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ECOLE NORMALE SUPERIEURE

ABIDJAN

Département des Sciences de l’éducation

UE : Sociologie de l’éducation


ECUE : EDUCATION ET INTEGRATION SOCIALE DES ELEVES

Niveau : CAP / CES VIE SCOLAIRE

Enseignant : Pr INANAN Kouéiwon Gaspard


Maître de Conférences
EDUCATION ET INTEGRATION SOCIALE DES ELEVES
1- Education
1-1. Selon différents auteurs
L’éducation est un terme courant qui résista à la définition tant, sous sa
simplicité apparente, il est complexe et donne lieu à des conceptions
diverses. L’éducation fait en effet intervenir de nombreux facteurs qui
concernent à la fois les finalités et les objectifs visés par la société, l’âge et
le statut des personnes à éduquer, la durée, le lieu et les modalités de la
formation. De plus, ces données ne peuvent être isolées du contexte social,
politique, économique et philosophique variable selon l’époque, le niveau de
développement, les structures sociales, …, etc.
Pour certains auteurs, l’éducation vise l’épanouissement et le développement
de l’individu en tant qu’être unique et distinct au sein du groupe social.
Pour d’autres, l’éducation est un processus de socialisation de l’individu, de
facilitation de son insertion au sein de la communauté. L’éducation favorise
et réalise ainsi l’épanouissement de l’individu à travers son intégration, son
adaptation à la société.
Pour d’autres encore, l’éducation doit permettre de former des agents
économiques producteurs de biens et des services utiles et nécessaires aux
membres de la collectivité.
Pour Fadiga K. (1988), l’éducation est avant tout un système, c’est-à-dire,
« un ensemble structuré dont les divers éléments, agissant et réagissant les
uns sur les autres, font apparaitre des indicateurs qui rendent compte du bon
ou mauvais déroulement de cette interaction ».
Pour Gaston Mialaret, l’éducation recouvre plusieurs réalités :
- D’abord le système éducatif avec ses finalités, ses objectifs, ses moyens,
ses contenus, ses méthodes et ses acteurs.
- Ensuite l’action éducative du maître sur les élèves et,
- Enfin, le bilan de l’action éducative qui permet de caractériser les résultats
de l’action au sein de l’institution éducative.

1-2 Définition selon Emile Durkheim


L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne
sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de
développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et
moraux que réclament de lui et de la société politique dans son ensemble et le
milieu spécial auquel il est particulièrement destiné.
Il est vain de croire que nous pouvons élever nos enfants comme nous voulons.
Il y a des coutumes auxquelles nous sommes tenus de nous conformer; si nous
dérogeons trop gravement, elles se vengent sur nos enfants. Ceux-ci, une fois
adultes, ne se trouvent pas en état de vivre au milieu de leurs contemporains,
avec lesquels ils ne sont pas en harmonie.
1-2-1 Conséquence de cette définition
Il résulte de la définition qui précède que l’éducation consiste en une
socialisation méthodique de la jeune génération.
En chacun de nous, on peut dire qu’il existe deux états, l’un est fait de tous les
états mentaux qui ne se rapportent qu’à nous-même et aux événements de
notre vie personnelle ; c’est ce qu’on pourrait appeler l’être individuel. L’autre est
un système d’idées, de sentiments et d’habitudes qui expriment en nous, non
pas une personnalité mais le groupe ou les groupes différents dont nous
faisons partie ; telles les croyances religieuses, les croyances politiques, les
pratiques morales, les traditions nationales ou professionnelles, les opinions
collectives de toute sorte. Leur ensemble forme l’être social. Constituer cet être
en chacun d’entre nous, telle est la fin de l’éducation.
1-2-2 La fonction de l’éducation
Durkheim affirme que « chaque société considérée à un moment de son
développement, a un système d’éducation qui s’impose aux individus ». Chaque
société se fixe un « idéal de l’homme », de ce qu’il doit être du point de vue
intellectuel, physique et moral : cet idéal est le pôle même de l’éducation. La
société ne peut vivre que « s’il existe entre ses membres une certaine
homogénéité ». L’éducation perpétue et renforce cette homogénéité en fixant à
l’avance dans l’âme de l’enfant et les apparentementaux fondamentaux qu’exige
la vie collective.

2- SOCIALISATION
La socialisation, transmission des normes, valeurs, croyances, coutumes par
l’apprentissage dans une société à lieu essentiellement dans la famille. C’est là
que l’enfant dès son plus jeune âge apprend par mimétisme les normes et
valeurs de sa famille, avec un système de sanctions positif ou négatif pour
valoriser ou non son comportement.
Si la socialisation (processus par lequel un individu apprend et intériorise les
valeurs de groupe auquel il désire appartenir, se fait avec succès, l’enfant
intériorise ces normes, ces coutumes, ces valeurs et les fait siennes ce qui ne
lui posera aucun problème pour les respecter puisqu’il les aura intégrés.
La socialisation a donc lieu dans un groupe primaire, la famille où les relations
entre les membres sont denses et intimes et la solidarité forte. La socialisation
transmet la culture du groupe, aboutit à un conformisme de ses membres et à
la reproduction sociale, l’individu n’ayant que peu de moyens d’agir sur sa
socialisation (théorie du déterminisme social). Ainsi se construit la personnalité
sociale de l’individu liée au groupe de socialisation.
3-Intégration Sociale.
L’intégration sociale représente le processus d’intégration d’un individu dans
une société, avec un partage de normes et valeurs, ainsi que le développement
d’un sentiment d’appartenance à ce groupe.
Il existe de nombreuses instances d’intégration pour l’individu au cours de sa
vie, les principaux sont : la famille, l’école et le travail.

3-1 La famille
Elle est une instance privilégiée d’intégration car :
- Lieu privilégié de la socialisation primaire : premier groupe auquel l’enfant
appartient et qui lui transmet les normes, valeurs de la société mais aussi
du milieu social (ouvrier, aisé …) et géographique auquel il appartient.
Cette socialisation est primordiale pendant la petite enfance et ensuite
même si elle est concurrencée par d’autres instances (école, groupes de
pairs, TV …). Elle permet de s’intégrer dans la société en y apprenant les
normes et valeurs dominantes.
- Lieu de solidarité : la famille est un refuge moral, affectif et financier
quand l’individu a des problèmes (rôle des parents et autres membres de
la famille) avec la montée de la précarité et du chômage.
- Déterminant social : la famille donne une place dans la société, celle-ci est
plus ou moins hiérarchisée, la place de la famille conditionne les individus.
Il y a un héritage familial en matière de normes, mode de vie, coutumes,
manières de parler, de manger … (habitus de Pierre Bourdieu : la
socialisation diffère selon le milieu social). Pour Bourdieu, la place des
individus est déterminée par le volume de capital dont il dispose : Capital
économique, social culturel.
3-2 L’école
- Elle est le lieu de socialisation. Elle apprend les normes et les valeurs qui
complètent celles de la famille ou viennent s’y ajouter : vie en collectivité,
méritocratie, esprit critique, contraintes (temps, travail) qui permettent
aussi aux enfants de s’intégrer. Elle joue un rôle d’homogénéisation, dans
la société en apprenant aux enfants les normes et les valeurs des
catégories dominantes (aujourd’hui les classes moyennes), vecteur de
cohésion sociale.
- L’école fait rencontrer des jeunes de milieux différents, elle permet de
former le groupe social de la jeunesse, des groupes de pairs qui ont leurs
propres rites, normes, codes de langage, vestimentaires… (Sous-culture
jeune). L’école a pris de l’importance dans son rôle intégrateur car le
temps scolaire s’allonge, les études sont obligatoires jusqu’à 16 ans et
l’âge moyen de sortie est de 22 ans. Une grande partie de la socialisation
des jeunes se fait dans le cadre scolaire.
3-3 Le travail
- Il est un agent de socialisation secondaire : on apprend de nouvelles
normes à l’âge adulte (exactitude, respect des règles et de la hiérarchie,
autonomie, travail en équipe …).
- Il permet d’avoir des contrats sociaux : relations, collègues de travail
(capital social). Beaucoup de personnes trouvent aussi l’âme sœur au
travail. Pour les jeunes, le travail leur permet d’acquérir une autonomie vis-
à-vis de leur famille, il permet aussi l’émancipation des femmes et leur
indépendance financière et sociale (elles ne sont plus dépendantes de
leurs maris pour avoir des contrats sociaux). Dans les années 1950, 1960,
le travail a été aussi le vecteur privilégié d’intégration des immigrés en
Europe.
- Il donne accès à la consommation : très important dans notre société. Il
faut d’abord assurer ses besoins primaires mais aussi secondaires. Pour
se sentir intégré, il faut pouvoir consommer un certain « minimum » qui
apparait vital à une certaine période (ex : avoir une TV ou un portable ou
une voiture …). La consommation est un signe social, elle permet de se
construire un statut et une identité, elle a un but ostentatoire (ex : nombre
de voitures aux Etats Unis, en Côte d’Ivoire, le portable ou le nombre de
baskets chez les jeunes …). La consommation permet aux individus de se
distinguer dans leur apparence (vêtements, physique …) ou dans leur
emploi du temps (les loisirs par exemple).
- Le travail donne un statut : il permet d’être reconnu par la société, on se
définit souvent en fonction de son travail (certains métiers possèdent
encore une certaine « conscience de classe » : ouvriers, agriculteurs) mais
surtout il donne droit à des avantages sociaux qui permettent d’être
moins vulnérables, notamment la protection sociale (chômage, maladie,
allocations diverses). Cette société salariale permet une bonne
intégration.
Conclusion
La famille permet l’intégration sociale des individus d’une part en les socialisant,
c’est-à-dire en leur inculquant des normes et des valeurs nécessaires à la
réussite de ces derniers en leur permettant de nouer des liens qui leur
permettent de s’intégrer socialement et d’autre part, elle est source d’entraide
puisqu’elle apporte soutien moral, financier et transmet un capital social qui
favorise leur intégration au corps social.
ANALYSE SOCIOLOGIQUE DE L’ALPHABETISATION SUR LE PROCESSUS DE
DEVELOPPEMENT

INTRODUCTION
Il n’est pas facile de décider s’il faut donner la priorité à l’enseignement scolaire
normal des enfants ou à l’enseignement extrascolaire des adolescents et des
adultes. On aurait tout naturellement tendance à donner la préférence au
premier, mais il y a des secteurs du développement économique et social dont
l’avenir dépend de la possibilité d’instruire un nombre suffisant d’adultes pour
répondre aux besoins du développement. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il
s’agit, par exemple, de freiner une expansion démographique trop rapide, de
maintenir un équilibre dans le milieu physique de l’homme et d’augmenter la
production agricole.
L’éducation des adultes présente de nombreux aspects et le concept
d’éducation permanente se substitue progressivement à l’idée d’un
enseignement qui se limite aux années de scolarité. C’est dans cette
perspective nouvelle qu’il faut envisager l’œuvre d’alphabétisation des adultes,
mais traduire ce concept dans les faits prendra nécessairement longtemps. Il
n’existe aucune solution facile. Les facteurs économiques et sociaux et les
problèmes des droits de l’homme sont étroitement liés.
Néanmoins, il faut absolument que les employeurs de l’industrie et de
l’agriculture (qu’il s’agisse de particuliers ou de sociétés), les organismes de
planification et de financement du développement ainsi que les institutions
internationales et les organisations non gouvernementales intensifient leurs
efforts.

1- Valeur attachées par le grand public à l’alphabétisation : aspirations à


l’alphabétisation et leur réalisation.
Maintenant que des hommes ont réussi à se poser sur la lune, on est amené à
se demander une fois pourquoi l’homme n’est pas capable d’obtenir de
semblables résultats dans la résolution de ses problèmes sociaux et humains.
La situation est particulièrement paradoxale dans le cas de l’alphabétisation qui
est un moyen permettant l’épanouissement de la personnalité, la réalisation des
droits de l’homme et la participation à la vie politique.
Dans les pays « en voie de développement » où vit la majeure partie de la
population du globe, où le développement économique et social est limité et où,
dans bien de cas, l’œuvre d’édification de la nation qui a suivi la décolonisation
n’est pas encore achevée, vivent 810 millions d’analphabètes. Tandis que
beaucoup d’idées et d’aspirations humaines se retrouvent partout, d’autres
dépendent des conditions de vie et des possibilités économiques. Les idéaux et
les aspirations exigent beaucoup de temps et d’efficacité de la part de celui qui
cherche à les réaliser : tel est le cas de l’alphabétisation dans les milieux
pauvres.
Dès le début des années 1990 ; la communauté internationale multiplie les
initiatives en faveur de la scolarisation primaire universelle (SPU). En 1990,
année internationale de l’alphabétisation, intervient la déclaration mondiale sur
l’éducation pour tous et la déclaration de Jomtien appelle à la diminution d’ici
2000 des taux d’analphabétisme des adultes en mettant l’accent sur
l’alphabétisation des femmes. Parmi les objectifs de l’école pour tous (EPT),
l’objectif N°3 est de « répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de
tous les adultes en assurant un accès équitable à des programmes ayant pour
objet l’acquisition des connaissances ainsi que des compétences nécessaires
dans la vie courante ». Quant à l’objectif N°4, il vise à « améliorer de 50% les
niveaux d’alphabétisation des adultes, notamment des femmes, d’ici à 2015, et
assurer à tous les adultes un accès équitable aux programmes d’éducation de
base et d’éducation permanente ».
Au Maroc, les motivations similaires sont découvertes.
Le plaisir de la lecture est aussi un motif de l’alphabétisation. Maguerez Charles
(1966) cite un mineur de phosphate qu’il rencontra quelque temps après avoir
achevé un stage d’alphabétisation : « avant, c’était comme si je ne vivais pas »
ou encore cette déclaration d’un enquêté : « quand on sait lire on se sent maître
de son destin ». Le prestige que confère l’alphabétisme est illustré par la
déclaration suivante faite par le rapporteur de la conférence sur
l’alphabétisation des adultes tenue à l’Université Ahmadou Bello au Nigéria
(1968) : « ce qui pousse à devenir alphabète, ce n’est pas toujours le désir de
faire de l’alphabétisme un outil, mais la volonté d’acquérir du prestige. Quoi qu’il
en soit, lorsqu’il sait lire et écrire, l’individu devient réceptif aux idées nouvelles,
au changement et au progrès. Il faut que les gens trouvent l’inspiration au plus
profond d’eux-mêmes afin de pouvoir répondre avec enthousiasme à l’appel qui
leur sera lancé pour améliorer les conditions de vie à la campagne et les
normes de l’agriculture ».
Si les alphabètes jouissent d’un grand prestige social et personnel dans les
groupes à faible revenu, c’est parce qu’ils sont relativement rares …. Ils exercent
dans la société des fonctions de confiance, par exemple, ils lisent le courrier
pour le compte d’autres personnes et écrivent leurs lettres. Le rôle de
l’alphabétisation, en tant que protection contre l’humiliation et la détresse a été
défini en termes très succincts et énergétiques dans une déclaration

problème économique ne saurait être résolu simplement grâce à une réforme


du système d’enseignement. Le retard dans l’instruction est si intimement lié au
retard économique que seul un plan de développement intégré pourra permettre
d’élever le niveau de l’enseignement » (Blaug M. 1967).
Le programme PNUD-Unesco est une tentative pour intégrer l’alphabétisation à
la formation fonctionnelle axée sur le travail et, partant, au processus de
développement économique. Il cherche aussi à résoudre un autre problème de
la motivation et de l’éducation. Comment donner à des adultes un
enseignement en matière de lecture et d’écriture qui réponde à leurs besoins et
qui ne soit pas calqué sur celui qui est dispensé aux enfants ?
Parallèlement à la croissance économique, le développement réclame une
action en vue d’améliorer les conditions sociales et humaines qui règnent dans
les pays en développement. Celles-ci de leur côté, influent sur les mécanismes
économiques en suscitant la participation du public et les stimulants sans
lesquels, il est impossible de déclencher et d’entretenir un processus de
développement à l’échelon national. Par exemple dans les pays d’Asie,
notamment en Inde, le gouvernement a pour principe de faire appel à tous les
moyens de communication, et participation des villages de plus en plus
nombreux à ses plans de développement.
Dans plusieurs pays ; la Thaïlande, par exemple, on tenait compte des taux
d’analphabétisme enregistrés dans des provinces tout entières pour déterminer
si ces provinces devaient être représentées dans les différents organes du
gouvernement. Le prestige qui entoure l’alphabétisme est lié sans aucun doute
au fait qu’il aide les individus à atteindre une position sur le plan politique et à
jouir plus pleinement des droits de l’homme.
L’importance de l’alphabétisation en ce qui concerne les rapports
professionnels dans les usines ressort d’une étude faite dans deux usines de
textiles de Bombay par l’Université de Bombay sous les auspices de l’UNESCO.
En effet, on a constaté que les ouvriers alphabètes défendaient leurs droits et
s’employaient davantage à améliorer leur condition que les illettrés, ce que
certains contre maîtres considéraient comme un obstacle à la productivité. Par
ailleurs, on s’est aperçu que les ouvriers alphabètes étaient plus coopératifs et
plus consciencieux. Dans l’ensemble, l’alphabétisme joue un rôle social et très
utile puisqu’il facilite les rapports entre employeur et ouvrier et contribue à la
création et au fonctionnement des syndicats, des coopératives et autres
institutions sociales qui cherchent à élever le niveau de vie de la population.
L’alphabétisme permet aux divers groupes culturels de bénéficier d’une plus
grande liberté, comme en témoigne la déclaration suivante faite par un
missionnaire de grande expérience, lors de la conférence de l’alphabétisation
des adultes qui s’est tenue à l’Université Ahmadu Bello au Nigéria, « il y a
quelques années, beaucoup de jeunes à Eggon alphabètes méprisaient leur
propre langue et n’aimaient pas la parler. Ils pensaient que l’anglais, plutôt que
l’éggon, leur conférait un plus grand prestige. Or, maintenant qu’une littérature
est dans leur langue, les écoliers et les adultes instruits qui avaient cette
dangereuse attitude à l’égard de leur patrimoine culturel ont changé leur façon
de voir. Ils sont désormais fiers de leur langue et ne dénigrent plus leur culture.
C’est en respectant son patrimoine culturel que l’on peut se sentir
suffisamment sûr de soi pour accepter sainement des traditions et des
responsabilités plus larges et moins exclusives.
Dans certains pays où l’on parle plusieurs langues, par exemple en Ethiopie, en
Iran, au Soudan et en Tanzanie, l’alphabétisation se fait uniquement dans la
langue nationale officielle. En Bolivie, le code de l’enseignement stipule que
« l’alphabétisation s’effectuera dans la langue vernaculaire et les langues
indiennes préparent à l’enseignement de l’espagnol ».
L’alphabétisation est aussi un complément essentiel des programmes de
réforme agraire : en effet, si elles ne sont pas bien comprises et si les droits
qu’elles confèrent ne sont pas appliqués, les réformes ont tendance à tomber
en désuétude.
Un autre aspect important de l’alphabétisme du point de vue social, est son
influence sur la famille, c’est-à-dire son utilité pour la diffusion des idées et des
techniques nouvelles, non seulement dans le domaine économique, mais aussi
en ce qui concerne le foyer et la vie domestique.
Par ailleurs, on a calculé qu’un individu vivant dans une société avancée recevait
100 fois plus d’informations que l’individu moyen vivant dans un pays en voie de
développement et que 60% de ces informations étaient transmises par la
lecture Meier R. L. (1959). On a aussi montré que dans les différents pays, il
existait un rapport significatif entre le pourcentage d’alphabètes d’une part, et
d’autre part le revenu par habitant, l’industrialisation, la participation à la vie
politique et les moyens d’information de masse (Golden H. H., 1955). Derner D.
(1958) a souligné le rôle essentiel que joue l’alphabétisation dans le
développement des communications : en effet, les informations reçues par les
moyens d’information de masse, la radio en particulier demeurent incomplètes
et manquent de continuité si elles ne s’accompagnent pas d’une
alphabétisation. Il se crée même des tensions sociales si les moyens
d’information de masse font naître certaines aspirations chez les individus qui
n’ont pas l’instruction de base nécessaire pour participer à la vie politique.
Selon les principes dont s’inspirent les programmes de la décennie des Nations
Unis pour le développement, à la notion du développement économique et
social et qui fait appel à des indicateurs divers. L’un de ces indicateurs qui
présente une importance particulière est le taux d’analphabétisme non
seulement parce que l’alphabétisme est lié à la croissance économique, à la
participation de la population aux affaires publiques et à la réalisation des
droits de l’homme, mais aussi parce qu’il a des effets indirects. L’homme
économique est à la fois producteur et consommateur, et il ne suffit pas
d’organiser la production. Le comportement du consommateur est beaucoup
influencé par le mode de vie personnel. En devenant alphabètes, les gens
pratiquent une meilleure hygiène, acquièrent une notion de temps et attachent
plus de prix à l’épargne, de ce fait, ils ont tendance à acheter des biens durables
plutôt qu’à rechercher des satisfactions immédiates à court terme. Les
changements qui interviennent dans le comportement du consommateur
influent sur le système de production.

CONCLUSION
L’alphabétisme, en tant que tel, jouit d’un grand prestige, surtout dans les
sociétés où il a tendance à être rare, et c’est un bien de consommation ainsi
qu’une valeur économique. Le grand public y voit la clef d’une plus grande
indépendance, une forme de protection pour l’individu et un moyen de jouir
pleinement des droits de l’homme et d’une vie plus riche, et de percevoir un
revenu plus élevé. Toutefois, cela ne veut pas dire que ces motivations se
maintiendront nécessairement et que l’on évitera ainsi les abandons en cours
d’études et le retour à l’analphabétisme, ni qu’il sera possible dans les pays en
voie de développement de trouver uniquement dans ces aspirations l’impulsion
nécessaire au développement économique et social. Il faut s’efforcer
parallèlement de rattacher l’alphabétisation au développement, et en particulier
à l’emploi. Il faut faire appel à d’autres éléments du milieu économique pour
éliminer l’analphabétisme. En outre, l’alphabétisme est apprécié pour lui-même
et pour les avantages politiques et sociaux qu’il confère ; il influe sur les
consommateurs aussi bien que les producteurs et transforme les systèmes de
consommation.
DES TRAJECTOIRES SCOLAIRES AUX TRAJECTOIRES SOCIALES

Afin de réussir des données chiffrées qui permettent d’appréhender de manière


objective « la valeur des études sur le marché de l’emploi, des sociologues
s’attachent à suivre des cohortes d’étudiants depuis leur entrée dans
l’enseignement supérieur jusqu’à leur insertion dans la vie professionnelle. La
relation entre le niveau de formation et l’expérience du sous-emploi constitue
désormais la préoccupation majeure d’autant plus qu’on est en face d’une
situation paradoxale : l’école semble avoir accompli sa mission, la proportion de
jeunes sortant du système scolaire sans diplôme a diminué (entre les années
1970 et 1980) et la tendance se confirme au cours de la décennie 1990. Ceux
qui obtiennent un baccalauréat ou un titre universitaire ont vu leur effectif
progresser (tableau X). Des enquêtes de cheminement professionnel qui
permettent de savoir si les jeunes ont obtenu une position stable au bout de
quelques années, s’ils font l’expérience de la précarité du chômage de longue
durée. Les bilans « formation-emploi » font le point sur les évolutions qui
marquent la population active, et la relation entre niveau de formation et
situation professionnelle.
Il est important de signaler que le diplôme et la formation sont appréhendés
comme un élément dynamique parmi d’autres au sens du « parcours »
d’intégration dans l’emploi. Les études réalisées, mettent l’accent sur la
complexité des facteurs qui entrent en jeu (expérience positive, ou négative).

Les enjeux des études et des diplômes universitaires.


1- Evolution du taux de chômage des actifs de moins de 25 ans selon leur
niveau de diplôme
Entre 1959 – 1960 et 1975 – 1976, le taux d’accès à l’Université a augmenté
pour toutes les classes sociales, mais ce sont surtout les couches moyennes et
supérieures qui envoient leurs enfants en grand nombre poursuivre leurs études.
L’immense majorité des filles et fils d’ouvriers et d’agriculteurs restent exclus
des facultés. Si l’on considère toutefois la répartition des étudiants selon le
sexe, on constate que la proportion des filles a notablement augmenté. Les
filières prestigieuses comme la médecine et les écoles d’ingénieurs se
distinguent des facultés de lettres et de sciences par l’origine

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