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Population

Lenoir René — Les exclus : un Français sur dix


Paul Paillat

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Paillat Paul. Lenoir René — Les exclus : un Français sur dix. In: Population, 30ᵉ année, n°1, 1975. pp. 180-181;

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ravages. A partir du milieu du ni* siècle, les témoignages n'autorisent plus à douter
de la dépopulation de l'Empire, quoiqu'on ne dispose d'aucune donnée statistique
précise. La fiscalité écrasante aurait découragé la natalité. L'esclavage et le
christianisme ont, eux aussi, joué leur rôle.
Il y a connexion entre la dépopulation et la décadence de l'Empire romain,
mais la dépopulation n'est elle-même que le résultat du malthusianisme de certaines
classes, des invasions et des difficultés économiques.
Rappelons que, selon le dr. S.C. Gilfillan (Journal of Occupation Medicine,
février 1965), les classes dirigeantes romaines auraient succombé au saturnisme
(intoxication par le plomb, favorisé par leurs habitudes culinaires).
J. He.

Valynseele Joseph. — Les Say et leurs alliances.


L'étonnante aventure d'une famille cévenole. Préf. d'André Chamson.
Paris, [s.n., 1971], 25 cm, 392 p., couv. ill. en coul., index, pi. h.-t.

Famille originaire du Gévaudan, où on trouve sa trace dès le xiv* siècle,


les Say se réfugièrent en Hollande, puis à Genève, pour échapper aux persécutions
contre les protestants. Au début du xix* siècle, les deux frères, Jean-Baptiste et
Louis, se distinguèrent, l'un comme économiste, l'autre comme industriel, fondateur
de sucreries. La descendance complète de ces deux notables, en ligne masculine
et féminine, est donnée avec de nombreuses indications biographiques. Celle de
l'économiste est restée protestante, alors que celle de son cadet l'industriel s'est
convertie au catholicisme. Dans la préface, quelques comparaisons intéressantes
portent sur la fécondité des deux branches de la famille, les vocations religieuses,
l'attitude à l'égard du divorce et la fréquence des mariages mixtes. Cette riche
documentation où figurent de nombreux personnages de la haute société parisienne
se prêterait à l'analyse détaillée de diverses caractéristiques démographiques. Le
soin avec lequel ces généalogies ont été établies est attesté par les très nombreuses
notes, agrémentées de larges citations. j д^

Duncan Oty Dudley, Schuman Howard, Duncan Beverly. — Social Change


in a Metropolitan Community.
New-York, Russel Sage Foundation, 1973, 20,5 cm, VJJI + 126 p., fig., tabl.

Pour mesurer l'évolution de la société américaine, trois sociologues s'appuient


sur les résultats d'enquêtes menées, durant les deux dernières décennies, dans la
région de Détroit. Les questions posées dans les années 50, reprises en 1971,
concernent l'évolution de l'opinion, les normes sociales, le comportement sexuel
et conjugal, la manière d'élever les enfants, les croyances et le comportement
religieux, les tendances politiques et l'attitude raciale.
Facilement accessible sous sa forme statistique, l'ouvrage ne comporte pas
de conclusion. Un certain nombre de questions sur les valeurs morales, la
confiance en la nature humaine et dans son avenir futur sont présentées avec
assez d'impartialité pour laisser les lecteurs conclure. Un certain nombre, paraît-il,
a été frappé par ce qui révélait une dépersonnalisation de la vie sociale.
H.B.

Lenoir René. — Les exclus : un Français sur dix.


Paris, Seuil, 1974, 20,5 cm, 175 p.

Sous un titre provoquant, R. L. met en lumière les mécanismes qui aboutissent


dans notre société à étendre l'inadaptation sociale. Il commence par dresser un
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bilan chiffré (repris en annexe) des inadaptés physiques (dont les accidentés de
la route et du travail), des débiles mentaux et des inadaptés sociaux, avant de
s'attaquer aux causes du phénomène et de plaider vigoureusement en faveur de
l'action préventive, en s'appuyant sur son expérience professionnelle et humaine.
On peut être tenté de réduire les estimations données en raison des doubles
comptes difficiles à déceler, mais on peut aussi penser que la proportion de
Français concernés serait plus forte si le cas des personnes âgées était abordé
moins cursivement. C'est dire que, tout en appelant des recherches complémentaires,
le thème incite déjà à la réflexion.
Dans le chapitre 7, est proposée une série de mesures concrètes qui visent
à faire disparaître la pauvreté, notamment en généralisant la protection par la
Sécurité sociale. Au-delà de la conviction et de la compétence de R. L., notons
une certaine audace, car il n'est pas courant de voir un haut fonctionnaire démonter
de façon incisive les raisons de blocage social qui se cachent derrière la croissance
économique.
En annexe, données quantitatives sur l'inadaptation sociale et sur l'effort
de la collectivité.
P.P.

Hamblin Robert L., Jacobsen R. Brooke, Miller Jerry L.L. —


A mathematical theory of social change.
New-York/London/Sydney/Toronto, John Wiley & Sons, 1973,
23,5 cm, LX-237 p., graph., tabl., bibliogr., index
{A Wiley -interscience publication)

Cet ouvrage présente et teste une théorie mathématique du changement social,


en utilisant un large éventail de données empiriques. Prenant pour base les
travaux de l'école qualitative, qui a eu le mérite de mettre en évidence les points
les plus importants se rattachant au développement social, les auteurs s'efforcent
de résoudre les problèmes sous forme quantitative. La théorie est construite à partir
d'équations générales décrivant les processus d'adaptation sociale, de diffusion et
d'innovation. Mais chaque équation est soumise à un test expérimental permettant
de vérifier l'adéquation de l'hypothèse à la réalité. Le livre s'achève par une théorie
axiomatique ouvrant de larges possibilités aux recherches futures. Dans le souci
de rendre cet ouvrage accessible aux lecteurs non scientifiques, les auteurs ont
accompagné chaque équation d'une explication littérale claire.
F. D.

Freyssenet Michel, Imbert Françoise. — Mouvements du capital


et processus de paupérisation. Elaboration d'une problématique.
Paris, Centre de Sociologie Urbaine, 1973, 24 cm, 178 p., tabl.

Etude menée grâce au concours de la D.G.R.S.T. au titre des actions


concertées Urbanisation ; on cherche en vain le rôle de l'urbanisation dans un
travail « qui n'engage que la responsabilité de ses auteurs » (page de garde) et
qui analyse l'économie actuelle avec une pensée doctrinale et un vocabulaire vieux
de plus d'un siècle. Vouloir démontrer la paupérisation continue de nombreuses
catégories sociales en France, en 1973, relève évidemment de la gageure ; aussi en
vient-on à écrire : « le résultat de la pénétration du capital dans l'agriculture est
bien connu : c'est, depuis le début du siècle, la réduction du nombre d'actifs dans
l'agriculture de 8 845 000 à 3 126 000 en 1968 » (p. 43). C'est le progrès scientifique,
technique et mécanique qui a été le moteur du processus ; les agricultures
communistes connaissent une évolution identique.
P.L.

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