financière due à des coûts de financement plus élevés ou
des dommages à sa réputation.

La principale source de ces risques est le laps de temps entre l’exécution de la


transaction et son accomplissement final. Dans les systèmes de paiement de
gros montants, ce délai, entre le déclenchement des messages de paiement et
leur règlement final, peut être une source importante des risques financiers. Le
délai de règlement crée la possibilité que la banque émettrice pourrait, entre-
temps, ne pas pouvoir régler ses engagements à tout moment ou au moins à
échéance.

Les délais de règlement peuvent avoir comme conséquence le risque de crédit si


les deux étapes du processus de transfert de fonds que nous avons déjà
présentées dans le premier chapitre (la transmission d’informations sur le
paiement et le règlement du paiement) ne se produisent pas simultanément, de
sorte que le règlement ait lieu après que les informations aient été transmises.
Aussi longtemps que le règlement final ne s’est pas produit, toute activité de
paiement entreprise sur la base des messages de paiement « non réglés »
demeure conditionnel et crée un risque. Par exemple, en raison des pressions
compétitives ou des règles du système résultant de la demande excessive de
paiements intrajournaliers de la part de la clientèle, la banque bénéficiaire peut
créditer son client sur la base de la réception des messages de paiement entrants
avant leur règlement final. La banque bénéficiaire est alors exposée au risque en
principal parce que, si le règlement ne se produit pas (par exemple en raison du

69
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

défaut d’une banque) et elle ne reçoit pas les fonds anticipés au temps de
règlement, elle peut ne pas pouvoir récupérer ses fonds.

Les retards de règlement peuvent également être à l’origine du risque de


liquidité. Avant que le règlement ne soit effectué, une banque peut ne pas être
sûre quels fonds elle recevra par le système de paiement. Ainsi, elle peut ne pas
être sûre si sa liquidité est adéquate. En effet, si, en planifiant ses besoins de
liquidité, une banque surestime les fonds qu’elle recevra quand le règlement
aura eu lieu, alors elle peut faire face à un déficit. Si le déficit se produisait près
de la fin du jour, la banque pourrait avoir une difficulté significative pour lever
la liquidité dont elle a besoin d’une source alternative.

Les étapes que peut suivre une instruction de paiement pendant le délai entre le
moment d’entrée dans un système de paiement (temps t1) et celui du règlement
(temps t4) sont décrites ci-dessous :

t1 t2 t3 t4

Le message de La banque destinataire L’information complète Le règlement a lieu


paiement est entré dans dispose d’une est envoyée
le système information partielle automatiquement à la
ou, et seulement sur sa banque destinataire
demande, de
l’information complète

Dans certains systèmes le message de paiement est envoyé automatiquement à


la banque destinataire avant que le règlement interbancaire n’ait lieu. Cette
étape intermédiaire est indiquée ici par le temps t3. Comme décrit
précédemment, entre t3 et t4 il y a une possibilité que la banque destinataire
agisse sur cette information d’une manière qui l’expose au risque de crédit et de
liquidité. Par exemple, quoique la banque destinataire ne puisse pas encore être
sûre qu’elle recevra les fonds de la banque émettrice (elle ne saura pas ceci
jusqu’à ce que le règlement ait lieu à t4), elle peut néanmoins créditer des fonds
au compte de son client (le bénéficiaire du paiement) ou elle peut se mettre à
prêter les fonds sur le marché interbancaire. En d’autres termes, elle anticipe sur
le règlement interbancaire.

Dans certains cas, il peut également y avoir une étape antérieure, se situant
entre t1 et t3 à laquelle la banque destinataire reçoit une information partielle sur
le paiement en cours de traitement, ou à laquelle elle peut recevoir
l’information complète mais seulement sur sa demande. Ce point est indiqué
par t2.
70
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

Dans la première étape, entre t1 et t2, aucune information sur le paiement


entrant n’est fournie par le système. Cependant, la banque destinataire peut se
rendre compte des fonds entrants d’autres sources d’information (par exemple,
la banque émettrice peut avoir passé l’information directement à la banque
destinataire).

Le degré auquel chacune de ces étapes, constituant le délai de règlement, peut


contribuer aux risques financiers, dépend aussi bien des caractéristiques du
système de paiement que des pratiques de débit et de crédit des banques sur
leurs propres livres dans le processus de transfert de fonds.

Les implications du risque que le moment de la transmission des informations


sur les paiements précède le moment du règlement sont devenues de plus en
plus importantes à l’ère où les différents types de systèmes de paiement de gros
montants viennent de passer au fonctionnement en temps réel. En effet,
l’information est transmise aux banques destinataires en temps réel, alors que le
règlement peut être retardé au moins temporairement vu les contraintes de
liquidité.

De tout ce qui précède, nous pouvons conclure que le système RTGS a


l’avantage d’éliminer dans sa conception basique, les délais de règlement en
tentant de les faire tendre à zéro. Ainsi, le risque de crédit est absent dans le
système RTGS. Cependant, le risque de liquidité demeure présent mais d’une
manière différente car il s’agit de la capacité du participant à fournir la liquidité
nécessaire à tout moment dans la journée sans avoir des coûts de mobilisation
très élevés. En effet, nous savons qu’un participant effectuant un paiement par
l’intermédiaire d’un système à règlement brut en temps réel, doit disposer des
liquidités nécessaires sur son compte auprès de l’organisme de règlement pour
que le paiement soit accepté par le système. S’il n’y a pas assez de liquidités
dans le système, pour permettre un flux de paiement régulier intrajournalier, il
peut en résulter un blocage du système.

De plus, comme nous l’avons déjà vu, les risques opérationnel et juridique
peuvent entraîner des risques financiers. D’où, ils peuvent être considérés
comme sources de ces risques financiers. Par conséquent, la prévention des
risques opérationnel et juridique fait partie de la prévention des risques
financiers.

71
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

3.2. La prévention des risques financiers

Les Principes fondamentaux II, III et VI (voir Annexe 1) décrivent les normes
auxquels un SPIS doit se conformer pour se prémunir contre les risques de
crédit et de liquidité. Dans le système RTGS, comme nous l’avons mentionné
plus haut, le risque de crédit est absent. Néanmoins, il peut survenir un risque
de crédit lié à l’actif de règlement. En effet, si ce dernier ne constitue pas une
créance sûre et facilement échangeable, des retards de règlement peuvent surgir
et le système est exposé à un risque de crédit ou de liquidité. C’est pourquoi, le
Principe fondamental II recommande l’utilisation d’actifs de règlement sous
forme de créances sur la banque centrale comme moyen de se prémunir contre
le risque de crédit dans un système RTGS.

Outre la mise à disposition de crédits intrajournaliers et des files d’attente pour


la prévention du risque de liquidité dans un système RTGS, les moyens de
prévention suivants peuvent également être utilisés :

• La gestion des files d’attente

La conception et la gestion des files d’attente peuvent jouer un rôle


important en vue d’assurer l’utilisation efficiente des liquidités
disponibles. Nous avons déjà traité les différentes méthodes de traitement
des files d’attente. Mais en cas de blocage du système, ces méthodes
s’avèrent inutiles pour résoudre ce genre de problème. Les files d’attente
dans les systèmes RTGS peuvent comporter un dispositif de gestion des
files d’attente ou d’intervention qui permet au système central et/ou aux
différentes banques de contrôler le volume et la valeur des paiements mis
en file d’attente. L’une des approches de gestion des files d’attente consiste
à changer l’ordre dans la file d’attente. Cette approche est conçue de sorte
que le système central et/ou les différentes banques puissent changer
l’ordre d’arrivée ou de priorité initial des paiements dans la file d’attente
en vue de réduire au minimum le nombre et/ou la valeur des paiements
mis en file d’attente. Ainsi, la définition d’un ordre de priorité permet aux
participants d’ordonner leurs paiements avant leur introduction dans le
système, alors que le changement de l’ordre intervient pour gérer les files
d’attente après que les paiements soient placés dans la file d’attente.
Généralement, le changement de l’ordre peut seulement prendre la forme
d’un déplacement d’un paiement à l’extrémité de la file d’attente (sa fin)

72
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

ou d’un changement de son code de priorité (dans les deux cas, l’effet
étant semblable à celui d’annuler et de réintroduire le paiement).

Une autre approche d’intervention consiste à utiliser des programmes


d’optimisation. Le terme « optimisation » est utilisé de différentes
manières, il peut être utilisé même dans un sens large pour désigner toute
forme d’intervention par le système central pour réduire au minimum le
nombre et/ou la valeur des paiements mis en file d’attente. Dans notre
travail, les programmes d’optimisation sont définis de façon plus
restreinte. Ils désignent, en effet, toutes procédures ou algorithmes
prédéfinis que le système central peut activer pour réduire au minimum le
nombre et/ou la valeur des paiements mis en file d’attente si un blocage
(gridlock) se produit. Les programmes d’optimisation tentent
généralement de régler les paiements mis en file d’attente simultanément
plutôt que de les régler dans l’ordre comme dans le cas du changement de
l’ordre.

Plusieurs méthodes d’optimisation ont été proposées. Dans certains


systèmes, l’optimisation est basée sur le principe des « soldes nets
simulés » qui prend en compte le solde net des paiements mis en file
d’attente de chaque banque (c’est-à-dire les paiements entrants mis en file
d’attente moins les paiements sortants mis en file d’attente) en plus du
solde réel dans son compte à la banque centrale. En calculant les soldes
nets simulés, certains systèmes incluent également les positions nettes (qui
ne sont pas encore réglées) des autres systèmes tels que les systèmes de
règlement de titres ou les systèmes de paiement de détail. Un programme
d’optimisation tentera alors de régler le maximum possible de paiements
mis en file d’attente à condition que le solde net simulé pour chaque
participant ne soit inférieur à une certaine limite (par exemple : ne soit pas
négatif). D’autres systèmes appliquent des méthodes qui ne font pas le
calcul de soldes simulés explicitement, mais recherchent les paiements
dans la file d’attente pour lesquels il existe d’autres paiements qui peuvent
les compenser ; par exemple, la recherche pourrait être basée sur une règle
FAFO (« first available, first out ») par laquelle le premier paiement qui
peut trouver un ou plusieurs paiements qui le compensent est exécuté le
premier.

L’exemple suivant tente d’illustrer comment le changement de l’ordre et le


mécanisme d’optimisation peuvent résoudre un blocage. Cet exemple fait

73
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

abstraction de certaines complications qui peuvent accompagner les


blocages dans la pratique étant donné qu’il est dans un but illustratif.

Exemple : Soient trois (03) banques : A, B et C disposant chacune d’un


solde de 1000. Les paiements suivants sont mis dans une file d’attente
FIFO. Notons le j-ème paiement de la banque X par « PXj ». « A => B
1200 » signifie que la banque A va transférer 1200 à la banque B. Pour
simplifier, aucun crédit de la banque centrale n’est octroyé et aucune autre
source de liquidité n’est disponible pendant le temps considéré.

Banque A Banque B Banque C


(PA1) A => B 1200 (PB1) B =>A 1800 (PC1) C => A 1200
(PA2) A => B 800 (PB2) B => C 1200 (PC2) C => B 1000
Étant donnés les soldes de 1000 et l’ordre des paiements, aucun paiement
ne peut être réglé et le système est ainsi dit en blocage.

Optimisation

Supposons que le système peut activer un mécanisme d’optimisation


FAFO. Le système sélectionnera (PA1) et (PA2) et les règlera
simultanément avec (PB1). Du moment que le solde de la banque B
devient 1200 (1000 + paiements nets avec A de 200), les paiements
(PB2), (PC1) et (PC2) seront ensuite réglés sans davantage
d’intervention.

Alternativement, supposons que l’optimisation du système est basée


sur les soldes nets simulés. Dans ce cas, puisque le solde net de
chaque banque n’est pas négatif (c’est-à-dire que la liquidité
intrajournalière nette comprenant les rentrées de fonds potentielles
de chaque banque est suffisante pour régler ses paiements sortants),
tous les paiements seront réglés simultanément.

Tableau 6 Exemple sur l’optimisation des files d’attente

Solde Paiements Liquidité Paiements solde net


sortants mis en nette entrants mis en simulé
file d’attente réelle file d’attente
Banque A 1000 2000 – 1000 3000 2000
Banque B 1000 3000 – 2000 3000 1000
Banque C 1000 2200 – 1200 1200 0
Total 3000 7200 – 4200 7200 3000

74
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

Changement de l’ordre

Le changement de l’ordre aussi peut résoudre ce blocage. Supposons


que le système central change l’ordre entre (PA1) et (PA2). La banque
A sera ainsi en mesure de régler (PA2) étant donné son solde initial
de 1000. La banque B sera alors en mesure de régler (PB1) parce que
son solde a augmenté par le paiement entrant émis par la banque A
(c’est-à-dire le nouveau solde = solde initial de 1000 + le paiement
entrant émis par la banque A de 800 = 1800).

Par la suite, le règlement de tous les autres paiements en file


d’attente dans le système deviendra possible respectivement comme
suit : la banque A réglera PA1 (1200) avec le nouveau solde (2000 =
200 + 1800). La banque B réglera PB2 (1200) avec le nouveau solde
(1200 = 0 + 1200). Et enfin, la banque C réglera PC1 (1200) et PC2
(1000) avec le nouveau solde (2200 = 1000 + 1200).

• L’utilisation des actifs de règlement

La disponibilité des fonds sous forme d’actifs de règlement (généralement


une créance sur la banque centrale) peut aussi régler des problèmes de
liquidité. La mise à disposition de tels moyens de paiement doit faire
l’objet d’un suivi particulier.

• Le rôle de l’opérateur

L’opérateur doit contribuer à la régularité des flux de paiement au sein du


système. Il doit diffuser des lignes directrices relatives au déroulement des
paiements et ce, pour encourager les participants à prendre des mesures
ou à atteindre des objectifs.

• Le rôle de la banque centrale

Outre son rôle de pourvoyeur de liquidités en temps normal, la banque


centrale peut être tenue d’apporter des liquidités dans des situations
anormales (pénurie de liquidités).

Toujours dans le cadre de la prévention des risques financiers et concernant la


structure de flux des messages, la structure en « T » est considérée comme
incompatible avec un principe de base dans le système RTGS, à savoir que la
banque destinataire ne devrait être au courant du transfert de fonds que si et
seulement s’il a été réglé irrévocablement et inconditionnellement par la banque
centrale. La banque destinataire peut ne pas être en mesure de distinguer

75
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

facilement les messages de paiement réglés et non réglés au moment de la


réception des messages (non confirmés) ; et même si elle peut faire la
distinction, des pressions compétitives peuvent l’inciter à créditer les fonds à
son client bénéficiaire sur la base du message non réglé ou elle peut anticiper
sur l’arrivée des fonds d’une autre manière (par exemple en réduisant la
liquidité qu’elle obtient à partir d’autres sources). Ainsi, cette structure de flux
de messages peut générer des risques financiers. Il convient alors d’opter pour
des structures de flux de messages différentes en l’occurrence la structure en
« V » ou en « Y » selon la conception du système.

Par ailleurs, les paiements relatifs aux opérations sur titres et devises devraient
se faire sur la base « Livraison contre paiement » (Delivery-Versus-Payment –
DVP–) et « Paiement contre paiement » (Payment-Versus-Payment –PVP–),
pour protéger la partie qui déclenche le processus contre le défaut de livraison
des instruments financiers ou du paiement.

Dans le cas des paiements transfrontaliers, il convient de faire coïncider les


heures d’ouverture des bureaux par delà les fuseaux horaires, ce qui permet de
favoriser un règlement presque simultané aux deux extrémités du processus de
paiement dans les opérations en temps réel.

4. Sources et prévention du risque systémique


dans le système RTGS
4.1. Les sources du risque systémique

La vulnérabilité d’un système au risque systémique dépend d’un certain


nombre de facteurs. Le montant et la durée des paiements ordonnés par les
participants et les expositions de liquidité dans le processus de règlement sont
des facteurs de base affectant le potentiel pour le risque systémique. Au cas où
ces expositions dureraient plus longtemps et deviendraient plus grandes, la
probabilité que certains participants puissent être dans l’incapacité de faire face
aux augmentations de leurs engagements, et l’incapacité de n’importe quel
participant de régler ses engagements est susceptible d’affecter la situation
financière d’autres participants d’une façon plus sérieuse. Les systèmes de
paiement dans lesquels les grandes expositions intrajournalières tendent à
s’accumuler entre les participants ont, par conséquent, un potentiel important
pour le risque systémique. Nous concluons que le potentiel pour le risque
systémique est principalement généré par tous les risques que nous avons

76
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

évoqués dans le chapitre précédent. En effet, la structure en réseau du système


RTGS constitue un cadre institutionnel pour la propagation des risques
financiers qui, à leur tour, peuvent être déclenchés par des risques opérationnel
ou juridique.

4.2. La prévention du risque systémique

Le Comité sur les systèmes de paiement et de règlement (CSPR) de la BRI a


ainsi dégagé un certain nombre de normes applicables aux systèmes de
paiement d’importance systémique et ce, en vue d’atteindre le double objectif :
sécurité et efficience d’une part, et de prévenir les risques notamment le risque
systémique d’autre part. Étant donné que le système RTGS est un système de
paiement d’importance systémique, il convient alors de se conformer aux dix
(10) Principes fondamentaux et aux quatre (4) Responsabilités de la banque
centrale. Les Principes fondamentaux et les Responsabilités de la banque
centrale en matière de systèmes de paiement d’importance systémique sont
présentés dans l’Annexe 1 et 2 respectivement.

77
Chapitre 5 Prévention des risques liés au système RTGS

En conclusion

Nous avons essayé dans ce chapitre de donner les principaux axes qui permettent la
prévention des différents risques liés particulièrement au système RTGS et ce, en
tentant de détecter les sources de chacun de ces risques et en donnant ensuite les
mesures à prendre pour permettre l’élimination de ces sources.

Ainsi, nous avons présenté les différentes mesures préventives de ces divers risques.
Nous sommes parvenus à ce que l’application des Principes fondamentaux de la BRI
pour les systèmes de paiement d’importance systémique et le respect par les banques
centrales des Responsabilités qui leur incombent et que le CSPR a définies pour
veiller à l‘application des Principes fondamentaux constituent les mesures les plus
appropriées de prévention des différents risques et plus particulièrement le risque
systémique.

Par ce chapitre, nous venons de conclure la partie théorique de notre travail. Nous
nous intéresserons dans le cas pratique, qui fera l’objet des chapitres qui suivent, à
l’expérience des pays leaders dans le domaine du système RTGS, à savoir les pays du
G-10 et ce, afin de tirer des enseignements pour le projet du système algérien et
appréhender son degré de conformité par rapport aux pratiques les plus courantes
dans ce domaine au niveau international.

78
DEUXIÈME PARTIE :
CAS PRATIQUE :
EXPÉRIENCE DES PAYS
DU G-10 ET PROJET DU
SYSTÈME RTGS EN
ALGÉRIE

79
Chapitre 1
Aperçu sur les
systèmes RTGS
des pays du G-10

Le présent chapitre dresse un état


comparatif des systèmes RTGS des pays
du G-10 où les critères de comparaison
sont fondés sur les différentes
caractéristiques du système RTGS (crédits
intrajournaliers, files d’attente, etc.).

Cette comparaison a pour objet de relever


les similitudes et les différences en matière
de conception et de fonctionnement de ces
systèmes et, partant, tirer des conclusions
sur les pratiques les plus courantes dans
ce domaine au niveau international. Ces
conclusions serviront d’enseignements
pour le cas algérien.

80
Chapitre 1 Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10

1. Vue d’ensemble des systèmes RTGS des pays du G-10


Dans les pays du G-10, le premier système RTGS automatisé est Fedwire aux États-
Unis. La version moderne de Fedwire, basée sur les télécommunications
électroniques et réseaux de traitement informatisés et de haute vitesse, a été lancée en
1970. Vers la fin des années 80, six autres pays du G-10 avaient mis en place des
systèmes RTGS ou des systèmes de règlement de gros montants avec un service
RTGS. Il s’agit des systèmes : FA aux Pays-Bas (1985), RIX en Suède (1986), SIC en
Suisse (1987), EIL-ZV en Allemagne (1987), BOJ-NET au Japon (1988) et BISS en Italie
(1989)(10).

Dans les années 90, de nouveaux systèmes RTGS ont été introduits au sein du G-10,
alors que certains systèmes existants ont amélioré leurs capacités de gestion des
risques et l’architecture du système. Par exemple, la Federal Reserve a commencé à
prélever un intérêt pour les découverts intrajournaliers dans Fedwire à compter du
mois d’avril 1994, alors que SIC a été mis à jour pour introduire des services
d’attribution de priorités dans la file d’attente centralement localisée en juillet 1994.

Les nouveaux systèmes RTGS comprennent CHAPS au Royaume-Uni, qui a


précédemment fonctionné comme système de règlement net mais est devenu un
système RTGS en avril 1996, et ELLIPS en Belgique, qui est entré en vigueur en
septembre 1996. En France, TBF a été lancé en octobre 1997. En Italie et aux Pays-Bas,
les systèmes existants (BISS et FA) ont été remplacés par des systèmes complètement
remodelés à savoir respectivement BI-REL et TOP. Remarquons ainsi que les
systèmes RTGS du G-10 étaient opérationnels dans tous les pays du Groupe depuis
la fin de l’année 1997.

À titre d’exemple sur le volume et la valeur des transactions, le nombre de


transactions de petits montants en France était de l’ordre de 11,2 milliards de
transactions en 2002 alors que celui des paiements de gros montants était de 11,4
millions de transactions. Ainsi, les transactions de petits montants constituent
99,89 % du volume total des transactions. Leur masse est alors très importante. C’est
pourquoi ils sont appelés paiements de masse et sont traités par des systèmes RND.

(10) BOJ-NET prend en charge le RND et le RTGS. Dans BOJ-NET, la part des transactions réglées par
le RTGS est très petite. FA fonctionne également sur une base brute en tant que système RTGS
(avec des paiements irrévocables) et sur une base nette ; actuellement presque 95% de toutes les
transactions en termes de volume et de valeur sont traités par le RTGS. Dans RIX, quelques
modifications dans l’architecture ont été effectuées en 1997 comme l’introduction de files d’attente
centralement localisées.

81
Chapitre 1 Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10

Cependant, la valeur totale des transactions de masse durant la même année était de
4 648 milliards d’euros alors que celle des transactions de gros montants était de
110 925 milliards d’euros soit 95,97 % en valeur de toutes les transactions en France.
La part en valeur des transactions de gros montants étant très élevée par rapport à un
volume de 0,11 %, cela prouve des montants unitaires très élevés de ces transactions
qui sont traitées par des systèmes de paiement de gros montants tels que le système
RTGS.

2. Caractéristiques des systèmes RTGS des pays du G-10


Comme le montre le tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10 en
Annexe 3, la conception des systèmes RTGS des pays du G-10 diffère
considérablement. Nous allons essayer, ci-après, de recenser les principales
différences.

2.1. La mise à disposition de crédits intrajournaliers

En termes d’octroi de crédits intrajournaliers, les systèmes RTGS des pays du G-


10 peuvent être divisés en deux (2) groupes : systèmes sans dispositif de crédit
intrajournalier octroyé par la banque centrale et systèmes avec dispositif de
crédit intrajournalier. Les systèmes appartenant au premier groupe sont SIC
(Suisse) et BOJ-NET (Japon). Dans SIC, les ordres de paiement sont
temporairement maintenus dans la file d’attente centralement localisée si la
provision n’est pas suffisante et sont traités selon la règle FIFO (« first in, first
out ») sujette aux priorités attribuées, alors que dans BOJ-NET les ordres de
paiement qui ne sont pas couverts sont rejetés et retournés à la banque
émettrice.

Dans les autres systèmes RTGS du G-10, les banques centrales octroient des
crédits intrajournaliers. Dans ELLIPS (Belgique), EIL-ZV (Allemagne), BI-REL
(Italie), TOP (Pays-Bas), RIX (Suède) et Fedwire (États-Unis), le crédit
intrajournalier est octroyé par découverts intrajournaliers. Les découverts
intrajournaliers doivent être entièrement garantis au niveau de tous ces
systèmes à l’exception de Fedwire(11). Dans Fedwire, une institution qui encourt
un découvert supporte des agios calculés sur la base de son découvert
quotidien moyen et le montant du découvert est limité par un plafond
prédéterminé ; la garantie est exigée dans certains cas rares où l’institution

(11) Dans l’Union européenne, la garantie totale du crédit de la banque centrale est une condition
provenant du statut du Système Européen des Banques Centrales (SEBC).

82
Chapitre 1 Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10

excède fréquemment son plafond. Dans CHAPS (Royaume-Uni), la banque


centrale ne permet pas des découverts mais elle offre la liquidité
intrajournalière par des avances intrajournalières ; une approche similaire est
adoptée dans TBF (France). Dans ces deux cas les avances ont été choisies en
grande partie pour des raisons liées au statut juridique de la banque centrale(12).

Nous remarquons ainsi, que la tendance générale dans l’ensemble des pays du
G-10 en termes de mise à disposition de crédits intrajournaliers, est de
permettre des découverts intrajournaliers plutôt que l’octroi d’avances
intrajournalières.

2.2. Les files d’attentes

Concernant les files d’attente, elles sont centralement localisées dans les
systèmes SIC, ELLIPS, EIL-ZV, TBF, BI-REL, TOP et RIX, bien que leur
architecture montre une diversité considérable (voir Annexe 3).

L’éventail des types de files d’attente centralement localisées oscillent entre les
mesures par lesquelles le système central intervient activement dans les files
d’attente en réordonnant les ordres de paiement et/ou en optimisant les files
d’attente, et les mesures où aucune intervention du système central ou des
banques n’est possible. À l’autre extrémité de l’éventail, il y a les files d’attente
« entièrement décentralisées » dans lesquelles la responsabilité de la mise en file
d’attente est laissée entièrement aux différentes banques, sans aucune file
d’attente au système central. Il y a également un certain nombre de mesures
hybrides. Par exemple, dans EIL-ZV et TOP, et le système central et les banques
ont la possibilité de changer l’ordre dans la file d’attente.

CHAPS est basé principalement sur les files d’attente internes ; chaque banque
doit décider de la nature du processus de contrôle des flux de paiement (et de
tout algorithme associé) à appliquer aux ordres de paiement dans la file
d’attente interne. En effet, les règles de fonctionnement de CHAPS exigent que
la banque émettrice devrait seulement libérer les demandes de règlement si la
provision est suffisante dans son compte à la banque centrale. Cependant, si
une banque libère de manière erronée une demande quand la provision est
insuffisante, la demande sera mise dans une file d’attente au système central. La
Bank of England a également la capacité de fournir un mécanisme

(12) En Belgique, ELLIPS permet également aux participants de se servir des avances intrajournalières
pour obtenir le crédit intrajournalier de la banque centrale.

83
Chapitre 1 Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10

d’optimisation (circle processing) pour résoudre les blocages, dans quel cas les
banques concernées sont invitées à libérer leurs paiements bloqués et les
introduire dans le système pour leur permettre d’être traités par le système
central. Aux États-Unis, les files d’attente internes sont également employées
par certains grands participants dans Fedwire. Nous pouvons aussi noter que
beaucoup de grandes banques utilisent des processus de files d’attente internes
même dans des systèmes RTGS avec file d’attente centralement localisée (c’est
le cas dans SIC et BI-REL). Cela suppose que les participants aux systèmes
RTGS gèrent souvent activement leurs propres flux de paiement. Enfin, la
majorité des systèmes RTGS des pays du G-10 fournissent des mécanismes
d’optimisation des files d’attente.

Le tableau suivant résume les deux critères discutés ci-dessus dans les pays du G-10 :

Tableau 7 Systèmes RTGS des pays du G-10 :


Crédit intrajournalier et files d’attente

Dispositifs fournis par File d’attente Aucune file d’attente


le système centralement localisée centralement localisée

Crédit intrajournalier ELLIPS (Belgique) CHAPS (Royaume-Uni)


de la banque centrale TBF (France) Fedwire (États-Unis)
EIL-ZV (Allemagne)
BI-REL (Italie)
TOP (Pays-Bas)
RIX (Suède)

Aucun crédit
intrajournalier de la SIC (Suisse) BOJ-NET (Japon)
banque centrale

2.3. Autres caractéristiques

Le tableau comparatif en Annexe 3 met en valeur également quelques


différences principales autres que les services de liquidité intrajournalière et les
files d’attente, qui pourraient avoir des implications importantes pour le
fonctionnement du système RTGS.

2.3.1. Propriétaire, opérateur et agent de règlement du système

La plupart des systèmes RTGS des pays du G-10 sont possédés et opérés
par les banques centrales. ELLIPS et CHAPS sont possédés et opérés par
une association ou une compagnie dont les membres sont les participants

84
Chapitre 1 Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10

directs et la banque centrale ; les systèmes sont connectés au système de


comptabilité en temps réel interne de la banque centrale.

Indépendamment du propriétaire et de l’opérateur de ces systèmes,


l’agent de règlement dans tous les pays du G-10 est la banque centrale.

2.3.2. Critères d’accès (ou de participation)

Les critères d’accès sont également différents. En principe, l’accès direct


aux systèmes RTGS exige des participants d’avoir leurs comptes à la
banque centrale, ce qui peut poser des problèmes concernant les
conditions d’ouverture de comptes à la banque centrale par les
participants. Dans la majorité des systèmes, l’accès direct est permis à
toutes les banques (ou établissements de crédit). Des critères
supplémentaires tels que la situation financière et les exigences
techniques, sont définis dans plusieurs systèmes. Dans l’Union
européenne, les banques centrales ont convenu que, sauf cas d’exception,
l’accès direct devrait être confiné aux établissements de crédit. Reflétant,
en partie, la différence des critère d’accès, le nombre de participants
directs varie d’un système à l’autre ; certains systèmes ont un grand
nombre de participants directs, alors que d’autres systèmes sont des
systèmes à deux niveaux de participation avec un nombre plus limité de
participants directs, bien que la participation indirecte au système puisse
être large.

2.3.3. Structures de flux des messages

La majorité des systèmes sont basés sur des structures en « V » qui


permettent aux banques centrales de contrôler toute l’information
concernant le paiement (telle que les coordonnées du bénéficiaire), alors
que d’autres utilisent les structures en « Y » ou en « L ». La structure en
« Y » est adoptée dans les cas des systèmes ELLIPS et TBF qui ont la
particularité d’utiliser SWIFT(13) comme opérateur du réseau. Cette

(13) SWIFT (Society For Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est une société
coopérative de droit belge dont le siège est établi à la Hulpe. Créée en 1973 par un petit groupe de
banques, elle est possédée et contrôlée par ses adhérents dont le nombre à la date de sa création
était 239 banques de 15 pays, en 1999 elle compte 6648 utilisateurs de 184 pays. Elle consiste en
l’établissement et la gestion d’un réseau informatique de télétransmission de messages financiers
entre les membres et sous membres de la société et ce, dans les meilleures conditions de vitesse, de
fiabilité et de confidentialité. En 1999, SWIFT a traité plus de quatre (4) millions de messages par
jour.

85
Chapitre 1 Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10

structure ne met pas à la disposition de la banque centrale toute


l’information concernant le paiement et, partant, elle réduit la banque
centrale à un simple agent de règlement. Quant à la structure en « L », elle
est propre au système CHAPS (Royaume-Uni). C’est une structure
similaire à la structure en « Y » mais sa mise en place était possible par une
simple reconfiguration de la structure utilisée par l’ancien système net au
lieu de mettre en place un nouveau dispositif qui aurait coûté plus cher.

2.3.4. Les réserves obligatoires et les structures de compte à la banque


centrale

Le régime des réserves obligatoires(14) ainsi que leur disponibilité pour


l’usage en tant que liquidité intrajournalière dans le système RTGS
changent d’un pays à l’autre. Les structures de compte à la banque
centrale changent également en termes de séparation des comptes du
système RTGS de ceux utilisés pour les réserves obligatoires ou pour
d’autres buts (c’est-à-dire des comptes unifiés ou isolés) et de la possibilité
de posséder des comptes RTGS dans plus d’une agence de la banque
centrale par les banques (c’est-à-dire des comptes centralisés ou
décentralisés). (Voir Annexe 3).

2.3.5. Liaison avec d’autres systèmes

En Allemagne, en France, au Japon et aux États-Unis, les systèmes RTGS


coexistent avec d’autres systèmes de règlement pour les transferts de gros
montants. Dans les autres pays du G-10, le système RTGS est le seul
système de transfert de gros montants. Les systèmes RTGS sont également
utilisés pour le règlement des paiements de détail et dans plusieurs pays
les systèmes RTGS prennent en charge les systèmes DVP en temps réel(15)
pour les transactions sur titres.

(14) Les réserves obligatoires sont des dépôts des établissements de crédit auprès de la banque
centrale, imposés par cette dernière dans le cadre de la politique monétaire. Elles sont exprimées
en pourcentage des dépôts de la clientèle de la banque.
(15) Un système de titres DVP en temps réel est un système qui règle les instructions de paiement pour
les titres et les fonds sur un base brute, avec un transfert final des titres du vendeur à l’acheteur
(livraison) se produisant en même temps que le transfert final des fonds de l’acheteur au vendeur
(paiement) et en temps réel c’est-à-dire au moment de la conclusion de la transaction.

86
Chapitre 1 Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10

3. Les mesures de prévention des risques dans les systèmes RTGS


des pays du G-10
Les deux premiers dispositifs présentés ci-dessus (crédits intrajournaliers et files
d’attente) contribuent considérablement à l’efficacité dans la prévention du risque de
liquidité. En effet, les crédits intrajournaliers permettent de combler l’insuffisance de
la provision pour assurer le règlement des paiements. Quant aux files d’attente, elles
permettent d’ordonner et de gérer les paiements de manière à régler le maximum
d’entre eux en termes de valeur et/ou de volume.

L’agent de règlement dans tous les systèmes RTGS des pays du G-10 est la banque
centrale. Ainsi, le risque de crédit lié à l’actif de règlement est réduit au minimum
dans ces pays.

Notons aussi que les juridictions des pays du G-10 se mettent à jour avec toutes les
nouvelles technologies utilisées dans le domaine des systèmes de paiement. Par
exemple, la règle « zéro heure » a été supprimée dans tous ces pays. Ainsi, le cadre
juridique est en compatibilité avec les systèmes RTGS des pays du G-10 ce qui
réduirait le risque juridique.

Par ailleurs, l’efficacité et la sécurité des systèmes RTGS des pays du G-10 sont
renforcées par l’utilisation de technologies très avancées de secours à condition
qu’elles répondent à un besoin effectif du système (pour réduire les coûts). Le risque
opérationnel est alors, quant à lui, réduit au minimum dans les pays du G-10.

Par conséquent, le risque systémique semble être bien maîtrisé par tous les systèmes
des pays du G-10 étant donné qu’il se déclenche de la propagation de l’un des
risques financiers (de liquidité et de crédit) et structurels (juridique et opérationnel)
auxquels divers dispositifs sont mis en œuvre pour les prévenir. De plus, les
systèmes RTGS des pays du G-10, qui revêtent par définition une importance
systémique vu les valeurs importantes qu’ils traitent, se conforment largement aux
Principes fondamentaux du CSPR pour les systèmes de paiement d’importance
systémique et aux Responsabilités de la banque centrale dans l’application des
Principes fondamentaux (voir Annexe 1 et 2). C’est la raison pour laquelle les crises
systémiques pouvant être déclenchés dans ces systèmes sont rares, voire même
absentes.

87
Chapitre 1 Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10

En conclusion

L’examen des systèmes RTGS des pays du G-10 a fait ressortir plusieurs différences
concernant leur conception. Ces différences sont, notamment, relatives au dispositif
de crédit intrajournalier dont la tendance générale est plutôt en faveur de son
existence, aux files d’attente avec prédominance des files d’attente centralement
localisées et à bien d’autres que nous résumons en ce qui suit :

— La propriété et le rôle d’opérateur et d’agent de règlement du système


reviennent majoritairement à la banque centrale ;

— La participation dans la plupart des systèmes est ouverte à toutes les


banques et est sujette au principal critère de disposer d’un compte à la banque
centrale ;

— Les structures de flux des messages sont principalement en « V » ;

— Les réserves obligatoires sont généralement mobilisées pour le traitement


des opérations du système RTGS et les structures de compte à la banque
centrale sont le plus souvent unifiées ;

— Dans la majorité des systèmes, il existe des liaisons avec d’autres systèmes
(exogènes).

Comme nous venons de le voir dans ce chapitre, les risques liés au système RTGS
dans les pays du G-10 semblent être bien maîtrisés en mettant en œuvre les différents
dispositifs présentés ci-dessus et notamment l’application des Principes
fondamentaux pour se prémunir contre le risque systémique.

Avant de voir ces différents aspects dans le cadre du projet du système RTGS
algérien, nous présenterons, dans le chapitre suivant, un état des lieux du système de
paiement en Algérie.

88
Chapitre 2
État des lieux
du système de
paiement en
Algérie

De prime abord, il faut signaler que le


système bancaire algérien est caractérisé
par une prédominance du secteur public.
À cet effet, les banques publiques
détiennent à elles seules 99 % des agences
du réseau bancaire. Par ailleurs, les
institutions de la place financière se
répartissent en banques et établissements
financiers en plus du Trésor public et
Algérie Poste. Du point de vue du
financement de l’activité économique,
force est de constater que l’activité
bancaire en Algérie revêt aujourd’hui un
caractère universel en finançant aussi bien
la consommation des ménages que les
projets d’investissement.

Quant au système de paiement en Algérie,


nous allons dresser dans ce chapitre un
état des lieux où nous donnons un aperçu
sur les institutions y intervenant, les
moyens de paiement qui y sont utilisés, la
volumétrie des paiements, le cadre légal et
réglementaire, les marchés de capitaux et
enfin les projets en cours de systèmes de
paiement et de règlement.

89
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

1. Le cadre institutionnel
Les institutions intervenant dans le système de paiement en Algérie sont :

— La Banque d’Algérie ;

— Les banques commerciales ;

— Les établissements financiers ;

— Le Trésor public ;

— Algérie Poste (ex-Centres des Chèques Postaux –CCP–).

1.1. La Banque d’Algérie

Créée par la Loi n° 62-144 du 31 décembre 1962, la Banque d’Algérie a pour


mission de créer et de maintenir dans le domaine de la monnaie, du crédit et
des changes, les conditions les plus favorables à un développement ordonné de
l’économie nationale tout en veillant à la stabilité interne et externe de la
monnaie.

La Banque d’Algérie représente l’agent financier de l’État pour toutes les


opérations de caisse, de banque et de crédit. Elle tient le compte du Trésor et
exécute gratuitement toutes les opérations qui s’inscrivent au débit et au crédit
de ce compte. Par conséquent, elle assure le recouvrement des instruments de
paiement scripturaux tels que les chèques et effets présentés par le Trésor
public.

1.2. Les banques commerciales

Les banques commerciales jouent un rôle central dans les systèmes de paiement
en tant qu’intermédiaires financiers. Elles effectuent les services bancaires de
base dont les services de paiement, conformément à l’articles 70 de
l’Ordonnance n° 03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit. Cet
article stipule que seules les banques sont habilités à effectuer à titre de
profession habituelle toutes les opérations de banque comprenant la réception
de fonds du public, les opérations de crédits ainsi que la mise à la disposition
de la clientèle des moyens de paiement et la gestion de ceux-ci. Les banques
actuellement établies en Algérie et qui contribuent ainsi à l’activité de paiement
sont les suivantes :

— La Banque Extérieure d’Algérie (BEA) ;

— La Banque Nationale d’Algérie (BNA) ;


90
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

— La Banque de l’Agriculture et du Développement Rural (BADR) ;

— La Banque de Développement Local (BDL) ;

— Le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) ;

— La Caisse Nationale d’Épargne et de Prévoyance (CNEP-Banque) ;

— La Banque Al Baraka d’Algérie ;

— Arab Banking Corporation Algérie (ABC) ;

— La Compagnie Algérienne de Banque (CAB) ;

— La Natexis Banque ;

— Société Générale Algérie ;

— La Citibank ;

— La Banque Générale Méditerranéenne (BGM) ;

— La Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA) ;

— Al Rayan Bank ;

— Arab Bank PLC Algeria ;

— BNP Paribas El Djazaïr ;

— Trust Bank Algeria ;

— Arco Bank ;

— Algerian Gulf Bank ;

— Housing Bank for Trade and Finance.

Celles-ci ont pour obligation d’entretenir deux types de comptes auprès de la


Banque d’Algérie :

— Des comptes courants

Pour les besoins du suivi de sa trésorerie, chaque banque dispose d’un


compte courant ouvert auprès de la succursale d’Alger de la Banque
d’Algérie, et d’un sous-compte ouvert auprès des agences de cette
dernière, dont les soldes sont centralisés en fin de journée à Alger sur le
compte de cette banque. Ces comptes enregistrent notamment :

• Le solde résultant des séances de compensation ;

91
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

• Les paiements et versements effectués par les banques


commerciales ;

• Les opérations effectuées par les banques sur le marché


monétaire et le marché de change.

— Des comptes en devises

Qui enregistrent toutes les opérations en devises effectuées par les


banques commerciales, conformément à la réglementation des changes.

En ce qui concerne l’informatisation, toutes les banques ont entrepris, à partir


de l’année 1990, une opération de modernisation de leur système de gestion par
l’introduction de moyens informatiques. Des investissements considérables ont
été consentis dans ce domaine en termes de matériel, de progiciels et de
formation.

La plupart des banques ont acquis, ainsi des progiciels conçus pour la mise en
place d’un système intégré, suffisamment large et surtout sécurisé.

Concernant enfin la transmission des informations de gestion et des


instruments de paiement, à l’intérieur et à l’extérieur, les banques recourent à
divers moyens de communication, à savoir :

— Les télécommunications ;

— Les services du courrier ;

— Transports divers.

En matière de télécommunications, les banques (sièges et réseaux) ont accès :

— Aux lignes spécialisées ;

— Au réseau téléphonique commuté (RTC) ;

— Au réseau public X 25 (DZ-PAC).

1.3. Les établissements financiers

Conformément à l’article 71 de l’Ordonnance n°03-11 du 26 août 2003 relative à


la monnaie et au crédit, les établissements financiers ne peuvent ni recevoir des
fonds du public, ni gérer les moyens de paiement ou les mettre à la disposition
de leur clientèle. Ils peuvent effectuer toutes les autres opérations.

92
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

Ils sont actuellement au nombre de huit (8) : Algerian International Bank (AIB),
El Mouna Bank, la SOFINANCE, la Banque Algérienne de Développement
(BAD), la FINALEP, la Société de Refinancement Hypothécaire (SRH), la
SALEM et Arab Leasing Corporation (société de crédit-bail).

1.4. Le Trésor public

Le Trésor public constitue la représentation monétaire de l’État. Il assure


l’exécution du budget de l’État, les services financiers des collectivités locales et
des établissements publics et enfin la répartition des fonds sur tout le territoire
national.

Les agents du Trésor assurent quotidiennement la perception des recettes et le


paiement des dépenses.

Le réseau d’agences du Trésor effectue deux types d’opérations :

— Les opérations de recouvrement des recettes

Elles sont réalisées par les agents comptables publics des trois
administrations : impôts, douanes et domaines.

— Les opérations de paiement

Elles sont effectuées par les agents comptables publics des administrations
centrales, c’est-à-dire des ministères, des wilayas, des communes et des
établissements publics au titre des crédits de fonctionnement et
d’équipement inscrits au budget de l’État.

Les détenteurs d’un compte au Trésor sont :

— La Banque Algérienne de Développement (BAD), gestionnaire des


prêts d’investissement de l’État ;

— Les organismes (établissements publics, entreprises, banques) ;

— Les particuliers.

1.5. Algérie Poste (ex-Centres des Chèques Postaux –CCP–)

Le service des chèques postaux est placé sous l’autorité du Ministère de la Poste
et des Technologies de l’Information et de la Communication (MPTIC). Les
centres créés par l’administration des postes et télécommunications assurent la
tenue des comptes courants postaux. Ils effectuent certaines opérations

93
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

bancaires telles que la collecte des fonds du public et la gestion des moyens de
paiement.

L’activité de collecte des ressources auprès de la clientèle des entreprises et des


particuliers représente près de 6 % du total des dépôts collectés dans le pays à
fin 2000.

Le nombre de comptes gérés par ce réseau est passé de 4 200 000 en fin 1998 à
près de 5 500 000 en fin 2000, ce qui traduit un volume de trafic considérable.

La clientèle d’Algérie Poste s’inscrit dans les grandes catégories suivantes :

— Les administrations et les entreprises, c’est-à-dire, les organismes


employeurs pour le paiement des salaires ;

— Les salariés disposant de comptes de chèques ;

— La caisse de retraite, pour régler les pensions par virements ou par


mandats.

2. Les moyens de paiement


Nous allons présenter ci-après les principaux moyens de paiement utilisés en Algérie
en précisant certaines caractéristiques de leur utilisation.

2.1. La monnaie fiduciaire

La monnaie fiduciaire est le moyen de paiement le plus fréquemment utilisé


dans les échanges commerciaux dans l’économie nationale. Cela s’explique par :

— Le pouvoir libératoire illimité de la monnaie fiduciaire ;

— Le faible taux de bancarisation ;

— Le peu d’intérêt accordé par la population bancarisée aux moyens de


paiement scripturaux (dû à la faible acceptation par les commerçants de
tels moyens de paiement) ;

— La lourdeur observée dans les traitements des moyens de paiement


scripturaux (due aux exigences de contrôle).

2.2. Le chèque

Concernant l’utilisation des moyens de paiement scripturaux, le chèque prend


le dessus puisqu’il représente, en volume, près de 90 % des moyens de
paiement scripturaux. Son utilisation est concentrée dans le nord du pays où il
94
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

constitue le moyen de paiement préféré pour les entreprises et les


administrations vu les valeurs importantes de ces chèques.

Enfin, en Algérie, le chèque présente les caractéristiques suivantes :

— Une utilisation de plusieurs types de chèques (chèques ordinaires, de


banque, certifiés, visés, omnibus, Banque d’Algérie, Trésor, de paiement
CCP, de virement CCP), avec une prédominance de l’utilisation des
chèques postaux, par rapport aux chèques bancaires, en volume (environ
100 000 000 chèques postaux contre 24 000 000 chèques bancaires) ;

— Le chèque est beaucoup plus un moyen de retrait d’espèces (90 % des


cas représentent des retraits d’espèces) ;

— Les commerçants se montrent réticents à l’égard du chèque comme


moyen de paiement.

2.3. Les effets de commerce

En Algérie, les effets de commerce sont d’une portée marginale (environ 1 %)


par rapport aux autres moyens de paiement. Leurs caractéristiques peuvent être
récapitulées comme suit :

— La valeur unitaire des effets est très importante (utilisés pour des
gros montants) ;

— Ils sont utilisés sous forme de traite et d’obligation cautionnée par


des entreprises privées ;

— Les délais de règlement sont particulièrement longs (2 à 15 jours).

2.4. Le virement

En Algérie, le virement représente environ 10 % du total des moyens de


paiements scripturaux utilisés. La faiblesse de son utilisation est en grande
partie due aux délais de traitement très longs (10 jours en moyenne).

2.5. Le prélèvement

Le prélèvement est utilisé pour le règlement des factures d’eau, d’électricité, de


gaz et de téléphone de façon très limitée. Cela est dû notamment à une
mauvaise connaissance de ce moyen de paiement par les entreprises et leurs
clients.

95
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

2.6. La carte

Elle a été introduite en Algérie en 1989 mais elle n’existe pas sous forme de
carte de paiement, elle est limitée à la carte de retrait. Le nombre de cartes
émises est actuellement restreint avec une prédominance des cartes d’Algérie
Poste sur le marché (plus de 80 %).

Par ailleurs, le réseau des cartes bancaires reste très peu développé en raison de
l’insuffisance du nombre de DAB et leur faible taux de disponibilité (pannes
et/ou défaut d’approvisionnement) ainsi que les critères d’attribution des cartes
qui sont très restrictifs.

3. Volumétrie des paiements


L’état des paiements en Algérie pour l’année 2003 est, pour le moins, alarmante et
nécessite un effort de prévention, par des moyens légaux et réglementaires, de la part
des autorités concernées pour redresser la situation et rendre les différents moyens
de paiement aussi fiables et sécurisés que possible.

En ce qui concerne les chèques, le nombre d’impayés est assez important (3 %) avec
comme cause principale le défaut de provision (78 % des impayés).

Quant aux effets de commerce, le taux d’impayés est particulièrement élevé. Il tourne
autour de 10 % en volume et 19 % en montant.

4. Le cadre juridique
En prenant l’exemple d’émission de chèques sans provision ou provision
insuffisante, le constat général en Algérie est que les taux de rejet et de fraude sont
élevés et que les délais de traitement par l’appareil judiciaire sont trop longs, cela est
dû essentiellement à l’insuffisance du dispositif législatif et réglementaire.

Au plan législatif, on relève plusieurs lacunes et failles. En effet, nous pouvons


d’abord remarquer que les normes législatives régissant la lutte contre l’émission de
chèques sans provision sont éparpillées à travers un certain nombre de textes, à
savoir le code de commerce, des dispositions de ce code contenues dans une loi de
finances et le code pénal. Aussi, cette législation contient des dispositions, en général,
défavorables à la victime : dépôt d’une consignation, dans l’exercice des recours qui
lui sont offerts pour obtenir le règlement de son chèque. De plus, les tribunaux
compétents auxquels doit s’adresser le porteur sont ceux du lieu d’émission du
chèque qui peuvent être éloignés du lieu de résidence du plaignant. Par conséquent,

96
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

ce dernier est exposé à des contraintes de temps, d’argent et de déplacements


pouvant être facteurs de découragement.

Au plan réglementaire, nous pouvons dire que le droit algérien ne contient pas de
dispositions réglementaires appropriées à l’objectif de réhabilitation du chèque
comme instrument de paiement privilégié.

De plus, la Banque d’Algérie a édicté deux règlements et une instruction


d’application, à titre transitoire, en raison de l’urgence de réhabiliter l’utilisation du
chèque et pour pallier aux insuffisances juridiques. Ces dispositions constituent une
réglementation exclusivement bancaire, ce qui risque de ne pas être opposable aux
tiers.

Toutes ces contraintes ajoutées au caractère aléatoire de l’aboutissement favorable


des recours des victimes ont contribué fortement à instaurer un climat de méfiance à
l’égard du chèque et à le refuser fréquemment comme instrument de règlement.

De ce qui précède, nous constatons que le cadre juridique lui-même présente des
insuffisances en matières de lutte contre l’émission de chèques sans provision et
décourage ainsi l’utilisation du chèque.

Par ailleurs, les nouvelles techniques de paiement (paiements électroniques) ne


trouvent pas un cadre juridique approprié pour la promotion de leur diffusion et
utilisation. C’est ainsi que les nouveautés en termes des technologies de l’information
et des télécommunications ne sont pas prises en charge par le système juridique aussi
rapidement qu’elles évoluent. Ce décalage peut ne pas permettre l’utilisation de ces
technologies et mêmes si elles sont utilisées, elles ne seront pas aussi efficaces que
prévu.

5. Les marchés de capitaux


Les paiements effectués sur les marchés monétaire, financier et de change sont
imputés dans les comptes courants des banques intervenant sur ces marchés en brut
à la date de valeur mais pas en temps réel. En général les écritures sont passées en fin
de journée. Nous allons donner ci-après un aperçu sur les différents marchés de
capitaux en Algérie.

5.1. Le marché monétaire

Le marché monétaire est le marché des capitaux à court et à moyen terme. Il


comporte normalement : le marché monétaire interbancaire et le marché des
97
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

titres de créance négociables (TCN). Ce dernier n’existe pas en Algérie alors que
le marché monétaire interbancaire est le cadre privilégié pour la mise en œuvre
de la politique monétaire par la Banque d’Algérie et pour la gestion par les
banques et les établissements financiers de leur liquidité. Il a enregistré, depuis
son ouverture le 18 juin 1989, une évolution importante en termes de
diversification des instruments, des intervenants et d’accroissement du volume
des échanges.

Le marché monétaire interbancaire est organisé en deux compartiments :


marché au jour le jour et marché à terme. La Banque d’Algérie est
l’intermédiaire dans les opérations sur ce marché. Ainsi, elle intervient dans
l’organisation des séances du marché et dans la gestion comptable des comptes
courants ouverts sur ses livres par les intervenants sur le marché. Elle peut
également intervenir en tant que prêteur en dernier ressort.

Outre la Banque d’Algérie, le nombre d’intervenants sur le marché monétaire a


évolué tout au long de la décennie passée avec l’entrée de nouveaux venus : les
investisseurs institutionnels, les nouvelles banques et le Trésor. À fin 2000, il
comptait 14 banques, 5 établissements financiers et 10 investisseurs
institutionnels.

Le volume des transactions est aussi en progression. En effet, la valeur totale


des transactions en 1998 s’élevait à 935 838 millions de DA (sur les deux
compartiments), il est passé à 1 125 322 millions de DA en 1999 pour atteindre
1 359 011 millions de DA en 2000.

Concernant le mode de règlement sur le marché monétaire interbancaire, dès la


conclusion d’une opération, la Banque d’Algérie adresse un télex aux deux
parties, pour la réalisation de chaque opération. À la fin de la journée, les
banques concernées reçoivent un avis de débit ou de crédit suite aux ordres de
virement effectués par les intervenants prêteurs. À l’échéance, l’établissement
emprunteur émet un ordre de virement portant sur le principal et les intérêts au
profit de l’établissement prêteur qui recevra alors un avis de crédit de la Banque
d’Algérie.

5.2. Le marché financier

Le marché financier est le marché des capitaux à long terme. En Algérie, il est
de création récente. Il intervient dans le système de paiement depuis le 13
septembre 1999, date de sa création. À fin 2000, il a enregistré l’agrément des
98
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

premiers intermédiaires en opérations de bourse, l’introduction sur le marché


des premiers titres de créance par emprunt obligataire émis par SONATRACH
et l’introduction d’un premier groupe d’entreprises en bourse à savoir : ERIAD
Sétif, SAIDAL et l’Hôtel EL-AURASSI.

Ce marché a été renforcé par la création d’un dépositaire central de titres,


Algérie Clearing. Cet organisme prendra en charge des opérations concourant
au dénouement des transactions boursières tout au long des étapes :
appariement, confirmation et règlement-livraison des titres négociés.

Cependant, l’activité sur ce marché est presque absente. Cela est dû


principalement au nombre limité d’entreprises cotées et au fait que cette culture
est inexistante en Algérie.

5.3. Le marché de change

Il comporte un marché spot (au comptant) et un marché à terme. Actuellement,


en Algérie, il s’agit d’un marché interbancaire de change au comptant dont les
intervenants sont les banques et les établissements financiers et la Banque
d’Algérie qui est, dans la pratique, le seul offreur de devises.

5.3.1. Règlement des opérations négociées sur le marché de change

Les paiements effectués par les banques commerciales vers l’étranger,


après la négociation des monnaies étrangères sur le marché de change,
font l’objet de règlements par l’intermédiaire de la Banque d’Algérie.

En effet, après avoir conclu la transaction de change entre la Banque


d’Algérie et la banque commerciale acheteuse, le compte de cette dernière
auprès du correspondant étranger ou son compte en devise tenu à la
l’institut d’émission est crédité du montant de la transaction. Cela se
traduit alors par une écriture comptable, un avis de crédit et une
confirmation de l’opération traitée.

Les comptes courants en monnaie nationale (en dinar) sont alors débités et
une copie de l’avis de débit est envoyée à la succursale d’Alger qui est
chargée de la gestion de ceux-ci.

99
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

5.3.2. Les mouvements avec l’extérieur

Dans le cadre de la réglementation de change, les banques commerciales


interviennent pour le compte des entreprises et des particuliers, lors des
opérations du commerce extérieur. En effet, les comptes en devises des
importateurs ou exportateurs sont mouvementés à chaque opération avec
l’extérieur ne transitant pas par le dispositif du marché de change.

Ce n’est pas le cas pour les opérations d’achat de devises par les banques
sur le marché de change. Celles-ci sont enregistrées dans les comptes des
banques en dinars ouverts auprès de la Banque d’Algérie, et dans leurs
comptes devises ouverts auprès des correspondants.

Pour effectuer les opérations de transfert et de rapatriement, le système


bancaire algérien utilise le réseau SWIFT depuis 1991.

6. Le projet de modernisation du système de paiement en Algérie


Selon les recommandations préconisées par la BRI, la conception d’un projet de
réforme ou de développement d’un système de paiement repose, dans un premier
temps, sur un diagnostic de la situation actuelle du système de paiement existant afin
de révéler ses forces et ses faiblesses. Ces éléments serviront, dans un second temps,
pour définir une stratégie ou une vision à long terme pour le système de paiement en
Algérie.

Ainsi, la volonté de moderniser le système existant est motivée d’une part par la
constatation des faiblesses de l’environnement dans lequel sont effectués les
paiements en Algérie, d’autre part par l’ambition de s’aligner aux normes et
standards internationaux en matière de systèmes de paiement et de règlement.
Néanmoins, il faut signaler qu’il y a des atouts à confirmer dans le contexte actuel.

6.1. Les faiblesses du système actuel

Le système actuel présente plusieurs lacunes que nous résumons en ce qui suit :

— Faible bancarisation et prédominance du fiduciaire (le ratio monnaie


fiduciaire/M1 représente 46,5 % alors qu’il avoisine les 15% en France et
au Royaume-Uni et 25% en Allemagne, Belgique, Pays Bas et Portugal) ;

— Les services de banque de détails offerts sont limités (par exemple,


les cartes existent sous forme de cartes de retrait seulement) ;

100
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

— Les processus de traitement ne sont pas fiables (délais de


compensation et de règlement trop longs, finalité incertaine) ;

— Les taux de fraude et/ou de rejet sont élevés ;

— Les services de télécommunications sont insuffisants ;

— L’information fournie est peu transparente et caduque.

— Le système juridique est lent et le cadre juridique des systèmes de


paiement n’est pas bien défini et mis à jour.

6.2. Les atouts du système existant

Les facteurs et les moyens qui peuvent être mis en œuvre pour mener à terme
ce projet de modernisation sont les suivants :

— Engagement des pouvoirs publics et des autorités monétaires (les


séminaires tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, création des ateliers
de travail, organisation de réunions de travail avec les acteurs de la mise
en place du projet, cahier des charges, etc.) ;

— La motivation et le consensus de l’ensemble des acteurs : banques,


établissements financiers et autres ;

— Appui technique d’experts et consultants expérimentés de banques


centrales étrangères ;

— Soutien financier de la Banque Mondiale ;

— La mise en place d’un Comité de pilotage ainsi qu’une Unité de


gestion de projet (UGP) dynamique, compétente et bien formée, chargée
de la mise en place et du suivi des différents projets :

• Le Comité de pilotage

Présidé par un vice gouverneur, il a pour mission d’assurer le suivi


de la mise en œuvre du projet.

• L’Unité de gestion de projet

L’Unité de gestion de projet (UGP), créée par la Banque d’Algérie


pour contribuer à la conception et à la réalisation du projet de
modernisation du système de paiement de bout en bout, assure la
gestion du projet suivant les orientations du Comité de pilotage.

101
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

6.3. Objectifs de la modernisation et projets en cours

De ce qui précède, nous pouvons définir les objectifs de la modernisation à


mener pour le système de paiement algérien.

— Adapter le système de paiement aux besoins des utilisateurs ;

— L’introduction des nouvelles technologies afin de réduire le coût


global des paiements et de renforcer la sécurité et l’efficacité des échanges
et des règlements ;

— Réduire les délais de règlement et l’utilisation de la monnaie


fiduciaire ;

— Se conformer aux normes internationales en matière de gestion des


risques de liquidité, de crédit et systémique ;

— Accroître l’interbancarité et la coopération entre banques ;

— Attirer davantage les banques étrangères ;

— Bien définir et mettre à jour le cadre juridique des systèmes de


paiement.

Le projet de modernisation du système de paiement en Algérie s’articule


essentiellement sur trois axes :

— Le système de paiement de masse (système de télécompensation) ;

— Le système de règlement de titres ;

— Le système RTGS.

6.3.1. Le système de paiement de masse

Dans le cadre du processus de modernisation du système de paiement


algérien, la mise en place d’un système de télécompensation est projetée à
moyen terme. Ce système prendra en charge les paiements de petits
montants mais dont le volume est important. Il se caractérise par la
diversité des moyens de paiement utilisés (chèque, virement, effets de
commerce, prélèvement automatique, etc.).

6.3.2. Le système de règlement de titres

Le système de règlement-livraison automatisé est géré par Algérie


Clearing. Cette dernière est une société par actions créée par les banques
publiques et les sociétés cotées en bourse le 19 novembre 2001. La

102
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

naissance effective de la société a eu lieu le 7 janvier 2002. Elle a pour


mission de conserver, administrer et faciliter la circulation, sous forme
dématérialisée et au porteur identifiable, des titres.

L’ensemble des équipements, des réseaux, des locaux et du personnel de


la société sont réunis pour rendre opérationnel le logiciel acquis auprès
d’Euroclear France en tant que système de règlement-livraison des
transactions sur titres en Algérie.

Le dénouement des transactions intervient à J+3 par l’utilisation croisée


des espèces et des titres. Par ailleurs, le dénouement des transactions sur
les valeurs de l’État négociées en hors bourse ou sur le marché monétaire
se fait à la date convenue par les deux parties.

6.3.3. Le système RTGS

Le projet du système RTGS, dont la finalisation et le début de


fonctionnement sont prévus pour l’année 2005, aura pour tâche de traiter
les opérations de virements de gros montants ou urgentes. Ces opérations
peuvent être aussi bien à l’initiative de la Banque d’Algérie que de toute
autre institution financière participant au système RTGS. Les opérations à
traiter sont les transactions sur le marché monétaire, le marché de change
ainsi que le règlement des soldes des systèmes exogènes (systèmes de
paiement de masse et de règlement de titres).

L’importance de la valeur unitaire et l’urgence de ces opérations font du


système RTGS un système de paiement d’importance systémique,
susceptible d’être à l’origine de la paralysie de l’activité de paiement en
cas de perturbation surgissant à son niveau.

103
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

En conclusion

À travers l’examen du contexte actuel du système de paiement en Algérie, nous


pouvons tirer les constats suivants :

Dans la mesure où seul un diagnostic exhaustif des problèmes auxquels le système


existant est confronté permettrait d’apporter les solutions nécessaires, la difficulté
d’accéder à l’information constitue un handicape très contraignant pour toute projet
de mise en place ou de modernisation d’un système de paiement. L’absence d’un
système d’information interactif permettant à la fois la mise à jour quotidienne des
bases de données et la consultation en un temps réduit des informations les plus
récentes est à l’origine du problème de disponibilité de l’information.

Sur un autre plan, le cadre juridique manque d’encadrement législatif et


réglementaire des instruments, procédures de recouvrement et la promotion de
nouvelles technologies de l’information et des télécommunications.

Par ailleurs, d’autres lacunes sont constatées sur le plan organisationnel par la
lourdeur et la complexité des procédures de transferts de fonds tant en matière de
coûts que de délais de recouvrement, et sur le plan social par le faible taux de
bancarisation et l’ampleur des incidents de paiement.

Pour remédier à ces insuffisances, nous préconisons quelques recommandations


tirées de l’expérience pratique qu’ont eu les pays développés dans ce domaine :

¾ Le travail de conception de base de tout système national de paiement


dépend de l’architecture du système financier sous-jacent et de l’évolution des
méthodes de paiement. Le choix d’un système donné doit prendre en
considération la capacité d’adaptation de la solution choisie par rapport aux
besoins futurs et veiller à une utilisation optimale des ressources.

¾ Les énormes progrès enregistrés dans le domaine des technologies de


l’information et des télécommunications exercent une influence sur le système
financier, le métier de banquier et les habitudes de paiement de la population.
Leur introduction doit obéir à une stratégie de modernisation qui doit répondre
aux exigences d’une économie moderne, aux choix de la clientèle et aux
impératifs de réduction des coûts des moyens de paiement.

¾ Le processus de paiement doit être élaboré suivant un ensemble de règles,


de normes et de procédures, le dotant ainsi de la capacité pour assurer la
continuité et la validité des opérations tout en permettant l’introduction des

104
Chapitre 2 État des lieux du système de paiement en Algérie

nouvelles technologies. Ainsi, un cadre juridique qui couvre l’ensemble de ces


aspects, notamment les règles et les lois à caractère obligatoire qui visent à
promouvoir l’intérêt public et à définir les responsabilités et les droits
individuels, et orientent la conception juridique des accords entre les
participants doit être bien défini.

Les pouvoirs publics en général et les autorités monétaires en particulier ont pris
conscience des problèmes auxquels se heurte le système de paiement existant et ont
décidé de lancer un plan de réforme du système de paiement algérien. Ce projet de
modernisation est axé principalement sur trois systèmes dont le premier à mettre en
place, le système RTGS, constitue le pilier de ce projet et est considéré comme
d’importance systémique. Le système RTGS en projet fera l’objet d’une présentation
détaillée dans le chapitre suivant.

105
Chapitre 3
Le projet du
système RTGS
en Algérie

Dans le cadre du projet de modernisation


du système de paiement algérien financé
par la Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement
(dénommée communément Banque
Mondiale), la Banque d’Algérie projette de
mettre en place un système RTGS qui sera
opérationnel en 2006. Le système entrera
dans sa phase de test à partir de 2005,
mais il ne deviendra effectivement
opérationnel qu’au premier semestre 2006.

Dans ce chapitre, nous donnerons une


définition du système RTGS en projet,
nous présenterons ensuite son rôle, ses
principes de fonctionnement, son
architecture et ses fonctionnalités et enfin
les objectifs de sa mise en place.

106
Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie

1. Définition
Le système RTGS en projet est un système de paiement dans lequel le traitement et le
règlement des ordres de paiement s’effectuent en continu en temps réel (sans différé)
et sur une base brute c’est-à-dire opération par opération.

2. Rôle du système
Le système cible, composant essentiel du projet de modernisation du système de
paiement algérien, aura pour rôle de traiter :

— Les opérations ordonnées par la Banque d’Algérie qui participera au


système ;

— Les transferts de gros montants ou urgents ordonnés par les autres


participants pour leur propre compte ou pour celui de leur clientèle ;

— Les soldes dégagés par la compensation manuelle dite « classique »


actuellement en vigueur et la compensation électronique qui devrait intervenir
à moyen terme dans le cadre du même projet de modernisation ;

— Le volet espèces des opérations sur titres initiées par le dépositaire central
Algérie Clearing.

3. Principes de fonctionnement du système


Le futur système RTGS aura à traiter les opérations de virements dont les montants
seront supérieurs à un seuil déterminé. Ces virements seront traités sur une base
brute, autrement dit opération par opération, et en temps réel, c’est-à-dire à l’instant
même où l’opération est validée par le participant, pourvu que son compte de
règlement soit suffisamment provisionné.

Les principes de fonctionnement suivants lesquels fonctionnera le système sont


présentés ci-après :

3.1. Les participants au système

Les participants éligibles au système seront :

— La Banque d’Algérie ;

— L’ensemble des banques et établissements financiers exerçant leurs


activités en Algérie et disposant d’un compte courant ouvert dans les
livres de la Banque d’Algérie ;

107
Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie

— Le Trésor public ;

— Algérie Poste ;

— Le dépositaire central des titres Algérie Clearing.

Ils devront opter :

— Soit pour le mode de participation directe via un accès direct au


système depuis une plate-forme « Participant » ;

— Soit pour le mode de participation indirecte à travers l’utilisation des


services d’un participant direct.

Étant entendu que les deux types de participants devront assumer pleinement
leur responsabilité financière vis-à-vis des ordres qu’ils auront initiés.

Le raccordement de tout nouvel établissement au système sera soumis à un


accord préalable de la Banque d’Algérie et ce, après certification des procédures
informatiques et administratives en vigueur chez cet établissement.

3.2. Types d’opérations traitées par le système

Le système aura à traiter les types d’opérations suivants :

3.2.1. Virements interbancaires

Il s’agit dans ce cas là des virements de banque à banque et des virements


pour le compte de la clientèle dont les montants seront importants (i.e.
supérieurs à un seuil donné) ou auront trait à des opérations urgentes.

3.2.2. Opérations de la Banque d’Algérie

La Banque d’Algérie sera le seul participant à pouvoir émettre des ordres


de débit (pour la couverture des retraits en espèces ou opérations de
change, la perception des intérêts sur comptes courants, la récupération de
toutes charges dues par les participants, etc.) et de crédit (crédits
intrajournaliers, virements interbancaires en espèces, etc.).

3.2.3. Règlement des soldes de compensation

Les soldes de la compensation (créditeurs et débiteurs) seront traités par le


système par le débit et le crédit simultanés des comptes des participants
selon le principe de « tout ou rien ». En d’autres termes, au cas où le
compte d’un participant ne permettrait pas l’imputation d’un solde
108
Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie

débiteur, le système rejettera l’ensemble des soldes de la compensation à


charge pour le centre de traitement de la compensation (manuelle ou
électronique) de les représenter ultérieurement.

3.2.4. Opérations avec Algérie Clearing

Le règlement en espèces des opérations d’achat et de vente de titres


traitées par le système de règlement de titres géré par Algérie Clearing
sera assuré par le système RTGS.

3.3. Les comptes de règlement

La Banque d’Algérie qui aura à gérer et administrer le système, ouvrira dans ses
livres des comptes de règlement qui pourront être subdivisés en sous-comptes,
et qui seront gérés en temps réel.

Les règlements opérés par le biais du système auront lieu en continu et en


temps réel, de manière irrévocable et inconditionnelle, et ce, après vérification
automatisée de l’existence d’une provision suffisante au compte de règlement
du participant concerné. Pour ce faire, les ordres seront traités suivant la règle
FIFO.

3.4. Gestion de la liquidité

Tout participant au système devra s’assurer, en temps réel, que la position de


son compte de règlement permettra de régler tous les ordres de transfert émis
par ses soins.

En cas de problème de liquidité momentanée, et pour prévenir tout risque de


liquidité, et par voie de conséquence de blocage du système, les participants
disposeront d’un mécanisme de file d’attente d’une part et pourront bénéficier,
s’ils le désirent, d’avances intrajournalières auprès de la Banque d’Algérie
d’autre part.

3.4.1. La file d’attente

Lorsque la provision d’un compte de règlement donné sera insuffisante,


les ordres de virement seront placés en file d’attente. Une fois la provision
devenue suffisante, les ordres seront traités par le système selon un ordre
de priorité prédéfini.

109
Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie

Les participants confrontés à un problème de liquidité pourront consulter,


depuis leur plate-forme, les ordres émis ou reçus en attente.

3.4.2. Les avances intrajournalières

La Banque d’Algérie mettra à la disposition de tout participant faisant face


à des difficultés de trésorerie, des avances intrajournalières qui devront
être remboursées au plus tard en fin de journée, à défaut de quoi elles
seront converties en avances « overnight » moyennant des taux d’intérêts
dissuasifs et contre garanties sûres.

3.5. Les ordres de priorité

Lors du traitement des ordres de virement placés dans la file d’attente, le


système respectera l’ordre de priorité suivant :

Priorité 1 : Les opérations ordonnées par la Banque d’Algérie ;

Priorité 2 : L’imputation des soldes de la compensation ;

Priorité 3 : Les ordres déclarés par le participant comme étant


« urgents » ;

Priorité 4 : Les ordres déclarés par le participant comme étant


« normaux ». À défaut de déclaration, la priorité 4 sera
accordée aux ordres correspondants.

3.6. Optimisation

Pour résoudre tout blocage des files d’attente, la Banque d’Algérie déclenchera,
en sa qualité d’opérateur du système, un mécanisme d’optimisation permettant
le calcul des balances nettes de manière à régler en bloc simultanément les
ordres en attente.

3.7. Organisation de la journée d’échange

La journée d’échange du système sera organisée comme suit :

À 8:30 : Traitement des opérations initiées par la Banque


d’Algérie (opérations du marché monétaire, opérations
de change, opérations fiduciaires, approvisionnement
des comptes de règlement, etc.) ;

À 9:30 : Début des échanges ;

De 12:00 à 13:00 : Règlement des soldes de compensation ;


110
Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie

De 15:00 à 16:00 : Remboursement des facilités intrajournalières et fin des


règlement ou rejet des ordres en attente ;

À 16:00 : Clôture des comptes et transmission des avis de soldes


et extraits de comptes aux participants, traitements de
fin de journée et déversement dans le système de
comptabilité générale de la Banque d’Algérie.

3.8. Structure de flux et format des messages échangés

La structure choisie de flux des messages est la structure en « V ». Ce choix est


dû au fait que la structure en « V » permet à l’agent de règlement (Banque
d’Algérie) de contrôler toutes les informations contenues dans les messages de
paiement telle que l’identité du bénéficiaire.

Quant au format des messages, quel que soit le type de réseau qui sera utilisé
(réseau privé ou réseau SWIFT), le système aura recours à des messages de
format SWIFT (MT103, MT202, MT204, MT298, MT950, MT971, MT992, MT999).

4. Architecture et fonctionnalités du système


4.1. Architecture du système

L’ensemble des participants seront connectés au système implanté à la Banque


d’Algérie, via leur siège social en utilisant « une plate-forme participant » qui
leur permettra d’émettre et de recevoir des ordres de transfert ainsi que toutes
les informations nécessaires sur les opérations traitées par le système et ce, dans
un environnement hautement sécurisé (voir schéma ci-dessous – Figure 14 –).

Il importe de souligner que les postes de travail installés à la Banque d’Algérie


seront utilisés pour les fonctions d’administration, de supervision et surtout de
résolution des blocages du système.

111
Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie

Figure 14 Architecture du projet du système RTGS cible en Algérie

Siège Banque A Siège Banque B


Interface participant Interface participant

Réseau B.A. privé


ou Réseau SWIFT

Systèmes de
paiement
exogènes (titres,
monétique, etc.)

Système RTGS
central implanté
à la Banque
d’Algérie

Opérations B.A. Compensation


(marché monétaire, B.A.
marché de change, Système de
versements/retraits comptabilité générale
d’espèces, etc.) de la B.A.

Banque d’Algérie

4.2. Fonctionnalités du système

Le système central remplira les fonctions suivantes :

— Le contrôle des messages reçus des participants ;

— La gestion des files d’attente ;

— Le règlement des ordres au fil de l’eau (un à un) ;

— Le règlement « espèces » des opérations sur titres ;

— L’imputation des soldes de compensation ;

— La tenue en temps réel des comptes de règlement ;

— Les traitements de fin de journée ;

112
Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie

— L’administration et la supervision financière des opérations traitées


par le système ;

— Différentes autres fonctions relatives au reporting en temps réel et en


fin de journée, à la supervision du système, à l’optimisation, à la
résolution de tout blocage éventuel, etc.

Quant aux « plates-formes participants », elles accompliront les tâches ci-


dessous :

— La saisie et le contrôle de conformité des ordres ;

— L’émission et la réception des ordres ;

— Le suivi des positions et files d’attente du participant direct concerné


ou des participants indirects servis par celui-ci.

4.3. Sécurité du système

Comme déjà évoqué, le système devra évoluer dans un environnement


hautement sécurisé se caractérisant par :

— La dotation des établissements participants d’applications de back


up (secours) en cas de panne de l’application centrale ;

— La mise par la Banque d’Algérie, dans ces locaux, à la disposition des


banques d’une salle dotée de postes de travail, à laquelle elles pourront
recourir en cas de problèmes de communication avec le système central ;

— La duplication des serveurs au sein du système central ;

— La création, parallèlement au site de production central, d’un site de


back up distant dans un des sièges de la Banque d’Algérie implantés dans
un autre chef lieu de wilaya ;

— La mise en place d’un plan de continuité et d’un plan d’urgence à


mettre en œuvre en cas de difficultés rencontrées au niveau du site de
production ou chez les participants.

— La politique de sécurité a pour objet, entre autres, d’assurer la


pérennité du système et par voie de conséquence, de lutter contre le risque
opérationnel qui selon les recommandations de la BRI, pourrait déclencher
un risque systémique s’il n’est pas pris en charge correctement.

113
Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie

5. Objectifs de la mise en place du système


Il est clair qu’à travers le projet de modernisation du système de paiement en général
et la mise en place du système de règlement brut en temps réel en particulier, les
autorités monétaires nationales visent à atteindre les objectifs suivants :

— L’adaptation des systèmes de paiement, de compensation et de règlement


aux besoins des usagers (particuliers, entreprises et administrations) et aux
exigences d’une économie moderne et à plus forte raison, de marché ;

— L’amélioration de la gestion de la liquidité à travers l’amélioration du


traitement des transferts de fonds entre les banques ou avec la Banque
d’Algérie ;

— L’amélioration de l’efficacité de la politique monétaire ;

— Le traitement rapide des paiements commerciaux entre entreprises, ce qui


devrait contribuer à la promotion des échanges commerciaux et, partant, au
développement de l’économie dans l’ensemble ;

— Le règlement des transactions réalisées sur d’autres marchés de capitaux


tels que la bourse, le marché monétaire et le marché de change ;

— L’amélioration de la gestion du risque de liquidité, de crédit et la


protection contre le risque systémique inhérents notamment au système de gros
montants et ce, en stricte conformité avec les Principes fondamentaux du
CSPR ;

— Le renforcement de l’infrastructure de télécommunications entre la


Banque d’Algérie et les autres acteurs du système de paiement de manière à
faciliter les échanges de données intra et inter bancaires et le télétraitement des
opérations de paiement et de règlement.

114
Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie

En conclusion

Comme nous venons de le constater, le système RTGS en projet est conçu en


conformité avec les normes et pratiques internationales (en particulier des pays du
G-10) dans son fonctionnement et en termes de prévention contre les divers risques
afférents à ce système. En effet, les différents dispositifs qu’il offrira (crédits
intrajournaliers, files d’attente, optimisation, etc.) permettront de minimiser le risque
de liquidité et le fait que l’agent de règlement soit la banque centrale protégera le
système contre le risque de crédit lié à l’actif de règlement. Quant au risque
opérationnel, il sera efficacement géré par les différentes mesures de sécurité du
système (applications de back up, duplication des serveurs, etc.). Cependant, le
risque juridique demeure présent. En effet, nous constatons que la réglementation
dans notre pays n’évolue pas aussi rapidement que les nouvelles technologies
progressent. L’utilisation de ces technologies est, de nos jours, un impératif pour la
modernisation de tout système de paiement.

Ainsi, il est recommandé, de bien définir et mettre à jour le cadre juridique des
systèmes de paiement basés sur l’utilisation des nouvelles technologies de
l’information et des télécommunications. Enfin, le système RTGS en projet est
considéré comme étant un système de paiement d’importance systémique en raison
de l’importance des valeurs qu’il aura à traiter et du fait qu’il sera le seul système de
paiement automatisé du pays. Par conséquent, la Banque d’Algérie doit, de par son
rôle d’opérateur du système d’une part et de banque centrale d’autre part, veiller au
bon fonctionnement du système et tout mettre en œuvre pour atteindre les objectifs
qu’elle s’est assignés et, partant, assurer la stabilité financière de l’économie
nationale.

115
Conclusion générale

CONCLUSION GÉNÉRALE

La modernisation du système de paiement et, plus généralement, du secteur bancaire


en Algérie est une étape inévitable pour la concrétisation d’une économie de marché
moderne. S’inscrivant dans ce cadre, le système RTGS, par les fonctions qu’il assume,
s’impose comme une composante clé de tout le système de paiement. En effet, il
permet une interconnexion de tous les systèmes exogènes (systèmes de paiement de
masse, systèmes de règlement de titres, etc.) et traite des opérations de paiement
générées par les échanges au sein des principaux marchés de capitaux (marché
financier, marché monétaire et marché de change). Ces opérations ont les
caractéristiques d’être de grande valeur unitaire et parfois urgentes.

Ainsi, la position stratégique de ce système qui revêt une importance systémique


nous a amenés à l’étudier sous ses multiples facettes concernant sa conception et son
fonctionnement pour mieux appréhender le cas algérien.

Comme le système RTGS est le lieu de déversement des soldes des systèmes
exogènes, le risque de paralysie du système de paiement global pour quelque facteur
que ce soit est plus que probable. Ainsi, est-il exposé à plusieurs risques que nous
avons eu l’occasion de recenser et de développer. Ils sont principalement de deux
nature : les risques financiers (risques de crédit et de liquidité) et les risques
structurels (risques opérationnel et juridique). Les causes peuvent en être aussi bien
la mauvaise santé financière des participants au système que les dysfonctionnements
liés au système lui-même (d’ordre technique ou juridique). Par ailleurs, la structure
en réseau du système et les montants élevés qu’il traite peuvent déclencher la
propagation de ces risques ce qui expose le système à un risque systémique.

Cependant, face à ces multiples risques qui peuvent compromettre le bon


fonctionnement du système RTGS, les participants au système ne doivent pas être
passifs et doivent se doter des moyens de prévention avec un rôle primordial pour la
banque centrale dans tout pays où ce système est en vigueur. Cette dernière doit,
notamment, veiller à ce que le système soit conforme du point de vue de sa
conception et de son exploitation aux Principes fondamentaux de la BRI pour les
systèmes de paiement d’importance systémique puisqu’il en fait partie.

Par ailleurs, à travers l’analyse des systèmes RTGS des différents pays du G-10, il en
ressort plusieurs différences en matière de conception et, partant, de fonctionnement.

116
Conclusion générale

Ces différences ont trait principalement au dispositif de crédits intrajournaliers, aux


files d’attente ainsi que d’autres aspects. Néanmoins, il se dégage une tendance
générale concernant chaque aspect dans les pratiques de ces pays leaders dans ce
domaine. C’est ainsi que cette étude comparative rend compte des pratiques
courantes suivantes :

— L’octroi de crédits intrajournaliers par la banque centrale ;

— Le système offre un dispositif de files d’attente centralement localisées ;

— La propriété et le rôle d’opérateur et celui d’agent de règlement du


système reviennent à la banque centrale ;

— La participation dans la plupart des systèmes est ouverte à toutes les


banques et est sujette au principal critère de disposer d’un compte à la
banque centrale ;

— Les structures de flux des messages sont principalement en « V » ;

— Les réserves obligatoires sont généralement mobilisées pour le traitement


des opérations du système RTGS ;

— Le système RTGS est lié avec d’autres systèmes (exogènes).

Toutes ces conclusions doivent servir de bases de réflexion pour le cas algérien dans
la mise en place du système RTGS en veillant à ce que son cadre juridique soit bien
défini et mis à jour avec l’évolution des technologies utilisée par le système. Enfin, le
caractère de système de paiement d’importance systémique que revêt le système
RTGS en projet exige des autorités qui le gère, en l’occurrence la Banque d’Algérie,
de veiller au fonctionnement du système dans les meilleures conditions afin d’éviter
tout risque y afférent notamment le risque systémique.

117
Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages
1. Dragon C., Geiben D., Kaplan D., Nallard G., Les moyens de paiement : Des
espèces à la monnaie électronique, Ed. La Revue Banque Éditeur, Paris, 1997.
2. Karyotis C., Les systèmes de règlement-livraison de titres européens, Ed. La
Revue Banque Éditeur, Paris, 2003.

Mémoires et rapports
1. Boubguel C., Les systèmes de paiement et de règlement, Mémoire de fin
d’études, octobre 2002.
2. Djedour B., Les systèmes de paiement et de règlement, Mémoire de fin d’études,
décembre 2003.
3. Haddad N.-E., Les systèmes de paiement et de règlement : Organisation,
gestion et oversight, Rapport de stage effectué auprès de la Banque Nationale
de Belgique, 2001.
4. Rapport sur « Les Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement
d’importance systémique », Banque des Règlements Internationaux, janvier
2001.
5. REAL-TIME GROSS SETTLEMENT SYSTEMS, Rapport du Comité sur les
systèmes de paiement et de règlement, Bâle, mars 1997.
6. Le système de paiement en Algérie (État des lieux), Banque d’Algérie, décembre
2001.

Sites web
1. www.bis.org
2. www.bank-of-algeria.dz
3. www.banque-de-france.fr
4. www.bnb.be

118
Liste des figures

LISTE DES FIGURES

N° Intitulé de la figure Page

Figure 1 Modèle général d’un système de paiement.................................................. 12

Figure 2 Cycle de vie d’un paiement ............................................................................. 18

Figure 3 Exemple sur le règlement brut........................................................................ 21

Figure 4 Structures de flux des messages de paiement.............................................. 31

Figure 5 Architecture fonctionnelle d’un système RTGS ......................................... 34

Figure 6 Le système TARGET......................................................................................... 37

Figure 7 Exemple de compensation multilatérale....................................................... 41

Figure 8 Circuit du chèque dans un système géré par une chambre de


compensation ..................................................................................................... 42

Figure 9 Circuit du chèque dans un système géré par la télécompensation.......... 43

Figure 10 Exemple : Architecture de fonctionnement du SIT (en France) ............... 44

Figure 11 Architecture globale d’un système de règlement de titres ........................ 49

Figure 12 Exemple de liaison entre le système RTGS et d’autres systèmes de


paiement et de règlement................................................................................. 50

Figure 13 Exemple de liaison entre le système RTGS et le système de règlement de


titres : La liaison SIC-SECOM en Suisse ...................................................... 51

Figure 14 Architecture du projet du système RTGS cible en Algérie.......................112

119
Liste des tableaux

LISTE DES TABLEAUX

N° Intitulé du tableau Page

Tableau 1 Exemple sur les types de règlement.......................................................... 07

Tableau 2 Les types de systèmes de paiement........................................................... 15

Tableau 3 Statuts successifs d’un paiement au sein d’un système de


paiement......................................................................................................... 17

Tableau 4 Synthèse de l’exemple sur les différentes méthodes de traitement des


files d’attente................................................................................................. 29

Tableau 5 Systèmes RTGS nationaux participant au système TARGET ............. 37

Tableau 6 Exemple sur l’optimisation des files d’attente........................................ 74

Tableau 7 Systèmes RTGS des pays du G-10 : Crédit intrajournalier et files


d’attente.......................................................................................................... 84

120
ANNEXES

121
Liste des annexes

LISTE DES ANNEXES

N° Intitulé de l’annexe Page

Annexe 1 Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance


systémique .......................................................................................................... ii

Annexe 2 Responsabilités de la banque centrale dans l’application des principes


fondamentaux..................................................................................................... ix

Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10.............. xi

i
Annexe 1 Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique

Annexe 1 Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance


systémique(1)

I. Le système devrait avoir une base juridique solide dans toutes les
juridictions concernées.

1.1 Les règles et procédures d’un système devraient être applicables et leurs
conséquences prévisibles. Un système qui n’est pas juridiquement solide ou
dans lequel les aspects juridiques sont mal compris pourrait mettre en danger
ses participants. Une mauvaise compréhension peut leur donner un sentiment
fallacieux de sécurité, qui les amènerait, par exemple, à sous-estimer leur
exposition aux risques de crédit ou de liquidité.

1.2 Aux fins de l’application de ce principe, le cadre juridique englobe les règles
générales des juridictions concernées (telles que droit relatif aux contrats,
paiements, titres, activités bancaires, relations débiteurs/créanciers et à
l’insolvabilité) ainsi que les dispositions spécifiques légales, jurisprudentielles et
contractuelles (par exemple, règlement du système de paiement) ou tout autre
élément approprié.

1.3 La juridiction compétente pour interpréter les règles et procédures du système


devrait être clairement précisée. Dans la plupart des cas, le cadre juridique du
siège sera prépondérant, mais, en particulier lorsque le système présente une
dimension transfrontière du fait de la participation de banques étrangères ou
du recours à plusieurs monnaies, il sera aussi nécessaire d’examiner s’il
n’apparaît pas des risques juridiques importants émanant d’autres juridictions
concernées.

II. Le système devrait être doté de règles et procédures permettant aux


participants de bien comprendre l’incidence du système sur chacun des
risques financiers découlant de leur participation.

2.1 Les participants, l’opérateur du système et les autres parties concernées - y


compris la clientèle, dans certains cas - devraient parfaitement comprendre les
risques financiers inhérents au système et savoir où ils sont supportés. Les
règles et procédures du système sont déterminantes à ce dernier égard. Elles
devraient définir avec précision les droits et obligations de toutes les parties
concernées, qui devraient disposer d’une documentation à jour les explicitant.
En particulier, la relation entre le règlement du système et les autres éléments
du cadre juridique devrait être clairement expliquée et comprise. En outre, les
règles fondamentales applicables aux risques financiers devraient être rendues
publiques.

(1) Source : Rapport du CSPR sur les Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement
d’importance systémique, Janvier 2001, dans sa première partie. Plus de détails sur l’application
des Principes fondamentaux sont fournis dans la deuxième partie du même rapport.

ii
Annexe 1 Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique

III. Pour la gestion des risques de crédit et de liquidité, le système devrait


disposer de procédures clairement définies précisant les responsabilités
respectives de l’opérateur du système ainsi que des participants et
fournissant des incitations appropriées à gérer et à contenir ces risques.

3.1 Les règles et procédures des systèmes d’importance systémique ne servent pas
seulement à déterminer où sont supportés les risques de crédit et de liquidité au
sein du système ; elles permettent aussi d’assigner les responsabilités en matière
de gestion et de maîtrise des risques. Elles constituent donc un outil de premier
ordre pour traiter les risques financiers pouvant apparaître dans les systèmes de
paiement. Les règles et procédures devraient donc garantir que toutes les
parties sont à la fois incitées et aptes à gérer et maîtriser chacun des risques
qu’elles supportent et qu’un plafond est fixé au risque de crédit que chaque
participant peut engendrer. De telles limites seront particulièrement
appropriées dans les systèmes comportant un mécanisme de compensation.

3.2 Les risques peuvent être gérés et maîtrisés de diverses manières par recours à
des procédures analytiques et opérationnelles. Les premières comprennent une
surveillance et une étude en continu des risques de crédit et de liquidité
engendrés pour le système par les participants. Les secondes reposent
notamment sur la mise en œuvre de décisions de gestion des risques par la
fixation de limites sur les expositions, sous forme d’obligations de
préfinancement ou de constitution de sûretés, par la conception et la gestion des
files d’attente ou par d’autres mécanismes. Pour de nombreux systèmes,
l’utilisation d’un processus de gestion du risque en temps réel constituera un
élément clé du respect de ce Principe III.

IV. Le système devrait assurer un règlement définitif rapide à la date de


valeur, de préférence en cours de journée et, au minimum, à la fin de
celle-ci.

4.1 Le Principe IV concerne le règlement journalier dans des circonstances


normales. Entre le moment où un paiement est accepté pour règlement par le
système (après avoir satisfait aux tests appropriés de gestion du risque, comme
la vérification des limites d’exposition ou de la disponibilité de liquidités) et le
moment du règlement définitif, les participants peuvent toujours être exposés à
des risques de crédit et de liquidité. Ceux-ci sont aggravés si la position est
reportée au lendemain ouvré, notamment parce que, lorsque les autorités
concernées décident de fermer un établissement insolvable, il est plus probable
qu’elles le fassent entre deux séances. Un règlement définitif rapide contribue à
réduire ces risques. La norme devrait être, pour le moins, que le règlement final
intervienne à la fin du jour de valeur.

4.2 Dans la plupart des pays, un système de paiement au moins devrait avoir pour
objectif d’aller au-delà de cette norme minimale en assurant le règlement
définitif en temps réel durant la journée. Cela est particulièrement souhaitable
dans les pays disposant de marchés financiers développés et où se traitent
d’importants volumes de paiements de gros montant. Un mécanisme efficace de
iii
Annexe 1 Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique

liquidité intrajournalière est nécessaire à cet effet, pour garantir que le


règlement définitif rapide est non seulement possible mais effectif.

4.3 Le Principe IV concerne la rapidité du règlement le jour de valeur prévu. Il


n’empêche aucunement un système d’offrir une facilité permettant de saisir à
l’avance les caractéristiques des paiements à effectuer le jour dit.

V. Un système comportant une compensation multilatérale devrait


permettre, pour le moins, l’exécution en temps requis des règlements
journaliers dans le cas où le participant présentant l’obligation de
règlement la plus élevée serait dans l’incapacité de s’exécuter.

5.1 La plupart des systèmes de compensation multilatérale diffèrent le règlement


des obligations des participants, de sorte que l’incapacité de l’un d’eux de les
honorer peut en exposer d’autres à des risques de crédit et de liquidité
inattendus au moment du règlement. En outre, le montant du risque encouru
peut être largement supérieur aux sommes nettes dues et plus le règlement est
différé, plus le risque augmente. Cette combinaison compensation
multilatérale/règlement différé était particulièrement visée par la norme
Lamfalussy(2) IV précisant que, pour le moins, de tels systèmes de compensation
doivent être capables de surmonter la défaillance du participant présentant la
position débitrice nette la plus élevée. Ces systèmes nécessitent donc des
contrôles rigoureux à l’égard du risque de règlement ; d’ailleurs, de nombreux
systèmes de paiement à règlement net ont prévu des mécanismes destinés à
limiter les risques de crédit et de liquidité et à garantir l’accès à des sources de
liquidité dans des circonstances défavorables.

5.2 Les systèmes qui se contentent de cette norme minimale restent exposés aux
risques financiers liés à la défaillance de plus d’une institution au cours d’une
même journée. Les circonstances dans lesquelles un gros débiteur net serait
incapable de faire face à ses obligations de règlement envers le système peuvent
bien, par la même occasion, créer des problèmes de liquidité pour d’autres
institutions. Les meilleures pratiques internationales consistent donc à présent,
pour ces systèmes, à se doter des moyens permettant de faire face à une
incapacité de s’exécuter qui ne se limiterait pas au participant présentant la plus
grosse obligation de règlement. Il conviendrait de considérer attentivement
cette approche et d’évaluer ses implications en tenant compte de ses avantages
sur le plan de la réduction du risque de règlement et dans d’autres domaines,
gestion de la liquidité par exemple. En outre, il est de plus en plus fait appel à
une conception différente des systèmes (règlement brut en temps réel ou
architecture hybride) pour restreindre ou éliminer le risque de règlement.

5.3 Ce Principe fondamental, qui reprend presque mot pour mot la norme

(2) Les normes Lamfalussy, au nombre de six, ont été établies par les banques centrales des pays du
G-10 en 1990 comme exigences minimales pour les systèmes de paiement nets transfrontières et
multidevises. La norme IV stipule que de tels systèmes doivent assurer le règlement en fin de
journée pour, au moins, le participant qui a la position nette débitrice la plus élevée.

iv
Annexe 1 Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique

Lamfalussy IV, reste une obligation universelle minimale pour les systèmes de
compensation multilatérale, au-delà de laquelle il conviendrait d’aller dans
toute la mesure du possible. Il est sans objet pour les systèmes à règlement brut
en temps réel. Pour d’autres dispositifs, à architecture hybride par exemple,
pratiquant la compensation multilatérale ou à règlement différé, la banque
centrale devra peut-être voir si les risques sont de nature identique. Dans ce cas,
une approche semblable devrait être suivie, consistant à appliquer, pour le
moins, la norme minimale et, de préférence, des critères plus contraignants.

VI. Les actifs utilisés pour le règlement devraient, de préférence, prendre la


forme d’une créance sur la banque centrale ; s’il s’agit d’autres actifs, le
risque de crédit et le risque de liquidité associés devraient être faibles
ou nuls.

6.1 La plupart des systèmes comportent le transfert d’actifs entre participants, afin
de régler les obligations de paiement. Comme cela est préférable, ces actifs sont,
le plus souvent, des avoirs en compte auprès de la banque centrale,
représentant une créance sur celle-ci. Il arrive cependant que soient utilisés
d’autres actifs de règlement, correspondant à des créances sur une institution
soumise à contrôle.

6.2 L’actif de règlement doit être accepté par tous les participants. Lorsqu’il ne
s’agit pas d’une créance sur une banque centrale, la sécurité du système dépend
en partie de la présence d’un risque de crédit ou de liquidité significatif pour le
détenteur. Dans cette situation, un risque de crédit apparaît s’il existe une
éventualité non négligeable de défaillance de l’émetteur de l’actif ; un risque de
liquidité est encouru si l’actif ne peut être facilement échangé (par exemple, en
créances sur une banque centrale ou en d’autres actifs liquides). Dans chaque
cas, le système peut alors être exposé à une crise de confiance qui déboucherait
sur un risque systémique. Les soldes en compte auprès de la banque centrale
sont généralement les actifs les plus satisfaisants pour le règlement ; en effet,
comme ils ne présentent pas de risque de crédit ni de liquidité pour leur
détenteur, ils sont normalement utilisés dans les systèmes de paiement
d’importance systémique. Si l’exécution du règlement fait intervenir d’autres
actifs, telles les créances sur une banque commerciale, ces derniers doivent
comporter un risque financier faible ou nul.

6.3 Certains systèmes de paiement ne font qu’un usage minime d’actifs de


règlement. Par exemple, le règlement peut s’effectuer par compensation de
créances. Cette méthode peut satisfaire au Principe VI, sous réserve que les
autres principes soient également respectés, notamment le premier, qui exige
que le processus de compensation ait une base juridique saine.

VII. Le système devrait garantir un haut niveau de sécurité et de fiabilité


opérationnelle et prévoir des procédures de secours permettant
d’exécuter les opérations journalières en temps requis.

7.1 Les intervenants du marché font confiance aux systèmes de paiement pour

v
Annexe 1 Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique

régler leurs transactions financières. Pour assurer l’exactitude et l’intégrité du


traitement de ces transactions, le système devrait comporter des normes de
sécurité raisonnables d’un point de vue commercial et en rapport avec les
valeurs de transaction concernées. Ces normes s’élèvent au fur et à mesure des
progrès technologiques. Pour garantir l’exécution du processus journalier, le
système devrait posséder un haut degré de fiabilité opérationnelle. Il ne suffit
pas qu’il dispose d’une technologie fiable et de moyens de secours convenables
(matériels, logiciels et réseaux). Il faut aussi qu’il puisse s’appuyer sur une
méthode d’exploitation efficace et un personnel compétent et bien formé,
veillant au fonctionnement sûr et efficient du système et au respect des
procédures adéquates. Ces éléments, complétant les technologies appropriées,
contribueront, par exemple, à faire en sorte que les paiements soient traités de
manière correcte et diligente et que les procédures de gestion des risques,
limites notamment, soient observées.

7.2 Les exigences de sécurité et de fiabilité pour un niveau adéquat d’intégrité et


d’efficience varient selon l’importance du système et en fonction de nombreux
autres facteurs. Le degré de fiabilité peut, par exemple, dépendre de l’existence
de solutions de secours pour l’exécution des paiements en situation extrême.

VIII. Le système devrait fournir un moyen d’effectuer des paiements, à la fois


pratique pour l’utilisateur et efficient pour l’économie.

8.1 Les opérateurs, utilisateurs (participants, tels que les banques et leurs clients) et
superviseurs ont tous intérêt à ce que le système soit efficient. Chacun veut
éviter de gaspiller des ressources et, toutes choses égales par ailleurs, souhaite
réduire les dépenses. Un compromis s’impose normalement entre cette volonté
de réduire au maximum les coûts et d’autres objectifs, tels que le souci
d’accroître le plus possible la sécurité. S’agissant de ces autres objectifs, la
conception du système, notamment sous l’aspect des choix technologiques,
devrait viser à diminuer les coûts des ressources concernées en adoptant une
approche pratique correspondant aux spécificités du système et en tenant
compte de ses effets sur l’ensemble de l’économie.

8.2 Les coûts liés à la fourniture de services de paiement dépendent de la qualité


des prestations et des caractéristiques exigées par les utilisateurs, comme de la
nécessité de satisfaire aux Principes fondamentaux limitant le niveau de risque
dans le système. Un système conforme aux attentes des marchés est appelé à
être plus utilisé ; s’il respecte également les Principes fondamentaux, il répartit
plus largement les effets bénéfiques de la réduction du risque et les coûts liés à
la fourniture de ces services.

8.3 Les concepteurs et opérateurs de systèmes de paiement doivent chercher à


fournir une qualité donnée de services, par rapport à des critères de
fonctionnalité, sécurité et efficience, aux coûts les plus bas en termes de
ressources. Ces coûts ne sont pas seulement ceux qui sont facturés aux
participants ; ils correspondent aux ressources totales mobilisées, par le système
vi
Annexe 1 Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique

et ses utilisateurs, dans la fourniture des services de paiement. Il convient,


notamment, de tenir compte de tous les coûts indirects, par exemple pour
l’obtention des liquidités et des sûretés.

8.4 La fourniture de liquidités dans un système peut avoir une grande importance
pour son bon fonctionnement. Les créanciers aiment être payés en fonds
immédiatement réutilisables et apprécient donc les avantages de systèmes à
règlement intrajournalier. Les débiteurs, pour leur part, peuvent supporter des
frais pour obtenir des ressources leur permettant de s’acquitter de leurs
paiements tôt dans la journée. Lorsque les mécanismes de liquidités
intrajournalières sont inadéquats, les systèmes sont exposés à des rotations
lentes, voire à des blocages (chaque participant attendant que les autres paient
d’abord). Pour des raisons d’efficience, les systèmes devraient offrir aux
participants des incitations adéquates à payer rapidement. La fourniture de
liquidités intrajournalières est particulièrement importante dans le cas des
systèmes à règlement en temps réel ; à cet égard, deux facteurs sont à prendre
en compte : la profondeur du marché monétaire interbancaire et la disponibilité
de sûretés appropriées. Soucieuse du traitement harmonieux des flux de
paiements, la banque centrale devrait envisager des modalités de fourniture de
liquidités intrajournalières pour faciliter le fonctionnement quotidien d’un
système.

8.5 La technologie et les procédures d’exploitation mises en œuvre pour fournir les
services de paiement devraient être conformes aux types de services demandés
par les utilisateurs et en rapport avec le stade de développement économique
des marchés. La conception du système devrait ainsi être adaptée aux
caractéristiques du pays : géographie, répartition de la population et
infrastructures (télécommunications, moyens de transport et système bancaire).
Une conception ou une solution technologique valable pour un pays peut ne
pas l’être pour un autre.

8.6 La conception et l’exploitation des systèmes devraient leur permettre de


s’adapter au développement du marché des services de paiement à l’échelle
domestique et internationale. Les choix effectués sur le plan des techniques, des
orientations commerciales et de la gouvernance devraient être suffisamment
souples pour évoluer parallèlement à la demande, par exemple par l’adoption
de nouvelles technologies et procédures.

IX. Le système devrait établir et publier des critères de participation


objectifs, équitables et non discriminatoires.

9.1 Les critères de participation favorisant la concurrence sont des facteurs


d’efficience et de réduction des coûts dans les services de paiement. Cet
avantage doit toutefois être tempéré par la nécessité de protéger les systèmes et
leurs utilisateurs contre des institutions qui les exposeraient à des risques
juridiques, financiers ou opérationnels excessifs. Toute restriction d’accès
devrait avoir un caractère objectif et se fonder sur des critères de risque

vii
Annexe 1 Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique

appropriés. Tous les critères de participation devraient être formulés de


manière explicite et communiqués aux parties intéressées.

9.2 Le règlement du système devrait formuler clairement les procédures


spécifiques pour un retrait ordonné d’un participant, soit à sa demande, soit sur
décision de l’opérateur. En révoquant l’accès à des facilités de paiement ou à
des comptes de règlement, une banque centrale peut également conduire un
participant à se retirer d’un système de paiement, mais il peut lui être
impossible de préciser explicitement à l’avance toutes les circonstances dans
lesquelles elle pourrait être amenée à agir ainsi.

X. Les procédures de gouvernance du système devraient répondre aux


principes d’efficacité, de responsabilité et de transparence.

10.1 Les procédures de gouvernance d’un système de paiement recouvrent


l’ensemble des relations entre la direction du système et son conseil
d’administration (ou de surveillance), ses propriétaires et les autres parties
prenantes. Elles constituent la structure permettant de fixer les objectifs globaux
du système et définissent les modalités de leur réalisation ainsi que de
l’évaluation des performances. Puisque les systèmes de paiement d’importance
systémique sont de nature à exercer une influence sur la communauté
financière et économique dans son ensemble, il est particulièrement nécessaire
qu’ils disposent d’un régime de gouvernance efficace, responsable et
transparent, que le système soit détenu et exploité par la banque centrale ou le
secteur privé.

10.2 Une gouvernance efficace offre des incitations adéquates à la direction pour
qu’elle poursuive des objectifs conformes aux intérêts du système, de ses
participants et du public en général. Elle garantit également que la direction
dispose des outils et compétences appropriés pour réaliser les objectifs fixés.
Les procédures de gouvernance devraient instituer la responsabilité vis-à-vis
des propriétaires (par exemple, actionnaires dans un système privé) et, en
raison de l’importance systémique du système, à l’égard de la communauté
financière dans son ensemble, de façon que les participants au système de
paiement puissent avoir une influence sur ses performances et objectifs
globaux. Pour que cette responsabilité s’exerce, il est essentiel de garantir que
les procédures de gouvernance sont transparentes, afin que toutes les parties
concernées aient accès à l’information sur les décisions touchant le système et
sur le processus d’élaboration de ces décisions. Une gouvernance à la fois
efficace, responsable et transparente est la base du respect de tous les Principes
fondamentaux.

viii
Annexe 2 Responsabilités de la banque centrale dans l’application des Principes fondamentaux

Annexe 2 Responsabilités de la banque centrale dans l’application des Principes


fondamentaux(3)

A. La banque centrale devrait définir clairement ses objectifs pour le


système de paiement et faire connaître publiquement son rôle ainsi que
ses grandes orientations en matière de systèmes de paiement
d’importance systémique.

A.1. Les concepteurs et opérateurs de systèmes de paiement privés, les participants


et autres utilisateurs de tous les systèmes, de même que les autres parties
concernées doivent parfaitement comprendre le rôle, les responsabilités et les
objectifs de la banque centrale en matière de systèmes de paiement. Ils doivent
également savoir comment la banque centrale se propose de réaliser ces
objectifs, dans le cadre d’une attribution formelle de compétences ou par
d’autres voies. Cela permettra à ces agents d’organiser leur activité dans un
environnement prévisible et dans le respect de ces objectifs et orientations.

A.2. La banque centrale devrait donc s’assigner des objectifs clairs en matière de
systèmes de paiement. Elle devrait aussi définir clairement et rendre publiques
les grandes orientations ayant une incidence pour les opérateurs et utilisateurs
des systèmes, afin qu’elles soient bien comprises et recueillent l’adhésion des
parties concernées.

B. La banque centrale devrait s’assurer que les systèmes qu’elle exploite se


conforment aux Principes fondamentaux.

B.1. Il est fréquent que la banque centrale soit l’opérateur d’un ou plusieurs
systèmes de paiement d’importance systémique. Elle peut donc, et devrait,
s’assurer qu’ils se conforment aux Principes fondamentaux.

C. La banque centrale devrait surveiller la conformité aux Principes


fondamentaux des systèmes qu’elle n’exploite pas et avoir les moyens
d’effectuer cette surveillance.

C.1. Lorsque les systèmes de paiement d’importance systémique ne sont pas


exploités par la banque centrale, celle-ci devrait surveiller leur conformité aux
Principes fondamentaux. Cette surveillance devrait avoir des bases saines, qui
peuvent être assurées par une grande diversité de moyens, selon le cadre
juridique et institutionnel du pays. Certains pays ont institué par la loi un
dispositif de surveillance qui confie à la banque centrale, et parfois à d’autres
agences également, des missions, responsabilités et pouvoirs spécifiques.
D’autres disposent d’un régime issu de la coutume et de la pratique, sans
fondement législatif. Les deux approches sont valables, chacune dans son
environnement - en fonction du cadre juridique et institutionnel du pays et à

(3) Source : Principes fondamentaux pour les systèmes de paiement d’importance systémique,
Janvier 2001.

ix
Annexe 2 Responsabilités de la banque centrale dans l’application des Principes fondamentaux

condition que la formule soit acceptée par les institutions soumises à cette
surveillance. Dans les pays qui mettent en place ou révisent fondamentalement
cette fonction de surveillance et les politiques qui y sont liées, il conviendrait
toutefois de prendre attentivement en compte les avantages que peut procurer
l’approche législative.

C.2. La banque centrale devrait s’assurer qu’elle possède l’expertise et les ressources
nécessaires pour exécuter efficacement ses missions de surveillance. Elle ne
devrait pas tirer parti de cette fonction pour désavantager les systèmes privés
par rapport à ceux qu’elle détient et exploite ; elle devrait plutôt veiller à ce que
la coexistence de services publics et privés permette d’atteindre les objectifs
officiels.

D. La banque centrale, en œuvrant pour la sécurité et l’efficience des


systèmes de paiement par le biais des Principes fondamentaux, devrait
coopérer avec les autres banques centrales et avec toute autre autorité
nationale ou étrangère concernée.

D.1. Le fonctionnement sûr et efficient des systèmes de paiement peut intéresser


plusieurs instances. Outre les banques centrales, en qualité d’opérateurs et de
responsables de la surveillance, il convient de citer les pouvoirs législatifs, les
ministères des Finances, les autorités de contrôle et les organismes en charge de
la concurrence. Au sein d’un pays, en particulier, les activités de surveillance
des systèmes de paiement, de surveillance des marchés financiers et de contrôle
des institutions financières sont complémentaires et peuvent être assumées par
des organes différents. Une coopération ne peut que promouvoir la réalisation
de tous les objectifs officiels dans ces domaines.

D.2. La surveillance des systèmes de paiement s’attache essentiellement à la stabilité


d’un système dans son ensemble, tandis que le contrôle des établissements
bancaires et autres institutions financières concerne les risques de chaque
participant pris individuellement. Toutefois, pour évaluer les risques présents
dans les systèmes de paiement, l’instance chargée de la surveillance peut avoir
besoin de prendre en compte la capacité de chaque participant de s’acquitter de
ses responsabilités à l’intérieur du système. Pour évaluer les risques financiers
encourus par un établissement, les autorités de contrôle peuvent avoir besoin
de prendre en compte les risques auxquels il peut être exposé en raison de sa
participation au système et qui pourraient affecter sa viabilité. Des échanges de
vues et d’informations réguliers entre ces deux catégories d’autorités portant,
s’il y a lieu, sur des participants clés peuvent aider à la réalisation de ces
objectifs complémentaires. Des accords pour le partage d’informations
favorisent souvent de tels échanges.

D.3. La coopération est particulièrement importante lorsque les systèmes ont une
dimension transfrontière ou multidevise. Les principes relatifs à l’exercice
d’une surveillance concertée par les banques centrales, exposés dans la partie D
du Rapport Lamfalussy, fournissent un cadre pour une telle collaboration.

x
Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10

Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10(4) : Informations Générales (1)

Royaume-
Allemagne Belgique États-Unis France Italie Japon Pays-Bas Suède Suisse
Uni
Fedwire
[Fedwire
Nom du système EIL-ZV1 ELLIPS Funds TBF BI-REL1 BOJ-NET TOP1 CHAPS RIX SIC
Transfer
Service]
Année de mise en
1988 1996 1918 1997 1997 1988 1997 1984 1986 1987
service
BC2/
Propriété du système BC BC BC BC BC BC CHAPS3 BC BC4
ELLIPS
Opérateur du réseau BC S.W.I.F.T. BC S.W.I.F.T. SIA5 BC BC/ACH CHAPS BC Telekurs AG
(Transmetteur des (Deutsche (S.W.I.F.T.) (compagnies (S.W.I.F.T.) (SIA) (compagnies (PTT (British (Swedish (Telekurs AG)
messages) Telekom AG) de de Telecom) Telecom) Telecom)
téléphonie) téléphonie)
Horaires d’ouverture et
08:15-15:00 06:30-16:45 08:30-18:306 07:30-18:30 08:00-16:20 09:00-17:00 07:30-16:307 08:30-15:458 08:00-16:30 18:00-16:15
de fermeture du
(GMT+1) (GMT+1) (GMT-5) (GMT+1) (GMT+1) (GMT+9) (GMT+1) (GMT) (GMT+1) (GMT+1)
système (temps local)
Horaires du marché
09:30-13:00 09:00-16:45 08:30-18:30 08:15-17:00 08:00-16:20 09:00-17:00 08:00-15:30 07:30-15:30 09:00-16:15 09:00-16:00
monétaire (temps local)
1BI-REL et TOP ont remplacé les anciens systèmes RTGS (BISS et FA respectivement). Pour l’Allemagne, le tableau décrit le nouveau système RTGS restructuré a
partir de l’ancien système EIL. 2 BC = banque centrale. 3 Le système RTGS central est la propriété de la Bank of England. Le réseau CHAPS est la propriété de
CHAPS Clearing Company. 4 La Swiss National Bank est l’opérateur du SIC. Telekurs AG (une compagnie privée possédée par des banques suisses) fournit les
services informatiques. Le hardware et software appartiennent à Telekurs AG. 5 Une organisation interbancaire. 6 Les horaires d’ouverture sont de 00:30 à 18:30
depuis le 8 décembre 1997. 7 Entre 16:30 et 17:30 (temps de fermeture interne), la Netherlands Bank effectue des procédures de fin de journée, qui peut inclure les
paiements résultant, par exemple, de la gestion des files d’attente. 8 Horaires d’ouverture de CHAPS. Le système central géré par la Bank of England ouvre plus
tôt et ferme plus tard.

(4) Source : REAL-TIME GROSS SETTLEMENT SYSTEMS, Mars 1997.

xi
Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10

Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10 : Informations Générales (2)

Allemagne Belgique États-Unis France Italie Japon Pays-Bas Royaume-Uni Suède Suisse

Critère de participation9 PO PR PO PO PO PR PO −10 PR11 PO


Nombre de participants
approx. approx. approx. approx. approx.
- Nombre de participants 5 700 22 10 000 5 700 800 423 200 16 27 214
directs
- Le système est-il à deux
o o10 n n10 n n n o o n
niveaux de participation ?
Volume des transactions
(1995)
- Moyenne quotidienne 22 000 3 200 328 00012 − 40 000 34813 − − 1 30012 382 429
- Pic 65 000 5 000 362 00012 − − − − − 1 43012 1 154 296
Valeur des transactions
(1995, en milliards USD)
- Moyenne quotidienne 75 39 98912 − 170 317 − − 4512 110
- Pic 160 50 1 41612 − 300 − − − 5012 221
9 PO = participation ouverte (toutes les banques peuvent participer), PR = participation restreinte (sujette à des critères). 10 o = oui. n = non. − = non
applicable/non disponible. 11 Capital minimum exigé (5 millions EUR). 12 1996. 13 Ces chiffres concernent seulement le système RTGS. BOJ-NET prend en charge
les paiements DNS et RTGS. La part des transactions réglées par le RTGS constitue 1,2% du total en termes de volume et 0,1% en termes de valeur.

xii
Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10

Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10 : Informations Générales (3)

Allemagne Belgique États-Unis France Italie Japon Pays-Bas Royaume-Uni Suède Suisse
Coexistence avec des systèmes de
o n o o n o n n n n
règlement net ou hybrides
(nom du système le plus
(EAF2) (CHIPS) (PNS) (FEYCS)
important)
Le système est-il utilisé pour le
règlement des paiements de n14 o o o o o o o o o
détail ?
- Règlement en temps réel n n n n n n n o15 n o
- Règlement différé des
n o o o o o o o o n
positions nettes
Le système supporte-t-il le
mécanisme de DVP de règlement o o o o o o o o o o
des titres ?
- DVP en temps réel o n n16 n o o o n o17 o
- Règlement différé des
positions nettes du volet n o o18 o19 o o o o o n
espèces
14Règlement dans des systèmes spécifiques. 15 Les paiements de petits montants peuvent être effectués via CHAPS, mais leur nombre est très limité en
comparaison avec le nombre total des paiements de détail effectués chaque jour. 16 Un système séparé, le Fedwire Securities Transfer Service, fournit le service
DVP en temps réel pour les titres de trésorerie américains et certains autres titres. 17 Opérationnel depuis le 1er décembre 1995. 18 Des organisations privées de
clearing et les dépositaires de titres. 19 RGV (le système DVP français) traite des règlements multiples tout au long de la journée.

xiii
Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10

Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10 : Sources de liquidité intrajournalière

Allemagne Belgique États-Unis France Italie Japon Pays-Bas Royaume-Uni Suède Suisse

A. De la banque centrale
Structure de comptes à la
banque centrale
- Un seul compte (unifié) o o o o o o o20 n − o
- Mobilisation des réserves
o − o o o21 o o o − n
obligatoires
- Compte centralisé n o o n o n o o o o
Découverts intrajournaliers
o o o n o n o n o n
(DI)
- Limites sur le montant n o o − o − n − n22 −
- Garantis o o o23 − o − o − o −
- Non garantis n n o − n − n − n −
- Charges sur les DI n n o − n − n − n −
Avances intrajournalières (AI) n o n o n n n o o n
- Limites quantitatives − o − n − − − n n −
- Charges sur les AI − n − n − − − n n −
B. Du marché monétaire
Marché monétaire
intrajournalier n n n n o o24 n n n n
Marché monétaire Overnight o o o o o o o o o o
20En 1997, la Netherlands Bank a changé la structure de comptes pour faire du compte des réserves obligatoires un compte de règlement. 21 Le
taux plafond de mobilisation est de 12.5% de réserves obligatoires. 22 La seule limite est la valeur de la garantie engagée. 23 Dans des cas
spécifiques. 24 le marché monétaire intrajournalier au Japon n’est pas toujours disponible pendant les horaires d’exploitation du système. Les
transactions intrajournalières peuvent être effectuées sur seulement deux des quatre intervalles de temps suivants : 09:00-13:00, 13:00-15:00,
15:00-17:00.

xiv
Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10

Annexe 3 Tableau comparatif des systèmes RTGS dans les pays du G-10 : Files d’attente, disponibilité de l’information, révocabilité des
paiements et structure de flux des messages

Allemagne Belgique États-Unis France Italie Japon Pays-Bas Royaume-Uni Suède Suisse

File d’attente centralement


o o n o o n o (o)25 o o
localisée
- Règle standard de traitement FIFO Bypass − FIFO FIFO − FIFO − − FIFO
FIFO
- Priorité o o − o o − o − − o
- Changement de l’ordre par les
participants o n − n n − o − − o
- Changement de l’ordre par
l’opérateur o n − n n − o − − n
- Optimisation o o − o o − o (o) − n
Disponibilité de l’information en
temps réel sur les paiements
entrants mis en file d’attente o o − o o26 − o − − o
- Sur demande o27 o − o o − o28 − − o
- Automatiquement envoyée o29 n − o n − n − − n
Révocabilité des paiements mis en
file d’attente
- En fin de journée o n − o o − o (o) − o
- Au cours de la journée o n − n n − o30 (o) − o
Structure de flux des messages V Y V Y V V V L V V
25 Mais seulement comme mécanisme de secours pour résoudre les blocages (« circles processing » mechanism) ou si la provision n’est pas suffisante pour un
paiement ordonné de façon erronée (ces cas sont mis entre parenthèses). 26 Seulement pour le montant agrégé. 27 Pour les paiements avec la priorité 1.
28 Information restreinte ; elle ne contient pas l’information requise pour permettre à la banque destinataire de créditer le compte du bénéficiaire. 29 Information

globale pour les paiements avec la priorité 2 à la fin des cycles de traitement. 30 Seulement si le participant destinataire accepte. L'annulation ne peut être
faite que par la Netherlands Bank.

xv
Table des matières

TABLE DES MATIÈRES

DÉDICACES........................................................................................................................... I
REMERCIEMENTS ............................................................................................................... II
LISTE DES ABRÉVIATIONS ............................................................................................... III
SOMMAIRE ........................................................................................................................... V
INTRODUCTION GÉNÉRALE........................................................................................... 1

PREMIÈRE PARTIE :
LE SYSTÈME DE RÈGLEMENT BRUT EN
TEMPS RÉEL (RTGS)

Chapitre 1 : Généralités sur les systèmes de paiement


et de règlement
1. Le paiement et le règlement ....................................................................................... 6
1.1. Le paiement............................................................................................................ 6
1.2. Le règlement .......................................................................................................... 6
1.3. La différence entre paiement et règlement............................................................. 8
2. La monnaie et les moyens de paiement.................................................................... 8
2.1. Définition .............................................................................................................. 8
2.2. Les différentes formes de moyens de paiement ...................................................... 9
2.2.1. La monnaie fiduciaire ............................................................................ 9
2.2.2. La monnaie scripturale .......................................................................... 10
3. Les systèmes de paiement .......................................................................................... 11
3.1. Définition .............................................................................................................. 11
3.2. Les intervenants dans un système de paiement et leurs rôles............................... 12
3.3. Les types de systèmes de paiement : critères de classification ............................... 14
3.3.1. Les systèmes de paiement de masse .................................................... 15
3.3.2. Les systèmes de paiement de gros montants ..................................... 16
3.4. Le processus de transfert de fonds au sein d’un système de paiement .................. 16
3.4.1. Le transfert d’information ..................................................................... 16
3.4.2. Le règlement ............................................................................................ 16

xvi
Table des matières

Chapitre 2 : Présentation du système de règlement brut


en temps réel (RTGS)
1. Définition du système RTGS ...................................................................................... 21
2. Objectifs du système.................................................................................................... 22
3. Les participants au système........................................................................................ 22
3.1. Les participants directs ......................................................................................... 22
3.2. Les participants indirects ...................................................................................... 22
4. Caractéristiques du système RTGS ........................................................................... 22
4.1. Fonctionnement en monnaie de banque centrale .................................................. 22
4.2. Les types de comptes des participants ................................................................... 23
4.2.1. Les comptes courants de règlement (CCR)......................................... 23
4.2.2. Les groupes de comptes (GC) ............................................................... 23
4.3. Ordre d’exécution des paiements .......................................................................... 23
4.4. Contrôle de la provision ........................................................................................ 24
4.4.1. Le dispositif de crédit intrajournalier .................................................. 24
4.4.2. La mise en file d’attente ......................................................................... 25
4.4.2.1. La règle « FIFO » ........................................................................ 26
4.4.2.2. La règle « By-pass FIFO » .......................................................... 26
4.4.2.3. FIFO avec attribution de priorités ............................................... 26
4.5. Structures de flux des messages de paiement (modes de routage) ........................ 29
4.5.1. La structure en « V »............................................................................... 29
4.5.2. La structure en « Y »............................................................................... 30
4.5.3. La structure en « L » ............................................................................... 30
4.5.4. La structure en « T » ............................................................................... 30
5. Les opérations échangées............................................................................................ 32
5.1. Les virements de gros montants (VGM)............................................................... 32
5.2. Les règlements des soldes exogènes ....................................................................... 32
6. Fonctionnalités du système RTGS ............................................................................. 33
6.1. Fonctions de la plate-forme centrale...................................................................... 34
6.1.1. Configuration et paramétrage .............................................................. 34
6.1.2. Gestion des échanges ............................................................................. 35
6.2. Fonction de la plate-forme participant .................................................................. 35
7. La possibilité d’interconnexion de plusieurs systèmes RTGS............................... 35

xvii
Table des matières

Chapitre 3 : Le système RTGS et les autres systèmes


de paiement et de règlement
1. Présentation des différents systèmes de paiement et de règlement..................... 40
1.1. Les systèmes de paiement de masse ....................................................................... 40
1.1.1. Définition ................................................................................................. 40
1.1.2. Mode de fonctionnement et principales caractéristiques ................. 40
1.2. Les systèmes de paiement de gros montants ......................................................... 45
1.2.1. Le système de règlement brut en temps réel (RTGS) ........................ 45
1.2.2. Les systèmes hybrides............................................................................ 45
1.3. Les systèmes de règlement de titres....................................................................... 47
1.3.1. Définition et intervenants...................................................................... 47
1.3.2. Les étapes de règlement des titres........................................................ 48
2. Interconnexion entre le système RTGS et certains autres systèmes de paiement
et de règlement ............................................................................................................. 49

Chapitre 4 : Les risques liés aux systèmes de paiement


et de règlement
1. Présentation des risques liés aux systèmes de paiement et de règlement........... 54
1.1. Les risques financiers ............................................................................................ 54
1.1.1. Le risque de liquidité ............................................................................. 54
1.1.2. Le risque de crédit .................................................................................. 56
1.2. Le risque opérationnel ........................................................................................... 57
1.3. Le risque juridique................................................................................................. 57
1.4. Le risque systémique ............................................................................................. 58
2. Les systèmes de paiement d’importance systémique............................................. 59
2.1. Définition .............................................................................................................. 59
2.2. Identification des systèmes de paiement d’importance systémique....................... 60
2.3. Les Principes fondamentaux et les Responsabilités de la banque centrale dans leur
application ............................................................................................................. 61

Chapitre 5 : Prévention des risques liés au système RTGS


1. Sources et prévention du risque opérationnel dans le système RTGS................. 65
1.1. Les sources du risque opérationnel........................................................................ 65
1.2. La prévention du risque opérationnel.................................................................... 65
xviii
Table des matières

2. Sources et prévention du risque juridique dans le système RTGS....................... 67


2.1. Les sources du risque juridique ............................................................................. 67
2.2. La prévention du risque juridique......................................................................... 68
3. Sources et prévention des risques financiers dans le système RTGS ................... 69
3.1. Les sources des risques financiers ......................................................................... 69
3.2. La prévention des risques financiers ..................................................................... 72
4. Sources et prévention du risque systémique dans le système RTGS ................... 76
4.1. Les sources du risque systémique.......................................................................... 76
4.2. La prévention du risque systémique...................................................................... 77

DEUXIÈME PARTIE :
CAS PRATIQUE : EXPÉRIENCE DES PAYS
DU G-10 ET PROJET DU SYSTÈME RTGS
ALGÉRIEN

Chapitre 1 : Aperçu sur les systèmes RTGS des pays du G-10


1. Vue d’ensemble des systèmes RTGS des pays du G-10 ......................................... 81
2. Caractéristiques des systèmes RTGS des pays du G-10......................................... 82
2.1. La mise à disposition de crédits intrajournaliers .................................................. 82
2.2. Les files d’attentes ................................................................................................. 83
2.3. Autres caractéristiques.......................................................................................... 84
2.3.1. Propriétaire, opérateur et agent de règlement du système .............. 84
2.3.2. Critères d’accès (ou de participation) .................................................. 85
2.3.3. Structures de flux des messages ........................................................... 85
2.3.4. Les réserves obligatoires et les structures de compte à la banque
centrale ..................................................................................................... 86
2.3.5. Liaison avec d’autres systèmes............................................................. 86
3. Les mesures de prévention des risques dans les systèmes RTGS
des pays du G-10.......................................................................................................... 87

Chapitre 2 : État des lieux du système de paiement en Algérie


1. Le cadre institutionnel................................................................................................. 90
1.1. La Banque d’Algérie .............................................................................................. 90

xix
Table des matières

1.2. Les banques commerciales ..................................................................................... 90


1.3. Les établissements financiers................................................................................. 92
1.4. Le Trésor public..................................................................................................... 93
1.5. Algérie Poste (ex-Centres des Chèques Postaux –CCP–) ..................................... 93
2. Les moyens de paiement............................................................................................. 94
2.1. La monnaie fiduciaire ............................................................................................ 94
2.2. Le chèque ............................................................................................................... 94
2.3. Les effets de commerce ........................................................................................... 95
2.4. Le virement............................................................................................................ 95
2.5. Le prélèvement....................................................................................................... 95
2.6. La carte .................................................................................................................. 96
3. Volumétrie des paiements .......................................................................................... 96
4. Le cadre juridique ........................................................................................................ 96
5. Les marchés de capitaux ............................................................................................. 97
5.1. Le marché monétaire.............................................................................................. 97
5.2. Le marché financier ............................................................................................... 98
5.3. Le marché de change.............................................................................................. 99
5.3.1. Règlement des opérations négociées sur le marché de change ....... 99
5.3.2. Les mouvements avec l’extérieur .........................................................100
6. Le projet de modernisation du système de paiement en Algérie .........................100
6.1. Faiblesses du système actuel..................................................................................100
6.2. Les atouts du système existant..............................................................................101
6.3. Objectifs de la modernisation et projets en cours..................................................102
6.3.1. Le système de paiement de masse .......................................................102
6.3.2. Le système de règlement de titres ........................................................102
6.3.3. Le système RTGS ....................................................................................103

Chapitre 3 Le projet du système RTGS en Algérie


1. Définition ......................................................................................................................107
2. Rôle du système ...........................................................................................................107
3. Principes de fonctionnement du système.................................................................107
3.1. Les participants au système...................................................................................107

xx
Table des matières

3.2. Types d’opérations traitées par le système ............................................................108


3.2.1. Virements interbancaires.......................................................................108
3.2.2. Opérations de la Banque d’Algérie ......................................................108
3.2.3. Règlement des soldes de compensation..............................................108
3.2.4. Opérations avec Algérie Clearing ........................................................109
3.3. Les comptes de règlement ......................................................................................109
3.4. Gestion de la liquidité............................................................................................109
3.4.1. La file d’attente........................................................................................109
3.4.2. Les avances intrajournalières................................................................110
3.5. Les ordres de priorité .............................................................................................110
3.6. Optimisation .........................................................................................................110
3.7. Organisation de la journée d’échange ...................................................................110
3.8. Structure de flux et format des messages échangés...............................................111
4. Architecture et fonctionnalités du système..............................................................111
4.1. Architecture du système........................................................................................111
4.2. Fonctionnalités du système ...................................................................................112
4.3. Sécurité du système...............................................................................................113
5. Objectifs de la mise en place du système .................................................................114

CONCLUSION GÉNÉRALE ...............................................................................................116


BIBLIOGRAGHIE..................................................................................................................118
LISTE DES FIGURES ............................................................................................................119
LISTES DES TABLEAUX......................................................................................................120
ANNEXES ..............................................................................................................................121
TABLE DES MATIÈRES .......................................................................................................xvi

xxi

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