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Théories et Analyse Monétairs_ULT_IIFStatistique_Bac III

Université du Lac Tanganyika


Institut Interfacultaire de Satatistique
Bac III

Cours : Théories et Analyse Monétaires

Dr Salomon NSABIMANA

Bujumbura, 2017

Dr Salomon Nsabimana_nsabisalomon@yahoo.fr
Théories et Analyse Monétairs_ULT_IIFStatistique_Bac III

PLAN DU COURS

I. INTRODUCTION GENERALE
Chapitre I : CONCEPT DE MONNAIE, EVOLUTION DES FORMES MONETAIRES
ET AGREGATS MONETAIRES
1. Définitions et fonctions de la monnaie

2. Métamorphose des supports de la monnaie

3. Agrégats monétaires

4. Dimension internationale de la monnaie

Chapitre II: FONCTIONS D’OFFRE ET DE DEMANDE, ET CIRCULATION DE LA


MONNAIE
1. Fonction d’offre de monnaie : Acteurs et politique d’émission

2. Fonction de demande de monnaie

3. Circulation de la monnaie et activité bancaire

Chapitre III. LES BANQUES AU CŒUR DE LA FINANCE MODERNE

1. Rôle des banques dans la gestion de l’épargne liquide

2. Rôle des banques dans le financement de l’économie


3. Types de risques bancaires et Réglementation bancaire

Chapitre IV: MONNAIE ET EQUILIBRE MACROECONOMIQUE


1. Approche classique : De la neutralité de la monnaie à la loi des débouchés
2. Approche néoclassique : Reprise de la dichotomie classique et de la théorie
quantitative
3. Apport d’Arthur PIGOU : Demande de monnaie et effet d’encaisse
4. Approche de Don Patinkin : Enrichissement de la Théorie Quantitative de la
Monnaie
5. Approche keynésienne : l’encaisse active
6. Analyse de Friedman : Renouveau de la théorie quantitative

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Chapitre V : POLITIQUE MONETAIRE

1. Définition et articulation des objectifs de la politique monétaire


2. Politique monétaire selon les courants de pensée
3. Instruments de la politique monétaire

Chapitre VI: SYSTEMES FINANCIERS ET MODES DE FINCEMENT DE


L’ECONOMIE

1. Notion de systèmes financiers et formes de financement


2. Développement et transformations des marchés financiers
3. Développement du système financier et développement économique
4. Rôle des institutions dans l’efficacité des systèmes financiers

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0. INTRODUCTION

Pour définir la monnaie, beaucoup d’auteurs se basent sur les trois fonctions de la monnaie
à savoir : unité de mesure, moyen de paiement et réserve de valeur. Avec le temps et
l’évolution des modes de production, les supports et formes de la monnaie se sont
transformés : la monnaie est passée de la monnaie marchandise à la monnaie virtuelle. En
effet, les supports de la monnaie se sont métamorphosés : monnaie primitive (coquillage,
bétail, étoffe,…), monnaie métallique (pesée, comptée et frappée), monnaie papier,
monnaie scripturale et monnaie électronique. Actuellement, la monnaie scripturale est
beaucoup utilisée pour faire des transactions ; d’où le développement des titres financiers
(actions et obligations). Pour pouvoir produire des statistiques, les autorités monétaires
ont élaboré des agrégats monétaires i.e des indicateurs traçant une frontière entres
différents actifs financiers selon le degré de liquidité. C’est à partir de ces agrégats que les
autorités monétaires peuvent avoir une idée sur la capacité potentielle de dépense des
agents économiques.

Etudier la monnaie conduit nécessairement à l’analyse des fonctions d’offre et de demande


de monnaie, et donc à la circulation de la monnaie. L’offre de monnaie revient au système
bancaire à travers la création de la monnaie scripturale par les banques commerciale et de
la monnaie fudiciaire par la banque centrale. Pour la demande de monnaie, il plusieurs
auteurs dont J. M . KEYNES, BAUMOL, TOBIN et M. FRIEDMAN qui ont donné les
motifs de demande de mande de monnaie. KEYNES donne quatre motifs (transaction,
précaution, spéculation et préférence pour la liquidité). BAUMOL développe le motif de
transaction, et TOBIN le motif de spéculation. Quant à FRIEDMAN, il considère
demande de monnaie comme une diversification du patrimoine ; la monnaie est considérée
comme élément du patrimoine. L’analyse de l’offre et de la demande de monnaie conduit
à l’étude de la circulation de la monnaie : créée par les banques, la monnaie circule entre
les agents économiques (entreprises, ménages et banques) en fonction de leurs
comportements de financement, placement et de dépense.

Dans la circulation de la monnaie, les banques jouent un rôle fondamental : elles sont à la
fois producteurs d’information et producteurs de liquidité. Autrement dit, elles doivent

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faire face aux problèmes d’asymétrie d’information (sélection adverse et aléa de moralité)
d’une part, et lutter contre la faillite bancaire qui peut être due au problème de liquidité.
Il s’agit d’une fonction très importante dans la mesure où la faillite d’une banque peut être
fatale à tout le système bancaire suite aux risques d’effet domino, effet de contagion et/ou
au risque systémique. C’est pourquoi il faut la réglementation bancaire.

La prise en compte de la monnaie dans les modèles macroéconomique laisse des


divergences entre les auteurs : neutralité versus non neutralité de la monnaie. Les
classiques et néoclassiques, de par l’analyse dichotomique, considèrent que la monnaie est
neutre. Par contre, les keynésiens montrent que la manipulation de la quantité de monnaie
peut voir une influence sur l’activité économique ; donc la monnaie n’est pas neutre. D’où,
l’efficacité de la politique monétaire.

De manière générale, la politique monétaire a les mêmes objectifs que toute politique
économique (carré magique de KALDOR). Pour ses objectifs, la politique monétaire
distingue les objectifs intermédiaires (cibles) et les objectifs opérationnels (variables
indicatrices de l’état de la politique monétaire). Les autorités monétaires agissent sur le
contrôle de crédit, le taux de change, le taux d’intérêt, les réserves obligatoires.

Pour la réussite de la politique monétaire, le système financier dans son ensemble joue un
rôle important. En effet, le système financier comprend, les marchés financiers les
banques, institutions financières non bancaires, les compagnies d’assurance.
Généralement, on parle systèmes financiers basés sur les marchés pour parler de la finance
directe, et de systèmes financiers basés sur les banques pour désigner l’intermédiation
financière. Certes beaucoup d’auteurs ont reproché l’intervention de l’Etat dans le
fonctionnement des systèmes financiers du temps de la répression financière, mais même
dans les systèmes libéralisés, le rôle des institutions (gouvernance économique par
exemple) reste déterminant pour que les systèmes financiers soient efficaces pour le
développement.

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Chapitre I: CONCEPT DE MONNAIE, EVOLUTION DES FORMES


MONETAIRES ET AGREGTS MONETAIRES
I.1. Définitions et fonctions de la monnaie

Il est difficile de donner une seule définition de la monnaie dans la mesure où il ya


plusieurs conception de celle-ci et qu’elle se présente sous diverses formes. C’est ainsi que
la plupart des économistes se contentent de la définition fonctionnelle de la monnaie. En
d’autres termes, les définitions retenues dans la plupart du temps partent des différentes
fonctions de la monnaie. De ce point de vue, la monnaie est à la fois une unité de compte
(étalon des valeurs) un moyen d’échange (instrument de paiement), et une réserve de
valeur.

i. La monnaie comme une unité de compte

En premier lieu la monnaie sert à évaluer le prix de tous les biens ; c’est donc une « unité
de compte » qui permet de mesurer la valeur des biens hétérogènes. En exprimant la

valeur absolue de chaque bien en une seule unité, la monnaie simplifie

grandement les problèmes de mesure puisqu’elle permet de chiffrer

directement la valeur d’un bien, sans référence à la valeur des autres biens.

Exemple : Nombre de prix relatifs pour 100 biens dans une économie sans monnaie et une
économie avec monnaie
Economie sans monnaie Economie avec monnaie
Nombre de prix relatifs dans une Nombre de prix relatifs dans une économie à
économie à n biens sans monnaie : n biens sans monnaie : n-1
n(n-1)/2
Pour une économie à 100 biens, on a :
Pour une économie à 100 biens, on 100-1= 99 prix
a: NB : Le prix de la monnaie par rapport à elle-
[100(100-1)]/2= 4 950 prix même est de 1. La monnaie est un numéraire

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La monnaie ramène les multiples évaluations possibles d’un bien en termes d’autres biens
(prix réel ou relatif) à une seule évaluation en monnaie (prix nominal ou absolu).
L’unité de compte permet de faire des comparaisons :
 de la valeur de deux biens différents (prix relatifs) et permet dès lors la
possibilité d’exercer un choix

 de la valeur d’un même bien sur deux marchés différents et permet de faire des
arbitrages

 dans le temps et anticiper sur les prix

ii. La monnaie comme instrument d’échange

Selon cette fonction, la monnaie est un bien directement échangeable contre tous les autres
biens. C’est un instrument de paiement qui permet d’acquérir n’importe quel bien ou
service y compris les travaux humains ; on dit que c’est un « équivalent général ». En
effet, c’est un instrument admis partout et par tout le monde en toutes circonstances et
dont le simple transfert entraîne de façon définitive l’extinction des dettes au sein d’un
espace monétaire donné.

Dans une économie monétaire, les produits ne s’échangent pas contre les produits mais
contre la monnaie qui, à son tour s’échange contre les produits. Cela suppose évidemment
qu’il existe un consensus social et la croyance que l’on peut obtenir à tout moment
n’importe quel bien en échange de la monnaie. Cette confiance peut être renforcée par
l’autorité de l’Etat et de la banque centrale qui oblige l’ensemble des acteurs économiques
a accepté la monnaie en lui donnant un pouvoir libératoire et légal (MONIQUE Béziade,
1989). En réalité, cette confiance signifie que chacun accepte la monnaie par ce

qu’il s’attend à ce que n’importe quel autre l’accepte et l’acceptera dans un

futur indéterminé.

Dans une économie sans monnaie, la valeur d’un bien doit s’exprimer en fonction en
fonction de la valeur de tous les autres biens qui peuvent faire l’objet d’un échange. En
exprimant la valeur absolue de chaque bien en une seule unité, la monnaie simplifie

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grandement ces problèmes de mesure puisqu’elle permet de chiffrer directement la valeur


d’un bien sans référence à la valeur des autres biens. Le schéma ci-après présente
l’économie de troc et l’économie monétaire.

Schéma : Economie de troc et Economie monétaire

Economie de troc
Marchandises Marchandises

Economie monétaire
Marchandises Monnaie Marchandises

La nécessité de recourir à un moyen de paiement unique est souvent présentée comme issu
des inconvénients du troc :
 Problème de double coïncidence : dans une économie de troc, tout agent
doit trouver non seulement quelqu’un qui doit lui vendre le bien qu’il cherche mais
aussi qui accepte en échange le bien dont il dispose. Etant donné que cette double
coïncidence risque d’être exceptionnelle, il peut y avoir un blocage des échanges

 Problème de coûts de transaction : la monnaie, comme intermédiaire de


transaction, permet d’éviter les coûts afférents des lieux et termes de l’échange des
clients (perte de temps, coût de recherche d’information,…).

 Problème d’indivisibilité de certains biens

ii. La monnaie comme réserve de valeur

Selon cette fonction, la monnaie sert de pouvoir achat qui est simplement reporté dans le
temps et du moment qu’elle constitue un moyen d’échange, il est possible de la conserver.
D’où la nécessité de détenir une encaisse monétaire et donc une demande de monnaie.
Dans ce cas, la monnaie est une des formes da la richesse, un actif du patrimoine, qui
présente la particularité de pouvoir être conservée et de reste parfaitement liquide i.e

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immédiatement utilisable dans l’échange sans une transformation pouvant entraîner des
coûts et présentant un risque. La monnaie permet donc de différer l’utilisation des
ressources d’une période à une autre, soit par précaution face à l’incertitude des ressources
futures, soit par ce que les formes alternatives de détention de richesse, et notamment les
placements financiers, présentent un risque de variation de valeur. Ces comportements
d’accumulation d’encaisses puis de dépense de la monnaie accumulée se traduisent dans la
variation de vitesse de circulation de la monnaie et peuvent être sources de déséquilibres
entre production et demande de biens et services.

N.B : La fonction de réserve de valeur n’est pas toujours évidente en ce

sens qu’elle ne sert à singulariser la monnaie car tous les actifs sont

également des réserves de valeur. Cette fonction ne peut être introduite

que grâce à une hypothèse spéciale liée aux coûts de liquidation et à

l’incertitude sur les prix futurs. En effet, la monnaie est un actif liquide par

excellence ; la transformation immédiate et à moindre coût fait que les

agents économiques la détiennent sinon sa fonction de réserve de valeur

reste discutable.

I.2. Métamorphose des supports de la monnaie : De la monnaie marchandise à la


dématérialisation de la monnaie

L’évolution des modes de production dans le temps a été caractérisée par la


transformation des supports et formes de la monnaie. Au départ, la monnaie a pris la
forme d’un bien ayant une valeur intrinsèque, c’est-à-dire : la monnaie marchandise.
Mises à part les monnaies primitives (coquillage, étoffe ou le bétail, huile, jarres de vin,…)
les monnaies marchandises ont été constituées dès la plus haute antiquité par des métaux
précieux i.e la monnaie métallique.

Avec le développement des échanges et la multiplication des échanges économiques, les


signes monétaires ont pris des formes dites « nominales » de la monnaie: les billets et

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la monnaie scripturale (qui n’ont pas de valeur intrinsèque à la différence des espèces
métalliques), et l’instauration de systèmes organisés sous l’égide des banques et la tutelle
de l’Etat. Pour les formes de la monnaie, on distingue la monnaie métallique, la monnaie
papier ainsi que la monnaie scripturale.

1. Monnaies métalliques : la réponse aux trois fonctions de la monnaie

La monnaie métallique a connu 3 grandes étapes :


 La monnaie pesée : La monnaie apparaissait (2000 avant J.C. en Egypte) sous
forme de lingots dont il fallait mesurer le poids au moment de chaque transaction)
 La monnaie comptée : vers 800 ans avant J.C. les lingots étaient divisés en
pièces

 La monnaie frappée : les monnaies métalliques furent peu à peu frappées d’une
inscription indiquant le poids de la pièce. La valeur de la pièce en unité de compte
était fixée par son poids en métal et la fiabilité du système de paiement était
garantie par la pérennité du métal.

La crise de 1929 et ses suites ont contraint l’ensemble des pays à abandonner toute
convertibilité de la monnaie en or, mais l’or a cependant continué de jouer un rôle
monétaire à l’échelle internationale, la valeur du dollar étant défini du taux de 35$ l’once
d’or (31 grammes d’or) dans le cadre du régime de l’ « étalon de change-or » institué par les
Accords de Bretton-Wood en 1944. Même si les banques centrales conservent de l’or dans
leur réserve, la démonétisation de l’or au niveau international est effective en 1976 lorsque
toute référence à l’or et supprime dans les statuts du FMI.

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2. Monnaie papier: de la convertibilité à la confiance

La monnaie papier est inventée au 17ème siècle par un marchand hollandais

Johan Palmstruch1 (1611-1671), fondateur de la banque de Stockholm.

Cette banque devient en 1668 la banque de Suède. Cette nouvelle forme de


monnaie facilite certes les échanges mais engendre le problème de la garantie de sa valeur.
Dans un premier temps, la papier monnaie est convertible e or, ce constitue une sécurité
absolue pour son possesseur. A partir du moment ou le billet de banque reçoit un « cours
forcé » (i.e valeur fixée sans possibilité de conversion en or) et un pouvoir libératoire
illimité (i.e le billet doit être acceptée comme moyen de paiement) se pose alors la question
de la confiance que les gens vont avoir à l’égard de cette forme de monnaie. On parlera de
alors de « monnaie fiduciaire » (fiducia : confiance en Latin), puisque la valeur
nominale est supérieure à la valeur du support (i.e le papier).

Schéma : Relation entre métaux précieux et papier-monnaie

CONVERIBILITE
Quantité d’or Billets en circulation
=CONFIANCE

La monnaie papier c’est-à-dire les billets est une étape importante dans le processus de
démonétisation des signes monétaires. C’est un instrument dont la valeur faciale est
dissociée de sa valeur intrinsèque et il est accepté en vertu de la confiance accordée à son
émetteur d’où le nom de monnaie fiduciaire donné aux billets.

1
De 1660 à 1697, Charles XI de Suède gouverne en multipliant les réformes financières. Dès 1660, le cuivre est dévalué de
17 % par rapport aux dalers d’argent. La banque fut harcelée de clients les réclamant, pour les revendre au prix du métal.
Palmstruch demanda l’autorisation d’émettre des billets de crédit ou kreditsvedlar, convertibles en plaques de cuivre. Ce sont
les premiers billets de banque d'Europe. Une première émission eut lieu en 16613. Les billets les plus connus sont ceux de 1666,
nommés Palmstruchers.

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Comme l’indiquent Jean Mongatte et Pascal Vanhove (2003), la monnaie apparait

alors comme un phénomène social. En effet, son utilisation repose sur une convention
implicite entre les agents qui acceptent de faire usage de telle ou telle forme de monnaie
selon la confiance qu’ils ont dans sa capacité à assurer durablement ses différentes
fonctions. Cette confiance doit reposer sur une autorité représentant la collectivité et, plus
précisément, la communauté de paiement. L’autorité garantit la valeur de la

monnaie (c’était le cas par exemple quand les pièces étaient frappées d’un

sceau) et maintient cette valeur (fonction de réserve de valeur) à l’intérieur

(l’inflation réduit le pouvoir d’achat par exemple) et vis-à-vis de l’extérieur

(problème de convertibilité de la monnaie vis-à-vis des autres devises. Ce


rôle, longtemps assuré par le pouvoir royal ou les gouvernements, est de plus en plus
souvent aujourd’hui à la charge des banques centrales.

Si la prééminence du billet apparaît après 1914, son développement a connu plusieurs


étapes. En effet, au départ le billet est un certificat représentatif de métaux précieux
laissés en dépôt dans les coffres des banques. Autrement dit, c’est la même chose d’avoir
du papier que du métal. En réalité, la monnaie papier proprement dite apparait

lorsque l’émission dépasse la couverture i.e lorsque la valeur métallique des

billets émis dépasse le stock du métal. De ce point de vue, vers le 17ème siècle, les
banques qui émettent les billets contre dépôt d’or comptent sur le fait que la totalité des
porteurs ne réclameront pas ensemble leur conversion en or et émettent des billes à
« découvert » à l’occasion de leurs opérations de crédit, et le volume des billets devient
supérieur à l’encaisse métallique.

La gestion de la convertibilité des billets pose le problème de couverture. De ce fait, au


19ème siècle, deux thèses s’affrontent en Grande-Bretagne à propos des conditions de
l’émission de billets :
 Le Currency Principle (école de la circulation de la monnaie) : cette école a le
souci d’éviter une émission excessive de billet qui aurait engendré de l’inflation. Les
partisans de ce principe dont David RICARDO est le principal représentant

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soutiennent que le montant des billets en circulation dans le public doit être réglé
d’après celui de l’encaisse métallique de la banque émettrice. Dans ce cas, la quantité
de monnaie est une variable exogène indépendante des besoins de l’économie et elle
est liée au hasard de la production minière (quantité de métaux précieux) et aux
échanges extérieurs qui permettent l’entrée des devises.

 Le Banking Principle (école de la banque) : les défenseurs de cette école


parmi lesquels TOOKE et THORNTON se prononcent au contraire pour la liberté
d’émission monétaire en fonction des besoins de l’économie sous contrainte de
convertibilité. Pour les partisans de cette école( qui s’est finalement imposée), les
billets constituent un instrument de crédit à l’économie et leur émission répond
effectivement aux besoins de l’économie. L’émission des billets permet donc de pallier
à l’insuffisance des ressources pour l’économie en considération. Cependant, elle court
le risque d’une couverture insuffisante et de crise de liquidité lorsque les détenteurs de
billets demande à être remboursés ; c’est cela qui a conduit peu à peu à abandonner la
convertibilité « métal-billets » et les billets ont acquis un caractère monétaire propre.

3. Monnaie scripturale : étape ultime vers la dématérialisation

La monnaie scripturale (du latin scriptura : écriture), est une forme de monnaie qui
s’appuie sur un jeu d’écritures dans les livres d’une banque. Cette dernière ouvre un
compte à un client qui a effectué un dépôt, la banque reconnaissant ainsi une dette qu’elle
a à son égard. Ce compte devient véritablement monnaie lorsque l’agent, par
l’intermédiaire des différents instruments (chèque, virement, carte bancaire), l’utilisera
pour réaliser des transactions. La monnaie est ici constituée par le compte qu’il ne

faut pas confondre avec les différents instruments qui ne font que

permettre leur utilisation (Jean Mongatte et pascal Vanhove, 2003).

La monnaie scripturale est dénommée ainsi parce qu’elle est inscrite sur les livres des
établissements émetteurs essentiellement les banques. Quand un individu amène des billets
dans sa banque, son compte bancaire est crédité d’un montant équivalent ; dès lors son

argent est totalement dématérialisé et est écrit sur les livres de compte de

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la banque. C’est pour cette raison qu’on parle de monnaie scripturale. Quand l’individu
fait un chèque à un une personne, ce chèque constitue un ordre de paiement adressé à sa
banque au bénéfice de son créancier. Ainsi, de même que les certificats d’or (billets)
évitaient la circulation du métal, de même la monnaie scripturale évite la circulation des
billets.

Si le rôle des banques a toujours été important quel que soit la forme de la monnaie, il
devient dans ce cadre indispensable. En effet, la tenue des comptes et l’existence de la
monnaie scripturale ne peut être envisagée sans système bancaire. La confiance dont la

valeur ne peut être gagée sur des métaux précieux, repose sur l’image que

se font les agents du système bancaire. Cette confiance se construit sur

l’élaboration des règles de fonctionnement, d’organisation et de contrôle des

établissements bancaires. Cette tâche doit être assurée pas une autorité

supérieure, la banque centrale.

Certes, la monnaie scripturale est apparue avec la première banque donc avant les billets
de banque dont l’intervention date du 17ème siècle, mais ce n’est qu’à une période récente
que s’est effectuée la diffusion de la monnaie scripturale dans le public sous forme de
virement de compte à compte en même temps que se développent et se diversifient les
échanges.
Rentrent parmi la monnaie scripturale :
 les règlements bancaires par débit et crédit de compte
 les opérations de compensation entre les banques
 les lettres de change ou traite (apparues au 14ème siècle) : il s’agit ici d’une
innovation importante qui a joué un rôle important dans les règlements à distance
des échanges commerciaux. En tant que reconnaissance de dettes entre négociants,
la lettre de change est un instrument de crédit largement utilisé à l’échelle
international pour des opérations impliquant un échange entre des monnaies; d’où
le nom qui lui a été donné. La généralisation des techniques de lettre de change
notamment dans le cadre des foires va donner naissance à de vastes systèmes de
compensations multilatérales dans lesquels des intermédiaires spécialisés (les

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banquiers) vont s’interposer pour centraliser les lettres de change, évaluer la


qualité de celle-ci et effectuer les opérations de change lorsque celles-ci sont libellées
dans des monnaies différentes.

 Une autre forme de monnaie scripturale est l’escompte (apparu à partir du


18ème siècle). L’escompte va donner une nouvelle dimension à l’activité des
banques. En effet, en pratiquant l’escompte la banque achète une traite à son
client et lui remet des billets ou des espèces. La banque fait ainsi un crédit.

Remarque : 1) Cette appellation nécessite que la banque détienne des liquidités en


réserve, ce qui sera le point de départ d’une autre activité des banques. Celle
de collecter de dépôts auprès du public. On peut ainsi considérer que les
techniques d’escompte sont à l’origine des opérations d’intermédiation
bancaire traditionnelle qui sont : collecter des dépôts, effectuer des crédits et
gérer les moyens de paiement (Dominique PLIHON, 1999)
2) la forme la plus récente de la monnaie est la monnaie électronique : carte
de crédit.
3) Il est important de distinguer la monnaie scripturale c’est-à-dire la
provision d’un compte et les instruments qui permettent de la faire circuler
à savoir les instruments papier, les instruments automatisés ainsi que la
monnaie électronique.

I.3. Agrégats monétaires

Les agrégats monétaires sont des indicateurs statistiques élaborés par les autorités
monétaires et censés refléter la capacité potentielle de dépense des agents économiques
dont l’activité principale est d’intervenir sur le marché de bien et services (produire,
acheter et vendre, …..). Le rôle des agrégats monétaire est de fournir des

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informations aux banques centrales qui doivent permettre à celles-ci de

guider au mieux les évolutions monétaires en fonction de leurs objectifs (de


croissance économique ou de lutte contre l’inflation par exemple).

La définition de ces agrégats suppose que l’on trace une frontière entre les différents actifs
financiers (selon le degré de liquidité) détenus par les agents non financiers afin de
déterminer ceux qui représentent une réserve de pouvoir d’achat. Cependant les frontières
entre les actifs financiers selon le degré de liquidité sont rendues floues par la
multiplication des innovations financières (qui tendent à atténuer les différences entre les
catégories d’actifs liquides.

Généralement 3 agrégats sont à distinguer :

 L’agrégat monétaire étroit (M1) : il représente la monnaie au sens strict. Cet


agrégat ne comprend que des actifs ayant le caractère de moyens de paiement c’est-
à-dire la monnaie fiduciaire (billets et pièces) détenus par les agents non financiers
(ménages, entreprises et administrations) et la monnaie scripturale qui correspond
au dépôt à vue dans les banques (les cartes de paiement, etc.). Ne figurent dans cet
agrégat que les actifs qui peuvent servir directement d’instruments de paiement.

 L’agrégat monétaire intermédiaire (M2) : il comprend M1, les placements à


vue rémunérés auprès des banques et des caisses d’épargne. Les actifs inclus dans
(M2-M1) correspondent aux actifs liquides non négociables (ex : compte sur livret
d’épargne, compte d’épargne logement).

 L’agrégat monétaire au sens liquide (M3) : Il regroupe M2 ainsi que les


instruments négociables émis par les institutions financières monétaires. Les actifs
compris dans M3 Ŕ M2 correspondent pour l’essentiel aux actifs liquides négociables
(ex: avoirs en devises étrangères, placements à terme, titres du marché monétaire
dont les certificats de dépôts

Avec le développement du système financier, l’on peut avoir plus d’agrégats monétaires.
Le schéma ci-après donne les relations entre 4 agrégats monétaires.

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Schéma: Synthèse des agrégats monétaires

Monnaies divisionnaires
Billets
Dépôts à vue

M1

Placements à vue rémunérés (ex : livrets bancaires,


livrets d’épargne populaire, livrets des caisses
d’épargne logement, livrets défiscalisés)

M2

Placements à terme, dépôts en devises, titres à court


terme émis par les institutions financières (dépôts et
titres de créances négociables), Certains titres du
marché monétaire (certificats de dépôts et bons des
institutions financières), Titres d’OPCVM court terme

M3
Titres à court terme émis par des institutions non
financières (billets de trésorerie des entreprises et bons du
Trésor pour l’Etat).

M4
Comme le montre ce schéma, ces agrégats sont classés par degré de liquidité

décroissante. L’analyse des transformations et variations des différents agrégats


contribue à mettre en évidence les transferts éventuels entre une monnaie, moyen de
paiement immédiat utilisable directement pour la consommation, et une monnaie qui
constitue une forme d’épargne plus difficilement transformable en moyen de paiement.

I.4. Dimension internationale des monnaies

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Les monnaies circulent de plus en plus à l’extérieur des pays où elles sont émises par suite
du développement des échanges internationaux des biens, de services et de capitaux. La
libéralisation financière qui a aboli les frontières réglementaires entre les espaces
nationaux a abouti à la création d’un marché planétaire des capitaux : il s’agit de la
globalisation financière. Les monnaies circulent à l’échelle internationale sur deux
marchés : le marché des changes sur lequel les devises sont échangées entre elles et le
marché des capitaux où les différentes monnaies font l’objet d’opération de prêts et
d’emprunts de la part des acteurs internationaux tels que les banques et les entreprises
internationales.

1. Le marché des changes : un marché planétaire

Le marché des changes est le plus important des marchés du fait de sa « dimension
planétaire ». La confrontation des offres et des demandes de devise n’implique pas que les
offreurs et demandeurs se rencontrent physiquement (Dominique PLIHON, 2003). Ceux-
ci communiquent par des instruments modernes de transmission tels que téléphone, fax,
courrier électronique…, complétés par des réseaux d’information spécialisé et du système
informatique permettant d’effectuer et d’enregistrer rapidement les opérations.

De plus, le marché de change fonctionne en continu étant ouvert successivement sur


chacune des places financières en Extrême Orient, en Europe et en Amérique du Nord. Les
cours de change sont ainsi cotés 24h/24h. Une autre caractéristique est le marché des
changes est une organisation économique non réglementée ou plutôt autoréglementée car
les règles de fonctionnement y sont souvent implicites et édictées par les agents privés. Au
total, le marché des changes se présente comme un marché-réseau qui transcende les
espaces économiques nationaux ainsi que les fuseaux horaires et contribue à unifier
l’économie mondiale.

Le marché des changes est souvent considéré comme le plus parfait ou du moins le plus
efficient des marchés au sens où les cours de change qui sont les prix des monnaies les unes
par rapport aux autres reflètent d’une manière rapide et complète toute l’information
disponible.
Sur le marché interbancaire 3 groupes d’acteurs économiques contribuent au
fonctionnement de marché des changes :

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 Les entreprises, les gestionnaires des fonds et les particuliers qui se situent en
amont du marché.

 Les autorités monétaires et plus particulièrement les banques centrales

 Les banques et les courtiers (les intermédiaires) qui assurent le fonctionnement


quotidien du marché. Ce sont les professionnels du marché : ce sont les
« professionnel » du marché

Les premiers acteurs transmettent aux banques et aux courtiers des ordres dits de
« Clientèle » pour achat ou la vente de devises. Les autorités monétaires interviennent sur
le marché pour régulariser ces fluctuations et pour réglementer les opérations de change.
Les courtiers quant à eux, ils ne jouent qu’un rôle d’intermédiaire.

N.B. Le marché des changes est d’abord un marché interbancaire dans la


mesure où la plus grande part des opérations d’achat et de vente de devises
est réalisée entre banques.

2. Relations entre les monnaies à l’échelle internationale

Puisque les monnaies circulent à l’échelle internationale, elles sont comparées les unes par
rapport aux autres. Aussi l’analyse économique a-t-elle cherché à établir les relations
existant entre les monnaies : La théorie de la « parité du pouvoir d’achat (P.P.A) »
s’intéresse au lien entre les taux de change et les prix des biens et services exprimés dans
les monnaies différentes tandis que les approches en terme de « parité des taux d’intérêts »
(P.P.I) montrent les relations entre le taux de change et le taux d’intérêt.

i. Parité du pouvoir d’achat des monnaies

La théorie la PPA d’achat est une de plus en plus ancienne des théories explicatives de
détermination du taux de changes dont l’origine remonte du 16ème siècle et qui a été
formalisé en 1914 par Economiste CASSEL. L’hypothèse de départ de la P.P.A. est
simple : la valeur d’une monnaie est déterminée par le montant des biens et
services qu’elle permet d’acquérir dans son pays d’émission par rapport à ce
qu’elle permet d’acheter à l’étranger. La valeur d’une monnaie est donc fonction de
son pouvoir d’achat relatif qui est calculé en comparant son pouvoir d’achat sur son

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marché interne et à l’étranger. Le pouvoir d’achat d’une monnaie sur un marché évolue en
raison inverse du niveau général des prix.

plus les prix sont élevés dans un pays moins le pouvoir d’achat d’une unité monétaire est
important.
Il y a 2 versions de la théorie de la P.P.A. à savoir :
 La version absolue : elle considère qu’en longue période la valeur d’une monnaie
par rapport à une autre est déterminée par le rapport des pouvoirs d’achat interne
de ces 2 monnaies mesuré par rapport des prix dans les 2 pays considérés. La PPA
est vérifiée si le pouvoir d’achat d’une monnaie nationale est identique sur le
marché intérieur et à l’étranger.

Par exemple : si la parité $ par rapport au Yen respecte la PPA, un consommateur


américain peut acquérir avec 100$ le même panier de biens sur les marchés américains et
japonais.
Elle implique que le taux de change est égal au rapport des niveaux des prix comme
l’indique la relation suivante : E = P/P*
Avec : E = taux de change (nombre d’unités de monnaie nationale pour avoir une seule
unité de monnaie étrangère)
P = Le niveau d’indice des prix domestiques
P* = Le niveau d’indice des prix étrangers
Dans cette version, le taux de change se déduit donc d’un simple rapport entre deux
indices de prix.

 Version relative : elle découle de la version absolue tout en étant moins


restrictive. En effet elle n’implique pas que le niveau du taux de change soit égal au
rapport du niveau absolu de prix domestique et étranger, mais plutôt que les
variations du taux de change soient égales à l’écart entre les variations des prix
domestiques et étranger. En d’autres termes, les variations relatives du taux de
change se déduisent de l’écart d’inflation entre les pays : e = p Ŕ p*,

avec e = variation relative du taux de change


p = variation relative des prix domestiques
p* = variation relative des prix étrangers.
La P.P.A relative est vérifiée si, lorsque la hausse des prix aux USA (pour l’exemple
précédent) est supérieure de 10% à celle enregistrée au Japon, le dollar se déprécie de 10%

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contre le Yen. Dans ce cas, les 2 monnaies considérées gardent le même pouvoir d’achat
puisque la hausse des prix qui est élevée aux U.S.A. est compensée par une baisse du taux
de change du dollar contre le Yen.

N.B. La P.P.A. est la théorie de change la plus connue en raison de sa simplicité.


Cependant cette approche souffre d’importantes limites. Elle suppose vérifiée la « loi de
prix unique » selon laquelle chaque marchandise ne peut avoir qu’un seul prix quel que
soit la monnaie utilisée pour l’exprimer. Or, cette loi repose sur une hypothèse d’équilibre
générale et de concurrence à l’échelle internationale. Ce qui est loi de correspondre à la
réalité dans la mesure où l’intégration économique est imparfaite dans l’économie
mondiale. Ce qui fait que les biens produits sur les différents marchés internationaux ne
sont pas parfaitement substituables.

ii. Arbitrage entre les monnaies et parité du taux d’intérêt (PTI)

Les monnaies sont empruntées et échangées sur les marchés internationaux pour diverses
raisons. L’acquisition d’une monnaie peut avoir un motif commercial (de transaction) ex :
pour payer l’importation d’une marchandise libellée dans cette devise. La théorie de la
P.P.A établit donc une relation entre monnaie précisément sur la base des échanges de
biens.

Mais les monnaies sont également échangées dans le but de réaliser des opérations
financières, ce qui correspond à l’essentiel des transactions sur le marché des changes.
Parmi ces opérations figurent les arbitrages effectués entre les monnaies. On appelle
arbitrage les opérations qui visent à réaliser un profit en tirant partie des différences
momentanées entre les cours de change et les taux d’intérêt sur plusieurs places
financières.

Concernant les relations de parité des taux d’intérêt, KEYNES est le premier économiste à
avoir montré en 1923 le rôle central de taux d’intérêt dans les relations entre les monnaies
en introduisant la notion de « parité de taux d’intérêt ». En effet les arbitragistes
cherchent à gagner de l’argent en arbitrant non seulement sur les cours de change mais
aussi sur les écarts de taux d’intérêt entre les monnaies.
Trois groupes d’agents réalisent ces opérations : les banques, les gestionnaires de fonds
(traders) et les entreprises multinationales. On distingue généralement 2 types d’arbitrage

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selon que les arbitragistes restent couverts ou prennent un risque de change. Un agent
est dans une situation de risque de change lorsque les variations du taux de change
engendrent des gains ou des pertes dans son patrimoine. L’exposition au risque de change
provient du fait que les avoirs et engagements dans une devise étrangère ne sont pas
équilibrés : « l’agent est en position de change ». Pour se couvrir c’est-à-dire se
protéger contre le risque de change, un agent peut effectuer une opération à
terme. A titre d’exemple une entreprise burundaise qui doit payer en 3 mois une
opération facturée en dollars procède à un achat à terme (à trois mois) de dollars auprès de
sa banque. L’opération à terme se caractérise par le fait que la devise ne sera livrée que
dans 3 mois mais le prix (c’est-à-dire le taux de change) à terme en est fixé immédiatement
ce qui protège l’importateur contre les fluctuations futures du taux de change.

2. La transformation du système monétaire international

Les relations monétaires internationales sont organisées dans le cadre d’un système
monétaire international (SMI) selon un ensemble de certains règles (stabilité de taux de
change, convertibilité des monnaies…), d’infrastructures (marché des changes, réseaux de
communication…) et d’institution (F.M.I., les banques centrales, …). Un S.M.I. a 3
fonctions principales : assurer l’échange et la circulation des monnaies, permettre
l’ajustement des balances de paiement, assurer l’alimentation en liquidité internationale.

i. Assurer l’échange et la circulation des monnaies

Il s’agit ici de régler 2 types de problème, d’abord la question de la convertibilité des


monnaies nationales c’est-à-dire la possibilité d’échanger une monnaie contre d’autres
monnaies. La convertibilité peut être totale ce qui est le cas pour la plupart de monnaies,
tout comme une monnaie peut être inconvertible ( ex : la rouble soviétique)
Le deux problème est celui du régime de change i ;e les principes qui régissent les relations
entre les monnaies. A ce niveau, le S.M.I. peut se caractériser par l’existence ou l’absence
des règles quant à la stabilité du taux de change. Deux solutions extrêmes sont à
distinguer : les changes flottants (la banque centrale n’a pas d’objectif de change laisse
fluctuer le cours de sa monnaie au gré de l’offre et de la demande sur le marché de change)
et les changes fixes (la banque centrale s’engage à maintenir la parité de sa monnaie à un
niveau stable selon les règles préalablement définies.

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iii. Permettre l’ajustement des balances de paiement

Les déséquilibres entre les recettes et les dépenses enregistrées en balance de paiement
posent des problèmes d’ajustement qui sont résolus de manière différente selon les règles
de fonctionnement du S.M.I. ; on distingue l’ajustement automatique et l’ajustement
dirigé. L’ajustement automatique correspond à la situation où on laisse jouer les
mécanismes économiques supposés rétablir spontanément l’équilibre des comptes
extérieurs. En revanche, il y a ajustement dirigé au sens où le retour à l’équilibre est
obtenu à l’aide des mesures de politique économique (modification du taux de change,
contrôle des importations ou des capitaux, …).

N.B. Les pays peuvent également être contraints par le Fonds Monétaire
Lnternational de pratiquer des politiques d’ajustement pour réduire leur
déficit extérieur et leur endettement extérieur.

iv. Assurer l’alimentation en liquidités internationales

Les liquidités internationales sont en premier lieu les réserves officielles des Etats. Celles-ci
se composent de l’or et des devises obtenues par la banque centrale, et des droits de tirage
spéciaux (DTS) qui sont des lignes de crédits auprès du Fonds Monétaire International
(FMI). Les réserves sont utilisées par les banques centrales pour agir sur les taux de
change et pour financer le solde de la balance de paiement.

En second lieu les liquidités internationales sont constituées par les monnaies utilisées par
les agents privés dans leurs transactions internationales. A ce sujet, 2 types d’organisation
internationale peuvent être distingués :

 Un SMI organisé autour d’une monnaie unique comme c’était le cas du régime
d’étalon-or (1850-1914).
 La deuxième possibilité est que des monnaies nationales fassent office des liquidités
monétaires internationales ce qui correspond à la situation actuelle dans laquelle ce
rôle est joué par plusieurs monnaies à savoir : $, l’Euro et le Yen.

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N.B. : La manière dont le système monétaire international remplit ses 3


grandes fonctions a considérablement évolué sous l’effet de la libéralisation
financière et de la globalisation financière. Ces libéralisations ont entraîné
le passage d’un SMI dans lequel les politiques publiques jouaient un rôle
important à un SMI largement régulé par les mécanismes de marché, avec
des taux de change qui flotte et des capitaux qui circulent librement, comme
le montre le tableau suivant

Tableau : Les marchés supplantent la régulation publique dans le SMI actuel

Système de Bretton Woods (1944-1971) Système post –Bretton Woods


Alimentation en liquidités internationales
Liquidité dépendant de l’offre du pays à Offre privée de liquidités parfaitement
devise clé élastiques : eurodevises
Création d’une liquidité internationale Création d’un marché mondial des
publique : le DTS liquidités : globalisation
Echange et circulation des monnaies nationales
Régime de changes fixes Changes flottants
Contrôle des changes Libéralisation financière
Ajustement des balances des paiements
Contrainte d’équilibre de la balance courante Recours à l’endettement international
Politiques d’ajustement par le change et le L’ajustement passe davantage par les
contrôle de la demande interne marchés : flexibilité des changes, entrées de
Faiblesse et stabilité des capitaux capitaux
Autonomie et instabilité des capitaux

Les transformations du SMI apparaissent particulièrement dans 2 domaines : Les régimes


de change et les liquidités monétaires internationales. Concernant les régimes de change, le
système monétaire international a fonctionné avec plusieurs régimes de change.

Trois critères permettent de classer ses régimes de change :


 Le degré de rigueur de la règle de change (le change flottant et les changes fixes)
 Le degré de mobilité des capitaux (mobilité nulle versus mobilité parfaite)
 Le degré de sensibilité des objectifs de la politique monétaire aux contraintes
extérieures (politique autonome versus politique commune).
Ces trois conditions ne peuvent pas être satisfaites simultanément : c’est le « théorème
d’impossibilité » selon lequel il est impossible de combiner des changes fixes, la mobilité
parfaite des capitaux et des politiques monétaire indépendantes.

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v. Vers un SMI tripolaire : SMI composé de Dollar, Euro et Yen

Comme l’indique PLIHON D. (2003), une monnaie peut être considérée comme une
monnaie internationale si elle remplit les trois fonctions essentielles :
 Réserve de valeur pour les banques centrales (réserves de change) ou pour les
agents privés (actifs de placement ou encaisses de précaution)

 Moyen de paiement pour les échanges (règlement des transactions commerciales


et financières internationales) ou pour les interventions des banques centrales sur le
marché des changes

 Unité de compte : libellé et facturation des échanges pour les agents privés et
encrage de la monnaie, facturation de la dette.

Dans le SMI organisé par les accords de Bretton Woods, le dollar jouait le rôle de monnaie
internationale, la force du billet vert découlant de la domination incontestée de l’économie
américaine. La stabilité des monnaies provenait de leur ancrage sur le dollar qui
remplissait le rôle de devise clé. C’est ce KINDERLEBERGER (économiste américain) a
appelé le « Principe de la stabilité hégémonique ». PLIHON D.(2003) à indique que
la croissance durable et régulière des pays industrialisés pendant les trentes glorieuses ne
fut pas sans relation avec la stabilité monétaire internationale.

Néanmoins, dès les années soixante, le système de Britton Woods finit par attendre ses
limites face aux besoins croissants de l’économie mondiale en liquidités internationales. Le
dollar ne parvenait plus à jouer son rôle de monnaie internationale, car il devait assurer
deux exigences contradictoires : d’un côté, le rôle de devise clé du dollar exigeait que celui-
ci demeure stable et sa création soit strictement contrôlée par les autorités monétaires
américaines, mais d’un autre côté, il ya une véritable soif dans le monde qui nécessite
l’émission d’une masse considérable de dollars. Ceux deux exigences contradictoire est
appelé au phénomène de « paradoxe de Triffin » du nom de l’économiste belge qui
explicita ce problème. Il en est donc résulté un développement rapide et incontrôlé du
marché des euro dollars i.e des dollars circulant e, dehors des Etats unis. Prenant appui à

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ces liquidités, des attaques spéculatives se sont multipliées contre la monnaie américaine ;
et le dollar ne pouvait plus jouer son rôle de d’étalon : il est détaché de l’or en 1971. Les
changes fixes sont abandonnés, le flottement des monnaies se généralise en 1973. C’est la
fin du système monétaire international de Bretton Woods (ville américaine), fondé sur
l’hégémonie du dollar et la stabilité des changes.

N.B : 1. La montée du Japon et de l’Allemagne, comme puissances

commerciales et financières, au cours du premier quart du XXè siècle, a fait

du Yen et du Mark deux monnaies concurrentes du dollar pour les trois

fonctions internationales mentionnées.

2. Avec la création de l’Euro, cette monnaie apparait comme la deuxième

monnaie la plus utilisée au niveau international, après le dollar et devant le

Yen. Ainsi, on est en présence du SMI tripolaire, dans lequel le dollar

continue de dominer mais a perdu son hégémonie.

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Chapitre II: FONCTIONS D’OFFRE ET DE DEMANDE, ET CIRCULATION DE


LA MONNAIE
II.1. Fonction d’offre de monnaie : Acteurs et politique d’émission

1. Déterminants de l’offre de monnaie

L’offre de monnaie est définie comme étant la quantité d’unités monétaires détenue par les
gens, et on suppose que la banque centrale contrôle l’offre de monnaie en accroissant ou en
réduisant la quantité d’unités monétaires en circulation par des opérations d’achat et de
vente sur le marché libre. Pour n’être pas fausse en première analyse, cette définition est
loi d’être complète. Elle omet en effet le rôle du système bancaire dans la détermination de
l’offre de monnaie.

En réalité, l’offre de monnaie est déterminée non seulement par la politique de la banque
centrale, mais également par le comportement des ménages qui détiennent de la monnaie,
d’une part, et de banques dans lesquelles cette monnaie est déposée, d’autre part. L’offre
de monnaie inclut à la fois les pièces de monnaie et les billets de banque détenus par le
public et les dépôts que celui-ci constitue auprès des banques pour en avoir un usage
immédiat à des fins de transactions, tels que des dépôts à vue.

En appelant M l’offre de monnaie, C les pièces et billets en circulation et D les dépôts à


vue, on peut écrire.

Offre de monnaie = pièces et billets + dépôts à vue


M = C + D

Pour comprendre l’offre de monnaie, on doit bien voir l’interaction entre pièces et billets
en circulation et dépôts à vue, d’une part, et la manière dont la banque centrale influence
ces deux composantes de l’offre de monnaie, d’autre part. On distingue le « système
bancaire avec réserves intégrales » et le « système bancaire avec réserves

fractionnaires ».

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i. Système bancaire avec réserves intégrales

Dans un monde sans banques, les pièces et billets en circulation, soit l’argent liquide,
constituent la totalité de la monnaie. On appelle réserves bancaires, la partie des

dépôts constitués auprès des banques que celles-ci ne prêtent pas. Une
fraction de ces réserves se trouve dans les coffres forts de chaque banque, mais la majeure
partie en est détenue par la banque centrale. Dans une économie hypothétique, tous les
dépôts constituent des réserves : les banques reçoivent les dépôts, les placent en réserve et
les y laissent jusqu’au moment où un retrait est effectué ou un chèque émis.

Quelle est l’offre de monnaie dans une telle économie ? L’offre de monnaie reste inchangée.
Si les banques détiennent 100% des dépôts sous forme de réserves, le système bancaire
n’affecte pas l’offre de monnaie.

ii. Système bancaire avec réserves fractionnaires

En considérant que les banques se mettent à utiliser une partie de leurs dépôts pour
consentir des prêts, par exemple aux familles qui veulent acheter une maison ou aux
entreprises qui souhaitent investir en usines et équipements nouveaux. Ceci intéresse les
banques, car elles peuvent prélever un taux d’intérêt sur les prêts qu’elles consentent.
Elles doivent pourtant conserver une partie des dépôts, pour permettre à leurs clients de
continuer à effectuer des retraits lorsqu’ils le souhaitent. Cependant, si de nouveaux
dépôts viennent régulièrement à peu près compenser les quantités d’argent retirées par les
clients, la banque peut ne conserver en réserve qu’une partie de la totalité des dépôts. On
parle alors d’un système bancaire avec réserves fractionnaires.

En prêtant $800, la banque 1 accroît l’offre de monnaie d’un même montant. Avant ce
prêt, l’offre de monnaie étant égale à $1000, équivalents aux dépôts détenus par la
banque1. Après le prêt, l’offre de monnaie est de $1800 : le déposant a toujours son dépôt à
vue de $1000, mais l’emprunteur détient lui aussi maintenant $800 en espèces. On voit

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donc que, dans un système bancaire avec réserves fractionnaires, les banques créent de

la monnaie.

Cette création de monnaie ne s’arrête pas à la banque 1. Si l’emprunteur dépose les $800
qu’il y a obtenues dans une autre banque 2, ou s’il les utilise pour payer un tiers qui les
dépose à son tour, le processus de création monétaire se poursuit. La banque2 les $800 en
dépôt, en conserve 20%.

Tout en pouvant se poursuivre indéfiniment, ce processus ne crée pourtant pas une


quantité infinie de monnaie. En dénotant le coefficient de réserves par rr, on peut calculer
comme suit la quantité totale de monnaie qui sera créée au départ de dépôt initial de
$1000 :

Chaque $1 de réserve génère $(1/rr) de monnaie. Dans notre exemple, rr = 0,2, et les $1000
initiaux génèrent donc $5000 de monnaie2.
La capacité qu’a le système bancaire de créer de la monnaie constitue la

première différence entre les banques et les autres institutions financières.


Ce processus de transfert de fonds des épargnants vers les emprunteurs s’appelle
« intermédiation financière ». Le marché boursier, le marché obligatoire et le système
bancaire figurent parmi les principales institutions qui réalisent cette fonction
d’intermédiation financière. Parmi toutes les institutions financières qui interviennent en
ce sens, seules les banques ont le pouvoir légal de créer des actifs constitutifs de l’offre de
monnaie, tels que les comptes à vue. C’est pourquoi les banques sont les seules institutions
financières qui ont un impact direct sur l’offre de monnaie.

2
Note mathématique : la dernière étape du calcul de l’offre de monnaie totale utilise le résultat algébrique de la
somme d’une série géométrique infinie (auquel nous avons déjà eu recours pour calculer le multiplicateur du
1
chapitre 10). Selon ce résultat, si x est un nombre compris entre -1 et 1 : 1 + x + x2 + x3 + …. = . Dans
1 x
notre cas, x = (1-r r).

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Remarque : Le système bancaire avec réserves fractionnaires crée de la

monnaie, mais non de la richesse. La banque qui prête une partie de ses

réserves permet aux emprunteurs de réaliser des transactions et accroît

donc l’offre de monnaie. Cependant, pour les emprunteurs, l’argent obtenu

en prêt est en fait une dette envers la banque : ils ne s’en trouvent donc

pas plus riches. En d’autres termes, la création de monnaie par le système

bancaire accroît la liquidité de l’économie, non sa richesse.

L’offre de monnaie avec réserves fractionnaires donne un modèle qui comporte trois
variables exogènes :
 la base monétaire3 B est la somme des pièces et billets en circulation C, et des
réserves bancaire R. La banque centrale la contrôle directement.

 le coefficient de réserves rr est la fraction des dépôts que les banques conservent
sous forme de réserves. Elle dépend des pratiques commerciales des banques et de
la réglementation bancaire

 le coefficient d’encaisses cr est la part de leurs dépôts à vue D que les gens
souhaitent détenir en espèces C. Il traduit les préférences des gens quant aux
formes de détention de la monnaie.

Notre modèle montre la manière dont l’offre de monnaie dépend de la base

monétaire, du coefficient de réserves et du coefficient d’encaisses. Il nous


permet d’étudier comment la politique de la banque centrale, d’une part, et les choix des
banques et des ménages d’autre part, affectent l’offre de monnaie.

Commençons par définir l’offre de monnaie et la base monétaire :

M=C+D

3
Egalement appelée monnaie (de banque) centrale, monnaie banque centrale ou monnaie à haute puissance.

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B=C+R

La première équation nous dit que l’offre de monnaie est la somme des pièces et billets en
circulation et des dépôts à vue.
La deuxième équation indique que la base monétaire est la somme des pièces et billets en
circulation et des réserves bancaires.
Pour trouver l’offre de monnaie en fonction des trois variables exogènes (B, rr et cr), nous
divisons tout d’abord la première équation par la seconde pour obtenir :

M CD

B CR

On aura remarqué que C/D est le coefficient d’encaisses cr, et R/D le coefficient de réserves
rr. En substituant ces deux termes et en déplaçant B du membre de gauche vers le membre
de droite de l’équation, on obtient :
cr  1
mM= xB
cr  rr
On voit maintenant que l’offre de monnaie est proportionnelle à la base monétaire. On

dénote par m et on appelle multiplicateur monétaire, le facteur de


proportionnalité (cr + 1) / (cr + rr). Ceci permet d’écrire :
M=mxB

Chaque dollar de base monétaire produit m dollars de monnaie. C’est parce que la base
monétaire a cet effet multiplicateur sur l’offre de monnaie qu’on l’appelle quelquefois
« monnaie à haute puissance ».

1. L’offre de monnaie est proportionnelle à la base monétaire. En conséquence, toute


hausse de cette dernière accroît dans la même mesure l’offre de monnaie.

2. Plus est faible le coefficient de réserves, plus les banques consentent de prêts et plus
elles créent donc de monnaie à partir de leurs réserves. En conséquence, toute

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baisse du coefficient de réserves accroît le multiplicateur monétaire et donc l’offre


de monnaie.

3. Plus est faible le coefficient d’encaisses, plus l’est également la part de la base
monétaire que les gens souhaitent détenir en espèces, plus est élevée la part de la
base monétaire détenue en réserves par les banques et plus celles-ci peuvent créer
de la monnaie. En conséquence, toute baisse du coefficient d’encaisses accroît le
multiplicateur monétaire et donc l’offre de monnaie.

En gardant ce modèle présent à l’esprit, nous étudions ci-dessous la manière dont la


banque centrale influence l’offre de monnaie. Par l’hypothèse simplificatrice, on considère
que la banque centrale contrôle directement l’offre de monnaie. En fait, elle ne le fait
qu’indirectement en modifiant :
 soit la base monétaire
 soit le coefficient de réserves.
Pour ce faire, la banque centrale dispose de trois instruments de la politique monétaire : les
interventions sur le marché monétaire, les réserves obligatoires et le taux d’escompte.

 Les réserves obligatoires désignent les réglementations par lesquelles les banques
centrales obligent les banques commerciales à respecter un coefficient de réserves
minimal.
 Le taux d’escompte est le taux d’intérêt que prélève la banque centrale lorsqu’elle
consent des prêts aux banques commerciales.
 Des réserves qui dépassent le niveau des réserves obligatoires. Plus les réserves
excédentaires sont élevées, plus l’est également le coefficient de réserves, ce qui pèse
négativement sur l’offre de monnaie. Par ailleurs, la banque centrale ne contrôle
pas avec précision les quantités d’argent empruntées par les banques commerciales
au guichet de l’escompte. Moins ces emprunts sont importants, plus est faible la
base monétaire, et donc l’offre de monnaie. Pour toutes ces raisons, l’offre de
monnaie se modifie quelquefois à l’encontre de la volonté de la banque centrale.

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Remarque: COUPPEY-SOUBEYRAN J. (2010) distingue le multiplicateur de crédit du


diviseur de crédit :
 Le mécanisme du multiplicateur fait de la masse monétaire une quantité
déterminée par des réserves préalables détenues par les banques auprès de la
banque centrale (i.e une quantité que la banque centrale peut fixer). La création
monétaire s’inscrit dans un schéma de « monnaie exogène ».

 Ce schéma apparaît toutefois peu réaliste car le mécanisme du multiplicateur de


monnaie ignore la possibilité qu’ont les banques d’emprunter la monnaie centrale
dont elles ont besoin. dans ce cas, les banques n’ont pas besoin de détenir au
préalable un excédent de monnaie centrale pour prêter. Après avoir créé une
quantité supplémentaire ∆M de monnaie en accordant des crédits (par exemple), les
banques devront se procurer une fraction ∆B de monnaie centrale (billets et dépôts
auprès de la banque centrale) pour se refinancer. La base monétaire devient une
division de la quantité mise en circulation par les banque : ∆B=∆M/k, où k le
« Diviseur de crédit ». Dans le mécanisme du diviseur de crédit, la monnaie est
« endogène » car elle résulte d’une demande propre au système économique
(exprimée par les particuliers qui demandent des crédits auprès des banques ou
émettent des titres que celles-ci achètent) et non d’une institution extérieure (telle
que la banque centrale).

2. Processus de création monétaire

2.1. Création monétaire par les banques

Les banques ont toujours occupé une place importante dans la création monétaire. A
l’époque où la monnaie prenait la forme des métaux précieux, les pièces déposées sur les
comptes bancaires donnaient la possibilité aux banques de faire des prêts, sachant que les
déposants ne procéderaient pas à des retraits de façon massive et simultanée. Par ces

prêts, les banques diffusaient ainsi des moyens de paiements supérieurs au

stock de métaux précieux existant.

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La monnaie scripturale a rendu le processus de création est devenu facile. En effet,


lorsqu’une banque accorde un crédit à un de ses clients, elle augmente à la fois son actif
(la dette du client à son égard) et le passif (le montant du crédit viré sur le compte du
client). Il y a donc bien création monétaire puisque la monnaie virée sur le

compte du client ne provient pas des ressources existantes (le client n’a

déposé aucune somme sur son compte) et a pour simple contrepartie la

créance de la banque sur son client (les crédits créent les dépôts).

Conclusion : La création monétaire correspond à une transformation de

créances en moyens de paiement. Lorsque le client remboursera sa dette vis-à-vis de

la banque, il s’agira alors de destruction monétaire.

Exemple : Supposons qu’une banque accorde un crédit de 10 millions à un de ses clients.

1. Création de la monnaie
Actif Passif
Crédit accordé : 10 000 000F Compte client : 10 000 000F (Le client
(Créance de la banque vis-à-vis du client) dispose dorénavant de 10 000 000F
supplémentaires, monnaie qui n’était pas
dans le circuit).

2. Destruction monétaire
Actif Passif
Annulation du Crédit accordé : Compte client : 10 000 000F-10 000 000F)
10 000 000F-10 000 000F=0 (Le compte du client du montant de sa dette,
(Le client rembourse sa dette) la monnaie disparaît du circuit)
1er cas : un système de banque unique

En supposant par simplification que le système bancaire est composé d’une seule banque et qu’il
n’y a pas de problème de conversion d’une monnaie dans une autre, si l’entreprise emprunte, le

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mécanisme de création monétaire se réalise par un accroissement simultané de l’actif et du passif


de l’établissement bancaire.

Supposons que l’entreprise emprunte une somme de 1000.000Fbu


Schéma :
A Banque P A Entreprise P
Crédit + 1000’ DAV + 1000’ Avoirs en + Dette + 1000’
1000’Banque

La monnaie créée se concrétise par une inscription au compte (dépôt à vue: DAV) du client
emprunteur qui figure au passif du bilan bancaire; la contrepartie est inscrite à l’actif à un
poste de créance sur le client. De façon symétrique, le remboursement du crédit aboutira à
la destruction de la monnaie en diminuant à la fois l’actif et le passif du bilan bancaire.
En somme, comme l’indique Dominique PLIHON (2003), la masse monétaire constituée
essentiellement par la monnaie scripturale s’accroît lorsque les flux de remboursement sont
inférieurs au flux des crédits nouveaux de la même manière que le niveau d’une piscine
s’élève lorsque le flux d’écoulement est inférieur au flux de remplissage.
Remarques : 1) Tous les crédits ne donnent pas nécessairement lieu à la création
monétaire ; c’est le cas d’un crédit inter-entreprises pour lequel le financement s’opère par
prélèvement sur ressources existantes. C’est le même cas des comptes ouverts par des
établissements à leurs clients (les services financiers de la poste par exemple) mais qui ne peuvent
financer ceux-ci qu’en drainant une épargne préexistante.

2) La création monétaire ne résulte pas uniquement des opérations de crédit. A titre


d’exemple, lorsqu’un exportateur apporte à sa banque des devises étrangères et demande en
échange la devise nationale de (1000 000FBU) le compte du client est crédité selon les écritures
suivantes :

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A Bque P A Exportateur P
Devises : + DAV : Avoirs en
1000’ +1000’ Devises: - 1000’
Avoirs en Fbu
: +1000’

En supposant que l’exportateur amène des devises dont le montant équivaut à


1000.000FBU, la banque réalise une opération de création monétaire. La masse monétaire
en FBU augmente. Dans ce cas, l’accroissement de la masse monétaire a pour

contrepartie une augmentation des créances du système bancaire sur

l’extérieur.

2ème cas : un système bancaire diversifié

En supposant un système bancaire composé d’une multiplicité d’établissements et de plusieurs


formes de monnaie, l’émission des billets est le monopole de la banque centrale souvent qualifié,
pour cette raison, d’« Institut d’émission ». Les banques commerciales quant à elles, ont le
monopole de création de la monnaie scripturale. Dès lors, la diversité du système bancaire tient en
premier lieu à la coexistence de la monnaie scripturale et de la monnaie fiduciaire.

Le pouvoir de création monétaire des banques n’est pas illimité, à cause des fuites

de liquidité subies par les banques lorsqu’elles doivent assurer la conversion de leur

monnaie dans une autre forme de monnaie. Ainsi, les banques doivent répondre aux
demandes de retrait de billets et assurer la conversion de la monnaie scripturale en billets.

Supposons qu’une banque crée de la monnaie scripturale de 1.000.000 FBU à la suite d’un crédit
accordé à un particulier (opération 1). Ce particulier décide ensuite de convertir ses avoirs en billets
pour un montant de 300.000 (opération 2). La banque subit donc une « fuite » de 300.000

correspondant aux billets qu’elle doit se procurer auprès de la banque centrale. Son
compte à la banque centrale est débité d’autant comme le montre les écritures ci-après :

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A Bque P A Particulier P
(1) Crédit : + D.A.V : +1000’ (1) Avoir à la Dette : +
1000’ Bque : + 1000’ 1000’
(2) Cpte à la D.A.V:-300’ (2) Avoirs à la
Bque Bque : - 300’
Centrale : - Billets : + 300’
300’

A Bque Centrale P
Billets : + 300’
Compte de bque :
- 300’
A la suite de ces opérations la création de monnaie scripturale inscrite au passif de la
banque est limitée à 700.000. Toutefois, la masse monétaire dans son ensemble

(les billets et dépôts à vue) a augmenté de 1.000.000.

La diversité du système bancaire provient également de la multiplicité des banques. En


effet, chaque banque émet sa propre monnaie (monnaie de la banque 1, monnaie de la
banque 2) et toute banque est tenue d’assurer la conversion de sa monnaie dans celle des
autres. Cette conversion entre les monnaies émises constitue une autre forme de fuite pour
chaque banque qui vient limiter son pouvoir de création monétaire.

Supposons que la banque 1 crée 1.000.000 FBU à la suite d’un crédit accordé à l’entreprise
A (opération 1) et que cette dernière utilise ce crédit à hauteur de 500.000 pour payer son
fournisseur l’entreprise B (opération 2). L’entreprise B est client de la banque 2 qui reçoit
500.000 en dépôt. La banque 1 subit une fuite de 500.000 qu’elle finance par un emprunt
interbancaire auprès de la banque 2. On a donc les écritures suivantes :

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A Banque1 P A Banque 2
P
(1)Crédit:+ DAV : + 1000’
1000’ DAV : -1000’
Dettes envers (2) Crédit DAV EseA : 500’
(2) Banque 2: + Banque1 : +
500’ 500’

A Ese A P A Ese 2 P
(1)Avoir à la Dette : 1000’
banque 1: +
1000’ (2) Avoirs à la
(2)Avoirs à la banque 2: + 500’
banque 1 : - 500’

Au total la création de monnaie banque 1 a été limitée à 500.000 suite à la conversion de sa


monnaie dans celle de la banque 2. Mais la création monétaire globale au niveau de
l’ensemble du système bancaire s’est élevée à 1.000.000. Celle-ci est répartie entre les 2
réseaux bancaires.

Selon BEZIADE (1989), le pouvoir de création monétaire dépend de

l’importance du circuit monétaire. De ce point de vue, un circuit monétaire

est constitué par l’aire des circulations d’une monnaie dans laquelle ne se

posent pas de problèmes de conversion ou de transfert. Lorsque les règlements


concernent des établissements différents, ceux-ci doivent être en mesure d’assurer la
conversion en monnaie d’autres circuits. Les transferts d’un réseau à un autre constituent
des fuites qui posent aux émetteurs un problème de liquidité qu’ils pourront satisfaire en
empruntant soit auprès de la banque centrale, soit auprès des établissements de crédit (le
marché interbancaire).

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La masse considérable des règlements qui transitent entre les banques repose sur une
organisation de plus en plus complexe appelé système de paiement afin de satisfaire les
exigences d’efficacité et de sécurité. L’une des fonctions majeures des systèmes de
paiement est d’assurer les opérations de compensation c’est-à-dire de solder les créances et
les dettes entre les établissements.

Remarques: Les banques ne créent pas de la monnaie uniquement par

l’intermédiaire du crédit :

 Lorsqu’elles souscrivent des bons de Trésor (banquier de l’Etat),


sans avoir recours à des ressources existantes, il y a bien création
monétaire ;
 Lorsqu’elles achètent des devises, les banques alimentent le compte de
leur client avec une monnaie qui n’existait pas jusque là et qui représente à
partir de cet instant un moyen de paiement sur le territoire national.

2. Autres acteurs dans la création monétaire

1. Le trésor public : le trésor public qui gère les recettes et les dépenses de l’Etat joue un
rôle dans la création monétaire puisqu’il dispose du monopole de la fabrication des pièces.
Toutefois, son rôle est un plus large puisque le trésor crée la monnaie scripturale. Pour
régler une dette à un fournisseur de l’Etat, le trésor peut alimenter un compte courant
postal. Ce simple jeu d’écritures correspond bien à une création de la monnaie avec la mise à
la disposition de moyens de payement qui n’existaient pas jusqu’alors.

2. La banque centrale :
 Outre les billets, la banque centrale accorde des avances au Trésor
public ; elle crée ainsi de la monnaie ;
 Comme pour les banques de second rand, l’achat des devises par la banque
centrale correspond également à la création de la monnaie.

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Conclusion : Selon Jean Longatte pascal Vonhove (2001), la création monétaire consiste en
la transformation d’une créance en moyen de paiement. L’ensemble de ces créances
constitue donc les contreparties de masse monétaire à savoir : les crédits à l’économie,

les créances sur le Trésor et les créances sur l’extérieur. Elles


correspondent aux différentes catégories d’agents économiques : les
ménages, les entreprises, l’Etat et le reste du monde.

3. Rôle de la Banque centrale : Réguler et contrôler

1. Limites de la création monétaire

A priori, le processus de création monétaire semble sans limite puisque les banques pour
accorder des crédits n’ont pas besoin d’un montant de dépôts équivalents. Pourtant ce
processus a des limites :
 Les agents peuvent faire des retraits en billets et la banque doit disposer en
permanence d’une encaisse suffisante pour faire face à cette demande. L’ensemble
des banques n’accorde donc pas de façon illimitée des crédits qui vont contribuer à
accroitre cette demande. Le niveau d’encaisse d’encaisses sous forme de billets que
les banques prévoient pour faire face à la demande de leurs clients, est très variable
et dépend, notamment des habitudes des agents, lesquelles habitudes diffèrent
selon les pays.
 Lorsqu’on tient compte des achats et des ventes de devises que les banques
effectuent, les banques doivent disposer d’encaisses en monnaie nationale et en
devises pour assurer cette activité.
 Une banque ne fonctionne pas en circuit fermé et les crédits qu’elle accorde se
transforment en dépôts dans une autre banque. Ainsi, un établissement bancaire
qui accorderait des crédits dans des proportions trop importantes, prendrait le
risque de se trouver débiteur des autres banques.

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Comme l’indiquent Jean Longatte pascal Vonhove (2001, les limites au processus de
création monétaire peut se résumer par le schéma ci-après :

1. Retraits des clients

2. Transactions en devises Limites à la création


monétaire
3. Position vis-à-vis des autres
banques

2. Nécessité d’une banque centrale

Les différents besoins des banques sont assurés par la banque centrale, car celle-ci est au
centre du système de financement qu’il s’agisse des billets, de devises ou de monnaie
scripturale.
Le banque centrale détient le monopole d’émission des billets, et de ce fait les banques se
fournissent auprès d’elle pour satisfaire la demande de leurs clients. Il en va de même pour
les devises achetées auprès de la Banque centrale.

De plus, les dettes et les créances que les banques détiennent entre elles, font l’objet d’une
compensation qui s’effectue sous forme de virements dans les comptes courants des
banques à la Banque centrale. On voit alors apparaitre une nouvelle forme de monnaie, la
monnaie centrale composée des billets et des avoirs des banques dans leurs comptes
courants à la banque centrale. Ainsi, entre la masse monétaire et la monnaie centrale, il
existe un lien puisque les billets appartiennent aux deux formes de monnaie. Le schéma ci-
après montre ce lien.

Schéma : Les différentes formes de monnaie

1. Monnaie 1. Billets
scripturale 2. Comptes Banques
2. Pièces Banques courants des centrale
3. Billets banques

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L’alimentation des banques en monnaie centrale leur permet d’accroitre des crédits plus
facilement et de créer de la monnaie. Ce mécanisme est connu sous le nom de
« multiplicateur de crédit », exprimant ainsi l’idée que l’augmentation de la masse
monétaire est un multiple de l’augmentation de la monnaie centrale. cet effet
multiplicateur dépend de l’importance plus ou moins grande de la demande de billets de la
part des agents. Mais la banque centrale limite l’effet multiplicateur et donc la création
monétaire, en imposant aux banques des réserves obligatoires (i.e des dépôts non
rémunérés laissés par chaque banque sur son compte courant à la banque centrale).

Remarque : 1. Les opérations de refinancement ne se déroulent pas uniquement entre la


banque centrale et les banques. Ces dernières peuvent s’échanger leurs excédents et leurs
déficits de trésorerie sur marché monétaire et plus précisément sur le marché
interbancaire. La Banque centrale n’est pas absente de ce marché où s’échange

de la monnaie centrale et ses interventions consistent à injecter ou à retirer

des liquidités.

2. Dans sa relation directe avec les banques ou du fait de ses interventions sur le marché
monétaire, la Banque centrale se positionne comme « Prêteur de dernier ressort » (i.e
ultime recours pour les banques).

3. Le marché monétaire est le marché des capitaux à court terme. Il est composé de deux
compartiments : le marché interbancaire qui concerne uniquement les banques qui
s’échangent de la monnaie centrale, et le marché des titres courts sur lequel interviennent
les banques, les entreprises et l’Etat. Les titres négociables qui sont échangés prennent la
forme de certificats de dépôts (pour les banques), de billets de trésorerie (pour les
entreprises) et de bons de Trésor (pour l’Etat).

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4. Enjeux des interventions de la Banque centrale

1. Quelle politique d’émission ?

La banque centrale est au cœur des circuits de financement. Elle contrôle et régule
l’émission de monnaie. La question reste de savoir comment exercer ce

contrôle ; autrement dit, comment doit évoluer la masse monétaire ? Tout le

problème tourne autour de la réflexion sur le lien entre demande et offre

de monnaie.

Il s’agit d’un débat ancien entre deux courants de la première moitié du 19 siècle :
1. La banking school (école de la banque) selon laquelle la création monétaire apparaît
comme une avance à l’économie. Selon cette approche défendue notamment par Tooke,
cette avance favorise l’investissement et la croissance. La monnaie est ici active et l’offre
de monnaie s’adapte aux besoins des agents économiques pour réaliser leurs opérations de
production et d’échanges. L’offre de monnaie est endogène car c’est une partie intégrante
du circuit économique.
2. La currency principle (école de la circulation de la monnaie) présenté par Ricardo. Son
argumentation repose sur la dichotomie sphère réelle-sphère monétaire et la théorie
quantitative de la monnaie. Ricardo aboutit à la conclusion qu’il faut limiter la création
monétaire en fonction du stock d’encaisses métallique. La monnaie n’a pas à s’interférer
dans les mécanismes réels : l’offre de monnaie est exogène, respectant ainsi la dichotomie
entre les deux sphères.

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Schéma : Débats théoriques autour de l’émission de monnaie


Baking scholl Currency School
Offre de monnaie endogène. Offre de monnaie stable et exogène.
Elle s’adapte aux besoins de l’économie Elle ne doit pas s’interférer dans les
mécanismes économiques

Remarque : Le lien entre la demande et l’offre de monnaie diffère selon le

courant. Pour les partisans d’une offre de monnaie endogène, cette dernière

doit s’adapter à une demande instable. Quant aux défenseurs de l’offre de

monnaie exogène, ils considèrent au contraire que la demande est stable,

l’offre de monnaie doit l’être aussi.

2. Indépendance de la Banque d’émission

Les enjeux de la politique d’émission témoignent de l’importance de la responsabilité de la


Banque centrale :
1. dans d’une dichotomie entre sphère réelle et sphère monétaire, adapter l’offre de
monnaie à la demande comporte des risques inflationnistes importants, imposer une offre
de monnaie stable peut se traduire par un ralentissement de l’activité économique

2. le rôle de prêteur en dernier ressort joué par la banque centrale est essentiel pour
garantir la sécurité du système bancaire.

2. les interventions de la Banque centrale sur le marché des changes


influent sur les échanges commerciaux du pays avec l’étranger et sur les
transactions financières internationales puisqu’elles déterminent, pour partie, la
valeur externe de la monnaie.

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Schéma : Enjeux liés à l’offre de monnaie

Offre insuffisante de Problèmes de


monnaie financement Impact sur la
croissance
de l’économie

Offre de monnaie
excessive Augmentation du
Inflation
pouvoir d’achat
des agents

Au regard des enjeux liés à l’offre de monnaie, les décisions en matière d’émission par
exemple, ne peuvent pas s’inscrire dans une logique électoraliste qui pousserait, par
exemple, un gouvernement à favoriser la création monétaire par le crédit, afin de stimuler
artificiellement l’activité (c’est le problème de la très forte inflation que l’ensemble des
économies a connue à partir des années 70).
Pour cette raison, dans la plupart des pays industrialisés, les banques centrales sont
indépendantes du pouvoir politique. Cette indépendance permet à la banque centrale
d’utiliser les instruments à sa disposition (notamment le taux d’intérêt, pour mener à bien
une politique monétaire définie en dehors de toute instruction du gouvernement.

II.2. Fonction de demande de monnaie

1. Demande de monnaie selon J.M. KEYNES

Pour expliquer les comportements des détenteurs d’encaisses monétaires, les économistes
ont élaboré une théorie de demande de monnaie. La théorie de préférence pour la liquidité
en constitue le point de départ. D’après KEYNES précisément, la détention d’encaisses
monétaires répond à trois motifs :

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 Le motif de transaction qui recouvre le besoin de disponibilités monétaires


pour faire face aux dépenses courantes (achat de biens & services des ménages,
paiement des salaires et autres dépenses d’exploitation des entreprises)

 Le motif de précaution qui est lié au fait que la détention de monnaie permet
de faire face aux imprévus budgétaires prenant la forme d’une perte inopinée des
revenus ou de la survenance d’une dépense imprévue.

 Le motif de spéculation qui désigne le choix des agents économiques entre


liquidité et placement c’est-à-dire l’arbitrage entre la réserve de valeur nominale
stable qu’est la monnaie et les autres réserves de valeur nominale variable que sont
les actifs réels et financiers.

Remarque : Les agents économiques arbitrent entre la monnaie, les biens et

les titres en fonction de la considération du risque et du rendement. C’est

au terme de cette comparaison qu’ils définissent la structure réelle,

financière et monétaire de leur patrimoine. C’est ainsi que KEYNES en ajoute un


quatrième motif : le degré de préférence pour la liquidité qui dépend de la confiance en
l’avenir (L0). Il existe un lien entre le degré de certitude et la préférence pour la liquidité :
la préférence pour la liquidité sera d’autant plus forte que le degré de certitude est plus
faible, et faible dans le cas contraire.

Pour la demande de monnaie selon KEYNES les deux premiers motifs (motif de
transaction et motif de précaution) la demande de monnaie est fonction du revenu :
L1 = L1 (Y). Quant à la spéculation il est fonction du taux d’intérêt : L2 = L2(r)
En définitive, la demande de monnaie chez KYNES :
L L
L = L0+L1(Y) + L2 (r), avec > 0 et <0
Y r

3. Demande de monnaie selon BAUMOL

Il s’agit d’une analyse microéconomique de la demande de monnaie de transaction. Le


modèle de BAUMOL applique à la monnaie la théorie des stocks. De ce point de vue,

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autant une entreprise détermine le volume optimal de stock de marchandises à constituer


en tenant compte des données objectives tels que la périodicité des ventes et le coût de
stockage, autant n’importe quel agent établira le stock de monnaie qu’il doit détenir en
moyenne dans une période de dépense. Ainsi, l’analyse de BAUMOL prend en compte la
périodicité du paiement des revenus (par mois, trimestriellement ou par année, etc.) et à
cette perception ponctuelle du revenu s’oppose l’étalement de la dépense que ce soit pour
les ménages que pour les entreprises.

L’encaisse de transaction répond à la détermination de l’agent économique (ménages ou


entreprises) de rendre compatible l’étalement de la dépense et la périodicité du revenu.
L’agent économique va donc détenir un certain volume d’encaisses monétaires non
rémunérées. Il perd sur cette encaisse une rémunération qui, pour simplifier peut être
évalué au taux de rémunération des obligations. Détenir cette encaisse sous forme de titre
(obligation) impliquerait un coût de négociation.
Soient T : valeur réelle des transactions
r : taux d’intérêt supposé constant dans la période de dépense du revenu
b : coût réel de conversion des obligations en monnaie. BAUMOL désigne ce coût
comme des frais de courtage.
K : valeur réelle des obligations converti en monnaie.

Lorsqu’un agent choisit de financer ses paiements par cession d’obligations, les coûts
supportés par l’agent sont de deux composantes : les frais de courtage d’une part et la
perte de taux d’intérêt de titre d’autre part. BAUMOL fait l’hypothèse que l’agent vend
des titres par « lots » d’égale valeur K. Les frais de courtage seront égaux à b(T/K) si l’on
fait l’hypothèse que le flux de dépense est constant. Le stock moyen de monnaie détenu
par l’agent est égal à K/2 (début de la période et fin).

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T K
Soit  le coût d’opportunité de détention de la monnaie :  =b K + r 2 (1)

 T r
 b   0 (2) (CPO minimisati on)
K K² 2
bT r
- 
K2 2
2bT  K²r
2bT
K² 
r
2bT
K  (3)
r
Sachant que la quantité de monnaie détenue par l’agent au cours de la période est égale à
K/2, on peut réécrire l’équation de la demande de monnaie :

M d K 1 2bT
  (4)
P 2 2 r
L’équation 4 signifie que la demande d’encaisse de transaction exprimée en termes réels est
directement proportionnelle à la racine carrée du volume des transactions et inversement
proportionnelle à la racine carrée du taux d’intérêt.

1 2bT
Md   P (5)
2 r
Remarque: L’expression avec la racine carrée signifie que la croissance de la

demande de monnaie pour les motifs de transaction est donc moins rapide

que celle des transactions.

3. Demande d’encaisse de spéculation selon TOBIN

i. Notion de taux critique


On suppose que l’agent a le choix entre 2 actifs les titres et la monnaie soient :
r : le taux d’intérêt des titres
re : le taux d’intérêt des titres anticipés
g : la variation anticipée de la valeur des actifs détenus par les agents
e : le rendement total anticipé du placement.
Calculons g :

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1
Un placement d’une unité a une valeur capitalisée est égale à . Suite à l’anticipation des
r
1
agents cette valeur passera à . Le gain ou la perte exprimé en pourcentage est :
re

1 1

re r r
g   1 . Ainsi, le rendement total anticipé du titre est égal à l’intérêt perçu r
1 re
r
r
auquel s’ajoute g. Il est donc égal e  r   1.
re

r
Si le rendement r   1  0  Choix des titres.
re

r
Si r   1  0 Choix de la monnaie.
re

Il existe un taux critique rc qui correspond à r + g = 0 . Pour ce taux, l’agent est


r r
indifférent à la structure de son patrimoine r   1  0  rc  e
re 1  re

i. Fonction individuelle de demande d’encaisse de spéculation

Ainsi formulée par TOBIN, la théorie de Keynes signifie simplement que le taux d’intérêt
actuel est considéré comme une assurance contre une certaine dévaluation anticipée de
façon certaine par les agents économiques. Le taux critique traduit le seuil au-dessous
duquel le taux d’intérêt du marché est insuffisant pour remplir cette fonction. On en
déduit que l’agent a un choix réduit qui consiste à détenir toute sa richesse, soit en
monnaie soit en titres.
Le taux futur peut être anticipé par l’agent de façon exogène mais il est vraisemblable
qu’il sera influencé par le taux actuel. Dans ces conditions: le taux anticipé sera une
fonction du taux actuel : re = f(r), f’>0

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f (r ) re
rc   h (r ) avec rc 
1  f (r ) 1  re

rC
rC = r h (r)

r0 r

La pente de h(r) < 1. Si h’(r) < 1 cela implique :


 que ro est le taux critique
 pour que r < ro le taux critique est supérieur à r et que les agents détiennent la
monnaie
 que pour r > ro le taux critique est inférieur à r et que les agents achètent les titres.

Pour analyser à quelle condition h’(r) < 1, il faut différencier l’équation du taux critique :
drc f ' (r )1  f r   f r  f ' r 

dr 1  f r 2
f ' r 
h' r  
drc

dr 1  re ²
Comme re est normalement positif, une condition suffisante pour que h’(r)<1 est que
f’(r)< 1.

f ' r  
drc
 1 signifie que lorsque les agents constatent un accroissement de r ils
dr
anticipent un accroissement de re qui lui est inférieur. C’est que l’on appelle l’hypothèse
d’anticipations régressives.
Dans l’hypothèse où les anticipations des agents relatives au taux futur sont régressives, la
fonction de demande de monnaie est identique à ce qu’elle était dans le cas des
anticipations certaines. Les agents pratiquent le tout ou rien, ils placent l’intégralité de
leur richesse ou la conserve entièrement liquide.

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ii. Fonction globale de demande d’encaisse

Les agents n’ont pas tous la même appréciation du taux critique. Les pessimistes ont un
taux critique plus élevé que les optimistes. Par agrégation des fonctions de demande
individuelle, il sera possible d’obtenir une fonction de demande globale décroissante avec le
taux d’intérêt.
r

rC max

rC min

W M
On peut admettre que lorsque le taux baisse il y a de plus en plus d’agents qui désirent
placer toute leur richesse en monnaie. La fonction globale de demande de monnaie est
donc conforme à la fonction de demande de monnaie de Keynes. Le désaccord entre les
agents est la condition essentielle sur laquelle repose la fonction de demande de monnaie.

iii. Relation probabiliste entre le rendement et le risque : l’analyse de l’encaisse


de précaution

Cette analyse proposée par TOBIN justifie qu’un agent détient à la fois de la monnaie et
des titres. Cette attitude rationnelle lui est dictée par sa psychologie qui consiste à
chercher à maximiser le rendement de sa richesse en minimisant le risque. Cette analyse de
TOBIN est la base de la théorie du portefeuille.

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 Analyse du risque

L’économie comporte toujours 2 actifs : la monnaie et les titres. Les agents se fondent sur
l’existence d’un taux critique.
Soient : e = r + g
r
g 1
re
L’agent n’anticipe pas g de façon certaine mais comme un spectre de tous les gains et
pertes possibles avec pour chacun une certaine probabilité f g (fréquence de g). Cette

distribution a une moyenne ou valeur centrale g . Si la distribution des gains se fait selon
une loi normale, la mesure de l’incertitude et du risque attachée à la distribution des gains
est donné par son écart-type  g . Cet écart type est d’autant plus élevé que les valeurs

extrêmes de la distribution des fréquences s’écartent de cette valeur moyenne. Si on peut


assimiler risque et incertitude l’écart type  g est la mesure du risque encouru pour chaque

agent lorsqu’il fait un placement dont le rendement moyen anticipé est r  g .


 L’association entre rendement et risque

Soit une distribution de probabilité des gains attendus. Appelons e  r  g (1) ; le

rendement moyen anticipé d’un placement,  g l’écart type de la distribution exprimant le

risque encouru par l’investisseur.


Soit B le montant du placement en titres. Appelons RT le rendement total anticipé en
fonction de ce rendement moyen.
RT  B.e  Br  g  (2)
Si tous les titres sont semblables, le risque total encouru par un placement B est
 T  B. g (3). Le choix de portefeuille de l’argent dépendra de la combinaison du

rendement et du risque anticipé.


T 1
D’après l’équation (3), on peut écrire que B    (4), avec  g connu de façon
g g T

implicite. Si l’agent accepte d’encourir un risque total  T , on en déduit le montant total B


qu’il placera en titres. En remplaçant B dans l’équation (2), on obtient:

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T
RT  r  g    T r  g (5).
g g

Nous obtenons une relation entre le gain total attendu d’un placement et le risque qui lui
est associé. Cette relation est la droite de budget de l’agent. En la différenciant nous
dRT r  g
obtenons :  i.e la pente de cette droite de budget.
d T g

Graphique : Fonction de demande de monnaie selon TOBIN

RT C

rg
g

RT

0
T
(Titres)
B 1
g

(Monnaie)

W A

De par ce graphique, sur l’axe vertical en-dessous de l’horizontal, on a la richesse total de


l’agent W. Cette richesse est soit investie en titres(OB), soit conservée sous forme sous
forme de monnaie (BW). Pour tout niveau de risque  T accepté par l’agent, on obtient la
composition de son portefeuille.
Plus l’agent accepter d’accroître le risque total, plus la recette totale augmente et les titres
aussi, mais la détention de la monnaie diminue. Tout risque déterminé sur l’horizon 0T
nous donne à la fois la composition de portefeuille de l’agent au dessous de cette
horizontale et le rendement de ses actifs au dessus de l’horizontal.

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Cette analyse de TOBIN permet d’étudier les préférences des agents et leur comportement
face au risque.

Ainsi, TOBIN distingue les possibilités suivantes :


 Les agents qui ont aversion au risque (risk averters) : ceux qui n’apprécient (i.e
n’aiment) pas le risque. Ils n’acceptent de prendre des risques supplémentaires que
si les rendements sont croissants. Ici aussi il ya deux cas : les diversificateurs (qui
demandent de plus en plus de gains pour des accroissements égaux de risque) et les
risque-tout ou spéculateurs (qui choisiront soit la monnaie soit les titres).

 Les agents qui aiment le risque(les risk-lovers) : ils sont prêts à accepter des risques
croissants pour de faibles accroissements de rendements. Ils placeront toute leur
richesse en titres (i.e ils maximisent le risque).

4. La demande de monnaie selon FRIEDMAN : diversification du patrimoine (la


nouvelle théorie quantitative).

Milton FRIEDMAN a une autre perspective sur la demande de monnaie en proposant une
analyse à partir du patrimoine. Le cadre d’analyse retenu dans ce cas est celui de la théorie
microéconomique du choix du consommateur; ce qui induit les implications suivantes :

 Les agents prennent leur décision par référence à leur stock d’actif et non pas par
rapport à leur flux de revenu comme c’est le cas dans l’analyse de KEYNES. Il s’agit
ici de l’ensemble du patrimoine et non pas de l’ensemble du portefeuille financier. La
richesse des agents comprend aussi le capital humain c’est-à-dire la formation de
l’individu productrice du revenu.
 Les agents établissent leur choix sur la base d’un calcul fondé sur le prix et le
rendement des formes alternatives du patrimoine (actif réel, financier et monétaire,
actifs humains i.e la capacité productive du capital humain).
 Les agents ont une échelle des préférences individuelles. La diversification du
patrimoine qui va être ainsi opéré se situe dans un processus d’accumulation de

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l’épargne où le comportement d’épargne est conforme aux analyses du revenu


permanent. Les agents ajustent leurs encaisses à leur pouvoir d’achat effectif en biens
et en services. En d’autres termes leur comportement est déterminé par l’encaisse
réelle et non pas leur encaisse nominale. Il s’agit ici de l ‘« effet d’encaisse réelle »

ou « effet Pigou ».

Milton FRIEDMAN propose une analyse de la fonction de demande de monnaie


individuelle qu’il adapte aux entreprises avant d’en donner une expression
macroéconomique. Il retient comme éléments constitutifs du patrimoine :
 Les actifs monétaires pour leur valeur d’usage

 Les actifs financiers (actions et obligations)

 Les actifs réels pour leur rendement d’usage anticipé

 Les actifs humains.

Ainsi, contrairement à TOBIN et BAUMOL qui traitent la monnaie comme un bien


particulier, M. FRIEDMAN la considère comme un bien quelconque et lui applique la

théorie pure du consommateur, transposée au modèle des actifs. FRIEDMAN


pose que la valeur d’un capital est égale à la valeur actualisée du flux du revenu auquel il
donne naissance. Il pose également l’existence d’un taux d’intérêt égal à la moyenne
pondérée du rendement des actifs « Y » composant le patrimoine W = Y/r.
Le comportement des agents est déterminé par leur bilan de patrimoine de deux manières :
 Le montant total du patrimoine intervient c’est-à-dire que l’effet richesse totale
détermine le montant maximal des encaisses monétaires qu’un agent peut détenir.

 Les agents vont, conformément aux hypothèses néoclassiques, chercher à donner à


leur patrimoine une structure optimale qu’ils essayeront de maintenir. Cette
structure optimale repose sur l’anticipation des rendements escomptés des
différents actifs.

A cet égard on considère les variables suivantes :


 Actif humain=W

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 Le rendement d’usage des actifs monétaires évalués en terme réel et exprimé en


terme monétaire (u). En effet, la monnaie ne procure pas de rendement pécuniaire
mais un service. Le besoin de la monnaie dépend donc de la façon dont l’agent
apprécie ce service. « u » représente donc cette attitude i.e l’utilité de la monnaie.
1 dp
 le rendement d’usage des actifs physiques ou réels ( p dt =pe). Il fait également

l’objet d’une correction selon le niveau des prix. Les actifs physiques sont de
simples stocks dont le revenu est lié à la plus-value(ou moins-value) qui peut naitre
d’une variation des prix. Ce rendement est donc une variable anticipée.
 Le rendement des obligations est calculé par unité monétaire et par unité de
temps.
1 db
(rb - rb dt ). Il s’agit du revenu que l’agent espère pour toute unité monétaire ($ ou Fbu)

placée en obligation. Les obligations procurent un revenu fixé une fois pour toutes en
nominal, mais leur cours varie en fonction du taux d’intérêt et l’évolution que l’agent
anticipe. Rb est le revenu que procure une obligation d’une unité monétaire ($ ou Fbu) au
taux rb et la variation de la valeur patrimoniale dépend de la variation anticipée dr b/rb et
de la période au bout de la quelle l’action sera liquidée. Ce rendement des actifs financiers
est calculé en valeur réelle par unité monétaire et par unité de temps.

 Le rendement des actions ou dividendes. Le dividende se distingue du revenu


des actions par le fait qu’il est affecté par la variation des prix qui agit sur les
bénéfices. Pour chaque unité monétaire, on a re qui est la partie fixe du revenu des
actions, 1/P.dP/dt qui représente la variation de prix et le cours des titres qui est
déterminé comme dans le cas des obligations. Ainsi, le revenu par unité monétaire
placé fait objet de correction exprimant le gain ou la perte en capital par unité
monétaire et la correction sur le niveau général des prix. Dès lors, pour une unité
monétaire ($ ou Fbu) placée en actions, l’agent anticipe un revenu de:
1 dre 1 dp
re  
re dt p dt
Selon FRIEDMAN, la fonction individuelle de demande de monnaie est donc :

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 Y 1 drb 1 dre 1 dp 1 dp 
M d  f W , u, P, , rb  , re   , 
 r rb dt re dt p dt p dt 

La demande de monnaie chez FRIEDMAN apparaît alors comme une demande

d’actifs mais aussi comme une demande de diversification du patrimoine. Par


une transposition simplifiée de cette fonction de demande de monnaie des ménages
FRIEDMAN détermine la fonction de demande de monnaie des entreprises. La
simplification consiste à ne pas prendre en compte les pertes et/ou les gains en capital sur
les valeurs mobilières. L’endettement des entreprises a sa contrepartie dans le bilan des
ménages qui subissent des aléas de rendement. La fonction de demande de monnaie pour
les entreprises s’écrit donc comme suit :
 1 dp Y 
M d  f  rb, re, , p, ,W , u 
 p dt r 
Par agrégation des fonctions individuelles de demande de monnaie FRIEDMAN définit la
fonction globale de demande de monnaie. Cette agrégation soulève le problème de la saisie
en brut ou en net dans la mesure où on considère que les endettements internes ont leur
contrepartie dans le bilan d’autres agents internes.
Après avoir pris en compte de la demande de monnaie des entreprises FRIEDMAN exclu
les gains et les pertes en capital des obligations et des actions liées aux variations du taux
d’intérêt ainsi que la variation de la valeur nominale des actions liées aux variations du
Y
prix et remplace r par Y et ainsi l’équation macroéconomique de demande de monnaie

 1 dP 
devient : M  f  Y ,W , u, P, rb, re, 
d
 p dt 

Dans le modèle de FRIEDMAN, la demande de monnaie apparaît liée par une

relation stable à ses déterminants. Cette relation stable est fondée sur deux
hypothèses relatives au comportement des agents économiques.
 Les agents ajustent leurs encaisses en fonction d’une grandeur

stable c’est-à-dire le patrimoine dont ils cherchent une structure optimale et stable

 Les agents économiques ajustent leurs encaisses à leur pouvoir

d’achat effectif c’est-à-dire le revenu réel.

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II.3. Circulation de la monnaie

Créée par le système bancaire, la monnaie circule entre les agents économiques en fonction
de leur comportement de financement, de placement et de dépense. La circulation de la
monnaie dans l’économie est donc déterminée par les principales opérations économiques à
savoir : la production, la consommation et l’épargne.

La création monétaire a 3 principales sources correspondant aux 3 catégories d’agents qui


s’adressent au système bancaire pour satisfaire leur besoin de financement : les ménages et
les entreprises, l’Etat, les non résidents (dont le poids s’accroît avec l’ouverture extérieure
de l’économie).

Les comportements de dépense et de placement financier des acteurs économiques se


répercutent sur l’intensité d’utilisation de la masse monétaire c’est-à-dire sa vitesse de
circulation. L’évolution de cette dernière dépend des comportements des agents en matière
des dépenses et d’épargne, mais également des habitudes de paiement et des innovations
financières et technologiques qui permettent d’accélérer la rotation des encaisses
monétaires.

Comme le précise Dominique PLIHON (2003) « La monnaie circule entre agents

économiques un peu comme le sang circule entre les organes du corps

humain ». On peut dire que la monnaie circule entre 3 catégories d’agents :

 es banques qui créent la monnaie


 Les entreprises qui l’empruntent
 Les ménages qui la dépensent ou l’épargnent.

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De manière simplifiée la monnaie circule dans l’économie selon le schéma suivant :

3 Banque 6

Remboursement
Moyen de paiement

Dépôt

Prêt
4
1
Ménages 2 Salaire Entreprises
Consommation 5

Ce schéma comprend deux trois pôles (qui représentent) et six flux d

écrivant les opérations économiques de base qui se déroulent en deux

périodes:

 Première période (flèches en trais pleins) : les entreprises cherchent à produire. Pour
atteindre cet objectif, elles doivent résoudre un problème lié au décalage inévitable
entre leurs dépenses et leurs recettes : il leur faut obtenir des ressources pour engager
la production (embaucher les travailleurs) avant de disposer des ressources liée à la
vente de leur produit. Le rôle des banques est de prêter(1) aux entreprises pour leur
permettre de combler ce décalage entre recettes et dépenses ; puis les entreprises vont
payer les salaires (2) aux travailleur ; enfin, ces derniers laissent leurs revenus en
dépôts auprès des banques ;

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 Deuxième période flèches en pointillés: les ménages utilisent les dépôts bancaires
comme moyens de paiement(4) pour acheter des biens de consommation auprès des
entreprises (5 ); ces dernières utilisent ces ressources pour rembourser leurs
emprunts(6)auprès des banques. Le circuit monétaire est bien bouclé : la création
monétaire initiale, nécessaire pour amorcer le démarrage du circuit économique par la
production des entreprises, se traduit enfin par une destruction de la monnaie créée
au départ.

Plusieurs conclusions se dégagent de l’analyse en termes de circulation de la monnaie :


1. Les banques ont une double fonction essentielle dans l’économie : elles
financent les agents économiques d’une part et elles gèrent les moyens de paiement
d’autre part. Ces deux fonctions sont simultanées et indissociables comme l’illustre le
célèbre adage selon lequel « les crédits font les dépôts ». En effet, lorsqu’une banque
accorde un crédit à une entreprise ; cette opération se traduit par deux écritures au
Bilan de la banque : le prêt accordé apparaît à l’actif, et le montant des liquidités ainsi
créé figure au passif de la banque (car elle constitue un dépôt dans cette banque sur le
compte de l’entreprise emprunteuse).

2. La création monétaire est le privilège des banques commerciales:


Celles-ci créent de la monnaie en « monétisant » leurs créances et en émettant des
dettes qui ont la particularité d’être acceptées comme moyen de paiement. La plupart
du temps les créances bancaires correspondent à des crédits. Il s’agit de la « monnaie

de crédit » créée.

Remarque : La monétisation de leurs créances par les banques ne se limite pas

au crédit bancaire mais peut également concerner les créances détenues par

les banques sous forme de titres financiers (actions et obligations).

3. L’évolution de la masse monétaire résulte du décalage entre la création

et la destruction de monnaies liées aux opérations de prêt et de

remboursement (de même que la population évolue en fonction de la

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différence naissance et décès). Dans une économie en croissance les dépenses


progressent ainsi que leur besoin de financement ce qui emmène une augmentation de
la monnaie de crédit, les nouveaux crédits étant supérieur aux anciens venant à
l’échéance.

4. La création et la circulation monétaires sont directement liées au

fonctionnement de l’économie : Elles sont donc « endogènes » à

l’économie. Il y a en particulier un lieu direct entre l’offre de monnaie des banques et


les besoins de financement du secteur productif. La création monétaire est déterminée
par le niveau de l’activité économique. Pour leur prêt les banques permettent aux
entreprises d’anticiper sur leur revenu d’avenir, elles partagent de ce fait les risques
pris par les entreprises et qui sont liés à l’incertitude du futur. Les banques et la
création monétaire jouent donc un rôle actif dans le développement de l’activité
économique : la monnaie n’est pas neutre.

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Chapitre III. LES BANQUES AU CŒUR DE LA FINANCE MODERNE

III. 1. Rôle des banques dans la gestion de l’épargne liquide

A travers ce rôle, les banques permettent la mutualisation des coûts de transaction et du


risque de taux. En effet, une source de profit des banques, et donc une manière de justifier
leur existence, provient de leur capacité à vendre une gestion de portefeuille plus efficiente
à leur client. Ainsi, il s’agit pour la firme de proposer à moindre coût le portefeuille
optimal que se seraient constitué seuls les clients si les coûts de transaction et la divisibilité
des titres le leur permettaient.

Comme l’indique Nicolas VENARD(2001), cet avantage comparatif vis-à-vis des marchés
tient dans la capacité de la banque à mutualiser les coûts de transaction individuels et
donc son efficacité :

 soit à minimiser ses propres frais de structure

 soit à se constituer un réseau de clientèle le plus étendu possible

Cette activité de « mutuelle » des banques est, d’ailleurs, à l’origine des dépôts à vue
(DAV). En effet, l’intermédiaire financier bancaire a une particularité liée à la « monnaie

privée ». Cette monnaie privée a la caractéristique d’être exigible à son nominal à tout
moment et sans justification. Dès lors, cette liquidité immédiate et la garantie de valeur
qui s’y rattache, pour les clients averses au risque, fonde l’avantage du DAV de tout autre
instrument d’épargne de précaution, en particulier le marché. Cet avantage comparatif est
lié, pour l’établissement bancaire, à l’obligation de mutualiser le risque de taux des
déposants : le DAV en tant qu’assurance contre l’illiquidité ne peut exister que par ce que
la communauté des déposants accepte une « mise en commun » des risques de taux
individuels.

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1. Les banques contribuent à la mutualisation des coûts de transaction

La première différence entre la « réalité » et un (hypothétique) marché financier parfait


réside dans l’existence de coûts de transaction. Les coûts de transaction regroupent les
facteurs institutionnels qui, même sur un marché où l’information circule parfaitement,
viennent renchérir l’échange direct. Il s’agit notamment de :

 Droits d’entrée sur le marché (fiscalité de place)

 Frais liés à la passation et à l’enregistrement des ordres

 L’existence d’un montant minimum des transactions (qui peut conduire à une
allocation d’actifs différente de celle que l’agent juge optimale)

Ainsi, dans le cas de coût de transaction unitaire fixe ou d’indivisibilité des actifs,
l’existence d’un intermédiaire financier permet une allocation du patrimoine plus
efficience de la collectivité. En effet, il arrive que le montant unitaire des titres soit trop
important pour permettre à un individu d’acheter le nombre suffisant pour créer un
portefeuille diversifié. Pour pallier à ce problème, on peut s’imaginer de créer des
« mutuelles de petits épargnants » qui, en mettant leur épargne en commun,
parviendraient à disposer du montant nécessaire à la création d’un portefeuille diversifié.
Chaque adhérent à la mutuelle (qui est en réalité la banque) disposerait alors du droit
à percevoir les fruits de l’investissement global au prorata de sa mise et on résout le
problème de divisibilité qui se posait à chacun avant la création de l’intermédiaire.

En passant le seul ordre pour le compte de plusieurs épargnants, l’intermédiaire bancaire


va permettre à chacun de ne supporter qu’une faible partie du coût initial. Ainsi, plus le
nombre d’épargnant est sur qui se répartit la charge fixe est grand, plus la charge
supportée individuellement est faible : il s’agit donc de la mutualisation des coûts

de transaction par l’existence des banques. Dès lors, en présence des coûts de

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gestion fixes, l’intermédiaire bancaire a un intérêt naturel à faire croître le nombre de


clients.

L’importance de l’intermédiation financière dans la mutualisation des coûts peut bien


s’expliquer à travers la modélisation ci-après :

2. Rôle des banques dans mutualisation des risques de taux individuels : gestion du
risque de taux

Pour bien comprendre l’importance des banques dans la gestion des liquidités
individuelle, on part d’une économie « parfaite) i.e une économie dans laquelle il n’y a
aucun frein pécuniaire à ce que chacun affiche sur les marchés financiers sa situation
patrimoniale et ce à tout instant (Venard N., 2001). Cette capacité à connaitre sans doute
possible l’état de richesse de tous les agents économiques permettrait d’envisager la
création (et l’échange) e contrats d’assurance de liquidité.

Les agents ne désirant pas conserver de monnaie ou de d’actifs « sans risque » à titre de
précaution (du fait de leur moindre rendement) pourraient se couvrir contre un besoin
imprévu de monnaie en achetant auprès d’agents prêts à prendre le risque un contrat
d’assurance spécifique. Ainsi, en fonction de ses prévisions de consommation future,
chaque agent placerait son épargne à plusieurs échéances (correspondant à ses besoins
anticipés de consommation) en vue d’obtenir la meilleure rémunération possible et,
parallèlement, achèterait un contrat d’assurance individuel qui couvrirait en cas d’un
besoin urgent et non anticipé.

Avec cette assurance spécifique, le risque encouru par les vendeurs d’assurance serait de
voir les assurés venir exiger des liquidités non pas comme prévu dans les contrats mais de
manière » abusive ». On qualifie »d’abus » le fait que l’assuré, par ce qu’il un contrat,
décide de s’en servir « sans raison ». On parle d’aléa de moralité.

Dans un monde « moins parfait » (où une partie de l’information ne peut être contrôlée
sans coût), la possibilité d’abuser est réelle et, de ce fait, on ne peut trouver d’agent
économique prêt à assumer ce rôle d’assureur de manière individuelle.

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Or, à partir du moment où les individus cherchent à optimiser le taux de leurs placements,
le besoin de couvrir contre une éventuelle illiquidité (ou de manière moins « dramatique »,
contre une moins value de cession) apparaît. On peut alors envisager la création d’une
« mutuelle » entre les agents voulant se prémunir contre le risque de taux. Un individu qui
posséderait un portefeuille individuel court un risque de taux qu’on peut décomposer en :

 Un risque de coût d’opportunité s’il garde son capital sous forme liquide (pas ou
peu de rendement) alors qu’il n’aura à consommer que dans le LT

 Un risque de perte s’il investit dans des actifs à longue échéance et qu’il doive s’en
dessaisir précipitamment pour consommer plus tôt qu’il ne le prévoyait

Pour se couvrir contre ce risque, les agents ont créé des « mutuelles de placement »
dont le rôle est de prodiguer totalement liquides mais rémunérés.

Le dépôt est un droit donné au déposant de retirer sa mise initiale à tout moment sans
justification. Dès lors, la mutuelle (i.e la banque) reçoit des ressources

(dépôts) qu’elle va placer en parti dans des actifs à LT(pour assurer aux

déposants et épargnants un rendement , quel que soit le moment où ceux-ci

font leur retrait) et en partie sous forme liquide (afin de déposer

statistiquement de suffisamment de monnaie pour satisfaire les retraits à

CT). En fonction de la répartition, sur l’ensemble de la population, entre consommateurs


et épargnants, la banque partage son portefeuille de placement entre réserves liquides (non
rémunérés) et titres rémunérateurs de manière à être , en moyenne, certaine de pouvoir
servir les retraits statistiquement probables mais aussi de prodiguer un intérêt sur les
sommes qui lui sont confiés. En faisant cela, la banque prend en charge le risque

de taux des déposants et donc, sans le même temps, elle introduit un taux
d’intérêt de CT pour les agents n’ayant pas accès aux marchés financier.

3. Instabilité du contrat de dépôt et la course au guichet

La mutualisation du risque de taux au profit des consommateurs « réguliers » pose le


problème de la cohésion de la communauté des déposants. En particulier, la garantie de

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valeur attachée au dépôt soumet l’association des consommateurs à la « bonne volonté »


des déposants les plus épargnants. Si ces derniers sont persuadés, à un moment donné,
qu’ils trouveraient une rémunération plus avantageuse de leur épargne dans un autre
support, ils peuvent venir retirer leur dépôt et « casser » la mutualité sans, pour cela,
supporter aucune pénalité (principe du contrat). De plus, selon la contrainte de « service
séquentiel », la particularité du dépôt veut que chacun soit servi au fur et à mesure qu’il
se présente au guichet de la banque.

Or, si trop de déposants se présentent en même temps, la banque fait face à un afflux plus
important qu’escompté et n’aura pas la réserve de liquidité suffisante. Et la banque ne
peut pas distinguer les « vrais » consommateurs ayant besoin de monnaie des « épargnants
faussaires » qui viennent retirer leur dépôt alors qu’ils ne désirent pas consommer.

Il existe donc une proportion de retraits au-delà de laquelle l’établissement bancaire ne


sera pas en mesure de respecter son « contrat », et il est donc primordial, pour les agents
voulant retirer les dépôts, de se trouver » à la bonne place » dans la queue. De ce fait, à
partir d’une certaine taille de queue aux guichets (par exemple une ruée sur la banque
créée par la panique de faillite), et même si les clients ne le désireraient pas initialement, il

y va de leur intérêt de participer à la « course aux retraits », ne serait-ce

que par ce que s’ils attendent trop longtemps, ils risquent de se retrouver

en face d’une banque qui ne peut plus les servir. Ce phénomène de ruée

apparait donc comme tout à fait rationnel même s’il peut naître d’une

panique des déposants qui retirent leur confiance dans la banque (mauvaises

nouvelles rendues publiques sur l’état des actifs bancaires par exemple).

Remarques :

1. Toute panique bancaire qui verrait les déposants se précipiter massivement à la


banque pousserait l’intermédiaire à la faillite, puisqu’économiquement
l’établissement bancaire ne peut détenir 100% de liquidités en face de ses dépôts.

2. La ruée à la banque fait ainsi naître ce paradoxe que chaque agent


individuellement a intérêt à faire la queue alors que collectivement aucun n’y a

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intérêt: l’anticipation de faillite en cas de panique bancaire est dite


« autoréalisatrice » dans la mesure où chaque déposant fait la queue par ce qu’il est
persuadé que sa banque va faire faillite et que c’est son action même(cumulée à
celle des autres) qui rend l’intermédiaire insolvable.

3. Les courses aux guichets fixent les limites du produit de dépôt bancaire. En effet, la
non-adéquation entre les caractéristiques du passif(liquide) et de l’actif
bancaire(pour partie illiquide) fait reposer la pérennité du système sur la volonté
des « épargnants » à participer à la mutualité. En cas de défaillance (panique) ou
de besoin urgent de monnaie, la banque court un risque d’illiquidité qui peut se
traduire par sa faillite.

III.2. Rôle des banques dans le financement de l’économie

1. La Banque comme intermédiaire financier

De manière générale, le rôle du système financier est d’assurer le financement des agents
déficitaires en mobilisant les ressources des agents ayant des capacités de financement. En
d’autres termes, le système financier joue un rôle d’intermédiation entre les agents à
besoin de financement et ceux à capacité de financement. La littérature économique

sur les systèmes financiers distingue 2 circuits de financement :


 La finance directe : Les épargnants financent directement les agents
déficitaires en achetant les titres émis par ces derniers sur les marchés. Ce
financement est qualifié de « non monétaire » car il se réalise à partir d’une épargne
préexistante.

 La finance indirecte : Dans ce cas les intermédiaires financiers s’interposent


entre les agents à besoin de financement et les agents à capacité de financement.
On parle également de « finance intermediée ». Les banques constituent la
principale catégorie d’intermédiaires financier et leur spécificité est d’émettre une
dette monétaire(les dépôts) en contrepartie de leur financement.

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L’existence des intermédiaires financiers (I.F) et de la finance indirecte est expliquée par
3 séries de facteur :
 La réalisation d’économies d’échelle : En travaillant sur des montants
élevés et avec un grand nombre de clients, les I.F peuvent obtenir des coûts
unitaires plus bas que dans le cas ou les opérations financières sont effectuées
par des agents individuels.
 La réduction de asymétries de l’information : La relation entre prêteur
et emprunteur, qui est au centre de la finance est souvent frappée d’asymétries
d’information au sens où l’emprunteur a généralement plus d’information sur le
projet à financer que le prêteur. Les I.F permettent de réduire ces asymétries de
l’information et contribuent ainsi à faciliter l’allocation des financements dans
l’économie. A titre d’exemple : lorsqu’ une entreprise demande un

financement à sa banque cette dernière est bien placée pour

évaluer la solvabilité de son client car elle gère ses comptes et

connaît l’état de sa situation financière

 Le rôle des institutions financière est de rendre compatible les

demandes des agents prêteurs et emprunteurs qui n’ont pas en


général les mêmes préférences. Ainsi un épargnant cherche souvent
des placements liquides et peu risqués alors qu’une entreprise emprunteuse
peut avoir besoin d’un financement à long terme pour un projet comportant
des risques. Pour réaliser cet « interface », les banques transforment les
caractéristiques principales des dettes et des créances des agents non
financiers: le terme ( i.e échéance, le taux d’intérêt et le risque.

2. La banque comme producteur d’information

Toutes les approches de la gestion de l’intermédiation financière supposent une forme


d’imperfection des marchés financiers. En effet, si l’on se place dans un marché de
capitaux parfait, dans lequel les agents peuvent effectuer sans coûts et sans limite tous les
prêts et emprunte qu’ils souhaitent, l’intermédiation financière ne pourrait pas être

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justifié. C’est donc de l’existence d’imperfections sur les marchés financiers

que naissent les intermédiaires financiers.


Cette imperfection est liée au degré d’information des acteurs (emprunteurs et prêteurs).
Les banques naissent donc de l’impossibilité d’échanger sur un marché organisé des actifs
faisant l’objet d’une information nulle ou partielle. La plupart des modèles développés
prennent comme facteur initial, engendrant les intermédiaires financiers, les asymétries

de l’information sur les projets à financer et la malhonnêteté de certains


investisseurs.
L’avantage comparatif des banques dans les traitements de l’information est déterminant
et justifie leur existence. En effet, la dette émise dans le public est inefficace dans la
mesure où elle contraint chaque prêteur à évaluer la solvabilité de l’entreprise ou au moins
à suivre les notations publiées par les agences.

Les intermédiaires financiers sont nés de la nécessité d’obtenir et de gérer un certain


nombre d’informations qui, soit ne sont pas connues du marché, soit font l’objet de
possibilité de sélection adverse. L’avantage informationnel de l’intermédiaire

financier réside dans sa capacité d’avoir l’information, l’information dont il

dispose de par leur activité et son expertise permet de réduire ainsi le

risque pour le client. En effet, de par leur fonction de distribution de crédit, les
banques sont mieux armées (indiquées) que le marché pour établir le risque encouru par
une entreprise.

De par leur pratique, les banques ont une estimation des fonds propres requis pour qu’une
entreprise puisse mener à bien une opération d’investissement. En fait, les asymétries
d’information qui caractérisent l’économie des projets peuvent permettre aux banques de
développer une activité rentable en marge des marchés financiers. En effet, cette activité
consiste à travailler pour le compte de leurs déposants en sélectionnant et en contrôlant à
moindre coût des investissements en quête de financement. Dès lors, il est nécessaire que le
travail de sélection des « bons projets » se double d’une politique de diversification du
portefeuille et de la mise en d’une relation de LT avec les emprunteurs (VENARD Nicolas,

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2001). De ce point de vue, le suivi des relations entre une banque et son client est une
garantie de l’information de même que la tenue de compte. Les banques, en tant
qu’intermédiaires financiers, présente un avantage dans le cadre de la « délégation du

contrôle ». Si les prêteurs sont nombreux ils réduiront leur coût d’information en délégant
cette tâche à un intermédiaire financier agent le mieux qualifié pour assurer cette tâche.
En effet, si ce contrôleur est un intermédiaire financier, il a l’avantage initial en

matière d’information sur les « bons » et les « mauvais « projets ou

entrepreneurs ». Il se servira de cet avantage pour proposer des placements


correspondant à ses clients mais il ne publiera pas l’information de sorte que celle-ci
n’étant pas publique demeurera un « bien coûteux » (pour les concurrents potentiels de
l’entreprise ou client en question).

3. La banque comme producteur de liquidité

Le dépôt en banque est un actif totalement liquide. Il ne présente pas de risque de perte en
capital et il est parfaitement divisible et accepté par tous comme moyen de paiement. La

banque doit donc être en mesure de transformer ses actifs en liquidités afin

d’éviter le risque de perte de confiance de la part de ses déposants. La

banque va être présentée comme fournissant aux déposants une assurance de

liquidité meilleure que celle pouvant être obtenue sur les marchés.

En effet, en cas de besoin rapide de liquidité, la liquidation d’actif financier détenu en


portefeuille comporte un risque d’appréciation. Par contre, les dépôts bancaires protègent
leurs détenteurs d’une telle dévalorisation nominale.
Les étapes de la démonstration sont les suivantes :
 Chaque agent est doté à un moment donné de son existence d’un capital qu’il est
libre d’allouer entre différentes périodes afin de satisfaire sa structure temporaire
de consommation.

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 L’allocation des ressources se fait grâce à des informations individuelles privées ;


lesquelles informations ne pouvant être transmises aux autres agents de façon
standardisée.

 Les agents qui ont un besoin de liquidité peuvent être amenés à consommer plus
précocement que ce qu’ils s’imaginaient.

 Pour s’assurer un revenu, les agents peuvent investir dans les actifs illiquides qui
leur apportent un intérêt. S’ils tentent de liquider leurs investissements avant
l’échéance cela leur coûte le taux d’intérêt c’est-à-dire que le retrait précoce de leurs
capitaux ne leur apportera rien ou occasionner des pertes.

Tout agent possédant un portefeuille individuel court donc un risque de taux qui peut être
décomposé en « risque de coût d’opportunité » s’il garde son capital sous forme liquide,
alors qu’il ne le consommera que dans le long terme et en « risque de perte » s’il investit
dans des actifs illiquides (alors qu’il doit s’en dessaisir précipitamment pour consommer
plus tôt qu’il ne le prévoyait).
Les intermédiaires financiers seront donc créés dans le but de procurer l’assurance contre
le besoin de liquidité imprévue. Cette assurance passe par la création de contrat entre la
banque et les agents, lequel contrat se matérialise sous forme de dépôt. Dès lors, un dépôt
est un droit donné au déposant de retirer sa mise initiale à tout moment sans justifier
pourquoi et de percevoir un intérêt ( s’il s’agit d’une épargne).

La banque va donc recevoir des ressources, les dépôts qu’elle va placer en partie dans les
actifs illiquides pour assurer au déposant un rendement quel que soit le moment où le
déposant fait son retrait. La banque prend en charge alors le risque de taux des autres
agents de l’économie et de ce fait elle introduit un taux à court terme dans l’économie.
Cependant, elle doit être en mesure d’assurer les besoins de liquidité de ses clients.

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III.3. Types de risques bancaires et règlementation bancaire

Comme l’établissement bancaire n’est pas en mesure de revendre rapidement l’ensemble


de ses actifs, toute ruée sur les dépôts est de nature à provoquer sa faillite dès que les
réserves liquides sont inférieures au montant des retraits. En réalité, lorsque les déposants
décident d’effectuer des retraits de manière collective il y a un « risque de panique

bancaire ».
La panique bancaire est un mouvement de retrait collectif. L’ensemble des déposants
décidant d’effectuer des retraits la banque se trouve confronter au dilemme suivant :
Soit elle se déclare défaillante et ne fait plus face à ses engagements, soit elle cède des actifs
lui permettant d’obtenir des liquidités nécessaires. Mais ces cessions se font souvent avec
des moins-values ; ce qui peut malgré tout conduire la banque à faire faillite.

Dans le modèle DIAMOND & DYBVIG (1983) les déposants ne savent pas à l’avance s’ils
auront besoin de liquidité en période une ou deux. A la date 0 ils signent un contrat avec
leur banque spécifiant le taux d’intérêt qu’ils reçoivent s’ils retirent leur argent en période
une ou en période deux. S’ils apprennent qu’ils auront besoin de liquidité à la période une,
la banque n’a pas le moyen de savoir si le déposant qui retire de l’argent à la période une a
vraiment besoin de liquidité à cette date ou s’il pouvait attendre jusqu’à la période deux.
Si beaucoup de déposants se présentent au guichet à la période une, la banque est forcée de
liquider certains de ses projets à long terme. Cette liquidation implique une perte
économique. La banque risque donc de ne pas pouvoir rembourser les déposants qui
décident de retirer leur argent à la période deux. Le fait que les autres déposants se

présentent au guichet à la période une incite un déposant même patient à se

présenter aussi c’est le phénomène de la panique bancaire.

La banque fait face aux choix suivants: ou bien elle investit dans des actifs de

court terme et ne joue pas son rôle de transformation ou bien elle s’expose

à la possibilité d’une panique bancaire en investissant au moins partiellement

dans des actifs de long terme qui sont illiquides.

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Le financement d’actifs illiquides par les ressources liquides peut rendre les banques
vulnérables à la méfiance de leur déposant. Si ceux-ci retirent massivement leur dépôt, le
problème de liquidités de leurs actifs met les banques en situation d’insolvabilité
potentielle. De ce point de vue, le caractère aléatoire des « courses aux guichets » rend le
processus d’intermédiation bancaire instable, et on aboutit au dilemme suivant : la
recherche de minimisation des coûts d’allocation d’actifs conduit les agents économiques à
faire gérer leurs moyens de paiement par des structures (banques) dont l’existence peut
être remise en cause à tout moment.

La confiance des déposants est cependant un phénomène trop aléatoire pour pouvoir être
géré de façon endogène par les banques. Ainsi, la firme bancaire ne peut contenir seule les
courses au guichet, c’est pourquoi sous des modalités diverses il existe dans tous les pays la
réglementation bancaire. Le problème de course aux guichets provient des comportements
des agents ayant un horizon de consommation lointaine. Pour des raisons diverses ces
agents décident de se faire passer pour ceux qui ont un besoin de liquidité urgente et
retirer leur fond. Dans cette optique les courses au guichet peuvent être évitées si l’on
assure le fraudeur sur le futur ou si on met en place des arrangements qui font que les
coûts de faillites soient supérieurs aux avantages que les agents retirent.

Il n’est pas souhaitable pour l’autorité de laisser les banques systématiquement faire
faillite. En effet si la faillite d’une entreprise est généralement la conséquence d’une
mauvaise gestion et permet dans une économie concurrentielle aux autres entreprises de
conforter ou améliorer leur marge, dans le domaine bancaire les conséquences des faillites
sont parfois dangereuses.

La faillite d’une banque peut entraîner :


 Effet de domino : pour l’effet domino, la faillite d’une banque, de part
l’interconnection des moyens de financement peut déstabiliser tout le système
bancaire. Par le biais du marché interbancaire chaque banque insolvable met en
péril (difficulté) toutes les autres institutions qui lui ont prêté des liquidités ; il y a
donc effet de domino. De plus une banque qui connaît des difficultés passagères

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peut soudainement avoir fait face à une crise de liquidité résultant du refus des
autres banques de lui renouveler leurs concours sur le marché monétaire.

 Effet de contagion : la faillite d’une banque, et particulièrement de taille


importante, peut entraîner la perte de confiance dans le système bancaire dans son
ensemble et pousser les agents à provoquer d’autres courses au guichet à l’encontre
d’autres banques. En fait, si plusieurs banques possèdent les mêmes
caractéristiques connu par le public et qu’une d’entre-elles tombe en faillite, alors
les déposants vont majorer la probabilité de faillite qu’ils accordent aux autres
membres du groupe. Il se produit donc une contagion.

 Risque systémique : la panique bancaire a pour origine une réévaluation de la


probabilité de défaillance de la banque qui déclenche un mouvement de retrait
collectif. La question qui se pose est de savoir si ce mouvement de retrait collectif
ne risque pas de s’étendre aux autres établissements bancaires. Du point de vue des
agents il semble que la crise bancaire est un signe de faiblesse du système bancaire
dans son ensemble. La crise bancaire d’un établissement accroît ainsi la probabilité
de crise pour les autres établissements générant ainsi un « effet externe ». Le risque
de la faillite de l’ensemble du système bancaire est appelé risque systémique.

La probabilité de ces risques auxquels sont confrontés les systèmes bancaire est à l’origine
de la réglementation bancaire. Les formes de cette réglementation peuvent consister à :

1. Eclater la banque des dépôts i.e dissocier la gestion des moyens de

paiement de l’activité de crédit puisque, dans les faits, mettre en place une
garantie des dépôts revient à faire supporter par une assurance sur des moyens de
paiement les risques pris sur les crédits. En éclatant la banque des dépôts, chaque
activité exercée par l’ancienne banque de dépôts serait gérée par une société
spécifique, et la banque prendrait alors la forme d’un holding où les risques seraient
gérés par des entités indépendantes.

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2. Réglementer la structure financière à l’aide des ratios prudentiels. Il


s’agit notamment : (1) des ratios de fonds propres (ratio de capitalisation et ratio
de solvabilité i.e de couverture de risque),( 2) ratio de division des risques, (3)
surveillance de la liquidité

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Chapitre IV: MONNAIE ET EQUILIBRE MACROECONOMIQUE

III.1. Approche classique : De la neutralité de la monnaie à la loi des débouchés

Pour les classiques, les biens s’échangent contre des biens sur la base de la valeur du
travail. Ainsi les prix relatifs des marchandises découlent de la quantité de travail qu’elles
ont nécessité. La monnaie n’est qu’un voile qui permet d’exprimer les prix absolus et de
faciliter les échanges. Pour les auteurs classiques, la monnaie est neutre puisqu’elle
n’intervient pas dans les mécanismes de fixation des prix. On parle alors de dichotomie

entre la sphère réelle (production et échange) et la sphère monétaire

(circulation de la monnaie). Dans ce cadre d’analyse, la monnaie remplit les

deux fonctions d’intermédiaire des échanges et d’unité de mesure, mais la

troisième fonction de réserve de valeur n’est pas reconnue.

Cette conclusion est essentielle dans la pensée classique puisqu’elle est à l’origine de la
« Loi des débouchés » de jean Baptiste Say que l’on que l’on résume souvent par la

simple phrase « L’offre crée sa propre demande ». J-B Say considère que la
production d’un bien va permettre au producteur d’obtenir une certaine quantité de
monnaie. Celle-ci va elle-même servir à de nouveaux achats ou épargnée et, par
conséquent, donner lieu par la suite à des investissements. Dans tous les cas,
consommation ou investissement, la monnaie obtenue par la production ou grâce à
l’échange va ouvrir de nouveaux débouchés.

Remarque : La loi des débouchés ne se vérifie que par ce que la monnaie ne

peut pas être désirée pour elle-même. L’offre crée sa propre demande s’il

n’existe pas de phénomène de thésaurisation monétaire.

En considérant que la monnaie ne sert qu’à déterminer le niveau général des prix, les
auteurs classiques (notamment D. Ricardo et J. Stuart Mill) élaborent la « Théorie
quantitative de la monnaie (TQM) ». Les premiers travaux dans les domaines attribués à

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jean Bodin (1568) expliquaient la relation entre l’afflux des métaux précieus et le niveau
général des prix (i.e la relation entre monnaie et prix est ainsi pour la première fois mise en
évidence).

Stuart Mill distingue la monnaie en circulation et la monnaie dépensée. La quantité de

monnaie dépensée peut être utilisée (dépensée) plusieurs fois. On introduit

la notion de « vitesse de circulation de la monnaie (i.e le nombre moyen

d’achatq réalisés avec une unité de monnaie sur une période donnée).

Cette vitesse s’exprime sous la forme suivante : V= (P*T)/M, avec :

 P : niveau général des prix


 T : volume des transactions
 M : mase monétaire.

Conclusion : Dans l’hypothèse que la vitesse de circulation et le volume des transactions sont
constantes, toute variation de la quantité de monnaie dans l’économie provoquera une
variation proportionnelle du niveau général des prix, ou en d’autres termes, l’inflation.

Tableau : La monnaie chez les classiques


ANALYSE CONCLUSIONS
Selon la loi des débouchés, il ne peut avoir
1. La monnaie est neutre. de monnaie désirée pour elle-même. En

2. Les échanges et les prix sont fixés à partir conséquence, l’offre crée sa propre demande
de la valeur du travail. puisque l’ensemble de la monnaie en
circulation est utilisée.
3. Il y a dichotomie entre la sphère réelle et Une augmentation de la quantité de
la sphère monétaire. monnaie aboutit à la hausse du niveau
4. La vitesse de circulation de la monnaie est général des prix (TQM).
constante.

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III.2. Modèle de WICKSELL : Equilibre taux d’intérêt naturel et taux d’intérêt


monétaire

L’économiste Suédois K. Wicksell s’était déjà intéressé avant Keynes au rôle joué par le
taux d’intérêt. Alors que les partisans de la théorie quantitative traditionnelle de la
monnaie considèrent que la relation entre la quantité de monnaie et le niveau

des prix est directe, l’apport de WICKSELL consiste à montrer qu’il existe un

mécanisme indirect liant monnaie et prix par l’intermédiaire du taux

d’intérêt.

WICKSELL distingue deux taux d’intérêt : le « taux d’intérêt naturel » et le « taux

d’intérêt monétaire ou nominal». La divergence entre ces taux d’intérêt explique les
variations du niveau général des prix. Le taux d’intérêt naturel est le reflet de l’économie
réel, il égalise la demande de capitaux à des fins d’investissement et l’offre de l’épargne.
Dans une approche simplifiée, le taux d’intérêt naturel peut être assimilé au

taux de rentabilité des investissements. Quant au taux d’intérêt monétaire, c’est le


taux fixé par la Banque centrale et à des degrés divers par le système bancaire dans son
ensemble. Puisque ces deux taux sont terminés par des mécanismes distincts, ils peuvent
donc différer.

L’analyse de K. Wicksell, aboutit à deux conclusions :


 un taux d’intérêt monétaire inférieur au taux d’intérêt naturel stimule

excessivement l’investissement et engendre l’inflation.

 un taux d’intérêt monétaire supérieur à un taux d’intérêt naturel

freine anormalement l’investissement et ralentit la croissance.

Supposons que les banques baissent le taux monétaire, le taux naturel sera alors supérieur
au taux monétaire. Les entrepreneurs envisagent un profit réel additionnel positif sur la
base de la stabilité des prix courants, donc ils vont augmenter leur demande de crédit.
Ainsi, l’investissement est supérieur à l’épargne, c’est-à-dire la demande agrégée des

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facteurs de production est supérieure à leur offre globale. Cela signifie qu’il y a un
déséquilibre sur le marché des biens puisque les agents ne peuvent pas acheter la quantité
des facteurs de production dont ils ont besoin.

Maintenant deux situations sont possibles. D'une part, si les banques ne sont soumises à
aucune contrainte, elles vont satisfaire toutes les demandes de monnaie (celle-ci est pure
crédit2), donc le marché de la monnaie est toujours en équilibre. Dans une
situation de plein emploi, lorsque la demande des facteurs de production est supérieure à
l’offre, la loi de l’offre et de la demande assure que tous les prix vont augmenter. De cette
façon, les entrepreneurs vont voir tous les prix des facteurs de production augmenter
proportionnellement à la quantité de monnaie et, par conséquent, ils vont recevoir un
profit nominal plus élevé mais un profit réel additionnel nul. A la période suivante, sur la
base de la stabilité des prix courants, les entrepreneurs vont continuer à demander plus de
crédit. Le déséquilibre sur le marché des biens persiste et les prix continuent à augmenter
sans arrêt. Aucun changement ne se présentera, ni sur les prix relatifs (puisque tous les
prix augmentent dans la même proportion), ni sur le salaire réel, ni sur le niveau d’emploi.

Conclusion: L’objectif des autorités monétaires doit consister à faire tendre

le taux d’intérêt monétaire vers le taux naturel. En somme, l’analyse


wicksellienne ne diffère de la théorie quantitative traditionnelle que dans le processus par
lequel les résultats de cette théorie sont acquis non dans les résultats eux-mêmes.

III.2. Approche néoclassique : Reprise de la dichotomie classique et de la théorie


quantitative

L’analyse néoclassique s’inscrit dans la logique de la dichotomie sphère réelle-sphère


monétaire, présentée par les classiques. Dans le cadre de la théorie de l’équilibre général,
Léon Warlas (1834-1910) formalise dans un premier temps l’équilibre pour la sphère
réelle : sur l’ensemble des marchés la somme des demandes et égale à la

somme des offres. A cet équilibre correspondent des prix d’équilibre, qui ne

sont pas des prix relatifs. Les prix d’équilibre sont traduits en prix relatifs

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grâce à la monnaie (instrument des échanges et étalon de valeur) en prix

monétaires.

Sur le marché monétaire, si l’offre de monnaie (considérée comme exogène car provenant
de la banque d’émission) s’accroît, l’équilibre entre l’offre et la demande de monnaie
aboutira à une dépréciation de la valeur de la monnaie. En conséquence, les prix

monétaires vont être modifiés à la hausse puisqu’il faut plus de monnaie pour

exprimer les prix relatifs des biens qui restent inchangés. On retrouve donc

bien la dichotomie des classiques, la monnaie ne modifie en rien l’équilibre

réel. De plus, les travaux de L. Warlas mettent également en évidence la relation entre la
quantité de monnaie et le niveau général des prix.

Cette reprise de la TQM sera également confirmée par l’économiste Américain Irving
Fisher à travers l’équation des échanges. Cet auteur présente cette équation sous la forme
suivante :

M1V1+M2V2=PT, avec : M1 : quantité de monnaie divisionnaire (pièces et billets) ;


M2 : quantité de monnaie scripturale
V1 : vitesse de circulation de la monnaie divisionnaire
V2 : vitesse de circulation de monnaie scripturale
P : Niveau général des prix
T : volumes des transactions
Cette équation montre une égalité entre des flux monétaires (M1V1+M2V2) et des flux réels
(PT). Fisher introduits un certain nombre d’hypothèse notamment sur le rapport M1/M2
et V1 et V2 jugés comme des variables stables puisqu’elles sont déterminés par des causes
structurelles (habitudes des agents). Ne pouvant pas déterminer le rien de

causalité entre M et T, Fischer conclut à une variation proportionnelle de P

suite à une variation de la masse monétaire. Il est ainsi le défenseur de la

TQM.

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III.3. Apport d’Arthur PIGOU : Demande de monnaie et effet d’encaisse

Même s’il est fidèle à l’approche dichotomique, Artur Pigou (1941) va plus loin dans
l’analyse des phénomènes monétaires. Il intègre pour la première fois dans la réflexion sur
la monnaie, une véritable étude de la demande de monnaie. Dans le cadre des travaux de
Pigou, la demande de monnaie est fonction du revenu réel de l’agent, du

niveau des prix et de la vitesse de circulation de la monnaie.

L’offre de monnaie (toujours considérée comme exogène) peut, cependant, accroitre la


quantité de monnaie en circulation et par la suite, le niveau des encaisses détenues par les
agents. Ces derniers vont alors dépenser ce surplus d’encaisses provoquant ainsi une
hausse des prix. On retrouve alors les conclusions de la TQM, mais avec une

volonté d’expliquer la relation entre quantité de monnaie et niveau des prix.

Pigou va plus loin en présentant l’ « effet d’encaisses réelles » ou « Effet Pigou ». Dans
cette analyse, la monnaie fait partie intégrante du patrimoine des agents. Dans une
hypothèse d’une baisse des prix (conséquence d’un ralentissement de l’activité
économique), le patrimoine monétaire, détenu sous forme d’encaisses , va voir sa valeur
diminuer (aucune raison de l’accroitre) et l’individu consacre une partie de ses encaisses à
l’accroissement de la consommation, contribuant ainsi à stimuler la demande ; ce qui
provoquera un mouvement de hausse des prix. Au bout du compte, la valeur réelle et la
valeur nominale de ces encaisses tendront vers l’égalité.

Dans le cas d’une hausse des prix, le raisonnement est bien sûr semblable, mais en sens
contraire. Pigou présente ainsi un mécanisme de rééquilibrage automatique à la

fois dans la sphère réelle et dans la sphère monétaire.

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Tableau : La monnaie chez les néolassiques


ANALYSE CONCLUSIONS
Dichotomie entre sphère réelle et sphère Présentées sous une forme différente, les
monétaire conclusions sont semblables à celles des
Equation des échanges de Fischer qui classiques puisqu’on retrouve, chez les
formalise la relation entre quantité de néoclassiques, la TQM et la dichotomie
monnaie et niveau général des pris (TQM) sphère réelle-sphère monétaire.
L’effet d’encaisses réelles tend à démontrer L’effet Pigou amène à penser qu’il existe
que les individus vont, lors des variations de des mécanismes de rééquilibrage
prix, égaliser la valeur réelle et la valeur automatique du fait de la distribution entre
nominale de leurs encaisses par un valeur nominale et valeur réelle des
ajustement de leur consommation. encaisses qui les individus établissent.
Aucune intervention de l’Etat n’est donc
souhaitable.

III.4. Approche de Don Patinkin : Enrichissement de la Théorie Quantitative de la Monnaie

L’économiste américain et néoclassique Don Patinkin (1954), porte un regard critique sur
les conclusions de la TQM telles qu’elles apparaissent dans les travaux de L. Warlas.
Patinkin souscrit à l’idée qu’un accroissement de la quantité de monnaie dans

l’économie ne modifie pas les équilibres réel et monétaire mais aboutit à une

élévation du niveau général des prix.

L’analyse de Don PATINKIN fait une jonction entre la sphère monétaire et

la sphère réelle par des encaisses réelles et de l’ « Effet des encaisses

réelles ». Selon l’auteur, un agent rationnel doit tenir compte, dans une économie
monétaire, des changements de prix dans la mesure où ils affectent la valeur réelle de la
monnaie qu’il détient. L’auteur suppose que les individus s’intéressent seulement aux
quantités réelles, prix réels, revenu réel et encaisses réelles.

Encadré : Mécanisme de l’effet d’encaisses réelles selon Don Patinkin

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Le mécanisme de l’effet d’encaisses réelles se déroule comme suit :

1. la réduction des prix augmente la valeur réelle des avoirs monétaires des
individus. En d’autres termes, la quantité de biens qui peut être achetée
avec un montant donné de monnaie est accrue.
2. Or, les agents établissent une relation désirée entre les balances
monétaires qu’ils détiennent et leurs dépenses en biens et services
(épargne).
3. Ainsi, à cause de la baisse des prix, cette relation désirée est troublée et
les individus ont une offre excédentaire d’avoirs liquides.
4. Ils dépensent une partie de cet excès en biens et services.
5. Mais ils désirent aussi prêter une partie de cette offre excédentaire. Ce qui
provoque une croissance de l’offre de fonds, et ce qui a en définitive pour
conséquences de provoquer une baisse du taux d’intérêt.
6. Avec la baisse du taux d’intérêt, un investissement additionnel va avoir leu
et ainsi l’effet d’encaisses réelles augmente à la fois la consommation
(Effet Pigou) et l’investissement (Effet Keynes).

Le mécanisme par lequel la variation de la quantité de monnaie reflète le niveau général des
prix est l’ « effet d’encaisses réelles » ou « effet PIGOU-PATINKIN ». En effet,

une politique monétaire expansionniste augmente les encaisses monétaires

au-delà du niveau désiré. L’augmentation des dépenses par les ménages se

traduit par une augmentation des prix. La monnaie est donc neutre.

La démarche de PATINKIN s’appuie sur l’effet d’encaisse réelle formulée par PIGOU et qui
explique comment les déséquilibres monétaire amène des déséquilibres sur les

marchés des biens. En considérant constants le revenu Y et la vitesse de circulation de la

monnaie v, l’équilibre du marché de la monnaie ne peut être perturbé que par

la quantité de la monnaie et rétabli par une variation des prix. En somme, il y

a une cohérence avec le modèle classique qui démontre la neutralité de la

monnaie.

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En fait, Don Patinkin considère que la théorie néoclassique traditionnelle n’apporte pas
véritablement une réponse analytique sur la relation de cause à effet entre les variations de
la masse monétaire et les variations de prix. Pour Patinkin une hausse des encaisses
entrainée par une augmentation de la quantité de la monnaie aboutit à une hausse de la
consommation. Mais cette hausse de demande provoque, à son tour, une élévation du
niveau des prix qui réduit la valeur des en caisses détenues. Au bout du compte, cette

diminution qui peut être assimilée à une baisse du pouvoir d’achat, contracte

la demande et aboutit à un nouvel équilibre. Ainsi, plutôt que de remettre en

cause les conclusions des néoclassiques, Don Patinkin les enrichit.

III.5. Approche keynésienne : l’encaisse active

1. Préférence pour la liquidité

Keynes s’intéresse essentiellement à la demande de monnaie et abouti t à la conclusion


essentielle que la monnaie peut être désirée pour elle-même, s’opposant ainsi aux
conclusions des classiques et des néoclassiques.

La théorie keynésienne recense trois motifs de demande d’encaisses monétaires :


 le motif de transactions : cette demande sera fonction du revenu mais également de la
fréquence dans le temps de la perception du revenu ( plus la période est longue entre
deux perceptions de revenu et plus sera le besoin d’encaisses pour réaliser les
transactions). Il s’agit de l’approche traditionnelle de la monnaie comme intermédiaire
des échanges.
 le motif de précaution : il se démarque de la perception classique de la monnaie. En
effet, les agents désirent des encaisses pour faire face à d’éventuels risques. Cette
demande sera plus ou moins forte en fonction du revenu et que les agents pourront
faire face aisément ou non aux risques en cédant des actifs très liquides.
 le motif de spéculation : on le qualifie de « préférence pour la liquidité

proprement dite » et il constitue le véritable port spécifique de l’analyse


keynésienne. Keynes considère que les agents désirent des encaisses pour

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éventuellement les placer dans des titres à revenus fixes (titres sans risque). le volume
de cette encaisse de spéculation dépendra directement du niveau des taux d’intérêt qui
rémunère ces titres. les valeurs de ces titres évolue avec les variations des taux
d’intérêt.Chaque titre est émis en effet à un certain taux d’intérêt qui reste fixe par la
suite. Si de nouveaux titres sont émis à des taux d’intérêt plus faibles, la valeur des
anciens titres, si la rémunération proposée est plus intéressante, augmente puisqu’ils
ont été émis à un taux fixe plus élevé. Les agents achètent des titres lorsque les taux
sont élevés, et les cèdent quand les taux baissent. La demande d’encaisses de

spéculation tend à s’accroître quand les taux d’intérêt sont à la baisse

puisqu’ils attendent que les taux remontent (à un niveau jugé intéressant

pour eux) pour utiliser ces encaisses à l’achat des titres. Le raisonnement
sera inverse dans le cas d’une hausse des taux d’intérêt.

La demande de monnaie de spéculation, voire de précaution, mise en évidence par Keynes


a des conséquences importantes :
1. elle fait apparaitre la notion de « monnaie oisive » : thésaurisation monétaire.
2. la monnaie remplit bien la fonction de réserve de valeur, et représente pour Keynes
un lien entre le présent et l’avenir. Dans ces conditions, la loi des débouchés ne
fonctionne plus puisque la monnaie peut être désirée pour elle-même, une partie de
la masse monétaire n’étant pas consacrée à la consommation ou à l’épargne comme
l’affirmait J-B. Say.
3. l’existence du motif de spéculation est étroitement liée au niveau des taux d’intérêt
mais, de plus, n’est pas neutre sur leur variation. Ainsi, l’analyse keynésienne
remet en cause la dichotomie sphère réelle-sphère monétaire au cœur de l’analyse
classique et néoclassique.

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2. Instabilité de la demande de monnaie et compléments sur l’analyse keynésienne

Keynes montre qu’il y a des interactions entre l’économie réelle et l’économie monétaire,
et ces interactions ont des conséquences plus fortes de telle manière que la demande de
monnaie est instable puisque, pour partie, déterminée par des fluctuations fréquentes liées
aux variations des taux d’intérêt.

Sans toutefois remettre en cause cette conclusion, l’analyse keynésienne mérite d’être
complétée :
1. le niveau des encaisses s’explique également par une forme d’inertie des agents qui
les amènent à repousser leur demande d’encaisses de transaction ou de précaution.
2. En période de pénurie, les encaisses de transaction ne peuvent pas être entièrement
dépensées et se situent à un niveau anormalement élevé.
3. certaines encaisses s’expliquent par les réglementations monétaires qui imposent
des dépôts minimum.
4. la quantité de monnaie oisive et donc la thésaurisation monétaire est déterminée
par d’autres facteurs. Elle sera différente selon les comportements individuels et
selon la conjoncture économique qui a un impact sur le niveau des taux d’intérêt,
sur la valeur des titres, et enfin sur la demande d’encaisses.
5. l’analyse keynésienne ne considère qu’une seule catégorie de titres, titres sans
risque et rémunérés. Or, les agents ne limitent pas leur arbitrage en monnaie et
titre mais ils ont la possibilité de l’étendre et choisir entre placements à revenu fixe
et placements à revenu variable.
6. la distinction entre motif de précaution et motif de spéculation reste floue
(Exemple : le fait que les agents conservent leurs encaisses lorsque la valeur des
titres augmente, ne s’explique-t-il pas par un motif de précaution ?)

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Tableau : La monnaie dans l pensée keynésienne


ANALYSE CONCLUSIONS
Analyse de la demande d’encaisses à La monnaie peut être désirée pour elle-
travers trois motifs : motif de transaction même, il y a donc des phénomènes de
(réaliser les échanges), motif de thésaurisation monétaire qui remettent
précaution (faire face au risque) et motif en cause la loi des débouchés.
de spéculation (achat des titres)
Le motif de spéculation est qualifié de Il y a interaction entre la demande
préférence pour la liquidité. Le niveau des d’encaisse et le niveau des taux
encaisses résultant de ce motif dépend de d’intérêt.
la valeur des titres elle-même déterminée
par les taux d’intérêt.

3. Efficacité de la politique monétaire expansionniste

i. Effet multiplicateur de l’investissement

Suite à un accroissement de l’offre de monnaie M, le taux d’intérêt baisse. Il se produit


deux effets : encourager l’investissement (1), et celui-ci agit positivement sur le

revenu (2).
La baisse du taux d’intérêt et l’augmentation du revenu ont également deux effets sur le
marché de la monnaie : une augmentation de la demande d’encaisse pour la

spéculation (suite à la baisse du taux d’intérêt) d’une part, et l’augmentation

d’encaisse pour les transactions (suite à l’augmentation du revenu) d’autre part.


En fait, il existe un mécanisme qui adapte la demande à l’offre de monnaie et évite ainsi à
l’offre de monnaie et évite ainsi à la monnaie de perdre sa valeur. En effet, l’ajustement

de la demande à l’offre se réalise en partie sur le marché de la monnaie

(baisse du taux d’intérêt) et en partie dans l’économie réelle (augmentation

du revenu).

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L’analyse de KEYNES suppose qu’au cours du processus de transmission, le revenu


national tend vers une situation de plein emploi. Si à ce niveau, le processus d’ajustement
n’est pas achevé, les dépenses des agents sur le marché feront monter les prix.
Dès lors, les prix redeviennent une variable d’ajustement du marché de la monnaie, mais
une variable parmi d’autres. En somme, pour KEYNES, en partant d’une situation

de sous-emploi, la variation de la quantité de monnaie, du taux d’intérêt et

de l’investissement déclenche un effet multiplicateur qui accroit la quantité

de biens mise à la disposition de l’économie.

Graphique : Effet multiplicateur d’une politique monétaire expansionniste

Taux d’intérêt r
M1 M2

L(Y1) L(Y2)

r1
r2

y1 y2 Revenu National Y

Lorsque l’offre de monnaie augmente (de M1 à M2), la baisse du taux d’intérêt

entraîne un accroissement de l’investissement et le revenu passe en Y 2.


L’encaisse de transaction augmente également et fait passer la demande totale de
monnaie en L(Y2). Le taux d’intérêt s’établit finalement en r2. Dès lors, il est évident

que la monnaie n’est pas neutre puisque l’accroissement de l’offre de monnaie

(masse monétaire M1 à M2) entraîne, à travers l’effet multiplicateur,

l’augmentation du revenu national de Y1 à Y2.

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ii. Du plein-emploi à la contre-théorie quantitative de la monnaie

Selon Keynes la quantité de monnaie influe avec la préférence pour la liquidité sur le taux
d’intérêt. Ce dernier détermine, par comparaison avec l’efficacité marginale du capital, le
volume d’investissement. Or, l’investissement va agir par le biais du

multiplicateur sur la demande effective. Ainsi, la monnaie est bien intégrée

au cœur des relations qui conduisent aux valeurs d’équilibre des variables

réelles.

La relation entre la quantité de monnaie et les prix n’est plus directe mais indirecte.
L’action première de la quantité de monnaie se fait sentir sur le taux d’intérêt. C’est

cette chaîne de causalité M  r  P appelée : la contre-théorie

quantitative de la monnaie. En effet, une augmentation de la quantité de monnaie


entraîne une baisse du taux d’intérêt qui provoquera un accroissement de la demande
d’investissement et par suite une élévation de la demande globale (Effet Pigou). Selon

la théorie keynésienne, si l’on suppose qu’il existe des ressources

inemployées, cette demande globale accrue conduira une augmentation de la

production et de l’emploi.

III.6. Analyse de Friedman : Renouveau de la théorie quantitative

1. Importance du revenu permanent

Milton Friedman, chef de file de l’école de Chicago, est fondateur de l’école appelé
Monétarisme (1956). Friedman s’intéresse lui aussi à demande d’encaisses et à ses
déterminants. il introduit le concept de revenu permanent versus courant (revenu de court
terme). Les agents établissent leurs décisions en fonction d’un revenu annuel moyen qu’ils
estiment en fonction de leurs anticipations (études, évolution de carrière,…).

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De plus, Friedman aborde l’analyse des phénomènes monétaires dans une approche
patrimoniale. Cet axe n’est pas original en soi (voir approche de Keynes), c’est plutôt la
notion du patrimoine retenue par l’école monétariste qui marque la différence.

Friedman recense cinq types d’actifs qui constituent le patrimoine :


1. le capital physique (biens durables)
2. le capital humain (capacités professionnelles et intellectuelles d’un individu qui lui
assure un revenu futur)
3. les actions (titres à revenus variables)
4. les obligations (titres à revenus fixes)
5. la monnaie

Schéma : Déterminants de la demande de monnaie pour Friedman

PATRIMOINE

1. Capital physique
2. Capital humain DETRMINANTS

3. Titres financiers 1. Revenu permanant Demande


4. Monnaie de monnaie
2. Taux d’intérêt
3. Taux d’inflation

Selon l’analyse de Friedman, la demande de monnaie est grandement déterminée par le


revenu permanent (mais également par le taux d’intérêt et le taux d’inflation) et s’inscrit
donc dans une logique de long terme. Dans l’approche patrimoniale adoptée, la monnaie

est considérée comme un actif par d’autres et substituable à eux dans les

arbitrages opérés par l’agent pour la constitution de son portefeuille. Cette


analyse de la demande de monnaie explique les conclusions de Friedman, notamment en
matière de stabilité de la demande de monnaie.

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2. Stabilité de la demande de monnaie chez Friedman

Les travaux de Friedman conduisent à une nouvelle théorie quantitative de la monnaie


présentée comme une théorie de la demande de monnaie et non plus comme une théorie
des prix (lien direct entre quantité de monnaie et niveau des prix). Ainsi, le revenu
permanent, déterminant essentiel de la demande de monnaie, est beaucoup moins sensible
aux fluctuations de court terme et aux aléas conjoncturels (rentrées d’argent inattendue
par exemple) que le revenu courant. Comme le revenu permanent est beaucoup

stable, la demande de monnaie qu’il induit le sera également.

L’analyse monétariste rejoint la théorie quantitative lorsqu’elle s’appuie sur les réactions
des agents face à un accroissement de la quantité de la monnaie en circulation. Une
augmentation de la masse monétaire modifie la structure des portefeuilles des agents, avec
une proportion plus importante de monnaie. Dans le but de reconstruire l’équilibre de ce
portefeuille, les agents utilisent cet excès de monnaie en achetant des titres ou des biens. Si
Friedman admet que cela puisse exercer, dans un premier temps, un effet

positif sur l’activité économique, il conclut qu’à terme l’accroissement de

masse monétaire aboutit à une hausse des prix. D’où le renouveau de la

théorie quantitative de la monnaie.

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Chapitre IV : POLITIQUE MONETAIRE

IV. 1. Définition et articulation des objectifs de la politique monétaire

1. Concept de politique économique et définition de la politique monétaire

De façon générale, une politique économique est « un ensemble de décisions

cohérentes prises par les pouvoirs publics, et visant, à l’aide des divers
instruments, à atteindre des objectifs relatifs à la situation économique d’un
pays, la poursuite des objectifs pouvant être recherchée à plus ou moins
long terme » (Eliane Mossé sité par Jean Longatte et Pascal Vanhove, 2001).

La politique économique vise, à long terme, à rechercher un certain nombre de finalités.


On recense traditionnellement, parmi les finalités essentielles de toute politique, la
solidarité nationale, la justice sociale, la réduction des inégalités, l’amélioration de la
qualité et du niveau de vie.

Les finalités se distinguent des objectifs en ce sens que les objectifs ne constituent que des
étapes conduisant vers les finalités. Les instruments, pour leur part, représentent les
moyens qui permettent d’atteindre les objectifs.

Schéma : Des objectifs aux résultats de la politique économique

Finalités

Objectifs
Contraintes

Instruments

Résultats

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Pour toute politique économique, l’économiste Néerlandais Jan Tinbergen4 (1961) distingue
quatre grands objectifs:
1. la croissance de la production
2. le plein emploi des facteurs de production
3. la stabilité des prix
4. l’équilibre extérieur
Le premier objectif suppose que la croissance de la production est une étape vers les
finalités de toute politique économique. Cependant rien n’est moins sûr si l’on associe à la
croissance les effets pervers qui l’accompagnent bien souvent (pollution, gaspillage,
désertification,…). Le deuxième objectif ne concerne pas uniquement le facteur travail et
l’absence du chômage ; il précise que les entreprises ne saurait produire de manière durable
avec un faible taux d’utilisation de leurs capacités de production. Le troisième objectif
indique que l’inflation est considérée comme un mal puisqu’elle décourage les prêteurs. Le
quatrième est cohérent en économie ouverte, car la recherche d’un excédent implique la
réalisation d’un déficit chez un partenaire à l’échange.

Remarque : A ces quatre objectifs, Xavier Greffe (1988) ajoute la stabilité

du taux de change.

Partant des quatre objectifs de Tinbergen, l’économiste Britannique Nicolas Kaldor


propose de représenter la situation économique d’un pays à l’aide de ce qu’appelle le

4
Jan Tinbergen (La Haye, 12 avril 1903 - 9 juin 1994), économiste néerlandais et lauréat, avec Ragnar Frisch du premier Prix
de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel décerné en 1969. Il enseignait à l'université
Érasme de Rotterdam. À la suite d'études de physique à l'Université de Leyde, il développe le premier modèle
macroéconomique au sein du Bureau Central de Statistiques des Pays-Bas, qu'il applique en premier aux Pays-Bas puis à la
Société des Nations (1936-38), aux États-Unis et à la Grande-Bretagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Témoin de la crise économique de 1929, son travail consiste à trouver des solutions pour éviter de telles catastrophes
futures.En 1945, il prend la direction du Bureau Central de Planification à La Haye et devient progressivement un théoricien
de l'État providence en préconisant son intervention grâce à une politique économique puissante au service du bien-être
social et individuel. Sa « règle de Tinbergen » (ou règle de cohérence de Tinbergen) démontre que pour toute politique
économique ayant des objectifs fixés, le nombre d'instruments est égal au nombre d'objectifs visés.

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« Carré Magique ». Il s’agit d’une représentation graphique des quatre grands objectifs
de la politique économique conjoncturelle5 d’un pays.
Schéma : Carré magique de Kaldor

Taux de
croissance du Solde extérieur
PIB CROISSANCE en %PIB

CHOMAGE SOLDE
EXTERIEUR

Taux de Taux
INFLATION
chômage d’inflation

Selon cette représentation graphique, la situation économique d’un pays est jugée
d’autant plus satisfaisante que la surface du quadrilatère est grande est grande et proche
du carré magique. En effet, ce dernier correspond, pour chacun des quatre grands
objectifs de politique économique, à la configuration la plus enviable (pas de chômage, pas
d’inflation, une forte croissance et un excédent extérieur important). Il s’agit d’une

représentation qui permet aussi d’opérer une comparaison dans le temps et

dans l’espace.

5
Une politique économique conjoncturelle est une politique économique qui vise à maintenir ou à rétablir les
grands équilibres économiques et financiers à court terme (équilibre sur le marché du travail et sur le marché
des biens et services, l’équilibre extérieur). Par contre un e politique structurelle à pour but de modifier les
structures de l’économie à long terme, d’adapter, de préparer, d’orienter, d’impulser les modifications
structurelles pour suivre l’évolution du changement économique.

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Pour la politique monétaire, elle consiste à ajuster la quantité de monnaie en circulation


avec les besoins de l’activité économique. Elle vise la stabilité interne de la monnaie par la
régulation de la masse monétaire. En la matière, la politique monétaire oscille entre le « ni
trop » et le « ni trop peu » (Jean Langatte et Pascal Vanhove, 2001) . En effet, la quantité
de monnaie en circulation dans l’économie ne doit être ni trop importante pour éviter les
phénomènes inflationnistes (théorie quantitative de la monnaie), et en quantité suffisante
pour que les transactions entre les agents économiques puissent s’opérer.

I.2. Hiérarchie des objectifs de la politique monétaires

La politique monétaire s’intègre, en principe, dans la politique économique et poursuit en


conséquence les mêmes objectifs décrits par le carré magique de Kaldor. En termes
d’hiérarchie des objectifs, le fonctionnement de la politique monétaire est
traditionnellement présenté à partir d’une grille d’analyse qui relie ses instruments à ses
objectifs finals en faisant jouer ses différents canaux de transmission.

Schéma : Hiérarchie des objectifs de la politique monétaire

Instruments de Objectifs Objectifs Objectifs


la politique opérationnels intermédiaires finals
monétaire
monétaire

CANNAUX DE TRANSMISSION

Comme le montre le schéma ci-haut, à côté de ses objectifs finals, il convient de distinguer
les objectifs intermédiaires et les objectifs opérationnels. Les objectifs
intermédiaires sont des variables monétaires servant de « cibles » aux autorités
monétaires.

Un objectif intermédiaire doit remplir 3 conditions:

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 être mesurable et rapidement connu par les autorités monétaires (disponibilité


statistique)
 être relié avec la ou les variables réelles retenue(s) comme objectif final
 être contrôlé directement ou indirectement par les autorités monétaires au moyen
des instruments dont elle dispose.

En pratique, les objectifs intermédiaires sont de trois sortes et sont ciblés sur des variables
mesurant des quantités ou des prix. Il s’agit des agrégats monétaires (masse monétaire ou
volume du crédit), des taux d’intérêt et du taux de change.

Quant aux objectifs opérationnels, ce sont des variables indicatrices de l’état de la


politique monétaire. Deux séries de raisons amènent les autorités monétaires à utiliser ces
objectifs :
 Les variables retenues comme les objectifs intermédiaires ne donnent pas une
mesure assez précise et rapide du caractère plus ou moins restrictif de la politique
monétaire. Ainsi, la masse monétaire est un concept de plus en plus

difficile à mesurer et son évolution n’est pas contrôlée avec précision

par les autorités monétaires.


 Les autorités monétaires peuvent avoir besoin d’envoyer des signaux rapides, clairs
et précis aux opérateurs et au marché sur le sens de leur politique. Le plus souvent,
le rôle d’objectif opérationnel est joué souvent par les taux d’intérêt à court terme
car ceux-ci permettent en général de déterminer un caractère plus ou moins
restrictif de la politique monétaire.

En réalité, l’existence de plusieurs niveaux d’objectifs est discutable car la distinction


entre objectifs intermédiaires et objectifs opérationnels devient parfois floue. De même, la
séparation claire entre objectifs opérationnels et instruments de politique monétaire est
plus difficile à établir. C’est ainsi que, dans un souci de clarté, que deux niveaux seulement
sont bien souvent retenus (Objectifs finals et objectifs intermédiaires).

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Schéma : Objectifs à deux niveaux de la politique monétaire

Objectifs intermédiaires Objectifs finals

1. Objectif de progression d’un 1. Inflation


agrégat monétaire 2. Chômage
2. Objectif de taux d’intérêt 3. Croissance
3. Objectif de taux de change 4. Commerce
extérieur

Remarque : Il existe plusieurs objectifs finals et plusieurs objectifs

intermédiaires qui ne peuvent pas, ou difficilement, être poursuivis

simultanément. En conséquence, un choix s’impose et ce choix sera dicté

principalement par des considérations théoriques. En effet, les objectifs de

la politique monétaire varient, selon les époques, en fonction du contexte

économique et de la pensée économique dominante à chaque période.

IV. 2. Politique monétaire selon les courants de pensée

1. Politiques monétaires d’inspiration keynésienne

Les politiques économiques de l’après-seconde guerre mondiale ont été fortement inspirées
par les travaux de Keynes donnant ainsi aux objectifs et au rôle de la politique monétaire
une orientation particulière.

Schéma : Politiques d’inspiration keynésienne

Baisse de taux Relance des Stimulation de


d’intérêt investissementsn la croissance
ts

Inflation
Hausse des Freinage des maîtrisée
taux d’intérêt investissements

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Pour Keynes, la monnaie joue un rôle actif dans l’économie, les crédits accordés par les
banques financent la production et stimulent l’activité. la pense de keynésienne peut être
résumée à travers la célèbre phrase : « Tant qu’il existe du chômage, l’emploi varie

proportionnellement à la quantité de monnaie, lorsque l’économie connaît le

plein emploi, les prix varient proportionnellement à la quantité de monnaie».

Les objectifs de la politique monétaire sont, en conséquence, déterminés en fonction du


niveau de plein emploi et du niveau d’inflation. Dans ce cas, on parlera de « politique

discrétionnaire » dans le sens où les décisions en matière monétaire sont

laissées à la discrétion des autorités en fonction de la conjoncture

économique.

Les politiques monétaires de l’après-guerre, dans la lignée des théories keynésiennes,


privilégient comme objectif intermédiaire le taux d’intérêt. Pour Keynes, la décision
d’investissement dépend de l’efficacité marginale du capital (rentabilité attendue du
dernier investissement) et du taux d’intérêt. Les projets seront classés en fonction

du taux de rentabilité et ne seront engagés que les projets pour lesquels ce

taux de rentabilité sera supérieur au taux d’intérêt.

Si les autorités monétaires désirent stimuler l’investissement, elles diminueront le taux


d’intérêt, ce qui aura pour effet de rendre rentables un certain nombre de projets
supplémentaires. Inversement, en période de tensions inflationnistes, il s’agit de relever le
taux d’intérêt afin de ralentir l’activité économique. Ces politiques sont qualifiées de
« stop and go » dans la mesure où elles alternent des décisions visant à stimuler ou à
stabiliser l’activité économique en arbitrant entre inflation et chômage.

2. Politique monétaire dans la pensée monétariste

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i. Inflation monétaire et anticipations adaptatives

Pour les monétaristes, la politique monétaire a pour objectif la stabilité des prix. En
d’autres termes, il faut empêcher la montée de l’inflation. Le point de départ est la
déclaration de Milton Friedman : « La cause de l’inflation est toujours partout la même :
un accroissement anormalement élevé de monnaie en circulation par rapport au volume de
production». Dès lors, le choix de l’objectif intermédiaire retenu s’inscrit dans la théorie
quantitative de la monnaie puisqu’il s’agit de contrôler l’évolution d’un agrégat monétaire
(objectif quantitatif). Les conclusions des monétaristes s’inscrivent comme une

condamnation définitive des politiques monétaires expansionnistes.

Pourtant, Friedman reconnaît que des politiques monétaires visant, par une baisse des
taux d’intérêt, à stimuler l’activité économique ont un effet positif à court terme. Elles
contribuent à accroitre les encaisses des agents ; ce qui entraîne une hausse de la demande.
Mais les agents sont victimes d’une illusion monétaire car cette hausse de la demande,
alors que le niveau de production reste stable, provoque une hausse des prix et le
redémarrage de l’inflation. Au bout du compte, le revenu des agents est

progressivement ponctionné par l’inflation et leur pouvoir d’achat retrouve

son niveau initial.

Schéma : Effets d’une politique monétaire expansionniste selon les monétaristes

Accroisse Augmentation
des encaisses Hausse de Réduction
ment de la Hausse
détenues par les la du pouvoir
monnaie des prix
en agents (hausse demande d’achat
circulation du pouvoir
d’achat)

Friedman va plus loin en considérant qu’à chaque nouvelle tentative, les agents
anticipent de mieux en mieux les conséquences de ces politiques. De ce fait, une partie de
plus en plus importante de monnaie supplémentaire injectée dans l’économie va être
épargnée pour faire face à la montée future de l’inflation. Pour caractériser ce phénomène,

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les monétaristes parlent d’ « anticipations adaptatives ». Ces anticipations vont rendre


totalement inefficaces les politiques monétaires expansionnistes ainsi, d’ailleurs, que les
politiques budgétaires de relance d’inspiration keynésienne.

Les monétaristes repensent également l’arbitrage entre chômage et inflation que doivent
effectuer les autorités. En introduisant la notion de « chômage naturel» qui s’explique
par le choix des individus (chômage volontaire) ou par les imperfections du marché du
travail, ils montrent qu’il existe un taux de chômage incompressible qu’il ne faut pas
chercher de réduire au risque de relancer l’inflation. Ce taux s’appelle NAIRU (Non

Accelerating Rate on Unemployment) ou taux de chômage pour lequel on constate


pas l’augmentation de l’inflation.

ii. Anticipations rationnelles et politiques de règle

Les théories des nouveaux monétaristes ou de la Nouvelle Ecole Classique (NEC) vont
plus loin encore dans la condamnation des politiques d’expansion monétaire. Ces auteurs
reprennent la théorie des anticipations rationnelles développée par Muth (1961). D’après
cette théorie, les agents utilisent au mieux toutes les informations dont ils disposent et
sont capables de comprendre et d’apprécier les conséquences des événements économiques
qui se déroulent, leurs décisions rationnelles ne peuvent être erronées. Ainsi, capables

d’analyser les effets inflationnistes d’une politique monétaire expansionniste,

ils vont anticiper la hausse des prix. Pour ce faire, les salariés demandent

un relèvement de leurs salaires et les entrepreneurs renvoient leurs prix à la

hausse. Finalement, et même sur le court terme, ces politiques n’influencent

pas les valeurs réelles mais génèrent l’inflation.

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Schéma : Recommandations de la NEC

PRINCIPES A RESPECTER
1. Politique de règle Crédibilité de la Les agents
2. Alignement sur la politique politique ajustent leurs
d’un pays maîtrisant l’inflation monétaire anticipations
3. Indépendance de la Banque
centrale

La NEC insiste également sur les effets d’annonce et sur la nécessité de mettre

en œuvre des politiques de long terme. En effet, la manipulation des variables


monétaires de façon irrégulière comporte pour, les auteurs de la NEC, des risques
indéniables car ils perturbent les anticipations des agents. Au contraire, pour

Lucas (1971) par exemple, la règle à suivre est de mener des politiques

monétaires crédibles et durables afin d’offrir un cadre stable aux

anticipations des agents.

Il en découle les conséquences importantes suivantes:


1. Ces politiques s’inscrivant sur le long terme ne peuvent pas être confiées aux

gouvernants dont les décisions demeurent trop influencées par le cycle

électoral. La prise en charge de la politique monétaire par un organe indépendant


(Banque centrale) s’avère indispensable pour assurer la « Cohérence temporelle» ( au
sens de Kydland et Prescott ).
2. La crédibilité de la politique monétaire aux yeux des agents doit être

obtenue rapidement. Pour y parvenir, la Banque centrale pourra alors aligner sa


politique sur celle de la Banque centrale dont la réputation est déjà obtenue. Il
s’agit d’importer la crédibilité de la politique monétaire d’un autre pays
(Voir Barro et Gordon, 1983). Le choix de l’objectif intermédiaire sera, en
conséquence, le taux de change en veillant au maintien de la parité avec la devise du
pays dont on veut suivre la politique monétaire.

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Le tableau ci-après donne le résumé des théories économiques et les objectifs de politique
monétaire.

Tableau : Théories économiques et objectifs de politique monétaire


Théories Economiques Objectifs Intermédiaires Objectifs Finals
Théories keynésienne Taux d’intérêt Inflation-Chômage-
croissance
Monétarisme Progression d’un agrégat Inflation
monétaire
Nouvelle Ecole Classique Progression d’un agrégat Inflation
(NEC) monétaire
IV.3. Instruments de la politique monétaire

Les instruments de la politique monétaire peuvent être classés en deux catégories : les
techniques de contrôle administratif et quantitatif, les techniques de marché qui influencent
indirectement le comportement des agents économiques.

1. Techniques de contrôle administratif et quantitatif

Ce sont des instruments (moyens) de politique monétaire qui agissent d’une manière
directe et contraignante sur les agents économiques. Il s’agit de l’encadrement du crédit et
du contrôle des changes.

i. Encadrement du crédit

Le premier instrument de contrôle administratif et quantitatif est l‘encadrement du crédit


dont l’objectif est de limiter le crédit distribué par la banque (i.e source de création
monétaire). Ce dispositif contraignant alloue à chaque banque une enveloppe de crédit à
octroyer et tout dépassement de ladite enveloppe fait l’objet de sanction. Cette procédure
constitue l’instrument central de contrôle de la création monétaire dans le régiment
d’économie d’endettement administré. Dans la même logique interventionniste, les

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autorités publiques peuvent octroyer des financements privilégiés à certains secteurs


(agriculture, logement, artisanat, etc ) par intermédiaire des taux d’intérêt bonifiés
inférieur au taux du marché qui transitent par certains établissements spécialisés (crédit
agricole ).

Avec l’encadrement des crédits et les bonifications des d’intérêt, l’Etat contrôle non
seulement l’évolution globale des crédits mais influence également la répartition de ceci-ci
ente les agents économiques.

ii. Contrôle des changes

Il s’agit d’un dispositif réglementaire destiné à limiter ou à interdire certaines opérations


susceptibles de nuire à la stabilité des changes. Cependant, avec la libéralisation financière
à travers le régime de change flottant ou flexible, le contrôle d’échange a perdu son
importance.

2. Action des opérations des marchés sur la liquidité bancaire et le taux d’intérêt

Les techniques de marché qui influencent indirectement le comportement des agents


économiques. Ici l’action des autorités monétaires repose sur une logique d’incitation et
non de contrainte dans le cadre des mécanismes de marché. Certains instruments visent
principalement à affecter le comportement de l’offre de monnaie de banque : c’est l’action
sur la liquidité bancaire. D’autres instruments cherchent à influer sur les prix d’équilibre
des marchés par des opérations d’achat et de vente : c’est le cas des interventions sur le
marché monétaire (à travers le taux d’intérêt à court terme et le marché des changes à
travers le taux de change).

N.B : Le rôle joué par ces deux catégories dépend du contexte institutionnel

et du régime financier. Les techniques de marché ont acquis une place

prépondérante avec le passage à l’économie des marchés libéralisée.

Pour cette catégorie d’instruments, la Banque centrale cherche à agir sur la liquidité
bancaire de manière à influencer le taux d’intérêt à court terme ainsi que le pouvoir de

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création monétaire des banques. Cette liquidité bancaire correspond à la basse monétaire
ou monnaie centrale appelé également « Hight powered money (H)».

Pour ce rôle crucial, la Banque centrale agit de deux manières sur la liquidité bancaire et le
taux d’intérêt : elle peut créer plus ou moins de la monnaie centrale en refinançant les
banques commerciales et elle peut également contraindre les banques commerciales à
détenir de la monnaie centrale sous forme de réserves obligatoires.

i. Création de la monnaie banque centrale

Les autorités monétaires mettent généralement en place des procédures mixtes leur
permettant d’agir simultanément sur le niveau des taux d’intérêt et sur la quantité de
monnaie centrale offerte aux banques commerciales. Pour agir sur la liquidité bancaire, le
principal instrument utilisé par la banque centrale est l’« open market » (en injectant de la
masse monétaire ou en la retirant selon la situation économique). La banque centrale
propose des liquidités aux établissements de crédits en échange d’actifs donnés comme
garanties. L’opération d’open market se fait à l’aide d’un « taux de refinancement » c.à.d.
un taux directeur autour duquel fluctue le taux du marché monétaire (taux d’intérêt par
lequel les banques commerciales accordent les crédits aux clients).

ii. Réserves obligatoires

Elles constituent un levier supplémentaire utilisé par les autorités monétaires pour agir sur
la création monétaire et sur les taux d’intérêt. Cet instrument fait obligation aux banques
de maintenir à leur compte à la banque centrale un solde proportionnel à l’encours des
dépôts liquides effectués dans les banques par les agents non financiers (entreprises et
ménages qui sont des déposants dans les banques commerciales). Au départ, les réserves
obligatoires étaient constituées dans le but de garantir une liquidité suffisante chez les
banques afin de protéger les dépôts de la clientèle. Peu à peu, cette mission d’assurance
perd de son importance au profit d’une fonction de régulation moderne. A ce titre, les
réserves obligatoires ont un double rôle : d’une part, le rôle de stabilisateur automatique
en reliant strictement le besoin de monnaie centrale à la progression de l’activité des

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banques commerciales ; et d’autre part, le rôle de frein à la création monétaire et en


ponctionnant (i.e en déterminant) la liquidité bancaire.

iii. Action sur le taux de change: dévaluation de la devise nationale

Les autorités monétaires peuvent agir sur le taux de change de la monnaie nationale en
modifiant les parités de cette monnaie par rapport aux devises étrangères. Les
modifications de parité constituent une arme de politique économique dont l’objectif
premier est d’agir sur l’équilibre de la balance des paiements. Un pays fait recours à la
dévaluation pour améliorer la compétitivité-prix de ses entreprises et redresser son solde
commercial.
Les dévaluations produisent 2 effets : Elles agissent d’abord sur les prix des importations
et des exportations puis sur les volumes (les quantités) importées et exportées. Dans la
réalité, la dynamique de dévaluation résulte du jeu de ses 2 types d’effets et de leur
décalage dans le temps. Elles s’ordonnent autour de 3 phases :

 A court terme (moins d’un an) une dépréciation commence par aggraver le déficit
commercial car le prix en monnaie nationale des importations augmente rapidement
tandis que le prix des exportations reste constant. Il y a une dégradation des

termes de l’échange défini comme Px/Pm avec Px = prix à l’exportation ;

Pm = prix à l’importation.

 A court-moyen terme (moins de 3 ans) la dévaluation a des effets favorables sur la


balance commerciale car les échanges en volume bénéficient progressivement des gains
de compétitivité : car le pays importe moins de biens étrangers devenu plus coûteux et
accroît ses exportations dont les prix exprimés en monnaie étrangère ont baissé.

 A moyen-long terme les effets de la dévaluation s’atténuent progressivement, le


bénéfice initial de la compétitivité diminue à cause de la propagation de l’inflation
importée à la suite de la hausse des prix des importations.

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Remarque: Les 2 premières phases (le court terme et le court Ŕ moyen terme) définissent ce
qu’on appelle la « Courbe en J » qui décrit la trajectoire du solde commercial à la suite

d’une dévaluation marquée par une dégradation suivie d’une amélioration.

Balance Commerciale
« La Courbe en J »

Dégradation Amélioration
Temps

Il y a lieu de se demander dans quel cas la dévaluation peut-être efficace. A cette


interrogation, la théorie économique a défini les conditions de réussite d’une dévaluation :
c’est le Théorème des élasticités critiques de MARSHALL-LERNER. Ce

théorème s’exprime comme suit « une dévaluation concourt au rétablissement de

la balance commerciale lorsque la somme des élasticités des volumes

importés et exportés par rapport au taux de change est supérieure à

l’unité ».

La condition de Marshall-Lerner appelée aussi théorème des élasticités critiques permet de


résoudre dans un modèle économique prenant en compte le solde commercial de la balance
courante (exportations moins importations), l'indétermination sur celui-ci d'une variation

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du taux de change (réel ou non). Le solde de la balance commerciale est une

fonction décroissante du taux de change réel si et seulement si la somme

des élasticités-prix des importations et exportations en valeur absolue est

supérieure à 1: m x| >1.

Ce théorème célèbre signifie simplement que la réussite d’une dévaluation

implique que l’amélioration des échanges en volume soit supérieure au

renchérissement des importations libellées en volume. La plupart des pays


(surtout dans les pays développés) semblent satisfaire les conditions de MARSHALL-
LERNER. Pourtant les politiques de dévaluation ont été remises en cause par suite des
effets défavorables que celles-ci exerceraient sur la qualité de la spécialisation
internationale : c’est pour éviter des dévaluations compétitives (concurrentielles).

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Chapitre V: SYSTEMES FINANCIERS ET FINCEMENT DE L’CONOMIE

V. 1. Notion de systèmes financiers et Formes de financement

1. Définition et fonction du système financier d’une économie

Le système financier (ou système de financement et de paiement) peut être défini comme
l’ensemble des marchés et des intermédiaires qui sont utilisés par les ménages, les
entreprises et les États pour mener à bien leurs décisions financières. Il englobe les marchés
des actifs financiers, les banques et les compagnies d’assurance, les bureaux de changes et
les instituts de sécurité sociale.

Les intermédiaires financiers peuvent être définis comme des entreprises dont l’activité
principale consiste à fournir des produits et des services financiers. Ils comprennent des
institutions financières bancaires et non bancaires (compagnies d’assurance et institutions
de microcrédits). Quant au marché financier, il s’agit du lieu des émissions et de
négociations des titres à LT mobilisant l’épargne nationale et même internationale. Bref,
c’est le marché des titres financiers tels que les actions et obligations. Les marchés et
intermédiaires financiers correspondent respectivement à la finance directe et finance
indirecte.

Avec les systèmes financiers contemporains, le marché des instruments financiers a de


moins en moins une localisation spécifique ; il est constitué d’ordinateurs et de réseaux de
télécommunications liant les traders (vendeurs) et leurs clients. Aujourd’hui le système
financier est globalisé, et les marchés et les intermédiaires financiers sont reliés par un
réseau international de télécommunications qui permet de réaliser des opérations
financières 24 heures sur 24heures.

De manière générale, tout système financier a entre autres fonctions :

 Transférer des ressources dans le temps et dans l’espace (épargne Ŕ retraite,


financement international de projets d’investissement)

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 Gérer le risque (liquidité, qualité de la signature)

 Fournir un système de compensation et de paiement pour faciliter l’échange de


biens, de services et d’actifs (papier monnaie, chèques, cartes de crédit, transferts
électroniques, etc.)

 Mettre en commun les ressources et subdiviser la propriété

 Fournir de l’information pour faciliter la prise de décision décentralisée (cours


boursiers, taux d’intérêt et décision d’épargne)

 Gérer le problème des incitations (aléa moral, sélection adverse, conflit principal-
agent)

Dans un système financier donné, les mécanismes de création et de la circulation de la


monnaie sont fortement intégrés aux mécanismes financiers, i.e aux modes de drainage de
l’épargne des agents excédents vers les agents en déficit.

2. Besoins et capacités de financement des agents

Le besoin se définit comme une insuffisance d’épargne, son montant correspondant à la


somme des ressources qu’un agent doit se procurer auprès des autres agents. Pour chaque

agent économique, il y a deux types de besoins de financement comme le


montre le schéma ci-après:

Schéma: Les différents besoins de financement selon les catégories d’agents

ENTREPRISES MENAGES ETAT

1. Besoins liés au cycle 1. Besoins liés à la 1. Financements


d’exploitation consommation des infrastructures
2. Financement des 2. Financement des
investissements 2. Financement des
investissements déficits

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Pour les entreprises, les besoins de financement sont liés à leur activité de production. Les
besoins de financement à court terme naissent des décalages entre les recettes et les
recettes. il s’agit du besoin de financement liés au cycle d’exploitation. Sur le long terme,
les besoins de financement des entreprises découlent de leurs investissements (i.e de la
formation du capital fixe). La notion d’investissement fait référence au long terme
puisqu’il s’agit d’accroitre, de remplacer ou de moderniser tout ou partie de l’appareil
productif. Les besoins de financement sont aussi liés aux activités financières des
entreprises (placement de court terme ou de long terme).

Les ménages ont également des besoins de financement de court termes car les besoins de
consommation (exemple : achats à tempérament) nécessite parfois des ressources dont ne
disposent pas les agents ; sur le long terme et comme les entreprises, les ménages
investissent dans l’immobilier. Or, l’épargne est en règle générale insuffisante pour faire
face à ces dépenses. Pour l’Etat, les investissements réalisés comme la construction
d’infrastructures engendrent des besoins de financement sur le long terme. De plus dans le
cas des déficits budgétaires l’Etat éprouve des besoins de financement à la fois sur le court
et le long terme.

Pour chaque catégorie d’agents, la comparaison entre les ressources et les besoins permet
de déterminer les agents, structurellement (durablement) en situation de besoin net ou en
situation de capacité de financement. Le schéma ci-après donne l’exemple de deux agents.
1er cas : Agent à besoin net
BESOIN CAPACITE

Besoin net

2ème cas : Agent à capacité de financement

BESOIN CAPACITE
Capacité

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En règle générale, les ménages parviennent à épargner une partie de leur revenu sous
différentes formes : thésaurisation monétaire, dépôts à vue, placements. Ils dégagent
structurellement une capacité de financement.

Remarques : 1) L’analyse des besoins de financement des entreprises s’effectue à partir du


taux de financement à partir du rapport : capacité d’autofinancement/Investissement

2) En fonction des soldes budgétaires, les Etats sont soit en besoin de


financement ou en capacité de financement ;
3) A travers le tableau des opérations financières, la comptabilité nationale
fournit les informations sur les capacités et les besoins nets de financement des agents. Ce
tableau permet d’avoir une vision d’ensemble sur le financement de l’économie i.e la
rencontre des besoins et des capacités.

3. Circuits de financement : Rencontre des besoins et des capacités de financement

Le financement de l’économie doit être analysé comme une rencontre entre les capacités de
financement t les besoins nets des agents. Toutefois, les ressources disponibles dans
l’économie s’avèrent insuffisantes pour satisfaire l’ensemble des besoins de financement.
Des capacités supplémentaires sont nécessaires et vont donc être obtenues par création
monétaire à partir de crédits bancaires.

Schéma : Rencontre des besoins et capacités de financement

BESOINS
Capacités de DE
financement
existantes
FINANCEMENT

Création EXPRIMES
monétaire

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A partir de ce schéma, il apparaît deux formes de financement donnant naissance à deux


types d’économie :
 Economie d’endettement

 Economie de marchés financiers ou Economie de marchés de capitaux.

Dans une économie d’endettement, on fait largement appel au crédit bancaire pour faire
face à l’insuffisance des capacités de financement. Par contre, dans une économie de
marchés financiers, les agents dégagent des capacités de financement suffisantes, l’épargne
des ménages et des entreprises permet de financer l’économie. En d’autres termes, la
rencontre entre l’épargne et les besoins de financement s’effectue sur un marché : le
marché financier.

Cela conduit à faire la distinction entre « intermédiation » et « désintermédiation ».


Dans une économie d’endettement, le financement de l’économie passe obligatoirement
par les banques qui servent d’intermédiaires entre les agents économiques : il y a une

intermédiation bancaire. En revanche, dans une économie de marché financiers, les

capacités et les besoins de financement se rencontrent directement sur le marché : il y a

une désintermédiation. Le schéma ci-après met en exergue les deux mécanismes de


financement.

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Schéma : Modes de financement de l’économie

Financement intermédié

Agents à
capacités de
Financement Agents à besoins
nets de
Banques Financement
Création
monétaire

Financement désintermédié
Agents à capacités Agents à besoins nets
de Marché de
Financement s Financement

Remarque: Le financement de l’économie n’est pas réalisé exclusivement par

l’un ou l’autre système. Pour certains pays, on constate une prépondérance

du financement par l’endettement, alors que, pour d’autres, le passage par

les marchés financiers est privilégié. De plus, le mode de financement d’une

économie évolue à travers les époques.

4. Effets pervers de l’économie d’endettement

i. Montée de l’endettement et de l’inflation

L’économie d’endettement ne constitue un système viable que si la croissance est


suffisamment soutenue. En effet, les taux d’intérêt peu élevés incitent les gens à s’endetter
et les crédits qui servent à financer la consommation et les investissements génèrent des
revenus qui permettent le remboursement des emprunts.

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Cependant, le financement monétaire par l’Etat, dans un premier temps, puis le


développement du crédit bancaire par la suite sont à l’origine d’une forte création

monétaire qui tend à provoquer une hausse des prix. ce qui n’est pas sans
conséquence sur les niveaux des taux d’intérêts surtout sur les taux d’intérêt réels ( i.e
Valeur nominal du taux-le taux d’inflation).
Exemple : Si un agent emprunte 100 000F pendant 1 an au taux de 3%, le montant des
intérêts sera de 3000F. Toutefois, si le taux d’inflation s’élèvent à 4%, la valeur nominale
d’u revenu de 100 000F sera, au bout d’un an de 104 000F. Au final, le revenu s’accroit de
4000F, alors que le coût de l’emprunt n’est que de 3000F ; le taux d’intérêt réel est donc
négatif (3%-4%=-1%). C’est pourquoi, en période d’inflation, lorsque les taux

d’intérêt ne suivent pas le rythme de la hausse des prix, les agents ont

fortement intérêt à s’endetter.

Les effets pervers générés par une économie d’endettement apparaissent lors d’un
retournement de la conjoncture (cas du premier choc pétrolier au début des années 70). En
effet, l’accélération très forte de l’inflation non intégrée dans l’évolution des taux d’intérêt
va inciter les agents s’endetter plus encore. Mais, dans le même temps, le ralentissement de
la croissance génère des revenus moindres. Dès lors, les ressources destinées à
l’investissement diminuent fortement.

Lorsque les taux d’intérêt réels, intégrant l’inflation, deviennent positifs, les charges
financières s’alourdissent, mettant un terme à cette course vers le surendettement.

Remarque: Si on peut considérer que tous les agents vont être concernés par

ce phénomène, la situation est encore plus problématique pour les Etats.

ii. Problématique du financement de l’Etat

Au cours des Trente glorieuses, on constate une forte tendance à l’intervention de l’Etat
dans l’économie sous la forme de politique d’inspiration keynésienne. La croissance et son
impact positif sur les rentrées fiscales contribuent à maintenir les équilibres budgétaires.

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La poursuite de ces politiques après 1973, aboutit à des détériorations très rapide et dans
des proportions plus importantes des soldes budgétaires. Les dettes doivent être financées
et l’Etat n’a d’autres solutions que de s’endetter. Or, cet endettement engendre des
charges financières qui, elles-mêmes, contribuent à accroitre le déficit.

La volonté des pouvoirs publics de lutter contre l’inflation au début des années 80, est à
la croissance des taux d’intérêt réels et remet en cause le financement des déficits publics
par création monétaire. Or, les charges financières élevées et l’obligation de trouver de
nouvelles sources de financement ne vont pas sans causer problème. L’Etat n’a d’autres
alternatives au financement monétaire que de se procurer des ressources sur les marchés de
capitaux.

Les entreprises se trouvent dans une situation similaire puisque le renchérissement du


crédit bancaire les contraint à trouver d’autres sources de financement. Si l’épargne longue
est faible, elle ne fera pas les marchés une source de financement suffisante. Dans un tel

contexte, les interventions de l’Etat sur les marchés débouchent sur un

effet d’éviction. En effet, soit l’ensemble de l’épargne disponible finance l’Etat


(placements jugés les plus sûrs), soit les entreprises sont contraintes de proposer des
rémunérations élevées (donc à un coût plus important) pour attirer les ressources qui leur
sont nécessaire. Ainsi, ou bien le financement des entreprises n’est pas possible ou bien il
s’effectue à un coût très important. Le schéma ci-après montre les deux cas et l’effet
d’éviction.

Schéma : Effet d’éviction

Besoin de financement de l’Etat Offre de


capitaux
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Proposition
des taux
plus élevés

Besoin de financement
Pas de possibilité
des
de financement
Entreprises

Remarque : Le financement des agents, en limitant le passage par le crédit et

donc par la création monétaire, rend indispensable le développement des

marchés de capitaux et la réforme du système bancaire.

V.2. Développement et transformations des marchés financiers

1. Différentes formes de marché

Sur le marché des capitaux s’organise la rencontre de l’offre et de la demande de capitaux.


On distingue deux marchés :
 le marché monétaire où s’échangent les capitaux de court terme (les échéances
diffèrent selon les pays). Sur ce marché, on distingue le marché interbancaire sur
lequel n’interviennent que les établissements de crédit, le Trésor, et la Banque
centrale pour s’échange, sur des durées très courte, de la monnaie centrale ; et le

marché des titres de créances négociables ouvert aux banques, au Trésor et


également aux entreprises. Les titres qui permettent aux différents agents présents
sur le marché de se financer sont les certificats de dépôts (pour les banques), les bons
de Trésor (pour le Trésor) et les billets de trésorerie (pour les entreprises). Ainsi, les

entreprises peuvent se financer à court terme par l’intermédiaire du

marché sans avoir recours au crédit bancaire.

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 le marché financier sur lequel se rencontrent l’offre et la demande des capitaux de


long terme. sur ce marché interviennent des agents à besoins de financement (Etat et
entreprises) et les agents à capacités de financement (entreprises et ménages). pour
simplifier, on peut distinguer deux catégories de titres échangés qui correspondent
respectivement à deux types de droits : un droit de propriété et un droit de créance.
pour le droit de propriété, pour se financer, les entreprises émettent de sactions que
les autres agents peuvent acheter à un certain prix (le cours)), mais l’acquisition de ce
titre les rend, pour partie, propriétaire de l’entreprise (l’action s’accompagnant d’un
droit de vote lors des assemblées générales). pour les droits de créance, les entreprises
ou l’Etat émettent des titres, les obligations, assimilables à des emprunts sur le long
terme.

Schéma : Marchés de capitaux : Marché financier et Marché monétaire

Demande de
MARCHE capitaux sur le
Offre de capitaux
FINANCIER long terme
sur le long terme

Demande de
Offre de capitaux MARCHE capitaux sur le
sur le court terme MONETAIRE court terme

Le marché financier est composé de plusieurs compartiments et l’ensemble de ces derniers


constitue la bourse. Sur l’ensemble, on distingue :
 le marché primaire sur lequel sont émis les nouveaux titres (obligations et actions) à
l’origine du financement des agents ;
 le marché secondaire sur lequel peuvent être cédés les titres souscrits sur le marché
primaire.

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Remarque : Dans une formule imagée et souvent employée, on compare le marché

primaire au marché neuf, et le marché secondaire est assimilé au marché

d’occasion.

2. Enjeux du financement par les marchés

L’importance des marchés financiers touche tous les agents économiques. Pour l’Etat, le
passage par les marchés de capitaux représente une source de financement alternative et
surtout non inflationniste des déficits publics. Pour les entreprises, les marchés offrent
également une solution alternative qui se substitue au crédit bancaire à la fois pour le
financement de court terme ou de long terme. ; et de ce fait les coût de l’intermédiation
disparaissent. Pour les ménages, les marchés financiers permettent de nouvelles
opportunités de placements sous différentes formes.

Remarque : Pour les entreprises, les enjeux vont au-delà des problèmes de financement. en
effet, les marchés financiers sont également un moyen d’assurer leur stratégie de

croissance externe (i.e l’acquisition de tout ou parte d’une autre entreprise).


L’ouverture au public du capital des entreprises et les échanges de titres qui se déroulent
au marché secondaire représentent autant de possibilités pour les politiques de croissance
externe. Deux modalités sont envisageables :
 les offres publiques d’achat (OPA) qui permettent de faire l’acquisition d’une
entreprise sur le marché financier en proposant publiquement aux actionnaires de
cette entreprise d’acheter leurs actions au un cours plus élevé que le prix auquel ce
titre s’échange sur le marché.
 les offres publiques d’échange (OPE) pour lesquelles l’entreprise propose ses titres
en échange des actions de la société qu’elle veut acquérir.
Le schéma suivant présente les différentes formes de financement de façon détaillée en
distinguant clairement le financement intermedié du financement désintermédié.

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Schéma : Différentes formes de financement de l’économie

AGENTS A CAPACITES DE FINANCEMENTS

DEPOTS

MARCHE MARCHES MARCHES


BANQUES MONETAIRE FINANCIERS DERIVES

CREDIT
S

Financement à court Financement à Couvertures des


terme long terme risques de taux

AGENTS A BESOINS DE FINANCEMENTS

3. Rôle indispensable de l’épargne pour le développement des marchés financiers

Sur le marché des capitaux, l’offre de capitaux provient d’une épargne disponible. La
théorie pouvant être appliquée est celle des courants classique et néoclassique qui
considèrent que l’épargne est un préalable pour l’investissement. Pour que les marchés
constituent une source de financement intéressante pour les agents et notamment les
entreprises, il faut encore que cette épargne soit abondante. Une offre de capitaux
importante signifie que de nombreux agents désirent placer leur épargne dans des titres
sur les marchés financiers. Par conséquent, la valeur des titres s’accroît.

Schéma : Rôle de l’épargne

Hausse des
taux d’intérêt
Augmentation Augmentation
de l’épargne de l’offre des
capitaux Hausse des
cours des titres

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La demande de capitaux s’exprime, pour sa part, sur le marché primaire où sont émis de
nouveaux titres. Une entreprise peut ainsi se financer par une augmentation de capital en
émettant de nouvelles actions. Les conditions dans lesquelles s’effectue cette opération
dépendent du cours actuel des actions de l’entreprise sur le marché secondaire.
Exemple : Une société ayant besoin de 1 000 000F, si le cours est de 100F, elle devra donc
émettre au même cours les nouveaux titres, et 10 000 actions seront proposées ; si le cours
actuel s’élève à 200F, 5000 titres seront émis.

Remarque : Cet exemple met en évidence la relation entre l’épargne disponible, le


marché primaire et le marché secondaire.
Pour l’émission d’obligations, le raisonnement est pratiquement semblable, le taux
d’intérêt sera pour partie déterminé par la confrontation de l’offre et de la demande de
capitaux. Si la demande est supérieure à l’offre, l’entreprise ou l’Etat à l’origine de
l’émission pourront proposer des taux plus faibles que dans le cas inverse. Toutefois,

l’entreprise doit proposer un taux supérieur au taux pratiqué par le Trésor

puisque les emprunts de l’Etat restent des placements plus sûrs (i.e aucun

risque de faillite).

Le cours des titres dépend de l’épargne disponible, mais il reste à expliquer comment se
fixent le niveau de cette épargne qui se dirige vers les marchés financiers. les agents
décident bien sûr de placer leur épargne dans les titres financiers qui, selon eux, leur
rapportent des revenus plus conséquents :
 pour les actions, le revenu dépend du profit réalisé par l’entreprise qui en reversera
une partie, sous forme de dividendes, à ses actionnaires. Dans ce cas, les acheteurs
potentiels étant nombreux, le cours de l’action monte.
 le revenu des obligations est fonction du taux d’intérêt proposé. Plus ce taux est
élevé par rapport aux autres obligations et plus ces titres sont demandés, leurs
cours dépassant alors la valeur d’émission. Dans le même esprit, en période de

hausse de taux d’intérêt, les obligations plus attractives concurrencent

les actions.

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De ce qui précède, il est évident qu’il y a une relation entre le taux d’intérêt et le cours
boursier. En effet, si une hausse du taux d’intérêt à court est constatée, les agents désirant
obtenir des ressources sur le long terme devront réajuster à la hausse les rémunérations
qu’ils proposent. De ce fait, une élévation du taux d’intérêt de court terme doit entraîner
naturellement une augmentation des taux d’intérêt sur le long terme. Or, cette hausse
n’est pas sans conséquence sur les valeurs boursières. Elle rend, bien évidemment, plus
attractifs les titres nouvellement émis à un taux plus élevé et, inversement, provoque un
déplacement de capitaux du marché secondaire vers le marché primaire. On enregistre
alors une chute des cours des titres du marché secondaire.

Schéma : Relation entre taux d’intérêt à court terme et cours boursiers

Hausse des taux Hausse des taux


d’intérêt à court d’intérêt à long Chute des cours
terme boursiers
terme

D’autres explications permettent d’apprécier la variation des taux d’intérêt et la chute des
cours. Une élévation des taux rend plus difficile le financement des

investissements et de la croissance et risque de réduire le profit des

entreprises. Dans un tel contexte, les actions n’offrent plus aux agents des perspectives
de rémunérations intéressantes et une vente importante de ces titres provoque une chute
de leur cours.

Dans une optique plus financière, un certain nombre d’agents et, notamment, ceux qui ont
un comportement très spéculatif, réalisent leurs opérations en s’endettant. La hausse des
taux rend cet endettement plus couteux et freine leur activité financière. Ce
ralentissement, voire la vente de certains titres pour faire face aux remboursements des
emprunts, comprime l’offre des capitaux et entraîne une chute des cours.

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Remarque : De ce qui précède, on note que, même si elle peut avoir un effet

déstabilisant, la spéculation peut jouer un rôle positif en ce sens qu’elle a

l’avantage d’apporter des liquidités aux marchés des capitaux.

4. La nouvelle intermédiation et développement des marchés financiers

Il est important de nuancer la présentation du fonctionnement des marchés financiers


comme la rencontre directe entre l’offre et la demande de capitaux. En effet, il semble
difficile d’imaginer que l’épargne populaire se dirige directement sur les marchés de
capitaux. Du fait de l’asymétrie de l’information, les individus ne disposent pas de toutes
les informations sur les emprunteurs à qui ils pourraient éventuellement confier leur
confier. De plus, la complexité des techniques d’intervention sur les marchés, même en
présence des sociétés de bourse, constitue un frein à une rencontre directe entre l’offre et la
demande de capitaux.

La nécessité de nouveaux intervenants a donné naissance aux organismes de placements


collectifs de valeurs mobilières (OPCVM). On distingue dans les OPCVM les Sociétés
d’investissement à capital variable (Sicav) et les Fonds de commun de placement (FCP)
même si les grands principes de gestion restent les mêmes.

Dans les deux cas, il s’agit de la gestion par des spécialistes d’institutions

financières d’un portefeuille de titres constitué à partir des fonds provenant

de nombreux épargnants. La notion de portefeuille permet une diversification des


placements (facilitée par l’apparition de nouveaux titres) ; ce qui entraîne une répartition
des risques. Cette sécurité des placements contribue grandement à

l’orientation de l’épargne populaire vers les marchés financiers.

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Schéma : Une nouvelle forme d’intermédiation

Epargne OPCVM Offre de Marchés Demande


capitaux financiers de capitaux

Ce schéma fait apparaitre une nouvelle forme d’intermédiation mais celle-ci reste
particulière car, s’il y a bien un financement intermédié du point de vue de l’offre (les
OPCVM servent d’intermédiaires entre l’épargne populaire et les marchés), la demande
reste, quant à elle, grandement désintermédiée (les grandes entreprises et l’Etat
s’adressent directement pour obtenir des capitaux).

Remarque : Les banques sont loin d’être absentes de cette nouvelle intermédiation
puisqu’elles possèdent souvent une grande part des OPCVM. de plus, les banques émettent
des titres, notamment sur le marché monétaire (mobiliérisation des crédits i.e
transformation des créances en titres, les certificats de dépôts) et prennent de plus en plus
fréquemment des participations dans le capital des entreprises. En réalité, la distinction
entre financement direct de l’économie et financement intermédié devient de plus en plus
délicate à établir.

V.3. Développement du système financier et développement économique

1. Relation de causalité

La relation entre la finance et le développement a occupé une place importante dans la


littérature et laisse une divergence entre auteurs. En effet, si les travaux empiriques ont
mis en évidence une corrélation positive entre le développement financier et la croissance,
ils n’ont pas établi une causalité à sens unique entre les variables financières et les
variables réelles. Le sens de causalité entre le développement financier et la croissance est
bidirectionnelle. Il ya deux approches :

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 Le développement financier initié par l’offre (Supply leading approach) i.e

exogène: la relation va du développement financier à la croissance.

 Le développement financier induit par la demande i.e endogène: la causalité


dépend du niveau de développement de l’économie et la causalité va de la sphère
réelle à la sphère financière. Durant les premières étapes du développement
économique, le développement financier initié par l’offre est dominant tandis que
le développement financier «induit par la demande» domine lorsque le processus de
développement est à maturité.

Selon RYBCZINSKI, les étapes du développement financier sont les suivantes :


 1ère étape (économies à faible revenu et épargne) : l’autofinancement est le mode de
financement quasi exclusif.

 2ème étape : décollage économique et existence d’un surplus d’épargne. Collecte et


affectation de l’épargne aux investisseurs grâce aux intermédiaires financiers
(dominés par les banques). On est donc en « Economie d’endettement ».

 3ème étape : la croissance conduit au développement des marchés financiers et à la


diversification des intermédiaires financiers. Passage à une « économie de marchés
financiers ».

 4ème étape : sophistication des marchés financiers et passage à un système financier


fortement orienté vers le marché (explosion produits dérivés).

N.B : Pour analyser cette relation, les auteurs considèrent des indicateurs diversifiés du
développement financier à savoir :
 Engagements liquides des intermédiaires financiers (M2/PIB). Cet indicateur de la
taille du système financier est positivement corrélé avec le volume de services
financiers produits par le secteur financier de l’économie

 Répartition des crédits entre la Banque centrale et les banques de dépôts (% des
crédits accordés par les banques de dépôts). Cet indicateur traduit l’idée selon
laquelle plus la part des banques dans le crédit distribué est élevé plus le système
financier est efficient dans la mesure où les banques commerciales offrent des

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services financiers aux investisseurs. L’augmentation de cet indicateur améliore la


qualité de l’intermédiation financière et exerce une influence positive sur la
croissance.

 Répartition du crédit bancaire entre le secteur public (administrations, entreprises


publiques) et le secteur privé. L’idée sous-jacente est qu’un système financier qui
canalise l’épargne essentiellement vers le service public ne favorise pas la croissance

 Crédit à l’économie/PIB. Cet indicateur montre l’importance du crédit octroyé au


secteur privé.

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2. Politiques de répression et de libéralisation financières

i. Caractéristiques et implication de répression financière

Du point de vue des théoriciens la répression financière dont MC KINNON (1973) et


SHAW (1973), les difficultés de financement des économies sous-développées s’expliquent
moins par la rareté du capital que par certaines caractéristiques particulières du système
financier et la mise en œuvre de « politiques de second best ». En effet, la répression
financière tient à la segmentation de l’économie et au fait que seuls certains secteurs agents
économiques (par exemple les activités d’import-export, entreprises internationales) ont accès
aux services du système bancaire organisé (banques commerciales).
Pour les partisans de l’école de la répression financière, les raisons suivantes justifient la
répression financière :
 Aversion envers des taux d’intérêt élevés pour des raisons morales, religieuses
(Ancien Testament, Coran) ou économiques (encouragement de l’investissement)

 Financement au moindre coût des dépenses de l’Etat

La répression financière est en réalité une taxation implicite des intermédiaires financiers
à travers :
 le plafonnement des taux d’intérêt débiteurs et créditeurs

 la fixation de réserves obligatoires non ou faiblement rémunérées

 la taxe inflationniste prélevée sur les encaisses monétaires

En termes d’implications économiques, la répression financière présente des effets pervers


suivants :
 Rationnement de l’offre de fonds prêtables Ŕ prépondérance de l’autofinancement
qui limite la consommation, l’investissement et la croissance

 Découragement de l’épargne : taux d’intérêt réels négatifs à cause du niveau cause


d’inflation

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 Désintermédiation financière : arbitrage en faveur d’actifs réels au détriment des


actifs financiers (qui ne favorise pas pour autant l’investissement contraint par le
financement), exportation de l’épargne avertie, importation massive de capitaux
internationaux(i.e le recours à l’épargne extérieure à cause de l’insuffisance de
l’épargne domestique).

 Réduction de la taille du secteur financier avec la réduction de l’épargne et


l’absence d’économies d’échelle pour les banques

 Développement du secteur financier informel

 Répartition plus inégalitaire des revenus : l’accès différencié au crédit favorise les
emprunteurs privilégiés et le secteur public.

ii. Modalités de la libéralisation financière

Le passage de la répression financière à la libéralisation financière, les théories


économiques proposent entre autres stratégies :
 Suppression du plafonnement des taux d’intérêt : passage de taux administrés à des
taux de marché

 Réduction réserves obligatoires

 Abaissement des barrières à l’entrée dans le secteur bancaire

 Réduction taille secteur public (privatisations) et assainissement des finances


publiques

 Libéralisation du secteur extérieur (suppression barrières tarifaires et non


tarifaires)

 Mise en œuvre d’un politique de change réaliste

L’expérience a montré que dans certains pays la libéralisation financière a connu des
échecs. En effet, les effets de la libéralisation financière dépend à la fois de son rythme
et de sa profondeur. Les pays qui ont adopté cette politique de manière graduelle et de

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certains secteurs seulement ont eu des effets positifs. C’est ainsi que l’analyse de la
libéralisation financière laisse quelques leçons à retenir:
 Nécessité d’une stabilité macroéconomique

 Renforcement de la réglementation prudentielle

 Insuffisance de la garantie des dépôts (problème d’aléa moral)

 Mise en œuvre de réformes graduelles

V.4. Rôle des institutions dans l’efficacité des systèmes financiers

1. Approches théorique sur l’efficacité des systèmes financiers

La littérature théorique sur la relation entre système financier et croissance distingue


quatre thèses :
 une thèse favorable aux marchés financiers,

 une thèse est favorable aux intermédiaires financiers,

 une thèse favorable aux services financiers

 une thèse favorable à l’environnement légal et institutionnel.

Les deux premières considèrent que les marchés et intermédiaires financiers sont des
substituts tandis que les deux dernières considèrent qu’ils sont plutôt complémentaires pour
promouvoir la croissance économique.
Le rôle des institutions dans l’efficacité des institutions relève de la Nouvelle Economie
institutionnelle(NEI). Selon cette dernière, les facteurs institutionnels et politiques
constituent un déterminant important (i.e le cadre institutionnel) de l’évolution des
systèmes financiers et du développement économique. L’étude menée par RODRIK D. et
SUBRAMANIAN A. (2003) sur l’importance relative des déterminants dits « profonds 6»(
i.e géographie, le commerce et les institutions) de la croissance économique, montre que la
qualité des institutions prime sur les deux autres. De même, EDISON H.(2003) trouve

6
Le cadre institutionnel est l’un déterminants dits « profonds » à savoir la géographie (ressources naturelles et
environnement), le commerce (taille du marché, participation au commerce international), et les institutions et le contexte
social (systèmes juridiques, structures politiques, institutions formelles et informelles).

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que la qualité des institutions influe de manière significative non seulement sur le revenu
mais aussi sur la croissance et son instabilité.

2. Importance du cadre institutionnel

Le rôle de la qualité des institutions est fondamental pour assurer la croissance et la


stabilité du système financier ; d’autant plus qu’il revient aux institutions à assurer la
régulation macroéconomique. En effet, du moment que l’inflation est de nature à fragiliser
les contrats financiers, la façon dont sont conduites les politiques monétaire et budgétaire
est d’une grande importance. En réalité, si les institutions politiques sont incapables
d’instaurer la rigueur nécessaire dans la gestion du crédit et des finances publiques, le
développement financier s’en trouvera gravement affecté. D’où l’importance du rôle de la
banque centrale et de l’Etat.

La thèse dite « Law and finance » insiste sur la qualité de l’environnement institutionnel
en tant que facteur déterminant du développement financier, et par là de la croissance
économique. Les partisans de cette thèse indiquent que la qualité de la loi et l’effectivité
de son application constituent des déterminants majeurs du développement financier. En
effet, pour encourager les systèmes financiers à accorder des prêts, il faut des dispositions
légales clairement définies et bien mises en application. Dès lors, un bon environnement
institutionnel doit avoir un système judiciaire qui veille sur le respect de la loi, le respect
des droits des créanciers, une bonne définition des droits de propriété, un faible risque
d’expropriation ou de dénonciation abusive des contrats.

Pour avoir environnement institutionnel viable, les autorités monétaire (banque centrale)
et politique (l’Etat) doivent jouer pleinement leur rôle:
 La banque centrale joue un rôle déterminant pour stimuler le
développement financier et l’efficience des structures de systèmes financier. A ce
niveau, une bonne politique de régulation et de supervision des banques pour
assurer l’encadrement de l’activité des banques afin d’éviter le non respect des
règles prudentielles et la prise de risques excessifs pouvant entraîner l’instabilité du
système financier. Un bon environnement légal et un bon système de régulation des

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banques ont un impact favorable sur le niveau du développement financier et sur


sa capacité à contribuer pleinement à la croissance.

 L’Etat joue un rôle fondamental surtout pour assurer une bonne gouvernance
économique. De ce point de vue, les autorités politiques doivent investir dans la
lutte contre la corruption et en entreprenant des réformes visant à éradiquer ce
phénomène. La corruption affecte le niveau de croissance à travers les effets qu’elle
entraine sur le niveau d’investissement. La littérature économique distingue
plusieurs causes de la corruption : la concentration du pouvoir, la discretion en
matière de dépenses publiques, la structure des systèmes fiscaux, la dilapidation
des emprunts et aides étrangères, et le manque de transparence dans les contrats
internationaux d’extraction de ressources naturelles. Le canal de transmission
effets de la corruption sur la croissance économique est le niveau d’investissement.
En effet, la corruption décourage la croissance en affectant l’investissement
domestique et étranger. En somme, l’Etat doit assainir non seulement
l’environnement macroéconomique mais aussi l’environnement socio-politique
pour stimuler et encourager les activités des systèmes financiers.

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QUELQUES REFERENCES BIBLIGRAPHIQUES

1. COUPPEY-SOUBEYRAN J. (2010), Monnaie, banques, finance, Paris, PUF


2. JAFFRE Philippe, Monnaie et politique monétaire, 4ème édition, Paris, Economica,
1996,
3. FAUGERE Jean-Pierre, La monnaie et la politique monétaire, Seuil, 1996
4. JEANNENEY G. S, Monnaie et Finances, Presses universitaires de France, Paris,
1998
5. MICHELLE De Morgues, La Monnaie, systèmes financiers et théories monétaires,
Paris, Economica, 1990
6. MISHKIN Frédéric et al. Monnaie et marchés financiers, 7è édition, 2009
7. PLIHON Dominique, La Monnaie et ses mécanismes, La Découverte, Paris, 2003
8. VENARD Nicolas, Economie bancaire, Collection « Amphi Economie »,
Université d’Orléans, 2001

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