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 Le français en Algérie

 Lexique et dynamique des langues


 Par Ambroise Queffélec, Yacine Derradji, Valéry Debov, Dalila
Smaali-Dekdouk et Yasmina Cherrad-Benchefra

 Année : 2002
 Pages : 592
 Collection : Champs linguistiques
 Éditeur : De Boeck Supérieur

Sociolinguistique de L'Algérie

Première Chapitre 1. Les fondements de la situation


actuelle partie.

1 – La période précoloniale

1.1 – Quelques repères historiques

1L’histoire de l’Algérie ne commence pas avec la révolte de l’Émir Abd


el-Kader et encore moins à partir des invasions préhilaliennes
du VIIe siècle. Ce pays existe depuis des millénaires et il s’agit pour nous,
dans le cadre de cette réflexion sur la sociolinguistique de l’Algérie, de
donner des repères historiques constitutifs de l’entité socioculturelle
contemporaine du pays.

2L’Algérie est un pays qui a connu plusieurs invasions étrangères et dont


l’histoire est profondément influencée par de multiples civilisations
(phénicienne, carthaginoise, romaine, byzantine, arabe, turque et
française) auxquelles la population la plus anciennement installée, les
Imazighen, désignés ultérieurement par le terme « Berbères », opposa une
farouche résistance. Constituée notamment de grandes tribus
indépendantes les unes des autres, la population berbère subit, durant
quelques siècles, l’hégémonie de Carthage, puis de Rome en dépit de la
résistance opposée d’abord par Massinissa, qui put unifier les grandes
confédérations berbères au IIe siècle pour fonder le Royaume de Numidie,
puis par Jugurtha, qui s’opposa militairement à l’invasion. Une fois ce
dernier vaincu, l’Empire romain étend sa puissante domination sur tout le
territoire numide, le transforme en grande province romaine en édifiant
des villes importantes qui existent encore, Timgad, Tipaza, Cirta
(actuellement Constantine), Hippone (Annaba), Djemila, Tidis, et en
développant une organisation sociale, urbaine et économique basée
surtout sur l’agriculture et l’élevage. Le pays se transforme en grenier de
Rome tant il est prospère. Christianisé du II e au IVe siècle, il rayonne
comme pôle du christianisme sous l’influence de saint Augustin, évêque
d’Hippone. Le déclin de Rome précipite la Numidie dans un cycle de
révoltes des populations berbères qui s’achève par sa soumission aux
envahisseurs vandales en 429. Au Ve siècle, les Byzantins réoccupent le
pays pour une courte durée jusqu’en 647/648, année de leur défaite face
aux conquérants venus de la péninsule arabique : les Arabes. La conquête
arabe, après avoir islamisé et arabisé, en 643/647, l’Égypte, la Cyrénaïque
et la Tripolitaine, s’étend au Maghreb en plusieurs étapes : l’édification
par Okba Ben Nafâa, en 674, d’un grand pôle de rayonnement culturel et
scientifique à Kairouan constitue un point de départ pour la future
conquête de tout l’ouest de l’Afrique du Nord.

3Selon Julien (1952), la population berbère avait une culture qui se


caractérisait par une forte aptitude à phagocyter les éléments culturels
étrangers, tout en restant profondément attachée à ses origines. La
pénétration du Maghreb par les troupes arabes vers le centre et l’ouest est
ralentie et rendue difficile par l’opposition farouche des populations
berbères dirigées par Koceila coalisé avec les Grecs et les Byzantins. De
retour d’un raid, Okba Ben Nafâa et ses troupes sont décimés dans le sud
du massif des Aurès par l’armée berbère dirigée par Koceila. En dépit de
cette défaite et de la mort de Okba Ben Nafâa en 683, dans le sud de la
région de Biskra, l’avancée et la domination des troupes arabes sur
l’ensemble du Maghreb se confirma avec la mort de Koceila. La Kahina –
qui a régné durant cinq années dans tout le Maghreb central – est battue et
tuée dans le massif des Aurès par Hassan Ibn No’man El Ghassani en
702. Cette défaite consacre la suprématie des Arabes sur le Maghreb
central. L’ouest de l’Afrique du Nord est entièrement conquis dès 709 par
Moussa Ibn Noussaïr et, en 711, c’est l’Espagne et l’Andalousie qui
tombent sous l’emprise d’un Berbère converti à l’islam, Tarek Ibn Ziyad.

4L’influence de la civilisation arabe et surtout de l’Islam ont


profondément marqué les populations berbères sans pourtant venir à bout
de leur organisation sociale et de leur spécificité culturelle : selon Julien
(1952 : 28), « ces Berbères convertis par les Arabes en vinrent, aussi
naturellement, à porter leur opposition sur le terrain de l’Islam » qui leur
permettait de présenter leurs revendications sociales sous la forme d’« un
idéal religieux. Le Kharidjisme devint en quelque sorte, un épisode de la
lutte de classes et une manifestation xénophobe, comme l’avait fait le
donatisme. Si le Maghreb fut la terre de choix de ces deux hérésies, ou
plutôt de ces deux schismes de caractère révolutionnaire, c’est que, nulle
part, les sentiments ascétiques et égalitaires, inséparables de la haine du
maître, n’atteignirent une telle intensité ». La résistance berbère adopte
d’autres formes de lutte en imposant, à la fin du VIIe siècle, la constitution
de principautés kharidjites dans le Maghreb central. L’extension d’un
schisme dans l’Islam qui se répand dans tout le pays génère des royaumes
indépendants du califat omeyyade, dont le plus important est celui de
Tahert (aujourd’hui Tiaret, dans l’ouest algérien), spécifique aux
Rostémides. Cependant, les Fatimides chiites mettent fin, au Xe siècle, à
la suprématie des dynasties rostémides et refoulent la population berbère
dans les montagnes en fondant le royaume des Zirides en Tunisie. Fidèles
du calife fatimide du Caire, les Zirides rompirent avec le chiisme pour se
rallier au calife abbasside de Bagdad en 1045, au moment où des tribus
arabes nomades, les Hilaliens et les Béni Souleym, commencèrent à
envahir le Maghreb par le sud tunisien. Au XIe siècle, les Berbères
hammadites repoussent les Hilaliens et imposent la suprématie de leur
royaume sur tout le Maghreb central à partir de leur capitale, la Quala des
Banu Hammad (dans la région de Bejaia, nord-est de l’Algérie), et ce
jusqu’en 1091. Aux XI e et XIIe siècles, les Almoravides puis les
Almohades, dynasties berbères, dominent le Maghreb et l’Espagne. Mais
l’emprise arabe est assez profonde pour empêcher le désordre et
l’effondrement des derniers royaumes arabo-berbères mis en place par les
Abdalwadides (1235-1530) qui fondent le royaume de Tlemcen (ouest de
l’Algérie) dont le pouvoir s’étend sur tout l’ouest du Maghreb. Sa capitale
Tlemcen fut jusqu’au XVIe siècle un grand centre de rayonnement
culturel.

5À la suite du déclin des musulmans en Espagne, les visées espagnoles


sur le Maghreb se concrétisent par la prise du port de Mers el-Kébir
(1505) et de la ville d’Oran (1509). D’autres villes portuaires, Bejaia,
Ténès, Cherchell, Mostaganem, Dellys ainsi qu’Alger paient de lourds
tributs. Ferdinand le Catholique se contenta de cette forme d’occupation
mais sa mort encouragea le cheikh* [1][1]Les termes munis de
l’astérisque lors de leur 1 re apparition… d’Alger à solliciter l’aide du
corsaire turc Aroudj en 1516. Son frère Khaïreddine, avec l’appui de
l’Empire ottoman, est nommé chef suprême (beylerbey*) et fonde la
Régence d’Alger en 1516. Les dernières dynasties arabo-berbères, les
Ziyanides, les Hafsides et les Abdalwadides déclinent puis disparaissent
sous la poussée de l’expansionnisme de la Sublime Porte. Le Maghreb
central sous domination turque connaît alors deux siècles de stabilité
administrative, économique, politique et culturelle jusqu’en 1830, année
qui vit l’Algérie subir l’invasion des troupes françaises.

1.2 – Repères sociolinguistiques et linguistiques

6La succession des invasions et l’occupation des comptoirs maritimes et


des grandes agglomérations entraînent l’implantation de langues et de
variétés linguistiques diverses qui se superposent au substrat berbère sans
connaître la même évolution ni la même fortune. De par sa position
centrale sur les côtes de l’Afrique du Nord, l’Algérie occupe une très
grande place dans la régulation des échanges commerciaux et
économiques entre l’Égypte, la Grèce, Rome et les pays du sud-est
subsaharien. Ces échanges économiques favorisent les interpénétrations
culturelles entre les peuples du bassin méditerranéen et l’extension, dans
les comptoirs maritimes et les villes de l’intérieur, des langues les plus
influentes sur le plan économique. Jusqu’au VIIe siècle, successivement le
phénicien, le grec, le latin et le berbère constituent les principaux idiomes
utilisés pour les transactions commerciales entre les pays riverains de la
Méditerranée. La conquête arabe sur la région fut l’un des plus grands,
sinon le plus grand, des chocs de civilisations qu’ait connus la région
avec l’avènement d’une religion, l’islam, et d’une langue, l’arabe ; ceux-
ci furent des facteurs d’union et de cohésion dans une contrée qui, selon
beaucoup d’historiens, ne connut jamais d’unité spirituelle et religieuse,
tant elle était secouée par les conflits internes propres aux tribus berbères
et par les invasions venues du nord et de l’est méditerranéens.
L’islamisation du pays et son arabisation* constituent des sédiments
religieux, culturels et linguistiques fondamentaux qui se superposent à la
berbérité* sans pour autant se substituer totalement à cette amazighité*
que l’on considère aujourd’hui comme le fondement culturel du peuple
algérien. L’arabe hilalien, le parler des tribus des Banu Hilal, les premiers
conquérants fondateurs de Kairouan, fut le premier idiome arabe à
s’implanter dans le pays. Les interactions culturelles et linguistiques entre
le tamazight* (berbère) et l’arabe ainsi que les apports culturels exogènes
qui s’ensuivirent avec la conquête de l’ouest de l’Afrique du Nord, de
l’Espagne, favorisèrent le développement de la civilisation arabo-
musulmane et contribuèrent à réaliser au Maghreb une certaine synthèse
entre le caractère spécifique amazight* et l’apport arabe. Par-delà la
confrontation ethnique, culturelle et linguistique, les interactions
réciproques sur les éléments culturels antagoniques se traduisirent par
l’adoption, l’assimilation et les emprunts de divers traits constitutifs de la
spécificité de l’autre, en fonction des intérêts du groupe concerné et de la
nouvelle situation sociopolitique. Selon Bourdieu (1970 : 80), « les
échanges ont été si intenses et si prolongés que les termes en présence,
tels que l’arabisme et le berbérisme, ne peuvent plus guère être
distingués [2][2]Nous soulignons. que par une opération de l’esprit… la
compréhension de cette synthèse originale, résultat de la confrontation
dialectique qui n’a cessé d’opposer le fonds local aux apports orientaux. »
Les strates d’une nouvelle civilisation se superposent et, selon Lombard
(1971 : 75), l’Afrique du Nord « connaît un nouvel essor démographique
et urbain, une nouvelle prospérité économique et commerciale […] Elle
est à la fois riche d’horizons et de contacts de civilisations. Elle sert de
relais entre l’Orient d’une part, et l’Espagne, la Sicile, l’Occident barbare,
le Soudan de l’autre, entre les pays civilisés et les pays neufs. » Ce
développement de la civilisation arabo-islamique a jeté les bases en
Algérie d’un État-nation résolument tourné vers une modernité dont les
fondements se trouvent dans l’interpénétration de la culture berbère et de
l’esprit scientifique arabe. Cette assimilation de la culture arabo-
islamique par la population berbère est favorisée par la dynamique des
nouvelles structures sociales, éducatives, administratives et économiques
mises en place par les Arabes mais surtout par la dimension sacrée de la
langue arabe qui devient en fait la langue de fonctionnement de toutes les
institutions sous l’autorité des diverses dynasties arabes et berbères. Pour
Bourdieu (1970 : 52), la situation sociologique et sociolinguistique de
l’Algérie à la veille de l’occupation coloniale présente une opposition de
plusieurs aires culturelles et linguistiques : il faut distinguer « les villes
où l’on utilise des parlers préhilaliens (dits de citadins par opposition aux
parlers villageois employés par exemple en Petite Kabylie) ; la zone des
parlers bédouins qui comprend d’une part, la région des plaines, des
collines et du littoral (hautes plaines constantinoises, Mitidja, Cheliff,
collines bordières de l’Ouarsenis et du Dahra, plaines oranaises),
peuplées actuellement de nouveaux sédentaires (« semi-sédentaires » à
l’origine) qui vivent en habitat dispersé, et, d’autre part, les hautes
plaines, lieu privilégié des parlers bédouins, habitées par les nomades et
les semi-nomades en voie de sédentarisation ou des populations
récemment sédentarisées. » Cherrad-Benchefra (1990 : 27) décrit en des
termes voisins la situation linguistique qui prévalait : « Sur le plan
linguistique nous pouvons distinguer très schématiquement deux cercles
emboîtés : le premier a priori homogène représentant les cités, autour
desquelles se dessinait un autre cercle plus hétérogène illustrant les
campagnes. Ainsi la société “algérienne ” de l’époque semblait nous
offrir une première image composite où émergent des îlots linguistiques
distincts (arabophones ou berbérophones) au niveau du cercle rural où le
degré d’arabisation variait considérablement selon la distance par rapport
au centre urbain. En effet, plus on se rapprochait des villes, plus l’arabe
devenait langue principale. » Pour les deux chercheurs, l’opposition
ville/campagne constituait donc l’essence de la société algérienne. La
ville focalise les échanges commerciaux entre deux espaces et deux
structures sociales et économiques qui donnent l’apparence d’être
hermétiquement closes. Elle constitue le lieu privilégié de la symbiose
entre des modes de vies différents, de l’interpénétration sociale et de
l’interdépendance économique. L’espace urbain, avec ses foyers
économiques, culturels et intellectuels représentés par la mosquée, la
médersa*, les écoles, le marché, structure, codifie et enfin normalise
toutes les activités et les relations sociales. La ville exerce une fascination
par son prestige : elle offre la sécurité, le salaire, la culture. Elle est un
pôle d’attraction pour les populations rurales semi-sédentaires, semi-
nomades et nomades dont les faibles revenus découlent essentiellement
de l’élevage, du pastoralisme et d’une agriculture très rudimentaire
permettant tout juste l’autoconsommation. Ces populations sont
confrontées de plus en plus aux aléas des rivalités des confédérations
arabo-berbères tribales et des conditions climatiques
(sécheresse/inondations qui déciment les troupeaux et détruisent les
maigres récoltes). Ainsi, jusqu’en 1516, avant la colonisation turque et
l’instauration de la Régence d’Alger, la structuration sociale de la ville se
construit à partir d’un flux progressif d’exode rural, un amalgame de
diverses populations qui se greffent les unes sur les autres, ce qui va
donner à la cité sa véritable configuration socio-économique et
culturelle : les Arabes, plus particulièrement les « Maures andalous
expulsés d’Espagne […] qui, fort nombreux à Nédroma, Tlemcen, Médéa
et Miliana, forment la bourgeoisie citadine » (Bourdieu, 1970 : 56), ont
pour activités le commerce, l’exploitation d’une petite industrie artisanale
et des propriétés agricoles cultivées par une main-d’œuvre très
diversifiée, composée surtout d’Arabo-Berbères, un métissage d’Arabes
berbérisés et de Berbères arabisés et dont la langue est surtout l’arabe. À
ceux-là s’ajoutent les Berbères, un amalgame de Kabyles, de Chaouis et
de Mozabites constituant respectivement « des communautés de semi-
citadins […] sauvegardant leurs usages et leur langue et groupés par
famille, exerçant généralement le même métier : vendeurs d’huile, de
figues, de charbon, porteurs d’eau, portefaix, marchands de chaux et
maçons, tenanciers de bains, épiciers et bouchers » (Bourdieu, 1970 : 56).
La ville abrite aussi les Juifs dont les activités sont concentrées sur la
bijouterie, l’orfèvrerie, la dinanderie et le textile, et une population
composée d’Espagnols et de musulmans expulsés d’Espagne, bien
implantés dans les villes portuaires de l’ouest et du centre du pays, et se
consacrant principalement à la pêche et à l’agriculture. L’intense activité
commerciale et les échanges économiques entre les ports, la cité et
l’intérieur du pays génère la croissance et favorise l’apparition d’une
société urbaine hiérarchisée et structurée. Cette hétérogénéité sociale ne
bouleverse en aucune manière le sentiment d’appartenance à un même
ensemble plus vaste, « la Oumma islamiya », qui constitue le
dénominateur commun à toutes les populations musulmanes. Les
israélites ainsi que les chrétiens, dont le nombre n’a jamais été très
important, sont parfaitement intégrés et contribuent à l’effet de patchwork
qui caractérise cette société en constitution et en pleine mutation.
7Avec l’instauration de la Régence d’Alger (1516-1830) vient se greffer
une nouvelle population, peu nombreuse, les Turcs, originaires d’Asie
occidentale, islamisés par les Arabes dès le Xe siècle et plus orthodoxes
dans leur pratique religieuse. Ils ont contribué d’ailleurs beaucoup au
rayonnement de l’Islam par la conquête militaire, l’islamisation de
plusieurs pays d’Europe centrale et par l’édification d’un véritable empire
musulman, le Califat, dirigé depuis Constantinople. Leur union avec les
femmes autochtones donne naissance à une classe à part, les
kouroughlis*, qui occupent des fonctions militaires et juridiques et
constituent avec les Turcs le sommet de la hiérarchie sociale et
économique. Une nouvelle dynamique sociale prend forme avec le
renforcement et l’édification d’un État nouveau gouverné par les beys*.
L’hétérogénéité sociale, qui prévaut alors, trouve son corollaire dans la
diversité des idiomes et des multiples fonctions sociales qui leur sont
dévolues. Selon Cherrad-Benchefra (1990 : 37), la stratification
linguistique correspond aux diverses couches sociales en place :

 l’arabe se manifeste dans ses deux variétés essentielles, littéraire et


dialectale (dont les réalisations peuvent varier d’une région à une
autre). Dans sa variété classique, la plus proche du Coran, il constitue
la langue officielle. Son expansion dans toutes les régions du pays est
assurée par les mosquées mais aussi par les diverses institutions
traditionnelles chargées de l’instruction, de l’éducation et de la
formation de la population : les écoles coraniques* ainsi que les
zaouïas* sont implantées dans les campagnes les plus reculées pour
propager une religion et une langue dont la fonction essentielle à
l’époque est l’intégration communautaire. Elle est utilisée dans le
code écrit essentiellement par les personnalités chargées de l’exégèse
religieuse islamique, ce qui confère à cette variété une dimension
sacrée. La variété classique, écrite et orale, propre aux lettrés, aux
hommes de loi et aux notables citadins, est exclusivement utilisée
dans les établissements tels que les écoles et les médersas ainsi que
dans les institutions qui gèrent les affaires de l’État. Dans les
principales villes capitales des dynasties arabo-berbères (Tiaret,
Tlemcen, Constantine, Bougie, Alger), les médersas, établissements
d’enseignement supérieur, assurent le rayonnement de la culture
arabo-islamique et dispensent « dans une langue arabe alors
rationnelle, savante et précise » (Moatassime, 1992 : 24) des cours de
théologie, de droit musulman, d’histoire, de géographie, de
mathématiques, de sciences naturelles et physiques et même de
médecine. L’arabe dialectal, variété orale, sert à l’interaction et à
l’intercompréhension sociales entre les différentes populations, de
souches tant arabe que berbère, aussi bien rurales que citadines, qui
constituent la grande masse populaire ;
 le berbère, autre idiome vernaculaire, exclusivement oral, avec ses
trois variétés principales, localisées géographiquement (le kabyle*, le
chaoui* et le mozabite*) est utilisé particulièrement par les catégories
économiques subalternes dans des situations de communication
nettement plus restreintes de type familial ;
 le turc, dont l’évolution et la fortune sont liées à la position socio-
économique privilégiée de la minorité au pouvoir, ne connaît pas de
grande extension et se voit limité aux garnisons, aux notables, aux
administrations de gestion relevant de l’autorité des beys régionaux et
du dey*, chef suprême des forces turques implantées à Alger. Son
statut de langue étrangère, l’utilisation exclusive du code écrit,
l’éloignement du sultanat, la décentralisation du pouvoir ottoman,
l’intégration progressive de l’arabe dans la gestion des affaires et son
adoption par les représentants du pouvoir et, ultérieurement, le déclin
de l’Empire turc sont les facteurs qui détermineront sa disparition de
l’administration ;
 l’espagnol est employé par les immigrants espagnols, par les réfugiés
maures musulmans et par les Juifs refoulés par les catholiques après
la chute de Grenade en 1492 ; cette population qui s’est installée
exclusivement dans les villes côtières et certaines agglomérations de
l’Ouest algérien, se voit renforcée par d’autres immigrants en
1505/1509 à l’occasion de l’occupation des ports algériens par les
forces navales de Ferdinand le Catholique. La présence de l’espagnol,
encore attestée dans le parler arabe oranais actuel, est manifeste dans
les lieux de vente, d’échange et de troc de marchandises que sont les
ports. L’espagnol participe, comme d’autres langues
méditerranéennes (italien, maltais, portugais, turc, provençal, etc.), à
la constitution d’un pidgin commercial, la « lingua franca » qui puise
son originalité dans l’amalgame et la combinaison originale de mots
issus de toutes les langues en présence ;
 enfin l’hébreu, confiné à un usage vernaculaire communautaire, est la
langue de la minorité israélite, essentiellement citadine, bien
implantée dans les cités qui connaissent un important essor
économique comme Alger, Tlemcen, Constantine, Nédroma, Tiaret et
Oran ; cette minorité est si bien intégrée dans et par la population
musulmane qu’il est souvent bien difficile de l’en distinguer à cause
de sa parfaite maîtrise de l’arabe dialectal même si demeurent
certains écarts sur le plan phonologique.

L’interpénétration des traits et termes culturels qui fondent la spécificité


de chaque groupe social favorise la naissance, comme le souligne
Bourdieu (1970 : 81) « d’une civilisation originale, une koinè
culturelle [3][3]L’auteur souligne.… fondée avec les matériaux
communs ». L’opposition antérieure ville/campagne, constituée par des
pôles hermétiquement clos et diamétralement opposés sur les plans
sociolinguistique et linguistique, tend à se diluer au profit d’un ensemble
communautaire nouveau. Les inégalités sociales, économiques et
culturelles constituent les éléments catalyseurs d’un processus de
constitution d’un État et « créent les conditions d’un marché
linguistique » (Bourdieu, 1970 : 27). Le développement croissant des
institutions et des agents de légitimation du pouvoir politique qui édictent
les règles de normalisation sociale (les institutions culturelles et de
formation intellectuelle), de reproduction et d’expansion du discours
dominant (les fonctionnaires de l’État et les personnalités culturelles)
favorise le processus de légitimation de l’arabe standard en tant que
langue officielle, langue de l’État, langue de référence et de prestige qui
« devient la norme théorique à laquelle toutes les pratiques linguistiques
sont objectivement mesurées » (Bourdieu, 1970 : 27). Ce processus qui
tend vers une stabilisation linguistique, vers une sorte d’homogénéisation
linguistique de l’Algérie, connaîtra une rupture avec la conquête française
qui provoquera son effondrement structurel en introduisant de nouvelles
normes de mesure et de référenciation culturelles.

2 – La période coloniale

2.1 – La politique linguistique du colonisateur

8Pour parachever une conquête militaire qui n’avait pas été facile et pour
concrétiser les aspirations économiques et politiques des idéologues
expansionnistes de la Troisième République, les colonisateurs
entreprirent de désagréger définitivement les fondements de
l’organisation arabe et de pratiquer une guerre intensive à la culture et à
la langue arabes, en traquant et en détruisant toutes les poches de
résistance populaire et en interdisant toute tentative d’opposition à
l’idéologie coloniale. L’administration française, soucieuse de son avenir
et de sa pérennité dans ce riche pays nouvellement conquis, appliqua la
politique de la terre brûlée. Elle désintégra tous les repères sociaux,
économiques et culturels de l’identité algérienne et leur substitua les
référents de l’État colonial, symbolisé par la puissance armée, le pouvoir
politique, le pouvoir judiciaire et surtout l’imposition de la langue
française ; celle-ci, en devenant le moyen de fonctionnement de toutes les
institutions coloniales et le medium de communication entre l’État et le
sujet administré, bouleversa l’univers de l’Algérien.

9Le système éducatif de l’Algérie précoloniale, basé sur les principes


religieux de l’islam, constituait le fondement de la société algérienne dont
il régulait les aspects religieux, culturels, sociaux, économiques et
politiques. Son importance était telle dans le bon fonctionnement de la
société qu’il fut la première cible de l’armée coloniale qui élimina
presque tous les établissements scolaires (écoles coraniques, médersas) et
édifices religieux (zaouïas, mosquées). Le pouvoir colonial n’épargna que
quelques zaouïas maintenues comme « foyers de collaboration tout en y
limitant l’enseignement de la lecture du Coran » (A. Taleb Ibrahimi,
1973 : 12). L’enseignement de l’arabe fut réduit à sa plus simple
expression et cela conformément aux directives de militaires comme le
Général Ducrot (cité par Lacheraf, 1974) : « Entravons autant que
possible le développement des écoles musulmanes, des médersas…
Tendons, en un mot, au désarmement moral et matériel du peuple
indigène. » En même temps, à l’intérieur du pays, les forces militaires
dépossédaient les grands propriétaires fonciers de leurs terres, les
chassaient de leurs propriétés qui étaient redistribuées aux colons. Les
mondes citadins et ruraux algériens se désintégrèrent, le premier par la
liquidation systématique de l’autorité du dey et par la destruction des
édifices s’y référant (biens habous*, mahakmas*, beyt el mal [4][4]Trésor
public., commerces et industries), le second par la promulgation du
sénatus-consulte du 22 avril 1863 qui détruisit la tribu en dénouant les
liens de solidarité basés sur la propriété collective ; dorénavant la tribu fut
fractionnée en douars*, plus ou moins homogènes, chaque douar dut
avoir une vie propre, et à l’intérieur des douars, des commissions créèrent
la propriété individuelle (Lacoste et alii, 1960 : 371). Cette façon de faire
détruisit en peu de temps toute une nation qui, à l’époque, n’avait rien à
envier aux autres pays occidentaux, y compris la France, sur les plans tant
culturel, économique que politique.
10La langue arabe, considérée comme le dernier rempart dressé par le
peuple colonisé, dut céder la place, non sans résistance, à la langue
française, avant d’être considérée à son tour comme « une langue
étrangère, ennemie » (Hadj Ali, 1963 : 13). Tout le réseau d’écoles
coraniques, de zaouïas, de médersas ainsi que tous les foyers de
rayonnement de la culture spécifiquement algérienne furent détruits et
cela avec acharnement car il y avait en Algérie une vie culturelle des plus
intenses, authentique, qui constituait le fondement même de la
personnalité algérienne. Nous n’évoquerons comme preuve que les
déclarations du général Valazé (cité par Lacheraf, 1974 : 31) : « Presque
tous les Arabes savent lire et écrire. Dans chaque village il y a deux
écoles. »

11L’action de dépersonnalisation et de déculturation s’est traduite aussi


par l’institutionnalisation de l’obscurantisme et de l’ignorance par les
colonisateurs. En réduisant l’enseignement de la langue arabe aux
« écoles rudimentaires de village ou [aux] quelques rares zaouïas
décadentes » (Lacheraf, 1974 : 25) et en s’opposant à la scolarisation des
enfants algériens, les colons ont fermé les portes de l’école française aux
Algériens qui se sont alors réfugiés dans « la foi, les traditions morales et
la langue parlée » (Hadj Ali, 1963 : 4). Cette attitude a été motivée aussi
par les sentiments d’hostilité qu’éprouvaient les Algériens à l’égard de la
langue française.

12La politique de francisation mise en place par la III e République oscilla


entre deux options :

 certains étaient partisans d’une école ouverte à tous sans


discrimination raciale ou linguistique ; essentiellement
assimilationniste, elle devait être calquée sur le modèle métropolitain,
en conformité avec la déclaration du ministre de l’Instruction
publique, A. Rambaud : « La troisième conquête se fera par l’École :
elle devra assurer la prédominance de notre langue sur les divers
idiomes locaux, inculquer aux musulmans l’idée que nous avons
nous-mêmes de la France et de son rôle dans le monde, substituer à
l’ignorance et aux préjugés fanatiques des notions élémentaires mais
précises de sciences européennes. » ;
 d’autres préconisaient une école uniquement adaptée aux besoins de
la puissance coloniale et visant à la formation de fonctionnaires
musulmans pouvant servir d’intermédiaires entre l’administration et
la population. Cette tendance s’illustre p. ex. dans les propos tenus en
1908 par J. Chailley devant le Congrès colonial de Marseille : « 80 %
[de la population autochtone] gardés et maintenus dans les habitudes
et les travaux traditionnels, 10 % associés à vous pour devenir des
collaborateurs inférieurs, 6 à 7 % dans l’administration à divers
étages, 3 à 4 % dans les sciences pures, la haute administration et la
politique… Vous n’aurez pas créé d’oisifs… Vous n’aurez pas créé
de déclassés, car vous n’aurez aidé personne à sortir de sa classe…
Enfin vous aurez été utile à vos colons, à qui vous aurez assuré la
perspective d’une main-d’œuvre toujours également nombreuse et
disciplinée et à vous-mêmes ; vous laisserez de grands souvenirs et la
trace honorable de votre passage, et vous pourrez vous rendre cette
justice d’avoir travaillé utilement et généreusement dans l’intérêt de
la race conquise. »

Globalement, l’école coloniale fut longtemps rejetée : elle était


considérée comme une « entreprise d’évangélisation » visant aux
« enlèvements des enfants » (Lacheraf, 1974 : 31). L’hostilité de la
population à l’école française était fondée donc sur un très fort
attachement à l’islam, à la langue arabe et sur l’idée que l’école française
contribuait à promouvoir l’assimilation des musulmans à la chrétienté.
Devant cet état de fait et en dépit d’une relative obligation de
scolarisation exercée par les pouvoirs publics, l’Algérien développa un
rejet total de la culture des colons effectuant par là un retour aux racines
de sa culture pour se préserver de l’idéologie envahissante mais, surtout,
pour mettre en évidence sa différence vis-à-vis de l’autre.
13C’est ainsi que, progressivement, prit naissance une conscience
nationale qui se manifesta sur les plans culturel, politique au moment
même où l’administration coloniale crut être arrivée au terme de la
colonisation de l’Algérie. C’était là l’expression d’une activité culturelle
nationale sourde qui ne cessa jamais de se préoccuper des différentes
formes de résistance et de lutte contre le système mis en place par les
colons. Dès 1887, des personnalités algériennes de la ville de Constantine
prennent l’initiative de l’action anticoloniale en rédigeant une pétition
qu’ils adressent au Parlement français pour refuser énergiquement toute
forme d’assimilation à la nation française et demander surtout
« l’organisation des écoles arabes et l’étude des voies et moyens de les
mettre à la portée de tous les musulmans » (Lacheraf, 1974 : 187). Cette
expression du désir profond de formation culturelle de toute une
communauté marque un tournant décisif dans la résistance contre les
colons par l’affirmation d’une personnalité politique qui donnera plus
tard naissance, à partir de 1927, à tous les partis politiques algériens et
surtout au mouvement des Oulémas.

14Le nombre d’écoles ouvertes aux Algériens resta longtemps


insignifiant : il n’y avait en 1887 que « 79 écoles publiques avec 8 963
élèves sur 500 000 enfants d’âge scolaire [5][5]Les Cahiers du Centenaire
ne donnent que 3 172 élèves musulmans… » (Lacheraf, 1974 : 187). Le
taux de scolarisation d’enfants musulmans pour cette même année est de
l’ordre de 1,79 %, soit 0,88 % d’enfants algériens dans chaque école !
Ces taux concernant les élèves musulmans resteront toujours, et cela
jusqu’en 1962, très faibles par rapport à leurs homologues des écoles
publiques de la métropole. Au niveau du primaire, « En 1890, il y avait
1,0 % ; en 1914, 5 % – 47 263 écoliers sur 850 000 enfants d’âge
scolaire ; en 1929, 6 % – 60 644 enfants scolarisés sur 900 000 »
(Ageron, 1972 : 85). Au niveau de l’enseignement supérieur, « 12
licences [sont] octroyées aux Algériens en 1914 » et l’université accueille
« 89 étudiants en 1940, 589 en 1954 » (Lacheraf, 1974 : 187).
15Cette toute relative progression des effectifs des Algériens dans l’école
coloniale fut une conséquence de la forte participation des Algériens dans
les troupes françaises pendant les deux guerres mondiales. L’engagement
de « 173 000 militaires dont 87 500 engagés » (Queffélec, 1995) favorise
le contact des Nord-Africains avec le monde industriel français et
développe une vague d’émigration très importante vers la métropole,
surtout d’une main-d’œuvre de substitution qui s’enracine
progressivement dans le prolétariat naissant (1936). L’intégration des
travailleurs émigrés dans divers partis politiques et syndicats de gauche
cristallise un idéal revendicatif chez les Algériens qui modifiera
ostensiblement leur attitude hostile à l’égard de l’école coloniale ; celle-ci
devient à partir de 1920 « le lieu privilégié assurant l’émancipation,
l’accès à la modernité, au bien-être et surtout permettant l’obtention d’un
emploi dans les diverses administrations de la puissance coloniale ». Cet
idéal nationaliste contestataire débouchera plus tard sur les émeutes de
1945, d’une part, et préfigurera la guerre d’indépendance de l’Algérie en
novembre 1954, d’autre part.

16Par ailleurs, l’Association des Oulémas*, créée par Ben Badis en 1937,
impose de fait la création de médersas et d’écoles arabo-musulmanes
pour contrecarrer la politique d’assimilation. Les médersas assurent
l’éducation et la formation de tous les enfants qui n’ont pu accéder à
l’instruction, elles dispensent ainsi une formation générale en langue
arabe de toutes les disciplines et administrent surtout des cours
d’instruction religieuse et civique. L’impact de ce type d’établissement
sur la classe pauvre est très important, surtout sur « les enfants de la
paysannerie moyenne ou pauvre, ou ceux des masses prolétarisées »
(Cherrad-Benchefra, 1990 : 107) qui constitueront plus tard une élite
arabophone, profondément attachée aux valeurs et principes de la religion
musulmane. L’action des Oulémas entraîne l’émergence de « deux
catégories socioculturelles : une classe économique aisée appartenant à
l’aire culturelle francophone et une autre, plus pauvre, plus populaire, se
rattachant à l’aire culturelle arabophone » (Cherrad-Benchefra,
1990 :108).

17Ainsi, pendant la période coloniale, le peuple algérien ne manifesta pas


une attitude constante à l’égard des écoles mises en place par
l’administration coloniale. Son attitude, quelque peu ambiguë et fondée
sur des justifications d’ordres culturel et économique, oscilla entre rejet
catégorique et acceptation et connut une évolution sensible.
 Jusqu’en 1920, l’école coloniale, la langue française et l’éducation
« occidentale » furent considérées par la grande majorité de la
population paysanne comme inutiles et nuisibles. L’instruction
« française » était perçue comme une menace pour les valeurs
culturelles arabo-musulmanes et comme une perte de temps pour les
travaux des champs. La population des villes, de son côté, opposa une
résistance passive qui se traduisait par un fort taux d’absentéisme
pour les rares enfants de citadins qui avaient pu accéder à
l’instruction.
 À partir de la fin de la Première Guerre mondiale, les Algériens
commencèrent à s’intéresser à l’instruction « européenne ». Le
contact culturel direct des Algériens enrôlés dans l’armée française
avec la société française favorisa ce changement d’attitude. En dépit
de tous les obstacles rencontrés, le peuple algérien consentit, à partir
de cette période, beaucoup d’efforts et de sacrifices dans ce domaine :
si la lutte pour l’indépendance du pays a porté ses fruits, c’est grâce
aux efforts développés, surtout sur le plan de la formation
intellectuelle et dans la façon dont l’enseignement en général et plus
particulièrement celui de la langue française furent perçus à partir de
1920.

2.2 – Le français colonial

18Le français colonial de l’Algérie s’organise en deux grandes variétés


linguistiques attribuées aux deux populations en présence, la population
européenne et la population arabo-berbère. Cette distinction fondée sur
l’extralinguistique semble pertinente pour décrire une langue française
imposée non seulement à une population arabophone et berbère dans sa
majorité, mais aussi à une population minoritaire, d’origine européenne,
composée de Français et d’Européens d’origine non française.
L’assimilation à la nationalité française de ces non-Français ainsi que leur
francisation ont d’ailleurs constitué l’une des actions prioritaires du
pouvoir colonial. Beaucoup d’historiens « négligent » le fait que la
colonisation de l’Algérie a été une colonisation de peuplement et que ce
pays était considéré comme apte « à fournir à la Métropole des
productions qui lui soient complémentaires (le pays était vu comme
pouvant assurer des denrées triplaces), et absorber l’excédent
démographique de la Métropole (le pays était vu comme peu peuplé, alors
que nous savons aujourd’hui qu’il devait compter environ 3 millions
d’habitants). L’effort majeur du pouvoir avait porté sur le recrutement et
l’installation de colons (pour) aboutir, dans les années 1950, à la présence
sur le sol algérien d’un million d’Européens (Maroc et Tunisie ne
dépassèrent jamais respectivement 300 000 et 100 000 Européens) »
(Cote, 1996 : 16). La population européenne fut une population de
substitution à la population autochtone dont la trajectoire socioculturelle
et économique tendait de par le rapport domination/soumission vers
l’ignorance et la pauvreté. Mais le leitmotiv à l’époque étant l’édification
d’une nouvelle société, il n’est pas certain que, dans les années 1900,
« les communautés ethniques, le plus souvent séparées par le travail et
l’habitat, communiquent peu entre elles » (Baroli, 1992 : 214). Au
contraire, du fait que la colonisation a mis en place un processus
d’interpénétration des divers groupes ethniques et linguistiques
regroupant les Français, les Espagnols, les Italiens, les Maltais, les Juifs,
les Arabes et les Berbères, les diverses taches d’édification et les activités
économiques impliquant un très fort rapprochement et une cohabitation
des communautés d’immigrants et d’autochtones ont permis l’institution
d’une sorte de multilinguisme de fait, fondamentalement de nécessité car
induit par les relations de type économique et social très denses à
l’époque.

19La coexistence du français métropolitain avec les autres parlers des


populations immigrées et avec les idiomes locaux favorise
l’interpénétration des divers systèmes linguistiques et donne naissance à
des variations internes pour chacun des idiomes aux niveaux phonétique,
morphosyntaxique et lexical. Schématiquement, la carte linguistique de
l’Algérie au XIXe siècle montre que, sur un fond linguistique
naturellement vernaculaire arabo-berbère, se développent un adstrat
espagnol dans l’Ouest algérien, un petit adstrat italien dans l’Est algérien,
et un adstrat majeur français qui croîtra avec le développement de
l’économie du pays. Le processus de peuplement ainsi que la mise en
place des institutions de souveraineté de la puissance coloniale
provoquent l’émergence d’un écosystème linguistique hétérogène,
dominé par la langue française qui devient l’instrument de
communication le plus usité entre l’administration et les populations
allogènes d’origine européenne. La juxtaposition des variétés de français
constitue le français colonial d’Algérie, « le dernier-né des français
régionaux » (Lanly, 1962 : 197). Queffélec, 1995, distingue dans cette
nouvelle variété régionale le français des « Pieds-noirs d’Algérie » et le
français des « Arabo-Berbères », deux variétés dont on ne peut délimiter
avec précision les contours tant elles sont symétriques et se superposent à
plusieurs niveaux. Ce découpage qui semble tenir compte essentiellement
de l’appartenance ethnique, raciale et religieuse des sujets parlants oublie
quelque peu le contexte colonial très particulier à l’Algérie par opposition
aux autres pays du nord du Maghreb – la Tunisie et le Maroc – qui se
distinguent par leur statut de protectorat. En Algérie, la politique de
francisation n’était pas réservée exclusivement aux indigènes autochtones
comme le laissent supposer certaines études, elle était aussi destinée aux
diverses populations d’origine espagnole, italienne, corse et maltaise
qui sont attirées par la possession, la valorisation et l’exploitation de
nouvelles terres agricoles, qui constituent la première et plus importante
vague d’immigrants et qui bénéficieront en 1870 de la nationalité
française. L’école et l’environnement linguistique nouveau sont les
vecteurs de ce français colonial communément partagé par les
populations d’origine aussi bien européenne qu’arabo-berbère. Bien sûr,
l’inégalité de statut social entre la population française et la population
arabo-berbère, responsable de l’inégalité d’accès à l’école coloniale,
explique l’existence de deux variétés.

2.2.1 – Le français des Européens d’Algérie

20Schématiquement cette variété, à l’instar du français colonial des pays


subsahariens (Manessy, 1994), représente un continuum évoluant entre
deux extrémités :

 une variété basilectale, surtout utilisée par les immigrants en


provenance de divers pays autres que la France. Se distinguant par
son mode d’appropriation informelle, essentiellement oral, d’une très
grande vitalité car intimement lié aux activités économiques (pêche,
agriculture, petits métiers et petite industrie, administration
champêtre et communale), donc spécifique à la classe laborieuse et
pauvre, cette variété se manifeste surtout sous la forme d’un
sociolecte, le pataouète, le « parler commun au petit peuple des
Français et néo-Français d’Algérie » (Duclos, 1985 : 7). Le pataouète
semble avoir été aussi le parler d’une minorité de la population
musulmane active : les rapports interpersonnels de type
professionnel, le contact quasi permanent imposé par les impératifs
économiques capitalistes, l’institution de nouveaux référents socio-
économiques qui régulent la vie sociale de l’époque ainsi que le
« prestige » de cette nouvelle société en édification sont des indices –
parmi tant d’autres – qui nous permettent de croire que le pataouète
était parlé plus ou moins par une minorité de la population
musulmane. Ce parler, très présent dans les centres urbains, surtout
dans les ports (Oran, Philippeville [6][6]Actuellement Skikda, le
deuxième grand port méthanier d’Algérie., Bône [7][7]Actuellement
Annaba, quatrième ville d’Algérie, grand centre…, Mostaganem et
plus particulièrement Alger, lieu de convergence de toutes les vagues
d’immigration européenne), se distingue par la présence de mots
empruntés à toutes les langues utilisées à l’époque : le catalan surtout,
le castillan, l’italien, le maltais, le français méridional, l’arabe et le
berbère. Cette variété dont la fonction sociale est d’assurer
l’intercompréhension entre les diverses communautés linguistiques et
de permettre un semblant d’intégration de l’individu dans une société
nouvelle en pleine édification, déclinera et disparaîtra
progressivement dès les années 1900 sous les efforts de la
francisation des populations, d’abord européennes puis arabo-
berbères, au profit de la variété mésolectale revendiquée comme
signe identitaire par les Pieds-noirs ;
 une variété mésolectale utilisée par l’ensemble de la population
européenne, « influencée par le basilectal mais subissant la pression
normative d’une institution scolaire dont le poids ne cesse de
croître » (Queffélec, 1995 : 809), mais aussi par les locuteurs arabo-
berbères. L’influence des autres langues en contact est sans doute le
caractère dominant qui fait la particularité de ce français par rapport
au français de la métropole. Le recours à l’emprunt linguistique pour
désigner la nouvelle réalité coloniale, communément partagée par des
groupes d’ethnies et de langues différentes en position de force par
rapport à la population autochtone, favorise l’interpénétration et
l’enrichissement mutuel des idiomes en présence ;
 une variété acrolectale en conformité presque absolue avec le
français de la métropole. Ce français, essentiellement écrit, se trouve
fortement soumis à la norme académique exogène et n’est employé
que par les intellectuels dans le cadre de leurs activités
professionnelles (instituteurs, professeurs, fonctionnaires de
l’administration coloniale), par la presse et les écrivains de l’époque
qui « créent en 1919 la Société des Écrivains de l’Afrique du Nord,
puis en 1921, l’Association des Écrivains algériens et le Grand Prix
littéraire d’Algérie » (Queffélec, 1995 : 809).

Les deux premières variétés de français se distinguent du français


académique par leur haut degré de perméabilité aux idiomes locaux, plus
particulièrement à l’arabe dialectal. L’influence des langues maternelles
des différents groupes linguistiques contribue aussi pour beaucoup à
l’originalité de ce français d’Algérie tant au niveau de la phonétique, du
vocabulaire que de la phraséologie. Cette influence est si forte que l’on
remarque encore aujourd’hui des mots d’origine espagnole et italienne
dans le français parlé des Algériens. Les particularités linguistiques du
français des « Pieds-noirs » bien décrits par les travaux de Lanly, 1970 et
Duclos, 1991 (auxquels nous renvoyons) recoupent partiellement celles
du français de la population musulmane, dénommé « français des Arabo-
Berbères » par Queffélec (1995 : 814).

2.2.2 – Le français des Arabo-Berbères

21En dépit des restrictions sévères imposées par la puissance coloniale à


l’égard de la scolarisation totale de la population arabo-berbère,
scolarisation qui pouvait être dangereuse sur le plan politique et
idéologique [8][8]L’hostilité de « l’indigène se mesurait à son degré…,
l’impact de l’environnement linguistique francophone sur le
comportement linguistique des autochtones fut important du fait de la
francisation des administrations publiques et des activités économiques et
culturelles. Un autre facteur déterminant dans la diffusion du français au
sein de la population est la participation de soldats arabo-berbères dans
les troupes françaises lors des guerres 1914-1918 et 1939-1945 : le retour
en Algérie de ces combattants a favorisé la diffusion d’une image
valorisante de la langue française parmi la population. La connaissance
approximative qu’ils avaient de la langue française, à la limite du
basilectal, les valorisait socialement vis-à-vis du reste des colonisés et
leur permettait d’assumer quelques menues responsabilités au sein du
village ou du quartier ; ils étaient essentiellement recrutés en tant
qu’interprètes auprès des S.A.S. [9][9]Service de l’Action Sociale,
structure militaire utilisée à…, de chaouch* dans les divers services de
l’administration coloniale. En outre, les contacts induits surtout par les
relations professionnelles mettent en place des processus de variation de
l’arabe dialectal qui demeure le moyen de communication le plus usité
dans les divers domaines de la vie quotidienne des autochtones.
Confrontés à un bouleversement radical de l’espace socio-économique
par l’introduction de la modernité dans tous les secteurs de l’économie
(agriculture, pêche, urbanisation des cités, petite industrie, etc.), les
locuteurs arabo-berbères utilisent l’arabe dialectal – essentiellement oral
– qui s’est adapté à cette nouvelle situation en intégrant, par emprunt,
tous les termes techniques français ou « européens » dénotant cette
nouvelle réalité ; à titre d’exemples, au lieu de
dire mekteb, tawila, sayara, respectivement « bureau », « table »,
« voiture », le locuteur utilisera [biro], [tabla] et [tomobil]. Sayad (1967 :
214-217) indique que « le degré de francisation des vernaculaires variait
en fonction du statut socio-économique des locuteurs arabo-berbères ; il
est le plus bas dans la classe des pauvres (sous-prolétaires ruraux,
chômeurs, ouvriers journaliers intermittents ou manœuvres sous-occupés
du secteur tertiaire, petits vendeurs et artisans) ». L’apprentissage de la
langue française s’effectue essentiellement par le biais de l’école pour
une petite partie de la population musulmane et par celui des canaux
extrascolaires liés aux activités économiques (relations interpersonnelles
et professionnelles, rapports administrés/administration coloniale, etc.) ;
cette francisation de la population a comme corollaire l’enrichissement
des langues vernaculaires (l’arabe dialectal surtout, et dans une certaine
mesure, le berbère grâce à l’action des missionnaires dans la Grande
Kabylie). Aussi bien pour le français des Pieds-noirs que pour celui de la
population musulmane, les écarts par rapport à la norme du français de
France se distinguent, comme le signalent Lanly (1970) et Duclos (1991),
surtout par des variations en phonétique, en morphosyntaxe et dans le
lexique utilisé par les locuteurs.
22Au niveau supérieur du continuum linguistique, dès les années 1880,
on note une profusion de « textes écrits en langue française par des
Algériens musulmans… qui donnent le coup d’envoi à une riche tradition
d’édition qui va se développer rapidement. De 1880 à 1890, une vingtaine
d’ouvrages et d’opuscules au moins sont publiés par une dizaine
d’auteurs. Cet accès aux mass media modernes ne concerne pas
seulement le livre mais aussi les revues et surtout la presse avec la
création du premier journal algérien, El Hac, en 1893 à Bône »
(Djeghloul, 1968 : 6). L’émergence de cette littérature d’expression
française corrobore l’existence d’un processus de mise en place
progressive d’un niveau acrolectal dans la variété du français utilisé
comme langue de travail par des sujets parlants algériens musulmans
« formés dans les collèges arabe-français (…) et largement intégrés dans
les structures coloniales » mais très attachés à leur identité et à leur
culture nationale. Cette émergence est le corollaire logique de la
restructuration – après destruction par la puissance coloniale – du système
éducatif algérien. Ces premiers textes (Abdallâh Mohamed, De la justice
en Algérie, Alger, Fontana, 1880 ; Ben Mohamed Tounsi
Ahmed, L’insécurité en Algérie, ses causes, les moyens de rétablir la
sécurité d’autrefois, Marie, 1880 ; Omar Samar, Ali, ô mon frère, 1893 ;
Bensedira Belkacem, Dialogues français-arabes, Alger, Jourdan ;
Slimane Ben Brahim en collaboration avec Étienne Dinet, Khadda la
danseuse des Ouleds Naïls, Paris, Plazza, 1910) peuvent être considérés
comme les premières productions de cette élite algérienne maîtrisant
parfaitement la langue française académique. Le premier roman en langue
française édité par un algérien date de 1920 (Ben Chérif
Mohamed, Ahmed Ben Ahmed Mustapha Goumier, Paris, Payot) suivi
peu après de Zohra la femme du mineur, de Hadj Hamou Abd El Kader
(Paris, Éditions du Monde Moderne, 1925). Les essais politiques
constituent aussi un genre d’expression privilégié par les Algériens,
écrivains et journalistes, qui ont marqué cette période par des publications
littéraires et politiques d’un haut niveau traduisant une grande maîtrise de
la langue française (Ahmed Bouri, Musulmans et chrétiennes en 1912,
Émir Khaled, La situation des musulmans d’Algérie, Alger, Imprimerie
du Prolétariat, 1924).

23Le français colonial en Algérie est une réalité linguistique mais aussi
culturelle, qui tire son originalité de l’interpénétration socioculturelle et
de la situation de contact des langues de groupes qui prévalaient après la
conquête militaire mais aussi des différentes politiques de francisation
menées par la puissance coloniale jusqu’à l’indépendance. Partagée entre
le désir de minorer la population autochtone profondément attachée à sa
culture, à sa religion ainsi qu’à sa langue, et le souci d’édifier une
seconde métropole uniquement au service de la population européenne
d’Algérie, la politique linguistique menée par l’administration coloniale
contenait en elle-même les ferments de son échec : l’exclusion dont a été
victime une grande partie du peuple algérien des différents circuits de
formation intellectuelle et scientifique perçus comme vecteurs de
modernité a cristallisé les idéaux nationalistes, développé les langues
vernaculaires, surtout l’arabe dialectal, favorisé l’émergence d’une
contestation politique, pacifique d’abord puis violente à partir des
événements de mai 1945. Les vecteurs d’expression et de diffusion de
cette contestation furent l’arabe dialectal mais aussi – paradoxe de
l’histoire ! – cette langue française à laquelle avait pu accéder une
minorité d’Algériens pour servir d’auxiliaire à la puissance coloniale. Il
nous faut cependant relever que cette minorité qui a pu accéder à l’école
française a eu, comme le soulignait Bachir Hadj Ali (1963 : 13), par
rapport à la langue française « une attitude lucide, révolutionnaire et à la
longue rentable, bien que ce fût la langue du vainqueur… car cette langue
destinée à former des auxiliaires de la machine coloniale et faire oublier
la nôtre, est devenue un moyen d’investigation du passé, de conquête du
savoir et de libération ».

Notes

 [1]

Les termes munis de l’astérisque lors de leur 1 re apparition sont


définis dans le lexique.

 [2]
Nous soulignons.

 [3]

L’auteur souligne.

 [4]

Trésor public.

 [5]

Les Cahiers du Centenaire ne donnent que 3 172 élèves


musulmans en 1882, 5 695 en 1885 et 10 688 en 1888.

Chapitre 2. Les langues et les groupes linguistiques en présence

1 – Le berbère ou tamazight

1Historiquement les Berbères ou Imazighen – pluriel de Amazigh qui


signifie « homme libre » – sont les populations qui occupaient le nord du
continent africain de la Tripolitaine à l’Atlantique au moment des
premières conquêtes phéniciennes et romaines de l’Afrique du Nord
(Julien, 1952). Ces conquêtes n’affecteront aucunement les traits culturels
ni le type d’organisation sociale et économique encore en usage dans les
trois grandes régions de l’Algérie où se concentre cette population
berbérophone qui ne se distingue de la population arabophone que par
l’utilisation vernaculaire du tamazight et par des pratiques culturelles
spécifiques :

 au nord de l’Algérie, le kabyle est la


variété en usage dans un ensemble qui
regroupe la région centre (Algérois,
Grande Kabylie, massif du Djurdjura) et la
région centre-est (de l’Algérois à Bejaia et
à Sétif, capitale des hauts plateaux de l’Est
algérien) ;
 au sud-est, dans le Constantinois, le chaoui
s’emploie depuis le massif des Aurès
jusqu’aux contreforts de l’Atlas saharien ;
 plus au sud enfin, les variétés mozabite et
targuie sont utilisées dans le M’zab et le
massif du Hoggar.

L’observateur averti notera que les régions mentionnées comme lieux


d’implantation du tamazight sont montagneuses et d’accès difficile, ce
qui confirme l’aspect minoritaire de cette population par rapport à la
population arabophone majoritaire qui vit dans le reste du pays. Nous ne
pouvons pas cependant parler de sphère linguistique amazighophone ou
arabophone (dialectal) hermétiquement close, car un tel découpage
méconnaîtrait les mouvements de populations pendant la guerre
d’indépendance, l’immigration d’une partie des habitants des zones
déshéritées vers la France et les déplacements de populations en direction
des grandes villes industrielles de l’Algérie (Alger, Oran, Constantine,
Annaba, Skikda, Bougie, Arzew, Hassi Messaoud et Ghardaïa), lors du
développement du tissu industriel algérien. Ces déplacements ont permis
un important brassage et une interpénétration sociale des groupes
linguistiques en présence, si bien qu’il n’existe pas de berbérophone
monolingue ignorant totalement l’arabe dialectal, surtout si l’on tient
compte de l’impact de la scolarisation effectuée en langue arabe.
2Il n’en demeure pas moins que le tamazight doit être donc considéré
comme un substrat et qu’il est un élément constitutif fondamental de la
réalité linguistique algérienne, au même titre que l’arabe dialectal et que
le français.

3Langue longtemps considérée comme faisant partie du patrimoine


culturel et folklorique de l’Algérie, mais confinée strictement à un rôle
vernaculaire, le tamazight se voit discrédité dès 1962 par le pouvoir en
place et son élite arabophone qui le marginalisent et le censurent jusqu’en
1980 (cf. Chaker, 1993). Les événements du « Printemps berbère »
(avril/mai 1980) obligent les autorités à nuancer leur position : à partir de
juin 1980 et de la session du comité central du FLN, le discours politique
à l’égard du statut du tamazight se modifie légèrement et l’on voit se
dessiner une politique culturelle (cf. K.T. Ibrahimi, 1995 : 277),
caractérisée principalement par la volonté de renforcer la généralisation
de la langue arabe, et secondairement par « un intérêt très superficiel »
pour la revendication berbère (création d’un Secrétariat d’État à la culture
populaire et de quelques départements d’études postgraduées sur les
langues et cultures populaires).

4Sur le terrain, les mesures de censure, de restriction et de contrôle des


activités artistiques et culturelles mises en place en 1970 persistent
jusqu’en 1988 et ne s’estompent qu’avec la relative ouverture
démocratique induite par les émeutes d’octobre 1988. La conjoncture
politique et l’avènement de l’islamisme politique violent conduisent le
pouvoir à instrumentaliser dès 1990 la revendication berbère. Un
changement se produit dans le discours officiel qui reconnaît timidement
l’existence de fait du berbère comme élément de la culture du peuple
algérien. Le volume horaire de la chaîne 1 augmente, la télévision
nationale réduit sa censure et diffuse chaque jour, à raison d’une dizaine
de minutes, une revue de presse en berbère à la fin des informations
nationales en arabe standard. La pression du Mouvement Culturel
Berbère sur le Pouvoir s’accentue et ses militants exigent la
reconnaissance institutionnelle du statut officiel et national de la langue et
de la culture berbères ainsi que l’enseignement obligatoire de cette langue
dans les établissements scolaires des zones berbérophones. Un boycott de
l’école est engagé par le M.C.B. en septembre 1994 et ne prend fin qu’en
février 1995 avec la reconnaissance par les autorités du statut de la langue
berbère.

5Cette reconnaissance du statut national de la langue berbère – dont les


multiples implications sur les données sociolinguistiques du pays se
feront sentir dans quelques années – pose beaucoup plus de problèmes
qu’elle n’en résout. S’inscrivant dans la logique du Pouvoir, elle ne
confère aucune « officialité » constitutionnelle à la langue tamazight et
participe de la logique unioniste en vigueur depuis 1962. La traduction de
cette reconnaissance officielle sur le terrain de l’enseignement n’est pas
aisée, d’autant que cette langue est essentiellement orale et comporte de
multiples réalisations régionales, voire même spécifiques à chaque tribu.
Si cette diversité dans le code oral est une richesse en soi, l’absence d’une
codification de la transcription au niveau des caractères utilisés (latin,
tifinagh*, arabe), l’absence de normalisation et de standardisation des
règles syntaxiques et grammaticales (en dépit des travaux de linguistes
réputés comme M. Mammeri, S. Chaker, R. Kahlouche, S. Benrabah) et
le manque d’enseignants spécialisés sont autant de facteurs qui tempèrent
l’euphorie et l’engouement résultant de la reconnaissance du statut
officiel du berbère. La revendication tamazight initiée par le M.C.B.,
légitime à tout point de vue, semble avoir été récupérée par le Pouvoir qui
l’a diluée dans les structures administratives et scientifiques d’un Haut
Comité de l’Amazighité (H.C.A.) chargé de banaliser toutes les exigences
liées à la matérialisation dans les faits de cette reconnaissance.

6L’avenir du tamazight en Algérie demeure encore incertain, d’autant


que l’arabe dialectal algérien, la langue maternelle de la grande majorité
des locuteurs, est devenu depuis 1988 l’outil de communication même du
Pouvoir qui se plaisait jusque-là dans l’utilisation d’une langue arabe
classique, châtiée, très éloignée de la population. L’intervention de
l’arabe algérien dans les médias importants (T.V. et radios) et dans les
diverses situations formelles de la vie de l’État, en remplacement de
l’arabe moderne, a surtout été sensible lors de la campagne électorale des
élections présidentielles et législatives. Il laisse prévoir une
reconfiguration de la situation des langues en présence sur le marché
linguistique, ainsi que l’établissement de nouveaux rapports induits de la
reconnaissance du tamazight, du recul de l’arabisation et de la formidable
vitalité de l’arabe dialectal.

2 – L’arabe

7L’expression « langue arabe » recouvre plusieurs variétés linguistiques


plus ou moins proches les unes des autres, différentes par leurs statuts et
employées dans plusieurs espaces géopolitiques. En Algérie, comme dans
tous les pays arabes, cette expression suscite bien des controverses dans
les milieux culturels et surtout politiques, tant son sémantisme est porteur
de conflits idéologiques et religieux en fonction des différentes approches
dont il est l’objet.

8L’arabe est une langue sémitique qui appartient génétiquement à la


même famille que l’akkadien, l’amorite, l’ougaritique, le cananéen
(hébreu, phénico-punique, moabite), l’araméen, le sudarabique et divers
idiomes éthiopiens (guèze, amharique, etc.). Les grammairiens et
linguistes arabes attestent son existence dans la péninsule arabique
quelques siècles avant la naissance du Prophète Mohamed. Parlé par
diverses tribus nomades, utilisé comme langue de grande communication,
l’arabe présentait la particularité d’être employé « dans les différentes
manifestations sociales, commerciales et culturelles. Ces manifestations
qui avaient lieu particulièrement à La Mecque, lieu de pèlerinage
séculaire, permettaient aux poètes et tribuns de se livrer à des joutes
oratoires mémorables » (K. T. Ibrahimi, 1996 : 27).

9Parmi ses diverses variétés, la plus ancienne, la plus soutenue, devient,


au VIIe siècle, la langue de la révélation du Coran : appelée « classique »,
« littérale », « littéraire », « coranique », elle offre « un corpus qui, par sa
seule existence de texte, constitue un élément fondamental de cohésion
linguistique. De plus, apparaissant comme la propre parole éternelle et
immuable de Dieu, il prend une valeur de norme définitive. » (Cohen,
1997 : 432). L’articulation de la religion sur la langue arabe classique
confère à cette dernière une dimension de sacralité qui, toujours présente,
institue des rapports de nature existentielle et mystique entre l’homme et
l’instrument de communication. Langue sacrée, langue du Coran, langue
de l’islam, cet arabe classique qui a servi à la diffusion de la religion
musulmane, peut être considéré comme une langue « intertribale ou
supratribale accessible à l’ensemble de tous les Arabes » (Cohen, 1997 :
433). Cette variété, la langue du Coran, a perduré à travers les siècles sans
aucune altération ni modification notoire. Elle est restée la langue des
exégètes et savants spécialistes de théologie, la langue de l’étude du
Coran, du Hadith*, de toute la poésie et de la littérature arabo-musulmane
ancienne. Les premières études sur la langue arabe, qui remontent
au VIIe siècle, ont été motivées par le double objectif de fixer le texte du
Coran et d’en enseigner la langue aux non-arabophones convertis à
l’islam.

10L’ouverture du monde arabo-musulman sur le monde occidental et les


sciences mais surtout sur l’esprit de la modernité à la suite de la
colonisation européenne a cependant amorcé une dynamique dont
l’aboutissement est l’apparition d’une variété d’arabe dite « moderne »,
assez éloignée de l’arabe classique. Le recours à l’emprunt aux langues
étrangères européennes (l’anglais et le français) a été la principale
procédure néologique utilisée pour adapter la langue arabe aux exigences
de la vie moderne. Cette deuxième variété, également déterminée par les
caractérisants « standard », « médian » et même « intermédiaire » est
utilisée dans les médias et les institutions de souveraineté des États arabes
(radios, télévisions, presse écrite, discours politiques, relations
diplomatiques, enseignement, manuels scolaires et universitaires). En
Algérie, c’est cette variété qui est en usage dans le système éducatif, la
presse, la télévision, les institutions de l’État, tant dans les sites urbains
que ruraux

11La troisième variété, l’arabe « dialectal », essentiellement parlé [1]


[1]Des essais de transcription de l’arabe algérien ont été…, se distribue
en un ensemble de parlers locaux, typiques de chaque pays arabe et
singularisés par des spécificités phonétiques, morphosyntaxiques et
sémantiques. En Algérie, l’arabe dialectal, langue maternelle de la plus
grande partie de la population (85 %), constitue la langue de la « première
socialisation linguistique, de la communauté de base » (K.T. Ibrahimi,
1995) et une grande intercompréhension existe entre les différents parlers
locaux. Selon Cherrad-Benchefra (1990), il est la (les) « véritable(s)
langue(s) des populations qui n’avaient pas accès à l’arabe littéraire dans
les foyers. En effet, même si l’arabe dialectal semblait plus proche du
littéral que le berbère, la majorité de la population, qui était analphabète,
n’accédait pas à la compréhension de cette langue hautement littéraire
(l’arabe littéraire) ». Le dialectal arabe se caractérise par une opposition
urbain vs rural et par l’existence de grandes variétés régionales
géographiquement circonscrites. La variété urbaine concerne les cités
d’obédiences arabo-andalouse et turque, marquées par une longue
tradition citadine héritée des dynasties arabes ou beylicales* ; elle
caractérise bien le parler des villes telles que Constantine, Tlemcen,
Alger, Nédroma et Béjaïa, parler dénommé « beldi » par opposition au
parler rural « barani ». En outre, quatre grandes variétés se partagent
l’espace algérien :

 à l’ouest, l’oranais qui s’étend de la


frontière algéro-marocaine jusqu’aux
limites de Ténès ;
 l’algérois, qui couvre toute la zone centrale
du pays jusqu’à Bejaia ;
 à l’est du pays, sur les hauts plateaux et
leur capitale Sétif prédomine un parler
rural spécifique à la région, réputée pour
son folklore populaire et son raï* égrené de
mots français ; plus à l’est, dans le
Constantinois et jusqu’à la frontière algéro-
tunisienne, existent des parlers propres aux
villes de Constantine et d’Annaba ;
 au sud, une variété dont les contours
géographiques recouvrent, selon K.T.
Ibrahimi (1995 : 31), « l’aire saharienne »,
participe, plus intimement, d’un grand
ensemble dialectal s’étendant de la
péninsule arabique aux côtes atlantiques ».

Cependant, ce découpage ne reflète qu’imparfaitement la réalité de la


distribution des parlers dialectaux en Algérie, en raison de la forte
interpénétration des différentes sphères linguistiques résultant des
multiples mutations socio-économiques. L’existence de petites poches
linguistiques berbères et/ou arabes à l’intérieur des grandes aires
susmentionnées ainsi que les mouvements de populations rendent
difficile l’établissement de la carte linguistique de l’Algérie : elles
traduisent le caractère fondamentalement hétérogène de la réalité
sociologique et linguistique d’un pays essentiellement dominé par l’arabe
dialectal algérien dans ses diverses variétés.
12Il semble que la quasi-totalité de la population algérienne possède la
compétence linguistique de cette « langue commune » (pour reprendre
une expression chère à Bourdieu (1982)), si l’on entend par « langue
commune » non une langue « légitime » un « artefact dominant », mais la
« langue maternelle de la majorité des locuteurs nationaux ».

3 – Les langues étrangères

3.1 – Le français

13Bien après l’indépendance de l’Algérie, cette langue d’origine


étrangère possède un statut privilégié par rapport à toutes les autres
langues en présence, y compris l’arabe moderne ; elle a marqué
profondément l’inconscient de plusieurs générations d’Algériens parce
que sa diffusion a été le prolongement logique de la domination coloniale
et des diverses politiques linguistiques et culturelles mises en place à
partir de 1830 en substitution à la langue et à la culture arabes.
14À l’indépendance, le FLN s’est attaché d’abord à l’édification urgente
des différentes institutions de l’État algérien et à la récupération des
référents identitaire, culturel et linguistique : l’islam consacré religion de
l’État et l’arabe proclamé langue nationale. L’impact de la domination
linguistique coloniale a fait du français – dans l’immédiate après-
indépendance – la première langue étrangère à jouir d’un statut de langue
véhiculaire, d’idiome de grande communication et de medium de
fonctionnement des institutions de l’État, plus particulièrement de l’école
algérienne devenue le lieu privilégié de sa diffusion.

15Placé depuis 1962 dans un rapport conflictuel avec la langue arabe


consacrée langue nationale, le français est clairement défini sur le plan
institutionnel comme une langue étrangère. Mais ce statut officiel reste
absolument théorique et fictif : en effet, jusque dans les années 1970, le
champ linguistique se caractérise par une forte prééminence de l’usage de
la langue française ; celle-ci reste dominante dans les institutions
administratives et économiques marquées profondément par la
francophonie et les traditions de gestion héritées de l’administration
coloniale. L’étendue et la diversité des champs d’action de cette langue
ainsi que son prestige semblent être les facteurs dynamisants qui lui
confèrent une bonne position dans la hiérarchie des valeurs sur le marché
linguistique algérien.

16On peut évaluer à plusieurs millions (8 millions environ) le nombre de


locuteurs maîtrisant plus ou moins correctement la langue française.
L’évaluation quantitative précise est certes difficile à réaliser quand les
données statistiques concernant l’utilisation de telle ou telle langue sont
volontairement occultées. Cependant, on peut estimer, sur la base de
recoupements de renseignements concernant les effectifs de la population
scolarisée, le nombre de journaux paraissant en langue française, leur
tirage et leur diffusion à travers tout le territoire national, la place de
l’édition en langue française, l’importance de cette langue dans les
placards publicitaires, les enseignes et devantures des commerces, les
imprimés et documents, etc., que le nombre des locuteurs utilisant la
langue française et donc possédant une certaine compétence linguistique
de cette langue est important par rapport à l’ensemble des sujets parlants.

3.2 – L’anglais

17L’avènement de l’islamisme, en 1991, comme force politique soutenue


par le courant islamo-baâthiste* du Pouvoir, a favorisé, pour des raisons
stratégiques, des alliances et des coalitions contre nature entre
l’opposition islamiste et le gouvernement Ghozali sous la présidence de
Chadli Bendjedid. Celles-ci ont conduit à des réformes sociales et
économiques visant l’institution éducative et, en particulier, ont autorisé
la substitution de l’anglais au français en quatrième année du second
cycle de l’école fondamentale* : en 1993, l’enseignement de l’anglais
devient possible comme première langue étrangère, à titre optionnel et en
concurrence avec le français. Le choix de la première langue étrangère est
laissé à l’appréciation des parents. Inexistante jusque-là dans
l’environnement linguistique et culturel du sujet parlant algérien, la
langue anglaise n’en bénéficiait pas moins de sa réputation de langue des
sciences et des techniques. Cependant, son attrait n’a favorisé qu’un
engouement relatif et éphémère à l’égard de son enseignement comme
première langue étrangère ; son intérêt s’est vite vu jugulé par l’impact de
la réalité socioculturelle sur le comportement linguistique de l’enfant : en
1996, dans la wilaya de Constantine, 5 609 élèves seulement apprenaient
l’anglais dans le second cycle de l’école fondamentale alors que 121 420
élèves étaient inscrits en français. Le succès était donc très relatif. La
répartition par année scolaire montre même une nette régression dans les
effectifs des élèves entre la quatrième année et la sixième année du
deuxième cycle de l’école fondamentale :

18En 1997, la tendance à la baisse des effectifs des élèves apprenant


l’anglais se confirmait :

19Au niveau national, les données statistiques de 1996 diffusées par le


Ministère de l’Éducation nationale sur le nombre des élèves ayant opté
pour l’anglais traduisaient ce relatif insuccès :

 4e année fondamentale : 24 213 dont 10


450 filles
 5e année fondamentale : 25 401 dont 11
838 filles
 6e année fondamentale : 9 393 dont 4 538
filles.

En d’autres termes, sur les 4 617 728 élèves inscrits dans le cycle
fondamental de l’école algérienne où il y obligation de suivre un
enseignement de langues étrangères au choix entre le français et l’anglais,
seuls 59 007 suivent les enseignements d’anglais, soit 1,28 % de la
population scolarisée dans ce cycle. Cette nette préférence pour le
français, choisi par 98,72 % de la population scolaire, confirme et précise
le prestige de cette langue chez les parents d’élèves et montre qu’elle
reste en position de force et a encore de l’avenir en Algérie.

3.3 – L’espagnol
20L’Ouest algérien a subi une forte influence espagnole, caractérisée par
un apport migratoire particulièrement important sous la colonisation
française. Cette présence espagnole dans l’Oranie a laissé des traces
linguistiques dans la variété oranaise d’arabe dialectal. Diverses études
sur les emprunts espagnols présents dans le parler arabe oranais
confirment l’importance des contacts et échanges linguistiques.
L’inventaire recueilli par L. Benallou montre que les emprunts sont
fréquents dans le code oral et que les hispanismes se développent surtout
dans les domaines liés à la vie professionnelle et les relations
interpersonnelles (vocabulaire de la pêche, de l’alimentation, de
l’habillement, des activités agricoles). Certains hispanismes sont si
bien implantés dans le parler oranais « qu’ils ne sont plus considérés »
comme mots espagnols, tels :

 trabendo « contrebande » : [chrit sobatt


ta’trabendo] « j’ai acheté une chaussure de
contrebande » ;
 taberna « bar » : [rah idal fit’barna] « il est
toujours au bar » ;
 bogado « avocat » : [rahou bogado] « il est
avocat » ;
 manta « couverture » : [hadal manta
mathamich] « cette couverture ne réchauffe
pas » ;
 calentica « plat à base de pois chiches » :
[a’tini mya doro calentica] « donne-moi
pour 10 DA de calentica » ;
 capsa « boîte » : [a’tini capsa chemma]
« donne-moi une boîte de tabac à priser » ;
 carriola « charrette » : [carriola ta moul el
khodra] « la charrette du marchand de
légumes ».

La présence de la langue espagnole est forte dans le parler quotidien de la


population oranaise. Son développement s’explique essentiellement par
des facteurs sociaux et économiques : l’ouverture du marché algérien à la
concurrence a développé chez la grande majorité des jeunes Oranais en
situation de chômage le sens de la débrouille et du commerce informel.
Les fréquents séjours et déplacements vers l’Espagne qu’ils effectuent
pour s’approvisionner en denrées alimentaires et produits manufacturés
ont favorisé d’abord l’apprentissage de la langue de Cervantes et
développé l’emprunt linguistique à cette langue. La position
géographique de l’Algérie, sa proximité avec l’Espagne ainsi que les
divers brassages de populations induits par les conquêtes, les migrations
et les exodes de populations des pays du pourtour méditerranéen ont
permis les phénomènes d’emprunts linguistiques réciproques et ont
développé l’engouement des Oranais pour la connaissance et
l’apprentissage de l’espagnol.

Notes

 [1]

Des essais de transcription de l’arabe


algérien ont été réalisés par certains auteurs
réputés tels que Kateb Yacine pour rendre
au théâtre le vécu quotidien.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


Chapitre 3. La politique linguistique et culturelle de L'Algérie
indépendante
Enjeu de pouvoir, objet de tensions, de conflits idéologiques et de
polémiques entre politiciens et intellectuels, entre arabisants*,
francisants* et berbérisants*, la gestion de la question des langues et de la
culture en Algérie met en cause l’identité culturelle arabo-berbère, l’islam
et les effets de la colonisation française ; elle est devenue un sujet de
discorde, de surenchère idéologique et de division, car elle n’a jamais été
assumée depuis l’indépendance du pays de manière franche et courageuse
par les différents gouvernements.

2La politique linguistique et culturelle en Algérie est marquée, en effet,


depuis 1962, par l’incohérence, par la démagogie des discours, par
l’absence de consensus du corps social, par le manque de pragmatisme et
de lucidité des gouvernements qui prennent leurs décisions
essentiellement en fonction de rapports de force et de la conjoncture
politique. Depuis l’indépendance, cette question a soulevé des moments
de tension, alternant avec des périodes de répit et d’accalmie où la raison
a fait taire les passions qui avaient commencé à cliver et à diviser la
population algérienne sur des critères linguistiques :
arabisants versus francisants et arabophones versus berbérophones.
Cependant, la démocratisation du champ politique et l’apparition d’un
multipartisme sauvage dans les années 1988 se sont accompagnées d’un
regain d’intérêt pour l’Islam politique, d’une exacerbation des idées
islamo-nationalistes, d’une farouche hostilité des conservateurs à l’égard
de la langue française et d’une réactivation de l’arabisation (loi du
16.12.1996). En même temps, les partisans de la revendication
amazighe [1][1]Cette revendication a connu un relatif succès avec… ont
manifesté une vive inquiétude face à la loi sur la généralisation de la
langue arabe considérée comme une nouvelle forme d’exclusion et de
minoration [2][2]M. Aït Amrane, président du Haut-Commissariat à
l’Amazighité,….
3Il paraît évident que le Pouvoir, par-delà les discours d’intention et les
campagnes conjoncturelles d’arabisation, n’a affiché aucune volonté
politique de régler la question des langues et de la culture. Par ses
hésitations, il a privilégié un équilibre très précaire entre les deux langues
académiques et les « dialectes » : l’arabe standard occupe la façade
politique formelle, l’enseignement et la culture nationale, la langue
française se réserve les activités économiques et le domaine des sciences
et de la recherche, les vernaculaires, arabe dialectal et tamazight, se
partagent le domaine de la vie domestique quotidienne. Or, ces
hésitations sont, nous semble-t-il, d’essence idéologique certes, mais elles
sont aussi tactiques et font le jeu des gouvernants et de l’opposition : elles
apparaissent liées aux calculs politiciens d’un pouvoir pris en tenaille
entre la mouvance islamiste et le mouvement démocratique, qui, en dépit
de l’hétérogénéité des courants idéologiques qui le composent, constitue à
la fois un redoutable opposant au Pouvoir mais aussi un allié [3][3]Cette
mouvance démocratique, en créant le CNSA (Conseil… potentiel et de
circonstance.
4Les fondements idéologiques de la politique culturelle et linguistique de
l’Algérie semblent s’inscrire dans l’ambiguïté qui a toujours caractérisé
les divers discours développés par l’élite algérienne et par les
gouvernements successifs à l’égard de l’Islam dans ses rapports avec
l’État-nation et avec la modernité.

1 – Les fondements idéologiques de la politique culturelle et


linguistique
5L’histoire moderne de l’Algérie porte l’empreinte des tensions
idéologiques et culturelles entre les partisans de l’arabisme* pur et
conservateur, franchement tournés vers le Proche-Orient, et les tenants
d’une Algérie musulmane mais résolument orientée vers l’Occident et la
modernité. Cette ambivalence qui a caractérisé le discours nationaliste
durant la période coloniale persiste et se perpétue.

6Historiquement, le discours officiel du FLN, au pouvoir de 1962 à 1997,


d’essence nationaliste et réformiste, considérait la question linguistique et
culturelle dans le prolongement des idées et revendications soulevées
depuis 1927 par Messali Hadj, le fondateur du Mouvement nationaliste
algérien, et par tous les partis politiques algériens actifs lors de la période
coloniale : l’ENA (l’Étoile nord-africaine), l’UDMA (Union
démocratique du manifeste algérien), le PPA (Parti populaire algérien), le
MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), le
PCA (Parti communiste algérien) ainsi que l’Association des oulémas
musulmans algériens [4][4]Cette dernière, en 1931, par la voix du
philosophe et homme de…. Tous ces partis avaient souligné
l’appartenance et l’ancrage irréversible de l’Algérie à la nation « arabo-
islamique », décrété l’arabe comme seule langue nationale du pays et
l’islam comme unique religion de l’État algérien. Ce large mouvement
revendicatif nationaliste a utilisé d’abord le puissant caractère
rassembleur de la religion puis celui de la langue arabe comme leviers
sociopolitiques pour conscientiser, embrigader et recruter une base
militante dans toutes les couches de la société algérienne. Si la cause
nationale a occulté, voire même sacrifié, pour des raisons stratégiques, la
réalité plurilingue et l’hétérogénéité culturelle de l’Algérie, les partisans
et défenseurs du fondement amazigh de la culture algérienne n’en ont pas
moins fait valoir, par divers moyens, la pertinence de leur thèse. La
question berbère n’a pas constitué, pendant l’époque coloniale, un
obstacle idéologique à la cohésion nationale et surtout à l’unité nationale.
Les slogans « unité nationale », « unité linguistique » et « unité
culturelle » ont constitué l’essence idéologique de la guerre
d’indépendance et les idées-forces du programme politique et culturel du
FLN.
7Cependant, l’élite algérienne est restée ambiguë dans son rapport avec
la langue et la culture françaises. Ainsi, Abdelhamid Ben Badis, le leader
du mouvement des oulémas algériens, soulignait, en 1926, l’importance
de l’apport de la colonisation dans le développement de la culture
algérienne arabo-musulmane : « Dans ce pays il y a deux langues
fraternelles, à l’image de la fraternité et de la nécessaire union de ceux
qui les parlent – pour le plus grand bonheur de l’Algérie – ce sont l’arabe
et le français. Nous souhaitons que les autorités responsables et les
personnalités disposant de moyens matériels et intellectuels puissent
coopérer, afin de mettre sur pied un enseignement double franco-arabe,
dont les fruits profiteraient à tout le monde. » (Journal Echiheb, 17.8.26.)
De tels propos, non seulement manifestent l’embarras de l’intelligentsia
devant l’état de déchéance de la situation culturelle pendant la
colonisation, mais aussi expriment une farouche volonté de doter le pays
d’un système d’enseignement et d’éducation basé sur le bilinguisme. Un
demi-siècle plus tard, Cheikh Bachir El Ibrahimi, un des fondateurs du
mouvement national et des guides spirituels de l’élite arabo-musulmane
algérienne confirmait – par des propos qui lui ont valu la mise en
résidence surveillée – l’irréversibilité du processus de biculturalisme et de
bilinguisme qui a prévalu pendant la colonisation et bien après
l’indépendance : « Le plus grand fléau et la plus grande maladie qui
minent notre culture est que nous avons deux cultures qui ne cessent de
tirailler cette Nation : une culture islamique fondée sur la religion de la
nation avec comme langue véhiculaire la langue arabe adoptée par une
partie de la Nation. La seconde est la culture européenne avec comme
langue véhiculaire le français utilisé par une autre fraction de la Nation.
Les deux cultures sont tellement différentes […] nous n’avons d’autre
issue que de rassembler les deux cultures dans un même moule. » (El
Moudjahid, 21.5.81). Ces deux citations nous montrent effectivement
l’existence, même chez les plus fervents et les plus farouches défenseurs
de la langue arabe, d’un dilemme dans le rapport à la langue française.

8En dépit donc de cette ambiguïté idéologique, l’islam et la langue arabe


ont été utilisés comme forces de résistance et d’opposition à la politique
de déculturation et de désarabisation du peuple algérien mais aussi
comme facteurs de cohésion et d’union.

9Dès l’indépendance, le parti unique FLN impose son autoritarisme et


son hégémonie idéologique. Il inscrit le pays dans la sphère « arabo-
islamique » [5][5]Le Président Ben Bella déclare dans son premier
discours en…, érige la langue arabe et l’islam comme « constantes
nationales », réduit la spécificité berbère à quelques traits folkloriques
populaires et disqualifie sur le plan institutionnel la langue française et les
variétés dialectales de l’arabe. Cette minoration linguistique et culturelle
qui occulte la richesse et la diversité du peuple algérien n’est que le
corollaire de l’autoritarisme mis en place dès 1954. Elle se situe dans la
logique nationaliste-indépendantiste produite par les contradictions, les
divisions et l’hétérogénéité des forces constitutives qui caractérisaient la
société algérienne pendant toute la période coloniale. L’aménagement et
la planification linguistiques de l’Algérie s’inscrivent donc exclusivement
dans le cadre étroit de l’arabisme et de l’islam, comme le confirment
le Programme de Tripoli (1961), la Charte d’Alger (1964), la Charte
nationale (1976 et 1986) qui constituent les textes fondateurs de cette
politique culturelle et linguistique.
10L’élaboration de cette idéologie nationaliste – que beaucoup
d’intellectuels algériens assimilent au type jacobin – ne peut se
comprendre en dehors du contexte colonial et postcolonial dans lequel
elle s’est faite. Au niveau mondial, la réaction au colonialisme avait
favorisé l’avènement de nombreux mouvements nationalistes et provoqué
l’effondrement des empires coloniaux ; le socialisme et le communisme
étaient à leur apogée et, au Maghreb, l’indépendance du Maroc et de la
Tunisie avait renforcé les convictions nationalistes des artisans de la
guerre d’indépendance algérienne. Au Moyen-Orient, le Président Nasser
imposait le leadership de l’Égypte sur les pays arabo-musulmans ; la
Syrie et l’Irak qui connaissaient un véritable essor politique et
économique impressionnaient les dirigeants politiques du Maghreb et du
tiers-monde. Les responsables de la révolution algérienne n’échappèrent
pas à l’attraction de l’idéologie panislamique et baâthiste* qui préconise
l’unification de la nation arabe. L’islam et la langue arabe y sont perçus
comme de puissants éléments fédérateurs, essentiels et fondamentaux
pour la concrétisation de l’objectif baâthiste d’institution de la Oumma
islamiya.

11À l’indépendance, la réalité socioculturelle et économique interne n’est


pas brillante : le pays frôle la guerre civile à cause des rivalités
idéologiques internes au FLN, le départ massif de la population d’origine
européenne bloque l’économie du pays, l’analphabétisme et la rareté des
compétences algériennes susceptibles de faire fonctionner la machine
économique inscrivent le pays dans le cercle des pays sous-développés.
C’est dans ce contexte international et national que prend forme le
discours officiel de reconstruction et d’édification de la nation algérienne
et que sont tracés les contours idéologiques de la politique culturelle,
linguistique et économique.

12L’objectif est d’assurer la continuité de la Révolution* algérienne, de


concrétiser l’indépendance du pays sur tous les plans. Cette continuité
révolutionnaire exige que soit réalisée la décolonisation culturelle de
l’Algérie : « Il n’est pas dans notre intention de détruire l’acquis colonial
mais de le reconvertir. Il ne nous vient pas à l’idée de nier l’apport de la
culture française qui nous a appris ne serait-ce que la méthode et
le Discours sur la méthode. Mais il y a le revers de la médaille, ce que
nous appelons les séquelles impalpables [6][6]Souligné dans le texte cité..
En empruntant la langue du colonisateur, nous empruntons aussi, et de
façon inconsciente, sa démarche intellectuelle, voire son échelle de
valeurs. Et seul un retour à la culture nationale peut faire disparaître ces
séquelles. » (A. Taleb Ibrahimi, 1973 : 16). Ce retour à la culture
nationale et à la langue arabe constitue donc tout un programme qui prend
en charge les axes prioritaires dans l’édification de l’État, à savoir
la Révolution culturelle, la Révolution agraire* et la Révolution
industrielle.
13En ce qui concerne l’axe culturel, la lecture de la Charte de
Tripoli montre qu’il s’agit en fait d’une véritable révolution culturelle et
linguistique qui succède à la lutte armée pour effacer toutes les traces du
colonisateur et de sa culture inculquée par l’École coloniale. La
conception de la culture nationale officielle chez les rédacteurs de cette
charte se fonde sur le rejet total de tout ce qui est étranger à l’arabité* de
la nation algérienne. Il s’agit ici, non seulement du rejet de la culture du
colonisateur, ce qui peut paraître normal dans un contexte
d’indépendance où le recouvrement de la culture et de la langue
« originelles » n’est que l’expression d’un acte de souveraineté, mais
aussi de tout « cosmopolitisme culturel ». Cependant, cette expression qui
désigne sans équivoque tout ce qui n’est pas arabe favorise l’idée que
doivent aussi être frappés d’exclusion certains modes d’expression et
traits caractéristiques de la culture algérienne : les diverses variétés
dialectales de l’arabe et du berbère et la culture populaire par opposition à
la culture savante. Une telle orientation quand l’unité de la nation est en
jeu, à l’avènement de l’indépendance, est louable. Mais, en contexte
d’indépendance, lorsque cette conception de la culture nationale
officielle surimposée par le FLN fait l’amalgame entre « culture »,
« langue arabe » et « islam » et que cette confusion dans les termes a pour
rôle, non seulement de renforcer le caractère totalitaire de la culture
nationale mise en place mais aussi de lui conférer la fonction de norme
référentielle et le pouvoir d’exclure tout ce qui n’est pas conforme aux
seuls référents désignés (à savoir la langue arabe et l’islam), elle aboutit à
une politique culturelle fondée sur l’exclusion et sur la censure de toutes
les formes d’expression non conformes au modèle référentiel.
L’expression « culture nationale » est d’autant plus ambiguë qu’elle
occulte le rôle saillant des divers moyens d’expression de la culture
populaire nationale algérienne dans la prise en charge, la diffusion, la
propagation et la communication des idéaux nationalistes et
révolutionnaires pendant la période coloniale et surtout lors de la guerre
d’indépendance. Si l’impact de la colonisation et de la francisation sur la
population algérienne était évident sur le plan linguistique, il n’en était
pas de même pour le processus de déculturation qui nous semble avoir
échoué en partie en raison de l’ancrage de la culture algérienne dans ses
racines. L’éradication de l’arabe littéral et la francisation de
l’environnement social et économique ont certes favorisé un déclin de la
langue arabe écrite, classique, mais ont induit par réaction une vitalité et
une dynamique dans l’usage des variétés vernaculaires devenues des
langues de grande communication, mais aussi d’expression de la
personnalité algérienne, de la différence culturelle, les véhicules de toutes
les valeurs de la société algérienne. De sorte que c’est grâce à cette
culture et à ses diverses modalités d’expression que le peuple algérien « a
su réactiver ses valeurs authentiques et affronter, jusqu’à la victoire, un
système colonial des plus solidement implantés » (Fitouri, 1983 : 136).
Cette culture avait surtout pour moyen d’expression les variétés
dialectales de l’arabe et du berbère. Si l’arabe classique et le français qui
étaient maîtrisés et utilisés par une élite profondément nationaliste et
militante ont certes joué un rôle dans la propagation des idéaux
indépendantistes, ce rôle doit être apprécié à sa juste valeur quand on sait
que le taux d’analphabétisme, en 1954, était de l’ordre de 91 % [7]
[7]Évaluation donnée par Bachir Hadj Ali dans « Culture
nationale… pour la population arabo-musulmane, estimée à l’époque à 6
millions de personnes. Le discours officiel idéologique produit après
l’indépendance élude cet aspect constitutif de l’identité culturelle
algérienne et se focalise, conformément à l’idéal nationaliste-
indépendantiste qui a prévalu pendant les années 1945-1962, sur la
réimplantation de la langue arabe littérale considérée comme l’unique
attribut linguistique de la personnalité nationale. Cet idéal nationaliste-
indépendantiste radical s’est imposé après les massacres du 8 mai 1945
comme unique alternative à toutes les hésitations idéologiques qui
caractérisaient les associations et partis politiques arabo-musulmans
pendant la période coloniale.
14Pour beaucoup d’intellectuels, la manipulation psychologique est
évidente, elle consiste à instrumentaliser et à utiliser les représentations
mentales populaires liées aux notions « langue arabe » et « islam » et leur
pouvoir légitimant et sacralisant profondément intériorisé dans le mental
et la conscience du peuple algérien. En effet, il est de tradition dans ce
pays de respecter et de vénérer celui qui maîtrise la langue du Coran. Cet
état d’esprit a pour origine l’éducation religieuse obligatoire dispensée
par les zaouïas et les confréries religieuses. L’enseignement traditionnel,
qui avait pour objectif de légitimer et de sacraliser le rôle du maître
(désigné en arabe par les mots cheikh et alem) et dont des traces
subsistent encore de nos jours, a marqué durablement le comportement et
la psychologie de plusieurs générations d’Algériens. Vénérant le sacré et
respectueux de tout ce qui se réfère à la religion, l’Algérien construit et
élabore son quotidien à partir d’un discours traditionnalisant où le
religieux annihile le rationnel et fait de la modernité une illusion, une
réalité factice. C’est cet état d’esprit qui fait que l’Algérien est enclin à se
soumettre aux cheikhs* ou aux oulémas détenteurs du Coran, de la parole
divine et par conséquent de la langue arabe. Cette langue, par son prestige
et sa valeur symbolique, a le pouvoir de légitimer et de positionner au
sommet d’une échelle de valeurs tout producteur de discours en arabe
littéral. Cet état de fait constituait, à l’époque coloniale, un trait culturel
largement exploité par les nationalistes et les initiateurs de la guerre
d’indépendance car la population s’était réfugiée dans la foi musulmane,
dans les traditions et les coutumes ancestrales pour échapper à la
déculturation. La langue arabe et l’islam sont perçus depuis comme deux
entités indissociables, l’une impliquant systématiquement l’autre. La
langue arabe, en tant qu’expression de cette culture fortement imprégnée
de religiosité et de sacralité, se voit attribuer, à partir de 1962, par les
idéologues du FLN la fonction, d’une part, d’assurer la
« légitimité » d’un pouvoir marqué par l’autoritarisme et, d’autre part, de
« sacraliser » la Révolution de Novembre* 1954. L’arabe littéral et la
religion se trouvent investis de fonctions politiques et sociales en
l’absence de projet de société clairement défini. Ils se voient confier aussi
le rôle d’assurer la jonction entre un passé prestigieux mais décadent, et
une modernité à laquelle l’Algérie ne peut se soustraire. Érigées en
constantes et considérées comme sacrées, la langue arabe littérale, la
religion et la Révolution de Novembre verrouillent systématiquement
toute expression différentielle. Toute opposition à ces constantes devient
hérésie et trahison. La notion de « culture nationale révolutionnaire »
recouvre donc une idée basée sur la représentation mentale de la relation
arabe littéral/islam profondément ancrée dans l’imaginaire collectif du
peuple algérien. Son utilisation à des fins politiques favorise la confusion
et l’amalgame entre ces termes et sert les desseins du Pouvoir. Elle
confère donc, de fait, à l’arabe littéral une sorte de monopole dans
l’expression culturelle en instituant les équations : culture nationale =
arabe littéral, culture nationale = islam, et arabe littéral = islam. Ces
équations vont emprisonner et clôturer toute la politique culturelle et
linguistique dont l’objectif strict est de changer radicalement
l’environnement socioculturel colonial par la mise en place de nouveaux
instruments de référence et de communication. Cette politique se traduit
dans la réalité quotidienne sociale, économique et culturelle par la
disqualification des variétés dialectales et par la substitution, à toutes les
références ou émanations de la culture et de la langue françaises, de la
culture arabe et de son unique mode d’expression l’arabe littéral, et ce
dans tous les secteurs de la société algérienne.

2 – L’arabisation

15Si l’expression « arabisation » recouvre parfaitement celle de


« politique linguistique et culturelle » en Algérie, c’est en raison de la
confusion entretenue dans les textes officiels entre les termes « langue »
et « culture ». Le paradoxe véhiculé par le discours officiel réside, comme
le souligne Sayad (1967 : 206), dans « les ambiguïtés consciemment ou
inconsciemment entretenues entre les ordres religieux, national, politique,
culturel et linguistique ». En effet, dans l’idéologie véhiculée par
la Charte de Tripoli, la « langue arabe » ainsi que la « culture arabe »
constituent des entités autonomes, indépendantes les unes des autres,
chevauchant les termes de « politique », « religion », « national »,
« islam » avec lesquels elles interfèrent constamment ; ces notions,
privées de toute relation dialectique avec la société et l’être humain qui en
sont les principaux consommateurs et producteurs, s’érigent en blocs
monolithiques, comme des produits manufacturés, inaltérables, uniques
en leurs genres, à prendre tels quels. Selon Sayad (1967 : 206), « Pareille
représentation de l’ordre culturel se fonde sur une conception naïve de la
société, de la langue et des rapports de l’une à l’autre. En effet, elle
suppose, entre autres postulats, que la langue est une réalité totalement
autonome, qui pourrait être dissociée de l’état social, de la condition et du
sort des hommes qui la parlent. Elle suppose aussi que la langue pourrait,
en dépit des vicissitudes et indépendamment de la situation actuelle de la
société, retrouver son lustre d’antan et qu’elle pourrait d’elle-même, dans
le contexte d’un pays réputé sous-développé, maîtriser tous les concepts
requis pour le développement scientifique et technique et acquérir les
structures et les caractères de la rationalité qu’appelle ce
développement. »

16De par cette confusion entre « langue » et « culture », la « politique


linguistique » du pays a créé une véritable scission conflictuelle entre les
intellectuels « arabisants » et « francisants », tant l’opacité du discours
officiel sur la notion de « culture nationale » occulte la spécificité
culturelle de l’Algérie. Ainsi se cristallise l’antagonisme naissant entre
ceux qui prennent en compte le caractère pluriel évident de la réalité
culturelle et linguistique du pays et la nécessité de son orientation vers la
modernité, et ceux qui ne voient dans la culture algérienne qu’une
dimension sacrée, traditionnelle, unitaire et religieuse. La langue arabe,
consacrée unique mode d’expression de la culture nationale, devient, par
la puissance politique du FLN, le centre d’un débat où la passion exclut la
rationalité et exacerbe les susceptibilités. Les concepts de « culture » et
de « religion » interfèrent avec le domaine linguistique et opposent les
partisans d’une arabisation totale et immédiate de l’environnement
socioculturel et économique du pays à ceux qui préconisent une
arabisation rationnelle, scientifique et progressive, vu l’importance des
risques encourus. Si les premiers font de l’arabisation et de la
généralisation de l’utilisation de la langue arabe dans tous les aspects de
la vie sociale et économique un impératif idéologique, les seconds
revendiquent l’édification rationnelle d’une société moderne,
industrialisée, à l’image des nations développées.

17Cette opposition occulte, en fait, les représentations mentales et les


attitudes diamétralement opposées que produisent jusqu’à ce jour les
locuteurs algériens à l’égard des langues arabe et française. Si l’arabe est
l’expression d’une authenticité retrouvée et d’une identité nationale
souveraine, cette langue est en même temps perçue comme la langue du
sous-développement, celle qui déclasse et disqualifie son utilisateur dans
l’univers scientifique et économique. Pour beaucoup, la langue française
est le seul moyen qui permette l’ancrage du pays dans la modernité, elle
est, pour reprendre l’expression de Grandguillaume (1977a : 104), « la
langue du pain », la langue « qui permet l’emploi ». En dépit des efforts
faits en matière d’arabisation de plusieurs secteurs de l’activité socio-
économique du pays et de l’insertion de plusieurs milliers de jeunes
exclusivement formés en langue arabe dans le circuit économique, le
prestige de la langue française reste fort du fait qu’elle couvre des
secteurs d’activités encore valorisants tels que la médecine, l’architecture,
la pharmacie, l’industrie, l’informatique, … alors que la langue arabe ne
couvre que les activités qui s’inscrivent dans la sphère des sciences
sociales et humaines. Cette opposition qui constitue en fait l’obstacle
majeur, tant moral que matériel, dans l’application des textes officiels
portant arabisation, est instrumentalisée, depuis 1962 jusqu’à ce jour, par
le Pouvoir en fonction des conjonctures et explique l’échec de la politique
linguistique et culturelle.

3 – La mise en œuvre de l’arabisation

18Sur le terrain, la politique de l’arabisation s’est traduite par des


mesures de planification et d’aménagement linguistiques concrètes,
revêtant le plus souvent la forme de lois. Cependant, le contenu
idéologique et culturel donné par les technocrates des différents
gouvernements à cette politique en a ignoré ou masqué les implications
linguistiques et sociolinguistiques. L’Algérie, à l’indépendance, était
confrontée surtout à un problème d’analphabétisme, d’instruction et non à
un problème culturel et linguistique. Il s’agissait donc de mettre en place
des dispositifs qui, en tenant compte de la situation linguistique héritée de
la colonisation, favoriseraient la bonne formation des cadres et des
gestionnaires dans tous les secteurs économiques. Or, le système mis en
place a induit un type de normalisation linguistique qui a reproduit les
conditions précédentes d’exclusion et de minoration des idiomes
nationaux. La normalisation de l’arabe classique comme langue de statut
supérieur a bouleversé une situation sociolinguistique particulièrement
favorable à l’arabe dialectal et au tamazight, et créé les mêmes
dysfonctionnements linguistiques et culturels que ceux engendrés par la
puissance coloniale lors de l’institutionnalisation de la langue française
comme langue officielle pour la population musulmane. Cette
planification linguistique a essentiellement ciblé le statut « national » et
« officiel » de l’arabe et développé toute une série d’actions et de moyens
susceptibles de traduire dans les faits son caractère normatif. À aucun
moment, elle ne s’est intéressée aux usages « éventuels » et « potentiels »
que pourrait avoir cette langue dans une situation de plurilinguisme ni n’a
envisagé leurs incidences sur l’ensemble des variétés présentes et sur
leurs usages. À aucun moment, elle ne s’est penchée sur la
standardisation de l’idiome choisi comme langue nationale et officielle
dans le contexte de diglossie très prononcée qui prévalait. À aucun
moment elle n’a développé de lois constitutionnelles autorisant ou
admettant des usages circonstanciés des autres langues dans des domaines
d’emploi bien particuliers.

19Ainsi, la planification linguistique en Algérie ne s’est manifestée que


par une batterie de décisions institutionnelles portant sur les modalités
d’application des principes généraux d’arabisation. Fondée sur un
discours identitaire glorifiant le passé et l’histoire de la civilisation arabe
ainsi que la dimension sacrée de la langue du Coran, la normalisation
linguistique a surtout centré son action sur les instances de reproduction
et de consolidation du discours idéologique : les établissements scolaires
et les écoles de formation. L’une des mesures les plus symboliques a été
l’imposition rapide de la langue arabe comme langue d’enseignement
dans le cycle primaire. Plus tard, la généralisation de l’enseignement en
langue arabe des disciplines relevant des sciences humaines connaîtra une
courbe ascendante : d’abord, l’instruction civique et religieuse, l’histoire
et la géographie, les lettres et la philosophie, puis les disciplines
scientifiques autant dans le cycle primaire que secondaire. L’arabisation
de l’enseignement supérieur connaîtra aussi la même progression : les
filières dites de sciences humaines sont entièrement arabisées dès 1981
alors que l’arabisation des sciences fondamentales connaît des
flottements [8][8]Jusqu’à ce jour l’enseignement des sciences médicales
et de…. Parallèlement à l’arabisation du vecteur d’enseignement, les
programmes sont algérianisés, orientés vers les spécificités culturelles
nationales dans une perspective de survalorisation et d’assimilation des
valeurs arabo-islamiques. Cette planification linguistique qui a très
souvent coïncidé avec des événements politiques, comme le montre K. T.
Ibrahimi (1995), est fréquemment accompagnée de la mise en place des
instances officielles de normalisation chargées de surveiller le
déroulement et le respect de l’arabisation de l’environnement, des
médias, de l’enseignement et du secteur économique : Académie de la
langue arabe, Commission nationale d’arabisation, commissions
intersectorielles et ministérielles, commissions d’entreprise, centres de
formation, etc. Différentes phases chronologiques [9][9]Plusieurs
chronologies décrivent le déroulement institutionnel… rythmeront le
déploiement de cette politique :

 1962-1967 : l’enseignement et les médias


publics sont les principales cibles :
arabisation des deux premières années de
l’enseignement primaire et parution du
journal EChaab entièrement rédigé en
arabe. Arabisation de la justice et de l’état
civil ;
 1968-1970 : le secteur de la fonction
publique est à son tour concerné par la
promulgation de diverses lois : ordonnance
du 20.4.68 portant obligation pour tous les
fonctionnaires de l’État de maîtriser
l’arabe ; décret du 8.2.69 portant création
dans tous les Ministères d’un bureau
d’arabisation chargé de la traduction en
arabe de tous les décrets et lois officiels ;
arrêté du 12.2.70 fixant les niveaux de
langue nationale* que doivent justifier les
fonctionnaires des administrations de
l’État ;
 1971 : désignée par le gouvernement de
l’époque comme « année de
l’arabisation », elle voit l’intensification
des mesures d’arabisation par la mise en
place des premiers organes de contrôle :
ordonnance du 20.1.71 portant extension
de l’obligation pour les fonctionnaires de
connaître la langue arabe ; arrêté du
20.8.71 portant arabisation de
l’enseignement supérieur ; arrêté du
12.10.71 portant création des premières
commissions permanentes pour
l’arabisation au sein des universités ;
 1973 : décret du 6.11.73 portant création
de la Commission nationale d’arabisation,
structure nationale de contrôle,
d’évaluation, d’organisation et de
planification de l’arabisation, dirigée par le
Président de la République ; tenue en
décembre du 2e Congrès sur l’arabisation ;
 1975 : première conférence nationale de
l’arabisation (14.5.75) qui réaffirme le
principe de l’arabisation, définie « comme
la récupération par les Algériens de la
composante essentielle de leur identité
nationale, elle est l’instrument de
souveraineté nationale, de la justice
nationale, elle est aussi l’outil du
renforcement de l’unité nationale » ;
 1976 : promulgation de la Charte
Nationale, texte doctrinaire qui accorde
une place importante à la politique
culturelle du pays et rappelle la nécessité
de la généralisation de l’utilisation de la
langue arabe dans tous les domaines de la
vie sociale et économique. Les langues
étrangères sont décrétées langues
d’ouverture sur la civilisation universelle et
sur l’univers scientifique. Cette année voit
aussi la promulgation de l’ordonnance
portant création de l’École fondamentale*
de 9 ans. Ce texte consacre de manière
officielle la rupture totale avec le système
éducatif hérité de la période coloniale.
Dorénavant, les mots clés de cette
institution seront arabisation,
démocratisation et algérianisation* de
l’enseignement ;
 1979 : tenue du 4e Congrès du FLN
(27.1.79) pour trancher la question de la
succession de Président Boumediene
décédé le 29 décembre 1978. À cette
occasion, le congrès du FLN réaffirme les
orientations générales de la politique
culturelle et linguistique par deux
résolutions, confirmant l’idéologie de
l’arabisation. Cette année est aussi
marquée par un certain nombre
d’événements nationaux importants :
agitation intégriste tant chez les étudiants
que dans certaines couches de la
population, agitation berbère qui
commence en Kabylie, longue grève des
étudiants arabisants, qui traduit selon K.T.
Ibrahimi (1995), « un malaise profond des
étudiants des filières arabisées de
l’université, confrontés aux difficultés de
recrutement dans le monde du travail et
souvent contraints à une francisation à
rebours. Frustrés et victimes des
atermoiements du pouvoir, ils
réclament l’arabisation totale de
l’administration, de la fonction publique et
l’ouverture de la recherche à la langue
arabe » ;
 1980-1981 : l’application des résolutions
du 4e Congrès du FLN (1979) provoque
des troubles (Tizi-Ouzou et Alger en avril
et mai 1980) liés à la revendication berbère
sur la reconnaissance officielle de la
culture et de la langue tamazighs comme
éléments constitutifs de l’identité
algérienne. La répression du mouvement
« Le Printemps berbère » oblige le
Président Chadli à reconnaître l’existence
d’un « patrimoine culturel populaire qui est
un acquis de tout le peuple algérien ».
Parallèlement, la politique d’arabisation
connaît une intensification : création d’un
Haut-Conseil de la Langue nationale sous
l’autorité du parti FLN ; arabisation totale
des filières de sciences sociales dans toutes
les structures de l’enseignement supérieur ;
 1986 : promulgation de la nouvelle Charte
Nationale qui rappelle que « la langue
arabe est un élément essentiel de l’identité
culturelle du peuple algérien » (1986 : 51)
et que « son acquisition », « sa maîtrise »
et « sa généralisation » sont une constante
dans l’édification du pays et de l’unité du
peuple. Parallèlement, création le 19.8.86
d’une autre instance de légitimation et
surtout de normalisation linguistique :
l’Académie arabe ;
 1991 : promulgation après vote par
l’Assemblée nationale populaire* de la loi
91-05 du 16.1.91 portant généralisation de
l’utilisation de la langue arabe. De toutes
les lois promulguées celle-ci est considérée
comme la plus coercitive. Le texte
législatif délimite et fixe l’ensemble des
domaines d’emploi réservés exclusivement
à cette langue : « Les administrations
publiques, les institutions, les entreprises et
les associations, quelle que soit leur nature,
sont tenues d’utiliser la seule langue arabe
dans l’ensemble de leurs activités telles
que la communication, la gestion
administrative, financière, technique et
artistique. » (Art. 1) ; « L’utilisation de
toutes langues étrangères … est interdite. »
(Art. 5). Les dispositions pénales prévues
dans le chapitre 4 considèrent comme délit
l’utilisation de toute langue étrangère pour
la rédaction d’un document officiel (Art.
29). Les sanctions prévues en cas de
violation de la loi sont des amendes qui
varient de 1 000 DA à 100 000 DA ;
 1992 : gel, le 4.7.92, de la loi précédente
par le Président Mohamed Boudiaf qui
estime que les conditions d’une
généralisation de l’utilisation de la langue
arabe conformément à l’esprit de ce texte
n’étaient pas encore réunies ;
 1996 : ordonnance du 17.12.96 portant
obligation de l’utilisation de la langue
arabe et fixant au 5.7.98 la date butoir
d’application. Cette loi, votée à la veille de
sa dissolution par le Conseil national de
transition, assemblée législative de
transition, est déclarée « scélérate » par
une partie de la classe politique (cf. infra).
Aussi coercitive que la loi de 1991, cette
ordonnance fixe la date du 5 juillet 1998
pour « rendre obligatoire » la langue arabe
dans toutes les institutions de l’État
algérien et proscrire par là tout usage du
français. Cette ordonnance concrétise
l’alliance du Pouvoir conservateur avec les
islamo-baâthistes par une
instrumentalisation de la langue arabe au
détriment de milliers de cadres supérieurs
toujours opérationnels en langue française
dans les secteurs vitaux et très sensibles de
l’État : l’économie, l’industrie, les
hydrocarbures, l’enseignement supérieur et
la recherche scientifique. Cette loi n’a
cependant pas été suivie de texte
d’application définissant les modalités de
son application dans les divers secteurs
concernés.
Cette chronologie, qui ne distingue que les moments forts d’un discours
sur l’arabisation de l’Algérie, ne se prétend pas exhaustive. D’autres
chronologies peuvent prendre en compte des événements que nous avons
délibérément écartés pour leur caractère redondant quant aux aspects
idéologiques de la politique linguistique.

4 – Les partis politiques et la question des langues en Algérie

20Depuis 1962 et jusqu’en 1988, la mainmise de l’État sur toutes les


institutions de production et de promotion de la culture s’est caractérisée
par la censure et la répression de toute expression divergente sur la
question des langues. Le discours officiel omnipotent a été relayé par tous
les médias (presse, audiovisuel, édition) de reproduction du système
culturel mis en place. L’État a imposé une norme nationale de référence
en matière de manifestation culturelle ou de mode d’expression et créé
des organes de surveillance chargés de réprimer toute pratique non
conforme à cette norme. En dépit du centralisme et du dirigisme culturel
et linguistique imposé par le parti unique, des voix se sont pourtant
élevées pour dénoncer la censure, la répression et l’exclusion
linguistique. Les intellectuels algériens ont payé un lourd tribu pour que
la libre expression du génie algérien soit consacrée par et dans la
manifestation de sa riche diversité.

21La consécration de l’option démocratique à partir de 1988 a favorisé


quelque peu la liberté de l’opinion et de l’expression politique partisane
sur toutes les questions ayant trait à la vie sociale, politique, économique
et culturelle du citoyen algérien. Par rapport à la question des langues, de
la culture et de sa gestion par le Pouvoir, le discours des partis politiques
se structure autour de deux pôles : le pôle des partis démocrates et le pôle
des partis d’obédience islamiste et conservatrice. Autant la première
tendance développe un discours radicalement opposé à la manière dont
est conduite la politique linguistique et culturelle du pays et, plus
particulièrement, l’arabisation, autant la seconde s’érige en une farouche
partisane de la politique linguistique menée par les gouvernants
précédents, en accusant le Pouvoir de ne pas tout faire pour réussir la
généralisation de l’utilisation de la langue arabe.

4.1 – Les partis démocrates ou l’exigence de la modernité

22Ces partis, par-delà leurs divergences, adoptent un certain nombre de


positions voisines sur la question linguistique et culturelle : condamnation
de la loi de généralisation de la langue arabe et de la politique
linguistique et culturelle antérieure jugée coercitive, reconnaissance du
plurilinguisme de l’Algérie, promotion des langues vernaculaires (arabe
dialectal et tamazight), acceptation du bilinguisme arabe/français.

23Pour les partis démocrates, le nationalisme et le patriotisme algériens


n’empêchent nullement l’ouverture de l’Algérie sur les civilisations au
faîte du développement scientifique et technologique. Ils rendent
responsables les différents gouvernements de l’état de décrépitude et de
délabrement avancé des institutions de l’État, les accusent d’avoir installé
le pays dans l’obscurantisme, le sous-développement et l’indigence
intellectuelle, et leur reprochent leur incompétence dans la gestion d’un
secteur très sensible de la vie politique et sociale du pays.

24Le RCD (Rassemblement culturel et démocratique) est l’un des partis


les plus en flèche sur la question linguistique, comme le montre sa Plate-
forme pour l’Algérie républicaine (1996 : 17) : « Le problème des
langues ne peut souffrir plus longtemps de l’hypocrisie et de
l’irresponsabilité qui en ont marqué l’approche jusqu’à maintenant. Il
serait vain de chercher des partisans de l’aventure panarabiste qui aient
accepté de faire subir à leur propre progéniture les « sévices
scolaires » [10][10]Souligné dans le texte. imposés aux enfants du peuple.
Les cours à domicile, l’enseignement privé ou par correspondance et les
bourses à l’étranger sont autant d’attributs par lesquels ils l’ont
précieusement préservée de leur école militante. […] il est antinational et
criminel de continuer à s’obstiner dans le refus du bilinguisme. L’arabe et
le français doivent être immédiatement revendiqués et pleinement
assumés par l’école algérienne. C’est de se frotter aux autres langues qui
amènera l’arabe à échapper à la honteuse fonction d’instrument de
l’invective, de la paresse intellectuelle et de l’intolérance où l’ont
maintenu, entre autres, nos apprentis-sorciers de l’éducation et des
médias. Le tamazight doit cesser d’être frappé d’ostracisme. C’est à l’État
d’œuvrer à sa promotion et à sa diffusion. Toute répression, toute
injustice frappant le domaine amazigh seraient de toutes façons vaines et
ne feraient qu’aggraver un sentiment de frustration déjà considérable. »
Pour Said Saadi, leader du RCD (Le Matin, 7.6.98), la question de la loi
de la généralisation de l’utilisation de la langue arabe « soulève à la fois
un aspect identitaire et institutionnel. C’est le terrorisme politique qui doit
être au box des accusés et non les Algériens qui construisent l’État et se
sacrifient pour leur pays. Faut-il exécuter à titre posthume les rédacteurs
de la Proclamation du 1 er novembre 1954 qui ont rédigé leur appel en
français ? […] Cela fait bientôt 40 ans que l’Algérie est indépendante.
Ceux qui ont peu ou mal fait leur devoir ne peuvent en aucune façon
rattraper aujourd’hui leur défaillance en détournant l’histoire, en cultivant
l’exclusion et en provoquant davantage de fractures », et il poursuit (El
Watan, 21.7.98) : « Le problème de cette loi n’est pas une question de
dosage. En plus, le problème n’a jamais été le problème de la langue
arabe. En l’occurrence, la volonté est d’arabiser un pays et de confisquer
un pouvoir politique. Une identité ne se décrète pas. Les dirigeants qui
ont le souci de construire le pays doivent avoir le courage de traiter du
problème des langues avec un sens aigu de la responsabilité. N’oublions
pas que Boudiaf avait gelé cette loi. Il avait de solides raisons, lui le
patriote de la première heure, de ne pas céder aux pressions des
hystériques en jouant avec l’avenir du pays. L’Algérie doit se libérer de
son complexe d’ancien pays colonisé. Nous n’avons pas à nous faire des
leçons de patriotisme. Nous n’avons pas à dérouter le nationalisme au
profit d’un arabisme aussi sectaire que stérile. Nous avons à construire
notre pays en fonction de notre histoire et des aspirations de nos
concitoyens. La mission de notre génération est d’installer l’Algérie dans
ses repères culturels et historiques et son environnement géostratégique
pour la projeter dans un statut de nation adulte capable de se parler à elle-
même pour enfin communiquer sereinement avec les autres. La réalité
socioculturelle du pays et les intérêts de la nation commandent une
grande mobilisation pour éviter un niveau d’isolement et de régression
irréversibles. »
25Des propos voisins se retrouvent au sein des discours élaborés par les
autres partis de la tendance démocrate. Le FFS (Front des forces
socialistes) condamne la promulgation de la loi sur l’arabisation. Dans sa
déclaration publiée par El Watan (2.6.98), il « met en garde contre toutes
les dérives susceptibles d’être entraînées par l’application intempestive de
la loi d’exclusion linguistique. Le FFS a déjà eu à se prononcer pour
l’abrogation de cette loi ainsi que de toutes les lois scélérates imposées
sous l’état d’urgence … Le FFS déplore qu’à l’ère de la mondialisation et
au moment où Internet garantit une communication mondiale tous
azimuts, des esprits sectaires et médiocres, recrutés essentiellement dans
les milieux islamo-conservateurs, n’ont pas trouvé d’autres moyens pour
leur propre promotion que de se fonder sur l’exclusion. Car il n’est pas
douteux que pour les promoteurs de la généralisation de l’arabisation,
l’objectif reste l’exclusion des cadres de l’administration, des entreprises,
de l’université et, d’une manière générale, de toutes les compétences du
pays. Ceux qui prônent cette politique et ceux qui les appuient ne servent
en rien l’intérêt national, bien au contraire. Pour le FFS, cette politique
est un choix conscient et délibéré des décideurs qui s’en servent comme
d’une machine de guerre contre la démocratie et le pluralisme. À n’en pas
douter, l’objectif poursuivi par les décideurs est de créer d’autres sources
de division au moment où la population aspire à se rassembler autour de
la paix et pour la réconciliation. »

26Parallèlement, le discours idéologique de l’UDL (Union pour la


démocratie et les libertés) développe des arguments centrés sur le
particularisme de l’identité algérienne et de la diversité linguistique du
pays. Il dénonce avec force arguments l’échec de l’arabisation qu’il
impute à l’instrumentalisation politicienne de cette langue, tout comme il
plaide avec une conviction certaine pour la reconnaissance de la place et
des fonctions de la langue française ainsi que l’utilisation du bilinguisme
dans les institutions de l’État. Le président du parti UDL, M. Moula,
affirme (El Watan, 5.6.98), à propos de la loi sur la généralisation de la
langue arabe : « L’UDL considère que notre identité est l’algérianité qui
prend sa source dans notre amazighité originelle qui a su intégrer les
acquis apportés par les civilisations qui sont venues nous donner notre
religion, la langue arabe et la langue française. Cela nous amène à
défendre un bilinguisme arabe-français nécessaire pour un bon
fonctionnement de notre société sans oublier la langue amazighe, très
largement utilisée par notre population [11][11]Souligné dans le texte.. Si
la langue arabe est notre langue officielle, le français est une langue de
travail, d’ouverture vers les technologies et la science ainsi qu’un outil
économique alors que tamazight reste notre langue nationale originelle.
Depuis l’indépendance, l’arabisation a été instrumentalisée sur le plan
politique, instituant une langue arabe extrêmement classique au détriment
de l’arabe parlé algérien, et ce aux fins de marginaliser et d’exclure
certains courants politiques modernistes et démocratiques. L’échec
consommé de l’arabisation et la dévastation de notre école voient
aujourd’hui une nouvelle et grossière initiative de l’imposer contre tous
les avis qui s’élèvent et au détriment de la raison. L’échec est évident, il
sera consommé dès le 5 juillet si l’Exécutif persiste dans cette voie et
refuse la réalité. Nous prenons acte des regrets exprimés par le porte-
parole du gouvernement, après la sortie politiquement très grave de M.
Zerhouni. Mais cela ne doit pas occulter l’existence de cette loi. Cette
manœuvre de diversion n’enlève rien au caractère pénal et marginalisant
de cette loi qui exclut de facto des millions d’Algériens de notre richesse
linguistique et qui portera un grave coup à notre économie déjà bien mal
en point. Nous sommes scandalisés et ne ménagerons aucun effort pour
que cette loi soit revue. Trois possibilités constitutionnelles existent : soit
le Président de la République demande une seconde lecture, soit vingt
députés introduisent un nouveau texte de loi, soit le Conseil
constitutionnel la rejette pour les atteintes qu’elle contient aux libertés
individuelles et collectives. »
27Considérée comme une atteinte aux libertés individuelles, la loi portant
arabisation est replacée par la plupart des partis politiques dans le
contexte de la revendication des libertés d’expression et d’opinion ainsi
que d’une plus grande démocratisation des activités politiques. Ainsi le
PT (Parti des travailleurs) dénonce le caractère illégal de la
(re)promulgation de la loi de l’arabisation parce que votée par une
institution illégitime : « l’Algérie est un pays indépendant et il est normal
qu’il ait ses propres attributs de souveraineté, dont la langue. La place de
la langue arabe est indiscutable, mais nous revendiquons également la
reconnaissance de tamazight. La Belgique a trois langues, la Suisse en a
trois aussi, etc. Et ils sont plus souverains en matière de décision
politique. Donc, en plus du règlement positif de cette revendication
démocratique, légitime et nationale, la généralisation de l’utilisation de la
langue nationale doit être l’aboutissement d’un processus rationnel,
progressif et sans contraintes. Ce qui implique des moyens pédagogiques,
financiers et matériels, faute de quoi cette opération peut être assimilée à
des représailles contre les Algériens qui ont été privés de l’apprentissage
de la langue arabe par le colonialisme ou en conséquence de politiques
dont ils ne sont pas responsables. » (propos du porte-parole du PT, El
Watan, 22.6.98).

28Le discours du MDS (Mouvement démocratique social) insère la


question des langues et de l’arabisation dans la problématique de
l’incohérence et l’inconstance de la gestion des gouvernants de l’Algérie :
« Il est quand même stupéfiant d’en arriver à une telle situation aussi
inédite où un pouvoir national oblige la société et l’État à utiliser l’une de
leurs propres langues de travail et de vie, à l’exclusion des autres, en
faisant abstraction des réalités historiques, économiques et sociales,
politiques et idéologiques, scientifiques, culturelles et artistiques,
linguistiques même, en liaison avec les impératifs de développement et
avec le mouvement de mondialisation avec leur imbrication complexe et
pertinente » (El Watan, 22.6.98). El Hachemi Chérif, coordinateur
principal du MDS, en réponse à la question : « Quelles sont les
conséquences sur la société algérienne de l’application à partir du 5 juillet
de la loi portant généralisation de l’utilisation de la langue arabe ? »,
souligne les arrière-pensées politiques des décideurs à l’égard de
l’arabisation (El Watan, 22.6.98) : « Quitte à heurter, je vais prendre un
raccourci fondamental pour poser crûment certaines questions. Quel
homme sensé peut soutenir que l’état d’arriération de la langue arabe
n’assume pas une lourde responsabilité dans l’arriération des sociétés qui
s’expriment en arabe ? On pourra toujours avancer que l’état de la langue
est le reflet de l’état des sociétés. Soit, alors tirons-en les conséquences !
[…] Au fond, il ne s’agit pas, pour ces zélés de l’arabisation, d’imposer
l’arabe, il s’agit d’imposer une certaine vision de la langue et de la culture
arabes, régressives et rétrogrades, qui sont le pur produit de la décadence.
À ce propos, rappelons-nous, l’arabisation de la philosophie au début des
années 70. Elle n’a servi qu’à une chose, à substituer à la philosophie la
théologie, et quelle théologie ! À l’époque, le but des conservateurs était
de renverser un rapport de forces qui était en faveur d’un enseignement
humaniste et progressiste des sciences sociales. Aujourd’hui, le but est de
faire fructifier et de consolider le nouveau rapport de forces produit par
ces changements. C’est la raison pour laquelle ces forces ne se rappellent
la langue arabe qu’en termes d’injonctions administratives au lieu de
veiller à la faire évoluer pour la moderniser, en faire un outil
d’appropriation de la science et de la culture modernes, au lieu de la faire
aimer par les siens. Aujourd’hui encore, ce dont il s’agit en l’occurrence
c’est de sceller définitivement le compromis d’État islamo-conservateur.
S’il s’agissait de faire de l’arabisation une cause véritablement nationale,
on se serait pris autrement : en programmant, en modernisant cette
langue, en pensant son articulation ou sa synthèse avec les langues
vivantes de notre peuple pour éviter aux générations montantes cette
schizophrénie linguistique qui nous fait tant de torts, en ouvrant notre
capital linguistique sur les langues modernes les plus avancées, en
élaborant des plans de réforme, en faisant aimer nos langues, en
mobilisant les élites et les citoyens, etc. »
29Comme on peut le voir, le discours des partis démocrates à l’égard de
la gestion de la question des langues est cohérent dans sa structuration
ainsi que dans les arguments apportés pour dénoncer l’échec de la
politique linguistique et culturelle mise en pratique depuis 1962. La
langue arabe n’est pas reniée, bien au contraire, elle est reconnue et
identifiée comme l’un des plus puissants attributs identitaires de la nation
algérienne. Mais elle n’est pas le seul élément constitutif de cette identité
algérienne que tous les partis politiques démocrates identifient par le
caractérisant « l’algérianité ». La langue française, le tamazight et les
autres idiomes locaux sont unanimement considérés comme des pôles
fondamentaux et essentiels de cette algérianité. Le bilinguisme
arabe/français semble être l’élément le plus important de la personnalité
de l’Algérien et le seul outil susceptible de servir convenablement
l’économie du pays. Sur le plan culturel, l’arabisation est considérée par
les partis démocrates comme un repli sur soi-même : telle qu’elle est
appliquée, l’arabisation est un alibi au refus d’admettre que la supériorité
des autres nations, tant culturelle que technologique, est liée à la
dynamique et à la richesse des contacts linguistiques entre les peuples et
les nations. L’arabisation, pour ces partis, conduit à un enfermement qui
ne peut que servir les partisans de l’idéologie islamo-baâthiste et les
islamo-conservateurs.

4.2 – Les partis islamistes et conservateurs

30À l’opposé des partis démocrates, la tendance islamiste et


conservatrice est farouchement hostile à toute discussion sur la politique
de la généralisation de la langue arabe. Les partis islamistes En Nahda et
le MSP (ex-Hamas) souhaitent sa stricte application et son renforcement.
31Pour le responsable du premier parti cité : « L’Algérie ne peut jouir de
toute son indépendance sans l’application de la loi portant généralisation
de l’utilisation de la langue arabe. […] La langue arabe est pour moi une
des constantes de notre société, un des éléments de sa personnalité et un
des facteurs de la souveraineté de l’État. De ce fait, elle a droit à
beaucoup de considération et de respect. Les gouvernements successifs
ont complètement ignoré cette constante, prétextant de son insignifiance.
Cela a fait malheureusement qu’on regarde l’Algérie comme si elle ne
jouissait pas de sa totale indépendance. Le comble de l’ignominie n’est-il
pas atteint dès lors qu’on ne trouve pas trace de l’utilisation de cette
langue dans les échanges diplomatiques et les correspondances officielles
alors que toutes les Constitutions de ce pays lui reconnaissent le caractère
de langue officielle ? Aujourd’hui, il est grand temps que les responsables
et toutes les personnalités nationales comprennent que le devoir numéro
un de chacun d’entre eux est de mettre cette loi en exécution, sans
rechigner. Cela n’est pas en contradiction avec l’ouverture sur les langues
étrangères desquelles on doit tirer profit. Mais en tout état de cause, cette
ouverture sur les langues étrangères ne doit plus être un écueil pour le
développement de notre langue ou un facteur de sa marginalisation. » (El
Watan, 17.6.98).

32Le MSP, parti de la coalition gouvernementale, adopte une attitude


voisine, comme le montre l’argumentaire développé par M. Nahnah, son
leader (Liberté, 24.7.98) : « La loi portant généralisation de la langue
arabe est incontournable, eu égard aux idéaux de Novembre 1954. Soit
nos compatriotes se laisseront égarer dans une troisième voie, soit ils
décideront de tourner la page pour donner un nouveau départ à l’Algérie.
Pour ma part, ma volonté de changement est inchangée […] en réalisant
ce choix dans le respect des constantes nationales, loin de toutes formes
de violence, la généralisation de langue nationale permettra ainsi à
l’Algérie d’entrer de plain-pied dans le concert des nations […] L’Algérie
est dans un besoin pressant de restauration de sa langue nationale pour la
préservation de son unité nationale. »

33La modération de ces discours semble tactique. Émanant de chefs de


partis islamistes, elle tranche avec la virulence habituelle à l’égard de la
langue française, toujours considérée comme la langue du colonisateur, et
à l’égard des francophones, considérés comme les suppôts de Hizb
França*. On retrouve dans ce discours l’essentiel de l’idéologie
panarabiste et conservatrice derrière les équations : la langue arabe = la
langue nationale, la langue nationale = l’unité nationale, la langue arabe =
constante nationale, la langue arabe = les idéaux de Novembre 1954. Ces
arguments ont constitué la trame du discours idéologique du FLN
lorsqu’il était au pouvoir et ont servi de justificatifs aux gouvernants pour
développer leur action dans les domaines linguistique, éducatif et
culturel.

5 – Bilan

34L’ambiguïté des termes qui définissent le concept de « culture


nationale révolutionnaire » mis en place par l’idéologie nationaliste du
FLN a induit un processus de destruction du tissu culturel qui préexistait
à l’avènement de l’indépendance du pays. Les champs culturel et
linguistique ont été en quelque sorte nationalisés depuis 1962 par les
différents gouvernements qui se sont astreints à appliquer stricto sensu la
politique d’arabisation tous azimuts, ce qui a eu pour effet d’annihiler
toute créativité. Fondé sur un discours unificateur et d’unification,
l’autoritarisme du Pouvoir a fonctionné comme un rouleau compresseur,
imposant une norme unique et un mode d’expression unique pour assurer
sa permanence et sa reproduction. Certes, si le totalitarisme a développé
un processus de récupération, sinon de phagocytose, pour une mise au pas
d’une partie de l’intelligentsia tant arabisante que francisante, il a aussi
induit une réaction de rejet qui s’est exprimée par le biais des
revendications identitaire, culturelle, linguistique et politique que le
Pouvoir a souvent tolérées et régulées au nom de son idéologie teintée de
modernité. C’est ainsi que plusieurs intellectuels se sont terrés dans le
silence ou dans l’exil [12][12]Nous citons par exemple les cas de Malek
Haddad, de Kateb…. L’ambivalence de cette idéologie et de cette
politique culturelle a installé la société algérienne dans l’expectative.
L’hésitation entre l’ouverture sur le monde moderne et l’authenticité a
freiné toute dynamique sociale, estompé et désagrégé tous les repères
culturels identitaires spécifiques aux Algériens et s’est accompagnée
d’une perte de l’identité. L’algérianité s’est diluée au profit d’un arabisme
transnational qui exacerbe la haine de soi et provoque la haine de l’autre.
35L’imposition de la langue officielle, qui s’est faite « d’un mouvement
du sommet vers la base » (K.T. Ibrahimi 1995 : 281), a conduit
inévitablement à la minoration des langues populaires (arabe dialectal et
tamazight) et à l’effritement de la cohésion sociale en l’absence de
consensus national. Ce qui s’est traduit sur le terrain social et culturel par
le clivage et l’opposition idéologique et linguistique entre élites
arabisantes et francisantes. L’inadéquation de cette politique de
régulation, conjuguée à la pression démographique et à l’inadéquation des
contenus du système éducatif aux besoins concrets de la société
algérienne moderne, a favorisé l’apparition de dysfonctionnements dans
la sphère éducative et culturelle :
 un taux de plus de 45 % d’analphabètes
pour une population de plus de 30 millions
d’habitants ;
 une constante annuelle de 80 % de taux
d’échec au baccalauréat pour une
population de 250 000 candidats pour
l’année scolaire 1997/1998 ;
 une moyenne de 80 % de déperdition dans
le système éducatif (tous cycles
confondus) ;
 un taux d’arabisation de 46 % dans les
instituts et les universités [13]
[13]Pourcentage donné par le ministre de
l’Enseignement supérieur…, arabisation
circonscrite aux sciences sociales et
humaines, puisque les enseignements
continuent à être dispensés en langue
française dans les sciences, les filières
techniques et technologiques.

La sacralisation et la politisation à outrance de la langue arabe, langue du


Coran et langue des constantes nationales révolutionnaires, a entraîné une
dévalorisation de l’arabe dialectal et du tamazight. Or, la communication
et l’interaction sociales se réalisent essentiellement en arabe dialectal
pour la plus grande partie de la population et en tamazight pour les
berbérophones, mais jamais en arabe littéral. Cet idiome n’a jamais été le
vecteur des rapports sociaux et interpersonnels, car limité aux domaines
de la religion et du discours officiel protocolaire surtout. La présence
encore manifeste de la langue française dans l’environnement social et
culturel du locuteur a favorisé l’apparition d’une triglossie dominante
dans les pratiques langagières du locuteur algérien ; elle a consacré
l’expression d’un être identitaire authentique, fier de ses attributs
culturels et linguistiques, qui se joue, grâce à l’alternance codique, du
modèle normatif de la culture officielle. Face au monopole de cette
dernière, les idiomes locaux constituent pour le sujet parlant les modèles
les plus conformes à l’expression de son identité algérienne et alimentent
la dynamique culturelle. Bien plus, ces idiomes locaux se constituent
aussi en outils de régulation de la reconnaissance de soi et de
l’identification identitaire. Les mutations politiques induites par le
multipartisme ont accentué le regain d’intérêt pour les langues et cultures
locales, renforcé et légitimé la revendication identitaire et linguistique de
la minorité amazighe que le Pouvoir a tenté de nationaliser par le biais
d’une structure administrative, le Haut Comité de l’amazighité, faute de
pouvoir continuer à l’ignorer au nom de l’unité nationale.
36Le projet culturel officiel, en raison de ses carences, a été doublé et
pris de vitesse par la dynamique d’une culture nationale populaire bien
enracinée dans tout le corps social. En gestation depuis l’avènement du
colonialisme, cette culture qui s’est régénérée à partir des contradictions
qui l’opposaient au modèle normatif colonial, a développé après
l’indépendance les mêmes résistances face au modèle normatif officiel
imposé.

37En ignorant la diversité culturelle nationale et la vitalité du tamazight


et de l’arabe dialectal, langue maternelle de la plus grande partie de la
population algérienne, les gouvernements ont voulu imposer une
homogénéité linguistique et culturelle factice marquée non pas par les
vertus du nationalisme et du patriotisme (auxquels adhère sans équivoque
toute la population algérienne), mais par un panarabisme tombé en
déliquescence depuis la guerre d’octobre 1967 et surtout la guerre du
Golfe de 1995. Ce qui est évident est que l’avènement du multipartisme
en Algérie a coïncidé – paradoxalement – avec un verrouillage
systématique des langues d’expression des potentialités politiques. Les
deux langues maternelles des Algériens, dont la plus répandue est l’arabe
dialectal, sont politiquement interdites de séjour dans l’hémicycle de
l’Assemblée algérienne. L’intervention de la politique de l’arabisation sur
la réalité sociolinguistique a favorisé le déclassement de la langue
française dans certains secteurs de l’administration de l’État mais plus
particulièrement dans l’enseignement des sciences sociales à l’université.
Cette disqualification a surtout une portée politique. La mise à l’écart de
cadres et d’intellectuels formés dans les écoles supérieures algériennes et
européennes signifie l’exclusion de ces derniers de toute participation à la
dynamique socioculturelle induite par l’université dans le domaine des
sciences sociales. Cette disqualification a certes favorisé l’insertion de
cadres arabophones dans la gestion des affaires de l’État, mais elle n’a
pas réduit pour autant les tensions entre tous les protagonistes de la scène
politique et culturelle dont certains se sont sentis écartés, comme privés
de parole et « donc du pouvoir… ou tout au moins de la légitimité d’y
prétendre, ce qui pourrait apparaître comme une
entreprise machiavélique contre l’expression démocratique et la
nécessaire démocratie. » (Moatassime, 1992 : 155).

6 – Prospective

38Il nous paraît maintenant évident, après ce bref descriptif de la


politique linguistique et culturelle, qu’il est demandé à la langue arabe
d’assumer des fonctions qu’elle ne peut prendre en charge avec les
attributs que l’idéologie du Pouvoir lui affecte : langue « du Coran », de
la « civilisation arabo-islamique », du « passé glorieux », du
« nationalisme révolutionnaire » et de la « culture nationale
révolutionnaire ». La langue arabe en Algérie est prisonnière des
pesanteurs de l’idéologie dominante, elle ne peut être que ce que les
décideurs veulent qu’elle soit, une langue du passé et non du présent, une
langue de l’illusion de la modernité et non la langue de la modernité, la
langue du compromis et de la demi-mesure, la langue de l’uniformité et
non de la richesse de la diversité, la langue de l’alliance avec le
conservatisme, avec l’intégrisme, donc la langue de la déculturation et de
la régression mais aussi, inévitablement, du sous-développement. La
politisation de la langue arabe constitue le premier obstacle au
développement économique, social et culturel du pays. Sa dépolitisation
et la réhabilitation du patrimoine linguistique et culturel algérien sont les
éléments qui doivent sous-tendre une nouvelle politique linguistique et
culturelle dont la conception ne saurait être exclusivement l’œuvre de
politiciens.

39Des changements dans la perception des statuts et des fonctions des


langues du pays semblent poindre dans le discours officiel algérien depuis
l’arrivée de Abdelaziz Bouteflika à la Présidence de la République. En
dépit de l’obligation « constitutionnelle » d’utiliser la langue arabe
littérale (la langue nationale *) pour les discours officiels, c’est plutôt à
l’aide de la langue française que le Président de la République s’est
adressé, plusieurs fois, à la population algérienne. Critiqué par
l’opposition – tendance islamo-baâthiste – pour cette utilisation du
français dans ses discours à la nation algérienne, il répond : « Pour
défendre mon pays, j’utiliserais l’anglais, le chinois et même l’hébreu. »
Il remet en question l’immuabilité des constantes nationales et affirme sur
un ton ironique : « Qu’est-ce que les constantes nationales ? Dois-je
dire Azzoufellaouène pour affirmer mon identité berbère, Bism Allah pour
signifier que je suis musulman et Es salam Alaïkoum pour montrer que je
suis arabe ? Tout monde sait qui je suis. » Les dernières déclarations du
Président de la République à propos de la francophonie sont on ne peut
plus claires quant à une nouvelle attitude de l’Algérie face à la question
de la gestion des langues : « L’Algérie est un pays qui n’appartient pas à
la francophonie mais nous n’avons aucune raison d’avoir une attitude
figée vis-à-vis de la langue française qui nous a tant appris et qui nous a,
en tout cas, ouvert la fenêtre de la culture française. » (El Watan, 1.8.99.)
Cette déclaration marque vraisemblablement la fin des tabous
linguistiques et culturels et augure l’avènement de réformes
d’importance. À cet égard, la réforme du système éducatif est l’un des
plus importants chantiers mis en œuvre par le Président : il s’agit
d’introduire de profonds changements tant dans les contenus enseignés,
les méthodes utilisées que dans les langues d’enseignement et dans les
idiomes enseignés. La mise en place de la Commission nationale pour la
réforme du système éducatif et le choix des membres qui la constituent
ont fait réagir plusieurs partis politiques conservateurs hostiles à tout
changement et qui ont fait du problème du choix de la première langue
étrangère (français ou anglais) le prétexte de surenchères politiciennes
dont les préoccupations étaient bien éloignées du sujet. Dans son rapport
final, la C.N.R.S.E. propose que le français soit la première langue
étrangère enseignée dès la 2e année du cycle primaire et serve aussi de
medium d’enseignement des disciplines scientifiques dans le cycle
secondaire. Cette proposition conforte le désir des Algériens en ce qui
concerne la langue étrangère à enseigner en priorité à leurs enfants et se
fonde sur le profond ancrage du français dans la réalité sociolinguistique
du pays. Elle confirme les préférences des parents, déjà nettement
exprimées à partir de 1995, lorsque ceux-ci pouvaient décider de la
première langue étrangère (cf. supra). L’option en faveur du français
traduit le prestige de cette langue chez les locuteurs et les parents d’élèves
et montre que cet idiome, qui reste en position de force sur le marché
linguistique national, possède encore de l’avenir en Algérie.

Notes

 [1]

Cette revendication a connu un relatif


succès avec l’institutionnalisation de la
dimension amazighe comme l’un des
fondements de l’identité nationale, avec
l’enseignement expérimental de tamazight
assuré dans certains établissements
scolaires du pays et avec l’introduction de
la langue amazighe dans les circuits de la
communication.

 [2]

M. Aït Amrane, président du Haut-


Commissariat à l’Amazighité, déclare à ce
propos : « C’est l’exclusion de la langue
amazighe qui renforce, en conséquence, la
division du peuple algérien. Cette loi est en
contradiction avec le décret présidentiel.
Le fait de donner la prééminence à la
langue arabe, c’est donner l’impression aux
non-berbérophones que ce sont des Arabes.
Alors qu’ils sont des Berbères. Sur le plan
des progrès, elle causera un recul dans tous
les domaines, notamment scientifique,
technique et technologique, ce qui
entraînera l’Algérie dans l’impossibilité
d’affronter le troisième millénaire » (El
Watan, 14.6.98).

 [3]

Cette mouvance démocratique, en créant le


CNSA (Conseil national pour la
sauvegarde de l’Algérie), a induit le
processus qui a permis au pouvoir en place
en 1991 de suspendre les élections
législatives (dont le premier tour avait été
remporté par le FIS) et de provoquer la
démission du Président Chadli Bendjedid.

 [4]

Cette dernière, en 1931, par la voix du


philosophe et homme de religion
Abdelhamid Ben Badis, renforce le
mouvement national avec le slogan
« L’Algérie est ma patrie, l’islam ma
religion, l’arabe ma langue ».

 [5]
Le Président Ben Bella déclare dans son
premier discours en 1962 : « Nous sommes
Arabes, Arabes, Arabes ».

 [6]

Souligné dans le texte cité.

 [7]

Évaluation donnée par Bachir Hadj Ali


dans « Culture nationale et Révolution »,
conférence donnée par l’auteur le 30 mars
1963.

 [8]

Jusqu’à ce jour l’enseignement des


sciences médicales et de plusieurs autres
disciplines se fait toujours en langue
française.

 [9]

Plusieurs chronologies décrivent le


déroulement institutionnel de la politique
de l’arabisation : travaux de Souriau (1974,
1976, 1984), Grandguillaume (1983),
Morsly (1985), Cherrad-Benchefra (1990),
K.T. Ibrahimi (1995), etc.

 [10]
Souligné dans le texte.

 [11]

Souligné dans le texte.

 [12]

Nous citons par exemple les cas de Malek


Haddad, de Kateb Yacine et de Mohamed
Dib. Le premier cité a cessé d’écrire faute
de maîtriser la langue arabe, le second est
mort en exil après avoir mené une farouche
opposition à l’idéologie du parti FLN, le
troisième, lui aussi exilé, continue d’écrire
en français.

 [13]

Pourcentage donné par le ministre de


l’Enseignement supérieur lors du séminaire
national sur l’arabisation (Liberté,
23.3.99).

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012

Chapitre 4. Le status

Dans tous les pays anciennement colonisés, le rapport langues


maternelles/ langue étrangère est un rapport conflictuel de surface
masquant en réalité un antagonisme entre la culture du colonisateur et
celle du pays conquis. Chacune des langues est définie par un statut
officiel qui, tout en précisant les rôles et les fonctions qui lui sont
assignés, fixe aussi leurs domaines d’emploi.

2En Algérie, les rôles assumés par la langue française font de cette
dernière une langue de scolarisation, d’information scientifique, de
communication et de fonctionnement de plusieurs institutions de l’État en
contradiction avec la politique d’arabisation qui distribue en principe les
fonctions des langues sur le marché linguistique. Les paramètres
idéologiques plus ou moins officiels et la conjoncture politique (positions
et pressions politiques exercées par les divers groupes qui se partagent le
pouvoir) font que ces rôles sont fluctuants, instables, souvent en
inadéquation avec les valeurs symboliques qui leur sont attribuées. Notre
description de la situation linguistique de l’Algérie et de la langue
française en contexte algérien prend appui sur la grille d’évaluation des
situations linguistiques élaborée par l’Institut d’études créoles et
francophones d’Aix-en-Provence.

3Nous examinerons d’abord les éléments constitutifs du « status », tout


ce qui caractérise la langue française sur le plan institutionnel et officiel,
à savoir son officialité, sa place et ses fonctions telles qu’elles sont
décrites dans le discours officiel de l’État algérien, dans le système
éducatif, dans les médias et dans le secteur économique étatique et privé,
ensuite le « corpus » c’est-à-dire l’ensemble de ses usages et de ses
emplois réels, effectifs, dans ses multiples interactions avec les autres
langues présentes sur le marché linguistique algérien.

1 – Officialité

4La langue française est considérée officiellement comme une langue


vivante étrangère en dépit de l’usage qui en est fait : dès 1962 et
conformément à la Plate-forme de la Soummam de 1956, de la Charte de
Tripoli de 1962, la langue arabe est définie comme langue nationale et
officielle. Cette réhabilitation n’est qu’une conséquence logique de toutes
les luttes menées depuis la guerre d’indépendance et constitue le pivot
essentiel sur lequel doivent se fonder la personnalité algérienne et se
concrétiser son appartenance à la nation arabe.

5La langue française reste cependant, de 1962 à 1970, une langue


véhiculaire servant au fonctionnement des institutions et un médium
d’enseignement dans les établissements scolaires. Cet usage de la langue
française, contraire à son « déclassement » sur le plan de l’officialité,
semble paradoxal ; il est la conséquence de l’accession à l’indépendance
d’une nation qui a subi une colonisation de 132 ans. Face au vide laissé
par la disparition du système colonial et le départ des Pieds-noirs et face à
la nécessité de faire fonctionner l’économie nationale, les autorités ont dû
se résoudre à admettre – à titre provisoire – le français comme véhicule
de savoirs et de compétences techniques pour répondre à l’urgence et
préserver l’équilibre et la stabilité économique et sociale. En raison de ses
options de développement, l’Algérie indépendante a adopté une attitude
quelque peu équivoque vis-à-vis de la langue coloniale, en contradiction
avec la volonté politique proclamée d’intensifier l’utilisation de la langue
arabe. Cette dernière a repris cependant peu à peu une place importante
pendant la première décennie de l’indépendance : au niveau des
établissements d’enseignement se sont côtoyées les sections bilingues et
arabisées, les premiers diplômés en langue nationale ont été injectés dans
le circuit économique, les médias ont commencé à fonctionner en langue
nationale (aussi bien pour la presse écrite que pour la radio et la
télévision) et ont contribué d’une manière efficace à promouvoir et à
rendre perceptible un processus d’arabisation trop lent au gré des tenants
du pouvoir.

6Par la suite, devant cette volonté de rendre à l’arabe sa place, le français


n’a pas cessé de céder du terrain. Dès 1972, les objectifs économiques
fixés par le premier plan quadriennal (1970/1974) restreignent le français
au statut d’instrument de communication seulement destiné à faciliter
l’accès au savoir technique et scientifique. Les directives pédagogiques
de l’époque sont très précises et posent sans équivoque le statut de cette
langue : « l’enseignement du français en Algérie ne saurait se définir,
dans son contenu et ses méthodes, qu’en fonction de ces données
essentielles : d’une part, l’orientation générale du pays et ses options
fondamentales et d’autre part, le fait que le français, si répandu qu’en soit
l’usage, doit être à présent considéré en Algérie comme une langue
vivante étrangère… cet enseignement doit s’assigner des
objectifs essentiellement linguistiques » (Directives pédagogiques, 1972 :
15). Son enseignement a pour seul objectif de faire acquérir, en dehors de
toute considération culturelle, la maîtrise d’un instrument utilitaire, dont
la principale fonction est de rendre compte des phénomènes techniques
et/ou scientifiques. Cette attitude se double aussi du désir de transformer
la langue arabe, de la rendre apte à décrire le monde scientifique
moderne, ce qui suppose « la vivification de cette langue en un
instrument d’éveil et de création, de développement et de progrès, de
recherche scientifique et de transformation sociale » (Charte nationale,
1976 : 65). D’autres langues étrangères, essentiellement l’anglais,
l’allemand, l’espagnol doivent aussi être instrumentalisées pour participer
au développement du pays « qui ne cessera jamais d’œuvrer à la fois pour
garantir son authenticité culturelle et pour la constante communication
avec l’extérieur, c’est-à-dire avec les sciences et les techniques modernes
et l’esprit créateur dans sa dimension universelle la plus féconde »
(Charte nationale, 1976 : 65).

7L’ambivalence linguistique arabe/français qui a prévalu de 1962 à 1979


se transforme, à partir des années 80 et jusqu’à ces jours, pour des raisons
idéologiques, en rapports antagoniques induits par les différentes lois
concernant l’arabisation de l’enseignement supérieur et de la formation.
Entre les sphères linguistiques arabophones et francophones, le fossé
s’accroît davantage, la complémentarité des élites arabisantes et
francisantes qui a prévalu dans les premières décennies de l’indépendance
se transforme en rivalité et en opposition.

2 – Usages institutionnalisés

8Très souvent le descripteur objectif des usages institutionnalisés de la


langue française en Algérie ressent un sentiment de gêne en raison de
l’hiatus entre le discours officiel relatif à l’usage du français et son
emploi effectif. La complexité de la situation linguistique algérienne
réside moins dans l’hétérogénéité linguistique que dans la contradiction
très forte entre le « théorique » c’est-à-dire les normes officielles
(im)posées par le discours idéologique du Pouvoir et l’usage réel « in
vivo » des différentes langues. Le législateur déconseille, voire proscrit
l’usage du français alors que beaucoup de textes officiels (lois,
circulaires, notes de service, etc.) sont encore souvent rédigés en cette
langue, puis traduits en arabe en fonction du profil des destinataires. La
loi portant généralisation de l’utilisation de la langue arabe instaure,
depuis 1969, dans l’usage public des deux langues académiques
antagoniques, une véritable compétition dont l’enjeu, au-delà de
l’extension des domaines de l’une ou de l’autre langue, est l’exercice du
pouvoir et l’occupation des centres de décision qui dirigent le pays.
2.1 – Textes officiels

9Sur le plan institutionnel, la langue française a continué à être l’outil de


gestion des affaires de l’État jusqu’en février 1969 où un décret
présidentiel fait obligation à toutes les institutions de l’État
de traduire [1][1]Ce qui suppose que la rédaction initiale des textes
officiels… en arabe tous les textes officiels et documents administratifs
rédigés en français. Or, à ce jour, on ne peut dire et affirmer que tous les
textes officiels soient rédigés exclusivement en arabe : le français reste en
effet souvent utilisé. La fréquence et le degré d’utilisation de cette langue
dans les institutions officielles (ministères, administrations, etc.) sont
difficiles à cerner tant ils sont aléatoires et conjoncturels surtout. Pour ne
citer que le Ministère de l’Enseignement supérieur, certaines circulaires
officielles, émanant du cabinet même du ministre, ont été rédigées
exclusivement en langue française au cours de l’année 1999. La
traduction de ces textes, qui n’est pas systématique, se fait du français
vers l’arabe ou inversement, en dépit de plusieurs lois coercitives
stipulant l’obligation d’utiliser uniquement la langue arabe. Le Journal
officiel de la République algérienne semble être le seul document officiel
rédigé en langue arabe puis traduit en langue française (où sa diffusion est
très large). Sur l’exemplaire en langue française, on peut observer la
mention suivante « traduction de l’arabe ».
10Les autres décrets exécutifs émanant du gouvernement ainsi que
certaines lois, circulaires et notes liées à la gestion des institutions
économiques et même culturelles du pays sont très souvent rédigés en
français et traduits bien plus tard en arabe. La variété de français utilisée
pour la rédaction de ce type de documents officiels est de type
académique, normé et soutenu.
11Pour ce qui est des documents officiels personnalisés, les deux langues
coexistent souvent, comme le montre le tableau synoptique décrivant
l’usage de l’écrit arabe ou français dans les principaux documents
nationaux officiels :

12L’arabe est la langue d’impression et de rédaction du document alors


que le français sert seulement de langue de rédaction qui, en complétant
le document officiel, se voit souvent utilisée par l’administration comme
outil de correction voire de vérification et de confirmation des données
fournies en arabe ! Si l’impression des passeports en trois langues
correspond au respect d’une convention internationale, l’utilisation
simultanée du français et de l’arabe pour les données d’identification du
citoyen paraît s’inscrire dans la même logique. Les autres documents
(carte d’identité, permis de conduire, carte grise, contrat d’assurances,
etc.), destinés beaucoup plus à la consommation intérieure, confirment le
français dans son rôle de certification des données : les noms et les
prénoms des individus, les lieux de naissance sont inscrits dans les deux
langues. Les timbres fiscaux et la monnaie sont imprimés exclusivement
en langue arabe en tant que symboles de souveraineté. Seule la carte
d’électeur est imprimée en français et complétée aussi dans la même
langue (du moins dans les wilayas* de Constantine et de Mila). Cette
distribution inégale des deux langues dans la rédaction des documents
officiels confirme les hésitations des pouvoirs publics et les tâtonnements
de la politique d’aménagement linguistique.

2.2 – Textes administratifs nationaux


13À l’exception des Ministères de la Justice, des Affaires religieuses, des
services de l’État civil relevant des A.P.C.* et, dans une certaine mesure,
du Ministère de l’Éducation nationale, la plupart des textes administratifs
nationaux sont rédigés en français puis traduits en arabe. L’influence
prépondérante dans les centres de décisions ministérielles des cadres
supérieurs formés dans les divers pays européens, explique cet usage
fréquent du français comme langue de travail à l’écrit.

2.3 – Administration locale

14Les collectivités territoriales organisées selon une hiérarchie héritée du


système colonial (la wilaya* correspond à la préfecture, la daïra* à
l’arrondissement, la baladia* à la commune) sont les représentantes à
l’échelon local de l’autorité de l’État. Fonctionnant sur la base d’un
bilinguisme arabe/français modulé en fonction des compétences
linguistiques disponibles et du niveau d’application de la loi portant
généralisation de l’emploi de la langue arabe, elles accordent une certaine
prééminence au français à l’écrit et à l’arabe à l’oral. En règle générale,
les textes administratifs locaux proviennent des ministères de tutelle et
plus particulièrement des Ministères de l’Intérieur et des Collectivités
locales et de l’Économie. Ils sont rédigés en arabe pour les modalités de
gestion courante mais surtout en français pour tout ce qui relève des
domaines techniques (urbanisation, hydraulique, industries diverses,
agriculture, postes et télécommunications, santé et prévention sociale,
hygiène scolaire, etc.). Les différents départements représentant les divers
ministères (Éducation nationale, Finances, Douanes, Postes et
Télécommunications, Santé, etc.) répercutent les lois et circulaires en
direction des structures inférieures souvent en l’état, c’est-à-dire rédigées
en français ou, ce qui n’est pas une règle générale, traduites localement en
langue arabe.

15Les documents de gestion des affaires courantes du citoyen sont soit


bilingues, soit en langue française, quel que soit le secteur :

 postes et télécommunications : la plupart


des formulaires de gestion courante sont
bilingues (mandats, chèques, formulaires
de contact relationnel, factures
téléphoniques, convocations,
recouvrement, etc.) alors que d’autres, tels
que les documents liés aux charges
téléphoniques, sont rédigés en français
uniquement. Les chèques postaux sont
depuis peu imprimés exclusivement en
langue arabe, et seule l’identification du
titulaire du chèque est imprimée en
français. Alors que l’usage des deux
langues est accepté pour rédiger le chèque
postal ou bancaire, les usagers, selon une
enquête menée dans deux bureaux des
P&T de Constantine, utilisent le français
dans 70 % des chèques remis ;
 énergie : la domination de la langue
française est très sensible pour tout ce qui
est du domaine technique mais factures et
redevances sont bilingues ;
 santé : la langue française est d’une
utilisation quasi exclusive à tous les
niveaux, que ce soit dans la gestion
administrative des établissements
hospitaliers, dans la pratique de la
médecine (ordonnances médicales,
certificats d’arrêt de travail, rapports
scientifiques et techniques inhérents au
secteur, examens médicaux, bilans de
santé, rapports postopératoires, comptes
rendus d’autopsie, états des équipements,
infrastructures, procédures d’évaluation et
de maintenance) jusqu’à la formation
permanente assurée au sein des
département de sciences médicales et
paramédicales. L’hôpital universitaire de
Constantine a procédé depuis peu, et
uniquement sous la contrainte
institutionnelle, à l’arabisation de quelques
imprimés liés à la gestion des mouvements
des malades (certificats de séjour,
d’hospitalisation ou de sortie) ;
 finances et domaines : très forte
prééminence de l’utilisation du français
(documents comptables, bilans, ordres de
versement et de débit de compte, relevés de
compte, audits financier et comptable,
etc.) ;
 tribunaux et études notariales : emploi
exclusif de l’arabe ;
 assemblées populaires communales* :
seuls les services de l’État civil utilisent
exclusivement la langue arabe pour tous les
documents inhérents à la situation civile
(extraits de naissance, de décès, de
mariage, permis d’inhumer) ; en revanche,
les services techniques (voirie,
électrification, santé et hygiène, etc.)
utilisent la langue française à l’écrit. Le
service électoral qui dépend conjointement
de l’A.P.C. et de la wilaya fonctionne
exclusivement en langue française : pour
les élections législatives du 5 juin 1997, les
électeurs qui n’étaient pas inscrits, pour
diverses raisons, sur les listes électorales,
ont eu la surprise de recevoir des fac-
similés de cartes d’électeur rédigées
exclusivement en langue française !

La relation administration/administré s’effectue, en site urbain :

 à l’oral, en arabe dialectal surtout,


éventuellement en alternance avec le
français ;
 à l’écrit, en arabe ou en français.

Dans le monde rural, ce sont surtout les langues vernaculaires (arabe


dialectal ou tamazight) qui s’emploient, le français n’intervenant que dans
le code écrit ou dans des situations de communication très restreintes
entre locuteurs gestionnaires. Le contexte rural ne modifie pas la
domination du français dans les domaines techniques.
16En guise de bilan on peut voir que l’usage du français dans les
administrations locales reste important à l’écrit, puisqu’il intervient, selon
nos estimations, dans 70 % des messages écrits.

2.4 – Justice

17C’est la première institution de souveraineté à avoir été arabisée


intégralement (dès 1967). L’application de la jurisprudence musulmane
(la charia*), plus particulièrement pour toutes les affaires relevant du
droit civil, a certainement favorisé son arabisation, d’autant qu’elle est
l’une des institutions de l’État qui a le plus de contacts avec l’ensemble
de la population algérienne en ce qu’elle est chargée de régler tous les
litiges liés à la vie privée du citoyen. Tous les textes de fonctionnement
concernant le secteur judiciaire sont rédigés en langue arabe : comptes
rendus de procès, réquisitoires, plaidoyers, requêtes, décisions,
documents du greffe, actes notariés, comptes rendus d’huissier, etc.
L’utilisation de l’arabe dialectal est tolérée dans certaines circonstances
pour expliquer les procédures aux requérants, plaignants et accusés
analphabètes. L’usage de la langue française est proscrit devant les
tribunaux et cours de justice.

2.5 – Religion

18Toutes les pratiques institutionnelles relevant de l’islam (rites, prêche,


éducation religieuse, débats théologiques) se font exclusivement en arabe
littéral. Cependant, depuis l’ouverture démocratique imposée par la
révolte populaire du 5 octobre 1988, l’arabe dialectal est très souvent
utilisé dans les prêches religieux. L’emploi récent du tamazight pour le
discours religieux correspond à l’application des recommandations
politiques du gouvernement et du H.C.A. en matière de réhabilitation de
la langue tamazight dans les médias lourds de l’État (radio et télévision).

3 – Éducation

19Dans le système éducatif algérien, la place réduite de la langue


française résulte de son statut « politique » de langue étrangère : elle n’est
pas un médium de l’éducation scolaire. L’enseignement est dispensé en
arabe littéraire moderne et ce n’est qu’à partir de la quatrième année du
cycle fondamental primaire que l’apprentissage du français apparaît dans
les programmes. Étudiée ensuite durant tout le cursus scolaire, cette
langue étrangère devient un médium d’enseignement dans certaines
filières de l’enseignement supérieur et technique : médecine, sciences
vétérinaires, pharmacie, chirurgie dentaire, informatique, architecture,
génie civil, génie mécanique, génie industriel, hydrocarbures, etc.

20Le volume horaire officiel qui lui est consacré varie selon les différents
paliers du système éducatif :

21Les trois tableaux traduisent la place institutionnelle du français dans


le système éducatif algérien : enseignée comme une discipline parmi
d’autres, cette langue n’occupe qu’une place réduite dans les
programmes ; le pourcentage de cours de français par rapport aux cours
dispensés en arabe, médium éducatif principal dans les trois niveaux, se
situe entre 26 % et 28 % dans les trois dernières années du primaire
(école fondamentale, cycle primaire), de 25 % au collège (école
fondamentale, cycle moyen) et d’à peine plus de 10 % au lycée
(proportion variant entre 9,10 % en 2e AS Lettres ou Sciences et 13,80 %
en 2e AS Maths).

22Ces données sont révélatrices à plus d’un titre du statut


politique accordé au français. En outre, les objectifs assignés à
l’enseignement du français « langue étrangère » sont définis par le
discours idéologique officiel ; celui-ci, par le canal de circulaires
ministérielles, oriente dans une direction bien précise l’apprentissage de
cette langue tout en fournissant – théoriquement – aux enseignants les
moyens nécessaires à la concrétisation de ces objectifs. Il s’agira donc de
vérifier sur le terrain, dans le « corpus », selon la terminologie de
l’I.E.C.F., l’incidence de ce volume horaire sur les compétences réelles
en langue française de l’apprenant algérien ou, en d’autres termes, de
vérifier s’il y a adéquation entre objectifs et moyens, en se référant aux
normes internationales communément partagées concernant les volumes
horaires nécessaires pour l’apprentissage d’un niveau de langue [2]
[2]Pour éviter toute ambiguïté sur le sens de ce terme, nous nous….

4 – Moyens de communication de masse

4.1 – Presse et édition

23L’avènement du nationalisme algérien dans les années 1920 fut


soutenu par une presse militante profondément ancrée dans les valeurs
arabo-musulmanes et parrainée par certains partis politiques et
l’Association des oulémas musulmans algériens. Selon l’étude de
Youssef Ferhi (Liberté, 28.11.97), la presse nationaliste en arabe se
réduisait cependant, à la veille de la Révolution (1954), à quelques
titres : El Bassaïr, hebdomadaire de l’association des oulémas (tirage de 6
000 exemplaires), El Manar, bimensuel MTLD (5 000
exemplaires), Sawt El Djazaïr, hebdomadaire MTLD (11 000
exemplaires). À la même époque, la presse nationaliste en français
possédait de plus forts tirages : « L’Algérie libre, bimensuel du MTLD
avec un tirage de 20 000 exemplaires, La Voix des jeunes, mensuel des
Scouts musulmans algériens avec un tirage de 5 000 exemplaires, Liberté,
hebdomadaire du Parti communiste algérien avec un tirage de 15 000
exemplaires, La République algérienne, hebdomadaire de l’UDMA, avec
un tirage de 8 000 exemplaires, Le Jeune musulman, bimensuel des
oulémas avec un tirage de 6 000 exemplaires, La Nation algérienne de
tendance centraliste et Le Patriote organe clandestin du CRUA ».

24Tous ces quotidiens et hebdomadaires [3][3]Des publications de moins


grande envergure étaient éditées par… disparurent avec le déclenchement
de la guerre d’indépendance et l’institution de l’état d’urgence par
l’administration coloniale.
25À l’indépendance (juillet 1962), le premier journal de la souveraineté
nationale algérienne est l’hebdomadaire El Moudjahid, organe du FLN
édité en langue arabe et en français (20 000 exemplaires). Le 19.9.62
paraît en français le journal Ach-Chaab (qui deviendra Le Peuple), édité à
30 000 exemplaires, suivi le 11.12.62 du premier quotidien en
arabe, Ach-Chaab, avec un tirage de 20 000 exemplaires. Le système
politique mis en place à partir de 1962 excluait toute presse libre ou
d’opinion partisane et les médias ne constituaient, à l’époque, que des
relais de transmission de l’information officielle. Il est intéressant
cependant de noter que pour cette presse officielle, le tirage des journaux
en français dépasse de beaucoup celui de leurs homologues en arabe.

26Les événements d’octobre 1988 qui entraînèrent le déclin du système


FLN et l’institution du multipartisme permirent un renouveau de la presse
et l’émergence d’une presse privée et partisane nombreuse, variée et
dynamique, couvrant un large champ d’activités. À la fin de 1994, il y
avait, selon des sources journalistiques, plus de 230 publications réparties
entre secteur public, secteur privé et partis ou associations à caractère
politique :

27Comme le montrent les tableaux, le marché journalistique algérien voit


donc, en 1994, coexister 134 publications en français et 103 en arabe.
Pour le secteur public, la supériorité du nombre de titres en arabe
confirme l’orientation générale du discours idéologique du pouvoir. La
presse partisane montre un certain équilibre du nombre de titres dans les
deux langues dominantes. En revanche, dans le secteur privé, la presse
« indépendante » mais souvent orientée politiquement, accapare plus de
70 % du marché et la langue française domine nettement.

28En 1997, la tendance observée se confirme : la presse privée et


partisane détient 86,20 % du marché global de la presse alors que la
presse publique n’en représente plus que 13,80 %. Les quotidiens en
français El Watan, Le Matin, Liberté et le quotidien en arabe El
Khabar tirent à eux seuls à 699 768 exemplaires sur 1 160 722
exemplaires édités, et représentent donc 60,20 % du tirage total des deux
secteurs confondus (privé et public). Cette presse privée arabophone ou
francophone dépend de groupes financiers, voire interfère avec des partis
politiques. D’autres journaux, indépendants, moins diffusés, constituent
pourtant une véritable opposition virulente au système mis en place par le
FLN dans les années 1962.

29Si l’ouverture démocratique d’octobre 1988 a favorisé l’apparition


d’une presse indépendante, elle a provoqué simultanément un processus
de réorganisation du secteur de la presse et des messageries. Un net
désengagement financier de l’État par rapport à la presse du secteur
public et les lois du marché ont provoqué une notable diminution dans le
tirage de certains journaux et la disparition pure et simple de plusieurs
titres : Algérie-Actualité, l’Hebdo libéré, El Hadef, El Mountakhab, La
Nation, El Mounquid, etc. La censure politique et l’inflation constituent
actuellement les principales difficultés de cette presse.

30L’analyse des titres des journaux francophones montre que ces titres,
lorsqu’ils sont en français, véhiculent souvent une intention politique
moralisatrice qui dénote une ligne éditoriale engagée dans le combat
démocratique et dans la lutte contre tout système totalitaire. Ces titres très
suggestifs vantent tantôt l’avènement de la République (La Nouvelle
République), la libération (Libération, Hebdo libéré), l’indépendance
(L’Indépendant), le dialogue démocratique (La Tribune et L’Opinion), le
nationalisme et ses référents (La Nation et L’Authentique) ou la lutte
contre le sous-développement et les idées révolutionnaires de la période
de l’indépendance (Révolution et Travail et Révolution africaine).
L’adoption d’un titre arabe pour un journal édité en français connote
d’abord l’attachement à la langue arabe mais ce titre traduit souvent
l’idéologie nationaliste (El Watan), le sens de la collectivité (El Ouma),
de l’authenticité (El Acil), du militantisme combattant (El Moudjahid).
Cette tendance à l’exaltation du nationalisme, de la liberté et de la
démocratie semble une tradition pour les éditeurs conforme à l’esprit des
titres en arabe de la presse nationaliste [4][4]Comme le remarque
Mohamed el-Korso (1988 : 88), « Les images… de la période coloniale.

4.2 – Radio et télévision

31Dans le domaine de la radio, une seule chaîne radiophonique nationale


(chaîne 3) émet en français.

32Dans le domaine de la télévision, l’unique chaîne algérienne voit la


prédominance de la diffusion de programmes en arabe ; si les
documentaires scientifiques sont diffusés en français, l’effort de doublage
en arabe est sensible depuis la (re)promulgation de la loi portant
généralisation de l’utilisation de la langue arabe. Les films d’origine
étrangère sont diffusés en langue française, généralement après le journal
télévisé de 20 h. La communauté algérienne résidant en Europe bénéficie
depuis 1995 d’une chaîne télévisée essentiellement en langue française,
l’Algérian T.V., dont la diffusion à partir d’Alger est assurée par satellite
et qui est très appréciée par les téléspectateurs algériens résidant en
Europe. L’introduction récente de la télévision par satellite a bouleversé
le paysage médiatique en Algérie et la présence d’antennes paraboliques
se banalise en dépit des problèmes « moraux » que son apparition a pu
susciter pour une certaine catégorie de public très attaché aux principes
religieux de l’islam. Cependant, la télévision par satellite connaît un
grand succès au détriment de la chaîne nationale qui n’est regardée que
pour les émissions d’informations nationales. Dans les foyers
« branchés » sur les canaux français et européens, on a vite remarqué que
les enfants réalisaient assez souvent des petits énoncés corrects en langue
française sans avoir fréquenté des cours de français à l’école et cela grâce
à l’impact de l’environnement culturel et linguistique imposé de fait par
la présence quasi permanente des canaux télévisuels français et de leurs
programme suivis attentivement par les enfants et les adultes : Club
Dorothée, Des chiffres et des lettres, documentaires, feuilletons, films et
émissions distrayantes

4.3 – Cinéma

33Le nombre des salles de cinéma est assez important en Algérie.


Héritage de la colonisation, ces salles, considérées comme biens de l’État,
ont été gérées de manière anarchique tant au niveau de l’organisation que
de la programmation des films. La distribution en est assurée par un
organisme d’État qui organise la rotation d’un nombre assez restreint de
films pour tout le pays. Les spectateurs, surtout jeunes, fréquentent ces
salles qui programment surtout les films d’aventures, de fiction, de guerre
(en français ou doublés en français) ou les films indiens et égyptiens
(doublés en anglais). Seules les cinémathèques dans les quatre grandes
villes du pays ainsi que les salles des Centres culturels français (Alger,
Oran, Annaba et Constantine) connaissent la fréquentation assidue du
public cinéphile dit « intellectuel » composé d’enseignants, universitaires,
fonctionnaires, étudiants et lycéens. L’impact de la télévision par satellite
et la dégradation de beaucoup de salles de cinéma ont réduit
considérablement la fréquentation de ces lieux de culture qui avaient
connu pourtant de beaux jours dans les années 1980.

34La vidéo connaît aussi une percée remarquable tant dans les foyers
même modestes que dans des salles privées avec une nette préférence
pour les films français. L’appropriation de la langue française par ce
canal reste tout de même limitée.

5 – Secteur secondaire et tertiaire privé

35L’ouverture démocratique de 1988 a favorisé l’investissement des


capitaux privés alors que l’économie algérienne était, depuis 1962,
étroitement planifiée par l’État qui exerçait un monopole sur tous les
secteurs considérés comme vitaux. À l’exception des administrations
relevant du Ministère de l’Intérieur et de la Justice, des A.P.C. et des
tribunaux (où la langue arabe est utilisée comme langue de travail, sauf
pour certains services techniques), la connaissance et la maîtrise de la
langue française constituent un atout considérable pour prétendre à un
emploi dans les secteurs économiques des institutions de l’État mais aussi
dans les secteurs secondaires et tertiaires privés.

6 – Représentation synoptique du status

Notes

 [1]

Ce qui suppose que la rédaction initiale des


textes officiels relevant de la souveraineté
de l’État était effectuée en langue
française.

 [2]
Pour éviter toute ambiguïté sur le sens de
ce terme, nous nous référons aux divers
travaux de Galisson et de Coste.

 [3]

Des publications de moins grande


envergure étaient éditées par d’autres
mouvements politiques : Ech chihab (« le
flambeau »), El Balagh el Djazairi, El
Mourchid (« le guide »), Sawt el
Masdjid (« la voix de la mosquée »), El
Ouma (« la nation »), El Maghrib el
arabi (« le Maghreb arabe »), La Lutte
sociale, Égalité, Liberté, La Défense, etc.

 [4]

Comme le remarque Mohamed el-Korso


(1988 : 88), « Les images que reflète le
titre des périodiques de langue arabe dans
les années 30 à 50 sont d’une richesse et
d’une abondance qu’on ne verra plus
jamais après. Celui-ci est tantôt lumière
flamboyante (Ech Chihab, « le flambeau »
1925-1939), clairvoyance (El Bassaïr,
1936-1956) pour les périodiques de
l’A.O.M.A., tantôt la fidélité (El Ikhlas,
« le fidèle », 1932-1933) pour l’A.O.S.A.,
et tantôt le guide (El Mourchid, « celui qui
conseille et qui oriente parce qu’il est seul
à savoir », ou encore Eddikra (1954-1958,
« la voix de l’au-delà qui s’entend ici bas
… »). À ces titres moralisateurs dont la
dimension religieuse et morale ne demande
nullement à être mise en évidence,
s’ajoutent des titres à conscience politique.
Les nationalistes publient avec le concours
du Cheikh Zahiri El Maghrib el Arabi (« le
Maghreb arabe », 1947 à 1949), puis Sawt
El Djazaïr (« La Voix de l’Algérie »,
1953-1954) et Sawt Ech Chaab (« La Voix
du peuple », 1954, septembre et
novembre). Les communistes font paraître
en langue arabe El Djazaïr el Djadida,
« l’Algérie nouvelle ». Même l’UDMA
proposera un titre qui ne laissera pas
indifférent : El Watan (« La Patrie »)
comme si Ferhat Abbés voulait se
disculper aux yeux de l’histoire. »

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012

Chapitre 5. Le corpus
L’étude du corpus permet d’évaluer l’utilisation effective des langues par
les sujets parlants dans la vie quotidienne et de vérifier si les usages
qu’on en fait dans la société reflètent le discours officiel fixant leur statut
et leurs fonctions.
1 – Appropriation du français

2Il existe divers vecteurs du français au sein des différentes couches de la


société algérienne. Le système éducatif, la cellule familiale, les médias et
certaines institutions économiques sont les lieux privilégiés qui, en
permettant une certaine diffusion du français, favorisent son
appropriation par les sujets parlants. Cette appropriation est susceptible
d’emprunter plusieurs canaux, avant que son enseignement ne soit
assurée par l’école : l’environnement immédiat (la famille proche ou
étendue), les médias – surtout la télévision –, les documents en rapport
avec la vie quotidienne sociale et économique du locuteur, constituent les
multiples supports – formels ou informels – de l’acquisition du français
dans la société algérienne.

3Pour l’arabe dialectal et le tamazight, l’acquisition résulte des nécessités


de l’expression, de la communication et de l’intégration sociale, ainsi que
des contraintes de l’environnement sociolinguistique. En revanche, c’est à
l’école que revient l’obligation d’assurer l’apprentissage de l’arabe
standard qui, rappelons-le, n’est pas la langue maternelle des Algériens,
mais qui est simultanément enseigné en tant que langue et comme
médium de toutes les autres disciplines figurant dans le système éducatif.

1.1 – Acquisition des langues maternelles et français

4Le plurilinguisme du pays nécessite de décrire, même de manière


schématique, le processus d’appropriation des langues maternelles dans
un contexte polyglossique où la place du français n’est pas négligeable.
L’appropriation des deux langues vernaculaires, l’arabe dialectal et le
tamazight, concerne respectivement 80 % et 20 % de la population et se
réalise dans une situation de multilinguisme où tous les idiomes en
présence entretiennent des relations d’interdépendance, d’interférence et
de complémentarité. L’acquisition de la langue maternelle n’est pas du
type exclusif : elle englobe et prend en charge, simultanément, de par la
particularité des rapports entre les idiomes du champ linguistique,
l’idiome ou les idiomes dont les valeurs de puissance et d’attraction
linguistiques sont les plus fortes (Mackey : 1976). On remarque que les
locuteurs natifs amazighophones*, dans une grande proportion,
acquièrent, en même temps que le tamazight, l’arabe dialectal en raison
de la forte présence de ce dernier (puissance démographique) dans
l’environnement linguistique et du caractère dominant de cet idiome dans
la majorité des interactions verbales. En revanche, le locuteur natif arabe
dialectal n’acquiert, quant à lui, que son idiome, sauf quand,
exceptionnellement, certaines contraintes et pressions de type
socioprofessionnel favorisent l’apprentissage et non l’acquisition du
tamazight par un locuteur natif arabe dialectal plongé dans un
environnement linguistique amazighophone. L’insertion de ce locuteur
dans la vie sociale du groupe dépend en grande partie de son aptitude à
assimiler le nouveau système linguistique : le cas peut se présenter dans
les couples où l’un des conjoints a pour langue maternelle l’un des
idiomes cibles ou lorsque les enfants en bas âge d’une famille amenée à
s’installer dans une zone géographique de langue vernaculaire différente
apprennent le nouveau système linguistique et deviennent bilingues.

5Par ailleurs, lorsque certains enfants sont placés dans un environnement


immédiat fortement marqué par la langue française (milieu parental de
formation francophone et utilisant souvent le français dans les situations
de communication informelle), ils s’approprient ou acquièrent, en même
temps que leur langue maternelle, arabe dialectal ou tamazight, quelques
rudiments du français. Ces cas de juxtaposition de moyens linguistiques :
 Lm (arabe dialectal ) + L2 (français) ;
 Lm (tamazight) + L2 (arabe dialectal) + L3
(français)

constituent une situation tout à fait exceptionnelle ; la situation ordinaire


qui se présente à l’observateur montre plutôt une absence de la langue
française et l’enfant se voit surtout confronté par médias interposés à
l’arabe moderne.
6Cette appropriation du français, essentiellement de type informel,
s’inscrit dans une hétérogénéité que nous appellerons l’hétérogénéité
simple, naturelle, particulière au plurilinguisme algérien ; induite par les
événements historiques spécifiques au pays, elle correspond à la situation
que rencontre naturellement l’enfant algérien dans sa socialisation
linguistique.

7Une fois scolarisé, l’enfant se retrouve en nets rupture et décalage avec


cette hétérogénéité naturelle car il se trouve confronté à l’apprentissage
d’une troisième langue et même d’une quatrième langue dont l’absence
d’emploi dans son environnement linguistique immédiat est manifeste. La
juxtaposition initiale se trouve perturbée par la présence d’autres langues
dont l’une, en l’occurrence l’arabe standard, possède un statut fortement
coercitif, et ce conformément à l’agencement linguistique suivant :

 Lm (arabe dialectal) + L2 (français) + L3


(arabe standard) ;
 Lm (tamazight) +L2 (arabe dialectal) + L3
(français) + L4 (arabe standard) ;

avec comme variante, à titre expérimental depuis septembre 1993,


l’anglais en lieu et place du français à l’école, selon le choix des parents.
Ce dernier cas de figure n’exclut nullement le français de
l’environnement linguistique de l’enfant, ce qui génère la nouvelle
juxtaposition suivante :

 Lm (arabe dialectal) + L2 ( français) + L3


(arabe standard) + L4 (anglais)
 Lm (tamazight) + L2 (arabe dialectal) + L3
(français) + L4 (arabe standard) + L5
(anglais).

Ainsi, avant son entrée à l’école, l’enfant algérien se voit soumis très tôt à
une situation linguistique très hétérogène et très contraignante
caractérisée par la multiplicité des idiomes. Ce plurilinguisme, qui
constitue en soi une richesse culturelle de par la diversité linguistique de
la communauté, devient un handicap majeur pour l’enfant lorsque l’école
bouleverse l’ordre naturel des choses par l’introduction d’un idiome
présenté comme supérieur à sa langue maternelle. Ce handicap est
d’autant plus lourd que les paramètres méthodologiques et didactiques
universellement reconnus et utilisés dans de pareilles circonstances font
défaut dans les établissements scolaires algériens. Loin de parachever
l’intégration sociale, l’école algérienne, en tant qu’instance de
légitimation, renforce plutôt la rupture entre le champ linguistique
familial et social qui a prévalu lors de la première socialisation
linguistique de l’enfant et l’environnement linguistique institutionnel mis
en place par le système éducatif. L’apprentissage institutionnel de l’arabe
standard dans des conditions énergiquement dénoncées par divers
pédagogues et divers linguistes, ainsi que celui de l’anglais au niveau de
l’école primaire, interviennent non seulement pour réguler la position
institutionnelle de chacun de ces idiomes mais pour mettre en place de
nouveaux rapports de force – d’exclusion et de minoration – entre l’arabe
standard, langue dominante, et le groupe de langues dominées composé
de l’arabe dialectal, du tamazight et du français : il jette les bases d’un
conflit ethnique non déclaré mais potentiel car fondé sur un conflit
linguistique. L’école algérienne génère une hétérogénéité linguistique
complexe artificielle, fondamentalement en décalage avec
l’environnement linguistique de l’enfant.
8On constate avec effroi que, dans la situation sociolinguistique
algérienne, l’enfant est soumis à une double socialisation linguistique : la
socialisation linguistique familiale, culturelle, naturelle, et la socialisation
linguistique institutionnelle, contradictoire par rapport à la précédente.
Cette introduction, au forceps pour ainsi dire, d’éléments exogènes au
milieu naturel de l’enfant lui fait prendre conscience dès son premier jour
de scolarisation du phénomène de minoration linguistique et culturelle.

1.2 – Apprentissage du français

9Le processus d’apprentissage de cette langue peut prendre deux formes


et concerner deux publics potentiels. Il existe un apprentissage de type
institutionnel – formel –, assuré par des structures éducatives scolaires et
universitaires (pour les élèves scolarisés) ou par des structures de
formation dépendant du secteur industriel (pour certains adultes). Il existe
aussi un apprentissage de type informel, assuré par la famille, certains
médias, ou certaines situations de communications informelles. Il
concerne alors tout aussi bien les enfants, scolarisés ou non, que les
adultes autodidactes ou non, par exemple dans le cas de l’apprentissage
passif par le biais de la télévision.

1.2.1 – Milieu formel


1.2.1.1 – Écoles primaire et secondaire

10Le français, enseigné à l’école comme langue 2, connaît dans la réalité


plurilingue du pays une position privilégiée, puisqu’il concerne une
population de plus de 7 500 000 d’individus répartis à travers tous les
cycles de formation. Le système éducatif nous semble le lieu le plus
adéquat pour observer non seulement le statut d’une langue dite étrangère
mais aussi l’importance qui lui est accordée, en examinant les objectifs et
les finalités qui lui sont assignés ainsi que les choix méthodologiques qui
sous-tendent son apprentissage. Dans une recherche antérieure (Cherrad-
Benchefra & Derradji : 1994), nous avons montré que l’enseignement des
langues étrangères et, plus particulièrement du français, se trouve en nette
inadéquation avec la réalité sociolinguistique du pays et avec les aptitudes
et les capacités linguistiques des apprenants.

11Schématiquement, l’enseignement/apprentissage du français en


Algérie se fonde sur plusieurs objectifs fondamentaux :

 communicationnel : la communication avec


autrui est l’objectif fondamental assigné à
l’enseignement du français, comme
l’affirment les Instructions officielles pour
l’enseignement du français : « il faut faire
acquérir un moyen de communication dont il
importe de connaître le fonctionnement, de
maîtriser l’utilisation » (Instructions
officielles, 1982). Cette idée est reprise de
manière plus explicite dix ans plus tard :
« L’adolescent poursuivra l’apprentissage
commencé dans l’École fondamentale du
français connu et vécu comme instrument de
communication » (Instructions officielles,
1992 : 5) ;
 civilisationnel : l’enseignement du français
doit permettre à l’apprenant de découvrir
d’autres civilisations, donc de prendre
conscience de l’existence d’autrui. Ce but
civilisationnel trouve ses sources dans
la Charte nationale, (1976 : 65) qui affirme
que « l’enseignement des langues participe à
la constante communication avec l’extérieur,
c’est-à-dire avec les sciences et les
techniques modernes et l’esprit créateur dans
sa dimension universelle la plus féconde ».
Les Instructions officielles (1992 : 4)
réaffirment cet objectif d’« élargissement de
l’horizon culturel de l’adolescent par la
découverte d’autres littératures, d’autres
sociétés » ;
 culturel : l’enseignement de la langue
étrangère contribue non seulement à parfaire
les connaissances culturelles des apprenants
mais aussi à réaliser une personnalité
authentique et à développer une conscience
nationale ; il vise à faire acquérir
l’appréhension critique et autonome des
messages culturels authentiques diffusés par
les médias modernes ou à élargir les horizons
culturels de l’adolescent par la découverte
« d’autres littératures, d’autres sociétés que
celles auxquelles l’École fondamentale l’a
habitué » (Instructions officielles, 1992 : 4) ;
 fonctionnel : l’enseignement d’une langue
étrangère, le français en particulier, doit
faciliter l’accès à une documentation
spécialisée dans les domaines scientifiques et
techniques ; conformément aux
recommandations de la Charte
nationale (1976 : 66) prônant « l’acquisition
des langues étrangères […] qui nous
faciliteraient la constante communication
avec les sciences et les techniques
modernes », il s’agit, grâce aux langues
étrangères, « d’accéder aux sciences et
techniques. » (Instructions officielles, 1992 :
6).

Pour atteindre ces objectifs, les décideurs algériens préconisent une


méthodologie moderne qui cible essentiellement un savoir-faire en faisant
la différence entre « les activités d’apprentissage et les activités
d’enseignement » et en se fondant sur « un enseignement de l’ensemble
des types de discours retenus par la pédagogie moderne des langues,
surtout centrée sur l’apprenant » (Instructions officielles, 1992 : 2). Il
s’agit de développer les compétences linguistiques et communicatives par
la pratique effective dans ses diverses formes de la langue française et par
l’étude systématique des règles de fonctionnement de la langue cible dans
un contexte socioculturel très particulier. Les orientations pédagogiques
montrent un souci de rompre avec l’enseignement traditionnel des
langues, de revaloriser l’apprenant et son rôle dans la relation
pédagogique et de reformuler les contenus d’enseignement en fonction
des objectifs assignés à la langue cible. Sans pour autant ignorer le
contexte socioculturel de l’élève, la présence de différentes langues
maternelles, les contraintes inhérentes d’un système éducatif très souvent
inopérant sur le savoir-faire des apprenants, les instructions préconisent
un enseignement-apprentissage d’un système linguistique, dans une
perspective visant essentiellement la fonctionnalité de la parole apprise et
sa puissance interactive. Le choix méthodologique décidé est centré sur
l’étudiant et sur ses motivations, sur l’aspect instrumental et utilitaire de
la langue apprise.
12Une lecture attentive des textes officiels permet de déceler ce qui
semble un manque de précision sémantique dans la formulation des
lexèmes « compétence » et « communication ». Dans les Instructions
officielles, on relève un grand intérêt pour ce qui constitue la base d’un
savoir linguistique : la phonétique, la morphologie et la syntaxe. La
compétence grammaticale de l’apprenant dans le secondaire est
approfondie et renforcée par un enseignement intégré des structures
fondamentales de la langue, de la conjugaison, de la morphologie
nominale, de la phonétique discriminatoire et de la grammaire. Cette
dernière est en quelque sorte une discipline privilégiée puisqu’elle doit
être enseignée de manière explicite : « Nous rappellerons encore une fois
qu’avant d’étudier un point de grammaire, les aspects de morphologie liés
à ce point doivent avoir fait l’objet d’une séquence de révision et de
rappel. » (Instructions officielles, 1992 : 3). La langue-système doit être
décomposée, déstructurée par l’enseignant pour permettre, dans un
premier temps, à l’apprenant « d’observer et de démonter les mécanismes
de fonctionnement du système puis, dans une seconde étape, de
manipuler des faits de langue – cela bien entendu à partir de modèles
décrits au préalable – donc de reproduire des schémas linguistiques que
l’élève s’est approprié au cours de la phase description/observation ». La
méthodologie préconisée pour l’enseignement de la grammaire est
également appliquée pour permettre à l’étudiant de réinvestir les
connaissances sur le plan linguistique ; l’apprenant « devra être capable
de réaliser des productions écrites et orales selon les divers types de
discours » (Instructions officielles, 1992 : 6).

13Comme nous l’avons montré plus haut, l’enseignement-apprentissage


de la langue cible devrait donc permettre à l’apprenant de maîtriser le
fonctionnement d’un instrument de communication. Cependant, la lecture
des Instructions officielles n’a permis de relever, à aucun moment et de
manière concrète, une méthodologie visant à faire acquérir une
compétence de communication, c’est-à-dire à permettre à l’apprenant
d’avoir une capacité de réussir tous les échanges langagiers qu’il pourra
produire dans un contexte socioculturel spécifique. En d’autres termes,
d’être capable d’interpréter et/ ou de construire un discours dans
n’importe quelles circonstances. On ne constate que l’existence
d’une intention [1][1]Nous soulignons. de développer une compétence de
communication qui, dans l’enchaînement discursif des Instructions
officielles, semble se diluer dans la signification du concept « compétence
linguistique ».
14Ce glissement sémantique est observable dans la linéarité du discours
officiel qui, en fait, ignore manifestement l’aspect non verbal de la
communication. Ainsi, même si les décideurs font bien en théorie la
différence entre compétence linguistique et compétence de
communication et mettent en œuvre une méthodologie qui vise une
utilisation judicieuse du système linguistique ciblé, on relève tout de
même l’absence de la dimension extralinguistique dans la situation
d’apprentissage. En d’autres termes, la situation scolaire telle qu’elle est
vécue n’offre pas à l’apprenant les conditions favorables pour la
possibilité d’employer sa compétence linguistique dans une situation de
communication réelle et spécifique à son quotidien, à son monde
référentiel [2][2]Nous soulignons.. En conséquence, le comportement
linguistique de l’apprenant sera fortement imprégné par le caractère
contraignant des phases de simulation auxquelles il a été soumis pour
reproduire le savoir linguistique appris.
15Les Instructions officielles entretiennent effectivement un flou à
l’égard de la conception de « compétence de communication » quand on
y relève que « l’adolescent aura ainsi une perception beaucoup plus fine
des formes de socialisation par une insertion dans des processus de
communication simulés ou authentiques et il percevra, dans leur
complexité, des processus sociaux (interactions, stratégies, démarches
discursives) dont les textes portent les traces » et plus loin : « l’enseignant
proposera des situations-problèmes, des activités de manipulation des
objets d’études, appréciera les résultats, analysera les succès et les erreurs
avant de viser un niveau supérieur de compétence. » (Instructions
officielles, 1992 : 5).

16Nous estimons que l’emploi approprié en situation d’un système


linguistique dépend aussi de beaucoup de paramètres extralinguistiques
tels que la psychologie de l’apprenant, son monde référentiel, le statut de
la langue apprise, celui de la langue maternelle, le statut social de
l’apprenant, le rapport à la langue cible, etc. Ces paramètres ne sont pas
pris en charge effectivement par les méthodologues ni par les enseignants
qui se limitent d’ailleurs, pour diverses raisons, à l’approfondissement
des connaissances linguistiques de l’élève au lieu de l’aider à développer
sa compétence de communication, non pas par la simulation de situation
de communication mais par la prise en charge effective des
comportements langagiers de l’apprenant. Même si l’élève est arrivé à
posséder une maîtrise de la connaissance de l’usage d’une langue, à
savoir le fonctionnement théorique du système linguistique, il peut,
comme le démontre Widdowson, être « perdu en face d’exemples
d’emplois ».

17Ce qui rend quelque peu caduc le modèle méthodologique prescrit est
sans conteste le rapport conflictuel existant entre la langue maternelle de
l’apprenant et la langue étrangère, d’une part, et la capacité de
communication déjà acquise par l’apprenant dans sa langue maternelle,
d’autre part. La compétence linguistique – dans le sens très large – en
langue étrangère ne peut être acquise par l’apprenant selon la
méthodologie préconisée sans, comme le souligne Cherrad-Benchefra
(1993 : 24), « une prise en compte réelle, au préalable, des
comportements langagiers spécifiques de l’apprenant et de sa capacité
(habileté) à rendre, par l’emploi qu’il en fait, les caractéristiques
spécifiques à chaque langue interchangeable ».

18L’apprentissage du français restera peu efficace voire inopérant à


l’école (et dans tout le système éducatif) tant que les conditions
matérielles seront en deçà des dispositions affichées dans le discours
officiel, que les choix méthodologiques ne tiendront pas compte des
aptitudes de communication de l’apprenant dans sa langue maternelle,
que la formation des enseignants de cette langue demeurera en décalage
par rapport à la place, au rôle et aux fonctions de cet idiome dans la
réalité sociolinguistique du pays, que les moyens didactiques resteront
insuffisants, que les conditions de travail en classe ne seront pas
réellement pédagogiques, et surtout que l’enseignement-apprentissage du
français sera « idéologiquement » dévalorisé par rapport à d’autres
enseignements ou d’autres actions d’éducation et de formation.

1.2.1.2 – Université

19À l’université, il y a un enseignement du et en français.


L’enseignement en français ne concerne qu’une partie des disciplines
scientifiques : la biologie, les sciences médicales, les sciences vétérinaires
et l’architecture. Généralement le niveau linguistique des étudiants qui
accèdent à l’université est tout juste moyen, il se situe entre un bon
niveau 2 (cf. infra compétences linguistiques) et une méconnaissance
presque totale. Tous les enseignants qui participent à la formation dans
les disciplines énumérées sont unanimes pour dénoncer la faiblesse du
niveau linguistique en français des étudiants. L’Institut des Sciences
médicales de Constantine organise même des cours de perfectionnement
de langue française afin de permettre aux étudiants de parfaire leur
compétence linguistique et ce, pour pouvoir suivre les cours de médecine
ainsi que les travaux dirigés et pratiques assurés exclusivement en cette
langue.

20Même à l’Institut de langues étrangères, au département de français


qui accueille surtout les étudiants en possession d’un baccalauréat
« Langues étrangères », (donc supposés avoir de meilleures aptitudes
pour suivre une formation en langues étrangères), les enseignants de la
filière « Licence de français » tiennent un discours voisin de celui de
leurs collègues des filières scientifiques et affirment que beaucoup
d’étudiants n’arrivent pas à suivre les enseignements théoriques. Ils
souhaitent une réforme des enseignements dispensés en première année
qu’ils veulent davantage centrée sur la pratique systématique de la langue
et les techniques de l’expression écrite et orale.
21Ainsi, en dépit d’un volume horaire officiel théorique important (1 800
h), l’inefficacité des enseignements de la langue française est, de l’avis
général, plus que probante. À ce jour, aucune enquête scientifique n’a été
faite pour infirmer ou confirmer les témoignages des enseignants et
démontrer que le niveau en langue française des étudiants algériens est en
dessous de celui exigé par les programmes, les matières et les
enseignants.

22Dans tous les cursus universitaires arabisés, filières « sciences


humaines » ou « sciences fondamentales » confondues,
l’enseignement/apprentissage d’une seconde langue est obligatoire. La
langue française, en tant que moyen d’accès à un savoir spécialisé, est
enseignée à raison de 4 h hebdomadaires pendant les deux premières
années universitaires, et même dans certains cursus, pendant l’ensemble
des études universitaires. Les cours d’apprentissage du français prennent
la forme de cours classiques de terminologie française et/ou de classes de
pratique systématique de la langue. Les enseignants, en dépit de
l’insuffisance chronique des moyens adéquats, essaient de parfaire les
compétences linguistiques et communicatives des étudiants ; ceux-ci,
conscients de l’inexistence d’ouvrages spécialisés en langue arabe (ou
d’ouvrages spécialisés traduits en langue arabe), deviennent de plus en
plus motivés pour l’apprentissage du français, sachant qu’ils peuvent
trouver dans les bibliothèques universitaires ou certaines librairies une
documentation dans cette langue. La motivation des étudiants est d’autant
plus forte que l’épreuve de langue est éliminatoire dans certains concours
pour l’obtention de bourse de formation en France. Par ailleurs, cette
motivation pour l’apprentissage des langues étrangères, l’anglais surtout,
est très sensible depuis 1988 : l’avènement de l’économie de marché et la
faillite de certaines entreprises nationales* au profit d’entreprises privées
algériennes ou étrangères fonctionnant à partir de normes de compétences
scientifiques et de qualifications professionnelles précises ont rendu la
maîtrise des langues étrangères indispensable pour l’obtention d’un
emploi. En dépit des difficultés objectives que rencontrent les enseignants
chargés d’assurer cet apprentissage telles que la non-permanisation* de
l’emploi, l’absence de supports didactiques modernes (livres, films,
dispositifs, revues, etc.) ou l’augmentation du nombre des étudiants, les
universités algériennes possèdent encore des capacités et moyens
d’enseignement/apprentissage des langues étrangères et arrivent à remplir
dans un certaine mesure leur mission de formation en langue.

23En ce qui concerne les enseignements de français, ils sont dispensés


par des enseignants formés dans les Instituts de langues étrangères des
diverses universités ; ceux-ci n’ont peut-être pas toutes les qualifications
requises pour être d’excellents enseignants, mais ils apparaissent surtout
animés par une volonté de bien faire pour réussir à communiquer un
savoir linguistique dont la maîtrise est quelquefois synonyme de réussite
sociale.

24L’origine de certains échecs dans l’enseignements du français réside


surtout dans les préjugés idéologiques encore tenaces entretenus à l’égard
de la langue française dans les cycles primaires, moyens et secondaires.
Dans l’enseignement supérieur, qui est arabisé à plus de 55 %, on
remarque un regain d’intérêt pour la connaissance et la maîtrise des
langues étrangères perçues comme le meilleur moyen d’accéder à des
connaissances spécialisées, à une meilleure formation et à une meilleure
position sociale.

1.2.1.3 – Centres de formations spécialisées d’entreprises


25Parallèlement à la formation universitaire, le secteur économique
industriel dispense aussi des formations spécialisées intégrées, liées à une
activité professionnelle et ce, dans le cadre de la promotion interne des
travailleurs des entreprises. Toutes les formations d’ingénieurs et de
techniciens supérieurs sont dispensées en langue française et
comprennent un volet de perfectionnement des compétences linguistiques
dans cette langue :

 compétences à l’oral car le futur ingénieur


doit être capable de bien se faire comprendre
dans les diverses situations de
communication liées à l’exercice de sa
fonction dans l’entreprise et pour cela il doit
s’exprimer correctement en langue française ;
 compétences à l’écrit car le futur ingénieur
est appelé à utiliser l’écrit pour informer,
ordonner et organiser son travail mais aussi
pour proposer d’autres types de gestion ou de
production dans l’entreprise. Dans ces
établissements, la maîtrise de la langue
française permet et garantit une promotion
dans la hiérarchie de la profession exercée et
partant une promotion sociale et économique.

1.2.2 – Milieu informel

1.2.2.1 – Milieu familial

26L’appropriation linguistique du français peut se réaliser par le biais de


la famille. L’enfant issu de parents intellectuels, enseignants
universitaires, membres de professions libérales, hauts fonctionnaires,
évolue dans un milieu où l’usage de la langue française est fréquent. Dans
ces familles, les adultes utilisent généralement le français comme langue
de base en alternance avec l’arabe dialectal. Ainsi l’enfant se trouve dans
une situation où le français prévaut dans les échanges et, de fait, il se
l’approprie en même temps que l’arabe dialectal. Ces deux langues
favorisent son intégration au sein de la famille restreinte et étendue, lui
permettent de s’identifier à ses parents et de se positionner socialement et
économiquement. Ce type d’appropriation du français n’est pas
spécifique au milieu urbain et peut apparaître en milieu rural aisé :
propriétaires fonciers, éleveurs, petits industriels, administrateurs des
institutions de l’État, professeurs de lycées, lorsque l’un des parents de
l’enfant est de formation francophone. Dans ces milieux, même si les
locuteurs sont profondément marqués par les valeurs islamiques et par la
tradition orale, d’où une nette prééminence de l’usage de l’arabe dialectal
dans l’interaction sociale, la langue française jouit d’un grand prestige :
c’est elle qui permet l’essor économique de la famille et, de ce fait, son
utilisation quotidienne par les membres de la famille et surtout son
apprentissage informel par les enfants sont encouragés.

1.2.2.2 – Milieu extra-familial informel

27Il n’y a pas – comme pour certains pays d’Afrique Noire francophone
– d’appropriation du français dans le milieu « extra-familial informel » :
la rue, les marchés, les jeux, etc. En Algérie, le quartier est le lieu
privilégié de l’usage de la langue véhiculaire nationale (l’arabe dialectal)
et/ou du vernaculaire régional dans une situation de contacts vernaculaire
tamazight/véhiculaire arabe dialectal (en Kabylie par exemple).
Cependant nous ne pouvons être trop catégoriques sur ce point car il
existe des situations de communication « informelles » dans lesquelles,
pour de multiples raisons, la langue française est utilisée par des locuteurs
ayant une compétence linguistique limitée.

28L’emploi éventuel du français dépend de facteurs extralinguistiques


spécifiques à chaque locuteur et présents au moment de la
communication. Ainsi des éléments d’ordre psychologique tels que
l’intention de plaire, de paraître, de se positionner dans une échelle de
valeurs peuvent être des facteurs qui provoquent l’utilisation de la langue
française selon des modalités précises, par exemple, si l’intention du sujet
parlant est de poser ou d’imposer une relation sociale.

29Les facteurs culturels peuvent aussi constituer des éléments capables


d’induire des énoncés ou parties d’énoncés en français lorsque le locuteur
veut montrer son appartenance à une sphère culturelle particulière : les
sujets parlants ont recours généralement à la langue française pour
indiquer à leur vis-à-vis leur position dans cet espace culturel, cercle
professionnel (enseignants, médecins, pharmaciens, architectes, etc.),
groupe artistique ou association d’intellectuels et d’écrivains. Cette façon
de faire est, depuis les différentes campagnes d’arabisation, en nette
régression car le locuteur court le risque d’être considéré
comme francophile, étiquette dévalorisante susceptible de porter
préjudice à sa carrière professionnelle ou à sa promotion sociale.

30L’emploi du français peut dépendre également de facteurs socio-


économiques comme l’intention du locuteur de marquer son appartenance
à une catégorie sociale réputée aisée sur le plan économique, par exemple
chez les trabendistes*. Le français devient en conséquence la langue des
privilégiés comme nous l’avons signalé plus haut.
31Ces situations de communication peuvent être des canaux
d’appropriation de la langue française pour tous ceux qui n’ont pas pu
accéder à l’école ou qui ont connu une scolarité incomplète et qui
estiment que la connaissance – même élémentaire – de la langue française
leur est nécessaire dans les activités surtout commerciales qu’ils
pratiquent et qui nécessitent des déplacements vers la France et certains
pays européens. Ce mode d’appropriation informelle est surtout le fait des
trabendistes et des importateurs analphabètes qui sont confrontés à des
problèmes d’expression orale et écrite ; ces situations de communication
« informelle » constituent des moments privilégiés où ils s’initient à la
langue française.

32La dynamique des langues en Algérie se caractérise par deux


tendances très fortes exclusives, qui opposent l’arabe standard et tout le
processus idéologique et institutionnel mis en place par le pouvoir
politique afin d’arabiser et de généraliser son utilisation dans le pays,
d’une part, et un second pôle linguistique très fort, d’autre part, constitué
autour du véhiculaire national, l’arabe dialectal, secondé par le
vernaculaire tamazight et par le français. En d’autres termes, si l’arabe
standard tend à accaparer – grâce à son imposition par l’école et à des lois
coercitives et contraignantes – des espaces nouveaux, il n’a cependant
jamais réussi à les investir totalement en dépit des diverses campagnes
d’arabisation : en effet, la force centrifuge (la dynamique
sociolinguistique) qui caractérise la véhicularité du second pôle
linguistique (l’arabe dialectal) l’empêche d’accaparer tout le marché
linguistique, par le fait de l’inopérance même de l’arabe standard dans
certains secteurs. Ce phénomène de rejet est favorisé par le très faible
taux de véhicularisation/véhicularité de l’arabe standard en Algérie : la
quasi-totalité des relations sociales quotidiennes est basée sur l’usage
prédominant du dialectal et secondairement de l’alternance codique arabe
dialectal/français, tamazight/arabe dialectal ou tamazight/français.

2 – Types de compétence

33Il s’agit de vérifier si la compétence linguistique du sujet parlant le


français L2 est en adéquation avec les déductions que l’on peut tirer des
modes d’enseignement de cette langue ou des données statistiques
concernant les sujets scolarisés qui ont suivi un enseignement de français
de n années. La notion de compétence linguistique en français, telle que
nous la concevons dans la situation plurilingue algérienne, doit s’appuyer
sur une évaluation des niveaux possibles que l’on rencontre
respectivement dans chaque champ linguistique.

34Comme nous l’avons signalé dans les rubriques « éducation » et


« modes d’appropriation », l’enseignement d’une langue étrangère dont le
statut officiel est altéré par sa spécificité d’« héritage colonial » doit se
fonder sur les spécificités culturelles et sur les aptitudes et compétences
de communication en langue maternelle du sujet parlant. Or ces
spécificités ne sont pas vraiment prises en compte en Algérie. En fait,
nous nous interrogeons sur l’efficience d’une compétence linguistique en
L2 (en l’occurrence le français) qui ne permet pas « un minimum
communicatif », à savoir la réalisation d’une interaction langagière entre
deux actants sociaux. De même, nous nous interrogeons sur la qualité
communicative des « contenus » des divers niveaux dégagés par Couvert
et l’Institut de recherches sur l’avenir du français et repris par plusieurs
chercheurs, puisque le niveau linguistique dégagé à partir du seul nombre
d’années de scolarité, peut rester très théorique si l’on considère, d’une
part, les difficultés objectives que rencontrent les enseignants de français
et, d’autre part, la distinction indispensable entre compétence active et
compétence passive du sujet, toutes deux essentiellement conditionnées
par d’autres compétences. Ces dernières, culturelles et idéologiques,
regroupant selon Kerbrat-Orecchioni (1980 : 17) « l’ensemble des savoirs
implicites qu’ils [les sujets parlants] possèdent sur le monde » et
« l’ensemble des systèmes d’interprétation et d’évaluation de l’univers
référentiel », constituent à notre sens, avec la compétence linguistique,
l’environnement social contraignant dans lequel le locuteur est amené à
produire/recevoir un discours. À ce jour, et pour ne prendre que le cas de
l’université, les étudiants qui s’inscrivent pour la première fois dans les
établissements supérieurs ont « en théorie » suivi un cursus de français
d’environ 1800 heures. Cependant, en raison de certains préjugés
idéologiques à l’égard de l’apprentissage du français qui peuvent
modifier le comportement linguistique de l’apprenant et même son
rapport à cette langue, en raison des conditions objectives d’un
enseignement inadapté aux besoins et aux spécificités des élèves, la
compétence de ceux-ci s’en trouve profondément altérée et se situe en
général entre une ignorance presque totale de cette langue et ce que l’on
désignera ci-dessous par le niveau 3.

35Pour notre part, nous distinguerons 5 niveaux de compétence des sujets


parlants algériens :

 niveau 0 : locuteur non francophone, c’est-à-


dire monolingue arabophone, susceptible de
reconnaître à l’oral et à l’écrit qu’une unité
lexicale appartient à la langue française, mais
incapable de produire une forme d’expression
orale ou écrite en langue française ;
 niveau 1 : locuteur ayant suivi 3 années
d’enseignement du français dans le premier
cycle de l’école fondamentale, à raison de 5 h
30 min. de langue française par semaine, soit
un volume horaire total de 582 h.
« Théoriquement », la norme internationale
prévoit un volume horaire moyen de 400 h
pour chaque niveau de langue alors que notre
locuteur a une moyenne de 194 h de français
par an. Cet enseignement lui permet de lire
plus ou moins convenablement un texte, de le
comprendre sommairement, de suivre un film
et d’écouter la radio, enfin de s’exprimer de
manière très élémentaire. Ce niveau semble
être en conformité avec le « niveau
fondamental » de Galisson & Coste (1976 :
370) : « en termes de contenu, celui, en gros,
du premier degré du français
fondamental (pour ce qui est de la grammaire
en particulier) ; en termes de types de
discours et de registres : à l’oral, dialogue
familier puis récit élémentaire ; à l’écrit,
première initiation au récit simple » ;
 niveau 2 : locuteur qui a pu suivre pendant 6
ans un enseignement de langue française à
raison d’une moyenne horaire de 5 h
hebdomadaires, soit un volume horaire total
de 1 200 h. À l’issue de ce cycle de
formation, le locuteur se présente aux
épreuves du B.E.F* (équivalent du B.E.P.C.
français sanctionnant les enseignements du
cycle moyen). Il est apte « théoriquement » à
lire des livres, à comprendre un film, à
rédiger des essais (rédaction) et à s’exprimer
convenablement sans fautes ;
 niveau 3 : locuteur ayant atteint la fin du
cycle secondaire, avec 9 années de français à
raison d’une moyenne horaire de 5 h
hebdomadaires, soit un volume horaire total
de 1 800 h de français, et se préparant, après
avoir subi les épreuves du baccalauréat, à
accéder à l’Université pour suivre une
formation supérieure qui pourrait être
dispensée essentiellement en langue
française. Appartiennent aussi à cette
catégorie tous les locuteurs qui ont été formés
par l’école algérienne d’après l’indépendance
et qui ont achevé un cycle de formation
universitaire supérieure ;
 niveau 4 : locuteur ayant suivi des études
supérieures dispensées exclusivement en
langue française. Cette catégorie comprend
surtout les sujets parlants de formation
francophone, qui ont été formés dans le
système éducatif colonial et ont achevé leurs
études supérieurs universitaires dans la
première décennie après l’indépendance.
Possédant aussi un bon niveau en langue
arabe et capables d’utiliser cette dernière
dans n’importe quelle situation de
communication formelle, ils occupent ou
peuvent occuper les fonctions supérieures
dans l’appareil étatique ou exercent des
professions libérales (professeurs de lycée et
d’université, avocats, médecins, pharmaciens,
vétérinaires, chirurgiens dentistes,
architectes, ingénieurs, etc.).

Cette typologie tient compte de la réalité linguistique du système éducatif


dans lequel la langue arabe domine. Le niveau 3 constitue le degré de
compétence linguistique en français le plus fort susceptible d’être
atteint par l’apprenant au terme d’une scolarité normale du primaire à la
fin du cycle secondaire. L’apport de l’université en matière de
connaissance linguistique en français (4 h hebdomadaires durant 30
semaines pendant 4 années universitaires = 480 h de français) est
secondaire par rapport aux 1 800 heures assurées réglementairement
avant le baccalauréat. C’est la raison pour laquelle il nous est apparu plus
pertinent de nous en tenir à cette réalité et de considérer comme niveau 4
la compétence la plus grande des locuteurs qui ont une formation de base
en français.
36Si l’on prend en compte l’évaluation officielle du Centre national
algérien d’alphabétisation qui estime le nombre des analphabètes à 7 000
000, à savoir 25 % de la population algérienne, notre typologie des
compétences linguistiques donne les pourcentages suivants de
population :

3 – Production et consommation langagières


37Une situation de contact de langues génère un fonctionnement
polyglossique des idiomes en présence de par leur interpénétration. Tous
les éléments constitutifs de la rubrique « corpus » de la grille de
l’I.E.C.F., plus particulièrement les niveaux « modes d’appropriation » et
« production et exposition langagières » se superposent, s’interpénètrent
et cumulent les diverses fonctions énumérées au niveau du statut : une
banale production langagière est potentiellement une exposition
langagière passive et/ou active qui peut devenir, pour certains sujets
parlants, selon les spécificités des situations de communication, un
moyen d’appropriation de la langue cible. C’est dans ce sens que
l’I.E.C.F. reconsidère la notion d’exposition langagière en termes de
« consommation langagière ». Pour l’Algérie, nous ne cesserons
d’insister sur le fait que toute analyse linguistique et/ou sociolinguistique
d’une langue en usage – et plus particulièrement du français – ne peut se
faire de manière exclusive sans la prise en compte des rapports
d’interdépendance, d’interférence et de complémentarité qui caractérisent
les usages linguistiques. Si les productions langagières sont dominées par
la prééminence de l’arabe dialectal sur les autres langues, l’utilisation du
français dans une production langagière s’inscrit dans deux contextes
d’emploi bien définis : si l’exercice d’une profession et les stratégies
langagières du sujet parlant surimposent l’usage du français, la
production langagière en français est alors très forte. Elle est très faible
lorsque les contraintes situationnelles (institutionnelles et individuelles)
laissent le terrain libre à la variété linguistique dominante (arabe dialectal
et/ou tamazight). L’opposition « urbain/rural » ne peut pas être un facteur
pertinent dans l’évaluation des degrés de production langagière. La
croissance démographique, l’abandon des campagnes au profit des grands
centres urbains industrialisés, le regroupement de la population rurale
dans de nouvelles agglomérations et la démocratisation de l’enseignement
sont autant de facteurs qui favorisent la neutralisation de cette opposition
au profit d’une double opposition qui permet d’évaluer la spécification de
la production langagière à partir d’une double opposition catégorielle
« institutionnel/ informel » et « personnel/impersonnel ». La première
permet de distinguer qualitativement ce qui spécifie la production
langagière par rapport à la caractéristique [± officialité] de ce discours
dans une situation de communication particulière, tandis que la seconde
opposition situe surtout la production langagière par rapport à la position
du locuteur [± personnel] (stratégies discursives du sujet parlant) dans la
situation de communication. Ainsi la production langagière en français
dans la situation algérienne correspond aux modalités suivantes : plus
l’officialité de la situation de communication est grande, plus la
production langagière en français est forte (administrations centrales
publiques, établissements d’enseignement et de formation universitaires,
directoires des entreprises nationales et privées, services techniques des
diverses institutions de l’État [3][3]Seul le secteur de la Justice déroge à
cette règle et sont de…). Inversement, plus cette officialité est réduite,
plus la production en langue française est faible, la production langagière
s’effectuant alors dans le véhiculaire national. L’opposition « personnel/
impersonnel » repose, quant à elle, sur les notions de prestige et de
valorisation qui peuvent sous-tendre certaines utilisations individuelles de
la langue française : plus l’intervention du sujet parlant bilingue est forte,
plus la production langagière tend à se faire en français ; réciproquement,
elle se déroule en langue véhiculaire nationale quand l’intervention du
sujet parlant est faible.
38La consommation langagière en français est pour sa part relativement
forte en Algérie. La présence de la langue française, bien qu’elle soit
considérée comme langue étrangère, est quasi permanente sur le marché
linguistique et sa valeur symbolique est sensiblement égale et quelquefois
supérieure à celles des autres idiomes en présence, y compris l’arabe
standard, langue officielle. Les médias sont des vecteurs très puissants
aussi bien pour la diffusion du français que pour l’appropriation
informelle de cet idiome. Ils jouent un grand rôle non seulement dans sa
diffusion mais aussi dans son apprentissage informel par les locuteurs,
plus particulièrement par les enfants. La consommation langagière qu’ils
induisent est un puissant canal d’appropriation de la langue et de
développement de la compétence réceptive et même émettrice du
locuteur. La puissance de ce canal d’appropriation réside dans le pouvoir
attractif du son (surtout mélodies et rythmes) et de la combinatoire des
supports « son/image » quand il s’agit de la télévision, de la cassette
vidéo et même de l’écran du micro-ordinateur. L’unique chaîne en langue
française – la chaîne III – diffuse diverses émissions de variétés,
d’éducation et des reportages sur les thèmes qui intéressent directement la
jeunesse algérienne ; les femmes qui n’exercent aucune activité
professionnelle et tous les auditeurs, jeunes et moins jeunes, subjugués
par le style prenant de cette chaîne devenue une redoutable concurrente
pour la chaîne Médi2 diffusée par le Maroc, constituent un public assidu.
Cette chaîne se veut moderne, attrayante, jeune, dynamique, porteuse
d’espérance et de vie : les animateurs et animatrices programment toutes
les chansons françaises à la mode, les alternent avec les plus grands
succès des groupes anglo-saxons et se permettent même d’intégrer les
récents succès du raï*, très appréciés par les jeunes. Très souvent ils
proposent des émissions éducatives ou culturelles ainsi que des échanges
de points de vue entre auditeurs et hauts fonctionnaires de l’État sur les
thèmes d’actualité en rapport avec les préoccupations des jeunes. Les
émissions de variétés sont très prisées par les auditeurs dont le nombre ne
cesse de croître selon les estimations des gestionnaires de la Radio-
Télévision algérienne. Le français utilisé par la Chaîne III brille par sa
couleur locale et sa sonorité méditerranéenne, est truffé de mots ou de
séquences de mots pris à l’arabe dialectal ou au tamazight. Parce qu’ils
les ont simplement entendus dans une chanson à la mode, les enfants
algériens répètent et utilisent correctement et très souvent des mots et/ou
des séquences en langue française. La télévision par satellite contribue
aussi à renforcer l’exposition langagière en langue française et assure un
rôle non négligeable dans l’apprentissage de cette langue. L’engouement
pour la parabole et les chaînes françaises est tel que l’on observe depuis
peu une recrudescence de l’acquisition des équipements individuels pour
capter les émissions retransmises par satellite. Les adeptes de la T.V. par
parabole ne veulent plus dépendre d’une collectivité et subir une
intervention extérieure dans le choix des chaînes qu’ils veulent suivre.
Les informations générales, les documentaires scientifiques ainsi que les
émissions éducatives à thèmes proposées par la 5 e Éducative sont
appréciés par les téléspectateurs algériens. Les dessins animés constituent
pour l’ensemble des enfants spectateurs un mode d’appropriation
complémentaire à l’apprentissage dispensé par l’école et par le milieu
familial.

39L’édition ainsi que la presse renforcent la consommation langagière en


français et contribuent aussi à l’appropriation informelle de cette langue.
Ce canal est surtout utilisé par les apprenants autodidactes pour se
parfaire en langue française et se donner les moyens, en dehors des
milieux formels d’appropriation, d’accéder à une promotion sociale et
économique. Les ouvrages en langue française existent sur les rayons des
librairies et des kiosques à journaux : on peut trouver – depuis l’ouverture
du marché économique – à côté des journaux algériens d’expression
française, les quotidiens et les hebdomadaires français les plus en
vue : Le Monde, Le Figaro, Le Point, L’Express, Le Nouvel Observateur,
Paris Match, etc.,

40Les panneaux publicitaires, qu’ils soient l’œuvre d’entreprises d’État


ou privées, les panneaux de signalisation routière, les enseignes des
magasins, les documents des administrations, des banques, des postes et
télécommunications, les étiquettes des produits alimentaires, les
prospectus contribuent aussi à plonger le sujet parlant dans un
environnement linguistique francophone et à consolider l’enseignement
dispensé par les établissements scolaires et universitaires. En dépit de
l’adoption de la loi portant obligation de généraliser l’emploi de la langue
arabe surtout dans les secteurs relevant des pouvoirs publics, on constate
une recrudescence du bilinguisme arabe/français. L’installation en avril
1997, dans toutes les villes du pays, de panneaux d’indication et de
signalisation des édifices et sièges officiels des administrations publiques
rédigés dans les deux langues corrobore notre sentiment sur la précarité
de cette loi face à la réalité sociolinguistique dominée par les variétés
vernaculaires et le français.

41Le tableau synoptique suivant résume la répartition des usages et des


champs d’emploi des langues [4][4]Sens des abréviations : ar. di. : arabe
dialectal, ar. mo. :… :

42Un certain nombre de constats permettent de compléter le tableau :

 dans les situations informelles de


communication, l’arabe dialectal est
prédominant à l’oral, il est la langue de
communication et d’intercompréhension. En
fonction des spécificités des locuteurs et des
situations, l’arabe dialectal peut fonctionner
en alternance codique avec le français ou le
tamazight ;
 l’arabe moderne et/ou classique est d’un
usage très restreint dans les situations
informelles : presque inexistant, son emploi à
l’oral dénote le pédantisme. Dans les
situations de communications formelles
(discours officiels, allocutions ou interviews
de personnalités politiques en exercice dans
le gouvernement, informations diffusées par
les médias d’État), c’est exclusivement un
mélange d’arabe moderne et d’arabe littéral
académique qui est utilisé pour tout ce qui
touche à la vie politique, économique,
culturelle et religieuse officielle, afin de
marquer l’ancrage irréversible du pays dans
l’arabisme ;
 l’emploi du tamazight connaît une sensible
progression dans les médias lourds de l’État :
une chaîne radio nationale, la II, lui est
entièrement consacrée ; au niveau des
informations télévisées, un volume horaire
quotidien de 15 minutes environ permet la
diffusion des nouvelles nationales et
internationales en cette langue ;
 l’usage du français semble connaître une
certaine régression dans les situations de
communications informelles.

4 – Représentation synoptique du corpus

5 – Comparaison status/corpus

43La comparaison des status/corpus enregistrés par chacune des langues


permet de mieux cerner les contours du marché linguistique algérien.
Ainsi la place et la valeur d’une langue se préciseront dans la
confrontation de son status (sa place institutionnelle dans le discours
officiel) et de son corpus (sa place effective dans la réalité sociale) :
l’écart observé entre les deux indices permettra d’évaluer la disparité
entre sa position institutionnelle et son emploi réel.

44Le tableau permet de faire un certain nombre de constats intéressants :

 l’arabe standard présente un décalage


significatif entre son status important (52,10)
et son corpus plus limité (21,9), entre son
degré très élevé d’officialité et sa présence
plus réduite sur le marché linguistique : cette
variété n’a qu’une implantation limitée dans
les usages et relève beaucoup plus du
domaine de l’écrit que de l’oral, du formel
que de l’informel ;
 la langue française, nettement en retrait par
rapport à l’arabe standard du point de vue du
status, s’en rapproche beaucoup du point de
vue du corpus. Elle possède sur le marché
linguistique algérien sensiblement la même
valeur symbolique que l’arabe standard en
dépit de tous les dispositifs idéologiques
développés par les gouvernants en faveur de
la langue nationale et officielle du pays ;
 l’arabe dialectal, en dépit de son déficit de
status, enregistre le plus fort indice dans le
corpus : c’est bien la langue qui occupe le
plus nettement le terrain social ; une action
d’aménagement politique paraît donc
s’imposer aux décideurs pour lui donner un
statut officiel plus en conformité avec son
usage réel ;
 le même constat vaut, dans une moindre
mesure, pour le tamazight dont les esquisses
de reconnaissance officielle restent en
dessous de son emploi réel.

Notes

 [1]

Nous soulignons.
 [2]

Nous soulignons.

 [3]

Seul le secteur de la Justice déroge à cette


règle et sont de rigueur surtout l’arabe
moderne, quelquefois le dialectal.

 [4]

Sens des abréviations : ar. di. : arabe


dialectal, ar. mo. : arabe moderne, ar. cl. :
arabe classique, fr. : français, tam. :
tamazight, angl. : anglais.
Signification des signes :
– : aucun usage ni emploi attestés ;
+: usage et emploi attestés ;
–/+ : usage et emploi en nette progression ;
+/– : usage et emploi en nette régression ;
++ : prédominance de l’idiome ;
– – : absence de l’idiome.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012

Chapitre 6. La dynamique des langues

1 – Fonctionnements polyglossiques

1K.T. Ibrahimi (1995 : 86-87), en analysant les éléments constitutifs de la


diglossie arabe classique/arabe dialectal, établit « une échelle de paliers
linguistiques allant de l’usage le plus normé (le plus conforme aux
normes du fasih [1][1]Arabe classique.) à la variété dialectale de l’arabe »
et distingue :

 l’arabe classique ;
 l’arabe standard ;
 l’arabe substandard ;
 l’arabe parlé des scolarisés ;
 l’arabe dialectal (vernaculaire propre à un
quartier, une ville ou parler régional propre à
une région à l’extension géographique plus
grande).

Cette description nous confronte à une superposition de type hiérarchique


de variétés d’arabe, qui ne reflète nullement la structuration de la
situation de conflit linguistique qui prévaut dans le pays. Selon nous,
cette stratification linguistique de surface – de la variété haute à la variété
basse – qui distribue des domaines d’emplois bien spécifiques
(institutionnel vs non institutionnel, valorisé vs dévalorisé, etc.), occulte
les tensions, les antagonismes linguistiques qui découlent des valeurs
symboliques attribuées à chaque langue, instituant par là un rapport
langue dominante vs langue dominée. Les conflits linguistiques ne sont
qu’une manifestation d’autres conflits, essentiellement sociaux, culturels
et politiques, entre les usagers des variétés considérées. Le rapport
diglossique dans le cas d’une situation linguistique stable où
n’interagissent que deux variétés d’une même langue conduit
inéluctablement à un processus de normalisation de la variété dominée ou
de substitution de la variété dominante à la variété dominée. Or, ce cas de
figure ne concerne nullement l’Algérie dont la stratification linguistique
met en jeu une multiplicité de langues (arabe classique, arabe standard,
français, diverses variétés de l’arabe dialectal, tamazight) où chaque
idiome assume des rôles et des fonctions bien précis. Plusieurs analyses
linguistiques et sociolinguistiques (Morsly, 1988, 1996, 1997 ; Cherrad-
Benchefra, 1987, 1990 ; Kahlouche, 1993, 1997 ; K.T. Ibrahimi, 1995,
1997) ont montré que toutes les langues en présence entretenaient des
relations de contact, donc d’influences et d’interférences linguistiques
réciproques découlant des changements sociopolitiques et culturels.
2Il existe donc, sur le marché linguistique algérien, une véritable
panoplie de moyens linguistiques potentiellement aptes à assumer toutes
les fonctions : les variétés dites endogènes constituées par les
vernaculaires (parlers dialectaux arabes et tamazight) jouissent chacune
d’une place propre, de valeurs symboliques inégales : en tant que langues
maternelles des populations arabophone et berbérophone, elles accaparent
l’espace de l’oralité, lieu privilégié de l’expression des sentiments et des
divers rapports sociaux quotidiens ; l’arabe standard, langue officielle,
fonctionne comme variété supranationale assurant l’intercompréhension
avec le reste des pays arabes du Moyen-Orient et domine l’espace de
l’écrit, de la norme académique et du fonctionnement des institutions de
souveraineté. Le français, qui constitue à lui seul un pôle exogène
important, occupe aussi, en dépit d’une officialité amoindrie
institutionnellement, l’espace de l’écrit, de la norme académique et du
fonctionnement des institutions. Cette distribution linguistique n’est en
fait qu’une distribution des profits et des gains qui découlent de leurs
usages respectifs. Entre les deux variétés de l’arabe, le rapport
diglossique – dont l’origine est incontestablement liée à l’imposition par
la force de la variété supérieure lors de l’invasion arabe – s’est déplacé
vers le bas de la stratification linguistique lors de la colonisation française
qui a institué une autre hiérarchie fondée sur d’autres valeurs
symboliques et qui a distribué d’autres rôles et d’autres fonctions aux
idiomes en place. Le français surimposé a pris d’autorité la place de
l’arabe littéral qui s’est trouvé dévalorisé de par son exclusion et sa
minoration dans les rapports sociaux, économiques et culturels. À cette
minoration – lors de la colonisation – de l’arabe littéral (et à un degré
moindre des dialectes) par le français va se substituer en 1962 une autre
minoration des vernaculaires (arabe dialectal et berbère) par l’arabe
standard, décrété langue nationale pour assumer à son tour des fonctions
de prestige. Le paysage linguistique algérien a donc connu avec la
colonisation et l’indépendance du pays deux ruptures fondamentales dans
l’homogénéisation et l’uniformisation linguistiques qui étaient peut-être
en cours de réalisation entre chacune des ruptures. L’institutionnalisation
de la langue arabe ainsi que les différentes campagnes d’arabisation
conduites au pas de charge par le FLN ont procédé au déclassement de
l’arabe dialectal et du français par rapport à l’officialité. Quant au
berbère, rangé – depuis 1962 – comme simple composante folklorique du
patrimoine culturel du pays, ce n’est qu’avec la relative ouverture
démocratique amorcée en 1988 qu’il a été identifié comme l’une des
composantes fondamentales de l’identité algérienne.

3La diversité linguistique de l’Algérie résulte donc d’une longue


coexistence de langues, chaque processus de minoration linguistique
induit par l’imposition d’une langue introduisant en fait le déclassement
de la langue précédemment valorisée. Dans les deux cas (1830, 1962), il
nous semble que les processus de minoration/valorisation concernant tant
l’arabe classique que le français ont renforcé la position des
vernaculaires, plus particulièrement celle de l’arabe dialectal ; celui-ci est
devenu une valeur « refuge » constante, d’abord de résistance à
« l’autre », de l’expression de l’identité, de la cohésion et de l’unité
nationales, enfin de l’affirmation de soi. L’arabe dialectal, « l’arabe
algérien », s’est retrouvé, circonstance historique oblige, dépositaire de
toute la mémoire du peuple algérien, des traits culturels référentiels de
l’authenticité et de la spécificité algériennes mais il a été en même temps
confronté aux exigences de la modernité. Contrainte d’être à la fois la
langue de la majorité des sujets parlants sans exclusive aucune et le lieu
d’expression des contradictions sociales et individuelles, la langue arabe
dialectale a été adoptée telle quelle comme norme sociale d’expression.
Les bouleversements sociaux, culturels, politiques et économiques qui
ont changé les représentations mentales ont peut-être modifié la valeur
symbolique de l’arabe dialectal mais uniquement sur le plan théorique,
car ce parler demeure toujours la langue véhiculaire. Il y a donc sur le
marché linguistique algérien une dynamique qui fait basculer le statut
officiel des langues d’une extrémité à l’autre, par rapport aux rôles et aux
fonctions qu’elles assument. K.T. Ibrahimi (1995 : 78) qui signale cette
particularité « du rapport linguistique contradictoire dont les deux pôles
passent simultanément du pôle dominant (+) au pôle dominé (-) »
n’inscrit pas son diagramme dans la continuité des pratiques langagières
et occulte le rôle des dialectes en ne précisant pas de quel arabe elle
parle :

 « arabe (+) dans le discours idéologique ;


 arabe (–) dans le monde économique et
dans le marché du travail ;
 français (+) dans le monde économique et
dans le marché du travail ;
 français (–) dans le discours
idéologique. »

Compte tenu de la spécificité du pays, nous préférerions un diagramme


qui classe les idiomes en fonction du degré de communication et
d’intercompréhension qu’ils assument :

 arabe dialectal (+) de grande


communication et d’intercompréhension
sociale forte ;
 berbère (–) de faible communication et
d’intercompréhension sociale réduite ;
 français (+/–) de communication et
d’intercompréhension sociale moyenne ;
 arabe classique (–) de communication et
d’intercompréhension sociale très réduites,
nulle pour ainsi dire.

Le sujet parlant algérien se voit confronté à une situation polyglossique


particulière qui lui permet de choisir dans un répertoire linguistique
(Gumperz, 1989) le meilleur moyen linguistique pour établir les rapports
interpersonnels qu’il peut, qu’il doit et/ou qu’il veut avoir avec les autres
membres du groupe. Le conflit linguistique ne réside plus dans
l’opposition arabe classique/arabe dialectal mais dans une opposition à
quatre termes qui n’est en fait que l’émanation d’un conflit idéologique,
politique et même culturel profond, opposant les courants islamo-
baâthistes et conservateurs aux nationalistes partisans de la modernité.
Ainsi, c’est par le ou les choix effectués par les locuteurs que ces derniers
vont modifier, en fonction des enjeux de pouvoir, la hiérarchie
sociolinguistique, car à chaque déclassement d’une langue correspond
automatiquement un déclassement de position dans la distribution du
pouvoir symbolique mais aussi une revalorisation d’un idiome dans la
hiérarchie des valeurs. La situation polyglossique est donc le lieu où le
rapport langue dominante vs langue dominée devient fluctuant. Les
variations dans le contexte linguistique algérien n’opposent plus les
langues en présence dans un antagonisme à deux termes, entre deux
variétés d’une même langue (arabe standard/ arabe dialectal), deux
langues académiques (arabe standard/français) ou un vernaculaire et une
langue académique (berbère/arabe standard ou français) mais toutes les
langues à la fois, chacune étant caractérisée par un statut social. L’action
du locuteur devient un élément fondamental et prépondérant dans la
modification du rapport domination/soumission. Cette modification du
« statut » de n’importe quelle langue peut aller, en situation
polyglossique, comme le soulignent Dumont & Maurer (1995), jusqu’à
l’inversion du rapport initial : une langue dominée peut devenir, pour
diverses raisons, une langue dominante et réciproquement. La dynamique
de la situation polyglossique est donc sous-tendue par les diverses
stratégies discursives utilisées par les locuteurs pour renforcer, réduire et
modifier l’hégémonie d’une langue sur le marché linguistique en fonction
de l’enjeu sous-jacent. La prise en compte des critères de grande
véhicularité et d’intercompréhension sociale caractérisant ou non une
langue peut expliquer les fonctionnements polyglossiques des variétés en
présence sur le terrain. En Algérie, les rapports de domination penchent
plutôt en faveur de l’arabe dialectal si l’on tient compte du nombre de
locuteurs utilisant cette variété dans tous les instants de la vie quotidienne
et de leur dispersion à travers tout le territoire national.
4L’examen de la fluctuation, de la répartition des domaines d’emploi de
chaque idiome est révélateur à plus d’un titre des conflits sociaux. Ainsi,
l’école est partagée entre l’arabe standard, le français, les vernaculaires
et, de manière plus secondaire, l’anglais. Si l’arabe standard est l’outil
dominant intramuros de l’interaction pédagogique et éducative, sa
domination et sa présence sont soumises aux pressions respectives du
français, de l’arabe dialectal, du tamazight et même de l’anglais qui
limitent son impact dans cet espace même. Cette langue n’est plus
dominante une fois le seuil de la classe franchi. Elle est dominée extra
muros par l’arabe dialectal qui est l’outil fondamental de
l’intercompréhension sociale mais aussi par le berbère et le français dont
la présence est fortement ressentie par rapports interpersonnels et sociaux
et par médias interposés. L’arabe standard s’inscrit donc dans un espace
clos, hermétique comme le sont toutes les institutions qui pratiquent une
langue que ne comprend pas plus de 60 % de la population algérienne. À
partir de cette dichotomie spatiale monde fermé vs monde ouvert, nous
pouvons observer que la langue arabe standard est la langue des mondes
figés, repliés sur eux-mêmes, développant des résistances aux
changements, s’auto-érigeant comme norme sociale dans un espace où la
circulation de la parole libre est rare car cet espace clos est celui de
l’écrit, de la permanence. Imposée par l’histoire, elle est considérée
comme le ciment de l’unité de la Oumma arabiya [2][2]Nation arabe,
expression utilisée pour désigner l’entité arabe…, et ce d’autant plus
qu’elle est la langue de l’islam, du Coran qui lui confère sa sacralité mais
aussi son imperméabilité aux transformations et à l’emprunt aux langues
étrangères. Cependant, ce monopole du standard sur les domaines
institutionnels forts tels que la religion et l’idéologie, s’effrite sous les
coups de boutoir des parlers arabes dialectaux et du tamazight qui
intègrent aussi l’espace religieux, car l’islam est non seulement véhiculé
par l’arabe dialectal et le tamazight mais intensément vécu et simplifié
par le biais de ces langues. Depuis 1995, la reconnaissance du tamazight
comme langue nationale introduit certaines variations positives dans la
perception de cette langue par ceux qui ne la pratiquent pas ; la télévision
nationale diffuse depuis cette année des prêches religieux en berbère.
Ainsi, le discours religieux n’est plus l’apanage de la variété classique ou
standard de l’arabe ; de même, l’avènement du multipartisme a fait de
l’arabe dialectal, du tamazight et même du français des instruments
efficaces de communication politique ; lors de la campagne électorale
présidentielle de novembre 1995, ces trois langues ont été largement
employées pour dialoguer et communiquer avec la masse populaire. Qui
aurait pu imaginer les représentants d’un parti islamiste (donc
conservateur) faire campagne en français et en tamazight !
L’instrumentalisation de la langue arabe par le FLN pour asseoir son
idéologie et minorer les parlers vernaculaires et le français a peut-être
renforcé l’hégémonie du standard sur le plan officiel et statutaire, mais les
problèmes sociaux et les difficultés économiques ont provoqué une
revalorisation symbolique de parlers minorés et de la langue étrangère
au point que, dans certaines institutions de l’État, l’arabe standard connaît
un processus de déclassement. Paradoxalement, la population
dite arabophone, tout en restant très attachée à ses racines culturelles,
identitaires et religieuses pan-nationales, n’en considère pas moins –
souvent avec une lucidité déconcertante en contradiction avec sa position
tranchée par rapport à l’arabisation – que le français est la langue de la
modernité, du développement scientifique et des progrès. Soumise à
certaines pressions socioprofessionnelles et culturelles, elle utilise sa
compétence linguistique, même limitée, en langue française et pratique
dans certaines circonstances l’alternance codique, déclassant l’arabe
standard au profit des langues de grande communication et au profit du
français dans les secteurs d’activité sensibles aux exigences de modernité.
Le français, attribut d’une frange socioculturelle de la population,
conforte donc sa position de langue dominante grâce à la dynamique de
l’arabe dialectal et du tamazight et à l’inefficacité communicative de
l’arabe standard.
2 – L’alternance codique

5L’exposition à la langue française étant forte et continue rend la


présence de cette langue effective et contraignante dans l’environnement
linguistique et culturel des sujets parlants algériens. Ces derniers
pratiquent et/ou subissent le français dans le système éducatif, dans toutes
les institutions qui participent de l’activité sociale, économique, politique
et culturelle, bref, dans tous les instants de leur vie quotidienne. La
société algérienne étant plurilingue, ce contact des langues se traduit par
des comportements langagiers très particuliers mais tout à fait naturels
pour ce type de société. Les idiomes s’interpénètrent au gré des relations
sociales, des stratégies discursives des locuteurs et de leurs compétences
linguistiques et surtout en fonction du caractère formel et/ou informel de
la situation de communication. Cette interpénétration s’accompagne
d’une instabilité dans l’utilisation des codes linguistiques en présence,
instabilité marquée essentiellement par la coexistence de différents
idiomes dans une même séquence : les locuteurs passent très souvent
d’une langue aux autres, mettant en contact dans la linéarité du discours
les vernaculaires usités – l’arabe algérien et/ou les variétés du berbère – et
les langues académiques – l’arabe standard/l’arabe classique et le
français.

6La situation linguistique algérienne recèle, à notre avis, plusieurs types


d’alternance codique conversationnelle [3][3]Gumperz (1989 : 57) définit
l’alternance codique…. Les deux types majeurs que nous avons pu
observer dans les échanges langagiers concernent, soit des locuteurs
bilingues français/arabe, soit des monolingues natifs arabe dialectal mais
catégorisés analphabètes, illettrés.

2.1 – L’alternance chez les bilingues


7Le premier cas sera illustré par les productions d’étudiants préparant
une licence de français à l’université de Constantine que nous avons
interrogés dans deux situations de communication différentes : d’abord
dans une salle de cours de l’université, ensuite, dans un espace ouvert à
l’extérieur du bloc des classes (galerie marchande comportant kiosques,
tabac-journaux, cafétérias, boutiques de reprographie, librairies, etc.) Les
comportements langagiers obtenus ont varié de façon significative selon
les lieux :

 dans la salle de cours : les réponses se font


uniquement en langue française sans
aucune interférence avec l’arabe dialectal,
ce qui confirme que le lieu est un facteur
déterminant dans l’apparition ou non de
l’alternance ; certains espaces,
conformément aux observations de
Gumperz, peuvent comporter des
caractéristiques constitutives bloquant le
mélange de moyens linguistiques. Dans
notre cas, le choix de la langue appropriée
(le français pour la circonstance) est
déterminé par des contraintes de type
institutionnel concernant l’espace de
l’interaction, les contraintes du genre de
discours et du thème de la communication,
à savoir le genre didactique imposé par le
cadre institutionnel (salle de cours à
l’intérieur de l’université et objectifs
assignés à l’enseignement dispensé). Le
trait (+ officialité) désignera la
caractéristique de lieu qui bloque
l’apparition de l’alternance codique
conversationnelle chez nos informateurs ;
 à l’extérieur de la classe : le discours est
truffé d’interférences linguistiques
arabe/français. Dans les échanges qui se
déroulaient de manière spontanée entre les
étudiants, certaines unités en langue arabe
s’inséraient spontanément dans des phrases
françaises. La taille de ces unités varie de
l’unité lexicale simple aux syntagmes plus
ou moins longs. La présence d’expressions
et d’interjections en arabe algérien
constitue cependant une dominante dans la
pratique langagière des étudiants
questionnés. Le nombre élevé de ces
éléments semble en relation avec le lieu
d’enquête : n’exerçant plus une forte
contrainte sur les locuteurs, il a neutralisé
la censure imposée par le caractère (+
officialité) spécifique à l’espace
institutionnel qu’est « la salle de cours »
dans n’importe quel système éducatif et a
provoqué un certain relâchement favorisant
l’irruption d’énoncés arabes dans le
discours de nos locuteurs. Les extraits
suivants montrent que les deux systèmes
linguistiques français/arabe qu’ils utilisent
s’interpénètrent pour donner une
organisation discursive linéaire cohérente
sur le plan syntaxique et productrice de
sens ; ils nous ont permis de dégager une
configuration de la catégorisation des
incursions de l’arabe dialectal dans une
conversation en langue française :
 c’est normal [jaxuja] il faut être ce
que nous sommes c’est-à-dire des
Arabes donc l’arabe est notre langue ;
 [ntuma] vous croyez que
l’enseignement de l’anglais va réussir
[rakum] dans l’erreur totale car vous
ne connaissez pas la réalité
linguistique [tâa bladna] ;
 [ljum] il faut tenir compte que
l’amazighité est une composante
essentielle de notre culture et c’est
pour ça que tout le monde l’utilise
[fedar] l’arabe dialectal est notre
langue nationale et non [lraba
lfusha] ;
 [justed hna] la langue française est
une langue importante pour le
développement du pays et [durk] on le
voit tous les jours ;
 [ana] je suis pas d’accord avec l’idée
que l’arabe littéraire est notre langue
nationale [rak] tu n’as pas compris
que notre langue c’est [lamazi
maxihakda] ;
 l’anglais dans le primaire [walah] ils
sont fous nos dirigeants déjà que les
enfants [maxi] tu es d’accord ils sont
très faibles même dans les deux
langues.

Ces exemples montrent bien un mélange de langues. Le français et


l’arabe dialectal s’interpénètrent et s’imbriquent pour produire un énoncé
intelligible et cohérent à tous points de vue. Une profusion d’unités se
trouvent enchâssées dans les suites en langue française et elles se situent
en ouverture, en milieu et quelquefois en fin de séquence. Dans le jeu de
l’interaction qui s’est mis en place entre les locuteurs, la présence de
l’énonciateur est marquée souvent par des lexies en ouverture de discours
ou dans les reprises d’arguments ; nous n’avons pas décelé de marques de
personne ponctuant un énoncé. L’attitude du locuteur à l’égard de son
vis-à-vis est également présente. Certes diffuse, elle exprime les
sentiments qu’éprouve l’énonciateur par rapport au sujet de la
conversation ou par rapport au destinataire. Les incursions de la langue
arabe dans ces énoncés en français concernent :

 des indicateurs de personne, des actants de


l’interaction
verbale : ana « moi », n’touma « vous », r
akoum « vous êtes » ;
 des indicateurs de civilité à l’égard des
interlocuteurs : ya khouya « mon
frère », ya ousted « M. le
professeur », cheikh « maître » ;
 des interjections pour interpeller les
locuteurs : asmâa « ô toi écoute », ya
si « mon cher » ;
 des indicateurs de
temps : dourk « maintenant », bakri « jadis
», l’youm « aujourd’hui » ;
 des indicateurs de
lieu : fi « dans », bladna « notre
pays », h’na « ici » ;
 des indicateurs de négation et
d’approbation : lala « non », mekhi
hakda « c’est comme cela » ;
 des indicateurs de rapport de
possession : tâa « de ».

Ces indicateurs cumulent diverses fonctions, ils s’incrustent dans le


discours pour en faire partie intégrante et indiquent que le locuteur
s’implique dans l’échange langagier. Les termes arabes sont des
articulateurs de discours entre les divers actes de parole et ne compensent
pas, dans ce cas précis, une méconnaissance de la langue française ; ils
ouvrent la séquence, marquent les civilités et signent la volonté du
locuteur de marquer son engagement dans l’acte de parole. Les
articulateurs d’ouverture interpellent le partenaire de l’échange alors que
les indicateurs de négation, d’approbation et d’interrogation ferment
généralement la séquence. Le rôle fondamental qui leur semble être
assigné est de construire une unité dans le discours, de relier ce qui
précède avec ce qui va suivre, mais surtout d’assurer par la continuité du
discours la durée de la sociabilité. Cette alternance conversationnelle
arabe/ français est massive dans les situations de communication de type
informel, elle apparaît lorsque la pression du milieu institutionnel se
relâche et quand la situation tend vers le trait (– officialité ) ; en revanche,
elle a tendance à disparaître lorsque « l’officialité » est forte (+
officialité). Kahlouche (1993) a observé, chez des sujets bilingues, ce
même phénomène lors d’une étude de l’alternance codique
conversationnelle français/tamazight.

2.2 – L’alternance chez les sujets monolingues

8Le phénomène de l’alternance codique conversationnelle n’est pas,


comme le souligne Gumperz (1989), spécifique aux locuteurs bilingues.
L’alternance conversationnelle existe aussi chez des monolingues « arabe
algérien » catégorisés comme analphabètes ne maîtrisant ni le français ni
l’arabe standard. Les énoncés concernant ce public montrent une pratique
du mélange de code ; les mots « français » qui s’enchâssent dans leurs
discours assument des fonctions linguistiques mais aussi sociales ; ils
sont également des indicateurs de temps, de lieu, de personne, de civilité,
de négation, d’approbation, de rapport de possession, de modalités
diverses ; ce sont encore des termes dits « conjoncturels » appartenant au
discours scientifique et technique de la langue française, comme le
montrent ces quelques exemples :

 khouya djit n’sselek l’abonnment tâa


a’téléphone bach mâtkossouhoulich « mon
frère, je suis venu payer l’abonnement
téléphonique pour éviter une coupure. » ;
 maintnant rahou martah oua mathani fi
hadh a’charika c’est bien ! « maintenant il
est en bonne santé et en paix dans cette
entreprise. » ;
 c’t-à-dire rak nadjah fi had lemtihan
koulchi mabrouk mon frère « c’est-à-dire
tu es admis à cet examen, meilleurs vœux,
mon frère. » ;
 demain rani rayah n’voti âla l’R.C.D. « je
vais voter pour le R.C.D. » ;
 louled tàa l’batima fassdou l’ascenseur
comme toujours ! « les enfants du bâtiment
ont cassé l’ascenseur. » ;
 rahoum sarkou l’antine tâa la
barabole « ils ont volé l’antenne de la
parabole. » ;
 oui habit t’sabotini ? « tu veux me
saboter ? » [4][4]Le Matin, 5.12.93, cité
par Bouzar, 1995 : 237. ;
 bonjour ! rayah endir l’analiz tâa
e’dem « je vais faire l’analyse de sang à
l’hôpital. ».

Cette alternance codique qui est spécifique aux monolingues, surtout aux
analphabètes, semble se confondre avec le phénomène de l’emprunt
« français » intégré à l’arabe. Les termes « français » se réfèrent souvent
à une réalité ou à un objet que le locuteur analphabète ne peut pas
désigner par un terme en arabe dialectal tels que téléphone, abonnement,
ascenseur, parabole, antenne, voter, bâtiment, saboter, etc. La
prononciation « à la française » est souvent respectée mais pose problème
lorsque le son prononcé s’éloigne plus ou moins de la phonologie de
l’arabe dialectal : n’voti pour voter, barabole pour parabole,
l’antine pour l’antenne, l’batima pour bâtiment. Dans ces cas précis, les
locuteurs procèdent à une intégration totale de l’unité lexicale française
dans le système morpho-phonologique et syntaxique de l’arabe dialectal ;
l’absence du /p/ sourd de parabole en arabe est compensé par le recours
au phonème sonore qui lui est le plus proche : le /b/, ce qui donne
à barabole toute l’originalité de ce mixage ; pour n’voti le verbe voter est
conjugué au présent à la première personne du singulier, le pronom
personnel ana (« moi ») étant réalisé sous la forme n’ ;
pour t’sabotini « saboter », ce verbe qui a pour sens « détruire, priver de,
enlever » est conjugué à la forme pronominale arabe comme le montre la
postposition du pronom personnel complément ana contracté
en ni adjoint à la finale du verbe. K.T. Ibrahimi (1995 : 171) a bien étudié
ce phénomène du « code mixing » arabe/français et nous citons quelques-
uns de ses exemples :

 ma trakros ish « ne raccroche pas. » ;


 propozit el wasmah « j’ai proposé le
truc. » ;
 konvokinak bes ndirù nniverser ta
bentek « nous t’avons convoqué pour “faire
” l’anniversaire de ta fille. » ;
 krazatu tomabil ramsuh morsowet « une
ambulance l’a écrasé et on l’a ramassé en
morceaux. ».

Pour l’auteur, l’interpénétration des deux langues est totale : « les verbes
français sont conjugués à la manière arabe avec les suffixes et préfixes
caractéristiques, […] les noms sont intégrés au modèle du nom arabe et
reçoivent les mêmes marques de genre et de nombre ;
exemple, morsowet, le mot « morceaux » au pluriel, en arabe, est au
féminin, alors, il prend la marque et spécifique du féminin pluriel arabe,
tandis que le mot nniverser « anniversaire » perd le son [a] et est assimilé
aux noms débutant par un phonème solaire qui va s’amalgamer avec
l’article défini » (1995 : 171). Cette alternance, tout comme la précédente,
est spontanée, naturelle, profondément culturelle ainsi que l’ont indiqué
certains locuteurs à propos de leur usage des deux codes, relevant par là
le caractère inconscient de cette pratique. Le locuteur demeure convaincu
que le mot l’batima est arabe, tout comme téléphone, krasatu ou analiz.
9Cette pratique est ancienne puisque, peu après l’indépendance, Sayad
(1967 : 214), relevait déjà la tendance des locuteurs algériens à pratiquer
« un discours original, marqué par une forte interférence avec le dialectal
ainsi que l’arabe classique mais aussi par une alternance codique qui fait
que, simultanément et à l’intérieur du même discours ou successivement
et en des discours différents, le langage peut, selon le contenu de pensée
qu’il transmet et le statut social des locuteurs, tout aussi bien perpétuer un
rapport vécu avec le monde traditionnel que manifester et véhiculer une
aspiration moderniste à travers les emprunts qu’il fait au français
(emprunts de syntaxe, emprunts de lexique, interférence de séquences
entières dites en français avec d’autres dites en arabe ou en berbère). »
Cette prédisposition du locuteur algérien à l’alternance arabe
dialectal/français est encore bien vivante comme le confirment les récents
travaux de Morsly (1996) et de K.T. Ibrahimi (1996) sur le parler des
jeunes.

10Comment expliquer ces alternances codiques ? Sans doute servent-


elles à compenser un déficit de compétence linguistique dans au moins
une des deux langues utilisées, sinon les deux : leur utilisation comme
stratégie de communication pour réussir l’intercompréhension est alors
« probablement » l’indice de l’inefficacité de l’enseignement des langues.
Elles ont aussi comme fonction de produire certains effets : plaire à
l’interlocuteur, paraître moderne, montrer sa culture… À un niveau plus
profond, les incursions du français dans l’arabe algérien paraissent non
seulement traduire l’impact d’une profonde acculturation mais aussi
exprimer la prédisposition de la société algérienne à s’ouvrir aux valeurs
culturelles étrangères surimposées respectivement par la colonisation
française et par la mondialisation/globalisation culturelle. Sont-elles
également l’expression d’une francophonie structurelle du pays dont
l’ancrage dans l’espace francophone méditerranéen et européen est
irréversible ? Beaucoup d’indicateurs sociologiques et linguistiques
contribuent à montrer l’existence d’une francophonie vécue comme un
état d’esprit, comme une culture propre aux pays anciennement colonisés,
surtout en Afrique puisque ce phénomène d’apparition naturelle de mots
français dans le discours oral des sujets parlants analphabètes a été
signalé au Maroc (Boukous, 1996 : 697) comme en Tunisie (Laroussi,
1996 : 713). L’utilisation du français parallèlement à celui des idiomes
locaux est l’une des caractéristiques fondamentales des pays maghrébins.
Phénomène étroitement lié à la biculturalité des sujets parlants de la rive
sud du bassin méditerranéen, fondement des particularités du français
hors de France, l’alternance codique arabe dialectal/arabe
standard/berbère/français produit une sorte d’interlangue : tout en
exprimant l’hétérogénéité de la réalité linguistique, elle n’en confirme pas
moins le particularisme dans la pratique du français ainsi que la
permanence et l’intensité des échanges culturels entre deux mondes.

3 – Les variétés de français en Algérie


11La langue française constitue bel et bien la deuxième langue
académique du pays. En dépit de l’usage de la langue arabe standard
comme médium d’enseignement, en dépit aussi du nombre
impressionnant d’analphabètes dans le pays, la langue française a
bénéficié des efforts développés par l’État algérien en matière de
démocratisation de l’enseignement et de scolarisation massive des enfants
en âge scolaire. L’Algérie est le premier pays dans le monde après la
France pour le nombre de locuteurs francophones produits par les
différents cycles du système éducatif. Sur une population globale de 30
millions d’individus et après déduction des 7 millions d’analphabètes, les
trois quarts de la population algérienne sont susceptibles de parler une
variété de français. Les productions dans cette langue varient selon deux
pôles extrêmes, celui des locuteurs intellectuels, cadres supérieurs,
écrivains et universitaires dont la maîtrise de la langue française est
parfaite (acrolecte) et celui d’une partie importante de la population dont
la connaissance du français est très réduite (basilecte). Entre ces deux
pôles se déploie, à l’intérieur d’un continuum linguistique, un français
intermédiaire fortement inscrit dans la réalité algérienne et en voie de
standardisation (mésolecte). On retrouve ici les contours de la typologie
des variétés de français d’Afrique de Manessy pour qui l’un des pôles
dominants du continuum linguistique africain est constitué par le français
acrolectal alors que « l’autre pôle se perd souvent dans une zone indécise
où l’on a peine à distinguer ce qui est la réalisation approximative des
structures françaises de ce qui ressortit aux langues du substrat »
(Manessy, 1978 : 93).

3.1 – La variété basilectale


12Pratiquée par les sujets parlants dont le niveau linguistique en français
est approximativement celui d’un fin de cycle primaire, elle est utilisée
par deux catégories de locuteurs :

 les premiers, peu nombreux quantitativement,


correspondent aux adultes formés
essentiellement en langue française par
l’école algérienne postindépendante de 1962
à 1973. Ces adultes qui, pour des raisons
individuelles, ont été obligés de quitter
l’école primaire souvent sans le Certificat
d’études primaires élémentaires n’ont pas été
touchés par l’arabisation et conservent ainsi
un savoir résiduel qui leur permet de réaliser
quelques interactions à l’aide de la langue
française. Ils se particularisent par la maîtrise
d’un vocabulaire de type rudimentaire mais
utilitaire et fonctionnel limité à la profession
exercée. Socialement, ce sont des travailleurs
subalternes, petits fonctionnaires, facteurs,
agents de guichet des APC, des P.T.T.,
agents techniques, appariteurs
d’administrations diverses … ;
 les seconds, plus nombreux, correspondent à
une population dont la scolarité s’est faite
surtout en langue arabe et dont le contact
avec la langue française n’a été ni régulier ni
efficace sur le plan pédagogique pour
diverses raisons, comme la création de
sections d’études arabisées à partir de 1975
dans le cycle secondaire, l’arabisation
intégrale en 1980 de l’enseignement
supérieur des sciences sociales et humaines ;
à l’époque, l’ouverture de l’université sur le
monde du travail et les dérogations d’accès à
l’université ont favorisé un net engouement
et un rush vers les disciplines jugées alors
« valorisantes » telles que les sciences
juridiques et économiques et les lettres. Ces
disciplines ont constitué le réservoir qui allait
fournir les cadres dirigeants de diverses
institutions de l’État (fonction publique,
magistrature, enseignement fondamental et
secondaire, structures du parti FLN). Comme
cette poussée de l’arabisation a coïncidé avec
une campagne de dénigrement de l’usage du
français (apparition du terme dépréciatif de
« hizb frança »), les conséquences sur
l’attitude des élèves et des étudiants à l’égard
de la langue française en ont été néfastes. La
langue française a été victime pendant cette
période d’une phobie qui a causé des ravages
dans la formation intellectuelle d’une élite
arabisante, relais d’un pouvoir hégémonique.
L’enseignement obligatoire de la langue
française a été « omis » volontairement dans
beaucoup d’établissements situés en zone
rurale, à la périphérie des grands centres
urbains et même dans certains établissements
universitaires. En termes de catégories
sociales, les usagers de cette variété sont
devenus cadres monolingues au sein de la
fonction publique (APC, wilaya, tribunaux,
etc.), fonctionnaires dans certaines
administrations (Postes et
Télécommunications, Finances,
Enseignement fondamental).

3.2 – La variété mésolectale

13Correspondant à une scolarité plus longue et relativement plus efficace


et à un contact prolongé et plus stable avec la langue française (parcours
scolaire s’étendant jusqu’à la fin des cycles moyen et secondaire), elle est
pratiquée par les locuteurs formés par l’école algérienne que l’on peut
qualifier de « bilingues arabe-français ». Cette variété s’organise elle-
même en un continuum linguistique interne où se juxtaposent plusieurs
sous-variétés de français dont la plus basse se situe à la limite du pôle
basilectal et la plus haute est très proche du pôle acrolectal. Elle se
constitue progressivement en une norme endogène du français, très
perméable à l’emprunt aux idiomes locaux – à l’arabe dialectal surtout
mais aussi au tamazight, à l’arabe littéral – et se caractérise par une nette
tendance à la néologie de forme et de sens qui lui assure une vitalité et un
dynamisme remarquables. C’est la variété la plus employée par les
journalistes, les enseignants, les fonctionnaires, les étudiants et les
autodidactes. En net décalage par rapport à la norme exogène du français
véhiculée par l’institution scolaire et universitaire, elle traduit l’attitude
désinvolte du sujet parlant algérien à l’égard du français : l’emprunt et les
particularismes néologiques ne confèrent pas à cette langue « une couleur
d’exotisme » comme l’indique Lafage (1985 : 485) à propos du français
en pays ewé, mais visent à lui donner un aspect « national […] algérien
[…] et signifient un refus de la réduire à une langue étrangère » (Morsly,
1996 : 50-51). La proximité et le contact quasi permanent avec l’arabe
algérien et les autres variétés locales contribuent à lui donner une
dimension algérienne qui tire sa substance des référents culturels et
identitaires marquant la réalité quotidienne du sujet parlant. Il semble que
le locuteur colonise à son tour la langue française et la charge d’écarts et
de particularismes pour exprimer son algérianité. C’est cette variété
endogène qui a fait l’objet de la description synchronique focalisée sur le
lexique qui constitue la seconde partie du présent ouvrage.

3.3 – La variété acrolectale

14Son existence est attestée surtout dans les universités algériennes où la


langue française sert de médium (disciplines scientifiques) et chez les
locuteurs qui ont bénéficié d’une formation dans les universités françaises
et dont le contact avec la langue française reste permanent (par exemple,
exercice d’une fonction où le français sert de langue instrumentale). Ce
français acrolectal, conforme à la norme académique du français
standard, est le fait de l’élite francophone du pays et constitue dans la
hiérarchie sociolinguistique un indice de la réussite sociale et
économique. Les pesanteurs idéologiques particulières à la situation
sociopolitique et linguistique du pays ont cependant incité les utilisateurs
de cette variété à lui préférer le français mésolectal pour la plupart des
interactions sociales. Elle n’est plus pratiquée désormais que dans
certaines situations formelles (rencontres officielles de délégations,
élaboration de contrats de coopération, accords politiques, etc.) ; ses
locuteurs, en situation informelle, lui substituent soit la variété
mésolectale, plus lâche et surtout plus conforme à la réalité sociale et
économique, soit l’alternance codique avec l’arabe. La variété acrolectale
a donc une existence surtout théorique.

4 – L’arabe algérien : l’avenir linguistique de l’Algérie ?

15Langue de la première socialisation, l’arabe algérien est l’idiome


pratiqué par la plus grande partie de la population et il constitue le moyen
privilégié d’expression, de communication et de travail des monolingues
analphabètes qui représentent une part importante de la population. S’il
existe plusieurs variétés d’arabe algérien (cf. supra), les mutations
sociales, économiques et politiques ont fait « bouger » la société
algérienne dans toutes les directions et ont nivelé les différences. La
diversité existe mais elle n’entraîne aucune difficulté dans
l’intercompréhension et la communication lorsque des locuteurs de
diverses régions marquées linguistiquement se rencontrent. C’est presque
toute la population de l’Algérie qui s’exprime dans cette variété de
l’arabe. Même les locuteurs natifs berbérophones maîtrisent presque
parfaitement cet outil de communication populaire qui est avant tout la
langue de la gestion de la quotidienneté.

16Cette variété linguistique est par excellence l’outil de l’expression des


différents rapports interpersonnels, elle couvre – par le canal de l’oral –
les domaines de la vie familiale, de l’affectivité, des sentiments, des états
d’âme et de la religiosité du sujet parlant, domaines sur lesquels elle
règne sans partage, en complémentarité avec le tamazight dans les
régions du centre, à l’Est et au Sud où cette langue domine.
17C’est aussi la langue qui régule les échanges économiques et
transactions commerciales au niveau des marchés ; elle assure
l’intercompréhension avec les représentants de l’administration tant
nationale que locale : administrations des APC, des P.T.T., de Sonelgaz
(Société nationale de l’électricité et du gaz) des hôpitaux, des impôts, et
autres institutions de l’État. Bien qu’elle soit exclue de l’école, cette
variété – minorée par le Pouvoir – est dans un rapport d’interpénétration
et d’échange avec les autres idiomes, surtout le français, et
secondairement l’arabe standard et le berbère. Ses capacités d’absorption
et d’intégration des emprunts de nécessité aux variétés dites de prestige,
le français et l’anglais, lui assurent sa grande vitalité et lui confèrent le
statut d’instrument de large communication. Vecteur de la contestation
sociale, de la revendication syndicale, de l’expression de la mal-vie*,
c’est aussi la langue de la poésie et du théâtre populaire. C’est le mode
d’expression privilégié des jeunes Algériens, du raï*, de l’espoir d’une
vie meilleure à laquelle rêve toute la jeunesse, des joies et des peines
amoureuses. Il est instrumentalisé par le Pouvoir – dans certaines
circonstances – par les dirigeants, cadres supérieurs ainsi que par les
chefs de partis politiques. Cet écart entre le statut officiel [5][5]Même si
officiellement l’arabe dialectal n’est pas… de la langue minorée et la
grande utilisation qui en est faite est révélateur, non seulement de la
situation de conflit interlinguistique, mais surtout du conflit idéologique
qui oppose fondamentalement deux projets de société diamétralement
contraires : l’un résolument tourné vers la modernité et dont le moyen
d’expression privilégié est l’arabe algérien, l’autre, profondément
imprégné par la culture arabo-islamique, se glorifiant d’appartenir à une
civilisation prestigieuse, et déterminé à consolider son ancrage dans la
sphère culturelle arabe du Moyen-Orient.
18En choisissant l’exclusion des parlers locaux et de la langue française
comme principe et moyen coercitif pour réguler et renforcer la position
statutaire de l’arabe standard, puis en instrumentant la langue berbère en
1995, le Pouvoir n’a fait que raffermir la position de l’arabe algérien et,
dans une certaine mesure, celle du français. La politique linguistique
menée en Algérie depuis 1962 a opposé en fait, à travers le problème
linguistique, l’arabité à l’algérianité : le discours idéologique dominant a
dévalorisé la seconde en minorant la variété dialectale, en établissant des
équivalences entre dialectal et ignorance, dialectal et francisation,
dialectal et régionalisme, dialectal et division du pays, et en magnifiant la
première en proclamant une équivalence valorisante entre arabe standard
et union nationale, arabe standard et Oumma islamiya.

19En dépit des outils de légitimation dont dispose l’idiome officiel, la


dynamique de la réalité sociale, culturelle et économique a imposé de
facto la variété dialectale comme moyen d’expression privilégié de
l’algérianité et de son ancrage dans la modernité. Cette dynamique se
manifeste au plan linguistique par une constante capacité d’accueil de
termes nouveaux, d’emprunts [6][6]Laroussi (1996) et Boukous (1996),
signalent aussi ce type… aux langues véhiculant la modernité ainsi que
par la faculté de produire une néologie rendant compte de toutes les
mutations induites par la transformation de l’environnement et les progrès
scientifiques et techniques.
20La très grande diversité des domaines d’emploi de cette variété est en
corrélation étroite avec le nombre très important de ses utilisateurs : ni la
religion ni l’imposition d’un modèle de pensée unique référentiel encore
présent en dépit du multipartisme ne constituent de possibles facteurs de
stagnation linguistique de la langue dialectale, tant celle-ci a su préserver
le caractère sacré mais simple de l’islam algérien, d’une part, et son grand
pouvoir d’intercompréhension, d’autre part. L’idée de la
revalorisation/reconsidération du statut de l’arabe dialectal fait son
chemin, non seulement en Algérie mais également en Tunisie (Laroussi,
1996) voire au Maroc (Boukous, 1996). L’arabe dialectal est recatégorisé
comme langue de l’authenticité et de l’identité culturelles, comme moyen
d’appréhender la modernité et d’en être le vecteur. Cette prise de
conscience des locuteurs du dialectal minoré pose de sérieux problèmes
aux tenants de l’idéologie dominante. La reconnaissance du statut
national du tamazight, à un moment de grande tension idéologique entre
le pouvoir et l’opposition islamiste conservatrice, nous renforce dans
notre conviction qu’il n’y a pas en Algérie une politique linguistique
clairement formulée à partir d’une analyse de la réalité sociolinguistique
du pays : les valeurs statutaires données aux langues varient en fonction
des rapports de force entre factions au pouvoir. Les langues en Algérie
constituent des leviers sociopolitiques soumis aux aléas et à la
conjoncture politiques. L’instrumentalisation de la langue anglaise pour
exclure la langue française du système éducatif et du champ linguistique
est un autre exemple convaincant qui montre que les langues sont
soumises à des manœuvres politiciennes pour tenter de réimposer un
certain équilibre entre le pouvoir et une opposition politique très active.

21L’arabe algérien trace son avenir à travers les stratégies langagières


des sujets parlants en bénéficiant de sa grande véhicularité. Il est l’outil
de l’expression quotidienne et même de l’appartenance politique. Pour
l’expression de sa mal-vie sociale, économique et politique, l’Algérien ne
s’embarrasse pas de protocole et – par défi – utilise pour exprimer sa
pensée profonde la langue qui lui sied le mieux : un arabe tranchant par la
spontanéité et le naturel d’une parole fluide dans laquelle l’hésitation et le
temps mort caractéristiques de la recherche des mots sont quasiment nuls,
incisif par son exceptionnel pouvoir dénotatif, puissant par l’étendue et la
richesse de son lexique, exubérant, convaincant et communicatif quand il
égrène, dans sa linéarité discursive, dans une alternance codique où le
français utilisé n’est étranger pour personne.

22La tendance à l’homogénéisation linguistique des variétés dialectales,


le fonctionnement polyglossique des langues en présence, les échecs
cumulés des différentes campagnes d’arabisation et de l’enseignement
des langues étrangères, l’introduction du tamazight dans l’enseignement
et surtout l’absence de campagnes d’alphabétisation sont les facteurs qui
nous incitent à considérer que l’avenir linguistique de l’Algérie réside
dans l’arabe algérien et dans une nécessaire réévaluation/revalorisation
institutionnelle de la place de la langue française dans la société
algérienne.

Notes

 [1]

Arabe classique.

 [2]

Nation arabe, expression utilisée pour


désigner l’entité arabe s’étendant des rives
de l’Atlantique à la Péninsule arabique.

 [3]

Gumperz (1989 : 57) définit l’alternance


codique conversationnelle comme « la
juxtaposition à l’intérieur d’un même
échange verbal de passages où le discours
appartient à deux systèmes ou deux sous-
systèmes grammaticaux différents » ; elle
s’oppose, tant sur le plan linguistique que
social, à l’alternance
codique situationnelle qui prévaut dans le
cadre d’une diglossie voire d’un
bilinguisme attesté où des variétés
distinctes sont utilisées dans des contextes
bien précis associés à l’exercice d’une
activité professionnelle ou au contact d’un
interlocuteur positionné dans une catégorie
sociolinguistique différente de celle du
locuteur. Ainsi, l’alternance codique
conversationnelle, dénommée code
switching ou code mixing ne doit pas être
confondue avec le bilinguisme ni avec le
phénomène d’emprunt auquel ont recours
naturellement les individus bilingues pour
rendre compte d’une réalité socioculturelle
bien spécifique et que seuls, dans le
contexte algérien, la langue arabe et le
tamazight (pour les berbérophones)
peuvent exprimer. Généralement, les
alternances conversationnelles s’inscrivent
dans les conversations quotidiennes,
familières et de convivialité très éloignées
des cadres formels et correspondent à un
usage social normalisé dont la
sociolinguistique interactionnelle a décrit
les fonctions fondamentales : « la citation,
la désignation d’un interlocuteur, la
réitération, la modalisation d’un message,
la personnalisation versus l’objectivation ».

 [4]

Le Matin, 5.12.93, cité par Bouzar, 1995 :


237.

 [5]

Même si officiellement l’arabe dialectal


n’est pas « identifié » comme une des
langues du pays, de facto le discours
politique officiel lui attribue un statut de
langue mineure par rapport à l’arabe
littéral.

 [6]

Laroussi (1996) et Boukous (1996),


signalent aussi ce type d’emprunt au
français dans l’arabe dialectal tunisien et
marocain.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


Chapitre 7. Les particularités lexicales
L’observation des pratiques linguistiques des locuteurs algériens a montré
une transgression relative du code de la langue française aussi bien au
niveau de l’écrit que de l’oral. Ces deux modes d’expression mettent en
évidence l’existence d’un processus néologique généré essentiellement
par les contraintes sociopolitiques et culturelles vécues par le sujet. La
faiblesse des pressions normatives et l’ouverture démocratique de 1988
ont libéré la parole du sujet parlant algérien et ont développé sa créativité
langagière et son aptitude à tirer parti des ressources mises à sa
disposition par le système linguistique français et par sa compétence de
communication en langue maternelle. Cette expression qui se
particularise par sa forme nettement en décalage avec la norme exogène
du français standard est décrite dans notre étude sous la forme d’un
inventaire de particularités lexicales élaboré conformément à la tradition
lexicographique.

1 – Méthodologie

2La description des particularités lexicales du français en Algérie est


basée sur une méthode descriptive de la variation lexicale qui s’articule
sur :

 le rassemblement des données lexicales et la


constitution d’un corpus ;
 la définition des critères de sélection des
particularismes ;
 la mise en œuvre des techniques
lexicographiques dans une perspective
prédictionnairique.

1.1 – La néologie

3L’acception que nous donnons au terme de néologie défini comme « le


processus de formation de nouvelles unités lexicales » (Lafage, 1985)
s’inspire des travaux des lexicologues (Guilbert, 1975 ; Picoche, 1980).
Confronté à une réalité qui lui est spécifique, ballotté dans une société en
pleine mutation et en plein bouleversement politique, le sujet parlant
algérien utilise dans son discours des termes qui lui paraissent les plus
aptes à rendre compte de son monde référentiel affectif, culturel,
économique et politique. La caractéristique essentielle de ces lexies est
qu’elles sont en écart par rapport à l’usage normé dans le français
standard au niveau de leur forme ou de leur signification.

4Les recherches ont mis en valeur les causes qui fondent l’écart, à savoir
les données sociolinguistiques, les phénomènes de plurilinguisme et
d’interférence linguistique. Nous avons retenu la classification de
l’I.F.A. (1983, 1988), les travaux de Lafage (1985), de Queffélec (1990)
qui proposent la typologie suivante adoptée pour la réalisation de notre
inventaire :

 particularités lexématiques : formations


nouvelles ou emprunts ;
 particularités sémantiques : transferts,
restrictions et extensions de sens,
métaphorisations ;
 particularités grammaticales : changements
de catégorie, de genre, de construction ;
 particularités qui tiennent à des différences
de connotation, de fréquence, de niveau ou
d’état de langue.

1.2 – Le corpus
5Notre inventaire est fondé sur un corpus d’unités lexicales recueillies
dans les textes écrits et dans les pratiques langagières orales.

1.2.1 – Le corpus écrit

6S’inscrivant dans une perspective synchronique large (1970-2000), le


corpus écrit se fonde sur un dépouillement plus ou moins systématique de
quotidiens, de périodiques, d’hebdomadaires ; ceux-ci ont proliféré
depuis la remise en question du système du parti unique et l’ouverture
démocratique inaugurée par les événements d’octobre 1988 qui ont
conforté la liberté d’expression et de presse. La collecte des unités
lexicales s’est effectuée aussi à partir des œuvres littéraires (littérature
algérienne d’expression française), de documents officiels tels que les
circulaires et les décrets du Journal officiel de la République algérienne.
Dans le souci de préserver l’originalité de la recherche, nous avons tenu à
respecter le caractère national de l’étude en nous imposant comme
invariant commun à toutes les données recueillies l’authenticité de la
source. En d’autres termes, il est nécessaire que – sauf rares exceptions –
l’émetteur soit un sujet parlant algérien.

1.2.2 – Le corpus oral

7Parallèlement, nous avons entrepris le relevé systématique des


algérianismes figurant dans les productions orales des locuteurs. Pour ce
faire, l’écoute attentive des discours spontanés de la vie quotidienne des
différents informateurs « non conscients » du fait qu’ils étaient
enregistrés a permis le relevé systématique de toute lexie originale. Le
public abordé est très large car composé de tous les informateurs
potentiels appartenant à tous les milieux socioprofessionnels où on
observe la prééminence des locuteurs de niveau mésolectal (lycéens,
étudiants, enseignants, journalistes, animateurs de radio et de télévision).
D’autres procédures d’investigation n’ont pu être utilisées, soit en raison
de l’insuffisance de moyens logistiques et humains, soit à cause de
l’absence de conditions sécuritaires permettant un type d’enquête plus
ouverte sur le terrain et assurant un contact direct avec les informateurs.
Ce type d’enquête à grande échelle, à grande publicité, risquait, en outre,
de dénaturer les objectifs de la recherche et de réduire la spontanéité,
facteur fondamental dans le domaine du recensement des particularités
propres au discours oral.

1.3 – Les critères de sélection des particularités lexicales

8Devant la masse importante de données lexicales recueillies de manière


extensive, il s’est avéré nécessaire de procéder à une sélection qui s’est
déroulée en deux étapes. Un premier filtrage est effectué au moment du
relevé de la lexie et prend en compte la présence éventuelle d’une marque
typographique susceptible de signaler un usage particularisant ciblé par
l’émetteur ou un processus d’intégration en cours de réalisation. Cette
première observation permet de vérifier « l’authenticité et le naturel » de
la lexie. Une seconde vérification est faite par le biais d’un sondage
informel effectué auprès des locuteurs francophones à propos de la
catégorisation de la lexie relevée. Cette deuxième vérification procède par
questionnement du type : « Avez-vous déjà entendu ou lu ce mot ? Avec
quelle fréquence ? Quel sens lui donnez-vous ? ». Un autre contrôle basé
sur la méthode dite « du jury » est réalisé par les chercheurs réunis pour
la circonstance. La norme de référence par rapport au français standard
étant définie par plusieurs dictionnaires (Petit Robert, T.L.F.), nous avons
sélectionné toutes les unités lexicales qui présentaient un écart par rapport
au français de référence ou qui étaient déjà considérées par les ouvrages
lexicographiques de référence comme spécifiques du Maghreb. Pour des
raisons méthodologiques et d’uniformité dans la réalisation des
inventaires nationaux et dans la perspective de réalisation de l’inventaire
pan-maghrébin, les critères qui ont déterminé notre sélection sont
conformes à ceux retenus par les équipes de recherche du projet I.F.A.
1983 ou des lexiques maghrébins déjà parus (Mauritanie, Maroc) ou à
paraître (Tunisie).

1.3.1 – Critère de fréquence

9La fréquence d’emploi à l’écrit a été l’un de nos critères prépondérants.


Celui-ci nous a permis d’écarter les néologies individuelles,
événementielles, conjoncturelles pour mieux cerner le particularisme qui
affecte l’emploi en langue. Seuls les termes vulgaires (grossiers) ont été
écartés.

1.3.2 – Critère de dispersion géographique

10Les lexies utilisées exclusivement dans une seule région du pays n’ont
pas été retenues. Le critère de disponibilité dans toutes les contrées du
pays et d’emploi par des locuteurs d’origine géographique différente
traduit la bonne répartition spatiale du particularisme.

1.3.3 – Critère de dispersion chronologique

11Les lexèmes retenus couvrent – sauf exception – plusieurs décennies


de la synchronie envisagée dans notre recherche (1970-2000) et
constituent l’essentiel de la nomenclature de notre inventaire. La vitalité
de la lexie recensée se mesure à sa présence continue dans la chronologie
étudiée. Cependant, les particularités lexicales inhérentes à un phénomène
d’actualité mais de retentissement durable, ont été aussi retenues et
mentionnées comme telles dans la rubrique Com.

1.3.4 – Critère de dispersion sociale

12Ce critère permet de distinguer et de ne retenir que les termes


employés, identifiés ou considérés comme français par des locuteurs
algériens appartenant à des couches sociales et à des milieux
professionnels différents. Certains mots relevant exclusivement du
vocabulaire scientifique ou technique ne remplissent pas cette condition
et sont exclus de la nomenclature.

1.4 – Les techniques lexicographiques

1.4.1 – La macrostructure

13Les unités lexicales sont classées selon l’ordre alphabétique,


conformément à la tradition lexicographique. Les variantes graphiques
ont été regroupées sous l’entrée correspondant à la forme-vedette la plus
fréquente. En revanche, les formes de féminin singulier, masculin pluriel,
féminin pluriel, lorsqu’elles différaient de la forme vedette par des
marques non conformes aux pratiques usuelles du français standard (par
exemple cheikh qui admet cheikha comme féminin
singulier, chioukh comme masculin pluriel et cheikhate comme féminin
pluriel) ont donné lieu à une entrée distincte : ainsi cheikh
cheikha, chioukh, cheikhate font l’objet de quatre articles distincts, même
si un système de renvoi permet de faire l’économie de définitions
communes.

1.4.2 – La microstructure
14Chaque algérianisme donne lieu à un article composé dans la tradition
lexicographique et en conformité avec les lexiques du français hors de
France (I.F.A., 1983 ; Queffélec, 1990). Les éléments informationnels
sont fournis selon un ordre de distribution fixe.

1.4.2.1 – L’entrée

15La présentation des unités lexicales se fait selon l’ordre alphabétique


avec une vedette transcrite en majuscules grasses. La vedette adoptée est
la forme la plus courante que nous ayons repérée dans notre corpus ; pour
les lexies complexes, locutions ou syntagmes, la vedette est attribuée au
terme sémantiquement fort. La vedette est suivie des différentes variantes
graphiques classées dans un ordre de fréquence décroissante (de la plus
attestée à la moins attestée). En raison du nombre limité d’exemples
fournis (sept au maximum), il peut se faire que toutes les graphies
mentionnées ne soient pas illustrées par des contextes précis. Elles n’en
ont pas moins été relevées. En ce qui concerne les emprunts, le choix
comme vedette de la forme la plus attestée a été respecté, même si cette
forme la plus courante n’est pas la plus conforme au système
orthographique français.

16Nous n’avons pas fourni de transcription phonétique pour les emprunts


en raison de l’instabilité de la prononciation chez les locuteurs algériens,
en fonction du contexte, du sexe, de l’âge, etc. En dépit de son intérêt
pour les lecteurs non arabophones ou non amazighophones, cette
transcription aurait conduit à privilégier (et donc à standardiser) indûment
une prononciation particulière parmi d’autres.

1.4.2.2 – L’origine
17Les informations concernant l’origine de la lexie sont données
systématiquement pour les emprunts. Les indications « arabe classique »,
« arabe dialectal » ou « berbère » sont les plus courantes. L’indication
« arabe » signifie que la lexie se rencontre dans les diverses variétés de
l’arabe.

1.4.2.3 – La catégorie grammaticale

18La catégorisation grammaticale (nom, adjectif, verbe, etc.) est fournie


conformément aux analyses et aux procédures en usage dans les autres
dictionnaires du français. Il en est de même pour les indications
éventuelles de genre et de nombre. Les abréviations utilisées sont
explicitées dans la table des abréviations. La catégorie grammaticale peut
constituer à elle seule une particularité.

1.4.2.4 – Les marques d’usage

19Les marques d’usage retenues permettent de préciser les conditions


d’emploi des algérianismes, de connaître l’écologie de la lexie. Ces
marques d’usage relèvent surtout du sentiment linguistique des
informateurs et de l’appréciation des descripteurs ; ils fournissent trois
types d’indications :

 fréquence : cette information qui caractérise


le taux (fort ou faible) de présence dans nos
corpus de la lexie, ou le sentiment du jury sur
sa fréquence est fournie systématiquement.
La marque « courant » signifie que le terme
est employé très souvent par le sujet parlant à
l’écrit et/ou à l’oral. La lexie se voit
caractérisée par la marque « peu courant »,
lorsqu’elle est d’un usage restreint.
« Disponible » s’emploie lorsque la lexie est
comprise, identifiée mais n’apparaît que
rarement, et « spécialisé » indique que le mot
relève d’un vocabulaire technique et n’est
employé que par une partie limitée de la
population (p. ex. une catégorie
professionnelle précise) ;
 code : l’information concernant le code
d’usage préférentiel « écrit » versus « oral »
n’est indiquée que quand le terme s’emploie
uniquement ou surtout dans l’un des deux
domaines. L’absence d’information signifie
que le terme s’emploie indifféremment dans
les deux codes ;
 milieu d’emploi : l’indication éventuelle du
milieu d’emploi fournit des renseignements
sur le type de locuteurs qui utilisent
préférentiellement le terme lorsque ces
informations nous ont paru intéressantes ou
significatives. Ainsi, nous avons retenu les
marques correspondant aux paramètres d’âge
(jeunes vs vieux), d’habitat
(urbains vs ruraux), de sexe
(hommes vs femmes), du niveau d’instruction
et de compétence (non scolarisés = personnes
n’ayant pas fréquenté l’école ; scolarisés =
personnes ayant fréquenté l’école au niveau
du primaire ou du secondaire ; intellectuels =
personnes ayant suivi des études
universitaires).

D’autres marques complémentaires peuvent été utilisées (plus rarement)


pour caractériser certaines spécificités d’usage (ex. : vieilli), certains
niveaux de langue (ex. : familier, argot), ou certaines connotations (ex. :
péjoratif).

1.4.2.5 – La définition

20Les définitions sont rédigées de façon à permettre la compréhension


des lecteurs du français standard et à fournir un équivalent sémantique.
Conformément à la tradition lexicographique, la polysémie est signalée
par la succession des différentes définitions correspondant aux diverses
acceptions. Certaines entrées nécessitent des remarques de nature
encyclopédique pour compléter la définition et donner aux lecteurs natifs
de français standard plus de précisions sur la signification de la lexie.

1.4.2.6 – Les exemples et illustrations référencés

21Chaque définition est explicitée, illustrée par des exemples référencés


tirés du corpus (écrit et oral), classés par ordre d’apparition
chronologique. Pour des questions de volume de l’inventaire, nous avons
dû limiter nos illustrations à sept exemples. La référenciation de ceux-ci
est la suivante :

 presse : titre du journal et date ;


 ouvrages littéraires ou scientifiques (romans,
théâtre, essais, etc.) : nom de l’auteur, année
de parution, page ;
 radio-télévision : nom de la station ou de la
chaîne, date d’écoute ;
 conversations, interviews, etc. : mention oral,
et lieu d’écoute si nécessaire.

1.4.2.7 – Les commentaires et renvois

22La notice lexicographique peut se voir complétée par des


commentaires et des renvois.

23Ces commentaires signalés par la marque Com. fournissent des


informations complémentaires qui peuvent compléter la définition
(informations de type encyclopédique), préciser éventuellement les
raisons qui justifient la sélection du terme (p. ex. en cas de différences de
fréquence ou de niveau de langue), donner des informations sur sa
sélection éventuelle dans les dictionnaires généraux (TLF, Grand Robert)
ou spécialisés (ouvrage de Lanly sur le français de l’époque coloniale ou
de Duclos sur le français des Pieds-noirs), etc.

24Des renvois signalés par la marque V. (abréviation de Voir) font


référence aux différentes unités lexicales avec lesquelles la lexie présente
des relations paradigmatiques de type morphologique (dérivés, composés)
ou sémantique (synonymes, antonymes).

2 – Typologie des algérianismes

25La typologie des algérianismes que nous proposons se fonde sur le


modèle élaboré par les rédacteurs de l’IFA.

2.1 – Les particularités lexématiques


2.1.1 – Les emprunts

2.1.1.1 – L’apport des langues locales au français

26L’emprunt dans le français en Algérie occupe une place très


importante. Les lexies d’origines arabe, berbère, perse et turque (entre
autres) parsèment le discours des sujets parlants, tant à l’oral qu’à l’écrit.
Ces emprunts présentent un certain nombre de caractères dominants :

 certains emprunts expriment et dénotent


une « réalité » spécifique à l’Algérien,
c’est-à-dire ignorée des locuteurs natifs de
français central mais aussi méconnue des
locuteurs marocains, tunisiens et
mauritaniens ; ils sont donc nécessaires
pour l’expression de la réalité
socioculturelle algérienne ;
 d’autres emprunts spécifiques à l’univers
référentiel de la religion et de la
civilisation arabes sont communs à la
communauté maghrébine ; quelques-uns
d’entre eux offrent cependant des nuances
sémantiques inconnues ailleurs ;
 certains emprunts relevés « peuvent »
recevoir un équivalent en langue française ;
pourtant, dans tous les cas observés,
l’équivalent en français de référence ne
reflète que de manière imparfaite la réalité
désignée ou le référent dénoté : cet
équivalent est, comme le souligne Lafage
(1985 : 487) « un mot […] peu précis, …
peu satisfaisant car il est souvent ambigu ».
Si l’on prend, par exemple, les cas
de moussebel/maquisard ou
de fellaghas/terroristes ou résistants, on
remarque que les équivalents de langue
française n’expriment pas de manière
exacte ce que dénotent les lexies d’origine
arabe : moussebel comprend les deux
sèmes « sacrifice » et « don de soi »,
et fellaghas celui de « combat pour la
liberté, l’indépendance » absents de leurs
équivalents français et pourtant évidents
pour le natif arabophone. Signalons en
outre que, pour fellaghas, la connotation
péjorative induite par le sème « coupeur de
route » (Petit Robert, 1987 : 78) limite et
réduit de façon très significative l’usage de
cette lexie par le locuteur algérien qui
préférera l’emploi des
unités moudjahidine ou fidayine. Nous
récuserons donc le qualificatif de
« facultatifs » que leur confèrent certains
linguistes. Pour notre part, nous estimons
que l’emprunt est une entité lexicale qui ne
peut apparaître et s’intégrer dans la langue
d’accueil que lorsque la nécessité de son
utilisation pour les circonstances de la
communication et de l’intercompréhension
est évidente ; autrement dit, s’il n’y avait
pas cette nécessité d’emploi, l’emprunt
n’existerait pas.

L’emprunt est la résultante d’une longue coexistence de deux


communautés linguistiques. Quelle que soit la nature de cette coexistence
– pacifique et/ou conflictuelle, imposée par une colonisation ou par un
contact culturel –, il se produit un échange bilatéral des traits culturels
spécifiques aux deux entités qui sera exprimé par « des emprunts
réciproques plus ou moins nombreux » (Lafage, 1985 : 495). Pour
Guilbert (1975 : 95) « la situation d’emprunt commence à partir du
moment où on introduit les choses ou les concepts désignés d’abord dans
la langue étrangère et où la communauté linguistique accueille à la fois
les référents et le terme qui les désignent, ou bien lorsqu’elle a recours au
terme étranger en référence à un signifié déjà dénommé dans sa propre
langue ». Dans notre cas, la langue française et les idiomes locaux se sont
enrichis mutuellement – de par leur coexistence – d’apports nouveaux et
le français, tel qu’il est utilisé en Algérie, intègre de nombreuses lexies
arabes ou berbères employées quotidiennement dans le discours des
locuteurs pour exprimer et dénoter un vécu ou une réalité qui ne peuvent
pas être désignés par une lexie appartenant originellement à la langue
française. Il n’en demeure pas moins que l’adoption de l’emprunt dans la
langue d’accueil est conditionnée par l’usage. Pour l’Algérien
francophone, notamment le locuteur de niveau acrolectal et/ou
mésolectal, les mots empruntés à l’arabe resteront des lexies d’origine
arabe ou berbère quelle que soit leur fréquence d’emploi. Or pour le
linguiste, la reconnaissance et l’identification de l’emprunt sont
conditionnées par le respect des contraintes d’intégration et d’adoption
des lexies exogènes dans la langue d’accueil. Si la lexie est toujours
perçue comme un terme étranger à la langue d’adoption, il reste un
xénisme, c’est-à-dire une lexie non intégrée : pour Lafage (1985 : 485),
les xénismes « apportent une couleur d’exotisme mais demeurent
parfaitement étrangers » à la langue d’arrivée. Il est donc nécessaire de
rappeler les critères que nous avons adoptés pour différencier l’emprunt
du xénisme, même si la frontière est souvent difficile voire impossible à
tracer (cf. Queffélec, 2001).

2.1.1.2 – Critères de reconnaissance des emprunts

27Pour différencier les véritables emprunts (seuls retenus dans la


nomenclature) des nombreux xénismes (citations de la langue d’origine),
nous avons retenu trois critères fondamentaux, en excluant d’autres
critères possibles (phonétiques, phonologiques, morphologiques,
sémantiques) qui ont paru inadaptés pour la situation algérienne (cf. la
mise au point de Queffélec, 2001).

Productivité lexématique

28Beaucoup de linguistes croient trouver une preuve irréfutable de la


bonne naturalisation de certains emprunts dans leur aptitude à fournir de
base à de nouveaux mots, composés ou dérivés, engendrés suivant les
règles de la langue emprunteuse. L’existence dans celle-ci de séries
paradigmatiques rattachables au morphème emprunté fait preuve : selon
Deroy (1956 : 234) « on peut dire qu’un emprunt est tout à fait entré dans
l’usage quand il se prête à la dérivation ou à la composition au même titre
qu’un mot autochtone […] Quand un mot étranger présente dans la
langue emprunteuse de telles marques de vitalité et de productivité […] il
est un membre définitivement adopté de la famille. C’est le dernier et
suprême degré de l’emprunt. »
29L’emploi de dérivés ou de composés constitue aussi pour Guilbert
(1975 : 97) un indice probant de l’intégration à la langue cible : « un mot
étranger, dès le moment où il sert de base à une dérivation selon le
système morphosyntaxique de la langue française, est véritablement
intégré à notre langue ». Ce critère permet de valider des emprunts
comme houma ? houmiste, beyleck ? beylical, caïd ? caïdal, caïdat,
chérif ? chérifien, amazigh ? amazighité, amazighophone, wilaya ?
wilayal, wilayisme, novembre ? novembrisme, novembriste, hidjab ?
hidjabisation, hidjabiser, hidjabiste, etc.

30L’existence de composés permet la même validation : baroud ?


baroud d’honneur ; gourbi ? gourbiville, baâthiste ? islamo-baâthiste,
etc.

Fréquence et dispersion

31Notre expérience de terrain nous a convaincus du rôle capital de ces


deux paramètres dans la sélection des emprunts. Le premier, facilement
quantifiable pour l’écrit, permet d’étayer ou de corriger les intuitions du
descripteur. Le critère de fréquence absolue, souvent liée à la thématique
des corpus exploités ou disponibles, doit naturellement être corrigé ou
pondéré par celui de la dispersion dans les différents sous-corpus. Pour
l’oral, la difficulté pour des équipes légères de constituer et de gérer des
corpus textuels oraux fiables est un lourd handicap que la constitution
d’un jury permet de pallier largement.

Sentiment linguistique des descripteurs algériens

32Nous avons fait appel souvent à notre sentiment linguistique de


locuteur algérien utilisant le français dans les interactions
professionnelles ou privées. Cependant, pour éviter tout arbitraire, nous
avons recouru à la procédure de vérification de nos intuitions par un
« jury » constitué de locuteurs légitimes (collègues, étudiants,
fonctionnaires, etc.) de la variété décrite. Cette procédure, conforme à la
méthodologie suivie par la plupart des équipes de l’IFA, permet d’opérer,
en se fondant sur le sentiment linguistique des usagers, la sélection ultime
des données destinées à entrer dans la nomenclature. Le sentiment des
locuteurs algériens nous a semblé, en dernière analyse, le meilleur
témoignage pour décider si le terme litigieux relevait ou non du français
local.

2.1.1.3 – Typologie des emprunts du français aux langues locales

33L’étude des emprunts dans le français d’Algérie montre un réseau de


champs sémantiques qui, souvent, se superposent et s’interpénètrent, tant
les emprunts couvrent pratiquement tous les aspects de la vie quotidienne.
La réalité qu’ils révèlent relève d’une manière générale de la civilisation
arabo-musulmane (spécifique surtout en ce qui concerne les domaines de
la religion et de la culture) mais comprend aussi des spécificités propres à
l’Algérie, spécificités qui peuvent être plus ou moins partagées avec les
autres pays maghrébins. Debov (1995 : 109) classe ainsi les emprunts en
fonction de l’univers qu’ils décrivent :

 réalité panarabe à dominante religieuse ;


 réalité panmaghrébine à dominantes
culturelles, artistiques, gastronomiques,
vestimentaires et civilisationnelles ;
 réalité spécifiquement algérienne.

Notre taxinomie d’inspiration onomasiologique classera les lexèmes


selon leur appartenance conceptuelle :
 religion : Achoura, Aïd El Adha, Aid El
Fitr, Aïd El Kébir, Aïd Sghir, asser,
charia, cheikh, fatiha, fatwa, hadith, hadj,
ichâa, iftar, imam, medhi, mesdjid,
minbar, mouloud, oumma, ramadan,
sourate, zakat dénotent la dimension
religieuse partagée. Évoquant des realia
communs à l’ensemble de la communauté
islamique, ces termes qui ont une
fréquence d’emploi élevée sont souvent
attestés dans les dictionnaires du français
de référence ;
 éducation et enseignement : adab, cheikh,
ilm, médersa, m’cid, ousted, taleb ;
 administration : baladia, chaouch, darak el
watani, daïra, darki, djoundi, wali,
wilaya ;
 politique : dawla, houkouma, hizb, hizb
frança, kasma, mandoubia, sanafir ;
 économie : arwika, assihar, dinar,
dinarite, souk, souk-el-fellah ;
 justice : adel, cadi, caïd, freda, mahakma ;
 espace et lieux : bled, casbah, dachra, dar,
douar, fondouk, gourbi, haouch, kef, ksar,
mechta, médina, sebkha ;
 arts et culture : açala, ala, bendir, berrah,
châabi, cheikh, derbouka, kanoun, haouzi,
malouf, meddah, melhoun, nouba, oud,
quacida, raï, zorna ;
 comportement : aâfsa, açabiya, afrit, aïcha
radjel, hogra, nif, radjel, rahma ;
 nourriture : aïch, bourak, cachir, chorba,
degla beïda, dioul, makroud, mechoui,
tadjine, tamina ;
 tenue vestimentaire : abaya, burnous,
chèche, chéchia, djellaba, gandoura, haïk,
kachabia, melaya ;
 outils et objets de la réalité
quotidienne : canoun, guerba, guitoune,
h’chicha, legmi, meïda.

2.1.2 – La néologie de forme

34La nécessité de traduire un contexte spécifique, la situation de manque


pour exprimer un contenu original et la diminution de la pression
prescriptive exogène incitent les locuteurs à créer des mots nouveaux en
appliquant les règles de dérivation et de composition du français à des
bases françaises ou arabes.

2.1.2.1 – La dérivation morphologique

• La suffixation

35L’adjonction de suffixes permet de créer des mots nouveaux :

 ade ? algériade, bousboussade, poésiade ;


 age [1][1]Sur la productivité du suffixe -age,
cf. Kadi : 1995, 158.… ? abreuvage,
barreaudage, dégoûtage, dégustage,
doublage, parcage, perlage ;
 aie ? cédraie ;
 aire ? attributaire ;
 al ? beylical, caïdal, califal, daïral, wilayal ;
 ant ? doublant, irriguant ;
 ard ? blédard, cabinard, chaînard, clubard ;
 at ? beylicat, caïdat, califat, imamat,
khamessat, noviciat ;
 ation ? baptisation, examination ;
 drome ? chameaudrome ;
 é ? bayoudé, circoncisé, cravaté, exodé,
parabolé ;
 ée ? méharée ;
 el ? civilisationnel ;
 ement (substantif) ? défilement, recasement ;
 ement (adverbe) ? civilisationnellement ;
 er ? chaîner, circonciser, derbouker, gouler,
tchatcher, tipaser, youyouter ;
 erie ? chamellerie, couscousserie,
limonaderie, sacherie, yaourterie ;
 esque ? bidonvillesque, ramadhanesque ;
 ette ? chaînette ;
 eur ? ambianceur, doubleur, emplisseur,
enfûteur, éradicateur, faïenceur, jeûneur,
rechapeur, stockeur, taxieur, tchatcheur ;
 i ? froidi ;
 ien ? boumedienien, boutéflikien, chérifien,
hamrouchien, ksourien, nahnahien, oasien,
ramadhanien, zéroualien ;
 ier ? agencier, alfatier, babouchier, casse-
croûtier, cuivrier, douarier, estivalier, mèch-
mechier, palangrier, permanencier ;
 ique ? maraboutique, tabagique ;
 isant ? arabisant, berbérisant, francisant ;
 isation ? algérianisation, arabisation,
bidonvillisation, conscientisation,
constitutionnalisation, gourbisation,
hidjabisation, kaboulisation,
opérationnalisation, permanisation ;
 iser ? algérianiser, bancariser, bédouiniser,
bidonvilliser, conscientiser,
constitutionnaliser, coraniser, hidjabiser,
kabouliser, permaniser, prioriser,
trabendiser ;
 isme ? algérianisme, aplaventrisme,
baâthisme, ben’amisme, boumedienisme,
chadlisme, clubisme, figisme, fissisme,
hittisme, houmisme, khéchinisme, khobzisme,
maraboutisme, novembrisme, pagsisme,
pugilisme, salafisme, sunnisme, trabendisme,
wilayisme, zaïmisme ;
 iste ? algérianiste, aplaventriste, baâthiste,
benbelliste, berbériste, blondiste,
boukhaloutiste, boumedieniste, chaâbiste,
chadliste, chakouriste, dialoguiste,
djazaariste, drabkiste, enginiste, fikhiste,
fissiste, flniste, hamassiste, hidjabiste,
hittiste, hizbiste, houmiste, kabouliste,
khandjariste, khobziste, méhariste,
naghariste, nadhiste, octobriste, oudiste,
oulémiste, novembriste, pagsiste, pénuriste,
rndiste, salafiste, trabendiste, trêviste ;
 ite ? dégoûtite, dinarite, malékite, salafite,
sunnite, tripartite ;
 ité ? algérianité, amazighité, bédouinité,
bogossité, capabilité, commercialité,
conditionnalité, islamité, maghrébinité,
sahraouité ;
 ois ? algérois, bidonvillois ;
 ter ? bilanter ;
 phone ? amazighophone, arabophone,
berbérophone.

• La préfixation

36La dérivation par préfixation n’est pas très fréquente. Elle se limite
singulièrement aux lexies d’origine française et montre une nette
diminution de l’innovation lexicale réalisée par le locuteur. Elle concerne
surtout quelques préfixes :

 auto- ? auto-constructeur, auto-construction,


auto-construit, auto-satisfaire, auto-
satisfaisant, auto-suffire ;
 dé- ? débaptisation, débaptiser, débaptiseur,
débidonvillisation, débureaucratisation,
débureaucratiser, dégourbisation,
dégourbiser, démonopoliser ;
 inter- ? inter-daïra, inter-wilaya ;
 post- ? post-graduant, post-graduation, post-
indépendant ;
 re- ? recasement, recaser, redynamisation,
redynamiser.

• La composition

37Cette procédure néologique consiste à construire à l’aide de deux


lexies autonomes une unité lexicale complexe structurée sur la base de la
relation nom + caractérisant sur le modèle déterminant + déterminé de
toute composition nominale. La composition peut correspondre à la
concaténation de lexies d’une même langue :

 arabe + arabe : Aïd El Fitr, Aïd El Kébir,


aïcha radjel, Allah ghalleb, baladia islamiya,
bir zem-zem, chéchia stamboul, chir el
melhoun, chorbafrik, deglet nour,
hamdoulillah, madjless echoura, youm-el-
ilm, hizb frança, Leïlet el Kadr, ouled el
bled, ouled el houma, ras el hanout, seroual
loubia, si Flen, souk-el-fellah, etc. ;
 français + français : agence pharmaceutique,
baroud d’honneur cadet de la Révolution,
café-goudron, chaîne pour femmes, conseil
de la Nation, corne de gazelle, école
fondamentale, fête du mouton, import-
import, indu-occupant, indue-occupation,
laïco-assimilationiste, Livre sacré, Nuit du
Destin, petit métier, radio-trottoir, société
nationale, sport-roi, tire-boulettes, veillée du
quarantième jour, village socialiste, etc.
 ou à la concaténation d’unités simples
provenant de deux langues différentes : agent
du darak el watani, babor Australia, bien
habous, chênezen, clou de Biskra, délégation
exécutive de wilaya, eau de zem-zem,
francarabe, mouton de l’Aïd, pétro-imam,
psalmodieur du Coran, rabita islamique,
récitant de hadith(s), sketch-chorba, terre
arch, etc.

2.2 – La néologie sémantique

38Le recours à la néologie sémantique est induit par des contraintes de


types idéologique, socioculturel et civilisationnel ainsi que par des
contraintes discursives. Beaucoup de lexies du système linguistique
français sont utilisées de manière particulière par le locuteur algérien avec
des glissements sémantiques qui sont en fait déterminés au moment
même de l’activité de parole par le contexte extralinguistique, d’une part,
et par les différentes relations syntagmatiques qu’entretient l’unité cible
avec toutes les autres unités lexicales contextuelles, d’autre part. Comme
le signale Morsly (1988 : 6), la néologie sémantique est « déterminée soit
par le contexte social, soit par le contexte syntaxique » et elle peut revêtir
plusieurs formes :

 transfert de sens : cycliste désigne le


mécanicien qui vend et répare les
bicyclettes, arriviste le débutant, le
novice, bombe la jeune fille
séduisante, légumier le marchand de
légumes, séminariste la personne qui
participe à un séminaire, exposant la
personne qui fait un
exposé, galiériste l’employé des Galeries
algériennes, tapeur le footballeur ou le
musicien qui joue d’un instrument à
percussion, vert le joueur de l’équipe
nationale de football ; chaîne désigne la
queue, arrêté le fait pour un gardien de but
de stopper le ballon, rasage le fait de
démolir, de raser, recueillement le fait de
recevoir, la réception, attirance le fait
d’attirer ; branché évoque celui qui capte
les émissions T.V.
étrangères, bouffer signifie « détourner,
voler les biens de
l’État », baptiser « circoncire », chaîner
« faire la queue », embouteiller « mettre en
bouteilles », etc. ;
 restriction de sens : barbu réfère au frère
musulman intégriste, attributaire au petit
paysan qui a reçu un lopin de terre dans la
cadre de la Révolution
agraire, importer signifie « faire venir
d’une autre région
d’Algérie », agence désigne le plus
souvent la pharmacie d’État, andalou, un
genre précis de musique algérienne
d’origine andalouse, etc. ;
 extension de sens : afghan réfère à
l’islamiste algérien qui déclare avoir
combattu en
Afghanistan, frère et sœur désignent les
militants des partis politiques et même le
citoyen et la citoyenne interpellés par le
pouvoir, cachet désigne toute
drogue, collègue toute personne de même
statut que soi, conférencier tout participant
à une conférence, auscultation toute
consultation médicale, rentrer signifie
« entrer », etc. ;
 métaphorisation : égaré désigne le
terroriste, abordage le fait d’aborder une
femme pour lier connaissance et la
draguer, abreuvoir le « lieu de
consommation des boissons
alcoolisées », bar ambulant le « véhicule
où l’on vend clandestinement des boissons
alcoolisées », hittiste le jeune oisif sans
profession « qui tient les
murs », balloner ou faire le
ballon signifient « mettre enceinte », etc.

2.3 – Les particularités grammaticales


39Un certain nombre de particularités d’emploi au niveau morpho-
syntaxique font la spécificité de certains algérianismes :

 féminisation de certains
noms : agente « femme de service », agente
de police « femme agent de police » ;
 extension d’usage pour certaines prépositions
comme à qui s’emploie devant les
compléments de lieu là où le français de
référence fait l’économie de la ligature ;
 extension de certaines combinatoires :
ainsi activer s’emploie très fréquemment
comme intransitif au sens de « militer »,
« travailler, exercer une activité » et se
combine aussi bien avec un sujet animé
qu’avec un sujet inanimé.
Inversement débrouiller se construit
transitivement avec un objet inanimé au sens
de « obtenir, se procurer » ;
 recatégorisation d’un verbe à la forme
pronominale : accaparer, activer deviennent
des verbes pronominaux ;
 recatégorisation de l’adjectif ou du participe
passé en substantif : bâchée, concerné, mis
en cause, s’emploient couramment comme
substantifs.

2.4 – Les particularités de statut


40Certaines lexies appartenant aux registres familier et péjoratif dans le
français de référence s’inscrivent dans le registre usuel en français
d’Algérie : ainsi, accoutrement, baraka, barda, baroud, besef, bled,
chouia, toubib ne possèdent pas les connotations familières ou argotiques
que le français de référence leur confère.

3 – Les résultats

41L’inventaire que nous présentons plus loin, fort de 1 500 algérianismes


illustrés par 8 000 exemples, donne un panorama que nous espérons assez
représentatif des particularités lexicales du français en Algérie. Le lecteur
pourra être frappé par l’abondance des emprunts dont l’expansion
constitue l’aspect le plus saillant du processus particularisant auquel
recourt l’Algérien francophone. La part massive des emprunts à l’arabe
littéral (plus nombreux que les emprunts à l’arabe dialectal) confirme que
le conflit linguistique français/ arabe en Algérie est bien réel mais se situe
essentiellement entre les deux langues académiques. Chacune de ces deux
langues tente de monopoliser les aires de contact et d’accaparer le plus de
domaines d’emploi. La concurrence que se livrent ces deux idiomes se
déroule au niveau de l’écrit mais aussi au niveau de l’oral. La
vulnérabilité de la langue française est la conséquence de l’avantage
constitutionnel et légal attribué à la langue arabe : tout emploi du
français peut être remis sérieusement en cause par la récente loi qui
déclare illicite et délictueuse toute utilisation du français dans les
institutions et par les fonctionnaires de l’État. Cependant, l’observation
des pratiques montre qu’en dépit de cet interdit juridique, le recours à la
langue française selon les proportions que nous avons observées reste une
constante très prononcée, en parallèle avec l’usage très fréquent de
l’arabe algérien, qui intervient massivement même dans les situations
formelles. Certes, les conditions de production et d’emploi du français ne
favorisent pas le respect de la norme exogène et rendent plus lâche la
pression normative au sein des institutions censées la protéger et la
reproduire (l’école, l’université, les centres de formation, etc.). Le
particularisme qui affecte la langue française semble émerger surtout
dans et à travers les pratiques linguistiques qui prédominent dans les
situations de communication informelles ; ce particularisme paraît
favorisé davantage par les aspérités de la vie quotidienne socioculturelle,
économique et politique que par la tonalité uniciste et unifiante du
discours officiel sur la politique linguistique et culturelle du pays. Une
telle situation ne fait que favoriser les langues qui ont une réelle emprise
sur la réalité quotidienne des sujets parlants (les langues maternelles :
l’arabe algérien et le berbère) mais aussi la langue qui semble être, aux
yeux du locuteur, la plus apte à assurer sa projection et son inscription
dans l’universalité culturelle et scientifique. Le particularisme qui affecte
la langue française dans ses usages en Algérie procède à la fois de la
tendance à l’ouverture sur l’universel et du désir de se réapproprier la
langue première. La réalité socioculturelle, économique et politique est
alors dépeinte par les mots qui illustrent parfaitement la société
algérienne et les mutations qui la secouent depuis l’avènement du
multipartisme et des restructurations économiques. Les particularités de
la langue française sont un reflet de la réalité du pays, une réalité marquée
aussi bien par la violence politique, les inégalités économiques et sociales
que par les traits culturels de l’Algérien et de l’Algérie.

Notes

 [1]
Sur la productivité du suffixe -age, cf.
Kadi : 1995, 158. Certains des termes
relevés par l’auteur (par
exemple blanchissage « action
d’innocenter
quelqu’un », pistonnage « action de
pistonner quelqu’un, de le
favoriser », profitage « action de tirer
profit de », ragotage « action de colporter
des ragots », saquage « action de faire
échouer aux examens les étudiants, de les
saquer ») n’ont pas été retenus dans la
nomenclature en raison de leur fréquence
d’emploi réduite.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


Deuxième partie. Inventaire lexical

Signes et abréviations utilisés dans l'inventaire

() encadre l’origine de la lexie ou son mode de formation

[...] indique une coupure dans la citation

adj. : adjectif ou adjectival

adv. : adverbe ou adverbial

ant. : antonyme

arg. : argot ou argotique

art. : article
c. : complément

card. : cardinal

Com. : commentaire

comp. : composé

conj. : conjonction

connot. : connotation

dém. : démonstratif

dér. : dérivé

dét. : déterminant

dir. : direct

ds : dans

Encycl. : commentaire encyclopédique.

exclam. : exclamation

ext. : extension

f. : féminin

fam. : familier

fig : figuré.

fr. : français

GR : Grand Robert de la langue française

IFA : Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire


ind. : indirect

intr. : intransitif

interj. : interjection

inv. : invariable

loc. : locution

m. : masculin

n. : nom

nom. : nominal

o. : objet

péj. : péjoratif

pers. : personnel

pl. : pluriel

prép. : préposition

pron. : pronom

pronom. : pronominal

sing. : singulier

st. : standard

suff. : suffixe

syn. : synonyme

TLF : Trésor de la langue française


tr. : transitif

v. : verbe

verb. : verbal(e)

V. : voir

v. pronom. : verbe pronominal

vulg. : vulgaire

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


Àprép. 1. Courant. Sert à introduire les compléments de lieu consistant en
désignation de rues, places, quartiers, salles de spectacle, etc. (sans prép.
ou prép. dans en fr. st.). Nous, on sortait pas à la rue, les personnes
âgées nous disaient ainsi de ne pas aller dans la rue. (Benatia, 1980,
249). La cérémonie [...] s’est déroulée à la mosquée « Errahmane »
située à l’avenue Émir Abd el-Kader à Annaba. (El Moudjahid,
8.7.83). Des coups de feu ont été entendus mardi aux environs de 22
heures à hauteur du cinéma Algéria, situé à la rue Didouche
Mourad. (L’Opinion, 2.7.92). Qui veut être président du MCO doit
remplir ses valises de dinars et les déposer à la rue Abane Ramdane
(siège du club). (El Watan, 10.11.99). Une autre structure sanitaire
située à la rue Abane Ramdane a changé d’affectation par décision de
justice. À la commune de Belouizad, ce sont des fonctionnaires du
secteur de santé qui ont élu domicile. (El Watan 3.1.00). Ce phénomène
s’est répandu à travers les quatre coins de la ville. À la route de Tébessa
particulièrement. (Quotidien d’Oran, 22.3.00). L’auteur des Années
rouges restitue l’atmosphère qui prévalait à la rue Mulhouse, près de la
Fac centrale. (El Watan, 18.4.00).
22. Disponible, oral surtout, peu scolarisés. En, pendant, durant.
Construit en particulier les syntagmes à chaque + nom de saison. Les
boulangers de la ville ont, les uns fermé leurs magasins, les autres réduit
au minimum leur production journalière. Pareille situation est
enregistrée à chaque été. (El Moudjahid, 17.8.87). Les hôtels de Jijel se
vident à chaque hiver. (oral). À chaque printemps l’oued déborde (oral).

3Com. Attesté ds IFA.

4AABAYA V. ABAYA.

5AÂBRUQ V. ABROUK.

6AACHABA V. ACHABA.

7AÂDA (de l’arabe) n. f. Disponible. Coutume, tradition locale. À


Constantine, dans les vieilles familles citadines, l’aâda veut que, pour les
circoncisions, les Aïssaoua remplacent l’orchestre traditionnel. (El
Moudjahid, 11.3.86). L’aâda dans cette région éloignée des Aurès, c’est
de manger le couscous au lait tous les soirs. (Horizons 2000,
23.11.89). Si l’on veut progresser, il faut supprimer aâda et
autres. (Radio Alger Chaîne III).

8AÂFSA (de l’arabe dialectal) n. f. (pluriel : aafsate, afsate) Disponible,


oral surtout. Ruse, astuce, invention, trouvaille, système D, magouille,
petite combine. À l’horizon quoi de neuf ? Un concert, un autre à
Tébessa. Le nom est déjà prêt : « Une aâfsa à Tébessa ». (Horizons
2000, 21.2.86). Ta aâfsa est démodée, trouves-en une autre. (oral).

9AAFSATE, AFSATE pluriel de AÂFSA. Ces combines qui chez nous


sont désignées sous l’appellation de « magouilles » ou de « afsate »
permettent à des éléments obscurs et médiocres de tirer leur épingle du
jeu. (El Moudjahid, 7.4.86). Les jeunes ont plusieurs aafsate pour gagner
leur vie. (oral).

10AAROUBI V. AROUBI.

11AATINA, AÂTINA (de l’arabe dialectal) v. à l’impératif. Disponible,


oral surtout. Donne-moi, donne-nous. Aâtina trois kilos de zlabia, s’il
vous plaît. (El Moudjahid, 4.6.85). Aâtina une boîte
d’allumettes ! (oral). Aâtina la paix, c’est tout ce que l’on cherche.
(oral). Aâtina un stylo pour écrire ! (oral).

12ABAYA, ABBAYA, ABBEYA, ABEYA, HABAYA,


AABAYA,’ABAYA, ABA (de l’arabe) n.f. Courant. Long vêtement
traditionnel à manches longues et à capuchon, ouvert sur la
poitrine. Rabah remarqua qu’elle était vêtue d’une aba
bleue. (Benhedouga, 1982, 97). Témoin, le look islamiste qui s’est affiché
du haut jusqu’au bas de la manifestation dans son étonnante diversité :
gandoura algérienne, abaya, kamis, pantalons bouffants à la mode
afghane. (Algérie-Actualité, 26.4.90). Puis, retroussant les manches de
sa’abaya, il écarta les pieds et donna son premier coup de
pioche. (Mokeddem, 1992, 45). En abaya et kamis, ils défilèrent toute la
journée dans les quartiers chauds d’Alger : Kouba et Bab El-Oued. (Le
Matin, 5.1.92). Il rit de bon cœur lorsque, habillé de sa abaya, on lui
proposa de devenir fellah et de rester dans le douar. (La Nation,
11.8.96). La « patronne » ne portait ni « aabaya », la longue robe
traditionnelle, ni le voile qui recouvre entièrement le visage. (Liberté,
11.4.97). Leurs complices du gouvernement […], en habaya et chéchia
immaculées, se démenèrent comme des diables. (Sansal, 1999, 391).
13Com. Ce vêtement porté par les hommes et les femmes a été perçu,
après 1988, comme une des tenues caractéristiques des militants
islamistes.

14ABORDAGE n. m. Disponible, oral surtout, jeunes. Action d’aborder


une femme, de lui adresser la parole pour lier connaissance. Le mage
d’Alger m’offrit l’occasion d’abordage et ce fut un succès. Elles étaient
deux et descendirent rue Docteur Saâdane. (Algérie-Actualité,
11.8.83). En draguérilla, il y a trois phases : avant, pendant, après.
Avant, l’attente, l’abordage. Pendant, le contact, la prise en
main(s). (Lounès, 1984, 21). Les jeunes d’aujourd’hui ne savent pas faire
l’abordage des femmes. (oral).

15ABREUVAGE n. m. Disponible. Abreuvement (des animaux). Cette


somme a été engagée pour le forage de 100 forages destinés à
l’abreuvage du cheptel. (El Moudjahid, 23.12.85). C’est pour cela que
les nomades rencontrent beaucoup de difficultés pour l’abreuvage de
leur cheptel. (Fiche pédagogique de professeur, Biskra, 1990). Les
foggaras qui restent le seul système d’abreuvage et d’irrigation du
village constituent un foyer latent de germes. (El Watan, 28.4.93). Cette
association d’éleveurs dénonce les lenteurs bureaucratiques qui bloquent
les crédits qu’elle veut investir pour l’abreuvage des animaux. (Liberté,
1.7.96). Cet été, beaucoup de fellahs revendiquent l’assistance de l’État
pour pouvoir assurer l’abreuvage des troupeaux. (El Acil, 10.7.97). Cette
importante quantité de cannabis traité, en provenance du Maroc, a été
dissimulé dans la citerne d’un camion de type JK qui sert à l’abreuvage
du cheptel dans la région. (Le Matin, 17.4.00).

16Com. Réactivation d’un terme rare en français central. Attesté ds GR,


TLF.
17ABREUVOIR n. m. Disponible, oral surtout. Lieu de consommation
de boissons alcoolisées. L’hôtel « El Arz » était devenu un abreuvoir à
bière hanté par des poivrots dépenaillés venus de l’extérieur. (El
Moudjahid, 23.12.85). C’est un véritable soûlard, il ne sort pas des
abreuvoirs de la ville. (Algérie Actualité, 14.9.90). L’interdiction de la
vente d’alcool a fait pousser des abreuvoirs dans les agglomérations de
toutes les grandes villes du pays. (El Acil, 16.5.95). Les abreuvoirs ont
disparu de certaines villes, remplacés par des cafés sombres et
sales. (oral). V. SOUKARDJI.

18ABROUK,’ABROUQ, AÂBRUQ (de l’arabe) n. m. Spécialisé, écrit


surtout. Longue et large écharpe de soie fine brodée d’or et de soie que
les hommes accrochent à la pointe de la chéchia et que les femmes
portent le jour de leur mariage ou lors de fêtes. Une longue écharpe de
fine soie dorée (‘abrouq) est disposée sur le front. (Benouniche, 1982,
20). La mariée est coiffée par un abrouk rose. (El Moudjahid,
21.2.85). Malgré ce tableau quelque peu original au village, ma tante,
digne, la tête haute, la voilette (aâbruq) rejetée en arrière, découvrant
une beauté sauvage, imposait le respect et l’admiration. (Le Matin,
21.7.96).

19AÇAB, ACEB (de l’arabe) n. m. Spécialisé, écrit. Genre de


successible en droit musulman : personne qui n’a pas de droit à l’héritage
par liens sanguins, mais qui, dans certaines circonstances, peut en
bénéficier. L’Islam intègre en effet la femme dans l’héritage : en tant
qu’épouse, elle a le huitième du mari, en tant que fille, elle a droit à la
moitié de la part du père, en tant que aceb ou héritière ascendante ou
collatérale, ses droits varient suivant le cas considéré et suivant les
rites. (Marouf, 1980, 212). Dans la pratique, on distingue les héritiers
fardhs et les héritiers acebs. (El Moudjahid, 12.1.82). Avant la révélation
du Coran, c’étaient les açabs qui prenaient tous les biens du
défunt. (Benmelha, 1984, 48).

20AÇABIYA, AÇABIYYA, ASSABYA, AÇABYYA (de l’arabe) n.f.


(pluriel : açabiyate) Spécialisé, écrit surtout. Esprit de corps, sens de
l’appartenance à un clan ; par ext. chauvinisme. Ne peut être prophète qui
veut et Dieu sait reconnaître ses messagers par la açabiya, l’appui que
leur peuple ne manquera pas de leur donner. (El Moudjahid,
23.6.78). On connaît en effet la thèse d’Ibn Khaldoun sur les tribus
dépourvues de la « assabya ». (Boukhobza, 1982, 19). Le groupe
nomade choisit ses chefs qui empêchent l’agression mutuelle. Il en est de
même pour la défense. C’est la fameuse « açabiyya » ou esprit de
corps. (Bouzar, 1983, t. 1, 146). Chaque parti est l’émanation d’une
« açabiya » pour rester dans le cadre d’une terminologie khaldounienne,
d’un esprit de solidarité, […] la açabiya qui consiste à s’arc-bouter sur
la défense des intérêts d’une certaine classe sociale. (Algérie-Actualité,
10.10.91). La açabyya et le conservatisme restent encore largement
déterminants dans les modes de désignation, d’exercice et
d’interdépendance des pouvoirs en vigueur. (El Watan, 11.12.95). Les
hommes qui ont constitué les équipes qui ont dirigé le pays depuis
l’indépendance sont tous pénétrés de cette mentalité, de cet ensemble
d’idées qui est devenu une idéologie, une açabiya, une somme de
jugements et d’intérêts opposables à tous les autres groupes sociaux. (El
Watan, 28.7.98).

21AÇABIYATE pluriel de AÇABIYA. Dans ces larges contrées de


l’intérieur, les liens claniques et de « açabiyate » sont encore plus forts
que n’importe quelle forme d’intégration citoyenne. (Liberté, 31.1.01).
22AÇALA, ASSALA (de l’arabe) n. f. Spécialisé, écrit surtout.
Authenticité, véracité. La société algérienne nous apparaissait comme un
cercle avec son foyer, foyer qui avait permis de survivre pendant quelque
cent trente-trois ans de colonisation. Ce foyer qu’était-ce ? Le lieu de
l’« açala », de l’authenticité. (Bouzar, 1983, t. 1, 65). La langue
nationale est cet instrument qui permettrait aux peuples musulmans
d’emprunter les sciences et les techniques tout en sauvegardant leur
culture et leurs valeurs et de résoudre ainsi la question de la
açala. (Révolution africaine, 27.8.84). La preuve est donc donnée pour
justifier le retour à l’açala (authenticité) et aux textes fondateurs du
dogme. (El Watan, 14.8.97).

23ACCAPARER (S’) QQCH., S’ACCAPARER DE QQCH. v.


pronom. 1. Courant. Prendre abusivement qqch. au détriment
d’autrui. Les grands secteurs qui s’accaparent l’essentiel des ressources
durant les deux plans quinquennaux. (Actualité-Économie, 8.3.86). Un
des vice-présidents de l’APC s’est accaparé sans scrupule d’un lot de
terrain, piétinant ainsi la réglementation foncière. (Quotidien d’Oran,
29.3.00). L’aîné s’est accaparé des biens légués par son défunt
père. (oral).

242. Disponible. Prendre, saisir. Hocine s’installe sur une chaise et


aussitôt s’accapare d’une revue et se plonge dans la lecture. (El Hadef,
3.7.83).

25Com. Le verbe se construit sans préposition ou avec la préposition de.

26ACCOUCHEUSE RURALE n. f. Disponible. Infirmière spécialisée


en obstétrique d’un établissement médical rural. Cet établissement
ouvrira ses portes au mois de juin avec l’injection sur le terrain des
accoucheuses rurales, actuellement en stage. (El Moudjahid, 1.3.83). Le
centre médical fonctionne convenablement grâce au médecin du service
national et au dévouement du personnel paramédical. Un infirmier et une
accoucheuse rurale. (El Moudjahid, 4.6.85).

27ACCOUTREMENT n. m. Disponible. Habillement. Par extension,


habit, vêtement. L’Aïd est aussi la fête par excellence des enfants.
Regardez-les, ces ribambelles de gosses qui s’égaillent bruyamment dans
les rues avec leurs accoutrements neufs, bigarrés, jouets, monnaie,
gâteaux à la main. (El Moudjahid, 12.7.83). Ce jour-là, je devais assister
aux fiançailles d’un vieil ami qui avait particulièrement insisté pour que
j’y assiste. Dans mon armoire j’avais choisi un accoutrement de
circonstance : un pantalon de coton bleu ciel, une chemise du même tissu
au rose passé et une paire de chaussures italiennes. (Le Jeudi d’Algérie,
2.7.92). Ces derniers mois, de nombreuses femmes ont subitement et
massivement opté pour un accoutrement qui devait être le leur depuis
leur tendre enfance, à savoir le hidjab ou le voile, exigé par la loi
divine. (El Manar, 9.5.94). Elle ne manque pas de relever que ses
propres élèves, même ceux d’entre eux qui étaient brillants en langue
française, lui répondent constamment en arabe pendant le cours et vont
jusqu’à lui faire des remarques sur son accoutrement. (El Watan,
24.10.94).

28Com. Aucune connotation dépréciative.

29ACEB V. AÇAB.

30ACER, ASSAR, ASSER, ACHA, EL ASR, EL-ASSER, ASR, EL


ASR, AS’R (de l’arabe) n. m. Courant. Prière de l’après-midi. J’aimais
jouer à Tébessa quand on me relâchait de l’école coranique, par ces
après-midi dorés du mercredi, avant la prière de l’Asr. (Bennabi, 1965,
175). Puis avant la prière du soir, car nul ne devait visiter les morts ou
s’attarder auprès d’eux après « El Asr », il revint chez lui, perdu dans
ses songes. (Lemsine, 1978b, 58). À l’heure de l’« acer », Al Hadj
Hamouda, que Dieu ait son âme, entre dans l’assemblée. (Benhedouga,
1982, 102). Là on se repose jusqu’à l’heure de la prière du « assar ». (El
Moujahid, 22.7.83). C’est une habitude chez lui que de prendre le café
avant la prière de l’acer. (El Acil, 5.12.92). En fin de journée, après la
prière de l’« Assar », ils forment de véritables observatoires à tous les
coins de la pentapole. (El Watan, 15.10.93). Les jeunes islamistes
disparaissent le vendredi matin et ne réapparaissent qu’en milieu
d’après-midi, à la prière du As’r. (Gastel, 1999, 43).

31Loc. : PRIÈRE DE L’ACER, PRIÈRE DU ASSAR.

32ACHAB,’ACHAB, ACHEB (de l’arabe dialectal) n. m. Spécialisé,


écrit surtout. Herbe verte servant à la nourriture du bétail. Le cheptel des
agro-pasteurs nomades ne bénéficie pas seulement des pâturages
moissonnés, mais aussi des herbes vertes ou desséchées (‘achab ou
haïchar). (Boukhobza, 1982, 199). La quête et l’obtention de
l’« achab », de l’herbe salvatrice du troupeau, donne à l’imaginaire
nomade cette composante essentielle d’une verdure sans fin. (Bouzar,
1983, 1, 421). V. ACHABA.

33ACHABA, AACHABA,’ACHABA (de l’arabe) n. f. Spécialisé, écrit


surtout. Transhumance entre le piémont et les hautes terres. Mouvement
saisonnier qui mène les pasteurs, les tribus et leurs troupeaux, des
pâturages d’hiver, situés dans le Sahara, aux pâturages d’été, situés dans
le Tell. Aujourd’hui, train et camion ont remplacé pour les 4/5 les
déplacements à pied. D’où une modification des itinéraires de
l’achaba. (Cote, 1979, 54). En principe, la’achaba s’effectuait toujours
au Nord (sur les Hauts Plateaux) si l’année est suffisamment pluvieuse,
pour les nomades résidant dans le désert et dans le Tell en cas d’année
sèche pour les pasteurs du centre du pays. (Boukhobza, 1982,
44). L’accroissement du troupeau ovin […] restreint le libre parcours et
entravera d’une manière sans doute irréversible l’exercice du droit de
l’« achaba ». (Algérie verte, 1.3.85). Les services de la wilaya ont pris
en charge cette année l’organisation de la campagne achaba. (El
Moudjahid, 30.12.85). Une série de problèmes se posent pour l’achaba.
(El Moudjahid, 17.3.86). […] les mouvements des populations et des
cheptels rythmés par le mouvement de l’Achaba et détruisant l’équilibre
entre les ksour et les nomades. (Quotidien d’Oran, 26.2.01).
V. AZZABA.

34ACHALANDAGE n. m. 1. Courant. Fait d’achalander,


approvisionnement. La discussion passe aux réserves foncières ou
l’achalandage du marché. (Algérie-Actualité, 23.12.82). L’état
d’achalandage des rayons dicte des comportements très variables.
(Algérie-Actualité, 1.5.86).

35Com. Ce sens est signalé comme « rare » ds TLF.

362. Disponible. Étalage, étal. Sur l’étalage de fortune voisinent pêle-


mêle toutes sortes d’articles. Il nous est arrivé de reconnaître plus d’un
« Si Flen » devant les petits achalandages. (El Moudjahid,
30.8.79). Attirant des foules de plus en plus nombreuses, le nouveau
« bazar » jette une note coloriée et gaie sur toute la rue Ben M’hidi.
Mais l’innovation en question s’arrêtera-t-elle à ce seul volet, se
demandent soucieusement bien des Algérois. Se limitera-t-elle à ces
achalandages d’effets vestimentaires ? (El Moudjahid, 11.9.84).
V. ACHALANDER.
37ACHALANDER v. tr. Courant. Approvisionner. Des consignes ont
été données aux opérateurs pour achalander et décorer les surfaces de la
quinzaine. (El Moudjahid, 23.8.83). Il y a beaucoup de pénuries en ce
moment, les marchands rencontrent beaucoup de difficultés pour
achalander leurs boutiques. (oral). V. ACHALANDAGE.

38ACHBAL, ACHBALLES, ECHBAL, ECHBELS (de l’arabe) n. m.


pl. (singulier : chibl) Disponible. Scouts algériens, jeunes garçons
membres de l’organisation éducative et patriotique du parti FLN. Ce
jour-là nous avons compris l’importance des tenues pour les
achbal. (L’Unité, 6.3.79). […] fréquenter leurs unités, les
achbal. (Révolution africaine, 8.6.84). Il s’agit du rassemblement des
achbal. (El Moudjahid, 4.1.85). V. KECHEF.

39ACHEB V. ACHAB.

40ACHEWIQ, ACHOUIQ (du berbère emprunté à l’arabe) n. m.


Spécialisé, écrit surtout. Chant langoureux chanté pendant leur travail par
les femmes kabyles (en l’absence des hommes). Chacune de ces activités
possède sa propre expression artistique : une danse et un chant ample, le
bel achouiq ancestral. (Algérie-Actualité, 14.7.83). Et les femmes
entendent l’enfant qui berce lui-même sa solitude au milieu de la foule
étrangère […]. Et la flûte redit son chagrin en un long prélude, un
achewiq qui évoque son désarroi. (Ouahioune, 1984, 170).

41ACHILI V. CH’HILI.

42ACHOUIQ V. ACHEWIQ.

43I. ACHOUR,’ACHOUR,’ACHUR,
ACHUR,’UCHOUR,’UCHUR (de l’arabe) 1. n. m. Courant. Impôt
coranique prélevé sur toute richesse, destiné aux nécessiteux et s’élevant
anciennement au dixième de la récolte. L’assiette du «‘achur »
(équivalent de la dîme), spécifique à cette production, s’établissait sur la
base des récoltes soumises à l’impôt. (Marouf, 1980, 116). L’impôt, selon
la loi islamique, fut institué – achour et zakat – pour approvisionner le
Trésor public, et pour pourvoir à l’intendance des forces armées dans le
cas d’une reprise des hostilités. (El Moudjahid, 17.5.83).

44Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, TLF. V. ZAKAT.

45II. ACHOUR V. ACHOURA.

46ACHOURA, ASHÛRA, ACHOUR (de l’arabe) n. f. Courant. Fête


religieuse musulmane célébrée dix jours après le jour de l’an musulman
(le 1er Moharram de l’Hégire). La communauté tout entière célèbre dans
l’allégresse et le recueillement la fête de l’achoura. (El Moudjahid,
18.3.70). L’Achour, cette fête du dixième jour du premier mois de
l’Hégire, se déroule différemment à travers le pays. (Horizons 2000,
5.5.84). Ces braseros destinés à servir d’encensoirs les jours de
l’Achoura, de l’Aïd ou de la fête du Mouloud Ennaboui. (El Watan,
19.1.93). Traditionnellement, la zakat est versée le jour de l’Achoura, à
savoir le 10 du mois de Mouharem. (El Moudjahid, 2.5.93). Ils se disent :
le jeûne du jour de l’Achoura efface les péchés d’une année. (Liberté,
13.2.95). Dans ces mêmes siècles, en pays musulmans, les jours fériés
étaient rares, seuls le Mouloud et l’Achoura étaient effectivement
chômés. (Le Matin, tribune web, Décembre 99). L’Achoura de Djanet
n’est pas comme les autres. Sons, couleurs et mouvements font de la
Sbiba une fête populaire par excellence. (El Watan, 17.4.00).

47Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR. V. AÏD.

48ACHUR,’ACHUR V. ACHOUR.
49ACTIVER v. intr. 1. Courant. Militer en tant que membre d’une
organisation (parti, syndicat, etc.). Les citoyens activent au sein des
organisations. (L’Unité, 7.4.79). Actuellement quelque 600 kechefs sont
structurés et activent au sein de l’Union communale. (El Moudjahid,
25.8.86). La situation qui existait avant la mort de Boumedienne ne
permettait pas à un parti d’opposition d’activer légalement. (Le Jeudi
d’Algérie, 2.7.92). Ce terroriste, ancien d’Afghanistan, connu sous le
nom de X, a déjà activé dans le Hizbollah libanais avant d’investir notre
pays avec d’autres Afghans. (Le Matin, 25.9.95). Les militants du R.N.D.
activent avec beaucoup de zèle. (Liberté, 25.10.97). Il appellera ses
militants à être prêts à tout « sauf à prendre les armes. Vous avez un
agrément qui vous permet d’activer légalement ». (Quotidien d’Oran,
16.12.99). Chacune des cellules de l’UGTA activant dans la wilaya a été
exhortée à élaborer un rapport à la lumière de ses expériences. (La
Tribune, 16.12.99).

502. Courant. Travailler, exercer une activité. Actuellement 323 ouvriers


activent en attendant leur mise en retraite. (El Moudjahid, 3.2.83). La
commission mixte qui a commencé à activer à la même période a ouvert
de nouveaux dossiers. (Révolution africaine, 9.12.83). Tout autour du
poste frontalier, les trabendistes activent en véritable souk à ciel
ouvert. (Liberté, 25.9.95). Une grande partie des vendeuses de charme
africaines, entrées clandestinement au pays, étaient déjà porteuses du
virus avant qu’elles ne commencent à « activer » à Tam. (El Watan,
9.1.96). Le pays pullule d’ateliers clandestins. Les agents de l’État
reconnaissent que les contrefacteurs activent clandestinement et
échappent ainsi à tout contrôle. (El Watan, 10.1.00). Pour rappel, les
quelque 400 marchands du marché précité activaient au niveau de la
place « Tahtaha ». […] Les commerçants transférés ne sont pas très
chauds pour activer au niveau de cette zone. (Quotidien d’Oran,
6.4.00). Tant que les gros bonnnets ne seront pas neutralisés, les
trafiquants [de drogue] continueront à activer (Quotidien d’Oran,
9.1.01).

513. Courant. Fonctionner, être en activité. La plupart des commerces


activent dans des conditions d’hygiène lamentables. (El Moudjahid,
29.5.79). 1 000 taxis activent dans la commune de Annaba. (El
Moudjahid, 14.11.84). Au Théâtre national […] viendront s’ajouter les
théâtres de Béjaïa et Batna […] n’ayant pas encore commencé à
activer. (El Moudjahid, 5.1.86). Deux clubs de musique andalouse et
musique moderne activent au sein de la maison. (El Moudjahid,
9.8.88). Le FLN est toujours au pouvoir ; des partis intégristes activent
en toute légalité. (Algérie-Actualité, 31.5.94). Cette unité de production,
la première mise en production en 1973, active avec la première
génération des équipements de cimenterie. (Le Matin, 9.2.00). Sa
nouvelle formation partisane, le Front démocratique, n’a pas obtenu
l’agrément officiel d’activer. (Quotidien d’Oran, 10.3.00).

524. Courant. Agir au sein d’un groupe d’action terroriste, commettre des
attentats ou des actes condamnés par la loi. Un groupe de terroristes du
MIA, activant dans la région de Biskra et arrêté depuis une dizaine de
jours, a été présenté ce dimanche devant le parquet militaire. (Algérie-
Actualité, 12.10.93). Boudjellal Djaâfer, âgé de 36 ans et demeurant à la
Casbah dans un immeuble inhabité, activait dans un groupe armé. (El
Watan, 15.10.93). Le même jour, on annonce le démantèlement à M’Sila
d’un réseau de soutien au terrorisme : trois lycéennes activaient au
réseau. (Le Matin, 2.6.94). Les services de sécurité ont abattu, hier
après-midi, un terroriste et blessé un autre. Les deux éléments activaient
sur les monts de Sidi Senoussi. (El Watan, 10.11.99). Il a avoué qu’il
activait au sein du GIA de Antar Zouabri depuis 1994. (El Watan,
23.12.99). […] l’affectation de Djabri qui activait dans la katibat de
Z’barbar à la katibat qui active à Bouira. (Liberté, 18.1.00). La casemate
devait vraisemblablement servir à cacher des vivres et servir de repli aux
terroristes activant sur les hauteurs de Djbel Taza. (El Watan, 30.3.00).

53ACTIVISME n. m. Courant, connotation neutre ou positive. Activité


intense en parlant d’une organisation de masse, d’un parti. On s’étonne
de l’activisme débordant de l’imam. (Algérie-Actualité, 5.8.92). Avec le
recul du mouvement de masse, conséquence de l’interdiction du FIS et de
la déportation vers les camps du Sud de plusieurs milliers de
sympathisants du Front, la contestation et l’activisme politique prennent
une tournure parfois radicale et parfois sanglante. (Algérie-Actualité,
13.8.92). Justement l’Algérie vient de rompre ses relations diplomatiques
avec l’Iran et a rappelé son ambassadeur au Soudan, pour le soutien
qu’apportent ces deux pays à l’activisme terroriste. (El Watan,
20.4.93). Ces dix wilayas sont aujourd’hui pratiquement les mêmes, deux
années et demie plus tard, à être les plus touchées par l’activisme des
groupes armés. (La Tribune, 19.2.96). L’activisme associatif reste
pourtant très efficace sur deux terrains : le berbérisme et
l’islamisme. (La Nation, 14.5.96). Sur le terrain, cela s’est traduit par un
« activisme » à connotation politique difficile à contrôler. (Liberté,
11.4.97).

54ACTIVISTE n. 1. Courant, connotation neutre ou méliorative.


Personne qui milite au sein d’un parti, d’une organisation de masse. Le
PNSD, ce petit parti qui au départ était insignifiant, voit le nombre de ses
activistes devenir de plus en plus important. (Horizons, 3.5.91). Comme
tous les activistes religieux ou politiques, il attire l’attention du pouvoir
qui l’emprisonne en 1982. (Algérie-Actualité, 1.8.91). Même si les
revendications de non-fumeurs sont de plus en plus prises en compte,
l’Algérie est loin de se situer en tête de la campagne antitabac. Le record
appartient aux États-Unis, dès 1979. Depuis, les activistes américains
n’ont pas chômé. (El Acil, 28.2.93). Mme Radjavi, ancienne activiste
étudiante, est candidate au Parlement. (Le Libre, 23.7.94). Il fit tous les
camps du sud, découvrit les paysages lunaires, les dunes chaudes et
l’homosexualité active sur les jeunes étudiants activistes du FIS. (La
Tribune, 20.11.95). Rappelons que le coup de filet des services de
sécurité avait, après divers renseignements et recoupements avec les
activistes islamistes de France, commencé le 28 février 94. (El Watan,
19.12.95).

552. Disponible. Personne qui déploie une activité intense. […] mettre
fin aux activités illicites et hors-la-loi des intermédiaires, grossistes et
autres activistes commerciaux sans registres de commerce, ni fonctions
commerciales précises. (El Moudjahid, 30.4.89). V. ACTIVER.

56ADAB, ADEB (de l’arabe) n. m. Disponible. Amabilité, courtoisie,


bonne éducation. Dans la civilisation arabo-musulmane, l’éducation
compte beaucoup, le terme adab revient dans la bouche de tous les
parents. (El Moudjahid, 8.4.90). La drogue, je crois que c’est une
question d’éducation, enfin une question de adeb, il faut bien éduquer les
enfants. (Horizon, 16.1.92).

57ADAN, ADHAN, ADHANE (de l’arabe) n. m. Courant. Appel à la


prière lancé par le muezzin. Il est arrivé à plus d’un mécréant de rester
sous le charme de son adan quand il lançait, les matins d’été, l’appel
rituel à la prière. (El Moudjahid, 7.2.83). Il est quatre heures, une
mosquée proche mêle l’adhan à la clameur du stade. (Algérie-Actualité,
23.2.84). Avant l’« adhane » (l’appel à la prière) de la dernière prière
du jour « El-Aicha », l’imam commence à traiter un sujet généralement
en relation avec le mois sacré. (El Moudjahid, 29.5.85). Dès l’appel de
l’adhane, l’on se replie chez soi, sur soi. (El Moudjahid, 15.6.85). Ainsi,
pour alléger l’atmosphère, les voisines s’échangent des plats préparés
avant l’adhan. (Le Matin, 8.2.1996). […] en cette période de ramadan où
il faut tenir compte du temps perdu (un arrêt d’une heure généralement)
au moment de l’adhan. (La Tribune, 30.12.99). La nourriture est servie
dans les salles et les cellules une heure environ avant l’adhan. (Le Matin,
6.1.00).

58ADDITIONNELLEMENT À loc. prép. Disponible, écrit surtout,


milieu journalistique. En plus de, en complément à. Additionnellement au
nouvel hôtel communal du Sahel, […] il est programmé deux autres
établissements beaucoup plus grands. (El Hadef,
2.5.82). Additionnellement à la création d’un certain nombre d’unités
d’intervention chargées principalement de l’entretien permanent du
réseau routier, les mêmes responsables ont élaboré un programme du
réseau routier. (Liberté, 2.2.95). Additionnellement au point de situation
effectué ce jour et qui sera suivi de près au niveau gouvernemental, un
comité placé sous l’autorité du ministre du Commerce, sera
imminemment mis sur pied. (Liberté, 12.1.96). Le budget est insuffisant,
il faut ajouter une autre tranche additionnellement au premier. (oral).

59ADEB V. ADAB.

60ADEL (de l’arabe) n. m. (pluriel : adoul, adouls). Spécialisé.


Auxiliaire de la justice islamique chargé de la procédure. Je suis
condamné à devenir adel. (Bennabi, 1965, 58). Adel et gendarmes
l’expulsèrent de sa propriété : cent hectares de bonne terre. (Ouettar,
1981, 44). V. CADI.
61ADHAN, ADHANE V. ADAN.

62AFFECTATAIRE adj. et n. 1. Vieilli mais disponible. Personne qui


affecte un lot de terre, un terrain. La demande du permis de construire
doit être signée par le propriétaire ou son mandataire ou par le
représentant habilité de l’organisme ou service affectataire du terrain ou
de la construction. (Journal officiel de la République algérienne,
14.8.85).

632. Vieilli mais disponible. Personne qui bénéficie d’une affectation,


d’une attribution (d’un lot de terre ou d’un terrain le plus
souvent). Chaque affectataire bénéficiera d’un lot et d’un logement
construit sur place. (El Moudjahid, 1.2.70). Les travailleurs sont
affectataires de petits lots à mettre en valeur sous forme de jardins
potagers. (Benamrane, 1980, 232). […] l’échange réglementé des
logements en fonction des conditions de maintenance et d’entretien des
logements par les affectataires. (Benamrane, 1980, 123).

64Com. Terme particulièrement fréquent après la promulgation de la


Révolution agraire. V. ATTRIBUTAIRE.

65AFGHAN (de l’arabe) 1. n. m. Courant. Militant ou combattant


islamiste qui déclare avoir participé à la guerre d’Afghanistan aux côtés
des moudjahidine ou qui a subi une formation militaire dans ce pays. Et
les Afghans d’Algérie, qu’est-ce qu’ils attendent pour faire mieux ?
Allez, les mecs, réveillez-vous, et vite, le djihad n’attend pas, massacrez-
vous ! (Le Jeudi d’Algérie, 13.8.92). Auparavant c’était Tayeb Afghani,
alias Aïssa Messaoudi, un ancien « Afghan » qui était présenté comme le
chef du groupe. (Liberté, 24.1.93). Une opération de recrutement
d’Afghans, ces mercenaires islamistes algériens […] (L’Hebdo libéré,
21.4.93). Ce terroriste, ancien d’Afghanistan, connu sous le nom de
Isaac Abou Akenza, a déjà activé dans le Hizbollah libanais avant
d’investir notre pays avec d’autres Afghans. (Le Matin, 25.9.95). Les
informations fournies par les habitants de ce quartier font état de la
présence d’au moins une trentaine de terroristes, dont une vingtaine sont
des « Afghans ». (El Watan, 9.1.96). Après 1982, les « Afghans »
algériens sont retournés dans leur pays pour y semer une violence. (Le
Matin, 17.5.96). Entre-temps, le GIA, renforcé par des Afghans
algériens, prend de plus en plus du terrain. (El Watan, 12.1.00).

662. adj. Courant. Qui concerne les islamistes ayant participé à la guerre
d’Afghanistan ou formés dans ce pays. La filière « afghane »
traquée. (El Watan, 12.2.92). Je hurle contre ces trahisons qui ont
interdit, en 1980, à ces jeunes lycéennes, dans une émission T.V., de
chanter en kabyle et qui ont conduit ces beaux garçons, fils de la belle
Algérie, à se transformer en épouvantails afghans. (Liberté, 19.1.93). Les
Chebouti, Said Makhloufi, Baâ et consorts, qui voulaient faire plier le
pouvoir par la violence, se sont retrouvés dépassés, complètement
submergés par la « légion afghane ». (El Watan, 4.4.94). D’ailleurs, à
ses débuts, le mouvement islamiste était tout imprégné de la symbolique
« afghane » : tenues vestimentaires, surnoms des terroristes et jusqu’au
nom de Kaboul donné à une mosquée d’un quartier algérois à cause de
sa fréquentation par les « Afghans ». (Le Matin, 17.5.96). Barbe teinte
au henné, tenue afghane, cet ancien AIS trouve en tout cas une
occupation. Ces agissements sont-ils tolérés ? (Liberté, 7.2.00). De petits
villages reculés et sans défense servaient de base logistique où étaient
préparés les repas mais aussi les fameuses tenues afghanes dont se
paraient les intégristes dans les maquis. (El Watan, 8.4.00).
67Com. Néologisme des années 1988. Les Afghans sont réputés être les
auteurs d’un certain nombre d’actes terroristes récents commis en
Algérie. V. KABOULISTE.

68AFRIT,’AFRIT (de l’arabe) n. m. (féminin : affrita) 1. Disponible.


Démon de la mythologie musulmane, personnage de conte. Toutes les
conditions, en effet, étaient réunies pour rendre inévitable une agression
des démons, en particulier, de l’afrit, traîneur de chaînes… (Belamri,
1982, 227). « Aââ yemma ! Afrit ! » (Algérie-Actualité, 27.9.84). Elle
devint tonnerre qui gronde, ’afrit sortant d’une lampe, guerrier se
battant vaillamment. (Ben Mansour, 1997, 355). V. DJINN, DJINNYA.

692. Disponible. Personne courageuse, rusée, débrouillarde. Dans les


affaires c’est un véritable afrit. (oral). Ne t’inquiète pas pour lui, c’est un
afrit, ton fils ! (oral).

70AGENCE PHARMACEUTIQUE n. f. Courant. Pharmacie d’État (le


plus souvent). Le directeur régional de la Pharmacie centrale algérienne
informe les populations de l’Est que les agences pharmaceutiques seront
fermées pour inventaire. (El Moudjahid, 18.12.78). Le médicament
antidiabétique cité n’a jamais fait défaut au niveau des officines et
agences. (El Moudjahid, 12.12.82). La wilaya de Saïda dispose
actuellement de 25 agences pharmaceutiques (ENOPHARM) et de 4
autres agences relevant du secteur privé. (El Moudjahid, 28.1.83). Pour
la distribution des médicaments, on dénombre 41 agences
pharmaceutiques pour 37 communes. (El Moudjahid,17.11.85). En
matière de santé, l’infrastructure se limite à un centre de santé au chef-
lieu de commune et une agence pharmaceutique. (El
Moudjahid,10.8.87). Les pharmaciens des ex-agences d’État estiment
qu’ils sont prioritaires dans l’acquisition de ce qu’ils appellent le passif
de leur entreprise. (Liberté, 4.11.97). 70 % des médicaments proposés
aux malades sont des produits d’importation et des ruptures de stock,
engendrées par des retards de réception, altèrent, par moments, le bon
fonctionnement des agences. (Quotidien d’Oran, 5.2.00).

71Com. Terme souvent abrégé en agence. V. AGENCIER.

72AGENCIER n. m. Courant, oral surtout. Employé d’une agence (de


voyages, d’assurances, postale, pharmaceutique, etc.) H., un jeune
hittiste, est désespéré de ne pouvoir en cette saison chaude avoir un billet
d’avion. « J’ai fait, dit-il, toutes les agences Air France, Air Algérie…
pas possible… À Air France, l’agencier m’a dit : « désolé, y a pas de
places » ; à Air Algérie, deux agenciers, des amis pourtant, ils m’ont dit
la même chose. » (Algérie-Actualité, 29.8.91). J’ai changé d’assurance
hier, je me suis disputé avec l’agencier de la C.A.R. (oral). J’ai un frère
qui est agencier à la poste. (oral). V. AGENCE PHARMACEUTIQUE.

73AGENT DU DARAK-EL-WATANI n. m. Courant. Agent de la


gendarmerie nationale. À l’arrivée des contrôleurs des prix ou des agents
du Darak-El-Watani, il parcourt les allées du marché. (El Moudjahid,
8.6.84). L’opération d’encerclement de la forêt de Baïnem est une action
militaire regroupant les forces spéciales combinées de l’A.N.P. et des
agents du darak el watani ainsi que des patriotes. (Liberté, 5.11.97). Les
agents du darak-el-watani ont de nouvelles tenues. (oral). Deux
terroristes ont assassiné un agent du darak-el-watani à Blida. (oral).
V. DARAK-EL-WATANI, DARKI.

74AGENTE n. f. Disponible, oral surtout. Femme de service. Il la


reconnaît : c’est une agente de l’université (une femme de ménage,
disent certains de ses collègues). (Algérie-Actualité, 23.12.82). C’est une
brave femme, elle travaille beaucoup, elle est agente au lycée El
Houriya. (oral).

75AGENTE DE POLICE n. f. Vieilli mais disponible. Femme agent de


police. Le service d’ordre assuré par nos charmantes mais
intransigeantes agentes de police aura fort à faire. (El Moudjahid,
14.3.85).

76AGHA (du turc) n. m. 1. Spécialisé, écrit surtout. Chef des janissaires


sous l’administration coloniale turque. Dès lors, les simples janissaires
(ioldach) gagnèrent leurs grades à l’ancienneté, jusqu’à celui de
capitaine général de la milice (agha), qu’ils abandonnaient, au bout de
deux mois, pour devenir agha honoraire. (Julien, 1961, 259). C’est
l’époque des aghas de la milice des janissaires, puis celle des deys à
partir de 1671. (Baghli, 1982, 27). L’agha du Khalifa est aidé du
chaouch qu’il désigne lui-même.[…] Mais, dès la fin du XVIe siècle, ce
pouvoir leur était déjà disputé par l’agha, commandant des troupes et
par les membres du « diouan » – conseil de la Milice qui se mit bientôt à
confondre intérêts corporatifs et État. (El Acil, 3.3.93).

772. Spécialisé, écrit surtout. Fonctionnaire d’autorité musulman sous


l’administration coloniale française. En 1900, l’agha de
Laghouat […] entreprit l’action renégate d’appâter ses
« contribuables ». (Marouf, 1980, 69). Les généraux français se feront
assister par d’importantes troupes auxiliaires dont le commandement est
confié aux bachaghas, aghas et caïds à la solde de l’administration
coloniale. (El Moudjahid, 30.12.85). « Il ne nous restera plus bientôt
aucun lieu pour vivre, ni pour mourir », disait l’agha Hamdan, témoin de
centaines de destructions. (El Moudjahid, 1.8.97). Nommé agha de
Constantine en 1929 et bachagha en 1930, il est promu, en 1926,
commandeur et, en 1949, grand-croix de la légion d’honneur. (El Watan,
15.4.97). […] où la patronne du bordel recevait les pacha, pacha-agha,
caïd et officiers français. (Zaoui, 1999, 154). Si Slimane ben Kaddour fut
fait agha de Géryville et des Hamayane. Toutefois ses exactions le firent
révoquer fin 1871. (Quotidien d’Oran, 28.2.01).

78Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.


V. BACHAGHA, CAÏD.

79A.G.I. AGI (sigle de Autorisation Globale d’Importation) n. f. Vieilli


mais disponible, milieux économiques et administratifs. Enveloppe
budgétaire en devises permettant l’importation de marchandises. Il te
reste trois étapes pour avoir l’AGI ! (Khiari, 1981, 47). Ceux-ci pourront
ainsi disposer de leurs propres AGI et auront la possibilité de faire appel
aux services de fournisseurs extérieurs de l’Algérie. (El Moudjahid,
23.10.85). Les promoteurs du Ministère du Commerce seraient décidés à
traquer les « bricoleurs », surtout ceux qui exigent des AGI pour une
production qui ne vaut pas ce sacrifice. (El Moudjahid, 21.7.86). Elle
devrait aussi pouvoir disposer d’une autorisation globale d’importation
pluriannuelle qui lui éviterait les désagréments des A.G.I. annuelles qui
l’obligent à tout importer en une seule fois. (El Moudjahid, 12.2.87). Il
s’agit des livres achetés sur l’A.G.I. (oral). V. A.I.V., AIVISTE.

80AGRÉÉ adj. Disponible, écrit. Béni par Dieu au cours du pèlerinage à


La Mecque. […] égorger un mouton en ce jour de liesse qui marque la
fin d’un pèlerinage que nous souhaitons agréé par Allah. (El Moudjahid,
4.8.87). Enfin comme chaque année, l’Aïd sera le premier moment
d’attente de nos pèlerins qui, avec la permission de Dieu, reviendront,
vers nous agréés, paisibles et dans la plus parfaite santé. (El Moudjahid,
5.8.87). V. HADJ.
81AGUELLID (du berbère) n. m. Spécialisé, écrit surtout. Roi chez les
Berbères Un autre grand aguellid allait tenter de réunifier la Numidie :
Jugurtha. (Kaddache, 1982, 75). Les compagnons arabes du général
conquérant Okba Ibn-Nafâa, au septième siècle de J.-C., ne l’avaient
signalée, ni pendant l’invasion, ni au cours du duel de leur chef avec
l’aguellid berbère Kousseïla. (Dounia Echabab, 4.93).

82AGUENOUR V. GUENNOUR.

83AHBÂB, AHBEB (de l’arabe littéraire) n. m. pl. (singulier : habib,


plus rare). Courant oral surtout, familier. Amis ou proches avec lesquels
on entretient de solides rapports. La qâdriya et la rahmaniya semblent
également n’avoir plus que quelques adeptes, quelques ahbâb dans le
Tidikelt. (Marouf, 1980, 77). Je ne reçois dans ce lieu que les vrais
ahbeb, les vrais de vrais. (oral). Moi, les ahbeb, je les sens, et je les
conserve toute la vie. (oral). V. AKH, FRÈRE, KHOUYA.

84AÏCH (de l’arabe) n. m. Disponible. Couscous à gros grains. On


égorgera ensuite une ou deux volailles et on préparera une grosse
marmite de aïch, couscous à gros grains noyés dans une sauce vermeille
et fortement épicée. (Belamri, 1982). Au retour, la mère de l’enfant,
recevant toutes les victuailles, commence à préparer le « aïch », à l’aide
de la semoule reçue (les grains sont plus gros que le couscous). (El Açil,
4.1.93). En hiver, nos grand-mères préparaient un bon aïch à la sauce
piquante. (oral).

85Com. Terme utilisé surtout dans le Constantinois.

86AÏCHA, EL AÏCHA, ICHA,’ICHA, ELICHA, EL ICHA, EL


ICHÂA, ICHÂA, ÎCHA (de l’arabe) n. f. ou m. Courant. Dernière des
cinq prières journalières musulmanes. Tout avait commencé une heure ou
deux après le coucher du soleil ; exactement après la prière
du’icha. (M’hamsadji, 1969, 59). À présent, je vais faire la prière de
l’« icha ». (Chaib, 1980). Il ne bougera pas de sa place avant l’aïcha, la
nuit noire. (Ouahioune, 1984a, 102). Au loin ; l’appel du muezzin
résonne dans toute la ville. Il appelle à la prière d’El-Icha. (Horizons,
21.7.86). Les campeurs de Marigha, surtout ceux à qui tu offrais le thé et
les gâteaux des veillées estivales, après la prière en groupe du « îcha »,
se sont habitués à ta gandoura immaculée. (El Acil, 21.1.93). Les fidèles
de tous âges se rendent dans les lieux du culte pour accomplir la prière
d’El Icha suivie des taraouih. (La Tribune, 29.1.96). Les prières du
Maghreb et du Icha ne lui font pas peur, parce qu’elles sont courtes et
tous les jeunes se lavent ensemble, ce qui dissuaderait certainement les
djinns de se mesurer à eux. (Gastel, 1999, 60). Loc. : PRIÈRE DE
L’AÏCHA. V. ACER, DOHOR, FADJER, MAGHREB.

87AÏCHA-RADJEL, AÏCHA RADJEL (de l’arabe) n. f. Courant, oral


surtout. Forte femme, femme de caractère. On préfère aussi draguer en
groupe, c’est plus sécurisant, ou en voiture, on peut se sauver plus vite.
On harcèle aussi plus longuement les jeunes filles intimidées, les
« Aïcha-radjel » on préfère les éviter, on ne sait jamais. (Algérie-
Actualité, 10.4.85). La femme-homme, Aïcha radjel, la monumentale
hommasse, morte de saleté au pied du bain maure fermé à la mixité et à
l’étrange. (Sansal, 1999, 88). Cette Aïcha-radjel est responsable des
recrutements, tu dois donc la voir pour ton problème. (oral).

88AÏD (de l’arabe) n. m. 1. Courant. Toute fête religieuse musulmane. Il


faut bien fêter l’Aïd. (El Moudjahid, 21.7.82). Des dépenses en cascades
induites par le Ramadhan, l’Aïd, les vacances d’été, encore l’Aïd. (El
Moudjahid, 15.9.85). En fait, l’Aïd ne serait pas vraiment l’Aïd sans
vêtements neufs ! (El Acil, 18.3.93). Tôt le matin, les fidèles ont rejoint
les lieux du culte pour communier dans la piété et la ferveur la prière de
l’Aïd. (Le Matin, 3.6.93). L’Aïd 94 ne correspond pas du tout à sa charge
émotionnelle porteuse de fête et de gaieté. (Liberté, 11.3.94). La petite
ville de Surcouf a connu une grande panique le jour de l’Aïd, à hauteur
de la mosquée de la ville. Au moment de la prière de l’Aïd, le
détachement d’une petite parcelle de plafond sur l’un des prieurs a
déclenché une véritable panique générale. (Le Matin, 30.4.96). Le
Ramadhan tirait à sa fin, les familles s’affairaient dans la préparation
des gâteaux de l’Aïd. (Détective, 2.8.97). Pour les Algériens, l’Aïd, fête
religieuse par excellence, mérite tous les sacrifices, fussent-ils
pécuniaires. (El Watan, 5.1.00).

892. Courant. Par restriction, fête religieuse commémorant le sacrifice


d’Abraham. L’Aïd arriva, la grande fête religieuse du mouton. Cette
année-là, à cause des violences d’octobre et du deuil qui avait frappé les
familles, on procéda peu au sacrifice rituel. (Allouache, 1995, 145). Au
prochain Aïd, le cheptel sera évacué sur pied, pour être décimé par
immolation, puis reconstitué si le cours de la viande conserve la
tendance rancunière que lui a imprimée la révolution agraire. (Sansal,
1999, 14). Il est vrai que, par le passé, l’Aïd était facile, ramenant tous
les ans son cortège de plaisirs, cette ambiance de fête qui prenait toute la
maisonnée, des petits jusqu’aux grands ; il est vrai qu’aujourd’hui les
choses ont changé bien mal, cela va sans dire, car le mouton n’est plus
là. (Quotidien d’Oran, 15.3.00). Le P/APW réfute tout en bloc jusqu’à
l’accusation de corruption de ses pairs par l’attribution abusive
d’indemnités de présence à la veille de l’Aïd, ce qui aurait permis à bon
nombre de se payer le mouton de l’Aïd El Adha. (El Watan, 1.6.00).
V. AÏD EL ADHA, AÏD EL FITR, AÏD EL KÉBIR, AÏD ESGHIR,
FÊTE DU MOUTON, FÊTE DU RAMADHAN, GRANDE FÊTE,
MAWLID, MOULOUD, PETIT AÏD, PETITE FÊTE.

90AÏD EL ADHA, AÏD-EL-ADHA, AÏD ELADHA, AÏD EL


ADH (de l’arabe) n. m. Courant. Fête religieuse musulmane
commémorant le sacrifice d’Abraham. Le nombre de citoyens qui
sacrifient des moutons lors de l’Aïd El Adha ne cesse de grandir d’année
en année. (El Moudjahid, 20.11.78). L’Aïd-El-Adha ou l’Aïd El-Kebir,
fête qui a lieu deux lunaisons et dix jours après la rupture du jeûne et
durant laquelle on égorge le mouton selon la tradition du prophète
Abraham. (El Moudjahid, 20.9.84). Les associations initiatrices ont
voulu faire coïncider les festivités avec l’Aïd-el-Adha, journée au cours
de laquelle il sera procédé au sacrifice des moutons et à l’habillement
des enfants invités. (El Watan, 30.5.93). La célébration ce lundi de la fête
de l’Aïd El-Adha a été marquée dans les wilayas de l’Extrême-Nord-Est
du pays par la piété et le rituel du sacrifice du mouton. (Le Matin,
3.6.93). […] des produits non essentiels tels que les moutons d’Australie,
importés pour les besoins de l’Aïd El Adh. (La Tribune, 3.8.95). À
l’occasion de l’Aïd El-Adha, Air Algérie réduit les tarifs. (Liberté,
2.3.00). L’avant-veille de l’Aïd El Adha, les voleurs ont réussi à vider la
caisse qui contenait la somme de 3 500 DA. (El Watan, 19.3.00). V. AÏD
EL KÉBIR, FÊTE DU MOUTON, GRANDE FÊTE.

91AÏD EL FITR, AÏD-EL-FITR, AÏD ELFITR (de l’arabe) n. m.


Courant. Fête religieuse musulmane consacrant la fin du jeûne annuel du
mois de ramadhan. L’Aïd El Fitr, fête de rupture finale du jeûne
obligatoire du Ramadhan, est célébré aujourd’hui à travers tout le
pays. (El Moudjahid, 17.10.74). C’est surtout durant le mois de
Ramadhan et à l’occasion de l’Aïd el Fitr, que les hordes sauvages de
tueurs à gages et de destructeurs rappellent la « djahilia » et sa cruauté
orientale. (El Moudjahid, 30.3.93). Il y a quelques jours, à l’occasion de
l’Aïd El Fitr, j’adressais à l’ensemble du peuple algérien un message
d’espoir. (El Moudjahid, 8.3.95). Le Rassemblement des Femmes
Nationalistes Algériennes (RFNA) a distribué, dernièrement, des lots de
vêtements neufs aux familles nécessiteuses à l’occasion de l’Aïd el fitr.
(La Tribune, 19.2.96). Grâce à eux, il a pu fêter l’Aïd El Fitr avec sa
famille sans peur de représailles. (El Acil, 24.5.96). […] avant de
rejoindre ses compagnons après la fête de l’Aïd El Fitr (la fin du
Ramadhan). (El Watan, 23.12.99). Il faut savoir que, si les parents
tiennent à acheter des vêtements neufs à leurs enfants, c’est que ces
derniers n’en ont droit que lors de deux circonstances, pendant l’Aïd El
Fitr et pendant la rentrée scolaire. (El Watan, 3.1.00). V. AÏD ESGHIR,
FÊTE DU RAMADHAN, PETITE FÊTE.

92AÏD EL KÉBIR, AÏD EL-KÉBIR, AÏD-ELKEBIR, AÏD EL-


KEBIR, AÏD KBIR, AÏD EL KEBIR (de l’arabe, littéralement « grande
fête ») n. m. Courant. Fête religieuse musulmane célébrant le sacrifice
d’Abraham. Il prend de temps à autre des agneaux qu’il élève puis les
revend un jour de marché, généralement à l’approche de l’Aïd-el-
Kebir. (El Moudjahid, 27.5.85). […] aux chômeurs qui, à la veille de
l’Aïd el Kébir, ne pouvant offrir à leurs enfants le mouton à égorger en
commémoration du sacrifice d’Abraham. (El Watan, 21.3.94). Pour se
calmer, Sahdia confectionnait des gâteaux, autant que s’il se fût agi de
l’Aïd el-kébir. (Amadis, 1995, 57). Les œuvres sociales de l’entreprise
s’occupèrent de toutes les dépenses conjoncturelles, tels les fournitures
scolaires des enfants, les habits de l’Aïd Esseghir, le mouton de l’Aïd el
kebir. (Liberté, 6.3.97). Impossible de le faire pendant l’Aïd El Kébir, car
l’argent des ménages va évidemment pour l’achat du mouton. (El Watan,
3.1.00). À quelques jours de l’Aïd el Kebir, les prix des
moutons semblent connaître une baisse sensible par rapport au début de
semaine. (La Tribune, 15.3.00).

93Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. AÏD EL ADHA, FÊTE


DU MOUTON, GRANDE FÊTE.

94AÏD ESGHIR, AÏD-ES-SEGHIR, AÏD-ESSÉGHIR, AÏD ES


SGHIR, AÏD ESSEGHIR, AÏD SEGHIR, AÏD ES SEGHIR (de
l’arabe, littéralement « petite fête ») n. m. Courant. Fête religieuse
musulmane consacrant la fin du jeûne annuel du mois de ramadhan. À
l’occasion des fêtes de l’aïd ességhir, l’ONAT présente sous le chapiteau
Fanni un spectacle merveilleux. (El Moudjahid, 21.7.82). À l’issue de la
prière de l’Aïd-Es-Seghir, le président Chadli Benjedid s’est rendu, en
compagnie des membres du Bureau politique, au sanctuaire du martyr.
(El Moudjahid, 21.6.85). Madame Zemouri, mère de famille, prend ses
maigres économies et part en ville pour faire des emplettes de l’Aïd-Es-
Seghir, acheter des vêtements à ses enfants entre autres. (El Acil,
14.3.93). Ses enfants passeront l’Aïd Esseghir en pleurs en allant fleurir
la tombe de cet illustre intellectuel de l’Algérie indépendante. (El Acil,
17.3.93). En terminant le mois de jeûne, le monde musulman tout entier
célèbre avec allégresse et une immense joie la fête du 1 er jour du mois de
Chawal qui est l’Aïd El-Fitr ou fête de la rupture du ramadhan, appelée
aussi Aïd Seghir (ou petite fête). (El Watan, 23.3.93). Le jour de la
célébration de l’Aïd Es Sghir marque la fin d’un mois sacré, celui du
jeûne. (Le Matin, 5.3.95). […] les habits de l’Aïd Esseghir, le mouton de
l’Aïd el kebir ou encore les colonies de vacances dans le magnifique site
touristique de Tamanart. (Liberté, 6.3.97). V. AÏD EL FITR, FÊTE DU
RAMADHAN, PETITE FÊTE.

95AÏD KBIR V. AÏD EL KÉBIR.


96AÏD SEGHIR V. AÏD ESGHIR.

97AÏN (de l’arabe dialectal) n. m. Courant. Mauvais œil, mauvais


sort. Les méfaits de l’aïn sont dramatiques. […] Le mauvais œil (« tit »
en kabyle, « aïn » en arabe) forme une croyance typiquement rurale en
une variété de forces hostiles qui hantent le cosmos. La crainte de ces
forces s’exprime ensuite dans un système interactionnel paysan où
l’envie, la jalousie et même l’admiration d’autrui sont toujours suspectes
de se transformer en des facteurs radicalement destructifs. Aussi bien
est-il de règle de dérober au regard de l’autre (parent, voisin ou ami)
tout ce qui en soi est de nature à provoquer ses passions. (Toualbi, 1984,
80). Ton bébé est tout maigre, c’est l’aïn, il faut lui mettre une khamsa.
(oral).

98AÏOUA, AÏWA, AYOUAH, AYWAH (de l’arabe dialectal) interj.


Courant, oral surtout. Interjection qui exprime la surprise ou
l’adhésion. « Aywah ! Je vois que mon âne est en train de se la couler
douce alors que le travail attend ». (Taïbi, 1982, 46). – C’est toi qui m’as
envoyé cette lettre ? – Aïoua ! (oral).

99Com. Attesté ds Lanly 1970.

100AÏSSAOUA(S), AISSAOUA(S) (de l’arabe) n. m. plur. Courant.


Membres d’une confrérie mystique particulièrement active à l’est du pays
et connue pour ses rites de thaumaturgie accompagnés de sacrifices de
coqs et de danses. Par extension, rites et cérémonies organisées par cette
confrérie ou musiques accompagnant les cérémonies. Il m’emmènera
parfois avec lui à la zaouia des Aissaouas dont il était dignitaire, et où
tous les samedis soirs il y avait une séance d’étonnantes exhibitions
thaumaturgiques. (Bennabi 1965, 34). Une citoyenne qu’une potion de
bonne femme a sauvée d’une « zerda » animée par des éléments de la
secte Aissaoua. (El Moudjahid, 18.5.75). Les Aïssaouas et leurs
sortilèges, les coqs assassinés à l’aube… Je veux voir les Aïssaouas,
Djamel. (Achour, 1983, 42). Sur cette scène à ciel ouvert, se
produisaient, virevoltant et au bord de la transe, les Aïssaouas. (El
Moudjahid, 28.4.93). Né à Mostaganem en 1871, il s’était affilié tout
jeune aux Aïssaouas, il est parvenu à dompter les serpents et à exécuter
d’autres actions surnaturelles. (El Watan, 4.9.95). Le benjoin joue un
rôle de stimulant dans les séances des Aïssaouas et autres confréries. (El
Acil, 9.1.96). D’autres activités avaient cours aussi dans ce bled, telles
les troupes de Aïssaoua dont la manifestation d’une d’entre elles m’avait
beaucoup impressionné et j’ai gardé un mauvais souvenir de la magie
qu’ils utilisaient. (El Moudjahid, 3.8.97).

101Com. Les Aïssaoua(s) recrutent leurs adeptes dans les classes


populaires et préconisent pour leur rituel des cérémonies publiques liées
au « spectacle de rue ». V. NACHRA, WAADA, ZERDA.

102A.I.V., AIV (sigle de Autorisation d’Importation de Véhicules) n. f.


Vieilli mais disponible. Autorisation administrative permettant
d’introduire en Algérie un véhicule automobile. Pour beaucoup de
citoyens, acheter un véhicule en AIV revient à consentir d’énormes
sacrifices : acheter les devises nécessaires sur le marché parallèle à un
taux de plus en plus élevé, se déplacer en France pour passer commande,
et enfin payer son tribut au Trésor avant d’avoir le droit de jouir de son
bien. (Algérie-Actualité, 19.12.85). Depuis l’adoption, il y a quatre ans,
de la procédure dite « autorisation d’importation de véhicules » – AIV
par abréviation – il est permis à tout un chacun d’acquérir la voiture de
son choix au pays de son choix. (Révolution africaine, 10.4.87).

103AÏWA V. AÏOUA.
104‘AKAL, AKAL (de l’arabe) adj. m. Courant, oral surtout, familier.
Gentil, sage, obéissant, sachant discerner le bien du mal. Entourée de ses
belles-filles, la mère, les yeux gonflés de larmes : « C’était le plus sage
de mes fils (‘akal), tous les voisins pourront en témoigner ». (Algérie-
Actualité, 8.2.90). « Il a eu une enfance sans problème, akal, disent les
voisins, jusqu’au jour où il s’est mis à fréquenter cette bande de
voyous ». (El Moudjahid, 30.4.90). C’est un enfant docile, gentil, la
drogue non. Tout le monde dans le quartier le dit akal-akal. (Algérie-
Actualité, 11.3.91).

105AKH (de l’arabe) n. m. 1. Courant, oral surtout. Compagnon, frère de


lutte pendant la guerre d’indépendance. Comme a dit l’akh… dans les
prochaines assemblées nous réfléchirons à la question. (oral).

1062. Courant, oral surtout. Frère musulman, islamiste intégriste. Au coin


de la rue un « akh » surveille le moindre mouvement, le moindre accès à
la grande mosquée. (El Watan, 26.8.91). Omar, un jeune « akh », est
arrivé de Médéa ce matin à 6 heures. Il nous prend à témoin : « C’est de
l’injustice, de la hogra, mais nous n’avons pas peur. » […] le jardin
public jouxtant la mosquée est devenu, pour l’occasion, un mini-souk
islamique. On y trouve l’essentiel de la panoplie du parfait « akh » :
tuniques afghanes, kamiss, swak, ambre. (Algérie-Actualité, 10.10.91).
V. AKHI, BARBU, FISSISTE, FRÈRE, FRÉROT, POILU.

107AKHI (de l’arabe) loc. Courant, oral surtout. Locution servant


d’appellatif : « mon frère, mon compagnon, mon ami ». La ya akhi, je
regarde aussi des films qui ont un rapport avec la civilisation arabo-
musulmane. (Algérie-Actualité, 29.11.90). Akhi, je te demande gentiment
de foutre le camp. (oral). V. KHÔ.

108‘AKIDA, AKIDA V. AQUIDA.


109AKOUFI (du berbère) n. m. (pluriel : akoufis, ikoufan). Disponible.
Récipient en terre cuite. Je sais où elle ira, cette valise. Sur l’akoufi de la
soupente, n’est-ce pas ? (Feraoun, 1968, 118). Alors se saisissant d’un
roseau dont il avait affûté l’extrémité, il l’introduisit dans
l’akoufi. (Algérie-Actualité, 27.6.85). Après avoir forcé les coffres, ouvert
les matelas, cassé les akoufis d’où s’écoulaient le grain, la semoule ou
l’huile, on tombait toujours sur quelque argent, des bijoux
cachés. (Bitam, 1988).

110ALA, ALLA (de l’arabe) n. m. Disponible, écrit surtout. Instrument


de musique traditionnel. […] et quand l’un de nous grattait un « ala »,
nous nous faisions un devoir de chanter. (Algérie-Actualité, 29.8.90). À
nos débuts, nous chantions sans « ala » avec seulement une derbouka.
(El Acil, 5.2.93). La nouba, cette musique ’udiste se présenta sous la
forme d’un patrimoine raffiné, répondant aux besoins de la société. Elle
restreignit son champ rythmique, ou alla, conservant seulement son
caractère traditionnel. Elle nous parvint sclérosée, comme venue
d’ailleurs (malouf, alla, nouba). (La Nation, 2.7.96). V. ALADJIA(S).

111ALADJIA(S) (de l’arabe dialectal + suffixe turc -dji) n. m. pl.


(singulier : aladji). Disponible. Musiciens qui jouent de l’instrument
traditionnel ala. Avant tout, le quartier vibrait tous les soirs sous les
mélodies des aladjias. (El Moudjahid, 25.10.90). Namous a continué à
ouvrir son cœur aux mélopées des « aladjias » qui hantaient la nuit de la
Casbah. (Algérie-Actualité, 25.7.91). Ici les aladjia jouent surtout le
malouf. (Musicien, 35 ans, Constantine, 5.2.95). V. ALA.

112ALAOUI (de l’arabe dialectal) n. m. Spécialisé, écrit surtout. Danse


traditionnelle saharienne. La musique savante copie la raïta et nous fait
danser le alaoui. (M’hamsadji, 1969, 76). Savez-vous danser
l’« alaoui » ? […] vous avez certainement entendu parler de cette
fameuse danse saharienne qui a dépassé les limites des wilayas d’El
Bayadh, d’Aïn Sefra et de Béchar, berceau de cet art populaire transmis
de génération en génération. […] pour danser l’« alaoui », il faut tout
d’abord revêtir le costume traditionnel composé d’une gandoura, d’un
seroual (pantalon), d’un chèche et de sandales légères. (El Moudjahid,
18.7.86). Reverra-t-on un jour les belles cavalcades sahariennes de la
fantasia au son des clarinettes et des danses du alaoui ? (La Tribune,
21.8.95).

113ALEM, ÂLEM (de l’arabe) n. m. Singulier de OULÉMAS. L’idée


de mon ami l’adel de la mahakma réalisait en somme un compromis
entre notre ignorance et la science de nos alems. (Bennabi 1965, 203). Il
s’en est fallu de peu pour que, à la lumière ténébreuse de la fetwa d’un
âlem égyptien, on ne l’ait pas enterré dans la clémente et généreuse terre
de ses ancêtres. (El Watan, 8.2.00).

114ALFA, ALPHA, HALFA (de l’arabe) n. f. Courant. Plante herbacée


d’Afrique du Nord (Stippa Tenacissima) dont les feuilles sont utilisées en
sparterie et dans la fabrication du papier. Et les enfants s’égaillaient entre
les buissons d’alfa. (Djaout, 1981, 33). Vers Aïn Oussera, elle découvre
une « mer » d’alfa. (Bouzar, 1983, 386). La cueillette de l’alfa est sur le
point de disparaître à tout jamais. (Algérie-Actualité, 2.2.84). Les
informations recueillies auprès des institutions spécialisées font état de
potentialités d’alfa estimées à 200 000 T /an. (Guide économique BEA,
1992). L’alfa, qui nourrit les moutons, est devenu nain, alors que trente
ans auparavant, il montait à ceinture d’homme. (Mimouni, 1993, 128). Il
s’arrête, pose son couffin et frictionne sa main endolorie par l’alfa tressé
de l’anse. (Allouache, 1995, 142). Le seuil de 250 mm de pluie enregistré
en période de sécheresse a tout juste permis la survie de quelques
variétés de plantes connues pour leur résistance au manque d’eau
comme le thym, l’alfa. (El Watan, 19.12.95).

115Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.


V. ALFATIER.

116ALFATIER, IÈRE (de alfa + suffixe -ier) 1. adj. Disponible. Relatif


à l’alfa. L’économie alfatière tend à sombrer dans un dangereux
sommeil. (El Moudjahid, 13.6.77). Une situation qui, selon les
organismes exploitants, résulte d’une dégradation avancée de la nappe
alfatière (surexploitation, incendie, céréaliculture), à la sécheresse et au
manque de main-d’œuvre. (Guide économique de la BEA, 1992). Ce fut
le deuxième objectif qui fut atteint par l’attribution des nappes alfatières
au profit de compagnies privées. Ces compagnies transformaient l’alfa
en papier. (Quotidien d’Oran, 26.2.01).

1172. n. m. Disponible. Ouvrier qui récolte l’alfa, arracheur de


l’alfa. Avec la sécheresse qui sévit depuis des années, les alfatiers se sont
reconvertis à d’autres activités. (oral). L’alfatier perçoit un salaire de
misère. (oral).

118Com. Attesté ds Duclos 1991, GR. V. ALFA.

119ALGÉRIADES n. f. pl. Vieilli mais disponible. Mouvements


gymniques d’ensemble exécutés par des groupes de jeunes gens dans les
stades lors des fêtes nationales algériennes. Les mouvements d’ensemble
(ou Algériades) et les fresques seront effectués au parc omnisports de
Mostaganem. (El Hadef, 23.10.83). La préparation des Algériades est
déjà lancée, après la tenue de stages de formation pour les enseignants
qui ont commencé, avec les élèves des trois cycles d’enseignement, les
répétitions des mouvements. (El Moudjahid, 29.1.84). Les manifestations
culturelles et sportives par les traditionnels mouvements d’ensemble des
Algériades s’annoncent déjà très riches en couleurs. (El Moudjahid,
2.3.84). Il a été décidé par les autorités compétentes que les
« Algériades » se dérouleraient à chaque anniversaire dans une ville
différente. (Révolution africaine, 6.7.84). V. FRESQUES.

120ALGÉRIANISATION n. f. 1. Disponible. Remplacement du


personnel étranger par des spécialistes algériens. L’algérianisation des
cadres à tous les niveaux est un impératif que s’assigne aujourd’hui
l’université. (L’Unité, 5.4.78). Le recrutement des jeunes enseignants-
chercheurs conditionne l’algérianisation de l’encadrement universitaire.
(Révolution socialiste,1.9.79). Algérianisation des personnels
enseignants et des programmes. (El Moudjahid, 13.11.83). […] préparer
la contribution des appareils de formation à l’algérianisation de
certaines activités sensibles pour éviter de créer une forme de
dépendance de nos unités vis-à-vis de spécialistes étrangers. (Algérie-
Énergie, 8.10.85). À quoi ont obéi les circulaires inhérentes à
l’algérianisation ? L’algérianisation n’a pas été soumise à des études et
analyses sérieuses, préalablement préparées. (El Acil, 15.2.93). Le but de
l’algérianisation des cadres étant atteint, il faudrait modifier le cursus et
l’enseignement de la médecine. (El Watan, 4.5.93).

1212. Disponible. Action de rendre algérien le contenu des


enseignements, des ouvrages, des programmes d’études. Le but de
l’enseignement était l’algérianisation à tout prix, la quantité et non pas
la qualité, en un mot garantir à chaque Algérien une place à l’école alors
qu’il aurait été mieux d’avoir cherché à avoir un Algérien instruit et non
un Algérien ayant été assis sur un banc d’école. (Le Matin, 13.10.93). Au
moment de l’algérianisation de l’enseignement, des ingénieurs se sont vu
attribuer la noble tâche d’enseigner, ce qui a compromis fâcheusement
l’avenir de l’université. (Algérie-Actualité, 2.8.94). Le contenu du
programme de formation qui fera « de l’arabisation, de l’algérianisation
et de la politisation les vecteurs essentiels de notre politique de formation
de cadres destinés à la jeunesse » lève toute équivoque sur la vraie
nature de ce mouvement associatif. (El Watan, 11.10.95).

1223. Vieilli mais disponible. Nationalisation, récupération par l’État


algérien des moyens nationaux de développement. Cette politique s’est
concrétisée par le rachat dans une première étape de certaines d’entre
elles, puis par l’absorption progressive des réseaux restants jusqu’à une
algérianisation totale. C’est dans ces conditions que naquit en 1966 la
première banque primaire algérienne, la Banque nationale d’Algérie. (El
Moudjahid, 15.6.86). La part contrôlée par l’Algérie est passée en 1970
à 83 %, avant l’algérianisation totale qui est intervenue le
15.12.1972. (El Moudjahid, 26.5.87). V. ALGÉRIANISER.

123ALGÉRIANISER I. v. tr. 1. Disponible. Rendre algérien le


personnel. En plus de la formation des cadres pour le secteur industriel,
l’institut engage la bataille de la formation des formateurs en vue
d’algérianiser le corps enseignant. (Interface, 1.5.84).

1242. Disponible. Rendre algérien le contenu des enseignements, des


ouvrages, des programmes, des arts, etc. Cet art, il a l’impérieuse
volonté, à l’instar de Racim, de le dompter, de l’algérianiser. (El
Moudjahid, 12.6.85). Le professeur algérianise son cours en utilisant,
dans la mesure du possible, des termes ou expressions se rapprochant de
l’arabe dialectal parlé dans notre pays. (El Moudjahid,
22.11.85). Pourquoi la pièce n’a-t-elle pas été adaptée, pour ne pas dire
algérianisée ? (El Moudjahid, 10.5.87). Il a algérianisé la kacida
marocaine qui, soit dit en passant, est magnifique. (Le Matin,
15.1.96). Pour ce mouvement, il faut arriver à « algérianiser » le
religieux en utilisant les concepts développés par la branche dite
modérée des islamistes. (El Watan, 9.5.96). Je m’adresse à tous les
responsables, je leur dis qu’il faut algérianiser la prévention. (El Watan,
7.2.00).

1253. Vieilli mais disponible. Récupérer des moyens nationaux de


développement, nationaliser. Quelques années après l’indépendance, on
a algérianisé les banques, les mines et les hydrocarbures. (oral).

126II. V. pronom. 1. Disponible. Devenir algérien grâce au


remplacement du personnel étranger par des spécialistes nationaux. Cette
société qui a démarré avec très peu de cadres algériens a tendance à
s’algérianiser de plus en plus avec présentement une trentaine de cadres
nationaux. (Construire, 8.5.84).

1272. Disponible. Acquérir un contenu algérien (en parlant des


enseignements, ouvrages, programmes etc.). L’enseignement primaire et
moyen s’est algérianisé en langue arabe comme en français. (El Djeich,
20.9.80).

1283. Disponible. Acquérir les traits du caractère, de l’identité


algérienne. C’est elle qui réfléchit à la tentation de rester au bled, ensuite
elle succombe à cet appel, elle s’« algérianise », met du henné, des
boucles d’oreilles artisanales, une robe kabyle et tout le bataclan
folklorique. (Algérie-Actualité, 31.5.84).

1294. Disponible. Être l’objet de nationalisation (en parlant de banques,


sociétés industrielles, etc.). En 1971, les compagnies pétrolières
s’algérianisent par décret. (oral). V. ALGÉRIANISER.
130ALGÉRIANISME n. m. Disponible, intellectuels. Particularité
lexicale propre au français en Algérie. Il faut dire qu’il est difficile à
l’oral de décider du caractère singulier des unités lexicales, de décréter
que l’on a véritablement affaire à des productions originales, à des
algérianismes, dans la mesure où la norme linguistique est, à l’oral,
moins rigide qu’à l’écrit. (Morsly, 1993, 178). Les copies des étudiants
ne sont qu’une somme d’algérianismes (oral). Le taux de termes
empruntés à l’arabe et d’algérianismes rend les travaux illisibles. (oral).

131ALGÉRIANISTE 1 adj. Disponible. Qui insiste sur la spécificité


algérienne. Elle passe au crible les nombreuses tendances susceptibles
d’éclairer la nature de classe de la littérature coloniale et s’attarde sur
la littérature dite « algérianiste ». (El Moudjahid, 26.12.84). Ce
« peuple neuf » qui décide de se nommer « Algérien » va produire sa
propre littérature qu’il qualifiera d’« algérianiste ». […] L’attitude de
Germaine, l’une des protagonistes des algérianistes, algérienne
d’adoption et de tempérament, protégée de Cassard (alias Randau), est
significative à cet égard. (Lanasri, 1986, 248). Au projet, qui risquait de
rencontrer de sérieuses difficultés quant à sa réalisation dans un État
algérien appliquant le sunnisme dans toute sa rigueur, les djaz’aristes, ce
courant algérianiste qui se manifesta presque subrepticement, se
sont interposés. (El Watan, 15.4.93). L’émir, selon le même communiqué,
a été abattu le 16 juillet, lors d’une embuscade tendue par les partisans
de la tendance « djaz’ariste » ou algérianiste, faction rivale des
salafistes. (El Watan, 29.7.96).

1322. n. Disponible. Personne qui défend cette spécificité algérienne,


nationaliste. Le passage est significatif à plus d’un titre, puisqu’il
reprend en gros l’analyse des durs du FIS et non pas celle des
« algérianistes » (Le Jeudi d’Algérie, 13.7.92). En effet, c’est le même
émir qui a revendiqué l’exécution, en novembre dernier, d’un des chefs
de file des « algérianistes », Mohamed Saïd, accusé de préparer avec sa
tendance un « coup d’État » à l’intérieur du GIA. (El Watan, 29.7.96).
V. ALGÉRIANITÉ, DJAZARISTE.

133ALGÉRIANITÉ n. f. 1. Courant. Ensemble des traits spécifiques


relevant de l’identité algérienne. Le mouvement littéraire puisant son
algérianité non pas d’une singularité sociologique mais de la prise de
conscience de l’originalité historique. (El Moudjahid, 10.4.83). Les deux
littératures de langue nationale comme d’expression française expriment
toutes les deux leur algérianité et par conséquent se complètent… (El
Moudjahid, 4.3.84). L’algérianité, dit-il, repose sur le tryptique
amazighité-arabité-islamité. (L’Hebdo libéré, 27.1.93). Il ne s’agit pas
seulement de se souvenir de l’amazighité, de l’arabité et de l’islamité
pour réaliser l’algérianité : il faut y puiser à la fois les principes d’unité
et de pluralité. (El Watan, 28.2.93). L’arabisation n’est pas une question
essentielle ; elle est dépassée par l’algérianité, par la force du sentiment
national. (Hassan, 1996, 180). Ce jour-là, mon algérianité a vibré à cent
à l’heure au milieu d’autres Algériens de tendances politiques
différentes. (La Nation, 21.5.96). Je crois que l’algérianité est unique
dans son principe mais elle est plurielle dans son expression. Je veux être
ce catalyseur au niveau de la culture, de l’algérianité et de l’identité. (El
Watan, 8.2.00).

1342. Disponible. Appartenance à l’Algérie. La propagande


colonialiste […] prétendait mettre en question l’algérianité du
Sahara. (El Moudjahid, 28.3.84).

1353. Disponible. Au pluriel, affaires algériennes. Pour rester dans les


algérianités, disons pour terminer que le tour de chant de D.A. a été bien
accueilli par les téléspectateurs. (El Moudjahid,
20.2.86).V. ALGÉRIANISTE.

136ALGÉROIS n. m. Assez courant. Genre de musique originaire


d’Alger. De cette école, le groupe de musique moderne (chaâbi, raï et
algérois) a participé trois fois au Festival national de la musique
moderne à Oran. (Le Matin, 1.2.96). C’est aussi, précise-t-il, pour
réconcilier l’algérois avec lui-même en lui restituant l’une des valeurs
les plus authentiques dans son patrimoine riche et multiforme.
(L’Authentique, 5.8.97). Mélomane, éclectique, il se déplace avec une
aisance inouïe du jazz au hawzi, du malouf au kabyle traditionnel et à
l’algérois moderne. (Le Matin, 1.8.97).

137AL HAMDOU ALLAH, AL-HAMDOULILLAH, AL-


HAM’DOU LIL-LÂH, EL-HAMDOU-LILLÂH, HAMDOULLAH,
EL HAMDOULILLAH, EL HAMDOU LILLAH, EL
HAMDOULLAH, EL HAMDOU ALLAH (de l’arabe) exclam.
Courant, oral surtout. Exclamation qui sert à exprimer la satisfaction, le
soulagement. Al hamdou Allah, les enfants réussissent assez bien à
l’école. (Algérie-Actualité, 14.6.84). Non, mon fils n’est pas comme les
autres, hamdoullah ! (El Moudjahid, 7.4.85). El Hamdou Lillah, cette
année on ne manque de rien, les étalages regorgent de tout, seuls les prix
retiennent l’ardeur des clients. (El Acil, 7.3.93). Le salaire est
intéressant, les primes substantielles et l’environnement surtout très
favorable. Alors el hamdou lillah. (Algérie-Actualité, 6.4.93). On a du
pétrole et des paraboles, c’est déjà pas mal, el hamdoullah ! (L’Opinion,
25.4.93). El Hamdou Allah, il a beaucoup de succès auprès des jeunes et
certains en ont même fait une spécialité dans leurs études. (Algérie-
Actualité, 12.10.93). C’est bien sûr en automne et en hiver que je
travaille le mieux ; j’ai une petite clientèle qui m’est fidèle et el hamdou
lillah, on se débrouille. (El Watan, 19.3.00).

138ALIF (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Lettre de l’alphabet arabe. Le


« Alif » ne se rattache pas à la lettre qui le suit. (El Moudjahid,
14.2.84). Moi j’ai quitté l’école le jour où j’ai compris que alif plus ba,
ça ne fait pas manger le pain. (Algérie-Actualité, 20.2.92). « Le Alif, un
bâton pour le récalcitrant ! » disait le maître de kouttab. (Benhadouga,
1992, 8). Aux réunions des sages et savants de la ville, il ose contester
leur point de vue. Lui qui ne sait pas ce qu’est un alif d’un ba. (Ben
Mansour, 1997, 71).

1392. Disponible. Rudiment, principe d’une connaissance, d’un art, b.a.-


ba. Divorcer avec l’ABC d’outre-mer et épouser le ALIF de la culture
arabe. (Koroghli, 1984, 69). Il ne connaît même pas le alif de la
comptabilité. (oral).

140ALLA V. ALA.

141ALLAH GHALEB (de l’arabe, littéralement « Dieu est toujours


vainqueur », « Je n’y peux rien, c’est la fatalité divine ») exclam.
Courant, oral surtout. Exclamation dont on se sert souvent pour s’excuser
de ses défauts, de ses torts et exprimer la fatalité et la résignation de
l’homme devant Dieu. Nous, nous connaissons des personnes qui n’ont
jamais fait l’effort de bouger le petit doigt et qui s’imaginent libérer leurs
consciences en levant justement les bras au ciel pour essayer de nous
faire croire que c’est Dieu qui leur a lié les mains : Allah ghaleb. (El
Moudjahid, 3.11.85). Et si ces terres ne sont pas restituées ? Que faire ?
Allah ghaleb. (Algérie-Actualité, 29.11.90). Ya akhi Allah ghaleb, je ne
crois pas que Dieu a envoyé le FIS pour répandre la paix ici-bas, c’est
plutôt l’inverse. (El Watan, 15.5.91). Q. : On n’a pas où dormir, vous
pouvez pas nous héberger ? R. : Allah ghaleb. (Le Jeudi d’Algérie,
13.8.92). Mais l’insuline, qui tient la vie des diabétiques en otage est
vendue à 300 DA… parce que, Allah Ghaleb, y a pas de devises pour en
importer. (El Manchar, 15.11.95). Allah ghaleb ! si je m’amusais à
changer aux clients ce que je leur vends ou à les rembourser, je me
retrouverais vite sur la paille. (Liberté, 11.4.97). Que [le courrier] soit
expédié par voie ordinaire, en « express » ou en « recommandé », c’est
S.G.D.G., Allah ghaleb. (Détective, 4.3.00)

142ALLAH IBAREK, ALLAH IBEREK (de l’arabe) exclam.


Disponible, oral surtout. Exclamation qui sert à invoquer la bénédiction
de Dieu. Allah ibarek, chaque nouveau-né est un futur djoundi pour
combattre les colonisateurs ! ! ! (Khiari, 1981, 25). – Quel âge as-tu ? –
Onze ans et demi solaires, douze ans lunaires, cinq ans pour ma mère. –
Allah ibarek ! tu es né comment ? (Benaïssa, 1999, 51). Farid, après
avoir fait le tour pour vérifier, s’exclama : « Allah Iberek, vous avez une
maison avec trois adresses ! Chapeau ! » (Benaïssa, 1999, 85). Allah
ibarek, vous avez une belle maison. (oral).

143ALLAH IRRAHMOU, ALLAH IREHMOU, RAHIMOU


ALLAH, ALLAH YARAHMOU, ALLAH IRAHMOU, ALLAH
YARHMOU (de l’arabe littéralement « Que Dieu te préserve ! »)
exclam. Courant, oral surtout. Exclamation qui appelle la protection, la
miséricorde de Dieu sur un défunt. Formule prononcée quand on parle
d’une personne décédée. Mais oui ! c’est El Hadj M’Hamed El Anka
(Allah yarahmou), difficile de l’enterrer celui-là. (Horizons, 12.6.86). Un
homme ému, la gorge nouée, avoua que « Boudiaf (Allah irahmou), a su
nous redonner l’amour et l’espoir qu’on a perdus depuis trente
années. » (Quotidien d’Algérie, 2.7.92). B. F. stoppera son impression et
cet appel n’a jamais été diffusé. Il est mort lui aussi, Allah Irahmou. (Le
Jeudi d’Algérie, 16.7.92). L’itinéraire artistique de Ahmed Akriche –
Allah yarahmou – est très riche. (Liberté, 26.4.93). L’Algérie du 22 avril
ne vous demande même pas d’avoir la noblesse d’âme d’un Bérégovoy
(Allah yarahmou). (L’Opinion, 4.5.93). Nous sommes treize dans la
famille et il n’y a que deux qui travaillent, mon mari « Allah yarhmou »
ne m’a rien laissé. (Le Matin, 18.9.95).

144ALLAH IRREBAH (de l’arabe dialectal) exclam. 1. Disponible,


oral surtout. Exclamation qui sert à appeler la prospérité accordée par
Dieu. Cul-de-sac, au fait, c’est une expression ! Aussi vrai que Dorléac
n’est ni un cabas, ni un produit de beauté. Allah irebbah ! (Le Jeudi
d’Algérie, 13.8.92). Donne-moi 500 dinars pour ce pull et Allah
Irebbah. (oral).

1452. Disponible, oral surtout. Exclamation qui sert à éconduire :


« laisse-moi tranquille ! », « va voir ailleurs si j’y suis ! ». Allah irebbah,
je n’ai rien à te donner ce matin. (oral).

146ALLAHOU AÂLAM (de l’arabe « seul Dieu sait ») exclam.


Disponible, oral surtout. Exclamation qui sert à exprimer son
ignorance. L’ordre des choses ? Oui, A. Djillali connaît, lui qui n’hésite
pas à « lâcher » lorsqu’une question le dépasse, ou à laquelle il n’a pas
encore réfléchi « Allahou Aâlam »… (El Moudjahid, 22.5.86). – Irastu
prochainement à Annaba ? – Allahou Aâlam ! (oral).

147ALLAH YARAHMOU V. ALLAH IRRAHMOU.

148ALLAH YESTAR (de l’arabe) exclam. Disponible, oral surtout.


Exclamation qui appelle la protection de Dieu. Tu vas dégringoler, mon
fils, Allah yestar. Tu perdras bientôt le poste auquel tu as été promu la
semaine passée. (Révolution africaine, 11.12.85). Chaque fois qu’on voit
ce monsieur bondir dans l’écran, l’estomac se noue et une phrase vient à
la bouche : « Allah yestar ». (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92).

149ALN (abréviation d’Armée de Libération Nationale) n. f. Vieilli mais


disponible. Armée algérienne pendant la guerre d’indépendance. À 70
ans, Ben Bella réendosse le burnous d’une légitimité historique douteuse
que lui contestent au même moment les moudjahidine de l’ALN réunis en
séminaire sur l’écriture de l’Histoire. (Algérie-Actualité, 19.12.85). Ainsi
ce militant de la cause nationale qui avait usé Dieu sait combien de
pataugas dans les djebels algériens et qui, sans avoir fréquenté
d’académie militaire, gravit un à un les échelons de la hiérarchie (du
1er novembre 1954 au 28 avril 1961) de l’ALN pour devenir un officier
supérieur. (El Acil, 28.4.93). Il y a eu Lalia Keurache, veuve du chahid
Delleli Habib, officier de l’ALN, assassiné le 16 octobre dernier à Oued
Fodda. (El Watan, 11.10.95). […] pour souiller le corps des officiers et
sous-officiers venus de l’armée française rejoindre les rangs de
l’ALN. (El Watan, 22.3.00). S’ils ont rejoint l’ALN, c’est parce qu’ils le
désiraient. Ils avaient l’Algérie dans leur cœur, dans leur sang, dans leur
chair. (El Watan, 29.3.00). A. Chergou, ancien officier de l’ALN dans la
willaya IV historique, raconte dans son livre une belle histoire d’amour
dont les acteurs étaient un jeune djoundi de l’ALN et une infirmière
chargée de soigner les moudjahidine. (Le Matin, 27.7.00).

150ALPHA V. ALFA.

151ALPHABÉTISEUR n. m. Disponible. Personne qui apprend à lire et


à écrire à un groupe de personnes analphabètes. Il était également censé
s’occuper de la formation de formateurs (« alphabétiseurs »), de
l’élaboration de moyens didactiques spécifiques pour les adultes. (Alger
républicain, 9.12.91). À ses heures perdues, il devient un alphabétiseur
dans son quartier. (oral).

152AMAMA (de l’arabe) n. f. Disponible, écrit surtout. Turban. Ce


dernier, habillé d’un burnous blanc et couronné d’une « amama » en
soie jaune ocellée ramenée de La Mecque, siégeait à la place
d’honneur. (Boutarène, 1982, 103). Dans les orchestres folkloriques, les
musiciens portent une amama. (oral). V. CHECH, GUENNOUR.

153AMAN, AMÈNE (de l’arabe) n. m. 1. Disponible, écrit. Paix,


protection, sécurité. La tribu déposa les armes et se résigna à demander
l’aman (la paix). (Oussedik, 1985, 35). J’ai ordre du fils de notre Roi de
vous accorder l’aman et vous donner le passage de Djemaa Ghazaouet à
Alexandrie ou à Akka. (La Tribune, 18.1.96).

1542. Disponible. Confiance. Kamel Messaoudi n’a jamais pu trouver la


vie drôle : « C’est plus fort que moi, je suis sensible, et je trouve que la
société devient de plus en plus invivable. Y a plus de nif, plus
d’amène. » (Le Jeudi d’Algérie, 9.7.92).

155AMANA (de l’arabe) n. f. Disponible. Bien placé sous la protection


de quelqu’un. Les martyrs de la guerre de libération qui étaient dans leur
grande majorité de bons musulmans nous ont légué cette Algérie comme
une « amana ». (El Moudjahid, 16.8.77). Qu’il pleuve, vente ou tempête
sur le monde, l’essentiel est de satisfaire à la condition de principe –
préserver l’« amana » – et à l’obligation de résultat : conduire ce pays
le plus loin possible sur la voie du progrès et de l’authenticité. (Algérie-
Actualité, 9.9.84). Je vais enfin me libérer d’un très lourd fardeau, d’une
très précieuse « amana » ! Cette « amana » est yougoslave, elle a pour
titre Le temps des gitans […]. C’est le grand film magique de la saison,
ne le ratez pas, voilà ma amana. (Le Jeudi d’Algérie, 13.8.92).
156AMANE (du berbère) n. f. Disponible, oral surtout. Eau. Le blessé,
conscient de leur présence, s’agita et réussit à articuler distinctement :
« Amane.. ». (Ouahioune, 1984a, 109). J’ai soif, donne-moi un peu
d’amane. (oral).

157AMAZIGH, AMZIGH, AMAZIGHT (du berbère « homme libre »)


1. n. Disponible, écrit surtout. Nom que se donnent les Berbères. Le
préambule du projet de Charte nationale note à cet effet que : « Ce n’est
point un fait de hasard, si les habitants de cette contrée se donnèrent
pour nom les « Amazighs », c’est-à-dire, les « hommes libres », et cela
depuis que cette région a connu la lumière de l’Histoire […] les Amazigh
sont une partie intégrante et parfaitement intégrée dans l’histoire
culturelle de ce pays ». (Révolution africaine, 17.1.86). En effet, aux
expressions « berbérisme », « berbérité » aux connotations difficiles à
supporter, les termes amazigh et amazighité font désormais partie du
discours politique. (El Watan, 13.12.91).

1582. n. m. Disponible, écrit surtout. Langue et culture revendiquées par


les Berbères. La revendication de l’enseignement de l’amazigh est-elle
prise en charge par votre Ministère ? (Liberté, 26.4.93). Les contacts de
nos populations avec les peuples anciens sont la preuve de la vitalité de
notre civilisation. Les influences réciproques se retrouvent jusqu’à nos
jours dans notre langue mère, l’amazigh. (L’Écho de Tlemcen,
5.10.94). Le MCB espère d’ici là que la revendication d’officialisation de
la langue amazight soit reconnue par le pouvoir. (El Watan, 16.11.94).
[…] une méthode attrayante permettant en vingt leçons, d’acquérir une
connaissance élémentaire du fonctionnement et du vocabulaire de la
langue amazight. (Liberté, 3.2.00).
159Com. Terme moins courant en ce sens que ses
synonymes berbère et tamazight.

1603. adj. Courant. Qui concerne le peuple, l’identité et la langue


berbères. Nous avons pris contact avec le bureau de la ligue Aurès pour
la culture amazigh, considérée comme la plus importante organisation
culturelle dans la région. (El Acil, 15.2.93). Le pouvoir ne voulait pas
entendre parler de la dimension amazigh. (L’Opinion, 21.4.93). Karima,
saura donner la pleine mesure du chant amazigh revigoré. (El
Moudjahid, 4.5.93). Je suis un Algérien amazigh arabisé par l’islam et
j’ai du travail. Je construis mon pays. (El Manar, 9.5.94). L’histoire
retiendra la magnificence des fiançailles du roi Syphax avec la princesse
Sophonisbe de la puissante famille carthaginoise des Asdrubale, en
présence de tous les princes amazigh avec, à leur tête,
Massinissa. (L’Écho de Tlemcen, 5.10.94). Pour lui, ce colloque sera
l’occasion de poser les bases d’un Maghreb qui se reconnaîtrait dans ses
fondements amazighs. (El Watan, 16.11.94). Pour la première fois dans
l’histoire de l’Algérie, un décret présidentiel reconnaît la langue
amazighe en tant que langue de ce pays. Pour la première fois aussi, la
langue amazighe est enseignée dans les écoles, même d’une façon
bancale. (El Watan, 9.2.00).

161Com. Très employé depuis les années 1990, le terme tantôt


s’accorde, tantôt reste invariable dans son emploi adjectival.
V. AMAZIGHITÉ, BERBÈRE, BERBÉRISME, BERBÉRISTE,
BERBÉRITÉ, KABYLE, TAMAZIGHT.

162AMAZIGHITÉ (dérivé de amazigh + suf. -ité) n. f. Courant, écrit


surtout, connotation méliorative. Ensemble des traits constitutifs de
l’identité et de la spécificité culturelle des Amazigh (Berbères). Comment
les aider à conjuguer naturellement et heureusement leur amazighité
avec leur islamité et leur arabité dans un monde en profondes et
continuelles mutations ? (Alger républicain, 21.11.91). Je crois que notre
culture est enracinée dans l’amazighité enrichie par la civilisation
arabo-musulmane et ouverte à la modernité. (El Watan, 28.11.91). […] il
dut être emprisonné en 1964, selon le narrateur, durant 18 mois à
Berrouaghia, pour sa revendication de l’amazighité et suite aux
événements de la Kabylie. (El Acil, 12.1.93). En ce qui concerne
l’identité algérienne, celle-ci doit reposer sur l’amazighité, l’arabité et
l’islamité. (Liberté, 9.11.93). Le Haut-Commissariat à l’amazighité
organise deux cérémonies de remise des attestations de succès aux
enseignants en langue amazighe. (Liberté, 20.9.95). L’amazighité ne doit
pas être limitée à la Kabylie, ni aux Aurès, ni à Ghardaïa, ni aux
Targuis. Pour moi l’amazighité, c’est toute l’Afrique du Nord. (El Watan,
27.3.00 : propos du haut-commissaire à l’amazighité). Après plus de 2
000 ans de persécution, l’amazighité reste contre vents et marées l’un
des piliers de la personnalité maghrébine. Ne saurait être maghrébin
quelqu’un qui renie son amazighité. L’amazighité est le trait de
personnalité qui fait qu’on est Algérien, Tunisien ou Marocain, etc. (El
Watan, 18.4.00).

163Com. Terme très employé depuis les années 1990, préféré par ses
défenseurs à son synonyme berbérité.

164AMAZIGHOPHONE (dérivé de amazigh + suf. -phone) adj. et n.


Disponible, milieux universitaires. Qui parle la langue amazigh. La
question de la langue joue un rôle prépondérant du côté d’une Algérie
amazighophone. (Liberté, 2.5.93). […] le Mouvement culturel berbère
qui défend dignement, depuis plus d’une dizaine d’années, les aspirations
culturelles de la population amazighophone algérienne. (El Watan,
7.10.94). M. Ould Ali l’Hadj n’a pas manqué de rapporter les
satisfactions relevées ici et là, notamment auprès des catégories
amazighophones, comme les vieilles personnes. (La Nation, 30.7.96). Si
les amazighophones se disent « non concernés » par les programmes
diffusés, il est à signaler que la même remarque a été faite par la
population parlant uniquement l’arabe algérien. (La Nation,
30.7.96). Les partis politiques, théoriquement appelés à exercer le
pouvoir, ont pratiquement tous inscrit positivement la question amazighe
dans leurs programmes. Y compris les plus rétrogrades. Implantation
politique en zone amazighophone oblige ! (El Watan, 18.4.00).

165Com. Néologisme datant des années 1990.

166AMBIANCEUR (de ambiance + suf. –eur) n. m. Disponible.


Personne qui met de l’ambiance, boute-en-train. Nourredine, c’est le type
de mec qui vous fera, l’air de rien, fondre n’importe quel congélateur.
Un ambianceur comme on n’en fabrique plus. (Algérie-Actualité,
2.8.94). Neuf chansons non-stop s’enchaînant et déchaînant la passion
musicale ardente du public qui, à l’écoute de ses youyous, ses hourras,
sa clameur battant la mesure dans une complète osmose, et de surcroît,
complice entre l’« ambianceur » Moh et ses fans en délire, prouve que ce
produit est de haut vol de par sa chaleur humaine interactive. (El Watan,
3.8.97).

167AMCHI, EMCHI (de l’arabe) v. à l’impératif. Disponible, oral. Va-


t’en ! Fiche le camp ! Le garçon la chassa comme on peut chasser un
chien pelé : « Amchi (Va-t’en) ». (Algérie-Actualité, 28.2.85). La belle-
mère renvoya sa bru à coups de « amchi » (El Açil, 12.12.92). Amchi
chez toi. (oral). V. BARRA.

168AMEDDAH V. MEDDAH.
169AMENE V. AMAN.

170AMENOKAL, AMENOKHAL (du berbère) n. m. Disponible,


intellectuels. Chef de tribu ou de groupe de tribus touarègues. Nous
distinguons une confédération de tribus commandées par l’« amenokal »
qui est élu à vie. Son titre lui confère la propriété du sol, amenokal
voulant dire propriétaire de la terre […] Le campement de l’amenokal
n’est jamais trop éloigné de Tamanrasset. (Hoggar, 1956, 53). En cela il
ne différait pas des autres personnes sélectionnées aux quatre coins du
pays afin d’aider l’occupant, qu’ils soient bachaghas, caïds ou
amenokals. (Achour, 1971, 23). La majorité des livres qui décrivent le
Sahara, la tente de l’amenokhal, sont nés de l’observation de leurs
romanciers et de l’exploration de leurs chercheurs. (Algérie-Actualité,
6.8.84). L’Aménokal Hadj Akhamokh est le chef spirituel des
Touaregs. (El Watan, 10.8.92). Il est reproché à La Nation, qui avait
annoncé l’arrestation de l’Amenokal Hadj M.A., d’avoir livré une fausse
information. (Le Jeudi d’Algérie, 13.8.92).

171ÂMI, AMI V.’AMMI.

172AMIN, AMÎN, AMINE (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. À l’époque


coloniale, chef, responsable du village, représentant de l’administration
française. L’amin de notre village n’existe plus. Vive la
Démocratie ! (Feraoun, 1957, 129). L’amine du village fit son entrée sur
la place, tendu, semblait-il, en dépit de l’air désinvolte que lui conférait
son burnous fin. (Achour, 1971). Pourtant l’homme […] était Raveh-Ou-
Hemlat, l’amin d’Ighzer. (Mammeri, 1978b, 30). L’administration
française a quelque peu permis à des amîn d’administrer
traditionnellement leur groupe social respectif. (Benatia, 1980, 33).
1732. Disponible. Responsable d’une corporation d’artisans. La présence
d’un « amin » à la tête de chaque corporation était partout une pratique
généralisée. Le rôle de l’amin ne se limite pas seulement à ses fonctions
de maître artisan élu pour son habileté et sa haute compétence. Il règle
les problèmes juridiques de la corporation. (El Moudjahid, 23.4.84).

174AMINE, AMEN (de l’arabe) interj. Disponible, oral surtout. « Ainsi


soit-il », expression qui sert de réponse à tout souhait, toute bénédiction.
– Le Mufti (les mains levées au ciel) : « Ô créateur, nous te glorifions
pour avoir prodigué ta sagesse à notre philosophe, Amin ! » – Le
sultan : « Amin ». (Yacine, 1959, 109). Dis encore une fois « amine » et
de bon cœur cette fois-ci. Le taleb sourit, dit « amine », embrassa la tête
du cheikh et partit. (El Moudjahid, 17.4.84). – Mon fils, que Dieu te
protège. – Amin, répond le grand-père. (oral).

175‘AMMI, AMMI, ÂMI, AMI (de l’arabe) Appellatif. Courant, oral


surtout, connotation affectueuse. Oncle paternel ; par ext., appellation
respectueuse servant à désigner une personne d’un certain âge. Il
m’appelait «‘Ammi » en mettant sa main dans la mienne. (Ouettar, 1981,
42). Ammi Tayeb a beaucoup fait pour l’athlétisme au sein du
Mouloudia. (El Moudjahid, 14.4.84). Celui, que tout le monde appelait
« Ammi Slimane », est décédé hier d’une crise cardiaque. (Quotidien
d’Algérie, 2.7.92). La dépouille de celui que tout Bordj surnommait
affectueusement « Ammi Ali » a été déposée au domicile parental, pour
le dernier adieu. (El Watan, 7.10.94). À 62 ans, Ammi Ramdhan est
toujours disponible pour satisfaire tel ou tel joueur. (El Watan, 10.12.95).
« Ammi » Mohamed a pris sa retraite depuis une dizaine d’années. (La
Nation, 2.7.96). C’est Ammi Ahmed, un vieil homme rencontré à Bordj El
Kiffan, qui nous a apporté la réponse. (Détective, 2.8.97). V. DA.
176AMPUTER À v. tr. ind. Disponible, oral surtout. Amputer (qqch. ou
qqn de qqch.). […] supprimer la pratique de la jachère qui ampute
chaque année à l’agriculture d’importantes superficies utiles. (El
Moudjahid, 23.6.86). Les impôts amputent aux travailleurs beaucoup
d’argent (oral).

177AMZIGH V. AMAZIGH.

178ANA (de l’arabe) pron. pers. Courant, oral surtout. « Moi ». Ana,
franchement, je suis très content. (Aïder, 1984, 26). Jeudi ils étaient sûrs
qu’on allait perdre. Ana j’ai joué gagnant. Le match a été
reporté. (Algérie-Actualité, 13.12.84). Ana je suis partie juste avant
l’accident. (oral). Ana, je suis membre d’Amnesty
International. (oral). Ana, j’adore les femme brunes. (oral).

179ANACHID (de l’arabe) pluriel de NACHID. À la veille de


l’indépendance, Abdelhamid se consacra aux anachid et chansons
patriotiques. (El Moudjahid, 8.1.84). Nous, on chantait des « anachid »,
on lançait des « Allah ouakbar ». (Horizons 2000, 1.11.85). Le stade
H.D. de Blida est comble. Cinq mille personnes environ. Le look Hamas
tranche, dès le passage du portillon, avec celui du FIS : accueil en
costume cravaté, roses à la tribune, tee-shirt du service d’ordre aux
couleurs pastel, chorale, anachid, drapeau vert blanc rouge. (Algérie-
Actualité, 5.5.91). Révoltées, excédées, les moudjahidates ont manifesté à
leur façon leur hostilité au FIS : en chantant haut et fort les anachid de
l’Algérie glorieuse où les femmes combattaient jour et nuit auprès de
leurs frères algériens. (El Watan, 4.1.92).

180ANDALOU, OUSE 1. n. m. Assez courant. Genre de musique


algérienne d’origine andalouse. Sid Ali Dris, ce chanteur au chaâbi
mâtiné de hawzi, andalou avec une touche moderne héritée des écoles de
Fekhardjia et Andalousia. (El Watan, 23.12.99). […] l’organisation
presque en parallèle de maints festivals en tout genre : chaâbi, andalou,
rap, rire. (El Watan, 23.12.99).

1812. adj. Assez courant. Qui se rapporte à cette musique. Je dispense en


outre des cours aux classes supérieures et d’initiation […] dans le genre
andalou avec ses dérivés (hawsi, aroubi…). (Alger républicain,
2.8.92). Il a interprété un merveilleux morceau andalou. (Algérie
Actualité, 5.12.92). À Tlemcen, les luthiers sont spécialisés dans la
fabrication d’instruments traditionnels pour la musique andalouse (rbâb,
kouitra). (Eddalil, 25.2.93). Festival de la musique andalouse. (El Watan,
17.7.94). Aïcha éteint sa cigarette, allume la radio qui diffuse de la
musique andalouse. (Allouache, 1995, 148). Ces deux aspects de la
culture traditionnelle algérienne ont été bien représentés lors de cette
soirée qui a vu aussi la participation d’une autre troupe andalouse. (El
Watan, 6.1.00). Le plus grand mérite revient à l’association de musique
andalouse d’Alger El Inchirah Li Tarab El Andaloussi. (El Watan,
27.3.00). […] à la mémoire de Mahieddine Sid Ahmed, chanteur andalou
mort dans des circonstances tragiques. (El Watan, 1.6.00).

182ANDEK (de l’arabe dialectal) loc. 1. Courant, oral. « Tu


as ». N’oublie pas, andek une réunion ce soir. (oral). Andek Les éléments
de linguistique générale ? (oral).

1832. Courant, oral. « Attention ! » Andek, tu vas tomber ! (oral). Andek,


il y a une voiture qui arrive ! (oral).

184ANI (sigle de Arabe Non Identifié) n. Disponible, écrit surtout.


Algérien de la seconde ou troisième génération émigré en Europe. Le
stage d’« adaptation sociale » de cet ANI (Arabe non identifié), sous
forme de quelques semaines de vacances, se solde par un
échec. (Algérie-Actualité, 28.6.84). Ils connaissent tous les bateaux et les
douaniers. Mourad s’identifie à un ANI (Arabe non identifié). Nous
autres, les immigrés de la deuxième génération, nous sommes des
apatrides. Ici on nous prend pour des émigrés et là-bas pour des
immigrés. (El Watan, 9.8.91). Je ne me sens chez moi nulle part ; ici en
Algérie, je suis une ANI, en France, une Beur, Beur signifie ANI aussi,
même tête pour tous, mêmes problèmes pour tous, même avenir bouché
pour tous les basanés. (El Moudjahid, 4.9.92).

185ANP, A.N.P. (Sigle de Armée Nationale Populaire) n. f. Courant.


Armée algérienne (après l’Indépendance). Tout le monde se souvient de
ce triste épisode d’un Ali Belhadj, grotesque épouvantail déguisé en
militaire, reçu officiellement par le ministre de la Défense nationale,
général-major de la glorieuse A.N.P. (El Watan, 4.4.94). Les actions
terroristes prévalant actuellement encouragent le peuple à s’organiser et
à être solidaire avec les forces de l’ANP pour éradiquer ce qui semble
être une véritable attaque dirigée contre la nation entière. (Liberté,
2.8.95). Belaïd Aït Medri a été blessé en 1964 par des éléments de l’ANP
avant d’être froidement achevé par le chef de bataillon lui-même. (La
Tribune, 2.1.00). Vingt-quatre heures après le massacre de Daâyat
Barkat (Brezina), les troupes de l’ANP, appuyées par les patriotes et les
GLD, ont riposté efficacement. (Liberté, 2.3.00). Les forces de l’ANP se
trouvant dans la région ont aussitôt pris en chasse les terroristes qui
s’enfuyaient. Les forces de l’Armée nationale, lors de cette poursuite, ont
découvert des traces de sang. (El Watan, 30.3.00). Ils ont également
rendu hommage aux différentes forces de sécurité et à l’ANP pour leur
lutte implacable contre le terrorisme. (El Moudjahid,
28.1.01). Considérée comme l’armée la plus aguerrie, la mieux équipée
et la plus performante du Maghreb, l’ANP demeure largement en retard
en termes de formation d’officiers et de sous-officiers. (Quotidien
d’Oran, 28.2.01).

186ANSAR(S) (de l’arabe) n. m. pl. 1. Vieilli mais disponible. Habitants


de Médine qui accueillirent le Prophète et ses compagnons lors de son
exil. Surtout celle des ansars qui proclamaient leur « mahdi ». (El
Watan, 3.9.96).

1872. Disponible. Par ext., admirateurs, serviteurs d’une cause ou d’un


chef. L’émir a imposé à ses ansars le respect de la personne
humaine. (El Acil, 28.1.92). Nous nous souvenons tous de ce palais de la
presqu’île de Aba entouré de huttes où habitent, armés de lances ou
d’armes automatiques, les ansars qui appelleront au djihad depuis les
minarets d’Oum Dourman, le grand quartier populaire de Khartoum,
situé sur l’autre rive du Nil. (El Watan, 9.1.96).

188AOUAH, AWAH (de l’arabe dialectal) exclam. Courant, oral.


Exclamation qui sert à exprimer le doute. Je ne peux pas faire de mal à
une mouche, comment veux-tu que je fasse l’amour à une femme, et de
surcroît, l’engrosser ? Aouah ! Aouah ! (Boudjedra, 1972, 63). Aouah tu
rêves, tu es fatigué, tu as vu trop de bateaux. (Boudjedra, 1982b,
122). Awah ! Awah ! Awah ! Pas possible, ce tronc de figuier est en
train de saboter mon entreprise de sabotage. (Aïder, 1984b). Awah ! j’ai
beau être du signe du Lion, je suis une erreur de la nature ! (Algérie-
Actualité, 8.9.84). Aouah ! le gouvernement de Sifi ne va pas encore
dévaluer le dinar. Nous allons vers une catastrophe nationale s’il le fait.
(oral).

189AOUCHAM V. OUCHEM.

190AOÛD V. OUD.
191‘AOULA, AOULA, OULA (de l’arabe) n. f. Disponible, oral
surtout. Stockage des denrées alimentaires et autres marchandises. La
’aoula est une pratique due à la prévoyance des éleveurs qui doivent
stocker des quantités variables de grains à consommer au cours de
l’année. (Boukhobza, 1982, 171). À cause des pénuries, beaucoup de
foyers continuent à pratiquer le système de la aoula ! Certaines
chambres sont transformées aussi en véritables magasins. (Algérie
Actualité, 5.10.90). En Algérie, tout le monde fait la aoula. (oral).

192Com. Pratiques très anciennes en Algérie, aussi bien en milieu urbain


que rural, où une pièce était réservée au couscous, savon, huile, beurre,
sucre, café, semoule.

193AOULED V. YAOULED.

194APC (sigle de Assemblée Populaire Communale) n. f.. 1. Courant.


Conseil municipal, assemblée élue pour gérer une commune ; par
extension, administration municipale. Il faut noter aussi le rôle important
dévolu aux APC dans la fonction du contrôle. (Révolution africaine,
27.9.85). C’est dans la wilaya de Tizi-Ouzou que le dernier bilan a mis
en évidence la légèreté avec laquelle les APC ont procédé au
recensement des constructions illicites. (El Moudjahid, 12.4.87). L’APC
constitue, selon le code communal de janvier 1967 qui l’a fondée, « la
cellule de base de la nation ». (Rouadjia, 1994, 190). Les coopératives
immobilières subissent moult tracas administratifs et les tergiversations
des APC. (El Manchar, 20.5.96). C’est vrai que l’APC a vu tout son parc
brûlé, mais il y a les fourgons. (Liberté, 26.9.96). Tout ce que l’APC a
fait ces dernières années, ce sont les trottoirs. (Libertés,
10.11.99). L’APC de Constantine les a agréés récemment, après qu’ils se
sont imposés avec le temps, puisque depuis peu ces revendeurs
bénéficient de magasins « préfabriqués » aux frais de la commune. (El
Watan, 6.1.00). Loc. : PRÉSIDENT DE L’APC.

1952. Courant. Par métonymie, siège et bâtiment de l’Assemblée


Populaire Communale. Devant l’APC, le Chef de l’État monta à bord
d’une voiture décapotable. (El Moudjahid, 28.11.83). Nous constatons
qu’il n’y a guère 15 jours, des citoyens avaient envahi l’APC. (Les
Nouvelles de l’Est, 18.5.91). Rapide passage à l’APC, toute proche, aux
mains d’élus indépendants depuis deux mois. (Sigaud, 1991, 206). La
liste des heureux attributaires sera rendue publique et dûment affichée
dans les locaux de l’APC. (El Watan, 10.1.96). La pénurie d’imprimés
destinés à l’état civil, qui a duré plus de dix jours à l’APC de Ouargla,
semble être réglée pour le moment. (El Watan, 20.1.00). Le président de
la commune de Sidi Ahmed, wilaya de Saïda, ajoutera toutefois que « les
portes de l’APC restent ouvertes à tous mais dans l’intérêt général ». (El
Watan, 8.2.00).

196APLAVENTRISME, À PLAT-VENTRISME n. m. Disponible.


Fait de ramper devant les supérieurs, soumission servile. Il y a des
journalistes véreux en quête de promotion qui excellent dans l’art de
l’« aplaventrisme » et redoublent de zèle pour nous peindre un ciel
serein quand le tonnerre annonce un orage certain. (Algérie-Actualité,
11.10.84). […] le fanatisme, l’affairisme, le régionalisme,
l’incompétence, la magouille, l’arrivisme, l’aplaventrisme. (Algérie-
Actualité, 14.3.85). Certains journaux continuent à pratiquer
l’aplaventrisme au pouvoir. (Le Matin, 17.12.92). Il faut juste interdire
certains mots tels que « corruption », « népotisme », « clientélisme »,
« liberté », « démocratie » et fortement recommander d’autres tels que
«à plat-ventrisme », « lèche-bottes » […]. (El Watan,
17.4.00). Beaucoup de bureaucrates font de l’aplaventrisme pour
quelques intérêts insignifiants. (oral). V. APLAVENTRISTE, BÉNI-
OUI-OUI.

197APLAVENTRISTE, À-PLAT-VENTRISTE adj., n. Disponible.


Qui adopte une attitude servile devant les supérieurs. Déjà, dans le passé,
on nous qualifiait de parfaits aplaventristes en nous attribuant des
prédispositions « congénitales » à nous serrer en queue-leu-leu dans le
sérail des hommes qui vivent le doigt sur la couture du
pantalon. (Algérie-Actualité, 26.6.86). […] tous ces conciliateurs
perfides, ces à-plat-ventristes invétérés. (El Acil, 18.1.93). […] celui qui
n’aime pas les « aplaventristes des temps modernes ». (Le Soir d’Algérie,
3.8.97). V. APLAVENTRISME.

198APN (sigle de Assemblée Populaire Nationale). n. f. Courant.


Parlement, Chambre des députés, organe législatif national. […] en
dehors des candidatures pour les trois assemblées populaires (APC,
APW et APN) sous l’égide des associations à caractère politique, tout
citoyen peut se présenter à l’un des quelconques des organes élus (Art.
62) s’il jouit d’un consensus populaire suffisant. (El Moudjahid,
25.6.89). L’APN a théoriquement des compétences pour légiférer et
contrôler. En pratique, elle apparaît comme une simple boîte
d’enregistrement des vœux du FLN et de son secrétaire général qui n’est
rien d’autre que le chef de l’État. (Rouadjia, 1994, 173). Les travaux en
plénière de l’APN ont repris hier sans grand intérêt. À peine une
centaine de députés a assisté à la séance qui n’a duré que deux
heures. (El Watan, 28.10.99). Le Président va-t-il demander au futur
Exécutif de se passer de la nécessaire et constitutionnelle présentation du
programme devant l’APN ? (Le Matin, 19.12.99). La dernière APN du
monopartisme avait voté en 1989 – conséquemment aux événements
d’octobre 88 et à la légalisation de l’ex-FIS – l’amnistie,
particulièrement des islamistes révoltés. (El Watan, 12.1.00). Dans la
nouvelle mouture du texte régissant la chambre basse du Parlement, le
bureau de l’APN ne perd nullement des sièges. (El Watan, 28.3.00).
Loc. PRÉSIDENT DE L’APN.

199APW (sigle de Assemblée Populaire de Wilaya) n. f. Courant.


Assemblée élue appelée à se prononcer sur la gestion d’une wilaya
(département). Par extension, administration gérant la wilaya. […] des
dizaines d’APC et d’APW étaient présidées à l’époque par des harkis et
des fils de harkis sous la bannière du parti dissous, le FIS. (Le Matin,
1.11.93). Auxiliaire de la wilaya, l’APW n’est, en dépit des missions en
apparence réelles et utiles qui lui sont confiées, qu’une excroissance,
comme le Parti, l’APC et autres institutions du même acabit, incrustées
dans l’organisme social et qui en sucent toutes les substances
vitales. (Rouadjia, 1994, 194). Dernière étape du processus électoral
entamé en 1995 par le Président Liamine Zeroual, l’opération de
renouvellement des APC et des APW, le 23 octobre prochain, devrait
donner la touche finale. (Liberté, 31.7.97). Mais la mission première de
nos futurs élus, ce sera de rendre conviviales les assemblées locales et de
faire sentir au citoyen que les APC et l’APW sont à son service. (El
Watan, 14.8.97). Le président de l’APW réaffirme sa résolution de
demeurer à la tête de l’assemblée contre vents et marées. Quelle attitude
adopteront désormais les élus à l’institution de wilaya ? (El Watan,
5.1.00). […] lors de la première journée des travaux de l’APW qui
doivent se poursuivre aujourd’hui. (Quotidien d’Oran, 6.4.00). […] aux
élections de juin 1990, la presque totalité des communes et APW
« raflées » par le FIS […]. (Le Matin, 8.4.00).

200AQUIDA, AQIDA,’AQIDA, AKIDA,’AKIDA (de l’arabe) n. f.


Spécialisé, écrit surtout. Dogme de l’islam, ensemble des croyances de la
religion musulmane. Sans doute cela s’explique-t-il par le fait
qu’une telle manifestation n’ait jamais existé dans la philosophie
occidentale avec les caractères proprement spirituels que lui prête la
« aquida » populaire maghrébine. (El Moudjahid, 10.8.84). Aussi reste-
t-il un terrain encore vierge pour une réflexion théologico-philosophique
à travers la valeur esthétique : le contenu du discours – la spiritualité
islamique en tant que fond d’une « aqida » ou mystique populaire –
empruntant la méditation de la parabole puisque celle-ci définit l’aspect
essentiel de sa poésie. (El Moudjahid, 11.5.86). La justice (‘adl) est bien
plus que tout cela : elle est l’un des fondements du dogme même
(‘akida). (El Moudjahid, 23.5.86). Depuis quelques mois, il fréquentait
un cercle de la mosquée Hanafi où Nasredine K. animait des halkas
autour de la akida. (Algérie-Actualité, 8.2.90).

201ARABISANT,E adj., n. Courant. Personne de formation uniquement


arabophone. Les savants, les intellectuels, les linguistes et les arabisants
continuent à rivaliser en rhétorique et discours […], mais des millions
d’analphabètes continuent, de leur côté, à mijoter dans leur bouillon
d’inculture. (Algérie-Actualité, 10.6.85). Les clivages sociaux se
reproduisent à travers l’orientation vers les filières nobles et les taux
d’échecs importants, ou dans l’opposition entre « arabisants » et
« francisants », entre formations de type occidental et de type religieux.
(Liberté, 21.3.94). On est de moins en moins regardant dans le
recrutement des enseignants, surtout des arabisants. L’anecdote
populaire qui propulse un coiffeur cairote comme maître d’école en est
une illustration. (Hassan, 1996, 176). S’agissant des accusations portées
contre l’UNPE, M. Zidane les qualifie de « gratuites ». Surtout celle le
traitant de « Hizb França ». « Je suis arabisant et non francophone »,
dira-t-il. (La Tribune, 29.1.96).
202Com. Dans le contexte algérien, le terme s’oppose
à francisant. Attesté ds TLF. V. ARABISATION, ARABISER.

203ARABISATION n. f. Courant. Politique d’introduction ou de


développement de la langue arabe classique dans tous les secteurs socio-
économiques du pays. La politique d’arabisation totale des filières de
sciences humaines et sociales a surtout eu pour résultat de priver les
étudiants d’un certain nombre d’enseignants. (Algérie-Actualité,
10.1.85). Quoique ces dernières années, surtout depuis l’arabisation
systématique de l’enseignement moyen et secondaire et le maintien de
l’enseignement médical en français, le niveau des blouses blanches
algériennes a considérablement chuté, et souvent bien bas. (El Acil,
23.2.93). Le mot d’ordre « arabisation immédiate » de l’enseignement
faisait écho à ce qu’ils nommaient le tour de passe-passe du PAGS
d’« arabisation progressiste et progressive ». (La Nation, 30.1.96).
« Depuis l’année de l’arabisation, les hommes du pouvoir ont retiré leurs
enfants de l’école algérienne ; donc ceci conduit à dire que la politique
de l’arabisation n’est pas bonne », a déclaré dès le départ Mme Khalida
Messaoudi. (Le Matin, 21.7.96). 1976 a été une année décisive dans
notre histoire immédiate. C’est l’année où les forces baâtho-islamistes
ont fini de mettre sous leur coupe le pays et ont commencé sa mise à sac.
C’est une année dérive où une arabisation volontariste a définitivement
assis son hégémonie. (Le Matin, Tribune web, Décembre 99). Le MSP
exprime d’emblée ses craintes : renoncement à l’arabisation qui est
selon lui un acquis idéologique et stratégique et révision de l’article 2 de
la Constitution qui consacre l’islam religion d’État. (Le Matin, 17.4.00).
V. ARABISANT, ARABISER.

204ARABISER (de arabe et suf. –iser) 1 v. tr. dir. Courant. Introduire


ou développer la langue arabe classique dans l’enseignement et dans tous
les secteurs de la vie socio-économique. Dès les premières années de
l’indépendance, il a été question de la
« nécessité d’arabiser ». (Révolution africaine, 4.10.85). […] arabiser
complètement la chaîne TV et la consacrer à la production nationale.
Ouvrir une deuxième chaîne arabisée aussi et réservée à la production
orientale. (El Moudjahid, 13.3.86). Quand bien même nous voulons
arabiser cette filière, nous buterons sur le manque d’encadrement et de
documentations scientifiques. (Liberté, 12.10.95). Arabiser la France,
assène sans rire l’honorable député qui n’a pas eu, en plénière, la langue
dans la poche. Oui, il faut arabiser la France comme d’autres veulent
islamiser le monde, la démarche est la même. (Le Matin,
14.8.97). L’obligation d’arabiser les enseignes commerciales a créé un
univers que seuls les fous, les illettrés et les dépravés trouvent à leur
convenance ; gâto, le chat en arabe dialectal, signifie aussi gâteau mais
c’est du français arabisé, donc passible du ravalement. (Sansal, 1999,
320). Le Ministère de l’Education est fictif. Du primaire à l’université,
des cobayes. Et puis l’on arabise. Ils ont tout coulé, ceux du fondamental
(système éducatif). (El Watan, 7.2.00).

2052. v. pronom. Disponible. (Pour les personnes, et en particulier les


enseignants). Se former en arabe classique dans le cadre de
l’arabisation. Cela, c’est encore un paradoxe d’Amokrane ! Il a composé
une grammaire berbère de deux cents pages, mais il nous parle français
à la maison. À l’école, dans la rue, Fadhma s’arabise à une vitesse
vertigineuse. (Haddad, 1984, 74). […] un certain nombre d’enseignants
n’ont pas encore eu le temps ou la volonté de s’arabiser. (Algérie-
Actualité, 10.1.85). « S’arabiser, c’est bien, estime ce professeur de
mathématiques, mais encore faut-il que cela se fasse de manière
progressive. » (Algérie-Actualité, 4.4.85). En sciences sociales, les
capacités d’encadrement des enseignants fonctionnent au ralenti,
puisque de nouveau sur les bancs d’école : ils s’arabisent. (Algérie-
Actualité, 9.1.86). Il faut perdre son innocence, brûler ses livres et
s’arabiser comme on se jette à l’eau. (Sansal, 1999, 393).
V. ARABISANT, ARABISATION.

206ARABISME n. m. 1. Courant, milieux universitaire et journalistique.


Ensemble des traits relatifs à l’identité arabe. Il se condamnait aux
besognes subalternes comme celle de garder les silos de réserves ou
d’exercer les métiers manuels réservés généralement aux gens du Nord
ou aux sujets à l’arabisme non affirmé. (Boutarène, 1982, 171). L’Algérie
nouvelle si grande par sa Révolution, si attachée à son africanité, si fière
de son arabisme et de son Islam ! (Révolution et Travail, 12.11.86). Je
partage avec toi ta condamnation de ce qui s’écrit sur un écrivain de ta
valeur, mais n’y participes-tu pas en condamnant (humiliant ?)
l’arabisme (Quand annoncera-t-on la mort des Arabes ?), ne les
pousses-tu pas à ne pas croire dans leurs rêves d’être dans l’époque et
d’être un numéro qui compte dans ce monde ? (La Nation, 28.11.95).

2072. Courant, milieux universitaire et journalistique. Système


doctrinaire fondé sur la promotion, la défense et l’exaltation de l’identité
et de la nation arabes. La poignée de mains entre Yasser Arafat et Itzhak
Rabin à Washington, le 13 septembre 1993, clôt une époque : celle qui,
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avait, face à Israël, figé
l’arabisme en identité politique dominante. (El Watan, 25.2.94). On prit
conscience que l’arabité et l’islamité étaient à revendiquer, l’arabisme et
l’islamisme à rejeter. (El Watan, 18.4.96). L’arabisme de certains frôle
l’hystérie. (oral). V. ALGÉRIANITÉ, ARABITÉ.
208ARABISTE n., adj. Disponible, milieu universitaire, connotations
péjoratives. Qui se réclame de l’arabisme (sens 2). Les défaites
successives du monde arabe face à Israël, la guerre du Golfe et les
déchirures interarabes ont porté un coup fatal à l’utopie arabiste, tant au
Maghreb qu’au Machrek. (El Watan, 14.2.93). Et la monarchie
wahhabite contribue à miner l’idéologie arabiste, qu’elle domine
mal. (El Watan, 28.2.94). Les couleurs du monde arabe aujourd’hui,
c’est une chorba où se confondent la droite avec la gauche, le marxiste
avec le capitaliste, le laïc avec le fondamentaliste, l’arabiste avec le
séparatiste, le clanique avec le confessionnel. (La Nation, 28.11.95).

209Com. Néologie fréquente dans les années 95.

210ARABITÉ n. f. Courant, milieux universitaire et journalistique.


Ensemble des traits, des valeurs et des qualités propres à la culture et et à
la civilisation arabes. Et c’est tout à coup, ô mes frères, que je sens, que
je sens d’instinct dans mes lointaines profondeurs, les plus secrètes
profondeurs de mon arabité. (Aba, 1981, 12). À l’époque, on soutenait
que l’arabité ne signifiait pas que l’Algérie soit composée de gens venus
du Moyen-Orient, mais qu’il s’agissait de la culture arabe qui est le
patrimoine de tous les Algériens, y compris les Berbères. (Le Jeudi
d’Algérie, 9.7.92). Manifestement, il y a là comme une tentative de
couper d’avec une modernité honnêtement assumée qui, peu à peu, prend
forme sous le prétexte, ô combien inconsistant, d’arabité menacée. On
voit bien où mène l’arabité ! (L’Hebdo libéré, 12.3.93). Le chaâbi a
hérité de cette « arabité », cette aire de liberté qui s’offre au
musicien. (Algérie-Actualité, 30.3.93). Ettahaddi propose sa
reformulation positive par la redéfinition de l’identité nationale
(« l’algérianité », dit-il) comme synthèse, franchement ouverte sur
l’universalité de l’arabité, de l’islamité et de l’amazighité qui met ces
« constantes » à l’abri de toute manipulation politique. (El Watan,
13.5.96). Son histoire est une longue chaîne de luttes qui fait […] des
Algériens une nation soudée par l’islam, l’arabité et l’amazighité.
(L’Authentique, 27.5.96).

2112. Courant, milieux universitaire et journalistique. Appartenance à la


nation arabe. Les participants ont également affirmé l’arabité d’El Qods
tout en condamnant les tentatives visant à changer ses aspects religieux
chrétien et musulman. (El Moudjahid, 17.5.96). M. Benhamouda prend la
parole pour parler longuement du cas de tamazight en citant des
anecdotes personnelles, avant d’affirmer que tamazight est une affaire
nationale et une cause juste, comme il dira que l’on ne peut séparer les
trois éléments constitutifs de la personnalité algérienne, à savoir :
l’arabité, l’amazighité et l’islam. (La Tribune, 17.5.96).

212ARABO-BAÂTHISTE (mot composé sur arabe et baâthiste) n., adj.


Disponible, milieux universitaire et journalistique. Qui conjugue la
référence à l’arabisme et à la doctrine du Baath. L’idéologie arabo-
baâthiste véhiculée par les « organisations de masse » du F.L.N., a fini
par complexer ces locuteurs de tamazight qui subissent de surcroît des
réflexions désobligeantes d’une population sans repères. (El Watan,
18.4.96). L’association perfide entre arabisation qui relève du domaine
scientifique (en principe) et idéologie arabo-baâthiste rétrograde a
donné à cette arabisation des contours décadents, archaïques. (Le Matin,
17.5.96). La langue tamazight possède, à travers tout le Maghreb, une
même base grammaticale et lexicale, contrairement aux affirmations
mensongères des tenants de l’idéologie arabo-baâthiste, considérant
toujours tamazight comme une sorte de « patois ». (Le Matin, 22.7.96).
213ARABOPHONE (de arabe + suf. -phone) adj. et n. Courant.
(Personne) qui parle arabe. Pour cause, a-t-il expliqué dans une interview
à un confrère arabophone, deux thèses s’affrontent. (Liberté,
12.10.95). Les rites rencontrés sont les mêmes d’un bout à l’autre de
l’Algérie et présentent bien peu de variantes entre les populations
berbérophones et arabophones. (El Watan, 12.1.96). Après sa timide
introduction à la télévision, à l’ère Ghozali, par le biais d’un
flash d’informations accompagnant le bulletin complet en arabe de 13
heures, est apparu un bulletin arabophone, semble-t-il vers 18
heures. (La Nation, 30.7.96). L’enseignant, qu’il soit arabophone ou
francophone, de droite ou de gauche, a réagi par rapport à son métier,
aux tâches pédagogiques qu’il accomplit. (Liberté, 15.1.97). Les femmes
alphabétisées, issues de milieux défavorisés, ne lisent la presse que dans
une proportion de 30 % contre 64,4 % pour les femmes de milieux aisés
et 60 % pour celles des couches moyennes (dans la première catégorie, il
s’agit surtout de presse arabophone). (El Watan, 10.3.97). El Khabar est
le premier quotidien indépendant arabophone né en novembre 1990,
après Le Soir d’Algérie et El Watan. (El Watan, 25.6.97).
V. ARABISANT.

214ARAGUIA, ARAQIYA, ARAQUYA (de l’arabe) n. f. Courant.


Bonnet en fil blanc que les hommes mettent sous leur chèche pour que le
tissu se tienne convenablement. Toujours le même Ammi Lounis, araguia
enfoncée sur la tête, d’une main toujours adroite il colle et coud les
vieilles chaussures de tous les bambins du quartier. (El Moudjahid,
3.3.91). Sa vie, il l’a toujours gagnée en fabriquant pour ceux qui veulent
les porter des araquyas blanches et même en couleurs. (Les Nouvelles de
l’Est, 14.12.91). Claquettes aux pieds, araguia sur la tête, gandoura se
gonflant au moindre coup de vent, les tenues islamistes emplissent les
rues de notre capitale. (El Watan, 2.7.92).

215Com. Actuellement, ce bonnet fait partie de la tenue islamiste.

216‘ARCH, ARCH, ARSH, ARCHE, ÂRCH (de l’arabe) n. m. 1.


Assez courant. Tribu, groupement de familles se réclamant du même
ancêtre. L’élément mâle de la famille prenait la relève pour recevoir les
rudiments de l’éducation telle que la concevait le arch. (El Moudjahid,
6.2.70). Ce livre est le fruit de plusieurs années de recherches dans la
région kabyle et en particulier dans l’arch (tribu) des Aït-Yanni. (Sayad
et Basagana, 1974, 57). Les familles se regroupaient suivant leur lien
tribal, par arch. (Algérie-Actualité, 25.9.83). Chacun joue la carte
gagnante en utilisant son statut de personnalité au niveau de son village
son douar, son arch, etc. (Liberté, 5.5.97). En effet, les réseaux des
« archs », de la famille et même des corporatismes ont lourdement pesé
sur l’élaboration des listes. (Liberté, 11.4.97). Les arches ne fermeront
pas certainement les yeux le jour du vote. (Liberté, 30.4.97). Les
habitants de cette localité sont issus du arch de Béni Siars, dont une
bonne partie a déserté ce patelin vers le chef-lieu de la daïra. (Quotidien
d’Oran, 15.1.01).

2172. TERRE ARCH loc. Spécialisé mais disponible. Terre de statut


collectif. Il y a des gens qui sont toujours en possession des terres
arch. (L’Unité, 4.6.78). M’Zira, quoique encore désertique et en terrains
« arch », quelques grosses familles tentaient déjà de se l’approprier et
d’en circonscrire le périmètre à leur seule intention […] Ils attendaient
seulement le moment propice de s’approprier des terres concernées qui
étaient « arch ». (Bouchama, 1984, 42). Ensuite viennent les problèmes
posés par les terres ’arch qui seront réglés dans une logique claire et
enfin la restitution de celles nationalisées pour lesquelles la loi
tranchera. (El Watan, 29.6.94). À propos des terres ’arch et des terres
communales, M. Bahbouh dira que celles-ci continueront à rester
propriétés de l’État. (La Tribune, 8.8.95). 47 millions d’hectares sont
exploités par le secteur de l’agriculture, englobant notamment des terres
arch. Parmi les 47 millions d’hectares, seuls 5,2 millions d’hectares sont
des terres privées. (El Watan, 21.1.00).

218Com. Attesté ds Duclos 1991. V. AROUCHIA.

219ARGAZ, ARGUAZ (du berbère) n. m. Disponible. Homme


courageux, franc, viril, sans crainte. Si Gaston n’agit pas seul, Ramdane
saura redevenir un arguaz […] Les gens te regardent, tu es un argaz, un
radjel maintenant… (Ouahioune, 1980, 144). Boumediene était un
véritable argaz. (oral).

220ARMÉE DE LIBÉRATION NATIONALE loc. nom. f. Disponible.


Armée algérienne pendant la guerre d’indépendance. Son père, un harki
tortionnaire des moudjahidine, a été tué en 1959 par l’armée de
libération nationale, (El Acil, 18.3.93). Le chahid a rejoint en 1958 les
rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) dans la zone V (wilaya
VI). (El Moudjahid, 28.1.01). Boumediene réussit à amalgamer les
diverses composantes de l’Armée de libération nationale pour en faire,
dans la fidélité à son glorieux passé, une armée républicaine. (Quotidien
d’Oran, 29.1.01).

221Com. Souvent abrégé en ALN.

222ARMÉE NATIONALE POPULAIRE l o c. nom. f. Courant.


Armée algérienne depuis l’indépendance. L’État par la mobilisation des
forces de sécurité, tous corps confondus et particulièrement de l’Armée
nationale populaire, a certes réalisé une étape importante dans l’œuvre
de rétablissement de la concorde civile. (La Tribune,
12.1.00). L’organisation de Sidi Saïd saisira l’occasion, par ailleurs,
pour réitérer « l’hommage aux forces de sécurité du pays et à l’armée
nationale populaire en particulier, au regard de tous les sacrifices
consentis pour la défense de la République ». (La Tribune, 15.1.00). La
récupération de la base de Mers-El-Kébir, le 2 février 1968, par l’armée
nationale populaire (ANP) constitue un tournant décisif. (El Moudjahid,
3.2.01).

223Com. Souvent abrégé en ANP.

224AROUBI, AÂROUBI (de l’arabe) n. m. Disponible. Genre de


musique traditionnelle algérienne. Après la mort de son père, trois
femmes l’initièrent aux secrets du haouzi, aroubi, zendani et autres
qadriate. (El Moudjahid, 19.1.77). Le comité du festival prévoit […] une
nouvelle rencontre dont le but sera de traiter du thème du aroubi dans la
musique traditionnelle. (El Moudjahid, 9.6.83). De nos jours, le malouf
est très peu interprété, la tendance vers d’autres genres tels que les
aroubi, mahjouz, haouzi et les chansonnettes de type tunisien lui ont
porté un coup fatal. (Liberté, 3.7.94). […] la musique classique
algérienne, savante, régnait sans partage, se permettant même le luxe de
donner naissance à des genres dérivés comme l’aâroubi, le zedjel. (El
Watan, 17.5.96). Cheïkha Tetma a transmis le hawzi tlemcénien à
Mériem, alors que cette dernière lui a inculqué les principes du aroubi
algérois. (Le Matin, 17.7.96). Le style « aroubi » propre à la région du
centre du pays n’est plus orphelin. (El Watan, 3.8.97).

225AROUCHIA (de l’arabe) n. f. Disponible. Esprit tribal, esprit de


clan, tendance à faire passer en priorité l’appartenance tribale. Tous sont
connus et ont un tas d’amis. Cependant, lorsqu’il s’agit d’élections, il
devient nécessaire de quantifier les connaissances, de donner un chiffre
et surtout de ne pas avoir de doute, que l’ami votera pour vous mais
aussi qu’il convainque sa famille, ses proches et d’autres camarades de
le faire. Et cela n’est guère facile, ça l’est peut-être au niveau de toutes
petites agglomérations du genre Berrahal où l’« arouchia » est encore
vivace. (Les Nouvelles de l’Est, 14.12.91). Chaque élection est faussée
par l’arouchia. (oral). Nous vivons dans un pays où l’arouchia est
l’unique critère de sélection. (oral). V. ARCH.

226AROUMI V. ROUMI.

227AROUSSA V. ARROUSSA.

228ARRÊTÉ n. m. Disponible, oral, surtout, milieu sportif. (Pour un


gardien de but de football) arrêt, fait d’arrêter le ballon sur un tir
adverse. Les deux arrêtés spectaculaires du keeper du NADI suite à un
coup franc botté par K. et au corner qui suivit. (El Hadef, 19.2.84). Ce
libéro brille surtout par ses arrêtés qui brisent les attaques de l’équipe
adverse. (El Hadef, 5.12.92).

229ARRIVISTE adj., n. m. 1. Disponible, oral surtout. Qui vient


d’arriver. Ronde place sonore. Qui tourne obstinément la tête. Aux
buildings. Arrivistes. (Boudjedra, 1956, 44). Nous sommes une ancienne
famille du village. Nous ne sommes pas des arrivistes comme
certains. (oral).

2302. Disponible, oral surtout. Débutant, novice. Les joueurs adverses


étaient loin d’être des arrivistes dans la compétition. (El Moudjahid,
10.3.70). L’entraîneur officiel de cette équipe n’est malgré tout pas un
arriviste dans le métier. Depuis cinq ans, il suit et assiste tous les
entraîneurs qui ont travaillé à Tizi-Ouzou. (El Moudjahid, 19.6.77).
V. BOUDJADI.

231ARROUSSA, AROUSSA (de l’arabe) n. f. Disponible. Jeune


mariée. Que sont devenus les sculpteurs sur bois qui décoraient les
coffres pour les jeunes « aroussa » pour leur offrir un supplément de
bonheur à l’occasion de leur mariage. (El Watan, 28.1.92). Le sultan
avait bien mené son affaire, la arroussa venait juste de perdre sa
virginité, et portait déjà dans ses entrailles le germe de la
descendance. (Mokeddem, 1999, 44). Habillée d’or et de pourpre, la
belle aroussa faisait son entrée au milieu de youyous et de chants
langoureux. (oral).

232ARSH V.’ARCH.

233ARWIKA (de l’arabe « galerie ») n. f. Assez courant. Grande


surface, supermarché. On les a cherchés vainement dans les « aswaks »
et autres « arwikas », tant il est vrai que ce n’est pas dans ces déserts
qu’ils commissionnent. (Alger républicain, 2.11.91). De longues chaînes
se déploient du matin au soir devant les arwika et les souks el fellah,
mais les couffins restent à moitié vides. (El Watan, 20.11.91). Arwikas et
aswaks sont vides ! Plus d’huile, plus de beurre, plus de poisson congelé
provenant des poissonneuses côtes de la Mauritanie. (Horizons 2000,
5.11.91). V. ASWAK, SOUK EL FELLAH.

234ASHÛRA V. ACHOURA.

235ASMAA, ASMAÂ (de l’arabe) v. à l’impér. Courant, oral.


Écoute ! Asmaa ! Sois poli, tu aurais dû écouter la suite avant de mettre
les voiles ! (Aïder, 1982, 28). Asmaâ ya Si Mohamed, si par hasard tu
n’as pas besoin d’huile, prends-en quand même un bidon pour moi, je te
le paierai à l’extérieur ! (El Moudjahid, 6.4.86). Asmaa, tu n’as pas
compris. (oral). V. CHOF.

236ASR, A’SR V. ACER.

237ASRI, ÂSRI (de l’arabe) n. m., adj. Courant. Variété de musique


moderne algérienne qui utilise des instruments de musique tels que
guitare électrique, batterie ou basse. Le genre que chante A. Chebira est,
en quelque sorte, un mélange de « asri » et du « chaâbi » car, tout en
employant dans son orchestre des instruments typiques du « chaâbi », on
trouve tout de même d’autres instruments plus spécifiques au « asri »
telles la guitare électrique et la basse. (El Moudjahid, 14.9.84). Il chante
en chaâbi, en kabyle, en âsri ! (El Moudjahid, 29.4.93). Le programme
initié par les organisateurs est surtout axé sur la musique de la zorna, du
chaâbi avec Azouz Raïs qui sera suivi par de la chanson kabyle avec la
chanteuse Massa Bouchafa, du raï asri avec cheb Hassan et cheb
Yazid. (Le Matin, 14.8.97). V. CHAÂBI, ANDALOU.

238ASSALA V. AÇALA.

239ASSAR V. ACER.

240ASSEMBLÉE POPULAIRE COMMUNALE loc. nom. f. Courant.


Conseil municipal, assemblée élue appelée à gérer une commune ; par
extension, administration municipale. L’Assemblée populaire communale
aura tenu son pari d’organiser annuellement un festival du chant
« badaoui ». (El Moudjahid, 13.7.86). Collectivité territoriale de base, la
commune est administrée par une assemblée élue, l’Assemblée Populaire
Communale (APC) et un exécutif présidé par le président de l’APC. (El
Moudjahid, 1.8.97). L’assemblée populaire communale peut se réunir
également en séance extraordinaire, chaque fois que les affaires de la
commune le commandent, à la demande de son président, du tiers de ses
membres ou du wali. (El Moudjahid, 1.8.97). Si dans le cas de
l’Assemblée populaire communale « mairie de Constantine », le malaise
s’est installé à cause de la nouvelle politique de centralisation appliquée
par le président, en ce qui concerne l’APW et les APC d’Ibn-Badis et de
Ouled Rahmou, les présidents respectifs sont accusés par les réfractaires
d’« autoritarisme et mauvaise gestion ». (El Watan, 6.1.00).

241Com. Souvent abrégé en APC.

242ASSEMBLÉE POPULAIRE DE WILAYA loc. nom. f. Courant.


Assemblée élue appelée à se prononcer sur la gestion d’une wilaya
(département). Par extension, administration gérant la wilaya. Ces vœux
sont également adressés au président de l’Assemblée populaire de
Wilaya lorsqu’ils ont trait aux questions relevant de la compétence de la
Wilaya. (L’Agro-Industriel, 1.12.94). L’Assemblée Populaire de Wilaya
(APW) est l’organe délibérant de la wilaya. Tout comme l’APC,
l’Assemblée Populaire de Wilaya forme en son sein des commissions
permanentes et temporaires pour étudier les questions intéressant la
wilaya. (El Moudjahid, 1.8.97). Et à moins d’une réaction vigoureuse des
élus de l’Assemblée populaire de wilaya appelés à se réunir, ce marasme
risque de s’aggraver. (El Watan, 28.1.00). La frontière qui sépare
l’autorité de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) de celle du wali
n’est pas toujours évidente. tant il est vrai que souvent l’action de l’APW
heurte les blocages administratifs. (El Watan, 2.3.00).

243Com. Souvent abrégé en APW.

244ASSEMBLÉE POPULAIRE NATIONALE, ASSEMBLÉE


POPULAIRE NATIONALE loc. nom. f. Courant. Parlement, Chambre
des députés, organe législatif national. L’Assemblée populaire nationale
a manifesté son soutien sans réserve aux actions que développe la
Direction politique. (El Moudjahid, 27.1.88). Cette dernière loi a été
adoptée en Conseil des ministres puis à l’Assemblée Populaire Nationale
(APN) et au Conseil de la nation au cours de séances régulières. (El
Watan, 14.1.00). Le Président de Djibouti à l’APN et au Sénat. (Titre).
Le Président de la République de Djibouti a effectué, hier, une visite de
courtoisie à l’Assemblée populaire nationale. (Liberté, 7.2.00). Le
Président de la République, à l’issue du mandat de l’instance législative
et jusqu’à l’élection de l’Assemblée populaire nationale, légifère par
ordonnances. (Art. 179 de la Constitution, cité dans El Watan,
2.3.00). La première Chambre du Parlement, l’Assemblée populaire
nationale, avait à peine achevé la procédure de vote sans débat de
l’ordonnance présidentielle portant dissolution du GGA. (El Watan,
22.3.00). Le corps [de Rabah Bitat] a été exposé au niveau du siège de
l’Assemblée populaire nationale, institution aux destinées de laquelle il a
présidé durant la période s’étalant de mars 1977 à octobre 1980. (La
Tribune, 12.4.00). Le bureau de l’Assemblée populaire nationale qui
regroupe les vice-présidents et les chefs de groupe parlementaire, s’est
réuni dimanche. (Quotidien d’Oran, 21.2.01).

245Com. Souvent abrégé en APN.

246ASSER V. ACER.

247ASSIHAR (du berbère) n. m. Disponible. Foire, manifestation


économique et culturelle qui se déroule périodiquement dans le sud
algérien, particulièrement à Tamanrasset. Le 5e Assihar de Tamanrasset a
été inauguré en présence de trois membres du gouvernement. (El
Moudjahid, 31.12.76). Bien avant la tenue de l’Assihar, l’hôtel affichait
« complet ». (El Moudjahid, 5.1.78). Amorcée au cours des deux
derniers Assihars, cette implantation de sociétés nationales dans la
wilaya se pours u i t progressivement. (El Moudjahid, 18.12.78). Le
14e Assihar s’ouvre aujourd’hui à Tamanrasset sous le signe de
l’intensification des échanges intra-africains. Cette manifestation à
caractère économique et culturel […] regroupera, outre les opérateurs
nationaux publics et privés, des exposants des pays amis et voisins tels
que le Niger et le Mali, participants traditionnels de l’Assihar. (El
Moudjahid, 6.2.86). Des éleveurs algériens installés au Niger et au Mali,
se trouvant à Tamanrasset dans le cadre de l’Assihar, font le forcing
pour l’annulation d’un arrêté de la wilaya interdisant l’importation du
bétail de ces pays voisins. (La Tribune, 7.2.00). Tamanrasset. Un
important dispositif sanitaire à la veille de l’Assihar. (Titre d’article, El
Moudjahid, 28.1.01). L’Assihar est conçu surtout comme opération
marketing pour encourager l’exportation de la production algérienne
vers l’Afrique. (Liberté, 18.2.01). V. MOUGGAR.

248ASTREINTE (D’-) loc. adj. Disponible, milieu administratif surtout.


(En parlant du logement) de fonction, réservé aux personnes qui occupent
un emploi précis. Cet établissement est généralement doté de 2 logements
d’astreinte. (El Moudjahid, 1.3.83). […] des travaux de réalisation d’un
bloc pédagogique non prévu, comme n’étaient pas prévus les logements
d’astreinte, de résidanat. (El Moudjahid, 13.3.86).

249ASWAK, ASWAKS 1. Pluriel de SOUK. De pénibles et longues


chaînes (de femmes, d’enfants, de vieux) se formaient au niveau des
aswak pour que chacun se procure quelques kilos de fruits et surtout de
légumes. (El Watan, 4.2.97).

2502. (diminutif de aswak el fellah). Pluriel de SOUK-EL FELLAH.


251ASWAK (EL FELLAH) Pluriel de SOUK EL FELLAH. L’on
remarque déjà une grande affluence des consommateurs vers les
épiceries, les marchés et autres aswak el fellah, pareils à des fourmis
emmagasinant des provisions pour l’hiver. (El Acil 17.1.96). Ces
improvisations de virtuose se diffusaient sur des cassettes artisanales,
enregistrées sur un de ces postes-cassettes Panasonic comme on en
trouvait à l’époque dans tous les aswaks, et dupliquées à l’infini. (La
Nation, 30.7.96). Bekhti Belaïd insiste sur la faillite des Aswak et des
Galeries et annonce que 29500 travailleurs n’ont pas reçu leur
salaire. (El Watan, 8.1.97). Relizane : Où sont les 2 milliards du matériel
d’Aswak ? [Titre] La soixantaine de travailleurs d’Aswak de Relizane ont
récemment intenté une procédure judiciaire. […] Les travailleurs de l’ex-
Souk El-Fellah présentent un dossier qu’ils jugent solide. (Quotidien
d’Oran, 7.2.00).

252ÂTAYE V. ATTAÏ.

253ATE (sigle de Assemblée des Travailleurs de l’Entreprise) n. f.


Vieilli mais disponible. Organe constitué des travailleurs d’une société,
qui participe à la gestion de l’entreprise. La SNCF renouvelle les
instances de son ATE. (El Moudjahid, 3.1.83). Le président de l’A.T.E.
s’est montré satisfait de la franchise qui a caractérisé l’ensemble des
débats et a exhorté les conférenciers à persévérer dans leurs
efforts. (Sonelgaz Écho, 1.4.85). L’ATE a décidé d’une grève de trois
jours. (oral). L’ATE a demandé le départ du comptable. (oral). V. ATU,
GESTION SOCIALISTE.

254ATFADLOU, ATFADEL (de l’arabe) Courant, oral. v. à l’impératif


pl. Formule d’encouragement à prendre la parole ou invitation à entrer.
Équivalent de : « je vous en prie ». Atfadlou messieurs-dames, le
directeur est en congé annuel (29 jours par mois), je vous reçois à sa
place. (Khiari, 1981, 31). – Est-ce que je peux dire un mot ? –
Atfadel ! (oral).

255AT HOME (de l’anglais) loc. Courant, milieux sportifs. (En matière
de sports) à domicile, sur son propre terrain. Les protégés de Azeroual
sont en train d’accomplir une remarquable remontée grâce à leur
succès at home. (El Moudjahid, 17.2.01). H. a quitté le club kabyle à la
suite d’une défaite at home face au Mouloudia d’Alger. (El Watan,
18.2.01). Les autres mal classés ont mis à profit leur rendez-vous at
home pour soigner leurs positions au classement. (Horizons, 19.2.01).

256ATTACHE (PRENDRE -) loc. verb. tr. Courant, écrit surtout,


milieu administratif. Entrer en contact avec, contacter (une
administration, un organisme). Après le temps des grisailles, il décide de
s’améliorer et de prendre attache avec l’hebdomadaire national Algérie-
Actualité. (El Moudjahid, 7.9.83). Pour vos besoins en ciment, prière
prendre attache avec le service de la programmation. (Affiche entreprise
nationale). À cet effet, un groupe de contribuables a pris attache avec El
Watan. (El Watan, 4.1.00). Son mari la battait tous les jours, ce n’est
qu’au bout de dix ans qu’elle a pris attache avec une association qui l’a
aidée. (oral). V. SE RAPPROCHER.

257ATTAÏ, ATTAY, ÂTAYE (de l’arabe) exclam. Disponible, oral


exclusivement, grossier. Terme d’insulte à l’adresse d’un homme :
homosexuel, « pédé ». Instinctivement, il a immobilisé la main du maître
et en le regardant bien dans les yeux, il a articulé : – Attaï ! C’est
l’insulte suprême pour un homme. Un mot que l’on emploie entre nous
dans la colère, comme d’autres se traiteraient d’idiots ! Mais dit de cette
façon par Youssef, le terme a un poids terrible de mépris. Il a osé traiter
le maître de pédéraste. Monsieur Durand suffoque. – Quoi ? Attaï ? Je
connais ce mot… Moi… Moi, Attaï ? (Lemsine, 1978a, 105). Le
surveillant général et le directeur mirent plus d’une heure à lui expliquer
le motif [de la convocation] – Mon fils est attay (homosexuel) ! (Benaïssa,
1999, 153). Et toi, mon fils … attay ? ! Mes ancêtres ont mis au monde
des oiseaux de proie, des aigles, des vautours et moi j’ai mis au monde
une sauterelle qui est la proie de moineaux de roumi. (Benaïssa, 1999,
154). Reste à ton poste, couillon de la lune, c’est un piège des tangos ! ;
et zebi, tu l’as vu, âtaye ! (Sansal, 1999, 187).

258ATTEINTE n. f. Disponible, écrit surtout. Action d’atteindre, de


réaliser (un objectif, une performance que l’on se fixe). L’atteinte des
objectifs visés trouve sa limite dans les propres limites de
l’environnement dans lequel évolue l’entreprise de construction. (El
Moudjahid, 24.11.84). Chacun selon ses capacités contribuera à la
montée en production de notre complexe pour l’atteinte des objectifs qui
lui sont assignés. (Le Sidérurgiste, mars 1985). […] l’atteinte des
performances normales requises pour répondre à la demande
nationale. (Algérie-Énergie, 1.8.85). […] l’atteinte de bonnes
performances en matière de gestion. (El Moudjahid, 15.5.86). Il s’agit
pour les entreprises de rechercher et de trouver les formules les plus
adaptées à l’atteinte de leurs optima d’efficacité. (El Moudjahid, 9.8.88).

259ATTIRANCE n. f. Disponible. Action d’attirer, de faire venir,


attraction. À commencer par l’économie nationale confrontée à l’épreuve
de la décentralisation, de l’attirance de la main-d’œuvre agricole dans
les régions à mettre en valeur, comme celle du sud du pays. (El
Moudjahid, 26.5.86). Les grandes villes ont exercé une grande attirance
sur les populations de campagnes qui ont délaissé l’agriculture pour
s’installer dans ces grands centres urbains. (Algérie-Actualité,
5.10.92). L’attirance des capitaux étrangers en Algérie passe par la
restructuration du système bancaire national. (oral).

260ATTRIBUTAIRE n., adj. 1. Disponible mais vieilli. Petit paysan,


autrefois ouvrier agricole, qui a bénéficié de l’attribution d’un lopin de
terre au cours de la Révolution agraire. C’est, en définitive, l’effort
personnel de petits producteurs, des attributaires de la Révolution
agraire et des travailleurs du secteur autogéré qui doit déterminer
le succès de la bataille de la production. (Charte nationale, 1976,
78). La première conséquence socio-économique de la Révolution
agraire est que 1 858 anciens petits paysans et khemmas sont devenus
des attributaires. (El Moudjahid, 11.6.79). Bellemou chante la femme.
L’attributrice dans la coopérative, l’ouvrière dans l’entreprise. (L’Unité,
4.1.78). Comment cohabitent une famille de nationalisés et une famille
d’attributaires ? (Algérie-Actualité, 29.11.90). La réforme agraire de
1971-1972, baptisée « révolution agraire » n’en tire pas la
leçon. […] pour sauvegarder les capacités d’investissement et de
progrès, on distribue ces lots directement en coopérative sans que
chaque bénéficiaire ne sache où est son lot. Il a simplement un titre
d’attributaire d’une surface de terre, mais il est, dès le départ, dans une
coopérative intégrale. (Hassan, 1996, 122). En pleine révolution agraire,
les responsables de Skikda ont été obligés, par manque de main-d’œuvre
agricole, de faire appel à des paysans d’autres wilayas comme Batna,
Biskra, Guelma, pour en faire des … attributaires. (Quotidien d’Oran,
26.6.00). V. AFFECTATAIRE, FELLAH, KHAMMAS.

2612. Disponible. Bénéficiaire d’un logement social accordé par


l’État. Les attributaires logent toujours sous les tentes, mais ils pourront
bientôt quitter les khaïmate hideuses pour de très jolies habitations. (El
Moudjahid, 21.2.78). Le président de l’APC soulève également l’affaire
de l’attribution de 20 logements évolutifs à Sidi Hamad et pour lesquels
le chef de daïra a rejeté la liste des attributaires, liste qui n’a jamais été
notifiée par l’APC. (Quotidien d’Oran, 29.3.00). Les distributions de
logements sociaux partout contestés [Titre]. Au bonheur discret des
heureux attributaires fait souvent face l’ire de ceux qui ne trouvent pas
leur nom sur les tablettes. (El Watan, 17.4.00). De nombreux recours de
citoyens ont fait état de magouille à l’intérieur des commissions
d’attribution des logements sociaux, fournissant même des preuves
concrètes sur certains citoyens attributaires ne remplissant pas les
critères édictés par la réglementation en vigueur. (El Watan, 17.4.00).

262ATU (sigle de Assemblée des Travailleurs de l’Unité) n. f. Vieilli


mais disponible. Organe formé des travailleurs d’une société et qui
participe à la gestion de l’entreprise. Actuellement, l’Union de wilaya
d’Oran, compte, dans le cadre de l’application de la gestion socialiste,
127 ATU ou ATE regroupant plus de 52 000 travailleurs. (El Moudjahid,
3.1.83). Dans toutes les entreprises, c’était plus le directeur qui
commandait, c’était l’ATU. (oral). V. ATE, GESTION SOCIALISTE.

263AUSCULTATION n. f. Courant, oral surtout. Consultation


médicale. Un médecin donne des auscultations hebdomadaires au niveau
du village. (El Moudjahid, 16.6.77). Cent dinars et deux cent cinquante
dinars sont les tarifs des auscultations affichées par les médecins
généralistes et spécialistes de la wilaya de Biskra. (oral).

264AUSSI adv. Courant. (Après une proposition négative) Non plus. Le


deuxième stade ne remplit pas toutes les conditions voulues et la plus
importante reste celle de la sécurité. Il ne dispose pas aussi de pelouse
puisque les spectateurs, de ce côté, doivent rester debout. (El Hadef,
21.11.82). Pas d’égards pour ces dizaines de baguettes de pain livrées à
la poussière. Aucune attention aussi pour ces étalages de zalabia,
ruisselants de sucre et de colorants. (La Tribune, 22.12.99). Je n’irai pas
à son mariage – Moi aussi ! (oral). Les citoyens ne doivent pas
manifester dans la rue. Ils ne doivent pas aussi s’opposer au service de
sécurité. (oral).

265AUSTRALIE n. f. Disponible. Pays imaginaire où l’abondance


règne, eldorado, Amérique, pays de cocagne, terre d’accueil à laquelle
rêvent tous les jeunes Algériens. Que d’« Australies » présentées sur un
plateau doré et non comme une terre qui reste à défricher, que de rêves
livrés à domicile, que de paradis artificiels portés par un « American
way of life ». (Algérie-Actualité, 20.2.92). Adossés toute la journée au
mur du quartier, ces jeunes hittistes ne rêvent que d’Australie. (oral).
V. BABOR AUSTRALIA.

266AUTO-CONSTRUCTEUR, AUTOCONSTRUCTEUR n. m., adj.


Courant. Personne qui construit son logement par ses propres moyens en
bénéficiant de l’aide de l’État (qui fournit le terrain à bâtir). Les
autoconstructeurs s’approvisionnaient difficilement auprès de la seule
agence SNMC. (El Moudjahid, 6.2.84). Ces dynamiques auto-
constructeurs qui ne lésinent pas sur le ciment pour imposer aux voisins
la vue de hautes murailles. (El Moudjahid, 22.11.85). Cet impôt ne
concerne pas les auto-constructeurs à titre individuel ou organisés en
coopérative immobilière. (Algérie-Actualité, 2.1.86). Dans un souci
d’épargner les autoconstructeurs du coût du transport, les autorités de
wilaya et municipales ont pris des mesures. (El Moudjahid, 23.6.86). Le
ciment importé ou produit localement fait l’objet d’une spéculation
effrénée, privant à jamais les auto-constructeurs aux revenus modestes et
sans « entrées » auprès de l’administration de posséder un
toit. (Rouadjia, 1994, 346). D’autres états font ressortir les quantités de
matériaux de construction délivrées aux entreprises privées, aux auto-
constructeurs et à d’autres clients regroupés sous la rubrique
« divers ». (Achir, 1997, 60). […] le gel de la subvention accordée aux
auto-constructeurs ruraux d’un montant de 12 millions. (Quotidien
d’Oran, 2.3.00). V. AUTOCONSTRUCTION, AUTO-CONSTRUIT.

267AUTO-CONSTRUCTION, AUTOCONSTRUCTION n. f.
Courant. Construction de leurs logements par les futurs propriétaires eux-
mêmes qui bénéficient de l’aide de l’État. L’auto-construction éliminera
définitivement les zeribas, utilisées en guise de logements. (El Moudjahid,
6.7.83). Afin de soulager le pays du problème de l’habitat, le
gouvernement encourage l’auto-construction. (El Watan, 4.7.92). L’auto-
construction, formule inventée dans les années 80 pour permettre aux
mal-logés, avec l’encouragement et les facilités accordées par l’État
(octroi de terrain à bâtir), d’édifier un toit y avait été tentée. Mais,
comme partout ailleurs, l’expérience fut un fiasco. (Rouadjia, 1994,
347). Tout le monde semble regretter d’avoir tenté l’aventure de
l’autoconstruction qui fait du lotissement n° 3 « un lotissement
infernal ». (Quotidien d’Oran, 16.12.99). C’est ainsi que chaque
bénéficiaire y est allé vaille que vaille construire son gîte : qui avec ses
propres moyens, qui dans le cadre de l’auto-construction ou bénéficiant
d’une plate-forme. (Quotidien d’Oran, 16.12.99). Concernant la liste des
bénéficiaires de l’aide financière accordée aux nécessiteux dans le cadre
de l’autoconstruction, les citoyens contactés révèlent que la majorité de
ceux qui ont tiré profit de cet avantage ne le méritent pas. (Liberté,
17.2.00). La société propose une large gamme de produits à garantir qui
va de l’auto-construction à un ensemble de logements construits par un
promoteur. (El Moudjahid, 6.2.01). V. AUTO-CONSTRUCTEUR,
AUTO-CONSTRUIT.
268AUTO-CONSTRUIT adj. Disponible. (En parlant d’un logement).
Qui est construit par son propriétaire avec l’aide de l’État. Le wali a
inauguré le nouvel hôtel des postes de la ville avant de visiter un groupe
de logements auto-construits. (El Moudjahid, 7.3.83). Des quartiers
entiers auto-construits s’étalent tout au long de cette longue route
sinueuse. (Algérie Actualité, 3.9.92). V. AUTO-CONSTRUCTEUR,
AUTOCONSTRUCTION.

269AUTO-SATISFACTION, AUTOSATISFACTION n. f.
Disponible. Autosuffisance, capacité de subvenir à ses propres besoins
économiques ou alimentaires. Nous comptons ainsi faire diminuer la
jachère, augmenter les taux de rendement et introduire la culture sous
serre dans un premier souci d’auto-satisfaction. (El Moudjahid,
10.6.85). L’autosatisfaction ne signifie pas, évidemment, tout produire
chez soi à n’importe quel prix. (Algérie-Actualité, 19.6.86). V. AUTO-
SATISFACTION ALIMENTAIRE, S’AUTOSATISFAIRE,
COMPTER-SUR-SOI.

270AUTO-SATISFACTION ALIMENTAIRE,
AUTOSATISFACTION ALIMENTAIRE n. f. Disponible.
Autosuffisance alimentaire. L’autosatisfacion alimentaire, ce n’est pas
seulement le volume de production élevé, c’est aussi la disponibilité du
produit en tout point où il est désiré. (Algérie-Actualité, 19.6.86). On n’a
pas pas atteint l’autosatisfaction alimentaire et on veut se lancer dans
des projets incroyables (El Açil, 5.12.92). V. AUTO-SATISFACTION,
S’AUTOSATISFAIRE, COMPTER-SUR-SOI.

271AUTOSATISFAIRE (S’) v. pronom. Disponible. Subvenir à ses


propres besoins économiques et alimentaires. Alors voilà Koléa qui
s’équipe et se dote d’une stratégie de développement pour essayer de
s’autosuffire et s’autosatisfaire. La tâche est urgente et les échéances ne
peuvent attendre : la santé, l’agriculture, l’habitat, l’eau exigent des
réponses rapides. (Algérie-Actualité, 17.3.83). Il faudra d’abord
s’autosatisfaire et puis ensuite s’efforcer de réaliser des excédents que
nous pourrons destiner alors à la transformation. (El Moudjahid,
10.6.85).

272AUTO-SATISFAISANT adj. Disponible. Autosatisfait, content de


soi. Oubliés, les propos auto-satisfaisants où les difficultés, les problèmes
et les obstacles s’effacent comme par enchantement pour ne laisser
paraître que le côté réjouissant de la médaille. (Algérie-Actualité,
23.2.84). Le discours auto-satisfaisant du président n’a rien apporté une
fois de plus. (oral).

273AUTO-SUFFIRE v. tr. dir. Disponible. Assurer l’autosuffisance


économique et alimentaire à (une région, un pays). Le programme
adopté […] se fixe l’objectif d’exploitation de 70 000 ha d’ici à 1989 par
le système d’irrigation par aspersion et où serait pratiquée une
association de cultures à même d’auto-suffire les régions du Sud. (El
Moudjahid, 14.4.86). L’agriculture algérienne n’arrive pas à auto-suffire
les besoins élémentaires du peuple. (oral). Les ressources hydrauliques
de la région de Biskra sont à même d’auto-suffire tous les agriculteurs
recensés sur le territoire de la wilaya. (oral).

274AWAH V. AOUAH.

275AWAL MOHAREM, AWAL MOHARRAM, AWAL


MOUHAREM, AWAL MUHARÂM, AWAL MU-HAREM, AWEL
MOUHAREM, AWWEL MOUHAREM (de l’arabe) n. m. Disponible.
Jour de l’an de l’ère hégirienne. La particularité du programme de cette
semaine à la chaîne Une est l’événement de la journée du Awal
Moharram (jour de l’An de l’ère hégirienne) qui verra la diffusion
d’émissions spécialement conçues pour cette grande date de l’histoire
musulmane. (El Moudjahid, 26.9.84). C’est le Awal Moharem que le
messager Mohammed, que la Paix et le Salut soient sur Lui, a reçu
l’ordre de Dieu d’émigrer vers El Madina El Mounawara. (Révolution
africaine, 20.8.85). À l’occasion du Awal Muharâm, nous souhaitons
tous les vœux de bonheur et de prospérité à nos lecteurs. (Révolution
africaine, 28.8.87).

276I. AYA, AYYA, AYAOU (de l’arabe dialectal), exclam. Courant,


oral surtout. Exclamation qui (en fonction du contexte) invite
l’interlocuteur à continuer ou à interrompre son action. Aya, reste avec
moi on va bien jouer. (L’Unité, 15.4.78). Embauchés ! ! ! Surtout la
fille ! Ayaou dans mon bureau ! (Khiari, 1981, 30). Dès qu’il lui toucha
le ventre, la femme le rabroua vivement : – AYYA ! Lis et laisse-moi
tranquille. (Khelifa, 1985, 301). Aya ! Ouvrons le débat ! (Slim, 1986,
26). V. AMCHI, ROH.

277II. AYA (de l’arabe) n. f. (pluriel : ayat). Disponible. Citation d’un


verset ou d’une sourate du Coran utilisée comme justification ou
explication d’un fait. En cette minute solennelle, les paroles de l’aya
d’Al-Ankabût lui montèrent tout naturellement aux lèvres : « Ceux qui
auront accompli des œuvres pies, nous les ferons entrer, certes, parmi les
saints. » (Khader, 1973, 28).

278AYAT, AYÂT pluriel de AYA II. Le sens de ce verset est le


suivant : Dieu fait état dans le Coran des versets, ou des signes
(« ayât ») qui serviront de remèdes et de guérisons aux souffrances des
hommes, à l’exception des impies qui encourent un terrible
châtiment. (Le Matin, 17.3.92). […] à la faveur de quelques ayats du
saint Coran. (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92).

279AYAYE (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Musique bédouine algérienne


qu’on retrouve dans les autres pays du Maghreb. Dans les différents
genres de la musique algérienne existe un genre tout à fait autochtone
qui doit être une expression parmi les plus anciennes de l’art musical
maghrébin. Il s’agit du genre dit « Ayaye ». Le fait que la musique
« ayaye » soit d’origine bédouine constitue déjà par lui-même une
garantie contre la tendance à l’aliénation aux autres cultures musicales.
La musique « ayaye » est pratiquement la même dans les campagnes
marocaine, algérienne, tunisienne et libyenne. (El Moudjahid,
23.10.83). Une jeune voix psalmodiait l’appel rituel. Ce n’était ni le
« moud », genre très prisé et très triste qui servira beaucoup l’élégie
dans le monde arabe, ni la complainte locale, la complainte ancestrale
du sud, le « ayaye » qui, en vérité, en est le dérivé. (Alger républicain,
22.11.91).

280AYOUAH, AYWAH V. AÏOUA.

281AYYA V. AYA I.

282AZAL, AZEL (de l’arabe) n. m. Spécialisé, écrit surtout. Berger


rémunéré en nature par le propriétaire au dixième de l’accroissement
annuel du troupeau. Les azels et les petits éleveurs sont férocement
exploités par les gros propriétaires fonciers et les gros
éleveurs. (L’Unité, 4.2.78). Les azels de la steppe et les paysans les plus
pauvres ont été pratiquement absents du congrès. (Révolution socialiste,
1.5.78). Les anciens rapports de production foncièrement féodaux
(détenteur, azel, berger) subsistent encore anachroniquement dans nos
pâturages. (Afric-Économie, 4.6.86). V. AZALA.
283AZALA, AZLA (de l’arabe) n. f. Spécialisé, écrit surtout. Ancien
système de rémunération en nature du berger au dixième de
l’accroissement annuel du troupeau. 15 000 bergers sont payés à la azla,
régime draconien bien plus dur encore que celui du khamessa. (El
Moudjahid, 20.10.74). L’article 5 du Code de la Steppe abolit la azala et
toutes les dettes contractées par le azel. (L’Unité, 4.2.78). Les gros
éleveurs absentéistes entretiennent le système de azala. (El Djeich,
1.7.78). V. AZAL.

284AZIMA (de l’arabe) n. f. Disponible. Exorcisme traditionnel par le


sacrifice d’animaux domestiques. La « azima » s’impose. Choisis une
chèvre noire et égorge-la. Pour expulser l’engeance d’Ibn Al Ahmar, il
est nécessaire de répandre le sang […]. Tu ne prononceras pas une
parole, tu ne feras pas un geste avant que je t’en donne l’ordre. Sinon tu
détruirais l’effet de la « azima ». (Benhedouga, 1982, 166). Elle l’avait
ensorcelé, il était complètement fou d’elle. Il vivait un rêve merveilleux,
cependant, au bout de quelques mois, la « azima » s’est envolée, elle
criait, elle ne souriait plus. La vie était devenue commune et même
infernale. (El Açil, 5.2 93).

285AZL, EL AZL (de l’arabe) n. m. Disponible. Coït


interrompu. Utilisée par le Prophète Mohammed […] et donc possible
aux musulmans. Méthode que les musulmans appellent le
« Azl ». (Révolution africaine, 27.5.84). […] dans diverses circonstances
des musulmans ont eu à pratiquer le « Azl » dans le but d’éviter des
grossesses à leurs épouses et pour des raisons variables. (El Moudjahid,
6.6.86).

286AZLA V. AZALA.
287AZRIYA, AZRIYAH (de l’arabe) n. f. 1. Disponible. Femme veuve,
répudiée ou divorcée. La femme répudiée ou la veuve devient azriya,
jusqu’à un nouveau mariage. L’« azriyah », c’est-à-dire qui n’a pas de
mari, se comporte en courtisane. (Bourdieu, 1970, 30). De même dans les
Aurès, l’institution de l’« azriya » semble répondre au même souci du
groupe social : le plus souvent, veuve ou divorcée, parfois célibataire,
l’azriya est une courtisane, non une prostituée. Admise par sa famille et
la société aurassienne, elle n’éprouve aucune difficulté à contracter le
mariage et parfois de fort beaux partis. (Boucebci, 1979, 140).

2882. Disponible, milieu féminin surtout, connotation péjorative.


Mégère, femme vulgaire et sans éducation. De très mauvaise humeur ce
matin, mon boucher. Qu’avez-vous, lui ai-je demandé, fatigué ? « Non,
non, me répondit-il […] de bon matin une de ces femmes qui […], une
azriya, voyez-vous, a voulu que je lui serve les meilleurs morceaux de ma
vitrine, et quand j’ai refusé, elle m’a insulté, insulté, moi qui suis dans
cette boucherie depuis trente ans. » (Algérie-Actualité, 29.11.90).

289AZZABA (de l’arabe) n. f. Disponible. Migration hivernale du bétail


vers les pâturages sahariens. Ces déplacements d’une partie du troupeau
de la steppe vers les pâturages d’été et vers les parcours sahariens
s’effectuent régulièrement. On les nomme achaba et azzaba, soit les
migrations d’été et d’hiver. (El Moudjahid, 17.3.86). V. ACHABA.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


BA (de l’arabe : abréviation de baba) n. m. Disponible, oral surtout.
Papa, terme respectueux pour désigner le père et, par extension, un
homme âgé. Renvoyées par la voûte, les paroles de ba Skali vibrèrent
pathétiquement. (Dib, 1957, 46). V. BABA.
2BAÂTHISME, BAATHISME (de l’arabe baâth + suffixe français -
isme) n. m. Disponible. Idéologie politique née en Irak et en Syrie, qui
essaie de concilier le panarabisme avec une forme de socialisme arabo-
musulman. Le populisme et le baâthisme nous ont menés à l’impasse
actuelle et l’on oublie déjà que populisme et baâthisme sont en Algérie
les deux mamelles de l’intégrisme. (L’Hebdo libéré, 23.2.93). Le
baâthisme de pacotille, de même que le populisme à l’orientale, furent
bien la base qui servit de terreau nourricier au terrorisme. (L’Hebdo
libéré, 23.2.93). La langue amazighe et la langue targuie étaient
marginalisées par les tenants du baâthisme algérien qui étaient déjà les
alliés des intégristes et des forces conservatrices. (El Watan,
9.1.96). C’était un vieux communiste repenti et converti au
baathisme. (Mokeddem, 1999, 54). V. BAÂTHISTE.

3BAÂTHISTE (de l’arabe baâth + suffixe française -iste) 1. adj.


Disponible. Qui est relatif au baâth et au baâthisme. Le FLN, ainsi qu’un
certain nombre de petites formations baâthistes, est également concerné.
(Le Matin, 17.5.96). Du côté des arabophones, il y avait la tendance
baâthiste qui mènera des combats durables contre les pagsistes avec,
vers la fin des années 70, le soutien d’une partie du Pouvoir. (La Nation,
30.1.95). […] ou de résidus du populisme messaliste puis baâthiste sous
forme de référence à la religion dans tous les documents politiques du
parti unique. (La Nation, 14.5.96). C’était en 1993, Ali Ben Mohamed,
ministre de l’Éducation à l’époque et éminence grise de la tendance
baâthiste en Algérie, décidait, en dépit du bon sens pédagogique,
d’introduire l’enseignement de l’anglais au deuxième cycle du
fondamental. (Liberté, 9.10.96). L’idéologie islamiste et baâthiste a
réussi le double crime de couler l’école et la mosquée. (Le Matin, tribune
web, décembre 1999). Ali Kafi cultive en effet, une sympathie militante
pour toutes les formes de panarabisme, qu’elles soient d’obédience
nassérienne, baâthiste, versions syrienne et irakienne, ou même
khaddafiste […]. (Le Matin, 8.4.00). Les tenants de l’arabisme baâthiste
se mobilisent, grégarisme oblige, pour en découdre avec les
francophiles. (El Watan, 3.3.01).

42. n. Disponible. Personne qui se réclame du baâthisme. Les


arabophones, que ce soient les baâthistes ou les islamistes, se situaient
dans un autre temps, qui était loin des exigences du présent. (La Nation,
30.1.95). Il brocarde à blanc le président Zeroual sans le nommer, les
baâthistes, les députés, les égorgeurs. (El Watan, 4.1.00). Khaled Nezzar
dans un entretien au quotidien Echarq : « Kafi est un baâthiste et un
intégriste ». (Titre, Liberté, 15.3.00). V. BAÂTHISME.

5BABA (de l’arabe) n. m. 1. Courant, oral surtout, connotation


affectueuse. Papa. Il fronça les sourcils avec dans les yeux une
expression farouche : – Baba me l’avait toujours dit. (M’hamsadji, 1969,
117). Le gamin lui tirait sur la jambe du pantalon appelant : – Baba…
baba… (Ben Myriam, 1983, 194). Baba, pourquoi rabroue-t-on le rire,
interdit-on le chant et la danse des fillettes ? (Mokeddem, 1992,
264). Baba, je ne recommencerai plus… Plus jamais… Baba, je suis ton
fils… Baba, je lirai tous les matins le Coran au magasin, et tu verras, ton
commerce deviendra prospère !… Sur ta tête, Baba !… Que Dieu te
prête vie, Babaaa ! !… (Benaïssa, 1999, 120) […] plus gentil est de leur
dire que baba est mort à la place d’un planqué. (Sansal, 1999, 267).

62. Courant, oral surtout. Père (terme d’adresse affectueux et respectueux


à l’égard d’une personne âgée). Il avançait péniblement sur la voie
obstruée. – Pardon, ya Baba. La femme qui s’excusait, enveloppée dans
son voile noir, venait de lui envoyer un coup de coude en plein
ventre. (Ouettar, 1981, 52). Avec l’arrivée de Baba Salem, l’orchestre
nous submergea de rythmes à cœur que veux-tu. (Ben, 1982, 49). Baba !
Faites attention à vous, vous allez vous faire renverser par le bus. (oral).

7Com. Attesté ds IFA. V. BA, AMMI.

8BABOR (AUSTRALIA), BABOUR (AUSTRALIE) (De


l’expression babor Australia qui désigne un bateau fictif venu d’Australie
pour embarquer les jeunes chômeurs candidats à l’émigration) n. m.
Courant, oral surtout. Bateau mythique, symbole du désir des jeunes
Algériens de quitter leur pays. Le babor est venu […] Le babor quitta le
quai. (El Manchar, 1.11.90). Ali, ce jeune hittiste, passa tout le mois de
mai à attendre, attendre le babor qui n’accosta point. (El Açil, 5.9.92). Si
des histoires telles que celle de Babour Australie ont eu autant de force et
d’impact, ce n’est pas à cause d’un quelconque complot où la main de
l’étranger serait présente, mais parce que, chez l’adolescent, l’échec de
l’idéalité trouve encore dans un syndrome de dénigrement ambivalent
une esquisse de défense. (El Watan, 28.6.94). Le projet partagé par la
majorité des jeunes candidats au départ vers l’étranger, et notamment
vers la France – ce projet que l’imaginaire populaire décline sur le
thème du babor Australia, ce bateau qui jamais n’accoste mais dont
chacun persiste à espérer la venue – va pourtant se heurter à la
fermeture des frontières européennes. (Labat, 1995, 37). On espère que,
cette fois-ci, on n’attendra pas babor Australie et que ces Australiens ne
nous mèneront pas en bateau. (El Watan, 2.3.00). V. AUSTRALIE.

9BABOUCHE (de l’arabe) n. f. Courant. Chaussure en cuir


traditionnelle, plate, légère, sans quartier ni talon, parfois brodée, portée
par les hommes et les femmes. Du cheich de leur turban aux babouches
de peau tannée qu’ils portaient aux pieds, il n’y avait que leurs yeux,
sans âge comme les sources, qui fussent limpides. (Dib, 1967, 38).
Ô passants, lorsque vous achetez une paire de babouches de n’importe
quel souk, rentrez chez vous et enfilez-les dans le silence ! (Ben Mansour,
1990, 78). Les Turcs planteront sur les flancs du Murdjadjo un fort qui
ressemble à des babouches pour prévenir toute invasion. (Liberté,
25.10.95). La transformation du cuir est l’affaire de Boulachab
Mohamed, un artisan d’Alger. Il en fait de très belles choses : sacs,
babouches, pochettes de lunettes, chapeaux, poufs, etc. (L’Authentique,
28.5.97). Ce furent de vieux retraités qui ne quittaient plus leurs
babouches et leurs gandouras pleines de vent. (Sansal, 1999, 163). Ces
jours-là, avec son turban étincelant, son burnous de soie et ses
babouches brodées d’or, il incarnait quelque imam
messianique. (Khadra, 1999, 234). Il est parti en laissant sous mes
babouches jaunes que je prenais pour oreiller, le plan d’une mosquée à
sept minarets. (Zaoui, 1999, 174).

10BABOUCHIER n. m. Disponible. Fabricant de babouches. Je


n’arrive pas à croire que notre peuple endurait tant de souffrances !
s’étonna une fois de plus le petit babouchier. (Dib, 1957, 82). Et celle qui
reste n’aspire qu’à trouver asile dans ce monde de babouchiers. (Dib,
1973, 26). C’est dans une ambiance particulièrement colorée par la
magie des babouchiers et des tisserands que la personnalité artistique du
jeune apprenti va se forger. (El Watan, 27.12.95). V. BLAGHDJI.

11BACHADEL (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Suppléant du cadi,


fonctionnaire de justice sous l’administration coloniale française. Je
trouvai le cadi et le bachadel debout devant son bureau. (Bennabi, 1965,
235).

12Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. ADEL, CADI.


13BACHAGHA (de l’arabe) n. m. 1. Disponible, connotation péjorative.
(Sous l’administration coloniale française) haut fonctionnaire musulman
qui occupe un rang supérieur à celui de l’agha et du caïd. Le caïd reçut le
titre de bachagha au lendemain même du 8 mai 1945. (M’hamsadji,
1969, 26). En cela il ne différait pas des autres personnes sélectionnées
aux quatre coins du pays afin d’aider l’occupant, qu’ils soient
bachaghas, caïds ou amenokals. (Achour, 1971, 23). Voyons, tu n’as en
tête que bachaghas, aghas et collaborateurs des Français. (Ouettar,
1981, 15). Je connais Mouloud Mammeri depuis son plus jeune âge,
lorsque, de Aït Yenni, il venait voir mon père, bachagha, à Aït El
Hammam. (Liberté, 28.2.95). Après l’assassinat de Benchiha (dont les
aïeuls sont des bachaghas qui œuvraient pour la cause française) par les
troupes de Zitouni […] (L’Authentique, 25.5.97). Je comprendrais cela
d’un caïd qui aspirerait à devenir bachagha, mais pas d’un
administrateur civil de l’Algérie indépendante. (El Watan, 14.9.97). Le
colon Prothèse vendit la villa, quelques années plus tard, à un riche
propriétaire de la région de Saïda, le bachaga Chiha ou Benchiha. (La
Tribune, 7.2.00).

142. Disponible, connotation péjorative. (À l’époque actuelle) riche


notable. Une idée importée d’ailleurs et déployée par une nouvelle race
de bachaghas tend à faire croire que notre développement économique
est en train de patiner. (Révolution africaine, 11.10.85). C’est le fait de
féodaux, caïds, bachagas ou gros propriétaires fonciers que débusquent
les premières lectures-écritures qui s’éveillent au combat de la
modernité. (La Nation, 3.01.95). Vers Djelfa, nous descendons
nationaliser davantage de bachaghas ! […] Que c’est triste des illusions
qui remontent à la surface lors des soirées avinées, surtout que les
« bachaghas » sont encore mieux portants que jamais. (La Nation,
30.1.96). Toutes ces maladresses énervent sa femme, qui, timidement, ose
lui dire : – Tu ne sais pas lire une gandoura, ne la porte pas. Il répond
agacé : – Je ne suis pas un bachagha moi ! Je suis un zoufri (un
ouvrier). (Benaïssa, 1999,19).

15Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR. V. AGHA, CAÏD.

16BÂCHÉE n. f. Courant, oral surtout. Véhicule de transport à moteur


dont la partie arrière peut se recouvrir d’une bâche amovible. En AIV, il a
acheté une bâchée. (oral). Il a été percuté par une bâchée. (oral).

17Com. Ce terme désigne surtout la Peugeot 404 camionnette bâchée.


Attesté ds IFA.

18BACKCHICH V. BAKCHICH.

19I. BADIA, BADIYA, BÂDIYA (de l’arabe) n. f. Disponible.


Campagne, espace rural. La cité vit quelque peu au rythme de la
« badia » dans un système étroit de relations entre l’homme et la nature,
l’homme et les traditions. (El Moudjahid, 15.3.83). Tous les mouvements
de renaissance islamique se ressourcent dans la « bâdiya », l’espace
rural. (Bouzar, 1983, 1, 59). La vie dans la « badia » nous vaut aussi
quelques œuvres magnifiques sur le travail de la poterie en montagne,
une scène de sacrifice rituel dans le Sud. (El Moudjahid, 20.3.84).

20II. BADIA, BÉDIA, BÉDYA (de l’arabe) n. f. (pluriel : badiat,


bédias). Disponible. Vêtement féminin traditionnel, sorte de robe. Le
conducteur, pris de panique, fuit laissant la marchandise de fraude
composée de 1 000 robes (bédias). (El Moudjahid, 29.9.88). Il venait la
consulter pour l’ornementation de ses œuvres picturales, puisant les
éléments les plus symboliques du vécu traditionnel de la Casbah, avec
ses gargotiers, ses artisans, ses senteurs de jasmin. Quelles couleurs
donner à une bédya, à un seroual ? (Le Matin, 13.2.92).

21BADIAT pluriel de BADIA II. Il y avait également les tisserands de


soie (hararin), spécialisés dans la confection des haïk, ceintures, saroual
et badiat. (El Watan, 26.8.91).

22BADIYA, BÂDIYA V. BADIA I.

23BADOUI, BADAOUI V. BÉDOUI.

24BADROUN, BEDROUN (de l’arabe) n. m. Disponible. Vêtement


traditionnel féminin composé d’une robe et d’un large pantalon aux
jambes bouffantes. Aujourd’hui, un costume est à la mode, hésitant entre
le caftan et le « seroual » sans être tout à fait un
« badroun »… (Algérie-Actualité, 14.6.84). Pièces anciennes ou
récentes, la broderie triomphe partout : sur les camisoles, les caracos,
les gilets, les bedrouns (robessaroual). (El Moudjahid, 14.6.84).

25BAGHRIR, BAGHRÎR, BEGHRIR, BAGHRER (de l’arabe) n. m.


Courant. Crêpe épaisse. On fabrique aussi avec de la semoule fine de blé
dur, du « beghrir », genre de pain troué, très mince, cuit sur un plat en
argile et trempé dans du beurre et du miel. (Benachenhoua, 1971,
89). Chauffez un plateau à « baghrîr » en terre cuite ou en métal puis
passez sur toute la surface intérieure un bouchon trempé dans
l’huile. (Bouayed, 1983, 208). Ces enfants, âgés entre 6 et 14 ans,
vendent des dhiouls, du fromage de maison, des crêpes algéroises
baghrir, des galettes et autres. (Le Matin, 17.3.92). Elle cuisinait ainsi
des plats sucrés dont un, à la courge rouge et aux raisins secs, piquant et
doux à la fois, et le baghrer spongieux imbibé de beurre et de miel,
réclamé par les petites filles. (Bensmaïne, 1996, 107). Elle avait préparé
des beignets et du baghrir, des crêpes succulentes trempées dans le
beurre du Sahara et le miel. (Ben Mansour, 1997, 65).

26BAGRAMENT (formation hybride à partir de bagra « vache » et de -


ment, calque de vachement), adv. Disponible, oral surtout, connotation
humoristique. Beaucoup, très. Ce n’est pas de ta faute si tu es belle
bagrament parlant, tu es vachement belle. (Khiari, 1981, 11). Hein ? !
Un meeting ! ! Diable !… Ce business devient bagrament complexe !
Ouais bagrament ! (Slim, 1986, 11).

27BAHARA pluriel de BAHRI. Bordj-El-Kiffan possède 1 lycée, 5


collèges, 19 écoles primaires et 2 foyers de jeunes pour faire face à une
ruée de bambins studieux, dynamiques et joyeux, à l’image de tous les
« bahara » du pays ! (El Hadef, 19.2.84).

28BAHRI (de l’arabe) 1. adj., n. (pluriel : bahara). Disponible, oral


surtout. Marin. Nacer, le bahri, a connu tous les océans. (oral).

292. n. m. Disponible. Brise marine. C’était le « bahri », le vent qui


s’avance en tirant le jour derrière lui. (El Moudjahid, 21.7.82). Le bahri
a amené une fraîcheur vivifiante. (oral).

30BAIN (ellipse de bain maure) n. m. Courant. Établissement public où


l’on prend des bains la journée et qui sert d’asile de nuit. La ville de
Tlemcen est décorée de monuments publics importants, soixante
mosquées, cinq collèges ou médersate, des bains, des fontaines. (El
Moudjahid, 22.7.77). – Tu as passé la nuit dehors ? – Oui. – Pourquoi
pas au bain comme tout le monde ? (Dib, 1984, 94). L’hygiène des lieux
publics, tels que les hammams et autres bains, n’est admise comme
nécessité que lorsque le mal est fait. (Quotidien d’Oran, 21.2.01). Je vais
au bain toutes les semaines. (oral). V. BAIN-DOUCHE, BAIN
MAURE, HAMMAM.

31BAIN-DOUCHE n. m. Disponible. Établissement public où l’on


prend des bains la journée et qui sert d’asile de nuit. L’usage de l’eau
destinée à des besoins industriels est également réglementé, de même que
son utilisation dans les bains-douches et le secteur de construction. (La
Tribune, 11.1.95). Les mis en cause avaient procédé au vol d’un sac
renfermant plus de 16 millions de centimes dans un bain-douche situé à
Maghnia. (Quotidien d’Oran, 8.4.00). Après chaque entraînement,
l’équipe de foot se dirige vers le bain-douche. (oral). V. BAIN, BAIN
MAURE, HAMMAM.

32BAIN MAURE n. m. Courant. Établissement public où l’on prend des


bains la journée et qui sert d’asile de nuit. Le discours de Nahnah est
indigent, pauvre, à la limite des commérages des bains maures. (El
Watan, 20.11.95). Ma mère, au retour du bain maure, les reins gonflés de
vapeur, perdit les eaux. (Benaïssa, 1999, 42). C’est son allure qui
accentue l’atmosphère de bain maure car il a plus la technique et l’esprit
d’un khazen (caissier des bains maures) que celle d’un
tavernier. (Benaïssa, 1999, 223). Les initiés en connaissent quelques
repères : le bain maure, le cimetière et l’officine du bijoutier. (Sansal,
1999,15). Les Domaines ont un portefeuille de biens waqfs qui doivent
être répertoriés et connus. Ce « trésor oublié » est à mettre à jour.
Terrains agricoles, résidences, bains maures, palmeraies, etc. (El Watan,
22.11.99). Explosion dans un bain maure à Khenchela. Un mort et 25
blessés. (Titre, El Moudjahid, 7.2.01). V. BAIN, BAIN-DOUCHE,
HAMMAM.
33BAKCHICH, BACKCHICH, BAKCHICHE, BAQCHICHE,
BAKHCHICH (de l’arabe) n. m. Courant, connotation négative. Pot-de-
vin, dessous-de-table. Cela favorise de surcroît l’existence de courtiers
qui, n’ayant aucune fonction précise que celle de s’offrir à régler dans
les rues et les cafés vos problèmes de logement : moyennant bakchiche
bien entendu ! (Algérie-Actualité, 9.12.82). Les chômeurs demandent des
« bakchiche » que le régime socialisant n’arrive pas à
interdire. (Boudjedra, 1982b, 161). Mais il semble qu’il ait déjà constaté
la présence d’un autre élément, invisible à l’œil nu celui-là : le
backchich. (Le Nouvel Hebdo, 16.8.90). Rechoua, kahoua, bakhchich,
pourcentage, prélèvement, détournement, commission, ristourne,
dessous-de-table etc. …

34(Benmiloud, 1992, 79). Dans l’enveloppe A, nous enfermons un


bakchiche de 1 500 francs français. (Le Jeudi d’Algérie, 6.8.92). Pour
faire leur travail tous les employés, du planton au directeur, empochent
le bakchiche. (El Watan, 15.1.96). La confédération parle de surcoûts, de
surfacturations, de détournements, d’abus de biens sociaux […]. Dans un
rapport élaboré par des cadres, il est rapporté l’utilisation de bakchichs,
de meubles et d’équipements bas de gamme et inappropriés pour un cinq
étoiles. (Le Matin, 27.7.00).

35Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. Le terme possède
une fréquence d’emploi plus élevée qu’en français de référence.
V. CAHOUA.

36BAKLAOUA, BAKLAWA, BAQLAWA, BAQLAVA (du turc) n.


m. ou f. Courant. Gâteau à base de pâte feuilletée en forme de losange,
fourré d’amandes et de noix et trempé dans du miel. Henné, robes
brodées à la constantinoise, « baklawa », protocole, dont elle n’oublie
rien. (El Moudjahid, 23.2.84). Comme il avait toujours un faible pour les
sucreries, il s’offrit une dizaine de baklaoua. (Ziani, 1986, 15). Vouloir
acquérir quelques grammes de kalb elouz, baklawa ou hrissa équivaut à
débourser plusieurs dizaines de dinars. (El Watan, 25.2.94). Il faut
également mentionner les 260 recettes de plats algériens (dont 25
gâteaux parmi lesquels seul le « baqlava » trahit son origine turque). (Le
Matin, 27.9.95). On s’affaire aux derniers achats avant de rentrer chez
soi. La tentation est grande et le choix varié : zlabia, qalb ellouz et
autres baqlaoua. (Le Matin, 26.1.96). Ce jour-là, Mustapha venait
d’atteindre quarante ans. Hammou avait apporté des baqlawa pour fêter
l’événement. (Tengour, 1997, 42). Les tasses de café flottent sur le
marc ; la baklawa, le makroute sont piétinés par les gamins qui jouent à
s’en mettre plein les cheveux. (Benaïssa, 1999, 93). V. MAKROUD.

37BALADI, BALDI, BELDI (de l’arabe) n. m. Disponible. Citadin. Je


croyais être plus près de l’islam en demeurant plus près du bédouin
plutôt que du « beldi », l’homme conditionné par le milieu
urbain. (Bennabi 1965, 159). Instinctivement, le hadri se méfie du
beldi. (Benatia, 1980, 178). Je me sens dans ma djellaba un vrai
baladi […]. C’est chez le baladi qu’on trouve la noblesse du cœur, la
générosité dans l’effort, la sincérité dans les paroles. (El Moudjahid,
21.11.85). Vastes arènes où tourne en rond une population de diverses
origines sociales et régionales, partagée entre les ouled el Bled, c’est-à-
dire les natifs de la ville, et les baldis arrivés après l’indépendance,
chassés par les montagnes ingrates de l’est ou la sécheresse des plaines
de l’ouest pour quelque rêve de mieux-être et de fortune. (Mokeddem,
1999, 233)

38BALADIA, BALADYA ( d e l’a r a b e ) n. f. (pluriel : baladiate) 1.


Courant. Commune, plus petite unité territoriale et administrative de
l’Algérie. Par extension, administration municipale, municipalité. De
toutes ces explications, les habitants de ce quartier ont retenu que la
« balle » se balade à la baladia de Sidi M’Hamed. Il appartient donc à
cette dernière de trouver une solution à ce problème. (El Moudjahid,
7.4.86). La baladia de Biskra prépare le festival de la chanson bédouine.
(oral). V. APC, BALADIA ISLAMIA.

392. Courant. Par métonymie, bâtiment où se trouvent les services de


l’assemblée populaire communale. Cet après-midi, on va à la baladia
pour les papiers. (oral). Je vous attends devant la baladia à 10 heures.
(oral). La baladia de ce petit village est peinte en blanc. (oral).

40BALADIA ISLAMIYA, BALADYA ISLAMIA (de l’arabe) n. f.


Vieilli mais disponible. Commune islamique, appellation utilisée à partir
de juin 1991 par les islamistes vainqueurs des élections municipales pour
désigner les communes qu’ils dirigeaient. Ainsi de la baladia islamia au
souk islami en attendant d’autres trouvailles qui disent toute la
sécheresse imaginative, il se singularise lui-même tout en se démarquant
des autres. (Les Nouvelles de l’Est, 18.5.91). Ce dernier ne comprend pas
pourquoi les forces de l’ordre ont usé de la violence pour ôter la devise
de baladya islamia. (Algérie-Actualité, 25.3.92).

41BALADIATE pluriel de BALADIA. La wilaya de Tlemcen comprend


7 daïrate et 31 baladiate. (El Djeich, 20.2.80).

42BALADYA V. BALADIA.

43BALADYA ISLAMIA V. BALADIA ISLAMIYA.

44BALAK, BALAKOUM V. BALEK.

45BALDI V. BALADI.
46BALEK, BALAK, BALAKOUM (de l’arabe) exclam. Courant, oral
surtout. Formule de mise en garde : « attention ! », « prends
garde ! ». Balek où tu mets les pieds, tu allais écraser mes
poules… (Khiari, 1981, 27). Balek ! N’oublie pas d’apporter la cassette
ce soir ! (El Moudjahid, 28.5.85). C’est pas une intervention, par
hasard ? Si c’est ça, balek parce que le commandant, il n’aime pas
beaucoup ça. (Ben, 1986, 39).

47Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

48BALGHA (de l’arabe) n. f. Disponible. Babouche. La production des


babouches tend à diminuer de façon alarmante notamment pour la
« balgha » masculine […]. La balgha adulte masculine vit des
conditions difficiles. (El Moudjahid, 15.12.85). Donne-moi ma balgha, je
ne veux pas marcher pieds nus. (oral).

49BALLON (FAIRE LE – À UNE FEMME). Loc. verb. tr. ind.


Disponible, oral surtout. Rendre une femme enceinte. On dit que c’est lui
qui lui a fait le ballon. (oral). C’est la troisième fois qu’elle est enceinte
et elle se demande à chaque fois comment il lui a fait le ballon. (oral).
V. BALLONNER.

50BALLONNER v. tr. dir. Courant, oral surtout. Rendre une femme


enceinte. Il a ballonné une étudiante et puis il l’a laissé tomber. (oral). Il
a ballonné sa femme dix fois. (oral). V. FAIRE LE BALLON À UNE
FEMME.

51BANCABILITÉ n. f. Disponible, milieux universitaires et financiers.


Aptitude à respecter les contraintes bancaires. On peut, à ce sujet,
s’étonner que le CNES recommande de passer outre les conditions de
bancabilité pour l’octroi des crédits, alors que, en fin de compte, ces
conditions ont été largement ignorées par les banques si l’on en juge par
les niveaux de découvert des entreprises publiques et l’évolution de leur
activité. (La Tribune, 27.5.96). Pour l’UNEP, l’opération de
réhabilitation du secteur public s’est limitée à un assainissement
financier qui se caractérise par un saupoudrage financier qui est loin de
garantir la bancabilité des entreprises assainies. (Liberté, 29.7.96).

52BANCABLE adj. Disponible, milieux universitaires et financiers. Qui


peut faire appel au système bancaire. Les établissements bancaires
n’octroient plus de prêts aux entreprises nationales. Les banques
évoquent l’absence de plans de charges pour plus de 60 % de ces
sociétés nationales. Pis encore, ces entreprises ne sont pas bancables.
Leur structure de trésorerie ne leur permet pas de contracter des
prêts. (El Watan, 29.3.00).

53BANCARISATION n. f. Disponible. Fait de faire appel aux banques,


transformation en banque. Cette bancarisation a pour conséquence
l’acquisition de bonnes habitudes, notamment la diminution des sommes
thé saurisées et surtout l’utilisation et l’élargissement de l’instrument de
paiement moderne qui est le chèque. (El Moudjahid,
17.9.85). L’Association des banques et des établissements financiers a
ainsi constaté que « la gamme des produits et services ainsi que le
niveau de bancarisation de l’économie restent encore limités ». (El
Watan, 28.3.00). L’association des banques réagit. Une bancarisation
insuffisante. [Titre]. Selon le président de l’ABEF « la privatisation doit
d’abord être précédée par une restructuration et une modernisation des
banques algériennes. » (Quotidien d’Oran, 29.3.00). V. BANCARISER.

54BANCARISER 1. v. tr. dir. Disponible. Rendre apte à fonctionner


comme une banque. Il y a lieu notamment de bancariser la CNEP et de
permettre aux banques de collecter l’épargne destinée au logement. (El
Moudjahid, 27.5.96).

552. v. pronom. Disponible. Se transformer en banque. Alors qu’en


Europe les caisses d’épargne se sont bancarisées (institution d’un
chéquier, etc.), ce qui leur a valu de garder leurs clients, chez nous, la
CNEP accuse un sérieux retard. (Algérie-Actualité, 9.5.84).
V. BANCARISATION.

56BAPTÊME n. m. Disponible. Circoncision. La circoncision est un


baptême qui s’effectue le septième jour de la naissance dans la religion
judaïque.(El Açil, 8.9.92). Pour le baptême de son fils, elle a fait
beaucoup de gâteaux, c’était une grande fête. (oral). V. BAPTISER.

57BAPTISATION n. f. Disponible. Fait de donner un nom ou une


appellation à une rue, un établissement scolaire ou culturel. Il a été
procédé à la baptisation de la nouvelle école fondamentale, qui portera
le nom de « Djebel Lakhdar ». (El Açil, 12.3.93). Elles donneront lieu,
outre à la levée des couleurs et le dépôt d’une gerbe de fleurs, aux
baptisations d’un boulevard au nom du petit Omar, du centre culturel
d’Azeffoun au nom du regretté écrivain et journaliste, Tahar Djaout. (El
Acil, 11.10.93). Il a été procédé également, durant la même occasion, à
la baptisation du centre culturel d’Azzefoun du nom de Tahar Djaout. (El
Açil, 15.10.93). Le même scénario a cours également à Béjaia pour la
« baptisation » de la Maison de la Culture. (Liberté, 12.10.95). La
coordination nationale du MCB maintient toujours sa proposition au
sujet de la baptisation de la Maison de la Culture de Bejaïa en mettant en
avant le nom de la célèbre cantatrice Taos Amrouche. (Le Matin,
11.10.95). Le ministre de la Communication et de la Culture a
visité […] avant de procéder à la baptisation des centres culturels des
cités « Les rosiers violettes » et « Djillali Bounaâma », respectivement
aux noms de Mahieddine Hadj Mahfoudh et Kheddaoui Mohamed. (El
Moudjahid, 17.5.96). L’émotion a été à son comble, jeudi dernier à Tizi-
Ouzou, lors des cérémonies de baptisation d’édifices et de cités au nom
des martyrs du devoir. La baptisation s’est déroulée dans une
atmosphère de recueillement et de douleur partagée. (El Watan, 11.4.97).
V. DÉBAPTISER.

58BAPTISÉ n. m. Disponible, oral surtout. Jeune garçon qui vient d’être


circoncis. Toujours dans le même élan de générosité, le Croissant Rouge
organise, à l’occasion de Leïlet El Kadr, une veillée religieuse au sein de
ses locaux où l’on procédera à la circoncision d’une quinzaine d’enfants
pour souligner le 27e jour. Les baptisés recevront des tenues
traditionnelles. (El Watan, 4.2.97).

59BAPTISER v. tr. dir. Disponible, oral surtout. Circoncire, pratiquer la


circoncision sur. Ton fils est grand, tu ne l’as pas encore
baptisé ? (oral). Il faut le baptiser avant qu’il ne rentre à l’école. (oral).
V. BAPTÊME.

60BAQCHICHE V. BAKCHICH.

61BAQLAWA V. BAKLAOUA.

62BARAH V. BERRAH.

63BARAKA (de l’arabe) n. f. (pluriel : barakate(s)) 1. Courant.


Bénédiction d’Allah, protection et influence bénéfique de Dieu. On le
doit au sacrifice de ton père, et surtout à la baraka de Dieu. Ceux qui
sont propres, bons, n’ont rien à craindre de Dieu, mon fils. Ils sont sous
sa protection. (Bouabaci, 1985, 130). De ses yeux, de son visage, de son
corps, se dégageait une telle baraka que l’une baissait les yeux, une
autre rougissait, une autre souriait d’un air complice, une autre se
voilait la face. (Kadra-Hadjadji, 1989, 150). C’est la juste revanche de
Dieu. Les gros propriétaires fonciers ont tellement exploité les khammès
que la baraka les fuit. (Algérie-Actualité, 29.11.90). Pour la « baraka »,
personne n’osera couper un figuier, même s’il pousse au milieu de sa
propre maison. (El Watan, 5.1.95). Il suffirait cependant de se
remémorer les quelques dizaines de ramadhans déjà vécus, avec toutes
leurs péripéties, pour en déduire que la « baraka » nous a toujours
épaulés, exceptionnellement durant cette période. (El Acil, 9.1.96). Je
prie alors Dieu que Sa baraka nous protège. (Khelladi, 1998,
231). Tiens, Larbi ! vivant ? Les islamistes t’auraient oublié ou est-ce la
baraka ? – Qu’elle me reste fidèle jusqu’à la retraite. (Sansal, 1999, 67).

642. Courant. Bénédiction, protection des saints, des marabouts, des


autorités religieuses, des parents. La souplesse, l’agilité, la vigueur et les
multiples dispositions dont faisaient preuve quelques-uns de leurs fidèles,
le commun des mortels les attribuait à la baraka du saint et non à leurs
dons personnels. (Boutarène, 1982, 97). Deux grands bassins collectifs
servent à rassurer les gens quant aux bienfaits des eaux thermales avec,
en prime, la baraka de Sidi-Slimane, saint protecteur de ces lieux. (El
Moudjahid, 30.10.83). L’Association des Oulémas s’attela dans ce
domaine à épurer la religion des pratiques païennes introduites par les
« promoteurs » du maraboutisme et qui avaient pris goût à la « ziara »
et aux offrandes de paysans en quête de « baraka ». (El Moudjahid,
15.4.87). Devant les appels lancés de la foule : « Donnez-nous votre
baraka, cheikh ! » […]. (Algérie-Actualité, 26.4.90). La campagne a déjà
commencé, voilà donc les chefs de partis faisant la cour aux confréries
religieuses. Aussi puissantes que la tribu, elles entrent dans le jeu
électoral. La baraka des cheikhs, comme le prix du pétrole, n’est donc
pas sans influence. (Algérie-Actualité, 23.5.91). La fatiha est récitée
devant une foule immense espérant obtenir le titre collectif ou individuel,
la « baraka » (bénédiction) du « wali » honoré. (El Moudjahid, 4.5.93).
[…] et des walis ou marabouts, saints hommes détenteurs de la baraka,
intercesseurs entre Dieu et les hommes. (Mokeddem, 1999, 12).

653. Courant. Chance. Le portier n’attendait pas cette baraka. (El Hadef,
30.1.83). Le keeper sétifien dut son salut à la « baraka » qui était de son
côté. (El Moudjahid, 4.11.83). L’équipe locale méconnaissable et
pratiquant un football à l’emporte-pièce a failli laisser le gain du match
à son adversaire si ce n’était la baraka qui en décida autrement. (El Acil,
14.3.93). L’absence chronique de médecins dans le temps, sa
disponibilité et l’efficacité de ses soins ont rendu plus simple le recours à
cette vieille dame qui, même à défaut de guérison, dispose d’une sagesse
qui soulage et repose, c’est une véritable baraka. (El Watan, 3.1.00).

66Com. Le terme ne possède pas les connotations « pop. » et « fam. »


que lui donnent les dictionnaires du français standard. Attesté dans Lanly
1970, Duclos 1991, GR, TLF.

67BARAKAT, BARAKET, BARKA (de l’arabe) exclam. Courant, oral


surtout. Formule qui sert à exprimer son impatience, sa résolution de faire
cesser qch., équivalent de « c’est fini ! », « assez ! », « ça
suffit ! ». Barka ! ! J’ai dit mille fois qu’on ne devait pas mâcher du
chewing-gum quand j’explique quelque chose ! ! (Slim, 1981,
18). J’estime avoir rempli la mission que l’on m’a confiée j’ai rempli
mon devoir, alors maintenant « barakat »… (El Hadef, 18.8.85). Le chef
du gouvernement qu’on a montré à la TV s’entretenant avec les jeunes
chômeurs a expliqué la politique suivie en ce domaine et exprimé son
soutien aux marcheurs qui criaient « 10 ans barakat » sur
l’esplanade. (Le Nouvel Hebdo, 12.9.90). La violence barakat ! La rue
n’y croit pas vraiment. (Le Matin, 15.1.92). Deux années de stabilisation,
« barakat ». Tel semble être le credo des autorités. (El Watan,
15.1.96). Mais si la première martelait : « Six ans de politique
suicidaire… barakat », la deuxième faisait mieux : « Trente-cinq années
de dictature, corruption, misère… barakat. » (El Watan, 11.4.97). Vous
avez 23 ans et vous l’avez aimée pendant 9 ans ! Baraket ! Il est
vraiment temps que vous acceptiez l’amère réalité ! (L’Authentique,
31.8.97). J’ai perdu personnellement deux membres de ma famille,
assassinés par les terroristes. Que cela cesse. Barakat. (El Moudjahid,
6.2.01). Com. Attesté dans Lanly 1970, Duclos 1991, GR,
TLF. V. KHLASS.

68BARAKATE(S) pluriel de BARAKA. […] lui attribuant le pouvoir


de guérir certains maladies. Les « barakates » de Sidi Boumerdès se sont
répandues à travers la région. (El Moudjahid, 18.2.01).

69BAR AMBULANT n. m. Disponible, oral surtout. Véhicule d’un


particulier qui se livre à une vente illicite de boissons alcoolisées. Il y a
pas mal de bars ambulants aux environs de la ville. (oral). Avec
l’interdiction de la vente d’alcool, il y a une prolifération de bars
ambulants. (oral).

70BARBE n. f. Disponible, connotation péjorative. Islamistes, intégristes


musulmans. L’Avenue de l’Indépendance est noire d’un monde où la
gandoura le dispute à la barbe. (Algérie-Actualité, 26.4.90). À cette
heure-ci, il n’y a que de la barbe qui circule. (oral).

71Com. Terme de sens collectif abstrait évoquant la tendance des


partisans de l’islamisme politique à porter la barbe. V. BARBU.
72BARBÉFÉLÈNE, BARBEFLN (de barbe et FLN) adj., n.
Disponible, connotation plaisante. Qui est inspiré à la fois par les
islamistes intégristes et par le parti FLN. […] les démocrates, encore
sous le charme des sirènes dialoguistes qui sont loin d’être conséquents
avec eux-mêmes, les uns ayant cru au compromis avec Nahnah et autres
barbefln. (Le Matin, 20.9.95). L’Algérie est un pays normalement
constitué qui roule à la vitesse d’une coccinelle année 62 complètement
réformée par un chauffard « barbéfélène », analphabète, polyglotte de
surcroît. (Algérie-Actualité, 2.8.97).

73BARBIER-CIRCONCISEUR n. m. Vieilli, écrit surtout. Personne


qui cumule les fonctions de barbier et de circonciseur. Le barbier-
circonciseur était toujours l à. (Boudjedra, 1972, 45).
V. CIRCONCISEUR.

74BARBU n. m. Courant. Islamiste qui (le plus souvent) porte la barbe


comme symbole de son appartenance au mouvement intégriste. Les
médias et la vox populi accusent les « barbus », terme désignant à son
tour les islamistes. (Algérie-Actualité, 25.4.90). La place du Golfe est
noire de monde. Des jeunes. Des vieilles. Des hidjabs aussi. Mais de
kamiss, de « barbus » point. (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92). Il n’est plus
question ni d’État islamique, ni de défendre la République menacée par
des hordes de barbus. (Le Jeudi d’Algérie, 16.7.92). On verrait des
barbus imberbes s’attaquer à toutes celles qui ne portent pas la tenue
qu’ils considèrent comme adéquate. (Le Matin, 27.10.93). Les étudiants
communistes ou communisants, car il en existait, se battaient à coup de
poings et organisaient des meetings estudiantins opposant la vulgate
marxiste aux « barbus » qui vitriolaient les jeunes étudiantes en tenue
courte. (La Nation, 30.1.96). Touché à la tête, un agent s’écroula au pied
d’un lampadaire. Deux barbus lui sautèrent dessus, le délestèrent de son
arme et s’enfuirent dans la confusion. (Khadra, 1999, 132). La femme sur
le trottoir ressemble […] à ma sœur jumelle, Nouba, enlevée il y a trois
ans par les barbus. (Zaoui, 1999,14).

75Com. Néologisme des années 88. V. AKH, FRÈRE, POILU,


AFGHAN.

76BARDA, BARDAÂ (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible, écrit


surtout. Bagage encombrant, chargement. Arezki invita son compagnon à
déposer tout le « barda » près de la porte. (Achour, 1971, 230). Nous
nous éloignons donc avec notre barda en voyant le réceptionniste
renvoyer des familles entières en transit vers la Tunisie. (Algérie-
Actualité, 10.10.85). Tamanrasset a attiré et attire encore ceux du Nord
et ceux du Sud, apportant toujours dans leur barda les vestiges de
lointaines et prospères civilisations. (Algérie-Actualité, 6.1.86).

77Com. L’emploi est dénotatif et neutre alors que le terme est familier
ou argotique en français standard. Attesté ds Lanly 1970, Duclos
1991, GR, TLF.

78BARK, BERK (de l’arabe) adv. Courant, oral surtout. Seulement,


c’est tout. Mais nooon, ce qui a été, c’est l’accord de principe
bark ! ! ! (Khiari,1981, 46). « Je cherche une fille, berk », écrit un
auteur en manque de H’nana à l’orée du XXIe siècle dans les toilettes de
l’université. (Le Nouvel Hebdo, 28.11.90). Laissez-moi ma femme,
bark. (oral).

79BARKA V. BARAKAT.

80BAROUD (de l’arabe) n. m. 1. Vieilli mais disponible. Poudre à


canon, à fusil. On s’y adonne au travail du bois, de la laine, de l’alfa, du
fer, de l’argent, de la fabrication du baroud. (El Moudjahid,
29.7.88). Pour eux, la mosquée ne sent plus l’encens, elle sent le baroud
(la poudre). (Benaïssa, 1999, 83). Le credo des youyous appelle le
baroud et l’encens à chasser la malédiction. (Benaïssa, 1999, 93). Les
vieux font parler le baroud ou annoncer leur départ. (Sansal, 1999, 161).

812. Vieilli mais disponible. Combat, opération militaire. Il lui semblait


qu’il arriverait plus vite au baroud en s’engageant avec les
Républicains. (Mammeri,1978a, 69). Dans ce contexte, il était normal et
objectif que le 1er novembre 1954 ait trouvé l’Aurès fin prêt pour le
baroud. (Algérie-Actualité, 30.10.86). Des hommes, enveloppés de
burnous déployés et ondoyants, traversent les poudres fumantes et les
barouds excitants. (Bensmaïne, 1996, 88)

823. Disponible. Salve de coups de fusil (souvent tirée par les cavaliers
au cours des festivités). Le ministre procéda à l’inauguration officielle
dans une atmosphère de fête où régnaient le baroud et la danse. (El
Moudjahid, 31.12.76). Le baroud, la course des chameaux et la fantasia
constituaient les principaux éléments des festivités. (El Moudjahid,
2.3.78). Le baroud est à l’honneur/ Le cavalier gonfle sa poitrine/Les
enfants ont peur des cartouches. (Mehadoui, 1982, 16). Le baroud tonne
et résonne jusque dans les quartiers les plus éloignés de la ville.
(L’Opinion, 4.9.92). La traditionnelle « fête de la tomate » d’Adrar,
inaugurée depuis une semaine, s’est clôturée hier dans une ambiance de
danses folkloriques, sous le rythme des « karkabou » et les fracas du
baroud. (El Moudjahid, 30.5.93). […] la reine des Zibans qui s’est
couverte des couleurs nationales, aux sons des klaxons, de la ghaïta et du
baroud. (El Watan, 20.11.95). Les rafales automatiques ne font plus peur
aux enfants ! L’un d’entre eux commente en souriant : « Les pétards ! ».
Le deuxième répond : « Le baroud ». (Zaoui, 1999, 57).
834. Disponible. Manifestation folklorique de cavaliers armés de
fusils. Les troupes folkloriques et musicales de la wilaya animeront les
différentes soirées : Laghouat, avec la troupe du baroud laghouati aux
mouvements chorégraphiques bien mesurés. (El Moudjahid, 1.12.70). Les
habitants de la ville aux dunes de sable rouge ont vu défiler les troupes
de « karkabou », de « baroud », de la « sebiba »… (El Moudjahid,
26.4.83). Les troupes d’art traditionnel, représentées par le baroud et le
tindi notamment, prennent une part active dans l’animation de cette
semaine culturelle de la capitale du Hoggar. (Horizons 2000, 2.1.86). À
l’occasion, une fête grandiose fut organisée dans ce lieu, il y a à peu près
deux mois, où fantasia et baroud ont été à l’honneur de cet
événement. (Liberté, 25.7.97).

84Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR,


TLF. V. BAROUDEUR, FANTASIA.

85BAROUD D’HONNEUR n. m. Disponible. Coups de fusil tirés en


l’air en signe d’allégresse. Les cérémonies du 1er mai se sont déroulées
dans une chaude ambiance populaire où une musique folklorique et les
barouds d’honneur d’une fantasia étaient de rigueur. (El Moudjahid,
1.5.77). L’arrivée du Président de la République a été saluée par un
baroud d’honneur tiré par un groupe de cavaliers. (El Moudjahid,
23.2.78). Le bain de foule commença par un baroud d’honneur pour se
terminer près du siège de la résidence. (El Moudjahid, 20.4.83). Biskra,
capitale des Zibans, a vibré hier aux rythmes de la cornemuse, de la
zorna […] et surtout du baroud d’honneur pour fêter, comme il se doit, le
triomphe de Liamine Zeroual. (El Watan, 20.11.95). Le baroud
d’honneur tiré à partir du cantonnement de la ferme Aïchouba, située à 2
km de la ville de Chlef, au moment où la télévision algérienne diffusait le
décret présidentiel [d’amnistie des membres de l’AIS] n’était que le
premier signe exprimant la joie d’une « victoire ». (Le Matin, 14.1.00).

86Com. Le sens attesté dans les dictionnaires du français standard


« combat désespéré » est également utilisé dans les milieux intellectuels.
V. BAROUDEUR.

87BAROUDEUR n. m. 1. Disponible. Cavalier tirant des coups de fusil


pendant les fêtes ou les cérémonies officielles. Soirée folklorique animée
par les baroudeurs de Oued Souf. (El Moudjahid, 1.7.77). Des groupes
prestigieux se produiront tels que ceux des baroudeurs de Berriane, la
zorna de Tizi-Ouzou… (Révolution africaine, 7.8.77). Les démonstrations
commencent : épaule contre épaule, guidés par un chef de groupe, les
baroudeurs ajustent leurs fusils. Tout en tournant et scandant le nom du
Prophète, on attend le geste du « chef », planté au milieu du cercle, pour
appuyer sur la gâchette. (El Moudjahid, 2.3.78). Les femmes joignaient
leurs you-you à la « zorna » des groupes folkloriques, les baroudeurs
faisaient résonner les échos de leurs salves très nourries. (El Moudjahid,
28.11.83).

882. Disponible. Homme (et en particulier sportif) combatif. Une défense


visiteuse flottante face à une attaque locale dépourvue de baroudeurs,
telle fut l’image de la première mi-temps. (El Hadef, 23.10.83). Puisqu’à
la 37e minute de jeu, le baroudeur de la JSK, Hadj Adlane, profitant
d’une sortie hasardeuse de Habli, adressa un maître tir des 25 mètres.
(Le Matin, 10.2.95). Sa popularité est restée intacte, même auprès des
joueurs, ceux à qui les anciens ont raconté les exploits de ce baroudeur
des stades. (El Watan, 22.8.97).

89Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. BAROUD, BAROUD


D’HONNEUR.
90BAROUK (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible. Cadeau offert à
l’occasion d’un événement (naissance, circoncision, mariage). On
égorgera ensuite une ou deux volailles. Toute la famille s’en régalera et
on en distribuera des assiettées. C’est le barouk. L’accouchée fera l’objet
de soins particuliers […]. Si Lamri n’avait rien d’un taleb profiteur, il
attendait seulement l’heure de la recréation pour procéder à la
distribution de mon barouk. (Belamri, 1982, 257). Avant de lui rendre
visite, achète-lui quelque chose, un barouk. (oral).

91BARRA (de l’arabe dialectal) exclam. Disponible, oral surtout.


Exclamation qui sert à chasser qqn, équivalent de : « dehors ! ». Si vous
ne remplissez pas ces conditions, alors barra ! (Khiari, 1981,
28). Barra ! Barra ! Pas de flouss, pas de pétrole ! (Slim, 1981,
41). Chaque fois que j’entendais ces paroles, je frétillais d’aise et, en
toute confiance, me précipitais vers ma sœur en piaillant : « Barra !
barra ! » (Belamri R., 1982, 22). Allez ! Barra ! Barra ! (oral).
V. AMCHI.

92BARRAGE VERT n. m. Disponible. Campagne nationale de


développement des régions steppiques axée sur le reboisement et destinée
à freiner la désertification et l’érosion des sols. Par ext., bande forestière
destinée à freiner la désertification. En août 1974, à Tadmait, un bourg
situé à mi-distance de Djelfa et de Laghouat, on traçait le premier sillon
du Barrage Vert ; et en octobre de la même année, le premier arbre était
planté. (El Djeïch, 22.9.74). Le Barrage Vert n’est pas une simple
muraille d’arbres. (El Moudjahid, 4.5.77). Si l’objectif majeur du
Barrage Vert est de pallier l’avance ravageuse du désert, il n’en demeure
pas moins qu’il contribue inévitablement à restructurer et à réorganiser
l’activité végétale, animale, économique et sociale dans les régions de la
steppe. (El Djeich, 2.4.81). Boumediene fait de l’armée le maître d’œuvre
de grands projets comme la route transsaharienne […] ou comme le
« barrage vert », bande forestière de 40 à 50 kilomètres de large qu’il
veut créer d’est en ouest, à la limite du désert, pour en empêcher la
remontée vers le nord. (Hassan, 1996, 63). Le désert avance à grands
pas. Le barrage vert de Boumediene n’est qu’un lointain souvenir. Des
arbres ont été plantés mais l’arrosage n’a pas suivi. Plus absurde que
cela, on n’en trouve pas. (El Watan, 17.2.00).

93BARRANI, BERANI (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible. Étranger


à la ville, au quartier et, par extension, au pays. Il était très difficile de
circuler à Alger pour un « barrani ». (Benatia, 1980, 24). […] Enfin des
barrani, gens de l’intérieur, tels que Biskris, Mozabites, Noirs. (El
Moudjahid, 21.6.85). Les esprits brillants fuient la médiocrité de leur
ville natale, laissant le soir au « berani » exempt de sarcasme collectif et
de la vindicte auto-entretenue. Mais le berani ne cessera jamais de l’être,
comme nous le confie ce cadre du complexe antibiotique. (Algérie-
Actualité, 22.7.91).

94BARREAUDAGE n. m. Disponible. Protection par des barreaux. La


vague de cambriolages enregistrée au niveau de certains immeubles est
caractérisée par la « perfection dans l’exécution » des auteurs. En effet,
ni le barreaudage renforcé ni les portes blindées n’arrivent à empêcher
le vol ou l’effraction. (Quotidien d’Oran, 7.2.00). Recrudescence des vols
à Khenchela. […] L’UFC qui n’a pas de barreaudage aux fenêtres a
« perdu » des cachets administratifs. (El Watan, 10.2.00).

95BASMALLAH V. BISM ALLAH.

96BAYANE (de l’arabe) n. m. Disponible. Communiqué. Ce bayane


dénonce les opportunistes (El Djazaâra) et les complots ourdis par les
salafites. (El Watan, 28.11.91). As-tu entendu le bayane lancé par la
télévision hier ? (oral). Le gouvernement passe beaucoup de bayanes à la
télé en ce moment. (oral).

97BAYOUD, BAYOUDH (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Fusariose du


palmier-dattier. Le « bayoud », du nom arabe « el bayod » qui signifie
« blanchâtre » (les branches des palmiers malades prennent une couleur
plombée) est souvent confondu par les agriculteurs sahariens avec
d’autres maladies du palmier. (El Moudjahid, 27.3.78). La région est de
plus atteinte par le bayoud, ce champignon qui ronge l’arbre de
l’intérieur et contamine le sol. (Algérie-Actualité, 15.3.84). Elle a
accompagné toutes les phases de la recherche sur ce thème, depuis les
premiers projets sur le bayoudh et le palmier dattier et sur les animaux
désertiques. (Le Matin, 17.3.92). Les pertes dues à la prolifération des
parasites et maladies sont importantes : le bayoud a atteint 1,5 million
de palmiers. (El Watan, 8.9.92). Menacé d’une part par le bayoud ou El
Bahri comme l’appellent les Taghitis, et d’autre part par la remontée du
sel consécutive à la sécheresse persistante, la palmeraie est en train de
mourir à petit feu. (El Watan, 23.1.96). V. BAYOUDÉ,
BOUFARAOUA.

98BAYOUDÉ, E (de bayoud + suffixe français -é) adj. Spécialisé.


Atteint de fusariose (en parlant des palmiers-dattiers ou d’une
palmeraie). Le fait de dire qu’une palmeraie est « bayoudée » n’indique
pas nécessairement qu’elle soit entièrement détruite. (El Moudjahid,
27.3.78). Le CNRA a recensé tous les arbres de la palmeraie,
« bayoudés » ou non, établi des cartes des variétés atteintes et des foyers
de bayoud. (Algérie-Actualité, 15.3.84). V. BAYOUD.

99B.C.G. (initiales de barbe, claquettes, gandoura) n. m. Disponible,


connotation péjorative. Signes vestimentaires manifestant l’appartenance
au mouvement intégriste islamiste. La discussion déboucha sur
l’opportunité du port de B.C.G. (barbe, claquettes, gandoura). (El Watan,
9.8.91). Les islamistes ressemblent à des joueurs qui portent tous ce
même uniforme, que leurs détracteurs désignent par les initiales B.C.G. :
barbe, claquettes et gandoura. (Gastel, 1999, 41). Le look B.C.G. s’est
énormément étendu à travers le pays. (oral). V. AKH, BARBU,
FRÉROT, FRÈRE.

100BÉANCE n. f. Disponible, intellectuels. Absence, vide,


lacune. L’essentiel des discussions devait porter sur l’histoire du cinéma
de la lutte de libération nationale. Et de constater dès l’abord que cette
histoire reste à écrire (et pourquoi pas à filmer), qu’il y a là une béance
que seul le travail de longue haleine et rigoureusement scientifique peut
combler. (Algérie-Actualité, 13.2.86). Le code de l’état civil pour
combler la « béance » du nom, charge l’officier d’état civil de donner à
l’enfant « illégitime » non reconnu deux prénoms dont l’un tiendra lieu
de nom patronymique. (Algérie-Actualité, 3.4.86). Béance affective et
sexuelle de toute une jeunesse. (Algérie-Actualité, 28.1.92).

101BEAU-GOSSA, BOGOSSA n. f. Courant, oral surtout. Belle fille,


femme splendide. Que la noble, l’ardente, la vaillante, la « beau-gossa »
daigne monter dans le car que voici. (Album de BD algériennes,
1985). C’est une bogossa ! C’est la bogossa que j’ai vue hier ! (oral).
V. B.G.A., BOGOSSE.

102BÉDÉISTE n. m. Disponible. Auteur ou lecteur de bande


dessinée. Les bédéistes, auteurs d’albums, déplorent unanimement
l’inexistence d’un magazine de bandes dessinées régulier. (El Moudjahid,
6.5.84). La bande dessinée : la première rencontre de treize bédéistes au
centre culturel de la wilaya d’Alger. (El Moudjahid, 17.5.84). Deux
bédéistes algériens tiennent salon. (El Moudjahid, 6.2.85). Les bédéistes
ont-ils la même sensibilité ? (El Moudjahid, 15.2.85). Il s’agit d’offrir
l’occasion aux bédéistes d’échanger des idées… (El Moudjahid,
22.6.88). De la BD ? Nos bédéistes pourraient en parler des journées
entières car ils y croient…(El Watan 4.4.93). Pour la fête de fin d’année,
il faudra faire des dessins de B.D. par le groupe de bédéistes. (oral).

103BÉDIA V. BADIA II.

104BÉDOUI, BADAOUI, BADOUI (de l’arabe) 1. n. m. Spécialisé.


Genre musical traditionnel algérien. Le bédoui continue, lui, à faire son
chemin fidèle à ses deux flûtes et son tambourin. (El Moudjahid,
30.8.83). L’Assemblée populaire communale aura tenu son pari
d’organiser annuellement un festival du chant « badaoui ». (El
Moudjahid, 13.7.86). Artiste-interprète dès 1940, M.G. a appartenu à
une prestigieuse génération de chanteurs du « badaoui »… (El
Moudjahid, 16.7.86). En ce qui concerne le bédoui, la population de la
wilaya a renoué avec ce parent pauvre de notre patrimoine culturel… (El
Moudjahid, 19.6.88). Elle est ailleurs, l’esprit suspendu aux beaux temps
où jadis régnaient sur ce lieu la belle musique andalouse des juifs
oranais et constantinois, les mélodies de ghaïta jouées par les grands
cheikhs du badoui. (Zaoui, 1999, 94).

1052. adj. Spécialisé. Qui se rapporte au badaoui. La musique


« badaoui » appartient à ces grands ensembles que sont le sahraoui, le
constantinois, l’aurassien et l’oranais. (El Moudjahid, 16.7.86). Le
festival de la chanson bédouie draine un public nombreux et varié. (El
Moudjahid, 19.6.88). Il adopta un genre de musique qui convenait
parfaitement à sa voix, à savoir la musique bédouie oranaise
moderne. (Le Matin, 31.10.95). Le chant évoquait plutôt le style
bédoui. (El Watan, 21.1.97). La chanson bédouie est à la base du
raï. (oral). V. BÉDOUIN.

106BÉDOUIN, BEDOUINI n. m., adj. Disponible. Musique


traditionnelle originaire du sud du pays ; qui se rapporte à ce type de
musique. Comme tous les autres genres, le bédouin qui tire sa racine de
badaoui, se nourrit de poésie […] La RTA a un grand rôle à jouer pour
la révélation du chant bédouin. (El Moudjahid, 19.12.85). Tout près, il y
a le café « El Hilal » connu comme le « rendez-vous » des Chioukh, les
interprètes de la chanson bédouine. (El Moudjahid, 29.1.86). Il chante,
s’accompagnant d’un g’nibri de fortune, des mélopées bédouines
récoltées parmi ses camarades de jeux, les bergers du voisinage. (El
Watan, 27.12.95). En parlant justement de chanson, pourquoi avoir
choisi de chanter la chanson bédouine, un patrimoine artistique qui
occupe une place privilégiée, a été largement représenté par des troupes
de grande renommée. (Le Matin, 4.7.96). Ce rendez-vous, au-delà de son
aspect culturel et d’animation, sera une occasion pour établir un
diagnostic de la situation de la chanson bédouine. (El Watan,
18.9.97). On fit venir la zorna et des filles tatouées entichées de danse
bédouine. (Sansal, 1999,53). Par thème, les activités culturelles
engloberont la femme […] le chant bédouin […]. (Quotidien d’Oran,
5.2.00). V. BADAOUI.

107Com. Le sens attesté ds GR, TLF (« arabe nomade du désert ») est


également connu.

108BÉDOUINISER (SE) v. pronom. Disponible. Devenir bédouin,


acquérir des traits bédouins. Le tenancier du caravansérail, un Français
qui avait oublié sa langue maternelle pour « se bédouiniser », faisait
fonction de chef cantonnier. (Boutarène, 1982, 76). Par cette retraite, il
se bédouinise lui, issu d’une vieille famille citadine rejoignant ses
lointains ancêtres nomades d’Arabie. (Bouzar, 1983, 1, 123).
V. BÉDOUINITÉ.

109BÉDOUINITÉ n. f. Disponible. Spécificité bédouine, caractère


bédouin. Le geste est d’abord un éloge de la bédouinité. (Algérie-
Actualité, 28.2.85). La bédouinité est un symbole d’accueil et de chaleur.
(Algérie-Actualité, 25.10.92). V. SE BÉDOUINISER.

110BEDROUN V. BADROUN.

111BÉDYA V. BADIA II.

112BEF (Abréviation de Brevet d’Études Fondamentales) n. m. Courant.


Examen terminal du cycle d’études de l’école fondamentale. Le sept juin,
les collégiens des écoles fondamentales subiront les épreuves du BEF.
(El Watan, 2.6.97). Par ailleurs et concernant le BEF, la meilleure
moyenne réalisée cette année est l’œuvre de la toute jeune Yezza Nour El
Houda du CEM Ibn Badis. (El Watan, 20.7.97). […] un certain nombre
d’indicateurs en relation avec les résultats des examens nationaux
(baccalauréat et BEF). (El Watan, 7.4.00). En prévision des prochains
examens du BEF et du Bac, prévus en juin prochain […]. (Quotidien
d’Oran, 10.3.00). La souffrance [dans les régions du Sud algérien] est
plus forte lors des examens du BEF et du Bac qui se passent péniblement
étant donné que plusieurs accidents surviennent. (Le Matin, 8.4.00). Les
exclus représentent 62 %. Ils sont 500 000 élèves à être éjectés
annuellement des écoles, et sur 100 écoliers de la première année
fondamentale, 36 passent le cap du BEF et 24 seulement réussissent
l’examen du baccalauréat. (El Watan, 18.4.00).

113BEGHRIR V. BAGHRIR.
114BEÏLEK V. BEYLECK.

115BELDI V. BALADI.

116BELEK (de l’arabe) adv. Courant, oral. Peut-être. Il viendra


belek. (oral). Je vais te dire une chose belek pour comprendre
mieux. (oral).

117BELERBEY V. BEYLERBEY.

118BEN (de l’arabe « fils de ») n. m. Courant, oral. Fils de famille (riche


et connue). Attention, c’est un ben ! (oral). V. BEN’AMISME, BÉNI-
KELB, BENT.

119BENI AMIS, BÉNI-AMISS (de l’arabe) n. m. Disponible, oral


surtout. Solidarité entre membres de la même famille ou du même
clan. On comptera sur quelque cousin, dans une société ou un chantier
qui assurera la reconversion en ville. Le système du « béni-amiss », une
solidarité sans faille entre parents, est alors enclenchée. (Algérie-
Actualité, 26.7.84). V. BEN’AMISME.

120BEN’AMISME, BEN-AMISME, BENAMISME, BENI


AMISME, BEN’AMMISME (de l’arabe benamis + suffixe -isme) n. m.
Courant, connotation négative. Népotisme, favoritisme à l’égard des
parents et des membres du clan. Contre la hogra, le ben’amisme, pour la
justice, le travail, l’indépendance : les jeunes ont finalement voté contre
tout ce qu’abhorre et tout ce que veut promouvoir la société
algérienne. (Horizons, 20.6.90). Cependant, les cartes d’accès sont
distribuées à la tête du client. Le « benamisme » et le népotisme ont la
peau dure. (El Watan, 9.8.91). […] lutter contre toute forme de
corruption, d’injustice, de favoritisme, de pratiques discriminatoires
relevant du ben-amisme. (El Watan, 16.8.92). Le cadre marginalisé est à
la mode ces temps-ci, ce cadre produit de la lutte de clans, du beni
amisme, de la surproduction des universités… (Le Matin, 28.1.93).
[…] par des nominations obéissant plus à des critères s’apparentant au
régionalisme ou au ben’amisme qu’à une quelconque norme de
patriotisme, de probité ou d’honnêteté intellectuelle. (L’Indépendant,
6.9.95).

121BENBELLISTE (du nom propre Ben Bella + suffixe français -iste)


n., adj. Disponible. Relatif à la politique menée par le président Ben
Bella ; partisan de Ben Bella. J’avais sous ma défense un groupe de
benbellistes dans une autre affaire dont on a très peu parlé. (El Acil,
4.1.93). C’était le temps de la fièvre benbelliste, des virées romantiques
du Che. (Sansal, 1999, 291).

122BENDIR, BNADER, BENDAYIR (de l’arabe) n. m. Courant.


Tambourin circulaire en peau de mouton ou de chevreau, d’environ 50
cm de diamètre. Au son de la ghaïta et du bendir, le wali et sa suite se
sont dirigés sur le lieu. (El Moudjahid, 30.5.77). On décida de danser
rituellement en chantant les cantiques du sanctuaire accompagnés par le
bendir. (Benhedouga, 1982, 102). Les musiciens suivaient avec leurs
reïtas aux sonneries nasillardes, leurs tbels, bendirs et derboukas, autant
de sortes de tambours aux sons très différents. (Djura, 1990, 31). À
l’entrée de la « zaouïa », sur une terre battue, poussiéreuse, quatre
hommes, vêtus d’un « chèche » et d’une gandoura battent du
« bendir ». (El Watan, 3.9.91). L’astuce […] consistera donc à
symphoniser les airs sur des instruments à cordes et à vent en laissant au
bendir et à la derbouka le tempo majeur. (Détective, 27.4.93). Un
orchestre typique rythma la soirée. Ghaïtas, derboukas, karkabos et
bendir encouragèrent les invités à la danse. (Amadis, 1995,
114). Transes orchestrées par le lyrisme des incantations et les
battements puissants des bendirs. (Le Matin, 14.8.97).

123BENI AMISME V. BEN’AMISME.

124BÉNI KELB, B’NELKELB, BNI KELB (de l’arabe, littéralement


« fils de chien ») exclam. Courant, oral surtout, familier. Terme d’insulte
à l’adresse d’un homme. « Béni Kelb ! Béni Kelb ! » Il crachait par
terre mais les autres continuaient à rire. (Boudjedra, 1972, 97). Tu
verras ce soir, ya bni kelb, […] Je t’arracherai la peau de la
cuisse. (Achir, 1997,16). C’est lui, bni kelb, hoquette la gamine entre
deux sanglots, c’est de sa faute, il m’a embêtée toute la journée. Sa mère
se pencha vers elle, menaçante : – Voudrais-tu une autre claque par
hasard ? Ne t’ai-je pas interdit de traiter ton frère de bni kelb ? Ne t’ai-
je pas expliqué que c’est ton père que tu insultes quand tu parles
ainsi ? (Achir, 1997, 25). Je ne parlerai jamais à ce béni kelb, je ne veux
pas avoir affaire à ce b’nelkelb. (oral). Ce sont les béni kelb qui ont
saccagé ma vitrine. (oral). V. BENT EL KELB.

125BÉNI-OUI-OUI (mot de composition hybride : arabe : beni « fils » +


français : oui-oui) n. m. invar. Disponible, connotation négative.
Autochtone empressé à approuver sans condition toutes les initiatives de
l’administration coloniale française. Par ext., personne qui approuve les
décisions des autorités, qui fait preuve de servilité. Mais vous manquez
d’audace, impossible de dire autre chose que « oui, Monsieur… »
Tiens ! Vous me faites penser aux générations d’avant, celle des « béni-
oui-oui ». (Benhedouga, 1977, 12). Ces gens-là sont des « béni-oui-
oui », ma fille. (Ben Mansour, 1990, 233). Le système fermé et
antidémocratique du parti unique, imposé dès le début par Ben Bella, a
permis à la médiocrité, à l’opportunisme et à la nouvelle race de « béni-
oui-oui » de s’emparer des différents leviers du pouvoir. (L’Hebdo libéré,
27.1.93). Comprendre, bien sûr, y a-t-il décemment autre chose à l’ordre
du jour quand on ne veut pas être ni un béni-oui-oui ni un assassin ni un
dilettante ? (La Nation, 3.10.95). Beaucoup, par opportunisme, se sont
rangés derrière lui, alors qu’ils étaient convaincus au fond d’eux-mêmes
qu’il commettait une injustice. Aujourd’hui, j’estime que j’ai le droit de
mépriser les beni-oui-oui qui sont le mal du football. (El Watan,
4.1.00). Depuis le fameux gouverneur Naegelen a commencé le bourrage
des urnes en faveur de ceux qu’on appelait les « béni-oui-oui » (suppôts
de l’administration). (El Watan, 20.1.00).

126Com. Terme dont la réactualisation dans le contexte algérien actuel


se manifeste par une fréquence croissante. Attesté ds GR, TLF avec la
marque « fam. ».

127BENT EL KELB (de l’arabe, littéralement « fille de chien »)


exclam. Courant, oral surtout, familier. Terme d’insulte à l’adresse d’une
femme. Bent el Kelb ! Explique-toi avant que ce ne soit moi qui te
bouffe ! (Aïder, 1982, 18). Ah França bent el kelb ! La France, fille de
chienne ! Un pays froid et inhumain, ce qu’on gagne chez Jean, on le
donne à Paul, le sourire est faux et le rire moquerie. (Mokeddem, 1999,
60). La directrice ne nous a pas reçus, bent el kelb ! (oral). Ya Bent el
Kelb ! Qu’est-ce que tu faisais dehors à cette heure-là ! (oral). V. BÉNI
KELB.

128BERANI V. BARRANI.

129BERBÉRISANT, BERBÈRISANT adj., n. m. Disponible,


intellectuels. Qui parle et/ou étudie le berbère et, par extension, qui
défend la civilisation berbère. Nous assistons pourtant en cette fin de
siècle, à une recherche irrésistible de la vérité historique ; souhaitons-lui
d’échapper aux manipulations sournoises des orientalistes, des
berbérisants, des sionistes. (Révolution africaine, 4.9.87). Le Mouvement
culturel berbère est surtout une structure qui regroupe des
berbérisants. (El Acil, 31.10.95). Da l’Mulud, l’homme au sourire
éternel, repose aujourd’hui dans un petit coin de « la colline oubliée »,
mais oublie-t-on vraiment celui qui « fut un phare dans le brouillard »
pour toute une génération de berbèrisants ! (La Tribune,
27.2.96). Mouloud Mammeri fut surtout un berbérisant émérite qui a
déployé tous ses efforts pour faire émerger la culture amazighe de la
chape de plomb dans laquelle le système politique l’a enfermée. (Liberté,
26.2.01). C’est un berbérisant de formation. (oral). V. BERBÉRISME,
BERBÉRISTE, BERBÉRITÉ, BERBÉROPHONE.

130BERBÉRISME n. m. Disponible, intellectuels. Mouvement


linguistique et culturel de revendication de l’identité berbère. Ton
berbérisme, c’est de l’artisanat pur et simple. (Haddadi, 1984, 45). Face
aux expressions « berbérisme », « berbérité », aux connotations
difficiles à supporter, les termes amazigh et amazighité font désormais
partie du discours politique. (El Watan, 13.12.91). « Que devient le
MRB ? » par un des délégués itinérants dépêchés auprès des kasmat
avec mission de faire condamner le « berbérisme ». (Horizons,
27.4.93). Benaï Ouali, Ould Hamouda Amar, Aït Medri Belaïd,… comme
tant d’autres cadres et militants suspectés de « berbérisme », ou même
berbérophones furent traqués, pourchassés, intimidés, exclus, sans autre
forme de procès. (Horizons, 27.4.93). Dès l’époque, il [Mouloud
Mammeri] s’est défendu de faire œuvre de berbérisme. (El Watan,
25.4.94). Conflits classiques entre nationalisme, berbérisme et
islamisme. (La Tribune, 23.1.96). L’activisme associatif reste pourtant
très efficace sur deux terrains : le berbérisme et l’islamisme. (La Nation,
14.5.96). V. BERBÉRISANT, BERBÉRISTE, BERBÉRITÉ,
BERBÉROPHONE.

131BERBÉRISTE, BERBÈRISTE adj., n. Courant. Partisan du


berbérisme. De son côté, Aït Ahmed se faisait le porte-parole d’un
mouvement berbériste circonscrit en fait à la seule référence régionaliste.
(Algérie-Actualité, 5.3.86). Traiter avec le courant laïco-franco-
communiste représenté par certains partis, courants et associations de
tendance berbériste. (Le Matin, 13.1.93). Parmi les principales
revendications du mouvement berbériste figurent l’enseignement des
langues populaires (le tamazight et l’arabe algérien) et la
reconnaissance de la culture berbère comme partie prenante de l’identité
algérienne. (El Watan, 14.2.93). Examinons maintenant sans passion,
mais aussi sans aucune complaisance, les origines du complot berbériste,
comme il a été désigné par les hautes instances du Parti. (El Acil,
23.2.93). « J’assume, devait-il dire en 1987, le terme berbériste si on lui
donne le sens de quelqu’un qui veut récupérer une réalité algérienne
linguistique et culturelle… » (El Watan, 28.2.94). Il aimait sa culture et
parlait couramment le chaoui, en plus de l’arabe littéraire. Au collègue
ou ami kabyle qui se disait berbériste, il répliquait ironiquement : « Au
moment où mes ancêtres se farcissaient les cavaliers arabes, les tiens
étaient occupés à presser les olives », avant de lui rappeler que la
Kahéna, reine des Berbères, était originaire des Aurès et non de
Kabylie. (Gastel, 1999, 170). Serait-ce le remake du complot berbériste
de 49, le complot des marabouts ? (Sansal, 1999, 166).
V. BERBÉRISANT, BERBÉRISME, BERBÉRITÉ,
BERBÉROPHONE.

132BERBÉRITÉ n. f. Disponible. Caractère de ce qui est berbère. Entre


les deux, la berbérité occultée, escamotée, régionalisée à outrance, et
même opprimée, est réclamée comme définition identitaire par des
formations politiques ou culturelles, « ghettoïsées » à dessein, ou malgré
elles. (El Watan, 26.3.93). La berbérité s’enrichit de la romanité, de la
byzantinité et d’autres. (El Watan, 26.3.93). Berbérité, arabité
s’opposent l’une à l’autre au lieu d’être complémentaires. (El Acil,
2.5.93). Quand je travaille à la berbérité, c’est à l’algérianité que je
travaille. (El Watan, 28.2.94). La berbérité, un mot qui soulève la révolte
chez tous. Les uns parce qu’ils sont berbères, et en sont convaincus, les
autres, parce qu’ils ne savent pas qu’ils le sont. Cette négation par
certains de la berbérité est liée à une attitude maraboutique de
conjuration du sort. (Benaïssa, 1999, 196). Cette émergence de la
chanson matoubienne a relégué en arrière l’autre grand nom de la
berbérité, Mouloud Mammeri. (El Watan, 18.4.00). V. AMAZIGHITÉ.

133BERBÉROPHONE, BERBÈROPHONE adj., n. Courant,


intellectuels. Personne qui parle le berbère. Les berbérophones forment le
tiers de la population algérienne (Algérie-Actualité, 8.10.90). […] celle
posée par un groupe « d’étudiants berbèrophones », foncièrement
nationalistes. (Horizons, 22.4.93). Il [Mohamed Boukharouba] est à
l’image de cette Algérie profonde, de mère berbérophone et de père
arabe, qui demeure Algérien par-dessus tout. (Le Libre, 23.7.94). Les
rites rencontrés sont les mêmes d’un bout à l’autre de l’Algérie et
présentent bien peu de variantes entre les populations berbérophones et
arabophones. (El Watan, 12.1.96). L’institutionnalisation de la langue
amazighe comme langue nationale et officielle et la création d’une
chaîne de télévision berbérophone. (El Watan, 18.4.96). Ce qui conforte
inévitablement la revendication du Haut-Commissariat à l’amazighité
d’un bulletin d’informations télévisé en tamazight qui doit s’élaborer
dans une seule langue valable pour toutes les régions berbérophones.(Le
Matin, 22.7.96). Le pacifisme de la mouvance culturelle amazighe est
peut-être la raison principale de la sympathie qu’il a su susciter dans les
régions non berbérophones de nos pays. (El Watan, 18.4.00).
V. BERBÉRISANT, BERBÉRISME, BERBÉRISTE, BERBÉRITÉ.

134BERK V. BARK.

135BERKOUKES, BERKOUKÈS, BERKOUKESSE (de l’arabe


dialectal) n. m. Disponible. Gros grain de semoule de couscous roulée à
la main ; par extension, couscous fait avec ces grains. […] un tamis aux
mailles plus grosses qu’on utilise pour le tri du « berkoukes », variété de
plombs faits à la main. (El Moudjahid, 16.11.83). Versez les berkoukes
dans un plat de service rond et creux. (Bouayed, 1983, 52). Ma mère
nous apporta un plat en terre dans lequel fumait un couscous spécial
dont le grain est roulé très épais appelé « berkoukès ». (Mouzaia, 1994,
61). Dans d’autres régions, comme à Tlemcen, le plat de circonstance
était le berkoukes (couscous à gros grains). (Liberté, 11.1.96). Elle prend
chaque jour ses repas Slim-fast entre les deux bons berkoukesses que lui
a conseillés son taleb. (Quotidien d’Oran, 28.2.00). V. AÏCH.

136BERLEYBEY V. BEYLERBEY.

137BERRAH, BARAH (de l’arabe) n. m. Crieur public. Disponible. Si


jamais quelqu’un oublie ou perd quelque chose aussi importante soit-
elle, le « berrah » passe dans les rues, au marché, demande qu’on
vienne la chercher en la décrivant. (El Moudjahid, 15.9.85). Il faut
prendre contact avec le chef de groupe qui est le « berrah » (crieur).
C’est lui qui anime le groupe et reçoit les dédicaces des spectateurs. (Le
Matin, 15.6.91). Les soirées folkloriques sont animées par un berrah et
bien sûr par des cheïkhates et des danseuses. (El Watan, 4.9.92).
[…] Hadj Zouaoui, parolier et « berrah », l’un des rares intellectuels de
la chanson raï. (Le Matin, 12.1.93). Dans ces régions, le moyen le plus
efficace pour communiquer demeure le « cheikh du ksar » ou le
« berrah ». (La Tribune, 1.12.95). À 11 heures, alors que les ventres se
creusaient, un berrah, crieur, supplia l’assistance de se former en
groupes de dix.. (Le Matin, 1.7.96). Le barah lui emboîtait le pas ou la
précédait, la conduisant vers tel ou tel spectateur, puis s’arrêtait devant
l’un d’eux pour recueillir l’argent ou la dédicace. – Yaaaa Khouya !
s’écriait le barah. Il allongeait les A, martelait le sol ou le bord de
l’estrade d’un coup sec et décrivait un tour sur lui-même en brandissant
un billet de cent dinars. La musique et la danseuse s’arrêtaient
aussitôt. (Mokeddem, 1999, 98).

138BESEF, BEZEF, BEZZAF, BEZZEF, BZEF, BÉZEF (de l’arabe)


adv. 1. Courant, oral surtout. Beaucoup. Y a trop de monde, trop de
monde. Bezzaf ! (El Amel, 1.1.84). Six clowns ! Deux besef. (El
Moudjahid, 1.3.84). Saliha en a gardé le souvenir dont elle peint, en deux
mots, l’extrême sensibilité de mon frère aîné « hnin bezef ». (Le Matin,
13.2.92). Mais chez nous, c’est comme les nuages, y en a pas
bézef. (Mokeddem, 1993, 207). Ouais, chouia ou bézef ? (Mokeddem,
1995, 139). Il n’a pas insisté besef. (oral).

139Com. le terme ne relève pas, comme en français standard, du registre


familier ou populaire. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR,
TLF. V. CHOUIA.

1402. BEL BEZEF, BON BEZEF, loc. adv. Courant, oral surtout,
milieu jeunes. Très bien, très bon (superlatif de bezef). Critique
cinématographique : chouia. bon. bon bezef. excellent. (Le Matin,
9.1.93). Je suis content bel bezef. (oral).

141BESMALA V. BISM ALLAH.


142BESSIF (de l’arabe) adv. Courant, oral surtout. Par force. Je compte
jusqu’à trois, ensuite je te fais sortir bessif. (Ouettar, 1981, 70). La
France sortira bessif (de force). (Algérie-Actualité, 31.10.85). Tu as
personne qui veut te marier bessif et t’empêcher d’étudier et de marcher
et trouver l’espace que tu veux. (Mokeddem, 1993, 136). Il voulait que je
travaille bessif avec lui. (oral).

143Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. OBLIGÉ.

144BEY (du turc) n. m. Spécialisé, écrit surtout. (Pendant l’occupation


turque) gouverneur, titre porté par les vassaux du dey d’Alger (lui-même
vassal du sultan de Constantinople). Le dey et ses subordonnés directs,
les beys, déléguaient la fonction de justice aux cadis. (Benabdallah, 1982,
17). […] vint chez nous l’armée du bey. (Djebbar, 1987, 28). Autour du
bey se groupaient les grands fonctionnaires du gouvernement ou
Makhzen. (El Açil, 3.3.93). Ô fille des saints et des djinns bienfaisants, du
bey, sultan du trône, au burnous bleu bridé d’argent […] (Bensmaïne,
1996, 83). Le 27 février 1792, le Bey Mohamed El-Kebir libère Oran et
Mers El-Kebir de l’occupation espagnole. (Quotidien d’Oran, 28.2.00).
Loc. VIVRE COMME UN BEY. V. BEYLECK.

145BEYLECK, BEÏLEK, BEYLEK, BEYLICK, BEYLIK (de


l’arabe) n. m. et adj. 1. Spécialisé, vieilli mais disponible, intellectuels.
Division territoriale (province) gouvernée par le bey sous l’administration
coloniale turque. Les archives exposées remontent à la fin de la période
ottomane. Il s’agit de manuscrits et registres du beylick. (El Moudjahid,
12.5.83). Dès la prise de Bône par les Français, l’état de guerre
s’instaura entre le beylik de Constantine et la France. (Algérie-Actualité,
30.8.84). Chaque beylik était administré par un bey ou un gouverneur
nommé par le dey et révocable à sa volonté. (El Açil, 5.3.93). De
l’administration turque qui dura jusqu’en 1830, les habitants ne
retiennent que le terme de beylik, synonyme de levée d’impôts. (Mimouni,
1993, 144).

1462. Vieilli mais disponible, intellectuels. (Sous la colonisation


ottomane ou française), gouvernement, État, administration, On m’a dit
que le beylik te servait déjà un salaire. (Boutarène, 1986, 175). Nous en
avons hérité l’appellation turque de beyleck, que curieusement nous
avons continué d’utiliser sous la colonisation française. (Benmiloud,
1992, 104). Comme le beylik hérite de tout homme qui ne laisse pas de
descendants, il se trouve possesseur d’un grand nombre de rivières et de
ruisseaux et l’on y récolte chaque année de riches moissons d’orge, de
maïs et de froment… (El Watan, 27.11.96). Vous vous arrangez pour
imputer au beylik la responsabilité de vos déboires, dit-il d’un ton grave.
Mais ignorez-vous encore que le beylik n’existe plus ? (Khelladi, 1998,
38).

1473. Disponible, connotation négative. À l’époque contemporaine, État,


puissance publique (perçue comme étrangère, oppressive et
bureaucratique). Les enfants des grands ensembles s’amusent à rayer les
voitures, à massacrer le peu de verdure qui reste, à noircir les murs et les
portes. Ce n’est pas grave, c’est le bien du beylek. (El Moudjahid,
27.2.78). La dégradation des installations du village socialiste est due à
cette conception erronée que développent les ennemis de la Révolution
agraire dans les milieux paysans ; conception selon laquelle ni la terre,
ni les logements n’appartiennent à ces derniers, mais au beylick. (El
Moudjahid, 26.5.82). […] une mentalité révolue qui consiste à
considérer l’État comme le « beylik » dont les biens sont sans maître et
ne méritent aucun respect. (El Moudjahid, 2.2.84). Si ces préjudices
matériels et moraux avaient touché une société de droit privé, ce
monsieur aurait passé toute sa vie en prison. Mais il s’agit des biens de
la nation, de beylek, de la houkouma. (Algérie-Actualité,
14.12.85). Jijel : la première banque privée ouvre ses portes [Titre]
[…] cette institution susceptible de mettre un terme à la notion de
« beylik » qui prévaut dans les banques publiques. (Quotidien d’Oran,
19.4.00).

148Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. BEYLICAT,


BEYLICAL, BEYLÉKISME.

149BEYLERBEY, BELERBEY, BERLEYBEY (du turc à travers


l’arabe dialectal) n. m. Vieilli mais disponible. « Emir des émirs »,
gouverneur de la Régence d’Alger. La vie à Alger, au temps des
beylerbeys, semble avoir été assez facile car les vivres étaient abondants
et à bon marché. (Julien 1961, 265). Le berleybey vivait évidemment au
palais de la jénina de Dar Es-Soltan. (El Moudjahid, 6.7.77). L’Algérie a
été d’abord une province ottomane sous les belerbeys et les pachas. (El
Moudjahid, 9.4.86). […] La plupart des belerbeys, pachas et deys,
appuyés par le diwan et la milice, montrèrent dans les crises avec
l’Occident ou avec les pays voisins, de l’audace, de la ténacité et de
l’indépendance de décision qui désarmèrent l’adversaire. (El Watan,
5.1.00).

150BEYLICAL (formation hybride à partir de l’arabe beylik + suffixe


français al) adj. Disponible. Étatique, qui repose sur la toute-puissance de
l’État. Importante dans l’Est constantinois, la propriété azelière porte
sur des terres tombées à divers titres sous obédience beylicale. (Boudia,
1981, 90). […] et la passivité de ceux-là qui se situent à tous les niveaux,
y compris à des échelons de responsabilité, et qui se reportent pour tout
sur l’État, en faisant une notion abstraite, insaisissable et qui n’est pas
loin de la conception « beylicale » de jadis. (El Moudjahid,
11.4.84). Beaucoup d’Algériens ne comptent que sur un État providence
et ne gèrent leur vie que par leur conception beylicale de la chose (El
Watan, 5.11.91). V. BEYLECK, BEYLICAT.

151BEYLICAT (formation hybride à partir de l’arabe beylik + suffixe


français -at) n. m.

1521. Spécialisé, vieilli mais disponible, écrit surtout. Gouvernement du


bey sous l’administration coloniale turque. Mascara devint le siège du
beylicat turc de l’Ouest jusqu’au départ des Espagnols d’Oran. (El
Moudjahid, 25.11.85).

1532. Disponible. Omnipotence de l’État. Le respect de la chose


publique et de la collectivité aiguise le sens de la responsabilité du
travailleur. Or, il semble que les esprits se sont orientés vers une totale
irresponsabilisation avec les notions de plus en plus ancrées et
déliquescentes du beylicat. (Révolution africaine, 8.6.80).
V. BEYLECK, BEYLICAL.

154BEZEF, BEZZAF, BEZZEF V. BESEF.

155B.G.A. (sigle de beau gosse algérien) n. m. Courant, oral surtout,


milieu jeunes. Beau garçon. – Papa, j’ai écrit sur le train, avec ton
couteau, le nom de ton club… – Tu es un mokh et un B.G.A. (beau gosse
algérien). (Khiari, 1981, 48). J’ai mis quelques brins de jasmin au-dessus
de mon oreille gauche et j’ai pris ma figure des grands jours, agréé par
la (sic) B.G.A. (Lounès, 1982, 16). Au lycée, Omar passe pour un
B.G.A. (oral). V. BOGOSSE, BEAU-GOSSA, TCHITCHI.

156BIDÂA (de l’arabe) n. f. Disponible. Pratique hétérodoxe, qui ne


s’inscrit pas dans le bon comportement d’un bon musulman. Vouloir
mettre fin à ce qui est qualifié de « bidâa » en versant un bidon
d’essence, en y balançant une allumette, est-ce là vraiment la démarche
la plus convaincante ? (Algérie-Actualité, 26.4.90). Adepte de
rationalisme et de rigorisme, il s’en est pris aux zaouias qui, selon lui,
ont constitué le cadre idéal de la bidâa. (Algérie-Actualité, 23.5.91).

157BIDONVILLESQUE adj. Disponible. Qui se rapporte, s’apparente


au bidonville. Le visiteur qui débarque dans la ville plusieurs fois
millénaire est frappé par l’aspect « bidonvillesque » de nos quartiers :
égouts qui refluent des eaux noirâtres et nauséabondes, tas d’ordures qui
« décorent » en permanence les trottoirs… (El Acil, 21.1.93). Je travaille
dans une fac bidonvillesque. (oral). V. BIDONVILLISATION,
BIDONVILLISÉ, BIDONVILLOIS, DÉGOURBISER.

158BIDONVILLISATION (de bidonvilliser et suf. –ation) n. f. 1.


Courant. Prolifération de bidonvilles en milieu urbain. Au plan de la
structure urbaine, le développement industriel s’est traduit par un sous-
équipement des villes, un début de « bidonvillisation ». (El Moudjahid,
14.10.77). Voilà deux ans déjà que les autorités locales s’étaient
attachées à lutter contre le phénomène de la
« bidonvillisation ». (Algérie-Actualité, 8.9.83). Il ne semble pas que la
délégation exécutive communale de Bab Ezzouar, présidée de surcroît
par un médecin résidant à Bab Ezzouar, se sente concernée par cette
« bidonvillisation » en règle de la cité. (El Watan, 1.3.93). La
bidonvillisation de la ville de Souk Ahras constitue l’une des plus
grandes préoccupations du développement social, économique et surtout
urbanistique. (El Açil, 21.3.93). […] enfin le rôle attractif qu’elle exerce
auprès des populations rurales favorise la bidonvillisation
permanente. (El Watan, 4.5.93). À cet égard, le ministre-gouverneur a
exhorté les walis délégués à lutter contre la « bidonvillisation » et à
éliminer les centres de transit. (L’Authentique, 5.8.97). L’abandon de
carcasses à Zéribet El-Oued, M’ziraâ voués désormais à une
bidonvillisation certaine, en est un triste témoignage. (Quotidien d’Oran,
26.4.00).

1592. Courant. Transformation en bidonvilles d’immeubles d’habitation


par la dégradation de l’environnement, la construction et l’aménagement
illicites et anarchiques de terrasses, etc. Les maisons sont intactes quatre
ans, alors que les risques des bidonvillisations des cités constituaient une
préoccupation sérieuse. (El Moudjahid, 10.10.84). Bidonvillisation de
certains bâtiments. (Algérie-Actualité, 26.12.85). Les bâtiments n’étant
en reste dans leur course au plus moche, il n’y a plus qu’à patienter
quelque peu pour voir sombrer le tout dans la « bidonvillisation » la plus
précoce. (Algérie-Actualité, 29.5.86). La bidonvillisation des cités est
devenue pratique courante à Alger, chacun y met du sien. (oral).
V. BIDONVILLISÉ, BIDONVILLISER, BIDONVILLOIS,
DÉGOURBISATION.

160BIDONVILLISÉ, E adj., n. 1. Courant. Qui a pris l’aspect d’un


bidonville à la suite d’une dégradation (en parlant des immeubles, des
cités) ; par ext., personne qui vit dans un bidonville. Sont considérées
comme « bidonvillisées » les cités administratives du type « 1000
logements ». (Benatia, 1980, 266). Un espace « bidonvillisé » devenu du
jour au lendemain une tribune supérieure qui permet aux habitants
d’observer ce qui se passe plus bas. (El Moudjahid, 2.4.93). El Khemis,
deuxième ville bidonvillisée après Constantine. (Le Matin, 5.7.94). Or,
cette dualisation provoque non seulement l’exclusion des ruraux
bidonvillisés, des femmes, des jeunes, mais aussi […]. (La Nation,
30.1.95). La formule du logement évolutif, visiblement mal gérée par les
responsables locaux du secteur compte tenu de son style « bidonvillisé »
a, a priori, marqué ses limites urbanistiques. (Quotidien d’Oran,
28.7.00). Saïda compte 30 000 personnes « bidonvillisées » végétant
dans des gourbis en tôle. […] (Liberté, 31.1.01). […] l’autre image d’une
agglomération « bidonvillisée » à tel point que taudis, bâtisses illicites
narguent les nouvelles constructions. (El Watan, 15.2.01).

1612. Disponible. Par ext., dégradé, marginalisé. La gymnastique


« bidonvillisée », sans moyens ni sollicitudes, possède pourtant ses
indécrottables spartiates qui ne veulent pas entendre parler de démission.
(El Hadef, 19.12.83). L’université est de plus en plus clochardisée,
bidonvillisée. (oral). V. BIDONVILLISATION, BIDONVILLISER,
BIDONVILLOIS.

162BIDONVILLISER 1. v. tr. Disponible. Transformer en bidonville


(un quartier, une zone urbaine). Même cas similaire est relaté pour ce qui
concerne cette fois-ci les domaines autogérés où les gens sont livrés à
eux-mêmes, ouvriers et indu-occupants confondus, élargissent sans cesse
le périmètre à bidonvilliser ! (Horizons, 19.6.86).

1632. v. pronom. Disponible. Se transformer en bidonville. L’opération


assainissement des bidonvilles qui semble obtenir un réel succès devrait
inciter, par exemple, les services publics à ne pas laisser se bidonvilliser
des pans entiers du patrimoine d’habitat. (El Moudjahid, 25.10.83). Cette
cité ainsi que la cité « évolutive » ont été rapidement
rebidonvillisées. (Algérie-Actualité,
15.12.83). V. BIDONVILLISATION, BIDONVILLISÉ,
BIDONVILLOIS, DÉGOURBISER.

164BIDONVILLOIS, E n., adj. Courant. Habitant du bidonville. Ce fut


un bidonvillois qui me permit d’entrevoir le bout du tunnel, il venait
d’être embauché dans une grande usine d’État […]. On me fit épouser
une bidonvilloise vaguement parente. (Révolution africaine, 3.5.78). Cet
autre « bidonvillois », actionnaire d’une entreprise de travaux publics à
Chlef, ou encore celui qui possédait une villa à Sedrata et deux camions
tout en continuant à croupir dans son « bidonville ». (El Moudjahid,
30.9.83). Fuyant la misère des campagnes et la guerre, les déracinés
s’installaient en « bidonvillois » dans les « lotissements médiocres » que
sont Belcourt, Climat de France. (Algérie-Actualité, 27.6.85). Faire
accéder les « bidonvillois » à des conditions de vie décentes en
redéployant cette population sur l’ensemble du territoire national. (El
Moudjahid, 6.11.85). V. BIDONVILLISATION, BIDONVILLISÉ,
BIDONVILLISER.

165BIENFAISEUR n. m. Disponible. Bienfaiteur. Que Dieu le Tout-


Puissant récompense les bienfaiseurs et les bienfaitrices. (Quotidien
d’Algérie, 20.8.92). Tout le monde voyait en cet imam le bienfaiseur de
l’humanité. (El Açil, 23.1.94). Depuis 88, beaucoup d’associations de
bienfaiseurs sont nées. (oral).

166BIEN HABOUS V. HABOUS.

167BILANISER v. intr. Disponible, oral surtout. Faire le


bilan. Essayons de « bilaniser » pour mieux nous expliquer. (El Hadef,
27.2.83). Comme je crois que tout le monde doit savoir un minimum sur
le travail réalisé et à venir, permettez que je « bilanise » un tant soit
peu. (El Hadef, 26.6.83). V. BILANTER.

168BILANTER v. intr. Disponible, oral surtout. Faire le bilan. Pour


« bilanter », signalons que la wilaya de Mascara compte neuf ligues
mais que certaines d’entre elles ont leur siège dans les daïrate
avoisinantes. (El Hadef, 24.4.83). En ce qui nous concerne, nous avons
choisi de « bilanter » l’AJC qui a échappé in extremis à la relégation.
(El Hadef, 7.7.85). V. BILANISER.

169BILATÉRALE n. f. Disponible, intellectuels. Rencontre entre deux


parties (le plus souvent gouvernement et partis politiques ou
syndicats). Le seul point de divergence est axé, selon lui, sur la révision
constitutionnelle, tout en affirmant que ces discordances pourront être
définitivement clarifiées lors des prochaines bilatérales. (Le Matin,
21.7.96). En acceptant de déléguer ses représentants aux quatre
commissions, le parti de Benhamouda abandonne l’une de ses
principales conditions formulées lors des bilatérales. (Liberté,
8.8.96). Cette divergence de fond, les bilatérales n’ont pu
l’aplanir. (Liberté, 8.8.96). Concernant l’annonce même de ce
programme, le retard constaté quant à sa publication est peut-être dicté
par la tenue prochaine d’une bilatérale entre les pouvoirs publics et la
centrale syndicale de l’UGTA. (La Tribune, 11.9.97).
[…] l’augmentation mesurée des salaires dont l’annonce sera faite en
dehors du cadre traditionnel de la bilatérale UGTA-
gouvernement. (Quotidien d’Oran, 28.7.00). V. TRIPARTITE.

170BIR ZEM-ZEM (de l’arabe) n. m. Disponible. Source d’eau bénite,


lieu saint à La Mecque. J’apprendrai ainsi que le sol est tout simplement
climatisé à l’aide d’un vaste système de réfrigération qui rafraîchit en
même temps l’eau provenant du bir Zem-Zem que les pèlerins peuvent
consommer sur place à loisir. (El Moudjahid, 24.4.85). C’est clair
comme l’eau de roche (de bir zem-zem). (Algérie-Actualité, 20.2.92).

171BISM ALLAH, BISMI ALLAH, BISMI LLAH, BISMI’LLAH,


BISMILLAH, BI ESMI ALLAH, BASMALLAH (de l’arabe « Au
nom de Dieu ») exclam. Courant, oral surtout. Formule qui sert à inviter
un hôte à entrer, à s’asseoir, à manger ; elle est également prononcée pour
chasser le mauvais sort et avant de procéder au sacrifice. Et Madjid,
sérieux comme un adulte, récitait la formule avant d’appuyer sur le
couteau, parcourant la mince gorge d’un bref va-et-vient : « Bismi
Llah ! » (Achour, 1975, 78). Le chef de la famille poussait la bête hors
de l’habitation […] et lui plantait le coutelas dans la gorge en
marmonnant un « bismillah » de bénédiction. (Belamri, 1982,
102). Djafar s’attable face à son coéquipier devant des croissants et du
café au lait fumant. « Bism Allah » entonnent-ils en mordant dans la
maigre pâtisserie. (El Moujahid, 4.6.84). Bismi Allah E’Rahmane
E’Rahim… Non je n’ai pas de parabole, et je n’y ai jamais
pensé. (Algérie-Actualité, 29.11.90). Après le bismi Allah de rigueur, il
entama un long discours (El Açil, 21.4.94). Ses adeptes, encore
nombreux au Maroc, récitent 14 000 fois la « basmala », la formule
bismillah Errahman Errahim … (Liberté, 24.2.95). Le père Campora
psalmodiait continuellement des sourates pour éloigner le mal et répétait
la basmallah à chaque pas. (Mokeddem, 1999, 40).

172BKHOUR, B’KHOUR, BKHOR (de l’arabe dialectal) n. m.


Disponible. Encens. Nul n’aura oublié d’emporter la baraka de Sidi
Yahia, à savoir du « djaoui » et du « bkhour ». (El Watan, 3.9.91). La
veille du Mouloud, les femmes brûlent du bkhour sur des braseros
ardents. (Algérie-Actualité, 5.9.93). Ce sont surtout les vieilles femmes
qui l’attendent au seuil des logis, qui aspirent l’odeur parfumée du
« bkhor ». (El Acil, 27.5.96). Cela va des costumes traditionnels des
différentes régions de ce pays voisin, jusqu’aux cierges, « b’khour »,
fauteuils sculptés pour les deux mariés, henné et cassettes de musique
d’ambiance. (Horizons, 3.8.97). V. DJAOUI.
173BLAGHDJI (de l’arabe dialectal) n. m. (pluriel : blaghdjia) Vieilli,
écrit. Fabricant de babouches, cordonnier. […] le coin retiré d’un
« blaghdji » dont les mains parsèment de fibres dorées les belles
sandales de mariées. (Algérie-Actualité, 2.12.82). V. BABOUCHIER.

174BLAGHDJIA pluriel de BLAGHDJI. Ces derniers réceptionnent la


matière dans son état brut : les peaux de bœufs, de chèvres et de
moutons […] Celles qui sont teintées en jaune sont destinées pour les
« blaghdjia », les fabricants de babouches. (El Moudjahid, 24.1.85).

175BLED (de l’arabe) n. m. 1. Courant. Village, campagne, région


d’origine, intérieur du pays. C’est pour les membres de ma famille qui
viennent du bled et qui ne savent pas nager. (Algérie-Actualité,
16.6.83). Les hommes se mirent à rire. Il se croyait au bled, dans les
endroits où on fait encore la galette. (Sebbar, 1984, 155). M. Ahmid nous
invite à partager avec lui le ftour, dattes, lait de brebis, […] salade laitue
du bled et tripes épicées. (L’Opinion, 5.4.93). Mes parents partent au
bled pour les fêtes de l’Aïd. Ils partent tous, avec les enfants. Pendant
deux jours, je serai seule. (Allouache, 1995, 141). Un travail qui
demande du temps et de grands efforts pour les femmes de toutes les
catégories, même celles qui ne travaillent pas ou habitent au bled, les
enseignantes, les cadres, etc. (Le Matin, 8.3.95). Ce sera une grande fête,
son mari est parti au bled inviter les grands-parents, et le reste de la
famille. (Confidences, 11.5.96). La Casbah [d’Alger] devint le refuge de
tous ceux qui fuyaient, ayant perdu leurs terres ou attirés par les
possibilités de travail, leur bled natal. (La Tribune, 20.1.00).

1762. Courant. Pays natal, pays d’origine, c’est-à-dire l’Algérie. Très


souvent, il est pris dans le réseau des relations venues du bled, se met en
ménage avec une étrangère, subit la pression de son milieu à elle. (El
Watan, 12.2.92). Passer une nuit noire devant les consulats est même
admis pourvu que l’on sorte du bled. (El Acil, 4.1.93). Les émigrés n’ont
pas failli à leur habitude : venir au bled pour passer de bonnes
vacances. (Algérie-Actualité, 31.8.93). C’est à se demander si les gens
qui ont descendu en flammes Belaïd Abdesselam lorsqu’il a évoqué du
bout des lèvres la rahma, sont toujours au bled. (La Nation,
3.1.95). Chacune de ces trois dimensions, qui ne s’excluent pas dans les
textes chantés, attribue au mot bled, au-delà de son sens immédiat c’est-
à-dire le pays, des sens liés à l’expérience vécue de l’expatrié, à sa
culture de l’ailleurs et à son état émotionnel loin du sol natal. (Le Matin,
20.9.95). Le passage de ce jeune beur de zone au bled ne s’est pas fait
sans heurts psychologiques. (Gastel, 1999, 88). Il n’avait jamais eu de
véritables liens avec son aîné, parti en France en 62, quelques mois
après l’indépendance, revenu au bled en 90 pour y finir ses
jours. (Sansal, 1999, 26). Je lis régulièrement votre journal, histoire de
lire l’actualité nationale du bled. (Liberté, page web, janvier 2001).

177Com. Le terme n’a pas de connotation péjorative comme dans les


dictionnaires du français standard où il est accompagné de marques
« fam. » et « péj. ». Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.
V. BLÉDARD, OULED EL BLED.

178BLÉDARD, E n., adj. Disponible. Qui vit dans le bled, la campagne,


l’intérieur du pays. Et notre fierté, nous les blédards, c’est
présenter […] suffisamment de droits communs pour caractériser ce
personnage. (Feraoun, 1968, 130). Pauvre maître d’école, qui ne lit
aucune trace de prestige dans les yeux des « blédards ». (Algérie-
Actualité, 27.12.84). Le jour du marché, on voyait défiler les blédards
montés sur leurs mulets, leurs ânes chargés de chwaris. (Copie d’un
élève de classe de 3e A.S., 1993). Pour son troisième mariage, il a épousé
une blédarde qui lui a donné enfin deux jolis garçons. (oral).

179Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR. V. BLED.

180BLISS, BLISSE, IBLISS, IBLIS (de l’arabe) n. m. Courant. Diable,


Satan. Elle le poursuivait avec le balai, criant : « Chaïtane ! Bliss ! Ya
latif ! » (Lemsine, 1978a, 167). On pourrait aussi dire qu’en ce qui
concerne « blisse » et leurs voisins se sont ligués contre eux. « Bliss » en
leur donnant de ces conseils qui mènent tout droit à la catastrophe et
leurs voisins en les incitant à écouter « Bliss » en les mettant en colère.
(El Moudjahid, 1.6.86). […] pratiques de l’exorcisme dont celui du feu et
du fer à repasser chauffé à blanc et appliqué sur le visage pour extirper
Bliss, développement des pratiques sataniques. (Algérie-Actualité,
2.5.91). Depuis tout à l’heure, Ibliss, le démon friand de zizanie, s’est
introduit dans cette maison. (Achir, 1997, 28). Ibliss qui nouait ses
entrailles et obstruait les voies vitales de son ventre n’allait pas tarder à
connaître la défaite. (Khelladi, 1998, 125). Que veux-tu d’elle ? Où veux-
tu en venir ? Et si le Bon Dieu décidait de t’ôter la vie maintenant ? Tu
es un esclave d’Iblis. (Gastel, 1999, 24). Promis-juré, ils fuiront Ibliss qui
les pousse à la pourriture. (Sansal, 1999, 267). V. AFRIT, CHAÏTANE,
DJINN.

181BLONDISTE n. Disponible, oral surtout, plaisant. Personne qui


fume des cigarettes blondes (par opposition aux fumeurs de cigarettes
brunes). Restent les blondistes. Mais ils ne sont pas tous concernés.
(Algérie-Actualité, 3.1.85). Lors des pénuries de cigarettes, les blondistes
se rabattent sur les brunes. (oral). Je crois que cet homme est un fameux
blondiste, demande-lui une cigarette pour moi. (oral).

182B’NELKELB, BNI KELB V. BÉNI KELB.


183BOCCA (de l’arabe) n. f. pl. Vieilli. Groupe de maisons situées en
zone rurale et faisant partie d’un douar. Le vingt mars mil neuf cent
trente-trois sont nés Hormal Mohamed ben Abdelkader et Gueddoudj
Kheira à bocca Nekhla, douar Harchoun. (Acte de naissance, 1993). Le
président d’APC tient réunion avec les chefs de bocca. (oral). Une équipe
de médecins et d’infirmiers s’est rendue à bocca Berarcha où une
épidémie de choléra s’est déclarée. (oral). Ce fellah réside à bocca
Arrari, douar Chouchaoua. (oral). V. DOUAR.

184BOGOSSE, BOGOSS 1. n. m. (féminin : beau-gossa) Disponible.


Jeune homme élégant. Bogosse sapé à mort et petit timide parano, notre
duo de dealers va faire ce soir un petit break dans son business pour me
permettre de faire le mien. (Algérie-Actualité, 11.4.91). Tous les
vendredis, bien rasé et bien coiffé, il se prépare à la parade des
bogosses. (El Açil, 5.9.92).

1852. adj. Disponible. Beau, séduisant. Moi, je l’ai toujours trouvé


bogoss, avec ou sans petite moustache. (Le Matin, 13.1.93). V. B.G.A.,
BOGOSSITÉ.

186BOGOSSITÉ n. f. Disponible. Élégance (surtout vestimentaire). Il


pivota sur lui-même, me montrant toutes les coutures de son nouveau
costume : « Ça, c’est la bogossité ! » me dit-il. (Algérie-Actualité,
4.5.91). La bogossité, y en a pas dans tous les quartiers. (oral).
V. BEAU-GOSSA, B.G.A., BOGOSSE.

187BOHI, BOUHI (de l’arabe dialectal) n. m. Courant, milieu jeunes


surtout, connotation plaisante. Jeune des quartiers populaires qui aspire à
un statut social supérieur, celui de la jeunesse dorée des quartiers
riches. Les gens nous appellent les « Travolta », les « bouhis », mais ça
ne nous gêne pas, on sait qu’on fait pas de mal quand on danse, même
les musiques étrangères. (Algérie-Actualité, 16.12.82). « Halouf ! Voyou
de petite envergure ! bouhi dernière catégorie ! » (Aïder, 1984a, 42). En
outre, Oued Boulga possède les plus beaux spécimens de « bouhis »
d’Algérie. (Aïder, 1984b, 31). Le « bouhi » est un produit exclusif des
quartiers populaires. Cheveux gominés, la banane effrontée, il s’adonne
corps et âme au rock, au smurf ou à la disco […] le bouhi est le pauvre
qui joue au « tchitchi », celui-ci est le gosse du riche qui joue au petit
Français. (Algérie-Actualité, 24.4.85). C’est l’époque où les tchi-tchi, ces
« blousons dorés qu’a engendrés la nomenklatura » sont accusés de
parader au Riadh El Feth (ou « Jardins de la Victoire »), temple érigé
par le président Chadli à la gloire de la déesse consommation, dont les
bouhis prolétarisés de Bab El-Oued et d’ailleurs ne peuvent célébrer le
culte. (Labat, 1995, 28). Déconnectés de la vie et de ses empressements,
ces bouhis désœuvrés ne se rendent pas compte qu’ils font bouchons de
trottoirs. (Sansal, 1999, 173). Des vigilants ont vu le cirque ; des bouhis
affamés ; ils manœuvrent comme des squales attirés par le sang ; une
envie carnassière s’est érigée en eux. (Sansal, 1999, 178). V. TCHI-
TCHI.

188BOKALA, BOQALA, BOUKALA, BOQUALA, BOUKÂLA,


BOUQALA, BOÛQALA (de l’arabe dialectal) n. f. (pluriel : bouqalate,
boqalas) Spécialisé, écrit surtout. Jeu de versification qui débouche sur
une charade. Une bouqala, chantée pour elle par des jeunes filles un soir
d’été, avait présagé l’étrange impression générale. (M’hamsadji, 1969,
60). Chez elle. des rideaux deviennent jeux de boukalas. (Laghouati,
1981, 17). Ces dames ont raison puisque tout ce qu’on a prévu pour elles
ce sont les sempiternelles boqalas. (El Moudjahid, 19.8.84). Après
l’invocation, c’est la nouaison ou action de faire un nœud à son
mouchoir, à sa ceinture ou à son foulard tout en pensant à une personne
pour laquelle on veut dédier la boqala. (El Moudjahid, 5.12.84). Ayant
programmé une série d’émissions sur la boqala, Kaddour M’hamsadji
vient de consacrer son dernier ouvrage à ce jeu dont il présente l’attirail,
situe les origines probables et présente 300 bowakkals (poèmes
déclamés) environ qui illustrent toute la richesse esthétique de ce mode
d’expression orale ; […] le jeu de la boqala était le divertissement
principal sur les terrasses d’antan. (El Moudjahid, 14.1.90). Si on peut
enrober un discours dans une sorte de boquala, un conte populaire à
l’occasion d’un espace publicitaire dans les journaux, il serait difficile
de le faire dans un décor télévisuel à tous les partis à l’occasion de la
campagne électorale. (Algérie-Actualité, 23.5.91).

189BOMBE, BOUMBA n. f. Courant, oral surtout, milieu des jeunes.


Jeune fille séduisante. On enfante des bombes (c’est le nom donné aux
filles qui sont considérées comme une véritable malédiction) pour se
débarrasser d’elles, tout en réalisant une « belle affaire ». (Lounès,
1982, 70). Écœuré, Djamal avait couru vers son père. Ce dernier, tout à
la joie de s’être débarrassé si rapidement de cette « bombe », n’avait
pas d’abord compris les propos de son fils. (El Moudjahid,
29.3.84). Marilyn Monroe, 36 ans, décrétée symbole éternel et exclusif de
la beauté féminine, boumba qui n’explosera jamais rue Didouche… (Le
Jeudi d’Algérie, 30.7.92). Belle, bombe féminine, telle est Sangria. Elle
prononce son discours. (Zaoui, 1999, 105). J’y découvre les traits d’un
visage féminin ressemblant à Washma, ou plutôt à une danseuse de
flamenco, une bombe féminine, une Gitane espagnole, pleine de vie, de
désirs, de rythme, de soleil et de quelque chose comme la poésie. (Zaoui,
1999, 177).

190BOQALA, BOQUALA V. BOKALA.


191BORDJ (de l’arabe) n.m. Disponible. Bastion, fort destiné à défendre
la vieille ville (médina), poste fortifié militaire ou administratif. Le bordj
de Taga est attaqué et incendié par une foule de « montagnards armés de
sabres, de bâtons et de vieux fusils. » (Akkache, 1972, 28). Mohamed,
l’homme de l’aéroport, se chargera de nous emmener à Illizi, un bordj
qui a pris de l’ampleur. (Algérie-Actualité, 2.2.84). La marche de la faim
fut décidée sur le bordj de l’administrateur de la commune mixte de Sidi-
Aïch. (Révolution et Travail, 1.11.85). Roches déchiquetées, redoutes
fantomatiques qui, hasardement posées sur des bordjs esseulés, ouvrent
des orbites vides sur des nécropoles cosmiques. (Mokeddem, 1992,
251). Des murailles entourant la colline sur près de six kilomètres,
trente-six bastions avec vingt et une courtines et trois châteaux forts, les
fameux bordjs d’El Djazaïr constituaient le système de défense de la
ville. […] Le port et ses bordjs ont permis à El Djazaïr de défier toutes
les flottes européennes. (La Tribune, 20.1.00).

192Com. Le terme est fréquent dans la toponymie de l’Algérie. Attesté


ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. KSAR, KALAA.

193BOUBINA (de l’arabe) n. f. Disponible. Cassette audio, bande


magnétique. Kamel Messaoudi, produit par Angar, sort « Ya El
Guitara », une boubina qui fonctionne encore mieux que n’importe
quelle rumeur. (Le Jeudi d’Algérie, 9.7.92). La dernière boubina de
Mazouni est sur le marché, mais franchement à part moi, je ne vois pas
quel autre hurluberlu pourrait claquer 60 DA pour cette sinistre
chose. (Le Jeudi d’Algérie, 23.7.92). J’ai écouté cette boubina d’El Anka,
elle est merveilleuse. (oral).

194BOUCHKARA (de l’arabe) n. m. Disponible. Indicateur de police


(pendant la colonisation française et, plus récemment, depuis les
événements de 1988) ; par extension, policier en civil. L’intrus, que la
tenue trahit, est dévisagé. On craint le « bouchkara », l’indic ou le flic
en civil. (Algérie-Actualité, 10.10.91). Sous prétexte de lutter contre le
chômage, « ils ont même pensé à placer des jeunes pour surveiller leur
quartier contre tous ceux qui essayeraient de le polluer »… […] En
attendant, devinez comment reconnaître les nouveaux « bouchkaras »
dans les quartiers. Ils portent des sacs-poubelle sur la tête. (L’Opinion,
4.5.93). On croyait que l’ère des bouchkaras était à jamais révolue. (Le
Matin, 21.1.94).

195BOUDJADI (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible. Personne


ignorante et niaise ; par extension, novice, débutant. Il a la main sûre et il
connaît son affaire. Ce n’est pas un boudjadi… (Belamri, 1982,
103). Tombe chaque fois que tu entreras en contact avec le libéro, espèce
de boudjadi, et pousse un cri de douleur ! (El Moudjahid, 22.2.85). Il
s’est fait avoir parce que c’est un boudjadi. (oral).

196Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. ARRIVISTE.

197BOUFA V. BOUFFA.

198BOUFAROUA, BOUFEROUA (de l’arabe) n. m. Spécialisé, écrit


surtout. Acariose, maladie du palmier dattier causée par des
acariens. Tous les efforts seront vains si le palmier n’est pas protégé
contre tous ses « ennemis », et surtout le « bouferoua ». (Algérie-
Actualité, 14.11.85). Le palmier dattier, ressource séculaire des
habitants du Sud, est menacé de disparition. En témoigne notre
production dattière de 1981 qui a chuté de 50 % à cause du
boufaroua. (AfricÉco, 1.2.1986). Les pertes dues à la prolifération des
parasites et maladies sont importantes, à titre d’exemple le boufaroua
rend impropres à la consommation environ 15 % de la production totale.
(El Watan, 8.9.92). V. BAYOUD.

199BOUFFA, BOUFA (de l’arabe) n. f. Vieilli, mais disponible, milieu


des jeunes surtout. Soirée dansante, fête. Dans des fêtes qu’on appelait
surprises-parties, devenues depuis « surboums » puis « boums », puis
« bouffas », organisées collectivement dans le studio de l’ami au
cousin […] Pourtant, de la rue au dancing, du lycée aux bouffas […] ils
ont dit leurs contraintes, leurs problèmes. (Algérie-Actualité,
16.12.82). Depuis ce coup d’envoi qui l’a illuminé […] de nouba en
boufa, grillant par là ses maigres chances […]. (Sansal, 1999, 208).

200Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

201BOUFFER v. intr. Courant, oral surtout. (Pour un responsable


politique ou un fonctionnaire) spolier l’État, en particulier en dilapidant
les biens publics ou en acceptant des pots-de-vin. La corruption est
flagrante. Tout le monde bouffe. (El Moudjahid, 17.5.78). Il a bouffé avec
le FLN et maintenant il bouffe avec les autres partis. (El Açil, 5.6.93).
V. MANGER.

202BOUH, BOUYA (de l’arabe) exclam. Disponible, oral. Exclamation


(propre aux femmes) qui sert à exprimer divers sentiments dont la
surprise, la peur. Les voyant entrer, Mama lâcha de petits cris de
surprise. « Bouh ! C’est Zhor ! C’est Omar ! » (Dib, 1968, 11). Bouh !
Il faudra lui laisser la meilleure place au hammam ! (Slim, 1981,
39). Bouh, Si Claude est revenu ? (El Moudjahid, 1.3.84). « Bouh, ma
fille devient philosophe », dit Zora en levant les bras au ciel et en faisant
mine de se lever. (Ben Mansour, 1990, 251). Bouh sur vous, rétorquèrent
les tantes en riant. À votre âge, on résolvait des énigmes dix fois plus
difficiles. (Ben Mansour, 1990, 220). Bouh Amine, tu vis sur une autre
planète ou quoi, Tu prétends ignorer qui est cheikh Abdessemeb qu’Allah
préserve. (Khelladi, 1997, 95). Ha bouya ! comme s’il voyait le diable
vert en personne. (Détective, 4.3.00).

203BOUHALI (de l’arabe dialectal) adj., n. Disponible, oral surtout.


Personne sotte et niaise. Ma future belle-mère, figée au garde-à-vous,
nous sourit, de son sourire le plus bouhali, pour nous rassurer. (Lounès,
1982, 17). C’est lui le meurtrier, moi qui croyais que c’était le plus grand
des bouhalis du quartier. (oral). Bouhali comme tu l’es, tu as fini par
tomber dans son piège. (oral).

204BOUHI V. BOHI.

205BOUKALA, BOUKÂLA V. BOKALA.

206BOUKHALOUTISME (de l’arabe boukhalout + suffixe -isme) n. m.


Disponible, écrit surtout. Imbroglio, brassage de tendances politiques
divergentes. C’est au tour du P.S.J.T. (Parti, Science, Justice, Travail) de
boycotter les élections législatives, car elles aboutiraient à un système de
« boukhaloutisme ». Encore un terme à ajouter au dictionnaire du
pluralisme algérien. (Algérie-Actualité, 21.10.91). Le système politique
actuel a atteint le paroxysme du boukhaloutisme. (Le Matin, 5.1.94).

207BOUMBA V. BOMBE.

208BOUMEDIENISME, BOUMÉDIENNISME,
BOUMÉDIÉNISME, BOUMEDIÉNISME n. m. Disponible. Politique
propre au régime de Houari Boumediene. On déchiffre les symboles et
l’on décrète tout de go que c’est le retour du boumédiennisme. (Le Jeudi
d’Algérie, 23.7.92). Le boumédiennisme des années 70 ayant peu
constitué une forme à part de nationalisme. (Algérie-Actualité,
5.3.93). Selon certains, seul le boumédiennisme pourra sortir l’Algérie
de la crise actuelle. (Le Libre, 26.4.94). Liamine Zeroual peut être tenté,
comme l’y poussent une grande partie de ses soutiens qui ont toujours
constitué l’armature du système, par une voie autoritaire sous couvert
d’un regain de boumédiénisme. (La Nation, 28.11.95). Rares sont ceux
qui, aux premiers temps du boumedienisme, quittent l’Algérie simplement
pour retrouver leur liberté de parole. (Hassan, 1996, 252). Il exprime, lui
aussi, ses propres critiques pour se revendiquer du boumédiénisme et
énumérer ce que le FLN, selon lui, aurait dû faire et doit faire. (La
Nation, 26.12.96). […] surtout après l’éclatement du boumédiénisme et
les premiers effets de la crise économique. (La Nation, 14.5.96). Ce n’est
pas Boumédienne que je défends, c’est le boumédiennisme. C’est le seul
homme qui a eu un vrai regard sur le peuple et c’est le seul qui a su
avoir une conception et des projets pour lui. (Benaïssa, 1999, 128).
V. BENBELLISME, BOUMEDIENISTE, CHADLISME.

209BOUMEDIENISTE, BOUMEDIENNISTE, BOUMEDIÉNISTE,


BOUMÉDIÉNISTE, BOUMÉDIENNISTE adj., n. Disponible. Relatif
à Houari Boumediene, partisan de sa politique. Le secteur public a été
démantelé avec la bénédiction de ceux qui ont été, à l’époque
boumédienniste, des défenseurs acharnés des constantes
(Thaouabite). (El Acil, 10.1.93). […] puis il oublia, comme tout le monde
et devint « boumediéniste » ; ça devenait plus sérieux. La motivation
était différente. Il adhéra au « socialisme paysan » du colonel aux joues
creuses et aux dents « à la Jacques Brel ». (Allouache, 1995, 166). C’est
aussi le modèle d’État, de société et d’économie « boumédiéniste » – où
la démocratie était « œuvre de division » et l’opposition « main de
l’étranger » – qui est à mettre en cause. (La Tribune, 27.12.95). Le sort
du régime boumédiéniste – « populiste », ajouteront péjorativement
ceux, nombreux, qui en ont fait les frais –, qui a substitué à la
souveraineté populaire l’omniscience, mais surtout la toute-puissance, de
l’« avant-garde éclairée ». (La Tribune, 27.12.95). Un représentant de
l’UNJA profitera de cet intermède pour distribuer à l’assistance des
calendriers à l’effigie de Houari Boumediene. Une petite erreur,
cependant, a, semble-t-il, échappé à la vigilance de jeunes
boumediennistes. Le calendrier affiche l’année 1999. (La Tribune,
27.12.99). V. BOUMEDIENISME, BOUMÉDIÉNIEN.

210BOUMÉDIÉNIEN, NE adj. Disponible. Relatif à la politique menée


par l’ancien président Houari Boumediene. La stratégie de ces opposants
installés dans tous les rouages de l’État et du FLN pour mettre en échec
la révolution culturelle et, partant, l’ensemble du processus
émancipateur boumédiénien, était la marginalisation des artistes
progressistes critiques. (El Watan, 9.1.96). V. BOUMEDIENISTE.

211BOUQALA, BOÛQALA V. BOKALA.

212BOUQALATE pluriel de BOKALA. Dahéla m’avait raconté une


séance de ces mystérieuses bouqalate qui m’avait particulièrement
attendri. (Achour, 1983, 59).

213BOURABAH (de l’arabe dialectal) n. m. Spécialisé, écrit surtout.


Couverture traditionnelle. Le « draz », le « bourabah » sont une
tradition des éléments culturels des hauts plateaux de l’Ouest
algérien. (El Amel, 7.1.84). Le tissage du haïk et de la couverture
(bourabah) continuent à être assurés de façon régulière. (El Moudjahid,
15.12.85). Réalisés dans de la pure laine, les haïks plus connus sous le
nom de « bourabahs » à Tlemcen, sont un mélange de dessins
géométriques […] C’est ce type de couvertures qui constitue la dot de la
mariée : les « bourabah », déclare le tisserand. Dans un élan protecteur,
il passe une main caressante sur un « bourabah »… (Horizons, 24.6.86).
« Mais les mariées n’achètent plus de “bourabah” (couverture
traditionnelle), elles font leurs achats à Marseille ou à Paris » conclut-
il. (Algérie-Actualité, 30.3.93).

214BOURAK, BOUREK, BOURREK, BRIK (de l’arabe dialectal) n.


m. ou (rarement) f. Courant. Sorte de chausson à pâte feuilletée de forme
triangulaire ou allongée. Faites glisser la brik dans la friture. Retournez
la brik pour faire dorer l’autre face. (Bouayed, 1983, 64). À l’origine,
ces bouraks se font sans épinards, avec viande hachée et œufs seulement.
(El Moudjahid, 26.5.85). Il est facile de se procurer de la drogue en
prison. Les familles la dissimulent dans la mie de pain, des galettes et
surtout dans les bourreks. (Algérie-Actualité, 29.8.91). La tradition veut
qu’en dégustant les briks, aucune goutte de l’œuf ne doive couler dans
l’assiette. (El Moudjahid, 12.3.92). Au menu, une « slata méchouiya » et
un brik super accompagné d’un cru maison qui se laisse boire. (Algérie-
Actualité, 3.9.92). Vous pouvez, suivant votre fantaisie, servir ces
bouraks avec une jardinière de légumes ou arrosés de sauce tomate. (El
Acil, 20.12.92). Voulez-vous que je vous dise à quoi rêve mon estomac en
rédigeant ? À un bourek au fumet chaud et aux épices parfumées. (El-
Watan, 10.2.95).

215Com. Farci de viande hachée et de légumes, le bourak est servi


comme entrée ; farci de noix et de fruits secs et arrosé de miel, il se
consomme en guise de dessert.

216BOU-SAADI, BOUSAADI, BOUSAÂDI, BOUSÂADI,


BOUSSAADI (de l’arabe dialectal) n. m. Courant. Poignard traditionnel
de Bou-Saâda, recourbé, à fourreau et manche ciselés. L’homme tire un
couteau de sa ceinture, un « bousaadi », et porte un violent coup. (El
Moudjahid, 2.6.77). Il entreprit de poignarder avec son bousaâdi ses
trois jeunes enfants. (El Moudjahid, 4.3.80). Le manche de boussaâdi (en
bois, mais parfois aussi en os) est gravé et cerclé de petits anneaux de fil
de fer ou de cuivre. (Nacib, 1981, 31). Le premier frère tua le serpent
d’un coup à la tête avec un bousaadi. (Bouzar, 1983, 1, 418). À la veille
de l’Aïd El Adha, on voit réapparaître les vieux boussaadi qui vont être
soigneusement aiguisés. (Algérie-Actualité, 20.4.94). Il s’empara du
boussaadi, le couteau des hauts plateaux qui servait, du vivant de son
père, à égorger les poules et, plus rarement, le mouton de l’Aïd. Le
couteau était toujours à sa place, dans la cuisine, aiguisé, prêt à
servir. (Allouache, 1995, 106). Quant à Abou Khandjar, le représentant
pas si symbolique que ça de tous les manieurs de bousâadi, il ose :
« C’est Dieu qui tue ». (Le Matin, 9.3.95).

217Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

218BOUSSAÂDIA, BOUSSAADIA (de l’arabe dialectal) n. m.


Disponible. Bouffon de race noire qui chante devant les maisons pour
gagner sa vie. Dès que les boussaâdia faisaient leur entrée dans le
village au son de la cornemuse, du bendir et des claquettes, les chiens se
répandaient en une sorte de clameur de défiance et les enfants
accouraient de partout à leur rencontre, piaillant de joie. […] Le
Boussaâdia en chef lui réclamait à cette fin une poule ou un coq
complètement noirs. (Belamri, 1982, 84). Les enfants de cette génération
sont si terribles qu’ils ne craignent même plus boussaadia qui faisait
même peur aux chiens. (Algérie Actualité, 5.11.92). Mais nos deux
trouvères n’allaient pas se confiner longtemps dans leur rôle de
boussaâdia. (Liberté, 24.3.94). Cela fait très longtemps que nous
n’avions pas vu le boussaadia dans nos rues. (oral).
219BOUSSBOUSSADE (mot-valise formé de l’agglutination de deux
bases nominales, l’une arabe bous boussa et l’autre
française embrassade) n. f. Disponible. Embrassade. À voir les
bousboussades entre le HCE et Nahnah, Harbi doit donc étouffer de
joie. (L’Hebdo libéré, 21.4.93). Apparemment, tout le monde a compris
cela, sauf… le HCE qui croit (fait semblant ?) les mensonges nahnahiens
agrémentés de « bousboussades » hypocrites et de rires chevalins
cyniques. (L’Hebdo libéré, 21.4.93). Que voulez-vous, je n’aime pas
toutes ces boussboussades, ces effusions de fraternité, un couteau caché
dans le dos, toujours prêt à frapper. Baiser de Judas. (Khelladi, 1997,
38). Mohamed VI, même s’il ne peut ébranler tout l’édifice du Makhzen
(archaïsme, féodalité, boussboussade, lourdeurs du protocole), veut
rattraper le temps perdu. (El Watan, 10.11.99).

220BOUTÉFLIKIEN, BOUTEFLIKIEN, ENNE adj. Disponible.


Relatif au président Bouteflika. Les officiels et les médias publics ont fait,
ce week-end, de l’accord conclu avec l’AIS, une victoire de la démarche
boutéflikienne. (Le Matin, 15.1.00). […] comme le porte-parole d’une
opposition en constitution contre la démarche bouteflikienne. (Quotidien
d’Oran, 10.3.00). La présence de la femme suscite la colère chez des
militantes de la cause bouteflikienne. (El Watan, 27.1.01).

221BOUYA V. BOUH.

222BOUZALOUF, BOUZELOUF, BOUZELLOUF (de l’arabe


dialectal) n. m. Courant. Plat traditionnel à base de cervelle de
mouton. Pour nettoyer la tête de mouton, procéder de la même façon que
pour la chorba bouzellouf. (Bouksani, 1982, 69). Une sépia au riz !… Le
« bouzalouf » est annulé ! (L’Unité, 4.3.83). Je n’ai même pas digéré le
bouzelouf de midi. (Aïder, 1984a, 37). Un amas de légumes pourrit au
soleil, ça sent le café moulu et le bouzelouf, le bois et les égouts éventrés.
(Algérie-Actualité, 31.5.90). Le « bouzelouf » était un vrai régal. (El
Moudjahid, 5.11.93). Le jour même du massacre, il est parti chez la mère
de son copain et lui a dit : « Ce soir, je te ramènerais du bouzellouf (tête
de mouton) ». (El Watan, 14.8.97). Il s’obstine et découvre une tête
humaine. […] Il pousse un autre cri qui fait vibrer l’atmosphère à la
découverte de ce deuxième bouzellouf humain. (Gastel, 1999, 117). Chez
Grand-Mère, on avait juste un mejmar pour nous chauffer et faire griller
le bouzelouf, la tête de mouton de l’aïd. (Mokeddem, 1999, 37).

223I. BRANCHÉ, E adj., n. Courant. Qui dispose d’une antenne TV


parabolique. L’info, c’est plutôt le J.T. de vingt heures, ou encore mieux
les chaînes étrangères, quand il va chez son cousin branché, c’est plus
direct, ils sont mieux informés que nous. (Algérie-Actualité,
20.2.92). Lecture de journaux ou de revues, petit écran – branché ou non
– deux salles de cinéma fréquentées par les jeunes, un théâtre fermé, un
centre culturel devenu centre de formation… Voilà Tiaret et ses
« supports » culturels. (El Watan, 21.11.93). Les branchés étaient peu
nombreux en 1988, mais maintenant un grand nombre de citoyens sont
branchés. (oral). V. PARABOLÉ, PARABOLEUX,
PARADIABOLIQUE.

224II. BRANCHÉ, E adj. Spécialisé. Qui a une branchette (en parlant


des dattes). Dattes non branchées 4e catégorie. (Actualité-Économie,
1.4.86). Les dattes branchées sont de deux catégories : celles qui ont une
branche naturelle et celles qui ont une branche artificielle. (oral).

225BRIK V. BOURAK.

226BTS (sigle de brique en terre stabilisée) n. m., adj. Disponible.


Matériau de construction local. […] construire le village avec une sorte
de brique qui n’est pas totalement du toub et pas entièrement du ciment.
Elle a été baptisée BTS (brique en terre stabilisée). (Algérie-Actualité,
30.12.82). La brique BTS est un produit en terre stabilisée fabriqué par
des machines sophistiquées, à un rythme de production capable d’égaler
celui de la fabrication de la brique classique […] Sur le plan technique,
le BTS est un excellent isolant thermique. Au cours du Salon du jeune
entrepreneur, les jeunes ont été charmés à l’idée de créer des
coopératives en BTS. (L’Opinion, 2.7.92). V. EN DUR, EN TOUB.

227BURNOUS (de l’arabe dialectal) n. m. 1. Courant. Grand manteau de


laine à capuchon et sans manches. La fête annuelle du burnous voit le
défilé des cavaliers, les courses de chevaux, la fantasia et les danses des
Ouleds Naïls. (El Moudjahid, 19.10.74). Je te vois assis dans un soleil,
vêtu de ta gandoura blanche, un vaste burnous propre t’enveloppe. (Ben,
1986, 198). À la fraîcheur de la nuit, la foule oppose les pans de ses
burnous. (Algérie-Actualité, 26.4.90). Le port de la barbe et du
« kamiss » pour les hommes qui remplacent brusquement le burnous et
le haïk, témoins de la tradition arabo-berbère de l’Algérie. (El Watan,
5.2.93). J’assistais à des réunions de la djemaâ où les notables, drapés
de leurs magnifiques burnous blancs, maniaient avec aisance le
verbe. (Mouzaia 1994, 11). Les vêtements chauds, burnous et kechabia,
ont réapparu hier. (Liberté, 15.1.96). Le professeur en burnous, comme il
plaisait à certains de la surnommer, avait le mérite de respecter les
valeurs morales de son milieu ; très fidèle à ses origines, Ben Cheneb a
de tout temps gardé le costume traditionnel algérien. (El Watan, 8.2.00).

228Loc. SOUS LE BURNOUS : « sous le manteau, clandestinement ».


V. CACHABIA, SOUS LE COMPTOIR.
2292. Disponible. Au figuré, symbole du pouvoir. Poste important qui
entraîne des responsabilités. Les militants ou citoyens ont su faire le tri
entre les honnêtes travailleurs qui aspirent au mieux-être et les autres,
ceux qui veulent endosser le « burnous de la responsabilité » pour
satisfaire à leurs intérêts. (Algérie-Actualité, 29.8.85). À 70 ans, Ben
Bella réendosse le burnous d’une légitimité historique douteuse que lui
contestent au même moment les moudjahidine de l’ALN réunis en
séminaire sur l’écriture de l’Histoire. (Algérie-Actualité, 19.12.85).

230BZEF V. BESEF.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


CABINARD, CABINART n. m. Disponible, oral surtout. Médecin qui
exerce à titre privé dans son cabinet. À Constantine la totalité des
cabinards est des généralistes et la somme réclamée pour une
consultation varie d’un médecin à un autre de 70 à 100 DA. (Algérie-
Actualité, 24.5.84). Il est sûr que beaucoup d’entre eux attendent
d’accomplir le service civil avant de s’installer ou de devenir, comme on
le dit aujourd’hui dans le jargon médical, des « cabinarts ». (Révolution
africaine, 16.11.84). Pour éliminer donc ce sempiternel déséquilibre
entre les formations destinées à la profession libérale et l’agriculture,
faut-il envisager la suppression des « cabinards » au profit de la
profession d’État afin de mettre ces derniers sur un même pied
d’égalité ? (Actualité-Économie, 3.5.86). Les appartements des RDC
coûtent plus cher car ils sont recherchés par des cabinards. (oral).
V. TOUBIB.

2CACHABIYA, CACHABIAH, CACHABIA V. KACHABIA.

3CACHER LE SOLEIL AVEC UN TAMIS (calque de l’arabe) loc.


verb. Disponible. Cacher, voiler la vérité avec des expédients. Ce que je
dis ici est mauvais pour mon image de marque, mais que voulez-vous, on
ne peut cacher le soleil avec un tamis. (Lounès, 1984, 81). « Le
diagnostic est là, l’Algérie est un pays semi-aride et menacé
sérieusement de désertification qu’il va falloir combattre, c’est cela le
véritable défi. Ne cachons plus le soleil avec un tamis et, de grâce,
évitons les slogans creux », dira le ministre de l’Agriculture en
substance. (Quotidien d’Oran, 15.3.00). Dans la décennie noire, tous les
fonds étaient bouffés mais maintenant on ne cache pas le soleil avec un
tamis. (oral).

4Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

5CACHET n. m. (pluriel : cachets, cachiyate). Disponible, oral surtout,


milieux jeunes et drogués. Stupéfiant, comprimé pharmaceutique utilisé
comme drogue. « Je prends la chira, les cachets, le zombretto, l’essence,
[…] et tout ce qui me tombe sous la main […] Hier j’ai pris 15
cachets. » (Algérie-Actualité, 29.8.91). Quand il est fauché, il se met aux
alcools frelatés et au zombretto. Puis les cachets. (El Watan,
26.6.94). Elles vont surtout derrière l’école rejoindre, qui un sachet en
plastique, qui un joint, qui un cachet sur lequel sont dessinés à l’encre
sympathique une tête de mort et deux os. (Quotidien d’Oran, 10.3.00). Le
kif est trop cher, les jeunes se rabattent sur les cachets. (oral).

6Com. Néologisme des années 88. V. CHIRA, AFIOUNE, ZETLA.

7CACHIR, KACHIR (de l’arabe dialectal) n. m. Courant. Saucisson


traditionnel fait à base de viande de bœuf. Le sandwich au cachir
constitue le menu unique. (El Moudjahid, 16.4.84). Elle [la viande
industrielle] constitue la base de préparation du saucisson, cachir,
merguez et accessoirement le hachis. (El Watan, 25.1.96). Affaire du
« cachir » avarié : 30 personnes devant le juge. Le feuilleton botulisme
(cachir avarié vécu l’été 98) […]. (El Watan, 22.10.99). Des citoyens des
wilayas de Sétif et de Constantine ont été, au cours de l’été 1988,
victimes du botulisme, une maladie provoquée par du cachir avarié. (Le
Matin, 24.1.00). Pour la plage je leur fais des sandwichs de cachir, c’est
suffisant. (oral). Les contrôleurs d’hygiène devraient se pencher un peu
plus sur les conditions de fabrication du cachir. (oral).

8CADET DE LA RÉVOLUTION n. m. Disponible. Élève-officier de


l’Armée nationale populaire. Il a invité les Cadets de la Révolution à être
les dignes héritiers de la génération qui a libéré le pays du joug
colonial. (El Moudjahid, 12.6.83). Cérémonie de fin d’année scolaire à
l’école des Cadets de la Révolution de Tlemcen. (El Moudjahid,
17.6.84). L’école des Cadets, ce sera aussi en dépit des mauvais
traitements, des souvenirs de solidarité, de camaraderie, d’affection. Le
roman est d’ailleurs dédié aux Cadets. (Liberté, 30.1.01).
V. RÉVOLUTION, NOVEMBRE.

9CADI (de l’arabe) n. m. Courant. Magistrat musulman qui remplit des


fonctions civiles, judiciaires et religieuses. Et maintenant, viendras-tu
avec moi chez le cadi ? (Yacine, 1976, 105). Le dey et ses subordonnés
directs, les beys, déléguaient la fonction de justice aux cadis choisis
parmi le collège des docteurs de la loi d’après leur compétence, leurs
bonnes mœurs et leur probité. (Benabdallah, 1982, 17). Le matin du
premier jour, ils avaient été unis devant le cadi. (Sebbar, 1981, 185). Le
lendemain des fiançailles, la grand-mère avait été voir le cadi. Le cadi
exigea un certificat de virginité. (Ben, 1986, 76). Légère, coquine, pas
sérieuse s’abstenir mais bien venue pour les jeux non bénis par le cadi.
(Algérie- Actualité, 24.8.93). Le certificat de mariage, entre autres, et
pour l’avoir, il faudra d’abord que tu fasses tes dix-huit ans, c’est
bientôt, de cette manière, nous pourrons aller chez le cadi. (Reggad,
1997, 111). Le cadi bossu et borgne et possesseur d’une queue plus
longue que sa jambe valide […]. (Sansal, 1999, 86).

10Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. Comp. CADI DE


MAHAKMA. V. ADEL, BACHADEL, MAHAKMA.

11CAFÉ–GOUDRON n. m. Disponible, oral. Café noir très fort. Je


prends rapidement un café-goudron et je file, il n’y a rien de tel pour
vous mettre d’attaque pour la journée. (Lounès, 1984, 57). Satisfait de
lui, Labri remonta s’offrir un bol de goudron chez le Grizzly. (Sansal,
1999, 210). Mon ami Nabil demande toujours un café-goudron. (oral).

12Com. Souvent abrégé en goudron. V. CAHOUA, KAHOUADJI.

13CAFÉ MAURE n. m. Disponible. Café traditionnel fréquenté par les


hommes. Un pays qu’elle avait parcouru de cafés maures en zaouias, de
villes décharnées en ksars pitoyables. (Algérie-Actualité,
6.6.85). Engoncés dans leur burnous, deux jeunes pressent le pas vers le
café maure du coin. (Liberté, 27.2.96). Je les voyais jouer à la ronda et
aux dominos sur les nattes des cafés maures de la Suika. (Tengour, 1997,
26). Notre grand-père est au café maure. Debout, un verre de thé à la
menthe à la main, il suit une partie de dominos en silence. (Benaïssa,
1999, 122). Les gens bien portants passent leur vie à s’emmerder dans
les cafés maures. (Sansal, 1999, 136). En l’absence de promenades
publiques, les cafés maures constituaient des lieux de convivialité et de
repos. Ils étaient souvent bien situés. (La Tribune, 20.1.00). Pour la
venue du Premier Ministre, le quartier a été nettoyé, les cafés maures
fermés et les habitants priés de faire bonne figure. (Jeune Indépendant,
25.1.01).
14CAFTAN, KAFTAN, CAFTANE, CAFETAN, KAFTANE (de
l’arabe dialectal) n. m. Courant. Vêtement traditionnel ample et long, en
velours et brodé de fil d’or. Descends-moi un kaftan pareil à celui que je
porte. (Yacine, 1959, 105). L’attention s’est polarisée sur les stands de
Constantine où les robes en velours, les kaftans, les karakous, les
serouals rivalisent de beauté. (El Moudjahid, 22.7.88). Alors j’ai
conseillé à cette occasion à certaines personnalités qui assistaient à la
cérémonie de porter soit le caftan, soit le serroual. (Le Matin, 9.4.92). Le
Khalifa reçoit au moment de sa nomination un « caftane » en drap
d’or. (El Acil, 3.3.93). Sawsene avait refusé d’aller passer la nuit chez sa
tante, n’ayant pas terminé quelques points de broderie sur le caftan
qu’elle porterait lors de la réception. […] Assise près de la lampe, elle
broda trois feuilles d’argent sur le bord des manches de son
caftan. (Liberté, 18.9.95). Cette élection est sanctionnée par la Sublime
Porte par l’envoi du caftan nommant Pacha le nouveau dey. (El Watan,
27.11.96). Le madjboud est à 15 000 DA et le kaftan coûte entre 4 500 et
5 500 DA. (Confidences, 23.7.97).

15Com. Tenue d’apparat traditionnelle des femmes. Attesté ds GR, TLF,


IFA. V. BADROUN, KARAKOU, SERROUAL.

16CAHOUA, KAHWA, KAHOUA (de l’arabe dialectal) n. m. 1.


Courant, connotation neutre. Café. Allons, mon vieux, un bon mouvement,
un petit « cahoua » pour les pauvres troufions. (Ouahioune, 1984b, 57).
Vous voulez bien prendre un cahoua ? (oral).

17Com. Le terme s’accompagne d’une marque « pop. » ou « fam. » dans


les dictionnaires du français standard. Attesté ds Lanly 1970, Duclos
1991, GR, TLF. V. CAFÉ-GOUDRON.
182. Courant, oral surtout, fam., connotation négative. Pot-de-
vin. Rechoua, kahoua, bakhchich, pourcentage, prélèvement,
détournement, commission, ristourne, dessous-de-table, etc. …
(Benmiloud, 1992, 79). La notion de « kahoua » continue de hanter
l’inconscient collectif. (Liberté, 9.6.94). Le wali d’Alger prend attache
avec les chefs de familles résidentes à Annaba […] et exige de verser un
« kahwa » (littéralement un café, pot-de-vin) de 200 000 dinars par
logement. (Rouadjia, 1994, 303). V. BAKCHICH.

19CAHOUADJI, QAHOUADJI n. m. Disponible. Cafetier, tenancier


de café maure. Boutiquiers et qahouadjis ont copieusement arrosé le sol
et balayé devant leur commerce. (Mokeddem, 1992, 174).

20CAÏD (de l’arabe) n. m. Disponible. Fonctionnaire musulman qui


cumule les attributions de juge, d’administrateur, de chef de police sous
l’administration coloniale française. De nombreux caïds et cheikhs
installés par les forces d’occupation sont attaqués et tués par les gens de
leurs tribus. (Akkache, 1972, 6). L’affaire fit grand bruit et le garde
champêtre, le caïd, et à la fin l’administrateur s’en mêlèrent. (Bouabaci,
1985, 132). Pour subvenir à leurs besoins à lui et à sa mère, il faisait le
berger pour certains riches des villages voisins, mais il n’a jamais
accepté de travailler pour le caïd de la contrée, malgré les sollicitations
de ce dernier. (Détective, 27.4.93). Le cheval est au caïd, le fusil et la
poudre au roi et l’âme à Dieu. (La Nation, 3.1.95). Le jeune polémiste
qui signe Kamel Abencérage dénonce l’escroquerie et la vénalité des
caïds et des protégés de l’administration française. (La Tribune,
27.12.95). Lihoudi le puant, ce juif fameux […] converti à l’islam avec la
complicité du caïd. (Sansal, 1999, 85). Nadhor est un douar, c’est-à-dire
une région où, du temps du colonialisme, il y avait un caïd, faisant
frontière avec celui de Sfahli. (El Watan, 8.2.00).
21Com. Le terme ne s’emploie que rarement avec les sens modernes
figurant dans les dictionnaires du français standard : pop. « chef d’une
bande de mauvais garçons » ; « personnage considérable » ; fam.
« homme remarquable ». Attesté ds Lanly 1970, GR, TFL. V. CAÏDAL,
CAÏDAT, CAÏD EL ARCH.

22CAÏDAL (de l’arabe caïd + suffixe -al) adj. Disponible. Qui se


rapporte au caïd. Elle [la tradition] mourut à son tour dans l’esprit
tébessien avec la vulgarisation du burnous caïdal. (Bennabi, 1965,
46). L’autorité caïdale avait fait siennes les pratiques médiévales. (El
Moudjahid, 16.7.83). Chant de montagne, de terre, de sol aride, de
danseuses caïdales inaccessibles au doux sentiment du khamess, le raï se
retrouvera le plus naturellement pris en charge par ceux qui l’ont vu
naître à la campagne. (El Moudjahid, 6.2.85).

23Com. Attesté ds Lanly 1970. V. CAÏD, CAÏDAT, CAÏD EL ARCH.

24CAÏDAT (de l’arabe caïd + suffixe -at) n. m. Vieilli mais disponible,


écrit surtout, connotation négative. Pouvoir administratif exercé par le
caïd, région placée sous son autorité. Les ravages commis par le caïdat
dans les douars s’étendaient donc pernicieusement à la cité. (Boutarène,
1982, 173). L’adolescent, sa vengeance accomplie, n’aura plus qu’à
attendre dans les djebels que se déclenche le vaste mouvement après
lequel colonat et caïdat ne seront plus que des souvenirs aux tristes
résonances. (El Moudjahid, 16.6.83). Son influence s’accroît dans toute
la région à tel point qu’il met en cause l’autorité du « caïdat ». (El
Moudjahid, 31.10.85). La Seybouse aura de tout temps joué un rôle en
géopolitique : elle fut […] au temps de la régence d’Alger, la limite entre
le caïdat héréditaire de Hennencha et le reste du beylik de Constantine.
(El Watan, 27.2.94).
25Com. Attesté ds Lanly 1970 avec les sens « région commandée par le
caïd » ou « système administratif donnant le pouvoir au caïd » ; ds
Duclos 1991 avec l’acception « région placée sous l’autorité d’un caïd »
et ds GR avec le sens « dignité de caïd ».V. CAÏD, CAÏDAL, CAÏD EL
ARCH.

26CAÏD EL ARCH (de l’arabe) n. m. Disponible, oral surtout. Chef de


la tribu. Aissa Boudibou parla des tenues qu’il avait cachées chez Si
Boumediène, le caïd el arch. (El Moudjahid, 27.7.84). Dans certaines
tribus, le pouvoir est toujours exercé par le caïd el arch, c’est lui qui
décide sur quel candidat la tribu doit voter. (oral). V. CAÏD, CAÏDAL,
CAÏDAT.

27CALAME, KALAM, QLAM, QALAM (de l’arabe) Disponible. n.


m. Instrument permettant d’écrire, crayon, plume. Mes larmes ont
trébuché sur ma joue tandis que ses qalam trébuchèrent dans son
encrier. (Hadjadji, 1982,34). Là où l’oralité faillit à sa raison d’être, le
« qlam » doit la supplanter. (El Moudjahid, 23.2.86). Tous réclament
l’« usus » du « jus pluma » (le droit de plume) quel que soit le kalam
utilisé. (Algérie-Actualité, 5.10.93). C’est pour la mère génitrice et
l’amoureuse que l’écrivain prend son kalam, c’est pour elle qu’il libère
le verbe à la lumière d’une lampe à pétrole. (L’Hebdo libéré, 23.3.94).
Le roi se tourna vers les maîtres du kalam. (Ben Mansour, 1997, 105) On
peut tout tirer, le bien comme le mal, des calames comme de la mie
empoisonnée. (Sansal, 1999, 285).

28CALENTICA V. KALENTIKA.

29CALIFA V. KHALIFA.
30CALIFAL, E (de l’arabe calife + suffixe -al) adj. Disponible,
intellectuels. Qui est relatif au calife. Drappé de son cafetan défraîchi,
frappé au sceau de la sénilité califale, fleurant les relents du benjoin, du
musc et de l’ambre qui baignaient les recoins des sérails et des alcôves,
il emportait avec lui les débris d’une véritable institution. (El Acil,
10.1.93). Le mérite d’Ali Abd al-Râziq est d’avoir transgressé les
discours de sacralisation sur l’institution califale pour déplacer la
question des rapports entre religion et politique. (Algérie-Actualité,
31.5.94). V. CALIFAT, CALIFE.

31CALIFAT, KHALIFAT, KHALIFA (de l’arabe calife + suffixe -at)


n. m. 1. Courant. Organisation politique, religieuse et sociale islamique,
reposant sur le pouvoir du calife, successeur du Prophète. Le pouvoir
politique a toujours tenu avec les confréries des rapports de méfiance
depuis les quatre premiers khalifas. (Algérie-Actualité, 23.5.91). Les
Oulémas dociles ne réagirent pas contre la dissociation du sultanat
(temporel) et du califat (spirituel). (El Acil, 10.1.93). Il figurait comme
ministre du Secours islamique dans le gouvernement du califat annoncé
en août par le GIA. (Liberté, 7.3.95). Le trabendo constitue aussi une
énorme source de revenus pour les partisans du khalifat. (Le Matin,
19.3.95). Les intégristes algériens appellent à l’avènement de l’État
islamique, institution mythique dont ils se gardent bien d’expliciter la
relation et la portée. Est-ce un État à la manière saoudienne ou
iranienne ? Est-ce le retour au califat des premiers temps de
l’Islam ? (Hassan, 1996, 286). Rebaptisée Bibliothèque Mostefa
Bentouhami en hommage au khalifa de l’Émir Abdelkader, […]. (El
Watan, 29.4.97). Elle [la djemaâ des Frères musulmans] se fixe comme
objectif le retour du califat islamique, une mission obligatoire pour tout
musulman. (Gastel, 1999, 50).
322. Disponible. Par ext., territoire gouverné par un calife. Avec l’entrée
en action au niveau de huit khalifa (ou provinces) de la
police […], c’était la fin de l’arbitraire, de la loi du plus fort… (El
Moudjahid, 17.5.83). L’État d’Abdelkader comprenait huit khalifats. (El
Moudjahid, 25.11.85).

333. Disponible. Par ext., règne d’un calife. Elle flânait dans les jardins
de Damas sous le califat des Omeyyades. (Ben Mansour, 1990, 100).

34Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF, IFA. V. BEY, CALIFE,


CALIFAL, KHALIFA.

35CALIFE, KHALIFE (de l’arabe) n. m. 1. Courant. Souverain


musulman, successeur de Mahomet, et investi à ce titre d’un pouvoir
spirituel et temporel. Un jour, après leur avoir expliqué un verset du
Coran, particulièrement difficile, il leur raconta l’histoire du calife Omar
Ibn al Khattab. (Ben Mansour, 1990, 172). Al-Mansour devenu khalife,
celui-ci demeurera héritier. Aucun khalife abbasside n’était plus juste, ni
plus clément, ni plus pieux, ni plus vertueux, ni plus beau. (El Watan,
19.2.96). Son cousin et gendre Ali apparaissant trop faible, le pouvoir
revint à Abou Bakr qui fut ainsi le premier calife. (La Nation,
23.7.96). C’est par calomnie que des historiens européens ont accusé le
calife Omar d’avoir brûlé la bibliothèque d’Alexandrie. (Liberté,
15.1.97). Alors que les califes Abou Bak’r, Omar et Othmane sont
vénérés par les sunnites, les chiites les considèrent comme de maudits
charlatans. (Gastel, 1999, 112). Pour ces commerciaux de l’épouvante, il
n’y a pas assez de cendres dans le cimetière pour s’en couvrir la tête et
atteindre au nirvâna des califes. (Sansal, 1999, 25). Il s’agit de la grande
mosquée de Nedroma datant de 1081 ainsi que du mausolée de Sidi
Boumediene édifié par le khalife Nacer Benmansour. (Liberté, 9.2.00).
362. Disponible. Chef, responsable d’un groupe islamique armé. Son
éclatement en presque une dizaine de groupuscules, avec autant
d’« émirs » et de « califes », en est la preuve la plus tangible. (Liberté,
29.7.96).

373. Disponible. Chef. Une fois calife à la place du calife, il pourra,


perpétuant la tradition, signer à son tour, des arrêtés d’attribution de
logement au bénéfice de plantureuses créatures. (Achir, 1997, 281).

38Com. Le terme est attesté dans les dictionnaires du français central et


dans l’IFA sous forme khalife ; le dérivé khélifien (Lanly) n’a pas été
relevé. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF, IFA.

39CAMIZ, CAMISE V. KAMIS.

40CANOUN, CANOUNE V. KANOUN.

41CAPABILITÉ n. f. Courant, oral. Capacité. Ce pays est très fort, il a


beaucoup de capabilités. (oral). Ces étudiants-là, il leur manque de la
capabilité. (oral).

42CAPAM (sigle) n. f. Vieilli mais disponible. Coopérative Agricole de


Production des Anciens Moudjahidine. La superficie du secteur autogéré
comprend 20 domaines autogérés et une CAPAM. (El Moudjahid,
29.6.77). V. CAPRA, DOMAINE AUTOGÉRÉ, VARA, VILLAGE
SOCIALISTE.

43CAPÉ n. m. Disponible, écrit, milieux journalistiques. Joueur


sélectionné dans l’équipe nationale algérienne. Ah ! si nos capés avaient
« osé ». (La Tribune, 29.1.96). Néanmoins, la tâche de nos jeunes capés,
bien qu’apparaissant ardue, n’en demeure pas moins réalisable. (Liberté,
26.1.95). Les turbulences ont bouleversé positivement l’état d’esprit du
onze national. Le comportement chevaleresque a conduit les capés à
atteindre l’objectif fixé. (El Watan, 6.2.00). Hanball Algérie 26 – Koweit
13 : la victoire de l’espoir. […] Nos capés peuvent prendre option à
partir d’aujourd’hui. (El Watan, 27.1.01).

44CAPRA (sigle) n. f. Vieilli mais disponible. Coopérative agricole de


production créée à l’époque de la Révolution agraire. Le devoir chante au
faîte des branches. sur le chemin bourbeux où le bonheur. se gagne, où
s’élèvent nos capras… (Amrani, 1983, 137). Les CAPRA durent prêter
main-forte aux travailleurs du secteur socialiste. (El Moudjahid, 1.9.80).
V. CAPAM, DOMAINE AUTOGÉRÉ, VARA, VILLAGE
SOCIALISTE.

45CARACOU V. KARAKOU.

46CARÊME n. m. Disponible. Jeûne du mois de ramadhan. Bonne fête


pour l’Aïd le grand. Il faut avouer que durant le carême, on a été
méchant comme pas permis avec le programme de TV. (Algérie-Actualité,
27.6.85). Je fume, ne fais pas la prière… mais je fais le carême et lis des
livres quand j’ai le temps. (Le Jeudi d’Algérie, 6.8.92). L’ensemble des
cantines de la wilaya de Laghouat font « du » carême depuis le début du
mois sacré du ramadan ; les élèves des établissements scolaires du
primaire reçoivent en guise de repas 2 morceaux de fromage et un bout
de pain ou bien encore une dizaine de dattes en guise de repas pour nos
petits chéris. Cela pose un questionnement diversifié. (Liberté, 2.1.00).
Loc. FAIRE LE CARÊME.

47Com. Les dérivés carêmeur et carêmiste « personne qui observe le


jeûne du ramadhan » sont attestés mais rares. Attesté ds IFA.
V. RAMADHAN, FAIRE LE RAMADHAN.
48CARANTETA, CARENTITA V. KALENTIKA.

49CAROUBE n. f. Spécialisé. Fruit du caroubier. D’autres se


réfugièrent dans les forêts et se nourrissent de glands, de
caroubes. (Sansal, 1999, 142). Son vrai nom était El Gourari, un nigrou
de la famille des Gourara du sud qu’on s’offrait dans le temps pour un
sac de caroubes. (Mokeddem, 1999, 20).

50CAROUBIER n. m. Spécialisé. Arbre à feuilles persistantes de la


famille des Césalpiniées. Je rangeais la voiture sous un caroubier, dans
un endroit désert. (Khadra, 1999, 47). Une source à peine plus large que
l’ombre d’un caroubier […]. (Khadra, 1999, 95).

51CASBADJI, KASBADJI (de l’arabe) 1. adj. Disponible. Qui se


rapporte à la casbah (d’Alger généralement). C’est tout juste un obstacle
en plus dû à l’originalité des rues « casbadjis ». (El Moudjahid,
16.2.84). On est convié à une visite de la Casbah. On peut visiter un
intérieur casbadji. (El Moudjahid, 17.7.84).

522. n. Disponible. Habitant de la casbah (d’Alger le plus souvent). La


rue Patrice Lumumba pour un kasbadji du cru s’appellera Sid Ali
Zouaoui. (El Moudjahid, 7.12.83). La Casbah, les casbadjis
n’échappaient pas à ces misères que le colonialisme rendait plus dures.
(El Moudjahid, 4.1.84). Un wali falot expédia les kasbadjis à Thénia. (La
Nation, 26.12.95). V. CASBAH, CASBAOUI.

53CASBAH, KASBA, KASBAH, QASBA (de l’arabe) n. f. 1.


Disponible. Château fort, citadelle. Chaque ksar a également une ou
plusieurs kasbas, enceintes fortifiées ayant des tours de garde, des
chemins de ronde, et souvent un fossé protecteur, destinés à assurer la
défense et à protéger les populations. (Algérie-Actualité, 16.5.85). Les
ouvrages de notre passé existent et témoignent d’une vieille civilisation.
Il suffit de les regarder et de les comprendre, comprendre le village
kabyle, celui des Aurès, les casbahs, le M’zab, […]. (El Moudjahid,
19.1.86). Auparavant, M. Habachi a visité la casbah de Béjaïa et le
Musée Bordj-Moussa, où il s’est enquis des travaux de restauration. (El
Acil, 23.3.97). Peut-être ne savait-il pas que les premiers bâtisseurs de la
casbah furent originaires d’Azzefoun. (Algérie-Actualité, 2.8.97). De
Bouna la Royale, aujourd’hui El-Bouni la mal-aimée, à l’ancien
comptoir phénicien, en passant par le bastion de la casbah, Annaba, cité
balnéaire par excellence durant la période coloniale, voit chaque année
disparaître les portes magiques de la vieille ville. (El Watan, 3.8.97).

542. Disponible. Quartier qui s’étend autour de la citadelle, vieille ville


aux ruelles étroites et sinueuses. Je ne sais pas parler d’Alger, de sa
casbah humide et obscure. (Sebti, 1981, 11). Des chants populaires qui
ont déjà pénétré aussi bien dans l’humble gourbi que la misérable
khaïma, la ghorfa des casbah comme le salon des villas. (El Moudjahid,
19.8.83). La casbah de Dellys ressemble par ses ruelles enchevêtrées à
celle d’Alger. (Algérie-Actualité, 25.8.83). À regret, elles repartaient
toutes deux de ces grands espaces vers la casbah, pour plonger dans des
ruelles tortueuses, plafonnées et sombres. (Bensmaïne, 1996, 98). Des
fils partout. Dans toutes les directions, au-dessus de cette casbah de la
misère. (El Watan, 11.4.97). C’est qu’il y a eu pas mal de changements et
de transformations dans leur vie depuis qu’on les a séparés de leur
casbah natale. (La Tribune, 31.7.97).

553. Peu courant, écrit surtout. Au fig., dédale, labyrinthe. Pour apaiser
ma soif, rassasier ma faim, je me hasarde dans la corporelle casbah de
ton agreste corps. (Lounès, 1982, 146). […] à son grand étonnement il
tomba nez à nez – rue Tancrède – sur une brochette de devins […] disant
l’avenir à ceux qui débarquent comme lui dans cette qasba
européenne. (Boudjedra, 1982, 242). V. CASBADJI, CASBAOUI.

56CASBAOUI, KASBAWI (de l’arabe) 1. adj. Disponible. Qui se


rapporte à la casbah (d’Alger le plus souvent). C’était cela la solidarité
casbaoui dans le bonheur comme dans le malheur. (El Moudjahid,
27.4.86). L’ambiance casbaoui est de retour avec le chanteur chaâbi
Meksoud. (oral). Les artisans casbaoui ont fermé leur boutique. (oral).

572. n. Disponible. Habitant de la casbah (d’Alger le plus souvent). Les


nouveaux débarqués déshonorent la capitale : ce qui fait que presque
tous les kasbawis ont migraté des hauteurs de la Casbah à celles d’El-
Biar, Bouzaréah, etc. (Lounès, 1984, 12). Les casbaouis de souche ne
sont plus aussi fiers de leur quartier ! (oral). V. CASBADJI, CASBAH.

58CASSE-CROÛTIER n. m. Peu courant, oral surtout. Personne qui


prépare et vend des casse-croûte. Mais les plages de Mostaganem, c’est
aussi une vertigineuse prolifération de « baraques à casse-croûte » qui
ne présentent pas toujours des grillades et autres sandwichs honnêtes. Ce
qui fait grincer Abdellah qui regrette déjà de s’être lancé dans le métier
de « casse-croûtier ». (El Moudjahid, 21.7.85). À chaque rencontre de
foot, les enfants du quartier se transforment en casse-croûtiers,
monopolisent les accès du stade. (El Acil, 20.1.95). Les casse-croûtiers
proposent des sandwichs douteux. (oral).

59CÉDRAIE (de cèdre + suffixe -aie) n. f. Spécialisé. Plantation de


cèdres. Les grands massifs forestiers de la wilaya de Khenchela, en
l’occurrence les monts de Chelia et de Ouled Yacoub, recèlent une
essence noble : le cèdre qui occupe 11 000 hectares. […] une parcelle
d’essai ainsi que la mise en place d’une équipe permanente sont parmi
les éléments considérés par les responsables des forêts à même de
protéger la cédraie, puisque 70 travailleurs viennent d’être recrutés. (El
Watan, 6.12.99).

60CEM (sigle de Collège d’Enseignement Moyen.) n. m. Courant.


Établissement d’enseignement secondaire. En matière d’infrastructures
pédagogiques, la Direction de l’Éducation a réceptionné pour cette
rentrée 3 CEM dans les communes de Tamlouka, el-Bernous et
Guelma. (Le Matin, 20.9.93). 37 700 élèves suivent les cours en cette
langue dans 133 CEM et 98 lycées du pays. (Le Matin, 23.4.96). Le
CEM, bien que spacieux et doté de toutes les commodités (laboratoire,
dortoir, réfectoire) […] (Liberté, 18.5.96). À l’étage supérieur,
l’enseignement moyen bénéficie désormais de deux nouveaux CEM venus
s’ajouter à la soixantaine de collèges existant déjà dans la wilaya. (Le
Matin, 16.6.96). La présence des éléments de l’AIS a également été
signalée à plusieurs reprises aux abords du CEM de Larbâa menaçant
les jeunes filles sans hidjab. (Le Matin, 5.1.00). Quarante-cinq écoles
primaires, neuf CEM et trois lycées ont été touchés par le tremblement de
terre. (El Watan, 6.1.00). L’engin explosif, dissimulé dans une poubelle
du CEM Ben Badis, a été découvert par des collégiens. (Quotidien
d’Oran, 13.2.00).

61Com. Terme presque toujours abrégé.

62CERF DE BARBARIE n. m. Spécialisé. Grand cervidé originaire


d’Afrique du Nord. La faune menacée à Guelma. Le cerf de Barbarie en
voie de disparition. [Titre]. Mais la réserve naturelle de Guelma pour ces
derniers grands cervidés d’Algérie, qui y vivent en semi-liberté, est
unique en son genre. D’autant que le cerf de Barbarie, comme le
complément péjoratif de son nom l’indique, est une espèce autochtone,
qui a toujours existé dans la forêt de Beni Salah, son aire naturelle. (El
Watan, 30.3.00).

63CHAAB, CHAÂB (de l’arabe) n. m. Disponible, oral surtout.


Peuple. Le Djurdjura, symbole parmi tant d’autres de la lutte de
libération du chaab algérien. (Khiari, 1981, 24). Il faut organiser une
pénurie pour mécontenter le chaab… (Khiari, 1981, 31). C’est le chaâb
qui nous les [ces valeurs] apporte spontanément. (Algérie-Actualité,
26.4.90). V. CHAÂBI.

64CHAÂBANE, CHAABANE (de l’arabe) n.

65m. Disponible, écrit surtout. Mois de l’Hégire qui précède le mois de


ramadhan. On était à la fin du mois de Chaâbane, et les gens veillaient
tard, chacun désireux d’être le premier à déceler dans le ciel le fin
croissant lumineux de Ramadhan. (Achour, 1980, 23). Le Ministère des
Affaires religieuses a chargé ses directions dans les diff é rentes wilayas
de constituer des commissions auxquelles incombera la tâche d’observer
le croissant le 30e jour des mois de Chaâbane, de Ramadhan et de Dhou
El Qui’da. (El Moudjahid, 8.5.86). Le mois de Chaabane a été marqué
par l’assassinat de Liabès, Flici … (Liberté, 12.3.94). Ordonnance 95–27
du 08 Chaabane 1416 correspondant au 30 décembre 1995 portant loi de
finances pour 1996. (Journal officiel, 10.8.96).

66I. CHAÂBI, CHAABI (de l’arabe) 1. n. m. Courant. Genre musical


spécifique à l’algérois, dit populaire. Le chaâbi algérois se nourrit du
hawzi tlemcénien et nédromi. (El Moudjahid, 16.10.83). El-Hachemi
Guerouabi se présentera avec un ensemble de huit musiciens dans une
prestation algéroise du « chaabi » qui est issu du genre populaire
haouzi, lui-même dérivé de la tradition andalouse. (El Moudjahid,
21.3.84). Le chaâbi n’a pas régressé, il vivra toujours. D’abord le public
est présent et c’est déjà un encouragement. Le chaâbi est devenu une
valeur. (El Watan, 15.5.91). Le chaâbi, musique populaire algéroise, est
mis à rude épreuve par l’apparition du raï. (Ouest Tribune, 2.2.95). Le
chaâbi, scandé sur le rebeb ou le banjo, remuait les
entrailles. (Bensmaïne, 1996, 88). L’actuel « renaissance » du chaâbi
doit énormément à Kamel Messaoudi. (L’Authentique, 11.8.97). Il vient
de signer un septième opus intitulé Aqlay Da (nous sommes là) faisant
le chaâbi kabyle pur et dur avec une influence profonde du regretté
Matoub Lounès. (El Watan, 4.1.00).

672. adj. Courant. Qui se rapporte au genre musical algérois dit


populaire. Amateur de chansons chaâbies, il était aussi un sportif. (El
Moujahid, 24.5.85). Abdelkader Chabira a, comme tant d’autres jeunes
de son quartier, une passion pour la musique chaabie. (El Moudjahid,
30.4.86). Il a été le premier musicien à introduire le banjo-guitare dans
l’orchestre chaâbi. (Algérie-Actualité, 25.7.91). Il ferme les yeux et
essaie d’imaginer le film de son mariage. L’orchestre chaabi. Le mandol.
Le banjo. La derbouka. Les you-you. Le henné. Le burnous. (Allouache,
1995, 97). Pratiquant cet art pour leur plaisir personnel, ces jeunes, dont
la célébrité ne dépasse pas les limites de la wilaya, pourraient apporter
un plus à la chanson chaâbie en détresse (dominée par le raï). (Le Matin,
1.2.96). Enfin le conservatoire dispose, rappelle-t-on, aujourd’hui d’un
orchestre de musique de chambre, un orchestre de musique algérienne
traditionnelle, un orchestre de musique chaâbie et une troupe théâtrale.
(El Acil, 14.5.97). C’est la pléthore d’artistes chaabi qui ont animé la
soirée. (El Watan, 5.1.00). V. CHAÂBISTE.

68II. CHAÂBI, CHAABI (de l’arabe) n. m. Courant. Homme du


peuple. Moi, je suis un chaâbi de 25 ans et je n’ai pas de voiture […] À
propos de bus, savez-vous pourquoi la ligne jusqu’à Moretti Sidi Fredj a
été supprimée… C’est, paraît-il, pour éviter de mélanger les chaâbi… à
la « tchi-tchi ». À eux les vacances dorées au bord de la mer, à nous le
béton, la fumée et le macadam des villes. (Algérie-Actualité,
18.7.85). Face à l’hypocrisie ambiante des politiciens, c’est un jeune,
loin des luttes politicardes, qui a su trouver les mots justes pour parler
du drame de Annaba […] Impeccable, digne, comme son père, ce jeune
chaâbi s’appelle Nacer Boudiaf. (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92). C’est un
chaabi. (oral). V. BOHI, CHAÂB, CHAÂBISTE, TCHI-TCHI.

69CHAÂBISTE 1. n. Courant, milieu des jeunes. Amateur du genre


musical algérois dit populaire (chaâbi). Ils [le groupe « T-34 »] ont
conquis tous les chaâbistes, tous les hard rockers. (Algérie-Actualité,
30.1.86). Un jeune souriant qui combine malice et gentillesse, un esprit
de chaâbiste avec un côté branché sur tout. (Algérie-Actualité, 10.7.86).

702. n. Courant, milieu des jeunes. Chanteur qui interprète les chansons
du genre algérois dit populaire (chaâbi). Dans la salle de spectacle, un
chaâbiste envoûte un auditoire exclusivement scolaire. (Algérie-Actualité,
17.11.83). Notre chaâbiste préféré pleure à chaudes larmes. (Le Jeudi
d’Algérie, 9.7.92).

713. adj. Disponible. Qui se rapporte à la musique algéroise dite


populaire (chaâbi). On a rendu des hommages chaâbistes. (Algérie-
Actualité, 21.12.84). V. CHAÂBI.

72CHAADA V. CHAHADA.

73CHAAWAL, CHAOUAL, CHAWAL, CHOUAL, CHOUEL (de


l’arabe) n. m. Disponible. Mois du calendrier hégirien dont le premier
jour correspond à l’Aïd El Fitr. Un envoi unique devra parvenir au siège
du Ministère sous pli recommandé, dans un délai n’excédant pas le terme
du 15 du mois de Chaawal 1398 h, correspondant au 18 septembre
1978. (El Moudjahid, 29.8.78). L’Aïd El-Fitr sera célébré jeudi
1er Chawal 1405, correspondant au 20 juin 1985, indique un
communiqué du Ministère des Affaires religieuses. (El Moudjahid,
19.6.85). En terminant le mois de jeûne, le monde musulman tout entier
célèbre avec allégresse et une immense joie la fête du 1 er jour du mois de
Chawal qui est l’Aïd El-Fitr ou fête de la rupture du ramadhan, appelée
aussi Aïd Seghir (ou petite fête). (El Watan, 23.3.93). Considérant le
décret présidentiel n° 2000 du 04 chawal 1420, correspondant au 10
janvier 2000, publié dans les médias officiels […] (La Tribune,
12.1.00). Fait à Alger, le 4 chouel 1420, correspondant au 10 janvier
2000. A. Bouteflika. (La Tribune, 12.1.00). Choual et ça reprend. Ils
s’embrassent. Ils se demandent pardon en famille. (Quotidien d’Oran,
4.3.01).

74CHAB V. CHEB.

75CHABA V. CHEBA.

76CHABATTE(S), CHABATE(S) V. CHEBATTE(S).

77CHACHIA V. CHÉCHIA.

78CHADLISME n. m. Disponible, milieux universitaires et


journalistiques. Politique et doctrine du président Chadli Bendjedid. Et
dans ce cas précis, le Haut-Conseil de sécurité va-t-il faire dans le
« chadlisme » ou sortira-t-il la grande artillerie ? (Le Matin,
14.1.92). Car quoi que l’on dise, le chef de l’exécutif, connu pour son
intégrité, représente un danger mortel pour les relais du chadlisme. (El
Açil, 7. 3.93). Avec le chadlisme, on s’est installé dans un autre groupe
de valeurs qui tournent autour de la « quafza », c’est-à-dire cette
capacité d’accéder très vite aux sources de la richesse et du pouvoir par
les moyens qui défient toute règle dans le domaine de la vertu et de
l’éthique. (El Watan, 26.3.93). Donc le chadlisme, qui n’est ni une
doctrine sociale ni une doctrine économique mais une simple pratique
politique mue essentiellement par le népotisme, le clientélisme, la
corruption, la remise en cause de la possibilité de l’industrialisation et le
développement du pays, est finalement un sous-produit déféqué par la
Révolution de Novembre. (El Watan, 12.8.94). Benhamouda a été le
grand gourou de la dérive politique du mouvement syndical en Algérie,
en parallèle à la chute du parti unique et à la culture syndicale qu’il
avait pu sécréter dans les milieux ouvriers jusqu’à l’arrivée puis
l’installation définitive du chadlisme. (La Nation, 26.12.96). L’éminent
théologien [Cheikh El Ghazali] qui a longtemps fait autorité religieuse
du temps du chadlisme, a fait l’objet de violentes critiques. (El Watan,
24.1.96). Le chadlisme de type infitahien a besoin d’eux pour passer ses
réformes. (El Watan, 5.10.97). V. BOUMEDIENISME,
BENBELLISME, CHADLISTE.

79CHADLISTE adj. Disponible, milieux universitaires et


journalistiques, connotation péjorative. Qui se rapporte au président
Chadli et à ses pratiques politiques. Chadli arriva à la Présidence et
Hassan, catégorique, ne devient pas chadliste. « Alors là, rien du tout !
Assez donné pour des conneries ». (Allouache, 1995, 168). C’est le temps
aussi, pour la bourgeoisie chadliste, d’exhiber, sous le regard incrédule
des hittistes descendus de leurs quartiers populaires, le luxe
tapageur. (Labat, 1995, 28). Le pouvoir chadliste désormais beaucoup
plus sensible à la vente bureaucratique […]. (Le Matin, 24.2.97).

80CHAHADA, CHAHADDA, CHAADA (de l’arabe) n. f. Courant.


Profession de foi musulmane consistant à proclamer l’unicité de Dieu et
la Prophétie de Mohammed (« J’atteste qu’il n’y a de Dieu que Dieu et
que Mohammed est l’Envoyé de Dieu »). Chaque jour avant de
m’endormir, je récitais la chahada et une sourate du Coran. (Djaout
1981, 112). Raïs leva l’index droit et prononça la « chahada » : « Dieu
est Dieu. Mahommed est son Prophète ». (Ziani, 1981, 145). Aucune loi
ne m’oblige à dire la chahada. (Benkeira, 1983, 3). Tous ceux qui diront
la chahada seront sacrés pour ces gens-là. (El Moudjahid, 16.6.83). Tous
ceux qui diront la chahada seront sacrés pour ces gens-là. Lala Yamina
meurt à 84 ans, elle regarde une dernière fois ce paysage luxuriant, elle
sera enterrée selon le rite musulman car ces dernières paroles composent
la chahada « La Illa Allah Mahomed Rassoul Allah ». (El Watan,
1.12.91). Et plusieurs fois, les femmes, dans la nuit l’ont entendu réciter
la chahada. (Mouzaia, 1994, 113). La femme, pleine de courage, était
alors sortie pour porter assistance au blessé qui mourut alors qu’elle lui
lisait la chahada. (Le Matin, 17.5.96).

81CHAHID (de l’arabe) n. m. (singulier féminin : chahida ; pluriel


masculin : chahids, chouhada(s) ; pluriel féminin : chahidate) 1. Courant.
Combattant algérien mort pour l’indépendance. Le pays du million et
demi de chahids est prêt à faire d’autres sacrifices pour défendre sa
Révolution. (El Moudjahid, 18.12.78). Et partout j’étais bien chez moi,
sur une terre baignée de sang de chahids. (Ziani, 1981, 129). La
commémoration du 30e anniversaire du 20 août 1955, Journée du
Moudjahid, a été marquée […] par l’inauguration d’un cimetière de
chouhada et la réinhumation des restes de 78 chahids. (El Moudjahid,
22.8.85). Au nom des valeurs éternelles de Novembre, faites restituer le
nom du chahid Mustapha Khalef à l’établissement qui le portait. (El
Watan, 19.5.93). Cette rencontre entre dans le cadre de la célébration de
la journée nationale du chahid qui coïncide, rappelons-le, avec le 18
février de chaque année. (La Tribune, 19.2.96). La loi 99.07 du 5 avril 99
relative au moudjahid et au chahid conditionne l’aval du Ministère des
Moudjahidine à toute construction de stèle ou de statue. (La Tribune,
2.1.00). L’Onec d’Oran a célébré la Journée du Chahid en rangs
dispersés. (Quotidien d’Oran, 22.3.00). V. MOUDJAHID.

822. Assez courant. Personne victime d’un assassinat terroriste pendant


la guerre civile. Les marcheurs scandent : « N’oubliez pas le jour de
l’Aïd, un policier est mort chahid ». (El Watan, 5.11.93). Enfin, le CNES
affirme que toute personne qui meurt pour le savoir est un
chahid. (Liberté, 2.6.94). À Tlemcen, nombreux sont les gens qui
souhaitaient que l’Université porte le nom du chahid Abou Bakr Belkaïd
assassiné récemment à Alger. (Liberté, 12.10.95). Pourquoi ne pas dire
comment le chahid Kasdi Merbah a été appelé pour être chef du
gouvernement et pourquoi a-t-il été destitué ? (Le Soir d’Algérie,
19.5.96). Dans cette première tranche, des cités et une polyclinique ont
été baptisées des noms des chahids Doubar Saïd, officier de police
assassiné en plein mois de Ramadhan, le 18 février 1995, à Tizi
Ouzou. (Liberté, 11.4.97). Commémoration : Abdelhak Benhamouda a
été assassiné un 28 janvier 1997 […] Commémoration du 3e anniversaire
du chahid Abdelhak Benhamouda, le 27 janvier 00. La famille syndicale
et les amis du chahid sont conviés à cette cérémonie. (Le Matin,
28.1.00). Comme je le disais à l’un de vos confrères : le chahid Hachani
avait travaillé et mis tous ses espoirs et ses efforts en vue du
renouvellement des textes du FIS qui datent maintenant de 10 années au
moins. (Quotidien d’Oran, 5.2.00).

83Com. Terme utilisé depuis 1991 pour désigner les victimes du


terrorisme intégriste.
84CHAHIDA féminin singulier de CHAHID. Les membres du
secrétariat national de l’UNFA organisent une cérémonie de
recueillement sur la tombe de la chahida B. H. (El Moudjahid, 6.3.70).

85CHAHIDATE féminin pluriel de CHAHID. Reconnaissance


illimitée, gloire et hommage éternel à toutes et tous nos chers martyrs, à
tous nos chouhada et chahidate. (El Moudjahid, 5.7.84).

86CHAÎNARD, E 1. n. Courant, connotation dépréciative. Personne qui


fait la queue, se trouve dans une file d’attente. Naturellement ce ne sont
pas d’interminables chaînes à l’échelle de ce que nous avions connu bien
avant. Qui sont ces chaînards ? En moyenne majorité des travailleurs
tout court comme vous et nous. (El Moudjahid, 30.6.83). Abordons les
chaînards qui achètent n’importe quoi, n’importe où, à n’importe quel
prix. Ceux-là sont obsédés par la pénurie. Il y a ceux qui n’ont rien à
faire. Des oisifs. Alors ils trafiquent. (El Moudjahid, 8.4.86). Une
catégorie de citoyens, par un bizarre comportement, « blesse » les
valeurs nationales. Il s’agit des chaînards professionnels. Il y a d’abord
les débrouillards, pères de familles nombreuses, parfois petits
commerçants de quartiers ou de cités. Ils sont là, à l’affût des arrivages,
observant leurs huit ou neuf gosses en âge de faire la chaîne. (El
Moudjahid, 8.4.86).

872. adj. Disponible. Qui se rapporte à une file d’attente, une queue. On
reconnaît les villes à leur démarche, écrivait Musil. Si l’on appliquait la
formule à Alger, alors celle-ci serait percluse de
rhumatismes […] chaînarde, pénuriste, phagocitée par la bouffe, avec
une tendance prononcée pour la débrouille. (Algérie-Actualité, 3.7.86).
V. CHAÎNE, CHAÎNER.
88CHAÎNE (calque de l’arabe) n. f. Courant. File d’attente, queue. La
chaîne est remarquable devant le rayon boucherie. (El Moudjahid,
6.9.77). Le jeudi soir, t’as plus que le ciné et encore faut-il se taper une
chaîne de deux heures. (El Moudjahid, 27.12.78). Les enfants n’ont pas
d’autre passe-temps que de se caser dans les chaînes pour revendre avec
bénéfice ce qu’ils auront acquis. (Révolution africaine, 8.7.79). Dans le
meilleur des cas tu suivras la chaîne pour pénétrer une cavité baveuse
comme l’avaloir d’une vache. (Dib, 1984, 103). De longues « chaînes »
se font sentir près des guichets de nos postes. (El Acil, 7.3.93). Nous
avons enquêté auprès de nos concitoyens et nous avons même pu nous
faufiler dans la chaîne interminable des demandeurs de visa. (Le Matin,
26.4.95). Les derniers jours, le spectacle des longues chaînes s’étirant
devant les revendeurs ou les stations de Naftal est quotidien. (Liberté,
6.3.96). Une vieille femme qui s’agrippe au rebord des guichets fait la
chaîne dans la file réservée aux femmes. (La Tribune,
13.1.00). Composée de poids lourds et de cocottes, une chaîne de
plusieurs kilomètres se forme quotidiennement pour charger ce matériau
très convoité. (El Watan, 9.2.00).

89Com. Attesté ds Duclos 1991. V. CHAÎNARD, CHAÎNE POUR


FEMMES, CHAÎNER, FAIRE LA CHAÎNE.

90CHAÎNE POUR FEMMES n. f. Disponible. Queue, file d’attente


composée de femmes musulmanes. Au début, j’étais contre les chaînes
pour femmes parce que j’estimais que c’était de la discrimination
sexuelle. (Algérie-Actualité, 26.12.85). À la caisse de la sécurité sociale,
on trouve une chaîne pour femmes. (oral).

91Com. Le syntagme n’est utilisé que pour désigner la file d’attente


comprenant des femmes, la queue composée exclusivement d’hommes
étant toujours désignée par le mot chaîne. V. CHAÎNARD, CHAÎNE,
CHAÎNER.

92CHAÎNER v. intr. Disponible, connotation plaisante. Faire la queue,


se tenir dans une file d’attente. Faisons un petit calcul, d’un côté les
plaintes d’« une vie de plus en plus chère », de l’autre, des chaînes à
n’en plus finir autour des magasins de vêtements, de chaussures aux
heures de travail où les beaux billets de 200 DA s’échangent à la vitesse
du son, déduction des plus logiques : la fortune viendrait-elle en
« chaînant » ? (Horizons, 13.6.86). Pour obtenir un bidon d’huile, j’ai
chaîné durant deux heures. (oral). V. CHAÎNARD, CHAÎNE.

93CHAÎNETTE n. f. Disponible, plaisant Petite chaîne de télévision


(disposant de faibles ressources). Un régal : « Like a Virgin » de
Madonna S.T.A. Ce qui prouve que la chaînette musulmane peut être
coquine. (Le Jeudi d’Algérie, 16.7.92). Capable du meilleur comme du
pire, selon la formule consacrée, l’unique chaînette nationale passe
allégrement de l’argent au toc. (Le Jeudi d’Algérie, 20.8.92).

94CHAKHCHOUKHA, CHAKCHOUKA, CHEKHCHOUKHA,


CHEKCHOUKA, TCHAKHTCHOUKHA, CHEKCHUKHA (de
l’arabe) n. f. Spécialisé. Plat traditionnel composé de morceaux fins de
galette assaisonnés avec de la viande de mouton et des épices. Nous nous
sommes réunis autour de la tchakhtchoukha, le plat traditionnel de la
région de Bou-Saâda… (El Moudjahid, 16.3.83). Ensemble, ils fêtent les
retrouvailles autour d’un plat de « chakhchoukha ». (El Watan,
3.9.91). À Biskra, il n’y a pas que la chakhchoukha en cet été très chaud,
que les Biskris adorent manger … (El Watan, 23.8.94). On dit que vous
avez des problèmes avec votre poids, car vous aimez beaucoup la douara
et la chekhchoukha. (El Acil, 26.9.95). Au bout de deux heures, l’odeur
de la chakhchoukha embauma l’air de la maison. (Reggad, 1997,
61). Femme ou plat gastronomique ? […] Et cela n’est qu’une
déclaration d’une femme militante du MSP ayant l’esprit dans la cuisine
dont elle est censée s’occuper. Faute de quoi, elle sera remplacée par
une chekchouka. (Le Matin, 27.12.99). Le détenu y arrive quand même à
faire réchauffer sa chorba maison, à faire bouillir son lait et même à ya
faire cuire sa chekchuka grâce à un fourneau ingénieusement
confectionné. (Le Matin, 6.1.00).

95CHAKOURISTE, CHAQORISTE (formation hybride


arabe chakour + français -iste). n. m. Disponible. Partisan de l’utilisation
du chakour (« la hache »). Un discours pareil, Nahnah sait bien que ses
adversaires du FIS en seront hérissés. Il poursuit sa violente diatribe
contre les « chakouristes », les « khandjaristes », appelle au secours des
« hittistes », déblaie le terrain, rétablit la vérité, tranquillise ceux qui
craignent l’application stricte de la chari’a. […] Si les « khandjaristes »
manieurs de poignards et les chaqoristes du bâton, peuvent être
« Monsieur tout le monde », le monde des barbus s’entend, le troisième
néologisme dit bien qui il vise […] Cheikh Nahnah a entrepris
d’affûter […] de nouveaux concepts « khandjaristes », « chaqoristes »,
autant d’instruments confondants particulièrement affectionnés des
nouveaux conquérants de minbars. (Algérie-Actualité, 9.5.91).

96Com. Néologisme des années 90. V. AKH, FRÈRE,


KHANDJARISTE.

97CHALL (de l’arabe) adv. Courant, oral, fam. Combien ? Chall la robe
rouge en vitrine ? (oral).

98CHAMBRÉE n. f. Disponible. Assistance, ensemble des personnes


rassemblées dans un lieu de réunion (salle, stade, théâtre). Les
professeurs ont […] des chambrées impressionnantes. (Révolution
africaine, 7.7.78). La troupe de musique arabe a présenté une opérette
devant une chambrée moyenne de spectateurs. (El Moudjahid,
11.7.83). Si Hafnaoui s’est adressé à une nombreuse chambrée de jeunes
dans la salle « Le Maghreb ». (El Moudjahid, 6.4.86).

99Com. Le terme est accompagné d’une marque « vx. » dans le TLF.

100CHAMEAU n. m. Courant. Dromadaire. Alors que la région est


beaucoup plus pastorale qu’agricole, le cheptel camelin est en voie
d’extinction. Figurez-vous qu’il ne reste plus que… quatre
chameaux. […] Il cite la prime à la naissance, estimée à 20 000 DA,
instaurée par l’État pour encourager l’élevage camelin. (El Watan,
17.2.00).

101CHAMEAUDROME n. m. Disponible, milieux journalistiques.


Champ de course pour dromadaires. Sous une chaleur torride, ces
troupes ont assisté au « chameaudrome » de Tamanrasset à un défilé,
[…] Le « chameaudrome » abritera la seconde course de
dromadaires. (El Watan, 23.5.96). Par ailleurs, la journée d’hier a été
marquée par l’organisation de la première course de dromadaires au
chameaudrome de la ville. (El Watan, 23.5.96). L’ouverture officielle de
« Tafsit-96 », à Tamanrasset, a été annoncée mercredi par le président
du Conseil Supérieur de la Jeunesse (CSJ), M. Azziz Derouaz, au
chaumeaudrome de la capitale de l’Ahaggar. (El Acil, 24.5.96). Le
chameaudrome, dont le président du CSJ a inauguré la nouvelle
appellation « chameaudrome de la rencontre », a résonné, des heures
durant, de chants et musiques de troupes. (El Acil, 24.5.96).

102CHAMELLERIE n. f. Spécialisé. Lieu, bâtiment où l’on abrite les


dromadaires. L’enveloppe octroyée dans le cadre du quinquennal en
cours […] a tout juste permis de construire une chamellerie à Beni-
Abbès (50 moutons et 20 dromadaires). (Algérie-Actualité, 5.4.84).

103CHAOUAL V. CHAAWAL.

104CHAOUCH (de l’arabe) n. m. Disponible, connotation souvent


négative. Huissier, planton, appariteur. En sortant, le chaouch nous
avertit : – Je ferme la porte à 10 heures. (Bennabi 1965, 113). Soussane,
un planton d’une administration, constitue le point d’appui de la pièce.
Personnage vivant une situation paradoxalement contradictoire, le
chaouch change de peau et de mentalité après que le directeur l’eut
écarté de son travail sur les conseils d’un ami influent. (Algérie-
Actualité, 9.11.83). Les caïds deviennent de simples adjoints indigènes et
voisinent avec d’anciens chaouchs. (Révolution et Travail, 1.11.85). Le
chaouch, homme âgé de plus de 85 ans, a, comme toujours, obtenu
l’autorisation de la gendarmerie. (El Watan, 3.9.91). Un chaouch
musulman chargé de la liquidation des cargaisons et un chaouch juif qui
négociait avec les brocanteurs la vente des objets saisis sur les bateaux
et s’occupait aussi du change. (El Moudjahid, 3.8.97). Le chaouch de la
wilaya disparut un moment puis revint avec un homme d’une trentaine
d’années qui m’invita à le suivre. (Mokeddem, 1999, 209).

105Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

106CHAOUI (de l’arabe) 1. n. (féminin singulier : chaouie, chaouia ;


masculin pluriel : chaouis, chaouia(s)). Disponible. Habitant des
Aurès. Ce que le Kabyle d’un clin d’œil saisit, à coups de poing par le
Chaoui est compris. (Laouar, 1983, 18). Les chaouis ont souffert lors de
leur dernier match face à une coriace équipe sétifienne. (Liberté,
23.3.94). La négation de la dimension amazighe trouva rapidement son
effet psychologique et socio-linguistique : le Kabyle, le Mozabite, le
Chleuh, le Chenoui et le Chaoui ne parlèrent point leur langue
maternelle dans la rue. (El Watan, 18.4.96). Les organisateurs de la fête
du Printemps, en bons chaouis, louent la salle de la Maison de la culture,
se procurent un bus pour les filles et la soirée fut plus printanière que
jamais. (Le Matin, 30.4.96). Mais cela n’a rien changé à ce que je suis
profondément : une inconditionnelle Chaouie. […] Les Chaouis doivent
réclamer sans relâche ces moyens. (Le Matin, 21.7.96). Ce point précis
concerne l’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a préfacé un
guide traitant les Chaouis de bergers et les Kabyles d’intelligents. (El
Watan, 14.8.97). Le Chaoui connaît, depuis longtemps, l’art de choisir et
de façonner la glaise pour la confection de ses ustensiles domestiques.
(La Tribune, 21.12.99).

1072. n. m. Disponible. Variété de berbère parlé par les habitants


originaires des Aurès. Et, c’était en chaoui qu’ils chantaient… (Algérie-
Actualité, 10.3.85). Il aimait sa culture et parlait couramment le chaoui,
en plus de l’arabe littéraire. (Gastel, 1999, 170). Le chaoui est une
langue trés utilisée dans les massifs de l’Aurès. (oral).

1083. n. m. Disponible. Musique traditionnelle des Aurès. Ces derniers


ont dansé l’oranais, le chaoui, le constantinois, le staïfi, le targui. (Le
Matin, 13.6.96). Il chante tout, que ce soit le kabyle, le hawzi, le raï, le
chaoui, le sétifien, car, dit-il, c’est un véritable fan de la musique
algérienne. (Le Matin,1.8.97). Fouad Ghanem, venant de Constantine,
distillera du maâlouf et du chaoui-staïfi. (El Watan, 6.1.00).

1094. adj. Disponible. Qui se rapporte aux habitants, à la civilisation des


Aurès. La culture chaouie n’est pas une « bûche morte ». (El Acil,
10.2.93). La première cassette de la jeune chanteuse chaoui Celia sera
disponible. (El Açil, 28.4.93). Il y a des relents du Sud. Il y a aussi des
relents chaouis, des Aurès. (Algérie Actualité, 13.7.93). Certains ont
gardé l’usage quotidien et familier de la langue chaouie. (L’Authentique,
16.8.95). Le pays chaoui s’est, sans conteste, prononcé pour Liamine
Zeroual et presque exclusivement pour lui. (La Tribune, 30.11.95). Le
monde et la culture chaouis auxquels j’appartiens étaient dévalorisés,
exclus, voire niés. (Le Matin, 21.7.96). C’est à la femme chaouie que
revient la tâche de pétrir et de façonner l’argile pour confectionner les
ustensiles usuels et ménagers. (La Tribune, 21.12.99). V. AMAZIGH,
CHENOUI, CHLEUH, KABYLE, MOZABITE.

110CHAOUIA, féminin singulier de CHAOUI. La musique chaouia,


cette musique qui sort des tripes du fier et imposant Aurès, végète, mue
beaucoup plus par de louables initiatives individuelles… (El Moudjahid,
21.2.85). J’ai remarqué que la musique chaouie est extra. (El Moudjahid,
26.9.85). Il n’est nullement besoin de dire que toutes ces musiques :
arabe, maure, kabyle, chaouia, targui, « moderne », ont leurs attaches
en Orient. (El Acil, 11.10.93). Son tatouage frontal signe ses origines
chaouia et celles de sa tribu. (Benaïssa, 1999, 166).

111CHAOUIA(S) masculin pluriel de CHAOUI. Les Tlemcéniens


s’imposaient aisément face aux chaouias grâce à trois belles réalisations
du jeune espoir Bensaha, (Liberté, 19.7.96). Ce livre est l’histoire d’une
rencontre, ma rencontre avec l’Aurès et ses habitants, les Chaouia. (El
Watan, 4.1.00).

112CHAQORISTE V. CHAKOURISTE.

113CHARBETTE V. CHERBETTE.

114CHARIA, CHARI’A, CHARIAÂ, CHARIÂ, CHARI’Â,


CHARIYA, CHARIÂA, SHARI’A (de l’arabe) n. f. Courant. Loi
islamique. Si le pèlerin accomplit son pèlerinage selon la charia, il en
revient exempt de tout péché comme au premier jour de sa naissance. (El
Moudjahid, 24.8.83). Art. 8 : Il est permis de contracter mariage avec
plus d’une épouse dans la limite de la charia, si le motif est justifié, les
conditions et l’intention d’équité réunies et après information des
précédente et future épouses. (Loi n° 84-11 du 9 juin 1984 portant Code
de la famille). Le FIS a fait sa marche pour appliquer la charia. (Algérie-
Actualité, 26.4.90). Qu’est-ce que ce parti qui se réclame de l’islam et de
charia, le droit canon musulman ? (Mimouni, 1993, 11). Possédant une
licence de chari’a islamique et cadre au Ministère des Affaires
religieuses, elle est, à l’image des militantes du MSP, façonnée par un
long apprentissage de l’activité politique. (L’Authentique, 26.5.97). Il
vous trouvera, à toi et à ton frère, des épouses belles et fidèles, comme le
veut la chariâa. (Khelladi, 1998, 173). Ils [le GIA et le GSPC] veulent
instaurer par la force une république islamique où la chariâ sera la loi
fondamentale. (Le Matin, 14.1.00).

115CHARIF V. CHÉRIF.

116CHATR (de l’arabe) adj. (féminin : chatra). Disponible, oral surtout.


Dynamique, plein d’énergie. C’est un enfant chatr ! Il réussira. (oral).

117CHATRA féminin de CHATR. La fille est aussi chatra que sa


maman qui est là. (Radio Alger, chaîne III, 1.5.83).

118CHAYATINE(S) pluriel de CHITANE. C’étaient des


« chayatines », ils apparaissent toujours quand on ne les attendait pas.
(Bouabaci, 1985, 134). Les djinns ne sont pas tous malfaisants, criminels
et mécréants, mais seulement ceux qui deviennent les suppôts de Satan,
ce qui leur vaut le qualificatif de « chayatine ». Ce qui dérange les
djinns et les chayatine, ce qui les fait fuir : l’appel du muezzin, la prière
et la lecture du Coran à haute voix. (Détective, 4.3.00).

119CHAWAFA, CHOUAFFA, CHOUAFA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : chouaffate). Disponible, connotation négative. Voyante,
chiromancienne. Comment savoir où finit le rêve et où commence la
métaphysique ? Difficile de dire quand il ne reste, pour analyser les
rêves, que les préceptes du taleb ou les recettes magiques de la chawafa
(voyante) […] Pour la chawafa, l’intériorité est sacrée et l’onirisme est
le lieu où l’homme affronte ses démons. (Algérie-Actualité, 9.8.84). Alors
les deux femmes vont aussitôt consulter une chouaffa. (Liberté,
16.12.93). La « chouafa », « regardeuse d’avenir », […] ne connaît que
l’art de semer à tout vent, à tout venant, des paroles d’espoir, de
promesses. (El Watan, 5.1.95). Fatma la chawafa est connue de tout le
village. (oral). V. TALEB.

120CHAWAL V. CHAAWAL.

121CHBIKA V. CHEBIKA.

122CHEB, CHAB (de l’arabe) n. ou adj. m. (féminin singulier : cheba ;


pluriel masculin : chebs, chabs, choubane ; pluriel féminin : chebat(t)e)
1. Disponible, oral surtout. Jeune (homme). Notre envoyé spécial, le très
chab Chawki Amari, nous raconte Oran, son raï, ses chiratte et son
festival. (Le Jeudi d’Algérie, 13.8.92). Il y a beaucoup de chebs en
Algérie. (oral).

1232. Courant. Jeune chanteur, spécialement dans le genre « raï ». Les


« cheikhs » détrônés par les « chabs » ? (El Moudjahid, 16.2.84). Le
passage de plusieurs chebs à La Villette (Paris) en 1986, a fait du raï un
événement commun aux deux rives de la Méditerranée… (Alger
républicain, 30.8.91). L’ex-cheb a manqué l’année musicale. (El
Manchar, 10.1.93). Les chebs fleurissent aujourd’hui pareils à des
coquelicots au printemps et leurs cassettes sortent définitivement du
ghetto. (Détective, 27.4.93). Les chebs du raï sont très mal vus au
départ. (La Nation, 14.5.96). La plupart des artistes algériens ne courent
plus le risque de venir en Algérie, surtout après les attentats qui ont
profondément endeuillé le pays, ceux perpétrés contre cheb Hasni, cheb
Azziz et tous les autres. (El Watan, 20.1.97). À tour de rôle, les chebs
défilaient chez lui : Cheb Khaled 1983, Cheb Sahraoui, Chaba Fadila,
Chaou, Ahmed Zoheir, Mérioua. (El Ouma, 9.4.97).

124Com. Le terme s’est beaucoup répandu depuis les années 80 avec


l’apparition de la chanson raï. S’emploie le plus souvent suivi du nom du
chanteur. V. CHEIKH, RAÏ.

125CHEBA, CHABA féminin singulier de CHEB. La grande diva de la


chanson raï, cheba Zahouania a enfin décidé de se dévoiler. (El Watan,
26.3.93). Je regarde dans le rétroviseur et je vois que la chaba (la Belle)
a enlevé son hidjab. Elle le plie en quelques secondes et le fourre dans
son sac. (Allouache, 1995, 131). Les chanteurs et chanteuses sont
appelés cheb et cheba (jeunes). (Le Matin, 27.5.96). Il a fallu d’un
lecteur audio et de quelques cassettes de Cheb Yazid et Cheba Zohra
pour que la salle Tripoli se transforme en une piste de danse, ce qui a fait
la joie des jeunes du quartier, présents en nombre sur les lieux. (El
Watan, 21.5.97). Je retiendrais le plaisir du raï avec cheb Abdou,
Madona et cheba Zahouania, qui, lorsqu’ils t’entraînent dans l’extase de
son rythme, ma parole, tu oublies ta mère. (El Watan, 7.4.00). Ya chaba
Sahraoui, je t’aime ! (oral).
126CHEBATTE(S), CHABATTE(S), CHABATE(S) féminin pluriel
de CHEB. Et si les chab et chabates du raï s’y mettaient… (Révolution
africaine, 11.9.86). Dans notre parti nous serons libres d’organiser des
pique-niques féminins, des parties de danse, des you-you, des expos de
mode, des festivals de raï (avec des chabattes). (Le Nouvel Hebdo,
12.9.90). Toutefois les « chebattes » Zahia et Zohra commencent à
rivaliser avec l’auteur de « Char M’ra El Kheir M’ra ». (El Watan,
26.3.93). Un collègue du quotidien L’Horizon disait de lui : « ça fera
frémir les chebs et les chebattes ». (El Acil, 11.6.93).

127CHEBIKA, CHBIKA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Sorte de broderie


traditionnelle faite à la main. Sa dernière toilette fut enfin la djellaba
blanche travaillée de « chbika »… (El Moudjahid, 8.7.83). Lellahoum,
mince et altière, parée de son soyeux haïk, avec la voilette blanche en
organza brodée de fleurs ou de papillons en chebika […]. (Bensmaïne,
1996, 37). Toutes ces céramiques et faïences montrent que, du Maroc à
la Tunisie, on retrouve les mêmes motifs décoratifs : quadrillage ou
chbika, noyaux d’olives représentés par les fuseaux à Fès et à Béjaïa,
sont également employés avec prédilection par les faïenciers de Tunis.
(Le Matin, 22.7.96).

128CHÈCHE, CHEICH, CHECH (de l’arabe) n. m. Courant. Longue


écharpe de mousseline portée en turban. Contre le sirocco et les vents de
sable se protéger le visage avec un « chèche ». (El Moudjahid,
3.8.83). Sur la plate-forme à l’ombre des dunes qui font face à la kouba
du saint, la foule est immense et toute blanche de chèches, gandouras et
voiles féminins. (Algérie-Actualité, 20.8.92). D’autres écrivains ne
connaissent de leur peuple que la gandoura et le « chech » du
père. (Liberté, 27.4.93). Ton frère ne possède pas grand-chose mais du
haut de son chech, reste digne. (Algérie-Actualité, 2.8.94). On n’y
trouvait pas les « bouseux descendus des montagnes avec leurs chèches
et leurs kachabias après l’indépendance ». (Allouache, 1995, 33). Mais
le père ne voulait rien entendre. […] Sa cachabia rapiécée se retroussait.
Son chèche défait lui tombait devant les yeux. (Benaïssa, 1999, 153). Il
porte un chèche et un burnous sous lequel est dissimulée une arme. (Le
Matin, 14.1.00). Exit l’image caricaturale des marchands coiffés d’un
chèche et circulant à leur gré en caravanes entre Gao et
Tinzaouatene. (Liberté, 18.2.01).

129Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. CHÉCHIA.

130CHÉCHIA, CHACHIA (de l’arabe) n. f. Courant. Coiffure


traditionnelle en forme de calotte. Du revers de la main, Selka rejette sur
la nuque la chéchia graisseuse qu’il porte sur ses cheveux gris,
crépus. (Dib, 1977, 28). À travers ses yeux mi-clos, il voyait à gauche, à
droite, en face de lui, d’autres yeux mi-clos, d’autres têtes chevelues
entourées du turban blanc ou couvertes de la chéchia de
laine. (Mammeri, 1978b, 98). L’ancêtre ravalé par le vagin de la terre
souricière et n’arrivant jamais à se défaire de la hargne accumulée sous
sa chéchia […]. (Djaout, 1981, 141). Kader sortit, pour ce jour-là, la
chéchia rouge avec un beau gland soyeux. (Sebbar, 1984, 151). Il ferma
également les zaouiyate qui ont fait mine de protester et balaya le clergé
maraboutique et parasitaire, interdit même le port des habits
traditionnels et la chéchia. (Algérie-Actualité, 9.11.93). Les chéchias
volèrent et les burnous se drapèrent, laissant apparaître de larges
épaules de fellahs. (Mouzaia, 1994, 12). Le doyen des amis de Messali
Hadj était présent sur les lieux. avec une chéchia grenat et une barbiche
blanche. (El Watan, 30.3.00).

131Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.


132CHÉCHIA STAMBOUL, CHÉCHIA (D’)ISTANBOUL n. f.
Disponible, écrit surtout. Chéchia haute, originaire d’Istanboul. […] les
traditions vestimentaires, telles que le port de la chéchia, dite
d’Istanboul, dont la fabrication est assurée par el Hadj Allouche, depuis
50 ans, art qu’il a appris du Turc, par Azzedine Lakhal. (Le Matin,
28.4.93). Alger l’été, 100 bus de plus à l’Étusa dont le sigle mièvre ne
peut faire oublier l’historique RSTA où, un jour, des hommes décidèrent
de porter la chéchia stamboul pour marquer leur différence. (Algérie-
Actualité, 17.8.93). Un vieux client, Aâmi Mourad, qui semble sorti
directement d’un sketch de la télévision, engoncé dans un costume bleu et
la tête recouverte d’une chéchia Istanboul comme on n’en voit
pratiquement plus à Alger, appuyé contre une étagère, mange une
pizza. (Allouache, 1995, 32). Il dodelinait de la tête, coiffée de la chéchia
stamboul, les yeux fermés, jouant du banjo. (Bensmaïne, 1996, 74). Les
femmes ont encore la fleur au veston, la branche de menthe à l’oreille, la
chéchia stamboul […] pour épater notre pauvre nudité de fils du
peuple. (Sansal, 1999, 378).

133CHEF n. m. Courant, oral surtout, connotation plaisante. Appellatif


familier à l’adresse d’un inconnu. S’il vous plaît, déportez-vous un peu
sur la gauche, chef. (L’Unité, 4.3.78). Rue de Tripoli, c’est encore loin,
chef ? (oral).

134CHEF DE DAÏRA n. m. Disponible. Fonctionnaire nommé à la tête


d’une daïra. Ici on abat, au sortir de la mosquée, un commissaire de
police ; là on brûle le véhicule d’un chef de daïra. (Le Jeudi d’Algérie,
23.7.92). Le ministre de l’Intérieur Medeghri dirige fermement une
équipe de préfets et de sous-préfets (note : qui deviendront walis et chefs
de daïra). (Hassan, 1996, 56). Belaïd Aït Medri a exercé les fonctions de
sous-préfet (chef de daïra aujourd’hui) d’Azazga au lendemain de
l’indépendance. (La Tribune, 2.1.00). L’un d’entre eux est le chef de la
daïra de Ansar, dans la wilaya de Jijel, kidnappé par les éléments
terroristes dans un faux barrage. (La Tribune, 28.3.00). Le président de
l’APC reproche au chef de daïra d’être derrière la paralysie complète de
la commune du fait qu’il a refusé d’approuver le budget de la
commune. (Quotidien d’Oran, 29.3.00). L’autre catégorie de cadres
supérieurs de l’État est celle des chefs de daïra. Ce corps intermédiaire
qui vient entre celui des walis et des présidents d’APC, ne bénéficie pas
de grands avantages. Le salaire d’un chef de daïra varie entre 28 000
DA et 35 000 DA. (Liberté, 5.2.01).

135CHEFT, CHEFTI (de l’arabe) loc. Courant, oral surtout. As-tu vu ?


Tu as vu ? Tu te rends compte ? (formule qui sert à prendre à témoin
l’interlocuteur). « Ah cheft ! Si Zazou, on peut dire que celui-là est un
grand casse-pieds… » (Khiari, 1981, 17). « Chefti, où ça nous a menés
ton histoire de mariage ! » (Slim, 1981, 23). Cheft ce que tu viens tu de
faire ! (oral).

136CHEICH V. CHÈCHE.

137CHEIKH, CHIKH, CHEÏKH, CHIKH (de l’arabe) n. m. (singulier


féminin : cheikha, pluriel masculin : cheikhs, chioukh(s), pluriel
féminin : cheikhate) 1. Courant. Chef religieux, savant en matière
coranique. Le cheikh de la zaouïa ne nous pardonnera jamais d’avoir
envoyé le garçon à l’école des Roumis. (Mimouni, 1983, 39). Tout
distrait qu’il est, Saïd est le lettré du douar, il occupe la deuxième
position, après le cheikh de la zaouia. (El Acil, 18.3.93). L’imam se lève.
– Je comprends de moins en moins ce quartier. Donne-moi quelques
jours et nous allons calmer le jeu… – Ô cheikh, il ne faut pas qu’il me
cherche parce que cela se terminera mal. (Allouache, 1995, 180). Mais
au bout de ces trois jours passés à Tala Agba avec Bouslimani, excellent
connaisseur du Coran et exégète reconnu, les émirs eux-mêmes avaient
été ébranlés dans leurs convictions par le discours religieux du
cheikh. (La Tribune, 1.12.95). Mohamed est un cheikh, un fils de saint et
saint lui-même, un érudit en matière coranique. (Khelladi, 1998, 47). En
outre, dans la même wilaya, le « chikh » Rachid Halaouit, qui a fait des
fatwas aux éléments du GSPC pour abandonner l’action armée, a été lui
aussi assassiné. (La Tribune, 10.2.00). Trois femmes égorgent un
taleb [Titre]. Les services de sécurité ont eu vent d’une tentative de
meurtre sur la personne de A. Fateh, un cheikh âgé de 66 ans […].
(Quotidien d’Oran, 8.4.00).

1382. Courant. Maître d’école, instituteur, professeur (enseignant des


matières religieuses ou profanes). Le cheikh assène consciencieusement
les dix ou vingt coups pour une insolence, allant jusqu’à cinquante pour
un blasphème ou une soura mal ou pas comprise. (Lemsine, 1978a, 86).
« Cheikh ! On voudrait faire un sketch dans lequel un responsable ne
veut pas reconnaître le syndicat. » (El Ayed, 1.2.81). Il était demandé
avec insistance au « cheikh » d’inculquer aux petits, avec les règles de la
prière, les principes essentiels de la morale islamique. (Boutarène, 1982,
153). Mon fils est le « cheikh » d’une école. (Algérie-Actualité,
18.8.83). 8h 20, le chikh est en classe en face de 45 élèves. (El
Moudjahid, 23.3.86). Mais vite la règle du cheikh, fzzt sur l’oreille. (Le
Nouvel Hebdo, 16.8.90). Sur ces entrefaites, le dirlo intervient pour faire
remarquer à « l’impertinent » qu’il existe des projets dont le lancement
est imminent… Réplique cinglante de l’interlocuteur : « y a cheïkh, on
connaît la chanson… » (Algérie-Actualité, 20.1.93).

1393. Courant. Chef d’orchestre qui est également chanteur et


musicien. Le cheikh est en même temps chanteur, musicien et chef
d’orchestre. (Algérie-Actualité, 11.8.83). Des cheikhs, venus des quatre
coins du pays, se sont produits devant un public connaisseur. (Algérie-
Actualité, 5.6.86). Vous savez qu’à Constantine nos « cheikhs »
travaillent beaucoup sur le malouf et le houzi. (El Acil, 15.1.93). Les
microsillons Pathé Marconi du pauvre cheikh Khaldi et sa célèbre voix
nasillarde font figure d’antiquités et de pièces de musée. (Liberté,
25.10.95). Prompt rétablissement au cheikh réputé du chaâbi Boudjemaâ
El Ankis ! (El Watan, 4.2.97). Pour cette raison, il s’est forgé son propre
style, plutôt que d’imiter un illustre « cheikh » comme le font la majorité
des jeunes chanteurs chaâbi. (L’Authentique, 11.8.97). Avec une pensée
amicale au Cheikh Mohand Rachid, mémoire vivante du chaâbi. (Liberté,
26.2.01). V. OUSTED.

1404. Courant. Chef de parti islamiste. Quelques « cheikhs » du FIS sont


attablés à la terrasse et consomment de l’eau minérale. (Quotidien
d’Algérie, 16.7.92). Le cheikh Mohamed Saïd est un responsable du FIS
sur le terrain, il soutient les moudjahidine et c’est normal. (Le Matin,
11.10.95). Nahnah Mahfoud veut régler la violence scientifiquement.
Espérons que le cheikh saura faire la différence entre un égorgeur de
foules et un rétrovirus. (La Tribune, 30.10.95). Ces campagnes, qui
étaient essentiellement destinées à rassurer des opinions occidentales
traumatisées d’apprendre qu’elles pouvaient être à la merci de cheikhs
enturbannés […] (La Nation, 28.11.95). Ces partis religieux, dont les
leaders se parent de l’attribut pompeux de « cheikh », seront-ils tout
simplement interdits […] ? (El Watan, 23.10.96). « Et quand bien même,
on nous changera de sigle, serions-nous moins musulmans
qu’auparavant ? », hurlera le cheikh dans le micro. (Liberté,
11.4.97). L’heure n’était plus aux grandiloquences. Le couteau
supplantait le verbe. Les cheikhs s’écrasaient devant les émirs, le
politicien devant le guerrier. (Khadra, 1999, 202).

141Com. Le sens « chef de tribu » figurant dans les dictionnaires du


français standard est très peu employé. Attesté ds Lanly 1970, IFA, GR,
TLF.

142CHEIKHA, CHEÏKHA, CHIKHA, CHIRA (de l’arabe) n. f. sing.


(pluriel cheikhate(s)) 1. Courant, oral surtout. Maîtresse d’école. Tout en
me fixant, tu disais à ton frère : « Chikha ? Chikha ? La
maîtresse ? » (Ben, 1982, 78).

1432. Courant. Femme qui chante et danse avec un orchestre. Le vin


recommence à couler à flots sous l’air entraînant d’une « cheikha » en
vogue. (L’Unité, 6.2.79). Que de réjouissances ont été organisées avec la
participation du prestigieux orchestre du regretté Cheikh L.B., de la
formation de Cheikha T. et d’autres musiciens de renom. (El Moudjahid,
26.7.82). Chikha Rimiti en K7 ça vous dit quelque chose ? (Algérie-
Actualité, 29.11.90). Au niveau de l’instrumentalisation, la cheikha
Rémitia a gardé la composante des grands classiques de la chanson
bédouine et du melhoune. (El Watan, 8.1.96). […] un récital de chansons
bédouines assuré par la cheikha Djenia de Mascara. (El Watan,
26.1.97). Cheïkha Tetma se lie d’amitié avec Mériem Fekkaï, une amitié
qui s’avère fructueuse sur le plan musical puisque Tetma a transmis le
hawzi tlemcénien à Mériem. (Le Matin, 17.7.96).

144CHEIKHATE(S), CHIKHATE(S), CHEIKHAT,


CHEÏKHATE(S), CHIRATTE, CHIRATES, CHIRET pluriel
de CHEIKHA. On s’enivre de « tubes » de chikhates. (Révolution
africaine, 8.10.81). Notre envoyé spécial, le très chab Chawki Amari
nous raconte Oran, son raï, ses chiratte et son festival […] Ça marche
chiret ? (Le Jeudi d’Algérie, 13.8.92). Les troupes, elles, sont dirigées
par un berrah et bien sûr par des cheïkhates et des danseuses. (El Watan,
4.9.92). Ces héritiers des cheikh et cheikhate, qui interprétaient le
« vieux raï » dans les années 50 et 60, se produisent dans les cérémonies
familiales, dans les cabarets, et dans les discothèques de la côte
oranaise. (Le Matin, 27.5.96). Les parents voient aussi d’un mauvais œil
ces jeunes chanteurs, vite qualifiés de voyous, et ces chanteuses,
héritières des cheikhate et de leur réputation sulfureuse (Le Matin,
27.5.96). Il laissait derrière lui une ville en décrépitude dont la gasba et
le gallal, les cheikhates et les ragassates, le rouge, la bière et le kif, le
BMC et les chirates de l’Argoub […]. (Mokeddem, 1999, 22). Ensemble
ils écoutaient les belles voix des cheikhat et fumaient du haschich en
sirotant du thé fassi à la menthe. (Zaoui, 1999, 76). Il raffole de ces
soirées et cérémonies offertes à l’occasion […] dans une salle où cheikhs
et cheikhate, accompagnés de danseuses […]. (Détective, 4.3.00).

145CHEKCHOUKA V. TCHAKTCHOUKA.

146CHEKOUA (de l’arabe) n. f. 1. Spécialisé. Instrument traditionnel


de musique, cornemuse en peau de chèvre. À la base de la chekoua se
trouve un bloc constitué de deux flûtes en roseau (zemmar) comportant
chacune à son extrémité une corne de bœuf. (El Moudjahid,
18.4.85). Une cornemuse en peau de chèvre (chekoua) et un tambourin
typique à cette région du pays (tabla) … (Liberté, 24.2.94).
V. MEZOUED.

1472. Disponible. Outre en peau de chevreau. On conserve le lait dans


cette chekoua pour en faire du petit-lait. (Reggad, 1997, 38).
V. GUERBA.
148CHEMMA, CHEMA (de l’arabe) n. f. Courant. Tabac à priser ou à
mâcher. À quinze ans, il entra au lycée, commença à prendre de la
chema. (Révolution africaine, 7.8.78). Pour cracher « chemma », il
fallait encore bouger, tâcher de découvrir un petit coin du sol, gratter
avec un caillou ou avec le couvercle de la boîte à prise pour faire un
trou. (Bitam, 1984, 46). Depuis presque un mois, la SNTA refile de la
chemma pourrie, littéralement impropre à la consommation, car sans
aucun effet ni sur la gencive, ni sur la lèvre, ni même sous la langue –
mode de consommation de nos paysans. (Algérie-Actualité,
29.8.85). Vous savez ce qui me dégoûte, c’est les gens qui crachent et
jettent leur chemma sur mes plates-bandes. (El Manchar, 5.10.90). Il
était si content d’avoir pu dénicher cette place, qu’il décida de s’envoyer
derrière la lèvre inférieure une bonne pincée de « chemma ». (Liberté,
2.2.94). Ils sont lycéens ou vendeurs de chema après le lycée. (Le Matin,
29.7.94). La cigarette, la chemma et le café sont très recherchés en
prison, plus spécialement pendant le Ramadhan. (Le Matin, 6.1.00).

149CHÊNE-ZEN, CHÊNE-ZEEN, ZEEN n. m. Spécialisé. Variété de


chêne. […] une zone verte où le zeen, le chêne vert et le chêneliège
règnent dans les espaces colorés… (Échos de la Soummam,
1.4.86). Cependant, la force des vents attise les feux des forêts et autres
incendies qui réduisent en cendres les legs ancestraux d’oliviers,
figuiers, chêneslièges et autres chênes-zeen.(Le Matin, 16.8.94). Cette
forêt de chênes-lièges, de chênes-zen et d’eucalyptus […]. (El Watan,
18.8.94). Cette zone forestière constituée principalement de chênes-
lièges, de pins maritimes, de chênes-zen est couverte de maquis. (El
Watan, 17.10.94).

150CHENOUI, CHÉNOUA (du berbère) 1. n. Disponible. Habitant des


monts Chenoua. La négation de la dimension amazighe trouva
rapidement son effet psychologique et sociolinguistique : le Kabyle, le
Mozabite, le Chleuh, le Chenoui et le Chaoui ne parlèrent point leur
langue maternelle dans la rue. (El Watan, 18.4.96).

1512. n. m. Disponible. Variété de langue berbère. Jadis, l’arabe était la


seule langue entendue dans la rue, la population s’est mise au chenoui,
parlé surtout mais pas uniquement par les plus vieux. (La Tribune,
24.10.95). Le chénoua est encore en usage dans les environs de la
capitale, surtout près de la côte. (oral).

152CHENTOUF (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Collier traditionnel fait de


pièces de monnaie anciennes. […] et bijoux en or mais surtout en argent,
pendentifs, colliers, anneaux, bagues, boucles d’oreilles, alliances,
chaînes, khalkhals, chentoufs. (El Moudjahid, 20.3.85).

153CHERBETTE, CHERBET, CHARBETTE (de l’arabe) n. m. ou f.


Disponible. Sirop, boisson de fabrication traditionnelle. Le jeûneur peut
donc fabriquer lui-même sa « cherbette » et faire un clin d’œil
revanchard à l’introuvable limonade. (El Moudjahid, 14.6.83). […] et
plus grave en ce mois de Ramadan, l’on vend n’importe quelle
« cherbette » sur les trottoirs. (Algérie-Actualité, 16.6.83). […] la prière
du Maghreb, précédant la rupture du jeûne et un « ftour » arrosé de
« Kléka », cette charbette typiquement ramadhanienne. (El Moudjahid,
18.5.86). Quand un enfant jeûnait pour la première fois, on organisait
des cérémonies joyeuses en poussant des youyous et en préparant des
gâteaux et du cherbet. (Le Matin, 7.2.96).

154CHERCHEM (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Plat traditionnel préparé


à l’occasion d’un événement (fête, naissance) et distribué aux voisins. Ma
mère célébra l’apparition par un gros cherchem, blé bouilli, dont on
m’enfourcha deux cuillerées à café, malgré mes véhémentes
protestations, avant d’en distribuer aux voisins des louchées. (Belamri,
1982, 197). Ainsi, le « Naïr » demeure une couleur locale, un événement
bien fêté. Chacun s’empresse de festoyer à sa façon. Le plat préparé à
pareille occasion s’appelle « cherchem », il est à base de blé tendre, de
fèves, pois, assaisonnés de viande et d’épices. (El Moudjahid,
12.1.83). Dans le cas où la poussée dentaire tarde chez un enfant, on
demande à la mère de ce dernier de pratiquer le « cherchem », afin de
faciliter l’éclosion, si l’on peut dire, de la première dent de lait, donc de
sa dentition. (El Açil, 4.1.93). Dès lors, l’heureux événement est fêté par
la pratique du « cherchem ». (El Acil, 4.1.93).

155CHERGUI (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Vent brûlant du sud-est. Le


chergui participe à l’érosion et à l’aridité du sol. (El Acil, 20.1.93). Un
chergui souffle sur toute la wilaya de Biskra. (oral).

156Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. CH’HILI,


GUEBLI.

157CHÉRIF, CHARIF (de l’arabe) n. m. (pluriel masculin : chorfa(s),


cherifs). Disponible. Descendant du Prophète Mahomet par sa
fille Fatima. […] être habile au tir à l’arc, savoir écrire et nager, ensuite
être âgé, c’est-à-dire kabir ou cheikh, devin ou kahin, noble ou
charif. (Koribaa, 1984, 151). Il plaça de son côté les gens pieux, les
« chérifs » (nobles), les zaouias et fidèles. (Algérie-Actualité, 6.4.93). Il
s’appelle Vincent, comme un m’rabet de chez lui mais, lui, il est pas
chérif. (Mokeddem, 1993, 144).

158Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TFL. V. CHÉRIFIEN.

159CHÉRIFIEN, ENNE (formation hybride de chérif + suffixe -ien) 1.


n. Disponible. Descendant du Prophète Mahomet par sa fille Fatima. Son
grand-père voulait qu’on effaçât l’histoire de sa famille, de la fierté sans
faille des descendants des chérifiens. (Ben Mansour, 1990, 99).

1602. adj. Disponible. Qui se rapporte aux descendants du


Prophète. Amti Zeïneb était chérifienne par son père et par sa mère. (Ben
Mansour, 1990, 35).

161CHEVILLÈRE n. f. Spécialisé. Bijou traditionnel, anneau de


cheville. Les larges chevillères décorées de fleurs stylisées, incisées et les
rdaïf en forme de serpent complètent la parure. (Benouniche, 1982,
52). La mariée doit avoir dans son trousseau une chevillère en or massif.
(oral). V. KHALKHAL, RDAÏF.

162CHEYTANE V. CHITANE.

163CH’HILI, CHIHILI, CHILI, ACHILI (de l’arabe) n. m.


Disponible. Vent chaud et sec venant du sud. Dis-lui que la récolte
d’olives ne sera pas bonne car le chili a brûlé la fleur. (Ouahioune, 1980,
28). Le temps de retrouver le sourire lorsque les épis blonds seront bien
hauts, bien levés, ployant sous la pression du « ch’hili » qui régnera en
maître absolu sur le plateau. (El Moudjahid, 2.11.83). Cette ville située
tout près de la frontière turque est exposée aux vents chauds du sud
pareils à notre « chihili ». (El Moudjahid, 1.3.84). C’est achili qui
souffle. (Ouahioune, 1984, 52). La nuit de dimanche à lundi a été le
théâtre de beaucoup d’accidents déplorables à El-Oued. À commencer
par le vent de sable « chihili » dont la vitesse a atteint les 112
km/h. (Quotidien d’Oran, 5.4.00).

164CHIBANI (de l’arabe) n. m. Disponible, oral surtout. Vieux,


vieillard. La mort du chibani, du vieux Kadda, marqua la rupture du
dernier maillon qui reliait Malik au passé. (Amadis, 1995, 173). Mon
chibani réalise son rêve, il va partir à La Mecque. (oral). Ya chibani, il
faut aller voir le docteur pour te soigner. (oral).

165Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

166CHICHI V. TCHI-TCHI.

167CHIEN (calque de l’arabe) n. m. Disponible, oral surtout, fam.


Terme insultant pour désigner un homme. « Tu as osé, chien. Hein ! Tu
as osé ! », criait-il devant son visage, tout près, le masque grimaçant.
(Achour, 1980, 49). Aucune force au monde ne pouvait dégager ce « fils
de chien ». (Ben Mansour, 1990, 138). Bien fait pour lui ! J’espère qu’il
restera au chômage, ce fils de chien. (Khelladi, 1998, 226). Mais les
Arabes d’autrefois, ceux qui sont chers, pas les ventres mous en faction
sous les moucharabiehs des harems, savaient traiter les chiens, les fils de
chiens et les langues de vipères. (Tengour, 1997, 90). C’est un chien ! il
ne rate personne ! (oral). Chien, si je t’attrape, je t’enlèverai ta
langue. (oral).

168Com. Le terme a une connotation beaucoup plus injurieuse dans le


contexte algérien qu’en français standard. V. KELB, BENI KELB.

169CHIH (de l’arabe) n. m. Spécialisé. (Artemisia herba alba). Variété


d’herbe utilisée comme aliment du bétail. Il y a également, sur les zones
des plateaux, la steppe à alfa (stipa tenanissima), dans les sols argileux,
c’est le chih (artemisia herba alba) qui la remplace. (El Moudjahid,
21.4.85). Il tenait à les produire ici avant de vendre leur carcasse, parce
que, nourri au chih, le mouton de notre steppe a un goût particulier.
(Alger républicain, 1.12.91). Achetez l’agneau du terroir, sa chair est
parfumée au « chih » ! (El Moudjahid, 10.6.92). V. ALFA.

170CHIHILI V. CH’HILI.
171CHIKH V. CHEIKH.

172CHI’IR EL MELHOUN V. CHIR EL MELHOUN.

173CHIISME, CHI’ISME (de l’arabe) n. m. Disponible, écrit surtout,


milieux universitaires. Doctrine religieuse proclamant qu’Ali est le seul
calife authentique successeur du Prophète Mohamed. Le chiisme ne
reconnaît pas les trois premiers califes et s’écarte ainsi de l’orthodoxie
musulmane ou sunnisme. À noter que ce criminel notoire reconverti au
chi’isme iranien a été précédemment condamné par contumace par la
justice algérienne, et serait actuellement en camping du côté de
Peshawar où il supervise les réseaux de trafic d’armes et de haschich.
(Le Matin, 8.2.96).

174CHIITE, CHI’ITE (de l’arabe) adj. et n. Disponible, écrit surtout,


milieux universitaires. Musulman adepte du chiisme. À cela s’ajoutent
les réticences des chiites non iraniens et principalement arabes, à la
volonté affichée des Iraniens de transférer la « référence religieuse
chiite » de Nadjaf en Irak, à Qom, en Iran. (La Nation, 3.1.95). Les
Talibans, qui appartiennent dans leur immense majorité à l’ethnie
pachtoune, non persanophone, sont fanatiquement sunnites et donc
hostiles à la minorité chiite afghane soutenue par Téhéran. (La Tribune,
11.1.95). Placé sous une double perfusion intégriste, la sunnite et la
chi’ite, le pauvre Soudan est de nouveau propulsé sur le devant d’une
scène où se joue la tragédie de cette fin de siècle. (El Watan, 9.1.96). Est-
ce parce que le « mauvais islamisme », iranien, est chiite qu’a contrario,
l’islamisme sunnite est qualifié de « bon » par les États-Unis ? (El
Watan, 13.5.96). Alors que les califes Abou Bak’r, Omar et Othmane sont
vénérés par les sunnites, les chiites les considèrent comme de maudits
charlatans. À leurs yeux, seuls les proches du Prophète étaient dignes de
lui succéder et d’honorer sa cause. (Gastel, 1999, 112). […] où
travaillaient une cinquantaine de pensionnaires, tous masculins, treize
musulmans sunnites, treize musulmans chi’ites, quinze israélites. (Zaoui,
1999, 123).

175CHIKAYA (de l’arabe) n. f. (pluriel : chikayate). Disponible.


Plainte, grief, dispute. Il se hâta de me précéder dans la « chikaya » :
« Lorsque je parle légumes, fruits, viande… elle me parle de mise en
plis… » (Belanteur, 1981, 127). Ça donne souvent des bagarres et des
chikayas… mais j’ai jamais entendu dire qu’il faisait des
miracles. (Mokeddem, 1995, 149).

176Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

177CHIKAYATE, CHIKAYETTE(S), CHIKAYET,


CHIKAYAT pluriel de CHIKAYA. Les élus passent leur temps à
s’occuper des « chikayettes » pour essayer d’obtenir un médecin. (El
Moudjahid, 16.3.78). Ce travail n’est pas un recensement ou un bilan,
une liste de chikayate – des griefs que tout un chacun peut adresser à
l’école. (El Watan, 21.11.91). Sidi Bel Abbes : affrontements autour
d’une ferme. […] Le bureau du comptable se transforme durant notre
entrevue en véritable bureau de « chikayet ». D’emblée, un travailleur,
ne pouvant plus contenir sa rage, dira […] (El Watan, 10.2.00). Une a
priori banale collation avec la société civile locale devient une tribune
aux « chikayat » rappelant les meetings préréférendum de Bouteflika.
Les porte-parole spontanés de la population dénoncent sans pitié les
avanies des responsables locaux. (Liberté, 31.1.01). Au quartier
populaire de Baba Ali, les citoyens affirment qu’on leur a intimé l’ordre
de ne pas approcher le cortège officiel et de ne pas faire
de « chikayat ». (Liberté, 31.1.01).
178CHIKH V. CHEIKH.

179CHIKHA V. CHEIKHA.

180CHIKHATE V. CHEIKHATE.

181CHILI V. CH’HILI.

182CHIOUKH(S), CHOUYOUKH(S) n. m. pl. 1. Courant. Chefs


d’orchestre également chanteurs et musiciens. Tout près, il y a le café
« El Hilal » connu comme le « rendez-vous » des chioukh, les
interprètes de la chanson bédouine. (El Moudjahid,
29.1.86). L’apparition de jeunes chanteurs bergers, khammès pour la
plupart d’entre eux, est une réaction aux chioukhs très sollicités par les
colons français pour égayer leurs fêtes. (Alger républicain, 30.8.91). Son
lieu de rencontre habituel était le café maure de Bessahraoui en ville
nouvelle, un endroit où se rejoignent tous les chioukhs. (El Watan,
8.9.92). Il rencontrait des « chioukh », apprenait les textes jusqu’à en
acquérir une mémoire exemplaire. (Algérie-Actualité, 20.7.93). Nos
efforts, nous les chouyoukhs, – si le terme convient – ne sont pas
suffisants Nous avons balisé le chemin pour beaucoup d’artistes qui
avaient choisi notre voie dans le domaine de la chanson. (L’Authentique,
27.5.96). Dans l’hommage rendu aux chioukh, Djaâfri évoque avec
beaucoup d’émotion et de tonalité tous les grands noms de la musique
algérienne. (El Watan, 2.3.00).

1832. Courant. Chefs de parti islamiste. Le FIS a organisé sa fameuse


grève politique de juin 91 qui s’est terminée dans la violence et
l’emprisonnement des chouyoukh. (La Nation, 3.1.95). Ira-t-il jusqu’à
libérer les chouyoukh du FIS ? (La Tribune, 30.11.95). Parmi les
« chouyoukh », pompeusement cités, figure le criminel Kamar-Eddine
Kherbane. (Le Matin, 8.2.96). […] qui a demandé au Pouvoir de
trancher la question des chouyoukh emprisonnés. (La Nation, 12.12.96).
[…] vaut libération et retour des chouyoukh du FIS, en l’occurrence
Abassi Madani et Ali Benhadj. (Le Matin, 5.1.00). Réclamant, au même
titre que Rabah Kebir, la libération des deux chouyoukh, A. B. indique
que « la direction du FIS ne délaissera pas ses revendications
politiques ». (La Tribune, 15.1.00). Prenons le cas des chouyoukh Abassi
et Benhadj, quand ils ont été arrêtés, aucune décision n’avait été prise à
l’encontre du FIS. (Quotidien d’Oran, 5.2.00).

184I. CHIRA, SHIRA (de l’arabe) n. f. Courant. Résine concentrée de


cannabis. M. est également un ancien de la chira, il « fume » depuis son
plus jeune âge. (El Moudjahid, 2.1.70). Kamel consomme de la shira
depuis 12 ans et deale environ depuis 7 ans. (Algérie-Actualité,
11.4.91). Son tort : consommer de la chira. (Liberté, 19.11.93).
[…] boire discrètement leur bouteille de rouge, se rouler des joints de
chira (haschich) ou avaler quelques pilules de 6.15 (valium). (Allouache,
1995, 13). Quatre autres trafiquants ont été arrêtés et les perquisitions
effectuées ont abouti à la saisie d’environ un kilogramme de chira. (Le
Matin, 10.2.95). Il existe une grande différence entre la chira, qui est la
résine de cannabis, et le kif, qui est extrait des sommités fleuries et des
feuilles hachées du plant. Ce qui fait que le principe actif est nettement
plus important dans la chira que dans le kif. (El Watan, 5.8.97). […] la
vente à la sauvette qui lui procurait l’argent nécessaire pour se payer sa
dose quotidienne de chira qu’il a entamée dès l’âge de 18 ans. (El Watan,
5.8.97). V. CACHET, GHOBRA, HACHAÏCHI, KEMYA, KIF,
POLLEN, ZETLA.

185II. CHIRA V. CHEIKHA.


186CHIRATTE V. CHEIKHATE(S).

187CHIR EL MELHOUN, CHIIR-EL-MELHOUN, CH’IR EL


MALHOUN, CH’IR EL MELHOUNE, CHI’IR EL MELHOUNE,
CHIIR EL MELHOUN, (de l’arabe) n. m. Courant. Poésie populaire
orale d’inspiration religieuse et sentimentale. Le 2e élément de cette
soirée réside dans le regroupement de plus d’une vingtaine de diseurs du
chiir-el-melhoun venus des diverses régions du territoire national. (El
Moudjahid, 9.6.80). La wilaya de Sidi-Bel-Abbès assure la tenue du
festival national du « chir el melhoun ». (El Moudjahid, 10.2.86). Le raï
était à l’origine une réaction contre toute forme de ch’ir el malhoun que
l’on trouvait trop lourd, trop impénétrable, trop classique. (Alger
républicain, 30.8.91). Le festival national de la chanson et de la poésie
de chiir el-melhoun a réuni à Mostaganem, dans la salle qui porte le nom
de l’un de ses illustres promoteurs, cheikh Hamada, les chanteurs, poètes
et ses fans. (Liberté, 28.8.94). Dans cette terre bénie du chi’ir el
melhoune, il amassait auprès des hommes de culture, des chanteurs,
puisait dans la besace culturelle des zaouïas et des rares mémoires écrits
d’érudits, des poèmes d’illustres lettrés. (El Watan, 27.12.95). Mohamed
Ben Sahla est des poètes du ch’ir el melhoun des plus célèbres, il a vécu
à Tlemcen au XIIe siècle de l’Hégire correspondant au XVIIIe siècle
J.C. (El Acil, 26.5.97). Au Maghreb, le chiir el melhoun et la poésie
populaire existaient parallèlement à quelques expressions comme la
musique andalouse qui n’avait pas évolué depuis cinq siècles. (Liberté,
14.8.97).

188CHIRET V. CHEIKHATE(S).
189CHITANA féminin de CHITANE. C’est le « chitane » qui est dans
la maison qui les chasse ou bien une « chitana » qui est jalouse de votre
personne. (Détective, 4.3.00).

190CHITANE, CHEYTANE, CHITAN (de l’arabe) n. m. (féminin


singulier : chitana ; pluriel : chayatine(s)) Disponible. (Dans la
mythologie musulmane) diable, démon. – Vous ne travaillez pas.
Pourquoi ? lance le président. – Que voulez-vous ? Chitane, s’exclame
l’accusé. (El Moudjahid, 19.1.86). Sait-on jamais avec ces soldats
étrangers. La ruse et l’intelligence aident un tout petit peu à vaincre
même le chitan. (Ben Mansour, 1990, 125). Que le chitan te torde les
jambes. (Ben Mansour, 1990, 200). Mess se dégage et affecte un air
offusqué : « Au large ! chitane ! Fils de chitane ». (Allouache, 1995,
57). Espèce de voyou, chitane, petit mal élevé, tu n’as pas honte de
souiller les portes de tes voisins ? (Achir, 1997, 152). On savait ce qu’il
fallait savoir du chitane et des perfidies du chat. (Sansal, 1999,
60). Seulement il ne faut pas confondre « djinn » et
« chitane ». (Détective, 4.3.00).

191Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. BLISS, DJINN.

192CH’KOUMOUN (du corse ou de l’italien) n. f. Peu courant, écrit


surtout. Malchance. Popopooo ! Tu t’crois quoi, toi ? Quand j’ai la
ch’koumoun, avec le soleil qu’il y a eu et tout, tu peux pas
gagner. (Ouahioune, 1980, 25). Alors, maintenant qu’est-ce qui ne va
pas ? En plus vous faites des figures de ch’koumoun. (Lemsine, 1978a).

193Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR (« répandu en


argot »). V. BARAKA.
194CHKOUN, CHKOUNE (de l’arabe) pron. Disponible, oral surtout.
Qui ? Qui c’est ? (pronom interrogatif). Chkoune ? Omar le chauffeur de
taxi ? (Slim, 1981, 37). Je me demande chkoune houa l’expéditeur, en
tout cas, c’était excellent ! (Slim, 1981, 25). Quand il a poussé la porte
délabrée de la cour, une voix de femme a crié : « chkoun » ? Qui
c’est ? » (Ben, 1982, 123).

195CHLEUH (du berbère) 1. n. Disponible. Berbère originaire de


l’Ouest algérien. La négation de la dimension amazighe trouva
rapidement son effet psychologique et sociolinguistique : le Kabyle, le
Mozabite, le Chleuh, le Chenoui et le Chaoui ne parlèrent point leur
langue maternelle dans la rue. (El Watan, 18.4.96). Parfois, il a du mal à
supporter les jours défiler devant ses yeux : « Je tue les jours, je veux les
effacer et moi avec ! M’effacer, n’être plus qu’une petite touffe de
cheveux gris, moi le Berbère, le sale Chleuh ! ». (La Nation, 28.11.95).

1962. n. m. Par extension, variété de langue berbère. La population


locale de Chellala s’exprime dans un dialecte (chleuh) qui a résisté au
temps et à la colonisation et dont le prolongement dépasse nos frontières
de l’ouest vers Figuig et Ouerzazate. (Quotidien d’Oran, 18.2.01).
V. AMAZIGH, CHAOUI, CHENOUI, KABYLE, MOZABITE.

197CHOF, CHOUF, CHOUFOU (de l’arabe) v. à l’impérat. 1.


Courant, oral. Regarde ! Regardez ! Chouf, les choses qui manquaient,
elles descendent du ciel ! (Aïder, 1984 c, 28). Choufou ! Après, les
mauvaises langues diront que je ne gâte pas ma Zina diali ! (Slim, 1981,
29). Chouf, ajoute Malika en serrant son pouce contre son index et en les
faisant pivoter doucement, comme s’il s’agissait d’une paire de tenailles,
je te ferai comme ça. (Achir, 1997, 16). Chof comment j’ai fait, c’est
facile. (oral).
1982. Courant, oral. Écoute ! Écoutez ! Alors choufou mon
adjoint ! (Khiari, 1981,19). Chouf un bon conseil de ma part. (Quotidien
d’Oran, 15.1.01). Écoute, chof, ne raccroche pas, je suis à la
réception. (oral). Chouf ! Voilà ce que je veux dire. (oral).

199Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. ASMAA.

200CHORBA (de l’arabe) n. f. 1. Courant. Soupe épaisse à base de


viande de mouton, légumes secs, tomates, petites pâtes, parfumée à la
menthe. L’appel du muezzin jette une note de fraîcheur dans les foyers où
les ménagères ont déjà préparé la fameuse chorba. (El Moudjahid,
23.8.77). Elle se contentait de manger la chorba des soirs de carême,
pendant plus d’un mois, et elle la trouvait bonne. (Sebbar, 1981,
22). Apprenez-leur dès maintenant à bien passer la serpillière et à
préparer les chorbas, les hariras. (Ben Mansour, 1990, 52). Nous avions
mangé de la chorba à la graisse en guise de viande. (Ben, 1993,
18). L’Algérie est debout, en dépit de la violence islamiste. Et on est
heureux de manger notre bonne chorba, chez nous ! (Algérie-Actualité,
31.5.94). La semoule se trouvait enveloppée dans de grandes poches de
papier kraft, ainsi que le piment rouge pour le couscous ou la
« chorba », ce qui agrémentait nos frugaux repas. (Mouzaia, 1994,
53). Puis c’est au tour de la chorba vermicelle et des légumes secs. La
chorba contient quelques minuscules bouts de viande et même une odeur
de coriandre. (Le Matin, 6.1.00).

201Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR. V. CHORBA-FRIK.

2022. Disponible, milieux journalistiques, connotation péjorative.


Mélange hétéroclite. Que choisissez-vous ? Le dialecte kabyle, chaoui,
algérois, oranais… Ou bien vous voulez, peut-être, les mélanger tous
pour en faire une « chorba » qu’on présentera sur un plateau d’or aux
ennemis de la civilisation arabo-musulmane. (Algérie-Actualité,
5.9.85). Les couleurs du monde arabe aujourd’hui, c’est une chorba où
se confondent la droite avec la gauche, le marxiste avec le capitaliste, le
laïc avec le fondamentaliste, l’« arabiste » avec le séparatiste, le
clanique avec le confessionnel. (La Nation, 28.11.95). Devant cette
chorba sans couleur, ni goût, ni odeur, devant cette rue arabe empêchée
de mouvement, empêchée d’exprimer sa colère et sa protestation, devant
cette rue empêchée d’exercer ses droits à la joie et aux larmes et même
au suicide, la littérature devient une sorte de souffle dans une outre
trouée. (La Nation, 4.12.95).

203CHORBA-FRIK, CHORBA AU FRIK n. f. Disponible. Soupe


épaisse à base de blé vert concassé et de viande. Chorba au frik, cette
potion inévitable du Ramadhan. (El Acil, 24.2.93). En sport, on ne
s’aligne pas sur cent mètres avec tout juste quelques heures
d’entraînement dans les jarrets, tout comme une bonne « chorba-frik »
ne cuit pas en cinq minutes. (El Acil, 15.6.93). V. FRIK.

204CHORFA(S) pluriel masculin de CHÉRIF. Les marabouts et les


chorfas personnifiaient la première autorité spirituelle. (Boutarène, 1982,
236). C’est la fin du monde ! Il n’y a plus de respect ni pour les chorfas,
ni pour les mrabets, ni pour les ancêtres et les personnes âgées. (Ben
Mansour, 1990, 57). Ô mon Dieu ! Vous les chorfas et les mrabets !
Protégez-les de l’œil des envieux. (Ben Mansour, 1990, 188). Par
ailleurs, il favorise l’émergence d’un Islam rétrograde aux dépens d’un
Islam progressiste, et ce, en encourageant les marabouts et les chorfas
qu’il utilise comme instruments pour maintenir sa domination. (El Watan,
14.2.93). Il y a les chorfa, tribus nobles d’origine guerrière ou
maraboutique. (Algérie-Actualité, 30.3.93). Ici, susceptibilité des chorfa
oblige, la zaouïa est l’incontournable refuge pour le pèlerin et le
voyageur. (Mokeddem, 1992, 258). Le plus connu et le plus vénéré est
Moulay Bouziane, né au XVIIe siècle, issu d’une famille de chorfa. (La
Tribune, 23.1.96).

205CHOTT (de l’arabe) n. m. Disponible. Dépression salée plus ou


moins asséchée des régions présahariennes et sahariennes. Le gibier
d’eau vient hiverner dans la région des chotts. (El Moudjahid,
8.8.77). Ma consolation naît à la vue d’une courgette farcie que j’attaque
« à fil de laine ». Désespoir ! Les aliments sont noyés dans le sel. C’est
sans contexte un « chott » salin. (Algérie-Actualité, 28.6.84). La
multiplication des zaouiate combinée au dessèchement progressif des
chotts pose le problème d’eau. (El Moudjahid, 8.1.85). Le parc
touristique de la wilaya de Ouargla n’a pas d’égal dans tout le pays : les
dunes de sable aux couleurs dorées faisant face au chott. (Le Matin,
14.1.92). Les eaux de surface ne sont pas uniformément réparties et
proviennent pour 11 millions des chotts et des sebkhas des Hauts-
Plateaux et de l’Atlas saharien. (El Watan, 1.3.93). Une des réserves
biologiques, dit-on, qui est certainement la plus importante du Maghreb,
et qui est bien plus significative que celle des marais de la Macta, à
l’ouest du pays, ou des chotts du sud saharien. (El Watan, 12.1.96). 288
millions de m3 d’eau de surface se perdent annuellement dans le chott du
Hodna. (El Watan, 3.3.01).

206Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. SEBKHA.

207CHOUA (de l’arabe) n. m. Disponible. Viande grillée,


brochette. Viens, on va prendre un peu de choua ! (oral). Le village d’El
Achir est réputé pour le choua. (oral). C’est un choua excellent ! (oral).
V. CHOUAÏ.

208CHOUAFA, CHOUAFFA V. CHAWAFA.


209CHOUAÏ, CHOUAI (de l’arabe) n. m. Disponible. Petit commerçant
qui prépare et vend des brochettes de viande grillée. Pourquoi n’arrive-t-
on pas encore à dépasser le cap de la belle gargotte ou du chouaï dans le
vent ? (Algérie-Actualité, 17.11.83). Dans les villes de l’intérieur du pays
que seuls les chouais, ces gargotiers spécialisés dans la préparation des
brochettes et des merguez, continuent à faire usage du charbon de
bois. (El Watan, 8.4.94). À l’Aïd el Kébir, on se trouve des vocations de
chouaï. (oral). V. CHOUA.

210CHOUAL V. CHAAWAL.

211CHOUARI, CHWARI (de l’arabe) n. m. Disponible, écrit surtout.


Hotte de sparterie que l’on place sur le dos des bêtes de somme pour le
transport de marchandises. Il ne perd pas son temps, charge les miches
dans deux caisses à pain qu’il va placer dans les chouaris de l’âne. (Dib,
1959, 22). Les pistes de campagnes sont alors sillonnées par des
quadrupèdes bizarrement harnachés : des bouteilles de gaz en guise de
« chwari ». (El Moudjahid, 20.12.84). Le jour du marché, on voyait
défiler les blédards montés sur leurs mulets, leurs ânes chargés de
chwaris. (Copie d’un élève de classe de 3e A.S., 1993). Lorsque mon
oncle Arezki était venu à nouveau rendre visite à la malheureuse
accouchée, son bras était tendu par le poids du chouari rempli de
cadeaux. (Mouzaia, 1994, 72). Les ordures ménagères de la vieille ville
sont transportées à dos de mulet, dans des chouaris. (El Acil,
12.09.95). La potière commence par aller « ramasser » son argile
qu’elle transporte dans son chouari, cette hotte qui ne quittait guère le
dos de nos paysannes. (La Nation, 23.07.96).

212Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.


213CHOUBANE masculin pluriel de CHEB. Les « choubane » qui ont
enregistré chez nous sont très corrects. (El Moudjahid, 6.2.85). Ainsi est
faite la chanson raï : brève, intense, son effet s’arrête avec la fin de la
dernière note que jouent le chab ou la chabba […] Certains
« choubane » et « chabbate » ont trouvé l’astuce : ils utilisent ce mot en
lui donnant à chaque fois un sens nouveau. (El Moudjahid, 13.2.85).

214CHOUEL V. CHAAWAL.

215CHOUF, CHOUFOU V. CHOF.

216CHOUHADA(S) pluriel masculin de CHAHID. Reconnaissance


illimitée, gloire et hommage éternel à toutes et tous nos chers martyrs, à
tous nos chouhada et chahidate. (El Moudjahid, 5.7.84). Les cendres de
ce héros [l’Émir Abdelkader] furent ramenées par l’Algérie
indépendante et réinhumées au cimetière d’El-Alia parmi les chouhada
qui ont sacrifié leur vie pour leur patrie. (El Moudjahid, 26.5.85).
L’Union des Enfants de chouhada de la wilaya d’Alger dénonce et
condamne l’acte odieux commis sur les personnes de nos djounoud
frères. (Alger républicain, 9.12.91). Les enfants de chouhada feront
rempart à tous ceux qui veulent porter atteinte aux constantes
nationales. (La Tribune, 19.2.96). La seconde journée a été marquée par
une marche de jeunes scouts à travers la ville, suivie d’un recueillement
à la mémoire des chouhada au « Makam chahid ». (El Acil, 27.5.96). Les
gens viennent se recueillir, souvent douloureusement, devant les portraits
des chouhadas, qui ont marqué de façon indélébile leurs actions pour
l’indépendance de l’Algérie. (El Watan, 8.7.97). Le secrétaire général de
l’ONEC (Organisation Nationale des Enfants de Chouhada) serait à
l’origine d’une crise aiguë au cœur du parti. (El Watan, 5.1.00).
217CHOUIA, CHOUIYA, CHOUÏYA, CHOUÏA (de l’arabe) 1. adv.
Courant, oral surtout. Un peu, un rien. Chouïa après, Si Bounif raconte à
Fayek ce qui s’est passé. (Khiari, 1981, 19). Bien sûr, elle brode un
chouïa pour se mettre en valeur. (Lounès, 1984, 56). Un nomade bezef,
chouïa brigand, chouïa trop riche. (Mokeddem, 1992, 225). En
intermèdes, quelques images de la rue vide, des gardes armés jusqu’aux
narines, un chouia (vraiment chouia) de tension dans l’air. (Le Jeudi
d’Algérie, 16.7.92). Même si la qualité était chouiya médiocre, la
disponibilité et les prix abordables nous consolaient un tant soit peu. (El
Manchar, 15.11.95). 2. n. m. Disponible, oral surtout. Petite quantité. La
femelle est par nature plus intelligente que le mâle ; donnez-lui un petit
chouïa d’instruction et elle jouera l’ogresse. (Belamri, 1982, 194). Je
rejoignais comme un havre la Basse Casbah de mon enfance pour y
claquer le chouïa de flouss qui me restait. (Lounès, 1984, 106).
– Monsieur R. Dumas a-t-il ramené dans ses bagages un petit chouiya
quelque chose pour les fêtes de fin d’année ? – Oui, Monseigneur, R.
Dumas a ramené un petit chouiya quelque chose. (El Manchar,
10.1.93). Le chouia de démocrates est planqué ou en fuite. (Mokeddem,
1995, 98).

2183. CHOUÏA CHOUÏA, CHOUYACHOUYA adv. Courant, oral


surtout. Doucement, tout doucement (pour modérer une précipitation, une
agitation). La jeunesse… c’est bon ; mais faut pas se vider de ses
forces… Chouya-chouya ! (Ouahioune, 1980, 37). – Ça va ? – Ça va
chouïa chouïa. (oral). Chouïa chouïa, pas si vite j’arrive pas à
suivre ! (oral). – Un peu de limonade ? – Chouïa chouïa. (oral).

219Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. L’usage du


terme est plus large, plus fréquent et plus proche de l’arabe que dans les
contextes où il peut apparaître en français de référence, qui emploie
toujours le mot avec l’article.

220CHOURA, ECHOURA (de l’arabe « conseil ») n. f. Courant.


Conseil consultatif et délibératif, assemblée de personnalités réunies pour
exprimer un avis ; par extension, forme d’organisation sociale qui donne
le rôle important à ce conseil. L’auteur, tout en considérant la choura
meilleure que ce « prêt-à-penser » institutionnel qu’est la démocratie,
exprime également les contradictions et la gêne évidente de l’islamisme à
l’endroit de la démocratie. (Algérie-Actualité, 27.6.91). Il y a eu une
campagne préparative dans les mosquées de la zone sinistrée, en toute
« choura », pour le choix du nouveau nom. (Hebdo libéré, 4.11.92). Le
Conseil de la choura du Mouvement El-Oumma, réuni le 12 Rabie
atthani 1416 […] (La Nation, 11.9.95). D’autre part, pour fixer le
premier et le dernier jour de Ramadhan, les autorités religieuses de la
Grande Mosquée de Paris appliqueront « les prescriptions du Coran et
de la Sunna » ainsi que la « choura ». (La Tribune, 4.1.96). M.
Abdelghafour a estimé que la choura est une référence à la démocratie.
Il a fait état de plusieurs exemples à travers les paroles du Prophète et du
Coran pour expliquer que la choura est en réalité la démocratie
d’aujourd’hui. (El Watan, 23.3.00). La démocratie, qui n’est pas un rite,
donc une nouvelle religion, aide à enrichir ce que l’islam a déjà apporté.
Que dire de ceux qui préfèrent le concept de « choura » ? Laquelle ? Il y
autant de « choura » que d’avis. Celle de Mouaouia où l’on a une
monarchie ? L’Islam ne refuse pas le recours à de nouveaux
concepts. (El Watan, 29.3.00).

221Com. La compréhension de ce concept donne lieu à des


interprétations très différentes. V. CHOURAKRATIYA.
222CHOURACRATIE, CHOUROUCRATIE (terme de formation
hybride arabe choura + français -cratie) n. f. Disponible, oral surtout.
Principe politique islamiste créé par le mouvement Hamas et reposant sur
la choura. Le mouvement Hamas de Mahmoud Nahnah, inventeur de la
chouracratie se recycle dans le sport. (Liberté, 16.12.92). Et nous avons
précisé que la choura est essentielle, la république, c’est donc la choura,
la démocratie ou les deux ensemble, la « chouracratie ». (Algérie
Actualité, 6.4.93, propos de Mahfoud Nahnah, chef du parti Hammas). Le
tenant de la chouracratie avait rapporté la disponibilité du pouvoir à
associer la direction du FIS dissous, ce qui avait provoqué le
communiqué que l’on sait et qui avait provoqué à son tour une réaction
de Hamas. (El Watan, 30.3.94). Le GIA avait condamné le tenant de la
chouracratie et dénoncé le peu d’empressement de ses militants pour
l’instauration d’une république en Algérie. (El Watan, 10.4.94). La
démocratie islamique est la rencontre de l’antique choura adaptée aux
nécessités de l’heure, la démocratie. L’appel au boycott n’est qu’une
manœuvre visant à faciliter les choses au chantre de la chouracratie. (Le
Matin, 25.09.95). V. CHOURA, CHOURAKRATIYA,
CHOUROUCRATE.

223CHOURAKRATIYA, CHOURAKRATIA (de l’arabe) n. f.


Disponible. Doctrine politique islamiste reposant sur la choura. Nahnah
n’hésite pas à innover. Il parlera de « chourakratiya », un nouveau
concept chargé de faire la liaison entre l’ancien et le moderne, le sacré
et le profane. La démocratie islamique, ce doit être la rencontre de
l’antique choura, adaptée aux nécessités de l’heure, la
démocratie. (Algérie-Actualité, 5.5.91). C’est au tour du P.S.J.T. (Parti,
Science, Justice, Travail) de boycotter les élections législatives, car elles
aboutiraient à un système de « boukhaloutisme ». Encore un terme à
ajouter au dictionnaire du pluralisme algérien après la « chourakratia »
de Nahnah et la « rahmakratia » que Louiza Hanoun attribue au leader
du FIS. (Algérie-Actualité, 21.10.91). Les militants de Hamas ne croient
plus à la chourakratiya de Nannah. (oral).

224Com. Néologisme des années 90. V. CHOURA,


CHOURACRATIE, CHOUROUCRATE.

225CHOUROUCRATE (terme de formation hybride arabe choura +


français -crate) n., adj. Disponible, milieux universitaires et
journalistiques. Partisan de la chouracratie. Si quatorze siècles séparent
les deux hommes et leurs projets de société, il n’en demeure pas moins
que, sur l’arène des présidentielles suicidaires, un millier de signatures
donne l’avantage au chouroucrate par rapport au vétéran
républicain. (Le Matin, 20.9.95). Le candidat du mouvement pour la
société islamique était bien au fait de cette réalité sociétaire, sa
démarche chouroucrate (prônée avec de moins en moins de conviction),
n’a jamais été qu’une ruse électorale. (L’Authentique, 10.11.95). Ces
appels ambigus sur les résultats des présidentielles ne sont guère
innocents dans la bouche du chouroucrate. (La Nation, 6.2.96).
V. CHOURA, CHOURAKRATIYA, CHOURACRATIE.

226CHOUYOUKH V. CHIOUKH.

227CHTETHA, CHTITHA (de l’arabe) n. f. (pluriel : chtethate,


chtithate(s)) Spécialisé. Plat traditionnel à base de viande de mouton et de
poulet. Les connaisseurs ne conçoivent pas une chtetha sans
piment. (Bouayed, 1983, 147). Il me dit : « Tu vas publier tout ça ? La
cuisine, le cholestérol, la chtitha, le marché ? » (El Moudjahid, 4.4.85).
228CHTITHATES pluriel de CHTETHA. À Tam, on ne connaît ni
chorba, ni dolma, ni les différentes chtithates ou encore moins les plats
plus compliqués les uns que les autres avec lesquels on s’empiffre au
Nord. (Algérie-Actualité, 30.5.85).

229CHWARI V. CHOUARI.

230CIBLER v. tr. dir. Courant. Prendre pour cible, viser. En s’attaquant


aux anciens moudjahidine, les criminels ciblent une catégorie sociale
pour la plupart désarmée, donc facile et qui constitue pour eux un
véritable danger. (El Watan, 11.10.95). Cette incursion du groupe
terroriste a ciblé la localité de Timizert. (La Tribune, 30.12.99). Le
concerné trouve que la sanction qui le cible et celles qui ont déjà ciblé
d’autres éléments du parti sont […]. (El Watan, 5.1.00). Deux gardes
communaux ont été ciblés sur le chemin menant de Dellys-ville au douar
Assouaf. Ils se dirigeaient vers le cantonnement lorsque ils furent touchés
par des tirs au heb-heb, les blessant mortellement. (Le Matin,
14.1.00). Le ministre de l’Enseignement supérieur aurait décidé,
récemment, de procéder à des changements à la tête de certaines
universités. Il aurait déjà ciblé les responsables de l’UFC et de
l’Université de Blida. (Liberté, 26.1.00). Les deux employés de la CNR
ciblaient les pensionnés et leur versaient le double du montant de leurs
pensions de retraite. (Quotidien d’Oran, 13.2.00). Le filet social a bien
ciblé les demandeurs prioritaires et il n’y a pas de double emploi. (El
Moudjahid, 28.1.01).

231CIRCONCISÉ adj. Disponible. Qui a subi une circoncision,


circoncis. Les organes génitaux d’aspect normal avec une verge
circoncisée. (Rapport d’autopsie, Alger, 1993). On les voit ces garçons
avec leur verge circoncisée. (oral). V. CIRCONCISER,
CIRCONCISEUR.

232CIRCONCISER v. tr. dir. Disponible. Circoncire. Environ 60


enfants ont été circoncisés au cours d’une cérémonie organisée à
Annaba. (Le Cheminot, 1.6.85). À l’occasion de la 27e journée du
Ramadhan (Leïlet El Kadr) ou nuit du destin, le Croissant Rouge
algérien et la DEC de Mila ont pris l’initiative de faire circonciser une
quarantaine d’enfants nécessiteux. (El Açil, 21.3.93). V. CIRCONCISÉ,
CIRCONCISEUR.

233CIRCONCISEUR n. m. Disponible. Personne qui pratique la


circoncision. Dans ma belle tenue, je trônais fièrement devant la maison,
parmi mes camarades, et j’ai vu le circonciseur arriver sans me troubler.
(Belamri, 1982, 237). Dans l’après-midi, à l’heure qui précède la prière
du crépuscule, nous avions été présentés au circonciseur : Rachid le
premier, moi ensuite ; nous n’avions pas voulu pleurer en offrant notre
pénis au couteau et à la main tremblotante de l’homme qui, invoquant
Allah, en avait coupé le bout… (Djebar, 1983, 187). Les enfants avaient
une peur bleue du circonciseur. (oral). V. CIRCONCISÉ,
CIRCONCISER, TAHAR.

234CIVILISATIONNEL, ELLE adj. Courant, milieux universitaires et


journalistiques. Relatif à la civilisation. La crise civilisationnelle que vit
notre pays, frappe de plein fouet, de la grande ville au plus petit
quartier. (El Acil, 26.2.93). Le plan, ajoute le communiqué, qui vise
l’État, le peuple et la nation algérienne, son passé, son présent et son
avenir ainsi que ses valeurs civilisationnelles et nationales, est exécuté
par une force traîtresse. (El Acil, 17.3.93). Cette dimension
civilisationnelle et anthropologique, dans leur approche du Maghreb,
semble à jamais éteinte aujourd’hui. (Algérie-Actualité, 6.4.93). Tout
simplement parce que nos frères ont un fond civilisationnel et culturel, ils
maîtrisent l’arabe, et le français n’est pas un refuge. (Liberté, 27.4.93).
[…] une recherche qui aidera le pays à mieux connaître ses origines, son
passé civilisationnel avec tout ce qui a trait à son histoire, sa littérature,
la pensée de ses grands hommes. (El Acil, 11.10.95). Annaba est une ville
qui, de tout temps, a été un carrefour civilisationnel et économique. (La
Tribune, 22.12.99). […] afin d’assurer la sauvegarde de cet héritage
historique et civilisationnel. (Liberté, 9.2.00). « La concorde civile est un
acte civilisationnel » a dit A. Benhamouda. (El Moudjahid, 28.1.01).

235Com. Le terme possède une fréquence très élevée, supérieure à celle


qu’il possède dans le français de référence.
V. CIVILISATIONNELLEMENT.

236CIVILISATIONNELLEMENT adv. Disponible, milieux


universitaires et journalistiques. Sur le plan de la civilisation. Parce qu’il
est culturellement et civilisationnellement un enfant de la terre, dans le
sens filial du terme, l’Algérien a exploité son sous-sol et s’est battu avec
la même ardeur pour son pétrole. (El Moudjahid,
14.3.84). Civilisationnellement, l’Algérie est profondément ancrée dans
sa méditerranéité, elle ne tombera pas dans les griffes de l’intégrisme
islamiste. (oral de journaliste, 1996). V. CIVILISATIONNEL.

237CIVIQUE adj. Disponible, oral surtout. Qui fait preuve de vertus


civiques. Je dirai que nous devons être civiques : pour garantir notre
propre sécurité et voyager confortablement, pour ne pas détériorer le
matériel. (Khiari, 1981, 27). Une jeunesse est équilibrée et civique si le
système éducatif, pendant les phases de la construction de la
personnalité sociale entre 6 ans et 9 ans (donc pendant l’école primaire),
l’y a préparé. (Greffou, 1989, 105). On ne peut être une personne civique
tout en continuant à salir son environnement. (oral).

238CLANDESTIN, E 1. adj. Courant. Illégal, qui travaille sans


autorisation. Il existe deux moyens de transport : deux cars privés et les
voitures clandestines aux prix exagérés. (El Moudjahid, 23.1.78). Les
nombreux travailleurs se rendant quotidiennement à Tigzirt sont à la
merci des taxieurs clandestins. (El Moudjahid, 11.5.82). Les usagers se
replièrent sur les taxis officiels ou clandestins. (El Moudjahid,
3.2.82). Une vingtaine de transporteurs clandestins ont été
interceptés […] immédiatement sanctionnés par le retrait de documents
du véhicule et sa mise en fourrière. (Quotidien d’Oran, 21.2.01).

2392. n. Courant. Transporteur illégal de voyageurs ou de


marchandise. Notre « clandestine » prenait les artères de la capitale
pour le circuit des « 24 heures du Mans ». (El Moudjahid, 18.6.78). Les
malades sont contraints de faire appel à des clandestins qui soumettent
leur client à la dure loi du profit. (El Moudjahid, 7.3.79). Il se retrouve à
la station de taxis quand un clandestin l’aborde : « Taxi ya khô ? » (El
Moudjahid, 2.6.85). Avant ce jour, les voyageurs arrivant la nuit par car
ou par train ne trouvaient aucun moyen de locomotion pour rentrer chez
eux, et n’étaient sollicités que par des clandestins. (Horizons 2000,
16.1.86). La plus grande commune de la wilaya souffre du transport
urbain qui est inexistant. Les clandestins règnent en maîtres. (Le Matin,
2.6.95). La grève déclenchée par les taxieurs a permis de constater
l’apparition d’une autre espèce de transporteurs communément appelés
les « fraudeurs » ou les « clandestins ». Grâce à cette grève, ces
« clandestins » du transport se sont finalement montrés au grand jour.
Chômeurs, compressés et retraités, la plupart de ceux-ci ayant un petit
pécule, l’ont investi dans l’achat d’une vieille voiture. (Quotidien d’Oran,
13.2.00). 200 bus recensés circulent sans document leur permettant
l’exploitation d’une ligne et donc clandestins, selon des sources bien
informées. (Quotidien d’Oran, 21.2.01).

240CLINOMOBILE, CLINIMOBILE, CLINOMOBILE n. f. ou m.


Spécialisé. Camion aménagé en clinique mobile. Une clinomobile conçue
spécialement pour les zones éloignées est actuellement immobilisée faute
de pièces de rechange. (El Moudjahid, 28.12.77). Les médecins
volontaires accompagnés d’infirmiers ont rejoint les zones pastorales en
clinomobile pour toucher les populations dans les zones les plus
reculées. (El Moudjahid, 8.1.78). Les nouveaux clinomobiles aménagés
selon les plans fournis par la fédération algérienne doivent répondre à
cet objectif essentiel. (Révolution africaine, 13.12.85). Selon nos
interlocuteurs, en dehors des prises [don de sang] effectuées sur place,
un camion clinique (clinimobile) procède à des collectes à travers la
ville. (Quotidien d’Oran, 15.3.00).

241Com. L’existence de régions éloignées dépourvues de personnel


médical a conduit à la mise en place de cliniques mobiles pour assurer la
couverture sanitaire des populations.

242CLOU DE BISKRA n. m. Spécialisé. Furoncle dû à la


leishmaniose. La lutte contre la leishmaniose ou « clou de Biskra »
demeure parmi les préoccupations majeures des services de wilaya de la
santé. (El Moudjahid, 23.8.83). Encore faut-il que le manque total
d’assainissement, les nuages de mouches et les légions de moustiques ne
viennent pas tout gâcher. Nul n’ignore l’agacement insupportable des
premières et les piqûres cuisantes des seconds, auxquels on doit les
« clous de Biskra », ces boutons rouges et bien incommodes. (Bouchama,
1984, 78).
243CLUBARD 1. adj. Disponible, connotation négative. Qui se
caractérise par son attachement fanatique à l’égard d’un club sportif. La
réaction d’un certain nombre de supporters s’explique par le fait d’une
mentalité clubarde. (El Moudjahid, 17.8.77). L’esprit clubard donnait
souvent lieu à des joutes sanglantes. (El Hadef, 10.7.83). L’esprit
« clubard », il existe hélas, la « championnite », doivent être bannis du
comportement du dirigeant. (Algérie-Actualité, 12.1.84).

2442. n.m. Disponible, connotation négative. Supporter fanatique d’un


club sportif. […] des incidences sur l’entretien du gazon, sur les
susceptibilités des clubs et le calcul de quelques clubards. (El Moudjahid,
28.11.82). C’est la faute de quelques clubards, si le club de Biskra est
toujours en nationale deux. (oral). V. CLUBISME, HOUMISME,
HOUMISTE.

245CLUBISME n. m. Disponible, connotation péjorative. Fanatisme des


membres ou supporters d’un club sportif. Les APS sont intoxiquées par le
clubisme. (El Moudjahid, 4.1.85). Parfois les bons éléments sont sacrifiés
sur l’autel du clubisme, et sont privés par conséquent de l’équipe
nationale. (El Moudjahid, 10.2.85). V. CLUBARD, HOUMISME.

246CO–ÉPOUSE n. f. Disponible. L’une des femmes d’un polygame


par rapport à ses autres épouses. L’époux a pu s’engager à ne pas
prendre de co-épouse, il a pu autoriser son épouse à travailler. (El
Moudjahid, 20.11.85). Il s’agit aussi pour les femmes mariées de
s’attacher l’époux et d’écarter les rivales éventuelles : les jeunes filles à
marier ne manquent pas et sont prêtes, soit à éliminer l’épouse légitime,
soit à prendre le statut de co-épouse, l’essentiel étant d’avoir un
mari. (El Moudjahid, 19.2.86).

247Com. Attesté ds IFA.


248ÇOF, ÇOFF, SOF (de l’arabe) n. m. Disponible. Clan traditionnel
(en milieu arabe). Ainsi, le village se trouve constitué d’autant de
communautés juxtaposées, mais autonomes, avec, comme seules
articulations, un système d’alliances d’intérêt qui groupe les branches en
çoffs ou clans. (Ouary, 1956, 69). Les deux çofs se rapprochent et il
souffle un vent de concorde. (Feraoun, 1968, 123). Il savait bien que les
Aït-Hemlat étaient du sof adverse. (Mammeri, 1978b, 112). En dehors de
notre clan, le « çoff », disait Mounir, celui d’entre nous qui s’appliquait,
par ostentation, à paraître arabisant, d’autres agglomérats envahissaient
les terrasses des cafés. (Djebar, 1983, 268).

249Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

250COFEL, COFEL (sigle) n. f. Vieilli mais disponible, oral surtout.


Coopérative de fruits et légumes. […] 3 épiceries et une COFEL qui
n’arrive pas à s’approvisionner et n’ouvre ses portes qu’une ou deux fois
par semaine. (El Moudjahid, 10.11.82). Il se présente dès la première
heure du jour à la COFEL. (Dib, 1984, 94). La Cofel multiplie ses points
de vente pour aller au-devant des citoyens. (El Moudjahid, 5.5.86).
V. SOUK.

251COLLECTIF n. m. Disponible. Ensemble du personnel salarié d’une


entreprise. Le collectif de l’entreprise se compose de 218 travailleurs. (El
Moudjahid, 21.6.77). […] la participation du collectif des syndiqués dans
la vie syndicale et du collectif des travailleurs dans la gestion de
l’entreprise. (El Moudjahid, 27.2.78). Les 108 travailleurs constituent le
collectif de l’exploitation agricole. (El Moudjahid, 21.4.78). Il a été
également recommandé l’instruction systématique sur les risques en
milieu de travail, en direction des collectifs des travailleurs. (El
Moudjahid, 11.3.86). Le ministre n’hésite pas à affirmer qu’il sera
procédé à une révision des critères exigés pour les unités devant être
cédées aux collectifs des salariés. (El Watan, 8.2.00). Le collectif avait
même entamé un mouvement de grève à l’appui de son action. (El Watan,
17.2.00). Mis à part les cessions d’actifs au profit des collectifs de
travailleurs qui ont plus ou moins réussi, la privatisation des entreprises
a été un échec total. (El Watan, 19.3.00). Chaque entreprise a sa propre
histoire qui se confond avec celle du collectif. (Quotidien d’Oran,
25.2.01).

252COLLÈGE D’ENSEIGNEMENT MOYEN V. C.E.M.

253COLLÈGUE n. Disponible. Personne qui possède le même statut


qu’une autre dans un milieu donné (qui peut être tout autre que le milieu
professionnel : études, prison, etc.). C’est en ces termes qu’un jeune
étudiant habitant la cité universitaire Bouraoui d’El Harrach résume sa
situation et celle de ses collègues au cinquième jour du Ramadan. (La
Tribune, 16.12.99). L’un des détenus évoque, quant à lui, le cas de son
« collègue » qui aurait été frappé jusqu’à son évacuation à l’hôpital. (Le
Matin, 10.1.00). Pas moins de sept coureurs de l’équipe nationale de
cyclisme ont décidé de ne pas s’aligner au départ en signe de solidarité
avec leur « collègue », l’espoir Belhani Samir, sanctionné et écarté la
veille de la course. (El Watan, 8.4.00).

254COMMERCE DE (LA) VALISE loc. nom. m. Disponible. Vente


officieuse (par le porte à porte) de produits importés souvent
frauduleusement. Une forme de commerce est apparue enfin avec le
développement du marché informel et du trabendo : c’est le commerce
appelé communément de « valise » ou à domicile. (Révolution africaine,
28.1.93). Le commerce de la valise a ainsi inévitablement évolué vers une
sorte de commerce de gros exerçant dans une sorte de
clandestinité. (Révolution africaine, 28.1.93). Notre source ne fait pas
mystère de l’importation des bombes lacrymogènes de l’Hexagone par
les trabendistes de la « valise ». (Quotidien d’Oran, 26.2.01).

255Com. Souvent abrégé en valise. V. TRABENDO.

256COMMERCIALITÉ n. f. 1. Disponible, milieux universitaires et


commerciaux. Droit commercial. Comme ses prédécesseurs, il aura à se
prononcer sur une démarche de fond visant à stabiliser la presse, en y
introduisant des règles de commercialité où la subvention sera
l’exception et non la règle. (La Nation, 30.1.95). En effet, les règles de la
commercialité exigent, de la part de tout partenaire, l’observation de la
confidentialité. (Le Matin, 26.5.96). La libération des prix implique des
règles de commercialité que les parties concernées doivent au moins
négocier quand elles ne sont pas encore établies par les pouvoirs
publics. (Le Matin, 26.5.96). Le Ministère estime que le monde de la
presse doit être régi par les règles de la commercialité. (El Acil,
27.5.96). Le premier objectif de la société, explique le directeur des
relations et de la promotion industrielles à la Sonelgaz, est d’inscrire
celle-ci dans la dynamique de la nouvelle politique économique
algérienne et de faire jouer les règles de la commercialité. (Le Soir
d’Algérie, 3.8.97). Les brigades de la DCP qui ont entrepris une action
d’inspection dans ces cliniques ont découvert des manquements flagrants
aux règles de commercialité et d’hygiène. Pis encore, on a même
découvert des médicaments dont la date de péremption était
dépassée. (El Watan, 7.2.00). Il ne sert à rien d’étiqueter de la
marchandise taïwanaise, l’expédier dans certains pays et prétendre
maîtriser les règles de commercialité. (El Watan, 22.3.00). loc. RÈGLES
DE LA COMMERCIALITÉ.
2572. Disponible, milieux universitaires et commerciaux.
Fonctionnement commercial. Décidément, les voies de la commercialité
sont si impénétrables que, sans des actions menées en profondeur,
associées de diverses manières, avec notamment la confection d’un
règlement clair sur l’importation et l’investissement, il ne peut y avoir de
réussite de l’initiative privée, comme le laissent entendre des industriels
à Essenia ou à Oran. (Liberté, 18.9.97). DISTRICH Est, entre la
compression et le diktat de la commercialité (Titre d’article, El Acil,
20.4.97). L’instauration d’une nouvelle politique de production et de
commercialité était, elle seule, apte à une mutation incontournable. (La
Tribune, 30.12.99). « Les arrangements de commercialité qui les lient à
leurs clients, eux aussi peuvent stabiliser la barre de la rentabilité »,
avoue M. K., directeur commercial à COLAITAL. (La Tribune,
30.12.99). À un degré plus, la commercialisation des dérivés du lait ne
répond plus au monopole, mais s’ouvre davantage aux privés. Ces
derniers se taillent la part du lion en matière de production et de
commercialité. (La Tribune, 30.12.99).

258COMPTER SUR L’ÉTAT loc. nom. m. Disponible, intellectuels.


Attitude, politique se caractérisant par le recours systématique à l’aide de
l’État. Une inversion des normes et des valeurs s’est progressivement
instaurée, substituant la paresse à l’effort, l’instinct de consommer à
celui de produire, le réflexe d’importer à celui d’exporter, le « compter
sur l’État » au « compter sur soi », une conception de l’acquis à la vertu
du conquis. (Actualité-Économie,1.3.86). Il nous faut cependant élever la
production nationale, améliorer la qualité et rejeter l’esprit du « compter
sur l’État »… (Horizons 2000, 10.4.86). V. BEYLÉKISME,
BEYLICAT, COMPTER SUR SOI.
259COMPTER SUR SOI, COMPTER-SUR-SOI loc. nom. m.
Disponible, intellectuels. Attitude, politique de développement qui
consiste à s’appuyer sur ses propres potentialités. Le wali a notamment
mis l’accent sur l’esprit d’initiative et sur le principe du compter-sur-
soi. (El Moudjahid, 14.3.84). Le budget de la nation 1986 qui
accompagne la 2e année du second plan quinquennal concrétise les
grands axes de cette politique basée essentiellement sur le « compter sur
soi ». (Actualité-Économie, 1.3.86). La conjoncture économique
mondiale défavorable nous incite plus que par le passé à la prudence et
au travail pour la concrétisation du principe du « compter sur
soi ». (Afric Éco, 1.4.86). Au pire, envisage Belaïd Abdessalam, qui
l’explicite par des concepts : l’austérité consciemment acceptée ; l e
« compter-sur-soi », ce qu’il appelle une démarche
nationaliste. (Algérie-Actualité, 6.7.93).

260Com. Le terme reflète l’orientation de la politique algérienne en


matière de développement national. V. BEYLÉKISME, BEYLICAT,
COMPTER SUR L’ÉTAT.

261COMPTOIR (SOUS LE –) (calque de sous le manteau) loc. adv.


Disponible. En dehors des circuits de commercialisation officiels,
clandestinement. À Annaba, c’est pareil. Les journaux étrangers se
vendent « sous le comptoir ». (El Moudjahid, 23.6.85). Avec les
pénuries, tout se vend sous le comptoir. (oral). Syn. SOUS LE
BURNOUS.

262CONCERNÉ n. m. Courant, milieux administratifs et


journalistiques. Intéressé, personne concernée. Le wali devait sensibiliser
tous les concernés par la réalisation de cet établissement très attendu par
les parents d’élèves et les lycéens de la localité. (El Acil, 5.8.97). Lors
des auditions, le concerné n’a pas manqué de révéler aux enquêteurs
qu’il s’adonnait aux produits psychotropes. (Liberté, 2.3.00). Les trois
concernés, en l’occurrence MM. Tahar Abdellah, Bensmaïli Mohamed et
Kaïd Salah ont formellement démenti cette information. (Liberté,
15.3.00). Les services de la DAS effectuent régulièrement des visites
inopinées à ces établissements et transmettent aux concernés les
remarques et les suggestions par écrit. (El Watan, 22.3.00). […] les uns
soutenant le P.APC, les autres soutenant la décision de ceux qui ont
retiré leur confiance au concerné. (Quotidien d’Oran, 30.3.00).
[…] fiches de paie, attestations de travail, titres de congés scannés et
remis aux concernés moyennant d’importantes sommes
d’argent. (Quotidien d’Oran, 8.4.00). À propos des retraites anticipées,
le ministre a affirmé que le nombre des concernés a atteint 29 000 en
1995. (El Watan, 18.4.00).

263CONDITIONNALITÉ n. f. Disponible, milieux universitaires et


journalistiques. Exigence, condition nécessaire. La démocratie figure-t-
elle, désormais, dans la conditionnalité présidant à l’accès à l’aide
financière occidentale ? (Algérie-Actualité, 6.4.93). Cette affaire de
prisonniers, déclenchée par un document russe, a été l’occasion de poser
des restrictions et des conditionnalités à la reprise des relations
Washington-Hanoi. (L’Opinion, 25.4.93). On préfère opter pour un
accord de réajustement structurel de moyen terme pour échapper au
remède amer de la première alternative, même si ce dernier n’échappe
pas aux conditionnalités et ne procure pas de très importantes
liquidités. (Algérie-Actualité, 5.10.93). Comment aller voter lorsqu’on est
lié par les conditionnalités du FMI ? C’est cela la démocratie du
FMI. (La Tribune, 24.10.95). L’Algérie s’engage donc à l’application du
programme de la Banque mondiale aux conditionnalités considérées
comme « soft ». (Liberté, 6.3.96). L’instrument qui doit éviter à l’Algérie
de nouveaux rééchelonnements avec des conditionnalités de plus en plus
draconiennes et un taux de chômage sans doute dramatique […] (La
Nation, 23.7.96). Vous connaissez la somme de conditionnalités posées
par notre religion pour la polygamie. (El Watan, 30.3.00).

264CONFÉRENCIER n. Disponible. Participant à une conférence. Une


salle de conférences pouvait réunir jusqu’à 300 conférenciers. (El
Moudjahid, 4.8.77). Un délégué de Tipaza devait quant à lui informer les
conférenciers de la fermeture de Tipaza-village. (Révolution et Travail,
22.4.85). Le président de l’A.T.E. s’est montré satisfait de la franchise
qui a caractérisé l’ensemble des débats et a exhorté les conférenciers à
persévérer dans leurs efforts. (Sonelgaz Écho, 1.4.85). Les participants
au colloque international sur l’Islam et la démocratie ont déclaré
hier […]. Par ailleurs, les conférenciers ont adopté une motion
finale […]. (El Watan, 23.3.00). Lors de ce séminaire, les conférenciers
traiteront particulièrement d’un thème très intéressant : femmes et
hommes en Algérie (image statistique). Plusieurs points seront
débattus. (El Watan, 29.3.00).

265Com. Attesté ds IFA. V. SÉMINARISTE.

266CONSCIENTISATION n. f. Disponible. Prise de conscience,


éducation politique des populations. Celle-ci compte élargir son champ
d’action pour toucher, autant que faire se peut, l’ensemble de la société
et partant, mener une véritable campagne de conscientisation et de
sensibilisation à l’importance de la flore dans l’équilibre écologique. (El
Watan, 21.11.93). Certaines émissions de la télé favorisent la
conscientisation de la population par rapport au phénomène du
banditisme urbain. (oral). Pour régler les problèmes de l’Algérie, il faut
une conscientisation politique du peuple. (oral). V. CONSCIENTISER.

267CONSCIENTISER v. tr. dir. Disponible. Rendre plus conscients


une personne ou un peuple. Les recommandations du Ministère de
l’Intérieur conscientisent le peuple algérien. (oral d’étudiant).
V. CONSCIENTISATION.

268CONSEIL DE LA NATION n. m. Disponible. Sénat, deuxième


assemblée parlementaire du pays (après l’Assemblée populaire
nationale). La session parlementaire, ouverte le 2 octobre, a été clôturée
hier. La cérémonie s’est déroulée en deux temps. La matinée à
l’Assemblée et, l’après-midi, au Conseil de la Nation. (Liberté,
7.2.00). Le président de Djibouti à l’APN et au Sénat. [Titre]. Le
Président de la République de Djibouti a effectué, hier, une visite de
courtoisie à l’Assemblée populaire nationale. […] Le Président s’est
ensuite rendu au Conseil de la Nation. (Liberté, 7.2.00). Le traitement
réservé mardi par l’ENTV dans son JT de 20h aux débats et à l’adoption
du budget de fonctionnement du Sénat pour l’an 2000 n’était pas du goût
du président du Conseil de la Nation. (El Watan, 8.2.00). Un peu à la
manière du Conseil de la Nation, l’APN s’occupera de ses affaires
internes. (Quotidien d’Oran, 15.3.00). Le président du Conseil de la
Nation n’a pas assisté à la cérémonie d’ouverture de ces assises. (El
Watan, 22.3.00).

269CONSTITUTIONNALISATION n. f. Disponible, milieux


universitaires. Reconnaissance par la Constitution, fait de donner un
caractère constitutionnel et officiel. On pouvait lire
« institutionnalisation et constitutionnalisation de « tamazight », pas de
démocratie sans la reconnaissance de la culture berbère, etc. » (El
Watan, 21.4.93). « Constitutionnalisation et institutionnalisation de
l’identité amazigh », est le mot d’ordre le plus scandé par les
participants à la marche. (L’Opinion, 22.4.93). La lutte continue pour
arriver à la constitutionnalisation du fait amazigh. (Le Matin,
23.4.96). La constitutionnalisation de la langue amazighe est également
à l’ordre du jour du RAJ. (Le Matin, 30.4.96). Nous n’irons pas à une
conférence nationale qui se substituerait à la constituante et dans
laquelle il y aurait une fetwa pour la constitutionnalisation d’une
dictature. (El Acil, 27.5.96). La culture et les pratiques du parti unique
sont restées vivaces en Afrique malgré la constitutionnalisation du
pluralisme politique. (El Ouma, 9.4.97). Le MCB résume sa démarche en
termes de constitutionnalisation de la langue tamazighte et œuvre pour
l’intégration de la dimension amazighe dans l’ensemble nord-
africain. (El Watan, 7.4.00). V. CONSTITUTIONNALISER.

270CONSTITUTIONNALISER (de constitutionnel + suf. -iser) v. tr.


dir. Disponible, milieux universitaires. Donner un
caractère constitutionnel à, officialiser. Mais, la révision constitutionnelle
laisse apparaître la volonté de « constitutionnaliser » en quelque sorte le
compromis avec l’islamisme, à l’introduire dans la loi, de manière
explicite à travers le maintien et l’aggravation de l’article 2. (El Watan,
27.11.96). Vous avez déclaré dernièrement que le pouvoir veut ajouter un
nouveau front dans la guerre par le fait qu’il ne constitutionnalise pas
tamazight. (El Watan, 27.11.96). V. CONSTITUTIONNALISATION.

271CONSULTANT n. m. Disponible. Personne qui consulte (un


imprimé, un livre, un document). Toute consultation d’un document de
l’une de ces catégories doit faire l’objet d’une mention sur un registre de
consultation tenu par un personnel habilité où seront systématiquement
mentionnées l’identité et la qualité du consultant suivies de sa signature
et de la date ainsi que de la durée de la consultation. (Journal officiel de
la République algérienne, 26.12.84). Les plafonds laissent tomber l’eau
sur les éventuels consultants […] Alors le nombre de consultants
s’espace, la bibliothécaire déçue et découragée se plaint. (Algérie-
Actualité, 30.10.86).

272CONTRAT NATIONAL n. m. Disponible, milieux journalistiques


et universitaires. Convention conclue le 13 janvier 1995 entre divers
partis politiques algériens (FIS, FLN, FFS, MDA, Ennhada, PT, Algérie
musulmane) hostiles à la politique du président Zéroual. Les partis du
contrat national, ceux qu’on appelle communément et à dessein « le
groupe de Sant Egidio » ne participeront pas aux réunions avec la
présidence de la République…(El Oumma, 14.8.95). Ces messieurs qui
sont devenus des missionnaires de la réconciliation, du contrat national,
me font penser aux messalistes. (Liberté, 5.4.95). Pendant que se jouait le
sort de Mehri dans une rude bataille de trois jours, celui du « contrat
national » se précisait au fur et à mesure que la balance penchait du côté
des « conservateurs », hostiles à tout éloignement du bercail
« novembriste ». (La Tribune, 23.1.96). Le contrat national a été sans
aucun doute le grand absent de l’actualité ces derniers jours. (La Nation,
6.2.96). Le dénominateur commun entre les ces trois partis [FFS, MRN,
Wafa] est une vision unique de sortie de crise, laquelle se matérialise
dans le contrat national signé à Rome sous l’égide de la communauté
catholique de Sant’Egidio, en janvier 1995. (El Watan, 23.3.00).

273Com. Les synonymes contrat de Rome, contrat de Sant’Egidio sont


également employés.

274CONVIVIABILITÉ n. f. Disponible. Convivialité. L’habitat c’est


certes le toit, mais c’est aussi l’espace que la société organise pour y
vivre et y exercer les activités nécessaires à […] la création artistique ou
à la conviviabilité. (Benamrane, 1980, 146). La conviviabilité et le
savoir-faire restent du domaine de l’être humain. (El Moudjahid,
7.2.85). Ce wali est réputé par sa conviviabilité. (oral).

275COOPSTEPPE, COOP-STEPPE, COSTEPPES n. f. Vieilli,


spécialisé. Organisme de gestion et de coordination des éleveurs des
régions steppiques. L’éleveur organisé dans les coop-steppes, titulaire
d’une carte, aura à sa disposition fourrages, engrais, produits
vétérinaires, loin de la bureaucratie qui existe actuellement et qu’il fuit
évidemment. (El Moudjahid, 17.3.86). La co-steppes procéde par ailleurs
à l’élevage avicole, et approvisionne les éleveurs en fourrage, elle
s’occupe de la commercialisation du surplus
d’élevage… (ActualitéÉconomie, 1.3.86).

276CORANIQUE adj. Disponible, écrit, oral. Relatif au Coran. À


l’origine on trouve toujours un prédicateur, un mehdi (envoyé) qui estime
que le régime en place est hérétique et qui propose « la voie droite »,
selon la formule coranique. (Mimouni, 1993, 17). Ce vocable était
emprunté à la charia islamique qui qualifie de tels tous ceux qui
transgressent les interdits coraniques. (La Nation, 3.1.95). Le
programme de veillées religieuses élaboré à cet effet, comprend une série
de prêches, avec une moyenne de deux par jour, qui seront consacrés à
l’explication des versets coraniques et aux hadiths traitant de ce mois de
jeûne et de ses vertus. (Ouest Tribune, 2.2.95). Il [le
Prophète] recommande de bien traiter son voisin, conformément au
principe coranique qui ordonne de faire le bien aux parents, aux proches
et aux voisins, le plus proche comme le plus éloigné. (Liberté, 7.2.96). Au
Maghreb, les « courants puritains » ont essayé d’entretenir une
interprétation rigoriste de la loi coranique, allant jusqu’à dire que la
femme n’a que deux occasions de sorties licites : le mariage et ses
funérailles. (La Nation, 30.7.96). Les autorités ont intensifié
l’enseignement coranique et islamique à tous les échelons de l’éducation
depuis quatre ans. (L’Authentique, 23.5.97). Pour neutraliser les idées
noires, elle murmura une sourate coranique. (Khelladi, 1998, 60).

277CORANISER v. tr. dir. Disponible. (Par allusion à la manière dont


on apprend le Coran). Apprendre par cœur (un texte, une leçon). Les
élèves ont été habitués à coraniser les leçons de morale civique et
religieuse depuis le premier cycle de l’école fondamentale. (oral).

278Com. Attesté ds IFA.

279CORNE DE GAZELLE n. f. Disponible. Gâteau traditionnel aux


amandes et au sucre, en forme de corne. Lalla Aïcha avait tenu à
préparer sur-le-champ des gâteaux aux amandes et au sucre, des
« cornes de gazelle ». (Djebar, 1983, 212). Cornes de gazelle aux
amandes. (Bouayed, 1983, 69). Les « cornes de gazelle » qui trônaient
sur le plateau ressemblaient à des cornes de diable qui se moquaient de
son malheur. (Ben Mansour, 1990, 44). Meriem et ses sœurs saisirent
l’occasion pour engloutir samsas, griwahs, cornes de gazelle sous l’œil
moitié désapprobateur, moitié indulgent, de leur mère. (Ben Mansour,
1990, 151). Les enfants apportaient à la boulangerie les plaques sur
lesquelles s’alignaient en rangs serrés les maqrouts, cornes de gazelle,
mantékaos. (Allouache, 1995, 146).

280CO-STEPPES V. COOPSTEPPE.

281COUSCOUS (de l’arabe) n. m. 1. Semoule de blé dur servant à la


préparation du couscous. Courant. Placez le haut du couscoussier rempli
de couscous roulé sur la marmite. Avant que tombe la nuit, roulons le
couscous ! (M’Hamsadji, 1969, 105). À part, préparer le couscous,
mouiller les grains avec un peu d’eau et rouler en mouillant de temps à
autre. (Bouksani, 1982, 69). On roule le couscous. On égorge des
moutons. (Algérie-Actualité, 29.3.94). Ma mère se mit à l’œuvre afin de
rouler le couscous qui devait être distribué aux orphelins, aux
veuves. (Mouzaia, 1994, 58). Personne dans la famille ne sait rouler le
couscous comme Anissa. (Confidences, 11.5.96). Quand on vous offre un
couscous, c’est deux tiers semoule et un tiers sable. (Achir, 1997,
103). Le mouton, les légumes, le couscous : ingrédients pour les repas,
ceci doit être apporté par la famille du mari à celle de la mariée à la
veille du mariage, généralement mercredi. (Le Soir d’Algérie, 6.8.97).

282Loc. ROULER LE COUSCOUS.

2832. Courant. Plat traditionnel à base de semoule de blé dur roulée en


grains et cuite à la vapeur servie avec de la viande, des légumes et des
sauces. « En plus, elle a des mains comme ma mère… Mais elle doit pas
rouler le couscous », ajoute Mohamed en riant. (Sebbar, 1984,
223). Alors qu’il était midi et que je commençais à manger un couscous
aux navets, Bari Stambouli est apparu à l’entrée de la ghorfa. (Le
Journal, 14.1.93). Le couscous est nettement meilleur dans le grand plat
en bois, lança-t-il à l’adresse de Hammoud qui acquiesca. (Liberté,
20.9.95). La défunte de la rue Danton – une vieille dame de 80 ans – est
à peine mise en bière que ses enfants et petits-enfants, un plateau de
couscous à la main, courent de porte en porte pour offrir l’ultime
aumône de l’aïeule à la vie. (Liberté, 25.10.95). C’étaient des repas
fastes et excentriques mais qui avaient leur propre cachet ancestral
(couscous et autres mets). (El Acil, 17.5.96). Sans oublier les couscous
odorants parfumés de cannelle, nécessaires à l’apparat de cette
Hadra […] (Bensmaïne, 1996, 23). Au terme de cette réunion, les parties
en litige ont été invitées à se réconcilier autour d’un couscous. (El
Watan, 21.1.00). V. COUSCOUSSERIE, COUSCOUSSIER.

284COUSCOUSSERIE n. f. Spécialisé, écrit. Fabrique de couscous. La


réalisation d’une couscousserie industrielle très moderne avec un dépôt
de vente. (El Moudjahid, 18.5.77). V. COUSCOUS, COUSCOUSSIER.

285COUSCOUSSIER n. m. Disponible. Ustensile de cuisine composé


d’une sorte de faitout surmonté d’une passoire et destiné à la cuisson du
couscous. Quoi que tu fasses, il retourne à ses origines. S’il ne devient
pas marmite, il sera couscoussier. (Laouar, 1982, 83). Retirer le
couscoussier de la marmite, asperger le couscous d’eau salée et
l’égoutter soigneusement. (Tahir, 1986, 142). Il ne peut non plus ne pas
être attiré par ces couscoussiers et autres vases décoratifs indispensables
au bon ameublement traditionnel. (El Moudjahid, 12.10.83). Un tuyau
conduit l’eau jusqu’à un couscoussier accroché au plafond. Le liquide
s’écoule par les trous de l’ustensile. Lynda ne cherche pas à cacher son
corps. Elle se place sous le couscoussier et ouvre le robinet. (Allouache,
1995, 35). Voyant que ça ne donnait rien, cet idiot a accroché sur
l’antenne un couscoussier en aluminium sous prétexte qu’il a la forme
d’une antenne parabolique. (Achir, 1997, 101). Les motifs illustrant la
valise de la mariée, le couscoussier, les bijoux de la mariée … laissent
supposer que le mariage constituait l’horizon pour la femme dans cette
région du M’zab. (El Watan, 8.2.00). J’ai acheté une résistance et un
couscoussier dans lequel je réchauffais de l’eau pour apporter un peu de
chaleur dans cette pièce froide. (Quotidien d’Oran, 10.3.00).

286Com. Attesté ds Duclos 1991, GR. V. COUSCOUS,


COUSCOUSSERIE.
287COUSIN n. m. Disponible, oral. Appellatif qui sert à s’adresser à
qqn. Hé cousin, tu viens toujours en retard ! (oral). Ya cousin, il ne faut
plus mettre ta voiture de ce côté. (oral).

288CRAVATÉ adj. Peu courant, oral surtout, connotation péjorative.


Qui porte une cravate. M. G. imitant les speakers cravatés de la TV. (El
Moudjahid, 3.8.87). Ces islamistes cravatés ont élaboré un programme
pour la campagne électorale. (oral).

289CRÈME n. f. Disponible, oral surtout. Glace, crème glacée. Donne-


moi un cornet de crème ! (El Moudjahid, 4.7.85). Ce marchand de crème
fait des affaires en or chaque été. (oral). Akila aime bien la
crème ! (oral).

290Com. Attesté ds Duclos 1991.

291CROSS-CONNEXION n.f. Spécialisé. Interconnexion accidentelle


entre réseaux d’approvisionnement en eau potable et réseaux de rejet des
eaux usées, souvent à l’origine du développement de maladies à
transmission hydrique. Les trois autres maladies à transmission
hydrique, la fièvre typhoïde, la dysenterie et l’hépatite virale continuent à
sévir durement suite, généralement, aux fréquentes cross-connexions
(eau contaminée par les germes pathogènes), dues à la vétusté des
canalisations et à leur détérioration. (El Watan, 7.4.00). Un tronçon
d’assainissement de 300 m doit être impérativement réalisé pour éviter
les cross-connexions entre les réseaux d’eau potable et
d’assainissement. (Quotidien d’Oran, 7.2.01). Des eaux usées se
mélangent à l’eau potable. Il s’agit, vraisemblablement, d’une cross-
connexion. (Quotidien Oran, 4.3.01). V. MTH.
292CUISSETTE n. f. Disponible. Short, culotte de sport. Si, l’année
écoulée, la finale féminine n’a pas eu lieu pour une histoire de cuissettes,
ce soir, les joueuses ont osé se plier à la réglementation. (El Moudjahid,
28.5.87). Les effets néfastes de la vie sédentaire, d’une alimentation
excessive ont poussé les gens à endosser survêt, maillot ou cuissettes. (El
Moudjahid, 29.7.88).

293CUIVRIER n. m. Disponible. Dinandier, artisan qui fabrique des


objets en cuivre. Multiplier les initiatives pour la création de
coopératives de cuivriers et de coopératives artisanales. (Résolution du
1er congrès de l’UNJA, 1979). Il y a quelques coopératives de cuivriers
dans cette région. (oral). L’office du tourisme de la ville de Constantine a
encouragé les cuivriers de la place de Sidi Djellis à une meilleure
production artisanale. (oral).

294CYCLISTE n. m. Disponible. Réparateur ou vendeur de bicyclettes


et de mobylettes. Les différents commerces sont installés : marchands de
légumes, bouchers, épiciers, boulangers, coiffeurs, cyclistes,
bijoutiers. (El Djeich, 22.6.81). La brigade de gendarmerie a arrêté et
présenté plusieurs cyclistes et employés de la SONATRACH pour
spéculation de pneumatiques pour cycles et motocycles. (El Moudjahid,
15.12.82). Le vélo de mon père est en panne. Il faut que je le porte au
cycliste pour le réparer. (oral). Il a acheté de beaux vélos à ses enfants
chez Hadj le cycliste. (oral). V. RECHAPEUR, VULCANISATEUR.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


DA, DÂ (de l’arabe et du berbère, littéralement « père »). Disponible,
oral surtout, connotation affective. Appellatif affectueux (placé en
particulier devant les anthroponymes) pour désigner le père ou, par
extension, tout homme d’un certain âge. Da Slimane avait gagné la
sympathie des Algériens par son franc-parler et sa sincérité. (Quotidien
d’Algérie, 2.7.92). Dâ Slimane a préféré décliner l’offre de subvention de
l’État, allouée aux partis politiques. (Horizons, 20.10.93). « Da
L’Mouloud, nous sommes toujours Amazigh », clamaient les marcheurs
en ce mémorable 20 avril. (Le Soir d’Algérie, 22.4.94). Durant les
soixante-douze ans qu’il a eu à vivre, Da L’Mouloud a réalisé une œuvre
féconde qui a laissé des emprunts sur la littérature algérienne. (Liberté,
26.2.95). La cérémonie d’inauguration qui s’est déroulée en présence
d’anciens moudjahidine, compagnons d’armes de Belaaïd Aït
Medri. [...] Trois véhicules de la gendarmerie ont traversé la place où est
érigée la stèle de Da Belaïd. (La Tribune, 2.1.00). On est sincèrement
content du prompt rétablissement de Da l’Hocine. (La Tribune, 13.1.00).
V. DADDA, BA.

2DAAWA, DAÂWA V. DA’WA.

3DAÏA V. DAYA.

4DACHRA V. DECHRA.

5DADDA, DEDDA (de l’arabe) n. m. Disponible, oral surtout,


connotation affective. Appellatif affectueux désignant le père, l’oncle
paternel ou maternel dans les campagnes algériennes. De temps en temps,
une petite ombre s’approchait de la djemaâ et hélait son dadda. –
Dadda ! le couscous est prêt depuis une heure. (Belamri, 1982,
241). Dadda Belgacem, c’est le personnage le plus important de la
djemaâ de notre village. (oral). V. DA, BA.

6DAIA, DAIATE V. DAYA.

7DAÏRA, DAIRA (de l’arabe) n. f. (pluriel : daïras, daïrate(s)) 1.


Courant. Subdivision administrative du territoire de la taille d’un
arrondissement et qui comprend plusieurs communes. La daïra d’El
Goléa occupe près de la moitié de la superficie de la wilaya de
Laghouat. (El Moudjahid, 14.2.79). Composée de sept daïras totalisant
34 communes, la wilaya de Batna s’étend sur une superficie
importante. (El Moudjahid, 24.2.81). Sept mechtas de la daïra de la
Meskiana jusqu’ici enclavées seront bientôt reliées au réseau
télégraphique. (El Moudjahid, 18.11.90). Bir El Arch est promu au rang
de chef-lieu de daïra en 1991. Son passage gradué de chef-lieu de
commune en daïra s’est fait en une génération. (El Acil, 16.2.93). Bordj
Badji Mokhtar promu au rang de daïra en 1986. Elle compte aujourd’hui
plus de quinze mille habitants. (Liberté, 20.6.95). La prostitution a atteint
des proportions alarmantes à Adrar et à Timimoun, daïra située à 200
km du chef-lieu de wilaya. (El Watan, 30.10.99). Une bande spécialisée
dans les vols par effraction a été enfin démantelée par les services de
sécurité de la daïra d’Aïn El-Turck. (Quotidien d’Oran, 22.3.00).

82. Courant. Administration locale qui gère la daïra. La daïra ne tolère


plus que les terres aussi riches soient utilisées à des fins non agricoles.
(Algérie-Actualité, 16.6.1983). La daïra, l’APC et la kasma se concertent
régulièrement depuis quelques mois pour décider des mesures à
prendre. (Algérie-Actualité, 30.10.86). La daïra décida de repeindre la
ville en jaune. (Révolution africaine, 12.5.88). Ici, on abat, au sortir de la
mosquée, un commissaire de police ; là, on brûle le véhicule d’un chef de
daïra. (Le Jeudi d’Algérie, 23.7.92). La daïra s’est chargée de préparer
une assiette foncière de près de 50 hectares desquels elle en a délimité 1
999 lots. (El Watan, 20.11.95). La daïra de Constantine s’attelle à
travers des actions d’hygiène, menées par ses différents services, à lutter
contre les détritus. (Le Matin, 23.4.96).
93. Courant. Bâtiments, locaux, siège de la daïra. Ces dizaines de milliers
de personnes envahissant les abords de la daïra. (El Moudjahid,
2.12.83). Les futurs Hadji sont priés de retirer leurs passeports à la
daïra. (El Moudjahid, 22.5.85). Et dès notre sortie de la daïra, on n’a
pas cessé de nous suivre… Les témoins que nous avons contactés nous
ont parlé des logements distribués par le chef de daïra, alors qu’à
l’entrée de la daïra, une annonce disait que la distribution des logements
était du ressort de l’APC. (Révolution africaine, 12.5.88). Le quatrième
témoin, Belhouchet Amar, était à la mosquée située près de la daïra. (El
Acil, 17.3.93). Le centre culturel Aïssa Messaoudi d’Hussein Dey, une
belle bâtisse lotie entre le Souk-el-fellah et la daïra, préfigure de tous les
symptômes du peu de cas fait à la culture. (El Moudjahid, 27.5.96). Je
prévoyais de passer le lendemain à la daïra de Mascara pour retirer mon
nouveau passeport. (Mokeddem, 1999, 206). […] quatre femmes
exerçant comme fonctionnaires à la wilaya d’Alger ou alors à la daïra de
Sidi M’hamed. (Quotidien d’Oran, 10.3.00). V. DACHRA, DAÏRAL,
MECHTA, WILAYA.

10DAÏRAL, DAIRAL adj. Disponible. Qui concerne la daïra. Tous les


citoyens qui attendent la réponse daïrale ou wilayale. (Algérie-Actualité,
3.1.85). V. WILAYAL.

11DAÏRATE(S) pluriel de DAÏRA. La wilaya de Mascara compte neuf


ligues mais certaines d’entre elles ont leur siège dans les daïrate
avoisinantes. (El Hadef, 24.4.83). Ces journées de solidarité avec les
insuffisants rénaux se déroulent sous le haut patronage du wali de
Ouargla, et avec la participation de plusieurs daïrate de la wilaya. (El
Acil, 15.1.93). Les daïrates de M’Daourouch et de Sedrata ont fait l’objet
d’une visite du wali de Souk Ahras. (El Acil, 18.3.93). Tournée du wali
dans les daïrates. (El Acil, 20.3.95). D’autres dispositions liées cette fois-
ci aux transports, la restauration, l’hébergement sont prises avec les
responsables des D.E.C, des daïrates et ceux des établissements devant
accueillir les concurrents. (El Acil, 27.5.96). La Sonelgaz est divisée en
quatre agences de distribution couvrant les treize daïrate. (Quotidien
d’Oran, 5.12.99).

12DALLALA V. DLALA.

13DALLALÂT V. DELALATES.

14DAOULA ISLAMIYA V. DAWLA ISLAMIA.

15DARAK, DARAK (de l’arabe, troncation de darak el watani) n. m.


Disponible. Gendarmerie nationale. Les éléments du Darak remarquent
un véhicule portant une immatriculation étrangère. Le Darak a procédé
à l’arrestation de 14 personnes. (El Moudjahid, 6.6.77). Parce qu’entre
nous, l’observatoire de la lune, en cette période d’état d’urgence, ça
pouvait, tout autant, être confié à l’ANP, le Darak, les services spéciaux
de la police, l’Observatoire des Droits de l’Homme ou même le H.C.E.
(Le Matin, 1.7.96). N’étant pas au bout de ses surprises, il découvre
d’étonnantes choses. Il saisit alors le darak, demandant l’ouverture
d’une enquête. (El Watan, 30.3.00).

16DARAK EL WATANI, DARAK-EL-WATANI (de l’arabe) n. m.


Disponible. Gendarmerie nationale. Un réseau de trafiquants de
stupéfiants est démantelé par le Darak El Watani. (El Moudjahid,
22.10.74). Au cours d’une seule intervention, les services du Darak El
Watani ont mis la main sur six mandataires. (El Moudjahid, 16.2.78). Les
causes de ces accidents sont particulièrement dues, selon les enquêtes
établies par le Darak El Watani, à l’excès de vitesse, au non-respect du
code de la route et à la conduite en état d’ivresse. (Horizons 2000,
30.1.86). Les nombreux citoyens se sont longuement intéressés aux
explications des éléments du darak-el-watani. (El Moudjahid, 4.9.87). La
deuxième édition de cette manifestation s’est déroulée dans d’excellentes
conditions grâce au concours des services du Darak El Watani. (El
Moudjahid, 21.6.88). Après une minutieuse enquête, les éléments du
Darak El Watani de Zahana ont mis la main sur les voleurs. (La Nouvelle
République, 14.1.93). Une quantité très importante de cigarettes de
marque américaine a été découverte par les éléments du darak-el-watani
de la commune de H’dada, wilaya de Souk-Ahras. (El Acil, 9.1.96).
V. DARKI, GARDE COMMUNAL, HARASS EL DJOMHORI.

17DARBOUKA V. DERBOUKA.

18DARBOUKER V. DERBOUKER.

19DARKI adj., n. m. (pluriel : darkis, darkiyine). Courant. Gendarme,


membre du Darak el Watani. Ce geste devait bien vite intriguer les
darkiyine. (El Moudjahid, 22.10.74). Un darki trouve la mort lors d’un
accrochage avec un dangereux malfaiteur. (El Moudjahid, 1.8.76). Vous
avez pendant deux heures laissé votre interlocuteur insulter le FLN, vous
accuser d’avoir violé des tombes de martyrs […], d’avoir ordonné aux
darkis de s’attaquer aux paisibles familles. (L’Hebdo libéré, 9.5.91). Le
darki S. C. a, pour sa part, fourni un plan détaillé de cette caserne. Le
darki sera jugé par une juridiction militaire. (Le Soir d’Algérie,
27.10.93). M. Sifi a, par la suite, rappelé certaines actions menées par
son Cabinet, mais a admis « qu’il n’a rien fait face au policier ou au
darki qui a offert sa vie à sa patrie ». (Liberté, 29.12.95). Les hors-la-loi
de Dieu, ces darkis comme vous les appelez, étaient derrière
toi. (Khelladi, 1998, 220). Le filet est posé. Les darkis leur ont laissé une
porte de sortie vers la forêt du Sahel où les ninjas les attendent dans la
mire. (Sansal, 1999, 211). V. DARAK EL WATANI.

20DARS, DARSS (de l’arabe) n. m. (pluriel : dourouss). Courant, oral


surtout. Prêche religieux, séance de formation religieuse. Il quitta
précipitamment la mosquée du village où il donnait un « dars » (leçon
religieuse) pour venir au chevet du malade. (Toualbi, 1984, 112). Le
groupe d’une mosquée invite celui d’une autre, généralement les jeudis,
à partager un repas et à présenter un « dars » dans telle
mosquée. (Algérie-Actualité, 2.5.91). Dans la pièce à côté, il y a un
barbu qui donne un darss aux voilées. (L’Hebdo libéré, 30.5.91). Bientôt
treize heures et le « dars » n’a pas encore débuté. Les fidèles ne
comprennent pas. (El Watan, 10.10.93). Les services de sécurité
n’interviennent pas et décident de rouvrir les portes de la salle de prière.
Abassi donne un dars et Mohammed Saïd donne une khotba. (El Watan,
28.02.94). Progressivement, le jeune est poussé à l’assiduité au dars
quotidien, à la prière en son moment précis et en groupe à la
mosquée. (El Watan, 26.8.97). Je vais suivre le dars du cheikh
Mohammedi. (oral).

21Com. Le terme est devenu fréquent avec la montée de l’islamisme à


partir des années 88.

22DAS (sigle de Domaine Agricole Socialiste) n. m. Vieilli mais


disponible. Exploitation agricole collectivisée, kolkhose. Les
programmes de rentabilisation des DAS, ceux relatifs à l’augmentation
des productions végétales et animales devront faire l’objet d’une
attention soutenue et permanente. (Algérie verte, 5.8.86). Des terres
incultes ont été intégrées au patrimoine foncier des DAS mis en
place. (El Moudjahid, 5.2.86). Jusqu’à la fin de la saison scolaire
écoulée, les élèves résidant dans les DAS ne souffraient pas du problème
du transport. (Horizons, 19.6.86). Ces 89 DAS […] ont donné naissance
à 757 exploitations agricoles collectives (EAC) et à 21 exploitations
agricoles individuelles. (EAI). (El Moudjahid, 26.9.88). V. CAPRA,
DOMAINE AGRICOLE SOCIALISTE, VARA, VILLAGE
SOCIALISTE.

23DA’WA, DAAWA, DAÂWA (de l’arabe) n. f. Disponible.


Prédication, exhortation, appel à revenir ou à se convertir à
l’islam. L’auditoire était constitué quasi exclusivement de jeunes. Le
phénomène s’organisait donc peu à peu, comme un mouvement de
da’wa. (Algérie-Actualité, 2.5.91). En effet, les terroristes intégristes ont
tout autant besoin de tueurs, de « guides » politiques, que de « da’wa »
et de « masses populaires » de manœuvres où puiser des forces, se
renouveler et se mouvoir. (L’Hebdo libéré, 21.4.93). Selon la même
source, près de 30 % du salaire de ces hommes d’affaires et de leurs
employés sont destinés, selon eux, à la « Daawa » dans le monde et aux
subventions des musulmans aux Philippines, en Bosnie-Herzégovine et en
Somalie. (El Acil, 15.6.93). Des électeurs islamistes, parmi les plus
engagés, ont vécu les résultats du scrutin comme une profonde défaite et
les plus militants d’entre eux considèrent que c’est là une défaite de la
daâwa islamique, voire de l’islam comme puissance religieuse. (La
Nation, 12.12.95). Concernant les mosquées, nous avons, dès le mois de
janvier, réuni les nadhers de wilayas pour leur dire que l’intérêt de
l’Islam et celui de l’Algérie commandent que ces lieux redeviennent des
sanctuaires de daâwa, de rahma et de tolérance et soient soustraits à
toutes les manœuvres politiciennes. (Liberté, 8.4.97). Il s’agit là d’un
stage qui nous rapprochera de Dieu et qui nous permettra d’être mieux
armés pour convaincre les autres de suivre notre chemin. C’est ce qu’on
appelle la daâwa. (Gastel, 1999, 53). Certains d’entre eux nous
reprochent notre anti-islamisme, tandis que d’autres préfèrent s’adonner
à la daawa (la prédication) en nous conseillant de faire la prière. (Le
Matin, 14.1.00). Loc. DA’WA ISLAMIQUE.

24DAWLA, DOULA (de l’arabe) n. f. Courant. État, nation. Si l’on ose


hasarder en qualité de citoyen conscient, une remarque relative à leur
désinvolture, attendez-vous à une réplique cinglante du genre : « Ça ne
te regarde pas, c’est au doula »… Comme si l’État n’était pas nous.
(Algérie-Actualité, 13.6.85). Ce représentant n’est plus seulement le fils
d’un clan d’un village, d’une localité, il devient, comme on dit « doula »
(État). (Algérie-Actualité, 26.4.90). Dans cette conception, la notion de
dawla (utilisée aujourd’hui pour exprimer celle d’État) dérive du verbe
dâla qui signifie étymologiquement « succéder à tour de rôle », par
conséquent la signification de dawla est « tour de prise en charge » de la
direction des affaires publiques, donc « tour de gouverner ». (Algérie-
Actualité, 21.7.91). C’est la « doula », se disent-ils. Et la caméra de
l’ENTV est, de ce point de vue, l’œil de la houkouma. (Algérie-Actualité,
20.8.92). Cette dawla est impie. Voyez comme vous êtes
maltraités. (L’Hebdo libéré, 6.1.93). Tout un chacun se mettra autant que
faire se peut à descendre la « dawla » jusqu’au plus bas de l’échelle,
comme si elle est l’unique responsable de cette triste dégénérescence. (El
Acil, 15.10.93). V. DAWLA ISLAMIYA.

25DAWLA ISLAMIA, DAWLA ISLAMIYA, DAOULA


ISLAMIYA, DOULA ISLAMYA (de l’arabe) n. f. Disponible. État
islamique. Le ramadhan sera bouclé avec deux millions de centimes nets
avec, en prime, un espoir fou : l’instauration de la « Dawla
islamiya ». (Algérie-Actualité, 20.2.92). Pourquoi le pleurer ? Il n’aurait
jamais dû venir empêcher la doula islamiya. Jamais. (Le Jeudi d’Algérie,
2.7.92). Si l’on s’en tient au discours politique, à l’exclusion des forces
terroristes ou des adeptes de la « Dawla islamia », tous s’accordent sur
une option démocratique. (El Watan, 16.2.93). Ils se sont également
rendus à l’évidence de l’impossibilité de vaincre par les armes et
instaurer l’illusoire « daoula islamiya ». (La Tribune, 1.12.95). Un des
arguments qui fonde cette attitude est que l’ex-FIS est formellement
écarté de la course, Hamas et Ennahda sont porteurs du même projet :
l’instauration de la dawla islamiya. (El Watan, 13.5.96). Pedro le
trabendiste y a construit un restaurant qu’il loue, avant de devenir le
chantre inconditionnel de la doula islamya. (Gastel, 1999, 150). Les
islamistes à l’assaut du pouvoir [Titre]. L’heure est grave, nous dit-on,
car il est plus que jamais question d’un retour en force des tenants de la
daoula islamiya. (Le Matin, 8.4.00).

26Com. Le terme est devenu fréquent avec l’avènement de l’islamisme à


partir des années 88.

27DAYA, DAÏA, DHAÏA, DHAYA, DHAÏA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : dayas, daïate, dayate). Spécialisé. Dépression à fond cultivable
en zone steppique ou saharienne. Les quelques daya qu’on cultivait,
soumises aux aléas de la nature, c’était surtout par un souci de satisfaire
l’autoconsommation familiale. (El Moudjahid, 9.4.80). Les dayas
ressemblent à de petites prairies. (El Moudjahid, 18.3.85). En effet, les
deux parties avaient signé un PV qui s’articule sur l’interdiction ferme
des labours à l’exception des dhaia et des oueds. (El Watan, 21.1.00).

28Com. Attesté ds Lanly 1970.

29DAYATE pluriel de DAYA. Ces paysans acculés à la misère ont dû


participer au processus de dégradation par la généralisation d’une
agriculture de fortune […] tout au long de ces dépressions en zone de
steppe appelées « dayate ». (Algérie-Actualité, 19.12.85).

30DÉBAPTISATION n. f. Disponible. Action de remplacer certains


noms de rues, d’avenues ou de places (généralement français) par
d’autres dénominations. M. Sektafi a annoncé la débaptisation du
complexe « Moretti » qui porte désormais le nom de « complexe de
Sahel ». (El Moudjahid, 11.3.84). Paraît-il, l’appellation de Meskhoutine
est troublante et peut induire des gens sur la respectabilité et l’honneur
des habitants actuels du village ! C’est la cause et la principale raison
des décideurs qui ont prononcé cette débaptisation. (El Acil,
28.2.93). Ont assisté aux cérémonies commémoratives, marquées
notamment par la débaptisation du centre universitaire au nom de Larbi
Tebessi, des personnalités dont les ministres des Moudjahidines et des
Affaires religieuses, (El Moudjahid, 7.4.93). Anciens moudjahidine,
grands invalides de la guerre de libération, enfants de chouhada, femmes
et hommes de culture, autorités, tout un monde qui s’était donné rendez-
vous dans différents lieux de la wilaya pour assister à des cérémonies de
recueillement, débaptisation, inauguration. (El Watan, 19.3.95). Annaba
donc a eu le grand honneur de […] procéder, en présence de MM.
Abadou ministre des Moudjahidine, et des autorités locales, à la
débaptisation des établissements scolaires aux noms des martyrs de la
guerre de libération. (El Watan, 19.2.96). V. DÉBAPTISER,
DÉBAPTISEUR.

31DÉBAPTISER v. tr. dir. Disponible. Remplacer des noms de rues,


d’avenues ou de places par d’autres dénominations. Les parents d’élèves
du lycée Ardaillon d’Oran décident de le débaptiser pour lui donner le
nom d’Ibn Badis. (L’Hebdo libéré, 1.6.94). La fédération d’Oran du
MDS vient de réagir à la tentative qui consiste à débaptiser l’école de
pêche de Beni saf qui porte officiellement depuis trois ans le nom d’une
femme : Zoubida Haggani. (El Watan, 15.2.01). On a débaptisé les
cinémas Vox et Rex de Tiaret. (oral). V. DÉBAPTISATION,
DÉBAPTISEUR.

32DÉBAPTISEUR n. m. Disponible. Personne qui procède au


remplacement de noms de rues, d’avenues ou de places par d’autres
dénominations. Débaptiseurs, où êtes-vous ? (El Moudjahid,
12.11.85). Ses débaptiseurs ont honte de ce nom. (El Acil, 28.2.93). Les
débaptiseurs sont de retour. (oral). V. DÉBAPTISATION,
DÉBAPTISER.

33DÉBATTEUR n. m. Disponible. Personne qui participe à un


débat. En même temps qu’ils rassurent, les débats actuels n’en laissent
pas moins le témoin sur sa faim. Si le principe est affirmé sans détour, les
moyens de le concrétiser et surtout la perception que s’en font les
débatteurs semblent en revanche moins précis. (El Moudjahid,
1.9.85). Tout irait mal et partout, il n’y a que des carences au niveau
local, la Révolution agraire « n’est pas un succès », les sociétés
multinationales battent de l’aile. Bref, pour tout dire, rien ne va plus aux
yeux de ce type de débatteur. (El Moudjahid, 16.9.85).

34Com. Terme fréquent à l’époque des débats sur le projet de Charte


nationale en 1985.

35DEBCHA (de l’arabe) n. m. ou f. Disponible. (Coriandrum sativum)


coriandre. Il n’est jamais trop tard pour planter du « debcha » pour la
chorba du Ramadhan. (Algérie-Actualité, 16.5.85). En ce premier jour de
ramadhan, la debcha a disparu de tous les marchés et s’est vendue à des
prix exorbitants. (El Acil, 12.2.94).
36DEBERR RASSEK (de l’arabe) loc. verb. Courant, oral surtout, fam.
Débrouillez-vous ! (formule qui sert à inviter quelqu’un à trouver une
solution par ses propres moyens). « deberr rassek – débrouillez-vous. En
tout cas, demain, j’en veux pas ici », avait clos le directeur. (Ben, 1982,
13). Mon chaïeb a été on ne peut plus clair : debbar rassek et c’est ce
que je fais. (Algérie-Actualité, 1.8.91). V. DÉBROUILLER (SE).

37DÉBIDONVILLISATION n. f. Disponible. Lutte contre la


prolifération des bidonvilles, assainissement urbain visant la destruction
des bidonvilles. Reste une question qui contraste avec l’embellissement
de la capitale et qui semble cependant revenir assez souvent au cours de
ces diverses réunions : c’est la débidonvillisation. (Algérie-Actualité,
14.6.84). On improvise une opération « débidonvillisation » qui tourne
vite en émeutes. (Algérie-Actualité, 5.10.93). Saadi, avec un style
particulier, raconte un pays qui aurait pu s’appeler Algérie et où une
grande opération s’effectue : la débidonvillisation. (El Watan,
18.4.96). La Délégation exécutive communale, (DEC) de Constantine, en
étroite collaboration avec les services de l’O.P.G.I., a procédé à une
importante opération de « débidonvillisation » et de relogement de 282
familles. (El Acil, 7.5.97). Les habitants des bidonvilles délogés, lors de
l’opération « débidonvillisation » de la capitale, ont exprimé leur
mécontentement. (El Moudjahid, 27.05.97). V. BIDONVILLISATION,
DÉGOURBISATION.

38DÉBROUILLER QQCH. 1. v. tr. dir. Courant, oral surtout. Réussir à


trouver qqch. malgré des difficultés. Ça y est pour ce qui est de chausser
le tout-petit. Reste maintenant à lui débrouiller un tricot demi-manche,
soupire cette dame. (El Moudjahid, 29.6.84). Kheira demande alors à
son hôte : « Peux-tu me débrouiller un congélateur ? » (El Moudjahid,
25.10.84). Et le tout se concluait sur la base de la stratégie des intérêts
croisés : « Tu me débrouilles du ciment, je me charge de t’obtenir une
voiture […] Tu as besoin d’un frigo ? Pense à m’envoyer un camion de
sable. » (Rouadjia, 1994, 308). De temps en temps, il est en affaire avec
lui lorsqu’il peut débrouiller quelques bouteilles de whisky ou de Ricard.
(Allouache, 1995, 132). Grâce à un « petit coup de piston des copains »
qui travaillaient dans l’entreprise d’État encore socialiste, il débrouilla
un bon pour avoir une Fiat 128. (Allouache, 1995, 168). Quand ma mère
est partie en Algérie, je lui ai demandé de me débrouiller coûte que coûte
un drapeau algérien. (Le Matin, 4.7.96).

392. v. pronom. Courant. Se procurer qqch., réussir à trouver qqch. par la


débrouillardise. Il faut s’arracher les cheveux pour se débrouiller un
véhicule. (El Hadef, 13.11.83). Même lorsque la spécialité existe en
Algérie, on tente quand même de se « débrouiller » une bourse pour
l’étranger. (Révolution africaine, 11.5.85). Le médecin m’avait
recommandé de me débrouiller du fil chirurgical. (El Acil, 26.2.93). Si le
mari est chanceux, il se débrouille une voiture – puisque le centre ne
dispose pas d’ambulance – et accompagne sa femme à In-
Salah. (Algérie-Actualité, 8.6.93). Tous mes amis du quartier avaient pu
se « débrouiller » une carte d’identité française. (El Watan, 4.4.94). Elle
réussira à terminer ses études secondaires et se débrouiller un petit job
comme agent de bureau dans une entreprise nationale. (Quotidien
d’Oran, 10.3.00).

40Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991 ; Lanly voit l’origine de


cette construction directe dans la langue des casernes (langue des
tirailleurs). V. DEBERR RASSEK.

41DÉBROUSSAILLAGE n. m. Disponible. Débroussaillement. Les


activités estivales de ces jeunes ont comporté des campagnes de
volontariat, des actions de désherbage et de débroussaillage d’une bonne
partie de la forêt. (El Moudjahid, 28.8.83). Les autorités locales ont le
devoir d’entreprendre des actions permanentes d’aménagement du sous-
bois, par le débroussaillage de la végétation basse, touffue et
combustible. (El Moudjahid, 5.8.88).

42DÉBUREAUCRATISATION n. f. Courant. Lutte contre la


bureaucratie. La débureaucratisation est nécessairement l’affaire de
tous. (Révolution africaine, 12.6.88). La débureaucratisation qui évite
aux opérateurs les lourdes et lentes formalités et procédures exigées
ailleurs […]. (El Watan, 15.10.93). Les orientations de la nouvelle
politique forestière exigent la « débureaucratisation » du secteur de la
forêt afin d’encourager les citoyens à s’intéresser au patrimoine
forestier. (El Watan, 23.3.00).

43Com. Terme devenu fréquent avec le début de la campagne nationale


lancée dans les années 1986. V. DÉBUREAUCRATISER.

44DÉBUREAUCRATISER 1. v. tr. dir. Courant. Lutter contre la


bureaucratie. Malgré sa vive volonté de vouloir débureaucratiser
l’administration algérienne, le gouvernement reste attaché à certains
principes. (El Watan, 25.10.93). Nous devons débureaucratiser à
outrance et mettre en place au niveau des collectivités locales une sorte
de « guichet unique », dans le cadre du programme du gouvernement
pour relancer l’activité économique. (El Watan, 23.08.94). La nouvelle
organisation a vocation de débureaucratiser et de
défonctionnariser. (oral).

452. v. pronom. Courant. Se débarrasser de la bureaucratie. La banque se


libère de carcans bureaucratiques […]. Bref, elle aussi, elle se
débureaucratise. (El Moudjahid, 18.2.87).
46Com. Terme devenu fréquent depuis le début de la campagne
nationale lancée dans les années 86. V. DÉBUREAUCRATISATION.

47DEBZA V. DOBZA.

48DEC 1 (Sigle de Délégation Exécutive Communale) n. f. Courant.


Organe de gestion de la commune, administration municipale de
transition. À l’occasion de la 27e journée du Ramadhan (Leïlet El kadr)
ou Nuit du destin, le Croissant Rouge algérien et la DEC de Mila ont pris
l’initiative de faire circonciser une quarantaine d’enfants
nécessiteux. (El Acil, 21.3.93). L’expression d’un ras-le-bol depuis
longtemps contenu des présidents de DEC a mis en relief toute
l’imperfection d’un transfert de compétences de l’État aux collectivités
locales. (El Watan, 15.5.94). Le président de la DEC de Zeralda (wilaya
de Tipaza) avise l’ensemble des entreprises publiques et privées ainsi que
les commerçants et artisans qu’une quinzaine commerciale se
tiendra […] (L’Authentique, 16.8.95). Les commissions d’attribution
respectivement présidées par l’OPGI et la DEC d’Akbou sont à pied
d’œuvre. (El Watan, 10.1.96). Ce qui revient à dire que toutes les
malversations s’effectuent au niveau de certaines DEC à travers le
territoire national. (El Watan, 23.10.96). Sur fond de scandales, liés à la
mauvaise gestion de DEC et à des malversations constatées […] (La
Tribune, 11.9.97). L’ex-DEC, affirment nos sources, a fait de la
commune une véritable agence foncière. […] L’ex-président de la DEC a
bafoué le code des marchés. (Liberté, 17.2.00).

49Com. Les DEC, nommées par le gouvernement en 1992 à la place des


anciennes APC dirigées pour la plupart par le FIS, ont-elles-mêmes été
remplacées par des APC élues lors des élections locales du 23.12.1997.
50DEC 2 (Sigle de Délégué Exécutif Communal) n. m. Courant. Maire
de transition, responsable de la Délégation exécutive communale. Il
descendit encore plus bas et fit leur affaire à quelques DEC qu’il trouva
miraculeusement indemnes alors que leur chasse était ouverte. (El
Manchar, 15.11.95). Le DEC raconte que des citoyens se sont rassemblés
dès 7 h du matin devant l’APC pour réclamer leurs cartes d’électeurs.
(Liberté, 17.11.95). Khenchela, deux DEC ont été limogés par le
wali. (El Watan, 24.1.96). Nous avons saisi à plusieurs reprises le DEC
pour la réalisation d’un jardin pour nos enfants. (Le Matin,
30.4.96). Comment réaliser cette collaboration sans toucher aux acquis
de la décentralisation et sans empiéter sur les prérogatives des maires
(DEC) ? (El Watan, 20.1.97). La foule agglutinée au siège de la
commune a désigné, aux environs de neuf heures, ses représentants en
vue d’instaurer un dialogue avec le DEC. (Le Soir d’Algérie,
6.8.97). L’administration s’immisce dans les affaires de leur commune en
désignant un président, comme si l’ère des DEC n’était toujours pas
révolue. (El Watan, 29.3.00).

51Com. Les DEC ont été nommés à titre transitoire par le gouvernement
en remplacement des présidents d’APC dont la majorité étaient membres
du Front islamique du salut.

52DECHRA, DACHRA (de l’arabe) n. f. (pluriel : dechras, dechrate).


Disponible. Hameau, petit groupe de maisons situé hors de
l’agglomération principale de la commune ou du village. Alors, la
montagne avait existé : ses buissons, ses haies de cactus, ses grenadiers
en fleurs autour de la dechra. (Djebar, 1983, 79). Dans la vallée de Oued
El-Abdi les dechras occupent des sites rocheux d’accès difficile. (El
Moudjahid, 23.6.85). Un de nos perspicaces confrères fustigeait dans les
colonnes d’un quotidien indépendant la mentalité « douarière » de la
majorité de nos hommes politiques, pour la plupart, en effet, candidats
dans leurs dechras d’origine. (Les Nouvelles de l’Est, 18.5.91). Les
hommes habitant le ksar regagnent leur dechra. (Mokeddem, 1992,
186). Destination, la petite dechra de Benderiess, située à une dizaine de
kilomètres, on y accède par une petite piste qui traverse une
forêt. (Liberté, 25.9.95). Le Congrès de la Soummam du 20 août 1986
officialisera la création de conseils populaires au niveau de chaque
dachra et douar. (El Watan, 1.11.95). Vous exprimez à merveille
l’abominable détresse de ces dechras et douars qui n’arrivent plus à
comprendre ce qui leur est arrivé. (La Nation, 21.5.96). V. DOUAR,
MECHTA.

53DECHRATE pluriel de DECHRA. Le jeune couple, harcelé par tout


le monde, s’en alla vers les « douars » et les « dechrate » pour y
transmettre leur message. (El Acil, 25.10.93).

54DEDDA V. DADDA.

55DEFF, DEF, DEFFE (du berbère) n. m. Spécialisé. Instrument de


musique à percussion traditionnel kabyle. « Entends-tu la raïta et le
deff ? » (M’hamsadji, 1969, 106). Puis il fit appel à deux instruments : le
deffe et le bendir. (El Moudjahid, 25.11.82). On peut y voir le « bendir »
de la région des Oasis, le « def », instrument kabyle rythmique. (El
Moudjahid, 27.4.83). Un meddah plus un deff. (Flici, 1984, 23).

56DÉFILEMENT n. m. Disponible, oral surtout. Défilé de


personnes. Cependant, après avoir assisté à cet accablant défilement de
témoins, je m’étonne de l’absence de la première personne intéressée : la
victime elle-même. (Mimouni, 1978, 77). Des chaînes et des défilements
devant les souks-el-fellah pour un bidon d’huile. (oral). Le défilement des
accusés à la barre continua tard dans la nuit. (oral).
57DEGLA-BEIDA, DEGLET BEIDA (de l’arabe) n. f. Disponible.
Variété de datte. La degla-beida peut servir à la préparation de farine de
datte. (El Moudjahid, 12.3.85). Les variétés les plus commercialisées
sont la « deglet nour », claire et onctueuse, et la sèche « deglet
beida ». (Horizons, 8.6.86).

58DEGLET-NOUR, DEGLET NOUR (de l’arabe) n. f. Courant.


Variété de datte de qualité supérieure souvent appelée « doigt de
lumière ». Le palmier, la tête au feu et les pieds dans l’eau, engendra
l’incomparable « deglet-nour ». (Bouchama, 1984, 15). Au titre de la
campagne 1983, il a obtenu une récolte de 89 quintaux de ghers, 24
quintaux de deglet-nour. (El Moudjahid, 29.6.84). Une importante
palmeraie produisant de la deglet-nour et des variétés communes. (El
Moudjahid, 29.6.84). Les dattes deglet nour « Frezza » doivent être
mûres, saines, entières, propres, sèches. (Actualité-Économie,
1.3.86). L’Office national de la datte (OND), à lui seul 11 % de la
production, ne peut réguler ce marché d’autant plus qu’il se confine aux
seules activités de conditionnement et d’exportation de la deglet
nour. (El Watan, 8.9.92). Plus loin, à l’écart, les Touaregs mystérieux
proposaient leurs deglet nour, doigts du soleil, ces dattes au goût
incomparable qui avaient établi la réputation de Biskra. (Amadis, 1995,
55). M’doukal se targue d’avoir une trentaine de variétés de dattes dont
la célèbre deglet nour. (El Watan, 17.2.00). Principal produit d’échange
à l’exportation : les dattes sèches (la deglet nour étant protégée), le sel
de table. […] (Liberté, 18.2.01).

59DÉGOURBISATION (parasynthétique hybride formé à partir du mot


arabe gourbi) n. f. Courant. Politique d’assainissement de l’habitat, grâce
à la démolition des bidonvilles et au relogement de leurs habitants. Les
gourbis cachent leur lèpre derrière des haies de bois mort. Leurs
habitants n’auront qu’à traverser un espace vide pour prendre
possession de leurs nouvelles demeures. La dégourbisation est une
opération qui tient à cœur au président de l’APC. (El Moudjahid,
12.9.78). L’opération assainissement habitatif et dégourbification a été
inscrite à l’ordre du jour de la vaste opération de reconstruction de la
wilaya. (Algérie-Actualité, 22.9.83). L’opération de dégourbisation et de
lutte contre la bidonvillisation des grands centres urbains est une
démonstration éloquente de la volonté de venir à bout des problèmes
sociaux. (Algérie-Actualité, 27.10.83). Toutes les familles actuellement
recasées dans des tentes à la suite de l’opération « dégourbisation » font
l’objet d’un recasement. (El Moudjahid, 13.11.84). Ce que l’on a appelé
campagne de dégourbisation relève de l’abjection. (Mimouni, 1993,
115). Les responsables qui se sont succédé à la tête de la wilaya ont joué
à fond la carte de la « dégourbisation », en favorisant par la même
occasion l’expansion tentaculaire de l’habitat précaire. (El Watan,
29.4.97). Les responsables de ce groupe hôtelier ont maintes fois insisté
sur la nécessité de la « dégourbisation » des alentours de ce grand
hôtel. (Quotidien d’Oran, 5.2.00). V. DÉGOURBISER,
DÉBIDONVILLISATION.

60DÉGOURBISER (parasynthétique hybride formé à partir du mot


arabe gourbi) 1. v. intr. Courant. Démolir les bidonvilles, les gourbis,
dans le cadre de la politique d’assainissement de l’habitat. Les habitants
du douar ne sont pas prompts à collecter des fonds pour dégourbiser. (El
Moudjahid, 12.9.78). Le problème est de savoir, d’abord, comment les
responsables comptent dégourbiser et ne pas faire des sans-
abris. (Liberté, 19.7.96). Les responsables locaux souhaitent
dégourbiser. (oral).
612. v. tr. dir. Disponible mais vieilli. Assainir, embellir les immeubles
d’habitation ayant subi des dégradations. Des tentatives périodiques
d’embellissement, de « raccommodage » sont à relever. Avec les moyens
du bord, on essaye de sauver l’âme de cette cité, de la « dégourbiser »,
de la « retaper ». Ainsi 200 à 300 ampoules sont remplacées
quotidiennement, 6 pavillons ont été totalement repeints, plusieurs
parcelles de terre reboisées. (Révolution africaine, 25.4.86).

62V. BIDONVILLISATION, DÉBIDONVILLATION,


DÉGOURBISATION, GOURBI.

63DÉGOÛTAGE, DIGOÛTAGE, DÉGOUTAGE (de dégoût + suff. -


age) n. m. 1. Courant, oral surtout, fam. Dégoût. Chacun se saoule
comme il peut, qui pour atténuer l’absence de femmes, qui pour conjurer
l’ennui et le « dégoûtage », qui simplement pour le plaisir de se sentir
dans les vaps et rêver à la vie qu’il aurait pu mener. (Algérie-Actualité,
28.11.85). Mardi. Dégoûtage et fuite radioactive. (Le Jeudi d’Algérie,
13.8.92). En proie au « dégoûtage », néologisme algérien qui connote à
la fois l’ennui et la déprime, ces hommes se rassemblent, à la nuit
tombante […] autour de 4 ou 5 caisses de Sidi Brahim. et boivent jusqu’à
plus soif. (Rouadjia, 1994, 333). L’Algérie l’ennuyait profondément avec
son « dégoûtage » quotidien, la hogra (le mépris) et l’injustice à chaque
coin de rue. (Allouache, 1995, 86). Rien n’indique que l’une ou l’autre
auront raison de l’insondable digoûtage qui s’est durablement
installé. (La Nation, 26.12.96). Tu es victime du dégoûtage… C’est une
maladie qui peut être longue et éprouvante… Une cuite, répète-t-il, une
bonne cuite, ça permet de pleurer un bon coup et tout le dégoûtage
s’évacue avec les larmes. (Achir, 1997, 269).
642. Courant, oral surtout, milieux jeunes, fam. Chose qui
dégoûte. L’image, c’est dégoûtage. (oral). Ce pays, c’est le
dégoûtage. (oral). V. DÉGOÛTITE.

65DÉGOÛTITE (de dégoût + suff. -ite) n. f. Disponible, oral surtout,


milieux jeunes, fam. Dégoût, sentiment de dégoût. Aussi considérais-je la
conversation comme étant close. À la façon dont il avait prononcé, cela
ne voulait dire qu’une chose : « dégoûtite ». (El Watan, 12.12.91). Je
poussais un soupir. Décidément, la dégoûtite n’épargnait
personne. (Horizons, 18.2.92).

66Com. Néologisme des années 88. V. DÉGOÛTAGE.

67DÉGUSTAGE n. m. Disponible, oral surtout. Action de déguster,


dégustation. Dégustage des glaces. (Écriteau, Alger). Allez, on va
prendre un thé dans un salon de dégustage. (oral). En Algérie, les
femmes ne vont pas dans les cafés mais dans les salons de dégustage
seulement. (oral).

68DÉLÉGATION EXÉCUTIVE COMMUNALE n. f. Courant.


Organe de délibération et de gestion de la commune, municipalité mise en
place par le gouvernement pour remplacer les Assemblées populaires
communales dirigées par le FIS. Il ne semble pas que la délégation
exécutive communale de Bab Ezzouar, présidée de surcroît par un
médecin résidant à Bab Ezzouar, se sente concernée par cette
« bidonvillisation » en règle de la cité. (El Watan, 1.3.93). Les citoyens
de la commune de Chorfa, dans la wilaya de Bouira, se sont mobilisés
pour demander le départ de la Délégation exécutive communale
(DEC). (Liberté, 30.7.96). Organisée par la Délégation exécutive
communale (DEC) de la ville de Birkhadem, en collaboration avec le
Conseil sportif amateur de la ville (CSA), cette compétition
commémorative se veut un hommage à un des puristes du cyclisme.
(Liberté, 5.5.97). Par ailleurs, les Délégations exécutives communales
(DEC) de la wilaya entameront incessamment l’opération de révision
exceptionnelle des listes électorales. (El Moudjahid, 1.8.97). La
Délégation exécutive communale (DEC) de Tizi Ouzou a même prévu un
programme dans ce sens, en faveur des jeunes et des familles, en
décidant de financer le transport par bus vers les plages. (El Acil,
5.8.97). Le litige qui oppose depuis dimanche dernier les administrés et
les responsables de la Délégation exécutive communale de Rouiba a
débouché hier sur un compromis. (Le Matin, 5.8.97). Le passage des
délégations exécutives communales désignées après la dissolution des
APC.FIS, a été, à des exceptions près, une catastrophe pour les
collectivités locales. Profitant de la situation sécuritaire, de nombreux
membres de ces DEC ont transformé les APC en de véritables agences
foncières et immobilières, ainsi qu’en des réseaux de trafics en tous
genres. (El Watan, 8.2.00).

69Com. Souvent abrégé en DEC.

70DÉLÉGATION EXÉCUTIVE DE WILAYA n. f. Assez courant.


Organisme de délibération et de gestion de la wilaya. L’examen de
l’avant-projet du budget préliminaire consacré à la wilaya de Annaba
pour l’exercice 1996 sera à l’ordre du jour des travaux de la prochaine
session de la délégation exécutive de wilaya (DEW) de Annaba. (Liberté,
11.1.96). Pour sa session printanière, la Délégation exécutive de wilaya
a eu à débattre, les 14 et 15 avril derniers, des problèmes et des solutions
à porter aux questions relatives au cadre urbain et à l’hydraulique. (Le
Matin, 25.4.96).
71Com. Souvent abrégé en DEW. V. ASSEMBLÉE POPULAIRE DE
WILAYA.

72DÉLÉGUÉ EXÉCUTIF COMMUNAL n.m. Courant. Responsable


de la Délégation exécutive communale, maire de transition. Dans une
wilaya de l’Ouest, c’est un garde du corps du délégué exécutif communal
(DEC) qui assurait ce travail de change. (La Nation, 23.7.96).

73Com. Souvent abrégé en DEC.

74DÉLÉGUÉ EXÉCUTIF DE WILAYA n. m. Assez courant.


Responsable de la délégation exécutive de wilaya. Le comité de
privatisation des entreprises locales de la wilaya d’El-tarf est composé
du trésorier, le D.E.W, le secrétaire général de l’union de wilaya de
l’U.G.T.A. et est présidé par le secrétaire général de la wilaya. (El Acil,
18.1.96).

75Com. Souvent abrégé en D.E.W. ou DEW.

76DELLALA V. DLALA.

77DELALATES, DALLALÂT, DLALATE pluriel de DLALA. Pour


quelques-uns, s’habiller national est la meilleure manière d’éviter
l’escroquerie. Et les dlalate du pays en sont une de taille… (El
Moudjahid, 19.4.84). Emmitouflées dans leur haïk, elles cachent des
bijoux de tout genre et de tout calibre. Elles sont là, les bras chargés de
bracelets, de gourmettes, les doigts de bagues et le tour du cou décoré de
parures et de sautoirs. Pourtant, à première vue, ces « dallalât
revendeuses de bijoux à la sauvette », inspirent plutôt de la compassion.
Car elles sont souvent veuves, divorcées ou mères de famille. (El
Moudjahid, 22.5.86). Il y a les fugueurs à ficher […] les tacots à piéger,
les commerçants à protéger des confrères, les delalates des commandos
du fisc. (Sansal, 1999, 327).

78DÉMONOPOLISATION (de monopoliser + préf. dé- + suf. -ation)


n. f. Disponible, milieux universitaires. Fait de supprimer le monopole.
[…] le CNT en l’occurrence, se manifeste par un conservatisme dépassé,
rejetant un projet d’ordonnance sur la démonopolisation du secteur des
assurances. (El Watan, 16.11.94). Bien que non encore achevés, leurs
objectifs visent : la démonopolisation et la responsabilisation de la
profession. (L’Agro-industriel, 1.12.94). A priori, la démonopolisation
des activités d’importation et de distribution des produits a conduit à une
normalisation de l’approvisionnement du marché. (Liberté, 15.1.96). La
démonopolisation du commerce extérieur semble avoir avancé
rapidement en 1995 avec une multiplication des opérateurs privés. (La
Tribune, 29.1.96). Le texte élaboré par le ministère de tutelle prévoit la
démonopolisation du secteur des transports maritimes et des activités
portuaires annexes au profit d’opérateurs privés nationaux. (El Watan,
27.11.96). V. DÉMONOPOLISER.

79DÉMONOPOLISER v. tr. dir. Disponible, milieux universitaires.


Supprimer le monopole. Malgré cette clarté dans les motifs qui président
à la nécessité de démonopoliser ce secteur […]. (El Watan,
16.11.94). L’État a, il y a quelque temps, pris la décision de
démonopoliser totalement les importations d’intrants. (La Tribune,
19.2.96). Cette volonté de contrôle cherche naturellement le détour le
moins coûteux dans un refus catégorique de démonopoliser
l’impression. (La Tribune, 17.5.96).
80Com. Pendant longtemps, l’État algérien a disposé d’un monopole
pour exercer certaines activités économiques.
V. DÉMONOPOLISATION.

81DERB (de l’arabe) n. m. (pluriel : droub(s)). Vieilli mais disponible.


Quartier populaire et pauvre, souvent de construction ancienne. Bien sûr,
il y a de temps en temps une virée au derb. Mais là aussi, la déception est
au rendez-vous. (El Moudjahid, 27.2.84). Aujourd’hui, il existe encore
des vestiges de l’époque turque dans le derb très vétuste mais encore
récupérable. (El Moudjahid, 18.2.85). Le wali d’Oran a, dans son
intervention, exposé l’urgence de la rénovation et l’entretien des vieux
quartiers, Hai El-Houari et le derb. (El Moudjahid, 21.4.85). Bien
entendu, nous sommes entrés dans les vieilles maisons du « derb », de
véritables chaumières ! (Algérie-Actualité, 14.3.85). […] les Juifs,
cachés derrière le rideau du derb, une synagogue. (Liberté,
25.10.95). Hop ! les crottes seront ramassées par les vieilles négresses
du derb. (Sansal, 1999, 100).

82Com. Attesté ds Lanly 1970.

83DERBAKDJI, DERBOUKDJI, DRABEKDJI (de l’arabe) n. m.


Disponible. Joueur de derbouka. Le travail de Rachid comme drabekdji,
ce jeune élément de l’orchestre, a été sensationnel. (El Moudjahid,
18.8.80). L’orchestre était souvent composé du célèbre luthiste M., du
drabekdji Z. (El Moudjahid, 15.1.84). Il nous envoûta la durée de son
concert, accompagné par un musicien « derboukdji » de
Marrakech. (Algérie-Actualité, 19.7.84). Alilou le « derbakdji » ne s’est
pas gêné un seul instant pour lancer des clins d’œil. (El Moudjahid,
10.4.85). C’est contrairement ce qu’a dû ressentir le modeste derbakdji
qui a eu, cette semaine, l’honneur du petit écran. (El Moudjahid,
15.4.85). Mustapha Henni, le grand « drabekdji » Alilou Debbah et
d’autres artistes, toutes générations confondues, ont pris tour à tour la
parole. (L’Authentique, 5.8.97). V. DERBOUKA, DRABKI.

84DERBOUKA, DARBOUKA (de l’arabe) n. f. Courant. Instrument à


percussion traditionnel formé d’un vase de terre sur lequel est tendue une
peau de chèvre ou de poisson. Il faut voir la fête que c’est avec les
derboukas marquant, pendant des heures durant, les mesures de zendali
effréné. (Lemsine, 1978a, 90). De temps à autre, le rythme d’une
derbouka domine l’animation générale. (El Moudjahid, 14.6.83). Les
derboukas et les you-yous aidant, on ne peut espérer une situation plus
explosive. (El Moudjahid, 3.1.85). Une splendide adolescente en robe
berbère chatoyante, avec un foulard autour des hanches, dansait au
milieu de la pièce au son de la derbouka. (Touati, 1986, 125). L’ère de la
derbouka et du banjo est révolue. (El Watan, 8.7.91). Et le rythme
redevint sauvage, grisant, accompagné de la darbouka, tam-tam
millénaire. (Bensmaïne, 1996, 22). De sa voix forte et mélodieuse, il
habillera les exécutions perlées de solos de l’orchestre et fournira le
motif aux roulements de la derbouka sous les doigts pressés de Dahmane
Bentaleb. (La Tribune, 27.12.99).

85Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. BENDIR,


DERBAKDJI, DERBOUKER, DRABKI, TABLA.

86DERBOUKDJI V. DERBAKDJI.

87DERBOUKER, DARBOUKER v. 1. Disponible, oral surtout. Jouer


de la derbouka. Les amateurs de chant chaâbi aiment derbouker les
rythmes du maître El-Anka. (oral).
882. Disponible, oral surtout. Imiter le bruit de derbouka avec ses poings,
ses doigts. Des dépressés-nerveux l’accompagnaient en derboukant avec
leurs poings sur les tables. (Lounès, 1982, 47). Spontanément, il se mit à
derbouker avec passion. (oral). Les élèves adorent derbouker sur les
tables. (oral). V. DERBOUKA, DERBAKDJI, DRABKI.

89DERDJA (de l’arabe) n. f. Disponible. Arabe dialectal, langue arabe


parlée par le peuple. Ça me plaît de rencontrer les gens. La plupart du
temps, ils me reçoivent bien. Le problème de la langue ? Il existe, bien
sûr. Souvent on aimerait me répondre en « derdja ». Il est vrai que sont
nombreux ceux qui s’expriment mieux en arabe qu’en français. (El
Moudjahid, 7.11.84). Je capte par hasard la chaîne I. Ô miracle !
Quelqu’un, dont je n’ai pas retenu le nom (un universitaire de
Constantine certainement), s’exprimait en « derdja » et en français à
propos de Kateb Yacine. (L’Hebdo libéré, 9.5.91). Pire, il écoutait les
réponses en DERDJA ! Ce pataouète souffre de mille maux ; il n’est que
cris, onomatopées, clins d’yeux, jeux de mains, mots de vilains, parce que
contraint à la rue et aux apartés louches par un arabe officiel,
irrédentiste et brutal. (Sansal, 1999, 139). Le président Boudiaf a parlé
en derdja, la langue que tout le peuple algérien comprend. (oral).

90DEROUICH V. DERWICH.

91DERSA, DERSSA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Préparation de base


des plats en sauce rouge qui se compose d’ail, piment, sel, poivre
noir. Éplucher les aubergines, les laver, les couper, faire une derssa avec
l’ail, sel, poivre noir, carvi, piment. (Bouksani, 1982, 39). Versez la
dersa sur le poulet. (Bouayed, 1983, 88).

92DERWICH, DEROUICH, DERWICHE, DERVICHE (de l’arabe)


n. m. 1. Disponible. Religieux musulman appartenant à une confrérie. La
sécheresse frappait bêtes et céréales […] Le derviche songea à donner
une « hadra », une fête en l’honneur du marabout. (Benhedouga, 1982,
105). Sa mère que Dieu a rappelée à Lui – à cause d’une boucherie – lui
a dit un derwich, repose aujourd’hui en paix. (Algérie-Actualité,
30.12.82). Barbe noire fournie, tignasse au vent, haillons libérés,
l’homme – un derwich – arpente à grands pas le macadam. (El
Moudjahid, 13.6.84). Tous leurs sens, toute leur énergie étaient
concentrés sur un seul point, Nana Mansouria, autour de laquelle ils
tournaient comme des derviches. (Ben Mansour, 1990, 127). Les
derviches, pour lui rendre hommage et lui manifester leur attachement,
s’empressaient d’organiser une zerda. (Benhadouga, 1992, 19). Deux
jours après, elles retournèrent chez le derwiche. – Viens près de moi, fille
de mes ancêtres, mon maître t’a prescrit des soins à suivre à la lettre
pour lever toute entrave de ton chemin. Tu t’élèveras dans la voie !
Travaille et tu réussiras ! Tu seras protégée de tous les maléfices car les
serviteurs de Sidi El Béchir vont les éloigner de ta route. (Bensmaine,
1996, 84). […] un derviche aveugle ayant fait vœu de silence mais pas de
chasteté. (Sansal, 1999, 87).

932. Intégriste musulman. Disponible, oral surtout. S’il n’y a pas de


répondant ni de résistance, nos derwiches pousseront encore plus
loin. (El Watan, 16.1.94). Nos derwiches sèment la terreur. (oral).

94Com. Attesté dans GR et TLF.

95DESCENDRE v. 1. Courant, oral surtout. Aller, se rendre. Repassez


me voir à 1 h 30, je suis débordé de travail, je dois descendre demain au
ministère pour affaire. (Algérie-Actualité, 23.1.86). Ce soir, je descends
en ville. (oral).

96Com. Attesté ds Lanly.


972. Disponible. Spécialement, pour les terroristes, quitter les maquis
pour se rendre aux autorités. Ce prédicateur, considéré comme une
référence chez les salafistes de la région, avait réussi à faire descendre
quelque 200 éléments du GSPC depuis l’avènement de la concorde civile.
(La Tribune, 13.1.00). Les 350 à 400 terroristes en trêve cantonnés à
Chlef et les 400 à 500 autres cantonnés à Aïn Defla s’apprêtent à
descendre aujourd’hui pour se mettre sous l’autorité de l’État. (Le Matin,
14.1.00). Notre interlocutrice a peur que son mari ne descende pas avant
la date butoir. Elle affirme avoir senti que son émir n’avait pas
l’intention de laisser partir ses troupes. (El Watan, 14.1.00).
V. MONTER.

98DÉTENIR v. tr. ind. Disponible, oral surtout. Tenir de. Un rempart


qui détenait de l’époque turque. (oral). Le fusil qu’il détient de son
grand-père est de marque française. (oral). Elle détient ce bijou de sa
grand-mère. (oral).

99DETTE n. f. Disponible, oral surtout, milieux universitaires. Examen


à repasser. La semaine est réservée aux examens de rattrapage de dettes
pour les étudiants qui accèdent en année supérieure avec dette. (El
Moudjahid, 8.9.83). L’étudiant qui a trois dettes doit refaire toute son
année. (oral).

100DEVANTURE n. f. Disponible. Espace qui se trouve devant la


vitrine d’un magasin, d’une boutique. Les services de nettoiement ne
peuvent pas arriver à bout de ces ordures qui jonchent les devantures de
leur magasin. (El Moudjahid, 18.8.80). Un épicier arrose la devanture de
son magasin. (Horizons, 21.7.86). Chaque jour que Dieu fait, et cela
dure depuis quatre mois, des chaînes composées en majorité de gens
humbles commencent à se faire devant les devantures des boulangeries,
dans l’espoir que son propriétaire veuille bien lever son rideau. (El Acil,
3.1.94).

101DEW V. DÉLÉGUÉ EXÉCUTIF DE WILAYA.

102DEY (du turc) n. m. Disponible, écrit surtout. Chef du gouvernement


d’Alger à l’époque de la domination ottomane (1671-1830).
[…] l’ancienne demeure de la fille d’un illustre dey. (El Moudjahid,
17.7.84). La colonisation française n’a rien à voir avec le chasse-
mouches du dey, c’était tout simplement un prétexte, une occasion pour
pénétrer dans un pays qui intéressait la France depuis des siècles. (Ben
Mansour, 1990, 123). Sous les Turcs et les deys, les repas étaient très
abondants, associés à d’autres recettes aujourd’hui disparues. (El Acil,
17.5.96). Alors que le dey, pour sa part, répond grossièrement à la
Sublime Porte, allant jusqu’à dire au sultan que, s’il continuait ainsi, les
Grecs prendraient certainement ses femmes. (El Watan, 27.11.96). Les
navires n’appartenaient pas uniquement à l’État algérien ; le dey, divers
personnages de qualité, des juifs en avaient aussi. En sortant du port, le
bateau saluait le dey d’un coup de canon et un deuxième saluait Sidi
Abderrahmane. (El Moudjahid, 3.8.97). Elles contenaient cinq corps de
deys qui avaient été élus et égorgés le même jour. (El Moudjahid,
5.8.97). C’est en ce lieu que fut signé le traité du 5 juillet 1830 qui
consacra la chute d’Alger et la capitulation du dey. (La Tribune, 7.2.00).
V. BEY.

103DHAÏA, DHAYA V. DAYA.

104DHIKR V. DIKR.

105DHIOUL V. DIOUL.

106DHOL-HIDJA V. DHOU EL HIDJA.


107DHOLMA, DOLMA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Plat traditionnel à
base de viande hachée. Passant à la « dholma », mon plat présente un
aspect aride avec ses douze pois chiches et une viande. (Algérie-
Actualité, 28.6.84). À Tam, on ne connaît ni chorba, ni dolma. (Algérie-
Actualité, 30.5.85). La « dolma » n’a besoin que de 200 grammes de
viande hachée et de 2 kg de pommes de terre. (Le Matin, 9.3.92). Si on
enlève les plats d’origine turque, comme la chorba, la dolma, le bourek,
le kebab… et autres « gâteaux orientaux », que va-t-il rester dans notre
cuisine ? (Le Matin, 27.9.95).

108DHOR, D’HOR, DHOHR, DOHR, ELDHOR (de l’arabe) n. m.


Courant. Prière musulmane du début de l’après-midi. Le taleb, dans la
main de qui on avait déposé en arrivant à l’heure du dhohr une pièce de
deux sous, nous laissait partir plus tôt. (Bennabi, 1965, 107). À peine
observait-il une petite pause de quelques instants, le vendredi, à l’heure
du dhor. (Dib, 1967, 46). Il se chauffait au soleil et attendait l’heure de
la prière : le dhor. (Boudjedra, 1972, 130). Son âge ne lui permit plus
d’assurer que la prière du dohr. (Algérie-Actualité, 2.5.91). À Alger,
l’imam Salah Bouteine, âgé de 73 ans, qui prêchait à la mosquée de Sidi
Abderahmane dans la casbah, a été assassiné hier aux environs de 13 h
50, après la prière du dhor, par balles. (La Tribune, 21.8.95). […] une
bombe qui a explosé lundi à 13 h 30 au moment de la prière du d’hor.
(Le Matin, 5.1.00). Le cortège funèbre qui a été suivi par une foule
nombreuse après la prière du dohr effectuée à la grande mosquée de
Tlemcen […]. (Quotidien d’Oran, 22.3.00). V. ACER, AÏCHA,
MAGHREB.

109DHOU EL HIDJA, DHOL-HIDJA, DHOUL HIDJA, DHOU-EL-


HIJJA (de l’arabe) n. m. Disponible. Douzième mois de l’Hégire, mois
sacré où s’accomplit le pèlerinage aux Lieux saints. Le Ministère des
Affaires religieuses rappelle à l’ensemble des musulmans que le premier
jour du mois de Dhou El Hidja 1404 de l’Hégire correspond à la journée
du mardi 28 août 1984 et ce, au terme du mois de Dhou El Kaada. (El
Moudjahid, 4.9.84). Le jeûne de la première décade de Dhou El Hidja.
(El Djezairi, 1986, 322). […] se croisent une fois chaque année lunaire,
tous les dix de Dhou-el-Hijja, jour du mouton, jour du sacrifice chez les
descendants d’Abraham. (Zaoui, 1999, 41). Celui-ci, dans une lettre
datée du 20 Dhoul Hidja (qui correspond au 20 mars) vient de prononcer
un appel-fetwa en direction des groupes armés. (Quotidien d’Oran,
29.3.00).

110DHOU EL KAADA, DOU EL KIIDA (de l’arabe) n. m.


Disponible. Onzième mois de l’Hégire. Remarquons qu’entre le septième
mois (Radjeb) et le onzième (Dhou El Kaada) s’intercale un mois nommé
Choual. (Koribaa, 1984, 141). Ils continueront à les maltraiter jusqu’à
« Dou el Kiida » pour aller se faire un brin de toilette quand arrive
« Dou el hidja ». Ils vont aux Lieux saints se purifier. (Quotidien d’Oran,
4.3.01).

111DIALOGUISTE (de dialogue + suf. -iste) n., adj. Disponible,


intellectuels. Partisan du dialogue politique (en particulier avec les
islamistes du FIS). Si les « dialoguistes » plaident l’absolution des
crimes même s’ils sont régulièrement prouvés, en prêchant la
« fraternité » en noir et blanc […] (Le Jeudi d’Algérie, 16.7.92). Et il y a
tout lieu de croire que l’ensemble du courant « cohabitationiste,
dialoguiste, réconciliateur et de neutralité apparente » s’apprête à
s’engouffrer derrière le FLN dans l’aventure du soutien plus ou moins
critique. (L’Hebdo libéré, 27.1.93). La marche du 22 mars dernier a
finalement été le déclic tant attendu par les patriotes sincères de ce pays
pour dénoncer la barbarie des terroristes et interpeller le pouvoir quant
à sa politique dialoguiste en direction de la mouvance islamiste et en
particulier vers l’ex-FIS (Le Soir d’Algérie, 30.3.94). Un terme définitif
doit être mis à la ligne dialoguiste. (Le Libre, 9.4.94). De jour en jour, le
mouvement intégriste algérien se désintègre et tend vers une nouvelle
configuration où se distingueront désormais de la manière la plus nette
les franges des ultras par rapport à ceux que l’on peut qualifier de
dialoguistes. (La Tribune, 1.12.95).

112Com. Néologisme des années 1990. V. ÉRADICATEUR,


EXTERMINATEUR, RÉCONCILIATEUR.

113DIFFA (de l’arabe) n. f. Disponible. Réception d’hôtes de marque


accompagnée de festivités et d’un repas. La « diffa », avec le méchoui
traditionnel, marquait les temps forts de l’itinéraire. (Boutarène, 1982,
132). Il grimpe un raide escalier qui dessert une terrasse où s’ouvre la
pièce des diffa. (Mokeddem, 1992, 228). Une diffa générale couronna la
journée. (oral).

114Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

115DIGOÛTAGE V. DÉGOÛTAGE.

116DIKR, DHIKR (de l’arabe) n. m. Disponible. Invocation rituelle du


nom de Dieu, répétition du nom de Dieu dans la prière. […] parvenir à
Dieu, s’en rapprocher le plus possible, dans une quête faite de
méditation et de dikr. (Algérie-Actualité, 23.5.91). La ziara, qui débute
avec la fatiha, la prière et le dikr, lecture de textes religieux pour les
adeptes de la voie, se continue par la fête pour le commun des
mortels. (Algérie-Actualité, 20.8.92). Tout en égrenant son chapelet pour
un dikr matinal, Brahim laissait errer son regard entre les dernières
étoiles de la nuit. (Liberté, 24.2.95). Zaynab al-Qali’iya de la forteresse
des Banu-Hammad, quand elle s’asseyait pour pratiquer le dikr, elle
s’élevait à quinze mètres au-dessus du sol. (La Nation, 12.12.95).
[…] des odeurs de poussière et de grandeur passée y flottaient,
ressuscitant les dhikr, prières rituelles qui appartenaient à la liturgie de
la tariqa de ce grand saint vénéré. (Bensmaine, 1996, 103). Parfois,
lorsqu’il ne voudront plus parler, ils se mettront à faire du dhikr et à
louer Dieu. (Ben Mansour, 1997, 339). L’élève ne doit pratiquer un dhikr
donné ou répéter inlassablement une formule incantatoire que s’il est
autorisé par le maître. (El Watan, 26.8.97).

117DINAR (de l’arabe) n. m. 1. Peu courant, écrit surtout. Ancienne


monnaie d’or arabe. Que Dieu soit loué de m’avoir changé un simple
dirham en dinar ! (Djebar, 1983, 256). V. DIRHAM.

1182. Courant. Unité monétaire algérienne. Autrefois, notre monnaie


était le franc, et maintenant c’est le dinar. (Boudjedra, 1982,
90). Quatorze dinars pour un franc. (Mokeddem, 1995,
129). L’accumulation de créances a atteint plus de trente milliards de
dinars. (Liberté, 12.10.95). I l f a u t aujourd’hui 54 dinars pour obtenir
1 dollar sur le marché officiel contre 25 DA en 1994. (Liberté,
12.1.96). Le verdict stipulait l’arrêt immédiat de l’exploitation du camion
en plus d’une amende de 1 000 DA pour chaque jour d’exploitation. (El
Watan, 10.11.99). Ce que je propose est la création d’un « nouveau
dinar » dont la valeur serait le décuple de l’actuel. (El Watan, 29.3.00).

1193. DINAR SYMBOLIQUE loc. nom. Spécialisé. Montant minimal


d’une indemnité symbolique. Des lobbies exercent un pressing pour que
les terres privatisables soient cédées au dinar symbolique. (El Watan,
21.1.00). La plaignante demande réparation morale au dinar symbolique
et des excuses publiées dans le journal. (Quotidien d’Oran, 15.1.01). Le
tribunal a donné gain de cause au chef exécutif de la wilaya et a
condamné le mis en cause à une amende de 1 000 DA ainsi qu’au dinar
symbolique de la partie civile. (Quotidien d’Oran, 26.1.01).

120Com. Souvent abrégé à l’écrit en DA. V. DINARITE.

121DINARITE n. f. Disponible, connotation péjorative. Amour


inconsidéré du dinar, envie maniaque de gagner des dinars. À croire que
les courtes distances de moins de deux kilomètres ne sont pas du ressort
de ces transporteurs atteints d’un mal incurable qu’est la
« dinarite ». (El Moudjahid, 7.11.83). V. DINAR.

122DIOUL, DIOÛL, DHIOUL (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Pâte


feuilletée utilisée dans la préparation de pâtisseries ou d’entrées chaudes à
base de viande hachée. Laisser refroidir, ensuite farcir les feuilles de
dioûl avec la farce […] Plier les deux extrémités des feuilles de
dioûl. (Bouksani, 1982, 127). Les dhiouls, les k’tajefs s’écoulent
facilement durant le Ramadhan. (Le Matin, 17.3.92). Les jeunes enfants
se font une petite fortune en vendant pendant le Ramadhan des feuilles de
dioul. (oral). V. BOUREK.

123DIOUAN V. DIWAN.

124DIRHAM, DIRHEM (de l’arabe) n. m. Disponible, écrit surtout.


Ancienne monnaie arabe en argent. Eux, qui avaient exigé à grands cris
qu’elle leur montrât ces dirhems, ils ne voulaient plus les regarder. (Dib,
1967, 68). Serviteur, ordonna-t-elle, ramasse-moi ce dirham que j’ai fait
tomber. (Djebar, 1983, 98). Cela lui avait procuré une petite aisance : on
chiffre son crédit à 40 000 dirhams, ce qui est assez modeste. (El
Moudjahid, 1.6.84). Aussi ancien que le précédent (dinar), le dirham,
unité d’argent, était par contre une imitation des pièces sassanides
(drahmas). (Le Matin, 7.7.94). V. DINAR.

125DISS (de l’arabe) n. m. Disponible. (Festula patula) graminée


employée en sparterie et pour la couverture des maisons rurales
traditionnelles. Au pied des montagnes, on aperçoit des gourbis
confectionnés avec des troncs d’arbres et couverts de diss. (El
Moudjahid, 15.5.77). Dans cette région, c’est des chaumières en diss qui
tiennent encore lieu d’habitat pour un nombre important de familles. (El
Moudjahid, 21.1.83). […] rien pour pallier les problèmes rencontrés,
même pas le diss ou l’alfa pour couvrir les gourbis. (El Moudjahid,
1.11.84).

126Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. ALFA.

127DIVAN V. DIWAN.

128DIVORCER v. tr. dir. Disponible, oral surtout. (Faire) divorcer


d’avec. Les parents de Mina, scandalisés, la divorcent de Mahmoud. (Le
Journal, 8.1.93). Ma belle-fille traite mon fils de tous les noms vulgaires
de son vocabulaire : « Tu n’es pas un homme, divorce-moi ». (Le Soir
d’Algérie, 27.2.01). Il m’a divorcée, il m’a laissée avec cinq
gosses. (oral).

129Com. Attesté ds IFA.

130DIYA (de l’arabe) n. f. Disponible. Dédommagement prescrit par la


loi islamique. En présence également des sages, des tribus, une « diya »
a été offerte à la famille de la victime, d’un montant de quatre millions de
centimes. (El Acil, 24.5.96). Après l’accident de l’enfant, il a donné une
diya pour couvrir les soins de l’hospitalisation. (oral).
131DIWAN, DIVAN, DIOUAN (de l’arabe) n. m. 1. Disponible,
intellectuels, écrit surtout. Assemblée de notables. Afin de restaurer
l’autorité de l’État, l’émir entreprend comme première tâche, la création
d’un gouvernement ou diwan. (El Moudjahid, 14.6.77). Trouvant ces
propositions déshonorantes, Ahmed Bey les rejeta […] non sans avoir au
préalable discuté de cette question avec son diwan (Assemblée des
notables de Constantine et sa région). (El Moudjahid, 5.7.83). Mais, dès
la fin du 16e siècle, ce pouvoir leur était déjà disputé par l’agha,
commandant des troupes et par les membres du « diouan » – conseil de
la Milice – qui se mit bientôt à confondre intérêts corporatifs et État. (El
Acil, 3.3.93). Le diwan composé d’une soixantaine d’officiers supérieurs
et de hauts fonctionnaires élit le dey. (El Watan, 27.11.96). La plupart
des belerbeys, pachas et deys, appuyés par le diwan et la milice,
montrèrent dans les crises avec l’Occident ou avec les pays voisins, de
l’audace, de la ténacité et de l’indépendance de décision qui désarmèrent
l’adversaire. (El Watan, 5.1.00).

1322. Disponible. Recueil poétique. Les poètes consacrés vous


évoquaient ainsi dans des diwans lyriques. (Djebar, 1980, 127).
[…] quand meurt le poète, le diwan reste. (El Moudjahid, 6.1.85). La
société d’études et de recherches historiques a entrepris un vaste travail
de constitution d’archives qui lui a permis de sauver d’une perte fatale
les diwan de plusieurs poètes. Ces diwan concernent les œuvres
poétiques d’aèdes les plus connus du XIXe siècle et du début
du XXe siècle. (Le Matin, 15.6.91). Certains historiens considèrent que
son « diwan » était composé de plus de 3 000 poèmes chantés. […] Le
patrimoine de la musique populaire dite « Haouzi », dont les « diwan »
ont beaucoup souffert de pertes fatales, est composé d’environ deux cents
pièces poético-musicales sauvées aujourd’hui de l’oubli. (Eddalil,
25.2.93). Les cheikhs, dont la musique était le gagne-pain, n’ouvraient
pas leur diwan au premier venu. (Algérie-Actualité, 30.3.93). Alloula,
alors adolescent, était bercé pendant longtemps par le diwan et le rythme
du goumbri. (La Tribune, 13.3.96). Je lis dans le diwan d’Omar
Khayyâm : « On me dit : Qu’elle est belle, une houri des
cieux ! ». (Zaoui, 1999, 16).

133DJAHILIYA, DJAHILIA, DJAHILIYYA, DJAHILYA,


JAHILIA, JAHILIYA (de l’arabe) n. f. Disponible, écrit surtout.
Période antéislamique. Ce chef de guerre n’avait point connu la défaite,
ni dans la « Djahilia » ni en Islam. (El Moudjahid, 25.8.77). Ceux que tu
pleures sont morts dans la djahiliyya et ils sont en enfer. (El Moudjahid,
10.9.84). Une telle conception ne vous paraît-elle pas puiser sa source
dans l’esprit de la Djahiliya ? Vous savez très bien ce qu’est la
Djahilya… C’est sans doute la mentalité de l’ignorance et de l’absence
de foi… (Le Nouvel Hebdo, 21.11.90). Les hordes sauvages de tueurs à
gages et de destructeurs rappellent la « djahilia » et sa cruauté
orientale. (El Moudjahid, 30.3.93). Ces Arabes de la Djahilia qui
inventèrent la rime fondée sur le sens profond du rythme qui, à son tour,
régit tout le système métrique de la poésie, voire de la prosodie
arabe. (El Acil, 29.9.93). C’est surtout un retour inexplorable vers la
« djahiliya » que nous propose l’islamisme modéré prôné par le MSP et
Ennahda. (El Acil, 20.6.94). […] les morveux publics qui vivent dans
l’impunité totale et sont absous de leurs actes barbares que même la
Djahilia aurait réprimés. (Quotidien d’Oran, 10.3.00).

134DJAMAA, DJAMA, DJEMAÂ, DJAMAÂ, DJEMÂA, DJEMAA,


DJEMA, DJEMA’A, JAMAÂ, JAMAA (de l’arabe) n. f. ou m.
(pluriel : djamaâte, djama’ate) 1. Disponible. Assemblée des anciens,
conseil des sages chargés de la gestion des affaires de la
communauté. Les vieux érudits de la djemaâ, riches des préceptes du
Coran, ne manquaient pas de tancer sévèrement les ignorants pour leurs
blasphèmes. (Lemsine, 1978b, 49). La djemaâ du village Taourirt
Abdallah a le plaisir d’informer la population des Ouadhias que la fête
de Sidi Rabea aura lieu les jeudi et vendredi 5 et 6 octobre 1978. (El
Moudjahid, 1.10.78). Pour la seule consultation électorale, durant la
période coloniale, les candidats à l’Assemblée algérienne avaient axé
leur campagne sur les djemaâ, car ils savaient à quel point l’instinct de
groupe prévalait. (Algérie-Actualité, 16.5.91). Ce sont généralement
celles des anciens de la djemâa qui ont beau jeu, ils discutent calmement
et placidement à l’air libre et à l’ombre du chêne. (El Acil,
3.3.93). J’assistais à des réunions de la djemaâ, où les notables, drapés
de leurs magnifiques burnous blancs, maniaient avec aisance le
verbe […] la djemaâ est le lieu par excellence des règlements à
l’amiable. (Mouzaia, 1994,12). La djemaa se serait réunie pour juger le
comportement séditieux d’un enfant perverti. (Ben Mansour, 1997,
268). Pour les repas, ils les prenaient à tour de rôle chez quelqu’un de la
djemaâ. (El Watan, 3.1.00).

1352. Disponible. Lieu où se tient l’assemblée des sages, des notables


représentant un village (douar). J’allais de la djema au café et du café à
la djema. (Feraoun 1957, 37). Un monsieur bien habillé vint un jour au
djamaâ avec un grand « s’ni » plein de gâteaux et de makroud. (Zinai-
Koudil, 1984, 108).

1363. Disponible. Association. Pour lui [Cheikh Djabber], la fitna a


commencé du temps de la djemaâ des frères musulmans. (El Watan,
26.05.94). Le président du tribunal a commencé par donner lecture de
l’acte d’accusation portant notamment constitution d’une structure
organisationnelle de la djamaâ des frères musulmans interdite. (Liberté,
18.9.95). Sayed Kotb, un des leaders de la djamaâ, avait été condamné à
la peine capitale et exécuté. (Liberté, 18.9.95). Désormais, tu fais partie
de la djemaâ des frères musulmans. C’est une grande organisation
mondiale dont le siège est au Caire. (Gastel, 1999, 50).

1374. Disponible. École coranique. Le jamaa, l’école coranique du


Cheikh Zalmati, se trouvait à une rue de notre maison, du côté de Trig
Zaghbou ; c’était une minuscule pièce où venaient s’entasser tous les
enfants du quartier ; les petits devant, les grands derrière ; les nattes de
halfa sur lesquelles on s’asseyait nous mordaient les fesses. (Mokeddem,
1999, 27).

138Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR. V. TAJMAÏT.

139DJAMAÂTE, DJAMA’ATE pluriel de DJAMAA. D’abord les


djamaâte, organisées d’essence politique (FIS…) ensuite, les djamaâte,
organisées, apolitiques, confréries et zaouïas… (El Watan, 12.12.91). La
situation d’abandon, dans laquelle vivent de nombreux quartiers
populaires, est propice à la propagation de l’islamisme dans sa version
modérée, incarnée par les Frères musulmans, plutôt qu’à celle, plus
radicale, incarnée par les djama’ate. (La Nation, 28.11.95).

140DJAOUI (de l’arabe) n. m. Disponible. Encens importé d’Arabie


Saoudite. De nombreuses boutiques offrent l’aspect de véritables bazars.
On y trouve de la savate à la machine à laver, de la pâte dentifrice au
« djaoui ». (El Moudjahid, 9.2.78). Afin d’éloigner, d’exorciser le
mauvais œil ou toute espèce de malheur, j’ai fait brûler du djaoui dans le
kanoun. (Lounès, 1982, 64). Une vieille entre soudain dans la zaouia.
Elle laisse échapper des youyous, baise la main du « chaouch », dépose
ses offrandes, allume du djaoui, puis embrasse le tombeau. (El Watan,
3.9.91). En plus de leurs peintures, ils ont monté, composé et arangé des
installations : bougies et djaoui pour les uns, musique pour certains. […]
(El Watan, 4.3.01). Achète-nous un peu de djaoui pour le
Mouloud ! (oral). V. BKHOUR.

141DJAZAARA, DJAZ’ARA, DJAZAÂRA, DJEZ’ARA,


JAZ’ARA (de l’arabe) n. f., adj. Disponible. Courant islamiste algérien
s’inscrivant dans une perspective nationale. Ce qui peut surprendre, c’est
ce désir du fils spirituel de cheikh Sahnou, ténor de tendance djazaâra
(algérianiste), à vouloir à tout prix changer de patronyme. (Hebdo libéré,
20.1.93). Deux leaders du courant « djazaara » appellent à la non-
participation à ce rassemblement. (El Watan, 28.2.94). Ces affrontements
GIA-AIS traduisent des divergences arrivées à maturité au sein de l’ex-
FIS, entre ces deux tendances principales : la djaz’ara de Mohamed Saïd
et le courant des salafistes, à l’origine de la création du FIS. (Le Matin,
5.4.95). Cette guerre entre les deux chefs terroristes faisait suite à
l’élimination, par Djamel Zitouni, en janvier dernier, de plusieurs figures
de proue de la djaz’ara, infiltrées au sein du GIA. (Liberté,
29.7.96). C’est la présence de la Djez’ara au lycée qui est menacée. Il
s’agit de protéger un territoire chèrement acquis et de barrer la route à
tous ceux qui s’y aventureraient, qu’ils soient salafistes ou Frères
musulmans. (Gastel, 1999, 103). La Djez’ara, un Islam algérien,
indépendant de toute influence venue d’Égypte ou d’ailleurs. (Gastel,
1999, 119). La djaz’ara est un courant de pensée qui s’appuie sur la
culture nationale plus que sur les idées internationalistes. (Le Quotidien
d’Oran, 5.2.00).

142DJAZAARISTE, DJAZ’ARISTE, DJEZ’ARAISTE n. m., adj.


Disponible. Partisan de la djazaara, du courant islamiste
« algérianiste ». Au projet, qui risquait de rencontrer de sérieuses
difficultés quant à sa réalisation dans un État algérien appliquant le
sunnisme dans toute sa vigueur, les djaz’aristes, ce courant algérianiste
qui se manifesta presque subrepticement, se sont interposés. (El Watan,
15.4.93). Dans un texte envoyé hier à l’AFP, le GIA s’en prend
violemment à certains chefs djazaaristes qualifiés d’opportunistes. (El
Watan, 21.11.93). L’incarcération des responsables de l’ex-FIS, l’arrêt
du processus électoral et la pression des forces de sécurité sur les
activités du parti dissous poussent certains djaz’aristes à la clandestinité
et d’autres, plus nombreux, à l’exil. (El Watan, 9.5.96). L’élimination de
Djamel Zitouni traduit le paroxysme de la lutte interne entre deux
tendances, à savoir, les « djaz’aristes » et les « salafistes ». (El Watan,
29.7.96). Ce sont ses militants au profil b.c.b.g. – ceux qui forment la
tendance djaz’ariste – qui ont fondé le FIDA dès 1992. (Liberté,
16.10.97). Les Frères musulmans reprochent aux Djez’aristes d’être
élitistes. (Gastel, 1999, 112). Hachani n’a jamais été djaz’ariste. Le frère
Abdelkader était salafiste, musulman et algérien. (Quotidien d’Oran,
5.2.00). V. ALGÉRIANISTE.

143DJEBA V. DJEBBA.

144DJEBAR, DJEBBAR (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Plant de


palmier. Dans la wilaya de Laghouat nous avons procédé à la plantation
de 27 000 djebars. (El Moudjahid, 28.4.78). Un programme de
rajeunissement de la palmeraie sera lancé prochainement avec la
plantation de 300 « djebars ». (El Moudjahid, 31.1.83). Le patrimoine
phoenicicole, malgré une quantité considérable de palmiers improductifs
– en déclin ou djebbar – enregistre une production appréciable. (El
Moudjahid, 27.1.86). Je voudrais planter plusieurs djebbars (plants)
mais je n’ai plus d’eau. (El Watan, 17.2.00).
145DJEBBA, DJEBA, DJEBBAH (de l’arabe) n. f. (pluriel : djebbas,
djebbate). Disponible. Robe traditionnelle longue et ample que les
femmes portent dans la maison. Kheira tira de son couffin la robe qu’elle
avait apportée et en revêtit la vieille, après lui avoir enlevé la
« djebba », trempée de sueur, qu’elle portait. (Benhedouga, 1982,
48). Elles portent toutes les vêtements très légers (djebas et
tabliers). (Révolution et Travail, 5.3.85). Les dames s’affichaient en
soirée pour ajouter une touche de charme et de fantaisie à leur beauté de
djebbas algéroises. (El Moudjahid, 24.7.88). Deux jolies oranaises en
djebba (le cliché sexuel de l’Ouest). (Le Jeudi d’Algérie, 13.8.92). Juste
le droit de relever leurs djebbas kabyles, à hauteur des genoux et de se
mouiller les mollets. (Algérie-Actualité, 13.7.93). La djebba, le karako ou
la robe kabyle subissent chaque année des transformations. (Algérie-
Actualité, 24.8.93). On nous balance que la pelote de fetla revient aux
environs de 1 200 dinars, qu’une djebba qui se respecte nécessite une
charge de dix bobines. (Le Matin, 26.6.95). V. DJELLABA.

146DJEBBAR V. DJEBAR.

147DJEBBATE pluriel de DJEBBA. Il permet aux mariées


d’économiser de grandes sommes, généralement dépensées pour l’achat
de différentes robes traditionnelles (djebbate, kaftane, karakou,
etc.). (Horizons, 3.8.97).

148DJEBEL, DJEBBEL (de l’arabe) n. m. 1. Courant. Mont,


montagne. Située au sud-ouest du pays et, plus précisément, au pied des
djebels Ksel et Boudergna, El Bayadh, ville du mouton, tire son nom de
l’oued El-Biadh. (El Moudjahid, 15.1.85). Le couvercle nuageux
s’abaissa d’un cran et se cala au plus bas du djebel. (Mokeddem, 1992,
123). Il le regarde en ricanant intérieurement, se moquant de sa manière
« montagnarde » de porter le keffieh […] Il aurait pu rester dans ses
djebels ! Comme si nous n’avions pas à Alger suffisamment de gens
capables d’être imam. (Allouache, 1995, 129). Une immense clameur
résonna dans les campagnes et les djebels. (Sansal, 1999, 10). La ville a
ensuite grimpé les pentes de la colline qui s’élevait au-dessus de la
plaine. Tout le site de ce djebel, comme on l’appelle, a été occupé. (La
Tribune, 20.1.00). La Direction des Travaux publics a recensé dix-huit
sites d’exploitation à travers les djebels de la wilaya de Tipasa. (El
Watan, 8.2.00).

149Com. Terme de géographie ordinairement suivi d’un toponyme, le


mot peut aussi s’employer seul. V. KEF.

1502. Disponible. Lieu de résistance, maquis (au cours de la guerre


d’indépendance ou de la rébellion des islamistes). Partout dans les
djebels comme dans les plaines, Si Mustapha faisait la démonstration de
son génie de la guérilla. (El Moudjahid, 25.3.79). Peut-on répondre à la
question de savoir pourquoi l’organisation du FLN n’a pas répondu aux
espoirs placés en elle par les hommes du djebel ? (Algérie-Actualité,
1.11.84). La flamme révolutionnaire demeure vivace entre les mains de
ceux qui l’ont allumée hier dans les djebels et qui continuent de
l’entretenir de leur enthousiasme intact… (Horizons 2000,
25.12.85). Zoubida, elle, dit que « si c’était encore le cas, je monterai au
Djebel. » (Algérie-Actualité, 30.10.86). Pardonne si tu peux ma violence
et mon injustice. Je pars au djebel essayer de me racheter, je combattrai
pour ta liberté. (El Moudjahid, 27.5.87). Par ailleurs, nous manquons
d’armes. L’armement de guerre que nous récupérons à l’issue de nos
opérations est systématiquement envoyé au djebel. (Khadra, 1999,
155). A. B. se rappelle même le nombre des victimes tuées par le GIA
dans les massacres de Relizzane. Toutefois, il s’insurge contre le fait
qu’on lui impute la responsabilité des massacres. « Je suis toujours au
djebel (maquis). Je connais qui est qui », avoue-t-il. (Le Matin, 14.1.00).

151Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

152DJEBEL-AMMOUR, DJEBBEL AMOUR (de l’arabe) n. m.


Spécialisé. Tapis de laine traditionnel multicolore à dessin géométrique,
qui est fabriqué dans la région du Djebel Amour et qui sert de
couverture. Le « Djebbel Amour » est le tapis des hauts plateaux, tissé
des confins sud-oranais à Djelfa.. (Nacib, 1981, 34). Le Djebel-Ammour,
un tapis d’origine très ancienne, constitue le « frèche » (couverture) des
populations de cette région très froide la nuit. Il se distingue à ses
couleurs écarlates axées sur le rouge, le noir, le blanc avec des variantes
de vert. Le Djebel-Ammour se caractérise par 4 motifs
principaux […] Ce tapis en laine épaisse, à double face, requiert un
tassage contenant jusqu’à 420 points par décimètre carré. (El
Moudjahid, 22.12.82). Je viens de recevoir en cadeau un Djebbel-
Amour. (oral). V. DJERBI, HANDBAL, TAPISSERIE, ZARBIA.

153DJEDDAR (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Monument funéraire


berbère de forme pyramidale. Les djeddars sont situés au sud-ouest de
Tiaret et à gauche de la route qui mène à Frenda, commune dont relèvent
ces monuments […] attribués à une dynastie berbère. (El Moudjahid,
8.8.84). Frenda : il reste les fameux tombeaux pyramidaux djeddars,
œuvre des princes berbères chrétiens des VIe et VIIe siècles. (El
Moudjahid, 9.12.84).

154DJEICH (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Armée de Libération


Nationale (ALN), forces militaires algériennes pendant la guerre
d’indépendance. Quelquefois le « djeich » venait se nourrir chez nous,
alors nous montions la garde pour assurer sa protection. (Algérie-
Actualité, 22.12.83). Il sut toujours admettre sans l’imposer sa tactique
de combat pour atteindre tous les objectifs assignés au djeich. (El
Moudjahid, 24.10.84). Leur effectif dépassant souvent les 200 djounoud,
elles étaient structurées à l’usage des unités du djeich opérant à
l’intérieur. (Algérie-Actualité, 1.11.84). Les combats ne cessèrent jamais
grâce au courage, à l’endurance et à la foi non seulement des
moudjahidine, mais aussi des populations qui utilisèrent mille ruses pour
continuer à aider le djeich. (El Moudjahid, 31.10.86). Une lettre rédigée
la veille de son départ pour un djeich. (Mokeddem, 1992, 26).

1552. Disponible (actuellement) Armée Nationale Populaire algérienne


(ANP). El djeich est le seul rempart contre l’intégrisme. (El Watan,
10.10.93). Un messager nous prévenait de l’arrivée du djeich et nous
préparions tout. (El Watan, 1.11.95). « Djeich ! Chaab ! avec toi ya
Chadli », ont crié les manifestants. (oral).

156DJELBAB V. DJILBAB.

157DJELLABA, DJELAB, DJELABA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : djellabas, djellabate) Courant. Longue robe traditionnelle à
manches longues et à capuchon, ouverte sur la poitrine, portée par les
hommes et les femmes. Elle s’habillait de djellabas volumineuses,
comme les rudes paysannes. (Djebbar, 1979, 24). Pour Dalila, élève
habillée en djelaba, la politique n’a aucun sens. (Algérie-Actualité,
29.11.90). Kamis à l’égyptienne, et non pas djellaba à la
traditionnelle. (Algérie-Actualité, 13.7.93). Plusieurs générations de
femmes à l’occidentale, en djellabas, en hidjab et en haïk, ont marqué
l’événement par leur présence massive. (El Watan, 23.3.93). Il défroissa
sa djellaba dont une de ses mains avait retenu l’ampleur pendant la
course folle. (Mouzaia, 1994, 32). […] dans la blancheur d’un visage
ovale que cache un capuchon d’une djellaba blanche. (El Watan,
19.3.95). Deux jeunes chômeurs, emmitouflés dans leurs djelabas,
suivent des yeux le va-et-vient incessant des éleveurs. (El Watan, 5.1.00).
V. CACHABIA, GANDOURA.

158DJELLABATE pluriel de DJELLABA. Parfois on se faufilait entre


les djellabate. (Algérie-Actualité, 16.6.83).

159DJEMAÂ, DJEMA’A V. DJAMAA.

160DJEN V. DJINN.

161DJENAN, DJENANE, DJENNA (de l’arabe) n. m. ou f. Disponible.


Habitation traditionnelle d’origine turque comportant villa avec
verger. Elle habitait dès son enfance au djenane à Notre-Dame
d’Afrique. (El Moudjahid, 13.3.81). Au-delà des remparts, l’argent va
s’offrir, à flanc de coteaux, de somptueux « djenan ». (Algérie-Actualité,
28.3.85). Palais et djenane étaient les maisons les plus riches. (Deluz,
1988, 25). Ceci au fil du récit de Alla le Béchari, joueur de oûd : un ksar,
une djenna. […]. Ils avaient interdit les feux dans les feuilles sèches de la
djenna. […] Seulement, il aimait Nakhla et la djenna. (Algérie-Actualité,
25.7.94).

162DJÉNIA, DJENNIYA V. DJINNIYA.

163DJENOUN(S), DJNOUN(S) (de l’arabe) pluriel de DJINN. Et celui


qui ne pense pas comme vous, vous l’accusez d’être fou, d’être possédé
par les djnouns, d’être un ingrat. (Lounès, 1982, 116). Selon ces
derniers [les guérisseurs], l’enfant n’est pas handicapé, ce n’est qu’un
mauvais moment à passer, il suffit de faire sortir de lui les « djnouns »
qui l’habitent et tout rentrera dans l’ordre. (El Moudjahid, 23.1.84). Il
paraît qu’on peut voir des personnes, des djenouns qui s’adressent aux
femmes présentes. (El Acil, 4.1.93). Les histoires de djenoun ont occupé
et occupent toujours une large place dans l’imaginaire collectif. (Liberté,
17.5.94). Les gens d’en bas, ce sont les génies, les djenouns, dont on ne
se prononce pas le nom par crainte. (Le Soir d’Algérie, 22.4.94). Il
précise que ces djenoun ont pour chef Ladghame, qu’ils alimentent la
littérature et dictent leurs comportements aux gens de sa région. (El
Watan, 23.10.96). Qui veux-tu que ce soit ? Les djnoun ? (Sansal, 1999,
249).

164DJERBI (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Variété de tapis traditionnel à


dessin géométrique (fabriqué initialement à Djerba). Chaque ouvrière
perçoit un salaire en fonction du travail qu’elle fournit, soit par exemple
37,5 DA le m2 lorsqu’il s’agit d’un « djerbi ». (El Moudjahid,
23.4.78). Elle confectionnait donc des tentures, des couvertures de
qualités diverses, des djellabas, des « djerbis », des coussins. (Boutarène,
1982, 135). V. DJEBEL-AMMOUR, HANDBAL, TAPISSERIE,
ZARBIA.

165DJERID (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Branche de palmier. C’est


l’homme qui véhicule la maladie, soit par l’intermédiaire de plants, soit
par des « djerid », branches de palmier utilisées pour la confection de
haies et de brise-vent. (El Moudjahid, 27.3.78). Nous l’utilisons [le
tournesol] comme perchette pour couvrir les maisons de toub, aux lieu et
place du « djerid » de palmier, moins pratique. (Bouchama, 1984,
47). L’absence de djerid autour des palmeraies a causé une véritable
catastrophe. (oral). V. DOUM.

166DJEZ’ARA V. DJAZAARA.

167DJEZ’ARAISTE V. DJAZAARISTE.
168DJIHAD, DJIHED, JIHAD (de l’arabe) n. m. 1. Courant. Guerre
sainte, combat pour la défense de la foi musulmane. À son retour du
Maroc et après 20 années de djihad, Okba Ibn Hafie fut tué en 683 après
J.C. (El Moudjahid, 6.7.83). Ton grand-père, Slimane Tidjani, valeureux
disciple de l’Émir, ne pouvait que répondre à son appel au
jihad. » (Mokeddem, 1992, 27). Le voyage fut long et les péripéties
pénibles, mais au bout il y avait l’action suprême et sacrée : le djihad.
(Allouache, 1995, 86). Le FLN de la guerre de libération en a parfois usé
quand il prétendait, par exemple, que le combat libérateur s’apparentait
au djihad. (Hassan, 1996, 276). Vous, les amoureux du djihad, qui
apprenez au monde musulman le sens du sacrifice et du fidaï. […] À nous
donc de nous montrer à la hauteur du djihad que dans sa bénédiction, le
Divin nous a permis. (Khelladi, 1998, 176). Le christianisme est mis à
mal par une capote anglaise, comment pourrait-il résister au torrent du
djihad et du sida ? (Sansal, 1999, 166). Il est clair que pour Al-
Outheimine, le cas afghan justifiait le djihad car la limite absolue avait
été dépassée par l’intervention soviétique et la mise en place d’un régime
sous influence. Ce n’est pas le cas de l’Algérie où il n’hésite pas à parler
de « fitna » et donc de la non-validité de la notion de djihad en terre
algérienne. (Quotidien d’Oran, 29.3.00).

1692. Courant. Guerre d’indépendance algérienne. Sur de multiples


tableaux, le djihad est représenté dans toutes ses péripéties avec
l’ensemble de ses participants, qu’ils aient été moudjahidine du djebel,
moussebiline et fidayine des villes. (El Moudjahid, 21.8.83). Le Musée du
Djihad constitue une véritable école où la jeunesse algérienne pourra
apprécier le passé authentique et l’histoire glorieuse de la lutte du
peuple à travers les siècles. (Algérie-Actualité, 3.11.83). Les scouts
narguaient les Européens par leurs chants qualifiés d’hymnes
nationalistes rappelant les musulmans au djihad. (El Moudjahid,
8.5.85). Au cours de la cérémonie, les moudjahidine ont offert au Musée
du Djihad des documents relatifs à la Révolution, certaines armes
utilisées au cours de la guerre de libération ainsi que plusieurs photos de
chouhada. (El Moudjahid, 31.10.86). Il est prévu aussi la visite des lieux
historiques comme Aïn Silan-Chaâbat El Ghoula, le musée du djihad au
chef-lieu de wilaya et le complexe du djihad à la commune de
En’sigha. (Le Matin, 26.4.96).

1703. Courant. Par extension, soulèvement armé contre le pouvoir en


place proclamé par le FIS et les mouvements intégristes (années 90). La
radio pirate servait de relais à la propagande du FIS par laquelle il
fustigeait le pouvoir et faisait des appels au « djihad » à travers de
courts enregistrements. (El Watan, 14.12.92). De tendance islamiste et
convaincu de la nécessité du « djihad », contre les « mécréants », il a
été donc chargé par ses deux collègues de dérober des munitions et des
explosifs (TNT). (El Watan, 26.2.93). Ce groupe a volé des armes,
commis des actes de sabotage et déclaré le « djihad » à tous ceux qui
s’opposaient à la république islamique. (El Watan, 27.10.93). Le GIA
avait tenté d’obtenir une fetwa (avis religieux) de Bouslimani en faveur
du djihad. (La Tribune, 1.12.95). B. A., 45 ans, ancien factotum au CEM
de Draâ El Mizan, versé dans le terrorisme, le « djihad pour changer les
choses » […]. (El Watan, 28.10.99). Les imams ont pu convaincre les
éléments de El Ghoraba de l’inutilité du djihad en Algérie. (La Tribune,
6.1.00). Les irréductibles, représentant les 20 % de ceux qui étaient en
activité selon les autorités officielles, continuent leur djihad avec la
régularité d’un métronome. (Liberté, 2.3.00).

1714. Disponible. Guerre de libération économique et sociale du pays.


De ces centres doit partir l’appel aux armes, au « djihad » pour la
propreté, et militants et imams se doivent de concrétiser cette action. (El
Moudjahid, 20.11.78). Cette œuvre de longue haleine, qui est à la base
de l’épanouissement et de l’accomplissement de l’homme, est le véritable
« djihad », parce qu’elle permet de recouvrer une identité totale, parce
qu’elle permet à la justice sociale de s’exercer à l’endroit de tous les
enfants de l’Algérie. (El Moudjahid, 26.2.82). C’est à la faveur d’un
grand « djihad » que cette partie du pays a pu sortir de sa léthargie et
que la voie est maintenant toute tracée pour le train du progrès. (El
Moudjahid, 18.3.85). Le passage du petit djihad contre l’ennemi de
l’extérieur au grand djihad de l’édification d’une nation libre, prospère
et juste, suppose que soient préservées les hautes valeurs morales de
l’Islam. (Algérie-Actualité, 9.1.86).

172DJILBAB, DJELBAB n. m. Disponible. Tunique longue à manches


et à capuchon, souvent portée par les intégristes. Deux femmes portant
« djilbab », nous exprimeront leur refus quant à la décision d’annuler
les élections. (Le Matin, 15.1.92). La mode chez nous, quand ce n’est pas
le « djilbab iranien », va du jeans à la jupe mini, en passant par la robe
paysanne. (Algérie-Actualité, 24.8.93). La poste de la localité est
attaquée en plein jour par deux hommes armés et habillés en
djilbab. (Algérie-Actualité, 31.5.94). Mosquées salafistes où le
« djilbab » et les barbes hirsutes accompagnées de khol sont de mise. (El
Watan, 21.3.94). Le fanatique s’impose des privations d’ascète qui font
de lui un névropathe, un schizophrène : le hidjab et le djilbab remplacent
la robe et la jupe, le kamis remplace le pantalon, regarder la télévision
est un péché et écouter la musique un autre penchant du diable,
répréhensible. (El Watan, 14.8.97). Que manigancent-elles derrière le
djelbab, ce linceul pour mort vivant, cette camisole de folles parachutée
de Téhéran qui lui tient lieu de paravent ? (Sansal, 1999, 244). Michael
n’a pas évité les photos sur les militants du FIS, à l’époque où le parti
était légal. Il y a, par exemple, cette image d’une fillette en djelbab
avançant d’un pas nonchalant. (El Watan, 24.1.00).

173DJINN, DJEN, DJIN, JINN (de l’arabe) n. m. (féminin


singulier : djinniya, djinnya, djénia, djenniya ; pluriel masculin : djinns,
djins, djenoun(s) ; féminin pluriel : djeniate(s), djenniyats) Disponible.
Génie, démon dans la mythologie musulmane. En tournant la tête,
j’apercevais par intervalles dans la grande glace une silhouette fuyante
de djinn, un corps qui courait, revenait, se renversait. (Djebbar, 1980,
58). La sanction du jinn porte d’emblée sur l’organe viril dont la
dévitalisation est désormais inhibitrice de toute nouvelle transgression
sexuelle. (Toualbi, 1984, 126). Une voix étrangère et indécise répondit :
« Qui va là, un être humain ou un djinn ? » (Nekachtali, 1986, 35). Ce
sont des djins (des esprits) qui malmènent le corps, expliquent la réussite
ou l’échec. (Mimouni, 1993, 118). En 1992, cette cité, rappelons-le, a été
mise en émoi par l’apparition de « djinns » à cause des immondices et
de la saleté. (Liberté, 28.12.94). Un djinn aurait possédé un jeune du
deuxième camp. Peu à peu la nouvelle se propage. Le drame de cet
adolescent, habité par le démon, est sur toutes les lèvres. (Gastel, 1999,
53). Une séance d’exorcisme – une femme désenvoûtée de Hakim, un
djinn venu l’affoler depuis la lointaine Jordanie – était assurément le fait
vécu le plus saillant. (El Watan, 8.2.00).

174Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. AFRIT, BLISS,


CHITANE.

175DJINNIYA, DJINNYA, DJÉNIA, DJENNIYA féminin singulier


de DJINN. Le nom de père Al Khouss est lui-même d’allure légendaire
puisqu’il désigne, selon les dictionnaires, le fils d’un homme et d’une
djinniya (ogresse). (El Moudjahid, 3.9.84). J’avais peur parce que
j’imaginais la djénia rôder autour de moi ; je lâchais la bougie et je
m’enfuyais. (Mokeddem, 1999, 53). « Espèce de djenniya, s’exclama
Hanan le cœur battant d’excitation, déroule les bobines du
magnétophone ». (Ben Mansour, 1997, 73). Cet homme est possédé par
une djinniya. (oral).

176DJENIATE(S), DJENNIYATS féminin pluriel de DJINN. Elles


étaient nymphes parmi les nymphes, astres parmi les astres, djenniyats
parmi les djenniyats, étoiles scintillant dans le ciel bleu d’Algérie. (Ben
Mansour, 1997, 84). On prétendait que Temmouri était devenu riche
parce qu’il avait vendu ses deux frères aux djeniates de la mer : l’un
bavait et l’autre radotait. (Mokeddem, 1999, 26). C’était un lieu
« habité » par les djinns musulmans, et les djeniates insatisfaites et
attirées par les jeunes gens. (Mokeddem, 1999, 52).

177DJNOUN(S) V. DJENOUN(S).

178DJOUMADA I, PREMIER JOUMADA (de l’arabe) n. m.


Disponible. Cinquième mois de l’année lunaire musulmane. La date
initialement prévue pour le tirage au sort les jeudi et vendredi 14 et 15
djoumada I 1404 (correspondant aux 16 et 17 février 1984) est reportée
à une date ultérieure. (El Moudjahid, 15.2.84). Il soutenait dans
plusieurs articles, et notamment dans celui du 1 er Joumada 1357 (août
1938) que la persécution des Juifs est d’essence européenne. (El
Moudjahid, 28.1.01).

179DJOUMADA II (de l’arabe) n. m. Disponible. Sixième mois de


l’année lunaire musulmane. Aujourd’hui, nous sommes le lundi 2
Djoumada II 1414. (oral).
180DJOUNDI (de l’arabe) n. m. (singulier féminin : djoundia ; pluriel
masculin : djoundis, djounoud(s) ; pluriel féminin : djoundiate) 1.
Courant. Soldat de l’Armée de libération nationale. Il s’agit de la
capacité de combat du djoundi de l’ALN sur le terrain face à l’une des
plus puissantes armées du monde. (El Moudjahid, 19.8.83). C’est
l’honneur d’un djoundi de mourir au combat. (Sansal, 1999, 105).

1812. Courant. Soldat de l’Armée nationale populaire (dans l’Algérie


indépendante). Le cœur de chaque djoundi, sous-officier et officier de
l’Armée nationale populaire exprime l’invincible souhait de voir le
Président de la République rétabli. (El Djeich, 18.7.78). Ces fresques
seront préparées dans les casernes militaires et nécessiteront 1500
djoundi. (El Hadef, 23.10.83). Que reste-t-il de moral quand, parmi les
gorges tranchées de la caserne de Boughzoul, un djoundi de presque 20
ans, tenait serrée, dans sa main refroidie, une datte ? (Algérie-Actualité,
6.4.93). Le deuxième, âgé de 24 ans, demeurant à Larbaâ (Blida), est un
djoundi déserteur depuis 1991. (Algérie-Actualité, 13.7.93). Le djoundi
se fige dans un garde-à-vous de place d’armes et salue. (Algérie-
Actualités, 13.7.93).

1823. Disponible. Militant, partisan actif des idées de la Révolution. Le


journaliste ne doit pas perdre l’idée qu’il est un djoundi de la Révolution.
Ce journaliste-djoundi manipule une arme sans égale : la plume. (El
Djeich, 21.3.81). « Le peuple doit être son propre djoundi », a martelé le
chef du gouvernement au cours d’une rencontre vendredi à Saïda avec
les représentants de la société civile. (El Moudjahid, 28.1.01).

183DJOUNDIA féminin singulier de DJOUNDI. La Baya, cette


djoundia, ne m’as-tu pas dit qu’elle était une voisine ? (Chaïb, 1980,
52). Les Français demandent à la djoundia d’enlever le foulard pour voir
si elle portait des tatouages. (El Moudjahid, 20.8.87).

184DJOUNDIATE féminin pluriel de DJOUNDI. Le chef du merkez


entreprend de cacher les musettes militaires et ordonne aux djoundiate
de se maquiller illico presto, de sorte que l’armée française puisse les
assimiler aux femmes du douar. (El Moudjahid, 20.8.87).

185DJOUNOUD(S) pluriel masculin de DJOUNDI. Le fellah et le


technicien de l’agriculture ne sont pas deux éléments distincts de la
Révolution socialiste. Ce sont deux djounoud qui mènent le même
combat. (El Moudjahid, 27.2.78). Les élus ont adressé un salut fraternel
aux djounoud de l’ALN, fermes défenseurs de la Révolution. (El
Moudjahid, 29.10.78). Un accrochage de grande envergure oppose les
djounoud de la wilaya IV aux troupes d’occupation. (El Moudjahid,
6.3.84). Ils continuent à tuer d’innocents djounouds, appelés au service
national. (L’Événement, 15.12.91). Les magistrats autant que les
policiers, les djounouds, les DEC, les journalistes, les artistes et depuis
peu les sportifs sont les plus visés par les terroristes sanguinaires. (El
Moudjahid, 7.10.94). Des applaudissements et des youyous remercient
les djounouds, gendarmes et policiers d’avoir débarrassé Tizi Ouzou et
sa région de ces monstres. (L’Authentique, 10.11.95). […] transportant à
leur bord des djounouds, pour la rupture du jeûne, acheminés de la
caserne centrale au cantonnement situé un peu plus loin. (La Tribune,
16.12.99).

186DLALA, DALLALA, DELLALA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : delalates, dallalaât, dlalate) 1. Disponible. Marché noir, marché
aux puces. Alors il ne nous reste plus que la « dlala » et ses prix
exorbitants pour ne pas rater le train de la mode. (El Moudjahid,
19.4.84). Si vous avez des informations, vous devez nous les donner. Ce
voleur essaiera sûrement de le revendre à la dlala. (Allouache, 1995,
45). La dlala rapporte beaucoup d’argent. (oral).

1872. Disponible. Revendeuse de bijoux en or à la sauvette. Cette dlala


vend aux femmes de la haute société. (oral).

188Com. Phénomène de société, revente illicite de bijoux en or par de


vieilles femmes en haïk. V. TRABENDO, TRABENDISTE.

189DLALATE V. DELALATES.

190DOBZA, DEBZA (de l’arabe dialectal) n. f. Disponible. Coup de


poing. « Ayayaye ! Mon pauvre, aujourd’hui j’te donne la dobza. – Tu
dis ça, Paulo, et c’est toujours toi qui prends la dobza. » (Ouahioune,
1980, 23).

191Com. Attesté ds Lanly 1970.

192DOHR V. DHOR.

193DOLMA V. DHOLMA.

194DOMAINE AGRICOLE SOCIALISTE n. m. Vieilli mais


disponible. Entreprise agricole collectivisée, kolkhose. La wilaya d’Aïn-
Defla s’est vu fixer un objectif de 18 376 hectares répartis entre 50
domaines agricoles socialistes et 152 fellahs privés. (El Moudjahid,
14.1.85). Au cours de sa visite dans la wilaya de Jijel, M. Kasdi Merbah
s’est rendu au domaine agricole socialiste « Mokadem Rabah » dans la
commune de Taher. (Algérie verte, 1.2.86). Au plan organisationnel, le
programme de rentabilisation des domaines agricoles socialistes (DAS)
se poursuit sur l’ensemble des wilayas. (El Moudjahid, 7.7.86). Les
parcelles nos 44 et 55, situées sur le domaine agricole socialiste (DAS) à
Haouch El-Djamhouria, avaient d’abord été occupées par les mal-logés.
(Rouadjia, 1994, 313). La politique des domaines agricoles socialistes
(DAS) était toujours en vigueur, avec le système de gestion
« administratif » de ces unités de l’État. (Liberté, 6.3.96).

195Com. Souvent abrégé en DAS. V. DOMAINE AUTOGÉRÉ,


GESTION SOCIALISTE DES ENTREPRISES, CAPRA,
RÉVOLUTION AGRAIRE, VARA, VILLAGE SOCIALISTE.

196DOMAINE AUTOGÉRÉ n. m. Vieilli mais disponible. Entreprise,


coopérative agricole de production créée dans le cadre de la révolution
agraire. Au niveau de cette commune, l’on dénombre trois domaines
autogérés occupant une superficie de 5 985 ha. (El Moudjahid,
10.6.88). La mise en œuvre de la loi 87.19 et la création des CAC et des
CAI ont entraîné la marginalisation de plusieurs centaines d’ingénieurs
et de techniciens agronomes parmi lesquels des zootechniciens qui
exerçaient au niveau des domaines autogérés. (Liberté, 5.6.95). Vive
l’Algérie ! Vive Boumediene ! Vive l’ichtirakya ! Vive la révolution
agraire, et les domén’ autogiri ! (Mokeddem, 1999, 99). V. DOMAINE
AGRICOLE SOCIALISTE, RÉVOLUTION AGRAIRE.

197DOMICILIATION n. f. Disponible. Hébergement (stade pour une


équipe sportive, hôtel pour des invités, lieu de travail pour une
association). Le but de la domiciliation des participants des Jeux
africains est de favoriser un brassage des délégations. (El Moudjahid,
30.11.77). La commission technique a procédé à une domiciliation des
différentes disciplines sportives : le football sera partagé entre le stade
G. et celui de la cité T., le handball au complexe C. (El Moudjahid,
7.5.78). Les journalistes algériens peuvent être affectés dans un lieu de
domiciliation. (El Moudjahid, 18.5.78). Les dirigeants du club sportif
s’interrogent sur un problème, celui de la domiciliation du club. (El
Moudjahid, 30.8.78). La domiciliation de la formation de Hamid Bacha
sur un seul et même stade, celui du 1 er Novembre de Tizi-Ouzou. (El
Hadef, 15.5.83). Nous pensons trouver une solution favorable avec la
domiciliation des entraînements à la salle Harcha. (El Moudjahid,
11.11.85). La commune d’Annaba a décidé la création et la domiciliation
d’une cellule pluridisciplinaire au sein du quartier plaine ouest. (El Acil,
28.4.93). V. DOMICILIER.

198DOMICILIER v. tr. dir. Disponible. Héberger à titre provisoire ou


définitif. Le stade du « 20 Août » devant abriter initialement le derby
CMB-MAHD reçoit en dernière minute deux équipes non domiciliées sur
ce terrain et disposant chacune de son stade respectif. (El Hadef,
25.9.83). À l’hôtel Mazafran de Zéralda où elles sont domiciliées, toutes
les délégations participantes […] semblent satisfaites des conditions
appréciables de séjour. (El Moudjahid, 18.11.83). Les joueurs seront
regroupés de nouveau du 16 au 29 novembre. Malheureusement, nous
connaissons quelques difficultés pour domicilier le stage du fait des
circonstances particulières que connaît le pays en cette période. (El
Moudjahid, 11.11.85). Les stands sont domiciliés dans deux lieux
différents : la maison de jeunes et le théâtre « Kateb Yacine ». (El
Watan, 28.4.93). Elles ont été provisoirement domiciliées au siège du
Croissant Rouge algérien. (Liberté, 22.11.95). Ces disciplines ont été
domiciliées à la maison des jeunes de la Cité Fillali et à la salle
Harra. (Liberté, 7.2.96). […] le Tennis Club Les palmiers, à Ben-
Aknoun, où les championnats d’Algérie de tennis sont domiciliés du 30
janvier au 2 février. (El Moudjahid, 30.1.01). V. DOMICILIATION.

199DOMINANCE n. f. Disponible. Domination, prédominance. Aux


niveaux des thèmes, la dominance revient aux religieux « chants du
soir ». (El Moudjahid, 14.2.79). Dominance du roman chez les
uns [libraires], de l’essai et de l’ouvrage économique et juridique chez les
autres. (Algérie-Actualité, 22.9.83). Elle est chantée par cheb Mami, et
elle a été rendue plus légère par la dominance du saxophone et la
rapidité du batteur. (Horizon 2000, 18.4.86).

200Com. Le P.R. signale cet emploi comme vieux.

201DORK (de l’arabe) adv. Courant, oral surtout. En ce moment,


actuellement, maintenant. Je me sens enfin un homme dork avec « ma »
terre. (Khiari, 1981, 33). Dork, je vais t’étrangler à l’algérienne. (Aïder,
1982, 46). Dork le problème pour nous n’est pas encore résolu. (oral).

202DORRO V. DOURO.

203DOT n. f. Disponible. Compensation matrimoniale versée, selon la


tradition, par le futur époux ou sa famille à la famille de la fiancée. Les
parents de Samira ont été peu exigeants pour la dot. (El Moudjahid,
29.3.84). La dot est ce qui est versé à la future épouse en numéraire ou
tout autre bien qui soit légalement licite. Cette dot lui revient en toute
propriété et elle en dispose librement. (El Moudjahid, 20.6.84). Adel doit
s’expatrier pour gagner de l’argent que les parents de Fatiha lui
réclament à titre de dot. (Le Soir d’Algérie, 1.5.94). La dot est remise
après la Fatiha au père de la mariée, en présence des proches des deux
familles et de l’imam du village. (Le Soir d’Algérie, 6.8.97).

204Com. La dot peut consister en argent, en divers cadeaux, en bétail,


etc. Attesté ds IFA. V. SADAK.

205DOUAIRA V. DOUÉRA.
206DOUAR (de l’arabe dialectal) n. m. Courant. Groupement
d’habitations (maisons ou tentes) fixes ou mobiles réunissant le plus
souvent des personnes liées par les liens de parenté. Il est fréquent encore
que quelqu’un se marie dans son douar […] Il reste certaines pratiques
coutumières comme l’inhumation des siens dans les lieux d’origine, au
douar ou dans la mechta. (El Moudjahid, 3.1.77). La zerda est une
manifestation de population rurale, de nomades ou de semi-nomades,
celle de douars isolés et dispersés qui se regroupent en de pareilles
occasions. (Algérie-Actualité, 3.5.84). La section UNJA de la ville, elle,
ne chôme pas, cross, tournoi de football « inter-douars », tournoi de
pétanque sont à son programme. (Algérie-Actualité, 23.5.85). Les
réflexes grégaires des courants traditionnalistes, légitimes par
l’appartenance au douar ou au clan, sont encore à l’affût. (Algérie-
Actualité, 26.4.90). Je suis fier d’être issu d’un douar et le représentant
d’un douar qui a payé le tribut de sang pour que le pays reçoive sa
souveraineté. (El Watan, 15.5.91). « Espèce d’abruti, fulmina-t-elle.
Retourne dans ton douar retaper ta charrette ». (Khadra, 1999, 40).
[…] résoudre un tant soit peu la problématique de l’alimentation en eau
potable de nos villes et de nos douars. (El Watan, 30.3.00).

207Com. Connotation parfois négative liée à l’idée de pauvreté et de


clan. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. DECHRA,
DOUARIER, DOUARISME, KSAR, MECHTA.

208DOUARA (de l’arabe) n. f. Disponible. Plat traditionnel à base


d’abats. Les Algériens ont des idées géniales ! Ainsi, l’un de nos
collègues et amis avait prévu pour le menu de son réveillon familial de
fin d’année, un « bouzelouf » et une « douara » de taille. (El Moudjahid,
3.1.86). La douara a été apportée par la mère de Ali, un détenu de trente
ans d’âge, condamné pour trafic de stupéfiants. (El Moudjahid, 7.11.93).
209DOUARIER, ÈRE (de douar + suffixe -ier). adj. Peu courant,
connotation négative. Qui se rapporte au village (douar). Un de nos
perspicaces confrères fustigeait dans les colonnes d’un quotidien
indépendant la mentalité « douarière » de la majorité de nos hommes
politiques, pour la plupart, en effet, candidats aux législatives dans leur
dechra. (Les Nouvelles de l’Est, 18.5.91). L’appartenance douarière est
toujours un critère que les électeurs n’oublient jamais. (oral).

210Com. Néologisme des années 90, lié au contexte politique.


V. DECHRA, DOUAR, DOUARISME, KSAR, MECHTA.

211DOUARISME (de douar + suffixe -isme). n. m. Disponible,


connotation négative. Esprit de clan. Que pensez-vous des propos du chef
du gouvernement fustigeant le « douarisme », la présentation par
certaines personnalités, comme vous, de leur candidature dans leur fief
d’origine ? (Algérie-Actualité, 2.5.91). Cette assemblée fera donc date
dans l’histoire de notre pays car elle aura mis fin au système du parti
unique, au règne des apparatchiks, au système de cooptation, au
régionalisme qui dirige, au douarisme étroit. (L’Événement, 15.12.91).

212Com. Néologisme des années 90. V. DECHRA, DOUAR,


DOUARIER, KSAR, MECHTA.

213DOUBLAGE n. m. 1. Disponible. Emploi d’un second chauffeur par


l’exploitant d’une licence de taxi. La demande de « doublage » est
présentée par le titulaire de la licence au président de l’APC dont dépend
le lieu de stationnement du taxi. (El Moudjahid, 13.6.79). L’autorisation
de doublage accordée est transmise pour avis aux services (de police de
la circulation routière), de la gendarmerie nationale et de la direction
générale de la sûreté nationale. (Journal officiel de la République
algérienne, 18.12.85). V. DOUBLEUR.
2142. Disponible. Dépassement, action de doubler, de dépasser un
véhicule. Il avait repris une allure normale bien que veillant à rouler au
milieu de la chaussée afin d’interdire toute tentative de doublage suivie
du classique tête-à-queue. (Khader, 1970, 22). Sur cette route le
doublage est interdit. (oral).

215DOUBLANT (de double + suf. –ant) n. m. Disponible. Élève qui


redouble une classe. […] le compte rendu des délibérations entre le
rectorat et les représentants des cinq associations estudiantines
concernant le problème de réintégration des doublants, triplants et
quadruplants. (La Tribune, 18.1.96). […] pris en grippe par les recteurs,
la police, l’association des doublants […]. (Sansal, 1999, 243).

216DOUBLEUR (DE TAXI) n. m. Disponible. Chauffeur


supplémentaire employé par l’exploitant d’une licence de taxi. Les
« doubleurs » sont considérés comme des salariés et bénéficient de
l’ensemble de la législation sociale. (El Moudjahid, 13.6.79). Je cherche
un doubleur de taxi ayant permis de place plus expérience. (El
Moudjahid, 19.9.83). Les exploitants de licences de taxi peuvent avoir
recours aux services d’un chauffeur supplémentaire ou « doubleur »
pour assurer l’exploitation de leur véhicule […]. Les doubleurs peuvent
être astreints par le wali à n’exercer que pendant une tranche horaire
déterminée et fixée dans le règlement d’exploitation. (Journal officiel de
la République algérienne, 18.12.85). V. DOUBLAGE.

217DOUBLE VACATION n. f. Disponible. Organisation de la journée


scolaire permettant l’occupation des locaux par deux classes
différentes. Effectivement, les enfants sont fatigués. D’un côté par
l’enseignement non qualifié de certains enseignants, et d’un autre, par
les conditions de travail telles que la surcharge des classes et le dispositif
de la double vacation. À propos de la double vacation justement, le
morcellement de la journée ne permet aucun programme extrascolaire
pour l’enfant. (El Watan, 3.1.00). Ainsi les classes, telles qu’actuellement
constituées avec leurs maîtres et le directeur, utiliseront à tour de rôle le
nouvel établissement avec ceux qui les occupaient initialement et ce,
selon le système de la double vacation. Lors de la première vacation,
c’est-à-dire de 8 h à 10 h 30, c’est une école avec ses effectifs et son
personnel qui a l’usage des lieux, alors que lors de la seconde, soit de 10
h 30 à 13 h, c’est la seconde école qui prend le relais, en l’occurrence
celle dont l’établissement sera démoli. Pour l’après-midi, il y aura
également deux vacations, une pour chaque école. (El Watan, 6.1.00).
V. SÉANCE UNIQUE.

218DOU EL HIDJA V. DHOU EL HIDJA.

219DOU EL KIIDA V. DHOU EL KAADA.

220DOUÉRA, DOUAIRA (de l’arabe) n. f. (pluriel : douéras, douerate)


Disponible. Maison traditionnelle mauresque. Les centaines de
propriétaires des maisons mauresques de la Casbah sont prêts à remettre
en état leurs habitations […] Pour rien au monde, ils n’abandonneront
leur « douaira » à laquelle ils sont très attachés. (Benatia, 1980,
238). Plusieurs quartiers distincts composaient la médina, chaque
quartier avait son souk, sa mosquée, ses fontaines, ses palais et ses
« douéras », petites maisons avec l’entrée en chicane, la squifa ainsi que
le patio, « ouest ed dar » adapté au climat méditerranéen et aux
coutumes du pays. (El Moudjahid, 18.2.85).

221DOUERATE(S) pluriel de DOUÉRA. Les autres coffres sont


fabriqués avec les poutres des douerates effondrées de la
Casbah. (Algérie-Actualité, 20.10.83).
222DOUGA-DOUGA (de l’arabe dialectal) loc. verb. Disponible, oral
surtout. Lentement, doucement. Dans les rues, les habituels
commentaires allaient douga-douga. (Aïder, 1982, 46). Douga-douga les
trabendistes s’imposent sur le marché. (oral). Avec les nouveaux élèves il
faut aller douga-douga. (oral).

223DOUK-DOUK, DOUKDOUK, DOUGDOUG (de l’arabe) n. m.


Vieilli, écrit surtout. Sorte de couteau à cran d’arrêt. Il tira de sa poche
un couteau du genre douk-douk. (El Moudjahid, 4.10.77). La poche de
Ammar contenait un simple « douk-douk », simple couteau à une
lame… (Achour, 1978, 206). Les femmes et les voyages, si on le
branchait dessus, on pouvait tenir jusqu’au lendemain matin. Il y avait
aussi doukdouk. Rapport au nom du couteau. (Lounès, 1984, 67). Le
vainqueur a achevé les blessés au doug-doug en rotant de joie. (Sansal,
1999, 75). V. BOU-SAADI.

224DOULA V. DAWLA.

225DOULMA V. DHOLMA.

226DOUM (de l’arabe) Disponible. n. m. (Hyphaene thebaïca) palmier-


nain à tronc ramifié dont les palmes tressées servent en sparterie. Sur une
natte en doum devant le lit en cuivre défait, le plat fumait. (Achour, 1978,
68). Hadda déroulait par terre la natte de doum. (Achour, 1980,
37). Papa tira une natte de doum de dessous la châsse et s’y
enroula. (Djaout, 1981, 67). Des vieilles femmes, le châle ou la fouta sur
les épaules, assises à même le sol, elles vous proposent du piment rouge,
du son, des balais traditionnels en « doum ». (El Moudjahid,
20.6.83). Le palmier-nain ou « doum » pousse un peu partout en forêt.
(El Moudjahid, 3.3.85). Un rite ancien consiste, comme pour le
printemps, à aller dans les forêts et sur les pentes des montagnes pour
cueillir des plantes vertes et des cœurs de palmier nain (doum). (Liberté,
11.1.96).

227Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, IFA, GR, TLF.

228DOURO (de l’arabe) n. m. Vieilli mais disponible. Pièce de cinq


centimes. Un « douro » échappe de la main, tombe, roule par terre. (El
Moudjahid, 20.1.82). Vingt douros (un dinar) est le prix de ce service fort
utile. (El Moudjahid, 4.1.84). Le sdak, c’était 15 douros dont un revenait
au cheikh de la mosquée. (Algérie-Actualité, 6.9.84). Le cheikh lui donne
24 « douros ». (Algérie-Actualité, 25.7.91). Mais Arerzki a toujours aimé
l’argent, et avant de le convaincre de céder un « douro », il fallait le
préparer des mois auparavant. (Mouzaia, 1994, 79). Ma mère
introduisait une pièce de dix douros par la fente de la porte
verte. (Tengour, 1997, 13). Grand-mère me donna dix douros –
l’équivalent d’une livre de pain blanc – pour se faire pardonner et me
calmer. (Mokeddem, 1999, 54).

229Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. DIRHAM,


FLOUS.

230DRABEKDJI. V. DERBAKDJI.

231DRABKI, D’RABKI. (de l’arabe) n. m. Disponible. Joueur de


derbouka. Et le célèbre « drabki » dont les reprises de refrain constituent
de véritables transports ! (El Moudjahid, 9.2.84). Bientôt il domptera les
baguettes et découvrira la percussion […] Il apprend le métier de drabki
dans des troupes de quartier. (Algérie-Actualité, 15.11.84). Je dois citer
également […] l’ex-gardien du CRB qui est un grand drabki qui m’a
introduit dans les milieux du chaâbi. (Le Nouvel Hebdo, 15.8.90). Il
entame une chanson de son nouveau C.D. et fait acclamer son
« d’rabki » virtuose. (Algérie-Actualité, 12.12.91). […] sans omettre de
souligner la formidable prestation du drabki qui maintient haut le rythme
jusqu’aux dernières notes de la soirée. (El Watan, 19.2.96). Dans la loge
des artistes, les membres de l’orchestre Cristal (composé d’un batteur,
de deux bassistes, d’un claviste et d’un d’rabki) se partagent quelques
discussions décontractées. (La Tribune, 27.12.99). V. DERBAKDJI,
DERBOUKA, DRABKISTE, TAR, TARISTE.

232DRABKISTE. n. m. Disponible. Joueur de derbouka. Spécialisé


dans la musique chaâbie, le groupe « Baouz » comprend un
« drabkiste » […] (Algérie-Actualité, 4.7.85). V. DERBAKDJI,
DERBOUKA, DRABKI, TAR, TARISTE.

233DRAGUILLERO. (mot-valise formé de l’agglutination des


bases drague et guerrillero) n. m. Disponible, intellectuels, plaisant.
Jeune homme qui racole les filles. Il n’est plus C.U.B (Centre
Universitaire de Batna) depuis son accession au titre d’université, mais
on lui préfère cette dernière appellation facile à retenir, et légèrement
futuriste… Les « draguilleros » en savent quelque chose ! (El Acil,
29.1.93). Selma, jeune universitaire de 29 ans, toise avec une jolie moue
les petits draguilleros de son entourage. (Algérie-Actualité, 10.8.93).

234DROUB(S). pluriel de DERB. Les « droubs » sont défigurés, les


fondouks deviennent des entrepôts. (Algérie-Actualité, 30.3.93).

235DUR (EN -). loc. adj. Disponible. (Construction) à base de matériaux


durables (béton ou briques). Il n’avait pas assez d’argent pour se
construire une maison en dur. (Achour, 1973, 19). L’APC apporte une
aide considérable. Les maisons en dur et toit de tuiles rouges ont
remplacé le « toub » et les tôles ondulées. (El Moudjahid, 3.2.83). Les
responsables ont demandé l’affectation d’un terrain pour la construction
en dur, d’installations du centre de la colonie. (El Moudjahid,
28.8.84). Toutes les maisons sont bâties en dur. (Mimouni, 1993,
129). L’administration locale range souvent les bidonvilles et les gourbis
dans la rubrique « habitation en dur » ou, dans le pire des cas, dans la
catégorie « habitation précaire ». (Rouadjia, 1994, 319). Une femme
voilée, accompagnée de son enfant et portant un bébé dans les bras,
s’introduit dans une bâtisse en dur. (Liberté, 28.4.95). Les tentes sont
alignées côte à côte par îlots que séparent les douches et w.c. communs
construits en dur. (El Watan, 8.2.00). Le foncier à Chlef s’est rétréci
comme une peau de chagrin, en raison de la concentration de la plupart
des nouvelles constructions en dur (logements, commerces, édifices
publics, etc.) au niveau du centre-ville. (El Watan, 29.3.00).

236Com. Attesté ds IFA. V. BTS, TOUB.

237D’YOUL V. DIOUL.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


E(de l’arabe) adv. Courant, oral surtout. Oui (sert à exprimer une réponse
affirmative). – Tu le connais ? – E, bien sûr. (oral). Est-ce qu’il est là ? –
E, e, il est là, tu peux le voir. (oral).

2EAU DE ZEM–ZEM, EAU DE ZAMZAM n. f. Disponible. Eau


rapportée de La Mecque qui a la réputation de posséder des vertus
bénéfiques. L’eau de puits de Zem-Zem (de La Mecque) est sacrée.
(Nabhani, 1984, 136). […] Abd-el-Mouttalib, du clan des Hachim qui
détenait le privilège de la distribution de l’eau sacrée de Zemzem
(sikaya) aux pèlerins du hajj annuel. (El Acil, 21.3.93). Washma rêve de
boire une gorgée d’eau sainte de Zamzam, ce sera sa dernière bière
divine. (Zaoui, 1999, 97). Chez Hadj Kaddour, nous avons bu de l’eau de
Zem-Zem. (oral).
3Com. Les pèlerins ont coutume d’en distribuer à leurs parents et amis.
Attesté ds IFA.

4ECHBAL V. ACHBAL.

5ÉCHÉPHILE 1. adj. Disponible. Qui se rapporte au jeu d’échecs. La


compétition échiquéenne qui aura lieu au cercle échéphile de Hydra se
déroulera au système tour complet. (El Moudjahid, 11.11.82). […] la
vaste et agréable salle échéphile du centre culturel soviétique. (Algérie-
Actualité, 5.1.84).

62. n. Disponible. Amateur ou joueur du jeu d’échecs. Cette jeune


échéphile a deux mois de pratique. (El Moudjahid, 26.5.77). Depuis
quelque temps, les noms de Fisher, Spassky, Karpov et Kortchnoï sont
devenus très familiers en Algérie. Il est vrai que ces grands échéphiles
sont passés maîtres dans l’art de jouer aux échecs. (Révolution africaine,
6.1.78). La rédaction sportive d’El Moudjahid propose à ses lecteurs
échéphiles de disputer une partie d’échecs. (El Moudjahid, 29.8.78). Le
concours de jeux d’échecs est ouvert à tous les joueurs et amateurs
échéphiles. (Algérie-Actualité, 22.12.84). Les jeunes échéphiles de la
wilaya d’Alger disputeront sur les 64 cases que compte l’échiquier les
huit titres de champion d’Alger. (El Moudjahid, 30.1.01).

7ECHOURA V. CHOURA.

8ÉCOLE CORANIQUE, ÉCOLE KORANIQUE n. f. Courant. École


religieuse musulmane où l’on enseigne le Coran. Il existait à Mascara
plusieurs écoles coraniques où se formaient des Talebs et des
Oulamas. (El Moudjahid, 25.11.85). La Zaouia d’Ouled de Boumerdès
dont la mosquée qui servira d’école coranique est en voie de réalisation,
espère recueillir les 150 futures élèves en attente sur les listes. (El
Moudjahid, 20.6.88). Né dans le vieux quartier hammadite, « Bâb-el-
Louz », l’actuel Abou Tachfine, le 17 décembre 1907, Sadek fréquente
d’abord l’école coranique de Sidi Abî Soufiane. (Le Matin, 27.9.95). Né à
Guelma, le 23 août 1932, le défunt a commencé son instruction en
fréquentant l’école coranique d’Héliopolis avant de s’inscrire à l’école
française de la même ville. (Liberté, 27.12.95). Quand il lui tendit la
main sur le pas de la porte, elle lui conseilla, rebutée par ce geste
« hérétique », de retourner à l’école coranique se recycler. (Khadra,
1999, 189). Un cas de pédophilie, dont ont été victimes des fillettes dont
l’âge ne dépasse pas les six ans, a été signalé récemment dans une école
coranique située dans le quartier Les Planteurs. (Liberté, 2.3.00). Il fut
d’abord élève à l’école coranique, à l’école et au collège français de
Médéa, puis à l’école normale d’instituteurs de la Bouzaréah. (El Watan,
8.2.00).

9Com. Attesté ds IFA. V. MÉDERSA, ZAOUIA.

10ÉCOLE DES CADETS (DE LA RÉVOLUTION) n. f. Disponible.


École militaire. Le lieutenant-colonel A.A., commandant adjoint de la
5e région militaire, a présidé la fête marquant la fin de l’année scolaire
de l’école des Cadets de la Révolution de Guelma. (El Moudjahid,
12.6.83). Guelma, c’est aussi l’École des Cadets qui a vu la promotion de
plusieurs officiers de l’A.N.P. (Le Libre, 23.7.94). Ma mère menaçait de
m’envoyer à l’école des Cadets, là où on plaçait les fils de chahid, pour
régler le problème une bonne fois pour toutes, et d’où je pouvais revenir
avec des galons. (Mokeddem, 1999, 120). Quand le général fait
référence, argument stratégique, en quelques lignes, de sa camaraderie
avec Saïd Mekbel, condisciple à lui à l’école des Cadets de Koléa […]
(El Watan, 22.3.00). Un enfant, dans l’Algérie de cette année 1964, sera
conduit par son père à l’école des Cadets : « un collège prestigieux où
l’on dispensait la meilleure éducation et la meilleure formation, où l’on
allait faire de moi un futur officier … » (Liberté, 30.1.01). V. CADET
DE LA RÉVOLUTION.

11ÉCOLE FONDAMENTALE n. f. 1. Courant. Système


d’enseignement mis en place dans le cadre de la réforme d’avril
1975. Depuis la naissance de l’école fondamentale, le pouvoir politique
n’a jamais réussi par la suite à introduire des réformes en profondeur.
(El Watan, 23.4.93). Ce fut la psychopédagogue Malika Grekkou qui fit
une attaque en règle de l’école dite fondamentale, en démontrant son
absurdité sur le plan pédagogique. (L’Hebdo libéré, 28.4.93). La
révolution culturelle, l’enseignement gratuit pour tous dans des
conditions difficiles, l’arabisation volontariste de l’enseignement et la
réforme scolaire importée (école fondamentale) et imposée, n’ont
produit, le plus souvent, que des résultats médiocres, où la quantité est
privilégiée sur la qualité de l’enseignement. (El Watan, 2.2.95). Il adopte
avec enthousiasme l’idée de l’école fondamentale qui étend en fait à neuf
niveaux scolaires obligatoires l’enseignement de base. (Hassan, 1996,
176). Seule l’école fondamentale algérienne peut produire des députés
qui sont à la fois contre l’ouverture de l’école au privé, la privatisation
des terres et l’administration de capitaux privés nationaux et étrangers
dans les entreprises publiques. (Le Matin, 14.8.97). Avec l’avènement de
l’école fondamentale dans les années 80, l’introduction du français n’a
pas seulement été repoussée d’une année et ainsi reportée à la 4 e AF, pis,
le volume horaire consacré à son enseignement a été réduit. (Liberté,
29.1.01).

12Encycl. Fondée sur un cycle d’études de neuf ans, elle s’est substituée
à l’école primaire dont la durée des études était de six ans. Les détracteurs
du système scolaire parlent par dérision d’école
faoudamentale (faouda en arabe dialectal signifiant « pagaille, désordre,
désorganisation totale »).

132. Courant. Établissement d’enseignement primaire. Il a été procédé à


la baptisation de la nouvelle école fondamentale, qui portera le nom de
« Djebel Lakhdar ». (El Acil, 21.3.93). Un avis d’appel à la concurrence
nationale est lancé pour la construction d’une école fondamentale base 7
Laghouat. (L’Hebdo libéré, 21.4.93). Les 70 écoles fondamentales gérées
par la commune [d’Annaba] sont dans un état de dégradation avancé.
Les 70 écoles fondamentales gérées par les services de la
commune [d’Annaba] sont dans un état de dégradation avancée. (El
Watan, 28.1.00).

14ÉCUMEUR n. m. Disponible. Voleur. L’autre espèce


d’écumeurs […] « empruntent » une voiture pour faire une virée à la
Madrague. (El Moudjahid, 5.3.70). […] les rues surpeuplées d’écumeurs
de trottoirs. (Amrani, 1972, 34). Ces écumeurs d’appartements ont été
présentés au parquet. (El Moudjahid, 27.9.73). Des services de police du
port, alertés par le manège de ces écumeurs, ont réussi à les arrêter en
flagrant délit de vol. (El Moudjahid, 6.8.84). Les autorités ont conscience
de ce problème grave et ont pris les mesures adéquates pour que le
régiment d’« écumeurs de quartiers » soit combattu tout entier et sans
pitié. (El Moudjahid, 30.5.85).

15Com. La fréquence du terme est plus élevée qu’en français standard.

16ÉFÉLÉNISTE V. FLNISTE.

17ÉGARÉ n. et adj. Disponible. Personne qui s’est lancée dans la


violence terroriste. Dans son message à la nation, il avait appelé les
« jeunes égarés » à se repentir et à déposer les armes afin d’entamer une
nouvelle étape. (La Tribune, 30.11.95). L’ANP appelle les personnes
« égarées » à rejoindre la voie de la raison et à profiter des mesures de
la « rahma ». (El Watan, 19.12.95). Quant à la « rahma », si elle est
juste pour les jeunes égarés dans les méandres du terrorisme, le chef du
gouvernement l’a considérée nulle et non avenue pour des hommes
instruits et âgés qui bénissent la « fitna » et le crime au nom d’intérêts et
de pouvoir. (El Watan, 27.12.95). On cherche à minimiser l’idéologie
intégriste, on traite ses partisans de « résidus », on appelle à la
« rahma » et on libère ces pauvres « égarés » qui se sont frottés aux
pantalons des groupes sanguinaires. (Le Matin, 19.2.96). Ce terroriste,
devenu par la grâce du langage officiel un « égaré », s’est repenti dans
le cadre de la loi sur la concorde civile. (El Watan, 4.1.00). Jusqu’à la
mi-journée du 5 octobre, ce sont 531 « égarés » qui se sont rendus aux
autorités avec la précision que la plupart des redditions sont enregistrées
dans les rangs des Groupes Islamiques Armés (GIA). (La Tribune,
12.1.00). La loi de concorde civile a permis à des dizaines d’égarés de
réintégrer la société et de regagner leur famille. (El Moudjahid, 3.2.01).

18ÉGORGEUR n. m. Disponible. Personne qui égorge les animaux


selon le rite musulman. Mon père, qui s’était toujours refusé à faire
saigner un animal, fût-ce un poulet, recourait à un égorgeur
professionnel […] L’égorgeur demeurait longtemps penché sur la gorge
béante de la brebis. (Belamri, 1982, 98). Le jour de l’aïd, il faudra user
de beaucoup de relations pour trouver et se payer les services d’un
égorgeur. (El Moudjahid, 15.9.83). La veille, toutes les dispositions ont
été prises pour régler les derniers détails et trouver l’« égorgeur »
providentiel qui vous ajoutera à son carnet de rendez-vous. (El
Moudjahid, 7.9.84). Il y avait le gros, le petit, le long, […] l’épicier,
l’habillé, l’habilleur, l’égorgeur, le tanneur, le cordonnier. (Mokeddem
1999, 15).

19Com. Le sens de « assassin qui égorge ses victimes » est également


employé.

20EL ACHA V. AÏCHA.

21EL ASR, EL-ASSER V. ACER.

22EL-DHOR V. DHOR.

23ÉLECTRIFIER (S’-) v. pronom. Disponible. Se doter de l’électricité


(en parlant des régions, des villages, des personnes, etc.). Pour ce qui est
de l’électrification, la mise en œuvre de la politique d’équilibre régional
est donc bien une réalité tangible. S’électrifier dans des conditions
pareilles, en si peu de temps, et avec ses propres ressources, est
véritablement un exploit, ainsi que l’a souligné d’ailleurs le directeur
général de la SONELGAZ. (Révolution africaine, 10.5.84). Les habitants
des bidonvilles s’électrifient de manière anarchique, sans aucune règle
de sécurité. (El Acil, 20.11.93). Il est en prison car il s’est électrifié en
dépit des interdictions. (oral).

24ÉLÉMENT n. m. Courant. Membre d’un groupe organisé : force


militaire (soldats, gendarmes, terroristes), parti, orchestre, club sportif,
etc. Deux éléments du « Hidjra oua Takfir » abattus à Aïn-Defla.
(Quotidien d’Algérie, 13.8.92). Il était 16 h 25 quand nous avons aperçu
trois éléments de l’AIS quitter l’auberge pour s’engouffrer ensuite dans
une voiture de marque Daewoo appartenant aux autorités de la daïra de
Taher, des éléments qui se sont montrés irrités par la présence de la
presse. (El Watan, 18.12.99). Des éléments des forces de l’ordre ont
procédé à l’arrestation de trois éléments supposés appartenir à un
groupe terroriste. (El Watan, 23.12.99). Du côté des forces de sécurité,
ce sont 120 éléments, tous corps confondus, qui ont perdu la vie dans des
embuscades et autres guets-apens. (Le Matin, 5.1.00). Le réseau de ce
trafic a été démantelé et sa composante, formée de cinq éléments, a été
présentée et placée sous mandat de dépôt. (El Watan,
5.1.00). L’association musicale Nassim El Andalous d’Oran est
actuellement la plus importante par le nombre de ses éléments. (El
Watan, 6.1.00). L’ordre du jour a gravité autour des rémunérations
impayées, incitant le président du club de football à s’entretenir
individuellement avec ses éléments. (Quotidien d’Oran, 5.4.00).

25Com. Le terme possède une fréquence beaucoup plus élevée qu’en


français de référence.

26EL FADJR V. FADJR.

27EL HAMDOU LILLAH, EL-HAMDOULILLÂH, EL


HAMDOULILLAH, EL HAMDOULLAH, EL HAMDOU
ALLAH V. AL HAMDOU ALLAH.

28EL-ICHA, EL ICHA, EL ICHÂA V. AÏCHA.

29EMBOUTEILLER v. tr. dir. Disponible. Mettre en bouteille. Un


autre cafetier criant à l’injustice : « Il n’y a pas longtemps, j’ai eu
livraison de boissons embouteillées et hermétiquement capsulées. » (El
Moudjahid, 25.1.84). En hiver, les pénuries de gaz butane sont dues aux
usines qui n’embouteillent pas assez rapidement. (oral).

30EMCHI V. AMCHI.

31EMEZED, IMZAD, IMZED (du touareg) n. m. Spécialisé. Vièle


monocorde, instrument de musique à cordes traditionnel touareg. Emezed
ou imzed, instrument rudimentaire, confectionné à partir d’une demi-
courge ronde africaine qui constitue la caisse et d’un bâton arqué garni
de crin de cheval qui tient lieu d’archet, il est exclusivement utilisé par
les femmes touaregs du Hoggar. (Algérie-Actualité, 13.9.84). La vièle
monocorde imzad jouée par les femmes […] (Mecheri-Saada, 1990,
116). De jeunes femmes et des hommes improvisent des chants,
accompagnés par le son langoureux de l’imzad. (El Moudjahid, 22.9.91).

32ÉMIR, AMIR (de l’arabe) n. m. (féminin : émira) 1. Courant. Titre


honorifique donné à des personnes assumant des responsabilités civiles
ou militaires (chefs militaires, princes, gouverneurs). Il invoqua des vœux
en faveur de l’Émir à qui il donna le surnom de Nasredine (triomphateur
de la religion). (El Acil, 25.1.93). Pour Idriss El-Djazaïri, le retour à
l’esprit de combat de l’Émir Abdelkader est la seule manière de
continuer son œuvre. (Le Matin, 18.9.95). Érudit, cet homme, grand
voyageur, militant de la cause de l’indépendance du Maghreb, était très
connu, notamment pour avoir servi aux côtés de l’émir Abdelkrim el
Kattabi au moment de la proclamation de sa République en 1925. (El
Watan, 27.11.96). Il y a 64 ans, le 9 janvier 1936, disparaissait une
grande figure de l’histoire de l’Algérie : l’Émir Khaled. Petit-fils de
l’Émir Abdelkader. (Liberté, 9.2.00). Mais il n’y a d’émir que l’Émir
Abdelkader bien sûr. (El Watan, 19.3.00). Le Saoudien a également
voulu introduire la notion de l’allégeance à l’émir (ou au gouvernant)
sans passer par la consultation. (El Watan, 23.3.00). […] en passant par
les rapports de Messali avec le Parti communiste français et les leaders
nationalistes arabes de l’époque comme les « trois émirs, Khaled,
Khettabi et Arslan ». (El Watan, 30.3.00).

332. Courant. Chef du groupe armé islamiste. En cette fin de siècle, des
aventuriers sans foi ni loi, sortis du Moyen Âge usurpent ce titre d’Émir,
pour accomplir la plus sale des besognes dans la lignée des harkis et des
paras. (Alger républicain, 15.8.92). L’Émir et quelques-uns de ses
compagnons ont été repérés, il y a une dizaine de jours environ, près de
Kadiria […]. (El Watan, 24.5.92). Après des échanges de tirs, l’émir du
groupe a été tué, cinq terroristes ont été arrêtés. (El Acil,
28.2.93). « Émir » d’un groupe terroriste qui a sévi dans le secteur de
Kouba-Hussein Dey, ledit terroriste était recherché par les services de
sécurité. (El Moudjahid, 21.4.93). Cette concentration de terroristes dans
la région est due au fait qu’une réunion des émirs de l’AIS et certains du
GIA, était en préparation. (El Watan, 11.10.95). Quelques mois
seulement ont suffi à ce groupe pour se reconstituer et ce, après la
proclamation d’un « émir ». (El Watan, 9.5.96). Un émir se sert du crâne
d’un journaliste comme cendrier : l’image, je ne sais pas, me réchauffe
ou me glace. Je vomis. (Zaoui, 1999, 186). V. AFGHAN, ÉMIRAT.

34ÉMIRA, AMIRA féminin de ÉMIR (sens 2). La femme terroriste


abattue par les forces militaires serait la redoutable « émira » Yakouta.
(La Tribune, 28.1.00). La katibat El Ahoual était alors dirigée par
Djeriri qui se fait accompagner par son épouse. C’est peut-être là
l’origine de l’énigmatique amira Yaqout. (Le Matin, 9.2.00).

35ÉMIRAT (de émir + suffixe -at) n. m. 1. Disponible. Statut d’émir, de


chef d’un groupe terroriste islamiste. Ce manque d’empressement de
Benaïcha d’appliquer jusqu’ici « vite et bien » les directives de l’émirat
national de l’AIS est un élément assez révélateur. (Le Matin,
5.1.00). Autre geste de Hattab décodé comme un appel du pied,
l’affectation de Djabri qui activait dans la katibat de Z’barbar à la
katibat qui active à Bouira. Il faut noter que c’est sous l’« émirat » de
Djabri qu’il y a eu le plus grand nombre de redditions. (Liberté,
18.1.00). C’est ces derniers qui avaient écarté Hassan Hattab de la tête
du GSPC en le remplaçant par Dichou qu’ils ont liquidé après quelques
mois pour permettre à Abou Hamza de prendre l’« émirat » du groupe.
(La Tribune, 10.2.00).

362. Disponible. Territoire contrôlé par un émir, chef d’un groupe


terroriste islamiste. La nuit d’après, des tangos enragés les réveilleront
comme s’il y avait le feu au ciel pour leur rappeler que ce n’est pas
parce que ça va mieux dans cet émirat grâce aux sacrifices des leurs
qu’il faut s’endormir. (Sansal, 1999, 218).

37ÉMIRATI (de l’arabe) adj. Disponible. Originaire des Émirats arabes


unis (E.A.U.). […] des messages du président de l’État, M. Liamine
Zéroual, à l’émir du Koweït et au président d’État émirati. (El
Moudjahid, 28.3.95). Bien avant le coup de sifflet initial du très tatillon
arbitre émirati, très souvent surpris en flagrant délit de partialité. (La
Tribune, 29.1.96). Les hommes d’affaires émiratis du groupe El Nazroul
se sont montrés particulièrement intéressés par les perspectives
touristiques de la côte annabie. (El Watan, 7.8.96). Les responsables
émiratis attribuent la croissance du trafic à la proximité des pays
producteurs d’Asie. (Liberté, 15.1.97). La délégation des Émirats arabes
unis, conduite par le général Mohamed Ibn Rached El-Maktoum, prince
héritier de Dubaï et ministre émirati de la Défense, a quitté hier Alger.
La délégation émiratie a été saluée à son départ […] (La Tribune,
23.12.99). […] dans l’appréciation faite par le ministre émirati de
l’Énergie qui a déclaré hier à Londres que […] (El Watan, 23.3.00). Un
investisseur émirati a, de son côté, déclaré son intérêt pour les activités
de pêche en Algérie. (El Watan, 29.3.00).

38EMMENER v. tr. dir. Disponible, oral surtout. Amener qqn, apporter


quelque chose. Ceci emmena les hautes instances du pays à réviser le
budget. (oral). Demain, tu emmèneras ton père au surveillant
général. (oral). Cela a emmené les autorités locales à prendre une sage
décision. (oral).

39Com. Attesté ds IFA.

40EMPLISSEUR adj., n. m. Spécialisé. Qui remplit des bouteilles à


gaz. Dans la perspective d’un meilleur approvisionnement des
utilisateurs en gaz butane […] l’entreprise a conclu des contrats d’étude
et de fourniture de 23 mini-centres emplisseurs. (El Moudjahid,
25.2.85). La consignation des bouteilles butanes 13 kg et 3 kg se fait sans
formalité aucune au niveau de l’ensemble des stations-service en gestion
directe, des centres emplisseurs et dépôts relais sur tout le territoire
national. (El Moudjahid, 26.5.94). L’épicier du coin est un emplisseur de
bouteilles de gaz. (oral). V. ENFÛTEUR.

41EN DUR V. DUR.

42ENFÛTEUR adj. Spécialisé. Où l’on s’occupe du remplissage des


bouteilles à gaz. Le centre enfûteur du Caroubier date de 1955 et
s’enorgueillit d’une capacité de stockage en vrac de 1 050 tonnes de
butane et de 300 tonnes de propane. (El Moudjahid, 24.2.81). Deux
importants centres enfûteurs de Skikda et El-Khroub ont été à l’arrêt
suite aux intempéries. (El Moudjahid, 13.1.85). Cela renforcera la
production des 17 centres enfûteurs déjà opératoires. (El Moudjahid,
5.11.86). V. EMPLISSEUR.

43ENGINISTE n. m. Disponible. Conducteur d’engin de levage. Au


sein de l’entreprise de travaux, la formation se fait généralement sur le
tas. Il en est ainsi pour les enginistes et même les conducteurs de
travaux. (El Moudjahid, 7.2.78). Entreprise nationale cherche enginiste
qualifié avec expérience de plus de trois années dans la
fonction. (Annonces classées, El Watan, 23.12.93). V. GRUTISTE.

44ENTREPRISE NATIONALE n. f. Disponible. Entreprise


appartenant à l’État algérien. Sa mère est femme de ménage dans une
entreprise nationale. (Benaïssa, 1999, 255). M. T., cadre d’études dans
une entreprise nationale, nous dit […]. (Quotidien d’Oran, 10.3.00). Elle
réussira à terminer ses études secondaires et se débrouiller un petit job
comme agent de bureau dans une entreprise nationale. (Quotidien
d’Oran, 10.3.00). Près de 250 communications seront présentées dont
120 proviennent de Sonatrach, 13 d’entreprises nationales, 40
d’entreprises étrangères. (El Watan, 17.4.00). L’État est habilité
juridiquement à céder une partie des actions de ses entreprises
nationales en restant l’actionnaire majoritaire et, par conséquent, le
principal décideur dans la société. (El Watan, 18.4.00). […] au cours du
séminaire sur les ressources humaines auquel ont participé de nombreux
cadres des entreprises nationales. (El Watan, 26.4.00).

45Com. Le terme ne s’applique pas aux entreprises algériennes privées.


V. SOCIÉTÉ NATIONALE.

46ENTREPRISE SOCIALISTE n. f. Vi e i l l i mais disponible.


Entreprise d’État à gestion collective (par l’assemblée des
travailleurs). La présente loi définit le cadre et précise les modalités
selon lesquelles une ou plusieurs entreprises socialistes sont habilitées à
créer avec une ou plusieurs entreprises étrangères des sociétés
d’économie mixte. (Journal officiel de la République algérienne,
31.8.82). L’entreprise socialiste chargée de fabriquer les caisses est en
faillite. (oral).
47ÉPARGNER (QQN DE QQCH.) v. t r. d i r. Disponible. Épargner
qqch. à qqn. Dans un souci d’épargner les autoconstructeurs du coût du
transport, les autorités de wilaya et municipales ont pris des mesures
énergiques (El Moudjahid, 23.6.86). Il a épargné son frère d’un grand
déplacement. (oral)

48ÉRADICATEUR n., adj. Disponible. Partisan de l’élimination par la


force des terroristes. Pour les « éradicateurs » et tous ceux qui ne
comprendront pas pourquoi on n’a pas condamné plus sévèrement ces
adversaires du « projet démocratique », le verdict les aura laissés
perplexes et troublés. (Quotidien d’Algérie, 16.7.92). Même les
éradicateurs les plus virulents n’ont pas soutenu très longtemps la thèse
du complot islamiste. (Le Jeudi d’Algérie, 23.7.92). Ils auront tout fait,
les éradicateurs, pour faire échouer la marche nationale de la
réconciliation du 8 mai. (El Manar, 23.5.94). Dans ce communiqué signé
par R. Kébir, le représentant du FIS en Allemagne, on lisait que « le
secrétaire national des éradicateurs [feu Rachid Tighziri] a été éradiqué
par un moudjahid. » (El Watan, 3.6.94). La dénonciation ferme et
unanime de cet assassinat a certainement désarçonné tous ceux qui se
sont fait une spécialité dans l’étiquetage de la société en éradicateurs et
réconciliateurs. Ceux que l’on a, pendant des années, accusés
injustement d’éradicateurs pour avoir paradoxalement revendiqué le
droit au respect de la vie […]. (El Watan, 25.11.99). Au plus fort des
massacres et des attentats à la voiture piégée, des voix « éradicatrices »
à l’intérieur de l’APN se sont élevées […] (La Tribune, 20.1.00).
[…] Nezzar qui a affiché et continue de le faire publiquement ses
positions éradicatrices au moment où Bouteflika et le général Attaïlia
disent leurs regrets que tous les terroristes encore en activité ne soient
pas amnistiés. (Le Matin, 8.4.00). Le match « réconciliateurs-
éradicateurs » remporté par forfait risquait de se transformer en
meeting (Quotidien d’Oran, 28.2.01). V. DIALOGUISTE,
EXTERMINATEUR, RÉCONCILIATEUR.

49ÉRADICATION n. f. Disponible. Élimination par la force des


terroristes intégristes. L’appel à la rahma est passé sans la moindre
protestation des boutefeux de l’éradication totale. (La Nation,
3.1.95). Pour lui [Nezzar], le retour possible à la paix en Algérie dans
moins de deux ans passe par une politique d’éradication. (Le Matin,
8.4.00).

50ÉRENDISTE V. RNDISTE.

51ERG (de l’arabe) n. m. Courant. Massif dunaire dans les régions


sahariennes. Un magnifique site donnant l’image d’une transposition
d’une portion de l’erg saharien à proximité de la grande bleue. (El
Moudjahid, 29.7.83). L’environnement n’est qu’un erg désert de
rocaille. (El Moudjahid, 31.8.83). Ces tapis herbacés constituent le seul
pâturage des animaux domestiques et bien sûr de l’addax, l’antilope très
rare des ergs et des grands oueds. (El Moudjahid, 27.9.90). Il me fallait,
pour aller jusqu’à la fin de l’histoire, aller au travers des ergs et des
dunes. (Algérie-Actualité, 19.7.94). Discrètement, il continue
d’emprunter les dédales de toub qui s’effrite, ne pouvant plus résister à
la force grossissante de l’erg qui va en rongeant chaque jour un peu plus
le Taghit. […] L’erg, cet ennemi, avance et répand le désert. (La Tribune,
23.1.96). Nous traversons la plaine du Tikikelt. Cette dernière est formée
par les dunes de sable appelées l’erg. (Le Matin, 26.1.96). […] se tenir
moribond bienheureux jusqu’à la fin des temps dans cet erg sans merci
qui a vu naître le premier musulman. (Sansal, 1999, 388).

52Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. HAMADA, REG.


53ERRADJEL V. RADJEL.

54ESSEULEMENT n. m. Disponible. Isolement, fait d’être


seul. Jalonnée d’arrêts, de pauses, parce qu’habituée à son esseulement,
elle [la voix] n’a pas à se précipiter, ayant tant attendu… (Dib, 1973,
57). Seul et sans attache familiale, il souffre de cet esseulement. (Liberté,
18.12.92). Les pensionnaires de l’asile des vieillards d’El Aria souffrent
d’esseulement. (oral).

55ESTIKHBAR, ISTIKHBAR (de l’arabe) n. m. Disponible. Prélude


vocal ou instrumental qui précède un chant chaâbi ou andalou. Il
manipule le mandole avec charme, une voix harmonieuse, un estikhbar
agréable, autant de facteurs qui peuvent lui permettre de prétendre à un
avenir valable. (El Moudjahid, 23.5.77). C’est alors qu’il eut l’honneur
et la grande joie d’accompagner au « tar » la célèbre El-M’alma
Yamma et de chanter un istikhbar à la demande de cette dernière. (El
Moudjahid, 23.2.78). Mélodieuse, traînante et langoureuse dans les
« istikhbars », empreinte de tristesse, sa voix se transforme littéralement
lorsqu’il s’agit de chanter la fête ou le bonheur. (El Moudjahid,
8.8.83). Et quand elle interprétera un « istikhbar » au piano, geste
totalement imprévisible, ce fut l’enchantement. (El Moudjahid,
26.5.85). Le chanteur spécialisé dans ce genre de situation entame un
istikhbar fuyant dans les aigus la gravité du moment. (Benaïssa, 1999,
93). Michaël utilise aussi la ghaïta comme dans l’istikhbar du titre Altaï
Maltaï. (El Watan, 24.1.00). En guise de prélude ou istikhbar imagé et
après avoir suscité certaines mémoires, prenons en référence
l’image […]. (Liberté, 26.2.01). V. ANDALOU, NOUBA.

56ESTIVALIER n. m. Disponible. Estivant. D’interminables


promenades ou des veillées agrémentées par de langoureuses mélodies
que diffusent les postes cassettes, amis fidèles et omniprésents de tout
estivalier. (El Moudjahid, 28.7.85). Le camping, l’animation, la sécurité
et la gestion des plages d’une manière générale font l’objet d’une très
vive attention. Pour le seul bien-être de l’estivalier et surtout pour
revaloriser les côtes du pays. (Algérie-Actualité, 9.8.85). Les estivaliers
ont assisté à toute la soirée organisée par la direction de l’établissement
touristique. (oral). V. ESTIVANT.

57ESTIVANT, E adj. Disponible. Qui se rapporte à l’estivant. Certains


responsables du Sahel sont conscients de l’apport culturel à la masse
estivante et aux autres « mordus » de spectacles… (El Moudjahid,
9.8.85). Dès son installation maintenant, le guide devient partie
intégrante de la grande famille estivante. (El Moudjahid,
13.8.85). L’animateur du programme estivant est conspué par la foule
des baigneurs. (oral). V. ESTIVALIER.

58ESWAK V. ASWAK.

59ÉTALAGISTE n. m. Disponible. Marchand (ambulant ou non). qui


expose sa marchandise dans un lieu public. Beaucoup de clients
continuent à s’approvisionner chez une nuée d’étalagistes à des prix
illicites. (El Moudjahid, 13.12.78). Tamanrasset n’oubliera jamais la
visite du président au souk et sa discussion avec les étalagistes. (El
Moudjahid, 5.1.79). Comme dans toutes les branches commerciales, nous
dira

60A. Arezki, étalagiste à Belcourt, il y a des gens honnêtes et des gens


malhonnêtes. (El Moudjahid, 11.7.83). Les contrôleurs des prix n’ont
aucune action sur les étalagistes. (oral).
61Com. Le terme est accompagné d’une marque « vx. ou dr. » dans les
dictionnaires du français standard (GR, TLF).

62EXAMINATION n. f. Disponible. Examen. Plus de 600 000 élèves


des lycées, des collèges et des écoles vont prendre le chemin des salles
d’examination. (El Moudjahid, 24.5.77). Les méthodes d’examination
sont basées sur le principe du contrôle continu des
connaissances. (Revue USTA, 1.2.78). C’est ainsi qu’il a été interdit tout
stationnement de véhicules à l’intérieur et à proximité de lieux
d’examination, comme il a été procédé à un contrôle rigoureux des salles
d’examen, une demi-heure avant. (Le Matin, 14.6.96). Les critères
d’examination au Bac n’ont pas changé. (oral).

63EXODÉ n. Peu courant. Personne qui fuit sa région d’origine par peur
du terrorisme. Le chef-lieu de commune, Souk El Hadd, cette grosse
agglomération rurale sans harmonie, offrira son unique mosquée, en
construction depuis dix ans, aux exodés. (El Watan, 5.01.98).

64Com. Néologisme de 1997 utilisé pour décrire le sort des populations


campagnardes qui fuient le terrorisme.

65EXORCISÉ n. Disponible. Personne qui a subi un exorcisme. Au bout


de quelques jours, l’exorcisé se sentait beaucoup mieux. (Toualbi, 1984,
79). « L’exorcisée » est le premier film de la réalisatrice Hafsa Zinet
Koudil sur les pratiques de l’exorcisme. (El Watan, 11.1.94).

66EXPOSANT n. Disponible. Personne qui fait un exposé (dans le cadre


d’un séminaire, d’un colloque etc.). Les travaux de la deuxième journée
ont porté sur les problèmes de réglementation et de législation. Dans ce
cadre, quelques exposants ont fourni des explications sur les lois et
règlements en vigueur. (El Moudjahid, 5.3.84). Pour la première fois, un
exposant ose parler du SIDA et de ses causes. (oral).

67EXTERMINATEUR n. m. Disponible. Partisan de l’élimination par


la force des terroristes. Si les « dialoguistes » plaident l’absolution des
crimes, même s’ils sont régulièrement prouvés, en prêchant la
« fraternité » en noir et blanc, les « exterminateurs » revendiquent
pratiquement une exécution sommaire en se retranchant derrière les
baïonnettes de la République. (Le Jeudi d’Algérie, 16.7.92). Les
exterminateurs des courants démocratiques se sont alliés aux
islamistes. (oral). V. DIALOGUISTE, ÉRADICATEUR,
RÉCONCILIATEUR.

68EXTRA-UNIVERSITAIRE n. Disponible. Personne qui n’appartient


pas au milieu universitaire. Le grand hall, prestige de notre université,
qui était le lieu de rencontre des étudiants venus de toutes les régions,
s’est transformé en place commerciale où des extra-universitaires
viennent exposer leur marchandise… (Algérie-Actualité, 26.12.85). Le
kiosque est géré par trois jeunes filles extra-universitaires recrutées par
la direction de l’emploi dans le cadre de la résorption du chômage. (Le
Matin, 7.2.96). Beaucoup de grèves ont été fomentées par des extra-
universitaires. (oral). Des extra-universitaires ont perturbé la
manifestation pacifique des étudiants. (oral).

69EZZAGAT, ZAGAT loc. Peu courant, oral surtout. C’est foutu,


fichu. On ne les laisse pas entrer hrame. On les laisse entrer, zagat ! (El
Moudjahid, 25.5.86). Ezzagat ! personne ne pourra quitter l’Algérie.
(oral).

70EZZAKAT V. ZAKAT.
71EZ-ZINA V. ZINA.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


FABRIQUE n. f. Disponible. Fabrication. L’État est spécialisé dans la
fabrique de produits de large consommation. (El Moudjahid,
6.6.77). Béchar se développe à un rythme accéléré et compte une
briqueterie, un centre enfûteur et une usine de confection Sonitex
spécialisée dans la fabrique de bleus de chauffe. (Algérie-Actualité,
7.6.80). Cependant, la fabrique de nattes pose un certain nombre de
problèmes. (El Moudjahid, 19.1.84).

2FADJER, FADJR, FAJR, FEDJR, FEJR, EL FADJR (de l’arabe) n.


m. Courant. Prière dite à l’aube, prière de l’aube. Je me suis levé et, ayant
l’heure, j’ai remarqué que c’était le moment de la prière du
fadjer. (Chaïb, 1980, 172). Le 20 août 1955, après la prière du « fedjr »,
les armes furent distribuées. (El Moudjahid, 19.8.83). Des chants
religieux se poursuivront jusqu’à la prière du fadjr. (El Moudjahid,
2.12.84). Lorsque nous restituons le conservatoire mitoyen au théâtre à
sa solitude, le muezzin appelle à la prière du fedjr. (Algérie-Actualité,
3.8.93). […] au petit jour et aux premiers appels du muezzin annonçant
le fadjr s’éveille un monde tumultueux et pittoresque. (El Acil, 11.10.93).
[…] obligés de monter et descendre à pied, très tôt le matin, pour
accomplir la prière du fejr et du sobh. (La Nation, 2.7.96). On entendait
la voix des muezzins harceler l’aube naissante, mais elle ne songea pas à
sa prière du fajr. (Khelladi, 1998, 69).

3FADWA (de l’arabe) n. f. Spécialisé, oral surtout. Cérémonie consacrée


à la mémoire d’un mort. Et la nuit fut là, enveloppant la maison de
Belkadi où se préparait la « fadwa », selon l’apparat des grandes
occasions, pour honorer la mémoire de la vieille Rahma. (Benhedouga,
1982, 56). La fadwa a été organisée par toute la famille. (oral).

4FAFA n. f. État français, France. Disponible, connotation péjorative. En


effet, qu’est-ce qui motive fafa socialiste à créer le terrorisme puis à le
supporter si perfidement et surtout à le lâcher sur l’Algérie ? (L’Hebdo
libéré, 23.6.93) Fafa, ses sbires et l’intégrisme. (L’Hebdo libéré,
23.6.93). L’islamisme à l’algérienne, c’est le socialisme efeleniste qui
vire du rouge au vert et cette simple décoloration arrange fafa sur un
double plan. (L’Hebdo libéré, 23.6.93). Tu sais, ces enfants sont nés en
France et Fafa voit loin (note : Fafa : nom pour désigner la France chez
les Algériens). (Tengour, 1997, 123).

5FAÏENCEUR n. m. Disponible. Faïencier, fabricant ou marchand de


faïence. Les maçons, les carreleurs, les faïenceurs, les coffreurs, les
ferrailleurs sont une main-d’œuvre rare et très convoitée. (Révolution et
Travail, 4.12.84). Entreprise de maçonnerie cherche dix faïenceurs pour
travail permanent. (oral). V. ZELIDJ.

6FAÏLEK (de l’arabe) n. m. Spécialisé, milieu militaire. Bataillon, unité


militaire groupant plusieurs compagnies de l’Armée de libération
nationale. Le bataillon (faïlek) comprend 3 compagnies (katibas) plus
vingt cadres (350 hommes). (El Djeïch, 2.10.80). Le 26 avril 1958, le
4e faïlek, composé de quatre katibas de 120 hommes chacune, s’ébranla
en direction de zones déterminées de l’Est algérien pour y poursuivre la
lutte. Le 4e faïlek n’était pas le seul à tenter la traversée des barrages
électrifiés et de la zone interdite. (El Moudjahid, 31.10.85). Pendant son
service militaire, il a commandé plusieurs faïleks. Quelle
expérience ! (oral). V. FAOUDJ, KATIBA.

7FAIRE LE RAMADHAN V. RAMADHAN.


8FAIRE UN ACCIDENT loc. verb. Courant. Avoir un accident. Il a
fait un accident. (Copie d’élève de 1re AS). Nous avons peur de faire un
accident. (oral). C’est vous qui avez fait un accident de voiture. (oral).

9FAIRE LA CHAÎNE loc. verb. Courant. Faire la queue, suivre une file
d’attente. Le citoyen doit faire la chaîne pour obtenir son frigo ou sa télé.
(El Moudjahid, 27.4.81). C’est une insulte, c’est du mépris, on nous
laisse dehors aux intempéries et on nous demande de faire la chaîne. Ça
nous rappelle la triste époque des chaînes des Souk el Fellah.
Honteux ! (La Tribune, 30.10.95). Une vieille femme qui s’agrippe au
rebord des guichets fait la chaîne dans la file réservée aux femmes. (La
Tribune, 13.1.00).

10Com. Attesté dans Duclos 1991 qui signale une fréquence très élevée
de la locution. V. CHAÎNARD, CHAÎNE, CHAÎNE POUR FEMMES,
CHAÎNER.

11FAISEUR DE loc. nom. Disponible. Fabriquant de, éditeur de … Qui


n’a vu sortir des enceintes des souks el-fellah ces colporteurs pliant sous
le poids de monceaux de café, sucre, huile et autres denrées destinées à
alimenter des marchés parallèles […]. Il est malheureux de constater que
ces faiseurs de pénurie bénéficient trop souvent de la complaisance,
sinon de la complicité de certains vendeurs. (El Moudjahid, 14.3.86). En
effet, c’est la première fois qu’un faiseur de cassettes est mis aux
arrêts. (Algérie-Actualité, 10.8.93). C’est, dans tous les cas, à ce type de
conclusion que sont aujourd’hui arrivés les « faiseurs d’opinions » en la
matière, tant les banques, les institutions que la presse internationale
spécialisée. (El Acil, 19.10.93). À la veille du dialogue national, les
« faiseurs de chaos », comme nous les avons nommés précédemment
dans ces énièmes colonnes, redoublent de férocité. (Algérie-Actualité,
19.10.93).

12FAJR V. FADJER.

13FAKOU, FAQOU (de l’arabe) exclam. Courant, oral surtout.


Exclamation signifiant « On est conscient, on est lucide ». Messieurs,
souriez, ce n’est pas un enterrement. – Fakou ! (Aïder, 1984a, 35). Fayek
sur un arbre perché… le renard colonialiste lui tient à peu près ce
langage… les Gaulois sont vos ancêtres… Fakou, dit Fayek. (Khiari,
1981, 26). À ceux qui venus d’outre-mer ont lancé des conseils
« fraternels » nous recommandant l’ascétisme et le renoncement à la
science, au modernisme et au développement technologique, nous leur
disons : « Faqou ». (El Moudjahid, 1.9.87). Les autorités royales ont
vraiment intercepté un lot d’armes qu’un groupe philharmonique de
Tikechbila tentait de faire passer au pays par Oujda. Fakou ! C’est notre
ami le roi qui voulait faire les doux yeux à Zeroual… (El Manchar,
15.11.95).

14FAL, FÂL (de l’arabe) n. m. Disponible. Présage. Il faut interpréter,


dire le fal. Dire ce que l’on veut dire aux choses. (El Moudjahid,
9.1.85). Dans le rêve, la chemise est un bon fâl, un bon augure. (El
Moudjahid, 3.4.85). C’était le « fal » et personne n’y échappait, un
« fal », un présage, c’était plus que sacré. (El Moudjahid, 27.4.86). Ô
fal ! clé de tous les cadenas, adresse-moi ton heureux présage ! […] On
s’accorda à expliquer le fal. Il semblait lui convenir à merveille à la
personnalité de l’élue. (Bensmaïne, 1996, 63).

15FALAKA, FALAQA, FALAQUA (de l’arabe) n. f. Disponible.


Châtiment traditionnel pratiqué dans les écoles coraniques et consistant
en coups de bâton sur la plante des pieds. Mais le cheikh n’est pas dupe,
il coupe court à notre cinéma en nous infligeant la « falaka », ce
châtiment de coups de bâton sur la plante des pieds. (Lemsine, 1978a,
117). Deux genres de sanctions l’attendaient : la vulgaire volée de bois
vert pour le délinquant primaire ; mais s’il s’agissait d’un récidiviste,
alors c’était la « falaka ». (Boutarène, 1982, 135). Pour eux, il n’est
peut-être qu’un quelconque marabout, qui aurait, sous la menace des
plus sévères « falakas », retenu des rudiments de textes saints, de
grammaire ou de prosodie. (Kateb, 1983, 28). Lorsque l’erreur était
impardonnable, deux des courtisans se levaient, plaquaient sur le sol le
malheureux, lui soulevaient les jambes et Balot lui infligeait la
« falaqa ». (Ben Mansour, 1990, 112). Et comment, n’est-ce pas, le
ramener à la raison ou plutôt leur raison, sinon par la falaqa. (Les
Nouvelles de l’Est, 18.5.91). Si Aïssa le gratifiait d’une falaqua en bonne
et due forme à la moindre incorrection morpho-syntaxique. (El Acil,
3.3.93). J’ai dit aux frères de le foutre à poil, et je lui ai flanqué une de
ces falaqa qu’il n’est pas près d’oublier. Il ne pouvait plus se relever
après. (Khadra, 1999, 109).

16FANTASIA (de l’arabe) n. f. Disponible. Manifestation folklorique de


cavaliers arabes et/ou berbères qui exécutent au galop des évolutions
variées en déchargeant leurs fusils et en poussant de grands cris. La
fantasia a commencé tôt le matin et se déroule encore, identique à elle-
même, avec la répétition rituelle des mêmes élans du cheval, la même
fougue des cavaliers lançant des cris de guerre et le même bruit de
baroud. (Révolution africaine, 11.5.85). Ces voyages étaient agrémentés
de parcours en diligences, de dîners sous les tentes, de « fantasias » plus
ou moins sollicitées. (Bouzar, 1983, 370). […] aux chioukhs très
sollicités par les colons français pour égayer leurs fêtes des danseuses,
les « tebrihate » et la fantasia. (Alger républicain, 30.8.91).
[…] plusieurs kermesses traditionnelles appelées communément,
« wada » où fantasia et ghaïta font parler la poudre après chaque
exhibition. (Liberté, 11.1.96). Les cavaliers viennent des quatre coins du
pays pour participer à la fantasia. (Mokeddem, 1999, 13).

17Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. BAROUD.

18FAOUDJ (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Unité de l’Armée de


libération nationale. Le faoudj est composé de 11 hommes dont un
sergent et deux caporaux. (El Djeich, 2.10.80). Des faoudjs formés de
militants conscients ont vu le jour, des consignes ont été données aux
citoyens de se procurer des armes par n’importe quel moyen. (El
Moudjahid, 1.10.84).

192. Vieilli mais disponible. (À l’époque du parti unique FLN). Cellule


d’une organisation de masse (Union nationale des paysans algériens,
Union nationale des scouts musulmans d’Algérie, etc.) L’exemple d’un
faoudj dans un domaine autogéré a été cité : selon l’article 16 des
statuts, un faoudj ne peut être constitué que de 10 à 50 membres. (El
Moudjahid, 29.5.77). La région de la daïra comprend 3 500 agriculteurs
dont 65 faoudjs. (El Moudjahid, 7.12.77). L’amélioration progressive des
différentes instances de l’UNPA, notamment les faoudjs et unions
paysannes communales. (Révolution socialiste, 1.5.78). Les membres des
commissions sillonnent le territoire de la wilaya pour animer des
discussions avec les « faoudjs » autour des statuts de l’organisation
paysanne. (El Moudjahid, 26.2.78). La délégation tunisienne a visité un
local du faoudj « El Baçaïr » du kechef à la cité des
Martyrs. […] l’avant-dernier jour de la visite des représentants de la
jeunesse a été consacré à la visite d’un faoudj kechef ainsi qu’à une
séance de travail avec les responsables de la jeunesse de
Constantine. (El Moudjahid, 3.1.86). V. DJEICH, FASSILA, FERKA,
KATIBA.

20FAQOU V. FACOU.

21FASSILA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Unité de l’Armée de libération


nationale. L’aviation et l’artillerie sont mises en branle pour décimer la
fassila qui résiste héroïquement. (El Moudjahid, 10.5.81). Cette fassila a
entamé sérieusement le moral des troupes françaises en sabotant la ligne
haute tension qui alimentait leur caserne. (oral). V. DJEICH, FAOUDJ,
FERKA, KATIBA.

22FATIHA, FATHA, FATHIA (de l’arabe) n. f. 1. Courant. Première


sourate du Coran récitée à diverses occasions solennelles
(commémorations, prières, mariages, etc.). Après la lecture de la Fatiha
en présence de l’imam de l’Université d’Alger, la délégation a visité une
exposition de livres. (El Moudjahid, 20.5.77). Le Président de la
République découvre la plaque commémorative, dépose une gerbe de
fleurs et lit la Fatiha. (El Moudjahid, 11.2.83). La « Fatiha » est récitée
devant une foule immense espérant obtenir, à titre collectif ou individuel,
la « Baraka » (bénédiction) du « wali » honoré. (El Moudjahid,
4.5.93). M. Ali Kafi, président du Haut Comité d’État (HCE) s’est rendu
hier matin au sanctuaire des martyrs à Riadh el Feth où il a déposé une
gerbe de fleurs et récité la fathia à la mémoire des martyrs. (Liberté,
2.11.93). Une prière, la Fatiha, est dite pour le repos de ces innocentes
âmes, pour le salut de l’Algérie, pour la paix. (Liberté, 2.2.95). Les
mystiques l’accompagnaient souvent de la récitation de la « fatiha » et
de l’invocation du Tout-Puissant. (Le Matin, 1.2.96). […] un vieil
imam […] chevrotant une fatiha avec la conviction de quelqu’un qui
n’attend plus rien de bon. (Sansal, 1999, 25).
232. Courant. Spécialement, mariage religieux au cours duquel la fatiha
est prononcée. Ma mère était une gamine sans poitrine quand mon père
l’a connue, et puis ils ne se sont mariés qu’à la Fatiha, et le mariage
n’était pas valable puisqu’il n’a pas été enregistré à la
mairie. (Boucebci, 1979, 77). La veille même, les invités nombreux
s’étaient rendus à Bouzaréah et pour la fatha. (Chaieb, 1980, 105). Le
problème est de savoir si le mariage à la Fatiha peut être régularisé suite
à l’abandon de la femme par le mari qui s’est remarié. (El Moudjahid,
11.2.81). À l’occasion de la Fatiha de Mlle K. F. avec M. Z., Mlle D.R.
présente à ces derniers ses félicitations et leur souhaite une longue et
heureuse vie. (El Hadef, 29.4.84). La pratique révèle que la Fatiha,
cérémonie au cours de laquelle l’accord de volonté est conclu entre le
tuteur de l’épouse et l’époux ou son tuteur, se déroule en l’absence de la
femme. (El Acil, 10.3.95). L’absence du tuteur matrimonial est une cause
de nullité du mariage, mais il est permis de dire que le consentement de
l’épouse est un élément qui peut être contourné car rien n’oblige l’imam,
« autorité religieuse, sous l’égide de qui la fatiha se déroule », à
s’assurer du consentement de l’épouse. (La Tribune, 16.1.96). La dot est
remise après la Fatiha au père de la mariée, en présence des proches des
deux familles et de l’imam du village. (Le Soir d’Algérie, 6.8.97).

24FATMA (de l’arabe) n. f. Vieilli mais disponible, connotation


dépréciative. Femme musulmane. C’était en effet à cette Fatma que je
faisais allusion. (Khader, 1970, 18). Explique-lui que chez nous les
« Fatma » s’appellent toutes Fatma. (Djebbar, 1980, 118). Des centaines
de milliers, des millions de Fatmas en gandoura et de Mohamed en
jellaba… Ils vous montrent tous du doigt. (El Moudjahid, 31.10.86). La
fatma, d’une voix timide et tremblante, demanda à la boqqala de tourner
à droite. (Bensmaïne, 1996, 70). Quatre soldats restent en notre
compagnie ; toi et moi… « Nous allons te déshabiller et te violer, la
fatma » dit l’un deux. (Khelladi, 1998, 134). […] les Bohémiens qui
apparaissaient et disparaissaient par enchantement, laissant peu de
temps aux fatmas de les dénoncer avec quelque vraisemblance. (Sansal,
1999, 138).

25Com. Le terme était surtout utilisé comme générique à l’époque


coloniale par les Européens. Attesté dans Lanly, 1970. V. MAIN DE
FATMA.

26FATOUA V. FETWA.

27FATRA V. FITRA.

28FATWA V. FETWA.

29FAUX-BARRAGE, FAUX BARRAGE n. m. Disponible. Contrôle


routier dressé par des terroristes déguisés en policiers, militaires ou
gendarmes […] des jeunes du service national égorgés dans leur village,
des faux-barrages signalés un peu partout, des jeunes filles assassinées
dans un immeuble sans qu’aucun voisin ne réagisse. (Liberté,
17.3.95) Même si de faux-barrages sont signalés çà et là par les citoyens,
il reste que les services de sécurité affirment de leur côté que les plaintes
concernant les enlèvements au cours de cette première semaine de
Ramadhan n’ont pas dépassé trois cas. (El Watan, 28.1.96). J’ai brûlé
autant d’écoles que de fermes, bousillé des ponts et des usines, dressé des
faux barrages et poussé à l’exode des douars entiers. (Khadra, 1999,
219). Cette arme a été subtilisée à un policier assassiné lors d’un faux
barrage à Khemis Meliana. (El Watan, 23.12.99). Le faux barrage a été
repéré par un automobiliste qui a rebroussé chemin rapidement pour
alerter les forces de sécurité combinées. (La Tribune, 6.1.00). Un
important groupe terroriste a dressé un faux barrage au village Tala
Oulili dans la localité de Bounouh. (Le Matin, 25.1.00). Cette katiba,
dont presque tous les éléments ont été éliminés, s’était spécialisée depuis
1995 dans les faux barrages sur la fameuse route qui traverse la petite
forêt de Aïn Sedjra. (Le Quotidien d’Oran, 5.2.00).

30FAWDAMENTAL, FAOUDAMENTAL, FAOUDHA


MENTAL (terme-valise de formation hybride arabe fawda +
français mental) adj. Disponible, oral uniquement, plaisant, connotation
péjorative. (En parlant de l’école) qui fonctionne de manière chaotique et
confuse. Vint ensuite l’école fondamentale (faoudha mentale) où
l’occasion est donnée à l’Algérien de passer 9 années à l’école, quels
que soient son niveau, son goût, ses aspirations. (Le Matin,
13.10.93). Même si beaucoup de choses restent à dire sur l’école
fawdamentale, l’école de la culture ! (Liberté, 14.9.94). Elle enseigne à
l’école fawdamentale de Tolga. (oral). Qu’en est-il des nouveaux
programmes de l’école fawdamentale ? (oral).

31FECH–FECH, FÈCH-FÈCHE (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Sable


argileux très fin (dans les régions sahariennes). Un parcours apprécié par
les spécialistes parce qu’il réunit une multitude de difficultés (oueds,
« tôle ondulée », fech-fech, montagne, ascension de l’Asserkem, vent de
sable etc.). (Algérie-Actualité, 27.10.83). Dans la plupart des cas, tout
automobiliste doit inévitablement, par la force du fèch-fèche surtout,
laisser « quelques pièces » sur place. (Algérie-Actualité, 13.6.1985).

32Com. Attesté dans l’IFA.

33FEDAÏ V. FIDAÏ.

34FEDAÏA V. FIDAÏA.
35FEDAYIN V. FIDAYIN.

36FÉDÉRAL (- DU PARTI) n. m. Vieilli mais disponible. Commissaire


fédéral du parti (FLN). Le Fédéral ira même plus loin en mettant en
contact ces jeunes avec le directeur de la SNTV. (L’Unité, 4.10.78). Le
chef de daïra n’attendait que l’accord du fédéral pour répondre aux
aspirations des jeunes. (L’Unité, 5.12.78). Lors de l’élection du président
de CAPRA à l’unanimité, le fédéral du Parti s’ingère et refuse l’élu et
exclut, en même temps que ce dernier, quatre autres attributaires qui
avaient protesté. (El Moudjahid, 9.3.80). V. MOUHAFADH.

37FEDJR, FEJR V. FADJER.

38FEKIH V. FQIH.

39FEL, FELL (abréviation de fellagha) n. m. Vieilli mais disponible.


Nom donné par les Français au combattant algérien pendant la guerre
d’indépendance. Derrière moi, un accent de Belleville : – Fais pas l’con.
Dis, tu vas pas tirer ? – Mais tu le vois pas ? C’est un fel. (Ben, 1982,
58). Portes fracassées en pleine nuit. « Ça vous apprendra, salauds, à
héberger les fells… » (El Moudjahid, 8.12.83). Si monsieur le fell n’a
besoin de rien, qu’il se magne le cul sans faire le con. (Sansal, 1999,
106).

40Com. Attesté ds Duclos 1991, GR. V. FELLAGA, FELLOUZE.

41FELFEL (de l’arabe) n. m. Disponible. Piment très piquant. Des


vieilles venaient faire moudre leur felfel et d’autres
condiments. (Ouahioune, 1979, 49). Un kilo de felfel, s’il vous
plaît ! (oral). Cette femme est un véritable felfel, que Dieu nous en
protège. (oral).
42Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

43FELL V. FEL.

44FELLAGHA, FELLAGA (de l’arabe) n. m. Disponible. Nom donné


par les Français au combattant algérien pendant la guerre d’indépendance.
« Il n’y a pas de « Fellaghas », il n’y a jamais eu de Fellaghas dans le
village », répondit Si Tamem à l’interprète… (Bencherif, 1969,
36). L’ennemi se mit à croire que les « fellagas » se trouvaient dans tous
les coins. (El Moudjahid, 1.11.83). Il avait enfilé ça en cartouchières
croisées sur la poitrine… comme les guerriers arabes, ou les fellaghas
qu’on voyait dans les journaux, j’étais gamin, c’était pendant la guerre
d’Algérie. (Sebbar, 1984, 44). Les « fellaghas » étaient des hommes et
des femmes qui se battaient pour reconquérir la liberté et la dignité de
tous les Algériens. (Ben Mansour, 1990, 107). Pour la première fois
depuis la fin de la guerre d’Algérie, un « fellagha », comme on disait
alors, apporte le témoignage des « combattants » de l’autre bord. (El
Acil, 19.10.93). […] la France coloniale, qui menait la guerre aux
« fellagas ». (La Nation, 3.1.95). […] sa maison parentale était ouverte
aux fellaga pendant la guerre de libération de l’Algérie. (El Watan,
26.6.00).

45Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. FEL,


FELLOUZE.

46FELLAH (de l’arabe) n. m. (pluriel : fellahs, fellahin(e)). Courant.


Agriculteur, paysan, cultivateur. Les petits fellahs doivent se rapprocher
de la banque agricole pour solliciter des prêts d’équipement. (El
Moudjahid, 1.3.83). Nous, petits fellahs, nous remercions notre
gouvernement pour les efforts qu’il est en train de déployer en faveur de
l’agriculture. (El Moudjahid, 28.8.84). Les fellahs qui ont « laissé des
plumes » cette année, ne sont pas près de refaire la même erreur en
s’adonnant fortement à la culture de la pomme de terre. (El Watan,
4.4.93). L’une contenait l’huile d’olive, l’autre le blé, éléments de base
de ces fellahs, ces paysans qui, à cette époque, dans les campagnes
oubliées, essayaient de survivre en tentant d’apprivoiser une terre aride.
(Amadis, 1995, 16). L’administration accuse le fellah d’être un mauvais
exploitant. Il ne pratique plus la jachère, cultive sans fumier ni compost.
(La Tribune, 11.1.95). Tous les fellahs diront que l’âge d’or de
l’agriculture a été la période Kasdi Merbah. (La Tribune,
20.8.95). L’aide apportée par l’État n’a pas eu l’impact réel sur le
terrain, car le fellah, attiré par le gain facile, n’applique pas les
itinéraires techniques appropriés pour développer ses rendements. (El
Watan, 20.1.00).

47Com. Le terme désigne plusieurs catégories d’exploitants fonciers,


depuis le paysan pauvre jusqu’au riche agriculteur. Attesté ds Lanly
1970, GR, TLF. V. SOUK-EL-FELLAH.

48FELLAHIN(E) pluriel de FELLAH. Selon les fellahin, la culture


remonterait aux années cinquante. (El Moudjahid, 15.4.85).

49FELLOUZE n. m. Vieilli mais disponible, oral surtout, connotation


péjorative. Nom donné par les Français au combattant algérien pendant la
guerre d’indépendance. « Il n’y a plus de fellouzes », disait Ami
Ouali. (Ouahioune, 1984b, 78). Les fellouzes ont donné du fil à retordre
aux harkis. (oral). V. FEL, FELLAGA.

50FELTEN, FELTÈNE, FELTANE (de l’arabe) n. m. Disponible.


Untel. Sois raisonnable, mère. J’épouserai flène et pas feltène. (Lounès,
1982, 67). Oui, ma chère ! Je m’y trouvais. Il y avait le ministre un tel,
l’ambassadeur flene et l’écrivain feltane. (Ben Mansour, 1997,
142) Cette fois-çi, je n’écouterai ni flen ni felten. (oral). V. FLEN,
FLENA.

51FENNECS n. m plur. Disponible, milieux sportifs. Surnom donné aux


joueurs de l’équipe nationale d’Algérie. Les Fennecs d’Algérie ne doivent
pas être particulièrement inquiets à l’idée d’affronter en quarts de finale
Les Lions indomptables du Cameroun. (El Watan, 6.2.00). V. VERT,
VERT ET BLANC.

52FERGANI (de l’arabe) n. m. Disponible. Robe en velours brodée de


fil d’or, portée par la jeune fille la veille de son mariage. Un magnifique
fergani de couleur verte, arrivé tout droit de Constantine coûte entre 25
000 et 50 000 DA. (Confidences, 23.7.97). La fille des voisins a été
habillée par Chanel ou Cartier ou encore Yasmina, le fergani n’est plus
une simple exigence, c’est un droit. (Le Soir d’Algérie, 6.8.97).

53FERKA, FERQA, FIRKA (de l’arabe) n. f. Spécialisé, milieux


militaires. Section d’une compagnie (katiba) de l’Armée de libération
nationale. À l’ordre du jour de cette réunion figuraient des points
importants relatifs au recasement des anciens moudjahidine et à la
relance des activités des firkas. (El Moudjahid, 21.2.70). La ferka
comprend trois faoudjs plus deux cadres (35 hommes). (El Djeich,
2.10.80). Cette ferka de la cinquième région militaire a été envoyée à
Osaka. (oral).

54Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. DJEICH, FAOUDJ,


FASSILA, KATIBA.

55FERROVIER, ÈRE adj. Disponible. Relatif aux chemins de fer. Le


transport ferrovier a été renforcé où six trains voyageurs assurent une
rotation… (Algérie-Actualité, 13.10.83). Le réseau ferrovier algérien est
l’un des importants au Maghreb et a un rôle important dans la
construction de l’unité maghrébine. (El Acil, 21.12.93). Le chemin
ferrovier Constantine-Jijel a été doublé. (oral).

56FÊTE DU MOUTON n. f. Disponible. Fête musulmane


commémorant le sacrifice d’Abraham. Le gouvernement français et les
autorités religieuses musulmanes invitent à renoncer à la fête du mouton.
(El Watan, 3.3.01). Chaque année, nous célébrons la fête du
mouton. (oral).

57Com. Attesté ds IFA. V. AÏD EL ADHA, AÏD EL KÉBIR,


GRANDE FÊTE, FÊTE DU SACRIFICE.

58FÊTE DU SACRIFICE n. f. Disponible. Fête musulmane


commémorant le sacrifice d’Abraham. Il est incontestable que la
surconsommation et le gaspillage exagéré, notamment dans les
circonstances actuelles, mèneraient inévitablement à un grand
déséquilibre de l’économie. C’est là une vérité que l’on ne doit pas
perdre de vue, alors que l’on est à la veille de la fête du Sacrifice. (El
Moudjahid, 13.7.86). À l’approche de l’Aïd El Adha, la plupart des chefs
de famille ne savent plus où donner de la tête. Il ne reste plus que
quelques jours pour célébrer la fête du sacrifice. (Quotidien d’Oran,
15.3.00). Les enfants attendent avec impatience la fête du
sacrifice. (oral). V. AÏD EL ADHA, AÏD EL KÉBIR, FÊTE DU
MOUTON, GRANDE FÊTE.

59FETLA (de l’arabe) n. f. Disponible. Fil d’or qui sert à broder les
tenues de fête traditionnelles, et, par extension, broderie
traditionnelle. Donne cours de crochet… mesloul, fetla. (El Moudjahid,
19.12.82). Donne cours de broderie sur machine et fetla. (El Moudjahid,
25.1.83). Cette affaire aux implications économiques très importantes a
permis aux gendarmes de saisir 80 rouleaux « fetla » or. (El Moudjahid,
30.3.86). Cette gandoura dont les motifs sont brodés essentiellement de
fetla peut également se réaliser sur une autre étoffe que le velours.
(Algérie-Actualité, 29.8.91). Des mannequins habillés en tenues
traditionnelles, Algérois, Constantinois, et Tlemceniens, richement
brodées selon les régions aux motifs authentiques, à la fetla, madjboud.
(Liberté, 6.6.95) À côté de Ogal expose Charfi Houria avec des robes et
capes cousues selon la mode traditionnelle : fetla et mejboud dessinent
les motifs sur le velours noir des robes. (La Tribune, 16.11.95). Lorsqu’il
est fait avec du fil inoxydable, il [le karakou] peut atteindre 9 600 DA ;
avec du fil d’or « fetla » : 11 000 DA. (Confidences, 23.7.97).
V. MEDJBOUD.

60FETWA, FATWA, FATOUA, FETOUA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : fetwas, fatwas, fetwate(s)). Disponible. Sentence émise par un
ou plusieurs théologiens musulmans (oulémas), avis religieux ayant force
de loi. Malgré la « fetwa » délivrée par les plus hautes autorités
religieuses en 1968, l’évolution démographique n’a pas connu
d’infléchissement. (El Moudjahid, 13.12.84). En 1968, une fetoua a été
rendue publique par le conseil supérieur islamique. (El Moudjahid,
31.3.85). Que dire finalement de ce repris de justice, trafiquant de
drogue, transformé en émir par des fetwas en tous genres, qui divinisent
le crime organisé ? (Algérie-Actualité, 6.4.93). Cheikh Hamani,
président de la commission des fetwas au Ministère des Affaires
religieuses semble davantage s’adresser à ceux qui s’opposent à la
rahma qu’à ceux à qui elle est destinée. (La Nation, 12.12.95). Ils étaient
capables non seulement d’interdire l’insuline, mais même de lancer une
fatwa contre les diabétiques qui utiliseraient ce produit. (Achir, 1997,
115). Une couverture religieuse allait être apportée avec une fetwa par le
Haut Conseil islamique autorisant l’avortement thérapeutique pour les
femmes violées par les terroristes. (Le Matin, 23.12.99). Les ulémas ont
aussi rejeté en bloc les fatwas décrétées par les « criminels » autorisant
l’effusion de sang au nom de l’islam, lesquelles fatwas n’ont pas de
fondements dans notre religion. (La Tribune, 23.3.00).

61Com. Attesté ds Lanly 1970.

62FETWATE(S) pluriel de FETWA. Quand on voit qu’un journal qui,


sans peur des représailles judiciaires, publie de telles insultes, de telles
inepties, de telles fetwates et de tels « appels aux crimes », on
s’inquiète. (Algérie-Actualité, 31.5.94).

63FEZ (de l’arabe) n. m. Vieilli, écrit uniquement. Calotte tronconique


de laine ornée parfois d’un gland ou d’une mèche. Allal Taleb dépose son
fez près de lui, exposant sa calvitie à l’air. (Dib, 1965, 22). C’était un
étranger, avec une face rusée d’Oriental, les cheveux dissimulés sous un
fez fort prétentieux. (Djebbar, 1983, 157). Les plus jeunes, grands,
élancés, aux cheveux noirs de jais, couverts par un demi-fez écarlate,
aiguisaient leurs longs couteaux sur des galets. (El Acil, 10.1.96). Sadeq,
un ami de mon père, portait toujours un costume à l’anglaise, une
chemise blanche ou beige, une cravate verte et un fez au rouge
éclatant. (Tengour, 1997, 137).

64Com. Attesté ds GR, TLF. V. CHÉCHIA.

65FHEL (de l’arabe) n. m. Disponible. Flûte traditionnelle. La guesba,


le fhel, la derbouka parlent le même langage et disent : « Reste,
voyageur, reste ! ». (Ouahioune, 1984a, 78). C’est grâce à cet
instrument, ce « fhel » comme on dit ici, […] que Ghaffour fit confiance
à ses extraordinaires capacités, d’abord de musicien, d’interprète
ensuite. (El Moudjahid, 13.2.86). Le joueur de fhel a fait vibrer la salle
par un prélude d’une incroyable beauté. (oral).

66F’HEMT, F’HEMTI (de l’arabe) v. à l’impératif. Disponible, oral


surtout. Comprenez-le, vous comprenez ? F’hemt dork, il travaille la
terre… (Khiari, 1981, 27). Ne dis pas d’ânerie…
F’hemt ? […] Munissez-vous au moins d’un équipement de plongée
genre commandant Cousteau… F’hemt ? (Aïder, 1984a, 34). « Sache, ô
femme, que lutter contre la crise économique c’est aussi combattre le
gaspillage. F’hemti ? » (El Moudjahid, 13.3.86).

67FIDAÏ, FEDAÏ, FIDAY, FIDAI (de l’arabe) n. m. (féminin


singulier : fidaïa ; masculin pluriel : fidaïs, fidayin) Disponible.
Combattant pour la cause de l’Islam et de la Patrie. Le fidaï surveille le
condamné, cherchant le lieu et le moment propices pour s’acquitter de sa
tâche en tant qu’agent d’exécution de l’implacable verdict du tribunal de
la Révolution. (Benabdallah, 1982, 63). Le fidaï est, au sens plein du
terme, un révolutionnaire engagé dans le combat contre l’occupation. Le
fidaï est un soldat, un soldat installé au cœur même du dispositif ennemi.
Tour à tour désigné pour abattre un traître ou pour détruire des objectifs
militaires, il représente l’ALN dans la ville ou le village. (El Moudjahid,
1.11.84). L’activité révolutionnaire des fidaïs ne cessa pas. (El Acil,
28.4.93). Tout a commencé le mardi 24.07.1956 presque vers 19 h, un
fidaï a abattu un Sénégalais devant Artabase face à l’avenue Salah
Bey. (Les Nouvelles de Biskra, 3.1.96). Il était de toutes les
distributions : fidai, prêcheur, barman, fellah, vitrier, éboueur, indic,
ivrogne, ferrailleur, émigré, égyptien…(La Tribune, 29.1.96). Je dois
vous dire mon bonheur de prendre la parole en votre présence, vous les
amoureux du djihad, qui apprenez au monde musulman le sens du
sacrifice et du fidaï. (Khelladi, 1998, 176). Il est évident que, si vous étiez
un fidaï à Paris, vous n’alliez pas mettre l’uniforme de l’ALN pour
abattre un traître. (El Watan, 18.4.00). V. DJOUNDI, MOUDJAHID.

68FIDAÏA, FIDAYA, FEDAÏA féminin singulier de FIDAÏ. Karim


découvre un fidaï et une fidaïa qui ont participé en France, dans les
rangs du FLN, à la libération du peuple algérien. (El Moudjahid,
28.10.84). Elle sait, la maman de Zinou, le prix de ce drapeau, elle,
l’ancienne fidaïa. (Liberté, 8.1.95).

69FIDAYIN, FIDAYINE, FIDAÏNE, FEDAYIN, FIDAÏS masculin


pluriel de FIDAÏ. […] des accrochages violents qui opposèrent les
vaillants fidayin aux paras de Massu. (El Moudjahid, 26.6.83). Ordre fut
donné à Si Messaoud de libérer ses fidaïs pour le 30 avril 1955, veille de
la fête du 1ermai. (El Acil, 28.4.93). Le 7 mai 1955, suite à l’arrestation
des fidaïs Abdelmadjid Mehamal et Brahmia qui sera le premier
guillotiné constantinois. (El Acil, 28.4.93). Durant plusieurs jours en ce
mois de septembre, les canons, les chars, les armes lourdes ont tiré sur
les fidayin, les femmes, les vieillards et les enfants palestiniens. (Algérie-
Actualité, 15.6.93). Ali Naïdja (dit Abdelhakim) ancien chef des fidayine
de Constantine. (L’Authentique, 10.11.95). Rejoindre les maquis de
l’Algérois et les renforcer en hommes et en armes pour servir de réserve
et de point d’appui aux fedayin de la capitale, en passe d’être décimés
dans la bataille d’Alger. (Sansal, 1999, 103).

70FIGISME n. m. Disponible, milieux journalistiques. Stagnation. Les


résolutions du comité central définissent avec rigueur et concision les
voies et les moyens à suivre pour sortir du figisme ou de l’ostracisme
culturel qui nous frappe. (Révolution africaine, 11.2.85). Le système mis
en place par le FLN a induit un figisme qui a détruit toute la structure de
la société algérienne. (El Acil, 12.11.93). Tous les responsables du FLN
se complaisaient dans le figisme de leur système. (oral).

71FIKH, FIQH (de l’arabe) n. m. Disponible. Droit et jurisprudence


musulmans. En premier lieu, l’ouvrage saint, le Coran, établi par des
copistes de renom, des ouvrages de fkih, des recueils des hadith
Nabaoui […] (El Moudjahid, 24.1.85). Les autres sont des traités de
médecine, de grammaire, de fiqh, d’astronomie ou d’histoire. (Ben
Mansour, 1990, 74). Je me sens très rapproché du Bon Dieu en lisant le
Coran et en étudiant le « fiqh ». (Algérie-Actualité, 29.11.90). […] Al
Ghobrani considéré comme l’un des meilleurs spécialistes en fiqh de
l’Ifriqya. (Liberté, 22.2.95). Par ailleurs, cette rencontre sera mise à
profit pour honorer à titre posthume Cheikh Abdelmadjid Haba, un
grand savant algérien en matière de fiqh. (El Acil, 20.3.95). Le mariage,
par exemple, selon le fiqh islamique, n’a aucune conséquence négative
sur les droits de l’épouse. (Liberté, 5.2.96). Il serait bon que le peuple
désigne une commission d’enquête composée des meilleurs enfants de ce
pays, des magistrats, des gens du fiqh, des juristes, des personnalités
honnêtes pour rechercher la vérité quant aux responsabilités dans ces
assassinats ignobles. (Quotidien d’Oran, 5.2.00). V. FIKHISTE,
FOUKAHA.

72FIKHISTE (formation hybride arabe fikh + suf. français -iste) n. m.


Spécialisé. Jurisconsulte musulman. Est-ce que ça vous regarde que le
fikhiste Ibn Quoteiba fût linguiste et non avant-centre au Ghalia de
Collo ? (Algérie-Actualité, 3.3.83). L’Imam El Ghazali est un grand
fikhiste. (oral). V. FIKH, FQIH.

73FIQH V. FIKH.

74FIRKA V. FERKA.
75FISSA (de l’arabe) adv. Disponible, oral surtout. Vite, rapidement
« Assis par terre tout le monde ! En cercle, en rond ! Fissa, fissa ! »,
répéta aussitôt un militaire à l’adresse des hommes. (Bitam 1984,
49). Celui-là, c’est sûr, si on lui demandait son avis, il pourra trouver un
dégé fissa ! (Le Jeudi d’Algérie, 6.8.92). Prison et expulsion pour les
émigrés… embarqués fissa dans un avion direction Alger. (Allouache,
1995, 53). La fille commandée, engagée fissa dans la course contre la
montre, coud et tricote d’arrache-pied son trousseau. (Sansal, 1999,
272). Loc. FAIRE FISSA.

76Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

77FISSISME (de FIS + suf.-iste) n. m. Disponible, intellectuels.


Doctrine du FIS, Front islamique du salut. La coulée n’épargne pas, non
plus, le nouveau quartier de Moncef où certains jeunes, nouvellement
acquis à l’islamisme et au fissisme, le guettent pour lui asséner leur
enthousiasme déplacé. (Gastel, 1999, 146).

78FISSISTE, FISSISTE (de FIS + suf. -iste) n. et adj. Courant. Qui est
partisan du FIS (Front islamique du salut) ou qui s’y rapporte. Si l’on
examine les quatre propositions fissistes, aucune d’entre elles n’est
applicable légalement. (Algérie-Actualité, 23.5.91). En quelques années,
le pays se découvre « islamiste », « intégriste », fissiste ou autre… (El
Watan, 19.1.93). […] le démantèlement des circuits de financement
terroriste et l’interpellation de certains riches commerçants connus par
leurs sentiments « fissistes ». (El Watan, 5.4.94). […] malgré
l’éparpillement grotesque d’anciens fissistes autoproclamés de
l’insurrection armée à partir de l’étranger. (L’Hebdo libéré,
18.5.94). Des militants fissistes ont été de nouveau arrêtés par les
services de sécurité. (El Acil, 22.8.95). Leur attitude radicale, rejet de
tout compromis, tout aussi fondatrice de la logique fissiste, permet donc
de […]. (Le Matin, 25.9.95). Le discours FISsiste, notamment celui
produit par les « exilés », a semblé dériver vers une critique du
processus de la concorde civile. (La Tribune, 4.1.00). Notre
correspondant a alors été […] traité d’intégriste, d’islamiste et de
fissiste. (Quotidien d’Oran, 10.5.00).

79Com. Néologisme des années 88.

80FITNA (de l’arabe) n. f. Courant. Discorde, dissension, dispute entre


musulmans. […] les risques de fitna, de désordre qu’elle fait donc courir
au système social. (Algérie-Actualité, 10.11.83). Le communiqué du wali
souligne que « le discours de haine et d’appels à la fitna qui sont souvent
développés dans les mosquées à travers la wilaya a provoqué des
troubles immédiats. » (Quotidien d’Algérie, 13.8.92). L’Algérie
est entrée dans une grande discorde, cette fitna que le Prophète tenait
pour le danger le plus mortel qui menaçait sa communauté
naissante. (Mimouni, 1993, 166). […] introduire la zizanie au sein de la
population et provoquer la fitna. (El Acil, 11.6.93). Ses militants et ses
sympathisants pourraient facilement les assimiler à un appel à la
« fitna », selon le jargon islamiste, et il semble que c’est précisément le
cas si l’on en juge par les agressions subies, hier, par de jeunes scouts
pris à partie par les partisans de l’ex-Hamas. (L’Authentique,
28.5.97). Les imams ont pu convaincre les éléments de El Ghoraba de
l’inutilité du djihad en Algérie, ensuite de les appeler à saisir l’occasion
donnée par la loi de la concorde civile, afin d’éteindre le feu de la fitna
en déposant les armes. (La Tribune, 6.1.00). Ils sèment la fitna tout en
s’écartant de la charia. (El Watan, 23.3.00).
81FITRA, FATRA (de l’arabe) n. f. Disponible. Impôt religieux
musulman. La Fatra de cette année est fixée par nos autorités religieuses
à deux dinars algériens pour chaque personne. (El Moudjahid,
16.10.74). Il y a aussi l’aspect affectif de l’Aïd, car personne n’oublie les
siens et les amis, les morts, la « fitra », la visite aux malades dans les
hôpitaux. (El Moudjahid, 22.7.82). Une activité a déjà eu lieu au mois de
janvier, le 27e jour du mois de Ramadhan, pour précisément verser la
fitra à l’association. Quelque 350 personnes étaient présentes et un élan
de solidarité s’est manifesté. (El Watan, 29.3.00). V. ZAKAT.

82FLANA, FLENA féminin de FLÈNE. On se soucie surtout de


nombreuses rencontres qu’on ne manquera pas de faire avec les
« flane » et les « flana ». (Belanteur, 1981, 59).

83FLÈNE, FLANE, FLEN, FLENNE (de l’arabe) n. m. (féminin


singulier : flana, flena). Courant. Un tel. Allel aime à évoquer les temps
où le père du jeune « flène », aujourd’hui ingénieur, était venu le
supplier de lui prêter un peu d’argent afin d’habiller ses enfants lors de
l’Aïd. (El Moudjahid, 31.5.77). Mais maintenant qu’il possédait des
millions au détriment du peuple, il devenait Monsieur « Flen ». (Chaïb,
1981, 52). Tu savais que la famille Flene avait une fille qui fréquentait le
lycée ? (Ben Mansour, 1990, 119). J’ai vu cet après-midi la fille Flene.
(Ben Mansour, 1990, 169). Tous les communiqués ont fait état de milliers
de mètres carrés de terrains attribués à flen. (Le Nouvel Hebdo,
21.11.90). Et toi, ajouta le commissaire, n’oublie pas de passer au
garage Flenne. (Achir, 1997, 240). Malheureusement, pour lui, au lieu
de dire Flen est âgé de 37 ans, il a crié 87 ans. (El Moudjahid,
27.5.97). Attention, il ne faut pas te frotter à lui c’est le fils de
Flen ! (oral).
84V. FELTEN, SI FLÈNE.

85FLNISTE, ÉFÉLÉNISTE, EFELENISTE n., adj. Disponible.


Partisan et militant du Front de Libération Nationale (F.L.N.). Ces
directions de journaux « mortellement indépendants » et des autres
« confortablement publics », mais encore fidèles à leurs amours
baâthistes et FLNistes […] (L’Hebdo libéré, 23.2.93). L’islamisme à
l’algérienne c’est le socialisme efeleniste qui vire du rouge au
vert. (L’Hebdo Libéré, 23.6.93). Des éfélénistes ont déclaré que le F.L.N.
n’est ni complice ni coupable dans le désastre du pays. (L’Hebdo libéré,
18.5.94). Cri de révolte contre le discours flniste et l’ostracisme de
l’arabe classique. (L’Hebdo libéré, 24.7.94). De par son appartenance
au FLN et du fait qu’il soit l’un de ses élus, Hadjar a tenu à remettre sa
démission à son chef hiérarchique qui est le SG du parti. Pour les
FLNistes « c’est là une forme de bienfaisance et de courtoisie ». (El
Watan, 8.2.00). […] après une intervention, il est vrai de la Mouhafadah
au niveau de cette commune FLNiste. (El Watan, 23.3.00).

86Com. Néologisme des années 88. V. BAÂTHISTE, FISSISTE,


PAGSISTE, RNDISTE.

87FLOUSS, FLOUS, FLOUZE (de l’arabe) n.

88m. Disponible. Argent. Les femmes sont toutes les mêmes, dès qu’elles
entendent le mot « flouss », elles foncent les yeux fermés. (El Moudjahid,
22.2.70). J’ai fait cela parce que j’avais besoin de flouss pour acheter
une R 16 à ma femme. (El Moudjahid, 3.3.70). Barra ! Barra ! Pas de
flouss, pas de pétrole ! (Slim, 1981, 41). Le sacro-saint flouss. Le dieu
dollar corrupteur. (Khader, 1983, 191). Je rejoignais comme un havre la
Basse Casbah de mon enfance pour y claquer le chouïa de flouss qui me
restait. (Lounès, 1984, 106). Et sans ces chansonnettes qui « touchent »,
pas de « boubinettes », pas de K7, pas de mariages, pas de télé, pas de
radio, bref pas de flouss et pas de célébrité… (Jeudi d’Algérie,
9.7.92). Les garçons, eux, quand ils sont pas islamistes ou nuques
brisées, ils ne sont que des Aldo Maccione sans flous. (Mokeddem, 1995,
209).

89Com. Le terme n’est pas argotique comme en français de référence.


Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF (marque « arg. » ou
« fam. »).

90FOGGARA (de l’arabe) n. f. (pluriel : foggara(s), foggaret).


Disponible. Galerie souterraine pour la captation et l’acheminement des
eaux d’irrigation. L’entretien de la foggara est lent et difficile : les
fellahs sont obligés de travailler en équipe. (El Moudjahid, 12.12.83). La
foggara est constituée par un réseau de tunnels souterrains où l’eau
s’achemine dans des rigoles, par son propre poids. (El Moudjahid,
12.12.83). La technique des foggara se développe. (El Moudjahid,
8.1.85). […] en évoquant le cas particulier des enfants tombés au fond
d’une foggara effondrée. (El Moudjahid, 23.4.93). Les foggaras qui
restent le seul système d’abreuvage et d’irrigation du village constituent
un foyer latent de germes. (El Watan, 28.4.93). L’exploitation des eaux
par foggaras, galeries qui drainent de l’eau par gravité, est la meilleure
solution pour pouvoir assurer l’utilisation rationnelle des ressources
hydriques dans ces régions, même si les forages, méthode moderne,
constituent un concurrent potentiel à cette méthode ancestrale. (Liberté,
8.4.97). Les équipes de chercheurs du Soleil Levant ayant longuement
étudié les systèmes d’irrigation traditionnelle en Iran et en Afghanistan
se penchent sur les foggaras du Sud-Ouest algérien (dans la wilaya
d’Adrar). (El Watan, 15.3.00).
91Com. Attesté ds Lanly 1970.

92FOGGARET pluriel de FOGGARA. […] contrées chétives


emprisonnées par un semblant d’activité qui ne rapporte rien à personne
à l’exception des « foggaret ». (El Moudjahid, 8.6.77).

93FONDAMENTAL n. m. Courant. Système d’enseignement mis en


place dans le cadre de la réforme d’avril 1975. Force est de constater que
l’école fondamentale est à l’origine du marasme dans lequel se trouve
l’école algérienne […] Les anciens programmes du fondamental ont
beaucoup mis l’accent sur le raisonnement au détriment des mécanismes
opératoires. (El Watan, 3.1.00). À en croire notre interlocuteur, c’en est
fini du fondamental. On retournera à l’ancien système, c’est-à-dire
primaire, moyen, secondaire, avec cette nouveauté que le palier moyen
s’étendra sur quatre ans. (Quotidien d’Oran, 7.2.01). V. ÉCOLE
FONDAMENTALE.

94FONDOUK, FOUNDOK, FOUNDOUK, FONDOK,


FONDOUQ (de l’arabe) n. m. Disponible. Suite de bâtiments ouvrant sur
une cour rectangulaire servant autrefois d’hôtellerie, d’entrepôt, d’atelier
ou de boutique. Il a une allure de monastère, ce fondouq, avec sa grande
cour carrée, ceinte de chambrettes chaulées de blanc violent, plus
dépouillées que cellules de moines. (Ouary, 1956, 47). On peut également
relever l’organisation qui réglementait les « fondouks » dont l’étage
supérieur était souvent occupé par des boutiques individuelles. (El
Moudjahid, 24.1.85). Les foundoks, par la diversité des groupes, des
personnages et des réseaux qui s’y instituaient, constituaient le passage
obligé pour toute acquisition musicale. (El Moudjahid, 30.4.86). À cette
époque précise, Constantine vivait l’heure des « fondouks » et des
interminables fumeries. (El Acil, 15.1.93). Les « droubs » sont défigurés,
les fondouks deviennent des entrepôts. (Algérie-Actualité, 30.3.93). Par
terre dans le hammam étaient posés des matelas qui accueilleront pour
la nuit ceux qui, avec le fondok, trouvaient là leur solution
hôtelière. (Quotidien d’Oran, 5.12.99). Cette petite
ville [Bouhanifia] compte, mine de rien, quelque cent hôtels, à en croire
ses habitants. De fait, entre un foundouk et un foundouk, il y a un
foundouk. Plus grande concentration de dortoirs au mètre
carré. (Liberté, 31.1.01).

95Com. Les fondouks encore existants servent souvent d’habitations ou


de locaux pour artistes (surtout musiciens). Attesté ds Lanly 1970, Duclos
1991, GR, TLF.

96FOROSSIA, FOUROUSSIA, FURUSSIYA, FURUSSYA (de


l’arabe) n. f. Disponible. Équitation. Au plan sportif, cette 14e édition [de
la semaine culturelle] vivra, à part le tournoi de jeux d’échecs et la
forossia, son traditionnel tournoi de football. (El Moudjahid,
15.5.81). Toute la furussya arabe tient dans cet art de maîtriser aussi
bien soi-même et son propre corps que la monture. (Revue sportive du
travailleur, 2.5.85).

97FOTA, FOUDHA V. FOUTA.

98FOUKAHA(S), FOKAHA(S), FOUQAHA(S) pluriel de FQIH. Le


danger qui menace l’Islam vient d’abord des « fouqaha ». (El
Moudjahid, 19.7.85). Et un des sept fouqaha de Médine frappa du pied.
(Ben Mansour, 1990, 204). Car depuis Abou Hamid El-Ghazali, la
pensée dominante chez nos fokaha est que « la raison ne peut être que la
servante soumise et humble de la foi ». (El Watan, 9.10.96). Jadis les
oulémas, savants, les fouqahas, théologiens avaient trois qualités. (Ben
Mansour, 1997, 338). Elle fit part de ce rêve déconcertant aux foukahas
et aux oniromanciens coraniques. (Khelladi, 1998, 125).

99FOUNDOK, FOUNDOUK V. FONDOUK.

100FOUQAHA(S) V. FOUKAHA(S).

101FOUROUSSIA V. FOROSSIA.

102FOUTA, FOUDHA, FOUTTA, FOTA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : foutas, foutate) 1. Disponible. Rectangle de tissu multicolore
porté traditionnellement par les femmes berbères autour des jupes et
attaché à la ceinture. Elle avait un foulard jaune sur la tête et sa fouta de
soie rouge, doublant par derrière sa gandoura, comme une jupe droite,
mettant en valeur ses formes pleines. (Feraoun, 1957, 56). Quand
l’épousée est jolie […] cela fait un beau défilé de foulards chatoyants, de
robes et de foutas. (Feraoun, 1968, 114). Toutes les jeunes fil l e s
aujourd’hui portent autour de leurs hanches une foudha en soie. (El
Moudjahid, 14.5.81). Elle se lève, pénètre dans la kheïma pour en
ressortir aussitôt, tête et visage voilés d’une fouta. (Mokeddem, 1992,
15). De leurs mains angéliques teintées de henné et qui ajustent leurs
« foutas » flamboyantes, elles descendront le lendemain matin en ville.
(El Acil, 10.1.96). […] la Kabyle serrée dans la « foutta », le tout
rehaussé de bijoux fantaisistes. (El Watan, 18.4.96).

1032. Disponible. Serviette, pièce de coton aux couleurs vives dont on se


couvre à l’intérieur du bain (hammam). Couverts de leurs foutas, les
hommes pataugeaient dans le chaud bassin du hammam. (Algérie-
Actualité, 24.4.85). Lorsqu’il fut bien propre, récuré, Lalla l’enveloppa
dans une fouta parfumée et douce au toucher. (Amadis, 1995,
48). Tenant entre les mains une très grande fota en coton (une sorte de
serviette de hammam), elle frottait violemment entre ses cuisses et fesses
blanches, bien moulées. (Zaoui, 1999, 161). Il remet ses foutas au garçon
de bain qui lui indique à voix haute son numéro de casier. (Quotidien
d’Oran, 5.12.99). Au hammam, je préfère le maillot de bain à la
fouta. (oral).

104Com. Attesté ds Duclos 1991, TLF.

105FOUTATE pluriel de FOUTA. Les burnous encore fumants sont


accrochés aux murs et les « foutate » amassées pêle-mêle autour du
« canoun ». (El Moudjahid, 15.1.85).

106FQIH, FQUIH, FEKIH, F’KIH(S) (de l’arabe) n. m.


(pluriel : foukaha(s), fouqaha(s)) 1. Disponible. Théologien exégète
musulman. En plus de ses dons mystiques, Cheikh Mokrane, grand fellah,
veillait également au rayonnement de l’islam grâce à ses hautes qualités
de f’kih, ainsi que par l’enseignement du Saint Coran qu’il dispensait au
sein de la mosquée construite avec ses propres deniers. (Liberté,
18.4.96).

1072. Disponible. Maître d’école coranique. Le « fquih », lui, étendait


sur le tapis d’alfa une peau de mouton qui le préservait des souillures
diverses. (Boutarène, 1982, 128). Sur le bois poli, le « fqih » avait
dessiné avec la pointe du roseau les premiers mots du verset que nous
apprenions. (Djebbar, 1983, 239). En plein apprentissage collectif, à
haute voix, du livre de Dieu, le fekih, dont le cœur est rempli des paroles
d’Allah, pratique des attouchements sexuels sur les fesses des petits
écoliers : filles et garçons. (Zaoui, 1999, 142).

108Com. Attesté ds Lanly 1970.


109FQUIRAT, FQUIRETTE(S), FKIRETTE(S), FQIRETTE(S),
FQIRATS, FKERATS (de l’arabe) n. f. pl. Disponible. Musiciennes
composant des orchestres féminins qui se produisent dans les fêtes
familiales. On débarrassa enfin les meïdas pour faire place à l’orchestre
de femmes. Les « fquirettes » s’installèrent avec les tambours et les
derboukas non loin de la mariée. (Lemsine, 1978b, 114). Les groupes de
fquirat, orchestres féminins, chantaient et dansaient, reprenant en chœur
des meddeh religieux. (Algérie-Actualité, 15.7.82). Pendant que les
fqirats chantaient, les parentes du marié, aidées des domestiques,
servaient boissons et friandises. (Ben Mansour, 1990, 186). Pour la
musique, j’ai fréquenté les associations, les zaouias et là j’ai découvert
des airs de Haouzi qui avaient disparu, je me suis aussi approché des
« vieilles Meddahats » appelées chez nous « Fkerats ». (Eddalil,
25.2.93). […] la musique traditionnelle avec les Aïssaoua et les fkirette
qui représentent de nos jours le meilleur moyen de faire passer un
message de poésie, d’amour, de paix et de bravoure. (El Watan,
22.2.95). L’on assistera donc à des soirées traditionnellement
constantinoises, animées par Aïssaoua, Fqirettes et autres chanteurs de
réputation locale, avec sortie du frigo des pièces d’autrefois. (El Acil,
14.1.96).

110FRANCARABE, FRANCHARABE n.m. Disponible. Discours


métissé mélangeant ou alternant le français et l’arabe. Autrement dit, les
trois langues se chevauchent pour donner naissance à ce qu’on pourrait
appeler le « francharabe ». (El Watan, 20.2.93). Dans la
société [algérienne], l’arabe se maintient dans le langage courant sous
une forme dialectale peu riche, dégradée et déformée par des apports de
termes français, allant jusqu’à ce jargon hybride des villes qu’on
appellera le « francarabe ». (Hassan, 1996, 178).
111FRANCISANT, E n., adj. Courant. Personne dont la formation
scolaire et professionnelle s’est faite uniquement ou majoritairement en
français. Dans la wilaya d’Alger, il existe plus de 450 enseignants
francisants et plus de 600 en langue nationale qui sont en surnombre. (El
Moudjahid, 25.9.90). La question de la différence voire même de la
contradiction, entre arabisants et francisants mérite par contre, elle,
d’attirer notre attention. (L’Hebdo-libéré, 1.6.94). Les clivages sociaux
se reproduisent à travers l’orientation vers les filières nobles et les taux
d’échecs importants, ou dans l’opposition entre « arabisant » et
« francisant », entre formations de type occidental, et de type
religieux. (Liberté, 20.3.94). Le profil retenu est la maîtrise de la langue
amazighe ou « la langue arabe de préférence ». Ainsi les francisants
sont exclus de fait. (El Watan, 22.1.96). Les professeurs francisants sont
mal vus par les administrations des établissements. (oral). Les
francisants demeurent une cible de choix pour les intégristes. (oral).
V. ARABISANT.

112FREDA, FREDHA (de l’arabe) n. f. (pluriel : fredhate) Spécialisé.


Acte officiel établissant la descendance d’une personne défunte. Pour
permettre la constitution de la freda de feu K.R. bent A., le chef de
l’étude notariale de Ghardaïa invite toute personne héritière de ladite
défunte de se faire connaître. (El Moudjahid, 4.3.81). Il vous suffira de
produire les actes établissant le droit de propriété de votre défunt père et
une fredha attestant votre qualité de seul héritier. (El Moudjahid,
2.12.82). En conséquence, il a été demandé aux intéressés d’actualiser ce
document ou de produire un acte notarié […] ainsi qu’une fredha. (El
Moudjahid, 28.4.85). Je suis en possession d’une fredha en langue
nationale. (El Moudjahid, 22.7.88). Le cadi d’El Attaf nous a établi la
freda de notre défunt père. (oral). V. AÇAB.
113FRÈRE (calque de l’arabe) n. m. Courant. 1. Toute personne de sexe
masculin avec qui l’on se sent des affinités (tribu, race, nationalité,
religion, liens politiques ou affectifs). – Il y a les « frères-voyageurs » –
Rachid discourt en oubliant les filles, – les « frères-diplomates », les
« frères-responsables » et les « frères-représentants », les « frères-
chômeurs » et les « frères-anciens combattants ». (Djebbar, 1983,
146). Veuillez croire, monsieur le Président et très cher frère, à mes
sentiments indéfectibles et à ma très haute considération. (Quotidien
d’Algérie, 9.7.92). Il vibrait profondément pour cette guerre de libération
que les « frères moudjahidin afghans » menaient contre les envahisseurs
communistes russes. (Allouache, 1995, 86). En février 1992, la seule
revendication présentée au défunt frère Mohamed Boudiaf […] était de
mettre fin au face à face ANP – population. (La Tribune, 21.8.95). Chez
nous, avant même l’Indépendance, des Algériens ont trahi leurs propres
frères et les ont fait exécuter par l’armée coloniale au nom d’une
idéologie douteuse. (La Nation, 23.7.96). L’on dit aussi qu’au niveau des
frontières, nos frères tunisiens poseraient un « appât infaillible » pour
les attirer chez eux. (El Watan, 30.3.00). Qu’à la limite les Français tels
que construits par les sondeurs aient une meilleure image du souverain
de nos frères marocains que de notre président, on peut s’y faire. (El
Watan, 29.3.00).

114Com. Attesté ds IFA.

1152. Courant. Spécialement, appellation que se donnent entre eux les


membres d’un parti, d’une organisation. […] l’important discours
inaugural prononcé par le frère moudjahid Chadli Bendjedid. (El
Moudjahid, 13.5.84). Après avoir entendu l’allocution présentée par le
frère membre du secrétariat permanent, chargé des organisations de
masse et du volontariat […] (Révolution et Travail, 20.4.85). Ainsi,
étudiants, travailleurs et autres sportifs ont vite fait de rejoindre les
rangs de leurs frères engagés au maquis. (El Moudjahid, 13.8.87). Tout
en vous félicitant pour ce retour et en exprimant mes meilleurs vœux au
frère Ahmed Ben Bella, vous m’excuserez de ne pas participer à la
cérémonie d’accueil, empêché que je suis par ma qualité de secrétaire
général du FLN… (El Moudjahid, 27.9.90). Sur Djamal Zitouni, Haddam
fera une révélation que le frère Abou Abderahmane Amine (pseudo de
Zitouni, NDLR) a été choisi comme le chef des moudjahidine en
Algérie. (Le Matin, 11.10.95). Pour ton bien, tu dois demander
l’approbation des frères moudjahidine afin de ne pas commettre un
péché. (Khelladi, 1998, 168). Journaliste : « Pourtant aussi bien Rabah
Kébir que Boukhamkhalm semblent démentir l’existence de cette
rencontre. » A.D. membre de l’ex-FIS : « Ces frères sont libres de
s’exprimer et de donner leur avis sur tout ». (Quotidien d’Oran, 5.2.00).

1163. Courant. Membre d’une organisation islamiste. Il y a là une


majorité de « frères », tous barbus, aux looks divers, aux accents
différents. (Algérie-Actualité, 10.10.90). Ahmed aussi vend aux frères. Il
y a beaucoup de frères qui fument. Certains considèrent ça comme étant
« mekrouh » (déconseillé), et il y en a d’autres, les « fanatiques », pour
qui c’est carrément « h’rame ». (Algérie-Actualité, 11.4.91). Les
« frères » de Mostaganem lui feront appel, il acquiescera non, sans
passer une nouvelle fois par le centre El Ansar d’Oran. (El Moudjahid,
2.5.93). Par le biais des réseaux militants patiemment mis en place par
les « frères », l’imam Rabah fut remarqué par sa grandeur d’âme, son
engagement, sa probité et la maîtrise de la religion. (Allouache, 1995,
124). Quant au « frère » Mohamed Saïd, responsable du FIS, passé au
GIA, il n’est rien moins qu’un responsable qui a choisi le terrain de la
lutte armée. (Liberté, 11.10.95). Et toi tu suis la trace des « frères »
comme tu dis. Des « frères » qui se cachent derrière Dieu pour détruire
le pays, et qui ont fait de toi l’ennemi de ton propre père. (Benaïssa,
1999, 24). Elle énonce un conseil aux « frères en Algérie qui continuent
à porter les armes dans les montagnes et les sables ». (Quotidien d’Oran,
29.3.00). V. AKH, BARBU, FRÉROT, POILU, SOEUR.

117FRÉROT n. m. Courant. Membre d’une organisation


islamiste. Ahmed, frérot de 19 ans, considère que la fréquentation n’est
pas seulement un péché mais une cause essentielle de l’échec. (Algérie-
Actualité, 29.11.90). On se moquait de ceux qu’on appelait les frérots, les
intégristes barbus, et des gens du gouvernement. (El Manar,
23.5.94). Dans la mosquée de Stalingrad (drôle de nom pour un lieu de
rassemblement des frérots) […] (Le Matin, 19.3.95). – Ne me dis pas que
tu es devenu… – Frérot ? C’est ce que tu voulais dire, n’est-ce pas ? Tu
crois que je suis devenu intégriste. (Gastel, 1999, 82). Ce sont les frérots
qui ont mis le pays à feu et à sang. (oral). V. BARBU, FRÈRE, SOEUR.

118FRESQUES n. f. pl. Vieilli mais disponible. Mouvements


d’ensemble, jeux de pancartes produits dans les gradins ou sur la pelouse
des stades au cours des fêtes nationales. Les mouvements d’ensemble (ou
Algériades) et les fresques seront effectués au parc omnisports de
Mostaganem […] ces fresques seront préparées dans les casernes
militaires et nécessiteront 1 500 djoundi. (El Hadef, 23.10.83). Les gestes
d’ensemble alternaient avec les admirables fresques gymno-graphiques,
œuvres de mille deux cents djounoud du service national. (El Moudjahid,
6.7.84). 2 400 djounoud spécialistes des fresques seront dans les tribunes
pour présenter au public leurs meilleures compositions, au côté des 3
000 élèves des établissements scolaires chargés de présenter des
mouvements d’ensemble à la mesure de l’événement. (Révolution
africaine, 10.8.85). V. ALGÉRIADES.
119FRIK, FRICK, FRIC, FRÎK (de l’arabe) n. m. Disponible. Semoule
de blé vert concassé servant surtout à la préparation de la soupe
(chorba). Faïza goûta la chorba rouge au frik et au poulet. (Lemsine,
1978b, 78). Qui trouverons-nous désormais pour nous préparer le frîk et
le beurre ? (Ouettar, 1981, 57). Madjid lampait sa chorba au « fric »
avec de grands bruits. (Zinaï-Koudil, 1984, 39). Le frick est ramené des
hauts plateaux. (El Moudjahid, 27.5.85). Il faut payer 25 DA même le
« fric », qui est indispensable durant le mois de Ramadhan. (El Watan,
2.2.95). Le raisin sec, les pruneaux, les amandes, le frik, les herbes de la
chorba, la farine, les épices et ingrédients font partie de ce lot d’articles
de consommation très prisés. (El Watan, 2.2.95). Les commerçants
présentent sur leurs étals les produits les plus variés : dattes deglet nour,
oranges du Maroc, blé et orge moulu (frik) pour la chorba, couscous
d’Algérie […] (El Watan, 20.1.97). Comp. CHORBA-FRIK.

120FROIDI adj. Disponible. Refroidi, devenu froid. La vieille, autrefois,


avait coutume de chauffer les pieds froidis de la fillette en les frottant
doucement de ses mains sèches. (Djebbar, 1983, 167). Elle attend, elle
souffre, une première fois, ô oui, pour la première fois de sa vie, le doute
déjà certitude, la certitude déjà colère, déjà impuissance, l’impuissance
froidie dans une lancée de désespoir. (Djebbar, 1983, 139). Le berger est
immobile, ses membres froidis sont presque raides. Seuls ses yeux
scrutent l’étendue. (Copie d’élève de 2e AS). Le reporter sportif froidi
par le vent glacé n’arrivait pas à dire une phrase devant son
micro. (oral).

121FROMAGE ROUGE n. m. Disponible. Fromage de Hollande à


croûte rouge, type mimolette, d’importation ou de fabrication
locale. C’est le retour avec un morceau de fromage rouge dans un sachet.
(El Moudjahid, 27.2.84). Il va falloir apprendre à ne plus manger du
fromage rouge. […] Le gruyère, le fromage rouge ne sont pas dans les
capacités de l’Algérie. (Algérie-Actualité, 31.5.84). Entre-temps, le
gruyère, le « fromage rouge » et les bananes arrivèrent. le bonheur
retrouvé. (Allouache, 1995, 168). Cette laiterie produit du lait emballé en
sachets d’un litre, du lait entier, du fromage à pâte pressée (type fromage
rouge) et du petit-lait. (Le Matin, 9.2.00). Avec l’économie de marché,
les importateurs ont inondé le marché de bananes et de fromage rouge.
(oral).

122FRUCTIFICATION n. f. Disponible. Fait de faire fructifier. Ceci se


traduit par une accumulation d’acquis dont la sauvegarde et la
fructification exigent un redoublement d’efforts. (El Moudjahid, 1.6.77).
[…] pour compléter l’activité parallèle des fellahs dans la fructification
des lopins de terre. (El Moudjahid, 29.3.81). Elle savait recevoir des
autres compliments sur les fillettes, vœux pour leur santé, leur beauté,
leur mariage et leur fructification quand elles grandiraient. (Djebbar,
1983, 238). Le moment est venu pour demander aux gens exerçant des
responsabilités au sein du Parti et de l’État de choisir entre leur poste et
la fructification de leurs biens. (El Moudjahid, 15.9.85). La fructification
des terres agricoles demande énormément de sacrifices de la part des
fellahs. (oral). Il ne songe qu’à la fructification de ses investissements.
(oral). V. FRUCTIFIER.

123FRUCTIFIER 1. v. tr. Disponible. Faire fructifier, (augmenter la


production, développer l’espèce, etc.). L’existence d’une organisation
professionnelle des médecins permet de fructifier au mieux l’apport
original de chaque catégorie. (Révolution socialiste, 1.7.79). Le domaine
agricole nécessite d’autres moyens techniques pour fructifier les surfaces
arables de la daïra. (El Moudjahid, 11.1.77). Chaque attributaire s’est
vu confier, en vue de les fructifier, 100 brebis et 5 béliers. (El Moudjahid,
14.1.78). Depuis 1972, les étudiants volontaires ont fait des sorties à
toutes les vacances pour fructifier ainsi une tradition d’action commune
avec les paysans. (El Moudjahid, 13.2.81). Les croyants affluent vers les
mosquées afin de multiplier et fructifier leurs œuvres. (El Moudjahid,
5.6.85). Les fellahs de M’Ziraâ arrivent à fructifier leurs terres. (oral).

1242. v. pronom. Disponible. Se développer, prospérer. La population de


Maghnia a toujours vu avec indifférence se fructifier le phénomène de la
contrebande frontalière. (El Moudjahid, 30.1.79). Il reste à souhaiter que
cette coopération algéro-canadienne se fructifie, se développe encore
plus. (Révolution africaine, 9.10.81). C’est, comme le précise l’éditorial,
un acquis qui se fructifie. (El Moudjahid, 13.10.83).
V. FRUCTIFICATION.

125F’TAR (de l’arabe) n. m. Disponible. Période qui correspond aux


onze mois de l’année où l’on ne fait pas le jeûne (ramadhan). Je ne
prends jamais de thé pendant le f’tar, mais au mois de ramadhan, j’en
prends des tasses pleines, avec beaucoup de menthe. (Le Matin,
6.4.91). Pendant le « f’tar », c’est surtout le week-end que le chiffre
augmente. (Algérie-Actualité, 11.4.91). Il ne prend jamais son congé
annuel pendant le f’tar, mais au mois de Ramadhan, ce qui lui permet de
veiller. (Le Matin, 15.4.91).

126FTOUR, F’TOUR, F’THOR, IFTAR (de l’arabe) n. m. Courant.


Repas de rupture du jeûne pendant la période de jeûne diurne
(ramadhan). Pendant le Ramadhan, le réfectoire restait fermé jusqu’au
f’tour. (Mimouni, 1983, 56). Après le F’tour, la ville de Blida reprend de
plus belle son animation des nuits de Ramadhan. (El Moudjahid,
25.6.84). Pour le f’tour, la chorba est de règle, suivie de mets
appétissants. (Le Matin, 3.4.91). Habib invita Ahmed à partager son
« ftour » chez lui au douar Kharouba, et après s’être restaurés, les deux
jeunes hommes sortirent. (Détective, 2.8.97). Plus de 150 étudiants se
sont retrouvés sans ftour et n’ont même pas pu avoir un bout de pain
pour rompre le jeûne. (La Tribune, 16.12.99). À tous il manque la
convivialité familiale en disant que « rien ne vaut un ftour chez soi, aussi
maigre soit-il ». (El Watan, 4.1.00). L’après-f’tour est vécu différemment
par chaque détenu. Il y a les plus anciens qui sont déjà à leur deuxième
ramadhan et qui sont organisés en conséquence. (Le Matin, 6.1.00).

127ENCYCL. le ftour se déroule à l’heure du coucher du soleil après


l’appel à la prière du maghreb qui autorise le musulman à rompre le
jeûne.

128FURUSSIYA, FURUSSYA V. FOROSSIA.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


GAA (de l’arabe) n. f. Rare, écrit uniquement. Chaussure traditionnelle
faite d’une semelle en peau de chèvre et de cordelettes qui l’attachent au
pied. Les pieds chaussés d’une gaâ (semelles en peau de chèvre)
s’attachant avec des cordes sur les mollets comme des spartiates, parlant
le dialecte du massif à la perfection, Ben Brahim passait facilement pour
un habitant des Aurès. (El Moudjahid, 25.11.82). La majorité de nos
frères et sœurs marchaient pieds nus. D’autres se chaussaient de
« gaa » [...] C’étaient des morceaux de peau ou de courroie de pneus
qu’on se mettait sous la plante des pieds et qu’on retenait au moyen de
bouts de ficelle. (El Moudjahid, 20.2.84). V. NAÏL.

2GALIÉRISTE (néologisme formé à partir de galerie + suff. -iste). n.


Disponible, oral surtout, fam. Employé qui travaille dans les grands
magasins d’État (Galeries algériennes). Ali le galiériste pratiquait le
marché noir. (oral). Les galiéristes ont beaucoup d’avantages. (oral). Les
deux voleurs ont été vus par un galiériste pendant qu’ils dérobaient les
paires de chaussures. (oral).

3GALION (selon Lanly, création probable par métonymie à partir du


mot d’origine espagnole galeone, qui désigne un très long filet de pêche)
n. m. Vieilli mais disponible. Bateau de pêche équipé d’un filet
particulier. Ces petits métiers peuvent être transformés en sardiniers et
travailler comme les galions avec une seule différence dans la
capacité. (El Moudjahid, 28.6.83). Ainsi une vingtaine de chalutiers, un
nombre identique de galions et une quinzaine de petits métiers occupent
la darse des pêcheurs et une partie des bassins du port. (El Moudjahid,
27.12.83).

4GALLAL V. GUELLAL.

5GALVANISATEUR adj. Disponible. Qui galvanise, entraîne,


excite. Ils cessaient d’être de simples mots quand, devenus éléments
galvanisateurs, ils rassemblaient et mobilisaient les masses. (El
Moudjahid, 1.11.83). L’amour qui le lie à une jeune esclave de la même
« famille » lui favorise la transmission de messages galvanisateurs à
destination d’autres esclaves. (Interface, 1.6. 84). Les prêches
galvanisateurs de l’imam de la mosquée Émir Abdelkader de Constantine
ont fait du bien au public. (oral).

6GANADIZ pluriel de GANDOUZE. Les jeunes poètes venaient,


jusqu’à une date récente, de plusieurs régions pour soumettre leurs
textes à la correction du maître. Il lisait attentivement le texte de ses
« ganadiz » […] Ses compagnons, ses parents, ses « ganadiz »
notamment, estiment que le diwan serait composé de plus d’un millier de
poèmes. (El Moudjahid, 6.1.85).
7GANDOURA, GANDOURAH (de l’arabe) n. f. Courant. Longue
tunique blousante sans manches portée par-dessus les vêtements. […] une
fillette ravissante dans sa longue gandoura magnifiquement brodée. (El
Moudjahid, 8.4.71). Des habits multicolores recommandés par la
coutume, sont achetés pour être portés à cette occasion : pour les
femmes, des gandouras brodées d’or, des serouals et « caracous » en
soie. (El Moudjahid, 17.10.74). Soigneusement coiffé, parfumé à souhait,
vêtu de la gandoura traditionnelle, ce jeune garçon est assis sur un
coussin. (El Moudjahid, 4.10.84). Le fils du paysan découvre dans son
manuel scolaire que la maman modèle porte une jupe alors que la sienne
est revêtue d’une gandoura. (Mimouni, 1993, 131). Maintenant, je ne me
vois nullement obligée, pour être musulmane, de revêtir une gandourah
et de rester cloîtrée. (El Acil, 21.1.93). Hier, aux heures douloureuses
des invasions ou des colonisations, l’ancêtre n’hésitait pas à hypothéquer
ses champs… jusqu’à sa gandoura pour investir les livres, les sciences,
pour l’acquisition éminente d’un savoir indispensable. (El Watan,
29.4.97). Les deux autres hommes ramassèrent les pans de leur gandoura
et se levèrent à leur tour. (Khadra, 1999, 155).

8Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

9GANDOUZE (de l’arabe) n. m. (pluriel : ganadiz). Vieilli mais


disponible. Étudiant d’une institution coranique, disciple d’un cheikh
(enseignant religieux). Tous les mois, le gandouz apportait au cheikh des
présents offerts par les parents. (El Moudjahid, 21.1.85). V. MEDDAH,
TALEB.

10GAOUS, GOUSS (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Sport traditionnel,


sorte de hockey sur sable, dans lequel s’affrontent autour d’une balle
fabriquée avec des fibres de palmier deux équipes munies de cannes
faites avec des branches de palmier. Le « gaous », sport traditionnel
local se rapprochant du hockey, se pratiquant sur le sable avec des
équipes allant de 6 à 8 joueurs, constituera le clou du spectacle. (El
Moudjahid, 7.3.84). Le gouss qui est un sport bien connu au sud algérien
revêt une grande importance. (oral). V. DJÉRID.

11GARANTITA V. KALENTIKA.

12GARAGOUZ (de l’arabe) n. m. Disponible. Clown, pitre, amuseur


public. Les rues étaient pleines dès le dîner terminé.
Foules […] Prestidigitateurs. Ombres chinoises. Garagouz
turc. (Boudjedra, 1980, 92). […] Abdelhak Benhamouda ayant, à
plusieurs reprises, particulièrement bien vidé son aversion contre la
rencontre de Rome, qu’il a même qualifiée de « garagouz » au cours
d’une émission télévisée. (Liberté, 2.2.95). Dem el hob, Dar Rabi, El
lil de Kaki et l’adaptation libre de Fin de partie de S. Beckett
constitueront une première grande étape pour les garagouz. (El Watan,
6.1.00).

13GARDE COMMUNAL n. m. Disponible. Membre de la garde


communale. Au cours de ces accrochages, deux gardes communaux et
deux anciens moudjahidine ont trouvé la mort. (El Watan, 11.10.95). Le
Dec revient avec un détachement important de gardes communaux pour
rétablir la situation. (Le Matin, 1.8.97). Nous nous rabattîmes sur une
bourgade pour nous ravitailler en vivres et en eau potable. Des gardes
communaux nous accueillirent avec une furie absolue. (Khadra, 1999,
264). Les gendarmes, appuyés par les gardes communaux, se sont rendus
ensuite sur les lieux du « crime » avec une grue afin d’enlever le buste
en stuc et le garder ensuite au siège de la police communale. (La
Tribune, 2.1.00). Les Groupes de légitime défense (GLD) et les gardes
communaux pourraient être reconvertis en éléments de la police
communale. (La Tribune, 20.1.00). […] au lendemain d’un attentat au
« hab hab » ayant visé des gardes communaux stationnés au niveau de
Takdempt. (La Tribune, 7.2.00). Tizi Ouzou. un garde communal
assassiné [Titre]. Un policier du groupement de la garde communale a
été assassiné hier à Aït Yahia Moussa. (Liberté, 24.3.00).

14GARDE COMMUNALE n. f. Disponible. Corps de troupe chargé de


surveiller et de protéger la commune. Le wali a, à cette occasion,
inauguré le siège de la garde communale. (El Acil, 24.5.96). Ils portent
la tenue bleue de la garde communale. (La Nation, 30.7.96). À Mizrana,
par exemple, les services publics, à savoir l’hôpital, le CEM, la garde
communale et la polyclinique n’ont pas de lignes téléphoniques. (Liberté,
14.8.97). La situation sécuritaire a connu une amélioration notable
depuis que la garde communale a recruté des enfants de la ville.
(L’Authentique, 28.5.97). Le commissaire Ahmed faisait partie du
premier noyau qui a lancé l’idée de la garde communale, la fierté de la
lutte anti-terroriste. (Gastel, 1999, 170). Il y a eu, au cours de la nuit de
mardi à mercredi, une attaque d’un poste de la garde communale par un
groupe terroriste. (La Tribune, 16.12.99). Le P.APC était accompagné de
la garde communale et de quelques ouvriers de l’APC pour l’exécution
de cette opération. (El Watan, 22.3.00). V. DARAK EL WATANI.

15GARGOTE, GARGOTTE n. f. Disponible. Petit restaurant bon


marché. Les méderséens n’avaient plus le temps d’attendre une place sur
les bancs luisants de graisse de la gargote. (Benabi, 1965,
89). Restaurants, sandwicheries, gargotes ont trouvé une clientèle
sûre. (El Moudjahid, 5.8.83). Pourquoi n’arrive-t-on pas encore à
dépasser le cap de la belle gargotte ou du chouaï dans le vent ? (Algérie-
Actualité, 17.11.83). Dans l’intérieur du pays, dans les gargottes qui
bordent les artères des villes, […] des portraits du défunt
président [Boumediene] arborant son burnous en poil de chameau sont
accrochés au mur. (Rouadjia, 1994, 162). Nafa essaya de se souvenir du
temps où l’on aimait traîner dans les rues, du chahut des gargotes, de la
musique aux accents de haouzi. (Khadra, 1999, 198). […] cette puanteur
d’un autre âge, combinaison rare d’odeurs de latrines qui débordent,
d’égouts éclatés, de gargotes fumantes, de poubelles. (Sansal, 1999, 293).

16Com. Le terme ne comporte pas de connotation négative.


V. GARGOTIER.

17GARGOTIER (de gargote + suffixe -ier) n. m. Disponible. Gérant


d’un petit restaurant bon marché. Nous avons repéré déjà le gargotier des
étudiants, près de la préfecture. (Benabi, 1965, 69). Seuls les chouai, ces
gargotiers spécialisés dans la préparation des brochettes et des merguez,
continuent à faire usage du charbon de bois.. (El Watan, 8.4.94). […] du
vécu traditionnel de la Casbah, avec ses gargotiers, ses artisans, ses
senteurs de jasmin. (Le Matin, 13.2.92).

18Com. Le terme n’a pas la connotation négative qui le caractérise en


français de référence. V. GARGOTE.

19GAS’A, GASÂA, GASAÂ, GASSAÂ, GASSAA, GASSÉA,


GUESSAA, GUESSA’A (de l’arabe) Disponible. n. f. Grand plat
traditionnel en bois dans lequel on pétrit la pâte de pain ou on roule le
couscous. Nous attendons patiemment en observant ses gestes amples
pétrissant la pâte dans la gassaâ. (Lemsine,1978a, 179). Tamisez la
semoule moyenne dans la gas’a. (Bouayed, 1983, 56). La gas’a est aussi
utilisée pour y « faire tomber la lune » et en recueillir l’écume qui a le
pouvoir d’annihiler la volonté de la personne ensorcelée. (Algérie-
Actualité, 8.9.83). Aziza aplatissait la galette dans la « gasaâ ». (Zinaï-
Koudil, 1984, 73). De grandes guessa’as partirent pour la
mosquée. (Mokeddem, 1992, 35). Chaque été, les femmes […] se
réunissent chaque jour chez l’une d’entres elles autour des « gasâas »
pour rouler le couscous de l’année. (El Acil, 12.1.93). Elle aimait nous
servir dans sa vieille gassaa en bois retapée […]. (Mokeddem, 1999, 55).

20GASBA, GUASBA, GUESBA, KASBA (de l’arabe) n. f. Disponible.


Instrument à vent traditionnel, sorte de flûte champêtre taillée dans un
roseau. Entre chaque couplet, le meddah arrête tambourins et gasbas. (El
Moudjahid, 8.12.83). La guesba, le fhel, la derbouka parlent le même
langage. (Ouahioune, 1984a, 136). Les paroles non figées s’imposent en
fonction du public auquel on s’adresse, de l’état moral du spectateur et
de la guesba. (Alger Républicain, 30.8.91). À l’entrée de la « zaouïa »,
sur une terre battue, poussiéreuse, quatre hommes, vêtus d’un
« chèche » et d’une gandoura battent du « bendir » et soufflent dans la
« guesba ». (El Watan, 3.9.91). Soufflant dans leurs ghaïta, gasba et
guellal, un groupe de musiciens traversait avec nonchalance les ruelles
ombragées. (Alger républicain, 1.3.92). Un cheikh local avait tenté de
s’approprier les textes des différents tubes en vogue à l’époque, tout en
maintenant l’instrument propre au bédouin (gallal et gasba). (El Watan,
9.5.94). J’entends un son de flûte, un air de gasba bédouine,
nomade. (Khelladi, 1997, 109). Ce qui est étonnant, c’est la « frénésie »
du chaâbi dans une ville [Mascara] cataloguée « gasba-raï ». (El Watan,
29.1.01). V. GHAÏTA, GUELLAL.

21GASSA, GASSAA, GASSÉA V. GAS’A.

22GATLATOU, GATLATOUM (de l’arabe) n. m. Disponible, oral


surtout. Personne très imbue de sa supériorité. Les grades de gatlatou ou
de khankatou sont très recherchés […]. Les gatlatoum sont les seuls
hommes que je reconnais comme mes égaux. (Lounès, 1984, 116). Tu
vois ce gatlatou, il est DG d’une société d’électronique. (oral).

23Com. Néologie des années 80.

24GAZZANATS V. GUEZZANATE(S).

25GAZOUZ, GAZOUZE, GAZOUZZE, GAZUZ (de l’arabe qui,


selon Duclos, l’aurait emprunté soit à l’espagnol gaseosa, soit au
français (eau) gazeuse) n. f. ou (rarement) m. Courant. Limonade, et par
extension, n’importe quelle boisson gazeuse. Mon père, lui, ne se lassait
pas de l’écouter et disait que sa langue était aussi douce que le miel et le
gazouz. (Belamri, 1982, 62). Qu’est-ce que tu bois ? Un coup de rouge,
une bière ou de la gazouzze ? (Ben, 1982, 114). En cette période
caniculaire, la « gazouze » est introuvable. (El Moudjahid, 26.7.83). On
se presse devant trois ou quatre échoppes qui proposent, à elles seules,
tout le kalbalouze, le gazouz et la crème glacée disponibles sur place. (El
Moudjahid, 15.6.84). Meriem alla s’asseoir sur un sac de semoule et but
de la « gazuz » à la santé du petit frère. (Ben Mansour, 1990, 95). La
gazouz ? Très peu pour moi. (Mokeddem, 1993, 87). Mets-nous-en cinq
et une gazouz pour Boualem. (Allouache, 1995, 132).

26Com. Attesté ds Duclos 1991. Le terme


homonymique gazouz d’origine espagnole signifiant « fringale » et son
dérivé gazouzier, relevés par Lanly et Duclos, ne sont pas attestés
actuellement.

27GÉNÉRATION DE NOVEMBRE n.f. Vieilli mais disponible.


Classe d’âge des Algériens qui ont participé à la lutte armée pour
l’indépendance déclenchée le 1er novembre 1954. […] éviter toute forme
de vide politique et toute faille historique entre la génération de
Novembre et la génération de l’indépendance et garantir la continuité
entre les générations. (Discours de Chadli, 10.81, cité par Rouadjia,
1994, 45). […] à s’imprégner encore davantage des vertus qui ont guidé
la génération de Novembre dans son combat libérateur et
émancipateur. (El Moudjahid, 30.10.86). Si nous évoquons aujourd’hui
les principes qui ont animé la génération de Novembre, c’est pour dire
qu’ils sont immuables. (El Moudjahid, 31.10.86). Le temps du réalisme
est arrivé. La génération de Novembre a accompli son devoir
historique. (Quotidien d’Algérie, 9.7.92). La génération du 1er Novembre
a terminé sa mission, elle doit laisser place aux générations de
l’indépendance. (Le Jeudi d’Algérie, 9.7.92). Le rôle de la génération de
Novembre : nécessité de réunir les conditions pour que cette génération
puisse « passer le flambeau » […]. (Le Matin, 17.2.01).
V. HISTORIQUE.

28GENT, GENTE n. f. Courant, intellectuels. Gens, êtres humains,


gent. Le jeune homme installé à la terrasse de l’un des meilleurs
établissements de la capitale dans le but de se faire remarquer par la
gente féminine. (El Moudjahid, 5.7.77). Les parents voulaient faire de lui
un homme, lui inculquer les qualités rares par lesquelles se distingue
l’élite de la gente masculine. (Révolution africaine, 7.8.78). La majorité
des malades est représentée par la gente féminine. (El Djazaïria,
6.7.79). L’équipe type qui fera le voyage de Tunis sera composée de sept
gymnastes tant chez les garçons que chez la gente féminine. (El Hadef,
9.2.86). […] ni dans les ruelles de la vieille ville dominée par la gent
masculine. (Jeune Indépendant, 25.1.01). […] les agressions qui ciblent
la gent féminine « soulagée » en un tour de main de tout ce qui brille.
(Quotidien d’Oran, 26.2.01).
29Com. Le terme n’a pas de connotation plaisante ou péjorative à la
différence du mot gent caractérisé dans les dictionnaires du français
central par les marques « vieilli ou littér. (souvent ironique) » ou
« plais. ».

30GESTION SOCIALISTE DES ENTREPRISES n. f. Vieilli mais


disponible. Méthode de gestion des entreprises d’État donnant de larges
pouvoirs à l’assemblée générale des travailleurs. En instituant la gestion
socialiste des entreprises, nous avons entendu redonner au travailleur
toute sa dignité et lui faire assumer un rôle de responsable à part
entière. (El Moudjahid, 6.6.77). La transformation radicale des rapports
sociaux de production que la GSE instaure est avant tout l’expression
d’un choix politique fondamental. (Révolution africaine, 8.3.80). Il faut
appliquer l’esprit GSE dans les unités économiques. (El Moudjahid,
18.9.85). La séance d’ouverture s’est déroulée en présence de M. El-
Hachemi Seghir, membre suppléant du Comité central, chargé de la
Gestion Socialiste des Entreprises. (El Moudjahid, 17.2.86).

31Com. Souvent abrégé en GSE. V. ATE, ATU.

32GESTIONNEL, ELLE (de gestion et suf. –el) adj. Disponible,


intellectuels. Qui concerne le domaine de la gestion. Loin de la ligne de
conduite et des responsabilités gestionnelles assumées par le corps
administratif. (El Moudjahid, 17.6.85). L’évolution du processus
d’endettement, de sa prise en charge au niveau gestionnel et de la
démarche globale choisie pour en atténuer les répercussions, a d’abord
montré que les chefs de gouvernement ont tous campé sur leur
position. (El Watan, 20.1.97).

33GHACHI, RACHI (de l’arabe) n. m. Disponible. Foule, masse,


peuple […] que nos écoles soient plongées dans la « sinistrose », cela ne
les intéresse guère. Les malheurs du « ghachi ». (Liberté, 24.1.93). Ils
m’appellent au gré des circonstances et de leurs fantaisies : l’homme de
la rue, bas peuple ou nationaux, ghachis, populace ou
populeux… (L’Hebdo libéré, 1.6.94). N. Boukrouh créera même ses
concepts devenus célèbres : c’est à lui que l’on doit ceux de
« khéchinisme » et de « ghachi ». (La Tribune, 21.8.95). Quand on sait
que le langage populaire fait des emprunts à toutes les langues et que
ghachi vient de « gâchis ». (La Nation, 11.9.95). Alors le peuple rachi …
(El Watan, 25.1.96). Les républicains du RCD boudent la République, les
modérés de Hamas négocient avec les appareils, et le ghachi de
Boukrouh essaie de se trouver une place parmi les clans. (La Nation,
26.12.96). Ghachi ou peuple, c’est du pareil au même. (oral).

34GHAÏTA, RAÏTA, GHAYTA (de l’arabe) n. f. (pluriel : ghaïtas,


ghaytate). Courant. Instrument à anche traditionnel donnant des sons
nasillards. Au son de la ghaïta et du bendir, le wali et sa suite se sont
dirigés sur le lieu même où sera implanté le 2 e village socialiste de la
wilaya de Djelfa. (El Moudjahid, 30.5.77). Les danses folkloriques au
son de la traditionnelle ghaïta ont eu lieu tout au long de la semaine
culturelle. (El Moudjahid, 27.6.77). La brise qui venait de la place lui
apportait très distinctement les airs de ghaïtas mélancoliques et
exaspérés à la fois. (Mammeri, 1978b, 46). Le tam-tam sourd des bendirs
et le fluide nasillard des ghaïtas rivalisaient dans le bourg et
les campements tout autour. (Mokeddem, 1992, 156). Les ghaïtas
égrenaient leurs notes aussi aigres que celles des cornemuses, la fête peu
à peu s’installait. (Amadis, 1995, 56). Accroupis autour de leurs paniers,
des charmeurs de serpents soufflaient des mélopées aux surprenants
accents stridents, dans leurs ghaïtas nostalgiques. (Bensmaïne, 1996,
40). Michaël utilise aussi la ghaïta comme dans l’istikhbar du titre Altaï
Maltaï. (El Watan, 24.1.00). V. GASBA, GUASSAB, GUELLAL.

35GHARB (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Ouest, occident (du pays, d’une


région). [Ils] voulaient partir à la conquête d’autres territoires situés
dans ce « gharb » qui signifie en arabe, Occident, mais aussi étrange,
exil, couchant opposé à la lumière du « sharq », levant et soleil. (Ben
Mansour, 1990, 74). Les côtes du « gharb » ont été particulièrement
fréquentées cette année. (Les Nouvelles de l’Est, 18.5.91). Le gharb a
connu depuis plusieurs années une sécheresse telle que rivières, sources,
nappes d’eau ne sont plus que de vagues souvenirs. (Algérie-Actualité,
5.6.92). V. GHARBI, CHERGUI.

36GHARBI, GHERBI (de l’arabe) 1. adj. et n. (pluriel : ghraba).


Disponible. (Personne) originaire de l’ouest (du pays, d’une
région). Subdivisée en cheraga et ghraba (orientaux et occidentaux) et
moult douars […], cette tribu risque l’éclatement lors des prochaines
législatives. Lahouari, actuel député, est un gharbi et Hadjou
(l’ambassadeur) est un chergui. (Algérie-Actualité, 15.5.91). Le premier
président de l’Algérie indépendante était gharbi. (oral).

372. n. Disponible. Musique traditionnelle propre à l’Ouest algérien. Le


but de cette association est de contribuer à fixer le patrimoine culturel
d’origine andalouse ainsi que celui qui relève de genres plus
caractéristiques à la région [de l’ouest] tels que le hawzi, le aroubi et le
gherbi qu’on dénomme souvent « genre traditionnel ». (El Moudjahid,
11.10.83). Le gherbi est une variante de poésie musicale relativement
plus récente par rapport aux autres chants. Il présente une particularité
dans le fait qu’il est un pur produit du génie des artistes marocains et
algériens. (El Watan, 24.2.94). V. AROUBI, GHARB, HAWZI.
38GHARS, GHERS, GHERSS (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Variété
de dattes utilisée pour la fabrication de la pâte de dattes. Le ghars est une
certaine qualité de dattes utilisée surtout dans la pâtisserie. (Bouayed,
1983, 113). La production de « ghars », très forte dans la wilaya de
Ouargla, n’a pu être enlevée entièrement. (El Moudjahid, 5.2.84). Au
titre de la campagne 1983, il a obtenu une récolte de 89 quintaux de
ghers, 24 quintaux de deglet-nour. (El Moudjahid, 29.6.84). La datte
ghars doit être saine, mûre, exempte de corps étrangers et de traces de
fermentation. (Actualité-Économie, 1.3.86). Le gherss, variété de dattes
prédominante dans les palmeraies de N’gouça, est d’une qualité
renommée d’autant plus qu’il s’agit d’une variété molle se prêtant assez
facilement à la conservation. (El Watan, 7.4.00). V. DEGLA-BEIDA,
DEGLET NOUR.

392. Disponible. Par extension, pâte de datte servant à la confection de


pâtisseries traditionnelles. Pour vos makrouds utilisez du « ghers » frais
parfumé d’eau de rose et de cannelle. (Le Matin, 1.3.93). Je n’aime pas
la pâtisserie avec du ghars. (oral).

40GHAYTA V. GHAÏTA.

41GHAYTATE pluriel de GHAÏTA. Chants, danses au rythme des


tambourins et des ghaytate ont caractérisé la soirée du vendredi. (El
Moudjahid, 12.6.77).

42GHASSOUL, GHASOUL, RASSOUL n. m. Disponible. Argile


utilisée comme shampoing ou masque de beauté. […] celle du ghassoul,
cette argile qui laisse les cheveux des femmes souples et
diaprés. (Mokeddem, 1992, 67). Des femmes à demi nues enduisaient
leurs cheveux de henné […] et de rassoul, argile transformée en pâte et
parfumée, pour les adoucir. (Amadis, 1995, 48). On lui lavait les
cheveux, on les passait au rassoul pour bien les adoucir et on les
enduisait de henné. (Amadis, 1995, 113). Elles le mélangeaient au
ghasoul, ce shampooing algérien composé d’argile qui laverait leur
chevelure. (Ben Mansour, 1997, 112). Saâdia décida d’aller au hammam.
Elle voulait aussi se décrasser les cheveux au ghassoul. (Tengour, 1997,
79). V. TFAL.

43GHERS, GHERSS V. GHARS.

44GHIWAN (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Variété de musique


traditionnelle algérienne. Un plateau de choix sera proposé aux amateurs
des différents genres de musique moderne, ghiwan, bedoui et chaâbi
animés par une vingtaine de formations locales. (El Moudjahid,
30.7.84). Création d’un « ghiwan » typiquement algérien avec des
paroles accessibles à toutes les couches. (El Hadef, 31.3.85).
V. BEDOUI, CHAÂBI.

45GHOBRA, EL GHOBRA (de l’arabe) n. f. Disponible, oral surtout,


milieux jeunes. Drogue à base de cocaïne et d’héroïne. Lui, c’est pas la
shira, c’est pas les cachets, c’est la ghobra, c’est trop, c’est mortel. (Le
Matin, 5.4.91). Un jour, je t’emmènerai voir les gars à Hydra qui
vendent « el ghobra » (poudre : héro, coke), celle qui tue les gens. Nous
au moins on se limite à la zetla. (Algérie-Actualité, 11.4.91). Moi je
prends de temps en temps un peu de kif, c’est rien, c’est pas comme la
ghobra, ça c’est grave, ça fait peur. (El Watan, 18.12.92). V. CHIRA,
KEMYA, KIF, POLLEN, ZETLA.

46GHORBA, GHOURBA (de l’arabe) n. f. Disponible. Exil. Le


chanteur a milité avec ferveur pour le retour de l’émigration et n’a cessé
de parler avec ceux qui comprennent son langage, ceux que la misère a
éprouvés, ceux qui n’ont connu d’école que celle de la rue et de la
« ghorba ». (El Moudjahid, 7.5.81). Le raï exprime, met en avant des
problèmes de société (amour, s’hour, divorce, ghorba…). (El Moudjahid,
6.2.85). Les intellectuels commencent à réfléchir à une ghorba éventuelle
depuis qu’ils ont vu beaucoup des leurs assassinés par les terroristes. (Le
Matin, 12.2.92). Avec la ghourba et ses tracas, comme dit ma mère, le
circuit est tellement sous tension qu’il fabrique son blabla tout
seul. (Mokeddem, 1995, 149). La ghorba, ce mal qui ronge les entrailles
de chaque émigré. (oral).

47GHORFA (de l’arabe) n. f. Vieilli mais disponible. Petite pièce voûtée


d’une maison traditionnelle, servant de chambre ou de silo. Sarah
arrêtait une minute la bande, cherchait une approximation des formules
arabes (la « ghorfa », est-ce seulement la pièce du haut ?), remettait en
marche l’appareil. (Djebar, 1980, 42). Des chants populaires qui ont
déjà pénétré aussi bien dans l’humble gourbi que la misérable khaïma, la
ghorfa des casbah comme le salon des villas. (El Moudjahid,
19.8.83). Elle occupait une petite chambre ou « ghorfa » avec sa mère
âgée d’un peu plus de 80 ans. (El Moudjahid, 9.5.86). Bari Stambouli est
apparu à l’entrée de la ghorfa de la maison mauresque où je niche et
m’annonça la nouvelle. (Le Journal, 14.1.93). Elles descendirent
quelques marches et se retrouvèrent dans un patio au marbre blanc
entouré de ghorfas. (Bensmaïne, 1996, 15).

48GHOUL, GHOULE (de l’arabe) n. m. (féminin singulier : ghoula.


féminin pluriel : ghoulate). Disponible. (Dans la mythologie arabe) ogre,
monstre anthropophage dévorant les enfants ; par extension, personne
cruelle. Il connaissait nombre de récits plus effrayants les uns que les
autres sur les sorciers, les individus qu’on assassinait, les esprits, les
ghoules. (Dib, 1957, 115). Il est spécifié qu’aucune dépense ne sera
imputée au PCD (donc payée au niveau du receveur communal qui, à
travers nos entretiens, fera toujours figure de ghoul) sans le visa de ces
services. (Révolution africaine, 7.12.84). Nos contes et légendes
d’Algérie et du Maghreb font allusion à des géants anthropophages, les
« ghouls ». (Horizons 2000, 16.10.85). Du citoyen comme tous les
autres, de l’homme placide, gentil, poli, il « mue » à plein gaz pour se
transformer en grand « ghoul » dont le « courage » n’a plus de limites,
en monstre dont l’« audace téméraire » […]. (El Moudjahid,
23.1.86). Le ghoul énorme poursuivait en enjambant rivière et montagne
les malheureux enfants. (El Moudjahid, 14.6.86). V. AFRIT, DJINN.

49GHOULA féminin singulier de GHOUL. Les légendes d’hommes


gigantesques, généralement anthropophages, abondent de par le monde.
Qui ne connaît chez nous les histoires de ghoul et de ghoula, ces êtres
fantastiques qu’on évoque encore pour effrayer les enfants. (Horizon
2000, 17.10.85). Elle écoutait, le cœur battant, le récit de l’ogresse : la
ghoula qui suçait les doigts des petits enfants qu’elle engraissait pour
des festins à venir. (Bensmaïne, 1996, 33).

50GHOULATE féminin pluriel de GHOUL. Tout au bas de la


pyramide intégro-terroriste, le lumpen, un fatras de groupuscules
assimilés aux plus extrêmes des extrémistes, les « ghoulate »… (Hebdo
libéré, 13.1.93).

51GHRAMA (de l’arabe) n. f. Disponible. Impôt. Le commerce c’est


bien, ça rapporte, mais la ghrama est trop élevée. (Algérie-Actualité,
5.3.90). L’impôt, la ghrama de plus en plus lourde, voilà avec quoi on
remplit les caisses de l’État. (El Watan, 15.12.92). La ghrama touche non
seulement les entreprises, mais aussi le simple citoyen. (Le Matin,
3.10.92).
52GHRIBYA, GHRIBIYA (de l’arabe) Spécialisé. n. f. Gâteau
traditionnel constantinois. Pour réaliser la ghribya constantinoise, il vous
faut : une mesure de beurre (smen), une mesure de sucre glacé, trois
mesures de farine […] N’attendez pas que vos petits gâteaux soient dorés
pour les retirer du four, la ghribya doit être légère et blanche après
cuisson. (El Moudjahid, 14.6.84). Sa mère est une grande spécialiste de
la ghribya. (oral).

53GLD (initiale de Groupe de Légitime Défense) 1. n. f. Courant. Milice


d’autodéfense créée pour lutter contre les terroristes islamistes. Une vaste
opération de ratissage a été enclenchée par les éléments de la lutte
antiterroriste renforcés dans leur manœuvre par les Patriotes et les
GLD. (Le Matin, 10.1.00). Les policiers, les GLD et les gardes
communaux ont subi de grandes pertes dans leurs rangs. (Le Matin,
14.1.00). Là encore, la vigilance des GLD a permis de déjouer
l’incursion terroriste. (Le Matin, 15.1.00). Les Groupes de légitime
défense (GLD) et les gardes communaux pourraient être reconvertis en
éléments de la police communale. (La Tribune, 20.1.00). De nombreux
éléments de l’AIS ont été injectés au sein des Groupes de légitime défense
(GLD) eux-mêmes sous la coupe de l’ANP. (La Tribune, 28.1.00). Les
terroristes ont attiré les GLD et Patriotes en mettant le feu dans une
meule de foin. (Le Matin, 10.2.00). Vingt-quatre heures après le
massacre de Daâyat Barkat (Brezina), les troupes de l’ANP, appuyées
par les patriotes et les GLD, ont riposté efficacement. (Liberté, 2.3.00).

542. n. m. Courant. Par extension, membre de cette milice. L’auteur de


l’agression est un GLD (Groupe de Légitime Défense), un certain
Mahmoud. (La Tribune, 29.12.99). Trois GLD ont été assassinés dans la
région de Ouled Moussa […]. Les trois résistants ont été surpris dans
une embuscade que leur a tendue un groupe terroriste aux environs de
cette bourgade. (El Watan, 23.3.00). Trois GLD condamnés à 20 ans de
prison [Titre]. Quatre éléments d’un groupe de légitime défense ont
comparu devant le tribunal criminel de Saïda pour s’être fait passer pour
un groupe terroriste, vols, blessures volontaires et menaces de mort.
(Quotidien d’Oran, 27.4.00). V. PATRIOTE.

55GNAOUA V. GNAWA.

56GNAOUI, GNAWI (de l’arabe dialectal) n. m., adj. (pluriel : gnawis,


gnawa(s)). Spécialisé. Danseur et chanteur mystique noir appartenant à
des confréries populaires qui utilisent la transe et l’exorcisme dans leurs
cérémonials. Le gnaoui, toujours tournoyant de la chéchia, s’en va
rejoindre la troupe de musiciens. (Algérie-Actualité, 2.8.94). Un jeune
danseur gnaoui, tournoyant de la chéchia, se scotche à un touriste
couperosé. (Algérie-Actualité, 2.8.94). Alors le gnaoui déferla sur
l’assemblée et les entrailles se nouèrent d’émotion. (Bensmaïne, 1996,
17). D’autres pointures de la scène internationale se sont allées
ressourcer auprès des gnawis. (El Watan, 12.1.00).

57GNAWA(S), GNAOUA(S) (de l’arabe dialectal, littéralement « gens


de la Guinée ») 1. n. m. pl. Spécialisé. Pluriel de GNAOUI. Ce disque est
un petit bijou à l’esprit musical des gnawas du Maghreb (plébiscités par
les pop stars), donc un remède à doses homéopathiques contre la
déprime du quotidien et l’intoxication de la techno et autre. (El Watan,
5.8.97). C’était une vieille superstitieuse, une adepte zélée des concerts
de sidi Blâl (saint de la confrérie noire des gnawa d’Oran). (Tengour,
1997, 81).

582. adj. Spécialisé. Qui concerne les gnawa. Le répertoire gnawa


représente l’une des premières et véritables fusions musicales arabo-
africaines. Il remonte au temps de l’esclavage entre l’Orient et l’Afrique
subsaharienne. Une époque où les esclaves noirs amenés d’Afrique de
l’Ouest au Maghreb, puis constitués en minorité, se sont progressivement
intégrés dans le monde islamique, tout en gardant avec eux certaines
traditions animistes, et notamment des thérapies, typiques de leurs pays
d’origine. Très vite, ils se sont organisés en confréries, placées sous la
protection d’un saint (wali). […] Dirigées par des maâllims (maîtres) qui
affirment recevoir leur pouvoir directement de Dieu, la dramaturgie
musicale gnawa parle de « guérir les esprits et de soigner les
maux. ». (El Watan, 12.1.00). V. AÏSSAOUA, HADRA.

59GNAWI V. GNAOUI.

60GOMBRI V. GUEMBRI.

61GOUAL, GOUWAL, GOUWWAL, GUWWAL (de l’arabe) n. m.


(pluriel : goualine, gouals). Disponible. Poète traditionnel ; par extension,
chef du chœur dans une pièce de théâtre. Les incursions dans la peau
d’un goual (choryphée) aveugle rythment la pièce. (Algérie-Actualité,
15.12.83). 27 wilayas ont délégué leurs meddahs et leurs gouals jeunes et
vieux qui offrent à un nombreux public l’occasion d’écouter une poésie
dont la fraîcheur est signe de perfectibilité. (El Moudjahid,
27.3.84). C’est sur ces prémices que s’organise cette pièce où le metteur
en scène se sert de référents du terroir (les gouals, la Aïssaoua). (El
Moudjahid, 27.7.88). Celui qu’on appelle le philosophe, le goual qui n’a
pas eu peur de dire, lutte contre la mort ce jour de l’Aïd. (Liberté,
11.3.94). Mais le jour du souk, le goual revêtait son costume de parade
et, dès qu’il faisait son entrée sur la place, le silence régnait et les
badauds s’effaçaient sur son passage. (El Watan, 17.8.94). Les enfants
de l’atelier « conte » de l’école, encadrés par Mme Chaabane,
écouteront les contes dits par des conteurs français et des « gouals »
algériens. (Quotidien d’Oran, 13.2.00). […] l’expression populaire dans
toutes ses formes : fables, proverbes, halqua, goual et bien d’autres
formes de l’oralité. (Quotidien d’Oran, 10.3.00). V. HALKA,
MEDDAH.

62GOUALINE pluriel de GOUAL. L’élément de distanciation est qu’il


s’adresse à des goualine qui sont en train de jouer les élèves. (El
Moudjahid, 11.6.86).

63GOUBAHI (de l’arabe) n., adj. Spécialisé. Rythme musical


traditionnel propre au Sud-Ouest algérien. […] le style du chanteur,
relayé par le chœur des musiciens, dans les rythmes goubahi et raï. (El
Moudjahid, 15.7.85). Les rythmes algériens sont très nombreux, aussi
nombreux qu’il y a de régions : le sihli, le goubahi, l’oranais, le kabyle,
le sahraoui. (Algérie-Actualité, 30.1.86). Il est un véritable expert dans le
goubahi. (oral).

64GOUDRON V. CAFÉ-GOUDRON.

65GOUL (de l’arabe) v. à l’impérat. Disponible, oral. Dis ! Goul ! C’est


encore loin Sétif ? (Slim, 1981, 38). Goul : AA ! (Algérie-Actualité,
3.5.84). Popoh ! Paraît que ce sont des Algériens qui ont fabriqué cette
machine. – Goul ouallah ! (El Moudjahid, 20.2.86). V. GOULER,
GOULOU.

66GOULER (terme de formation hybride arabe goul + suffixe français -


er) v. intr. Disponible, oral surtout, milieu des jeunes. Parler, déclarer. La
dernière pièce que j’ai réalisée, elle avait pour titre : « Tu goules ou tu
goules pas. » (Révolution africaine, 11.6.85). Il goule à longueur de
journée qu’il est malade. (oral).
67GOULOU (de l’arabe) Loc. verb. à l’impérat. Disponible, oral. Dis-
lui ! Goulou que je vais venir ce soir. (oral). Goulou que je l’attends au
café. (oral). V. GOUL, GOULER.

68GOUM (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Troupe de cavaliers


arabes. El Khazen pénétra les armes à la main dans les États de Tougourt
et se montra devant la capitale avec des goums nombreux. (Feraud, 1975,
77). […] seront organisés deux villages de toile à l’intention des gens du
goum (fantasia) avec tout ce qui est nécessaire à leurs chevaux. (El
Moudjahid, 1.9.85). Le Goum, tradition ancestrale chez les populations
de la Mekerra, a été revalorisé en faisant appel à des personnes de
métier. (El Moudjahid, 19.6.88).

692. Vieilli mais disponible. Groupe de cavaliers auxiliaires, contingent


militaire fourni par les tribus à l’administration coloniale française. Les
« appelés » devaient constituer des « goums ». Aussi leur était-il enjoint
de se présenter avec cheval et l’équipement complet. (Boutarène, 1982,
135). Enfin il donne le signal, entraîne son goum, prend la tête avec un
fanion, ses écuyers et ses plus fidèles, et si le danger presse, part au
galop du côté de l’endroit menacé. (Bouzar, 1983, 384).

70Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF, IFA.


V. GOUMI, GOUMIER.

71GOUMBRI V. GUEMBRI.

72GOUMI (de l’arabe) n. m. (pluriel : goumiyas). Disponible,


connotation péjorative. Cavalier indigène qui fait partie d’un contingent
militaire fourni par les tribus à l’administration coloniale française. Les
harkis et les goumis ratissent la campagne de long en large durant toute
la journée mais en vain. (El Moudjahid, 1.11.84). Si Slimane attaqua la
colonne et tua le colonel tandis que les spahis et les goumis qui
l’accompagnaient passaient avec armes et bagages. (Algérie-Actualité,
9.4.84). Il n’est ni harki, ni goumi, ni issu de la promotion Lacoste. (El
Acil, 17.1.96). Tu crois que c’est un goumi. C’est un Algérien, un vrai de
vrai, koh ! N’est-ce pas que tu l’es ?… Tu vois, il a dit oui et il va nous
aider à coincer ce traître de Mouffok et ses amis. N’est-ce pas
Mohamed ? – Ce pédé est un goumi ! Laisse-moi faire et tu verras s’il ne
va pas chanter ! (Mokeddem, 1999, 196). Pour écarter le Président de
l’APC, certains élus n’ont pas hésité, voire lésiné sur le choix des
« armes » en qualifiant ce dernier de « fils de goumi ». (El Watan,
25.11.99). V. GOUM, GOUMIER, HARKI.

73GOUMIER (terme de formation hybride dérivé de goum + suffixe -


ier) n. m. Vieilli mais disponible, connotation péjorative. Cavalier
indigène qui fait partie d’un contingent militaire fourni par les tribus à
l’administration coloniale française. Il faut faire très attention, car les
goumiers sont nombreux et actifs dans la région. (El Moudjahid,
20.8.84). Un groupe de goumiers a été décimé par les
moudjahidine. (Ouahioune, 1984a, 121). Un groupe de
goumiers s’acharne sur le cadavre d’une femme dont on ramasse plus
tard les morceaux. (El Moudjahid, 16.1.85). Elle avait ouvert, aussi, les
portes à de sanglants déchirements entre les patriotes, permettant par là
le noyautage des institutions naissantes par les harkis et les
goumiers. (El Acil, 18.3.93). À partir de ce moment, les Français ont mis
sa tête à prix. Son oncle Ahmed, qui craignait pour sa vie, a engagé deux
goumiers pour le traquer. (Tengour, 1997, 127).

74Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF, IFA. V. GOUM,
GOUMI.
75GOUMIYAS pluriel de GOUMI. […] afin de ne pas revivre
l’expérience des listes électorales de 91, sur lesquelles étaient portés les
noms de harkis, de goumiyas, les détenteurs du double passeport et même
des Français. (El Acil, 17.1.96).

76GOURBI (de l’arabe) n. m. 1. Courant. Habitation traditionnelle, en


terre battue et toit de chaume. Son gourbi de terre sèche contenait une
famille si extraordinaire qu’il renonçait la plupart du temps à
l’affronter. (Kateb, 1956, 75). L’érection du village socialiste au cœur du
désert signifie la fin du gourbi et le terme mis à la mentalité du
gourbi. (El Moudjahid, 2.2.79). Les fellahs furent très vite enchaînés
dans le douar encerclé, leurs gourbis brûlés. (El Moudjahid, 1.5.85). La
misère n’existe pas dans notre pays. Le pouvoir politique a fait
disparaître le logement insalubre, et la jeunesse vit mieux aujourd’hui
que dans les bidonvilles d’hier et les gourbis d’autrefois. (El Hadef,
1.9.85). Constitué d’une vingtaine de gourbis construits en toub, Shadlia
est un douar perché sur le point le plus haut. (Liberté,
28.4.95). Comment pouvons-nous festoyer pour le 8 mars, en toute
impunité, quand nos sœurs d’Ajdir n’ont ni électricité, ni eau, ni un
minimum décent dans leur gourbi ? (El Watan, 10.3.97). On commence à
en finir sérieusement avec l’image surannée du fellah en guenilles,
habitant le gourbi et grattant misérablement et péniblement quelques
arpents de terre. (Le Matin, 14.8.97).

772. Courant, connotation péjorative. Habitation misérable, masure,


taudis. Ce dernier bidonville concentre quelque 3 000 gourbis. (El
Moudjahid, 7.12.84). Les cités périphériques […] n’étaient qu’une
succession de gourbis et de constructions anarchiques dépourvus de
toutes les commodités. (El Watan, 1.3.93). Ne travestissons pas la réalité
qui fait que d’autres Algériens occupent encore en 1993 des gourbis en
zinc. (El Moudjahid, 6.4.93). Ils continuent à habiter les gourbis que
« França avait bâtis pour nous » (sic). (El Acil, 28.4.93). El Kala, du
gourbi en zinc au gourbi superposé. (El Watan, 24.1.96). Des centaines
d’horribles gourbis s’amoncelaient sur le terrain vague : toitures
défoncées, enclos bricolés avec des plaques de tôle ondulée et de
morceaux de voitures, fenêtres découpées dans des caisses, recouvertes
de plexiglas poussiéreux et de cartons pourris, flaques grouillantes de
bestioles, fourgons désossés couchés en travers des « patios »,
monticules d’ordures ménagères. (Khadra, 1999, 174). À l’intérieur du
gourbi, tout de zinc et au sol de terre battue, un grand chaudron bout sur
une « Chappée » alimentée par une bouteille de gaz. (Quotidien d’Oran,
16.12.99).

78Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR,


TLF. V. GOURBIVILLE, GOURBISATION, DÉGOURBISATION.

79GOURBISATION (terme de formation hybride dérivé de gourbi +


suf.-isation) n. f. Courant. Apparition de gourbis, construction de
bidonvilles, bidonvillisation. Les experts préconisent de sédentariser le
nomade. On avance les chiffres de 222-279 familles vivant de la steppe
dont 131 avec « gourbisation » et perte de qualités
professionnelles. (Bouzar, 1983, 1, 258). Tizi-Ouzou n’est guère
épargnée, elle aussi, par la « gourbisation ». Aux extrémités est et ouest
de la ville ont été implantés deux bidonvilles. (Algérie-Actualité,
15.9.83). La gourbisation des principales villes d’Algérie est une
conséquence de la dégradation de l’économie du pays et de l’exode
rural. (oral). V. BIDONVILLISATION, GOURBI.

80GOURBIVILLE (mot composé de gourbi et de ville) n. f. Disponible.


Bidonville, ville constituée de gourbis. La population qui est estimée à
environ 100 000 habitants, est concentrée, pour presque la moitié, dans
les quatre grandes « gourbivilles ». (El Watan, 1.3.93). Une
implantation humaine relativement continue a fait atteindre à la ville le
nombre estimé vers les 100 000 habitants dont environ la moitié campe
dans les quatre grandes gourbivilles : Lalaouia, Mezghiche, Ibn Rochd,
Hamma Loulou. (El Acil, 21.3.93). Souk Ahras est souvent présenté
comme un tissu urbain aux incohérences formées essentiellement par les
gourbivilles. (Le Matin, 21.10.93). En Algérie, il n’y a plus que des
gourbivilles. (oral). V. GOURBI.

81GOUSS V. GAOUS.

82GOUVERNEUR n. m. Disponible. Responsable nommé à la tête du


gouvernorat du Grand-Alger. Dans ce contexte, le premier gouverneur du
Grand-Alger dira que cette décision intervient après une mûre réflexion
et qui avait pour objectif de rendre à notre capitale son prestige d’antan.
(El Moudjahid, 1.8.97). Le gouverneur d’Alger, M. Cherif Rahmani, a
procédé hier à la nomination officielle des douze délégués auprès des
circonscriptions administratives qui constituent le gouvernorat du
Grand-Alger. (Le Matin, 5.8.97). Lancé par le gouvernorat du Grand-
Alger, ce projet fait partie du Grand Projet Urbain (GPU) qui a été initié
dès la nomination de Chérif Rahmani. Le gouverneur du Grand-Alger
voulait avoir « sa nouvelle ville » et doter ainsi la capitale d’un statut
plus valorisant. (El Watan, 17.2.00).

83Com. : Le poste, créé le 1.8.1997, a disparu avec la suppression du


gouvernorat d’Alger, le 1.3.2000. V. MINISTRE-GOUVERNEUR.

84GOUVERNORAT n. m. Courant. Circonscription administrative qui


a regroupé, du 1.8.1997 au 1.3.2000, la capitale Alger et sa région. En
effet, le gouvernorat du Grand-Alger accordera aux wilayas concernées
des subventions financières en tranches jusqu’au 31 décembre
1997. (Horizons, 1.8.97). L’entrée en vigueur du nouveau statut de la
capitale a été marquée par l’organisation d’une cérémonie, ce jeudi, au
siège du gouvernorat d’Alger. (La Tribune, 1.8.97). Le nouveau territoire
du gouvernorat du Grand-Alger s’étend sur une superficie de 80 919
km2 pour une population de 2 620 000 habitants, selon le dernier
recensement. (La Tribune, 1.8.97). La capitale n’est plus une wilaya mais
un gouvernorat. (Le Matin, 1.8.97). À partir de jeudi passé, à minuit,
Alger s’est dotée d’un nouveau statut de gouvernorat. Désormais, le
nouveau découpage territorial du gouvernorat du Grand-Alger
comprend 28 arrondissements urbains et 29 communes. (Le Soir
d’Algérie, 3.8.97). Le survol de l’agglomération du gouvernorat du
Grand-Alger met en évidence un déséquilibre spatial. (El Watan,
10.11.99). Après avoir saisi le conseil constitutionnel, Bouteflika dissout
le gouvernorat. Alger redevient wilaya. (Liberté, 2.3.00).

852. Disponible. Par extension, bâtiment abritant les services du


gouvernorat, et services eux-mêmes. Le gouvernorat d’Alger invite le
FFS à déposer une demande, laissant entendre que la réponse sera
positive. (Charef, 1998, 123). « Ça change tous les jours » soupire,
débordée, l’une des nombreuses chargées de communication, installée
dans les bureaux « du millénium d’Alger », au pied du gouvernorat. (La
Tribune, 25.1.00). […] l’exposition de peinture que nous présentions face
au gouvernorat du Grand-Alger. (Liberté, 3.2.00). Le stand
sera reconstitué à Alger, plus exactement au niveau des voûtes du
gouvernorat. (Liberté, 5.2.00).

86GOUWAL, GOUWWAL V. GOUAL.


87GRADUATION n. f. Courant, milieux universitaires. Premier et
deuxième cycles universitaires. Les titulaires d’un diplôme de graduation
délivré par l’U.F.C. peuvent s’inscrire en post-graduation dans les
établissements supérieurs. (El Watan, 30.3.94). Modalités de progression
et d’évaluation dans les études de graduation. (Affiche administrative,
Université de Constantine,1996). Les inscriptions en graduation
commenceront le sept septembre. (oral).

88GRANDE MOSQUÉE n. f. Disponible. Mosquée principale d’une


ville. Les meilleurs récitants des hadiths […] ont été récompensés au
cours d’une cérémonie qui s’est déroulée à la Grande Mosquée. (El
Moudjahid, 23.1.83). Le cortège funéraire transportant la dépouille du
président a pris son départ en direction de la grande mosquée située à la
Place des Martyrs. (L’Opinion, 2.7.92). Le Ministère des Affaires
religieuses a organisé, mardi soir à la grande mosquée à Alger, une
cérémonie religieuse. (El Moudjahid, 10.8.95). L’imam de la grande
mosquée est menacé par des intégristes. (oral).

89GRIMPEUR n. m. Disponible. Ouvrier qui grimpe au palmier pour


effectuer les travaux d’entretien ou pour cueillir les fruits. Cet effectif est
insuffisant pour l’entretien de la palmeraie qui constitue la principale
activité du domaine […] Imaginez-vous qu’un grimpeur, ouvrier de plus
en plus rare, réclame une rémunération de l’ordre de 200 à 250 DA.
jour. (Afric-Éco, 1.2.86). À Biskra, il est très difficile de trouver des
grimpeurs pour l’entretien des palmiers. (oral).

90GRUTISTE n. m. Grutier. Disponible. Les treitistes font le travail des


grutistes… (El Moudjahid, 24.4.78). Cherche grutiste qualifié ayant trois
années d’expérience. (El Acil, 10.12.93) Le grutiste du chantier a fait une
fausse manœuvre qui a causé de considérables dégâts. (El Watan,
10.12.93). Il est heureux car il a trouvé un travail, il est recruté comme
grutiste au chantier de la casbah. (oral). V. ENGINISTE.

91GSE V. GESTION SOCIALISTE DES ENTREPRISES.

92GUASSRA, GUESSRA (de l’arabe) n. f. (pluriel : guassrat).


Disponible, oral surtout. Veillée, soirée entre parents et amis.
Spécialement, soirée entre hommes pendant le mois de ramadhan. Les
amis se réunissent autour d’un thé : « guessra » et zetla, c’est une
période où les gens veillent tard, ils consomment plus. (Algérie-Actualité,
11.4.91). V. SAHRA.

93GUASSRAT pluriel de GUASSRA. Son père lui défendait de se


rendre aux guassrat de ses amis, car il les soupçonnait de fumer. (Le
Matin, 5.3.93). Les guassrat entre hommes ont fait de lui un drogué : kif
et cachets, il ne laissait rien. (oral).

94GUEBLI (de l’arabe) n. m. 1. Spécialisé. Vent brûlant du sud. Le


« guebli » va ruiner le village. (Benhedouga, 1982, 38). Tu ne boiras
jamais assez d’eau fraîche pour supporter le guebli ardent. (Ouahioune,
1984a, 114). Je redoute le guebli en été. (oral).

95Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. CHERGUI, CH’HILI,


SIMOUN.

962. Disponible, oral surtout. Nomade du sud. Il fallait à ces Telliens se


liguer pour résister à la malveillance et à la sourde hostilité des
« gueblis ». (Boutarène, 1982, 79). Eux, ce sont des cherguis, nous des
guéblis. (oral).

97GUELAÂ (du chaoui) n. f. Spécialisé. Grenier collectif dans les


Aurès. Ils [les douars] sont dominés par les « guelaâs », sortes de
greniers communautaires où est conservé l’excédent des récoltes et
servant en cas de besoin de postes d’observation fortifiés. (El Moudjahid,
7.8.77). La guelaâ collective comportait 150 pièces servant de dépôt au
moment de la transhumance au mois de mars de chaque année. (Algérie-
Actualité, 20.12.83). Les Chaouias aux coutumes originales vivent dans
des dechras, véritables nids d’aigles accrochés aux parois de la
montagne dominant les guelaâs. (El Moudjahid, 23.6.85).

98GUELIL V. GUELLIL.

99GUELLAL, GALLAL (de l’arabe) n. m. Disponible. Tambour


traditionnel fait d’un cylindre en bois et d’une peau tendue à l’une de ses
extrémités. Les meddahs assistés de flûtistes faisaient résonner le
« gallal », alors que tonnait le « baroud ». (Boutarène, 1982,
146). Ensuite est venu Cheikh Esma qui commença par interpréter des
paroles sans flûte ni guellal dans les souks et à l’occasion des
fêtes […] les choses se sont développées par l’introduction de la flûte et
du guellal en terre cuite et tronc de sebar. (El Moudjahid, 19.12.85). Les
Bédouins chantent, par exemple, la poésie selon leur air, en
s’accompagnant de gasba et guellal. (El Moudjahid, 9.1.86). Soufflant
dans leurs ghaïta, gasba et guellal, un groupe de musiciens traversait
avec nonchalance les ruelles ombragées. (Alger républicain, 1.3.92). Un
cheikh local avait tenté de s’approprier les textes des différents tubes en
vogue à l’époque, tout en maintenant l’instrument propre au bédouin
(gallal et gasba). (El Watan, 9.5.94). Par contre, le style sara, plus
rythmique, diffère d’abord par le chant, mais aussi par l’introduction du
guellal. (El Watan, 29.7.96). Cette chanson, née d’une guesba et d’un
guellal sur un fonds mélodique de pleureuses, est une fille maudite reniée
à sa naissance. (El Watan, 27.10.97).
100GUELLALINE(S) pluriel de GUELLIL. C’est cher, très cher, on
n’arrive plus à nourrir nos enfants, c’est pas le gouvernement qui paie,
mais nous les guellalines, les pauvres. (El Watan, 10.11.90). Tout le
monde trafique, le gouvernement en premier, et nous les guellalines, on
va rester à les regarder ? (Algérie-Actualité, 11.4.91).

101GUELLIL, GUELIL (de l’arabe) adj., n. (pluriel : guellaline(s)).


Disponible. Pauvre, miséreux. Je préfère encore laver leurs latrines que
vivre « guellil » dans ce pays. (Le Matin, 2.1.93). Quelque 900 forages
sauvages sont recensés, dont 400 ont été fermés. Pourquoi ferme-t-on au
pauvre guelil, et les riches exploitants qui paient les pots de vin, on ne les
touche pas ? (Liberté, 31.1.01). Un guellil comme moi ne peut pas vivre
dans ce pays. (oral).

102GUELTA (de l’arabe) n. f. (pluriel : gueltas, gueltate). Disponible,


oral surtout. Dépression remplie par l’eau de pluie, mare, marais. Les
oueds possèdent des gueltas qui se remplissent l’été et peuvent conserver
l’eau jusqu’aux crues suivantes. (Hoggar, 1956, 58). Le président de
l’Assemblée populaire communale d’El Harrach porte à la connaissance
des sociétés nationales et privées qu’elles peuvent déverser les gravats et
terres, à l’exception des ordures, dans la guelta sise rue Malika Gaïd. (El
Moudjahid, 28.4.81). La terre de ton pays, le sable de ton désert ne sont
qu’ossements de tes ancêtres et les rivières, les gueltas et la mer les ont
ensevelis après les avoir vu naître. (Baitar, 1989, 53). Ricochant de
flaque en guelta, la lune va fêter la nuit avec des guirlandes de jour.
(Mokeddem, 1995, 139). Elle est devenue par la force des choses, une
« guelta » où beaucoup de baigneurs, tous âges confondus, se retrouvent
dans des situations périlleuses. (Le Matin, 1.8.97). Le mauvais entretien
des canalisations d’eau a donné naissance à des gueltas où pullulent des
moustiques géants. (oral). V. CHOTT, DAYA, SEBKHA.
103GUELTATE pluriel de GUELTA. […] alors que les gueltate
d’Issakarassene (Hoggar) et de la vallée d’Iherir (Illizi) s’y [sur la liste
des zones humides protégées par la Convention de
Ramsar] inscrivent. (El Moudjahid, 28.1.01).

104GUEMBRI, GUEMBER, GUENBRI, GOUMBRI, GOMBRI (de


l’arabe) n. m. Spécialisé. Instrument de musique traditionnel à
cordes. Sur le plan instrumental, par exemple, le guembri a
apparemment disparu d’Algérie mais on le retrouve encore au
Maroc. (Algérie-Actualité, 25.8.83). D’artiste amateur – il fabriquait lui-
même ses « guembers » avec un manche à balai et une boîte de conserve
– il devient professionnel. (El Moudjahid, 16.9.83). On gratte un peu la
guitare ou le « guember ». (El Moudjahid, 13.11.83). Il s’agit de
M’barek, joueur de guembri, l’attraction des touristes de Jamâa
Elfna. (Le Soir d’Algérie, 3.5.93). Et l’homme, le seul, l’unique, était là
en attente, aveugle, tenant un curieux instrument long, le gombri, alors
que les qraqebs reposaient près de lui. (Bensmaïne, 1996, 17). De
nouveau, l’homme noir se mit à gratter son gombri de sons courts et
saccadés, excitant d’autres danseuses qui se jetèrent au beau milieu de la
piste, à même le marbre brillant. (Bensmaïne, 1996, 22). C’est le
guembri, un instrument à deux cordes qui donne le ton, rythme la
danse. (El Watan, 25.8.96).

105GUENNOUR (de l’arabe) n. m. Disponible. Coiffure très haute faite


d’un moule, d’un turban et d’un cordon, portée par certains notables. On
poussait le genre de l’originalité jusqu’à présenter des chevaux ayant
tous la même robe […] montés par des cavaliers de même taille
couronnés tous du traditionnel « guennour » à cordelettes de poils de
chameaux et burnous de laine. (Boutarène, 1982, 136). Il écoute
longuement en seroual loubia et guennour. (Algérie-Actualité, 9.5.92).
106Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. FEZ, CHECHIA.

107GUENTRA (de l’arabe) n. f. 1. Disponible. Pont. Alors les murs


d’enfance sont devenus ghettos d’aujourd’hui, « murs refuges », de tous
les incompris et de toutes les incompréhensions de jeunes qui viennent
prendre place à l’ombre de la « guentra » pour s’inventer d’autres murs
d’évasion. (Les Nouvelles de l’Est, 14.12.91). Constantine est
merveilleuse avec sa guentra Sidi-Rached. (oral).

1082. Disponible, oral surtout. Au fig,. lieu de passage obligé, tremplin


(pour atteindre un objectif). Il croit que je suis une « guentra », je lui ai
expliqué que tout doit passer par moi. (L’Événement,
15.12.91). Bencherif a déclaré haut et fort que le peuple, et à sa tête les
partis politiques, n’admettrait jamais plus d’être une guentra. (Algérie-
Actualité, 1.5.90). Guentra comme il est, tu règleras ton problème en
quelques minutes. (oral).

109GUERBA (de l’arabe) n. f. (pluriel : guerbat). Disponible. Outre en


peau de chèvre. Non, cette eau n’est pas fraîche, donne-moi celle de la
guerba. (El Moudjahid, 5.5.81). Au kanoun et à la guerba succèdent la
cuisinière et le réfrigérateur. (Algérie-Actualité, 10.5.84). Là, on
retrouve la guerba, le moulin, les ustensiles de cuisine, une grande caisse
de vêtements. (L’Événement, 15.12.91). Ensuite, munie d’une carafe, elle
se dirige vers la guerba, l’outre en peau de chèvre suspendue à un
trépied de bois. (Mokeddem, 1992, 15).

110Com. Attesté ds Duclos 1991. V. CHENOUA.

111GUERBAT pluriel de GUERBA. Puis, l’on remplit les guerbat. (El


Moudjahid, 12.8.77).

112GUESBA V. GASBA.
113GUESSA, GUESSA’A V. GAS’A.

114GUETNA (de l’arabe) n. f. Peu courant. Hameau. La totalité des


communes de la daïra est affectée de ces excroissances qu’on appelle
guetna, douars ou villages. (El Moudjahid, 23.8.83). Son fils vivait à la
guetna située sur les rives de Oued Hammam. (El Moudjahid, 2.1.86).
V. DECHRA, DOUAR.

115GUEZZANA (de l’arabe) n. f. (pluriel : guezanate(s)). Disponible.


Diseuse de bonne aventure, voyante, chiromancienne. La chouhafa,
« regardeuse d’avenir », voyante ou kahéna, ou même encore
« guezzana », ne connaît que l’art de semer à tout vent, à tout venant des
paroles d’espoir de promesses. (El Watan, 5.1.95).

116GUEZZANATE(S), GUEZANATE(S), GAZZANATS pluriel


de GUEZZANA. Prophétie de guezanate ? (Algérie-Actualité, 16.5.91).
[…] Cartomanciennes, sorcières, diseuses de bonne aventure ou
guezanate… dotées prétendument de pouvoirs surnaturels…(Dounia
Echabab, 1.1.93). La peur du néant, du vide, de l’incertain, de la mort
pousse certains d’entre nous à chercher refuge auprès des talebs, des
guezzanates, des cartomanciennes, des devins, des derwiches de tous
bords. (El Watan, 16.1.96). C’est ce que tentent de réaliser les vendeuses
d’espoir, les guezzanates ou diseuses de bonne aventure. (El Watan,
21.1.97). Nul ne l’apaisera, même pas les gazzanats, souvenir lointain de
la présence des tsiganes dans ton pays et le mien. (Ben Mansour, 1997,
344). Les guezzanate ont disparu de la place de la Brèche de
Constantine. (oral).

117GUITOUNE (de l’arabe) n. f. Disponible. Tente de campagne en


toile renforcée utilisée dans l’armée ou pour le camping. Après avoir
bataillé pour obtenir ces guitounes, de l’électricité et une relative
sécurité, ils poursuivent la lutte pour un logement décent. (Algérie-
Actualité, 9.12.82). Je ne suis pas intéressé par les complexes. Je ne me
vois pas dans une chambre étroite. Je préfère ma guitoune, c’est comme
si on était au bled. (Algérie-Actualité, 5.8.85). Le village est envahi de
tentes. Le soir, c’est la fête sous chaque guitoune : les femmes circulent
librement. (Algérie-Actualité, 27.4.93). N’ayant pas où aller, nous leur
avions demandé une guitoune. Cependant, ils n’ont pas répondu à cette
instance. […] Pourquoi n’a-t-on pas accordé de guitoune le 7 mars après
constatation, sur la demande de la défunte, de l’effondrement d’une
première partie de la bâtisse ? (Quotidien d’Oran 30.3.00).

118Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. KHAÏMA.

119GUWWAL V. GOUAL.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


HABAYA V. ABAYA.

2HABBA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Mesure traditionnelle de


distribution d’eau dans les foggaras. La foggara, cette espèce de galerie
souterraine génératrice d’eau, est chose sacrée […] Le débit d’eau ainsi
obtenu est partagé entre tous en fonction de participation suivant une
mesure définie à l’avance et qui est la « habba ». (Algérie-Actualité,
30.12.82). Les prix de la habba varient selon les régions. Ils se situent
autour de deux mille dinars pour le Touat. (El Moudjahid, 4.3.85).
V. FOGGARA.

3HAB-HAB, HEB-HEB, HEBHEB (de l’arabe) n. m. Disponible.


Mortier de fabrication artisanale. Les assaillants avaient d’ailleurs
commencé par lancer deux obus au hab-hab, un mortier artisanal, sur les
alentours de la garde communale. (Le Soir d’Algérie, 6.8.97). Deux
gardes communaux se dirigeaient vers le cantonnement lorsqu’ils furent
touchés par des tirs au hebheb, les blessant mortellement. (Le Matin,
14.1.00). Au cours de la même période, trois citoyens, un père de famille
et ses deux enfants, ont été tués au heb-heb, à sahel Boubarak. (Le Matin,
14.1.00). […] au lendemain d’un attentat au « hab-hab » ayant visé des
gardes communaux stationnés au niveau de Takdempt. (La Tribune,
7.2.00). Une patrouille de l’ANP a été surprise par des tirs aux heb-heb,
lancés par des terroristes. Dans cette attaque, un soldat a trouvé la mort
après avoir été atteint par l’un des projectiles artisanaux. (La Tribune,
22.3.00). Fabrication de hebheb, collecte de fonds et de munitions, soins
médicaux et renseignements tous azimuts, le groupe de soutien aux
groupes armés activant à khemis El Khechna (Boumerdès) était
pluridisciplinaire. […] Z. Boualem a été arrêté en possession d’un dessin
reproduisant un engin artisanal (hebheb). (El Watan, 26.4.00).

4HABOUS, HOUBOUS (de l’arabe) 1. n. m. Disponible. Fondation


pieuse musulmane. En 1830, de nombreux immeubles à Alger étaient
entre les mains des habous. (Benatia, 1980, 137). Mosquées, écoles
coraniques, zaouias appartenaient aux habous. (oral).

52. n. m. Disponible. Bien de mainmorte. Et nul l’héritage des


ancêtres ? Oui, mon petit frère, nul ! Les habous sont saisis, aussi bien
que les terres aarch. (Dib, 1967, 49). Comme après l’indépendance, les
Ulémas ont investi le pouvoir dans trois ministères clefs : l’Education,
les Habous et l’Information (Algérie-Actualité, 8.6.93). […] anciens
« Oukel » des beys sur la propriété de l’Eufra, c’est-à-dire des gérants
des habous, sorte d’administrateurs d’une terre domaniale. (El
Moudjahid, 11.8.97). Dans le cadre de l’application des nouveaux textes
de lois sur la gestion des biens appelés « houbous » (loi 91.10 et le
décret exécutif de décembre 98), la nidhara des Affaires religieuses
d’Oran veut récupérer tout ce qui appartient à ce secteur. (Quotidien
d’Oran, 5.2.00).

63. BIEN HABOUS loc. nom. m. Disponible. Bien appartenant à une


fondation pieuse musulmane. La religion islamique s’est répandue hier
tout comme s’est répandue la langue arabe à la faveur de l’adhésion
populaire et des efforts collectifs consentis par la communauté pour
constituer les biens habous. (El Moudjahid, 11.5.86). La répression se
manifesta par la confiscation des biens habous (biens du culte) qui
servaient aux besoins de la charité ou de l’instruction publique, et par la
destruction ou la fermeture des mosquées et des zaouias. (Lanasri, 1986,
23). La propriété privée, le bien collectif, le bien Habous, le bien de
l’État, rien n’a été respecté dans une gigantesque dépossession.
(Benmiloud, 1992, 22).

7Com. Le habous, l’une des institutions les plus célèbres et les plus
originales du droit musulman, peut être défini comme mise hors
commerce d’un bien demeurant au constituant tandis que l’usufruit serait
attribué à une association ayant une activité pieuse (mosquée, zaouïa
etc.). Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. WAKF.

8HACHA V. HACHAK.

9HACHACHINE pluriel de HACHAÏCHI. Nahnah se déchaîne alors


contre le FIS : « derrière la couverture politique du FIS se cachent des
criminels, des repris de justice, des “hachachine” (drogués dont on
fabriquait les assassins de Dieu, ndlr) des opportunistes, ceux qui veulent
solder de vieux comptes… ». (Le Matin, 1.2.96).

10HACHAÏCHI, HCHAÏCHI (de l’arabe) n. m. (pluriel : hachaïchis,


hachachine) Disponible. Personne qui fume du haschich. Il use de la
drogue depuis 40 ans. Je suis un hachaïchi, dira-t-il, je ne peux pas m’en
passer. (El Moudjahid, 2.1.70). […] plusieurs tableaux qui se déroulent
tantôt avec des combattants, tantôt au sein de la famille, tantôt entre
deux hachaïchis. (El Moudjahid, 25.7.77). Ala, instrument, support
sonore des rêves coloriés des haichaïchis […] Quand il « en » manque,
le hachaïchi a recours aux psychotropes. (Algérie-Actualité, 29.8.1991).
« Hachaïchi » signifie drogué, personne qui ne peut se passer de kif. (El
Watan, 16.8.94). Tu n’es qu’un hchaïchi qui, au troisième sebsi, prend
ses délires pour la réalité, et se met à voir la France en
déménagement. (Benaïssa, 1999, 45). V. CHIRA, KIF, MENCHACHA,
ZETLA.

11HACHAK, HACHEK, HACHA (de l’arabe) loc. Disponible, oral


surtout. Formule de politesse équivalant à « sauf ton respect ». Tu vois,
fiston, ces chats qui sont, hachek, propres, qu’en penses-tu ? (Khiari,
1981, 28). Monsieur le responsable, nous vous demandons pitié, nos
femmes accouchent dans le froid, « hachak ». (Algérie-Actualité,
9.12.82). Certains journalistes – hacha – disent que le public est indigne,
qu’il ne sait pas se tenir. (Algérie-Actualité, 23.2.84). Je m’approche
d’un groupe de jeunes, je demande une cigarette pour dissiper le
sommeil qui ferme les yeux : « Hachak ! », l’un d’eux continue de
raconter une histoire de coups de poing dans laquelle apparemment il a
le dessus. (Algérie-Actualité, 10.7.86). Il faut vous dire, messieurs, que
chez ces gens-là, l’on préfère ne pas avoir affaire aux histoires de la
piétaille, « Hacha »… (El Acil, 17.1.93). On m’a analysé le sang… Et
aussi les urines, hachek ! (Achir, 1997, 84). Ceux qui savent et picolent
sur son compte, ainsi que les deux pouf…euh…femmes, hachak, qu’il
finance, elles sont depuis longtemps fichées. (Sansal, 1999, 134).
V. HACHAKOUM.
12HACHAKOUM (de l’arabe) adv. Disponible, oral surtout. Formule
de politesse équivalant à « sauf votre respect ». Et toi, as-tu vu Farid,
celui-ci est un… hachakoum.. (Khiari, 1981, 18). Frappé de tous les
anathèmes pour être l’ancêtre du porc et du cochon, interdits à la
consommation par notre religion sauf en cas de nécessité absolue et dont
il faut faire suivre le nom de « hachakoum » qu’il nous arrive de
prononcer, le sanglier n’en finit pas d’être l’animal le plus honni de la
création. (El Watan, 14.2.93). Et pour faire ses besoins, hachakoum,
c’est toute une autre histoire. (oral). Hachakoum, il a été traité de
voleur. (oral). V. HACHAK.

13HACHEK V. HACHAK.

14HACHMA, HECHMA, H’CHOUMA (de l’arabe) n. f. Courant.


Pudeur, timidité, honte. Le poids du code traditionnel que la jeune fille
n’arrive pas à secouer, conditionnée qu’elle est depuis son enfance par
son éducation : « hechma » et peur phobique du père. (El Moudjahid,
24.4.85). Quel est l’espace social d’intervention entre le taleb, la
« hachma » comme refus d’assumer la maladie mentale par la
famille ? (Algérie-Actualité, 20.3.86). Ils disent qu’ils te protègent, qu’ils
sont un rideau contre la h’chouma. – Contre la honte. – Oui, contre la
honte. (Mokeddem, 1993, 134). Nos filles sont caractérisées par une
« hachma » prononcée […] Où sont passées la « horma » et la
« hachma » d’antan où les filles n’osaient même pas élever la voix ? (El
Acil, 17.1.93). On peut dire que la « hechma » ne les quitte pas du début
à la fin. (Confidences, 26.4.93). Ils représentaient également des hommes
providentiels pour des jeunes femmes en détresse, pour des jeunes
femmes qui, surmontant pudeur, éducation et « hechma », prennent sur
elles d’aller au-devant de ces hommes pour mettre leur cœur à
nu. (Confidences, 26.4.93). L’enquête a révélé que, parmi les difficultés à
une écoute plus assidue, celle relative au manque de temps prédomine ;
il faut y rajouter l’absence ou la panne de TV, la hachma (honte), etc. (El
Watan, 10.3.97).

15HADANA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Garde et éducation d’un enfant


de parents divorcés ou incapables de s’en occuper. L’époux qui a été
contraint d’abandonner au domicile ses effets vestimentaires et ceux de
ses enfants dont il a la hadana […] peut en demander la restitution au
cours de la procédure de divorce. (El Moudjahid, 25.2.81). La hadana
est la surveillance et l’éducation de l’enfant dans la religion de son père
et la sauvegarde sur le plan de la santé physique et morale. (El
Moudjahid, 12.1.82). La hadana a été confiée à ma belle-mère par
jugement et arrêt confirmatif. (El Moudjahid, 22.11.83). V. HADINA.

16HADAOUI, HADDAOUI, HEDDAOUI (de l’arabe) 1. n. m.


Spécialisé. Musique traditionnelle spécifique de la région oranaise. Elle
eût voulu gambader dans les espaces infinis et, aussi belle qu’une
gazelle, danser le haddaoui jusqu’à s’étourdir. (M’hamsadji, 1969,
115). Certaines chansons comme rani m’haïr (un classique) étaient
chantées aussi bien sur un mode que sur un autre, parfois lors d’une
même interprétation. Le premier, appelé le heddi ou haddaoui
(littéralement proche de s’envoler), était conçu pour la danse, alors que
le deuxième appelé raï (conseil) pour la méditation. (El Watan,
27.10.97). Les jeunes filles aiment danser le hadoui. (Oral).

172. adj. Spécialisé. Qui concerne cette musique. La relation dialectique


histoire sociale – histoire individuelle serait revécue à travers la chanson
« chaabi », les danses « hadaoui » et « laalaoui ». (El Moudjahid,
13.3.84). Le rythme hadaoui a beaucoup inspiré les chebs du raï. (oral).
18HADINA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Personne qui a la charge
d’élever un enfant dont les parents sont divorcés ou incapables de veiller
à sa santé physique et morale. Le jugement qui a prononcé la dissolution
du mariage et a consacré votre ex-épouse dans la qualité de hadina de
votre enfant vous a condamné à payer des pensions alimentaires. (El
Moudjahid, 10.3.80). Comment un père algérien peut-il suivre l’évolution
de son enfant et contrôler si véritablement la mère remplit toutes les
conditions pour être hadina si l’enfant est totalement soustrait à son
autorité ? […] Enfin lorsque la hadina se remarie, le père peut
reprendre son enfant. (Algérie-Actualité, 11.7.85). V. HADANA.

19HADITH (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Recueil des actes et paroles


du Prophète Mahomed. Le père du jeune homme enseigna durant des
années le Hadith sous les coupoles de la mosquée du Prophète puis
mourut. (Bennabi, 1965, 131). À la grande mosquée d’Alger s’est
déroulée hier matin la cérémonie inaugurale de la lecture du hadith du
Prophète. (El Moudjahid, 25.3.85). On procédait à des investigations
profondes sur l’authenticité de la « Riouya » (transmission du Hadith) et
sur le superflu du rapporteur du Hadith. (El Moudjahid, 18.3.93). Ces
bêtises du hadith qui veut te faire vivre comme elles vivaient, les femmes
et la fille de Mohamed, le Prophète. (Mokeddem, 1993, 130). Entre
Coran et hadith (les paroles du Prophète), tout est dit sur l’attitude du
musulman face à l’amour. (El Watan, 22.1.96). Ceux-ci lui inculquèrent
les règles de la rhétorique arabe, la logique formelle, la théologie et le
hadith. (El Watan, 8.2.00).

20Com. Attesté ds TLF, GR.

212. Courant. Par extension, texte évoquant un acte ou une parole du


Prophète La seconde source scripturale de l’islam se trouve dans les
paroles du Prophète ou Hadiths. (Bennabi, 1979, 34). Mania connaissait
le Coran par cœur, le lisait dans le texte et le commentait en se fondant
sur des hadiths. (Ben Mansour, 1990, 55). Le verdict a été accompagné
par la suite de quelques propos du président qui a invité les accusés à
s’éloigner du terrorisme et à œuvrer pour l’édification du pays,
invoquant des hadiths du Prophète à l’appui. (El Watan, 26.2.93). Le
programme de veillées religieuses élaboré à cet effet comprend une série
de prêches, avec une moyenne de deux par jour, qui seront consacrés à
l’explication des versets coraniques et aux hadiths traitant de ce mois de
jeûne et de ses vertus. (Ouest Tribune, 2.2.95). Le hadith est un propos,
un dit ou plus spécialement un propos du Prophète, explication d’une
obligation divine, directive ou alors recommandation. (Liberté, 5.2.96). Il
se rappelle ce hadith dans lequel il est dit que les djinns mécréants
brûlent dès qu’ils entendent le verset du Trône. (Gastel, 1999, 61). Je
n’ai pas besoin d’un verset coranique ou d’un hadith pour comprendre
qu’il m’est impossible d’aimer plus d’une femme. (Le Matin, 27.12.99).

22HADHRA V. HADRA.

23I. HADJ, EL HADJ, HAJJ (de l’arabe) n. m. Courant. Pèlerinage à


La Mecque, aux Lieux saints de l’islam. Le hadj ne doit pas donner lieu à
des réjouissances. C’est un devoir religieux comme les autres. (El
Moudjahid, 20.11.78). La commission nationale de pèlerinage porte à la
connaissance des citoyens désireux de se rendre aux Lieux saints de
l’Islam dans le cadre de la campagne du hadj que l’opération inscription
est prolongée. (El Moudjahid, 27.1.85). Comme il convient de prévoir
une campagne d’explication concernant les rites du pèlerinage, bien
avant le départ aux Lieux saints de l’Islam et, pourquoi pas, organiser
des concours, à l’intention des pèlerins, relatifs à la pratique du
hadj. (La Nation, 2.7.96). Puis la prière devient un devoir, le Ramadan
une obligation, le hadj une chance et la mort inévitable au moment où la
guerre d’indépendance arrive. (La Nation, 30.7.96). Le président
Rafsandjani va repousser sa visite en Arabie Saoudite après le hadj. (El
Ouma, 9.4.97). La campagne de hadj et omra s’est déroulée dans des
conditions accceptables. (El Watan, 20.1.00). Hadj. 27 000 Algériens au
rendez-vous [Titre]. Le nombre de personnes devant se rendre cette
année aux Lieux saints de l’Islam pour accomplir le rite du hadj est
estimé à 27 000. (Liberté, 10.2.00).

24II. HADJ, EL HADJ, AL HADJ, HAJ (de l’arabe) n. m. (féminin


singulier : hadja ; masculin pluriel : hadji(s) ; féminin pluriel : hadjate) 1.
Courant. Musulman qui a fait le pèlerinage à La Mecque et porte en
conséquence le titre de (el) hadj. Alors Si Mokhtar calcula qu’il avait à
peine de quoi payer le guide obligatoire chargé d’accompagner chaque
hadj de Djeddah à Médine sur le tombeau du Prophète. (Kateb, 1956,
111). Hadj Kaddour, la cinquantaine bien portée, s’est lancé dans
l’aventure de la mise en valeur en janvier 1983. (El Moudjahid,
4.3.85). D’ailleurs, El-Hadj, toi, qui aimais rester loin du bruit des
chanteurs et des danseurs qui faisaient « éclater » la nuit jijélienne,
n’as-tu pas maintes fois dit tes craintes pour l’avenir, pour certaines
libertés ? (El Acil, 21.1.93). C’est un syndicaliste des chemins de fer,
ancien sportif et hadj. (El Watan, 19.3.95). Par la suite, il ajouta que le
titre de El Hadj ne doit même pas être donné au vrai pèlerin. (Révolution
africaine, 30.8.95). On se demande une fois de plus, quel sera le contenu
du rapport de mission de « ces missionnaires » qui travaillent jusqu’à
« quatorze heures » par jour pour le confort de nos pèlerins, sinon le
shopping, grâce aux frais de mission et le titre de hadj… réellement
mérité. (El Manchar, 20.5.96). Devenu « hadj », il consacra le restant de
ses jours à composer des madhs au Prophète. (Ben Mansour, 1997, 186).
25Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, IFA, GR, TLF.

26HADJA, AL HADJA, LHADJA, HAJJA, EL HADJA féminin


singulier de HADJ (II). C’est le premier déplacement que j’effectue avec
les hadjis, j’ai eu la chance d’avoir été choisie par la commission
ministérielle. Au retour, je prendrai le nom de « hadja ». (El Moudjahid,
24.1.70). La jeune hadja va s’installer pour toujours dans le petit centre
de colonisation. (El Moudjahid, 29.11.84). Je t’en supplie, al hadja sera
très déçue si nous lui disons que tu ne seras pas présente au mariage de
Djalal. (Ben Mansour, 1990, 179). Elle avait le beau rôle « lhadja », sa
politique d’intimidation connut un vif succès. […] L’intervention de
« lhadja » fut désormais mentionnée dans l’histoire familiale et fut fixée
comme une photo dans un album. (Mouzaia, 1994, 30). Une « hadja »,
récemment retraitée de l’enseignement, a frôlé la mort à la suite d’un
malaise cardiaque, abandonnée par ceux qui étaient chargés et surtout
payés pour veiller sur nos hadjis. (El Manchar, 20.5.96). Un peu plus
loin, d’autres jeunes prennent en charge des vieilles à la recherche de
leurs enfants : « N’aie crainte hadja. Hakim n’était pas devant la
boulangerie. ». (Liberté, 20.1.97). Voyage vers la
Mecque [Titre]. Dernières embrassades, dernières armes et éternelles
recommandations : « Lhadja, n’oubliez pas de prendre vos médicaments.
Lhadj, prenez soin de maman. Faites une prière pour nous. » (Quotidien
d’Oran, 2.3.00).

27HADJAM (de l’arabe) n. m. Peu courant. Personne qui pratique la


circoncision. Le hadjam vient de trancher le prépuce. […] il existe
d’excellents « hadjam » qui n’ont jamais raté leur coup. (El Moudjahid,
4.10.84). La circoncision doit être effectuée par le « hadjam » seul à
même d’apporter au cérémonial sa solennité religieuse. (Toualbi, 1983,
34). V. CIRCONCISEUR, CIRCONCISER.
28HADJATE féminin pluriel de HADJ (II). Les vieilles grand-mères
n’ont plus la force d’officier comme autrefois, elles sont là, pour la
baraka, hadjate, toutes habillées de blanc. (Algérie-Actualité,
8.6.93). Combien de vieux pèlerins, hommes et femmes, ont été serrés
comme des sardines et combien de hadjis et hadjate sont tombés
inconscients ! (La Nation, 2.7.96).

29HADJI(S) (de l’arabe) pluriel masculin de HADJ (II). 70 hadji


environ ont pris le départ hier matin de Tamanrasset à destination de
Djeddah. (El Moudjahid, 24.8.84). Les responsables ont longuement
expliqué les conditions de voyage et de séjour des futurs hadjis aux Lieux
saints de l’Islam. (El Moudjahid, 20.6.88). Tous les hadjis, sebha à la
main, murmurant des prières, attendaient l’annonce du départ de leur
contingent. (El Acil, 4.2.94). Des cas de méningite ont été signalées
parmi les hadjis algériens. (El Watan, 25.1.95). Les hadjis sollicités
« hors caméra » à leur arrivée à l’aéroport Houari Boumediene nous
ont fait part du calvaire qu’ils ont enduré tout au long de leur séjour à
Médine et surtout à La Mecque. (El Manchar, 20.5.96). Les pèlerins de
la wilaya de Tindouf, au nombre de 177 hadjis, ont regagné au début de
cette semaine Tindouf à bord d’un vol de la compagnie nationale « Air
Algérie ». (El Acil, 7.5.97). Voyage vers La Mecque [Titre]. Les futurs
hadjis, presque tous vêtus de blanc, par vagues successives, commencent
à arriver vers l’aéroport. (Quotidien d’Oran, 2.3.00).

30HADJ MOUSSA ET MOUSSA HADJ (C’EST -) loc. verb.


Disponible. Bonnet blanc et blanc bonnet, pareil, exactement la même
chose. À ses yeux, « l’opération Club des Pins » consiste un peu à
prendre à Hadj Moussa pour donner à Moussa Hadj… (El
Moudjahid 6.4.93). X ou Y comme ministre de l’Éducation, c’est Hadj
Moussa et Moussa Hadj. (oral). V. KIF-KIF.
31HADRA, HADHRA (de l’arabe) n. f. Disponible. Cérémonie
religieuse consacrée à des danses liturgiques accompagnées de chants
louant Dieu et comportant des séquences à vocation thérapeutique
(transes). Puis une vieille femme vint à conduire une à une au milieu de
la salle toutes les jeunes femmes qui étaient venues subir la
« hadra ». (Mammeri, 1965, 118). À la fin de la « hadra » il se trouvait
toujours une personne qui entrait en transes, emportée par le rythme, ce
qui enlevait à celui qui voulait une prière, toute sa volonté. (Achour,
1978, 49). La sécheresse frappait bêtes et céréales […] Le derviche
songea à donner une « hadra », une fête en l’honneur du
marabout. (Benhedouga, 1982, 105). Chaque année, les pieuses
personnes se regroupaient dans la vieille mosquée pour réciter le Coran
et danser la hadhra traditionnelle. (El Moudjahid, 15.12.84). Moi, je vais
vous dire, j’avais la tête plus solide quand j’allais régulièrement aux
hadras. (Mokeddem, 1993, 247). […] sans oublier les couscous odorants
parfumés de cannelle, nécessaires à l’apparat de cette hadra, de ce
diwan auquel on avait sacrifié une dizaine de moutons comme
offrandes. (Bensmaïne, 1996, 23). Viens avec moi à la hadra. Les hadras
sont des réunions de femmes autour de la célébration d’Allah et de son
Prophète. […] Si des chants liturgiques inauguraient toujours les hadras,
ils n’étaient plus que de courts préludes au répertoire féminin. (Le Matin,
14.8.97). V. ZERDA.

32HADRI (de l’arabe) 1. n. m. (féminin : hadria). Disponible. Citadin,


(personne) habitant en ville. Instinctivement, le hadri se méfie du
beldi… (Benatia, 1980, 63). Plus encore, c’est la citadinité, le caractère
hadri que reflétait une brillante civilisation que nous devons récupérer et
apprendre à nos jeunes Algérois. (La Tribune, 20.1.00). Est hadri
l’Algérois de souche et non n’importe qui. (oral).
332. adj. Disponible. Qui se rapporte à un style de musique citadine
traditionnelle. Les jeunes venus de toutes les localités du pays se
produiront devant des jurys, en compétition dans toutes les disciplines
artistiques et culturelles : théâtre, ensembles vocaux, danses populaires,
chaâbi (rifi et hadri)… (El Moudjahid, 7.7.85). Le lendemain, c’est de
musique chaâbi, genre « rifi » et « hadri », que fut gratifié le public. (El
Moudjahid, 14.7.85). Blida renoue avec elle-même le temps d’un festival
pour livrer ce qu’elle a de plus précieux, en tant que berceau de la
musique dite hadri. (Horizons, 22.6.86). V. BALDI, RIFI.

34HADRIA (de l’arabe) féminin de HADRI. Ô vous qui habitez dans


les montagnes […], savez-vous qu’Ouardia deviendra une citadine, une
hadria ? (M’hamsadji, 1969, 103).

35HAGGARINE(S), HAGGARA (de l’arabe) n. m. pl. (masculin


singulier : haggar). Disponible. Personnes injustes, despotes, qui
pratiquent l’abus de pouvoir (hogra). Je vais vous conter cette hogra
incommensurable […] qui pousse à la résignation devant le
« mektoub », se réfugiant en Dieu et sa justice immanente et appelant sa
vengeance et sa malédiction sur les haggarine. (El Acil, 5.1.93). Nous
autres flics, que tu viens de traiter de haggara, venons peut-être de
l’empêcher de faire de toi sa prochaine victime. (Achir, 1997, 231). Tôt
ou tard les haggarine payeront. (oral). V. HOGRA.

36HAGRA V. HOGRA.

37HAI, HAY (de l’arabe) n. m. Disponible. Cité, groupe d’immeubles


formant quartier dans la banlieue d’une ville. Certains quartiers du hai
Moulay Mustapha vont commencer à être desservis. (El Moudjahid,
6.9.84). À l’Ouenza, la délégation ministérielle s’est rendue à hay El-
Bayadh où vivent plusieurs milliers de personnes. (El Moudjahid,
9.12.84). À la cité des 312 logements, au hay Moulay Abdelkader […] il
fallait agir. (El Moudjahid, 5.3.85). Les partis politiques ont essayé
d’embrigader les jeunes du hai afin de les utiliser plus tard. (El Acil,
10.5.92). Aujourd’hui, l’actualité sportive nous mène inéluctablement à
parler de cette cité qui se trouve à côté du quatrième kilomètre, cet autre
quartier populaire qui a enfanté Hassiba Boulmerka. Hai Abbas vient de
nous démontrer encore une fois que des quartiers dits populaires
émergent des talents. (Liberté, 13.3.95). L’on ne manquera pas, au
passage, de rappeler les risques d’explosion de gaz au niveau du CEM
hai El Yasmine (plaine ouest) que la Sonelgaz de Annaba ne cesse de
dénoncer depuis plusieurs mois. (El Watan, 5.9.97).

38HAÏK (de l’arabe) n. m. Courant. Longue pièce d’étoffe blanche


rectangulaire dans laquelle se drapent les femmes. Maintenant ma sœur
aussi porte le haïk ; elle se masturbe, pour compenser sa claustration et
chante à longueur de journée des louanges au Seigneur. (Djaout, 1981,
90). De notre immeuble rentrent et sortent, leur haïk tenant à peine, des
femmes complètement ivres. (El Moudjahid, 27.1.82). Certaines de nos
sœurs qui jusque-là n’avaient jamais porté le haïk, se mirent alors à se
draper du voile par réaction pure et simple contre l’occupant. (El
Moudjahid, 6.3.85). À l’adolescence, il s’est aperçu qu’il parlait comme
sa grand-mère, qu’il lui ressemblait profondément. Le seul hic, c’est
qu’il ne pouvait pas, comme elle, porter le haïk (voile
traditionnel). (Allouache, 1995, 37). Qui ne connaissait cette femme au
regard de feu, qui marchait à grands pas, laissant deviner son corps à
travers le haïk et tout ce qu’elle pouvait porter ? (La Nation,
26.12.96). N’gouça avait de beaux cotonniers de l’espèce soudanaise
rouge, qui donnaient un coton très fin avec lequel on tissait les haïks des
femmes du pays. (El Watan, 7.4.00). Les vieilles, toutes en haillons, haïks
rapiécés et chaussures en caoutchouc, croient qu’on leur a enfin viré
leurs arriérés d’indépendance et lancent des youyous folkloriques,
stridents et nerveux. (Liberté, 31.1.01).

39Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

40HAK (de l’arabe) v. tr. dir. Courant, oral. Voilà, prends. Hak tes livres
et donne-moi mes affaires. (oral). Hak ton chèque, il n’est plus
endossable à cause de la date. (oral).

41Com. Attesté ds Lanly 1970.

42HAKDHA (de l’arabe) loc. Courant. C’est comme ça, comme


cela. D’autres piègent leur cassette hakdha… (Horizon 2000,
2.1.1986). Et la jeunesse devrait avoir une espérance de vie plus courte
que ceux qui meurent de vieillesse avant l’âge de la majorité de la
mortalité infantile ? Hakda ? (Le Jeudi d’Algérie, 9.7.92). Hakdha, tu
crois que je vais me laisser faire par ce minable. (oral).

43HAKEM (de l’arabe) n. m. 1. Vieilli mais disponible, écrit surtout.


(Sous l’administration coloniale turque) gouverneur, représentant du
dey. Les délits sont jugés par les représentants administratifs du dey :
hakem dans les villes, cadis assistés de cheikhs dans les tribus.
(Benabdallah, 1982, 85).

442. Disponible, connotation péjorative. (Sous l’administration coloniale


française) notable nommé pour rendre la justice et appliquer la loi. À la
place de ces valets du hakem, de ces mouchards connus et respectés, il y
a partout des conseillers municipaux et des maires. (Feraoun, 1957,
59). Lui-même le voulait-il parce qu’un plus puissant hakem le
guignait ? (Dib, 1967, 53). Par là même, on sut l’objet véritable de ces
réunions politiques, le rôle qu’y tenait l’instituteur, le blâme du hakem
qui avait épargné au vieil homme la sanction infligée à ses
compagnons. (Achour, 1978, 47). Les notaires et les hakems par les
vieilles personnes. (oral).

45Com. Attesté ds Duclos 1991. V. AGHA, BACHADEL,


BACHAGHA, CAÏD.

46HALAL V. HALLAL.

47HALAQAT, HALQUATE(S), HALAKATES, HALAQATE pluriel


de HALKA. Au début, les premières activités furent l’organisation de
« halquates » après les prières. (Algérie-Actualité, 2.5.91). Farid vient
d’entamer une causerie religieuse au milieu d’un petit cercle de jeunes
fidèles. – On piétine la Sunna ici, s’insurge le chevelu. – Le Prophète n’a
jamais parlé de ces halakates de dix heures, enchaîne la
ballerine. (Gastel, 1999, 88). Les anciens militants et sympathisants de
Abassi reprennent avec leurs accoutrements et leurs halaqat dans les
quartiers populaires. (Le Matin, 5.1.00). Les ex-trêvistes de l’AIS
occupent les mosquées. Revoilà les halaqate [Titre d’article]. Un ex-
trêviste de l’AIS ayant bénéficié de la grâce amnistiante, anime, depuis
son retour à Drean (El Tarf) des cours religieux (halaqate) à la mosquée
de l’ex-Mondovi. (Liberté, 7.2.00).

48HALEL V. HALLAL.

49HALF (de l’anglais) n. m. Disponible, milieux journalistiques et


sportifs. Mi-temps (dans une rencontre sportive). Au second half, la
machine des Rouge et Noir se réveilla et ainsi le cauchemar des
hamraoua débuta. (Le Matin, 29.4.94). […] notamment durant le premier
half où elle [l’équipe] a dominé un rival un peu timoré. (El Acil,
13.2.94). Ces derniers pouvaient prétendre à mieux au vu de leur
production durant le second half, même s’ils étaient hors coup en
première période. (Quotidien d’Oran, 7.2.00). Durant le second half, les
poulains de Kerdaoui sortent de leur léthargie. Besseghir à la 47’ et
Medjahed ont failli égaliser. (Quotidien d’Oran, 15.3.00). On a cru que
les espoirs koubéens allaient être réduits à néant, surtout lors du premier
half. En seconde période, les visiteurs […]. (Quotidien d’Oran, 27.1.01).

50HALFA V. ALFA.

51HALKA, HALQA, HALQUA (de l’arabe) n. f. (pluriel : halaqat).


Disponible. Assemblée, public réuni autour d’un conteur traditionnel ou
d’une personnalité religieuse. Par extension, tout groupement ou
rassemblement autour d’un conteur ou d’un prédicateur. Cette troupe se
base sur le patrimoine culturel national dans son style théâtral,
notamment les meddah et les halka. (El Moudjahid, 28.8.83). Fait
nouveau, les jeunes, chaque soir, s’installent en halka autour d’une mini-
cassette. (Algérie-Actualité, 12.10.83). Les spectateurs s’asseyaient
autour des comédiens, ce qui fait penser à la halqa. (Révolution
africaine, 23.5.85). Il fera une réunion en présence de tous les islamistes
présents, une « halqa », en déclinant sa véritable identité à ceux qui ne
savaient pas qu’il était l’« émir national ». (La Tribune, 1.12.95).
[…] l’expression populaire dans toutes ses formes : fables, proverbes,
halqua, goual et bien d’autres formes de l’oralité. (Quotidien d’Oran,
10.3.00). L’assistance essaie tant bien que mal de la corriger et
beaucoup dans la halqua interviennent sans s’annoncer. (Quotidien
d’Oran, 10.1.01). V. MEDDAH.

52HALLAL, HALAL, HALEL (de l’arabe, littéralement « licite ») adj.


et n. m. 1. Disponible. (Ce qui est) autorisé par la religion et les lois
divines. Les bizarreries du « halal » et du « haram », c’est certain, lui
étaient choses vétustes. (Algérie-Actualité, 9.5.91). Les maris qui
recourent à la polygamie, s’empressent de se justifier en invoquant que
c’est « hallal », et omettent de rappeler que ce « hallal » a des
conditions. (El Acil, 12.1.93). C’est le débat dans les médias sur le
tourisme : « Hallal, harram »… (Algérie-Actualité,
20.1.93). Elle [« l’idéologie » du terrorisme] transgresse sans hésitation
le Coran, la Sunna et la Chariâ, en rendant les crimes les plus odieux,
barbares et abjects, « halal ». (El Moudjahid, 13.4.93). Au nom de la
religion, disaient-ils, les femmes enlevées étaient un butin de guerre, et il
serait « hallal » d’en jouir. L’âge des victimes importait peu. (Le Matin,
23.12.99).

532. Disponible. (Spécialement pour la nourriture et la viande) préparé


conformément au rituel prévu par la religion musulmane. Le CORIF
pourra lui-même recruter les « sacrificateurs » chargés de l’abattage,
leur donner les agréments nécessaires et certifier la viande « halal ». (El
Watan, 14.1.92). Les viandes commercialisées n’étaient pas « hallal » et
l’abattage ne s’est pas fait selon le rite musulman. (El Acil,
12.10.93). L’arrêté agréant la grande mosquée de Paris comme
organisme religieux chargé d’habiliter les sacrificateurs et de prévoir les
redevances liées à l’abattage rituel (viande halal) en France a été
suspendu. (Liberté, 24.11.95). Il a juré qu’il ne reviendrait au pays que le
jour où les laboratoires pharmaceutiques mettront au point une insuline
kashère, fabriquée avec du bon pancréas « hallal ». (Achir, 1997,
115). Les bouchers, eux, affichant en grand « Viande Hallal » et les gens
se bousculent pour faire leurs emplettes. (El Watan, 20.1.97). Nos
ancêtres avaient le cœur blanc et mangeaient « hallal » d’un bout à
l’autre de l’année. (Sansal, 1999, 252). Les denrées non hallal sont
réservées aux restos du cœur ou aux familles nécessiteuses du
quartier. (El Watan, 5.1.00). V. HARAM, MEKROUH.

54HALLOUF, HALOUF (de l’arabe, littéralement « porc ») n. m.


Disponible, oral surtout, connotation péjorative. Injure utilisée pour
désigner ou pour insulter un homme qu’on veut déprécier
gravement. Halouf ! Voyou de petite envergure ! Bouhi dernière
catégorie ! (Aïder, 1984a, 28). Le voisin du chauffeur de la R 18 sort la
tête par la portière et crie : « C’est un hallouf (sanglier). » C’est la
formule utilisée, notamment, par les gardes communaux et les
« patriotes » (milices d’autodéfense) pour désigner les éléments des
groupes armés. (La Nation, 30.07.96). Ah, ya hallouf, si je
t’attrape. (oral).

55Com. La viande de porc étant interdite pour des raisons religieuses, le


terme possède une forte nuance dépréciative. V. BENI KELB, KELB.

56HALQA, HALQUA, V. HALKA.

57HALQUATE V. HALAQAT.

58HAMADA, HAMMADA (de l’arabe) n. m. ou f. Disponible. Plateau


désertique saharien fait de grandes plaques rocheuses. Les hamadas
escaladaient les remparts. (Boudjedra, 1979, 117). On ne pouvait
décemment laisser les dépouilles des parents morts au champ d’honneur,
là où le hasard de la guerre avait voulu les faire reposer : dans la
montagne ou la plaine, l’erg ou le hamada. (Algérie-Actualité,
23.2.84). L’œil assiste perplexe au mariage du ciel à l’ardente hamada.
(El Moudjahid, 14.3.85). Et la nudité des regs et hamadas épure ses
pensées, leur redonne une ascèse véritable. (Mokeddem, 1993, 220). Des
griffes de sable raclaient regs et hamadas. (Mokeddem, 1995, 165).
59Com. Le terme est du genre féminin dans les dictionnaires du français
central. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. ERG, REG.

60HAMASSISTE (du mot arabe hamas + suffixe -iste) 1. Adj.


Disponible. Qui se rapporte au parti islamiste Hamas. Nous nous
étonnons qu’il se soit prêté à une manœuvre médiatique hamassiste
tendant à sortir ce mouvement de l’anonymat dans lequel il s’est
engouffré. (Liberté, 16.12.92). Le costume-gilet-cravate est le symbole du
militant hamassiste. (El Acil, 10.12.93).

612. n. Disponible. Militant du parti Hamas. Ce hamassiste est partisan


d’un dialogue qui exclurait les partisans de la violence. (Le Matin,
21.12.93). […] évaluer les bilans des conférences régionales achevées
depuis peu, et dont les domiciliations n’étaient pas tellement du goût de
nos jeunes « hamassistes ». (Le Matin, 13.06.96). Les hamassistes
étaient nombreux au meting organisé par la fédération d’Alger. (oral).

62HAMDOULLAH V. AL HAMDOU ALLAH.

63HAMLA (de l’arabe) n. f. (pluriel : hamlate(s)). Disponible.


Campagne, action ponctuelle d’intérêt public organisée par les
institutions de l’État ou des associations civiles. D’où vient que
régulièrement, à chaque hamla (campagne), l’opinion publique s’insurge
– à supposer que les autres y soient effectivement – de ce que les vrais
parrains et autres barons de ceci ou de cela continuent à vaquer à leurs
occupations au vu et au su de tous ? (La Nation, 23.7.96).

64HAMLATE(S) pluriel de HAMLA. Les « hamlates » ont toujours


fait partie des mesures de gouvernement et elles sont également restées
sans lendemain. (Algérie-Actualité, 31.5.90). Les maires des communes
continuent de tromper les citoyens avec les hamlate quartier propre et
ville propre. (oral).

65HAMMADA V. HAMADA.

66HAMMAM (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Source thermale


chaude. La daïra recèle des potentialités intéressantes. Elle compte cinq
hammams nature l s. (El Moudjahid, 12.7.83). La route conduit au
hammam dont les eaux à quarante degrés sont appréciées et recherchées
des habitants de la capitale. (Algérie-Actualité, 20.12.83). Le débit des
eaux de source Hammam Righa a baissé depuis le séisme. (El Moudjahid,
10.10.84). Elle est équidistante des stations thermales de Hammam
Chigueur dont les eaux sont indiquées pour le traitement des affections
urologiques et de Hammam Boughrara. (Eddalil, 25.2.93).

672. Courant. Bain collectif, établissement de bains public ou privé. Les


problèmes des loisirs se résument généralement à « aller au hammam »
ou chez la coiffeuse. (El Moudjahid, 20.11.78). Elle est issue de nos
mœurs, des coutumes qui nous sont propres. C’est la masseuse de
hammam. (El Moudjahid, 28.10.82). Après la purgation, elle ira au
hammam, elle sentira sa chaleur et ses parfums, en y vantant les fils de
son fils. (El Moudjahid, 7.3.85). La maman subit des massages de toutes
les parties du corps jusqu’au quatorzième jour où elle fera une toilette
générale au hammam. (L’Opinion, 22.4.93). Après avoir été, selon la
coutume, chacun de leur côté au hammam par souci de propreté, mais
surtout pour se purifier, les fiancés reviennent vers la maison des parents
sous les youyous. (Confidences, 11.5.96). Le gel pour la douche et le
hammam nettoie votre peau sans l’agresser ! (L’Authentique,
17.10.97). Ils descendent de leurs montagnes et viennent me voir au
hammam, une fois par semaine, le jour où je réquisitionne le bain pour
mon usage. (Khelladi, 1998, 242).

683. Courant. Asile de nuit […] gagner de quoi payer son repas et peut-
être le hammam si on décide de passer la nuit au village. (El Moudjahid,
27.1.83). […] leurs logements de fortune (hammams, petits hôtels
borgnes des grandes villes, chambres délabrées louées chez l’habitant
teigneux et vorace, etc.) (Boudjedra, 1992, 67). […] déclare, gêné, un
quadragénaire qui se nourrit de lait et de pain et loge dans un hammam :
« C’est le seul moyen de faire des économies ». (El Watan,
26.4.00). Le jeune homme passait ses nuits au hammam et côtoyait des
individus plutôt louches. (Liberté, 28.7.94). Un mort dans un
hammam. (El Acil, 6.3.95). Il passe toutes ses nuits au hammam tout
simplement parce qu’il n’a pas de logement. (Achir, 1997, 35). Il passe
ses nuits au hammam à Larbaaville. (La Tribune, 11.9.97).

69Com. Les propriétaires des bains maures transforment leurs


établissements en asiles de nuit pendant la période nocturne à l’intention
des gens qui n’ont pas les moyens d’aller à l’hôtel. Attesté ds Lanly 1970,
Duclos 1991, GR, TLF. V. BAIN, BAIN MAURE.

70HAMROUCHIEN, IENNE adj. Disponible. Relatif à la politique de


Hamrouche. « Vive Hamrouche ! » Ont crié beaucoup de jeunes du
lendemain de la mise en place du dispositif d’insertion à l’emploi des
jeunes. En effet, y avait de quoi jubiler : la politique hamrouchienne en
matière d’emploi promettait monts et merveilles à une jeunesse blasée
par la sinistrose et le désarroi. (El Acil, 15.10.93).

71HANBAL, HANBEL (de l’arabe) n. m. Disponible. Couverture de


laine traditionnelle à dessin géométrique, utilisée aussi comme tapis. Il
ordonne qu’on lui tisse quarante hanbels par jour. (Dib, 1957, 83). Ceci
peut s’ajouter à la production de couvertures (hanbal). (El Moudjahid,
17.7.84). Nous nous contenterons du minimum, de la chaleur d’un
hanbel, d’une cassette de malouf. (El Acil, 12.1.93). J’avais un hanbal
sur lequel j’avais dessiné la carte géographique des Aurès. (El Watan,
1.11.95). Pour l’hiver, il nous faut un hanbal. (oral). Cette jeune mariée a
prévu dans son trousseau un magnifique hanbal. (oral).
V. DJEBELAMMOUR, DJERBI, TAPISSERIE, ZARBIA.

72HAOUCH (de l’arabe dialectal littéralement « cour ») n. m.


Disponible. Cour d’une ferme et, par extension, habitation rurale
traditionnelle, maison construite autour d’une cour. Pour arriver chez lui,
il faut traverser un terrain vague, décharge d’ordures à la limite du
quartier résidentiel. C’est une espèce de haouch, entouré de tôles
rouillés, presque un bidonville, si ce n’était l’entretien rigoureux de
l’intérieur. (Algérie-Actualité, 8.2.90). La mère introduisit les jeunes
filles à la maison, les laissa jouer dans le « haouch » (grande cour dans
les maisons campagnardes). (Liberté, 12.12.93). La région de Blida
précisément demeure l’une des zones où les terroristes du GIA ont
commis le plus de crimes atroces cette année, semant la terreur et la
désolation dans tous les douars et haouchs environnants. (La Tribune,
1.8.97). Tarik erre dans les rues devenues désormais son seul refuge, et
depuis quelque temps déjà, il passe ses nuits devant la porte du
« haouch » d’un certain K. (Détective, 2.8.97). Les haouchs sont
d’anciennes fermes de colons, devenues avec l’Indépendance et l’exode
rural, le centre de hameaux abritant des travailleurs agricoles. (Charef,
1998, 63). Le haouch de grand-mère était une cour fermée,
rectangulaire, ombragée par une tonnelle. Il y avait deux chambres à
l’étage, une cuisine, un débarras et une grande salle au rez-de-chaussée.
Toutes ces pièces étaient sans fenêtres ; leurs portes bleues faisaient face
à un mur aveugle. Une espèce de petit chemin de ronde, que je ne
pouvais atteindre qu’en me hissant sur un banc, permettait de jeter un
œil sur la rue. (Mokeddem, 1999, 29). L’ONDH rend public le rapport
sur les actes terroristes, 205 massacres collectifs en 1998. Il s’agit de
hameaux, de douars, de haouchs et même de campements de nomades en
milieu rural. (Liberté, 12.4.00).

73HAOUFI, HAWFI (de l’arabe) n. m. Spécialisé, écrit surtout. Poème


traditionnel chanté surtout par les femmes. Elle s’excusa d’un geste du
doigt et reprit l’étude des « haoufis » de Tlemcen, chants des femmes
d’autrefois. (Djebar, 1980, 103). Parfois, c’est à l’intérieur d’une
maison, dans une cour relativement spacieuse que le haoufi est donné. Le
haoufi est une prestation qui nécessite l’habitat adéquat, une
instrumentation particulière, celle qui donne exclusivement le
rythme […] le haoufi impose une participation féminine supérieure à
celle des hommes. (El Moudjahid, 19.8.84). Ces hawfis me font rire
chaque fois que je les fredonne ! (Ben Mansour, 1990, 194). Le soleil se
leva sur un groupe compact de femmes, d’enfants et d’hommes qui
écoutaient ou fredonnaient avec beaucoup de nostalgie les hawfis. Ces
poèmes racontaient un autre monde, un autre univers de beauté, d’amour
et de gaieté. (Ben Mansour, 1990, 197). Les jeunes filles ne savent plus
broder, ni coudre, ni tisser, ni même chanter le hawfi. (Ben Mansour,
1997, 24).

74HAOUMA V. HOUMA.

75HAOUMISME V. HOUMISME.

76HAOUMISTE V. HOUMISTE.
77HAOUZI, HAWZI, HOUZI (de l’arabe) 1. n. m. Courant. Musique
populaire traditionnelle d’origine andalouse. Dans le populeux quartier
d’El Anasser, il y a un jeune chanteur du haouzi qui fait de plus en plus
parler de lui. (El Moudjahid, 23.5.77). À Constantine nos « Cheikhs »
travaillent beaucoup sur le malouf et le houzi qui existent d’ailleurs dans
plusieurs villes d’Algérie et du Maghreb. (El Acil, 15.1.93). Le registre
musical du haouzi est composé d’environ une douzaine de
mélodies. […] Malgré son âge, vieux de plusieurs siècles, le « haouzi »
dont certaines pièces sont toujours en vogue continue toujours de
provoquer l’engouement des jeunes et moins jeunes. (Eddalil, 25.2.93).
[…] le musicologue Mohammed Ben Bachadel qui s’intéresse à ses
compositions poétiques, à la musique classique algérienne et au
hawzi. (Le Matin, 27.9.95). Nafa essaya de se souvenir du temps où l’on
aimait traîner dans les rues, du chahut des gargotes, de la musique aux
accents de haouzi. (Khadra, 1999, 198). Et, tout dernièrement, la soirée
dédiée au chantre du hawzi, Nasreddine Chaouli. (La Tribune, 27.12.99).

782. adj. Courant. Qui concerne ce type de musique. Même topo pour
Naïma Djazaïria qui opte pour le genre hawzi léger. (Algérie-Actualité,
13.7.93). Nouri Koufi, le chanteur hawzi, n’est pas content. (Algérie-
Actualité, 3.8.93). La deuxième partie du spectacle reprenait doucement
la cadence avec des morceaux hawzi. (El Watan, 19.2.96). […] le festival
national de la musique hawzi auquel prennent part les meilleures
associations de musique andalouse du pays. (El Moudjahid,
17.5.96). Depuis quelque temps, les jeunes chanteurs s’orientent de plus
en plus vers la musique hawzie. (Le Matin, 17.6.96). Sid Ali Dris, ce
chanteur au chaâbi mâtiné de hawzi andalou avec une touche moderne
héritée des écoles de Fekhardjia et Andalousia. Il débutera par un insiraf
suivi par des titres hawzi-chaâbi. (El Watan, 23.12.99).
79HARAM, HAREM, H’RAM, H’RAME (de l’arabe, littéralement
« illicite, non-autorisé par les préceptes de l’islam ») n. m., adj.
Disponible. Péché, faute contre les préceptes religieux ; illicite,
interdit. En Algérie des années 30, les hommes se coiffaient de chéchia
ou de turban ; porter un chapeau, c’était « haram ». (Dérouiche, 1980,
28). Il rappelle que toutes les photos sont « harem » selon la « chariaâ »
y compris celles d’identité. (Alger républicain, 15.12.91). Et le sifflement
à la maison est h’ram, comme aurait dit l’éducateur à l’enfant. (L’Hebdo
libéré, 28.4.93). C’est malhonnête, c’est haram de semer la discorde
dans une famille, de saper tous les efforts des parents. (Algérie-Actualité,
6.7.93). Cheikh Charaoui est connu pour avoir réussi à « convaincre »
plusieurs actrices et danseuses du ventre à quitter leur métier considéré
comme « haram ». (El Acil, 29.4.97). C’était mon premier verre de vin,
la première fois que je goûtais le haram, le péché. (Zaoui, 1999, 160). En
guise de toilettes, deux trous ont été creusés par les autorités. Vous voyez
pour qui on nous prend. C’est h’ram. (El Watan, 4.1.00). V. HALAL.

80HARASS EL DJOUMHOURI (de l’arabe) n. m. Disponible. Garde


républicaine. Les forces combinées de l’armée républicaine « Haras El
Djoumhouri » et de la gendarmerie nationale se déploient tout autour du
lieu-dit Douar Benzine à Benzerga. (Liberté, 25.5.94). Beaucoup de
jeunes hitistes se sont engagés dans le corps des haras el
djoumhouri. (oral). V. DARAK EL WATANI.

81HAREM V. HARAM.

82HARIRA, HRIRA, H’RIRA (de l’arabe) n. f. Disponible. Soupe


épaisse traditionnelle aux légumes et au levain. Mais, chemin faisant, le
désir d’entrer prendre une harira arrosée de citron, commence à le
disputer à son intention de retrouver ses amis. (Dib, 1959, 68). Outre les
mets communs, on peut y déguster des spécialités maison bien
préparées : soupe algéroise, méchoui, harira, brik. (El Moudjahid,
28.2.85). Parfois, lorsqu’ils avaient mangé plus de harira ou de zalabiya
que de coutume, ils avaient le sang en feu. (Ben Mansour, 1990, 199). Ce
soir-là, après avoir rompu le jeûne avec quelques dattes et un bol de
h’rira, les hommes quittèrent le campement pour la mosquée du
Cheikh. (Mokeddem, 1992, 35). Les odeurs d’épices […] permettaient de
reconnaître la chorba, la harira ou tout autre plat, d’identifier le terroir
dont il était issu. (Amadis, 1995, 56). Ça va lui passer après une bonne
h’rira ! (Mokeddem, 1999, 144). […] le tintement des cuillères sur les
bols de hrira, une entrée traditionnelle incontournable pendant toute la
durée du ramadhan. (El Watan, 4.1.00).

83Com. Attesté ds Lanly 1970.

84HARISSA, HARRISSA, HRISSA (de l’arabe) n. f. Disponible.


Assaisonnement traditionnel à base de poudre ou de purée de piments,
utilisé en particulier pour relever les plats. Si vous désirez un couscous
relevé, ajoutez un peu de hror ou de harissa dans le bouillon. (Bouayed,
1983, 102). Quand la moutarde, pardon l’harissa, vous chatouille les
narines, ça fait des bulles. (El Manchar, 10.1.93). Lalla Djamilla a
préparé un couscous à la sauce rouge. Saïd adore ça. Il l’a agrémenté
d’une bonne dose de harissa. (Allouache, 1995, 148). Le fait de
découvrir de la tomate en très grande quantité dans ce qui est présenté
comme une boîte de harissa, n’a pas été apprécié par celui qui en a fait
l’expérience. Surtout que l’étiquette est des plus aguichantes et indique
« Harissa de piments rouges forts ». (Le Matin, 17.7.96). Passe-moi
l’harissa. (oral).
85Com. La harissa est un assaisonnement à base de piments, d’huile, sel,
ail, carvi, coriandre pilés dans un mortier. Attesté ds Duclos 1991, GR,
TLF.

86HARKA (de l’arabe) n. f. Vieilli mais disponible. Troupe de soldats


supplétifs indigènes (harkis) recrutée par l’armée française pendant la
guerre d’indépendance. Parallèlement à ce mode de recrutement,
l’administration utilisait le système des harkas, c’est-à-dire une
conscription déguisée. Chaque caïd devait prélever sur sa tribu un
contingent de 20 à 30 harkis sous le commandement du propre fils, du
frère ou d’un proche parent du chef indigène. (Boutarène, 1982,
106). Fils d’un harki ayant fait partie de la « harka de Kobus », qui
s’est, durant la guerre de libération nationale, opposée au F.L.N-
A.L.N. (El Watan, 26.9.94). […] commanditaires disséminés même dans
les hautes sphères et les centres de décision de ses exécutants, véritables
dragons greffés sur les racines de la harka de triste mémoire. (El Acil,
11.9.95). Gosbane Ouled Sidi Slimane, N’gaouss ne connaîtront pas de
harka. (El Watan, 1.11.95). Ses hommes rejoignirent le FLN ou la harka
mais quelques-uns purent […] passer entre les mailles du filet. (Sansal,
1999, 118). D’autres ont déserté, et parce qu’un choix en appelle un
autre, se sont engagés dans la harka ou la Légion étrangère. (Sansal,
1999, 201).

87Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. HARKI.

88HARKI (de l’arabe) n. m. Courant. Militaire algérien recruté par


l’armée coloniale française et qui servait dans une harka pendant la
guerre d’indépendance. 1956, c’est aussi l’apparition des harkis,
l’approfondissement du processus de la guerre accentue la radicalisation
des positions de chacun. Les harkis causeront la perte de maints
moussebels. (Algérie-Actualité, 25.10.84). […] des dizaines d’APC et
d’APW étaient présidées à l’époque par des harkis et des fils de harkis
sous la bannière du parti dissous, le FIS. (Le Matin, 1.11.93). Son père,
un harki tortionnaire des moudjahidine, a été tué en 1959 par l’armée de
libération nationale. (El Acil, 18.3.93). Les enquêtes statistiques ont
largement démontré l’alliance des harkis de la Révolution et de
l’intégrisme terroriste. (Le Matin, 17.6.96). Une représentation des
émigrés au Parlement « est une violation des lois algériennes qui privent
tous les traîtres ou harkis de leurs droits civiques […] mais aussi, une
réintégration des traîtres et des collaborateurs, et en même temps, une
atteinte à notre histoire et aux constantes nationales ». (El Watan,
20.1.97). Saïd n’est pas devenu harki par choix délibéré, un concours de
circonstances l’a précipité du mauvais côté de l’histoire. (Liberté,
10.11.99). Ainsi selon « le foudre de guerre » que fut Ali Kafi, ces
officiers et sous-officiers [de l’armée française ayant rejoint l’ALN] ne
seraient que des harkis ! (El Watan, 22.3.00).

89Com. Les harkis et leurs familles vivent en France depuis


l’indépendance (1962). Ce terme est d’actualité en Algérie depuis que les
fils de harkis sont accusés par certains de constituer l’essentiel de
l’encadrement des groupes terroristes. Attesté ds Lanly 1970, Duclos
1991, GR, TLF. V. HARKA.

90HARRISSA V. HARISSA.

91HARZ, HERZ, HORZ (de l’arabe) n. m. (pluriel : hrouz) Disponible.


Talisman, petit objet magique (généralement bout de papier portant une
transcription d’un verset du Coran) que l’on porte sur soi pour se protéger
du mauvais œil. […] le s’hour que A. Ouitis définit comme une
« substance magique composée d’ingrédients divers et préparée selon un
rituel précis, ou bien le produit d’une dissolution d’une amulette (ktiba,
harz), obtenue d’un taleb et écrite spécialement à cet effet. » (Algérie-
Actualité, 8.9.83). L’ancestral geste du calligraphe continue de scripter
le salutaire message du « harz » pour éloigner le mauvais œil. (Algérie-
Actualité, 25.10.84). On n’a besoin ni d’alcool, ni de médecin, ni de horz,
ni de taleb. (Ben Mansour, 1990, 258). Le taleb prend cet enfant dans ses
bras en chuchotant devant sa bouche pendant à peu près dix minutes, lui
prescrit un talisman (herz) ensuite lui crache dans sa bouche. (El Acil,
4.1.93). Une semaine plus tard, je l’ai encore surpris dans la cuisine
avec un herz à la main. (Confidences, 26.4.93). La mère de la magnifique
petite fille, inquiétée par tant de sollicitude et d’admiration, se vit forcée
de confectionner un « harz » contre les envieux et le mauvais œil.
(Liberté, 23.3.94). Les jeunes filles portent très souvent un herz le jour de
leurs noces. (oral). V. AÏN, H’JAB.

92HATA (de l’arabe) exclam. Disponible, oral surtout, fam. Exclamation


qui sert à exprimer l’admiration et la joie. Tout en bronzant propre et
nature, je lis « Béni ou le Paradis privé » de Aziz Begag. C’est extra.
Hata ! (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92). Hata ! j’ai été admis au concours de
l’E.N.A. (oral). Je vais passer quelques jours de vacances aux U.S.A.
Hata ! (oral).

93HAUT COMITÉ D’ÉTAT n. m. Disponible. Instance présidentielle


collégiale composée de cinq membres. Le Haut Comité d’État, rappelle-
t-on, avait décidé de la création d’une commission d’enquête. (Quotidien
d’Algérie, 2.7.92). À ses côtés il n’y avait ni les autres membres du HCE,
ni son ministre de l’Intérieur, ni son chef du gouvernement. (Le Jeudi
d’Algérie, 2.7.92). Le même communiqué se félicite du décret législatif
relatif à la lutte contre les actes subversifs ou terroristes, promulgué
récemment par le Haut Comité d’Etat (HCE). (Horizons, 11.10.92). Car
non seulement elles reflètent un autre extrémisme, celui de l’exclusion et
du refus de dialoguer, mais aussi démontrent, à peine embusqué, un
appétit de « Koursi » supérieur à celui qu’elles prêtent au
HCE. (Horizons, 27.4.93).

94Com. À la suite de la démission du président Chadli, le 11.1.1992, le


Haut Comité d’État est constitué, présidé par Mohamed Boudiaf puis par
Ali Kafi. Souvent abrégé en HCE.

95HAWMA V. HOUMA.

96HAWMISME V. HOUMISME.

97HAWZI V. HAOUZI.

98HAY V. HAÏ.

99HCHAÏCHI V. HACHAÏCHI.

100H’CHICHA (de l’arabe) n. f. Disponible. Drogue, haschich. Le


consommateur de la « h’chicha », quel que soit son statut dans la vie, est
solidaire avec un autre consommateur. (Algérie-Actualité, 29.8.91). Dans
le quartier le vendeur de h’chicha est arrêté par les policiers. (oral).
V. CACHET, CHIRA, HACHAÏCHI, ZETLA.

101H’CHOUMA V. HACHMA.

102HEB-HEB, HEBHEB V. HAB-HAB.

103HECHMA V. HACHMA.

104HEDDAOUI V. HADAOUI.

105HENNÉ (de l’arabe) n. f. Courant. Plante (lythrariacées) dont


l’écorce et les feuilles séchées et pulvérisées fournissent une poudre
colorante jaune ou rouge. Les fillettes sortaient chaussées de kab-kab,
leurs mains teintées de henné. (El Moudjahid, 27.6.84). Les yeux encore
ensommeillés, elle enleva le henné sec de ses plantes de pieds et paumes
de main. (Mokeddem, 1992, 58). Lorsque ma grand-mère fut informée du
décès de sa sœur Ldjida, en signe de satisfaction, elle se colora les mains
de henné. (Mouzaia, 1994, 67). Des femmes à demi nues enduisaient
leurs cheveux de henné pour leur donner de superbes reflets allant du
roux au rouge, selon la qualité de leurs cheveux ou leur âge. (Amadis,
1995, 48). L’imam Younes profita de mon isolement pour s’entretenir
avec moi. C’était un homme d’une trentaine d’années, beau comme un
prince, avec ses yeux limpides soulignés au khôl et son collier de barbe
teint au henné. (Khadra, 1999, 83). Je parle de nos traditions et de notre
art de vivre symbolisé par […] le riche cérémonial du thé et le henné. (El
Watan, 12.1.00). Un jour, en sortant de l’école, je fus intercepté par un
groupe armé de huit individus aux barbes bariolées au henné. (Le Matin,
14.1.00).

106Encycl. Cette poudre sert pour teindre les cheveux, les mains et les
pieds.

107HERZ V. HARZ.

108HIDJAB, HIDJEB, HIJAB, HIJJEB (de l’arabe) n. m. Courant.


Habit féminin originaire du Moyen-Orient qui couvre le corps au
maximum. (définition de Hassan, 1996). Dieu fasse que toujours dans
Alger la minijupe côtoie le hidjab et le jean, le costume trois
pièces. (Algérie-Actualité, 12.4.84). La blancheur éclatante des voiles de
nos femmes est remplacée par la grisaille des hidjabs des ikhwans. (Ben
Mansour, 1990, 269). Le hidjab est une invention géniale car il illustre la
conception qu’ont les intégristes de la relation de couple. (Mimouni,
1993, 48). Petit à petit, le racket s’imposait aux réticents, le hidjab aux
femmes, alors que les magasins de vidéo-cassettes sont régulièrement
saccagés, les salons de coiffure pour dames fermés et la musique dans les
mariages violemment proscrite. (Algérie-Actualité, 20.1.93). Bejaïa est
par ailleurs l’une des rares villes où la femme ne porte pas de hidjab,
quoique son islamité soit pleinement assumée, mais sans ostentation
aucune. (Le Matin, 16.6.96). Obligation du port du hidjab, destruction de
pompes à essence, de l’hôtel El Arz, et mise à sac de plusieurs banques,
sont autant de faits sur lesquels l’accusé a longtemps tergiversé. (El
Watan, 28.10.99). Elle a été battue et rudement malmenée pour avoir osé
circuler en ville sans hidjab. Elle a dû subir un long sermon durant
lequel elle s’est entendu menacer du pire si elle persiste à ne pas revêtir
le voile islamique. (Le Matin, 5.1.00).

109Com. Mot en vogue depuis 1991. V. HIDJABISATION,


HIDJABISÉE, HIDJABISER, MOTABARIDJA,
MOUTAHADJIBA, TCHADOR.

110HIDJABISATION (terme de formation hybride arabe hidjab +


suff. -isation) n. f. Disponible. Action d’instituer le port du hidjab. La
hidjabisation tant clamée par les groupes terroristes semble en effet
avoir gagné du terrain. (El Watan, 25.9.94). Beaucoup de femmes ont
refusé la hidjabisation. (oral). V. HIDJAB, HIDJABISÉE,
HIDJABISER, HIDJABISTE.

111HIDJABISÉE (terme de formation hybride arabe hidjab + suff. -


isée) adj., n. f. Disponible. Femme qui porte le hidjab. Comme dans nos
enterrements, elles ont le droit, là, de hurler leur désespoir et elles le
hurlent juste. Des jeunes filles en jeans, tête nue, prient. D’autres,
hidjabisées pour la circonstance, ont cru bien faire. (Le Jeudi d’Algérie,
2.7.92). Le nombre de hidjabisées augmente de jour en jour. (oral).
V. HIDJAB, HIDJABISATION, HIDJABISER, HIDJABISTE.

112HIDJABISER (terme de formation hybride arabe hidjab + suff. -


iser) v. tr. dir. Disponible. Faire porter le hidjab à la femme. La ténacité
de l’intégrisme dans son entreprise de hidjabiser la femme, d’en faire
une alliée dans l’œuvre de destruction culturelle, renforce sa
combativité. (L’Hebdo libéré, 27.4.94). Les intégristes sont arrivés à
hidjabiser par la menace les femmes de la région de Médéa. (oral).
V. HIDJAB, HIDJABISATION, HIDJABISÉE, HIDJABISTE.

113HIDJABISTE (terme de formation hybride arabe hidjab + suff. -iste)


n., adj. Disponible. Partisan du port du hidjab. Les hidjabistes de Blida
ont encore menacé de mort les femmes qui ne se couvrent pas du
hidjab. (Le Matin, 12.4.93). J’ai des parents hidjabistes. (oral).
V. HIDJAB, HIDJABISATION, HIDJABISÉE, HIDJABISER.

114HIJAB, HIJJEB V. HIDJAB.

115HIJTIHÂD V. IJTIHAD.

116HISTORIQUE n. m. Disponible, écrit surtout. Militant nationaliste à


l’origine du déclenchement de la guerre d’indépendance. Ils étaient une
poignée. Ils étaient vingt-deux, ceux qui sont devenus des historiques et
qui ont déclenché la révolution. (Liberté, 5.4.95). Le Président Zéroual
désignera les membres du Sénat parmi les historiques. (El Acil,
15.11.97). Rabah Bitat repose désormais près de ses compagnons de
lutte. Depuis hier, au cimetière d’El Alia, dans le carré des héros de la
révolution algérienne, le dernier historique du groupe des six
personnalités qui ont décidé le déclenchement de la lutte armée, un
certain 1er novembre
1171954. (La Tribune, 12.4.00). La publication des Mémoires de Ali Kafi
a suscité une polémique inattendue. […] C’est la première fois depuis
l’indépendance qu’un document historique écrit par un historique qui a
occupé les plus hautes responsabilités de l’État soulève autant de
passion. (Le Matin, 27.7.00). V. GÉNÉRATION DE NOVEMBRE.

118HITISTE V. HITTISTE.

119HITTISME (terme de formation hybride arabe hitt « mur » +


français -isme) n. m. Disponible. Inactivité des jeunes chômeurs
condamnés à « tenir les murs », chômage des jeunes. Nous avons eu
l’occasion de discuter avec les jeunes qui ont mis leur hittisme entre
parenthèses. (Horizons, 20.6.90). Le chômage et la détresse sociale qui
se sont emparés des quartiers, avec la recrudescence du « hittisme » et
l’apparition du trabendo, ont hypothéqué l’avenir de la jeunesse qui
n’opposera pas beaucoup de résistance face à l’intégrisme et autres
chants de sirènes. (Le Matin, 2.1.93). Le hittisme, c’est comme la gale :
contagieux ! (El Acil, 29.4.93). Ils reconnaissent aussi leurs ennemis, qui
hier les gavaient de discours soporifiques pour les envoyer ensuite faire
« gambade » derrière la croûte de leurs mioches déjà destinés au
« hittisme » et qui aujourd’hui font brûler leurs « acquis ». (El Acil,
19.10.93). L’économie de marché reste un cadre global et flou pour une
jeunesse qui en a assez du dégradant hittisme. (Liberté, 17.3.95). Le
mythe du hittisme : terme en vogue, le hittisme est la situation dans
laquelle des jeunes désœuvrés calent les murs à longueur de journées
sans rien faire et ce, malheureusement, en l’absence d’emploi. (El Acil,
25.1.98).

120Com. Néologisme des années 90. V. HITTISTE.


121HITTISTE, HITISTE (terme de formation hybride
arabe hitt « mur » + français -iste) n. m. Courant. « Teneur de mur »,
jeune désœuvré (chômeur, lycéen, étudiant, travailleur) qui « tue le
temps » adossé au mur. L’emploi makache, des cohortes de hittistes
voteront. (Algérie-Actualité, 9.5.91). On ne peut en vouloir à un hittiste
quand le mur contre lequel il s’adosse a été volé à l’État. (L’Hebdo
libéré, 20.1.93). On les appelle les « hittistes ». Faute du panier de
cacahuètes ou de la table des cigarettes, ils font le trabendo, volent ou
agressent. (El Acil, 23.2.93). Le hittiste, ce n’est pas seulement le jeune
sans travail, c’est aussi une philosophie de la vie. (El Watan,
11.10.93). Le grand nombre des hittistes ou cette kyrielle de badauds ne
doivent pas nous cacher ceux qui, car il y en a beaucoup, ne veulent pas
se laisser entraîner par le désespoir, ceux qui refusent d’imprimer leur
dos sur les murs. (El Watan, 17.4.94). 75 % des élèves de l’école
primaire sont jetés à la rue qui en fait des trabendistes ou bien des
hittistes. (El Watan, 3.9.97). Les hittistes tiennent toute la ville ;
apprenez qu’ils font des crocs-en-jambe aux filles en talons et tirent des
mollards à la figure des passants bien mis quand, tombant de leurs rêves
d’une vie ailleurs, ils se retrempent dans le bain. (Sansal, 1999, 173).

122Com. Ce néologisme des années 90 est peu utilisé au féminin


(hittista), les jeunes filles restant à la maison quand elles sont au
chômage. V. HITTISME.

123HIZB (de l’arabe) n. m. Disponible. Parti politique. « Nous


suggérons la libération provisoire des leaders du FIS pour des raisons
humanitaires », tels sont les propos-phares de M. Mohand-Améziane
Aynouche, président du hizb El-Haq. (El Moudjahid, 29.9.91). Avec plus
de soixante hizb, c’est une véritable kermesse l’Algérie. (oral). Aucun
hizb ne peut sauver notre pays. (oral).
124Com. La fréquence du terme augmente sensiblement à la suite des
événements d’octobre 1988. V. HIZB FRANÇA, HIZBISTE.

125HIZB FRANÇA, HIZB FRANSA, HIZB FARANÇA (de l’arabe,


littéralement « Parti de la France ») n. m. Courant, connotation fortement
péjorative. Groupe de pression francophile supposé « faire le jeu de la
France ». Hizb frança n’est pas au bon endroit. Ses tenants sont ceux qui
encouragent les gens à se brancher sur les chaînes étrangères et le
meilleur moyen de le faire est de descendre la chaîne nationale. (Algérie-
Actualité, 29.11.90). Le directeur du quotidien Es Salem, rend l’affaire
publique, en condamnant les manœuvres des laïco-communistes et les
francophones qui tentent, véritable Hizb França selon lui, de reporter
une décision qu’il considère comme historique. (Le Jeudi d’Algérie,
9.7.92). Le colonel Benaouda s’en est violemment pris, les accusant de
« hizb frança », à ceux qui « critiquent les réalisations de l’Algérie
indépendante, ceux-là même qui veulent apprendre à nos enfants
Descartes, Hegel, Kant… alors que la civilisation arabo-musulmane
possède des penseurs plus valables. » (Liberté, 14.12.92). Maccarthysme
à l’algérienne, l’ENTV à travers Abdou serait aux mains d’un certain
« Hizb França », servi à toutes les sauces d’ailleurs, qui manipulerait
contre la langue nationale, l’authenticité, l’arabité. (El Acil,
26.2.93). Longtemps, l’ex-parti unique, ses satellites et ses alliés
intégristes ont excellé dans l’anathème en taxant leurs adversaires
démocrates – faute d’argument intelligent – de « hizb frança ». (Le
Matin, 17.5.96). Ils vous raconteraient peut-être aussi que je suis
communiste, adhérent au hizb franca, fils de harki et juif, autant de
raisons supplémentaires de faire vite pour la liquidation. (Khelladi, 1997,
38). Taratata, c’est França, l’ennemi de toujours que nos succès
dérangent ; hizb França prépare son retour dans les containers de
l’humanitaire. (Sansal, 1999, 167).

126Com. Néologisme des années 90, le terme est perçu comme une
insulte violente par certains Algériens puisque les membres supposés du
hizb França auraient un comportement incompatible avec l’identité
nationale algérienne (parler français, fréquenter le centre culturel français,
avoir des amis français, être marié à une Française, faire de la cuisine
française, boire de l’alcool, etc.). V. HIZB, HIZBISTE.

127HIZBISTE (terme de formation hybride arabe hizb + suff. français -


iste) adj. Disponible, connotation négative. Chauvin, qui manifeste un
esprit partisan étroit. Les Aigles Noirs, grandes ou petites, ces formations
se disloqueront les unes après les autres. Elles n’auront pas résisté aux
assauts laminateurs « hizbistes ». (Le Matin, 13.2.92). L’esprit hizbiste a
fini par détruire toutes les formations politiques du pays. (oral).

128Com. Néologisme des années 88. V. HIZB, HIZB FRANÇA.

129H’JAB (de l’arabe) n. m. Disponible. Talisman, petit objet magique


(généralement bout de papier portant une transcription d’un verset du
Coran) dont le pouvoir est de protéger du mauvais œil ou de divers
maléfices. D’aucuns se demanderont pourquoi le sieur Soltane se ceint-il
la taille d’un chapelet de talismans et pourquoi ne pas se contenter d’un
seul « h’jab ». (El Watan, 19.12.95). Tous lui ont ouvert le « kitab » et
diagnostiqué la même chose, c’est-à-dire qu’il souffre de vieillesse,
d’insomnie et de cholestérol. « Quoi qu’il en soit, lui disent les talebs, tu
ne dois pas te séparer de tes « h’jabs », ni de tes médicaments. Les
premiers te sont utiles pour le moral, les seconds pour le corps. » (El
Watan, 19.12.95). Le « taleb » a ouvert le « kitab » sur son cas et, de
son « kalam » en osier, lui a écrit un « h’jab ». « H’jab » qu’il devra
attacher à sa ceinture. (El Watan, 19.12.95). Le hjab, talisman et autres
objets fétiches constituent de fait des supports qui protègent contre le
mauvais œil, l’envoûtement, les maléfices, la malchance, le mauvais
esprit. (El Watan, 16.1.96). Pour réussir, sa mère lui fait porter un
hjab. (oral). V. AÏN, HARZ.

130H’NANA (de l’arabe) n. f. Disponible. Tendresse, affection. Tout le


monde se souvient de « Inassliyen » le groupe qui nous a inculqué un
zeste de « h’nana » avec leur fameux tube. (Algérie-Actualité, 6.9.90).
« Je cherche une fille, berk », écrit un auteur en manque de « h’nana » à
l’orée du XXIe siècle dans les toilettes de l’université. (Nouvel Hebdo,
28.11.90). Aujourd’hui, d’ailleurs, ce sont les touristes qui nous détestent
et refusent notre h’nana. (Le Jeudi d’Algérie, 13.8.92). Ce qui manque au
peuple algérien, c’est un peu de h’nana envers soi et ses propres enfants.
(oral).

131HOGRA, HAGRA (de l’arabe) n. f. Courant, connotation négative.


Dédain, mépris exprimé par le pouvoir à l’égard de la population,
injustice, iniquité, abus de pouvoir. Il a pris ses précautions en s’armant
d’un couteau. La seule intention était d’éloigner ces « méchants ». Pour
mon client, c’est l’espèce même de « hagra » à ne plus mésestimer. (El
Moudjahid, 12.1.86). Contre la hogra, le ben’amisme, pour la justice, le
travail… (Horizons, 20.6.90). L’appel s’adresse également à toux ceux
qui sont contre la hogra et la mafia, la corruption et la
violence. (Quotidien d’Algérie, 6.8.92). Il faut supprimer la hogra car
l’Algérien est contre l’injustice. (Liberté, 22.12.92). Je vous prie de
m’accorder un petit espace dans votre hebdomadaire afin d’exposer à M.
Le Président de la République le calvaire, la véritable hogra dont je suis
victime de la part de certains responsables mafieux. (La Nation,
21.5.96). Hogra [Titre de l’article]. Il s’agit là d’une mesure arbitraire,
d’une véritable hogra, car au nom de quelle justice je me retrouve avec
femme, enfants et meubles, avec pour seul abri l’entrée d’un
immeuble. (El Watan, 10.11.99). Ainsi, l’arbitraire au cœur des
institutions et la « hogra » ont reproduit, jusqu’à ces dernières années,
les mécanismes courtisans des pouvoirs monarchiques. (Quotidien
d’Oran, 10.3.00).

132Com. La hogra est souvent présentée comme l’une des causes de la


révolte d’octobre 1988.

133HOMMA V. HOUMA.

134HORMA, HOURMA (de l’arabe) n. f. Disponible. Sens de


l’honneur et de la respectabilité de la personne. Il y a des circonstances
où la « horma », notre respectabilité, devient dérisoire. (Ouahioune,
1984b, 117). La redjla constitue en quelque sorte le principe actif de la
horma. (Algérie-Actualité, 20.12.84). Fouler ce sol régulièrement, c’est
aussi s’assurer de sa propre existence vis-à-vis des autres, c’est délimiter
le cercle de sa propre autorité, marquer la limite de l’espace sacré de la
horma que nul ne devra franchir. (Khellil, 1985, 28). Toutes les femmes,
épouses, jeunes filles qui sont contre la « hogra » et la violence actuelle
dans notre pays. Pour la paix et une vie dans la dignité et la « horma »
pour leur famille. (Horizons, 20.6.90). Ces faits ont été commis un jour
de décembre 89 dans un quartier populeux de la capitale, un quartier où
pourtant la horma, la fierté et la « redjla » sont si présentes. (El
Moudjahid, 23.4.93). Combien sont-ils ces gardiens du nif et de la horma
à se taire et à céder à la menace du canon scié aux dépens de leurs
sœurs, leurs mères, ou leurs épouses ? (Le Matin, 22.12.94). Aucun
homme ne vient jamais sur la terrasse à cause de la horma, ce sacrosaint
respect de l’intimité des femmes. (Allouache, 1995, 38). V. NIF,
REDJLA.

135HORZ V. HARZ.

136HOUBOUS V. HABOUS.

137HOUKOUMA (de l’arabe) n. f. Disponible. Organe du pouvoir,


gouvernement, autorité. La « houkouma » donne gratuitement des terres
à quiconque en fait la demande. (El Moudjahid, 4.3.85). Si ces préjudices
matériels et moraux avaient touché une société de droit privé, ce
monsieur aurait passé toute sa vie en prison. Mais il s’agit des biens de
la nation, de beylek, de la houkouma. (Algérie Actualité, 14.12.85). La
houkouma a distribué des machines à coudre aux jeunes filles au
foyer. (Algérie-Actualité, 1.8.91). Ils ont pris les APC et nous ont donné
du travail que l’houkouma s’est empressée de nous enlever en nous
traquant comme des bêtes. (Algérie-Actualité, 20.2.92). Il a juste dit :
« Qu’est-ce que veulent les barbus ? » et puis encore : « Et ceux de la
houkouma ? » (Le Jeudi d’Algérie, 6.8.92). Les « autres » ne peuvent
être que ceux de la « Houkouma », représentants de l a « Dawla ». (El
Acil, 15.10.93). Houkouma : ce terme, comme on peut le deviner, désigne
les hauts fonctionnaires de l’administration, hauts cadres du secteur
public. (Liberté, 6.8.97). Tous les blessés appartiennent aux forces de
l’ordre, affirme la même source en utilisant le terme consacré de
« houkouma ». (El Watan, 3.1.00).

138Com. Le terme peut avoir une connotation péjorative. V. BEYLICK.

139HOUMA, HAWMA, HOMMA, HAOUMA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : houmate(s), houmas, houmat). Courant. Quartier d’une ville. Je
ne veux pas devenir la risée de la houma. (L’Unité, 4.5.78). […] se
retremper dans la chaleur combien réconfortante des aïeux et de la
houma, celle-là qui l’a vu naître et grandir. (El Watan, 16.12.92). Tout à
l’heure, il ira faire le pied de grue dans la houma, attendant patiemment
le retour des dulcinées. (El Watan, 4.12.95). Plus loin dans les faubourgs
et quartiers plus ou moins reculés, l’esprit houma chez les jeunes est
toujours présent, ils se retrouvent dans une cave isolée au détour d’une
ruelle souvent mal éclairée. (Le Matin, 1.2.96). Cela ne va pas sans nous
rappeler les traditionnels matches houma contre houma où tout un
chacun laisse éclater son humeur et sa roublardise, sa susceptibilité et
ses caprices. (Liberté, 7.2.96). Pourtant, à l’époque du lycée, sa
silhouette rameutait tous les jeunes de la houma. (Khadra, 1999, 169). Si
cela ne tenait qu’à moi, je l’aurais nettoyé ce quartier ! À plusieurs
reprises, on en est venu aux mains et aux bâtons avec ceux qui voulaient
vendre leur saleté dans notre « haouma ». (Quotidien d’Oran, 7.2.00).

140Com. La notion de quartier est très importante dans la mesure où


c’est un lieu de regroupement des jeunes qui développent la morale de la
houma. V. HOUMISME, HOUMISTE.

141HOUMATE(S), HOUMAT pluriel de HOUMA. Des tournois entre


les houmates sont un élément du sport de masse. (L’Unité, 4.4.78). D’un
quartier au sud de l’Espagne aux « houmate » d’Alger, la fête reste la
même. (Le Matin, 18.7.96). Les mosquées, plus d’une centaine, centres
de culture religieuse, ont été des pôles attractifs des habitations à
l’origine des houmat (quartiers). (La Tribune, 20.1.00).

142HOUMISME, HAOUMISME, HAWMISME (terme de formation


hybride arabe houma + suff. français -isme) n. m. Disponible, connotation
péjorative. Esprit de quartier, fierté d’appartenir au quartier où l’on
réside, nationalisme de quartier. Autant de noms évoquant une époque où
le « houmisme » (en forçant un peu, on peut traduire cela par
quartiérisme) faisait partie des attributs de tous les jours. (El Moudjahid,
7.12.83). Depuis quelque temps, il est apparu une nouvelle forme de ce
phénomène en milieu urbain, un « néo-houmisme », caractérisée par le
comportement de certains clubs des grandes villes. (El Hadef,
8.2.85). Des jeunes s’expriment. […] On apprendrait aussi ce qu’est le
« houmisme » et sa… mal-vie dont les règles ne s’embarrassent pas de
problèmes matériels. (Algérie-Actualité, 15.8.85). Le houmisme est un
critère fondamental pour le recrutement des jeunes. (oral).

143Com. Le synonyme attesté quartiérisme est rare. V. HOUMA,


HOUMISTE.

144HOUMISTE, HAOUMISTE, HAWMISTE (terme de formation


hybride arabe houma + suff. français -iste) adj., n. m. 1. Courant.
(Personne) dont le comportement se caractérise par l’esprit de quartier
(houmisme), la solidarité avec les habitants du même quartier. Un
houmiste ordinaire est supporter – cela coule de source – du club de la
« houma ». (El Hadef, 8.2.85). Elle est même parfois rythmée par des
relents régionalistes voire haoumistes inacceptables. (El Moudjahid,
30.3.85). Une émission à grande écoute, un animateur vedette et sur le
plateau de dignes représentants des looks « tchi tchi », « bohi »,
« houmistes » etc. (Algérie-Actualité, 15.8.85). Ils étaient tous là :
jeunes, moins jeunes, « houmistes », chômeurs, étudiants et même
personnes d’un certain âge. (Le Matin, 8.2.96). Pour l’accès au concert,
le prix a été fixé à 150 DA, ce qui semble inaccessible à quelques jeunes
admirateurs au look « houmiste ». À l’intérieur de la salle de spectacles,
le public, composé essentiellement de jeunes aux allures populaires […]
(La Tribune, 27.12.99).
1452. Courant. Personne qui habite le même quartier. Ils se disent
« houmistes » car ils sont tous des enfants de quartier. (L’Unité,
4.5.78). Ne touche pas à Youcef. N’oublie pas que c’est un
houmiste. (oral). Les houmistes sont solidaires et s’organisent pour
empêcher toute intrusion d’étrangers à leur quartier. (oral).

146Com. La notion de houma étant exploitée sur le plan politique,


les houmistes, pris en charge par les islamistes, se voient largement
recrutés par ces derniers. V. HOUMA, HOUMISME.

147HOURMA V. HORMA.

148HOURI (de l’arabe) n. f. (pluriel : houris, houriates). Disponible.


Beauté céleste dans le paradis d’Allah que le Coran promet au musulman
fidèle. Sur un autre plateau incrusté de promesses mirifiques, les partis
islamistes offrent jardins et houris de l’au-delà avec preuves au laser. (El
Watan, 14.8.97). Le diable utilise la femme pour égarer les hommes.
Dieu teste notre foi par l’épreuve de l’appétit charnel. Si nous parvenons
à le maîtriser, nous serons récompensés par des houris d’une beauté
inimaginable. (Gastel, 1999, 80). Là-haut, nous n’aurons qu’à claquer
des doigts pour voir nos vœux exaucés. Nous choisirons notre harem
parmi les contingents de houris qui peuplent l’Éden. (Khadra, 1999,
13). Il la revoyait dévaler la ruelle, radieuse pardessus son hijab, telle
une houri dans le pré. (Khadra, 1999, 101). Elle nous dit le gazouillis des
oiseaux auquel répondent le clapotis d’une source mielleuse et le friselis
du vent sur le sein d’une houri. (Sansal, 1999, 101). Elle considère le
phénomène des houris comme une sorte de prostitution divine. (Zaoui,
1999, 17).

149HOURIATES, HOUARIÂTES Pluriel de HOURI. Chez le laitier,


un jeune hitiste racontait que les Oranais étaient exaspérés par le
sobriquet de houariâtes dont les affublaient les postiers d’Alger depuis le
déclenchement de la grève. (Tengour, 1997, 75). Il préfère rester au
paradis, quelque part aux Bahamas, une plage divine, un hamac et trois
plantureuses houriates, sérieusement affairées, de quoi faire regretter la
rapine à Beltchine. (El Watan, 19.3.00).

150HOUZI V. HAOUZI.

151H’RAME V. HARAM.

152H’RIRA, HRIRA V. HARIRA.

153HRISSA V. HARISSA.

154HROR, HROUR (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Mélange d’épices


employé pour relever les plats. Une fois la viande cuite, ajoutez le
hror. (Bouayed, 1983, 57). Sa mère n’oubliait pas d’acheter le hrour
composé d’une grande variété d’épices conjuguées : gingembre,
khoujoulan, muscades de toutes sortes, kababa, girofle, bâtons de
cannelle, poivres musqués, baies odorantes et cardamome. (Bensmaïne,
1996, 38). Les habitants d’El Oued consomment beaucoup de h’ror.
(oral). V. FELFEL, HARISSA.

155HSADA, HSSADA (de l’arabe) n. f. Disponible. Fait d’envier


fortement au point de faire du mal à autrui. Ce n’est un secret pour
personne : chez nous, l’insulte, la calomnie, la « hssada » sont des
sports nationaux. (Algérie-Actualité, 14.5.81). Ah, vivement d’autres
chaînes […] qui soient loin du clanisme, du régionalisme, de la
« hsada », sport national chez nous ! Le zapping à l’algérienne,
pourquoi pas ? (Algérie-Actualité, 6.7.93).

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


Accès via CERIST
IBADITE adj., n. Spécialisé. Membre d’une branche dissidente de la
religion musulmane. Le M’zab est un royaume à part, créé de toutes
pièces dans le désert par la secte ibadite au XIe siècle, pour se protéger
des incessantes luttes de conquête qui font alors rage dans le monde
arabe. (Sigaud, 1991, 203). L’Algérie est monolithique : entièrement
musulmane, et dans l’Islam entièrement sunnite. La seule exception est
celle de la petite communauté ibadite du Mzab, vestige historique d’une
branche dissidente qui a survécu dans son isolat saharien. (Cote, 1996,
7).

2IBLISS V. BLISS.

3ICHA, ICHÂA, ÎCHA V. AÏCHA.

4IDDA (de l’arabe) n. f. Spécialisé, écrit surtout. Période durant laquelle


la veuve ou la divorcée ne peut se remarier ni accepter les propositions du
mariage. Il serait souhaitable que l’époux respecte au moins les
préceptes de l’islam selon lesquels la femme a droit au logement jusqu’à
l’expiration de sa « idda » ou retraite légale. (Algérie-Actualité,
4.4.85). En cas de décès du mari, l’idda donne à la femme l’occasion de
prendre part au deuil familial et de manifester sa fidélité au cher
disparu. (Djaber El Djazaïri, 1986, 476).

5IDJTIHAD V. IJTIHAD.

6IFTAR (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Moment de la rupture du jeûne


pendant le ramadhan. Chaque signal quotidien pour l’iftar a été une fête
renouvelée par l’idée du devoir religieux accompli. (El Moudjahid,
22.7.82). Nous sommes à quelques secondes de l’iftar, il est 18 h
25. (L’Opinion, 22.4.93). Horaires Ramadhan 17e jour : dimanche 27
février 1994 Imsak : 5 h 48 ; Iftar : 18 h 42. (El Watan, 27.2.94). À
l’heure de l’iftar, les rues de la ville se vident et ne restent que les
passagers en escale de dîner ou les derniers retardataires. (El Acil,
22.1.95). Chaque jour du mois, il se fera entendre à trois reprises pour
prévenir les 15 millions d’habitants du Caire le soir pour l’iftar, la
rupture du jeûne […]. (El Watan, 2.2.95).

72. Disponible. Premier repas servi après la rupture du jeûne. Le


Croissant Rouge algérien a envisagé pour le mois de Ramadhan,
l’ouverture des restaurants populaires qui accueilleront les pauvres
gens, les familles démunies et les voyageurs à l’heure de la rupture du
jeûne (Iftar). (Eddalil, 25.2.93). L’APC de Constantine a pu mettre à
contribution certaines associations de bienfaisance pour offrir
gracieusement l’iftar aux plus démunis. (L’Authentique, 26.1.96).
V. F’TOUR.

8IJTIHAD, IDJTIHAD, HIJTIHÂD, IJTIHÂD (de l’arabe) n. m.


Disponible. Effort de réflexion et d’innovation dans l’interprétation des
textes religieux. L’idée de révolution permanente est contenue dans la
notion islamique de l’idjtihad, cette institution qui devait donner à
l’Islam son dynamisme évolutif et sa pérennité. (Aroua, 1984, 103). La
stagnation intellectuelle et le coup d’arrêt que connut l’ijtihâd ont
conduit à une régression civilisationnelle dans l’ensemble du monde
islamique. (Charte nationale, 1986, 17). Les opinions et les influences de
ces savants en matière de l’ijtihad sur la jurisprudence étaient
considérables. (El Moudjahid, 18.3.93). Il faut également différencier
entre ce qui est une raison pour l’ijtihad et les préceptes inamovibles où
l’ijtihad n’y peut rien. (L’Authentique, 26.5.97). L’ijtihad, qui est le
principe cardinal de l’islam, est remplacé par la notion mal comprise et
mal interprétée du djihad. L’ijtihad est la quête perpétuelle de la vérité et
du savoir. (El Watan, 14.8.97). Dans le discours du Président Bouteflika
durant le séminaire du HCI : « Je ne dis pas : donnez-moi une plume, je
vous donnerai une fetwa dans tel domaine. Mais ne m’est-il pas permis,
au nom des sociétés arabes et musulmanes, d’appeler ceux qui, par la
grâce de Dieu, ont eu le bienfait de la connaissance la plus vaste
possible ? Je leur dirai : à l’ijtihad, à l’ijtihad, à l’ijtihad. » (Le Matin,
tribune de discussion, décembre 1999). Il sera pour le moins difficile
d’opérer une harmonisation des législations entre un État basé sur la
« chariaa » et une république dont le droit s’inspire du droit positif,
particulièrement dans le cas des droits de la femme. L’ijtihad en la
matière sera au moins rude. (Quotidien d’Oran, 17.2.00).

9IKHWA (de l’arabe) n. m. (pluriel ikhwas, ikhwan(e)s). Disponible.


Frère musulman, intégriste religieux. Il a eu trop de haine, trop
d’injustice pour que l’indignation soit la même partout. Ils sont cinq ou
six. Doivent parfois goûter au 6-15 mais, ce soir, ils sont « Ikhwa ».
Ikhwas par réaction, Ikhwas par haine d’un système au verbe creux et
aux privilèges solidement ancrés. (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92). C’est un
ikhwa qui a assassiné Mouloud le policier. (oral).

10Com. Néologisme des années 1980. V. AKH, BARBU, FRÈRE,


FRÉROT.

11IKHWANE(S), IKHWAN(S) p l u r i e l de IKHWA. La blancheur


éclatante des voiles de nos femmes est remplacée par la grisaille des
hidjabs des ikhwans. (Ben Mansour, 1990, 269). Pour ceux-là, il s’agit
d’un différend entre deux méthodes, celles des ikhwanes (frères
musulmans) et des salafiya (dogmatiques). (Algérie-Actualité, 23.5.91).
12IKOUFAN, IKUFAN pluriel de AKOUFI.

13ILM (de l’arabe) n. m. Disponible. Savoir, connaissance. Un jeune


Constantinois qui revenait de Tunis, de la Zitouna, avec l’auréole du
ilm. (Bennabi, 1965, 62). À la medersa où on vous apprend le ilm, on
vous laisse porter ce vêtement de kafer ? (Bennabi, 1965, 64). Dieu qui a
créé tout ce qui existe et parmi sa création l’homme, a fait de celui-ci le
lieu de la science (Ilm). (Koriba, 1984, 220). Le 24 avril, Constantine
célèbre le ilm, comme si le savoir et la connaissance n’avaient droit de
cité que pendant une journée par an. (El Acil, 20.4.95). V. YOUM EL
ILM.

14IMAM, IMAN, IMMAM (de l’arabe) n. m. Courant. Dignitaire


religieux qui dirige une mosquée, prononce les sermons et conduit la
prière du vendredi. L’imam a fait lecture de la Fatiha à la mémoire des
chouhada en présence de nombreux citoyens. (El Moudjahid,
29.3.81). S’il y a une fetwa concernant la limitation des naissances, nos
imams sont les mieux placés pour convaincre les fidèles. (El Moudjahid,
9.10.84). Les croyants écoutaient l’immam de leur mosquée, ils étaient
absorbés par la psalmodie des versets du Coran jusqu’à oublier l’heure
de la rupture du jeûne. (El Acil, 21.10.92). Les imams des mosquées
algériennes étaient recrutés en Egypte et c’est ce qui explique notre
déconfiture en matière de culture religieuse. (El Acil, 12.10.94). Il faut
par la suite concourir pour espérer être sélectionné par le Ministère des
Affaires religieuses en vue d’une formation avec, au bout, un poste
d’imam. (El Watan, 19.3.95). Quatre-vingt-quatre imams ont été
assassinés par les groupes armés islamistes depuis le début des violences
en Algérie, en février 1992, a indiqué le ministre des Affaires religieuses
Ahmed Merani. (La Tribune, 23.1.96). L’imam lié au pouvoir ne parle
que de l’au-delà, d’enterrements, de rituels classiques ; il n’évoque pas
ce qui a trait directement à la vie quotidienne du citoyen, d’où sa perte
de crédibilité. (El Watan, 29.3.00).

15Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. L’adjectif dérivé imamal est
parfois employé. V. IMAMAT.

16IMAMAT (terme de formation hybride arabe imam + suff. français -


at) n. m. Disponible. Fonction, charge d’imam. Le cheikh L.T. n’a pas
limité sa lutte farouche à l’acquisition de la culture et du savoir qui le
mèneront tôt sur le noble chemin de l’imamat et de l’éducation. (El
Moudjahid, 17.4.85). Dans un groupe de fidèles, l’imamat revient
d’office au meilleur récitant du Coran, ensuite au plus versé dans la
science religieuse, après eux au plus pieux, ensuite au plus âgé. (Djaber
El Djazaïri, 1986, 261). Ainsi le porteur d’eau Malsara instaura
l’imamat de Taher qui prônait le kharidjisme. (Mimouni, 1993, 18). La
Charte nationale […] fait remonter le premier État algérien à l’époque
rostémide, qui fut bien plutôt un imamat fondé par le kharijite Ibn
Rostem vers 776 de l’ére chrétienne à Tahert, près de la ville de
Tiaret. (Rouadjia, 1994, 85). Le Ministère des Affaires religieuses
organise un concours pour l’imamat en juin 1995. (El Acil, 8.6.95). Pour
ce motif, il punit certains qui avaient cru en l’imamat de son fils. (El
Watan, 11.10.95).

17Com. Attesté ds GR, TLF.

18IMAN, IMMAM V. IMAM.

19IMPORT-IMPORT n. m. Courant, milieux économiques et


politiques. Relation économique avec l’étranger fondée sur la seule
importation. Le peuple algérien se trouve toujours pris entre la peste,
constituée par les « maffias », identifiées et dénoncées par le défunt
Boudiaf, les gros trabendistes, les affairistes rapaces de l’import-
import. (El Watan, 4.11.97). Le trabendisme algérien
s’internationalise. […] De Dubaï, de Tunisie, d’Égypte, de Turquie, des
« hommes d’affaires » très importants ont pris en main le négoce
informel et sont surtout présents dans les opérations d’import-import de
Tadjenant et de Bir El-Ater (Tébessa). Mondialisation… ? (Liberté,
7.2.00). Au contraire, toujours une dépendance totale vis-à-vis des
hydrocarbures, hausse des importations avec la multiplication des
sociétés écrans d’import-import. Des bateaux de café, de sucre et autres
produits accostaient régulièrement les ports algériens, importés par les
intouchables, laissant quelques maigres lignes de crédits aux petits
importateurs pour donner un semblant d’équité à l’ouverture du
commerce extérieur. Il est plutôt judicieux de parler, en l’absence de
l’exportation, de l’achat de l’extérieur au lieu du commerce extérieur car
celui-ci suppose achat et vente de et vers l’extérieur. (El Watan,
29.3.00). Qu’est-ce qui peut attirer les commerçants vers le troc quand
on sait que les boîtes d’« import-import » fonctionnant au régime
« normal » de commerce extérieur engrangent des bénéfices qui peuvent
être mirobolants ? (Liberté, 18.2.01).

20Com. Ce néologisme des années 96 désigne avec dérision le


mécanisme qui a proliféré en Algérie avec le déclin de l’économie
socialiste et la chute du monopole de l’État en matière de commerce
extérieur. V. TRABENDISME.

21IMPORTER v. tr. dir. Disponible. Faire venir d’une autre région du


pays. La wilaya de Batna connaît des insuffisances dans la production
agricole et se trouve contrainte, pour satisfaire des besoins locaux, à
importer des autres wilayate. (El Moudjahid, 21.12.77). Quelques privés
importent des produits laitiers à partir de Médéa et de Djelfa. (El
Moudjahid, 11.2.81). Les crémeries de Constantine importent des yaourts
fabriqués à Alger. (oral).

22IMSAK (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Début de la période d’abstinence


pendant le jeûne du Ramadhan. Ces veillées durent jusqu’à l’heure de
l’imsak. (El Moudjahid, 15.6.84). Horaires Ramadhan 14e jour, jeudi
24 février 1994, Imsak : 5 h 49. Iftar : 18 h 41 (El Watan,
25.2.94). Chaque jour du mois, il se fera entendre à trois reprises pour
prévenir les 15 millions d’habitants du Caire […] à l’aube pour l’imsak,
début de jeûne. (El Watan, 2.2.95). Les correspondants cherchent surtout
à s’informer des horaires du jeûne (imsak) et maghreb. (La Nation,
26.1.96). V. IFTAR.

23IMZED V. EMEZED.

24INCH’ALLAH, INCHALLAH, IN-CHALLAH, INCHA ALLAH,


INCH ALLAH, INCH-ALLAH (de l’arabe) exclam. Courant, oral
surtout. Si Dieu (le) veut !, s’il plaît à Dieu ! Les plans sont tirés :
Inchallah l’année prochaine ce sera mieux. (El Moudjahid,
28.8.85). Peut-être qu’il y aura du changement, Inch’allah. (Horizon
2000, 26.12.85). Nous l’aurons, incha Allah, ce trophée. (El Moudjahid,
14.1.90). Moi, mon vœu, in-challah, c’est de fuir ces lieux au plus
vite… (Algérie-Actualité, 20.1.93). Que la paix règne dans nos cœurs et
dans mon cher pays Incha Allah. (Détective, 29.5.96). Bien sûr vous ne
me verrez, inchallah, pas m’arrêter en si bon chemin malgré les
commérages (Liberté, 26.9.96). Le pays reprend goût à la vie normale et
vivra « In-Challah » dans la joie et l’allégresse. (La Tribune, 15.1.00).

25Com. L’expression est prononcée habituellement au début ou à la fin


d’un souhait, d’une décision, d’un projet. Attesté ds Lanly 1970, Duclos
1991, IFA. V. AL HAMDOU ALLAH.
26INDU-OCCUPANT, E n., adj. Disponible. Personne qui occupe
indûment un local, un appartement, une exploitation agricole, etc. Les
indus-occupants dans les exploitations agricoles se présentent en
plusieurs catégories. On trouve parmi eux des retraités du secteur
agricole, des moudjahidine, des familles de chouhada, des
fonctionnaires… (El Moudjahid, 23.10.83). Les recensements faisaient
état dans la daïra de Koléa de la présence de 3 268 familles indues-
occupantes. (El Moudjahid, 23.10.83). L’organisation se trace pour
objectif l’encouragement de la plasticulture et la résolution des indus-
occupants. (El Moudjahid, 27.1.84). […] les domaines autogérés où les
gens sont livrés à eux-mêmes, ouvriers et indus-occupants
confondus. (Horizons, 19.6.86). Notre journal Le Matin ne peut en aucun
cas être concerné par la décision, n’étant pas un indu-occupant. (Le
Matin, 8.9.94). […] un délicat travail de recensement des familles
sinistrées qui délogera les indus-occupants des tentes et de toutes les
catégories de « n’ayant pas droit » au logement de compensation. (El
Watan, 5.1.00). L’engin menaçant de la commune s’est attaqué à une
construction érigée sur le trottoir et qui obstruait l’entrée de l’ancien
centre de recasement de Boulange. […] Après la protestation énergique
des indus-occupants, le S.G. a continué sa mission. (Quotidien d’Oran,
22.3.00).

27Com. On rencontre aussi les formes construites sur le même


modèle indu-bénéficiaire ou indu-scolarisé (« enfant scolarisé indûment
parce que n’ayant pas l’âge légal »). V. INDUE-OCCUPATION.

28INDUE-OCCUPATION n. f. Disponible. Occupation illégale de


locaux et de surfaces (agricoles le plus souvent). La lutte contre les
constructions illicites va de pair avec la résorption de l’indue-
occupation. (Algérie-Actualité, 31.1.85). L’indue-occupation de nos
terres s’est faite avec l’accord de la direction de l’agriculture. (oral).
V. INDUOCCUPANT.

29INFITAH (de l’arabe) n. m. Disponible. Libéralisme économique,


ouverture du marché national aux investisseurs étrangers. Féroce satire
de l’infitah, pamphlet politique tout en persiflage, dénonciation
infatigable des embrouilles et des magouilles. (Algérie-Actualité,
10.5.84). […] faire barrage aux conséquences néfastes d’une politique
d’infitah sauvage qui a déjà fait preuve de son inefficacité sous d’autres
horizons. (El Moudjahid, 25.9.90). Il est de ces hommes rares qui
persistent à croire que l’infitah n’est pas une fatalité avec son cortège
d’inégalités sociales et d’injustice. (Le Jeudi d’Algérie, 9.7.92). Malgré
les mises en garde concernant le massacre des structures existantes et
l’opposition de quelques cadres et responsables de l’époque du feu
président à la politique de l’infitah, le pouvoir n’a pas reculé. (El Acil,
10.1.93). Par contre, les mutations dues à l’infitah des années 80 – que
nous ne voudrons pas juger sur le plan économique car là n’est pas notre
compétence – engendrent une panoplie de comportements négatifs chez
l’individu et dans la société. (El Watan, 15.1.96).

30Com. Le dérivé attesté infitahien (« libéral ») est rare.

31INTER-DAÏRA(S), INTER-DAÏRATE(S) (de inter + daïra) adj.


Disponible. Qui relie plusieurs daïras. […] la multiplication des services
inter-daïras et la création de syndicats intercommunaux de transport de
voyageurs. (El Moudjahid, 11.1.83). Le wali a souligné l’absence d’une
coordination efficace intercommunale, inter-daïra, inter-wilayale et
inter-régionale. (El Moudjahid, 28.2.83). […] l’extension des réseaux
inter-daïrates et inter-wilayas. (Algérie-Actualité, 13.10.83). La station
de Bab Skikda sera dégagée et affectée uniquement aux taxis inter-
wilayas et inter-daïras. […] Cette station abritera, toujours selon le
nouveau plan, les bus inter-wilayas et inter-daïras, ainsi que les
véhicules aménagés, tous axes confondus. (El Acil, 14.5.97). V. DAÏRA.

32INTÉGROTERRORISTE (terme composé de intégriste et


de terroriste) adj. Disponible. Relatif au terrorisme d’origine
intégriste. Tout au bas de la pyramide intégroterroriste, le lumpen, un
fatras de groupuscules assimilés aux plus extrêmes des extrémistes, les
« ghoulate »… (L’Hebdo libéré, 13.1.93). La stratégie intégroterroriste
est d’isoler l’Algérie du monde occidental. (oral).

33INTERPRÉTATION n. f. Disponible, oral surtout. Interprétariat,


traduction (d’une langue à l’autre). Je vous apporte un papier pour
l’interprétation. (oral). Il a reçu une formation pour faire de
l’interprétation dans un ministère. (oral). V. INTERPRÉTER.

34INTERPRÉTER v. tr. dir. Traduire. Disponible, oral


surtout. Interprétez-moi ce qu’il a dit. (oral). Vous laissez un peu de
temps à l’interprète pour qu’il puisse interpréter. (oral).
V. INTERPRÉTATION.

35INTER-WILAYA(S), INTERWILAYAS, INTER-


WILAYATE(S) (de inter + wilaya) adj. Disponible. Qui concerne
plusieurs wilayas ou qui leur est commun. La production de semences de
céréales va permettre, moyennant les transferts opérés inter-wilayate, de
couvrir plus de 75 % des besoins. (L’Agro-Industriel, 1.12.94). […] dans
le cadre de la coopération interwilayas instituée entre les wilayas de
Constantine, Mila, Skikda et Oum El-Bouaghi. (Liberté, 6.1.95).
[…] interdiction du trafic routier interwilayas, etc. (La Nation,
26.12.95). Un riche programme […] portera sur l’organisation de
navettes des plages pour 10 000 jeunes, des échanges inter-wilayas,
particulièrement celles du Sud. (Le Matin, 26.4.96). La vaste place
attenante à l’ex-Aswak « Maouna » sera divisée en quatre parties, entre
taxis, bus, véhicules aménagés et taxis inter-wilaya. (El Acil, 14.5.97). Il
a été souligné l’importance de développer les échanges inter-wilayas et
l’ouverture des agences de voyage. (El Moudjahid, 27.5.97). […] une
très forte croissance du trafic routier inter-wilayate. (Quotidien d’Oran,
2.3.00). […] pour que les taxis collectifs s’alignent sur le modèle des
taxis interwilayas en matière de contrôle. (Quotidien d’Oran, 27.1.01).
V. WILAYA.

36IRRIGANT 1. n. m. Spécialisé. Paysan qui utilise l’irrigation pour ses


cultures. Il est porté à la connaissance des irrigants que les souscriptions
d’eau d’irrigation pour la campagne en cours débuteront à partir du 20
février. (El Moudjahid, 4.3.81).

372. Adj. Spécialisé. Qui irrigue. Les palmiers se sont facilement adaptés
à la vie dans cette région, suite à la température de l’eau irrigante qui
convient. (El Moudjahid, 12.4.87).

38ISLAMITÉ (de islam et suf. –ité) n. f. 1. Disponible, écrit,


intellectuels. Appartenance à l’Islam. Musulmane, l’Algérie l’a été et
l’est toujours et ceux qui s’inquiètent de son islamité méconnaissent les
textes parus depuis le quatrième congrès du Parti du FLN. (Algérie-
Actualité, 22.8.85). Dans la pratique, il ne cesse de donner des gages de
son islamité. (La Nation, 30.1.95).

392. Disponible, écrit, intellectuels. Caractère islamique, ensemble des


caractères propres à l’identité musulmane et qui participent de
l’Islam. L’amazighité, l’arabité, et l’islamité qui ont fait la grandeur de
l’Algérie, constituent des piliers autour desquels pourraient se construire
une identité et une personnalité solides. (El Watan, 14.2.93). La
Constitution doit veiller à ce que les valeurs nationales (amazighité,
islamité, arabité) ne puissent être utilisables à des fins partisanes. (El
Watan, 28.2.93). En ce qui concerne l’identité algérienne, « celle-ci doit
reposer sur l’amazighité, l’arabité et l’islamité ». (Liberté, 9.11.93). Le
comité R.P.N. appelle l’ensemble des patriotes à y participer pour une
prise en charge saine et définitive du triptyque identitaire : amazighité,
islamité et arabité du peuple algérien. (El Watan, 16.1.94). Bejaïa est par
ailleurs l’une des rares villes algériennes où la femme ne porte pas de
hidjab, quoique son islamité est pleinement assumée, mais sans
ostentation aucune. (Le Matin, 16.6.96). Rouiba appelle à la dévotion
comme à la guerre sainte. Elle ne prie plus que pour clamer son islamité
recouvrée et insuffler la ferveur guerrière à ses milices. (Sansal, 1999,
143). V. ALGÉRIANITÉ, ARABITÉ, AMAZIGHITÉ.

40ISLAMO-BAÂTHISME n. Disponible. Doctrine prônée par les


partisans d’un islamisme à tendance socialiste et nationaliste arabe. Non
à l’islamo-baâthisme. (El Watan, 9.3.93). Il était de ceux dont la
réflexion et l’action cassaient, autant de fois que possible, les desseins
des tenants de l’islamo-baâthisme, esprit de l’arrièrisme sévissant à
partir du FLN depuis 1962. (Le Matin, 22.12.94) Le 19 juin, c’est
d’abord la date qui symbolise, on ne peut mieux, les années islamo-
baâthisme, la destruction de l’école avec l’arrivée à la tête de
l’enseignement de ce grand « pyromane » qu’est Taleb Ibrahimi, c’est
l’écartement de brillants intellectuels comme Mostepha
Lacheraf. (Liberté, 20.6.95). V. BAÂTHISME.

41ISLAMO-BAÂTHISTE (de islam + suf. -isme) n., adj. Disponible.


Partisan de l’islamo-baâthisme. Selon cette logique, pour combattre
l’intégrisme, idéologie et projet antinationaux par essence, il faut
développer une stratégie de ressourcement dans la culture et l’idéologie
islamo-baâthistes. (L’Hebdo libéré, 8.3.93). Ainsi le RCD, tout en étant
contre le dialogue avec les partis qu’il qualifie d’islamo-baâthistes, ne
disconvient pas pour autant de dialoguer avec le pouvoir. (L’Opinion,
5.4.93). […] inscrites dans la revendication identitaire (n’en déplaise
aux islamo-baâthistes et aux adeptes du panarabisme), par notre
participation à toutes les marches de Tizi-Alger à l’appel du MCB. (Le
Matin, 25.4.96). Il est urgent que la rupture s’opère entre l’arabisation
(dont le processus est en principe achevé – mais resté sans évaluation) et
l’idéologie islamo-baâthiste des tenants d’une arabisation sélective,
chauvine, cultivant l’anathème culturel et la haine, la violence, terreau
de l’intégrisme. (Le Matin, 17.5.96). L’action du HCA, qui s’inscrit à
contre-courant des orientations idéologiques islamo-baâthistes qui
persistent encore dans le secteur de l’éducation, ne peut s’achever de
manière convenable. (El Watan, 22.9.96). C’est précisément la lutte
sourde que menait l’aile islamo-baâthiste contre tout ce qui était de
nature à engager l’Algérie vers le progrès, qui finit par aboutir à la
naissance du Front Islamique du Salut, considéré par de très nombreux
observateurs comme le fils naturel du FLN (Liberté, 24.9.96).
V. ARABO-BAÂTHISTE, BAÂTHISTE.

42ISLAMO-NATIONALISTE n., adj. Disponible. Qui se réclame à la


fois de l’Islam et du nationalisme arabe. Le pôle islamo-nationaliste
souffre d’un bicéphalisme chronique depuis la décantation qui a révélé
une bipolarité en son sein. (El Watan, 23.12.99). À commencer par le
mouvement wafa d’Ahmed Taleb Ibrahimi qui se présente comme un
parti d’obédience islamo-nationaliste. (Le Matin, 19.12.99).

43ISLAMO-RÉCONCILIATEUR n. m. Disponible. Islamiste modéré


qui accepte, sous certaines conditions, les lois de la démocratie. Une
rétrospective des faits et événements éclaire davantage sur la démarche
d’un pouvoir dont la première garantie aux islamo-réconciliateurs fut le
limogeage de l’ex-Premier ministre, l’anti-intégriste Redha Malek. (Le
Matin, 20.9.95). Le FLN est favorable à l’intégration des islamo-
réconciliateurs dans le processus de rétablissement des institutions de
l’État. (El Acil, 23.1.96).

44ISTIKHBAR V. ESTIKHBAR.

45ISTISQUA, ISTISKA n. f. Spécialisé. Prière effectuée par les


musulmans croyants pour demander la pluie. D’aucuns espèrent déjà une
journée pluvieuse d’autant que la veille, on s’en souvient, le Ministère
des Affaires religieuses avait appelé à une prière de l’istisqua. (El Watan,
4.4.94). Ceci étant dit, la prière de l’istisqua (prière de la pluie) a été
suivie jeudi dernier par des fidèles à travers tout le territoire, suite à
l’appel qui a été lancé par le Ministère des Affaires religieuses. (El
Watan, 24.11.95). L’Algérie reprend espoir bien avant la prière de
l’istisqua. (El Moudjahid, 25.11.95). La prière de l’istisqua a failli
provoquer des inondations dans la région. (oral).

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JAHILIA, JAHILIYA V. DJAHILIYA. JAMAÂ,
JAMAA V. DJAMAA.

2JANVIÉRISTE n. m. Disponible. Responsable politique qui a décidé


l’interruption du processus électoral (favorable au FIS) de janvier
1992. Ni les « janviéristes » qui ont fait des choix graves
qu’il [Chadli] ne pouvait accepter – Chadli rappelle qu’il était favorable
à la poursuite du jeu institutionnel après les élections du 26 décembre
1991 – ni Bouteflika n’échappent aux remarques concises et souvent
mordantes de Chadli Benjedid. (Quotidien d’Oran, 15.1.01).
V. NOVEMBRISTE, OCTOBRISTE.
3JAZ’ARA V. DJAZAARA.

4J’DOUB (de l’arabe) n. m. Spécialisé, écrit surtout. Fossé creusé dans


le lit d’un oued avec entrée et sortie aménagées pour ne retenir que les
eaux d’écoulement, notamment lors des crues. Ces barils servent à
remplir les « j’doub » aménagés autour des daïate. (El Moudjahid,
18.3.85). Pour l’habitant avec l’aval Arch, creuser son j’doub et bâtir sa
maison à côté d’El beit (tente) constitue l’acte de propriété. (El
Moudjahid, 19.3.85). Tu as vu, des barrages dans le nord du pays, des
sources en montagne, des éoliennes sur les hauts plateaux, des séguias,
des j’doubs dans les oasis, des foggaras du Sahara […]. (Liberté, 8.3.95).

5JEICH V. DJEICH.

6JENOUN V. DJENOUN.

7JEÛNEUR n. m. Disponible. Personne qui observe le jeûne du mois de


ramadhan. Le jeûneur peut donc fabriquer lui-même sa « cherbette ». (El
Moudjahid, 14.6.83). Les jeûneurs ont une habitude sacrée à laquelle ils
ne peuvent faillir, c’est d’acheter chaque jour une quantité de zalabia et
à n’importe quel prix. (Liberté, 15.3.93). Propos de jeûneurs. (El Acil,
13.2.94). […] l’engouement à nourrir les esprits angoissés de nos
jeûneurs, trépidants et tressaillants le long de la journée ou de pourvoir
à leur subsistance. (El Watan, 28.2.94). Les excès du ramadan révèlent
jusqu’où peut arriver le jeûneur dans ses comportements durant trente
jours. (La Tribune, 25.1.96). […] un vendeur de zlabia, gâteau oriental
très prisé par les jeûneurs, particulièrement durant le mois de
Ramadhan, invite ses clients à se rapprocher. (El Watan, 4.2.97). Était-
ce un jeûneur, bien à l’abri, attendant l’appel du muezzin ? (El Watan,
5.3.97). V. CARÊME, RAMADHAN.
8JIHAD V. DJIHAD.

9JNOUN V. DJENOUN.

10JOUMADA V. DJOUMADA.

11JUMELAGE n. f. 1. Disponible. (En parlant d’un taxi) fait de prendre


plusieurs clients se rendant à des destinations différentes Cette
réglementation interdit le jumelage dans tous ses genres que ce soit au
niveau de la même station ou en cours de route. (El Moudjahid,
17.11.85). Ce citoyen que M.A. appelle à dénoncer la pratique du
jumelage en prétextant qu’il y a assez de taxis […], le citoyen n’ayant
pas le choix trouve quand même son « compte » dans le jumelage. (El
Moudjahid, 23.9.90). Il est pratiquement impossible de comprendre
comment à Oran, qui est une ville similaire à Alger en matière de
population, les taxieurs locaux pratiquent le jumelage, alors qu’à Alger,
on nous interdit ce genre de pratique et en même temps on refuse de faire
augmenter la tarification. (El Moudjahid, 4.2.01). V. JUMELER.

122. Disponible. Vente forcée de certains objets, conditionnée par l’achat


d’un autre produit […] les exigences des commerçants qui pratiquent par
exemple le jumelage (note : on vend un produit rare à condition que le
client achète aussi un produit surabondant), tout concourt à aigrir la
population. (Hassan, 1996, 206).

13JUMELER v. intr. Disponible. Prendre à bord d’un taxi plusieurs


clients se rendant à des destinations différentes. Hep taxi ! Il s’arrête
quand il veut, il va où il veut et il jumelle. (Algérie-Actualité, 22.8.85). À
Constantine, tous les chauffeurs de taxis jumellent. (oral).
V. JUMELAGE.

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KAB-KAB, KABKAB, QABQAB, QEBQAB (de l’arabe) n. m. Vieilli
mais disponible. Chaussure traditionnelle à semelle de bois, socque. Des
séries de chaussures décorées sont enfin présentées aux visiteurs
(chaussures de cérémonies, qebqab-sandales de bois et
babouches). (Nacib, 1981, 35). Les fillettes sortaient chaussées de kab-
kab, leurs mains teintées de henné. (El Moudjahid, 27.6.84). Dès que
nous entendions le bruit des kabkabs montaient en nous des
démangeaisons hygiéniques. (Lounès, 1984, 103). L’imposante
Mabrouka, d’un noir de figue mûre qui portait des qabqabs brodés et
dont on voyait les chevilles fines entourées de khalkhals dorés, la
soutint. (Bensmaïne, 1996, 18). Il fallait faire son effet sur l’assemblée et
exhiber des qabqabs originaux et colorés. (Bensmaïne, 1996, 50). Les
kab-kab sont remplacés par des sandales en caoutchouc. (oral).

2KABLA, QABLA (de l’arabe) n. f. Disponible, oral surtout. Sage-


femme traditionnelle. La mère, âgée de quatre-vingts ans, est une
ancienne « kabla » de Taourirt Amrane et des villages qui lui sont
limitrophes. (Le Matin, 17.1.93). Celle des moyens informels de
communication interpersonnelle, que sont la qabla (accoucheuse)
traditionnelle et/ou l’homme de religion, reste faible. (El Watan,
10.3.97). J’ai une sœur kabla. (oral). Beaucoup de jeunes filles
souhaitent devenir kabla. (oral). V. ACCOUCHEUSE RURALE.

3KABOULISTE (du nom de la capitale de l’Afghanistan + suff. -iste) n.


m., adj. Disponible, connotation péjorative. Terroriste intégriste qui a fait
la guerre en Afghanistan. D’autres sources parlent d’un millier, voire de
plusieurs milliers d’Afghans ou de « Kaboulistes ». Par ailleurs,
plusieurs indices tendent à faire croire que les auteurs de ces attentats
aient décidé de porter l’action dans les villes. (El Watan, 13.2.92).
V. AFGHAN.
4KABOULISATION (du nom de la capitale de l’Afghanistan + suff. -
isation) n. m. Disponible. Action d’imposer l’intégrisme religieux. S’il
n’avait tenu qu’à cette presse qui a largement confondu démocratie et
populisme réactionnaire, l’Algérie serait allée au deuxième tour et elle
serait actuellement en état de kaboulisation très avancée. (L’Hebdo
libéré, 23.2.93).

5Com. Néologisme des années 1990.

6KABOULISER (du nom de la capitale de l’Afghanistan + suff. -iser) v.


tr. dir. Disponible. Imposer l’intégrisme religieux (à une région, une
institution de l’État). Cette presse qui veut kabouliser l’Algérie.
(L’Hebdo libéré, 23.2.93).

7KABYLE 1. adj., n. Courant. (Personne) originaire de Kabylie. Les


Kabyles de Djurdjura ne furent pas les seuls à demander à quitter leur
patrie… (Djaout, 1981, 13). […] la presse française qui a dit que Ahmed
Ouyahia est d’origine kabyle pour jouer la carte de « diviser pour
régner ». (El Acil, 17.1.96). L’électorat kabyle reste attaché au FFS et à
la personnalité de Aït Ahmed. (La Tribune, 13.3.96). […] un guide
traitant les Chaouis de bergers et les Kabyles d’intelligents. (El Watan,
14.8.97). À l’annonce de cette nouvelle, les Kabyles constatèrent de visu
que son corps se trouvait toujours dans sa tombe dans le Djurdjura. (El
Moudjahid, 5.8.97). […] une procession de femmes kabyles allant à la
fontaine, la cruche sur le dos. (Liberté, 31.7.97). Le couple kabyle
convole en justes noces au 3e jour, avec moins de pression. (Le Soir
d’Algérie, 6.8.97).

82. n. m. Courant. Variété de langue berbère. On interdisait à la


population de parler kabyle devant les tribunaux, on lui reprochait de ne
pas être arabisée dans l’administration. Ces comportements ont donné le
sentiment qu’être kabyle c’était une sorte de tare et c’est ça qui a
provoqué une réaction très dure. (Le Jeudi d’Algérie, 9.7.92). Passant de
l’arabe au kabyle, en passant par le français, l’anglais, l’allemand,
l’espagnol et même le turc, ils puisent dans divers registres. (Le Matin,
8.2.96). Les répliques de l’Instit sont toujours empreintes de cette
truculence qui joue savamment entre l’arabe, le kabyle et le français,
gardant ainsi toute la vivacité à une langue que seul le théâtre est arrivé
à servir. (La Tribune, 27.5.96). Elle est d’ailleurs l’une des rares villes
où trois langues, l’arabe, le kabyle, le français se côtoient au quotidien
sans esprit de confrontation. (Le Matin, 16.6.96).

93. adj. Courant. Qui se rapporte à la Kabylie, aux Kabyles, à leurs


traditions ou à leur langue. Les bijoux kabyles sont plus colorés. (Nacib,
1980, 30). Je ne chante pas exclusivement des chansons kabyles, le bon
miel ne se fait pas avec une seule fleur. (Le Matin, 18.4.94). Initialement,
j’ai fait de la broderie bulgare avant de m’intéresser à la broderie kabyle
et faire des recherches pour pouvoir reproduire la tradition. (La Tribune,
16.11.95). Ce sont les œuvres de la bijouterie Ogal, spécialisée dans la
bijouterie traditionnelle kabyle : chaînes, bagues, colliers et broches
serties de corail finement ciselés forcent l’admiration. (La Tribune,
16.11.95). Les notions régionalistes de « partis kabyles » ou
idéologiques de « communistes » ne provoquent pas de mouvement de
rejet particulier (0,3 % et 0,1 % de oui à l’exclusion en première
réponse). (La Tribune, 13.3.96). La musique kabyle moderne a été
étouffée par le raï. Elle vit un manque malgré un nombre considérable de
chanteurs kabyles.(Le Matin, 17.6.96). Depuis le 2 mai, le Palais de la
culture « Moufdi Zakaria » d’Alger abrite une exposition-vente de bijoux
kabyles traditionnels de Mohamed Nemchi. (L’Authentique, 23.5.97).
104. n. m. Disponible. Genre de musique d’origine kabyle. Les Algérois
vibreront sous les rythmes des différents genres musicaux du flamenco au
chaâbi en passant par le hawzi, le malouf et le kabyle. (Liberté,
15.1.97). Mélomane éclectique, il se déplace avec une aisance inouïe du
jazz au hawzi, du malouf au kabyle traditionnel et à l’algérois
moderne. (Le Matin, 1.8.97). Il chante tout, que ce soit le kabyle, le
hawzi, le raï, le chaoui, le sétifien. (Le Matin, 1.8.97). Le programme
initié par les organisateurs est surtout axé sur la musique de la zorna, du
chaâbi avec Azouz Raïs qui sera suivi par de la chanson kabyle avec la
chanteuse Massa Bouchafa, avec en fin de soirée, du chaâbi, du kabyle
avec Akli Yahyaten. (Le Matin, 14.8.97).

11Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. Le dérivé attesté kabylité est
rare. V. AMAZIGH, AMAZIGHITÉ, BERBÈRE, BERBÉRISANT,
BERBÉRISME, BERBÉRISTE, BERBÉRITÉ, BERBÉROPHONE.

12KACHABIA, CACHABIYA, CACHABIA, CACHABIAH,


KACHEBIA, KACHABA, QUECHABIA (de l’arabe dialectal) n. f.
Courant. Manteau traditionnel, en laine ou en poil de chameau, à manches
et à capuchon. L’homme s’enroula dans sa quechabia et s’étendit devant
le portail. (Djaout, 1981, 83). Tout au long de votre séjour, vous
garderez une image de la simplicité, l’hospitalité et la modestie des
habitants emmitouflés dans leurs cachabias. (El Moudjahid,
22.12.82). Tout autour de la piste s’agglutinent, d’un côté, les femmes
drapées dans leurs haïks, de l’autre, les hommes engoncés dans leurs
cachabias ou leurs burnous. (El Watan, 8.7.92). Tu n’oseras plus sortir
dans la rue qu’avec l’obscurité, la tête enfouie sous la cagoule de la
kachabia, et tu fuiras la lumière et les hommes. (El Watan, 16.2.93).
« On n’y trouvait pas les bouseux descendus des montagnes avec leurs
chèches et leurs kachabias après l’indépendance ». (Allouache, 1995,
33). Il se débarrassa de sa kachabia, découvrant un uniforme militaire
sale et rapiécé. (Khelladi, 1998, 118). Les trêvistes de l’AIS étaient vêtus
de kachaba et portaient des barbes. (La Tribune, 22.12.99).
V. BURNOUS.

13KACHIR V. CACHIR.

14KACIDA V. QUACIDA.

15KADI V. CADI.

16KADDID V. QADID.

17KAF V. KEF.

18KAFALA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Loi musulmane qui précise et


réglemente les conditions légales requises pour la prise en charge, la
tutelle, voire l’adoption d’enfants abandonnés ou victimes de
divorce. Nous ne pensons pas que l’adoption donne plus de sécurité à
l’enfant que la kafala. (Algérie-Actualité, 4.4.85). Ce souci se concrétise
par la promulgation de la loi sur la « kafala ». (L’Opinion,
22.4.93). Cette maison consiste par ailleurs à réunir toutes les conditions
possibles au placement de ces enfants au sein des familles d’accueil, en
facilitant aux postulants à la kafala toutes les démarches de prise en
charge. (Le Matin, 2.6.95). Généralement tous les enfants abandonnés
qui répondent aux critères d’adoption (garanties médicales), sont
adoptés dans le cadre de la « kafala ». (El Watan, 4.1.96). Toutefois, si
l’article 46 interdit l’adoption, le chapitre VII sur la kafala (recueil
légal) règle autrement cette question en 10 articles. Ainsi, l’article 116
dispose que : « Le recueil légal (kafala) est l’engagement de prendre
bénévolement en charge l’entretien, l’éducation et la protection d’un
enfant mineur, au même titre que le ferait un père pour son fils. Il est
établi par acte légal ». (El Watan, 20.1.97). V. HADANA, HADINA.

19KAFER (de l’arabe) n. m. (pluriel : koffar(s), kofar(s), koufar(s),


kefrins, kofr). Disponible. Impie, mécréant (non musulman ou mauvais
musulman). À la medersa où on vous apprend le Ilm, on vous laisse
porter ce vêtement de kafer ? (Bennabi, 1965, 64). C’est vrai qu’ici ils
sont tous « kafer », que c’est un pays de civilisation pourrie, alors que la
nôtre est la meilleure, et que je suis fier de la porter en moi. (Algérie-
Actualité, 26.4.84). 122 moudjahidines, autant de traîtres, kafer, qui
doivent être exterminés pour les beaux yeux de Abassi et Belhadj. (Le
Matin, 5.3.95). V. KOFR.

20KAFTAN, KAFTANE V. CAFTAN.

21KAHWA, KAHOUA V. CAHOUA.

22KALAÂ V. QUALAA.

23KALAM V. CALAME.

24KALBALOUZ, KALBALOUZE, KALBELOUZ, KALB


ELLOUZ, KALB-EL-LOUZ, KALB-ELLOUZE, KOLB EL-LOUZ,
QALB EL LOUZ, QUALBELLOUZ, QALB ALLOUZ,
QUALBALOUZ (de l’arabe) n. m. Disponible. Gâteau traditionnel
fourré aux amandes. Nous avons profité de ce passage pour visiter une
famille et goûter à un kalbalouz maison. (El Moudjahid, 17.6.84). Le
mois de jeûne suppose un surcroît d’achats, notamment de viandes, de
légumes et de fruits. Ajoutons à cela toutes les autres friandises (zalabia,
kalb-ellouze) qu’il est difficile de ne pas acheter. (El Moudjahid,
20.6.1985). Le kalb ellouze et les ktayef étaient à l’honneur et le thé
préparé par Hamid était succulent, même sans menthe. (El Watan,
26.3.93). Le qualbalouz et la zlabia et tant d’autres produits
alimentaires sont exposés sur les trottoirs et parfois carrément sur la
route. (Liberté, 24.2.95). La majorité des cafés et des restaurants sont
transformés en locaux pour la vente de gâteaux orientaux : kalbelouz et
zlabia. (Liberté, 5.2.96). […] essentiellement des revendeurs de
cigarettes et des jeunes qui ont improvisé des cafés de fortune pour
vendre de la zlabia et autre kalbelouz, comme le veut la tradition du mois
sacré. (Liberté, 20.1.97). Les convives, entre une gorgée de soda et une
part de kalb ellouz, se sont éclatés sur la piste de danse. (El Watan,
6.1.00).

25Com. fait partie des friandises traditionnellement consommées pendant


le mois de ramadhan. V. BAKLAWA, ZALABIA.

26KALENTIKA, KARANTITA, KARANTIKA, CARENTITA,


CARANTETA, QUARANTITA, GARANTITA, CALENTICA (de
l’espagnol passé en arabe dialectal) n. f. Spécialisé. Sorte de flan gratiné à
base de farine de pois chiches grillés, de sel et d’huile. Je préfère encore
vendre la karantita (Algérie-Actualité, 14.3.85). Y aurait-il encore ces
bonnes plaques de karantita toute fraîche et chaude dont je conservai la
saveur, avenue de Bouzaréa ? (Algérie-Actualité, 21.3.85). Tu es au
lycée de 8 à 17 h et à midi, tu prends un sandwich
« garantita ». (Algérie-Actualité, 29.11.90). Les Chebs, aussi, ont mangé
de la kalentika. (La Nouvelle République, 14.1.93). Cessez de décimer le
cheptel et bénissez chaque jour votre pain quotidien, avant de le déguster
sans beurre, avec un bol de « homos » manière constantinoise, une
tranche de « karantika » à la manière de Belcourt. (Algérie-Actualité,
2.8.94). Le preneur, c’est aussi l’ingénieux commerçant et l’esclavagiste
type, qui utilisera ce pain sec pour la très populaire « carentita ». (El
Watan, 18.9.97). Enfin, il n’accepta, après bien des supplications
assorties de morceaux de karantika ou de cornet de pois chiches au
cumin, de me le céder. (Tengour, 1997, 88).

27Com. Attesté ds Lanly 1972, Duclos 1992.

28KAMIS, KAMISS, QUAMIS, CAMIZ, CAMISE (de l’arabe) n. m.


Courant. Longue tunique avec manches d’origine moyen-orientale, que
portent les hommes et qui marque leur appartenance à des mouvements
islamiques intégristes. Après l’instauration du multipartisme, affirme
Yacine, un littéraire vêtu d’un kamiss long, les lycéens ont adhéré à des
partis. (Algérie-Actualité, 29.11.90). « Ils auraient dû y penser avant »,
nous dira un jeune portant barbe et kamis. (Le Matin, 17.1.92). Kamiss à
l’égyptienne et non pas djellaba traditionnelle. (Algérie-Actualité,
13.7.93). Le plus jeune des militants, Tewfik, accroupi près de la meïda
(table basse), les pans du qamis coincés entre les cuisses, remplit d’un
geste gracieux « à la marocaine », les petits verres de thé. (Allouache,
1995, 74). Hamas et Ennahda, mêmes drapés du même kamis que le FIS,
n’ont pas été épargnés par cette innommable terreur. (Liberté,
5.11.95). Mieux vaut le képi que le kamis. (La Nation, 26.12.96). Youssef
arrête un taxi. Le chauffeur, un barbu en kamis (chemise longue portée
par les islamistes), le regard maquillé de khôl, est assis derrière le volant
d’une Lada d’importation soviétique. (Benaïssa, 1999, 211). Plusieurs
d’entre eux (trêvistes de l’AIS) se déplacent à l’aide de béquilles et
portent de longues barbes, kamis et turban. (El Watan, 18.12.99).

29Com. Néologisme des années 88. V. AKH, BARBU, DJILBAB,


FRÈRE, FRÉROT, HIDJAB.

30I. KANOUN, CANOUN, CANOUNE (de l’arabe dialectal) n. m.


Courant. Brasero, petit fourneau en terre cuite. Arrivés chez nous, nous
traversâmes la cour sous le regard scrutateur de ma mère assise devant
le kanoun, en train de faire cuire la galette du repas. (Lemsine, 1978a,
128). À l’intérieur de la maison, le feu du canoun jetait ses dernières
lueurs rougeoyantes. (Achour, 1980, 23). Le kanoun est le symbole du
foyer autour duquel va se réunir la famille. (Khellil, 1980, 55). Tant de
citoyens n’ont pas encore vu la lumière et font leur cuisine au
kanoun. (El Moudjahid, 24.2.83). […] un kanoun où l’on brûle l’encens
les jours ou les soirs de fêtes religieuses. (El Watan, 19.1.93). Il versa un
peu d’eau chaude de la bouilloire qui se tenait en permanence sur le
kanoun, fourneau bas en terre cuite où brûlait du charbon de bois et qui
servait au chauffage et à la cuisine. (Amadis, 1995, 19). Les femmes, tout
l’hiver gourdes, recroquevillées dans un silence méfiant, à petite portée
du kanoun, donc chiches de leur corps et de ses sourires. (Sansal, 1999,
160).

31Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. MEJMAR,


OUDJAK.

32II. KANOUN, QANOUN (de l’arabe) n. m. Disponible. Instrument de


musique traditionnel à cordes, sorte de cithare. Il est hautement apprécié
comme cithariste, car il a donné plusieurs preuves de sa virtuosité en
jouant des solos de qanoun au cours de plusieurs chansons. (El
Moudjahid, 2.11.83). Divers instruments ayant appartenu au maître
seront exposés, par exemple, un violon, un qanoun. (El Moudjahid,
2.12.83). L’archet commença à émettre des sons tragiques allant
crescendo et le qanoun, des notes cristallines. (Bensmaïne, 1996,
18). Mourad était un instrumentiste polyvalent, mais, outre le violon, il
montrait une certaine dextérité au kanoun (psaltérion). (Quotidien
d’Oran, 5.2.00). V. KANOUNDJI, KOUITRA.
33KANOUNDJI (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Joueur de kanoun
(II). Des applaudissements spontanés et chaleureux des spectateurs qui
ont eu droit à un intermède musical dû au « kanoundji ». (El Moudjahid,
24.7.84).

34KARAKOU, KARACO, CARACOU, KARAKO (de l’arabe) n. m.


Disponible. Vêtement traditionnel, gilet brodé de fils d’or qui se porte sur
le seroual. Sur scène, vêtue d’un costume traditionnel algérois
« karakou » noir et seroual doré, M. El-Hedaoui a incarné l’image
vivante de l’amour. (El Moudjahid, 26.5.86). L’attention s’est polarisée
sur le stand de Constantine où les robes en velours, les kaftans, les
karakous, les serouals rivalisent de beauté. (El Moudjahid, 22.7.88). On
y retrouve de splendides « karakou » brodés en fetla et en
medjboud. (Hawa, 9.12.91). Les mariées portent également le serroual et
le caracou (en velours, brodés de fils d’or ou d’argent, souvent
agrémentés de louis d’or). (Le Matin, 9.4.92).. M.Mohamed Oulhi nous
vante la qualité de ses gandouras et karakou en fetla ou en
medjboud. (Le Matin, 26.6.95). « Azzi Shop », une maison de
Constantine existant depuis 1965, expose, elle, robes de soirées, karako,
broderies en filet, cordonnet, perles, etc. (L’Authentique,
28.5.97). L’éternel « karakou » coûte à partir de 7 000 DA selon le motif
et le fil. (Confidences, 2 3. 7. 9 7 ). V. BADROUN, CAFTAN,
SERROUAL.

35KARANTITA, KARANTIKA V. KALENTIKA.

36KARKABOU, QARQABOU, QUARKABOU, QRAQEB (de


l’arabe) n. m. 1. Disponible. Cliquettes, sorte de castagnettes en bois pour
accompagner les danses traditionnelles sahariennes. Le folklore local
sera bien entendu représenté par la participation des groupes de
baroudeurs et de danseurs aux karkabous. (El Moudjahid, 11.4.83). Ici
se mêlaient les sonorités du chaâbi, du medh, des karkabous des frères
Sardji et de ma’Sahla. (El Moudjahid, 28.4.93). […] un personnage haut
en couleur et qui célébrait le culte des Noirs dans le rythme lancinant des
karkabous. (El Moudjahid, 28.4.93). Un autre plus jeune, noir aussi,
arrivé subrepticement, prit alors les qraqebs et le rythme redevint
sauvage, grisant, accompagné de la darbouka, tam-tam millénaire.
(Bensmaïne, 1996, 22). Axé principalement sur le rythme, le
karkabou est surtout une pratique des régions du Sud ramenée au Nord
par les relais de différentes confréries et d’exode pour subir certaines
influences. (El Watan, 29.7.96). Il y a des galas artistiques par-ci, un
festival de qarqabou par-là. (La Nation, 30.7.96). Des purs
traditionalistes qui parlent de mystique et de philosophie à ceux, plus
modernes, qui n’en retiennent que les instruments et leurs sonorités
particulières (karkabous, t’bel, gumbri, sans oublier les voix). (El Watan,
12.1.00).

372. Disponible. Musicien qui joue de cliquettes traditionnelles


(karkabous). Les habitants de la ville aux dunes de sable rouge ont vu
défiler les troupes de « Karkabou », de « Baroud », de la
« Sebiba »… (El Moudjahid, 26.4.83). L’artiste saharien et ses
musiciens percussionnistes dont un « karkabou », prirent possession de
la scène. (El Moudjahid, 20.6.84). Les karkabous de la wilaya d’Adrar
s’assoient par terre et entonnent leurs chansons. (Révolution africaine,
20.9.85). La Mazda-camionnette prend l’avant-dernière place, occupée à
l’arrière par le groupe karkabou. (Le Matin, 1.11.93). La vague de
« karkabou », ces troupes traditionnelles – trop souvent composées de
jeunes amateurs – revient en force à Oran. (Horizons, 3.8.97).

38KASBA I., KASBAH V. CASBAH.


39KASBA II. V. GASBA.

40KASBADJI V. CASBADJI.

41KASBAWI V. CASBAOUI.

42KASMA (de l’arabe) n. f. (pluriel : kasmate(s), kasmas) 1. Vieilli mais


disponible. Section, unité de l’Armée de Libération Nationale.
[…] l’organisation de l’appareil judiciaire au niveau de la wilaya, de la
zone, de la nahia, de la kasma […] des juridictions militaires et des
attributions du commissaire politique. (El Moudjahid, 4.11.83). Il
commandait une kasma pendant la guerre de libération. (oral).

432. Courant. Instance locale de base du parti FLN ou d’une organisation


de masse, qui se compose de cellules. La kasma qui s’appuie sur les
cellules dont les membres sont issus du peuple et qui s’inspirent des
aspirations et des problèmes de ce peuple est la base organique sur
laquelle repose l’édifice du Parti. (El Moudjahid, 8.1.70). Les femmes de
la wilaya d’Alger sont appelées à participer massivement aux festivités
organisées par les kasmas de l’Union nationale des femmes
algériennes. (El Moudjahid, 7.3.85). La kasma des moudjahidine et la
kasma du parti du FLN présentent en cette douloureuse circonstance
leurs sincères condoléances. (El Moudjahid, 12.1.86). La kasma FLN,
ayant capitalisé plus d’expérience, a eu donc plus de flair pour compter
avec le rôle des douars et des clans. (Algérie-Actualité, 26.4.90). Ce
dernier a forcé les instances locales de l’ONM à se démarquer du RND,
en pleine assemblée générale de la Kasma ONM d’El-Bayadh. (El Watan,
15.4.97). Benhamouda a verrouillé l’expression au sein du FLN « en
optant dans beaucoup de kasmas et mouhafadhate à travers le pays pour
la désignation pure et simple des cadres ». (Quotidien d’Oran,
16.12.99). L’éviction très contestée du SG de la kasma FLN de Souk
Ahras a été le point de départ d’une fronde que le vieux parti n’arrive
pas à contenir. (El Watan, 7.4.00).

443. Disponible. Siège de la kasma. Les départs auront lieu devant le


siège de l’APC et les arrivées devant la kasma. (El Moudjahid,
3.1.83). Une demi-journée plus tard, à la kasma FLN, le spectacle est
délirant. (Algérie-Actualité, 9.5.91). Il m’a dit de l’attendre devant la
kasma. (oral).

45Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. KATIBA, MINTAKA,


MOUHAFADHA, NAHIA, WILAYA.

46KASMATE(S), KASMAT pluriel de KASMA. Le parti FLN est une


institution et une école politique d’avant-garde qui ne saurait
s’accommoder à la complaisance ou au dilettantisme relevé encore au
niveau de certaines kasmate. (El Moudjahid, 24.11.84). Les militants de
13 kasmate de la wilaya d’Alger ont décidé de se constituer en une
coordination provisoire pour demander aux responsables du parti FLN
de respecter la décision de tenir le congrès à la date prévue. (La Tribune,
27.2.96). Il faudrait une restructuration organique du parti
(redynamisation des cellules, kasmate et fédérations). (El Watan,
17.5.96). En clair, on a peur que « l’exclusion des kasmate et certaines
organisations actives ait des retombées négatives sur le choix à la base
des futurs candidats aux élections communales et de wilaya ». (El Watan,
14.8.97). […] pour travailler de concert avec les fédérations afin de
restructurer les kasmates défaillantes et préparer des élections locales.
(El Watan, 20.7.97). Le président de l’APC de Tazmalt n’y est pas non
plus allé de main morte qualifiant « les responsables de kasmat et ceux
de l’ONM de faux moudjahidine ». (Le Matin, 17.8.00).

47KASRA V. KESRA.
48KATIBA, KATIBAT (de l’arabe) n. f. (pluriel : katibas, katibat,
katibate) 1. Vieilli mais disponible. Unité de l’armée de libération
nationale. La katiba comprend 3 ferkas plus cinq cadres (110
hommes). (El Djeich, 2.10.80). En octobre 1956, les katibas de l’ALN
montèrent une meurtrière embuscade à un convoi militaire français. (El
Moudjahid, 22.2.81). Figure de légende dans les villages de Kabylie,
Malika Gaïd, infirmière combattante des célèbres katibas du colonel
Amirouche. (El Moudjahid, 7.11.84). La première fois qu’ils ont eu
affaire aux combattants de l’ALN, racontait l’un des trappistes, c’était
pour que l’un des moines trappistes accompagne une katiba de l’ALN et
témoigne de l’utilisation du napalm par l’armée française. (Le Matin,
27.5.96). J’avais seulement peur que […] il reniât tout le reste,
forcément secondaire à ses yeux : la structure de la katiba, son effectif,
ses chefs, sa situation présente […]. (Khelladi, 1998, 193).

49Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. DJEICH, FAOUDJ,


FASSILA, FERKA, MINTAKA, NAHIA.

502. Disponible. Compagnie, escadron de terroristes islamistes. Le crime


a été perpétré par le groupe terroriste appelé la katiba (compagnie) de la
mort. (Liberté, 3.4.95). La katiba comptait une centaine d’individus que
commandait un certain Chourabhil, un émir natif de la région. (Khadra,
1999, 222). Cela aurait pu durer jusqu’à l’aube si une katiba du GIA
n’était pas passée par là. (Sansal, 1999, 192). Six éléments de la katiba el
wafa se sont rendus hier à Mascara. Le reste des éléments de la katiba se
rendra avant la fête de l’Aïd. (La Tribune, 22.12.99). Le nombre des
terroristes appartenant à cette katiba dépasserait les 300 éléments. Cette
katiba qui essaimait la région de Mascara et notamment les monts de
Stamboul, a dû fuir ses positions. (La Tribune, 28.1.00). Cette katiba,
dont presque tous les éléments ont été éliminés, s’était spécialisée depuis
1995 dans les faux-barrages. (Quotidien d’Oran, 5.2.00). Le groupe de
terroristes est pris dans un étau. Il s’agit, vraisemblablement, d’une
importante katibat (phalange) du GIA. (Le Soir d’Algérie, 27.2.01).
V. PHALANGE (souvent employé comme synonyme).

51KATIBATE, KATIBAT(S) pluriel de KATIBA. À la mi-mars 1995,


il publie un communiqué dans lequel il annonce que plusieurs « katibat »
(phalanges) du GIA avaient réintégré son organisation. (El Watan,
27.3.97). Après s’être réfugié au Maroc, le chef d’un important réseau de
renseignements, composé de trois importantes katibat s’est rendu hier
aux autorités locales. (El Watan, 20.12.99). […] ce qui a créé un climat
de méfiance entre les différents « émirs » des différentes katibate du
GSPC du Centre du pays. (El Watan, 12.1.00). On cite le cas du FIDA et
de plusieurs katibat dissidentes du GIA dont celle dénommée
Errahman. (La Tribune, 15.1.00). […] à propos de la liquidation de
Hassan Hattab, l’« émir » du GSPC, chapeautant les katibat sévissant
dans la wilaya. (La Tribune, 7.2.00). Cette opération d’envergure avait
comme objectif d’empêcher une importante réunion des katibat du GIA
enrôlées sous la bannière d’une nouvelle organisation terroriste. (Le
Matin, 7.2.00). La région plutôt enclavée […] est un des lieux qui ont
servi longtemps de refuges privilégiés à toutes les katibats de
l’Ouarsenis. (Le Matin, 10.2.00).

52KCID (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Poésie musicale interprétée en


plusieurs modes. Une des particularités du chaâbi est qu’on peut avoir
plusieurs niveaux de lecture du kcid, et après tout, on ne comprend que
ce qu’on veut bien comprendre […] Mon ami m’expliquait les textes et
me parlait de ces poètes qui écrivent des kcids depuis le XVe siècle. (El
Moudjahid, 27.7.92). Le kcid à la « Rafiya » parfaite n’est plus qu’un
prétexte pour accomplir une des fonctions habituelles chez l’homme,
chanter Dieu, l’amour… (Le Jeudi d’Algérie, 30.7.92). Guerouabi est le
maître incontesté du kcid chaâbi. (oral). V. QUACIDA.

53KECHEF, KECHAF (de l’arabe) 1. n. Disponible. Scout, adolescent


membre de l’organisation patriotique nationale. Une jeune kechef s’est
inscrite le jour de son anniversaire. (L’Unité, 3.9.77). Le renforcement
de l’action des kechefs dans les communes. (El Moudjahid, 21.7.82). En
1939 s’est tenu le premier congrès des kechefs à Alger sous le haut
patronage du cheikh Abdelhamid Ben Badis. (El Moudjahid,
25.8.84). Les vieux kechefs […] se souviennent des moments où pour la
première fois ils chantèrent du haut des montagnes de Tlemcen le nachid
« Min djibalina ». (El Moudjahid, 10.8.88). En cette veille du rendez-
vous tant attendu, toute la section de jeunes kechafs était en fête à
l’occasion d’un moment. (El Watan, 9.5.96).

542. adj. Disponible. Qui se rapporte à l’organisation des kechefs. Un


programme d’envergure apte à généraliser le mouvement kechef et
encourager l’union nationale de la jeunesse algérienne a été proposé aux
participants. (El Moudjahid, 9.11.84). Satisfaction d’autant plus grande
que la délégation comprenait des membres de la section kechef et des
S.M.A. (La Voix des S.M.A, 1.12.90).

55Com. Le terme est préféré à son équivalent français scout pour des
raisons socio-culturelles.

56KEEPER (de l’anglais) n. m. Disponible, milieux journalistiques.


Gardien de but. Le keeper sétifien dut son salut à la « baraka » qui était
de son côté. (El Moudjahid, 4.11.83). Dries se présenta seul face au
keeper bordjien Adel ; ce dernier, d’une bonne détente, sauva sa cage.
(El Hadef, 10.4.94). Da Tinga s’échappait pour lober le keeper oranais.
(Le Matin, 29.4.94). Adoun profitera d’une belle remise de Bouaguel
pour se retourner face à face avec le keeper qu’il trompera
intelligemment. (El Acil, 13.2.94). Abbacha, d’un tir appuyé des 26 m, ne
laissa aucune chance au jeune keeper Gaouaoui. (Quotidien d’Oran,
5.2.00). Même la chance n’était pas du côté de Ghali puisque le ballon
ne voulait pas rentrer lorsque le keeper du NAHD glissa à la 71 e min.
(Quotidien d’Oran, 15.3.00). […] le meneur de jeu de l’O. Marseille qui
trompa, suite à un coup franc magistralement botté, le keeper
adverse. (Quotidien d’Oran, 27.1.01). Je tiens à remercier Ami T. qui
m’a découvert et avec qui j’ai beaucoup appris sur le métier
de « keeper ». En tant que gardien de but d’une équipe évoluant en
première division […] ». (Liberté, 18.2.01). V. PORTIER.

57KEF, KAF (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Ravin. C’est du sommet de


ce kaf que ma mère menaçait d’aller se jeter dans le vide. (Belamri, 1982,
143). C’est un kef raviné, ruiné, décharné, rongé qui érige ses
rocs. (Ouahioune, 1984a, 106). La route du Djebel Tougert continue à
monter par des fortes rampes au flanc du kef de Chelaâla, d’où on ne
peut qu’admirer un paysage extraordinaire. (Liberté, 28.7.94). Les kefs
occasionnent beaucoup d’accidents pour les troupeaux de
moutons. (oral). V. DJEBEL.

58KEFFIEH (de l’arabe) n. m. Disponible. Coiffe formée d’un carré de


tissu plié en triangle et retenue par un lien. Les « keffieh » du Golfe sont
souvent arborés comme des oriflammes de l’aisance. (Algérie-Actualité,
20.1.93). Sans renoncer à son image, Yasser Arafat – uniforme aux plis
parfaits, foulard et keffieh assortis, une barbe de quelques jours – s’est
montré parfaitement à l’aise. (El Watan, 15.9.93). Il le regarde en
ricanant intérieurement, se moquant de sa manière « montagnarde » de
porter le keffieh, de ses lunettes recollées au sparadrap. (Allouache,
1995, 129). Notre grand-père, son grand mouchoir carré de priseur
ouvert sur la tête comme un keffieh palestinien et maintenu par sa
chéchia, sort de la mosquée, méditatif. (Benaïssa, 1999, 206).

59KEFTA (de l’arabe) n. f. Disponible. Viande hachée. Il ne reste que


de la kefta ! Pardi, de la viande hachée, par cette chaleur, est-ce bien
raisonnable ? (Algérie-Actualité, 2.8.94). Les boulettes de kefta arrivent,
cuites à point et abondamment épicées. (Algérie-Actualité, 2.8.94). Mon
père invite des hommes, je leur ai fait de la kefta, je t’en envoie un peu
pour ta belle-fille enceinte, je sais ce qu’est l’envie. (Benaïssa, 1999, 59).

60KEIN (de l’arabe) loc. Courant, oral surtout. Il y a. Attention, kein une
chaîne terrible làbas. (oral). Circulation kein discipline
makench. (oral). À Alger kein terrorisme. (oral).

61KELB, EL-KELB (de l’arabe, littéralement « chien »), n. m.


(féminin : kelba). Courant, oral surtout, connotation péjorative. Terme
d’insulte à l’adresse d’un homme. À la fin, il s’était mis à m’insulter :
« Kelb ! Kelb ! » (Boudjedra, 1972, 89). Il défendait un pauvre
misérable comme moi, battu par un policier…Tiens, celui-là, là-bas !
Celui qui tourne le bâton, el-kelb ! (Lemsine, 1978a, 195). Ce kelb n’a
jamais été serviable. (oral).

62Com. Attesté ds Lanly 1970. V. BENI KELB.

63KELBA (de l’arabe, littéralement « chienne ») féminin


de KELB. Terme d’insulte à l’adresse d’une femme. Figurez-vous que la
dernière fois, le petit m’a traité de « kelba ». (El Moudjahid,
18.5.86). Cette kelba est ma voisine. (oral). La kelba de directrice a
renvoyé mon fils de l’école. (oral). V. BENT KELB.

64KÉMIA (de l’arabe « bouchée ») n. f. Disponible. Amuse-gueules


variés servis dans les cafés ou chez soi. La kémia était la plus abondante
que Karim ait jamais vue. Olives vertes cassées, parfumées au fenouil,
olives noires aux herbes, moules à la tomate, lupins, que l’on appelait
tramousses, cacahuètes, torraïcos, pois chiches secs torréfiés, petites
assiettes garnies de légumes au vinaigre, escargots à la sauce piquante,
et, près d’un kanoun rougeoyant de braises, sur des plateaux, sardines et
merguez attendaient d’être cuites : un vrai festin ! (Amadis, 1995,
124). La seconde [clientèle], plus fortunée, en fait sa kémia pour
l’apéritif du soir. (Achir, 1997, 55). On a sifflé un verre avec de la kémia
saucée et on est rentrés avec le couvre-feu. (Sansal, 1999, 46). Je
retiendrais le souvenir de nos matinées du dimanche dans les années 60-
70 lorsqu’on descendait à la pêcherie pour une partie de bière BAO à la
kémia aux crevettes et calamars à 2 DA l’assiette. (El Watan, 7.4.00). On
nous avait servi du thé et en guise de kémia des cacahouètes. (oral).

65Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR.

66KEMOUN, KEMMOUN (de l’arabe) n. m. Disponible. Cumin. Ya


Radjel ! je ne peux rien faire, tu as oublié d’acheter du kemoun ! (El
Moudjahid, 13.3.86). Un bol de pois chiches, une pincée de kemoun et le
tour est joué, c’est un plat de grand froid pour les pauvres. (oral).

67KEMYA, KEMIA (de l’arabe) n. f. (pluriel : kemyatte). Disponible,


oral surtout, milieu jeunes ou drogués. Dose de drogue. En temps normal,
le client achète régulièrement de petites quantités qu’il fume tout seul.
Une kemya de 100 dinars par jour (Algérie-Actualité, 11.4.91). Il
achetait donc 500 g qu’il divisait en kémia de 50 g à 100 g. […] Quand
nous avions la chance de tomber sur du bon, nous nous exclamions :
« kémia taa El Hassan », soit encore « c’est ce que fumerait Hassan
II ». (Algérie-Actualité, 29.8.91). La kemya, il n’y a pas touché depuis
une semaine, ça lui donne le vertige et des nausées qui le clouent au
lit. (Le Matin, 7.11.92). V. CACHET, CHIRA, GHOBRA, KIF,
ZETLA.

68KEMYATTE(S) pluriel de KEMYA. Tout à l’heure un frère « vrai


de vrai » m’a acheté une « kemya » de 300 DA. Je demande à voir les
« kemyattes » […]. Aussitôt assis, Kamel planque ses kemyatte sous le
tapis en caoutchouc de la voiture. (Algérie-Actualité, 11.4.91).

69KESRA, KASRA (de l’arabe) n. f. Disponible. Galette traditionnelle,


pain rond à base de semoule. Les ksouriens se font toujours un réel
plaisir à vous inviter au thé à la kesra traditionnelle. (El Moudjahid,
5.8.77). Un fellah répond à notre salut : « Tout va bien, Dieu merci,
nous sommes libres et nous avons la kesra ». (Algérie-Actualité,
20.3.86). Bientôt l’heure du déjeuner, Fatima retourne à son kanoun
pour terminer sa « kasra », elle en a fait deux, c’est le repas
d’aujourd’hui. (El Watan, 5.1.95). Les enfants préfèrent la kesra au pain
du boulanger. (oral).

70Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. KHOBZ.

71KHABIT, KHABITH (de l’arabe) n. m. (féminin singulier khabita ;


pluriel masculin : khabits, khoubatha). Disponible, oral surtout.
Hypocrite. En s’effondrant, la tasse de café lui échappe des mains et le
chaud liquide gicle sur mon visage. « Khabith ! » J’entends ce mot au
milieu des cris qui fusent de toutes parts. (Khelladi, 1997, 108). Le khabit
s’était mis au service des koufars et arriva à convaincre
Bellounis. (Sansal, 1999, 308). Mon père me conseille d’éviter les
khabiths. (oral).

72KHABITA féminin singulier de KHABIT. Mais pourquoi


Abdelhacène s’est-il acharné sur ses parents ? C’est une khabita, elle
sort dans la rue ; parlant de sa mère, il ne tolérait pas qu’elle sorte.
Même à 69 ans. (El Moudjahid, 21.3.86).

73KHAÏMA, KHEÏMA, KHEIMA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : khaïmate, kheïmas, khaïmas, kheimas) Disponible. Tente des
Bédouins en laine ou en poils de chameau. La khaïma sera animée
durant toute la saison par des soirées dansantes et folkloriques. (El
Moudjahid, 19.5.72). La vie dans la khaïma se déroule dans l’harmonie
des membres de la famille. (El Moudjahid, 12.8.77). Les aspects de la vie
quotidienne dans le Tassili dont le cadre (khaïma, lit targui, ustensiles)
ont été fidèlement reconstitués. (El Moudjahid, 18.5.77). Des kheimas ont
été installées pour permettre aux femmes d’assister au Djelfa : de la
kheïma à la haute ville. (Alger-républicain, 21.11.91). Il y aura des
kheïmas, des ksours en toub, un marché en plein désert où les gens
viendront exposer leurs richesses. (Le Matin, 13.1.93). Entre ce que l’on
ose à peine nommer deux maisons, une khaïma. Toute tendue de
couvertures usées jusqu’à la corde, rapiécées par endroits et recouvertes
de plastique pour protéger d’une pluie qui n’arrive pas. (Algérie-
Actualité, 20.1.93). Pourtant quelques instants après, Kaddour pénètre
dans la kheïma. (Détective, 29.5.96). Le thé est dans toutes les khaïmas.
Un rituel que les locaux gardent comme la prunelle de leurs yeux. (El
Watan, 4.3.01).

74Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

75KHAÏMATE (de l’arabe) pluriel de KHAÏMA. Les attributaires


logent toujours sous les tentes, mais ils pourront bientôt quitter les
khaïmate hideuses pour de très jolies habitations. (El Moudjahid,
21.2.78).
76KHALIFA (de l’arabe) n. m. Vieilli mais disponible. (Sous
l’administration coloniale turque) gouverneur de province. Le district de
Miliana fut confié à son khalifa Ben Allel… (El Moudjahid,
17.5.83). J’aurais été en mesure d’annoncer que j’avais pris la tente
d’Abdelkader, son tapis, son harem, peut-être un de ses khalifas. (El
Moudjahid, 23.5.83). Cette erreur a permis en 1849 à Sidi Cheikh ben
Tayeb, chef des Ould Sidi Cheikh Gharaba, de se faire passer comme
khalifa du sultan du Maroc pour la région qu’il habitait. (Quotidien
d’Oran, 28.2.01).

77KHALIFAT V. CALIFAT.

78KHALKHAL, KHELKHAL, KHOLKHAL, KHOLKHALE (de


l’arabe) n. m. Disponible. Bracelet traditionnel en or ou en argent porté à
la cheville par les femmes. Ils raflèrent 22 médaillons d’or, 6 chaînettes
en or et une paire de khalkhals dans deux bijouteries de la ville. (El
Moudjahid, 24.6.77). Pas de bracelets aux bras, pas de khalkhals aux
chevilles. (Benhedouga, 1982, 64). Le Bédouin demeure bédouin, même
si le khalkhal tinte à sa cheville. (Laouar et Bamya, 1982, 85). La femme
du pharmacien Feltane a remis une paire de kholkhals pesant, paraît-il,
plus d’un kilo d’or pur à vingt-deux carats. (Ben Mansour, 1990,
242). L’imposante Mabrouka, d’un noir de figue mûre, qui portait des
qabqabs brodés et dont on voyait les chevilles fines entourées de
khalkhals dorés, la soutint. (Bensmaïne, 1996, 18). Je partirai tranquille
si je savais qu’elle avait trouvé bague à son doigt et kholkhal à son
pied. (Ben Mansour, 1997, 15). […] les pieds frappant le sol avec la
même violence que les mains amies, les tambourins, les kholkhales
s’entrechoquant. (Le Matin, 14.8.97). V. RDAÏF.
79KHALOUTA (de l’arabe dialectal) n. f. Disponible. Mélange,
pagaille, imbroglio. Ce n’est pas un jardin mais un fourré, je vous dis.
Un maquis, khalouta et djalouta (mélimélo), la citrouille côtoie le melon.
(Belamri, 1982, 226). Un enfant de Kouba résume bien la situation :
pour nous devant cette « khalouta » (pagaille) au sein du FIS, c’est celui
qui est en prison qui représente le droit chemin. (Algérie-Actualité,
10.10.91). Ce n’est pas la brochette des rédacteurs de la Charte
nationale, de la Constitution de 76 (et des autres) qui nous ont concocté
une khalouta idéologique (islamisme + panarabisme + baâthisme) qui
sauveront aujourd’hui la république algérienne. (Ruptures, 10.2.93). Une
vraie khalouta, cette profusion de partis politiques. (oral).

80KHALTI (de l’arabe dialectal) n. f. 1. Disponible, oral surtout. Tante


maternelle. Avec Khalti, c’était différent. L’histoire coule de la bouche et
je la bois avidement. (Feraoun, 1956, 59). Khalti Zineb et sa
bru. (Liberté, 7.2.96). Ma ! Khalti arrive. (oral). En me rendant à Alger,
j’ai profité pour rendre visite à khalti Yasmina et ses enfants. (oral).

812. Disponible, oral surtout. Par extension, appellation familière donnée


à une femme du peuple d’un certain âge. – Ya Khalti Zohra (elle appuya
lourdement sur le mot Khalti), c’est la timidité touchante de ta fille qui
m’a fait rire. (Lemsine, 1978b, 61). Et voilà Khalti Aïcha qui étale sa
morale. (El Moudjahid, 20.12.84). Quand la solide Khalti M’fissa nous
empoigne pour nous donner l’accolade, nous sortons d’entre ses bras en
marmelade. (El Moudjahid, 20.6.85). Juste à côté de chez nous, une
Marocaine, khalti Aïcha, tient une boutique de tissus pour femmes
arabes. (Mokeddem, 1995, 171). Khalti Aïcha a du mal à relater les
événements d’antan, vu son état de santé. (Le Matin, 1.2.96). Si une
personne a le malheur d’ouvrir son parapluie dans la maison, il aura
droit aux foudres de Khalti Aïcha. (Le Matin, 8.2.96). Elles sont
venues, elles sont toutes là, même celles du sud de l’Algérie, y a même
Khalti Houria la fille maudite. (Sansal, 1999, 345).

82KHAMASSA V. KHAMMESSAT.

83KHAMMES, KHAMES, KHAMMES, KHAMMÂS, KHAMMAS,


KHEMMAS, KHEMMES, KHEIMMAS (de l’arabe dialectal) n. m.
Vieilli mais disponible. Métayer, ouvrier agricole payé au cinquième de
la récolte selon le système traditionnel (khammessat). Employés
agricoles, « khammâs » et bergers existent donc dans cette Algérie
précoloniale. (Bouzar, 1983, 1, 135). Chant de montagne, de terre, de sol
aride, de danseuses caïdales inaccessibles au doux sentiment du
khemmes, le raï […]. (El Moudjahid, 6.2.85). L’apparition de jeunes
chanteurs bergers, khammes pour la plupart d’entre eux, est une réaction
contre les chioukhs. (Alger républicain, 30.8.91). Là, il eut à contribuer à
la formation des enfants de ceux qui furent les khemmas de
Borgeaud. (Algérie-Actualité, 20.2.92). Prairies ou terres du
gouvernement mises en culture par les tribus voisines requises à cet effet
ou par des kheimmas (fermiers au cinquième), propres à toutes les
cultures et les meilleurs de la Province. (El Acil, 7.3.93). Lui-même,
propriétaire à Adrar, y a laissé un khemmas qui travaille pour
lui. (Algérie-Actualité, 9.11.93). Nakhla était fille de khemmas.
Mohammed, le joueur de oûd était fils de khemmas. (Algérie-Actualité,
19.7.94).

84Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, TLF. V. KHAMMESSAT.

85KHAMMESSAT, KHEMMASSA, KHAMASSA, KHMASSA,


KHAMESSA, KHAMMASSA, KHAMESSAT (de l’arabe dialectal) n.
m. ou f. Vieilli mais disponible. Système traditionnel maghrébin de
métayage au cinquième. 15 000 bergers sont payés à la azla, régime
draconien bien plus dur encore que celui du khamessa. (El Moudjahid,
20.10.74). La Révolution agraire […] abolit l’absentéisme, la sujétion à
une hiérarchie tribale exploiteuse, la khammassa et ses équivalents
pastoraux. (Charte nationale, 1976, 74). La Révolution agraire a mis fin
à la khemmassa. (El Moudjahid, 27.11.84). M. L. est khammes dans les
palmeraies du Jérid, une région où survit encore la khmassa. (El Watan,
12.8.91). Boumediene veut tout moderniser […] la société, par de
nouveaux rapports sociaux, brisant les restes de la féodalité ou du
khamessat (métayage typiquement maghrébin et de caractère exploiteur)
dans les campagnes, affaiblissant le poids de ses notables et des
cheikhs. (Hassan, 1996, 45).

86Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

87KHAMSA, KHAMSSA (de l’arabe) n. f. (pluriel : khamsate).


Disponible. Bijou traditionnel en forme de main aux doigts écartés, qui
sert à préserver contre le mauvais œil. J’allais à la recherche de l’objet
de mes convoitises : une « khamssa » contre le mauvais œil. (El
Moudjahid, 20.8.84). Qui oublie de suspendre au-dessus de l’enfant qui
vient de naître le « poisson » ou la « khamsa », le premier bijou, en or
ou en argent, en plastique parfois ? (Tamzali, 1984, 128). Si le mauvais
œil a souvent bon dos, la khamsa, elle, est loin d’être le ventre mou des
croyances populaires. Khamsa ou main de Fatma, avec ou sans le
serpent, avec ou sans scorpion, avec ou sans sentences adéquates, elle
ferait donc écran au regard des envieux et des méchants, mettant ainsi à
l’abri pêle-mêle immeubles, bétail, nouveau-nés, automobiles et autres
biens terrestres. (Algérie-Actualité, 26.4.90). Elle est vêtue d’un pull-
over rose, et d’un pantalon-jeans « clochard », une chaîne en argent
autour du cou avec comme médaillon une « khamsa ». (Confidences,
26.4.93). V. MAIN DE FATMA.
88KHANDJARISTE (formation hybride arabe khandjar et suff.
français -iste) adj. et n. m. Disponible, connotation péjorative. Islamiste
adepte de la violence, recourant au poignard pour faire appliquer la
charia. Un discours pareil, Nahnah sait bien que ses adversaires du FIS
en seront hérissés. Il poursuit sa violente diatribe contre les
« chakouristes », les « khandjaristes », appelle au secours des
« hittistes », déblaie le terrain, rétablit la vérité […] Si les
« khandjaristes » manieurs de poignards et les « chaqoristes » du bâton,
peuvent être « Monsieur tout le monde », le monde des barbus s’entend,
le troisième néologisme dit bien qui il vise. (Algérie-Actualité,
9.5.91). Les khandjaristes du quartier étaient très viligants car ils avaient
peur de la police. (oral).

89Com. Néologisme des années 90. V. AKH, BARBU,


CHAKOURISTE.

90KHÉCHINISME, KHICHINISME n. m. Disponible, connotation


péjorative. Obstination, entêtement. À entendre le chef du gouvernement,
la devise du pouvoir semble être : « Nous ou pas de pouvoir du tout ! »
C’est une erreur dont la source est une maladive surévaluation du
« moi » et un grossier sens du khéchinisme. (El Acil, 15.2.93).
[…] l’Algérie qui a payé cher les sauts d’humeur et le « khichinisme »
de Belaïd Abdesselam. (Algérie-Actualité, 5.10.93). Même si les
incorrigibles tenants de l’inflation verbale et du khéchinisme prennent
prétexte du discours présidentiel pour marteler que « les autorités
étatiques demeureront sourdes à tous conseils, injonction ou ingérence
d’où qu’ils viennent… » (La Nation, 26.12.95). Certains
Algériens […] croient toujours dur comme fer que les affaires, les vôtres
ou les nôtres, ne se règlent dans ce pays de khéchinisme (c’est tout ce
que Boukhrouh nous a légué avant de se noyer le col dans la fonction
d’intellectuel organique) qu’à coups de sulfateuse. (La Nation,
2.7.96). Certains vont jusqu’à soupçonner de quelque cynisme ceux qui
persistent dans l’erreur pour des raisons d’orgueil ou plutôt de
khéchinisme. (El Watan, 20.1.97). Kayene l’autre qui fait dans le
khéchinisme, qui vient se placer sur la voie de droite pour vous doubler
et vous faire une queue de poisson lorsque le feu tournera au vert.
(Quotidien d’Oran, 13.2.00).

91Com. L’adjectif correspondant khechiniste est parfois employé.

92KHEÏMA, KHEIMA V. KHAÏMA.

93KHELKHAL V. KHALKHAL.

94KHEMMAS, KHEMMES V. KHAMMES.

95KHEMMASSA V. KHAMMESSAT.

96KHICHINISME V. KHÉCHINISME.

97KHIMMAR, KHIMAR, KHIMÂR (de l’arabe) n. m. Disponible.


Foulard, voile que portent sur la tête les femmes musulmanes. Kamis et
barbe, foison de khimar, djellab et chapelet, les « moutabaridjate » sont
si rares que l’on s’étonne d’en voir une. (Algérie-Actualité,
27.6.91). Moufida ôta son khimar et commença à « errer »
régulièrement. (El Acil, 17.1.93). Tu étais vêtue d’un hidjab bleu marine,
un khimar blanc. (Le Soir d’Algérie, 3.5.93). Elle s’est drapée d’un
khimmar bleu et portait de hauts talons. (El Watan, 9.5.94). Toutes les
femmes autour d’elle portaient le khimâr et la sermonnaient pour qu’elle
en fasse autant. (Tengour, 1997, 119). Il y a même un petit groupe de
zélées qui, en plus du khimmar normalement de rigueur, portent le
nikab. (oral). V. HAÏK, HIDJAB, NIKAB.
98KHLASS (de l’arabe dialectal) exclam. Courant, oral surtout, fam.
Fini ! Ça suffit ! Assez ! Je ne suis qu’un chanteur, khlass ! (Algérie-
Actualité, 1.8.85). Alors là j’ai dit khlass ! (oral). Khlass, je ne peux plus
rien pour toi. (oral).

99Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

100KHLII n. m. Viande de mouton séchée parfumée aux aromates.


Disponible. Quand, terrassé de fatigue, il s’arrêtait, il pignochait un
quignon de pain et quelques morceaux de khlii. (Mokeddem, 1992, 40).

101KHMASSA V. KHAMMESSAT.

102KHÔ, KHO, KHOU (de l’arabe dialectal) n. m. Courant, oral


surtout. « Frère », appellatif à l’adresse d’un homme. Le chaâbi c’est de
la musique ya khô ! Mais le raï marche mieux. (El Moudjahid,
16.2.84). Pourquoi ils nous ont interdit nos baraques, puisqu’on avait
l’autorisation de vendre ? C’est la hogra ya kho. (Algérie-Actualité,
20.2.92). Même les gamins en parlent : « La mafia, khô, la mafia ! » (Le
Jeudi d’Algérie, 2.7.92). Et là, je dis vivement le FIS, kho.
Absolument. (Khadra, 1999, 59). Je suis un artiste, un faiseur de beauté,
une sublimation, kho. Je veux respirer, m’épanouir. (Khadra, 1999,
60). Aya Mohamed, les gens qui travaillent ici s’en vont avant l’heure, et
toi tu me colles ! On dirait que tu vas inventer la poudre, ça suffit, khou,
ça suffit ! (Mokeddem, 1999, 245). Non, c’est l’huile… de la
marchandise tunisienne de premier choix, ya khô… de la belle
contrebande… (Sansal, 1999, 194). Dors tranquille, ya khô, le Front qui
t’a affranchi du joug colonialiste veille sur toi. (Sansal, 1999, 310).

103Com. Le terme est surtout utilisé dans la région de l’Algérois.


V. KHOUYA.
104KHOBZ (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible, oral surtout.
Pain. Le soir, à partir de six heures, il ne reste plus de khobz dans les
boulangeries. ( o r a l ). V. KHOBZA, KHOBZ DAR, KHOBZISME,
KHOBZISTE.

105KHOBZA, EL KHOBZA (de l’arabe dialectal) n. f. 1. Disponible,


oral. Petit pain. Donnez-moi deux khobzas s’il vous plaît ! (oral). Elle a
fait l’aumône de quelques khobzas à la mémoire de sa mère. (oral).

1062. Disponible, oral surtout. « Pain quotidien », nourriture nécessaire à


la subsistance d’une personne, pitance. Qui n’a pas gardé en mémoire
l’image du vieux Si Ali en quête d’une khobza. (El Moudjahid,
17.3.85). El khobza ya kho il faut bouger. (Algérie-Actualité, 20.2.92).
« Le petit Omar » ne rechignait à aucune tâche car, disait-il en
plaisantant : « c’est ça el khobza ». (El Watan, 24.3.94). Les travailleurs
du CIVA, déterminés à défendre leur khobza, iront jusqu’au
bout. (7.6.94). Il a émigré en France pour gagner sa khobza. (oral).

107Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. KESRA, KHOBZ,


KHOBZISME, KHOBZISTE.

108KHOBZ DAR (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible, oral surtout.


Pain maison, pain fabriqué artisanalement chez soi. On a relevé 40° C…
De quoi faire bouillir une bouillotte à thé ou dorer à point du « khobz
dar ». (El Moudjahid, 26.7.83). Je préfère le khobz dar ! (oral).

109KHOBZISME (terme de formation hybride, arabe dialectal khobz +


suff. français -isme) n. m. Disponible, connotation péjorative.
Opportunisme. Sens de l’orientation politique : droite, gauche,
khobzisme… (Algérie-Actualité, 6.1.83). Le khobzisme des militants de
l’ex-parti unique a favorisé l’émergence d’une caste. (oral). V. KHOBZ,
KHOBZA, KHOBZISTE.

110KHOBZISTE (terme de formation hybride, arabe dialectal khobz +


suff. français -iste) n. m. Courant, connotation péjorative. Opportuniste,
profiteur qui n’agit qu’en fonction de son intérêt personnel. Certains
« khobzistes » portent atteinte à la qualité de l’art musical tant ils
produisent en quantités industrielles des compositions chères aux adeptes
de la malhonnêteté et de la cacophonie. (Révolution africaine,
5.10.78). Pour avoir osé déranger la quiétude de nombre de
« khobzistes », la section syndicale se trouva suspendue. (L’Unité,
5.7.78). L’artiste, crie-t-on, est devenu un khobziste. (El Moudjahid,
18.8.80). À l’évidence, l’information n’est pas un simple gagne-pain pour
ceux qui choisissent de la servir. Elle ne saurait s’accommoder
d’indifférents, voire de khobzistes comme on le dit chez nous. (El
Moudjahid, 8.1.85). Il est tour à tour « khobziste » prématuré à l’Onalait
et commissaire politique recalé à l’Anep, maîtresse impotente du
monopole sur la communication publicitaire. (Algérie-Actualité,
31.5.94). L’élite se focalise sur la « politique du sérail » au détriment de
celle de la cité. Elle devient de plus en plus « khobziste ». (Hassan, 1996,
38) […] les techno-bureaucrates khobzistes sans distinction académique,
sans expérience, ni compétence, soudain promus ministres, voire hommes
politiques. (El Watan, 4.11.97). V. KHOBZ, KHOBZA, KHOBZISME,
TOURNEUR DE VESTE.

111KHODJA, KHOJA (du turc et de l’arabe) n. m. Disponible, écrit.


Secrétaire du caïd. Il [le caïd] s’était établi une sorte de tarif tacite, selon
lequel l’inscription d’une naissance sur les registres de l’état civil
impliquait le versement d’une somme d’argent déterminé ou l’offrande
d’une volaille au khodja (secrétaire) qui se chargeait de tout
transmettre. (Achour, 1978, 22). On n’a plus besoin d’intellectuels de
service, des « khojas » scribouillards de projets à empoussiérer. (El
Watan, 23.10.91).

112Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

113KHOL, KHÔL (de l’arabe) n. m. Disponible. Poudre d’antimoine,


fard de couleur sombre appliqué sur les paupières les cils ou les
sourcils. Voile et jeans délavé, seroual et jupe droite, bleu de chine et
baskets blancs, henné, khol et colorel. (Algérie-Actualité, 11.3.85). Leurs
yeux sont bordés de khol, leurs sourcils tracés au harqous. (Ben
Mansour, 1990, 190). Témoin, le look islamiste qui s’est affiché du haut
jusqu’au bas de la manifestation dans son étonnante diversité : gandoura
algérienne, abaya, kamiss, pantalons bouffants à la mode afghane, les
yeux passés au khol (chose invraisemblable pour un homme, il n’y a pas
si longtemps). (Algérie-Actualité, 26.4.90). Ses yeux sont soulignés d’un
trait de poudre d’antimoine (khol) et imbibés d’une goutte de citron
(désinfectant). (L’Opinion, 22.4.93). Sa tête coiffée d’une haute chéchia
parsemée de corail ajoutait plus de grâce à ses yeux tirés de khol. (El
Acil, 26.12.95). Le khol ne dessinait plus ses admirables yeux en forme
d’amande, elle paraissait vieille sans le souek qui colorait si bien des
lèvres dévorantes que Saïd adorait ! (Horizons, 6.8.97). Ses yeux verts
sont fortement soulignés au khol. Son visage dépourvu de moustaches
porte une grande barbe. (Le Matin, 14.1.00).

114Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF.

115KHOLKHAL, KHOLKHALE V. KHALKHAL.

116KHOTBA (de l’arabe dialectal) n. f. 1. Disponible. Fiançailles,


demande en mariage. Lors de la cérémonie de la « khotba » (jour officiel
de la demande en mariage), les parents débattent des sujets et d’autres,
notamment ceux relatifs à la vie future de leur progéniture, fixent le
montant de la dot, posent leurs conditions, et s’ils arrivent à trouver un
terrain d’entente, concluent le mariage. (El Acil, 15.1.93). Chaque fille
rêve d’une khotba. (oral).

1172. Disponible. Prêche, discours religieux. La khotba qu’il a fait à la


mosquée pour expliquer sa décision est historique. (El Watan, 4.12.98).

118KHOU V. KHÔ.

119KHOUBATA masculin pluriel de KHABIT. Beaucoup de militants


de ce parti fasciste sont des opportunistes et des khoubatha. (oral).

120KHOUYA (de l’arabe dialectal) n. m. 1. Courant, oral surtout. Mon


frère. Je te présente khouya. (oral). Aujourd’hui, khouya est nommé wali
de la ville d’Alger. (oral).

1212. Courant, oral. Par extension, « frère », terme d’adresse à l’égard


d’un homme. Mais, ya khouya, je suis peintre depuis 20 ans et je ne sais
pas faire autre chose. (Algérie-Actualité, 29.9.83). La société islamique,
c’est la fraternité. Nous devons réapprendre le mot « khouya ». (Algérie-
Actualité, 9.5.91). N’aie pas peur, khouya, je ne permettrai jamais que
l’ignoble se répète. (Le Jeudi d’Algérie, 9.7.92). Le père et la mère, c’est
sacré, ya khouia. (Algérie-Actualité, 10.8.93). V. KHO, FRÈRE.

122KIBLA V. QIBLA.

123KIF (de l’arabe) n. m. Courant. Drogue à base de feuilles et de fleurs


de cannabis ajoutées à du tabac à fumer. Le kif et la chira étaient permis
et l’on s’y adonnait à cœur joie. (El Moudjahid, 16.8.77). Il [le
caïd] portait de temps à autre aux lèvres le tuyau nacré d’un narguilé
qu’il était le seul à fumer au village, comme pour braver l’interdiction
faite au trafic du kif, interdiction valable pour d’autres que lui. (Achour,
1978, 35). Slimane réfute l’accusation mais reconnaît être un
consommateur de kif. (El Moudjahid, 2.2.85). 184 kg de kif traité et 6 000
comprimés de psychotropes ont été saisis durant l’année 1994 dans la
wilaya d’Oran. (El Watan, 5.1.95). D’un geste, ils baissent la tête pour
prendre à témoin l’imam et se fument une boulette de kif, comme si
c’était là une marque de piété. (Sansal, 1999, 294). Le procès des 900
kilos de kif se poursuit [Titre]. La quasi-totalité des défenseurs s’insurge
avec véhémence contre la destruction, avant la fin du procès, des 899
kilos de résine de cannabis saisis. (Quotidien d’Oran, 5.12.99). Des
toxicomanes et poly-toxicomanes accros à diverses substances, le kif,
l’alcool et les psychotropes […] « le kif et le valium qui me permettent de
m’évader et d’être sur une autre planète pour ne pas entendre les
disputes incessantes de mes parents ». (El Watan, 29.3.00).

124Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. Le


dérivé kiffeur, relevé par Lanly, n’est plus employé actuellement.
V. CACHET, CHIRA, GHOBRA, KEMYA, ZETLA.

125KIF-KIF, KIFKIF (de l’arabe) loc. Courant, oral surtout. Pareil,


identique, la même chose. Je te rappelle que toutes les filles ne sont pas
kifkif… (Algérie-Actualité, 21.3.85). Non, eh bien tant pis ! Cela vous
permet de rêver. Pour moi, c’est kif-kif, vous ne saurez rien de ma
personne… (L’Hebdo libéré, 26.6.91). Le bac, c’est kif-kif, on est préparé
ou on ne l’est pas. (El Acil, 15.1.93). Pour lui, GIA ou Djamaâ
moussalaha, c’est kif-kif : un groupuscule d’assassins. (Liberté,
11.10.95). L’Aïd El-Adha ou l’Aïd El Kébir, c’est kif-kif, la fête du
mouton, du sacrifice, des enfants, des adultes mais dans l’histoire c’est
au mouton qu’on lui fait sa fête au propre comme au figuré. (Le Matin,
30.4.96). Bière ou Benharoun, c’est kif-kif. (Le Soir d’Algérie,
3.8.97). Dénoncez-les ou restez, c’est kif-kif pour eux et c’est toujours la
même chose : travail inefficace. (Détective, 4.3.00).

126Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. HADJ


MOUSSA et MOUSSA HADJ.

127KIOSQUE D’ESSENCE n. f. Disponible, oral surtout. Station-


service, poste à essence. Voilà un kiosque, on va pouvoir faire le plein.
(oral). À partir du 2 juin, il y a une grève des kiosques
d’essence. (oral). Vous arrivez au kiosque d’essence et vous tournez à
droite. (oral).

128KLASH, KLACH (abréviation de kalachnikov) n. m. ou f.


Disponible. Arme de guerre de marque Kalachnikov. Les terroristes ont
des klash, nous avons nos idées. (El Watan, 16.1.94). C’est tout de même
des revendications à coups de klash et d’assassinats ? (El Watan,
18.8.94). Ils lui avaient alors demandé de quelle manière il désirait être
tué, au canon scié, à la Mat, au Klash ou avec le couteau. (El Watan,
13.10.94). Ils nous ont encerclé avec leurs chars et tout leur matériel
lourd. C’étaient les troupes d’élite. Moi, j’avais mon « klach », je me
suis dit, aujourd’hui c’est le grand passage. (Allouache, 1995, 85). Peu
importe que vous soyez muni d’un klash ou d’un « bousaâdi » ;
l’essentiel, c’est que vous ayez votre carte d’invitation. (Algérie-
Actualité, 2.8.97). En se servant du klach, du PA et du poignard, dans cet
ordre décroissant peu commun dans nos actualités, celui-ci avait commis
un crime. (Sansal, 1999, 326). Le nombre total d’armes récupérées est de
26 dont 4 klash, 8 fusils de chasse et autres. (La Tribune,
23.12.99). Trois terroristes nous ont demandé de nous rassembler. Parmi
eux il y avait un noir et tous avaient des klachs et des fusils. (Jeune
Indépendant, 20.1.01).

129KOFFAR(S), KOFAR(S), KOUFAR(S), KEFRINS, KOFR pluriel


de KAFER. Certains pétro-imams qui, installés sur les Lieux saints de
l’Islam, que Dieu les préserve, envoient des messages aux quatre coins
du monde pour dire […] que la présence de soldats « kofr » sur le sol
séoudien n’était pas une malédiction. (El Moudjahid, 16.9.90). Tous ceux
qui émettent des réserves sur le projet de reproduction de la « société
idéale », de la société primitive islamique sont taxés de koffars. (El Acil,
18.1.93). Demandez au pouvoir d’intervenir énergiquement auprès de la
France, de l’Allemagne et de tous les pays des « koufar »… (L’Hebdo
libéré, 21.4.93). Ces derniers (les dirigeants algériens) sont toujours
traités de kofar. (Liberté, 28.7.94). Il a suffi que Zouabri déclare tous les
serviteurs du culte koufar et que ses tueurs égorgent jusqu’au dernier des
prédicateurs et leurs familles. (L’Authentique, 17.10.97). Son
emballement a coûté la vie à un million et demi de nos frères et Dieu sait
combien aux « koufar ». (Sansal, 1999, 306). Pour eux (les terroristes),
nous étions désignés sous le qualificatif de koufar (mécréants). (Le
Matin, 14.1.00).

130KOFR (de l’arabe) n. m. Disponible. Impiété, mécréance. Il faut que


le kofr et l’impiété cessent dans notre pays, et progressivement nous y
parviendrons parce que le peuple algérien est un peuple musulman.
(Algérie-Actualité, 26.4.90). Sauf que pour le FIS, la démocratie est
« kofr ». (Hebdo libéré, 9.5.91). S’il est normal que ceux qui avaient
décrété la démocratie kofr en revendiquent aujourd’hui les avantages, le
silence des démocrates, s’il en reste encore, est troublant. (Le Jeudi
d’Algérie, 16.7.92). Des centaines de militants islamistes purs et durs ont
choisi depuis longtemps de vivre en Occident, dans ces systèmes
démocratiques déclarés, pourtant, par eux kofr. (El Watan, 21.3.94).
[…] relâcher tous les prisonniers politiques en premier, Abassi Madani
et celui qui considère la démocratie kofr, Ali Belhadj. (Liberté,
22.2.95). C’est pour cela, qu’il [T. Djaout] a été assassiné …au nom du
kofr en ce 26 mai 1995. (El Watan, 24.5.95). Ali Belhadj, qui dit « la
démocratie est kofr » ne représente pas l’Islam. (El Watan, 29.3.00).
V. KAFER.

131KOLB-EL-LOUZ V. KALBALOUZ.

132KOUBA, KOUBBA, QOBBA, QOBA, QOUBA, QUOBA (de


l’arabe) n. f. 1. Disponible. Coupole. Sa kouba blanche et verte aux
céramiques bleues est un lieu de pèlerinage. (Algérie-Actualité,
8.6.93). Au loin, la quoba dresse fièrement sa blancheur au sommet du
vieux ksar. (La Tribune, 23.1.96). L’ermite qui était connu sous le nom
de Cheikh Benyoucef avait un grand pin en guise de qouba. Sur les
branches du pin, les femmes nouaient des morceaux de tissus et, au pied
de l’arbre, elles laissaient en offrande du pain et un oignon. (Liberté,
30.1.01).

1332. Disponible. Monument à coupole blanche élevé sur la tombe d’un


marabout et servant souvent de lieu de pèlerinage ou de cérémonies
religieuses. Halima construira trois qobbas à la mémoire des trois
marabouts. (El Moudjahid, 8.6.77). Quand ce n’est pas les longues
veillées, c’est d’interminables processions vers les Qobbas des
Walis. (Algérie-Actualité, 8.9.83). La kouba du saint était la seule bâtisse
debout. (Djaout, 1984, 47). En brûlant le mausolée de Sidi M’hamed, en
profanant les tombes situées à l’intérieur même de la koubba, les
extrémistes ont-ils tenté de mettre fin à certaines traditions d’entraide et
de générosité ? (Algérie-Actualité, 26.4.90). Sur la plateforme à l’ombre
des dunes qui font face à la kouba du saint, la foule est immense et toute
blanche de chèches, gandouras et voiles féminins. (Algérie-Actualité,
20.8.92). Les koubas, ces mausolées où reposent la dépouille, la
mémoire, le mythe et le don du marabout, sont objets d’orgueil et de
vénération pour chaque quartier de la ville. (Mokeddem, 1999, 12).

134Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.


V. MARABOUT, WALI.

135KOUFAR(S) V. KOFFAR(S).

136KOUITRA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Instrument de musique


traditionnel, luth à caisse arrondie et à quatre fils doublés. Le oud, la
kouitra et le rebab relégués dans un coin, entraient en hibernation. (El
Moudjahid, 19.8.84). À Tlemcen, les luthiers sont spécialisés dans la
fabrication d’instruments traditionnels pour la musique andalouse (rbâb,
kouitra). (Eddalil, 25.2.93). C’étaient les menuisiers qui produisaient à
l’occasion des instruments de musique traditionnelle (rbâb, kouitra) sur
commande. (Eddalil, 25.2.93). Les anciens orchestres classiques étaient
composés de 6 à 8 éléments : des kouitras, des rbabs, peut-être une
mandoline, un tar et on n’y jouait même pas de la derbouka. (Le Matin,
15.1.96). V. OUD, GUEMBRI.

137KOUROUGHLI (du turc, littéralement « fils d’esclave ») n. m.


Spécialisé. Descendant de janissaire turc né de l’union d’un colonisateur
ottoman avec une femme algérienne. On raconte qu’un jour Moulay
Idriss eut une discussion très vive avec un kouroughli qui, d’un ton
rogue, avait mis en doute son illustre descendance. (Ben Mansour, 1990,
34). Ne l’oubliez jamais, cria Zohra qui ne doutait pas un seul instant
que l’Algérie était sa chère patrie, l’arabe sa langue sacrée, elle, la
descendante de Kouroughlis venus de leur lointaine Turquie. (Ben
Mansour, 1990, 111).

138KOURSI (de l’arabe dialectal) n. m. et adj. Courant, connotation


péjorative. Pouvoir, poste de responsabilité. Des forces dévorées par
l’obsession du « koursi » tentent vraisemblablement de s’accaparer
l’héritage du regretté Mohamed Boudiaf. (Liberté, 14.12.92). Moussa
Kraouche, en exil à Paris, les accuse d’être des « hypocrites » et des
« défaitistes », intéressés seulement par le koursi. (L’Opinion,
21.4.93). Alors, que les impatients et les frénétiques dont le seul objectif
n’est que le koursi, prennent leur mal en patience. (Horizons,
27.4.93). L’histoire de l’Islam post-Prophète est pleine d’enseignement.
Elle révèle la soif du pouvoir et l’amour du koursi reconnus au
clergé. (L’Hebdo libéré, 28.4.93). Aujourd’hui, R. Malek est candidat au
koursi. (La Nation, 3.10.95). J’ai présidé aux destinées de l’ERWA alors
qu’elle était en proie à des luttes intestines que menaient différents clans
pour un « koursi » jusqu’alors vacant. (Le Matin, 17.6.96). Seule la mort
pourrait me ravir mon koursi présidentiel. (Mokeddem, 1999, 171).

139Com. Néologisme des années 1990.

140KSAR (de l’arabe) n. m. (pluriel : ksar(s), ksour(s)) Disponible.


Forteresse, cité fortifiée au Sahara, dans les oasis ou les vallées arrosées.
[…] placé sur la route de Laghouat et à trois marches de ce ksar
dominant le pays de la puissante tribu des Ouled Naïl. (Bouzar, 1983,
377). Un pays qu’elle avait parcouru de cafés maures en zaouias, de
villes décharnées en ksars pitoyables. (Algérie-Actualité,
6.6.85). Volontariat pour restaurer le vieux ksar de Dhaya. (El
Moudjahid, 30.3.93). Le sigle de l’association est familier à tous les
jeunes adrariens. Présente à travers toutes les daïras, elle aspire à
s’introduire dans chaque ksar. (El Watan, 3.5.93). Un jour, ils ont envahi
le ksar, tué, pillé, violé puis volé El Djenna et mis en servage ceux qui lui
ont insufflé la vie. (Algérie-Actualité, 19.7.94). Le ksar veille sur la ville
depuis huit siècles. (El Watan, 3.1.96). Cependant, le vieux ksar a subi
des travaux de réaménagement de son souk central (réfection des
arcades). (L’Authentique, 11.8.97).

141Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF, IFA. V. BORDJ, KSOURI,


KSOURIEN.

142KSOUR(S) pluriel de KSAR. Une multitude de ksours palmeraies


que parfois même les cartes ignorent, regroupant cinq ou cent familles,
n’en sont pas moins des centres de vie […] Les véhicules de transport en
commun relient les différents ksours par les pistes non goudronnées. (El
Moudjahid, 4.3.85). Le cadre choisi est l’oasis de Timimoun et ses
innombrables ksours : le site est féerique. (El Watan, 22.1.93). L’Algérie
profonde, celle des hauts plateaux qui sentent l’armoise, des ksours
millénaires et des villes transformées en villages, Boukhobza
connaît. (Algérie-Actualité, 6.7.93). Timimoun aura également permis à
certains de découvrir sa beauté féerique et la misère des populations des
ksour. (La Tribune, 1.12.95). Réhabiliter les ksour et, par conséquent, les
habitations dont certaines ont été désertées, est une des solutions
préconisées. (El Watan, 18.4.96). Le K’sar de Ouargla, l’un des
nombreux vieux k’sour implantés dans le Sahara algérien et aujourd’hui
classé patrimoine national, abrite encore plusieurs milliers d’habitants.
(L’Authentique, 11.8.97). Que ce soit dans les ksour de Adrar, Ouled
Saïd, Tazaya, El Hadj, El Habla, la culture de ces drogues est la plus
pratiquée. (Liberté, 17.2.00).
143KSOURI (de l’arabe) n. m. (pluriel : ksouris, ksouria). Disponible.
Habitant d’un ksar. Le ksouri embauché doit quitter la palmeraie. (El
Moudjahid, 21.11.78). Les ksouris sont toujours hospitaliers. (oral).
V. KSAR, KSOURIEN.

144KSOURIA, K’SOURIA pluriel de KSOURI. […] raffinement que


ni les seigneurs envahisseurs ni les k’souria inféodés n’avaient atteint.
(Algérie-Actualité, 19.7.94). La soumission au culte, et ses frères les
ksouria tenus aux règles de leurs seigneurs. (Algérie-Actualité,
19.7.94). Les seigneurs du ksar, me dit Alla le Béchari joueur de oûd,
avaient même sommé les k’souria de ne s’unir qu’avec leur seul
consentement. (Algérie-Actualité, 19.7.94).

145KSOURIEN, ENNE (terme de formation hybride arabe ksour et


suff. français -ien). 1. n. Disponible. Habitant d’un ksar. Les Ksouriens se
font toujours un réel plaisir à vous inviter au thé à la kesra traditionnelle.
(El Moudjahid, 5.8.77). Le ksourien cultive le jardin du nomade, et, en
échange, le nomade se charge des troupeaux communs… (Bouzar, 1983,
381). Ce soir, je vais te faire un couscous au petit-lait ! annonce
Mahmoud, gagné par l’indolence des ksouriens et émoustillé par la
lumineuse prégnance de son idée. (Mokeddem, 1992, 175). Le silence
des lieux n’est nullement troublé par les quelques allées et venues des
ksouriens, dont les gestes lents et l’allure paisible font corps avec
l’environnement. (Confidences, 11.5.96). Les ksouriens exploitent les
réserves de la nappe albienne par le moyen des galeries
souterraines. (Confidences, 11.5.96). Entre les ksouriens et les nomades,
les relations n’ont pas toujours été au beau fixe. (El Watan, 7.4.00).

1462. adj. Disponible. Qui concerne le ksar. C’est ainsi que les maisons
actuellement en construction se distinguent par une architecture de type
ksourienne, avec des normes modernes et n’ayant rien à voir avec le
modèle de logement classique des villes du Nord. (Le Matin, 14.8.97).
V. KSAR, KSOURI.

147KTAYEF V. QTAYEF.

148KTEF (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible, oral surtout, fam.


Appui, piston. Le sort injuste le cloue à ce guichet pendant que ceux qui
ont du « ktef » sont devenus […] (Algérie-Actualité, 14.7.83). […] pour
avoir une place à Sidi-Yaya, pas loin de la famille, même là faut du ktef
ou quoi ! (Algérie-Actualité, 15.5.86). Des enfants, il y en a beaucoup.
Des ktef, il n’y en a point. (Quotidien d’Oran, 17.5.00). Le ktef est
dénoncé par tous les Algériens mais tout le monde en use quand
l’occasion se présente. (oral). On dit que Djamel a du ktef. (oral).

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


LABASSE, LABÈS, LABASS (de l’arabe dialectal littéralement « pas
de mal sur toi ») loc. Courant, oral surtout. Ça va, ça marche (expression
qui sert à s’informer des affaires, de la santé d’autrui). André nous serrait
la main en répétant sans cesse : « Labès, labès ». (Belamri, 1982,
118). Comment vas-tu mon fils, labasse ? (El Moudjahid, 15.5.85). -
Wach ammi Mohamed... Qu’est-ce que tu penses du nouveau
gouvernement ? – Ouallah Labass ! (El Watan, 17.4.94).

2Com. Attesté ds Lanly 1970.

3LAGMI V. LEGMI.

4LAÏCO-ASSIMILATIONNISTE a d j. e t n. Disponible, connotation


péjorative. Défenseur de la laïcité et de la modernité. Ainsi, j’ai été
étonné qu’il oriente, lors de son dernier discours, une de ces diatribes
contre ce qu’il a appelé les laïco-assimilationnistes. (El Watan,
16.2.93). Et aux partis qui se proclament démocrates il dénie toute
représentativité et les qualifie de « laïco-assimilationnistes ». (El Acil,
7.3.93). En désignant les « laïco-assimilationnistes », il n’a fait que
montrer les nouvelles cibles du terrorisme intégriste. (El Watan,
29.3.93). C’est celui qui porte le combat dans tous les mass média, au
lieu de mettre les forces saines sur la défensive avec des formules du
style laïco-assimilationniste. (El Watan, 23.4.93). Le leader d’Ettahadi
serait-il la première victime du « terrorisme verbal » de salon, laïco-
assimilationniste, moderniste etc. ? (Hebdo libéré, 28.4.93). Moderne,
républicaine, arabo-islamiste, baâthiste, communiste, laïco-
assimilationniste. Qu’importe, pourvu que l’Algérie existe encore
quelques semaines. (L’Opinion, 12.7.93). Belaïd Abdessalam fait la
chasse aux « laïco-assimilationnistes », alors que les bourreaux
commençaient déjà à aiguiser leurs sabres. (El Watan, 29.4.97).
V. LAÏCO-COMMUNISTE.

5LAÏCO-COMMUNISTE adj. et n. Disponible, connotation péjorative.


Défenseur de la laïcité d’obédience marxiste-léniniste. Le HCE avait
consacré les a priori idéologiques de la tendance laïco-communiste qui a
envahi les structures dirigeantes du pays. (Quotidien d’Algérie,
30.7.92). En Afghanistan aussi, au début ils sont partis en guerre contre
les « laïco-communistes ». (Le Jeudi d’Algérie, 6.8.92). […] pour avoir
introduit des armes et des explosifs, en vue de défendre « l’Algérie
musulmane… contre les complots des laïco-communistes ». (Le Matin,
13.1.93). Les Nouvelles du djihad parlent de « junte militaire », de
« jungle laïco-communiste », d’« exécutions sommaires » et
d’« arrestations arbitraires ». (Algérie-Actualité, 6.4.93). Ce dernier, en
désignant les laïco-communistes comme les ennemis à abattre, est
directement responsable des attentats perpétrés contre les patriotes
sincères et non corrompus de ce pays. (Liberté, 27.4.93). Cette intention,
selon les femmes des deux associations, est venue suite aux déclarations
du ministre qui, en désignant les laïco-communistes comme des femmes à
abattre, est directement responsable des attentats perpétrés. (El Acil,
28.4.93). Avant son interdiction, la presse islamiste a brillé par une salve
de papiers effroyables sur les laïco-communistes, les « éperviers du
colonialisme » et les « pseudo-républicains » à la solde du grand capital
culturel et financier occidental. (La Nation, 26.12.95).

6Com. Néologisme des années 90. V. LAÏCO-


ASSIMILATIONNISTE.

7LAÏLAT AL KADR V. LEÏLET EL KADR.

8LALLA, LELLA (de l’arabe dialectal) Disponible. Titre honorifique


donné à une femme respectée à cause de son âge ou de sa
naissance. Lalla Fatima M’Soumen dresse, de 1852 à 1857, une
résistance farouche contre les troupes d’agression. (Algérie-Actualité,
1.11.84). Elle déteste les femmes. Elle n’aime que sa mère et lalla Zeinab
maraboute. (Algérie-Actualité, 6.6.85). Lalla Djamilla a préparé un
couscous à la sauce rouge. Saïd adore ça. (Allouache, 1995, 148). Elle
parlait du Rassoul, le prophète Sidi Mohamed, de sa fille Lalla Fatima-
Zohra et des devoirs qui nous incombaient, inhérents aux musulmans..
(Bensmaïne, 1996, 91). Il y a, autour de l’Émir, les trois épouses : Lalla
Kheïra, Aïcha et Embarka ; ses trois fils : Mohamed, Mahieddine et
Abdallah ; sa fille Yamina et Lalla Zohra, mère de l’Émir dont l’âge, en
1847, dépassait largement les soixante-dix ans. (La Tribune,
18.1.96). Mais la belle-mère, Lella Zohra, lança un youyou si strident qui
plongea la maison dans un long silence… (Reggad, 1997, 30). Adulée
par les poètes de la région, vénérée par les petits et les grands d’In Ghar,
Lalla Aïcha est sans doute la plus illustre après la reine targuie dont le
passage ici a donné naissance au site bleu. (El Watan, 3.1.00). V. SIDI,
NANNA.

9LAMPARO (de l’espagnol) n. m. Spécialisé, écrit. Bateau de pêche


équipé de lampes pour attirer le poisson la nuit. Le lamparo au loin
faisait de grands signes au raïs. (El Moudjahid, 6.8.84).

10Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. PETIT


MÉTIER.

11LANGUE NATIONALE n. f. Disponible. Arabe classique. Elle cite


ses références, un quotidien en langue nationale que lui lit chaque jour
son garçonnet de dix ans. (Djebar, 1980, 136). Les deux littératures de
langue nationale comme d’expression française expriment toutes les deux
leur algérianité et, par conséquent, se complètent. (El Moudjahid,
4.3.84). L’opération de généralisation de la langue nationale se déroule
normalement à travers la wilaya et le recours de la langue nationale se
fait de plus en plus fréquent, ce qui ne manquera pas de créer un réflexe
d’utilisation de la langue nationale dans tous les domaines de la vie
quotidienne. (El Moudjahid, 10.6.84). Dans la wilaya d’Alger, il existe
plus de 450 enseignants francisants et plus de 600 en langue nationale
qui sont en surnombre. (El Moudjahid, 25.9.90). L’obligation de
mentionner sur les pots de mayonnaise toutes les indications en langue
nationale – en plus de la langue étrangère – ne cesse de poser des
problèmes pour les opérateurs. (Quotidien d’Oran, 5.12.99). Car la loi
stipule l’obligation sur l’enveloppe du produit et en langue nationale, la
date et le lieu de fabrication, la date de péremption et la composante du
produit. (La Tribune, 22.12.99). Les organisateurs [du match Algérie-
Cap Vert] ont édité un guide en langue nationale, en français, en anglais
et en portugais. (El Watan, 17.4.00). Les concepts de base sont enseignés
de manière complètement erronée en langue nationale du point de vue
scientifique. (Le Matin, 17.8.00). V. ARABISATION.

12LAVEUSE n. f. Disponible. Employée qui lave les clientes au


hammam. C’est sans doute grâce à quelques manigances de Ma Fafa,
vous savez, cette laveuse du hammam, la mère de Fatima. (Lemsine,
1978b, 42). Elle cédait Nfissa à la laveuse qui […] l’étrillait de dos et de
face avec le crin qu’elle utilisait. (Djebar, 1983, 128). […] puisque même
le fils de la laveuse du hammam, la dernière des dernières,
était directeur avec moins que ça. (Mokeddem, 1999, 204). Pour leur
effort, les laveuses bénéficient d’un grand pourboire. (oral).

13LAYADJOUZ, LA YADJOZ, LA-YADJOUZ, LA YAJOUZ (de


l’arabe « C’est interdit, c’est péché ») adj. Disponible. Qui fait l’objet
d’interdits, prohibé par l’islam. Le short, les femmes à la plage sont
devenus la yadjouz. (Algérie-Actualité, 25.7.91). […] quand à coups de
raclées paternelles, le petit Azouz apprenait que les sapins, les
guirlandes, c’était « layadjouz », point, au piquet. (Le Jeudi d’Algérie,
2.7.92). […] la prière derrière un imam non désigné par l’État, c’est « la
yadjouz »… (Le Jeudi d’Algérie, 6.8.92). Chaque fois que les croyants
interrogeaient leurs guides pour savoir si l’usage de telle ou telle
commodité était licite, un layadjouz (ce n’est pas permis) tombait comme
un couperet. (Mimouni, 1993, 25). C’est vrai que les banques c’est la
yadjouz. (Le Matin, 19.3.95). Cette version est sûrement fausse car le
mouton australien n’a pas de queue, donc « la
yadjouz ». (L’Authentique, 28.5.97). […] et en gros plan l’un des
parrains du « la yadjouz » à « Cheikh Enrico », manager d’un particulet
à l’intégrisme si honteux qu’il ne cesse d’accepter toutes les opportunités
de strapontins offertes en retour de service. (El Watan, 15.3.00).
14Com. Néologisme des années 88. V. HARAM.

15LAYLAT AL-QADR V. LEÏLET EL KADR.

16LBEN, LEBEN (de l’arabe) n. m. Disponible. Petit-lait, lait fermenté,


babeurre. Vous pouvez pour obtenir du « lben » battre le lait caillé au
mixer. (Bouayad, 1983, 115). Fatima et Nacer ont du mal à nourrir leurs
quatre enfants. Pain, lait, l’ben quand il y en a. (El Watan, 5.1.95). La
famille de la victime a été catégorique : le malaise a commencé dès la
prise par cette dernière de la première gorgée de leben. (Liberté,
6.3.97). La veille, en fin de journée, il avait vendu le dernier bidon de
leben resté des heures à l’air libre sans être bouchonné, par
inattention. (Liberté, 6.3.97). Au menu : de la chorba préparée le jour
même, du l’ben, des dattes, de la limonade Selecto, un dessert et de la
zlabia. (El Watan, 5.1.00). V. SMEN.

17LEGMI, LAGMI (de l’arabe) n. m. Disponible. Boisson fabriquée à


partir de la sève du palmier. Sa fierté s’exprime aussi dans son fameux
« legmi », boisson tirée de la sève du palmier. (El Moudjahid,
3.7.86). Une grande partie d’entre eux sentait le « lagmi ». (El Watan,
13.4.93). Au marché, et surtout à « Souk-Libya », le lagmi est cédé entre
8 et 15 DA le litre. (El Watan, 13.4.93). La phoniculture offre une
boisson bien suave et fortement sucrée appelée dans nos régions du sud,
le « lagmi ». (El Watan, 1.1.94). Poète ivre et fou d’un amour foudroyant
partagé entre Souad, sa bien-aimée, le Prophète, le vin et le lagmi, eau-
de-vie distillée des célèbres dattes de Bagdad. (Zaoui, 1999, 181). À El
Oued, le legmi est vendu au souk hebdomadaire. (oral).

18LÉGUMIER n. m. Disponible. Marchand de légumes. L’autre


problème est celui de la distribution de cartes aux légumiers. (El
Moudjahid, 14.3.78). Depuis jeudi dernier, ces légumiers ont élu
domicile devant un mini-lac formé par les eaux usées provenant des
regards des bâtiments limitrophes. (L’indépendant, 30.5.94).

19Com. Attesté ds IFA (du fr. de Belgique).

20LEÏLET EL KADR, LEÏLAT EL QUADR, LEÏLET EL QUADR,


LEÏLAT EL QADR, LEÏLAT EL KADR, LEYLAT EL KADR,
LAYLAT AL-QADR (de l’arabe) n. f. Disponible. Nuit de la Révélation
du Coran au Prophète Mohammed, coïncidant en principe avec la nuit du
26e au 27e jour du mois de Ramadan. Par extension, commémoration de
cette nuit. Le 27e jour du mois sacré de Ramadhan, « Leïlet el Quadr »,
sera également marqué par diverses manifestations religieuses et
culturelles. (El Acil, 14.3.93). Leylat el kadr est l’occasion pour les
élèves de la médersa de montrer leur talent : ils psalmodient le
Coran jusqu’au lever du jour pour recueillir la bénédiction de
Dieu. (Liberté, 15.2.94). Des prix considérables seront distribués au
premier lauréat, le 27e jour du Ramadhan à l’occasion de la célébration
de Leïlat el Kadr. (Liberté, 13.2.95). Le 27e jour du Ramadhan
correspondant à Leïlat el Kadr, pas moins de 117 familles ont bénéficié
de logements neufs. (El Acil, 6.3.95). Leïlat el qadr a été l’occasion de
renouer avec l’ambiance. (La Tribune, 19.2.96). Il s’évertue à démontrer
la supériorité de la nuit du Mawlid sur celle de Laylat al-qadr. (El
Watan, 20.7.97). Les enfants issus des familles démunies de Tizi Ouzou
ont eu droit à une véritable fiesta à l’occasion de Leïlat el Qadr (veille
du 27e jour du Ramadan). (El Watan, 5.1.00). V. RAMADHAN.

21LIMONADERIE n. f. Disponible. Fabrique de limonade et de


boissons rafraîchissantes. La limonaderie de Mostaganem : une
amélioration progressive. (El Moudjahid, 15.1.78). Guelma vend
limonaderie prof. 16 becs, tél : (08) 26 31 37. (El Watan, 29.6.94). Des
bienfaiteurs en cette conjoncture socio-économique très difficile, il en
existe fort heureusement, tel ce propriétaire d’une limonaderie située
dans la zone économique de la ville de Chlef. (El Watan, 3.1.00). La
limonaderie de Constantine se forge une solide réputation avec la
marque « Schoot ». (oral).

22LITHAM, LITHÂM (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Voile dont les


Touaregs se couvrent la partie inférieure du visage. Tout comme ses
soldats Lemtouna, il portait le lithâm, celui-là même que portent encore
de nos jours les Touaregs. (El Moudjahid, 13.7.84). Les hommes chez les
Touaregs portent le litham. (oral).

23Com. Attesté ds IFA, GR, TLF.

24LIVRE SACRÉ n. m. Disponible. Autre désignation du


Coran. L’analyse de ce Livre sacré de l’islam nous a astreint à dévoiler
en même temps la personnalité de Mohammed. (Koribaâ, 1984, 7). C’est
peut-être à cause de ce retard que les musulmans ont accusé un net recul
en matière d’apprentissage, d’assimilation et de généralisation du Livre
sacré. (Liberté, 2.2.95). Le joueur en question, Livre sacré à la main,
s’est défendu auprès des gens de la presse locale et des responsables du
club, en niant en bloc toutes les accusations portées à son
encontre. (Quotidien d’Oran, 5.4.00). Chaque soir, il entame des lectures
du Livre sacré pour être plus près de Dieu. (oral). Syn. LIVRE SAINT.

25LIVRE SAINT n. m. Disponible. Autre désignation du Coran. Suivent


alors les préjugés et les clichés les plus éculés et désespérés, les
références […] non seulement à Ibn Khaldoun, mais même aux
« hadiths » du Prophète, parfois au Livre saint. (El Moudjahid,
23.4.93). Savez-vous que, grâce à uniquement quelques techniques de
communication, on peut pénétrer au cœur du Coran, en apprenant et en
assimilant intelligemment sinon la totalité du Livre saint, du moins une
grande partie ? (Liberté, 2.2.95). Syn. LIVRE SACRÉ.

26LOUBIA (de l’arabe) n. f. Disponible. Plat traditionnel constitué de


haricots blancs accommodés de sauce tomate. Des beignets, de la
« loubia », des pois chiches suivis de bons cafés chauds. (El Moudjahid,
20.12.84). Cessez de décimer le cheptel et bénissez chaque jour votre
pain quotidien, avant de le déguster […] avec une platée de loubia,
longtemps méprisée par les gourmets. (Algérie-Actualité, 2.8.94). Tout en
dégustant un plat de loubia, Amar fait le point de la situation. (Achir,
1997, 108). Je t’invite à une loubia mahboula chez Ammi Moussa mais, à
table, ravale ton putain de mot de « merde ». (Sansal, 1999,
245). Loubia, 15 DA (Menu de restaurant). En hiver, il n’y a pas mieux
qu’un plat de loubia bien assaisonné. (oral).

27Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. SEROUAL LOUBIA.

28LOUHA (de l’arabe) n. f. Disponible. Planchette en bois sur laquelle


écrivent les élèves de l’école coranique. La musette contient […] sa
louha, planche des élèves de l’école coranique, à laquelle elle a toujours
préféré l’usage plus commode du sable. (Mokeddem, 1992, 237).

29LOUZE (de l’arabe) n. m. Disponible. Amande. Pourquoi ces attentes


ostensibles devant les portes des galeries et les souksel-fellah… ? Pour
un paquet de « louze », un morceau de viande ? (El Moudjahid,
13.6.84). Louze ou toute arachide est obligatoire dans toutes
mahchachates qui se respectent. (Algérie-Actualité, 29.8.91). Nous
achèteront du louze pour la préparation du gâteau. (oral).
V. KALBALOUZ.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


MAÂLAM, MAÂLEM, MAÂLLEM (de l’arabe) n. m. (masculin
pluriel : maâllim(s), maâlmine ; féminin singulier maâlma) 1. Disponible.
Patron, chef. Le chef ramena le berger et son agneau devant M. Estroffer,
le « maâlem ». (Mammeri, 1978b, 59). Je ne dois pas arriver en retard,
le maâlem ne me ratera pas. (oral).

22. Disponible. Maître-artisan. Là-bas, il y a de vieux « maâlam » qui


conservent le secret de l’Alhambra et des maisons
andalouses. (Bouchama, 1966, 78).

3MAÂLLIM(S) pluriel masculin de MAÂLAM. Très vite, ils [les


gnawa] se sont organisés en confréries, placées sous la protection d’un
saint (wali). […] Dirigées par des maâllims (maîtres) qui affirment
recevoir leur pouvoir directement de Dieu, la dramaturgie musicale
gnawa parle de « guérir les esprits et de soigner les maux. ». (El Watan,
12.1.00).

4MAÂLMA (de l’arabe) féminin singulier de MAÂLAM. La maâlma,


cette gardienne de la tradition, les enroulerait dans les mendils avec les
bendirs pour ne les ressortir que lors de la hadra suivante. (Le Matin,
14.8.97).

5MAASJID V. MASDJED.

6MABADI (de l’arabe) n. m. (pluriel : mabadide) Disponible. Principe


fondamental qui motive une action, une attitude, un
comportement. Pendant toute la durée de la rase campagne électorale,
Hassiba, qui caresse si bien les pistes d’athlétisme de ses pas légers et
aériens, noya son aura dans le tourbillon de la politique en caressant
dans le sens du poil les vertus de mabadi Novembre. (La Nation,
28.11.95).
7MABADIDE pluriel de MABADI. L’orateur a salué la foule en
rappelant que les victimes du colonialisme sont les véritables défenseurs
des mabadide de notre révolution. (El Acil, 5.11.95).

8MABOUL V. MAHBOUL.

9MABROUK (de l’arabe) exclam. Disponible, oral surtout. Formule


traditionnelle qui sert à présenter ses félicitations et à donner sa
bénédiction à quelqu’un. « Mabrouk », mon fils, c’est une belle
villa. (Chaïb, 1980, 28). En voilà de bonnes nouvelles ! « Mabrouk » !
Toutes mes félicitations ! Votre fille a repris connaissance. (Ben
Mansour, 1990, 21). On ne peut que lui souhaiter « mabrouk » mais là
où le bât blesse, c’est de le rencontrer le lendemain de l’Aïd, et
l’entendre vous demander tout bonnement une cigarette qu’il faudra lui
allumer. (Le Matin, 30.4.96). « Bravo Samira, Alf mabrouk. Ta tante
Khadoudja est très fière de toi ». (Liberté, 19.7.96). « Mabrouk ma
chérie, laisse moi voir un peu » ; Mina se redresse de façon à laisser sa
grossesse bien paraître. (Reggad, 1997, 29). – Mabrouk ! – Toutes mes
félicitations.. – Alors, ça y est. On le marie ? (Benaïssa, 1999,
87). Mabrouk Kamel, tu as acheté une belle voiture. (oral).
V. MABROUK ALIK.

10MABROUK ALIK, MABROUK ALIKOUM, MABROUK


ALINA, MEBROUK’ ALIKOUM (de l’arabe) loc. Courant. Formule
traditionnelle qui sert à présenter ses compliments, ses félicitations (à
l’occasion d’un événement familial, d’une fête etc.). L’inspecteur relève
une autre fois la tête de sa paperasse pour dire : « Mabrouk alik ! Faites
attention au volant, vous êtes encore jeune. » (El Moudjahid, 2.11.83).
« Mabrouk Alina ! » hurlaient les jeunes Constantinois fous de joie. (El
Hadef, 9.6.85). Mabrouk alik (mes compliments). On m’a dit que ta jeune
épouse était enceinte. C’est là un don de Dieu. (Boutarène, 1986,
116). Nous partageons la mer et la Palestine et la détresse du
chardonneret dans sa cage, et quelques autres sanglots de guitare, cela
est suffisant pour que nous puissions nous
reconnaître […] Mebrouk’alikoum, l’amnistie généralisée. (Le Matin,
14.1.00). Mabrouk alikoum la réussite au bac. (oral). V. MABROUK.

11MACACHE, MAKACHE, MAKANCHE, MAKECH,


MAKENCH, MAKKACH (de l’arabe) loc. Courant, oral surtout. Il n’y
a pas, ça manque. Trente réponses sèches, méprisantes,
« makanch ». (Algérie-Actualité, 29.8.85). « Macache ! Macache ! Vous
n’avez que ce mot à la bouche ! » (El Moudjahid, 14.3.86). L’emploi
makache, des cohortes de hittistes voteront. (Algérie-Actualité,
9.5.91). Le malheur pour l’Algérie, c’est qu’il n’y a aucune classe
politique jusqu’à présent malgré le nombre de partis qui existent.
Makache. (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92). Le débat ? Makkach débat, il est
presque fini. À demain. (El Watan, 23.3.00). Chaque fois que vous vous
présentez chez un agent agréé pour une quelconque pièce, il vous répond
nonchalamment par un fameux makech. (oral).

12Com. Le terme est signalé comme « pop., vieilli » dans les


dictionnaires du français central. Attesté ds Lanly 1970, Duclos
1991, GR, TLF. V. KEIN.

13MACHACHATE(S) V. MAHCHACHAT(E)S.

14MACHINISTE n. m. Disponible. Ouvrier, technicien qui répare les


engins. Le texte souligne la nécessité de développer les ateliers de
réparation du matériel agricole, la mise en place de structures de
formation de machinistes et de conducteurs de tracteurs. (El Moudjahid,
16.4.78). La formation et la sensibilisation des machinistes dans
l’utilisation et le réglage des machines afin de réduire sensiblement les
pertes à la récolte. (Algérie verte, 1.5.85). On ne recrute plus de
machiniste dans les ateliers mécaniques. (oral). V. ENGINISTE,
GRUTISTE.

15MACROUD V. MAKROUD.

16MADAÏH V. MADIH.

17MADDAH V. MEDDAH.

18MADE IN, MADE IN… (de l’anglais) 1. adj. Disponible. De


fabrication ou de provenance étrangère. Tous ces jeunes arboraient des
survêtements uniformément gris-bleu et des cabas made in… (El Hadef,
1.1.84). Encombrés dans leurs fringues « made in… » oubliant qu’il ne
faut pas jouer le riche quand on n’a pas les ronds. (Algérie-Actualité,
6.3.86). Même les entreprises nationales commencent à importer des
produits made in. (El Acil, 12.4.93). Le toc et la friperie« made in » ont
détrôné en grande partie la production locale. (El Watan,
31.5.94). Quand on n’a pas la possibilité d’acheter des habits « made
in », il ne reste plus qu’une solution : s’habiller à la mode de chez
nous. (El Acil, 18.1.96). Parure en or, une bague de fiançailles,
l’alliance, quelques tissus « made in » (deux ou trois coupons), des
tailleurs de marque […]. (Le Soir d’Algérie, 6.8.97). Rares sont les
magasins de prêt à porter qui ne soient pas achalandés de ces produits
made in où la contrefaçon est reine. (El Watan, 5.1.00).

192. n. m. Disponible. Article, produit de fabrication étrangère. Ils ne


sont pas tous concernés. En tout cas, pas ceux qui peuvent ou arrivent à
se débrouiller ou à se payer des « made in… ».(Algérie-Actualité,
3.1.85). En plus des mesures prises par les services concernés pour
endiguer le fléau du « trabendo », seule la qualité de la production
nationale peut mettre un terme à cette épidémie du « made
in ». (Horizons 2000, 18.4.86). Le made in inonde les marchés. (El Acil,
25.1.98).

203. adv. Disponible. D’une manière « griffée », à l’occidentale (en


parlant des habitudes vestimentaires). Pour être à la page, certains se
croient obligés de s’habiller « made in », semblent préférer tout ce qui
vient d’ailleurs, et bouder les produits nationaux. (El Moudjahid, 8.6.86).

21Com. Les vêtements produits localement restant de médiocre qualité,


les jeunes ont souvent opté pour les produits de fabrication étrangère. Les
synonymes attestés made in ailleurs, made in étranger, made in kekchos,
made in là-bas sont beaucoup plus rares. V. MADE IN ALGERIA,
TAA FRANÇA.

22MADE IN ALGERIA (de l’anglais) 1. adj. Disponible. De fabrication


algérienne. En visitant nos parfumeries et drogueries on est souvent
surpris par l’abondance des produits cosmétiques « made in
Algeria ». (Horizons, 20.6.86). J’achète toujours des produits made in
Algeria. (oral).

232. n. m. Disponible. Article, produit de fabrication algérienne. Label de


fabrication algérienne. Il faut satisfaire le goût exigeant des Algériens et
Algériennes et leur offrir ainsi la possibilité de consommer avec grande
fierté le « made in Algeria » et de n’acheter que ce dont ils ont
réellement besoin. (El Moudjahid, 3.4.86). La généralisation du « made
in Algeria » est l’objectif prioritaire. (El Moudjahid, 6.7.86). Sur ces
deux axes, c’est la performance concurrentielle du « made in Algeria »
qui est mise au défi. (El Watan, 21.5.97). Avec cette nouveauté, dans le
monde aujourd’hui, que ce « made in Algeria » doit surtout se traduire
par « made par l’entreprise algérienne ». (El Watan, 21.5.97).

24Com. Les synonymes attestés made in chez nous, made in bled, made
in Dz, sont beaucoup plus rares. V. MADE IN.

25MADHI V. MEHDI.

26MADIH V. MEDH.

27MADJBOUD V. MEDJBOUD.

28MADJLIS ECHOURA, MADJLESS ECHOURA, MADJILESS


ECH CHOURA, MADJLISS, MEJLESS, MEJLESS ECH-CHOURI,
MADJLISS ECHOURA, MAGLES ECHOURA, MAJLESS
ECHOURA, MADJLESS ECH-CHOURA, MADJLESS CHOURA,
MAJLISSE ECHOURA, MEDJLES, MEDJLESS ECH-CHOURI,
MAJLISS ECHOURA (de l’arabe) n. m. Disponible. Assemblée
consultative composée de personnalités religieuses, conseil des partis
religieux. Dans la nuit de mardi à mercredi, le Madjiless Ech Choura a
décidé qu’il était seul à pouvoir et seul habilité à parler au nom du
FIS. (Algérie-Actualité, 9.5.91). La coupure est consommée entre lui et le
Madjliss Echoura du FIS. […]. Le Madjliss voulait la fitna. J’ai refusé de
céder à leur pression. (Algérie-Actualité, 25.7.91). Pour sa part,
Mahfoud Nahnah serait candidat et la décision serait déjà entérinée par
le majless echoura de son mouvement. (La Tribune, 11.7.95). Hamas
sollicite le Conseil constitutionnel pour qu’il se prononce sur la
conformité de certains articles de ses statuts que son majliss echoura a
pourtant déjà modifiés lors de sa dernière réunion. (Liberté,
8.4.97). L’imam Younes l’avait, à maintes reprises, vanté devant de
hautes personnalités du Mejless Ech-Chouri. […] Tous attendaient les
nouvelles qui parvenaient du Mejless. La désobéissance civile tenait
bon. (Khadra, 1999, 107). A. D., ancien responsable de la commission
politique du parti dissous et ancien membre du madjless choura, a bien
voulu répondre à quelques questions. (Le Quotidien d’Oran, 5.2.00). Il
devra compter sans le secours du MSP. […] Dans une lettre adressée au
Majliss Echoura, les élus et cadres dudit parti confirment les griefs et
critiques émis. (El Watan, 5.2.00).

29Com. Néologisme des années 88, employé particulièrement depuis la


légalisation des partis islamistes en 1989.

30MAGHRABI, MAGHREBI, MAGHRIBI, MÉGHERBI,


MOGHRIBI, MOGHRABI, MAGHRIBINE (de l’arabe) 1. n. m.
Disponible. Genre musical originaire de l’ouest (ouest du Maghreb ou
ouest algérien). Le respect de la mélodie « mégherbi » reste entier. Dans
certains cas, des poètes d’origine algérienne composent dans le genre
« mégherbi ». Il arrive que le « mégherbi » soit retouché à Tlemcen. (El
Moudjahid, 16.10.83). C’était le medh, le moghrabi parce que les
chanteurs de ce que l’on appelle communément « chaabi » […] (Le
Matin, 15.1.96). La musique raï s’est imposée dans l’Oranie et a étouffé
le maghrabi en vogue depuis longtemps. (oral).

312. adj. Disponible. Qui concerne ce genre musical. Une « qacida »


puisée dans le riche patrimoine « maghribi » […]. (El Moudjahid,
28.6.84). Son folklore « maghrabi » contrairement, à ce que pensent
certains, n’est pas une exclusivité marocaine. (El Moudjahid,
2.12.84). La commune de Tiaret a, par exemple, organisé un festival du
chant « moghribi ». (El Moudjahid, 9.12.84). Les ensembles de musique
chaâbi, moderne, rai, maghribine se sont sérieusement préparés pour la
circonstance. (El Moudjahid, 28.5.86).
32MAGHREB, MAGHRIB, MOGHREB (de l’arabe, « Occident,
ouest ») n. m. 1. Disponible. Occident, ouest, région occidentale. Il dilate
alors ses narines au petit vent du maghreb, respire à pleins
poumons. (Algérie-Actualité, 12.4.84). Les paysans regardent vers le
maghreb et annoncent la pluie pour demain. (oral).

332. Courant. Prière du coucher du soleil. Nous nous entraînions à 19


heures afin de pouvoir manger à l’appel du muezzin au moment du
maghreb. (El Moudjahid, 13.9.78). D’habitude, à cette heure-là, Hocine
se trouvait à la mosquée pour la prière du maghrib. (Achour, 1980,
48). Au coucher du soleil il revint encore et lui dit : « Lève-toi pour faire
la prière du Maghreb ». (Djaber, 1986, 246). Le muezzin venait de
terminer la prière du maghreb et donc de la rupture du jeûne. (El Watan,
28.2.93). Selon le communiqué reçu hier par cette radio, Zitouni est mort
le 16.07. dernier, quelques heures avant l’heure du maghreb. (Liberté,
28.7.96). Il lui demande de ne pas rester trop tard le soir et de rentrer
juste après la prière du maghreb. (Gastel, 1999, 38). […] la minute
sublime où elle apparaîtrait sur la place, le soir, peu avant l’appel du
maghreb. (Khadra, 1999, 101).

34Com. Le sens « ensemble des pays du nord-ouest de l’Afrique » est


bien sûr connu et employé.

35MAGHREBI V. MAGHRABI.

36MAGHRÉBINITÉ n. f. Disponible. Ensemble des traits spécifiques à


la civilisation maghrébine. Un passionnant détour par la maghrébinité
des écrivains d’expression française, non pas en termes d’espace
géographique, mais comme situation nécessaire des lieux culturels où
l’on parle français. (Algérie-Actualité, 12.4.84). Il y a forcément un
concept de maghrébinité à établir dans et à travers des projets
esthétiques qui semblent, à première vue, inscrits dans une
préoccupation locale. (El Moudjahid, 19.8.84). Tant que la maghrébinité
pèse plus dans la balance de la régulation des légitimités politico-
personnelles, voire charismatiques ou dynastiques, que dans celle de la
régulation économique, (au sens de rationalité économique), le
volontarisme politico-étatique continuera à ponctuer les temps forts de la
maghrébinité. (Algérie-Actualité, 6.4.93). V. ALGÉRIANITÉ,
AMAZIGHITÉ, ARABITÉ.

37MAGHRIB V. MAGHREB.

38MAGHRIBI V. MAGHRABI.

39MAGLES ECHOURA V. MADJLIS ECHOURA.

40MAHAKMA, MAHKAMA, MHAKMA (de l’arabe littéraire) n. f. 1.


Disponible. Tribunal de droit musulman. J’ai été sollicité par un parent
qui m’invita à la Mahakma d’Alger-Sud pour être témoin dans une
procédure de mariage. (El Moudjahid, 9.4.71). À propos de bombes,
nous en mettrons de grosses et brillantes dans toutes les
mahkamas. (Lemsine, 1978b, 114). Un mari retrouvant sa femme
enceinte au retour d’une longue mission a obtenu le divorce qui a été
prononcé par la mahakma. (Boucebci, 1979, 63). […] le cheikh de
zaouia exploitant la crédulité populaire, faisant le jeu de
l’ennemi […], oukil judiciaire, cadi de mahakma, etc… (El Moudjahid,
12.11.82). La réforme judiciaire de 1966 tendait à rapprocher la justice
des justiciables. Ainsi, on compte une mahkama seulement pour
l’ensemble de la daïra. (El Moudjahid, 10.2.84). En fait, ces derniers [les
occupants] ne sont en possession que d’un acte d’achat établi par la
mahkama. (Libertés, 10.11.99).
412. Disponible. Ensemble des employés de ce tribunal. Toute la
mahakma m’adopta en fin de compte comme collaborateur
bénévole. (Bennabi, 1965, 118). La mahakma accueille poliment les
administrés. (oral).

42Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. CADI.

43MAHBOUL, MABOUL (de l’arabe) 1. adj. (féminin : mahboula).


Disponible. Fou, folle. Tu es « mahboul » ou quoi ? Qu’est-ce que je t’ai
fait ? (Lemsine, 1978a, 119). Tu roules à cent kilomètres à l’heure en
ville, Mahboul ! (oral).

442. n. m. Disponible. Fou, dément. Ainsi « memlûk » (habité) ou


« meskûn » (possédé), l’individu à la conduite sociale aberrante,
retrouve droit de cité et sa non-exclusion le distinguera du
« mahboul ». (Algérie-Actualité, 8.9.83). Aujourd’hui, ou précisément
depuis quelques années, acheter, prendre un livre risque de vous faire
passer pour ni plus ni moins un maboul. (El Watan, 29.4.97). Il y a un
mahboul près de notre lycée. (oral).

45Com. Attesté ds Lanly 1970.

46MAHBOULA féminin de MAHBOUL. Mahboula !… Jouer au pari


sportif ! (Slim, 1981, 42).

47MAHCHACHA, MAHCHOCHA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : mahchachat(e)(s)). Disponible, connotation négative. Lieu mal
famé où l’on vend et où l’on consomme de l’alcool et de la drogue. Fetla,
étymologiquement, rouler le couscous, mais dans la mahchacha, ce terme
désigne le fait de chauffer la pâte de chira pour disperser et mélanger le
shit avec le tabac. (Algérie-Actualité, 29.8.91). Les policiers eurent le
réflexe de se rendre à une mahchocha (sorte de discothèque) non loin de
là où ils tombèrent sur une rixe, événement fréquent dans ces lieux où le
vin monte souvent à la tête. (El Acil, 16.2.93). « Je ne veux plus de
mahchocha », a lancé sévèrement le ministre du Tourisme à l’encontre
du patron « d’El Modjane », cet hôtel sans étoiles, fief de toute une
faune hétéroclite. (Algérie-Actualité, 13.7.93). V. CHIRA,
HACHAÏCHI, KIF.

48MAHCHACHAT(E)(S), MECHCHACHÂT,
MACHACHATE(S) pluriel de MAHCHACHA. Ils hantent les ports et
les aéroports, écument les marchés aux puces à la recherche de ces
cigarettes qui savent si bien les engourdir pour les transporter dans des
mondes veloutés, des univers aux contours de « machachate ». (El
Moudjahid, 7.6.85). Il semble que l’on veuille faire encore quelque chose
pour ce genre […] réduit aux fêtes commémoratives, aux
« machachates » et des fois à la télé. (Horizons 2000, 21.2.86). […] en
fréquentant cafés et « mechchachât de la Casbah, Sadek fait la
connaissance de ces vieux routiers. (Le Matin, 27.9.95). Elle est donc
restée clandestine pendant une longue période, tolérée seulement dans
certaines boîtes de nuit (les mahchachates). (Le Matin, 4.7.96). Sans
parler de ces plateaux de pâtisseries orientales qui, en plein air, jonglent
entre les mains de garçons de café et autres « mahchachat ». (La
Tribune, 22.12.99).

49MAHCHOCHA V. MAHCHACHA.

50MAHCHOUCHA (de l’arabe) n. m. ou f. Disponible. Fusil de chasse


à canon scié, souvent utilisé par les terroristes. Les deux techniciens et
l’agent de sécurité de permanence ce soir-là sont enfermés et surveillés
de près par trois individus armés de mahchouchas. (Liberté, 22.6.95).
[…] les assassinats d’au moins une trentaine de citoyens dont les
derniers en date sont les 4 victimes de la mahchoucha d’El Battah … (Le
Matin, 10.12.95). Elle se débat, crie, résiste, deux tirs de mahchoucha
l’atteignent. (L’Authentique, 15.2.96). Selon nos sources, des fusils-
mitrailleurs, des kalachnikovs, des P.A., des fusils de chasse et des
mahchouchas ont été récupérés. (La Tribune, 13.1.00). Les forces de
sécurité ont récupéré un « mahchoucha » qui aurait servi dans
l’assassinat d’un jeune policier. (Quotidien d’Oran, 21.2.01). La
casemate où les terroristes s’étaient réfugiés a été détruite par l’ANP qui
a récupéré […] 2 kalachnikovs, 8 mahchouchas et 2 Mat 49. (Quotidien
d’Oran, 28.2.01).

51MAHDI V. MEHDI.

52MAHDJOUZ, MAHDJOUZE (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Genre


musical traditionnel d’interprétation du kcid. Cette manifestation
englobera musique classique, hawzi, aroubi classique et
mahdjouz. (Algérie-Actualité, 27.2.86). Mais deux genres typiques à la
ville de Constantine, le mahdjouze et le zjoule, sont méconnus et ne sont
pas pratiqués convenablement. (El Acil, 15.1.93). Je vais rénover le
mahdjouze et le zjoule dans le seul but de les transmettre au grand public
et ce avec tous les respects dus à nos « cheikhs ». (El Acil,
15.1.93). Berrachi est le maître incontesté du mahdjouz dans la ville de
Constantine. (oral). V. AROUBI, HAOUZI, KCID, MALOUF,
ZJOULE.

53MAHKAMA V. MAHAKMA.

54MAHRAM, MAHREM (de l’arabe) n. m. Disponible.


Accompagnateur légal toléré par la charia au cours du pèlerinage à La
Mecque. En ce qui concerne les femmes, il leur est fait obligation d’être
accompagnées par l’époux ou par un « mahram ». (El Moudjahid,
23.12.82). En ce qui concerne les femmes, il leur est permis, en l’absence
de l’époux ou de l’un de leurs « Mahrem » de se faire accompagner par
des pèlerins sûrs et dignes de confiance, à condition que ceux-ci
s’engagent par écrit déposé à l’APC à s’occuper personnellement et en
toute circonstance de la personne qu’ils accompagnent. (El Moudjahid,
28.1.83). Dans le cas où l’époux ou Mahram a déjà effectué le
pèlerinage, son nom est porté sur le papillon établi au nom de l’épouse
ou de la femme qui l’accompagne. (El Moudjahid, 10.3.86).

55MAÏDA V. MEÏDA.

56MAIN DE FATMA n. f. Disponible. Bijou traditionnel en forme de


main pour conjurer le mauvais sort. Peu après, Anne lui apprit que la
main de Fatma guérirait. (Djebar, 1980, 84). Une « main de Fatma » ou
un fer de cheval, au-dessus de votre téléviseur, c’est le minimum pour
conjurer le mauvais sort. (El Hadef, 7.10.84). Pour prendre à contre-
pied le mauvais œil résistant à la « main de Fatma », on garde secrète
pendant un certain temps de sécurité la naissance d’un enfant mâle. (El
Moudjahid, 12.8.86). Cette main de Fatma en bois, teinte au henné, au-
dessus de la porte […] (Mokeddem, 1993, 119). La mère Madani avait
jeté de l’eau à ses pieds et mis une main de Fatma autour de son cou
pour chasser le mauvais œil. (Mokeddem, 1999, 58).

57Com. Cette main représente la main de Fatima, fille du Prophète.


V. KHAMSA.

58MAJBOUD V. MEDJBOUD.

59MAJLESS CHOURA, MAJLISS ECHOURA, MAJLISSE


ECHOURA V. MADJLIS ECHOURA.

60MAKACHE V. MACACHE.
61MAKAM, MAKKAM, MAQÂM (de l’arabe) n. m. 1. Disponible.
Monument. Du maqâm de Sidi Abdelkader la ville s’offre à qui veut bien
la regarder. (Algérie-Actualité, 18.11.82). On est ensuite allé accomplir
une prière devant Makam Sidna Ibrahim. (El Moudjahid, 24.4.85). Avant
même qu’ils construisent le makam, nous tout petits, on chassait dans
cette forêt. (Algérie-Actualité, 11.7.93).

622. (abrév. de makam echahid) Disponible. Monument aux morts


algériens de la guerre d’indépendance. Le Makam est dédié aux
martyrs […] Le Makam n’est pas un monument funéraire. (El Moudjahid,
1.11.93). V. MAKAM ECHAHID.

63MAKAM ECHAHID, MAQAM CHAHID, MAQAM


ECHAHID (de l’arabe) n. m. Disponible. Monument aux morts algériens
de la guerre d’indépendance. Recueillement d’une délégation de
moudjahidine au « Maqam Echahid ». (El Moudjahid, 21.8.83). Le 5
juillet 1985, au point de ralliement du « Makam Echahid », des dizaines
de milliers de jeunes algériens et algériennes libéraient leur
enthousiasme. (Algérie-Actualité, 8.5.86). […] les expositions qui seront
organisées dans les installations du « Maqam Echahid » et du syndicat
d’initiative et du tourisme de la ville. (El Watan, 20.6.94). V. MAKAM.

64MAKANCHE, MAKECH, MAKENCH V. MACACHE.

65MAKHZEN (de l’arabe). n. m. 1. Disponible. Dépôt. Ces maisons


servaient surtout comme makhzen pour stocker la nourriture, le bétail
mais aussi les armes. (Révolution et Travail, 1.11.85). Le fermier a un
makhzen. (oral).

662. Vieilli mais disponible. Pouvoir central, administration,


gouvernement. Ils [les citadins] fournirent au makhzen le personnel dont
il ne pouvait se passer et qui assura la continuité administrative. (Julien,
1961, 277). Il était difficile à une tribu maraboutique de fonctionner en
tant que telle à la limite du Makhzen. (Algérie-Actualité, 1.3.84). Autour
du bey se groupaient les grands fonctionnaires du gouvernement ou
Makhzen : le makhzen ou gouvernement de la province de
Constantine. (El Acil, 3.3.93). Ses hommes étaient tous Turcs. Ils
composaient les principales dignités du makhzen et, s’étant facilement
adaptés à la politique de leur chef, n’engageaient la milice que dans des
circonstances particulièrement difficiles. (El Acil, 18.3.93). Le maillage
de la société par le système du makhzen rodé depuis des temps
immémoriaux permet au mokkadem du quartier de connaître jusqu’au
« contenu de votre réfrigérateur ». (Algérie-Actualité, 20.9.93).

673. TRIBU MAKHZEN loc. Vieilli mais disponible. (Avant la


colonisation française) tribu obéissant au contrôle du pouvoir
central. Pour faire la police de province et assurer la levée de l’impôt, le
bey avait recours à des tribus makhzen, exemptes de taxes non
canoniques. (Julien, 1961, 295). Le pouvoir central s’exerçait dans les
villes, sur les tribus makhzen. (El Moudjahid, 9.4.86). L’institution
étatique n’était pas en odeur de sainteté, ou à tout le moins, était
considérée comme une réalité lointaine, qui ne se manifestait dans le
pays profond que sous la forme de tribus makhzen. (Algérie-Actualité,
5.10.93). V. BEY, BEYLICK.

68MAKKACH V. MACACHE.

69MAKKAM V. MAKAM.

70MAKROUD, MACROUD, MAKROUDH, MAKROUT,


MAKROUTE, MEKROUT, MAQROUT (de l’arabe) n. m.
Disponible. Petit gâteau traditionnel en forme de losange, à base de
semoule et de pâte de dattes et enrobé de miel. Quant aux pâtisseries,
elles sont variées et succulentes. Je lui rappellerai les zalabias, les
makroutes et les beignets qu’elle lui offrait pendant le mois de
ramadhan. (Chaïb, 1972, 112). Les fameux mekrouts au miel et
quelquefois même les baklaouas se trouvent sur la plupart des tables. (El
Moudjahid, 17.10.74). Cette pâte peut être utilisée dans beaucoup de
gâteaux, notamment dans les maqrout : losanges aux dattes
frites. (Bouayed, 1983, 69). Un monsieur bien habillé vint un jour au
djamaâ avec un grand « s’ni » plein de gâteaux et de makroud. (Zinai-
Koudil, 1984, 108). Elle sortit une assiette pleine de makrouts, un pain
de sucre et de l’eau de fleur d’oranger. (Ben Mansour, 1990, 54). Les
enfants apportaient à la boulangerie les plaques sur lesquelles
s’alignaient en rangs serrés les maqrouts, cornes de gazelle,
mantékaos. (Allouache, 1995, 146). Des vendeurs proposent « tout ce qui
rentre et fait ventre », en fromages, halva turc, bonbons, galettes et
m’hadjb faits maison, makrout. (La Tribune, 22.12.99).

71Com. Ce gâteau fait partie des pâtisseries traditionnelles consommées


pendant la période du Ramadhan. V. BAKLAOUA, SAMSA,
ZALABIA.

72MAKTOUB, MAKTUB V. MEKTOUB.

73MALAHFA V. MELEHFA.

74MALÉKITE adj. Disponible. Relatif à l’un des quatre rites de l’islam,


fondé par Malek ibn Anas s’inspirant de la coutume de Médine. Connus
pour être des « puritains de l’islam », les Mozabites rejettent le sunnisme
malékite du reste de l’Algérie. (Sigaud, 1991, 204). […] des mendigots
aveugles vitupérant l’enfance sans père à coups de stéréotypes malékites
en agitant des sébiles vides et des bâtons pleins de prétention. (Sansal,
1999, 81). Sa première publication relative à la plantation à frais
communs en droit malékite […]. (El Watan, 8.2.00).

75MALHOUN V. MELHOUN.

76MALOUF, MALÛF, MAÂLOUF (de l’arabe) 1. n. m. Disponible.


Genre musical traditionnel constantinois ; pratiqué aussi en Tunisie, il
adopte les modes de la nouba jouée dans le Maghreb. Le deuxième
festival national du malouf organisé à l’initiative de la wilaya de
Constantine vient de prendre fin. (El Moudjahid, 22.7.82). Pour ne pas
tomber dans la déperdition qui menace notre patrimoine, l’on doit faire
des travaux pour préserver le trésor qui s’appelle le malouf, l’andalou
d’une manière générale. (Les Nouvelles de l’Est, 7.12.91). Adolescent, il
fréquenta, avant le déclenchement de la 1 re Guerre Mondiale, les cafés
populaires où le malouf était à l’honneur. (Le Matin, 28.4.93). De nos
jours, le malouf est très peu interprété, la tendance vers d’autres genres
tels que les aroubi, mahjouz, haouzi et les chansonnettes de type tunisien
lui ont porté un coup fatal. (Liberté, 3.7.94). Le travail le plus urgent à
faire est l’enregistrement de l’ensemble du répertoire du malûf et la
classification des nûbat. (El Acil, 29.4.97). Fouad Ghanem, venant de
Constantine, distillera du maâlouf et du chaoui-staïfi au rythme des
Amriate d’un soir. (El Watan, 6.1.00). […] Raymond Macias, l’une des
illustres références en matière de malouf de la ville des Ponts. (Le Matin,
7.2.00).

772. adj. Disponible. Qui se rapporte au malouf. Le jeune Laroussi


Kraiem compte certainement aujourd’hui parmi les valeurs sûres de la
chanson « malouf » à Annaba. (El Moudjahid, 8.2.84). J’ai procédé à
l’enregistrement de cassettes aux éditions Saoudiphone de Biskra, dans
trois genres successifs, medh (traditionnel Aïssaoua), malouf et
constantinois. (El Acil, 15.1.93). Sous les notes de musique « malouf » de
Constantine, du « chaâbi » et du « kabyle » de Maâtoub Lounès, les
invités ont dansé jusque tard dans la nuit. (Le Matin, 25.4.96). Il sera
suivi, le 20 août, par un festival de wilaya de la chanson malouf organisé
en hommage au défunt et regretté maître de la chanson annabie, Hassen
El-Annabi. (El Watan, 3.8.97). La chanteuse Fella El Fergani dans le
répertoire malouf. (La Tribune, 4.1.00).

78MAL-VIE, MALVIE n. f. Disponible. Souffrance morale due à de


mauvaises conditions de vie. Regarde tous ces jeunes qui baladent leur
stress et leur mal-vie au gré de la cassette du raï qui n’en peut plus de
consoler. (El Moudjahid, 8.12.84). La révolte des jeunes, le syndrome de
la malvie sont-ils révélateurs d’une tension à la limite d’un rejet du
discours ? (El Acil, 13.6.93). Le chômage et la malvie, facteurs
principaux de ce grave fléau social, contribuent directement à favoriser
la consommation de cette étrange substance. (Ouest Tribune,
2.2.95). Avec l’exclusion et la corruption, la malvie et le désespoir,
l’archaïsme des systèmes et la violence ont pris leurs parts dans la
société. (Le Matin, 2.6.95). La marginalisation volontaire ou involontaire
des intellectuels, la malvie, ont transformé ces derniers en exilés à
l’intérieur et vers l’extérieur. (El Watan, 9.5.96). Bien des problèmes
n’existeraient pas si la « malvie » (surtout des jeunes) n’avait pas atteint
un tel degré dans notre pays. (El Watan, 20.1.97). C’est peut-être leur
inconscience ou encore la malvie qui sévit dans notre société qui ont
conduit B. A., 20 ans, et K. S., 22 ans, au box des accusés […] Ils sont,
avant d’être des accusés, des victimes de la malvie qui sévit dans notre
société. (Quotidien d’Oran, 30.3.00).

79MANAGÉRIAL adj. Spécialisé, écrit surtout. Qui concerne la


direction d’une entreprise. Plusieurs tendances se dessinèrent quant à
l’importance et l’enjeu de la culture d’entreprise dans l’action
managériale. (Actualité-Économie, 1.3. 86). La terminologie
managériale désigne d’ailleurs par « centre de responsabilité » la
personne physique chargée d’un service ou d’une fonction. (Afric-Éco,
1.5.86). Ce système de gestion des entreprises doit son efficacité, avant
tout, au niveau de culture managériale des gestionnaires. (El Watan,
23.4.93). En Algérie, pour vous, il y a donc absence de culture
managériale d’efficacité. (Algérie-Actualité, 13.7.93). Il faut rompre
désormais avec l’assistanat tutélaire et développer en urgence d’autres
réflexes managériaux. (Algérie-Actualité, 10.8.93). Une question cruciale
est posée en relation avec le comportement du salarié algérien à l’égard
de la culture managériale. (El Watan, 18.4.94). Le principe est acquis, ne
serait-ce que pour améliorer les capacités managériales ou pour
apporter les nouvelles technologies. (Liberté, 15.1.96).

80MANDIL V. MENDIL.

81MANDOUBIA, MENDOUBIA (de l’arabe) n. f.


(pluriel : mandoubiate(s), mendoubiate). Disponible. Instance locale du
parti FLN intermédiaire entre la mouhafadha et la kasma (instance
inférieure). Il a été décidé de travailler en commissions par chapitre à
trois niveaux, la kasma, la mandoubia et la mouhafadha. (El Moudjahid,
17.5.81). Les préparatifs comptant pour la célébration de la journée du
Moudjahid, ont fait l’objet de plusieurs réunions au niveau des
mandoubias du Parti des six daïras qui composent la wilaya de Chlef. (El
Moudjahid, 15.8.83). Le responsable de la mendoubia du Parti a
particulièrement insisté sur le rôle positif que doivent jouer les instances
locales communales et du Parti. (El Moudjahid, 21.6.88).
82Com. Terme militaire utilisé pendant la guerre d’indépendance et
repris ensuite dans la terminologie du parti FLN. Attesté ds Lanly 1970
avec le sens de « résidence du représentant du sultan ». V. KASMA,
MOUHAFADHA, NAHIA.

83MANDOUBIATE(S), MENDOUBIATE(S) pluriel


de MANDOUBIA. La troisième phase concernera les kasmas et la
quatrième portera sur le renouvellement des bureaux des
mendoubiates. (El Moudjahid, 8.3.84) Les enfants d’octobre 1988 ont
pris comme cible les différentes mandoubiates et les kasmas du FLN. (El
Acil, 12.2.93).

84MANGER v. intr. Disponible, milieux scolarisés. (Pour un


responsable politique ou un fonctionnaire) voler l’État, en particulier en
dilapidant, en détournant les biens publics ou en acceptant des pots-de-
vin. Le drame en Algérie c’est que tout le monde mange ; or, la
corruption, au risque de paraître cynique, ne doit pas se généraliser,
démocratisée comme l’enseignement. (Le Jeudi d’Algérie, 23.7.92). Quel
est le militant du FLN qui n’a pas mangé ? Rares ceux qui ont le gabarit
de Boudiaf en matière d’honnêteté ! (oral). V. BOUFFER.

85MAOUSSEM, MAOUSSIM V. MOUSSEM.

86MAQÂM V. MAKAM.

87MAQAM CHAHID, MAQAM ECHAHID V. MAKAM


ECHAHID.

88MAQLA (de l’arabe) n. f. Disponible, oral surtout. Personnage


important. Si j’avais su que mon fils deviendrait une « maqla », je lui
aurais fait poursuivre des études universitaires. (Lounès et Maraï, 1975,
27). Tu vois, il est arrivé par son obstination, à devenir une maqla. (oral).
V. FELTEN, FLEN.

89MAQROUT V. MAKROUD.

90MARABOUT n. m. 1. Courant, connotation parfois péjorative.


Homme pieux et saint consulté pour ses multiples dons. À plusieurs
reprises, il avait pourtant suggéré à Nedjma de s’y rendre, pas pour le
culte de quelque marabout que ce soit, non, pour prendre part à la fête,
pour retrouver des saveurs d’antan. (Mokeddem, 1992, 155). Par
ailleurs, il favorise l’émergence d’un Islam rétrograde aux dépens d’un
Islam progressiste, et ce, en encourageant les marabouts et les chorfas
qu’il utilise comme instruments pour maintenir sa domination. (El Watan,
14.2.93). Ses parents le conduisirent chez le marabout qui seul possédait
les herbes et les onguents qui le guériraient. (Amadis, 1995, 22). Les
imams, les cheiks, les marabouts et les maîtres d’écoles coraniques ont
été des proies faciles pour les terroristes. (El Acil, 10.2.95). J’ai décidé,
sur leurs conseils, d’aller voir un marabout de la région où une femme
avait acquis une grande renommée. (Détective, 2.8.97). Trois femmes
égorgent un taleb [Titre] […] L’objectif caché de cette association était
avant tout de combattre les marabouts et les pratiques de
sorcellerie. […] (Quotidien d’Oran, 8.4.00).

912. Disponible. Monument à coupole blanche élevé sur la tombe d’un


marabout. Vite, allons nous abriter à l’intérieur de ce marabout. (Aïder,
1984a, 31). On pouvait aussi y trouver la coupole du marabout Sidi
Brahim El Bahri, une fontaine, un puits… (Algérie-Actualité,
27.12.84). Le benjoin se retrouve parfois. Même en des petites mosquées
de l’Algérie profonde, marabouts, zaouias. (El Acil, 9.1.96). Le marabout
de Sid El-Béchir n’était plus qu’un tas de ruines qu’une bombe
artisanale avait détruit. Le tombeau du saint était éventré et incendié.
Sur le catafalque, des lettres peintes en rouge signalaient que le GIA
était passé par là. (Khadra, 1999, 213). Autour des plus célèbres des
marabouts, particulièrement ceux dont la kouba est située hors de la
ville, on organise des ouadas, fêtes annuelles mi-religieuses mi-
païennes. (Mokeddem, 1999, 13). Que dire de ces mégalithes dédiés aux
martyrs de la Révolution qui déjà se posent en casse-tête pour la
postérité ; de ces marabouts désertés de leurs pèlerins ? (Sansal, 1999,
277). Il y a aussi cette floralie de marabouts perchés sur chaque colline.
Les zaouïas sont légion et les walis se sentent chez eux. (Liberté,
31.1.01).

92Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF, IFA. V. KOUBA,


MARABOUTIQUE, MARABOUTISME, M’RABET, WALI.

93MARABOUTIQUE adj. 1. Disponible, écrit. Qui concerne les


marabouts. Fatma-Zohra a été confiée par ses parents à une famille
maraboutique. (Boucebci, 1979, 18). Elle est issue d’une famille
maraboutique. (Djebar, 1983, 139). Issu d’une famille maraboutique
mais pauvre, il apprendra très jeune le Coran. (Toualbi, 1984, 129). Issu
d’une famille maraboutique de Kabylie, il en garde un certain esprit de
caste incompatible avec le rôle de dirigeant d’un parti progressiste,
moderne et propre. (Boudjedra, 1992, 131). Il y a les Chorfa, tribus
nobles d’origine guerrière ou maraboutique. (Algérie-Actualité,
30.3.93). Il ferma également les zaouiyate qui ont fait mine de protester
et balaya le clergé maraboutique et parasitaire. (Algérie-Actualité,
9.11.93). En résumé, les Béni Ameur, de par leur origine généalogique,
étaient composés de cinq tribus voisines, de neuf fractions
maraboutiques. (El Moudjahid, 11.8.97). Cette négation par certains de
la berbérité est liée à une attitude maraboutique de conjuration du
sort. (Benaïssa, 1999, 196).

942. Peu courant, connotation péjorative. Aléatoire, non crédible,


chimérique. Il n’est de meilleure cuirasse contre les élucubrations et les
prédictions maraboutiques proférées par une petite bande d’aventuriers,
que le renforcement permanent et perpétuel de notre parti d’avant-garde
le FLN. (Algérie-Actualité, 27.10.83). Espoirs
maraboutiques. (L’Authentique, 16.8.95). À l’embellissement de la morte,
ils mirent du respect quasi religieux, mais il n’était que maraboutique,
donc frauduleux. (Sansal, 1999, 96). V. MARABOUT,
MARABOUTISME.

95MARABOUTISME n. m. Disponible, connotation péjorative.


Doctrine, croyance ou discours qui favorise le développement des
marabouts ; culte des marabouts. L’Association des Oulémas s’attela
dans ce domaine à épurer la religion des pratiques païennes introduites
par les « promoteurs » du maraboutisme et qui avaient pris goût à la
« ziara » et aux offrandes de paysans en quête de « baraka ». (El
Moudjahid, 15.4.87). La démocratisation de l’enseignement, la
vulgarisation et la prolifération des moyens de grande communication
ont fait reculer le maraboutisme. (El Acil, 20.6.94). Le maraboutisme fait
encore des ravages dans certaines régions de l’Algérie, plus
particulièrement l’Oranie où les paysans sont voués à la cupidité de soi-
disant saints hommes. (L’Authentique, 11.1.96). Espérons tout
simplement que de telles pratiques s’éterniseront à jamais et de
génération en génération, loin de toute forme de charlatanisme ou de
maraboutisme. (Liberté, 11.1.96). De l’« antipatriarcat » à
l’« antidjemaâ », en passant par l’« antimaraboutisme » et l’anti-vieux
ou jugé tel, ce sont tous les pans et lambeaux de la tradition rescapés de
l’agression coloniale qui ont peu à peu été pris pour cible. (La Nation,
30.7.96). Bien que croyant et pratiquant, il n’était pas embobiné par le
maraboutisme, qui sévissait à l’époque. (El Moudjahid, 11.8.97).
[…] des bâtards […] qui se livraient avec la conviction du possédé à un
maraboutisme décadent venu du fond des âges. (Sansal, 1999, 130).
V. MARABOUT, MARABOUTIQUE, WALI.

96MARBOUTA (de l’arabe dialectal) n. f., adj. f. (pluriel : marboutate).


Disponible. Jeune fille dont la virginité est réputée inviolable en raison de
pratiques magiques. Madame Soraya, licenciée en français et âgée de
trente-cinq ans, a dit à ce sujet : « J’ai moi-même été une fille
« marbouta » et récemment, j’ai amené ma fille aînée Sonia, âgée de huit
ans, au bled à Sétif pour que ma grand-mère s’occupe d’elle. Depuis, je
suis tranquille, car je crois fermement à cette pratique ». (Le Matin,
25.9.95). Personne ne m’avait dit que j’étais une fille « marbouta ». (Le
Matin, 25.9.95).

97MARBOUTATE pluriel de MARBOUTA. Alors quand on parle


chez nous des « marboutate », cela fait plus sourire qu’autre chose.
[…] Les filles « marboutate » se reconnaissent par l’existence de deux
ou trois incisions sur les cuisses sur qui on passe du khol, cela ressemble
aussi à un tatouage. (Le Matin, 25.9.95). Car c’est difficile de croire
qu’avec de simples gestes, on puisse réellement blinder l’hymen, cette
membrane si fragile contre toute violence ou contre toute relation
sexuelle, mais beaucoup de ces « marboutate » témoignent des difficultés
rencontrées lors de leur nuit de noces, si l’opération d’ouverture n’a pas
été effectuée. (Le Matin, 25.9.95).

98MARTOUBA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Datte molle. Les


catégories les plus importantes sont avec deglet nour, la datte
marchande, les tout-venant, la martouba et le brut. (El Moudjahid,
21.11.83). Le pourcentage en dattes martouba ne doit pas dépasser 2 %
maximum. (Actualité-Économie, 1.5.86). V. DEGLA BEÏDA, DEGLET
NOUR, GHARS.

99MASDJED, MAASDJID, MASJID, MESDJED (de l’arabe) n. m.


Disponible. Mosquée, édifice religieux. La mosquée portait le nom de
Ketchaoua qui veut dire en turc « Plateau des chèvres » et rappelle l’état
champêtre du lieu d’implantation du premier « masjid ». (Baghli, 1971,
54). Les fidèles désireux de participer à la construction du Masdjed « En
Nadjah » sont informés qu’ils peuvent adresser leurs dons au compte
CPA… (El Moudjahid, 20.4.81). Les mesdjed et zaouia ont disparu. Sur
les 94 mesdjed et les 18 zaouia dénombrés seuls ont survécu deux zaouia
et sept mesdjed. (Révolution africaine, 29.6.84).

100Com. Terme invariable. V. MOÇALLA.

101MATLOUE, MATLOU’, MATLW (de l’arabe) n. m. ou f.


Disponible. Galette traditionnelle à base de semoule. Ah ! Notre attente
devant le tajine de ma mère cuisant le « matloue ». (Lemsine, 1978a,
113). Ils font toujours le pain eux-mêmes et aussi de la
« matlw ». (Bouzar, 1983, 1, 119). On préparait la galette d’orge ou le
matloue. (Le Matin, 10.2.95). Fatiha se réveille à quatre heures du matin
pour faire du matlou’ – galette à base de semoule – que son fils de onze
ans vendra. Une trentaine de petits pains par jour à 10 DA la pièce. (El
Watan, 19.3.00). V. KESRA, KHOBZ.

102MATRAG (de l’arabe, littéralement « bâton ») n. m. 1. Spécialisé,


écrit. Sport traditionnel pratiqué surtout dans l’Ouest algérien. Le public
put aussi apprécier les exhibitions de ces sportifs « originaux »
affectionnant un sport typiquement national : le matrag. (El Moudjahid,
28.2.83).

1032. Disponible. Baguette. Par contre, le style sara, plus rythmique,


diffère d’abord par le chant, mais aussi par l’introduction du guellal et
du matrag (une sorte de baguette) pour jouer sur les peaux de
l’instrument t’bal. (El Watan, 29.7.96).

104MAWWAL, MAWWAL, MOUAL (de l’arabe) n. m.


(pluriel : mawaouil). Spécialisé. Dans une chanson, variation mélodique
prolongée et répétitive sur un fragment. Cette joie et cette douleur […] tu
les a déjà vues sur le visage des chrétiens et des musulmans palestiniens,
lorsqu’ils entonnent le « mawwal » de leurs villages. (Ben Mansour,
1990, 77). Une jeune voix psalmodiait l’appel rituel. Ce n’était ni le
« moual » genre très prisé et très triste qui servira l’élégie dans le
monde arabe, ni la complainte ancestrale du sud, le « ayaye » qui en
vérité en est dérivé. (Alger républicain, 22.11.91). V. AYAYE.

105MAWLID, MOULOUD (de l’arabe) n. m. Courant. Anniversaire de


la naissance du Prophète Mohamed (douzième jour du troisième mois du
calendrier musulman). Les images liées à la fête si religieuse mais si
populaire aussi qu’est le Mawlid […]. (El Moudjahid, 19.2.78). La
biographie générale de notre Prophète a fait l’objet de plusieurs articles
publiés à l’occasion de Moulouds précédents. (El Moudjahid,
20.2.78). Les jeunes marmots des grandes cités s’approvisionnent de
pétards pour fêter le Mawlid. (El Djeich, 2.10.80). Mohamed
Benmohamed Baghli a retrouvé un manuscrit qui est un poème écrit par
le savant tlemcénien Ibn Marzouk qui décrit le mawlid. (L’Authentique,
16.8.95). Traditionnellement, le Mawlid se fête dans une ambiance où se
mêlent bruits de fusées et de pétards. (El Watan, 25.6.97). Aujourd’hui, à
peu près unanimement reconnu en terre d’Islam sunnite, la fête du
Mawlid fut longtemps l’objet d’attaques de la part des adeptes de
l’orthodoxie. […] Aujourd’hui encore, la célébration du Mawlid reste
dans une large mesure une affaire de confréries et de zâwiyas. (El
Watan, 20.7.97). Dans ces mêmes siècles, en pays musulmans, les jours
fériés étaient rares, seuls le Mouloud et l’Achoura étaient effectivement
chômés. (Le Matin, tribune web, décembre 1999).

106Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, IFA.

107MAWLID ENNABAOUI, MAWLID ENNABAOUI, MAWLID


EN-NABAOUI, MOULOUD ENNABAOUI, MAWLID
ENNABAWI (de l’arabe) n. m. Courant. Anniversaire de la naissance du
Prophète Mohamed (douzième jour du troisième mois du calendrier de
l’Hégire). À l’occasion du Mawlid En-Nabaoui, El Moudjahid présente à
ses lecteurs ses meilleurs vœux de bonheur et de prospérité. (El
Moudjahid, 20.2.78). […] ces braseros destinés à servir d’encensoirs les
jours de l’achoura, de l’Aïd ou de la fête du Mouloud Ennaboui. (El
Watan, 19.2.93). L’usage des pétards est strictement interdit pendant la
fête du mouloud ennabaoui, indique un communiqué du Ministère de
l’Intérieur. (Le Matin, 19.2.93). Le Mawlid Ennaboui est fêté chaque
année dans le monde musulman avec une ferveur particulière. (Algérie-
Actualité, 31.8.93). Le ciel étoilé et la lune ont été, en cette nuit du
mawlid ennabaoui, au rendez-vous. (El Watan, 2.8.96). La réunion a
regroupé jeudi passé, jour du Mawlid ennabawi, […]. (El Watan,
20.7.97). Un couscous a été offert par la zawiya à l’occasion du mawlid
ennabaoui. (El Watan, 7.8.97).

108MAWLID ENNABAOUI ECH-CHARIF, MAWLID


ENNABAOUI ECHARIF (de l’arabe) n. m. Courant. Anniversaire de la
naissance du prophète Mohamed (douzième jour du troisième mois du
calendrier de l’Hégire). n. m. Dans une joie immense, sous les bruits de
pétards et des cris de joie, Béjaïa a vécu une nuit merveilleuse à
l’occasion de la célébration du Mawlid Ennabaoui Ech-Charif. (Échos
de la Soummam, 1.3.85). Chaque année à l’approche du Mawlid
ennabaoui echarif, des arrêtés prohibant la vente de produits
pyrotechniques sont publiés dans la presse. (El Watan, 25.6.97).

109MAZOUAD, MAZOUED V. MEZOUED.

110MÇALLA V. MOÇALLA.

111M’CEDDAR, M’CEDDER, MCEDER (de l’arabe) n. m.


Spécialisé. Partie la plus lente de la nouba. On constate la disparition de
ses composantes mis à part la touchia et le m’ceddar qui est la partie la
plus lente de la nouba. (El Moudjahid, 1.7.77). Sur le plan rythmique, la
nouba est assez riche par elle-même pour permettre un jeu corporel
varié. Les temps du « mceder », suivi par le « derdj », puis le « btaihi »,
enfin « l’insraf » et le « khlass » offrent un éventail de gestes et de
figures extrêmement riches. (El Moudjahid, 16.3.86). L’écouter
interpréter une nouba, à travers un bacharaf, un m’cedder jusqu’au
mouvement final ou khlass, procure une profonde délectation, un
ravissement de l’esprit. (El Watan, 4.12.91). V. ISTIKHBAR, NOUBA.

112M’CID, MCID, MSID (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible. École


primaire coranique. Nous avons commencé par détruire presque
entièrement les mcids (écoles primaires), zaouias (rurales), médersas
(supérieures) et autres écoles musulmanes qui existaient avant
1830. (Lacheraf, citant un historien français, Maurice Wahl). Cinq ans
plus tard c’est l’âge du « m’cid » pour Fayek et Djira. (Khiari, 1981,
39). Sait-on, par exemple, que le mot « msid », qui signifie école dans le
parler algérois, est une abréviation de « masjid »… (Algérie-Actualité,
20.2.92).

113Com. Attesté dans Lanly 1970. V. ÉCOLE CORANIQUE,


ZAOUIA.

114MECHCHACHÂT V. MAHCHACHAT(E)S.

115MÈCH-MÈCH (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible, oral surtout.


Abricot local petit et rond. J’ai acheté 3 kg de bons mèch-
mèch. (oral). Les mèch-mèch de N’gaous sont les meilleurs
d’Algérie. (oral).

116Com. Attesté ds Lanly 1970. V. MÈCH-MÈCHA, MÈCH-


MÈCHIER.

117MÈCH-MÈCHA (de l’arabe dialectal) n. f. Disponible, oral surtout.


Abricotier qui donne des mèch-mèch. J’ai cueilli des mèch-mèch de la
mèch-mècha. (oral). V. MÈCH-MÈCH, MÈCH-MÈCHIER.

118MÈCH-MÈCHIER (terme de formation hybride arabe + français -


ier) n. m. Disponible, oral surtout. Abricotier qui donne des mèch-
mèch. Les récoltes des mèch-mèchiers de N’Gaous sont réservées pour la
fabrication du jus d’abricot. (oral).

119Com. Attesté ds Lanly 1970. V. MÈCHMÈCH, MÈCH-MÈCHA.

120MÉCHOUAR (de l’arabe) n. m. Disponible. Esplanade attenant à un


palais. Le méchouar était la résidence officielle des souverains
zianides. (Algérie-Actualité, 30.3.93). L’idéal pour S. Boukli serait
d’aménager le méchouar en cité artisanale. Ça servira l’artisanat et le
tourisme. (El Acil, 5.4.93).
121MÉCHOUI, MECHWI (de l’arabe) n. m. 1. Courant. Plat
traditionnel fait de mouton ou d’agneau rôti à la broche. La tradition veut
que le mechwi se mange avec les doigts. (Bouayed, 1983, 67). M. Ahmid
nous invite à partager avec lui le ftour, dattes, lait de brebis, chorba-
tchicha piquante, méchoui, boulettes de viande hachée […]. (L’Opinion,
5.4.93). En ce jeudi 27 mai, c’est la fête de la zaouia et plusieurs
moutons viennent d’être sacrifiés pour le méchoui de l’honorable
assemblée des chioukh des zaouias, venus des quatre coins du
pays. (Algérie-Actualité, 8.6.93). Quand le méchoui fut prêt, on passa
aux choses sérieuses. (El Acil, 16.8.94). Il fit creuser une fosse qui
servait de foyer. Il fallait faire brûler beaucoup de bois car un méchoui
nécessitait une grande quantité de braise. (Amadis, 1995, 112). Les
notables alignaient une dizaine de méchouis sur la place, garnis de
plateaux de couscous, de miel et de thé vert. (Khadra, 1999, 234).

1222. Courant. Repas, réunion où l’on sert du méchoui. La fête se


termina par un méchoui gigantesque. (Boudjedra, 1979, 73). Les
occupants se précipitèrent pour accueillir les visiteurs selon les rites
traditionnels locaux, à savoir la préparation d’un « méchoui » en plein
air, suivi d’un thé à la menthe minutieusement préparé. (Horizons,
22.6.86). L’attraction se conclut entre le notable et le politicien, autour
d’un bon méchoui. (Mimouni, 1993, 147) Un méchoui d’honneur n’étant
pas à écarter au su de tout l’intérêt porté à ces gens d’initiative par les
premiers responsables d’une wilaya qui mérite d’être visitée. (Le Matin,
7.3.95). Des citoyens connus pour leur hospitalité ont offert des méchouis
aux candidats de divers partis qui ont sillonné leur région. (El
Moudjahid, 27.5.97).

1233. Disponible, oral surtout. Au figuré, affaire, endroit où l’on trouve


du profit. […] ce bonhomme que tu cites être de ceux qui vont là où il y a
le méchoui ; […] en un mot, c’est un arriviste, un parasite… (Jhiari,
1981, 24). Sortant d’un parti pour mordre dans un autre qui s’annonce.
C’est alors qu’ils reviennent à la politique. En suivant l’odeur du
méchoui. (El Watan, 7.4.00).

124Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

125MECHTA (de l’arabe) n. f. Courant. Hameau constitué par un petit


groupe de maisons rurales. Les responsables concernés ont prévu des
bureaux de vote dans chaque mechta importante de la daïra. (El
Moudjahid, 31.1.79). Les routes et les chemins reliant les douars et les
mechtas au chef-lieu de la commune sont en mauvais état et
impraticables en hiver. (El Moudjahid, 3.3.83). 12 987 âmes se partagent
la vie quotidienne, regroupées dans des douars et des mechtas qui restent
fortement attachés à des racines séculaires. (Les Nouvelles de l’Est,
18.5.91). La zone 1 des Aurès-Nememcha regroupe dix-sept mechtas ou
hameaux. (El Watan, 1.11.95). Installer organiquement le FLN dans tout
le pays, dans chaque ville, village, mechta, quartier, entreprise, ferme,
université, collège, etc. (Liberté, 15.1.97). Aïn Ghroour est en premier
lieu une source, une fontaine d’eau fraîche. Ce n’est pas tout à fait une
mechta, du moins comme on le comprend, un groupement
d’habitations. (El Watan, 8.2.00). Cette mechta, traversée par la route
nationale 128, compte 125 maisons sur le côté droit de la chaussée et 4
sur le côté gauche, en allant vers Djijel. (Quotidien d’Oran, 22.3.00).

126Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. DOUAR,


GOURBI.

127MECHWI V. MÉCHOUI.
128MEDDAH, MADDAH (de l’arabe dialectal) n. m. (féminin
singulier : meddaha ; masculin pluriel : meddahine ; féminin
pluriel : meddahate(s)). Courant. Poète traditionnel itinérant déclamant
des textes religieux ou profanes. Le « meddah », pour moi, était l’être
merveilleux qui, par ses sortilèges, me transportait dans un monde de
rêves et d’enchantement. (Bencherif, 1969, 58). D’un village à l’autre, le
meddah chantait des poèmes, retraçait les épopées des personnages
historiques. (El Moudjahid, 27.1.82). Malgré la crasse de leurs hardes et
de leur ignorance, nos meddahs d’hier sont de véritables émules d’Ibn
Khaldoun. (Djebbar, 1987, 48). C’est le meddah qui les égrènera autour
de quatre volets d’une histoire chacun. (El Watan, 22.1.93). La poésie
religieuse qui est l’une des plus anciennes est appelée medh, qu’elle soit
déclamée par le meddah itinérant ou chantée en chœur avec un
accompagnement musical. (Le Matin, 18.9.95). La censure et la
répression coloniales ont étouffé et bâillonné plus d’un meddah à
Oran. (El Watan, 19.11.97). J’ai passé la journée du lendemain à traîner
dans la Rekkaba, passant d’un meddah à l’autre pour écouter les
histoires fabuleuses de Sidna Ali, le gendre du prophète. (Mokeddem,
1999, 107). V. MEDH.

129MEDDAHA n. f. Chanteuse de poèmes religieux ou de textes


profanes. Cheikha Rémiti a fait un tabac à Marseille, personne ne lui
conteste son titre de plus grande meddaha de son époque. (oral).

130MEDDAHATE(S), MEDAHATE, MEDDAHATS pluriel


de MEDDAHA. Pour la musique j’ai fréquenté les associations, les
zaouias et là j’ai découvert des airs de haouzi qui avaient disparu, je me
suis aussi approché des « vieilles Meddahats » appelées chez nous
« Fkerats ». (Eddalil, 25.2.93). Les étoiles de la chanson Raï, les
groupes de medahate et de danse moderne se sont succédé sur la scène
jusqu’à 2 heures du matin. (El Moudjahid, 16.8.87). On raclera tous les
fonds de tiroir, y compris le répertoire des meddahates. (Détective,
27.4.93). Par sa voix rauque, chère à la tradition des « meddahate »,
elle a fait revivre, un moment, le souvenir amer de la mort de Hasni
devant plus d’un millier de spectateurs présents ce jour-là. (La Tribune,
28.9.95). Une ambiance de fête rehaussée par la présence d’un groupe
de « meddahate », un genre de musique qui continue à faire le bonheur
des Oranaises, nombreuses à s’être déplacées rien que pour cela. (El
Watan, 10.3.97). […] à Oran, où les familles ont tendance à renoncer
aux chanteurs raï et aux medahate, dont les cachets sont de plus en plus
inabordables. (Horizons, 3.8.97).

131MEDDAHINE masculin pluriel de MEDDAH. Si le raïnaraï a


démarré de Bel-Abbès, c’est parce que les meddahine sont de Bel-Abbès.
(El Moudjahid, 13.2.85). Et c’est cette opposition qui a fait dévier la
révolution culturelle en offrant pignon sur rue à une culture de
meddahine et de louangeurs tout en marginalisant de nombreux
créateurs véritables. (El Watan, 7.1.96).

132MÉDERSA, MEDERSA (de l’arabe) n f.


(pluriel : médersas, médersate) Courant. Établissement d’enseignement
coranique de niveau secondaire ou supérieur. Le cours normal est surtout
réservé aux « indigènes », de même que les médersas. (El Moud-
jahid, 25.5.77). L’auteur, tout en situant l’importance de l’enseignement
religieux dans les médersas et les zaouias, met en exergue les mesures
répressives prises par les forces coloniales contre ces institutions. (El
Moudjahid, 17.6.84). Plus tard, la médersa de l’Association des Oulémas
fut elle aussi l’objet d’une surveillance accrue de la part des autorités
coloniales. (El Moudjahid, 15.4.87). Autrefois, une médersa avec des
cellules d’étudiants était attenante à la mosquée. (El Acil,
17.2.93). Cheikh Sadek a suivi ses premiers cours à l’école coranique de
Sidi Abou Soufiane puis à la médersa Sidi El Betrouni. (El Watan,
7.1.96). Le minaret de Mansourah et les médersas mérinides en ont porté
sous forme de plaques incrustées. (Le Matin, 22.7.96). Ces membres de
la tribu qui ont été tués étaient des tolbas. La soldatesque française fit
s’écrouler la médersa dont les ruines existent toujours. (El Watan,
8.2.00).

133Com. Le dérivé méderséen « étudiant d’une médersa » est rare.


Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF, IFA. V. ÉCOLE
CORANIQUE, M’CID, ZAOUIA.

134MÉDERSATE pluriel de MÉDERSA. La ville de Tlemcen est


décorée de monuments publics importants, soixante mosquées, cinq
collèges ou médersate, des bains, des fontaines. (El Moudjahid, 22.7.77).

135MEDH, MADIH (de l’arabe littéraire) n. m. 1. Disponible. Chant ou


poème dithyrambique déclamé en l’honneur du Prophète Mohamed ou de
saints hommes. Le « medh » est la poésie déclamée en arabe dialectal ou
classique pour glorifier les qualités du Prophète Mohamed et de ses
compagnons. (El Moudjahid, 27.1.82). Nous avons remarqué ces
dernières années, tout au long du mois sacré, que la télévision diffuse
chaque soir, quelques minutes avant la rupture du jeûne, des madih
religieux sur le mode oriental. (El Moudjahid, 24.5.85). Le soir, quand
débutent les chants religieux, les femmes, surtout les jeunes, se
précipitent dans la chambre du fond dont les fenêtres donnent sur la
placette où a été montée la grande tente qui accueille chioukh et tolba-
chanteurs de medh. (Algérie-Actualité, 8.6.93). Belkébir commença
d’abord à apprendre des paroles de medh religieux du père et à
apprendre le luth. (Algérie-Actualité, 20.7.93). De là, on passa au medh
populaire, puis à la poésie engagée pour exprimer sans détours les
préoccupations collectives : la menace permanente d’une invasion
étrangère et la résistance armée. (Le Matin, 18.9.95). Le medh porte sur
un grand nombre de sujets allant de l’hymne au Prophète (que le Salut
soit sur Lui) ou à d’autres prophètes, au cantique adressé à un saint, puis
à la sentence éthique. (Le Matin, 18.9.95). C’est ce medh sur Cheikh
Amokrane que Monsieur Mohand Rachid a immortalisé et fixé sur bande
magnétique. (Liberté, 26.2.01).

1362. Spécialisé. Genre musical. Écoute-les chanter les mêmes mélodies,


les qasidas, les medhs et les zadjals composés par leurs ancêtres juifs et
musulmans. (Ben Mansour, 1990, 72). J’ai déjà procédé à des
enregistrements de cassettes aux éditions Saoudiphone de Biskra, dans
trois genres successifs : medh (traditionnel Aïssaoua), malouf et
constantinois. (El Acil, 15.1.93). Les mariages et fêtes familiales ont
contribué pour beaucoup dans la déperdition du malouf et à l’émergence
des autres genres et surtout des medhs qui méritent d’être
vulgarisés. (Liberté, 3.7.94). Je viens de recevoir une bonne cassette
syrienne. Du medh religieux, je peux te la filer. (Allouache, 1995,
62). C’était le medh, le moghrabi parce que les chanteurs de ce que l’on
appelle communément « chaabi » […]. (Le Matin, 15.1.96). Dix ans
après son explosion, le raï est combiné avec la chanson medh. (Le Matin,
4.7.96). Le chant religieux, le medh du Prophète, venant accentuer le
rythme de cette danse collective, l’ancêtre des danses rituelles des tribus
d’Afrique Noire. (El Watan, 26.8.96). V. MEDDAH, MELHOUN.

137MÉDINA (de l’arabe) n. f. Disponible. Vieille ville musulmane (par


opposition à la ville européenne construite à l’époque coloniale). Ceci se
remarque aussi bien au niveau de la taudification des médinas, ksours et
habitat rural. (El Moudjahid, 18.4.83). Plusieurs quartiers distincts
composaient la Médina, chaque quartier avait son souk, sa mosquée, ses
fontaines, ses palais et ses « douéras ». (El Moudjahid, 18.2.85). Il s’agit
d’une médina qui fut, à un moment ou à un autre de l’histoire, le centre
ou le cœur de la ville. (El Moudjahid, 29.9.88). La médina décentrée a
laissé place à une autre ville construite durant la colonisation. (Algérie-
Actualité, 5.10.93). La partie basse de l’ancienne médina constituait
depuis des décennies la façade de Constantine après en avoir été
l’ossature. (El Acil, 11.8.97). La médina ancienne [d’Alger] a souffert de
l’occupation française. (La Tribune, 20.1.00). Livrée à elle-même
pendant des décennies, la Médina de Constantine a été rudement
éprouvée par le laxisme des autorités, l’érosion du temps et le laisser-
aller de ses habitants. […] Construite en grande partie avant 1837, plus
de la moitié de ses habitations, soit 1 301 maisons, sont aujourd’hui dans
un état de profond délabrement, vouées à la démolition. (El Watan,
28.1.00).

138Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF, IFA. V. BELDI, HADRI.

139MEDJBOUD, MEJBOUD, MAJBOUD, MADJBOUD (de l’arabe


dialectal) n. m. Spécialisé. Broderie traditionnelle au fil doré. C’est un
lieu d’apprentissage pour les émules du medjboud. (Algérie-Actualité,
17.11.83). Nous voulons vous parler de notre atelier de broderie
traditionnelle, plus usuellement dénommée medjboud. (Horizon 2000,
16.10.85). On y retrouve de splendides « karakou » brodés en fetla et en
medjboud, des gandoura richement perlées. (Hawa, 9.12.91). L’APC de
Constantine ouvre un centre de formation pour jeunes filles souhaitant
une formation dans la broderie du genre medjboud. (El Acil,
25.1.93). Un peu plus loin, la famille Sekkal expose ses broderies en
mejboud. (La Tribune, 16.11.95). À côté de Ogal expose Charfi Houria
avec des robes et capes cousues selon la mode traditionnelle : fetla et
mejboud dessinent les motifs sur le velours noir des robes. (La Tribune,
16.11.95). Le madjboud est à 15 000 DA et le kaftan coûte entre 4 500 et
5 500 DA. (Confidences, 23.7.97). V. FETLA, PERLAGE, TARZ.

140MEDJLESS ECH-CHOURI V. MADJLIS ECHOURA.

141MÉGHERBI V. MAGHRABI.

142MÉHARA pluriel de MÉHARI. Le défilé, véritable symbole d’une


fête riche en couleurs, a été entamé par des barouds d’honneur, le
passage de troupes folkloriques, de cavaliers et de méhara. (El
Moudjahid, 2.11.84). […] les oasis fabuleuses apparaissent et se
dérobent si vite que le galop des plus rapides méhara ne peut les
rejoindre. (Ouahioune, 1984a, 39). Écris que les boucs avec leurs
chèvres s’établissent dans les plaines fertiles. D’où ont fui les
méhara… (Djebbar, 1987, 59).

143MÉHARÉE (dérivé de méhari + suff. -ée) n. f. Spécialisé. Voyage,


randonnée à dos de méhari. Circuits en véhicule tout terrain et en
méharée. (El Moudjahid, 2.2.84). V. MÉHARI, MÉHARISTE.

144MÉHARI (de l’arabe) n. m. (pluriel : méharis, méhris, méhara).


Disponible. Dromadaire dressé pour des courses rapides. Du côté du
Hoggar. Nous trouverons les hommes bleus. Sur des méharis de
mercure. (Ketou, 1972, 27). C’est ainsi que sont organisées pendant ces
trois jours des courses de chevaux et de méhris. (El Moudjahid,
7.3.84). De fiers Touaregs sur leurs fameux méharis ont pris place au
bord de la route où devait passer le cortège présidentiel. (El Moudjahid,
20.4.83). Le programme commémoratif prévoit un défilé de méharistes
et de troupes folkloriques locales, des conférences, une soirée poétique,
et une course de méharis. (El Acil, 23.2.97).
145Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. MÉHARÉE,
MÉHARISTE.

146MÉHARISTE (dérivé de méhari + suff. -iste) n. m. 1. Vieilli mais


disponible, écrit surtout. À l’époque coloniale française, soldat des
compagnies sahariennes, qui monte un méhari. Encadrés de guerriers
chaâmba et de méharistes déserteurs, les insurgés tuent et capturent
toute la garnison. (Akkache, 1972, 49). Les méharistes de Fort de
Polignac ont désarmé la population en état perpétuel de rébellion.
(Algérie-Actualité, 2.2.84).

1472. Disponible. Personne qui monte un méhari. La cérémonie


d’inauguration de cette foire s’est déroulée dans une bonne ambiance
créée par des troupes folkloriques, des cavaliers, des méharistes et le
groupe de baroud. (El Moudjahid, 21.3.86). Le programme
commémoratif prévoit un défilé de méharistes et de troupes folkloriques
locales. (El Acil, 23.2.97). Les méharistes attendent les touristes. (oral).

148Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. MÉHARI, MÉHARÉE,


SPAHI, ZOUAVE.

149MEHDI, MAHDI (de l’arabe, littéralement « le sauveur des


peuples ») n. m. Disponible. Messie, Rédempteur, Sauveur annoncé dans
le Coran et attendu à la fin du monde, pour compléter la mission du
Prophète Mohamed ; par extension, homme providentiel. À l’origine, on
trouve toujours un prédicateur, un mehdi (envoyé) qui estime que le
régime en place est hérétique et qui propose « la voie droite », selon la
formule coranique. (Mimouni, 1993, 17). C’est une manière de soulever
que je ne suis pas resté en Algérie dans le « mood » d’un Messie Mehdi,
détenteur d’une soi-disant légitimité historique. (Algérie-Actualité,
13.1.93). Il en est qui attendent le « Mehdi » de la délivrance, et
d’autres, un déclic pour se remettre à espérer, et donc à travailler. Plus
que de déclic ou de « Mehdi », l’Algérie a besoin de réponses claires à
des problèmes identifiés… (Algérie-Actualité, 20.7.93). Surtout celle des
ansars qui proclamaient leur « mahdi ». (El Watan, 9.1.96). La coupole
d’or qui la coiffe n’a jamais été pillée ni endommagée par les Tartares.
Elle brillera jusqu’à l’apparition du Mahdi. (Tengour, 1997,
15). Beaucoup d’entre eux croient au retour du mehdi. (oral).
V. RASSOUL.

150MÉHRI V. MÉHARI.

151MEÏDA, MAÏDA, MEIDA, MEYDA (de l’arabe) n. f. 1. Courant.


Petite table basse traditionnelle sur laquelle on sert le café ou parfois le
repas. Les femmes, Mama et Zhor, disposaient la meïda pour le
déjeuner. (Dib, 1967, 53). « Akila ! Prépare la meïda pour le père de tes
enfants ! » (Lemsine, 1978b, 122). Femmes et hommes, assis sur des
peaux de mouton, entouraient une « meida » bien garnie, le repas de
midi venait d’être servi. (Chaïb, 1980, 203). La mère est restée éveillée
très tard, la main encore à la pâte de tous ces gâteaux que l’on voit posés
là sur la meida. (El Moudjahid, 22.7.82). Les familles se retrouvent
réunies à la même heure autour de la meïda. (El Moudjahid,
25.5.85). Elles ne quittèrent pas cette étrange fête sans être conviées à
manger sur des meïdas aux plateaux de cuivre ciselés, bien
astiqués. (Bensmaïne, 1996, 23). Il en revint chargé de deux tabourets et
d’une meïda cerclée d’aluminium, à la surface toute peinturlurée de
motifs naïfs. (Khelladi, 1998, 101).

1522. Disponible, écrit surtout. Repas. La Meida du ramadhan n’accorde


que peu d’honneur à ce plat, d’autant que son coût n’échappe pas aussi à
la fièvre contagieuse de la hausse des prix. (Algérie-Actualité,
22.5.1986). Le Croissant Rouge algérien a choisi son coup, par
l’ouverture d’un resto du cœur « la maïda du Ramadhan » dès le
premier jour de ce mois sacré. (El Acil, 17.3.93). Diverses associations
caritatives se sont préparées pour offrir aux nécessiteux une meïda de
qualité à l’occasion du Ramadhan 1997. (El Acil, 27.12.97). […] les
exhortations maternelles, servies à pleines louches à la meïda du soir,
leur fournissent le supplément d’espérance […]. (Sansal, 1999, 15).

153MEJBOUD V. MEDJBOUD.

154MEJMAR (de l’arabe) n. m. Vieilli mais disponible. Braséro en fer


ou en cuivre qui sert principalement à chauffer la bouilloire contenant
l’eau du thé. La planche séchée au soleil ou au-dessus du mejmar virait
au gris cendre. (Mokeddem, 1999, 27). Chez Grand-Mère, on avait juste
un mejmar pour nous chauffer et faire griller le bouzelouf, la tête du
mouton de l’Aïd. (Mokeddem, 1999, 37). V. KANOUN.

155MEKROUH (de l’arabe) adj. et n. m. Disponible. Déconseillé par la


religion musulmane et les lois divines. Ahmed aussi vend aux frères. Il y
a beaucoup de frères qui fument. Certains considèrent ça comme étant
« mekrouh » (déconseillé), et il y en a d’autres, les « fanatiques », pour
qui c’est carrément h’rame. (Algérie-Actualité, 11.4.91). Chrab, c’est pas
péché comme le porc, c’est seulement mekrouh, rejeté par le
Coran. (L’Hebdo libéré, 4.4.93).

156Com. La religion musulmane distingue entre ce qui péché (viande de


porc, relation sexuelle hors mariage) et ce qui est déconseillé (alcool,
tabac…). V. HARAM.

157MEKROUT V. MAKROUD.
158MEKTOUB, MAKTOUB, MAKTUB (de l’arabe) 1. excl. Courant.
C’est écrit, c’est le destin. Mais très vite cette part ancestrale de
fatalisme, de soumission, éteignit l’étincelle qui ne demandait qu’à
devenir brasier. Mektoub ! (Amadis, 1995, 11). Il murmura, l’emportant
dans son sommeil, le mot de la fatalité, de toute fin, de l’impuissance :
Mektoub, c’est écrit, Dieu le fit. Le mot qui devrait avoir le plus de
synonymes dans toutes les langues. (El Watan, 18.4.96). Mektoub ! Il
avait entamé des travaux de rénovation pour en améliorer le confort,
mais le destin cruel a voulu que ce ne soit pas lui qui en profite. (Achir,
1997, 116). De ferme en ferme, il a atterri chez les Villatta. El mektoub,
mon frère. (Sansal, 1999, 41).

1592. Courant. n. m. Destin, fatalité, ensemble des événements de la vie


des humains qui semblent être réglés, écrits par Allah. Le soir, au
coucher du soleil, dans une plainte déchirante, elle murmurera tout en
évoquant la fatalité, le mektoub qui lui a ravi ses enfants. (L’Unité,
4.8.78). « Moi, y en a croire à Dieu et au Mektoub » […] Dieu et le
Mektoub sont leur pain quotidien et non pas leur opium. (Ben Mansour,
1990, 180). Entre-temps, Omar compte sur le Maktoub pour le délivrer
de ses chaînes. (L’Événement, 14.7.90). Notre religion considère le
suicide comme un péché grave. Par ailleurs, se soumettre à Dieu,
accepter son destin (le mektoub), permettant au croyant d’affronter avec
dignité les épreuves, de métaboliser dans la foi les échecs et les peines.
(El Acil, 10.1.93). Si les 3 B sont encore vivantes, c’est le mektoub,
dirons-nous, mais ce n’est certainement pas le mektoub qui a fait qu’on
ait omis de vérifier la bonne fixation de cette foutue valve sur cette
bouteille de gaz criminelle. (Détective, 27.4.93). D’ailleurs, c’est le
mektoub et on n’y peut rien ! (Confidences, 23.7.97). […] ma fille ne
reviendra jamais, c’est écrit, elle est déjà à toi par la volonté du
mektoub. (Khelladi, 1998, 132).

1603. Disponible, oral surtout. Époux prédestiné par Dieu. Ma mère dit
que lorsqu’il y aura mon mektoub, il viendra jusqu’au seuil de la maison.
Ces hommes désirent des copines émancipées et des épouses
chastes. (Algérie-Actualité, 12.7.84). Elle n’aura pas à rester à la
maison, à attendre son « mektoub » qui ne viendra pas. (Liberté, 2.3.97).

161Com. Attesté ds Duclos 1991


(interjection). MELAHFA V. MELEHFA.

162MELAYA, MLAIA, M’LAYA, MLEYA, MLAYA (de l’arabe


dialectal) n. f. (pluriel : m’layas, m’layate). Disponible. Vêtement
traditionnel féminin de couleur noire porté en Algérie, particulièrement à
Constantine. Il s’écarta sur le côté pour laisser passer un homme tenant
par la taille une femme enveloppée dans sa m’laya noire. (Ouettar, 1981,
61). Elle ne portait pas le voile blanc mais la melaya des
Sétifiennes. (Belamri, 1982, 115). On a vu le vieux Azzedine et sa femme,
emmitouflée dans une « mlaia ». (El Moudjahid, 23.2.84). Assises, à
même le sol, sur une vieille natte usée, plusieurs d’entre elles,
enveloppées dans les m’layas accentuant ainsi l’anonymat […] (Liberté,
28.7.94). Des vieilles femmes en m’laya venues de Tébessa, de
Constantine, d’Alger et même de l’ouest du pays, attendent. (Liberté,
25.9.95). La rue change encore une fois quand le hijab (note : habit
féminin originaire du Moyen-Orient qui couvre le corps au maximum) se
répand, remplaçant, sous l’instigation des islamistes, le haïk ou la
melaya (note : habits féminins traditionnels en Algérie, aussi couvrants
que le hijab) et l’habit occidental. (Hassan, 1996, 209). Seule ou
accompagnée d’un enfant, soucieuse ou oisive, la femme enveloppée
d’une « mlaya » apparaît toujours souriante. (El Watan, 10.3.97).
V. HAÏK, HIDJAB, MELEHFA.

163MELEHFA, MELAHFA, MELHFA, M’LEHFA, MELFÂA,


MALAHFA (de l’arabe dialectal) n. f. ou m. Vieilli mais disponible.
Vêtement féminin ample et brodé, constitué par une longue pièce de tissu
très léger qui s’enroule autour du corps et dont un pan se rabat sur la
tête. Elle portait avec art, au-dessus d’une tunique à larges manches
brodées, un vêtement très ample « melehfa » qui tenait du peplum et de
la toge antiques. Agrafée au niveau des seins par deux épingles en or,
elle le fronçait à la taille par une belle ceinture de laine et de
soie. (Boutarène, 1982, 123). Elle, en retrait du groupe, silencieuse et
sèche sous le « melfâa » noir qui l’enveloppe, est la dernière femme que
je verrai pour toute une semaine. (Algérie-Actualité, 23.2.84). Les
femmes sont vêtues de la melahfa et ont la tête couverte par une espèce
de haïk de bure brune. (Révolution africaine, 23.3.84). Au rythme ardent
de la ghaïta et du bendir […], burnous et melhfa ondulent tandis que
scintillent les bijoux qui tintent. (L’Événement, 15.12.91). Ce va-et-vient
sous l’averse trempa sa légère melehfa qui colla à sa peau, moulant ses
formes. (Mokeddem, 1992, 128). Longue, basanée, sculpturale, portant
la melehfa noire des Doui-Miniî, la tribu de ma mère […]. (Mokeddem,
1993, 241). Dans la rue, elle déambule, vêtue d’une sorte de malahfa, de
couleur blanche ou noire, elle est, dans la plupart des cas, accompagnée
par un membre de sa famille. (El Watan, 13.4.93). V. HAÏK, HIDJAB,
MELAYA.

164MELEK, MELLEK (de l’arabe littéraire) n. m. Disponible.


Propriétaire foncier. Les meleks ont beau dire que ces terres leur ont été
léguées par leurs ancêtres […] Au lendemain de l’indépendance, les gros
meleks étaient assez riches pour acheter les petites et les moyennes
propriétés des colons. (L’Unité, 4.10.78). Sa relation avec le mellek
(propriétaire) est loin d’être une simple relation employé-employeur. (El
Watan, 12.8.91). Sa fille a épousé un melek plus âgé qu’elle, elle s’en
fout puisque l’important est son avenir assuré. (oral). V. MELK.

165MELFÂA, MELHFA V. MELAHFA.

166MELHOUN, MALHOUN, MELHÛN (de l’arabe, ellipse de chir el


melhoun) n. m. Disponible. Poésie populaire orale d’inspiration religieuse
et sentimentale. Le melhûn est un moyen d’expression populaire
intervenant en complète rupture d’avec la poésie classique réservée en
règle générale à une élite intellectuelle. (Révolution africaine,
7.5.78). L’initiative prise par la wilaya de M’Sila d’organiser chaque
année un festival national de la poésie melhoun est à encourager. (El
Moudjahid, 9.6.1980). Le melhoun est accessible à tous. (El Moudjahid,
6.1.85). Belkébir est le plus grand interprète de melhoun, de châabi, au
sud. (Algérie-Actualité, 20.7.93). C’était déjà une innovation, utiliser le
guembri, dans le « melhoun ». (Algérie-Actualité, 20.7.93). […] quand
on lui parle des dessins qu’il y a sur un tapis, du rythme d’un qsid d’un
« malhoun ». (El Watan, 5.1.95). Il est attendu pour ce festival national
une grande participation de la part des meilleurs représentants du genre
bédouin et du melhoun. (El Watan, 18.9.97). V. CHIR EL MELHOUN.

167MELK (de l’arabe dialectal) 1. n. m. Disponible. Terre de droit privé


coutumier. Les terres des hautes plaines sont libres ; elles ne sont le melk
de personne et elles appartiennent à tous. (Ouahioune, 1984a, 84). Cette
terre est le melk de mon grand-père. (oral).

1682. adj. Disponible. Faisant l’objet d’un droit de jouissance


individuelle. 45 % de cette superficie furent reconnus biens
melk […] Des terres melk furent arbitrairement classées comme terres
arch. (Révolution africaine, 7.9.78).

169Com. Terme invariable. Attesté ds Duclos 1991. V. ARCH,


HABOUS, MELEK.

170MELLAH n. m. Vieilli mais disponible. Vieux quartier, autrefois


habité par les populations juives. En l’abordant ainsi par l’est, le long de
la dune, Mahmoud passe derrière le mellah juif, traverse le cimetière
paisible dans sa nudité. (Mokeddem, 1992, 257). Seules deux femmes
avaient pu m’approcher et me conquérir : une vieille voisine et Emna,
une juive du mellah. (Mokeddem, 1993, 16). V. MÉDINA.

171MELLEK V. MELEK.

172MELVA (de l’espagnol) n. f. Spécialisé. (Auxis rochei) Variété de


bonite. La pêche saisonnière ou campagne d’anchois, de sardines, de
melvas, cède la place à une pêche de subsistance. (El Moudjahid,
27.12.83).

173Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

174MENBAR V. MINBAR.

175MENDIL, MANDIL (de l’arabe) n. m. Disponible. Carré d’étoffe


(souvent de soie) qui servait aux convives pour s’essuyer les mains ; par
extension, foulard en soie tissée d’or dont la femme se couvre la
tête. Parfois, lorsqu’elle était de bonne humeur, elle permettait à Meriem
de lui peigner la masse noire et lourde recouverte d’un mandil blanc
comme neige. (Ben Mansour, 1990, 36). Mania se leva, […] ramena d’un
geste gracieux le mandil sur son visage, rangea son chapelet dans un
écrin et mit son voile. (Ben Mansour, 1990, 59). La maâlma, cette
gardienne de la tradition, les enroulerait dans les mendils, avec les
bendirs pour ne les ressortir que lors de la hadra suivante. (Le Matin,
14.8.97). Le regard de Hanan s’attarda sur une parente à l’opulente
chevelure rousse qu’elle n’arrivait pas à dompter ni à couvrir du
mandil. (Ben Mansour, 1997, 156).

176MENDOUBIA V. MANDOUBIA.

177MENDOUBIATE V. MANDOUBIATE.

178MENTAKA, MENTAQA V. MINTAKA.

179MERGHEZ, MERGUEZ(de l’arabe dialectal) n. m. ou f. Courant.


Sorte de petite saucisse de mouton fortement épicée. Apporte-moi des
merguez. (Liberté, 28.7.94). La fabrication et la commercialisation du
merguez sont enfin réglementées. (L’Hebdo libéré, 23.3.94). Dans ce
domaine, Bou Ismaïl a toujours, de façon heureuse, rivalisé avec Bordj
El Kiffan, autre grand lieu de la brochette et de la merghez. (Algérie-
Actualité, 4.7.95). Les clients d’un boucher ne doivent pas accepter de la
viande hachée prête à emporter ou des merghez exposés à l’entrée de
l’étal, à la pollution de l’environnement. (El Watan, 25.1.96).

180Com. le mot est, contrairement au français de référence, presque


toujours au masculin. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

181MÉRINIDE adj., n. Disponible Relatif à la dynastie des Mérinides


(qui gouverna une partie du Maghreb du XIIIe au XVe siècle). Le minaret
de Mansourah et les médersas mérinides en ont porté sous forme de
plaques incrustées. (Le Matin, 22.7.96). […] du complexe de Sidi
Boumediene qui compte une mosquée et un mausolée bâtis par les
Mérinides au 14e siècle. (Liberté, 9.2.00).
182MERKEZ (de l’arabe) n. m. Vieilli mais disponible, écrit surtout.
Habitation servant de refuge et de cache pour les combattants de l’ALN
pendant la guerre d’indépendance. Le courage et l’engagement de
Messaoura sont exemplaires. Son « merkez » urbain a servi de refuge à
de nombreux militants de l’O.C.FLN sur le chemin du maquis. (El
Moudjahid, 19.8.83). Après avoir parcouru une longue distance, les
quatre djoundiate arrivent le soir au douar Amayer. Elles sont reçues par
le responsable du merkez qui s’occupe aussi de leur installation […] Le
chef du merkez entreprend de cacher les musettes militaires et ordonne
aux djoundiate de se maquiller. (El Moudjahid, 20.8.87). V. DJOUNDI,
FERKA, KATIBA, MINTAKA, MOUDJAHID, NAHIA, WILAYA.

183MESDJED V. MASDJED.

184MESFOUF (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Couscous aux raisins secs,


que l’on sert accompagné de lait ou de petit-lait. Le plat pourra
remplacer le « mesfouf » pour le s’hour du Ramadhan. (El Moudjahid,
27.6.83). Ce jour-là nous avons mangé un mesfouf. (Algérie-Actualité,
30.10.86). Il peut être transformé en un mesfouf, plat de couscous et de
raisins secs, arrosé de lait caillé. (El Acil, 21.1.93) Votre mesfouf est
vraiment succulent. On devrait le faire connaître en Asie. (L’Opinion,
22.4.93). Les accompagnateurs préparent le dîner. Au menu : une
chorba piquante, relevée à la coriandre et au piment vert, un méchoui
parfumé au beurre, à l’oignon et au poivre gris, et du couscous mesfouf
aux raisins secs et au miel. (El Watan, 26.4.00). Le mesfouf demeure le
plat du pauvre. (oral).

185MESK, MISK (de l’arabe) n. m. Disponible. Substance mielleuse


sécrétée par les glandes abdominales d’un cervidé mâle et qui permet de
fabriquer un parfum très fort prisé par les musulmans religieux. Tuniques
afghanes, kamiss, siwak, ambre. Et même du misk, parfum sans alcool,
musc du paradis s’il en est, fabriqué à Paris 11 e. (Algérie-Actualité,
10.10.91). Chaque vendredi, les fidèles militants s’aspergent de misk et
surtout se badigeonnent la barbe de ce parfum très fort qui peut cacher
toute puanteur. (El Manar, 13.6.94). Son voisin enchaîne sur la manière
de boire le mesk, les doses qu’il faut et celles qu’il ne faut pas dépasser,
car il y a des risques avec des effets secondaires terribles, paraît-il. (La
Nation, 30.7.96). La discussion s’engage aussitôt sur les vertus
coagulantes du mesk et sur les dangers que cela représente. (La Nation,
30.7.96). Entre deux événements culturels, les IIIes JCMA et le Festival
des arts et de l’habit traditionnel, la ville du jasmin et du mesk
redécouvre son histoire. (El Watan, 3.8.97). Celui-là [le terroriste] a
beaucoup saigné. Mais il y en a d’autres qui ne saignent pas du tout. Ils
boivent du mesk. Comme ça, quand ils sont touchés par balle, ils ne
perdent pas de sang. (Charef, 1998, 64).

186MESKA (de l’arabe) n. f. (pluriel : meskas, meskia). Spécialisé.


Bijou traditionnel de l’Est de l’Algérie. Les artisans font revivre les
meskas filigranées enrichies de perles et de pierreries […] Presque
toujours en or, la meska est faite en filigrane, décorée de pierres
précieuses avec pendeloques de perles, d’émeraudes et de
rubis. (Benouniche, 1982, 81).

187MESKIA pluriel de MESKA. Cette affaire aux implications


économiques très importantes a permis aux gendarmes de saisir 32
meskia avec chaînettes. (El Moudjahid, 30.3.86).

188MESKOUNE, MESKÛN (de l’arabe) adj. Disponible. Possédé par


les démons (djinns). Mahmoud a trente-sept ans, face à la mer, il voyage
dans sa tête, son imagination va plus loin que l’horizon. Mahmoud, dit-
on, est « meskûn ». (Algérie-Actualité, 8.9.83). Convaincu qu’il était –
qu’il est toujours – « meskoune », possédé, il résolut donc de
« combattre les racines du mal » en s’adressant à des guérisseurs
spécialisés en la matière. (Toualbi, 1984, 116). V. MAHBOUL.

189MESSALISME n. m. Disponible, intellectuels. Doctrine


d’inspiration populiste, nationaliste et révolutionnaire, se réclamant de
Messali Hadj, fondateur de l’Étoile nord-africaine. Le
messalisme […] considère la couche des Algériens européanisés comme
« étrangère », toujours suspecte de pactiser avec la colonisation. (Harbi,
1989, 122).

190MESSALISTE n., adj. Disponible, intellectuels. Qui concerne ou


soutient les idées de Messali Hadj, fondateur de l’Étoile nord-
africaine. Ces messieurs qui sont devenus des missionnaires de la
réconciliation, du contrat national, me font penser aux
messalistes. (Liberté, 5.4.95). […] ou de résidus du populisme messaliste
puis baâthiste sous forme de référence à la religion dans tous les
documents politiques du parti unique. (La Nation, 14.5.96). Les deux
tâches principales de la Fédération de France du FLN sont le journal et
la destruction des Messalistes. (Lettre inédite de Abane du 13.3.56,
rapportée in Le Matin, 27.7.00).

191MÉTIER (PETIT -) n. m. 1. Disponible. Petit bateau de pêche,


palangrier. Les détenteurs de petits métiers doivent bénéficier de facilités
pour l’acquisition des outils indispensables. (El Moudjahid, 4.1.78). La
pêche, une activité plus ancrée à Ghazaouet, attire les grands et petits
métiers, les professionnels marins et les amateurs. (El Moudjahid,
28.6.83). La flottille se compose actuellement de 57 embarcations dont
14 chalutiers, 13 sardiniers et une trentaine de petits métiers. (El
Moudjahid, 13.9.86). Il est à signaler que le port de pêche et de
plaisance de Stora abrite une vingtaine de chalutiers et une cinquantaine
d’unités petits métiers. (El Moudjahid, 30.10.86). Le premier port, de
loin le plus important, aura la possibilité d’accueillir : 12 chalutiers, 10
sardiniers, et 37 petits métiers. (El Moudjahid, 27.5.87). Le nombre de
bénéficiaires des 384 petits métiers, à redynamiser dans le cadre de ce
projet, s’élève à 15 240 jeunes pêcheurs. (Liberté, 14.7.94). Autour de ce
port de pêche [d’Alger] vivent de leur travail quelques 11 000 personnes,
avec 1 100 inscrits maritimes, 130 embarcations, des chalutiers, de plus
en plus rares, des sardiniers dominants et ce que l’on appelle des « petits
métiers » pour des embarcations de deux à trois personnes. (La Tribune,
25.1.00).

1922. Disponible. Pêcheur travaillant à bord d’un petit bateau de pêche,


d’un palangrier. La campagne devait se traduire par des actions
ponctuelles de formation destinées à familiariser les pêcheurs, en
particulier les « petits métiers » avec l’utilisation de procédés et de
matériels nouveaux de pêche. (Algérie verte, 2.3 86).

193MEYDA V. MEÏDA.

194MEZMOUM (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Un des modes de la


nouba, joué en fa. Il s’agit de l’ensemble qui a exécuté avec beaucoup de
brio une nouba du mezmoum. (El Moudjahid, 3.7.77). Je lui ai chanté du
mezmoum et ainsi, quatre soirs de suite, il m’invita chez lui pour
entendre des « istikhbar ». (El Moudjahid, 12.2.86). J’ai appris aussi du
professeur H.I. le classique andalou (noubates zibane, mezmoum,
hssine…). (El Watan, 15.5.91). V. ANDALOU, HAOUZI, MALOUF,
NOUBA.
195MEZOUED, MAZOUAD, MAZOUED, MEZWED,
MEZZOUED (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Sac fait d’une peau de
chèvre entière, destiné à conserver et à transporter des produits
alimentaires (blé, farine, semoule, etc.). La tioussé payée à l’amenokal
est environ de douze mezoued de dattes. (Hoggar, 1956, 49). Certains
jours, il se faisait meunier, ce qui expliquait les longues chaînes
d’enfants se bousculant à la porte du moulin et portant chacun une
dizaine de kilogrammes d’orge ou de blé dans des
« mezoued ». (Boutarène,1982, 116). On peut y voir différents types
d’outres : « mezwed » (outre à farine) […]. (Bouzar, 1983, 1, 147). Ce
dernier lui a tendu un grand mezoued. (Mokeddem, 1992, 204). Le
mezoued côtoie le téléviseur. (Algérie-Actualité, 5.10.93).

1962. Spécialisé. Instrument traditionnel à vent, sorte de cornemuse


formée d’une outre en peau de chèvre. La chekoua ou mezoued, en peau
de chèvre savamment dépecée et complètement tondue puis tannée et
huilée, sert à emmagasiner l’air introduit en soufflant par l’intermédiaire
d’un tube appelé « Djaâba ». (Algérie-Actualité, 13.9.84). Saouli El
Okbi souffle sur son mazoued, restituant la mélodie dans sa grande
pureté et donnant à la sonorité une grande finesse. (El Moudjahid,
26.5.85).

197M’HADJB, M’HADJEB V. M’HDJEB.

198MHAKMA V. MAHAKMA.

199M’HDJEB, M’HADJB, M’HADJEB (de l’arabe dialectal) n. m.


Spécialisé. Carré de pâte feuilletée fourré d’une farce à l’oignon. Des
gosses avec leurs couffins vendent des m’hadjeb et des
amandes. (Algérie-Actualité, 23.2.84). Dans son espèce de fast-food
exigu de la place du 1er Mai (pizza, m’hadjeb, sandwichs…), ses journées
s’écoulent lentement. (Algérie-Actualité, 9.5.85). Des vendeurs proposent
« tout ce qui rentre et fait ventre », en fromages, halva turc, bonbons,
galettes et m’hadjb faits maison, makrout. (La Tribune, 22.12.99).

200MIAZNI pluriel de MIZAN. Le banjo est l’âme de l’orchestre


chaâbi, comme le « mizan » en est le cœur […] Les « miazni » d’El Anka
lui font faux bond. (Algérie-Actualité, 25.7.91).

201MIDJIBALINA V. MIN DJIBALINA.

202MIHRAB, MIH’RAB (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Niche pratiquée


dans la muraille d’une mosquée et orientée vers La Mecque. Seul le
mihrab introduit une note de richesse et de couleur par sa parure en
céramique. (Baghli, 1982, 104). Les hommes qui, chaque vendredi et
cinq fois par jour, occupent le mirhab, tranchent, définitivement, au
profit des leaders du FIS. (Algérie-Actualité, 10.10.91). Les décors en
stuc qui enjolivaient le mirhab n’ont pas subsisté. (Révolution africaine,
28.1.93). Au-dessus du mihrab, il y a une voûte de forme octogonale. (El
Acil, 17.2.93). Ce mihrab se présente sous l’aspect d’une masse carrée,
entièrement décrépie et corrodée… Au-dessus s’offre l’arc de mihrab en
plein cintre et décoré d’un bandeau de stuc retombant en dents de
scie. (El Acil, 21.3.93). Le mirhab (niche indiquant la Quibla, direction
de la Mecque pour prier) a été couvert de marbre bleu. (El Watan,
24.1.96). Hier, j’ai fait un rêve. J’ai vu un jeune cavalier, beau et
élégant, tout de blanc vêtu, attacher son cheval à l’entrée de notre
mosquée et avancer majestueusement vers le mihrab. (Gastel, 1999, 50).

203Com. Attesté ds GR, TLF. V. MINBAR, QIBLA.

204MINBAR, MENBAR, MIMBAR (de l’arabe) n. m. Disponible.


Chaire d’une mosquée. « Je suis, leur dit-il du haut du Menbar, dans un
discours de deux heures, un vendredi, je suis celui que vous
attendiez. » (M’Hamsadji, 1969, 92). La tuile, la faïence, l’ivoire, la
nacre et le bois massif donneront un cachet particulier aux superbes
minbar et mihrab qui orneront la mosquée. (El Moudjahid, 13.5.84). Ali
Belhadj, une fois par semaine, faisait la tournée des mimbars. (Algérie-
Actualité, 2.5.91). Une douceur qui se transforme en dynamite lorsque
l’imam grimpe sur le minbar et devient prédicateur. (Allouache, 1995,
180). Rares sont les imams qui ont condamné ouvertement du haut de
leur minbar les actes criminels du GIA. (L’Authentique,
17.10.97). J’allais trouver l’imam dans son cabinet que masquait une
tenture, à côté du minbar. (Khadra, 1999, 84). Le procureur s’en
indignera : « C’est un procès criminel et non pas un minbar. » (El
Watan, 28.10.99).

205Com. Attesté ds GR, TLF. V. MIHRAB.

206MIN DJIBALINA, MINE DJIBALINA, MIDJIBALINA, MIN


DJIBANINA, MINE JIBALINA (de l’arabe « De nos montagnes »)
Disponible. Hymne national de l’Algérie. Un jeune homme de 22 ans
exhibe le drapeau algérien tandis que s’ébranle la marche du cortège
sous les airs de « Min Djibanina ». (El Djeich, 2.4.83). C’est l’appel de
nos ancêtres. Écoutez-les chanter « Mine Djibalina ». (Flici, 1984,
48). Les « Allah Akbar » alternaient avec le chant ample et grave de
« Mine Jibalina » et « Algérie libre et démocratique ». (El Watan,
17.3.94). Et le Midjibalina entonné par des milliers de voix me donne
encore des frissons. (Liberté, 24.3.94). Dans sa mise en scène à lui,
c’était Min djibalina, la chanson de Hadj El Anka n’était pas encore. (El
Watan, 16.2.95). Certains ont entonné en chœur Min djibalina alors que,
dans une autre pièce, on s’accusait d’avoir cédé devant la fermeté du
service d’ordre. (Liberté, 14.6.96). V. QASSAMAN.
207MINISTRE-GOUVERNEUR, MINISTRE
GOUVERNEUR (composé de ministre et gouverneur) n. m. Disponible.
Responsable nommé à la tête du gouvernorat du Grand-Alger. Dans ce
cadre, le ministre-gouverneur du Grand-Alger a prononcé une
allocution, en présence de nombreux invités. (Horizons, 3.8.97). Les
walis délégués auprès du ministre-gouverneur d’Alger ont été installés
hier. (La Tribune, 5.8.97). Le ministre gouverneur du Grand-Alger
(GGA) a rendu hier une visite à La Tribune. (La Tribune, 4.1.00). Mais
un homme est le véritable maître de l’ouvrage, le ministre gouverneur
d’Alger. […] Jamais homme n’aura autant mérité son surnom : le Dey
d’Alger. (La Tribune, 25.1.00). S’il y a d’autres faits ou des griefs contre
le ministre-gouverneur qui ont motivé des décisions aussi importantes,
les Algériens ont le droit d’être informés. (El Watan, 2.3.00). Une
importante collection de partitions musicales de l’Académie musicale de
Rome a été remise au ministre gouverneur du Grand-Alger. (Liberté,
3.2.00).

208Com. Le poste, créé au 1.8.97, a disparu avec la suppression du


gouvernorat d’Alger le 1.3.00. V. GOUVERNEUR.

209MINTAKA, MENTAKA, MENTAQA, MINTAQA (de l’arabe) n.


f. Vieilli mais disponible. Zone militaire de l’ALN pendant la guerre
d’indépendance. En mai 1960, il fut convié à participer à la réunion des
membres de la mintaka afin de procéder à l’évaluation de la situation
militaire. (El Djeich, 2.4.83). On m’ajouta 40 djounoud de la mintaqa de
Saoura. (El Moudjahid, 1.11.1983). En 1957, il est promu au grade de
sous-lieutenant de l’ALN, dans la wilaya VI, mintaka IV, nahia II. (El
Moudjahid, 8.10.84). L’organisation politico-militaire du FLN-ALN était
articulée de telle sorte que le pays tout entier se trouvait subdivisé en
wilayas, lesquelles étaient elles-mêmes partagées en mentakas (zones).
Constantine et ses environs relevaient de la Wilaya 2 et représentaient la
mentaka 5. (Algérie-Actualité, 12.12.85).

210Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. FERKA, KASMA,


KATIBA, NAHIA, WILAYA.

211MIRHAB V. MIHRAB.

212MIS(E) EN CAUSE n. Courant, écrit surtout, milieu administratif.


Personne mise en cause, accusée d’avoir commis un acte
répréhensible. Présentés au parquet, les mis en cause ont été placés sous
mandat de dépôt par le magistrat instructeur. (El Moudjahid,
29.7.88). Auditionnés, les trois mis en cause ont avoué aux enquêteurs
qu’ils se livraient à la vente et à la consommation de stupéfiants. (El
Watan, 24.1.93). La mise en cause se rendit chez B. Khemissa. (El Acil,
29.4.93). Les mis en cause qui activaient à partir de la mosquée « Nar »
du quartier Toba de Sidi Bel-Abbès, préparaient, selon l’arrêt de renvoi,
des actions armées dans cette ville. (Le Matin, 7.6.94). Le mis en cause
se défend en effet, à travers un démenti parvenu à l’agence
A.P.S. (Liberté, 29.7.94). Les mis en cause étaient poursuivis pour
détournement de deniers publics, faux et destruction de documents
officiels. (El Acil, 3.8.97). La mise en cause, qui faisait l’objet de
recherches depuis plusieurs mois par les services de la sûreté, a été
appréhendée, en flagrant délit, au moment où elle s’apprêtait à emmener
de force une enfant, à Ouled Tlélat. (Quotidien d’Oran, 7.2.00).

213MISK V. MESK.

214MISSIONNAIRE n. m., adj. Disponible, oral surtout. Personne qui


effectue une mission pour le compte de l’État. À la fin de la mission, le
missionnaire devra obligatoirement fournir un rapport sur l’objet de sa
mission. (oral). Pour être remboursé, le missionnaire doit présenter des
factures. (oral). Un enseignement complémentaire sera assuré par des
enseignants missionnaires venant d’universités étrangères. (oral).

215Com. Attesté ds IFA avec le sens « universitaire ou fonctionnaire en


déplacement pour une durée limitée ».

216MIZAN (de l’arabe) n. m. (pluriel : miazni). Spécialisé. Rythme. Le


banjo est l’âme de l’orchestre chaâbi, comme le « mizan » en est le
cœur. (Algérie-Actualité, 25.7.91). En l’absence d’un de ces musiciens, le
cheikh, un soir, lui confie le tambourin, et lorsque une fois l’enfant
trébuche sur le « mizan », la balance qui pèse le rythme, le cheikh le
transperce du regard avant de lui asséner un coup de son luth. (Algérie-
Actualité, 30.3.93). C’est la seule manière d’apprendre le mizan,
explique Nouni, car chaque quacida a sa propre mesure. (Le Soir,
3.5.93).

217MLAIA, M’LAYA, MLAYA V. MELAYA.

218M’LAYAT pluriel de MELAYA. De nos jours, les femmes semblent


changer de look. Elles ne sont plus nombreuses à porter leurs
« m’layat », ce voile noir qu’elles ont revêtu au lendemain de la mort de
leur bey sacré Salah. (El Acil, 24.1.93).

219M’LEHFA V. MELAHFA.

220MLEYA V. MELAYA.

221MLOUKHIYA V. MOULOUKHIYA.

222MOÇALLA, MÇALLA, MOUÇALLA, M’SALLA,


MOUSSALA, MOSSALA (de l’arabe) n. m. Disponible. Lieu de
prière. Avant de se rendre au « mouçalla » pour la prière de l’Aïd, le
croyant est tenu de consommer des aliments, des dattes en nombre
impair, par exemple, pour suivre la coutume du Saint Prophète. (El
Moudjahid, 9.6.86). Les gens, dès leur jeune âge, s’acquittent avec
constance de leurs obligations religieuses chez eux ou dans de modestes
mçallas à l’air libre. […] Les « m’salla », salles de prière, existent dans
pratiquement tous les lycées. (Algérie-Actualité, 20.2.92). […] les
agresseurs qui utilisaient comme refuge une moussala dans la région
d’El Harrach. (El Watan, 15.10.93). Par contre, des douze mossalas
(espaces appartenant à des particuliers, consacrés à la prière et aux
activités religieuses), deux sont toujours ouverts. Le refus de se
conformer aux recommandations du Ministère des Affaires religieuses,
en matière de gestion des lieux de culte serait derrière la fermeture des
dix autres. (El Watan, 3.1.00). Au niveau de chaque administration,
chaque usine, on trouve une moçalla qui sert beaucoup plus à
l’absentéisme qu’à prier Dieu. (oral). V. MASDJED.

223MOGHREB V. MAGHREB.

224MOGHRIBI V. MAGHRABI.

225MOHAMED (de l’arabe) n. m Disponible, oral surtout. Homme


d’origine arabo-berbère (utilisé comme appellatif). Mohamed, prends ta
valise ! (Kateb, 1973). Des centaines de milliers, des millions de Fatma
en gandoura et de Mohamed en jellaba… Ils vous montrent tous du
doigt. (El Moudjahid, 31.10.86). Asma, Mohamed, pour aller à la grande
poste ? (oral). Ya Mohamed, pouvez-vous m’indiquer la route qui mène à
Boufarik ? (oral). V. FATMA.

226MOHARRAM, MOHARAM, MOHAREM, MOHARREM,


MOUHAREM, MOUHARRAM (de l’arabe littéraire) n. m. Disponible.
Premier mois du calendrier musulman. Le jeûne est traditionnel le jour
de l’Achoura, au 10e jour du mois hégirien de Moharram. (El Moudjahid,
28.9.73). Cette conférence sera donnée le lundi 13 Moharrem 1397. (El
Moudjahid, 3.1.77). Le 1er Mouharem, le RSK et l’USM Blida ont
organisé un match amical à Blida. (El Hadef, 22.9.85). J’ai entendu, à la
veille de Moharam, le ministre des Affaires religieuses déclarer à la
télévision que […]. (Algérie-Actualité, 25.7.91). An 622, 16 juillet,
1er mouharem début du calendrier musulman, à partir de l’Hégire. (El
Watan, 24.1.96). Décret exécutif du 14 moharam 1417 correspondant au
premier juin 1996 mettant fin aux fonctions du directeur de l’institut
national des arts dramatiques. (Journal officiel, 10.7.96). La prière du
Fadjr, la première quinzaine de Moharem 1422, aura lieu selon l’horaire
d’Adrar + 5 min. (El Moudjahid, 6.2.01). Cela commence à Mouharram,
du premier au dernier jour de l’année, tout est mouharram pour el-
guellil. (Quotidien Oran, 4.3.01).

227MOIS SACRÉ n. m. Disponible. Ramadhan, mois de jeûne


musulman. Ajoutons à cela les dépenses occasionnées par le mois de
Ramadhan […] au cours de ce mois sacré on assiste à une montée
vertigineuse des prix à la consommation. (Révolution et Travail,
15.5.85). Monsieur et Madame auraient pu, n’était le mois sacré du
Ramadhan, organiser trois réceptions, deux festins entre amis. (El
Moudjahid, 18.5.87). Ramadhan. C’est le mois sacré où l’on dépense
avec une certaine frénésie, aujourd’hui où les économies d’une année
s’effritent en quelques semaines. (El Moudjahid, 27.5.87). C’est dans un
climat de sérénité et de ferveur religieuse que les fidèles accomplissent
ce devoir en ce mois sacré de pardon et de miséricorde. (L’Authentique,
26.1.96). Même ceux qui ne font généralement jamais les courses s’y
prêtent de bonne grâce durant ce mois sacré. (Le Matin, 7.2.96). Le MSP
veut « simplement » faire coïncider cette relance avec « les derniers
jours du mois sacré de Ramhadan ». (Le Matin, 23.12.99). L’ensemble
des cantines de la wilaya de Laghouat font « du » carême depuis le
début du mois sacré du Ramadhan. (Liberté, 2.1.2000).

228Com. Les synonymes mois de carême, mois de jeûne, mois saint sont
également employés. V. RAMADHAN.

229MOITIÉ-MOITIÉ (calque de l’arabe dialectal) n. m. Disponible,


oral surtout. Café au lait comportant moitié de lait, moitié de café. Dans
les cafés, ceux qui, pendant les trente derniers jours, fréquentaient ces
lieux uniquement la nuit, sont aujourd’hui attablés, qui sirotant leur
moitié-moitié, qui savourant la première cigarette de la journée. (El
Moudjahid, 9.6.86). Il a demandé un moitié-moitié. (oral). V. NASS-
NASS.

230MOKADDEM, MOKADEM, MOQADAM, MOQADDEM,


MOQQADEM, MOQQADAM (de l’arabe littéraire) n. m. Vieilli mais
disponible, écrit surtout. Chef de confrérie religieuse. Pourrais-tu me
renseigner sur un de tes proches qui a été moqaddem dans cette
zaouia ? (Ouettar, 1981, 92). […] les gros propriétaires fonciers avec
l’aura que leur confèrent leurs moyens et les moqadam, dignitaires
désignés par les chefs de confréries. (Algérie-Actualité, 15.5.91). Puis les
Darqawas prirent la relève et entonnèrent un chant d’Ibn Triki et un
poème de Tofha, bel objet. Le Moqqadam fixa longuement Hanan,
comme s’il voulait lui faire comprendre le sens caché de ce poème, lui
rafraîchir le cœur. (Ben Mansour, 1997, 79). Et pour premier mokaddem
de la communauté et de la zaouia, les émigrants désignèrent un des leurs,
Abdelmalek Ahmed, qui les présidera jusqu’à sa mort en 1870. (El
Watan, 1.9.98). La waâda n’est plus celle des seuls Touati. Elle est
devenue celle de la cité et une de ses traditions. Le mokaddem Bounaâma
a de quoi être fier. (El Acil, 1.9.98).

231Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, IFA.

232MOKH (de l’arabe) adj., n. m. Disponible, oral surtout, fam.


(Homme) intelligent, « cerveau ». Tu es un mokh et un B.G.A. (Khiari,
1981, 36). Il vit normalement, et tout « mokh » qu’il est, cela ne
l’empêche pas d’aller chez Mohamed voir la vidéo… (Algérie-Actualité,
11.4.1985). Il est mokh ton copain, mais vraiment mokh. (oral). Ce
ministre n’est pas un mokh. (oral).

233MONA V. MOUNA.

234MONTER (À) v. intr. ou tr. ind. 1. Courant. Aller vers (souvent un


lieu plus prestigieux que celui que l’on quitte). « Je quitte mon travail à
15 heures, en rasant les murs pour monter chez moi », nous confie un
employé. (Algérie-Actualité, 20.10.83). Plus de 50 000 spectateurs
s’étaient déplacés au « 5 juillet » […] Ils étaient « montés » pour voir la
Juve. (El Moudjahid, 6.2.85). Il fit part à Areski de sa décision de monter
à Paris. (Achour, 1978, 151). On « montait » à Alger la blanche, une
ville ouverte, gaie, facile à vivre, où les aventures étaient plutôt
heureuses. (El Watan, 26.9.94). Pour réussir, il a dû monter à la capitale
voir son cousin dans l’armée. (oral). Je monte à l’hôpital, tu
viens ? (oral).

2352. MONTER (AU MAQUIS) loc. Disponible. Rejoindre les


maquis. Ils sont montés, les Moudjahidine. Ils sont montés, les
Wataniyine. avec leur 20 ans. (El Moudjahid, 2.11.84). Selon cet officier,
j’avais deux choix : soit je devais monter au maquis, soit m’exiler au
Maroc. (El Watan, 2.3.00). Rachid, un autre enfant, âgé de 15 ans, nous
dit sur un ton grave : « Nous avions le choix de monter au maquis ou
bien travailler à la cimenterie ». (El Watan, 10.5.00). V. DESCENDRE.

236MOQADAM, MOQADDEM, MOQQADAM,


MOQQADEM V. MOKADDEM.

237MOSTA (troncation du nom de ville Mostaganem) n. m. Disponible,


intellectuels. Festival du théâtre amateur de Mostaganem. Les comédiens
en herbe vivotant dans l’espoir de figurer à l’affiche du prochain
« Mosta ». (El Moudjahid, 30.7.84). Les observateurs et les pratiquants
du théâtre amateur sont de plus en plus durs avec « Mosta ». (El
Moudjahid, 27.6.85).

238MOTABARIDJA (de l’arabe littéraire) n. f.


(pluriel : moutabarijate). Disponible, oral surtout, milieux islamistes,
connotation péjorative. Femme vêtue à l’occidentale et ne portant pas le
voile. De ce fait, la femme découvrant sa beauté (motabaridja), elle est
indécente. (El Manar, 13.6.94). V. MOUTAHADJIBA, NON VOILÉE.

239MOUACHAH (de l’arabe) n. m. (pluriel : mouachahat(e)(s),


mouachahettes).Spécialisé. Accompagnement musical d’un poème
(kacida). C’est dans cette perspective que semble s’expliquer cette
nouvelle branche, tel le « mouachah » qui laissera place au « zedjel »,
l’ancêtre du malhoun algérien. (El Moudjahid, 24.2.86). V. NOUBA.

240MOUACHAHAT(E)(S), MOUACHAHETTES pluriel


de MOUACHAH. Il a commencé à composer les cinq parties de la
nouba et les 24 mouachahettes correspondant à chaque heure du jour et
de la nuit. (El Moudjahid, 24.4.83). Remontant jusqu’à Zyriab qui a
introduit le « oud » et la « richa », M.T. a parlé des mouachahettes. (El
Moudjahid, 24.4.83). 16 musiciens-chanteurs donneront un récital dans
lequel la « nouba » et les « mouachahat » qui représentent la tradition
classique de la musique arabo-andalouse seront à l’honneur. (El
Moudjahid, 21.3.84). Ce qu’ont fait Yafil et Jules Rouanet dans leur
anthologie des mouachahate, c’est très peu de chose. (Le Matin,
15.1.96). Ils puisent dans divers registres, en l’occurrence les
mouachahates, les chants religieux, les chants patriotiques, les chants de
la renaissance. (Le Matin, 8.2.96).

241I. MOUAL (de l’arabe) n. m. (pluriel : mouala). Spécialisé. Éleveur,


propriétaire de troupeau,. Un moual devant la flambée des prix s’est vu
contraint de laisser mourir ses bêtes. (El Moudjahid, 4.1.78). C’est que le
métier de « moual » est synonyme de beaucoup d’argent en liquide, ce
sont des centaines de millions qui circulent, dans l’ombre, parfois sous
des haillons et que nul ne peut compter sauf le « moual ». (Révolution
africaine, 8.11.85). V. ACHABA, TRANSHUMANT.

242II. MOUAL V. MAWWAL.

243MOUALA pluriel de MOUAL I. La Révolution agraire vise à


éliminer les gros « mouala ». (El Moudjahid, 16.3.78).

244MOUÇALLA V. MOÇALLA.

245MOUCHARABIEH (de l’arabe) n. m. Disponible. Balcon fermé par


un grillage qui forme avant-corps devant une fenêtre. On pense dans ce
cadre au travail de la poterie, la dinanderie, la sculpture sur bois et
surtout le moucharabieh qui tente ces derniers temps de faire une percée
fulgurante. (Eddalil, 25.2.93). L’ETICO est parvenu à meubler
entièrement les structures de l’hôtel « Zianides » en du
moucharabieh. (Eddalil, 25.2.93). Le Chowk (quartier musulman) a
gardé ses moucharabiehs et ses dédales obscurs. (Algérie-Actualité,
30.3.93). Mais les Arabes d’autrefois, ceux qui sont chers, pas les ventres
mous en faction sous les moucharabiehs des harems, savaient traiter les
chiens, les fils de chiens et les langues de vipères. (Tengour, 1997, 90).

246MOUCHKIL (de l’arabe) n. m. ou f. (pluriel : mouchkilate(s)).


Disponible. Problème, difficulté, obstacle. Vous êtes capables de
remédier à ce « mouchkil ». (El Moudjahid, 3.5.83). Depuis son
installation, il est devenu un mouchkil pour le personnel de
l’entreprise. (oral).

247MOUCHKILATE(S) pluriel de MOUCHKIL. Dans le hall du


tribunal, une bonne ambiance règne. Ça parle de tout et de rien. À
chacun ses mouchkilates. (Liberté, 24.1.93). La question sera posée avec
insistance aujourd’hui pour les quarante-huit walis du pays réunis dans
le cadre d’un séminaire afin de traiter les dossiers faits de mouchkilate
pratiquement communes à tous les Algériens. (El Watan, 14.8.94). Le
gouvernement ne pourra pas résoudre les mouchkilate du peuple
algérien. (oral).

248MOUDARÈS, MOUDERRÈS (de l’arabe) n. m. Spécialisé.


Enseignant d’arabe dans une école primaire ou secondaire. Il était
mouderrès à la Grande Mosquée d’Alger. (El Moudjahid,
1.6.77). Moudarès dans une école de la Casbah au lendemain de
l’indépendance, puis professeur d’arabe au lycée […] sont les diverses
étapes de l’itinéraire professionnel et de la carrière d’enseignant de M.
B. (Actualité-Économie, 1.3.86).

249Com. Attesté ds Lanly 1970. V. CHEIKH, OUSTED.

250MOUDD (de l’arabe) n. m. Vieilli, écrit. Mesure de poids


traditionnelle pour les céréales, équivalant approximativement à 0,5
kg. Le vieillard qui a atteint un âge avancé peut rompre le jeûne, et il
sera tenu de donner à un pauvre un « moudd » de céréales pour chaque
jour de jeûne qu’il n’aura pas accompli et ne peut compenser. Le moudd
équivaut en mesure à un demi-litre environ. (Mimouni, 1977, 37).

251Com. Attesté ds IFA.

252MOUDERRÈS V. MOUDARÈS.

253MOUDIR (de l’arabe) n. m. Disponible, oral surtout. Directeur. On


te propose d’être « moudir » ou quelque chose comme ça et tu refuses.
(El Moudjahid, 9.6.85). Alors attends comme moi j’attends, comme le
moudir attend et comme au-dessus on attend sans se faire chier. (Sansal,
1999, 195). Il ne sait pas ce qu’il perd, cet ignorant de nouveau moudir.
C’était moi le bras droit de l’ancien directeur. […] Et un moudir sans
bras droit, c’est un manchot handicapé. (Quotidien d’Oran, 15.1.01). Les
syndicalistes ont occupé le bureau du moudir pour faire valoir la
revendication salariale. (oral). C’est le moudir qui distribue en personne
les bons d’achat d’équipement électro-ménager. (oral).

254MOUDJAHID, MOUDJAHED, MOUJAHID (de l’arabe littéraire)


n. m., adj. (féminin singulier : moudjahida ; masculin
pluriel : moudjahidine(s) ; féminin pluriel : moudjahidate(s)) 1. Vieilli,
mais disponible. Combattant de la foi participant au djihad, membre
d’une armée de libération en Islam. Le moudjahed algérien n’a rien à
voir avec le résistant français ni avec le moudjahed afghan. (Le Matin,
19.3.95). L’authenticité révolutionnaire de ce peuple moudjahid, son
attachement permanent à son appartenance arabo-islamique et à son
combat pour ses constantes nationales lui ont garanti la victoire sur les
traîtres et les criminels. (El Moudjahid, 20.1.00).
2552. Courant. Combattant de l’Armée de libération nationale pendant la
guerre d’indépendance. Le nom de moudjahid est attribué à tous ceux qui
ont participé activement à la guerre de Libération
algérienne. (Benabdallah, 1982, 57). Ces mesures s’inscrivent dans le
souci de revaloriser la qualité de moudjahid. (El Moudjahid, 11.1.83). Le
moudjahid doit servir d’exemple pour les générations futures dans
l’amour de la patrie et l’attachement aux principes du Parti du FLN. (El
Moudjahid, 11.4.86). En assassinant mon époux, le moudjahid Mohamed
Boudiaf, on a voulu assassiner l’espoir. (Quotidien d’Algérie,
2.7.92). Apparemment, il n’y avait rien de commun entre un Moudjahid
communiste, abreuvé aux sources du marxisme athée et un Moudjahid
foncièrement musulman, ni d’ailleurs avec un Moudjahid paysan attaché
à ses traditions tribales. (Le Matin, 18.9.95). […] puis de réhabiliter sa
mémoire en reconnaissant ses mérites naturellement évidents de
moujahid. (El Watan, 10.11.99). La loi 99.07 du 5 avril 1999 relative au
moudjahid et au chahid conditionne l’aval du Ministère des
Moudjahidine à toute construction de stèle ou de statue. (La Tribune,
2.1.00).

2563. Disponible. Combattant d’un mouvement terroriste islamiste


algérien. Dans ce communiqué signé par R. Kébir, le représentant du FIS
en Allemagne, on lisait que « le secrétaire national des éradicateurs (feu
Rachid Tighziri. NDLR) a été éradiqué par un moudjahid ». (El Watan,
3.6.94). Nahnah élu, l’Algérie se portera mieux et même les groupes
armés seront scientifiquement réintégrés dans la société et pourront
ouvertement se targuer du titre de moudjahid. (Liberté, 5.11.95). C’est à
la sortie d’une mosquée qu’il a appris la mort de son père, tué par un
voyou édenté qui ne valait pas un crachat, qui se frottait aux femmes
dans les bus et urinait sur les murs du quartier avant de se convertir en
moudjahid. (Gastel, 1999, 171). Un moudjahid doit rester vigilant. Ne
doutez jamais, jamais de votre émir. C’est Dieu qui parle par sa
bouche. (Khadra, 1999, 229). Le moudjahid est prêt à vous parler. C’est
l’un des trois frères C. engagés dans l’Armée islamique du salut (AIS)
officiellement dissoute par Madani Mezrag. (Le Matin, 15.1.00).

257Com. Le terme garde dans la majorité des contextes le féminin et le


pluriel arabes. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. CHAHID,
DJOUNDI, FIDAÏ, MOUSSEBEL.

258MOUDJAHIDA, MOUJAHIDA féminin singulier


de MOUDJAHID. L’UNFA ne se limite plus aujourd’hui à la femme au
foyer et à l’ancienne moudjahida. (El Moudjahid, 12.9.78). La
Mouhafadha de la Wilaya d’Alger a la douleur d’informer les frères
moudjahidine du décès, à l’âge de 44 ans, de la sœur moudjahida B.M.,
membre de l’ALN de 1957 à 1962. (El Moudjahid, 29.8.85). « Vous
auriez dû m’enterrer vivante », sanglotait Soukayna la moudjahida sur
tous les tons. (Ben Mansour, 1990, 267). La station d’essence de son
épouse, elle-même moudjahida, devint un bureau de réclamations pour
tous les ayants-droit de chouhada. (Quotidien d’Algérie, 13.8.92). […] le
sex-appeal de la femme algérienne moudjahida, hier en battle-dress et
cadre en tailleur chic aujourd’hui. (La Nation, 28.11.95). […] mon
amertume, qui n’est autre que le sentiment douloureux d’une ancienne
moudjahida. (Le Matin, 18.7.96). […] cette moudjahida dont les
téléspectateurs algériens ont découvert le sens du dévouement et de la
résistance à travers un reportage de la télévision. (El Watan, 10.3.97).

259MOUDJAHIDATE féminin pluriel de MOUDJAHID. Les


intervenants ont appelé à méditer les exemples des femmes moudjahidate
du Fath El Islami. (El Moudjahid, 28.8.85). Les moudjahidates,
entraînées par Lala Fat’ma n’Soumeur se mêlèrent bravement aux
combattants en faisant toujours entendre des « you-you » et en jouant du
tambourin. (Oussedik, 1985, 115). Révoltées, excédées, les
moudjahidates ont manifesté à leur façon leur hostilité au FIS : en
chantant haut et fort les anachid de l’Algérie glorieuse où les femmes
combattaient jour et nuit auprès de leurs frères algériens. (El Watan,
4.1.92). Le wali a accordé un local pour les moudjahidate. (El Watan,
16.2.93). Avant de regagner le maquis, Malika aimait dire qu’elle voulait
s’y rendre à côté des moudjahidine et moudjahidate. (El Acil,
12.10.93). Imaginez un film algérien sur la guerre de Libération
nationale axé sur les moudjahidate. (La Tribune, 17.5.96).

260MOUDJAHIDINE(S), MOUDJAHIDIN,
MOUJAHIDINE masculin pluriel de MOUDJAHID. Je partis un
certain soir, après avoir fait mes adieux à tous les moudjahidines de la
Wilaya IV. (Bencherif, 1969, 48). La présence de moudjahidine qui ont
vécu ces batailles et qui apportent tout au long des journées séminariales
de précieuses informations. (El Moudjahid, 3.9.80). Les moudjahidine de
l’Armée de libération nationale ont pris les armes pour libérer le
pays. (El Djeich, 2.10.80). Il vibrait profondément pour cette guerre de
libération que les « frères moudjahidin afghans » menaient contre les
envahisseurs communistes russes. (Allouache, 1995, 86). Les chouhada
et les moudjahidine, eux, étaient des soldats de la résistance. Comment
osez-vous, Monsieur Mehri, comparer ces barbares sans foi et sans nom,
à nos glorieux martyrs et valeureux moudjahidine ? (El Watan,
2.2.95). Sur Djamal Zitouni, Haddam fera une révélation que « le frère
Abou Abderahmane Amine (pseudo de Zitouni, NDLR) a été choisi
comme le chef des moudjahidine en Algérie. » (Le Matin, 11.10.95). Le
père des Kebir et El-Hadj Ben Amar ont été des moudjahidine de la
première heure. En 1963, ils reprirent le maquis ensemble aux côtés du
FFS. (Liberté, 8.2.00).

261MOUGGAR (de l’arabe) n. m. Disponible. Foire traditionnelle au


Sahara. Le Mouggar de Tindouf est arrivé à son cinquième rendez-vous
avec des résultats tangibles. (El Moudjahid, 22.4.71). Axe de
transhumance pour les nomades du sud-ouest du pays, Tindouf a
longtemps joué le rôle de carrefour commercial qui lui confère avec la
tenue du Mouggar une place privilégiée dans les échanges interrégions
frontaliers. (El Moudjahid, 25.5.86). En ce qui concerne le « Mouggar »,
les gens qui le fréquentent sont parfaitement ciblés. (El Moudjahid,
13.4.87). V. ASSIHAR.

262MOUHAFADH, MOUHAFAD, MOUHAFEDH, MOUHAFA (de


l’arabe) n. m. (pluriel : mouhafidhine, mouhafadhs). Courant. Secrétaire
du comité régional du parti FLN, secrétaire de la mouhafadha. Il a été
accueilli à sa descente d’avion par le mouhafadh du Parti, le wali. (El
Moudjahid, 18.11.82). Il fut nommé mouhafadh-adjoint de 1971 à 1974,
enfin mouhafadh de 1974 à 1978. (Révolution africaine, 8.6.84). Le
Mouhafadh d’Adrar est très explicite et sensible au problème
politique. (El Moudjahid, 6.11.85). Une fois élu, il […] peut user de son
influence auprès du cabinet du chef de daïra ou du mouhafedh pour un
passeport pour un hadji. (Algérie-Actualité, 26.4.90). La mauvaise
gestion n’est pas seulement endogène du temps des walis et mouhafadhs
omnipotents. (Liberté, 11.1.96). Dans son intervention, le mouhafedh de
Tizi Ouzou a axé ses propos sur « la cause amazigh ». (La Tribune,
17.5.96). Arguant par ailleurs la règlementation en vigueur, le
responsable du QG du FLN a affirmé […]. Le mouhafedh de l’ex-parti
unique citera un second exemple. (El Watan, 23.3.00). V. FÉDÉRAL,
KASMA, MANDOUBIA, MOUHAFADHA.
263MOUHAFADHA, MOUHAFADA, MOUHFADHA (de l’arabe) n.
f. (pluriel : mouhafadahs, mouhafadhate) 1. Courant. Comité régional du
parti FLN. La Mouhafadha de Blida se prépare activement à l’instar des
autres Mouhafadhas. (Algérie-Actualité, 27.10.83). La campagne
d’explication a pris fin dans les 22 kasmas de la mouhafadha de la
nouvelle wilaya de Bordj-Bou-Arréridj. (El Moudjahid, 16.8.84). L’oncle
a été responsable d’une « mouhafadha du Parti », espèce de structure
locale du FLN, dans une petite ville de la Mitidja, durant de longues
années au cours desquelles lui et sa fortune ont grossi à vue
d’œil. (Allouache, 1995, 152). Les militants de la mouhafadha d’El-Oued
ont affirmé avoir été surpris par la tenue de la récente conférence des
cadres du FLN. (Liberté, 29.12.95). La coordination du FLN d’Alger
s’est insurgée hier dans un communiqué contre « l’exclusion par la
mouhfadha d’Alger d’un jeune militant ». (La Tribune, 19.2.96). Le
bureau de la mouhafadha a, pour sa part, décidé de n’assurer la
passation de consignes qu’avec la commission désignée par la base. (El
Watan, 20.7.97). C’est pourquoi les contestataires sollicitent
« l’intervention du leader du parti, Boualem Benhamouda, à l’effet de
faire revenir la mouhafadha sur sa décision ». (El Watan, 14.8.97).

2642. Courant. Siège du comité régional du parti du FLN. Après un


rassemblement devant la Mouhafadha, les autorités assisteront à une
cérémonie de recueillement au cimetière de chouhada. (El Moudjahid,
26.4.81). La mouhafadha du centre d’Alger a été détruite par les jeunes
lors des événements du 5 octobre 1988. (Algérie-Actualité, 5.12.89). Une
visite similaire a permis l’examen de réalisation des structures locales du
Parti et le lancement des travaux de construction de la nouvelle
mouhafadha et de trois kasmas. (El Moudjahid, 2.6.85). Il n’y a guère 15
jours, des citoyens avaient envahi l’APC, la semaine passée, une famille
s’est carrément installée devant la Mouhafada. (Les Nouvelles de l’Est,
18.5.91). La foule trépigne d’impatience avant de s’en prendre à ce
qu’elle considère come le symbole de ses malheurs : les locaux de
l’Office de promotion et de gestion immobilière, la Mouhafadha du FLN,
l’APC, les édifices publics […]. (Rouadjia, 1994, 319). Ce projet
pourrait voir le jour au niveau de l’ex-Mouhafada du FLN située au
boulevard de l’Indépendance. (Le Matin, 23.4.96). Le mouhafedh a
demandé aux membres des commissions de se retrouver pour
aujourd’hui samedi à la mouhafadha afin de continuer les travaux. (La
Tribune, 17.5.96). V. KASMA, MANDOUBIA, MOUHAFADH.

265MOUHAFADHATE pluriel de MOUHAFADHA. Les


mouhafadhate ont activement préparé les festivités du 1 er novembre. (El
Moudjahid, 30.10.86). Le SG du FLN, Abdelhamid Mehri, a adressé,
hier, une lettre aux membres du comité central du parti et aux secrétaires
des mouhafadhate. (Liberté, 15.1.96). Les nombreuses tournées que le
secrétaire national du FLN a effectuées auprès des mouhafadhate
semblent frutueuses. (Quotidien d’Oran, 16.12.99). Benhamouda a
verrouillé l’expression au sein du FLN en optant dans beaucoup de
kasmas et mouhafadhate à travers le pays pour la désignation pure et
simple des cadres. (Quotidien d’Oran, 16.12.99).

266MOUHAFEDH V. MOUHAFADH.

267MOUHAFIDHINE p l u r i e l d e MOUHAFADH. Un
regroupement régional des élus et mouhafidhine du FLN de neuf wilayas
de l’est du pays s’est tenu à la maison des jeunes M. Youcef à Guelma.
(El Watan, 7.10.00)

268MOUHAREM, MOUHARRAM V. MOHARRAM.


269MOUJAHID V. MOUDJAHID.

270MOUJAHIDA V. MOUDJAHIDA.

271MOUJAHIDINE V. MOUDJAHIDIN.

272MOUJTAMAÂ (de l’arabe littéraire) n. f. Disponible. Société, corps


social. Et les maux sociaux qui rongent notre moujtamaâ ne sont pas des
épouvantails pour faire peur aux bébés la nuit. (Algérie-Actualité,
23.5.91). Il faut que le moudjtamaâ réagisse contre les événements qui
l’accablent et surtout contre la cherté de la vie. (oral).

273MOUKHABARATE, MOUKHABARAT (de l’arabe littéraire) n. f.


pl. Disponible. Services de sécurité et de contre-espionnage. Mehri n’a
même pas eu la volonté de relever que les agents des « moukhabarate »
soient à l’origine des troubles de Harcha et de l’Atlas. (Algérie-Actualité,
9.5.91). On ne sait en réalité si ce patriotisme est sincère ou de
circonstance ; l’ombre des moukhabarate pourchasse chaque Égyptien
où qu’il se trouve. (Algérie-Actualité, 6.7.93). La presse marocaine,
exemplaire dans sa naïveté à l’égard des problèmes qui secouent
l’Algérie, a rapidement accusé les moukhabarate algériennes d’être les
organisateurs de l’attentat de Marrakech ! (El Acil, 21.10.94) […] la
rumeur qui faisait de Boumediene l’objet d’un contrat lancé par les
moukhabarat de Gamal Abdel Nasser. (El Watan, 19.6.94).

274MOULOUD V. MAWLID.

275MOULOUKHIYA, MOULOUKHIA, MOULOUKHYA,


MLOUKHIYA (de l’arabe dialectal) n. f. Spécialisé, oral surtout.
(Corchorus olinopus) corette, plante de la famille des crucifères. Pour
faire face au problème de semences, un carré de mouloukhya sèche sur
pied, car les cultures spéculatives ont ici aussi leur raison d’être. (El
Moudjahid, 8.1.85). […] organiser un festival en l’honneur de la steppe
ou de la « mouloukhia ». (El Moudjahid, 13.3.86). Les larges feuilles
vertes étalées à perte de vue produisent près de 1 700 q de tabac face à
14 000 q du meilleur henné du pays, suivis de près de 12 000 q de
corette, mloukhiya. (El Watan, 11.1.96).

276MOUNA, MONA (du catalan-valencien mona) n. f. Vieilli mais


disponible. Sorte de grosse brioche en forme de dôme ou de
couronne. Elles revinrent avec du vin, de l’eau-de-vie, du saucisson, de
la soubressade, du pâté, de la tapenade et de la mouna. (Mokeddem,
1992, 107). Dans cette boulangerie, […] le maître de céans jouait avec
dextérité de sa pelle enfarinée au grand manche, pour retirer, tour à
tour, les pains dorés et les pâtisseries, en particulier la « mona », cette
belle brioche d’origine espagnole faite à Pâques, qui était une de ses
spécialités et que les gens achetaient avec gourmandise. (Bensmaïne,
1996, 44). Ils nous préparaient la mona, décorée d’œufs durs peints de
toutes les couleurs. (Ben Mansour, 1997, 326).

277Com. Attesté dans Lanly, 1970, Duclos 1991.

278MOUNKAR (de l’arabe) n. m. Disponible. Mal, méchanceté. Aimer,


c’est dire la vérité, la vérité qui blesse, mais qui ne tue jamais. Le
« mounkar » doit être dénoncé. (Le Matin, 24.1.93). Si d’aventure nous
avions cautionné l’homosexualité, la sodomie et le mounkar […].
(Détective, 20.9.97). Dieu n’aime pas le mounkar. (oral). Tous ces
crimes, c’est du mounkar gratuit. (oral).

279MOUSSABIL V. MOUSSEBEL.

280MOUSSALA V. MOÇALLA.
281MOUSSEBEL, MOUSSABIL, MOUSSEBBEL (de l’arabe) n. m.
(féminin singulier : moussebila ; masculin pluriel : moussebels,
moussebiline ; féminin pluriel : moussebilate). Disponible. Combattant
qui se sacrifie volontairement, qui jure de vaincre ou de
périr. L’expédition contre la capitale de l’Est algérien a mis aux prises
les forces françaises rassemblées en septembre 1836 à Annaba et l’armée
d’Ahmed Bey qui comptait 8 900 combattants épaulés par 1 000
moussebels. (El Moudjahid, 27.8.84). Dès son rétablissement, le
moussebel repartit pour d’autres missions. (Chaïb, 1980, 68). Je suis fier
d’être moussebbel. (Ouettar, 1981, 62). Cher frère moudjahed, fidaï,
moussebel, détenu. (El Watan, 1.11.95). Il était moussebel (note : agent
de liaison), un membre actif de l’effort de guerre, certes dans les
coulisses, encore au stade de la figuration, mais déterminé à donner le
meilleur de lui-même pour soustraire le pays à la dictature des uns et à
la boulimie des autres. (Khadra, 1999, 161).

282Com. Attesté ds Lanly 1970. V. DJOUNDI, FIDAÏ, MOUDJAHID.

283MOUSSEBILA féminin singulier de MOUSSEBEL. Le rapport


évoque le rôle de la femme (mère de famille, infirmière, moussebila
durant la Révolution armée) et la mission des fidayine et des
moussebiline. (El Moudjahid, 19.12.85).

284MOUSSEBILATE, MOUSSABILATE féminin pluriel


de MOUSSEBEL. Volontairement les femmes sont devenues militantes,
moudjahidate, moussabilate. (El Hadef, 4.11.84). Quant aux
moussebilate, nous avions Djamila Bouhired, Djamila Bouaza, Djamila
Boulacha, Akrour Djaouhar, Baya Hocine pour ne citer que les plus
connues qui ont donné le meilleur d’elles-mêmes. (Aniba, 1991, 72).
285MOUSSEBILINE masculin pluriel de MOUSSEBEL. Des
moussebiline, volontaires de la mort, se font attacher les uns aux autres
dans le retranchement montagneux et se battent jusqu’au dernier
homme. (Akkache, 1972, 15). Cette première mission accomplie, les trois
moudjahidine ont été de nouveau chargés par l’ALN d’une seconde
opération consistant à mobiliser davantage de citoyens et de
« moussebiline », avant d’assigner au groupe, ainsi renforcé d’une
trentaine de moudjahidine, l’objectif principal, à savoir des actions
militaires contre les forces coloniales installées dans le Souf. (El Acil,
18.1.96).

286MOUSSELSEL (de l’arabe) n. m. Disponible. Feuilleton de


télévision. Quant à nous, nous aurons tout le temps de nous morfondre
devant notre télé diffusant mousselsel sur mousselsel. (Liberté,
2.2.95). Chaque soir, à l’heure sacro-sainte du mousselsel, les lumières
s’éteignent dans les chaumières. (Achir, 1997, 21).

287MOUSSEM, MAOUSSEM, MAOUSSIM (de l’arabe) n. m.


Disponible. Fête célébrant un événement culturel, religieux ou le
changement de saison. Devant le flux des visiteurs, venus assister au
maoussem de printemps, les autorités locales étaient obligées d’ouvrir le
tout nouvel hôtel « Louss » pour le fermer à la fin des festivités. (El
Watan, 15.4.93). Elles rencontraient de nombreuses connaissances qui
venaient aussi faire leurs visites rituelles du vendredi et des moussems.
(Bensmaïne, 1996, 98). Le maoussem – 27-29 décembre 1995 – a offert
cette opportunité sans trop de succès. […] C’est en son honneur que la
fête du maoussem a lieu. […] La fête du maoussem fait revenir à la
surface tous les problèmes dont souffre Taghit. (La Tribune,
23.1.96). Ainsi, au 3e maoussem qui a coïncidé avec un séminaire sur la
médecine du travail, le café-bar a fermé boutique en début de soirée. (La
Tribune, 23.1.96). Ce festival, organisé en coordination avec la Direction
de la culture, sera suivi par « maoussem Sidi El-Houari » qui s’inscrit
toujours dans cette perspective de faire connaître la culture de cette
région du pays. (L’Authentique, 5.8.97). Autant dire que tout le travail du
« Maoussem Sidi El-Houari » version 88, tout comme celui des
nombreuses autres rencontres scientifiques, n’ont été que des coups
d’épée dans l’eau. (L’Authentique, 5.8.97). Le tourisme doit dépasser le
cadre des festivités d’un maoussim qui a perdu de sa substance. (El
Watan, 4.3.01).

288MOUSSIBA (de l’arabe) n. f. Disponible. Calamité, malheur. Lui,


c’est un homme. C’est lui qui épousera les femmes et non le contraire. Tu
n’es qu’une moussiba, ma fille. (Belamri, 1982, 162). Ma tante hocha la
tête et conclut : – La pauvre petite est morte et son père est repris. –
Quelle moussiba pour cette famille, se lamentait ma mère. (Zinaï-Koudil,
1984, 111). O. B. pense que l’amour est une « moussiba » pire que la
drogue. (Algérie-Actualité, 29.8.91). Le multipartisme ! Une moussiba
pour l’Algérie et pour longtemps encore. (oral).

289MOUTABARIJATE, MOUTABARIDJATE,
MOUTABARIDJATES pluriel de MOTABARIDJA. Kamis et barbe,
foison de khimar, djellab et chapelet, les « moutabaridjate » sont si rares
que l’on s’étonne d’en voir une. (Algérie-Actualité, 27.6.91). Quelques
« moutabarijate », une rose à la main, quelques barbes arrogantes mais
surtout des étudiants qui ont déserté leurs amphithéâtres. (El Watan,
9.5.94). Je parle des femmes, les moutabaridjates, sauf le respect que je
vous dois, qui refusent de porter le voile. (Khelladi, 1998 178).

290MOUTAHADJIBA (de l’arabe littéraire) n. f.


(pluriel : moutahadjibate, moutahadjibete(s)). Courant. Femme portant le
voile, le hidjab. Pour Amel, « sœur musulmane » de 18 ans, la
fréquentation est le seul moyen qui peut décomplexer les lycéens. Même
étant « moutahadjiba », j’avais un copain que j’ai connu par téléphone.
On se voyait seulement de loin, en sortant du lycée. (Algérie-Actualité,
29.11.90). La « moutahadjiba » presse le pas, elle veut rentrer avant la
nuit. (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92). Bien sûr, la moutahadjiba, voilée
obligatoirement, se dévoile quand elle sort de son fief, elle ruse à son
tour. (L’Hebdo libéré, 27.4.94).

291Com. Néologisme des années 80. V. HIDJABISÉE, OUKHT,


SOEUR MUSULMANE.

292MOUTAHADJIBATE, MOUTAHADJIBETE(S) pluriel


de MOUTAHADJIBA. […] des photos d’identité particulières aux
moutahadjibetes. (Le Nouvel Hebdo, 21.11.90). Une autre sort d’un
groupe de « moutahadjibate » : « Nous sommes très bien, nous sommes
très contentes ». (Algérie-Actualité, 29.11.90). Elles ne sont pas
« moutahadjibetes », ou pas encore, vu que la photo est datée de 87. (Le
Jeudi d’Algérie, 30.7.92). Depuis une semaine, des moutahadjibate
sillonnent par groupes de trois ou quatre les artères de la ville et
profitent de l’absence des hommes de la famille pour pénétrer les
domiciles. (Le Matin, 18.9.95).

293MOUTAOUEF, MOUTAOUF, MOUTAWIF (de l’arabe) n. m.


(pluriel : moutaouefs, moutawifin). Disponible. Guide officiel des
pèlerins, qui les prend en charge au cours de leur séjour aux Lieux saints
de l’Islam. À la cité des pèlerins, vous êtes répartis en groupes sous la
conduite d’un moutaouef qui va rester à votre disposition durant tout le
pèlerinage. (El Moudjahid, 22.8.77). À ces difficultés s’ajoutent les
problèmes de logement des pèlerins, de l’eau potable, les contrats avec
les moutaouefs. (El Moudjahid, 1.12.82). Quant au pèlerin qui optera
pour la formule libre, il choisira lui-même son moutaouf à Mecca […]
(El Moudjahid, 23.2.83).

294Com. Attesté ds IFA.

295MOUTAWIFIN, MOUTÂWIFINE pluriel


de MOUTAOUEF. L’unité médicale de La Mecque comprend 13
centres répartis au niveau des « moutawifin ». (El Moudjahid,
14.9.83). Beaucoup de pèlerins analphabètes ont rencontré de grandes
difficultés à l’accomplissement des rites, faute de moutâwifine,
particulièrement ceux qui ont été envoyés par le Ministère des Affaires
religieuses, en nombre extrêmement insuffisant. (La Nation, 2.7.96).

296MOUTON DE L’AÏD n. m. 1. Disponible. Mouton que l’on sacrifie


à l’occasion de la fête du sacrifice (Aïd El Kébir). Qu’on aille, pour voir,
acheter une vache ou même son mouton de l’aïd. (Feraoun, 1968,
79). Hadj lui a répondu : « Dégage, si tu ne veux pas que je t’égorge
comme le mouton de l’Aïd ». (El Moudjahid, 17.4.85). Suspendre le
sacrifice du mouton de l’Aïd pour une période de deux ans au moins pour
permettre le renouvellement du cheptel et arrêter l’importation de la
viande. (El Moudjahid, 30.3.86). Il s’empara du boussadi, le couteau des
hauts plateaux qui servait, du vivant de son père, à égorger les poules et
plus rarement, le mouton de l’Aïd. (Allouache, 1995, 106). Le mouton de
l’Aïd dépassera le seuil des 20 000 DA, sur place et de première
main. (El Watan, 7.2.00). D’autres citoyens ont fait le déplacement plutôt
par curiosité que par envie d’acheter le mouton de l’Aïd. (Quotidien
d’Oran, 15.3.00). Le mouton de l’Aïd fera payer sa peau. (Titre
d’article, Quotidien d’Oran, 28.2.01).
2972. Disponible. Au fig., victime sacrifiée. Nos instituts doivent se
consacrer à l’étude des prix et leurs effets sur la bourse du
consommateur parce qu’il est inadmissible que celui-ci devienne le
« mouton de l’aïd ». (El Moudjahid, 16.12.1984). Nos enfants ne doivent
être les moutons de l’aïd d’une politique qui ne vaut rien du tout ! (oral).

298MOUTONNIÈRE n. f. Disponible. Surnom de l’Avenue de l’ALN à


Alger. Sur la « moutonnière » au moins, le suspens ne dure qu’un
temps. (El Moudjahid, 6.10.83). Nous n’avons jamais compris pourquoi
on appelle l’avenue de l’ALN « route moutonnière »… (El Moudjahid,
31.5.84). Embouteillages monstres, rives de la Seine fermées à cause de
la montée des eaux, bref, la « moutonnière » ce n’est rien à côté. (El
Moudjahid, 17.2.84). En libérant la « moutonnière », il y a quelques
mois, on a transféré les « bouchons » au carrefour de Dar El
Beida. (Algérie-Actualité, 13.6.85).

299MOZABITE, MOUZABITE (de l’arabe) n., adj. Disponible.


Personne originaire du M’zab (Sud algérien). […] Enfin des Barrani,
gens de l’intérieur, tels que Biskris, Mozabites, Noirs. (El Moudjahid,
21.6.85). Lellahoum, qui aimait coudre et broder, ne manquait pas
d’entrer dans l’antre profond où trônait derrière le comptoir ciré, dans
un camaïeu d’austères pénombres, le maître de céans, Si Brahem le
mozabite. (Bensmaïne, 1996, 38). On entendit le mozabite, épicier de son
état, un délire de mocheté consanguine dont l’atavique avarice, mystique
chez ces fondamentalistes de l’épargne, n’avait jamais été prise en
défaut […] (Sansal, 1999, 96). Chaque mois, Grand-mère achetait un sac
de 100 kilos de blé dur chez le Mozabite qu’on appelait aussi el
pharmacienn parce qu’il était inflexible sur les prix, ne tolérait ni
marchandage ni crédit. (Mokeddem, 1999, 34). […] l’organisation
traditionnelle de la société mozabite. (El Watan, 7.2.00). Il propose une
sorte de décryptage des motifs du tapis du M’zab : « La gandoura
mouzabite est l’ensemble de tous les symboles de la vie quotidienne du
M’zab reportés sur le tapis. » (El Watan, 8.2.00). Un taxieur nous a
raconté l’histoire du mozabite assassiné à Ghardaia au cours de l’année
passée par un Malien auquel il a refusé de payer le dû de plusieurs jours
de labeur. (El Watan, 2.3.00).

300M’RABET (de l’arabe) n. m. (pluriel : m’rabets, m’rabtine).


Disponible. Homme pieux et saint consulté pour ses multiples dons. Les
talebs, cheikhs, m’rabets des zaouiate l’aideront à maudire tout sauf la
réalité […] Je suis fou d’avoir osé défier la puissance du m’rabet qui
était aussi président de l’APC. (L’Unité, 15.6.78). Croyant comme toutes
ses semblables à la baraka qu’avait ce « m’rabet », ma mère n’hésita
pas à m’envoyer le consulter. (Boutarène, 1982, 132). Je ne suis pas
chérifienne et petite-fille de mrabets pour rien ! Je me jurais de leur
montrer de quoi sont capables les filles des Hommes, des Illustres. (Ben
Mansour, 1990, 57). C’est la fin du Monde ! Il n’y a plus de respect ni
pour les Chorfas, ni pour les Mrabets. (Ben Mansour, 1990, 57). Les
grands m’rabet que nous avons longuement priés n’y sont pas
parvenus. (Mokeddem, 1992, 209). Le mrabet conquit l’âme des tribus
targuies. (Algérie-Actualité, 27.4.93). V. CHEIKH, DERWICHE,
MARABOUT, TALEB.

301M’RABTINE pluriel de M’RABET. Les premiers élèves-


instituteurs sont, en grande proportion, des fils de m’rabtine de
Kabylie. (El Moudjahid, 10.4.86).

302M’SALLA V. MOÇALLA.

303MSID V. M’CID.
304MTH (sigle de Maladie à Transmission Hydrique) n. f. Disponible,
intellectuels. Maladie à transmission hydrique. Le commerce, les prix et
la situation épidémiologique sur les maladies à transmission hydrique
(MTH) sont les principaux sujets traités lors d’une réunion de travail à la
wilaya de Mostaganem. (La Tribune, 11.1.95). Toutes les caves sont
infectées du fait de la remontée des eaux usées avec la prolifération de
tous types de maladies, notamment les MTH. (Liberté, 31.1.01). À voir
les rapports des services de l’hydraulique, les risques de MTH (maladies
à transmission hydrique) ne sont pas loin de représenter un
syndrome. (Quotidien d’Oran, 7.2.01). Jijel : les HTM en
hausse [Titre]. C’est que chaque année, le dossier des maladies à
transmission hydrique (MTH) qui, au demeurant n’est pas clos, est
réactivé. (El Watan, 3.3.01). Les égouts d’évacuation déversent dans les
différents coins de Tlata, ce qui constitue un terrain fertile pour
l’apparition des MTH. (Quotidien d’Oran, 4.3.01).

305Com. Les principales MTH sont la typhoïde, la dysenterie et


l’hépatite A. V. CROSS-CONNEXION.

306M’TOURNI, M’TORNI (de l’arabe dialectal) n. m. Vieilli mais


disponible. Renégat, musulman assimilé aux Français. Le recours à la
langue française n’arrangea pas les choses ; il passa pour un pédant, un
« m’tourni ». (Boutarène, 1982, 259). Va dire, après cela, que je suis un
m’tourni, un rénégat… comme tu me l’as fait comprendre une
fois. (Ouahioune, 1980, 38). Lui au moins, disait-on, restait fidèle aux
traditions alors que son concurrent s’en affranchissait allègrement et
méritait le qualificatif de « m’tourni ». (Boutarène, 1986, 145). Alors,
dur, le mot qui court à Alger (que de bonnes âmes lui auraient rapporté)
et qui le qualifie de « m’tourni », de naturalisé. (Algérie-Actualité,
26.4.84). C’était la plus grande période de l’assimilation à l’occupant
prônée par beaucoup de « m’torni ». (Benmiloud, 1992, 123).

307Com. Le terme semble être d’origine française « celui qui a tourné »,


emprunté par l’arabe dialectal. Attesté ds Duclos 1991. V. KAFER.

308MUEZZIN (de l’arabe) n. m. Courant. Dignitaire religieux


musulman attaché à une mosquée et dont la fonction consiste à appeler du
minaret les fidèles à la prière cinq fois par jour. Une multitude de
muezzins se mirent à égrener d’une voix très douce l’appel à la prière
tout autour de moi. (Mammeri, 1978a, 129). Et dire. Qu’au chant du
muezzin. Elle s’est levée. (Mehadoui, 1982, 25). La voix du muezzin de la
mosquée de Derb Sessoufa s’éleva dans le soir, appelant les croyants à
la prière. (Ben Mansour, 1990, 244). La voix du muezzin, à moitié noyée
dans la rumeur confuse du douar, leur parvient (Mokeddem, 1992,
186). Fini le minaret, sommet réservé à Si Yahya, l’un des premiers
muezzins de la mosquée du temps où les haut-parleurs n’existaient pas
encore. (El Acil, 1.10.93). R. A., 27 ans, muezzin à la mosquée de Hassi
Bounif (Oran), après avoir appelé les fidèles à la prière d’El ichaâ, le 21
septembre 1994, s’est reconverti le soir même en dangereux
brigand. (Liberté, 27.12.95). Le silence s’installe pendant environ une
demi-heure jusqu’à l’appel du muezzin, très vite remplacé par le
tintement des cuillères sur les bols de hrira. (El Watan, 4.1.00).
V. IMAM, MUPHTI.

309MUFTI V. MUPHTI.

310MULTILATÉRALE n. f. Disponible. Rencontre entre plusieurs


partenaires (par ex. les représentants de la présidence de l’État et ceux des
partis politiques). Apparemment, la coalition qui s’était constituée lors
des multilatérales n’avait appréhendé la crise politique actuelle qu’à
travers le prisme du FIS. (El Watan, 11.10.94). L’accord qui sera finalisé
lors des multilatérales représenterait le consensus minimal entre tous les
partis. (El Acil, 9.10.94). Un certain nombre de partis seront tentés de
boycotter les multilatérales, voire la conférence nationale. (Le Matin,
17.5.96). Le FFS voudrait « connaître au préalable les objectifs, les
modalités et les partenaires et comment se prendront les décisions »
avant de se prononcer sur sa participation aux multilatérales. (Liberté,
27.5.96). Il n’y a pas eu d’absents à l’appel lors des multilatérales
organisées par la présidence de la République. (Le Matin, 22.7.96). Le
doute qui s’est installé depuis quelques jours sur les multilatérales et sur
l’hypothèse d’une issue à la crise est devenu typique de la crise politique
en ce pays. (La Nation, 23.7.96). La rencontre bilatérale d’hier, à
laquelle ont pris part MM. Abderrahamne Belayat et Amar Tou, aux
côtés de leur SG Boualem Benhamouda, a fini par vaincre les réticences
du FLN, apparues lors des multilatérales. (Liberté, 8.8.96).
V. BILATÉRALE, TRIPARTITE.

311MULTIPARTISME n. m. Courant. Pluripartisme. Le mythe du FLN


et son rôle de rassembleur de la nation rendent tout débat sur le
multipartisme stérile. (Révolution africaine, 11.8.85). Le multipartisme, il
y croyait puisqu’il avait été parmi les premiers à créer un parti. (Liberté,
28.6.94). Il va être concrétisé, et peut être limité, dans le multipartisme,
et dans l’élection d’une assemblée nationale législative de façon
« propre ». (Benmiloud, 1992, 73). Préserver le pluralisme politique et
le multipartisme dans le cadre de l’unité nationale… (Plate-forme du
R.P.N, juin 1992, 5). Il [Chadli] promulgua une constitution qui
instaurait le multipartisme, non sans avoir pris la précaution préalable
de se faire réélire de façon anticipée. (Mimouni, 1993, 82). Ces
pratiques ont été reproduites assez souvent après l’avènement du
multipartisme par des hommes occupant de lourdes responsabilités. (El
Watan, 18.12.95). Avec l’avènement du multipartisme, c’était à Saïd
Saadi de se démarquer du parti d’Aït Ahmed. (El Ouma, 14.8.95).

312MUPHTI, MUFTI (de l’arabe classique) n. m. Disponible.


Théoricien et interprète du droit canonique musulman, qui remplit à la
fois des fonctions religieuses, judiciaires et civiles. Je vais frapper chez
le mufti, et lui montrer mes pieds nus. (Yacine, 1976, 95). Les imams et
les muphtis ont rappelé les événements de cette journée historique. (El
Moudjahid, 9.5.77). Il existait dans le village un autre pontife : le muphti
imam que les enfants ne pouvaient voir qu’à l’occasion des
fêtes. (Boutarène, 1982, 105). Elles croisèrent de nombreux enfants, les
bras chargés de vêtements et de nourriture destinés aux nécessiteux ou
confiés au mufti de la mosquée qui se chargerait de les répartir. (Ben
Mansour, 1990, 152). Brahim est un licencié en sciences islamiques,
improvisé mufti des assassins. (L’Authentique, 10.11.95). […] les
divergences apparues ces derniers moments entre l’ex-mufti de l’AIS et
l’artisan de l’accord conclu entre le pouvoir et l’AIS. (La Tribune,
26.12.99). Ferfar, mufti du GIA, bientôt devant les juges. (Titre, Liberté,
6.2.00).

313Com. Attesté ds GR, TLF. V. IMAM, MUEZZIN, OULÉMAS.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


NA’ASSA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Bijou traditionnel des Aurès. La
na’assa est un ornement de la coiffure. Elle se compose d’un triangle
orné de fils torsadés, quatre cabochons de verre rubis
l’éclairant. (Benouniche, 1982, 47). Sa grand-mère lui a offert une
na’assa très ancienne. (oral).
2NABAOUI (de l’arabe) adj., n. m. Spécialisé. Style de musique
traditionnel glorifiant le Prophète Mohamed. Poète d’une imagination
peu commune, Benkhallouf a embrassé plusieurs thèmes, notamment des
poèmes sur le nabaoui, les contes et événements historiques. (El
Moudjahid, 6.4.82). Toutefois, il y a des projets de nouvelles chansons
avec poèmes de style nabaoui ou waqti (actuel). (El Watan, 15.5.91). Il
chante merveilleusement le nabaoui. (oral). V. MAWLID
ENNABAOUI.

3NABI (de l’arabe) n. m. Disponible. Prophète. […] les deux figures,


l’homme de la vocation et le simple illuminé vont évoluer ensemble dans
l’histoire de cette époque qui réservera sa faveur à un
« nabi ». (Bennabi, 1986, 37). C’est le second Nabi mentionné après
Adam, le premier étant son arrière-grand-père Idriss. (El Acil,
28.2.93). Nabi Mohamed, que le salut soit sur Lui […]. (oral).

4NACHID (de l’arabe) n. m. (pluriel : anachid). Disponible. Chant


patriotique national, chant ou poème à la gloire des combattants et de
l’Algérie durant la guerre d’indépendance. Le Nachid « Tahia El
Djezaïr » éclate dans un concert de chants, de mouvements
d’ensemble. (El Moudjahid, 6.7.84). Chants patriotiques, satires
musicales ou simplement un nachid composé sur le champ de bataille, les
compositions sont chantées en chœur même par les petits enfants dans les
campagnes, les villes et les mechtas. (El Moudjahid, 10.12.84). Les vieux
kechefs […] se souviennent des moments où, pour la première fois, ils
chantèrent du haut des montagnes de Tlemcen le nachid « Min
djibalina ». (El Moudjahid, 10.8.88). L’école fondamentale a « oublié »
d’inclure dans son programme certains nachids, tels que Watani et
Biladi Biladi. (L’Authentique, 10.8.95). V. MIN DJIBALINA.
5NACHRA, NECHRA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Cérémonie magique
où les femmes sont exorcisées. Il [le taleb] recommande une bonne
« nechra ». Pour cela il ordonne de sacrifier un poulet couleur « fleur
de fèves » âgé d’un an. (Boutarène, 1982, 102). Tous les mois en
moyenne, j’assiste à une nechra à Constantine […] Chez nous dans le
Constantinois, toutes les graves maladies trouvent remède dans les
nechras. (Toualbi, 1984, 56). Il faut lui organiser une nachra pour la
guérir de son mal qui est surtout psychologique. (oral).

6Com. Pratique ancienne spécifique aux femmes constantinoises qui


consistait à satisfaire périodiquement, une fois l’an, les djnouns qui
cohabitent avec les humains. Cette cérémonie s’accompagne de danses
rituelles et d’offrandes d’aliments aux « esprits » qui habitaient certains
lieux typiques de la ville de Constantine. V. HADRA, OUADA,
ZERDA.

7NADHAR, NADHER, NADHIR, NODHAR (de l’arabe) n. m. 1.


Disponible, écrit surtout. Administrateur de la nadhara,
fonctionnaire chargé par l’État de promouvoir, d’orienter et de contrôler
les activités des mosquées. Le ministre des Affaires religieuses a souligné
que le nadhir est un représentant du ministère au sein de la
wilaya. (Horizons, 20.10.93). Cette réunion qui a regroupé les directeurs
des instituts de formation de cadres religieux et les nodhars venus des
quatre coins du pays, a également porté sur le décalage de la prière du
vendredi, les biens waqf, l’enseignement coranique et les
zaouias. (Liberté, 2.5.94). Le nadhar des Affaires religieuses de la wilaya
de Ouargla a rappelé quelques aspects de la vie du Prophète. (El
Moudjahid, 10.8.95). Le nadhar, dans une allocution a mis en relief
l’importance du mois sacré de Ramadhan. (Liberté, 27.12.95). Le nadhar
des affaires religieuses a indiqué que des concours religieux sont prévus
pour les récitants de Coran de tous âges. (Liberté, 12.1.96). Concernant
les mosquées, nous avons, dès le mois de janvier, réuni les nadhers de
wilayas pour leur dire que l’intérêt de l’Islam et celui de l’Algérie
commandent que ces lieux redeviennent des sanctuaires de daâwa, de
rahma et de tolérance. (Liberté, 8.4.97).

82. Disponible. Censeur des établissements du second cycle de


l’enseignement. Après quelques années passées au poste de surveillant
général, il est enfin promu nadher au sein du même
établissement. (L’Authentique, 9.5.94). L’association des parents
d’élèves du lycée El Ghomrani a posé plainte contre le nadhar de
l’établissement pour coups et blessures. (El Acil, 4.8.95).

9NADHARA, NIDHARA (de l’arabe) n. f. Disponible. Administration


dépendant du ministre des Affaires religieuses et chargée d’orienter, de
promouvoir et de réguler toutes les activités religieuses des
mosquées. Un décret exécutif, signé par le chef du gouvernement, institue
la nidhara sur les mosquées. (Algérie-Actualité, 2.5.91). On a affaire à
un ministre de « combat » […] et qui défend bec et ongles les
prérogatives des nidharas. (Le Jeudi d’Algérie, 6.8.92). La nidhara des
affaires religieuses de Batna a établi, à l’occasion du mois sacré de
Ramadhan, un programme de manifestations riche et varié. (El Acil,
10.2.93). Quatre classes pilotes pour l’étude du Coran ont été créées
dernièrement, à Khenchela, indique-t-on auprès de la nadhara de la
wilaya (El Acil, 11.10.95). La nadhara a également programmé, les 15 et
16 janvier, deux conférences au profit des récitants de Coran, des imams,
afin de vulgariser le programme. (Liberté, 12.1.96). La nadhara des
Affaires religieuses d’Oum El-Bouaghi a organisé, dernièrement, à la
Maison de la culture « Nouar Boubakeur », une journée d’étude sur « le
prêche du vendredi, son élaboration et son contenu ». (El Acil,
24.5.96). L’autre problème dont se plaint la nidhara des Affaires
religieuses d’Oran, concerne le détournement des parcelles de terrains
réservées préalablement à la construction de mosquées. (Quotidien
d’Oran, 5.2.00).

10NADHER, NADHIR V. NADHAR.

11NADI (de l’arabe) n. m. (pluriel : nawadi). Disponible. Club, centre


culturel, cercle d’activités culturelles. On y créa, sur l’initiative de mon
ami l’adel de la mahakma, le premier nadi tébessien. (Bennabi, 1965,
203). Les trois nadis réservés aux jeunes filles fonctionnent avec 226
jeunes apprenant la couture, la cuisine, la puériculture, la broderie et
l’éducation générale. (El Moudjahid, 19.5.77). Les festivités marquant
cette grande journée ont débuté jeudi matin à Ouargla au « Nadi du
Moudjahid ». (El Moudjahid, 1.11.85). Une exposition photos sur la
protection de l’environnement et des forêts s’est tenue récemment au
Nadi Chabab de Sebdou. (El Moudjahid, 14.4.87). L’association des
Ulémas se réunit au Nadi El Ittihad en juin 1936 sous la présidence de
Cheikh Ben Badis. (El Moudjahid, 15.6.88). Une de ses premières
décisions fut d’affecter le nadi (club) de notre organisation où nous nous
réunissons, à un officier de police. […] Après maintes démarches, le nadi
nous fut restitué. (El Watan, 11.4.97).

12NAËL V. NAÏL.

13NAGHARISTE (terme de formation hybride arabe nagharat + suff.


français -iste) n. m. Spécialisé. Instrumentiste qui joue de la
nagharat. Mon oncle Mahmoud était un naghariste virtuose. (Bennabi,
1965, 55). Le naghariste de cet orchestre est aussi chanteur. (oral).
14NAGHRAT, NAGHARAT (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Instrument de
musique traditionnel qui se compose de deux tambourins montés sur un
fût en bois. J’aurais surtout voulu apprendre de lui la « nagharat », ces
deux tambourins jumelés sur un fût en bois sur lesquels on joue avec des
baguettes. (Bennabi, 1965, 54). Ali est un virtuose de la naghrat. (oral).
V. NAGHARISTE.

15NAHDA (de l’arabe, littéralement, « réveil ») n. f. 1. Disponible.


Renaissance musulmane. Cela est surtout vrai dans une ville qui a vu
naître Ben Badis, le père de la Nahda algérienne et le précurseur de la
révolution culturelle. (El Moudjahid, 4.5.77). C’était l’époque de la
« Nahda », et ces écrivains étaient non seulement des novateurs
littéraires, mais les pères spirituels de l’effervescence politique. (El
Moudjahid, 25.5.77). L’histoire des S.M.A. s’identifie avec celle de la
Nahda culturelle et socio-politique qui a réveillé les Algériens, surtout
autour des années trente. (El Moudjahid, 1.11.84). […] les
« réformistes », ces ulémas qui relancèrent l’idée de la Nadha (note : la
renaissance arabo-musulmane) en Algérie et participèrent ensuite au
mouvement nationaliste. (Sigaud, 1991, 118). Ses contacts avec quelques
artisans de la nahda l’emplirent d’espoir et d’enthousiasme. (Mokeddem,
1992, 37). Les événements de 88 ont entraîné une véritable Nahda en
politique. (oral).

162. Disponible. Nom d’un mouvement islamiste. Dans une interview


accordée au journal EL ATLAS, Djaballah, le leader de la formation
islamiste Nahda, appelle à l’abrogation de la loi antiterroriste. (El Acil,
28.4.93). Les militants de Nahda sont au congrès de Constantine. (oral).
V. NAHDISTE.
17I. NAHDISTE (terme de formation hybride arabe nahda + suff.
français -iste) adj., n. Disponible. Militant du mouvement islamiste
« Nahda ». Quant à l’utilisation du terme « terrorisme », M. Djaballah
précise que les nahdistes n’ont pas de parti pris, et utilisant le mot
« terrorisme » comme ils utilisent le mot « violence ». (El Acil,
28.4.93). Les nahdistes vont certainement boycotter les élections
présidentielles au nom du groupe de Rome. (Liberté, 21.9.95).

18II. NAHDISTE (terme de formation hybride arabe nadh + suff.


français -iste). Disponible. Membre du club sportif « Nasr Hussein
Dey ». Les poulains de Ifticene ont su concrétiser la première occasion
qui leur était offerte. La défense nahdiste n’ayant pas bien joué la
ligne. (El Acil, 28.4.93). La participation algérienne pour cette
édition [championnat d’Afrique de volley-ball] sera a priori sans illusion
car les nahdistes ne dominent plus le championnat. (El Watan,
25.4.94). Le message est bien passé au sein des joueurs nahdistes qui ont
évolué les nerfs à fleurs de peau. (El Watan, 3.3.01).

19NAHIA (de l’arabe) n. f. et adj. (pluriel : nahyate, nahias) 1. Vieilli


mais disponible. Secteur d’une région militaire (wilaya) de l’ALN au
moment de la guerre d’indépendance. La stèle commémorative se dresse
à proximité de l’ancien poste de commandement de la Nahia I. (El
Moudjahid, 2.4.82). Le premier jour de Ramadhan de l’an 1956, nous
étions au douar Ouled Djemaâ dépendant de la nahia de Collo. Le
nombre de combattants de cette nahia était de 40… J’ai été chargé par le
responsable de la nahia de Skikda de commander une katiba de 110
djounoud. (El Moudjahid, 1.11.83). L’ensemble des wilayas, selon le
découpage du FLN, a été touché et des camps de regroupement ont été
organisés dans toutes les nahia. (El Moudjahid, 31.10.86). Avec un
noyau de fidaïs qui avaient pris le maquis depuis longtemps et qu’ils
firent venir des autres régions (nahias), il constitua les premières régions
(nahias) à l’intérieur de la ville. (El Acil, 29.4.97).

202. Disponible. Instance, structure régionale de l’organisation nationale


des anciens combattants (moudjahidine) qui se compose de kasmas. Les 2
269 moudjahidine structurés dans les cinq kasmas de la nahia de Batna
se sont présentés devant les urnes. (El Moudjahid, 24.4.78). Une
commission de contrôle à l’échelle wilaya ou nahia serait à même
d’assainir notre organisation. (El Moudjahid, 7.5.78). La nahia des
moudjahidine de la wilaya de Blida et l’APC de Koléa ont commémoré le
27e anniversaire de la mort de S. Boudjemaâ. (El Moudjahid, 18.4.83). Il
propose à ce que le chef de notre daïra passe au rang de wali et ce, au
nom des moudjahidine et des enfants de chouhada de la nahia de Bab El-
Oued. (El Watan, 11.4.97).

213. Disponible. Siège de la nahia des anciens combattants


(moudjahidine). Devant la lenteur manifestée pour l’examen de mon cas,
je me suis déplacé à la Nahia de Sidi Aich. (El Moudjahid, 19.1.86). Il a
promis de m’attendre devant la nahia mais il n’est jamais
venu. (oral). Certaines nahias n’ont pas été épargnées par les
manifestants du 5 octobre 88. (oral).

22Com. Attesté ds Lanly 1970. V. KASMA, MENTAKA,


MOUHAFADHA.

23NAHNAHIEN, NE (terme de formation hybride, nom


propre Nahnah et suff. français -ien) adj. Disponible. Relatif au leader
politique islamiste Nahnah. Apparemment tout le monde a compris cela,
sauf … le HCE qui croit (fait semblant ?) les mensonges
nahnahiens. (L’Hebdo libéré, 27.4.93). La « menace nahnahienne »
semble aussi expliquer la réaction de la CEN de l’UGTA qui a déploré le
manque d’envergure des candidats qui se sont présentés, sous-entendant
par là qu’ils seront incapables de s’opposer efficacement au candidat
intégriste. (Le Matin, 18.9.95).

24NAHYATE pluriel de NAHIA. La préparation du séminaire national


sur l’écriture de la Révolution de Novembre a constitué le thème de la
réunion de travail tenue au siège du Parti en présence des responsables
des nahyate des moudjahidine et des secrétaires de kasmas des
municipalités de la wilaya. (El Moudjahid, 8.10.84).

25NAÏ V. NAY.

26NAÏL, NAËL (de l’arabe) n. m. Vieilli et spécialisé, écrit. Chaussure


traditionnelle, sorte de sandale faite d’une semelle fixée sur le pied par
des lanières de cuir ou de laine. Notons également des figures peu
compréhensibles, des contours de naïls. (Hoggar, 1956, 42). Les
contribuables canalisés par un chaouch pénétraient un par un dans le
bureau de perception, ôtaient leurs naëls. (Boutarène, 1982,
120). Innombrables promenades dans les dunes, les pieds chaussés de
larges naïls. (El Moudjahid, 13.4.82). Stature haute, allure fière, le
visage caché par un taguelmoust […] les pieds chaussés par le
naïl […]. (Algérie-Actualité, 14.4.83).

27Com. Attesté ds Lanly 1970.

28NAKH, NEKH (de l’arabe) n. m. Spécialisé, écrit. « Danse des


cheveux », danse traditionnelle féminine du sud du pays accompagnée de
mouvements de chevelures d’avant en arrière. Vous découvrirez la
fameuse danse, le « nakh »… (El Moudjahid, 1.8.85). Les jeunes filles à
peine pubères aux chevelures de jais tombant à la taille dansaient le nekh
sur les dunes […] Les jeunes filles dansent avec des gestes gracieux de
leur cou languide, fragile, rejetant leurs chevelures d’avant en arrière
debout, puis à genoux. Habillées de « houli » et de bijoux d’argent, le
nekh, la danse qui se perd. (El Moudjahid, 15.9.85). Cette danse des
cheveux ou nakh […] consiste à voir défiler des groupes distincts de part
et d’autre, de jeunes filles. (El Moudjahid, 3.7.86).

29NAKIB (de l’arabe) n.m. Disponible. Grade militaire correspondant au


rang d’adjudant. Plusieurs familles Oussra sont sous la responsabilité du
« sergent », lui-même placé sous le commandement des « nakib »
assistés de lieutenant qui dirigent les « ligues » qui essaiment un peu
partout. (L’Hebdo libéré, 15.4.93). Pendant l’instruction militaire, le
nakib est la bête noire de toutes les nouvelles recrues. (oral).

30NANNA, NANA (de l’arabe) n. f. Disponible. Appellatif respectueux


pour une femme plus âgée. Ce terme de « nanna » que l’on réserve aux
aînées auxquelles on marque le respect incommodait ma grand-mère ;
elle interprétait cela comme un trop-plein de considération envers sa
bru. (Mouzaia, 1994, 38). [Les filles de Zohra] trépignaient de joie à la
vue de la moindre « nana » dans leur maison. Ces vieilles dames étaient
de vrais trésors, de vraies mines de savoir. (Ben Mansour, 1990,
119). Submergée par tant d’affection, ployant sous le poids des
bénédictions, Nana Khédoudja daigna enfin dormir chez Zohra et ses
enfants. (Ben Mansour, 1990, 122). Pendant que les enfants jouaient, moi
je préférais rester près des vieilles « nanas » qui m’ont tant appris. (Ben
Mansour, 1997, 270). V. LALLA.

31NAS-NAS, NASS-NASS, NOUSS-NOUSS (de l’arabe littéralement


« moitié-moitié ») n. m. Courant, oral surtout. Café-crème contenant des
proportions égales de lait et de café. Attablé devant un nas-nas, il nous fit
part des conditions néfastes dans lesquelles il travaille. (L’Unité,
4.3.78). La disponibilité, la saine « débrouillardise » de la jeunesse pour
qui l’été 83 a rompu le cycle du « nass-nass » dans la torpeur du
quartier […]. (Algérie-Actualité, 8.9.83). Il y a toujours l’arôme du bon
vieux nass-nass qui s’échappe des petits cafés pour le bon plaisir des
narines. (El Moudjahid, 16.2.84). Donnez-moi un nass-nass et un verre
de lait. (oral). V. MOITIÉ-MOITIÉ.

32NASSÉRIEN, NE adj. Vieilli, écrit surtout. Relatif au leader égyptien


Gamel Abd Nasser. […] le sionisme qui entend maintenant substituer
aux vieilles recettes de l’anticommunisme d’abord puis de l’antiarabisme
(nassérien, palestinien et baâthiste irakien) une nouvelle stratégie de
l’épouvantail islamiste qu’il agite trop bruyamment et fort
adroitement. (La Nation, 3.1.95). Ils siègent aux côtés de quatre
confrères nassériens et d’un islamiste. (La Nation, 28.11.95). Ali Kafi
cultive, en effet, une sympathie militante pour toutes les formes de
panarabisme, qu’elles soient d’obédience nassérienne, baâthiste,
versions syrienne et irakienne, ou même khaddafiste […]. (Le Matin,
8.4.00).

33NASSÉRISME n. m. Disponible. Doctrine de Gamel Abd Nasser. Le


discours triomphaliste des années précédentes aimait laisser place à une
lecture contestataire des pouvoirs arabes et à une remise en question des
schémas préétablis qui faisaient du nassérisme une voie obligée vers une
libération mythique. (Algérie-Actualité, 8.6.93). Rupture avec un
discours idéalisé et considéré comme un espace d’adoration, le
nassérisme […]. (Algérie-Actualité, 8.6.93). Et la monarchie wahhabite
contribue à miner l’idéologie arabiste, qu’elle domine mal, au profit
d’une conception rigoriste et conservatrice de l’Islam qu’elle s’emploie à
diffuser à travers diverses organisations qu’elle contrôle, comme la ligue
islamique mondiale, fondée en 1962, pour lutter contre le nassérisme. (El
Watan, 28.2.94).

34NATIONAUX n. m. pl. Personnes du pays considéré.


Disponible. L’ordre du mérite national récompensera surtout les
nationaux qui, par leur ardeur à l’œuvre, auront contribué au
développement du pays. (Algérie-Actualité, 27.10.83). Il y a les
nationaux qu’enchantent encore les produits d’artisanat. (El Moudjahid,
10.11.83). De plus, la marginalisation économique et politique des
nationaux allait s’accompagner d’une régression considérable du
phénomène urbain. (Benmiloud, 1992, 44). Les nationaux résidant à
l’étranger doivent participer à la redynamisation de l’économie
algérienne. (El Acil, 12.6.95). Nationaux poursuivant une scolarité à
l’étranger. (Le Matin, 26.6.95). Ouverte hier, cette manifestation
prioritairement économique n’intéresse à première vue que les
nationaux. (El Watan, 21.12.95).

35Com. Le terme n’est pratiquement jamais utilisé au singulier.

36NAWADI pluriel de NADI. Il a été créé au niveau des maisons de


jeunes et nawadi de wilaya des sections de cyclisme. (El Hadef, 28.4.85).
[…] sa jeunesse dorée, qui circule en voitures rutilantes et qui tue le
temps dans les McDonald’s, les Winpy et les nawadi (clubs). (La Nation,
28.11.95). La capitale des Zianides comptait déjà un nombre important
de nawadi. (La Tribune, 4.8.95).

37NAY, NAÏ, NAYE, NEY (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Instrument à


vent, sorte de flûte de roseau originaire du sud du pays. Les instruments à
vent ? Comme le nay, la kasba, la ghaïta, la zorna et que sais-je
encore ? (Flici, 1984, 21). Les danseurs se mettaient à tourbillonner au
son du ney. (Algérie-Actualité, 15.11.84). Lors des fêtes et des galas,
l’orchestre comprenait aussi le virtuose violoniste Mohamed Mokhtari,
Larbi Ahcène dit Hsissène au mandole et Boulaâwinette au ney. (Le
Matin, 18.9.95). V. GHAÏTA, GASBA, ZORNA.

38NECHRA V. NACHRA.

39NEFFA (de l’arabe) n. f. Disponible, oral surtout. Tabac à priser. J’ai


seulement de la « neffa ». (Khiari, 1981, 37). Tu te trompes, Yamma !
C’est cette « neffa » qui te rend malade. (Zinai-Koudil, 1984,
169). Skikda est réputé pour la qualité de sa neffa. (oral). Les
Constantinois sont de grands consommateurs de neffa. (oral).
V. CHEMMA, CHIRA.

40NEFFAR (de l’arabe dialectal) n. m. Spécialisé, oral surtout.


Instrumentiste qui joue du neffir. Un orchestre sans neffar. (oral). Il
manque un neffar à cette troupe musicale. (oral). V. NEFFIR.

41NEFFIR (de l’arabe dialectal) n. m. Spécialisé, oral surtout.


Instrument traditionnel à vent, longue trompette en cuivre. Il joue du
neffir. (oral). Le neffir est un instrument de musique qui ressemble
beaucoup au trombone. (oral). V. NEFFAR.

42NEGUAFETE (de l’arabe) n. f. pl. (singulier : neggafa). Disponible,


ouest du pays. Femmes chargées d’apprêter (habiller, parer, maquiller) la
mariée pendant les noces et à veiller au rituel de la cérémonie. Cette
année à Oran, les mariages recourent au service des « neguafete », un
groupe de femmes et d’hommes qui louent leurs services et leur savoir-
faire pour organiser une « fête à la marocaine ». (Horizons, 3.8.97).
C’est dans les milieux spécialisés dans la vente des trousseaux des
mariées que l’on retrouve les coordonnées de ces
« neguafete ». (Horizons, 3.8.97). Les « neguafete » proposent un
mariage « clef en main », où tous les ingrédients nécessaires pour
« épater » les invités sont garantis. (Horizons, 3.8.97).

43NEKH V. NAKH.

44NEY V. NAÏ.

45NEZ (AVOIR DU -) (calque de l’arabe) loc. verb. Disponible, oral


surtout. Avoir le sentiment aigu de l’honneur. Si les traîtres ont du nez,
comme on dit, à quoi bon les priver de ce qu’ils n’ont pas. (Kateb, 1976,
130). Il ne viendra jamais vous supplier parce qu’il a du nez. (oral).
V. NIF.

46NIDHARA V. NADHARA.

47NIF (de l’arabe) n. m. 1. Disponible, écrit. Nez, appendice nasal. On a


été coffrés, Lakhdar et moi, un type à qui on avait coupé le nez dans une
affaire… d’honneur, puisque, dans le jargon populaire, l’organe de
l’honneur, c’est le nez, le nif, comme on dit. (Kateb, 1976, 78). Ce n’est
pas chaque jour qu’on tombe nif à nif devant une fée. (Aïder, 1982,
2). Grâce à notre nif national, on croyait flairer une cabale. (Liberté,
15.6.96). Aujourd’hui, le franc cote seize dinars alors qu’à l’époque,
quand on avait du nif, on l’échangeait avec un bénéfice double.
(Sansal,1999, 43).

482. Courant. Sens de l’honneur, dignité, amour-propre. « Plutôt casser


que plier », c’est un dicton de chez nous et d’honneur, le « nif » en
Algérie est une vertu devenue légendaire. (El Moudjahid, 15.4.71). C’est
un crime que de voir des femmes enfermées entre quatre murs sous
prétexte de « nif ». (El Moudjahid, 8.3.78). Le « nif », c’est avoir une
qualité essentiellement virile. Associé à la « redjla », il devient l’attribut
de toute personnalité forte de caractère. (Les Nouvelles de l’Est,
8.2.92). Le nif est une autre expression de la solidarité puisqu’il ne nous
permet pas de voir un proche traîné dans la boue sans le secourir et
l’aider. (El Acil, 3.3.93). Intolérant, têtu, il répondait toujours au nom du
nif et il était prêt à abattre des montagnes avec ses grosses mains
noueuses et rugueuses. (Mouzaia, 1994, 22). « Notre nif, continue-t-il,
refuse de s’abaisser pour un peu de nourriture ». (El Watan, 21.5.97). Il
est là à bomber le torse pour insinuer qu’un homme, un vrai, qui a du nif,
des moustaches drues et des couilles en bronze, n’a rien d’une
femme. (Sansal, 1999, 221). V. REDJLA, TAGHENNENT.

49NIKAB (de l’arabe) n. m. Disponible, oral surtout. Voile qui couvre le


visage et le haut du corps féminin. Le nikab a remplacé le voilette
ancestrale. (oral). Elle porte un nikab. (oral). V. LITHAM.

50NIKAH (de l’arabe) n. m. Spécialisé mais disponible. Relation


sexuelle licite entre mari et épouse, mariage. L’imam de notre mosquée
insistait sur les vertus sociales du nikah. (oral).

51Com. Seul terme sexuel qui puisse être utilisé dans le discours entre
parents et enfants. Attesté ds Lanly 1970.

52NINJA (du nom des tortues masquées présentes dans les dessins
animés) n. m. Disponible. Membre des commandos d’élite masqués de la
police. Car les ninjas, censés protéger le peuple, ne se préoccupent que
de défendre les privilèges de l’armée et de la caste des mafieux qui ne
veulent pas perdre les rênes du pouvoir. (Mokeddem, 1995, 49). Nous
sommes les ninjas ; la nuit, nous portons des cagoules. (Khelladi, 1997,
174). Les Ninja-DZ – l’élite de la police – investissaient petit à petit le
terrain, méthodiques, efficaces. Ils surgissaient dans la nuit, îlotaient
l’immeuble suspect, embarquaient leur gibier et se repliaient avec la
rapidité de l’éclair. (Khadra, 1999, 173). Les gens durent obtempérer et
soumettre leur résidu de dignité à la rudesse de ces troupes d’un genre
nouveau que la rue appelle les « ninjas ». Ainsi furent-ils baptisés à leur
première apparition : c’était à Alger, en juin 91 […] Où étaient-ils
cachés, ces ninjas ? Leur accoutrement noir, moulant comme un
préservatif, et leur fourniment sophistiqué, genre Guerre des
Étoiles, avaient un air de déjà vu. Ciné ? … Télé ?… BD ?… On
chercha. Les enfants de la parabole et de la bombe parlèrent de tortues
japonaises venues de l’espace. (Sansal, 1999, 111). Merzak se tait à la
vue d’un barrage de ninjas. Il ralentit et s’approche avec
prudence. (Benaïssa, 1999, 130). Des policiers cagoulés, ceux que les
jeunes appellent les ninjas, fouillent, arme au poing, des citoyens, les
« autochtones ». (El Watan, 24.1.00).

53NIVEAU (AU – DE) Loc. prépositionnelle. Courant. Préposition


locative polysémique se substituant à dans, à, etc. Au plan culturel,
l’année 1995 a été marquée par la mise en place des Directions de la
culture au niveau des wilayas. (La Tribune, 16.1.96). À l’occasion de la
commémoration du 50e anniversaire de la mort du célèbre penseur et
historien Ibn Khaldoun, le CEM qui porte son nom au niveau de la ville
de Tlemcen a organisé, lundi dernier, une rencontre sur « l’importance
de son œuvre ». (El Acil, 23.3.97). Cette infrastructure vient s’ajouter au
célibatorium en cours d’achèvement au niveau du quartier de
Médioni. (Quotidien d’Oran 30.3.00). Un plan d’aménagement urbain
ambitieux est en voie de concrétisation au niveau de la commune
d’Arzew. […] la réalisation d’une salle omnisports de 3 000 places au
niveau du quartier des Jardins sera un facteur de relance des sports
collectifs. (Quotidien d’Oran, 6.4.00). Pour rappel, les quelque 400
marchands du marché précité activaient au niveau de la place
« Tahtaha ». (Quotidien d’Oran, 6.4.00). M. B., écrivain public, installé
au niveau de la place du 1er Novembre […] M. M. un Algérien employé
comme portier au niveau du consulat d’Espagne. (Quotidien d’Oran,
8.4.00). On ne signale aucun pensionnaire au niveau de l’infirmerie. (Le
Matin, 8.4.00).

54Com. Grâce à sa consistance phonétique, la locution est un substitut


commode des prépositions locatives françaises dont le sens et l’emploi ne
sont pas toujours bien maîtrisés par les locuteurs.

55NIYA, NYA (de l’arabe) n. f. 1. Disponible. Intention. En terre


d’Islam, le concept de « niya » est central lorsqu’il s’agit de conduites
sociales, de comportements urbanisés ou de relations
interindividuelles. (Algérie-Actualité, 24.11.84). Il n’est en rien
contradictoire d’avoir été un apparatchik pur et dur du FLN […] et
mourir d’un amour brûlant pour la « démocratie » puisque l’on dit que
seule la « niya » (l’intention) compte. (Algérie-Actualité, 9.5.91). Si vous
voulez vous débarrasser d’un gêneur, faites-le battre comme plâtre par
des exorcistes […] puis invoquez votre « niya hassana » devant qui de
droit : il est probable que cette niya pèsera lourdement, plus lourd que le
cadavre de votre gêneur… (Algérie-Actualité, 27.6.91).

562. Disponible. Ingénuité. Les tracasseries quotidiennes et l’ouverture


sur un « modèle de société » où la « nya » (ingénuité) est de plus en plus
absente éveillent une certaine nostalgie des époques moins confortables
mais plus « humaines ». (Actualité-Économie, 1.5.86). C’est peut-être un
peu naïf, pour ne pas dire « niya », mais je trouve séduisante cette idée
de faire avancer les choses par l’amour. (Le Jeudi d’Algérie, 6.8.92).

57NODHAR V. NADHAR.
58NOËLLISTE (dérivé de Noël + suff. -iste) n. Disponible, milieux
jeunes, connotation péjorative. Algérien qui fête Noël et les fêtes de fin
d’année. Les « noëllistes », ils sont environ (on ne les compte plus) à
avoir réservé une place d’avion et beaucoup à connaître les angoisses
des listes d’attente, décidés coûte que coûte à partir quelque part, Paris,
Rome, Madrid. (Algérie-Actualité, 12.12.85). Accusés d’être des impies
et des mécréants par les islamistes, les noëllistes se cachent pour fêter la
fin de l’année. (El Acil, 24.12.94). Les pâtissiers d’Alger font des affaires
d’or avec les noëllistes. (oral).

59NOMADE adj., n. Disponible, oral surtout. Personne qui change


souvent d’entreprise, de domicile, de groupe. Le problème posé par cette
catégorie de travailleurs nomades est assez délicat. (El Moudjahid,
27.1.82). Le technicien nomade qui est en face de vous a changé trois fois
d’entreprise en une année. (oral). C’est un nomade, il ne faut pas
compter sur lui pour l’avenir de l’entreprise. (oral). V. NOMADISME.

60NOMADISME n. m. Disponible. Changement de travail, de domicile,


d’appartenance à un groupe. Nomadisme à travers les sociétés à la
recherche de salaires intéressants moyennant un moindre effort. (El
Moudjahid, 17.5.77). Quotidiennement harcelé et souvent piétiné, le
personnel opérateur choisit le chemin apparemment le plus facile : la
transhumance, la démission et le nomadisme à la recherche d’autres
cieux. (L’Unité, 6.8.79). Pour pallier également le phénomène de
« nomadisme » industriel, des logements sont actuellement en voie de
réalisation. (El Moudjahid, 11.1.83). Les raisons de cette mobilité
sociale, de ce « nomadisme » persistant, sont pratiquement les mêmes
pour tous les cas : meilleur salaire, meilleures conditions de vie et de
travail d’un secteur à l’autre. (El Moudjahid, 2.3.84). L’indisponibilité
de place persiste pour les hommes de la plume qui emploient le chemin
du nomadisme à travers le stade. (El Hadef, 9.3.86). Une tradition de
« nomadisme » est solidement établie parmi les membres de toutes les
associations musicales. (El Moudjahid, 20.12.87). Le groupe commence
désespérément à chercher un local pour ses répétitions […] Quel ne fut
leur soulagement quand, grâce à Ch. B., leur nomadisme prend fin. (El
Watan, 28.4.93). V. NOMADE.

61NON VOILÉE adj. fém. Disponible. Qui ne porte pas le voile (en
parlant des femmes musulmanes). La femme non-voilée, devant
l’insistance mise sur l’intégrisme armé sur ce secteur particulier de la
tradition, devant sa violence et sa férocité, va sortir de sa résistance
passive. (L’Hebdo libéré, 27.4.94). Elle est non-voilée par
principe. (oral). Beaucoup de jeunes filles non-voilées défient
courageusement chaque jour les intégristes. (oral).

62Com. On rencontre aussi le synonyme dévoilée. V. MOTABARIDJA.

63NOQTA V. NOUKTA.

64NORDISTE n., adj. Disponible. Habitant du littoral, du nord du


pays. À Tam-ville on n’a enregistré aucune sollicitation de
parcelle […] À Ain-Guezzam par contre, sept « nordistes » sont
candidats. (Algérie-Actualité, 16.5.85) Beaucoup de réalisations
culturelles nouvelles caressent l’œil clignotant d’un « Nordiste » qui n’a
pas mis les pieds ici depuis des lustres. (Révolution africaine,
23.5.85). Un nordiste qui a trouvé la sobriété à Tamanrasset. (Algérie-
Actualité, 2.1.86). La seule commune de Ouargla a quasiment doublé en
une décennie en raison de l’exode massif de la population nordiste
menacée par le terrorisme, chercheurs de travail et pseudo-investisseurs
arrivistes. (El Watan, 20.1.00). Les soufis n’ont jamais toléré d’être
dirigés par les nordistes. (oral).
65NOUBA (de l’arabe, littéralement « tour de rôle ») n. f.
(pluriel : noubas, noubate(s)) 1. Disponible. Œuvre musicale classique
d’origine andalouse, composée de différents mouvements qui se
succèdent selon un ordre précis. Il existe 24 noubas correspondant aux
24 heures de la journée. Chaque nouba symbolise un moment précis. Elle
est elle-même découpée en moments. (El Moudjahid, 12.1.84). Le grand
apprentissage des « noubas » restait à faire. (Les Nouvelles de l’Est,
7.12.91). Plein succès à Salim qui considère que la chanson
constantinoise est un véritable Océan et qu’il ne faut pas hésiter à
déterrer les vieux morceaux, les vieilles noubas. (El Acil,
15.1.93). Certains morceaux de noubas (au nombre de 24) ne sont plus
joués ou encore ignorés par les jeunes musiciens… (Liberté, 3.7.94). La
nouba, cette musique’udiste se présenta sous la forme d’un patrimoine
raffiné, répondant aux besoins de la société. (La Nation,
2.7.96). L’interprétation d’une nouba par l’orchestre andalou du
conservatoire composé d’une trentaine de professeurs et élèves […]. (El
Acil, 14.5.97). La musique andalouse et les noubas seront exécutées par
les élèves, filles et garçons, de ces associations. (El Watan, 23.3.00).

662. Disponible, écrit surtout, milieu lettrés. Fête, réjouissance. Monsieur


et Madame auraient pu, n’était le mois sacré du Ramadhan, organiser
trois réceptions, deux festins entre amis, une « nouba » familiale géante
qui tiendrait de ripailles pantagruéliques et

67de la « oadda » gargantuesque où viendraient joyeusement se goinfrer


beaux-parents… (El Moudjahid, 18.5.87). C’est au cours d’une nouba
qu’elle découvrit le plaisir de danser et d’aimer son corps. (Algérie-
Actualité, 31.5.91). Nous, on te regardait passer, le nez dans les hauteurs
du dédain et on se jurait de te faire une nouba, une poignée de vrais fils
du ksar. (Mokeddem, 1993, 172). Il s’agissait d’une espèce de nouba
regroupant plusieurs dizaines de personnes et où alternaient les rythmes
saccadés de la tabla. (Liberté, 24.3.94). Mostaganem : la nouba jusqu’au
matin. (El Watan, 3.8.97). […] des cris d’intérieur, des fêtardes rompues
à la nouba des mariages. (Sansal, 1999, 176).

68Com. le sens passé en argot hexagonal de « fanfare, musique


militaire » semble inemployé en Algérie, tout comme l’expression faire
la nouba. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

69NOUBATE(S), NÛBAT pluriel de NOUBA. […] les instruments à


cordes et les autres instruments utilisés dans le répertoire des noubates
algériennes. (El Moudjahid, 5.3.86). […] l’enregistrement de l’ensemble
du répertoire du malûf et la classification des nûbat, afin de fixer une fois
pour toutes les textes, ainsi que les mélodies. (El Acil, 29.4.97).

70NOUKTA NOUQTA, NOQTA (de l’arabe) n. f. Disponible. Histoire


drôle, blague, anecdote savoureuse. Au pays de la « noukta », les
magistrats perdent le sens de l’humour et le gouvernement égyptien se
paie le luxe de vouloir enfermer son plus brillant ambassadeur. (Algérie-
Actualité, 29.3.84). La « nouqta », ce mélange de finesse et de burlesque,
de miel et de fiel […] a valu à Y. Ch. une condamnation à une peine
d’une année de prison. (Algérie-Actualité, 10.5.84). Si Mohamed
Benabid, que les connaisseurs tiennent pour le Djeha algérien, a depuis
longtemps annoncé la couleur de la « noukta » maghrébine. (Algérie-
Actualité, 6.6.85). Les personnages ont des propos savoureux (noqtas) et
des sentiments délicats. (El Watan, 6.1.00).

71NOUSS-NOUSS V. NAS-NAS.

72NOVEMBRE n. m. Courant, milieux officiel et journalistique. Mois


du déclenchement de la guerre d’indépendance (1 ernovembre 1954) ; par
extension, ensemble des valeurs liées à la Révolution algérienne. Ancrer
les valeurs de Novembre dans la conscience des générations
futures […] afin d’assurer la pérennité de l’esprit de Novembre. (El
Moudjahid, 11.4.86). Il y a 32 ans jaillit la flamme de Novembre qui
allait embraser tout le pays et mettre un terme à une occupation de près
d’un siècle et demi. (El Moudjahid, 31.10.86). […] avec des militants
FLN authentiques, fidèles aux principes de Novembre, attachés à la
sauvegarde de l’unité nationale et à la véritable démocratie. (El Watan,
23.10.91). Ce fils de Novembre […] évoquait avec respect, au cours de
discussions intimes, ses compagnons tombés au champ
d’honneur. (L’Opinion, 1.7.92). Au nom des valeurs éternelles de
Novembre, faites restituer le nom du chahid Mustapha Khalef à
l’établissement qui le portait. (El Watan, 19.5.93). Liamine Zéroual
souhaite voir la jeunesse reprendre le flambeau de Novembre pour une
république algérienne démocratique et sociale. (L’Authentique,
10.11.95). Entre l’instabilité qu’on veut entretenir à dessein et la volonté
de bâtir l’Algérie nouvelle, le peuple de Novembre a tranché. (El
Moudjahid, 4.2.01). V. GÉNÉRATION DE NOVEMBRE,
HISTORIQUE, MOUDJAHID, NOVEMBRISTE, OCTOBRE,
OCTOBRISTE.

73NOVEMBRISME (de novembre et suff. -isme) n. m. Disponible.


Idéologie politique qui se réclame des valeurs à l’origine du
déclenchement de la guerre d’indépendance algérienne (1 er novembre
1954). Sans répugnance, cette droite extrême inventera le concept de
« novembrisme » comme ligne de fracture non pas au sein des élites
politiques, mais dans les profondeurs mêmes de la société. (La Nation,
30.1.95). Et si Hachemi Cherif et le FAM se firent de zélés idéologues du
« novembrisme », cela tient à un rapport névrotique à l’histoire. (La
Nation, 30.1.95).

74Com. Néologisme des années 1990. V. NOVEMBRE,


NOVEMBRISTE, OCTOBRE, OCTOBRISTE.

75NOVEMBRISTE (de novembre et suff.-iste) n., adj. Disponible.


Personne qui a participé à la guerre d’indépendance algérienne
déclenchée le 1er novembre 1954, ou qui se réclame des valeurs qui ont
inspiré cette guerre. Quarante ans, c’est un âge merdique – charnière
entre deux générations : celle de novembre et celle d’octobre. Nous, on
est trop jeunes pour être des novembristes et trop vieux pour être
octobristes. (El Acil, 28.4.93). Dans ce pays il y avait « deux peuples »,
l’un islamiste et l’autre « novembriste ». (La Nation, 30.1.95). Ainsi,
après la sortie de Benhamouda sur le mouvement novembriste, c’est au
tour de Mokrane Aït Larbi, ancien dirigeant du RCD, d’évaluer les
perspectives d’un pôle électoral démocratique. (La Tribune,
23.11.95). L’échec, très probable, de Benhamouda à créer un « parti de
novembristes », en l’absence d’une promotion politique significative et
immédiate au sein du prochain gouvernement, le laisserait seul face à ses
troupes. (La Nation, 28.11.95). L’intégrisme novembriste est loin de
ressembler à l’intégrisme islamiste. (Le Matin, 16.6.96). Les carences, et
parfois les déviations, observées sur le registre de la prise en charge
politique du message du 1er Novembre 1954 ont produit de sérieuses
fissures au sein de l’édifice d’un parti historique, laminé de l’intérieur
par une cascade de luttes intestines aux antipodes des préoccupations
réelles des véritables novembristes. (El Acil, 23.2.97). La lutte entre
« réformateurs », « conservateurs », « nationalistes »,
« novembristes », « patriotes », etc., fait rage. (El Ouma, 9.4.97).
76Com. Néologisme des années 1990. V. JANVIÉRISTE,
NOVEMBRE, NOVEMBRISME, OCTOBRE, OCTOBRISTE.

77NOVICIAT n. m. Disponible, milieu sportif surtout. Manque


d’expérience (surtout dans le domaine sportif). L’équipe peut avancer
l’excuse de son noviciat et de son inexpérience. (El Moudjahid,
19.1.78). L’équipe a accédé fraîchement, et semble affectée par son
« noviciat ». (El Hadef, 21.11.82). Il est malaisé de supporter ce
scepticisme envers le cinéma amateur. En foi de quoi est-il de mise ?
Moindre qualité ? Noviciat ? (Révolution africaine, 15.6.84). Les
groupes proposés brillaient par leur noviciat et leur indigence
exaspérante. (oral). V. ARRIVISTE.

78NUIT DE LA DESTINÉE (calque de l’arabe) n. f. Disponible. Nuit


de la Révélation du Coran au Prophète Mohammed coïncidant en principe
avec la nuit du 26e au 27e jour du mois de Ramadhan ; par ext.,
commémoration de cette nuit. Mon père, dans sa jeunesse, passait cette
« nuit de la Destinée » à réciter le plus possible de sourates. (Djebar,
1983, 159). 10 mars, 26/27 Ramadhan, nuit pendant laquelle Sidna
Mohamed reçoit sa première révélation : c’est la nuit de la destinée
(Leylat El Kadar) commémorée chaque année. (El Watan, 24.1.96). La
nuit de la Destinée sera célébrée dans toutes les mosquées du
pays. (oral). V. LEÏLET EL KADR, NUIT DU DESTIN,
RAMADHAN.

79NUIT DU DESTIN (calque de l’arabe) n. f. Disponible. Nuit de la


Révélation du Coran au Prophète Mohammed coïncidant en principe avec
la nuit du 26e au 27e jour du mois de Ramadhan ; par ext.,
commémoration de cette nuit. La « nuit du destin » était passée sans rien
changer au milieu. (Zinai-Koudil, 1984, 156). Beaucoup de croyants
tiennent à assister à cette veillée religieuse de Nuit du Destin. (El
Moudjahid, 17.6.85). […] l’écrasante majorité n’a pas été à même
de retenir de la « Nuit du Destin » autre chose qu’une simple cérémonie
religieuse qu’on observe annuellement dans les mosquées le 27 e jour du
Ramadhan. (Aniba, 1990, 62). En outre, c’est grâce aussi à la « Nuit du
Destin » que le monde a pu connaître et apprécier les généreux principes
incomparables d’équité, contenus dans le saint Coran. (El Watan,
19.3.95). V. LEÏLET EL KADR, NUIT DE LA DESTINÉE,
RAMADHAN.

80NYA V. NIYA.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


OADDA V. OUADA.

2OASIEN, ENNE adj., n. Disponible. Qui habite ou concerne les


oasis. En quittant Ouargla pour N’gouça, il nous fut aisé de constater
que ce qui constituait jadis une étendue oasienne, kyrielle de palmiers
réguliers sur des kilomètres, n’était plus que de sporadiques
palmiers. (El Watan, 7.4.00). […] polluant ainsi les puits artésiens
(nappe phréatique) destinés à l’irrigation de l’agriculture oasienne. (El
Moudjahid, 28.1.01).

3OBLIGÉ (calque de l’arabe dialectal bessif) adj. Courant, oral surtout.


Contraint, de force. Pourquoi tu vas dormir ? – Obligé. Demain, j’ai une
réunion à neuf heures pour le bouclage du journal. (Benaïssa, 1999,
240). Le jeune homme s’adonne à la drogue. Obligé. (oral). Cette
orpheline se prostitue. Obligée. (oral).

4Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. BESSIF.


5OCTOBRE n. m. Disponible. Mois du déclenchement des émeutes (5
octobre 1988 à Alger) contre le pouvoir et le parti unique ; par extension,
valeurs attachées à cette révolte. Hier était un lucide recommencement
d’un Octobre confisqué. (L’Opinion, 2.7.92). Le Premier ministre devra
fournir des assurances, et la première d’entre elles qu’il est prêt à opérer
des bouleversements significatifs dans un système qui, près de quatre ans
après Octobre, a réussi à se maintenir par la ruse et l’esquive. (Le Jeudi
d’Algérie, 9.7.92). La fracture d’Octobre, c’est d’abord cette jeunesse
délaissée pour compte, auparavant jamais écoutée, aujourd’hui bouffée
par la malvie, et le chômage, ébranlée des années durant par les frasques
de la tchi-tchi et de la nomenklatura. (Algérie-Actualité,
5.10.93). Octobre 88 a montré que l’État centralisateur n’était en réalité
qu’un décor en carton-pâte. (Le Jeudi d’Algérie, 23.7.92). En Octobre, il
y a eu la guerre, les émeutes… il fallait balayer le FLN. (El Manar,
23.5.94). Depuis le séisme d’Octobre et le « je vous ai compris » du
Raïs, la mafia a fait son apparition dans le pays. (Sansal, 1999, 229).
V. OCTOBRISTE, NOVEMBRE, NOVEMBRISTE.

6OCTOBRISTE n. Disponible. Personne qui a participé aux émeutes du


5 octobre 1988 à Alger ou se réclame des valeurs qui ont inspiré ces
événements. Quarante ans, c’est un âge merdique, charnière entre deux
générations : celle de novembre et celle d’octobre. Nous, on est trop
jeunes pour être des novembristes et trop vieux pour être octobristes. (El
Acil, 28.4.93). Les octobristes réclamaient du travail et non des
partis. (oral).

7Com. Néologisme des années 1990. V. JANVIÉRISTE, OCTOBRE,


NOVEMBRISTE.
8OFFICIER v. tr. dir. Disponible, milieux sportifs surtout. Arbitrer (une
rencontre sportive). Critiqués de toutes parts, les arbitres n’arrivent plus
à officier les rencontres comme ils le désireraient. (El Moudjahid,
17.5.72). Les arbitres ont été soumis à des stages et seront triés sur le
volet pour officier lors du prochain tournoi international d’Alger. (El
Moudjahid, 14.4.82). Je précise que c’est ce même juge de touche qui
avait officié en tant qu’arbitre central lors de notre match… (El Hadef,
19.12.82). L’arbitrage est confié à de jeunes référées qui officient
bénévolement, renforcés en cela par quelques sommités du football
national. (El Moudjahid, 12.6.88). V. RÉFÉRÉE.

9OMO (du nom de marque devenu générique) n. m. Disponible, oral


surtout. Lessive, quelle que soit sa marque. Omo est un mot qui revient
souvent à la place d’Isis. (Révolution africaine, 17.2.84). Asma khouya,
donne-moi un paquet d’Omo. (oral). Les pénuries d’Omo étaient
fréquentes, chacun se débrouillait comme il pouvait. (oral).

10OMRA, OUMRA, UMRA (de l’arabe) 1. n. f. Disponible. Visite des


Lieux saints de l’Islam (La Mecque) effectuée en dehors de la période
consacrée au pèlerinage rituel (hadj). La commission nationale attire
l’attention sur les bienfaits de la « umra » en général et surtout au mois
de Ramadhan, du fait qu’elle équivaut à un pèlerinage. (El Moudjahid,
30.5.79). Quant aux citoyens qui ont effectué de grands pèlerinages, ils
pourront en accomplir d’autres dans le cadre de la « omra ». (El
Moudjahid, 11.2.81). J’ai effectué un voyage aux Lieux saints de l’Islam
pour accomplir les rites de l’oumra. (El Moudjahid, 6.5.83). Un départ à
destination de Djeddah, en Arabie saoudite, pour une omra de quelque
340 pèlerins a failli se transformer en émeute à l’aéroport de
Annaba. (El Watan, 4.1.00). Omra. mésaventures de hadjis… [Titre]. Un
groupe de trente pèlerins qui ont effectué leur omra du 25 décembre
1999 au 7 janvier 2000 ont vécu des moments très pénibles. Ils accusent
l’ONAT de les avoir livrés à eux-mêmes à Djeddah, les laissant sans
guide. (El Watan, 20.1.00). 18 prix ont été remis aux lauréats, à savoir
une voiture, une Omra, des équipements ménagers. (Quotidien d’Oran,
22.3.00).

112. Par appos., adj. Disponible. Qui se rapporte à l’omra. Cette mesure
s’applique aux personnes n’ayant pas de parent inscrit pour effectuer la
visite omra. (El Moudjahid, 18.11.82). Les candidats ayant bénéficié
d’un passeport « Omra » ne peuvent prétendre à l’obtention d’un
passeport spécial « Hadj ». (El Moudjahid, 16.3.84). Il a pris un charter
omra pour aller à La Mecque. (oral).

12Com. L’omra appelée aussi petit pèlerinage est différente


du hadj ou grand pèlerinage qui seul confère au pèlerin le titre de El-
Hadj. V. HADJ, HADJA, HADJI.

13OPÉRATIONNALISATION n. f. Disponible. Fait de rendre


opérationnel. L’opérationnalisation des cadres des entreprises de l’État
est mise à rude épreuve par les lois du marché économique. (El Acil,
10.11.95). N’a-t-on pas là péché par défaut d’opérationnalisation ? (El
Watan, 15.1.96).

14ORANAIS 1. n. m. Disponible. Genre de musique originaire de la


ville d’Oran. Ces derniers ont dansé l’oranais, le chaoui, le
constantinois, le staïfi, le targui. (Le Matin, 13.6.96).

152. adj. Disponible. Qui se rapporte à ce genre de musique. Le


conservatoire de Tiaret a organisé tout dernièrement une agréable
matinée récréative où les différentes formations chaâbies, moderne
oranais, raï… issues du conservatoire ont fait montre d’un réel
talent. (Liberté, 5.5.97). Le haouzi algérois est accompagné de genres
sahraoui, oranais, kabyle, chaoui. (El Watan, 3.8.97).

16OSBANA, OUSBANA, OSBÂNE, OUSBANE (de l’arabe) n. f. ou


m. Spécialisé. Tripes, boyaux de mouton servant à la préparation de
plusieurs plats traditionnels. La maman convertissait immédiatement le
gras double en grasses boulettes « ousbane » renfermées dans les pans
de panse cousue. (Boutarène, 1982, 56). Piquez 5 ou 6 fois avec une
aiguille chaque « osbâne » […]. Les osbâne servent à la préparation de
nombreux plats et notamment du couscous aux légumes. (Bouayed, 1983,
411). Ce couscous était obligatoirement accompagné de la succulente
ousbana. (Belamri, 1982, 109). En hiver, le couscous avec une bonne
osbana vous remonte le moral. (oral).

17Com. Terme invariable.

18OUAÂDATES, OUADATE pluriel de OUADA […] et commença à


se rendre régulièrement à la mosquée Hayat pour participer aux repas
collectifs, les ouaâdates, au cours desquels le couscous rituel était offert
aux pauvres à l’occasion de cérémonies mortuaires ou de fêtes
religieuses. (Allouache, 1995, 56).

19OUACHEM V. OUCHEM.

20OUAD V. OUED.

21OUADA, OUÂDA, OUAÂDA, OADDA, WADA, WAADA,


WAÂDA (de l’arabe) n. f. (pluriel : ouaâdates) Disponible. Repas rituel
organisé en l’honneur d’un saint au cours de laquelle l’offrande aux
pauvres est une exigence. Il allait, pour célébrer la paix revenue, faire
une waada, un repas rituel auquel il voulait que tout le monde
assistât. (Mammeri, 1978b, 42). L’épouse du vieux Hadj attirait par tous
les moyens Si Rabah et Khtalti Keïra avec des méchouis organisés en
leur honneur ou à l’occasion d’une ouâda. (Lemsine, 1978b, 158). Et
l’enfant du pays de présenter les riches facettes des ziaras et waâda
destinées à honorer les mémoires des sacro-sages ancêtres. (El
Moudjahid, 20.1.82). Les multiples compositions de ces hommes étaient
portées à la connaissance du public par l’intermédiaire des cheikhs et
des meddahs qui les chantaient dans les foires, les ouadas et les
noces. (El Moudjahid, 10.2.86). Si elle guérit, j’irai à Aïn el Houts faire
une waada à ses ancêtres qui l’auront protégée. (Ben Mansour, 1990,
46). Chaque commune organise sa propre « wada » qui prend
généralement le nom d’un cheikh, d’une personnalité pieuse, historique
qui a marqué de son sceau une page de l’histoire de la région. (Liberté,
11.1.96). Elle se fera une beauté demain en son honneur, elle préparera
même un repas de circonstance, une sorte de ouaâda pour quatre.
(Horizons, 6.8.97).

22OUALED EL BALADI V. OULED EL BLED.

23OUALI V. WALI.

24OUALLAH, OULLA, WALLAH, WALLAHI (de l’arabe « au nom


de Dieu ») interj. Courant, oral surtout. Formule qui prend Dieu à témoin
pour jurer et attester la vérité d’un propos. Wallah ! Leurs Tom et Jerry
sont plus intéressants que ceux qu’on nous passe à la RTA. (Algérie-
Actualité, 19.7.84). Ouallah que j’aurai le dernier mot. (El Moudjahid,
19.9.85). – Tu as signé beaucoup d’autographes ? – Énormément,
oulla. (Radio Alger, chaîne III, 7.5.86). Wallah, je ne me marierai pas, je
resterai seul… (El Moudjahid, 23.9.90). Wallahi, ce magazine est tombé
à pic pour nous extirper de nos bads trips. (Le Jeudi d’Algérie,
9.7.92). Et deux raisons de différer notre jugement pour demain (wallah,
juré, promis). (La Tribune, 17.5.96). Si tu continues à m’embêter,
ouallah je te tue. Ouallah ! Et moi, tu me connais, quand je dis ouallah,
c’est ouallah ! (Achir, 1997, 13). Si c’est donner un gage de patriotisme
que de fermer notre clapet et de mettre une muselière à notre stylo,
wallah on va le faire ! (Liberté, 10.2.00).

25Com. Attesté ds IFA. (sous la forme wallaï).

26OUALOU, WALOU (de l’arabe) interj. Courant, oral surtout. Rien,


rien du tout, aucune chose. Depuis que la JET s’est délestée des sports
collectifs au profit de l’APC, qu’a-telle « promu » ? Rien. Même pas
l’athlétisme… Walou. (El Hadef, 10.6.84). Ils exigent pour un
travail […] d’être payés en devises. Sinon oualou ! (Algérie-Actualité,
28.6.84). Eh oui ! Tout est parti presque de ce oualou. (El Moudjahid,
16.9.90). Mais le citoyen qui déclare ne plus l’être, qui ne reconnaît ni
destour, ni oualou, lui l’informel qui fait dans l’informel, qui trabendise
tout et plus, qui gruge tout le monde. (Alger républicain, 15.12.91). Le
douar n’a pas beaucoup changé depuis l’ère coloniale. Exemple :
téléphone connaît pas ! Infrastructure médicale, oualou ! Taux de
déperdition scolaire : 60 à 80 %. (Liberté, 31.1.01). Les travailleurs qui
ont fait grève n’auront rien, j’ai dit oualou, est-ce clair ? (oral). – Avez-
vous quelque chose à déclarer ? – Non, oualou. (oral).

27Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

28OUCHEM, OUACHEM, AOUCHAM (de l’arabe dialectal) n. f.


Disponible, oral surtout. Tatouage. Q. : Mais elle était belle ? R. :
Ouachem belle ? À quoi ça sert ? (Le Jeudi d’Algérie, 30.7.92). L’usage
de l’« aoucham » était répandu dans certaines contrées du pays, plus
particulièrement chez les Aurassiennes qui en avaient fait une mode,
voire un symbole civilisationnel. (El Watan, 9.5.94). Elles étaient belles
nos grand-mères, avec leurs ouachem ! (oral). Il paraît que les ouachem
sont un péché dans notre religion. (oral).

29OUD,’UD,’OUD, OÛD, ÛD, AOÛD (de l’arabe) n. m. Disponible.


Instrument de musique traditionnel à cordes, sorte de luth. […] chanteur
à la voix chaude et prenante, virtuose de l’oud et multi-
instrumentaliste. (El Moudjahid, 21.3.84). Le oud, la kouitra et le rebab
relégués dans un coin, entraient en hibernation. (El Moudjahid,
19.8.84). Le ’ud est sans aucun doute l’instrument le plus utilisé dans la
musique andalouse. (El Moudjahid, 5.3.86). Dans un coin, il y a même un
’oud, un luth superbe, au beau luisant. (Mokeddem, 1992, 216).
[…] pour mesurer la douleur du temps qui met la séparation entre
Mohamed le joueur de oûd et Nakhla la femme. (Algérie-Actualité,
19.7.94). Son ’oud est enregistré en numérique, immortalisé pour
l’éternité, et c’est un événement important pour l’histoire de la musique,
Alla étant au ’oud ce que Keith Jarret est au piano. (La Nation, 30.7.96).
[…] un intermède spatio-temporel orientalisant exécuté avec maestria et
émaillé par une digression de partition de contrebasse faisant office de
« oûd » (luth). (El Watan, 20.1.00). V. OUDISTE, KOUITRA.

30OUDISTE,’UDISTE, UDISTE (terme de formation hybride


arabe oud + suff. français -iste) n. m. Spécialisé, écrit. Joueur de oud,
luthiste. Un grand nombre d’ouvrages ont été consacrés, au cours des
siècles, à cette musique, unique dans son genre, qui s’est basée sur le
système des oudistes. (El Moudjahid, 12.6.85). Souvent, les ’udistes
accordent leur instrument d’après le mode de la pièce à jouer.
Généralement les ’udistes n’utilisent que l’index et l’annulaire pour
former des notes. (El Moudjahid, 5.3.86). V. OUD.
31OUDJAK, OUJDAK (de l’arabe) n. m. Vieilli mais disponible, écrit
surtout. Foyer en forme de niche qu’on rencontrait traditionnellement
dans un café maure. Le cafetier s’affairait derrière un petit comptoir,
dans une ombre où brillaient les faïences blanches à fleurs bleues de
l’oudjak. (Dib, 1957, 96). Je vois mon père franchir le seuil d’un café
maure où le vieux cafetier se préparait visiblement à la fermeture. Il
arrangeait le feu de son oudjak pour le matin. (Bennabi, 1965, 33). Il en
est de même pour les braises de l’« oujdak » où ne mijotent plus que
quatre ou cinq arômes de café. (Belanteur, 1981, 38). V. KANOUN,
MEJMAR.

32OUED, OUAD (de l’arabe) n. m. Courant. Cours d’eau à débit


irrégulier, en crue pendant l’hiver et presque à sec en été. […] comme ces
ouads du désert qui s’enfoncent brusquement dans le sable pour
ressurgir, on ne sait comment, quelques kilomètres plus loin. (Akkache,
1972, 40). Un oued est à sec : sécheresse, on s’inquiète. Le même oued
est en crue : inondation, on s’inquiète. (El Moudjahid, 18.10.84). Béchar
a perdu son âme, lorsqu’elle a quitté son oued fertile. (Algérie-Actualité,
13.7.93). Une odeur nauséabonde monte des flaques d’eau stagnante de
l’oued. (Allouache, 1995, 175). Contrairement à l’adage qui dit : « Ne
restent dans l’oued que ses pierres », l’Algérie avec ses 70 % de jeunes
en mal de vie n’est plus « ce long fleuve tranquille » mais un torrent qui
déboule à toute vitesse pour regagner le temps perdu. (Liberté,
19.12.95). L’endroit du drame est en fait un petit hameau détaché du
tissu villageois et situé dans l’affaissement creusé par le lit d’un
oued. (Le Soir d’Algérie, 6.8.97). L’interdiction de pomper dans les
oueds, pour cause de pollution, prive l’agriculture de centaines
d’hectares habituellement irrigués. (Quotidien d’Oran, 22.3.00).
33Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF, IFA (sous la
forme ouadi).

34OUEST ED DAR V. WEST ED DAR.

35OUISSAM (de l’arabe) n. m. Disponible. Décoration, médaille


attribuée pour récompenser les services rendus à la nation. Encore une
fois le 1er novembre verra sa cohorte de moudjahidines qui recevront le
ouissam de la bravoure alors que le pays est la proie de tueurs
fanatiques. (L’Authentique, 2.4.95). Votre tour viendra, messieurs qui
plastronnez, et je vous décore du ouissam de la bêtise ! (La Nation,
30.7.96). Le Président de La République a décoré du ouissam les
membres survivants du Groupe des 22. (El Acil, 5.11.97).

36OUJDAK V. OUDJAK.

37OUKHT (de l’arabe) n. f. (pluriel : oukhts, oukhouate) 1. Courant oral


surtout. Appellatif qui sert à interpeller une jeune femme. Oukht ! quelle
heure est-il, s’il vous plaît ? (oral). Adressez-vous à oukht Laoufi
secrétaire générale de l’U.N.F.A. (oral).

382. Courant. Jeune femme qui porte le hadjeb. Nous voici interrompus
par l’arrivée d’une oukht […] Il y a même une oukht qui était tout à fait
FLN […]. Nous aimerions connaître l’avis des oukhouate. (L’Hebdo
libéré, 30.5.91). Il a épousé une oukht. (oral). À l’université de
Constantine ; il y a énormément d’oukhts dans les amphithéâtres. (oral).

39Com. Très utilisé depuis les événements d’octobre 88.


V. HIDJABISÉE, SOEUR.

40OUKIL (de l’arabe) n. m. Vieilli mais disponible, spécialisé, écrit


surtout. Avocat musulman. En dehors de mon travail, j e recherchais la
société d’un oukil judiciaire. (Bennabi, 1965, 234). […] chef de grande
famille bourgeoise, médecin, avocat, oukil judiciaire, cadi de
mahakma… (El Moudjahid, 12.11.82). […] emmener ma mère chez le
médecin, ou chez l’oukil qui s’occupait de ses procès avec ses cousins
pour son héritage. (Djebar, 1983, 55). Mon père avait eu la chance de
percer, il avait une fonction importante, oukil judiciaire, une sorte
d’avocat des pauvres qui n’a pas son équivalent de nos jours. (El
Moudjahid, 19.12.85). Son père, l’oukil de la zaouia de Sidi M’hamed
Ben Youcef. Un avantage dans la bataille qui se prépare. (Algérie-
Actualité, 9.5.91). L’oukil de la zaouia en trace la biographie […]. (El
Acil, 4.1.93). Son père, lui, était oukil, c’est-à-dire avocat, tandis que sa
mère avait un penchant pour la poésie. (El Watan, 27.10.93). Mon père
était oukil, il était muté très souvent. (Le Matin, 20.8.96). V. ADEL,
CADI.

41OULA V.’AOULA.

42OULAMA, OULAMAS V. OULÉMAS.

43OULD EL BLED, OULID EL BLED (de l’arabe, littéralement


« enfant du pays ») n. m. (pluriel : ouleds el bled). Disponible. Enfant du
pays, autochtone. Depuis l’article de Fonds de tiroir informant du
traitement réservé à un sinistré qui avait été houspillé et rejeté parce que
n’étant pas un « ould el bled » à M’Sila, peu d’eau a coulé sous les
ponts. (Le Matin, 30.4.96). Oulid el bled, il nous fera du travail à
l’ancienne comme tu le désires. (Sansal, 1999, 252). V. OULED EL
HOUMA, BARRANI.

44OULED EL BLED, OUALED EL BALADI, OULED EL BLAD,


OULED LEBLED pluriel de OULD EL BLED. On n’acceptait dans
notre intimité que les « ouled lebled ». (Lounès, 1984, 68). Une plage
pratiquement familiale. Fréquentée presque exclusivement par les ouled
el bled. (El Moudjahid, 21.7.85). Je ne pourrai jamais incarner Michael
Jackson autant qu’un « oualed el baladi », car il faut que les frères
algériens sachent que je suis réellement issu d’un milieu paysan. (El
Moudjahid, 21.11.85). De plus, il est issu d’une famille modeste et
respectée « ouled el bled » et rares étaient les candidats dans sa région
ayant son niveau d’instruction. (Algérie-Actualité, 23.5.91). Je
comprends que les autorités puissent douter des jeunes du village du fait
que beaucoup d’« ouled el bled » ont rejoint les groupes
armés. (L’Authentique, 31.8.97). V. OULED EL HOUMA, BARRANI.

45OULED(S) EL HOUMA (de l’arabe, littéralement « enfants du


quartier ») n. m. pl. Disponible, oral surtout. Natifs du quartier. Mohamed
qu’on appelle aussi « l’ancien », un peu par familiarité, un peu par
amitié, tant parce que « ouled el houma » (les gens du quartier) le
considèrent comme un « vieux de la vieille ». (El Moudjahid,
22.7.83). Ils étaient tous là, ces « ouleds el houma », réunis le temps
d’une qacida. (Algérie-Actualité, 26.4.90). Un homme se déplace pour
assister au mariage de sa sœur. Arrivé, des « ouled el houma »
l’appellent et l’assassinent. (El Moudjahid, 7.10.94). La mauvaise
fréquentation des « ouled el houma » peut-elle à elle seule expliquer
qu’un jeune adolescent puisse avoir le courage d’ôter une vie ? (Le
Matin, 10.1.00). V. HOUMA, HOUMISTE, BARRANI.

46OULÉMAS, ULÉMAS, OULAMAS, OULEMA, OULAMA (de


l’arabe littéraire) n. m. pl. (singulier : alem). Courant. Théologiens,
savants en matière de foi musulmane. Tébessa fut un foyer actif de
l’Association des Oulémas à laquelle la ville a donné d’éminents
dirigeants. (El Moudjahid, 16.5.77). La compréhension et l’explication
de ces hadiths par les imams et les oulémas ont permis leur
conservation. (El Moudjahid, 9.4.84). Le cheval de bataille des oulémas
algériens était à un moment donné utilisé contre le pouvoir des
zaouias. (Algérie-Actualité, 6.6.85). Les héritiers spirituels de
l’Association des Oulémas (1931-1956), qui avaient pris le contrôle de
l’enseignement primaire dans le sillage du ministre de l’Éducation
nationale, Ahmed Taleb, forgent une nouvelle version des origines de la
révolution nationale et en attribuent la paternité au cheikh Abdelhamid
Benbadis. (El Acil, 10.1.93). […] quand il tient dans sa main les
fonctionnaires de la ville et qu’à table dînent des colonels, des walis, des
ministres, des ulémas et même des artistes ! (Sansal, 1999, 47). Le grand
tournant dans l’activité du GSPC dans la wilaya de Bouira est venu avec
l’entrée en lice des oulémas salafistes qui voulaient éteindre le feu de la
fitna. (El Watan, 5.1.00). Les ulémas soutiennent la concorde civile de
Bouteflika. (La Tribune, 23.3.00).

47Com. Le terme est en général employé au pluriel parce qu’une


décision d’ordre religieux émane de plusieurs docteurs en théologie
musulmane, après étude et concertation. Attesté ds Lanly 1970, GR,
TLF. V. IMAM, MUPHTI, OULÉMISTE.

48OULÉMISTE n. m. et adj. Disponible. Théologien, savant en matière


de foi musulmane. Aujourd’hui, la politique est partie intégrante de la
mosquée, cela même les oulémistes l’admettent. (Algérie-Actualité,
2.5.91). Les oulémistes s’accrochent à leur religiosité anachronique,
dépassée, au lieu de regarder l’islam par le prisme de la
modernité. (oral).

49Com. Néologisme des années 88. V. ALEM, OULÉMAS.

50OULLA V. OUALLAH.
51I. OUMA, OUMMA, UMMA (de l’arabe) n. f. Disponible. Ensemble
de la communauté musulmane. En fait, microcosme d’une oumma de
près d’un milliard d’êtres, il faut le concéder, une typologie complète
n’est pas aisée. (El Moudjahid, 12.6.84). Cet horrible cauchemar a porté
un tort considérable à la Ouma islamique. (El Moudjahid, 4.6.85). Hier
héros de la « Oumma », Saddam s’est aujourd’hui transformé en tableau
de bois sur lequel on inscrit toutes sortes de graffitis. (El Acil,
21.1.93). La oumma fonctionne comme la cellule familiale arabe, les
discussions entre frères, pères et mères sont si fortes qu’elle est toujours
sur le point de se déchirer. (El Acil, 28.4.93). Mais cela [les échanges
commerciaux] reste insuffisant au vu des capacités énormes des 51 pays
de la oumma islamique. (L’Agro-Industriel, 1.12.94). Ce communiqué
promet de mettre hors d’état de nuire tous ceux qui ont divisé les rangs
de la Oumma. (El Acil, 9.1.96). Elle jouit ainsi de la protection de la
république et des autres pays de la Oumma qui ont leur mot à
dire. (Sansal, 1999, 347).

52II. OUMA, OUMI (de l’arabe). Disponible, oral surtout. Maman.


– Ba Mohammed à la maison et ouma Fatma au marché : c’est ce qu’on
devrait dire de toi ! maugréa encore Aïni dans le noir. (Dib, 1957,
39). Oumi, tu m’as porté. Neuf mois dans ton ventre… (Ketou, 1979,
15). Toutes les langues du monde se confondent en un même mot : oumi,
yemma, maman. (El Moudjahid, 24.5.84). Oummi, je jure que je vengerai
mon grand-père et mon père ! (Mokeddem, 1992, 36) V. YEMMA.

53OUMMA V. OUMA I.

54OUMMI, UMMI (de l’arabe littéraire) n. m. Disponible, oral surtout.


Analphabète. Il était un « ummi » […] Mohamed est un analphabète et
cet impératif le bouleverse naturellement parce qu’il bouleverse sa
notion d’« ummi ». (Bennabi, 1946, 89). Cette révélation dépasse le plan
de la raison, voire de la conscience et n’exige pas de science acquise.
Aussi le Prophète peut-il être oummi (ne sachant ni lire ni écrire) comme
nombre de pâtres et d’hommes modestes qui furent d’authentiques
prophètes. (Koribaa, 1984, 164). Dire que notre wali était un
oummi. (oral). V. OUMMIA.

55OUMMIA (de l’arabe) n. f. Disponible, oral surtout.


Analphabétisme. La notion révélée va bouleverser ce mince savoir
doublement borné par l’ignorance générale et par la propre « ummia »
de Mohamed. (Bennabi, 1946, 89). En Algérie, on constate que l’oummia
gagne du terrain d’année en année. (oral). V. OUMMI.

56OUMRA V. OMRA.

57OURAR (du berbère) n. m. Spécialisé. Cérémonie traditionnelle


kabyle. Un peu plus bas, dans un cercle de terre battue que les ronces et
les ormes entouraient de toute part, les femmes préparaient
l’ourar. (Mammeri, 1978a, 71). Sliman ne pouvait pas entendre un
refrain d’ourar sans qu’aussitôt il entrât en transe. (Mammeri, 1978b,
111). Tous les jeunes gens fumaient. Moi aussi, depuis le début de
l’ourar, j’allumais cigarette sur cigarette. (Djaout, 1984, 139).

58OUSBANA, OUSBANE V. OSBANA.

59OUSTED, OUSTADH (de l’arabe) n. m. Disponible. Titre donné à un


professeur. Rarement, le titre de « cheikh » dans ce qu’il a de plus noble
ne fut mieux mérité, tant il est de nos jours galvaudé comme d’ailleurs
celui de « ousted » que l’on distribue très généreusement à tout un
chacun. (El Moudjahid, 16.1.84). En cours, pendant la classe, nous
sommes encore « monsieur » ou « ousted », mais dès que la cloche a
sonné, nous redevenons à leurs yeux « monsieur tout le monde ». (El
Moudjahid, 18.10.84). […] des oustadh qui ignorent qu’à un certain âge
des gosses peuvent rester marqués pour la vie par une phrase, par un
mot ou par un simple geste ! (Quotidien d’Oran, 16.2.01). Venez, ousted,
il y a une réunion du comité pédagogique aujourd’hui en salle
105. (oral). V. CHEIKH.

60OUTRE-MER n. m. Disponible. Qui se rapporte à l’Europe et, en


premier lieu, à la France. À la moindre petite panne, on ameutait
l’entourage à la recherche d’un fournisseur outre-mer… (El Moudjahid,
10.2.87). La reine, l’impératrice du raï est là, avec une vidéo, offrant
tous ses plus grands tubes qui ont fait chialer pas mal de mecs dans les
cabarets d’outre-mer. (Algérie-Actualité, 9.11.90). La victime se trouvait
dans l’un des lieux publics de la ville de Rome […] Les déclarations et
témoignages contradictoires nécessiteraient probablement des enquêtes
supplémentaires, déclenchées outre-mer. (Quotidien d’Oran,
30.3.00). Cette foire d’Oran, qui ouvrira ses portes aux industriels
nationaux, verra également la participation de partenaires étrangers.
Ces participants venus d’outre-mer devront exposer les équipements les
plus récents. (Quotidien d’Oran, 29.3.00). Vin-Pali sera peut-être le
nouveau label qui fera parler de lui outre-mer, bientôt. (El Watan,
7.4.00). Bien qu’elle soit toute fraîche, la nouvelle, qui a fait le tour des
chaumières outre-mer, a rassemblé hier à Roissy de nombreux
compatriotes. (Liberté, 18.2.01). Les Algériens d’outre-mer observent
attentivement la situation politique de l’Algérie. (oral).

61OUVROIR n. m. Disponible, écrit. Centre de formation


professionnelle. La cérémonie commémorative devait être suivie de la
baptisation du centre de formation de l’UNFA composé de plusieurs
ouvroirs. (El Moudjahid, 10.3.78). L’ouvroir communal d’Ain-
Temouchent comporte quatre ateliers : couture, broderie, tissage et
dactylographie. (El Moudjahid, 11.6.78). Dans les ouvroirs féminins, les
stagiaires sont tenues d’acheter les équipements nécessaires à leur
formation. (El Moudjahid, 21.12.78). Prochaine ouverture d’un ouvroir
pour les aveugles à Ghardaïa. (El Moudjahid, 31.3.82). La daïra de
Sebdou a bénéficié dernièrement de l’apport de trois nouveaux ouvroirs
implantés dans les communes steppiques. (El Moudjahid,
7.3.83). L’ouvroir du Croissant Rouge d’El-Biar a organisé jeudi 1 er mai
une kermesse. Les élèves de cet établissement ont exposé les ouvrages
qu’elles ont réalisés durant l’année de formation. (El Moudjahid, 6.5.86).

62OW (de l’arabe) interj. Disponible, oral. Exclamation qui sert à


exprimer la surprise. Ow ! Qu’est-ce que tu vas faire avec tous ces
œufs ? (Algérie-Actualité, 10.5.84). Ow ! tu n’es pas encore
partie ! (oral). Ow ! Qu’est-ce-que tu fais ? Tu es fou ? (oral).

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


PA (PA PA), PO (PO PO), POH (POH POH) exclam. Disponible, oral
surtout. Exclamation qui sert à exprimer la surprise, l’admiration ou le
mécontentement. Poh ! Poh ! Poh ! Tu as vu comment ils ont joué, les
nôtres ? (El Moudjahid, 27.1.84). Tout ce que l’on cherche, c’est de
susciter des envies et d’arracher des réflexions du genre : « Pô... si flène
leur a donné mille dinars, quelle générosité ! Un vrai prince... » (El
Moudjahid, 5.9.84). – Tu as vu ? Le prix du pétrole a encore baissé.
C’est une véritable catastrophe ! ! ! – Po ! C’est un grand malheur ! (El
Moudjahid, 10.3.86). Pa pa pa pa, c’est cher le billet d’avion. (oral). Il y
avait du monde, po, po, po ! (oral).

2Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.


3PACHA (de l’arabe) n. m. Vieilli mais disponible, écrit surtout. (Sous
l’administration coloniale turque) gouverneur de province. Les mosquées
qui sont aussi des foyers de culture sont construites grâce aux dons de la
population et des raïs et pachas. (Baghli,1982, 33). L’Algérie a été
d’abord une province ottomane sous les belerbeys et les pachas. (El
Moudjahid, 9.4.86). Cette élection est sanctionnée par la Sublime Porte
par l’envoi du caftan nommant pacha le nouveau dey. (El Watan,
27.11.96). Il faut savoir que le cimetière de Bab El-Oued était connu
sous le nom de cimetière des Pachas, parce qu’il comportait cinq tombes
de pachas. (El Moudjahid, 5.8.97). Durant cette drôle de guerre, les
pachas et les deys, qui se savaient menacés en permanence, ne
manquèrent ni de courage, ni d’imagination, ni d’initiatives. (El Watan,
5.1.00).

4Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. BELERBEY, BEY, CAÏD,


DEY.

5PAGSISME (du sigle PAGS + suff. -isme) n. m. Vieilli mais


disponible. Doctrine politique du Parti de l’avant-garde socialiste
(PAGS), parti politique d’orientation marxiste-léniniste. Je me souviens
que nous étions déjà très désabusés, très pessimistes (le pagsisme béat et
boumédienolâtrie dans lequel sombrèrent certains parmi les plus
endurcis, n’avait pas encore frappé). (Le Jeudi d’Algérie, 16.7.92). Le
pagsisme a donné naissance à une volonté farouche d’en finir une fois
pour toutes avec le système FLN. (oral).

6Com. Le PAGS fut l’héritier du Parti communiste algérien (P.C.A.),


fondé le 17 octobre 1936 et interdit par Ben Bella le 4 novembre 1962.
Reconstitué clandestinement sous le sigle PAGS en 1966, il maintient
cette identité jusqu’à son autodissolution intervenue en novembre 1992,
selon Rouadjia, 1994, 299. V. PAGSISTE.

7PAGSISTE (du sigle PAGS + suffixe -iste) adj. et n. Disponible. Qui se


rapporte, appartient au Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS). Une
demi-journée plus tard, à la kasma FLN, le spectacle est délirant. Il y a
là des militants purs et durs, des anciens maquisards, des apparentés
pagsistes […]. (Algérie-Actualité, 9.5.91). Les pagsistes ont infiltré
depuis fort longtemps le syndicat UGTA et ont réussi à prendre
commande de certaines structures de l’organique. (El Acil,
12.2.94). Nous allons être envahis de faussaires, faux anciens
combattants, faux musulmans, faux F.L.N, faux pagsistes, faux patrons,
faux pouvoir. (L’Hebdo libéré, 23.3.94). Du côté des arabophones, il y
avait la tendance baâthiste qui mènera des combats durables contre les
pagsistes. (La Nation, 30.1.95). La campagne menée contre la grève des
étudiants arabophones au milieu des années 70, puis la condamnation du
Printemps berbère en 1980 vont consacrer une forme de déchéance qui
réduit énormément la puissance d’impact et la force des réseaux
pagsistes dans les rangs de la jeunesse scolarisée. (La Nation, 30.1.95).
V. PAGSISME.

8PALANGRIER n. m. Spécialisé. Bateau de pêche équipé de


palangres. La coopérative de pêche exploite de son côté sept
embarcations composées d’un chalutier, de trois sardiniers et trois
palangriers. (El Moudjahid, 28.2.89). Le palangrier de Si Omar a échoué
sur un haut-fond au large de Skikda. (oral). V. PETIT MÉTIER.

9PAMÉLA (du nom d’une héroïne du feuilleton


américain Dallas diffusé sur la chaîne télévisuelle algérienne) n. f. Vieilli
mais disponible, oral surtout, milieux sportifs, connotation dépréciative.
Surnom donné à un joueur masculin dont le comportement est jugé
« mou » (sous-entendu « féminin »). « Paméla, ça suffit ! » Notre public
se perd le plus souvent en slogans dénués de tout sens, et n’ayant aucune
signification ou consonance algérienne. Ainsi vous en entendrez de toutes
sortes, à commencer par les « Paméla » distribués généreusement… (El
Moudjahid, 16.11.83). Au stade, les artifices sont condamnés.
L’hésitation, la délicatesse, le style sont assimilés aux attributs de la
féminité. Combien de joueurs se sont vus affublés du nom de « Paméla »
comme une dégradation suprême. (Algérie-Actualité, 23.2.84). C’est une
véritable Paméla ce joueur, il faut le radier de l’équipe, sinon il nous
fera perdre le championnat. (oral).

10PARABOLÉ, E (de parabole + suff. -é) 1. adj. Courant, oral surtout.


Équipé d’une antenne TV parabolique. Pour ceux qui restent, ils ont
toujours le café parabolé, sinon c’est le célèbre jeu du « Kherbga » qui
absorbera l’esprit villageois. (El Acil, 28.4.93). Ce soir, si vous êtes
parabolé, ne ratez pas le match de foot entre la France et la Pologne car
il y a du drame dans l’air. (L’Authentique, 16.8.95). Les insomniaques
parabolés n’ont alors qu’à zapper et se laisser happer par la « nuit
américaine ». (La Nation, 30.7.96). Les chambres de l’hôtel
« Marhaba » sont parabolées. (oral).

112. n. Courant, oral surtout. Personne qui a équipé son récepteur TV


d’une antenne parabolique pour capter les chaînes de télévision
étrangères. 90 % des parabolés souhaitent que l’ENTV continue les
mêmes programmes. (El Manchar, 10.1.93). Les parabolés absents. (Le
Matin, 3.6.94). Idir sur Arte. Les parabolés et, en même temps, les
mordus de musique algérienne contemporaine auront tout le loisir
d’apprécier encore une fois Idir. (Liberté, 21.6.94) Les parabolés seront
sanctionnés par la justice iranienne. (El Acil, 25.10.95). Les
« parabolés » ont l’embarras du choix. Il faut signaler que l’audimat de
Algerian TV a nettement baissé depuis que les programmes de cette
chaîne ont été arabisés presque complètement. (El Watan,
23.12.99). Dans la cité où je réside, les locataires ne sont pas
parabolés. (oral).

12Com. Le synonyme attesté paraboleux est rare. V. BRANCHÉ,


PARABOLIQUE, PARADIABOLIQUE.

13PARABOLIQUE (troncation de antenne parabolique) n. f. Courant.


Antenne TV parabolique. Vous êtes ploucs parce que vous pensez qu’en
supprimant le français à l’école, les gosses parleront égyptien
automatiquement, alors aujourd’hui – et plus que jamais depuis la
parabolique – les gosses parlent « Dorothée » impeccablement.. (Le
Jeudi d’Algérie, 16.7.92). La parabolique a enrichi les opportunistes et
trabendistes de tout poil qui ont su profiter de la soif des téléspectateurs
algériens longtemps sevrés par la chaîne unique et sa langue de bois. (El
Acil, 10.10.96). La parabolique vient de faire son apparition sur les toits
de la cité. (oral).

14Com. Néologisme des années 1980. V. PARABOLÉ,


PARADIABOLIQUE.

15PARADIABOLIQUE (mot-valise formé à partir


de parabole et diabolique) n. f. Disponible, oral surtout, connotation
négative ou plaisante. Antenne TV parabolique qui permet de capter des
chaînes étrangères dont les programmes sont considérés par certains
comme contraires à la morale musulmane. Décriée par les uns, adulée
par les autres, la « paradiabolique » – pour reprendre une métaphore
bien de chez nous – a toujours suscité des polémiques sans fin. (El
Watan, 18.7.91). Pour les intégristes comme pour les mollahs, les
paradiaboliques sont la cause de tous les maux de la communauté
musulmane. (oral). Les intégristes ont commencé à faire la chasse aux
paradiaboliques. (oral). V. BRANCHÉ, PARABOLÉ,
PARABOLIQUE.

16PARCAGE n. m. Disponible. Fait de garder des enfants, garderie. Ce


n’est pas du gardiennage ou du « parcage » d’enfants mais bel et bien
un suivi scientifique et progressif. (El Watan, 21.4.93). Beaucoup
d’écoles se limitent tout simplement au parcage des enfants au lieu de les
éduquer. (El Acil, 12.10.94). Les écoles maternelles manquant de moyens
didactiques et de commodités font du parcage. (oral).

17PAR CONSÉQUENCE loc. Disponible, oral surtout. Par


conséquent. Par conséquence, on va retourner sur le terrain la semaine
prochaine. (oral). Par conséquence, il arrivera en retard. (oral). Par
conséquence, vos instructions ne seront pas respectées. (oral).

18PARENT, E adj. Disponible, écrit surtout. (Famille, personne) avec


laquelle il existe un lien de parenté. Les familles parentes et alliées font
part de la veillée du 40 e jour. (El Moudjahid, 25.5.90). Toutes les
familles parentes et alliées ont l’immense douleur de faire part du décès
de K. L. (El Moudjahid, 21.9.90).

19PARPAINEUSE, PARPAIGNEUSE n. f. Disponible. Machine


servant à fabriquer des parpaings. Vends matériel échafaudage,
bétonnière, parpaigneuses. (El Moudjahid, 14.3.84). Vends bétonnière
neuve et parpaineuse avec moules. (El Moudjahid, 13.4.87). Le ministre
a constaté le démarrage des travaux d’implantation d’une future unité de
fabrication de dumpers, parpaineuses et bétonnières qui est située sur
une superficie de 20 hectares. (El Acil, 12.9.93). Achète matériaux de
construction avec parpaineuse en état de marche. Intermédiaire
s’abstenir. (El Moudjahid, 25.10.94). Depuis qu’il a acheté une
parpaigneuse électrique, il a fait beaucoup de bénéfices. (oral).

20Com. L’essor de la construction, la crise de logements et le recours à


l’autoconstruction ont favorisé l’extension du terme.

21PARTERRE n. m. Courant. Sol d’une habitation, carrelage,


plancher. Par-ci les femmes tissent une cachabia, par-là un haïk ou un
tapis qui irait fleurir le parterre d’un riche fellah. (El Watan, 12.1.94). Je
vais laver le parterre. (oral). Va laver le parterre de la
cuisine ! (oral). Achète-moi un chiffon de parterre. (oral).
Comp. CHIFFON DE PARTERRE.

22Com. Le terme s’accompagne de marques « fam. » ou « région. » dans


les dictionnaires du français central. Attesté ds Lanly 1970, Duclos
1991, GR, TLF.

23PARTI DISSOUS loc. nom. m. Disponible. Expression consacrée


pour désigner le FIS (Front islamique du salut). Des dizaines d’APC et
d’APW étaient présidées à l’époque par des harkis et des fils de harkis
sous la bannière du « parti dissous », le FIS. (Le Matin, 1.11.93).
[…] une trêve qui se traduira par un appel des dirigeants du parti
dissous à l’arrêt des actions armées contre leurs remises en
liberté. (Liberté, 21.6.95). Merani croit dur comme fer que, même
libérés, les dirigeants du parti dissous […] n’ont aucun avenir politique.
(El Watan, 4.12.95). Pour ceux qui n’ont pas encore réalisé ce dont est
capable l’islamisme, les escadrons de la mort du parti dissous
s’appliquent à leur en faire la démonstration. (El Watan, 2.6.97). C’est
l’une des conclusions majeures que tire Ribat, l’organe central de
l’instance exécutive à l’étranger du parti dissous, l’ex-FIS, des derniers
événements. […] C’est à ce niveau que le parti dissous plaide pour un
retour aux urnes. (La Tribune, 20.1.00). A. D., ancien responsable de la
commission politique du parti dissous et ancien membre du madjless
choura, a bien voulu répondre à quelques questions. (Quotidien d’Oran,
5.2.00). Les frères Zouabri, ont, dès le début des années 90, rejoint le
parti dissous. L’aîné, Mohamed, choisit l’action politique et rejoint le
FIS dissous. (Quotidien d’Oran, 15.1.01).

24Com. Le FIS a été dissous le 4 mars 1992, selon Rouadjia, 1994, 361.

25PASSAGER, ÈRE n. et adj. Disponible. Personne de passage, qui ne


fait que passer en un lieu. Je l’écoutais énumérer ses aventures, évoquer
les passagères qui avaient traversé sa vie. (Djebar, 1958, 137). Le village
socialiste ne laisse pas indifférent un passager qui s’y hasarde […]. Le
passager, loin de se sentir dans quelque village démuni, est surpris par
l’animation qui y règne. (El Moudjahid, 14.7.77). Nous avons choisi une
artère grouillante de Blida : la rue Danton où les Blidéens et autres
passagers ont pris l’habitude de s’approvisionner. (El Moudjahid,
11.7.83). La population que nous administrons est de 13 000 habitants
auxquels il faut rajouter les touristes et les passagers. (Algérie-Actualité,
10.4.86).

26Com. Cet emploi est considéré comme « vx. » ou « littér. » dans les
dictionnaires du français central (GR, TLF).

27PATRIOTE n. m. adj. Courant. Membre d’une milice d’autodéfense


créée pour lutter contre les terroristes islamistes. Une communauté (qui
eut plus de 300 chahids durant la guerre de libération nationale) qui a
initié le mouvement des patriotes dans toute la région de
Mostaganem. (El Watan, 19.2.96). […] formule utilisée, notamment par
les gardes communaux et les « patriotes » (milices d’autodéfense) pour
désigner les éléments des groupes armés. (La Nation, 30.7.96). Le 8 avril
1995, Mohamed Sellami et vingt-deux patriotes rentrent armés dans
Haouch Gros par les vergers du douar Essaâda. Sellami avait préparé ce
retour après deux ans de bataille effrénée pour arracher le principe
d’une riposte armée aux actions terroristes des islamistes dans l’est de la
Mitidja. (El Watan, 23.12.99). Une vaste opération de ratissage a été
enclenchée par les éléments de la lutte antiterroriste, renforcés dans leur
manœuvre par les Patriotes et les GLD. (Le Matin, 10.1.00). Les
patriotes, qui étaient, avant l’amnistie des terroristes, les yeux et les
oreilles des services de sécurité, n’auraient plus la même motivation
qu’avant. (Liberté, 2.3.00). Pouvait-on imaginer un seul instant, il y a
quelques semaines, qu’un chef patriote et un « émir » d’une organisation
terroriste puissent se rencontrer et se concerter sur la protection des
repentis et de leur famille ? (El Watan, 8.2.00). Un patriote tue un
« émir » repenti et l’islamisme répond par un déploiement de forces. (Le
Soir d’Algérie, 17.2.01).

28PÊCHERIE n. m. Disponible. Marché aux poissons. La pêcherie doit


ouvrir ses portes à 5 heures 30 du matin. (El Moudjahid, 22.2.81). La
pêcherie dont l’état vétuste demande une complète conversion s’est
enrichie d’une cale de halage. (El Moudjahid, 27.12.83). Un mini-parc
de loisirs et d’attractions sera implanté entre la pêcherie et l’entrée du
port… (El Moudjahid, 9.6.1988). […] à l’entrée du quartier de la
pêcherie dont on longera la rampe pour aller manger des poissons
grillés. (La Tribune, 25.1.00). Les bourses modestes ne fréquentent plus
la pêcherie à cause des prix. (oral).

29PÉNURISTE (de pénurie + suff. -iste) n. m., adj. Vieilli mais


disponible. (Spéculateur) qui achète d’importantes quantités de
marchandises dans le but de les revendre à prix fort en créant leur
pénurie. On dénombre une pléthore de pénuristes, un grand nombre de
pseudo-commerçants… (El Moudjahid, 17.1.78). L’esprit pénuriste ne se
manifeste pratiquement plus. (El Moudjahid, 23.8.78). La police a arrêté
un pénuriste. (oral). Les pénuristes s’enrichissent sur le dos du
consommateur. (oral).

30Com. Terme en vogue dans les années 1970-1980, où la pénurie


régulière de certains produits constituait un véritable phénomène de
société.

31PERFUSEUR n. m. Disponible. Appareil de perfusion. En matière de


médicaments, le problème concerne surtout les produits consommables :
ligatures, gants, perfuseurs, ainsi que les sirops et les antipyrétiques. (El
Acil, 10.01.93). Dans le civil, M. Kamel Abderahim a lancé une
entreprise de fabrication de seringues et de perfuseurs, l’I.M.C.
(Instrumentation médico-chirurgicale) qui a démarré en 1991. (El Watan,
25.4.93). Quand il y avait manque de perfuseurs à l’hôpital, on pouvait
se les procurer au souk du vendredi. (oral).

32PERLAGE n. m. Spécialisé. Art d’enfiler des perles en vue d’exécuter


des motifs (dessins) sur une étoffe servant de support. Dame donne cours
de perlage et fetla. (El Moudjahid, 24.9.90). Prends travaux de paillette
et perlage à domicile. (L’Opinion, 6.7.92). Ma fille prend des cours de
perlage au foyer culturel de l’A.P.C. (oral). V. FETLA, MEDJBOUD.

33PERMANENCIER n. m. Disponible, écrit. Personne qui assure une


permanence. Les enseignants trouveront le permanencier et lui
remettront les copies des examens ainsi que les notes. (Note de service,
13.2.93, Université de Constantine).

34PERMANENT n. m. Disponible. Salarié qui bénéficie d’un poste de


travail permanent, d’un contrat de travail à durée indéterminée. Voyons,
frère, ce n’est pas en éliminant la majorité des permanents que vous
améliorez votre sort. (Achour, 1975, 59). Nous sommes 19 permanents.
Cet effectif est insuffisant pour l’entretien de la palmeraie qui constitue
la principale activité du domaine. (Afric-Éco, 2.8.86). Enfin, je suis
recruté permanent à la SONACOME. (oral). V. PERMANISATION,
PERMANISER.

35PERMANISATION n.f. 1. Courant. Transformation de personnels


temporaires en personnels jouissant d’un poste de travail à durée
indéterminée. Le problème de la permanisation des saisonniers a été
débattu. (El Moudjahid, 16.2.78). L’orateur devait insister sur la
permanisation de certains militants de base. (El Moudjahid, 31.1.79). Les
premières actions dans le domaine considéré ont porté leurs fruits. Les
premiers résultats militent en faveur d’une permanisation soutenue. (El
Moudjahid, 3.11.83). La permanisation de l’emploi salarié est une
donnée constante du processus de développement de l’économie
algérienne. (Statistiques, 1.9.85). Le D.G. va inscrire à l’ordre du jour la
permanisation des stagiaires nouvellement recrutés. (oral).

362. Disponible, milieux des entreprises. Fait de donner à une activité un


caractère permanent, continu ou régulier. Le seul remède, c’est la
« permanisation » des points de vente. (El Moudjahid, 28.8.77). La
réflexion portait sur la permanisation de l’activité culturelle à travers la
wilaya. (El Moudjahid, 21.6.84). La permanisation des opérations de
salubrité et d’hygiène doit être effective et réelle. (oral).
V. PERMANENT, PERMANISER.

37PERMANISER 1. v. tr. dir. Courant. Titulariser dans un poste de


travail. Il est nécessaire de permaniser cette catégorie de travailleurs. (El
Moudjahid, 15.1.79). Dans un immeuble en effet, ils ont permanisé
un syndic. (El Moudjahid, 24.12.85). Ces travaux ne pourront être menés
à bien […] qu’avec des travailleurs permanents. Il ne s’agit pas ici de
permaniser pour le plaisir. (El Moudjahid, 26.5.87). La totalité de ces
entreprises a « permanisé » dès le départ ses employés alors que le
marché est tributaire de l’offre et de la demande. (El Watan,
29.3.00). Faisant le bilan des programmes et des des contrats de
préemploi, le ministre du Travail et de la Protection sociale fait savoir
que 26 179 universitaires et techniciens supérieurs ont été touchés. Pour
un temps seulement, puisque seule une faible proportion parmi eux a été
permanisée, alors que le reste est retombé dans le chômage. (Liberté,
30.1.01).

382. v. tr. dir. Disponible. Donner un caractère permanent, continu,


régulier. Une action qu’il reste à perfectionner et permaniser. (El
Moudjahid, 25.4.80). […] l’organisation des fédérations à travers des
structures administratives permanisées. (Algérie-Actualité, 9.2.84). La
nécessité de permaniser l’action d’assainissement a été soulignée par les
différents responsables présents. (El Moudjahid, 6.2.84). Son programme
d’action devait permettre aux élus de définir avec le comité de
l’association une stratégie pratique permettant de permaniser
l’animation culturelle dans cette localité. (El Moudjahid, 20.10.85). Les
visites du Président […] permanisent les relations entre le sommet et la
base. (oral). Les associations qui réussissent sont celles qui permanisent
leur action. (oral).

393. v. pronom. Disponible. Acquérir un caractère permanent, régulier,


continu. Cette méthode de travail doit se permaniser en vue d’élaborer
un programme sanitaire national. (El Moudjahid, 29.5.79). Les
déplacements des ministres à l’intérieur du pays devraient se
permaniser. (oral). Il faut que la solidarité nationale se permanise sans
quoi les familles algériennes les plus démunies sombreraient dans le
désespoir. (oral). V. PERMANENT, PERMANISATION.

40PETIT MÉTIER V. MÉTIER.

41PETIT PÊCHEUR n. m. Disponible. Pêcheur professionnel


pratiquant la pêche artisanale. La flottille s’est enrichie ces dernières
années, grâce aux crédits accordés par l’État aux petits pêcheurs, de 13
embarcations. (El Moudjahid, 28.2.83). Le Ministère de l’Agriculture a
consenti un prêt spécial aux petits pêcheurs de la ville de Skikda pour
valoriser la pêche dans l’Est constantinois. (El Acil, 21.4.93). Les petits
pêcheurs doivent s’organiser en association pour pouvoir faire front aux
grosses entreprises qui pratiquent la pêche industrielle pour
l’exportation anarchique des meilleurs produits. (Liberté,
10.11.94). Beaucoup de petits pêcheurs ont déclaré faillite avec le
manque de pièces détachées. (oral). V. PETIT MÉTIER.

42PÉTRO-IMAM n. m. Disponible, connotation péjorative. Imam


exerçant dans les monarchies pétrolières du Moyen-Orient (Arabie
séoudite, Koweit, Emirats arabes unis, etc.). Ces derniers n’ont rien de
comparable avec certains pétro-imams qui, installés sur les Lieux saints
de l’Islam, que Dieu les préserve, envoient des messages aux quatre
coins du monde pour dire […] que la présence de soldats kofr sur le sol
séoudien n’était pas une malédiction. (El Moudjahid, 16.9.90). Les
événements du Golfe nous ont fait apprendre qu’il y avait des pétro-
imams. (oral).

43Com. Terme construit sur le modèle pétrodollar et utilisé par les


opposants à la présence de soldats non musulmans en Arabie saoudite.
44PÉTROLE VERT n. m. Vieilli, écrit. Agriculture. Progressivement
le « pétrole vert » se substitue à l’« or noir ». (El Moudjahid,
14.4.86). Il s’agit non seulement de remplacer le pétrole noir par le
« pétrole vert » mais aussi d’assurer l’indépendance alimentaire de la
nation. (El Moudjahid, 24.10.86).

45Com. Terme métaphorique utilisé sous le régime du président Chadli


pour inciter les Algériens à travailler la terre.

46PÉTROLIER n. m. Disponible. Travailleur du secteur pétrolier. Il


faut également noter l’action de volontariat des pétroliers le long du
tronçon Arzew-Oued Tlélat. (El Moudjahid, 24.2.84). Les pétroliers
déplorent ce fait et réclament une plus grande diversité des activités
culturelles. (El Moudjahid, 25.2.86). Le secrétaire général de l’UGTA a
rendu visite aux pétroliers de Hassi Messaoud. (El Watan, 25.2.94). Pour
l’instant, la bataille semble engagée entre les pétroliers et le
gouvernement pour amener ce dernier à respecter l’accord du
26.11.1994. (Liberté, 5.6.95). Les pétroliers menacent le Premier
Ministre s’il n’applique pas les résolutions concernant les
revalorisations de salaire. (El Acil, 27.1.96). Les pétroliers du bout du
monde. (Le Matin, 26.1.96). À la zone pétrolière d’Arzew, les pétroliers
ont d’abord lu une déclaration, copie des prédentes. Par la suite, les
syndicalistes ont monopolisé la parole pour « descendre » le projet du
ministre. (Quotidien d’Oran, 7.2.01). Le débrayage des pétroliers ne
touchera pas la production. (El Watan, 12.3.01).

47PHALANGE n. f. Courant. Groupe de terroristes islamistes organisés


en formation militaire. Madani Mezrag aurait exigé que tous les
terroristes – qu’ils appartiennent à des phalanges autonomes ou au GIA
– ayant rejoint la trêve doivent être pris en charge par les autorités. (El
Watan, 4.1.00). Reddition des derniers éléments de la katiba el
ghoraba [Titre]. Les derniers éléments de la phalange el ghoraba du
GSPC de Hassan Hattab, se sont rendus aux autorités militaires. […] en
attendant que les éléments des autres phalanges fassent de même. (La
Tribune, 6.1.00). L’offensive militaire menée depuis mardi dernier par
les unités de l’ANP contre la phalange d’El Ahoual dans la région de
Tiaret a pris fin samedi dernier avec l’élimination de plusieurs
terroristes. (El Watan, 10.1.00). […] particulièrement à l’ouest où
d’ailleurs une phalange de 47 terroristes de l’AIS a été entièrement
décimée par Mustapha Akkal, chef de la région ouest pour le GIA. (El
Watan, 12.1.00). Des hélicoptères à infrarouges seront, à cet effet,
déployés pour déloger les phalanges du GIA et du GSPC. (Le Matin,
14.1.00). Les deux repentis activaient dans la phalange dénommée
Katibat El Wafa (section de la fidélité). (El Watan, 28.1.00). Les éléments
de la nouvelle phalange du GSPC s’attaquent aux infrastructures
économiques dans la région de Bouira. (La Tribune, 23.3.00).
V. KATIBA (souvent employé comme synonyme).

48PHARMACIEN (calque de l’arabe) n. m. Disponible, oral.


Commerçant qui pratique des prix très élevés. Ce légumier se prend pour
un pharmacien. (oral). Regarde les prix affichés, il se prend pour un
pharmacien celui-là. (oral).

49PIÈCE THÉÂTRALE n. f. Disponible. Pièce de théâtre. Les élèves


ont organisé des cérémonies et chants religieux ainsi que des pièces
théâtrales traitant de l’Islam et de la vie du Prophète. (El Moudjahid,
6.12.84). Un nombreux public a assisté aux pièces théâtrales proposées
par les troupes participantes. (El Moudjahid, 21.6.88). Des tables
rondes, projections de films, pièces théâtrales et activités sportives sont
également programmées. (El Acil, 28.4.93). Finalement, nous assistons à
une pièce théâtrale où le thème et le rôle de chacun sont de perdre du
temps le plus possible. (L’Indépendant, 6.5.95). Il n’y a plus de pièces
théâtrales au T.N.A. de Skikda. (oral).

50PIPA n. f. Disponible, oral. Pipe. Nos soirées donc se ponctuaient par


des pétards et de gros joints. Quand nous avions « l’ambition », nous
nous préparions une « pipa ». (Algérie-Actualité, 29.8.90). Les partisans
de la pipa ne trouvent plus leur tabac sur le marché. (oral). V. ZETLA,
CHIRA, KIF.

51PIPE (troncation de pipe-line) n. m. Disponible. Pipe-line, gazoduc,


oléoduc. À titre d’exemple, les pipes de pétrole qui traversent le barrage
de Keddara. Ce qui a nécessité la dotation de la station d’épuration d’un
« charbon actif » pour justement isoler les hydrocarbures. (La Tribune,
28.1.00). […] à l’aide d’une bombe de forte puissance qui a endommagé
le pipe provoquant un incendie […]. L’approvisionnement en gaz naturel
de la région de Tizi Ouzou n’a pas été affecté. (El Watan, 23.3.00).

52PLANTER (- UN BUT) (calque du russe ?) loc. verb. Disponible,


milieux sportifs surtout. Inscrire, marquer un but (football, handball). Ce
remuant Maïche planta deux buts à Osmani. (El Moudjahid,
5.2.82). Vient ensuite Barza de Boufarik qui plante 2 buts. (El Hadef,
27.1.1985). Ammour « planta » le but victorieux tant attendu par le
public. (El Hadef, 2.3.86). On le disait blessé et hors de forme et lui se
faisait un plaisir de planter un but derrière un autre. (El Moudjahid,
10.6.88). Le Mouloudia […] permit à M. S. rentré dans le cours du jeu de
planter t rois buts d’affilée. (El Moudjahid, 30.4.1989). Le talentueux
avant-centre du MOC a planté deux beaux buts dans les bois de l’équipe
adverse. (El Acil, 12.9.94). Sans jeter la pierre à quiconque, je dis sans
prétention aucune que, si j’avais été sur le terrain, j’aurais planté au
moins un but. (El Watan, 28.1.00).

53Com. L’apparition du calque s’expliquerait par la présence, dans les


années 80, d’entraîneurs soviétiques à la tête des sélections algériennes.

54PLANTEUR n. m. Disponible. Personne qui plante (arbres, légumes


etc.). Ode aux planteurs d’arbres. (El Moudjahid, 25.3.84). […] les
pompages illicites des planteurs de pastèques finissent par assécher
l’oued Chelif. (El Moudjahid, 13.4.84). Il n’est pas facile de trouver des
planteurs de palmiers. (oral).

55Com. Le terme est considéré comme « rare » dans le PR.

56PLASTICULTURE n. f. Spécialisé, écrit. Culture sous serre de


plastique. C’est que la culture sous film plastique (la plasticulture)
présente d’énormes avantages. (Algérie-Actualité,
22.12.83). L’organisation se trace pour objectif l’encouragement de la
plasticulture et la résolution des indus-occupants. (El Moudjahid,
27.1.84). La plasticulture connaît un développement physique
conséquent. (Algérie verte, 1.2.86). La plasticulture constitue un autre
moyen d’améliorer la production maraîchère. (El Moudjahid,
12.8.88). Concernant la superficie de mise en culture, la céréaliculture
occupe une superficie de 450 ha, le maraîchage occupe une surface de
14 ha, tandis que la plasticulture est de l’ordre de 6 ha. (El Moudjahid,
8.3.95).

57PLASTIFICATEUR n. m. Disponible. Personne qui met les pièces


d’identité sous plastique en vue d’une meilleure conservation. À
proximité, un plastificateur pose soigneusement des feuilles
transparentes sur votre pièce d’identité. (El Moudjahid, 2.5.82). Je
cherche un plastificateur pour plastifier mon permis de
conduire. (oral). Les documents traités par ce plastificateur demeurent
longtemps en très bon état. (oral).

58PLOMBS n. m. pl. Disponible. Semoule en gros grains roulée à la


main. Plombs 500 gr (sachet entreprise ERIAD [Entreprise des Industries
Alimentaires Céréalières et Dérivés de Sétif]). Achetez un paquet de
plombs, de petits plombs. (oral). On a mangé un plat de plombs. (oral).

59Com. Le terme s’emploie exclusivement au pluriel. V. AÏCH,


BERKOUKES.

60PLUVIEUX, SE adj. Disponible. Pluvial, qui a rapport à la pluie. Les


infiltrations des eaux pluvieuses pendant les grandes averses au niveau
des plinthes ont noirci des plafonds et des murs. (El Moudjahid,
14.6.83). Le programme de construction des retenues collinaires
permettra pendant l’été l’irrigation de milliers d’hectares à l’aide des
eaux pluvieuses. (Horizons, 14.5.92). Les services de la voirie de toutes
les APC d’Algérie oublient de nettoyer les canaux de drainage des eaux
pluvieuses. (Le Matin, 10.9.94). Pour recueillir les eaux pluvieuses, les
autorités locales ont programmé la construction d’un barrage. (oral).

61POÉSIADE (de poésie + suff. –ade) n. f. Disponible, intellectuels.


Festival de poésie. Ce festival a connu une forte participation de poètes
qui sont venus des quatre coins du pays pour animer les poésiades
prévues à l’occasion. (Liberté, 29.12.95). Un mois avant l’organisation
des 7es poésiades qui avaient été, de l’avis de tous, un échec total,
l’essentiel était néanmoins de marquer le point. (La Tribune, 4.1.96). À
l’accoutumée, les subventions étaient allouées pour payer les dettes
contractées lors de l’organisation des festivals poésiades. (La Tribune,
4.1.96). Il nous a fait part de sa ferme intention de relancer « le club des
amis des poésiades » pour « déghettoïser » cette activité phare et
envisager d’ores et déjà leur organisation à travers d’autres villes
d’Algérie. (La Tribune, 4.1.96). La neuvième édition des poésiades de
Béjaïa a pris fin ce jeudi avec la récompense des meilleurs recueils. (La
Tribune, 3.8.97).

62POILU, E n., adj. Disponible, connotation péjorative. Islamiste


intégriste. C’est le candidat FIS de Aïn K’bira […] Imaginez la fête, la
joie et les embrassades poilues. (Le Jeudi d’Algérie, 16.7.92). Aux
élections de l’APC, en 1991, les poilus ont obtenu le plus grand nombre
de voix, ils sont majoritaires et désigneront parmi eux le maire qui
dirigera la ville. (El Acil, 12.5.94). Cette commune était représentée par
un poilu en costume trois pièces et cravate. (oral). V. AKH, BARBU,
FRÈRE.

63POLLEN n. f. et m. Disponible, milieu des jeunes surtout. Poudre de


cannabis utilisée comme drogue. Ahmed, fébrile (il n’a pas encore fumé
de la soirée) me fait le topo du b.a.-ba de la zetla : « La meilleure
qualité, la plus chère, c’est le “pollen ”. Il y a d’abord la “première
pollen ” : elle est de couleur marron. C’est la pure résine de cannabis,
huileuse ; la “deuxième pollen ” est jaune et sèche, mais bonne
aussi. » (Algérie-Actualité, 11.4.91). La pollen est très prisée par les
jeunes du quartier, son prix est passé du simple au double en l’espace de
quelques jours. (oral).

64Com. Néologisme des années 90, le terme s’emploie surtout au


féminin. V. CACHET, CHIRA, GHOBRA, KEMYA, KIF, ZETLA.

65PONCTUER v. tr. dir. Disponible, surtout milieux journalistiques.


Achever, clore, terminer. Le jubilé fait à la mémoire de ce grand joueur
est ponctué par le tirage d’une tombola. (El Acil, 14.2.93). Le cycle de
formation de moniteurs de centres de vacances a été ponctué par un
discours de l’inspecteur de la Jeunesse et des Sports. (El Acil,
10.4.93). Le recyclage des formateurs d’ouvriers professionnels est
ponctué par une cérémonie de remise de prix aux plus
méritants. (Liberté, 4.12.94). L’exposition de peinture de cet artiste
amateur a été ponctuée par une petite vente aux enchères pour
l’encourager. (oral). Une contre-attaque ponctuée par un but. (oral).

66PORTER v. tr. dir. Disponible, oral. Amener, emmener. Ce matin,


j’ai porté la femme de T. ici à Skikda. (oral). Kamel porte sa mère à la
mosquée. (oral). Elle veut porter Abdeslam avec elle en France. (oral).

67Com. Calque de l’espagnol selon Lanly. Attesté ds Lanly 1970,


Duclos 1991.

68PORTIER n. m. Spécialisé, milieux sportifs. Gardien de but. Ils ont


failli égaliser si ce n’était le brio de Bendjamaâ, le portier local. (El
Hadef, 10.4.94). En attendant cette confrontation qui s’annonce très
rude, nous avons rencontré le portier international de la JSK, Liamine
Boughara. (Quotidien d’Oran, 10.3.00). Ils eurent plusieurs fois
l’occasion de scorer, Amis le portier assémiste était vraiment dans son
jour. (El Moudjahid, 17.2.01). En Algérie, les bons gardiens ne manquent
pas. Je pense que je suis en mesure de me mesurer avec les meilleurs
portiers en dépit de mon jeune âge. (Liberté, 18.2.01). Le portier du
Mouloudia a gagné à lui tout seul ce match de coupe. (oral).
V. KEEPER.

69POST-GRADUANT n. m. et adj. Disponible, milieux universitaires.


Étudiant inscrit en troisième cycle universitaire. Les étudiants post-
graduants inscrits depuis 1981-1982 et 1983 sont informés qu’ils doivent
se présenter à la Direction des Études pour procéder à leur réinscription
pour l’année universitaire 1984-1985. (El Moudjahid, 27.9.84). Les post-
graduants qui assurent des enseignements T. D. bénéficieront
d’avantages en matière de documentation et de stage pour pouvoir
achever rapidement leur recherche et soutenir leur magistère. (Le Matin,
10.9.94). Les post-graduants préparent leurs mémoires. (oral). V. POST-
GRADUATION, POST-GRADUÉ.

70POST-GRADUATION n. f. Disponible, milieux universitaires.


Études de troisième cycle universitaire. La post-graduation ou le
résidanat, en tant que contrat de formation avec le Ministère de
l’Enseignement supérieur, seront-ils comptés comme période de service
civil ? (Algérie-Actualité, 9.2.84). Il est prévu l’ouverture d’une filière de
post-graduation pour un diplôme de magistère en
télécommunications. (El Moudjahid, 20.11.85). Après trois ans, ils [les
étudiants] réclamèrent l’arabisation de la post-graduation. (Mimouni,
1993, 124). Cette formation est sanctionnée par le diplôme de post-
graduation spécialisée qui sera délivré par le Ministère délégué aux
Universités (Diplôme d’Études supérieures spécialisées). (El Watan,
4.4.93). 775 diplômes de post-graduation ont été délivrés pour la seule
année 93-94, alors que les candidats enregistrés pour l’obtention de
doctorats d’État sont au nombre de 565. (Le Soir d’Algérie, 22.4.94). Le
directeur d’école, pour résoudre le problème, instaura une post-
graduation de deux ans en français … Concours d’accès à la post-
graduation en langue et culture amazighes. (Liberté, 22.11.95). En
matière de formation, l’une des principales actions entreprises est le
lancement de l’enseignement relatif au diplôme de post-graduation
spécialisée en transfusion sanguine. (El Watan, 7.4.00). UFC : ouverture
d’une post-graduation en droit des affaires. (El Moudjahid, 3.2.01).
V. POST-GRADUANT, POST-GRADUÉ.
71POST-GRADUÉ 1. n. m. Disponible, milieux universitaires. Étudiant
inscrit en troisième cycle universitaire. Le post-gradué qui n’est
considéré comme un étudiant, ni comme un enseignant […] deviendra
statuairement un enseignant stagiaire. (Algérie-Actualité, 6.6.85). Les
post-gradués se plaignent du manque de documentation
scientifique. (oral).

722. adj. Disponible, milieux universitaires. Qui se rapporte à la post-


graduation. Une journée d’étude sur l’organisation des formations post-
graduées regroupant les établissements universitaires […] a été
organisée à Ben Aknoun. (El Moudjahid, 30.4.86). Cette spécialisation
s’accentue lorsque l’étudiant envisage de suivre un cycle post-
gradué. (Zellal, 1987, 71) La formation post-graduée en Algérie souffre
du déficit en professeurs encadreurs. (oral). V. POST-GRADUANT,
POST-GRADUATION.

73POST-INDÉPENDANCE n. f., adj. Disponible. Période qui suit


l’accès à l’indépendance. Il s’agit de la post-indépendance et de la
période 1970-82. (El Moudjahid, 1.4.86). Alors comment expliquer
qu’elles soient absentes du phénomène de la sahwa post-
indépendance ? (Algérie-Actualité, 23.5.91). Tous les 29 juin
demeureront un repère-jonction entre la génération de la guerre et toutes
les générations post-indépendance. (Liberté, 28.6.94). De la génération
post-indépendance, Mouloud Bahloul qui reste, malgré la culture de
l’oubli, un interprète chevronné de ce genre de qacida, […]. (El Acil,
26.5.97). La période de postindépendance a été très mal gérée par les
responsables du parti FLN. (oral). V. POSTINDÉPENDANT.

74POST-INDÉPENDANT adj. Disponible. Qui se rapporte à la période


qui suit l’accès à l’indépendance. Il a ajouté qu’il s’est intéressé de très
près à l’Algérie post-indépendante… (El Moudjahid, 22.4.86). La
population de l’Algérie post-indépendante est extrêmement jeune et d’un
dynamisme époustouflant. (oral). L’Algérie post-indépendante a connu
six présidents. (oral). V. POST-INDÉPENDANCE.

75POUPÉE n. f. Disponible. Nouveau-né de sexe féminin. La famille


des Arts Graphiques vient de se renforcer avec la venue au monde d’une
jolie poupée prénommée Amal au foyer de notre ami et collègue B.
F. (Échos de la Soummam, 1.4.86). À l’occasion de la naissance d’une
belle poupée au foyer des D. et B., nous souhaitons prompt
rétablissement à la maman, longue vie au nouveau-né et félicitations
chaleureuses au père. (El Acil, 12.10.94). Une jolie poupée prénommée
Asma est venue égayer le foyer de Mme et M. B. (Le Matin, 19.3.95). Il y
a une poupée chez Nabil, il faut aller manger la tamina. (oral).
V. POUPON.

76POUPON n. m. Disponible. Nouveau-né de sexe masculin. Un joli


poupon prénommé Bachir est venu rompre la solitude au foyer de M. et
Mme B. S. (El Hadef, 6.3.83). M. T.O. a la joie d’annoncer la naissance
d’un joli poupon prénommé Mohamed-Abdelaziz au foyer de son
frère. (Horizon 2000, 16.12.85). Un poupon est né chez la famille B.Z. ;
à cette occasion, nous souhaitons aux parents nos meilleurs vœux et une
longue vie au bébé. (Liberté, 4.10.94). C’est un joli poupon que tu as eu
à cette naissance. (oral). V. POUPÉE.

77PRÉSIDENT, E DE L’APC n. Courant. Maire, responsable élu d’une


commune. Or, au passage de la commission de la R.A., le président de
l’APC a estimé le troupeau de sa commune à 5 000 têtes. (Bouzar, 1983,
434). Pour écarter le président de l’APC, certains élus n’ont pas hésité,
voire lésiné sur le choix des « armes » en qualifiant ce dernier de « fils
de goumi ». (El Watan, 25.11.99). L’actuel président de l’APC d’El-
Bayadh n’a plus le vent en poupe et les murs de l’hôtel de ville laissent
filtrer de graves divergences. (Quotidien d’Oran, 5.12.99). Gestion des
collectivités locales. Le maire MSP de Laghouat décrié [Titre]. Mis à mal
par une campagne sans précédent, le président de l’APC de Laghouat est
lâché par son propre parti. (El Watan, 5.2.00). Détournement et
corruption dans les APC : ces maires maffieux [Titre]. Au début de cette
semaine, le président de l’APC de Birkhadem a été mis sous mandat de
dépôt après avoir été entendu par le juge d’instruction. Avant lui, le
maire de la commune de Mohammedia a été arrêté. (El Watan,
8.2.00). Ce Ouakid, ancien instituteur, a été également président de
l’APC (FIS) de cette commune. (Le Matin, 10.2.00). Réagissant à la
destitution du maire FLN de la commune Messaoud
Boudjiriou […] qualifiant la destitution du président de l’APC de
Messaoud Boudjiriou d’« opération illégale ». (El Watan, 23.3.00).

78Com. Les journalistes abrègent souvent le terme en P.APC. et lui


substituent souvent l’appellation maire. V. APC.

79PRÉSIDENT, E DE L’APW n. Disponible. Homme politique élu à la


tête de l’Assemblée populaire de Willaya. Accompagné du wali et du
président de l’APW, le ministre s’est rendu à 12 h 30 à
l’hôpital. (Quotidien d’Oran, 13.2.00). La rencontre a été clôturée hier
par une remise symbolique de certificats de stage aux participants, une
centaine environ, pour la plupart présidents d’APC ou d’APW. (El
Watan, 17.2.00). La délégation ministérielle, accompagnée du wali et du
président de l’APW, s’est rendue tout d’abord à Aïn Smara. (Quotidien
d’Oran, 22.3.00). Nous n’avons rien compris à la dernière déclaration
du président de l’APW qui a affirmé que le SAM est éliminé de toute
subvention. (Quotidien d’Oran, 23.3.00). V. APW.
80PRESS (contraction de expresso) n. m. Disponible, oral surtout. Café
express, express. S’offrir un paquet de cigarettes, prendre un « press »
avec les « potes » et pouvoir se permettre une petite virée au cinéma
sans lorgner du côté des parents, est un minimum de respect qu’ils
s’imposent. (Liberté, 6.3.96).

81PRÉVALENCE n. f. Disponible, écrit. Prédominance. […] la


prévalence de ses principes sollicite également nos présentes
assises… (El Moudjahid, 6.9.85). V. PRÉVALENT.

82PRÉVALENT, E adj. Disponible, écrit, milieux journalistiques. Qui


prévaut, qui domine. Il dépend de la qualité des programmes enseignés,
elle-même dépendante des conditions socio-historiques
prévalentes. (Statistiques, 7.5.85). La situation économique prévalente en
Algérie arrivera à contaminer tous les pays maghrébins dans quelques
années. (El Moudjahid, 25.10.92). Les actions terroristes prévalentes
actuellement encouragent le peuple à s’organiser et à être solidaire avec
les forces de l’ANP. (Liberté, 2.8.95). V. PRÉVALENCE.

83PRIEUR n. m. Disponible, écrit. Personne qui prie, qui fait sa


prière. Elle avait appuyé ses mains sur ses genoux, le corps penché en
avant, dans un balancement semblable à celui des prieurs
musulmans. (Kateb, 1975, 82). Les gratifications des jinns ne sont en
revanche ni lointaines, ni limitatives. Elles inonderont le prieur dans
l’instant présent pour autant qu’il admet son asservissement comme
nécessaire à l’efficacité de ses incantations. (Toualbi, 1984, 92). Au
moment de la prière de l’Aïd, le détachement d’une petite parcelle de
plafond sur l’un des prieurs a déclenché une véritable panique générale
au sein de la mosquée. (Le Matin, 30.4.96). « Bienvenue parmi tes
frères ». Des prieurs me donnèrent l’accolade. (Khadra, 1999, 16).
84PRIMATURE n. f. Disponible. Fonction de premier ministre. À
l’élection de Liamine Zeroual à la tête de l’État et la désignation
d’Ahmed Ouyahia à la primature […]. (Liberté, 5.2.01).

85PRINTEMPS BERBÈRE Loc. nom. m. Disponible. Période de


l’année 1980 qui a vu se manifester un mouvement de résistance culturel
au Pouvoir central, animé par les défenseurs de l’amazight ; par
extension, ce mouvement lui-même. Le mouvement du printemps berbère
donnera néanmoins ses fruits puisque la langue comme le patrimoine
amazigh seront reconnus par les plus hautes instances du pays, même
s’ils font encore l’objet de luttes politiques (Liberté, pages web, décembre
99). Avant, il était difficile de parler de l’amazighité. Les gens risquaient
la prison. Rappelez-vous le printemps berbère de 1980. (El Watan,
30.3.00 : propos du haut-commissaire à l’amazighité). À quelques
semaines de la commémoration du 20 e anniversaire du Printemps
berbère, le MCB met les bouchées doubles pour célébrer ce grand
rendez-vous historique. (Liberté, 24.3.00). Le MCB unifié (diff é rentes
tendances et régions berbérophones) prépare, pour le 20 e anniversaire
du Printemps berbère, une série de conférences-débats. (El Watan,
7.4.00). Il faut que le vingtième anniversaire du printemps berbère
s’inscrive dans une logique durable et non conjoncturelle. (La Tribune,
12.4.00). Le pouls s’emballe peu à Bejaïa en cette veille du
20e anniversaire du Printemps berbère. (El Watan, 18.4.00).

86Com. Le synonyme printemps amazigh est employé également.

87PRIORISER v. tr. dir. Disponible. Rendre prioritaire. Il s’agit de


prioriser au maximum la coopération avec les pays socialistes. (El
Moudjahid, 2.1.85). Il faut que le gouvernement priorise les actions qui
tiennent compte de la jeunesse algérienne. (El Acil, 10.12.94). La
recherche de résultats à court terme est priorisée. (Liberté,12.10.95). La
production d’acier a été priorisée dès le départ. (oral). Le tout
sécuritaire est priorisé par l’État et tous les moyens seront mis en œuvre
pour mettre un terme au banditisme de grande envergure. (oral).

88Com. Le synonyme attesté prioritairiser est rare.

89PSALMODIEUR DU CORAN, PSALMODIEUR DE CORAN,


PSALMODIEUR n. m. Disponible. Personne qui récite les sourates du
Coran. Il voyait des psalmodieurs de Coran défiler en tête d’un
enterrement. (Dib, 1957, 9) […] ex-psalmodieur de Coran à la mosquée
de Paris. (Boudjedra, 1981, 104). La direction des affaires religieuses de
la wilaya de Blida organise, au cours de ce mois de Ramadhan, des
concours entre récitants du Coran, psalmodieurs du Coran, muezzins. (El
Moudjahid, 4.6.84). […] des récitants, psalmodieurs, muezzins dont les
chants ponctuent par centaines, la vie de la cité. (Le Jeudi d’Algérie,
13.8.92). Les psalmodieurs du Coran se regroupaient chaque soir après
la prière de l’açer pour réciter des sourates. (oral). V. RÉCITANT DU
CORAN.

90PUGILISME n. m. Spécialisé. Boxe sportive. Deux galas qui ne font


que du bien pour notre pugilisme. (El Moudjahid, 8.4.71). Tout ce beau
monde du pugilisme algérien sut remarquablement représenter notre
pays. (Algérie-Actualité, 17.11.83). […] préparer un avenir qui ne puisse
pas se limiter à ceux qui ont pu constituer jusqu’à présent la fine fleur de
notre pugilisme. (Algérie-Actualité, 23.2.84).

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QÂADATES (de l’arabe) n. f. pl. Disponible, oral surtout. Veillées entre
parents et amis, soirées familiales. Car qui dit Ramadhan, dit
« sahrates », « qâadates ». (Algérie-Actualité, 11.4.91). Les qâadates
des Ramadhan de notre enfance ponctuaient par les chants, les danses
des tantes, des voisines et des cousines autour d’une meïda pleine de
gâteaux. (Le Matin, 6.3.93). Les qâadates de Ramadhan étaient sacrées
dans notre famille : thé, gâteaux et visite de la famille. (oral).
V. GUASSRA, SAHRA.

2QAB-QAB V. KAB-KAB.

3QAÇAÏD, Q’SAÏDS, QUACIDS, QAÇAÏ-DE, KCIDS pluriel


de QUA-CIDA. Le dimanche après-midi, mon ami m’expliquait les
textes et me parlait de ces poètes qui écrivent des kcids depuis
le XVe siècle. (Le Jeudi d’Algérie, 30.7.92). Si les textes des qaçaid
existent, par contre le style, le ton, le souffle, en un mot la « respiration »
qui les conduisent, se perdent. (El Moudjahid, 25.2.83). La parole
« raïnaïenne » est, quant à elle, restée pure, fidèle aux qaçaïde des
anciens. (El Moudjahid, 7.7.85). Ne parlons pas de l’accès aux textes
anciens, aux qaçaïd ; c’est un trésor que chaque maître garde
jalousement. (Algérie-Actualité, 6.4.93). Ces qacidates sont puisées du
patrimoine maghrébin […] Nous possédons des q’saïds inédites du
cheikh N. (El Watan, 15.5.93). […] ces œuvres ponctuées par des quacids
décoiffantes. (El Watan, 23.12.99). Mustapha Bouzegzi a égayé
l’assistance par des quacids du répertoire de cheïkh El Djellouli. (El
Watan, 23.12.99).

4QACIDATE(S) V. QUACIDATE(S).

5QADID, KADDID (de l’arabe) n. m. Disponible, oral surtout. Viande


salée et boucanée. Qadid Achoura. (Zoubida, 1986, 255). Chaque
famille, ayant reçu son quota, doit vider l’assiette et la remplir à son
tour, soit avec de la semoule, soit avec de la viande (ou de la graisse)
salée et desséchée dite le « kaddid ». (El Acil, 4.1.93). Nous avons
mangé un aïch au qadid. (oral). Le qadid est suspendu à la corde. (oral).

6QAFTAN V. KAFTAN.

7QAFZA, QUAFZA (de l’arabe dialectal) n. f. Disponible. Perspicacité


et hardiesse dans les affaires, système D. Avec le chadlisme, on s’est
installé dans un autre groupe de valeurs qui tournent autour de la qafza,
c’est-à-dire cette capacité d’accéder très vite aux sources de la richesse
et du pouvoir par les moyens qui défient toutes règles dans le domaine de
la vertu et de l’éthique. (El Watan, 20.3.93). Avec de la qafza, il est
parvenu à devenir wali de sa ville natale. (oral).

8QAHOUADJI V. CAHOUADJI.

9QALAA V. QUALAA.

10QALAM V. CALAME.

11QALB ALLOUZ, QALB EL LOUZ V. KALBALOUZ.

12QAMIS V. KAMIS.

13QANOUN V. KANOUN (II).

14QARQABOU V. KARKABOU.

15QASBA V. CASBAH.

16QASIDA, QASSIDA V. QUACIDA.

17QATAIEF V. QTÂYEF.

18QATH (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Vêtement traditionnel qui se


compose de deux pièces : pantalon (serroual) et veste cintrée. Pour les
grandes fêtes, il y le qath, un deux-pièces, serroual et veste cintrée avec
basques coupés dans un tissu sobre. (Le Matin, 9.4.92). Pour la
cérémonie de la circoncision, il faut s’habiller à la traditionnelle et
mettre surtout aux enfants un qath. (oral). V. BADROUN, SERROUAL.

19Q’ÇAÏD V. QAÇAÏD.

20QIBLA, QUIBLA, QUABLA, KIBLA (de l’arabe) n. f. Disponible.


Direction rituelle de La Mecque, vers laquelle les musulmans tournent
leurs visages et se prosternent au moment d’accomplir la prière ; par
extension, objet indiquant cette direction. Conserve-le, conserve-le [pont
de Constantine] au moins pour le souvenir : il a été la qibla de la
dynastie des Boularouah. (Ouettar, 1981, 142). Ses travées
perpendiculaires au mur de la Qibla reposent sur 18 colonnes très
massives. (El Moudjahid, 8.6.84). La Qibla est indiquée précisément par
la position du soleil à 10 h 35. (El Moudjahid, 21.6.88). Pour célébrer
l’office, il faut également porter un vêtement pur, être en lieu pur,
connaître la kibla (direction de la Kaâba). (El Acil, 21.10.93). Le matin
de l’Aïd el Adha, tous les moutons sont égorgés, leurs têtes tournées vers
la quabla, pour que l’offrande soit acceptée. (El Acil, 2.5.94). « Allah est
grand ! Allah est grand ! », soupirait Mohamed face à la Qibla.
(Khelladi, 1998, 121). Le sol de la mosquée est couvert d’une moquette
verte de bonne qualité et sobre, où sont collées des bandes adhésives
blanches parallèles qui fixent la distance entre les rangs des fidèles. Elles
servent aussi à indiquer la qibla vers laquelle se dirigent tous les
musulmans de la terre. (Gastel, 1999, 34).

21QLAM V. CALAME.

22QOBA, QOBBA, QOUBA V. KOUBA.


23QRAQEB V. KARKABOU.

24Q’SAÏDS V. QAÇAÏD.

25QTÂYEF, Q’TAYEF, KTAYEF, QATAIEF (de l’arabe) n. m.


Spécialisé. Gâteau à base d’amandes et de noix, recouvert d’une pâte

26vermicelle et arrosé de miel pur. Vous pouvez mettre le plateau


directement sur un feu doux pour faire cuire les « qtâyef ». (Bouayed,
1983, 373). Un morceau de galette et une espèce de « q’tayef » autour
desquels tournoie un essaim de mouches tenaces. (Révolution africaine,
11.4.85). Le kalb ellouze et les ktayef étaient à l’honneur et le thé
préparé par Hamid était succulent, même sans menthe. (El Watan,
26.3.93). Leur enchantement était continu avec la dégustation de leurs
plats préférés, mitonnés, et des gâteaux apportés tout chauds, surtout les
qataiefs, la spécialité de sa tante El Alia, dorés et craquants, bourrés
d’amandes, qu’elles mangeaient avec leurs doigts et dont les sirops
onctueux leur coulaient sur le menton. (Bensmaine, 1996, 106). Pendant
le mois de Ramadhan, il fait des qtâyef qu’il vend au pâtissier de la
rue. (oral).

27QUABLA V. QIBLA.

28QUACIDA, KACIDA, QASIDA, QASSIDA, QACIDA (de l’arabe)


n. f. (pluriel : qaçaïd, q’saïds, quacids, qaçaïde, kcids ou qacida(s),
quacidate(s), qacidate(s), kacidate(s), quacidette(s), qassidate(s)).
Disponible. Poème traditionnel dont les vers sont rythmés. Après la
prière et le repas, peu à peu se forme une assistance coutumière de
l’endroit, échangeant quelques propos, avant les premières notes
signalant la prochaine interprétation d’une qaçida. (El Moudjahid,
18.8.80). Nous lui demandons : « Tes qacidas, tu les écris comme ça,
facilement, sans difficultés ? – Oui, répond-il, tout pour moi tient dans
l’inspiration. […] Les amateurs de la chanson chaâbie, qui sont les
principaux de mes qacidas n’aiment pas le langage simple, facile, léger
que tout le monde entend. » (El Moudjahid, 20.1.86). La qassida du
chanteur était d’une profonde philosophie : il disait sa lutte contre la
beauté maléfique des femmes et l’ivresse qu’elles suscitaient, plus
profonde que celle du vin. (Bensmaïne, 1996, 86). Il a algérianisé la
kacida marocaine qui, soit dit en passant, est magnifique. (Le Matin,
15.1.96). En parlant justement de chanson, pourquoi avoir choisi de
chanter Hizya en chaâbi alors qu’à l’origine c’est une quassida
bédouine ? (Confidences, 11.5.96). Sid Ali passait le plus clair de son
temps à têter sa pipe d’opium et à élever des qacida autour de sa
muse. (Khadra, 1999, 93).

29Com. Deux formes de pluriel arabe. V. CHAÂBI, TOUCHIA.

30QUACIDATE(S), QACIDATE(S), KACIDATE(S),


QUACIDETTE(S), QASSIDATE(S), QUASSIDATTE(S) pluriel
de QUACIDA. À la lumière vacillante d’une bougie, un auditoire buvait
les paroles du « Cheikh » dont les quacidates remuaient les souvenirs
ancestraux des cavaliers arabes déclamant des vers juste avant d’aller
au combat. (El Moudjahid, 16.3.78). Il chanta devant une assistance
suspendue à ses lèvres quelques qacidate religieuses. (El Moudjahid,
4.6.85). Si Kamel Messaoudi n’était pas triste, jamais il n’aurait
composé des quacidettes qui, comme on dit si bien, « touchent ». (Le
Jeudi d’Algérie, 9.7.92). Là-bas, j’ai connu Boucetta de Marrakech, un
maître du melhoun, qui m’a gracieusement remis quelques-unes de ces
quacidates. (Le Soir d’Algérie, 3.5.93). La troupe chaâbi de Koléa
clôtura la cérémonie par des touchias et des kacidates. (Liberté,
23.2.95). Certains chanteurs chaâbi ont délaissé les traditionnelles
quassidates pour des chansonnettes légères afin d’arriver à
commercialiser leurs produits et contrecarrer le raï. (Confidences,
11.5.96). Les « qacidates » de notre profond terroir culturel n’ont qu’à
bien se tenir, j’arrive avec mes percussions. (Liberté, 26.9.96). […] les
qacidate de Raymond le juif pour humilier notre inutile arabité qui ne
nous a même pas donné de quoi tromper nos frères. (Sansal, 1999, 378).

31QUAFZA V. QAFZA.

32QUALAA, KALAÂ, QUALAÂ, QALAA,

33QALÂA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Forteresse ancienne. Les rdaïf à


la tête de serpent affrontés et les anneaux d’oreilles circulaires, encore
portés de nos jours, ne sont pas sans analogie avec ceux découverts à la
Qalâa. (Benouniche, 1982, 8). On redécouvre l’œuvre d’Ibn Khaldoun,
la puissance des Béni-Salama, qui, à partir de cette qualaâ, dominaient
leur temps. (El Moudjahid, 15.11.84). Les ouvrages de notre passé
existent et témoignent d’une vieille civilisation. Il suffit de les regarder et
de les comprendre, comprendre le village kabyle, celui des Aurès, les
Casbahs, le M’zab, la qalaa des Beni Hammad ou la qalaa de Beni
Abbas, […]. (El Moudjahid, 19.1.86). La qualaa qui surplombe le port
d’El Kala comme une aile protectrice est rongée par l’érosion du
temps. (Liberté, 4.7.93). Ksar El Goléa, cette appellation est un diminutif
de kalaâ (ville fortifiée) citée pour la première fois, selon la même étude,
par le géographe El Bekri. (Le Matin, 30.3.95). Des touristes nationaux
commencent à visiter avec curiosité la qualaa des Béni Hammad. (oral).
V. BORDJ, CASBAH, KSAR.

34QUALBELLOUZ V. KALBALOUZ.

35QUAMIS V. KAMIS.
36QUARANTITA V. KALENTIKA.

37QUARKABOU V. KARKABOU.

38QUASSAMAN, KASSAMAN (de l’arabe littéraire) n. m. Disponible.


Hymne national algérien […] la fille Soraya âgée de 7 ans qui lui chante
le Kassaman qu’il aime à son retour de l’école. (El Watan,
25.2.1994). Lorsque il chante lui-même Kassaman en martelant […].
(L’Hebdo libéré, 1.6.94). À chaque fois que le drapeau monte et que
retentit Quassaman, c’est à la mémoire de tous ceux qui sont morts. (El
Watan, 8.1.95). Quassaman retentit à Göteborg par le fait d’une femme
qui est un hymne à la modernité. (El Moudjahid, 10.8.95). Chadli a tenté
de déformer Quassaman pour faire plaisir aux nostalgiques de
Fafa. (oral).

39Com. Cet hymne a été écrit le 25.4.1955 par le poète Moufdi Zakaria.

40QUATRE VINGT ET ONZE adj. numéral. Disponible. Quatre vingt


onze. Mon père possédait quatre vingt et onze sacs de
ciment. (oral). Faites le numéro quatre vingt et onze. (oral). Deux mille
quatre vingt et onze dinars. (écrit sur chèque bancaire).

41QUAWMIYYA, QUAYMIYA (de l’arabe) n. f. Disponible, écrit.


Nationalisme. Quawmiyya claironnante et mensongère. (Algérie-
Actualité, 29.8.91). Il a été déjà parlé […] des différences objectives ou
de l’amalgame entre « wataniyya » et « qawmiyya ». (Algérie-Actualité,
20.2.92). La quaymiya est une valeur qui doit être enseignée à l’école
primaire et développée par toutes les activités culturelles. (Liberté,
5.10.94). V. WATANIYYA.

42QUECHABIA V. KACHABIA.
43QUOBA V. KOUBA.

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R.A., RA (sigle de Révolution Agraire) n. f. Disponible. Politique de
transformation de l’agriculture algérienne menée sous l’égide de H.
Boumediene. Or, au passage de la commission de la R.A, le président de
l’APC a estimé le troupeau de sa commune à 5 000 têtes. (Bouzar, 1983,
434). L’aïeul, 90 ans, possédait 800 ha, travaillant 300 et louant 500 ha.
La RA lui a laissé 40 ha à Chlef qu’il a loués à ses 4 fils. (Algérie-
Actualité, 29.11.90). Le populiste, dans son élan de paternalisme,
souligne ici que l’État n’a pas oublié la paysannerie ; les déshérités par
R.A, SAP et CAPCS conjugués. (Le Pays, 8.12.93). La R.A. a déstructuré
l’agriculture algérienne et a enrichi les technocrates du FLN. (oral).
V. ATTRIBUTAIRE, CAPRA, COFEL, RÉVOLUTION AGRAIRE.

2RAB V. rebeb.

3RABBI (de l’arabe) loc. Courant, oral surtout. Mon Dieu. « Ya Rabbi !
Mais cet enfant me fait honte ! » […] « C’est un péché, Ya Rabbi, que de
voir ces garçons en bonne santé ne rien faire. » (Lemsine, 1978a,
149). Dans la vie de quelqu’un, tout ce qui se passe est « mektoub »,
c’est « rabbi ». (El Moudjahid, 7.7.85). Au studio […] après la prise, il
disait « Ya Rabbi, pourvu que la K7 marche. » (Le Jeudi d’Algérie,
9.7.92). Ya Rabbi, ce gosse finira par me rendre folle ! (Achir, 1997,
18). On a mis au monde de beaux enfants, en bonne santé, énergiques,
intelligents et forts. Bien sûr, s’ils n’arrivent pas à vivre, ils tuent. Ya
rabbi, pourquoi ? (Benaïssa, 1999, 76). Ya Rabi, ya Rabi, pourquoi tu ne
m’appelles pas pour en finir avec cette foutue vie ! (Mokeddem, 1999,
123).
4RABIA EL-AWAL, RABIAÂ EL-AWAL, RABIA EL-AWWAL,
RABIE EL AOUEL (de l’arabe littéraire) n. m. Disponible, écrit.
Troisième mois du calendrier hégirien. Le Centre culturel islamique
organise une conférence en arabe […] et ce, le jeudi 1er Rabia El-Awal
1398. (El Moudjahid, 9.2.78). Mohammed est né à La Mecque le 12 du
mois de Rabiaâ el-awal en l’an de l’éléphant correspondant à l’année
571 de l’ère grégorienne. (El Moudjahid, 20.2.78).

5Com. Les lexies qui désignent les mois lunaires sont surtout utilisées
dans le code écrit et plus particulièrement le discours officiel (par ex.
le Journal officiel en langue française).

6RABIE ETHANI, RABIE TANI n. m. Disponible, écrit. Quatrième


mois lunaire du calendrier hégirien. Vu l’ordonnance n° 95– 25 du 30
Rabie Ethani 1416, correspondant au 25 septembre 1995, relative à la
gestion des capitaux marchands de l’État […]. (Journal officiel,
10.7.96). Pour eux, toute la vie est printemps. « Rabie el aouel » et
« Rabie tani », « Djoumada », « Rajeb », « Chaabane »… Ce n’est que
« Ramdane » qu’ils s’abstiennent de manger. (Quotidien d’Oran,
4.3.01).

7RABITA ISLAMIQUE n. f. Disponible. Ligue islamique. Hadj Ali


Smaïn, de la tariqa Habria de Tlemcen, s’exclame : « Pourra-t-on
m’expliquer un jour pourquoi la Rabita islamique siège à
Londres ? » (Algérie-Actualité, 23.5.91). Âgé de 89 ans, Cheikh Ahnoun
vivait depuis 1992 dans la discrétion totale après avoir gelé toutes les
activités de la Rabita, mais restait une personnalité consultée et
écoutée. (La Tribune, 1.7.96). Ils appartiennent à la rabita
islamique. (oral). La marche des sœurs musulmanes qui a été organisée
par la rabita islamique dirigée par Mahfoud Nahnah n’a pas connu le
succès escompté. (oral).

8Com. Néologisme des années 1988.

9RACHI V. GHACHI.

10RACHOUA (de l’arabe) n. f. Disponible, connotation péjorative. Pot-


de-vin. J’ai obtenu quelques centaines de quintaux de fer en 1989.
Depuis, le chef de dépôt refuse de me servir avant trois ans, parce que je
n’ai pas voulu lui donner de rachoua comme il me l’a demandé. (Algérie-
Actualité, 6.9.90). Les petites épiceries n’arrivaient plus à
s’approvisionner auprès de l’ONACO sans avoir au préalable glissé une
certaine somme d’argent en guise de rachoua. (Le Matin, 2.4.93). L’État
n’a jamais tenté d’éradiquer la rachoua, le plus grand mal qui ronge la
société algérienne depuis l’indépendance et au niveau de toutes les
institutions du pays. (Liberté, 25.4.95). La rachoua empêche l’honnête
citoyen d’avoir accès à ses droits auprès des administrations locales et
même en haut lieu. (oral). V. BAKHCHICH, KAHOUA.

11RADIO-MOBILE n. f. Vieilli, spécialisé. Autobus équipé d’une


installation de radiographie. Le ministre a annoncé la dotation prochaine
d’une radio-mobile pour chacun des centres hospitaliers. (El Moudjahid,
27.9.78). V. CLINOMOBILE.

12RADIO-TROTTOIR n. f. et m. Disponible, fam. Rumeur publique,


nouvelles officieuses. La « radio-trottoir » en a vite fait écho un peu
partout à Alger. (El Hadef, 25.12.83). Drolatique, je lui balance une
blague morceau choisi genre anthologie de Radio-Trottoir. (Lounès,
1984, 31). Il serait temps, au siècle des satellites de communication, de
nous conduire en adultes raisonnables et de nous guérir de cette
réceptivité maladive aux insanités du « radio-trottoir ». (El Moudjahid,
17.2.84). Quelle calamité ces radio-trottoirs ! (El Moudjahid,
16.3.86). C’est radio-trottoir qui a annoncé la démission de Chadli
Bendjedid. (Le Matin, 10.11.93). […] la semoule italienne et les
cacahuètes turques étaient arrivées comme annoncées par radio-
trottoir. (Sansal, 1999, 194). D’aucuns affirment même que « bien
qu’étant un motif de civisme, nous nous abstenons de donner notre sang
car on risque gros… ». Tels sont les propos glanés ici et là à travers
radio trottoir. (Quotidien d’Oran, 15.3.00).

13Com. Attesté ds IFA. V. RASMI.

14RADJAB, RADJEB, RAJEB (de l’arabe) n. m. Disponible, écrit.


Septième mois du calendrier hégirien. La première cérémonie
d’investiture se déroula à Khessibia le 3 Radjeb 1349. (El Moudjahid,
14.6.77). La campagne d’inscription pour le pèlerinage 1399 H.-1979
débutera le 7 radjab 1399 et sera clôturée le 5 chaâbane 1399 H. (El
Moudjahid, 30.5.79). La lecture des Hadiths du Prophète est une
tradition que connaissent […] certaines grandes villes, notamment entre
le 1e r
Rajab et la fin du Ramadhan chaque année. (El Moudjahid,
9.4.84). Horaire des prières du samedi 02 Radjeb 1416 correspondant au
25.11.1995. (El Moudjahid, 25.11.95). Arrêtés du 20 Radjeb 1417
correspondant au 1er décembre 1996, mettant fin au fin aux fonctions de
chefs de cabinets de wali. (Journal officiel, 18.12.96).

15Com. Les termes qui désignent les mois lunaires sont surtout utilisés
dans le code écrit ou le discours officiel (Journal officiel).

16RADJEL, ERRADJEL (de l’arabe) n. m. Disponible, oral surtout.


Homme. Il faut ouvrir tes yeux… tu es un radjel
maintenant… (Ouahioune, 1984, 145). Fatiha et Hocine sont mari et
femme. Donc, quelqu’un doit dominer. Et c’est Erradjel. (Algérie-
Actualité, 2.2.84). Bouh ! Ya radjel ! Tu es en train de manger une
éponge ! (El Moudjahid, 21.10.1985). Ya Radjel ! je ne peux rien faire,
tu as oublié d’acheter du kemoun ! (El Moudjahid, 13.3.86). Mais comme
Houria avait eu largement le temps de connaître son radjel de mari, un
jour, elle reprit contact avec son ancien employeur, lequel accepta de la
reprendre. (Liberté, 15.1.97). Si el-Habib, rajel, l’interrompit le
commerçant, content de trouver une connaissance commune […]
(Quotidien d’Oran, 24.5.00). V. AÏCHA RADJEL, RADJLA.

17RADJLA V. REDJLA.

18RAGDA OU T’MANDJI, REGDA OU T’MANGI (de l’arabe « Ça


dort et ça mange ») loc. Disponible, connotation péjorative. Farniente,
laisser-aller, locution qui sert à exprimer le peu d’empressement des gens
à travailler. Pour faire bref, disons que le temps du « farniente » ou,
comme le dit la sagesse populaire, du « regda ou t’mangi » est
révolu. (Algérie-Actualité, 7.4.83). Ce qui doit être remis en cause, ce
sont les positions acquises, les privilèges non assumés, l’État-providence,
l’ère du « ragda ou mangi » que notre peuple tourne en dérision dans
son langage vrai, celui de la rue. (Algérie-Actualité, 5.9.85). Qui d’entre
nous, fonctionnaires, travailleurs d’entreprises, etc., n’a jamais entendu
à la dérive des discussions un « ragda ou t’mangi » foncièrement
éloquent ? (Révolution africaine, 11.8.85). Avant d’arriver là, Ahmed
Boulbali, a bataillé dur en dehors du moule du dirigisme ou loin de
ragda ou tmangi, c’est selon. (El Watan, 17.4.94). Depuis l’application
du statut général des travailleurs de l’entreprise, tous les employés ont
pour devise le ragda ou tmangi et ne font aucun effort pour améliorer la
qualité de la production. (oral).
19RAHALA (de l’arabe dialectal) n. m. pl. Disponible. Éleveurs de
moutons ou de dromadaires pratiquant la transhumance pour nourrir leur
bétail. Au nom de ce principal moyen de survie : le troupeau, les rahala
sont continuellement à la recherche du « rabie », sourire végétal qui
apparaît dans le tell en été et dans le sud en hiver […] Nous sommes tous
des rahalas ou d’anciens rahalas : notre seule source de vie, le
mouton. (L’Unité, 4.8.78). Nous allons reprendre notre vie de
« rahala », ajoute-t-il. (Algérie-Actualité, 29.8.91). En été, on voit
arriver dans le nord constantinois des rahala avec leur troupeau de
chameaux et de moutons dont la chair est très appréciée aux fêtes. (oral).
V. ACHABA, TRANSHUMANT.

20RAHBA (de l’arabe) n. f. Disponible, surtout milieu des jeunes. Lieu


où se tient généralement un marché (souk) quotidien. Constantine est la
ville des rahba : rahba de la laine (marché de la laine), rahba des
chameaux (marché des chameaux). (El Acil, 21.1.94). Les trabendistes de
la ville se donnent rendez-vous chaque jour à la rahba. (oral). Les
inspecteurs de douane ont fait une descente à la rahba et ont fait des
saisies importantes de marchandises prohibées. (oral). La rahba de
Constantine est la bourse de la ville, l’échange de toutes les devises est
toléré mais à quel taux ! (oral). V. SOUK.

21RAHIMOU ALLAH V. ALLAH IRRAHMOU.

22RAHMA, RAH’MA (de l’arabe) n. f. 1. Disponible. Tranquillité,


repos, calme. Aujourd’hui, on oublie sereinement ces déboires, ces
mauvais souvenirs. Ces quelques kilomètres de route carrossable,
goudronnée, sont la « rah’ma »… (El Moudjahid, 3.2.83). « Demandez-
leur comment c’était avant », m’encourage l’inspecteur principal. « Oh
rahma (la paix) maintenant », témoigne l’hôtesse. (Algérie-Actualité,
31.5.90). Au lieu de la fraternité et de la rahma, voilà que des séides et
sicaires d’un autre âge sèment lâchement et odieusement l’insécurité, la
terreur et la mort. (El Moudjahid, 18.3.93). […] pour se ressourcer dans
l’islam de la fraternité et de la rahma. (El Moudjahid, 7.11.93).
[…] une divine prêtresse de la chanson algérienne qui souhaite à son
peuple un avenir radieux et de la « rahma » dans les cœurs. (Le Matin,
4.7.96). L’intérêt de l’Islam et celui de l’Algérie commandent que ces
lieux redeviennent des sanctuaires de daâwa, de rahma et de tolérance.
(Liberté, 8.4.97). L’après-midi, les lieux connaissent une grande
affluence, surtout par la frange des travailleurs qui estiment, après une
journée pleine, trouver de la rahma chez ce genre de commerce. (El Acil,
26.5.97).

232. Courant. Pitié, clémence, miséricorde. Et comment, n’est-ce pas, le


ramener à la raison ou plutôt leur raison, sinon par la falaqa. Adieu
donc rahma. (Les Nouvelles de l’Est, 18.5.91). La rahma et le négoce
n’ont aucune efficacité devant la terreur et la barbarie. (Le Soir
d’Algérie, 2.11.93). Ettahadi propose pour la marche de lundi prochain
une série de mots d’ordre, parmi lesquels « Pas de rahma pour ceux qui
n’ont aucune rahma, toute la vérité sur l’assassinat de Boudiaf ». (El
Watan, 19.3.95). Les mesures de « rahma » que les autorités entendent
vulgariser et faire prendre en charge concrètement au niveau local et
dont elles escomptent d’importants résultats paraissent n’avoir pas
d’impact pour le moment. (La Tribune, 1.12.95). À la politique de la
rahma proposée par le F.F.S., les familles des victimes du terrorisme
opposent une attitude anti-rahma. (El Acil, 15.12.96). Le dénommé M. D,
né en 1973, avait déjà bénéficié de la loi dite de la rahma en 1996, avant
de reprendre le maquis en 1997. (Le Matin, 5.1.00). La rahma et la
concorde civile ont des objectifs similaires : arrêter l’effusion de sang,
stopper la violence, juguler le terrorisme, en un mot, le rétablissement de
la paix civile. (El Watan, 14.1.00).

24Com. Terme devenu fréquent depuis la « loi sur la rahma »


(« Ordonnance 95-12 portant mesures de clémence » promulguée par
Liamine Zeroual le 25 février 1995).

253. Courant. Solidarité, compassion pour les démunis ou les


malheureux. Je désire quelqu’un au cœur de rahma me faire une prise en
charge à l’étranger pour subir une opération du fémur
gauche. (L’Opinion, 6.7.92). RMI, les soins de santé gratuits pour les
pauvres, qu’ils soient tunisiens, marocains, algériens, la
rahma ! (Mokeddem, 1995, 193). […] évaluer l’action des 48
commissions locales de solidarité nationale et, éventuellement, définir les
meilleurs moyens d’étendre la politique de la rahma et de la solidarité
avec la grande famille algérienne. (La Tribune, 16.1.96). Les comités de
solidarité de la wilaya de Tlemcen offrent, dans le cadre de son
programme « meïdat ramadan », placé sous le signe de la solidarité et
de la rahma au profit des pauvres et des nécessiteux, environ 4 000 repas
par jour (La Tribune, 25.1.96). D’autres pères attendent patiemment des
heures avant la rupture du jeûne devant les restaurants de la
rahma. (Liberté, 15.1.97). Le comité de solidarité sociale des restaurants
de la rahma vient de réussir, malgré les difficultés rencontrées sur le
terrain, à relever le défi et à assurer les repas du ramadan à des
centaines de nécessiteux. (La Tribune, 6.1.00). Belle prise en charge des
orphelinats lorsqu’une pupille de l’État se retrouve à la rue et enceinte à
14 ans… pour mourir des suites d’une césarienne ! Belle société de la
rahma. (Détective, 4.3.00)
26RAÏ, RAI, RAY (de l’arabe, littéralement « interprétation personnelle,
opinion, point de vue ») 1. n. m. Courant. Musique moderne née en
Oranie et qui exprime, en arabe dialectal, le malaise des jeunes. […] la
représentation de la femme dans la chanson populaire oranaise dite
« rai ». (El Moudjahid, 5.2.82). Le raï toujours à la « une » des ventes
cassettes. (Algérie-Actualité, 7.2.85). Le « raï »(« opinion » en arabe),
une musique violente aux paroles crues, a pour la première fois réussi à
s’introduire dans les médias algériens lors du festival qui lui a été
consacré du 8 au 15 août à Oran. (El Moudjahid, 20.8.85). Le raï était à
l’origine une réaction contre toute forme de chir el malhoun que l’on
trouvait trop lourd, trop impénétrable, trop classique. (Alger républicain,
30.8.91). Le raï, ennemi du panégyrique idiot, secrétaire permanent de la
contestation, accapare de nouveaux espaces, occupe les positions qui lui
étaient interdites et pousse un peu plus loin ses horizons et ses
besoins. (Algérie-Actualité, 2.8.94). Le chaâbi, musique populaire
algéroise, est mis à rude épreuve par l’apparition du raï. Le rai a
supplanté le chaâbi, parce que beaucoup plus abordable au niveau de la
pratique et plus à la mode. Le rai n’est donc plus l’apanage de l’Ouest
algérien. (Ouest Tribune, 2.2.95). Le ministre n’aime pas le
raï. […] Autre directive de Mihoub Mihoubi : moins de raï, plus
d’émissions musicales soft, genre andalou ou classique. (La Nation,
14.5.96).

272. adj. Courant. Qui se rapporte au raï. Le phénomène raï n’a pas
jusqu’ici bénéficié de l’attention scientifique nécessaire de la part des
sociologues, psychologues, musicologues et historiens nationaux. (El
Moudjahid, 6.2.85). On émet souvent la musique raï et marocaine. (El
Watan, 20.1.93). Dans les cafés, kiosques, souks, on « sirote » les
chansons raï, véritable phénomène de société. (Algérie-Actualité,
31.6.93). Un demi-millier de spectateurs, musique raï et défilé des plus
belles jambes de l’Ouest. (La Tribune, 4.1.96). […] à Oran, où les
familles ont tendance à renoncer aux chanteurs raï et aux medahate, dont
les cachets sont de plus en plus inabordables. (Horizons,
3.8.97). L’Association culturelle de la ville d’Oran (ACVO) prépare la
deuxième édition du Festival de la chanson « raï ». (L’Authentique,
5.8.97). La chanson raï actuellement est venue à la vie en utilisant, à ses
débuts, les instruments de musique de la chanson oranaise et les textes –
parfois la mélodie – de la chanson guesba. (El Watan, 27.10.97).

28Com. Véritable cri de détresse, apparu à Oran dans les années 80 dans
les milieux des jeunes, le raï utilise le vocabulaire arabe dialectal aux
termes crus, souvent obscènes, pour exprimer le malaise des jeunes vis-à-
vis de la société. Signifiant « bon sens » en dialecte algérien et « point de
vue » en arabe littéraire, le terme donne lieu, en français, à des
compositions différentes et surprenantes : railler, dérailler, tirailler,
rayonner, ce qui amène certains chanteurs à utiliser le terme en lui
donnant, à chaque fois, un sens nouveau. Certains de ses dérivés attestés
comme les adjectifs raïen, raïste ou le substantif raïmania sont rares.
V. CHAB, RAÏMAN.

29RAÏMAN (terme de formation hybride arabe raï + anglais -man) n. m.


(féminin singulier : raïwoman ; masculin pluriel : raïmen ; féminin
pluriel : raïwomen). Disponible. Chanteur de raï. Cette situation devrait
inspirer un de nos chebs raïman. (El Watan, 26.7.94). À 20 h 25, cheb
Toufik arrive avec son look de raïman enthousiasmé. […] et le nouveau
raïman en reçoit l’écho avec des reprises en chœur par le public d’une
soixantaine de chansons teintées de raï, en plus des airs euphoriques
orientaux. (La Tribune, 27.12.99). Avant d’être bercé par Oran, la ville
qui a assisté à son succès artistique, le raïman algérien [Cheb Mami] a
suivi un stage à l’entreprise SN Métal. (Quotidien d’Oran, 7.3.01). Cheb
Khaled est un grand raïman. (oral).

30Com. Le synonyme attesté raï-singer est rare. V. RAÏ, CHAB.

31RAÏMEN pluriel masculin de RAÏMAN. Ils sont convaincus de tous


ces enjeux, que certains raïmen préfèrent goûter à leur musique plutôt
que l’expliquer. (El Moudjahid, 7.2.85). Khaled enchaîne : « On va aussi
produire de jeunes raïmen qui ont énormément de talent. » (Algérie-
Actualité, 12.12.91). Les raïmen sont d’abord connus pour être très
généreux. (Algérie-Actualité, 10.8.93).

32RAÏS (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Celui qui dirige ou anime, chef.


« Il faudrait alors un raïs pour la séance », demanda Hamid Saraj […]
– Un raïs ? Qu’est-ce qu’un raïs vient faire dans une réunion de fellahs,
demanda quelqu’un. (Dib, 1967, 82). L’épouse de l’ancien raïs, jeune et
jolie, est assise devant un narguilé. (Djebar, 1980, 169). […] parce que
nous ne pouvons admettre que l’un soit le chef de l’autre en l’absence …
du raïs. […]. (El Watan, 18.4.00).

332. Disponible. Par restriction, capitaine d’un bateau, commandant d’un


navire. Les mosquées qui sont aussi un foyer de culture sont construites
grâce aux dons de la population et des raïs et pachas. (Baghli, 1982,
33). Certains jeunes, les plus aptes, terminent leur carrière en apothéose
comme raïs ou responsables de galion. (El Moudjahid, 17.4.83). Le
« raïs » (capitaine du bateau) demeurait imperturbable à son poste de
timonier. (Algérie-Actualité, 28.7.83). C’est ainsi que le marin est devenu
commerçant. Ce n’est plus le raïs d’antan, fier sur le port et courageux
au travail sur son bateau. (El Moudjahid, 8.7.85). Malgré les
supplications du raïs auprès du sultan pour rejoindre Alger et la
défendre, ce dernier lui ordonna de rester à la défense de
l’Empire […] L’histoire a démontré que c’est le raïs qui avait raison. (El
Moudjahid, 3.8.97). Les raïs habitaient la plupart le quartier de la
Marine dans de riches résidences. (El Moudjahid, 3.8.97). Des patrons
pêcheurs avides d’un enrichissement immédiat recourent à ce procédé
interdit […] Des raïs totalement incultes devenus propriétaires
d’embarcations qui valent plusieurs centaines de millions de centimes se
sont transformés en destructeurs de la nature. (El Watan, 10.11.99).

343. Disponible. Par restriction, chef d’État, chef suprême dans certains
pays arabes. L’Algérien c’est connu, préfère les vérités amères aux
phrases pompeuses, la spontanéité au protocole, la boutade à la
démagogie, le meneur à l’idéologue. Nous croyons l’avoir enfin ce Raïs
« F’hel » et fils du peuple. (L’Opinion, 6.7.92 qui désigne ainsi le
Président Mohamed Boudiaf). Ils ont qui engueuler, après l’avoir été par
le Raïs. (Algérie-Actualité, 2.8.94). Les Palestiniens seront appelés à
participer le même jour à deux scrutins parallèles : l’un pour élire un
conseil de l’autonomie de quatre-vingt-deux membres, sorte de
parlement palestinien, l’autre le raïs de l’exécutif palestinien, « autorité
exécutive » qui émanera du conseil. (La Tribune, 28.9.95). Comme
portrait officiel de raïs trône ici et là celui du défunt Boudiaf, d’Ali Kafi
ou bien de Zeroual, et parfois même de Boumediene et de Chadli. (La
Tribune, 25.10.95). Nous voulons tous nous tailler d’ici. Il se passe des
choses pas sunnites, dehors. Le Raïs a été limogé. Les chars esquintent
nos alphates. (Khadra, 1999, 135). Depuis le séisme d’octobre et le « je
vous ai compris » du Raïs, la mafia a fait son apparition dans le
pays. (Sansal, 1999, 229).

35RAÏTA V. GHAÏTA.
36RAÏWOMAN féminin singulier de RAÏMAN. C’est ce que fait aussi
le raïman ou la raïwoman. (La Nation, 14.5.96).

37RAÏWOMEN féminin pluriel de RAÏMAN. Les « raïmen » ou


« raïwomen » font penser, à cet égard, à des fantômes qui ne sont à
l’aise que dans le noir. (El Moudjahid, 13.2.85). L’office Riadh El Feth
est en contact permanent avec « raïmen » et « raiwomen » pour
institutionnaliser un festival consacré à ce genre. (El Moudjahid, 6.2.86).

38RAJEB V. RADJAB.

39RAJLA V. REDJLA.

40RAK’A, RAKA’A, RAKAA, REKAÂ (de l’arabe) n. f.


(pluriel : rak’as, rakaâte). Disponible. Position de prosternation dans la
prière musulmane exprimant respect et humilité devant Dieu. Le
Prophète accomplissait chaque soir 20 rakaa seul ou avec ses disciples.
(Mimouni, 1983, 18). Le temps de la prière de l’Aïd El-Fitr débute au
lever du soleil. Elle comporte deux rak’as seulement. (El Moudjahid,
9.6.86). V. QIBLA.

41RAKAÂTE, RAKA’AT pluriel de RAK’A. Il retrouvait son calme et


se préparait, en signe de vénération, à accomplir deux raka’at. (Ouettar,
1981, 10). Il suffit de définir une unité élémentaire, par exemple la durée
d’une journée comprenant 5 prières, donc 17 rakaâte. (Le Jeudi
d’Algérie, 20.8.92).

42RAMADHAN, RAMADAN, RAMDHAN, RAMDANE (de l’arabe)


n. m. 1. Courant. Neuvième mois du calendrier hégirien, mois pendant
lequel les musulmans doivent s’astreindre à l’abstinence (nourriture,
boissons, tabac, relations sexuelles) entre le lever et le coucher du
soleil. Cela se passait le 13 de ramadhan 1249 de l’Hégire. (El
Moudjahid, 14.6.77). La finale s’était déroulée au cours du mois de
Ramadhan. (El Moudjahid, 27.2.84). Nous vous souhaitons, amis
lecteurs, de passer un bon Ramadhan. (El Moudjahid, 16.5.85). Le
Croissant Rouge algérien envisage, pour le mois de Ramadhan,
l’ouverture des restaurants populaires qui accueilleront les pauvres
gens, les familles démunies et les voyageurs à l’heure de la rupture du
jeûne (iftar). (Eddalil, 25.2.93). Jadis synonymes de piété, de solidarité,
d’entraide et d’abondance de biens, les Ramadans constantinois de la
dernière décennie ont pris, de manière cyclique et invariable, l’allure
d’une véritable période de craintes, d’angoisses et d’états dépressifs. (La
Tribune, 11.1.95). À Aïn Defla-ville, pourtant chef-lieu de wilaya, la
veillée de Ramdhan se limite aux couloirs des immeubles. (Le Matin,
8.2.96). Il est à nos portes, le saint mois du Ramadhan qui, calendrier
lunaire aidant, se balade à travers toutes les saisons pour nous revenir
toujours ponctuel et présent. (Quotidien d’Oran, 5.12.99).

432. Disponible. Jeûne musulman qui a lieu durant le mois sacré de


Ramadhan de l’aube au coucher du soleil. Et puis il a fait le Ramadhan,
et puis il a formé un jeune stagiaire : il en a fait des choses. (El
Moudjahid, 19.6.86). Reprise des activités culturelles de l’après-
Ramadhan. (Algérie-Actualité, 19.6.86). Oui, en effet, je pratique le
Ramadan pour entrer dans le module psychologique de tout le groupe.
(La Nation, 30.1.95). Puis la prière devient un devoir, le Ramadan une
obligation, le Hadj une chance et la mort inévitable au moment où la
guerre d’indépendance arrive. (La Nation, 30.7.96).

44Com. Le terme, ayant une connotation positive, n’est pas employé


avec le sens « tapage, vacarme » donné à ramdam par les dictionnaires du
français central. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. AÏD EL FITR,
CARÊME, JEÛNE, MOIS SACRÉ, RAMADHANESQUE,
RAMADHANIEN, RAMADHANIATE.

45RAMADHANESQUE, RAMADANESQUE (terme de formation


hybride arabe ramadhan + suff. français -esque) adj. Disponible, écrit,
milieux journalistiques. Qui se rapporte au mois de Ramadhan. Si
l’ambiance « ramadhanesque » a été un peu partout identique, les
dépenses l’auront été également. (El Moudjahid, 31.8.78). Promenades
« ramadhanesques », senteurs « ramadhanesques », mais également un
fonds « ramadhanesque » puisque la musique est présente partout… (El
Moudjahid, 13.6.84). Est-ce bien possible avec tous ces arrêts de bus et
cette cacophonie de soirée ramadhanesque ? (Algérie-Actualité,
21.6.84). Le quartier grouille de monde. Effervescence ramadhanesque et
clients potentiels. C’est ça le Ramadhan ! (Algérie-Actualité,
11.4.91). Le citoyen s’est laissé emporter par l’ambiance ramadhanesque
en se rendant à certaines festivités organisées çà et là. (Le Matin,
7.2.96). Ce n’est là que le premier épisode du feuilleton
ramadhanesque qui s’annonce en perspective. (Quotidien d’Oran,
5.12.99). Les enfants, fatigués par la veillée ramadhanesque,
s’endorment dans les bras des vieillards somnolents. (El Watan, 5.1.00).

46Com. Le terme n’a pas de connotation péjorative malgré la présence


du suffixe -esque. V. RAMADHAN, RAMADHANIEN,
RAMADHANIATE.

47RAMADHANIATE n. f. Disponible. Émission télévisuelle de


divertissement pendant le mois de Ramadhan. Pour l’ENTV de
Constantine où Mahcène Amar est réalisateur associé depuis 86,
plusieurs films dramatiques, séries, téléfilms ont été tournés, retenons au
passage les films trabendo, ramadhaniates, Sidi Rached, etc. (El Acil,
25.1.93). Chaque soir après le maghreb, je me plais à voir les
ramdhaniates à la télé. (oral). Un véritable divertissement et un plaisir,
cette ramdhaniate. (oral). V. RAMADHAN, RAMADHANESQUE,
RAMADHANIEN.

48RAMADHANIEN, ENNE, RAMADANIEN, ENNE (terme de


formation hybride arabe ramadhan + suff. français -ien) adj. Disponible.
Qui caractérise le mois de Ramadhan. On tient à faire appel à une
politesse et à une patience bien ramadhaniennes de la part des usagers
des transports en commun. (El Moudjahid, 25.9.73). Le Ramadhan s’en
va. Les familles sortent faire les ultimes promenades
ramadhaniennes. (El Moudjahid, 29.6.84). […] la prière du Maghreb,
précédant la rupture du jeûne et un « ftour » arrosé de « kléka », cette
charbette typiquement ramadhanienne. (El Moudjahid, 18.5.86). Pour
couronner cette veillée ramadhanienne, la musique diffusée par l’un des
bateaux nous parvenait par la UHF. (El Watan, 26.3.93). C’est
uniquement là que ces damnés de la deuxième capitale du pays peuvent
acheter des abattis pour préparer leur chère hrira ramadanienne. (El
Watan, 22.1.97).

49Com. Moins courant que son


synonyme RAMADHANESQUE. V. RAMADHAN,
RAMADHANESQUE, RAMADHANIATE.

50RAPPROCHER (SE-) v. pronom. (construit avec les prép. de, à,


auprès de). Disponible. Prendre contact avec, se mettre en relation avec
(administration, agence, etc.). Pour tous vos besoins, se rapprocher du
service commercial de l’unité Plâtre, le meilleur accueil vous sera
réservé. (El Moudjahid, 21.11.82). Les petits fellahs doivent se
rapprocher de la banque agricole pour solliciter des prêts. (El
Moudjahid, 1.3.83). Les utilisateurs intéressés doivent se rapprocher à
l’adresse sus-indiquée avant le 15 juin 1987. (El Moudjahid, 4.6.87). Les
épargnants désirant faire acte de candidature doivent se rapprocher des
agences C.N.E.P territorialement compétentes pour retirer les
formulaires prévus à cet effet et y déposer leurs dossiers. (L’Hebdo
libéré, 1.6.94). Pour connaître les raisons qui poussent ces personnes au
suicide, nous nous sommes rapprochés du service des
urgences. (Quotidien d’Oran, 10.3.00). Nous nous sommes rapprochés
de l’entreprise pour apprendre que cette hausse devait, en principe,
entrer en vigueur beaucoup plus tôt. (El Moudjahid, 4.2.01). Lorsque
nous nous sommes rapprochés de certains proches collaborateurs du
président de l’APC pour demander davantage de précisions […].
(Quotidien d’Oran, 27.1.01).

51Com. La construction avec la préposition de est la plus fréquente.

52RASAGE n. m. Disponible. Démolition,


destruction. L’assainissement des lieux est intervenu en premier par le
rasage des baraques et étalages de fortune. (El Moudjahid,
18.11.84). Cette commune a vécu des bombardements intensifs qui ont
entraîné le rasage de nombreux villages. (Échos de la Soummam,
1.4.86). Ils attendent le rasage des bidonvilles. (oral).

53RAS EL HANOUT, RASL’HANOUT, RASEL-HANOUT, RAS’L-


HANOUT ( de l’arabe) n. m. Spécialisé. Mélange d’épices lavées,
séchées et moulues. Pilez le « ras’l-hanout » avec un oignon coupé en
morceaux […] Retirez le couscous de l’eau […] Arrosez d’eau salée et
de jus recueilli du ras’l-hanout. (Bouayed, 1983, 244). Les odeurs
d’épices, ras-el-hanout, […] permettaient de reconnaître la chorba, la
harira ou tout autre plat, d’identifier le terroir dont il était issu. (Amadis,
1995, 56). Les épices telles que le ras el hanout deviennent une denrée
rare par ce temps où toutes les importations sont concentrées sur
l’électronique. (oral).

54Com. Les épices qui entrent dans la composition du ras el hanout sont
essentiellement la cardamome, la maniguette, la noix de muscade, le
gingembre, le curcuma, le poivre noir, la cantharide, le clou de girofle, la
lavande, les boutons de roses, le poivre des moines et la cannelle.

55RASM EL IHSAIYA, RASMA IHSAIYA (de l’arabe) n. f. Vieilli et


spécialisé. Impôt dont le montant varie en fonction du plafond des
ressources du contribuable. Les commerçants, industriels, artisans,
professions libérales, n’ayant pas retourné leur demande de revenu ou de
rasma ihsaiya, s’exposeront à une classification d’office de leur
cotisation 1979. (El Moudjahid, 22.12.78). Les régimes fiscaux de faveur
tels que Rasm El Ihsaiya ont largement contribué à la sous-imposition de
certaines activités. (Afric-Éco, 1.2.86).

56Com. Impôt destiné aux individus ou collectivités dans les ressources


n’excèdent pas 50 000 dinars pour les « prestataires de service » et 80 000
dinars pour les « ventes et achats ». Taxe abrogée par la loi de finance de
janvier 1986.

57RASMI (de l’arabe) adj. Disponible, oral surtout. Officiel. Interloqué,


le premier des ministres a fait confirmer « rasmi ». Rasmi officiel, le
pays est en crise. (Alger républicain, 21.11.91). Vérification de papiers.
Ouverture de coffres. Partout les questions, la recherche de « l’officiel »,
du « rasmi ». (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92). Sa réponse catégorique me va
droit au cœur : « Rasmi », fait-il. (Achir, 1997, 77). C’est rasmi, le
Premier Ministre a démissionné. (oral). V. RADIO-TROTTOIR.
58I. RASSOUL (de l’arabe) Disponible. Envoyé de Dieu,
prophète. C’est le second Nabi après Adam, le premier étant son arrière-
grand-père Idriss ; il est le premier Rassoul (Envoyé) : « Ô Noé, tu es le
premier Rassoul ». (El Acil, 28.2.93). Le Coran, pour le musulman, est
l’œuvre de Dieu. Mohamed est son envoyé (Rassoul) pour le
communiquer comme mémoration (Dhikr) aux hommes sans aucune
discrimination de race, de fortune, ni de sexe. (El Acil,
18.3.93). Certaines personnes militantes dans certains partis politiques
religieux se prennent pour des rassouls, ya latif ! (oral). V. MEHDI.

59II. RASSOUL V. GHASSOUL.

60RAY V. RAÏ.

61RAZZIA (de l’arabe) n. f. Disponible, écrit surtout. Attaque armée de


pillards contre une tribu ou une bourgade. Avec l’entrée en action au
niveau des huit khalifa (ou provinces) de la police […] c’était la fin de
l’arbitraire, de la loi du plus fort, du brigandage, des razzias. (El
Moudjahid, 17.5.83). Lors d’une razzia, cela était courant entre tribus il
y a quelques siècles, des gens s’étaient cachés derrière les remparts de la
cité. (Algérie-Actualité, 20.12.86). Les agrégats de tribus dont les tentes
étaient dressées les unes au voisinage des autres formaient des petites
agglomérations mouvantes qui organisaient pour des motifs parfois
futiles des raids (razzia) meurtriers contre leurs voisins pour les piller,
saccager leurs domaines, s’emparer de leurs troupeaux, asservir leurs
femmes et leurs enfants. (El Acil, 18.3.93). Mais le plus dur reste les
razzias opérées par les groupes armés aussitôt après les récoltes. Les
fellahs sont taxés au pif, selon les estimations de leur récolte. (La Nation,
23.7.96). Mon fils était profondément pieux. Il ne touchait même pas aux
femmes qu’on ramenait à l’issue des razzias. Lui, il avait la foi. (Khadra,
1999, 219). Pour les assassinats, il n’aurait servi, selon lui, qu’à
transporter et orienter les éléments chargés de l’exécution. Il reconnaîtra
par contre, allégrement avoir « visité » des villages où il a opéré des
razzias (armes et vivres). (El Watan, 28.10.99). Les éléments de la
garnison espagnole [à Oran] mouraient de faim. Abandonnés à leur sort,
ils n’avaient plus de vivres ni de quoi se payer. Les razzias leur
permettaient de temps à autre de massacrer les habitants des douars et
de s’approprier leurs troupeaux et leurs récoltes, tout en prenant des
personnes qu’ils revendaient comme esclaves en Espagne. (Quotidien
d’Oran, 28.2.00).

62Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. RAZZIER.

63RAZZIER (terme de formation hybride arabe razzia plus suff.


français -er) v. tr. dir. Disponible, écrit. Mener une attaque armée dans le
but de piller. La place privilégiée d’Oran se faisait approvisionner par
des Maures alliés (los Moros de paz) et razziait, sur leurs indications, les
troupeaux des tribus qui transhumaient dans le voisinage. (Julien, 1961,
253). L’ennemi traverse avec une grande audace la vallée du Chleff,
razzie au-dessus de Miliana les tribus qui l’ont abandonné. (El
Moudjahid, 27.5.1983). Les harkis razziaient en toute
liberté. (Ouahioune, 1984b, 76). […] Sid Ahmed Ben Hamza qui razzia
les troupeaux du Caïd des Ouled Abdelkrim, tribu dont une partie
marchait sous son drapeau. (Quotidien d’Oran, 28.2.01).

64Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF,


IFA. V. RAZZIA.

65RBAB, R’BAB, R’BEB V. REBEB.


66RDAÏF, RDIF (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Bijou traditionnel en or
ou en argent, anneau de pied en forme de serpent. Les rdaïf à la tête de
serpents affrontés et les anneaux d’oreilles circulaires, encore portés de
nos jours, ne sont pas sans analogie avec ceux découverts à la
Qalâa. (Benouniche, 1982, 8). La fille des voisins a été habillée par
Chanel ou Cartier ou encore Yasmina. […] le rdif n’est qu’une simple
parure qui ne fait plus son effet. (Le Soir d’Algérie, 6.8.97).
V. CHEVILLÈRE, KHALKHAL.

67REBEB, R’BEB, REBAB, RBAB, RAB, R’BÂB (de l’arabe) n. m.


Spécialisé. Instrument de musique à cordes traditionnel, sorte de vièle à
deux ou trois cordes et à archet. Luths, violons, cithares et rebab se
joignaient aux instruments de percussion pour nous laisser entendre
d’attirantes mélodies. (El Moudjahid, 30.7.72). L’exposition montre au
public des instruments anciens comme le rebeb, violon à deux ou trois
cordes. (El Moudjahid, 27.6.77). Ces femmes sont les dignes
descendantes de celles de Cordoue, de Séville, de Grenade à qui on
enseignait à jouer du rbab, du ’oud, […]. (Ben Mansour, 1990, 71). Chez
les musulmans, c’étaient les menuisiers qui produisaient à l’occasion des
instruments de musique traditionnels (rbâb, kouitra) sur
commande. […] Un rbâb coûte actuellement entre 6 000 et 15 000 dinars
et on peut s’offrir un luth entre 4 000 et 12 000 dinars. (Eddalil,
25.2.93). Le chaâbi scandé sur le rebeb ou le banjo remuait les entrailles.
(Bensmaïne, 1996, 88). […] ayant ce port de tête royal qu’aucune misère
n’effacera dès qu’ils ont un rbab, une cithare, un violon ou un luth entre
les mains. (Ben Mansour, 1997, 365).

68Com. Le terme semble attesté dans les dictionnaires du français central


sous la forme altérée rebec. Présent ds GR, TLF. V. KOUITRA, OUD.
69RECASÉ, E adj., n. Disponible. Personne relogée. […] trouver aux
futurs « recasés » un emploi proche du domicile proposé. (Benatia, 1980,
233). Toutes les familles actuellement recasées dans des tentes à la suite
de l’opération « dégourbisation » font l’objet d’un recasement. (El
Moudjahid, 13.11.84). Les personnes recasées attendent des
logements. (oral). Les citoyens recasés par le wali ont manifesté leur joie
de manière bruyante. (oral). V. RECASEMENT, RECASER.

70RECASEMENT n. m. Disponible. Relogement. Un arrêté prévoit


entre autres la démolition des bidonvilles et le recasement de leurs
habitants dans des groupes de constructions salubres. (Benatia, 1980,
260). Il faut songer au transfert et au recasement de neuf familles dont
sept portent le même nom. (Horizon 2000, 30.10.85). Il faut procéder aux
recasements de cent onze ménages habitant dans les bidonvilles de
Boumerdès. (El Moudjahid, 23.2.86). La restauration des vieilles villes
algériennes nécessite le recasement momentané ou définitif de leurs
habitants. (El Moudjahid, 10.8.88). Pour restaurer ou démolir la médina,
il faut procéder au relogement de la population évaluée à 40 000 âmes
environ. Leur recasement est par ailleurs utopique si l’on prend en
considération la crise que vit Constantine en matière de logement. (El
Watan, 28.1.2000). L’engin menaçant de la commune s’est attaqué à une
construction érigée sur le trottoir et qui obstruait l’entrée de l’ancien
centre de recasement de Boulanger. (Quotidien d’Oran, 22.3.00). En
1983, des militaires de l’ANP sont venus dans ces lieux. Armés de
patience et de stylos, ils ont recensé les habitants des bidonvilles et mis
des numéros sur les baraques. Le recasement de tout le monde était en
vue. (Liberté, 30.1.01). V. RECASÉ, RECASER.

71RECASER v. tr. dir. Disponible. Reloger. À croire que dans tout


Alger il n’y a pas un lieu où l’on pourrait les recaser
provisoirement. (Benamrane, 1980, 156). À Sidi Bel Abbès, l’oued
Mékerra a débordé. 84 familles ont été recasées dans cette région. (El
Moudjahid, 13.11.84). Les sinistrés ont été provisoirement recasés dans
neuf établissements scolaires de la ville. (El Moudjahid, 11.1.85). La
wilaya avait procédé au recensement des habitants de la ville occupant
les immeubles menaçant ruine dans le but de recaser les locataires dans
des logements nouveaux. (El Moudjahid, 29.10.85). Mis à la retraite le
1er octobre 1985, j’occupe encore le logement d’astreinte. En principe, le
retraité doit être recasé six mois après. (El Moudjahid, 12.4.87). Tout
s’est bien passé, d’autant que toutes les familles ont été recasées, y
compris celles qui avaient occupé les baraques libérées par les premiers
occupants. (El Watan, 17.2.00). […] l’urgence d’une meilleure mesure
de protection, celle qui consiste à recaser les sinistrés qui peuvent déjà
l’être dans les logements sociaux récemment achevés. (El Watan,
18.4.00). V. RECASÉ, RECASEMENT.

72RÉCEPTIONNER v. tr. dir. 1. Disponible. Capter, recevoir une


chaîne de radio ou de télévision. Le reste du temps, ils réceptionnent
parfaitement les chaînes espagnoles, italiennes et parfois françaises. (El
Moudjahid, 5.4.84). Le madjlis echoura de Téhéran a voté une loi contre
l’installation d’antennes qui réceptionnent les chaînes étrangères. (El
Acil, 14.10.94). Actuellement, je réceptionne quatre chaînes
françaises. (oral).

732. Disponible. Accueillir, recevoir. Sur place, les responsables de


l’hôpital nous apprirent que le centre a réceptionné douze blessés dont
deux ont été ensuite transférés vers l’hôpital de Beni Messous. (Liberté,
30.7.96).
74RECEVANT, E adj. Disponible, milieux journalistiques. (En parlant
d’une équipe sportive) qui reçoit l’équipe visiteuse, qui joue à
domicile. Les autres rencontres qui ne manquent pas d’intérêt, devraient
revenir aux associations « recevantes ». (El Moudjahid, 23.12.82). Les
Mostaganémois ont frôlé une égalisation qui aurait certainement fait
beaucoup de mal au club recevant dont l’objectif de qualification pour la
coupe arabe des clubs reste intact. (El Moudjahid, 7.6.94). Le club
recevant désignera le stade. (oral).

75RECHAPEUR n. m. Disponible. Personne qui rechape les pneus. Le


rechapeur quant à lui dégage une marge bénéficiare confortable… (El
Moudjahid, 22.7.88). Entreprise de rechapage recrute pour formation de
rechapeur des jeunes titulaires du niveau de 3 e AM. (El Acil, 5.10.93). Le
rechapeur n’a pas réussi son travail, ce pneu est perdu. (oral).
V. CYCLISTE, VULCANISATEUR.

76RECHKA (de l’arabe) n. f. Disponible. Somme d’argent que les


invités « accrochent » au buste des danseurs ou danseuses dans les fêtes
familiales. Ajoutez à leurs exigences la « rechka » qui va droit dans les
poches des chanteuses et du chef d’orchestre. (El Moudjahid,
14.7.77). Autre progression douloureuse : la « rechka ». Les tarifs de
ces « dons » ne cessent d’augmenter. (El Moudjahid, 11.7.85). La rechka
est une obligation de rigueur dans toutes les fêtes traditionnelles du pays.
(oral).

77Com. Cet argent revient de droit à l’orchestre qui anime la fête.

78RECHTA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Plat traditionnel à base de


vermicelles fabriqués de manière artisanale et qu’on offre surtout aux
invités à l’occasion de fête familiales. Avant d’arroser de sauce, vous
pouvez dorer la « rechta » au four. (Bouayed, 1983, 224). Des étudiants
algériens ont fait honneur à une « meïda » de chorba frik, bourak, rechta
au poulet et à la viande de mouton, gâteaux orientaux et thé à la menthe.
(El Moudjahid, 16.12.84). Elle nous a gratifiés d’une rechta, mon
ami ! (oral).

79RÉCITANT DE CORAN, RÉCITANT DU CORAN n. m.


Disponible. Personne qui récite par cœur les sourates du Coran. […] à
l’instar des concours des meilleurs récitants du Coran. (El Moudjahid,
9.4.84). La traditionnelle cérémonie de remise des prix aux meilleurs
récitants du Coran a été organisée à l’occasion du mois sacré. (El
Moudjahid, 3.6.86). Le Ministère des Affaires religieuses organise
chaque année un concours national pour les jeunes récitants du saint
Coran. (Liberté, 13.2.95). La Nadhara a également programmé, les 15 et
16 janvier, deux conférences au profit des récitants de Coran, des imams,
afin de vulgariser le programme. (Liberté, 12.1.96). Le Nadhar des
affaires religieuses a indiqué par ailleurs que des concours religieux sont
prévus pour les récitants de Coran de tous âges. (Liberté, 12.1.96).
V. PSALMODIEUR DU CORAN, RÉCITANT DE(S) HADITH(S).

80RÉCITANT DE(S) HADITH(S) n. m. Disponible. Personne qui


récite par cœur les hadiths du Prophète. Dans de nombreuses villes, des
prix ont été remis aux meilleurs récitants de hadiths. (El Moudjahid,
21.2.78). Les meilleurs récitants des hadiths ayant pris part au concours
annuel organisé par la direction des affaires religieuses ont été
récompensés. (El Moudjahid, 23.1.83). V. RÉCITANT DE CORAN.

81RÉCONCILIATEUR n. m., adj. Courant. Partisan de la


réconciliation entre le pouvoir et la mouvance islamiste. Les
réconciliateurs reviendront-ils ? (Liberté, 4.4.94). Le F.F.S quitte le
camp des réconciliateurs. (Le Soir d’Algérie, 1.5.94). On est loin des
positions des réconciliateurs qui condamnent la violence d’où qu’elle
vienne. (El Manchar, 2 5. 5. 9 4 ). La marche des « réconciliateurs » n’a
pas connu, hier à Béjaïa, le bout de son itinéraire. (El Watan,
9.5.94). Les réconciliateurs qui se sont réunis depuis janvier 1995 autour
du contrat de Rome et qui ont « imposé » à la conscience nationale
l’idée de réconciliation nationale et d’un règlement pacifique de la crise
se sont montrés jusqu’à présent peu réjouis concernant les huit premiers
mois d’exercice de Bouteflika. (La Tribune, 23.12.99). Le secrétaire
général du MSD déclare : « Les dirigeants islamistes et les
réconciliateurs de tous bords profitent des graves erreurs du pouvoir
pour redoubler de pression en vue d’arracher de nouvelles
concessions. » (El Watan, 8.2.00). Cette démarche est dangereuse car
elle risque d’accréditer la thèse de la guerre civile en Algérie défendue
bec et ongles par les réconciliateurs et leurs relais
internationaux. (Liberté, 31.1.01).

82Com. Néologisme des années 1990. V. DIALOGUISTE,


ÉRADICATEUR, EXTERMINATEUR.

83RECUEILLEMENT n. m. Disponible. Action de recueillir,


réception. Les responsables de l’instance wilayale ont préféré passer
directement au recueillement des candidatures. (L’Unité, 5.5.78). Le
recueillement des candidatures aux postes de délégués s’est fait dans la
pagaille la plus totale. (El Acil, 7.4.94). Le secrétaire de la direction
s’est chargé du recueillement des fiches familiales des travailleurs de
l’unité. (oral).

84REDJLA, RADJLA, REJLA, RODJLA, ROUDJLA, RAJLA (de


l’arabe) 1. n. f. Courant. Honneur masculin, virilité ; par extension,
comportement de « dur », machisme. Au son de cette voix, Omar trouve
comme un écho à sa solitude dissimulée derrière la « redjla », mâle
forfanterie aux allures de boucher en toc. (El Moudjahid, 13.5.77). Le
sport, le football de ces joueurs étaient imprégnés de « redjlar », c’est-à-
dire de courage, de sacrifice, de dévouement, de virilité. (El Moudjahid,
19.1.84). Avant de donner la raclée à la bande rivale, loubards à la
redjla débordante, trabendistes camés, ils se saoûlent la gueule,
déversent leur rancune sur les passants. (Le Nouvel Hebdo,
28.11.90). Dans ce milieu de pêcheurs, on cultive la redjla. (Ruptures,
10.2.93). Ces faits ont été commis un jour de décembre 1989 dans un
quartier populeux de la capitale, un quartier où pourtant la horma, la
fierté et la « redja » sont si présentes. (El Moudjahid, 23.4.93). Bab el-
Oued, quartier de la « fierté dans le dénuement », de la redjla (l’honneur
machiste) et de la misère quotidienne, de la hogra et des « laissés-pour-
compte du pétrole », donna le signal, le 4 octobre 1988 – avec un jour
d’avance –, des grandes émeutes. (Allouache, 1995, 126). Dans ce milieu
de « rodjla », ce genre de procédés ne se pardonne pas surtout si on est
lâché par son associé, son bras droit. (Détective, 2.8.97).

852. n. m. Courant. Homme qui respecte le code de l’honneur masculin ;


par extension, homme qui adopte le comportement d’un « dur »,
machiste. Être un « Redjla », c’est être porteur d’un certain nombre de
valeurs morales et de principes reconnus aussi bien par la cellule
familiale que par les voisins du quartier où l’on réside. Être un
« Redjla » c’est savoir baisser les yeux, par humilité, devant l’épouse ou
la sœur du voisin, c’est répondre présent au moindre de ses
appels […]. La vraie force du « Redjla » réside dans son langage et son
symbole, c’est l’amitié sans concessions. (El Hadef, 6.3.85). Avec une
photo pareille du sujet, agrandie pour cause de coup de cœur, personne
ne voudra croire l’incroyable vérité : Mohamed Redah est un vrai redjla
de Bab el-Oued. (Algérie-Actualité, 9.5.91). Il était un vrai rejla,
contrairement à la rejla 6-15 d’aujourd’hui… (Le Jeudi d’Algérie,
9.7.92). […] pour les autres, les amateurs des coups de poings, les
« radjla », ce sera bien entendu la pratique de leur discipline favorite
« en famille » sur l’une de leurs protégées. (El Acil, 18.1.93). C’est un
dur, un redjla, et il le mérite ce titre, il a chassé tous les voyous étrangers
au quartier. (oral).

863. Adj. Disponible. Viril, macho. Je suis diable trop redjla de souche
pour me faire pleurer dessus et embobiner aussi facilement mon
monde. (Lounès, 1984, 14). À l’idée que ces derniers puissent douter de
sa virilité « redjla », il préféra remettre à plus tard ce sacrifice. (Toualbi,
1984, 125). Peut-être pour son côté serviable, son côté spontané, prêt à
prendre en main n’importe quelle affaire, même si ça ne doit rien lui
rapporter. C’est ce côté « redjla », ce côté « viril » qui l’a toujours
perdu. (El Moudjahid, 18.6.86). Alilou, le chauffeur, est un jeune au style
« redjla » (macho) de Bab el-Oued. Sympathique rigolard, il adore
raconter des histoires, toutes véridiques d’après lui, mais toujours
invérifiables. Le sexe en constitue le thème principal. (Allouache, 1995,
131).

87Com. Les adjectifs dérivés rejlaïque, rodjlardesque, rodjlardien sont


attestés mais rares. V. RADJEL, NIF.

88REDYNAMISATION (de re-, dynamiser et suff. -ation) n. f.


Disponible, écrit surtout. Action de dynamiser à nouveau. Le plan de
développement de 1993 pour la wilaya de Annaba est axé sur la
redynamisation de 146 projets. (El Acil, 15.1.93). Le problème de la
pléthore trouve sa solution […] dans la redynamisation et la relance au
niveau macro-économique. (Algérie-Actualité, 13.7.93). Cette
redynamisation des chantiers de construction a généré un intérêt certain
de la part des jeunes dans la création de micro-entreprises. (Liberté,
11.1.96). Il faudrait une restructuration organique du parti
(redynamisation des cellules, kasmate et fédérations). (El Watan,
17.5.96). Pour la redynamisation et la promotion du secteur du tourisme,
l’Office national du tourisme (ONT) a organisé pour la première fois, du
7 au 11 octobre 1996, le salon du tourisme et des voyages. (El Watan,
9.10.96). La prise en charge du tourisme social est, pour Benmhidi, un
grand pas vers la redynamisation du secteur. (El Watan, 25.6.97). De
l’eau et de la terre cultivable, deux moyens essentiels pour la
redynamisation d’une activité agricole et d’élevage. (El Moudjahid,
28.1.01).

89REDYNAMISER (de re- et dynamiser) v. tr. dir. Disponible, écrit


surtout. Dynamiser à nouveau. Le logement, fortement créateur
d’emplois et fermé à l’action du gouvernement depuis deux ans, a été
redynamisé et a été doté d’une enveloppe de 8,7 milliards de dinars. (El
Acil, 3.3.93). Ils ont convenu, à ce propos, de la nécessité de redynamiser
les possibilités de coopération dans le domaine de l’énergie et des
mines. (La Tribune, 13.3.96). Cette manifestation aura comme premier
mérite de redynamiser l’activité artistique au sein du TRO. (La Tribune,
13.3.96). Les participants se sont notamment penchés sur la manière et la
méthode de redynamiser les structures de jeunesse. (El Acil, 26.5.97). Le
gouvernement relance le projet. L’aérogare d’Alger dans 30
mois [Titre]. L’Algérie, dans le domaine aéroportuaire, est nettement
mieux dotée que la plupart des pays du tiers-monde, avec un capital de 5
milliards de dinars en vue de redynamiser le projet. (El Watan, 30.3.00).

90RÉFECTIONNER v. tr. dir. Disponible. Réparer, remettre en état,


faire des travaux de réfection. Avant d’entreprendre les travaux, il fallait
réfectionner l’aile du bâtiment dans laquelle nous sommes réfugiés. (El
Djeich, 2.11.80). Toutes les démarches entreprises pour réfectionner ces
poteaux sont demeurées vaines. (El Moudjahid, 26.5.87). Il est en train
de réfectionner sa maison. (oral).

91RÉFÉRÉE, REFERÉE, REFEREE (de l’anglais) n. m. Disponible,


milieu sportif surtout. Arbitre. Sans hésiter, M. le référée désigna le point
de penalty. (El Moudjahid, 31.12.76). Je félicite les trois referées pour
leur bon arbitrage. (El Hadef, 8.1.84). L’arbitrage est confié à de jeunes
référées qui officient bénévolement, renforcés par des arbitres affiliés à
la ligue. (El Moudjahid, 15.6.88). Song commet une agression
caractérisée sur Benhamlat, l’arbitre ne bronche pas. Djanna récidive
avec un tacle sur Kraouche, le referee ne dit rien. (Quotidien d’Oran,
7.2.00). En se portant résolument vers les bois de Ouggad, ils inscriront
même un but refusé par le referee pour une position de hors-
jeu. (Quotidien d’Oran, 15.3.00). Khelfouni, qui filait seul vers les bois,
est tiré par le maillot dans le périmètre de vérité et perd son équilibre.
Penalty indiscutable. Néanmoins, le referee est resté de marbre sur cette
action. (El Watan, 27.1.01). V. OFFICIER.

92REFIS V. RFISS.

93REG (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Plaine caillouteuse en zone


saharienne. Au sud, le reg poussait son inquiétant tapis de rocaille
jusqu’aux portes de Kerzaz. (Moulessehoul, 1985, 109). Les regs, eux,
dormiront dans leur démesure tannée, dans leur damnation de
lumière. (Mokeddem, 1992, 12). Des griffes de sable raclaient regs et
hamadas. (Mokeddem, 1995, 165). Pour traverser le reg, il faut équiper
sa voiture de pneus spéciaux. (oral).

94Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. ERG, HAMADA.


95REGDA OU T’MANGI V. RAGDA OU T’MANDJI.

96REGROUPEMENT n. m. Disponible. Rassemblement, réunion,


stage. Le groupe des internationaux a rejoint le stade du 5 Juillet à
l’occasion d’un stage court de deux jours. Ce regroupement est le
premier d’une longue série qui va être organisée. (El Moudjahid,
29.11.85). Ces regroupements animés par les membres de la commission
de la wilaya ont drainé de nombreux citoyens. (El Moudjahid,
11.2.87). L’entraîneur de l’équipe nationale organise un regroupement
avec les joueurs sélectionnés pour leur permettre de parfaire la cohésion
du jeu collectif qu’il compte leur inculquer. (Le Matin, 2.12.94). Les
regroupements des moniteurs de centres de vacances se déroulent à
l’école des cadres de Constantine. (oral). V. REGROUPER.

97REGROUPER (SE) v. pronom. Disponible. Se réunir, se rassembler.


[…] aujourd’hui citoyens et responsables se regroupent pour discuter de
l’avenir du pays. (El Moudjahid, 14.1.86). Les adhérents du club « Le
rocher » se regroupent au centre culturel de la ville. (oral). Les joueurs
se regroupent au stade du 5 Juillet. (oral). V. REGROUPEMENT.

98REGUIBAT, REGUIBATE (de l’arabe) n., adj. Spécialisé. Membre


d’une des trois principales tribus du grand Sud. Le long voile bleu de la
jeune Reguibat prenait l’allure d’une petite barque en détresse avançant
dans ma direction. (Belanteur, 1975, 173). […] une vision nouvelle des
êtres et des choses dans les zones de l’extrême sud du pays, et plus
particulièrement, au pays des Reguibat. (El Moudjahid, 12.8.77). Poésie
et noblesse inspirent ici le comportement de la Reguibat et de l’homme
venu du Nord. (Bouzar, 1983, 1, 308). La douce musique « reguibate »
d’accompagnement, les costumes bleu ciel des danseuses exerçaient sur
le public un irrésistible attrait. (El Moudjahid, 26.5.86). La sérénité et la
patience des Reguibat sont exemplaires. (oral). V. TOUAREG.

99REJLA V. REDJLA.

100REKAÂ V. RAK’A.

101REMPLIR L’OEIL (calque de l’arabe) loc. verb. Disponible, oral


surtout. Plaire, satisfaire. Reagan va-t-il passer aux actes dans d’autres
régions du monde où certains régimes ne lui « remplissent pas l’œil »
comme on dit chez nous ? (Horizon 2000, 16.4.86). Cette jeune fille a
rempli mon œil au point que je vais la proposer comme épouse à mon
frère. (oral). Ce travail ne me remplit pas l’œil. (oral). Ces dizaines de
dinars ne lui remplissent pas l’œil, il est habitué aux millions. (oral).

102RENTRÉE n. f. Disponible, oral surtout. Entrée. Rentrée


interdite. (panneau d’un chantier). La rentrée au stade est
gratuite. (oral). J’ai payé trois dinars la rentrée au parc de loisirs. (oral).

103RÉPUDIÉE n. f. Disponible. Femme musulmane renvoyée par


résiliation unilatérale du mariage. Claustration que l’on donnera en
exemple aux veuves engrossées et aux
répudiées indisciplinées. (Boudjedra, 1980, 42). Au sein de la famille, la
répudiée restait une enfant de six mois. (Boutarène, 1982, 37). La
répudiée du quartier El Akiba a été brûlée vive avec son bébé par des
fanatiques. (oral).

104RÉSIDANAT n. m. Spécialisé, milieux hospitaliers et universitaires.


Internat de spécialisation (pour les médecins). Inscription au
résidanat. (El Moudjahid, 3.2.82). La post-graduation ou le résidanat en
tant que contrat de formation avec le Ministère de l’Enseignement
supérieur seront-ils comptés comme période de service civil ? (Algérie-
Actualité, 9.2.84). En raison de l’inexistence de résidanat, de bloc
pédagogique et d’ateliers, il fut décidé la mise à la disposition de
l’hôpital d’un terrain sur lequel sont lancés des travaux de réalisation
d’un bloc pédagogique non prévu, comme n’étaient pas prévus les
logements d’astreinte, de résidanat, les ateliers. (El Moudjahid,
13.3.86). Précisions à propos du concours de résidanat en médecine. (El
Watan, 12.1.94). Durant l’année 1999, le service a abrité deux examens
de deux sessions chacun, concernant les prétendants au diplôme de
spécialité et la première année de résidanat. (La Tribune, 7.2.00).
V. RÉSIDENCE, RÉSIDENT.

105RÉSIDENCE n. f. Spécialisé, milieux hospitaliers et universitaires.


Stage de spécialisation (pour les médecins). La résidence représente la
période au cours de laquelle les médecins se spécialisent. Elle est ouverte
aux docteurs en médecine suivant un quota par spécialité. (Révolution
africaine, 7.2.78). V. RÉSIDANAT, RÉSIDENT.

106RÉSIDENT n. m. Disponible, milieux hospitaliers et universitaires.


Interne en médecine préparant une spécialisation. Le représentant du
parti a mis l’accent sur l’engagement du médecin-résident. (El
Moudjahid, 26.12.77). D’après les dires des deux personnes en question,
tout le corps médical n’a pas eu droit à une formation. Il n’y a que les
professeurs, les maîtres assistants, et les résidents qui en ont profité. (El
Acil, 3.1.94). […] des jeunes infirmières qui ne dissimulent pas leurs
désirs et leurs envies de coucher avec les résidents ainsi qu’avec les
patients. (Zaoui, 1999, 48). Le service sert de terrain de stage à 127
étudiants de troisième année, 36 de sixième année et 11 résidents en
spécialité. (La Tribune, 7.2.00). V. RÉSIDANAT, RÉSIDENCE.
107RÉVOLUTION (ellipse de Révolution de Novembre) n. f.
Disponible. Soulèvement contre le colonisateur français du 1 er novembre
1954 ; par extension, valeurs qui ont inspiré ce soulèvement. Tant que
nous sommes conscients d’accomplir notre mission au service de
l’Algérie tout entière et au service de la Révolution, les « si flène » ne
nous feront jamais peur. (El Djeich, 2.11. 80). Ils doivent chasser le
doute et l’hésitation pour s’engager corps et âme pour cette Révolution
glorieuse sans laquelle ils seraient apatrides dans leur propre
pays. (Horizons 2000, 25.12.85). La préparation du déclenchement de la
Révolution en plein cœur de la Mitidja, fief des colons, de triste mémoire,
est un événement de très grande importance dans le vaste processus de
l’écriture de l’Histoire. (El Moudjahid, 31.10.86). Peut-on continuer
dignement à se réclamer de l’héritage de la révolution et se taire devant
l’assassinat de près d’un millier de moudjahidine de cette glorieuse
révolution ? (Le Matin, 25.9.95). La génération molle a été prise en
sandwich entre la génération de la Révolution et celle qui va se
reconnaître dans l’islamisme. (La Nation, 30.1.96). Mohamed ould
Maoussa était un ancien maquisard ; il me permettait de jouer avec le
pistolet qui lui avait servi pendant la révolution. (Mokeddem, 1999,
29). Rabah Bitat repose désormais près de ses compagnons de
lutte. […] l’averse la plus dense aura été celle survenue juste au moment
de la mise sous terre d’une des plus valeureuses figures de la
révolution. (La Tribune, 12.4.00). V. HISTORIQUE.

108RÉVOLUTION AGRAIRE, RÉVOLUTION AGRAIRE n. f.


Vieilli mais disponible. Réforme agraire, politique de transformation de
l’agriculture menée en 1971-1972 sous l’égide de H. Boumediene et
consistant à redistribuer des terres nationalisées. C’est, en définitive,
l’effort personnel de petits producteurs, des attributaires de la Révolution
agraire et des travailleurs du secteur autogéré qui doit déterminer le
succès de la bataille de la production. (Charte nationale, 1976, 78). La
Révolution Agraire qui constitue une suite logique de celle du
1er Novembre 1954 doit réaliser le but fondamental qu’elle se fixe : la
promotion de l’homme. (El Moudjahid, 17.6.77). Les étudiants se sont
aperçus du lien indissoluble qui existe entre la Révolution Agraire et la
démocratisation de l’enseignement. (L’Unité, 6.3.79). Le fellah algérien
qui a survécu à la révolution agraire, à l’autosuffisance alimentaire, à la
réforme agraire et autres restrictions […]. (Le Pays, 8.12.93). Hassan ne
se porta pas volontaire pour la « Révolution agraire » parce que
quelque chose le gênait dans cette affaire. « Enlever la terre aux
paysans ! Faut pas déconner ! » (Allouache, 1995, 167). Sa palmeraie
de Mchounech qui avait été nationalisée par la Révolution agraire ne lui
a pas été restituée, contrairement à tous les autres nationalisés. (Libertés,
10.11.99). Réalisé au début des années 70 dans le cadre de la Révolution
agraire, le barrage du village agricole de Timizert ressemble aujourd’hui
à un grand lac au cœur d’une plaine sèche. (Quotidien d’Oran 30.3.00).

109Com. Le premier slogan de la Révolution agraire était : « la terre à


celui qui la travaille ». Terme souvent abrégé à l’écrit
en R.A. V. ATTRIBUTAIRE, CAPRA, VILLAGE SOCIALISTE.

110RFISS, RFIS, R’FISS (de l’arabe) n. m. Disponible. Gâteau


traditionnel à base de semoule, beurre, miel et noix. J’avais droit avec
mes deux sœurs à une portion de cette gourmandise tébessienne qu’on
appelle le r’fiss, faite de dattes pétries avec un peu d’huile, dans de la
galette écrasée. (Bennabi, 1965, 15). Les traditions régionales s’étendent
aussi au domaine culinaire : […] rfiss et lben sont les spécialités de cette
partie du pays (Saïda). (El Moudjahid, 8.8.77). Akila ! Prépare la meïda
pour le père de tes enfants ! Et moi je vais faire le « rfiss » car c’est jour
de fête !… (Lemsine, 1978b, 122). De retour à la maison, l’oncle
demande à sa femme de préparer un grand plat de rfis, un rfis
succulent. (Belamri, 1982, 120). Disposez les lanières de rfiss dans le
plat de service. (Bouayed, 1983, 209).

111Com. On prépare généralement ce gâteau pour les fêtes ou en


l’honneur d’un invité de marque. Dans l’Algérois, le plat est réservé aux
repas de deuil.

112RIBAT, RIBÂT (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Forteresse, citadelle


fortifiée pour combattre les infidèles, servant aussi d’ermitage et de lieu
de prières. Lieu de formation culturelle et militaire, le « ribat »
dispensait aussi bien l’art de réfléchir, de manier la langue arabe, de
saisir le sens du droit musulman… (El Moudjahid, 26.9.84). Les
institutions culturelles autres que les madrassas sont les ribats et les
zaouias créées par les communautés locales pour répondre aux besoins
culturels des populations et aux soucis de mobilisation autour d’une
idéologie de résistance… (El Moudjahid, 20.11.85). Les Ribats de nos
ancêtres sont situés dans une terre magnifique. (Ben Mansour, 1997, 31).
V. ZAOUIA, MÉDERSA.

113RICHA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Plume d’oie avec laquelle on fait


vibrer les cordes de certains instruments de musique (luth, mandoline,
etc). Remontant jusqu’à Zyriab qui a introduit le « oud » et la « richa »,
M.T. a parlé des mouachahettes… (El Moudjahid, 24.4.83). Lorsque je
serai rétabli, et si Dieu le veut, je reprendrai ma richa. (El Moudjahid,
13.2.86). Il y arriva, du moins en ce qui concerne sa « richa » après
qu’il dut se croire obligé d’accomplir un solo de luth…(Algérie-
Actualité, 24.4.86). Fergani est un véritable virtuose de la richa avec le
oud. (oral).
114RIF (de l’arabe) n. m. Disponible. Campagne. Pour la première fois,
le lien est établi entre l’université et le rif. (L’Unité, 6.3.79). La question
du désenclavement des régions déshéritées, particulièrement celles du
Sud et du Rif, a longuement intéressé les députés ainsi que les membres
du gouvernement. (El Moudjahid, 16.12.82). Des centaines de femmes
venues des quatre coins du pays sont décidées à mener, avec
enthousiasme, campagne pour la santé des populations du
rif. (Révolution africaine, 20.4.84). Un haut-parleur amplifie notre
folklore du rif. (El Hadef, 24.6.84). Nous étions chez lui ses invités…
Chez nous, dans le rif, c’est sacré, un visiteur. (El Moudjahid, 29.6.86).

115Com. L’adjectif dérivé riffain est rare. V. BALDI, BÉDOUIN,


BLED, RIFI.

116RIFI (de l’arabe) n. m., adj. Disponible. Musique d’origine


campagnarde. Les jeunes venus de toutes les localités du pays se
produiront devant des jurys, en compétition dans toutes les disciplines
artistiques et culturelles : théâtre, ensembles vocaux, danses populaires,
chaâbi (rifi et hadri). (El Moudjahid, 7.7.85). Le lendemain, c’est de
musique chaâbi genre « rifi » et « hadri » que fut gratifié le public. (El
Moudjahid, 14.7.85). Le deuxième volet de cette soirée fut le chant
religieux… que l’on a pu apprécier lors de premier festival de la chanson
rifi. (El Moudjahid, 13.4.87). Le chant traditionnel rifi est en vogue grâce
au raï ! (oral). V. BALDI, BÉDOUIN, RIF.

117RIHLA (de l’arabe) n. f. Disponible. Voyage. Il a opté pour la rihla


(pérégrination de Abderrahmane El Medjdoub) comme forme de
représentation qui le conduit du Maroc jusqu’en Tunisie. (Algérie-
Actualité, 20.7.93). La CNAN a organisé pour l’été 95, avec forfait
familial, une rihla qui fait le tour des principaux ports de la
Méditerranée. (Le Soir d’Algérie, 23.6.97). Alors, tu as fait une bonne
rihla ? (oral).

118RNDISTE, ÉRENDISTE n. et adj. Disponible. Militant du parti


gouvernemental R.N.D. Le retrait de confiance, dont ont fait l’objet six
membres Rndistes de l’APC sur sept que compte l’assemblée de la
commune, est venu exacerber la situation conflictuelle. (Libertés,
10.11.99). Contestée de bout en bout par les élus érendistes d’El Khroub,
l’élection du candidat d’El Khroub n’a été tranchée qu’à la faveur du
critère du plus … âgé. (El Watan, 16.11.97). Là aussi, la majorité devient
Rndiste puisque l’on compte désormais cinq membres du RND, un FLN
et un MSP. (El Watan, 23.3.00). Pour sa part, le P/APW qualifie cette
nouvelle attaque des « RNDistes » de « turbulences et manipulations qui
sont l’œuvre d’un député RND ». (El Watan, 10.5.00). La désertion
programmée des RNDistes de ces comités de soutien induira
certainement […]. (Quotidien d’Oran, 7.2.01).

119Com. Néologisme de 1997.

120RODJLA V. REDJLA.

121ROH (de l’arabe) v. à l’impérat. Courant, oral surtout. Va-t’en !


« Roh ya Omar, Roh. À ton âge, tu raisonnes de cette
manière ! » (L’Unité, 4.5.78). Roh, vas-y, tu peux y aller. (oral). Roh
avec ta sœur. (oral). V. AMCHI.

122RONDA, ROUNDA (de l’espagnol) n. f. Courant. Jeu de cartes


d’origine espagnole très pratiqué. Un coup de sifflet éveille les derniers
partisans de la « ronda ». (Kateb, 1966, 98). On fera une partie de
« rounda ». (El Moudjahid, 1.9.77). Ils passaient le temps à jouer au
domino ou à la « ronda ». (Achour, 1978, 67). Il n’y a pas un café qui ne
dispose pas d’une arrière-salle ou d’un côté spécialement réservé aux
mordus de la ronda, du rami ou de la belote. (El Moudjahid,
26.4.78). On voit des jeunes en train de s’adonner à d’interminables
parties de « roundas ». (El Moudjahid, 23.2.84). Les joueurs de dominos
et de ronda, verbe pugnace et lèvres inférieures presque constamment
boursouflées par une grosse chique, semblaient, eux, hermétiques au
reste. (Mokeddem, 1992, 12). Les gens ne riaient plus. Les cafés ne
résonnaient plus des cris des joueurs de belote ou de ronda. (Amadis,
1995, 183). Je les voyais jouer à la ronda et aux dominos sur les nattes
des cafés maures de la Suika. (Tengour, 1997, 26).

123Com. Attesté ds Duclos 1991.

124ROUDJLA V. REDJLA.

125ROUINA, ROUÏNA (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Purée de blé


sucrée. Couscous, feuille de pâtes en sauce, « rouïna » et galettes sont à
l’honneur. (El Watan, 3.9.91). Les femmes ne savent plus faire la rouina
d’antan. (oral).

126ROUMI (de l’arabe, littéralement « Romain ») n. m., adj. (féminin


singulier : roumia ; féminin pluriel : roumias, roumiya(s), roumiate(s)) 1.
Vieilli mais disponible, écrit surtout. (À l’époque coloniale) colon
européen. L’avantage, répondit Akli, c’est en apprenant la langue des
Roumis, il pourra gagner beaucoup d’argent. (Mimouni, 1983, 55). Tu
vois là-bas, m’indique-t-il, c’est ma bête que le « roumi » s’apprête à
vendre. (El Moudjahid, 9.5.85). Les zaouias, d’où partaient généralement
les révoltes contre la pénétration du « roumi », s’étaient presque toutes
transformées en foyers de propagation de l’obscurantisme. (El
Moudjahid, 15.4.87). Un roumi ne pouvait venir chercher Meriem chez
elle : elle habitait la ville arabe et les roumis n’y pénétraient pas ! (Ben
Mansour, 1990, 115). […] lui rappellent les mauvais jours, ses amis
Abdelmoumen et Ahmed tombés au champ d’honneur, le mépris du colon
envers l’Arabe, la corruption du caïd, les épidémies de typhus,
l’arrogance du roumi, petit blanc… (El Acil, 3.3.93). On vit même
quelques colons roumis et des ouvriers agricoles espagnols présenter
leurs voeux aux jeunes mariés. (Amadis, 1995, 34). Le jeune homme fut
précocement chassé de l’école, car le « roumi » s’arrachait les cheveux
devant tant d’ignorance, doublée d’une passivité des plus
singulières. (Liberté, 2.2.95).

1272. Courant. Chrétien, et plus généralement Européen,


Occidental. Nous, Kabyles…, nous, musulmans, nous que Dieu n’a pas
faits roumis… (Feraoun, 1957, 124). Les autres ! chrétiens, roumis,
conquérants, qu’importe ! (Djebar, 1983, 88). Mais, s’inquiéta la femme,
tu n’as pas peur qu’avec ces Pères blancs il devienne lui aussi un
roumi ? (Mimouni, 1983, 55). Il était impensable de faire circoncire son
enfant par le « roumi »… (El Moudjahid, 4.10.84). Non, j’ai pas, mais
pour le roumi, je demande à mon ami. (Mokeddem, 1993, 88). Petit à
petit, la langue de la tribu rétrécit, elle n’est utilisée que par les vieux,
les jeunes l’ayant délaissée au profit d’une autre qui n’est ni celle du
Coran ni celle des « roumis ». (El Watan, 16.2.93). C’est pourquoi notre
devoir est de revenir à l’islam. C’est notre religion, c’est notre Dieu qui
nous donnera la modernité, la prospérité, ce n’est pas le roumi ni le
mécréant. (Benaïssa, 1999, 81)

128Com. Le mot signifiant, selon Lanly, « celui qui dépend de Rome »


c’est-à-dire du Pape, est souvent péjoratif. Attesté ds Lanly 1970, Duclos
1991, GR, TLF. V. KAFER.
129ROUMIA, ROUMYA, ROUMIYA (de l’arabe) féminin
de ROUMI. Puis Khadidja s’immobilisa à son tour dans la
contemplation de la « roumia » […] La seule appréhension que
Khadidja avait, était de se trouver face à une de ces « roumias »
méprisantes ou condescendantes devant les sollicitations de
l’indigène. (Lemsine, 1978b, 40). Céline était une roumiya et pourtant,
elle avait les cheveux noirs ! (Ben Mansour, 1990, 115). Il est alcoolique,
peu enclin à la pratique religieuse et fréquente une « maîtresse roumia
avec laquelle il prend le café à Tontonville. » (Liberté, 2.2.95). Elle
commence par entraver son premier amour, puisque l’autre est
française, donc roumia. (La Nation, 30.7.96). Les vieux le félicitaient et
bénissaient sa future progéniture tout en se désolant parfois sur son
choix de la roumia plutôt que de sa cousine, une fille de son
sang. (Mokeddem, 1999, 60). Ma mère, Massaouda, les yeux posées sur
la belle affiche de Brigitte Bardot ou sur celle de Sheila, me demandant :
« Qui est-ce cette roumia ? » J’avais répondu à ma mère : « Ce n’est
pas une roumia, c’est Jamila Bouheired. » (Zaoui, 1999, 41) […] en
représailles à un meurtre commis sur la personne d’une roumia par des
inconnus. (El Watan, 8.2.00).

130ROUMIYAT(S), ROUMIATE(S) féminin pluriel


de ROUMI. L’institutrice prononça ces mots de bienvenue en arabe, au
grand étonnement de Meriem qui croyait que les roumiyats ne parlaient
que le français. (Ben Mansour, 1990, 84). Elle ne pourrait jamais
raconter ce qu’elle avait vu et vécu à la maîtresse ou aux roumiyats. (Ben
Mansour, 1990, 129). Je le lui ai dit que, si j’avais son âge par Allah, que
j’irais en France et je ramènerais deux Roumiates pour crever les
yeux ! (Mokeddem, 1999, 57).

131ROUNDA V. RONDA.
132R’SASSE (de l’arabe) adj. Disponible, oral surtout, milieux jeunes.
(En parlant de jeunes filles) qui n’a pas sa langue dans sa poche, qui
riposte aux agressions verbales. C’est vraiment une fille r’sasse. (Lounès
et Maraï, 1983, 23). Ma préférence va pour les filles r’sasse. (oral).

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


SABKHA V. SEBKHA.

2SACHERIE n f. Disponible. Fabrique de sacs. La sacherie produira


des sacs de grande contenance en papier kraft destinés essentiellement à
l’emballage du ciment. (El Moudjahid, 22.10.75). Cela nous empêche
également de faire redémarrer l’atelier sacherie. (El Moudjahid,
21.3.84). Il a été décidé la réalisation d’une sacherie en plastique à
Béchar. (El Moudjahid, 8.1.85). Encore que de nouveaux équipements
destinés à un projet de sacherie étaient en phase d’essai. (El Moudjahid,
24.9.90).

3SACRIFICATEUR n. m. Spécialisé. Personne chargée de l’abattage


du bétail selon le rite musulman. Ce sont les chevillards et les bouchers
qui effectuent les abattages en faisant appel à des équipes de tueurs ou
« sacrificateurs » privés. (Révolution africaine, 1.11.85). Le CORIF
pourra lui-même recruter les sacrificateurs chargés de l’abattage, leur
donner les agréments nécessaires et certifier la viande « Halal ». (El
Watan, 14.1.92). À peine le sacrificateur s’est-il avancé que le taureau
pousse un puissant mugissement, qui stupéfie l’assistance. (Benhadouga,
1992, 58). Les sacrificateurs se font de l’argent à gogo pendant la
journée de l’Aïd el Adha en égorgeant le mouton à 500 DA. (oral).
V. ÉGORGEUR.

4SADAK, SADÂQ, SDAK, SDÂQ ( d e l’arabe) n. m. Disponible.


Compensation matrimoniale que l’époux donne aux parents de sa future
épouse et dont le montant est fixé le jour de la khotba. Le sadâq a surtout
une valeur symbolique indépendante de son importance matérielle. (El
Djazaïria, 1.6.70). L’une des exigences est le sadak. Ce dernier peut être
soit de l’argent versé aux parents de la femme qui le dépensent
totalement ou partiellement pour les divers achats, soit des bijoux. (El
Moudjahid, 14.7.77). Il s’agit surtout de la somme à verser par la famille
du prétendant ou le sdak et qui oscille entre 95 centimes dans un village
à … 7 000 DA ailleurs. (Algérie-Actualité, 6.9.84). Les parents de la
jeune fille considèrent le « sdak » comme un moyen de démontrer que
leur fille est chère à leurs yeux. Ceux du jeune homme se pliant pour
deux raisons : la volonté de leur fils et prouver qu’ils ont les moyens. (El
Moudjahid, 11.7.85). Autrefois, l’homme choisissait sa future compagne,
envoyait ses parents demander sa main et se mettre d’accord sur le
montant du sadak (dot). Au bout de quelques jours, on célébrait le
mariage. (El Acil, 15.1.93). V. DOT.

5SADAKA, SADAQA (de l’arabe) n. f. Disponible. Aumône, don


charitable volontaire prescrit par l’islam. Chaque fois qu’il fallait acheter
des animaux pour les tuer, on s’adressait aux volontaires, aux gens
charitables et riches. C’était la sadaka. (Feraoun, 1968, 55). L’éducation
religieuse musulmane veut que l’on apprenne à nos enfants à faire de la
sadaka. (El Watan, 10.12.93). Oui, nous sommes allés au souk ensemble,
puis au cimetière pour la sadaka… (Mokeddem, 1993, 80). « […] ma
mère qui se lamentait tous les jours, consciente de représenter une lourde
charge pour son frère : “ sadaqa ” sur le dos de mon père, n’est-ce pas
mon oncle ? » (Mouzaia, 1994, 89). Elle donnait les tapis de prière
comme zakat, appelée aussi sadaka, cette aumône faite aux pauvres et
qui est l’un des cinq grands principes de l’islam. (Amadis, 1995,
118). Pendant que d’autres aident mes frères à servir le thé et à
distribuer la sadaka, Mayahma a l’air perdu, au milieu des énormes
théières des grandes circonstances. (Benaïssa, 1999, 55).

6SAFAR (de l’arabe) n. m. Disponible, écrit. Deuxième mois du


calendrier hégirien. Une prière sera dite à travers tout le pays le vendredi
11 Safar à 10 h 00 pour demander la clémence divine. (El Moudjahid,
17.1.78). Le Centre culturel islamique organise une conférence en arabe,
intitulée : « L’Islam avec foi et action » […] le mercredi 23 safar 1398
(1er février 1978) à la salle des fêtes, à Bouira. (El Moudjahid, 1.2.78). Il
écrivait dans le numéro 47 du journal « Chihab » du 7 Safar 1345 (15
août 1926) […]. (El Moudjahid, 28.1.01). Achoura, généralement ceux
qui doivent l’offrir (pas tous Dieu merci) ferment leur boutique durant ce
mois, Ils vont donner leur « zaket » aux hôtels de làbas, ils ne rentrent de
voyage qu’en Safar. (Quotidien d’Oran, 4.3.01).

7SAHA (de l’arabe) exclam., n. m. 1. Courant oral surtout. Merci. Un


« saha » pressé mais poli et l’on part chez un autre épicier. (El
Moudjahid, 21.9.73). – Passe ce soir. Je le laisserai au barbier, si je
peux en avoir… – Saha. (Ben, 1982, 142). C’est la vieille Zina, la belle-
mère qui entre. « Saha f’tourkoum », dit-elle, pleine de dynamisme. –
Saha, murmure Hamma. (El Moudjahid, 16.5.86). Alors comment ça va
aujourd’hui ? – Saha, ça va très bien. (oral).

82. Courant, oral surtout. D’accord. Saha, saha, je dis pas le


contraire. (oral). Demain dix heures, saha. (oral).

9Com. Attesté dans Lanly 1970, Duclos 1992.

10SAHABA(S) pluriel de SAHABI. Malgré l’insistance des « sahaba »


pour lui éviter de grands efforts, il tenait chaque fois à avoir sa part dans
les tâches à réaliser. (El Moudjahid, 2.3.84). Le Dr M. S. a parlé du
« rôle de l’élite dans la société », axant son intervention sur le prisme
actuel culturel des « sahabas » à l’intérieur duquel le comportement est
dominant. (El Moudjahid, 17.7.84).

11SAHABI (de l’arabe) n. m. (pluriel : sahaba(s)) Spécialisé,


intellectuels. Compagnon du Prophète Il sympathisait avec les tribus
environnantes et les familles humbles le recevaient comme hôte de Dieu,
avec les égards dus à un « sahabi ». (Boutarène, 1982, 233).

12SAHFA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Plat en bois ou en métal pour


pétrir la pâte et rouler le couscous. Mettre la semoule et la farine tamisée
dans une « sahfa », saler et mouiller doucement d’eau. (Bouksani, 1982,
171). Marmites en terre ou en cuivre, tajins, peignes à carder la laine,
lourde sahfa, pilons en bois, etc. (Algérie-Actualité, 6.6.85).

13SAHRA (de l’arabe) n. f. (pluriel sahrate). Disponible. Veillée, soirée


animée ou non par un spectacle. L’ennui s’est emparé de tout le monde et
la morosité se lit sur le visage hagard de tous ces jeunes et moins jeunes
où privation et absence d’une belle sahra de raï ou de chaâbi auraient
ramené un nouveau sourire. (Le Matin, 20.4.91). Le centre El Halifa
avait promis aux Constantinois une « sahra » inoubliable avec Djalti,
mais quelle déception pour tous ces jeunes venus dès le f’tour. (El Acil,
13.3.93). Une soirée typiquement chaâbi a été organisée, avant-hier, à la
salle Abdelhak Benhamouda de Riahd El Feth. Cette sahra
ramadhanesque a drainé une faune de mélomanes amateurs de musique
chaâbi. (El Watan, 23.12.99). Une fiesta gracieusement organisée, à tout
casser et à la bonne franquette. Une sahra pleine de chaleur familiale et
de convivialité. (El Watan, 6.1.01). V. GUASSRA.

14SAHRAOUI, E (de l’arabe) 1. n. Disponible. Habitant du Sahara, et


plus spécialement de l’ex-Sahara espagnol. Tel est l’enjeu du conflit qui
oppose Marocains et Sahraouis qui ne peut aboutir qu’à la satisfaction
d’une des deux revendications, c’est-à-dire l’annexion ou
l’indépendance. (El Acil, 9.1.96). L’application du plan de paix, mis en
œuvre il y a déjà quatre années, ne pouvait pas se poursuivre sans une
discussion entre Sahraouis et Marocains. (La Tribune, 27.2.96). Par
ailleurs, on reste sans nouvelles de plusieurs centaines de Sahraouis
« disparus » après leur arrestation entre 1975 et 1987. (El Watan,
18.4.96). Autant vous prévenir tout de suite, vous avez affaire à un
sahraoui, un vrai fils du désert, autrement dit à quelqu’un qui, par
définition, n’est pas né de la dernière pluie ! (Achir, 1997, 155). Une
telle perspective pourrait difficilement être acceptée par les Sahraouis et
leurs alliés dans la région. (La Tribune, 18.9.97).

152. adj. Disponible. Qui se rapporte au Sahara et plus spécialement aux


habitants de l’ex-Sahara espagnol. Les « provinces sahariennes du
Maroc » appartiennent au peuple sahraoui. (Liberté, 6.1.95). Le
problème sahraoui, le processus de paix au Proche-Orient, […] ont été
évoqués par les deux parties. (Le Matin, 27.9.95). Soit près du double de
la population sahraouie (74 000 habitants) recensée en 1974 par
l’Espagne, alors puissance occupante. C’est ce recensement qui a été
retenu par la résolution 690 comme base d’identification du corps
électoral sahraoui. (El Watan, 19.12.95). Gharekhan n’a donné aucun
détail sur les consultations qu’il a eues avec les autorités sahraouies. (El
Acil, 9.1.96). Plus de 300 « disparus » sahraouis ont été libérés en 1991
après avoir été emprisonnés. (El Watan, 18.4.96). Évoquant la
nomination du diplomate américain James Baker à la tête du dossier
sahraoui, le dirigeant sahraoui a qualifié ce dernier de « véritable
homme des missions difficiles ». (El Watan, 15.4.97). Il faut tout de
même reconnaître que cette reprise en main du dossier sahraoui a suscité
l’espoir de rendre justice au peuple sahraoui. (El Watan, 18.9.97).

163. n. m., adj. Spécialisé. Musique accompagnée de chants et danses


folkloriques, originaire du Sahara. On ne peut confiner le raï à l’Ouest et
le sahraoui au Sud algérien. (El Moudjahid, 9.8.85). Ma musique
s’inspire généralement du terroir ; l’andalou, le chaabi, le targui, le
sahraoui, le kabyle constituent entres autres les quelques repères
auxquels je me réfère. (El Watan, 4.5.93). Le haouzi algérois est
accompagné de genres sahraoui, oranais, kabyle, chaoui. (El Watan,
3.8.97). Avec le chant sahraoui, il a fait un tabac au Mouggar. (oral).

17SAHRAOUITÉ n. f. Spécialisé. Ensemble des caractéristiques


relatives aux populations du Sahara. Bien que la sahraouité de ces
interviewés reste à confirmer, libre à chacun de choisir son camp. (El
Watan, 20.1.93). Avec l’invasion du Sud par les habitants des pays
riverains à l’Algérie, qui peut parler de sahraouité maintenant ? (oral).

18SAHRATE(S) pluriel de SAHRA. Car, qui dit Ramadhan, dit


« sahrates ». (Algérie-Actualité, 11.4.91). Ce qui m’excite durant les
mois de Ramadhan, c’est la joie qui anime les rues la nuit et les
« sahrates ». (El Acil, 11.2.93).

19SAHWA (de l’arabe) n. f. Disponible, oral. Éveil de la communauté


musulmane. Alors comment expliquer qu’elles soient absentes du
phénomène de la sahwa post-indépendance. (Algérie-Actualité,
23.5.91). Une jeunesse désabusée, désorientée devenue vulnérable aux
calculs politiciens des promoteurs de la « sahwa ». (El Watan,
7.7.91). Les leaders du FIS se prennent pour les instigateurs de la sahwa
islamique. (oral).
20SAÏDA (du nom d’une marque déposée) n. f. Courant, oral surtout.
Toute eau minérale plate. Une grande Saïda et une carafe d’eau pour
moi ! (Khiari, 1981, 38). Ces prix donnent soif et on va au « Timgad »
consommer une « saïda » et quatre cafés. (Révolution africaine,
28.7.89). Mais il reste que le client, ce qu’il commande c’est de la Saïda,
même si on lui rapporte Batna. Pour lui, minérale équivaut à Saïda. (El
Watan, 9.8.94).

21SALAFISME (de l’arabe salafiya + suf.-isme) n. m. Disponible.


Doctrine musulmane qui s’appuie sur l’observation stricte des rites suivis
par le Prophète et ses compagnons. Le mouvement a exprimé « son
entière solidarité avec le peuple algérien et ses forces progressistes et
démocratiques dans la lutte qu’elles mènent pour contrecarrer le
terrorisme et éloigner le spectre du salafisme qui menace ce
territoire ». (El Watan, 2.2.95). L’avant-garde, d’abord issue du
salafisme traditionnel qui parfois répugnait à l’action violente ou ne
manifestait pas son adhésion à la lutte armée d’une façon très claire,
s’est trouvée largement débordée par un radicalisme populaire, populiste
et superficiellement instruit de la chose religieuse. (La Nation, 12.12.95).

22SALAFISTE adj. 1. adj. Disponible. Relatif à la salafiya. Mosquées


« salafistes » où djilbab et les barbes hirsutes accompagnées de khol
sont de mise. (El Watan, 21.3.94). À Alger un petit enseignant de collège
fait parler de lui à la mosquée Sunna, dans le quartier de Bab El-Oued. Il
s’appelle Ali Belhadj et il est salafiste. (Gastel, 1999, 43). Les bandes
contiennent aussi des explications données par d’éminents théologiens
salafistes qui appellent les terroristes à mettre fin à leurs activités. (La
Tribune, 23.12.99). […] avec l’entrée en lice des oulémas salafistes qui
voulaient éteindre le feu de la fitna. (El Watan, 5.1.00). Hachani n’a
jamais été djaz’ariste. Le frère Abdelkader était salafiste, musulman et
algérien. (Quotidien d’Oran, 5.2.00). Encore que personne ne pouvait
s’attendre à ce qu’Al-Outheimine puisse défendre un arbitrage sur la
base d’autre chose que ce qu’il prône depuis des décennies en tant qu’un
des plus importants référents de l’Islam sunnite salafiste. (Quotidien
d’Oran, 29.3.00). L’on a vu des imams salafistes, véritables idéologues
de cette mouvance, prendre leurs distances avec les groupes armés. (Le
Matin, 8.4.00). […] qui permettront à Hattabde faire un pas de plus,
c’est-à-dire se rendre et dissoudre le groupe salafiste. (La Tribune,
10.2.00).

232. n. Disponible. Partisan de la salafiya. Mesurant le danger d’une


« assimilation totale » par les salafistes partisans de Belhadj, ils ont
tenté de rectifier le tir. (El Watan, 15.4.93). Ce qui est par contre assez
désarçonnant, c’est qu’un salafiste chevronné comme Ahmed Zaoui le
fasse. (El Watan, 3.8.94). […] afin de se distinguer des salafistes, qui,
eux, épousent les thèses les plus extrémistes. (El Watan, 9.5.96). Ancien
prêcheur, salafiste, ce professeur d’Université [Benaïcha] tient le maquis
depuis 1992. (Charef, 1998, 24). Oui, nous sommes des salafistes, des
musulmans authentiques. Le Coran et la Sunna sont nos seules
références. (Gastel, 1999, 88). Ce prédicateur, considéré comme une
référence chez les salafistes de la région, avait réussi à faire descendre
quelque 200 éléments du GSPC depuis l’avènement de la concorde civile.
(La Tribune, 13.1.00). Pour lui, les salafistes sont comme les
mouâtazila : « Ils sèment la fitna tout en s’écartant de la charia ». (El
Watan, 23.3.00). V. SALAFITE.

24SALAFITE n. Disponible. Partisan de la salafiya. Les clans guettaient


la moindre opportunité pour relancer la course au leadership : Iraniens,
Afghans, Hijra wa takfir, salafites, Jaz’ara, compagnons de Saïd
Mekhloufi, disciples de Chebouti autoproclamé « général » […].
(Khadra, 1999, 202). Une fraction dissidente, composée de quatre cents
traîtres menaçait l’unité du GIA. – Des salafites, pesta-t-il, des merdeux
qui ne se torchent même pas le cul. (Khadra, 1999, 237).
V. SALAFISTE.

25SALAFIYA, SALAFIA (de l’arabe littéraire) n. f. Disponible.


Courant islamique sunnite basé sur la tradition prophétique. Pour ceux-
là, il s’agit d’un différend entre deux méthodes : celle des Ikhwanes
(frères musulmans) et des salafiya (dogmatiques). (Algérie-Actualité,
23.4.91). Les chefs ou les grands noms venus de la sphère de la salafiya
instruite se sont retrouvés sous la direction d’une aile militaire
complètement inconnue des réseaux traditionnels du mouvement
islamiste. (La Nation, 12.12.95). La « salafia » est un autre courant de
pensée remontant aux ulémas. Cette école a sa conception de la sunna et
aussi son interprétation des Saintes Écritures. (Quotidien d’Oran,
5.2.00).

26SALAM (de l’arabe, ellipse de la locution salam aleik ou salam


aleikoum « Que la paix soit avec toi, vous ») loc. Courant, oral surtout.
Formule qui sert à saluer qqn. Celui-ci après qu’il eut salué le monde
d’un « Salam ! » lancé bien haut, alla s’attabler dans un coin. (Dib,
1957, 107). Quand il fut là, il dit le salam, s’assit par terre et nous
regarda en souriant. (Mokeddem, 1992, 122). Il s’adresse d’emblée à
Hassan d’un ton agressif : « Salam ! je cherche Mabrouk. » (Allouache,
1995, 113). Salam ya ami Fouzi, il fait beau aujourd’hui. (oral).
V. SALAMALEK, SALAM ALEIKOUM.

27SALAMALEC V. SALAMALEK.

28SALAM ALEIKOUM, SALAM ALLIKOUM, SALAM


ALIKOUM, SALAM’ALEÏKOU, SALAM A’LIKOUM, ESSALAM
ALIKOUM, SALAM ÂLIKOUM (de l’arabe « Que la paix soit avec
vous »). loc. 1. Courant, oral surtout. Formule de salut, bonjour.
« Essalam Alikoum ! Que le salut soit sur vous ! » (Bennabi, 1965, 183).
« Salam alikoum, gens de Tajmaath ». (Achour, 1978, 210) « Salam
’aleïkoum », dit-il, en s’inclinant devant El-Majnoun, tout en fixant
Mahmoud d’un œil torve. (Mokeddem, 1992, 77). Il se lève pour
répondre au « salam alikoum ». Tout son corps tremble, mais il reste
debout en signe d’hospitalité. (La Tribune, 22.12.99). Pourtant il faut lui
parler. « Salam alikoum, frère. Quelles sont les nouvelles des
études ? » (Gastel, 1999, 110). Ce quartier continue à m’échapper, peut-
être parce que je ne me livre pas aux rituels du salam âlikoum qui sont
les siens. (Khelladi, 1997, 33).

292. Courant, oral surtout. Formule d’adieu, salut, au revoir. J’amasserai


une grande fortune puis, salam allikoum, bons baisers et à
samedi. (Aïder, 1984, 10). À vendredi… à la mosquée ! Et ramène un peu
d’argent, on a remarqué que, depuis quelque temps, tu deviens avare
question cotisations. Salam a’likoum. (Allouache, 1995, 160). Et si vous
n’êtes pas contents, alors salam aleikoum ! (oral). Maintenant que je lui
ai tout expliqué, s’il n’accepte pas, salam aleikoum. (oral).

30Com. Attesté ds IFA. V. SALAM, SALAMALEK.

31SALAMALEK, SALAMALEC (de l’arabe) n. m. 1. Disponible.


Salutation. Il est sans doute plus connu que le président de l’APC,
évoluant comme un poisson dans l’eau sous une pluie de salamalecs
joyeux. (Algérie-Actualité, 23.2.85). Un jour, appelé par une mission à
Oran, il se rend à Air Algérie-Lille : « Bonjour et tous les autres
salamaleks, je voudrais un billet Lille-Alger-Oran et retour. » (Algérie-
Actualité, 10.10.85). Je le croisais souvent remontant la rue Didouche
Mourad dans le centre-ville d’Alger, un cartable à la main, les yeux sur
la pointe de ses souliers, ne les relevant que pour un salamalec
expéditif. (Mokeddem, 1999, 241). C’est une maman attentionnée qui
prendra place, avec ses enfants, à une table en répondant aux salamalecs
de certains invités soucieux d’être dans les grâces d’un officiel. (La
Tribune, 25.12.99).

322. Disponible. Politesse exagérée, révérence. Alors, replions ces


dépliants qui réduisent les ballades vivantes à des processions funéraires
et les goguettes spontanées en « salamaleks » empesés. (El Hadef,
28.11.82). L’opposition algérienne, en dépit de tous les manques, fut un
prétexte de satisfaction dans ce match dense, dur et avare de
« salamalecs ». (El Hadef, 12.2.84). À revoir les images de son départ
du Maroc, puis son arrivée à l’aéroport d’Alger, méprisant le protocole
et autres salamalecs […], on a l’impression qu’un horrible traquenard
lui a été tendu. (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92). Sa patience de chêne, son
humilité de roseau, ses rimes de conteur, joints à un art accompli du
salamalec, avaient fait de lui un homme dangereux. (Sansal, 1999, 296).

33Com. Attesté ds GR, TLF. V. SALAM, SALAM ALEIKOUM.

34SAMSA, SAMESSA (de l’arabe) n. f. Disponible. Gâteau traditionnel


en forme de petit triangle aux amandes et au miel, préparé surtout pour
l’Aïd el Fitr. Durant le mois de Ramadhan, interdiction est faite aux
commerçants qui se reconvertissent en vendeurs de pâtisseries et autre
sucreries connues : zalabia, kalb ellouz, samsa, etc. (El Moudjahid,
22.5.85). Meriem et ses sœurs saisirent l’occasion pour engloutir samsas,
griwachs, cornes de gazelle. (Ben Mansour, 1990, 151). Cette pâtissière
est spécialisée dans la préparation de la samsa, elle en vend énormément
pendant le mois de Ramadhan. (oral). V. KALB ELLOUZ, ZALABIA.
35SANAFIR(S) (de l’arabe « les nains », d’après le titre d’un dessin
animé diffusé par la télévision nationale durant les années 1980). n. m.
plur. 1. Disponible. Petits partis politiques. On a trop souvent parlé de
formations politiques, de sanafir ou de groupuscules privés. (Liberté,
14.12.92). D’autant que les opportunistes du CNT, du FLN et des sanafir
qui y verraient l’occasion de se recycler […]. (La Tribune, 20.11.95). On
ne renie pas l’existence aux sanafirs (Le Matin, 1.2.96). Le CNT est
d’ailleurs bien pourvu en représentants de ce type de partis sanafir. (La
Nation, 14.5.96). Il ne faut pas tenir compte des sanafirs qui n’ont aucun
poids avec le peuple. (oral).

362. Disponible, milieux sportifs. Joueurs ou supporters du club


constantinois C.S.C. De ce fait, les Sanafirs se maintiennent sur leur
forme éblouissante acquise depuis fort longtemps. (Le Libre,
9.4.94). Finalement, la rencontre C.S.C-U.S.M.S a eu lieu devant une
chambrée de spectateurs, la plus faible assistance enregistrée par les
« Sanafirs ». (El Hadef, 5.6.94). La conférence de presse donnée par le
CSC à la salle El Khalifa a drainé la grande foule ; entre presse,
officiels, représentants de clubs et… sanafirs, il était difficile de se faire
une idée avant l’intervention du président du CSC. (El Acil,
9.1.96). Comme les Sanafirs aspirent à une bonne fin de saison et que les
Tisserands de Batna roulent actuellement sur… du velours, nul doute que
cette empoignade vaudra bien le déplacement. (Liberté, 18.4.96). Le Mali
sera livré en pâture aux Sanafirs, à la réputation bien forgée de
« hooligans » hors du commun. (El Acil, 23.2.97). « Il n’est pas question
qu’on fasse de la simple figuration en coupe d’Afrique », dit-on, dans les
milieux sanafirs. (Le Matin, 3.8.97). Le président du CS Constantine a
réagi aux déclarations de Kamel Mouassa, pour affirmer qu’il attaquera
bientôt l’ex-coach des Sanafir en justice. (Liberté, 3.2.00).
37SANDWICHERIE n. f. Disponible. Point de vente de sandwichs.
[…] restaurants, sandwicheries, gargotes ont trouvé une clientèle
sûre. (El Moudjahid, 5.8.83). À vendre sandwicherie bien équipée et très
bien située centre ville. (El Acil, 21.10.94). Les sandwicheries poussent
comme des champignons. (oral).

38SAROUEL, SAROUAL V. SEROUAL.

39S’BAH EL KHIR (de l’arabe) loc. Courant, oral surtout. Bonjour,


formule qui sert à saluer le matin. S’bah el khir ! Brr ! Qu’est-ce qu’il
fait froid dehors ! (Touat, Ben Abbas, 1984, 13). Sbah el khir, tu as
bien dormi ? (oral). Sbah el khir monsieur ! Nous sommes prêts. (oral).

40SBOHIYATE(S) pluriel de SBOUHI. Le must, c’étaient les


« sbohiyates » ; le dimanche après-midi, mon ami m’expliquait les textes
et me parlait de ces poètes qui écrivent des kcids depuis le 15 e siècle. (Le
Jeudi d’Algérie, 30.7.92).

41SBOUHI, SBOHI (de l’arabe) n. m. (pluriel : sbohiyate) Spécialisé,


écrit. Quacida chantée. Nous avons eu l’occasion de l’entendre dans un
tour de chant au cours duquel il donna un aperçu de son savoir-faire en
se faisant apprécier notamment par un sbouhi absolument
remarquable. (El Moudjahid, 23.5.77). V. QUACIDA.

42SDAK, SDÂQ V. SADAK.

43SÉANCE UNIQUE n. f. Disponible, milieux scolaires. Organisation


de la journée scolaire en une seule session. Le maître travaille en séance
unique durant le Ramadan de 9 h 30 à 13 h. (Liberté, 26.1.00).
V. DOUBLE VACATION.
44SEBHA (de l’arabe) n. f. Disponible. Chapelet musulman. Tous les
hadjis, sebha à la main, murmurant des prières, attendaient l’annonce du
départ de leur contingent. (El Acil, 4.2.94). Il égrenait nonchalamment sa
sebha de nacre. (La Nation, 3.1.95). Tante Atiqa était veuve et très
pieuse. Sa sebha à la main ne la quittait guère. (Bensmaïne, 1996,
91). C’est une véritable mode que de rouler la sebha entre les doigts de
la main ; cela fait un bon musulman. (oral).

45SEBHI V. SEBSI.

46SEBIBA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Danse traditionnelle


touarègue. Les habitants de la ville aux dunes de sable rouge ont vu
défiler les troupes de « Karkabou », de « Baroud », de la
« Sebiba »… (El Moudjahid, 26.4.83). En matière de danse, nos
traditions sont anciennes et certaines, comme la sebiba, cette danse
touareg, se perdent dans la nuit des temps. (Algérie-Actualité, 12.6.86).
V. TINDI.

47SEBKHA, SABKHA (de l’arabe) n. f. Disponible. En pays désertique,


dépression salée de couleur blanchâtre. Avant d’arriver au douar Aïn-
Beida commence la sebkha qui se prolonge jusqu’à la daira d’Oran. (El
Moudjahid, 10.7.77). Les sebkhas du Chott forment de grands lacs dans
les environs. (El Moudjahid, 1.10.1984). Et, soudain, la grande bâtisse
coloniale des Sirvant, aveuglante comme sebkha au soleil, surgit dans
cette fantastique corolle incandescente. (Mokeddem, 1992, 58). Les eaux
de surface ne sont pas uniformément réparties et proviennent pour 11
millions de chotts et sebkhas des hauts plateaux et de l’Atlas
saharien. (El Watan, 1.3.93). La sebkha est alimentée en eau de
ruissellement que le Sahel d’Oran déverse de nombreux oueds. (El
Moudjahid, 3.8.97). Les réseaux d’irrigation souterrains laissés par les
colons ont été, dit-on, endommagés par le morcellement des terres. Ce
qui, explique-t-on, a favorisé la remontée de sel provoquée par la grande
sebkha qui baigne à proximité de cette zone. (El Watan, 20.1.00). Enfin
la sebkha constitue une autre préoccupation car cette dépression cause
des dégradations importantes aux terres arables à cause de la salinité de
ses eaux. (Quotidien d’Oran, 17.2.00).

48Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF. V. CHOTT, DAYA.

49SEBSI, SEBHI (de l’arabe) n. m. Disponible. Pipe à long tuyau et


petite tête creuse que l’on bourre de kif, sorte de calumet servant à fumer
de la drogue. Tu n’es qu’un hchaïchi qui, au troisième sebsi, prend ses
délires pour la réalité, et se met à voir la France en
déménagement. (Benaïssa, 1999, 45). Entre deux prières, il n’hésite pas à
fumer son sebhi de haschich qui ne quittait sa bouche que pour laisser la
place aux quelques courts versets coraniques de prière, et boire quelques
verres de sa carafe. (Zaoui, 1999, 123).

50SEFFA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Préparation à base de couscous


sucré. Les grains de couscous sont assez fins dans la seffa ou dans le
mesfouf. (Bouayed, 1983, 234). […] le bol de h’rira dégusté en attendant
la seffa ou plat de semoule roulée, sucrée à la cannelle. (Quotidien
d’Oran, 5.12.99). V. COUSCOUS, MESFOUF.

51SÉGUIA (de l’arabe) n. f. Disponible. Rigole d’irrigation au sud du


pays. Les fellahs utilisent l’irrigation traditionnelle par des séguias
alimentées à partir de l’oued Tiout. (El Moudjahid, 24.11.82). Le système
de captation et d’exploitation des eaux se distingue par des techniques
raffinées : foggaras horaires et foggaras à peigne,
séguias… (Confidences, 11.5.96). L’ENAJUC de N’gaous doit participer
à cette opération de réhabilitation comprenant la réalisation d’une
séguia (canalisation). (El Watan, 20.7.00). Les palmiers sont irrigués par
des séguias. (oral).

52Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF.

53SÉMINARISTE n. Disponible. Personne qui participe à un séminaire


ou équivalent (conférence, réunion, journée d’étude). Tous les problèmes
juridiques, théoriques et sociaux ont été traités par les magistrats
professeurs au cours de ces séminaires qui furent fructueux et bénéfiques
aux séminaristes. (El Moudjahid, 25.2.70). Les séminaristes n’ont pas
manqué de signaler l’épineux problème de la circulation de l’information
économique inter-entreprises, inter-communale, inter-wilayale, etc. (El
Moudjahid, 13.4.83). Les séminaristes devront, à l’issue de ce séminaire,
dégager un plan d’action. (El Moudjahid,14.4.86). Le rôle de la femme
élue est à la fois noble et ingrat, comme l’a souligné à juste titre une
séminariste. (El Moudjahid, 14.4.87). La résolution politique du
deuxième séminaire sur l’écriture de l’histoire confirme cette orientation
idéologique, puisque les séminaristes saluent la décison de la Direction
politique […]. (Rouadjia, 1994, 64). Une journée d’étude ayant pour
thème « la lutte contre la drogue et la toxicomanie » s’est tenue à
l’Institut technologique de la Santé publique d’Oran […]. Les
séminaristes étaient venus d’Alger, de Blida […]. (Quotidien d’Oran,
26.6.2000). Sur les dix thèmes majeurs inscrits au menu de cette session,
les séminaristes devront faire œuvre de titan […]. (Quotidien d’Oran,
15.1.01).

54SEMOUN V. SIMOUN.

55SÉPIA (de l’espagnol) n. f. Disponible. Seiche (mollusque


cephalopode). – Et une « Koucha » bien saucée comme les autres… Et
une sépia au riz… (L’Unité, 15.3.78). Sachant que la sépia est plus chère
que la pieuvre, le vendeur découpe cette dernière jusqu’à l’obtention de
formes qui épousent celles de la sépia. Sans afficher les prix, il guette
l’arrivée d’un consommateur qui ne s’y connaît pas. En demandant le
prix, il répond que la sépia est à 300 DA ou à 400 DA, alors qu’en réalité
elle ne fait que 100 DA. (La Tribune, 22.12.99). À Skikda, la paella se
prépare avec de la sépia. (oral).

56Com. Le terme désigne en français standard la matière colorante


sécrétée par la seiche et non le mollusque lui-même. Attesté ds Lanly
1970, Duclos 1991.

57SEROUAL, SAROUEL, SAROUAL, SERROUAL (de l’arabe) n.


m. Disponible. Pantalon bouffant traditionnel à entrejambe bas. Son fils
avait abandonné le seroual, portait cravate et pantalon long. (Bennabi,
1965, 36). L’autre, elle porte un sarouel à pois. (El Moudjahid,
1.2.70). Leur repas achevé, Mahmoud sort de la poche de son saroual
tabac et kif. (Mokeddem, 1992, 175). […] quelques beignets qu’elle avait
réussi à dissimuler, soit dans les poches de son seroual, soit dans le pan
des robes. (Mouzaia, 1994, 48). Sur son seroual blanc, il portait un gilet
gris. (Mouzaia, 1994, 76). Elle se levait alors, imposante dans ses larges
sarouals bouffants aux étoffes soyeuses et colorées. (Bensmaïne, 1996,
109). Radia, telle une déesse, a porté haut l’habit traditionnel algérois du
serouel au karako, au chèche voilé. (Le Matin, 19.7.96). Le temps
qu’elle se décide à rejoindre Debsar, qu’elle consente à descendre son
seroual, ils avaient déjà perdu deux heures. (Mokeddem, 1999, 134).

58Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF.

59SEROUAL LOUBIA (de l’arabe) n. m. Disponible. Pantalon bouffant


traditionnel (région d’Alger) porté par les femmes. Le fameux seroual
« loubia » dont le succès a déjà franchi nos frontières. (El Moudjahid,
24.7.88). Quant au pantalon, il sera offert aux plus fayots un « serroual
loubia » plus seyant ? (Alger républicain, 21.11.91). Sur la route, un
commerçant, près de sa boutique en torchis, arrête le cortège, le ministre
descend, il écoute longuement en seroual loubia et guennour. (Algérie-
Actualité, 9.5.92). Le haïk, le voile, le seroual loubia, les gestes et
répliques féminins, sont des signes extérieurs d’une époque et d’une
culture représentatives. (El Watan, 29.4.93).

60SERPENTÉ, E adj. Disponible, écrit. (En parlant d’une voie de


communication) qui serpente. Les ruelles serpentées, poussiéreuses et
bruyantes. (El Watan, 3.12.92). Le CN n129 que Lazhar emprunte, longe
l’usine de S.N.S. Il est serpenté, rétréci et parsemé de nids de poule. (El
Acil, 25.1.93).

61SERRIYAT, SERIET, SARRIYAT, SARIA, SERIYAT (de l’arabe)


n. f. Disponible. Section d’une unité de terroristes islamistes. On m’a mis
à la tête d’une saria (note : peloton) d’une quinzaine de chevronnés. J’ai
brûlé autant d’écoles que de fermes. (Khadra, 1999, 219). À partir
d’aujourd’hui, tu vas commander la saria itinérante […] C’est une
section coriace, dure à cuire. Elle exige une poigne d’acier, je te
préviens. (Khadra, 1999, 240). Des témoignages concordants parlent du
groupe de Hadj Ali, de la Seriet de Draâ El Mizan. (Le Matin,
9.2.00). Ce sont ses serriyat (sections) qui ont causé les hécatombes de
1998. […] Il ne faut pas confondre cette sarriyat avec la katiba du même
nom qui sévissait dans la wilaya de Mascara. (Le Matin, 9.2.00). Ces
citoyens au-dessus de tout soupçon, appartenaient en fait à la redoutable
« Seriyat Etawhid » qui est rattachée à la zone 5 du GSPC. Cette
« seriyat » avait déjà perpétré et revendiqué de nombreux attentats. (El
Watan, 26.4.00).
62SERROUAL V. SEROUAL.

63SETTOUT, SETTOUTE, SETOUTA (de l’arabe) n. f. Disponible,


oral surtout. Sorcière. Écoute, la vieille ! Arrête ton cirque et tes larmes
de settoute ! (Belamri, 1982, 51). Si je suis « une settout », alors toi, tu
n’es qu’une araignée. (Ben Mansour, 1990, 103). Tais-toi, espèce de
« settout », sorcière, espèce de feu sous la paille, chaque fois que tu
joues avec nous, cela finit par des disputes. (Ben Mansour, 1990,
103). Et cette vieille sorcière de Kheïra, cette settout qui vient nous
espionner. (Achir, 1997, 40). Ouda était une setouta, une sorcière parée
de colliers, de bagues, de tatouages et de faux sourires ; elle donnait
toujours l’impression de comploter quand elle parlait. (Mokeddem, 1999,
137). Tu es la cause de tous nos problèmes, settout ! (oral).

64SEYMOUN V. SIMOUN.

65SFENDJ (de l’arabe) n. m. Disponible. Beignet en forme de


couronne. Les enfants ! Je vais à l’instant vous préparer des « sfendj »,
tu verras… (Lemsine, 1978a, 181). À cette occasion, au moins à l’un des
trois jours de fête, les citadins mangent des « sfendj », du poulet et des
fruits secs et frais. (El Watan, 12.1.96).

66Com. Attesté ds Duclos 1991.

67SHARI’A V. CHARIA.

68SHATRANDJ (de l’arabe) n. m. Disponible. Jeu d’échecs. Le


shatrandj algérien ne peut qu’en sortir par cette expérience. (Algérie-
Actualité, 12.5.83). L’APC de Rebahia […] en vue de promouvoir le
shatrandj moderne dans sa commune, a décidé de prendre en charge
l’organisation du championnat zonal. (El Moudjahid, 20.6.83). Les
maisons de jeunes organisent, pendant les vacances d’hiver, des tournois
de shatrandj pour les enfants des quartiers. (El Acil, 4.10.94). Aux
Galeries, il y a des jeux de shatrandj en solde. (oral). V. ÉCHÉPHILE.

69SHILI (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Vent chaud du Sahara. Le shili


caresse interminablement les dunes plus nombreuses que les vagues de la
mer… (Ouahioune, 1984a, 39). En été, le shili assèche tout et certaines
personnes n’arrivent même pas à respirer. (oral). V. BAHRI, SIMOUN,
SIROCCO.

70SHIRA V. CHIRA.

71I. S’HOUR, S’HOR, SOUHOUR (de l’arabe) n. m. Disponible.


(Pendant le mois de jeûne) souper, deuxième repas pris généralement
entre vingt-deux heures trente et trois heures du matin. On dit à la
djemaâ que tu manges le carême, que tu ne te lèves pas la nuit pour le
s’hor. (Achour, 1971, 70). Les veillées sont longues et se prolongent
quelquefois jusqu’à l’heure du s’hour. (El Moudjahid, 27.9.73). Le
peuple rentre chez lui pour prendre le deuxième repas, le s’hour, dans
lequel il puisera des forces nouvelles pour faire face aux rigueurs du
jeûne du lendemain. (El Moudjahid, 24.8.77). Il n’ignorait pas que, tout
au long du mois de carême, certains veillent jusqu’à l’heure du « s’hor »
au café ou chez les voisins. (Achour, 1978, 67). Chez les moins jeunes, le
shour sera servi bien plus tôt comme quoi leur fameuse étiquette de
« couche-tôt » se vérifie amplement par la circonstance. (Le Matin,
1.2.96). L’administration de la résidence universitaire a décidé, cette
année, de réduire d’une heure le s’hour servi de minuit à une heure du
matin, alors que l’année dernière ce repas se servait à partir de onze
heures du soir. (La Tribune, 16.12.99). Le repas du s’hor est servi vers
22 h 30 et se compose toujours de couscous avec une sauce de
légumes. (Le Matin, 6.1.00).
72Com. La fréquence du terme augmente sensiblement pendant le
ramadhan. V. IFTAR, IMSAK, JEÛNEUR, MAGHREB,
RAMADHAN.

73II. S’HOUR, SIHR (de l’arabe) n. m. 1. Spécialisé. Magie,


sorcellerie ; par extension, ingrédient ou procédé permettant de pratiquer
la magie. Le sihr ne fait pas partie de nos traditions… (Toualbi, 1984,
57). […] le s’hour que A. Ouitis définit comme une « substance magique
composée d’ingrédients divers et préparée selon un rituel précis, ou bien,
le produit d’une dissolution d’une amulette (ktiba, harz), obtenue d’un
taleb et écrite spécialement à cet effet. » (Algérie-Actualité, 8.9.83). De
très mauvaises langues avaient à l’époque parlé de shour et autres
philtres d’amour. (Liberté, 12.12.93). Hanifa avait ainsi goûté malgré
elle, à toutes les recettes de s’hour (potion) existant dans le
pays. (Allouache, 1997, 47). Le pauvre, on le tient par le s’hour, sinon il
y a longtemps qu’il aurait quitté cette maison pourrie. (Mokeddem, 1999,
66). V. HARZ.

74SI (de l’arabe, littéralement « messire ») n. m. Courant. Monseigneur,


monsieur, titre honorifique précédant un anthroponyme et marquant la
déférence envers un saint, une grande personnalité, une personne âgée ou
un notable. « J’ai à te parler, Si Malek. » Puis, se tournant vers
l’instituteur : « Excuse-moi, Si Tahar. » (Benhedouga, 1982, 47). « Je te
prie de faire vite Si Mabrouk, j’ai une chaîne interminable devant mes
étals. » (El Moudjahid, 4.1.84). Il y a de cela quelques années, Si
Mahieddine, un commerçant prospère, se mit à la recherche d’une
maison plus grande que celle qu’il habitait avec sa famille. (Liberté,
30.10.95). Or, voilà que, le 4 avril à midi, les trois frères de l’Émir, Si
Saïd, Si Mustapha et Si Houceini, accompagnés de plus de trente
personnes, arrivent à Lamalgue. (La Tribune, 18.1.96). Ayant
admirablement réussi sa carrière, Si Mustapha, un haut fonctionnaire
dont la belle épouse faisait aussi fonction de directrice d’école, rayonnait
de bonheur. (Liberté, 6.3.96). Et elle ne proteste jamais quand on
l’envoie faire une petite course chez Si Miloud, le vieil épicier du coin.
(Achir, 1997, 10). Nous sommes ceux que vous appelez les terroristes.
Nous appartenons au GSPC de Hassan Hattab, notre émir. N’écoutez
pas les journalistes. Ce sont des impies à la solde du pouvoir. Si Hassan
ne se rendra jamais. (Le Matin, 25.1.00).

75Com. Le terme n’a pas d’emploi indépendant ou postposé au nom


propre. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. SIDI, SI
FLÈNE, FELTEN.

76SIDI, SID (de l’arabe, littéralement « messire ») n. m. 1. Courant.


Monseigneur, monsieur, titre honorifique précédant un anthroponyme
marquant la déférence envers un saint, une grande personnalité, une
personne âgée ou un notable. La nuit les surprend à la mosquée de Sidi
Boumediene. (Kateb, 1956, 74). Les marabouts me connaissent
suffisamment. Je les appelle « sidi » tout comme un autre. (Feraoun,
1968, 38). Sidi Taleb, c’est mon unique enfant, la prunelle de mes
yeux. (Ouettar, 1981, 103). Je l’appelais « Sidi » puisqu’il était à la fois
mon demi-oncle maternel et quasiment mon père adoptif. (Djebar, 1983,
53). [Le cheïkh] leur recommanda aussi de l’appeler « Sidi » et de se
dépêcher, sinon « Sidi » risquerait de voir rouge. (Ben Mansour, 1990,
111). Mis à part la semoule et le thé, ils ont tout enfermé dans les trois
maisons des femmes de Sidi. (Mokeddem, 1992, 133). – Dans l’ensemble,
oui, sidi le jouge, avança prudemment le policier. (Sansal,1999, 133).

772. Disponible. Personne importante à qui on manifeste du respect


(saint, décideur, etc.) Un superbe sidi qui se tire toujours
d’affaire. (Feraoun, 1968, 38). Très vite des gosses sortis on ne sait d’où
l’entourèrent en criant : « Voilà le nouveau Sidi, voilà le nouveau
Sidi. » (El Moudjahid, 16.4.84). Ils conservent la légende première et
vénèrent le « Sidi » ou le saint qui, souvent, dans l’esprit des gens, est le
père fondateur de leur ksar. (El Moudjahid, 16.1.85). AG de NAFTAL :
la presse refoulée. Que craignent les nouveaux « sidi » ? […] Continue-
t-on toujours à croire que le temps des « sidi » n’est pas révolu ? Ou
bien ces « patrons » avaient-ils une raison connue d’eux seuls de
craindre le regard de la presse ? (El Acil, 23.1.93). La salle des fêtes
était bondée. Le filtre à l’entrée ne marchait plus ? Comment refouler la
populace quand elle afflue en masse ? Mais voilà que l’afflux des
anonymes fait refluer les sidis. Ces deux-là s’excluent mutuellement,
c’est dit une fois pour toutes ; hier, au nom des idéaux de la révolution
qui des uns ont fait des rois et des autres des riens ; aujourd’hui, au nom
des impératifs de sécurité et demain […] au nom d’un rite exhumé de la
Djahilia. (Sansal, 1999, 268).

78Com. Le terme n’a pas le sens péjoratif acquis en français de France


« immigré nord-africain établi en France ».

79SIDNA (de l’arabe) n. m. Courant. Notre seigneur, titre honorifique


précédant un anthroponyme, marquant la déférence envers un saint, une
grande personnalité, une personne âgée ou un notable. Que t’ai-je fait,
mon Dieu si Magnanime, pour m’envoyer comme à Sidna Youb des
épreuves ? (Ben Mansour, 1990, 25). Pourtant, la bénédiction de sidna
Ramadane n’a guère de pareil et ce, quels que puissent être les
dépassements… (Le Matin, 1.2.96). À l’endroit où mourut, massacré,
sidna Hocine avec ses douze compagnons est érigée une mosquée aux
toits d’or, aux escaliers d’argent. (El Watan, 23.10.96). Je ne peux pas
obliger le wali à m’attribuer un logement. Et je ne suis pas Sidna
Souleïmane à qui il suffisait de faire tourner un anneau sur son index
pour exaucer n’importe quel souhait ! (Achir, 1997, 37). Nous
arrachions les roseaux et nous en servions comme épées pour jouer à la
guerre, l’armée musulmane menée par sidna Ali, le gendre du Prophète,
contre la horde des mécréants. (Mokeddem, 1999, 42). La femme est leur
drame depuis la nuit des temps, depuis l’amputation de Sidna Adam.
(Sansal, 1999, 18).

80SI FLÈNE, SI FLEN, SI FLANE, SIDI FLÈNE (de l’arabe) n. m.


Courant. Monsieur un tel ; par extension, homme occupant un poste
important. Certains cheikhs qui s’adonnent à la « profession » font
recette, ils ont leurs hommes d’affaires et leurs démarcheurs qui sondent
la crédibilité de la clientèle. « Si flen ? Il m’a sauvé de l’angoisse et du
désespoir… » (El Moudjahid, 23.1.70). Ceux qui atteignent la plage,
affrontent d’autres problèmes. Les « Si Flène » trouvent leurs matelas,
leurs parasols. Les autres, les « Flène » tout court, ne trouvent que le
parasol céleste. (El Moudjahid, 20.6.77). Tant que nous sommes
conscients d’accomplir notre mission au service de l’Algérie tout entière
et au service de la Révolution, les « si flène » ne nous feront jamais
peur. (El Djeich, 2.11. 80). Heureux sont ceux qui connaissent Si Flène
ou Flena qui a ses entrées partout et qui tutoie des gens bien
placés. (Algérie-Actualité, 25.11.82). Ce sans-gêne, encore plus sûr de
lui, réplique sèchement : « Je suis Si Flen, donc prioritaire. » (El
Moudjahid, 16.2.84). Si vous désirez vous faire servir très vite et sans
remontrances, il faut appeler « chef ! », « jeune ! » ou alors « si flen »
et mettre l’accent sur le si. (Horizon 2000, 24.2.86). Tant de biens de très
grande valeur immobilière feront l’objet de transactions illicites, de
désistements ou de cessions amiables au profit de si flen. (El Watan,
20.11.96). V. FLÈNE, SI, SIDI.
81SIHR V. S’HOUR II.

82SIMOUN, SEMOUN, SEYMOUN ( d e l’arabe) n. m. Spécialisé.


Vent de sable extrêmement chaud et sec, venant du sud. Le simoun
n’égrène plus sa chaude mélodie dans le cœur d’un enfant. (Benkamla,
1983, 39). Après chaque retour du simoun, chaque grain de sable devient
pour les villageois un véritable rocher de Sisyphe. (El Moudjahid,
11.6.84). Ces ksours millénaires font le dos rond au simoun des siècles
pour se protéger du devenir. (El Moudjahid, 14.3.85). Dans la chambre
du fond, le vieux ronfle à plein tube, d’une manière bizarre depuis le
dernier simoun. (Sansal, 1999, 90).

83Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. BAHRI,


SHILI, SIROCCO.

84SIRA (de l’arabe) n. f. Disponible. Vie, biographie du Prophète


Mohamed. Lecture du Coran, chants religieux, distribution des prix aux
lauréats du concours sur la connaissance de la Sira et du Hadith, sont
prévus au cours de cette cérémonie. (El Moudjahid, 19.2.77). Cette Sira
est ainsi constituée de trois grands épisodes, mêlant l’authentique à
l’imaginaire. (El Moudjahid, 10.6.84). La sira est prévue au programme
scolaire mais les enseignants l’ont détournée au profit du discours
politique fanatisé. (oral). V. HADITH, SOUNNA, TAFSIR.

85SIROCCO n. m. Vent chaud de sud-est venant du Sahara. J’entends


vivre la smala sous le sirocco. (Kateb, 1959, 29). Contre le sirocco et les
vents de sable, se protéger le visage avec un « chèche ». (El Moudjahid,
3.8.83). Il fait torride malgré le sirocco ; et le cercueil en bois vert a
l’air de ruisseler de sueur. (Khelladi, 1997, 120). […] c’est le méchant
sirocco, courant de razzia en razzia, assoiffé à en être cinglé. (Sansal,
1999, 78).
86Com. Attesté dans Lanly, 1970.

87SIRGHAZ n. m. Disponible. Carburant à base de gaz


liquide. Actuellement, l’unité œuvre à la réalisation de la station-service
de sirghaz. (El Moudjahid, 31.3.85). L’unité NAFTAL réalise en ce
moment sa première station sirghaz. (El Moudjahid, 14.5.86). Le
directeur souhaite que les administrations fassent preuve de
compréhension et œuvrent à la reconversion de leur parc automobile
vers l’utilisation de sirghaz. (El Moudjahid, 25.6.86).

88SIROPERIE n. f. Disponible. Fabrique de sirop. L’État favorise la


construction de siroperie privée pour pouvoir répondre au besoin de la
population. (oral). La BGA a maintenant une siroperie ultramoderne
avec un taux d’intégration de 75 %. (oral).

89SIWAK V. SOUAK.

90SKETCH-CHORBA, SKETCH CHORBA (terme de formation


hybride français sketch plus arabe chorba « soupe », ce type de spectacle
étant proposé peu avant la rupture du jeûne pendant le Ramadhan) n. m.
Disponible, écrit surtout. Sketch de mauvaise qualité. Ces dizaines de
milliers d’étudiants, ces millions d’écoliers et de lycéens sont choqués
par les « sketch-chorba » qu’ils apparentent au Moyen Âge et qu’ils
voudraient voir balayés par des productions de qualité. (El Moudjahid,
19.4.84). À raison de cinq séries, un ou deux films, quelques variétés et
au moins un sketch-chorba quotidiens, la télévision inaugure son
programme antipénurie. (Algérie-Actualité, 23.5.85). La conception
même des scènes tournées a nettement tranché avec les trop habituels
« sketches chorba ». (El Moudjahid, 20.3.86). L’ENTV ouvre ses restos
du cœur et déverse son stock de sketches-chorbas pour le deuxième
collège. (El Manchar, 1.4.92). Ces spectacles ne se valent guère car
certaines représentations étaient d’assez bonne facture ; d’autres par
contre sentaient le bricolage et la reprise des clichés et stéréotypes
inhérents aux sketchs-chorba et « meetings théâtraux » des années 70.
(La Tribune, 12.10.95). Le discours de Nahnah est indigent, pauvre, à la
limite des commérages des bains maures… ou des sketchs-chorba de la
télévision algérienne ». (El Watan, 20.11.95). V. CHORBA.

91SKIFA, SQIFA, SQIFFA, SQUIFA (de l’arabe) n. f. Spécialisé.


Vestibule, pièce d’entrée de la maison traditionnelle. Je pénétrai dans la
« skifa » et risquai un œil vers la cour. (Zinai-Koudil, 1984, 89). Une
fois le seuil franchi, on a accès à une première « sqifa » qui était alors
richement décorée. (Baghli, 1983, 48). […] des « douéras », petites
maisons bien particulières avec l’entrée en chicane, la « squifa » ainsi
que le patio, « ouest ed dar », adapté au climat méditerranéen. (El
Moudjahid, 18.2.85). Dans toutes les maisons traditionnelles, très
hermétiques, se trouve à l’entrée la skifa : genre de vestibule des édifices
modernes. (El Moudjahid, 30.4.85). Les après-midi, avec des filles de son
âge, elle sortait dans la « skiffa » pour tricoter et broder et, ces derniers
temps, la mode était au perlage. (Le Matin, 3.6.94). V. DAR, DOUERA.

92SLOUGHI, SLOUGUI (de l’arabe) n. m. 1. Disponible. Lévrier arabe


à jambes hautes, au corps allongé et à poil ras. Très racé, le sloughi a des
muscles secs et une peau fine. (El Moudjahid, 12.1.84). Le sloughi a les
plus beaux yeux de l’espèce canine. (Algérie-Actualité, 6.12.84). Chez les
Arabes, le slougui est un animal noble, il n’aboie pas. S’il le fait, c’est
qu’il perd ses qualités et rejoint le chien ordinaire dans le
mépris. (Boutarène, 1986, 200). Lui, c’est un véritable « slougui »,
jamais tu ne pourras le rattraper. (El Acil, 24.12.92). Il paraîtrait que les
« courses » de sloughis sont moins onéreuses que celle des chevaux, une
des raisons étant que le sloughi ne nécessite pas de cavalier. (Algérie-
Actualité, 9.11.93). La plupart des gosses ressemblaient à des sloughis,
maigres et étriqués. (Mokeddem, 1999, 33). Aujourd’hui, les hommes
aiment les femmes maigres comme un sloughi, alors Rguiga, elle est
décidée à le devenir. (Quotidien d’Oran, 28.2.00).

93Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. KELB.

94SMAHLI, SMAH’LI (de l’arabe) exclam. Courant, oral surtout.


Excusez-moi ! – Vous êtes en excès de vitesse, en délit de fuite, en état
d’ivresse, en défaut d’assurance… Alors, qu’avez-vous à dire ? –
Smah’li !… (El Moudjahid, 17.10.85). Smahli, tu permets, je
continue. (oral). Smahli, je voudrais dire ceci. (oral).

95SMALA, SMALAH (de l’arabe) n. f. 1. Vieilli mais disponible, écrit


surtout. Ensemble de tentes avec leurs occupants faisant partie de la suite
de l’Émir Abdelkader. Tous les cavaliers sont tombés. Jusqu’à la prise
de la Smala… (Djebar, s.d., 70). Une opération pour la restauration de la
Smala et de la maison de l’Émir sera engagée incessamment. (El
Moudjahid, 25.11.85). Il est mort en 1843, mon enfant, mon sang, le
glaive à la main, avec nombre d’hommes des plus vaillants de la tribu,
lors de la prise de la smala…. (Mokeddem, 1992, 27). Reste à savoir qui
l’a emporté dans cette grave affaire : le chef de la Smala ou bien
l’homme de l’État. (El Acil, 16.8.94). Nous remontons à cheval, et le
lendemain à huit heures, nous arrivons devant la Smala où nous
apprenons que Lalla Zohra est hors de danger. (La Tribune, 18.1.96). Se
référant à « L’Épopée de l’épée », au pillage de la Smala, à la
destruction de la somptueuse bibliothèque du fils de Mahieddine, à la
sérénité de celui-ci face à l’adversité, l’orateur portera à la
connaissance de l’assistance cette sentence attribuée à l’Émir […] (El
Watan, 28.3.97). V. KHAÏMA.
962. Courant. Famille ou suite nombreuse qui vit ou travaille dans
l’entourage de quelqu’un. Personne ne dort et le reste de la smala nous
épie. (Boudjedra, 1980, 111). Toute la smala attendait dans la fièvre ses
effroyables accouchements. (Ben, 1982, 67). Alors ils se laissent aller
malgré le chant d’une bande de bambins envahissants et formant le gros
d’une smala qui s’installe tout près. (El Moudjahid, 22.6.83). Chaque
fois, toute la smala d’Algérie nous tombe dessus et nous
ruine. (Mokeddem, 1995, 143). Que Chadli et sa smala, ceux qui ont été
derrière la légalisation du FIS et des autres « partis » islamistes (tel
Hamas !) soient traînés devant la justice ! (Le Matin, 1.2.96). C’était el
hadj Bouras en personne qui menaçait de défoncer la porte. Sa smala
brandissait gourdin et lançait cailloux. (Mokeddem, 1999, 65). Campé
devant sa porte d’acier, au milieu d’une smala d’adjoints et de
maquignons, plus aptes à vider la caisse qu’à dénouer les
problèmes […]. (Sansal, 1999, 264). La smala Seba débarque à
Alger [titre]. Originaire d’Oran, le groupe est constitué de six frères unis
par la même passion de la musique. (El Watan, 11.1.01).

97Com. Terme plus fréquent qu’en français standard et sans connotation


péjorative. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF.

98SMASRIA (de l’arabe) n. m. pl. (Singulier : smasri). Disponible.


Intermédiaires dans les transactions commerciales (licites ou
illicites). Les intermédiaires « smasria » de la construction sont connus
de tous, ils écument les chaînes devant le dépôt ou les cafés de la
ville. (Algérie-Actualité, 6.9.90). Le marché de l’immobilier est pourri
par les smasria et les fonctionnaires affairistes. (oral).

99SMEN (de l’arabe) n. m. Disponible. Beurre rance, fondu et salé. Cela


ne gênait nullement les curieuses et envieuses de défiler chez elle : l’une
apportant du « smen », l’autre, des dattes pour féliciter khalti
Keïra. (Lemsine, 1978b, 157). Le smen peut être conservé pendant près
d’une année. (Bouayed, 1983, 413). La consommation de beurre en vrac
et de smen augmente avec le degré d’urbanisation. (El Moudjahid,
19.6.83). Versez cette composition sur la viande coupée en morceaux que
vous aurez d’abord fait revenir dans l’huile avec le « smen », l’oignon
râpé, le sel, le poivre noir et la cannelle. (Révolution africaine,
27.9.85). Une potion faite de tisane mélangée à du miel et à du smen sert
à apaiser ou à annihiler les douleurs de l’accouchée qu’on astreint à un
régime gras et saignant. (L’Opinion, 22.4.93). Pour ce qui est des autres
denrées, comme l’huile, le beurre et la margarine, le smen, la levure
sèche et le concentré de tomates, l’EDIPAL mettra en vente 180 tonnes
de ces produits. (Liberté, 1.2.95). Le camion semi-remorque transporte
14 000 sachets de lait et environ 6 400 pots de yaourt cédés à 15 DA
l’unité, du smen et aussi du beurre. (Liberté, 2.1.00).

100Com. Le smen est filtré avant usage à travers une compresse pour y
laisser le dépôt de sel et les déchets ; doté d’un goût puissant, il est utilisé
en petite quantité pour les plats à base de viande et accompagne
agréablement le couscous. V. SOUMAÂ.

101S’NI (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Plateau rond en cuivre. Un


monsieur bien habillé vint un jour au djamaâ avec un grand « s’ni »
plein de gâteaux et de makroud. (Zinai-Koudil, 1984, 108). Les
dinandiers de Constantine arrivent à fabriquer des s’nis qui sont de
véritables pièces de musée. (oral).

102SNITRA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Mandoline. Les bouquets de


basilic sont verts, dans la tasse près de sa « snitra » qu’il a lui-même
confectionnée. (Le Matin, 13.2.92). Ils conservent plusieurs instruments
de musique dont une snitra en acajou. (oral).

103SOBH, SOB’H (de l’arabe) n. m. Disponible. Heure de la prière de


l’aube et du petit matin. […] obligés de monter et descendre à pied, très
tôt le matin, pour accomplir la prière du fejr et du sobh, dans la mosquée
du Prophète. (La Nation, 2.7.96). Il s’agit de se réveiller
quotidiennement, très tôt le matin, pour faire la prière du Sob’h. Nous
lirons des versets coraniques jusqu’à ce que le soleil se lève. (Gastel,
1999, 53). La mort est le lot des hérétiques […] et de ceux qui disent non
à l’ordre islamiste naissant, ou oublient que la prière du Sobh est à 5
heures du matin. (Mokeddem, 1999, 239).

104SOCIÉTÉ NATIONALE n. f. Disponible. Entreprise publique de


l’État algérien. Le président de l’Assemblée populaire communale d’El
Harrach porte à la connaissance des sociétés nationales et privées
qu’elles peuvent déverser les gravats et terres. (El Moudjahid,
28.4.81). La zone industrielle regroupe actuellement de nombreux sièges
de sociétés nationales. (El Moudjahid, 11.2.87). La fonction publique et
l’activité économique ont été réorientées par l’élaboration d’un pré-plan
(1967-1969) et d’un premier plan quadriennal (1970-1973). Suivirent la
création de vingt-neuf sociétés nationales (pétrole, sidérurgie,
mécanique, textiles …) et la rédaction de multiples statuts destinés à
réglementer leurs activités intérieures ainsi que leurs attributions au
plan des négociations avec les organismes et les États
étrangers. (Rouadjia, 1994, 169). Les deux terroristes ont ensuite déclaré
qu’ils ont été choisis par le chef de groupe armé car au-dessus de tout
soupçon, étant employés dans une société nationale. (Le Matin,
29.7.94). Mon mari a été victime d’une compression d’effectif dans une
société nationale. (Quotidien d’Oran, 10.3.00). Les tentatives prônées
par certaines sociétés nationales ou secteurs d’activité (Sonelgaz, P et T)
afin de confier certaines tâches de réalisation à des entreprises privées
ont eu, au départ, beaucoup de résistance de la part des travailleurs qui
ont senti la menace de la perte d’emploi. (El Watan, 17.4.00). Les
différents plans de développement de la période 1967-1979 […] ont
permis la création d’une série d’unités industrielles organisées en
sociétés nationales sous l’autorité des ministères sectoriels à l’image du
modèle soviétique […] Cette restructuration organique [des années
90] s’est traduite par l’atomisation des anciennes sociétés nationales
sans conflits sociaux majeurs. (El Watan, 26.6.00).

105Com. Les appellations ironiques sonatruc, sonamachin sont rares.


V. ENTREPRISE NATIONALE.

106SŒUR n. f. 1. Disponible. Toute personne de sexe féminin de la


même génération avec laquelle on se sent des affinités. Il faut alléger les
souffrances de nos frères et sœurs hébergés ainsi que celle de tous les
enfants abandonnés… (El Moudjahid, 12.2.87). Dans le groupe de
garçons nord-africains très respectueux de leurs « sœurs algériennes »
que Salima Malika fréquentait, le discours […]. (Bensmaïne, 1996,
59). Nos sœurs sans domicile fixe doivent être prises en charge par
l’État. (oral).

107Com. Attesté ds IFA.

1082. Disponible. Appellation que les membres d’une organisation (parti


politique et syndicat en particulier) donnent à une femme qui appartient à
la même organisation La Mouhafadha de la Wilaya d’Alger a la douleur
d’informer les frères moudjahidine du décès, à l’âge de 44 ans, de la
sœur moudjahida B.M., membre de l’ALN de 1957 à 1962. (El
Moudjahid, 29.8.85). Au nom du Conseil national de l’UGTA, il m’est
particulièrement agréable d’adresser mes chaleureuses félicitations à
nos frères travailleurs, à nos sœurs travailleuses et à leurs élus […]
(Révolution et Travail, 12.11.86). Et vous, ma sœur, qu’avez-vous
l’intention de voter ? (Hebdo libéré, 30.5.91).

1093. Disponible. Sœur musulmane, membre d’une organisation


islamique intégriste. Ma fille est une sœur. (oral). Les sœurs refusent la
mixité en classe. (oral). V. FRÈRE.

110SOF V. ÇOF.

111SOIGNER (SE) v. pronom. Disponible. Se faire soigner. Ceux qui


n’ont pas de piston ne peuvent se soigner à Mustapha. (Révolution et
Travail, 15.5.85). Habituellement, je vais me soigner à
l’hôpital. (oral). Ce n’est pas grave, une fois à la maison, nous allons
nous soigner. (oral).

112SOLLICITUDE n. f. Disponible. Demande, sollicitation. Dès leur


installation, les walis doivent répondre aux sollicitudes des citoyens. (El
Watan, 14.10.94). Même satisfaction pour le directeur de la salle
Adelhak Benhamouda : « Nous sommes disponibles pour toutes les
sollicitudes, d’où qu’elles viennent, et nous encourageons toutes les
bonnes volontés. » (La Tribune, 27.12.99). J’ai donné des instructions
pour qu’on réponde aux sollicitudes des enseignants. (oral).

113SOLTANI, SULTANI (de l’arabe) n. m. Disponible. Pièce d’or


frappée à l’époque ottomane, au nom du dey d’Alger ou du sultan de
Constantine. Le buste disparaît sous des colliers innombrables : colliers
plastrons, faits de soltanis ou de louis. (Benouniche, 1982, 20). C’est vrai
que cette génération accumule moins que nos grands-mères les « louis
d’or » mais c’est parce que ces derniers se font rares sur le marché et
que le « sultani », pièce d’or turque, a totalement disparu. (Algérie-
Actualité, 6.12.84). Les femmes avaient toujours pour les coups durs un
soltani de côté. (oral).

114Com. Les soltanis sont utilisés dans les bijoux traditionnels, plus
particulièrement pour confectionner les ceintures de taille ou les colliers.

115SOLUTIONNEMENT n. m. Disponible. Solution. Pour mieux


contribuer à la compréhension de ce type de problèmes et à son
solutionnement, il tient à nous de considérer les choses de la manière la
plus objective. (El Moudjahid, 21.6.77). Je pense au fait que, bien avant
le solutionnement d’épineux problèmes, il y a la prise de conscience de
ces problèmes. (El Moudjahid, 27.9.85). Le solutionnement de la crise
algérienne passe par la disparition totale du terrorisme. (oral).

116SORTANT n. Disponible. Personne qui est sortie d’une école


d’enseignement. Les diplômés de l’E.N.A sont toujours nommés au
parquet et les sortants de Dar-El-Beida sont généralement nommés au
siège. (Algérie-Actualité, 19.8.85). Les sortants de l’Institut de
l’Éducation de Biskra ont tous été affectés. (oral).

117Com. Attesté ds IFA.

118SORTIE (calque de l’arabe) n. f. Disponible. Voyage à l’étranger. Je


ressens la plus grande joie de ma vie, moi qui n’ai jamais quitté le
territoire national. Cette première sortie, toute particulière en somme,
que je vais entreprendre en Yougoslavie, sera certainement un souvenir
qui sera gravé à jamais dans ma mémoire. (El Moudjahid, 6.8.85). Ces
lots ne représentent rien devant ce qu’on voyait défiler depuis des années
et toléré par la loi puisque celle-ci concédait au même voyageur le droit
de sortie et l’importation à chaque rentrée. (Horizons, 31.5.90). Faire
chaque année une sortie est bénéfique pour l’esprit mais corrosif pour le
portefeuille. (oral). V. SORTIR, SORTIR À L’ÉTRANGER.

119SORTIR 1. SORTIR (À L’ÉTRANGER) loc. verb. Disponible,


oral surtout. Aller à l’étranger. Le jeune ne serait pas ainsi appelé à
sortir uniquement pour faire les « souk el fellah » occidentaux. (El Amel,
1.3.83). En dehors du stade, du reste interdit à la population féminine, du
cinéma dont l’accès devient de plus en plus difficile, les jeunes
s’ennuient. « Sortir » devient alors un besoin fréquent. (El Amel,
1.3.83). Elle décide enfin de réduire le volume de la radio sans quitter du
regard sa sèche et d’une voix calme elle lance : « Tu sors à l’étranger
cet été ? » (El Moudjahid, 15.9.85). Le citoyen qui sort à l’étranger une
fois par an et qui ramène dans ses bagages une quantité raisonnable de
linge, etc., n’est pas taxé. (Algérie-Actualité, 13.3.86). Je ne suis pas
sorti cet été, je suis resté au bled. (oral). V. SORTIE.

1202. v. intr. Disponible, oral surtout. Partir (en congé, en retraite). Je


sors en congé la semaine prochaine. (oral). Lui, il commence à devenir
vieux, il sortira en retraite sûrement l’an prochain. (oral). Il préfère
sortir en congé en août. (oral).

121SOUAK, SOUEK, SWAK, SIWAK, S’WAK, SOUÂK (de l’arabe)


n. m. Disponible. Écorce de racine de noyer avec laquelle les femmes se
nettoient les dents, se rougissent les lèvres et se parfument la bouche. Le
siwak, outre qu’il purifie les dents et permet une bonne hygiène de la
bouche, contribue à ce que cette psalmodie [de versets coraniques] se
déroule conformément aux préceptes coraniques. (El Moudjahid,
16.5.85). Il ne te manquerait plus que le s’wak. (Lounès, 1982, 31).
[…] avec du souâk tu frottes tes dents en vain, avec du khôl tu soulignes
tes yeux en vain… (Laouar, 1982, 55). Tuniques afghanes, kamiss, siwak,
ambre. (Algérie-Actualité, 10.10.91). Deux à trois fois par semaine :
mettre un peu de « souek » dans la bouche entre les lèvres et les
gencives […] Frotter les dents de bas en haut et de haut en bas. Le
« souek » ravive l’éclat de l’émail et nettoie à fond les dents. (El
Moudjahid, 14.2.85). Le khol ne dessinait plus ses admirables yeux en
forme d’amande, elle paraissait vieille sans le souek qui colorait si bien
des lèvres dévorantes que Saïd adorait. (Horizons, 6.8.97). Séance
d’enfer au hammam : henné, cendres tamisées, argile gluante, pierre
ponce, souak, lait d’ânesse […]. (Sansal, 1999, 94).

122I. SOUFI (de l’arabe) n., adj. Disponible. (Personne) originaire du


Souf (Sud algérien, région d’El Oued Souf). La hantise du vent ! Le Soufi
n’en finit pas de régler ses comptes avec lui. (Belanteur, 1975,
157). Tabacs : tabac noir, tabacs blonds, tabac tunisien soufi. (El
Moudjahid, 4.1.85). Le deuxième schéma de toit « soufi » se présente
sous forme de voûte […] Tout ce type d’architecture adapté aux
fonctions quotidiennes des Soufis, procure un certain confort car il
répond aussi aux exigences climatiques du milieu. (El Moudjahid,
30.4.85). À l’office du tourisme, deux stands sont réservés à la
reproduction intégrale du mariage traditionnel soufi. (Quotidien d’Oran,
22.3.00). Ce wali est un soufi. (oral).

123II. SOUFI (de l’arabe) n., adj. Disponible. Adepte du soufisme,


mystique de l’islam. Il a été aviateur, il connaît bien la France et
maintenant il est soufi. (Sigaud, 1991, 154). Et comme,
vraisemblablement, l’usage de consommer le café au Yémen, est venu
des cercles soufis […]. (Le Matin, 1.2.96). Des processions de soufis te
rendront hommage et chanteront ta terre par leurs chant, leurs louanges
et leurs danses. (Ben Mansour, 1997, 40). […] là où vivaient et
séjournaient les putains renommées, les grands poètes d’amour et de
méditation mystique soufie […]. (Zaoui, 1999, 75). La troupe de
l’association Cheikh El Alaoui de Mostaganem. Celle-ci est issue de la
célèbre zaouia alaouite, et à travers ses diverses activités culturelles et
scientifiques ouvertes vers la société, tente d’inculquer les valeurs
authentiques qui fondent la spiritualité soufie. (El Watan, 6.1.00).

124SOUHOUR V. S’HOUR.

125SOUK (de l’arabe) n. m. (pluriel : souks, aswak) 1. Courant. Marché


traditionnel. Les gens retournèrent à leur petit souk. (Révolution
africaine, 4.6.77). Pendant qu’il continuait d’avancer vers les souks,
d’une ruelle adjacente fit irruption un bruyant cortège. (Bouali, 1983,
47). Tenant ses assises tous les jeudis sur la route goudronnée qui
prolonge le marché couvert, le souk de Nedroma attire la grande foule de
la région. (El Moudjahid, 20.6.90). Le même phénomène a été également
observé dans de nombreux souks hebdomadaires de plusieurs localités de
la wilaya. (L’Opinion, 7.7.92). Après une demi-heure de route, ils
pénètrent dans ce souk-là réputé pour la diversité des produits
exposés. (Détective, 27.4.93). Annaba, ou plutôt « Bouna » était déjà
célèbre, dès le Moyen Âge pour ses quatorze souks qui accueillaient une
multitude d’artisans. (La Tribune, 22.12.99). Enfin, la satisfaction totale
vient du souk de la ville [Sougueur], le samedi matin où les services
combinés (police et gendarmerie) déploient de grands moyens pour
empêcher toute tentative de vol de bétail. (Quotidien d’Oran, 15.3.00).

126Com. Le sens du français central « lieu où règne le désordre » est


également attesté ; le dérivé adjectival soukier est rare. Présent ds Lanly
1970, Duclos 1991, GR, TLF, IFA.

1272. (ellipse de souk-el-fellah). Courant. Supermarché, grande surface


commerciale créée après l’avènement de la Révolution agraire. En
matière d’électroménager, le souk a eu droit à 16 malheureuses
machines à coudre et 200 cocottes-minute. (Révolution africaine,
8.7.80). Trois souks ont été implantés dans le but de mettre fin à la
commercialisation anarchique et la spéculation qui ont toujours perturbé
le marché. (El Moudjahid, 29.6.83). On n’imagine pas un souk ou une
galerie fermés pour inventaire. (El Moudjahid, 16.1.84). Djaffar affirma
… avoir remis 18 000 dinars au comptable du souk. (El Moudjahid,
2.4.1984). V. SOUK-EL-FELLAH.

128SOUKARDJI, SOUKERDJI (de l’arabe) n. m., adj. Disponible,


oral. Ivrogne, soûlard. – Au voleur ! – Espèce de soukardji ! Attends un
peu qu’on t’attrape ! (Aïder, 1984, 43). Le soir, on attendait son retour
pour le regarder vomir puis se traîner vers la porte en s’accrochant aux
arbres. – Hou, hou, Campora ! Espèce de kilou !
Soukerdji ! (Mokeddem, 1999, 36). Il n’est pas sérieux car il ne fait que
fréquenter Baracho, le soukardji de la cité. (oral). Le concierge est
soukardji mais il assume tout de même sa petite responsabilité.(oral). Ses
échecs répétés l’ont transformé au point d’être un soukardji. (oral).

129Com. Le synonyme kilo, kilou est quelquefois employé.

130SOUK-EL-FELLAH, SOUK EL FELLAH (de l’arabe


littéralement « marché du paysan ») 1. n. m. (pluriel : souk(s) el
fellah(s), aswak-el-fellah). Courant. Supermarché, grande surface
commerciale créée après l’avènement de la Révolution agraire et qui
comprend des rayons d’alimentation générale, de fruits et légumes,
d’habillement, d’électroménager. La mairie, pour permettre l’ouverture
d’un souk el fellah, a cédé provisoirement les locaux d’une spacieuse
salle des fêtes à l’OFLA. (El Moudjahid, 13.12.85). L’unité
approvisionne tous les Souks-El-Fellahs et les Galeries algériennes
dépendant de nombreuses wilayate du pays. (Actualité-Économie,
1.4.86). Les souk-el-fellah (quelle aberration que ce nom) ont poussé à
une vitesse supersonique, n’épargnant aucun coin du pays, au point où
les fellahs justement avaient répudié toutes leurs poules, les trahissant
pour les œufs importés. (Algérie-Actualité, 31.5.90). « Ça nous rappelle
la triste époque des chaînes des Souk el Fellah. Honteux ! » s’exclament
nos interlocuteurs. (La Tribune, 30.10.95). – On approche, si vous voulez
bien nous déposer devant le souk-el-Fellah. Youcef descend du taxi,
agacé. – Qu’est-ce que tu vas trouver dans le souk-el-Fellah ? Tu sais
qu’ils sont vides. (Benaïssa, 1999, 138). Le gros de la troupe marcha sur
le souk El-Fellah, le monoprix de l’État. (Sansal, 1999, 194). Un
liquidateur originaire de Chlef a pris les comptes de l’entreprise en
mains avant que l’ex-wali de Relizane ne décide la réquisition des locaux
de l’ex-Souk El-Fellah et de tous ses biens. (Quotidien d’Oran, 7.2.00).
[…] ceux d’un lycée et des souk el fellah dans la willaya de Guelma. (El
Moudjahid, 3.2.01).

1312. adj. Disponible. Par appos., orienté vers la société de


consommation. Il en est même qui trouvent spirituel ou hautement
intellectuel de qualifier de « tendance souk el fellah » toute personne
dont l’absence d’idéal et le goût immodéré pour tout ce qui touche à la
satisfaction de l’estomac ne sont pas les moindres des défauts. (El
Moudjahid, 18.11.83). Le prix du pétrole s’envole, les caisses sont
pleines. La démocratie n’est pas encore à l’ordre du jour, la mentalité
souk el fellah s’installe avant la lettre. (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92).

132Com. Parfois abrégé à l’écrit en SEF. V. SOUK.

133SOUKERDJI V. SOUKARDJI.
134SOUMAÂ (de l’arabe) n. f. Disponible, oral surtout. Beurre fondu et
salé (smen) commercialisé en bidon. Pour les huiles et « soumaâ », le
stock de sécurité sera maintenu à soixante jours. (El Moudjahid,
21.5.85). Peine perdue, de la « soumaâ » il n’y en a point sur cent
kilomètres à la ronde. Après le savon dit de Marseille, c’est au tour de la
« Soumaâ » de se faire désirer. (El Moudjahid, 28.1.86). Elle a acheté un
bidon de soumaâ. (oral). V. SMEN.

135SOUNNA V. SUNNA.

136SOURATE, SOURA (de l’arabe) n. f. Disponible. Verset du


Coran. Ils se sont mis à réciter leur sourate. (Feraoun, 1957, 105). Cette
piété n’est valable que par la lecture d’une sourate appropriée et
seulement en état de « grande » et de « petite » pureté. (El Moudjahid,
24.8.77). Le cheikh assène consciencieusement les dix ou vingt coups
pour une insolence, allant jusqu’à cinquante pour un blasphème ou une
sourate mal ou pas comprise. (Lemsine, 1978a, 86). La cérémonie
religieuse a débuté par la lecture de sourates du Coran. (El Moudjahid,
8.7.83). L’imam Saboni, a été, en effet, profondément inspiré par l’imam
Qotb, cela ressort clairement dans la présentation des sourates. (Liberté,
2.2.95). Le Coran n’est pas, comme le pensent beaucoup de gens, et
même certains chercheurs, un assemblage de versets et de « sourates »,
sans logique externe et interne, et donc difficile à maîtriser de manière
scientifique. (Liberté, 2.2.95). Dans l’islam, il y a des sourates qui disent
que celui qui tue une personne sans le vouloir doit expier son acte (se
racheter) en libérant un esclave et en donnant le prix du sang à sa
famille, ou bien faire carême pendant soixante jours sans
arrêt. (Confidences, 11.5.96). Pour neutraliser les idées noires, elle
murmura une sourate coranique. (Khelladi, 1998, 60).
137Com. Attesté ds PR.

138SOUTIEN (ellipse de soutien-gorge) n. m. Disponible, oral surtout.


Soutien-gorge. J’ai vu des soutiens différents à l’intérieur du
magasin. (oral). Je veux un soutien de taille quarante. (oral). Il m’a
proposé des soutiens de fabrication française. (oral).

139Com. Attesté ds IFA.

140SPAHI (de l’arabe) n. m., adj. Vieilli mais disponible, écrit surtout.
(À l’époque coloniale) membre d’un corps de cavalerie composé surtout
de soldats arabo-berbères. Les Spahis algériens d’Aïn-Guettar refusent de
se laisser embarquer pour la France. (Akkache, 1972, 23). Maintenant,
les Spahis d’Alger ont des chemises et des pantalons verts. (Farès, 1972,
64). Le lieutenant spahi intima l’ordre à ses soldats de ne pas ouvrir le
feu. (El Moudjahid, 19.8.83). […] expulsion qu’elle tournera rapidement
en se mariant, à Marseille, avec un spahi algérien. (El Moudjahid,
7.1.85). Mon père, par contre, aguerri par son service militaire, pendant
lequel il avait été spahi, avait déjà eu l’occasion de conduire toutes
sortes d’engins militaires. (Khelladi, 1997, 101). De même pour
l’adjudant Kaïd Ahmed qui a servi au 7 e régiment de Spahis algériens et
qui a été libéré sous mon contrôle en novembre 1945 ; lui aussi n’aurait
été qu’un harki ! (El Watan, 22.3.00).

141Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. GOUMIER,


HARKI, MÉHARISTE, ZOUAVE.

142SPÉCULATION n. f. Disponible. Activité agricole (culture de


végétaux, apiculture) qui assure des bénéfices importants. La daïra se
suffit à elle-même grâce à l’abondance des spéculations de première
nécessité : carottes, navets, oignons… (El Moudjahid,
17.1.78). L’apiculture est considérée comme spéculation secondaire. (El
Moudjahid, 30.3.81). Travaillant avec sa femme et son enfant, notre
interlocuteur cultive diverses spéculations. (El Moudjahid,
24.11.82). L’apiculture dans la wilaya de Tébessa a été de tout temps
l’une des spéculations intéressant les autochtones. (Dialogue,
3.1.84). Nous sommes loin des réticences des fellahs qui avaient refusé à
l’époque la culture de tomate pour conserver des spéculations
traditionnelles. (El Moudjahid, 16.2.84). Par la suite, nous les
habituerons à faire progressivement des cultures qu’ils ne pratiquent pas
actuellement, des asperges et bien d’autres spéculations
rentables. (Algérie verte, 1.5.85). Dans ce cadre a été programmé un
ambitieux programme de plantation d’arbres fruitiers et notamment la
vigne, en remplacement d’autres spéculations agricoles, comme le blé ou
les grandes cultures. (Quotidien d’Oran, 26.6.00).

143SPORT-ROI n. m. Disponible, milieux sportifs. Football. […] des


sorties médiatiques des boudeurs et de l’agonie des structures
dirigeantes du sport-roi. (El Watan, 6.2.00). Kezzal, qui a eu à gérer le
football algérien, a pu diagnostiquer le mal qui ronge le sport-
roi. (Quotidien d’Oran, 15.3.00).

144SQIFA, SQIFFA, SQUIFA V. SKIFA.

145STAÏFI, STAIFI (de l’arabe) 1. n. m. Spécialisé. Genre de musique


traditionnelle originaire de la région de Sétif. Le staïfi est en passe de
devenir, avec l’avènement du raï, un genre moderne qui dépasse les
frontières nationales. (El Acil, 4.12.94). Ces derniers ont dansé
l’oranais, le chaoui, le constantinois, le staïfi, le targui. (Le Matin,
13.6.96). Il y a du staïfi dans cette fête. (oral).
1462. adj. Spécialisé. Qui se rapporte à ce type de musique. Les jeunes
utilisent le matériel sonore moderne sur des thèmes populaires du
patrimoine raï ou staïfi… (Algérie-Actualité, 14.7.83). Pour lui, la
chanson staifi est un genre qui est en passe de rayonner, c’est en quelque
sorte le pendant du raï dans l’Ouest. (El Hadef, 31.3.85). « Hier, il y a eu
un spectacle dans le genre staifi », nous dit un jeune garçon. (El
Moudjahid, 31.5.85). V. HAOUZI, RAÏ.

147STOCKEUR 1. adj. Disponible. Qui se rapporte au stockage (des


marchandises, des semences etc.). L’Office algérien interprofessionnel
des céréales a organisé une réunion des responsables des organismes
stockeurs des céréales. (El Moudjahid, 1.1.70). La raffinerie
approvisionnera également les nouveaux centres stockeurs. (El
Moudjahid, 28.11.83). L’approvisionnement des distributeurs, des
conditionneurs et des collectivités est assuré par l’organisme stockeur
territorialement compétent. (El Moudjahid, 13.5.86).

1482. n. Disponible. Personne qui stocke des marchandises en vue de


spéculer sur leur revente. Il faut lutter contre les stockeurs et les
intermédiaires. (El Moudjahid, 30.9.73). De tels spéculateurs et
stockeurs sont nuisibles à la société, il faudrait mettre un terme à leurs
méfaits une fois pour toutes. (El Moudjahid, 27.4.86).
V. STOCKOMANIE, PÉNURISTE.

149STOCKOMANIE n. f. Disponible, écrit surtout. Manie de stocker


les produits alimentaires. Avec un peu de volonté, il est tellement facile de
juguler ce phénomène de la « stockomanie » par intérêt… (El
Moudjahid, 25.3.86). Il n’y a pas que chez nous que sévit la
stockomanie. (Algérie-Actualité, 10.4.86). Les contrôleurs des prix ont
organisé une descente dans les bas quartiers de la ville pour démanteler
un réseau de commerçants corrompus qui ont incité les honnêtes citoyens
à cultiver la stockomanie pour combattre la pénurie. (El Watan, 13.4.93).
V. STOCKEUR.

150SUCETTE n. f. Disponible, oral surtout. Sucette glacée. Un


chewing-gum à un dinar et une sucette à deux, qui dit mieux ? (El
Moudjahid, 10.4.86). En été, beaucoup de malins se transforment en
fabricants de sucettes. (oral). Tu veux que je t’achète une sucette ? (oral).

151SUDISTE n., adj. Disponible. Habitant du sud du pays. Enfin, la


seule rencontre qui se déroulera dans la capitale opposera les sudistes
du MC Ouargla aux Tlemcéniens. (El Watan, 10.2.00). V. NORDISTE.

152SULTANI V. SOLTANI.

153SUNNA, SOUNNA (de l’arabe) n. f. 1. Courant. Tradition


prophétique. L’assemblée en traitant de ce dossier a tenu compte de nos
préceptes islamiques puisés du Coran, de la Sounna. (El Moudjahid,
31.12.84). […] afin qu’il soit le guide de notre peuple arabo-musulman
riche par le livre de Dieu et la Sunna du Prophète. (El Manar, 9.5.94). Il
faut s’inspirer des textes fondamentaux du Coran et de la Sunna. (Le
Matin, 11.10.95). Les règles sur la longueur de la barbe musulmane sont
tirées d’interprétation de la Sunna (tradition) du Prophète Mohamed. (El
Acil, 5.8.97). On oublia le Coran, la Sunna, les années passées à croire,
les habitudes ancrées dans le rite, les bénéfices accumulés. (Sansal, 1999,
168). Si vous avez l’habitude de vous déshabiller sans tenir compte des
recommandations de la sunna, ne vous étonnez pas de voir les
prétendants fuir votre porte ! (Détective, 4.3.00). Ces fatwas, expliquent-
ils, ne trouvent pas leurs origines ni dans le Coran, ni dans la Sunna, ni
dans aucun courant islamique. (La Tribune, 23.3.00). V. HADITH,
SIRA.
1542. Disponible. Par extension, règle tirée de la tradition
prophétique. Zakaat el Fitr, cette aumône est une « sunna » très
recommandée et incombe à tout musulman. (Djaber El Djazairi, 1986,
318). Nous devons retenir que le sacrifice n’est pas une obligation
comme les cinq principes fondamentaux de l’islam, c’est une sunna. (Le
Matin, 30.4.96).

155SUNNISME (dérivé de l’arabe sunna + suff. français -isme) n. m.


Disponible, intellectuels. Doctrine musulmane prônant la conformité à la
Sunna et son respect intégral. Connus pour être des « puritains de
l’Islam », les Mozabites rejettent le sunnisme malékite du reste de
l’Algérie. (Sigaud, 1991, 204). À ce projet, qui risquait de rencontrer de
sérieuses difficultés quant à sa réalisation dans un État algérien
appliquant le sunnisme dans toute sa rigueur, les djaz’aristes, ce courant
algérianiste qui se manifesta presque subrepticement, se sont
interposés. (El Watan, 15.4.93).

156SUNNITE (dérivé de l’arabe sunna + suff. français -ite) n. adj.


Disponible, intellectuels. Relatif à la sunna, qui respecte ses
enseignements. Le cheikh d’Al Azhar, la plus haute autorité de l’autorité
de l’islam sunnite en Égypte, a déclaré mardi dernier […] (La Tribune,
25.1.96). Le scénario avait pourtant été modifié au préalable sur
recommandation de la principale autorité de l’islam sunnite. (El
Moudjahid, 27.5.97). Est-ce parce que le « mauvais islamisme »,
iranien, est chiite qu’a contrario, l’islamisme sunnite est qualifié de
« bon » par les États-Unis ? (El Watan, 13.5.96). Aujourd’hui, à peu
près unanimement reconnue en terre d’islam sunnite, la fête du Mawlid
fut longtemps l’objet d’attaques de la part des adeptes de
l’orthodoxie. (El Watan, 20.7.97). Alors que les califes Abou Bak’r,
Omar et Othmane sont vénérés par les sunnites, les chiites les
considèrent comme de maudits charlatans. À leurs yeux, seuls les
proches du Prophète étaient dignes de lui succéder et d’honorer sa
cause. (Gastel, 1999, 112). Personne ne pouvait s’attendre à ce qu’Al-
Outheimine puisse défendre un arbitrage sur la base d’autre chose que
ce qu’il prône depuis des décennies en tant qu’un des plus importants
référents de l’islam sunnite salafiste. (Quotidien d’Oran, 29.3.00). Celle
qui est connue sous le nom de « Grande Fitna » opposant l’imam Ali à
Mouaouiya a marqué profondément la manière de penser des savants
sunnites. (Quotidien d’Oran, 29.3.00).

157SUR (suivi d’un nom de rue, d’avenue etc.) prép. Disponible. Dans,
ou emploi superfétatoire. Le peuple descend sur la rue de La Lyre. (Flici,
1981, 27). La « Land » roule à vive allure sur la rue des Palmiers. (El
Moudjahid, 2.5.85). […] l’arrivée à l’hôpital Mustapha où l’ensemble
des travailleurs et des visiteurs s’étaient massés sur les allées propres
pour faire un accueil triomphal au Chef de l’État. (13.3.86). Il y a une
telle foule et un tel encombrement sur la rue Didouche Mourad, qu’il faut
une demi-heure pour parcourir une centaine de mètres en voiture. (El
Moudjahid, 8.5.86). Sur la rue Larbi Ben M’hidi, un opticien propose des
réductions de plus de 50 %. (oral).

158Com. Attesté ds IFA.

159SWAK V. SOUAK.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012

TAA FRANÇA (de l’arabe) loc. adj. Disponible. De fabrication


française, qui provient de France. On est Algérien à tout crin, mais il n’y
a que les choses « taa frança » qui valent. (Algérie-Actualité,
13.2.86). Je porte des vêtements taâ frança. (oral). Pour beaucoup de
raisons, l’Algérie importe des produits taa frança et les consommateurs
ne veulent que de ces produits. (oral). V. MADE IN.

2TAB, TAB’, TABÂ (de l’arabe) n. m. (pluriel : tûbû’). Spécialisé.


Mode musical traditionnel. Le tab est un mode, c’est pour ainsi dire une
définition et une structure de sons rangés et ordonnés de façon à obtenir
un système musical cohérent […] À chaque nouba est assimilé un mode
déterminé, c’est-à-dire un tab’. (El Moudjahid, 15.1.86). La conception
musicale du « tab » reflète tout un monde de perceptions, de sensations
et de valeurs qui caractérisent notre personnalité et notre culture […] La
musique modale trouve son essence dans le maqam, le motif mélodique
caractérisant le « tab’ » engendré par le maqam, et le sentiment modal
créé par chaque « tab », sentiment en rapport avec le caractère propre à
chacun des tûbû’ ». (El Moudjahid, 4.2.87). V. NOUBA.

3TABAGIQUE adj. Disponible, écrit. Qui se rapporte au tabac. L’autre


volet important de cette réunion a été la discussion de la situation de
deux projets dont les travaux ont connu des retards considérables : les
complexes tabagiques du Khroub et de détergents de Chelghoum-
Laïd. (El Moudjahid, 5.4.84). Les vendeurs à la sauvette des cigarettes
constituent une véritable saignée dans les impôts et l’économie
tabagique. (El Acil, 2.2.94).

4TABAK V. TBEK.

5TABIB V. TOUBIB.

6TABIBA V. TOUBIBA.

7TABLA, TABAL, TBAL, TBEL, T’BEL (de l’arabe) n. m.


(pluriel : tbouls). Disponible. Tambour traditionnel. La fête a commencé
tôt. Le tbel qui résonne plus fort que d’habitude le rappelle à tout
moment. (El Moudjahid, 22.3.78). 600 jeunes représentants de 19
communes ont pris part dans un Kadiria pavoisé aux couleurs nationales
et aux airs de tabla à une compétition dans la pure tradition du cross. (El
Hadef, 26.2.84). De loin, on entendait les chants accompagnés du son de
la ghaïta et du tbal, pendant que les pétards explosaient et les feux de
Bengale brûlaient. (Ben Mansour, 1990, 187). Le deuxième instrument
dans l’orchestre est le t’bel, une sorte de grosse caisse. T’bel est un nom
générique employé généralement pour désigner les tambours à deux
peaux lacées qui, portés horizontalement, attachés à la taille ou posés,
sont frappés d’un côté avec une baguette, de l’autre côté avec une
baguette légèrement plus grosse avec un bout arrondi. (El Watan,
26.8.91). Occasionnellement, pour les fêtes nationales, on ramène deux
bendirs et un tabal d’Aflou (El Watan, 5.1.95). […] avant qu’il n’eût
effectué un crochet du côté de la nouvelle auberge de jeunes implantée
sur les bords de la « Salamandre » et qu’il a inaugurée au rythme du
t’bal et ghaïta. (Le Matin, 17.5.96). Vers 17 h, les finalistes Djidar et
Tölier arrivent, l’un dans un concert de klaxons, l’autre au son du tbal et
de la zorna. (El Watan, 19.3.00). V. DERBOUKA, GUELLAL.

8TABLE n. f. Disponible. Étal. Les bouchers patentés seront délaissés


même par leur clientèle habituelle qui se rabattra désormais et plus
volontiers vers les « tables » situées au niveau de l’ex-rue Perregaux
(Souika). (El Acil, 14.1.96). L’une des tentes sert même au commerce de
tabac avec un jeune qui y tient une « table ». (El Watan, 8.2.00). Les
services de police ont organisé une campagne d’assainissement sur les
lieux du marché au cours de laquelle tables et marchandises ont été
saisies. (Quotidien d’Oran, 6.4.00).

9TABRIHATE V. TEBRIHATE.
10TABRINT (du berbère) n. f. Spécialisé. Bijou traditionnel en forme de
médaille porté sur le front par les femmes kabyles. De là daterait
l’apparition du bijou grand comme une médaille : la tabrint que les
femmes de Béni Yenni portent sur le front et qui serait originaire des
Béni-Abbès. (Algérie-Actualité, 16.5.85).

11TABZIMT, TABZIMTH (du berbère) n. f. Spécialisé. Bijou


traditionnel kabyle, grosse fibule circulaire en forme de serpent. Tabzimt.
Fibule ronde. (Benouniche, 1982, 52). On trouvera aussi le serpent en
pendeloque ou encore en pendentif de plusieurs bijoux, et en particulier,
de la tabzimt, qui est la pièce principale de la parure kabyle. (Tamzani,
1984, 24). Bijoux : de la tabzimth, fibule kabyle, aux ruineux Kheit
Erouh (fil de l’âme), la panoplie est riche. (Algérie-Actualité, 28.3.85).

12TADJINE, TADJIN, TAGINE, TAJINE, TAJJINE (de l’arabe) n.


m. ou (rarement) f. 1. Disponible. Récipient de cuisine traditionnel,
poêlon ou marmite aux bords relevés, en argile, cuivre ou fonte, servant
pour la cuisson de certains entremets mais surtout du pain
traditionnel. Cuire les morceaux dans un tadjine préchauffé à petit
feu. (Bouksani, 1982, 206). Ils prirent part à une collation constituée de
galettes retirées toutes chaudes du tadjine, accompagnées de beurre
fondu et de gelée de dattes. (Boutarène, 1982, 84). Faites cuire les deux
faces des galettes sur une tôle légèrement huilée ou sur une tadjine
directement sur un réchaud à gaz. (Bouayed, 1983, 218). Elle y pose un
tajine. (Mokeddem, 1992, 13). Depuis plusieurs mois, la fille au tadjine
n’a plus donné signe de vie. (El Watan, 19.1.93). Celle-ci priait
intérieurement pour qu’on lui achetât un tadjine. (El Watan,
19.1.93). Faire chauffer un tadjine en fonte ou en terre, diviser en deux
la pâte montée. (El Acil, 5.8.97).
132. Disponible. Préparation culinaire cuite dans un tadjine (galette
traditionnelle ou ragoûts à base de viandes et/ou de fruits secs) […] ces
petits émigrés qui vendent de la menthe fraîche pour le thé, du persil et
autres « herbes » pour la chorba et la tadjin. (El Moudjahid,
1.9.78). Certains tadjines nécessitent une longue préparation telle que les
plats à base de pâte. (Bouksani, 1982, 9). C’est également le cas pour la
confection du tadjine (galette à base de farine ou de semoule
moyenne). (El Moudjahid, 16.11.83). Mais un couscous ou un tajine,
succulents, sans vin ? (Mokeddem, 1993, 86). On se souvient aussi du
bourek et du brik, des tadjines et des douceurs. (El Acil, 24.2.93). Ses
tajines commençaient à avoir une belle notoriété dans le
quartier. […] Tajines au poulet, au lapin, boulettes épicées, semoule
pour le couscous, tout fut préparé à l’avance. (Amadis, 1995, 112). La
chorba aux riches senteurs précédera les tagines odorants avec des
sauces savamment préparées […]. (Achir, 1997, 180).

143. adj. Vieilli, écrit. Par appos., préparé, cuit dans un tadjine. Le café
au lait et le grand morceau de pain tadjin à peine parvenus dans
l’estomac que […]. (M’hamsadji, 1969, 85). La tradition de fabrication
de la pâte n’est maintenue, contrairement au pain « tadjin », que par des
citadines de vieille souche souvent mais pas toujours
d’origine modeste. (Algérie-Actualité, 15.7.82).

15Com. le terme est presque toujours masculin. Attesté dans Lanly 1970,
Duclos 1991.

16TAFSIR (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Exégèse (du Coran). L’éventail


des matières enseignées est très large et touche entre autres au tafsir du
Coran. (El Moudjahid, 14.2.84). Ce programme comporte 13 matières
dont le tafsir, le hadith, le fiqh. (El Moudjahid, 20.4.84). Et puis avoir
peur de tchatcher de sa propre religion est-ce religieux ? D’ailleurs
l’islam en fait obligation par la pratique du tafsir. (Algérie-Actualité,
15.8.85). Il ne faut pas que le tafsir du Coran soit laissé à la portée de
n’importe quel individu. (El Watan, 5.2.93). L’imam de cette mosquée est
un homme d’un âge certain et très posé, il est spécialisé dans le tafsir du
Coran. (oral). V. FETWA, HADITH, SOURATE.

17TAGHENNENT, TAGHENAN’T ( d e l’arabe) n. m. Disponible.


Opiniâtreté, entêtement. Juste une affaire de nif et de taghennent. […] Le
nif et taghennent sont les réactions de l’Algérie face à toute forme
d’arrogance et de velléité de mépris sournois. (La Tribune,
24.10.95). Arrêtons ces schizophrénies et pathologies généralisées, ce
taghenan’t excessif mais combien coûteux au pays et aux générations à
venir. (Le Matin, 19.7.96). V. NIF.

18TAGINE V. TADJINE.

19TAGHOUT (de l’arabe) n. Disponible, milieux islamistes,


connotation péjorative. Despote, tyran impie. Les vrais antidémocrates
ne vont pas rater cette occasion pour nous rappeler que « le pouvoir est
un vrai “taghout” dictatorial ». (Le Jeudi d’Algérie, 13.8.92). Leur
péché mignon est l’établissement de liste de « taghout » (tyrans) dont on
note soigneusement les habitudes et emplois du temps (il s’agit
généralement, du voisin, fonctionnaire, policier, journaliste) […] « Vous
avez vu ce que vous a fait subir ce taghout. Cette dawla est
impie. » (Hebdo libéré, 6.1.93). Le premier vise à libérer des frères
« moudjahidine » emprisonnés dans les geôles de taghout. (El Watan,
15.3.94). Vous étiez pourchassés par les uniformes d’Ibliss, la terreur du
pharaon et du taghout vous harcelait, malgré cela j’ai choisi de partager
votre sort. (Khelladi, 1998, 167). Tout le monde doit prendre les armes.
S’il y a des réticents, il faut les exécuter. Simplement. Qui refuse de nous
suivre est un traître. Il mérite le même châtiment qu’un taghout. (Khadra,
1999, 155). Elles sont interceptées par les terroristes de l’AIS : « Il y a
longtemps que nous te recherchons, taghout (apostat) ; aujourd’hui, tu
vas être étripée ; ton heure a sonné. […] Tous ceux qui ont soutenu le
taghout (pouvoir impie) croyant que les « moujahidine » étaient finis,
seront criblés de balles ». (Le Matin, 5.1.00). Ya taghout, tu ne sais pas
que nos enfants sont nés l’Islam dans le sang ? Pourquoi fais-tu ce
travail [professeur de français] ? (Le Matin, 14.1.00). V. DAWLA,
MOUKHABARATE.

20TAGUELMOUST n. m. Disponible. Voile de couleur indigo dont les


Touaregs se protègent le bas du visage. Les Touaregs portaient le voile,
le taguelmoust, alors que leurs femmes montraient des visages dévoilés,
souvent tatoués. (Amadis, 1995, 55).

21TAHAR (de l’arabe) n. m. Disponible. Personne qui pratique la


circoncision sur les jeunes garçons. Je leur appris que, non seulement
j’avais commotionné le tahar, mais aussi, dans le feu de l’action, trois ou
quatre invités parmi lesquels le maître coranique. (Belamri, 1982,
140). Le tahar n’était autre que le coiffeur de la place du marché. (oral).
V. CIRCONCISEUR, TAHARA.

22TAHARA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Purification. La circoncision se


profilait à l’horizon, accompagnée de you-you et de cliquetis de ciseaux.
La tahara, disons-nous, c’est-à-dire la purification. (Belamri, 1982,
136). Pour rentrer dans une mosquée, il est souhaitable d’avoir fait sa
tahara. (oral). V. TAHAR.

23TAÏWAN (nom d’un pays asiatique) 1. n. Disponible. Véhicule volé


introduit frauduleusement de l’étranger grâce à de vrais faux documents ;
par extension, trafic de voitures volées. Au rythme avec lequel la police
travaille, le trafic des Taïwan sera éradiqué sous peu. (El Watan,
23.10.91). « Taïwan » est un mot qui s’est fait une place dans notre
vocabulaire ordinaire. Il sert à désigner les véhicules acquis par voie de
fraude à l’étranger et introduits dans le pays sous couvert de documents
« en béton ». Les adeptes du « taïwan » ne semblent plus se satisfaire
des véhicules légers si l’on en juge par la découverte faite la semaine
dernière par la police urbaine. (El Watan, 23.10.91). Le trafic des
taïwans a cessé depuis peu. (oral).

242. adj. Disponible. Par apposition, volé et importé frauduleusement de


l’étranger. Quatre voitures légères « Taïwan » ont été également
découvertes et mises en fourrière au cours de la dizaine de jours écoulée.
(El Watan, 23.10.91). Le tribunal criminel n’a toujours pas rendu son
verdict dans le procès de l’affaire des voitures « Taïwan ». (Quotidien
d’Oran, 15.3.00). Ce deuxième procès de l’affaire des voitures
« Taïwan » a été une occasion pour le tribunal pour situer les véritables
enjeux. (Quotidien d’Oran, 15.3.00). Réseau Taïwan. 5 ans fermes pour
les instigateurs [Titre]. Après trois jours d’audience, le tribunal de
Constantine a statué hier sur l’affaire du réseau des véhicules Taïwan.
Dix-neuf accusés ont comparu pour répondre des chefs d’inculpation
d’« association de malfaiteurs », « vol qualifié », « dissimulation
d’objets volés », « faux et usage de faux » et « falsification de documents
administratifs. » (El Watan, 28.3.00).

25Com. Néologisme des années 90. V. TAÏWANISME,


TRABENDISME, TRABENDISTE, TRABENDO.

26TAÏWANAIS (du nom propre Taïwan + suff. -ais) adj., n. Disponible.


(Véhicule) volé et importé frauduleusement de l’étranger. […] les
voitures d’occase pullulent et n’avancent qu’à va-que-je-te-pousse-par-
le-cul ; les belles de luxe, taïwanaises à cent contre un, renâclent en
poussant des cris harmonieux qui excitent à mort les vieux
tacots. (Sansal, 1999, 173). V. TAÏWAN.

27TAÏWANISME n. m. Disponible. Fait d’introduire frauduleusement


des véhicules volés. Rappelons, pour conclure, que l’Algérie n’est pas le
seul pays à connaître le « taïwanisme » et que d’autres pays sont plus
fortement atteints par le phénomène. (El Watan, 23.10.91). Le
taïwanisme a fait beaucoup d’adeptes car il rapporte très gros. (oral).
V. TAÏWAN, TRABENDISME, TRABENDISTE, TRABENDO.

28TAJEMAÂT, TAJEMAÏT V. TAJMAÏT.

29TAJINE, TAJJINE V. TADJINE.

30TAJMAÏT, TAJEMAÂT, TAJEMAÏT (du berbère) n. f. Disponible.


Assemblée du village kabyle et, par extension, lieu où se tient cette
assemblée. Je dois confesser que je n’ai pas de relations suivies avec
notre tajemaït. (Feraoun, 1968, 23). Les discussions à la tajmaït
devenaient de plus en plus un long dialogue entre le cheikh et mon
père. (Mammeri, 1978a, 28). Fier comme Artaban, il traversa la
« tajemaât » garnie de monde et claironna à l’intention de tous : « Que
les saluts soient sur vous ! ». (Oussedik, 1986, 115). V. DJAMAA.

31TALEB (de l’arabe) n. m. (pluriel : talebs, tolba(s)) 1. Courant. Lettré,


savant en matière islamique (étudiant ou maître coranique). J’ai étudié à
l’école coranique quand j’étais gosse… mais vraiment, je ne suis pas un
taleb. (Dib, 1967, 94). En dehors du taleb et des employés de la cantine
scolaire, les jeunes ont quitté le village. (Révolution africaine,
4.5.77). On envoyait gratuitement dans les zaouias et mosquées ceux qui
désiraient pousser plus avant leur éducation. Ils y trouvaient des Talebs
en mesure de les instruire dans l’histoire et la théologie. J’attribuais aux
« Tolbas » un traitement régulier dont le montant variait avec leur
savoir et leur mérite. (El Moudjahid, 17.5.83). Dis encore une fois
« Amine » et de bon cœur cette fois-ci. Le taleb sourit, dit « Amine »,
embrassa la tête du cheikh et partit. (El Moudjahid, 17.4.84). Il se
remémore son enfance, ses premiers pas, ses premières gambades, ses
débuts à l’école coranique : Sidi Afiane, les premières syllabes alif-ba-
ta-tha-jim… psalmodiées par notre vénéré taleb, Si Boungab. (El Acil,
28.2.93). Elle se remaria au bout de deux années, avec un taleb qui lui
donna quatre enfants, dont deux filles, aujourd’hui mariées. (Khelladi,
1998, 234). Trois femmes égorgent un taleb [Titre]. Les services de
sécurité ont eu vent d’une tentative de meurtre sur la personne de A.
Fateh, un cheikh âgé de 66 ans. […] L’objectif caché de cette association
était avant tout de combattre les marabouts et les pratiques de
sorcellerie. (Quotidien d’Oran, 8.4.00).

322. Courant. Guérisseur qui s’appuie sur sa connaissance (supposée ou


réelle) du Coran. La mère de l’accusé constata qu’une somme de 200
dinars a disparu de chez elle. Celle-ci naïvement alla consulter le taleb
en question qui, grâce à ses « amulettes », lui fit porter le doute sur son
fils aîné. (El Moudjahid, 1.3.70). Les charlatans (diseurs de bonne
aventure) sont devenus légion et maintes femmes de bonne foi croiront
dur comme fer ce que leur dira le « taleb ». (El Moudjahid, 3.4.71). La
population a de moins en moins recours au « taleb », surtout depuis
l’instauration de la médecine gratuite. Le « taleb », il faut toujours le
payer. (Bouzar, 1983, t.1, 408). « Viens avec moi chez le taleb… une
simple amulette et tu iras beaucoup mieux… » (El Moudjahid,
27.2.84). Beaucoup de familles, encore attachées aux traditions,
recourent au taleb, tout indiqué pour conjurer les sorts, purifier les âmes
et éloigner les mauvais esprits. (L’Opinion, 22.4.93). Mais comme les
maux, tous les maux qui le font souffrir, s’avèrent tenaces et
« inchassable »s, Soltane s’est rendu chez un second, un troisième puis
un quatrième « taleb ». (El Watan, 19.12.95). Un taleb est déjà sur les
lieux pour exorciser l’endiablée. […] La femme parlait avec une voix
d’homme en répondant à l’interrogatoire du taleb qui avait pris
l’ascendant sur le djinn. (El Watan, 8.2.00).

33Com. Attesté (au sens1) ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF, IFA.
V. DERWICHE, MARABOUT, MRABET.

34TAMACHEK, TAMACHAK, TAMACHAQ (du berbère) n. m.


Spécialisé. Variété de langue berbère parlée par les Touaregs. Le
tamachaq emprunte actuellement beaucoup de mots à l’arabe et au
français, déjà le père de Foucauld avait noté cette invasion de l’arabe et
la targuisation de nombreux mots. (Hoggar, 1956, 66). On parle à haute
voix et sans complexe le tamachek. (El Moudjahid, 22.9.91). Rares sont
les personnes qui ont pu apprendre le tamachek des Touaregs. (oral).

35TAMAZIGHT, TAMAZIRT, TAMAZIGHTE (du berbère) 1. n. m.


Courant. Langue berbère ; par extension, culture berbère […] la
réhabilitation des langues populaires nationales dont le tamazight. (El
Moudjahid, 14.1.90). Nous disons que le challenge est de moderniser
l’arabe, le tamazight, et en faire des langues d’appropriation du savoir,
de création de valeurs nouvelles. (El Watan, 23.4.93). On pouvait lire
« institutionnalisation et constitutionnalisation de tamazight, pas de
démocratie sans reconnaissance de la culture berbère ». (El Watan,
24.4.93). Et à ceux qui opposent l’arabe et le tamazight, je réponds :
« ils vivent ensemble depuis 15 siècles sans problèmes ». (Liberté,
27.4.93). Pour les responsables du Mouvement culturel berbère, le
boycott ne peut être arrêté que par une décision politique consacrant
tamazight « langue nationale et officielle ». (El Watan, 6.1.95). Ce qui
conforte inévitablement la revendication du haut-commissariat à
l’amazighité d’un bulletin d’information télévisé en tamazight qui doit
s’élaborer dans une seule langue valable pour toutes les régions
berbérophones. (Le Matin, 22.7.96). Le Président de la République s’est
prononcé sur la question en affirmant à Tizi Ouzou même que jamais
tamazight ne sera langue officielle. Bouteflika fabule-t-il ? Dire que
tamazight ne sera jamais langue officielle, c’est trancher sur des âges
que le président lui-même ne va pas vivre. Il a aussi dit que même si
« votre » langue devait devenir langue nationale, ce sera par voie
référendaire. Et en disant « votre » langue, Bouteflika s’excluait du
peuple algérien. (El Watan, 7.4.00).

36Com. Le substantif s’emploie souvent sans aucun déterminant. Il est


plus fréquent que son synonyme amazight.

372. adj. Disponible. Qui se rapporte à la langue et à la culture


berbères. La télévision, elle-même, unique et encore réfractaire aux
changements, a commencé à ouvrir sa grille à la culture tamazight. (Le
Matin, 11.1.93). Des enseignants en langue tamazight ont saisi
l’opportunité pour exprimer leurs vœux et préoccupations quant à
l’enseignement de la langue tamazight. (Le Matin, 1.2.96). La
surprenante « crise institutionnelle » née du conflit mettant aux prises le
haut-commissariat à l’amazighité (HCA) et le Ministère de l’Éducation
nationale au sujet de la comptabilisation ou non de la note concernant la
« matière tamazight » dans la moyenne générale trimestrielle et annuelle
de l’élève étudiant cette langue. (Le Matin, 8.2.96). Cet accord a été
conclu lors de la réunion du 22 janvier 1996 regroupant les
représentants du HCA et ceux du Ministère de l’Éducation en présence
des inspecteurs de la matière tamazight. (Le Matin, 8. 2. 9 6 ). Jamais la
revendication tamazight n’a été ethnique. (El Watan, 27.11.96). Ces
propositions du F.F.S. concernent les manifestations publiques, le service
national et la langue tamazight. (Quotidien d’Oran, 16.12.99).

38Com. En emploi adjectival, le mot tend à l’invariabilité


morphologique.

39TAMINA, TÂMINA (de l’arabe) n. f. Disponible. Gâteau à base de


fine semoule, de beurre et de miel. Il prenait ce miel des pauvres, sa
« tamina » presque toute l’année scolaire, pour manger le moins
possible dans les gargotes de la ville. (Belanteur, 1981, 182). Apporte-
moi le réchaud, la semoule et aussi le beurre. Je vais leur préparer une
tamina. (Belamri, 1982, 234). À la lumière des bougies et autour des
tables bien garnies de gâteaux et de « tamina », les élèves ont organisé
des cérémonies et des chants religieux. (El Moudjahid, 6.12.84). J’ai là,
pour elle, une assiette de « tamina » et des œufs. (El Moudjahid,
14.3.86). […] comme le faisait jadis une consciencieuse paysanne
enceinte qui prépare, à l’avance, les ingrédients de la tamina
traditionnelle d’une naissance. (El Acil, 24.2.93). Ils consistent en la
préparation de la traditionnelle tamina, semoule grillée et revenue dans
le beurre et du miel, qu’on sert aux invités avec le thé ou le
café. (L’Opinion, 22.4.93). […] des mots à l’intonation aussi sucrée que
le grain poisseux de la tâmina. (Le Matin, 29.9.95). V. ROUINA, ZRIR.

40TAPEUR n. m. 1. Disponible, oral surtout. Footballeur. F…, 20 ans,


avec son équipe de « tapeurs » de ballon de foot, frappent dans la balle
tard dans le soir. (Algérie-Actualité,1.12.83). De simple tapeur de ballon,
il est passé professionnel. (oral).
412. Disponible, oral surtout. Personne qui joue de la derbouka.
[…] petit peuple haut en couleurs revêtu du costume national […] sans
oublier les tapeurs de derbouka… (El Moudjahid, 30.10.85). Il manquait
un bon tapeur dans l’orchestre. (oral).

42TAPISSERIE n. f. Spécialisé. Fabrique de tapis. Outre ces unités, la


wilaya compte également certaines unités traditionnelles telles que
l’unité de bijouterie de Bouira et la tapisserie de Garouma. (El
Moudjahid, 17.5.83). Réalisée dans le cadre de la PMI, la tapisserie, qui
est entrée en fonction en 1977, contribue efficacement à la préservation
du métier d’artisan. (El Moudjahid, 10.8.83). Ghardaïa est la ville où il y
a le plus de tapisseries en Algérie. (oral). V. DJEBEL-AMMOUR,
DJERBI, HANBAL.

43TAR, TÂR (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Tambourin traditionnel muni


de disques de cuivre et comparable au tambour basque. « Ce serait
terrible ! », a-t-il ajouté. Et ce le fut, quand à la salle « El Mouggar », il
joua du « tar ». (El Moudjahid, 18.5.77). C’est alors qu’il eut l’honneur
et la grande joie d’accompagner au « tar » la célèbre El-M’alma
Yamma. (El Moudjahid, 23.2.78). La darbouka scandait en sourdine et le
tar aux disques d’or rehaussait de ses tintements le rythme lancinant et
lascif. (Bensmaïne, 1996, 18). Je prenais la darbouka ou le « tar » avant
d’apprendre à jouer du luth. (Ben Mansour, 1997, 309). Un couple de
danseuses habillées à l’algéroise nous fait retremper dans les traditions
d’antan. Tout en dansant, l’une d’elles tient d’une main le târ, de l’autre
le tambourin. (La Tribune, 13.1.00).

44Com. Le substantif dérivé tariste est rare. V. DERBOUKA, TABLA.

45TARAWIH, TARAOUIH (de l’arabe) n. m. Disponible. Prières


facultatives qui suivent la prière d’el-icha, dites surtout pendant le
Ramadan. Depuis vingt ans que je faisais la prière derrière lui !… Il
savait si bien dire le « tarawih ». (Djebar 1980, 159). Chacun, après
avoir pris des forces, se retrouve à l’extérieur, qui pour accomplir son
devoir de musulman en assistant aux prières d’El-Icha et aux
« Tarawih » dans les nombreuses mosquées de la ville […]. (El
Moudjahid, 25.6.84). Les fidèles ont été conviés comme chaque soir en
période de Ramadhan, à un sermon dit entre la prière du Maghreb et
celle du Icha et des Tarawih. (El Moudjahid, 4.6.85). Dans toutes les
mosquées après la prière d’« El Aïcha », les fidèles sont nombreux à
suivre les « Tarawihs », instaurés par le Khalife Omar Ibn El Khatab.
(El Moudjahid, 5.6.85). Les fidèles de tous âges se rendent dans les lieux
du culte pour accomplir la prière d’El Icha suivie des taraouih. (La
Tribune, 29.1.96). Le Ramadan est le mois des tarawihs, ces longues
prières nocturnes qui créent une ambiance de quiétude et procurent aux
pratiquants un sentiment de ravissement, à condition que l’imam
psalmodie le Coran et le savoure. (Gastel, 1999, 33). Le jeûne rompu,
une ribambelle d’enfants se déverse dans la rue. Les adultes se pressent
dans les places animées pour la prière du Taraouih. (Quotidien d’Oran,
5.12.99). 11 personnes ont été massacrées à la hache et à l’arme
blanche. Elles sortaient de la mosquée où elles venaient d’accomplir la
prière des taraouih. (Le Matin, 14.1.00). V. RAMADHAN.

46TARBOUCHE V. TERBOUCHE.

47TARGUI, E (du berbère) 1. n. (féminin singulier : targuie, targuia ;


masculin pluriel : targuis, touareg(s)). Disponible. Personne originaire du
Sahara et parlant une variété de langue berbère (le tamachek). Du Targui
au Djoundi tous les avis se rejoignent. (El Moudjahid, 10.6.77). Un
Targui fier guidant ses voyageurs dans l’immensité de l’histoire […]. (El
Acil, 15.6.93). L’honorable targui chez qui fut conduit Hassen réussit là
où nombreux psychiatres se cassèrent les dents. (Liberté,
5.2.96). L’amazighité ne doit pas être limitée à la Kabylie, ni aux Aurès,
ni à Ghardaïa, ni aux Targuis. Pour moi l’amazighité, c’est toute
l’Afrique du Nord. (El Watan, 27.3.00). Le Targui aime le thé, c’est sa
boisson préférée, elle lui permet de résister aux caprices du grand
désert. (oral).

482. adj. Disponible. Qui se rapporte aux Touaregs ou à leur civilisation.


Les aspects de la vie quotidienne dans le Tassili dont le cadre (khaïma,
lit targui, ustensiles) a été fidèlement reconstitué. (El Moudjahid,
18.5.77). […] variété de parfum dont raffolent les filles targuies. (El
Moudjahid, 24.3.83). L’exemple nous a été donné par ce médecin qui a
gardé son habit targui. (L’Opinion, 22.4.93). Le mrabet conquit l’âme
des tribus targuies. (Algérie-Actualité, 27.4.93). Cette exposition vise,
selon les responsables, à présenter au public les modes de vie des
Touaregs, à travers les habits des hommes et des femmes targuies, leurs
produits de beauté et leurs bijoux. (El Acil, 17.5.96). Le troisième prix du
festival national de théâtre et de la chanson d’expression amazighe a
échu au groupe targui Imaran d’Illizi. (La Tribune, 26.12.99). Les
danseurs et les troupes musicales targuies étaient gênés dans leurs
mouvements par la foule des photographes. (El Watan, 17.4.00).

493. n. m. Disponible. Genre de musique originaire du Grand Sud


algérien. Pour Hassiba Hamrouche, l’essentiel aujourd’hui est
d’atteindre tous les publics, en brassant tous les genres (targui, chaoui,
chaâbi, oranais). (Algérie-Actualité, 13.7.93). Cela fait vingt ans que je
suis dans le cinéma, ma musique s’inspire généralement du terroir ; le
hawzi, l’andalou, le chaâbi, le targui, le sahraoui, le kabyle, constituent
entre autres les quelques repères auxquels je me réfère. (El Watan,
4.5.93). Ces derniers ont dansé l’oranais, le chaoui, le constantinois, le
staïfi, le targui. (Le Matin, 13.6.96).

50Com. Attesté ds Lanly 1970, GR, TLF.

51TARGUIA féminin singulier de TARGUI. Une targuia apparemment


de haute lignée cherche un jerrican pour entamer un éventuel
tindi. (Algérie-Actualité, 3.5.84).

52TARIQA, TARIKA (de l’arabe classique « voie ») n. f. Spécialisé,


intellectuels. Doctrine religieuse. Plus spécifiquement, chez les Soufistes,
voie, parcours suivi par les mystiques musulmans pour arriver à la
connaissance des réalités divines. Elle savait son grand-oncle, Omar,
aussi imprégné que ses sœurs de cette Tariqa et ils poursuivaient ce qui
leur restait des rituels transmis. (Bensmaïne, 1996, 102). […] les Dhikr –
prières rituelles qui appartenaient à la liturgie de la Tariqa de ce grand
saint vénéré dans le monde oriental, africain et maghrébin, de l’Euphrate
à l’Espagne. (Bensmaïne, 1996, 103).

53TAROUT (du berbère) n. m. Spécialisé. (Cupresus presiana). cyprès


du désert. L’expérience est réalisée par l’Office en vue de la
reproduction de l’arbre millénaire du Tassili : le tarout. (El Moudjahid,
18.5.77). Il est traditionnel de penser qu’une période humide s’est
développée sur le Sahara au IV e millénaire avant l’ère chrétienne. On en
a pour preuve les fameux tarouts du Tassili. (El Moudjahid, 21.10.83). Le
« tarout », cyprès du désert, qui s’étend autant vers le ciel qu’en largeur,
est menacé de disparaître pour un mal simple : il a soif. (Algérie-
Actualité, 12.7.84). Toutes les maisons anciennes ont été construites avec
le tarout. (El Moudjahid, 9.5.85).
54TARZ (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Broderie. L’activité de « tarz » se
maintient également de façon appréciable. Le personnel est surtout
fourni par la gent féminine. Le travail est surtout accompli à domicile,
les quelques boutiques qui indiquent bien que l’on a affaire au « tarz »
sont en nombre infime par rapport aux maisons dans lesquelles on
s’adonne à cette occupation. (El Moudjahid, 15.12.85). Dans les centres
de formation professionnelle, les jeunes filles apprennent le tarz ; cette
activité maîtrisée leur permettra un jour de subvenir aux besoins de toute
une famille et, pourquoi pas, avoir une boutique avec pignon sur rue. (Le
Matin, 26.3.93). Cette femme a des mains en or, elle réussit à faire un
tarz très apprécié par les grandes dames de beaucoup de villes. (oral).
V. MEDJBOUD, PERLAGE.

55TASSILI (du berbère) n. m. Spécialisé. Plateau rocheux dans la région


du Hoggar. Les gorges profondes qui traversent les tassilis sont les
portes d’une région qui semble s’isoler du monde […] Les tassilis qui, à
distance, entourent le Hoggar sont des plateaux de schiste et de grès
tendre. (Blan Guernoun, 1965, 20). Aussi, est-il inutile de pérorer ou de
se perdre en bavardage gâteux sur l’enthousiasme qui bourgeonne sur
les tassilis… (Algérie-Actualité, 2.2.84). La commune de Tamanrasset est
formée de massifs où viennent s’incruster des lits d’oueds, des tassilis,
tous formant un même et unique cadre naturel qu’est le Hoggar. (El
Moudjahid, 20.6.84).

56TAWABITE V. THAWABITE.

57TAXIEUR, SE n. Courant. Chauffeur de taxi. À peine était-il devenu


taxieur qu’il avait bousillé sa voiture dans un accident. (El Moudjahid,
8.7.77). Et la taxieuse clandestine, qu’en penses-tu ? (El Moudjahid,
18.6.78). Les taxieurs râlent à coups de klaxons, et les bus ont du mal à
démarrer. Bref, Alger ! (Le Jeudi d’Algérie, 30.7.92). La même station de
taxis n’est réservée qu’aux taxieurs qui assurent les itinéraires à
l’intérieur de la wilaya. (Le Journal, 14.1.93). La ville de Batna ne
connaît plus de problèmes de transport urbain, en plus des bus et des
taxis, il y a une grande prolifération de taxieurs clandestins. (El Acil,
15.2.93). En plus du relèvement des tarifs, suite à l’augmentation des
prix des carburants, les revendications des « taxieurs » portent
également sur plusieurs points relevant des impôts. (El Watan,
15.1.96). Le commissariat a été averti par… euh… un… comment dit-on
en arabe, taxieur ? Ah oui, suis-je bête : un professionnel de la voiture
automobile à péage réglementé par la puissance publique. Mais ce taxi
n’a pas de papiers, donc pas de droit d’exister. (Sansal, 1999,
132). Après un braquage à l’arme à feu, un taxieur enfermé dans le
coffre de sa voiture à Tiaret […]. (Quotidien d’Oran, 15.1.01).

58Com. Les synonymes taxiste, taximan ou taxi-driver employés dans


les autres pays du Maghreb ne sont guère utilisés.

59TAYAB (de l’arabe) n. m. (féminin singulier : tayaba ; féminin


pluriel : tayabate(s)) Disponible. Employé dans un hammam, qui sert en
particulier de masseur. Il dut se faire violence pour patienter jusqu’à
l’arrivée du tayab. (Mokeddem, 1992, 69).

60TAYABA féminin singulier de TAYAB. Elle a passé la moitié de sa


vie dans les hammams comme tayaba, uniquement pour nourrir sa
famille. (oral).

61TAYABATE(S), TAYABAT féminin pluriel de TAYAB. Par contre,


les tayabates sont les moins choyées par tout ce monde […] chose qui
reste inexplicable lorsqu’on sait que les tarifs des hammams montent en
flèche. (El Moudjahid, 17.4.86).
62TBAL, TBEL, T’BEL V. TABLA.

63TBEK, TABAK, T’BEK, TBAQ (de l’arabe) n. m. Spécialisé, écrit.


Corbeille de la mariée. Vient ensuite le gros des dépenses : le tabak,
constitué de bijoux, d’objets de parfumerie et de toilette, de tissu, de
vêtements… D’autres produits sont inclus dans le tabak par habitude.
Outre le sadak et le tabak, tout prétendant doit financer cette fête, aussi
bien chez les parents de la fille que les siens. (El Moudjahid, 14.7.77) Les
orchestres féminins poussent nombreux en cette saison des fêtes. Des
femmes de tout âge se font passer pour des chanteuses […] Le premier
geste qu’elles font est de s’entourer de boissons, de friandises et, bien
entendu, du fameux « tbaq » avec l’art. (El Moudjahid,
7.7.85). Trousseau t’bek. (Algérie-Actualité, 8.8.85). Pour le « tbek », il
faut deux coussins, deux petits vases, les gants, le pain de sucre et les
bougies. […] Le prix du tbek en lui-même coûte entre 280 et 600 DA,
celui destiné pour le maquillage coûte 280 DA (en blanc et rose). […] Un
tbek complet coûtera 1 605 DA. (Confidences, 23.7.97). Ma mère s’est
chargée du tbek : un déshabillé en soie, des savonnettes, des
parfums. (Confidences, 23.7.97).

64Com. Cette corbeille doit être garnie de chaussures, d’objets de


parfumerie et de toilette pour la mariée. V. SADAK.

65T’BIB V. TOUBIB.

66T’BIBA V. TOUBIBA.

67TBOULS pluriel de TABAL. Comme celle qui consiste à faire passer


l’hyperimportant contrat entre Sonatrach et une boîte pétrolière
canadienne après la fête des « tbouls », du « bendir » et la « zorna » à
Sétif. (L’Opinion, 29.4.93).
68TCHACKTCHOUKA V. TCHAKTCHOUKA.

69TCHADOR n. m. Disponible. Voile islamique. Tchadors, hidjabs,


foulards, chiffons de toutes sortes continuent aujourd’hui à les
ensevelir. (Mokeddem, 1995, 78). Si c’est une fille, elle sortira en
tchador des entrailles de sa mère. (Achir, 1997, 80). Elle doit avoir une
trentaine d’années et elle affiche sans complexe, en ces temps de tchador
triomphant, une beauté provocante et hautement revendiquée. (Achir,
1997, 93). Il y a à peine trois mois, je sortais avec une fille qui venait aux
rendez-vous à poil, sous un tchador. Un psychanalyste va te dire : c’est
la désacralisation du sacré. (Benaïssa, 1999, 244). L’épouse d’Omar,
une vague forme humaine masquée par un tchador, grimpa sur la
banquette arrière, son petit garçon dans les bras. (Khadra, 1999, 147).

70Com. Les verbes dérivés tchadorer ou tchadoriser (« faire porter le


tchador aux femmes ») sont attestés mais rares. V. HIDJAB.

71TCHAKHTCHOUKHA V. CHAKHCHOUKHA.

72TCHAKTCHOUKA, TCHACKTCHOUKA, TCHEKTCHOUKA,


TCHOUKCHOUKA, CHEKCHOUKA, TCHEKCHOUKA (de
l’arabe) n. f. 1. Disponible. Sorte de ratatouille, à base de tomates,
poivrons, aubergines, ail, oignons, coupés en morceaux ou en dés. Faire
une tchektchouka ordinaire (sans pommes de terre) et sans
œufs. (Bouksani, 1982, 62). Préparez la tchaktchouka : coupez les
oignons en rondelles assez fines et les tomates en dés […] Tartinez la
surface supérieure d’une crêpe avec un peu de cette
tchaktchouka. (Bouayed, 1983, 208). Les poivrons de cette année nous
frustrent du haut de leurs 25 DA et la tomate suit de près. La
tchacktchouka devient un plat de circonstance, elle qui n’a jamais été
qu’un plat à la portée de tout le monde. (Algérie-Actualité,
13.6.85). Hassan-le-boucher tend son couffin au marchand de légumes
qui lui a choisi de beaux poivrons : « Aujourd’hui, je vais dire à
Djidjigua de me faire une bonne tchoukchouka ». (Allouache, 1995,
158). Les enfants n’ont pas pris de bonnes habitudes alimentaires, ils
refusent de manger même la tchaktchouka. (oral).

73Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

742. Disponible, oral surtout. Au fig., mélange, situation embrouillée,


imbroglio. Le projet de rénovation et de transformation en centre
culturel de cette salle vient d’être adopté. Les travaux coûteront 125
millions de centimes et il y aurait un ciné-club, un théâtre, une
bibliothèque, une salle de jeux etc. Pourquoi cette tendance à vouloir
étaler partout de la tchektchouka ! Un théâtre est un théâtre et rien
d’autre. (Algérie-Actualité, 5.6.86). Dieu à qui Meriem adressa cette
tchaktchouka devait la regarder d’en haut en se tordant de rire. (Ben
Mansour, 1990, 146). En clair, lignes politiques et choix économiques ne
coïncident pas non plus. La chekchouka FLN est menacée d’éclatement à
tous les niveaux. (Sigaud, 1991, 261). – Moi – Tchekchouka. Romano-
arabo-berbéro-turco-vandalo-mozabito-chaoui… Qui suis-je ? (L’Hebdo
libéré, 1.6.94). V. KHALOUTA.

75TCHATCHE, TCHATCH (de l’espagnol) n. f. Disponible, oral


surtout. Verve, goût de la parole, volubilité. La tchatche dans l’argot
pied-noir de Bab-El-Oued, c’est la palabre, la parlote, la vantardise. (El
Hadef, 17.3.85). Vous ne travaillez pas ou quoi ! Le match est fini. La
tchatch, rien que la tchatch. Regagnez vos postes de travail, c’est
meilleur pour le pays. Quelle jeunesse, aya, ya. (El Moudjahid,
10.10.85). Des suggestions, il en fait beaucoup, mais il est plus porté sur
la tchatche. (Algérie-Actualité, 3.4.86).
76Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. TCHATCHER,
TCHATCHEUR.

77TCHATCHER v. intr. Disponible, oral surtout. Bavarder,


discuter. L’émission est passée à la trappe à l’heure où nous faisons ces
lignes. Bon, nos artistes n’ont qu’à aller tchatcher ailleurs et ça se saura
et ça s’écoutera. (Algérie-Actualité, 11.4.85). Et puis avoir peur de
tchatcher de sa propre religion, est-ce religieux ? D’ailleurs l’islam en
fait obligation par la pratique du tafsir. (Algérie-Actualité,
15.8.85). L’écrivain Marc Halter qui a tchatché quelques minutes avec le
Pape et qui se veut le champion de l’antiracisme a dit […]. (El
Moudjahid, 26.6.88). Dans telle équipe on cause malaise, dans l’autre
c’est remalaise qu’on tchatche. (Le Matin, 25.9.93). Eh oui, de nos jours,
on tchatche beaucoup plus sur l’attribution d’un « ballon d’or » que
d’un prix Nobel. (El Acil, 21.11.94).

78Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. TCHATCHE,


TCHATCHEUR.

79TCHATCHEUR n. m. Disponible, oral surtout. Personne qui


bavarde. Youcef a toujours été un grand tchatcheur. (oral). Durant le
mois du Ramadhan, j’évite les tchatcheurs. (oral)

80Com. Attesté ds Duclos 1991.

81TCHEKCHOUKA, TCHEKTCHOUKA V. TCHAKTCHOUKA.

82TCHIC-TCHIC, TCHIKCHIKA (de l’arabe) n. f. Disponible. Jeu de


dés, sorte de 421. La nuit s’avance, quelques détenus discutent encore,
d’autres jouent aux dames, à la coinche ou font une partie de tchikchika
(dés). (El Watan, 9.10.96). On mate un monde bigarré d’indics […] de
joueurs de tchic-tchic et de surins, de souteneurs chargés de tatouages et
de putes incroyables. (Sansal, 1999, 285).

83Com. Attesté ds Duclos 1991.

84TCHI-TCHI, TCHITCHI, TCHI TCHI, CHICHI (de l’arabe) 1. n.


f. Courant, connotation souvent péjorative. Jeunesse dorée, génération de
jeunes Algériens issus des familles aisées qui imitent le style de vie
occidental. « À propos de bus, savez-vous pourquoi la ligne jusqu’à
Moretti Sidi Fredj a été supprimée… C’est, paraît-il, pour éviter de
mélanger les chaâbi… à la “tchitchi”. » (Algérie-Actualité, 18.7.85). La
« tchi-tchi » désigne une nouvelle race d’Algériens, jeunes et riches qui
incarnent aux yeux de la populace un idéal de vie facile […] La « tchi-
chi », ce sont ceux qui ont de belles villas, qui conduisent des Mercedes,
qui ont des piscines dans leurs jardins (Algérie-Actualité, 18.7.85). On
apprendrait ce que représente exactement la « tchi tchi » des enfants
« in » vaccinés contre les problèmes matériels et leur… malvie. (El Acil,
25.10.93). La fracture d’Octobre, c’est d’abord cette jeunesse délaissée
pour compte, auparavant jamais écoutée, aujourd’hui bouffée par la
malvie et le chômage, ébranlée des années durant par les frasques de la
tchi-tchi et de la nomenklatura. (Algérie-Actualité, 5.10.93). À la lisière
du monde, des mannequins, dont l’air huppé indique qu’ils descendent
des beaux quartiers, les fiefs de la tchi-tchi, la jeunesse dorée, observent
avec ahurissement le peuple en transe. (Sansal, 1999, 177). Dans les
milieux populaires, un mot est né : tchi tchi. Il résume toute cette
jeunesse dorée, dorlotée, élevée dans le duvet, rompue à l’art de
l’ostentation vestimentaire et capable d’importer des véhicules encore au
stade du design en Europe. (Gastel, 1999, 12). Ainsi naquit le plus sélect
club privé d’El Acima, un gigantesque dancing que fréquente
exclusivement la tchitchi algéroise. (Khadra, 1999, 56).
852. n. m. ou f. Courant, connotation souvent péjorative. Jeune Algérien
issu des familles aisées, adolescent chic et dans le vent. La « tchi-tchi »
est lycéenne à « Descartes » et organise des soirées dansantes chaque
week-end, elle aime les grosses motos, les blousons en cuir et santiags.
(Algérie-Actualité, 18.7.85). Une Tchi-Tchi : « Lorsque j’achète à Alger
une paire de souliers, je déchante rapidement… » (Afric-Éco, 4.
3.86). Ne croyez pas les mauvaises langues qui vous disent que Mohamed
Redah est un tchi-tchi. (Algérie-Actualité, 9.5.91). J’aime bien m’asseoir
sur la terrasse avec Aïcha, parce que, malgré son hidjab, elle fait baver
les garçons, les tchi-tchi, surtout quand elle montre ses genoux et un peu
de ses cuisses. (Allouache, 1995, 144). Les jeunes voient, tout près d’eux,
une frange de « gosses de riches » (note : ils les appellent les chichis)
qui n’ont pas l’air de pâtir des ratés du système. (Hassan, 1996,
213). Peu à peu, ils s’attachent à un drôle de tchi tchi, pas comme les
autres. Excellent élève, Fawzi n’a de cette nouvelle aristocratie que
l’apparence vestimentaire. (Gastel, 1999, 16). Une drôle d’arnaque fait
rage dans les quartiers huppés d’Hydra : un hurluberlu a fourgué à de
jeunes « tchitchi » de fausses bouteilles de whisky. (Liberté, 3.2.00).

863. adj. Disponible, connotation souvent péjorative. Par appos., relatif à


la jeunesse algérienne dorée et occidentalisée. Une émission à grande
écoute, un animateur vedette et sur le plateau de dignes représentants
des looks « tchi tchi », « bohi », « houmistes », etc. (Algérie-Actualité,
15.8.85). N’oubliez pas trop de courrier « tchi-tchi », car ces derniers au
moins possèdent des magnétoscopes. (El Moudjahid, 24.10.85). Moi j’ai
adoré le clip tchi-tchi de cheb Anouar « Avant de nous dire adieu ». (Le
Jeudi d’Algérie, 16.7.92). À Matares et Tipasa, le vernis tchi-tchi a sauté
comme un bouchon de champagne en même temps que le
chaâbi. (Détective, 27.4.93).
87Com. Cette néologie des années 84, évoque les « fils à papa » souvent
issus de la nomenklatura ou de la bourgeoisie affairiste. V. BOUHI,
HOUMISTE.

88TCHOUKCHOUKA V. TCHAKTCHOUKA.

89TEBRIHATE(S), TABRIHATE(S) (de l’arabe) n. f. plur.


(singulier tebriha). Disponible, oral surtout. Louanges que l’on adresse à
haute voix à toute personne méritante ou, plus spécialement, à la famille
du marié et de la mariée lors de la cérémonie de mariage.
[…] l’apparition de jeunes chanteurs bergers, khammès pour la plupart
d’entre eux, est une réaction aux chioukhs très sollicités par les colons
français pour égayer leurs fêtes des danseuses, les « tebrihate » et la
fantasia. (Alger républicain, 30.8.91). Les paroles que j’écris pour les
chansons et les tabrihates, incitent les gens au raï. (Le Matin, 12.1.93).

90TECHNICUM (du russe) n. m. Disponible. Lycée d’enseignement


technique. L’infrastructure scolaire dans la wilaya de Tlemcen sera
renforcée par la construction de deux technicums de 300 places. (El
Moudjahid, 10.9.75). […] le plan de développement de la wilaya, très
conséquent dans le domaine de la construction avec un hôpital, un
technicum, les sièges de la sûreté de wilaya et de la mouhafadha… (El
Moudjahid, 20.6.88). Pour ce qui est du secondaire et du technique, la
wilaya enregistre 5 291 élèves répartis à travers 11 lycées et 4
technicums. (El Moudjahid, 24.9.90). Au moment de l’ouverture d’un de
nos centres universitaires, on n’a pas trouvé mieux que de faire appel à
des enseignants de technicum. (Algérie-Actualité, 2.8.94). Un nouveau
technicum d’une capacité d’accueil de 3 000 élèves dont 1 000 en
internat, vient d’être ouvert à Ouled Rechach (Khenchela). (Liberté,
25.10.95). Infrastructures scolaires. […] C’est le cas du technicum de
Dahmouni qui a phagocyté une vaste terre agricole, réalisé à proximité
du lit d’un oued et d’un … cimetière. (El Watan, 10.11.99). Ouargla.
Portes ouvertes sur l’enseignement technique. [Titre] Cette manifestation
culturelle est désormais une tradition à perpétuer pour l’académie de
Ouargla et les technicums rattachés. (El Watan, 19.3.00).

91TERBOUCHE, TARBOUCHE (de l’arabe) n. m. Vieilli mais


disponible. Calotte rigide et tronconique en feutre rouge ornée d’une
mèche noire que portent les hommes pour sortir. Mais la véritable figure
de proue, ce sont les quarante majorettes du gouvernorat du Grand-
Alger. Des petits bouts de choux, tout de rouge vêtus, coiffés du
terbouche de même couleur. (El Watan, 20.1.00).

92Com. Attesté ds Lanly, Duclos, 1991.

93TFAL, TFEL (de l’arabe dialectal) n. m. Spécialisé. Argile utilisée


comme shampooing ou masque de beauté. Au hasard, ma maman a
trouvé du tfal et du henné. (Ben Mansour, 1990, 114). Le tfal rend les
cheveux lisses et brillants. Il les raidit légèrement, facilitant ainsi la
coiffure. Il est aussi utilisé pour les soins du corps. (Le Matin,
12.2.92). En Afrique du Nord, il existe une terre saponifère utilisée à cet
effet depuis l’antiquité. On l’appelle tfal en Tunisie et dans l’Est algérien
ou encore rassoul au Maroc et dans le reste de l’Algérie. (Le Matin,
13.2.92). Elle dirigeait les masseuses, Taos et Dhahbya, qui prenaient
pour puiser l’eau, les savons mous et noirs, les dépilatoires cachés dans
des boîtes argentées et superposées, […] le tfel. (Mouzaia, 1994, 51).
V. GHASSOUL.

94T’FOUH, TFOU interj. Disponible, oral surtout. Onomatopée


évoquant le bruit du crachement. Ici, il ne s’agit que d’une manière
opportuniste de donner et de recevoir. Tfouh ! tfouh ! (Algérie-Actualité,
27.9.84). « T’fou ! Où suis-je ? » (Aïder, 1984a, 24). Tfou,
keddaba ! (Achir, 1997, 14). T’fouh ! espèce de crapule ! (oral).

95THAWABITE, TAWABITE, THAOUABITE, TAWABIT (de


l’arabe) n. m. Disponible. Constante en matière de culture, de politique
ou de religion. Sous couvert de la restructuration pour une meilleure
efficacité économique, le secteur public a été démantelé avec la
bénédiction de ceux qui ont été à l’époque boumedieniste des défenseurs
acharnés des constantes (thaouabite). (El Acil, 10.1.93). Ce sont les
fameuses « constantes » (thawabite) clamées dans les discours et les
textes fondamentaux, 30 ans durant, en souvenir d’un vers d’Ibn Badis :
« Le peuple algérien est musulman, et à l’arabisme il s’apparente. » (El
Watan, 26.3.93). Et ce vécu est marqué par une référence à l’Islam, à
notre culture, à l’amazighité, à un certain nombre de références
essentielles de notre identité qu’eux appellent « Thawabite ». (El
Moudjahid, 21.4.93). Aujourd’hui, la question des fameux tawabites
(constantes) a été élevée au rang de leitmotiv. (L’Opinion, 21.4.93). De
quoi balayer tout sur son passage, le président, les trabendistes, la loi,
les juges et les sempiternels « thawabites ». (El Acil,
19.10.93). Défenseurs devant l’Éternel du parti unique et de ses tawabits,
M. Berrim est apparemment un mauvais repenti. (Le Matin, 9.10.98).

96Com. L’Islam, la langue arabe et la plateforme de Novembre 1954


constituent les principaux thawabites, ces constantes et principes
immuables qui fondent le discours idéologique de l’État algérien depuis
l’indépendance.

97THIOUIZA V. TOUIZA.

98TIFINAGH, TIFINAR, TIFFINAGH n. m. Disponible, intellectuels.


Écriture berbère ancienne. Cette visite scientifique et pédagogique a
permis de sensibiliser la cinquantaine d’élèves (lycées et CEM)
sur […] les sites géologiques et culturels (gravures et peintures
rupestres, monuments funéraires, écriture du lybico-berbère et du
tifinagh). (El Acil, 17.5.96). Les revues spécialisées viennent de faire état
de la première version informatique du tifinar, l’écriture utilisée par les
Touaregs, qui sera disponible prochainement pour toutes celles et tous
ceux voulant utiliser cette police de caractères sur leurs micro-
ordinateurs. Cette fois, c’est carrément la première version de l’écriture
tifinar qui voit le jour. (Le Matin, 21.7.96). Au fin fond du Sud, […] site
historique de la Roche bleue, où l’on peut admirer à volonté, sculptée à
même la roche, la plus belle déclaration d’amour en tiffinagh. (El Watan,
3.1.00).

99Com. Le choix du système graphique à promouvoir pour les dialectes


berbères est l’objet de conflits à la fois techniques et politiques. Le
tifinagh bénéficie de son ancienneté mais est considéré par les spécialistes
comme approximatif.

100TIMECHRET, TIMCHRADH, TIMCHRET (du berbère) n. f.


Spécialisé, vieilli, écrit. Sacrifice religieux de tête(s) de bétail. Nos
tamens seront responsables devant Dieu […] Bon gré, mal gré, il y a
réunion du village pour une timchret purificatrice […] Il faudrait peut-
être supprimer les timchradh pour s’occuper de l’urbanisme. (Feraoun,
1968, 56). La « timechret » avait lieu sur l’aire à battre du champ de
Salah. Quelle Timechret ? s’étonna à son tour Amrane. (Achour, 1971,
53). Nous aurons une timechret cette année […] Je me souviens surtout
du jour de la timechret. (Mammeri, 1978a, 93).

101TINDI, TINDÉ (du berbère) n. m. 1. Spécialisé. Instrument de


musique à percussion utilisé par les Touaregs. Le tindi, confectionné à
partir d’un tronc d’arbre taillé en fuseau à l’extérieur et creux à
l’intérieur, il devient accessoire domestique ou instrument de musique
selon les circonstances […] Instrument particulier des Touaregs, le tindi
possède une double utilité : il peut servir de cuvette de pilon ou il peut
égayer les occasions de réjouissance. Il suffit pour cela d’en recouvrir
l’ouverture d’une peau de chameau bien tendue et mouillée qui sera
frappée par les femmes, allègrement et à mains nues. (El Moudjahid,
18.4.85).

1022. Spécialisé. Chant ou danse des femmes touarègues exécutés au son


du tindi. Des femmes à la peau brune et au regard intense, assises sur le
sable chaud, chantent le tindi, une musique de chez nous. (Algérie-
Actualité, 23.6.83). Une targuia apparemment de haute lignée cherche
un jerrican pour entamer un éventuel tindi. (Algérie-Actualité,
3.5.84). Sous la voûte étoilée, les victimes de la sécheresse prennent leur
revanche sur le sort. Ils dansent le « tindi ». (El Moudjahid,
28.11.84). Le chant tindé se présente sous la forme d’un chant solo
accompagné par un chœur, un tambour et des battements de mains. Son
nom « tindé » est celui du mortier de bois dans lequel on pile
traditionnellement le mil et devient tambour quand on le recouvre d’une
peau de chèvre tendue. Il s’est ensuite étendu au chant lui-même, au
genre musical ainsi qu’à la réunion musicale qu’il provoque. (Mecheri-
Saada, 1990, 116). Je sais qu’il y a des programmateurs, qui veulent me
faire plaisir, mais qui ne connaissent pas mes goûts en matière musicale.
Alors prenez un crayon et notez : andalou, haouzi, chaâbi, tindi, chants
berbères. (L’Hebdo libéré, 25.6.91).

103Com. Attesté ds IFA (sous la forme tende, tande). V. CHAÂBI,


HAOUZI, SEBIBA, ZENDALI.
104TIPASER (du nom de la ville de villégiature Tipasa + suff. -er) v.
intr. Disponible. Passer ses vacances d’été au bord de la mer, à Tipasa…
ou ailleurs. Venez tipaser. On tipase mieux quand on est en groupe. (El
Moudjahid, 16.11.83). Allons tipaser ! (Horizon 2000, 21.3.86). Moi …
les vacances, je tipase. (Liberté, 31.7.96). Donc, les estivants qui
viendront « tipaser » cet été ne le regretteront sûrement pas. (Liberté,
18.4.96). J’ai tipasé en famille. (oral).

105TIRE-BOULETTES n. m. Disponible. Lance-pierres, fronde. Avec


des tire-boulettes de précision ils surprirent les oiseaux encore engoncés
dans leur sommeil. (Boudjedra, 1979, 182). […] la chasse acharnée aux
oiseaux à coups de rets et de tire-boulettes. (Algérie-Actualité,
22.8.85). Un enfant commet un vol, blesse un camarade de classe avec un
tire-boulettes. (El Moudjahid, 6.11.85). Comment peuvent-ils aspirer à la
lumière, eux qui la cassent avec des tire-boulettes ? (El Moudjahid,
6.8.86). […] tous les pères de familles, qui du haut de la petite colline de
Sidi-Mbarek (quartier d’El Harrach) montaient la garde chaque soir et à
tour de rôle, armés de couteaux de cuisine et de… tire-
boulettes. (L’Hebdo libéré, 6.12.94). Des enfants louches les suivent du
regard avec des envies plein les yeux de les descendre au tire-boulettes.
(Sansal, 1999, 174).

106Com. Attesté dans Duclos, 1991.

107TMANCHIR, T’MANCHIR (de l’arabe) n. m. Disponible.


Médisance, dénigrement des personnes. T’manchir des lecteurs. (El
Manchar, 7.7.91). Les syndicalistes sont spécialisés dans le t’manchir
des cadres de l’entreprise. (El Acil, 25.10.94). La rubrique t’manchir
revient ! Elle est ouverte à tous les lecteurs et lectrices estimant avoir
quelque chose à dire. (El Manchar, 15.11.95). Nul n’échappe au
tmanchir des gens. (oral). Cessez de faire du t’manchir, s’il vous
plaît ! (oral).

108Com. Néologie des années 1990, le terme est construit sur le verbe
arabe signifiant « scier ».

109TOB V. TOUB.

110TOLBA(S) pluriel de TALEB. Chez les morts, les « tolba » récitent


à haute voix le Coran. (El Moudjahid, 1.1.78). Les tolbas entonnaient le
chant d’adieu… (Djebar, 1983, 147). Les voix de dizaines de tolba-
disciples se fondent en de douces et lancinantes mélopées. … Elles sont
heureuses d’entendre exalter le saint nom du Seigneur par le chœur des
tolba. (Algérie-Actualité, 8.6.93). […] après avoir écouté des versets du
Coran récités par les tolba de la région réunis pour la circonstance. (La
Tribune, 18.1.96). Ces membres de la tribu qui ont été tués étaient des
tolbas. La soldatesque française fit s’écrouler la médersa dont les ruines
existent toujours. (El Watan, 8.2.00). Cette délivrance fut célébrée avec
ferveur dans les rues d’Oran par d’impressionnants défilés organisés par
les oulémas, tolbas, dignitaires, tribus avoisinantes, fantassins et
cavaliers de l’armée libératrice du bey Mohamed El-Kebir. (Quotidien
d’Oran, 28.2.00). L’Hadj El Hannafi est aujourd’hui considéré chez les
« tolbas » et les maîtres de « zaouïas » en Kabylie comme le symbole de
la zaouïa Rahmania dans la région. (Quotidien d’Oran, 29.1.01).

111TOUAREG(S), TOUARÈGUE(S) 1. pluriel


de TARGUI. L’incubation, coutume berbère très ancienne, est encore
pratiquée de nos jours par les Touaregs. (El Moudjahid, 18.5.77). Chez
les Touareg, les traditions ne sont pas, contrairement à ce que l’on croit,
figées. (Ruptures, 10.2.93). Treize Touareg ont été tués dimanche par
l’armée malienne lors d’une attaque d’une « base rebelle » dans le nord
du Mali. (El Watan, 16.11.94). Selon les accords de paix signés en 1994,
l’opération du cantonnement doit concerner environ 1 600
Touareg. (Liberté, 12.1.96). Le public pourra ainsi prendre connaissance
des armes et du matériel militaire utilisés par les Touaregs depuis des
temps immémoriaux. (El Acil, 17.5.96). TAFSIT 97, fête du printemps
chez les Touareg de l’Ahaggar, organisée du 27 au 30 avril, est appelée
à devenir un événement hautement touristique. (Liberté, 5.5.97).

1122. adj. Disponible. Relatif aux Touaregs. Nous nous rendons au


tombeau de Tin Hinan, dite la déesse bleue, reine des Kel Rela, une des
tribus touareg. (Révolution africaine, 4.5.77). Là aussi on retrouve dans
une vignette où sont représentés deux « guerriers touareg », en somme
une réduction des personnages. (El Watan, 11.12.95). Et à l’hôpital, si
l’on est Touarègue, Noire ou Blanche, et que l’on n’a aucun appui,
aucune recommandation, aucun ami médecin, notable ou gradé, l’on n’a
droit à aucun égard. (La Tribune, 4.1.96). La supposée tombe de la reine
touarègue Tin Hinane, juchée sur une colline à l’entrée d’Abalessa, ne
draine plus les touristes curieux. (El Watan, 9.1.96). C’est hier qu’a
débuté dans la capitale du Hoggar la fête de « Tafsit », le printemps
touareg. (El Watan, 23.5.96). Des articles sur l’enseignement de la
langue touarègue dans l’Ahaggar et dans l’Ajjer […]. (El Watan, 7.2.00).

113Com. Attesté ds Lanly, PR, Larousse.

114TOUB, TOB (de l’arabe) n. m. Courant. Sorte de pisé, matériau de


construction traditionnel utilisé dans les régions sahariennes, fait de
briques en terre argileuse mélangée avec de l’eau et du chaume. Que
n’ont pas fait les « Benaïs » du Sud avec le simple « toub » sans autre
liant que la glaise de celui-ci et des poutres en tronc de
palmier ? (Bouchama, 1966, 53). L’habitat dans cette ville est appelé à
se développer et les constructions en dur remplaceront les maisons en
toub. (El Moudjahid, 27.5.77). Les maisons en dur et toit de tuiles rouges
ont remplacé le « toub » et les tôles ondulées. (El Moudjahid,
3.2.83). Une construction en tob, basse, s’abritait sous de grands pins
qui la dissimulaient presque entièrement. (Mokeddem, 1992, 80). Et ce
n’est pas le parpaing qui peut avoir les vertus du toub, parole des gens
de ksour. (La Tribune, 23.1.96). Le douar de Sidi Amar construit en
« toub », terre stabilisée, a reçu plus d’un mètre d’eau. Les familles de
ce douar ont été évacuées dans une école. (Le Matin, 8.2.1996). Les murs
en toub (terre séchée) sont très fragiles. Ils s’effondreront
facilement. (Charef, 1998, 13). V. DUR (EN -).

115TOUBIB, T’BIB, TABIB (de l’arabe) n. m. (féminin : toubiba).


Disponible. Médecin, docteur. Le médecin du travail – une femme – est
également présent […] Cela n’empêche pas le toubib d’obliger
l’ensemble du personnel à se présenter régulièrement à des visites. (El
Moudjahid, 18.11.77). « Tu es mort, a dit le toubib, retourne dans ton
trou ! » (Taïbi, 1982, 11). La couverture médicale du tournoi est assurée
par quatre médecins. Jusque-là, fort heureusement, les « toubibs » n’ont
pas eu à intervenir. (El Moudjahid, 23.2.84). Le tabib roumi examine
Yasmine. (Mokeddem, 1992, 159). Pour bien des toubibs rencontrés, il y
a lieu, lorsqu’on évoque la question de l’ulcère « de ne pas confondre la
conséquence et la cause ». (Algérie-Actualité, 10.8.93). Dans
l’atmosphère formolée de son réduit, le toubib bataillait avec une grille
de mots-croisés. (Sansal, 1999, 66). Ceci sans compter les malades qui
sont pris en charge par les polycliniques de la périphérie et les cabinets
des médecins privés où parfois il faut attendre des heures pour avoir
accès au toubib. (El Watan, 14.1.00).
116Com. Le terme n’a pas les connotations argotiques ou familières que
lui donnent les dictionnaires de français standard. Attesté ds Lanly 1970,
Duclos 1991, GR, TLF, IFA.

117TOUBIBA, T’BIBA, TABIBA féminin de TOUBIB. – Qui es-tu ?


La « tbiba » ne reçoit personne à la maison… va à l’hôpital ! (Lemsine,
1978b, 38). Ces illettrées en haïk vous diront que quelque chose a changé
en leur enfant depuis qu’il va chez la « tbiba ». (Révolution africaine,
11.5.84). Ils rapprochent une chaise du bureau, s’y effondrent, soufflent,
grimacent : « Tabiba, j’ai une porte qui s’est soudain ouverte là » (ils
me montrent la poitrine ou le dos). (Mokeddem, 1993, 125).

118TOUCHIA, TWISHYA ( d e l’a r a b e ) n. f. (pluriel : touchiate)


Spécialisé. Ouverture instrumentale, prélude musical rythmé qui précède
l’exécution de la nouba. […] la disparition des composantes de la
musique traditionnelle, mise à part la touchia. (El Moudjahid, 1.7.77).
[…] la Nouba Ghrib Zidane qui contenait une touchia bien connue. (El
Moudjahid, 23.4.86). C’est aussi son lointain passé qu’il se remémorera
en fredonnant une « twishya ». (Ben Mansour, 1990, 78). Chaouli a
interprété tour à tour ya habibi ya Mohamed, après une touchia
traditionnelle. (La Tribune, 27.12.99). V. ANDALOU, NOUBA.

119TOUCHIATE pluriel de TOUCHIA. Une vingtaine de touchiate –


musique sans paroles – seront éditées en 1984. (Révolution africaine,
10.2.84).

120TOUIZA, TOUISA, THIOUIZA, TWIZA (de l’arabe dialectal) n.


f. Courant. Travail collectif, système d’entraide entre voisins et parents,
traditionnel à la campagne. Il aimait accompagner son père lorsque la
« touiza » mobilisait les habitudes du village pour la moisson du
riche. (Achour, 1975, 31). C’était jour de « touiza » chez tante Aïcha
pour préparer la laine qui servirait à tisser les burnous et les
couvertures… (Lemsine, 1978b, 140). Il y a des actions opérées en
faveur des petits paysans qui ont opté pour le groupement d’entraide
paysanne […] une forme de « touiza moderne » en quelque sorte qui fait
que les travaux sont collectifs. (El Moudjahid, 8.11.82). Souvent, c’était
tout le village, hommes et femmes, qui allait travailler pour le compte
d’un fellah incapable de mener à bien sa récolte tout seul. C’était la
thiouiza, une coutume fraternelle de la montagne kabyle. (Ouahioune,
1984b, 195). La « touisa » n’est pas une image folklorisante, c’est une
noble philosophie qui découle d’un système de valeurs grandement
humaines. (Horizon 2000, 6.2.86). La solidarité est un sentiment profond,
une valeur ancestrale chez le peuple algérien, on le voit à travers la
touiza. (El Acil, 3.3.93). Ils avaient même proposé d’organiser une touiza
pour s’aider mutuellement à réaliser des habitations pour leur
famille. (El Watan, 20.7.97). V. VOLONTARIAT.

121TOURNEUR DE VESTE (calque de l’arabe dialectal). n.


Disponible, oral surtout, connotation négative. Opportuniste. Cependant,
il est extraordinaire de remarquer combien ce système est capable de
produire des spécimens de « tourneurs de veste » qui ont des capacités
énormes de s’adapter à toutes les situations. (El Watan, 10.4.94). Les
tourneurs de veste gagnent à chaque coup. (oral). V. KHOBZISTE.

122TOZ (de l’arabe) interjection. Disponible, oral surtout, fam. Sert à


exprimer l’étonnement, le mépris ou le mécontentement : zut. Toz !
Encore un retardataire ! (Aïder, 1984a, 14). Toz, ces médecins… La vie
est entre les mains du Créateur, mon enfant. (Khelladi, 1997, 101). Toz !
encore une augmentation des charges téléphoniques ! (oral). Toz, on doit
encore l’attendre. (oral). Toz ! qu’est-ce que tu peux bien lui
dire ? (oral).
123Com. Attesté ds Lanly 1970.

124TRABENDISATION (de trabendo + suff. -isation) n. f. Disponible,


intellectuels. Transformation de l’économie du pays en trabendo. Il y a eu
une complicité extraordinaire entre le pouvoir Chadli et le FIS, pour
faire peur aux gens et justifier son maintien au pouvoir, mais surtout
pour utiliser le FIS contre tous ceux qui étaient contre la trabendisation
du pays. (Le Jeudi d’Algérie, 16.7.92). La trabendisation de l’économie
de l’Algérie a fait naître une caste de bourgeois sans foi ni loi à l’égard
du citoyen. (oral). V. TRABENDISER, TRABENDISME,
TRABENDISTE, TRABENDO.

125TRABENDISER (de trabendo + suff. -iser) v. tr. dir. Disponible,


intellectuels. Transformer en trabendo. Mais le citoyen qui déclare ne
plus l’être, qui ne reconnaît ni destour, ni oualou, lui l’informel qui fait
dans l’informel, qui trabendise tout et plus, qui gruge tout le
monde. (Alge r républicain, 15.12.91). Cette multinationale anonyme
trabendise via notre sol. (Le Jeudi d’Algérie, 23.7.92). On trabendise
toute marchandise par nos frontière s. (oral). V. TRABENDISATION,
TRABENDISME, TRABENDISTE, TRABENDO.

126TRABENDISME (de trabendo + suff. -isme) n. m. Disponible.


Pratique du trabendo, du commerce illicite, fondé en particulier sur
l’introduction frauduleuse de marchandises. De fait, le trabendisme est
entré par effraction dans la quotidienneté et en toute
quiétude. (Révolution africaine, 28.7.89). Le « trabendisme », ce
néologisme à l’apparence innocente est l’antithèse de l’État. (Algérie-
Actualité, 31.5.90). Les petits trafics d’influence, le petit trabendisme, la
petite corruption ne sont que des diversions consciemment organisées
pour brouiller les cartes, estime un industriel. (Le Jeudi d’Algérie,
23.7.92). Les trois principaux inculpés présents à l’audience sont […] R.
R., 18 ans, sans emploi, mais versant dans le trabendisme. (El Acil,
17.3.93). On verrait mal un psychologue, quelle que soit sa spécialité,
plonger dans le trabendisme juste pour subvenir à ses besoins vitaux. (Le
Matin, 2.6.94). À lui seul, il symbolise le cratère vermoulu de tout le
système scolaire, et c’est ce taux-là qui constitue la rampe de lancement
du chômage, de la délinquance, du trabendisme de pacotille, de toutes les
déviations et de tous les fléaux, avec leur point culminant qu’est le
terrorisme. (L’Authentique, 27.5.96). Le trabendisme algérien
s’internationalise. De Dubaï et d’ailleurs. Le marché informel algérien
est tellement porteur que certains opérateurs n’ont pas hésité à s’y
implanter. (Liberté, 7.2.00).

127Com. Néologisme des années 90. V. TRABENDISATION,


TRABENDISER, TRABENDISTE, TRABENDO.

128TRABENDISTE (de trabendo + suff. -iste) 1. n. Courant.


Trafiquant, personne qui se livre au trabendo, au trafic illicite de
marchandises de contrebande. Le wali nous affirme que « les instigateurs
sont pour la plupart des “trabendistes ”, des trafiquants de tous bords et
autres repris de justice notoirement connus. » (El Moudjahid,
12.5.89). C’est la nouvelle technique utilisée par les trabendistes pour
faire passer leur marchandise sans risquer d’être pris. (Horizons,
31.7.90). Mais en Algérie, ce qui est injuste, c’est le fait de savoir qu’un
cardiologue se retrouve sans logement ou sans voiture alors que le
trabendiste roule en « Golf ». (Algérie-Actualité, 3.8.93). Comme des
centaines de jeunes des quartiers pauvres d’Alger, il s’était retrouvé
dans une filière peinarde de contrebande en vêtements, avec pour
mission le transport de gros sacs en provenance directe du Sentier à
Paris. Grâce au piston d’un trafiquant, il obtint son premier passeport
sans problème. Il pouvait devenir « trabendiste ». (Allouache, 1995,
78). Tous ces produits qui inondent nos marchés, du chewing-gum
égyptien à la savonnette turque, font la fortune des importateurs et des
gros trabendistes mais n’assurent rien au pays. (El Manchar,
15.11.95). D’ailleurs, pour d’aucuns, la fonction d’importateur est
synonyme de trabendiste légal dont le seul souci réside dans le gain
rapide et à moindre risque. (L’Authentique, 31.8.97). Quand les
passerelles portuaires et aéroportuaires deviennent perméables, la devise
flambe. C’est la libre circulation des trabendistes. (Liberté, 23.3.00).

1292. adj. Courant. Qui se rapporte aux activités du trabendo. Ce marché


à ciel ouvert, le plus important que connaisse Oran, cède le pas l’après-
midi à l’activité trabendiste. (Révolution africaine, 28.7.89). Issu d’une
famille « trabendiste », il a appris la débrouille dès
l’adolescence. (L’événement, 14.7.91). […] le camarade trabendiste
fortuné à qui la vie a souri. (Liberté, 24.1.93). Et ce ne seront pas les
anonymes bureaucrates d’un dirigisme moribond qui pourront faire face
aux cohortes trabendistes et intégristes. (L’Hebdo libéré, 28.4.93).
[…] loin des problèmes et des risques de plus en plus grands à cause
d’une situation qui se compliquait et des patrons trabendistes qui se
livraient une bataille acharnée pour dominer le marché. (Allouache,
1995, 74).

130Com. Néologisme des années 90. V. TRABENDISATION,


TRABENDISER, TRABENDISME, TRABENDO.

131TRABENDO (de l’espagnol) 1. n. m. Courant. Trafic, contrebande,


commerce illicite, fondé en particulier sur l’introduction frauduleuse de
marchandises en provenance de l’étranger. Maghnia. La plaque
tournante du « trabendo » avec le Maroc. (Algérie-Actualité,
22.3.84). Le trabendo, ça ne peut pas durer indéfiniment. (El Moudjahid,
12.5.89). Trabendo, à force d’être manipulé, il est devenu anesthésiant
mot fourre-tout. Il désigne à la fois la vente à la sauvette de cigarettes
américaines produites par la S.N.T.A. et l’exportation clandestine de
moutons de la steppe vers le Maroc. Il nomme le marché aux fripes via
Marseille et Barcelone et le marché de l’électroménager. Il recouvre la
totalité du marché parallèle. (Algérie-Actualité, 31.5.90). À l’exception
du trabendo transfrontières (Maroc, Tunisie, Niger, Mali), le trabendo
du vêtement, surdimensionné, est l’écran de fumée idéal qui masque les
gros intérêts qui tirent des bénéfices énormes de l’importation de sucre et
de café. (Le Jeudi d’Algérie, 23.7.92). Le ministre rejette, en outre, l’idée
émise par certains selon laquelle le « trabendo » (contrebande) peut être
une « solution au chômage et aux situations de pénurie ». (El Moudjahid,
7.11.93). Le trabendo mafieux est celui qui détourne du circuit officiel de
distribution une partie des biens produits ou importés par le pays pour
les revendre au marché noir. […] À côté du trabendo mafieux, il y a le
trabendo classique. Après avoir été longtemps pourchassé, il a
maintenant pignon sur rue. […]. Il y a aussi le trabendo crapuleux. Il
repose sur la vente d’articles volés. (Achir, 1997, 118). La libéralisation
du commerce a ouvert des horizons nouveaux. Les relais du trabendo se
sont essoufflés devant les « gros du marché à porter » agressifs et mieux
organisés, qui alimentent les commerces d’Oran et de sa région. (El
Watan, 5.1.00).

1322. n. Disponible. Personne qui s’adonne au trabendo. L’alliance petit


trabendo, gros mafiosi va fonctionner comme un véritable blocage à tout
changement. (Le Jeudi d’Algérie, 23.7.92). Il est trabendo et habite
l’appartement de sa femme. (Confidences, 26.4.93).
1333. adj. Disponible. Par apposition, qui se rapporte au
trabendo. Quelques centaines de mètres plus loin. Un coin trabendo. Les
affaires continuent. (Le Jeudi d’Algérie, 2.7.92). Le comportement
trabendo gagne du terrain dans les mentalités des jeunes écoliers
algériens. (oral). V. TRABENDISATION, TRABENDISER,
TRABENDISME, TRABENDISTE.

134TRADITIONNALISATION n. f. Disponible. Retour à la tradition,


aux valeurs traditionnelles. […] ce retour à la tradition, cette
traditionnalisation de la société, culte de ce qu’il y a de pire chez les
ancêtres… (El Acil, 18.1.93). Ces élus ont voulu faire de la
traditionnalisation un leitmotiv, ils ont échoué lamentablement car le
peuple algérien est épris de modernité. (Liberté, 12.11.93).

135TRANS (ELLIPSE DE ROUTE TRANSSAHARIENNE)


V. TRANSSAHARIENNE. Comment oublier la « Trans » et son
cortège d’exploits ? (El Moudjahid, 9.1.84). La trans est l’œuvre de
Boumediene et des jeunes du service national. (oral).

136TRANSHUMANT, TRANS-HUMANT n. m. Disponible mais


vieilli, écrit surtout, intellectuels. Personne qui accompagne les troupeaux
lors de la transhumance. Les transhumants y amenaient leur bétail
pendant la sécheresse de l’été. (Bouzar, 1983, 274). La quasi- totalité des
accusés sont des trans-humants donc des maquignons, des propriétaires
de troupeaux ou simplement des bergers. (El Moudjahid, 26.2.85). Un
homme venu de loin, annonçait […] aux transhumants des tribus du
Sud […] que le temps était venu de se repentir. (Sansal,1999, 94). Il
s’agit d’un groupe de transhumants, en provenance de Aflou, wilaya de
Laghouat, qui serait à l’origine de la contamination. (El Watan, 3.3.01).
137TRANSSAHARIENNE, TRANSAHARIENNE n. f. Disponible.
Route transsaharienne joignant le nord à l’extrême sud du pays, reliant
Alger à Tamanrasset. Devenue d’accès facile grâce à la transsaharienne
depuis 1978, la capitale du Hoggar se trouve aujourd’hui à trois heures
de vol seulement d’Alger. (El Djeich, 2.4.83). L’histoire de Tamanrasset,
c’est avant tout l’histoire de la transsaharienne. (Algérie-Actualité,
1.3.84). Depuis la Transsaharienne, le voyage vers l’Afrique ne fait plus
frémir personne. (El Moudjahid, 23.5.86). Boumediene fait de l’armée le
maître d’œuvre de grands projets comme la route transsaharienne de
1500 kilomètres, amenant l’asphalte aux confins du sud de
l’Algérie. (Hassan, 1996, 63). La transsaharienne reliant l’Algérie au
Niger et au Mali est aussi un facteur de propagation des maladies
transmissibles dont le paludisme et le sida. (Liberté, 17.2.00). La
transaharienne n’est pas seule à l’origine de la situation qui prévaut.
Quelque 45 000 clandestins transitent régulièrement par
Tamanrasset. (El Watan, 28.3.00).

138Com. Terme quelquefois abrégé en TRANS.

139TRENTENAIRE n. m. Disponible, écrit surtout. Trentième


anniversaire. Scènes émouvantes d’enfants célébrant le trentenaire du
1erNovembre. (El Moudjahid, 30.10.84). Trentenaire de la Révolution. (El
Hadef, 4.11.84).

140TRÊVISTE, TRÉVISTE n., adj. Courant, écrit surtout. Terroriste


qui a déposé les armes pour bénéficier d’une trêve dans les combats,
prélude à une amnistie. Des trêvistes de l’A.I.S. et des repentis du GIA
déposent les armes aujourd’hui. (La Tribune, 16.12.99). Les premières
vagues de trêvistes de l’AIS ont quitté hier leurs camps éparpillés à
travers plusieurs points de la wilaya de Jijel. (El Watan,
18.12.99). Enfin, les trois « émirs » trêvistes refusent « de combattre les
irréductibles du Groupe Islamique Armé (G.I.A.) ou toute autre faction
qui a rejoint le maquis dans le passé ». (El Watan, 6.1.00). Il est
notamment question d’« amnistie générale en faveur de tous les groupes
trêvistes » et de « l’arrêt définitif des hostilités par l’AIS et les groupes
ayant rejoint la trêve ». (La Tribune, 4.1.00). L’AIS qui, depuis 1997, est
devenue « trêviste » et de surcroît circonscrite dans des lieux bien
déterminés, peut-elle aujourd’hui tergiverser ? (El Watan, 10.1.00). Un
« trêviste » veut nous voir. Le moudjahid est prêt à vous parler. C’est
l’un des trois frères C. engagés dans l’Armée islamique du salut (AIS)
officiellement dissoute par Madani Mezrag. (Le Matin, 15.1.00). Ce
massacre intervient juste après la reddition de la totalité des trêvistes
cantonnés dans les sept camps que compte la wilaya. (La Tribune,
28.1.00).

141TRIPARTITE n. f., adj. Disponible. Rencontre de trois partenaires


(p. ex. syndicats, gouvernement, patronat). Une tripartite est en train de
plancher sur cette question à Genève. (Liberté, 24.9.96). Les
négociations UGTA-Gouvernement ont déjà abouti lors de la dernière
tripartite à des résultats probants. (El Watan, 26.1.97). « Visiblement, ils
avaient reçu pour mission de nous amuser et de gagner du temps », peut-
on lire dans l’article consacré à la tripartite. (Liberté, 8.4.97). L’UGTA a
marqué des points […] en initiant le dialogue tripartite […]. (Liberté,
29.1.01). La Confédération algérienne du patronat fait partie aussi des
groupes de travail constitués à l’issue de la dernière
tripartite […]. Certaines organisations sont sollicitées par le
gouvernement (groupe de travail tripartite, comité de pilotage pour la
réforme du secteur bancaire). (Liberté, 31.1.01). Ils rappellent la
tripartite de 1992 que Sid Ahmed Ghozali, alors chef de gouvernement,
avait inaugurée. (Quotidien d’Oran, 7.2.01). Certains évoquent la tenue
d’une tripartite vers la fin mars. (Liberté, 18.2.01). L’augmentation des
salaires minimums (SMIC), décidée lors de la dernière tripartite, n’a pas
non plus été évoquée. (Quotidien d’Oran, 21.2.01).

142TROLLEY n. m. Disponible. Autobus. Il n’avait même pas 60


centimes pour le trolley. (El Moudjahid, 23.11.77). Je prends le trolley,
parfois un taxi qui me dépose à Birmandreis. (Khiari, 1981, 15). Partout
les trolleys sont bondés, les taxis sont pris d’assaut. (El Moudjahid,
12.7.83). Cette masse humaine densifiée dans un « trolley » soulage la
circulation certes… (Horizon 2000, 21.2.86). Dans la rue, les trolleys,
les cafés, les discussions vont bon train… (El Moudjahid, 15.7.86).

143Com. Le terme qui s’appliquait autrefois à de véritables trolleybus


continue à s’employer pour désigner les autobus de la capitale.

144TÛBÛ’ pluriel de TAB. À chaque nouba est assimilé un mode


déterminé, c’est-à-dire un tab’. Il existait plusieurs modes ou tûbû’. (El
Moudjahid, 15.1.86).

145TWISHYA V. TOUCHIA.

146TWIZA V. TOUIZA.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


‘UCHOUR, ’UCHUR V. ACHOUR.

2‘UD, ÛD V. OUD.

3‘UDISTE, UDISTE V. OUDISTE.

4ULÉMA V. OULÉMA.

5UMMA V. OUMA.
6UMMI V. OUMMI.

7UMMIA V. OUMMIA.

8UMRA V. OMRA.

9UNICITÉ n. f. Disponible, milieux intellectuels. Caractère unique. Les


participants ont notamment mis l’accent sur l’unicité du Parti du Front
de libération nationale… (El Moudjahid, 17.2.85). Cette démarche
n’exclut pas le rôle de coordination et d’arbitrage de l’autorité centrale
en vue de sauvegarder l’unicité, la cohérence et la discipline du plan
national de développement. (Deuxième plan quinquennal, Rapport
général, 1985). Au vieux réflexe frileux de consolidation de l’unité et de
l’unicité nationales se substitue dans le monde en gestation un
mouvement d’élargissement et d’adaptation à la condition du savoir. (El
Watan, 12.4.94).

10UNIÈME adj. Disponible, oral surtout. Énième. Je vous le répète pour


la unième fois. (oral). C’est la unième fois que vous venez en
retard. (oral).

11UNIQUE (L’-) n. f. Disponible. Chaîne de télévision algérienne. Le


sort des tortues de la côte japonaise et celui des suicidés de cette secte
suisse ont trouvé une place dans les journaux de l’unique mais pas le sort
des journalistes algériens. (El Watan, 7.10.94). Ainsi l’unique, grosse
consommatrice de symboles staliniens à la sauce tomate, pourra parler
de plaques tournantes. (Sansal, 1999, 385). Le traitement réservé mardi
par l’ENTV dans son J.T. de 20 h aux débats et à l’adoption du budget de
fonctionnement du Sénat pour l’an 2000 n’était pas du goût du président
du Conseil de la Nation, Bachir Boumaza. En effet, dans une lettre
envoyée hier au ministre de la Communication et de la Culture, ce
dernier a élevé une protestation à travers laquelle il qualifie le compte
rendu de l’Unique de « tendancieux » et de « discriminatoire ». (El
Watan, 28.10.99). Passons aux choses sérieuses, le débat télévisé que
l’unique de là-bas ne retransmettra pas. (El Watan, 19.3.00). Le chef de
protocole du wali de Sétif a, par excès de zèle, empêché les représentants
de la presse écrite de faire leur travail, la caméra de l’unique a eu,
comme d’habitude les privilèges, tous les privilèges. (El Watan,
26.6.00). C’est le dernier journal télévisé du millénaire sur Canal
Afrique. Le DG est apparu à l’écran pour justifier le mutisme de
l’« unique » sur les massacres des lycéens à Médéa. (El Watan, 11.1.01).

12Com. L’appellation s’explique par le fait que la télévision officielle


algérienne ne possède qu’une seule chaîne.

13UNIVERSITAIRE n., adj. Courant. Personne qui fréquente ou a


fréquenté l’université. Les étudiants sont très éloignés du sport. Avec un
effectif de 70 000 universitaires, l’on dénombrait seulement 2 000
pratiquants l’an passé. (L’Unité, 4.1.78). Parmi les athlètes sélectionnés,
certains universitaires et lycéens furent retenus par leurs examens. (El
Hadef, 19.12.82). Universitaire à 14 ans. (El Moudjahid, 21.10.84). J’ai
52 ans, je suis marié et père de 3 enfants dont 2 sont universitaires et un,
lycéen. (El Hadef, 13.4.86). Dans la vie professionnelle, le passage
université-emploi a suscité chez de nombreux universitaires un sentiment
de désillusion. (El Moudjahid, 17.9.86). Cela a donné les taux suivants :
65 % d’universitaires (généralement en 1re année), 25 % de
lycéens… (Algérie-Actualité, 30.10.86). Le cursus noir des
universitaires [Titre]. Sortant de l’université, les jeunes diplômés sont
immédiatement happés par le chômage. Quand ils réussissent à
décrocher un emploi, ils se mettent au travail sans se faire d’illusion
quant à leur régularisation. (El Watan, 27.4.00). Faisant le bilan des
programmes et des contrats de préemploi, le ministre du Travail et de la
Protection sociale fait savoir que 26 179 universitaires et techniciens
supérieurs ont été touchés. Pour un temps seulement, puisque seule une
faible proportion parmi eux a été permanisée, alors que le reste est
retombé dans le chômage. (Liberté, 30.1.01).

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


VALISE V. COMMERCE DE LA VALISE. V.A.R.A., VARA (sigle)
n. m. Vieilli, écrit surtout. Village agricole de la Révolution
Agraire. Cette discussion à bâtons rompus avec les transférés au VARA
de Laâyoune a lieu en présence des autorités. (Algérie-Actualité,
29.9.83). Tous les V.A.R.A. tombent en ruine, depuis longtemps ils ont été
abandonnés. (oral). V. RÉVOLUTION AGRAIRE, VILLAGE
SOCIALISTE.

2VEILLÉE DU QUARANTIÈME JOUR n. f. Disponible. Veillée


mortuaire qui rassemble famille et proches d’un défunt quarante jours
après son inhumation. Les familles parentes et alliées font part de la
veillée du 40e jour. (El Moudjahid, 25.5.90). La veillée du 40e jour aura
lieu aujourd’hui 2 mai au domicile du défunt, Cité la Montagne, Bt. 16,
El-Harrach. (Liberté, 2.5.94). Les familles B.C.D.B, parents et alliées,
informent que la veillée du 40 e jour de leur regrettée C. O. ép. B. aura
lieu le mercredi 1er juin 1994, au 12 rue Youghorta. (El Watan, 31.5.94).
V. VEILLÉE DU TROISIÈME JOUR.

3VEILLÉE DU TROISIÈME JOUR n. f. Disponible, écrit. Veillée


mortuaire qui rassemble famille et proches d’un défunt trois jours après
son inhumation. La veillée du 3e jour aura lieu à Ksar El Boukhari, le
dimanche 23 septembre 1990. (El Moudjahid, 23.9.90). V. VEILLÉE
DU QUARANTIÈME JOUR.
4VENDREDI n. m. Courant. Jour férié et chômé, jour de la grande
prière musulmane. Ne vous étonnez pas, messieurs, si vous voyez un
marchand de légumes rouler en voiture dernier cri, alors que vous n’avez
pas pu acheter un costume pour sortir les vendredis. (El Moudjahid,
15.5.77). Je suis allongé chez moi comme tous les vendredis qui ont
remplacé dimanche. (Djaout, 1983, 22). L’une des fonctions d’un souk el-
fellah est de rester ouvert, même le vendredi quand tout est fermé. (El
Moudjahid, 16.4.84). C’est la loi des commerçants « véreux » et sans
scrupules, ceux-là qui, le vendredi, sont vêtus tout de blanc, et qui, quel
paradoxe, occupent les premiers rangs dans les mosquées pour entendre
la parole divine ! (El Acil, 13.2.94). Ça vient du premier, à l’aplomb de
la célèbre librairie-pizzeria où on trouve de tout, sauf le vendredi, où il
ne coûte rien de pleurer dans son lit de deuil, entouré de ses enfants, en
rêvant des dimanches d’antan. (Sansal, 1999, 182). v. WEEK-END.

5VERT n. m. Courant. Joueur de l’équipe nationale algérienne. Par cette


soirée ramadhanesque, dans un stade tlemcénien à l’heure mondiale, les
« verts » ont maté les Ghanéens, onze étoiles sont nées à Tlemcen, une
ville qui réussit à l’équipe nationale. (El Acil, 28.2.93). À défaut du
Barça, les « verts » se sont contentés en donnant la réplique à Boufarik.
(El Hadef, 10.4.94). Les « verts » bénéficieront de quelques jours de
repos avant de s’envoler pour Valence (Espagne) pour disputer un match
amical. (El Watan, 26.6.94). Des signes de fatigue sont apparus chez les
« verts » lors du troisième match livré contre leurs homologues de
l’Afrique du Sud. (Quotidien d’Oran, 5.2.00). L’équipe nationale a réussi
à se qualifier… Je pense qu’avec un peu plus de maîtrise nos Verts
sauront tirer leur épingle du jeu. (El Watan, 5.2.00). Algérie 1 –
Cameroun 2. Les verts sortent avec les honneurs. (Le Matin,
9.2.00). Algérie 1 – Namibie 0 […] Les Verts, après quelques minutes
d’hésitation, se sont mieux organisés. (El Watan, 27.1.01).
V. FENNECS, VERT ET BLANC.

6VERT ET BLANC n. m. Disponible, milieux sportifs. Joueur de


l’équipe nationale algérienne. Les « vert et blanc » ont impressionné par
leur expérience et leur maturité. (El Hadef, 4.8.85). Les vert et blanc se
sont qualifiés pour la coupe d’Afrique. (oral). V. VERTS.

7VILLAGE SOCIALISTE (AGRICOLE) n. m. Vieilli mais


disponible. Village agricole de la Révolution agraire (réalisé dans le cadre
du programme gouvernemental mille villages socialistes). Ce cinquième
village socialiste de la wilaya comprend 128 logements et tous les
équipements et infrastructures socio-économiques, culturels et
administratifs nécessaires aux nouveaux habitants. (El Moudjahid,
12.5.77). Le village socialiste ne laisse pas indifférent un passager qui
s’y hasarde […] Le passager, loin de se sentir dans quelque village
démuni, est surpris par l’animation qui y règne. (El Moudjahid,
14.7.77). L’érection du village socialiste au cœur du désert signifie la fin
du gourbi et un terme mis à la mentalité du gourbi. (El Moudjahid,
2.2.79). […] au niveau des villages socialistes, la disponibilité en
superficie nette par habitant ne diffère pas grandement des chiffres cités
pour l’habitat urbain. (Benamrane, 1980, 71). C’est un village socialiste,
un nouveau monde, une sorte de naissance sans passé, un enfant dont le
présent est le père, hein ! (Souheil Dib, 1984, 14). Les villages
socialistes (Note : ces villages socialistes comportent, outre des
maisonnettes évolutives avec un minimum de commodités, des
équipements collectifs tels qu’antenne municipale, école, centre de santé,
hammam, poste, mosquée et même des étables collectives) représentent
une belle idée : ces agglomérations de 200 maisons en moyenne, créées
de toutes pièces et cédées gratuitement aux bénéficiaires de la réforme
agraire en principe, sont cependant trop peu nombreuses et pas toujours
adaptées aux souhaits des populations. (Hassan, 1996, 200). Le wali
avait décidé en 1979 d’affecter un budget de 18 millions de dinars au
profit de deux entreprises de la wilaya pour la réalisation de plusieurs
projets dont deux villages socialistes. […] Les deux responsables
n’avaient agi que pour mettre en application le discours politique de
l’époque qui parlait de la « réalisation de mille villages socialistes ». (Le
Matin, 8.4.00). V. RÉVOLUTION AGRAIRE, V.A.R.A., V.S.A.

8VIZIR, WAZIR (de l’arabe) n. m. Disponible, écrit, connotation


souvent péjorative. Conseiller du chef de l’État, ministre. Les livres
regorgent d’histoires où monarques, sultans, princes, vizirs font preuve
de tyrannie, de barbarie et de cruauté. (Ben Mansour, 1990, 196). À
l’époque de sa nomination au poste de ministre de l’Intérieur, […] Larbi
Belkheir s’est trouvé une première fois sous les feux de l’actualité. Ce
vizir de l’ombre n’aimait pas trop les feux de la rampe… (Le Jeudi
d’Algérie, 9.7.92). À côté du chauffeur se tient automatiquement le wazir
vaille que vaille. (Le Matin, 1.11.93). Les vizirs critiquaient
ostensiblement leur roi. (Ben Mansour, 1997, 359). Verrons-nous un
président avec des amis propres ? Des vizirs qu’on peut envoyer à
l’étranger sans s’en mordre les doigts ? (Sansal, 1999, 89). Le vizir s’est
perdu dans un discours fleuve qui n’avait ni queue ni tête. (oral).

9VOLONTAIRE n. Vieilli. Participant bénévole et militant travaillant


au succès de la Révolution agraire et de ses prolongements. Selon les
volontaires, un faoudj de l’UNPA constitué durant le volontariat de l’été
1977 ne s’est pas renforcé. (El Moudjahid, 2.2.78). Le 20 décembre
dernier a été lancée la campagne nationale de reboisement par le
volontariat. Ainsi les « volontaires de l’arbre » participent chaque année
à l’accroissement du couvert végétal, à la protection des bassins
versants, à la mise en valeur et à la protection des terres agricoles et à la
lutte contre l’avancée du désert. (El Moudjahid, 19.1.86).
V. RÉVOLUTION AGRAIRE, VOLONTARIAT.

10VOLONTARIAT n. m. Vieilli. Engagement militant et bénévole en


faveur de la Révolution agraire dans le cadre de la campagne nationale
lancée en 1972 ; par extension, intervention militante et bénévole en
faveur de la collectivité menée dans le cadre d’une campagne
nationale. Le mouvement spontané du volontariat se doit de jouer un rôle
prépondérant en mobilisant les jeunes de la nation pour leur
participation effective dans le cadre de la Révolution agraire. (El
Moudjahid, 12.3.73). Le volontariat productif dans les unités
industrielles a été également inscrit dans le programme. (El Moudjahid,
5.11.82). Les participants se sont engagés à relancer le volontariat de
jumelage entre les unités industrielles et agricoles… (El Moudjahid,
4.2.83). Comme chaque année, les travailleurs de Constantine se sont
retrouvés ce 24 février, coude à coude, dans des actions de volontariat de
production au sein de leurs entreprises, ou comme les moudjahidine,
dans des sorties de reboisement. (El Moudjahid, 25.2.83). M. Mohamed
Chérif Massaâdia, membre du Bureau Politique […] a présidé une
rencontre-débat avec les étudiants volontaires du deuxième camp
national de volontariat. (El Moudjahid, 5.8.88). Du volontariat pour
désenclaver une mechta. (Liberté, 26.4.93). Lors d’une opération de
ramassage de tout-venant dans le cadre d’une action de volontariat, des
citoyens ont découvert à Djohame (mechta Gabel Mchékrid) un charnier
datant de l’époque coloniale. (Liberté, 17.2.00). V. RÉVOLUTION
AGRAIRE, TOUIZA, VOLONTAIRE.

11V.S.A. (sigle) n. m. Vieilli, écrit surtout. Village socialiste agricole


(réalisé dans le cadre de la révolution agraire et du programme
gouvernemental mille villages socialistes). Le V.S.A. de Sebaa d’une
capacité de 50 logements a été réalisé en 18 mois par l’entreprise
communale des travaux. (El Moudjahid, 17.6.84). Le bilan dressé
démontre l’échec des différents programmes, à l’exception des
V.S.A. (Actualité-Économie, 1.2.86). V. V.A.R.A., VILLAGE
SOCIALISTE.

12VULCANISATEUR, VULGANISATEUR n. m. Disponible.


Mécanicien réparateur de roues. Pour réparer une roue de « Fiat 128 »,
il nous fallut voir plusieurs vulcanisateurs. (El Moudjahid,
26.12.77). J’étais, selon le langage des vulcanisateurs, à plat. (Lounès,
1982, 86). Vous pourrez même vous y rafraîchir pendant que le
vulcanisateur procédera à la réparation. (El Moudjahid, 16.10.83). Le
pneu, denrée vitale dans un pays où les transports se font encore
essentiellement par route, fait partie de ces objets de première nécessité
que l’effet combiné de la pénurie chronique et du trabendo ont
transformés en objets de luxe. Leur réparation est donc devenue un
métier à part entière. Et de kilomètres en kilomètres, qu’ils s’appellent
vulcanisateurs ou vulganisateurs, les rois du caoutchouc, de la rustine et
du goudron affichent côte à côte de magnifiques spécimens pour cinq
tonnes et des pneus standards. (Sigaud, 1991, 70). Entreprise nationale
vend matériel pour vulcanisateur. (El Acil, 10.4.94).
V. CYCLISTE, RECHAPEUR.

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WAADA, WAÂDA V. OUADDA.

2WACH V. WECH.

3WADJIB (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Obligation dans la religion


musulmane. Ce djihad est […] une obligation individualisée ou per
capita. C’est un wadjib, un devoir pour tout musulman de défendre son
pays, son territoire et sa souveraineté. (Hebdo libéré, 4.11.92). Dans
notre religion, c’est un wadjib que d’aider son prochain à supporter les
souffrances. (oral).

4WAKF, WAQK (de l’arabe) n. m., adj. Disponible, écrit surtout. Bien
légué aux institutions religieuses, bien de mainmorte. Le code comporte
un total de 252 articles répartis entre quatre volets : du mariage et de sa
dissolution ; de la représentation légale ; des successions ; des legs,
testaments, dons, waqf. (El Moudjahid, 20.4.84). Les députés ont
consacré la suite de leurs interventions aux dispositions contenues dans
les troisième et quatrième livres, notamment les successions, les legs, la
donation, le waqf. (El Moudjahid, 25.4.84). Les stipulations faites par le
constituant d’un bien de mainmorte sont exécutoires à l’exclusion de
celles de caractère incompatible avec la vocation légale du Waqf. (El
Moudjahid, 22.6.84). C’est pourquoi, le colonialisme s’est acharné
jusqu’à confisquer les biens wakfs de ces institutions religieuses, biens
constitués, surtout de terres, dont les citoyens ont fait don à la
communauté. (El Moudjahid, 9.4.93). Le ministre a exhorté les Nodhars
à accorder un grand intérêt […] à la préservation des biens
waqf. (Horizons, 20.10.93). Cette réunion […] a également porté sur le
décalage de la prière du vendredi, les biens waqf, l’enseignement
coranique et les zaouias. (Liberté, 2.5.94). « Le waqf, explique Bekraoui
Mohamed Lamine, c’est arrêter un bien pour une cause bien déterminée.
Avant l’occupation française, les biens waqfs ont été dirigés vers
l’adduction d’eau potable, l’ouverture des routes, la construction de
logements pour nécessiteux, la protection des oiseaux, etc. » Il s’agissait
d’opérations de bienfaisance conformes à l’esprit de l’islam, qui s’est
amenuisé peu à peu avant de disparaître sous les effets de
l’administration coloniale. […] La réhabilitation du patrimoine waqf qui
a été inclus après l’indépendance dans les biens domaniaux, est
d’actualité. (El Watan, 22.11.99). V. HABOUS.

5WALI, OUALI (de l’arabe) n. m. 1. Courant. Saint protecteur d’une


ville, d’un village ou d’une région. D’ailleurs, nos walis – qu’ils soient
bénis – […] savaient lire dans l’au-delà…(Boutarène, 1982, 237). Quand
ce n’est pas les longues veillées, c’est d’interminables processions vers
les qobbas des walis… (Algérie-Actualité, 8.9.83). Son père lui
conseillera une « ziara » – visite – au sanctuaire de Sidi Abderrahmane,
wali d’Alger. (Toualbi, 1984, 130). Chaque ville, chaque village du pays
a son « wali » dont les habitants cultivent et honorent la mémoire et qui
prennent le plus grand soin de son mausolée. (El Acil, 14.1.93). Cette
grande fête populaire rassemble des milliers de personnes venues de
toutes les régions du pays pour honorer la mémoire du « wali » (patron
spirituel) des Reggani. (El Moudjahid, 4.5.93). C’est aussi le lieu de
ziara dit des quarante walis où se rendaient des femmes en quête de
soins et de grâces. (La Tribune, 24.10.95). Très vite, ils se sont organisés
en confréries, placées sous la protection d’un saint (wali). (El Watan,
12.1.00).

62. Spécialisé. (Dans le droit musulman) mandataire d’une personne


physique et morale, représentant d’une femme ou d’un mineur en
justice. Le « wali », en droit musulman, est le mandataire d’une
personne physique et morale empêchée. Encore maintenant, de
nombreuses femmes se font représenter en justice par un « wali », en
général le parent masculin le plus proche et le plus âgé. (Bouzar, 1983,
1, 403). Je vais rappeler Soussa, c’est ma cousine et je suis son
oualli. (Ouahioune, 1984a, 54). Art. 13 du Code de la Famille. Il est
interdit au wali (tuteur matrimonial), qu’il soit le père ou autre, de
contraindre au mariage la personne placée sous sa tutelle. (El
Moudjahid, 20.6.84). Les prérogatives et attributions du wali (tuteur) lui
donnent une nature mitigée et ambiguë, il est plus qu’un mandataire
puisque, dans certains cas, il peut s’opposer au mariage et donc être doté
d’une volonté autonome qui peut parfois s’opposer à celle de l’intéressée
(minorité). (La Tribune, 16.1.96). La conclusion du mariage pour la
femme incombe à son tuteur matrimonial – le wali –, le père ou un
proche parent (art.11), sous réserve de ne pas contraindre la personne
placée sous sa tutelle (art. 13). (El Watan, 20.1.97).

73. Spécialisé, écrit surtout. (Dans le monde musulman, à date ancienne)


gouverneur de province. Le Khalife donna l’ordre aussi à A., son wali en
Égypte, de répandre l’Islam en Tripolitaine et en Afrique. (El Moudjahid,
23.8.77). Le nouveau calife confirma dans leurs fonctions les walis des
provinces. (El Moudjahid, 10.6.84).

84. Courant. (Dans l’Algérie indépendante) préfet, fonctionnaire placé à


la tête d’une circonscription administrative, la wilaya. Le wali est à la
fois un agent politique et un administrateur général, représentant
l’ensemble du gouvernement et chacun des ministres, il est soumis à un
étroit contrôle du pouvoir central, dont il est chargé d’appliquer les
directives. (El Moudjahid, 8.3.78). Le wali de Annaba a insisté en ce sens
pour que les meilleurs cadres de la wilaya mère rejoignent la nouvelle
wilaya dans un souci d’efficacité immédiate. (El Moudjahid, 22.6.84). Le
wali a, par de très pertinentes questions, marqué un intérêt particulier
pour certains projets. (El Acil, 10.1.93). Le wali a effectué récemment
une tournée de travail dans les daïras de Ghicha et de Gueltat Sidi
Saâd. (El Moudjahid, 3.5.93). Elles transmettent aux walis leurs voeux
sur toute matière d’intérêt agricole. Ces voeux sont également adressés
au président de l’Assemblée populaire de wilaya lorsqu’ils ont trait aux
questions relevant de la compétence de la wilaya. (L’Agro-Industriel,
1.12.94). La nuit du séisme, le wali a fui dans notre ville. Il a fui les
habitants de Aïn Témouchent. À notre tour, nous l’avons chassé de notre
commune. (El Watan, 4.1.00). La législation régissant les collectivités
locales a été revue de sorte que les prérogatives du président de l’APC
soient réduites au profit du wali. (El Watan, 2.3.00). V. WILAYA,
WILAYAL.

9WALLAH, WALLAHI V. OUALLAH.

10WALOU V. OUALOU.

11WAQF V. WAKF.

12WAST-ADDAR V. WEST ED-DAR.

13WATANI, WATTANI (de l’arabe) n. m., adj. (pluriel


masculin : watanis, wataniyine). Disponible. Nationaliste. Elle se
rappelle du pillage des maisons à la suite d’une manifestation des
watanis – nationalistes – quelque temps avant le déclenchement de la
lutte armée. (El Moudjahid, 1.11.84). On ne se disait « wattani » à cette
époque que quand on pouvait exprimer un idéal et non pour le simple fait
d’avoir un rang social ou d’être un militant actif. Entre nous « wattani »
fut plus un esprit, un principe de vision, qu’une simple étiquette
politique. (Le Matin, 18.9.95). V. DARAK-EL-WATANI.

14WATANIYINE pluriel de WATANI. Ils sont montés, les


Moudjahidine. Ils sont montés, les Wataniyine. Avec leur 20 ans. (El
Moudjahid, 2.11.84).

15WAZIR V. VIZIR.
16WECH, WACH (de l’arabe dialectal). Adverbe interrogatif. Courant,
oral surtout. Comment ?, quoi ? – Pauvres Grecs… – Hein ? Wach ? –
Non… Rien. (Algérie-Actualité, 11.8.83). Wech ? Le prof veut nous
initier à la micro-informatique avec ça ? (Algérie-Actualité,
27.10.83). Wech ? Rien à déclarer ? (Algérie-Actualité,
3.12.83). Wech ? Qu’est-ce que tu dis ? (oral). Wech ? Qu’est-ce que tu
veux ? (oral).

17WEEK-END (de l’anglais) n. m. Courant. Fin de semaine (jeudi et


vendredi). Wilayas, daïras et APC d’Alger sont à la disposition des
citoyens chaque week-end. (El Moudjahid, 22.2.84). Heureuse initiative à
la wilaya d’Alger. Plus de guichets désespérément fermés durant
d’interminables week-ends. (Algérie-Actualité, 23.2.84). Ils venaient de
célébrer un événement heureux en ce début de week-end. (El Acil,
25.1.93). Le week-end algérien précède celui de nos plus importants
partenaires (samedi et dimanche) et de ce fait, les échanges
commerciaux entre notre pays et ses fournisseurs ou clients se limitent à
seulement trois jours par semaine. (Liberté, 28.6.94). V. VENDREDI.

18WILAYA (de l’arabe) n. f. (pluriel : wilayas, wilayate(s)) 1.


Spécialisé, écrit surtout. (Avant la colonisation française) division
administrative du territoire. L’Émir Abdelkader a créé le premier État
algérien moderne […]. Au titre de l’organisation administrative, il fut
créé, à travers le territoire national, huit wilayas dont chacune se
composait de plusieurs daïras. (El Moudjahid, 26.5.85).

192. Disponible. Division politico-militaire du territoire pendant la guerre


d’indépendance. Le Conseil de la wilaya IV m’avait désigné comme
officier instructeur chargé de la formation accélérée de
commandos. (Bencherif, 1969, 23). […] la glorieuse épopée de la
Révolution […] se déroula, l’emportant dans les djebels enflammés par
le napalm, d’abord avec la wilaya IV, ensuite avec la wilaya III. (Ziani,
1981, 134). La wilaya I comprend six régions, chaque région comprenant
cinq ou six zones et chaque zone, plusieurs secteurs. Cette structuration
politico-militaire a permis à la Révolution de réaliser son but ultime : la
victoire. (El Moudjahid, 17.12.85). Si Abderrahmane, qui venait de
succéder au chahid Amirouche à la tête de la wilaya III, tombe les armes
à la main. (El Moudjahid, 7.11.93). Il avait même réussi à récolter grâce
à des cousins complaisants, militants de la wilaya III, un « petit papier
avec tampon », « le bayane » attestation qu’il avait été « agent de
liaison ». (Allouache, 1995, 164). J’ai rencontré M. Abdelhay, le
responsable de la base de Tunis, originaire de la wilaya I. (El Watan,
30.3.00). Ainsi, ni les membres de la wilaya III ni ceux de la IV n’étaient
présents à la réunion du CNRA de Tripoli du 6 juin 1962. (El Watan,
18.4.00).

203. Courant. (Dans l’Algérie indépendante) préfecture, division


administrative du territoire national se composant de daïras et de
communes. La wilaya d’Alger est la plus importante du pays ne serait-ce
que par le nombre d’habitants. (El Moudjahid, 9.4.80). La wilaya de
M’Sila fait partie des neuf wilayas du sud désignées « wilayas cibles »
pour la promotion du tourisme national. (El Moudjahid,
26.5.83). Comme l’atteste la Charte nationale, la wilaya est le point de
convergence des aspirations locales, la circonscription territoriale
privilégiée pour les actions économiques supra-communales. (Révolution
africaine, 27.9.85). Pour 663 nouvelles communes et 17 wilayas issues de
la récente réorganisation administrative, le ministre a exhorté les
communes et les wilayas mères à persévérer dans leur action de
soutien. (El Moudjahid, 28.4.86). La wilaya est le pivot autour duquel
gravitent les administrations locales. Dotée de pouvoirs politique,
financier et judiciaire, elle peut prendre des décisions politiques, allouer
argent et matériels aux entreprises locales, promulguer des agréments.
Collectivité décentralisée selon les textes qui la régissent, elle se veut le
lieu où se réalise la participation « des masses populaires au pouvoir »
d’État. (Rouadjia, 1994, 194). M. Azamoum a souligné que les quarante-
huit wilayas actuelles ne reposent sur rien, contrairement aux cinq
wilayas de la guerre de Libération nationale. (El Watan, 25.11.99). Le
nombre était d’une dizaine de wilayas après l’indépendance. Il est passé
à une trentaine dans les années 70. En 1984, ce nombre a atteint les
quarante-huit wilayas. Les Algériens n’avaient pas innové en matière de
découpage administratif. Ils avaient repris le même système français du
département, préfet et sous-préfet. (El Watan, 2.3.00).

21Com. Les wilayas qui succèdent aux départements ont été créées par
l’ordonnance du 23 mai 1969.

224. Courant. Autorités de la wilaya. Les moudjahidine pourront


bénéficier de la priorité lors de la remise de logements par la wilaya. (El
Moudjahid, 9.4.80). On attend que la wilaya nous attribue quelques
logements. (Benamrane, 1980, 156). La wilaya intervient pour recenser
les chefs de familles et leurs besoins. (El Moudjahid, 28.2.94). La wilaya
de Tlemcen ne semble pas trop, aujourd’hui, se soucier de certains
services, comme les impôts ou la conservation foncière. (El Watan,
19.12.95). La wilaya avait été sollicitée à maintes reprises, soit pour des
travaux d’aménagement, soit pour un transfert. (El Watan, 19.12.95). Les
wilayas de Tamanrasset et de Khenchela ont, dans le cadre de l’Assihar,
signé le week-end dernier à Tamanrasset un accord de jumelage
culturel. (La Tribune, 4.1.96). […] suite aux injonctions reçues de la
wilaya pour publier les listes d’attribution de logements sociaux.
(Quotidien d’Oran, 26.6.00).

235. Courant. Siège de la wilaya. Le ministre a présidé dans la salle de


conférences de la wilaya une séance de travail. (El Moudjahid,
9.4.80). Une foule de gens est massée aux abords de la wilaya. (Algérie-
Actualité, 15.3.84). Lors d’une réunion à la wilaya regroupant, outre le
wali, la centrale de l’UGTA, l’inspecteur du travail […] (El Moudjahid,
14.1.90). Et aujourd’hui, c’est à la wilaya que se produit une
échauffourée entre citoyens et forces de l’ordre. (Les Nouvelles de l’Est,
18.5.91). Le commerce, les prix et la situation épidémiologique sur les
maladies à transmission hydrique (MTH) sont les principaux sujets
traités lors d’une réunion de travail à la wilaya de Mostaganem. (La
Tribune, 11.1.95). Un investisseur étranger, il préfère être à côté du
Trésor, de la wilaya, vous n’allez pas l’envoyer à Baraki. (La Tribune,
25.1.00). […] en face de la wilaya, pour faire plaisir aux islamistes qui
se pavanent dans leurs tenues afghanes. (El Watan, 27.1.01).

24Com. Certains dérivés comme wilayiste (« membre de l’équipe


sportive de la wilaya ») et wilayalité (« statut de wilaya ») sont attestés
mais rares. V. INTERWILAYAS, WALI, WILAYAL, WILAYISME.

25WILAYAL, E (terme de formation hybride arabe wilaya + suff.


français -al) adj. Courant. Qui se rapporte à la wilaya. Les fouilles furent
menées à bien grâce à l’aide apportée par les autorités communales et
wilayales. (El Moudjahid, 18.5.77). Les responsables de l’instance
wilayale ont préféré passer directement au recueillement des
candidatures. (L’Unité, 5.5.78). Toutes les dispositions nécessaires ont
été arrêtées au plus haut niveau wilayal (Révolution africaine,
23.5.85). Si la question est soumise aux responsables wilayals et ceux de
la promotion immobilière, les étudiants et les enseignants contournent les
murs pour aller étudier. (Le Matin, 20.9.93). […] du fonctionnaire
municipal ou wilayal. (Le Matin, 29.9.95). Karaté. Championnat wilayal
en katas. (El Watan, 8.1.97). L’administration wilayale habilitée en ce
genre de conflit n’a pris aucune décision. (Quotidien d’Oran,
30.3.00). M. X, ex-président de l’assemblée populaire wilayale de
Constantine, sorti vainqueur des primaires. (Quotidien d’Oran, 15.1.01).
V. DAÏRAL, INTERWILAYA, WILAYA, WILAYISME.

26WILAYATE(S) pluriel de WILAYA. Les wilayate sahariennes ont


été représentées par leur wali. (Algérie verte, 1.4.85). Au départ, à savoir
lors des phases communales, daïrates et wilayates, des lacunes ont été
enregistrées ici et là. (El Hadef, 30.6.85). Les fils de chahid représentant
les wilayates de Naâma, Tizi Ouzou, Medea et Chlef sont venus à Oran
exprimer leur soutien. (Le Matin, 4.12.92). Cette route est d’une grande
importance car elle permet le désenclavement par rapport aux chefs-
lieux de wilayate. (El Acil, 16.2.93). Pour ce qui concerne les passagers
pèlerins, ceux-ci proviennent des différentes wilayate de l’Est du
pays. (El Acil, 23.3.97). La réalisation de cinq gares entre ces deux
wilayate est prévue également. (El Acil, 13.5.97). Plus de dix wilayate
ont déjà confirmé leur participation au championnat d’Algérie juniors de
lutte libre. (Quotidien d’Oran, 23.3.00).

27WILAYISME (formation hybride arabe wilaya + suff. français -isme)


n. m. Spécialisé, écrit surtout, connotation négative. Régionalisme. La
référence idéologique implicite au tribalisme, au wilayisme et à la
politique des cantons inhérente au mouvement berbériste contraste avec
les réalités d’un monde moderne […] (Algérie-Actualité, 2.1.86). Cancer
de la guerre de libération, le wilayisme comme le délit de langue ont
constamment servi de culture politique et guidé les choix des
responsables et des commis de l’État. (El Watan, 31.3.98). C’est cet
homme ouvert au dialogue qui est choisi par les acteurs d’une Algérie
embourbée dans le wilayisme pour présider, en 1964, le troisième
Congrès du FLN. (Quotidien d’Oran, 29.1.01). Boumediene fut l’un des
principaux acteurs parmi ceux qui ont empêché le développement d’un
wilayisme destructeur et permis de briser les velléités centrifuges et de
sauvegarder l’unité nationale. (Quotidien d’Oran, 29.1.01).

28WOULLA (de l’arabe dialectal) conj. de coordination. Courant, oral


surtout. Ou, ou bien. Tu veux travailler au labo woulla
ailleurs ? (oral). Donne-moi cinq woulla dix dinars ! (oral). Tu bois du
café woulla du thé ? (oral).

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YA (de l’arabe dialectal) interj. Courant, oral surtout. Hé !, appellatif
utilisé pour s’adresser aux personnes. Ya aïti ! je parle
d’autrefois !... (M’Hamsadji, 1969, 105). Ya cheikh, vous allez nous
aménager un stade, yak ? (L’Unité, 4.7.78). T’en fais pas ya baba, on a
vu plus que ça ! [...] ya baba, il manque à votre dossier l’acte de
mariage. (Khiari, 1981, 30). Tu m’as aimé ya habibi, mais pourquoi plus
maintenant ? (El Moudjahid, 18.4.85). Il n’y a pas de copain, ya habibi,
il n’y a que des têtes d’affiche. (Algérie-Actualité, 8.8.85). D’ailleurs, on
les a toujours appelés ainsi : « Ya Baba, Ya Yema, Ya Djed ». (El
Moudjahid, 9.2.86). Ya madame, je m’appelle Doumine Malika. (Achir,
1997, 9). Ya habibati, au fond de votre désespoir, trouvez vos
espoirs. (Détective, 4.3.00). Ya jeune t’as pas un dinar ? (oral). Ya mon
ami, il fallait venir à la fête. (oral). V. YA AKHI.

2YA AKHI (de l’arabe littéraire) loc. Courant, oral surtout. Cher frère,
mon frère, appellatif pour désigner des personnes de sexe masculin. Ya
Akhi, on est désolé…Vous savez… le carême… la chaleur… (El
Moudjahid, 30.5.85). Ya akhi, je regarde aussi des films qui ont rapport
avec la civilisation arabo-musulmane. (Algérie-Actualité, 29.11.90). – Tu
penses que ton ami restera avec nous après le Ramadan ? – Je crois
qu’il s’habitue à l’ambiance. – Présente-le moi, ya akhi. (Gastel, 1999,
37). « Eh bien, tu seras servi, ya akhi. » Abdelkader traite tout le monde
de son frère et sert du « Ya akhi » à tous ceux qu’il côtoie. Donner du
« mon frère » aux gens est devenu un tic verbal. (Gastel, 1999, 39). Ya
akhi, la voiture ne peut pas supporter toute cette charge, il faut
descendre. (oral). Ya akhi, les nettoyeurs de la commune vont venir et le
quartier sera propre. (oral).

3YAHIA (de l’arabe) exclam. et n. Disponible, oral surtout.


Vive ! Lorsque le Chef de l’État mit pied à terre, tout se déchaîna : des
milliers de poitrines lancèrent en même temps un seul et même « Vive
Chadli », « Yahia Chadli ! ». (El Moudjahid, 3.5.83). Le président
Chadli a poursuivi sa marche sous les slogans lancés par les
innombrables citoyens et les « Yahia Chadli »… (El Moudjahid,
6.12.83). Une foule très dense […] manifestait son attachement à la
Direction politique par un « Yahia Chadli ». (El Moudjahid,
7.12.83). Dès l’annonce des résultats, les masses populaires sont
descendues dans la rue pour exprimer un élan inébranlable, la joie et
leur appui aux cris de : « Yahia Chadli ». (El Moudjahid, 24.1.84). Cette
atmosphère d’enthousiasme et de fête a été marquée par les acclamations
et les voix des travailleurs scandant « Yahia Novembre »… (El
Moudjahid, 3.11.84).

4YAK, YEK (de l’arabe) loc. Courant, oral surtout. N’est-ce pas ? Ya
cheikh, vous allez nous aménager un stade, yak ? (L’Unité,
4.7.78). Prenez une semaine de congé et revenez pour le projet… Yek, ça
fait seulement 3 ans qu’il a été conçu et ne vous fatiguez surtout
pas. (Khiari, 1981, 47). Dis-moi, c’est toi qui as eu l’idée de m’inviter ici,
dans cette bicoque de ton oncle pour y passer nos congés hein ? Yek
c’est toi ? (El Watan, 17.7.91). Et puis, j’ai recommencé quelques jours
plus tard, yek ? (Achir, 1997, 15). Nous avons établi ce programme
yak ? (oral). Tu as pu voir ça yak ? (oral).

5YAKHI (de l’arabe dialectal) exclamatif. Courant, oral surtout, fam.


Quel(le). Yakhi dépersonnalisé ! et ça veut s’appeler hippie ! (Khiari,
1981, 32). Yakhi Mahna ! Voilà que sa crise le reprend juste au moment
du tournage. (Taïbi, 1982, 7). Yakhi misère, on arrive à peine à payer les
charges. (oral).

6YA LATIF (de l’arabe littéraire) loc. Disponible, oral surtout. Dieu,
Dieu de miséricorde. Elle le poursuivait avec le balai, criant :
« Chaïtane ! Bliss ! Ya latif ! » (Lemsine, 1978a, 167). Effrayée, la bête
s’emballa et l’embardée mit tout sens dessus dessous. « Ya latif ! Ya
latif ! », répétaient inlassablement les vieilles femmes. (Boutarène, 1982,
82). Un groupe de goumiers s’acharne sur le cadavre d’une femme dont
on ramasse plus tard les morceaux. Ce qu’il faut dire, c’est « ya latif ! ya
latif ! » (El Moudjahid, 16.1.85). Dans le cauchemar qui hante mes
nuits, ya latif, je me retrouve en train d’emprunter des chemins
sinueux. (El Manchar, 15.11.95). Ya latif ! Ya latif ! Mais d’où te sortent
toutes ces questions ? Ce n’est pas possible tu es habité par le
diable ! (Benaïssa, 1999, 116). La peste brune, Ya Latif ! (Détective,
4.3.00). V. LAYADJOUZ.

7YA NAYER V. YENNAYER.

8YAOULED, YA OULED, AOULED (de l’arabe dialectal littéralement


«ô enfant ! ») n. m. Disponible. Enfant, adolescent, jeune
garçon. L’enfant des rues algériennes était devant nous avec ce regard
franc et décidé de tous les « yaouleds » de Constantine et
d’Alger. (Bennabi, 1965, 182). « Cirer, M’siou, coup de brosse,
M’siou ? » Quelle est la personne qui n’avait point entendu cet appel des
yaouleds ? Le métier de cireur, aboli à l’indépendance, était le plus
courant. (Dérouiche, 1972, 13). Sa vieille tête de chouette se penchait à
la fenêtre pour lui crier sur un ton d’affectueuse réprimande : « Ya
ouled, tu m’entends ? Ce garçon est toujours dans la lune ! » (Lemsine,
1978a, 163). […] les obsèques, les mariages, et qui représentaient pour
les yaouleds autant de coutumes et de spectacles inédits. (Boutarène
1982, 144). Ce groupe de jeunes, ces ya ouled connaîtront chacun une fin
propre à leur destin. (El Moudjahid, 14.12.84). À Constantine, je l’ai vu
de mes propres yeux, le petit « yaouled » est toujours derrière le grillage
alors que ces messieurs, dames coopérants ou autochtones parfumés au
dinar se renvoient la « baballe » avec quel chic. (El Hadef, 24.2.85). Des
aouled l’auraient trouvé dans sa baraque, égorgé d’une oreille à l’autre.
Tu connais ces enfants de putaines, du matin au soir, i maraudent comme
des chiens ; le pays en déborde ; de vraies sauterelles. (Sansal, 1999,
45).

9Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR. V. OULED HOUMA.

10YAOUM EL ILM V. YOUM EL ILM.

11YAOURTERIE n. f. Spécialisé. Fabrique de yaourts. Ingénieurs de


haut niveau […] se retrouvent à la tête de certaines petites affaires
lucratives telles que : la biscuiterie, la chocolaterie, la yaourterie, la
confiserie… (Algérie-Actualité, 3.4.86). La réalisation d’une yaourterie
nécessite un gros investissement. (oral).

12YEK V. YAK.
13YEMMA (de l’arabe dialectal) n. f. 1. Courant, oral surtout. Grand-
mère (appellatif). Toutes les langues du monde se confondent en un même
mot : oumi, yemma, maman… (El Moudjahid, 13.8.80). Yemma Hadda
s’inquiète encore pour le petit, le projette dans l’avenir […] Mon fils m’a
réveillé à l’aube : « Yemma s’est éteinte. » (Djebar, 1980, 103). Yemma,
on distribue de la semoule. (oral).

142. Courant, oral surtout. Exclamation de terreur, de dépit. Yemma, un


cyclope ! (El Moudjahid, 1.3.84). Ah Yemma l’ahbiba ! Va falloir
grimper tout ça ! On n’a pas idée d’habiter des lieux pareils !… (El
Moudjahid, 7.6.85). Lorsque, de ses propres mains, il avait actionné la
gégène, Mouloud avait hurlé « yemma ! », comme un enfant. (Khelladi,
1998, 218). Yemma ! L’Algérie me manque de Nina Hayat est une
histoire passionnante tissée à travers des faits réels. (El Watan,
8.2.00). Ah yemma ! J’abandonne cette course. (oral). Yemma, les balles
sifflaient sur ma tête. (oral).

15YENNAYER, YA NAYER (du berbère) n. m. Disponible, écrit


surtout. Premier jour de l’année berbère, correspondant au 12 janvier. À
l’occasion du nouvel an amazigh, le 1er Yennayer 2943, le centre culturel
d’El Kseur organise une semaine culturelle variée. (El Acil,
12.1.93). Yennayer est une ancienne tradition fêtée sur tout le territoire
national. Il représente le 1er jour d’une nouvelle année du calendrier
amazigh qui correspond au 12 janvier du calendrier grégorien. (Le
Matin, 12.1.93). En Algérie, Yennayer est célébré le 12 janvier, parfois le
13, mais en réalité, c’est le 14 que commence l’année agraire. (Liberté,
11.1.96). Le 1er de Yennayer (on dit aussi Ennayer) est appelé les
« portes de l’année » parce qu’il marque non seulement le début de la
nouvelle année, mais aussi la fin des grands froids et le retour progressif
du beau temps. (Liberté, 11.1.96). Depuis les temps immémoriaux,
yennayer constitue une fête populaire à travers toute l’Afrique du
Nord. (El Watan, 12.1.96). L’Algérie a fêté Yennayer de l’an 2950, le
nouvel an amazigh. À cette occasion et pour la première fois, le haut-
commissariat à l’amazighité (HCA) a organisé des festivités. (La
Tribune, 13.1.00). « Nous avons décidé d’organiser tous les ans un
anniversaire de Yennayer. Yennayer est une fête qui date de près de 3
000 ans. C’est un élément d’union de tous les Nord-Africains ». (El
Watan, 27.3.00 : propos du haut-commissaire à l’amazighité).

16YOUM EL ILM, YOUM EL-ILM, YAOUM EL ILM (de l’arabe)


n. m. Disponible. Journée nationale de la science, du savoir et de la
culture. D’autres manifestations célébrant le « Youm El-Ilm » auront
lieu à la salle Ibn Khaldoun. (El Moudjahid, 14.4.71). À l’occasion du
Youm El Ilm sont organisées en Algérie, particulièrement dans les
établissements scolaires, des manifestations culturelles, des expositions,
des conférences. (Algérie-Actualité, 17.4.86). À l’occasion de la journée
du « Youm El Ilm », la bibliothèque de l’université d’Alger organise une
exposition sur le thème « Itinéraire culturel de l’Algérie ». (El
Moudjahid, 15.4.87). Le ministre a exhorté les Nodhars à accorder un
grand intérêt à l’élaboration des programmes de formation des cadres
religieux à la célébration des fêtes religieuses et nationales notamment
« Yaoum el ilm ». (Horizons, 20.10.93). La remise des prix aux lauréats
retenus se fera le 16 avril 1997 à l’occasion de « Youm El Ilm ». (El Acil,
23.3.97). La célébration de Youm el ilm coïncidant avec le 16 avril de
chaque année, fait l’objet, dans la wilaya d’Oran, d’intenses préparatifs
menés par les structures culturelles et le mouvement associatif à
caractère culturel et scientifique. (El Ouma, 9.4.97). La célébration de la
journée de « Youm El Ilm », coïncidant avec le 16 Avril, a été une
occasion à Tlemcen pour la pose de la première pierre d’un lycée […].
(Quotidien d’Oran, 19.4.00).

17Com. Cette fête se déroule le 16 avril, anniversaire de la mort de


Abdelhamid Ibn Badis. V. ILM.

18YOU-YOU, YOUYOU (onomatopée de l’arabe dialectal) n. m. Cri


strident d’allégresse, de colère ou de désespoir, poussé par des femmes
lors des fêtes, des enterrements, des occasions solennelles, etc. Elles [les
femmes] fusèrent en you-you de joie. (Djaout, 1981, 138). On voyait sur
les terrasses des maisons nombre de femmes qui lançaient à chaque
moment des « you-you » stridents. […] « You-you » de femmes, baroud
d’honneur, airs de zorna joués par des troupes locales ont accueilli le
chef de l’État. (El Moudjahid, 3.5.83). Pourquoi s’étonner de ce genre de
problèmes lorsque tu entends des « you-you » dans le bâtiment quand
quelqu’un fait rentrer un sac de pommes de terre ? (Algérie-Actualité,
29.11.90). Ma mère n’a pas poussé le traditionnel youyou car c’était la
naissance d’une petite fille. (Mouzaia, 1994, 35). À chaque transport, à
bras d’homme, de cercueils pour la prière de l’absent à la grande
mosquée d’El Biar, les femmes, jeunes et vieilles, agglutinées par
dizaines aux balcons et fenêtres, laissent échapper de leurs gorges
nouées de pathétiques youyous d’adieu à la mémoire des victimes
innocentes, happées par la barbarie aveugle née de l’intégrisme
islamiste. (La Tribune, 1.8.97). Le cortège est accueilli à son arrivée par
des youyous qui durent sans discontinuer jusqu’à l’installation de la
mariée. (Le Matin, 1.8.97). Les pleurs, les cris et quelques youyous
accueillirent les cercueils couverts de l’emblème national. (El Watan,
5.1.00).
19Com. Ces cris aigus de femmes sont modulés en plaçant et en enlevant
la main devant la bouche. Attesté ds Lanly 1970, Duclos
1991, GR. V. YOUYOUTER.

20YOUYOUTER (dérivé de youyou + suff. -er) v. intr. Disponible,


intellectuels. Pousser des youyous. À chaque attaque, elles s’élançaient
en youyoutant, armées de tisons en flammes qu’elles secouaient pour
effrayer les lions affamés. (Ouahioune, 1984a, 42). Les femmes
youyoutaient à perdre haleine ! (Ben Mansour, 1990, 144). Ma mère fut
une invitée de choix ce jour-là ; elle chanta, dansa et youyouta pour
lui. (Mokeddem, 1999, 202). C’est souvent les mêmes femmes qui
youyoutent dans les mariages. (oral).

21Com. Attesté ds Lanly 1970.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012


ZADJAL V. ZEDJEL.

2ZAGAT V. EZZAGAT.

3ZAÏM (de l’arabe) n. m. Disponible. Héros, leader, chef charismatique.


[…] la masse amorphe des électeurs commandés par le zaïm. (Bennabi,
1965, 205). La langue de bois est criminelle parce qu’elle est un
mensonge, un faux et un usage de faux, un guet-apens tendu aux peuples
qui badinent trop, qui attendent trop des meetings et des zaïms. (Algérie-
Actualité, 28.11.85). Le premier qui ose parler « d’alternative
démocratique » et « de droits de l’homme », c’est celui-là même qui, au
lendemain de la reconquête de l’indépendance, « zaïm » entouré d’une
garde prétorienne personnelle, faisait torturer et assassiner tous les
patriotes qui lui paraissaient indociles. (El Moudjahid, 18.12.85). Quant
aux zaïms tels que Ben Bella ou Aït Ahmed, dans un contexte aussi
pourri, ils conservent tous les atouts en main. (Le Nouvel Hebdo,
21.11.90). Je ferai de toi un zaïm, une figure charismatique du djihad. Et
au jour de la Victoire, je serai à ton côté pour conquérir d’autres
espaces. (Khadra, 1999, 261). La santé du FFS est-elle plus fragile que la
santé de Hocine Aït Ahmed ? […] Quand le zaïm a ses accès de rhume,
c’est tout le FFS qui se répand en éternuements. (La Tribune, 13.1.00).
[…] un colloque scientifique sur Messali Hadj et son parcours
historique. Hier, des historiens et des chercheurs nationaux et étrangers
qui sont venus attester de l’immensité de l’œuvre accomplie par le
« Zaïm » disparu. (Quotidien d’Oran, 30.3.00). V. ZAÏMISME.

4ZAÏMISME (dérivé de l’arabe zaïm + suff. français -isme) n. m.


Disponible, intellectuels. Esprit de suivisme à l’égard du chef, attitude qui
consiste à suivre aveuglément le leader. On se dit que la seule issue, une
fois le mal circonscrit, reste dans la répudiation de tous les
paternalismes, de tous les zaïmismes qui s’érigent ici et là en leaders
charismatiques […] seule une réforme administrative profonde est
capable de tuer l’État providence, instrument de zaïmisme et des
clientélismes qui ont entretenu l’illusion de l’État. (Algérie-Actualité,
20.2.92). La fin du zaïmisme en Algérie. (L’Hebdo libéré,
25.5.94). Ouvrons une nouvelle page d’Histoire, oublions le passé noir
qui nous a été imposé, évitons le zaïmisme (notre plus grand danger). (El
Manar, 9.5.94). Le « zaïmisme » et son corollaire, le culte de la
personnalité, ne sont pas toujours le fait de la personne
concernée. (Quotidien d’Oran, 29.1.01). V. ZAÏM.

5ZAKAT, ZAKET (de l’arabe) n. f. Dîme en espèces ou en nature que


les musulmans doivent verser en faveur des pauvres. Le jeûne constitue
avec la foi, la prière, la zakat et le pèlerinage à La Mecque les cinq bases
de l’islam. (El Moudjahid, 18.7.73). J’ai entendu, à la veille de
Moharam, le ministre des Affaires religieuses déclarer à la télévision que
toutes les entreprises, privées et publiques, devaient payer l’impôt
religieux, autrement dit la zakat. (Algérie-Actualité, 25.7.91). La zakat ou
l’aumône légale est l’un des commandements de Dieu. (El Moudjahid,
9.4.93). Les intégristes veulent la zakat. (El Watan, 22.3.93). Ce sont les
sommes considérables qui sont consacrées à la zakat par les banques
islamiques. (El Watan, 20.1.97). La « zakat » comme imposition
officielle. Pour le chef du groupe parlementaire de la formation islamiste
Ennadha « cette forme d’impôt est capable de renflouer les caisses de
l’État » […] Il s’agit en effet de l’instauration de la « Zakat » qui est,
selon lui, un devoir « légitime » religieusement parlant. (Libertés,
10.11.99). Si depuis les attentats contre les bases militaires américaines
de Dahran et de Ryad, les Saoudiens ont suspendu leur financement, les
services saoudiens poursuivent toujours leur action sous le couvert de la
zakat. (El Watan, 12.1.00).

6Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991. V. SADAKA, ZAKAT EL-


FITR.

7ZAKAT EL-FITR, ZAKAAT EL FITR (de l’arabe) n. f. Disponible.


Aumône distribuée à l’occasion de la fin du Ramadhan. La Zakat El-Fitr
est destinée à ceux qui se trouvent dans le besoin parmi les
musulmans. (El Moudjahid, 16.10.74). Zakaat el Fitr, cette aumône est
une « sunna » très recommandée et incombe à tout musulman. (Djaber El
Djazairi, 1986, 318). En cette année 1406 H. (1986), la Zakat El-Fitr
(aumône de la rupture du mois de jeûne) a été fixée, pour qui veut donner
de l’argent, à 5 DA pour chaque membre de la famille. (El Moudjahid,
3.6.86). Zakat el-fitr est l’aumône obligatoire qu’est tenu de verser le
croyant avant de se rendre à la prière publique dans les mosquées. (El
Watan, 23.3.93). Zakat El Fitr a été fixée cette année à 45 dinars par
personne, rappelle-t-on. (El Watan, 19.2.96). V. SADAKA, ZAKAT.

8ZAKET V. ZAKAT.

9ZALABIA, ZLABIA, ZLEBIA, ZALABIYA (de l’arabe dialectal) n.


f. Courant. Gâteau à base de semoule, trempé dans le miel, surtout
consommé pendant le Ramadhan. Les plats mijotés, la viande, les fruits,
la zalabia et le reste. (El Moudjahid, 24.8.77). Parfois, lorsqu’ils avaient
mangé plus de harira ou de zalabiya que de coutume, ils avaient le sang
en feu. (Ben Mansour, 1990, 199). Du coiffeur souriant… au marchand
de zlabia qui les attend sous sa montagne de sucreries. (El Acil,
21.1.93). Les jeûneurs ont une habitude sacrée à laquelle ils ne peuvent
faillir, c’est d’acheter chaque jour une quantité de zalabia et à n’importe
quel prix. (Liberté, 15.3.93). En dépit d’une réglementation stricte, les
magasins et les boutiques de vêtements se transforment en l’espace d’une
journée en vendeurs de zalabias dès le premier jour du Ramadhan. (El
Watan, 4.2.94). L’ambiance est bon enfant autour d’un thé préparé à la
sauvette et de la rituelle zlabia. (Le Matin, 1.2.96). « En été,
contrairement à ce Ramadhan, l’endroit ne désemplit pas » lancera un
jeune qui tient un petit commerce de zlabia. (El Watan, 3.1.00).

10Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991.

11ZALAÏDJ V. ZELIDJ.

12ZAMBRETTO V. ZOMBRETTO.

13ZAOUIA, ZAWIYA, ZÂWIYA, ZAOUIYA, ZAOUÏA (de l’arabe)


n. f. (pluriel : zaouïas, zaouiate) 1. Courant. Confrérie religieuse
musulmane. Les chefs de zaouïa, des confréries, les notables et les
oulémas de toutes les tribus tenaient d’interminables conférences. (El
Moudjahid, 15.5.83). Les rapports tumultueux entre les zaouias et le
pouvoir ne sont pas pour délier les langues. (El Watan, 29.5.91). Nos
zaouïas ne racolent pas les néophytes dans les rues ou par voie d’affiches
collées sur les murs des villes. (La Nation, 12.12.95). Boumediene se
méfie des hommes du culte et, en particulier, des zaouïas, les
soupçonnant d’être opposés à son régime et à ses choix
socialistes. (Hassan, 1996, 128). L’association nationale des zaouïas a
aussi soutenu la décision du gouvernement, estimant qu’elle « n’est pas
en contradiction avec les principes de l’islam et les traditions du peuple
algérien en matière de solidarité et de justice sociale ». (La Tribune,
19.2.96). Aujourd’hui encore, la célébration du Mawlid reste dans une
large mesure une affaire de confréries et de zâwiyas. (El Watan,
20.7.97). Lorsque le corps de Messali a été ramené en 76 – date de sa
mort – aucune famille n’avait accepté d’accueillir le cercueil. Aucune
zaouïa n’avait accepté de s’occuper de son enterrement. (El Watan,
30.3.00).

142. Disponible. Demeure ou établissement appartenant à une confrérie


religieuse musulmane, souvent construit autour du tombeau d’un saint
vénéré et comportant un oratoire, une école et des logements pour les
pèlerins. Cette zaouia, monument de valeur historique, pourrait abriter
un musée local d’histoire ancienne de la région. (El Moudjahid,
12.11.85). Une vieille entre soudain dans la zaouia. Elle laisse échapper
des youyous, baise la main du « chaouch », dépose ses offrandes, allume
du djaoui, puis embrasse le tombeau. (El Watan, 3.9.91). Le domaine
religieux était cantonné dans l’enclos archaïque des zaouïas, moule du
fatalisme et de la soumission. (Mokeddem, 1992, 62). Dans les mosquées
comme dans les zaouias, les Algériens trouvaient gîte et couvert. (El
Moudjahid, 9.4.93). C’est lui le fondateur de la zaouia des Kenadsa,
construite à son retour des Lieux saints. (La Tribune,
23.1.96). Lui [Kateb Yacine], qui est issu d’une tribu qui, avant que la
colonisation ne l’eût dispersée, sortait dans ses zaouias-universités des
fournées d’ « étudiants à vie, pauvres et dangereux ». (El Watan, 8.2.00).
[…] du parking en face de la zaouïa Benabderahmane. (Quotidien
d’Oran, 15.3.00).

15Com. Attesté ds Lanly 1970, PR.

16ZAOUIATE, ZAOUIYATE pluriel de ZAOUIA. On se souvient de


l’enseignement « traditionnel », de celui dispensé dans les zaouiate. (El
Moudjahid, 15.1.70). La multiplication des zaouiate combinée au
dessèchement progressif des chotts pose le problème d’eau. (El
Moudjahid, 8.1.85). Il ferma également les zaouiyate qui ont fait mine de
protester et balaya le clergé maraboutique et parasitaire, interdit même
le port des habits traditionnels et la chéchia. (Algérie-Actualité, 9.11.93).

17ZARBIA, ZERBIA, ZARBIYA (de l’arabe) n. f. Spécialisé. Tapis de


haute laine et de grande dimension tissé à la main. Sur une natte en alfa
recouvrant la terre battue était tendue une zarbia en laine rouge et
noire. (Mokeddem, 1992, 78). Fatima a de plus en plus de mal à tisser la
zarbiya de bnat Djebel Lakhdar d’Aflou. Avant, il lui fallait vingt djezza
pour un tapis, aujourd’hui, difficiles à se procurer, achetées chez Hadj
Mechri. (El Watan, 5.1.95). Nos ancêtres désignaient le mot « Tazerbit »
qui se métamorphosera vers l’arrivée des musulmans en « Zerbia ». (El
Acil, 17.1.96). V. DJEBEL-AMMOUR, DJERBI, HANDBAL,
TAPISSERIE.

18ZAWIYA, ZÂWIYA V. ZAOUIA.


19Z’BEL (de l’arabe dialectal) n. m. Disponible, milieu des jeunes.
Poison ; par extension, drogue. Ensuite, c’est le mélange, le z’bel. On les
appelle les « savonnettes » : ce sont les déchets mélangés avec des
comprimés, de l’essence, des anesthésiques. (Algérie-Actualité,
11.4.91). « J’en ai marre, cette vie c’est du z’bel, je veux me suicider »,
déclare Saïd, ce jeune hittiste dépravé. (Algérie-Actualité,
11.4.91). Leurs viandes, c’est du « z’bel », elle n’a pas de goût, et
pourtant tout est très cher. (El Acil, 16.12.92). Tu feras bien d’arrêter de
fumer ce z’bel. (oral). V. ZETLA, ZOMBRETTO.

20ZEDJEL, ZADJAL (de l’arabe) n. m. Disponible. Chanson populaire


en arabe dialectal, poésie dont les strophes se répètent en cadence
régulière. Écoute-les chanter les mêmes mélodies, les qasidas, les medhs
et les zadjals composés par leurs ancêtres juifs et musulmans. (Ben
Mansour, 1990, 72). […] dans les environs des cités traditionnelles où la
musique classique algérienne savante régnait sans partage, se
permettant même le luxe de donner naissance à des genres dérivés
comme l’aâroubi, le zedjel. (El Watan, 17.5.96).

21ZEEN V. CHÊNE-ZEN.

22ZELIDJ, ZELLIDJ, ZILLIJ, ZALAÏDJ, ZELLIGE (de l’arabe


dialectal) n. m. Spécialisé. Carreau de faïence de petite taille, décoré avec
des motifs en forme d’arabesques. C’était probablement une très belle
maison d’habitation style mauresque avec tous ses murs recouverts de
zelidjs. (Bennabi, 1965, 52). Des carreaux avec chacun un dessin de
« zelidj », de mosaïque, de tapis ou même d’impression d’étoffe ou de
soie de l’époque. (Bouchama, 1977, 30). Les zillijs, le marbre, les
carreaux de terre cuite s’étendent en une sorte de tapis comme dans les
chambres. (El Moudjahid, 24.4.81). Les maisons présentent parfois des
aspects très riches et décoration ancienne avec zellidj, éléments
décoratifs ajourés, obtenus à partir d’un appareillage judicieux de
briques. (El Moudjahid, 17.12.84). […] cette architecture de marbre, de
mosaïque, aux zalaïdjs multicolores, aux patios et aux jets d’eau. (Ben
Mansour, 1990, 70). […] une chambre pharaonique […] dont les murs
sont en zelliges avec des motifs de décoration mauresque sur lesquels
sont calligraphiés sept extraits de versets coraniques hautement choisis.
(Zaoui, 1999, 53). V. FAÏENCEUR.

23ZENDALI, ZENDANI (de l’arabe dialectal) n.m. Spécialisé. Rythme


musical d’origine andalouse, danse constantinoise. On passa ensuit au
zendali constantinois qui nous valut l’exhibition d’une fillette ravissante
dans sa longue gandoura magnifiquement brodée. (El Moudjahid,
8.4.71). Après la mort de son père, trois femmes l’initièrent aux secrets
du haouzi, aroubi, zendani. (El Moudjahid, 19.1.77). Lorsque sa mère ou
ses sœurs lui rendent visite, il faut voir la fête que c’est avec les
derboukas marquant, pendant des heures durant, les mesures de zendali
effréné. (Lemsine, 1978a, 90). Il existe des quacidates « Zendanis ». (El
Moudjahid, 4.8.84).

24ZERBIA V. ZARBIA.

25ZERDA (de l’arabe dialectal) n. f. (pluriel : zerdas, zerdate(s)) 1.


Courant. Cérémonie rituelle, fête rurale en hommage à un saint local
suivie souvent d’un repas en commun. La zerda est une manifestation de
population rurale, de nomades ou de semi-nomades, celle de douars
isolés et dispersés qui se regroupent en de pareilles occasions. (Algérie-
Actualité, 3.5.84). Comme à l’accoutumée, le saint tint donc sa promesse
à la joie générale. Une « zerda » vite improvisée réunit tout le village
dans le mausolée de « Sidi Amar » auquel la famille de H.S.
« égorgea », à défaut d’un bœuf, un mouton acheté avec les économies
de la « vieille mère ». (Toualbi, 1984, 103). La « zerda » rendant
hommage au Ouali Sidi Yahia aura lieu comme chaque année, depuis
plus de sept siècles, vers la fin de l’été. (El Watan, 3.9.91). Les derviches,
pour lui rendre hommage et lui manifester leur attachement,
s’empressaient d’organiser une zerda. (Benhadouga, 1992, 19). Le dévot
était souvent l’islamiste qui ne portait pas encore cette appellation et
dont l’image était, à cause du contrepoids productif de la gauche de
l’époque sans doute, volontairement assimilée au ventru des zerdas et
autres banquets de bureaucrates féodaux que le cinéma algérien a bien
représentés. (La Nation, 30.1.95). Ce passionné du Malouf, je l’ai
découvert alors que je prenais plaisir dans les Zerda de Boulajbal, où
jadis les familles constantinoises organisaient un rituel allant jusqu’à
Sidi Mohamed El Ghorab. (El Acil, 11.8.97). Le bouc que vous avez
sacrifié à la zerda de Sidi M’hamed Moussa fera de l’effet […] Si vous
pouvez donner un autre bouc pour attirer sur moi les grâces de Sidi
M’hamed Moussa. (El Watan, 20.7.00).

26Com. La cérémonie consiste souvent en une procession et une visite au


tombeau du saint suivies de la dégustation d’un couscous.

272. Disponible. Au figuré. Fête, rassemblement, souvent accompagnés


de bombances. Tout concourait à nous attirer à Oran malgré notre
désaccord quant à l’organisation de ces sous-zerdas de
prestige. (Révolution africaine, 3.5.84). On vit toujours sur ce qui nous
reste de la foire, de la dernière zerda du livre. (Révolution africaine,
14.6.85). Il y était question d’une grande zerda dans les environs de
Béjaïa et da L’Ho aurait dansé avec Saïd Sadi dans une immense
rencontre réconciliatrice, armes déposées et différends
oubliés. (L’Hebdo libéré, 27.1.93). À l’occasion de ma réussite au bac,
j’ai organisé une zerda pour les amis. (oral) V. HADRA, NACHRA,
WAÂDA, ZIARA.

28ZERDATE(S) pluriel de ZERDA. Par ailleurs, une fois n’est pas


coutume et traditions locales obligent, les élections sont propices à la
profusion des zerdates (un remake épicé et bien en chair des couscous et
autres chorbas populaires) faisant le bonheur d’électeurs potentiellement
acquis, surtout par ces temps de disette. (El Watan, 28.5.97).

29ZERIBA, ZRIBA, ZÉRIBA (de l’arabe dialectal) n. f.


(pluriel : zeribas, zeribate(s)) 1. Spécialisé. Dans les régions sahariennes,
enclos, parc à bétail délimité par des haies de branches épineuses. Les
autres installations greffées au village sont constituées par une zriba
collective de 1 000 m2 destinée à regrouper les troupeaux en dehors du
village. (El Moudjahid, 1.8.77). Trois maisons et 15 zeribas ont été
endommagées. (El Moudjahid, 7.11.83). Au lieu de construire des
hangars, les éleveurs optent pour la « zriba » qui n’offre aucune
protection contre le froid et les gelées. (El Moudjahid, 15.1.85). La mode
est à la zriba et au buisson. (Liberté, 25.10.95).

302. Spécialisé, vieilli. Dans les régions sahariennes, habitation, hutte en


pisé et roseaux jouxtant l’enclos à bétail. L’autoconstruction éliminera
définitivement les zeribas, utilisées en guise de logements… (El
Moudjahid, 6.7.83). Des zeribas, inspirées du style architectural
subsaharien, une ossature en encorbellement faite de roseaux et d’argile
constituent le noyau central. (Algérie-Actualité, 2.2.84). Au plafond de la
zériba, entre les branchages sont accrochées des planches sur lesquelles
sont écrits des versets du Coran. […] Laissons M. Bouaka Messaoud, le
gérant, parler de son « hôtel » : « L’APC me loue les zeribas pour un
prix énorme. » (El Moudjahid, 15.5.86). Les habitants de Tarat vivant
actuellement dans les « zeribas » vont bénéficier de l’électricité. (El
Moudjahid, 19.5.86).

31Com. : attesté dans IFA.

32ZERIBATE(S) pluriel de ZERIBA. Bien avant la tenue de l’Assihar,


l’hôtel affichait « complet » […] Des « zeribate » ont été confectionnées
dans les zones périphériques de la ville mais où ne sont reçus que des
touristes étrangers. (El Moudjahid, 5.1.78). Les premiers pâtés
d’habitations appelées « zeribates », espèces de huttes de branchages et
d’herbe séchée apparaissent, éparses […]. (El Moudjahid, 15.5.86).

33ZÉROUALIEN, ENNE (du nom propre Zeroual + suf. –ien) adj.


Disponible. Qui concerne l’ancien Président de la République Liamine
Zeroual et sa politique. Tous les autres intervenants ont soutenu la
« nouvelle » orientation qui s’est révélée la plus « zeroualienne » de
toute l’assistance. (La Nation, 8.10.96). La restructuration du tissu
institutionnel correspondrait probablement à cette volonté de rompre
avec le concept de « démocratie participative » ayant eu cours durant la
période zéroualienne. (La Tribune, 12.1.00).

34ZETLA (de l’arabe dialectal) n. f. Courant. Drogue (générique pour


tout hallucinogène). Au même titre que qalb-el-louz, la zetla cartonne
pendant ce mois sacré. Ahmed me donne une des raisons : « Les
alcooliques sont obligés de trouver un substitut à l’alcool. Ils se
reconvertissent à la zetla pendant un mois. C’est pour cela que la zetla, il
y en a de plus en plus qui entre, surtout depuis l’ouverture des frontières
avec le Maroc ». (Algérie-Actualité, 11.4.91). Il est vrai que le succès du
raï réside dans le fait qu’une grande partie de la frange juvénile, exclue
du système scolaire, livrée au chômage, subissant des problèmes sociaux
multiples, acculée à la zetla et à la violence […]. (Alger républicain,
30.8.91). Le soir, il s’adonne aux séances de zetla, en compagnie de ses
copains du quartier. Les dinars qu’il gagne chaque jour lui permettent de
se fournir sa dose quotidienne. (Le Matin, 2.1.93). La jeunesse continue à
se réfugier dans les plaisirs illusoires de la zetla ou à répondre à l’appel
de la violence, lancé du haut des minarets. (Le Matin, 13.1.93). Il y a
vingt ans, Bab El-Oued et la Casbah étaient moins surpeuplés, les
enfants ne vendaient pas de cigarettes à la sortie des écoles, les dealers
ne refilaient pas de la zetla au vu et au su de tout le monde ; il y a vingt
ans, on ne tuait pas à l’âge de 16 ans. (Le Matin, 27.9.95). Un vieux de la
vieille nous murmure même qu’il est l’un des premiers à avoir écrit pour
Khaled contre une bouteille de vin (rouge SVP !) ou un bâton de
zetla. (Le Matin, 4.7.96). En l’absence d’infrastructures d’accueil
(culturelles ou sportives), ces jeunes laissés-pour-compte se réfugient
dans la « zetla », car rongés par le désespoir. (La Tribune, 30.12.99).
V. CHIRA, KIF, Z’BEL.

35ZIANIDE n., adj. Spécialisé. Relatif à une des dynasties ayant régné
en Algérie. […] la restauration de la vieille mosquée de Nedroma qui
date du onzième siècle et dont le minaret a été érigé à l’époque zianide
en 1384. (Liberté, 9.2.00).

36ZIARA, ZIÂRA, ZIARRA (de l’arabe) n. f. (pluriel ziaras, ziarate)


1. Courant. Cérémonie de recueillement au mausolée du saint local, visite
au marabout. Et l’enfant du pays de présenter les riches facettes des
Ziaras et Waâda destinées à honorer les mémoires des sacro-sages
ancêtres. (El Moudjahid, 20.1.82). Son père lui conseillera une « ziara »
– visite – au sanctuaire de Sidi Abderrahmane, wali d’Alger. (Toualbi,
1984, 130). Que croyez-vous que fit Hamrouche en entamant sa visite à
Miliana ? Il accomplit une ziara à Sid Ahmed Benyoucef, patron de la
ville. (Algérie-Actualité, 23.5.91). La fête religieuse d’Adar Molene est
célébrée avec éclat et ferveur annuellement à Tamanrasset par un grand
monde de « pèlerins » venus des régions avoisinantes à la « ziara » de
la zaouia de Moulay Abdallah, comme le veut la légende, et qui s’est
pérennisée en devenant une coutume ancestrale. (L’Opinion, 22.4.93). La
« Ziara » est pour les uns l’occasion unique de revoir des connaissances
perdues de vue. (El Moudjahid, 4.5.93). Toute la population du Chenoua
s’apprêtait à célébrer la « ziara », fête religieuse en l’honneur du saint
homme. (Liberté, 2.11.93). C’est aussi le lieu de ziara dit des quarante
walis où se rendaient des femmes en quête de soins et de grâces. (La
Tribune, 24.10.95).

372. Peu courant. Par restriction, offrande qui accompagne la visite au


marabout. « Et la ziâra ? », demande la vieille en lui ouvrant la
porte. (Ouettar, 1981, 100). J’ai fait une ziâra à Sidi-Abder-
Rahmane… (Lounès, 1982, 14).

383. Peu courant. Par extension, visite (en général). Certains vacanciers
optent pour une visite au Vieux Ténès […] Un café bien indiqué, le café
« El Arich ». Là, on ne manquera pas de vous trouver sympathique.
Dans ce cas, on n’hésitera pas à vous inviter à une « ziara ». (El
Moudjahid, 16.8.83). Je suis sorti pour une ziara chez mon frère en
France. (oral). V. NACHRA, WAÂDA, ZERDA.

39ZID (de l’arabe dialectal) adv. Courant, oral surtout. Ensuite,


encore. Le serveur qui veut la récupérer, louche vers la tasse de notre
interlocuteur qui se décide à la vider d’un trait, mais « zid deux
cafés ». (Algérie-Actualité, 14.6.84). Zid, quel genre de problèmes vous
avez encore ? (oral). Zid un dinar ! (oral). D’accord, d’accord
zid ! (oral).

40ZILLIJ V. ZELIDJ.
41ZINA (de l’arabe) n. f. Disponible. Relation sexuelle hors mariage
(assimilée à de la prostitution ou à de l’adultère). Déjà, lors des
précédentes élections, des filles de joie s’étaient acoquinées avec des
islamistes, ces citoyens qui montaient, et voilà donc qu’elles confirment,
ces filles qui vivent de la zina évidemment prohibée. (L’Hebdo libéré,
6.1.93). Un mal engendré (la plupart du temps) à la suite d’un court
plaisir qui reste un grand péché, car interdit par le Divin (Ez-zina). (Le
Soir d’Algérie, 21.4.94). La zina est réprimée par la chariâa
musulmane. (oral).

42ZITLA V. ZETLA.

43ZJOULE (de l’arabe dialectal) n. m. Spécialisé, milieux artistiques.


Genre musical originaire de Constantine. Deux genres typiques à la ville
de Constantine, le mahdjouze et le zjoule sont méconnus du grand public
et ne sont pas pratiqués convenablement. (El Acil, 15.1.93). Je vais
rénover le mahdjouze et le zjoule dans le seul but de le transmettre au
grand public et ce avec tous les respects dus à nos « cheikhs ». (El Acil,
15.1.93). Si Omar est le seul artiste de Constantine à maîtriser le zjoule
dans toutes ses variantes. (oral).

44ZLABIA, ZLEBIA V. ZALABIA.

45Z’MEN, ZMEN (de l’arabe) n. m. Peu courant. Époque,


moment. C’était z’men la longue nuit coloniale… (Khiari, 1981, 25). Et
voilà la mère repartie dans un soliloque théâtral contre le zmen et
l’ingratitude des enfants. (Lounès, 1982, 67). À ce z’men-là, lorsque le
directeur nous téléphonait en pleine émission, cela voulait dire qu’on
allait passer un horrible quart d’heure… (Le Jeudi d’Algérie, 6.8.92).
46ZOMBRETTO, ZAMBRETTO, ZOMBRITO (de l’espagnol) n. m.
Courant, milieu des jeunes. Boisson alcoolisée de fabrication artisanale
composée d’alcool à brûler et d’eau. Une bande d’adolescents fêtant un
anniversaire quotidien en consommant des litres de zombrito, mélange
d’alcool à brûler et d’eau. (L’Unité, 5.5.78). L’interdiction de l’alcool
dans certaines localités a poussé les gens à consommer des « pastis de
guerre » type zambretto ou de l’alcool à brûler… (Horizon 2000,
1.1.86). Les ennemis de Hamrouche (trabendistes notoires) ont tenté
vainement d’inviter le Premier Ministre à Sfisef afin de lui offrir un verre
ou deux de zombretto (sorte de soda au méthanol). (Algérie-Actualité,
31.5.90). « Je prends la chira, les cachets, le zambretto, l’essence, le
Pattex (le rouge en petits cubes, précise-t-il), le parfum et tout ce qui me
tombe sous la main. » (Algérie-Actualité, 29.8.91). Quand il est fauché, il
se met aux alcools frelatés et au zombretto. Puis les cachets. (El Watan,
26.6.94). […] ça prend pour refuge la précarité d’un émigré, ça se
détruit au zambretto, ça se défonce au kif. (Sansal, 1999, 196).

47ZORNA (de l’arabe dialectal) n. f. 1. Disponible. Instrument de


musique traditionnel, sorte de biniou. Le comité culturel organise un
concours de zorna avec la participation de troupes folkloriques. (El
Moudjahid, 22.6.77). Les femmes joignaient leurs youyou à la « zorna »
des groupes folkloriques. (El Moudjahid, 28.11.83). Plus ressentie chez
les femmes que chez les hommes, la zorna sous des you-you sonores et
des larmes annonce […] le mariage d’une dulcinée. (El Watan,
26.8.91). La zorna et les bendirs retentissaient et amplifiaient les lieux
d’un air mélodieux. (El Acil, 26.12.95). C’est sur un air de zorna que M.
Redha Malek a, comme à son habitude, fait son entrée dans la salle vers
17 h 30. (L’Authentique, 28.5.97). Le programme initié par les
organisateurs est surtout axé sur la musique de la zorna, du chaâbi
avec Aziouz Raïs. (Le Matin, 14.8.97). Lors de cette saha, l’on s’est
délecté, tout d’abord avec la troupe de zorna de l’association blidéenne
El Wouroud. (El Watan, 6.1.00).

482. Disponible. Orchestre jouant de la zorna. Des groupes prestigieux


se produiront tels que ceux des baroudeurs de Berriane, la zorna de Tizi-
Ouzou… (Révolution africaine, 7.8.77). Il faut saluer la zorna de
« Nedjma El beida », un ensemble de quatre jeunes musiciens avec
tambourins, tambours et ghaïta. (El Moudjahid, 9.7.84). Une zorna défile
dans les rues de Tlemcen pour stimuler les habitants à se rendre au
stade. (El Moudjahid, 23.4.93). On fit venir la zorna et des filles tatouées
entichées de danse bédouine. (Sansal, 1999, 53). V. ZORNADJI,
ZORNADJIA, BENDIR.

49ZORNADJI (de l’arabe dialectal) n. m. (pluriel : zornadjis,


zornadjia). Disponible. Joueur de zorna. Ce festival a pour ambition de
devenir une rencontre traditionnelle entre zornadjis. (El Moudjahid,
23.5.77). Il est inconcevable d’imaginer une circoncision, une noce sans
la présence si harmonieuse d’une troupe de zornadjis. (El Moudjahid,
25.10.84). Les zornadji (joueurs de la zorna) ne sont pas motivés par
l’art lui-même mais plutôt par le côté mercantile. (El Watan,
26.8.91). Boualem Titiche est le plus célèbre zornadji de l’Algérie. Qui
ne le connaît pas ? Ses partitions musicales sont un plaisir pour les
sens. (oral).

50ZORNADJIA pluriel de ZORNADJI. […] une scène sur laquelle


évoluerait un groupe de rock ou des zornadjia. (Algérie-Actualité,
7.6.84). Les zornadjia se sont produits à la salle
Harcha. (oral). J’amènerai les zornadjia à ton mariage. (oral).
51ZOUAVE (de l’arabe) n. m. Vieilli mais disponible, écrit surtout.
Fantassin recruté par l’administration coloniale française. L’acide de
cette violence… est vite réprimée par les soldats sénégalais, les zouaves
et les spahis. (Boudjedra, 1981, 58). Le commandement français avait
estimé plus prudent de ne pas y faire parvenir les tirailleurs algériens.
Ce furent les zouaves, parmi lesquels de nombreux Juifs constantinois,
qui prirent le coup. (Bennabi, 1965, 35).

52Com. Attesté ds Lanly 1970, Duclos 1991, GR, TLF. V. GOUMIER,


HARKI, MÉHARISTE, SPAHI.

53ZRIBA V. ZERIBA.

54ZRIBATE V. ZERIBATE.

55ZRIR (de l’arabe) n. m. Spécialisé. Gâteau traditionnel que l’on


prépare et donne à manger à la parturiente et aux invités qui célèbrent la
nouvelle naissance. La préparation des crêpes et du zrir (semoule grillée
mélangée au beurre et à d’autres ingrédients) constitue le « clou » des
plats consommés durant cette fête par chaque famille. (El Moudjahid,
6.12.84). Le plateau de zrir est chaque fois bien accueilli par les enfants
qui en raffolent. (oral). V. CHERCHEM, TAMINA.

56ZYARA V. ZIARA.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012

1 – Bibliographie des sources

1On ne mentionne ici que les journaux, les revues, les ouvrages à
vocation littéraire, les essais et autres écrits réellement dépouillés qui ont
fourni des attestations écrites et permis d’illustrer par des exemples écrits
les néologismes inventoriés. On les regroupe sous trois rubriques, presse,
textes à vocation littéraire, autres écrits. En raison de leur caractère oral et
privé, on ne classe pas les conversations enregistrées ou saisies au vol
signalées par la mention « oral ». Les autres documents oraux (émissions
de radio et de télévision) sont cités sous la rubrique « médias ».

1.1 – Presse

2Actualité-Économie, revue mensuelle.

3Afric-éco, revue mensuelle.

4Algérie-Actualité, hebdomadaire.

5Algérie-Énergie, revue éditée par le Ministère de l’Énergie et des


Industries pétrochimiques.

6Algérie et l’actualité internationale, périodique du Ministère des


Affaires étrangères.

7Algérie verte, revue trimestrielle éditée par le Ministère de l’Agriculture


et de la Pêche.

8Alger républicain, quotidien.

9Cirta, revue historique sociologique publiée par l’Institut des Sciences


sociales de l’Université de Constantine.

10Construire, revue bimestrielle éditée par le Centre national


d’animation des entreprises et de traitement des informations du secteur
de la construction.

11Dialogue, revue bimensuelle d’informations de la wilaya de Tebessa.


12Djazairia, revue mensuelle éditée par l’Union nationale des femmes
algériennes.

13Échos de la Soummam, revue mensuelle d’information de la wilaya de


Bejaïa.

14El Acil, quotidien publié à Constantine.

15El Amel, revue mensuelle éditée par le Ministère de la Jeunesse et des


Sports.

16El Ayed, revue mensuelle.

17El Djeich, revue mensuelle de l’Armée nationale populaire.

18El Hadef, hebdomadaire national omnisports.

19El Manchar, hebdomadaire.

20El Moudjahid, quotidien.

21El Watan, quotidien.

22Horizons 2000 (rebaptisé Horizons depuis 1986), quotidien du soir.

23Interface, revue éditée par l’INH de Boumerdès.

24Journal officiel de la République algérienne démocratique et


populaire (traduction française).

25La Nation, hebdomadaire.

26La Tribune, quotidien.

27L’Authentique, quotidien.
28Le Cheminot, revue d’information interne de la Société nationale des
transports ferroviaires.

29Le Détective, hebdomadaire.

30L’Économiste d’Algérie, hebdomadaire.

31Le Jeudi d’Algérie, hebdomadaire.

32Le Jeune indépendant, quotidien.

33Le Journal, quotidien.

34Le Matin, quotidien.

35Le Nouvel Hebdo, hebdomadaire.

36Le Quotidien d’Algérie, quotidien.

37Le Quotidien d’Oran, quotidien.

38Les Nouvelles de l’Est, quotidien.

39Le Soir d’Algérie, quotidien.

40Le Sidérurgiste, journal du complexe sidérurgique d’El-Hadjar.

41L’Étudiant, revue éditée par la section de l’INH de Boumerdès.

42L’Événement, quotidien.

43L’Hebdo libéré, hebdomadaire.

44Liberté, quotidien.

45L’Opinion, quotidien.
46Révolution africaine, revue hebdomadaire, organe central du FLN.

47Révolution et Travail, hebdomadaire de l’Union nationale des


travailleurs algériens.

48Révolution socialiste, revue mensuelle éditée par le Parti de l’Avant-


Garde socialiste d’Algérie.

49Revue de l’Université, revue éditée par l’Université d’Annaba.

50Revue Sportive du Travailleur, revue de la Fédération algérienne Sport


et Travail.

51Sonelgaz Écho, journal d’entreprise édité par Sonelgaz.

52Tribune d’Octobre, mensuel.

53L’Unité, hebdomadaire, organe central de l’Union nationale de la


jeunesse algérienne.

54Voix multiples, revue périodique poético-littéraire.

55Volley-ball Algérie, revue nationale de la Fédération algérienne du


Volleyball.

1.2 – Ouvrages littéraires

56ABA, N. (1963), La Toussaint des énigmes, Paris, Présence africaine.

57ABA, N. (1981), Tell El Zaâtar s’est tu à l’aube, Paris, L’Harmattan.

58ABA, N. (1984), Mouette, ma mouette. Pourquoi rien ne s’oublie,


Paris, L’Harmattan.

59ABDICHE, B. (1984), Reflets, Alger, ENAL.


60ACHIR, K. (1997), Nassima, Paris, L’Harmattan.

61ACHOUR, M. (1971), Le Survivant et autres nouvelles, Alger, SNED.

62ACHOUR, M. (1975), Les Dernières vendanges, Alger, SNED.

63ACHOUR, M. (1980), Héliotropes, Alger, SNED.

64ACHOUR, M. (1983), Jours de tourments, Alger, ENAL.

65AIDER, M. (1982), Ça c’est du sport « Mundial 82 », Alger, SNED.

66AIDER, M. (1984a), Histoires pour rire, Alger, ENAL.

67AIDER, M. (1984b), Ça c’est du sport !, Alger, ENAL.

68ALLOUACHE, M. (1995), Bab el-Oued, Paris, Le Fennec.

69AMADIS, S. (1995), La Loi des incroyants, Paris, Plon.

70AMINE (1982), Les Mains de Fatma, Alger, SNED.

71AMINE (1984), Colporteur, Alger, SNED.

72AMRANI, D (1960), Le Témoin, Paris, Minuit.

73AMRANI, D (1964), Soleil de notre nuit, Paris, Subervie.

74AMRANI, D (1968), Bivouac des certitudes, Alger, SNED.

75AMRANI, D (1972), Aussi loin que mes regards se portent…, Alger,


SNED.

76AMRANI, D (1973), Il n’y a pas de hasard, Alger, SNED.

77AMRANI, D (1981), Entre la Dent et la Mémoire, Alger, SNED.


78AMRANI, D (1983), La Plus haute source, Alger, ENAL.

79AMRANI, D (1985), Argile d’embolie, Alger, Laphomic.

80ATMANI, H. (1986), La Fermentation, Alger, ENAL.

81BAGHLI, S.A. (1982), El Djezaïr, Alger, Ministère de l’Information.

82BAITAR, A. (1959), De l’amour à la mort dans l’arène algérienne


(poèmes et récits d’un moudjahid algérien), Rabat, Imprimerie nord-
africaine.

83BAITAR, A. (1982), Je suis Algérien (chants et récits d’un moudjahid),


Alger, SNED.

84BAOUCHE, M. (1981), Noir sur blanc, Alger, SNED.

85BELAMRI, R. (1982), Le Soleil sous le tamis, Paris, Publisud.

86BELANTEUR, S. (1975), Les Chevaux de Diar-el-Mançoul, Alger,


SNED.

87BELANTEUR, S. (1981), Fruits de cactus, Alger, SNED.

88BELHALFAOUI, H. (1964), Soleil vertical, Oran, Imprimerie Belkacem.

89BEN, M. (1982), Ainsi naquit un homme, Alger, La Maison des livres.

90BEN, M. (1984), Sur le chemin de nos pas, Paris, L’Harmattan.

91BENAISSA, M. (1984), Sur les chemins du malheur, Paris, La Pensée


universelle.

92BENAISSA, S. (1999), Les Fils de l’amertume, Paris, Plon.

93BENCHERIF, A. (1969), L’Aurore des mechtas, Alger, SNED.


94BENHEDOUGA, A. (1977), La Fin de l’hiver, Alger, SNED.

95BENHEDOUGA, A. (1982), Le Vent du Sud, Alger, SNED.

96BENKAMLA, A. (1983), Je t’imagine Antigone, Alger, ENAL.

97BEN MANSOUR, L. (1990), Le Chant du lys et du basilic, Paris, Lattès.

98BEN MANSOUR, L. (1997), La Prière de la peur, Paris, La Différence.

99BENNABI, M. (1965), Mémoires d’un témoin du siècle, Alger, SNED.

100BENSMAINE, L. (1996), Parfums d’Alger, Tunis, Ceres Éditions.

101BITAM, B. (1984), Rue de la Liberté, Alger, ENAL.

102BOUABACI, A. (1985), L’Aube est née sur nos lèvres, Alger, ENAL.

103BOUALI, S.A. (1983) La Princesse et l’oiseau, Alger, ENAL, 1983.

104BOUCHAMA, A. (1966), L’Arceau qui chante, Alger, SNED.

105BOUCHAMA, A. (1984), L’Oasis géante, Alger, ENAL.

106BOUDJEDRA, R. (1956), Pour ne plus rêver, Alger, ENA.

107BOUDJEDRA, R. (1972), L’Insolation, Paris, Denoël.

108BOUDJEDRA, R. (1977), L’Escargot entêté, Paris, Denoël.

109BOUDJEDRA, R. (1979), Les 1001 années de la nostalgie, Paris,


Denoël.

110BOUDJEDRA, R. (1980), La Répudiation, Paris, Denoël.

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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012

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