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En vue de l’obtention du
g{¢Åx M
Elaboré par :
M. BENAMENE Boualem
Novembre 2003
5ème promotion
SOMMAIRE Page
Introduction………………………………………………………………………….. 4
Introduction…………………………………………………………………………. 24
I
SECTION 2 : LES DETERMINANTS DE TAUX D’INTERÊT……………. 27
1. Les déterminants internes …………………………………………… 27
2. Les déterminants externes ……………………………………………… 30
3. Les facteurs explicatifs des différentiels de taux d’intérêt …………… 32
Introduction……………………………………………………………………………… 46
Introduction………………………………………………………………………...…. 69
Introduction…………………………………………………………………………..…. 99
Bibliographie
IV
Introduction
Parmi ces risques, celui de taux d'intérêt prend une dimension de plus en plus éminente dans
le bilan des établissements de crédit et sa gestion devient indispensable. Longtemps perçus
comme marginaux par rapport à ceux du risque de contrepartie, les effets adverses du risque
de taux se sont illustrés par la faillite des caisses d’épargne américaines pour ne citer que cet
exemple.
Le bilan bancaire comporte plusieurs options de taux, dites options cachées, qui peuvent
amplifier considérablement les effets des mouvements des taux. Ces options dont la valeur
dépend du niveau de taux d’intérêt portent sur des montants colossaux et leur exercice massif
est susceptible de dégrader considérablement la rentabilité de la banque. Leur prise en compte
dans la gestion globale du risque de taux apparaît donc de plus en plus nécessaire.
1
Actuellement, les banques sont de plus en plus attentives à ce risque et mettent en place les
moyens nécessaires à sa gestion en adoptant des approches méthodiques. Elles procèdent
d’abord à son identification et au recensement de ses sources en intégrant ses formes
implicites. Ensuite, elles évaluent leur exposition par le calcul des sensibilités de la marge
d’intérêt et de la VAN des fonds propres. Enfin, de cette évaluation et suivant les
anticipations, elles mettent en place une stratégie de gestion de couverture ou de spéculation
en fonction de degré d’aversion au risque. La gestion du risque de taux d'intérêt parait dés lors
comme une démarche cohérente.
Force est de constater qu’en Algérie, la gestion du risque de taux d'intérêt n’est toujours pas
pratiquée malgré son éminence surtout avec la tournure que prend actuellement l’économie
du pays, dans le cadre de l’avènement de l’économie de marché ; et plus récemment, avec la
baisse des taux d’intérêt et la montée de la pression concurrentielle, qui conduisent toutes
deux à une forte réduction des marges.
Néanmoins, une conscience est ressentie chez les responsables de nos banques ces dernières
années. Ainsi, des projets de mises en place des systèmes d’information ont été entamés par la
majorité des banques comme étape préliminaires à la gestion actif-passif qui intègre la gestion
du risque de taux d’intérêt. Par ailleurs, la banque centrale a édicté le 28 octobre 2002 le
règlement 02/03 portant la mise en place du contrôle interne. Par ce règlement, elle
recommande dans un premier temps l’inventaire sur les systèmes de contrôle existants et dans
un second temps l’installation des systèmes de gestion des risques.
Assurément, le devenir de l’organisation de nos banques est tracé par leurs contraintes
externes : contraintes de marché et contraintes réglementaires. Elles doivent s’adapter à
l’environnement actuel et travailler en intégrant ses contraintes dans leur activité. Elles
peuvent s’y mouvoir en adoptant des organisations appropriées.
 Le premier chapitre « Le risque de taux d'intérêt » présente tout d’abord les différents
risques financiers auxquels est exposée une banque ainsi que les contraintes réglementaires y
2
afférentes. Le souci est de relativiser la place du risque de taux par rapport aux autres risques
financiers et de souligner que sa gestion s’opère dans le respect des règles prudentielles.
Ensuite, seront précisés le cadre comptable et les indicateurs de gestion nécessaires à son
suivi. Enfin, nous allons montrer les différentes formes de la manifestation de ce risque.
Dans notre travail, nous allons essayer d’apporter des éléments de réponse à notre
problématique par l’établissement d’un cadre méthodologique de maîtrise du risque de taux.
Pour ce faire, on a défini un ensemble d’outils de méthodes et de techniques qui permettent de
réaliser un processus de gestion véhiculées par les tâches suivantes : identification, mesure et
gestion.
Notre objectif est d’aboutir à des recommandations pour la mise en place d’une structure
d’analyse du risque de taux d'intérêt. Nos recommandations portent, en plus de la
méthodologie de gestion, sur es relations hiérarchiques et fonctionnelles qui facilitent son
intégration dans l’organigramme actuel de cette banque.
3
Chapitre I
La concurrence croissante dans le secteur bancaire ainsi que la pression toujours plus grande
de la clientèle et des investisseurs et le contrôle de plus en plus sévère des autorités
monétaires, font de la gestion efficace du bilan et de la maîtrise des risques encourus un
impératif.
Pendant très longtemps, le risque de taux d’intérêt était laissé au second plan derrière le risque
de contrepartie et le risque de liquidité mais, actuellement, avec la volatilité très importante
des taux sur les marchés et les montants colossaux mis en jeu, les dirigeants lui y prêtent une
attention particulière.
La première fait un bref survol des risques financiers, ainsi qu’une description succincte des
contraintes réglementaires de leur gestion en général et une extension de contrôle sera aussi
présentée pour le risque de taux d’intérêt. La seconde précise le cadre comptable et les
différentes variables financières retenues par une banque pour la gestion des risques
financiers. Quant à la troisième, elle s’attache à l’identification du risque de taux au niveau
d’un actif financier, ensuite au niveau du bilan d’une banque. Elle va aussi déterminer
l’impact des variations du taux sur les comptes du tableau de résultats.
4
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
A cette étape et avant même de dresser un panorama des risques bancaires, la définition du
risque s’avère nécessaire. De façon générale, le risque se définit comme étant : « toute
éventualité de gain ou de perte non anticipée par les gestionnaires. »
Les risques bancaires sont multiples et d’origines diverses, ils peuvent provenir soit de
l’environnement interne (système d’information, erreur de gestion, nature d’activité…) soit de
l’environnement externe (réglementation, conjoncture économique, concurrence…). Ainsi,
nous distinguons, en général, entre les risques stratégiques, opérationnels et financiers.
Le but de cette section étant l’analyse des risques financiers, nous nous limitons dans ce qui
suit uniquement aux risques financiers en faisant abstraction du détail des autres risques.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
1
Cette présentation des risques financiers est inspirée de celle de l’ouvrage de AUGROS J.C. et QUERUEL M.,
risque de taux d’intérêt et gestion bancaire, édition Economica, Paris 2000.
2
BESSIS J., gestion des risques et gestion actif-passif des banques, édition Dalloz Paris 1995,44.
3
BESSIS J, Op. Cit., page 45.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Au niveau du bilan d’une banque, le risque de taux d’intérêt apparaît sous trois formes :
¾ Risque de volume (type I) : il résulte de l’écart entre les emplois et les ressources à taux
variables ;
¾ Risque d’échéances (type II) : il découle de l’existence d’un écart de maturités entre
actifs et passifs à taux fixes ;
¾ Risques optionnels (type III) : il résulte de la présence d’options cachées dans le bilan
de l’établissement ; les plus connues sont l’option de remboursement anticipé, la faculté de
contracter un plan d’épargne logement (PEL) en France et l’arbitrage entre les comptes
courants et les dépôts rémunérés.
Pour synthétiser tout ce qui a été dit précédemment, nous pouvons schématiser les risques
auxquels est exposé une banque remplissant sa fonction d’intermédiation.
Risque de contrepartie
Risques de marché
Risque de taux d’intérêt
Risque de change
Risque de liquidité
4
MARTEAU D., gestion de risques sur opérations de marché, édition ESKA, Paris 1997, page 56.
5
AUGROS J.C. et QUERUEL M., risque de taux d’intérêt et gestion bancaire, édition Economica, Paris 2000,
page17.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Les risques financiers ont toujours fait partie de l’environnement bancaire et leur gestion est
devenue une nécessité du fait des dégâts considérables qu’ils peuvent affliger aux
établissements de crédit.
En effet, la concrétisation de l’un ou de plusieurs de ces risques peut conduire à une cessation
d’activité pour cause d’illiquidité, voire même, dans un cas extrême, à un constat
d’insolvabilité définitive.
De ce fait, les risques financiers doivent être mesurés et gérés. Cependant leur gestion doit se
faire sous certaines contraintes internes à savoir les limites de gestion fixées par les
actionnaires et d’autres externes notamment le respect de la réglementation prudentielle
imposée par les autorités de tutelle.
Les autorités de tutelle, en disposant d’un pouvoir de contrôle des établissements selon des
procédures prédéfinies, viellent à garantir le bon fonctionnement d’un système bancaire
homogène et cohérent et assurent la sécurité des déposants.
Aussi, les autorités de contrôle ont mis en place des dispositifs prudentiels pour limiter les
risques, protéger la clientèle des banques en leur garantissant la récupération de leurs fonds et
assurer la pérennité des banques. Parmi ces mesures on trouve :
• La fixation des conditions d’entrée dans la profession bancaire (agreement et capital
minimum) ;
• La souscription à un fond de garantie ;
• La solidarité de la place entre l’établissement défaillant ;
• La fixation des normes prudentielles.
Dans ce qui suit, nous ne traiterons que le volet qui concerne la gestion de bilan a savoir les
normes prudentielles adaptées au suivi des risques financiers.
Cooke =
les fonds propres nets
les engagement s risqués pondérés
2-2- la division des risques :
La règle de division des risques vise à éviter une très forte concentration des risques sur une
seule contrepartie, qui, en cas de défaillance, risquerait de causer la faillite de l’établissement.
Cette règle est fondée sur une double contrainte :
Le risque sur le même bénéficiaire (clientèle ou relation interbancaire) ne doit pas excéder les
6
AUGROS J.C. et QUERUEL M., Op. Cit., page 42.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Par ailleurs, en exigeant des fonds propres supplémentaires, les banques ont compris la
nécessite d’une allocation rationnelle des fonds propres en fonction des risques encourus et
des rendements espérés et elles ont opérés des choix stratégiques en privilégiant les activités
de marché non encore soumise à des contraintes particulières, d’au moins jusqu’à présent.
7
Le risque de taux d’intérêt et risque de change, jusqu’ au là, n’avaient pas été couverts par des fonds propres
supplémentaires.
8
BESSIS J., Op. Cit., page 59.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Cependant, des réflexions sont en cours, au sein du comité de Bâle et des instances
européennes, sur le risque de taux d’intérêt global. La prise en compte de ce risque dans la
réglementation prudentielle est toujours en discussion et constitue un des piliers du nouvel
accord de bale qui ne sera prêt qu’à la fin de l’an 2004.
Les difficultés quant à la mesure de l’exposition au risque de taux d’intérêt sont les
principales causes de retard. En effet, pour définir des limites pour ce risque, il faut mesurer
l’exposition selon une méthode bien spécifiée commune à tout le monde et applicable sur
toutes les situations. Or, comme nous le constaterons plus loin (chapitre III), son évaluation
pose une série de problèmes méthodologiques et conceptuels.
Ainsi, les travaux du comité de Bale et des autorités de tutelle sont orientés dans ce sens afin
de proposer des règles communes au traitement des poste de bilan, de propose une méthode
applicable à toutes les banques et déterminer une mesure unique de l’ampleur de ce risque.
La réglementation envisagée pour le risque de taux d’intérêt n’irait pas jusqu’au stade ou des
fonds propres supplémentaires seront requis. Il s’agit surtout de mesurer l’exposition sans les
convertir comme pour les risques de contrepartie et de marché en fonds propres.
Les méthodes en cours d’examen devraient permettre une surveillance du risque de taux et
d’identifier les établissements « cas atypiques » dont les positions sont supérieures à la
moyenne. Pour tels cas, des mesures spécifiques, recommandations ou contraintes
supplémentaires seraient prises.
Il faut toutefois garder à l’esprit que la gestion de ce risque doit se faire sous le respect des
normes définies pour les autres risques financiers. En effet, la gestion du risque dd taux
demande un réajustement permanent des postes de bilan afin de parvenir à réaliser les
objectifs de sensibilité de la valeur patrimoniale aux mouvements de taux, chose qui ne peut
pas être faite sans toucher les autres contraintes imposées par la réglementation prudentielle,
leur prise en compte est donc indispensable dans un processus de gestion du risque de taux
efficace.
Conclusion de la section
Les risques financiers ont toujours fait partie du paysage bancaire et leur gestion prend de
plus en plus une dimension active. Certains de ces risques, tels le risque de contrepartie et de
liquidité, se sont accaparé de la part de lion dans la recherche des modèles de gestion des
risques financiers et ont laissé les autres comme des risques de second ordre.
Il faut garder à l’esprit que la gestion des risques financiers se fait sous des contraintes
prudentielles déjà mises en place et d’autres qui sont à l’horizon comme c’est le cas pour le
risque de taux d’intérêt sur l’activité d’intermédiation.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Afin de mesurer l’ampleur du risque de taux d’intérêt, le gestionnaire doit analyser l’impact
des fluctuations des taux sur la rentabilité (résultat courant) et la valeur patrimoniale de
l’établissement.
Pour ce faire, le gestionnaire s’inscrit dans un cadre comptable bien précis et se fixe comme
objectif l’optimisation de quelques variables financières cibles, sous les contraintes
précédemment évoquées.
Nous allons au cours de cette section, préciser le cadre comptable dans lequel s’opère la
gestion de bilan et exposer les variables financières retenues comme des clignotants de la
rentabilité et de la valeur de l’établissement et objectifs de gestion.
A chacun de ces indicateurs correspond une approche différente. Le choix effectuer par le
gestionnaire reflète, par conséquent, la forme de risque qu’il entend privilégier ; et malgré
l’hétérogénéité qui caractérise le mode d’enregistrement comptable, ces variables financiers
fournies par les états comptables restent les seuls indicateurs dont dispose le gestionnaire de
bilan.
Nous commençons donc par la présentation de bilan, le hors bilan et le tableau des comptes
de résultats d’un établissement bancaire. Et nous présentons ensuite les variables clés de
gestion de bilan.
1- Le cadre comptable 9 :
1-1- Présentation simplifiée du bilan d’une banque :
« Le bilan est une représentation conventionnelle cohérente des différents éléments qui
constituent le patrimoine d’une entreprise à un moment donné. Il obéit à des règles de
classement qui facilitent la compréhension des opérations inscrites. »
La présentation du bilan obéit à des règles de classement qui facilitent la compréhension des
opérations, généralement,, les éléments du passif sont classés du plus exigible au plus stable ;
tandis qu’ à l’actif, le classement se fait selon un ordre de liquidité décroissant.
9
DE COUSERGUES S., gestion de la banque : du diagnostic à la stratégie, édition DUNOD, Paris 2002, 3 ème
édition, pages 71 à77.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Conformément au plan comptable, on distingue dans le bilan 10 d’une banque cinq grandes
classes :
- classe 1 : comptes de trésorerie et d’opérations interbancaires ;
- classe 2 : comptes d’opérations avec la clientèle ;
- classe 3 : autres comptes financiers ;
- classe 4 : valeurs immobilisés ;
- classe 5 : capitaux permanents.
Le contenu de ces grandes classes du bilan est détaillé dans le bilan simplifié suivant :
L’actif Le passif
Classe 1 : Classe 1 :
Banque centrale, Trésor, Effets publics et Banque centrale, dettes envers les banques et
valeurs assimilées, créances sur les établissements financiers, valeurs données
banques et en pension, CCP…
établissements financiers, valeurs reçues
en pension, CCP et Caisse…
Classe 2 : Classe 2 :
Crédits à la clientèle, crédits bail et Comptes créditeurs de la clientèle.
location avec option d’achat, location
simple.
Classe 3 : Classe 3 :
Cheques, effets pris au recouvrement ou à Comptes exigibles après encaissement,
L’encaissement, obligations et autres titres créditeurs divers,Emprunt obligataire émis,
à revenus fixes, actions et autres titres à comptes de régularisation et autres passifs.
revenus variables,
Comptes de régularisation.
Classe 4 :
Titres de participation, parts dans les
filiales, immobilisations corporelles et
incorporelles,
capital souscrit non versé, comptes de
régularisation et autres actifs.
Classe 5 :
Capital souscrit, fonds pour risques bancaires
généraux (FRBG), dettes subordonnées, réserves
provisions réglementaires, résultat d’exercice.
10
- les trois premières classes figurent à l’actif comme au passif ; tandis que la classe 4 ne figure qu’à l’actif et la
classe 5 qu’au passif.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Le TCR est lisible à travers les cinq soldes intermédiaires de gestion (SIG) qui mettent en
évidence l’origine du résultat. Ces soldes répondent à quatre objectifs :
- ressortir l’évolution de l’activité d’un établissement ;
- permettre des comparaisons entre les établissements de crédit ;
- fournir des renseignements facilement exploitables sur la rentabilité de
l’établissement ;
- déceler les insuffisances de gestion.
Le tableau suivant représente le TCR présenté de telle façon à dégager les différents soldes de
gestion :
« Le PGE est al marge brute réalisée par l’établissement de crédit sur l’ensemble de ses
activités, quelles soient bancaire ou non. »
Cet indicateur donne une vision synthétique des produits et charge, générés par l’activité
globale de l’établissement. Ainsi, sa comparaison avec le PNB nous renseigne sur le degré
d’implication de l’établissement dans des activités non bancaires.
11
AUGROS J.C. et M. QUERUEL Op. Cit., pages 39 à 41.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
La VAN des fonds propres correspond à une évaluation actuarielle des actifs et des dettes
basée sur l’actualisation des stocks et des flux générés par les différents postes du bilan.
Valeur actuelle
Valeur actuelle des dettes
des actifs
VAN des fonds
propres
Habituellement, l’évaluation d’un actif financier consiste à actualiser les flux monétaires qu’il
génère à l’aide d’un taux d’actualisation qui intègre une prime de risque lorsque ces flux
pressentent un caractère incertain (risque d’incertitude).
L’actualisation s’effectue selon la formule suivante :
n
∑ Fi
VAN = i =1
1+ ( R i + Π ) i + Vn
1+ ( R i + Π ) n
Avec : Ri taux sans risque à l’instant i.
Π Prime de risque.
Vn valeur de revente du titre.
Pour le choix des taux d’actualisation 12 , le gestionnaire doit prêter une attention particulière
au risque de défaut de ses débiteurs (considérer autant de taux d’actualisation que de qualités
de signatures et donc de degrés de risques différents)
La valeur actuelle des fonds propres est une notion riche en information. En effet, lorsqu’elle
est calculée au taux de marché, elle constitue une mesure de la performance globale de la
banque et sa solvabilité ; par exemple une VAN des fonds propres décroissante souligne un
problème de rentabilité et donc un risque d’insolvabilité.
La VAN des fonds propres est sensible à l’évolution des taux d’intérêt ; il est donc important
e suivre son évolution dans le temps. L’un des objectifs de gestion retenu pour gérer le risque
de taux d’intérêt étant l’immunisation de cette grandeur aux fluctuations des taux d’intérêt.
12
Lorsque le gestionnaire procède à une évaluation interne, la valeur de ses dettes ne tient pas compte de son
propre risque de défaut, il utilise des taux sans risque pour calculer la VAN de ses dettes.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Il est à signaler qu’on peut dériver à partir de la VAN des fonds propres un ratio dont
l’immunisation permet à l’établissement de conserver, en phase de croissance, la même
exposition au risque de taux. Il s’agit du rapport :
Ratio =
VAN des fonds propres
valeur de marché des actifs
La marge d’intérêt est par définition sensible aux variations des taux d’intérêt et cette
sensibilité est déterminée par l’importance de l’écart entre emplois et ressources à taux
variable (c’est la notion du gap que nous verrons dans la section 1 du chapitre III).
RNE = A . RA - D .RD
Avec : A actifs, D dettes ;
RA et RD sont respectivement les rendements actuariels des actifs et des dettes.
Le revenu net économique correspond à un PNB comptable retraité des plus et moins values
latentes sur les éléments de l’actif et du passif 13 . L’information véhiculée par cet indicateur
est plus fine que celle de la VAN des fonds propres et cela du fait de la prise en compte des
plus et moins values potentielles.
Les différentes variables financières clés dans la gestion de bilan répondent à des objectifs de
gestion différents : la marge d’intérêt mesure la rentabilité à court terme, alors que la VAN
des fonds propres et le revenu net économique permet l’appréciation de la performance à
moyen et long terme.
Ces différentes variables qui viennent d’être présentées ne peuvent être immunisées
simultanément contre le risque de taux d’intérêt. Un choix est donc nécessaire. Néanmoins,
l’objectif privilégié des dirigeants reste la rentabilité à court terme, mesurée par la marge
d’intérêt.
Conclusion de la section
L’appréciation de sensibilité des différents variables financières clés dans la gestion de bilan
est une étape préalable de toute tentative de gestion du risque de taux d’intérêt.
13
RA et RD intègrent les plus et moins values potentielles.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Cependant, ces indicateurs nous donnent une information globale et grossière de l’exposition
au risque de taux d’intérêt. Il faut donc s’approfondir pour évaluer et analyser de plus près ce
risque dans les différents éléments que comporte un bilan bancaire.
SECTION 3 : IDENTIFICATION DU RISQUE DE TAUX D’INTERET
n
V = ∑ t = 1
( 1 +
F
i
t
t ) t
Il ressort de cette formule que la valeur de l’actif varie en sens inverse à la variation du taux
d’actualisation c’est-à-dire une hausse de ce taux entraîne une baisse de la valeur de cet actif
et vice versa.
Le risque de taux sur un actif se manifeste donc avec la variation de taux d’actualisation 15 qui
sont le plus souvent confondus avec les taux de marché.
Pour élucider cela, nous allons essayer de le montrer à travers l’exemple suivant :
Soient deux obligations sans risque de défaut, de durée de vie de 10 ans, de valeur faciale
10000 DA chacune et le taux d’intérêt nominal est i = 5% (taux fixe 16 ). Le remboursement se
fait in fine pour la première et par amortissement constant du capital pour l’autre.
14
DE LA BAUME C., gestion du risque de taux d’intérêt, 2eme édition, Economica, paris 1994, page 63.
15
Le taux d’actualisation comporte un taux sans risque de défaut plus une prime de risque. Dans tout ce qui suit
nous allons négliger cette prime de risque sauf si on suppose le contraire.
16
Dans un souci de simplification, nous nous limitons uniquement à l ‘étude d’obligations à taux fixe.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Obligation 1 :
Son échéancier de flux est le suivant :
date 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Flux 500 500 500 500 500 500 500 500 500 10500
(DA)
La structure des taux au comptant est donnée par le tableau suivant :
date 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Taux (%) 2 3.4 4.2 5.4 6 6.2 6.3 6.4 6.5 6.6
V1 = 8982,54 DA.
Supposons maintenant que la structure des taux se déplace parallèlement vers le haut de 1 %.
La valeur de l’obligation devient :
V '=
1
500
(1+ 0.03 ) + 500
(1+ 0.044 ) 2
+ 500
(1+0.052 )3
+ 500
(1+ 0.064 ) 4
+ 500
(1+0.07 )5
+ 500
(1+ 0.072 )6
+ 500
(1+0.073) 7
+ 500
(1+0.074 )8
+ 500
(1+0.075)9
+ 10500
(1+ 0.076 )10
V 1’ = 8345,67 DA. Pour une hausse des taux de 1 %, l’obligation s’est dépréciée de 636,86
DA soit de plus de 6 %. On trouve ainsi l’importance du niveau des taux sur la valeur de
l’actif et son exposition à l’augmentation des taux.
Obligation 2 :
Son échéancier de flux se présente comme suit :
période 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
annuités 1500 1450 1400 1350 1300 1250 1200 1150 1100 1050
V2 = (11500
+0.02) + (1+0.034) + (1+0.042) + (1+0.054) + (1+0.06) + (1+0.062) + (1+0.063) + (1+0.064) + (1+0.065) + (1+0.066)
1450 1400
2
1350
3
1300 1250
4
1200
5
1150 1100
6
1050
7 8 9 10
V 2 = 9661,61 DA
Apres la décalage de la courbe des taux de 1 % vers la haut, sa valeur devient :
V2 ' = (11500
+ 0.03 ) + (1+ 0.044 ) + (1+ 0.052 ) + (1+ 0.064 ) + (1+ 0.07 ) + (1+ 0.072 ) + (1+ 0.073 ) + (1+ 0.074 ) + (1+ 0.075 ) + (1+ 0.076 )
1450
2
1400 1350
3
1300
4
1250 1200
5
1150
6
1100
7
1050
8 9 10
V 2 ‘= 9253,92 DA.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
A la lumière de cet exemple, on constate que la valeur des actifs est affectée des mouvements
des taux d’intérêt, donc tout actif quelle que soit son mode de remboursement est exposé
défavorablement à la hausse des taux d’intérêt, de l’autre coté un gain sur le remploi des
intérêts vient atténuer cette perte de valeur mais il la n’élimine que rarement.
Apres avoir identifier le risque de taux d’intérêt au niveau d’un actif, il convient maintenant
de montrer comment ce risque se manifeste-il au niveau du bilan bancaire.
Dans le bilan bancaire, le risque de taux d’intérêt revêtit plusieurs formes. Il provient
notamment des révisions de taux, de la déformation de la courbe des taux, qui incite parfois
les clients à exercer des droits implicites attachés à certains produits bancaires.
Une banque est exposée au risque de révision et au risque de déformation de la structure des
taux si les rendements des emplois est davantage sensible aux variations des taux que celui
des engagements ou inversement. Une telle différence de sensibilité est le plus souvent le
résultat des asymétries potentielles dans les caractéristiques de l’actif et du passif du bilan.
Ainsi, on peut distinguer entre trois formes du risque de taux dans le bilan :
17
AUGROS J.C. et QUERUEL M., Op. Cit., pages 19 à 24.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Dans la pratique, le bilan bancaire présente en général une combinaison de ces trois types de
risque de taux dont les effets peuvent se compenser ou se renforcer mutuellement. Cette
complexité du mélange rend leur gestion extrêmement ardente.
L’établissement bancaire encourt un coût symétrique au gain du client. Il s’agit d’une perte de
rémunération dans le cas de remboursement anticipé avec un réemprunt à taux plus faible et
d’un coût supplémentaire des ressources en cas de transfert de dépôts à coût nul vers des
ressources rémunérées.
En outre, le risque de taux d’intérêt bilantiel peut être mesuré par l’impact des fluctuations
des taux de marché sur la valeur patrimoniale de l’établissement. Ainsi, deux approches
différentes sont retenues pour l’identification du risque de taux d’intérêt dans le bilan :
Approche revenu qui fera apparaître le risque de taux d’intérêt sur la performance de
la banque ;
Approche valeur qui identifiera le risque sur la valeur de l’établissement (valeur
économique de ses fonds propres).
¾ Inversement, si le gap est négatif la banque possède plus de ressources que d’emplois
à taux variable. Une hausse des taux entraînera une baisse de la marge tandis qu’une
baisse des taux se traduira par une appréciation de cette marge.
¾ Si le gap comptable est nul, la marge sera insensible aux fluctuations des taux.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
En effet, la différence d’amortissement des emplois et des ressources à taux fixe rend la
reconstitution des ressources à court terme, qui sont supérieures aux emplois à court terme,
plus chère lorsque les taux d’intérêt augmentent. En revanche, le produit de réinvestissement
des ressources, dans le cas où les emplois sont supérieurs aux ressources à court terme,
diminue lorsqu’il y’a baisse des taux d’intérêt. Ainsi, cet adossement imparfait entre l’actif et
le passif à taux fixe expose la banque au risque de déformation de la courbe des taux 18 .
Pour résumer ce risque, nous allons présenter dans la tableau suivant les différents cas de
figure :
Situation
ACT > PCT ACT < PCT
Evolution des taux ( ALT < PLT) ( ALT > PLT)
En outre, le risque de taux d’intérêt peut apparaître même s’il y’a adossement parfait entre
actif et passif à taux fixe, et cela à cause de la fréquence de révision des taux révisables et
fixes, qui peut être différente qu’il s’agisse des éléments de l’actif ou du passif . ainsi, par
exemple, le taux de l’actif révisé annuellement peut être adossé à une ressource au passif
d’un taux révisé trimestriellement, peut diminuer la marge d’intérêt s’il y’a baisse des taux
d’intérêt sur le marché.
18
Cette situation est sensible à la variation des taux courts.
19
Si les banques continuent toujours à les proposer ; cela est souvent due à l’existence des bons frères qui
renoncent à l’exercice de leurs droits même s’il leurs sont favorable et compensent ainsi par ces gains non
réclamés les pertes des autres clients plus avertis.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Certains crédits comportent une clause de remboursement par anticipation qui donne la
possibilité l’emprunteur de rembourser à son gré, avant échéance et à tout moment, la totalité
ou une partie du montant en cours de son prêt à taux fixe.
En effet, en cas de baisse des taux, l’emprunteur à taux fixe théoriquement rembourse son
crédit moyennant une pénalité qui généralement ne couvre pas la perte financière occasionnée
par ce remboursement avant échéance à la banque (en France, elle n’excède pas les 3 %) et
renégocie un autre crédit à des conditions avantageuses. Par là, il se voit attribué une option 20
presque gratuite.
L’exercice de cette option modifier donc les flux et la duration de l’actif et il diminue
également la marge d’intérêt que le gestionnaire pensait avoir figé par adossement au moment
de la signature du prêt.
L’exercice de cette option 21 dépend du niveau des taux. En effet, elle est largement exercée
lorsque les taux des placements proposés sont élevés ; les ressources à coût nul s’amortissent
rapidement et il devient impératif pour la banque de se refinancer sur le marché à des coûts
élevés. Cet arbitrage peut donc dégrader d’une façon considérable la marge d’intérêt dégagée
par l’établissement.
Ces deux exemples d’options implicites incorporées dans le bilan bancaire montrent les
dommages qu’elles engendrer. Heureusement que certains « bons frères » sont là pour
compenser les pertes occasionnées par des clients plus rationnels, en renonçant à l’exercice
de leurs droits.
Remarque :
La VAN étant une grandeur qui dépend des maturités et des taux d’actualisation. Nous allons
supposer dans ce qui suit, les échéances de l’actif et du passif inchangées pour isoler l’effet
de variation des taux confondus ici avec les taux d’actualisation sur la VAN des fonds
propres.
Ainsi, le risque de taux d’intérêt se manifeste des lors qu’il y’a variations des taux
d’actualisation souvent confondus avec les taux de marché et comme la structure de l’actif en
terme de taux et de maturités diffère de celle du passif. L’impact de cette variation sur la
valeur des dettes et sur la valeur des emplois diffère aussi.
Pour bien mesurer ce risque, nous allons illustrer l’impact de cette variation à travers un
exemple chiffré.
Exemple :
Soient deux banques de structures financières différentes présentées par les deux bilans
simplifiés suivants :
Le taux de marché est de 8%( considéré aussi comme taux d’actualisation des éléments de
l’actif et du passif abstraction faite du risque de défaut des dettes et des flux générés).
Supposons que le taux d’intérêt de marché passe à 10 %. Les VAN des FP deviennent
respectivement 606.72 24 et 700.92 25 .
VAN FP
1 = 1000
( 1 + 0 . 08 ) 1
+ 500
( 1 + 0 . 08 ) 2 − 900
( 1 + 0 . 08 ) 3
22
VAN FP
2 = 1500
( 1 + 0 . 08 ) 1
− 800
( 1 + 0 . 08 ) 2
23
24
VAN FP 1' = 1000
1 + 500
2 + 900
3
(1 + 0 .1 ) (1 + 0 .1 ) (1 + 0 .1 )
VAN FP
2 = 1500
( 1 + 0 . 1 )1
− 800
(1+ 0 .1 ) 2
25
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
On remarque que suite à cette augmentation des taux de marché, la VAN FP de la première
banque s’est dépréciée de 33.43 alors que la deuxième ne s’est dépréciée que 2.1
Le risque de taux d’intérêt se manifeste donc part une variation de la valeur de patrimoine,
suite à une fluctuation des taux de marché. Cette variation est affectée essentiellement par la
structure financière de la banque en matière de taux d’actualisation et des échéances des
emplois et des ressources.
Cependant, malgré ces différences, ces deux méthodes sont toutes deux indispensables à la
gestion du risque de taux dans le bilan bancaire. D’une part, l’approche patrimoniale tend à
préserver les fonds propres. D’autre part, l’approche revenu vise à protéger le résultat courant
(rémunération annuelle des actionnaires) et donc à maintenir l’activité.
En effet, les variations des taux et la modification de la pente de la courbe des taux exercent
des effets significatifs sur les revenus d’intérêt nets de la banque. La rémunération des
ressources étant liée aux taux courts et celle des emplois est davantage corrélée aux taux
moyens et longs, par conséquent, les marges augmentent lorsqu’il y’a progression des taux
longs par rapport aux taux courts et vice versa . De plus, une même progression entraîne la
diminution momentanée de la marge car le passif s’ajuste plus rapidement que le passif.
Il faut signaler que dans le TCR qu’apparaît l’impact des mouvements de taux sur les
positions contenues dans le bilan, donc cet état ne fait que traduire l’effet des variations de
taux sur la rentabilité de la banque générée par les positions du bilan.
Conclusion de la section
Le risque de taux d’intérêt peut revêtir diverses formes notamment le risque d’échéance, le
risque de volume, les risques optionnels et même la combinaison des trois. Il se traduit par
soit la diminution de la marge d’intérêt soit par la dépréciation de la valeur de marché des
fonds propres (VAN FP).
L’impact des fluctuations des taux sur la performance et la valeur de l’établissement est
influencée par la structure en taux et en échéances de ses emplois et ses ressources.
En plus, la présence d’options cachées dans le bilan d’une banque modifie substantiellement
son exposition au risque de taux.
Conclusion du chapitre
Le risque de taux d’intérêt est indissociable de l’activité de transformation exercée par
l’établissement de crédit. En effet, il est structurellement exposé à la déformation de la courbe
de taux à cause de la différence des caractéristiques (taux, maturité) entre l’actif et le passif ;
ajoutons à cela la présence d’options implicites dans le bilan bancaire qui augmente
considérablement le profil du risque de cet établissement.
La gestion de ce risque doit s’opérer en respectant les normes prudentielles, même si celui là
n’est pas pris directement en compte, et on se fixant comme objectif la préservation de
certains variables telles que la marge d’intérêt ou la VAN des fonds propres.
Cependant, une gestion efficace nécessite pour le gestionnaire une parfaite connaissance des
taux d’intérêt : connaître les différents taux, déterminer la relation existant entre eux,
comprendre leur formation et cerner les déterminants des différents taux. Tel sera l’objectif
du chapitre suivant.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Chapitre 2
FONDEMENTS THEORIQUES ET
PERATIQUES SUR LE TAUX D’INTERÊT
Le risque de taux d’intérêt naît essentiellement des variations non anticipées des taux
d’intérêts et leur impact négatif sur la rentabilité de l’établissement bancaire. Nous avons vu
précédemment que cette volatilité affecte négativement la rentabilité de la banque. En effet, le
risque de taux consiste en une modification de la rentabilité ou de la valeur patrimoniale de la
banque suite aux mouvements non prévisibles des taux d’intérêt.
De ce fait, le taux d’intérêt s’est accaparé d’une place très importante dans la gestion du
risque de taux. Pour le gérer efficacement, il faut être capable de prévoir ses évolutions
futures. Car on ne peut élaborer une stratégie de gestion efficace du risque de taux sans avoir
la moindre idée sur le taux d’intérêt et ses mouvements qui génèrent ce risque.
L’évolution des taux est devenue l’un des principaux soucis des gestionnaires du bilan et sa
négligence ne peut être justifiée si on veut élaborer un processus de gestion efficace du risque
de taux. Ainsi, la compréhension de la formation des taux est apparue indispensable à la
gestion du risque inhérent à leur volatilité afin d’être à même d’anticiper leur évolution et de
limiter leur incidence négative sur le patrimoine et les résultats de la banque.
L’objet de ce chapitre est d’avoir un outil de gestion fiable sur lequel se base le gestionnaire
pour fonder ses prévisions quant aux mouvements des taux. Dans un premier temps, nous
rappelons quelques notions de base sur le taux d’intérêt, en déduisant les différents types de
taux. Dans un second temps, nous allons nous intéresser à leur formation et aux mécanismes
de leur détermination, nous allons, ici, présenter quelques théories des deux (02) courants de
pensées économiques .classique et keynésien, et finir par l’explication de l’impact d’une
politique monétaire et budgétaire sur le niveau général des taux. Aussi, nous nous pencherons
sur la notion de la STTI qui représente un autre outil de gestion, et les différentes théories
l’expliquant. Enfin, un exemple de construction d’une courbe des taux zéro- coupon sera
présenté.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Le taux d’intérêt joue un rôle essentiel dans les ajustements macro-économiques et les
équilibres des marchés (monétaire, obligataire,…). Ainsi, il est devenu une variable
incontournable pour appréhender et comprendre l’économie d’un pays.
Cependant, la réalité financière et bancaire met en évidence une multitude de taux qui
correspondent aux différentes interprétations, que les agents économiques en font et utilisent
pour leurs opérations.
De ce fait, il est nécessaire, à ce stade de développement, de préciser la notion de taux
d’intérêt et de faire une synthèse des principaux taux employés dans le milieu financier et
bancaire.
Ainsi, il existe autant de taux d’intérêt 26 qu’il existe d’actifs échangeables ; chacun a son
propre taux d’intérêt (own rate of interest). La monnaie a aussi son propre taux
d’intérêt. Ce taux correspond à la différence existante entre une unité monétaire (M0)
disponible maintenant et une certaine quantité de monnaie (M1= x M0) livrable à
l’instant (t1) et ayant le même pouvoir d’achat rapporté à l’unité monétaire (somme
initiale). En posant (r) le taux de variation de la quantité échangée sur la période t0 ´
t1. On aura :
1 M0 en t0 M0 + r M0 en t1
U = r M0
26
Le taux d’intérêt est unique pour un titre donné, sur une même période.
27
ANASTASIADES F. « Les swaps : concepts et applications ». Édition Economica ; Paris 1999.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
porte, la fréquence de paiement des intérêts, la convention sue la base annuelle et la méthode
de calcul des intérêts.
Les quatre (04) premières caractéristiques étant universelles, les dernières font l’objet de
nombreuses pratiques différentes qui donnent lieu à différents types de taux.
Le taux actuariel donne le rendement réel d’un actif distribuant un intérêt fixe, il est obtenue n
égalisant son prix d’achat à la valeur actuelle de ses flux ; c’est le taux d’actualisation
solution de l’équation en x suivante :
n
P = ∑ Ci
(1+ x )i
1= i
I = C ⋅ [(1 + ia ) n − 1]
Le taux zéro-coupon :
Il représente le taux de rendement d’un actif qui ne distribue pas de coupon avant son
échéance ; il est calculé par la formule :
Pt → T = (1 + R
1
t→ T )T −t
Pour extraire le taux zéro-coupon à partir du taux actuariel, il faut combiner les deux
relations suivantes sur les prix de plusieurs obligations de différentes échéances
résiduelles :
r1 = Ln (1 + i p )
29
Voire l’annexe n° 1 : « formules de conversion des taux ».
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
n
P = ∑t=1
e
Ft
rt . t
Le taux zéro-coupon est déterminé par récurrence ; rn est calculé sachant r1, r2, …….rn-1
connus.
Les taux proportionnels (précomptés et post-comptés) et les taux actuariels ne reposent
pas sur les mêmes bases et mode de calcul ; il est nécessaire de les rendre équivalents
pour pouvoir les comparer entre eux.
jour.
Le TAM : taux annuel monétaire ; c’est le taux de rendement d’un placement à
intérêts composés pendant les douze derniers mois au taux de référence TMM.
2-4-2- les taux négociés sur le marché obligataire :
30
Les taux d’intérêt pratiqués sur les marchés monétaire et obligataire sont donnés le plus souvent sous forme
d’indice de taux.
31
Il y’a effet attirance -fuite entre les deux compartiment du marché monétaire.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Les taux pratiqués sur le marché obligataire servent au calcul d’indices de taux d’intérêts
longs pouvant servir de base aux opérations à long terme. Ces indicateurs de taux sont
calculés sur le marché des emprunts d’Etat et sur le marché obligataire privé en faisant des
moyennes de taux de rendement actuariels. Parmi ces taux, on invoque :
Le TME : taux mensuel des emprunts d’Etat.
Le TMO : taux moyen obligataire.
Le THO taux hebdomadaire obligataire…etc.
Conclusion de la section :
De nos jours, le taux d’intérêt émerge comme une variable incontournable de l’analyse
économique. Il représente un prix intemporel d’équilibre déterminé par le jeu de l’offre et de
la demande sur les marchés de capitaux.
Cependant, la diversité des intervenants sur les marché et la multiplicité des opérations
adjacentes accentuent la volatilité des taux ; ce qui rend la gestion du risque inhérent
extrêmement difficile.
Pour comprendre cette volatilité des taux, il faut impérativement essayer de définir leurs
déterminants. Tel sera le but de la prochaine section.
(1 + i ) = (1 + r ) (1 + Π a )
Avec : i le taux nominal ;
R le taux réel ;
a
Π le taux d’inflation anticipée.
a
Le développement de cette relation, en posons le produit r. Π négligeable, nous mène a la
formule dite de FISHER qui est :
taux no minal = taux d' inf lation anticipée + taux réel
Par cette relation, FISHER suppose que le taux réel est déterminé uniquement par des facteurs
réels. La dépréciation de la monnaie ne l’affecte pas. Il n’y a que le taux nominal qui est
sensible à l’inflation. Ainsi, toute variation du taux d’inflation anticipée se traduit par la
même variation du taux nominal.
Cette théorie a subi beaucoup de controverses notamment de la part de MUNDELL et TOBIN
qui avancent qu’une dépréciation de la monnaie pouvait réduire la richesse des agents, et par
conséquent, leurs dépenses ; cette diminution de la richesse aura pour effet la baisse du taux
réel et la hausse du taux nominal dans des proportions différentes de celles prévues par la
relation de FISHER, le taux réel est donc sensible à l’inflation. Il s’agit de l’effet de
MUNDELL –TOBIN.
Une autre critique de cette relation porte sur la négligence de la fiscalité. En effet, pour que le
taux réel reste inchangé, une variation du taux d’inflation anticipée de X % doit entraîner une
variation de X / (1 - t) % du taux nominal, avec t le taux d’imposition.
Les taux d’intérêt ont donc deux raisons ; uns raison psychologique et une raison technique.
La raison psychologique est liée à la préférence du présent. La consommation d’un bien
disponible immédiatement procure plus de satisfaction que si elle est différée à plus tard.
La raison technique est relative au processus de production. Pour produire plus, il est
nécessaire de produire d’abord des biens d’équipement au détriment des autres biens « détour
de production ». Ainsi, l’intérêt peut être assimilé au rendement productif du capital mesuré
par son coût en terme de biens sacrifiés. Du coté de l’investisseur, plus le taux d’intérêt reste à
un niveau faible par rapport à la productivité marginale du capital, plus les entrepreneurs sont
incités à investir. Ce qui augmente en retour le taux d’intérêt. Par ailleurs, l’épargne des
ménages croit avec la hausse des taux car ils consomment moins en espérant une satisfaction
meilleure dans le futur. Le taux d’équilibre est atteint quand le taux marginal de substitution
entre consommation présente et future est égal la productivité marginale du capital.
32
La théorie Keynésienne a mis en cause l’hypothèse de plein emploi des classiques et a introduit
l’indépendance des trois marché (l’équilibre des deux marchés monétaire et des biens simultanément n’entraîne
pas celui du marché de travail). Cette théorie s’inscrit dans une optique à court terme qui est celle de la politique
de conjoncture économique ce qui justifie d’ailleurs l’intervention de l’Etat pour lutter contre le chômage.
33
Des restrictions quantitatives sur la masse monétaire.
34
Le raisonnement sera effectué ici sur le taux d’intérêt réel pour écarter l’effet e l’inflation
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
35 Voire infra la section suivante sur la structure par terme des taux.
36
TEG : c’est le taux qui intègre tous les frais et commissions liés à une opération de prêt ainsi que l’impôt
relatif.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Enfin, dans le cas des emprunts obligataires, les modalités d’amortissement : constant ou in
fine peuvent avoir un impact sur le taux de rendement.
4- risque de défaillance :
Un bon nombre d’actifs financiers sont des actifs risqués car leurs émetteurs peuvent se
révéler incapables de payer les intérêts ou de rembourser le principal. La probabilité de
défaillance de l’émetteur se traduit alors par des taux de rendement réalisés inférieurs à ceux
promis. Ainsi, les investisseurs n’accepteront de détenir des titres présentant des risques de
défaut qu’à la seule condition que le rendement promis par leurs émetteurs incorpore une
prime dite prime de défaut, telle que son rendement espéré soit égal à celui d’un titre sans
risque. Cette prime évolue avec le cycle économique. Ainsi, en période de croissance forte les
probabilités de défaillance diminuent et les investisseurs se montrent moins averses au risque
et réclament une prime de risque moins forte. Inversement, en période de récession cet écart
augmente.
Cette différence de taux liée à la prime de risque entraîne des opérations d’arbitrage en
empruntant à des taux déterminés et prêter à des agents moins crédibles pour la même
maturité mais à un taux plus élevé. Ces opérations volatilisent davantage les taux de marché,
taux qui ne reflètent pas la réalité du marché.
1-5-2- La reconstitution des réserves :
Aussi dans la pratique une de mande des bons de trésor exprimée par les compagnies
d’assurance pour reconstituer leur réserves en titres peut augmenter les taux sur les bons de
l’Etat conjecturalement sans qu’il ait l’influence d’un facteur réel.
1-5-3- Les anticipations auto-réalisatrices :
De même que pour les banques en sur-liquidité, si elles anticipent qu’à moyen terme cette
liquidité sera épongée par la banque centrale, elles ne la céderont qu’à un taux plus élevé.
Cette attitude aura pour effet l’augmentation du taux d’intérêt (anticipations qui orientent le
marché : effet moutonnier).
2- les déterminants externes :
Certains facteurs externes comme le taux d’intérêt étranger, le taux de change peuvent
influencer le niveau des taux d’intérêt domestiques. Nous allons, à présent, montrer ce lien à
travers deux théories :
2-1- la théorie de la parité des taux :
Cette théorie 37 établit, sous l’hypothèse de marché efficient et en l’absence d’obstacles
réglementaires à la circulation des capitaux, le report ou le déport 38 sir le marché de change à
terme est égal au différentiel du taux d’intérêt domestique et étranger.
f = F -s
s = i − ie (1)
37
Développée pour la première fois par J.M. Keynes
38
Il y a report lorsque le taux à terme est supérieur au taux au comptant et le déport dans le cas inverse.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Cette relation est issue de la théorie de parité des taux couverte. Il existe une autre théorie de
parité dite non couverte. De son coté, elle introduit l’aspect anticipé du taux de change comme
une variable aléatoire. Ici, l’investisseur reste en position ouverte car suppose que le taux de
change au comptant futur s* de la devise va s’apprécier par rapport à la monnaie nationale .A
l’équilibre, on aura:
Δa = ( s s− s ) = i − ie
a
(2)
Δ = s1 − s 0
s0 = Π0 −Π e
0
(3)
Si en plus, les marchés sont parfaits et donc les anticipations le sont aussi, la combinaison des
relations 2, 3, 4, 5 implique que r = re (différentiel de taux est égal au différentiel de taux
d’inflation anticipé entre les deux pays)
(i − i e ) = sa −s
s
= ( Π a − Π ea ) = f
Le différentiel d’intérêt est égal au taux de report à la variation des cours de change et au
différentiel d’inflation anticipée. Il faut souligner tout de même que cette théorie est
sévèrement critiquée et cela à cause des hypothèses simplistes de la PPA et l’efficience des
marchés qui ne sont pas toujours vérifiées. Cependant, plusieurs études empiriques ont
confirmé le lien existant entre les taux d’intérêt étranger sur les taux domestiques. Leur degré
d’emprise dépend du contexte institutionnel dans lequel évoluent les échanges
internationaux.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Conclusion de la section:
Le taux d’intérêt, étant un prix, se détermine par le jeu de l’offre et de la demande. Cependant,
d’autres facteurs internes et externes accentuent sa volatilité et sa diversité. La maturité est
l’un de ses facteurs explicatifs de la diversité des taux. La connaissance du lien entre les
différents taux s’avère nécessaire. Nous allons dans la section suivante aborder ce volet par la
présentation de la structure par terme des taux d’intérêt qui fera le lien entre les taux courts et
les taux longs.
En exposant les théories de formation des taux, notre étude s’est focalisée, dans la
majeure partie, à la distinction entre taux réel et taux nominal ; ce qui reste pour le
gestionnaire du risque de taux sans utilité pratique puisqu’elle ne résous pas le
problème de multiplicité des taux. En effet, la pratique des marchés a montré qu’il
existe autant de taux différents que d’instruments de marché. Cette diversité s’explique
par le degré de négociabilité des actifs, la fiscalité, le risque de défaillance et la
maturité des actifs qui sont des facteurs difficiles à en tenir compte dans le processus
de prévision des taux d’intérêt.
Le facteur temporel en l’occurrence la maturité résiduelle des actifs, revêt quant à lui
un caractère fondamental dans la détermination du niveau des taux. Cette relation
triviale et facilement exploitable existant entre le niveau des taux et les maturités, nous
conduit directement à la notion de la structure par terme des taux d’intérêt (STTI).
La STTI peut être définie comme : « la relation qui lie les taux longs aux taux courts,
déduite de l’analyse des rendements d’actifs d’une même classe de risque, d’une même
fréquence de détachement de coupons et d’une même convention de calcul des taux et de
différentes échéances. Cette structure ou gamme des taux, à moment donné, est représentée
par la courbe qui, pour chaque maturité en abscisse correspond à un taux d’intérêt associé en
ordonnée. » 39
L’observation des courbes des taux permet de constater qu’elles prennent des formes
diverses. Les principales sont :
La structure normale ou croissante :
39
F. QUITTARD-PION et ROLOND,OP. Cit. page 87.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Cette forme est ascendante et souvent concave. Les taux longs sont supérieurs aux taux
courts. Les opérateurs anticipent la hausse des taux courts futurs. Cette forme est dite
normale par référence au fait que plus un actif est de maturité résiduelle grande, plus il
est risqué (incertitude) et donc mieux rémunéré.
La structure plate :
Cette forme est rare. Par cette allure, les agents anticipent la stabilité des taux futurs à
court terme à leur niveau au comptant.
La structure en cloche :
Cette forme est généralement observée en période de taux élevés. Par là, les agents
économiques change d’anticipation de hausse ou de baisse des taux dans le futur.
La structure inversée :
Ici, les taux courts sont supérieurs aux taux longs. Le marché anticipe la baisse des taux
courts futurs suite à un ralentissement de la croissance économique. Les investisseurs
acceptent des rendements moindres sur des placements à log terme et donc plus risquée
contre la forte
Taux de
Rendements
(%)
Structure normale
Structure inversée
Structure plate
Maturité
Ces formes sont obtenues en analysant la relation existant entre les taux de rendement et
l’échéance des titres d’Etat supposés sans risque. Ce faisant, on écarte les autres facteurs
explicatifs des taux de rendement (degré de négociabilité, la fiscalité et le risque de défaut).
(1 + R n ) n = (1 + R 1 )( 1 + r1 , 1 )( 1 + r 2 , 1 )......... .......( 1 + r n − 1 , 1 )
Avec : ri,1 taux court anticipé pour la période allant de 1 jusqu’à i ;
R1 taux au comptant ;
Rn taux à terme d’échéance n.
Cette théorie peut rendre compte de n’importe quelle forme de le courbe des taux. Ainsi,
une courbe plate implique que les agents anticipent la stabilité des taux courts futurs,
une courbe croissante signale des anticipations à la hausse et la courbe décroissante
correspond à des anticipations baissières du niveau des taux d’intérêt futur.
40
Les taux futurs sont des taux à terme implicites qui correspondent aux taux au comptant anticipés.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Introduite par J. HIKS en 1946, cette théorie privilégie le comportement d’aversion des
agents envers le risque afférent à la détention des titres. Elle stipule que les taux à long
terme sont déterminés par les taux courts futurs plus une prime de risque qui traduit
l’incertitude et l’aversion au risque des investisseurs. Ainsi, les investisseurs qui on,t
un horizon de placement court réclament en plus du taux d’intérêt qu’ils anticipent une
prime de risque fonction du temps. Un titre long génère un risque en capital plus élevé
qu’un titre à court terme du fait de l’incertitude entourant la solvabilité de l’émetteur.
Des lors que les investisseurs n’acceptent d’accroître la durée de leurs placements
qu’en échange d’un plus compensant le risque additionnel.
La relation entre les taux courts futurs et les taux longs est donnée par la formule
suivante :
Avec : L1, L2,………. Ln les primes de liquidités croissantes des échéances 2, 3, ……..n.
Selon cette théorie, la STTI a toujours une pente positive (croissante) et sa forme inversée
n’est qu’une aberration du marché qui ne peut durer longtemps. La théorie de la prime,
en ne considérant que le risque de l’émetteur ne fournit qu’une explication partielle
des forces qui déterminent l’allure de la courbe.
2-3- La théorie de la segmentation des marchés :
Présentée par CULBERSTON en 1957, cette théorie considère que les institutions
financières interviennent sur des segments particuliers du marché de capitaux
indépendamment du niveau du risque. Les préférences qu’elles manifestent quant à la
durée des opérations sont très rigides ; elles cherchent seulement à faire coïncider la
structure par durée de l’actif et du passif de leurs bilans. Les opérateurs se spécialisent
dans certains segments et n’interviennent que sur ce segment.
Selon cette approche, les titres de différentes maturités ne sont pas substituables et les
marchés sont ainsi parfaitement cloisonnés. Dans chaque segment, le taux d’intérêt est
déterminé indépendamment des autres. La courbe des taux est alors composée des taux
des différents segments correspondant aux différents compartiments du marché.
( 1 + R n ) n = ( 1 + R1)( 1 + a1 , 1 + H 2 )( 1 + a 2 , 1 + H 3 )......... ( 1 + a n − 1 , 1 + H n )
Avec : H1, H2,………. Hn les primes de liquidités croissantes des échéances 2, 3, ……..n.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
41
L’absence de la prime du risque dans la courbe des taux des emprunts étatiques, nous permet d’écarter son
effet sur l’interprétation de la forme de la courbe et rend son utilisation facile pour le choix des taux
d’actualisation, pour cela, il suffit de rajouter la prime correspondant à chaque contrepartie.
42
A fur à mesure que la notation baisse, la prime du risque s’accentue et la courbe des taux se décale vers le haut.
43
Un actif est dit zéro-coupon s’il ne comporte pas de détachement de coupons et il ne donne lieu qu’a un flux
initial d’acquisition et un flux final de remboursement.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Taux de
rendement
(%)
Maturités
t2
On peut obtenir ces taux à partir de la courbe des taux au comptant ou de celle des taux
zéro-coupon.
3-1-1- Les taux forwards courts :
Supposons les taux à court terme rt connus à la date t0. Le taux forward pour les
opérations à court terme est donné par la relation :
(1 + t 2 ⋅ rt ) = (1 + t1 ⋅ rt )(1 + (t 2 − t1 )rt )
2 1 1
t2
(1 + Rt ) t = (1 + Rt ) t (1 + R )
n
n
n −1
n −1
t n −1
tn
i t = Ln ( 1 + r t )
Le taux à terme est donné par la relation :
r tt12 = − ( 1
t 2 − t1 ) Ln ( B t2
B t1 )
Bt1 et Bt2 sont les prix des actifs zéro-coupon à vendre et acheter respectivement.
Pour les taux courts à terme, il est donné en tendant t1 vers t2 (quand t2-t1 tend vers 0) :
r = Lim r t1
t t 2 → t1 t 2
Nous avons aussi que le prix d’un actif zéro-coupon à terme est donné implicitement par
la relation :
= = exp⎧⎨− (t 2 − t1 ) ⋅ rt ⎫⎬
Bt 2
B
⎩ t ⎭
t1 Bt1 1
t2
2
⎧ t2
⎫
Ou : B = exp ⎨ − ∫ r ⋅ dt ⎬
⎩ ⎭
t1 t
t2
t1
D’où :
t2
r =(
t1
1
t 2 − t1 ) ∫ rt ⋅ dt
t2
t1
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Conclusion de la section :
La structure par terme des taux d’intérêt constitue une source d’information très
appréciable car elle véhicule toute l’information concernant le niveau des taux et leur
volatilité, et elle résume le lien existant entre les taux courts et les taux longs.
De ce fait, elle présente, pour le gestionnaire du risque de taux, un outil de gestion sur
lequel il se base pour fonder ses prévisions quant aux évolutions des taux d’intérêt.
C’est pour cette raison qu’il doit s’intéresser de près à sa construction en matière de
choix des rendements des actifs à analyse, le horizon de temps à retenir et le marché
sur lequel il intervient pour ne prendre que des actifs qui présentent des
caractéristiques compatibles avec la structure de son bilan qu’il veut couvrir.
Vu l’utilité de la courbe des taux, sa construction est devenue une étape primordiale de
l’élaboration du processus de gestion du risque de taux d’intérêt et l’évaluation des produits
de marchés de taux.
En effet le taux d’actualisation fixe a montré sa limite en supposant des courbe »s plates ; il
faut donc intégrer cette notion de structure de taux dans le calcul actuariel notamment dans
l’évaluation des actifs exposés au risque de taux pour tenir compte des déformations non
parallèles de la courbe. Et pour cela, les opérateurs de marché se contentent de son estimation.
Cependant, l’estimation de cette courbe a vu intervenir plusieurs méthodes de mesure et de
prévision spécifiques.
Nous allons au cours de cette section présenter les principales méthodes d’estimation de cette
courbe et finir par un exemple de construction de la courbe des taux zéro-coupon.
44
Les formes exponentielles donnent en général les meilleurs résultats.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
L’estimation par les modèles actuariels est imprécise puisque cela suppose un effet coupon
nul ou identique pour toutes les maturités. Cette méthode présente néanmoins l’avantage
d’être facile à mettre en œuvre.
Etape 1 : R 1 = Y1 p
(le prix d’un zéro-coupon est égal à son taux de rendement)
+ = 1 ⇒ = ( − 1
p p p 1
Y2 1+ Y2 1+ Y2
Etape 2 : 1+ R1 (1+ R 2 ) 2
R 2 Y
p ) 2
1 − 1 + 2R
1
. .
. .
. .
. .
= ( − 1
1
1 + Y np
Etape n : R n n − 1 ) n
1 − Y np ∑ 1
( 1 + R i ) i
i = 1
Cette méthode est également applicable pour estimer la courbe des taux des swaps dont les
valeurs des contrats purs sont implicitement le pair. Cependant, ces contrats comportent un
risque de contrepartie non négligeable. Les taux au comptant obtenus ne sont donc pas purs
au sens où ils incluent une prime de risque résiduelle.
D i= 1
i ⇔ Ri= i 1
Di −1
( 1+ R i)
45
Voire section 3(taux à terme) page 31.
46
Introduit par Salomon BROTHERS (1982), il donne la relation entre le rendement actuariel, la maturité et le
coupon d’une obligation valant le pair (zéro-coupon).
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
P
Prix au pair
B+t2
P
1-P
B0 Prix au pair
P
1-P
B-t1
Prix au pair
1-P
B t −1 = p ⋅ B t+ + ( 1 − p ) ⋅ B t−
1+ ( t −1 ) R t
47
Cette méthode peut être généralisée pour plusieurs titres ; ici nous nous sommes contenté de trois titres pour ne
pas alourdir les calculs.
48
Les valeurs du TMO sur les 3 ans sont respectivement 6.25 %, 6.5 % et 5.45 %.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Ainsi on aura :
pB t+ + ( 1 − p ) B t−
B0 = ( 1 + R1 )
Avec :
0 R 2 = ( prix au pair
B0 )
On refait le même travail pour des obligations zéro-coupon de maturités 3, 4 ans et ainsi de
suite jusqu’ à attendre l’horizon n.
Ces différentes méthodes d’estimation de la STTI montre le choix riche offert au gestionnaire
du risque de taux. Mais ce foisonnement de techniques n’écarte pas le risque de se tromper, de
ce fait, le gestionnaire doit prêter une attention particulière quant la construction qui lui assure
une fiabilité d’informations plus adaptées à ses attentes.
En outre, les taux obtenus sont discrets et ne peuvent être utilisés pour évaluer les flux de
l’ensemble des obligations disponibles sur le marché. Pour pallier à ce problème, on recours
aux techniques d’interpolation. 49
49
Plusieurs techniques d’interpolations existent telles que l’interpolation linéaire, cubique et cubique
différentielle.
50
Les principaux modèles sont : le modèle de Vasicek, Cox Ingersoll-Ross, modèle de Ho et le modèle de Heath
Jarow et Merton. Pour plus de détail se référer à « la gestion du risque de taux d’intérêt ; François QUITTARD-
PINON éd. Economica 2000).
51
La tendance des taux d’intérêt suivant ce processus est nulle, les taux reviennent toujours au niveau de départ.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
R1 exp(−σ t1 −t0
(t1) R1 exp(−σ( t1 −t0 − t2 −t1 ))
p = ∑i =1
Ci
(1+ R 0 ,i ) i
⇔ p = ∑C ⋅B
i =1
i 0 ,i
52
Généralement les taux courts de maturité jusqu’à 12 mois sont ceux des opérations monétaires : taux cash et
taux des titres de créances négociables. Le taux 12 mois peut être différent de celui 1 an des titres de marché
obligataire.
53
Pour ces taux, il faut mieux prendre ceux des titres d’Etat pour évincer la partie liée au risque de défaut.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
Soit P=(P1, P2, P3,........P10) le vecteur des prix des titres à coupon des échéances allant de 1 à 10
ans.
La matrice des flux des coupons et des remboursements au pair des 10 titres est :
V1+ C1 . . . . . 0
C2 V2+ C2 0 0
C = C3 V3+ C3 0 0
B=(B1, B2;............B10) le vecteur des prix des titres zéro-coupon que nous cherchons à
déterminer. L’équation donnant le prix d’actifs à flux déterministes s’inscrit sous forme
−1
matricielle par : P = C ⋅ B ⇒ B = C ⋅ P .
Pour le point de raccordement 1 an appartenant aux deux étapes, il faut prendre la moyenne
des taux zéro-coupon correspondants.
Il suffit pour avoir les taux zéro-coupon d’utiliser la1 formule :
r t zc = ( 1 +1 B t ) − 1
t
On a ainsi les points principaux de la partie courte et longue de la courbe des taux zéro-
coupon.
Conclusion
Dans les calculs actuariels, nous avons considéré un seul taux d’actualisation pour toutes les
maturités « forme plate ». Ici, après avoir révéler l’existence d’une courbe non plate, nous
nous sommes affranchi de cette limitation en l’utilisant pour l’actualisation des flux des actifs
générant plusieurs flux.
Cependant, les taux zéro-coupon ne sont pas suffisants, il faut leur intégrer la prime du risque
et le coût de liquidité pour être proche de la réalité.
Conclusion du chapitre :
Au cours de ce chapitre, nous avons vu que la taux d’intérêt est un prix inter-temporel de
l’argent. Son niveau général est fixé par les forces du marché c’est-à-dire par le jeu de l’offre
et de la demande mais aussi d’autres facteurs objectifs et subjectifs accentuent
considérablement sa volatilité.
La pratique des marchés financiers a mis en évidence un éventail de taux. La volonté de faire
un lien entre tous ces taux a donné lieu à la notion de STTI. La connaissance de cette structure
de taux dite aussi gamme des taux a résout beaucoup de problèmes auxquels étaient
confrontés les gestionnaires du bilan notamment l’évaluation des obligations et des produits
dérivés, la prévision des taux et le calcul actuariel.
Premier chapitre Le risque de taux d’intérêt
La courbe des taux zéro-coupon tient une place prépondérante dans la théorie de la finance.
Actuellement, elle est au centre de toute opération financière et tout calcul financier et sa
connaissance relève des nécessités absolues pour un financier.
Chapitre 2
FONDEMENTS THEORIQUES ET
PERATIQUES SUR LE TAUX D’INTERÊT
Le risque de taux d’intérêt naît essentiellement des variations non anticipées des taux
d’intérêts et leur impact négatif sur la rentabilité de l’établissement bancaire. Nous avons vu
précédemment que cette volatilité affecte négativement la rentabilité de la banque. En effet, le
risque de taux consiste en une modification de la rentabilité ou de la valeur patrimoniale de la
banque suite aux mouvements non prévisibles des taux d’intérêt.
De ce fait, le taux d’intérêt s’est accaparé d’une place très importante dans la gestion du
risque de taux. Pour le gérer efficacement, il faut être capable de prévoir ses évolutions
futures. Car on ne peut élaborer une stratégie de gestion efficace du risque de taux sans avoir
la moindre idée sur le taux d’intérêt et ses mouvements qui génèrent ce risque.
L’évolution des taux est devenue l’un des principaux soucis des gestionnaires du bilan et sa
négligence ne peut être justifiée si on veut élaborer un processus de gestion efficace du risque
de taux. Ainsi, la compréhension de la formation des taux est apparue indispensable à la
gestion du risque inhérent à leur volatilité afin d’être à même d’anticiper leur évolution et de
limiter leur incidence négative sur le patrimoine et les résultats de la banque.
L’objet de ce chapitre est d’avoir un outil de gestion fiable sur lequel se base le gestionnaire
pour fonder ses prévisions quant aux mouvements des taux. Dans un premier temps, nous
rappelons quelques notions de base sur le taux d’intérêt, en déduisant les différents types de
taux. Dans un second temps, nous allons nous intéresser à leur formation et aux mécanismes
de leur détermination, nous allons, ici, présenter quelques théories des deux (02) courants de
pensées économiques .classique et keynésien, et finir par l’explication de l’impact d’une
politique monétaire et budgétaire sur le niveau général des taux. Aussi, nous nous pencherons
sur la notion de la STTI qui représente un autre outil de gestion, et les différentes théories
l’expliquant. Enfin, un exemple de construction d’une courbe des taux zéro- coupon sera
présenté.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Le taux d’intérêt joue un rôle essentiel dans les ajustements macro-économiques et les
équilibres des marchés (monétaire, obligataire,…). Ainsi, il est devenu une variable
incontournable pour appréhender et comprendre l’économie d’un pays.
Cependant, la réalité financière et bancaire met en évidence une multitude de taux qui
correspondent aux différentes interprétations, que les agents économiques en font et utilisent
pour leurs opérations.
De ce fait, il est nécessaire, à ce stade de développement, de préciser la notion de taux
d’intérêt et de faire une synthèse des principaux taux employés dans le milieu financier et
bancaire.
Ainsi, il existe autant de taux d’intérêt 54 qu’il existe d’actifs échangeables ; chacun a
son
propre taux d’intérêt (own rate of interest). La monnaie a aussi son propre taux
d’intérêt. Ce taux correspond à la différence existante entre une unité monétaire (M0)
disponible maintenant et une certaine quantité de monnaie (M1= x M0) livrable à
l’instant (t1) et ayant le même pouvoir d’achat rapporté à l’unité monétaire (somme
initiale). En posant (r) le taux de variation de la quantité échangée sur la période t0 ´
t1. On aura :
1 M0 en t0 M0 + r M0 en t1
U = r M0
54
Le taux d’intérêt est unique pour un titre donné, sur une même période.
55
ANASTASIADES F. « Les swaps : concepts et applications ». Édition Economica ; Paris 1999.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
porte, la fréquence de paiement des intérêts, la convention sue la base annuelle et la méthode
de calcul des intérêts.
Les quatre (04) premières caractéristiques étant universelles, les dernières font l’objet de
nombreuses pratiques différentes qui donnent lieu à différents types de taux.
56
Ces taux peuvent être soit plus élevés (structure normale) soit moins élevés (structure inversée) que les taux
courts.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Le taux actuariel donne le rendement réel d’un actif distribuant un intérêt fixe, il est obtenue n
égalisant son prix d’achat à la valeur actuelle de ses flux ; c’est le taux d’actualisation
solution de l’équation en x suivante :
n
P = ∑ Ci
(1+ x )i
1= i
I = C ⋅ [(1 + ia ) n − 1]
Le taux zéro-coupon :
Il représente le taux de rendement d’un actif qui ne distribue pas de coupon avant son
échéance ; il est calculé par la formule :
Pt → T = (1 + R
1
t→ T )T −t
Pour extraire le taux zéro-coupon à partir du taux actuariel, il faut combiner les deux
relations suivantes sur les prix de plusieurs obligations de différentes échéances
résiduelles :
r1 = Ln (1 + i p )
57
Voire l’annexe n° 1 : « formules de conversion des taux ».
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
n
P = ∑t=1
e
Ft
rt . t
Le taux zéro-coupon est déterminé par récurrence ; rn est calculé sachant r1, r2, …….rn-1
connus.
Les taux proportionnels (précomptés et post-comptés) et les taux actuariels ne reposent
pas sur les mêmes bases et mode de calcul ; il est nécessaire de les rendre équivalents
pour pouvoir les comparer entre eux.
jour.
Le TAM : taux annuel monétaire ; c’est le taux de rendement d’un placement à
intérêts composés pendant les douze derniers mois au taux de référence TMM.
2-4-2- les taux négociés sur le marché obligataire :
58
Les taux d’intérêt pratiqués sur les marchés monétaire et obligataire sont donnés le plus souvent sous forme
d’indice de taux.
59
Il y’a effet attirance -fuite entre les deux compartiment du marché monétaire.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Les taux pratiqués sur le marché obligataire servent au calcul d’indices de taux d’intérêts
longs pouvant servir de base aux opérations à long terme. Ces indicateurs de taux sont
calculés sur le marché des emprunts d’Etat et sur le marché obligataire privé en faisant des
moyennes de taux de rendement actuariels. Parmi ces taux, on invoque :
Le TME : taux mensuel des emprunts d’Etat.
Le TMO : taux moyen obligataire.
Le THO taux hebdomadaire obligataire…etc.
Conclusion de la section :
De nos jours, le taux d’intérêt émerge comme une variable incontournable de l’analyse
économique. Il représente un prix intemporel d’équilibre déterminé par le jeu de l’offre et de
la demande sur les marchés de capitaux.
Cependant, la diversité des intervenants sur les marché et la multiplicité des opérations
adjacentes accentuent la volatilité des taux ; ce qui rend la gestion du risque inhérent
extrêmement difficile.
Pour comprendre cette volatilité des taux, il faut impérativement essayer de définir leurs
déterminants. Tel sera le but de la prochaine section.
(1 + i ) = (1 + r ) (1 + Π a )
Avec : i le taux nominal ;
R le taux réel ;
a
Π le taux d’inflation anticipée.
a
Le développement de cette relation, en posons le produit r. Π négligeable, nous mène a la
formule dite de FISHER qui est :
taux no minal = taux d' inf lation anticipée + taux réel
Par cette relation, FISHER suppose que le taux réel est déterminé uniquement par des facteurs
réels. La dépréciation de la monnaie ne l’affecte pas. Il n’y a que le taux nominal qui est
sensible à l’inflation. Ainsi, toute variation du taux d’inflation anticipée se traduit par la
même variation du taux nominal.
Cette théorie a subi beaucoup de controverses notamment de la part de MUNDELL et TOBIN
qui avancent qu’une dépréciation de la monnaie pouvait réduire la richesse des agents, et par
conséquent, leurs dépenses ; cette diminution de la richesse aura pour effet la baisse du taux
réel et la hausse du taux nominal dans des proportions différentes de celles prévues par la
relation de FISHER, le taux réel est donc sensible à l’inflation. Il s’agit de l’effet de
MUNDELL –TOBIN.
Une autre critique de cette relation porte sur la négligence de la fiscalité. En effet, pour que le
taux réel reste inchangé, une variation du taux d’inflation anticipée de X % doit entraîner une
variation de X / (1 - t) % du taux nominal, avec t le taux d’imposition.
Les taux d’intérêt ont donc deux raisons ; uns raison psychologique et une raison technique.
La raison psychologique est liée à la préférence du présent. La consommation d’un bien
disponible immédiatement procure plus de satisfaction que si elle est différée à plus tard.
La raison technique est relative au processus de production. Pour produire plus, il est
nécessaire de produire d’abord des biens d’équipement au détriment des autres biens « détour
de production ». Ainsi, l’intérêt peut être assimilé au rendement productif du capital mesuré
par son coût en terme de biens sacrifiés. Du coté de l’investisseur, plus le taux d’intérêt reste à
un niveau faible par rapport à la productivité marginale du capital, plus les entrepreneurs sont
incités à investir. Ce qui augmente en retour le taux d’intérêt. Par ailleurs, l’épargne des
ménages croit avec la hausse des taux car ils consomment moins en espérant une satisfaction
meilleure dans le futur. Le taux d’équilibre est atteint quand le taux marginal de substitution
entre consommation présente et future est égal la productivité marginale du capital.
60
La théorie Keynésienne a mis en cause l’hypothèse de plein emploi des classiques et a introduit
l’indépendance des trois marché (l’équilibre des deux marchés monétaire et des biens simultanément n’entraîne
pas celui du marché de travail). Cette théorie s’inscrit dans une optique à court terme qui est celle de la politique
de conjoncture économique ce qui justifie d’ailleurs l’intervention de l’Etat pour lutter contre le chômage.
61
Des restrictions quantitatives sur la masse monétaire.
62
Le raisonnement sera effectué ici sur le taux d’intérêt réel pour écarter l’effet e l’inflation
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
63 Voire infra la section suivante sur la structure par terme des taux.
64
TEG : c’est le taux qui intègre tous les frais et commissions liés à une opération de prêt ainsi que l’impôt
relatif.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Enfin, dans le cas des emprunts obligataires, les modalités d’amortissement : constant ou in
fine peuvent avoir un impact sur le taux de rendement.
4- risque de défaillance :
Un bon nombre d’actifs financiers sont des actifs risqués car leurs émetteurs peuvent se
révéler incapables de payer les intérêts ou de rembourser le principal. La probabilité de
défaillance de l’émetteur se traduit alors par des taux de rendement réalisés inférieurs à ceux
promis. Ainsi, les investisseurs n’accepteront de détenir des titres présentant des risques de
défaut qu’à la seule condition que le rendement promis par leurs émetteurs incorpore une
prime dite prime de défaut, telle que son rendement espéré soit égal à celui d’un titre sans
risque. Cette prime évolue avec le cycle économique. Ainsi, en période de croissance forte les
probabilités de défaillance diminuent et les investisseurs se montrent moins averses au risque
et réclament une prime de risque moins forte. Inversement, en période de récession cet écart
augmente.
Cette différence de taux liée à la prime de risque entraîne des opérations d’arbitrage en
empruntant à des taux déterminés et prêter à des agents moins crédibles pour la même
maturité mais à un taux plus élevé. Ces opérations volatilisent davantage les taux de marché,
taux qui ne reflètent pas la réalité du marché.
1-5-2- La reconstitution des réserves :
Aussi dans la pratique une de mande des bons de trésor exprimée par les compagnies
d’assurance pour reconstituer leur réserves en titres peut augmenter les taux sur les bons de
l’Etat conjecturalement sans qu’il ait l’influence d’un facteur réel.
1-5-3- Les anticipations auto-réalisatrices :
De même que pour les banques en sur-liquidité, si elles anticipent qu’à moyen terme cette
liquidité sera épongée par la banque centrale, elles ne la céderont qu’à un taux plus élevé.
Cette attitude aura pour effet l’augmentation du taux d’intérêt (anticipations qui orientent le
marché : effet moutonnier).
2- les déterminants externes :
Certains facteurs externes comme le taux d’intérêt étranger, le taux de change peuvent
influencer le niveau des taux d’intérêt domestiques. Nous allons, à présent, montrer ce lien à
travers deux théories :
2-1- la théorie de la parité des taux :
Cette théorie 65 établit, sous l’hypothèse de marché efficient et en l’absence d’obstacles
réglementaires à la circulation des capitaux, le report ou le déport 66 sir le marché de change à
terme est égal au différentiel du taux d’intérêt domestique et étranger.
f = F -s
s = i − ie (1)
65
Développée pour la première fois par J.M. Keynes
66
Il y a report lorsque le taux à terme est supérieur au taux au comptant et le déport dans le cas inverse.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Cette relation est issue de la théorie de parité des taux couverte. Il existe une autre théorie de
parité dite non couverte. De son coté, elle introduit l’aspect anticipé du taux de change comme
une variable aléatoire. Ici, l’investisseur reste en position ouverte car suppose que le taux de
change au comptant futur s* de la devise va s’apprécier par rapport à la monnaie nationale .A
l’équilibre, on aura:
Δa = ( s s− s ) = i − ie
a
(2)
Δ = s1 − s 0
s0 = Π0 −Π e
0
(3)
Si en plus, les marchés sont parfaits et donc les anticipations le sont aussi, la combinaison des
relations 2, 3, 4, 5 implique que r = re (différentiel de taux est égal au différentiel de taux
d’inflation anticipé entre les deux pays)
(i − i e ) = sa −s
s
= ( Π a − Π ea ) = f
Le différentiel d’intérêt est égal au taux de report à la variation des cours de change et au
différentiel d’inflation anticipée. Il faut souligner tout de même que cette théorie est
sévèrement critiquée et cela à cause des hypothèses simplistes de la PPA et l’efficience des
marchés qui ne sont pas toujours vérifiées. Cependant, plusieurs études empiriques ont
confirmé le lien existant entre les taux d’intérêt étranger sur les taux domestiques. Leur degré
d’emprise dépend du contexte institutionnel dans lequel évoluent les échanges
internationaux.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Conclusion de la section:
Le taux d’intérêt, étant un prix, se détermine par le jeu de l’offre et de la demande. Cependant,
d’autres facteurs internes et externes accentuent sa volatilité et sa diversité. La maturité est
l’un de ses facteurs explicatifs de la diversité des taux. La connaissance du lien entre les
différents taux s’avère nécessaire. Nous allons dans la section suivante aborder ce volet par la
présentation de la structure par terme des taux d’intérêt qui fera le lien entre les taux courts et
les taux longs.
En exposant les théories de formation des taux, notre étude s’est focalisée, dans la
majeure partie, à la distinction entre taux réel et taux nominal ; ce qui reste pour le
gestionnaire du risque de taux sans utilité pratique puisqu’elle ne résous pas le
problème de multiplicité des taux. En effet, la pratique des marchés a montré qu’il
existe autant de taux différents que d’instruments de marché. Cette diversité s’explique
par le degré de négociabilité des actifs, la fiscalité, le risque de défaillance et la
maturité des actifs qui sont des facteurs difficiles à en tenir compte dans le processus
de prévision des taux d’intérêt.
Le facteur temporel en l’occurrence la maturité résiduelle des actifs, revêt quant à lui
un caractère fondamental dans la détermination du niveau des taux. Cette relation
triviale et facilement exploitable existant entre le niveau des taux et les maturités, nous
conduit directement à la notion de la structure par terme des taux d’intérêt (STTI).
La STTI peut être définie comme : « la relation qui lie les taux longs aux taux courts,
déduite de l’analyse des rendements d’actifs d’une même classe de risque, d’une même
fréquence de détachement de coupons et d’une même convention de calcul des taux et de
différentes échéances. Cette structure ou gamme des taux, à moment donné, est représentée
par la courbe qui, pour chaque maturité en abscisse correspond à un taux d’intérêt associé en
ordonnée. » 67
L’observation des courbes des taux permet de constater qu’elles prennent des formes
diverses. Les principales sont :
La structure normale ou croissante :
67
F. QUITTARD-PION et ROLOND,OP. Cit. page 87.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Cette forme est ascendante et souvent concave. Les taux longs sont supérieurs aux taux
courts. Les opérateurs anticipent la hausse des taux courts futurs. Cette forme est dite
normale par référence au fait que plus un actif est de maturité résiduelle grande, plus il
est risqué (incertitude) et donc mieux rémunéré.
La structure plate :
Cette forme est rare. Par cette allure, les agents anticipent la stabilité des taux futurs à
court terme à leur niveau au comptant.
La structure en cloche :
Cette forme est généralement observée en période de taux élevés. Par là, les agents
économiques change d’anticipation de hausse ou de baisse des taux dans le futur.
La structure inversée :
Ici, les taux courts sont supérieurs aux taux longs. Le marché anticipe la baisse des taux
courts futurs suite à un ralentissement de la croissance économique. Les investisseurs
acceptent des rendements moindres sur des placements à log terme et donc plus risquée
contre la forte
Taux de
Rendements
(%)
Structure normale
Structure inversée
Structure plate
Maturité
Ces formes sont obtenues en analysant la relation existant entre les taux de rendement et
l’échéance des titres d’Etat supposés sans risque. Ce faisant, on écarte les autres facteurs
explicatifs des taux de rendement (degré de négociabilité, la fiscalité et le risque de défaut).
(1 + R n ) n = (1 + R 1 )( 1 + r1 , 1 )( 1 + r 2 , 1 )......... .......( 1 + r n − 1 , 1 )
Avec : ri,1 taux court anticipé pour la période allant de 1 jusqu’à i ;
R1 taux au comptant ;
Rn taux à terme d’échéance n.
Cette théorie peut rendre compte de n’importe quelle forme de le courbe des taux. Ainsi,
une courbe plate implique que les agents anticipent la stabilité des taux courts futurs,
une courbe croissante signale des anticipations à la hausse et la courbe décroissante
correspond à des anticipations baissières du niveau des taux d’intérêt futur.
68
Les taux futurs sont des taux à terme implicites qui correspondent aux taux au comptant anticipés.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Introduite par J. HIKS en 1946, cette théorie privilégie le comportement d’aversion des
agents envers le risque afférent à la détention des titres. Elle stipule que les taux à long
terme sont déterminés par les taux courts futurs plus une prime de risque qui traduit
l’incertitude et l’aversion au risque des investisseurs. Ainsi, les investisseurs qui on,t
un horizon de placement court réclament en plus du taux d’intérêt qu’ils anticipent une
prime de risque fonction du temps. Un titre long génère un risque en capital plus élevé
qu’un titre à court terme du fait de l’incertitude entourant la solvabilité de l’émetteur.
Des lors que les investisseurs n’acceptent d’accroître la durée de leurs placements
qu’en échange d’un plus compensant le risque additionnel.
La relation entre les taux courts futurs et les taux longs est donnée par la formule
suivante :
Avec : L1, L2,………. Ln les primes de liquidités croissantes des échéances 2, 3, ……..n.
Selon cette théorie, la STTI a toujours une pente positive (croissante) et sa forme inversée
n’est qu’une aberration du marché qui ne peut durer longtemps. La théorie de la prime,
en ne considérant que le risque de l’émetteur ne fournit qu’une explication partielle
des forces qui déterminent l’allure de la courbe.
2-3- La théorie de la segmentation des marchés :
Présentée par CULBERSTON en 1957, cette théorie considère que les institutions
financières interviennent sur des segments particuliers du marché de capitaux
indépendamment du niveau du risque. Les préférences qu’elles manifestent quant à la
durée des opérations sont très rigides ; elles cherchent seulement à faire coïncider la
structure par durée de l’actif et du passif de leurs bilans. Les opérateurs se spécialisent
dans certains segments et n’interviennent que sur ce segment.
Selon cette approche, les titres de différentes maturités ne sont pas substituables et les
marchés sont ainsi parfaitement cloisonnés. Dans chaque segment, le taux d’intérêt est
déterminé indépendamment des autres. La courbe des taux est alors composée des taux
des différents segments correspondant aux différents compartiments du marché.
( 1 + R n ) n = ( 1 + R1)( 1 + a1 , 1 + H 2 )( 1 + a 2 , 1 + H 3 )......... ( 1 + a n − 1 , 1 + H n )
Avec : H1, H2,………. Hn les primes de liquidités croissantes des échéances 2, 3, ……..n.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
69
L’absence de la prime du risque dans la courbe des taux des emprunts étatiques, nous permet d’écarter son
effet sur l’interprétation de la forme de la courbe et rend son utilisation facile pour le choix des taux
d’actualisation, pour cela, il suffit de rajouter la prime correspondant à chaque contrepartie.
70
A fur à mesure que la notation baisse, la prime du risque s’accentue et la courbe des taux se décale vers le haut.
71
Un actif est dit zéro-coupon s’il ne comporte pas de détachement de coupons et il ne donne lieu qu’a un flux
initial d’acquisition et un flux final de remboursement.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Taux de
rendement
(%)
Maturités
t2
On peut obtenir ces taux à partir de la courbe des taux au comptant ou de celle des taux
zéro-coupon.
3-1-1- Les taux forwards courts :
Supposons les taux à court terme rt connus à la date t0. Le taux forward pour les
opérations à court terme est donné par la relation :
(1 + t 2 ⋅ rt ) = (1 + t1 ⋅ rt )(1 + (t 2 − t1 )rt )
2 1 1
t2
(1 + Rt ) t = (1 + Rt ) t (1 + R )
n
n
n −1
n −1
t n −1
tn
i t = Ln ( 1 + r t )
Le taux à terme est donné par la relation :
r tt12 = − ( 1
t 2 − t1 ) Ln ( B t2
B t1 )
Bt1 et Bt2 sont les prix des actifs zéro-coupon à vendre et acheter respectivement.
Pour les taux courts à terme, il est donné en tendant t1 vers t2 (quand t2-t1 tend vers 0) :
r = Lim r t1
t t 2 → t1 t 2
Nous avons aussi que le prix d’un actif zéro-coupon à terme est donné implicitement par la
relation :
= = exp⎧⎨− (t 2 − t1 ) ⋅ rt ⎫⎬
Bt 2
B
⎩ t ⎭
t1 Bt1 1
t2
2
⎧ t2
⎫
Ou : B = exp ⎨ − ∫ r ⋅ dt ⎬
⎩ ⎭
t1 t
t2
t1
D’où :
t2
r =(
t1
1
t 2 − t1 ) ∫ rt ⋅ dt
t2
t1
Conclusion de la section :
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
La structure par terme des taux d’intérêt constitue une source d’information très appréciable
car elle véhicule toute l’information concernant le niveau des taux et leur volatilité, et elle
résume le lien existant entre les taux courts et les taux longs.
De ce fait, elle présente, pour le gestionnaire du risque de taux, un outil de gestion sur lequel
il se base pour fonder ses prévisions quant aux évolutions des taux d’intérêt. C’est pour cette
raison qu’il doit s’intéresser de près à sa construction en matière de choix des rendements des
actifs à analyse, le horizon de temps à retenir et le marché sur lequel il intervient pour ne
prendre que des actifs qui présentent des caractéristiques compatibles avec la structure de son
bilan qu’il veut couvrir.
Vu l’utilité de la courbe des taux, sa construction est devenue une étape primordiale de
l’élaboration du processus de gestion du risque de taux d’intérêt et l’évaluation des produits
de marchés de taux.
En effet le taux d’actualisation fixe a montré sa limite en supposant des courbe »s plates ; il
faut donc intégrer cette notion de structure de taux dans le calcul actuariel notamment dans
l’évaluation des actifs exposés au risque de taux pour tenir compte des déformations non
parallèles de la courbe. Et pour cela, les opérateurs de marché se contentent de son estimation.
Cependant, l’estimation de cette courbe a vu intervenir plusieurs méthodes de mesure et de
prévision spécifiques.
Nous allons au cours de cette section présenter les principales méthodes d’estimation de cette
courbe et finir par un exemple de construction de la courbe des taux zéro-coupon.
72
Les formes exponentielles donnent en général les meilleurs résultats.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
L’estimation par les modèles actuariels est imprécise puisque cela suppose un effet coupon
nul ou identique pour toutes les maturités. Cette méthode présente néanmoins l’avantage
d’être facile à mettre en œuvre.
Etape 1 : R 1 = Y1 p
(le prix d’un zéro-coupon est égal à son taux de rendement)
+ = 1 ⇒ = ( − 1
p p p 1
Y2 1+ Y2 1+ Y2
Etape 2 : 1+ R1 (1+ R 2 ) 2
R 2 Y
p ) 2
1 − 1 + 2R
1
. .
. .
. .
. .
= ( − 1
1
1 + Y np
Etape n : R n n − 1 ) n
1 − Y np ∑ 1
( 1 + R i ) i
i = 1
Cette méthode est également applicable pour estimer la courbe des taux des swaps dont les
valeurs des contrats purs sont implicitement le pair. Cependant, ces contrats comportent un
risque de contrepartie non négligeable. Les taux au comptant obtenus ne sont donc pas purs
au sens où ils incluent une prime de risque résiduelle.
D i= 1
i ⇔ Ri= i 1
Di −1
( 1+ R i)
73
Voire section 3(taux à terme) page 31.
74
Introduit par Salomon BROTHERS (1982), il donne la relation entre le rendement actuariel, la maturité et le
coupon d’une obligation valant le pair (zéro-coupon).
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
P
Prix au pair
B+t2
P
1-P
B0 Prix au pair
P
1-P
B-t1
Prix au pair
1-P
B t −1 = p ⋅ B t+ + ( 1 − p ) ⋅ B t−
1+ ( t −1 ) R t
75
Cette méthode peut être généralisée pour plusieurs titres ; ici nous nous sommes contenté de trois titres pour ne
pas alourdir les calculs.
76
Les valeurs du TMO sur les 3 ans sont respectivement 6.25 %, 6.5 % et 5.45 %.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Ainsi on aura :
pB t+ + ( 1 − p ) B t−
B0 = ( 1 + R1 )
Avec :
0 R 2 = ( prix au pair
B0 )
On refait le même travail pour des obligations zéro-coupon de maturités 3, 4 ans et ainsi de
suite jusqu’ à attendre l’horizon n.
Ces différentes méthodes d’estimation de la STTI montre le choix riche offert au gestionnaire
du risque de taux. Mais ce foisonnement de techniques n’écarte pas le risque de se tromper, de
ce fait, le gestionnaire doit prêter une attention particulière quant la construction qui lui assure
une fiabilité d’informations plus adaptées à ses attentes.
En outre, les taux obtenus sont discrets et ne peuvent être utilisés pour évaluer les flux de
l’ensemble des obligations disponibles sur le marché. Pour pallier à ce problème, on recours
aux techniques d’interpolation. 77
77
Plusieurs techniques d’interpolations existent telles que l’interpolation linéaire, cubique et cubique
différentielle.
78
Les principaux modèles sont : le modèle de Vasicek, Cox Ingersoll-Ross, modèle de Ho et le modèle de Heath
Jarow et Merton. Pour plus de détail se référer à « la gestion du risque de taux d’intérêt ; François QUITTARD-
PINON éd. Economica 2000).
79
La tendance des taux d’intérêt suivant ce processus est nulle, les taux reviennent toujours au niveau de départ.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
R1 exp(−σ t1 −t0
(t1) R1 exp(−σ( t1 −t0 − t2 −t1 ))
p = ∑i =1
Ci
(1+ R 0 ,i ) i
⇔ p = ∑C ⋅B
i =1
i 0 ,i
80
Généralement les taux courts de maturité jusqu’à 12 mois sont ceux des opérations monétaires : taux cash et
taux des titres de créances négociables. Le taux 12 mois peut être différent de celui 1 an des titres de marché
obligataire.
81
Pour ces taux il faut mieux prendre ceux des titres d’Etat pour évincer la partie liée au risque de défaut.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
Soit P=(P1, P2, P3,........P10) le vecteur des prix des titres à coupon des échéances allant de 1 à 10
ans.
La matrice des flux des coupons et des remboursements au pair des 10 titres est :
V1+ C1 . . . . . 0
C2 V2+ C2 0 0
C = C3 V3+ C3 0 0
B=(B1, B2;............B10) le vecteur des prix des titres zéro-coupon que nous cherchons à
déterminer. L’équation donnant le prix d’actifs à flux déterministes s’inscrit sous forme
−1
matricielle par : P = C ⋅ B ⇒ B = C ⋅ P .
Pour le point de raccordement 1 an appartenant aux deux étapes, il faut prendre la moyenne
des taux zéro-coupon correspondants.
Il suffit pour avoir les taux zéro-coupon d’utiliser la1 formule :
r t zc = ( 1 +1 B t ) − 1
t
on a ainsi les points principaux de la partie courte et longue de la courbe des taux zéro-
coupon.
Conclusion de la section
Dans les calculs actuariels, nous avons considéré un seul taux d’actualisation pour toutes les
maturités (forme plate). Ici, après avoir révéler l’existence d’une courbe non plate, nous nous
sommes affranchis de celle limitation en l’utilisant pour l’actualisation des flux des actifs
générant plusieurs flux.
Cependant, le taux zéro-coupon ne sont pas suffisants, il faut leur intégrer la prime du risque
et le coût de liquidité pour être proche de la réalité.
Conclusion du chapitre
Au cours de ce chapitre, nous avons vu que la taux d’intérêt est un prix inter-temporel de
l’argent. Son niveau général est fixé par les forces du marché c’est-à-dire par le jeu de l’offre
et de la demande mais aussi d’autres facteurs objectifs et subjectifs accentuent
considérablement sa volatilité.
La pratique des marchés financiers a mis en évidence un éventail de taux. La volonté de faire
un lien entre tous ces taux a donné lieu à la notion de STTI. La connaissance de cette structure
de taux dite aussi gamme des taux a résout beaucoup de problèmes auxquels étaient
confrontés les gestionnaires du bilan notamment l’évaluation des obligations et des produits
dérivés, la prévision des taux et le calcul actuariel.
Deuxième chapitre Fondements théoriques et pratiques sur le taux d’intérêt
La courbe des taux zéro-coupon tient une place prépondérante dans la théorie de la finance.
Actuellement, elle est au centre de toute opération financière et tout calcul financier et sa
connaissance relèvent des nécessités absolues pour un financier.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Chapitre 3
La qualité de la gestion du risque de taux d’intérêt repose avant tout sur une bonne
appréciation de l’exposition de l’établissement bancaire à ce risque.
Le but de ce chapitre est de présenter les méthodes dont dispose le gestionnaire du bilan pour
mesurer ce risque et préparer ainsi ses stratégies de gestion. Ces méthodes sont la méthode du
gap et ses dérivés, la méthode de duration et les méthodes VaR, Earning-at-risk et le Cost to
close introduites nouvellement pour la mesure du risque de marché des portefeuilles mais
également superposables à la gestion du risque de taux dans le bilan bancaire.
Nous allons d’abord présenter, au cours de la première section la méthode des gaps et ses
dérivés et ses problèmes spécifiques et proposer des traitements adéquats pour pallier à ses
problèmes.
Ensuite, nous allons décrire la méthode de duration, préciser ses limites, exposer les
améliorations qui lui sont apportées et nous montrerons comment la duration peut être utilisée
pour évaluer le risque de taux d’intérêt d’un établissement bancaire et calculer la duration des
principaux éléments du bilan et du hors bilan de la banque.
Et enfin, nous exposerons les nouvelles méthodes de mesure qui viennent pallier aux
limitations des techniques traditionnelles. Cela nous permettra d’avoir une vue globale sur les
méthodes disponibles et choisir parmi elles une méthode adéquate pour apprécier ce risque
dans une banque algérienne.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Toutefois, rien n’empêche de calculer une impasse en taux pour des bilans avant financement
c’est à dire à partir de bilans non équilibrés en liquidité, précisément pour définir des
solutions de financement.
Sous ces conditions, la variation de la marge d’intérêt ΔM i est donnée par :
ΔM i = Gap × Δ i Avec : Δ i la variation de taux de référence.
Cette méthode est simple et facile à calculer. Cependant cette méthode reste insuffisante du
fait des hypothèses trop simplistes. En effet elle ne permet pas de conclure sur la sensibilité
de la marge future après l’intégration des nouvelles productions ; aussi l’hypothèse d’un
déplacement parallèle de la gamme du taux s’avère irréaliste comme nous l’avons déjà
montrée auparavant.
A cet effet, cette méthode du gap instantané a été améliorée pour tenir compte du paramètre
temporel par l’élargissement du calcul à plusieurs périodes 82 .
2- La méthode des gaps à taux fixes :
Cette méthode est dérivée directement de celle du gap instantané. Sa nouveauté est due au fait
qu’en plus elle tient compte du facteur temporel en intégrant les productions nouvelles sur une
succession de périodes.
Le raisonnement est effectué donc sur des bilans toujours équilibrés et l’impasse en taux se
calcule par la différence entre ressources et emplois à taux fixe ce qui revient au même
puisqu’on ne prend en compte que la distinction entre taux fixe et taux variable sur des
bilans équilibrés.
Le calcul de la variation de la marge en fonction de ces gaps à taux fixe et des variations de
taux doit être décomposé période par période et mesuré toujours par le produit du gap moyen
et la variation du taux.
2-1- Principe de la méthode :
On procède au découpage de l’horizon de gestion en sous période afin de spécifier les
éléments du bilan à taux variable et ceux à taux fixe de chaque sous période. Il faut que
l’impasse calculée au cours d’une période de référence soit stable. Sinon, il y a lieu de
procéder au découpage de l’horizon en périodes plus courtes pendent lesquelles les impasses
sont relativement stables.
Posons H l’horizon de gestion, la durée [0 , H] est découpée selon les périodes suivantes :
[ 0 , H1],[H1,H2],[H2,H3] , …….[Hn ,H].
D’abord, on établit l’échéancier des flux de capitaux de l’actif et du passif du bilan et hors
bilan à taux fixe correspondant à l’amortissement des encours existant initialement, le but
étant d’en déduire le solde de chaque sous période.
Ensuite, pour chaque période, on calcule le «gap à taux fixe » qui représente l’écart entre
l’encours moyen à taux fixe des ressources de début de période, qui sont vivantes pendent
cette période, et l’encours moyen à taux fixe des actifs définis de la même manière.
La variation de la marge pour une période [Hj, Hj+1 ] donnée est :
82
Voire infra page 57 l’incidence des positions de liquidité sur les impasses en taux.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Hj t1 t2 Hj+1
E0 E1 E2 En
83
Δ taux pratiqués Δ t aux de marché
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
variations des taux sur l’activité du crédit, sur les placements, sur les remboursements
anticipés et sur l’arbitrage entre les dépôts non rémunérés et les placements rémunérés.
Cinquièmement : La difficulté liée à l’intégration des éléments optionnels.
Finalement : Cette méthode nous ne fournit pas l’information sur la sensibilité globale de la
marge à une variation de taux.
Exemple : application de la méthode des gaps à taux fixes sur un bilan simplifié
Supposant un bilan dont les postes à taux fixe à l’actif et au passif sont les suivantes :
actif passif
crédit 1900 DAV 800
Emprunts 200
Crédits :
Crédit 1 5000 1000 Annuelle Constant 10 ans
Crédit 2 2000 400 Semestrielle Constant 5 ans
Crédit 3 500 500 In fine In fine 2 ans
Crédit 2
solde fin période 200 0 0 0
solde moyen 200 100 0 0
Crédit 3
solde fin période 500 500 500 0
solde moyen 500 500 500 250
total 1700 1350 1000 500
Emprunt 2
solde fin période 50 50 50 50
solde moyen 50 50 50 50
DAV 800 760 720 680
800 780 740 700
total 1000 905 790 750
Ainsi, on établit l’échéancier de tous les postes à taux fixe en tenant compte des informations
relatives à leur amortissement. (Solde moyen)
1 sem. 2 sem. 3 sem. 4 sem.
* crédit 1700 1350 1000 500
actif
Les gaps des trois premiers semestres sont négatifs, la marge est donc exposée
défavorablement à la hausse des taux d’intérêt.
Voyons quel serait l’impact d’une variation des taux de 1% sur la marge d’intérêts :
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
S1 S2 S3 S4
Δ i = + 1% - 3.5 84 - 2.225 - 1.05 + 1.25
Δ i = - 1% + 3.5 + 2.225 + 1.05 -1.25
On remarque que l’effet d’une hausse ou d’une baisse est symétrique sur la marge.
ΔM stock
= ∑ Gap
index
stock
index
× Δ taux × durée
ΔM prod.nlle. = ∑ Gap
touslesind ex
prod.nlle.
index
× Δ taux × durée × coefficien t d' elasticité index
L’amortissement du bilan :
TFCT TFLT TVCT TVLT
ACTIF 10% 100% 15% 15%
PASSIF 10% 50% 5% 10%
Echéancier du bilan :
1S 2S 3S 4S
S1 S2 S3 S4
stock NP stock NP stock NP stock NP
ATFC 0 0 0 0 0 0 0 0
ATFLT 0 -0.1687 0 -0.5062 0 0 -0.1687 0
ATVCT 0.075 0.0875 0.225 -0.2615 1.1875 0.075 0.0875 0.225
ATVLT -0.95 -0.1375 -0.85 -0.4125 -4.375 -0.95 -0.1375 -0.85
Δ M (indexé) -1.0937 -1.8112 -4.6606 -1.3893
ΔM (taux fixe) -0.5125 -1.5375 -1.9375 -1.7125
On remarque que la variation de marge obtenue par la méthode des gaps indexés est dans la
plupart des cas supérieure à celle obtenue par la méthode des gaps à taux fixe. La marge
présente une exposition plus importante à une variation des taux d’intérêt que celle dévoilée
si on utilise la méthode des gaps à taux fixe.
4- Traitement des postes non-échéancés :
Les gaps sont calculés à partir des chroniques de flux en taux. Lorsque ces flux ne sont pas
correctement positionnés (hypothèse arbitraire) ou sont incertains, le calcul des gaps devient
approximatif.
Certains postes du bilan posent ce genre de difficultés quant à la ventilation de leurs encours
dans l’échéancier du gap de taux. En effet, les postes sans échéance à savoir : les dépôts à vue,
les contrats optionnels, les contrats à taux révisable et les fonds propres n’ont pas d’échéances
certaines et les flux qu’ils engendrent sont aléatoires. Il est souvent difficile de les intégrer
dans l’échéancier du gap de taux. Ainsi doit-on les traiter pour en tenir compte dans le calcul
des gaps.
épargnes rémunérés et à taux révisable 85 et la partie instable est considérée à taux variable.
Parmi ces méthodes on trouve la méthode conventionnelle et la méthode statistique.
Avec la méthode conventionnelle la partie stable peut être estimée en calculant une volatilité
et une moyenne du niveau des encours sur l’année qui précède. A partir de ces deux valeurs
(moyenne et écart type) on peut choisir un intervalle de confiance et en déduire alors un
encours stable pour ce seuil de confiance.
La méthode statistique est fondée sur des tests statistiques de stabilité par contrat, parmi ces
méthodes en trouve la méthode du portefeuille répliqué 86 qui permet de transformer une
position d’un produit non-échéancé en une imbrication de contrat homogène, parmi lesquels
sera repéré les contrats stables avec des maturités implicites.
La partie stable étant considérée soit à taux fixe soit à taux variable, il suffit alors de définir
sur cette partie des profils d’évolution en adoptant des règles d’amortissement. L’estimation
du taux d’amortissement consiste à rapporter le nombre moyen des comptes fermés en
nombre de comptes existants en début d’année.
D’autre part l’encours instable (volatile) des DAV considéré comme exigible à tout instant est
classé dans les ressources à taux variable qui viennent en déduction du gap à taux fixe
prévisionnelle.
4-2- Les contrats à taux révisable :
« Les contrats à taux révisable sont tous diffèrent des contrats à taux variable. Ils sont
contrairement au taux variable ne possèdent pas de périodes récurrentes de révision. De plus
cette révision des taux est décidée par la banque et n’est pas contractuellement fonction
d’indicateurs de marché » 87 . Ces contrats posent également des problèmes spécifiques dans la
construction du gap. En effet, la révision des taux d’intérêt sur les contrats est à la fois
arbitraire et incertaine au moment de la construction de l’impasse du taux.
Faute d’études statistiques 88 spécifiques, les gestionnaires du bilan utilisent des conventions
arbitraires pour intégrer les produits à taux révisable tels que «les comptes épargnes ». dans le
calcul des gaps, ils admettent comme prochaine révision de taux l’intervalle moyen historique
pendant lequel les taux révisables sont très stable ; ce calcul doit être effectué par produit
puisque les comportement et l’index de révision ne sont pas les mêmes d’un produit à l’autre.
Comme toute convention cette approche est loin d’être parfaite puisque les périodicités de
révision de taux sont irrégulières.
4-3- Les contrats optionnels :
Les options de taux posent également des problèmes spécifiques dans le calcul des impasses
en taux. En effet, avec ces produits on ne sait si elles seront exercées ni quand.
Une manière simple d’intégrer les options de taux dans les calculs d’impasses consiste à
supposer qu’elles sont exercées dés qu’elles sont dans la monnaie « in the money », c’est à
85
Voire infra le 2ème point : traitement des contrats à taux révisables.
86
Voire annexe sur la méthode du portefeuille répliqué.
87
Extrait de l’article de DAMEL P. « modélisation des contrats bancaires à taux révisables », revue Banque
&marché n°39 du mois d’Avril 1999.
88
D’autres méthodes dites comportementales de la révision des taux existent pour plus de détails, se référer à
l’article du DAMEL P. OP. Cit.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
dire profitable. Le calcul des impasses dépend donc du niveau des taux et leur prise en compte
suppose alors de faire des simulations sur la déformation de la courbe des taux puis de
positionner dans l’échéancier des flux générés par l’exercice89 rationnel de ces options.
Un autre aspect des contrats optionnels est les options implicites telles que le remboursement
anticipé (RA). L’impact des variations des taux d’intérêt est considérable sur l’exercice de
cette option. Cependant, la relation entre RA et la variation des taux n’est pas la même selon
que les taux montent ou baissent, le montant des remboursements tend à être indépendant de
la hausse des taux et tend à croître avec l’ampleur d’une baisse des taux.
La prise en compte des options est sans doute le point le plus complexe de la gestion du risque
de taux. D’abord parce qu’il s’agit d’identifier l’ensemble des options contenues dans le bilan
explicites et implicites ensuite, la difficulté de leur intégration dans l’échéancier de gap pour
adopter une méthodologie de traitement homogène avec les autres lignes de l’actif et du
passif.
Par ailleurs le traitement des options dans le but de gérer le risque de taux leur afférent diffère
de leur traitement comptable. En comptabilité, les options apparaissent en hors bilan, à l’actif
en cas de vente et au passif en cas d’achat, mais en terme de risque de taux seul les options
dans la monnaie sont prises en compte c’est à dire les options avec une valeur intrinsèque non
nulle.
89
Il faut distinguer entre les caps et les floors. L’opportunité de leur exercice diffère si les taux montent ou
baissent.
90
La prise en compte d’une option implicite telle que le RA se fait par la considération d’une option classique
en l’occurrence un call américain sur un actif amortissable dont le strike est à la monnaie.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Lorsque l’impasse en liquidité est financée immédiatement, il est possible de fixer la structure
de la dette, à taux fixe ou variable sur la période en cours.
L’impasse en liquidité n’a pas lieu d’être considérée en totalité à taux variable.
La formule précédente devient :
Conclusion de la section :
L’avantage des méthodes des gaps réside dans leur simplicité. Le calcul d’impasse donne une
image synthétique de la position de taux qui peut être construite sur tous les taux de référence.
L’impasse en taux est reliée directement à l’objectif comptable de marge d’intérêt.
Cependant, les modelés de gaps souffrent d’imperfections qui peuvent fausser les décisions de
gestion, cela tient aux hypothèses simplificatrices requises pour calculer ces impasses.
Les premières simplifications proviennent de la nécessité de prendre en compte les encours
sans échéances qui sont pris en compte plus au moins conventionnellement.
Les secondes proviennent des hypothèses d’indexation sur les taux de référence qui ne sont
pas exactes. En dépit de ces limites, la méthode du gap conserve soigneusement ses attraits.
Le gap de taux, en liant la variation de la marge d'intérêt aux variations des taux, donne une
mesure de l'exposition au risque de fluctuation du taux à court terme.
En effet, malgré la pertinence de l'analyse de la marge d'intérêt, elle reste un indicateur de
gestion à court terme sur lequel il est impossible de faire des prévisions au delà de quelques
années.
Dans ce sens que les gestionnaires ont souvent recours à la notion de valeur actuelle nette des
fonds propres qui est mieux adaptée à une gestion long terme.
Le but de cette section est d'introduire la sensibilité de la VAN des fonds propres aux
variations de taux en abordant une notion très importante dans la gestion financière à savoir la
duration.
Nous allons dans ce qui suit, donner la définition et les propriétés de la duration, en suite
déceler les limites qui (entourent) cette mesure et enfin, exposer les améliorations apportées, à
cette approche de mesure du risque et finalement montrer comment le concept de duration
permet de construire des outils de mesure du risque de taux centré sur les indicateurs de
valeur de la banque.
1- définition de la duration :
Introduite pour la première fois par F. Macaulay en 1939.
La duration est d'abord définie comme un indicateur de durée de vie moyenne permettant de
comparer des obligations.
En 1946, elle fût redécouverte une deuxième fois par R. Hicks, qui la définit comme un
indicateur de sensibilité du prix d'un actif financier à revenus fixes aux variations des taux.
Ces deux interprétations de la duration sont aussi intéressantes l'une que l'autre.
Après avoir testé plusieurs mesures possibles, permettant de comparer des obligations, telles
que la durée de vie ou la durée de moyenne, Macaulay a défini la duration comme une durée
de vie moyenne où chaque période comprise entre l'instant présent et la date de tombée d'un
flux est pondérée par la valeur actualisée de ce flux.
La duration est donnée en considérant le taux d'intérêt discret par la formule:
n
∑
F i
ti
=
( 1 + R ) t i
i = 1
D V 0
D = ∫t
f (t)e
v0
0
D = − dv 0
v0 ⋅ 1
dr
dv
Avec : v00 la variation de la valeur de l’actif.
dr la variation du taux actuariel.
Cette duration exprimée en taux annuel (R) discret est:
Dans tout ce qui précède, il a été supposé que les dates de tombée de flux correspondaient à
un nombre entier de périodes (année). En général, si une fraction de période Z s'écoule avant
le premier flux t1, l'expression de la duration devient:
n
∑
( ti + z )⋅Fi
z + ti
D =
i=1 (1+ R )
V0
93
Le passage de l'une à l'autre est effectué en utilisant la formule d'équivalence citée supra section 2 chapitre 2.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Avec :
V 0 = ∑ (1+ RF) i
z + ti
i =1
La duration dans sa première définition de longévité effective, nous donne une certaine
mesure du risque d'un actif à revenus fixes. De plus, la duration est un terme de l'équation de
l'élasticité du prix d'un actif à revenus fixes. C'est à dire de l'équation qui lie la variation du
prix à la variation des taux sur le marché selon la formule:
dV 0
= −D ⋅ dr
1+ r ⋅V
On remarque que le titre dont la duration est plus forte aura une variation de prix plus
importante et de ce fait sera plus risquée.
En outre, la duration de Hicks permet d'introduire une autre notion adjacente à la duration. Il
s'agit de la sensibilité.
D'une façon générale, la sensibilité traduit la réaction du prix d'un actif à un mouvement des
taux d'intérêt. Elle représente le rapport entre la variation relative du prix de l'instrument et la
variation absolue du taux. dV 0
S = dR
V0
= −D
1+ R
Techniquement, la duration d'un actif représente la durée nécessaire pour, qu'en cas de
variation instantanée des taux sur le marché, on rattrape le rendement actuariel prévu au
moment de l'achat. Autrement dit, c’est le temps qu'il faut pour neutraliser les effets d'une
variation des taux sur la valeur du titre et pour le réinvestissement des flux générés.
Par l'intégration des différentes spécificités d'un titre, la duration représente un bon indicateur
de la longévité effective d'un titre. En plus, son utilisation s'adapte facilement à n'importe
quel actif et même aux portefeuilles (en raison à la propriété de l'additivité), cependant, il
reste un seul inconvénient, la duration ne tient compte que des variations infinitésimales de
taux, et elle ne (constitue) qu'une approximation pour des variations finies.
La duration peut être interprétée comme l'espérance mathématique de la variable aléatoire t de
f ( t ) e − rt
densité w(t ) = V0 . Cette interprétation permet de définir une autre notion qui est la
convexité, définie comme le moment d'ordre 2 soit:
d 2V 0
( 2 )
dr
V 0
Exemple : Soit deux actifs A et B dont les flux sont donnés par le tableau suivant:
1 2 3 4 5
Flux A 89.85 89.85 89.85 89.85 89.85
Flux B 216.15 0 0 0 261.6
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
convéxité = δV0
δr V0 = 1
(1+ R )2
[ ( t i + t i2 ) ⋅ F i
( 1+ R ) i
t ]/V0
La sensibilité du prix d'un actif aux variations de taux d'intérêt doit s'analyser par la duration
et la convexité. En effet, comme le montre l'exemple précédent, deux positions de même
variation peuvent être exprimées différemment à une même variation de taux d'intérêt.
En outre, l'hypothèse d'une STTI plate et un réinvestissement des flux futurs au même taux est
peu réaliste, car la duration ne tient pas compte des déformations non parallèles de la courbe
des taux. Il faut donc introduire la notion de courbe des taux et de généraliser la notion de
duration à la STTI. Chaque position est décomposée en une série de flux actualisés à un taux
propre à la période. Plus les dates de tombée de flux sont dispersées moins la duration sera
une mesure correcte du risque de taux de cette obligation dans le cas d'une structure par
terme de taux d'intérêt non plate.
3- Les améliorations apportées à la duration
La notion de duration peut être améliorée de façon à lever les deux hypothèses restrictives
exposées précédemment. Ces améliorations concerne l'introduction de la duration d'ordre 2
ou convexité et la prise en compte de la STTI.
3-1- L'introduction de la convexité:
La duration n'étant une mesure exacte que pour une variation infiniment petite du taux
d'intérêt, il convient donc de la corriger pour des variations finies de ce taux. Pour répondre à
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
cette problématique il est possible, au lieu de dériver la valeur d'un actif à revenu fixe par
rapport taux, d'en faire un développement de Taylor au second ordre pour une variation finie
(ΔR), on trouve:
(*)
n
D’autre part, on a : dV
dR = ∑ (1t+ ⋅RF) = i i
ti
− D ⋅V
1+ R
i =1
Et
d 2V
dR 2
= ∑
i =1
( t i + t i2 ) ⋅ F i
t +2
(1+ R ) i
= Conv ⋅V
(1+ R ) 2
ΔV
V = − D ⋅ ΔR
1+ R + Conv
2 ⋅ ΔR 2
(1+ R ) 2
Cette relation montre bien que plus la variation du taux d'intérêt est proche de 0 plus la
sensibilité est correctement représentée par sa duration. Lorsque l'utilisation de la variation ne
constitue pas une approximation suffisante, il est utile de lui rajouter l'effet de la convexité
comme un terme correctif.
La convexité des obligations n'est pas seulement utilisée comme correctif de la duration. Elle
peut également servir de base à la mise en place des opérations d'arbitrage. En effet, deux
obligations de même valeur et de même duration régissent différemment aux variations des
taux. L'obligation qui a une convexité plus forte aura toujours une valeur supérieure à celle
de l'autre que le taux d'intérêt augmente ou diminue. D'où un arbitrage possible en prenant
une position longue sur l'obligation avec une convexité supérieure et une position courte sur
l'autre. Cela n'implique aucune mise de fonds et apporte un gain quelque que soit l'évolution
des taux.
Exemple:
Soit deux obligations A et B avec les caractéristiques suivantes:
R= 8 %
Valeur nominale duration convexité
Obligation A 1000 6.26 59.33
Obligation B 1000 6.26 33.54
Si on achète 100 obligations avec le montant de la vente à terme de 100 obligations B 94 .
situation où le taux passe à 7% :
ΔV A = V A (− D A ⋅ 1Δ+RR + Conv2 ⋅ (1Δ+RR ) ) = + 61.095
2
A
2
94
Supposons que la vente à terme est possible dans ce cas.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
n
On en déduit : dV = ∑ [d ( R )
i =1
i
δV
δRi + 1
2 d(R i ) 2 δ 2V
δ R i2
]
n
dV = ∑ [d ( Ri ) (1+iRF ) + 12 d(R i ) 2 i
i
i +1
( i + i 2 ) ⋅ Fi
(1+ Ri ) i + 2
]
Et : i =1
On a d’autre part : Di = − 1
V ⋅ δV
δRi et Convi = V1 ⋅ δδRV
2
2
i
n
Donc : dV = ∑ [d ( R ) ⋅
i =1
i
D ⋅V
1+ R i + 1
2 d(R i ) 2 ⋅ Conv i ⋅V
(1+ R i ) 2
]
95
En plus des intérêts perçus durant la période de détention du portefeuille.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Exemple :
Soit une position en taux composée de 8 flux repartis sur l’échéancier présenté dans le tableau
suivant :
Maturité 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(année)
Flux 150 -250 200 0 100 -180 182 0 -350 80
Taux 0-
coupon 0,069 0,061 0,061 0,062 0,062 0,063 0,066 0,067 0,069
(%) 6 9 8 2 4 7 5 1 1 0,07
n
Le marquage de cette position s’établit : V = ∑
i =1
Fi
(1+ Ri ) i
=0
Quelle peut-être son évolution dans différents scenarii de déformation de la courbe des taux ?
96
Voire infra section 2 chapitre 4 ; Page 89.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Comme cela a déjà été précisé dans le chapitre n°1, une banque peut apprécier son exposition
au risque de taux d’intérêt en se basant sur plusieurs variables financières retenues comme
indicateurs de sa performance et de sa valeur. Celle-ci peut ainsi connaître l’incidence
éventuelle du risque de taux sur la marge d’intérêt, sur la valeur de ses fonds propres ou sur
son revenu net économique, etc.…
Le raisonnement suivi sera d’abord effectué dans le cas d’une variation infinitésimale des taux
pour ensuite en déduire le résultat pour des variations finies. En fin, nous allons calculer la
duration des principaux éléments du bilan et du hors bilan.
4-1- L’impact d’une variation des taux sur la VAN des fonds propres
4-1-1 Cas d’une variation infinitésimale de taux
La valeur actuelle nette des fonds propres est donnée par la relation :
VAN FP
= VAN A
− VAN P
Où VANA, VANP sont respectivement les valeurs actuelles nettes de l’actif et du passif hors
fonds propres.
Soit RA et RP les taux de rendements actuariels de l’actif et du passif hors fonds propres et
nous supposons 97 qu’ils varient de la même manière i.e. : dRA = dRP = dR
La variation de la VAN pour une variation infinitésimale de taux s’écrit :
dVAN FP
dR = dVAN A
dR − dVAN P
dR
dVAN FP
dR = − D A VAN A
1+ R A + D P VAN P
1+ R P
Sachant que :
dV
dR = − D V
1+ R ⇔ D = − dV
dR ⋅ (1+ R )
V
On peut déduire la duration des fonds propres qui est donnée par :
D FP = − dVAN FP
dR ⋅ (1+ R )
VAN FP
97
Cette hypothèse est posée dans un but de simplification du fait de la difficulté liée à l’appréciation de l’impact
des variations des taux sur les rendements actuels. Puisque la variation du taux actuel comporte en plus de la
variation de la gamme de taux sans risque de défaut, la variation du spread de défaut. La méconnaissance du
comportement du spread face aux variations de taux a poussé les gestionnaires à poser, pour mesure de
simplicité, dRA = dRP.
98
DA = − dA
dR ⋅ ( 1+ R )
A Et D A
= − dP
dR ⋅ (1+ R )
P
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Posons : ( D 1+VAN
A
R − A
A D P VAN P
1+ R P ) =α
On a donc 99 :
D FP
= α ( 1+ R
VAN FP )
On en déduit que :
• Si α > 0, la VAN des Fonds propres s’appréciera en cas de hausse des taux et se
dépréciera en cas de baisse des taux ;
• Si α <0, la VAN s’appréciera en cas de baisse des taux et se dépréciera en cas de
hausse des taux ;
• Si α = 0, la VAN est insensible aux variations des taux.
Nous supposerons : d 2 R A
d 2 R P
= 0
La variation de la VANFP s’écrit :
1+ R ⋅ Δ R + 2 Conv A VAN A ⋅ ( 1+ R ) + D P ⋅ 1+ R ⋅ Δ R +
Δ VAN FP ≈ − D A ⋅ VAN 1
A
A
ΔR 2 VAN
A
P
P
1
2 Conv P VAN P ⋅ ( 1+ΔRR ) 2 P
Ratio = VAN
VAN = VANVAN−VAN = 1 − VAN
FP
A VAN
A
A
P P
A
= −( ) = −[
dVAN P ⋅VAN A − dVAN A ⋅VAN P ( 1+ R P 1+ R A
) VAN P
dRatio
dR VAN A2 VAN 2A
]
99
α peut être défini comme l’écart de duration entre l’actif et le passif.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Ainsi :
dRatio
dR = − VAN
VAN ( D
1+ R − D
1+ R )
P
A
A
A
P
P
En posant : β = − ( 1 +DR − A
A
DP
1+ R P )
On en déduit que :
Si β > 0 ; La ration VANFP /VANA s’appréciera en cas de hausse des taux et se
dépréciera en cas de baisse des taux.
Si β < 0 ; Le ratio s’appréciera en cas de baisse des taux et dépréciera en cas de hausse
des taux.
Pour des variations finies de taux, la variation du ratio VANFP /VANA peut être donnée
en approximation de deuxième ordre en utilisant le développement de Taylor.
Δ Ratio = Δ R + 12 ( d dRRatio ) Δ R 2
2
dRatio
dR 2
Avec :
I = R A
⋅ VAN A
− R P ⋅ VAN P
Il est donc sensible aux variations du taux d’intérêt. La banque peut aussi contrôler le
risque de taux au niveau du résultat en agissant sur les durations de l’actif et du passif.
La variation du I en fonction des durations de l ‘actif et du passif est donnée, pour des
variations infinitésimales de taux par :
dI
dR = VAN A
− R A
dVAN
dR
A
− VAN P
+ R P
dVAN
dR
P
D’où : dI
dR = VAN A
− RA VAN A ⋅ D A
1+ R A − VAN P
+ RP VAN P ⋅ D P
1+ R P
Elle est aussi donnée, pour des variations finies par la formule :
I = dI
dR Δ R + 1
2
d 2 I
dR Δ R 2
D *S =
D * emp ⋅VAN emp − D * pret ⋅VAN pret
VAN emp − VAN pret
100 D
La duration modifiée est égale au rapport 1+ R
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Dans le cas où VAN pret = VAN emp ; alors pour mesurer le risque de taux sur le swap, il suffit
de disposer de la variation du prix du Swap consécutive à une variation des taux.
dswap
dR = dpret
dR − demprunt
dR = D pret
*
⋅ VAN pret
− D emp
*
⋅ VAN emp
=
* D*emp ⋅VANemp − D* pret ⋅VAN pret
D FRA VANemp −VAN pret
Le FRA peut avoir une duration modifiée infinie, mais comme dans le cas d’un swap, la
variation instantanée du prix du contrat peut donner une mesure du risque de taux de cet
instrument qui, elle est finie.
5-4- Contrat de taux à terme
Pour calculer la duration d’un contrat de taux à terme, il est possible d’utiliser la relation de
parité entre le cours à terme et cours spot donné par la formule suivante :
La variation instantanée du prix du contrat par rapport au taux d’intérêt est donnée par :
f ⋅ F (t0 ) − C = (C '− R − 100k )T
DOP = − dOP
OP ⋅ dr = Δ ⋅ OP ⋅ Dv
1 V
Cap = ∑ OPk
k =1
dOPk
Où : peut se calculer à partir de la formule donnant la duration d’une option.
dr
Conclusion de la section
La duration initialement conçue comme mesure améliorée de la maturité d'une obligation est
devenue une mesure très commode et un outil de gestion du risque de taux indispensable.
Grâce à ces propriétés d'additivité, elle permet des calculs relatifs à des portefeuilles
connaissant les durations des obligations qui les constituent.
Elle souffre cependant, de deux insuffisances. La première provient du fait qu'elle implique
des variations infiniment petites du taux d'intérêt. Pour les variations finies elle ne peut que
constituer une approximation. La prise en compte de la convexité peut corriger les effets de
variation, non négligeables de taux. La seconde insuffisance de la duration, est liée
l'hypothèse d'un taux d'intérêt unique. D'autres formes de duration prennent explicitement en
compte des STTI non plate de même que !leurs déformations possibles.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
La probabilité que le
montant de la VaR ne soit
101 C’est la perte potentielle la plus défavorable qui avec le seuil de confiance choisi ne sera pas dépassée
durant la période. pas dépassé sur un horizon
d’un jour.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
La VaR correspond à l’approche la plus aboutie des mesures de pertes probables : il s’agit
d’exprimer une exposition au risque puis lui appliquer des scenarii de variation du facteur de
risque relatif. La problématique de l’exposition au risque est une problématique de
valorisation. Dans la mesure où il s’agit de rechercher une relation entre le facteur du risque
et la valeur du portefeuille.
On remarque que cette mesure est spécifique à la gestion de portefeuille contre l’ensemble des
risques de marché. Malgré son inapplication dans la gestion du bilan en entier, on peut
comme même superposer cette méthodologie à la gestion du risque de taux dans le
portefeuille de négociation 102 uniquement.
La méthodologie VaR 103 , selon les donnée utilisées et les hypothèses formulées peut être
calculée de trois façons : La VaR Historique (non paramétrique), la VaR Analytique
(paramétrique) et la VaR Monte-Carlo.
102 Le portefeuille de négociation est celui destiné à la revente contrairement au portefeuille d’accumulation
constitué des opérations de refinancement et des opérations de l’activité traditionnelle de prêts/emprunts.
103 Les trois méthodes utilisent les données du passé pour estimer la valeur du portefeuille dans un futur proche,
cela suppose que le futur se comporte comme le passé, d’où la pertinence de la VaR que dans les conditions
normale de marché .
104 Il est à signaler que le dépassement de cette perte maximale est possible mais le nombre des répétitions ne
doit jamais dépasser le nombre (1- probabilité) × nombre de données.
105 La réalité contredit souvent l’hypothèse de normalité des distributions empiriques. Une distribution dite de
LEVY est définie pour pallier à ce problème. pour plus d’information se référer à l’article de WALTER
C.« Value-at-Risk » publié dans la revue Banquemagazine n° 614 du Mai 2000.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
Réévaluation :
L’évaluation de ce portefeuille sur les données des taux observés sur les 36 trimestres passés
nous permet de déterminer ses valeurs historiques lesquelles on les déduites de la valeur
actuelle pour calculer les pertes et profit réalisés si on le détenait à ces dates là.
Ces valeurs de P&L sont d’abord classées par ordre décroissant (gains puis les pertes) telles
que présentées dans l’histogramme suivant :
observation P&L observation P&L
1 10 848,30 19 -115,08
2 9 772,04 20 -132,73
3 8 668,73 21 -219,65
4 8 613,33 22 -249,62
5 5 993,13 23 -313,25
6 4 811,86 24 -353,19
7 4 041,70 25 -445,65
8 2 352,60 26 -462,54
9 1 962,11 27 -488,23
10 1 784,61 28 -557,58
11 1 186,64 29 -944,38
12 1 155,72 30 -1 123,32
13 713,53 31 -1 179,75
14 540,87 32 -1 918,28
15 495,39 33 -2 065,55
16 247,16 34 -2 065,55
17 -84,75 35 -2 366,00
18 -110,41 36 -2 463,14
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
La VaR obtenue pour un seuil de confiance de 95% sur un horizon d’un semestre est de
1918.28 DA 106 . C’est-à-dire que dans pas plus de 5% des cas soit 4 fois le portefeuille ne
pourra enregistrer une perte supérieure à 1918.28 DA.
Le calcul du EAR doit être fait à chaque mois pour les 12 premiers mois et pour la durée de
vie du portefeuille.
Comme le EAR mesure uniquement la sensibilité des gains suite à un décalage parallèle de la
structure des taux et ne tient pas compte de la sensibilité liée au différentiel des taux, le
portefeuille d’accumulation doit être testé pour des écarts larges et réduits entre quelques
index de taux.
Aussi, doit-on lui faire subir des simulations présentant des conditions exceptionnelles de
marché. A cet effet, des scenarii catastrophe sont prévus en anticipation d’événements
politiques ou économiques pouvant résulter en de sérieuses distorsions de marché. Le
106
obs = 0.95× 36 ≈ 32
107
C’est le portefeuille classique qui comporte les opérations traditionnelles de prêts, emprunts, refinancement et
produits de couverture.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
portefeuille est alors évalué selon ces nouvelles conditions et la sensibilité est ainsi
déterminée.
Apres avoir calculer cette sensibilité, une appréciation de la capacité de la banque à modifier
ses positions sera faite afin de prévoir les stratégies à adopter en cas de problème.
Exemple 108 :
Considérons le portefeuille contenant les opérations 109 suivantes :
• un prêt de 100 millions de DA sur 3 ans au taux de 10 % financé par des dépôts
stables pendant 6 mois rémunérés à un taux de 8 %.
• Des bons de trésor de 200 millions à 4 mois au taux de 9 %, fiancé par un emprunt sur
le marché interbancaire de 2 mois au taux de 6 %.
Hypothèses :
1- la période de défaisance est supposée de 30 jours (1 mois) ; c’est le temps qu’il faut
pour trouver une solution de couverture adéquate, obtenir l’accord des dirigeants et la
mise en place de la couverture.
2- Le facteur de défaisance est supposé constant sur toute la période.
3- Prenons σ = 0 . 9 % (soit 90 pb.).
108
Un exemple inspiré du cours « gestion de la trésorerie bancaire » assuré par ADOUR F. à l’ESB.
109
Comme pour le calcul du gap, certains postes sont sans échéances et doivent faire l’objet d’un traitement.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
De ce tableau, on tire les valeurs des différents EAR à partir desquels on peut définir des
limites de gestion 111 :
• EAR à 12 mois = - 0.28333.
• EAR total = - 0.39666.
• EAR total actualisé = - 0.34698.
La marge d’intérêt d’un portefeuille est figée jusqu’à l’échéance ou à la renégociation des
actifs et des passifs. Les positions ouvertes entraînent une exposition au risque de taux et à
tout moment on peut les équilibrer aux taux pratiqués sur le marché.
Exemple :
Prenons le même le portefeuille utilisé dans l’exemple précèdent et essayant de lui calculé son
CTC.
110
C’est la fluctuation probable des taux d’intérêt jusqu’à la fermeture des gaps avec 97.725 % de chance.
111
Voire infra paragraphe 5 chapitre 4. Page 87.
Troisième chapitre La mesure du risque de taux d’intérêt
1 an 0 0 0 0
2 ans 0 0 0 0
3 ans 0 0 0 0
Conclusion du chapitre :
La gestion du bilan dispose, pour évaluer l’exposition de la banque au risque de taux, de
plusieurs méthodes traditionnelles et modernes, le plus souvent complémentaires à savoir : les
gaps, la duration, la VaR, le EAR et le CTC.
Le calcul des gaps permet de lier la sensibilité de la marge aux mouvements des taux d’intérêt
alors que la duration nous informe sur la sensibilité des indicateurs de valeur et de
performance.
La complémentarité de ces deux méthodes vient du fait que la première s’inscrit dans une
optique à court terme tandis que l’autre elle plonge dans le long terme. Cependant, la fiabilité
de ces deux méthodes reste tributaire de l’exactitude des informations fournies (échéanciers,
règles d’amortissement, taux d’indexation…) et des hypothèses plus au moins réalistes que on
ait posé.
Ainsi, des études comportementales plus approfondies et la mise en place d’un système
d’information se révèlent très nécessaires pour avoir des résultats exacts sur lesquels on peut
s’appuyer pour élaborer les stratégies de gestion qu’il faut en tenant compte des spécificités
de notre banque.
De ce fait, d’autres méthodes plus sophistiquées sont mise en place pour tenir compte la
nature d’évolution des taux en se basant sur des calculs probabilistes et des coûts liés aux
opérations de couvertures des positions de taux révélées.
Toutefois, ces méthodes utilisées seules ne sont pas d’une utilité optimale. Il faut toujours les
combiner avec les méthodes traditionnelles puisque chacune de ces méthodes s’attache
d’expliquer un seul aspect du risque de taux et pour attendre une gestion efficace et complète
il faut d’abord se référer aux exigences des créanciers ensuite choisir la méthodes qui nous
permettra d’atteindre les objectifs fixés.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Chapitre 4
Les techniques de gestion du risque de taux sont directement extraites des outils de mesure
précédemment analysés à savoir les gaps et la duration. En effet, les gestionnaires se basent
sur ces deux outils de mesure pour élaborer des stratégies de couverture qui correspondent au
degré d’exposition mesuré et à l’objectif fixé 112 .
Le présent chapitre a pour but de présenter les motivations de gestion et les deux méthodes
de gestion offertes au gestionnaire : gestion en gap et gestion en duration et délimiter leur
champ d’application et leurs outils. Ainsi, la première section sera consacrée d’abord à la
présentation des objectifs de gestion.
Ensuite, au cours de la deuxième section, seront exposés les différents instruments de marché
de gestion du risque de taux avant de spécifier leur utilisation pour des situations plus précises
dans le contexte de chacune des deux techniques de gestion.
Et finalement, nous allons, au cours des deux autres sections poursuivre l’analyse des deux
principales techniques de gestion et leurs outils reposant sur l’ajustement des gaps et
l’annulation des écarts de duration tout en illustrant ces opérations par des exemples.
112
Cependant, on ne peut modifier un gap en se basant sur la duration des actifs à acheter ou à vendre par
exemple.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Le contrôle des risques consiste à s’assurer que l’établissement ne prend pas de risques
supérieurs à ceux que l’on se fixe pour bornes, il importe de savoir définir celles-ci que l’on
peut appeler « limites de risques ».
Définir un montant maximum de gap ou matcher les durations de l’actif à celle du passif n’est
pas forcément une façon optimale de s’assurer que l’on se limitera les pertes sur les positions
de taux car la limite en gap est appropriée à une activité d’investissement tandis que les
limites en duration (d’ordre 1 ou 2) correspondent plus à une activité de marché (négociation).
De telles limites n’ont pas le même sens dans une activité directionnelle spéculative et dans
une opération de couverture.
Dans le cas d’une couverture d’un portefeuille de négociation, si l’on veut limiter les pertes,
ce n’est pas en limitant le gap obtenu de l’échéancier des opérations que l’on obtiendra ce
résultat mais en limitant plutôt la sensibilité (le Delta) et la convexité (le Gamma) de tous les
éléments du bilan d’au moins ceux qu’on peut. Aussi, limiter les pertes d’un portefeuille
d’accumulation se fera par limiter les gaps car, ici ce qui nous intéresse le plus est de figer la
marge d’intérêt contrairement au cas précèdent où l’essentiel était d’immuniser la valeur du
portefeuille des fluctuations des taux d’intérêt.
Dans le cas d’une activité directionnelle spéculative, il faut par contre fixer une limite en
montant.
Mais avant d’entamer l’exposition de ces limites de gestion, il est important de distinguer les
différents objectifs et motivations de la gestion du risque de taux.
La couverture :
La couverture ou le hedging est destinée aux banques en position de taux qui ne souhaitent
pas être exposées au risque de taux et veulent ainsi se protéger contre ces manifestations.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Cette gestion a pour objectif la suppression pure et simple du risque. Ce dernier, émanant de
l’existence d’une position (gap non nul). L’annulation ou la réduction dudit risque consiste en
la suppression du gap soit par la recomposition du bilan, soit par le recours au marché des
produits dérivés.
Son principe est relativement simple, car il suscite à prendre sur le marché une position
inverse à celle détenue. Cette position vient ainsi compenser et annuler celle détenue
auparavant.
Cette couverture peut être « Micro » lorsqu’il s’agit de couvrir des opérations ou des lignes du
bilan prises individuellement, ou « Macro » lorsqu’il s’agit de couvrir une position globale de
la banque.
Il y a lieu de signaler que l’utilisation de la micro-couverture conduit parfois à couvrir les
emplois et les ressources dont les positions respectives s’annulent. La couverture devient
alors inutile et coûteuse, à ceci s’ajoute les lourdeurs de gestion et de suivi du nombre
important des opérations à couvrir. Malgré le problème lié à la mise en place d’une macro-
couverture à savoir la difficulté de déterminer la véritable position à couvrir qui suppose une
centralisation des opérations, elle reste la plus intéressante car elle permet de réaliser des
économies de coûts. En plus, le problème d’information peut être surpassé facilement en
mettent en place un système d’information efficace et rigoureux.
La spéculation :
Créer une position en spéculant consiste à vouloir profiter d’une variation des taux dont l’effet
sur le montant de la position est favorable à la banque.
La variation espérée ne peut jamais être certaine. Ainsi toute spéculation est fonction des
anticipations du spéculateur et de son aversion au risque.
La spéculation peut être totale ou partielle. Elle est totale lorsque le gestionnaire reste en
position ou bien au contraire augmente ses positions en amplifiant ou en inversant le sens de
certains gaps sur lesquels on anticipe une variation favorable des taux. Elle est partielle
lorsque le gestionnaire couvre une partie des positions ouvertes et garde les autres ouvertes
pour tirer profit des mouvements de taux.
Le premier critère de choix entre ces deux méthodes est bien entendu celui du respect de la
limite du risque définie par la direction générale de la banque ou par les autorités de tutelle.
1- Limite en gap :
Fixer des limites de risque pour la marge d’intérêt consiste à décider quelle est la baisse
maximale acceptable. Étant donnée la variation maximale du taux de marché, il existe une
valeur du gap limite telle que la marge ne peut pas franchir la limite fixée.
La limite de la marge est exprimée en pourcentage du PNB, elle est réévaluée chaque mois en
fonction des marges financières réellement dégagées et du PNB projeté jusqu’à la fin de
l’exercice.
Cette limite est complétée par deux indicateurs qui traduisent les contraintes de temps et de
modification de l’environnement :
- Le coût immédiat de fermeture (Cost to Close) ;
- Le coût marginal sur le PNB du portage des gaps calculés par une simulation des taux
selon la variation du taux de référence, en mettant la situation la plus pénalisante pour
la banque en fonction du sens dominant des gaps.
Si aucun de ces deux indicateurs ne bute contre la limite du risque et donc si aucune des
opérations ne s’impose au gestionnaire, celui-ci peut simuler l’impact des interventions
envisagées pour choisir la plus bénéfique pour la banque. La décision du gestionnaire dépend
aussi des conditions de marché sur les différentes échéances et de ses propres anticipations.
Ayant fixé le risque maximum et prix une hypothèse (assortie de probabilité ou non) de
variation des paramètres, il est alors facile de calculer la position maximum autorisée:
113
Cette limite est spécifique aux établissements orientés dans l’activité de marché caractérisée par une liquidité
forte. Cependant, elle peut être utilisée pour des directions qui gèrent les portefeuilles de titres par exemple la
direction de gestion des valeurs mobilières.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
La VAR est la perte maximum que peut subir un portefeuille sur une période donnée à une
certaine probabilité.
La value-at-risk est une limite de perte potentielle alors que le stop-loss set une limite de perte
effective, i.e. déjà constatée. Lorsqu’un stop-loss est atteint, la position détenue se révèle
perdante à hauteur de la limite fixée et doit être soldée.
Dans la value-at-risk, on ne mesure que la perte qui pourrait survenir dans le cas d’une
évolution défavorable des paramètres encore à venir. Il s’agit donc d’une projection
hypothétique dans le futur et non de la constatation d’une perte réelle.
On peut avoir une position très perdante (perte constatée) avec une value-at-risk ne dépassant
pas la limite de perte potentielle fixée, et réciproquement une position gagnante avec une
value-at-risk au-delà de la limite autorisée.
Dans le but de prévenir de pertes importantes, la value-at-risk s’impose comme un indicateur
« directeur » ou structurant duquel peuvent dériver toutes les limites de gestion fixées (limites
en delta, gamma…)
Conclusion de la section :
Plusieurs limites peuvent être définies pour contingenter les pertes gérées par l’évolution
défavorable des taux à savoir limite en gap, en VaR, en delta ou en gamma, etc.
Cependant, la définition de ces limites est conditionnée par la prise en compte de certains
critères ; d’abord déterminer les objectifs de gestion : la banque cherche une couverture ou
elle a une activité directionnelle spéculative. Ensuite, spécifier la nature de l’activité de
l’établissement : activité de marché qui vise à réaliser des gains de revente ou activité
d’investissement qui cherche à figer les marges d’intérêt ou les deux à la fois. Cela suppose
une parfaite connaissance de ce que l’on veut couvrir et pourquoi.
La volatilité des taux d’intérêt conduit, tout naturellement, tout gestionnaire de bilan à
s’interroger sur les instruments capables d’apporter une protection efficace pour annuler ou
atténuer le risque afférent à savoir le risque de taux d’intérêt. Pour répondre à ce besoin de
gestion, ont été inventés au début des années 80 une gamme de produits négociés sur les
marchés, efficaces pour gérer le risque de taux d’intérêt, qui offrent même la possibilité de
profiter des mouvements favorables de taux.
Aujourd’hui, les marchés financiers proposent des produits plus ou moins standardisés qui
facilitent et assouplissent de façon considérable les techniques classiques de gestion du risque
de taux. Il s’agit de contrats à terme, ferme ou conditionnel, qui sont négociés sur des marchés
de gré à gré ou sur des marchés réglementés.
L’objectif de cette section n’est pas de présenter un inventaire exhaustif des produits dérivés
utilisés sur ces deux marchés, mais de faire juste une présentation des contrats les plus
élémentaires pour apprécier leur utilité en matière de gestion du risque de taux.
1- Les contrats à terme négociés sur le marché de gré à gré :
Les instruments financiers peuvent être traités sur le marché de gré à gré ou « Over the
Counter Market » dès que deux contreparties se mettent d’accord sur les modalités de
l’opération à traiter. Ces modalités font l’objet d’un contrat signé conjointement par les deux
parties. La principale caractéristique de ce marché réside dans la souplesse des opérations qui
s’y nouent. En effet, il y a absence de standardisation, les différents instruments négociés sur
ce marché sont taillés sur mesure pour répondre efficacement au besoin de la contrepartie. Les
durées et les montants sont déterminés entre les deux parties contractantes et aucune autorité
n’intervient dans ces échanges.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Ce marché offre une panoplie de produits qui se répartissent entre contrats à terme ferme et
contrats à terme conditionnel appelés aussi options.
Durée d’engagement
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Aujourd’hui (date 0), l’opérateur achète un contrat FRA auprès d’une banque et signe un
contrat dont sera mentionné : le taux de référence (tm) 115 , le taux garanti (tg), la date de
valeur et l’échéance du contrat.
A la date de début de garantie t, les deux parties contractuelles comparent le taux garanti et le
taux de référence. Trois cas sont alors possibles :
• Si le taux de référence observé sur le marché est supérieur au taux garanti, le
vendeur verse à l’acheteur une indemnité relative au différentiel d’intérêt et il
emprunte au taux du marché ;
• Si le taux de référence observé sur le marché est inférieur au taux garanti, le
vendeur reçoit de l’acheteur une indemnité ;
• Enfin, si le taux de référence observé sur le marché est égal au taux garanti,
aucune indemnité ne sera versée ;
Le tableau ci-dessous résume l’échange des différentiels d’intérêt entre les deux contreparties
du FRA :
On remarque que dans les 3 cas, le vendeur de FRA emprunte au taux de marché mais le coût
de l’opération est toujours fixe. En effet, la perception ou le paiement du différentiel de taux
transforme le caractère variable de taux de l’opération à un taux fixe. On a toujours :
115
Le taux de référence est généralement le taux de marché à terme de la période T-t dans t. Un contrat de a mois
dans b mois se réfère à une opération de durée a mois qui commence dans b mois ; il aussi dit un contrat de a
mois contre b+ a mois ;
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
de contrat ne permet aux opérateurs de tirer profit d’une évolution favorable du taux d’intérêt.
En cas de baisse du taux, l’emprunteur s’endettera au taux garanti et en cas de hausse le
prêteur placera aussi au taux garanti.
Il est à signaler que l’indemnité « I » est versée à la date de valeur et est égale au différentiel
de flux d’intérêt actualisé sur la période d’engagement avec un taux précompté. Son montant
est donné par la formule :
M (tm − tg ) × n 116
I = Avec n le nombre de jour exact de la période
36000 + tm × n
d’engagement.
I =
(4 ,50 % − 4 , 25 % ) × 1 500 000 × 91
= 937 , 26 DZD
360 + 4 ,50 % × 91
On remarque qu’en cas d’une anticipation erronée, malgré l’opportunité du taux (TMP < taux
garanti) auquel elle peut emprunter, la banque prend l’indemnité qu’elle verse au vendeur,
ainsi le coût réel de l’opération physique sera de 4,25% (taux garanti).
En cas de changement d’anticipation, la banque subit un risque de taux et pour se couvrir, elle
peut retourner la même opération sur le marché et conclut un contrat FRA avec une autre
banque B pour la même période d’engagement.
M (tg − tm ) × n
I =
116
Cette formule est équivalente à 36000 + tm n il faut juste bien interpréter
le signe pour un
vendeur ou un acheteur de FRA.
117
On suppose qu’elle anticipe une hausse des taux de marché (TMP à terme).
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Dans ce cas, la banque A se porte vendeuse et le taux garanti par la banque B est de 4,35%.
Pour ce deuxième contrat, deux cas aussi peuvent se présenter :
Cas 1 : TMP > taux garanti (4,60 % > 4,35 %)
La banque A paie à la banque B une indemnité I :
I =
(4 , 60 % − 4 , 35 % ) × 1 500 000 × 91 = 937,26 DZD
360 + 4 , 60 % × 91
Gain = 374
Cas 2 : taux garanti 1<TMP<taux garanti 2 (4,25%<4,28%<4,35%)
La banque A reçoit de la banque B une indemnité I :
I =
(4 , 28 % − 4 , 35 % ) × 1 500 000 × 91
= − 262,54 DZD
360 + 4 , 28 % × 91
Gain = 375.
Cas 3 : TMP < taux garanti (4,10% < 4,25%)
La banque verse au vendeur une indemnité :
I =
(4 , 25 % − 4 ,10 % ) × 1 500 000 × 91
= 5 62,90 DZD
La banque A de la+ banque
reçoit360 4 ,10 % ×B91une indemnité I :
I * =
(4 , 35 % − 4 ,10 % ) × 1 500 000 × 91
= 9 38,19 DZD
360 + 4 ,10 % × 91
Gain = 375
Nous remarquons que la banque réalise un gain quelque soit les situations, à condition de
pouvoir vendre un FRA avec un taux de garanti supérieur à celui du FRA initial même dans le
cas de changement d’anticipation.
1-2- Le contrat terme/terme ou forward-forward :
Un contrat terme/terme consiste à emprunter à une banque un certain montant jusqu’à une
échéance donnée et à prêter simultanément à la banque le même montant mais sur une autre
échéance. Selon que l’échéance de l’emprunt est antérieure ou postérieure à celle du prêt, une
opération terme/terme permet ainsi de garantir un taux d’un placement ou d’un emprunt futur.
En effet, si l’entreprise veut se garantir un taux de placement à taux fixe pour trois mois dans
trois mois, elle placera sur six mois et empruntera sur trois mois ; si elle désire fixer un coût
d’emprunt pour trois mois dans trois mois, elle empruntera sur six mois et prêtera sur trois
mois. Ainsi le taux de placement ou d’emprunt sera implicitement défini comme le taux à
terme d’un prêt ou d’un emprunt de trois mois dans trois mois.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
⎡ i 2 (n 2 + n1 ) ⎤
⎢1 + 360 ⎥ 360
if = ⎢ − 1⎥ ×
i n n2
⎢ 1+ 1 1 ⎥
⎣ 360 ⎦
Avec : n1 nombre de jours séparant la date de mise en place du contrat de la date de
l’emprunt (ou du prêt effectif).
n2 durée en jours de l’emprunt ou prêt.
i1 taux d’intérêt pour la période (t0 - t1).
i2 taux d’intérêt pour la période (t1 –t2)
i1
⎡ 0 . 102 (90 + 91 ) ⎤
⎢1 + 360 ⎥ 360
if = ⎢ − 1⎥ × = 0 . 1015
⎢ 0.1 × 90 ⎥ 91
1+
⎣⎢ 360 ⎦⎥
Le swap de taux est principalement utilisé pour transformer une position à taux fixe en
position à taux variables et vice versa, ou bien échanger deux position à taux variable reposant
sur des références différentes. Ainsi on dissocie deux types de swap :
* swap taux fixe taux variable : dans ce type de swap l’une des contreparties paie des
intérêts sur la base d’un taux fixe , alors que l’autre paie de intérêts sur la base d’un taux
variable. Ici la partie qui paie le taux fixe est dite emprunteur de swap et l’autre acheteur de
swap et vice versa.
* swap taux variable taux variable ou basis swap : ce sont des swap de taux dans lesquels
les deux parties paient des intérêts sur la base de taux variables mais de référence différentes.
Nous ne développerons ici que le swap taux fixe taux variable, le principe étant le même pour
ce qui est du basis swap.
1-3-1- les éléments d’un contrat de swap :
Le contrat de swap de taux doit comporter certaines clauses nécessaires pour éviter les
conflits entre les deux parties contractantes, à savoir :
• L’identification des deux contreparties dans le contrat ainsi que le sens sur le
taux fixe pour déterminer le prêteur ou l’emprunteur des taux fixes.
• Le montant nominal du swap ce qui représente l’assiette de calcul des intérêts.
• Le taux fixe et le taux variable : la valeur du taux fixe et du taux de référence
pour déterminer les intérêts de branches variables.
• Date de valeur : c’est la date d’entrée en vigueur des contrats swaps.
• Date d’échéance : c’est la date de fin ou d’extinction de l’opération de swap .
• Le mode de règlement (journalier, mensuel ….) et la base de calcul es jours ou
mois.
• Le calcul juridique définissant les droits et obligation des signataires en cas de
rupture des contrats avant échéance.
Les opérations de swap de taux se justifient d’abord par les économies relatives qu’elles font
réaliser à leur utilisateur. En effet, selon que les opérateurs anticipent une baisse ou une
hausse des taux d’intérêts, ils peuvent changer les conditions de leur placement ou emprunt,
en contractant des swaps pour tirer profits de ces évolutions de taux.
Ainsi, le swap constitue un excellent instrument de gestion de leur exposition au risque de
taux.
1-3-3- principes de fonctionnement d’un swap taux fixe - taux variable :
Le contrat d’un swap TE - TV prévoit qu’une partie paie des intérêts sur la base d’un taux fixe
à l’autre partie et reçoit en retour des intérêts sur la base d’un taux de variable. Par
convention, l’acheteur de swap paie le taux fixe et reçoit le taux variable (emprunteur en
position longue et le prêteur en position courte).
Nous établissons d’abord les conditions de marché qui peuvent justifier sous apparition et
illustration au travers d’un exemple.
• les conditions d’apparition :
Considérons deus entités A et B et supposons que A est moins risqué que B.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
A/B A B
Long terme TF+HA TF+HB
Court terme TV+hA TV+HB
En général HB-HA est supérieur à hB-hB (le risque sur les opérations de long terme est pus
grand que sur les opérations de court terme).
Notons Δ la marge de swap.
La taux fixe payé par B à A est TF + Δ . Pour que A s’engage dans le contrat de swap, il faut
que son coût d’emprunt swappé soit inférieur à ce qu’il paie en intervenant directement sur le
marché.
Alors A s’endette à TF+HA et dans le cadre du swap il reçoit TF+ Δ et paie TV. Ce coût doit
être inférieur au taux variable auquel il peut prendre, il vient :
TV + (TF + H A ) - ( TF + Δ ) < TV + h A ⇒ H A - h A < Δ
Un swap n’est donc possible que si la différence entre les taux fixes est supérieure à la
différence entre les taux variables.
HA -HB > hA -hB
Il sera réalisé si 0,5% - 0,3% < Δ < 1,7% - 1%. Soit 0,2% < Δ < 0,7%.
En retenant Δ = 0,5%, le contrat swap peut se construire ainsi :
• A vendeur de swap, accepte de verser à B des intérêts calculés au taux Euribor.
• B acheteur du swap, accepte de verser à A les flux d’intérêts au taux de 5%.
Chaque entreprise va emprunter sur le marché où elle détient son avantage comparatif puis
conclure un accord d’échange des flux d’intérêts.
A B
Euribor.
A B
Taux d’emprunt. - 5%. - (Euribor + 1%).
Jambe variable. - Euribor. + Euribor.
Jambe fixe. + 5%. - 5%.
Total Euribor - 6%
Après cette opération de swap, B se trouve en situation d’emprunt à taux fixe à 6% au lieu de
6,2%, A emprunte à Euribor au lieu de Euribor + 0,3%. ( A a gagné 0,3% et B 0,2%).
1-3-4- Utilisation des swaps :
Les swaps de taux ont de nombreuses applications pour les banques, les grandes
entreprises...etc. Les principales sont :
• restructuration d’un placement ;
• restructuration d’un emprunt ;
• amélioration des conditions d’emprunt ;
• La création de liquidation ;
a) Restructuration d’un placement :
Dans la mesure ou il est complètement dissociée de l’opération physique, le swap permet de
gérer avec souplesse un prêt déjà existant. Ainsi, une banque en situation de prêteur qui
souhaite se prémunir contre une baisse des taux, si elle prête à taux variable peut répliquer son
prêt à taux fixe.
Aussi, si elle veut profiter d’une montée des taux lorsque elle prête à taux fixe , elle troque le
taux fixe contre un taux variable.
Exemple :
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Supposons qu’une banque ait placé 50 000 000 de Euros en CD 118 pour une durée de 5 ans à
un taux variable de TAM + 1%.
Anticipant une baisse des taux, cette banque effectue un swap de taux en payant des intérêts à
taux variable (TAM+2%) et recevant des intérêts à taux fixe 10% pour se couvrir contre la
baisse des rendement de son actif.
Cette situation est illustrée par le schéma suivant :
TAM+2 %. TAM+1%
Contrepartie Banque
Taux fixe 10%
Contrepartie 1 Placement en CD à
10 %
TAM + 1 %
11 % Banque
Contrepartie 2
TAM + 1.5 %
Le taux de placement est indexé sur le taux variable de TAM - 0,5%. On remarque que la
banque perd globalement une marge de 0,5% qui représente le coût de la mauvaise
anticipation.
b) Restructuration d’un emprunt :
De même, la banque peut modifier ces conditions d’emprunt en négociant des contrats de
swap taux fixe / taux variable et transformer ainsi son emprunt à taux fixe, si elle anticipe une
baisse des taux, en un emprunt à taux variable et l’inverse si elle anticipe une hausse des taux.
Exemple :
Supposons que la banque ait emprunté à un taux fixe de 10%, pour une période déterminée ;
anticipant une baisse des taux d’intérêts, elle souhaite modifier la nature de son emprunt afin
de profiter de cette baisse.
Elle conclut donc un swap avec une contrepartie en s’engageant à payer un intérêt variable
indexé sur le TMO (soit TMO contre un intérêt calculé sur la base d’un taux d’intérêt fixe de
9%).
Cette situation est illustrée par le schéma suivant :
118
Certificats de dépôts.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
9%
Ainsi, après l’opération de swap, le coût d’emprunt sera de : -10% - TMO + 9% = - (TMO + 1%)
La banque pourra ainsi profiter d’une baisse de taux si le TMO passe au dessous de 9%.
Supposons maintenant que les taux sur le marché ont baissé pour atteindre 7,5% et que la
banque estime que le taux de 7,5% est un plancher et que les taux vont tôt ou tard progresser.
A cet égard et pour se couvrir contre une hausse de taux, la banque conclut un autre swap
inverse au précédent en payant un taux fixe de 8% contre un taux variable TMO+1%.
Contrepartie 2
TMO + 1 %
NB : Bien que la banque ait fixé son coût d’endettement, elle ne s’est garantie un
refinancement sur la période. En effet, il est possible qu’au bout d’un certain temps, le
prêteur (sauf dans le cas d’un emprunt obligataire) décide de ne plus prêter à la banque.
Dans ce cas, le swap ne lui sera d’aucune utilité. Le swap couvre donc le risque de taux mais
ne fournit pas le cash nécessaire.
En fait, les opérations de swap sont souvent utilisées par des entreprises qui ont un accès
difficile au marché de taux fixe à cause de la qualité de leur signature due à leur faible surface
financière ou absence de rating. Même s’elles ont accès les primes de risque qu’on leur
impose pour les emprunts à taux fixe, sont en général plus importantes que dans les cas des
opérations à taux variable.
Elles se financent donc par des emprunts renouvelables sur une base de taux variable et
effectuera ensuite des swaps de taux fixe - taux variable, s’ils souhaitent bloquer le coût de
leur endettement. Ainsi cet instrument constitue un véritable outil de gestion du risque de taux
d’intérêt adapté à toutes les situations.
c) Création de liquidité :
119
9%-TMO - 10%-8%+TMO+1%=-8%.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Toutes les banques doivent justifier en permanence d’un coefficient réglementaire de liquidité
à court terme pour être en mesure de rembourser les déposants à tout moment. Or les banques
ont tendance à prêter sur le long et moyen terme et à emprunter à court terme. Par ces
opérations, les banques voient leur coefficient de liquidité se détériorer.
Pour rehausser ce coefficient, les banques ont souvent recours au marché des swaps.
La création de liquidité se fait en empruntant des liquidités à taux fixe sur une période
supérieure à un mois, et en swapant le taux fixe en taux variable indexé sur des maturités très
courtes (index quotidien). Ces liquidités peuvent alors être placées sur le marché au jour le
jour.
On remarque que le risque de taux sur cette opération est globalement nul et du point de vue
réglementaire, la banque aura amélioré son coefficient de liquidité.
Si le swap permet de transformer la nature d’une position, il n’élimine pas totalement le
risque car l’opération implique un risque de contrepartie qui résulte du fait que la relation peut
se révéler défaillante lors de l’exécution du contrat. Le swap peut impliquer aussi un risque
d’échéance. En effet, en changeant la nature d’un prêt ou d’un emprunt, on ne fait que
remplacer un risque de taux avec un autre.
Nous allons examiner plus tard l’intérêt des swaps dans la gestion de bilan et nous montrerons
qu’ils peuvent réduire systématiquement le risque de taux.
2- Les contrats à terme conditionnels (options) :
A la différence d’une opération à terme ferme, un contrat à terme conditionnel dit aussi
option , permet de fixer le jour de sa conclusion les conditions d’un échange qui pourra
s ‘effectuer ou non à une date ultérieure. La décision de réaliser cet échange appartient à
l’acheteur, qui paie une prime pour disposer de ce droit. Ainsi une option peut être définie
comme : « un contrat qui confère à son acheteur le droit d’acheter ou de vendre un sous –
jacent à un prix défini à l’avance ; dit prix d’exercice à une date fixée appelée échéance » 120 .
Il existe deux grands types d’options, celles qui confèrent le droit d’acheter le sous-jacent qui
sont des options d’achat appelées aussi Call et celles qui confèrent le droit de vendre le sous-
jacent qui sont des options de vente ou Put.
Lorsque le droit ne peut être exercé qu’à l’échéance, on parle d’options européennes. Si
l’option peut être lancée à n’importe quel moment jusqu’à la date d’expiration du contrat, on
parle d’option américaine 121 .
Selon l’anticipation et le profil de risque du gestionnaire, on distingue entre quatre situations
élémentaires représentatives de quatre profils de risque différents.
1) Achat d’un call :
L’opérateur acquiert le droit d’acheter le support à échéance au prix d’exercice K moyennant
le paiement immédiat d’une prime.
Gain
120
D. MARTEAU, gestion de risques sur opérations de marché, édition ESKA, Paris 1997.
121
Cette distinction entre option américaine et européenne n’a aucun rapport avec leur localisation géographique,
il est possible de négocier des options américaines en Europe et viceKversa. Dans ce qui suit, on ne suppose que
des options européennes sauf stipulation contraire. S
Perte
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
K
S
Perte
K
S
Perte
K
S
Perte
Ainsi l’achat d’un call peut être considéré comme un pari à la hausse du support 122 , assuré
contre la baisse, à condition d’accepter une perte d’un montant maximal égal à la prime
versée. De la même manière, l’achat d’un Put peut se concevoir comme un pari à la baisse du
sous-jacent assuré contre la hausse à condition d’accepter de perdre la prime versée.
122
Le support dans notre cas est le taux d’intérêt ou un contrat sur taux.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Le support ou le sous-jacent de l’option peut être de nature très diverse : une action, une
obligation, un indice boursier ou encore un taux d’intérêts pour ne citer que ces quelques
supports financiers. Les options sur taux peuvent sur des actifs sensibles au taux d’intérêts,
par exemple des prêts, des emprunts, des contrats à terme sur taux ou encore des swaps.
Dans son principe, une option sur taux d’intérêt ne diffère pas des options sur actifs
financiers.
Une option sur taux d’intérêt peut être définie comme « un contrat qui permet à l’acheteur
d’emprunter (ou de prêter) à son gré, à une échéance donnée, pour une durée déterminée et un
intérêt fixé dès la conclusion du contrat, une certaine somme, moyennant le règlement
immédiat au vendeur de l’option une prime dont le montant est librement négociée par les
deux contractants » 123 .
A échéance, l’acheteur de l’option peut exercer son contrat ou renoncer à l’opération. La
couverture du risque de taux est ainsi assurée en cas d’évolution défavorable des taux
d’intérêt. L’option agit comme une assurance contre le risque de perdre sans écarter toute
éventualité de gain. Sur le marché de gré à gré, on trouve différents types d’options sur taux,
les plus élémentaire sont :
1- Les options d’emprunt et de placement :
Les options d’emprunt ou de prêt sont des produits dérivés proposés par des institutions
financières. Elles permettent de couvrir le risque de taux d’un emprunt ou d’un placement
futur.
L’opération physique à couvrir et l’option sont négociées auprès de la même banque, on parle
d’option directe sur taux.
Nous analysons successivement l’option d’emprunt et l’option de placement.
1-1- l’option du taux emprunteur : lorsque une entreprise devant emprunter dans le futur,
souhaite se prémunir contre une hausse des taux, elle peut acheter une option d’emprunt
portant sur un montant, une date d’exercice et une durée donnée .
Si l’échéance de l’option, le taux de marché, choisi comme référence et correspondant à la
durée d’emprunt est supérieur au taux d’exercice de l’option l’entreprise exerce son droit
d’emprunt. Le coût global de l’opération est égal au taux garanti majoré de la prime. Si au
contraire, le taux de marché est inférieur au taux garanti, l’entreprise n’exerce pas son droit et
emprunte aux conditions de marché, le coût total de l’emprunt est égal, dans ce cas, au taux de
marché plus la prime.
Cette option peut être analysée comme un contrat donnant droit à son détenteur d’émettre à
échéance d’un titre de créance à un prix convenu d’avance. Il s’agit donc d’une option de
vente appelée également « Put »
Taux
Couvert
123
D. MARTEAU, OP. Cit. Page 129.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
2- L’option de prêt :
Dans ce cas, l’acheteur détient le droit de prêter au taux d’exercice K, un montant déterminée
sur une durée donnée à la date d’échéance de l’option. Lorsque une entreprise souhaite se
garantir un taux futur de placement, il lui suffit d’acheter une option de prêt. L’exercice de
cette option dépend des conditions de placement en vigueur à l’échéance de l’option.
Si le taux de marché est inférieur au taux d’exercice assuré par l’option, l’entreprise exerce
son droit, le rendement, du placement correspond au taux d’exercice de l’option minorée de la
prime. Si, au contraire, le taux de marché est supérieur au taux d’exercice de l’option,
l’entrepris abandonne son droit et place son argent sur le marché, le rendement réalisé étant le
taux de marché diminué de la prime.
Cette option peut être analysée comme un contrat donnant à son détenteur le droit d’acheter à
sa banque un titre de placement à taux fixe, à un prix convenu d’avance, il s’agit donc
d’option d’achat également appelé « Call ».
Taux
couvert
Taux (sous-jacent)
C K -C K
Les options sur taux peuvent être rapprochées des opérations forward- forward, dans la
mesure où l’établissement financier, contrepartie de l’option de taux, est également engagé
dans l’opération d’emprunt ou de placement sous-jacent.
Une option sur FRA relative à un placement futur quant à elle donne le droit à son acheteur,
de se faire verser par le vendeur de l’option, le différentiel d’intérêt entre le taux de marché
d’un placement et le taux garanti de l’option.
Les options sur FRA, comme les option sur prêts ou emprunts, ne concernent que des
opérations de courte durée. Pour couvrir le risque de taux sur des périodes plus longues, les
banques proposent des options sur différence de taux d’un type particulier puisque elles se
présentent sous forme de séries d’options sur taux court de maturités respectives croissantes,
elles sont des options multiples d’emprunt ou de prêt.
Le marché des futures offre aux opérations économiques une gamme variée et complète
d’instruments permettant une gestion active du risque de taux d’intérêt, cette gamme
comprend des contrats à terme et d’options sur taux d’intérêt d’un horizon allant de 3 mois à
30 ans.
1- Les contrats à terme ferme (futures) :
Comme tout le monde sait, la valeur d’un actif financier à taux fixe varie en sens inverse des
taux, lorsque les taux montent la valeur du titre diminue et inversement en cas de baisse des
taux, sa valeur augmente. L’utilisation des contrats à terme négociés sur les marchés
réglementés est basée sur ce principe. Les cours des contrats montent quand les taux baissent
ou lorsque les opérations anticipent une baisse des taux, et vice versa.
Le prix d’un contrat variant généralement dans le même sens que le sous-jacent, la couverture
d’un portefeuille consiste à prendre à terme une position inverse de celle détenue au comptant.
La variation de la valeur du portefeuille peut alors être compensée par la variation du prix de
contrat.
Tous les grands marchés à terme du monde proposent des contrats à terme sur des instruments
financiers standardisés. Ces contrats portent sur des sous-jacents qui peuvent être des taux
intérêt 125 , des bons de trésor ou des obligations.
Lorsque le support du contrat est un taux, la cotation du contrat donne le taux à terme garanti
contre le taux de marché et à échéance il y a paiement en espèce d’un différentiel d’intérêt.
Dans le cas de futures sur actif financier réel, à échéance l’actif doit être livré par le vendeur à
l’acheteur via la chambre de compensation.
Pour les contrats à terme sur produits de taux à moyen et long terme, le sous-jacent est
souvent remplacé par un notionnel, c’est à dire par un titre fictif présentant des caractéristique
en matière de taux, de nominal et de maturité. Ces contrats, non dénoué, à échéance donne
lieu à la livraison de titres financiers considérés comme équivalents au notionnel après prise
en compte d’un facteur de concordance.
A ce stade, il y a lieu de faire une distinction entre les forwards, contrat à terme négociés sur
les OCT, et futures négociés sur les marchés réglementés.
Un contrat forward est un contrat initié à une date et honoré dans ses termes à une date
ultérieure appelée échéance. Le contrat donne toujours lieu à un échange d’une valeur
aléatoire contre un prix fixe ; le prix fixe est déterminé à l’initiation du contrat, et la valeur
aléatoire à l‘échéance. L’échange aura lieu à l’échéance.
Un contrat future suit la même définition que celle du forward avec ces quelques différences :
Différences d’organisation :
- Le prix du future à tout moment est issu d’une mise aux enchères publique continue,
centralisée et communiquée à tous les participants du marché par l’échange, alors que
celui du forward est issu d’une négociation individuelle.
- Il a des caractéristiques techniques standard imposées par l’échange, alors que celle du
forward, elles sont libres et à la discrétion des contreparties.
125
Dans ce cas, le contrat est assimilé à un FRA standardisé ou Future Rate Agreement.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Le système des marges quotidiennes combiné au dépôt de garantie caractérise les marchés de
futures. Il permet en pratique d’éliminer le risque de défaillance de la partie pendante.
2- Les options sur contrats à terme :
Les contrats à terme ferme négociés sur les marchés standardisés ont pour principale
caractéristique de couvrir aussi bien des évolutions défavorables des taux que des favorables
empêchant ainsi les opérateurs de profiter de cette dernière opportunité. Ceci a rapidement
conduit les marchés de futures à introduire des options négociables sur les contrats à terme.
Ainsi, le détenteur de l’option a donc la possibilité d’exercer ou non son droit selon que
l’opération est profitable ou pas. Les contrats d’options proposés par les marchés organisés
sont dits négociables dans la mesure ou ils permettent aux investisseurs de sortir du marché en
dénouant leur position initiale par une opération de sens inverse. Cette sortie ne peut être
réalisée que par substitution d’un nouvel acheteur ou d’un nouveau vendeur ; ceci est
aisément réalisable sur les marchés réglementés grâce à la standardisation des contrats et à la
présence d’une chambre de compensation qui s’interpose entre les co-contractants.
Les caractéristiques des options sur contrats à terme sont toutes parfaitement définies par leur
sous-jacent, leur type, leur échéance et leur prix d’exercice.
L’utilisation des options sur contrat est identique à celle que l’on peut faire du contrat sous-
jacent lui même. La gestion administrative est plus simple avec des options puisque, pour
l’acheteur d’une option il n’y a ni dépôt de garantie, ni d’appel de marge, seule la prime est
exigée. Le risque est plus limité pour l’acheteur d’une option que pour celui d’un contrat.
En résumé, le principal avantage d’un marché à terme réglementé réside dans l’absence de
risque de défaut et de la liquidité du marché qui permettent de dénouer ses positions à tout
moment avant l’échéance d’un contrat. En revanche, les opérations réalisées sur un tel marché
se traduisent par une charge administrative assez lourde (règlement quotidien des appels de
marges) et s’accompagnent du risque que la couverture ne soit pas parfaite.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Conclusion de la section :
Crées au début de cette décennie, les produits dérivés sont une variété d’instruments qui
offrent aux institutions financières un moyen efficace de gestion de leur risque : ils leur
permettent d’isoler puis de transférer le risque de sous-jacent.
Les instruments dérivés sont donc devenus des acteurs incontournables de la finance actuelle.
De ce fait, chaque année, une dizaine de nouveaux produits structurés voient le jour, proposés
par les intermédiaires financiers, de gré à gré ou sur un marché reglementé, dont la clientèle
affine ces exigences au fil de temps.
Devant un tel nombre déjà important et en constante croissance, les gestionnaires de bilan
mettent plus de temps à choisir parmi ces produits. La règle fondamentale à respecter en
matière de choix des instruments de couverture contre le risque de taux est d’avoir
parfaitement compris la logique des contrats et d’être en mesure de construire des scénarios
plausibles résultant des stratégies que l’on envisage de développer grâce à leurs
caractéristiques.
Cependant, il faut garder à l’esprit que le principal avantage des opérations réalisées sur un
marché organisé résulte de l’absence du risque de contrepartie s’il utilise les instruments de
gré à gré. Le gestionnaire doit tenir compte de ce risque échangé contre le risque de taux
d’intérêt et il doit être vigilant quant à la qualité de cette contrepartie.
Une banque soucieuse de réduire son exposition au risque de taux va, dans un premier temps,
tenter de réduire l’assiette du risque par une gestion structurelle de sa position de taux
d’intérêt, de cette première étape résulte une position nette globale, structurellement
irréductible en raison des contraintes du marché ou des équilibres financiers. La banque doit
alors, dans une deuxième étape, mettre en place des techniques de couvertures lui permettant
de se protéger contre la manifestation éventuelle du risque. Cette gestion technique s’opère
essentiellement par l’utilisation des produits divers offerts par les marchés de gré à gré ou les
marchés réglementés.
Malheureusement, ne seront exposés que les instruments les plus utilisés car leur nombre total
n’a de limite que l’imagination des financiers et les moyens dont ils disposent.
Dans ce qui suit on suppose que la banque cherche à se couvrir du risque de taux, c’est à dire
qu’elle veut supprimer toute position de taux et ne cherche aucun gain spéculatif. Ainsi, elle
cherche à immuniser la marge d’intérêt des mouvements du taux.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
126
Dans notre raisonnement, on supposera que les gaps à taux fixe, sauf indication contraire. Pour les gaps
indexés, le traitement est identique index par index.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
1-1-3- La titrisation
La titrisation consiste, pour une banque, à se défaire d’un crédit auprès de tiers. Elle permet de
normer certains risques comme par exemple le risque de remboursement par anticipation,le
risque de contrepartie, le risque de taux et le risque de liquidité, en les transférant
partiellement ou totalement, moyennant rémunération aux investisseurs.
Le risque de taux d’intérêt est généré par un adossement imparfait entre les emplois et les
ressources. Tout d’abord, la déconsolidation d’actifs permet aux établissements de crédit de
transférer sur les fonds communs de créances les risques liés à une immobilisation de
créances, risques qui sont a priori supportés par les fonds propres. Dans le même temps,
l’établissement de crédit échappe à la gestion du risque de taux (ceci grâce à la mutualisation
des risques) pour laquelle, il n’existe pas réellement de couverture appropriée, si ce ne sont
que par des techniques qui s’inscrivent en hors bilan (swaps et FRA….)
Dans le cas présent, est substitué une marge aléatoire à une rémunération certaine. Il faut
ensuite, indiquer que le transfert des créances qui se réalise en pleine propriété, fait intervenir
des cédants sélectionnés et les risques transférés sont ainsi limités.
Enfin, la cession totale des actifs soustraits au risque de remboursement anticipé de ces prêts.
Ce transfert comporte un coût : Le prêteur revend le prêt à un taux inférieur à celui consenti
au créancier. Si l’établissement de crédit ne transfère pas la collecte des mensualités en même
temps que le prêt, il conserve le revenu direct associé à la signature du prêt.
Ainsi, le gestionnaire peut à tout moment faire sortir de son bilan ou faire entrer dans son
bilan 128 , des titres représentatifs de créances selon ses anticipations sur l’évolution des taux et
le sens des gaps à annuler. Cette technique peut donc servir d’outil de gestion du risque de
taux de bilan.
La recomposition du bilan est un outil très efficace de gestion du risque de taux. Cependant, il
ne faut pas perdre de vue qu’elle n’est pas une technique qu’on peut généraliser à toutes les
situations. Elle diffère d’un cas à un autre, selon la situation initiale du bilan, la conjoncture
financière dans laquelle se trouve l’établissement et les possibilités dont il dispose pour
réaliser les modifications retenues.
En outre, elle doit se faire sous le respect de la segmentation prudentielles en vigueur
notamment celle relative aux exigences en fonds propres.
Quand cette voie a été épuisée et que le résultat escompté n’est pas atteint, le gestionnaire
peut alors avoir recours aux instrument de hors bilan.
1-2- Utilisation des produits dérivés
Les produits dérivés sont plus au moins adaptés à la gestion de la marge d’intérêt. En effet,
malgré la protection efficace qu’assurent les options contre la variation des taux, leur
intégration dans l’échéancier du bilan pose des problèmes considérables nécessite souvent des
simulations des taux, lourde et coûteuse pour mettre en œuvre.
128
Il y’a lieu de distinguer entre une titrisation américaine et une titrisation française.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Cependant, leur efficacité à couvrir les positions optionnelles est sans doute le seul élément
qui justifie leur utilisation, dans la gestion des gaps.
En outre, certains instruments comme les contrats terme/terme comptabilisés au bilan,
présente l’inconvénient d’exiger une contrepartie en capital. Ses conséquences en terme de
consommation de fonds propres au niveau du ration de solvabilité, sont plus importantes que
celles d’un FRA qui présente par ailleurs les mêmes avantages.
Donc, seuls les swaps et FRA restent les instruments les plus utilisés dans la gestion des gaps
du fait de leur intégration facile dans l’échéancier.
Nous allons, dans ce qui suit, montrer leur utilisation au travers des exemples pour bien
comprendre leur mécanisme.
Mois Jan. Fév. Mar. Avr. Mai Jui. Juil. Aoû. Sep. Oct. Nov. Déc.
Gap 100 150 -100 0 50 -100 -50 0 200 -150 100 50
L'utilisation d'un swap standard 129 suppose de commencer par annuler le gap du mois de
décembre en contractant un swap prêteur (recevoir des intérêts fixes contre des intérêts
variables) d'une année sur un montant nominal de 50.
Le gap de décembre est annulé et les autres gaps mensuels sont diminués de 50. Les nouveaux
gaps sont :
Mois Jan. Fév. Mar. Avr Mai. Jui. Juil. Aoû. Sep. Oct. Nov. Déc.
Gap 50 100 -150 -50 0 -150 -100 -50 150 -200 50 0
Et pour fermer tous les gaps, il faut répéter l'opération 11 fois en commençant toujours par le
gap le plus éloigné. Cette technique, à première vue déjà, dénonce une lenteur et le coût
129
La date de valeur est immédiate
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
important que nécessite la mise en place de cette couverture. Cependant, il faut signaler que la
couverture totale n'est pas automatique. Le gestionnaire peut conserver certains gaps ouverts
pour profiter des mouvements des taux selon ses anticipations.
Les swaps à départ déféré permettent d'annuler n'importe quel gap sans modifier les autres. Il
suffit par exemple de fermer le gap de mois de juin (-100) de contracter un swap emprunter
portant sur le montant de 100 pour une durée d'un mois prenant effet après 5 mois. Cet outil
est plus adapté à la gestion spéculative, l'intervention est bien ciblée.
En outre, le swap amortissable peut être utilisé pour fermer des gaps de même de même sens
avec des montants descendants.
Exemple :
Mois 1 2 3 4
Gap -100 100 50 0
Pour fermer les gaps 2 ans et 3 ans, il suffit de faire un swap décalé amortissable (50%) sur 2
ans prenant effet dans un an d'un montant notionnel de 100.
Au total, ces 3 types de swap permettent d'obtenir des résultats différents selon la structure de
l'échéancier des gaps et des conventions sou traitées. Leur combinaison permet de mieux les
adaptée à des situations bien spécifiée. Cependant, pour choisir entre les différentes stratégies
le gestionnaire doit choisir l'opération la moins coûteuse.
2-2-2- Les FRA
Le FRA permet de garantir un taux de placement ou d'emprunt sur une période future donnée.
Il permet donc de modifier les gaps futurs comme l'illustre l'exemple suivant :
Supposons qu'une banque ait un gp à taux fixe positif de 100 à 3 ans. Elle à donc un excèdent
moyen de ressources à taux fixe de 100. Elle est exposée à une baisse des taux. En effet une
telle baisse des taux aurait pour effet de diminuer les produits sur les emplois à taux variable
correspondant à ce gap, sans pour autant modifier ce taux d'intérêt de ses ressources à taux
fixe, sa marge s'en trouverait donc diminuée.
Supposons que ses emplois à taux variable sont indexés sur le TMP et que ses ressources à
taux fixe coûtent 6% dans un an (taux à ferme implicite).
Pour protéger la marge d'intérêt, le gestionnaire doit vendre un FRA dont les caractéristiques
sont les suivantes :
♦ Montant : 100
♦ Taux garanti : 6%
♦ Taux de référence : TMP
♦ Date d'échéance : 1 an
♦ Date de valeur : 1 an.
A l'échéance :
♦ Si le taux de marché (TMP) est inférieur au taux garanti 6% la banque (vendeuse)
reçoit le différentiel d'intérêt calculé dur la base des 100 pour une durée d'un an. En
revanche, le produit des emplois a diminué d'un montant équivalent à cause de la
baisse de TMP.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
En supposant un décalage immédiat de la courbe des taux vers la bas de façon à ce que le
TMP s’établisse à 9%. La ligne correspondante à l’achat du cap disparaît de l’échéancier et on
revient à la case de départ avant la couverture. L’exposition de la marge à la baisse des taux
est toujours présente la première année. Donc l’opération de swap n’a pas réalisée une
couverture contre cette baisse des taux.
b) couverture avec une option :
Supposons maintenant l’achat d’un floor contre TMP à 10% sur une année d’un notionnel de
300 $. Cette option garantit de recevoir l’écart (10%-TMP) pour des TMP inférieurs à 10%
c’est-à-dire qu’elle est équivalente à une position prêteuse à 10% et emprunteuse au TMP.
Lorsque le TMP < 10%, cette option est donc incorporée comme un prêt à taux fixe
lorsqu’elle est dans la monnaie (TMP <10%).
Cette opération ne modifie pas la situation initiale des gaps (taux = 11%) mais dés que les
taux baissent en deçà de 10% elle est automatiquement intégrée.
Supposons maintenant que le TMP est de 9% l’échéancier se présente comme suit :
Année 1 2 3 4 5
Gap optionnel 200 100 -100 200 100
Achat d’un floor -300 - - - -
Gap net -100 100 -100 200 100
Conclusion de la section :
Le bilan bancaire peut être utilisé comme un instrument de gestion du risque si l’on décide
d’allonger ou de raccourcir à bon escient la durée des emplois ou des ressources nouvelles.
Naturellement ces ajustements nécessitent un certain délai de mise en œuvre.
Pour toute intervention rapide, l’instrument privilégié des gestionnaires est l’instrument du
hors bilan à savoir les swaps, les FRA et les options. Certes que les options offrent une
possibilité d’intervention rapide et adaptée même aux positions optionnelles mais leur emploi
exige certaines précautions.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Pour se faire, ils disposent des mêmes moyens que ceux utilisés pour les gaps de taux, à
savoir la recomposition du bilan et le recours aux éléments de hors bilan.
A cet effet, nous allons présenter d’abord la technique d’immunisation classique contre le
risque de taux à partir de la duration et montrer son utilisation pour insensibiliser les
différentes variables clés d’une banque ; ensuite, sera présentée la technique d’immunisation
par classe de taux qui est développée pour prendre en compte la STTI.
1- L’immunisation classique :
L’immunisation classique consiste à parvenir à un écart de duration nul entre les emplois et
les ressources, c’est-à-dire à égaliser la duration de l’actif à celle du passif. Il s’agit en fait
d’une compensation entre passif et actif par suite au risque subi d’une fluctuation de taux
d’intérêt.
1-1- L’immunisation des variables clés d’une banque :
Les conditions d’immunisation sont directement déduites des équations définissant la
variation des différentes variables en fonction de la variation des taux, sachant que ces
équations sont construites sous les deux hypothèses suivantes :
d 2 RA =0
dR A = dRP et d 2 RP
Pour que cette égalité soit vérifiée ∀ ΔR , il suffit d’égaliser les deux polynômes en ΔR et
cela en posant que leurs coefficients soient égaux deux à deux. On déduit donc les 2
conditions nécessaires et suffisantes :
DA VAN A DP VAN P
=
1 + RP 1 + RP
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
(1 + R P )2 (1 + R P )2
Cependant, cette démarche est loin d’être réaliste car elle fait abstraction des contraintes
habituelles auxquelles le gestionnaire est confronté en pratique telles que les règles
prudentielles, le coût de l’opération, l’incidence sur les autres objectifs notamment sur la
marge d’intérêt, l’indivisibilité des actifs et l’impossibilité de céder quelques actifs.
La réalisation de la première équation constitue la principale priorité et la seconde permet
juste d’améliorer la qualité d’immunisation mais elle reste une condition du second ordre.
Aussi, il saurait préférable pour diminuer le coût des transactions, de contenir l’écart de
duration dans un intervalle 130 voisin de zéro plutôt que de l’annuler totalement. La première
condition devient alors :
D A VAN D P VAN
A
− P
< α
1 + R A 1 + R P
Où α est une limite déterminée par arbitrage entre la qualité d’immunisation et le coût des
opérations. Dans la pratique, le gestionnaire cherche d’abord l’ensemble des solutions que
permettent de réaliser un écart de duration inférieur à α, ensuite, il affine sa recherche en
intégrant les contraintes de gestion.
S’il n’existe aucune solution, il doit donc réviser les données de son problème relâchant
certaines contraintes (en élargissant par exemple la limite de l’écart de duration) jusqu’à ce
qu’il obtienne des solutions réalisables. Et enfin, il choisit parmi ces solutions celle qui
minimise l’écart suivant :
(1 + R A ) 2
(1 + R P )2
130
Il est possible, à l’aide d’un raisonnement similaire, de mettre en place une stratégie de
gestion dont l’objectif serait de maintenir un écart de duration différent de zéro.
Exemple : DA1+⋅VAN
RA
A D ⋅VAN
− P1+ RP P > 1 si on anticipe une baisse de taux d’intérêt car dans ce cas DFP > 1
serait favorablement exposée à la baisse et vice versa.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Sous contrainte β.
D A VAN D P VAN
A
− P
<α
• 1+ R 1+ R
A ; P
Parmi les contraintes du problème d’optimisation précédent, les deux premières sont
clairement exprimées. Les autres, plus difficiles à formaliser, relèvent d’avantage d’un
jugement personnel. Néanmoins, le respect des règles prudentielles peut être aussi formalisé
mais cela rendra la résolution du problème plus complexe. Le gestionnaire arbitre
généralement entre ces critères sur la base d’une logique fondée sur l’expérience. Aussi,
devant des variations non importantes de taux, il peut se contenter de respecter uniquement la
limite de l’écart de duration.
Pour les autres variables financières, telles que le ratio VANFP/Actifs et Revenu net
économique, le raisonnement leur est facilement transposable. Il suffit donc de donner
uniquement les conditions de leur immunisation.
Ainsi, pour le ratio VANFP/Actifs, on a :
DA DP
=
1 + R A 1 + RP
CONV A CONV P DA DP
= −2
(1 + R A ) (1 + R P )
2 2
(1 + R P )(1 + R P )
R A VAN A D A R VAN P DP
= VAN FP + P
1 + RA 1 + RP
VAN A
(R A CONV A − 2 DA ) = VAN P 2 (RP CONVP − 2 DP )
(1 + R A )2
(1 + RP )
Parfois, dans une optique de gestion bilantielle du risque de taux, le gestionnaire peut avoir
comme objectif l’immunisation simultanée de 2 ou plusieurs variables cibles. Mais, une telle
stratégie est-elle possible ?
Pour répondre à cette question, nous allons chercher les conditions de l’immunisation
simultanée de la VANFP et du revenu net économique, cet exemple requiert un intérêt
considérable.
Parce qu’il s’agit de savoir s’il est possible de protéger simultanément le revenu net
économique, objectif de rentabilité à court terme et la VANFP, indicateur de solvabilité
(pérennité) à long terme de la banque.
L’immunisation de la VANFP est assurée lorsque :
D A VAN D P VAN
A
= P
131
1+ RA 1+ RP
131
Nous omettons exprès les conditions du second ordre sur les convexités
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
⎛ D P VAN ⎞
VAN = ⎜⎜ P
⎟⎟ [R (1 + R )− R ]
⎝ 1+ RP
FP A A P
⎠
⎛ D A VAN ⎞
Où : VAN = ⎜⎜ A
⎟⎟ [R − R ]
⎝ 1+ RA
FP A P
⎠
D’où : VAN ⎛ 1 + R A ⎞
D = FP
⎜⎜ ⎟⎟
⎝ R A − R
A
VAN A P ⎠
Donc il suffit de réaliser cette égalité en intervenant simultanément sur la duration de l’actif et
sur la valeur actuelle nette. Cependant, cette solution est difficilement réalisable du fait des
caractéristiques de l’actif intangible.
Ainsi, le gestionnaire, à défaut d’une immunisation simultanée des deux variables, il peut
privilégier une variable à protéger et rechercher parmi les solutions qui réalisent son
immunisation, celle qui minimise la sensibilité de la deuxième variable par exemple : protéger
la VANFP tout minimisant le risque sur le RNE s’écrit :
R A VAN A D A R VAN P D P
Min − VAN − P
1 + RA 1 + RP
D A VAN A D P VAN P
Avec − <α
1 + RA 1 + RP
1500 1500
VAN A = 1820
VAN P = 1440
La duration de l’actif
D A = 1250
1820
⋅ 5 ,5 + 570
1820
⋅ 3 , 25 = 4 ,8
le taux actuariel de l’actif
132
R A = 1000
1500
⋅ 7 ,5 % + 500
1500
7 % = 7 , 33 %
la duration du passif
D P = 730
1440 ⋅4 + 710
1440 ⋅ 0 , 7 = 2 , 37
R P = 650
1350
⋅ 6 ,5 % + 700
1350
2 , 3 % = 4 , 32 %
VAN A ⋅ D A VAN P ⋅ DP
*
D FP =( 1+ R A
− 1+ RP
) VAN A −1VAN P = 12.08
La duration modifiée étant positive la VAN de FP se dépréciera en cas de baisse des taux.
Une variation instantanée de la VANFP est alors égale :
D A ⋅VAN A D P ⋅VAN P
=− + ⋅ dR PA = −4867 .02
dVAN FP dR
dR 1+ R A 1+ R P
Ce qui signifie qu’une baisse des taux de 1% entraîne une réduction de la VANFP de 48,67
unités monétaires soit une diminution de 32,44%.
Pour annuler l’écart de duration et insensibiliser la VANFP, le gestionnaire du bilan doit
diminuer la duration de l’actif ou augmenter la duration du passif ou les deux à la fois.
D A ⋅VAN A D P ⋅VAN P
=0⇒ =
dVAN FP
dR 1+ R A 1+ R P
132
Si l’actif ou le passif comportent des flux appartenant à des catégories de taux différent, le taux de rendement
actuariel s’obtient en calculant la moyenne pondérée de différent taux actuariels puis le composent
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Donc le gestionnaire doit remplacer l’emprunt obligataire émis avec un autre d’une duration
plus longue (11,59) et cela en allongeant sa durée.
Cet exemple présente naturellement un caractère simpliste. En réalité, le gestionnaire du bilan
est soumis à des contraintes qui ne lui permettent pas de remplacer un emprunt obligataire
existant avec un autre, ajoutant à cela les coûts des transactions à opérer.
D’une autre part, cette technique classique suppose une structure plate des taux d’intérêt.
Cependant, la courbe des taux n’est pas plate elle se déforme parallèlement, il est donc
nécessaire d’élargir cette technique en retenant une forme et des déformations de la STTI plus
réalistes (immunisation par classe de taux).
Principe de la méthode :
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
Ainsi, le portefeuille initial est aussi découpé en n sous portefeuille, chacun rapportant un seul
flux sur sa période relative à son sous intervalle.
Taux
Maturité
Grâce à cette formule, on peut déterminer les conditions d’immunisation d’un portefeuille,
dans le cas d’une déformation non parallèle de la courbe des taux. Cette formule peut être
utilisée pour immuniser la VAN des FP dans un même contexte d’évolution des taux.
- Immunisation de la VANFP :
Pour appliquer cette technique à la VAN des FP, on suit la même démarche que
précédemment, d’abord, on subdivise l’échéancier de l’actif et du passif hors fonds propres en
n intervalles correspondant aux strates de la courbe des taux.
La variation de la VANFP consécutive à la iième variation partielle de la gamme des taux
actuariels, en fonction des durations partielles des sous portefeuille correspondant de l’actif et
du passif s’écrit :
DiA ⋅VAN A DiP ⋅VAN P
dVAN FP
dRi
=− 1+ RiA
+ 1+ RiP
D iA ⋅VAN A D iP ⋅VAN P
1 + R iA
= 1 + R iP
133
Le pas peut ne pas être constant, il est de plus en plus long au fur et à mesure que la
maturité augmente.
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
L’immunisation par classe de taux permet ainsi d’insensibiliser la VANFP aux différentes
déformations passibles de la courbe, cependant cette gestion est contraignante, elle demande
un réajustement permanent et une tache de travail supplémentaire et des coûts élevés.
De ce fait les gestionnaires ont souvent recours à l’immunisation classique qui, certes donne
des résultats moins fiables, mais sa mise en place est moins contraignante.
Conclusion de l a section :
Outre la gestion en gaps, le gestionnaire du bilan dispose d’une autre méthode qui lui permet,
en modifiant les écarts de duration de se prémunir contre les mouvements de taux d’intérêt et
de préserver certaines variables prises comme indicateurs de valeur et de rentabilité de la
banque. Il s’agit de la gestion en duration. Ce mode de gestion peut s’opérer par deux
techniques : l’immunisation classique et l’immunisation par classe de taux.
Par l’immunisation classique, le gestionnaire choisit souvent une variable prioritaire, qui est
généralement la VANFP et essaye de minimiser la sensibilité des autres variables clés. Tandis
par l’autre, il tente de protéger la VAN des fonds propres de la variation du taux d’une ou
plusieurs strates de la courbe des taux.
Le choix entre ces deux techniques est influencé par le degré de finesse que l’on veut attendre
et les moyens dont on dispose car en dépit de l’exactitude de la seconde technique, elle
demande plus de travail contrairement à la première.
Conclusion du chapitre
Le gestionnaire de bilan dispose de deux techniques principales pour gérer le risque du taux
d’intérêt à savoir la gestion en gap la gestion en duration. La première technique est
uniquement utilisée pour immuniser la marge d’intérêt, objectif de rentabilité à court terme,
des fluctuations de taux. La deuxième étant plus générale, elle vise l’insensibilisation des
variables clés retenues comme indicateurs de gestion à long terme; on trouve notamment la
vanne des fonds propres et le résultat net économique.
Pour ce faire le gestionnaire peut avoir recours soit à la recomposition du bilan ou bien faire
appel aux produits dérivés. Cependant, la recomposition du bilan comporte certaines
difficultés qui limitent la liberté de gestionnaire dans le choix des transactions à opérer.
Certains actifs ne sont pas cessibles, d’autres ne sont pas liquides. En outre, la levée des fonds
sur le marché n’est pas chose facile, c’est pour cela que les gestionnaires ont le plus souvent
recours aux produits de hors bilan qui posent moins de difficultés.
Ajoutant à cela, la mise en place d’une couverture parfaite, même si on arrive à satisfaire les
conditions d’immunisation, n’est pas toujours évidente en pratique. Elle dépend aussi de
plusieurs paramètres tels que les conditions de marché, la disponibilité des titres nécessaires,
les coûts, le respect de la réglementation prudentielle en vigueur… etc.
Finalement, toute stratégie de couverture doit tenir compte de tous ces paramètres internes et
externes à la banque pour être efficace. En pratique, il n’y a ni une bonne ni une mauvaise
Quatrième chapitre La gestion du risque de taux d’intérêt
méthode, toutes le deux sont bonnes ; il suffit juste de bien poser le problème, de spécifier le
but recherché et de rassembler les données nécessaires, de tenir compte des spécificités du
bilan et des opérations qui s’y trouvent pour atteindre l’objectif de couverture attendu.
Cas
d’application
Chapitre V
Le poids du risque lié aux mouvements des taux, sur la marge d’intérêt, est resté pendant très
longtemps sans prise en charge réelle par les banques algériennes. Il a toujours été relégué au
second plan derrière le risque de crédit qui constituait leur préoccupation majeure.
Cependant, avec la volatilité accrue des taux d’intérêt qui ont chuté de 18% en 1992 à presque
4% en 2002, les banques algériennes ont rapidement pris conscience de la nécessité de le
gérer. Les gestionnaires se sont aperçus qu’une mauvaise gestion de ce risque ne constitue
plus un coût d’opportunité mais une perte réelle qui peut entraîner la faillite des banques.
Dans ce sens, d’énormes efforts ont été déployés ces dernières années. En effet, le CPA a
modernisé son système d’exploitation avec la 7 ème version du progiciel DELTA-BANK pour
permettre la liaison de ses différentes structures et la gestion des risques au niveau central
ainsi qu’une nouvelle réorganisation prévue pour 2004. Par ailleurs, la BNA a fait appel à un
bureau d’experts international pour mettre en place les bases de la gestion des risques
financiers dont le risque de taux. De son coté, la BDL travaille en collaboration avec l’Unité
de Gestion du Projet, dans le cadre du projet MEDA, pour mettre en place un système
d’information comme étape préliminaire à l’instauration de la gestion actif-passif qui intègre
la gestion du risque de taux d’intérêt.
A la lumière des développements théoriques, souvent complexes, qui nous ont permis de
relever les outils de mesure et les principes de gestion du risque de taux d’intérêt, véhiculés
par les chapitres précédents de ce mémoire, et après 2 mois de stage pratique, au cours
desquels, nous avons pris connaissance de l’organisation du CPA, et plus particulièrement, de
sa direction financière. Nous devons, à présent, être à même de proposer un système de
gestion du risque de taux. Pourquoi un système ?
Cas
d’application
Un système 134 ; puisqu’ on a souvent traité le problème de gestion du le risque de taux et les
autres risques quantifiables, en abordant uniquement les méthodes de mesure et de couverture
sans spécifier la structure chargée de leur application, sans définir le travail préalable à la
mesure et sans délimiter les responsabilités des gestionnaires dans le processus de gestion.
A cet effet, les méthodes de mesure doivent être, à notre avis, complétées par un élément
d‘une importance non négligeable, qui est l’organisation. Un travail de gestion complet
nécessite l’instauration d’une structure intégrée dans l’organigramme de la banque, munie
d’une procédure. Celle-là regroupera, dans une méthodologie complète et cohérente, des
outils de mesure et de gestion, des relations et des responsabilités bien définies. Nous avons
retenu, pour cela, quelques méthodes que nous avons jugées adéquates à la situation de cette
banque et au contexte algérien de la gestion de ce risque, et nous avons défini un schéma
organisationnel, relationnel te fonctionnel de cette structure.
Cette initiative, bien que modeste et sûrement incomplète, constitue la première pierre de ma
contribution au CPA afin de mettre en pratique les enseignements acquis durant ma
formation. Et sa finalité, bien que partielle et simple, nous avons voulu qu’elle s’inscrire dans
une optique d’illustration : montrer la nécessité de la gestion du risque de taux dans une
banque algérienne et proposer des solutions liminaires.
Dans une première section, nous présenterons succinctement la situation des taux en Algérie.
Nous nous intéresserons également au risque de taux dans une banque algérienne, en
l’occurrence le Crédit Populaire d’Algérie et au cadre réglementaire de sa gestion en Algérie.
Dans une seconde section, nous tenterons de faire une proposition d’un système de gestion du
risque de taux au CPA pour qu’il soit en conformité avec les exigences des autorités de tutelle
à savoir le règlement 02/03 portant mise en place de contrôle interne des banques. D’abord,
nous présentons l’organisation de la direction financière afin de déceler ses limites et proposer
des solutions adéquates.
Enfin, nous finirons par une troisième section dans laquelle nous appliquerons les principales
méthodes de mesure et de gestion du risque de taux sur les données du CPA.
134
« Ensemble de méthodes, de procédés et de relations destinés à assurer une fonction définie ou à produire un résultat. »
Larousse 2002.
Cas
d’application
SECTION 1 : LE RISQUE DE TAUX D’INTERET EN ALGERIE
La négligence du risque de taux pouvait se justifier il y a quelques années, la période où les
taux étaient relativement stables. Mais ces dernières années, les taux sont caractérisés par une
volatilité qui rend la rentabilité des banques très vulnérable. De ce fait, les banques
algériennes ne sont plus à l’abri du risque de taux d’intérêt, surtout que leurs bilans hérités des
opérations du passé sont structurellement déséquilibrés.
Récemment, les banques algériennes ont vite compris la nécessité de la gestion du risque de
taux. Pour limiter leur exposition au risque de taux, l’application des taux variables a été
initiée et des réflexions sur la gestion actif-passif ont été entamées. Cette conscience est
ressentie également à la Banque d’Algérie qui, à la fin de l’année 2002, a édicté le règlement
02/03 portant la mise en place du contrôle interne des banques et établissements financiers ;
par lequel, elle impose aux banques et aux établissements financiers de mettre en place des
systèmes de gestion des risques.
Le propos de cette section est de présenter la situation des taux pour essayer de détecter le
risque afférent et préciser le cadre réglementaire de sa gestion.
Ainsi, le secteur financier avait pour principal objectif d’assurer la mobilisation et l’allocation
des ressources de l’Etat, du moment où l’épargne privée étant très faible et négligeable dans
le circuit de financement. A cette époque, la banque centrale n’avait pas un champ d’action
très large, elle n’exécutait que les ordres du trésor qui était au centre du système financier et
qui jouait un rôle clé dans le secteur financier. De même, les banques primaires n’exerçaient
aucune activité commerciale, elles servaient de simples guichets où les entreprises publiques
venaient financer leurs besoins d’exploitation sans prise en considération des risques de
contrepartie et des critères de rentabilité. Ainsi, aucune activité d’intermédiation n’était
assurée par les banques.
Durant cette période, les conditions des banques étaient fixées d’une manière administrative,
elles ne constituaient pas un outil de gestion ou de régulation de l’activité économique. Les
taux de rémunération des banques commerciales étaient fixés par ordonnance à des niveaux
bas. Ce qui ne les incitait pas à la collecte de l’épargne privée. Il servait plutôt à atténuer la
baisse du pouvoir d’achat causé par l’inflation galopante quant au niveau bas des taux
débiteurs, il se justifiait par le souci de développer l’activité de crédit.
Dans un tel contexte, les banques commerciales ne couraient aucun risque financier. En effet,
pour leurs besoins de liquidité, la Banque Centrale et le trésor public leur assurent le
Cas
d’application
refinancement de leurs portefeuilles. Les crédits accordés aux entreprises étaient tous garantis
par l’Etat et les taux d’intérêt étaient fixés par l’administration de sorte qu’il n’y ait pas une
pression sur les opérateurs publics.
Ce système a vite montré ses limites et a amené les pouvoirs publics à rectifier leur politique
économique orientée, désormais, vers l’économie de marché. A cet effet, le système financier
a subi plusieurs réformes économiques pour lui attribuer ses missions universelles et
développer son organisation et son mode de gestion.
Cette période a connu non pas des fluctuations des taux d’intérêts, mais une tendance lourde à
la hausse les faisant augmenter de 10% en moyenne, et ceci en l’espace de 5 ans seulement
(le risque était très conséquent sur les agents économiques).
Durant cette même période, l’Algérie s’est engagée dans un programme d’ajustement
structurel (PAS) avec le FMI. Les objectifs de ce programme étaient le rétablissement des
équilibres macro-économiques et essentiellement la maîtrise de l’inflation afin de ramener les
taux d’intérêts réels à des niveaux positifs. Cette mesure visait à contracter la demande de
crédit et, ainsi, à maîtriser la croissance de la masse monétaire.
Dans cette optique, un bon nombre de banques algériennes notamment publiques a déclenché
ces processus en matière de mise en place d’un système d’information de cellule de gestion
Cas
d’application
des risques, de cellule d’études… etc. Tous ces travaux participent à leur intégration dans le
marché financier international.
Depuis 1995, ce taux a connu une baisse due aux bons résultats réalisés par la lutte contre
l’inflation et le souci de relancer l’activité économique en favorisant l’investissement.
Dans le nouveau contexte, le marché monétaire, joue le rôle d’une véritable courroie de
transmission des orientations et des actions de la Banque d’Algérie pour la conduite de la
politique monétaire. De ce fait, la compréhension des mécanismes des opérations pratiquées
sur ce marché est un élément indispensable pour la prévision des taux d’intérêt.
L’un des faits les plus marquants entre 1997 et 2003 est la volatilité des taux d’intérêt. En
effet, le taux de réescompte (taux de référence) est passé de 13,00 % à 6,00% entre janvier
1997 et septembre 2001 pour atteindre 4,5% en avril 2003. Cette tendance baissière, faite par
paliers, a entraîné la baisse des taux créditeurs et débiteurs des banques. Ces dernières ont
subi ces variations de plein fouet et ont souvent vu leur marge s’écarter de celle prévue.
Le graphe ci-dessous retrace l’évolution des principaux taux d’intérêt durant la période de
Janvier 1997 à Avril 2003.
20
15 taux de réescompte
Taux (%)
taux interbancaires
10 taux créditeurs
taux débiteurs
5
0
janv-97
janv-98
janv-99
janv-00
janv-01
janv-02
janv-03
juil-97
juil-98
juil-99
juil-00
juil-01
juil-02
Date
Source : données FMI (rapport sur l’Algérie)
Durant cette période, les taux ont enregistré une volatilité importante : 2,78% pour le taux de
réescompte, 4,54% pour les taux interbancaires, 2,93% pour les taux débiteurs et 2,76% pour
les taux créditeurs, ce qui témoigne de l’importance du risque de taux d’intérêt ces dernières
années.
Cependant, cette solution est loin d’être efficace en cas de baisse du taux de réescompte du
fait de la rigidité des taux débiteurs (l’indexation n’est pas parfaite). Il y a lieu pour pallier à
ce problème pratiquer des taux variables 135 tant pour les emplois que pour les ressources
(dépôts à terme). Mais avant cela, il faut d’abord déterminer un taux de marché comme un
taux de référence.
A cet effet, la Banque Centrale doit leur fournir une référence pour la fixation de leurs
conditions. Actuellement des réflexions ont été menées par la direction des études de la
banque d’Algérie pour l’élaboration de ce ou de ces taux de référence.
Nous allons, à présent, montrer l’importance du risque de taux sur la marge d’intérêt d’une
banque algérienne, en l’occurrence le Crédit Populaire d’Algérie, sur la période allant de
1997 à 2002. Pour cela nous avons confectionné les trois graphiques suivants :
135
Les taux variables qui sont appliqués actuellement par les banques algériennes ne sont variables que par leur
nom puisqu’il n’y a pas un taux de référence sur lequel ils sont indexés. Ils son en réalité des taux révisables et
variables par abus de langage.
Cas
d’application
Figure 5.2: Ecart entre la marge realisée et Figure 5.3: Evolution des credits et des
marge projetée entre 1997 et 2002 dépôts au CPA
14000 ( période 1997-2002)
marge realisée
12000 300000
295000
Millions de DA
10000 j té 290000
Millions de DA
8000 285000
280000
6000 275000
270000
4000 265000
2000 260000
255000
0 250000
1997 1998 1999 2000 2001 2002 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Années
18,00%
16,00%
14,00%
12,00%
Taux (%)
Commentaire :
Il paraît clairement que la marge réalisée est toujours inférieure à la marge projetée 136 (écart
de l’ordre de 4 milliards en 1997 et de 3 milliards en 1998, malgré la croissance de l’activité
pendant les trois premières années. Cela peut être expliqué par la baisse des taux débiteurs par
rapport aux taux créditeurs non anticipée, jumelée à une structure bilantielle déséquilibrée
(écart instable).
Cet écart a été sensiblement réduit durant la période allant de 1999 à 2002. Cette maîtrise du
risque est due essentiellement à deux raisons. D’une part, le CPA a pu éviter le rétrécissement
de la marge grâce à la révision des taux créditeurs et débiteurs, principalement, les taux
créditeurs qui ont baissé plus que les taux débiteurs pour maintenir une marge assez
acceptable (écart de plus en plus élargi entre les deux courbes des taux à partir de 1999).
D’autre part, elle est due à la croissance des dépôts non rémunérés avoisinant (26%) qui ont
réduit le coût moyen des ressources et donc permis la préservation de la marge.
Toutefois, le CPA continue toujours de perdre en marge d’intérêt des montants assez
importants. L’écart moyen entre la marge réalisée et la marge projetée entre 1999-2002 était
136
Elle est calculée sur les volumes des crédits et dépôts de l’année en cours (année n) sur la base des taux de
rendement moyen des emplois et de coût moyen des ressources de l’année précédente (année n - 1). Par cet
artifice on pourra facilement comparer cette marge à la marge réalisée et déduire l’impact de la variation des
taux de marché sur la rentabilité de la banque, étant les deux taux précédents (RME et CMR) calculés sur la base
des taux de marché en fonction de la structure de bilan.
Cas
d’application
de l’ordre de 187 millions DA. En 2002, l’écart était de 239 millions DA ; ce qui représentait
environ 18% des bénéfices réalisés cette année là.
Le CPA pourra facilement figer cette marge en optant pour des crédits à taux fixe si la
tendance de taux de réescompte est toujours baissière (sous réserve d’une indexation des taux
débiteurs parfaite à ce taux) ou indexer les taux des crédits à un taux de marché qui suit la
tendance des taux des ressources. Mais, laquelle des structures, dont dispose actuellement le
CPA pourra fournir des informations relatives à la prévision des taux futurs et la sensibilité de
la marge d’intérêt aux mouvements de taux ? Absolument aucune, cette mission n’est pas
explicitement confiée à l’une d’elle.
La mise en place d’une structure d’analyse du risque de taux peut éviter au CPA toutes ces
pertes, du moins les diminuer, et elle pourra même créer de la valeur si elle fait des
anticipations juste sur l’évolution future des taux d’intérêt et profite des opportunités qui se
présentent. De ce fait, le CPA devra penser à mettre en place une telle structure ou à la rigueur
réorganiser une direction susceptible de l’abriter.
Le premier constat à faire est l’inexistence d’un marché d’instruments de gestion du risque de
taux d’intérêt en Algérie. Les opérateurs sont obligés de gérer leur risque de manière
individuelle ou de procéder à des opérations de gré à gré.
Dans le premier cas, nous remarquons que, depuis quelques années, les banques ne prêtent
pas à taux fixe, sauf à court terme. Ainsi, dans les contrats de prêt à moyen et à long terme, la
clause se rapportant au taux d’intérêt stipule «… aux conditions de banque applicables ». De
même pour les dépôts, les banques les rémunèrent au coût des ressources auquel elles ajoutent
éventuellement quelques points de base selon les positions de force.
On pourrait croire que les banques ont adopté des mesures pour se prémunir contre les
variations des taux d’intérêt. Cependant, leur actif est indexé sur le taux de réescompte, tandis
que leur passif est en grande partie indexé sur le taux de marché ; ce qui accentue leur
exposition aux variations des taux de réescompte.
Bien qu’ils ne soient pas nominativement mentionnés, les Options, Swaps, Caps, Floors, …etc.
font partie des produits financiers, le texte penche donc plutôt à leur autorisation que vers leur
Cas
d’application
interdiction, surtout qu’ils ne figurent pas dans le titre des interdictions du même texte. Le fait
qu’il n’y ait pas de pareils règlements autorisant l’utilisation des instruments de couverture
contre le risque de taux d’intérêt ne signifie donc pas leur interdiction.
Dans les pays développés, ces instruments et techniques de couverture sont apparus par
besoin. Les marchés organisés les concernant n’ont vu le jour qu’après des années de
leur utilisation de gré à gré et la réglementation n’est intervenu que plus tard afin de
combler le vide juridique qui en découle. Pourquoi faut-il qu’en Algérie on ait besoin
d’un cadre juridique et réglementaire bien détaillé d’abord avant d’intervenir ou de
faire quoi que ce soit ? Alors que le besoin existe. Pourquoi attendre la création d’un
marché alors qu’on peut pallier aux besoins actuels de couverture contre ce risque par
des négociations de gré à gré ? En fait, c’est aux banques et établissements financiers de
prendre en charge cet aspect d’être plus actifs et de prendre de bonnes initiatives dans
leur activité.
Si le comité de Bâle n’a pas encore édicté des normes de gestion en matière de la gestion du
risque de taux d’intérêt, le constat qu’on peut faire en Algérie est aussi l’inexistence de telles
normes prudentielles qui prennent en charge ce risque.
Ainsi, bien que l’article 92 de le loi 90/10 sur la monnaie et le crédit stipule que « la banque
centrale détermine les normes que chaque banque doit respecter en permanence, notamment
celles concernant ……..les risques en général. » ;
Les règlements 91-09 et 95-04 ainsi que les instructions 74-94 et 78-95 relatives aux règles
prudentielles de gestion des établissements financiers, ne traitent que du risque de crédit et du
risque de change. Aucune mention n’est faite pour le risque de taux d’intérêt.
De même que pour l’instruction 32-91 concernant la présentation des états mensuels et des
annexes. Cette construction ne fait nullement allusion au calcul de l’écart de sensibilité ou le
calcul des autres indicateurs de l’exposition au risque de taux.
On conclut donc de l’absence de textes et de la non prise en charge par les autorités
monétaires en l’occurrence la banque d’Algérie et de surveillance (commission bancaire) du
risque de taux d’intérêt. On peut probablement justifier cela par les difficultés que rencontrent
les banques quant à la mise en place des systèmes d’information efficace et fiable leur
permettant d’avoir une idée claire sur l’exposition à ce risque et les fournir aux autorités
concernées.
Le 28 octobre 2002, la banque d’Algérie a édicté le règlement 02/03 portant sur le contrôle
interne des banques et établissements financiers, par lequel elle impose aux banques, dans son
article n°22, de mettre en place des systèmes d’information, des systèmes comptable et
financiers et des systèmes de contrôle des risques financiers dont le risque de taux d’intérêt
global.
Cas
d’application
Ainsi, les banques et établissements financiers, dans une première étape, doivent s'atteler à
mettre en place un système d'information interne permettant d'appréhender le risque de taux
d'intérêt, d'assurer son suivi et de prévoir les correctifs en cas d'exposition jugée significative
à ce type de risque (article n° 32 du règlement 02/03).
Dans le cadre de la mise en œuvre du cadre réglementaire relatif au contrôle interne des
banques et des établissements financiers, la direction générale de l’inspection de la BA, a
adressé à ces derniers une note méthodologique quant à la mise en place de ce dispositif
réglementaire.
Cette note se propose de souligner de manière résumée les objectifs du règlement 02/03 et les
principes (qui y sont consignés) à respecter ou à faire respecter pour mettre en phase le
contrôle interne des banques et des établissements financiers avec les conditions de contrôle
interne exigées par le règlement susvisé.
Par ce règlement, il est demandé aux banques de prendre toutes les dispositions et toutes les
mesures nécessaires pour sa mise en œuvre. Chaque établissement assujetti se doit de
procéder à l’évaluation de son contrôle interne à la lumière des textes en vigueur.
Pour cela, le CPA a entamé une série de réorganisations de son organigramme afin d’être en
mesure d’intégrer ces nouvelles structures et tâches. Au cours de cette année, le Président
général du CPA a désigné une commission chargée de faire une enquête pour recenser et
évaluer les systèmes actuels et prévoir les mises a jour à venir pour l’adaptation de leur
contrôle interne, afin d’être en phase avec les dispositions du règlement 02/03.
Conclusion
Ces dernières années, l’environnement monétaire algérien est caractérisé par la volatilité des
taux , chose à laquelle ne sont pas habituées nos banques. Cette volatilité des taux avait pour
conséquence l’instabilité de la marge d’intérêt d’où la nécessité pour nos banques de gérer ce
risque.
A cet effet, la banque d’Algérie, et par le biais du règlement 02/03, a clairement montré que le
risque de taux d’intérêt est un risque éminent dans le contexte actuel et, que par voie du fait,
elles doivent mettre en place des systèmes de gestion de ce risque.
Cependant, la réglementation ne suffit pas à elle seule. Elle doit être conjuguée à une volonté
d’ensemble et une initiative de la part des banques commerciales pour aller au devant des
difficultés qu’elles rencontrent et préparer un environnement sain pour leur activité. Celui-là
ne pourra être concrétisé si les banques n’adhèrent pas complètement au projet.
Cas
d’application
Les banques ont subi et continuent toujours de subir le risque de taux. Elles doivent, de ce
fait, mettre en place des structures d’analyse et de gestion de ce risque. Ainsi, le propos de la
prochaine section sera une esquisse sur la mise en place d’une structure d’analyse du risque
de taux d’intérêt au CPA.
L’objectif fondamental de la formation des cadres bancaires est de former des cadres
compétents, appelés à assurer le rôle de vecteurs de changement. La qualité de ces cadres est
clairement perçue par leur aptitude à suivre et surtout à initier les modifications nécessaires à
la modernisation des banques algériennes et de relever ainsi le défi actuel : l’alignement de nos
banques au rang des banques des pays développés en terme d’outils de gestion et de pilotage.
Dans cette logique des faits et subséquent à la mission qui nous a été attribué que s’inscrit mon
initiative de proposer au crédit populaire d’Algérie une structure d’analyse du risque de taux
dotée d’un système qui s’étale sur deux axes : une méthodologie cohérente et appropriée dans
laquelle est défini un processus de gestion, des outils de mesure et de couverture du risque de
taux ; et une organisation qui doit intégrer ces éléments.
La question de mise en œuvre de la structure d’analyse du risque de taux est plus délicate, de
façon générale, que le sujet de gestion du risque de taux d’intérêt abordé jusqu’à présent. En
effet, celui-là était de nature technique, et il était possible de le présenter de façon objective.
Pour ce qui concerne l’organisation, les solutions relèvent généralement des choix propres de
chaque banque influencés par la nature de son activité, sa culture de gestion du risque et ses
moyens matériels et humains. Voilà, pourquoi cette section expose un exemple d’organisation
sans avoir la prétention d’être l’unique solution possible.
Le propos de cette section est de souligner la nécessité de la mise en place d’une structure de
gestion du risque de taux au sein de la direction financière du Crédit Populaire d’Algérie et de
décrire les composantes d’une telle organisation, si jamais le CPA cherchera à la mettre en
place pour être en conformité avec le règlement 02-03 portant sur le contrôle interne des
banques et établissements financiers.
Dans un premier temps, nous passerons en revue les éléments concernant la présentation du
CPA et de sa direction financière. Et en second lieu nous présenterons l’organisation de la
structure d’analyse et son fonctionnement.
Dans les années 70, époque où on a réparti les secteurs d’activités sur les banques primaires
nationales, le CPA s’est spécialisé dans le financement des entreprises du bâtiment, des
travaux publics et de l’hydraulique et autres activités telles que la pêche, le tourisme et la
santé. A la faveur de la mise en œuvre du processus de réformes économiques en 1988, il a été
érigé en EPE sous la forme juridique de SPA. Le 07 avril 1997, après avoir satisfait aux
conditions fixées par la loi sur la monnaie et le crédit, le CPA a obtenu son agrément,
devenant ainsi la deuxième banque publique à être agrée par le CMC.
Aujourd’hui, le capital social du CPA s’établit à 21 600 millions de DA. Son réseau
d’exploitation compte 117 agences encadrées par 15 groupes d’exploitation.
L’Etat demeure le seul propriétaire des actions du capital du CPA, qu’il gère par
l’intermédiaire du holding financier. Malgré les intentions de rachat formulées par des
groupes étrangers tels que la société générale, la privatisation du CPA reste, comme la tour de
Babel, une volonté irréalisable.
Dans un contexte économique marqué par l’évolution vers la concurrence, suite à l’émergence
de nouveaux établissements financiers et bancaires, le CPA émerge dans une dynamique de
changement induite par la nécessité de s’adapter aux nouvelles exigences de gestion fondées
sur la rentabilité et la compétitivité.
Toutes ces structures centrales sont sous l’égide du Président Directeur Général qui est assisté
par un cabinet du président.
Le type de structure adoptée par le CPA comme on peut le voir à travers l’organigramme est
fonctionnel. Effectivement, on distingue des fonctions séparées : affaires internationales,
exploitation et enfin engagement et affaires juridiques.
Voyons maintenant comment est organisée la direction financière qui nous paraît la mieux
appropriée pour contenir la structure d’analyse du risque de taux d’intérêt.
La direction financière du CPA est située sous l’égide de la direction générale adjointe
chargée de l’exploitation. Elle a pour missions d’assurer la gestion des ressources financières
de la banque et la rentabilité de leurs emplois.
¾ tenir et suivre les comptes centraux (BA, CCP, le trésor public et les banques
primaires);
¾ gérer le portefeuille des effets de la banque. En cas de déficit, elle présentera les effets
au réescompte.
Ce département est chargé de l’analyse des situations de la trésorerie et l’élaboration des états
périodiques. Il a pour tâches de :
¾ analyser la trésorerie et faire des simulations pour préconiser les bons placements.
Pendant notre stage pratique au sein de cette structure, nous avons pu constater qu’elle dispose
de moyens humains et matériels assez importants. Cependant, certaines tâches qu’on a cité
précédemment, ne sont pas assurées telles que les simulations, la gestion prévisionnelle de la
trésorerie…etc. Mais globalement cette structure dispose d’une organisation fonctionnelle
assez cohérente, avec des missions bien définies.
En outre, on a constaté que le volume du travail de certains agents est conséquent alors que
pour d’autres est moindre; également la direction financière, ni aucune autre structure
d’ailleurs, ne comporte une section chargée de l’évaluation du risque de taux d’intérêt. Chose
qu’elle peut facilement intégrer dans son département analyse. La question qui se pose est de
savoir s’il faut attribuer cette fonction à un service déjà existant ou créer une structure
nouvelle au sein de la direction financière.
Cas
d’application
Pour répondre à cette question, nous préconisons au CPA, non pas un changement complet de
l’organigramme mais juste une petite réorganisation qui va prévoir une section d’analyse du
risque de taux d’intérêt au sein du département suivi et analyse.
Le risque de taux n’est pas créé et géré par les mêmes entités. Ce risque se prête à une gestion
seulement consolidée. Toutes les transactions engendrent des positions de taux susceptibles de
se compenser ou de se cumuler, et leur centralisation permet de les gérer efficacement.
Plus imposant donc une structure d’analyse du risque du taux au niveau central. Cette
structure doit être liée à une direction par laquelle transite l’information relative à la mesure
de l’exposition au risque de taux. Cependant, il n’y a pas une direction qui centralise toute
l’information dont elle a besoin.
De ce point de vue, il revient de rattacher cette structure à une direction centrale: ici, le
problème est de savoir quelle direction détient le plus d’informations nécessaires à l’analyse
de ce risque, et de dresser un schéma de transmission des informations qui la lie avec les
autres structures. Dans cette optique, on doit localiser les lieux où les risques sont engendrés
et de spécifier les structures qui consolident ces positions de taux.
En outre, Toutes les positions locales de taux (niveau des dépôts, niveau des crédits, les
encaisses…etc.) sont remontées à la direction financière. Aussi, cette direction est en contact
quotidien avec le marché monétaire, lequel fournit les conditions de prêt et d’emprunt (les
taux de marché) nécessaires à la prévision des taux. Donc, nous pensons qu’il est préférable
de centraliser les deux fonctions au sein de la même direction puisque la gestion financière de
la banque doit être opérée en assonance avec la gestion du risque de taux.
Les banques algériennes sont appelées, dans un avenir très proche, à traiter diverses
opérations de couverture contre le risque de taux d’intérêt telles que les swaps et les FRA qui
seront nécessairement assurées par la direction financière à défaut d’une salle de marché. Leur
application nécessite donc l’existence de structures d’analyse et de tarification de ces produits
au sein de cette direction et la structure que nous préconisons de mettre en place sera faite
quelque part dans ce but.
Cas
d’application
De par son rôle, la structure d’analyse du risque de taux doit occuper une position clairement
identifiée dans l’organigramme opérationnel de la direction financière.
De ce fait, après un stage de deux mois effectué au sein de la direction financière du CPA qui
nous a permis de déceler son schéma organisationnel 138 , détecter les responsabilités et les
attributions de chacun de ses services et recensé tous les flux d’information qui peuvent être
échangés entre eux, nous a semblé plus efficace d’intégrer cette structure comme le présente
l’organigramme suivant :
Directeur financier
138
Voire annexe n° 4 « organigramme actuel de la direction de la trésorerie du CPA ».
Cas
d’application
Cette nouvelle organisation tentera aussi d’intégrer les nouveaux produits et nouveaux métiers
que les banques algériennes doivent intégrer dans leurs organigrammes et nomenclature.
Ces missions ont trait à l’analyse du risque de taux d’intérêt. Le champ d’activité et de
responsabilité de cette structure est cependant plus étendu. Avec les moyens et les outils dont
elle dispose, d’autres tâches lui incombent naturellement : outre la participation dans la
définition des limites du risque de taux et le choix des méthodes de son appréciation, elle doit
analyser les écarts existants entre les valeurs projetées et les résultats obtenus ainsi elle doit
contrôler à son propre niveau que les limites sont bien respectées.
Cette structure doit sans cesse compléter et consolider son analyse courante. Elle doit
également organiser la publication de ses analyses ainsi qu’émettre un jugement sur les
qualités prédictives de ses modèles.
L’exécution de ces fonctions principales, et les moyens qu’elle doit mettre en œuvre
déterminent en grande partie les relations qu’elle peut avoir avec ses différents interlocuteurs.
◊ Relations internes avec les services « Suivi » et « Analyse » pour avoir des
informations sur l’évolution de la trésorerie de la banque et le Département trésorerie
générale pour transmettre les instructions inscrites dans la stratégie de gestion
préconisée.
Les relations entre les différentes structures participant à la gestion du risque de taux d’intérêt
peuvent être représentées par le schéma suivant :
Cas
d’application
Figure 5. 6 : Les relations fonctionnelles des structures de la banque
(CPA) en matière de gestion du risque de taux d’intérêt
L’analyse du risque de taux apporte des informations déterminantes dans les choix
stratégiques sur les marges réalisées et sur la sensibilité de la banque aux évolutions des taux
de marché. L’organisation doit donc permettre de couvrir trois aspects : la remontée de
l’information, l’analyse financière et la stratégie. Elle s’établit à deux niveaux : le comité de
gestion du risque de taux et l’équipe d’analyse. Outre la définition de leurs attributions
respectives, il importe d’étudier le lien existant entre eux.
Ce comité peut être composé du directeur général adjoint chargé de l’exploitation en qualité
de président, du directeur financier et de quelques membres de la structure d’analyse du
risque, et d’autres de l’analyse de la trésorerie. Il a pour mission de décider des interventions à
opérer en matière de gestion du risque de taux en fonction des résultats d’analyse obtenus et
de faire des rapports au PDG sur l’exposition de la banque à ce risque.
Il se réunit avec l’organe de direction dans le cadre d’un comité de direction pour fixer les
limites de gestion et planifier les différentes opérations de financement ou de couverture qui
Cas
d’application
résultent de la mise en œuvre de la gestion du risque de taux d’intérêt (choix stratégiques à
long terme).
De même, ce comité doit avoir un réel pouvoir de décision pour arrêter les orientations à court
terme de l’établissement en matière de gestion du risque de taux : Transmettre les ordres au
département trésorerie générale pour que celui-ci effectue pour son compte l’opération de
couverture retenue, en terme de volumes d’intervention sur le marché monétaires, de taux et
de durée des opérations (choix tactiques).
Les éléments impliqués dans l’analyse du risque de taux d’intérêt sont le contrôleur et
l’équipe d’analyse.
3.1.2.1. Le contrôleur
¾ S’assurer que les traitements sont correctement effectués et que les procédures
d’évaluation des résultats ou d’estimation du risque de taux ont été bien appliquées.
Ce contrôle interne à la cellule doit être jumelé d’un contrôle externe par l’inspection et par
l’audit.
Dans ce mode de fonctionnement courant, l’équipe d’analyse du risque de taux doit avoir une
connaissance exhaustive et permanente des sources de ce risque et des pertes auxquelles
l’établissement est exposé. Ceci suppose que ces sources soient toutes recensées.
Cette unité doit rassembler les données (taux d’indexation, conditions de banques,
l’échéancier du capital…) nécessaires pour l’évaluation de l’exposition de l’établissement au
risque de taux. Le processus d’évaluation doit être alimenté par la totalité des transactions
(emplois et ressources) et les opérations de couverture.
¾ Calculer les indicateurs de gestion du risque de taux et les comparer aux limites fixées
afin de déterminer les opérations à opérer. Le choix d’une opération doit être fait sur la
base de simulations.
¾ Transmettre au contrôleur des rapports périodiques qui reprennent les résultas et les
supports des opérations de couverture exécutées.
12’’’ 6’
2 3 1
1) Cette direction transmet les informations comptables (bilan, TCR et hors bilan) à la
structure d’analyse ;
2) Les agences lui transmettent les positions de trésorerie, structure des dépôts et niveau des
crédits, les fermetures de comptes et les remboursements anticipés;
3) La DGVM 139 lui transmet les informations concernant les portefeuilles qu’elle détient
(obligations et actions) ;
5) sur la base des informations qu’elle reçoit, elle évalue l’exposition de la banque au risque
de taux et élaborent des stratégies de couvertures pour le bilan en fonction des anticipations
139
La direction de gestion des valeurs mobilières.
140
La trésorerie générale.
Cas
d’application
sur l’évolution future des taux (à court et à long terme) et mesure la sensibilité des
portefeuilles détenus par la DGVM ;
6) Elle transmet les résultats d’analyse et les préconisations au comité de gestion du risque de
taux ;
6’) Elle transmet les informations relatives à la sensibilité des portefeuilles à la DGVM et lui
recommandent des solutions pour le bien gérer ;
10) Le comité transmet les rapports d’analyse et les choix stratégiques à opérer à long terme ;
11) ces choix stratégiques sont discutés avec le PDG dans le cadre du comité directionnel
pour sortir avec des objectifs de niveaux de ressources et d’emplois ;
12) Les orientations en matière de collecte des ressources et de distribution de crédits sont
transmises aux entités opérationnelles (agences) par le biais des DGA et des directions
centrales.
Nous proposons ici de spécifier quelques indicateurs de gestion qui faciliterons le suivi et la
prise de décision expliqués précédemment. Il s’agit en quelque sorte de définir un tableau de
bord à l’usage du comité de gestion.
Ce tableau doit reprendre les principales mesures du risque de taux : les gaps, la sensibilité de
la marge, le Cost to Close et le Earning at Risk ; ainsi que les limites fixées.
En outre, un autre tableau peut être confectionné pour la Direction de la gestion des valeurs
mobilières. Ce tableau comportera la duration des obligations détenues.
Pour pouvoir se procurer de ces données au temps qu’il faut, elle doit être dotée d’un système
d’information qui centralise toute l’information dont elle a besoin. Nous entendons par là une
application conçue par les informaticiens de la banque ou carrément un logiciel compatible
avec le système DELTA qui rassemble l’information, la traite et la synthétise dans une base
de données.
Conclusion
La mise en œuvre de la gestion du risque de taux passe d’abord par la création d’une structure
d’analyse, chargée de mesurer l’exposition de la banque pour un comité de gestion
responsable de la mise en place des opérations de couverture.
Cette structure devra définir un tableau de bord qui a pour objectif de synthétiser les
indicateurs du risque.
Pour cela, elle doit disposer des échéanciers de flux correspondant à la situation du bilan et du
hors bilan, et d’un système d’information lui permettant d’avoir ces données dans des délais
courts.
La difficulté est de trouver l’équilibre entre le raccourcissement des délais de production des
états de risque et la qualité de l’information à produire. La recherche de l’optimalité passe
souvent par l’utilisation d’un système d’information fiable et des logiciels de traitement.
Tout au long de cette section, nous avons tenté de proposer une organisation de la structure
d’analyse du risque de taux adaptée au CPA comme première étape pour un système de
gestion. Notre souci s’est axé essentiellement sur les données qu’elle doit avoir, ses relations
fonctionnelles et hiérarchiques et les indicateurs qu’elle doit calculer.
Cas
d’application
Mais avant tout, pour que la structure se mette en place et soit opérationnelle, il est nécessaire
qu’elle soit considérée comme une nécessité et une priorité.
En fait, le but recherché de cette section ne consiste pas à mettre en valeur des théories
complexes, ni même des approches inappropriées au cas concret. Il pourra être vu comme une
recommandation de méthodes simples capables d’aider la structure chargée de l’analyse du
risque de taux à assurer ses missions quotidiennes.
Pour ce faire, nous avons retenu deux variables à savoir la marge d’intérêt pour la gestion du
bilan et la VAN du portefeuille pour la gestion du portefeuille des titres à taux fixe
(obligations et bons de trésor) comme objectif de gestion. Nous essayerons ensuite
d’apprécier leur sensibilité aux mouvements de taux en se basant sur des données réelles du
CPA.
Mais avant cela, nous exposerons la structure par terme des taux sur laquelle sera basée notre
analyse pour le problème d’évaluation des titres et les problèmes d’actualisation.
La structure par terme des taux d’intérêt constitue un outil de gestion indispensable à notre
démarche. Nous devrons, de ce fait, la construire car elle n’est pas directement perçue sur le
marché.
Cette courbe doit être construite en début de période d’analyse, soit au 31/12/2001. Pour cela,
nous avons retenu six (06) taux :
Le taux au jour le jour (TMP) 3,125% ;
Le taux trois mois 3,67658% ;
Les taux des bons de trésor assimilables (BTA) des maturités 1, 2, 3 et 5 ans sont
respectivement 3,97341%, 4,015%, 4,30065% et 4, 3029%;
Le taux des obligations assimilables de trésor (OAT) de 10 ans 5,51%.
A partir de ces taux, nous avons obtenu la courbe des taux du marché monétaire interpolés
suivante :
Cas
d’application
Figure 5.8 : La courbe des taux monétaires interpolés
6
5
taux (%)
4
3 Taux monétaires
2
1
0
ur
an
s
s
an
an
an
an
an
an
an
an
an
oi
jo
10
1
Echeances
A partir de cette courbe, nous pouvons extraire les taux zéro-coupon. Pour cela nous avons
fait appel au logiciel « Aemos UCA 141 » qui nous donne le résultat suivant pour les
échéances supérieures à 1 an :
Tableau 5. 1 : Les taux zéro-coupon
7
6
5
Taux (%)
Taux zéro-coupn en %
4
taux actuariels
3
2
1
0
an
3 s
4 s
5 s
6 s
7 s
8 s
9 s
10 s
s
an
an
an
an
an
an
an
an
an
1
2
Maturités
Pour les taux de maturité inférieure à un an, il suffit de faire un changement de base 142 . Les
taux monétaires sont exprimés en base réelle exact/365 et doivent être exprimés en base
exact/360.
A partir de ces taux, on peut facilement extraire les taux forwards pour la date de départ
30/06/03 (dans 6 mois).
141
Un logiciel de calcul actuariel issu du partenariat Aemos et Quantys. Ses fonctionnalités peuvent être
consultées à l’adresse suivante : www.qauntys.fr
142
Voire le tableau des conversions en annexe n° 01.
Cas
d’application
Tableau 5. 2 : les taux forwards dans 6 mois
7
6
5
Taux (%)
s
an
s
10 s
an
an
an
an
an
an
an
an
an
oi
jo
m
1
2
9
1
6
Maturités
Pour mesurer l’exposition du bilan au risque de taux d’intérêt, représentée par la sensibilité de
la marge d’intérêt, nous allons nous baser sur un échéancier des flux de capital établi au 31
décembre 2002, avec un horizon de gestion de quatre ans et une périodicité semestrielle.
Cet échéancier a été établi par nous même sur la base du bilan comptable du CPA arrêté au
31/12/02. Nous avons retenu en collaboration avec les responsables de la direction de
comptabilité les profils d’amortissement des encours lesquels sont déduits du profil
d’amortissement des encours passés.
La qualité de notre étude est conditionnée par la fiabilité des informations contenues dans cet
échéancier ainsi que par la vraisemblance des hypothèses d’amortissement des encours. A cet
effet, nous ne prétendons pas faire une analyse complète du risque de taux d’intérêt auquel est
exposé cette banque. Nous allons juste exposer la méthodologie à suivre par la structure
d’analyse si jamais on s’intéressera à la gestion de ce risque.
Cas
d’application
Pour ce faire, nous avons choisi la méthode des gaps à taux fixe jugée appropriée à la nature
des opérations contenues dans notre échéancier. En effet, les opérations indexées sur les taux
de marché sont peu nombreuses. La plupart des opérations qui y sont traitées sont à taux fixe
ou à taux révisable. Ce qui laisse la méthode des gaps par index d’aucun apport à notre
analyse.
L’adoption de cette méthode, nous laisse contraint de formuler quelques hypothèses, certes,
qui amenuisent l’exactitude de notre étude, mais aussi nécessaires à sa bonne conduite.
L’encours des emplois à taux fixe existant au début de période est supposé stable sur
toute la période ;
Les remboursements par anticipation ne sont pris en compte car ils ne représentent
pas des volumes importants. Le peu d’opérations qui existe est intégré dans le taux
d’amortissement retenu.
Faute de données (plan stratégique), les nouvelles productions ne sont pas intégrées
dans l’échéancier de flux de capital ;
On a sciemment négligé les opérations en devises et les opérations de hors bilan qui,
leur prise en compte pose un problème pratique.
Les taux pratiqués à l’actif comme au passif sont corrélés aux taux de marché. Chose
qui n’est pas évidente dans le contexte actuel de fixation des conditions de banque ;
Le coefficient d’élasticité des taux de bilan est égal à un, hypothèse qui est également
peu réaliste car l’impact d’une variation des taux de marché n’est pas le même sur
tous les poste de bilan ;
Une fois les taux varient, ils resteront fixes sur la période d’analyse restante.
Les dépôts à vue comportent les comptes courants, les comptes cheques, les livrets d’épargne
et les bons de caisse échus. Nous remarquons que certains de ces comptes sont non rémunérés
et d’autres tels que les livrets d’épargne sont rémunérés donc globalement ces dépôts sont
rémunérés à un taux moyen pondéré qu’on peut facilement calculer. Ils sont donc sensibles
aux variations des taux d’intérêt ainsi que leur volume qui peut être modifié.
De ce fait, ils doivent être intégrés dans le calcul des gaps. Pour leur traitement nous avons
séparé entre la partie stable considérée à taux fixe et la partie volatile à taux variable.
143
Tous ces traitements sont repris dans l’échéancier présenté par l’annexe n°07.
Cas
d’application
Nous avons calculé un intervalle de confiance de l’encours moyen des DAV de l’année 2002
avec un seuil de confiance de 95%. Les résultats obtenus sur la base des encours mensuels
sont donnés par le graphique suivant :
0,00
ril
e
oc e
no bre
in
t
ai
pt ût
dé bre
r
ille
ie
ie
ar
br
br
av
ju
m
o
nv
vr
ju
to
m
em
m
m
fé
ja
ce
ve
Moyenne 159 779 234 529,42
se
La partie stable est donc de 107 279 034 655,73 DA, qui sera amortie au taux de 20% l’an.
Par conséquent, la partie volatile sera calculée par la déduction de la partie stable de l’encours
global des DAV.
Les fonds propres sont considérés dans leur majorité à taux variables. Nous avons considérés
comme éléments de fonds propres : le capital social, le report à nouveau créditeur, les
provisions pour pertes et charges et le fonds de provision pour risques bancaires généraux.
Seules les réserves légales sont considérées à taux fixe et cela trouve justification de leur
rémunération par la banque centrale à un taux révisable que nous supposons fixe pour la
période de l’analyse.
Tous les crédits accordés par cette banque sont à taux révisable (clause stipulant la possibilité
de révision des taux). Faute de données sur les dates de révision de ces taux, nous les avons
tous considéré à taux variable.
Cas
d’application
Le calcul des gaps à taux fixe sur la période du 31/12/02 au 31/12/06 donne les résultats
suivants :
Nous constatons, à travers ce tableau, que la plupart des gaps sont négatifs sauf pour la
période 1 (1er semestre de l’année 2003) et la période 4 (2 ème semestre de l’année 2004). Ce
constat nous permet de déduire que durant ces périodes, le bilan du CPA présente un excèdent
de ressources à taux variables sur les emplois indexés sur des taux variables. Les deux autres
périodes présentent une situation inverse : un déficit des ressources à taux variable sur les
emplois de même nature.
Le risque de taux est omniprésent sur toutes les périodes et la marge d’intérêt est sensible aux
fluctuations des taux. Le graphique suivant montre bien l’ampleur de cette exposition au
risque de taux d’intérêt.
Cas
d’application
Figure 5 .11: Les gaps à taux fixe
20000 période 1
10000 période 2
0 période 3
Montant en période 4
-10000
millions de DA période 5
-20000
période 6
-30000
période 7
-40000 période 8
Gaps à taux fixe
Ce graphique montre bien que le CPA est très exposé à une hausse des taux d’intérêt pendant
les deux dernières années (2005 et 2006) et que l’exposition à cette hausse est moindre
pendant l’année 2004. Cependant, la marge d’intérêt est sensible à une baisse des taux durant
l’année 2003.
Apres avoir calculés ces gaps, intéressons nous, à présent, à l’appréciation de la sensibilité de
la marge d’intérêt aux mouvements des taux. Il s’agit d’évaluer l’impact d’une hausse 144 des
taux de 1% sur la marge d’intérêt.
La variation de la marge d’intérêt, suite à une variation des taux d’intérêt, est donnée par la
formule :
144
Pour une baisse des taux la sensibilité est de même montant mais avec un signe inverse.
Cas
d’application
La marge d’intérêt est favorablement exposée à la hausse des taux durant le premier semestre
de l’année 2003 et le deuxième semestre de l’année 2004. Elle est défavorablement exposée,
dans le cas contraire, durant les autres périodes. Toutefois, une baisse des taux durant les
périodes où les gaps sont positifs n’est pas chose impossible. La marge est finalement exposée
au risque de variation des taux sur toute la période d’analyse.
Prenons le cas d’une hausse des taux de 1%, le graphique suivant représente la variation de la
marge d’intérêt.
periode 1
100
période 2
50
période 3
0
Montant en période 4
-50 période 5
millions de DA
-100 période 6
-150 période 7
-200 période 8
Les périodes
De ce graphique apparaît clairement, qu’une hausse des taux de 1% risquerait d’entraîner des
pertes importantes durant les années 2004, 2005 et 2006 (de même pour l’année 2003 en cas
de baisse des taux), ce qui a pour effet la contraction de la marge d’intérêt. En effet, en cas de
baisse des taux de 1% durant l’année 2003, l’établissement pourra enregistrer une perte de
l’ordre de 46 millions de dinars. Egalement, la hausse des taux de 1% aura pour effet des
pertes respectives de 62, 152 et 114 millions de dinars durant les années 2004,2005 et 2006.
De là, apparaît clairement l’enjeu de la mise en place de cette structure d’analyse du risque de
taux d’intérêt. Si cette structure était déjà fonctionnelle, elle aurait tiré la sonnette d’alarme et
donnait des informations qui pourraient orienter la stratégie commerciale et financière du
CPA.
Une fois ces informations seront transmises à la direction générale et selon les anticipations
sur l’évolution des taux d’intérêt, les dirigeants pourront déterminer l’action à entreprendre
sur les niveaux des gaps : fermeture ou maintien sur une partie ou la totalité des périodes.
Ensuite, les instructions seront envoyées aux entités opérationnelles (trésorier général,
direction des engagements, direction de réseau et aux groupes d’exploitation).
Néanmoins, l’urgence de l’opération ne suffit pas à elle seule pour décider ou non de sa mise
en place. Il y a lieu de considérer également le coût de l’opération.
Supposons que les dirigeants anticipent une baisse des taux et optent pour la fermeture du gap
de la première période et donc l’insensibilisation de la marge d’intérêt.
Le gap du premier semestre de l’année 2003 étant de 16 382 139 343,82 DA, la banque doit,
pour l’annuler, placer à taux fixe un montant de l’ordre de 16 300 millions de dinars sur le
marché monétaire sur six mois. Et emprunter à taux variable le même montant et sur la même
durée.
Nous constatons que la fermeture du gap coûte plus que perd la banque en cas de baisse des
taux.
145
Pour modifier le sens des gaps et donc la sensibilité, la banque peut aussi agir sur les ressources et les emplois
par la renégociation des taux et/ou par la renégociation des échéances. Cependant, cette technique n’est évidente
à mettre en place parce que d’un coté,sa réalisation suppose que la contrepartie a une anticipation différente sur
l’évolution des taux ; de l’autre coté, certains postes de bilan à taux fixe sont assujettis de conditions rigides
(ex :réserves obligatoires) fixées sans négociation.
Cas
d’application
Néanmoins, cette banque dispose d’un excèdent de liquidité de l’ordre 28 580 millions de DA
dans son compte banque d’Algérie qui enregistre un solde moyen de 39 721 328 690,34 DA
alors que les réserves obligatoires ne sont que de 11 166 134 276,05 DA 146 . Le CPA pourra
placer la différence à taux fixe sur six mois et inverser ainsi le sens du gap.
La marge nette de 2 518 millions témoigne d’un gain spéculatif si les taux baissent vraiment
(60 millions) et le gain de placement de la trésorerie oisive (608 millions).
Toutefois, la surliquidité que connaît le marché actuellement rend cette action très difficile à
accomplir.
A long terme, pour clôturer les gaps négatifs (globalement), qui affirment un excèdent des
emplois à taux fixe sur les ressources de même nature, le CPA devra accorder des crédits à
taux révisable indexés sur le taux de marché. Aussi, il pourra réduire son portefeuille des
titres à taux fixe qui s’élève à 107 976 566 503 DA qu’il devra utiliser à bon escient pour
augmenter l’encours des crédits à taux révisable.
Vu les limites 147 pratiques dont souffre la recomposition du bilan, essentiellement celles
relatives aux ratios prudentiels 148 que doit respecter tout établissement financier, les banques
doivent envisager d’autres méthodes rapides et efficaces, inspirées des outils de gestion du
risque de taux dans les pays développés. Parmi ces méthodes, on cite les FRA et les Swaps
que les banques algériennes pourront facilement mettre en place et créer ainsi de nouveaux
métiers susceptibles de générer des gains considérables.
L’essentiel de la gestion du risque de taux est l’anticipation faite sur l’évolution future des
taux d’intérêt. En effet, il est inutile, même dangereux et grave, d’intervenir pour modifier le
profil des gaps existants si on fait une anticipation fausse de l’évolution des taux. Non
seulement, on va perdre une opportunité mais également, ce qui est encore grave, est qu’on va
accroître l’exposition de la banque dans le sens désavantageux. De ce fait, la structure chargée
de la gestion du risque de taux doit prêter une attention particulière à ce problème et doit
concentrer ses efforts sur la collecte des données, avis d’experts et déclarations des autorités
de tutelle qui peuvent nous renseigner sur la tendance de ces taux.
146
Ce qui représentent 6,25% des dépôts qui s’élève à 178 658 292 416,80.
147
Il faut tenir compte des ratio et normes prudentielles que nous avons délibérément négliger ici pour manque
de données.
148
Nous les avons négligé ici pour ne pas alourdir l’analyse.
Cas
d’application
Ainsi, durant la période 2002-2003 par exemple, le CPA a tout intérêt de conserver les gaps
négatifs synonyme d‘une exposition favorable de la marge à la baisse des taux d’intérêt,
puisque la situation de surliquidité du marché prédit une baisse des taux à court terme. Les
dirigeants doivent opter pour la non action dans l’espoir d’un gain spéculatif s’il aura
vraiment baisse des taux futurs.
En plus de cette analyse des gaps, la structure chargée de l’évaluation du risque de taux pourra
synthétiser d’autres indicateurs du risque de taux qu’elle mettra dans le tableau de bord. Ces
indicateurs donneront une image claire de l’exposition de la banque au risque de taux. Il
s’agit, notamment des nombres EAR et CTC.
2.3. Earning-at-risk
Cet indicateur renseigne les dirigeants sur la sensibilité réelle de la marge d’intérêt à la
variation des taux d’intérêt en tenant compte de l’ampleur de la variation, de la probabilité de
survenance et du délai qu’il faut mettre pour clôturer tous les gaps. Dans une situation
normale, la variation est de σ = 1% 149 (avec σ l’écart type de l’évolution des taux d’intérêt
constaté ces quelques dernières années) et le nombre de jours que la banque met normalement
pour envisager, décider et intervenir pour fermer les gaps est de 30 jours en moyen.
De là le facteur de défaisance sera de 67,94 point de base. Et le calcul des EAR est donné par
le tableau suivant :
facteur
de
Les gaps à taux défaisan
Les périodes fixe ce (pb) EAR Taux à terme EAR actualisé
période 1 16 382 139 343,82 67,94 55 647 360,45
période 2 -7 105 626 025,60 67,94 -24 136 611,49
EAR annuel (2003) 31 510 748,96 0,039734 30 306 548,56
période 3 -14 545 435 881,24 67,94 -49 408 389,00
période 4 2 050 789 978,81 67,94 6 966 187,18
EAR annuel (2004) -42 442 201,82 0,0401584 -39 228 250,94
période 5 -4 010 562 179,18 67,94 -13 623 202,35
période 6 -34 563 937 273,79 67,94 -117 407 857,15
EAR annuel (2005) -131 031 059,50 0,04311376 -115 446 090,3
période 7 -39 781 081 118,09 67,94 -135 129 613,63
période 8 -16 928 554 639,25 67,94 -57 503 440,92
EAR annuel (2006) -192 633 054,55 0,0431165 -162 704 494,8
Total -334 595 566,90 -287 072 287,5
Le CPA perdra un montant de l’ordre de 30 millions l’année 2003 dans une situation
désavantageuse extrême (baisse des taux) au seuil de signification de 95%. Les dirigeants
peuvent définir une limite de gestion pour chaque maturité basée sur ce nombre. Exemple :
149
L’écart type des taux de réescompte entre 01/2000 et 06/2003 est égal à 0,898%.
Cas
d’application
limite en EAR (1 an) = 20 millions DA et EAR (2 ans) = 40 millions, dans ce cas les
gestionnaires doivent réduire leur exposition en réduisant les gaps des deux premières
périodes. Par contre, ils ne sont pas obligés d’intervenir pour modifier les gaps de 2004.
Le Cost to Close est la marge d’intérêt nette obtenue après fermeture de tous les gaps de taux
aux conditions de marché actuelles. Cette marge est le résultat de la déduction (ou de
l’addition) de coût (ou de produit) d’annulation de tous les gaps.
Le gestionnaire commencera par la clôture du gap le plus éloigné et ainsi de suite jusqu’à la
fermeture de toutes les positions. Ces opérations se feront aux conditions de marché en
vigueur. Les opérations à effectuer sont données dans le tableau suivant :
fermeture des
gaps
opération 1 montant durée (mois) taux intérêt/ trimestre
emprunt 16 929 000 000,00 50 4,30% -364028519,3
opération 2 montant durée (mois)
emprunt 22 852 000 000,00 42 4,17% -476464200
opération 3 montant durée (mois)
prêt 5 217 000 000,00 36 0,0401 104600850
opération 4 montant durée (mois)
prêt 30 553 500 000,00 30 3,97% 606486975
opération 5 montant durée (mois)
prêt 6 061 300 000,00 24 3,91% 118498415
opération 6 montant durée (mois)
emprunt 16 596 200 000,00 18 3,89% -322796090
opération 7 montant durée (mois)
prêt 7 440 000 000,00 12 3,75% 139500000
opération 8 montant durée (mois)
emprunt 23 488 000 000,00 6 3,38% -396947200
Les nouveaux
Les périodes Les gaps à taux fixe gaps
période 1 16 382 139 343,82 -460 656,18
période 2 -7 105 626 025,60 -226 025,60
période 3 -14 545 435 881,24 -35 881,24
période 4 2 050 789 978,81 -10 021,19
période 5 -4 010 562 179,18 -62 179,18
période 6 -34 563 937 273,79 62 726,21
période 7 -39 781 081 118,09 -81 118,09
période 8 -16 928 554 639,25 445 360,75
Cas
d’application
Nous constatons que les nouveaux gaps même s’ils ne sont pas complètement fermés, leurs
niveaux sont inférieurs à 470 KDA, chose qu’on peut négliger.
L’intégration des coûts et des produits des opérations de clôture donne les résultats suivants :
Produits/
charge de marge taux
Années fermeture prévisionnelle Revenu net d'actualisation revenu actualisé
Année 2 375 246
2003 -785352338,5 3 361 188 795 2 575 836 456,86 8,45% 859,57
Année 2 274 834
2004 -344609048,5 3 025 069 915 2 680 460 867,32 8,55% 550,00
Année 1 423 154
2005 -865296763,5 2 722 562 924 1 857 266 160,74 9,28% 619,96
Année
2006 -1204521239 2 450 306 631 1 245 785 393,32 9,87% 854 922 479,10
Total 8 359 348 878,24 6 928 158 508,6
La marge finale actualisée, à réaliser sur les quatre ans, si on fermait tous les gaps
maintenant, serait de 6 928 158 508,64 DA ; alors que la marge prévisionnelle actualisée
serait de 9 434 462 291,55DA , soit une baisse de 2 506 304 412 ,91DA (-26,56% %).
La banque a donc tout l’intérêt de modifier ses gaps par la recomposition de son bilan afin de
minimiser les coûts de fermeture de ces gaps si jamais elle sera appelée à les fermer plus tard.
Les dirigeants peuvent définir une limite sur cet indicateur. Le CTC jouera le rôle d’un
clignotant, si on dépassait cette limite il y a lieu automatiquement de passer à l’action pour
modifier notre profil de risque.
L’exposition au risque de fluctuation des taux d’intérêt peut également, comme on l’a vu au
chapitre 3 de ce mémoire, dans le cas de titres à taux fixe, par la dévalorisation de ces titres.
La vente des créances commerciales est un phénomène peu courant chez les banques de
détail. Cependant, elles peuvent détenir des portefeuilles d’actifs à taux fixe, dont la valeur est
directement liée au taux de marché. Ces banques calculent la VAN, la duration et la convexité
de leurs portefeuilles. Et sur la base des anticipations qu’elles font sur l’évolution des taux
futurs, elles peuvent, soit vendre, soit acheter des obligations à taux fixe ou des titres de
créances pour réaliser des plus-values.
Cas
d’application
Ainsi, une baisse des taux permet à la banque de réaliser une plus-value due à l’augmentation
de la valeur du portefeuille. Tandis qu’une hausse des taux produira l’effet contraire, c’est-à-
dire une baisse de la valeur du portefeuille.
En fonction des prévisions faites sur les taux d’intérêt, le gestionnaire peut modifier la
duration 150 du portefeuille pour se prémunir contre les mouvements de taux ou mieux encore
en tirer profit. Si le gestionnaire anticipe une baisse des taux d’intérêt alors il doit choisir des
durations plus grandes. Si par contre, il anticipe une hausse des taux, il doit maintenir ou
réduire la duration de son portefeuille.
Pendant notre stage au CPA, on a remarqué que le portefeuille de titres à taux fixe n’était pas
géré d’une façon active. Ils le gardaient toujours jusqu’à maturité sans se soucier de ce que les
plus-values peuvent leur rapporter pendant la durée de détention.
La structure d’analyse du risque que nous préconisons de mettre en place pourra produire des
informations très appréciables en terme de valeur et de sensibilité aux fluctuations des taux
d’intérêt pour orienter les stratégies d’investissement en titres.
Prenons l’exemple du portefeuille des obligations SRH souscrit récemment par le CPA pour
un montant de 700 millions de DA et voyons comment peut-on le gérer efficacement. Ce
portefeuille est composé de :
2500 obligations d’un notionnel de 10 000 DA, maturité 3 ans et d’un taux nominal de
4 ,00%.
4500 obligations d’un notionnel de 10 000 DA, maturité 5 ans et d’un taux nominal de
4 ,50%.
Les taux de marché pour les périodes 1, 2, 3, 4 et 5 ans sont respectivement : 4,033%,
4,129%, 4,357%, 4,378% et 4,408%. On suppose que la prime de risque est de 20%.
150
La duration spécifie la durée de détention d’un portefeuille pour que l’investisseur réalise le rendement défini
au moment de l’achat.
151
Nous avons omis exprès la convexité. Nous avons jugé la duration un indicateur suffisant de la sensibilité de
la valeur de ce portefeuille au taux d’intérêt.
152
C’est moyenne pondérée des deux durations précédentes.
Cas
d’application
On peut aussi calculer la variation de la valeur de ce portefeuille en considérant des
déformations quelconques de la courbe des taux. Pour cela, la variation de deux taux nous
suffit car le logiciel Aemos UCA nous permet à tout moment de l’interpoler. Cependant, cela
n’est pas l’objet de notre travail qui essaye, sans l’oublier, de présenter des outils simples
appropriés à la situation des banques algériennes et au contexte actuel de l’évolution des taux
(volatilité relativement faible).
Conclusion
Les techniques de gestion du risque de taux peuvent être appliquées sur le bilan bancaire
comme sur un portefeuille de titres. De ce fait, la structure d’analyse, que nous préconisons de
mettre en place, devra un intégrer dans ses outils toutes les méthodes de mesure et techniques
de gestion relatives à ces deux approches.
Cette structure d’analyse doit faire des études périodiques sur l’exposition de la banque au
risque de taux et doit également élaborer des états et des rapports qu’elle devra ensuite
envoyer à la direction générale et à toutes les directions concernées par ce risque. En cas du
risque important, elle doit tirer l’alarme pour modifier le profil du risque. Elle prendra ainsi
une place centrale dans l’élaboration des stratégies de bilan et d’investissement de toutes les
structures de la banque. Elle deviendra un centre de création de valeur et un guide
d’orientation stratégique.
Cependant, elle ne doit pas se limiter dans ses travaux au calcul de l’exposition et la
transmission des résultats des études, elle doit s’intéresser aussi à la prévision des taux qui
déterminent le sens des interventions à opérer car elle est bien placée et outillée pour le faire.
Au terme de ce cas d’application, nous ne pouvons arriver qu’au résultat suivant : les banques
algériennes sont très exposées au risque de taux du fait des déséquilibres qui caractérisent
leurs bilans. Elles ont des ressources à taux fixe ou à taux variable qui ne sont pas
nécessairement adossées à des emplois de même nature. L’impact d’une variation des taux
n’est donc pas le même sur les produits et sur les charges d’intérêt.
Avant, nos banques ignoraient complètement le risque de taux. Il a été pendant longtemps
laissé derrière le risque de crédit et le risque de liquidité qui attirait toute l’attention de leurs
dirigeants. Cette exclusion se justifiait par la stabilité relative des taux d’intérêt.
Cas
d’application
Cependant, durant ces dernières années, ce risque a refait surface avec une volatilité accrue
des taux. Toutes les banques ont subi des pertes en terme de marge et celles qui sont les moins
réactives étaient les plus touchées. Force est de constater que, malgré la stabilité de l’activité,
la marge nette d’intérêt de ces banques a suivi une tendance baissière. Ainsi, pour le Crédit
Populaire d’Algérie la marge d’intérêt a baissé durant la période 1997-2002 de presque 30%.
Ce résultat trouve son explication principalement, dans la baisse des principaux taux
directeurs du marché monétaire algérien (taux de réescompte, taux interbancaires).
A cet effet, nous avons tenté de proposer au Crédit Populaire d’Algérie, suivant une démarche
cohérente et exhaustive pour résoudre un problème dont la prise de conscience est récente,
une structure d’analyse du risque de taux chargée de l’évaluation de l’exposition de cette
banque aux mouvements de taux et de l’information des dirigeants de ces résultats. Notre
proposition a été axée sur l’organisation et sur les outils qu’elle doit avoir pour accomplir au
mieux ses tâches.
En outre, nous avons complété cette proposition par une méthodologie de traitement des
positions de taux. Une méthodologie définie sur la base de techniques de calcul simple à
effectuer et des options de gestion appropriées à la réalité algérienne.
Dans le même ordre d’idées, cette volonté de mise en place d’une structure d’analyse se
heurte à la nécessité de disposer d’informations multiples d’ordre pratique et technique (base
de données mise à jour régulièrement). Les problèmes rencontrés lors de l’adoption de la
méthode des gaps à taux fixe sont multiples, nous en citerons :
¾ le manque d’information sur les taux d’amortissement globaux et les dates de révision
des taux.
Enfin, nous ne pouvons que compter sur la prise de conscience des banques de l’importance
du risque de taux et sur leur volonté de mettre en œuvre des structures de gestion du risque de
taux et j’espère contribuer et apporter un plus, un tant soit peu, à la réalisation de cette
volonté.
Conclusion
Au terme de ce travail, il convient de faire le point sur les enseignements que nous avons tiré.
Pris dans son acception la plus générale, le risque de taux d’intérêt consiste en l’éventualité
d’une dégradation de la rentabilité d’une banque et / ou de la détérioration de la valeur
économique de ses fonds propres sous l’effet d’un changement dans la structure et le niveau
des taux d’intérêt.
Les mutations qui ont marqué le monde, principalement au cours des deux dernières
décennies, ont conduit à un phénomène de mondialisation, accentué essentiellement par les
facteurs de désintermédiation, déréglementation et décloisonnement des marchés de capitaux.
Cette vague de changement avait pour conséquence l’émergence de nouveaux risques et
l’accentuation des risques existants.
En effet, l’adoption de la politique monétariste par la plupart des pays développés a contribué
à augmenter la volatilité des taux. En privilégiant les méthodes directes de contrôle de la
masse monétaire, cette politique a eu pour effet d’accroître les fluctuations des taux d’intérêt
sur l’ensemble des marchés monétaires internationaux.
Dans un tel contexte de volatilité des taux, la gestion du risque de taux d’intérêt est devenue
une nécessité. Elle contribue à une plus grande compétitivité des banques par une plus grande
maîtrise de leur situation patrimoniale et de leur rentabilité. Les banques sont mises au défi de
profiter au mieux de ces mouvements et, au même temps, de limiter leur exposition à ce
risque.
Le risque de taux, dans le bilan bancaire, peut être appréhendé par deux approches : approche
revenu qui détecte l’impact de la variation des taux sur la rentabilité de la banque à travers la
mesure de la sensibilité de la marge d’intérêt et par l’approche valeur qui détermine l’effet des
mouvements des taux sur la valeur patrimoniale de la banque. Néanmoins, ces deux
approches représentent les deux faces d’une pièce de monnaie car la valeur du patrimoine de
la banque n’est que l’actualisation des résultats futurs de cette banque. La seule différence
réside dans l’horizon de gestion. La première s’inscrit dans une optique de gestion à court
terme alors que l’autre est à long terme.
En sus, les banques octroient, souvent gratuitement, à leurs clients des options implicites dont
l’exercice peut modifier la structure de leurs bilans, ce qui peut amplifier leur exposition au
risque.
La mesure du risque de taux d'intérêt peut s’effecteur par plusieurs méthodes, selon la valeur
que l’on veut préserver. Ainsi, pour évaluer le risque porté par un actif financier ou le risque
sur la valeur patrimoniale de la banque, les gestionnaires pourront utiliser la duration. Si leur
souci est de protéger la marge d’intérêt, ils pourront mesurer sa sensibilité aux variations des
taux par la méthode des gaps. Cependant, ces mesures restent entachées de quelques limites
du fait des hypothèses jugées trop simplistes de ces méthodes.
Pour remédier à ces lacunes, d’autres méthodes telles que la VaR, le Earning at Risk et le
Cost to Close, appliquées au début uniquement à la gestion des portefeuilles, ont été adaptées
à la gestion du bilan. Leur nouveauté apparaît par leur capacité à intégrer les coûts de
couverture et la probabilité de survenance du risque.
En se basant sur ces mesures, les gestionnaires peuvent soit annuler soit modifier la sensibilité
la variable retenue aux fluctuations des taux. Pour cela, ils peuvent avoir recours soit à la
recomposition du bilan ou bien faire appel aux produits dérivés. Cependant, la recomposition
du bilan comporte certaines difficultés qui limitent leur liberté dans le choix des transactions à
opérer. Certains actifs ne sont pas cessibles, d’autres ne sont pas liquides. Egalement, il y a la
contrainte des normes prudentielles qui limitent choix des opérations de gestion. En outre, la
levée des fonds sur le marché n’est pas chose facile, c’est pour cela que les gestionnaires ont
le plus souvent recours aux produits de hors bilan qui posent moins de difficultés.
La gestion du risque de taux d'intérêt est un élément fondamental d’une gestion saine et
prudente des opérations bancaires. Elle nécessite une gestion de l’actif et du passif de façon à
contrôler les répercussions des fluctuations des taux d’intérêt sur les résultats financiers de la
banque. Elle fournit un cadre et des méthodes permettant d’aborder la stratégie bancaire dans
son ensemble. Il y a traduction possible de ces résultats dans l’activité de la banque en termes
financiers et commerciaux. Elle est considérée comme un outil au service d’objectifs plus
vastes, notamment de la stratégie et de la rentabilité de la banque
La gestion du risque de taux d'intérêt doit être une activité en mesure de donner aux dirigeants
une assurance sur le degré de maîtrise des opérations, tout en en leur apportant une vision
sereine sur leur choix stratégiques, et en contribuant, en fin de compte, à créer de la valeur
ajoutée (cibler la clientèle ; tarifier les produits et services au juste prix ; déterminer l’horizon
de gestion ; responsabiliser les différents acteurs).
La véritable difficulté dans la gestion du risque de taux d'intérêt réside plus dans spécification
des structures chargées de cette mission, que dans le choix des méthodes qu’elle doit utiliser.
Elle doit s’inscrire dans la politique générale de la banque et constituer une de ses priorités.
Les banques sont à cet égard incitées à agir par étape, commençant d’abord par la mise en
place des structures qui doivent remplir cette mission. Ensuite, vient l’étape de la gestion
effective.
En Algérie, les réflexions des autorités de tutelle tendent à sensibiliser la profession bancaire
au problème général du suivi du risque de taux et ont déjà abouti à une réglementation
imposant aux banques la mise en place des systèmes internes de contrôle des risques
financiers dont le risque de taux.
D’une façon générale, la démarche des autorités repose en effet sur le pragmatisme et la
concertation ainsi que sur la volonté d’instauration des systèmes internes sans chercher à
imposer un type de structure ou une méthode de mesure.
L’avenir de la gestion du risque de taux en Algérie est sans doute au développement de cette
activité dans les banques. A cette activité, seront greffés prochainement de nouveaux métiers
dont la négociation des produits dérivés (FRA, swap), qui seront utilisés pour le compte
propre de la banque ou vendus à la clientèle. Par ailleurs, sans doute va-t-on vers une prise en
charge des lacunes et carences du contexte actuel. Ainsi, les banques auront à mettre en place
des taux de référence pour appliquer des taux variables.
Pour conclure, nous croyons avoir montré que la gestion du risque de taux d'intérêt n’est pas
une simple déclinaison de méthodes de mesure et de techniques de gestion, mais plutôt la
mise en place d’abord de structure chargée de cette mission qui appliquera cette méthodologie
dans ses tâches quotidiennes. L’intérêt en sera la cohérence des structures actuelles.