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UNIVERSITÉ MOHAMMED V-

Faculté des Sciences


Juridiques, Économiques
Semestre S3 et Sociales de Salé

ECONOMIE MONETAIRE

ET FINANCIERE

Pr: Sonia BENJAMAA


1
CHAPITRE I:

QU’EST-CE QUE LA MONNAIE?

2
CHAPITRE I:

QU’EST-CE QUE LA MONNAIE?

3
CHAPITRE I:
Nous allons répondre à cette question en traitant trois
sous-questions:
 Quelles sont les fonctions de la monnaie? A quoi sert la
monnaie?

 Quelles sont les formes de la monnaie? En quoi consiste la


monnaie?

 Quels sont les instruments de mesure de la monnaie ou


agrégats monétaires?

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Section I: Les fonctions de la monnaie ou l’approche
fonctionnelle

Il existe plusieurs définitions de la monnaie mais la définition de la


monnaie à travers ses fonctions est la plus couramment
développée en économie politique.

L’approche fonctionnelle de la monnaie est en réalité très


ancienne, elle est attribuée à Aristote (384-322 avant JC). En
effet, il fut le premier à reconnaître à la monnaie trois fonctions :
unité de compte (étalon de valeur, numéraire), intermédiaire des
échanges (instrument de paiement, instrument de règlement) et
réserve de valeur.
L’approche fonctionnelle de la monnaie met donc en évidence les
trois fonctions traditionnelles de la monnaie:

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Section I: Les fonctions de la monnaie ou
l’approche fonctionnelle

 Intermédiaire des échanges


 Unité de mesure des valeurs
 Réserve de valeur
§1.La monnaie intermédiaire des échanges
La monnaie sert d’intermédiaire des échanges dans toutes les
transactions de marché dans les économies modernes. C’est la
première et la plus importante fonction de la monnaie. Elle sert à
payer les biens et services que l’on achète c’est-à-dire à régler
n’importe quelle transaction, et à payer n’importe quelle dette.
Parfois la monnaie est qualifiée d’« équivalent général », car
seule la monnaie peut-être échangée contre tous les biens et
services.

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Section I: Les fonctions de la monnaie ou
l’approche fonctionnelle

A travers cette fonction d’intermédiaire des échanges, la monnaie


peut être définie comme un instrument de paiement indéterminé,
général (universel) et immédiat (François Perroux).
 Instrument de paiement indéterminé: parce que la monnaie permet
d’acquérir n’importe quel bien ou service et de régler n’importe
quelle dette (l’affectation n’est pas définie ou fixée au préalable).
 Instrument de paiement général: parce qu’il doit être admis en tout
lieu, à tout moment par tout le monde. Dans un espace géographique
donné, généralement national, (dirham au Maroc, dollar aux Etats-
Unis) ou supranational, (exemple de l’euro au sein de la zone euro), la
monnaie ne peut donc pas être refusée comme instrument de
paiement.
 Instrument de paiement immédiat, signifie que le simple transfert de
ce moyen de paiement permet d’une manière définitive d’éteindre
(d’annuler) la dette. On dit également que la monnaie a un pouvoir
libératoire illimité parce qu’elle ne peut être refusée par aucun
créancier. 7
Section I: Les fonctions de la monnaie ou l’approche
fonctionnelle
L’utilisation de la monnaie comme intermédiaire des échanges
permet d’éviter les nombreux inconvénients du troc.

Une économie de troc est une économie sans monnaie dans


laquelle les biens et services sont échangés directement les uns
contre les autres.

Dans une économie de troc, un médecin ne peut manger que s’il


trouve des boulangers, des bouchers ou des marchands de
légumes qui ont besoin de se soigner, et il pourra ainsi échanger
de la nourriture contre ses soins. Le problème qui se pose est
donc celui de la double coïncidence des besoins (ou des désirs).

Par ailleurs, les recherches du médecin risquent d’être longues


et coûteuses. Le temps passé à ces recherches s’appelle un coût
de transaction.
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Section I: Les fonctions de la monnaie ou l’approche
fonctionnelle
L’introduction de la monnaie permet de séparer les opérations
d’achat et de vente: un agent n’est plus obligé d’être à la fois
acheteur et vendeur, c'est-à-dire qu’il peut être soit acheteur soit
vendeur.
Les coûts de transaction sont sensiblement réduits et le problème
de la double coïncidence des désirs est évité: le médecin peut
soigner tout malade prêt à le payer, et peut ensuite, avec l’argent
qu’il a reçu faire ses courses pour manger.
§2.La monnaie unité de mesure des valeurs (ou unité de
compte ou étalon de valeur ou numéraire)
La deuxième fonction de la monnaie est de fournir une unité de
compte. La monnaie permet de mesurer la valeur des biens et
services dans une unité commune.
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Section I: Les fonctions de la monnaie ou l’approche
fonctionnelle

La monnaie est un moyen d’exprimer la valeur de chaque bien par


rapport à une référence unique, et permet ainsi d’assurer des
comparaisons de valeurs entre les biens et services, et d’établir
une échelle générale des prix.
Pour comprendre l’importance de cette fonction d’unité de
compte, imaginons de nouveau une économie de troc:
 Si on est dans une société de troc avec deux biens A et B, par exemple
pomme et DVD. On a x unités de A = y unités de B par exemple
1 DVD=2 pommes. On a un donc un seul rapport de prix ou prix relatif
(A, B).
 Dans une société de troc avec trois biens A, B et C, par exemple
pomme, soins médicaux et DVD, il s’agit de déterminer trois prix
relatifs: (A, B); (A, C); et (B, C) pour pouvoir échanger, soit. pomme-
soins médicaux, pommes-DVD et DVD-soins médicaux.
 Dans une société de troc avec 4 biens (A, B, C et D),Il s’agit de
déterminer 6 prix relatifs: (A, B); (A, C); (A, D); (B, C); (B, D); (C,D) 10
Section I: Les fonctions de la monnaie ou l’approche
fonctionnelle
 Dans une société de troc avec n biens, il s’agit de déterminer:
n(n – 1) / 2 prix relatifs
 S’il y a 10 biens, on doit donc connaître 45 prix relatifs pour échanger
les biens contre les autres, (la formule étant 10(10-1)/2=45), et ainsi
de suite...
Dans une économie de troc, au fur et à mesure que le nombre de
biens (et services) destinés à l’échange augmente, l’échange
devient donc de plus en plus difficile voir impossible du fait du
nombre extrêmement élevé de prix relatifs à déterminer.
D’où l’idée d’introduire un bien (objet) comme unité de compte
de manière à réduire le nombre de prix relatifs à déterminer.
En choisissant, dans une première étape, comme unité de compte
un bien parmi les biens éligibles à l’échange, il est possible de
diminuer de manière très substantielle le nombre de prix relatifs à
déterminer:
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Section I: Les fonctions de la monnaie ou l’approche
fonctionnelle
 Dans une société de troc avec quatre biens (A, B, C et D) où D est
choisi comme unité de compte (monnaie-marchandise), on
déterminera donc uniquement trois prix relatifs: (A, D); (B, D); et (C,
D).
 Dans le cas d’une société de troc avec n biens et lorsque l’un de ces
biens est pris comme unité de compte, on déterminera seulement
(n – 1) prix relatifs. Dans le cas de 10 biens, on déterminera donc
seulement neuf prix relatifs au lieu de 45, dans le cas de 30 biens, on
déterminera seulement 29 prix relatifs au lieu de 435 etc…
La dernière et ultime étape est le passage de la monnaie-
marchandise comme unité de compte à celle de l’unité de compte
abstraite (par convention, le prix de cette unité de compte est
égal à 1). On parle alors non plus d’économie de troc mais
d’économie monétaire.
Une économie est dite monétaire lorsque l’usage d’un moyen de
paiement est devenu la norme. L’emploi de la monnaie dans les
transactions est alors systématique et comme l’écrit R. Clower « la
monnaie achète les biens, les biens achètent la monnaie, mais les12
biens n’achètent les biens sur aucun marché »
Section I: Les fonctions de la monnaie ou l’approche
fonctionnelle

§3.La monnaie réserve de valeur ou instrument d’épargne


La monnaie sert également de réserve de valeur ou instrument
d’épargne dans la mesure où elle permet de différer l’utilisation
d’un revenu et sert ainsi à épargner du pouvoir d’achat entre le
moment où un revenu est perçu et le moment où il est dépensé.
La monnaie n’est pas la seule réserve de valeur. Les terres, les
maisons, les œuvres d’art, les bijoux, les actions, les obligations
peuvent être utilisés comme réserve de valeur.
Beaucoup de ces actifs ont même comme réserve de valeur des
avantages sur la monnaie parce qu’ils rapportent souvent à leurs
détenteurs un intérêt substantiel ou s’apprécient avec le temps.

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Section I: Les fonctions de la monnaie ou l’approche
fonctionnelle

Même si ce n’est pas la réserve de valeur la plus rentable, les


agents économiques sont prêts à détenir de la monnaie parce que
c’est un actif parfaitement liquide et donc immédiatement
utilisable comme instrument d’échange.
La qualité de la monnaie dépend en fait de l’évolution des prix.
Par exemple, si tous les prix des biens doublent, la valeur de la
monnaie sera divisée par deux.
La fonction de réserve de valeur de la monnaie n’est donc
qu’imparfaitement assurée en raison de l’inflation qui fait qu’une
même quantité de monnaie a, à l’instant t+1, une valeur d’usage
moins importante qu’à l’instant t. Ce phénomène de perte de
valeur de la monnaie s’appelle « l’érosion monétaire ».

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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

Le système de paiement a évolué durant les siècles et avec lui les


formes de monnaie. Au départ monnaie marchandise, la monnaie
n’a pas cessé de se dématérialiser. On est passé:
 des marchandises aux métaux précieux
 des métaux précieux aux simples métaux
 des simples métaux aux billets
 Puis des billets à des écritures (monnaie scripturale) sur un compte
bancaire qui s’est lui-même dématérialisé, les livres comptables
ayant cédé la place à des fichiers informatiques.

 Puis de la monnaie sur un compte bancaire à de la monnaie stockée


sur des mémoires électroniques (monnaie élecronique)

L’objectif de facilitation des échanges explique la


dématérialisation de la monnaie au fil du temps.
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


I– Les monnaie-marchandises ou paléo monnaies (paléo=ancien)
Les premières formes de monnaie repérées dès le début de la
période néolithique (vers le VIème millénaire av JC) coïncident avec
le développement d’une économie de production (agriculture,
élevage). Le principe de la monnaie-marchandise a consisté à
prendre un bien parmi les biens éligibles à l’échange comme
instrument de paiement ou intermédiaire des échanges.
Le fait de prendre un bien comme intermédiaire des échanges
permet de dépasser le problème majeur du troc direct qui est le
problème de la double coïncidence des désirs et qui se traduit par
le fait que l’individu est à la fois acheteur et vendeur. Lorsqu’on
prend un bien parmi ceux échangés comme intermédiaire des
échanges, le blé par exemple qui devient monnaie-marchandise,
cela permet de fractionner l’échange en deux temps, et l’individu
n’est plus obligé d’être à la fois acheteur et vendeur :
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

1. On cède l’objet à vendre contre x quantité de blé


2. Avec x quantité de blé, on achète le bien qu’on désire.
On est donc passé du troc direct au troc indirect par
l’intermédiaire d’un troisième bien, le blé, qui devient monnaie
marchandise. Les exemples de monnaie-marchandise sont
nombreux : sucre, sel, blé, café, tête de bétail, coquillage, coton.
Pour qu’un bien soit accepté comme monnaie par tous les
individus d’une communauté, il fallait qu’il soit très utilisé dans la
vie courante et/ou qu’il ait une valeur symbolique (coquille de
Cauris).
Mais les monnaie-marchandises ne pouvaient remplir
convenablement et durablement leur rôle de monnaie en raison
de:
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

 leur caractère hétérogène (les monnaie-marchandises telles que les


têtes de bétail ou le blé sont composées d’éléments de taille et de
nature différentes),
 indivisible (comment régler des transactions de faible valeur qui ne
sont pas des multiples de l’unité ?),
 et périssable (qui a une durée de vie limitée comme les têtes de
bétail, le blé ou le maïs).

Les sociétés ont alors orienté leur choix vers les métaux précieux
tels que l’argent, l’or, le cuivre, l’électrum (alliage d’or et
d’argent) et le bronze. Ces métaux précieux présentaient
plusieurs avantages comme intermédiaire des échanges dans la
mesure où ils étaient divisibles, non périssables et plus
facilement transportables.
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

II- Les monnaies métalliques


1.De la monnaie pesée à la monnaie frappée
a) la monnaie pesée
Au départ, les métaux précieux prenaient diverses formes :
pépites, poudre, barres ou lingots. Chaque bien valait son pesant
d’or ou d’argent. Pour acheter un bien, il fallait donc peser le
métal utilisé pour l’acheter. Par exemple, pour acheter un paquet
de thé qui vaut deux grammes d’or, il fallait peser l’or. C’est ce
qu’on appelle la monnaie pesée.
Ce mode de paiement présentait plusieurs inconvénients : C’était
un mode de paiement coûteux et lourd parce qu’il nécessitait la
présence d’un peseur expert avec sa balance.
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

Cette opération devait être répétée pour chaque échange et


nécessitait à chaque fois la rémunération du service rendu par le
peseur expert avec sa balance. Ce mode de paiement était difficile
à gérer d’où le passage à la monnaie comptée.
b) La monnaie comptée
Les métaux sont transformés en pièces (boules, disques, rondelles)
de petite taille dont la dimension et la teneur sont plus ou moins
normalisées. Pour chaque paiement, il suffisait de compter les
pièces puisque le poids de chacune d’elles était supposé connu.
Par exemple, pour acheter un paquet de thé qui vaut 2 grammes
d’or, il fallait 2 pièces de 1 gramme.

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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
L’inconvénient de cette monnaie est qu’elle n’excluait pas les
possibilités de falsification quant au poids et au contenu du
métal, ce qui nécessitait la présence du fameux peseur-expert
surtout pour les paiements importants d’où le passage à la
monnaie frappée.

c) La monnaie frappée
La frappe de la monnaie est l’opération qui consiste à fabriquer
des pièces de monnaie et, pendant la phase de fabrication à
produire des empreintes sur les deux faces de la pièce en faisant
figurer sur une face un symbole gravé (à l’origine tête de Dieu ou
de déesse ensuite tête de Prince ou de Souverain ou tout
simplement objet emblématique) et sur l’autre face une
marque(poinçon, empreinte, signature) indiquant le poids de la
pièce en métal précieux.
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

C’est en Lydie (actuelle Turquie) et en Grèce qu’ont été frappées


les premières pièces métalliques (640-630 av JC). L’atelier ou le
lieu dans lequel la monnaie métallique était frappée c’est à dire
l’endroit où les barres, lingots, pépites d’or et d’argent étaient
transformées en pièces de monnaie portait le nom d’Hôtel des
Monnaies.
L’intérêt de la frappe de monnaie était que le contenu en métal
des pièces de monnaie était garanti, ce qui rendait caduque la
présence du peseur-expert et facilitait ainsi les échanges. La
frappe de monnaie est passée par deux phases :
 Au départ, la frappe de monnaie était libre c'est-à-dire qu’elle n’était
soumise à aucun contrôle. Les détenteurs de métaux précieux,
essentiellement les commerçants, apportaient à l’Hôtel des Monnaies
les barres ou les lingots de métaux précieux susceptibles d’être
transformés en pièces.
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

 Par la suite, et compte tenu du pouvoir que confère la possession et la


fabrication des pièces, le Prince (Roi, Souverain et Etat par la suite) va
s’octroyer le privilège et le monopole de frapper les pièces. On parle
de droit régalien (droit inhérent à la monarchie) de battre monnaie ou
de seigneuriage. La frappe légale a remplacé la frappe libre.
2. Du bimétallisme au monométallisme
Le développement du commerce et les besoins grandissants de
l’Etat en monnaie ont rendu nécessaire l’augmentation des pièces
de monnaie fabriquées. Ces besoins grandissants en monnaie
conjugués à la rareté structurelle des métaux précieux ont eu
pour conséquence le fait que la valeur nominale ou faciale était
de plus en plus supérieure à la valeur réelle ou intrinsèque d’une
pièce de monnaie, ce qui permettait de fabriquer avec une même
quantité de métal plus de pièces de monnaie.
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

Afin de faire accepter ces nouvelles pièces de monnaie, le


pouvoir politique leur donna cours légal, c'est-à-dire que chaque
individu était dans l’obligation d’accepter les pièces de monnaie
comme règlement d’une transaction.
Les anciennes pièces de monnaie de bonne qualité ont ainsi peu à
peu disparu de la circulation parce qu’elles étaient thésaurisées
(conservées de manière oisive ou inactive) et c’étaient les
nouvelles pièces de mauvaise qualité qui étaient utilisées dans les
échanges. On parle de démonétisation des anciennes pièces et de
monétisation des nouvelles pièces. Ce phénomène est aussi
connu sous le nom de « Loi de Gresham » du nom du financier
Thomas Gresham qui l’a énoncé au 16ème siècle : « la mauvaise
monnaie chasse la bonne »

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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
Parallèlement, les préférences des agents économiques ont porté
sur l’or et l’argent comme métaux précieux, métaux considérés
comme plus beaux et plus rares que les autres métaux.
La monnaie métallique s’est caractérisée principalement par deux
systèmes monétaires :
 Le bimétallisme (18ème siècle/début du 19ème)
 Le monométallisme (début 19ème- début 20ème )
a) Le bimétallisme
C’est un système où l’or et l’argent ont tous les deux la fonction
de monnaie et ont un rapport légal fixe.
1 Franc=1 gr d’or=15,5 gr d’argent (l’or ayant une valeur 15,5 fois
supérieure à celle de l’argent)
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

Le bimétallisme a présenté très vite des difficultés de


fonctionnement parce que le rapport commercial entre les deux
monnaies (fonction de l’offre et de la demande de monnaie)
devenait très vite différent du rapport légal qui était fixe, à
chaque fois qu’il y avait découverte de gisements d’or ou
d’argent.
Quand il y avait découverte de gisements d’argent, les agents
économiques anticipaient une dépréciation de l’argent par rapport
à l’or, et thésaurisaient l’or pour le revendre plus tard lorsque sa
valeur s’apprécierait. L’or disparaissait ainsi de la circulation et
seules les pièces de monnaie en argent servaient à régler les
transactions. On parlait alors de démonétisation de l’or et de
monétisation de l’argent.

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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

Dans le cas inverse de découverte de gisements d’or, on parlait de


démonétisation de l’argent et de monétisation de l’or. Nous
retrouvons à ce niveau l’application de la Loi de Gresham : la
mauvaise monnaie chasse la bonne ». Durant toute la période du
bimétallisme et au gré des découvertes de gisements, l’or et
l’argent se transformaient à tour de rôle en bonne ou mauvaise
monnaie.
Le système de bimétallisme était de fait un « monométallisme or »
ou un monométallisme argent. Pour éviter ce bimétallisme
boiteux, le système bascule dès le 19ème siècle du bimétallisme
au monométallisme.

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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
b) Le monométallisme
C’est un système dans lequel la valeur de la monnaie est définie
par rapport à un seul métal : l’or ou l’argent. La monnaie est
finalement exprimée en or et on parle alors de monométallisme
ou Etalon-or qui fut adopté par l’Angleterre, première puissance
économique de l’époque, au début du 19ème siècle (en 1816),
par les Etats-Unis en 1853, l’Allemagne en 1873 et la France en
1876. L’Etalon-or (Gold Standard) devient le système monétaire
international au sein duquel toutes les monnaies ont une valeur
exprimée en or.
III- La monnaie-papier ou billet de banque
Il n’y a pas de chronologie entre l’apparition de la monnaie papier
(ancêtre du billet de banque) et l’apparition de la monnaie
métallique: 28
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

 Le billet de banque est né parallèlement aux formes métalliques de


la monnaie et a d’abord vu le jour en Chine vers le 12ème-13ème
siècle puis ensuite en Europe vers le milieu du 17ème siècle à
Stockholm, Londres, Venise et Amsterdam
A l’origine, le billet de banque est un certificat de dépôt (ou
certificat d’or) c'est-à-dire un reçu attestant le dépôt d’une
quantité de métaux précieux chez des orfèvres ou dans des
banques:
 A Londres, dès 1640, les commerçants ont commencé à déposer
leurs métaux précieux dans les coffres-forts des orfèvres. En
contrepartie de leurs dépôts, ils recevaient un certificat de dépôt
qui était nominatif et détaillé au départ. Ce certificat permettait aux
marchands de récupérer à tout moment, après avoir payé un droit de
garde très faible, les mêmes objets qu’ils avaient déposé.
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

Les orfèvres londoniens se sont transformés en banques de dépôt à


partir du moment où, sur les reçus, ne figuraient plus que la valeur en
livres sterling des objets mis en dépôt.
 Au départ, la valeur des certificats en circulation correspondait
exactement à la valeur des métaux précieux déposés dans les coffres-
forts des banques. Mais progressivement, les certificats sont de plus
en plus utilisés comme moyen de paiement parce qu’ils étaient plus
faciles à dissimuler, à manipuler et à transporter, ce qui réduisait
sensiblement les risques de vol. Les orfèvres se sont alors rendus
compte que la part des certificats qui était réellement convertie en
métaux précieux était faible et qu’il était possible d’émettre de
nouveaux reçus qui n’avaient pas leur contrepartie en métaux.
 La valeur des certificats émis est alors devenue supérieure à celle du
stock de métaux précieux c’est à dire que la couverture des
certificats en circulation par l’encaisse métallique n’était plus que
partielle. 30
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

 A partir de ce moment, il était possible de parler de billets de banque


et non plus de certificats parce que l’émission ne se faisait plus
uniquement en contrepartie du stock de métaux précieux. C’est à
Stockholm en 1661 qu’ont été émis les premiers billets de banque par
Johan Palmstruch, commerçant et banquier suédois.
La viabilité de ce système d’émission reposait essentiellement sur
l’absence de conversion généralisée des billets en métaux. En
d’autres termes, le système était viable tant que les porteurs de
billets ne demandaient pas tous en même temps d’être
remboursés en métaux précieux. La valeur des billets de banque
ne reposait donc pas sur leur valeur intrinsèque qui était
quasiment nulle mais sur la confiance (fiducia en latin) dans la
capacité des banquiers à convertir leurs billets en métaux
précieux, d’où le nom de monnaie fiduciaire pour désigner ces
billets. 31
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

L’apparition de graves crises pendant les 17ème et 18ème siècles


(guerres, révolutions) ont créé un climat d’incertitude et ont ainsi
ébranlé la confiance des détenteurs de billets qui se sont rués
vers les banques afin de convertir leurs billets en métaux
précieux (or et argent) car seuls l’or et l’argent avaient une
valeur intrinsèque.
Face à cette demande massive de conversion et aux émissions très
importantes de billets par rapport aux réserves, les banques se
sont retrouvées dans l’incapacité de rembourser les détenteurs
de billets, ce qui s’est traduit par la faillite de plusieurs banques
telles que la banque de Stockholm en 1666 et l’apparition au
début du 19ème siècle d’un débat concernant la réglementation
de l’émission des billets de banque.
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
Deux écoles se sont opposées en Angleterre : la Currency School
ou Ecole de la Circulation et la Banking School ou Ecole de la
Banque.
 La Currency School ou Ecole de la Circulation (David Ricardo, Henri
Thornton) défendaient le « currency principle » selon lequel le
montant des billets en circulation devait exactement correspondre à
l’encaisse métallique de la banque émettrice. L’offre de monnaie est
exogène parce qu’elle dépend de facteurs extérieurs tels que la
découverte de gisements d’or ou d’argent.
 La Banking School ou Ecole de la Banque (Thomas Tooke)
recommandait le « banking principle » c'est-à-dire une liberté
d’émission monétaire en fonction des besoins de l’économie. L’idée
est que la banque peut émettre des billets pour une valeur supérieure
à ses réserves en or et en argent parce qu’il est nécessaire

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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
d’augmenter le nombre de billets face au développement de l’activité
commerciale. L’offre de monnaie est dans ce cas endogène parce
qu’elle varie en fonction de l’activité économique.
Bien que diamétralement opposées, ces deux écoles étaient
d’accord sur la nécessité de limiter le droit d’émission des
banques privées et de préparer le monopole de la Banque
d’Angleterre en matière d’émission de billets.
Finalement, ce sont les défenseurs du Principe de la Circulation
qui l’ont emporté en Angleterre avec le vote du Peel’s Act qui, en
1844, imposait une stricte couverture des billets de banque par
l’encaisse métallique à hauteur de 100%. La Banque
d’Angleterre, qui avait obtenu le monopole d’émission des billets
(loi du Bank Charter Act de 1826, votée après la crise boursière
de 1825) ne pouvait émettre de nouveaux billets que si ses
réserves en métaux précieux augmentaient d’un montant égal. 34
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

La France adopta le « Banking Principle » à savoir la liberté


d’émission des billets sous réserve de pouvoir assurer à tout
moment la convertibilité des billets en métaux précieux, et obtint
également le monopole d’émission des billets en 1848.
Lorsque l’Etat s’empara du monopole d’émission des billets, il les
dota du cours légal c'est-à-dire que tout agent économique était
dans l’obligation de les accepter en paiement. Les billets
acquirent alors la qualité de monnaie.
Ces deux systèmes ne pouvaient fonctionner de manière durable :
la couverture totale des billets en circulation par les réserves en
or était très difficile à réaliser, et le principe de la banque était
affecté par le climat de méfiance et d’incertitude qui régnait à
l’époque.
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Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

C’est ce qui a poussé les pouvoirs publics à suspendre la


convertibilité des billets en or (fin de l’Etalon-Or où la monnaie
est librement convertible en or et fixation du cours forcé)
pendant certaines périodes avant de la suspendre définitivement
dès l’entre-deux guerres : en 1931 en Angleterre, en 1934 aux
Etats-Unis et 1936 en France. Le billet de banque est alors une
véritable monnaie qui a à la fois cours légal et cours forcé.
IV – Origine de la monnaie scripturale
Le terme « scripturale » provient du latin « scriptum » qui
signifie « écriture ». La monnaie scripturale est un simple jeu
d’écriture sur les livres des banques. Il s’agit par un simple jeu
d’écriture de débiter ou de créditer des comptes au niveau des
banques. C’est une monnaie qui passe de compte à compte au lieu
de circuler de la main à la main. 36
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
La monnaie scripturale est apparue en Europe dès le 16ème siècle
lorsque les banquiers inscrivaient dans leurs livres le montant des
pièces que les marchands leur déposaient en échange desquelles
ils délivraient des certificats de dépôt ou lettres de change ou
bons qui étaient payables en monnaie au porteur de la lettre (la
lettre de change : écrit par lequel un créancier, le tireur, ordonne
à son débiteur, le tiré, de payer une certaine somme à une
échéance déterminée à un tiers, le bénéficiaire).
Avec l’ouverture par les banquiers de succursales dans les
principales villes, la lettre de change est devenue un instrument
de circulation de la monnaie scripturale. La monnaie scripturale
offrait une plus grande commodité par rapport aux pièces, tout
comme les billets, mais une plus grande sécurité que dans le cas
des billets puisque les marchands ne transportaient rien avec eux
sur les routes et ne risquaient donc pas de se faire voler. 37
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

La monnaie scripturale a véritablement pris son essor à partir du


19ème siècle quand les banques centrales ont enlevé aux
banques la possibilité d’émettre des billets. A partir de la
deuxième moitié du 20ème siècle, on assiste, au niveau des pays
développés, à une généralisation des paiements scripturaux à
l’ensemble des catégories de la population. Au niveau de ces
pays, les agents économiques comprennent rapidement les
avantages de l’utilisation de la monnaie scripturale et la
substituent de plus en plus à la monnaie fiduciaire comme moyen
de paiement.
§2 : les formes actuelles de la monnaie
Actuellement, la monnaie (au sens strict ou sens étroit du terme)
comprend:
38
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

 les billets de banque ou monnaie fiduciaire,


 les pièces de monnaie ou monnaie divisionnaire
 et la monnaie scripturale.
I – Les billets de banque ou monnaie fiduciaire
Il s’agit de coupures émises exclusivement par la banque centrale
en contrepartie d’opérations définies par ses statuts: concours à
l’Etat ou acquisitions d’avoirs en or et en devises. Les billets en
circulation sont inscrits au passif du bilan de la banque centrale.
Le billet actuel (c'est-à-dire dont la valeur n’est pas basée sur
une contrepartie en or) a été créé par le banquier suédois Johan
Palmstruch en 1661. Le billet est doté du cours légal et du cours
forcé.
39
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

Au Maroc, Bank Al-Maghrib, à travers DAR AS-SIKKAH, (article 16,


1er alinéa des statuts de Bank Al-Maghrib) a le monopole
d’émission des billets. Les billets de banque ont un pouvoir
libératoire (somme maximale que l’on peut payer légalement
avec des exemplaires d’une même monnaie) illimité.
Contrairement à ce qui se passe dans les pays de la Zone Euro ou
aux Etats-Unis, au Maroc, les billets sont utilisés pour régler des
transactions d’un montant moyen, élevé ou très élevé.
II- Les pièces de monnaie ou monnaie divisionnaire
Les pièces de monnaie prennent aujourd’hui la forme de pièces
en alliages d’aluminium, de cuivre ou de nickel dont la valeur
faciale est très supérieure à la valeur intrinsèque.

40
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

La monnaie divisionnaire est émise actuellement par Dar As–


Sikkah, la quantité émise étant fonction de la demande du public
qui en a besoin pour l’achat de marchandises de faible valeur.
Le pouvoir libératoire des pièces de monnaie émises par la
Banque centrale est limité. Au Maroc, un agent économique n’est
tenu d’accepter un paiement en pièces que jusqu’à 50 fois la
valeur faciale de celles-ci (exemple: le pouvoir libératoire est
limité pour les pièces de 10 dirhams à 500 dirhams et pour les
pièces de 1 dirham à 50 dirhams).
Selon les Statuts de Bank Al-Maghrib (art 15), la monnaie
fiduciaire ou manuelle émise par la Banque correspond à la
monnaie divisionnaire et aux billets de banque.

41
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

Article 15: « Les billets et monnaies métalliques émis par la


Banque ont seuls cours légal et pouvoir libératoire sur l’ensemble
du territoire du Royaume ».

II – La monnaie scripturale
1. Définition
La monnaie scripturale constitue la principale forme de monnaie
dans les économies modernes. Elle correspond à l’ensemble des
dépôts bancaires c'est-à-dire aux sommes inscrites au crédit des
comptes des agents économiques au niveau des institutions
financières, essentiellement les banques commerciales, une faible
part de la monnaie scripturale étant émise par le Trésor.

42
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
La monnaie scripturale est donc une monnaie des banques dites
de second rang, alors que les billets et les pièces sont des
monnaies de la banque de premier rang c'est-à-dire la banque
centrale.
La part de la monnaie scripturale dans l’encours des moyens de
paiement n’a cessé de s’accroître depuis le début des années 60
pour représenter depuis le début des années 2000 environ 85%
de l’encours des moyens de paiement dans la zone Euro, plus de
90% dans un pays comme la France et plus de 70% dans notre
pays (la monnaie fiduciaire représentant 28% de l’ensemble des
moyens de paiement). La prépondérance de la monnaie
scripturale a suivi de près le taux de bancarisation (proportion de
personnes détenant au moins un compte bancaire dans un pays
donné).
43
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

Le développement de la monnaie scripturale s’explique


principalement par les avantages qu’elle présente par rapport à la
monnaie fiduciaire :
 Elle permet le règlement d’échanges sans déplacement physique des
personnes grâce par exemple au virement bancaire.
 Elle offre des garanties plus grandes contre la perte ou le vol en
raison de l’absence de manipulation de la monnaie fiduciaire.
 Elle entraîne des écritures dans la comptabilité bancaire qui sont
source de preuves en cas de contestation.

Les dépôts bancaires qui constituent la monnaie scripturale sont


des dépôts à vue non rémunérés car ces dépôts sont disponibles
sans coût et sans délai. Les détenteurs peuvent donc à tout
moment soit les retirer sous forme de monnaie fiduciaire soit les
44
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

utiliser par un des moyens de circulation de la monnaie


scripturale. Ces dépôts à vue sont des comptes mobilisables par
chèque. Si les pièces et les billets ont une existence matérielle et
sont à la fois monnaie et instrument de paiement, la monnaie
scripturale n’a aucune existence matérielle et est distincte des
instruments qui lui permettent de circuler.
2. Les instruments de circulation de la monnaie scripturale
Les principaux instruments de circulation ou de mobilisation de la
monnaie scripturale sont :
 Le chèque
 Le virement
 L’avis de prélèvement
 La carte bancaire 45
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
a) Le chèque
Le chèque est un ordre de paiement écrit adressé à la banque (le
tiré) que le payeur (ou tireur) remet à un tiers (le bénéficiaire).
Le bénéficiaire peut se faire payer directement auprès de la
banque du tireur (en monnaie fiduciaire) ou le remettre à sa
propre banque pour créditer son compte (le bénéficiaire peut
également l’endosser). De ce fait, un dépôt bancaire sera
transféré du compte du payeur vers celui du bénéficiaire. Le
chèque n’est donc pas une monnaie mais l’instrument de
circulation de la monnaie scripturale.
b) Le virement
Le virement est un ordre écrit donné à la banque par un client de
débiter son compte et de créditer le compte du bénéficiaire dans
ses livres ou de faire créditer ce compte s’il est tenu par une
autre banque.
46
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
A la différence du chèque, le virement exige de connaître les
coordonnées bancaires du bénéficiaire. Le virement peut être un
ordre ponctuel ou permanent lorsqu’il est répété à date fixe pour
un montant déterminé.
c) l’avis de prélèvement
C’est une autorisation donnée par le débiteur propriétaire du
compte au bénéficiaire (sociétés de financement, compagnies
d’eau, d’électricité et de téléphone) de prélever chaque mois à la
source le montant de la traite ou de la facture. Le bénéficiaire
transmet à sa banque cette autorisation permanente de
prélèvement qui la transmet à son tour à la banque du payeur pour
qu’elle l’enregistre. Le payeur ou débiteur doit donc fournir au
bénéficiaire ses coordonnées bancaires. L’autorisation ne
comporte aucune limitation au niveau de la durée ou du montant.
47
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie
A la différence du virement bancaire automatique pour lequel la somme
virée périodiquement est fixée d’avance, la somme virée en cas de
prélèvement est fixée à chaque opération par le bénéficiaire.
d) La carte bancaire
C’est le plus célèbre des instruments permettant l’échange sans support
papier:
 En cas de paiement par carte, le microprocesseur incorporé dans la
carte permet au terminal de paiement du commerçant d’identifier le
porteur de la carte et de débiter automatiquement son compte au
profit du compte du commerçant qui sera crédité.
 La carte bancaire permet également le retrait de monnaie fiduciaire
auprès des guichets automatiques des banques. Les retraits peuvent
s’effectuer soit dans les distributeurs automatiques de billets (DAB)

48
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

sans aucun autre service; soit dans les guichets automatiques


bancaires (GAB), qui en plus de la distribution automatique des billets
permettent la réalisation d’autres services, tels que la consultation du
solde du compte ou la demande de chéquier.
 La carte bancaire permet aussi des avances de fonds lorsque le compte
est débiteur. Le porteur de la carte de crédit bancaire bénéficie ainsi
d’une ligne de crédit et peut effectuer des achats auprès des magasins
affiliés.
Une carte bancaire peut ainsi remplir une ou plusieurs des
fonctions que nous venons de citer : carte de paiement, carte de
retrait et carte de crédit.

49
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

III – La monnaie électronique: une nouvelle forme de monnaie


généralement encore peu développée
La monnaie électronique est définie comme « une valeur
monétaire qui est stockée sous une forme électronique »
(réglementation européenne et loi bancaire de 2014). La
monnaie électronique est un moyen de paiement dématérialisé
qui répond à trois critères:
- Elle est stockée sur un support électronique, par exemple la puce d’un
téléphone mobile ou à distance sur un serveur (compte en ligne)
- Elle est émise en contrepartie de la remise de fonds
- Elle est acceptée comme moyen de paiement par des tiers.

50
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

La monnaie électronique peut prendre plusieurs formes: le porte-


monnaie électronique (PME ou wallet), la carte-cadeau d’une
enseigne commerciale, une carte bancaire prépayée… L’émission de
monnaie électronique est gérée par les établissements de paiement
(au Maroc, Wafacash, M2T…).
Les porte-monnaies électroniques ou wallets correspondent à un
numéro de téléphone mobile national. Le mobile devient alors une
sorte de porte-monnaie virtuel qu’il est possible de recharger en
choisissant le compte sur lequel le wallet sera adossé, soit un
compte bancaire ou un compte ouvert auprès des établissements de
paiement. Au Maroc, plusieurs banques ou établissements de
paiement ont proposé leurs offres en matière de wallets, DabaPay
pour la BMCE, Bpay pour la Banque Populaire, Jibi pour Wafacash…
Les wallets sont actuellement utilisés essentiellement pour les
transferts nationaux de particulier à particulier.

51
Section II: Les formes de la monnaie: des premières
formes aux formes actuelles de la monnaie

La monnaie électronique présente plusieurs avantages notamment


la rapidité du paiement et sa traçabilité.
Elle diffère des monnaies virtuelles ou crypto monnaies telles que
le bitcoin parce que c’est une monnaie conventionnelle ayant
cours légal, alors que les monnaies virtuelles n’ont pas cours légal,
et les transactions en crypto monnaies s’effectuent en dehors du
système bancaire hiérarchisé, ce qui remet en cause la fonction
même des banques centrales.
Au Maroc, Bank Al-Maghrib essaie de développer le paiement
mobile pour réduire la circulation de monnaie fiduciaire, favoriser
l’inclusion financière, et lutter contre le secteur informel. Mais
comme dans un grand nombre de pays la monnaie électronique
peine encore à se développer même si elle dispose d’un cadre
légal.

52
Section III : les instruments de mesure de la monnaie :
les agrégats de monnaie

§1 : Intérêt de mesurer la quantité de monnaie


L’objectif premier de la politique monétaire est la stabilité des
prix dans la mesure où les inconvénients et les coûts liés à
l’inflation et à la déflation sont effectivement très importants.
Toute baisse des prix, anticipée sur la base d’un rythme stable de
déflation peut avoir plusieurs répercussions négatives:
 les ménages vont différer leur consommation présente et la reporter
dans le futur où les prix seront moins élevés, car ils dépenseront moins
pour une même quantité consommée.
 Les ménages vont donc épargner plus. Cet effet est renforcé par la
hausse des taux d’intérêt réels qui stimule l’épargne dont le
rendement se trouve ainsi augmenté.

53
Section III : les instruments de mesure de la monnaie :
les agrégats de monnaie
 Lors de périodes de déflation, les taux d’intérêt réels (taux d’intérêt
nominaux – taux d’inflation) tendent en effet à s’accroître rendant
ainsi l’investissement de plus en plus coûteux.
 Les projets sont de moins en moins rentables, ce qui se traduit par la
chute de l’investissement, de l’emploi et de la production.
L’inflation a plusieurs effets pervers sur l’économie d’un pays.
 Sur le plan économique, la hausse des prix intérieurs rend les produits
nationaux moins compétitifs. Les exportations deviennent plus
coûteuses et les importations moins chères, ce qui se traduit par une
détérioration du solde courant (baisse des exportations et hausse des
importations).
 Par ailleurs, la hausse des coûts de production pour les entreprises
entraîne une baisse des marges (rentabilité) ou une hausse des prix
qui risque de se traduire par une chute des ventes et une hausse du
chômage. 54
Section III : les instruments de mesure de la monnaie :
les agrégats de monnaie

 Sur le plan social, la baisse du pouvoir d’achat des agents économiques


peut être à l’origine de revendications salariales et de troubles
sociaux.

L’inflation peut avoir plusieurs causes parmi lesquelles:


 L’inflation par la demande: lorsque la croissance de la masse
monétaire est supérieure à la croissance du PIB.
 L’inflation par les coûts : la hausse des prix est causée non pas par un
excès de création monétaire mais par la hausse des prix des inputs.
Par exemple, la hausse du prix du pétrole (inflation importée) va se
traduire par une hausse du prix du transport, de l'énergie, des
plastiques et produits chimiques, c’est-à-dire une hausse du coût de
production des entreprises qui vont augmenter leurs prix pour
conserver leurs marge bénéficiaire.

55
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
Les autorités monétaires doivent ainsi limiter la croissance de la
masse monétaire et donc maîtriser la quantité de monnaie en
circulation, d’où l’intérêt de pouvoir mesurer cette quantité de
monnaie.
Pour les autorités monétaires, toute la problématique réside dans
le fait de mettre en circulation la quantité de monnaie adéquate.
Cette quantité de monnaie ne doit être ni trop faible car les
agents économiques seront obligés de limiter leur demande, ni
trop abondante car elle se traduirait par un pouvoir d’achat des
agents économiques supérieur à la quantité de biens disponibles,
ce qui pourrait provoquer l’inflation.
Les autorités monétaires doivent donc élaborer des instruments
de mesure de la monnaie ou des agrégats de monnaie qui leur
56
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
permettent de quantifier avec précision la monnaie en
circulation.
§2: les critères de construction des agrégats de
monnaie
Les questions qui se posent sont:
 Où se situe la frontière entre ce qui est monnaie et ce qui ne l’est
pas. En d’autres termes, que faut-il intégrer dans les actifs
monétaires ?
 Par ailleurs, faut-il retenir dans les agrégats monétaires la monnaie
détenue par l’ensemble des agents économiques ou uniquement la
monnaie détenue par les agents non financiers ?

57
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
I – Prise en compte de la quantité de monnaie détenue par
les agents non financiers résidents
L’inflation dépend de la demande de biens et services et se
manifeste ainsi par une hausse générale et durable des prix au
niveau des biens et services.
Il s’agit donc de mesurer uniquement la quantité de monnaie
destinée à l’achat de biens et services, c'est-à-dire la quantité de
monnaie détenue par les agents non financiers (ANF). La quantité
de monnaie détenue par les agents financiers (banques, banque
centrale) n’est pas recensée dans les agrégats monétaires parce
qu’elle ne sert généralement pas à acquérir des biens et services,
mais est plutôt utilisée dans les relations entre la banque centrale
et les institutions financières d’une part, et entre les institutions
financières elles-mêmes. 58
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
Il s’agit donc d’identifier la capacité globale ou potentielle de
dépense des agents non financiers résidents.

Les agrégats de monnaie ne tiennent donc compte que de la


quantité de monnaie détenue par les agents non financiers
résidents.

II – La frontière entre monnaie et actifs non monétaires


Dans la construction des agrégats de monnaie, on fait tout d’abord
la distinction entre monnaie au sens strict et monnaie au sens
large, et ensuite la distinction entre actifs monétaires et actifs
non monétaires pour déterminer quels sont les moyens de
paiement qui seront inclus dans la monnaie au sens large.

59
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
1. La monnaie au sens strict du terme
Le critère fonctionnel permet de distinguer entre ce qui est
moyen de paiement immédiat et ce qui ne l’est pas, et donc entre
ce qui est monnaie au sens strict et ce qui ne l’est pas.
La monnaie au sens strict ou masse monétaire au sens étroit du
terme regroupe donc les moyens de paiement immédiats, c'est-à-
dire la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale.
Si on s’intéressait uniquement à la capacité de dépense immédiate
des agents non financiers (ANF), il aurait suffi de mesurer la
quantité de monnaie au sens strict en circulation, mais comme
l’on s’intéresse à la capacité de dépense globale ou potentielle
des ANF, il faut également intégrer, en plus des moyens de
paiement immédiats ou monnaie au sens strict les moyens de
paiement différés pour mesurer la monnaie au sens large. 60
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
2. La monnaie au sens large
La monnaie au sens large regroupe :
 Les moyens de paiement immédiats (monnaie fiduciaire et scripturale)
qui constituent la monnaie au sens strict du terme.
 Et les actifs émis par les institutions financières (critère institutionnel)
pouvant être utilisés en règlement des transactions après conversion
facile et rapide en moyens de paiement, sans que cette conversion
entraîne une perte importante en capital (critère de liquidité).

Sont donc exclus des agrégats monétaires tous les placements dont
la liquidation avant l’échéance ne peut se faire que par
négociation sur un marché avec un risque élevé de perte en
capital.

61
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
L’utilisation combinée du critère de liquidité et du critère
institutionnel permet d’identifier et de classer par ordre
décroissant de liquidité les instruments de paiement différés émis
uniquement par des institutions financières et susceptibles d’être
transformés en moyens de paiement immédiats sans délai
important ni risque élevé de perte en capital (avoirs sous forme
de comptes sur carnet, de comptes à terme et de bons à échéance
fixe, et OPCVM monétaires).
§2: les agrégats de monnaie au Maroc
Lorsqu’on parle des instruments de mesure de la monnaie au
Maroc, il est essentiel de distinguer trois périodes :

62
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
 Avant 1997
 Avant le 30 juin 2010
 A partir du 30 juin 2010

I - Les instruments de mesure de la monnaie avant 1997


Avant 1997, la masse monétaire au sens large était composée:
 des disponibilités monétaires (masse monétaire au sens étroit ou au
sens strict du terme) qui comprenaient les moyens de paiement
immédiats: monnaie fiduciaire (billets et pièces)+ monnaie scripturale
(ensemble des comptes créditeurs à vue auprès des banques, de la
banque centrale, du Trésor et du Service des chèques postaux), et les
placements à vue sous forme de comptes sur carnet auprès des
banques.
 et de la quasi- monnaie constituée des avoirs sous forme de dépôts à
terme (…) auprès des banques.
Ce classement des autorités monétaires pour élaborer les
instruments de mesure de la monnaie utilise les trois critères de
63
classification étudiés précédemment:
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

 l’utilisation du critère fonctionnel permet d’identifier les avoirs


monétaires (monnaie fiduciaire et monnaie scripturale) présentant
l’ensemble des caractéristiques des moyens de paiement immédiats.
 l’utilisation combinée du critère de liquidité et du critère
institutionnel permet d’identifier et de classer par degré décroissant
de liquidité les instruments de paiement différés émis uniquement par
une banque et susceptibles d’être transformés en moyens de paiement
immédiats, sans délai important, ni risque élevé de perte en
capital (avoirs sous forme de comptes sur carnet, de comptes à terme
et de bons à échéance fixe).
Pourquoi les autorités monétaires marocaines ont-elles, en 1997,
réformé les instruments de mesure de la monnaie?

64
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

II - Les instruments de mesure de la monnaie avant le 30


juin 2010
1. Les principales qualités d’un agrégat de monnaie
Les principales qualités attendues d’un bon agrégat monétaire
sont la représentativité, la disponibilité, la fiabilité et la
cohérence.
a) La représentativité
Les agrégats doivent refléter de la manière la plus fidèle et la
plus précise possible la capacité de dépense des agents non
financiers, de manière à pouvoir déterminer les éventuelles
pressions inflationnistes dans l’économie

65
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
b) La disponibilité et la fiabilité
Les agrégats sont construits pour éclairer la banque dans la
conduite de la politique monétaire. Ils doivent donc être
disponibles rapidement et à une fréquence relativement élevée.
En pratique, les autorités monétaires établissent les agrégats tous
les mois. Les données collectées doivent être aussi précises que
possible afin d’en assurer la fiabilité.
c) La cohérence
Il s’agit de regrouper en sous ensembles des actifs monétaires
présentant une certaine homogénéité. Or, les instruments de
mesure de la monnaie au Maroc avant 1997 présentaient un faible
degré de cohérence puisque les disponibilités monétaires
regroupaient les instruments de paiement immédiats et les
comptes sur carnet auprès des banques. 66
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
Par ailleurs, ces agrégats de monnaie n’étaient plus représentatifs
de la capacité de dépense globale ou potentielle des agents non
financiers (critère de représentativité) puisqu’ils excluaient
notamment: les avoirs à vue mobilisables par chèque auprès de la
Banque Nationale pour le Développement Économique (BNDE), du
Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) et de la Caisse Nationale de
Crédit Agricole (CNCA), les dépôts à vue non mobilisables par
chèque sous forme de comptes sur livrets auprès de la Caisse
d’Épargne Nationale, et les certificats de dépôt (titres de créances
négociables émis par les banques).
En plus de ces limites, les instruments de mesure de la monnaie se
trouvaient en déphasage par rapport aux pratiques internationales
en matière de construction des agrégats de monnaie, ce qui
explique la refonte de ces instruments de mesure de la monnaie
avec la réforme de 1997. 67
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

2 – La réforme des agrégats monétaires en 1997


La refonte des indicateurs statistiques a concerné aussi bien la
forme que le fonds.
a) La forme
Les nouveaux agrégats de monnaie, à l’inverse des anciens,
s’emboîtent les uns dans les autres. Il y a trois agrégats de
monnaie notés M1, M2 et M3.
L’agrégat M1 correspond à la définition la plus étroite de la masse
monétaire (moyens de paiement immédiats). En ajoutant des
actifs supplémentaires successivement, on aboutit à M2 qui
constitue un agrégat intermédiaire puis à M3 qui représente la
masse monétaire au sens large du terme.
68
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

b) Le fonds
L’agrégat M1, à l’inverse des disponibilités monétaires, ne
regroupe plus que les moyens de paiement immédiats : monnaie
fiduciaire et tous les comptes créditeurs à vue mobilisables par
chèque, et ce quelque soit leur gestionnaire (donc y compris les
comptes créditeurs à vue mobilisables par chèque auprès de la
BNDE, du CIH et de la CNCA), ce qui permet une plus grande
homogénéité par rapport aux disponibilités monétaires.
Au niveau de M1, c’est le critère fonctionnel qui est privilégié et
qui permet de distinguer entre ce qui est moyen de paiement
immédiat et ce qui ne l’est pas.

69
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

 M1= Monnaie fiduciaire : Billets et pièces


+Monnaie scripturale: comptes créditeurs à vue
mobilisables par chèque auprès des banques, du Trésor, du
Service des Chèques Postaux (actuellement Barid Al-
Maghrib) et de Bank Al Maghrib.
L’agrégat M2 comprend, en plus de M1, les placements à vue non
mobilisables par chèque sous forme de comptes sur carnet auprès
des banques, et les placements à vue non mobilisables par
chèque sous forme de comptes sur livret auprès de la Caisse
d’Epargne Nationale (CEN).

 M2= M1+placements à vue

70
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
 M2 – M1 = placements à vue (non mobilisables par chèque)
= comptes sur carnets (ou comptes d’épargne) auprès
des banques
+ comptes sur livrets auprès de la CEN
L’agrégat M2 comprend donc, en plus de M1, des actifs très
liquides mais qui présentent un degré moindre de liquidité par
rapport à M1. Au niveau de M2, c’est le critère de liquidité qui est
privilégié.
L’agrégat M3 intègre, en plus de M2, les placements à terme sous
forme de comptes à terme et de bons à échéance fixe (ou bons de
caisse) auprès des banques et de certificats de dépôt.
M3= M2+placements à terme
71
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
 M3 – M2 = placements à terme
= comptes à terme auprès des banques
+ bons à échéance fixe
+ certificats de dépôt

Au niveau de M3, le critère institutionnel va permettre de ne


retenir parmi les actifs monétaires que les actifs qui sont émis par
une institution financière monétaire (institution qui crée de la
monnaie et/ou qui gère des actifs monétaires).

72
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
La définition de M3 s’appuie sur l’utilisation combinée du critère
de liquidité et du critère institutionnel puisque M3 comprend M2
et les actifs liquides émis ou gérés par des institutions financières
et pouvant être utilisés en règlement des transactions après
conversion rapide et facile en moyens de paiement sans grand
risque de perte en capital.
L’agrégat M3 correspond donc à la définition de la masse
monétaire au sens large

73
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
3. Les agrégats de placement liquides
Les statistiques monétaires intègrent, en plus des agrégats de
monnaie, les agrégats de placement liquides détenus par les
agents non financiers (entreprises non financières et particuliers)
résidents et les MRE (secteur détenteur de la monnaie).
Ce sont des actifs non monétaires selon les critères retenus mais
qui sont très proches par leurs caractéristiques des agrégats de
monnaie.
A l’inverse des agrégats de monnaie, les agrégats de placement
liquides ne s’emboîtent pas les uns dans les autres. Ils sont
regroupés en ensembles distincts et aussi homogènes que possible,
par degré décroissant de liquidité et sont au nombre de quatre
avant le 30 juin 2010:
74
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
PL1 représente essentiellement les titres de créance négociables,
exception faite des certificats de dépôt. Les titres de créance
négociables (TCN) sont associés au marché monétaire et donc
représentent les titres émis en vue de répondre à un besoin de
financement à court ou moyen terme.
 PL1= Bons du trésor négociables (sur le marché des
adjudications)
+ Billets de trésorerie
+ Bons émis par des sociétés de financement
+Titres émis par les OPVCM contractuels.
Les OPCVM contractuels sont des OPCVM dont l’engagement de l’établissement de gestion du FCP ou de la
SICAV porte contractuellement sur un résultat concret exprimé en termes de performances et/ou de garantie
du montant investi par le souscripteur. En contrepartie de cette garantie, l’établissement de gestion du
fonds commun de placement (FCP) ou de la SICAV peut exiger du souscripteur des engagements portant sur le
montant investi et/ou la durée de détention des titres de l’OPCVM par ce dernier.
75
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

 PL2 représente les titres émis par les OPCVM « monétaires ».


Ce sont des titres convertibles à tout moment et sans risque
important de perte en capital.
 PL3 représente les titres émis par les OPCVM obligations
(« court », « moyen et long terme ») qui présentent un risque
faible de perte en capital.
 PL4 représente les titres émis par les OPCVM « actions » et
« diversifiés » qui présentent un risque élevé de perte en
capital.
La masse monétaire au sens large (M3) et les agrégats de
placement liquides (PL1, PL2, PL3, PL4) représentent la liquidité
de l’économie.

76
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

Pourquoi les autorités monétaires ont-elles à nouveau réformé, le


30 juin 2010, les instruments de mesure de la monnaie ?
Quels sont les nouveaux concepts et les nouvelles définitions qui
ont accompagné cette réforme?
II - Les agrégats de monnaie après le 30 juin 2010
Bank Al-Maghrib a réformé les instruments de mesure de la
monnaie principalement pour deux raisons:
 Pour qu’ils soient conformes aux prescriptions du Manuel des
statistiques monétaires et financières du FMI de 2000. « L’objectif
étant d’harmoniser les méthodes de calcul, d’évaluation et de
comptabilisation des opérations financières, ainsi que la classification
des instruments financiers avec les pratiques internationales ».
 Pour qu’ils reflètent au mieux la capacité de dépense globale ou
potentielle (critère de représentativité) du secteur détenteur de la
77
monnaie.
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

Depuis juin 2010, Bank Al-Maghrib publie donc des statistiques


monétaires conformes aux prescriptions du Manuel des
statistiques monétaires et financières du FMI de 2000.
L’adoption de cette méthodologie s’est traduite par un
accroissement de la masse monétaire suite principalement à la
prise en compte de nouveaux agents économiques au niveau du
secteur détenteur de la monnaie:
Le secteur détenteur a été élargi à l’ensemble des secteurs
institutionnels résidents, autres que les institutions de dépôt et
l’administration centrale.
Le secteur émetteur de la monnaie comprend, outre Bank A-
Maghrib, les autres institutions de dépôt (banques commerciales
et OPCVM monétaires) et le Trésor.

78
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

1. définitions:
a) Le Secteur détenteur de la monnaie :
Il inclut tous les secteurs résidents, à l’exception des Institutions
de Dépôt et de l’Administration Centrale. Il comprend:
- les sociétés non financières publiques et privées(…);
- les collectivités locales;
- les administrations de sécurité sociale;
- les ménages composés des particuliers, des entrepreneurs individuels et
des MRE,
- les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) et,
- les autres sociétés financières (ASF)».

79
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

b) Le secteur émetteur de la monnaie :

« Il comprend l’ensemble des sociétés financières résidentes qui


ont pour principale fonction d’assurer l’intermédiation financière
et qui comptent dans leur passif des éléments entrant dans la
définition nationale de la monnaie au sens large. Au Maroc, ce
secteur est composé de:
- Bank Al-Maghrib;
- Banques commerciales et;
- OPCVM monétaires.
- Trésor
Les sociétés financières émettrices de la monnaie sont appelées
Institutions de Dépôts (ID). Les institutions de dépôt comprennent
- la banque centrale (Bank Al-Maghrib)
- et les Autres Institutions de Dépôts (AID) qui sont les banques
80
commerciales et les OPCVM monétaires.
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
Les OPCVM monétaires créent de la monnaie, d’une manière
différente des établissements de crédit, en émettant des titres
convertibles à tout moment et sans risque important de perte en
capital.
En plus des actifs monétaires auprès des Institutions de dépôt (ID),
la masse monétaire recouvre également les dépôts ouverts auprès
du Trésor, dans la mesure où ils répondent aux critères
d’inclusion dans les agrégats de monnaie (…).
De même, les dépôts ouverts auprès de la Caisse d’Epargne
Nationale (CEN) et du Centre des chèques postaux (CCP) étaient,
avant juin 2010 inclus dans la masse monétaire. À partir de juin
2010, les services financiers de la Poste se sont transformés en
banque postale (Al Barid-Bank) qui fait partie désormais des autres
institutions de dépôts ».

81
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
c) Le secteur neutre :
« L’Administration Centrale est considérée comme un secteur
neutre dans la mesure où l’évolution de ses actifs financiers n’est
pas déterminée par l’activité économique. En effet, les dépôts de
l’AC ne réagissent pas aux phénomènes macroéconomiques de la
même manière que les dépôts des secteurs détenteurs de la
monnaie, compte tenu de ses spécificités, de ses contraintes de
financement et de la nature de ses dépenses ainsi que des
techniques de gestion de sa trésorerie ».
d) Le critère de résidence :
«(…) le concept de résidence n’est pas lié à la nationalité ou à des
critères juridiques, il se base sur la notion du centre d’intérêt
économique. Ainsi, sont considérés comme des résidents, les
personnes physiques marocaines ou étrangères ayant leur principal
centre d’intérêt au Maroc, les fonctionnaires et autres agents
publics marocains en poste à l’étranger, et les personnes morales
marocaines ou étrangères pour leurs établissements situés 82au
Maroc ».
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
Le centre d’intérêt est considéré au Maroc lorsque le domicile
principal, c’est-à-dire le lieu d’habitation occupé le plus
fréquemment, se trouve au Maroc. Le critère de domicile
principal prévaut toujours sur celui du lieu d’activité
professionnelle ».
« Une unité institutionnelle a un centre d’intérêt économique
dans un pays lorsqu’il existe sur le territoire économique de ce
pays, un endroit – domicile, lieu de production ou locaux à autre
usage – dans lequel ou à partir duquel elle exerce, et a l’intention
de continuer à exercer, des activités économiques d’une ampleur
significative ».
« (…). Il convient de signaler que les opérations des Marocains
résidant à l’étranger (MRE) auprès des banques résidentes sont
traitées comme étant avec des résidents. En effet, bien que les
MRE soient considérés comme des non-résidents, leurs avoirs sont
en général destinés à financer des dépenses courantes et/ou
d’investissement au Maroc ». 83
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
2. Les agrégats de monnaie
« Les agrégats de monnaie recensent les moyens de paiement et
les actifs financiers qui peuvent être rapidement et facilement
transformés en moyen de paiement sans risque important de
perte en capital. Ils sont présentés sous forme d’agrégats désignés
par le caractère M et assortis de chiffres allant de 1 à 3. ils sont
classés par ordre décroissant du degré de liquidité des actifs
financiers les constituant ».
L’agrégat M1 qui représente la masse monétaire au sens étroit
recense les actifs liquides, divisibles, transférables, sans
rendement et avec un coût de transaction nul. Il comprend:
 les billets et pièces de monnaie en circulation nets des encaisses des
Institutions de Dépôt, ainsi que les dépôts à vue transférables, en
monnaie nationale, constitués auprès de la Banque Centrale, des
84
banques commerciales et du Trésor »
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
M1 ne présente donc aucun changement par rapport à la situation
des agrégats monétaires avant juin 2010.
 M1= Monnaie fiduciaire en circulation (nets des encaisses des
banques), 30% de l’ensemble des moyens de paiement
immédiats en septembre 2022)
+Monnaie scripturale: comptes créditeurs à vue mobilisables
par chèque auprès des banques, du Trésor, et de Bank Al
Maghrib (70% de l’ensemble des moyens de paiement
immédiats en septembre 2022)
L’agrégat M2 est composé de l’agrégat M1 auquel s’ajoute
l’ensemble des actifs liquides, non transférables et rapportant un
rendement. Pour le cas du Maroc, il s’agit des comptes d’épargne
ouverts auprès des banques » (mai 2020)
 M2= M1+placements à vue (non transférables) sous forme de
comptes d’épargne auprès des banques. 85
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
 M2 – M1 = placements à vue
M2 ne présente donc aucun changement par rapport à la
situation des agrégats monétaires avant juin 2010.
L’agrégat M3 qui correspond à la masse monétaire au sens large,
regroupe, en plus de M2, les actifs monétaires moins liquides,
avec des coûts de transaction significatifs, non transférables et/ou
non divisibles et rapportant un rendement. Ces derniers sont
regroupés au niveau d’un agrégat dénommé « autres actifs
monétaires » qui se compose » principalement des:
- Comptes à terme et bons à échéance fixe
- Dépôts en devises
- valeurs données en pension
86
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
- certificats de dépôts d’une durée résiduelle inférieure ou égale à deux
ans;
- Titres d’OPCVM monétaires, et;
- Dépôts à terme ouverts auprès de la TGR »
 On a M3= M2 + autres actifs monétaires
 Ou M3- M2= autres actifs monétaires
= comptes à terme et bons de caisse auprès des banques
+ titres émis par les OPCVM monétaires
+ dépôts en devises (à vue et à terme auprès des banques)
+ valeurs données en pension
+ certificats de dépôt ayant une durée résiduelle inférieure
ou égale à 2 ans
+ dépôts à terme auprès du Trésor + autres dépôts (emprunts
contractés par les banques auprès des sociétés financières
autres que les institutions de dépôt)
87
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie
3. Les agrégats de placement liquides :
«Les agrégats de placements liquides recensent les actifs
financiers des détenteurs de la monnaie qui sont jugés quelque
peu liquides mais pas suffisamment pour être inclus dans la
définition nationale de la monnaie au sens large. Ils sont présentés
sous forme d’agrégats désignés par le caractère PL assortis de
chiffres allant de 1 à 3, ainsi:
 l’agrégat PL1 comprend les titres d’OPCVM contractuels, ainsi que les
titres de créances négociables (pour toutes les maturités) autres que
les certificats de dépôts, à savoir les Bons du Trésor émis par
adjudication, les bons de sociétés de financement et les billets de
trésorerie;
 l’agrégat PL2 est composé des titres émis par les OPCVM obligations
(court, moyen et long terme) et;
 l’agrégat PL3 inclut les titres émis par les OPCVM actions et
diversifiés ». 88
Section III : les instruments de mesure de la
monnaie : les agrégats de monnaie

La liquidité de l’économie est composée de la masse monétaire au


sens large (M3) et des agrégats de placement liquides (PL1, PL2 et
PL3).
Il est important de noter que la frontière tracée entre actifs
monétaires et actifs non monétaires n’est pas définitive et qu’elle
se déplace au fur et à mesure du développement des innovations
financières, et des mutations de comportement des agents non
financiers en matière de placements.
Au Maroc, le développement important des OPCVM qui offre des
possibilités de placements courts (parts de SICAV) assortis d’un
risque de perte en capital limité a amené Bank Al-Maghrib à
inclure, à partir de 2010, les OPCVM monétaires dans l’agrégat
monétaire M3. Le critère institutionnel perd donc progressivement
de son importance au profit des critères économiques (fonctionnel
et de liquidité).
89
CHAPITRE II:
L’offre de monnaie:

la création monétaire
« Le banquier peut créer de la monnaie sans se faire traiter de
faussaire. Il peut prêter ce qu’il n’a pas sans se faire traiter d’escroc,
c’est son droit, c’est même l’essentiel de sa fonction »
(Jean-Marie Albertini, « des sous et des hommes, seuil Paris 1985)

90
CHAPITRE II:

La création monétaire est l’un des aspects les plus importants de


l’analyse monétaire. Pour bien saisir le processus de création
monétaire, il est nécessaire de répondre aux questions suivantes:
 Qu’est ce que la création monétaire?
 Quels sont les acteurs qui créent de la monnaie?
 Quand et comment la monnaie est-elle créée?
 Quelles sont les causes ou les sources de la création monétaire? Et
quelles sont donc les contreparties de la masse monétaire?
 Quelles sont les limites de la création monétaire?
La création de monnaie est le processus par lequel s’accroît la
masse monétaire. Il y a création monétaire lorsqu’il y a une
variation positive de la masse monétaire, c’est-à-dire de la
quantité de monnaie détenue par le secteur détenteur de la
monnaie. 91
CHAPITRE II:

Il ne faut pas assimiler modification de la structure de la masse


monétaire à la création monétaire.
En d’autres termes, il y a création de monnaie si l’augmentation
d’un agrégat de monnaie n’a pas pour contrepartie la baisse d’un
autre agrégat.
La création de monnaie est assurée par trois institutions:
 les banques commerciales,
 la banque centrale
 et le Trésor
Seules ces trois institutions ont le pouvoir de créer de la monnaie
(au sens strict du terme)

92
CHAPITRE II:
La monnaie créée figure à l’actif de l’agent qui la possède et au
passif de celui qui l’a émise:
 Le passif est ce qu’une banque doit: ensemble des dettes,
engagements, ressources,…
 L’actif est ce qu’une banque possède ou ce qu’on lui doit: avoirs,
patrimoine, emploi des ressources, créances détenues sur…
La monnaie figure ainsi au passif du bilan des banques (et du
Trésor) et à l’actif du bilan du secteur détenteur de la monnaie
(ménages, sociétés non financières..)
Le secteur détenteur de la monnaie (ménages, sociétés non
financières, autres sociétés financières, …) détient de la monnaie
fiduciaire et de la monnaie scripturale (M1) donc des créances sur
la banque centrale, les banques commerciales et le Trésor.

93
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
Les banques commerciales créent de la monnaie scripturale. Il y
a création de monnaie scripturale, et donc variation positive de
la masse monétaire lorsqu’une banque effectue avec le secteur
détenteur de la monnaie (ménages, sociétés non financières..)
une des opérations suivantes:
 Achat d’un actif réel ou financier (billet à ordre, lettre de change ou
traite)
 Achat de devises
 Escompte d’un effet de commerce
 Opérations de crédit

94
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
I – Achat d’un actif réel ou financier
Une banque achète à un ménage un actif réel (terrain,
immeuble,…) ou un actif financier.
Exemple 1: achat d’un actif réel
La BCP (// secteur émetteur de la monnaie) achète un terrain
ayant une valeur de 800 à un particulier (// secteur détenteur de
la monnaie), Mr Benkaddour (dont le compte chèque figure au
niveau de la BCP).
BCP Mr Benkaddour
Actif Passif Actif Passif
Terrain +800 Cpte Benkaddour +800 Terrain - 800
Cpte BCP + 800

« La double inscription simultanée d’un même montant à l’actif et


au passif du bilan de la banque constitue l’acte par lequel elle crée
de la monnaie ».
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
Il y a bien création monétaire, car l’accroissement de la quantité
de monnaie détenue par Mr Benkaddour n’a pas pour contrepartie
la baisse de la capacité de dépense d’un autre agent du secteur
détenteur de la monnaie. La masse monétaire a augmenté de 800
en monnaie scripturale.
Exemple 2: achat d’un actif financier
Maroc Telecom émet des obligations pour une valeur de 5000 et
ayant une durée de 10 ans. Ces obligations sont entièrement
souscrites (achetées) par la BMCI (banque marocaine pour le
commerce et l’industrie).
BMCI Maroc Telecom
Obligations Cpte Maroc Telecom Cpte BMCI Dette à long terme

+5000 +5000 +5000 +5000

96
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
Cette opération s’est traduite par une création de monnaie d’une
valeur de 5000. La banque a donc la capacité de transformer un
actif réel ou financier en monnaie : on parle de monétisation.
Inversement, il y a destruction de monnaie lorsqu’une banque
vend un actif réel ou financier au secteur détenteur de la
monnaie.
La création de monnaie par une banque suite à l’achat d’actifs
réels et financiers demeure exceptionnelle et limitée car la
fonction première des institutions financières n’est pas la gestion
d’actifs réels ou financiers. De plus, les acquisitions des banques
doivent être faites à partir de leur ressources non monétaires.

97
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
II – Achat de devises
Exemple: L’Entreprise Bouazza exporte des chemises vers la
Belgique pour une valeur de 6000 Euros. Elle vend à sa banque, le
CDM (Crédit du Maroc) les devises qu’elle a reçu suite à
l’exportation de ses chemises (taux de change 1 EUR = 11
dirhams).
CDM Ese Bouazza
Actif Passif Actif
Avoirs en devises cpte Ese Bouazza Compte CDM +66000
+6000 +66000
Avoirs en devises -6000

L’accroissement de la quantité de monnaie détenue par l’Ese


Bouazza n’a pas pour contrepartie la baisse de la capacité de
dépense d’un autre agent du secteur détenteur de la monnaie. Il
y a donc création monétaire d’une valeur de 66000 dirhams.
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
Inversement, lorsqu’une société importatrice marocaine achète
des devises à sa banque, il y a destruction de monnaie.
Le CDM monétise les devises (créances sur les non-résidents),
c’est-à-dire qu’il les transforme en moyens de paiement
immédiatement utilisables. Cette opération de change est une
monétisation d’une créance sur l’Etranger.
III – Escompte d’un effet de commerce
Exemple: la Cosumar a livré du sucre à Marjane pour une valeur
de 200. On suppose également que la Cosumar accorde un délai
de paiement de 1 mois à Marjane. En contrepartie, l’Ese Marjane
signe un billet à ordre à la Cosumar par lequel elle s’engage à
régler sa dette de 200 dans un mois.

99
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
Cosumar Marjane
Sucre – 200 Sucre + 200 B.O + 200
B.O + 200

Après 10 jours, la Cosumar, suite à des difficultés de trésorerie,


cède sa créance à sa banque, la BCP qui lui escompte le billet à
ordre. (Pour simplifier, l’escompte est gratuit, c'est-à-dire qu’il n’y
a pas d’agios).
La BCP va monétiser l’effet de commerce et on a alors:
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

BCP Cosumar
B.O + 200 Cpte Cosumar +200 B.O - 200
Cpte BCP + 200

il y a bien création monétaire car l’accroissement de la quantité de


monnaie détenue par la société « Cosumar » ne s’est pas traduit par la
baisse de la capacité de dépense d’un autre agent du secteur détenteur
de la monnaie.
Au terme d’un mois, c’est-à-dire lorsque le billet à ordre arrive à
échéance, Marjane rembourse 200 non pas à la Cosumar mais à la BCP. A
ce moment là, il y a destruction de monnaie:
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

BCP Marjane
B.O – 200 Cpte Marjane -200 Cpt. BCP - 200 B.O - 200

Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
III – Opérations d’octroi de crédit
Les opérations d’octroi de crédit représentent la part la plus
importante de la création monétaire par les banques. Les banques
commerciales peuvent créer de la monnaie scripturale en
octroyant un crédit à partir d’un dépôt préalable de la clientèle,
c’est le multiplicateur du crédit, soit créer de la monnaie sans
dépôt préalable: c’est le diviseur du crédit.
1. La création monétaire avec dépôt préalable: le
mécanisme du multiplicateur
On part de l’hypothèse d’une seule banque. A partir du dépôt
initial d’un agent économique en billets de banque centrale, la
banque peut fabriquer une plus grande quantité de monnaie
scripturale. Le processus de création monétaire est le suivant:
Exemple: Mr Benkaddour dépose 1000dh à la BCP.
103
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

Etape 1:Dépôt initial de 1000: ouverture d’un compte courant à la


BCP:
BCP Benkaddour

Billets de banque Monnaie scripturale Monnaie scripturale +1000
+1000 +1000 Monnaie fiduciaire -1000

Etape 2: la BCP constate qu’une grande partie des transactions sont


réglées par chèque ou carte bancaire, 800 dans notre exemple, et
que seulement 200 sont réglés en monnaie fiduciaire. La banque va
donc conserver le 1/5ème du dépôt initial de 1000dh, soit 200, en
monnaie fiduciaire. Il s’agit d’une réserve indispensable en
monnaie centrale permettant à la BCP d’honorer ses engagements.

104
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
Les 4/5èmes restants, soit 800 dh, pourront être utilisés
librement par la banque pour octroyer un crédit à l’entreprise
Bouazzaoui.
A ce stade, on peut déjà constater une création de monnaie
scripturale, car il y a un accroissement de la quantité de monnaie
en circulation en contrepartie de l’octroi de crédit par la BCP à
l’entreprise Bouazzaoui. A partir d’un dépôt initial de 1000, nous
avons 1800 en monnaie scripturale.
BCP
Billets de banque +1000 Monnaie scripturale +1000
Créance sur Ese Bouazzaoui +800 Compte Ese Bouazzaoui +800
Total 1800 Total 1800

105
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

Ese Bouazzaoui
Compte BCP +800 Dette à l’égard de la banque +800

Le processus de création monétaire se fait selon le circuit suivant:

crédit dépôt

« les crédits font les dépôts ».


106
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

Etape 3: grâce au crédit obtenu, l’entreprise Bouazzaoui va payer


son fournisseur Benzhor par chèque. Benzhor dépose le chèque
d’une valeur de 800 à sa banque. A partir du dépôt de Benzhor, la
BCP va retenir le 1/5ème pour faire face aux sorties de billets de
banque, et prêter les 4/5ème restants à un client Boucetta soit
640.
A ce niveau, la banque a mis en circulation une nouvelle quantité
de monnaie scripturale. Le total de la monnaie scripturale est:
1000+ (1000x4/5) + (1000x 4/5)x4/5= 1000+800+640=2440
Etape 4: en adoptant le même raisonnement, sur les 640 déposés
sur le compte du client Boucetta, le 1/5ème sera réservé au
règlement en billets et les 4/5èmes donnés en nouveau crédit. La
nouvelle quantité de monnaie scripturale créée est: 640x4/5=512
107
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

Le total de monnaie scripturale créée au terme de la quatrième


étape est:
1000 + (1000x4/5) + (1000x(4/5)2) + (1000x (4/5)3) = 2952
Etape n: le raisonnement se poursuit jusqu’à l’octroi du crédit n
qui correspond à l’épuisement des billets de banque.
1000 + (1000x4/5) + (1000x4/5)2 + (1000x 4/5)3 +………. +
(1000x 4/5)n
 A chaque fois, la banque a gardé en réserve 1/5ème . On a donc:
réserve r=1/5
et le multiplicateur k=1/r =5

108
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

Un montant total de 5000 a été créé à partir d’un dépôt initial


de 1000:
Monnaie scripturale= k x monnaie fiduciaire (5000= 5x1000)
Dans cet exemple, il a donc été créé 5 fois plus de monnaie qu’il
n’y avait de monnaie banque centrale au départ.
La banque commerciale aurait créé une plus grande quantité de
monnaie scripturale si le taux de la réserve avait été moins
important. Avec un r qui tend vers 0, le multiplicateur k=1/r
tend vers l’infini et la banque aurait alors un pouvoir illimité de
création monétaire.

109
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
Il faut noter que le multiplicateur indique seulement le maximum
potentiel de création monétaire, maximum qui n’est pas
nécessairement atteint dans le cas où les agents du secteur
détenteur de la monnaie ne demandent pas de crédit bancaire ou
dans le cas où les banques octroient moins de crédit
2. La création monétaire sans dépôt préalable: le mécanisme du
diviseur de crédit
Le dépôt préalable n’est pas indispensable pour la création
monétaire parce que les banques commerciales peuvent
emprunter de la monnaie banque centrale auprès de Bank Al-
Maghrib lorsqu’elles en ont besoin.

110
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
Les banques prêtent au secteur détenteur de la monnaie dans un premier
temps, puis se refinancent dans un deuxième temps auprès de la banque
centrale. Le processus de création monétaire est le suivant:
 Un agent du secteur détenteur de la monnaie a besoin d’un crédit de
1000. Pour l’obtenir, il s’adresse à sa banque BMCE.
 La banque accorde le crédit (contre l’escompte d’un effet de
commerce c’est-à-dire un titre représentatif d’une créance)
 L’agent du secteur détenteur de la monnaie a besoin de 1/5ème de
son crédit sous forme de monnaie fiduciaire (soit 200)
 Pour satisfaire la demande de son client, la BMCE s’adresse à Bank Al
Maghrib. Pour obtenir de la monnaie fiduciaire, elle doit céder une
partie de son actif à la banque centrale (réescompte de l’effet de
commerce).

111
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

Bilan de la BMCE après l’octroi de crédit

Créance sur l’économie +1000 Monnaie scripturale +1000

Bilan de BAM après le réescompte du 1/5 ème de l’actif


Créance sur l’économie +200 Monnaie fiduciaire +200

Bilan définitif de la BMCE


créance sur l’économie +800 Monnaie scripturale +800

112
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

On constate que c’est la quantité de monnaie banque centrale qui


est adaptée à la quantité de monnaie scripturale et non l’inverse.
Après avoir créé une quantité supplémentaire de monnaie en
octroyant des crédits, la banque doit se procurer une fraction de
monnaie banque centrale pour se refinancer.
On part de la monnaie scripturale pour aboutir, grâce au diviseur
de crédit, à la monnaie fiduciaire:
Monnaie fiduciaire= 1/k x monnaie scripturale (200=1/5x 1OOO)
Mathématiquement, le diviseur du crédit est l’inverse du
multiplicateur.

113
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

3. La création de monnaie par les banques: hypothèse de


deux banques et une banque centrale:
La création de monnaie dans cette hypothèse peut être illustrée
par un exemple précis:
Un salarié Mr Benkaddour dans une entreprise a un compte
auprès de la banque populaire BCP
L’employeur, Mr Benzhor a un compte auprès de la BMCE
A la fin du mois, l’employeur Benzhor paie son salarié
Benkaddour par un chèque BMCE de 5000Dh. Pour encaisser le
chèque, Benkaddour verse le chèque à sa banque BCP.

114
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
Bilan BCP
Créance sur BMCE +5000 Compte de Benkaddour +5000

La BCP doit récupérer sa créance sur la BMCE. Deux situations


peuvent alors se présenter:
1ère situation: la BMCE a une créance équivalente sur la BCP:
BCP chèque BMCE 5000 DH BMCE

BCP chèque BCP 5000 DH BMCE


Chaque banque a été payée dans sa propre monnaie. Cette
opération quotidienne entre les banques s’appelle la
compensation
115
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
2ème situation:
La BMCE n’a pas de créance sur la BCP, dans ce cas, elle doit payer
en monnaie fiduciaire. Dans le cas où elle ne dispose de
suffisamment de monnaie banque centrale, la BMCE doit recourir à
la banque centrale pour emprunter de la monnaie fiduciaire
qu’elle cède à la BCP.
Cette opération a permis à Bank Al Maghrib de créer de la monnaie
banque centrale. Elle a doté la BCP d’un supplément de liquidité
élargissant ainsi sa base de création monétaire selon le
mécanisme du multiplicateur.
Bilan définitif BCP
Créance sur BMCE -5000 Compte de Benkaddour +5000
Monnaie fiduciaire +5000
116
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales
La création monétaire implique le passif et l’actif des banques : le
passif retrace la monnaie créée tandis que l’actif retrace les
causes de la création de monnaie.
Si tous les crédits aboutissent à une création monétaire, le
remboursement du crédit conduit à une destruction de la masse
monétaire.
Le crédit n’est donc une source d’augmentation nette de la masse
monétaire que dans la mesure où le montant des nouveaux
crédits est supérieur au montant des remboursements des crédits
précédents.

117
Section I: Les mécanismes de la création
monétaire par les banques commerciales

La création monétaire par les banques à l’occasion d’escompte


d’effets de commerce ou d’octroi de crédit n’est que provisoire
(dans ce cas on parle de monnaie de crédit ou de monnaie
interne), alors que dans le cas d’achats de devises, la création de
monnaie est définitive (on parle dans ce cas précis de monnaie
externe ou de monnaie libre).
En conclusion, les banques commerciales ne créent que de la
monnaie scripturale, appelée aussi monnaie bancaire, monnaie
de banque ou monnaie. Toute la monnaie scripturale créée par les
banques fait partie de la masse monétaire et plus précisément de
l’agrégat de monnaie M1. La part des dépôts à vue auprès des
banques représente l’essentiel de la monnaie scripturale créée
(environ 90%).
118
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
La création de la Banque d’État du Maroc fut décidée lors de la
Conférence Internationale d’Algésiras en janvier 1906. Elle fut
créée en 1907, et son capital était détenu par des Etats étrangers
(français, anglais, allemand,…)
La Banque du Maroc, dont le capital est entièrement détenu par
l’État marocain, a remplacé, par dahir du 30 juin 1959, la Banque
d’État du Maroc,
La Banque du Maroc a pris en 1987 la dénomination de Bank Al-
Maghrib.

119
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
I – Qu’est ce que la monnaie de banque centrale?
Bank Al-Maghrib émet de la monnaie de banque centrale,
également appelée base monétaire. La monnaie de banque
centrale se compose:
 des billets et pièces: Bank Al-Maghrib a, de par ses statuts, le
monopole d’émission des billets et des pièces de monnaie en
circulation. « La Banque exerce le privilège d’émission des billets de
banque et des pièces de monnaie ayant cours légal sur le territoire du
Royaume », (chapitre II, section I, article 5 des statuts de la banque
centrale), et
 De la monnaie centrale: elle est constituée des avoirs détenus par les
titulaires de comptes sur les livres de l’Institut d’émission,
principalement par les banques et par le Trésor. La monnaie centrale
détenue par les banques auprès de la banque centrale est également
appelée liquidité bancaire. De la même manière que les ménages, les
120
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale

sociétés non financières, …, (// secteur détenteur de la monnaie) ont


des comptes auprès des banques, du Trésor et de Bank Al-Maghrib, les
banques (dépôts et engagements en dirhams envers les banques
marocaines – comptes courants) et le Trésor (compte courant du
Trésor public) ont leurs comptes auprès de Bank Al-Maghrib.
La banque centrale émet donc de la monnaie sous forme
fiduciaire et sous forme de monnaie centrale (forme scripturale à
ne pas confondre avec monnaie scripturale).
Cette monnaie de banque centrale figure au niveau du passif de la
banque centrale.

121
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale

II – La création monétaire par la banque centrale


Il y a création monétaire (monnaie centrale), c’est-à-dire variation
positive de la monnaie centrale lorsque Bank Al-Maghrib effectue
avec les banques ou le Trésor un certain nombre d’opérations:
 Achats de devises aux banques (ou au Trésor) par la banque centrale
 Refinancement des banques auprès de la banque centrale (lorsque
BAM octroie de la monnaie centrale aux banques)
 Achat de bons du Trésor sur le marché secondaire (opérations d’open
market)
 Financement direct de l’État par la banque centrale

122
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
1. Achat de devises par Bank Al-Maghrib aux banques :
Exemple: le CDM a besoin de monnaie centrale. Il vend à la banque
centrale les 6000 euros qu’il a acheté de chez l’entreprise
exportatrice Bouazza. Il y a création de monnaie centrale d’une
valeur de 66000 Dh.
CDM CDM BAM

Avoirs Avoirs Compte


Avoirs Cpte Ese extérieurs courant CDM
extérieurs Bouazza
extérieurs
- 6000 + 66000
+ 6000 +6000
+ 66000
Dépôts
auprès de
BAM
+ 66000
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale

2. Refinancement des banques auprès de la banque centrale


La banque centrale crée de la monnaie centrale lorsqu’elle octroie
des crédits aux banques (avances à 7 jours sur appels d’offres et à
24 heures).
Exemple: Bank Al-Maghrib octroie 500 000 Dh à la BCP dans le
cadre des avances à 7 jours.
BAM BCP
Avance à la BCP compte courant BCP Dépôts auprès de BAM Recours auprès
de BAM

+ 500 + 500 + 500 + 500

Il y a création de monnaie centrale à chaque fois que les banques


se refinancent auprès de la banque centrale. A l’inverse, il y a
destruction de monnaie centrale, lorsque les banques
remboursent leurs crédits à l’institut d’émission. 124
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
3. Achat de bons du Trésor sur le marché secondaire
(opérations d’open market)
Il y a également création de monnaie centrale, lorsque la banque
de premier rang achète aux banques des bons du trésor sur le
marché secondaire (opérations d’open market) dans le cadre de la
politique monétaire.
Exemple: Bank Al Maghrib achète des bons du Trésor d’une valeur
de 100 000 Dh à la BMCE
BAM BMCE

Bons du trésor-Opérations Comptes courants des banques Dépôts auprès de BAM


d’open market + 100
+ 100 + 100 Bons du trésor
-100
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale

L’achat à l’open market s’est traduit par une augmentation des


réserves en monnaie centrale des banques qu’on appelle aussi
liquidité bancaire.
En remonétisant une créance par l’achat de bons du Trésor, Bank
Al-Maghrib a aidé indirectement le Trésor à financer les décalages
dans le temps entre ses recettes et ses dépenses (difficulté de
trésorerie).
4. Financement direct de l’État par la banque centrale
La banque centrale aide aussi directement le Trésor, en accordant
des concours financiers à l’Etat sous forme de facilité de caisse.
L’art 27 des Statuts de Bank Al-Maghrib entré en vigueur en
février 2006 stipule que la banque centrale « ne peut accorder
des concours financiers à l’État que sous forme de facilité de
caisse. La facilité de caisse est limitée à 5 % des recettes fiscales
réalisées au cours de l’année budgétaire écoulée.
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
La durée totale d’utilisation de cette facilité ne peut excéder 120
jours, consécutifs ou non, au cours d’une année budgétaire. Les
montants effectivement utilisés au titre de cette facilité sont
rémunérés au taux de base de refinancement des banques auprès
de la Banque. La Banque peut suspendre l’utilisation de cette
facilité lorsqu’elle estime que la situation du marché monétaire le
justifie ».
Dans la pratique, aucun concours financier n’a été octroyé au
Trésor depuis l’adoption des nouveaux Statuts de BAM en février
2006.
III – L’émission de monnaie fiduciaire par la banque centrale
L’institut d’émission crée de la monnaie fiduciaire lorsque les
banques et/ou le Trésor en font la demande pour répondre aux
besoins (en monnaie fiduciaire) des agents du secteur détenteur
de la monnaie. Dans ce cas, la quantité de monnaie de banque
centrale reste inchangée, seule sa structure est modifiée.
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
BAM
Banques
Billets et monnaies en Valeurs en caisse
Circulation + 300 + 300
Comptes courants Dépôts auprès de BAM
des banques -300 -300

Banques

Valeurs en caisse Comptes chèques


- 300 - 300
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
Il n’y a pas de création de monnaie de banque centrale par BAM,
mais transformation de la monnaie centrale en monnaie
fiduciaire.
Au niveau de la masse monétaire, il y a accroissement de la
monnaie fiduciaire et diminution de la monnaie scripturale dans
les mêmes proportions.
III – Le bilan et le compte de patrimoine de Bank Al-
Maghrib
A l’image des banques, la création de monnaie centrale par la
banque centrale implique son passif et son actif : le passif de la
banque centrale retrace la monnaie de banque centrale créée
tandis que l’actif retrace les causes de la création de monnaie
centrale.

129
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
Principaux postes du bilan de BAM
Avoirs et placements en devises Billets et monnaies en circulation
( Avoirs officiels de réserve)

Concours financiers à l’État Dépôts et engagements en dirhams


- Compte courant du Trésor public

Créances sur les établissements de


crédits et assimilés marocains - Dépôts et engagements en dirhams
- Avances aux banques envers les banques marocaines dont
comptes courants

Bons du trésor – Opération d’open market


Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
Bilan simplifié de BAM
Avoirs et placements en devises Billets et monnaie en circulation

Facilités de caisse Compte courant du Trésor

Avances aux banques Comptes courants des banques


marocaines
Bons du trésor - Opérations
d’open market
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale

Le compte de patrimoine correspond à l’état de la valeur des


actifs détenus et des engagements contractés par BAM (ou d’une
manière générale par une unité ou par un secteur institutionnel),
dressé à un moment donné à partir de ses documents comptables;
les données sont désagrégées par résidence, par secteur
institutionnel, et par type d’instrument financier (et
éventuellement par unité de monnaie).
Les principales rubriques du compte de patrimoine de Bank Al-
Maghrib sont:

132
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale

Actifs détenus (Actif):


 Créances sur les non-résidents
 Crédits accordés aux résidents: principalement les crédits accordés
aux banques marocaines dans le cadre de la conduite de la politique
monétaire
Engagements contractés (Passif):
 Billets et monnaies en circulation
 Engagements envers les non résidents
 Engagement envers les résidents: Banques et administration centrale
(compte courant du Trésor, compte courant du FHADES, …)

133
Section II: Les mécanismes de la création
monétaire par la banque centrale
COMPTE DE PATRIMOINE DE BAM
Créances sur les non-résidents Billets et monnaies en circulation

Crédits accordés aux résidents Engagements envers les non-résidents


- Banques Engagements envers les résidents
- Administration centrale - Banques
- Autres secteurs - Administration centrale
- Autres secteurs

Actions et autres titres de participation


- Capital et réserves
Actif immobilisé

Autres actifs Autres passifs


Section III: Les mécanismes de la création
monétaire par le Trésor
La création de monnaie par le Trésor ne sera pas analysée d’une
façon détaillée, compte tenu de plusieurs contraintes notamment:
l’absence de bilan (et de compte de patrimoine) du Trésor ,et de
son statut ambigu et particulier .
Le Trésor crée de la monnaie scripturale de deux manières:
directe et indirecte.
1. La création directe de la monnaie par le Trésor
La monnaie créée directement par le Trésor ne constitue pas une
part importante dans la masse monétaire (le Trésor ne
représentant qu’environ 10% de la monnaie scripturale totale).

135
Section III: Les mécanismes de la création
monétaire par le Trésor
Le Trésor crée directement de la monnaie scripturale (à l’image
d’une banque) lorsqu'il paie ses dettes envers des agents
économiques du secteur détenteur de la monnaie ayant leurs
dépôts à vue auprès de lui (Trésor).
Exemple : dans le cas du versement du salaire d’un fonctionnaire
de l’État titulaire d’un dépôt à vue auprès du Trésor, le compte
du fonctionnaire sera crédité, et il y aura création de monnaie
scripturale puisqu’il y a augmentation du compte courant du
fonctionnaire sans qu’il y ait diminution des dépôts à vue d’un
autre agent économique.

136
Section III: Les mécanismes de la création
monétaire par le Trésor

Il y a donc création de monnaie scripturale directement par le


Trésor à chaque fois que les dépôts à vue détenus par les agents
du secteur détenteur de la monnaie auprès du Trésor s’accroissent
sans que cela ne se traduise par une baisse de la quantité de
monnaie détenue par d’autres agents économiques du secteur
détenteur de la monnaie.
La création de monnaie scripturale d’une manière directe par le
Trésor demeure extrêmement faible comparativement à celle des
banques.

137
Section III: Les mécanismes de la création
monétaire par le Trésor

1. La création indirecte de la monnaie par le Trésor


Pour financer son déficit budgétaire ou son déficit de trésorerie
(décalage entre recettes et dépenses), le Trésor peut:
 émettre des bons du trésor auprès des banques (secteur émetteur de
la monnaie)
 émettre des bons du trésor auprès du secteur détenteur de la monnaie
 emprunter sur le marché interbancaire (depuis 2010) ou
 recourir aux avances (facilités de caisse) de Bank Al-Maghrib.
Exemple: BAM octroie des concours financiers ou facilité de caisse
au Trésor:

138
Section III: Les mécanismes de la création
monétaire par le Trésor
Création de monnaie centrale :

Banque centrale
Concours financiers à l’État Compte courant du Trésor public
+ 6000 + 6000

Il y a création de monnaie centrale par augmentation du solde


créditeur du compte du Trésor auprès de Bank Al-Maghrib.
Si la monnaie centrale reçue par le Trésor est utilisée pour régler
ses dettes ou effectuer des paiements auprès des agents
économiques du secteur détenteur de la monnaie, cela se traduira
par une création indirecte de monnaie scripturale par le Trésor
(augmentation du compte courant de l’ANF sans qu’il y ait
diminution des dépôts à vue d’un autre agent économique).
Section III: Les mécanismes de la création
monétaire par le Trésor

Exemple: le Trésor paye l’Entreprise de construction Bouazza


(compte auprès de la BMCI) qui a construit une université pour le
compte de l’État pour une valeur de 6000.
Banque centrale

Compte courant du Trésor public -6000


BMCI-compte courant + 6000

BMCI

Dépôts auprès de BAM Cpte Entreprise Bouazza


+ 6000 + 6000
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3
Les sources de la création monétaire indiquent à quelle occasion
la monnaie au sens large du terme (M3) a été créée. Les sources
de la création monétaire ou contreparties de la masse monétaire.
sont donc définies par rapport à l’agrégat de monnaie M3.
Elles permettent de mettre en évidence les origines de la
création de monnaie et donc de la croissance de la masse
monétaire M3.
La masse monétaire M3 constitue une dette de BAM, des banques
et du Trésor à l’égard des agents non financiers et figure donc au
passif du bilan de ces mêmes institutions (BAM, banques, « Al
Barid Bank », « Trésor » et « CEN »).
Les opérations qui sont à l’origine de l’augmentation de la masse
monétaire M3 sont comptabilisées au niveau de l’actif de ces
institutions.
141
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3

Par conséquent, pour identifier les contreparties de la masse


monétaire, il suffit de cumuler puis de consolider les bilans des
deux principaux acteurs créateurs de la monnaie (banques
commerciales et BAM).
Lors de cette démarche, il est nécessaire de soustraire du total
des contreparties de la masse monétaire les ressources ayant un
caractère non monétaire.
Les ressources à caractère non monétaire sont les emprunts
contractés par les banques (emprunts intérieurs et extérieurs
contractés par les banques), les fonds propres nets de BAM et des
banques (excédent des fonds propres - capital et réserves - sur le
total des immobilisations et du portefeuille de titres de
participation) et les provisions constituées par les banques.
142
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3

Les ressources à caractère non monétaire du système bancaire


(banques et Bank Al-Maghrib) doivent être retranchées du total
des contreparties parce que les emplois du système bancaire
financés à partir de ressources non monétaires ne correspondent
pas à une opération de création monétaire, et donc à une
augmentation de la masse monétaire M3.

143
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3
Bilan simplifié des banques
Valeurs en caisse, … Comptes à vue créditeurs

Créances sur la clientèle Comptes d’épargne


Bons du Trésor Comptes à terme et bons à échéance fixe
Certificats de dépôt
Immobilisations (…)
Emprunts obligataires en dirhams et
emprunts extérieurs à long terme
Recours (refinancement) auprès de BAM

Provisions
Fonds propres
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3

Bilan simplifié de BAM

Avoirs extérieurs Billets et monnaies en circulation


Facilités de caisse Engagements envers l’extérieur
Avances aux banques Compte courant du Trésor
Bons du trésor acquis sur… Compte courant du Fonds Hassan II

Dépôts et engagements envers les


banques
Emploi du capital et des Capital et réserves
réserves
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3
Bilan cumulé et consolidé de BAM et des banques
Avoirs extérieurs nets Billets et monnaies divisionnaires
détenus (par les ANF)
Créances sur l’État Comptes créditeurs à vue de la
clientèle auprès des Banques et de
Bank Al-Maghrib
Concours à l’économie Comptes d’épargne auprès des
banques
C.T et B à EF
CD détenus par des ANF
Emprunts contractés par les
banques
Provisions
Fonds propres nets

Solde des éléments divers


Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3
Les statistiques monétaires marocaines regroupent les
contreparties de M3 en deux grandes rubriques :
 la création monétaire d’origine externe: les avoirs extérieurs nets
(BAM et banques).
 la création monétaire d’origine interne: le crédit intérieur global.
Le crédit intérieur global se compose de trois rubriques:
 Créances sur l’État (créances de BAM, créances des banques et
créances des particuliers et des entreprises non financières)
 Concours à l’économie (concours des banques et crédits de BAM aux
agents non financiers).
 Contrepartie des avoirs auprès de la CEN (les ressources collectées par
la CEN sont déposés auprès de la CDG ; elles ne peuvent faire l’objet
d’une répartition entre les créances sur l’État et les concours à
l’économie).
147
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3
D’où:
Crédit intérieur à caractère monétaire = crédit intérieur global –
ressources à caractère non monétaire
On a donc:
Total des contreparties = avoirs extérieurs nets + créances sur
l’État + concours à l’économie + contrepartie des avoirs en
comptes sur livrets auprès de la CEN – ressources à caractère non
monétaire.

148
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3
Total des contreparties = avoirs extérieurs nets + crédit intérieur
à caractère monétaire
M3 = Total des contreparties + solde des éléments divers

Solde des éléments divers : excédent des autres éléments du


passif du système bancaire sur les autres éléments de son actif.
Entre juin 2010 et juillet 2012, les contreparties de la masse
monétaire sont déterminées (uniquement) à partir des comptes de
patrimoine de la banque centrale et des autres institutions de
dépôts (banques commerciales – y compris « Al Barid Bank »
depuis novembre 2011 – et OPVCM monétaires).
Il s’agit donc de cumuler et de consolider les comptes de
patrimoine des institutions de dépôts (Bank Al-Maghrib, banques
commerciales et OPCVM monétaires). 149
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3
On a:
Total des contreparties (uniquement pour les institutions de
dépôts) = avoirs extérieurs nets + créances nettes des ID sur
l’administration centrale + créances sur l’économie – ressources
à caractère non monétaire – autres postes nets
Autres postes nets (balance nette des éléments divers résultant de la différence
entre les passifs divers des ID et les actifs divers; ….)
A partir de juin 2012, BAM prend en considération la contrepartie
des dépôts auprès du Trésor.
Actuellement:
Total des contreparties = réserves internationales nettes +
créances nettes des institutions de dépôts sur l’administration
centrale + créances sur l’économie – ressources à caractère non
monétaire + autres contreparties de M3
Autres contreparties de M3: il s’agit principalement de la contrepartie des dépôts
auprès du Trésor, des autres postes nets …. 150
Section IV: Les sources de la création
monétaire: les contreparties de M3

Certains éléments du « passif » du Trésor figurent au niveau de


l’agrégat monétaire M1 (comptes créditeurs à vue mobilisables par
chèque auprès du Trésor « et du service des chèques postaux »)
mais aucun élément de « l’actif » du Trésor ne figure dans les
contreparties de la masse monétaire.
Il faut donc rajouter de chaque côté du bilan consolidé les dépôts
auprès du Trésor afin de maintenir l’égalité comptable entre la
masse monétaires et ses contreparties.

151
Section V: Les limites de la création monétaire
Les banques ne peuvent pas créer indéfiniment de la monnaie
parce qu’elles sont confrontées à des fuites de liquidité qui
limitent la création monétaire. On distingue deux types de fuites
de liquidité:
 Les fuites interbancaires qui sont les fuites à l’intérieur du système
bancaire
 Les fuites hors du circuit bancaire
I - Les fuites interbancaires
Le pouvoir de création monétaire des banques est limité parce
que les banques subissent des fuites en monnaie centrale vis-à-vis
des autres banques: lorsque la banque est débitrice vis-à-vis
d’autres banques dans le cadre d’opérations de compensation, les
réserves de la banque en monnaie centrale baissent, inversement
si la banque est créditrice vis-à-vis d’autres banques. 152
Section V: Les limites de la création monétaire

1 - Système non hiérarchisé à deux banques (la BCP et la BMCI) et une


seule monnaie, la monnaie bancaire (ou monnaie scripturale):
Dans cette économie, il y a quatre acteurs du secteur détenteur de la
monnaie A, B, C et D. les deux premiers (A et B) ont un compte auprès
de la BCP et les deux autres (C et D) auprès de la BMCI. L’agent
économique A demande un crédit de 300 à sa banque la BCP et l’agent
économique C demande un crédit de 100 à sa banque la BMCI.
BCP BMCI

Crédits A Cpt A Crédits C Cpt C


300 300 100 100
Section V: Les limites de la création monétaire

L’agent A utilise son crédit pour payer par chèque (car la seule monnaie
qui existe est scripturale) ses achats auprès de B et de D pour des
montants respectifs de 200 et 100. L’agent C utilise son crédit pour
payer ses achats auprès de B et de D pour des montants respectifs de
60 et 40.

BCP BMCI

Crédits A 300 Cpt A 0 Crédits C 100 Cpt C 0


 Cpt B 260 (200 + 60) Cpt D 140
 (100 + 40)
Créance brute Dette brute envers Créance brute Dette brute
sur BMCI 60 BMCI 100 sur BCP 100 envers BCP 60
Section V: Les limites de la création monétaire

Chacune des deux banques procède à une compensation interne :


BCP BMCI

Crédits A 300 Cpt A 0 Crédits C 100 Cpt C 0


 Cpt B 260 (200 + 60) Cpt D 140

 Dette nette envers Créance nette
 BMCI 40 sur BCP 40

Après compensation interne (c’est-à-dire compensation à l’intérieur


de chacune des deux banques), la BCP doit 40 à la BMCI.
Section V: Les limites de la création monétaire

L’exemple précédent a montré que le pouvoir de création de


monnaie scripturale d’une banque n’est pas illimité car chacune
des deux banques subit des fuites envers l’autre, fuites qui à
priori n’ont aucune raison de se compenser.
Quelle condition la BCP et la BMCI doivent-elles remplir lors de la
distribution de crédits pour que leurs fuites se compensent
parfaitement ?

156
Section V: Les limites de la création monétaire
Les parts de marché de la BCP et de la BMCI concernant les dépôts
bancaires sont respectivement de 70 % et de 30 %. La création
monétaire de chacune des banques est proportionnelle à sa part de
marché:
BCP BMCI

Crédits 700 Cpt 700 Crédits 300 Cpt 300

Ainsi, si la BCP octroie 100 de nouveaux crédits à ses clients, il se


produit des fuites de la BCP vers la BMCI, car les agents
bénéficiaires de ces crédits vont les dépenser auprès de
l’ensemble des acteurs du secteur détenteur de la monnaie
(clients de la BCP et de la BMCI). En effet, les fuites de la BCP vers
la BMCI sont égales à 30 (100 x 30 %).
Section V: Les limites de la création monétaire

Quel doit être le montant des nouveaux crédits que la BMCI doit
octroyer à ses clients pour qu’il y ait croissance équilibrée du
secteur bancaire c’est-à-dire pour que les fuites interbancaires
entre la BCP et la BMCI se compensent parfaitement et donc que le
pouvoir de création monétaire soit illimité?
Il est donc nécessaire que les fuites subies par la BMCI suite à la
distribution des nouveaux crédits soient égales aux fuites de la
BCP (30).

158
Section V: Les limites de la création monétaire

F BCP = F BMCI
F BCP = 100 x 30 % = 30
F BMCI = C BMCI x 70 % = 30
soit C BMCI = 42,85714286.
Pour qu’il y ait croissance équilibrée du secteur bancaire (c’est-à-dire
un pouvoir de création de monnaie illimitée), il faut que la BMCI octroie
42,85714286 sous forme de nouveaux crédits.
Section V: Les limites de la création monétaire
Cas général :
F Ba = C Ba x (1 – D Ba)
F Bb = C Bb x (1 – D Bb)
Avec (D Ba + D Bb) = 1

Condition de croissance équilibrée du système bancaire:


F Ba = F Bb
C Ba x (1 – D Ba) = C Bb x (1 – D Bb) ;
sachant que (D Ba + D Bb) = 1,
Alors,
C Ba x D Bb = C Bb x D Ba
Ou C Ba / C Bb = D Ba / D Bb
Section V: Les limites de la création monétaire

Vérification à partir des données précédentes:

100 / 42,85714286 = 0,7 / 0,3 = 2,33333333

Dans le cadre d’un système non hiérarchisé avec une seule


monnaie (la monnaie bancaire ou monnaie scripturale) et lorsque
la création monétaire de chacune des banques est
proportionnelle à sa part de marché, le pouvoir de création de
monnaie est illimité, pour la simple raison que les fuites
interbancaires, c’est-à-dire les fuites subies par chacune
d’entres-elles, sont égales ou se compensent parfaitement.

161
Section V: Les limites de la création monétaire

2. Cas d’un système hiérarchisé avec deux banques et une banque


centrale (monnaie bancaire et monnaie centrale):

BCP BMCI

Crédits A 300 Cpt A 0 Crédits C 100 Cpt C 0


Cpt B 260 (200 + 60) Cpt D 140

Dette nette envers Créance nette


BMCI 40 sur BCP 40
Section V: Les limites de la création monétaire

Dans le cas d’un système hiérarchisé, trois cas de figure sont


envisageables :
 La BCP dispose d’une quantité suffisante de monnaie centrale auprès
de la banque centrale.
 La BCP emprunte la monnaie centrale dont elle a besoin auprès de la
BMCI (si la BMCI dispose d’une quantité suffisante de monnaie
centrale auprès de l’institut d’émission) au niveau du marché
interbancaire.
 La BCP emprunte la monnaie centrale dont elle a besoin auprès de la
banque centrale (Créances sur les établissements de crédit et
assimilés marocains – Avances aux banques).
Section V: Les limites de la création monétaire
Premier cas: la BCP dispose de monnaie centrale auprès de BAM:

BCP BMCI
Dépôts (..) BAM – 40 Dépôts (…) BAM + 40

Crédits A 300 Cpt A 0 Crédits C 100 Cpt C 0


 Cpt B 260 (200 + 60) Cpt D 140

BAM
BCP – 40
BMCI +40
Section V: Les limites de la création monétaire
Deuxième cas: la BCP emprunte la monnaie centrale auprès de
BAM:
BCP BMCI
Dépôts (..) BAM 0 Dépôts (..) BAM 0
Crédits A 300 Cpt A 0 Crédits C 100 Cpt C 0
 Cpt B 260 (200 + 60) Cpt D 140
 Dette nette envers Créance nette
 BMCI 40 sur BCP 40

BAM
Avances BCP + 40 BCP + 40
BMCI 0
Section V: Les limites de la création monétaire
(Suite)
BCP BMCI
Dépôts (..) BAM + 40 Dépôts (..) BAM 0

Crédits A 300 Cpt A 0 Crédits C 100 Cpt C 0


Cpt B 260 (200 + 60) Cpt D 140
Dette nette envers Créance nette
BMCI 40 sur BCP 40
RF + 40
BAM
Avances BCP + 40 BCP + 40
BMCI 0
Section V: Les limites de la création monétaire
(Suite)
BCP BMCI
Dépôts (..) BAM 0 Dépôts (..) BAM + 40

Crédits A 300 Cpt A 0 Crédits C 100 Cpt C 0


Cpt B 260 Cpt D 140
RF + 40

BAM
Avances BCP + 40 BCP 0
BMCI + 40
Section V: Les limites de la création monétaire

Dans son activité de distribution de crédits (création de monnaie


scripturale), chaque banque subit donc des fuites sous forme de
dépôts auprès des autres banques et il n’y a aucune raison pour
que ces fuites s’égalisent.
Dans la réalité, un système bancaire ne comprend pas deux mais
plusieurs banques. Pour régler les différents mouvements
résultant des opérations (chèques tirés les uns sur les autres,
virements, …) de leurs clients, les banques procèdent donc non
pas à une compensation bilatérale mais à une compensation
multilatérale.

168
Section V: Les limites de la création monétaire
La compensation multilatérale est l’opération permettant d’éviter
de multiples transferts de monnaie centrale en contrebalançant
les créances par les dettes. Les clients de différentes banques
tirent des chèques les uns sur les autres. Les banques honorent
les engagements pris par leurs clients en créditant leurs comptes
lorsqu’ils reçoivent des chèques émis par les clients d’autres
banques. Chaque banque se trouve alors débitrice et créancière
vis-à-vis des autres banques. Chaque jour au sein d’une chambre
de compensation au niveau des locaux de Bank Al-Maghrib, les
banques confrontaient leur situation – avant la mise en place du
SIMT (Système Interbancaire Marocain de télécompensation).
Une banque est donc soit créancière soit débitrice vis-à-vis de
plusieurs banques. Les créances sont compensées par les dettes
et seul le solde donne lieu à un transfert de monnaie centrale au
niveau des comptes des banques auprès de Bank Al-Maghrib.
169
Section V: Les limites de la création monétaire

II - Les fuites hors du système bancaire


En plus des fuites interbancaires, le système bancaire est
confronté à un certain nombre de fuites hors du système bancaire
qui limitent la création monétaire. La limitation de la création
monétaire provient du fait que ces fuites hors du circuit bancaire
sont en monnaie centrale (ou d’une manière encore plus globale
en monnaie de banque centrale), monnaie dont seule la banque
centrale a le monopole d’émission.

170
Section V: Les limites de la création monétaire
En effet, des problèmes de liquidité se posent au système
bancaire lorsque:
 les agents non financiers cherchent à convertir une part de leurs
dépôts à vue et placements à vue (sous forme de monnaie scripturale
ou de comptes d’épargne auprès du système bancaire) en monnaie
fiduciaire,
 les agents non financiers désirent acheter des devises (…)
 Le Trésor vend des bons du Trésor aux banques.
Ces trois facteurs de fuites de liquidité sont des facteurs relevant
des opérations avec la clientèle, et échappent donc aussi bien au
pouvoir des banques commerciales que de la banque centrale. Ce
sont les facteurs autonomes de la liquidité bancaire.
Un quatrième facteur appelé facteur non autonome ou
institutionnel parce qu’il dépend de la banque centrale exerce un
effet restrictif sur la liquidité bancaire : la réserve monétaire.
171
Section V: Les limites de la création monétaire
1. Les fuites liées aux opérations avec la clientèle ou facteurs
autonomes de la liquidité
a) Les fuites sous forme fiduciaire
Les besoins de la clientèle en monnaie fiduciaire dépendent des
variations saisonnières (rythme mensuel, fêtes, vacances). En plus
des fluctuations saisonnières, il y a fuite de monnaie fiduciaire à
chaque fois que les banques créent de la monnaie scripturale et
qu’une partie est transformée en monnaie fiduciaire.
Si les fuites en monnaie fiduciaire (ou retraits) sont supérieures
aux versements, il y a baisse de la liquidité bancaire (et
inversement).
Les fuites sous forme de monnaie fiduciaire restent relativement
importantes dans les pays en développement tels que le Maroc
(environ 30% de M1 en Octobre 2022 contre environ 28 % de M1
en octobre 2014 et 38,4 % en 1981).
172
Section V: Les limites de la création monétaire

b) L’achat de devises de la part des importateurs


L’achat de devises de la part des clients importateurs auprès des
banques agit négativement sur la liquidité bancaire: à chaque fois
que les banques se procurent des devises auprès de BAM dans le
but de répondre aux besoins en devises de leur clientèle, cela se
traduit par une diminution de leurs avoirs en monnaie centrale.
Inversement, les dépôts en devises effectués par les exportateurs
améliorent la liquidité bancaire.
c) Fuites vers le circuit du Trésor :
Les relations des banques commerciales avec le Trésor affectent
également la liquidité bancaire. Lorsque les banques achètent des
bons du Trésor, il y a entrée de titres et sortie de monnaie
centrale et donc baisse de la liquidité bancaire. Inversement,
lorsque le Trésor s’acquitte de sa dette vis-à-vis des banques, il y
a entrée de monnaie centrale et sortie de titres et donc
augmentation de la liquidité bancaire.
173
Section V: Les limites de la création monétaire
Ces trois facteurs (monnaie fiduciaire en circulation, solde des
opérations avec le Trésor et solde des opérations avec l’extérieur)
sont qualifiés de facteurs autonomes de la liquidité bancaire car ils
échappent au contrôle de la banque centrale, alors que le
quatrième facteur, la réserve monétaire, est qualifié de facteur
non autonome ou institutionnel parce qu’il dépend de la banque
centrale.
2. Les fuites sous forme de réserve monétaire ou facteur
institutionnel
Bank Al-Maghrib impose aux banques commerciales de détenir
auprès d’elle sous forme de réserve monétaire (ou réserve
obligatoire) 2% de leurs exigibilités libellées en dirhams (comptes
chèques, comptes courants créditeurs,...) jusqu’au 24 septembre
2019 et 0% depuis le 16 Juin 2020 . Ces avoirs sont non rémunérés
par Bank Al-Maghrib depuis le 19 décembre 2013. Le taux de la
réserve monétaire ainsi que son assiette sont déterminés par Bank
Al-Maghrib). 174
Section V: Les limites de la création monétaire
(10 % non rémunérés jusqu’au 26 décembre 2002; 14% rémunérés
à 0,5 % jusqu’au jeudi 4 septembre 2003; 16,5% rémunérés à 0,75
% jusqu’au 1er janvier 2008; 15 % rémunérés à 0,75 % jusqu’au
1er janvier 2009; 12 % rémunérés à 0,75 % jusqu’au 1e juillet
2009; 10 % rémunérés à 0,75 % jusqu’au 1er octobre 2009; 8 %
rémunérés à 0,75 % jusqu’au 1er avril 2010; 6 % rémunérés à 0,75
% jusqu’au 25 septembre 2012; 4 % rémunérés à 0,75 % jusqu’au
18 décembre 2013; 4 % non rémunérés jusqu’au 24 mars 2014,
2 % non rémunérés depuis le 25 mars 2014, 4% depuis le 23 juin
2016, 2% depuis le 24 Septembre 2019 et 0% depuis le 16 juin
2020).
La réglementation de la réserve obligatoire est un instrument
permettant à la banque centrale d’influer sur la liquidité des
banques. Une baisse du taux de réserve obligatoire (TRO) va se
traduire par une baisse du montant de monnaie centrale qui est
gelé et donc une hausse de la liquidité bancaire. Par contre, une
hausse du TRO réduit la liquidité bancaire et donc le pouvoir de
création monétaire des banques. 175
CHAPITRE III:

La demande de monnaie

176
Introduction

Etudier la demande de monnaie revient à se poser un certain


nombre de questions:
 Pourquoi les agents non financiers (secteur détenteur de la monnaie)
désirent-ils détenir de la monnaie ? De quels facteurs dépend cette
détention ? En d’autres termes, cela revient à rechercher « les motifs
de détention de la monnaie ».
 Quelle place la monnaie occupe-t-elle dans le fonctionnement de
l’économie ? Est-elle indépendante de la sphère réelle (monnaie
neutre) ou a-t-elle un impact sur les variables économiques réelles:
consommation, investissement, emploi, croissance réelle (monnaie
active) ?
Deux grands courants théoriques vont s’opposer : le courant
classique (au sens large du terme) et le courant keynésien:

177
Introduction

 Du 16ème siècle au début du 20ème siècle, les économistes libéraux


(classiques et néo-classiques) ont pour la plupart adopté une analyse
dichotomique, qui consiste dans la séparation stricte entre la sphère
réelle (marché des biens et services) et la sphère monétaire (marché
de la monnaie), et ont donc conclu au principe de la neutralité de la
monnaie.
 L’approche keynésienne (ou approche intégrative) rompt avec
l’analyse dichotomique et considère à l’inverse de l’approche
traditionnelle (classique ou néo-classique) que la monnaie exerce des
effets importants et durables sur les variables réelles (monnaie
active).

178
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
La théorie quantitative de la monnaie découle principalement de
l’analyse classique. Cette analyse repose sur la loi des débouchés
de Jean-Baptiste Say.
1. La loi des débouchés :
Dans son « Traité d’Économie Politique » publié en 1803, Jean-
Baptiste Say, économiste classique français, avance l’idée selon
laquelle l’offre crée sa propre demande. Il ne peut donc pas y
avoir sur ou sous-production puisque tout ce qui est produit est
vendu:
 « Pour une marchandise qui est offerte sur le marché, des salaires ont
été versés à ceux qui ont contribué à la production de cette
marchandise. Ces salaires vont être dépensés, ils serviront à acheter
d’autres marchandises, ou même celle-là ; de nouveaux revenus
seront ainsi payés et, en fin de compte, la marchandise offerte – à
condition qu’elle corresponde à un besoin réel – trouvera sa propre
demande ».
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
Dans la « loi des débouchés », la monnaie est donc utilisée
seulement comme moyen de paiement. La monnaie n’est donc
pas demandée pour elle-même mais pour ce qu’elle est
susceptible d’acheter. Comme l’écrit Jean-Baptiste Say, «l’argent
n’est qu’un office passager (…) et, les échanges passés, il se
trouve qu’on a payé des produits avec des produits ».
Il y a donc un équilibre qui ne dépend en aucune manière du
marché de la monnaie dont le seul rôle est de fixer le niveau
général des prix. La monnaie n’influence donc pas le
fonctionnement de la sphère réelle. Les classiques comparent la
monnaie à un voile (idée avancée par Adam Smith) qui recouvre
les phénomènes économiques réels mais ne les modifie pas.

180
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
La neutralité de la monnaie chez les classiques est donc illustrée
par la formule « la monnaie est un voile ».
La neutralité de la monnaie revient à nier la fonction de « réserve
de valeur de la monnaie ». Dans la mesure où elle n’est qu’un
instrument de règlement, le seul motif de détention de la
monnaie est donc le motif de transaction.
Dans la sphère réelle:
 Le volume de production globale est déterminé par la loi des
débouchés de Say et;
 Les valeurs d’échange, ou prix relatifs des produits entre eux, sont
déterminées par la quantité de travail nécessaire pour les produire
(théorie de la valeur travail) .

181
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

Dans la sphère monétaire:


La quantité de monnaie va déterminer le niveau général des prix,
c’est-à-dire les prix absolus exprimés en unité de compte sans
influencer les prix relatifs des marchandises fixés au niveau de la
sphère réelle .
Par conséquent, « la mise en circulation de moyens de paiement
supplémentaires ne peut que faire augmenter dans les mêmes
proportions tous les prix absolus », laissant inchangés les prix
relatifs et le volume de la production (David Ricardo et David
Hume).

182
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
Plein-emploi
de travailleurs
Niveau Demande =
(réalisé par les variations
Des salaires)
de la production Production
Facteurs (loi des débouchés)
de production
Capital

Quantité de monnaie Niveau général


des prix
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

2. La formulation de la théorie quantitative de la monnaie:


L’idée centrale de la théorie quantitative de la monnaie
(précurseurs: Jean Bodin 1568, mercantiliste français; David
Hume, 1752 et Richard Cantillon, économistes classiques) est que
le seul rôle de la monnaie est de fixer le niveau général des prix.
La théorie quantitative de la monnaie a été formulée pour la
première fois en 1911 par l’économiste et mathématicien
américain Irving Fisher.
Une seconde formulation émane de deux économistes anglais
appartenant à l’école de Cambridge: Alfred Marshall, 1922 et
Arthur Cecil Pigou, 1917.

184
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

a) La formulation de Irving Fisher (approche par les transactions):


Fisher avance que « dans chaque vente ou achat, la monnaie et
les biens échangés sont, ipso facto, équivalents ».
Un agent économique qui vend un bien reçoit donc de la monnaie
pour un montant égal au prix de ce bien. Par exemple, la monnaie
qui a payé la voiture est équivalente au prix (ou à la valeur) de la
voiture achetée.
Donc le total de la monnaie reçue est égal à la valeur totale des
biens échangés
Les n biens xi échangés pendant une année, ∑ xi, représentent le
volume global des transactions appelé T
Les n prix pi des biens échangés ∑pi représentent le niveau
général des prix (ou moyenne pondérée des prix) noté P
185
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

La valeur globale des échanges ∑ pi xi peut ainsi être notée PT.


Exemple:
Au cours d’une période donnée, ont été réalisées les transactions
suivantes:
3 voitures au prix unitaire de 100000 dirhams; 4 bicyclettes au prix
unitaire de 900 dirhams; 6 vaches au prix unitaire de 8000 dirhams et
5 moutons au prix unitaire de 2000 dirhams.
On a:
∑ pi xi = p1x1 + p2x2 + p3x3 + p4x4
= (100000 x 3) + (900 x 4) + (8000 x 6) + (2000 x 5)
= 361600
Et ∑ xi = T = 18
186
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

On a: ∑ pi xi = PT
D’où P= ∑ pi xi / T = (∑ pi xi / ∑ xi) = ((100000 x 3) + (900 x 4) + (8000
x 6) + (2000 x 5)) / 18 = 361600 /18
= 20088,88889
∑ pi xi = PT = 20088,88889 x 18 = 361600
Ces échanges ont donc été réglés par des paiements d’un montant
égal à PT.
Les mêmes moyens de paiement vont été utilisés plusieurs fois au
cours de l’année.
La quantité de monnaie disponible notée M va donc être utilisée
pour ce paiement et pour plusieurs autres paiements.
Si on note V la vitesse de circulation de la monnaie, les dépenses
monétaires se sont élevées pour l’année à MV.
187
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

Et puisque qu’on part de l’hypothèse que:


la valeur des biens échangés est nécessairement égale
à la valeur des livraisons de monnaie, on peut écrire
l’égalité suivante qui constitue la formulation de base de
l’équation de Fisher :
MV = PT
 M représente la masse monétaire (au sens de moyens de paiement,
c’est-à-dire monnaie fiduciaire ou M1)
 V désigne la vitesse transaction de circulation de la monnaie, c’est-à-
dire le nombre de fois par unité de temps qu’une unité de monnaie
est utilisée dans une transaction, soit le nombre de transactions
effectué en moyenne, au cours d’une période donnée, par une unité
monétaire. V désigne également la vitesse revenu de circulation de la
monnaie, calculée par rapport au PIB (ou au revenu).
188
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

A titre d’exemple, si au cours d’une période donnée la masse


monétaire nationale est de 2000 dirhams et si la valeur des
transactions (PT) est de 8000 dirhams, la vitesse transaction de
circulation de la monnaie est égale à 4:
V = PT / M = 8000 / 2000 = 4
Cela signifie que, pour financer les transactions de l’économie, le
stock de monnaie a été utilisé 4 fois. Donc l’ensemble des transactions
ne peut être effectué que si chaque unité monétaire a été utilisée en
moyenne 4 fois.
La définition la plus simple et la plus opérationnelle de la vitesse de
circulation est celle où l’on considère que la valeur des transactions
est égal au PIB (Vitesse revenu de circulation de la monnaie) . On a :
V = PIB / M représente l’intensité d’utilisation de la
monnaie.

189
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
Une baisse de V signifie alors que M croit plus vite que le PIB (à prix
courant), c’est-à-dire que la monnaie est utilisée avec moins
d’intensité dans les échanges.
Tandis qu’une hausse de V signifie que la croissance du PIB est
supérieure à celle de M, c’est-à-dire que la monnaie est utilisée avec
plus d’intensité dans les échanges.
La notion de vitesse revenu de circulation de la monnaie permet
d’introduire celle de demande de monnaie: une augmentation de V
traduit une hausse de la demande de monnaie et inversement.
Des travaux empiriques, effectués sur des périodes extrêmement
longues, ont identifié les quatre déterminants économiques principaux
de la demande de monnaie:
- la production, les revenus et les prix (corrélation positive)
- les taux d’intérêt (corrélation négative)

190
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

 P correspond au niveau général des prix.


 T désigne le volume des transactions (c’est-à-dire l’ensemble des
transactions réalisées durant une période de temps donnée :
opérations portant sur des biens et services, sur des achats de
consommations intermédiaires ou encore de rémunérations des
facteurs de productions, opérations financières, réalisées au sein de
l’économie au cours d’une période de temps donné (généralement une
année).
A partir de l’identité comptable MV = PT (ou MV = PIB à prix
courants), et de trois hypothèses, Irving Fisher établit une
relation de causalité entre la quantité de monnaie en circulation
et le niveau général des prix.
Les hypothèses sont les suivantes:

191
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

 La stabilité à court terme de la vitesse de circulation de la monnaie


(V constant). Cette première hypothèse suppose que les
comportements monétaires sont stables et prévisibles et se modifient
donc très peu à court terme.
 Le plein emploi des capacités de production: T est constant, et
déterminé au niveau de la sphère réelle. Ce postulat découle de la loi
des débouchés selon laquelle l’offre crée sa propre demande
 Les autorités monétaires maîtrisent parfaitement la masse monétaire:
caractère exogène de l’offre de monnaie.

192
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

Etant donné que les variables V et T sont données et stables, toute


variation de la part des autorités monétaires de la quantité de
monnaie en circulation se traduit nécessairement par un
changement proportionnel du niveau général des prix.
Par exemple, si M triple, V et T étant constants, alors P va tripler
aussi, car l’ajustement ne peut s’effectuer que par une hausse
proportionnelle des prix.
Par conséquent, selon Fisher, tout accroissement de la quantité
de monnaie en circulation à des fins de relance de l’activité
économique ne peut-être que source d’inflation.
Fisher reprend ainsi les deux points évoqués par les classiques:

193
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

 L’approche dichotomique ou la séparation stricte entre la


sphère réelle et la sphère monétaire et,
 La neutralité de la monnaie
Le lien, entre masse monétaire et prix, établi par Fisher est
purement mécanique. L’auteur ne montre nullement par quel
mécanisme une variation de l’offre de monnaie induit une
variation des prix.
L’école de Cambridge va apporter une réponse à ce sujet en
faisant apparaître pour la première fois la notion de demande de
monnaie.

194
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
b)Formulation de la demande de monnaie de l’école de Cambridge
(Analyse par les encaisses):
L’apparition pour la première fois de la notion de demande de
monnaie est liée à l’école de Cambridge. Alfred Marshall et Arthur
Cecil Pigou, transforment l’équation des échanges de Fisher en
une fonction de demande de monnaie.
Pour ces auteurs, les agents économiques cherchent à détenir de
la monnaie pour faire face à l’absence de synchronisation entre la
perception de leur revenu et leurs dépenses. Les agents
économiques expriment ainsi une demande de monnaie ou
demande d’encaisses réelles qui se présente sous la forme
suivante:
 MD / P = k Y (ou MD = k PY)
195
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

 MD : demande de monnaie
 P : niveau général des prix
 (MD / P) : demande d’encaisses réelles
 k : part du revenu réel que les agents économiques cherchent à
détenir sous forme de monnaie (il est possible d’en déduire que
k = 1/V : avec V vitesse revenu de circulation de la monnaie).
 Y : revenu réel
 L’encaisse réelle désirée (MD / P) est une proportion constante
k du revenu réel Y. Le coefficient k représente la disposition
des agents économiques à conserver en moyenne un certain
pourcentage de leur revenu réel sous forme monétaire.

196
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
Cela veut dire que les agents économiques définissent leurs
besoins de monnaie non en termes nominaux mais en termes
réels, c’est-à-dire qu’ils désirent détenir sous forme de monnaie
un certain pouvoir d’achat.
En se basant sur ce raisonnement, Pigou va expliquer le lien causal
entre monnaie et prix à travers le mécanisme appelé effet
d’encaisses réelles ou effet Pigou:
 Partant d’une situation d’équilibre (c’est-à-dire d’un niveau
d’encaisses réelles désirées donné), si l’offre de monnaie
augmente (Ms), les agents économiques perçoivent de la
monnaie supplémentaire, à niveau de prix inchangé, cela
accroît leurs encaisses réelles (MD /P augmente).
 Les agents, qui jusque là détenaient des encaisses à un niveau
qu’ils jugeaient satisfaisant pour assurer leurs transactions, se
retrouvent avec des encaisses réelles excédentaires. Ils
dépensent cet excédent sur le marché des biens et services,
pour ne garder que l’encaisse réelle désirée. 197
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

 Ce comportement entraîne un accroissement de la demande de


biens et services. Comme on est en situation de plein-emploi
des facteurs de production, il n’est pas possible de produire
plus, et la pression sur la demande va donc entraîner une
augmentation des prix.
 Cette hausse des prix réduit la valeur réelle des encaisses
monétaires détenues par les agents économiques jusqu’au
moment où les encaisses réelles retrouvent leur valeur initiale.
Pigou explique ainsi le mécanisme par lequel une modification de
la quantité de monnaie entraîne seulement une modification des
prix.

198
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
En conclusion, l’école de Cambridge reprend le principe de la
neutralité de la monnaie développé par les classiques et Fisher.
Mais l’école de Cambridge se distingue de ses prédécesseurs, en
formulant pour la première fois une demande de monnaie qui est
une fonction croissante du revenu réel, et en expliquant le
mécanisme par lequel une variation de la masse monétaire influe
uniquement sur le niveau général des prix.
Cette approche traditionnelle de la demande de monnaie qui
s’appuie sur des hypothèses hautement restrictives (stabilité à
court terme de la vitesse de circulation de la monnaie, plein
emploi des facteurs de production) et écarte des variables clés
tels que le taux d’intérêt, a été fortement critiquée et remise
totalement en cause par Keynes.
199
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Dans son ouvrage intitulé la « Théorie générale de l’emploi, de
l’intérêt et de la monnaie », John Maynard Keynes (1883-1946)
marque une rupture majeure avec l’analyse de la plupart des
auteurs qui l’ont précédé, c’est pourquoi l’on parle souvent de
« révolution keynésienne ».
1.Les motifs de la préférence pour la liquidité
Pour Keynes la monnaie n’est pas uniquement comme l’avançait
J.B. Say la « simple voiture des produits », c’est-à-dire un simple
instrument de règlement des échanges, elle est également
recherchée pour elle-même.
En effet, pour Keynes, les agents économiques peuvent renoncer
à une consommation immédiate et constituer une épargne en
choisissant la forme sous laquelle ils veulent la conserver: soit
sous forme de monnaie, soit sous forme d’obligations à taux fixe.
.200
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Une partie de l’épargne sera donc gardée sous forme monétaire


et une autre sous forme d’obligations.
La part de l’épargne gardée sous forme monétaire représente la
préférence des agents économiques pour la liquidité.
La préférence pour la liquidité est un concept keynésien selon
lequel les agents économiques préfèrent la liquidité aux autres
formes de richesse.
La préférence pour la liquidité représente donc la tendance des
épargnants à conserver une fraction de leurs avoirs sous forme
monétaire. Ainsi, la monnaie peut être désirée pour elle-même,
ce qui explique que la loi des débouchés n’est plus vérifiée et
que des crises de sous-emploi deviennent envisageables.

201
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Les agents économiques désirent détenir de la monnaie pour trois


motifs: le motif de transaction, le motif de précaution et le motif
de spéculation.
a) Le motif de transaction :
Ce premier motif correspond à la fonction d’instrument de
paiement de la monnaie. La monnaie est demandée pour faire
face à l’absence de synchronisation entre la perception du revenu
et le paiement des achats (« Une première raison de conserver de
la monnaie est de combler l’intervalle entre l’encaissement et le
décaissement du revenu ».).
On retrouve ici le motif identifié par l’école de Cambridge, la
monnaie est détenue seulement pour réaliser les transactions
courantes, c’est à dire les achats courants de biens et services
(nourriture, vêtements, …). 202
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
b) Le motif de précaution :
Le motif de précaution renvoie à l’incertitude sur les dépenses qui
peuvent être engagées dans le futur. La détention de monnaie
s’explique par « Le souci de parer aux éventualités exigeant une
dépense soudaine, l’espoir de profiter d’occasions non prévues
d’achats avantageux et enfin le désir de garder un avoir de valeur
nominale immuable pour faire face à une obligation future stipulée
en monnaie… ».
L’encaisse pour motif de précaution correspond donc à la monnaie
détenue pour faire face à des dépenses imprévues (maladie,
accident, chômage, soldes, …).
Pour Keynes, ces deux premiers motifs déterminent une demande
de monnaie transactionnelle. La demande de monnaie
transactionnelle (Mt) est une fonction croissante du revenu
national (Y). 203
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Mt = L1 (Y)
Y
L1 (Y)

Mt
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

c) Le motif de spéculation:
Pour expliquer le motif de spéculation, Keynes suppose
l’existence de deux types d’actifs : la monnaie et les
obligations à taux d’intérêt fixe.
Les agents économiques vont effectuer des arbitrages entre
monnaie et titres compte tenu de l’évolution (future,
anticipée) du taux d’intérêt. En effet, les agents économiques
peuvent préférer garder leur épargne sous forme monétaire (la
monnaie est un actif non rémunéré mais sans risque) plutôt
que de la placer en obligations avec un risque de perte en
capital.
La demande de monnaie des agents économiques pour motif de
spéculation correspond donc à une épargne conservée sous
forme monétaire compte tenu du niveau du taux d’intérêt.
205
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
L’encaisse (ou demande de monnaie) dépend donc des possibilités
de réaliser des plus-values c’est à dire de tirer profit de l’évolution
future du cours des obligations qui est en liaison avec l’évolution
du taux d’intérêt.
Lorsque les agents économiques anticipent une hausse du taux
d’intérêt, qui se traduira mécaniquement par une baisse future des
cours des obligations, ils préféreront détenir de la monnaie qui ne
rapporte rien mais dont la valeur nominale est constante, plutôt
que de détenir des obligations qui seraient selon leurs prévisions
source de perte en capital (moins-value).
Inversement, s’ils prévoient une diminution des taux d’intérêt, ils
préféreront acheter des obligations dont les cours devraient
s’accroître dans le futur. Il existe ainsi une relation mécanique
inverse entre l’évolution du taux d’intérêt et celle du cours des
obligations.
206
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Exemple: un agent économique achète une obligation dont la
valeur nominale est de 1000 DH avec un taux de coupon de 5%.
Si l’agent économique veut vendre cette obligation quelques
mois plus tard mais que les taux d’intérêt ont augmenté et que
le taux de coupon de l’obligation sur le marché est de 6%, il
sera obligé de réduire le prix de vente de l’obligation pour la
rendre aussi attrayante aux yeux de l’acheteur que les autres
obligations ayant la même valeur nominale mais un taux de
coupon plus élevé.
Donc dans le cas de l’obligation dont le taux de coupon est de
5%, il faudra la vendre à 833,33 DH pour que le rendement
actuel atteigne celui d’une obligation dont le taux de coupon
est de 6%:

207
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Soit Pt le prix d’une obligation, C son revenu (coupon) annuel et


i son rendement (taux d’intérêt), nous pouvons écrire :
Pt = C /i ou i = C / Pt
Dans notre exemple: Pt= 5%x1000/6%=833,33 DH
Le prix de l’obligation a baissé suite à l’augmentation des taux
d’intérêt.

Pour Keynes, le montant d’épargne est déterminé par le revenu


mais le taux d’intérêt joue un rôle déterminant dans l’affectation
de cette épargne entre obligations et monnaie.
On a:
MS = L2 (i)
208
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Taux d’intérêt
i
Uniformité des anticipations

Préférence absolue pour les titres, pour tous les agents,


le taux d’intérêt ne peut que baisser

iM
Zone de spéculation

Trappe à liquidité
im L2 (i)
Préférence absolue pour la monnaie, pour tous les agents, le taux
d’intérêt ne peut qu’augmenter

Ms
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
La partie verticale de la courbe de demande de monnaie pour
motif de spéculation est confondue avec l’axe des ordonnées et
correspond à une unanimité des opinions (uniformité des
anticipations) sur la baisse future du taux d’intérêt.
Le taux iM est le taux d’intérêt maximum à partir duquel les agents
économiques ne peuvent que prévoir une baisse du taux d’intérêt futur
et donc une hausse des cours des obligations. Ils ne souhaitent plus
détenir de monnaie pour motif de spéculation, les agents ont une
préférence absolue pour les obligations, sources selon eux de plus-values.
La partie horizontale de la courbe correspond à une unanimité
des opinions (uniformité des anticipations) sur la hausse future du
taux d’intérêt.
Le taux im est le taux d’intérêt minimum à partir duquel l’ensemble des
agents ne peut qu’anticiper une hausse du taux d’intérêt et donc une
baisse des cours des obligations. Cette partie de la courbe correspond à
ce que Keynes appelle la trappe à liquidité, la préférence des agents
pour la monnaie est absolue. 210
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

La partie intermédiaire de la courbe (entre le taux d’intérêt


maximum et le taux d’intérêt minimum) correspond à la zone de
spéculation (situation la plus courante). Les anticipations des
agents économiques sont différentes, certains estiment que le
taux d’intérêt va baisser, d’autres qu’il va augmenter.
En règle générale, les agents ne sont jamais absolument certains
de leurs prévisions et chercheront le plus souvent à détenir à la
fois de la monnaie et des obligations selon des proportions
variables.
Les agents non financiers arbitrent entre monnaie et obligations
en fonction du niveau du taux d’intérêt courant et du taux
d’intérêt anticipé ou futur.

211
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
En conclusion, la demande de monnaie pour motif de spéculation
est une fonction décroissante du taux d’intérêt dans la partie
intermédiaire(oblique) .
Cette demande de monnaie pour motif de spéculation est
particulièrement instable puisqu’elle dépend des anticipations
des agents économiques qui par définition sont instables.
La demande de monnaie globale est égale à :
L = Mt + Ms = L1 (Y) + L2 (i)
La demande de monnaie globale est décalée vers la droite, car la
demande de monnaie pour les motifs de transaction et de
précaution (pour motif transactionnel) est ajoutée à la demande
de monnaie pour motif de spéculation.
Elle a la forme suivante:

212
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

L = Mt + Ms = L1 (Y) + L2 (i)

iM

L = L1 (Y) + L2 (i)
im

L1 (Y) L2 (i) L
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

2. La détermination du taux d’intérêt


Pour les classiques le taux d’intérêt est considéré comme une
variable réelle: le taux d’intérêt est déterminé au niveau de la
sphère réelle par la confrontation de l’offre des fonds prêtables
(l’épargne) et la demande des fonds prêtables (l’investissement).
Pour Keynes et à l’inverse des classiques, le taux d’intérêt est une
variable monétaire: il est déterminé au niveau de la sphère
monétaire (marché de la monnaie) par la confrontation de la
demande de monnaie et de l’offre de monnaie.

214
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Lorsqu’on se situe au niveau de la partie intermédiaire de la


courbe de demande de monnaie globale, une augmentation de
l’offre de monnaie par les autorités monétaires (politique
monétaire expansionniste) se traduit, toutes choses égales par
ailleurs, par une baisse du taux d’intérêt d’équilibre.
Et une diminution de l’offre de monnaie (politique monétaire
restrictive) se traduit par une hausse du taux d’intérêt
d’équilibre.
Lorsque l’économie se situe en dehors de la trappe à liquidité,
Keynes démontre qu’une politique monétaire expansionniste se
traduit par une baisse du taux d’intérêt et a ainsi un impact
positif sur les variables réelles:

215
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Taux d’intérêt
Ms1 Ms2
i

iM

i1

i2
L = L1 (Y) + L2 (i)
im

L1 (Y) L2 (i) L, Ms
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

En effet, en agissant sur le taux d’intérêt, la politique monétaire


modifie la décision d’investissement. Selon Keynes, la dépense
d’investissement obéit à deux déterminants:
 Le taux d’intérêt qui dépend de l’offre de monnaie de la
banque centrale, et qui représente pour l’entrepreneur le coût
de financement de l’investissement
 Le profit escompté ou « efficacité marginale du capital »
(notion introduite par Keynes): l’efficacité ou rentabilité est
fonction des investissements déjà réalisés. Les plus rentables
sont réalisés en premier. Ainsi, l’efficacité marginale diminue
quand la quantité d’investissement augmente. Pour un taux
d’intérêt i donné, tous les projets d’investissement dont
l’efficacité e est supérieure à ce taux seront réalisés.
L’entrepreneur fait donc une comparaison entre e et i et,
quelque soit la situation financière de l’entreprise,
l’investissement est réalisé si e>i
217
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Une politique monétaire expansionniste ou augmentation de


l’offre de monnaie par la banque centrale va donc se traduire par
une baisse du taux d’intérêt, toutes choses égales par ailleurs (e
constant), une augmentation du rapport e/i et donc une hausse
de l’investissement qui va se traduire à son tour par une hausse
de la production et donc du revenu.
Par contre, la politique monétaire est inefficace si l’économie se
situe au niveau de la trappe à liquidité parce que le taux
d’intérêt est à son niveau le plus bas et ne peut donc plus
baisser.
Dans une telle situation, il faut donc, selon Keynes agir
directement sur la demande à travers les dépenses publiques en
utilisant la politique budgétaire.
218
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Dans une situation de trappe à liquidité, la politique budgétaire ne
pourra pas être financée par la vente de titres sur le marché
financier puisque les agents économiques ont une préférence
absolue pour la liquidité. Il faudra donc avoir recours au
financement monétaire de la politique budgétaire c’est-à-dire à la
planche à billet.
Dans son analyse, Keynes accorde le premier rôle à la politique
budgétaire dans la mesure où la politique monétaire accompagne
la politique budgétaire.
Pour Keynes, une politique monétaire expansionniste constitue un
complément utile à la politique budgétaire dans la mesure où elle
neutralise l’effet d’éviction (l’accroissement de l’investissement
public se fait au détriment de l’accroissement de l’investissement
privé et se traduit par une hausse du taux d’intérêt).
219
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Par ailleurs, Keynes met fin, grâce à une variable clé, le taux
d’intérêt, à la vision dichotomique des auteurs qui l’ont précédé
d’une part, et d’autre part à la neutralité de la monnaie. Mais la
remise en cause par Keynes de la théorie quantitative de la
monnaie ne s’est pas traduite par sa mise à l’écart définitive.

220
SECTION 3: le MODELE IS – LM

Le modèle de la demande agrégée que l’on appelle modèle IS-LM


représente la formalisation de la théorie keynésienne .
C’est l’économiste John R Hicks, prix Nobel d’économie, qui a
proposé la première formulation du modèle dans un article publié
en 1937: « Mr Keynes and the classics: a suggested
interpretation ».
L’analyse de Hicks fut ensuite développée par Alvin Hansen. Hicks
et Hansen appelèrent leur cadre formel le modèle IS-LM.
L’objectif de ce modèle est de montrer quels sont les
déterminants de la variation du revenu national à court terme
lorsque le niveau des prix est fixe.

221
SECTION 3: le MODELE IS – LM

Les hypothèses du modèle sont les suivantes:


 Le modèle IS-LM est un modèle en économie fermée (son équivalent
en économie ouverte est le modèle de Mundell-Fleming).
 Les prix et salaires sont fixes, c’est donc un modèle de court terme.
 Les taux d’intérêts sont flexibles
Le modèle IS-LM est représenté par deux courbes, la courbe IS et
la courbe LM:
 La courbe IS (investment-saving) désigne l’investissement et l’épargne
et représente le marché des biens et services.
 La courbe LM (liquidity-money) désigne l’offre et la demande de
monnaie et représente le marché financier.

222
SECTION 3: le MODELE IS – LM

Dans la mesure où il influence à la fois la demande


d’investissement et la demande de monnaie, le taux d’intérêt
relie les deux moitiés du modèle IS-LM.
Ce modèle montre comment les interactions entre ces deux
marchés déterminent la demande agrégée et donc le niveau à
court terme du revenu national.
La macroéconomie a fait des progrès substantiels depuis le début
des années 40, mais le modèle IS-LM reste un modèle essentiel
parce qu’il saisit ce qui se passe à court terme dans une
économie. C’est pourquoi ce modèle est toujours enseigné et
utilisé aujourd’hui.

223
SECTION 3: le MODELE IS – LM
1. Construction de la courbe IS
L’équilibre sur le marché des biens et services est défini par
l’égalité entre l’offre et la demande parce que le revenu créé par
les entreprises quand elles vendent des biens et services génère
une demande globale qui doit lui être égale :

Y=Z Y= C(Y-T, i) + I(Y, i) + G


On sait aussi que:
Yd = C+S ou S = Yd – C
L’épargne des ménages est mesurée comme la différence entre le
revenu disponible Y-T et leurs dépenses de consommation, soit:
S(Yd,i) = Y – T - C(Y-T, i)
224
SECTION 3: le MODELE IS – LM

Y=C+S+T
et Y = C + I + G

D’où: C+I+G=C+S+T
I+G=S+T
Ou I = S + T – G

S est l’épargne privée et T-G l’épargne publique. A l’équilibre sur


le marché des biens et services, l’investissement est égal à
l’épargne publique plus l’épargne privée.

225
SECTION 3: le MODELE IS – LM
A un niveau de taux d’intérêt (i1) donné correspond un niveau
d’investissement donné (I1), un niveau d’épargne (S1) donné (I=S)
et par conséquent un niveau de revenu (Y1) donné.
Le couple (Y1, i1) correspond à un équilibre du marché des biens
et services.
Si le taux d’intérêt diminue de i1à i2 :l’investissement augmente et
passe à I2
alors S doit augmenter également dans les mêmes
proportions(puisque I=S) et devient S2. A ce nouveau niveau
d’épargne correspond un nouveau niveau de revenu Y2
Le couple (Y2, i2) correspond à un équilibre du marché des biens
et services.

226
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Construction graphique de la courbe IS
i
i1
(1)
IS
I(i) (4)

i2

I Y
I2 I1 Y1 Y2
S1

S(Y)
(2) (3)
S2

I=S S
SECTION 3: le MODELE IS – LM

L’équilibre sur le marché des biens et services implique que plus


le taux d’intérêt i est élevé, plus le niveau de production Y est
faible. Cette relation entre le taux d’intérêt et la production est
représentée par une courbe décroissante appelée courbe IS. Le
long de la courbe IS, on a toutes les combinaisons de Y et de i
donnant les équilibres du marché des biens et services.
La courbe IS représente donc l’ensemble des couples (Y, i) qui,
par égalisation de l’épargne et de l’investissement, assure
l’équilibre du marché des biens et services

228
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Le revenu (Y) est une fonction décroissante du taux d’intérêt (i).

IS

Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Déplacements au niveau de la courbe IS:
Lorsqu’on se déplace vers le bas, le taux d’intérêt baisse et la
production (ou revenu) augmente. Ces deux phénomènes font
croître l’investissement. La hausse de la production, c’est-à-dire
du revenu, fait croître l’épargne.
Déplacements de la courbe IS:
Pour un taux d’intérêt donné, toute augmentation d’une
composante de la demande (consommation C, investissement I,
dépenses publiques G) se traduit par un déplacement parallèle et
vers la droite de la courbe IS (de IS1 à IS2), et une augmentation du
revenu d’équilibre de Y1 à Y2.
Inversement, toute diminution d’une composante de la demande
se traduit, pour un taux d’intérêt inchangé, par un déplacement
parallèle et vers la gauche de la courbe IS et le revenu d’équilibre
230
diminue.
SECTION 3: le MODELE IS – LM

A titre d’exemple, considérons une hausse des impôts T


(équivalant à une baisse de G). Pour un taux d’intérêt i donné,
une augmentation de T réduit le revenu disponible (Y-T) et donc
le niveau de consommation C(Y- T, i). La baisse de la
consommation entraine une baisse de la demande sur le marché
des biens et services, et, par l’effet multiplicateur, une baisse du
niveau de production (revenu) d’équilibre. La courbe IS se déplace
vers la gauche: quel que soit le taux d’intérêt, le niveau de
revenu d’équilibre est inférieur à ce qu’il était avant la hausse des
impôts.

231
SECTION 3: le MODELE IS – LM

i Exemple 1: augmentation des dépenses publiques de G1 à G2

IS2
IS1
Y1 Y2 Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Exemple 2: augmentation des impôts de T1 à T2:
i

IS1
IS2
Y2 Y1 Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM
En conclusion:
L’équilibre sur le marché des biens implique que:
 La production Y est une fonction décroissante du taux d’intérêt i.
Cette relation est représentée par la courbe IS
 La courbe IS représente toutes les combinaisons (Y,i) compatibles avec
la réalisation de l'équilibre sur le marché des biens et services.
 La pente de IS est négative parce que i et Y varient en sens inverse: si
i diminue, I augmente, alors S doit augmenter également (I=S) suite à
l’augmentation de Y.
 Pour un taux d’intérêt donné i, une hausse de T ou une baisse de G se
traduira par une baisse de Y, et donc un déplacement de la courbe IS
vers la gauche.

 234
SECTION 3: le MODELE IS – LM

La partie réelle du modèle (c’est-à-dire IS) montre que le revenu


national d’équilibre est indéterminé puisqu’il dépend du taux
d’intérêt. En intégrant la partie monétaire à la partie réelle du
modèle, on pourra lever cette indétermination.
1. Construction de la courbe LM
L’équilibre (point A1) sur le marché de la monnaie est défini par
l’égalité entre l’offre de monnaie et la demande de monnaie:
MS = MD ou MS = L1 (Y) + L2 (i)

Si l’offre de monnaie est fixée (offre de monnaie exogène), cette


équation montre qu’à l’équilibre il existe une relation entre le
revenu national et le taux d’intérêt:

235
SECTION 3: le MODELE IS – LM
 En effet, une hausse du revenu de Y1 à Y2 conduit les agents à
accroître leur demande de monnaie pour motif transactionnel quel que
soit le taux d’intérêt.
 Quand le revenu augmente, la demande de monnaie (pour motif
transactionnel) va donc augmenter, mais l’offre Ms reste inchangée.
 Dans la mesure où à l’équilibre, il y a égalité entre l’offre de monnaie
et la demande de monnaie, il faut donc que le taux d’intérêt s’élève
pour que les deux effets opposés sur la demande de monnaie
s’annulent: la hausse du revenu augmente la demande de monnaie
pour motif transactionnel, mais la hausse du taux d’intérêt réduit la
demande de monnaie pour motif de spéculation.
 L’augmentation de Mt se traduit par un déplacement vers la droite de
la demande de monnaie. On passe à un nouvel équilibre (point A2)
avec un nouveau taux d’intérêt plus élevé (de i1 à i2). Au point A2, la
demande de monnaie est égale à l’offre de monnaie restée inchangée,
et le marché de la monnaie est à nouveau à l’équilibre. 236
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Taux d’intérêt
MS
i

i1 A1

MD1= L1 (Y1) + L2 (i)

MD, M S
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Taux d’intérêt MS
i

A2
i2

i1 A1
MD2= L1 (Y2) + L2 (i)

MD1= L1 (Y1) + L2 (i)

MD, M S
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Si le taux d’intérêt est fixé à un niveau i1, la quantité de monnaie
demandée à des fins spéculatives est L2(i1). L’offre de monnaie
(MS) étant constante, si l’on consacre L2(i1) à la spéculation, il
reste:
MS – L2(i1) = L1(Y1) disponible pour motif transactionnel (motifs de
transaction et de précaution). Cette quantité de monnaie
transactionnelle correspond à un niveau de revenu Y1.
Donc, au taux d’intérêt i1 correspond le niveau de revenu Y1. Le
couple (Y1, i1) correspond à un équilibre du marché de la monnaie.
Si le taux d’intérêt augmente et passe de i1 à i2, la quantité de
monnaie demandée à des fins spéculatives est L2(i2). Il reste
MS – L2(i2) = L1(Y2) disponible pour motif transactionnel (motifs de
transaction et de précaution). Cette quantité de monnaie
transactionnelle correspond à un niveau de revenu Y2. Ainsi, au
taux d’intérêt i2 correspond le niveau de revenu Y2. Le couple (Y2,
i2) correspond à un équilibre du marché de la monnaie 239
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Construction graphique de la courbe LM: LM
i

i2
(1) (4)
i1

L2(i)

Ms
L2(i1) L2(i2) Y1 Y2 Y
L1(Y1)

(2) L1(Y2) (3)


Mt = MS – Ms
L1(Y)

Mt
SECTION 3: le MODELE IS – LM

MS = MD
MD = L1 (Y) + L2 (i)
L1 (Y) = l1Y
l1 est la part du revenu que les agents désirent conserver pour
satisfaire les motifs de transaction et de précaution (soit la vitesse
de transformation du revenu en monnaie). l1 mesure la sensibilité
de la demande de monnaie au revenu.
L2 (i) = -l2i + l0
I2 exprime l’intensité de la préférence pour la liquidité et mesure
la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt.
I2i correspond à la demande de monnaie purement spéculative et
I0 représente la quantité de demande de monnaie conservée pour
maintenir un niveau donné d’encaisses (ou encore le niveau de la
préférence pour la liquidité). 241
SECTION 3: le MODELE IS – LM

On a: MS = MD
MS = l1Y – l2i + l0
Soit,
i = (l1 / l2) Y + (l0 – MS) / l2
ou

Y = (l2 / l1) i + (MS – l0) / l1

La courbe LM représente l’ensemble des couples (Y, i) tels que la


demande de monnaie est égale à l’offre de monnaie.il s’agit donc
de l’ensemble des couples (Y, i) qui assure l’équilibre du marché
de la monnaie.

242
SECTION 3: le MODELE IS – LM
La courbe LM est croissante, exprimant une relation positive entre le
revenu et le taux d’intérêt.
i
LM

Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM

Déplacement de la courbe LM:

Si l’offre de monnaie augmente, pour un niveau de revenu donné,


cela entraine une baisse du taux d’intérêt d’équilibre (de i1 à i2),
soit un déplacement de la courbe LM vers le bas ou vers la droite.
Si l’offre de monnaie diminue, quelque soit le niveau du revenu,
cela entraine une hausse du taux d’intérêt (de i1 à i2), c’est-à-dire
un déplacement de la courbe LM vers le haut.

244
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Politique monétaire expansionniste:
LM1 LM2
i

i1

i2

Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Politique monétaire restrictive:
LM2 LM1
i

i2

i1

Y
Section II: l’équilibre sur le marché financier: la
courbe LM

En conclusion, l’équilibre sur le marché de la monnaie implique


que:
 La courbe LM trace la relation d’équilibre entre i et Y sur le marché de
la monnaie.
 Pour M donnée, quand Y augmente, i augmente. Le taux d’intérêt est
une fonction croissante du niveau du revenu. Cette relation est
représentée par la courbe croissante LM.
 Pour Y donné, un accroissement de la masse monétaire entraîne une
baisse de i et un déplacement de LM vers le bas. Une baisse de la
masse monétaire entraîne une hausse de i et un déplacement de LM
vers le haut.

247
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Tout point de la courbe décroissante IS correspond à un équilibre
sur le marché des biens et services.
Tout point de la courbe croissante LM correspond à un équilibre
sur le marché de la monnaie.
C’est seulement au point d’intersection entre ces deux courbes
que ces deux conditions sont vérifiées. Cela signifie que le point
d’intersection, associé au niveau de production YE et au taux
d’intérêt iE est le point d’équilibre.

248
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Résolution graphique:

i LM
IS

E
iE

YE Y
CHAPITRE IV:

Le système bancaire marocain

250
SECTION 1: le système financier: notion et rôle
Le système financier désigne l’ensemble des institutions
(intermédiaires financiers et marchés de capitaux) qui rendent
possible les échanges de monnaie entre les agents économiques
qui disposent d’une épargne et les agents économiques qui
désirent emprunter pour financer une dépense d’investissement
Le système financier permet ainsi la rencontre entre les agents
économiques ayant une capacité de financement (les prêteurs) et
les agents ayant un besoin de financement (les emprunteurs).
Le transfert des fonds des prêteurs vers les emprunteurs peut se
faire de deux manières: directe et indirecte. On distingue donc
deux grands modes de financement externe:
 Le financement direct
 Le financement indirect ou intermédié
251
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Les premiers auteurs à avoir opéré cette distinction entre finance


directe et finance indirecte sont deux auteurs américains Gurley
John G. et Shaw Edward S. (1960).
Lorsque le financement est indirect ou intermédié, un
intermédiaire financier s’interpose entre les agents à capacité de
financement, auprès desquels ils collectent des fonds, et les
agents à besoin de financement auxquels ils apportent leurs
concours financier essentiellement par le biais du crédit
bancaire. Les prêteurs prêtent donc leur argent non pas
directement aux agents à besoin de financement mais aux
intermédiaires financiers essentiellement sous forme de dépôt.

252
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Les banques peuvent aussi apporter leurs concours financiers aux


agents à besoin de financement en achetant pour le compte de la
clientèle des titres que ces derniers émettent. D’autres
intermédiaires financiers (compagnies d’assurance, OPCVM)
participent aussi de cette manière au financement indirect.
Lorsque le financement est direct, les emprunteurs obtiennent
directement des fonds de la part des prêteurs en leur vendant des
titres sur le marché financier. On parle de finance de marché. Une
partie des financements directs inclut également des formes de
crédit non bancaire tels que les crédits commerciaux.

253
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Quelque soit le mode de financement direct ou indirect, le


système financier favorise la bonne allocation des ressources au
sein de l’économie et améliore l’investissement et la croissance.
En l’absence de système financier, deux agents économiques ne
pourraient pas réaliser une transaction mutuellement
avantageuse: ce qui empêcherait l’un de recevoir des intérêts ou
des dividendes, et l’autre de réaliser un investissement rentable.
Le bon fonctionnement du système financier est donc
indispensable à l’économie réelle (investissement, production)
puisqu’il permet le financement de l’économie réelle. Les crises
financières en témoignent indirectement puisqu’elles se
traduisent par de fortes récessions économiques.

254
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Moyens de financement

Investissement

Production
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Bien que l’on accorde beaucoup plus d’attention aux marchés


financiers, la finance indirecte reste le principal moyen par lequel
les fonds sont transférés des prêteurs aux emprunteurs, que ce
soit dans les pays industrialisés ou les pays en développement
comme le Maroc.
L’importance cruciale de l’intermédiation financière s’explique
par son rôle:
 dans la réduction des coûts de transaction,
 dans le partage des risques,
 et la réduction des coûts d’information sur les marchés financiers.

256
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

1. La réduction des coûts de transaction


Les coûts de transaction c’est-à-dire le temps et l’argent dépensés
pour réaliser les transactions financières sont un problème majeur
pour les agents économiques investisseurs ou prêteurs.
Les intermédiaires financiers permettent de réduire les coûts de
transaction et donc permettent à de petits prêteurs de fournir
indirectement des capitaux à de petits emprunteurs:
Par exemple, un ménage qui désire prêter de l’argent à un
entrepreneur qui veut créer son entreprise doit, pour se protéger,
payer un juriste pour rédiger le contrat de prêt et préciser les
conditions de paiement des intérêts et du remboursement. Si le
montant du prêt est peu élevé, le paiement du juriste risque de lui
coûter plus cher que les intérêts qu’il pourra obtenir.
257
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

2. Le partage des risques


Un deuxième avantage pour les prêteurs, de passer par un
intermédiaire financier est que cela leur permet de réduire leur
exposition au risque, c’est-à-dire l’incertitude sur le rendement
qu’ils peuvent attendre de leurs placements. Les intermédiaires
financiers permettent en effet le partage du risque en permettant
aux épargnants de diversifier leur portefeuille d’actifs et de
diminuer ainsi le risque auquel ils sont exposés, le risque de
portefeuille étant moindre que le risque des actifs particuliers. La
diversification est permise par la faiblesse des coûts de
transaction des intermédiaires financiers qui peuvent réunir un
portefeuille d’actifs et en faire un actif global qu’ils vendent aux
épargnants.

258
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

3. Réduction du coût de l’information et du risque d’aléa moral


En général, les prêteurs connaissent trop peu les emprunteurs et
leurs projets pour pouvoir prendre les bonnes décisions. Cette
situation porte le nom d’asymétrie de l’information. Cette
situation est asymétrique parce que l’entrepreneur qui veut
emprunter pour réaliser un projet connait mieux le rendement
potentiel et les risques associés à ce projet que le prêteur.
L’asymétrie de l’information peut se traduire par un problème
d’aléa moral. Le risque moral sur les marchés financiers est le
risque que l’emprunteur s’engage sans prévenir dans des activités
considérées comme risquées par le prêteur parce qu’elle diminue
la possibilité qu’il soit remboursé.

259
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Les prêteurs courent donc moins de risques en prêtant leurs fonds


à des intermédiaires financiers qu’en prêtant directement à des
entrepreneurs dans la mesure où les intermédiaires financiers
sont mieux équipés pour sélectionner les bons emprunteurs et
disposent d’outils de surveillance pour éviter les risques d’aléa
moral.

260
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

Au Maroc, c’est à partir de la création de la banque d’Etat du


Maroc (1906), du traité de Protectorat (1912) et surtout de
l’élaboration de la première législation régissant les banques et les
professions liées au métier de banquier, en 1943, qu’il est
possible de commencer à parler de secteur bancaire.
Cependant, cette législation de 1943 n’avait pas intégré dans son
champ d’application un certain nombre d’établissements
financiers à statut légal spécial:
 Caisses de Crédit Agricole (janvier 1919): spécialisées dans le crédit
agricole à court et moyen terme.
 Caisse des Prêts Immobiliers du Maroc (décembre 1919): orientée vers
les crédits immobiliers, hôteliers et maritimes à moyen et long terme.
 Banques Populaires (mai 1926): octroient des crédits à la petite et
moyenne entreprise.
261
SECTION 2: historique du système bancaire marocain
Une situation de cloisonnement commence ainsi à se mettre en
place dans laquelle étaient différenciés d’une part les banques
directement contrôlées par la banque centrale, et d’autre part les
organismes financiers spécialisés faisant l’objet d’une
réglementation spécifique échappant à la législation bancaire
de 1943.
Au lendemain de l’indépendance, l’Etat créa les principales
institutions financières marocaines ou les transforma. Il favorisa
également la concentration des banques, tout en encourageant
l’extension de leurs réseaux et la bancarisation:
 Banque du Maroc et BNDE (juillet 1959)
 BMCE (septembre 1959)
 Crédit Populaire, CIH, et CDG (février 1959),
 Caisse d’Epargne Nationale (février 1959).

262
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

La législation bancaire du 21 avril 1967 marqua la volonté de


l’Etat d’assurer le contrôle de la distribution du crédit et sa
volonté d’orienter l’économie conformément aux priorités
définies. Cependant, la loi ne s’intéressa qu’aux banques de dépôt
et à leurs activités et oublia, au même titre que la législation de
1943, les institutions et organismes financiers spécialisés à statut
particulier devenus de plus en plus nombreux, et la situation de
cloisonnement ne fit que s’intensifier..
Un mouvement de décloisonnement s’amorça au cours des
années 70 dans la mesure où on assiste à l’extension des
modalités de la loi de 1967 au Crédit Populaire (1970).
Ce mouvement de décloisonnement (décennie 1970) s’est
renforcé dès lors que les autorités monétaires décidèrent
d’intéresser les banques au financement de l’investissement,
considéré comme prioritaire pour le développement économique.

263
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

Le financement de l’investissement qui appartenait presque


exclusivement à cinq institutions financières spécialisées ou OFS
(la BNDE, le CIH, la CDG, la CNCA et le Crédit Populaire) fut ouvert
aux banques en 1972:
. En effet, dans le cadre de la sélectivité du crédit, et plus précisément
des emplois obligatoires, les banques ont été obligées de détenir un
portefeuille minimum d’effets représentatifs de crédits à
l’investissement.
- Les organismes financiers spécialisés dont la BNDE et le CIH, qui
avaient subi la concurrence par les banques dans des domaines
où ils avaient le monopole, furent autorisés, à partir de 1986, à
recueillir des dépôts à vue, à ouvrir des agences et à consentir
des crédits à court terme.

264
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

La CNCA a été habilitée en 1987 à élargir son intervention au


financement de l’accession à la propriété, de la pêche, des
activités de commerce et de service en milieu rural.
La BNDE et la CNCA ont été habilitées à effectuer des opérations
avec l’étranger.
Parallèlement à ce mouvement de décloisonnement, et comme
partout dans le monde, les banques ont créé des sociétés filiales
(au début essentiellement des sociétés de crédit à la
consommation et de leasing) pour faire face aux contraintes tant
de l’encadrement du crédit que des emplois obligatoires, et
échapper à la législation bancaire de 1967.

265
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

La législation de 1967 est donc très vite apparue comme


totalement dépassée face au processus de libéralisation
financière qui avait été entamé à partir du début des années 90:
 A la veille de 1993, cette législation était basée sur le
cloisonnement des « organismes financiers » entre:
• les banques de dépôt,
• les organismes financiers spécialisés (OFS) et
• les autres organismes financiers comme les sociétés de crédit à la
consommation et de crédit-bail.
 Jusqu’en 1986, les OFS ne pouvaient pas recevoir de fonds du
public: leurs ressources provenaient, principalement, des fonds
propres et des émissions d’emprunts sur les marchés financiers
nationaux et internationaux. La levée de cette restriction a permis à
certains OFS de développer leurs activités et leurs réseaux
d’agences.
266
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

 Peu de règles régissaient les rapports de concertation entre les


autorités monétaires et les banques ainsi que les relations entre les
banques et leur clientèle.

 De plus, cette législation ne tenait pas compte de l’apparition de


nouveaux moyens de paiement (exemple des cartes bancaires)

 Enfin, avec le temps, le secteur financier avait connu de profondes


mutations, ce qui avait pour résultat le fait qu’un ensemble
d’institutions et d’organismes exerçaient en partie l’activité de
banque sans être soumis à la loi bancaire.

267
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

La « Loi bancaire » du 06 juillet 1993 avait ainsi pour objet:

 d’instituer un dispositif juridique unifié applicable à l’ensemble des


établissements de crédit,

 d’instaurer le cadre d’une plus grande concertation entre les autorités


monétaires et la profession (tout en renforçant les pouvoirs des
autorités monétaires principalement ceux du Ministre des Finances),
et

 d’assurer une meilleure protection des déposants et des emprunteurs.

268
SECTION 3: la loi bancaire de 1993
I La mise en place d’un dispositif juridique unifié:
La loi bancaire de 1993 a permis le décloisonnement en introduisant
la notion d’« établissement de crédit ». Les établissements de crédit
comprennent:
 Les banques
 Les sociétés de financement
a) Les banques:
Les banques (y compris certains ex-OFS, BNDE, CIH et CNCA) sont des
établissements à vocation universelle, vu la gamme des opérations
qu’elles peuvent effectuer. On parle de « banque universelle ». En
effet, les banques peuvent effectuer toutes les opérations suivantes:
 Recevoir des fonds du public quelle que soit la durée du dépôt
 Effectuer des opérations de crédit en faveur des entreprises et des particuliers
quelle que soit la durée
269
 Mettre à la disposition de la clientèle tous moyens de paiement ou leur gestion
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

Seules les banques sont habilitées à recevoir des dépôts à vue du


public ou à court terme (inférieur ou égal à deux ans).
Les métiers de la banque peuvent être classés en trois grands
ensembles:
 L’intermédiation financière, qui consiste en la collecte de fonds (à vue ou
à court, moyen et long terme) et en l’octroi de financement par crédit
(créances non négociables) et par acquisition de titres (créances
négociables).
 Les activités de marché (opérations sur titres et opérations sur
instruments financiers)
 La prestation de service pour le compte de tiers: gestion et mise à
disposition des moyens de paiement (chèque, carte bancaire, …); la
gestion d’actifs pour le compte de tiers (collective ou individuelle); le
conseil et l’ingénierie financière (lors de fusions-acquisitions, émissions
de titres, …)

270
SECTION 3: la loi bancaire de 1993
b. Les sociétés de financement:
Les sociétés de financement sont soumises pour la première fois à
la loi bancaire. Elles ne peuvent effectuer que les opérations pour
lesquelles elles ont été agréées:
 les opérations de crédit à la consommation
 les opérations de crédit bail,
 les opérations de crédit immobilier,
 Les opérations d’affacturage (recouvrement de créances surtout
étrangères…), de cautionnement, de gestion des moyens de paiement
ou autres…

271
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

Les sociétés de financement ne peuvent pas recevoir du public


des fonds d’un terme inférieur ou égal à deux ans.
La loi bancaire de 1993 exclut de son champ d’application:
 Bank Al- Maghrib
 La Trésorerie générale du Royaume,
 Le Service de comptes courants et de chèques postaux,
 Le Service de mandats postaux,
 La Caisse de dépôt et de gestion (CDG),
 La Caisse centrale de garantie (CCG),
 La Caisse d’épargne nationale (CEN),
 Les banques off-shore,
 Les entreprises d’assurance et de réassurance, … 272
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

II – Le renforcement des pouvoirs du Ministre des Finances et


l’instauration d’une plus grande concertation entre les autorités
monétaires et la profession:
a) Les autorités monétaires ou autorités de tutelle
Conformément à la loi bancaire, les autorités monétaires ou
autorités de tutelle et de contrôle des établissements de crédit sont
constituées de deux entités: le Ministre des Finances et Bank Al-
Maghrib. Mais la loi bancaire de 1993 a renforcé les pouvoirs du
Ministère des Finances:
 Le Ministre des Finances exerce une influence considérable sur
l’ensemble du dispositif mis en place puisqu’il a la responsabilité des
décisions relatives à la politique monétaire et à la réglementation et
au contrôle des établissements de crédit. (octroi de l’agrément
d’exercer la profession d’établissement de crédit, fixation du montant
minimum du capital, modalités de collecte et les conditions de rémunération
des dépôts, fixation des conditions et modalités d’octroi des crédits…)
273
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

 Bank Al- Maghrib a, en plus des missions qui lui sont dévolues par
ses statuts, essentiellement pour mission la surveillance de l’activité
des établissements de crédit à travers des contrôles sur place et sur
pièces.
b) Les organes de consultation
Les trois organes de consultation sont le Conseil National de la
Monnaie et de l’Epargne (CNME), le Comité des Etablissements de
Crédit (CEC), et la Commission de Discipline des Etablissements de
Crédit (CDEC). Les établissements de crédit sont représentés au
niveau des trois organes de consultation, et les décisions du Ministre
des Finances ne sont prises qu’après avis de ces organes:
 Du CNME en ce qui concerne la politique monétaire
 Du CEC en ce qui concerne les mesures de réglementation et de contrôle
des établissements de crédit
 De la CDEC quand il s’agit de sanctions graves à l’encontre des
établissements de crédit ou de leurs administrateurs. 274
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

c. Les associations professionnelles:


Les établissements de crédit sont tenus d’adhérer, selon la nature
de leur activité, soit au Groupement professionnel des banques du
Maroc (GPBM), soit à l’Association professionnelle des sociétés de
financement (APSF).
Ces deux organisations professionnelles jouent plusieurs rôles
notamment:
 Un rôle de surveillance: elles veillent à l’observation par leurs
membres de la réglementation en vigueur et doivent aviser les autorités
monétaires de tout manquement relevé dans ce domaine,
 Un rôle d’intermédiaire entre leurs membres et les pouvoirs publics ou
tout autre organisme pour les questions intéressant la profession.
 Un rôle de défense des intérêts de la profession: elles peuvent aller en
justice chaque fois que les intérêts de leurs membres sont en cause.

275
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

III - Les nouvelles dispositions de la loi bancaire de 1993


a) Définition précise des conditions d’exercice de l’activité
Toute personne morale doit, avant d’exercer l’activité
d’établissement de crédit, être agréée par le Ministre des Finances et
offrir des moyens techniques, financiers et humains appropriés
(bonne moralité des dirigeants etc…) .Par ailleurs, les dirigeants ont
l’obligation d’informer BAM de toute anomalie ou évènement grave
survenant dans l’activité de leur établissement.
b) Renforcement de la protection aussi bien des déposants que des
emprunteurs auprès des établissements de crédit
Pour mieux gérer les risques bancaires (risque de contrepartie, risque
de liquidité ou risque de transformation, risque de solvabilité, risque
de marché), les règles prudentielles ont été renforcées :
276
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

capital minimum, coefficient minimum de liquidité des banques,


coefficient minimum de solvabilité des établissements de crédit (ratio
Cooke), coefficient maximum de division des risques, coefficients
relatifs à la position de change, respect de normes comptables,
communication de renseignements aux autorités monétaires.
Des mesures directes de protection de la clientèle ont été instaurées
telles que l’institution d’un taux maximum des intérêts
conventionnels, …), intervention du « Fonds collectif de garantie des
dépôts », droit au compte…
Le contrôle et les sanctions applicables aux établissements de crédits
ont été accentués et les établissements de crédit recevant des fonds du
public ont l’obligation de faire auditer leurs comptes par des auditeurs
externes.

277
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

La loi bancaire de 2006 est venue répondre aux insuffisances de la


précédente loi bancaire de 1993 compte tenu des évolutions des
environnements national et international en matière financière, et
des évolutions significatives du système financier marocain.

La nouvelle loi reflète également les efforts déployés par les autorités
monétaires en vue de doter le Maroc d’un dispositif réglementaire et
de supervision bancaire s’alignant sur les meilleurs standards
internationaux et à même de faire face à l’exposition aux risques
systémiques.

278
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

La loi bancaire de 2006 a apporté plusieurs améliorations:


 Le réaménagement du cadre institutionnel
 Le renforcement des règles de bonne gouvernance
 L’élargissement du champs d’application de la loi bancaire à de nouveaux
organismes
 Le renforcement de la protection des intérêts de la clientèle
 La redéfinition du cadre de contrôle des établissements de crédit par les
commissaires aux comptes
 La mise en œuvre d’un nouveau cadre approprié pour le traitement des
difficultés des établissements de crédit
 La mise en œuvre d’un cadre pour la coopération entre BAM et les autres
autorités de supervision du secteur financier

279
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

1. Le réaménagement du cadre institutionnel:


Le réaménagement du cadre institutionnel s’est traduit par:
 La consécration de l’autonomie de Bank Al- Maghrib et le renforcement de
ses attributions
 Les réaménagements de la composition et des prérogatives des organes
consultatifs
a) La consécration de l’autonomie de Bank Al- Maghrib et le renforcement de
ses attributions
Les prérogatives de Bank Al- Maghrib ont été renforcées, et
conformément aux nouveaux statuts c’est désormais la banque
centrale qui décide de la politique monétaire dont l’objectif
prioritaire est la stabilité des prix. La Banque a également le privilège
d'émission de la monnaie, organise et veille au bon fonctionnement
du marché monétaire, détient et gère les réserves de change, et
détermine les rapports entre le Dirham et les devises étrangères dans
le cadre du régime de change fixé par voie réglementaire (Ministre
des Finances) 280
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
L’essentiel des prérogatives du Ministre des Finances (loi bancaire
de 1993) tant en matière de réglementation, d’agrément, de
contrôle, de sanction que de traitement des difficultés des
établissements de crédit ont été transférées au Gouverneur de Bank
Al- Maghrib.
La nouvelle loi s’aligne ainsi sur les meilleurs standards
internationaux régissant les banques centrales en consacrant
l’autonomie de la Banque centrale en matière de politique
monétaire qui a pour objectif fondamental la stabilité des prix et en
établissant la responsabilité accrue de la Banque avec pour
corollaire une communication externe renforcée
Les organes d’administration et de gestion de la Banque sont le
Conseil de la Banque, Le Gouverneur (ou Wali) et le Comité de
Direction.
Les organes de contrôle de Bank Al- Maghrib sont le Commissaire du
Gouvernement, le Commissaire aux comptes et la Cour des comptes.
281
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

 Le Conseil de la Banque est présidé par le Gouverneur et comprend, en plus


du Directeur Général de la Banque et du Directeur du Trésor et des Finances
Extérieures, six membres désignés pour leur compétence en matière
monétaire, financière ou économique. Ces derniers ne doivent pas assumer de
fonctions de responsabilité dans un établissement de crédit ou à caractère
financier ou dans l’administration publique, ni exercer de mandat électif. Le
Conseil a de larges attributions notamment la détermination des objectifs
quantitatifs de la politique monétaire . Le Conseil fixe les taux d’intérêt des
opérations de la Banque, et la réserve monétaire. Les avances à l’Etat
sont interdites à l’exception d’une facilité de caisse très encadrée.
 Le Gouverneur présente au Conseil les questions et les propositions relatives
à la politique monétaire et à la gestion des réserves de change, et veille à
l’exécution des décisions du Conseil.
 Le Comité de Direction est composé du Gouverneur, du vice gouverneur ou
du directeur général et de directeurs désignés par le Gouverneur. Le Comité
de Direction assiste le Gouverneur dans la gestion quotidienne des affaires de
la Banque.

282
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

b) Les réaménagements tant de la composition que des prérogatives des


organes consultatifs:
Le CEC a vu ses prérogatives renforcées puisqu’il est consulté
concernant toutes les questions, à caractère général ou individuel,
ayant trait à l’activité des établissements de crédit. Toutefois, pour
éviter tout conflit d’intérêt, lorsque le CEC est saisi de questions
intéressant les établissements de crédit à titre individuel, sa
composition est restreinte aux seuls représentants de Bank Al-
Maghrib et du Ministère chargé des finances.
Le CNME a changé d’appellation pour devenir le Conseil National du
Crédit et de l’Epargne (CNCE). Le CNCE a vu ses prérogatives
restreintes aux questions intéressant le développement de l’épargne
et l’évolution de l’activité des établissements de crédit.

283
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
Bank Al-Maghrib étant désormais indépendante en matière de
politique monétaire, le CEC et le CNCE n’émettent plus d’avis
concernant les questions ayant trait à la politique monétaire.
La composition de la CDEC a été renforcée par la désignation d’un
deuxième magistrat. L’avis de cette commission est requis sur toutes
les questions susceptibles de donner lieu à des sanctions à l’encontre
des établissements de crédit et organismes assimilés.
2. Le renforcement des règles de bonne gouvernance
la loi bancaire prévoit des dispositions visant à améliorer la
transparence des activités de la Banque centrale en matière de
supervision:
 Bank Al- Maghrib est tenue de notifier, dans un délai de 120 jours
maximum à compter de la date de réception définitive de l’ensemble des
documents et renseignements requis, ses décisions relatives aux demandes
d’agrément et de motiver toutes celles emportant refus. 284
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
 BAM publie, annuellement, un rapport sur le contrôle des établissements
de crédit, l’activité et les résultats de ces établissements ainsi qu’une
situation comptable retraçant les opérations du Fonds collectif de garantie
des dépôts.
 La banque centrale transmet les résultats de ses vérifications sur place aux
membres du conseil d’administration ou de surveillance de l’établissement
concerné.
 Bank Al- Maghrib consulte la profession bancaire pour tout ce qui est des
textes réglementaires et des mesures ayant trait à l’exercice de l’activité
bancaire.

3. L’élargissement du champs d’application de la loi bancaire à de


nouveaux organismes
La loi bancaire a étendu le contrôle de la Banque centrale à toutes les
entités qui exercent des activités à caractère bancaire.

285
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
A titre d’exemple, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), la Caisse
Centrale de Garantie (CCG), les Services Financiers de Barid Al-Maghrib,
les banques offshores et les Associations de microcrédit ont été soumis à
certaines dispositions ayant trait notamment aux domaines comptables,
prudentiels et de contrôle. Demeurent, toutefois, exclus du champs
d’application de la loi bancaire:
 Bank Al- Maghrib
 La Trésorerie Générale du Royaume
 Les entreprises d’assurances et de réassurances
 Le Fond Hassan II pour le développement économique et social

4. Le renforcement de la protection des intérêts de la clientèle


Les règles prudentielles ont été renforcées: capital minimum, coefficient
minimum de liquidité des banques, coefficient minimum de solvabilité
des établissements de crédit avec l’application du ratio Mc Donough,
coefficient maximum de division des risques, coefficients relatifs à la
position de change,… 286
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

Le ratio Mc Donough intègre une nouvelle catégorie de risque, à


savoir, le risque opérationnel. « Les risques opérationnels sont définis
comme étant les risques de pertes résultant de carences ou de
défaillances inhérentes aux procédures, au personnel et aux systèmes
internes ou à des évènements extérieurs » (// vol commis par un
employé, piratage informatique, catastrophes naturelles, erreurs de
transaction, …).
Les établissements de crédit sont tenus de mettre en place un
système de contrôle interne en vue de vérifier les opérations internes
et de maîtriser et de surveiller les risques.
La loi bancaire de 2006 permet une plus grande protection des intérêts
des déposants en cas d’indisponibilité de leurs dépôts, par la révision de
la procédure d’indemnisation par le Fond Collectif de Garantie des
Dépôts.

287
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
5. La redéfinition du cadre de contrôle des EC par les commissaires aux
comptes:
En plus de la certification des comptes, la mission des commissaires
aux comptes porte sur:
 la vérification du respect des dispositions comptables et prudentielles;
 l’évaluation de l’adéquation du système de contrôle interne
 la vérification de la sincérité des informations destinées au public
Les commissaires aux comptes doivent, par ailleurs, porter à la
connaissance de Bank Al- Maghrib tous faits ou décisions dont ils ont
connaissance au cours de l’exercice de leur mission et qui sont de
nature à affecter la situation financière de l’établissement contrôlé
et/ou à mettre en danger la continuité de son exploitation.
De son coté, Bank Al- Maghrib peut mettre à la disposition des
commissaires aux comptes les informations estimées nécessaires à
l’accomplissement de leur mission, y compris les rapports de contrôle
sur place.
288
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
6. Mise en œuvre d’un nouveau cadre approprié pour le traitement des
difficultés des EC:
Le traitement des difficultés des établissements de crédits relève
entièrement de Bank Al- Maghrib qui peut décider de la mise d’un
établissement sous le régime de l’administration provisoire ou de sa
liquidation, dans le cas où elle estime que sa situation financière est
irrémédiablement compromise.
7. Coopération entre BAM et les autres autorités de supervision du
secteur financier:
En vue d’un meilleur contrôle consolidé des risques, il a été institué
une « Commission de Coordination des Organes de Supervision du
Secteur Financier » (CCOSSF) dont la mission consiste à coordonner les
actions de supervision des régulateurs des différents compartiments du
système financier (Bank Al- Maghrib, CDVM // AMMC (Autorité marocaine
du marché des capitaux), Direction des assurances et de la prévoyance
sociale // ACAPS) et à organiser l’échange d’informations relatives aux
entités soumises à leurs contrôles respectifs. 289
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

La loi bancaire de décembre 2014 a trois objectifs:


 Renforcer la résilience du secteur financier marocain face au risque
d’instabilité des crises financières à l’international et la performance
et la solidité du système bancaire marocain dans la perspective des
nouvelles dispositions des accords de Bâle III.

 Créer un nouveau pan de l’industrie financière à travers l’introduction


à côté des banques conventionnelles, d’une nouvelle catégorie de
banques dites participatives (besoin d’inclusion financière ou offre de
services financiers et bancaires de base à faible coût pour des
consommateurs en difficulté exclus des services traditionnels).

 Accompagner l’évolution de la dématérialisation des paiements et


l’essor de nouveaux système électroniques et mobiles.

290
SECTION 5: la loi bancaire de 2014
Les apports de la nouvelle loi bancaire de 2014 s’articulent ainsi
autour des principaux volets suivants:
 Champs d’application

 Révision du cadre institutionnel

 Renforcement de la réglementation prudentielle

 Mise en place d’un cadre de surveillance macro-prudentielle et de


gestion des crises systémiques

291
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Champs d’application
Contrairement à l’ancienne loi bancaire, la nouvelle loi prévoit
que l’agrément des banques peut être limité à l’exercice d’une
partie seulement des activités liées à la collecte des dépôts et à
l’octroi de crédit.
Les banques participatives
La nouvelle loi instaure un cadre législatif régissant l’activité des
banques participatives parce qu’il est nécessaire d’intégrer ce
segment de la finance compte tenu de son potentiel d’épargne,
d’investissement et de financement (…)

292
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Les Associations de micro-crédit et banques offshore:


Les associations de micro-crédits et les banques offshore, tout en
restant régies par leurs textes spécifiques, seront soumises aux
dispositions de la loi bancaire relatives à l’octroi et au retrait
d’agrément, à la réglementation prudentielle et comptable et au
régime des sanctions.
Les établissements de paiement:
Tenant compte du développement de nouveaux canaux de
paiement (cartes prépayées, paiement par internet, …) et
d’acteurs sur le marché des paiements, la loi bancaire a introduit
le statut d’établissements de paiement.

293
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Ces derniers seront habilités à effectuer une ou plusieurs


opérations de paiement telles que prévues par la loi et
engloberaient les sociétés de transfert de fonds régies par la loi en
vigueur.
Les conglomérats financiers:
En vue de faire converger la législation nationale avec les
standards internationaux, la loi comporte des dispositions
relatives à la définition des conglomérats financiers (// TD) et à
leur surveillance.

294
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Révision du cadre institutionnel:


Le Comité des établissements de crédit (CEC), dont l’avis est
requis par le Wali de Bank Al- Maghrib, se voit confier de nouvelles
attributions concernant l’octroi et le retrait d’agrément des
associations de micro-crédit et des banques offshore ainsi que
l’activité des banques participatives et des établissements de
paiement.
À cet égard, la composition du CEC sera élargie aux représentants
de la fédération nationale des associations de micro-crédit et
l’association professionnelle des établissements de paiement.

295
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Renforcement de la réglementation prudentielle


Les prises de participations:
La nouvelle loi bancaire permet à Bank Al- Maghrib de s’opposer à
toute prise de participation de la part d’un établissement de
crédit, même en cas de respect des limites imposées, si elle juge
que la participation considérée pourrait altérer la situation de
l’établissement sur le plan de la solvabilité, de la liquidité ou de la
rentabilité, ou de lui faire courir un risque excessif.
La gouvernance bancaire:
La nouvelle loi bancaire introduit la notion d’administrateur
indépendant (// TD) et prévoit l’obligation de mettre en place des
comités d’audit et des risques.

296
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Le comité d’audit est chargé d’assurer l’évaluation des dispositifs


de contrôle interne.
Le comité des risques est chargé du suivi du processus
d’identification et de gestion des risques.
Ces comités doivent comporter un ou plusieurs administrateurs ou
membres indépendants.

297
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Mise en place d’un cadre de surveillance macro-prudentiel et de gestion


des crises systémiques
La nouvelle loi bancaire prévoit la création d’un comité dénommé
« Comité de Coordination et de Surveillance des Risques
Systémiques » en lieu et place du « Comité de Coordination des
Organes de Supervision du Secteur Financier », chargé d’analyser
les risques pesant sur la stabilité du système financier et de
proposer les mesures appropriées permettant d’atténuer les effets
de tels risques.
A ce titre, il a notamment pour mission:
 de coordonner les actions de ses membres en matière de supervision
des établissements soumis à leurs contrôles;
 de coordonner la surveillance des organismes qui contrôlent les
entités constituant un conglomérat financier;
298
SECTION 5: la loi bancaire de 2014
 de déterminer les établissements financiers ayant une importance
systémique (// TD) et de coordonner la réglementation commune
applicable à ces établissements ainsi qu’à leur surveillance;
 d’analyser la situation du secteur financier et d’évaluer les risques
systémiques;
 de veiller à la mise en œuvre de toutes mesures pour prévenir les
risques systémiques et en atténuer les effets;
 et de coordonner la coopération et l’échange d’informations avec les
instances chargées de mission similaires à l’étranger.

299
SECTION 5: la nouvelle loi bancaire de 2019

L’évolution de l’environnement national et international a imposé


une refonte de la loi bancaire de 2006. La loi bancaire 40-17
portant statut de Bank Al- Maghrib a été promulguée le 21 juin 2019
après avoir été adoptée par la Chambre des Représentants et la
Chambre des Conseillers (voir documents annexes de Bank Al-
Maghrib). Cette loi a comme objectifs notamment:

 La consécration de la pleine indépendance de la Banque centrale en


matière de politique monétaire
 L’élargissement des missions de l’Institut d’émission pour englober
notamment les aspects liés à la stabilité financière
 La consécration des principes de bonne gouvernance

300
CHAPITRE V:

La politique monétaire

301
Introduction
« La politique monétaire désigne l’ensemble des moyens mis en
place pour contrôler la croissance monétaire au niveau d’un pays
ou d’un ensemble de pays ayant la même monnaie ».
A travers la politique monétaire, les autorités monétaires (banque
centrale) cherchent donc à contrôler la croissance de la masse
monétaire de façon à assurer une bonne adéquation entre la
quantité de monnaie en circulation (MV) et les besoins des agents
économiques (PIB).
« La quantité de monnaie en circulation dans une économie ne
doit être ni trop faible car les agents économiques seront obligés
de limiter leurs activités économiques (consommation,
production, investissement), ni trop abondante car elle mettrait à
la disposition de ces mêmes agents un pouvoir d’achat bien
supérieur à la quantité de biens disponibles, ce qui pourrait
provoquer une hausse des prix ». 302
Introduction

Une stratégie de politique monétaire est l’articulation cohérente


d’un objectif final, d’un objectif intermédiaire, et de plusieurs
instruments ».
Les objectifs de toute politique économique sont:
 la croissance,
 le plein emploi,
 la stabilité des prix
 et l’équilibre extérieur (pas de déficit structurel).
C’est la recherche du fameux « carré magique »
La politique monétaire, à l’instar de la politique budgétaire,
représente l’un des principaux instruments de la politique
économique et contribue à la réalisation de ces objectifs finals.

303
Introduction

Ces différents objectifs sont tous souhaitables mais difficiles à


atteindre ensemble et en même temps.
Il faut donc choisir entre ces objectifs:
 Dans les années 60, l’objectif était plutôt la croissance économique.
La politique monétaire était donc plus laxiste par rapport à l’objectif
de stabilité des prix.
 Mais peu à peu, les taux d’inflation ont augmenté pour passer à deux
chiffres à la fin des années 70.
 A partir du début des années 80, c’est l’objectif de stabilité des prix
qui est devenu prioritaire pour un grand nombre de banques centrales
(taux d’inflation légèrement inférieur à 2 %). Ce recentrage de la
politique monétaire sur un objectif prioritaire découle à la fois de
considérations empiriques (résultats des politiques monétaires
expansionnistes menées par le passé) et théoriques (Ecole
monétariste).

304
Introduction

En effet, la plupart des politiques monétaires expansionnistes


menées par le passé dans plusieurs pays se sont soldées par des
résultats décevants tant au niveau de l’emploi, de la croissance,
de l’équilibre extérieur que de l’inflation.

Sur le plan théorique, l’affectation à la politique monétaire d’un


objectif prioritaire de stabilité des prix trouve son origine dans les
thèses monétaristes, qui ont été adoptées par plusieurs pays
industrialisés dans les années 80 (Grande Bretagne, Etats-Unis), et
qui avancent que la monnaie est neutre sur le long terme, et que
toute variation de la quantité de monnaie n’a d’impact que sur le
niveau général des prix: (« l’inflation est toujours et partout un
phénomène monétaire », Milton Friedman).

305
Introduction

Toutefois, la politique monétaire peut-être utilisée, en


coordination avec d’autres politiques (budgétaire…), surtout dans
le cas de baisse passagère de l’activité économique pour
contribuer à la réalisation des autres objectifs de la politique
économique générale à condition que cela ne se fasse pas au
détriment de l’objectif prioritaire de stabilité des prix.

306
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Actuellement, la politique monétaire, comme toute politique


économique, vise donc la réalisation du fameux « carré
magique », tout en ayant un objectif final principal qui est la
stabilité des prix.
Dans le cadre de la politique monétaire, les autorités monétaires
disposent de plusieurs instruments pour atteindre cet objectif
prioritaire qui est le maintien du pouvoir d’achat de la monnaie
(stabilité interne de la monnaie).

Instruments Objectifs finals


(stabilité des prix,croissance)
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Dans la mesure où il est très difficile d’établir une relation directe


et précise entre les instruments et les objectifs finals, les
autorités monétaires intercalent entre les instruments et les
objectifs finals de la politique monétaire des objectifs
intermédiaires.
Les objectifs intermédiaires correspondent à des variables
monétaires que les instruments de la politique monétaire peuvent
influencer, Ces objectifs intermédiaires ont à leur tour un lien
causal avec l’objectif final, ce qui permet d’atteindre plus
efficacement l’objectif final.
Pour être considérée comme objectif intermédiaire, une variable
monétaire doit satisfaire à trois critères:

308
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

 Tout d’abord, l’objectif intermédiaire doit être contrôlable:


la banque centrale doit être en mesure de contrôler l’évolution
d’une variable pour qu’elle devienne un objectif intermédiaire.
La cible intermédiaire doit donc réagir rapidement aux
manipulations des instruments: par exemple, si l’objectif
intermédiaire s’éloigne de sa croissance prévue, la banque
centrale doit être en mesure de corriger sa trajectoire, par le
biais des instruments utilisés.
 Le deuxième critère est que l’objectif intermédiaire doit avoir
un impact effectif sur l’objectif final (relation stable entre
objectifs intermédiaire et final).
 Enfin, son évolution doit être facilement mesurable et connue
dans des délais rapides (disponibilité statistique)

309
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Par conséquent, le choix d’un ou de plusieurs objectifs


intermédiaires dépend de leur capacité à remplir simultanément
les trois conditions mentionnées ci-dessus.
Quelles sont donc les variables monétaires retenues en tant
qu’objectifs intermédiaires ?
Deux principales variables: le taux de change et les agrégats
monétaires ont été le plus utilisées de manière individuelle ou
combinée comme objectifs intermédiaires.
Actuellement, les politiques monétaires choisissent de plus en
plus comme objectifs intermédiaires le suivi d’indicateurs relatifs
à la sphère réelle et à la sphère financière (Évolution de la
demande globale, prix des actifs, prix à l’importation etc..) qui
permettent de mesurer les tendances inflationnistes en identifiant
les différents facteurs de pression inflationniste (voir section sur
l’évolution récente de la politique monétaire).
310
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Instruments Objectifs finals

Objectifs intermédiaires
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

le taux de change
Le taux de change exprime le prix d’une monnaie nationale par
rapport à une monnaie étrangère. Avec l’ouverture croissante des
économies sur l’extérieur, le taux de change est un objectif
intermédiaire qui a été de plus en plus privilégié par les autorités
monétaires.
Le taux de change remplit les conditions d’une bonne variable
intermédiaire:
 le taux de change est un indicateur facilement et rapidement
observable.
 Il réagit aux instruments de la banque centrale: par exemple
une hausse des taux d’intérêt augmente la rémunération des
placements en monnaie nationale, ce qui accroît la demande de
la monnaie nationale et par la même occasion provoque une
appréciation du taux de change.
312
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)
 Il existe une relation entre les variations du taux de change et
l’objectif final de stabilité des prix surtout dans une économie
ouverte où la part des importations est relativement
importante: par exemple, l’appréciation du taux de change
suite à la hausse du taux d’intérêt a une influence directe sur
le prix des produits importés dont la baisse va se répercuter,
avec des délais plus ou moins longs, sur les prix internes donc
sur le niveau général des prix.
Un taux de change stable et fort a donc des effets favorables sur la
valeur interne de la monnaie car il diminue le prix des
importations et contribue de ce fait à la stabilité des prix.
Toutefois, la recherche d’une valeur externe stable et forte de la
monnaie peut avoir des effets négatifs sur la balance commerciale
(diminution du prix des importations et renchérissement du prix
des exportations) et sur l’investissement (taux d’intérêt élevé) et
affecter ainsi l’économie réelle (exemple: politique du Franc fort
suivie par la France avant la mise en place de l’euro)
313
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

L’agrégat de monnaie:
L’utilisation du taux de change comme cible intermédiaire s’est
souvent accompagnée d’un autre objectif intermédiaire: l’agrégat
de monnaie M1, M2 ou M3.
La croissance de la masse monétaire peut en effet servir
d’objectif intermédiaire puisque:
 la banque centrale a les moyens d’agir sur la création
monétaire (multiplicateur de crédit, diviseur de crédit) à
travers les instruments dont elles disposent.
 la variation de l’offre de monnaie n’a d’impact à long terme
que sur l’inflation (thèses monétaristes).
 De plus les agrégats de monnaie présentent des qualités
intrinsèques indéniables (observables, fiables, disponibles,
représentatifs et cohérents).
314
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Dans la mesure où un excès de création monétaire peut être


inflationniste, le contrôle de la masse monétaire permettra
d’atteindre plus rapidement l’objectif final de stabilité des prix.
La question délicate qui se pose à ce niveau est celle du choix de
l’agrégat : faut-il retenir M1, M2 ou M3 comme objectif
intermédiaire ?
Il s’agit en fait de prendre l’agrégat:
 qui reflète au mieux la capacité globale de dépense des agents
non financiers (secteur détenteur de la monnaie)
 qui soit le mieux influençable par les instruments
 et le mieux corrélé avec l’objectif final (stabilité des prix).

315
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Le choix de l’objectif intermédiaire: M1, M2 ou M3 diffère donc


selon les pays et selon les périodes au sein d’un même pays:
 la France, avant l’adoption de la monnaie unique, avait deux
objectifs intermédiaires: le taux de change et un agrégat
monétaire. La stratégie adoptée ensuite par la BCE repose sur
un objectif quantifié de stabilité des prix et sur deux piliers :
M3 et une batterie d’indicateurs sur les tendances
inflationnistes.
 le Maroc avait un seul objectif intermédiaire: M3 jusqu’en
1998-1999, M1 de 2000 à 2005; M3 en 2006. Depuis 2006, le
Maroc a adopté une approche multicritère.

316
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Pour atteindre les différents objectifs (intermédiaire(s) et final)


que nous venons de présenter, les autorités monétaires doivent
utiliser des instruments.

Quels sont ces instruments ?

Les instruments de la politique monétaire ont-il connu une


évolution dans le temps ?

317
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
Le cadre opérationnel de la politique monétaire est l’ensemble
des instruments et procédures que la banque centrale met en
œuvre en vue de réguler la liquidité bancaire et piloter les taux
interbancaires ».
Dans le but d’assurer le contrôle de la croissance de la masse
monétaire, les autorités monétaires vont se munir d’un certain
nombre d’instruments pour agir sur la principale source de
création de monnaie, les crédits bancaires.
A ce titre, les autorités monétaires peuvent intervenir:
 soit directement en agissant sur la principale cause de la
création monétaire, les crédits bancaires (action sur les
quantités),
 soit indirectement en agissant sur la liquidité bancaire (action
sur les coûts).

318
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Il faut donc faire la distinction entre:


 les instruments directs de la politique monétaire : ceux qui
agissent de manière directe sur l’offre de crédits bancaires,
 et les instruments indirects: ceux qui agissent de manière
indirecte sur la distribution de crédit.
1. Les instruments de contrôle direct
Les instruments de contrôle direct sont des mesures:
 Soit ayant pour objet de contrôler directement le montant des
crédits accordés (encadrement du crédit ou rationnement du
crédit).
 Soit destinées à orienter l’offre de crédits dans la direction
désirée par les autorités monétaires (sélectivité du crédit)
319
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
a) L’encadrement du crédit
« L’encadrement du crédit est une réglementation qui limite le
pouvoir de création monétaire des banques en définissant, par
rapport au volume antérieur de crédits accordés à la clientèle, les
conditions d’évolution. L’offre de crédit est ainsi
limitée réglementairement ».
Compte tenu de l’objectif intermédiaire fixé (taux
d’accroissement de l’un des agrégats monétaires), les autorités
monétaires imposent à chaque banque une norme de croissance
de ses crédits:
 Par exemple, les crédits octroyés par les banques commerciales
l’année N ont été de 400 milliards de dirhams.

.320
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
 Pour l’année N+1, l’institut d’émission fixe le taux de progression
maximum des crédits à 10 % (soit une augmentation des crédits de 40
milliards de dirhams) par rapport à ceux de l’année N, soit une
enveloppe globale maximale des crédits à accorder à l’économie au
cours de l’année N+1 égale à 440 milliards de dirhams.
Tout dépassement du plafond fixé à chacune des banques fait
l’objet de sanctions. Les sanctions pouvaient prendre trois
formes :
 Constitution de réserves supplémentaires (non rémunérées) auprès de
l’institut d’émission.
 Coût plus élevé du refinancement, lorsque la banque fautive (c’est-à-
dire, celle qui a dépassé l’enveloppe qui lui a été fixée) doit se
procurer de la monnaie centrale auprès de la banque centrale.
 Abaissement du plafond de réescompte de la banque en infraction.
321
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Le système de rationnement du crédit est particulièrement


efficace:
 dans le cadre d’une économie d’endettement où sévit une forte
inflation. (l’encadrement du crédit est particulièrement inefficace
dans le cadre d’une économie de marché, parce que les entreprises se
financent principalement au niveau du marché financier)
 lorsqu’il est utilisé de manière temporaire et non permanente.
L’institut d’émission dispose de deux manières pour agir sur la
création monétaire: soit indirectement essentiellement à travers
le coût de la liquidité, soit directement à travers les crédits
bancaires, principale contrepartie de la masse monétaire.

322
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Mais dans une économie d’endettement où l’inflation est élevée, le


recours aux instruments indirects présente un certain nombre
d’inconvénients:
 l’augmentation du coût de la liquidité ne peut enrayer rapidement et
efficacement les fortes tensions inflationnistes car cela suppose de la
part de la banque centrale une hausse très importante du taux de
refinancement.
 la transmission de cette hausse du taux de refinancement aux taux
débiteurs pratiqués par les banques nécessite un certain délai.
 De plus, dans une économie d’endettement se pose le problème de
l’élasticité de la demande de crédits dans la mesure où les entreprises
ne disposent pas d’autres moyens de financement externe.
 Enfin, il existe un risque de conflits entre objectifs internes d’une
part, et entre objectif interne et objectif externe d’autre part
(stabilité du taux de change et équilibre extérieur).
323
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Dans un tel contexte, il est préférable de recourir à l’encadrement


du crédit dans la mesure où:
 cet instrument a un impact immédiat sur l’inflation,

 Il n’entraîne pas de hausse excessive des taux d’intérêt

 Et permet donc d’éviter les conflits entre objectifs internes d’une


part, et entre objectifs interne et externe d’autre part.

324
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Toutefois, l’utilisation de l’encadrement du crédit sur une longue


période engendre plusieurs inconvénients :
 l’encadrement du crédit entrave la concurrence entre banques en
cristallisant leur part de marché (leur part de marché en valeur
relative dans le total des crédits accordés en T est égale à celle en
T-1), ce qui est de nature à défavoriser les banques les plus
dynamiques.
 Il est peu favorable aux financements des PME/PMI. Dans le cas d’une
limitation des crédits, les banques accordent la priorité à leur
meilleure clientèle à savoir les grandes entreprises.
 Il est peu favorable aux entreprises et secteurs d’activité dynamiques
(en pleine croissance).

325
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

 Il incite les banques et les entreprises à contourner les contraintes du


rationnement du crédit à travers:
• la mise en place de nouveaux moyens de financement (exemple
des billets de trésorerie),
• La création de filiales prenant la forme de sociétés de
financement,
• Le financement à l’étranger pour les entreprises dans les pays où il
n’y a pas de contrôle des changes.
Compte tenu de toutes ces limites, l’encadrement du crédit a été
définitivement supprimé au Maroc en 1991.

326
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

b) La sélectivité du crédit
La politique sélective du crédit est notamment mise en place par
les autorités monétaires pour atténuer certaines des rigidités
découlant de l’encadrement du crédit. La sélectivité du crédit
est une procédure qui permet d’orienter les crédits accordés à
l’économie vers des agents (Etats, PME/PMI, …) ou des domaines
d’activités (exportations, logement, agriculture, hôtellerie, …)
jugés prioritaires, et ce de façon incitative et/ou contraignante.

327
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Ces financements peuvent transiter par le système bancaire ou par


des institutions financières spécialisées créées à cet effet
(exemple pour le Maroc des ex-OFS : CIH, BNDE, CNCA,…).
Les mesures d’ordre incitatif peuvent prendre plusieurs formes :
 Absence de rationnement de ce type de crédits (crédits non encadrés
en période de rationnement de crédit).
 Les effets représentatifs de ces crédits peuvent être réescomptés par
les banques auprès de la banque centrale hors plafond de réescompte.
 Le taux de réescompte appliqué à ces effets est inférieur au taux de
réescompte normal.

328
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Les mesures d’ordre contraignant ont pris essentiellement la forme:


de crédits imposés aux banques à des taux privilégiés (taux inférieurs
aux taux du marché) sous forme d’emplois obligatoires (différents
portefeuilles minimums).
Dans la pratique, afin d’orienter les crédits dans les directions
souhaitées, les autorités monétaires ont utilisé simultanément des
mesures incitatives et contraignantes.
La sélectivité du crédit permet de contrôler les types de crédits et
de cibler les bénéficiaires (agents ou secteurs), mais cet
instrument direct ne constitue pas un moyen de contrôler la
masse monétaire.

329
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

2. Les instruments de contrôle indirect


A travers les instruments indirects de la politique monétaire, les
autorités monétaires visent à contrôler la création monétaire non
plus à partir d’une limitation réglementaire des crédits mais plutôt
à travers une action indirecte sur la quantité et/ou le coût de la
liquidité bancaire qui à son tour va agir sur l’offre ainsi que sur la
demande de crédits.
a. Le réescompte
Le réescompte est une procédure de refinancement hors marché
(relation bilatérale) à l’initiative des banques.
C’est une technique par laquelle la banque centrale fournit de la
monnaie centrale à une banque, moyennant le paiement d’un
intérêt, le taux de réescompte, qu’elle fixe de manière
unilatérale. 330
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Cette méthode de refinancement repose sur deux éléments:


 le plafond de réescompte qui vise un effet quantité
 et le taux de réescompte qui vise un effet prix.
Les banques commerciales subissent un certain nombre de fuites
sous forme de monnaie centrale:
 Lorsqu’elles sont obligées de recourir à la banque centrale pour
satisfaire leurs besoins en monnaie centrale, on dit que les banques
sont en banque parce que la satisfaction de leurs besoins nets en
monnaie centrale est tributaire de la banque centrale.
 Lorsque les banques arrivent à satisfaire leurs besoins nets (excédents
nets) en monnaie centrale sans recourir à l’institut d’émission, on dit
que les banques sont hors banque.

331
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Dans le but de contrôler la création monétaire, la banque centrale


fixe:
 un plafond de réescompte, et
 les effets pouvant être réescomptés pour chaque banque, ce qui limite
de ce fait la quantité de monnaie centrale qu’elle peut obtenir.
Afin de dissuader les banques de dépasser les plafonds qui leur
sont fixés, la banque centrale, en fonction de l’ampleur du
dépassement, applique des taux de réescompte supérieurs au taux
normal, appelés taux d’enfer et taux de super enfer.

332
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

En fonction de l’orientation donnée à la politique monétaire, les


autorités monétaires agissent donc sur les plafonds de réescompte
et/ou le taux de réescompte.
Les variations des volumes et du coût du refinancement des
banques commerciales sont censées se répercuter sur leur pouvoir
de création monétaire (l’offre de crédits) et sur leurs taux
d’intérêt débiteurs (impact sur la demande de crédits; même les
banques deviennent réticentes quant à l’octroi des crédits car cela devient de plus
en plus risqué; en effet, le risque d’insolvabilité devient plus élevé).

La technique de réescompte n’est efficace que si le système


bancaire est en banque car dans le cas inverse un tel instrument
est inopérant.

333
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

b. La réserve monétaire
La réserve monétaire est un instrument de nature réglementaire
dans la mesure où sa constitution est obligatoire (d’où parfois
l’appellation de réserve obligatoire).
En effet, les banques commerciales sont tenues de détenir sous
forme de dépôts (non rémunérés depuis le 19 décembre 2013)
disponibles auprès de la banque centrale un pourcentage
minimum (2% depuis le 24 septembre 2019 et 0% depuis le 16
Juin 2020) de leurs exigibilités libellées en dirhams (total des
comptes courants créditeurs, …).

334
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
La réserve monétaire représente une fuite institutionnelle ou
facteur non autonome de la liquidité bancaire qui réduit la
liquidité bancaire. Toute modification du taux et/ou de l’assiette
de la réserve monétaire (éléments servant de base au calcul de la
réserve monétaire) influence donc le pouvoir de création
monétaire des banques à travers un effet quantité et un effet
prix:
 une diminution du taux et/ou de l’assiette de la réserve monétaire
accroît les avoirs excédentaires en monnaie centrale des banques, ce
qui permet d’augmenter leur offre de crédits (capacité théorique à
travers le multiplicateur de crédit).
 La diminution de la réserve monétaire (taux et/ou assiette) se traduit
également par un allègement du coût des ressources des banques (la
réserve monétaire est très faiblement rémunérée ou pas rémunérée)
qui peut les inciter à réduire leurs taux d’intérêt débiteurs d’où un
effet favorable sur la demande de crédits.
335
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
 Un des principaux avantages de cet instrument est son action directe
et immédiate sur l’excédent de liquidité bancaire et par conséquent
son extrême efficacité à rendre le système bancaire en banque (en
créant un besoin de refinancement durable) en cas de surliquidité
suite par exemple à un afflux massif de devises.
c. Les avances
Les avances sont des crédits (moyennant des garanties) en
monnaie centrale que la banque centrale octroie, sur le court
terme (par exemple, avances à 7 jours sur appel d’offres), aux
banques qui en expriment le besoin.
Au Maroc, ces avances se présentent actuellement sous deux
formes :
1. les avances à 7 jours sur appel d’offres à l’initiative de la banque
centrale sont les opérations principales. L’institut d’émission effectue,
à intervalle de temps régulier (tous les mercredis), un appel d’offres

336
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

auquel les banques répondent en exprimant leurs besoins (quantité de


monnaie centrale).
Depuis la suppression de la technique de réescompte en 1995, les
avances à 7 jours sur appel d’offres constituent le mode principal
d’alimentation des banques en monnaie centrale, lorsque le système
bancaire est en banque.
Le taux des avances à 7 jours sur appels d’offres (3% actuellement)
fixé par la banque centrale constitue le taux directeur de la banque
centrale.

337
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
2. Les avances à 24 heures sur initiative des banques: ces avances
sont venues remplacer les avances à 5 jours sur l’initiative des
banques qui ont été supprimées le 31 décembre 2004.
A l’origine, c’est-à-dire de 1995 jusqu’au 31 décembre 2004, les
avances à 24 heures avaient pour objectif principal de permettre
aux banques de couvrir en fin de journée l’éventuel solde débiteur
de leurs comptes ordinaires auprès de la banque centrale. Le taux
appliqué à ces avances était supérieur à celui des avances
à 5 jours.
Mais, depuis le 31 décembre 2004, les avances à 24 heures
remplissent le rôle tant des anciennes avances à 5 jours que de
celles à 24 heures puisqu’elles ont pris la forme d’une facilité
permanente c’est-à-dire une possibilité offerte en permanence par
Bank Al-Maghrib aux banques, à leur initiative, de pouvoir
emprunter de la monnaie centrale pour une durée de 24 heures et
ce en vue de couvrir des besoins temporaires ou imprévus de
liquidité (monnaie centrale).
338
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

 Ces concours sont accordés à un taux préétabli (4% actuellement) qui


est supérieur à celui des avances sur appel d’offres à 7 jours.
Le taux des avances à 24 heures à partir du 31 décembre 2004 est
donc le taux plafond des taux au jour le jour au niveau du marché
interbancaire.
Lorsque le système bancaire est en banque, la banque centrale
contrôle le coût de refinancement des banques sur le marché
interbancaire, à travers les modifications de son taux directeur.
Ce prix va influencer les taux débiteurs des banques et donc la
demande et l’offre de crédits.
En fonction de l’orientation donnée à la politique monétaire, la
banque centrale fera donc varier le volume et surtout le taux de
ses avances à 7 jours sur appel d’offres.

339
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Toutefois, cet instrument, comme la technique de réescompte,


n’est efficace que si le système bancaire est en banque.
En revanche, si le système bancaire est hors banque, la banque
centrale devra disposer d’autres instruments pour réguler la
liquidité bancaire et donc la création monétaire.
Ces instruments sont:
 la réserve monétaire,
 la reprise de liquidité à 7 jours,
 la facilité de dépôt à 24 heures,
 les swaps de change,
 La vente de titres sur le marché secondaire,
 L’émission par la banque centrale de ses propres titres d’emprunt et
leur rachat
340
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
d. La reprise de liquidité à 7 jours
La reprise de liquidité est une procédure offerte aux banques, sur
l’initiative de la banque centrale, de placer auprès d’elle, pour
une durée de 7 jours, leurs excédents de trésorerie en monnaie
centrale, sous forme de dépôts rémunérés à un taux de 2 %
(Directive du 13 avril 2011, et décision du Conseil de BAM du 16
décembre 2014). Les opérations de reprise de liquidité, à l’image
des avances à 7 jours, s’effectuent par voie d’appel d’offres
hebdomadaire.
A travers cet instrument, l’institut d’émission vise à éponger la
surliquidité bancaire.
La reprise de liquidité a à la fois un effet quantité et un effet prix
sur la liquidité bancaire. Cet instrument est surtout efficace
lorsque la surliquidité n’est pas très importante et qu’elle a un
aspect conjoncturel.
341
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

e. La facilité de dépôt
La facilité de dépôt est une possibilité offerte aux banques par la
banque centrale, de pouvoir constituer à leur initiative, auprès
d’elle des dépôts rémunérés pour une durée de 24 heures.
Ces dépôts sont rémunérés à un taux préétabli (2% actuellement).
Le taux de rémunération de ces dépôts constitue le taux plancher
que l’institut d’émission fixe aux fluctuations des taux d’intérêt
interbancaires.
f. Les opérations de swap de change
Une opération de swap de change permet à la banque centrale
d’acheter (ou de vendre) aux banques de la monnaie nationale au
comptant contre devise et, simultanément, de la leur revendre
(ou de la leur racheter) à terme, à une date et à un taux de
change prédéterminés.
342
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Selon la circulaire du 13 avril 2011, cet instrument fait partie des


opérations de long terme dont la durée est supérieure à 7 jours,
et permet à la banque de premier rang de retirer de la monnaie
centrale ou d’en injecter, selon l’état de la liquidité bancaire.
e. Vente de titres sur le marché secondaire
Cet instrument consiste en l’achat ou en la vente ferme (c’est-à-
dire définitive) de titres publics (bons du Trésor) par la banque
centrale et à son initiative sur le marché interbancaire au taux du
marché au jour le jour.
Les opérations d’open Market peuvent inclure également les
opérations temporaires telles que les opérations de pension
livrée.

343
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Si l’institut d’émission veut freiner la progression de la masse


monétaire, il va donc vendre des titres publics aux banques sur le
marché monétaire et recevoir en échange de la monnaie centrale.
Cette action a un effet quantité puisqu’elle se traduit par une
destruction de monnaie centrale.
Elle a également un effet prix parce qu’une baisse de l’offre de
monnaie centrale se traduit par une hausse du taux d’intérêt sur
le marché de la monnaie centrale. Le durcissement des conditions
de refinancement des banques touche la création monétaire aussi
bien à travers l’offre que la demande de crédit.
Cet instrument tend à devenir aujourd’hui l’instrument privilégié
d’intervention des banques centrales surtout au niveau des pays
où le marché des titres publics est très développé comme le
marché des bons du trésor aux Etats-Unis.
344
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Cette technique présente deux avantages majeurs :

 Elle s’effectue aux conditions du marché: l’institut d’émission


intervient sur le marché des titres de créance négociable comme
n’importe quel agent, et effectue ses opérations au taux du marché.

 Les interventions de la banque centrale ne sont plus automatiques. La


banque centrale décide seule du moment et des montants de ses
interventions. Son comportement est difficile à prévoir, ce qui crée un
climat d’incertitude pour les banques et les incite à plus de prudence
dans leur gestion de trésorerie.

345
Conclusion

Les instruments directs et indirects de la politique monétaire


étaient considérés le plus souvent, lors de leur utilisation par le
passé, comme complémentaires: par exemple, l’encadrement du
crédit permettait de limiter directement la création monétaire, et
le réescompte permettait d’assurer le refinancement en monnaie
centrale des banques de second rang.
Par le passé, ces deux types d’instruments direct et indirect ont
donc coexisté au Maroc : encadrement du crédit, sélectivité du
crédit, mécanisme de réescompte et réserve monétaire.

346
Conclusion

Toutefois, au fur et à mesure de la libéralisation et du


développement des systèmes financiers (libéralisation du système
bancaire et développement des marchés de capitaux), les
autorités monétaires ont substitué les instruments indirects aux
instruments directs (suppression de l’encadrement du crédit).
De plus, on assiste, au sein même des instruments indirects de la
politique monétaire, à la diminution ou à la disparition des
instruments ayant un caractère réglementaire (suppression de la
technique de réescompte, diminution du rôle de la réserve
monétaire).

347
Section 3 : Évolution récente de la politique monétaire
au Maroc (1995 – 2022)

1. La refonte des modalités de refinancement des banques:


Plusieurs facteurs ont motivé l’abandon des instruments de
contrôle direct de la politique monétaire:
 Le développement important des crédits accordés par des institutions
non soumises à l’encadrement du crédit (OFS, sociétés de
financement).
 le développement important de la part des crédits non encadrés
distribuée par les établissements bancaires (crédits d’investissement,
crédits destinés à l’exportation,…) dans le cadre de la politique de
sélectivité du crédit.
 Les inconvénients, déjà cités, de l’encadrement du crédit et son
inefficacité par rapport à l’orientation donnée au système financier
marocain (réforme financière, libéralisation progressive des taux
d’intérêt, réforme bancaire, réforme boursière, réforme du marché
monétaire).
348
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)
 L’utilisation des emplois obligatoires est en contradiction totale avec
les pratiques de marché, qui supposent une allocation rationnelle des
ressources en fonction des conditions du marché et non de manière
autoritaire (administrative, réglementaire). De plus, ces emplois
constituent un coût pour les banques qui se répercute sur les taux
d’intérêts débiteurs.
 La meilleure maîtrise de l’inflation.
 La création d’un nouveau moyen de financement à travers le marché
des capitaux avec l’émission des billets de trésorerie à partir de 1986.
Plusieurs facteurs ont également motivé l’abandon de la
technique de réescompte:
 La technique de réescompte est une procédure très lourde à gérer et
dépassée par rapport à la logique de marché dominante.
 De plus, l’introduction du réescompte hors plafond et à des taux
d’intérêt privilégiés a remis en cause l’efficacité de cette technique.349
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)

En 1995, on assiste à la refonte globale des modalités de


refinancement des banques auprès de Bank Al- Maghrib avec la
suppression définitive de la technique de réescompte:.
 Dorénavant, le refinancement des banques auprès de l’institut
d’émission se fera essentiellement à travers la procédure des avances
sur le marché interbancaire.
 Il est également prévu la possibilité d’effectuer des opérations d’open
market (Achat/Vente de titres sur le marché secondaire depuis le 13
avril 2011), et d’utiliser la réserve monétaire.

2. Le cadre stratégique de la politique monétaire


a. De 1995 à 2006:
Pour atteindre l’objectif prioritaire de stabilité des prix, les
autorités monétaires marocaines vont agir sur la masse monétaire
et donc sur la création monétaire.
350
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)

Elles vont se fixer un objectif intermédiaire de croissance


monétaire (taux unique ou fourchette de taux) compatible avec
les taux d’accroissement prévus du PIB réel (potentiel) et de la
vitesse de circulation de la monnaie d’une part, et d’autre part
avec l’objectif de stabilité des prix.
Exemple: si les taux d’accroissement prévisionnels du PIB réel
(potentiel) et de la vitesse de circulation de la monnaie sont
respectivement de 6 % et de -1 % d’une part et si d’autre part les
autorités monétaires visent un taux d’inflation de l’ordre de 2 %,
alors, l’objectif de croissance de l’agrégat monétaire choisi comme
objectif intermédiaire devrait se situer aux alentours de 9 % (…).

MV = PIB nominal
∆M + ∆V = ∆P + ∆PIB réel
9 % + (-1 %) = 2 % + 6 %
351
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)

b. Fin 2006 à aujourd’hui: nouveau cadre stratégique


A partir de la fin de 2006, le nouveau cadre stratégique
correspond à une approche multicritère: « approche qui permet à
travers le suivi d’indicateurs relatifs, d’une part, à la sphère
réelle et, de l’autre à la sphère financière, d’identifier les
différents facteurs de pressions inflationnistes »
Le suivi de l’évolution de la demande globale, des pressions sur
les capacités de production, des conditions monétaires et prix des
actifs (par exemple, prix à l’importation) permet de réaliser des
prévisions de l’inflation (aujourd’hui sur un horizon de six
trimestres), et d’établir un diagnostic des risques inflationnistes.

352
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)

Instruments Objectif intermédiaire Objectifs finals

- Avances à 7 jours MM, M3, M1, STABILITE DES PRIX


(Taux directeur) puis M3 en 2006 Croissance
- Avances à 24 heures Plein emploi
- Reprise de liquidité à 7 jours Équilibre extérieur
- Facilité de dépôt à 24 heures
- Achat/Vente de titres sur le marché secondaire
- Swap de change
- Pension livrée
- Prêt garanti
- Titres d’emprunt (23/11/05)
- Réserve monétaire
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)

Au cours des dernières décennies, la banque centrale a pu


maîtriser et consolider l’objectif prioritaire de stabilité des prix:
A l’exception des années 1995, 2006, 2008 et 2022, le taux d’inflation
est toujours resté inférieur ou égal à 3 % sur l’ensemble de la période.
Cette maîtrise de l’inflation a amené les autorités monétaires, au
cours de ces dernières années à chercher à atteindre à la fois
l’objectif prioritaire de stabilité des prix (cadre institutionnel de
la politique monétaire chapitre II, section I, article 6 du statut de
la banque centrale du 23/11/05), et l’objectif de croissance afin
de contribuer à la création de conditions favorables à une
croissance économique soutenue et équilibrée.

354
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)
A cet effet, la banque centrale a baissé de manière régulière son taux
directeur sur la période 1995 – 2021 : le taux des avances à 7 jours
sur appel d’offres est passé de 7 % en 1995 à 2,25 % en mars 2016,
2% en mars 2020, et 1,5% en juin 2020, et ce dans le but d’assouplir
les conditions de financement de l’économie (politique monétaire
accommandante).
En 2022, Bank Al- Maghrib s’est de nouveau consacrée
entièrement à l’objectif prioritaire de stabilité des prix suite à
une forte hausse du taux d’inflation qui a atteint 6,6% pour
l’année 2022, et a augmenté par deux fois son taux directeur à 2%
en septembre 2022 et 2,5% en décembre 2022 dans un contexte
marqué par une forte inflation mondiale déclenchée par le conflit
en Ukraine.
Toutefois, les résultats obtenus en matière d’amélioration des
conditions de financement de l’économie marocaine ne sont pas
aussi satisfaisants que les résultats en matière de stabilité des
355
prix:
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)

les banques n’ont pas répercuté immédiatement et intégralement la


diminution du taux directeur sur la baisse de leurs taux d’intérêt
débiteurs (contrairement à leur comportement en matière de taux
d’intérêt créditeurs), ce qui entrave surtout le financement des PME
et des TPE et affecte la croissance.
Seule une plus grande concurrence entre établissements bancaires
d’une part, et, d’autre part, entre ces derniers et le marché est
de nature à exercer une plus grande pression à la baisse sur les
taux d’intérêt.
2. Le cadre opérationnel de la politique monétaire
Afin d’atteindre l’objectif intermédiaire de croissance monétaire
et donc celui de stabilité des prix, la banque centrale va agir à
travers les différents instruments dont elle dispose.
Il est possible de distinguer trois grandes phases concernant
l’évolution des instruments utilisés en fonction de la situation du
système bancaire :
356
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)
 1995 – 1999 (premier semestre) : Système bancaire en banque, la banque
centrale a pu réguler la liquidité bancaire grâce aux avances
(principalement les avances à 7 jours sur appel d’offres) et à son taux
directeur (celui des avances à 7 jours sur appel d’offres).
 1999 (second semestre) : Système bancaire hors banque, suite à
l’attribution de la deuxième ligne GSM, d’où l’utilisation pour la première
fois par Bank Al- Maghrib de l’open Market et d’un nouvel instrument, la
reprise de liquidité en vue d’éponger la surliquidité bancaire.
 2000 – février 2007 : les banques étaient la plupart du temps hors banque
suite à l’ouverture du capital de Maroc Telecom en 2001 / 2006, la
privatisation de la Régie des Tabacs en 2003, aux transferts des MRE ainsi
qu’à l’accroissement des devises provenant du tourisme durant toute cette
période.
Malgré l’utilisation de l’ensemble de son portefeuille de bons du trésor
(dans le cadre de la politique d’open Market) et de la reprise de liquidité
de manière quasi-permanente, la banque centrale n’est pas parvenue à
assécher l’excès de liquidité bancaire, d’où l’augmentation à deux
reprises du taux (taux qui est resté inchangé pendant une dizaine
d’années) de la réserve monétaire en décembre 2002 (10 % à 14 %) puis
en septembre 2003 (14 % à 16,5 %).
357
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2022)

Dans le but de juguler cet excédent de monnaie centrale, Bank Al-


Maghrib , a utilisé pour la première fois à la fin de l’année 2003 un
nouvel instrument, le swap de change d’une part, et d’autre part
réformé les opérations de reprise de liquidité (reprise de liquidité sur
appel d’offres pour une durée de 7 jours) et mis en place la facilité de
dépôt à 24 heures.
Le dispositif d’instruments a été enrichi (23/11/05) par la possibilité
offerte à la banque centrale, d’émettre des titres d’emprunt, et
d’effectuer des opérations de pension livrée et de prêt garanti.
 Mars 2007 – jusqu’à 2021: système bancaire en banque: avances à 7
jours sur appel d’offres avec une baisse progressive du taux directeur
surtout en fin de période (sauf entre septembre 2008 et mars 2009);
baisse progressive du taux de la réserve monétaire; opérations de long
terme sous forme de pension livrée et un peu plus récemment de
prêts garantis.

358
Conclusion
Il est difficile pour la politique monétaire d’atteindre à elle seule
de manière satisfaisante l’ensemble des objectifs : stabilité des
prix, croissance, plein emploi, et équilibre extérieur, d’où
l’attribution à la politique monétaire d’un seul objectif prioritaire
à partir du début des années 80, celui de la stabilité des prix.
La politique monétaire présente un certain nombre de limites:
- le problème de conflits entre objectifs internes d’une part, et
d’autre part entre objectifs interne et externe, ainsi que l’impact
incertain de la politique monétaire sur les variables réelles.
- l’instabilité de la relation entre la monnaie et l’inflation qui est
apparue à partir des années 2000 suite à l’apparition de nouveaux
instruments financiers (TCN, titres d’OPCVM, Bons du Trésor)
comme actifs alternatifs à la monnaie…).
L’apparition de ces produits financiers a rendu de plus en plus
difficile la délimitation des contours de la masse monétaire et donc
le suivi de l’évolution de l’objectif intermédiaire, d’où le passage359
à
l’approche multicritère.

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