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Introduction :

« Un peuple a beau faire des efforts, il ne parviendra pas à rendre les


conditions parfaitement égales dans son sein et s’il avait le malheur
d’arriver à ce nivellement absolu et complet, il resterait encore l’inégalité
des intelligences, qui, venant directement de Dieu, échappera toujours
aux lois » considère Alexis de Tocqueville dans La démocratie en
Amérique (1835 et 1840). Le « Montesquieu du XIX siècle » pense donc
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qu’il n’est pas possible de parvenir à une égalité des conditions totale.
Mais il ajoute que ce n’est de toute façon pas un objectif souhaitable :
l’absence d’inégalités serait même un « malheur ». Dans le prolongement
de la position tocquevillienne, une abondante littérature économique a pu
montrer que les inégalités peuvent se révéler favorables à la croissance
économique. Comment l’expliquer ? Est-ce toujours le cas ?

Remarque 1 : Une dissertation commence par une accroche. Il est


évidemment possible de faire autrement mais, ici, nous avons retenu une
citation (parfaitement sourcée) en guise d’amorce. La citation ne se suffit
jamais en elle-même : il faut l’expliquer et, ensuite, faire l’effort de
retrouver le sujet posé.

Les inégalités sont des différences qui se traduisent par des avantages et
des handicaps sur une échelle de valeurs validée par la société. On peut
distinguer les inégalités économiques (niveau de vie, revenu ou encore
patrimoine) et les inégalités sociales (comme les inégalités scolaires ou les
inégalités de lieux de résidence). Les inégalités sont donc multiformes
mais elles sont aussi cumulatives : elles ont tendance à s’entrainer les
unes les autres au sein d’une génération mais aussi entre les générations,
se traduisant ainsi par un phénomène de « reproduction sociale » (suivant
les termes adoptés par Pierre Bourdieu), une situation qui peut finir par
peser sur la croissance économique. La croissance économique correspond
à « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues
d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global brut ou
net, en termes réels » selon la définition conçue par François Perroux
dans L’Economie du XX siècle (1961).
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Remarque 2 : le centrage de l’introduction est particulièrement


important. Il permet tout d’abord de définir les notions clés du sujet.
La croissance économique, mesurée par le PIB, se trouve au centre des
objectifs des politiques économiques depuis le milieu de la première partie
du XX siècle. Les économistes se sont donc interrogés sur ce qui peut
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l’augmenter et, parmi de nombreux facteurs, on peut retrouver les


inégalités économiques et sociales ; à l’origine d’une émulation entre les
hommes, elles provoqueraient en réalité une augmentation du bien-être
collectif. Pourtant, les inégalités économiques et sociales peuvent aussi se
révéler nocives pour la croissance économique comme l’a démontré John
M. Keynes dans La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la
monnaie (1936). Plus récemment, les inégalités sont considérées par
Robert Gordon comme un facteur réduisant la croissance à long terme
dans le débat qui s’est noué autour de la stagnation séculaire. Dès lors,
faut-il donner mission à l’Etat de lutter contre ces inégalités économiques
et sociales, par la redistribution, de façon à pérenniser la croissance
économique. Dans cette perspective, il faut garder à l’esprit que la
croissance économique est une condition de la réussite de l’action de l’Etat
providence : sans ressources, il serait bien en peine d’agir contre les
disparités économiques et sociales ; sans croissance économique,
comment financer les dépenses sociales ? Reste que cette intervention
sociale de l’Etat est dénoncée par les libéraux libertariens, à l’image de F.
Hayek qui considère que le remède est pire que le mal. Il y a donc un vif
débat autour de la relation qui unit croissance économique d’une part et
inégalités d’autre part.

Remarque 3 : Mais le centrage est aussi le lieu de la problématisation. Il


s’agit de mettre en lumière les grands enjeux du sujet. Le centrage est
suivi de la problématique qui, dans notre cas, permet aussi de préciser
l’espace et la période qui nous intéressera.

Quels sont les liens entre la croissance économique et les inégalités


économiques et sociales qui se développent au sein d’une
nation appartenant aux PDEM (pays développés à économie de marché)
depuis le début du XIX siècle ?
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Les inégalités économiques et sociales peuvent apparaitre comme un


moteur d’une dynamique capitaliste propice à l’augmentation de l’activité
économique (I) mais, suivant une autre logique théorique, elles sont aussi
perçues comme nocives pour la croissance économique (II). Enfin, pour
lutter contre les inégalités économiques et sociales, l’Etat a besoin de la
croissance économique (III).

Remarque 4 : Le sujet se présente sous la forme « A et B ». Il faut donc


rechercher les implications qui peuvent exister entre les deux concepts :
est-ce que les inégalités ont un impact sur la croissance économique ? La
croissance économique a-t-elle des effets sur les inégalités ? Sur la
première question, il ressort qu’un débat très vif existe dans littérature
économique et permet d’organiser nos deux premières parties : les
inégalités servent la croissance économique (I) ; les inégalités pèsent sur
la croissance économique (II). Reste ensuite à tenir compte de la
deuxième question en III en montrant que la croissance économique est
nécessaire pour que l’Etat puisse combattre les inégalités. Ci-dessous, le
plan détaillé reprend cette architecture.

Proposition de plan détaillé :

I) La croissance économique peut s’accroître à partir d’inégalités


économiques et sociales qui jouent un rôle d’incitation à l’effort
productif et d’innovation. D’autant que lorsque l’Etat cherche à
combattre ces disparités, il provoque des effets pervers qui
affaiblissent considérablement le niveau de l’activité
économique.

 La première partie de la Courbe de Kuznets (1955) montre qu’il y a


une corrélation positive entre la hausse des inégalités et le
développement économique.
 Les inégalités représentent une forme d’incitation à innover (rente
de monopole de Schumpeter) et à investir (Hayek). C’est par le
maintien des riches que la croissance économique « ruissèle » vers
les couches inférieures de la société.
 L’Etat doit rester minimal car lorsqu’il cherche à réduire les
inégalités économiques et sociales, il est à l’origine d’effets pervers
(comme la désincitation au travail – Malthus – ou encore la baisse
des recettes fiscales – Laffer).
II) Mais les inégalités économiques et sociales peuvent se révéler
nocives pour la croissance économique. Pour John M. Keynes, les
freiner est un impératif qui, réalisée par l’action sociale de l’Etat, a
pour effet de pérenniser un niveau élevé d’activité économique.
Par ailleurs, aujourd’hui, un consensus semble s’être établi autour
de l’idée que les inégalités économiques et sociales pèsent sur la
croissance économique, au point d’être considérée comme l’une
des explications de la stagnation séculaire qui frapperait les
PDEM.

 Pour Keynes, les politiques redistributives favorisent la croissance


économique puisqu’elles amputent le revenu des plus riches (ayant
une forte propension à épargner) et alimentent le revenu des plus
démunis (qui ont une forte propension marginale à consommer). La
seconde partie de la Courbe de Kuznets est analysée par Thomas
Piketty comme une illustration de ces principes lors des Trente
glorieuses.
 Les inégalités économiques et sociales apparaissent comme un
facteur de la stagnation séculaire qui frappe les PDEM. Que ce soit
par la demande (Summers) ou par l’offre (Gordon), elles pèsent sur
la croissance économique de long terme.
 Un consensus semble aujourd’hui se dessiner au sein des
institutions internationales (OCDE, FMI) pour considérer que les
inégalités économiques et sociales freinent la croissance
économique. Il faut donc chercher à les restreindre pour éviter les
« gâchis de compétences », prévenir les crises financières et limiter
le recours à des politiques protectionnistes.

III) La croissance économique est absolument indispensable pour


que l’Etat puisse limiter les inégalités économiques dans la mesure
ou elle permet le financement de son action sociale. A l’inverse,
avec une faible activité économique, il est beaucoup plus difficile
de les restreindre.

 La croissance économique permet de financer l’action


« providentielle » de l’Etat, celle qui permet de faire reculer les
inégalités économiques et sociales. Lorsque l’activité économique
est atone, l’Etat providence se trouve en grande difficulté sur le plan
budgétaire et se montre beaucoup moins efficace dans la lutte
contre les inégalités.
 Avec une croissance économique faible, l’Etat se trouve contraint de
faire des choix budgétaires : la réduction des dépenses publiques
affectées aux services collectifs (comme la santé et l’éducation) se
traduit par une remontée des inégalités, en particulier de l’inégalité
des chances.

Conclusion :

Remarque 5 : Une bonne conclusion débute par une réponse directe au


sujet. Ci-dessous, la réponse prend soin de synthétiser les trois axes du
développement.

Tant l’histoire que les théories économiques montrent que les inégalités
économiques et sociales ne sont pas toujours favorables à l’accroissement
de l’activité économique. Et l’Etat – notamment dans son volet
« providentiel » – a besoin d’une croissance économique élevée pour
financer ses dépenses visant à réduire ces disparités.

Remarque 6 : La conclusion doit ensuite présenter une synthèse des


grands arguments utilisés au cours du devoir.

Les libéraux libertariens voient les inégalités comme un moteur de la


croissance économique, au point que l’Etat doit conserver un rôle minimal.
Si les pouvoirs publics cherchent à réduire les inégalités économiques et
sociales, ils utilisent un remède qui est pire que le mal, générant des
effets pervers couteux en termes d’activité économique (comme la
désincitation au travail ou à l’innovation). A l’inverse, Keynes considère
que les politiques redistributives sont tout à faire nécessaires pour
alimenter la croissance économique. Et, aujourd’hui, un consensus semble
se dessiner sur le besoin de lutter contre les inégalités économiques et
sociales (pour prévenir les crises financières, limiter les « gâchis de
compétences » ou encore pour éviter des politiques populistes). Pour cela,
la croissance économique apparait comme une condition essentielle, ce
qui peut paraitre inquiétant dans un contexte de stagnation séculaire.
Mais justement cette hypothèse d’une baisse tendancielle de la croissance
économique qui affecterait les PDEM, en particulier les Etats-Unis, est
remise en cause par des économistes qualifiés de « techno-optimistes ».

Remarque 7 : On achève la synthèse des arguments en faisant transition


vers l’ouverture. Il s’agit de finir la conclusion avec une idée en lien avec
le sujet mais qui permet d’ouvrir sur d’autres perspectives. Notre sujet ne
nous demande pas de réfléchir à l’origine de la croissance économique –
en dehors du rôle des inégalités. Cela peut constituer une piste
intéressante pour l’ouverture que nous concrétisons à partir de la position
de Philippe Aghion.

Ainsi, Philippe Aghion pense qu’il est tout à fait possible de retrouver des
niveaux élevés de croissance économique, à condition de mettre en place
une politique qui favorise la destruction créatrice (de façon à favoriser le
progrès technique en particulier et les innovations en général). Avec
Céline Antonin et Simon Bunel, dans Le pouvoir de la destruction
créatrice (2020), l’économiste français ne néglige pas les inégalités qui en
adviennent nécessairement, notamment entre les qualifiés et les non
qualifiés. Mais il parie sur la flexisécurité pour obtenir les avantages du
marché concurrentiel et les bienfaits d’un « Etat assureur », s’appuyant
sur les excellents résultats des pays d’Europe du Nord. Ne serait-ce pas le
moyen pour les PDEM qui ne l’appliquent pas encore de concilier forte
croissance économique et réduction des inégalités dans le monde globalisé
qui est le nôtre ?

« L’inégal développement économique n’est pas un fait de nature » – Robert Fossaert,


dans Civiliser les Etats-Unis, 2003
A travers cette citation, Robert Fossaert sous-entend que le niveau de
développement d’un pays peut être expliqué par un ensemble de facteurs. Dans
cette perspective, on peut se référer aux différentes théories du commerce
international : Adam Smith, David Ricardo, modèle HOS, etc…
« Réduisez tout à l’égalité et vous avez tout réduit à l’inaction » clamait R.DUNOYER
pour dénoncer l’inefficacité économique de la lutte contre les inégalités.cette citation
permet de mettre en lumière les interactions entre les inégalités et la croissance
On entend par inégalités les écarts de répartition des ressources, économiques,
culturelles, patrimoniaux au sein d’une population. Ces inégalités peuvent etre
étudier à différentes échelles : à l’échelle régionale, nationale ou mondiale. De plus, il
conçoit de s’interroger sur le lien d’implication entre la croissance, entendue comme
l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes d’un indicateur de
dimension, le produit global net en termes réels, et les inégalites. En effet, analyser
la nature des inégalités implique de s’interroger sur les causes de ces inégalités. Il
s’agira alors de déterminer si la croissance en est la cause principale . Cette étude
des inégalités ne peut être réalisée de manière statique et une lecture dynamique de
l’évolution des inégalités corrélativement à celle de la croissance semble s’imposer .
En effet il s’agit d’évaluer les effets de mutation économique sur les inégalités. Enfin,
dans une perception contemporaine, il considère de s’interroger sur la nature et la
réalité des inégalités auj ainsi que sur les liens que ces inégalités peuvent entretenir
sur la croissance
A l’âme de ces critères, il considéra de se poser la question suivante : la
croissance a-telle et est-elle toujours vectrice des inégalités ?

Inflation
 « L’inflation est une maladie dangereuse et parfois fatale » – Milton Friedman, dans La liberté
du choix, 1980
L’inflation, parce qu’elle réduit le poids d’une dette et peut être source d’illusion monétaire,
est souhaitable dans une certaine limite. Toutefois, fleurter avec une inflation trop élevée
peut s’avérer dangereux voire néfaste. Le risque d’une inflation galopante n’est jamais très
loin.

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