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Devoir à la maison

– Répondre aux 3 questions

Document 1 : les dangers de la fracture sociale selon Gaël Perdriau


Vice-président du parti Les Républicains, le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, s’alarme, dans
une tribune au « Monde », des dégâts provoqués par la fragmentation de la société française et
plaide pour un nouveau « projet républicain partagé ».
Fragmentée, ainsi nous apparaît, tous les jours, la société française après plus de trente années de crise
de la parole publique. […]
En tant que maire et président d’une métropole, comme tous mes collègues en France, je vois, tous les
jours, les ravages provoqués par cette fragmentation à l’œuvre dans toutes les sphères de la société.
Pas un jour sans que nous découvrions des conflits, réels, en gestation ou imaginaires, qu’ils soient
sociaux, économiques, culturels, religieux ou sociétaux. D’une société des citoyens libres et égaux
nous avons glissé, imperceptiblement, vers une société d’ennemis. D’une société républicaine faite
d’hommes raisonnables et fraternels nous naviguons vers une société juxtaposant des intérêts
particuliers agrégés qui forment des féodalités. Le sens de l’intérêt général disparaît au fur et à mesure
que la parole publique, obnubilée par les courbes de popularité, recherche davantage le mot à la mode
plutôt que celui censé apporter des réponses concrètes aux défis de notre temps.
Cette parole […] devient impuissante à résoudre les conflits naturels que traverse toute société. Une
impuissance d’autant plus grande qu’elle prospère sur une seule et unique perspective, celle d’une
mondialisation uniformisante ne poursuivant qu’un seul objectif : réduire l’homme à sa seule
dimension de producteur et consommateur de richesses. Nous ressentons, spontanément, le viol des
consciences ainsi imposé à tous ceux qui se sentent dépouillés de leur culture et se voient réduits à
devenir les spectateurs d’une mondialisation heureuse uniquement pour des élites préparées à la
recevoir. Des consciences, par ailleurs, ramenées à un sentiment, injuste, d’« inutilité coupable »,
puisqu’elles échouent à trouver leur juste place dans cette société émergente. Lorsque la parole
publique devient une « impuissance » mise en scène, la violence devient le seul moyen de régulation
des conflits.
Ainsi, le mouvement des « gilets jaunes » a été la première crise sociale et violente d’un monde
globalisé, ne tendant pas la main à ceux qui restent à quai, trop souvent tétanisés par la vitesse, sans
cesse grandissante, d’une société dont le cœur bat au rythme effréné du numérique.
La fragmentation de notre société est le sous-produit mortifère de ce mouvement que de nombreux
élus tiennent pour inéluctable. Emmanuel Macron n’a-t-il pas été élu précisément pour « adapter » la
France à ce mouvement ? Un choix qui a, en définitive, rendu évidente la crise de la parole publique.
Elle s’est transformée en une longue litanie de monologues juxtaposés, émanant de principautés,
désormais quasi-indépendantes, nées au cœur de la République et qui défendent des intérêts
catégoriels. L’absence de dialogue, ou son simulacre, ne fait que décupler la fragmentation d’une
société dont les doutes font resurgir, sous une lumière crue, les multiples fractures qui, désormais, la
caractérisent. La crise sanitaire qui s’abat sur la France, depuis 2020, ne fait que révéler les retards
structurels pris par notre pays. Ils sont dus à cette fragmentation poussée à l’extrême.
Plus que jamais, le débat présidentiel de 2022 devra permettre de relever le défi de la réconciliation
des Français, afin de cesser de les opposer stérilement pour que notre nation retrouve le chemin de
l’espérance autour d’un projet républicain partagé.
Tribune de Gaël Perdriau : « En tant que maire, je vois, tous les jours, les ravages provoqués par la
fragmentation de la société », Le Monde, 8 février 2021

Document 2 : Covid-19 : la crise sanitaire a fait basculer un million de Françaises et de Français
dans la pauvreté
Etudiants, intérimaires, chômeurs, mais aussi auto-entrepreneurs et artisans. Selon les associations
caritatives, la crise sanitaire a fait basculer dans la pauvreté un million de Français, qui s’ajoutent ainsi
aux 9,3 millions de personnes vivant déjà au-dessous du seuil de pauvreté monétaire – à 1 063 euros
par mois et par unité de consommation, il concernait 14,8 % des ménages en 2018, selon l’Insee.
Dix représentants d’associations (Fondation Abbé Pierre, Médecins du monde, Secours catholique,
ATD Quart Monde, Emmaüs…) ont été reçus pour la première fois, vendredi 2 octobre, par Jean
Castex, pour demander une hausse des principaux minima sociaux, ainsi que l’ouverture du RSA dès
18 ans. « Nous avons eu une écoute attentive de la part du premier ministre, qui est sensible au sujet
de la précarité. Mais nous restons déçus, impatients, faute de réponses immédiates, a résumé
Christophe Devys, président du collectif Alerte. […]
« Ce chiffre d’un million supplémentaire de pauvres est malheureusement une estimation basse,
compte tenu des 800 000 pertes d’emploi attendues fin 2020 », redoute Florent Guéguen, directeur
général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). La Banque de France confirme en
anticipant un taux de chômage au-dessus des 10 % en 2020, puis de 11 % dès le premier semestre
2021. Partout en France, les indicateurs virent au rouge.
L’un des signes les plus spectaculaires de cette crise est l’explosion de l’aide alimentaire : la
Fédération française des banques alimentaires, qui approvisionne 5 400 structures, a augmenté ses
distributions de 25 %, « et la demande ne faiblit pas, en août, en septembre, à tel point que nous
avons dû piocher dans nos stocks de longue durée », confie Laurence Champier, sa directrice
générale. Le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, avançait, le 8 septembre, le chiffre
de 8 millions de personnes ayant besoin de cette aide, alors qu’elles n’étaient que 5,5 millions en 2019.
[…]
Autre signe de paupérisation, les départements voient arriver de nouveaux demandeurs du revenu de
solidarité active (RSA), en moyenne + 10 % sur l’ensemble du pays. Tous les types de territoires sont
touchés, ruraux ou urbains, des grandes ou des petites villes… D’après l’Assemblée des départements
de France (ADF), sur un échantillon de quinze départements, les dépenses consacrées au RSA ont
bondi de 9,2 % en août par rapport à la même période en 2019.
En Seine-Saint-Denis, par exemple, le nombre d’allocataires a augmenté de 4,7 % entre juin 2019 et
juin 2020, la hausse la plus forte observée depuis 2014. A ce rythme, ils devraient être 90  000 fin
2020, contre 85 000 en mars, et représenter un surcoût qui met les finances du département en tension.
Le territoire consacre déjà 532 millions d’euros à cette prestation sociale, dont 207 millions à sa
charge car non compensés par l’Etat.
Dans le Loir-et-Cher, la hausse est plus forte encore : + 14 % d’allocataires entre août 2019 et
août 2020, soit 7 217 contre 6 318, et une rallonge de 4 millions d’euros à la charge du conseil
départemental. Dans le département voisin du Cher, la hausse atteint 7,5 %, et les nouveaux
allocataires sont souvent de jeunes couples qui n’ont pas vu leur contrat à durée déterminée ou leur
mission d’intérim renouvelés.
Isabelle Rey-Lefebvre, « Covid-19 : la crise sanitaire a fait basculer un million de Françaises et de
Français dans la pauvreté », Le Monde, 6 octobre 2020

Document 3 : De plus en plus de milliardaires


La fortune des milliardaires dans le monde a atteint la somme inédite de 10 200 milliards de dollars
durant la crise sanitaire, a constaté un rapport de la banque UBS et du cabinet de conseil PwC, publié
mercredi 7 octobre. Un accroissement de richesse qui illustre à quel point les marchés financiers
jouent un rôle d’accélérateur des inégalités pendant les crises.
Elon Musk, l’excentrique patron de Tesla ou SpaceX, a pleinement profité financièrement de la
pandémie. Tandis qu’il pestait sur Twitter contre les mesures de distanciation sociale, il a quadruplé sa
fortune, qui a augmenté de 76 milliards de dollars pour atteindre 103 milliards de dollars.
S'il est le milliardaire qui s’est le plus enrichi entre avril et juin, il est loin d’être le seul. La fortune des
ultra-riches a progressé de 27,5 % pour s’établir à 10 200 milliards de dollars, ont constaté la banque
suisse UBS et le cabinet de conseil PwC dans leur rapport 2020 sur les milliardaires, publié mercredi 7
octobre. Un niveau de fortune record pour les 2 000 milliardaires étudiés par les auteurs du rapport qui
fournit un contraste saisissant avec les millions d’individus qui ont perdu leur travail à cause de la
crise sanitaire ou encore le million de Français qui a basculé dans la pauvreté durant cette période.
À l’instar du patron de Tesla, ce sont les dirigeants des entreprises du secteur tech, qui ont gagné le
plus d’argent ces derniers mois, soulignent les auteurs du rapport. Si UBS et PwC évitent de citer des
noms, il suffit de consulter l’indice des milliardaires de Bloomberg pour constater que Jeff Bezos
(Amazon), Mark Zuckerberg (Facebook), Jack Ma (Alibaba) ou encore Steve Ballmer (ex-PDG de
Microsoft) sont les grands gagnants du moment.  
Et ces capitaines de navires 2.0 ne se sont pas enrichis à ce point en vendant davantage. Ce grand bond
en avant de la fortune des milliardaires provient essentiellement des marchés financiers, souligne le
rapport.
D’un côté, les magnats de la tech ont profité des profonds changements que la crise sanitaire et la
période de confinement ont entraîné dans les habitudes de consommation et de travail. Le succès des
applis de vidéoconférence, comme Zoom, des plateformes d’achats en ligne, tel Amazon, ont
convaincu les investisseurs de miser sur tout ce qui brille technologiquement. « Les valeurs tech ont
été les premières à rebondir en Bourse, et elles ont gagné bien plus que les autres, ce qui a accentué
leur avance », confirme Alexandre Baradez, responsable des analyses économiques pour le cabinet de
conseil financier IG, contacté par France 24. Et comme ces PDG détiennent souvent des parts dans
leur entreprise, ils ont amplement profité de cette ruée en Bourse vers la tech.
« Comment les super-riches se sont enrichis pendant la pandémie », Article du 7 octobre 2020,
France24.fr, consulté le 28 août 20

- Que dénonce Gaël Perdriau dans cette tribune (doc 1) ? Classez vos arguments.
- Présentez les effets de la crise sanitaire en France (docs. 2 et 3).
- Pourquoi peut-on dire que la crise sanitaire a renforcé la fracture sociale ?

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