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Chapitre 1 : Comment est structurée la société française actuelle ?

Que dit le BO ?

 Savoir identifier les multiples facteurs de structuration et de hiérarchisation de l’espace


social (catégorie socioprofessionnelle, revenu, diplôme, composition du ménage, position
dans le cycle de vie, sexe, lieu de résidence).
 Comprendre les principales évolutions de la structure socioprofessionnelle en France depuis
la seconde moitié du XXe siècle (salarisation, tertiarisation, élévation du niveau de
qualification, féminisation des emplois).
 Connaître les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique
(Marx, Weber) ; comprendre que la pertinence d’une approche en termes de classes sociales
pour rendre compte de la société française fait l’objet de débats théoriques et statistiques :
évolution des distances inter- et intra-classes, articulation avec les rapports sociaux de genre,
identifications subjectives à un groupe social, multiplication des facteurs d’individualisation

Objectifs du chapitre :

- Comprendre que la société est constituée de groupes structurés et hiérarchisés selon de


multiples facteurs
- Comprendre que les facteurs de structuration et de hiérarchisation peuvent être :
o socio-économiques : catégorie socioprofessionnelle et niveau de revenu
o socio-démographiques : genre, lieu de résidence, composition du ménage, position
dans le cycle de vie
o socio-culturels : diplôme
- Mettre en évidence les principales évolutions de la structure professionnelle en France
depuis les années 1950 : salarisation, tertiarisation, hausse du niveau de qualification,
féminisation
- Comprendre les théories traditionnelles des classes sociales : celles de Karl Marx et de Max
Weber et être capable de distinguer ces deux théories
- Comprendre que l’existence de classes sociales fait débat car :
o Les distances inter-classes et intra-classes changent
o Les rapports sociaux de genre changent
o L’appartenance à un groupe dépend de critères subjectifs
o La société est dans un processus d’individualisation multiple

Notions : espace social, groupe social, structure sociale, stratification sociale, catégorie
socioprofessionnelle, classe sociale, domination, inégalités, groupe de statut, habitus, style de
vie, distance inter-classe, distance intra-classe, identification subjective

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Introduction

Un exemple de hiérarchisation de l’espace social : https://fresques.ina.fr/panorama-grand-


est/fiche-media/GRDEST00072/les-disparites-de-niveau-de-vie-dans-le-grand-est.html

Sensibilisation : Texte
Les principes qui régissent la stratification peuvent varier sensiblement d’une société à une autre :
les sociétés contemporaines sont généralement décrites à partir d’une division en classes sociales
mais il ne s’agit là que d’un mode d’organisation parmi d’autres. En effet, d’autres logiques de
structuration de la société existent comme, par exemple, le système des castes et la division de la
société en ordres.
▶ Le système des castes désigne l’organisation sociale de l’Inde (il est cependant juridiquement
aboli) fondée sur une division économique, sociale et politique confortée par des principes de
pureté religieuse. L’appartenance à une caste est héréditaire (un enfant naît obligatoirement dans la
caste de ses parents) et se trouve renforcée par l’application stricte du principe de l’endogamie (les
mariages sont organisés à l’intérieur de sa caste). Les principales originalités de ce système en sont
la permanence (environ deux mille ans) et la nette séparation des fonctions sociales.
Au sommet de la hiérarchie, on trouve les brahmanes (les prêtres) qui gèrent le sacré. Les ksatriyas
(les guerriers et les producteurs) occupent le deuxième rang. Les vaishyas (les commerçants et les
travailleurs de la terre) précèdent les shudras (les serviteurs). Les intouchables, enfin, exclus du
système des castes, composent la dernière catégorie.
Un régime d’interdits tend à limiter les relations entre castes et à renforcer le sentiment
communautaire puisque la pureté des castes supérieures s’oppose à l’impureté des castes inférieures
: un intouchable, considéré comme impur ne peut, par exemple, prendre ses repas qu’en compagnie
d’un autre intouchable puisqu’il ne peut toucher de la nourriture destinée à un membre d’une caste
supérieure.
▶ Le système d’ordre qui caractérisait la France de l’Ancien Régime repose sur d’autres
logiques. Trois ordres aux fonctions spécifiques coexistent : le clergé, la noblesse, le tiers état. Le
clergé, chargé des affaires religieuses, détermine les principes d’organisation sociale alors que la
noblesse (composée principalement de chevaliers) assure le maintien de l'ordre social. Ces deux
ordres exercent leur prééminence sur le tiers état, qui apparaît comme une catégorie extrêmement
diversifiée, réunissant le restant de la population (bourgeoisie, artisanat, monde agricole…). Les
deux premiers ordres sont homogènes mais, à la différence du système des castes, non totalement
clos. La règle de l’endogamie connaît, par exemple, des exceptions dans la noblesse et le passage
d’un autre à un autre n’est pas impossible même si, dans les faits, il demeure exceptionnel :
l’anoblissement d’une partie de la bourgeoisie passe notamment par l’achat d’une charge (la
noblesse de robe se
différencie ainsi de la
noblesse d’épée) ainsi que
par le mariage. Cette
organisation vole en éclats
lors de la Révolution qui en
supprimant les ordres ouvre
la voie à une société
structurée sur de nouveaux
principes.
Philippe Riutort, Premières
leçons de sociologie, Paris,
PUF, 2013

2
Quelles sont les spécificités des deux types de hiérarchies sociales illustrées dans les schémas ?

Document 2p210 Q2 &Q3

Synthèse : Dans ce chapitre, nous allons nous intéresser à la stratification sociale c.à.d la division
de la société en groupes sociaux différenciés et hiérarchisés (selon les revenus, le pouvoir, le
prestige…) et présentant une certaine homogénéité sociale.

Certains auteurs retiennent une approche en terme de stratification sociale (au sens strict), d’autres
préfèrent le terme de structure sociale.

L’approche en terme de structure sociale y ajoute l’analyse des rapports, plus ou moins
conflictuels, qui interviennent entre les catégories, censés expliquer leur existence.

L’approche en terme de stratification sociale cherche à savoir quelles sont les différentes strates
(couches empilées, donc hiérarchisées) qui composent les sociétés humaines.

Le terme d’espace social est aussi utilisé lorsque plusieurs critères sont utilisés pour distinguer les
individus. Il s’agit d’une métaphore pour décrire la société. On assimile la société à un espace, où
les individus et groupes sociaux sont répartis en fonction de leurs ressources et de leur prestige
(approche multidimensionnelle).

Exemple : L’espace social de Pierre Bourdieu p218

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I Les facteurs de structuration et de hiérarchisation de la société française

A. Les catégories socioprofessionnelles

1. Construction de la nomenclature des PCS

Sensibilisation : http://www.statapprendre.education.fr/insee/emploi/gsp/gspaccueil.htm

Recherches : Document 3 p211Q1 à Q3

Synthèse : Les PCS, professions et catégories socioprofessionnelles sont établies par l’INSEE.
Elles constituent une classification des actifs et des inactifs en âge de travailler dans des catégories
présentant une certaine homogénéité sociale c.à.d. une proximité des comportements (pratiques
culturelles, de consommation, comportements politiques…).

Cette classification a été créée en 1954 et modifiée en 1982 afin de s’adapter aux évolutions de la
structure sociale.

Les PCS permettent de décrire la stratification sociale dans la mesure où elles font apparaître des
groupes sociaux homogènes et différenciés.

Schéma : Les PCS avec critères de classification :

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Trois niveaux sont imbriqués :

 Les professions : 455 postes élémentaires (code à quatre chiffres).Il regroupe des emplois
homogènes selon le type d’activité, le statut et la classification dans les grilles de
conventions collectives.
 Les catégories socioprofessionnelles : les 455 postes sont regroupés en 32 catégories
socioprofessionnelles (code à deux chiffres). Il s’agit du niveau détaillé des professions
élémentaires.
 Les groupes : les catégories sont regroupées en six grands groupes d’actifs: Agriculteurs
exploitants ; artisans, commerçants et chefs d’entreprise ; Cadres et professions
intellectuelles supérieures (cadres supérieurs et professions libérales, +artistes) ; professions
intermédiaires (cadres moyens + contremaîtres + clergé) ; employés ; ouvriers .

Cette construction est de nature nominaliste. Elle est proche de la vision de Weber.

Catégorie socioprofessionnelle : classement de la population réalisé par l’Insee en ensembles


cohérents à partir des professions.

Consolidation : Application p211

Pour réviser : https://ses.webclass.fr/notions/categories-socioprofessionnelles-pcs/

2. La répartition actuelle de la population selon les PCS

Document : Population selon la catégorie socioprofessionnelle en 2021 en %

Agriculteurs exploitants 0,8

Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 3,4

Cadres et professions intellectuelles supérieures 12,2

Professions intermédiaires 13,5

Employés 14,6

Ouvriers 11,0

Inactifs ayant déjà travaillé 34,9

Personnes n’ayant jamais travaillé 9,6

Total 100,0

Note : les chômeurs sont classés dans leur ancienne catégorie socioprofessionnelle.

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Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes de 15 ans ou plus.

Source : Insee, enquêtes Emploi.

Recherches Document 3 p213 Q1,Q2

Pourquoi une différence entre les deux documents ? Celui proposé ci-dessus et celui du manuel

B. D’autres critères de structuration sociale et de hiérarchisation

Travail de groupe 1

1. Le revenu

DOCUMENT

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2417897

Activité : Rappel sur les déciles (voir fiche méthode)

Il s’agit d’une répartition de la population en 10 parties égales selon le critère de revenu par
exemple, en classant les ménages par ordre croissant de revenus.

Qu’est-ce que le niveau de vie ? Quantité de biens et de services à laquelle un individu, un ménage,
la population d'un pays peut accéder grâce à ses revenus.

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L’Insee calcule le niveau de vie en fonction du niveau de revenus du ménage divisé par le nombre
d’unité de consommation (Premier adulte, 1UC ; adultes suivants et enfants de plus de 14 ans,
0,5UC ; enfant de moins de 14 ans, 0,3UC)

Quel est le niveau de vie moyen en France en 2019 ?

Faites une comparaison des niveaux de vie entre les deux extrêmes

Synthèse : Un critère de différenciation de la population peut donc être le revenu, le niveau de


vie ou encore le patrimoine ou le salaire. Le revenu donne accès à la consommation et à un
mode de vie différent selon les individus.

2. Le diplôme
DOCUMENT

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2416872#graphique-figure1_radio2

Activité

Quelle était la répartition de la population française âgée de 25 à 64 ans selon le diplôme ?

Quelles sont les différences de niveau de diplôme en fonction de l’âge ?

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Synthèse : Les individus peuvent être aussi classés selon leur niveau de diplôme, ce qui va avoir
une incidence sur le type d’activité et/ou de métier exercé dans la vie active et aussi un impact sur le
niveau de revenu. Il y a alors des différences entre les individus qui sont mises en évidence.

3. La composition du ménage
DOCUMENT

Les seuils de pauvreté selon le type de ménage

Les seuils de pauvreté mensuels en 2018 (au seuil à 50 % du niveau de vie médian) dépendent de la
composition du ménage. Ils sont équivalents à :

- 885 euros pour une personne seule

- 1 151 euros pour une famille monoparentale avec un enfant de moins de 14 ans

- 1 328 euros pour un couple sans enfant

- 1 860 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.

https://www.inegalites.fr/La-pauvrete-selon-le-type-de-menage

revenu médian net en 2022 : 2 340 euros

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Activité :

La pauvreté relative : un individu est pauvre lorsque son revenu est inférieur à une certaine
proportion du revenu moyen ou médian. Dans l'UE, le seuil de pauvreté est fixé dans chaque nation
à 60% du revenu médian. L'INSEE en France publie des données retenant plusieurs seuils de
pauvreté : 40%, 50%, 60%, 70% du revenu médian.

Utilisez les données pour les ménages composés d’une femme seule dans une ou plusieurs
phrases.

Quels sont les ménages qui risquent le plus d’être sous le seuil de pauvreté ?

Synthèse : La composition du ménage peut aussi être un critère de différenciation des individus,
notamment car la composition du ménage impacte le niveau de vie mais aussi le mode de vie des
individus.

Composition du ménage : nombre et âge des personnes qui habitent ensemble et partagent des
dépenses communes

4. La position dans le cycle de vie


DOCUMENT

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Activité : Que représente l’illustration ci-dessus ?

L’hypothèse du cycle de vie de Brumberg et Modigliani : le cycle de vie et l’épargne


(facultatif)

Hypothèses de départ :

 L’agent évalue au début de sa vie active le total des ressources dont il disposera dans sa vie.
Il s’agit de la somme de ses revenus (hors héritages etc.). Les revenus augmentent
continuellement pensant la vie active puis chutent.
 Il choisit ensuite d’utiliser cette somme de façon optimale en maximisant son utilité. Plutôt
que de consommer en fonction du revenu du moment, il va choisir d’emprunter ou épargner
pour consommer. Il va donc avoir une consommation constante.

D’après cette théorie, les ménages désépargnent quand ils sont jeunes, puis épargnent pendant leur
vie active. Durant leur retraite ils désépargnent pour maintenir leur niveau de consommation.

Ce modèle montre que si la population vieillit, la part de l’épargne disponible risque de baisser alors
que la part de désépargne augmente.

Synthèse : Le mode de vie diffère selon l’âge, les ménages les plus jeunes constituent une
famille, en vieillissant, la position dans la société change. Les individus étaient actifs et
deviennent inactifs, ne participent plus à la production des richesses.

Cycle de vie : succession de périodes et d’étapes (familiales, professionnelles et sociales)


communes au sein d’une société, marquant le passage de la jeunesse à l’âge adulte puis à
vieillesse.

Pour aller + loin : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1374048?sommaire=1374058

ou https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2016-1-page-1.htm
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5. Le sexe

Vidéo Le Monde sur les inégalités hommes/femmes


https://www.lemonde.fr/societe/video/2020/07/12/pourquoi-les-hommes-sont-plus-riches-que-les-
femmes-en-france-et-de-plus-en-plus_6045982_3224.html

Principales inégalités : https://www.insee.fr/fr/statistiques/6047789?sommaire=6047805

https://www.lesechos.fr/economie-france/social/salaires-hommes-femmes-les-raisons-dune-
inegalite-persistante-1216516

Caractérisez les différences de rémunérations entre les hommes et les femmes en France, en
2017.

Synthèse : Le sexe est donc un critère de différenciation sociale. Les activités exercées par les
hommes et les femmes ne sont pas les mêmes, les femmes consacrent en moyenne moins de
temps à l’activité professionnelles. De plus, les femmes voient leur niveau de rémunération
moyen plus faible que celui des hommes.

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6. Le lieu de résidence

Document : « Jeunes des villes, jeunes des champs : la lutte des classes n’est pas finie. »
Fondation J. Jaurès Novembre 2019.

Résumé
Afin d'objectiver une situation encore peu connue, Chemins d'avenirs, la Fondation Jean-Jaurès et
l'Ifop ont interrogé les jeunes Français de 17 à 23 ans sur leurs choix d'orientation et leur rapport à
l'avenir. Résultat ? Les origines géographiques et sociales continuent d'influer fortement sur la
projection de ces jeunes vers l'avenir, sur leur degré d'ambition et sur l'autocensure qu'ils
développent, de manière plus ou moins consciente, en fonction de leur milieu d'origine et de leur
lieu de résidence.
Les chiffres clés de l'enquête :
35% des jeunes de 17 à 23 ans indiquent que la famille et le réseau social est leur première source
d'information afin de préparer leur orientation post bac, devant Internet (21%), un ou des
professeurs de lycée (15%) ou encore le conseiller d'orientation (11%)
41% des jeunes de 17 à 23 ans ont le sentiment de ne pas avoir suffisamment d'informations pour
s'orienter (42% pour les jeunes de zones rurales, contre 32% pour les jeunes d'agglomération
parisienne)
58% des jeunes de 17 à 23 ans indiquent qu'ils ont fait ou vont faire des études supérieures
« ambitieuses » (48% des jeunes des villes de moins de 20 000 habitants, contre 67% des jeunes
d'agglomération parisienne)
36% des jeunes de 17 à 23 ans indiquent avoir des modèles qui les inspirent dans leurs choix de
formation ou de carrières (42% des jeunes des villes-centres, contre 27% seulement dans les villes
isolées et 28% dans les territoires ruraux)
49% des 17-23 ans indiquent que l'élément déterminant pour réussir son avenir professionnel est
l'expérience acquise à travers des stages, 22% le fait d'avoir un solide réseau, et seulement 10% le
fait d'avoir fait des études longues
32% des jeunes des zones rurales disent n'avoir pratiqué aucune activité extra-scolaire pendant leur
scolarité, contre seulement 20% en agglomération parisienne
33% des 17-23 ans déclarent être encouragés à aller étudier à l'étranger par leurs familles (27% pour
les jeunes des territoires ruraux, contre 41% en agglomération parisienne)
27% des 17-23 ans ont suivi des cours supplémentaires (ou de soutien) en langues, financés par
leurs parents à l'école primaire, au collège ou au lycée (21% des jeunes ruraux, contre 42% des
jeunes vivant en agglomération parisienne)
Près d'un jeune Français sur deux envisage la possibilité de travailler à l'étranger dans le cadre d'une
future activité professionnelle (34% des 17-23 ans issus des zones rurales, contre 52% en
agglomération parisienne).

Synthèse : Le lieu de résidence est aussi une manière de hiérarchiser les individus, au niveau de la
qualité de l’habitat, de l’environnement plus ou moins agréable, du prix du logement. Le lieu de
résidence peut conduire à des discriminations face à l’emploi.

Pour aller + loin : https://ses.ens-lyon.fr/articles/vit-on-mieux-a-la-ville-ou-a-la-campagne

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II. Les principales évolutions de la structure sociale en France depuis la deuxième guerre
mondiale

A. Le développement du salariat
DOCUMENT

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2424696#graphique-figure1

Activité : Doc3 p213 (graphique de droite)

Montrer les évolutions de la part des salariés et des non-salariés dans la population active
française depuis 1900

Synthèse : (copié sur https://www.melchior.fr/cours/question-2-comment-la-structure-


socioprofessionnelle-t-elle-evolue-depuis-la-seconde-moitie)

On constate donc un processus de salarisation. Celui-ci n’est pas propre à la dernière moitié du
XXème siècle puisque les prémices sont perceptibles dès le XIX ème siècle, mais l’accélération est
nette. En 1954, l’emploi salarié représente 64,8 % de l’emploi total, en 1962, 71,7 %, en 2018, 89,5
%.

Mais, en s’accroissant, l’emploi salarié mute aussi fortement depuis 1945. Si les effectifs d’ouvriers
augmentent jusqu’aux années 1970, avant de décroître, les emplois salariés non ouvriers, eux, se
développent sans discontinuer. Il s’agit notamment des emplois d’encadrement dans le secteur
industriel, mais aussi des emplois dans le secteur public. Cela a engendré une transformation en
profondeur de la répartition de la population active française entre les différents groupes socio-
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professionnels, avec un gonflement net des classes moyennes et supérieures salariées mais aussi le
développement du groupe des employés.

B. La tertiairisation
DOCUMENT

https://www.vie-publique.fr/fiches/269995-les-grands-secteurs-de-production-primaire-secondaire-
et-tertiaire

Lecture : Le secteur tertiaire représente 75,9% des emplois, le secteur secondaire 20,3 et le secteur
primaire 2,6 en France en 2017.

Attention, l’emploi dans le secteur d’activité dépende de la catégorisation de l’entreprise. Lorsque


l’activité principale d’une entreprise est dans le secteur primaire, quelques soit le métier exercé,
l’actif est alors classé dans ce secteur.

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DOCUMENT

secteur primaire secteur secondaire secteur tertiaire

Le secteur primaire regroupe Le secteur secondaire Le secteur tertiaire se définit


l’ensemble des activités dont regroupe l’ensemble des par complémentarité avec les
la finalité consiste en une activités consistant en une activités agricoles et
exploitation des ressources transformation plus ou moins industrielles (secteurs primaire
naturelles : agriculture, pêche, élaborée des matières et secondaire). Il se compose :
forêts, mines, gisements. premières (industries du tertiaire principalement
Toutefois, selon le point de manufacturières, marchand (commerce,
vue, les industries extractives construction). transports, activités
peuvent aussi être classées financières, services rendus
dans le secteur secondaire. aux entreprises, services
rendus aux particuliers,
hébergement-restauration,
immobilier, information-
communication) ;
du tertiaire principalement
non-marchand (administration
publique, enseignement, santé
humaine, action sociale).

Bilan, Théorie du déversement

(copié sur https://www.melchior.fr/cours/question-2-comment-la-structure-socioprofessionnelle-t-


elle-evolue-depuis-la-seconde-moitie)

La structure des emplois se modifie considérablement après la Seconde Guerre mondiale. Il se


produit un “déversement” sectoriel, en raison notamment de la dynamique des gains de
productivité, qui réduit les besoins en main-d’œuvre dans certains secteurs dont l’offre excède la
demande, tandis que la structure de la demande elle-même se modifie, faisant émerger de nouveaux
besoins.

En France, en 1949, l’agriculture concentrait encore 30 % de la population active. En 2017,


l’agriculture ne représente plus que 2,6 % de la population active en emploi. Le secteur primaire
s’est donc “déversé” vers les autres secteurs d’activité.

Le secteur industriel connaît, dans la période qui suit la Seconde Guerre mondiale, une évolution
contrastée. Caractérisée dans un premier temps par de forts gains de productivité et une demande
fortement élastique au revenu (les ménages français, s’enrichissant pendant les Trente Glorieuses,
s’équipent massivement, notamment en appareils électroménagers) l’industrie voit ses effectifs
augmenter jusque dans les années 1970. Ensuite, la France, à l’instar des autres pays développés,
connaît un mouvement de désindustrialisation. En 1974, selon l’INSEE, à son apogée, le secteur
industriel comptait 5,6 millions d’emplois et représentait 25,4 % de l’emploi total. En 2017, on en
compte 3,7 millions, représentant 13,8 % de l’emploi total. Par ailleurs, la combinaison entre des
gains de productivité encore élevés dans le secteur manufacturier et une demande des ménages qui
se porte de plus en plus vers les services marchands a amené à une baisse des besoins en produits
manufacturés, au profit des services. Enfin, avec l’essor de l’Etat-Providence, le secteur des
services non marchands s’est lui aussi développé, créant un “appel d’air” vers les professions du
service public.

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C. Hausse du niveau de qualification
Petit retour sur I.B.2

DOCUMENT : Évolution du nombre de personnes en emploi selon le niveau de qualification des


métiers entre 1982-1984 et 2012-2014

Champ : actifs occupés de France métropolitaine.

Source : enquêtes Emploi, Insee, données lissées par moyenne mobile d’ordre 3 ; traitement Dares.

https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2017-003.pdf

Activité

Quels sont les métiers dont le niveau de qualification s’est accru en 30 ans ?

cadres

Peut-on dire que l’emploi peu qualifié recule ?

La courbe montre que le nombre de travailleurs non qualifiés a augmenté

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Fort développement des métiers de service à la personne (soins et méngae, aide-soignants, soins à
personnes âgées)

Faire la différence entre employé et ouvrier

Bilan « Ainsi, l’hypothèse d’un « progrès technique biaisé » bénéficiant aux plus qualifiés ne suffit
pas à elle seule à expliquer l’évolution de la structure de l’emploi par qualifications. Plus
récemment, l’hypothèse de « polarisation » a été avancée : les métiers « routiniers » auraient
tendance à disparaitre, plus facilement remplacés par des machines, les qualifications se polarisant
avec d’un côté des métiers très qualifiés et de l’autre des métiers peu qualifiés de « services »,
difficilement remplaçables par des machines. »

Remarque : PT biaisé = PT qui engendre une hausse de la MO qualifiée au détriment de la MO non


qualifiée.

D. La féminisation de l’emploi

Sensibilisation : Visionner la vidéo : (Attention elle date de 1977)

https://www.youtube.com/watch?v=Pq13bDKVfTU

Collecter les remarques des élèves sur le point de vue des hommes, en 1977, sur le travail des
femmes.

Ces points de vue sont-ils les mêmes aujourd’hui ?

Non ils ont changé

Recherches : Document 4 p213 Q1 à Q3

1. De 1975 à 2017, on constate que l’évolution du taux d’activité des hommes a légèrement reculé, passant
de 97% en 1975 à 93% en 2017.
Concernant les femmes, leur taux d’activité est passé de 57% en 1975 à 82% en 2017.

Augmentation taux d’activité féminin et léger recul taux d’activité masculin. Ecart entre femmes et
hommes diminue de plus en plus

En 2010, 85% des femmes en âge de travailler étaient actives

2. Augmentation nb hommes qui sont restés au foyer,augmentation allongement durée études,


baisse âge à la retraite et des préretraites

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3. Besoin main d’œuvre, désir indépendance financière des femmes, les femmes ont fait des études
de plus en plus longues.

Activité femmes intégrée dans la sphère marchande en devenant des salariés, exemple : la femme
du boulanger qui veut son activité reconnue

Attention : ne pas confondre le taux d’activité féminin avec la part des emplois occupés part des
femmes

Bilan (copié de https://www.melchior.fr/cours/question-2-comment-la-structure-


socioprofessionnelle-t-elle-evolue-depuis-la-seconde-moitie)

Depuis le début des années 1960, l’Europe est marquée par une forte féminisation de l’emploi.

Les indicateurs de cette entrée massive des femmes sur le marché de l’emploi sont multiples. Il
s’agit par exemple de la part des femmes dans la population active. En 1962, en France, les femmes
représentaient ainsi 33,6 % des actifs. En 2014, sur 100 actifs, 45,8 en moyenne sont des femmes.
La part des femmes dans l’emploi s’accroît elle aussi. Ainsi, en 1963, sur 100 actifs en emploi, 34
en moyenne sont des femmes, alors qu’en 2014, sur 100 actifs en emplois, 48,2 en moyenne sont
des femmes. Les taux d’activité féminins eux aussi s’élèvent. En 1962, seulement 40 à 45 % des
femmes ayant entre 30 et 50 ans étaient déclarées actives. En 2017, la proportion de femmes actives
à ces âges est supérieure à 80 %.

Consolidation: https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-Les-5-
mutations-majeures-de-l-emploi-depuis-30-ans_3747404.html

III. La structure sociale vue par les sociologues

A. Les théories des classes sociales

1. Les classes sociales selon Karl Marx (1818-1883)


18
Karl MARX (1818-1883)

Economiste et sociologue allemand, mais Marx est également militant politique.


A l'origine d'un mouvement politique : écrit (avec Fridriech Engels) le Manifeste du parti
communiste en 1848.
De nombreux auteurs se sont réclamés de Marx, tant en science économique, en sociologie ou en
science politique, on les appelle des marxistes.
 Autre ouvrage célèbre : Le Capital (1867)

Recherches : Document 2 p214 Q1 à Q3

Karl marx compare les paysans à des pdt dans un sac de pdt. Pour lui, ce sont des individus avec
des conditions économiques assez proches mais sans entretenir des relations, sans entrer en
contact. Ils n’ont pas de conscience de classe, ils n’ont pas le sentiment d’appartenir au même
groupe que les autres. Ils ne vont pas se mobiliser pour défendre leurs intérêts

Q1 : Karl Marx distingue principalement deux classes sociales : les prolétaires et les capitalistes

Synthèse : Marx définit les classes sociales selon la place dans les rapports de production.

 Les rapports de production sont les relations entre les différents agents qui participent d’une
façon ou d’une autre à la production. Marx oppose les classes sociales qui possèdent les
moyens de production et celles qui ne possèdent que leur force de travail. Ce critère définit
une classe en soi.
 Le second critère est la conscience de classe. C’est le sentiment d’appartenir à une classe
sociale, partageant des intérêts communs.
 Le troisième critère reprend les conflits qui opposent les classes. Dans la société industrielle,
les bourgeois et les prolétaires sont en lutte pour l’obtention du profit.
Quand les deux critères, conscience de classe et lutte des classes sont réunis, Marx parle de classes
pour soi.

Classe sociale au sens de Marx : groupe social de grande dimension dont l’origine est
économique et qui regroupe des individus qui ont des niveaux de vie et des modes de vie proches et
qui partagent une conscience de classe

Marx et Engels dans Le manifeste du parti communiste, définissent un schéma de développement


de l’histoire des sociétés.

19
Marx met l’accent sur le « matérialisme historique » (expression de Engels1), les formes sociales
(formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques, philosophiques...), sont déterminées par les
conditions d’existence matérielles. Elles sont historiques et transitoires dans la mesure où ces
formes se succèdent au même rythme que les modes de production.

Les forces productives sont l’ensemble des ressources matérielles (matières premières, outils,
machines, usines...) et des ressources humaines (main d’œuvre caractérisée par son nombre et ses
qualifications) qui interviennent dans la production.

Le développement des forces productives se heurte aux rapports de production qui entravent le
développement économique. Une révolution sociale apparaît grâce aux antagonistes.

Ainsi dans l’histoire sur le long terme, les modes de production se sont succédé. On passe du mode
de production esclavagiste, au mode de production féodal, puis au mode de production capitaliste.
Ces modes de productions se succèdent parce que le premier s’essouffle et que le suivant apparaît
grâce aux nouvelles conditions techniques et sociales de production.

Dans la société féodale, c’est l’existence d’une classe de commerçants qui va pousser au
développement de la manufacture et de la fabrique avec l’utilisation de nouvelles techniques
(machine-outil et vapeur). C’est cette bourgeoisie aidée du prolétariat qui renverse l’ordre féodal et
met en place le système de production capitaliste.

Le mode de production capitaliste est pour la première fois un mode de production qui va conduire
à autre chose. L’opposition entre capitalistes et prolétaires devrait selon Marx, disparaître au profit
d’une société sans classe.

Ce sont les infrastructures économiques (rapports de production, moyens de production et


conditions de production) qui déterminent la superstructure sociale (totalité des idées d’une société,
ce sont des productions non matérielles).

Ainsi, le mode de production en place arrive à un stade d’inefficacité, ce qui va faire apparaitre des
conflits entre classes sociales. Dans le capitalisme, les prolétaires prennent conscience de leur
aliénation au capital et vont mener une lutte (d’abord économique puis sociale) aidés des syndicats.
Cette lutte va conduire au changement de la société, la fin de la bourgeoisie et la mise en place du
communisme.

Le conflit est donc central dans l’analyse de Marx, il sépare les classes sociales. C’est la
domination de la bourgeoisie qui conditionne l’émergence du prolétariat. Cette domination sort du
contexte économique et s’étend à d’autres sphères telles que la religion, la morale, doctrines
économiques…

Marx définit donc les classes sociales à partir d’un critère purement économique : la place dans les
rapports de production. Il a une démarche réaliste.

1
Friedrich Engels, (1820-1895), a écrit Le manifeste du parti communiste avec Marx

20
2. Les 3 dimensions de la stratification sociale chez Max Weber (1864-1920)

Max WEBER (1864-1920)

Sociologue allemand, il a principalement travaillé sur les origines du capitalisme, les relations
entre l’économie et la société, l’histoire des religions et les méthodes en sciences humaines. Associé
à l’individualisme méthodologique.
Il a cherché à comprendre le sens que les individus donnent à leurs comportements et à l’action
sociale en analysant des formes sociales « pures » (ou idéaux-types), comme les formes de
domination ou de rationalité.
Principaux ouvrages :
 L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme (1904-1905 ; réédité en 1920)
 Sociologie de la religion (1920)

Recherches : Document 3 p215Q1 à Q3

Synthèse : Max Weber définit les classes sociales différemment. Il les définit par rapport à une
situation économique comme Marx, en montrant qu’il s’agit de la possibilité qu’a un individu à
accéder aux biens, à la consommation. C’est donc la situation économique et individuelle qui
définit la classe sociale.

Les individus sont classés selon le type de possession dont ils disposent avec une distinction selon
l’origine de leurs revenus : de leur patrimoine ou de la mise en œuvre de moyens de production (du
haut marchand au bas ouvrier)

Les individus ayant la même situation économique n’ont pas forcément conscience d’appartenir à
la même classe sociale, mais si c’est le cas ils peuvent entamer des actions communes. Ainsi, pour
Weber, la classe sociale existe sans prise de conscience.

Il apporte un complément à l’analyse de Marx, en montrant qu’il existe une classe moyenne.

Weber développe d’autres dimensions de la stratification sociale.

LE GROUPE DE STATUT

La particularité de l’analyse de Weber est sa vision en groupes de statuts. La société est structurée
par d’autres éléments que le marché.

21
Weber classe aussi la société en fonction d’autres critères, le prestige ou l’honneur social : Le
statut est une place dans une hiérarchie de prestige pour Weber. Elle se caractérise par un mode de
vie, une manière de consommer, de se loger, de se vêtir... Les groupes de statuts cherchent à se
distinguer des autres, soit par la mode, la façon de parler. Ce statut est lié à des éléments objectifs
mais aussi intersubjectifs dans la mesure où il est revendiqué par d’autres strates.

L’ORDRE POLITIQUE

L’ordre politique : les partis qui s’y forment sont une extension des groupes de statut et permettent
l’action collective politique qui assoit leur domination. La répartition des partis politique est une
autre classification dans une société, qui ne s’impose pas forcément aux individus.

Dans la société, il existe donc trois ordres différents : économique, social et politique. Le pouvoir
peut être présent dans tous ces ordres. La position dans un ordre ne détermine pas la position dans
un autre ordre.

Les groupes statutaires forment des communautés conscientes mais ce n’est pas forcément le cas
des classes.

Classes sociales au sens de Weber : groupe d'individus qui sont dans une situation économique
semblable du point de vue de leurs chances d’accès à un certain nombre de biens et services.

Groupes de statut : Groupe social dont les membres partagent un même style de vie et un même
niveau de prestige social qui lui est associé, indépendamment de leurs ressources économiques.

3. Comparaison entre les analyses de Marx et de Weber

Activité : Tableau à compléter par les élèves à partir des deux paragraphes précédents

Max Weber Karl Marx

Pas forcément conscience au Conscience de classe


Conscience
sein de la classe

Conflit Non central Central

Trois structures connectées Une seule structure


mais indépendantes économique.
Nombre de dimensions
Analyse multidimensionnelle Modèle binaire avec
polarisation de la société

Classes moyennes Existent N’existent pas

22
Synthèse : Les analyses de Marx et de Weber, posent le débat actuel sur la structure sociale à
travers l’opposition nominalisme et réalisme, la question de la place des conflits et celle de la
porosité des frontières.

Les concepts nominalistes sont des constructions intellectuelles opérées par les sociologues, leur
permettant d’appréhender et de comprendre le réel. Cette conception est celle de Weber.

Dans le réalisme, les concepts de catégories, classes, etc., traduisent des réalités sociales objectives
que chacun peut constater et même souvent mesurer. Cette vision renvoie à l’analyse de Marx.

Consolidation : Faire le point p215+Exercice 5p232

Approche de Marx Approche de Weber

b–d–e-f a–c-g

Exercice 5 1. c ; 2. a ; 3. b; 4. e; 5. d.

4. Une vision plus contemporaine des classes sociales

a) Les classes sociales pour Pierre Bourdieu

Recherches : Document 2 p218Q1 à Q3

Bourdieu distingue 3 classes sociales : supérieure, moyenne, populaire

Chaque classe est déterminée en fonction de la quantité de capital global mais aussi de sa
composition

Les 3 classes ne sont pas des ensembles homogènes, dans chaque classe il distingue deux fractions :
la dominante et la dominée. Fractions dominantes possèdent plus de capital économique et fractions
dominées plus de capital culturel

Remarque : à chaque classe sociale il associe des styles de vie, càd des gouts, des croyances, des
pratiques , ex : patron de l’industrie du commerce : style de vie = voile, chasse, ski nautique etc ..

23
Pts communs avec Marx :

Bourdieu retient la notion de classe, l’existence d’une domination

Comme chez Marx, les membres d’une même classe ont des comportements économiques et
sociaux qui sont proches

C’est une approche réaliste

Pts communs avec Weber : approche multidimensionnelle, il ne s’intéresse pas qu’aux critères
économiques

Capital culturel : ensemble des connaissances valorisées en société

Cooptation : mot soutenu de piston

Synthèse : Pierre Bourdieu (1932-2002), met a en évidence différents types de capitaux dont
disposent les individus dans la société.

Il montre que les classes sociales sont relativement fermées et elles sont inégalement dotées en
capitaux.

Il existe 4 formes de capitaux :

- Le capital économique correspond au montant et à la composition des revenus et du


patrimoine et notamment de l’outil de travail. Ce capital joue un rôle essentiel dans la
mesure où il permet la transmission et le contrôle de l’appareil productif. La transmission du
capital culturel, les stratégies de mariage permettent de conserver les rapports de production.
- Le capital culturel se décompose en trois états. Le capital culturel à l’état incorporé, ce sont
les facultés d’expression, l’utilisation d’un langage élaboré, il est le fruit d’une socialisation
différenciée. Le capital culturel à l’état institutionnalisé, correspond aux diplômes scolaires
officiellement reconnus, sanctionnés par des aptitudes officiellement reconnues. Le capital
culturel à l’état objectivé, il s’agit des biens culturels (livres, tableaux, tout ce qui se
rapporte à la culture) et de l’art et la manière de s’en servir.
Habitus : Dispositions d’un individu acquises par l’éducation, qui l’amènent à se conduire selon les
normes de son groupe.

Ou : système stable de modes de perception, d’appréciation et d’actions inculquées par la


socialisation aux individus et générateur selon les situations de pratiques sociales très diversifiées
mais qui ne doivent rien au hasard.

- Le capital social définit le réseau de relation de la famille. Un carnet d’adresse joue un rôle
fondamental dans un système où il y a une relative pénurie de places dans la sphère
dirigeante.
- Le capital symbolique : renvoie à la considération que confère la possession des trois autres
formes de capitaux.
La hiérarchie sociale découle de la dotation dans ces différents capitaux. Cette dotation est inégale
en termes de volume et en termes de qualité.

Les agents sociaux se distribuent selon une double dimension :

24
 La première, verticale, consiste à hiérarchiser les groupes sociaux selon le volume de capital
dont ils disposent. Ainsi pourra-t-on opposer les agents fortement dotés en capital tant
économique que culturel (patrons, membres des professions libérales, professeurs
d’université) aux agents faiblement dotés (ouvriers et salariés agricoles).
 La seconde opère une distinction selon la structure du capital, c’est-à-dire l’importance
respective des deux espèces de capital dans le volume total de leur capital. Aussi pourra-t-on
opposer les agents sociaux pour lesquels le capital économique prédomine par rapport au
capital culturel (par exemple, les patrons de l’industrie et du commerce) aux agents aux
propriétés opposées (professeurs).
Dans nos sociétés, le capital culturel joue un rôle croissant dans le mode de reproduction sociale,
notamment sous sa forme scolaire. Or, l’école contribue à reproduire et à renforcer le pouvoir
symbolique des dominants. Le but est alors de transformer le capital économique en capital culturel.
Bourdieu met donc l’accent sur les rapports de domination dans la société.

Le volume de capital détermine aussi des styles de vie.

Style de vie : ensemble de goûts, de croyances et de pratiques systématiques caractéristiques d’une


classe ou d’une fraction de classe donnée. Il comprend donc, à titre d’exemple, les opinions
politiques, les convictions morales, les préférences esthétiques mais aussi les pratiques sexuelles,
alimentaires, vestimentaires, culturelles, etc.

Consolidation : Application p218

b) La bourgeoisie aujourd’hui

Recherches : Document 3 p219 Q1 à Q3

Ils ont bcp de capital économique (entreprises etc), capital culturel (diplômes de grandes écoles,
œuvres d’arts, langage soutenu), capital social (relations sociales) donc bcp de capital symbolique

La bourgeoise cultive l’entre-soi, càd la volonté de ne pas se mélanger avec les autres classes, dans
les quartiers, écoles

Entre-soi : regroupement d’individus qui se ressemblent car ils partagent des caractéristiques
communes, possession de bcp de capital économique

La bourgeoisie est une classe en soi car ils ont des caractéristiques communes et ont la même place
dans les rapports de production

Elle est aussi une classe pour soi car il y a un fort sentiment d’appartenance à l’élite, capables de
se mobiliser pour défendre les intérêts

25
Synthèse Pinçon et Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, montrent que seule la
bourgeoisie est une classe sociale au sens de la définition classique des classes sociales.

La bourgeoisie a un style de vie qui lui est propre, des avoirs économiques importants
(patrimoine de niveau élevé), elle a une forte conscience de classe et la capacité à se mobiliser.

Les auteurs montrent que tout en haut de la hiérarchie sociale, dans la bourgeoisie, le capital
économique est élevé mais aussi le capital culturel. La bourgeoisie met des barrières entre elle
et le reste de la société par des stratégies de transmission du patrimoine qui doit se faire dans
les meilleures conditions (homogamie par exemple, en organisant des rallyes) et en faisant en
sorte que le niveau d’étude soit le plus élevé pour leurs enfants mais aussi prestigieux.

La haute bourgeoisie constitue à la fois une classe en soi et pour soi.


La haute bourgeoisie est une classe en soi. Ils ont une place identique dans les rapports
sociaux de productions : grands entrepreneures, cadres très supérieurs, ils dirigent, ils sont
chefs. Ils ont des conditions et des styles de vies semblables, dans la fortune, les
consommations luxueuses et ostentatoires, mais spécifique en terme de « bon goût » et de
« culture légitime ». L'exemple des rallyes mondains est particulièrement significatif, ils
viennent tous d'un milieu aisé, aristocratique ou bourgeois, participent à des activités
communes et se côtoient, et ne côtoient que des gens comme eux..
De plus la haute bourgeoisie est aussi une classe pour soi. Ils ont consciences d'appartenir à
une classe sociale commune. Ils défendent des intérêts communs et « luttent » ensemble.
Durant les rallyes mondains, ils partagent leurs idées et leurs habitudes. Ils ne se côtoient
qu'entre eux, ne veulent se marier qu'entre eux ou ne faire affaire qu'entre personnes d'une
même classe qui est la leur. Ils interdisent l’accès, par conséquent, à des gens qui ne sont pas
« comme eux ».
Plus largement, leur proximité avec le pouvoir politique (qu’ils influencent plutôt qu’ils
n’occupent) leur permet de diriger l’existence générale : maintenir leur fortune en payant peu
d’impôts (suppression de l’impôt sur la fortune, bouclier fiscal, réduction de la progressivité
de l’impôt), diminuer le rôle des services publics (ils n’en ont pas besoin : leurs enfants vont
dans des écoles privées, ils sont soignés dans des cliniques privées…), font réellement de cette
haute bourgeoisie une classe en lutte pour maintenir ses privilèges.
Pour eux, la bourgeoisie a une conscience de classe

26
B. Le débat actuel sur les classes sociales

1. Des arguments montrant l’éclatement des classes sociales

a) Une distance intra-classes


Document

Activité

Comment a évolué le sentiment d’appartenir à la classe ouvrière ?

Bcp diminué avec le temps, passant de 23% de la population française se reconnaissant dans la
classe ouvrière en 1966 à seulement 6% en 2010, soit une baisse de 17%

Quelle peut être la conséquence de la baisse de ce sentiment d’appartenance à la classe


ouvrière ?

Groupe de moins en moins homogène, plus de diversité et de différences au sein de la classe


ouvrière ? augm. Distance intra-classe, car conditions de travail et modes de vie ouvriers sont de
moins en moins homogènes

DOCUMENT : Podcast France culture

https://www.franceculture.fr/emissions/les-idees-claires/les-vrais-ouvriers-et-la-classe-ouvriere

Activité

27
Pourquoi parlait-on de classe ouvrière il y a 40 ans ?

Ouvriers se mobilisaient parfois pour faire entendre leurs revendications salariales. Ils avaient
alors une forte conscience de classe dans la syderurgie, l’industrie automobile, les ouvriers
étaient fortement syndiqués. Ils votaient extrême gauche pour le pcf, culture ouvrieère, fierté

Pourquoi, cette vision n’est plus d’actualité ?

Embourgeoisement des ouvriers durant les Trente Glorieuses, ils se sont enrichis

Leurs enfants ont fait des études, profité de la démocratisation scolaire

Forte suppression des emplois en raison de la délocalisation et de la mécanisation

Une partie des ouvriers est qualifiée, meilleurs salaires et conditions de travail, l’autre partie a de
moins bons salaires. Donc le grp ouvrier n’est plus un ensemble homogène, et depuis les années
60, il y a fort changement du vote

DOCUMENT

Deux caractéristiques tendent à l’hétérogénéité du monde des employés. Les employés


administratifs détiennent des titres scolaires plus élevés que les autres employés ; en outre, ils sont
au cœur […] des changements techniques liés à l’information : les opérations les plus répétitives
s’automatisant, le niveau de qualification des tâches [qui restent] tend dans l’ensemble à s’élever.
Inversement, dans le monde des services personnels, la productivité n’évolue guère ; l’allègement
des cotisations et impôts pesant sur les employeurs et le développement de l’emploi féminin dans les
couches moyennes stimulent la demande de services personnels – gardes d’enfants, prestations
culinaires, recours à des gens de maison, etc. Dans l’archipel des employés, l’île des emplois
administratifs tend à se réduire, celle des services aux personnes à s’étendre, de même, à moindre
degré, que celle des employés de commerce.

Alain Chenu, Sociologie des employés (N.E), © La Découverte, 2005

Activité

Dans ce texte, quelles sont les conditions de travail des différents types d’employés ?

Administratifs, employés de services à la personne

Conditions de travail disparates.

Ce sont des personnes moins diplômées

Distance intra-classe : inégalités au sein d’une même classe sociale

28
Phrase introductive,

…….. avec déf. A la ligne

Alinéa. Argument 1 (AEI) A la ligne

Alinéa. Argument 2(AEI)

PAS de nous !!!

Réviser jusqu’au grand 3 grand A compris

Archipel des employés,

Existence lasse moyenne pour tocquevillel permettrait de pacifier rapport entre individus mais

Yocqueville met en evidence egalisation conditions càd rapprochement des modes de vie mais cette passion pour
l’égalité traduit un désir tjrs plus forts pour égalité et une intolérance envers inégalités

Pour aller + loin : - Les ouvriers après la classe ouvrière

Il ne faut pas céder à l’illusion rétrospective et largement anachronique d’un âge d’or ouvrier - la
condition ouvrière a toujours été une condition subie, soumise à la nécessité. Il n’en reste pas moins
que les ouvriers du temps de la classe ouvrière disposaient d’un capital politique accumulé (les
partis ouvriers, les syndicats), d’un ensemble de ressources culturelles (des associations se référant
sans honte au mot ouvrier) et symboliques (la fierté d’être ouvrier, le sentiment d’appartenir à la
classe), qui permettaient de défendre collectivement le groupe, limitant ainsi l’emprise de la
domination économique et culturelle.
Il existait aussi, hors de l’usine, ce qu’on peut appeler une société ouvrière, qui permettait à ses
membres de vivre dans un environnement protecteur et rassurant, au sein duquel s’épanouissait une
culture qui lui était propre : opposition entre le monde des autres, " Eux ", et le " Nous "
communautaire ; liberté accordée aux enfants et réalisme scolaire ; répartition traditionnelle des
rôles dans le couple. Dans ce monde intégré, diverses instances de socialisation (cercles laïques,
Jeunesse communiste ou Jeunesse ouvrière chrétienne, colonies de vacances, activités culturelles et
de loisirs des comités d’entreprise) encadraient la jeunesse dans les zones urbaines et contribuaient
à la transmission des mêmes valeurs.
Cette longue période durant laquelle l’existence de la classe ouvrière apparut comme une évidence
semble aujourd’hui révolue. La classe ouvrière en tant que telle a éclaté sous l’impact de différentes
forces centrifuges : désindustrialisation ; perte de ses bastions traditionnels (le Nord et la Lorraine,
la Loire) ; informatisation de la production et chute de la demande de travail non qualifié ; division
géographique de l’espace ouvrier ; différenciation sexuelle ; déclin continu et accéléré du PCF
[Parti communiste français] ; perte de l’espoir collectif et diminution corrélative du sentiment
d’appartenance à " la " classe. Sans oublier le désintérêt désormais affiché des intellectuels pour
tout ce qui touche au monde ouvrier.

29
[…] Le monde ouvrier n’a pas disparu, mais la condition ouvrière s’est profondément transformée
au cours de ces vingt dernières années. Elle a perdu une partie de son assise dans le monde
industriel et s’est plutôt développée dans le secteur tertiaire, du fait de la prolétarisation des
employé(e)s, dont l’exemple type est celui des caissières.
Dans le cas de l’industrie, une nouvelle division du travail se met en place depuis quelques années,
liée à l’externalisation des activités à faible valeur ajoutée et à la généralisation des flux tendus.
D’un côté, les grandes usines ont cédé la place à des lieux de regroupement du travail de
conception, de concentration de la matière grise, employant des salariés à niveau scolaire élevé et à
fort potentiel, tout en conservant un important noyau d’ouvriers. De l’autre, de petites unités de
production qui fabriquent des sous-ensembles, peuplées de travailleurs jeunes, payés au Smic,
souvent dotés de titres scolaires, exposés à une très forte précarité (intérim, CDD). […]
Le cas des nouvelles PME installées à proximité du site de Sochaux (les équipementiers de
l’automobile) révèle une forte dégradation des conditions de travail dans ces usines : recours massif
au travail précaire (intérim et CDD) ; recrutement quasi exclusif de jeunes, souvent bacheliers,
embauchés pour occuper les postes d’opérateurs ; horaires d’une très grande variabilité, imposition
de rythmes effrénés de travail ; individualisation à outrance, marginalisation syndicale. Le Smic est
le seul horizon salarial possible ; l’idée même d’une progression de salaire et d’une carrière
ouvrière semble ici exclue, inconcevable même. La très vive concurrence entre jeunes pour occuper
ces emplois suffit à maintenir une forte pression salariale. Ce mode d’organisation du travail, en
l’absence de contre-pouvoir ouvrier, accroît les luttes de concurrence et fait obstacle à la
construction des solidarités. La sociabilité ouvrière est impossible dans ces univers professionnels
atomisés, où tout semble organisé pour que les opérateurs ne se rencontrent pas (pauses brèves,
horaires de travail qui fluctuent d’un jour à l’autre) et ne se parlent pas (les opérateurs sont trop
absorbés par leur production). Cette précarité institutionnalisée - le turn over de la main-d’oeuvre
est très élevé - compromet en outre toute forme d’enracinement usinier et empêche la transmission
de la culture de travail. C’est ainsi que, dans les rares entreprises où agissent des délégués
syndicaux, le travail politique au jour le jour est rendu extrêmement difficile. Le découragement
gagne.
[…] Le paradoxe de la situation actuelle tient finalement à ce que la question ouvrière est, dans les
faits, plus que jamais posée, alors qu’elle est occultée, voire déniée dans l’espace politique. Au fur
et à mesure que la crise s’est approfondie et que le taux de chômage s’est élevé, de nouveaux
découpages du monde social se sont imposés. C’est notamment le cas des catégorisations en termes
d’opposition entre inclus et exclus (ou in et out) et entre Français et immigrés, qui ont
progressivement recouvert la question ouvrière, pour finir par la dissoudre. Conséquence du
surgissement de la problématique de l’exclusion, les ouvriers se sont retrouvés placés du côté
des in, de ceux qui ont un emploi (du côté des privilégiés et des avantages acquis, n’hésiteront pas à
dire les adeptes de la vulgate néolibérale). C’est ainsi que la question ouvrière, bien qu’au centre de
ces processus de fragmentation sociale, s’est vue reléguée au rang de problème secondaire et
annexe. […] Conséquence pratique et idéologique : dans l’espace public, il est devenu incongru et
presque tabou de faire référence aux problèmes du monde ouvrier, même à gauche.
Stéphane Beaud et Michel Pialoux, « Retour sur la condition ouvrière, Enquête aux usines
Peugeot de Sochaux-Montbéliard », Fayard, 1999

1. Synthétiser – Complétez le tableau suivant.

30
Facteurs de constitution du sentiment Facteurs d’affaiblissement du
d’appartenance à la classe ouvrière sentiment d’appartenance à la classe
(de 1936 à l’après-guerre ) ouvrière (période contemporaine)

Paysage associatif,
syndical et
politique

Nombre d’emplois
industriels et taille
des entreprises
industrielles

Formes
d’emploi (stables
ou précaires)

Niveau du
chômage et degré
de concurrence
entre salariés

Organisation du
travail : horaires de
travail

Découpage du
monde social :
question ouvrière
centrale ?

b) Une moyennisation de la société

31
Sensibilisation : Document 1p216

Recherches : Document 2 p216 Q1 à Q3+ Document 3p217 Q1 à Q3

Document 3 p217

Héteréogéneitéù

Les groupes qui composent la classe moyenne càd la constellation centrale chez Mandras sont très
différents et n’ont pas de conscience de classe

Pas capables de se mobiliser pout défendre leurs intérêts

Cette analyse de la sociéte par Màndras se distingue de celle de Marx, pas de conflits entre les
classes

Pour lui il existe des hiérarchies dans la société

Moyennisation = toupie qui prend du ventre

Moyennisation décrit le processus de constitution d’une vaste classe moyenne, réduisant les
positions extrêmes dans la stratification sociale et rapprochant ainsi les niveaux et les modes de
vie.

Synthèse (copié sur https://www.melchior.fr/cours/question-4-peut-considerer-que-la-societe-


francaise-actuelle-est-structuree-en-classes)

Dans la veine de la tradition inaugurée par Robert Nisbet, de nombreux sociologues ont, à l’aune
des Trente Glorieuses, envisagé la disparition des classes sociales. Le terme de “moyennisation”,
utilisé déjà par Alexis de Tocqueville, connaît dès lors une nouvelle actualité. Dans son
acception moderne, l’expression désigne à la fois le gonflement des classes moyennes, mais
aussi le fait que le “centre de gravité” culturel de la société se déplace des classes supérieures
vers les classes moyennes.

Pourquoi les classes moyennes, définies par l’OCDE comme les ménages dont les revenus se
situent entre 0,75 et 1,25 fois le revenu médian, ont-elles grossi ? Plusieurs phénomènes se
conjuguent.

Pour commencer, l’enrichissement général de la population à la faveur des Trente Glorieuses ont
permis un certain rapprochement des revenus. Les forts gains de productivité enregistrés à l’époque
sont avant tout distribués aux salariés. Cela permet aux ouvriers notamment d’atteindre un niveau
de vie inédit.

Par ailleurs, l’Etat-providence se développe (la Sécurité sociale est mise en place en 1945), ce qui
assure des revenus minimaux aux plus démunis. La pauvreté recule sensiblement.

Dans le même temps, les deux guerres mondiales et le développement des impôts sur le revenu et
les patrimoines ont rogné les revenus des plus riches.

32
De nouveaux emplois se développent, qui font aussi augmenter les effectifs de la classe moyenne et
la renouvellent (on passe d’une classe moyenne indépendante à une classe moyenne moderne,
massivement salariée). Avec le développement des missions de l’Etat la fonction publique prend de
l’ampleur. Le progrès technique permet le développement de nouveaux types de postes dans les
entreprises (ingénieurs notamment). La demande des consommateurs évolue vers les services, ce
qui TERTIARISE la société. La démocratisation de l’accès à la culture (par le biais de l’Ecole) et
l’enrichissement de la population conduisent à une homogénéisation des modes de vie. Ces modes
de vie ne sont plus obligatoirement « dictés » par les classes supérieures, ils ont plutôt pour origine
les classes moyennes modernes. Ces phénomènes conjugués ont réduit le pouvoir économique et
symbolique des classes supérieures, entraîné une DEPROLETARISATION ou un
EMBOURGEOISEMENT des ouvriers. On désigne par ces termes le fait que les ouvriers se sont
rapprochés des classes moyennes, en termes de niveau de vie mais aussi de modes de vie (loisirs,
manières de penser, etc.).

On peut voir au travers du processus de moyennisation une baisse des distances entre les
classes et en même temps l’existence d’une classe moyenne composée d’individus très
différents.

Distances inter-classes : inégalités entre classes sociales

2. Classes et rapports sociaux de genre

Rappel : La notion de sexe est utilisée pour décrire les différences biologiques entre les hommes et
les femmes. La notion de genre décrit le fait que chaque société leur associe certaines
représentations, normes et valeurs.

Document Des rapports de genre qui se superposent aux rapports de classe (Manuel Hachette)

33
Q1. Quelles sont les conséquences de la politique fiscale de soutien aux services domestiques
sur les inégalités ?

Lorsqu’un couple fait appel à des services, personnes pour garder enfants, faire le ménage
etc.. le couple a alors droit d’un crédit d’impôts de 50% des sommes dépensées

Politique fiscale va générer de nouvelles inégalités entre les femmes les plus aisées et les moins
aisées. Services à la personne composée majoritairement de femmes

Objectif de départ du gouvernement de concilier vie familiale et vie professionnelle

Q2. Quel est l’intérêt d’étudier les rapports sociaux de genre ?

Les rapports sociaux de genre s’articulent avec les rapports de classes, les femmes subissent
l’inégale répartition des tâches domestiques mais aussi des inégalités sur le monde du travail

Bilan

Les rapports sociaux sont aujourd’hui genrés. Il y a des inégalités de situation entre les hommes et
les femmes sur le marché du travail. Il existe des métiers féminins, surtout dans le secteur tertiaire,
de type services à la personne, dont le niveau de rémunération reste faible et où les possibilités de
carrière sont limitées.

De plus les femmes ont accès difficilement aux emplois de cadres à des niveaux très élevés. 58,7 %,
c’est la part d’hommes dans la population cadre en France. Donc 41,3 % de femmes cadres. - 25 %,
c’est l’écart salarial constaté par l’Insee entre les salaires nets des cadres femmes et de leurs
homologues masculins.

On parle de plafond de verre, car les métiers à haute responsabilité restent moins accessibles aux
femmes qu’aux hommes.

Rapports sociaux de genre : ensemble des rapports sociaux qui aboutissent à une hiérarchisation
entre les rôles féminins et masculins.

Consolidation : Faire le point p223

a. Vrai ; b. Faux ; c. Vrai.

34
3. Des critères d’appartenance subjectifs

DOCUMENT (MAGNARD P186)

Le sentiment d’appartenance est en hausse, tandis que le refus des catégorisations sociales recule
légèrement. Ainsi en 1999 un Français sur dix déclarait ne se sentir appartenir à aucune classe
sociale tandis qu’ils ne sont plus que 7,2% en 2009 et 6,7% en 2013 (ISSP, 1999 ; PISJ, 2009).
Ensuite, le sentiment d’affiliation se fait de moins en moins au profit des classes moyennes (figure
2). On constate en effet un recul très net en trois ans du sentiment d’appartenir aux classes
moyennes, même si celles-ci restent majoritaires : la classe moyenne inférieure représentait 44,4%
des Français en 2009 mais tombe à 39,9% en 2013, la classe moyenne supérieure passe quant à elle
de 21,1% à 16,9% (PISJ, 2009). Il y a là un retournement très net de tendance : alors que depuis les
années 1980 les Français se sentaient toujours plus appartenir à une grande classe moyenne
centrale, l’auto-positionnement médian recule. Le déclin relatif des classes moyennes se fait surtout
au profit de la classe populaire ou ouvrière puisque 30,5% des Français se sentent appartenir à celle-
ci contre 23% en 2009. Au total, il s’agit d’une augmentation de plus de huit points du sentiment
d’appartenir aux classes les moins favorisées si l’on y ajoute les défavorisés ou les exclus. C’est là
encore un retournement vis-à-vis d’une tendance lourde : en effet, ces vingt dernières années, le
paradigme dominant dans les discours politiques et savants était celui d’un déclin fort de la classe
ouvrière. Certains sociologues (Chauvel, 2001 ; Bouffartigue, 2004) depuis le début des années
2000 ont relativisé cette affirmation, en soutenant que la société française était toujours très clivée,
avec d’un côté une classe populaire majoritaire, de l’autre une « classe supérieure » représentant
environ 10 à 15% de la population (cumulant revenus, patrimoine et niveaux de responsabilité
élevés), et au milieu une classe moyenne plus réduite dans les faits que dans les représentations. Si
l’on assiste bien à un déclin quantitatif des ouvriers, les employés sont plus nombreux que par le
passé, et le secteur tertiaire ne présente plus la garantie de stabilité statutaire et les hauts salaires des
débuts de son essor. Or, les travaux menés jusqu’à présent sur les perceptions des catégories
sociales avaient montré que cette situation objective ne s’accompagnait pas d’une conscience
subjective, chez les individus, de leur position réelle : les membres des classes populaires
manifestaient une tendance croissante à se situer dans la classe moyenne.

« La montée du sentiment d’appartenance de classe et de la perception des antagonismes sociaux »,


Focus Dynegal, Février 2014.

Environ 1/3 des fr ont le sentiment d’appartenir à la classe ouvrière au détriment de la classe
moyenne

https://www.dynegal.org/sites/default/files/focus_de_dynegal1_0.pdf

Activité

35
Qu’est-ce que l’identification subjective ?

L’identification subjective d’appartenir à un groupe social est le fait pour un individu d’avoir le
sentiment d’appartenir à ce groupe. Cette identification peut ne pas tout à fait correspondre à
l’identification objective à un groupe social, qui s’appuie sur des caractéristiques mesurables.

Document (Magnard p187)

Dans la division sociale du travail au sein de leur entreprise, les conducteurs des bus de la RATP
occupent une position subordonnée. […] Comme beaucoup d’ouvriers et d’employés, beaucoup
d’entre eux adhèrent spontanément à une représentation binaire de la société, fondée sur une
opposition entre le haut d’une part – les dirigeants, les puissants, ceux qui possèdent l’instruction, la
puissance, l’argent – et d’autre part ceux qui sont en dessous, les simples exécutants, les ouvriers,
les employés, ceux dont ils estiment de manière générale de faire partie. […] Pour une partie d’entre
eux, les choses [sont] plus compliquées […]. Leur représentation, leur conscience du monde social
[est] non pas bipolaire, mais triangulaire : ils [ont] le sentiment d’être non pas seulement soumis à la
pression venant du haut, mais aussi à une pression venant de plus bas qu’eux. […] C’est par
exemple l’idée qu’il y a trop de chômeurs qui non seulement n’ont pas d’emploi mais qui n’en
cherchent pas, qui vivent du RMI ou des aides sociales, qui se dispensent par conséquent de
chercher du travail, et qui peuvent s’en dispenser parce que d’autres paient des impôts pour eux :
d’autres qui, eux, travaillent, parmi lesquels, bien sûr les conducteurs de bus. […] L’un d’entre eux
me disait par exemple un jour : « c’est nous qui payons pour tout le monde », et il est clair qu’il
avait alors en tête à la fois le haut et le bas.

Olivier Schwartz, « Vivons-nous encore dans une société de classes ? » © La vie des idées, 2009.

Activité

Quelle position les conducteurs de bus occupent-ils dans l’espace social ?

PCS ouvriers et chauffeurs, ce sont des exécutants

Comment certains conducteurs de bus se représentent l’espace social ?

Ils se voient au milieu avec des gens au dessus et en dessous

En quoi cette vision remet-elle en cause la vision traditionnelle des classes sociales ?

Remise en cause de la vision bipolaire de Marx, ouvriers uniquement exploités par les
capitalistes, se positionnent au centre et pas tout en bas de l’espace social,

Synthèse : L’appartenance à une classe sociale dépend de critères objectifs, mais aussi de critères
subjectifs. Il peut exister un décalage entre les deux. Les individus ont tendance à se positionner au
milieu, souvent quelques soit leur situation objective.

Identification subjective : sentiment d’appartenance à un groupe social


36
4. Les facteurs d’individualisation

Document 2 p224Q2&Q3

Document 3 p225 Q1 à Q3

Bilan François Dubet (1946-), explique que la notion de classe sociale perçue par les sociologues
est une notion collective. Les inégalités sociales étaient perçues comme des inégalités de classe.
Dubet montre que cette vision change, car la société évolue vers davantage d’inégalités qui ne
renvoient plus à une inégalité de classes.

Ce changement s’explique par la montée des classes moyennes et de leur hétérogénéité en termes de
revenus, de conditions de vie, de styles de vie alors que la notion de classe sociale renvoie à des
conditions similaires et des frontières strictes entre les classes sociales.

Aujourd’hui les clivages se superposent davantage. Il faut ajouter à ces clivages les situations
d’inclusion et d’exclusion dans la société, les gagnants et les perdants de la mondialisation…
(exemple des situations très diversifiées des ouvriers)

La place dans les rapports sociaux a donc changé, ce qui modifie la vision de la notion de classe
sociale. Si dans l’esprit de Marx ou de Bourdieu, il y a une domination de certains qui s’exerce sur
les autres, aujourd’hui les critères se multiplient et rendent cette notion de classe sociale plus
complexe.

Les frontières inter-classes se sont réduites, les conditions intra-classes se sont éloignées. Les
rapports sociaux ne se limitent plus à la position dans les rapports de production mais peuvent être
dus à des différences genrées. Il existe une différence entre la situation objective des individus et
leur perception. Pour finir, les situations s’individualisent, ce qui limite des situations similaires et
donc l’adhésion à un groupe sociale telle que les classes sociales.

Individualisation : Processus par lequel les individus deviennent plus autonomes, c’est-à-dire
effectuent des choix de moins en moins dictés par des institutions sociales contraignantes
(famille, religion, syndicat ou parti par exemple).

Possibilité de se marier en étant homosexuel

Individus ont plus la possibilité de choisir leur style de vie

Individualisation remet en cause la notion de classe sociale car ces dernières regroupent des
individus différents avc des situations de moins en moins similaires. Le concept de classe
sociale ne suffit plus à décrire la structure sociale pour comprendre ou décrire la société. Pour
la décrire, il faut utiliser plusieurs critères de différenciation

Le rap, qui est écouté par la plupart des adolescents de tous les milieux

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Habitus qui dépend du milieu social, cet habitus va fortement influencer les modes de vie des
individus, notamment leurs pratiques culturelles, leur façon d’envisager l’avenir

Q3/ les individus ajd ont davantage de contacts avec des grp sociaux différents de leur milieu
d’origine, ils connaissent différentes expériences de socialisation dans des univers variés ce qui
rend la socialisation secondaire plus complexe. L’habitus est plus riche. Ce n’est pas
seulement celui transmis par les parents, il intègre de nombreuses dispositions.

Q2/ Des profils où les pratiques culturelles ne correspondent pas forcément

Bernard Lahir, les goûts peuvent être davantage différents, on peut aimer l’opéra et le rap

Conclusion

Lire la synthèse pages 228-229 et 230 et Tout pour réviser p234

Mobiliser ses connaissances : exercices 1 à 6 et 8 p231-233

Vers le bac : sujets p236-241

Pour réviser en vidéos :


http://www.ses.ac-versailles.fr/prgs_2019/niveau/terminale/terminale_c6.html

Projet : réaliser un reportage photographique « les quartiers de Strasbourg, reflets de sa


structure sociale ? »

Pour aller + loin : Film : Le jeune Marx de Raoul Peck (2017)

Roman : Retour à Reims de Didier Euribon (2018)

Livre : Voyage de classes de Nicolas Jounin (2014)

BD : Riche, pourquoi pas toi ? de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (2013)

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A partir des années 70 / 80, certains sociologues ont parlé de la moyennisation (H. Mendras) de la
société, ou encore d’une société sans classe.

La question de la persistance des classes, devenus plus floues du fait des facteurs étudiés
précédemment et d’une homogénéisation apparente des modes de vie, se pose régulièrement.
On peut noter des éléments qui semblent effectivement rendre la notion moins pertinente :

➔ La réduction de certaines inégalités fait reculer la « classe en soi »


La représentation marxiste d’une société bipolarisée est mise en question dans les années 1960-70.
Suite à la réduction des inégalités socio-économiques (de revenu, d’accès à la culture, à la
scolarisation) et à une certaine homogénéisation des pratiques de consommation (développement
d’une consommation de masse à travers la diffusion de la voiture, de la télévision, du matériel
électroménager, …) certains sociologues ont parlé de moyennisation. Ce processus correspond à la
réduction des inégalités (réduction des distances inter-classes) qui s’accompagne d’une croissance
des catégories sociales intermédiaires (cadres et Professions intellectuelles supérieures, prof.
intermédiaires, ouvriers et employés qualifiés) qui vont constituer une vaste classe moyenne.

➔ Un processus d’individualisation qui fait reculer la « classe pour soi »


On assiste dans le même temps à un déclin du sentiment d’appartenance à la classe ouvrière et une
forte augmentation du sentiment d’appartenance à la classe moyenne. Ce déclin de la « classe pour
soi » chez les ouvriers est parallèle au recul du parti communiste français et du syndicalisme,
instances de représentation politique du monde ouvrier. Les mutations économiques (externalisation
de la production, mondialisation) font peu à peu disparaître les grands bastions industriels où le
syndicalisme ouvrier était particulièrement implanté. Un nouveau mode d’organisation du travail
développe l’individualisation au travail et fait obstacle aux solidarités ouvrières : la précarisation du
travail, dans un contexte de chômage de masse, met les ouvriers en concurrence entre eux, le
développement des horaires atypiques ou l’instauration d’une gestion individuelle des carrières
déstructure les collectifs de travail. De nouvelles catégorisations du monde émergent :la question
sociale (l’opposition prolétaires / bourgeois) est peu à peu éclipsée par l’opposition entre inclus
(ceux qui ont un emploi, dont les ouvriers) et exclus (ceux qui sont privés d’emploi) ou celle entre
Français et immigrés.

➔ La classe n’est pas le seul facteur de hiérarchisation de l’espace social


La force des analyses en termes de classes sociales va également être relativisée au regard de la
multiplicité des facteurs de hiérarchisation de l’espace social. Les classes sociales ne suffisent pas à
analyser la structure sociale. Weber l’avait déjà montré en mentionnant l’importance de l’ordre
social et de l’ordre politique aux côtés de l’ordre économique, mais de manière plus contemporaine,
on peut également mentionner le genre comme principe de hiérarchisation sociale toujours très
puissant (inégalités de salaires, de répartition des tâches domestiques, d’accès aux fonctions de
représentation politique…).
L’âge (ou « position dans le cycle de vie ») est également un critère pertinent pour décrire les
inégalités de patrimoine ou les inégalités politiques d’accès à la représentation.

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De même, le lieu de résidence (centre-ville, banlieue, campagne) peut aussi être un élément
déterminant dans des inégalités d’accès à la culture, aux soins, ou au logement.

On peut noter trois éléments au moins qui font que la notion conserve sa pertinence, voire
progresse.

➔ La persistance de la « classe en soi » : des inégalités toujours présentes

Les inégalités entre groupes sociaux (distances inter-classes) n’ont pas disparu et se sont même
parfois renforcées. Les inégalités économiques ont globalement cessé de se réduire depuis les
années 1980 et l’écart entre le pourcent le plus riche des ménages et le reste de la population s’est
même accru. Les inégalités culturelles ou de réussite scolaire restent également fortes. Il continue
d’exister des classes en soi, c’est-à-dire des groupes partageant des conditions concrètes d’existence
similaires et inégales par rapport à d’autres groupes dans la société.

➔ La persistance de la « classe pour soi » : haute bourgeoisie et gilets jaunes

Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ont montré que la bourgeoisie, en plus
d’avoir des conditions de vie qui la distinguent du reste de la population (classe en soi), met en
place des stratégies pour conserver son statut de groupe social fermé, à travers la fréquentation de
certaines écoles, ou l’organisation de rallyes influençant les rencontres amoureuses, constituant
ainsi également une classe « pour soi ».
De l’autre côté de l’échelle sociale, les Gilets jaunes, bien que regroupant des individus
hétérogènes, ont montré qu’il était encore possible de développer un sentiment d’appartenance et de
lancer une mobilisation à large échelle pour défendre ses intérêts économiques. Si la conscience de
classe des catégories populaires a régressé depuis plusieurs décennies, on ne peut donc pas dire
qu’elle ait disparu.

➔ Des facteurs de hiérarchisation qui s’articulent aux classes sociales sans les dépasser

L’existence d’autres facteurs de hiérarchisation de l’espace social (notamment le genre) ne signifie


pas que les analyses en termes de classes soient périmées. L’enjeu est plutôt de savoir comment
articuler ces différents facteurs. Par exemple, les approches en termes de genre sont incomplètes
quand elles négligent ou oublient les clivages de classes. La répartition des tâches domestiques dans
le couple ne peut être analysée indépendamment du milieu social, car certaines catégories
populaires pourront difficilement faire appel à des femmes de ménage, contrairement aux catégories
supérieures. Pour rendre compte de la structure sociale, il est donc impératif d’articuler rapports de
classe et de genre (et les autres types de rapports sociaux).

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