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«LES EFFETS DE COMMERCE»


LE CHEQUE

Cours élaboré par :


Mme AICHA GHNAINIA

Année-Universitaire : 2021-2022
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INTRODUCTION GENERALE

L’introduction à l’étude du chèque portera successivement sur la notion du chèque (I)


et sa distinction de la lettre de change (II).

I. LA NOTION DU CHEQUE

Le code de commerce règlemente le chèque sans le définir. Il résulte,


cependant, des articles 346, 348 et 371 C.C que le chèque est un titre par lequel
une personne dénommée tireur, donne l’ordre à son banquier ou à une
institution assimilée, de payer une somme d’argent préalable et disponible au
profit du bénéficiaire ou à son ordre.

Le chèque est un titre dont l’usage est étroitement lié au fonctionnement des
comptes bancaires. Il est utilisé par le titulaire du compte comme instrument de
retrait de fonds et comme instrument de paiement.

Le chèque peut être ordinaire- tel que défini d’une manière générale - ou spécial.

Le chèque spécial peut être barré, visé, certifié, ou postal

1° Chèque barré.

Le chèque barré est régi par les articles 383 à 385 du C.C. L’article 383 al
2 du C.C déclare que "le barrement s'effectue au moyen de deux barres
parallèles apposées au recto". Le chèque peut être barré soit par le tireur, soit par
le porteur. En fait le barrement est aussi effectué par le banquier encaisseur, car
les banques semblent recommander à leurs préposés de barrer les chèques qu’ils
reçoivent à l'encaissement.
3

Le barrement peut être général ou spécial. Il est général lorsqu'il ne comporte


entre les deux barres aucune désignation ou la mention du banquier. Il est, en
revanche, spécial s'il désigne le banquier encaisseur.

Le chèque barré a été créé pour limiter les conséquences néfastes d'une
perte et surtout d'un vol, puisque le voleur ne pourra très généralement pas se
présenter lui-même pour l'encaisser.

2° Chèque visé

Le visa du chèque "a pour effet de constater l'existence de la provision à la


date à laquelle il est donné" (article 349 al.2 du C.C).

Le législateur n'a pas réglementé la forme du visa. Ce dernier peut donc


être exprimé dans une forme quelconque, pourvu que sa signification soit claire.

Le visa peut être apposé au recto ou au verso du chèque. Il atteste que le titre est
provisionné, mais n'implique aucun blocage de la provision au profit du porteur.
C'est la raison pour laquelle, on ne fait pas recours au visa dans la pratique. D'
où on a recours au chèque certifié.

3° Chèque certifié

La certification résulte de la signature du tiré, apposée au recto du


chèque1.

La certification résulte de la signature du tiré, apposé recto du chèque2.

La certification est obligatoire pour le tiré si elle lui est demandée. Il ne peut la
refuser qu'en cas d'insuffisance de la provision3.

1
Article 350 in fine du C.Com.
2
Article 350 in fine du C.Com.
4

La certification a pour effet de bloquer sous la responsabilité du tiré, la provision


au profit du porteur.

Toutefois, ce blocage ne dure que pendant le délai de présentation du chèque au


paiement, c'est-à-dire huit jours pour les chèques émis et payables en Tunisie et
soixante jours pour les chèques émis à l’étranger4.

4° Chèque postal

Le chèque postal est un titre polyvalent qui peut servir soit pour opérer un
retrait de fonds, soit pour un paiement, soit enfin pour effectuer un virement.

Le chèque postal peut être crée par toute personne physique ou morale titulaire
d'un compte courant postal.

Le chèque postal est établi sur une formule règlementaire, extraite d’un carnet à
souches remis par l’administration. Cette règle découle de l’application au
chèque postal des dispositions du code de commerce régissant le chèque
bancaire. Le chèque postal doit remplir toutes les conditions exigées par le code
de commerce5.

Ainsi défini, le chèque se distingue de la lettre de change, malgré les similitudes


qui rapprochent les deux titres.

II. CHEQUE ET LETTRE DE CHANGE

De prime abord, le chèque s’apparente à une lettre de change tirée à vue.


Il comporte comme la lettre de change, le mandat de payer une somme
d’argent6. Sa structure triangulaire (tiré, tireur et bénéficiaire) est également

3
Article 350 al. 1° et al.3 du C.Com.

4
Article 350 al.2 qui renvoie à l'article 372 du C.Com.

5
Article 346 C.C
6
Ceci résulte d’un rapprochement entre les articles 269.2° et 346.2° du C.Com
5

celle de la traite, avec cette précision que le tiré ne peut être qu’une banque ou
un établissement assimilé.

Néanmoins, lorsque le chèque est émis par le tireur à son ordre, il ne met en
rapport que deux personnes. En conséquence, le chèque émis par le tireur à son
propre profit, s’apparente à la traite émise dans les mêmes conditions7.

Le chèque emprunte également à la lettre de change son caractère négociable et


il obéit dans une large mesure aux mêmes dispositions que celles régissant la
lettre de change8.

En revanche, le chèque se distingue nettement de la lettre de change en ce qu’il


constitue exclusivement un instrument de paiement et qu’il est interdit, sous
peine de sanctions pénales, d’en faire un instrument de crédit. Il en résulte donc,
que l’échéance à vue qui est l’une des modalités possibles de création de la lettre
de change, est une condition indispensable de l’émission du chèque et un
élément fondamental de sa définition.

Ainsi, la provision qui peut ne pas exister lors de la création de la lettre de


change, doit au contraire, être préalable et disponible en matière de chèque
(article 411.1° du C.C).

Le chèque se différencie, en outre, de la lettre de change par la possibilité de son


émission « au porteur » selon l’article 351.3° du C.C9.

Le chèque est régi par les articles 346 à 412 du C.C. Ces textes semblent avoir
résisté à l’épreuve du temps, sauf en matière de chèque sans provision, ou le
législateur est intervenu à plusieurs reprises pour essayer de lutter contre la
montée de la criminalité.
7
Rappelons que l’article 270 du C.C Permet expressément la création de la lettre de change à l’ordre du tireur
lui-même.
8
Certaines dispositions sur la lettre de change sont reproduites in extenso dans le chapitre relatif au chèque
(exemple : l’article 368 sur l’inopposabilité l’article 310 et l’article 397 qui reproduit l’article 334sur les
altérations.
9
Il faut dire que cette différence est d’une portée négligeable, car la lettre de change peut être créée à l’ordre du
tireur lui-même et endossée au porteur.
6

Par ailleurs l’étude du chèque portera sur sa création (chapitre I), sur sa
provision (chapitre II) et enfin sur sa transmission (chapitre III)

CHAPITRE I

LA CREATION DU CHEQUE

Il y a lieu de rappeler que l’émission d’un chèque n’est pas un acte de


commerce par la forme, contrairement à la lettre de change.

Pour être valable le chèque doit satisfaire à des conditions de forme (section
première) ainsi qu’à des conditions de fond (section deuxième)

Section première : Les conditions de forme

La loi exige que le chèque soit un écrit. Ceci résulte de la notion de


« titre », utilisée notamment dans l’article 346-1° du C.C. En pratique, le
chèque est créé sur une formule standardisée, détachée d’un carnet à souche
détenu soit par le titulaire du compte, soit par le banquier.

Le chèque est un acte formaliste qui contient un certain nombre de


mentions prescrites par la loi, à peine de nullité : mais des mentions facultatives
peuvent également être inscrite sur le titre. 

Le chèque contient ;

1- La dénomination de chèque, insérée dans le texte même du titre et exprimée


dans la langue employée pour la rédaction de ce titre 
2- Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée :
3- Le nom de celui qui doit payer (tiré) :
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4- L’indication du lieu ou le paiement doit s’effectuer :


5- L’indication de la date et du lieu ou le chèque
6- la signature de celui qui émet le chèque (tireur)

Section deuxième : Les conditions de fond

Le chèque met généralement en présence trois personnages : un tireur, un


tiré et un bénéficiaire.

Chacun de ces trois personnages doit remplir certaines conditions, pour que le
chèque soit valable.

§ 1°. CONDITIONS QUANT AU TIREUR

Le tireur peut être soit une personne physique, soit une personne morale,
agissant par la voie de ses représentants.

En outre, le tireur peut être une personne unique ou plusieurs personnes.


La pratique bancaire connaît à cet égard les comptes indivis, tels que les
comptes successoraux qui fonctionnent avec la signature de tous les indivisaires,
à moins que les titulaires du compte ne donnent mandat à l'un d'eux ou à un tiers
pour faire fonctionner le compte collectif.

L'émission du chèque est un acte juridique qui doit répondre aux


conditions de l'article 2 du C.O.C, à savoir : la capacité, le consentement, l'objet
et la cause.

A. Consentement, objet et cause


8

Le consentement, qui doit exister et être exempt de vices, se concrétise


dans la signature du chèque. Cette signature, obligatoirement manuscrite, doit
être conforme à celle déposée chez le banquier. La signature non conforme est
une cause de non paiement du chèque.

L'objet du chèque doit être une somme déterminée (article 346 al.2 du
C.C). Toute stipulation d'intérêts doit être réputée non écrite (article 353 du
C.Com.)

Le chèque doit être libellé en dinar tunisien dans les rapports entre résidents,
sauf autorisation de la Banque Centrale, après avis du Ministre des Finances.

La cause du chèque doit exister et être licite, mais bien évidemment elle
n'a pas à être indiquée sur le titre. La cause illicite n'est pas opposable au porteur
de bonne foi (article 368 du C.C).

B. Capacité

Le mineur commerçant, âgé de moins de dix huit ans, peut ainsi émettre
des chèques, s'il a obtenu son émancipation absolue.

De même, le mineur émancipé par le mariage, conformément aux


dispositions de la loi du 12 juillet 1993, peut émettre valablement des chèques.
Cette émission s'intègre dans la gestion par le mineur émancipé de ses affaires
civiles et commerciales au sens de l'article 153 du C.S.P.

Le mineur non commerçant et non marié est incapable d'émettre des


chèques. Néanmoins, son tuteur peut procéder à une telle émission, s'il a été
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autorisé à exercer le commerce pour le compte de l'incapable (article 17 du


C.O.C)

§ 2. CONDITIONS QUANT AU TIRE

Le chèque ne peut être tiré que sur un banquier ou une institution


assimilée (article 348 du C.C).

Le chèque tiré sur une personne autre qu'un banquier ou une institution
assimilée serait entaché de nullité et son auteur serait passible d'une amende
fiscale égale à 6% du montant du chèque, sans que cette amende soit inférieure à
un dinar (article 409 du C.C)

L'administration des chèques postaux n'est pas un établissement assimilé au sens


de l'article 348 du C.C.10, mais cela n'empêche que le chèque postal est, depuis la
loi n° 90-97 du 1er novembre 1990, régi par les dispositions du C.C relatives au
chèque bancaire dans la mesure où il n'y est pas dérogé par cette loi.

§ 3. CONDITIONS QUANT AU BENIFICIAIRE

Il résulte des articles 351 et 352 du C.C que le bénéficiaire du chèque peut
être :

• une personne dénommée ou à son ordre ;

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 La loi n° 67-51 du 7 décembre 1967 réglementant la profession bancaire exclut d'ailleurs de son champ
d'application l'Administration des Chèques Postaux, la Caisse d'Epargne Nationale de Tunisie et les
représentations des institutions financières internationales (article 1er).
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• le porteur ;

• une personne indéterminée (lorsque le chèque est en blanc);

• le tireur lui-même.

Le bénéficiaire du chèque doit être capable de recevoir les sommes dont le


titre est libellé.

Les mineurs jusqu’à l’âge de treize ans et les déments sont absolument
incapables de contracter, si ce n’est par les personnes qui les représentent. Ils ne
peuvent donc être désignés comme bénéficiaires et le paiement du chèque ne
peut valablement être effectué qu’entre les mains de leurs tuteurs.

Le chèque peut être payable à plusieurs bénéficiaires, cumulativement


(exemple : veuillez payer à MM. A.B et C) ou alternativement (exemple :
veuillez payer à Monsieur ou Madame A). Lorsque le chèque est établi au profit
de plusieurs bénéficiaires cumulativement, le banquier présentateur doit
s'assurer que le titre lui est endossé pour encaissement par les deux bénéficiaires.
L'encaissement sous la signature de l'un, sans le consentement de l'autre
engagerait la responsabilité du banquier.

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