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Thème 2 : Territoires, populations et développement : quels défis ?

Chapitre 2 : En France
La France est un pays contrasté du point de vue démographique. Elle jouit encore d’une natalité
assez forte pour un pays développé, mais le nombre de retraité ne cesse d’augmenter (papy
boum).
Elle est également contrastée du point de vue socio-économique avec une image de pays plutôt
riche, mais où les inégalités socio-économiques se creusent. Ces inégalités sont présentes à
différentes échelles : nationale, régionale et à l’intérieur même des villes où différents
quartiers sont relégués par rapport à d’autres.
Les acteurs, à différentes échelles, européenne, nationale et au niveau des collectivités territoriales
tentent de lutter contre ces inégalités par le biais de leurs politiques.

Problématique

 Quelles inégalités permettent du nuancer l’image d’une France globalement riche


et vieillissante ?

I. Une population française dynamique mais vieillissante


 
Comme beaucoup de pays développés, la France est dans une phase de vieillissement de sa
population (par opposition aux PED qui sont dans une phase de rajeunissement de leur population).
A. Une croissance démographique persistante
 
 
La transition démographique de la France est ancienne : la natalité diminue surtout depuis le
milieu des années 1970 et l’espérance de vie s’allonge. Les plus de 65 ans sont passés de 8
millions en 1990 à 13 millions en 2018, soit 20% de la population contre 14% en 1990.
Mais sa fécondité reste plus importante que celle de ses voisins européens. Avec 67.2 millions
d’habitants et 1,88 enfants par femme en 2017, la France est le pays le plus peuplé d’Europe
après l’Allemagne. Le solde naturel positif reste le moteur de la croissance démographique.
Les territoires ultramarins connaissent une transition démographique rapide mais différenciée.
La Martinique, la Guadeloupe ont des taux de natalité comparables à ceux de la métropole. Mayotte, la
Guyane et La Réunion ont des taux plus élevés.
Cette carte indique le solde naturel entre
2000 ET 2015 en France.
Plus les couleurs virent vers le rouge brique :
plus ce solde est positif.
Plus les couleurs virent vers le bleu : plus ce
solde est négatif.

Rappel : solde naturel = naissances -décès


(⇒ on ne compte pas les migrations)

Quelles tendances peut-on dégager ?


Cette carte montre les variations de population
entre 2010 et 2015, dues au solde migratoire
(donc on oublie les naissances et les décès :
ici, c’est arrivées-sorties)

Quelles tendances peut-on dégager ?


B. Un vieillissement croissant mais inégal

Dans les territoires ruraux et montagnards peu denses, la part de plus de 65 ans est élevée
mais tend à stagner. Au contraire, elle augmente dans les couronnes périurbaines des grandes
villes du fait du vieillissement des ménages installés dans les années 1970.
 
 
Les métropoles et certaines régions restent plus jeunes. Le nord et l’est de la France
compensent un déficit migratoire par une croissance naturelle forte. La part des moins de 20 ans
reste élevée (26% dans le Nord ou l’Oise). L’Ile-de-France reste attractive pour les jeunes
adultes.
 
 
Les migrations internes jouent un rôle clé dans l’inégal vieillissement des territoires. Les
littoraux, notamment méditerranéens, attirent les retraités : la part des plus de 65 ans est de
25% dans le Var. Dans les territoires ruraux, le déficit de naissances est compensé par le
« retour au pays » des retraités.
 
C. Des défis socio-économiques à relever
 
 
Le vieillissement de la population française représente un coût : financement des retraites,
structures d’accueil. La prise en charge d’une population vieillissante et d’une jeunesse importante
repose sur des actifs moins nombreux (rapport de 1,2 en 2018 contre 1,9 en 1990).
Les politiques publiques sont encore insuffisantes, particulièrement dans les régions où la
croissance des séniors est forte (littoral méditerranée, régions frontalières du nord et de l’est). Des
outils numériques se développent au service des personnes âgées.
Cependant, la croissance du nombre des séniors constitue aussi une opportunité. Le revenu moyen
des plus de 65 ans a augmenté depuis 50 ans et la « silver économie » est un marché en plein
développement. Ils participent au maintien du tissu associatif local.
 
Face à des évolutions démographiques contrastées, des mesures sont mises en œuvre pour maintenir
une cohésion sociale et territoriale.
II. Une France riche mais inégalitaire
 
A. Un pays développé aux inégalités croissantes
 
 
 
La population française est l’une des plus aisées d’Europe, avec 1710€ de revenu mensuel moyen
par personne en 2017. Les écarts de richesse entre les plus modestes et les plus riches sont 2 fois
moins importants qu’en Amérique du Nord.
Cependant, les inégalités socio-économiques se creusent. En 2018, si 2 Français sur 3
appartiennent à la classe moyenne, 14% de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins
de 1026 € par mois en 2018), contre 13,3% en 2008.
La pauvreté touche surtout les familles monoparentales et les jeunes sans qualification. Elle se
traduit par le mal-logement (4 millions de personnes en 2018) et la précarité. Le temps partiel
subi touche 57% des salariés au SMIC.
 
B. Des disparités territoriales à toutes les échelles
 
 
A l’échelle nationale, les écarts entre régions riches et pauvres sont importants. Les régions
marquées par la désindustrialisation et les territoires ultramarins sont les plus pauvres. Le
taux de pauvreté atteint 41% à La Réunion.
Les métropoles concentrent les plus fortes inégalités socio-économiques. Elles sont révélatrices
d’une fragmentation socio-spatiale croissante entre les quartiers prioritaires (42% des
résidents sous le seuil de pauvreté) et les quartiers favorisés.
.
Qualité de l’offre des soins de proximité, en 2017
Une note de 0 à 10 pour la qualité de la desserte médicale
a été attribuée à chaque canton en fonction de la densité
des effectifs de praticiens pour 10 000 habitants, au
niveau du canton pour les chirurgiens-dentistes, les
masseurs-kinésithérapeutes, les médecins généralistes
libéraux et les médecins généralistes salariés, et au
niveau du département pour les médecins spécialistes. La
note de synthèse donne plus d’importance aux médecins
généralistes libéraux et aux spécialistes.

Rouge : note de 0
Vert foncé : note de 10

Dans les zones rurales, la pauvreté diffuse est


aggravée par la faiblesse des services. 7,4
millions de personnes habitent dans des communes
isolées, où les inégalités sont plus fortes. En Corse,
20% des ménages vivent sous le seuil de pauvreté.
 
 
C. Des acteurs multiples dans la lutte contre les inégalités
 
 L’Union Européenne contribue à la réduction des inégalités. Les territoires ultramarins mais
également les espaces métropolitains en marge (espaces ruraux isolés, quartiers prioritaires)
bénéficient de subventions pour améliorer l’accessibilité des services et l’emploi des jeunes
sans qualification.
L’Etat coordonne des politiques de redistribution au nom du principe de solidarité. Elles
permettent à plus de 5 millions de personnes d’échapper à la pauvreté. La Sécurité sociale
prend en charge la santé et la vieillesse (80% des dépenses de protection sociale). Par
l’éducation, l’Etat encourage un ascenseur social aujourd’hui en panne.
Les collectivités territoriales sont des acteurs de la lutte contre les inégalités. LE département
gère le revenu de solidarité active (RSA, 1,7 million de personnes) ou l’allocation pour adulte
handicapé (AAH, 1,1 million). Les associations caritatives complètent l’aide publique à
l’échelon local.
Conclusion du chapitre
 
Les dynamiques démographiques en France sont différenciées selon les territoires. Le
vieillissement de la population est général, mais il impacte les territoires différemment. Les métropoles
restent attractives pour les jeunes. Des régions comme le Nord et l’Est restent plus jeunes grâce à une
natalité qui reste importante. Par contre, dans d’autres régions comme les littoraux, notamment
méditerranéen, ce sont les migrations internes, de retraités, qui amène à un vieillissement de la
population.
Ces populations différentes ont des besoins différents et c’est le rôle des pouvoirs publics, à
travers leurs différentes politiques, d’atténuer les inégalités entre les territoires.

A travers la loi NOTRe (Nouvelle organisation du territoire de la République, 2015) qui renforce le
pouvoir des régions en matière d’aménagement du territoire et de développement durable et la loi
MAPTAM (Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, 2014) qui
donne plus d’autonomie aux métropoles afin qu’elles œuvrent elles-mêmes au renforcement de
leur territoire, les pouvoirs publics ont voulu décentraliser certaines décision.

Cependant, cette décentralisation accentue les écarts entre centres et périphéries. En


favorisant la compétition entre les territoires, elle renforce les villes les mieux intégrées dans la
mondialisation (Lyon, Lille). Au lieu d’impulser un rééquilibrage du territoire national, elle accentue les
hiérarchies spatiales entre régions gagnantes (Île de France, Auvergne-Rhône-Alpes) et régions
perdantes (Corse, outre-mer).
Ce creusement des inégalités accentue la contestation sociale. Celle-ci se traduit par la
progression de l’abstention et du vote contestataire, notamment dans les régions les plus
affectées par la crise (Haut de France, Grand Est, Languedoc). Elle s’exprime aussi dans la
multiplication des tensions sociales : mouvement des gilets jaunes, grève générale et émeutes
en Guyane (2017) et à Mayotte (2018), manifestations contre la fermeture des services
publics en zone rurale, démission d’élus locaux protestant contre la baisse de leurs dotations.

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