Population

Rosanvallon Pierre — La crise de l'Etat-providence

Michel Lévy

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Lévy Michel. Rosanvallon Pierre — La crise de l'Etat-providence. In: Population, 37ᵉ année, n°4-5, 1982. p. 965;

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 BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE 965

profil migratoire, qui peut enfin être établi. Méthode lourde et contestable qui
empêche toute appréciation de la qualité statistique du résultat (biais des estimations
en chaîne, efficacité des procédures, unicité des estimations préliminaires des
11 paramètres sur les taux réels). On est loin de la fabrication des tables-types
style Ledermann, Gabriel et Ronen ou Coale et Trussell. Pour ces auteurs,
en effet, l'impératif de simplicité est essentiel, un ou deux paramètres leur suffisent
à résumer l'ensemble des observations connues. Dans chacun de ces cas
classiques, la formulation d'une loi mathématique ou d'une combinaison de loi (ici
exponentielles et Gompertz) a été remplacée par une fonction empirique (les
coefficients de régression des quotients à chaque âge pour la mortalité, les profils
de fécondité naturelle et d'intensité de la contraception, pour la fécondité). Les
tables-types des profils de migration restent donc encore à faire. Pour finir, les
auteurs proposent d'étendre la méthode des transformations logit de Brass à
l'engendrement des profils pour les régions d'un même pays (donc un « standard »
par pays) l'idée est intéressante, mais ni le choix de la fonction logit, ni la qualité
des ajustements obtenus ne sont discutés.
H.L.B.

Rosanvallon Pierre. — La crise de l'Etat-providence, Paris, Le Seuil, 1981, 194 p.

Cet essai constituera un utile instrument de travail pour qui réfléchit aux
problèmes des sociétés développées contemporaines en termes économiques,
philosophiques et politiques. De très nombreuses références, dans le texte, en notes et en
annexes (on regrette l'absence d'un index) permettront à beaucoup de gagner un
temps précieux, en profitant de la culture étendue de P.R., qui connaît bien la
littérature en anglais et allemand, et explique ce que l'Etat moderne doit à Smith,
Locke, Hobbes, Adolf Wagner (l'inspirateur des lois sociales de Bismark), Keynes,
Beveridge, etc, puis qui expose les objections des libéraux depuis Burke et Hum-
boldt jusqu'à Rawls et Robert Nozick, et cherche enfin à comprendre l'origine des
difficultés actuelles.
Pour P.R., il faut « sortir de l'alternative privatisation /étatisation », « réduire
la demande d'Etat », « réencastrer la solidarité dans la société », « accroître la
visibilité sociale ». Il faut recréer un « entre-deux social » entre l'intérêt particulier
de chaque individu et l'intérêt général définis par Le Chapelier en 1791. Mais
cette fois, non pas seulement sous forme syndicale ou mutualiste, mais sous forme
« d'associations de bon voisinage ». P.R. préfère la régulation « intro-sociale » à la
régulation keynésienne et à la régulation autogestionnaire.
Bien que l'auteur ne prenne pour ainsi dire jamais en compte les données
démographiques, on ne peut qu'être frappé de la convergence de ses thèses avec
les préoccupations de ceux qui pensent résoudre les difficultés contemporaines de
conciliation du travail professionnel et familial des femmes et d'insertion sociale des
personnes âgées par l'institution de « solidarités de voisinage ».
M.L.