Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
(DESCOGEF)
Cours de Fiscalité
Avril 2013
1
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Sous Module I
L’impôt fait tellement partie de notre vécu social que Maurice Cozian s’est autorisé à dire : Les impôts
existent, ils sont de tous les temps et de tous les lieux, il est donc inutile d’épiloguer sur l’existence d’une
société sans impôt.
En effet, l’impôt est ancien et remonte depuis l’antiquité. Déjà les pharaons utilisaient l’impôt comme
moyen de couverture des dépenses de la dynastie. L’empire romain y a eu recours. Les mercantilistes
ont utilisé les droits de douane comme moyen privilégié de la mise en œuvre de leur politique
économique. De même Colbert à utiliser l’impôt pour mettre en application sa politique commerciale.
Avec la naissance de l’Etat moderne, naquirent également de nouveaux concepts qui ont véritablement
transformé la notion d’impôt qui devient principalement la manifestation des autorités publiques, donc
l’affaire des gouvernements.
C’est en 1930 que Gaston Jèze proposa la première définition de l’impôt 1. Ainsi écrit –t- il : l’impôt est
une prestation pécuniaire requise des particuliers par voie d’autorité à titre définitif et sans contre partie,
en vue de la couverture des charges publiques.
La contribution de John Maynard Keynes 2 a permis une meilleure prise en considération du rôle de
l’Etat bien au delà des ses responsabilités régaliennes traditionnelles. En effet les enseignements tirés
de la crise économique des années 1929 a renforcé le rôle de l’Etat devant les charges de plus en plus
importantes et urgentes auxquelles il devrait faire face. Il fallait alors améliorer cette définition de
manière fondamentale. C’est ainsi que l’impôt devient non seulement un moyen de couverture des
charges de l’Etat mais aussi un moyen de régulation économique et sociale. Keynes érige l’Etat comme
acteur économique de premier plan ; on passe désormais à un impôt justicier chargé de corriger les
inégalités sociales, mais surtout à un impôt régulateur, moyen de politique économique.
I / FONDEMENTS DE L’IMPOSITION
Les fondements de l’impôt s’appuient sur deux principes majeurs qui ont pour non l’universalité et la
territorialité de l’impôt.
Il convient des lors de souligner l’impôt est fondamentalement une manifestation de la souveraineté de
l’Etat. Cette souveraineté trouve son fondement dans la manifestation de la volonté générale, exprimée
par la loi, par les représentants des citoyens.
Du principe d’universalité se dégage le principe de l’égalité devant l’impôt. En effet aucun privilège ne
peut être consenti en matière fiscale à la seule exception de ceux autorisés par la loi qui seule peut
déroger au principe d’universalité.
1
Cours de Finance Publique - 1930-31
2
Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie - 1936
2
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Les cas que l’on peut citer à titre d’exemple sont les conventions internationales dont l’objet est souvent
d’éviter la double imposition ou aller dans le sens de créer un marché unique. Pour l’union économique
et monétaire ouest africaine (UEMOA) la convergence des politiques fiscales doit en ce sens beaucoup
aider à une meilleure application du système comptable oust africain (SYSCOA).
Il y a aussi le cas des exemptions accordées aux économiquement faibles et les avantages fiscaux
accordés dans certains pays de l’union au régime du code des investissements. Enfin le bénéfice du
statut de l’entreprise franche d’exploitation qui a pour objet principal, la stimulation de l’investissement, la
création d’emploi et la relance de la compétitivité par les exportations.
La notion de territorialité évoque l’application de la loi fiscale dans l’espace. En effet, c’est l’évidence car
un Etat ne peut exercer son droit fiscal qu’à l’intérieur de son territoire national.
Le principe de la territorialité veut également que la loi fiscale s’applique de semblable manière sur
chaque point du territoire national.
Selon Duverger « les systèmes fiscaux sont des constellations dont les impôts sont les étoiles » On en
déduit alors que c’est l’ensemble des différents impôts et des procédés techniques utilisés pour leur
application qui détermine le système fiscal. Ainsi entendons-nous par structure fiscale, l’ensemble des
impôts existants et leurs poids respectifs dans les recettes fiscales globales.
Evoquer la notion de critère du point de vue fiscal conduit à plusieurs interrogations dont nous retenons,
ces deux principales :
Il convient dés lors de préciser que chaque Etat choisit selon les principes fondamentaux de sa politique
économique et sociale et aussi en fonction du poids organisationnel de son administration fiscale son
système fiscal.
Nombre de critères universels sont plébiscités, mais retenons en les plus rependus, qui sont d’une part
l’équité, la neutralité, l’efficacité de l’impôt et d’autre part la liberté de gestion fiscale et ses limites
Ce critère stipule que la répartition de la charge fiscale doit être équitable. Autrement dit chaque citoyen
doit payer sa juste part. Du fait que les revenus individuels sont différents chaque citoyen doit contribuer
selon sa capacité contributive.
Ainsi cette capacité contributive est fonction de revenu du contribuable (personne au nom duquel la
dette d’impôt a été juridiquement établie), de sa fortune et du niveau de sa consommation. Cela implique
donc une progressivité de la charge fiscale en fonction des besoins à satisfaire en tenant considération
de la situation du foyer fiscal et de situation personnelle du contribuable.
3
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Le critère de neutralité stipule qu’un bon système fiscal ne doit pas provoquer de charge fiscale
excédentaire, il doit minimiser toute répercussion négative sur l’allocation des ressources. Les impôts ne
doivent pas donc provoquer des distorsions dans les choix économiques.
Face à cette contrainte, il en résulterait que l’impôt est rarement neutre, car tout impôt entraîne un effet
revenu ou un effet de substitution. Le prélèvement de l’impôt contribue à exercer des effets sur la
consommation, la production et les revenus. Il modifie la structure de la demande globale, c’est à dire sa
répartition en bien de consommation et bien d’investissement mais permet à l’Etat d’agir sur la fonction
de production en stimulant les facteurs capital et travail. Sur ses considérations la neutralité’ de l’impôt
devient un idéal ou même une illusion.
L’efficacité fiscale est la technique qui contribue à une meilleure utilisation des recettes fiscales. Pour
assurer l’efficacité d’un système fiscal on peut se placer à deux niveaux.
Donc l’idée d’un taux plafond préconisé par les physiocrates, en passant par Proudhon et Colin Clark est
une mesure pour éviter la fraude, l’évasion fiscale et ou le développement de l’économie souterraine.
Cette considération, certes pertinente devrait aussi inclure la nature d’un système fiscal dans une
économie, sa structure, le mode de prélèvement des impôts, les recours et la probité de l’administration
fiscale qui en grande partie influent sur le degré d’acceptabilité de l’impôt par les citoyens. Une structure
fiscale efficace doit permettre un maximum de rendement avec un minimum de mécontentement pour
ainsi parler comme un Chancelier de l’Echiquier en Grande Bretagne.
Par principe, l’administration fiscale n’a pas à s’immiscer dans la gestion de l’entreprise, elle n’a donc
pas à porter de jugement sur la qualité ou les résultats même médiocres de la gestion financière ou
commerciale. C’est alors aux dirigeants d’entreprise qu’ils appartiennent de prendre les décisions de
gestion. Et il est illusoire face à deux solutions possibles de choisir la plus coûteuse devant l’autre plus
économique. Il est donc de bonne gestion fiscale de retenir la solution qui génère les coûts fiscaux les
plus faibles.
Cette façon de faire est conforme aux principes de la liberté de gestion de l’entreprise. Mais comme
toute liberté celle ci n’est pas absolue et il existe bien des limites à ne pas dépasser. Ainsi deux
4
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
pratiques sont mises en cause par le fisc : il s’agit de la théorie de l’abus de droit et l’acte de gestion
anormal.
L’abus de droit consiste à élaborer des montages dans le seul but d’éluder l’impôt. C’est le péché des
surdoués en fiscalité selon Maurice Cozian. Cette pratique frise la malhonnêteté. Et par procédure de
répression des abus de droit, l’Administration fiscale a la possibilité de procéder aux redressements et
d’écarter le montage mise en place, de calculer l’impôt sur l’opération frauduleuse et d’y ajouter une
amende sans compter les intérêts de retard de paiement.
C’est l’acte qui consiste pour le contribuable de faire supporter à l’entreprise une perte ou une charge
qui par sa nature ou son montant n’est pas justifié par l’intérêt de l’exploitation. Les conséquences
fiscales d’un acte anormal de gestion peuvent être redoutables car de telles opérations contraires à
l’intérêt social, constituent généralement des infractions pénales tels les abus de biens sociaux en abus
de crédit social.
La théorie de l’acte anormal de gestion s’applique en matière d’imposition des bénéfices. Il peut revêtir
de plusieurs formes à savoir, calculer exagérément le salaire versé à un employé ou imputer des
libéralités consenties à des parents ou amis non-membres de l’entreprise.
Le phénomène le plus spectaculaire dans le domaine de la fiscalité à la fin du siècle dernier, est la
montée très rapide de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA. Jamais dans l’histoire de la fiscalité, un impôt
n’aura été aussi convoité que la TVA qui du reste est le noyau de la fiscalité indirecte interne.
Actuellement la TVA est au cœur du système fiscal de près de 130 pays et produit en moyenne le quart
des recettes fiscales mondiales. Dans l’UEMOA, la seule TVA constitue plus de deux tiers (2/3) les
recettes fiscales internes.
La TVA, connue comme un impôt neutre en ce sens qu’elle n’est pas un élément de charge pour
l’entreprise dans le principe général, est perçue sur toutes les ventes de biens et de services
marchands à chaque stade de la production.
Il convient de signaler que cet impôt, au sens financier, n’influe pas négativement sur le résultat car
les entreprises ont la possibilité de déduire la TVA supportée et payée, des montants facturés sur leur
propre vente. La TVA appréhende donc les transactions du début à la fin du processus d’exploitation.
La première apparition de la TVA reconnaissable en France est en 1948. Elle s’est répandue
rapidement dans les économies industrialisées et en Amérique latine où le Brésil a été le premier à
adopter cette taxe en 1967.
Dans certain pays de l’union comme le Sénégal, la réforme majeure intervenue en 1990 généralise la
TVA aux prestations de services à l’exception des opérations bancaires pour lesquelles il est institué une
taxe spéciale dénommée Taxe sur les Opérations Bancaires (TOB).
La TVA est un impôt qui s’apprécie et parfois même dans son application certains pays en optant pour la
généralisation de cet impôt n’ont pas établit de seuil d’assujettissement qui est d’une importance
pratique (art 15, 16 et 17 de la directive 02/98/CN/UEMOA).
5
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Une étude du FMI rapportée dans la revue Finance et Développement publiée par le FMI avance que la
faiblesse du seuil d’assujettissement est considérée comme une cause essentielle de l’échec de la TVA
au Ghana lors de sa première introduction en 1995 (le seuil d’assujettissement avait été fixé à 20 000$,
contre 75 000 $ lors de sa réintroduction réussie en 1999.
C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles la TVA a failli échouer en Ouganda lorsqu’elle a été mise
en place en 1996 (le seuil initial de 20 000$ a été relevé ensuite à 50 000$)
La question est de savoir si la TVA donne de moins bons résultats que les autres options disponibles.
En effet bien qu’étant un impôt liquide car payée lors de la déclaration, la TVA fait aussi l’objet de
plusieurs controverses en matière de répartitions.
La TVA est l’impôt qui permet le mieux de minimiser les distorsions économiques tout en mobilisant des
ressources substantielles et stables. Elle constitue donc une forme de fiscalité neutre d’un point de vue
économique. La TVA n’amoindrit pas la compétitivité des exportations qui sont exemptes de toutes
charges au titre de la TVA si cette dernière est d’application générale sans rupture de « chaîne ».
- La TVA n’implique aucune charge fiscale sur les exportations qui sont assujettis au taux zéro. De plus
les exportateurs peuvent imputer la TVA supportée en amont ou en demander le remboursement.
- La TVA est neutre vis à vis du degré d’intégration des entreprises entre elles : à valeur ajoutée
égale, la charge fiscale est identique pour une entreprise ou pour une « chaîne » d’entreprises
spécialisées. Elle ne crée donc pas d’effet de cascade.
- La TVA n’entraîne aucune protection puisque les importations supportent au titre de la TVA la
même charge fiscale que les productions locales.
Cependant, en raison de leur achèvement, les systèmes de la TVA appliqués dans les pays africains
conduisent à des distorsions économiques graves. Ainsi, souvent diverses productions et services ne
sont pas inclus dans le champ d’application de la TVA ; la TVA acquittée sur les intrants devient alors
une charge définitive.
Les systèmes de TVA adoptés par les pays africains présentent trop de lacunes (restrictions de champ
d’application, règle du butoir) souvent d’une grande complexité qui créent un handicap important
paralysant les avantages potentiels de la TVA et autres impôts indirects assimilés qui devraient
constituer, en raison de ses qualités, le fondement de toute la fiscalité.
L’analyse de cette idée n’est pas complexe dans la mesure où le coût économique de perception des
recettes est faible en matière de TVA. Ceci entraîne toutes choses égales par ailleurs, un accroissement
du PIB résultant de l’augmentation des recettes fiscales.
De plus la TVA joue une fonction catalyseuse de recette budgétaire. C’est un véritable pourvoyeur de
ressources car elle représente dans l’UEMOA prés de 30% des recettes budgétaires.
6
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
La TVA constitue aussi 10% du PIB pour les pays de l’OCDE, 11% pour les pays de l’Europe Centrale et
des Etats Baltiques, 8% pour la Russie et en moyenne 4% pour l’UEMOA.
Devant cette efficacité remarquable il n’en reste pas moins que la TVA ne prend pas en considération le
critère social au regard des autres impôts. Par exemple quel que soit votre niveau de salaire vous payez
au même prix que les autres votre entrée au stade, votre paquet de cigarettes sans pour autant le sentir
à cause de l’effet d’anesthésie fiscale que connaît cet impôt.
Bref la TVA peut être un bon moyen pour accroître de manière efficiente les recettes fiscales, à condition
d’être bien conçue et bien appliquée. Mais le problème de l’équité se pose surtout au niveau de
l’interprétation que l’on apporte sur le système d’exonération prévu à savoir le régime des entreprises
franches d’exportation.
Ces exonérations dans l’UEMOA sont en général liées aux produits, d’où cette notion d’exonération
n’est est limitée qu’aux seuls biens corporels. Alors qu’avec l’avènement de la mondialisation les
services occupent une place non négligeable. Donc si seuls les bénéficiaires de ces exonérations sont
les exportateurs de produits, il n’en reste pas moins que les prestataires de services qui contribuent
activement à l’amélioration de la balance des paiements soient complètement pénalisé.
Il s’agit des facteurs qui ont pour but de constituer l’impôt et de déterminer le domaine où celui-ci est
applicable.
Pour la détermination des éléments constitutifs de l’impôt, nous faisons recours à la formule de Lucien
Mehl 3 : « Tout impôt atteint une matière imposable en personne d’un contribuable, à l’occasion d’un
événement ou d’une situation qui constitue le fait générateur ».
Lucien Mehl définie la matière imposable comme « l’élément et la richesse économique dans lesquels
l’impôt prend directement ou indirectement sa source ». Ainsi la matière imposable dans sa diversité
peut être :
- Un bien, comme le cas par exemple d’un immeuble frappé de droit d’enregistrement à l’occasion
d’opération de location ou de cession.
- Un service lorsqu’il est grevé de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
- Un produit, au même titre que le service mais en y adjoignant les taxes spécifiques.
- Un revenu, lors de sa constitution ( IR ou IS ), de même lors qu’il est dépensé (TVA).
- Un capital auquel on applique des droits de succession ou un impôt sur le capital.
- Une opération comme en matière de la TVA.
Il s’agit de la base sur laquelle l’impôt est assis, on peut aussi l’appeler assiette. Cette base constitue la
donnée chiffrée sur laquelle on doit appliquer l’impôt. On parle alors de base imposable.
Il convient de distinguer la matière imposable de la base imposable. Ainsi du point de vue de la TVA par
exemple, la matière imposable est le produit ou le service alors que la base imposable est le prix de ce
produit ou service.
3
Lucien MEHL – Sciences et Techniques Fiscales / Temis 1959
7
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Aussi, pour une même matière imposable, la base imposable peut être différente : c’est le cas d’un
immeuble par exemple. En cas de location, la base imposable est la valeur locative lorsqu’il s’agit de
contribution foncière sur les propriétés ou les revenus encaissés pour l’impôt sur le revenu foncier. En
cas de cession, la base imposable aux droits d’enregistrements est le prix de vente ou prix d’aliénation
La liquidation de l’impôt consiste à calculer le montant de l’impôt, il s’agit d’appliquer le tarif à la base
imposable. Certains impôts comportent un ou plusieurs tarifs tels l’IS et le régime privilégié du code des
investissements. D’autres sont calcules selon un barème progressif ou dégressif.
Il s’agit de la personne sur laquelle pèsent les obligations et les charges fiscales. A cet effet on note
plusieurs vocables pour designer la personne imposable.
IV.4.1- Le contribuable
Le contribuable est la personne au nom de qui la dette d’impôt a été juridiquement établie. On distingue
le contribuable légale qui supporte juridiquement le poids de l’impôt et le contribuable réel appelé aussi
redevable.
IV.4.2 - Le redevable
Il s’agit du collecteur d’impôt. Par exemple en matière d’impôt sur les traitements et salaires, le
contribuable de droit et de fait est le salarié, c’est le contribuable légale. Le redevable est l’employeur,
car il opère la retenue à la source ensuite il est tenu de la verser au Trésor public sous peine de
sanction.
IV.4.3 - L’assujetti
En matière de taxe sur les chiffres d’affaires (TCA) notamment la TVA, on a tendance à utiliser le terme
assujetti. Ce terme est aujourd’hui entendu dans un sens plus large que celui du redevable ou du
contribuable. On peut énumérer les assujettis à la TVA en citant les producteurs et les commerçants
revendeurs en l’état, les prestataires de services, les importateurs…
Le fait générateur est l ‘événement (le phénomène, l’opération ou la situation) qui donne naissance à la
dette fiscale ou le fait par lequel sont réalisées les conditions légales nécessaires pour l’exigibilité de
l’impôt.
L’exigibilité est définie comme le droit du Trésor public de faire valoir auprès du redevable, le paiement
d’impôt. Ce fait générateur ne coïncide pas toujours avec l’exigibilité de l’impôt.
Le fait générateur et l’exigibilité peuvent coïncider par exemple en matière de TVA au franchissement du
cordon douanier à l’importation. La TVA exigible est payée au moment du fait générateur.
8
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Par ailleurs, pour toutes les autres opérations passibles de la TVA, les deux notions ne coïncident pas.
L’exigibilité intervient à un certain délai après la naissance du fait générateur. La TVA est due avant le
15 du mois suivant celui de la naissance du fait générateur.
La grande majorité des économies du monde ont adopté un système d’impôt multiple pour des raisons
de politiques économiques et fiscales plus efficaces. Maurice Allais (prix Nobel d’économie en 1988)
oriente ses recherches vers la notion d’impôt dominant. Il s’agit de substituer aux impôts sur le revenu
actuels un impôt dominant sur le capital, de rendement équivalent.
Pareilles orientations ne peuvent être que partielles, mais pas absolues dans les systèmes fiscaux des
gouvernements. A cet effet la multiplicité des impôts conduit à étudier des classifications traduites selon
différentes approches.
Cette classification est la plus ancienne et la plus courante, elle correspond à une forme d’organisation
administrative. On distingue les impôts directs, les impôts indirects et les impôts d’enregistrement et de
timbre.
Les impôts directs sont perçus par voie de rôle nominatif permettant l’établissement de l’impôt à partir
d’un document établi par l’administration fiscale au nom de chaque contribuable et portant mention de la
matière imposable et du montant du. Du point de vue technique l’impôt direct est permanent et le fait
générateur intervient à une date fixe définie par l’administration fiscale.
Les impôts indirects et les impôts d’enregistrement et de timbres sont assis et recouvrés par
l’administration fiscale. Ces impôts peuvent être perçus sans qu’il ait recours par voie de rôle nominatif.
Il s’agit des impôts qui frappent les actes intermittents traduisant l’emploi de ressource à l’occasion
d’opération de production, de consommation et d’échange de biens (TVA, droit d’enregistrement)
Pour cette classification on distingue les impôts sur le revenu, les impôts sur la consommation et les
impôts sur le capital. Cette classification permet de mieux appréhender l’élément économique sur lequel
la contribution est assise
Les impôts sur le revenu s’identifient par le fait qu’ils frappent le revenu lors de sa constitution avant
même qu’il ne soit dépensé. Les impôts sur le revenu peuvent etre définis en fonction de la catégorie de
revenu du contribuable (fonciers, commerciaux et industriels, salariaux, mobiliers,) il n’en reste pas
moins que l’imposition est générale sur le revenu. L’IR est annuel, il est constitué de d’impôts
proportionnels et progressifs.
Le revenu des sociétés est constitué par leur bénéfice imposable, il s’agit de l’impôt sur les sociétés (IS).
Les impôts sur la consommation appréhendent le revenu au moment où il est dépensé. A titre
d’exemple, nous citons la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). L’impôt sur la consommation est d’un très
bon rendement, grâce à son application générale à la quasi-totalité des ventes de biens et services.
9
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
L’impôt sur le capital frappe la transmission sur détention du patrimoine, il est perçu de manière
irrégulière. Il s’agit en général des donations entre vifs et des droits de succession. On y associe très
souvent la vignette, les contributions foncières.
En Afrique, la plupart des les impôts d ‘Etat sont constitués de l’IR, de la taxe professionnelle, de la TVA
et taxes assimilées et des droits d’enregistrements et de timbres.
Les impôts locaux sont perçus au profit des collectivités locales, ils sont composés en général du foncier
sur les domines bâtis et non bâtis et de la taxe foncière. On y ajoute aussi la taxe sur les ordures
ménagères (TOM), la contribution des patentes et la licence.
L’impôt réel frappe le revenu ou le bien sans tenir considération de la personnalité du contribuable. Dans
la catégorie de ces impôts on cite principalement la TVA.
L’impôt de quotité comporte un tarif déterminé d’avance et s’applique sur toute la base imposable mais
son produit dépend souvent de la situation économique. Les impôts concernés peuvent être la TVA, l’IR
et l’IS
L’impôt de répartition est en général prédéfini, ensuite sa masse repartie sur l’ensemble des
contribuables en fonction des éléments imposables. Son rendement étant connu d’avance, le taux
résultera alors de la répartition. L’impôt de répartition est le propre des impôts locaux.
10
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Sous Module II
La taxe sur le chiffre d’affaires est un terme générique désignant un système de fiscalité indirecte
frappant l’ensemble des opérations réalisées par une entreprise. Il est incontestable que seul un
système de TVA caractérisé par le mécanisme de déduction fiscale et de surcroît neutre et
professionnel présente les caractéristiques d’une fiscalité moderne.
Il s’agit de distinguer les opérations et les personnes imposables, la territorialité et les exonérations en
matière de TVA.
De façon générale, la TVA est due sur les opérations prenant la forme soit d’une livraison matérielle ou
juridique de biens meubles corporels ou de travaux immobiliers soit celle d’une prestation de service.
L’opération imposable par nature est une affaire faite entre deux personnes distinctes moyennant une
contrepartie quelconque.
Par contrepartie quelconque il faut entendre une contrepartie en espèce ou en nature. On conviendra
qu’il y a des difficultés certaines à définir parfois une affaire, c’est pourquoi le législateur en vertu de
l’autonomie du droit fiscal confère la possibilité aux agents de l’administration fiscale d’appliquer leur
matière propre aux actes qu’ils examinent sans s’attacher aux indications données par la partie
versante.
De façon générale, la TVA est due sur les opérations prenant la forme soit d’une livraison matérielle ou
juridique de biens meubles corporels ou de travaux immobiliers soit celle d’une prestation de services.
L’opération imposable par nature est une affaire faite sous forme d’une livraison ou de prestation de
services et qui relève d’une activité économique autre que celles de l’agriculture et du travail salarié.
Ainsi il faut entendre une affaire au sens d’une opération économique entre deux personnes distinctes
moyennant une contre partie quelconque.
Par contrepartie quelconque il faut entendre une contrepartie en espèce ou en nature. On conviendra
qu’il y a des difficultés certaines à définir parfois une affaire, c’est pourquoi le législateur en vertu de
l’autonomie du droit fiscal confère la possibilité aux agents de l’administration fiscale d’appliquer leur
matière propre aux actes qu’ils examinent sans s’attacher aux indications données par la partie
versante.
11
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Il convient d’étudier pour cette rubrique les livraisons à soit même et les opérations d’importation
Il s’agit uniquement des livraisons à soi-même par une personne physique ou morale qui procède à des
opérations d’extraction, de fabrication, de façon, de présentation commerciale ou de travaux immobiliers.
L’imposition de la livraison à soi-même s’explique par le désir d’assurer une neutralité fiscale entre les
différents circuits économiques. A défaut d’imposer les livraisons à soi-même une entreprise trouverait
un avantage fiscal à fabriquer elle-même un bien dont elle a besoin plutôt que de l’acquérir sur le
marché.
C’est une innovation introduite au Sénégal par la loi 2004-12 du 6 février 2004. La prestation de service
à soi-même est une opération par laquelle, un assujetti obtient de son activité principale un service
provenant de biens ou de moyens lui appartenant.
L’imposition n’est exigée que pour les prestations de services effectuées à titre gratuit au profit de tiers
et plus généralement à des fins étrangères à l’entreprise, notamment pour les besoins privés de ses
dirigeants, ou de son personnel. Il convient de préciser que les prestations de services à soi-même
faites par les assujettis pour leur besoins de leur exploitation, ne sont pas recherchées en paiement de
la TVA.
Il s’agit des prélèvements effectués parles commerçants sur leurs stocks destinés à la vente à des fins
d’exploitation ou au profit de tiers à titre gratuit.
La base d’imposition pour cette opération est constituée par le coût de revient des biens prélevés
Les importations
L’opération d’importation quelque soit son objet est imposable ; qu’il y est ou non transfert de propriété,
que l’opération soit réalisée à titre onéreux ou gratuit. L’impôt devient exigible au moment où le bien est
introduit dans le territoire douanier. Lorsque les marchandises sont placées sous régime suspensif, la
TVA n’est exigible que lors de la mise à la consommation.
Il peut être paradoxal qu’une personne exonérée d’impôt demande l’autorisation d’en être assujetti. C’est
pourquoi la loi fiscale a prévu l’assujettissement par options.
L’exonération d’une opération au cours d’un circuit de production ou de commercialisation aboutit à une
certaine pénalisation pour l’entreprise qui réalise l’opération exonérée car il ne peut alors récupérer par
voie d’imputation la TVA qui leur a été facturée.
Il y a lieu de noter que la perte du droit à déduction se traduit par une surcharge en termes de trésorerie.
Il y a aussi d’autres raisons qui peuvent pousser l’entreprise pour son assujettissement à la TVA :
- La possibilité de facturer la TVA aux clients qui pourront la récupérer.
- Le prorata de déduction est d’autant plus élevé qu’il y a d’opérations taxables.
12
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Est assujetti à la TVA toute personne physique ou morale qui réalise une opération imposable soit par
nature, soit par détermination de la loi, soit par option. On distingue les producteurs, les commerçants
grossistes, les importateurs et bien d’autres assujettis.
On distingue les producteurs directs, les producteurs indirectes et les producteurs particuliers
Le producteur indirect est la personne qui fait assurer la représentation commerciale ou qui effectue un
acte de production pour son compte mais par un tiers :
- Soit en fournissant tout ou une partie des matières nécessaires à l’élaboration du produit,
- Soit en lui imposant de techniques résultant de brevet ou formule dont il possède la jouissance.
- Soit en se réservant l’exclusivité de la vente.
- Soit en faisant apposer sa propre marque sur les biens vendus si ceux-ci on été à un prix supérieur à
celui des objets similaires, non revêtu de sa marque.
Les sociétés effectuant à titre habituel des opérations de crédit-bail consistant exclusivement en des
locations d’immeubles, d’équipements spécialement achetés par le bailleur en vue de cette location et
dont les bailleurs demeurent propriétaires sont assujettis à la TVA lorsque ces opérations quel que soit
leur dénomination donnent au locataire la faculté d’acquérir en fin de contrat tout ou partie des biens
loués moyennement un prix.
Il convient de préciser que les sociétés de crédit-bail doivent se consacrer exclusivement aux opérations
définies ci-dessus.
Avec la libéralisation du commerce dans la plupart des économies africaine, il est difficile pour le
législateur de donner une définition purement commerciale suivant deux critères :
13
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Est réputé importateur toute personne physique ou morale qui fait franchir des biens au cordon
douanier, la base d’imposition est constituée par la valeur CAF des dits biens majorés des droits de
douanes.
Exemple : Une Société de bois a importé des matières premières ayant une valeur CAF d’un montant de
5 000 000F pour lesquels elle a acquitté des droits de douane de 2 000 000F.
La TVA supportée est calculée sur une base égale à 5 000 000 + 2 000 000
Soit 7 000 000. Donc TVA égale 7 000 000 x 18% = 1 260 000F.
Ce sont de manière générale les professionnelles qui réalisent des affaires de nature industrielle,
commerciale ou non commerciale, autre que les biens corporels. On peut citer à titre d’exemple :
Les intermédiaires de commerce, les agences d’affaires, les hôteliers, les restaurateurs, les experts, les
agences de location mobilière et immobilière etc…
En pratique, il s’agit de toute personne réalisant de façon indépendante et en dehors de tout contrat de
travail une opération imposable.
Il s’agit des personnes physiques ou morales autorisées, à opter pour le paiement de la TVA.
Il s’agit essentiellement des personnes physiques ou morales agissant pour le compte d’un tiers;
autrement dit les personnes ayant procuré au tiers le moyen de réaliser une opération imposable dans
une économie considérée. Les redevables dont il est question n’acquittent pas l’impôt à leur nom propre,
mais pour le compte de leur commettant, de leur employeur ou pour le compte de l’entreprise étranger à
qui ils ont procuré le moyen de réaliser une opération taxable au Sénégal. La taxe est donc considérée
comme acquittée par la personne réalisant pour son compte des opérations imposables dans la pays
considéré.
I.2 - La territorialité
Le droit fiscal est d’application territoriale. C’est en matière de fiscalité indirecte que ce principe trouve
son sens et toute sa rigueur et suivant la hiérarchie des normes. Les conventions internationales
s’imposent à la législation interne. Il faut toutefois noter qu’en matière de taxe sur le chiffre d’affaires il y
a moins de conventions internationales.
La définition des ventes en matière fiscale est sensiblement différente de celle en matière civile. La
définition est en effet plus large en ce sens qu’elle ne prévoit pas seulement le paiement d’un argent.
L’échange est par exemple considéré comme une double vente.
Les ventes sont réputées faites dans un pays donné lorsque la livraison des biens corporels s’effectue
dans ce même pays. Le lieu de livraison s’entend de celui où la délivrance juridique doit s’effectuer.
Les prestations de services constituent une catégorie résiduelle. Tout ce qui n’entre pas dans la
définition fiscale de vente tombe en général dans les prestations de services.
14
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Le critère de la territorialité en ce qui concerne les prestations de services est donc celui du lieu
d’utilisation du service et non celui d’exécution du service. Un service exécuté au Sénégal mais utilisé à
l’étranger échappe à la TVA.
Les opérations qui entrent dans le champ d’application de la TVA ne sont toutes imposées. Celles qui
ne sont pas recherchées en paiement de la taxe sont dites exonérées.
Certaines exonérations sont conditionnelles c’est à dire subordonnées à l’usage d’une formalité comme
le visa en exonération de taxe (formalité du visa), d’autres par contre sont directes et ne font appel à
aucune formalité.
L’exemption à l’opposé de l’exonération porte sur des opérations qui sont en dehors du champ
d’application. En matière de TVA, ce sont les activités agricoles et les activités salariées qui sont
exemptées.
- l’activité agricole exemptée concerne celle effectuée par le paysan et porte sur une utilisation
importante des moyens de production (matériel ou humain) .
- L’activité ne doit pas être le fait d’une société à forme commerciale et ne doit être similaire à celle
effectuée par les industriels.
- L’activité salariée s’entend de l’activité de celle effectuée par une personne qui est dans un état de
subordination vis à vis de son employeur.
Voir annexe
15
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
L’assiette correspond aux éléments sur lesquels l’impôt est prélevé. Elle est constituée du montant total
effectif du prix demandé par le vendeur en contre partie de la livraison du bien ou de la prestation de
services.
Autrement dit, en matière livraisons de biens et de services l’assiette est constituée par la contrepartie
obtenue ou à obtenir par le fournisseur ou le prestataire pour ces opérations de la part de l'acheteur, du
preneur ou d'un tiers ;
En matière d’importation, l’assiette est obtenue par la valeur en douane majorée des droits et taxes
perçus à l’entrée, à l’exception de la Taxe sur la Valeur Ajoutée elle-même.
D’une manière générale nous retenons la démarche pratique d’une opération de vente
- Les frais accessoires à la vente qui constituent une charge d’exploitation de l’entreprise, même s’ils
sont facturés distinctement au client. Il s’agit par exemple des frais d’emballage, de transport,
d’assurance, de cautionnement, etc., demandés aux clients en sus de la livraison ou de la prestation
fournie.
- Les frais fiscaux de toutes natures rattachés à l’opération tels les taxes parafiscales ou spéciales, les
droits de douanes, taxes sur les produits pétroliers etc..
- Les compléments de prix acquittés par l’acheteur à savoir les majorations pour faible facture ou délai
rapide d’exécution
- Les frais à la charge de l’acheteur réglés par lui-même à une autre personne que le vendeur,
lorsqu’ils se rattachent au contrat conclu entre l’acheteur et le vendeur.
- La TVA ;
16
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
- Les frais à la charge du client, relatifs à un contrat indépendant de l’opération de la vente et règle
directement par ses clients
- Les frais et taxes que le fournisseur a avancé pour le compte de son client auquel il réclame le
montant exact ; à savoir droit de timbres etc ;;
- Les sommes versées à des intermédiaires agissant en vertu d’un mandat explicite du client à
condition qu’elles soient remboursées sur un décompte détaillé et justifiant ces dépenses;
- Les réductions de prix (escompte, rabais, ristourne) d’une affaire taxable entraîne une diminution de
la base imposable. La réduction doit bénéficier intégralement au client et faire l’objet de facture
rectificative (lorsqu’elle est accordée après délivrance de la facture).
La liquidation de la TVA est l’opération par laquelle on applique le taux de TVA à la base déterminée.
Les Etats membre de l’Union fixent un taux de taxe de la valeur ajoutée applicable pour l’ensemble des
opérations imposables.
Ce taux est compris entre 15 et 20%. Art 19 Dir. 02/98
Ce sont les articles 23 24 et 25 de la Dir. 02/98 qui consacrent le fait générateur et l’exigibilité de la Taxe
sur la Valeur Ajoutée, il convient en ce sens d’en faire une étude plus entendue
Par contre pour les livraisons à soi même le fait générateur intervient dans la première utilisation du
bien.
S’agissant des livraisons de biens, le fait générateur et l’exigibilité de la taxe interviennent au moment où
la livraison est effectuée.
S’agissant des prestations de service, c’est l’accomplissement des prestations qui constitue le fait
générateur.
En matière d’importation, le fait générateur coïncide avec l’exigibilité, il en est de même pour les
opérations soumises au précompte. Pour ce qui est des autres opérations, elle est située dans le mois
qui suit le fait générateur, au plus tard le 15
I.2.2 - L’exigibilité
L’exigibilité de la taxe est constituée par le droit dont dispose le Trésor des Etats membres pour exiger
du redevable, à une date donnée, le paiement de la taxe. Elle est engendrée par le fait générateur, c’est
le moment à partir duquel la TVA peut être réclamée par le Trésor public.
En cas d’établissement d’une facture avant que des livraisons de biens ne soient effectuées, la taxe
devient exigible au moment de l'émission de la facture.
Dans la pratique la notion d’exigibilité est la plus importante car elle présente un double intérêt :
Pour l’entreprise fournisseur l’exigibilité fixe la période au titre de laquelle elle est redevable de la taxe.
Par ailleurs en ce qui concerne les loyers c’est l’encaissement du montant du loyer il en est de même
pour les opérations de crédit-bail, les prestations téléphoniques et les opérations soumises au
précompte.
17
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
La neutralité de la TVA est conférée par le mécanisme de déduction qui consiste pour le fournisseur
redevable de la TVA, à imputer du montant de la TVA collectée, sur celui facturée par ses fournisseurs.
Le principe est que la TVA qui a grevé les éléments du prix de revient d’une opération imposable est
déductible de la TVA applicable à cette opération.
Cependant il est loisible de faire une distinction entre déduction physique et déduction financière ; les
déductions physiques portent sur les biens de stocks (les matières premières, produits semi-finis), quant
aux déductions financières elles portent sur des biens d’investissements mobiliers et immobiliers neufs
et les travaux immobiliers.
Le droit à déduction prend naissance lorsque la taxe est exigible chez le fournisseur des biens et
services. Pour les importations, le droit à déduction prend naissance lors de la mise à la consommation.
Ainsi, toute TVA facturée à l’entreprise, à quelque titre que ce soit ouvre droit à déduction, il n’en
demeure pas moins que la déduction est subordonnée à un minimum de conditions et à des modalités
particulières)
La règle de la nécessité
Les biens ou services doivent être nécessaires à l’exploitation et être engagés dans l’intérêt de
l’exploitation. Cette condition doit être interprétée de façon large et ne vise qu’à exclure les dépenses
excessives.
La règle de l’affectation
Les biens ou services doivent être utilisés pour la réalisation d’opération imposable à la TVA. Le fisc
n’accorde de déduction que s’il est certain que l’opération finale est taxée de la TVA.
Lorsqu’une entreprise a à la fois, des opérations taxables et non taxables, seules celles qui sont
taxables doivent bénéficier de la déduction.
L’art 33 de la Dir. 02/98 rapporte que les biens et les services qui sont utilisés par un assujetti pour
effectuer à la fois des opérations ouvrant droit à déduction et des opérations n'ouvrant pas droit à
déduction, la déduction n'est admise que pour la partie de la taxe sur la valeur ajoutée qui est
proportionnelle au montant afférent aux premières opérations.
Il convient dans ce cas de déterminer un pourcentage ou prorata de déduction.
Au numérateur le chiffre d’affaires taxable, ajouté des exportations, des livraisons faites à des
entreprises bénéficiant de régime franc, des opérations financées sous forme de dons et de subventions
non remboursables et des ventes des entreprises agrées au code des investissements.
18
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Illustration :
Considérons N, les éléments du numérateur et D, les éléments du dénominateur
Au cours de l’année 2005 la société sénégalaise des Emballages a réalisé les opérations suivantes,
telles qu’elles apparaissent au détail du compte production vendue des soldes significatifs de gestion.
TAF : Déterminer la TVA déductible par la Société Sénégalaise des Emballages sachant que le compte
TVA supportée déductible présente un solde de 50M.
Solution :
Le principe est simple l’assujetti doit justifier le montant dont il demande la déduction. Les assujettis
peuvent donc déduire la TVA que dans la mesure où elle figure sur un document justificatif ; cela peut
être la TVA qui figure sur les factures d’achat délivrées par leurs fournisseurs « dans la mesure où ces
derniers étaient légalement autorisés à la faire figurer sur les dites factures ».
Les factures doivent faire apparaître distinctement l’identification du client, le prix hors TVA des biens
livrés ou services rendus, le montant de TVA, le cas échéant les indications des options des exercices
ou des autorisations accordées en matière d’exigibilité de la TVA ;
La TVA doit également figurer sur un document douanier pour les importations ;
La TVA doit être mentionnée sur la déclaration de la taxe due par l’entreprise pour une livraison à soi
même ;
Notons cependant que si les principes sont simples, leur application suscite souvent des difficultés ;
c’est le cas avec les factures erronées et factures fictives.
19
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Les assujettis à la TVA sont autorisés à déduire chaque mois, la TVA sur leurs opérations taxables du
même mois, la taxe figurant sur leurs factures d’achat ou acquittée à l’importation des matières
premières ou des biens vendus en l’état.
La déduction est effectuée de façon globale. Cette opération s’effectue au moment de l’établissement de
la déclaration du chiffre d’affaires à partir des informations comptables. Deux étapes sont nécessaires
pour déterminer le montant de la TVA due :
Première étape
Il convient de recenser et de cumuler la TVA facturée à l’entreprise par ses fournisseurs, sachant que la
TVA n’est déductible pour l’entreprise que s’il elle est exigible chez le fournisseur.
Deuxième étape
La TVA supportée déductible est soustraite de la TVA exigible
Si le solde est positif le montant est versé au Trésor ; s’il est négatif il constitue un crédit de TVA qui
sera reportable sur la TVA des mois suivant ; sans toute fois dépasser un délai de deux ans à compter
de la date de la facture, de l’importation ou de la livraison à soi même. (Applicable au Sénégal)
Par ailleurs l’art 39 de la Dir.02/98 stipule que les assujettis qui effectuent des livraisons de biens autres
que celles résultant de la revente en l’état peuvent obtenir, sur leur demande, remboursement des
crédits de TVA dont ils disposent à l’issue d’un semestre civil.
Les assujettis qui réalisent, pour plus de la moitié de leur chiffre d’affaires annuel, des opérations
soumises au prorata de déduction peuvent obtenir, sur leur demande, le remboursement des crédits de
TVA dont ils disposent à l’issue d’un bimestre civil. La même faculté est ouverte aux assujettis qui
acquièrent des biens d’investissement ouvrant droit à déduction pour une valeur supérieure à 40 millions
de FCFA TTC au cours du bimestre concerné.
Les assujettis agréés suivant les dispositions du code communautaire des investissements peuvent
obtenir, sur leur demande, le remboursement des crédits de Taxe sur la Valeur Ajoutée dont ils
disposent à l’issue d’une période de déclaration.
En outre l’art 40 de la directive dispose que les Etats membres ont la faculté de subordonner le
remboursement à la constatation d’un montant minimal de crédit qu’ils déterminent. Ce montant ne doit
toutefois pas excéder un million de FCFA.
Le pourcentage applicable au cours d’une année civile est déterminé provisoirement soit en fonction des
recettes réalisées l’année précédente, soit en fonction des recettes en cours par extrapolation. Dans
tous les cas, la déduction définitive est régularisée en début de l’année suivante en fonction du
pourcentage définitif. L’opération de régularisation devra donner lieu soit à des reversements du
différentiel de taxe, soit à des déductions complémentaires.
La régularisation n’est toutefois opérée que dans la mesure où le pourcentage de déduction a varié de
plus de deux points d’une année à l’autre.
La règle du prorata de déduction ne s’applique qu’en ce qui concerne les déductions financières.
20
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Elle signifie qu’on ne peut déduire plus que l’on a collecté sur une même matière imposable. Cette règle
du butoir s’applique en matière de déduction physique sur les matières premières, les produits semi-finis
et finis.
Toutefois la règle du butoir ne s’applique pas sur les opérations d’exportations ou assimilées, de même
que les livraisons en zone franche ou opération entrant le code de marché financier sous forme de
subventions non remboursable.
Il convient de souligner que la règle du butoir ne s’applique que lorsque la différence entre la TVA
collectée et la TVA supportée déductible procède d’une différence de base et non de taux.
Exemple: Soit un stock de marchandise acquis à 1000 000F et revendus à 900 000F en appliquant un
taux de TVA de 18%
En cas de régularisation, le redevable devra soit reverser un complément de taxe, soit bénéficier d’un
complément de déduction.
er
Exemple : Soit une camionnette acquise par une société le 1 octobre 2002 à 12 millions HTVA et cédé
à 15 millions le 31 janvier 2004.
On obtient alors 1 584 000F à reverser au titre de la régularisation. La société délivre alors une
attestation au cessionnaire (celui qui achète) pour lui transmettre le droit à déduction.
Il convient de préciser aussi que les biens amortissables et totalement amortis ne sont pas régularisés.
La prolifération des exonérations de droits de douane, de taxes indirectes internes, de l’impôt sur les
sociétés et des impôts sur les revenus constitue une des causes majeures du rétrécissement de
l’assiette fiscale en Afrique. Ces exonérations proviennent de mesures spécifiques en faveur
21
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
d’opérations financées par de l’aide, de franchises pour effets personnels, de codes d’investissements,
de conventions. A ces exonérations prévues par les textes, et donc partie intégrante des systèmes
fiscaux, s’ajoutent des ‘’exonérations exceptionnelles’’ ou ‘’exonérations ad hoc’’ discrétionnaires,
attribuées selon des critères souvent peu rationnels.
Ces exonérations, qui concernent les différentes catégories d’impôts surtout en matière d’impôt
indirecte, constituent à la fois un symptôme du dysfonctionnement de la fiscalité et une cause majeure
de l’inadaptation du système fiscal. Elles sont à l’origine de distorsions particulièrement défavorables au
développement économique.
Dans de nombreux pays, l’exonération permet à son bénéficiaire d’échapper en grande partie à des
contrôles multiples voire à un harcèlement dont l’objectif est souvent d’obtenir des avantages personnels
pour le contrôleur. Dans certains cas, l’exonération offre une certaine protection contre des pratiques
illégales et arbitraires (Police économique, etc..).
Notamment dans le cas de la TVA, le plus souvent seule l’incapacité de l’Etat à remplir ses
engagements financiers justifie l’octroi d’exonérations. Une filière exportatrice ne peut qu’être
désavantagée par l’octroi d’exonérations de TVA soit sur les intrants, soit sur les équipements car on
risque de créer des phénomènes de rémanence fiscale consécutifs à la rupture de la ‘’chaîne’’ de TVA.
Malgré ce désavantage, les entreprises font souvent pression pour être exonérées car elles ne
souhaitent pas prendre le risque d’accumuler des crédits de TVA impayés par l’Etat.
A l’exception des régimes suspensifs de droits en faveur des activités exportatrices, les exonérations
portant sur les droits de douane ont pour principale justification le caractère excessif des taux
d’imposition qui provient d’ailleurs largement de l’importance des exonérations. Ainsi, au Sénégal,
affirme Gérard CHAMBAS4 « le manque à gagner lié aux exonérations est du même ordre de grandeur
que les recettes douanières effectives ». Afin d’obtenir des recettes suffisantes, les autorités sont donc
contraintes d’appliquer des taux d’imposition élevés qui suscitent à la fois une demande d’exonération et
la fraude.
L’octroi d’exonérations devient alors indispensable pour la survie des entreprises. Si ces dernières sont
orientées vers l’exportation, elles ne peuvent supporter des taux d’imposition élevés sur leurs
consommations intermédiaires ; si elles sont tournées vers le marché intérieur. L’exonération devient
alors un moyen pour résister à la concurrence de la fraude nourrie par les taux de taxation excessifs.
Grâce aux exonérations, les anomalies du système fiscal deviennent admissibles pour les contribuables
les plus influents. Les entreprises concentrent leurs efforts pour bénéficier d’exonérations qui leur
permettent de se résigner devant des distorsions qui seraient intolérables en l’absence de mesures
dérogatoires.
4
Fiscalité : Développement en Afrique subsaharienne – Ed Economica, 1994
22
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Sous Module IV
Certains produits de consommation (alcool, thé, tabac, café…) peuvent être l’objet de taxations
substantielles dont l’objectif est bien évidemment d’alimenter les caisses de l’Etat mais également de
réduire, par une majoration de prix, des consommations entraînant des effets externes négatifs.
Afin de ne pas compliquer le système de TVA en instituant des taux particuliers pour ces biens, il a paru
préférable d’appliquer des droits d’accises. Ces droits d’accises, s’ils sont limités à des biens tels que le
tabac, les alcools, les matières grasses ne présentent pas d’inconvénient majeur tout en produisant des
ressources souvent substantielles. Cependant, la fraude ou le détournement des consommateurs vers
des substituts non taxés (par exemple, substitution de la consommation de bière artisanale à la bière
industrielle au Burundi) réduit les possibilités de prélèvement. Des considérations d’équité sociale
peuvent inciter aussi à limiter l’imposition de produits consommés, parfois de manière importante, par
des catégories de populations défavorisées.
Dans certains pays, le champ d’application des droits d’accises est excessivement étendu. Ainsi, au
Madagascar, les droits d’accises (taxe à la consommation) s’appliquent à environ 200 biens dont de
nombreux intrants. Ces droits sont à l’origine de phénomènes de rémanence fiscale et nuisant ainsi à la
compétitivité des productions locales.
I/ PRESENTATION
Certains produits de consommation peuvent faire l’objet de taxations substantielles. Cette surtaxe
contribue, bien évidemment à alimenter les caisses de l’Etat, mais également à réduire, les
consommations de produits entraînant des effets externes négatifs.
Au Sénégal ces produits de consommation sont les alcools et liquides alcoolisés, le café, le thé, les
corps gras alimentaires, le tabac et le cola. Pour les pays de l’UEMOA, il convient d’y ajouter les farines
de blé, les armes et munitions, les produits cosmétiques, les marbres, les lingots d’or, les pierres
précieuses et les véhicules de tourisme dont la puissance est supérieur ou égale à 13 chevaux
conformément à la Directive n°03/2009/CM/UEMOA.
I.1 - Constats
A l’origine les droits d’accises étaient perçus comme des taxes pigouviennes du nom de l’économiste
britannique Arthur-Cecil Pigou. Une taxe pigouvienne (ou pigovienne) est une taxe destinée à
internaliser le coût marginal social des activités économiques, notamment en ce qui concerne la
pollution. Elle répond au principe pollueur-payeur ; autrement dit, mettre en place une taxation
correctrice des externalités négatives. Par exemple en matière de pollution industrielle, l’application de la
taxe pigouviennes permet d’une part de réintégrer le coût qu'implique cette pollution dans le coût de la
production elle-même, et d'autre part générer un revenu destiné à remédier aux effets négatifs de la
pollution.
23
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
A la taxe pigouvienne, on y associe les formes de taxes, sur le tabac ou l'alcool par exemple. La taxe
carbone est un exemple de taxe pigouvienne. Aujourd’hui, les droits d’accises dans l’UEMOA,
s’élargissent aux produits de luxe tels les lingots d’or, les marbres, les pierres précieuses et les
véhicules de tourisme de luxe.
I.2 - avantages
Afin de ne pas compliquer le système de TVA en instituant des taux particuliers pour ces biens, il a paru
préférable d’appliquer des droits d’accises. Ces droits d’accises, sont limités à une catégorie bien définie
de produits de consommations. De plus, ils ne présentent pas d’inconvénient majeur tout en produisant
des ressources substantielles.
Le prélèvement de droit d’accises permet en général la prise en charge des externalités négatives.
On dira par exemple que les consommateurs de tabac contribuent généreusement à la prise en charge
du traitement de certaines maladies infectieuses.
I.3 - Inconvénients
Un niveau de prélèvement élevé des droits d’accises entraine la fraude ou le détournement de produits
de consommations vers des substituts non taxés. Par exemple, la surtaxation de la bière industrielle au
Burundi, a entrainé sa substitution par la consommation de bière artisanale.
Ainsi les droits d’accises doivent être à un niveau raisonnable, afin de ne pas réduire les possibilités de
prélèvement fiscal et de mieux sécuriser les circuits de distribution des biens de consommation visés par
les dits droits.
I.4 – Exonération
En cas d’exportation, les produits visés échappent aux droits d’accises au bénéfice de l’application du
principe de territorialité. Il en est de même pour les reventes en l’état de produits de consommations
ayant supportés les droits d’accises lors de leurs acquisitions.
Les droits d’accises s’appliquent aux produits fabriqués localement et aux produits importés, lors de leur
première vente ou de leur mise à la consommation.
- A l'importation, par la valeur en douane augmentée de tous les droits et taxes liquidés par la
Douane, à l’exclusion de la TVA et de la taxe spécifique elle-même ;
Par liquides alcoolisés, il faut entendre tous les liquides d’une richesse en alcool supérieure à un
degré.
24
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
- un taux normal de 40% est désormais appliqué aux alcools et liquides alcoolisés
Précision: Sont exonérées, les mises à la consommation et les cessions ou opérations assimilées,
portant sur les produits suivants (article 330 du CGI):
Par boissons gazeuses, il faut entendre les eaux contenant naturellement ou artificiellement du gaz. Il
s’y ajoute les limonades, sodas et autres boissons gazéifiées sans alcool dont la richesse alcoolique ne
dépasse pas un degré d’alcool pur.
Le taux applicable aux boissons gazeuses est de 2,75%
II.2.3 – le café
Les droits d’accises frappent le café, même torréfié ou décaféiné, les coques et pellicules de café et
succédanés de café contenant du café
Le taux applicable au café 3,8%
II.2.4 – le thé
Les droits frappent le thé noir et le thé vert, les extraits (concentrées ou solubles) de thé, et les essences
de thé.
Le taux applicable au thé est le même que celui du café, il est de 3,8%
Les droits d’accises sur les corps gras alimentaires frappent tous les corps gras alimentaires, à
l'exclusion des huiles d'arachide, de palme, de soja, de lin, de karité, de tournesol, de palmiste, de coco,
de coton, fixes, fluides ou concrètes, brutes, épurées ou raffinées, ainsi que les huiles alimentaires
contenant 60% de ces huiles.
25
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Précision : Les huiles brutes destinées à être raffinées aux Sénégal sont exonérées de droits d’accises
Il concerne les tabacs de toutes natures produits ou importés au Sénégal. Il s’agit des natures qui
suivent :
- Tabacs bruts ou non, fabriqués en feuilles ou en côtes, sauces contenant en poids 1% et plus de
substances parafiniques, déchets de tabacs et autres tabacs ;
- Tabacs fabriqués à fumer, cigares et cigarettes ;
- Tabacs fabriqués à mâcher et à priser ;
- Extraits ou sauces de tabac appelée « praiss ».
Les noix de cola et produits assimilées sont frappés d’un taux de droits d’accises de 30%
- pour les produits fabriqués localement, par la première cession effectuée à titre onéreux ou à
titre gratuit en droit ou en fait aux conditions de livraison au Sénégal.
Position du problème :
Modoumodou est importateur de café en provenance du Brésil. La valeur en douane est d’un
montant de 10 000 000 francs.
Les droits suivant lui sont réclamés à la douane :
26
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Travail à faire :
Liquidez les droits à payer à l’importation par Modoumodou au profit du budget de l’Etat.
Solution du problème :
Le droit de douane est ad valorem, c'est-à-dire assis sur la valeur des marchandises déclarées.
Cette valeur en douane peut être soit la valeur CAF, soit une valeur spécifique (valeur mercuriale,
valeur forfaitaire, etc…)
DD = 10 000 000 x 44%
DD = 4 400 000
Le droit fiscal est entendu comme droit d’accise. Il a comme base la valeur en douane augmentée
de tous les droits et taxes liquidés par la Douane. Etant donné que les autres droits et taxes sont
négligés dans ce modèle, la base reste toujours la valeur en douane.
DF = 10 000 000 x 3,8%
DF = 380 000
La base de la TVA est constituée par la valeur en douane majorée aussi des droits d’accises
Base TVA = 10 000 000 + 4 400 000 + 380 000
Base TVA = 14 780 000
TVA = 14 780 000 x 18%
TVA = 2 660 400
Il s’agit d’étudier le système de taxation des exportations et des importations sur le développement des
économies africaines
Bien qu’ayant régressé dans de nombreux pays africains, la taxation des exportations de produits
primaires agricoles et miniers constitue encore une source de recette importante alors que la taxation
des autres catégories d’exportations dont le rendement était d’ailleurs marginal, a été progressivement
abandonnés. Les modalités de taxation des produits miniers ne sont pas examinées dans ce sous
module, l’analyse porte donc sur les systèmes de taxation des exportations agricoles qui affectent les
conditions de vie d’une partie importante des populations.
L’opportunité d’une taxation des exportations agricoles dépend de la compétitivité des productions et de
la position des pays concernés sur le marché international. Traditionnellement, divers pays (Burundi,
Cameroun, Côte d’Ivoire, Madagascar, Mali, Rwanda, Sénégal, Tchad…) bénéficient d’un avantage
comparatif important pour produire du cacao, du café, du coton, de la vanille et de l’arachide. Pour ces
pays, un prélèvement sur les exportations agricoles apparaît justifié lors des périodes de cours
internationaux exceptionnellement faibles.
27
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
La population rurale est majoritaire dans la plupart des pays africains (60% en Côte d’Ivoire, 81% au
Mali, 95% au Burundi)5 et le plus souvent les producteurs de marchandises agricoles destinées à
l’exportation sont plutôt favorisés par rapport aux autres agriculteurs. Renoncer à un prélèvement sur
les exportations agricoles équivaut, en raison des limites des autres formes de prélèvement en milieu
rural, à renoncer à toute imposition substantielle ; eu égard que la fiscalité sur la consommation, de la
partie la plus favorisée d’une population rurale est largement majoritaire. Un tel choix exacerberait les
déséquilibres des finances publiques car il n’apparaît pas concevable, de couvrir durablement les
charges des Etats africains par des prélèvements portant sur des minorités restreintes.
Pour un prix international donné, selon le mode de taxation et les caractéristiques du système de
commercialisation, le poids de l’impôt peut être réparti de manière différente entre les producteurs et le
reste de la filière.
Dans la mesure où elle entraîne une certaine stabilisation des prix et où le niveau de ces prix reste
suffisant, la taxation peut constituer un facteur incitatif pour des producteurs à bas revenus surtout s’il
existe une garantie de débouché. La taxation peut d’ailleurs, si elle est supportée par les structures de
commercialisation, conduire à une gestion plus rigoureuse de ces structures.
III.1.2 - Les effets néfastes des systèmes de taxation des exportations en Afrique
Dans le passé, les prélèvements sur les exportations agricoles ont été effectués surtout à travers des
caisses de stabilisation dont l’objectif était double : stabiliser les prix au producteur et financer les
charges de l’Etat tout en permettant une gestion spécifique de revenus instables. Cette taxation par le
biais des caisses de stabilisation a été complétée par des taxes à l’exportation.
Ce système d’imposition s’est révélé à l’expérience souvent néfaste à la fois pour l’agriculture et pour
l’équilibre des finances publiques.
En règle générale, les Etats ont privilégié un objectif de maximisation à court terme des recettes
publiques et effectuent des prélèvements excessifs. Surtout dans les périodes de fortes inflations, le prix
réel au producteur a souvent fortement baissé car, les prix nominaux restaient stables ou étaient
faiblement réajustés6.
La dégradation des prix réels au producteur constitue l’un des facteurs fondamentaux du recul de
nombreuses productions pour lesquelles les progrès de productivité n’ont pas permis d’éviter une chute
du revenu réel des agriculteurs. Quand de fortes baisses des cours internationaux sont intervenues, les
caisses de stabilisation ont du abandonner le financement d’actions de soutien à l’agriculture
(infrastructures, vulgarisation, subvention aux engrais, aux semences…) tandis qu’elles n’ont pas, de
manière durable, évité la chute des prix au producteur.
Dans les périodes de hausses importantes des cours, certains Etats ont bénéficié de ressources
transitoires considérables du déséquilibre de leurs finances publiques. Les prélèvements sur les
exportations agricoles ont été considérés comme permanents. Des dépenses importantes, notamment
d’investissement, largement financées par l’emprunt ont alors été engagées grâce à l’effet de levier des
recettes d’exportation.
Il convient de rappeler suites aux indications ci-dessus, que les importations font l’objet de deux
catégories de taxes perçues en douane. Les droits de porte (droits de douane, droits fiscaux…) qui
s’appliquent à la valeur CAF des importations ; tandis que les taxes indirectes internes (TVA, droits
d’accise) sont assises sur la valeur CAF des importations augmentées des droits de porte.
5
Source Banque Mondiale, Rapport sur le développement dans le monde.
6
Cas de Madagascar (café), du Sénégal (arachide)
28
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
En principe la taxation indirecte interne (TVA, droits d’accise) s’applique dans les mêmes conditions aux
importations et aux productions locales. Par conséquent, seuls les droits de porte sont à l’origine d’une
protection c’est-à-dire permettent aux producteurs locales de bénéficier de prix de vente internes plus
élevés que les prix internationaux. La protection effective des productions locales est d’autant plus
importante que les droits de porte appliqués aux importations concurrentes des biens locaux sont élevés
et que ceux concernant les intrants sont faibles.
Par rapport aux autres groupes de pays en développement, les systèmes fiscaux africains font plus
largement appel à la taxation des importations dont la mise en œuvre apparaît plus aisée que celle
d’autres formes d’impositions en raison des caractéristiques des économies africaines (faiblesse et
dispersion de l’assiette fiscale interne, échanges avec l’extérieur relativement importants..). Outre leur
objectif de recettes budgétaires, les Etats cherchent à protéger leurs activités nationales vis- à- vis de la
concurrence extérieure. Aussi, tendent-ils à adopter des taux de droits de porte élevés et une structure
de taux favorable à un fort degré de protection.
Afin de renforcer encore les effets de ces dispositifs tarifaires, de nombreux pays ont recouru à des
restrictions non tarifaires (licences, quotas, prohibitions…). Les systèmes de taxation des échanges
adoptés en Afrique se sont révélés particulièrement défavorables au développement économique en
raison de taux de prélèvement excessifs, d’une structure des taux inadaptés et des distorsions
inhérentes à l’adoption de restrictions non tarifaires.
Le taux de protection effective (TPE) d’une activité s’exprime de la manière suivante (en tenant
considération des seuls droits de porte) :
VA = valeur ajoutée au prix domestique, c’est à dire compte tenu des droits de porte.
VA* = valeur ajoutée au prix international.
Illustration : Une entreprise vend une production d’une valeur au prix international de 100 en utilisant
60 d’intrants.
Si ses intrants et sa production finale sont taxés respectivement à 10% et 30%, sa valeur ajoutée au prix
domestique s’élève à (100 x 1,3) – (60 x 1,1). La différence est traduite par 130 – 66 = 64
Ce TPE est alors largement supérieur (le double) au taux de protection nominal de 30% appliqué au
produit fini.
Le niveau des taux de taxation douanière est excessif en Afrique. Dans de nombreux pays, des
tentatives de désarmement douanier (Côte d’Ivoire, Madagascar, Niger, Sénégal…) ont été engagées
afin de réduire les effets néfastes entraînés par des tarifs trop élevés.
Malheureusement, surtout en raison de contraintes budgétaires, on note encore, dans divers pays, des
augmentations de taux d’imposition qui constituent un obstacle au développement de nombreuses
activités.
29
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
Initialement à travers leur politique tarifaire, les pays africains ont poursuivi trois objectifs essentiels,
parfois contradictoire ; il s’agit de la mobilisation des ressources publiques, l’incitation sélective pour les
activités économiques et l’équité sociale. Pour cela ils ont appliqué des tarifs fortement différenciés.
Ces tarifs ont été à l’ origine de distorsions économiques considérables du fait qu’ils sont élevés et
concernent pour la plupart des cas à des produits porteurs de recettes ou de production qu’il convient de
promouvoir.
30
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
31
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
produits
32
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
- Contenant des pénicillines ou des dérivés de ces produits, à structure d’acide pénicillinique,
30.04.10.00.00
ou des streptomycines ou des dérivés de ces produits.
30.04.20.00.00 - Contenant d’autres antibiotiques
- Contenant des hormones ou d’autres produits du n° 29.37, mais ne contenant pas
30.04.20.00.00
d’antibiotiques :
30.04.31.00.00 - Contenant de l’insuline
30.04.32.00.00 - Contenant des hormones corticosurrénales
30.04.39.00.00 - Autres
- Contenant des alcaloïdes ou leurs dérivés , mais ne contenant ni hormones, ni autres
30.04.40.00.00
produits du n° 29.37, ni antibiotiques.
30.04.50.00.00 - Autres médicaments contenant des vitamines ou d’autres produits du n° 29.36
30.04.90.00.00 - Autres
- Ouates, gazes, bandes et articles analogues (pansements, sparadraps, sinapismes, par
30.05 exemple), imprégnés ou recouverts de substances pharmaceutiques ou conditionnés pour la
vente au détail à des fins médicales, chirurgicales, dentaires ou vétérinaires.
30.05.10.00.00 - Pansements adhésifs et autres articles ayant une couche adhésive
30.05.90.00.00 - Autres
30.06 - Préparations et articles pharmaceutiques visés à la Note 4 du présent Chapitre.
- Catguts stériles, ligatures stériles similaires pour sutures chirurgicales et adhésifs stériles
30.06.10.00.00 pour tissus organiques utilisés en chirurgie pour refermer les plaies ; laminaires stériles ;
hémostatiques résorbables stériles pour la chirurgie ou l’art dentaire.
30.06.20.00.00 - Réactifs destinés à la détermination des groupes ou des facteurs sanguins
- Préparations opacifiantes pour examens radiographiques ; réactifs de diagnostic conçus
30.06.30.00.00
pour être employés sur le patient.
30.06.40.00.00 - Ciments et autres produits d’obturation dentaire, ciments pour la réfection osseuse
30.06.50.00.00 - Trousses et boîtes de pharmacie garnies, pour soins de première urgence
30.06.60.00.00 - Préparations chimiques contraceptives à base d’hormones ou de spermicides
37.01.10.10.00 - Films pour rayons X
37.02.10.00.00 - Pellicules pour rayons X
38.21.00.00.00 - Milieux de culture préparés pour le développement des micro-organismes
38.22.00.00.00 - Réactifs de diagnostic ou de laboratoire sur support et …
Ex.39.23.90.00.00 - Poche d’urine en matière plastique
39.24.90.20.00 - Biberons
Ex.39.24.90.90.00 - Bassin de lit en matière plastique
40.14.10.00.00 - Préservatifs
39.24.90.10.00 - Tétines et similaires
40.14.90.20.00 - Poires à injections, poires compte-gouttes et similaires
40.15.11.00.00 - Gants pour chirurgie
63.04.91.00.10 - Moustiquaires imprégnées
Ex.70.13.99.00.00 - Biberons
70.15.10.00.00 - Verres de lunetterie médicale
70.17.10.00.00 - En quartz ou en autre silice fondus
- En autre verre d’un coefficient de dilatation linéaire n’excédant pas 5 x 10-6 par Kelvin entre
70.17.20.00.00
0° C et 300° C.
84.19.20.00.00 - Stérilisateurs médicaux
87.13 - Fauteuils roulants et autres véhicules pour invalides…
33
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
34
Fiscalité Indirecte Comparée CESAG/DESCOGEF
90.21.90.00.00 - Autres.
- Appareils à rayons X et appareils utilisant les radiations alpha, bêta ou gamma, même à
usage médical, chirurgical, dentaire ou vétérinaire, y compris les appareils de
90.22 radiophotographie ou de radiothérapie, les tubes à rayons X et autres dispositifs générateurs
de rayons X, les générateurs de tension, les pupitres de commande, les écrans, les tables,
fauteuils et supports similaires d’examen ou de traitement.
- Appareils à rayons X, même à usage médical, chirurgical, dentaire ou vétérinaire, y compris
les appareils de radiophotographie ou de radiothérapie ;
90.22.12.00.00 - Appareils de tomographie pilotés par une machine automatique de traitement d’information.
90.22.13.00.00 - Autres, pour l’art dentaire
90.22.14.00.00 - Autres, pour usages médicaux, chirurgicaux ou vétérinaires
90.22.21.00.00 - A usage médical, chirurgical, dentaire ou vétérinaire
90.22.30.00.00 - Tubes à rayons X
90.22.90.00.00 - Autres, y compris les parties et accessoires.
90.25.11.00.00 - Thermomètres et Pyromètres, à liquide, à lecture directe et autres
35