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Fiche de lecture :

THOMAS PIKETTY : UNE BRÈVE HISTOIRE DE L’ÉGALITÉ (2021),


Aux éditions Seuil

Biographie de l’auteur :

Thomas Piketty, né le 7 mai 1971 à Clichy, est un économiste français.

Directeur d'études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), ancien élève de l’École
normale supérieure (promotion 1989 Sciences) et docteur en économie de l'EHESS, il fut chercheur à
la London School of Economics et est un spécialiste de l’étude des inégalités économiques, en
particulier dans une perspective historique et comparative, et auteur du livre Le Capital au xxie siècle
(2013).

En 2002, il reçoit notamment le prix du meilleur jeune économiste de France et, en 2013, le prix Yrjö
Jahnsson. Après avoir joué un rôle majeur dans la fondation de l’École d'économie de Paris, il y est
professeur depuis 2014.

Citations illustrant le positionnement de l’auteur :

L’impôt n’est pas une question technique, il se trouve au cœur du lien social. (source : France Culture,
février 2012)
“Le plus gros abandon de souveraineté, c’est celui de la souveraineté monétaire." “Si on continue avec
la concurrence fiscale, dans dix ou vingt ans, il n’y aura plus d’impôt sur les sociétés.”(source : Le
Nouvel Observateur, 29 janvier 2015)

Présentation :

Thomas Piketty a fait le choix de diviser son livre en 10 parties, traitant chacune d’un point précis,
concrétisées par des chapitres
1. « La marche vers l’égalité : premiers repères »

Dans un premier temps, il traite de l’importance de donner un accès à la santé et à l’éducation de


manière gratuite, afin que chacun puisse avoir une base commune et évoluer sereinement au sein de
la société. Il développe ensuite l’idée de créer un revenu de base, une précédemment évoquée dans
ses interventions et ouvrages précédents (Capital et Idéologie, 2019). Par ailleurs, il l’explique qu’il
n’y aura pas de développement durable si des mesures sur ces inégalités ne sont pas prises.

2. « La lente déconcentration du pouvoir et de la propriété »

Thomas Piketty remarque notamment l’évolution de la concentration de la propriété depuis le


XVIIIème siècle. Il déclare donc que la propriété et le pouvoir confèrent, à ceux qui les possèdent, un
faisceau de droits. En effet, ces individus possèdent selon lui les moyens de production, l’Etat et les
différents logements. Ainsi il décrit, pour les classes moyennes, une très longue marche vers une plus
grande égalité quant aux revenus.

3. « L’héritage esclavagiste et colonial »

Dans ce chapitre, fait un point historique sur la domination militaire de l’Europe au cours des siècles
derniers. En effet, il explique le développement de l’industrie du textile mondiale, l’Europe dirigeant
« l’empire du coton ». Il insistera donc sur ce qui a fait la spécificité de l’Europe à cette époque, ce
qui traduit de nos jours par la domination de notre continent.

4. « La question des réparations »

A ce moment du livre, Thomas Piketty continu sur la lancée en parlant d’éventuelles réparations. En
effet, l’auteur parle de dédommagements qui iraient vers les pays ayant subi la colonisation ainsi que
l’esclavage, étant donné qu’ils ont été privés de leurs ressources durant des siècles, ce qui a eu un
important impact sur leur développement économique ces dernières décennies. Il déclare à propos
de la France qu’elle est « une colonie qui s’ignore », de par l’existence du Franc CFA et de la
déontologie de Total par exemple en Afrique.

5. « Révolutions, statuts et classes »

L’auteur développe ici l’abolition des privilèges au travers d’illustrations historiques : les révolutions.
Il évoque naturellement la Révolution française de 1789, mais aussi des événements qui ont eu une
résonance moins forte, comme la révolte des esclaves à Saint-Domingue en 1791.

Mais ces événements ont un point commun qui est crucial selon l’auteur : l’abolition des privilèges
ne change rien aux inégalités de répartition des richesses. C’est alors que l’on voit l’apparition du
suffrage censitaire, qui sera en vigueur jusqu’au moment de la Deuxième République en France
(1848)
6. La « grande redistribution », 1914‐1980

On observe tout d’abord dans ce chapitre qu’entre 1914 et 1980, les inégalités de revenus et de
propriétés ont été fortement réduites dans le monde occidental (Royaume-Uni, France, Allemagne,
États-Unis, Suède, etc.). On parle alors de « grande redistribution ».Cette évolution de long terme est
notamment la conséquence des luttes sociales et de la mobilisation syndical depuis la fin du XIXème
siècle. On constatera également une accélération par les deux guerres mondiales et la crise de 1929,
qui en l'espace de trente et un ans (1914-1945) ont totalement bouleversé les rapports de force
entre travail et capital. Le second facteur est le développement de l'impôt fortement progressif sur le
revenu et l’héritage, qui a permis de réduire massivement la concentration des richesses et du
pouvoir économique.

7. « Démocratie, socialisme et impôt progressif «

En début de ce septième chapitre l’auteur retient comme principale leçon de la période citée
précédemment que : l'État social et l'impôt progressif constituent des outils puissants permettant de
transformer le capitalisme. Cependant subsiste malgré toutes ces mesures une hypercentralisation
de la propriété, malgré l’existence d’une « classe moyenne patrimoniale ».

8. « L’égalité réelle contre les discriminations »

Dans cette partie, on comprend d’après l’auteur que si l’on souhaite atteindre l'égalité réelle, il est
urgent de développer des indicateurs et des procédures permettant de combattre les
discriminations. L’une des plus grandes difficultés, selon Thomas Piketty, est de parvenir à lutter
contre les préjugés sans pour autant figer les identités.
L'accès à l'enseignement primaire puis secondaire s'est certes généralisé à l'ensemble de la
population au cours du xxª siècle (dans les pays du Nord) ce qui constitue un progrès
considérable. Mais les inégalités d'accès aux filières et établissements les plus prestigieux restent en
réalité bien trop grands, particulièrement dans le supérieur. Aux États-Unis, des chercheurs ont pu
relier les informations fiscales des parents au parcours scolaire et universitaire de leurs enfants :
« Les résultats sont déprimants : le revenu parental prédit presque parfaitement les chances d'aller à
l'université. »

9. « Sortir du néocolonialisme »

Selon l’auteur, le combat pour l'égalité n'est pas terminé. Doit en effet se poursuivre l'égalité réelle
et la lutte contre toutes les discriminations. Le point clé se trouve selon Thomas Piketty dans la
transformation structurelle du système économique mondial. La fin du colonialisme a permis le
début d'un processus d'égalisation, mais l'économie reste profondément hiérarchique et inégale
dans son fonctionnement. En effet : « l’organisation économique actuelle, fondée sur la circulation
incontrôlée des capitaux, sans objectif social ni environnemental, s'apparente bien souvent à une
forme de néocolonialisme au bénéfice des plus riches ». Ce qui crée un changement de paradigme
quant à la problématique des inégalités, qui sont différentes de celles des siècles précédents.
10. « Vers un socialisme démocratique, écologique et métissée »

Enfin, l’auteur tente de nous démontrer que le combat pour l'égalité va se poursuivre au XXIème
siècle, en s'appuyant notamment sur la mémoire des luttes du passé. Si un mouvement historique
vers davantage d'égalité sociale, économique et politique a pu avoir lieu dans le monde au cours des
deux derniers siècles, c'est avant tout grâce à une série de révoltes, de révolutions et de
mobilisations politiques de grande ampleur. Il en ira de même à l'avenir.
Il explique en effet que les bouleversements des siècles précédents se sont faits au travers
d’affrontements et de révolutions, il y a donc de fortes chances qu’il en soit de même pour produire
des changements à l’avenir.

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