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Master droit privé et sciences criminelles

Exposé sous le thème :

Les infractions relatives au


chèque

Elaboré par :

Encadré par : LACHKAR AICHA

FAHIM IMANE
Mr. MAATOUK SALAH-
EDDINE CHAOUNI FAROUK

BERRADA LOUZI
HAMZA

EL MONTASER LINA
MODULE : DROIT PENAL DES SOCIETES
ELYAACOUBI AYA

2023-2024
Remerciement

A notre professeur Mr. MAATOUK SALAH-EDDINE

Nul mot ne saurait exprimer à sa juste valeur le

profond respect et la considération que nous avons pour


vous.

Nous sommes très touchés par votre extrême courtoisie et

le dévouement avec lequel vous nous aviez garanti les


conditions

propices à l’élaboration de ce travail.

Veuillez trouver ici Mr. MAATOUK SALAH-EDDINE,

Le témoignage de notre respect et de notre profonde


gratitude.

Puisse Dieu Tout-Puissant vous accorder prospérité et


bonheur

A tous nos professeurs

Nous avons toujours admiré vos qualités humaines et

professionnelles ainsi votre modestie qui reste exemplaires.

Qu’il nous soit permis de vous exprimer notre


reconnaissance et

notre grande estime.


SOMMAIRE :
Introduction.

Partie I : les différents types de chèques et la

classification des infractions

Chapitre 1 : les différents types du chèque :

Section 1 : les conditions de validité du chèque :

Section 2 : les différents types du chèque :

Chapitre 2 : les infractions corrélatives au chèque:

Section 1 : les délits liés à au paiement du chèque

Section 2 : les délits liés au changement de la véracité du


chèque :

Partie II. Cadre légal et normatif

Chapitre 1 : Les dispositifs légaux de répression

Section 1 : Les sanctions prévues par la législation

Section 2 : droit comparé

Chapitre 2 : Les dispositifs de prévention

Section 1: Les mesures de sécurité pour éviter les infractions.


Section 2: Le rôle des institutions financières dans la prévention
des fraudes liées aux chèques

Conclusion
Introduction :

L'utilisation des chèques a longtemps été un pilier fondamental des transactions


financières, offrant une méthode de paiement pratique et largement acceptée. Cependant,
cette facilité d'utilisation s'accompagne également d'une série de défis, notamment celui
des infractions relatives aux chèques. Les infractions liées à ces instruments financiers
soulèvent des questions cruciales liées à la confiance dans les transactions, à la sécurité
financière et à la nécessité de réglementations rigoureuses

Le chèque est un titre de paiement apparu en France en 1865 par la loi du 14 juin. Il se
définit comme étant un titre par lequel une personne appelée « tireur » donne l'ordre à un
banquier ou un établissement assimilé, le « tiré », de payer à vue une somme déterminée
soit à son profit, soit à une troisième personne appelée le « bénéficiaire » ou « porteur »,
soit à son ordre. Le chèque est la plus ancienne manifestation et la plus répandue de la
monnaie scripturale. Le chèque permet la surveillance de la circulation monétaire et des
divers paiements, la récupération des pertes de recettes consécutives, et le développement
des dépôts.
Il facilite également le retrait aisé des fonds déposés auprès des banques, sans nécessité
d'une rédaction spécifique de quittance ou de récépissé, et exempt de frais fiscaux. De plus,
la gratuité et l'exonération du droit de timbre incitent les particuliers à opter pour
l'utilisation du chèque.
L’origine du chèque fut fixée selon les auteurs à différentes périodes de notre histoire.
Pour certains, elle remonte au moyen-âge, pour d'autres au 18ème siècle. Comme l'origine,
le vocable du chèque a divisé les opinions. Un premier courant voit que le mot « chèque »
viendrait du verbe anglais « to check » (vérifier). Un deuxième opte pour une origine arabe
du terme chèque qui proviendrait du terme arabe « shak »5 (mandat)
La législation pénale du chèque au Maroc vient de boucler un siècle de son histoire en date
du 1er avril 2018. Les interventions du législateur marocain ont été très nombreux comptes
tenus de la diversité des infractions subsistant en la matière. Ces dernières prennent place
dans le Code de Commerce1 marocain de l’article 239 à l’article 328
Les premiers jalons du droit pénal du chèque furent transposés en 1918 six ans après
l’instauration du protectorat français au Maroc et suite à la promulgation du dahir formant
code des obligations et contrats avec qui est apparu la législation civile du chèque dans les
articles 325 à 334.Il s’agissait de réprimer certaines pratiques qui se traduisaient par un
nombre considérable d’incidents de paiement, plus particulièrement celles qui consistaient à

1 Dahir N 1-96-83 Du 15 Rabii 1 1417 (1ère Aout 1996) portant la promulgation de la loi N 15-95
formant code de commerce

1
détourner le chèque de sa fonction d’instrument de paiement pour en faire un instrument
de crédit. Cette législation s’est graduellement enrichie et renforcée, au fur et à mesure de
l’apparition de situations et comportements que le législateur a jugés bon de punir. De
trois infractions initialement prévues en 1918, et qui intéressaient exclusivement le tireur, le
catalogue répressif a été substantiellement élargi pour inclure sans exception toutes
les parties concernées par la transmission et la garantie du paiement du chèque, dont
les établissements de crédit eux-mêmes, et aboutir ainsi à une véritable inflation pénale
Dans ce travail nous explorerons les différentes formes d'infractions relatives aux chèques,
les implications légales qui en découlent, ainsi que les mesures préventives et correctives
nécessaires pour maintenir l'intégrité du système financier dans le contexte de ces
transactions spécifiques. En analysant ces aspects, nous chercherons à comprendre les
enjeux complexes entourant les infractions liées aux chèques et à proposer des solutions
efficaces pour atténuer ces risques dans un environnement financier en constante évolution.

2
Partie I : les différents types de chèques et la

classification des infractions

Chapitre 1 : les différents types du chèque :

Section 1 : les conditions de validité du chèque :

Le chèque a d’abord fait l’objet d’une réglementation par le D.O.C. dans ses articles 325 à
334.
Ces articles ont été abrogés par le dahir du 19 janvier 1939 pour adopter la loi uniforme
annexée à la convention de Genève du 19 mars 1931 relative au chèque. Mais ce dahir
n’avait pas été intégré au code de commerce comme celui sur la lettre de change et le billet
à ordre.

Le nouveau code de commerce de 1996 a fini par intégrer en son sein la législation du
chèque qui était contenue dans le dahir de 1939 (articles 239 à 328) en y apportant des
modifications très importantes, surtout en matière pénale, qu’il a confortée par de nouvelles
mesures de gestion bancaire du contentieux du chèque.
Pour créer un chèque, il faut respecter à la fois ses conditions de forme et de fond.

En pratique, le chèque est une formule imprimée (lithographie) détachée d’un carnet à
souches (appelé carnet de chèques ou chéquier) délivré par la banque. Par conséquent, le
problème du défaut de mentions ne se posera que pour celles que doit produire le tireur lors
de la création.
Du reste, le chèque, comme tous les effets de commerce, est un écrit soumis au formalisme
du droit cambiaire relatif aux mentions qu’il doit porter.
Certaines mentions doivent obligatoirement être portées sur le chèque, alors que d’autres
sont facultatives.

A - LES MENTIONS OBLIGATOIRES :


Ces mentions sont énumérées par l’art 239 du c. com. :
1°/ La dénomination « CHEQUE » : Elle doit être insérée dans le texte même du titre et
exprimée dans la langue employée pour la rédaction du titre. La formule employée
généralement : « Payez contre ce chèque »
2°/ Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée :
- Un mandat de payer : veut dire que le tireur donne ordre au tiré de payer à sa place le
porteur. C'est la formule : "Payez..."

3
- Une somme déterminée en chiffres et en lettres : Généralement, la somme est indiquée en
chiffres dans le coin supérieur à droite et en lettres dans le corps du titre. En principe, s’il y a
une différence entre les deux, l’indication en lettres prévaut ; mais dans la pratique, de tels
chèques sont tout simplement rejetés par les banques.
3°/ Le nom du tiré : Le tiré doit obligatoirement être une banque. Le chèque doit
obligatoirement porter le nom de la banque tirée. Celui qui tire un chèque sur une personne
autre qu’un établissement de crédit est passible d’une amende de 6% du montant du
chèque.(art 307)
4°/ Le lieu de paiement : Il s’agit de l’adresse de l’agence bancaire où le tireur tient son
compte. A défaut, le lieu de paiement est celui de l’établissement principal (c'est-à-dire le
siège central de la banque).
5°/ La date et le lieu de création :
- Le lieu de création est obligatoire dans la mesure où il détermine le tribunal compétent en
matière cambiaire.
Néanmoins, le tireur qui omet de mentionner le lieu de création est passible d’une amende
de 6 % du montant du chèque.
- La date de création est très importante, elle sert à calculer les délais de présentation au
paiement et des recours et d’apprécier, le cas échéant, la capacité du tireur.
Néanmoins, le tireur qui ne porte pas de date sur le chèque ou qui le postdate reste passible
d’une amende de 6% du montant du chèque.
Dans le premier cas (sans date) le chèque est nul, mais cela n’empêche de poursuivre
pénalement le tireur en cas de défaut de provision.
Dans l’hypothèse de la postdate, le chèque reste valable, car il est payable à vue et toute
mention contraire est réputée non écrite. De plus, même si le chèque est postdaté, le
porteur peut le présenter au paiement avant le jour indiqué comme date de création, et il
sera payé le jour de sa présentation (art. 267). Par ailleurs, la postdate constitue un
important indicateur des chèques de garantie.
6°/ Le nom et la signature du tireur : La signature doit obligatoirement être mentionnée sur
le chèque dans la mesure où elle exprime la volonté du tireur d’émettre le chèque ; à défaut
de signature, le titre n’aura aucune valeur juridique.
B- LES MENTIONS FACULTATIVES
Ce sont les mentions que les parties demeurent libres de porter sur le chèque :
1°/ Le nom du bénéficiaire : Contrairement à la lettre de change, il n’est pas obligé de
mentionner le nom du bénéficiaire sur le chèque (art 243), car :

- le chèque peut être émis au porteur, c.à.d. sans indication du nom du bénéficiaire ;
- ou en blanc, sans aucune indication, il est alors considéré émis au porteur ;

4
il peut aussi être stipulé payable à personne dénommée ou à son ordre (chèque nominatif),

Dans ce cas le bénéficiaire ne peut le transmettre que par endossement :


+ Soit par endossement translatif : dans ce cas il a le choix de l’endosser au porteur, à blanc
(auxquels cas il peut circuler par tradition), ou même nominatif ;
+ Soit par endossement à titre de procuration exactement comme
la lettre de change.
Mais l’endossement du chèque ne peut jamais être fait en garantie (à titre
pignoratif).

- enfin, le chèque peut être émis au nom du tireur lui-même (le chèque de retrait) en y
portant la mention « à l’ordre de moi-même ».
2°/ La clause non endossable ou non à ordre : Cette clause ne peut être utile que lorsque le
chèque est nominatif ; puisque le chèque au porteur ou à blanc est transmissible par simple
tradition. Le chèque qui porte la mention non endossable ne peut être transmis que comme
un titre civil.
3°/ Le barrement : (le chèque barré) [art. 280 à 282]
Il consiste à tracer sur le recto du chèque deux barres parallèles, il ne sera alors payé qu’à un
banquier ou à un client du banquier.
Il existe deux sortes de barrements :
- Le barrement général : ne comporte aucune mention entre les deux lignes ; dans ce cas la
banque tirée ne peut payer le chèque qu’à une banque.
- Le barrement spécial : porte le nom d’une banque entre les deux barres ; dans ce cas, le
chèque ne peut être payé qu’à la banque désignée entre les deux barres.
4°/ La certification : (le chèque certifié) [art. 242]

Elle remplace l’acceptation en matière de lettre de change. Comme le chèque est payable à
vue, il n’a pas besoin d’être accepté ; l’art 242 interdit expressément l’acceptation du
chèque et toute mention d’acceptation, dit-il, est réputée non écrite. (Rappelons que cette
interdiction a pour but d’éviter la concurrence de la monnaie). Cependant, le législateur,
depuis un dahir du 23 août 1955, a permis la certification du chèque avec des effets limités.

Section 2 : les différents types du chèque :

Chèques barrés :
Ils sont gratuits et délivrés par une banque. Ils ne peuvent être encaissés que par quelqu’un
qui a un compte bancaire.

5
Ils ne sont ni payables à vue (c’est-à-dire qu’on ne peut pas se faire verser le montant du
chèque directement en liquide au guichet d’une banque), ni endossables (c’est-à-dire qu’on
ne peut pas le transmettre à un tiers), sauf au profit d’une banque en vue de leur
encaissement sur un compte en banque.
Les chèques non barrés

Un chèque non barré est payable en espèces au guichet de n’importe quelle agence de la
banque qui a délivré le chèque.
Il est en outre endossable. L’endossement d’un chèque à l'ordre d'une autre personne vaut
transmission à son bénéfice de la propriété du chèque ainsi endossé. Cela veut dire que son
bénéficiaire peut l’endosser pour payer une autre personne. Celle-ci peut alors l’endosser à
son tour pour régler quelqu’un d’autre. Et ainsi de suite…
Ce type de chèque est de plus en plus rare dans la pratique, notamment pour les
transactions de particulier à particulier. Car, d’une part, il est très encadré, puisqu’il ne peut
être émis qu’après avoir fait une demande préalable et qu’une déclaration doit être
transmise au fisc sur simple demande de celui-ci, et d’autre part, au droit de timbre peuvent
s’ajouter des frais bancaires à payer lors de l’émission du chèque.
BON A SAVOIR : En pratique, endosser un chèque consiste à porter au dos du chèque la
mention manuscrite " endossé à l'ordre de ", suivie du nom du nouveau bénéficiaire, de la
date de l’endossement et de la signature de l’endosseur (ancien bénéficiaire). Par mesure de
sécurité, il est préférable d’y inscrire également l’adresse de l’endossataire (nouveau
bénéficiaire).

Chèques de banque

Le chèque de banque est utilisé à la demande du vendeur pour des transactions entre
particuliers portant sur un montant important. Il constitue une garantie de paiement. La
banque délivre le chèque de banque à la demande du client dont elle débite le compte et
bloque la provision pendant toute la durée de sa validité, soit 1 an et 8 jours.
Faites toutefois attention aux arnaques aux chèques de banque qui sont fréquentes. Ainsi,
il est fortement recommandé de ne jamais accepter un chèque de banque en dehors des
heures d’ouverture de l’agence bancaire qui l’a délivré afin de pouvoir la contacter et
s’assurer que le chèque proposé en règlement est régulier.
Il est également conseillé de vérifier sur un annuaire connu le numéro de téléphone
indiqué sur le chèque. Ainsi, vous éviterez le risque, en utilisant le numéro de téléphone qui
est inscrit sur le chèque, de tomber sur un comparse qui pourrait vous certifier faussement
que la provision est présente sur le compte.
En cas de numéros différents, appelez celui de l’annuaire. Ainsi, vous aurez la certitude, en
cas de réponse positive de votre interlocuteur, qu’il s’agit d’un vrai chèque de banque qui
soit par ailleurs libellé réellement à votre ordre.

6
Le moyen le plus prudent reste encore celui de donner rendez-vous à l’acheteur dans son
agence bancaire au moment de concrétiser la vente.

Chèques certifiés
Comme le chèque de banque, le chèque certifié présente une réelle garantie pour son
bénéficiaire, mais pendant une durée beaucoup plus courte (8 jours seulement).
Le compte du client est certes débité le jour où la banque appose sa certification sur le
chèque, mais si celui-ci n’est présenté pas à l’encaissement dans ce délai de 8 jours, il
devient un chèque barré ordinaire dont l’absence de provision ne peut plus engager la
responsabilité de l’établissement certificateur.

Chapitre 2 : les infractions corrélatives au chèque :


Le présent chapitre se propose d'examiner successivement les différents types des délits
relatifs au chèque, et qui peuvent être divisés en délits liés à au paiement du chèque (Section
1) et les délits liés au changement de véracité du chèque (Section 2).

Section 1 : les délits liés à au paiement du chèque : 2


Ces délits sont divisés principalement en délit de l’omission de constituer ou de maintenir
la provision du chèque (premièrement), en délit de l’opposition irrégulière au paiement du
chèque (deuxièmement), et d'acceptation ou l'endossement des chèques de garanties
(troisièmement), et dernièrement le délit d'émission de chèques en dépit de l'ordre qui lui
est adressé par la banque ou d'un manquement à l'interdiction judiciaire (Quatrièmement) :
A : l’omission de constituer ou de maintenir la provision du chèque :

 L’élément légal :
“ Est passible d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 2.000 à 10.000
dirhams sans que cette amende puisse être inférieure à vingt-cinq pour cent du montant du
chèque ou de l'insuffisance de provision: 1) le tireur d'un chèque qui omet de maintenir ou
de constituer la provision du chèque en vue de son paiement à la présentation “. Article 316
du Code de Commerce.

 L’élément matériel :
Ce crime a lieu dès que deux éléments de base sont présents :

Premièrement : L’obligation d'émettre un chèque :


Ce que l'on entend par l'acte d'émission n'est pas seulement la libération et la création du
chèque, mais plutôt son retrait de la possession légale du tireur à la possession d'autrui.

2
https://bassamat-laraqui.com/paiement-par-cheque-tout-ce-que-vous-devez-
savoir/#:~:text=Cette%20amende%20fiscale%20peut%20aller,le%20pr%C3%A9senter%20%C3%A0
%20la%20banque.
7
L'émission du chèque est le processus par lequel le chèque est libéré et le mettre en
circulation. La livraison se fait soit directement, soit par message au bénéficiaire par
l'intermédiaire de la banque ou par une autre personne après avoir écrit les données
obligatoires ou suffisantes pour le signer, à condition que le bénéficiaire ajoute le reste des
autres données.
En conséquence, l'élément matériel du crime n'est pas atteint par la simple écriture du
chèque, mais il doit être remis au bénéficiaire ou à celui qui le remplace, et la remise doit
être définitive. La livraison doit également être administrative, c'est-à-dire émise par une
administration gratuite qui n'est entachée d'aucun vice de consentement.

Deuxièmement : Manque de provision ou insuffisance au moment de la


présentation du chèque en paiement:3
Le législateur a restreint la réalisation du délit par le refus du tiré de payer la valeur du
chèque à la présentation faute de provisions suffisantes.
Pour que le crime se produise, il n'est pas nécessaire que le chèque soit présenté au tiré
dans le délai de présentation ; Au contraire, il est atteint même s'il est présenté à une date
ultérieure, tant que le chèque a rempli sa forme juridique, et parce que la protection pénale
décidée par le législateur exige la présence de provision au moment de la présentation.

En outre, le droit du porteur d'exiger le paiement du tiré ne s'éteint pas à l'expiration du


délai de présentation, mais reste valable pendant un délai d'un an à compter de la date
d'expiration du délai de présentation (article 271 C.C).

En cas de diminution de la provision, le délit est réalisé quel que soit le pourcentage du
déficit, même faible, et il est réalisé même si le tireur, après avoir présenté le chèque au tiré,
achève la diminution de la disposition.

Toutefois, le tribunal peut réduire la peine d'emprisonnement ou la supprimer entièrement si


le tireur comble le manque à gagner et fournit des approvisionnements suffisants dans un
délai de vingt jours à compter de la date de dépôt (article 325 CD).

 L’élément moral :
Aux termes du Code de commerce de 1996, l'élément moral de ce délit n'impose plus au
législateur d'avoir une quelconque intention délictueuse, notamment avec la suppression
des exigences de l'article 543 du Code pénal.
En effet, le législateur n'a pas conditionné l'instruction du crime à la nécessité de la mauvaise
foi du tireur, mais l'a plutôt sanctionné et considéré comme pénalement responsable même
dans le cas où il aurait négligé de prévoir des provisions au moment de la présentation du
chèque en règlement de toute raison.

3
https://www.l-expert-comptable.com/a/52294-le-cheque-sans-provision.html

8
B- l’opposition irrégulière au paiement du chèque :4

 L’élément légal :
“Est passible d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 2.000 à 10.000
dirhams sans que cette amende puisse être inférieure à vingt-cinq pour cent du montant du
chèque ou de l'insuffisance de provision … le tireur du chèque qui fait irrégulièrement
défense au tiré de payer.” Article 316 du Code de Commerce.

 L'élément matériel :
Le législateur a précisé exclusivement conformément au premier alinéa de l'article 271 du CD
: « les motifs qui permettent au tireur de s'opposer au paiement du chèque par le tiré, à la
perte, au vol, à la contrefaçon, à l'usage frauduleux de celui-ci, ou à l'assujettissement de son
porteur soit d'un règlement judiciaire, soit d'une liquidation judiciaire ». Ceci est présent
dans un arrêt rendu par la Cour de cassation «si l'article 271 du CD a précisé exclusivement
les cas dans lesquels le tireur peut s'opposer à l'encaissement du montant du chèque…le
simple fait que le tireur émet le chèque et le remettre au bénéficiaire ait été illégalement
attaqué fait que le crime remplit tous ses éléments. »
Le crime est réalisé quelle que soit la raison qui motive l'émission du chèque ou l'opposition
au paiement de sa valeur, même si celle-ci est légitime.
Le législateur vise, derrière la criminalisation de cet acte, à protéger la confiance dans le
traitement du chèque.

 L’élément moral :
Dans le cadre du code de commerce, il s'agit plutôt d'un délit matériel qui se réalise dès
qu'il est prouvé que l'opposition au paiement est incorrecte, quelle que soit la bonne ou la
mauvaise foi du tireur, ou la raison qui le motive à formuler l'opposition, si celle-ci est en
dehors des motifs prévus au premier alinéa de l'article 271 du CD.

C: l’acceptation ou l’endossement des chèques de garantie:5

 L’élément légal :
Toute personne qui, en connaissance de cause, accepte de recevoir ou d'endosser un
chèque à la condition qu'il ne soit pas encaissé immédiatement et qu'il soit conservé à titre
de garantie. Article 316 du Code de Commerce.

 L’élément matériel :
Ce délit est considéré comme indépendant des autres délits de chèque, que le chèque ait
été sans provision au moment de la présentation, ou que la provision ait été insuffisante, ou

4
https://www.esca.ma/blog/la-prescription-du-cheque-une-farouche-incomprehension-ou-
un- desordre-total-33/
5
https://www.laamrani-law.com/le-cheque-de-garantie-au-maroc-que-dit-la-loi/
9
que la provision ait été disponible, que ce soit à la création, à l'émission ou à la présentation.
Son coin matériel est acquis dès que le bénéficiaire ou l'endosseur reçoit le chèque, sachant
que son acceptation de celui-ci est conditionnée à ne pas l'extraire immédiatement, et qu'il
le conserve en garantie.

 L’élément moral :
Ce crime est considéré comme un crime avec préméditation dont la réalisation dépend de
la mauvaise foi représentée par l'auteur faisant sciemment ce qui est considéré comme un
crime aux yeux de la loi.

Section 2 : les délits liés au changement de la véracité du chèque :


Il s’agit ici de toute une gamme d’infraction liée à la véracité du chèque qui peuvent être
divisées en trois : La falsification ou la contrefaçon du chèque (Premièrement), l'acceptation
de recevoir, d'endosser ou d'avaliser un chèque falsifié ou contrefait (Deuxièmement),
l’usage ou tente de faire usage d'un chèque contrefait ou falsifié (Troisièmement):
A : la falsification ou la contrefaçon de chèque :6

 L’élément légal :
“Est puni des peines édictées aux articles 357 ou 358, suivant les distinctions prévues auxdits
articles, quiconque : 1- Contrefait ou falsifie un chèque ; 2- Accepte de recevoir un chèque
qu’il savait contrefait ou falsifié.” Article 545 du CP.

 L’élément matériel :
il s’agit au premier lieu d’indiquer une distinction entre la falsification et la contrefaçon :

La contrefaçon ou l'imitation signifie la fabrication de quelque chose de faux pour ressembler


à quelque chose de vrai, comme faire un chèque semblable au vrai. Quant à la falsification,
elle vise à introduire un changement dans quelque chose qui est vrai à l'origine.
Le législateur a cité quelques exemples de falsification dans les articles 351,352 et 354 du
code pénal, tels que créer des personnes fictives, remplacer des personnes par d'autres,
supprimer et déformer par écrit, signé, barrer, effacer et ajouter, supprimer une déclaration
ou ajouter une déclaration, déchirer et autres moyens de falsification, que ce soit à la main, à
la machine ou par des substances chimiques.
D’un autre côté, la jurisprudence conclut que les piliers du délit de falsification chèque sont
au nombre de trois :
1 - Que le document ou l'instrument soit modifié.
2- Que le changement se fasse de mauvaise foi.

6
https://www.revue-banque.fr/espace-banque-droit/droit-penal-bancaire-contrefacon-falsification-che-
MRRB01079

10
3- Que ce changement a causé un préjudice aux autres.

 L’élément moral :
La falsification ou la contrefaçon sont des infractions intentionnelles dont l’auteur doit avoir
eu conscience de l’inexactitude de l’acte et de son caractère préjudiciable.
De même, les juges doivent relever la mauvaise foi de l’auteur, ainsi que sa connaissance de
la falsification qui se présume bien souvent par les faits mentionnés dans les articles précités
du Code Pénal Marocain.

B : Le délit d’accepter de recevoir, d'endosser ou d'avaliser un chèque falsifié ou


contrefait :

 L’élément légal :
“ Est passible d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 2.000 à 10.000
dirhams sans que cette amende puisse être inférieure à vingt-cinq pour cent du montant du
chèque ou de l'insuffisance de provision:... toute personne, qui, en connaissance de cause,
accepte de recevoir, d'endosser ou d'avaliser un chèque falsifié ou contrefait.” Article 316 du
Code de Commerce.

 L’élément matériel :
Le législateur a élargi le cercle de l'incrimination dans les délits de falsification du chèque,
comme nous l'avons évoqué plus haut, en adoptant les deux délits d'endossement d'un faux
chèque ou de sa garantie à titre de garantie conservatoire, dans sa volonté de protéger le
commerce et les transactions et d'assurer la confiance des personnes qui s'occupent du
chèque en général. Il semble que cela soit plus clair lorsqu'on constate que ce crime ne
retombe pas seulement sur le contrefacteur ou le faussaire, mais comprend également leurs
complices et ceux qui contribuent à miner la confiance des trafiquants de chèques. On parle
dans ce cas des commerçants qui sont tenus par la loi de traiter le chèque lorsque le montant
de l'opération dépasse 10 000 dirhams afin de faciliter la tâche des intérêts de
l'administration fiscale dans le contrôle de la validité des déclarations faites par les
redevables de l'impôt.7

Pour que ce crime se produise, il est tenu d'accepter le reçu d'un chèque falsifié ou
contrefait, ou de l’endosser, sachant que ce dernier est falsifié ou contrefait.

 L’élément moral :
En effet, le fait d'accepter un chèque contrefait ou falsifié de l'endosser ou de l'avaliser doit
être fait en connaissance de cause : S'il ignore la falsification ou la contrefaçon, l'intention
criminelle n'est pas disponible, ce qui l'empêche d'être pénalement sanctionné.

7
https://bassamat-laraqui.com/paiement-par-cheque-tout-ce-que-vous-devez-savoir/

11
C : le délit de faire usage ou tente de faire usage d'un chèque contrefait ou falsifié:

 L’élément légal :
“ Est passible d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 2.000 à 10.000
dirhams sans que cette amende puisse être inférieure à vingt-cinq pour cent du montant du
chèque ou de l'insuffisance de provision: … 5) toute personne qui, en connaissance de cause,
fait usage ou tente de faire usage d'un chèque contrefait ou falsifié” Article 316 du Code de
Commerce.

 L’élément matériel :
Ce crime est réalisé par le simple fait d'utiliser ou de tenter d'utiliser un chèque falsifié ou
contrefait : On entend ici par tentative : (chapitre 15 du CP et article 316 du CD) la tentative
de commettre le délit par un commencement d'exécution ou par des actes visant
directement à le commettre. Ceci est considéré ici comme un délit complet, il est punissable
à ce titre (chapitre 114 du CP) Quant à l'usage, il s'entend de l'usage volontaire d'une
contrefaçon ou chèque falsifié et l'illusion des autres quant à sa sécurité et son authenticité.
Par conséquent, trois conditions sont requises pour que ce crime se produise :

• Qu'une personne utilise ou tente d'utiliser un faux chèque.


• Que l'acte précité s'est produit sur le chèque, qui est falsifié ou contrefait.
• Que l’auteur ait connaissance que le chèque qu'il a utilisé ou tenté d'utiliser était
contrefait ou falsifié.

 L’élément moral :
Ce crime est considéré comme un crime avec préméditation qui est réalisé dès qu'il est
prouvé que l'utilisateur ou le tentateur avait connaissance de la falsification ou de la
contrefaçon du chèque, que cette connaissance soit antérieure, contemporaine ou
postérieure à l'usage.

Partie II. Cadre légal et normatif

Chapitre 1 : Les dispositifs légaux de répression

Section 1 : Les sanctions prévues par la législation

Le chèque a été introduit comme moyen de paiement pour la première fois au Maroc en
19128. Après cinq années de législation sans aucun aspect répressif, et suite à une loi

8
Félix NATAF témoigne dans son ouvrage « Le crédit et la banque du Maroc » (Paris, 1929) que vers la fin du
XIXe siècle, un commerçant fassi acceptait déjà des chèques émis par des touristes étrangers au moment où les
commerçants les plus réputés en refusaient l’usage.
12
française du 2 août 1917.Le chèque était civilement régi par le dahir des obligations et des
contrats dans ses articles 325 à 344, en 1918, par l’instauration de peines d’emprisonnement
et d’amendes à l’encontre de trois types de comportements significatifs. En 1936, le Maroc a
intégré les dispositions de la convention de Genève portant loi uniforme sur les chèques.
Jusque-là, le chèque était régi par les dispositifs du dahir des obligations et des contrats qui
sera complété par les dispositions du code pénal de 1962.
Etant inspirée des législations françaises, la réforme du code du commerce de 1996 est
venue pour unifier le statut du chèque au Maroc. Le législateur a voulu entourer cette
matière d’un arsenal juridique assez puissant pour limiter au maximum le nombre de ces
infractions. C’est dans cette optique que les dispositions du code de commerce ont bien
réglementé le chèque et prévu des sanctions à l’encontre de toute inobservation de
certaines dispositions légales. Il compte plus de 18 infractions dans le titre III du livre III du
code du commerce
De plus, il existe la promulgation d'une législation bancaire en corrélation avec le code de
commerce, visant à énumérer et sanctionner les infractions liées aux chèques. Il convient
également de souligner le rôle de la loi pénale dans la répression du faux et de l'usage du
faux, considérés comme des manifestations parmi d'autres des infractions associées aux
chèques.
- L’art. 316 prévoit des sanctions communes à toutes les infractions en matière de chèque à
savoir, l’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 2.000 à 10.000 dhs sans qu’elle
puisse être inférieure à 25% du montant du chèque ou de l’insuffisance de la provision (sous
le régime du dah. 39 l’amende ne pouvait être inférieure au montant du chèque).
- En outre, le tribunal peut prononcer une interdiction d’émission de chèque de 5 ans avec
injonction de restituer les formules de chèques au banquier. (art. 317)
- Il peut aussi ordonner, aux frais du condamné, la publication des extraits de la décision
d’interdiction dans les journaux. Cependant, si ces sanctions paraissent normales, il n’en est
pas de même de leur régime d’application qu’on peut qualifier d’un régime d’exception :
- En ce qui concerne la récidive, toutes les infractions en matière de chèque sont
considérées comme constituant un même délit (art. 323). - Le sursis ne peut être accordé
que pour les peines d’emprisonnement (art. 324), il n’est donc pas applicable à l’amende.
- Le tireur d’un chèque sans provision ne peut bénéficier des circonstances atténuantes que
s’il constitue ou complète la provision dans les 20 jours de la présentation ! Il se pose alors le
problème de savoir comment le tireur pourra prendre connaissance du jour de la
présentation sachant que les poursuites pénales ne sont pas soumises au protêt et aux avis
de non-paiement, il serait possible de compter sur la lettre d’injonction de la banque, mais le
législateur ne fixe aucun délai à cette dernière pour l’envoi de l’injonction.
Par ailleurs, pour permettre à la victime de réclamer son dû lors des poursuites pénales, la
loi lui permet, en se constituant partie civile, de demander devant la juridiction pénale la
somme du montant du chèque et les dommages-intérêts. Mieux encore, l’art. 326 du
nouveau code a permis au juge, même en l’absence de constitution de partie civile, de

13
condamner d’office le tireur à payer au bénéficiaire le montant du chèque, les dommages-
intérêts et tous les frais résultants du non-paiement
Les principales infractions liées aux chèques comprennent le chèque sans provision, le
chèque contrefait, l'émission de chèques sans provision intentionnelle, et d'autres délits
connexes.
BAM définit le défaut ou l'insuffisance de provision comme un incident de paiement, qui est
"une infraction sévèrement réprimée par la loi » Puisqu’elle prévoit "une interdiction
bancaire de ne plus émettre de chèques pendant dix ans, sauf régularisation, ainsi qu'une
sanction pénale en cas de poursuite judiciaire" 9
L'émission de chèque sans provision est assimilée à l'escroquerie dans le Code pénal
marocain, L'article 543 du Code pénal prévoit une peine d'emprisonnement d'un à cinq ans
et une amende de 500 à 5 000 DH en cas d'émission d'un chèque sans provision préalable et
disponible, ou avec une provision inférieure au montant du chèque.
En effet, l’article 316 du code de commerce, dans son alinéa 6, dispose qu’est punie d’un
emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 2.000 à 10.000 DH, sans que cette
amende puisse être inférieure à 25% du montant du chèque, toute personne, en
connaissance de cause, qui accepte de recevoir ou d’endosser un chèque à la condition qu’il
ne soit pas encaissé immédiatement et qu’il soit conservé à titre de garantie. Il est donc clair
que la sanction cible uniquement le bénéficiaire du chèque et non l’émetteur.

Mais les faits sont de toute autre nature dans le code pénal. C’est ainsi que l’émetteur peut
se retrouver dans une situation embarrassante. Pour cela, le Code pénal a sanctionné des
mêmes peines toute personne qui émet ou accepte de recevoir un chèque émis tout en
sachant qu’il n’est pas provisionné. Il y a une évocation implicite du chèque de garantie.
En effet, la pratique a montré que la remise de chèque dont le paiement est différé, d’un
commun accord des parties, s’explique par l’indisponibilité de la provision au jour de la
création de ce chèque. Ce qui fait du chèque, créé dans ces conditions, un moyen de
garantie. C’est ainsi que l’article 544 du code pénal punit d’un à cinq ans (article 540 code
pénal) de prison et d’une amende de 500 à 5000 DH, toute personne qui émet ou qui
accepte un chèque à la condition qu’il ne soit pas encaissé immédiatement mais conservé à
titre de garantie. C’est justement cette disposition qui a été retiré par la jurisprudence.
Aussi, la Cour de cassation a également assoupli la prescription en matière pénale. Cette
dernière ne se calcule plus à partir de la date de présentation au paiement mais à la date
d’émission. Rappelons que des différences existent en ce qui concerne le traitement
judiciaire des chèques impayés, selon qu’il s’agisse du Code de commerce ou du Code pénal,
notamment au niveau de la prescription des actions en recours du porteur du chèque. Selon
le premier Code, l’action en justice se prescrit par six mois à partir de l’expiration du délai de
présentation du chèque à l’encaissement, soit 20 jours pour les chèques émis au Maroc et
deux mois pour les chèques émis à l’étranger. Or, le Code pénal prolonge le délai de

9
https://medias24.com/2023/06/08/cheque-sans-provision-ce-que-dit-la-loi/

14
prescription des actions contre des délits à plus d’un an, et cela peut aller jusqu’à cinq, voire
dix ans. L’émission d’un chèque sans provision étant considérée par le Code pénal comme un
délit, surtout quand il s’agit de l’émission simultanée de plusieurs chèques sans provision. 10

Section 2 : droit comparé

Contrairement au législateur marocain, le législateur français a règlementé le Chèque non


pas de commerce, c’est à dire qu’il ne l’a pas rangé parmi les effets de commerce, mais
plutôt dans le code monétaire et financier. Cependant, c'est la Convention internationale de
Genève de 1931, présentée pour la première fois en France en 1935, qui est à l'origine de
son statut juridique. Le législateur français a renforcé les contraintes imposées aux
banquiers lors de l'émission des formules de chèques dans l'article 30 du décret du 22 mai
1992, afin d'accroître la sécurité des paiements par chèques.
En Tunisie, la loi n° 2007-37 du 4 juin 2007 modifiant et complétant certaines dispositions du
code de commerce est la cinquième de son genre en matière de Chèque. Bien que de
nombreux détails complexes soient en jeu, on peut affirmer que la nouvelle loi est centrée
sur une idée très importante : la mise en œuvre de mesures visant à résoudre le problème
des chèques sans provision. 11
En Afrique francophone, à l'indépendance, chaque Etat avait son propre
réglementation. Au Mali, c'est la loi du 27 août 1992 portant code de commerce
qui régissait le domaine du chèque. Mais, au Mali, tout comme dans les autres
pays francophones, lesdites réglementations ont montré leurs limites, les agents
économiques semblant préférer de loin la monnaie fiduciaire à la monnaie
Scripturale . C'est pourquoi la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (
B.C. E.A.O ) « institution financière spécialisée » de l'Union Economique Monétaire Ouest
Africaine (U.E.M.O.A) avait suggéré la mise en œuvre d'un
nouveau « plan de circulation » du chèque à travers une nouvelle loi uniforme sur
les instruments de paiement.
Au niveau du plan juridique algérien, les différents aspects du chèque sont traités
par les textes suivants : article 472 et suivants du code de commerce ; ordonnance
03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit ; article 374 et suivants
du code pénal ; règlement de la Banque d'Algérie n° 92-03 du 22 mars 1992.12

La sanction d'une peine d'emprisonnement pour un chèque sans provision varie d'un pays à
l'autre et dépend de la législation spécifique de chaque pays.
Voici quelques exemples de pays où une peine d'emprisonnement peut être prononcée pour
un chèque impayé, bien que les détails exacts puissent varier :
Tunisie : La législation régissant les chèques impayés est très répressive en Tunisie. Elle
s’appuie essentiellement sur l’argument de la protection de l’ordre économique. Ainsi, la

10 CHÈQUE DE GARANTIE : LES ÉMETTEURS PROTÉGÉS PAR LA JURISPRUDENCE, octobre 7, 2021, nakhli law firm
11
http://cabinetamamou.net/Archives/folder/Bulle147.pdf
12
https://www.djazairess.com/fr/elwatan/78190
15
Tunisie fait partie des rares pays dans le monde à pénaliser l’émission de chèques sans
provision par des peines de prison illimitées.
Selon l’article 411 du code de commerce, les infractions liées aux chèques sans provision en
Tunisie sont sévèrement punies. Voici les principales dispositions :

Émettre un chèque sans avoir de fonds suffisants ou retirer des fonds après l’émission du
chèque est passible d’une peine d’emprisonnement de cinq ans et d’une amende équivalente
à 40 % du montant du chèque ou du reliquat de la provision, à condition qu’elle ne soit pas
inférieure à 20 % du montant du chèque ou du reliquat de la provision.

Accepter sciemment un chèque émis dans ces conditions est également punissable.

aider délibérément le tireur du chèque à dissimuler l’infraction, en tant que professionnel, en


s’abstenant de prendre les mesures requises par la loi ou en enfreignant les règlements et
obligations professionnelles, est également répréhensible.

Contrefaire ou falsifier un chèque est passible d’une peine d’emprisonnement de dix ans et
d’une amende de 12 000 dinars, sans possibilité que l’amende soit inférieure au montant du
chèque.

Accepter sciemment un chèque contrefait ou falsifié est également punissable.

Ces sanctions sont énoncées dans l’article 411 du code de commerce en Tunisie, et elles sont
spécifiques aux infractions liées aux chèques sans provision. 13

France : Toute personne qui, après l’émission d’un chèque et avec l’intention de porter
atteinte aux droits d’autrui retire tout ou partie de la provision, par quelque moyen que ce
soit (virement, transfert, etc.) ou fait défense au tiré de payer (article L.163-2 du code
monétaire et financier). L’un des éléments constitutifs du délit est l’intention de porter
atteinte aux droits d’autrui. Les sans sanctions sont :

 Une peine d'emprisonnement jusqu'à cinq ans


 Et/ou une amende jusqu'à 375 000 euros (articles L .163-2 et L.163-7 du Code
monétaire et financier).

Et une interdiction judiciaire d’émettre des chèques durant une durée de cinq ans
maximums.14

Algérie:

Art 327 quiconque, soit en faisant usage de faux nom ou de fausses qualités, soit en employant
des manœuvres frauduleuses pour persuader l’existence de fausses entreprises, d’un pouvoir
ou d’un crédit imaginaire, ou pour faire naitre l’espérance ou la crainte d’un succès , d’un
accident ou de tout autre événement chimérique , se fait remettre ou délivrer , ou tente de
se faire remettre ou délivrer des fonds , des meubles ou des obligations , disposition , billets

13
https://news.gnet.tn/cheques-sans-provisions-tunisie/
14
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/Cheque-sans-provision

16
promesses , quittances ou décharges, et , par un de ces moyens , escroqué ou tente
d’escroquer la totalité ou une partie de la fortune d’autrui est puni d’emprisonnement d’un
an au moins et de cinq au plus , et d’une amende de 500 à20000DA

Si le délit est commis par une personne ayant fait appel au public en vue de l’émission
d’action, obligation, bons, parts ou titres quelques, soit d’une société, soit d’une entreprise
commerciale ou industrielle, l’emprisonnement peut être porte à dix ans et l’amende à
200000DA.15

Chapitre 2 : Les dispositifs de prévention

Section 1: Les mesures de sécurité pour éviter les infractions

La sécurité contre les infractions liées aux chèques est une préoccupation majeure pour les
institutions financières, les entreprises et les particuliers.
Voici quelques mesures de sécurité générales pour prévenir les fraudes liées aux chèques :
Papier sécurisé : Utilisez des chèques imprimés sur du papier de sécurité qui intègre des
fonctionnalités difficiles à reproduire, comme des filigranes, des micro-impressions, et
des encres réactives.
Encres sécurisées : Utilisez des encres spéciales qui sont difficiles à reproduire ou à
altérer. Certaines encres réagissent chimiquement au contact avec certains produits
chimiques, ce qui peut aider à détecter les altérations.
Protection contre la copie : Utilisez des chèques qui intègrent des caractéristiques anti-
copie, telles que des arrière-plans réactifs ou des motifs spéciaux.
Espace signature dédié : Avoir un espace dédié pour la signature peut rendre plus difficile la
falsification de la signature.
Micro-impressions : Intégrez des micro-impressions difficiles à reproduire avec précision
à l'œil nu.
Numérotation sécurisée : Les numéros de chèque peuvent inclure des caractéristiques
de sécurité spécifiques, comme une police de caractères spéciale, des couleurs ou des
motifs.
Code-barres : Certains chèques incluent des codes-barres qui peuvent être
scannés pour vérifier l'authenticité.
Laminateurs et plastification : Certains utilisent des techniques de laminage
spéciales pour protéger le chèque contre les altérations.

15
Code pénal, section 2 l’escroquerie et l’émission de chèque sans provision p: 118

17
Stockage sécurisé : Gardez vos chèques en lieu sûr, et assurez-vous qu'ils ne sont
accessibles qu'aux personnes autorisées.
Vérification régulière : Les titulaires de compte doivent régulièrement examiner leurs
relevés bancaires pour détecter toute activité suspecte ou tout chèque non autorisé.

Utilisation de technologies avancées : Les institutions financières peuvent utiliser


des technologies avancées, telles que la numérisation des chèques, la vérification
biométrique et d'autres méthodes pour renforcer la sécurité.
Formation du personnel : Les entreprises devraient former leur personnel sur la
prévention de la fraude liée aux chèques, en mettant l'accent sur la vérification de
l'identité du signataire, la détection des altérations et la gestion sécurisée des
chèques.

Section 2: Le rôle des institutions financières dans la prévention


des fraudes liées aux chèques

Les institutions financières exercent une importante fonction d’alerte dans la lutte contre les
transactions suspectes, l’évasion fiscale et les pratiques de blanchiment. Le secteur insiste
bien sur la différence entre la fraude financière, qui est illégale par définition, et
l’optimisation fiscale, un service qui est tout à fait légal. Dans la lutte contre la fraude par
internet, le secteur financier encourage les consommateurs à faire preuve de vigilance dans
la communication de données personnelles et financières16.
Voici quelques-uns des aspects clés du rôle des institutions financières dans la prévention
des fraudes liées aux chèques
L'adoption des institutions financières des Systèmes automatisés de détection de fraude :
L'investissement des institutions financières, dans des systèmes avancés de détection des
fraudes qui utilisent l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle pour identifier
les modèles inhabituels et les activités frauduleuses potentielles liées aux chèques de
substitution. Ces systèmes peuvent analyser de grandes quantités de données en temps réel,
offrant ainsi sécurité supplémentaire.
La protection des transactions avec des chèques de substitution nécessite une approche
multidimensionnelle combinant technologie, protocoles de sécurité, formation des
employés et éducation des clients. En mettant en œuvre ces meilleures pratiques, les
institutions financières peuvent minimiser le risque de fraude et garantir l'intégrité continue
du système de traitement électronique des chèques.17

16
https://www.lesbanquesetlasociete.be/comment-les-banques-participent-elles-%C3%A0-la-lutte-contre-la-
fraude
17
https://fastercapital.com/fr/contenu/Prevention-de-la-fraude---securiser-les-transactions-avec-des-cheques-
de-substitution.html#Bonnes-pratiques-pour-pr-venir-la-fraude-gr-ce-aux-ch-ques-de-substitution
18
Éducation des clients : Les institutions financières fournissent des informations et
des conseils aux titulaires de compte sur les meilleures pratiques en matière de
sécurité des chèques, notamment sur la manière de protéger leurs chèques, de
surveiller leurs comptes et de signaler toute activité suspecte.
Technologies de détection : Les institutions financières investissent dans des
technologies avancées de détection de fraudes. Cela peut inclure des systèmes de
surveillance automatisés qui analysent les modèles d'activité, détectent les
anomalies et alertent en cas de comportement suspect.
Validation des chèques : Les institutions financières utilisent des systèmes de
validation des chèques pour vérifier l'authenticité des chèques. Cela peut inclure la
vérification de la signature, la comparaison des numéros de chèque avec les données
du compte, et l'utilisation de technologies de numérisation pour détecter les
altérations.

Formation du personnel : Le personnel des institutions financières est formé pour


reconnaître les signes de fraude et pour prendre des mesures appropriées en cas de
suspicion. Cela peut inclure la vérification approfondie des chèques, la
communication avec les clients et les autorités compétentes, le cas échéant.
Collaboration avec les forces de l'ordre : Les institutions financières coopèrent avec
les forces de l'ordre pour enquêter sur les cas de fraude. Elles peuvent fournir des
informations et des preuves qui peuvent aider à identifier les fraudeurs et à les
traduire en justice.
Mises à jour des politiques de sécurité : Les institutions financières adaptent
constamment leurs politiques de sécurité pour rester en phase avec les nouvelles
menaces et les évolutions technologiques. Cela peut inclure des mises à jour des
logiciels, des protocoles de sécurité renforcés et des procédures améliorées.
Surveillance continue : Les institutions financières surveillent de manière proactive
les activités sur les comptes de leurs clients pour détecter rapidement toute activité
suspecte. Cela peut impliquer l'utilisation de systèmes automatisés de détection de
fraude et d'alertes en temps réel.
Communication avec les clients : En cas d'incident de fraude, les institutions
financières communiquent rapidement avec leurs clients pour les informer de la
situation, les conseiller sur les mesures à prendre et les rassurer quant à la sécurité
de leurs comptes.

En résumé, les institutions financières sont engagées dans la mise en place de multiples
niveaux de sécurité pour prévenir et détecter les fraudes liées aux chèques, et elles
travaillent en collaboration avec leurs clients et les autorités compétentes pour assurer la
sécurité des transactions financières.

19
Conclusion

En résumé, qu'il s'agisse d'un chèque de paiement ou d'un chèque de retraite, le chèque
est un ordre de payer qui est envoyé à la banque. Cependant, la banque ne paiera que si elle
dispose d'une provision suffisante sur le compte du client, c'est-à-dire si le solde du compte
est égal ou supérieur au montant du chèque.
Les fonds appartenant au tireur et déposés sur le compte retiré constituent la provision du
chèque ; le bénéficiaire du chèque peut présenter le chèque au paiement dès qu'il le reçoit ;
le chèque est payable à vue. C'est la raison pour laquelle la provision doit être en place avant
la création du chèque, c'est-à-dire qu'elle doit exister dès le début.

De plus cette provision ne doit pas avoir été déjà affecté à un autre emploi ; elle ne doit
pas constituer, par exemple, la provision d’un chèque précédemment établi et non encore
payé au bénéficiaire, elle doit donc être disponible. Celui qui émet un chèque sans provision
s’expose à des sanctions pouvant aller jusqu’à des peines de prison.
D'un autre point de vue, les règles du droit international privé soutiennent la mise en
œuvre de la loi choisie par les parties en cas de contrôle international, en ce qui concerne la
loi applicable et la compétence. A défaut, les tribunaux décideront de la loi applicable en
tenant compte du lieu du paiement, de la nationalité des parties et du lieu d'exécution de
l'obligation. Ainsi, lorsqu'un chèque est endossé à Paris au profit d'un ressortissant français
résidant à Paris, il est soumis à la loi française. Il est payable en France et libellé en monnaie
française.

20
Bibliographie
Les ouvrages :

Félix NATAF témoigne dans son ouvrage « Le crédit et la banque du Maroc » (Paris, 1929) que vers la fin
du XIXe siècle, un commerçant fassi acceptait déjà des chèques émis par des touristes étrangers au
moment où les commerçants les plus réputés en refusaient l’usage.

Les articles :
CHÈQUE DE GARANTIE : LES ÉMETTEURS PROTÉGÉS PAR LA JURISPRUDENCE, octobre 7, 2021, nakhli law firm

Traité et arrêt

Code pénal, section 2 l’escroquerie et l’émission de chèque sans provision p: 118


Dahir N 1-96-83 Du 15 Rabii 1 1417 (1ère Aout 1996) portant la promulgation de la loi N 15-95
formant code de commerce

Webographie :

https://bassamat-laraqui.com/paiement-par-cheque-tout-ce-que-vous-devez-
savoir/#:~:text=Cette%20amende%20fiscale%20peut%20aller,le%20pr%C3%A9senter%20%C3%A0
%20la%20banque.
https://www.l-expert-comptable.com/a/52294-le-cheque-sans-provision.html
https://www.esca.ma/blog/la-prescription-du-cheque-une-farouche-incomprehension-ou-un-
desordre-total-33/
https://www.laamrani-law.com/le-cheque-de-garantie-au-maroc-que-dit-la-loi/
https://www.revue-banque.fr/espace-banque-droit/droit-penal-bancaire-contrefacon-
falsification-che- MRRB01079
https://bassamat-laraqui.com/paiement-par-cheque-tout-ce-que-vous-devez-savoir/
https://www.djazairess.com/fr/elwatan/78190
https://news.gnet.tn/cheques-sans-provisions-tunisie
http://cabinetamamou.net/Archives/folder/Bulle147.pdf
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/Cheque-sans-
provision
https://medias24.com/2023/06/08/cheque-sans-provision-ce-que-dit-la-loi/
https://www.lesbanquesetlasociete.be/comment-les-banques-participent-elles-%C3%A0-la-lutte-
contre-la-fraude
https://fastercapital.com/fr/contenu/Prevention-de-la-fraude---securiser-les-transactions-avec-des-
cheques-de-substitution.html#Bonnes-pratiques-pour-pr-venir-la-fraude-gr-ce-aux-ch-ques-de-
substitution

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