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BILANS
DE LA C O N N A I S S A N C E ÉCONOMIQUE
Robert Mosse
LA M O N N A I E
suivi d'Observations de LUIGI FEDERICI et ROBERT TRIFFIN
et d'une Bibliographie analytique et critique
Introduction de
Howard S. ELLIS
LA MONNAIE
LAB' TORIO DI
ECONOMA. ~ MITICA [,
scooHErnjiiMAKnis '
- Uscito ...
JA N N A C C Q K E
Dop. 201.
VOLUMES EN PRÉPARATION
p U U Ô k ' T o Z . ^ •
LA M O N N A I E
par Robert Mossé
Observations de
Luigi' FEDERICI et Robert TRIFFIN
Introduction de
Howard S. ELLIS
PRINCIPAUX PARTICIPANTS
(liste p r é l i m i n a i r e )
H e n r i BARTOLI (Grenoble). — P i e r r e DIETERLEN (Paris). — Léon
DUPRIEZ (Louvain). — Luigi FEDERICI (Modène). >— D I FENIZIO
(Pavie). — H e n r i GUITTON (Dijon). — E r n e s t LABROUSSE (Paris).
G e o r g e s LUTFALLA (Paris). — J e a n MARCHAI, (Paris). — Hans
MAYER (Vienne). — U g o PAPI (Rome). — A n d r é PIATIER, I.N.S.E.E.
(Paris). — P . - L . REYNAUD (Strasbourg). — V o l r i c o TRAVAGLINI
(Gênes). — R o b e r t TRIFFIN (Washington). — F r a n c e s c o VITO
(Milan). — J e a n WEILLER (Poitiers).
C e t t e A s s o c i a t i o n , r é g i e p a r la loi du 1 e r j u i l l e t 1901, a e n t r e p r i s ,
e n 1934, l a p u b l i c a t i o n de la Documentation Economique, revue tri-
m e s t r i e l l e de b i b l i o g r a p h i e a n a l y t i q u e , que, d e p u i s 1947, elle publie
c o n j o i n t e m e n t a v e c I ' I N S T I T U T NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES
ETUDES ÉCONOMIQUES.
H O W A R D S. ELLIS
Professeur à l'Université de Californie,
Ancien Président de l'American Economic Association,
Editor of the Survey of Contemporary Economics
Howard S. ELLIS, Ancien Président de l'American Economic Associa
tion est P r o f e s s e u r d'Economie Politique à l'Université de Californie.
Après des études approfondies en Europe il a publié un magistral
o u v r a g e s u r les Théories monétaires allemandes (voir ci-après Biblio-
graphie n° 10) et un a u t r e s u r le Contrôle des Changes en Europei
centrale. P l u s récemment, il a inspiré et dirigé le célèbre Survey of
Contemporary Economics qui permet à tant d'économistes de se r e n d r e
compte du développement de la pensée scientifique de langue anglaise
depuis une dizaine d'années.
Présentation des Bilans
*
**
• Sommaire
Avant-Propos.
I. — PERSPECTIVE GENERALE
par Robert Mossé
II. — OBSERVATIONS
par Luigi Federici et Robert Triffin.
III. — BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE
ET CRITIQUE
Index des a u t e u r s cités.
Table détaillée.
Come on then, my younger Colleagues on this side of
the World who know what you want to say. be up and
doing... and whiz your off-prints across the Atlantic.
D. H. ROBERTSON
(Quarterly Journal of Economics, Feb. Jfi/oj
A vaut - Propos
C o n f o r m é m e n t au s c h é m a annoncé d a n s la P R É S E N T A T I O N
DES BILANS, ce fascicule comprend trois parties.
La première, intitulée Perspective générale, est u n essai
de synthèse, où l'auteur s'est ellorcé de montrer les c h a n -
g e m e n t s s u r v e n u s d a n s la position des problèmes, de noter
•les p r i n c i p a l e s directions et méthodes de recherche, de ré-
s u m e r tes points acquis ainsi que les controverses en cours
et, e n f i n , de signaler les interrogations qui subsistent. .Natu-
rellement, le souci de synthèse aboutit à u n tableau simplifié
où ie j u g e m e n t de l'auteur fournit u n e c o m m u n e m e s u r e
d'évaluation: il ne saurait y avoir de perspective sans un
point de vue.
La deuxième partie apporte un correctif au subjectivisms
inévitable de la première. Elle consiste en Oljsexvations,
rédigées tes unes p a r M. Luigi F E D E I U C I , les autres p a r
M. Robert T R I F F I N , qui donneront au lecteur deux angles
de vision différents de celui de l'essai. Précisons toutefois
que MM. F E D E R I C I et T R I F F I N ont bien voulu lire ie m a n u s -
crit de la p r e m i è r e partie et faire bénéficier son auteur de
n o m b r e u s e s et utiles r e m a r q u e s , dont il a été tenu ie plus
g r a n d compte.
E n f i n , la troisième partie, qui est une Bibliographie ana-
lytique et critique, offre au lecteur une sélection d'oeuvres
m a r q u a n t e s sur les problèmes monétaires. Avec une p a r -
faite conscience des inconvénients de toute sélection, on a
j u g é p r é f é r a b l e de s'exposer aux reproches plutôt que de
faire une longue énumération que son étendue m ê m e aurait
r e n d u e inutilisable. On a voulu surtout que l'ensemble soit
s u f f i s a m m e n t représentatif de la diversité des écoles, des
problèmes, des groupes linguistiques, etc. Sur chaque ouvra-
ge, ou sur chaque auteur, on a établi une notice — à la fois
« abslract » et compte rendu critique — qui tend à le situer,
en dégageant son originalité, en donnant des appréciations
et en le r a t t a c h a n t soit à un courant de pensée soit à des
p h é n o m è n e s particuliers.
INVENTAIRE CHRONOLOGIQUE
DES PRÉOCCUPATIONS MONÉTAIRES
SECTION I
(7) Il s e m b l e m ê m e q u e la v a l e u r de l'or, en t e r m e s d e m a r c h a n d i s e s
ait d i m i n u é (Cf. FEDERICI, Bibl., n ° 22, p a g e 408 et sq.).
(8) B. M . ANDERSON, B i b l . , n ° 31, p . 435.
Il f a u t u n million ou deux pour p a y e r un repas. C'est l'infla-
tion galopante et la chute verticale de ia monnaie. Un doit
a n n u l e r complètement les billets ou bien les échanger con-
tre de n o u v e a u x à un million ou un milliard contre un.
Quelques pays, c o m m e ia France, l'Italie, ia Belgique, réus-
sissent à se retenir sur la pente savonnée et stabilisent leur
m o n n a i e à un cinquième ou un sixième de la valeur d'avant
guerre.
L'instabilité monétaire, qui se prolonge en Europe p e n -
dant u n e dizaine d ' a n n é e s après la f i n de ia guerre, produit
partout, à des degrés divers, les m ê m e s p h é n o m è n e s . Les
r e v e n u s n o m i n a u x augmentent, incitant chacun à dépenser
davantage et d'autant plus que l'argent ne peut se conser-
ver. L'accroissement de la d e m a n d e stimule à la fois la
h a u s s e des prix et la production. Les exportations sont f a -
ciles, puisque, en général, ia valeur externe de la m o n n a i e
d i m i n u e plus vite que sa valeur interne; on souffre plutôt
de la « perte de substance » car on vend trop bon m a r c h é
à l'étranger. Toutes les forces productives sont utilisées
On ne lésine p a s trop sur les r é m u n é r a t i o n s en monnaie,
puisque les prix sont en h a u s s e et que les produits glissent
aisément d a n s le réseau de distribution. On ne se préoccupe
p a s beaucoup du r e n d e m e n t (ou des prix de revient). La
reconstruction et ia modernisation sont hâtées car, ne pou-
v a n t é p a r g n e r en argent, on investit le plus possible sous
f o r m e de pierre et d'acier.
Tous ces déveioppements sont m a l h e u r e u s e m e n t désor-
donnés, car, en l'absence d'étalon des valeurs à peu près
stable, l'activité se déploie chaotiquement d a n s toutes les
directions sans égard a u x besoins n o r m a u x de la société
ou aux ordres d'importance. On assiste donc à u n e prolifé-
ration d'entreprises ou d'industries « m a l s a i n e s », s a n s p a r -
ler des constructions inutiles a y a n t pour seul objet de con-
vertir des liquidités indésirables en objets solides. C'est
l'époque des g r a n d s investissements m a n q u é s (10) et de
l'excessive propension à consommer.
SECTION 111
(18) Sur les théories monétaires des crises avant 1913, voir AFTALION,
Les crises périodiques de surproduction, Paris, 2 vol., 1913; ELUS, Ger-
man monetary theory, et l'article Krisen de SPIETHOFF dans le Handw.
e
der St., 4 édit.
A vrai dire, dans cé déplacement du centre d'intérêt, la
signification de la m o n n a i e se restreint. Il ne s'agit plus des
faits p r o p r e m e n t monétaires m a i s de la dépression écono-
m i q u e générale et du rôle que joue, seul ou plus probable-
m e n t p a r m i d'autres, le facteur monétaire.
Le m a n q u e de débouchés — m a i g r é Jean-Baptiste SAY —
reste la m a n i f e s t a t i o n la p l u s visible du malaise. On n e
trouve p a s de clients, m u n i s de m o y e n s de p a i e m e n t indis-
pensables et disposés à acheter. L'opinion publique, toute
simple, dit : « 11 n'y a point d'argent. »
Ce m a n q u e d'argent peut s'expliquer soit p a r u n e insuffi-
sance des i n s t r u m e n t s de paiement, soit p a r quelque arrêt
ou ralentissement de sa circulation.
Puisqu'il y a des f o r m e s multiples de monnaie, la diffi-
culté est attribuée soit à l'or, soit a u x billets, soit au crédit.
Et en r e m o n t a n t p l u s haut, les u n s i n c r i m i n e n t les insti-
tutions monétaires chargées d'émettre la m o n n a i e , tandis
que pour d'autres les revenus monétaires attribués a u x t r a -
vailleurs ne sont p a s équivalents au produit de leur travail.
On discute aussi sur le véritable caractère du « m a n q u e
d'argent » ; est-ce un p h é n o m è n e occasionnel ou périodique,
ou est-ce un trait p e r m a n e n t de notre r é g i m e et y a-t-ii
une insuffisance chronique du pouvoir d'achat ?
Entre 1930 et 1940, le débat se resserre. Il reste dominé
p a r l'insuffisance de fa d e m a n d e effective. Pourtant, on ne
veut guère croire à une p é n u r i e de m o y e n s de p a i e m e n t
(ils se créent si f a c i l e m e n t en p a y s anglo-saxon) ou à un
m a n q u e de revenus monétaires (on reste m a i g r é tout atta-
ché à une partie de la loi de SAY), et l'on s'intéresse sur-
tout a u x p h é n o m è n e s circulatoires et d'emploi des revenus.
Cette m a n i è r e de poser le p r o b l è m e i m p l i q u e l'abandon
de la conception métailiste de la m o n n a i e . Cetie-ci n'est
plus u n e m a r c h a n d i s e , a y a n t u n e valeur propre. C'est un
bon d'achat ou une créance sui ç/encris, dont la f o r m e m a t é -
rielle ne compte pas et qui n ' a p a s de « v a l e u r » en soi. Le
pouvoir d'acquisition de l'unité est u n reflet du niveau des
prix. Malgré le retour a p p a r e n t à l'étalon-or d a n s la troi-
sième décade du siècle, le t r i o m p h e de K N A P P , W I E S E R ,
A F T A L I O N est assuré implicitement p a r l'orientation des a n a -
lyses anglaises.
La m o n n a i e a y a n t cessé d'être une entité indépendante,
on étudie, avons-nous dit, t'utilisation et la circulation -du
pouvoir d'acquisition, à travers toute l'économie. Le déten-
teur, à un m o m e n t donné, peut, soit le garder, soit l'em-
ployer. Dans ce dernier cas, il peut consommer ou investir;
la question de l'utilisation de l'épargne, qui prend une i m -
portance démesurée, est u n point déclaré névralgique (19),
d a n s le problème plus général de l'emploi des revenus.
Celui qui reçoit l'argent le t r a n s m e t à son tour : il paie
des m a r c h a n d i s e s , r é m u n è r e des ouvriers, rembourse des
créanciers, etc.; il f a u t donc suivre le processus de circu-
lation. U n e attention particulière est accordée à ces causes
de perturbation que sont l'accélération ou le ralentissement,
l'expansion ou la contraction. La théorie monétaire s'intè-
gre donc d a n s la théorie économique générale et, p a r m i les
effets, on s'attache désormais moins aux prix qu'au volume
total d'activité et à l'emploi de la m a i n - d ' œ u v r e .
Ce que l'on appelle analyse monétaire semble se réduire
à l'étude du t a u x de l'intérêt envisagé c o m m e déterminant
m a j e u r de la conduite des « entrepreneurs » et des « épar-
g n a n t s ». Devenue de plus en plus étroite, de plus en plus
abstraite, c o n f i n é e d a n s des modèles dont les hypothèses
sont la négation m ê m e du m o n d e réel, cette analyse donne
l'impression de s'être p e r d u e d a n s u n byzantinisme sté-
rile (20). Il en restera cependant quelques idées directrices
au l e n d e m a i n de la guerre (investissements, plein emploi,
déficit budgétaire).
***
(21) Nous laissons de côté ici les problèmes de contrôle des changes.
(22) Voir Robert MossÉ, L'essor économique de l'Allemagne, Revue
pol. pari., m a r s 1936.
terne. Un reste très sensible au d a n g e r d'inflation, m a i s
l'idée d ' u n e politique monétaire consciente a d é j à pénétré
p r o f o n d é m e n t . Un est convaincu en tout cas qu'il est plus
important de combattre la m i s è r e et le c h ô m a g e que de
m a i n t e n i r i'étalon-or ou une parité quelconque.
La science économique a t e n d a n c e à négliger les pro-
blèmes monétaires, absorbée qu'elle est p a r K E Y N E S . N a t u -
rellement, le General Theory affecte les problèmes m o n é -
taires, m a i s il est malaisé de dire ce que f u t cet i m p a c t
en 1939. Du point de vue auquel nous nous plaçons ici —
évaluer le progrès de la connaissance — il nous semble
que l'on pourrait, d'une m a n i è r e tout à fait générale, tirer
deux enseignements de l'œuvre de Keynes :
d'abord en r e m p l a ç a n t la m a s s e m o n é t a i r e p a r des pro-
pensions, il a réintégré l'action h u m a i n e —• rationnelle ou
capricieuse — d a n s le processus économique, m a i s il a
p r o b a b l e m e n t tort quand il prétend mettre la fonction de
consommation en f o r m u l e .
ensuite, il a r a p p e l é que le but de la théorie c'est u n e
politique et s'il a tort de songer au job avant de songer au
revenu, il a raison de placer l ' h o m m e avant l'or.
Un s ' a c h e m i n e ainsi vers ce qui est peut-être la caracté-
ristique dominante de l'économie du miiieu du siècle : libé-
ration à l'égard du m a t é r i a l i s m e — classique ou m a r x i s t e —
du xix" siècle et p r é é m i n e n c e de l ' h o m m e c o m m e a n i m a -
teur et c o m m e f i n .
SECTION IV
LA NOTION D E MONNAIE
SECTION I
La nature de la monnaie
(1) Voir dans la partie bibliographique: ELUS (n° 10), FEDEMCI (n° 22),
GONNARD ( n ° 1 3 ) , HALM ( n ° 1 5 ) , P r n o u ( n ° 2 4 ) , W I E S E R H d w ( n ° 2).
(2) Voir G. MAJORANA, « Le teorie délia moneta e dël valore in ARISTO-
TELLE », G. d. Economisti, janvier 1926.
(3) Howard ELLIS a répondu par avance à ceux qui prétendent r e j e -
ter ces discussions métaphysiques. 11 invoque l'exemple de la physi-
que, dont la « validité scientifique dépend d'une métaphysique correcte
explications et les recherches sur l'origine de la monnaie,
sur sa valeur, sur ses fonctions et sur ses f o r m e s ; en outre
elle conditionne la politique monétaire.
(6) Cf. TURGOT, Réflexions, éd. VIGREUX, p. 101 : « Voilà dono l'or
et l ' a r g e n t constitués m o n n a i e et monnaie universelle et cela s a n s a u -
c u n e convention arbitraire des h o m m e s , s a n s l'intervention d ' a u c u n e
loi, m a i s p a r la n a t u r e des choses. » Les expressions employées p a r
TORGOT f o n t r e s s o r t i r la liaison étroite e n t r e cette conception et la
philosophie n a t u r a l i s t e d u XVIII' siècle.
Les caractères de la conception métaltiste permettent d e
c o m p r e n d r e les motifs de son déclin depuis quelques d é c a -
des. Elle ne trouve plus m a i n t e n a n t l'appui qu'elle trouvait
a u p a r a v a n t d a n s une philosophie matérialiste d o m i n a n t e et
d a n s u n individualisme incontesté. Mais, surtout, elle n'est
plus en h a r m o n i e avec la réalité. Les neuf dixièmes des
h o m m e s (au moins) n'ont j a m a i s r e m i s ou reçu en p a i e m e n t
une pièce d'or. Et le destin de c h a q u e individu est étroite-
ment lié à celui dé sa société (7).
SECTION II
La valeur de la monnaie
SECTION III
SECTION IV
La p r e m i è r e g r a n d e préoccupation a été de m e s u r e r la
valeur de la m o n n a i e a u moyen d'indices des prix (29).
En q u a r a n t e ans, on est passé du néant à la maturité.
A u j o u r d ' h u i , les concepts de base, les méthodes de relevé
et de calcul sont fixés et les g r a n d s p a y s publient toute une
g a m m e d'indices m e n s u e l s (parfois m ê m e hebdomadaires)
tout-à-fait dignes de confiance (30). Le théoricien peut,
selon son inspiration, utiliser les prix de gros ou les prix
de détail, ceux des biens de production ou des biens de
consommation, etc.
P o u r les m o y e n s de paiement, la statistique des billets de
b a n q u e en circulation a été p e n d a n t longtemps une solu-
tion de facilité, qui traduisait mal les faits réels. Depuis
quelques années, le concept d'offre totale de m o n n a i e
(31) V. L. CURRIE, The Supply and control of Money in the U.S., Cam-
bridge U.S.A.. 1934. — ANQELL (voir Bibliographie, n° 32), The Behavior
of Money, 1936. P o u r la France, voir Etudes et Conjoncture.
(32) Toutefois, les statistiques du revenu national commencent à f o u r -
nir des renseignements précieux.
CHAPITRE TROISIÈME
L'ACTION DE LA MONNAIE
SECTION I I
SECTION III
SECTION IV
SECTION V
Remarques complémentaires
sur le point d'aboutissement des mécanismes
et sur les hypothèses institutionnelles
LA CRÉATION DE LA MONNAIE
SECTION I
SECTION LIT
(20) Nous devons nous borner à ces brèves allusions, réservant les
questions de crédit et de b a n q u e pour un a u t r e fascicule.
(21) Peut-être faut-il les d e m a n d e r ù. quelque nouvelle « s c i e n c e de
l'administration », à la recherche des bonnes méthodes.
intérêt. Un vaste domaine encore inexploré se présente pour
une connaissance économique prêle à coopérer avec d'autres
sciences sociales et humaines.
Nous aimerions que l'on nous fasse connaître et com-
p r e n d r e avec une sincérité totale, c o m m e n t se déroulent les
délibérations sur les questions monétaires, au Conseil des
Ministres, d a n s le cabinet feutré du Ministre des Finances,
à la Commission des F i n a n c e s , au Conseil du Crédit, etc.
Nous voudrions connaître les préoccupations et les réactions
des h o m m e s de chair qui les composent et m ê m e être infor-
m é s des conversations ou négociations de couloirs et de
cocktail-parties.
Nous savons que, en dernière analyse, le débat sur la
politique m o n é t a i r e se r a m è n e à un choix entre l'automa-
tisme et la direction h u m a i n e et que la solution dépend de
la c o n f i a n c e que l'on a d a n s les gouvernants. Il f a u t bien
avouer, m a l h e u r e u s e m e n t , que, au cours de la p r e m i è r e
moitié du siècle, la connaissance économique s'est complue
d a n s des analyses qui ne nous apportent a u c u n e lumière
sur ces problèmes f o n d a m e n t a u x . La psychologie rationa-
liste, s c h é m a t i q u e et m a t h é m a t i q u e cíe BENTHAM, de M E N G E R
ou de K E Y N E S nous est d'un m a i g r e secours. Les nouveaux
progrès de la connaissance économique devraient avoir
pour objet de nous faire comprendre les motivations, m ê m e
secrètes des individus, ainsi que la psychologie des groupes.
Nous inclinons à p e n s e r que des Mémoires d'Outre-Tombe
ou des Confessions nous a p p r e n d r a i e n t bien des choses
essentielles ignorées des ouvrages de spécialistes.
CONCLUSION
(6) To play s a f e ; « b u c k p a s s i n g » .
OBSERVATIONS
par
LUIGI FEDERICI
Professeur 'd'Economie Politique
à la Faculté de Droit de Modène
et
ROBERT TRIFFIN
Conseiller financier
la European cooperation administration
Le P r o f e s s e u r Luigi FEDERICI enseigne l'économie politique à l'Uni-
versité Bocconi de Milan et. à la Faculté de Droit de Modène. Son prin-
cipal o u v r a g e est u n m o n u m e n t a l traité s u r . L a Monnaie et l'Or, où
il fait preuve d ' u n e connaissance r e m a r q u a b l e de la littérature du
s u j e t , en anglais, en allemand, en français et en italien (Voir Biblio-
graphie, n° 22). P o u r t a n t , Luigi FEDERICI n'est pas un spécialiste étroi-
tement confiné dans son domaine. Véritable homme de science au
savoir encyclopédique, il sait situer les problèmes qu'il étudie dans un
ensemble plus vaste, conformément à la belle tradition des savants d3
son pays.
¡¡:
bien peut-on, p o u r p r o c u r e r à la c o m m u n a u t é le m a x i m u m de p r o s p é -
rité et de j u s t i c e sociale d a n s la liberté, r e c o u r i r à des p r a t i q u e s m o n é -
taires qui f o n t courir des risques a u x p o s s é d a n t s de certaines catégories
de richesses ? Et n'est-il p a s possible de p e r f e c t i o n n e r la polilique m o -
nétaire de f a ç o n à r é d u i r e considérablement le r i s q u e d'instabilité
monétaire ?
puis m ' é t e n d r e ici —; m a i s elles se bornent à suggérer
implicitement u n e réponse au premier groupe de questions.
La p r é f é r e n c e ainsi m a r q u é e d a n s la m a n i è r e d'aborder
le problème provient probablement, c o m m e l'a r e m a r q u é
Robert MOSSÉ, de l'opinion suivant laquelle le t a u x de l'in-
térêt serait le facteur principal d é t e r m i n a n t la conduite des
entrepreneurs et des épargnants. Et peut-être aussi de ce
que l'attention s'est déplacée du niveau des prix (P) à la'
g r a n d e u r du revenu (R). Quoi qu'il en soit, le problème
du pouvoir d'achat de la m o n n a i e n'est plus conçu en termes
d'une action directe exercée p a r la m a s s e de m o n n a i e (M)
sur le marché, m a i s comme un problème de relation entre
M et P à travers les variations de la d e m a n d e effective (D)
en fonction des variations de M.
Dans tes nouvelles t e n d a n c e s théoriques, la question
importante n'est plus celle de savoir c o m m e n t P varie en
fonction des variations de M. Le c h a n g e m e n t du niveau
des prix et, par suite, de la valeur de l'unité monétaire est
devenu secondaire et accessoire. Cette idée est en h a r m o n i e
avec la notion d'une m o n n a i e conceptuellement i m p a r f a i t e ,
dont la stabilité n'est p l u s l'élément essentiel et qui peut
r e m p l i r seulement à u n faible degré — c'est-à-dire pour
une période très courte — la fonction dédaignée de réserve
de valeur. La question principale au contraire est de savoir
dans quelles conditions et en quelle m e s u r e les variations
de M agissent sur la dimension de D, ce qui revient à
déterminer de quelle m a n i è r e et d a n s quelle m e s u r e la
grandeur du revenu change à la suite d'une modification
de la m a s s e de m o n n a i e .
Le trait distinctif de la théorie monétaire m o d e r n e (en
tant que théorie des prix) dérivée de la conception k e y n e -
sienne du m o n d e économique est donc la place modeste qui
est accordée à M. T a n d i s que d a n s la théorie quantitative
du type fishérien — telle qu'on la présente f r é q u e m m e n t —
la g r a n d e u r de M est le facteur déterminant, d a n s la théorie
moderne la m a s s e monétaire est rabaissée à un rôle secon-
daire p a r r a p p o r t à celui que tient le volume et la proportion
des dépenses. La quantité de m o n n a i e — affirme-t-on encore
— n'est plus regardée c o m m e le f a c t e u r u n i q u e du niveau
des prix et encore moins c o m m e l'élément décisif d a n s la
conjoncture économique. Désormais, tes éléments fonda-
m e n t a u x m i s en évidence sont c e u x qui d é t e r m i n e n t l'emploi
( m i s e en r é s e r v e ou d é p e n s e ) q u e le m a r c h é fait de' l a
monnaie.
L'originalité de cette p r é s e n t a t i o n du p r o b l è m e m e s e m b l e
très d o u t e u s e ; j e ne trouve, à v r a i dire, d a n s la nouvelle
théorie a u c u n é l é m e n t essentiel qui soit é t r a n g e r à la théo-
rie c l a s s i c o - f i s h é r i e n n e , correctement comprise. Sans me
r é f é r e r à ce q u e j ' a i m o i - m ê m e écrit à ce s u j e t il y a dix
a n s (6), il s u f f i r a de r a p p e l e r les articles et le livre bien
c o n n u s de MARGET (7) qui p r o u v e n t de m a n i è r e i r r é f u t a b l e
que, d a n s son actuelle i n t e r p r é t a t i o n p e r f e c t i o n n é e , l ' é q u a -
tion de F i s h e r ne c o r r e s p o n d p a s du tout à l'idée grossière
que les m o n é t a r i s t e s k e y n e s i e n s se f o n t de la théorie
quantitative.
E n particulier, d e p u i s l o n g t e m p s , a u c u n économiste q u a -
lifié ne se h a s a r d e p l u s à soutenir q u e la g r a n d e u r de M
est l ' u n i q u e c a u s e d é t e r m i n a n t e de la g r a n d e u r de P et que
M est le f a c t e u r s t r a t é g i q u e p a r m i ceux qui f i g u r e n t d a n s
la f o r m u l e . E n outre, il est de notoriété p u b l i q u e que le
m o n t a n t de m o n n a i e émise n'est p a s la q u a n t i t é à p r e n d r e
en considération, m a i s plutôt — c o m m e David HUME l'avait
d é j à dit d a n s la p r e m i è r e moitié du x v n r siècle — ce
m o n t a n t d i m i n u é des q u a n t i t é s conservées p a r les i n d i v i d u s
p o u r n ' i m p o r t e quel motif. C'est dire — e x a c t e m e n t c o m m e
la nouvelle théorie p r é t e n d l'avoir découvert — que la m o n -
n a i e i n f l u e n c e la vie é c o n o m i q u e s e u l e m e n t d a n s la m e s u r e
où elle c i r c u l e ; ce qui compte, en s o m m e , ce n'est p a s la
q u a n t i t é de m o n n a i e d i s p o n i b l e p o u r le m a r c h é , m a i s la
q u a n t i t é de monnaie utilisée p a r le m a r c h é .
Il U'est donc p a s exact d ' a f f i r m e r c o m m e le f a i t HANSEN (8)
que la théorie q u a n t i t a t i v e de t y p e f i s h é r i e n ignore que la
*
**
*
i»*
A. — L I S T E S BIBLIOGRAPHIQUES
Les o u v r a g e s s u i v a n t s f o u r n i s s e n t des m i l l i e r s de r é f é -
rences :
SOETBEER Ad. L i t e r a t u r N a c h w e i s über G e l d - u n d Münzwesen, Ber-
lin, 1892.
P o u r les a r t i c l e s p é r i o d i q u e s d e p u i s 1934, c o n s u l t e r la
Documentation économique, P a r i s , Presses U n i v e r s i t a i r e s .
B. — O U V R A G E S GENERAUX
(Traités, Manuels, Dictionnaires, Etudes d'ensemble, etc.)
(Ordre chronologique)
N 0 2. — H A N D W Ó R T E R B U C H D E R S T A A T S W I S S E N S C H A F T E N .
Articles: Geld et Quantitàtstheorie. 4« éd., Iéna, Fischer, 1928.
L'article Geld contient 5 contributions :
I. — Théorie générale de la Monnaie, p a r Friedrich WIESER (p. 681-
717) : ce substantiel document est u n e excellente présentation de la
doctrine monétaire autrichienne à la veille de la g r a n d e dépression. Les
problèmes de définition, de valeur, de prix et de change y tiennent la
plus g r a n d e place. (Voir analyse sous le n° 98).
II. — Evolution historique de la théorie monétaire, par MILDSCHUH
(718-730) : cet article récapitule les principales théories depuis la fin
e
du XVIII« siècle; pour le XX siècle, il se concentre s u r les a u t e u r s
g e r m a n i q u e s ; à part les questions usuelles à cette époque, l'auteur
consacre quelques développements à. la théorie de la « créance » et à
celle du revenu.
III. — La mesure de la valeur de la monnaie, p a r BORTKIEWICZ, (731-
752) : é t u d e technique de la confection des indices.
IV. — La théorie étatique de la monnaie, p a r KNAPP et GUTMAN (p.
752-762) p r é s e n t e la théorie célèbre sous u n e f o r m e brève et claire.
(Voir infra, n° 65).
V. — Les réformateurs monétaires, p a r HABER (p. 762-770) : exposé
des propositions j u g é e s alors p l u s ou moins fantaisistes de GESELL,
FISHER, KEYNES, FEDER, etc.; p e u t f o u r n i r u n point de r e p è r e utile
p o u r a p p r é c i e r l'évolution des idées depuis cette époque.*
L'article Q u a n t i t à t s t h e o r i e , p a r Melchior PALYI indique les princi-
p a u x points controversés : méthode, notion de monnaie, concept de
quantité, n a t u r e de la relation et de l'influence. Les a u t e u r s sont clas-
sés selon l e u r s positions.
T o u t e s ces études sont complétées p a r de bonnes 1 bibliographies inter-
nationales, a n t é r i e u r e s à 1928.
N°5. — R O Y A L I N S T I T U T E O F I N T E R N A T I O N A L A F F A I R S . T h e
I n t e r n a t i o n a l Gold Problem. Oxford Univ. Press,, 1931, 240 pages.
On trouvera ici un écho des discussions poursuivies depuis décembre
1929 dans le cadre du Royal Institute par Sir Josiaph STAMP, ROBERTSON,
KITCHIN, S i r 0. NIEMEYER, PALYI, KISCH, BRAND et RIST. S e l o n MEADE
(Econ. /., 1932, p. 74) « ce livre, écrit avant 1931, n'a q u ' u n intérêt
limité quant a u x politiques qu'il suggère, mais traite de façon intéres-
sante le fonctionnement de l'étalon-or dans le monde d ' a p r è s - g u e r r e ».
S'il est, en général, caractéristique des idées r é g n a n t à la veille de .'a
dépression, ce volume montre aussi les premiers linéaments — en
Angleterre — d'une conception nationaliste de la politique monétaire.
(Voir n° 8). Dans la perspective de 1950, cette série d'études r e p r e n d
u n e signification comme jalon et p a r la personnalité des participants,
tous experts monétaires reconnus.
N ° 6. — V I N E R (J.), H A B E R L E R (G.), P A R K E R - W I L L I S ( H . ) ,
E D D I E ( L . D.), W I L L I A M S (J. M.). Gold a n d m o n e t a r y s t a b i l i -
sation. Lectures on the Harris Foundation. Univ. of Chicago Press,
1932, 174 pages.
Ce « symposium » montre que les économistes américains, en 1932,
étaient n o m b r e u x à. souhaiter le maintien de l'étalon-or, mais qu'ils
différaient s u r la politique à suivre. PARKER-WILLIS reste fidèle a u x
concepts économiques d'avant 1914 et estime q u e le Fédéral Reserve
System ne doit pas chercher à intervenir. VINER, EDDIE et WILLIAMS,
favorables à l'étalon-or, admettent cependant que l'on doit a s s u r e r
avant tout la stabilité intérieure. HABERLER signale certaines causes
non quantitatives de la baisse des prix (réduction des coûts, p r o g r è s
technique, diminution de la vitesse de circulation, etc.). (Comptes r e n d u s
Econ. ]., 1933, p. 128, p a r R. F. HARROD — Amer. Econ. R., 1933, p. 158,
par BRADFORD).
N ° 7. — D I E W I R T S C H A F T S T H E O R I E D E R G E G E N W A R T , sous
la direction de Hans MAYER, Prof., Vienne, Springer, 1932 (p. 309-403).
L e T o m e II c o n t i e n t d e s c o n t r i b u t i o n s d e MISES, REISCH, KEMMERER,
GREGORY, AFTALION e t BRESCIANI-TURRONI ; d e s articles individuels de
la présente bibliographie rappellent l'œuvre de la p l u p a r t de ces au-
teurs.
Soulignons seulement que, à l'époque de la rédaction de cet ouvrage,
MISES considérait déjà le matérialisme grossier de la « monnaie m a r -
chandise » comme définitivement abandonné, tandis que pour AFTALION
la théorie du revenu avait déjà atteint la maturité.
Cette belle collection est u n e des dernières manifestations d'avant-
g u e r r e de l'Ecole Autrichienne.
N» 8. — R O Y A L I N S T I T U T E O F I N T E R N A T I O N A L AFFAIRS.
M o n e t a r y p o l i c y a n d the depression, Londres, Oxford Univ. Press,
1933, 128 pages.
Synthèse des opinions d ' u n g r o u p e d'économistes, ce r a p p o r t , après
avoir décrit les récents p r o g r è s économiques, dégage les caractères de
la dépression, et recherche quels remèdes nationaux et internationaux
peuvent être proposés Un exposé théorique, intitulé Les mesures contre
La dépression oppose trois points de v u e : monétaire, s t r u c t u r e l et inter-
médiaire. Chronologie de la crise mondiale et tableau des restrictions
de change adoptées p a r les divers pays. Comptes r e n d u s Econ. ]., 1933,
p. 493, par HARROD; Amer. Econ. R., 1933, p. 761, p a r INGRAHAM. (Voir
n° 6 ci-dessusi.
N" 19. — L A M B E R T ( P . ) . L a T h é o r i e q u a n t i t a t i v e de l a M o n n a i e .
Thèse, Liège, Sirey, 1938, 271 pages.
Présentation des multiples aspects d ' u n e théorie qui d e m e u r e , selon
l ' a u t e u r , à la base de toutes les discussions économiques.
Trois parties : 1) histoire et f o r m e s contemporaines de la théorie
quantitative; 2) é t u d e s préliminaires s u r la v a l e u r et l'échange et s u r
les lois d ' o f f r e et de d e m a n d e appliquées à la m o n n a i e ; 3) vérité et
e r r e u r de la théorie. Bonne bibliographie méthodique.
L ' a u t e u r considère l'équation des échanges comme u n t r è s précieux
i n s t r u m e n t d ' a n a l y s e si l'on tient compte q u e c h a c u n de s e s éléments
p e u t être aussi bien cause ou effet, et q u e des éléments é t r a n g e r s à
l'équation peuvent venir r e n f o r c e r ou c o n t r e c a r r e r l'action de tous s e s
facteurs.
N° 23. — A M E R I C A N E C O N O M I C A S S O C I A T I O N . R e a d i n g s in
business cycles. Philadelphie, Blakiston, 1944, 494 pages.
Ce volume d'articles choisis s u r les fluctuations économiques (1923-
1940) comporte plusieurs textes importants concernant la théorie moné-
taire.
La controverse s u r l'épargne, et l'investissement y est exposée d a n s
d e s a r t i c l e s d e OHLIN, LUTZ, L E R N E R e t LANGE (1938).
La théorie du multiplicateur et de l'accélération est analysée par
HABERLER, MACIILUP, J o h n M . CLARK, SAMUELSON.
ROBERTSON, J o h n WILLIAMS, HAWTREY, HAYEK, ELLIS y présentent
divers aspects de la théorie, monétaire des cycles et de ses applications.
Au surplus, une liste bibliographique — méthodiquement, classée - -
d'une cinquantaine de pages permet, de r e p é r e r u n e g r a n d e partie des
ouvrages et articles importants de l ' e n t r e - d e u x - g u e r r e s s u r les q u e s -
tions ci-dessus mentionnées.
N ° 29. — B. P. A D A R K A R . T h e T h e o r y of M o n e t a r y P o l i c y . Lon-
dres, P. S. King, 1935. 125 pages.
Etudie les relations entre le t a u x d'intérêt et les prix. Les premiers
chapitres sont consacrés à u n e analyse critique des thèses de FISHER,
CASSEL, W I C K S E L L , HAYEK, SRAFFA e t KEYNES. D ' a p r è s H . BARGER (Econ.
J., 1936. p. 502) « d a n s l'ensemble, les j u g e m e n t s portés p a r l ' a u t e u r
sont exacts, sauf en ce qui concerne HAYEK », « discussion admirable
s u r b e a u c o u p de points ». Dans la suite de l'ouvrage, l ' a u t e u r préco-
nise u n e politique monétaire qui maintiendrait l'équilibre. Deux critères:
l'investissement doit être égal à l'épargne et les prix é g a u x a u x coûts.
G. 0. HARDY (Amer. Econ. [{., sept. 1938, p. 581) trouve que « dans sa
partie constructive, le livre est m a l h e u r e u s e m e n t t r è s v a g u e ». Même
opinion chez BARGER qui conclut cependant « ce livre n e peut êt-e
ignoré de quiconque souhaite être tenu au courant du développement
de la théorie monétaire ».
N* 61. — K A T O N A (G.). W a r w i t h o u t i n f l a t i o n . T h e P s y c h o l o g i -
c a l a p p r o a c h to problems of w a r . New-York, Columbia Univ. P r e s s ,
1942, 213 pages.
P s y c h o l o g u e de profession et s ' i n t é r e s s a n t à la théorie économique,
Katona c h e r c h e c o m m e n t les p h é n o m è n e s psychologiques en matière
monétaire p e u v e n t être rationnellement guidés, quelles m é t h o d e s peu-
vent ê t r e employées p o u r i n f l u e n c e r le c o n s o m m a t e u r et éviter la crainte
collective de l'inflation. Selon C. LANDAUER (Amer. Econ. R., 1943, p. 161)
ce livre ouvre à la théorie économique des perspectives nouvelles.
Cet o u v r a g e m o n t r e bien la contribution que la psychologie p e u t
a p p o r t e r à la science économique et l'intérêt d ' u n e coopération systé-
m a t i q u e m e n t organisée entre les d e u x disciplines.
N ° 62.— K A U L L A ( R u d o l p h ) . Die G r u n d l a g e n des Geldwerts. Stutt-
gart, 1920.
Défenseur de la théorie étatique de la monnaie, KAULLA a cherché à
en f o u r n i r une justification économique. La valeur de la monnaie résul-
terait de son aptitude à libérer l'individu de ses dettes envers l'Etat.
Puisque la monnaie, même inconvertible, sert à payer les impôts, c'est-
à-dire la rémunération de certains services r e n d u s p a r l'Etat, il y aurait
là un moyen non seulement de f o n d e r mais encore de déterminer la
valeur de la monnaie. Thèse critiquée p a r FEDERICI, op. cit., p. 117.
N" 68. - M a c C O R D W R I G H T ( D . ) . T h e C r é a t i o n of P u r c h a s i n g
P o w e r . Cambridge (Etats-Unis), Harvard Univ. P r e s s , 1942, 251 p.
P o u r lutter contre l'insuffisance cyclique ou de longue d u r é e d u
pouvoir d'achat on peut recourir à différents procédés. L ' a u t e u r étudie
successivement la redistribution des revenus p e r m e t t a n t d'accroître la
propension à consommer, le contrôle quantitatif des crédits bancaires
et n o t a m m e n t le plan de réserves à 100 % de FISHER, l'accroissement
de la vitesse de circulation, les t a u x d'intérêts négatifs, le financement
des déficits, les subventions. L. V. CHANDLER (Amer. Econ. R., 1943,
p. 156) a été t r è s intéressé p a r la politique d'accroissement du pouvoir
d'achat du c o n s o m m a t e u r comme r e m è d e a u chômage des industries
de bien de production.
A u n e date où l'on se préoccupait d'accroître les fabrications de
g u e r r e et d'éviter l'inflation, de n o m b r e u x économistes américains de-
m e u r e n t centrés s u r les problèmes de déflation qu'ils proposent de
résoudre, non plus p a r u n e politique d'investissements, mais en accrois-
sant le pouvoir d'achat des consommateurs.
N° 71. — M A R T I N ( P . W . ) . T h e problem of m a i n t a i n i n g p u r c h a s i n g
power: a s t u d y of i n d u s t r i a i depression a n d recovery. Londres,
King. 1931.
Le thème général de cette étude est. que, dans certaines circonstances,
le courant de pouvoir d'achat utilisé pour acquérir des m a r c h a n d i s e s
est nettement inférieur au courant des coûts impliqués d a n s la pro-
duction des biens destinés à être vendus. Il en résulte que ces derniers
n e peuvent pas être vendus à des prix r é m u n é r a t e u r s . Réciproquement,
à d ' a u t r e s moments, le c o u r a n t de pouvoir d'achat utilisé pour acquérir
des marchandises est plus g r a n d q u e le c o u r a n t des coûts exigés p a r
la production des biens vendables; il en résulte u n e pression inflation-
niste.
A partir de cette analyse, l ' a u t e u r m o n t r e q u e l'allure d u cycle
économique est en g r a n d e partie le résultat d ' u n e insuffisance et d ' u n o
surabondance alternatives de pouvoir d'achat. L ' a u t e u r examine en
détail le problème du passage de la dépression à l'essor, ainsi q u e
celui du « r e t o u r n e m e n t s u p é r i e u r ». Finalement, M. MARTIN présente
des suggestions tendant à a d a p t e r le volume total du pouvoir d'achat,
principalement par des procédés monétaires, de façon à maintenir un
niveau optimum de demande effective.
L'intérêt de ce livre est qu'il a abordé de très bonne h e u r e les pro-
blèmes posés p a r l'analyse keynésienne. Cependant, il examine les-pro-
blèmes d'une manière p l u s fondamentale.
N ° 86. — S A C H S E ( 0 . ) . S o c i a l i s a t i o n of B a n k i n g , Introduction p a r
Sir Stafford CRIPPS. Londres, MacMillan, 1933. 135 pages.
E t u d e de la monnaie dans u n régime socialiste. L ' a u t e u r définit tout
d ' a b o r d la monnaie comme u n état de transition entre u n e marchandise
concrète et u n e unité abstraite de compte. Il est a b s u r d e de lier ;a
monnaie au métal et de laisser les f l u c t u a t i o n s du niveau g é n é r a l des
prix f a i r e le j e u des s p é c u l a t e u r s . Il est c e p e n d a n t indispensable d a n s
u n r é g i m e socialiste de maintenir u n e monnaie c o m m e étalon des
v a l e u r s . R e p r e n a n t les a r g u m e n t s de GESELL contre la circulation
métallique, il propose pour l'avenir de r e m p l a c e r a u t a n t q u e possible
l'emploi des billets de b a n q u e p a r l'usage d u chèque, ce qui p e r m e t t r a
u n contrôle effectif de la circulation. La rationalisation des b a n q u e s
doit p e r m e t t r e u n contrôle du crédit en f a v e u r des classes les p l u s
nécessiteuses. 11 est indispensable d'éliminer l'intérêt. En conclusion, la
monnaie, sous le régime socialiste serait s i m p l e m e n t u n s y s t è m e de
pointage.
B a r b a r a WOOTTON (Econ. J., 1933, p. 682) précise q u e l ' a u t e u r n ' e s t
pas u n économiste professionnel, ce qui p e u t expliquer b e a u c o u p des
« n a ï v e t é s » de ses d é c o u v e r t e s ; « i l a d m i r e b e a u c o u p le s y s t è m e
continental des chèques postaux, mais ne dit rien s u r la socialisation des
b a n q u e s ».
K* 88. — S I M I A N D ( F r a n ç o i s ) . L a m o n n a i e , r é a l i t é s o c i a l e . Ann.
sociol, série D : Sociologie économique, fase. I, p. 1-58. Paris, Alcan,
1934. (Analysé d a n s Doc. écon., 1935, n° 1063).
M o n t r a n t la diversité des définitions q u e les théoriciens ont présen-
tées d u concept de monnaie, l ' a u t e u r r e c h e r c h e quel est le f o n d e m e n t
de la v a l e u r de la monnaie. T i r a n t a u t r e f o i s sa puissance de croyances
religieuses, la monnaie a u j o u r d ' h u i est f o n d é e s u r des croyances sociales.
« T o u t e monnaie est fiduciaire, l'or n'est q u e la p r e m i è r e des monnaies
fiduciaires. » Cette appréciation des v a l e u r s est basée non seulement
s u r les éléments actuels, mais s u r des prévisions, et il f a u t m e t t r e au
premier pian, non plus la fonction de m e s u r e des valeurs, mais celle
d'anticipation s u r des valeurs f u t u r e s . S. critique donc sévèrement
toutes les théories quantitatives de la monnaie. Il repo.uSse également
les politiques qui veulent maintenir un pouvoir d'achat constant à
l'unité monétaire. La fonction monétaire, bien loin de pouvoir être
résorbée ou éliminée en une économie supérieure est la condition même
du progrès économique. Le développement économique s'opérant par la
succession de phases d'expansion et de contraction monétaires, il f a u t ,
selon S., faciliter ce r y t h m e par un certain aménagement de la fonc-
tion monétaire.
N ° 92. — R. G. T H O M A S . O u r M o d e m B a n k i n g a n d M o n e t a r y S y s -
tem. New-York, Prentice Hall, 1942. 812 pages.
P r e m i è r e p a r t i e : n a t u r e et opérations de « n o t r e » système monétaire
e t bancaire. Seconde p a r t i e : exposé des théories de KEYNES, HAWTREY,
ROBERTSON, WICKSELL, OHLIN, étude de l'équation des échanges d ' a p r è s
les f o r m u l e s de Keynes et de Robertson; ces théories sont présentées
plus en ce qu'elles ont de complémentaire qu'en insistant s u r ce qui
les oppose. Une partie importante est ensuite consacrée a u x mouve-
ments internationaux des prix en régime d'étalon-or ou de papier-
monnaie. Enfin, l ' a u t e u r étudie le problème des politiques monétaires et
l e rôle des b a n q u e s centrales pour a s s u r e r la stabilité économique.
D'après J. J. O'LEARY (Amer. Econ. R., 1942, p. 889) « la clarté du
style, la p r o f o n d e u r des discussions en font u n o u v r a g e plein d'inté-
r ê t ».
N" 93. — G. D E L V E C C H I O . R i c e r c h e sopra l a teoria g e n e r a l e
d e l l a Moneta. Annali di Economia. Vol. Vili, n° 2; Univ. Bocconi.-
Milan, 1932. 528 pages.
Ouvrage composé en partie d'articles p a r u s entre 1909 et 1917. La
première partie (Nature de la monnaie) m o n t r e q u e la théorie q u a n t i t a -
tive, h y p o t h è s e abstraite valable seulement pour u n m a r c h é f e r m é
d a n s u n e position d'équilibre, a p e r d u sa prééminence sous les. a t t a q u e s
d e MENGER e t W A L R A S . Ce q u i importe maintenant, ce n'est pas une
théorie de la monnaie comme telle, mais u n e théorie d e la circulation
monétaire qui est mieux comprise lorsqu'on la r a t t a c h e au taux d'inté-
rêt. La deuxième partie (Théorie du crédit) r e p r e n d l'opinion de FER-
RARA qui a démontré q u e le crédit doit ê t r e substitué au capital. La
troisième partie étudie la prééminence de l'or. D ' a p r è s R. F. FOERSTER,
Amer. Econ• R., 1933. p. 524) l ' a u t e u r a su « éviter les f o r m e s m a t h é -
maliques d'exposition pour ne recourir p r e s q u e p a r t o u t q u ' a u l a n g a g e
habituel et à la logique ».
V o i r l e s c . r . d e R . F"UBINI, i n Giorn. d. Econ., 1931, p. 156 et 1933,;
p. 216.
LA MONNAIE
(BILAN D'UN DEMI-SIÈCLE)
Avant-propos 15
P E R S P E C T I V E G E N E R A L E , par Robert MossÊ 17
INTRODUCTION 19
CHAPITRE PREMIER
INVENTAIRE CHRONOLOGIQUE DES PREOCCUPATIONS MO-
NETAIRES 23
L'apogée des certitudes et premières inquiétudes. — Les
miracles et les mirages du papier-monnaie. — La monnaie
f a u t e u r de crise et f a c t e u r de reprise. — La planification
autoritaire et le dirigisme monétaire.
CHAPITRE DEUXIÈME
LA NOTION DE MONNAIE 46
La n a t u r e de la monnaie. —- Sa valeur. — Ses fonctions.
— Ses formes. — La m e s u r e statistique.
CHAPITRE TROISIÈME
L'ACTION DE LA MONNAIE 69
L'action p a r la valeur. — L'action par la quantité. —
L'action p a r les revenus. — L'action p a r la dépense. —
L'action p a r la circulation. — Remarques s u r le point
d'aboutissement des mécanismes et s u r les hypothèses insti-
tutionnelles.
CHAPITRE QUATRIÈME
LA CREATION DE MONNAIE 93
Les objectifs. — Les méthodes. — Les organes.
CONCLUSION 113
OBSERVATIONS
(I) par Luigi FEDERICI 121
(II) p a r R o b e r t TRIFFIN 135
ECONOMIE POLITIQUE
COMITÉ DE RÉDACTION
Albert AFTALION, Georges BOURGIN, Edouard DOLLEANS,
Georges DUVEAU, Ernest LABROUSSE, Daniel VILLEY, Jean WEILLER,
Gérard DEHOVE, rédacteur en chef
Jules C O N A N , secrétaire général de la rédaction.
Publication trimestrielle