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DEUXIEME PARTIE : Sociologie et science politique

Chapitre 1 : Comment est structurée la société française actuelle ?

Objectifs d’apprentissage et notions soulignées:

- Savoir identifier les multiples facteurs de structuration et de hiérarchisation de l’espace social (catégorie socioprofessionnelle,
revenu, diplôme, composition du ménage, position dans le cycle de vie, sexe, lieu de résidence).
- Comprendre les principales évolutions de la structure socioprofessionnelle en France depuis la seconde moitié du XXe siècle
(salarisation, tertiarisation, élévation du niveau de qualification, féminisation des emplois).
- Connaître les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ; comprendre que
la pertinence d’une approche en termes de classes sociales pour rendre compte de la société française fait l’objet de débats
théoriques et statistiques : évolution des distances inter- et intra-classes, articulation avec les rapports sociaux de genre,
identifications subjectives à un groupe social, multiplication des facteurs d’individualisation.

L’être humain est un être social qui vit avec les autres. Toutes les sociétés sont donc organisées en différents groupes
sociaux. Les individus appartiennent ainsi à plusieurs groupes qui se distinguent par différents critères :
économiques, sociaux, biologiques, démographiques... Ces critères permettent aux sociologues de créer des
catégories et de montrer leur hiérarchie.

I Les facteurs qui structurent et hiérarchisent l’espace social


A) Le statut socio économique
Il renvoie à la position sociale d’un individu. Il est mesuré essentiellement par la profession exercée, son niveau de
diplômé et son niveau de revenu. Ces facteurs sont souvent liés entre eux : un cadre a un diplôme et revenu plus
élevé qu’un ouvrier.

1/ La CSP doc 3 p 161 Hatier


La structure socio professionnelle est la classification et la répartition de la population active en divers métiers
classés selon plusieurs critères.

a)La nomenclature des PCS


Elaborée par l’INSEE dès 1954 elle classait l’ensemble des actifs en fonction de leur emploi, en catégo-
ries socioprofessionnelles (CSP).
Modifiée en 1982 elle donne naissance à la notion de professions et catégories socioprofessionnelles(PCS
pour donner une image de la structure sociale.

b) Le classement de la population
Objectif : classer la population en un nombre restreint de catégories socio professionnelles homogènes.
Méthode : La nomenclature des PCS se présente sous la forme d’une pyramide
- à la base : 497 professions
- niveau intermédiaire : ces professions sont regroupées en 42 puis 24 catégories socioprofessionnelles
- au sommet se retrouvent 8 groupes socioprofessionnels
Les 8 groupes ainsi établis sont :

6 Groupes d’actifs : 1- Agriculteurs exploitants


2- Artisans, commerçants, chefs d’entreprise
3- Cadres et professions intellectuelles supérieures
4- Professions intermédiaires
5- Employés
6- Ouvriers

2 groupes d’inactifs : 7- Retraités


8- Autres personnes sans activité professionnelle

c)Les critères de classification : une approche multidimensionnelle


Les principaux critères utilisés sont :
. la profession : le métier
. le statut : le statut professionnel (salarié ou non salarié) ; le statut d’activité (actif ou inactif)
. la qualification : très, qualifié ou peu
. la position hiérarchique : niveau intermédiaire, haut, bas
. la taille de l’entreprise : grande, moyenne ou petite
. le secteur d’activité : primaire, secondaire, tertiaire
. la nature de l’employeur : public ou privé

2/ Le revenu doc 5 p 161Hatier


Constat : les revenus varient fortement d’une PCS à une autre. Les cadres supérieurs gagnent ainsi en moyenne 1,8
fois plus que les professions intermédiaires et 2,4 fois plus que les ouvriers.
Comment l’expliquer ?
Les cadres occupent des positions hiérarchiques plus élevées que les professions intermédiaires qui, eux-mêmes, ont
une position hiérarchique supérieure à celle des ouvriers. Ces différences de position hiérarchique sont liées à des
différences de qualification et génèrent en retour des différences de revenus.
Cependant la CSP n’est pas le seul critère ayant un impact sur le niveau de revenu. En effet, on constate que le sexe
est un autre critère qui influence fortement le revenu. Ainsi, au sein de chaque CSP, on constate que les femmes
gagnent entre 14 et 20 % de moins que les hommes ( en moyenne 18,4% en équivalent temps plein). On pourrait
ajouter l’âge, la taille de l’entreprise, le secteur d’activité…. Il y a donc une combinaison des facteurs de
différenciation sociale.

3/ Le diplôme doc 4 p 167 Magnard


CSP et diplôme sont corrélés.
Plus on a un diplôme élevé et plus on a de probabilité de se situer haut dans la hiérarchie socioprofessionnelle , La
réciproque se vérifie également.
Ainsi en 2014 en France, 68 % des cadres ont un diplôme supérieur à bac + 2 et seulement 2% des ouvriers (soit 32
fois moins).

B) Le sexe et la position dans le cycle de vie


Des différences biologiques comme le sexe et l’âge sont aussi des critères de hiérarchisation de l’espace social.

1/ Hommes et femmes dans l’espace social doc 2 p 167 Nathan


Il existe des différences de comportements entre les hommes et les femmes dues à des socialisations différenciées.
Le genre peut devenir un nouveau critère de classification discriminante qui défavorise les femmes.
Ces inégalités entre hommes et femmes apparaissent dans de multiples domaines :
- Le domaine du travail : le genre est utilisé pour cantonner les femmes dans certains métiers (infirmière,
enseignante ...), certains secteurs d’activité et les empêche de progresser ou d’accéder à certains postes à
responsabilité (on parle de « plafond de verre »).
Ainsi les femmes ont un revenu salarial inférieur de 23,4 % à celui des hommes.
Ces écarts de salaires entre les femmes et les hommes s’expliquent par le fait que les femmes travaillent davantage à
temps partiel, qu’elles ont des carrières beaucoup plus souvent interrompues (notamment à cause des congés
parentaux) et parce qu’elles occupent des postes moins qualifiés que les hommes. Toutefois, même à compétences,
diplômes, poste et temps de travail égaux, les inégalités de salaires persistent entre femmes et hommes (9 % d’écart).
Les femmes ayant des salaires plus faibles que les hommes, elles occupent donc globalement une place plus basse
dans la hiérarchie sociale.
Au-delà des inégalités salariales dans le domaine du travail d’autres inégalités apparaissent entre hommes et
femmes dans d’autres domaines de l’espace social:
- Le domaine domestique : les tâches domestiques sont réalisées majoritairement par les femmes (et donc, par
extension, le fait que ces dernières ont un temps moindre consacré au travail et aux loisirs que les hommes).
. Le domaine de l’insécurité : les violences physiques, morales ou sexuelles sont subies davantage par les femmes.
.Le domaine des médias : dans les médias, les femmes sont sous-représentées.
Le domaine politique : sur la scène politique, les hommes sont plus nombreux à occuper les postes à responsabilité
de maires, députés, sénateurs…

2/ Cycle de vie et position sociale doc 2 p 162 Hachette


Selon la position occupée dans le cycle de vie (enfance, adolescence, âge adulte ou vieillesse) les individus ont des
pratiques, comportements différents (exemples : mariage à l’âge adulte, retraite associée à la vieillesse..) qui les
hiérarchisent dans l’espace social.
La position dans le cycle de vie est un facteur de hiérarchisation sociale, d’une part en raison des inégalités
économiques (revenu, insertion sur le marché du travail), mais aussi en raison des politiques menées qui favorisent
ou défavorisent certaines tranches d’âge.
Ainsi on constate qu’il existe de fortes inégalités économiques en fonction de l’âge, avec un risque de chômage et de
pauvreté plus grand et une précarité de l’emploi plus importante pour les plus jeunes. Par ailleurs, les catégories
d’âge les plus jeunes bénéficient de dépenses publiques plus faibles. Le RSA jeunes pour les moins de 25 ans n’est
accordé qu’à certaines conditions : assumer seul un enfant à avoir un charge, avoir travaillé au moins 2 ans à temps
plein...

C) D’autres facteurs de différenciation sociale


Ils s’articulent avec les autres.

1/ La composition du ménage doc 1 p 170 Magnard


La composition familiale est un facteur qui se combine au revenu pour structurer et hiérarchiser la société car elle
contribue à déterminer son niveau de vie*.
On constate que plus les couples ont d’enfants, plus ils ont de probabilités d’être pauvres : seuls 4,5 % des couples
sans enfant sont pauvres, contre 17,8 % des couples avec 3 enfants ou plus. Le taux de pauvreté le plus important est
rencontré dans les familles monoparentales (27,3 %).
Comment l’expliquer ?
Le fait d’avoir un enfant supplémentaire à charge représente un coût supplémentaire pour les couples car cela
occasionne des dépenses supérieures d’alimentation, d’habillement, de loisirs, etc. Les couples doivent alors puiser
dans leurs revenus pour assurer les besoins de leurs enfants, ce qui dégrade globalement les conditions de vie des
autres membres de la famille.
En ce qui concerne les familles monoparentales, la difficulté est d’autant plus grande car un seul parent doit
s’occuper des enfants, ce qui risque d’entraîner une dégradation encore plus importante des conditions de vie des
membres de la famille.
* Le niveau de vie est le revenu disponible du ménage divisé par le nombre de personnes le composant qui sont
représentées par les unités de consommation.
Les unités de consommation (uc) sont calculées sur la base de 1 uc pour le premier adulte du ménage, 0,5 uc aux
autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 uc aux enfants de moins de 14 ans.

2/ Le lieu de résidence doc 4 p 163 Hachette, article du Parisien novembre 2020


Le lieu de résidence des personnes mais aussi leur origine ethnique , leur nom ou leur couleur de peau sont sources
d’inégalité et de discrimination.
Ségrégation résidentielle et spatiale, particulièrement visible en Ile-de- France.
Un ancien premier ministre Manuel Valls avait dit qu’il « existe un apartheid territorial, social et ethnique » ( Vœux
à la presse en janvier 2015)
Ainsi Paris ville qui a une population à hauts revenus dispose de meilleurs services publics que les villes de
banlieue défavorisées qui rassemblent les immigrés et les plus touchés par le chômage et la précarité.
Les habitants de Seine-Saint-Denis ( « 93 ») ont moins accès aux services publics en raison d’un nombre plus faible
de fonctionnaires par rapport à la taille de la population. Ils ont donc accès à des services publics de moins bonne
qualité en matière de sécurité (police), justice (tribunaux) et éducation (école). Les maires de ces communes ont
porté plainte contre l’Etat pour « non assistance de territoires en danger ».
Cette inégalité face aux services publics entraîne des inégalités de conditions de vie : une plus grande insécurité ou
une plus grande difficulté à faire respecter leurs droits. Les inégalités d’accès à l’éducation ont aussi un effet sur
l’avenir des enfants, puisque cela rend plus difficile l’accès à des diplômes élevés, et donc ensuite à des positions
socioprofessionnelles élevées.
Schéma p 211 Belin

II Les évolutions de la structure socio professionnelle


La structure socio professionnelle a été transformée par diverses évolutions.

A) L’ essor du salariat et du secteur tertiaire


1/ La salarisation de la population active doc 1 p 172 Magnard
a) Les statuts de l’emploi :
. emploi salarié : un salarié est lié par un contrat de travail et dans une relation de subordination avec son
employeur. En échange de son travail, il perçoit un salaire. Son contrat de travail stipule ses droits et ses devoirs, il
définit les conditions d’embauche, la durée du contrat, le montant de sa rémunération...
. emploi non salarié : personnes installées à leur compte, travailleurs indépendants qui perçoivent des revenus de
leur activité.
Exemples : chefs d’entreprises (agriculteurs, artisans, commerçants....) qui perçoivent des bénéfices
les professions libérales ( médecins, avocats, notaires...) qui perçoivent des honoraires
b) Définition
La salarisation désigne l’augmentation de la part des emplois salariés par rapport aux emplois non salariés (
travailleurs indépendants).
Aujourd’hui, en France la part de l’emploi salarié dans l’emploi total est d’environ 90%.
On constate que toutes les sociétés post-industrielles (où les activités économiques immatérielles sont
prédominantes) ont connu lors de leur histoire ce phénomène de salarisation.

2/ La tertiarisation des activités et de l’emploi


a) Les secteurs de l’emploi doc 2 p 172 Magnard
On distingue 3 secteurs d’activité :
- le secteur primaire regroupe l’ensemble des activités dont la finalité consiste en une exploitation des ressources
naturelles : agriculture, pêche, forêts, mines, gisements
- le secteur secondaire regroupe l’ensemble des activités consistant en une transformation des matières premières :
industrie et construction
- le secteur tertiaire regroupe les services (marchands et non marchands) : commerce, transport, restauration,
tourisme, administrations publiques..
b) Définition doc 3 p 173 Magnard
La tertiarisation désigne l’augmentation de la part des activités de service au sein de l’économie.
Ainsi le secteur tertiaire occupe une place grandissante dans l’économie et entraîne le déclin des secteurs primaire et
secondaire.
En 1954, le secteur tertiaire représentait 38 % de l’ensemble de l’activité, il représentait plus de 50 % de celle-ci en
1975 et près de 76 % en 2018 (x 2)
Entre 1954 et 2018, la part du secteur primaire dans l’ensemble de l’activité a été divisé par 11 passant de 27 % à 2,5
% tandis que la part du secteur secondaire a diminué d’environ 40 % passant de 33% à 20%.
c) Explications
Il y a deux facteurs explicatifs à cette tertiarisation
- la hausse de la productivité provoquée par le progrès technique qui a entraîné le déclin du nombre de travailleurs
dans les secteurs primaire et secondaire (théorie du déversement d’Alfred Sauvy).
- la hausse de la demande qui a entraîné une augmentation de la consommation de services (secteur tertiaire).
Schéma d’implication tertiarisation

B) Hausse du niveau de qualification et féminisation des emplois


1/ L’élévation du niveau de qualification doc 3 p 189 Bordas
a)Constat
Les emplois les plus qualifiés (cadres, professions intermédiaires) augmentent fortement depuis les années 80.
Ainsi entre 1982 et 2019, le nombre d’emplois de cadres est passé de 1,5 million à 5,2 millions, il a ainsi été
multiplié par 3,5.
Les effectifs des professions intermédiaires sont passés de 3,8 millions à 7 millions soit une hausse de 84% .
.
b) Explications
- Une augmentation de la qualification de la population qui s’explique par l’allongement de la durée des études
- Une augmentation de la qualification de l’emploi qui s’explique par la structure de l’économie. Elle est favorable
aux personnels qualifiés car la France est spécialisée dans des productions à « fort contenu cognitif » essentiellement
dans les services(conseil, finance R&D, santé, éducation, pharmacie, aéronautique, télécommunications..) qui
nécessitent l’acquisition de compétences spécifiques, certifiées par des diplômes de l’enseignement supérieur.
- Une augmentation de la qualification qui s’explique par le progrès technique. Il a entraîné une automatisation
croissante des processus de production, ainsi qu’une forte hausse de productivité. Cela a entraîné une diminution des
besoins en main-d’œuvre dans le secteur industriel (fonctions de production) et d’une hausse des besoins en main-
d’œuvre dans les fonctions de conception et de mise en valeur des produits, qui correspondent à des emplois
qualifiés, à fort contenu cognitif.

2/ La féminisation des emplois doc 2 p 168 Nathan


a) Définition
La féminisation de l’emploi désigne la progression des emplois occupés par les femmes : elles sont plus nombreuses
à avoir un emploi et leur part dans l’emploi total augmente.

b) Constat
On assiste depuis les années 60 à une féminisation très importante de l’emploi.
Entre 1960 et 2017, l’emploi des femmes augmente de 86,76 % alors que celui des hommes de seulement 3,85 %.
En 1960, les femmes représentaient 34,3 % de l’emploi total en France contre 48,5 % en 2017 soit une hausse de
14,2 points sur la période ou hausse de 41%.

c) Caractéristiques de l’emploi féminin doc 2 p 167 Nathan


Les femmes occupent plus souvent que les hommes des emplois faiblement qualifiés et dans le secteur des services,
en particulier dans la santé, l’éducation ou l’action sociale. Ainsi 80% de la CSP employés sont des femmes. 80%
des emplois à temps partiels sont occupés par des femmes et elles représentent 60% des CDD.

III La théorie des classes sociales

A) Les classes sociales dans la tradition sociologique


1/ L’analyse de Karl Marx doc 2 p 214 Belin
C’est à lui que l’on doit les premières analyses de la stratification sociale.
La société est structurée en classes sociales qui vont progressivement se concentrer en 2 principaux pôles.
L’appartenance à une classe dépend de la place occupée dans la sphère productive.
Le mode de production capitaliste oppose deux classes sociales : le prolétariat propriétaire de sa force de
travail dominé et exploité par la bourgeoisie propriétaire des moyens de production.
Ces deux classes qui ont des positions différentes et opposées (classe en soi) et une conscience de classe (classe pour
soi) sont nécessairement en conflit, en lutte.
Pour Marx, la lutte des classes est le moteur de l’histoire : « l’histoire c’est l’histoire de la lutte des classes ».C’est
elle qui explique le changement dans nos sociétés et la révolution ouvrière doit permettre de passer du mode de
production capitaliste au mode de production socialiste.
Pour constituer une classe il faut donc que le groupe soit à la fois une classe en soi mais aussi et surtout une classe
pour soi.
Classe en soi : classe observable, objective qui occupe la même position dans les rapports de production.
Classe pour soi : classe subjective qui a pris conscience de leur situation commune et va lutter pour défendre les
intérêts communs en s’organisant collectivement (partis, syndicats).
Les classes sont donc des acteurs collectifs, des groupes en lutte.
Marx a une vision bipolaire et conflictuelle de la société : il est difficile de passer d’un groupe à un autre (société
fermée).
Schéma p 179 Magnard, schéma p 166 Hatier

2/ L’analyse de Max Weber doc 3 p 167 Hatier


A côté des classes il y a des groupes de statut et des partis politiques : vision tridimensionnelle de la société.
La société est divisée en strates sociales selon 3 ordres autonomes et indépendants : ordre économique, ordre social
et ordre politique.
-> Ordre économique : il classe les individus en classes sociales selon le critère de la richesse : capacité à
accéder à des b&s (niveau de vie).
Cet ordre détermine les groupements des individus en classes sociales
Il parle également de classe sociale mais sans donner la même définition que Marx.
Pour Weber une classe sociale (ou strate sociale) regroupe des individus qui sont dans une situation économique
semblable, des individus proches par leurs conditions et niveau de vie.
Mais à la différence de Marx il n’y a pas obligatoirement une conscience de classe, un projet commun. Ainsi les
conflits de classe ne sont pas inéluctables, les individus d’une même classe peuvent avoir des comportements
différents et l’on peut passer facilement d’une classe à une autre.
Weber a la vision d’une société plus apaisée et plus ouverte.
-> Ordre social : il classe les individus en groupes de statut selon le critère de prestige : caractérisé par un mode
de vie spécifique (style de vie) : manière de consommer, de se loger, se vêtir, goûts culturels, une certaine
éducation…
Ils partagent le même prestige qui peut être lié à la naissance (origine aristocratique, haute bourgeoisie..) ; au talent
(vedettes du sport, du spectacle) au niveau d’instruction (titulaires de doctorats..).
Les individus peuvent, au contraire, aussi partager un déshonneur, une stigmatisation : drogués, hors la loi,
handicapés..
-> Ordre politique : il classe les individus en partis politiques selon le critère du pouvoir : volonté de conquérir
et exercer le pouvoir pour défendre leurs intérêts.

Conclusion : Selon Weber pour situer un individu dans la société il faut prendre le domaine économique mais aussi
politique et social et pour Weber ces 3 phénomènes sont distincts :
Ex : on peut être un patron ayant réussi économiquement (ordre éco) sans avoir eu de diplômes ( ordre social).
Pour Marx c’est le facteur économique qui détermine les autres facteurs (le prestige social et le positionnement
politique des individus).
Schéma p 167 Hachette

B) La théorie des classes sociales fait débat


Le concept de classe fait l’objet de débats et de contestations car il est objet polémique : il est au centre de la
réflexion sur le pouvoir et l’inégalité dans les sociétés démocratiques.
La forte croissance des Trente Glorieuses a permis le développement d’une vaste classe moyenne et a contribué à
réduire les inégalités. Mais depuis les années 80 on assiste à un retour de nouvelles inégalités.
2 visions de la structure sociale s’affrontent :
. Pour certains auteurs la société se moyennise : fin des inégalités et des classes sociales
. Pour d’autres la société se polarise : augmentation des inégalités et persistance des classes.

1/ Une théorie aujourd’hui dépassée ?


Trois principaux arguments sont avancés :

a) La moyennisation de la société : diminution des distances inter-classes doc 2 p 168 Hatier


Développement d’un salariat non manuel de classes moyennes avec homogénéisation des niveaux et modes de vie.
Au cours du XXe siècle il y a eu une forte réduction des inégalités qui avait été prédite par Alexis de Tocqueville..
Dans les années 60 se développe l’idée d’une « mort des classes » selon laquelle une vaste classe moyenne
apparaîtrait rassemblant la plupart des cadres PIS, professions intermédiaires, employés et ouvriers qualifiés.
Pour Mendras il n’y aurait plus qu’une vaste classe moyenne homogène et que 2 groupes minoritaires fortement
différenciés : les catégories supérieures et les catégories défavorisées.
Il représente la société sous forme de toupie organisée autour de 2 constellations : la constellation centrale (cadres,
ingénieurs, enseignants, professions intermédiaires) qui regroupe ¼ de la pop et la constellation populaire (ouvriers
et employés) ½ , les indépendants (artisans, commerçants) font partie de cette constellation centrale , aux 2
extrêmes de cette masse se trouvent l’élite et les pauvres. doc : la toupie de Mendras
2 principales évolutions sont invoquées :
-> Réduction des inégalités économiques durant les Trente Glorieuses grâce à l’enrichissement de la société
française qui permet l’ uniformisation des niveaux de vie.
. atténuation des disparités éco : en termes de revenus, salaires : la propagation de la société de
consommation de masse fait que les conditions de vie se rapprochent.
Taux d’équipement dans les principaux biens est voisin de 90%.
. développement du salariat et du secteur tertiaire avec des conditions de travail, des droits et devoirs proches.
-> Réduction des inégalités socioculturelles : uniformisation des modes de vie, homogénéisation des
comportements, des pratiques et styles de vie : baisse de la conscience de classe.
.atténuation des disparités sociales : l’accès au système éducatif et au système de santé est généralisé :
massification de l’éducation (accès à l’éducation scolaire et universitaire) permet progrès de la mobilité sociale :
méritocratie. L’appartenance à l’élite n’est plus héréditaire.
.comportements démographiques : naissances hors mariage, taux de natalité, nombre d’enfants, divorce…
. une culture moyenne commune se généralise par le développement des médias de masse. Elle se base sur
des valeurs partagées : individualisme, recherche du bonheur personnel (hédonisme), insertion dans la société de
consommation de masse...
doc 1 p 168 Hatier Ainsi une majorité de français s’identifie de façon subjective à la classe moyenne.
L’identification subjective à la classe ouvrière pour les ouvriers est faible : la conscience de classe est moins forte.

b) L’augmentation des distances intra-classes au sein des catégories populaires


Inégalités intra catégorielles : les catégories populaires ne sont plus homogènes, il existe des écarts de richesses et de
modes de vie à l’intérieur de ces catégories.
- Inégalités au sein des employés doc 3 p 183 Magnard
Il existe des écarts importants dans les niveaux de qualification, de rémunération et de conditions de travail entre les
employés administratifs et les autres employés, notamment de services.
- Inégalités au sein des ouvriers doc 3 p 169 Hatier
Le groupe ouvrier est traversé par de nombreux clivages qui font qu’il ne forme pas un tout homogène. Inégalités de
rémunérations entre hommes et femmes, inégalités de taux de chômage entre les ouvriers qualifiés et les non
qualifiés, inégalités entre emplois précaires et emplois sûrs (CDI).

c) La multiplication des facteurs d’individualisation doc 2 p 224 Belin


Processus de construction de l’individu comme sujet qui prend ses distances, s’affranchit des collectifs et devient
autonome par rapport aux groupes d’appartenance (travail, religion, politique, famille, école, âge, genre, culture..). Il
choisit son propre style de vie en empruntant des pratiques à des milieux sociaux très différents qu’il a fréquenté
dans ses multiples expériences de socialisation. C’est ce que Bernard Lahire appelle les « individus pluriels ».
Le poids du groupe social d’origine, le déterminisme social devient moins influent : l’individu est moins déterminé
par son appartenance de classe,
Identité individuelle > identités collectives
Identités sexuelles, ethniques > identité de classe
Schéma p 224 Belin

2/ Une théorie qui demeure pertinente ?


Trois arguments sont développés :

a) Des inégalités multiformes persistantes doc p 174 Nathan


Pour des sociologues comme Louis Chauvel ou Olivier Schwartz les classes sociales n’ont pas disparu.
 Les inégalités économiques, de niveaux de vie augmentent depuis la fin du XXe siècle entre les plus
riches et les plus pauvres. : doc 5 p 171 Hatier
- Les inégalités de revenu : ( 1% doc 3 p 167 Magnard)
- Le temps de rattrapage du salaire moyen des cadres par celui des ouvriers se situait dans une fourchette de 30 à 40
ans de 1950 à 1975.Depuis les années 90 cette fourchette est passée à 200 ans.
Explosion des rémunérations des PDG du privé : ils gagnent aujourd’hui 230 fois le salaire moyen de leur entreprise
alors que dans les années 60 c’était 40 fois plus.
Moyenne des patrons du CAC 40 en 2021: 8,7 millions d’euros par an soit 453 smic ! Les 5 patrons les mieux payés
gagnent plus de 10 millions par an.... (Ford à son époque s’était fixé une règle de conduite dans son entreprise : écart
de salaire maxi de 1 à 20 : aujourd’hui seules les entreprises publiques suivent cette règle. Certains considèrent qu’il
faudrait légiférer pour ne pas qu’ils dépassent 100 smic soit 1,75 million d’€.
- Les inégalités de patrimoine : se sont fortement accrues :
2 raisons principales : flambée du prix de l’immobilier et gains à la bourse
Les revenus du travail (salariés) augmentent beaucoup moins rapidement que ceux du capital ( les actionnaires en
2019 ont battu un record en France : ils se sont répartis plus de 60 milliards d’euros de dividendes ; en 2021 44,3
milliards que pour le 2e trimestre..).
Les plus riches se sont donc encore enrichis : on parle du « retour des rentiers ».
 Les inégalités socioculturelles
- Les inégalités de consommation demeurent : certains biens restent sélectifs : nouveaux produits, puissance
et qualité, consommation ostentatoire (bien Veblen) les vacances ne sont pas les mêmes selon les groupes sociaux.
- Les inégalités face à l’école : massification ne veut pas dire démocratisation. Les inégalités d’accès aux
grandes écoles se sont accentuées (moyenne des frais de scolarité pour écoles de commerce : 36 000 euros soit
12 000 € par an..) On parle d’un enseignement supérieur bicéphale.
- Les inégalités face à la mort : p 296 Hachette
Un cadre a une espérance de vie supérieure de 6,5 ans par rapport à un ouvrier.
Pour les 5% des hommes les plus riches cet écart est de quasi 13 ans (12,7) avec les 5 % des plus pauvres.

b) La logique de classe, les cultures de classe subsistent


- L’identité de classe persiste dans certains groupes sociaux, en particulier la bourgeoisie qui constitue une
classe en soi et pour soi. doc 3 p 175 Nathan
La grande bourgeoisie conserve et défend ses intérêts : les classes dirigeantes issues des grandes écoles détiennent
le pouvoir économique et politique de la France. Voir les ouvrages des sociologues Monique et Michel Pinçon :
« Sociologie de la bourgeoisie » et « Les ghettos du gotha ».
- De manière générale, les riches cultivent un entre-soi résidentiel.
Les riches (soit les ménages du dernier quintile) habitent systématiquement des zones ou ils sont surreprésentés.
Cette surreprésentation est encore plus marquée en Ile-de-France et soumise a une dynamique cumulative
- Des comportements, des formes de sociabilité et de représentations communes subsistent  culture
ouvrière, culture paysanne, culture bourgeoise…

c) Les rapports sociaux de classe s’articulent avec les rapports sociaux de genre doc 1 p 184 Magnard
Un parallèle peut s’établir entre lutte de classes et lutte des sexes : hommes et femmes peuvent être assimilés à deux
classes qui occupent des positions inégalitaires dans la société. Les rapports sociaux entre hommes et femmes
défavorisent les femmes qui subissent l’inégale répartition des tâches dans la sphère économique, domestique ou
politique.
Les femmes ont pris conscience de ces inégalités, se mobilisent et luttent pour changer les rapports hommes -
femmes.

Tableau p 169 Hachette

Fiches révisions : vrai/faux, textes à trois, points clés

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