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UNIVERSITE MOHAMMED PREMIER

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES

OUJDA

Master : Economie, Finance Et Emergence Economique.


Matière : Fiscalité et émergence économique

Recherche sur :

La fiscalité au service de
l'émergence:parcours du
relation Maroco-Africaine

Encadré par : Professeur M.SADDOUGHI


Réalisé par :
GUENNOUF Amal
MELLOUKI Soukaina
FATMI Hind
HAMMOU Ihab
Année Universitaire 2020/2021
SOMMAIRE :
CHAPITRE I : INTRODUCTION AU SYSTEME FISCAL MAROCAIN :
 INTRODUCTION :
 SECTION I : LE CADRE CONCEPTUEL
 LE ROLE FINANCIER DU SYSTEME FISCAL
 LE ROLE SOCIAL : LA JUSTICE FISCALE
 LE ROLE ECONOMIQUE DE L’IMPOT

 SECTION II : L’EVOLUTION DU SYSTEME FISCAL MAROCAIN :


 LES FONDEMENTS ECONOMIQUES DE LA VALEUR
 LES FONDEMENTS DE LA VALEUR EN FINANCE
L’ANALYSE BOURSIÈRE

 SECTION III : LES MECANISMES APPORTES PAR LE SYSTEME FISCAL


MAROCAIN :
 METHODES D’EVALUATION :
 L’EVALUATION PAR LES REVENUS 
 L’EVALUATION PAR COMPARAISON
 SECTION IV : PRINCIPALES RECOMMANDATIONS POUR LA REFORME
FISCALE :
 LES PRINCIPALES RECOMMANDATIONS DE LA REFORME FISCALE :

CHAPITRE II : LA FISCALITE AU SERVICE DE L'EMERGENCE :


 SECTION I : LE MAROC ET L’AFRIQUE POUR UNE MOBILISATION
NATIONALE D’ENVERGURE :
 LE ROLE ECONOMIQUE DE L’IMPOT

 SECTION II : AFRICA 2025 : LA FISCALITE AU SERVICE DE L'EMERGENCE :


 LES FONDEMENTS ECONOMIQUES DE LA VALEUR
 LES FONDEMENTS DE LA VALEUR EN FINANCE
L’ANALYSE BOURSIÈRE

 SECTION III : LE MAROC : LA FISCALITE AU SERVICE DE L'EMERGENCE : 


 METHODES D’EVALUATION :
 L’EVALUATION PAR LES REVENUS 
 L’EVALUATION PAR COMPARAISON
 SECTION IV : POUR UN MAROC EMERGENT : MEMORANDUM DE 70 PROPOSITIONS
POUR UN NOUVEAU MODELE DE DEVELOPPEMENT :
 LES PRINCIPALES RECOMMANDATIONS DE LA REFORME FISCALE :
INTRODUCTION :
L ’objectif est l’analyse de l’évolution du système fiscal marocain de
l’indépendance à la mise en œuvre de la réforme fiscale des années 1980 afin d’en tirer les
enseignements et pouvoir se prononcer sur ses évolutions futures. En effet, depuis
l'indépendance en 1956, les aménagements et "réformes" fiscaux se sont succédés sans que le
système fiscal marocain hérité du protectorat français évolue nettement.
Pourtant ce système se caractérisait par des déséquilibres, incohérences et injustices.
Une réforme fiscale profonde est devenue inévitable.
Après un report indu, les pouvoirs publics ont procédé à partir de 1984 à la réforme du
système fiscal en vigueur en vue de sa modernisation et sa simplification. Cette réforme s’est
traduite, en effet, par le passage d’un système cédulaire ou analytique, lourd, complexe et
caractérisé par des inégalités flagrantes, des déséquilibres et des incohérences à un système
d’imposition moderne et synthétique. A l’issue de cette réforme, trois grands impôts
synthétiques ont été mis en place : T.V.A, I.S et I.R. La réforme a concerné aussi la fiscalité
des collectivités locales.
Avec la mise en œuvre de la réforme fiscale depuis 1984, le système fiscal marocain a
réalisé certes des avancées mais des limites liées notamment à l’architecture du système et sa
structure et aux nouveaux impôts synthétiques persistent.
De futurs travaux de recherches s’attèleront à évaluer les réformes et aménagements
fiscaux des années 2000 et les années suivantes et aux perspectives de réformes du système
fiscal marocain.
Nous essaierons de répondre AU problématique suivante :

Dans quelle mesure la fiscalité peut-elle constituer un


vecteur du nouveau modèle de développement ?
CHAPITRE I : INTRODUCTION AU SYSTEME
FISCAL MAROCAIN :
SECTION I : CADRE CONCEPTUEL

Avant d’appréhender les objectifs du système fiscale menées actuellement au Maroc


et l’impact ambitionné sur l’économie marocaine, il est impératif de d’expliciter l’étymologie
et le champ lexical de la fiscalité. A cet effet, nous proposons de définir les vocables
appropriés à cette discipline qui s’apparente aux sciences économiques et au droit fiscal. La
liste des termes suivants est exemplative et non exhaustive :
 La fiscalité : La fiscalité vient du mot fiscal qui à son tour dérive du terme latin «
Fiscus » qui signifie « panier ». Dans le temps, le panier servait aux collectes de fonds pour le
fonctionnement de l'administration. Selon Kakonge Kamangu, la fiscalité est la science des
impôts avec les lois et procédures de taxation, de perception et des réclamations y relatives en
vigueur dans un pays et à une époque donnée.
La fiscalité désigne l'ensemble des règles, lois et mesures qui régissent le domaine fiscal
d'un pays. Elle se résume aux pratiques utilisées par un État ou une collectivité pour percevoir
des impôts et autres prélèvements obligatoires ; La fiscalité est aussi une branche de
l'économie financière, la théorie fiscale est d'inspiration keynésienne. En effet, la conception
keynésienne de la fiscalité découle de la théorie des multiplicateurs développée par Keynes
dans la théorie générale. Selon la théorie des multiplicateurs, le multiplicateur des impôts est
le rapport entre la valeur négative de la propension marginale à consommer et la propension
marginale à épargner.
 Le système fiscal marocain est principalement un système déclaratif, basé sur les
déclarations déposées à l’initiative des contribuables. En contrepartie, l’administration fiscale
dispose d’un pouvoir de contrôle. Cette relation administration-contribuable a connu de
grandes mutations et améliorations depuis les années 1980 et qui se sont accentuées depuis
ces dix dernières années.
À ce titre, l’Etat marocain a déployé des efforts remarquables visant à simplifier,
rationaliser et moderniser son système fiscal, et ce en s’orientant vers une relation de
partenariat et de confiance avec le contribuable et par une administration numérique. Ces
orientations visent à améliorer la performance de l’administration fiscale et sa modernisation.
Ce qui a permis de concrétiser ces efforts par l’instauration d’un système fiscal moderne dans
le cadre de la constitution de 2011 permettant de consolider la démocratie et de présenter l’un
des indicateurs les plus significatifs de la bonne gouvernance.
Actuellement, il s’agit de voir dans quelle mesure l’impôt est-il devenu un instrument
primordial de la politique économique et sociale, car la neutralité fiscale est dépassée, sous la
pression de l’interventionnisme où la fiscalité constituera désormais un moyen essentiel de
remédier aux Problèmes économiques et sociaux.
Suite aux réformes menées dans les années 80, le système fiscal marocain, en reposant
sur des objectifs de simplicité, d’efficacité et d’équité, s’est doté d’une architecture
d’imposition semblable dans sa globalité à celle du monde occidental. Il repose
fondamentalement sur trois grands impôts à savoir la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en
1986, l’impôt sur les sociétés (IS) en 1988 et l’impôt général sur le revenu (IGR) en1990
devenu IR en 2006.
Dans sa pratique, le système fiscal marocain repose sur le principe de déclaration pour
la plupart des impôts (IS, TVA, Droits d’enregistrements, etc.) et sur la retenue à la source
pour d’autres impôts plus simples à cerner (IR salarial et prélèvements sur les placements
financiers). En tant qu’instrument économique d’incitation et d’encouragement, le système
fiscal marocain accorde plusieurs avantages fiscaux sous forme d’exonérations, d’abattements
ou d’impositions à des taux réduits. Ces mesures, en plus qu’elles représentent un coût
important se chiffrant à des dizaines de milliards de DH, écartent le système des objectifs qui
lui sont assignés.

Le rôle financier du système fiscal : _________________________


Avec les finances publiques modernes au règne de l’interventionnisme étatique, ce rôle
a repris une place importante, car l’Etat, dans ces actions, s’appuient essentiellement sur les
fonds. Pour un équilibre général, l’Etat par le biais de l’instrument fiscal, doit être financé
suffisamment en réalisant une rentabilité financière importante, pour cela il faut que
l’ensemble du système fiscal présente des qualités obligatoires :
 La généralité : L’impôt doit toucher tous les citoyens, toutes les capacités
contributives, toutes les matières imposables et toutes les assiettes fiscales possibles.
 La pluralité : Le devoir d’imposer toutes les assiettes fiscales possibles, par le
moyen de plusieurs impôts, car seule la multiplicité pourra nous satisfaire une rentabilité
financière accrue.
 L’automaticité : L’augmentation du taux de l’impôt engendre
automatiquement, l’accroissement de la rentabilité d’impôt.
 La stabilité et l’élasticité : Un système fiscal, pour être productif doit
comprendre des impôts stables qui garantissent des recettes et des ressources constantes, non
soumises à la conjoncture économique et des impôts élastiques qui permettent une rentabilité
en corrélation avec la conjoncture économique.
En somme, l’impôt joue un rôle financier important qui permet à l’Etat de remédier aux
inégalités socio-économiques que crée le libéralisme sauvage.

Le rôle social : La justice fiscale : _________________________


Il faut dire que la définition de la notion de justice fiscale est difficile dans la mesure où
elle change dans le temps et dans l’espace. C’est pour cela qu’on tente de faire une analyse du
rôle social de l’impôt, afin d’éclaircir cette notion, ceci à travers deux niveaux :
 L’égalité devant l’impôt : C’est-à-dire la participation de tous et de chacun à
l’effort fiscale selon le principe de la capacité contributive. L’article 5 et 17 de notre
constitution posent ce principe, mais en réalité cette égalité n’est pas appliquée dans le
système fiscal, cette inapplication peut engendrer d’autres inégalités qui aggravent celles
existantes en matière de répartition du revenu national. Cette absence d’encadrement nuit
énormément au principe de l’égalité devant l’impôt qui devient vicié et vidé de son sens et sa
portée constitutive. On peut justifier ce disfonctionnement par des réalités éclatantes d’abord :
 la domination de l’imposition indirect : Ce phénomène reflète bien le
désintéressement, voire la négligence de la justice fiscale marocaine, car 70 % des recettes
fiscales proviennent des impôts indirectes qui sont supportés enfin de compte par le
consommateur final, ce qui touche négativement les détenteurs des revenus moyens et faibles,
même les sans revenus.
 l’application restreinte de la retenue à la source : L’application de cette technique
seulement aux salariés et aux fonctionnaires nuit énormément au principe de l’égalité, C’est
une technique non généralisée à toutes les catégories socioprofessionnelles. Cette non
généralisation permet aux autres contribuables qui sont soumis au système déclaratif de
frauder, alors que les autres, c’est un tiers qui calcule, déclare et collecte l’impôt et le verse au
trésor public.
 la fraude fiscale : Elle nuit au principe de l’égalité devant l’impôt à plusieurs niveaux :
Elle constitue un manque à gagner pour l’Etat, qui dépasse 20 M. de dirhams par an. Elle
porte atteinte à la compétitivité ; Elle fausse l’équité et la justice des impôts directes.
Paul Marie Gaudmet disait : « pour que la fiscalité directe soit équitable, il faut qu’elle
ne soit pas faussée par la fraude, la fraude détruit l’équité de la fiscalité directe la plus
perfectionnée. »
 L’égalité par l’impôt : Le souci de la justice rédistributive est le projet de
toute société juste et équitable. Cette redistribution résulte de l’intervention de l’Etat qui met
en place des mécanismes correcteurs de l’inégalité individuelle des revenus, qui est issue de la
détention des facteurs de productions. L’Etat dispose de plusieurs moyens pour réduire les
inégalités socio-économiques tel que : les dépenses sociales, la politique des revenus, la
politique de l’éducation et de l’enseignement, la politique de l’emploi et de la formation
continue. La théorie générale de l’impôt propose plusieurs moyens pour redistribuer les
revenus par la fiscalité :
 la progressivité de l’impôt en relation avec les facultés contributives : le taux
augmente au fur et à mesure que le volume et le montant du revenu augmentent, afin d’arriver
à une certaine égalité des sacrifices entre les différentes catégories de contribuables. Paul
Marie Gaudemet disait que : ‘’ l’impôt progressif serait préconisé comme un impôt de
redressement pour établir la justice fiscale au sein d’un système fiscal faussé par l’injustice de
fiscalité indirecte. ‘’
 la sélectivité de l’impôt : A ce niveau on prend en considération l’origine des revenus.
 la personnalisation de l’impôt : A ce niveau on doit prendre en considération la
personne contribuable, ses charges familiales et professionnelles.
 la sélectivité des impôts indirects : la sélection se fait en fonction de la nature du
besoin en exonérant les consommations et les produits de première nécessité, imposer un taux
très modérés à la consommation courante, un taux important pour la consommation de confort
et un taux très élevés pour les consommateurs de luxe.

Le rôle économique de l’impôt : _________________________


L’impôt peut jouer un rôle très important dans le développement économique à
plusieurs niveaux :
 Mobiliser les ressources internes pour les acheminer vers les dépenses publiques
d’investissement.
 Encourager l’épargne : tout en partant du principe que les agents économiques
changent et modifient leur comportement de consommation (épargne devant l’impôt), ce
dernier influence et détermine le choix entre l’épargne et la consommation, donc la fiscalité
peut intervenir pour favoriser la formation de l’épargne et son consommation, c’est-à-dire,
non pas l’encouragement de l’épargne en soi, mais cette dernière sera acheminer vers les
circuits d’investissement. De même que l’Etat peut exercer une action de freinage des
consommations de luxes et le gaspillage des revenus et fortunes en pénalisant la dépense pour
inciter les agents économiques à épargner.
 Aussi l’instrument fiscal peut jouer un rôle très important dans l’encouragement des
investissements en accordant des avantages fiscaux aux investisseurs pour inciter
l’investissement privé national et international. Depuis 1959 le Maroc a entrepris la politique
d’incitation à l’investissement.
SECTION II : L’EVOLUTION DU SYSTEME FISCAL MAROCAIN :

Regard sur l’évolution de l’Histoire du système fiscal marocain :


Les institutions fiscales de l’Etat marocain, et les règles juridiques qui régissent le
domaine des finances publiques sont le résultat d’une longue évolution historique, marquée
par des transitions qui ont donné naissance, au final, à un système fiscal moderne, comparable
à ceux en vigueur dans les pays développés, et à économie libérale. Le système fiscal national
a en effet, tout au long du 20e siècle, connu une évolution sous la pression de contraintes
budgétaires, ayant permis l’instauration des premiers impôts modernes.
Evolution fondée également, depuis l’indépendance, sur le consentement, la solidarité et
l’incitation économique, pour aboutir actuellement à un système moderne, qui est l’émanation
de la volonté d’intégrer l’économie marocaine dans l’échiquier international.
Trois périodes clés ont marqué l’Histoire du système fiscal marocain :
D’abord, la période d’avant le protectorat, qui instaure un régime fiscal en réaction
notamment à la pression budgétaire découlant de la situation des finances publiques qui s’est
dégradée pour des raisons multiples, liées aussi bien à l’accroissement des dépenses qu’à la
réduction des recettes. Principaux prélèvements : la Zakat, l’Achour, la Jezya, le Kharaj,
la Hédya, la Harka, la Mouna, la Sokhra, la Ghorama et la Touiza, le Meks et le
Tertib.
Ensuite, le régime fiscal pendant le protectorat, qui se caractérise par la réforme du
système suite à la détérioration progressive des finances du Maroc et à l’aggravation de son
endettement. Ainsi, le Protectorat fera de l’impôt le principal instrument d’intervention
économique qui s’est traduite par la mise en place d’un système fiscal inspiré du système
français.
Et enfin, le régime fiscal au lendemain de l’indépendance, évènement majeur qui va
impulser un changement de philosophie de l›impôt, la fiscalité marocaine post colonial,
trouvant sa légitimité dans les textes de la Constitution en tant que loi suprême qui contient
des dispositions définissant les fondements de l’obligation fiscale et l’autorité compétente
pour l’établir.
La configuration actuelle du système fiscal marocain est le fruit de plusieurs réformes
menées tout au long du 20ème siècle, mais le maquis fiscal engendré par la création et
l’amoncellement de multiples taxes, dont certaines obsolètes et peu rentables, ont créé de la
complexité, par la multitude de prélèvements différents et d’interlocuteurs dans
l’administration. Cette situation, aggravée par le contexte du plan d’ajustement structurel qui
s’est imposé au Maroc, a conduit les pouvoirs publics à procéder à partir de 1984 à la réforme
du système fiscal en vigueur, en vue de sa modernisation et sa simplification et pour lui
assurer en définitif, une plus grande efficience. Cette réforme s’est traduite par le passage
d’un système analytique, lourd, complexe et caractérisé par des inégalités flagrantes et des
incohérences profondes à un système d’imposition qui se veut moderne et synthétique. La
fiscalité marocaine s’est ainsi rapprochée dans son architecture générale des grands systèmes
d’imposition connus dans le monde occidental.
Portant sur l’instauration des trois principales catégories d’impôts, la réforme, dont les
principes ont été énoncés par la loi-cadre n° 3-83 relative à la réforme fiscale , a abouti à la
mise en œuvre de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) en 1986, et à l’institution de l’Impôt
sur les Sociétés (IS) en 1988 et de l’Impôt Général sur le Revenu (IGR) en 1990 – devenu
l’Impôt sur le Revenu, qui se sont substitués aux impôts cédulaires en vigueur.
La deuxième phase, allant de 1993 à 1999, était celle de la mise en place de la fiscalité
des valeurs mobilières et des produits de placement à revenu fixes, ainsi que la réforme de la
Taxe sur le Profit Immobilier.
Enfin, une troisième étape, s’étalant entre 1999 et 2009, a été consacrée à la réforme du
code de l’enregistrement et des timbres, et à la codification (Code Général des Impôts) ainsi
qu’à la réforme de la fiscalité des collectivités locales
On assistera, au début des années quatre-vingt-dix, à une tentative de rationalisation des
avantages fiscaux par la mise en place d’une Charte des investissements en 1996. Cette
dernière remplace les différents codes sectoriels qui couvraient précédemment l’essentiel des
activités économiques du pays.
La réforme de la Charte de l’Investissement, annoncée en juillet 2016, tarde à se mettre
en place. Celle-ci viendrait actualiser l’ancienne Charte, qui n’avait pas été révisée depuis une
vingtaine d’années, en y apportant de profonds changements et de nouvelles mesures
incitatives (niches fiscales) pour les investisseurs.
Aussi, deux autres dates charnières dans l’évolution du système fiscal marocain sont à
souligner : les assises fiscales de 1999 ainsi que celles de l’année 2013 et les séries de
réformes et d’aménagements fiscaux qui les ont suivies. Ces assises ont représenté des
occasions pour établir un diagnostic commun et concerté, accompagnées à chaque fois par
une volonté de dégager de manière collective une feuille de route visant le dépassement de
contraintes et l’amélioration de l’efficience du système fiscal. Ces évènements représentent
aussi des occasions pour les représentants sectoriels et catégoriels de développer leur
plaidoyer et défendre leurs revendications.
Figure1 : Dates clés du système fiscal marocain
De nombreuses réformes ont été introduites par les lois de finances successives jusqu’à 2018,
et se sont traduites pour la plupart d’entre elles, par la mise en place d’un ensemble de
mesures, qui se veulent orientées vers plus de simplification, de rationalisation et
d’harmonisation du système fiscal en place. Parmi les résultats, à titre indicatif et non
exhaustif, il est possible de citer :
 Réforme des droits d’enregistrement en 2004 ;
 Amorce de la réforme de la TVA en 2005 ;
 Élaboration du livre des procédures fiscales en 2005 ;
 Entrée en vigueur en 2006 de la Loi 47.06 portant sur la fiscalité locale ;
 Regroupement des textes fiscaux dans un même volume : le Code Général des Impôts
édité en 2007 – dont la revue de l’architecture et la clarification et la cohérence d’ensemble
ont été réalisés en 2017/2018 et la mise dans le circuit de validation législative est en cours.
Ce travail a été fait à la lumière de la réalité économique et financière des entreprises, mais
également en fonction de la réalité de l’administration fiscale, en pleine transformation
numérique ;
 Décision de réintégration fiscale progressive du secteur agricole à partir de 2014 ;
 En 2016, changements majeurs au niveau de l’Impôt sur les Sociétés, notamment
l’instauration de l’IS proportionnel au résultat fiscal réalisé ;
 Toujours en 2016, généralisation du remboursement du crédit de TVA grevant les
biens d’investissement ;
 Mise en place depuis 2016 des procédures de dématérialisation et de numérisation
des services fiscaux ;
 En 2017, exonération de l’IS pendant les cinq premiers exercices au profit des
entreprises industrielles nouvellement créées ;
 Instauration de l’IS progressif avec nouvelles tranches ;
 Et lancement d’un arsenal antifraude fiscal, avec une accélération notable en 2018 ;
Ce qu’il y lieu de retenir : Avec la mise en œuvre de la réforme fiscale depuis 1984, le
système fiscal marocain peut aujourd’hui, dans son architecture générale, être considéré
comme un système moderne. Mais il n’en demeure pas moins qu’il souffre encore de
plusieurs carences dont certaines sont importantes, aussi bien en relation avec sa structure
qu’en ce qui concerne la gestion de la relation entre l’administration fiscale et les
contribuables. Le Maroc continue aussi à être confronté à l’incivisme fiscal qui fait que de
grands pans de l’activité et de nombreux contribuables continuent à œuvrer pour échapper,
totalement ou en partie, à l’impôt. Aussi, tout en veillant à la préservation de la lisibilité du
système fiscal global, l’analyse mérite d’être approfondie pour couvrir les carences et pour
assurer un élargissement de l’impôt, y compris à d’éventuelles nouvelles natures (exemples de
questions à traiter : patrimoine, succession, taxes écologiques, …).
SECTION 3 : LES MECANISMES APPORTES PAR LE SYSTEME FISCAL
MAROCAIN :

La plupart des réformes fiscales menées au Maroc, avaient pour objectifs de créer un
système fiscal équitable, lisible et efficace en réduisant le nombre de prélèvements, le nombre
de taux et en élargissant les bases d’impositions. Mais, au fils du temps, on constate que le
système fiscal n’a pas rempli ses objectifs. Après l’introduction d’un IR et d’un IS progressif
sur l’ensemble des revenus, le système fiscal d’aujourd’hui est qualifié complexe. L’économie
marocaine de nos jours s’affronte avec assez d’impôt, de taux et de catégories, ainsi qu’une
variété de méthodes de détermination des bases d’imposition.

Figure 2 : Réforme fiscale et nouveau modèle de développement


Source : CESE (2019).

Il est toutefois intéressant de saisir l’effort de l’Etat concernant la contribution


professionnelle unique dont l’entrée en vigueur a eu lieu en 2021–dont on attend le résultat-,
et qui a permis de supprimer le régime forfaitaire et de fusionner l’impôt sur le revenu
avec la taxe professionnelle et la taxe de services communaux tout en cotisant pour
bénéficier de la couverture médicale.
Le Maroc a enregistré un changement dans les records mondiaux ces dernières années.
Les améliorations apportées aux déclarations et paiements électronique ont permis au Maroc
de réduire le nombre d’heures nécessaires pour effectuer ces démarches, passant à 155 heures
en 2018 contre 232 heures en 2013. Il se situe à la 25éme place sur 189 pays dans le
classement mondial du paiement des taxes et impôts ; (Source : bureau d’étude PwC).
Le système fiscal marocain repose en premier lieu sur une logique de FLAT TAX, où
les impôts acquis sur les ménages sont proportionnels à leurs revenus, comme la TVA.
L’ensemble de notre système fiscal dénombre trois impôts réellement progressifs. Il s’agit
tout d’abord d’IR, de l’IS et, enfin, de la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices Et
c’était dans la loi de finances 2021 que le gouvernement ait décidé de réinstaurer la
contribution sociale de solidarité sur le bénéfice net égal ou supérieur à un millions de
dirhams avec un taux progressif.
Globalement, l’imposition progressive sur les revenus des ménages, représentait 93 509
MDH sur les 217 716 MDH de recettes publiques recensées en 2019, soit 43 % du total.
SECTION IV : PRINCIPALES RECOMMANDATIONS POUR LA
REFORME FISCALE :

La réforme de la fiscalité marocaine doit moins concerner l’architecture générale qui


doit rester centrée sur les trois grands impôts qui sont la TVA, l’IR, et l’IS, que les textes les
définissant dans le détail et la pratique fiscale au quotidien. Les taxes locales doivent être
simplifiées, et leur base de calcul harmonisée. Les principales recommandations de la réforme
peuvent être articulées selon les sept axes suivants :
 Une fiscalité qui s’articule de manière forte avec les autres axes des politiques
publiques pour répondre aux objectifs de la justice sociale.
 Une juste répartition de la charge fiscale et la sauvegarde du pouvoir d’achat de la
classe moyenne.
 Une fiscalité qui permet de lutter contre la spéculation.
 Une fiscalité qui encourage le secteur productif et l’investissement.
 Une fiscalité qui permet de réduire le champ de l’informel.
 Une fiscalité qui prend en charge partiellement le financement de la couverture sociale
afin de ne pas augmenter la pression sur les salaires et les coûts du personnel.
 Une fiscalité permettant d’instaurer un climat de confiance entre l’administration
fiscale et les contribuables.
CONCLUTION :

L’impôt est un instrument au service du bien-être de tous les membres de la société. Il


est fondamental pour le développement d’un État moderne et solidaire. Il permet, comme on
le sait, de bénéficier de services publics essentiels comme l’enseignement ou la justice. Il sert
également à corriger la distribution inégale des revenus. Le Maroc, conscient de l’importance
de l’impôt, s’est doté d’un système fiscal qu’il espère solide mais celui-ci apparaît, à
l’analyse, plus ou moins efficace. Ce système a été réformé à plusieurs reprises dans le but de
le rendre encore plus efficient.
La principale réforme fiscale que le Maroc a connue, depuis son indépendance, remonte
aux années 1980. C’est une loi-cadre, promulguée en 1984 qui en précisa les objectifs et le
contenu. Par la suite, la réforme fiscale s’est déployée progressivement sur plusieurs années.
C’est ainsi que, successivement, entrèrent en vigueur la taxe sur la valeur ajoutée en 1986,
l’impôt sur les sociétés en 1988 et l’impôt général sur le revenu en 1990. La fiscalité locale,
pour sa part, fut également réformée en cette même année. En 2013, économistes et praticiens
ont émis des recommandations sur la fiscalité marocaine lors des 2èmes assises éponymes
visant à favoriser l’équité du système fiscal, la compétitivité des entreprises et le civisme
fiscal. Depuis cette date, les lois de finance mettent en application graduellement ces
nouvelles mesures. Toutefois en dépit de ces réformes, le système fiscal marocain présente
encore de nombreuses limites. Tout d’abord, il est resté marqué par une profonde instabilité
en raison des multiples dispositions introduites par les lois de finances qui se sont succédé et
qui, finalement, ont fait perdre lisibilité et cohérence à l’impôt. Ensuite, un comportement
d’incivilité fiscale et de non-acceptation de l’imposition reste largement répandu dans la
société.
Alors que le système est essentiellement déclaratif, une part significative de la
population des contribuables continue à ne pas déclarer spontanément ses impôts, et la
relation entre l’administration fiscale et les contribuables reste encore et souvent conflictuelle.
Ceci s’explique, notamment, en raison de la non-cohérence et de la complexité du système.
Mais cette situation n’est pas satisfaisante et elle s’inscrit en contradiction avec les efforts
importants de clarification et de simplification qui ont pu être déployés. Lors des troisièmes
assises nationales sur la fiscalité, qui se sont tenues en mai 2019, de nouvelles
recommandations ont été émises. Elles ont donné lieu à la préparation d’un projet de loi cadre
n° 69-19, en application des hautes orientations royales.
Ce projet de loi cadre s’est appuyé sur le rapport de la Commission spéciale sur le
modèle de développement, créée par le Roi Mohamed VI, le 12 décembre 2019. Il aura fallu
attendre plus de deux ans pour que ce projet soit enfin adopté, le 13 juillet 2021, par le
Parlement. Il entend marquer le début d’une nouvelle ère fiscale au Maroc en ce qu’il cherche
à assainir et à corriger certains dysfonctionnements résultant de l’ancien système. Le nouveau
projet de loi vise à instaurer un système fiscal « efficace, juste, équitable et équilibré qui
permet de mobiliser tous les potentiels fiscaux pour financer les politiques publiques,
promouvoir le développement économique et réaliser l’inclusion et la cohésion sociales ». Le
premier objectif de ce projet de loi est la mise en place d’un système fiscal juste et équitable.
Enfin, le projet de loi cadre tente de renforcer les mécanismes de lutte contre l’évasion
et la fraude fiscale grâce à l’instauration d’un système fiscal accessible, simplifié et objet de
mécanismes de contrôle renforcés. L’adoption du nouveau projet de loi portant réforme de la
fiscalité s’inscrit de la sorte dans une volonté de modernisation et de simplification du
système fiscal marocain. Jusqu’à présent, ce système n’a pas permis à l’économie de sortir de
la prédominance de la rente et n’a pas permis de venir à bout des inégalités. Au surplus, ce
système a été largement fragilisé par la crise économique due à la crise sanitaire. Cette crise a,
plus encore, mis en lumière les limites et les faiblesses structurelles du système fiscal
marocain. Le projet de loi cadre cherche ainsi à rectifier le tir et à consacrer des principes
visant à corriger certaines faiblesses.
Malgré son importance, la réforme reste, à notre sens, insuffisante ; seuls des
changements de comportement (du fisc et du contribuable marocain) pourront marquer un
tournant. Concernant le fisc, le Maroc doit réussir à combattre le fléau de la corruption. Le
contribuable doit comprendre que payer un agent du fisc pour échapper à la sanction est une
infraction encore plus grave que celle d’éluder l’impôt. Concernant le contribuable, le
paiement de l’impôt doit se faire « en pleine conscience » ; non pas pour échapper à une
sanction mais pour contribuer, de manière volontaire, à la couverture des dépenses générales
de l’État et des collectivités territoriales.
SECTION I : LE MAROC ET L’AFRIQUE POUR UNE MOBILISATION
NATIONALE D’ENVERGURE :

Le Maroc fort de son identité africaine : Le Maroc n’a cessé depuis son indépendance
de réaffirmer son identité africaine. Le Royaume occupe depuis plus de 50 ans une position de
leader au sein du continent. La coopération entre le Maroc et ses partenaires africains a connu
plusieurs temps forts.
D’abord celui de la coopération militaire, puis celui de la coopération politique, avant
d’entrer dans l’ère de la coopération économique depuis la fin des années 1990. Le volume
des échanges commerciaux entre le Royaume et les pays subsahariens est passé de 3.6
milliards MAD en 2000 à 11.7 milliards MAD en 2010.
Le Maroc est depuis quelques années le premier investisseur africain dans la zone de la
Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) et la zone de l'Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Cette place de choix qu’occupe le Maroc
au sein de la communauté africaine, en particulier en tant qu’acteur économique majeur en
Afrique de l’Ouest notamment, ne semble que peu souffrir de l’absence du Royaume de
l’Union africaine.
Pis, le Maroc qui a fait de sa politique africaine une somme de coopérations bilatérales,
négocie actuellement des accords de partenariats stratégiques, incluant la mise en place
progressive de zones de libre-échanges, avec l’UEMOA et la CEMAC.
La récente Tournée Royale, en février et mars 2014, dans quatre pays africains, a permis
de renforcer le rôle de locomotive économique que joue le Maroc sur le continent, et
notamment en Afrique de l’Ouest. La vision du Royaume, telle que portée par le Roi
Mohammed VI, est basée sur la particularité de la relation historique et religieuse entre le
Maroc et l’Afrique, et s’inscrit dans un schéma inédit construit autour des notions de co-
développement, de solidarité sud-sud renforcée et de forte dimension sociale. Cette
philosophie Royale, doit pouvoir être accompagnée d’une stratégie économique globale du
Maroc en Afrique.
La mise en valeur d’un grand nombre d’opportunités est aujourd’hui davantage une
question de volonté politique que de moyens. Dans un certain nombre de secteurs, des actions
simples et peu coûteuses de la part des pouvoirs publics locaux peuvent permettre de changer
les équilibres économiques en Afrique, de créer un nombre significatif d’emplois, et au
continent de progresser de manière décisive sur le chemin de la valeur ajoutée. Les
expériences multisectorielles du Maroc et l’expertise du Royaume en matière de
développement humain favorisent la mise en place d’un réel socle de partenariat Maroc-
Afrique responsable et durable, basé sur un véritable cadre de co-développement.1

 Un partenariat Sud-Sud agissant et solidaire :


La coopération renforcée entre le Royaume et le continent africain1 se matérialise sur
le plan politique par 30 visites officielles effectuées en 14 ans par le Roi Mohammed VI dans
des pays subsahariens. En une décennie, près de 3000 accords et conventions bilatérales, entre
le Maroc et ses partenaires africains, ont été signés et sont entrés en vigueur. Une quarantaine
de commissions mixtes ont été mises en place durant la même période.
Cette coopération érigée en Partenariat Sud-Sud, agissant et solidaire, repose sur
certains fondamentaux qui définissent la présence économique marocaine en Afrique : le
soutien au développement durable, la valorisation des compétences humaines et l’implication
croissante du secteur privé dans les efforts de transferts de savoir-faire et de partage
d’expertise et d’expérience. 2
 Parcours de la relation maroco-africaine
L’identité africaine du Royaume est clairement ancrée dans l’esprit de l’ensemble des
marocains. Elle est le fruit de liens civilisationnels multiséculaires unissant le Maroc à son
continent d’appartenance. Elle est faite d’histoire, de géographie, de brassages humains, de
valeurs culturelles communes et de liens spirituels ancestraux. C’est depuis le Maroc que
l’Islam s’est répandu en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel à travers les zaouïas et les
confréries religieuses telles que la Tariqa Tidjania et la Tariqa Qadiriya.
Le Maroc n’a cessé depuis son indépendance de réaffirmer son identité africaine. Le
Royaume place en effet son continent d’appartenance à la tête de ses priorités de
développement, et au cœur de ses préoccupations diplomatiques. Le Maroc a ainsi abrité en
janvier 1961, la Conférence de Casablanca, qui a rassemblé à l’initiative de feu le Roi
Mohammed V, les pères fondateurs de l’Unité Africaine. Cet événement d’envergure a réuni
pour la première fois les Chefs d’Etats des pays libérés alors du joug colonial, provenant
notamment du Ghana, du Mali, de la République Arabe Unie (Egypte), du Royaume de Libye
et du gouvernement provisoire de la République algérienne.
La « Charte de Casablanca » appelait à la mise en place d’institutions africaines
communes, à la consolidation de l’indépendance des « Etat africains libérés » et à
l’organisation de la coopération entre les Etats africains dans les domaines politique,
économique, social, culturel et militaire. Fort de cet engagement panafricain, feu le Roi
Hassan II, a tissé des liens privilégiés avec de nombreux dirigeants africains, en apportant
notamment un soutien important aux différents mouvements de libérations. 3
 L’Accélération de l’Histoire :

1
Les Investissements Directs Marocains en Afrique, Office des Changes, Mars 2014
2
https://media.africaportal.org/documents/EtudeCollectorLight.pdf
3
https://media.africaportal.org/documents/EtudeCollectorLight.pdf
A l’avènement du Roi Mohammed VI en juillet 1999, le parcours de la relation entre le
Royaume et les pays africains a entamé une nouvelle ère de coopération, celle de la
coopération économique Sud-Sud.4
Le premier symbole de ce nouveau regard porté par le Maroc vers l’Afrique se
matérialise en avril 2000, au Caire, lors du premier Sommet Afrique-Europe, par l’annonce du
Roi Mohammed VI, d’accorder l’annulation des dettes de nombreux pays africains vis-à-vis
du Royaume, ainsi que l’ouverture des frontières marocaines aux produits d’exportation de
ces pays. Le second symbole de cet intérêt, réside également dans le nombre de visites
officielles (une trentaine) effectuées par le Souverain marocain dans différents pays d’Afrique
subsaharienne. Ces déplacements ont permis de donner un nouveau souffle aux échanges
économiques et de facto de renforcer le caractère Sud-Sud des relations étrangères du
Royaume.
Ce rapprochement du Maroc avec un certain nombre de pays africains, a été suivi par un
élargissement du cadre juridique.

A titre d’exemple, la dernière Tournée Royale, en février et mars 2014, dans quatre
pays africains (Mali, Guinée, Côte-d’Ivoire et Gabon), a permis la signature de 91 accords,
incluant des accords intergouvernementaux et des accords Public-Privé. La multiplication des
axes d’actions des différents accords (coopération sectorielle, financement de projet,
4
Le positionnement économique du Maroc en Afrique, bilan et perspectives, Direction des Etudes des
Prévisions Financières, Ministère de l’Economie et de la Privatisation (Maroc), 2006
investissements, infrastructures, logistique et transport, cadre juridique, etc) illustre la
dimension globale de la vision du Maroc dans le cadre de sa coopération avec les pays
africains.
De haut niveau, accompagnant pour la première fois le Souverain, lors cette Tournée,
reflète l’importance stratégique pour les grandes entreprises nationales de développer leurs
activités en Afrique subsaharienne, tout en renforçant la volonté du Maroc de partager son
savoir-faire au service du développement humain en Afrique.
Cet engagement du Maroc en Afrique, a permis à de nombreux opérateurs économiques
nationaux, tous secteurs confondus, et désormais insérés dans l’action du Royaume dans le
continent et notamment en Afrique de l’Ouest, de se tourner vers le Sud pour y investir.
 Une vision centrée sur le Développement Humain :
Sur le plan humanitaire, le Maroc a apporté son aide à de nombreux pays victimes de
catastrophes naturelles ou de conflits militaires, notamment au Mozambique, au Burkina Faso
ou au Mali. L’exemple le plus frappant reste sans doute la famine qui a affecté le Niger en
2005 ; le Roi Mohammed VI a alors réalisé une visite dans ce pays pour exprimer sa solidarité
aux victimes. Le soutien du Maroc s’était alors matérialisé par l’implantation d’un hôpital
militaire de campagne et l’envoi de milliers de tonnes de denrées alimentaires. Ce schéma
d’aide humanitaire a été par la suite décliné dans plusieurs autres pays africains sinistrés.
Menée sous l’impulsion directe du Roi Mohammed VI, le modèle d’action marocaine
en Afrique, place l’humain au centre de ses préoccupations en s’appuyant sur les
fondamentaux historiques, économiques, et culturels.
Par ailleurs, le Maroc fait également bénéficier les pays africains d’une assistance
financière pour la réalisation de projets à caractère économique et social dans les secteurs
vitaux, tels que l’éducation, la santé, les activités agricoles et la gestion de l’eau. Au-delà
d’être un partenariat Sud-Sud, rompant avec la logique exclusive d’assistanat prônée par de
nombreux pays, le modèle marocain en Afrique épouse les contours d’un réel cadre du co-
développement.5
Le rapprochement entre le Maroc et le Mali :
Depuis la reconnaissance en 1980, par le régime de Moussa Traoré, jusqu’au début
des années 2000, le Maroc s’est contenté « d’un service minimum » de coopération avec le
Mali. La visite d’Etat du Président Konaré en juin 2000, a ouvert de nouvelles perspectives,
et ce malgré les obstacles politiques dus à la question du Sahara.
En solidarité et en soutien du Peuple malien, le Maroc a développé depuis une dizaine
d’années au Mali une coopération technique dans les domaines de l’agriculture, de la santé,
de l’urbanisme et de l’éducation, à travers l’accueil au Maroc d’une centaine de stagiaires
par an. Les opérateurs privés marocains se sont, nous l’avons vu précédemment, durablement
installés dans le tissu économique malien, tout particulièrement dans le secteur bancaire
(AWB, Banque Populaire, BMCE), les télécoms (IAM) et le transport aérien (RAM).

5
Le positionnement économique du Maroc en Afrique, bilan et perspectives, Direction des Etudes des
Prévisions Financières, Ministère de l’Economie et de la Privatisation (Maroc), 2006
Cette coopération a été renforcée dès le début de la crise malienne en mars 2012, et se
densifie notablement depuis avec notamment, une aide de 10 millions € apportée à l’armée
malienne et à la MINUSMA, la formation des 500 Imams maliens, et déploiement de l’hôpital
militaire de campagne à Bamako. La visite du Roi Mohammed VI en février 2014 au Mali a
permis d’ouvrir un nouveau chapitre positif et constructif dans les relations historiques et
séculaires entre les deux pays avec la signature de 17 accords et conventions.
SECTION II : AFRICA 2025 : LA FISCALITE AU SERVICE DE
L'EMERGENCE :

Afrique terre de défis : les multiples challenges d’un continent en émergence :


Stabilités et conflits : un continent qui inquiète et qui s’inquiète : Continent riche de
potentialités et de cultures, caractérisée par de fortes disparités, l’Afrique n’est pas une seule
et unique composante du système mondial : elle est composée d’ensembles régionaux aux
dynamiques propres et aux contrastes politiques, économiques et sociaux importants.
Malgré une baisse notable des conflits interétatiques, de nombreux observateurs
insistent sur une insécurité grandissante qui subsiste sur le continent africain. Celle-ci se
manifeste sous plusieurs formes : guerre civile, terrorisme, violences post-électorales,
développement de divers trafics - drogue, armes ou de personnes. L’évolution de la nature des
crises et des instabilités, les corrélations entre les formes de violences renforcent la nécessité
d’apporter désormais des réponses incluant la double dimension sécurité et développement.
Face à une rareté des ressources externes liées à l’aide au développement, le continent
africain est déterminé à prendre les choses en main. La mobilisation des ressources internes à
travers les recettes fiscales requiert une grande importance. Une équation des plus complexes,
si on prend en considération que le taux d’imposition ne devrait pas dépasser un seuil, au
risque d’évincer l’investissement et l’épargne privée.
L’Afrique, nouvelle zone de croissance, de prospérité, continent d’avenir. Des titres
qui abondent avec pour toile de fond, une mobilisation des ressources internes pour réussir la
croissance et amorcer l’émergence dans ce continent.
Quelle est la part de vérité dans ces affirmations pompeuses ?
La fiscalité joue un rôle essentiel dans les programmes d’action actuels pour le
développement. Ainsi, La fiscalité est imbriquée dans le domaine de formalisation des
activités économiques à la simulation de la croissance, via la promotion des petites et
moyennes entreprises et des activités d’exportation et d’importation. En menant une bonne
stratégie de politique fiscale, nos décideurs politiques peuvent promouvoir la croissance
économique et l’investissement. Le renforcement des taxes permettra à l’Afrique de mieux
définir sa politique budgétaire.
Lors de l’ouverture de la Conférence internationale sur la fiscalité, la consolidation et le
renforcement des capacités des états africains à Pretoria le 28 août 2008, l’ancien président du
groupe de la Banque africaine de développement (BAD), M. Donald Kaberuka, a déclaré que
l’indépendance fiscale est un pilier du développement de l’Afrique.
Les acteurs de cette conférence ont mis l’accent sur l’importance de la fiscalité pour
financer le développement. La fiscalité peut jouer un rôle inédit dans les États africains de la
zone franc, comme levier sur lequel ils peuvent s’appuyer pour impulser leurs projets
d’émergence économique.
La fiscalité peut être un stimulant de l’indice de développement humain en permettant
aux États de mobiliser des ressources pour investir dans la santé, l’éducation, le logement, la
protection sociale, la fourniture d’eau et d’électricité ou les infrastructures de transport.
Pour y répondre «Enjeux des politiques fiscales dans la transformation économique de
l’Afrique à l’horizon 2025», était la thématique débattue en long et en large, à l’occasion de la
conférence organisée lundi 23 novembre, par Media Partners et AllAfrica Global Media, par
des professionnels et opérateurs venus des quatre coins du continent pour concerter
sérieusement sur comment y garantir une dynamique de croissance soutenue et surtout
inclusive. Comme l’a si bien dit le Souverain à l’occasion du 3ème Sommet Inde-Afrique,
tenu récemment à New Delhi, «L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique».
Une déclaration empreinte de bon sens pour celui qui sait lire. Partant d’une telle
réflexion, les intervenants sont unanimes sur la mobilisation optimale des ressources internes
face à la précarité des ressources externes liées à l’aide au développement et l’insuffisance des
ressources naturelles. «A rappeler que le Continent ne manque pas de ressources
financières», déclare, à juste titre, Amadou Mahtar, président d’AllAfrica Global Media. Il
étaye ses propos par des chiffres, qui datent de mars 2015 : en Afrique, 3.000 personnes
disposent de 400 milliards de $ et 354 banques centrales ont à leur actif 600 milliards de $,
soit 1.000 milliards de dollars existent dans le continent. Mais, il faut avouer que les défis à
relever sont importants, si l’on prend en considération l’investissement intra-africain, qui reste
en deçà des attentes. En matière d’infrastructures, le Maroc est classé au 2ème rang après
l’Afrique du Sud. D’autres pays traînent lourdement le pas. Pour Yacine Fall, représentante
résidante à la Banque africaine de développement (BAD), la mobilisation des ressources
internes se veut désormais une des priorités des Etats africains.
 Recettes fiscales vs épargne :
Elle est consciente de la complexité de l’équation de la politique fiscale dans la mesure
où l’Etat est appelé à concilier entre la mobilisation des ressources internes et
l’encouragement de l’investissement. Mais elle est tout de même convaincue que la
rationalisation des dépenses publiques et des recettes permettra à notre continent d’achever
son développement et favoriser son émergence.
A son tour, Omar Faraj, Directeur général des impôts, qui a représenté le ministre de
l’Economie et des Finances a rappelé que durant la dernière décennie, l’Afrique a enregistré
une croissance oscillant aux alentours de 5%. Il revient également sur les réformes qui ont été
initiées, et qui augurent d’une bonne volonté politique nationale pour un développement win-
win.
Sur le plan national, les pouvoirs publics n’ont pas lésiné à mettre en place un système
fiscal, cohérent et équitable. Les mesures-phares mises en place consistent à mieux intégrer le
secteur informel, à simplifier la législation par le biais du régime des télédéclarations, à lutter
contre le régime dérogatoire, à renforcer le contrôle à travers une stratégie basée sur la gestion
des risques, à hisser le système fiscal national aux standards des normes internationales.
«Le leitmotiv est d’aboutir à un modèle de politique fiscale conciliant la baisse de la
pression fiscale et l’incitation à l’épargne et à l’investissement», affirme le Directeur général
des impôts. A noter par ailleurs que depuis les Assises sur la fiscalité, tenues à Skhirat en
mars 2011, la neutralité de la TVA est au coeur de ladite réforme.
Un aveu corroboré par Mamadou Fall Kane, conseiller économique et financier du
président de la République du Sénégal, qui considère le levier fiscal comme une alternative à
l’assèchement de l’aide publique au développement et à l’insuffisance des matières premières.
Il rappelle à ce titre que des efforts ont été accomplis au Sénégal pour financer le
développement et augmenter la capacité de mobilisation des ressources internes. Toutefois,
ces résultats restent maigres face aux défis à relever : une législation obsolète et inadaptée, un
faible niveau d’informatisation des services fiscaux, un régime dérogatoire…
Abdallah Boureima, commissaire chargé des politiques économiques et de la fiscalité à
l’UEMOA n’y va pas de main morte. Il met le doigt sur la pression fiscale, qui est mal
répartie aussi bien entre les ménages qu’entre les secteurs productifs, le poids important du
secteur informel, les dérogations qui biaisent la compétitivité, la faiblesse des moyens dont
dispose l’administration fiscale…
Des écueils qui nécessitent une bonne gouvernance à tous les échelons de la gestion des
finances publiques. En effet, si les intervenants se sont attardés sur les recettes fiscales, il ne
faut pas perdre de vue que les dépenses publiques constituent également un maillon important
de la chaîne. Faut-il rappeler que la dépense publique est mal gérée dans plusieurs pays
africains. Et pour cause, un Etat mauvais payeur, une corruption inquiétante… des anomalies
qui contribuent à la surévaluation des marchés publics et des dépenses y afférentes, et
alourdissent le déficit budgétaire.
 Le taux ronge l’assiette :
Il s’agit bel et bien d’Arthur B. Laffer, ancien Conseiller économique de Ronald
Reagen. Son intervention fut très provocante et suscita la réaction des représentants des pays
africains.
L’auteur de la courbe de Laffer considère que les taxes sont mauvaises en général.
D’après lui, les subventions allouées aux personnes qui ne travaillent pas, encouragent le
chômage.
Aussi, d’après-lui, si le Continent africain ne dispose pas encore de l’infrastructure
nécessaire, c’est justement parce que le secteur privé ne veut pas payer de taxes. C’est dire
que l’imposition dissuade les opérateurs à investir.
Laffer invite les administrations fiscales à utiliser les incitations positives et à traiter les
contribuables comme des clients. Il formule ainsi quatre recommandations :
• accorder moins de subventions possibles
• avoir un taux d’imposition bas qui couvre tous les secteurs
• instaurer un taux d’imposition faible avec une base très large et moins de tarifs
douaniers pour encourager un libre-échange gagnant-gagnant
• réduire le rôle de l’Etat pour éviter les dommages collatéraux.
Et pour résumer, il incite les pays africains à ne pas imiter les pays riches aujourd’hui,
mais durant leurs premières années de développement. Des recommandations, qui ont
provoqué une réaction chez les autres intervenants, qui les considèrent comme étant
inadaptées à la réalité du continent africain. A. Boukhriss, président de la commission fiscalité
au sein de la CGEM, estime que les recommandations de Laffer peuvent varier d’un pays à
l’autre et ne peuvent faire l’objet d’une recette universelle.
D’après lui, pour une mobilisation des recettes fiscales, il faut qu’il y ait des prérequis
tels que la déclinaison d’une politique fiscale pour donner de la visibilité aux opérateurs, un
vrai partenariat entre l’administration et le contribuable et une réglementation fiscale moderne
qui puisse donner les garanties nécessaires pour établir la confiance. Un point de vue
largement partagé par les autres représentants africains.
 Les dessous de la courbe de Laffer
L'idée que «trop d'impôts tue l'impôt» est ancienne : des économistes libéraux avaient en leur
temps déjà mené une réflexion sur ce phénomène, comme Adam Smith qui définissait le
phénomène en écrivant : «L'impôt peut entraver l'industrie du peuple et le détourner de
s'adonner à certaines branches de commerce ou de travail» et surtout Jean-Baptiste Say, qui
concluait «qu'un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte».
Mais il revient à l'économiste américain Arthur Laffer, à la fin des années 70, d'avoir tenté de
théoriser ce qu'il nommait «l'allergie fiscale», et de l'avoir popularisée (au point qu'elle est
évoquée dans le débat et les choix politiques), à l'aide de la courbe qui porte son nom.
La courbe de Laffer est une modélisation économique développée par des économistes de
l'offre, en particulier Arthur Laffer, fondée sur l'idée que la relation positive entre croissance
du taux d'imposition et croissance des recettes de l'État (l’État étant défini au sens large, c’est-
à-dire que le terme représente ici toutes les administrations publiques) s'inverse lorsque le
taux d'imposition devient trop élevé.
Lorsque les prélèvements obligatoires sont déjà élevés, une augmentation de l’impôt
conduirait alors à une baisse des recettes de l'État, parce que les agents économiques surtaxés
seraient incités à moins travailler (cela ne vaut plus la peine de travailler si la progression des
gains issus du travail diminue pour une unité supplémentaire de travail effectué).
SECTION III : LE MAROC : LA FISCALITE AU SERVICE DE
L'EMERGENCE :

Le Maroc est-il fiscalement émergent ? Le roi Mohammed VI a vanté le climat des


affaires et l'essor économique de son pays.
Le débat autour de l’émergence du Maroc est toujours d’actualité. Il oppose ceux qui
revendiquent au Maroc le statut de « pays émergent » et ceux, plus nombreux (3 patrons
marocains sur 4) qui estiment qu’il est toujours au stade de « pays en voie de
développement ». Les premiers appuient leur opinion par la dynamique que connait le Maroc
depuis la fin des années 1990 couronnée par des progrès fort louables sur les plans
économique, social, juridique, et institutionnel. Les seconds pensent qu’il est encore
prématuré de parler d’émergence dans le contexte marocain arguant du fait qu’il reste pas mal
d’efforts à fournir, notamment dans les domaines de la formation, de la recherche et
développement, de la gouvernance, de la transparence des affaires et de la justice.
Il y a donc divergence de perception de l’émergence résultant entre autres de l’absence
d’unanimité sur les critères définissant celle-ci. C’est que, faut-il le rappeler avec force,
l’émergence ne se réduit pas à des performances macro-économiques (taux de croissance, PIB
par habitant entre autres). Elle est pluridimensionnelle : économique, financière, humaine,
sociétale, culturelle et écologique. Elle se mesure certes à l’aune d’indicateurs quantitatifs,
mais elle est également d’ordre qualitatif. Malheureusement, plusieurs études ne prennent en
considération que les dimensions économique et financière.
Cela étant rappelé, mon propos ici n’est pas de prendre position en tranchant pour tel ou
tel camp, mais d’apporter ma contribution sur la question de l’émergence sous l’angle
fiscal en traitant du « niveau de développement fiscal » atteint par le Maroc, comparativement
aux pays développés et aux pays dits émergents.6
Dans ce domaine, un auteur américain, H. Henrichs, a procédé à l’analyse de l’évolution
des structures fiscales des pays à travers l’histoire en s’inspirant des « étapes de la
croissance » du prix Nobel de l’économie W.W.Rostow. Il en a distingué 5 phases :
la première se caractérise par l’importance des sources non fiscales (monopoles d’Etat)
et des impôts traditionnels assis sur la production agricole et le cheptel ;
au cours de la secondes’accroit la part des droits de douane du fait de l’ouverture des
économies sur l’étranger et du développement du commerce extérieur ;
la troisième est marquée par la réduction des impôts directs traditionnels qui reposent
essentiellement sur la propriété foncière et la production agricole ;

6
https://www.esca.ma/blog/le-maroc-est-il-fiscalement-emergent/
avec la quatrième phase, la part des impôts indirects réalise une augmentation
substantielle, conséquence d’un modèle de croissance basé sur la demande intérieure ;
enfin, avec la cinquième phaseon assiste à la prédominance des impôts directs qui
reposent sur les revenus, les bénéfices et le patrimoine.
Par conséquent, sur le plan fiscal, un pays est classé selon sa structure fiscale, c’est-à-
dire de la place qu’occupe dans ses recettes chaque catégorie d’impôts : sur la dépense, sur le
revenu, sur le patrimoine, etc. Ainsi, d’après cette « périodisation », le Maroc se trouverait
dans la quatrième phase.
En effet, l’analyse de l’évolution de la structure des recettes fiscales sur la période
1980-2014, retracée dans le tableau suivant, corrobore ce positionnement.7

Le choix des années retenues dans cette période n’est pas fortuit :
 1980 représente la fin du système fiscal mis en place au lendemain de l’indépendance
et précède la réforme fiscale de 1984 qui a mis en place le système actuel de quelques années
marquées par la sécheresse ;
 1991 est la première année après la concrétisation progressive de la réforme fiscale de
1984 (TVA en 1986, IS en 1987 et IR en 1990) ;
 2000 est l’année où furent entamés plusieurs chantiers de modernisation de
l’administration fiscale ;
 2014 est la dernière année où l’on dispose des recettes fiscales effectives publiées
annuellement par le Trésor marocain.
La principale conclusion à tirer de la lecture de ce tableau est le trend ascendant de la
part des impôts directs dans les recettes fiscales totales : ils représentent 43,7% des recettes
fiscales en 2014 contre seulement 25,5% en 1980 enregistrant un accroissement de 2 096%
sur la période considérée. A l’inverse, la part des impôts indirects (droits de douane, TIC et
TVA) qui prédominait en 1980 avec presque 65% n’en représente en 2014 que 47,4%.
Cette structure fiscale marocaine est presque identique, toutes choses étant égales par
ailleurs, à celle des pays membres de l’OCDE puisque les impôts directs représentent, en
moyenne, 39,6% des recettes fiscales totales collectées en 2014 par ces pays (33,7% des
impôts sur le revenu et le bénéfice et 6% de l’impôt sur le patrimoine).

7
Statistiques du Trésor marocain.
En comparaison, au Brésil et en Inde, pays classés émergents au vu de leurs prouesses
macro-économiques (croissance du PIB, attrait des investissements étrangers et niveau atteint
par les exportations), la part des impôts directs dans les recettes fiscales totales de ces pays est
respectivement de 28,52% et de 30,20%.
Ces progrès réalisés au Maroc en termes de recettes ont été accompagnés,
qualitativement, surtout depuis le début de la décennie 2000, par des actions de modernisation
de l’administration des impôts visant son adaptation aux mutations de son environnement
économique, dont notamment :
 l’institution d’un système déclaratif synthétique basé sur la confiance autour de 4
impôts : la TVA, l’IS, l’IR et les droits d’enregistrement et timbre ;
 l’harmonisation des procédures administratives et fiscales ;
 la réorganisation administrative selon le type et la taille des contribuables : personne
morale, personne physique ; professionnels, particuliers, grandes entreprises, TPME ;
 la formation des ressources humaines en management, communication, accueil et
utilisation des nouvelles technologies ;
 le déploiement d’un système d’information moderne ;
 la mise en place des télés services (télé déclarations et télépaiements).
Par conséquent et à la lumière de l’évolution de la structure des recettes fiscales au
Maroc ainsi que des améliorations qualitatives réalisées en matière d’administration de
l’impôt, je serai tenté d’avancer, surtout si les impôts directs consolident leur part, que le
Maroc est en passe de franchir la quatrième phase décrite ci-haut pour transiter vers la
cinquième. En somme, il serait « en cours d’émergence fiscale ».
Et pour avoir participé à maintes reprises à des congrès organisés par le CREDAF
(Centre de Rencontre Des Administrations Fiscales) dans des pays européens ou africains, je
peux affirmer que le système fiscal marocain devance de loin pas mal d’autres systèmes
africains et ressemble davantage aux systèmes occidentaux modernes sans pour autant
atteindre leur efficience ou leur niveau de civisme. Pour y arriver, beaucoup d’efforts et de
progrès restent à réaliser, notamment dans les domaines de :
 la consolidation des recettes par la transparence et le contrôle ;
 l’élargissement de l’assiette par la lutte contre le secteur informel ;
 la poursuite de la simplification des procédures administratives et fiscales.
SECTION IV : POUR UN MAROC EMERGENT : MEMORANDUM DE
70 PROPOSITION POUR UN NOUVEAU MODELE DE
DEVELOPPEMENT :

 RÉFORMER LE SYSTÈME DE SANTÉ : SANTÉ ET DÉVELOPPEMENT


DURABLE SONT INTIMEMENT LIÉS :

Instaurer une couverture sanitaire universelle (CSU) reposant sur l’exploitation des
technologies numériques (système de santé numérique) de sorte à permettre à tous
les citoyens d’accéder gratuitement aux services de soins de santé de base, ce qui doit
participer, à terme, à édifier un système de santé intégré reposant sur un système national des
données de santé, à gérer par une agence nationale des systèmes d’information de santé et
dont l’exploitation permettra de mieux suivre l’évolution de l’état de santé des patients,
d’améliorer la prévention et d’appuyer la recherche médicale.
Offrir la gratuité du traitement à tous les citoyens nécessitant une chirurgie d’urgence
ou un traitement contre le cancer, tous types confondus, vu le coût extrêmement cher des
opérations chirurgicales et des traitements anticancer conjugués à la gravité de la maladie et
ses conséquences multi-dimensionnelles sur la vie des malades sachant que l’accès aux soins
médicaux d’urgence est un droit inaliénable.
Revoir la réglementation du système d’évacuation sanitaire relatif aux qualifications
professionnelles exigées pour le personnel à bord, et à la modernisation et la maintenance du
parc ambulancier et des équipements y afférents.
Augmenter le taux de couverture en termes d’effectif du personnel sanitaire actif pour
les interventions en matière de soins de santé primaires en vue d’atteindre le seuil minimum
de 23 professionnels de santé (Médecins, infirmiers et sages-femmes) pour10.000 habitants
conformément aux exigences de l’organisation mondiale de la santé (OMS) afin de remédier à
la pénurie aigue dans ce sens, et dont le ratio national est de 7,3 médecins et de 9,2 infirmiers
pour 10.000 habitants selon les statistiques du ministère de la santé en 2017. À cette fin, à
côté de la création de nouvelles facultés de médecine, il faut augmenter la capacité d’accueil
des facultés de médecine et des centres de formation privée des personnels de santé existants
d’au moins 80%.8
Multiplier par 3 la densité de lits d’hôpitaux publics sachant que le ratio actuel, selon
les données de 2018, est de 9,9 lits par 10.000 habitants, pour envisager atteindre la moyenne

8
Conseil économique, social et environnemental, Les soins de santé de base : vers un accès
équitable et généralisé, 2013
mondiale de 27 lits par 10.000 habitants étant donné que la capacité litière mondiale ne cesse
de croître pour accompagner la croissance démographique.
Repenser la gestion des établissements hospitaliers en dispensant le personnel de santé
des tâches et des formalités administratives pour focaliser leurs efforts sur les services de
soins et ce en recrutant des secrétaires administratifs médicaux.
Instaurer des règles de bonne gouvernance aussi bien au niveau des prestataires de
soins appartenant au secteur public et privé qu’au niveau des établissements chargés de la
couverture médicale tout en renforçant les missions d’inspection et d’audit.
Améliorer sensiblement la situation pécuniaire du personnel de santé opérant dans les
établissements publics à travers une stratégie de rétention attrayante tout en imposant la
restriction légale du cumul d’emplois pour maintenir leur performance et prévenir
l’émigration massive des médecins marocains notamment vers l’Europe.
Adopter une politique incitative vis-à-vis du personnel de santé affecté dans les zones
rurales mal pourvues, les plus enclavées et les plus défavorisées à travers des primes
motivantes, des prises en charge en termes de logement et de transport, et des avantages de
congés alléchants
Mettre à niveau les infrastructures de santé publique et plus particulièrement le réseau
des établissements de soins de santé de base (ESSB), tant au milieu urbain qu’au milieu rural,
tout en remédiant au grand déséquilibre quantitatif et qualitatif de la répartition territoriale
interrégionale et infrarégionale à la fois en termes de structures de soins et de personnel
soignant.9
Appliquer la loi n° 10-03 relative aux accessibilités pour améliorer l’accessibilité des
établissements de santé publique (en termes de moyens d’information et de communication, et
d’environnement physique) pour faciliter la communication et l’accès aux personnes à
mobilité réduite, aux personnes avec déficience sensorielle et aux personnes en situation de
handicap intellectuel.
Mettre en place des mesures de lutte contre le marché noir de la santé, et plus
particulièrement la corruption pour l’accès aux soins médicaux dans les établissements
publics de santé. Ce secteur figure parmi les plus touchés par ce fléau généralisé au
royaume.10

Augmenter la part du budget de la santé en proportion du PIB pour atteindre la


moyenne mondiale des dépenses de santé ainsi que le ratio recommandé par l’OMS qui
s’établit à 9,9% du PIB au moment où les dépenses du Maroc à ce titre n’ont pas dépassé
5,2% du PIB en 2018 selon les statistiques du haut-commissariat au plan.11

9
Ministère de la santé, Enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF),
2018
10
Ministère de la santé, Livre blanc - Pour une gouvernance du secteur de la santé, 2013
11
Ministère de la santé, Stratégie sectorielle de santé 2012-2016, 2012
REFONDER LE MODÈLE ÉDUCATIF : L’ÉDUCATION EST LA BASE
DE DÉVELOPPEMENT DE LA SOCIÉTÉ :

1. Adopter une méthode d’enseignement disruptive en changeant de paradigme


pédagogique à travers le passage d’un système éducatif national caduque et rigide, reposant
essentiellement sur la mémorisation et une logique d’intrants (finalisation du programme
scolaire) à un système innovant et émancipateur, basé sur le développement des capacités de
raisonnement, d‘analyse et de créativité des apprentis et sur une logique de résultat (taux de
réussite, compétences cognitives et non cognitives acquises).
2. Appliquer la pédagogie alternative et plus particulièrement la pédagogie Montessori
comme méthode d’apprentissage généralisée au niveau des cycles maternel et primaire, dans
tous les établissements scolaires publics et privés, afin d’adhérer aux mécanismes naturels et
intuitifs de l’apprentissage humain et tirer profit, en même temps, du travail collectif au sein
des classes pour réduire les écarts de performance entre les élèves tout en exploitant leurs
capacités cognitives à leur plein potentiel.
3. Adapter en permanence la pédagogie d’enseignement et les curricula en tenant compte
des nouvelles avancées scientifiques en matière de neuroscience éducationnelle et de
pédagogie éducative ainsi que des recommandations des enseignants, et non pas
dépendamment des orientations politiques des partis en pouvoir quitte à hypothéquer l’avenir
des générations montantes.
4. Faire reposer le système éducatif national, à partir de la maternelle jusqu’au cycle
secondaire, sur une politique linguistique trilingue (Arabe, Anglais et Français) et ce à part
égale, tout en laissant la possibilité du choix optionnel d’apprendre la langue Amazigh,
deuxième langue officielle du royaume, à partir de la maternelle.
5. Instaurer une compétition nationale annuelle reconnaissant la performance et
récompensant les meilleurs enseignants par cycle d’études au niveau local, régional et
national pour encourager le corps enseignant à parfaire sa pédagogie d’enseignement.
6. Optimiser le rapport élèves/enseignant en limitant la taille des classes en primaire et en
secondaire à 20 élèves au maximum dans l’objectif d’améliorer sensiblement à la fois les
résultats scolaires des apprentis et le rendement des enseignants selon les normes et
recommandations en la matière.
7. Fonder un système de récompense de réussite scolaire permettant aux familles les plus
nécessiteuses inscrites au registre social national de bénéficier de primes financières
semestrielles dépendamment des résultats scolaires de leurs enfants, du primaire jusqu’au
secondaire.
8. Mettre en place et exiger la participation à des programmes de développement
professionnel et à des dispositifs de formation continue en pédagogie et psychopédagogie
d’enseignement non plus génériques mais bien personnalisés et ce pour tous les enseignants
des établissements scolaires publics tout en les comptabilisant dans le système de promotion
de grade.
9. Instituer des écoles publiques de loisirs post-école à accès ouvert et gratuit basées sur
le triptyque culture, sport et citoyenneté dans le but d’exploiter bénéfiquement le temps libre
des élèves et prévenir les actes de petite délinquance et d’addiction aux produits addictes tout
en participant à l’éducation d’une génération de citoyens instruite, cultivée et engagée.
10. Passer d’un système de rémunération caduc reposant sur l’ancienneté de l’enseignant à
un système basé fondamentalement sur le mérite, l’innovation pédagogique, le taux de
réussite en classe et l’encouragement à la performance.
11. Implémenter un système numérique quadripartite de mise en relation, d’évaluation et
de suivi entre les enseignants, l’administration scolaire, les élèves et les parents pour mieux
cadrer et faire réussir la scolarité des enfants.
12. Doter toutes les écoles publiques d’un système de soutien scolaire et de remédiation
dédié aux élèves en difficulté d’apprentissage dans l’objectif de lutter précocement contre les
lacunes et les difficultés scolaires dès le cycle primaire.
13. Investir massivement dans les outils technologiques et numériques, à partir de la
maternelle, que ce soit en termes de technologies pédagogiques ou de matières à enseigner en
initiant les enfants apprentis au monde du digital, de la robotique et de l’intelligence
artificielle.
14. Créer des classes scolaires intégratives et autres inclusives au sein de toutes les écoles
publiques au profit des élèves handicapés mentaux, psychiques et sensoriels pour faciliter leur
adaptation pédagogique, leur participation dans les activités de la vie sociale et relationnelle et
leur intégration au sein du milieu scolaire ordinaire.
15. Imposer la scolarité obligatoire à tous les enfants, y compris à ceux aux besoins
spécifiques, à ceux souffrant de difficulté scolaire et aux filles mariées à un jeune âge en
particulier dans le milieu rural et ce dès l’âge de 4 ans et jusqu’à l’âge de 17 ans dans un souci
d’élévation du niveau de scolarisation et de prévention de décrochage scolaire.12
16. Mettre en place dans toutes les écoles publiques, tous niveaux confondus, des cellules
permanentes d’accompagnement psycho-social aux élèves les plus vulnérables
psychologiquement et socio-économiquement afin de lutter contre le décrochage et l’échec
scolaire.
17. Permettre aux instituteurs retraités de dispenser des heures supplémentaires,
rémunérées par l’État, dans le cadre des programmes de soutien scolaire et de remédiation
organisés au sein des écoles publiques.

RÉFORMER LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE : LA RECHERCHE


EST UN ACCÉLÉRATEUR DE RÉFORMES :

1. Augmenter les dépenses intérieures de Recherche & Développement (DIRD) en


revoyant à la hausse le budget public alloué à la recherche scientifique de 0,8% (2017) à 3%
du PIB comme c’est le cas pour les pays investissant le plus dans la R&D, et l’associer à une
augmentation budgétaire annuelle systématique et ininterrompue.
2. Placer auprès de la cour des comptes, une commission permanente d’évaluation des
organismes de recherche récipiendaires des subventions publiques en vue d’effectuer un audit

12
Conseil économique, social et environnemental, Rapport annuel 2018, 2018
budgétaire régulier et un examen minutieux des résultats escomptés, corrélativement au rôle
joué par l’instance nationale d’évaluation relevant du conseil supérieur de l’éducation.13
3. Faire reposer les nominations aux postes de responsabilité dans les établissements
publics d’enseignement supérieur sur les compétences scientifiques et managériales des
candidats et non pas sur leur appartenance partisane et politique.
4. Encourager et généraliser dans tous les établissements d’enseignement supérieur
l’allocation de primes et de gratifications aux auteurs (Professeurs, Doctorants et
Postdoctorants) de publications indexées Scopus ou Web of Science et de brevets d’invention.
5. Doter les doctorants d’un statut professionnel de chercheur à part entière, ce qui
implique l’allocation d’une rémunération mensuelle fixe parallèlement aux primes de
publication en vue d’améliorer considérablement leurs conditions de travail ainsi que la
concrétisation de leurs recherches tout en luttant contre le taux alarmant d’abandon de thèse,
équivalent à 90%.
6. Revoir le processus de sélection des futurs doctorants en exigeant la maitrise de
l’anglais et l’interdiction du cumul d’activités professionnelles mis à part l’enseignement et la
recherche.
7. Augmenter la représentation des doctorants dans les conseils des universités et des
établissements à vocation scientifique pour qu’ils puissent défendre leurs intérêts et améliorer
continuellement leurs conditions de travail.
8. Revaloriser le statut de l’enseignant-chercheur, non revu depuis les années 90, pour
améliorer sa condition salariale tout en reprécisant ses droits et obligations au regard des
spécificités du contexte académique moderne.
9. Exiger la publication annuelle d’au moins un article indexé Scopus ou Web of Science
à tous les enseignants-chercheurs des universités publiques, tous grades confondus, sachant
que la moyenne annuelle actuelle des publications dans des revues indexées est de 0,47% par
enseignant.
10. Compter l’innovation pédagogique parmi les facteurs d’évolution de carrière des
enseignants chercheurs pour remédier à la caducité des méthodes d’enseignement et
d’évaluation actuelles.
11. Programmer des formations initiales et continues en pédagogie universitaire au profit
de tous les enseignants-chercheurs nouvellement recrutés tout en prévoyant des modalités
d’évaluation de la qualité d’enseignement par les étudiants.14

ACCÉLÉRER LA TRANSITION DE L’ÉCONOMIE INFORMELLE :


UN CHANTIER AUX BIENFAITS MULTIPLES :

1. Mettre en œuvre une politique publique transitoire intégrée et limitée dans le temps
incitant, avec une force obligatoire, tous les acteurs de l’économie informelle à déclarer leur
activité, en combinant incitations économiques, mesures préventives et sanctions effectives.
Cette politique devra être précédée et accompagnée d’une vaste campagne de communication
à l’échelle nationale.

13

14
Conseil économique, social et environnemental, Rapport annuel 2018, 2018
2. Simplifier et rationnaliser les procédures d’enregistrement tout en réduisant les coûts
de mise en conformité en mettant en place des guichets uniques d’assistance et de déclaration
à côté de dispositifs simplifiés de calcul et de paiement de l’impôt, des cotisations et des
contributions sociales obligatoires.
3. Faciliter l’accès des micros et petites unités économiques aux marchés publics à
travers des quotas tout en adaptant les procédures et les volumes des marchés et en
programmant des formations et des conseils sur la participation aux appels d’offres publics.
4. Monter des dispositifs de formation adaptés et accessibles aux anciens acteurs de
l’informel, pour les initier à la législation de travail, à la réglementation fiscale, à
l’entrepreneuriat et au développement des soft-skills.
5. Améliorer le système d’inspection de travail actuel en introduisant de nouvelles
cellules couvrant expressément les activités soupçonnées d’exercer dans l’économie
informelle. Ce dispositif de contrôle et de prévention peut être complété par le déploiement
d’une police économique.
6. Élaborer un régime fiscal allégé propre aux unités économiques récemment déclarées,
que ce soit en termes d’impôt ou de cotisations sociales.
7. Favoriser et faciliter l’accès aux services financiers tels que les crédits, les assurances,
les services de paiement et les mécanismes de garantie de sorte à ce qu’ils soient adaptés à la
taille et aux besoins des unités économiques nouvellement formellement enregistrées.15
8. Renforcer l’attractivité de l’emploi formel et les avantages économiques et sociaux
qu’il accorde à travers des campagnes de sensibilisation élargies.
9. Veiller à ce que les sanctions civiles ou pénales prévues dans le cadre de la politique
publique transitoire de l’économie informelle vers l’économie formelle en cas d’infraction
soient strictement appliquées.
10. Réduire substantiellement l’économie liquide (cash Economy) en encourageant le
paiement électronique (virement électronique, terminaux de paiement électronique, paiement
sans contact, paiement mobile et E-commerce) pour inciter à la déclaration formelle.
11. Assécher la contrebande et la contrefaçon en durcissant la législation y afférente et en
renforçant les mécanismes de contrôle au niveau des frontières, des routes, des commerces et
des dépôts.16

OPTIMISER LE MARKETING PAYS : INSTITUTIONNALISER ET


HARMONISER LA MAROC :

1. Instituer un établissement public chargé exclusivement d’instrumenter et de mettre en


convergence la vision et toutes les stratégies promotionnelles du royaume dont les atouts
intrinsèques sont notables et nombreux au regard de son capital immatériel et de son histoire

15
Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), L’économie informelle : impact sur la
compétitivité des entreprises et propositions de mesures d’intégration, 2018

16
Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), L’économie informelle : impact sur la
compétitivité des entreprises et propositions de mesures d’intégration, 2018
millénaire, à travers l’émission de recommandations stratégiques et de rapports de veille
stratégique et d’intelligence économique.
2. Impliquer et exploiter le potentiel qualitatif et quantitatif de la diaspora marocaine
dans le processus du nation branding à travers la création, via le ministère chargé des
marocains résidant à l’étranger, d’un réseau international de ressortissants marocains
mobilisés expressément à cet effet.
3. Modéliser et développer une ‘’Marque Maroc’’ compacte valorisant les atouts
multidimensionnels du royaume et impliquant aussi bien l’intégralité des acteurs publics que
l’ensemble des acteurs privés (entreprises et société civile) ainsi que la diaspora marocaine.
4. Accompagner la commercialisation et la promotion internationale des produits‘’Made
in Morocco’’ les plus compétitifs et les plus prometteurs.
5. Former les hauts responsables publiques aux fondamentaux et aux meilleures pratiques
du Marketing pays dès leur prise de fonction afin de prendre en considération, de manière
systématique, les enjeux promotionnels du royaume dans toutes leurs décisions.
6. Capitaliser sur les efforts soutenus et consentis en matière de candidature pour
l’organisation de manifestations évènementielles internationales et continentales (agenda
onusien, compétitions sportives, festivals culturels, congrès scientifiques, foires et salons
internationaux) dans le but de renforcer la visibilité du Maroc sur l’échiquier mondial.
7. Maximiser l’implantation des centres culturels marocains à l’étranger dans l’optique
de renforcer la dissémination de la marque Maroc et de mieux contribuer à la dynamique
culturelle des marocains résidant à l’étranger.
8. Financer et promouvoir la production de films, de documentaires, d’ouvrages, de
monographies et d’écrits qui font découvrir l’histoire et la culture marocaine en plusieurs
langues.
9. Faire des énergies renouvelables le principal secteur d’activité stratégique du royaume
tenant compte de ses potentialités, à la fois pour assurer une indépendance énergétique
permanente, pour réduire la facture énergétique 17et pour amorcer une exploitation industrielle
rentable à travers l’exportation d’électricité et d’hydrogène.
10. Implémenter une vraie fiscalité verte déclinée sous forme de mesures fiscales,
financières et réglementaires incitatives accompagnant la transformation énergétique au sein
du tissu économique marocain.
11. Considérer l’efficacité énergétique comme un critère de sélection parmi les termes de
référence des marchés publics tout en lui attribuant un coefficient significatif.
12. Encourager l’autoproduction énergétique en dotant les toits, les parkings aériens et les
surfaces inexploitées de tous les bâtiments publics (administrations, collectivités,
établissements et entreprises) de centrales photovoltaïques en autoconsommation.
13. Dupliquer les installations du projet du complexe solaire Noor Ouarzazate dans
d’autres régions à très fort potentiel solaire.
14. Restructurer l’administration du marché de l’électricité pour mieux accompagner la
transition énergétique du royaume et les perspectives économiques qui s’y profilent,
notamment en adoptant une loi réglementant tous les aspects de cette transition tout en
séparant juridiquement entre tous les acteurs du secteur (producteurs, transporteurs,
distributeurs et commerçants).

17
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02963309/document
15. Éliminer les entraves réglementaires à la commercialisation d’électricité sur les
réseaux de moyenne et basse tension et favoriser le développement d’acteurs dans le domaine
de la production et de la distribution des énergies renouvelables.
16. Mettre au point un programme de subvention pour le renouvellement du parc de taxis
dans ses deux catégories en véhicules électriques.
17. Remplacer progressivement les 152.957 véhicules de fonction composant le parc
automobile de l’État, toutes fonctions publiques confondues, par des véhicules électriques.18
18. Maximiser le recours aux voitures électriques en accordant des exonérations et des
réductions fiscales aux acquéreurs de véhicules propres (auto, moto, camion, caravane,
bateau).

18
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02963309/document
––
CONCLUSION :
Le Maroc, conscient de l’importance de l’impôt, s’est doté d’un système fiscal qu’il
espère solide mais celui-ci apparaît, à l’analyse, plus ou moins efficace. Ce système a été
réformé à plusieurs reprises dans le but de le rendre encore plus efficient. La principale
réforme fiscale que le Maroc a connue, depuis son indépendance, remonte aux années 1980.
C’est une loi-cadre, promulguée en 1984 qui en précisa les objectifs et le contenu. Par la suite,
la réforme fiscale s’est déployée progressivement sur plusieurs années. C’est ainsi que,
successivement, entrèrent en vigueur la taxe sur la valeur ajoutée en 1986, l’impôt sur les
sociétés en 1988 et l’impôt général sur le revenu en 1990.
La fiscalité joue un rôle essentiel dans le programme d’action actuel pour le
développement. Elle fournit un flux stable de recettes pour financer les objectifs de
développement, tels que la mise en place d’infrastructures matérielles et elle est imbriquée
dans de nombreux autres domaines de politique publique, qui vont de la bonne gouvernance à
l’intégration de l’activité économique dans le secteur formel en passant par la stimulation de
la croissance.
Dans l’ensemble, la politique fiscale établit le cadre dans lequel s’effectuent les
échanges et les investissements internationaux. Par conséquent, le principal défi pour les pays
africains consiste à trouver l’équilibre optimal entre un système fiscal qui soit favorable à
l’entreprise et à l’investissement, tout en dégageant suffisamment de recettes pour financer les
investissements publics qui contribuent au développement local et à l’attractivité des
économies.
Plus que jamais, les investisseurs du monde entier recherchent des pays qui se
distinguent par leur stabilité politique, économique, sociale, législative et réglementaire.
L'instabilité, quelle qu'en soit la cause, est crainte et décriée. Conscient que cette valeur rare
est l'apanage de son pays, le roi Mohammed VI a prononcé un discours offensif et rassurant.
Le Maroc a vocation, selon lui, à intégrer le club "des pays émergents", ajoutant que les
prochaines années seraient "décisives" pour ne pas manquer ce "rendez-vous avec l'histoire". 
Mohammed VI a adopté un ton résolument optimiste sur l'économie dupays : "Notre
modèle de développement a atteint un niveau de maturité qui l'habilite à faire une entrée (...)
méritée dans le concert des pays émergents", a-t-il dit. "L'économie nationale a connu une
transformation profonde dans sa structure et une grande diversification dans ses secteurs
productifs", a fait valoir Mohammed VI, selon qui le Maroc a réalisé ces dernières années "un
taux de croissance élevé et constant (...) en dépit des retombées de la crise mondiale".
BIBLIOGRAPHY :
 L'évaluation des entreprises; Méthodes et études de cas ; Legros, Georges ; Editeur:
Dunod ; Année de Publication: 2015 ; pages: 251.
 Analyse financière : Approche internationale CFA Ed. 2 ; Auteur: Philippe, Thomas ;
Editeur: RB édition ; Année de Publication: 2018
 Valorisation des entreprises : Corporate & Equity Valuation ; Thomas, Philippe;
Editeur: RB édition; Année de Publication: 2018
 DE LA CHAPELLE. PH, « L`évaluation des entreprise »,2eme, éd, édition
economica, Paris, 2004, p57.
 GENSSE.P« Ingénierie financière », 3eme, édition economica, Paris, 2004, p57.
 Guide pratique d’évaluation des entreprises-p.vizzavona ATOL Edition 1988.Page 19
 Le commissariat aux apports et les méthodes de l’évaluation-OECCA et CNCC page
81.
 REFAIT. M, « L`évaluation de l`entreprise », presse universitaire de France, 1994,
p70
 REFAIT. M, Op.cit., p77.
 SAIDI. A, « Méthodes d`évaluation d`entreprise : Le cas des entreprises algériennes
cotées en bourse »[en ligne], mémoire de master en mathématiques financières,
université de Boumerdes, 2017, p29format.PDF.
 TCHEMENI. E, « Evaluation des entreprises », édition economica, Paris, 1993, p10.
 L'évaluation des entreprises; Méthodes et études de cas ; Legros, Georges ; Editeur:
Dunod ; Année de Publication: 2015 ; pages: 251.
 Analyse financière : Approche internationale CFA Ed. 2 ; Auteur: Philippe, Thomas ;
Editeur: RB édition ; Année de Publication: 2018
 Valorisation des entreprises : Corporate & Equity Valuation ; Thomas, Philippe;
Editeur: RB édition; Année de Publication: 2018
 Fusions-Acquisitions Ed. 2 ; Auteur: Philippe, Thomas ; Editeur: RB édition ; Année
de Publication: 2018
 Synthèse du diagnostic financier et recommandation | la capitalisation boursière ; page
189

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