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ESCT

COURS
INTRODUCTION A ANALYSE
ECONOMIQUE

Dr Emmanuel MOUSSONE
Maître-Assistant CAMES
SYLLABUS
• A - PRESENTATION DU COURS
• Cours préalables
• Nombre de crédits :
• Semestre : 1
• Volume horaire 20
• Nom de l’enseignant : Emmanuel MOUSSONE
• Coordonnées : 066 10 41 21
B – ÉLEMENTS CONSTITUTIFS DU PLAN DE COURS
• Buts du cours
• Le cours d’analyse économique destiné aux étudiants de première année
ESCT vise à donner aux apprenants des connaissances en termes d’analyse
d’ensemble (agrégats) du fonctionnement de l’activité économique
• Pré requis Comptabilité nationale, Histoire de la pensée économique
• Objectifs généraux
• Le cours de macroéconomie destiné aux étudiants de première année
ESCT vise à donner aux apprenants des connaissances en termes d’analyse
d’ensemble (agrégats) du fonctionnement de l’activité économique
Objectifs spécifiques
A l’issue de ce cours, l’étudiant sera capable :
- d’être en mesure de recueillir les données économiques adaptées au sujet traité et de
les interpréter ;
- de savoir établir les liens entre les phénomènes macroéconomiques ;
- de comprendre les enjeux soulevés par les débats contemporains sur l’évolution de
nos économies ainsi que leurs prolongements en termes de politiques économiques.

Compétences associées au cours :


Comptabilité nationale, Histoire des faits économiques, Histoire de la pensée
économique, politique économique…
Plan de cours

Thème 1: La consommation et l’épargne


La consommation
• Les différentes formes de consommation
• La mesure et l’évolution de la consommation
• Les déterminants de la consommation
L’épargne
• Les formes, la mesure et les motifs de l’épargne
• Les théories de l’épargne
Thème 2 : L’investissement
L’investissement ou accumulation du capital
• La notion de capital
• La notion d’investissement
Les déterminants de l’investissement
• La demande
• Les profits et la rentabilité
• Le profit et l’investissement
Thème 3: La monnaie et le financement de l’économie
La monnaie
• Du troc à la monnaie :
• Les fonctions de la monnaie :
• Les formes de la monnaie
• La circulation de la monnaie
• La création monétaire
Les modalités du financement de l’activité économique
• Financement direct et financement indirect
• Les différents marchés de capitaux :
Thème 4 : L’Etat et la politique économique
C - METHODE PEDAGOGIQUE
• Cours magistraux et travaux dirigés
D - MODALITES D’EVALUATION (Répartition)
• Types d’évaluation : sur table, TPE…
• Dates :

E - BIBLIOGRAPHIE
• BERNIER B. et VEDIE H-L. (2009), Initiation à la Macroéconomie, 2 ème édition, Dunod, France.
• ECHAUDEMAISON C-D et al. (2012), Economie, 2e édition, Nathan, France.
• BLANCHARD O. & COHEN D. (2017), Macroéconomie, 7ème édition, Broché, France.
• GUEUTIN C-A (2017), L’essentiel de l’introduction à l’économie, 2 ème Edition, ellipses, Paris.
Thème 1: La consommation et l’épargne

• Ce chapitre présente les variables et les différentes théories


économiques qui ont tenté d’expliquer les déterminants de ces
agrégats et leurs effets sur l’économie. La consommation et l’épargne
sont deux formes d’utilisation du revenu et déterminent ainsi les
niveaux de l’investissement et la croissance.
• Les auteurs des différents courants de pensées se sont penchés soit
sur le partage du revenu entre consommation-épargne, soit sur le
couple consommation-investissement ou sur l’égalité entre l’épargne
et l’investissement.
1.1- La consommation
• La consommation correspond à l’acquisition de biens ou de services
destinés à être détruits immédiatement ou progressivement à travers
leur utilisation.
• Elle a des formes diverses.
1.1.1- Les différentes formes de consommation
• La consommation n’est pas une fonction économique homogène, elle
peut être décomposée selon un certain nombre de caractéristiques.
1.1.1.1- La consommation finale et la consommation intermédiaire
• La consommation finale est uniquement le fait des ménages. Elle sert
directement à la satisfaction d’un besoin.
• La consommation intermédiaire est le fait des entreprises, elle représente
l’acquisition des bien et /ou des services qui sont incorporés dans le processus de
production afin de réaliser un bien ou un service final.
1.1.1.2- La consommation marchande et la consommation non marchande
• La consommation marchande concerne les biens échangés sur un marché à un
prix couvrant au moins le coût de production.
• La consommation non marchande concerne essentiellement les services obtenus
gratuitement ou à un prix inférieur à leur coût de revient.
1.1.1.3- La consommation individuelle, collective et effective
• La consommation individuelle couvre les biens et les services acquis par
les ménages excluant toute possibilité d’acquisition des autres ménages.
• La consommation collective couvre les biens et les services pouvant être
consommés en même temps par plusieurs individus sans possibilité
d’exclusivité, et ce en leur permettant de satisfaire le même besoin.
• La consommation effective des ménages comprend tous les biens et
services acquis pour la satisfaction directe des besoins humains, tant
individuels que collectifs.
1.1.1.4- La consommation selon la nature des biens et services
consommés
• On distingue les biens matériels et les biens non matériels ou services.
• Les biens matériels peuvent être classés en fonction de leur durabilité :
• Les biens durables ont une durée d’utilisation longue (meubles, électroménager,
automobiles, etc.) ;
• Les biens semi-durables s’utilisent à plusieurs reprises et s’usent progressivement
(vêtements, chaussures, etc.) ;
• Les biens non durables ou fongibles sont détruits dès le premier usage
(alimentation, énergie).
1.1.2- La mesure et l’évolution de la consommation
1.1.2.1- La mesure des dépenses de consommation
1.1.2.1.1- Les grands postes de consommation
Il s’agit de représenter les grands postes de la consommation, ce que
l’on nomme aussi la « consommation par fonction ». Plusieurs
niveaux d’agrégation sont possibles. On distingue couramment les
grands postes suivants :
• Alimentation, habillement ;
• logement (et dépenses liées : eau, électricité, gaz…) ;
• ameublement, équipement ménager ;
• santé ;
• Transport, communication, culture, loisirs, enseignement et autres.
1.1.2.1.2- Les outils de mesure
• Pour déterminer et suivre l’évolution de la consommation des
ménages, il est nécessaire d’utiliser des outils statistiques : le
coefficient budgétaire et l’élasticité.
• Le coefficient budgétaire mesure la part de la dépense consacrée à un
bien ou un service par rapport à la dépense totale.
• L’élasticité-revenu (Er) compare la variation de consommation d’un
bien (∆Ci) suite à la variation du revenu (∆R) :
• Er=∆Ci/ ∆R
1.1.2.1.3 Les lois d’Engel
• Ernest Engel (1821-1896), économiste et statisticien allemand, énonce, à
partir d’une étude  « budgets des familles », publiée en 1857, une loi
mettant en relation le revenu et la consommation consacré notamment, à
la nourriture. Il conclut que « plus un individu est pauvre, plus le
pourcentage de son revenu consacré aux dépenses de consommation de
nourriture est important ».
• On lui attribue trois autres lois :
• la part des dépenses consacrées à l’habillement varie peu ;
• la part des dépenses relatives à l’habitation est invariable, quel que soit le revenu ;
• la part des dépenses relatives à l’éducation, à la santé et aux loisirs s’accroit avec le
revenu.
• L’élasticité-revenu varie d’un bien à un autre. Elle permet donc de définir
différents types de biens : les biens normaux (Er est comprise entre 0 et 1),
les biens inférieurs (Er est négatif) et les biens supérieurs ou de luxe (Er est
forte).
1.1.3-Les déterminant de la consommation
1.1.3.1- Les déterminants macroéconomiques
1.1.3.1.1- Le revenu chez J.M. KEYNES
• J.M. KEYNES est le premier économiste à émettre l’hypothèse sur la
principale variable explicative de la consommation globale d’une
nation.
• Le niveau du revenu entraine donc la consommation qu’il explique.
L’analyse keynésienne repose sur une approche dynamique de la
fonction de consommation. Il s’agit d’analyser les variations de la
consommation globale engendrées par la variation du revenu
disponible des ménages.
• Approche dynamique de la consommation : La science
économique cherche en particulier à pouvoir fournir des
outils permettant d’expliquer et de prévoir les évolutions de
l’activité économique.
• L’analyse keynésienne repose donc sur une approche
dynamique de la fonction de consommation. Il s’agit alors
d’analyser les variations de la consommation globale
engendrées par la variation du revenu disponible des
ménages. Keynes définit alors la propension marginale à
consommer, qui détermine dans quelle mesure une variation
des revenus à un impact sur la consommation finale.
Soit :
• Propension marginale à consommer = accroissement de la
consommation / accroissement du revenu
• Privilégiant une seule variable explicative (le revenu national) pour
déterminer le niveau globale de la consommation Ct, il écrit la
fonction de consommation sous la forme
• Ct=Ca+cR
Où :
• Ca est la consommation autonome ou encore consommation incompressible ;
• c la propension marginale à consommer.
La « loi psychologique fondamentale » de Keynes  
• La loi psychologique fondamentale de Keynes repose sur le principe
que la consommation est une variable déterminée par le revenu
disponible des ménages. La théorie de Keynes dit que lorsque le
revenu s’accroît, la consommation augmente dans des proportions
moins importantes. En d’autre terme, les ménages épargnent une
part croissante de leur revenu au fur et à mesure que celui-ci
s’accroît.
• La conséquence de cette loi psychologique fondamentale est donc
que la propension moyenne à consommer des ménages doit diminuer
dans le temps avec l’augmentation des revenus. Ainsi, sur le long
terme, cette propension moyenne à consommer va devenir inférieure
à la propension marginale à consommer.
• Dans les faits, l’analyse keynésienne ne semble pas validée par les
données économiques. A court terme, la propension moyenne à
consommer peut connaître des variations en fonction entre autre du
moral global des ménages. Par contre, sur le long terme, cette
propension moyenne à consommer témoigne d’une certaine stabilité. Il
n’y aurait donc pas tendance à une augmentation du comportement
d’épargne de la part des ménages lorsque le revenu de ceux-ci
augmente.
• A la suite de Keynes, d’autres auteurs sont venus compléter l’analyse de
la fonction de consommation en approfondissant la relation
consommation / revenu.
1.1.3.1.2- L’analyse de KUZNET
• Pour Kuznets, sur le long terme, la part du revenu consacré à la
consommation reste stable. L’augmentation du revenu se traduit par
une augmentation équivalente de la consommation, ce qui ne signifie
pas que les ménages ont plus de besoins à satisfaire, mais plutôt qu’ils
consomment des biens et services de qualité supérieure.
1.1.3.1.3- La théorie du Revenu permanent de MILTON FRIEDMAN
Milton Friedman introduit la notion de revenu permanent. La
consommation reste liée au revenu. Cependant, elle ne
dépend pas du revenu réel du ménage, mais plutôt du revenu
futur anticipé par l’agent économique. Ce revenu permanent
est alors déterminé par l’agent économique en fonction entre
autre de son niveau d’étude, de ses compétences
professionnelles…, ainsi que du patrimoine qu’il possède.
1.1.3.1.4- Le cycle de vie de Franco MODIGLIANI
• Modigliani propose l’hypothèse du cycle de vie de la
consommation. Pour lui, l’agent économique distingue différentes
périodes au cours de sa vie. Jeune, il aura peu de revenu, puis,
une fois actif, il va voir ses revenus augmenter régulièrement.
Enfin, à l’âge de la retraite, ses revenus vont diminuer. Les
dépenses de consommation ne sont donc pas dépendantes du
revenu actuel de l’agent économique, mais doivent rester
relativement stable dans le temps. Un comportement d’épargne
sera donc constaté dans la période d’activité de l’agent
économique. Cette épargne permettant par la suite de maintenir
un niveau de consommation relativement stable malgré la
diminution du revenu lié au passage à l’âge de la retraite.
Travail de recherche
• Les déterminants individuels
• Les déterminants psychologiques
• Les déterminants sociologiques
• L’influence de l’entreprise sur les choix de consommation
• Les déterminants microéconomiques.
1.2- L’épargne

1.2.1- Les formes, la mesure et les motifs de l’épargne


1.2.1.1- Définition de l’épargne
• L’épargne peut être définie comme la fraction non consommée du
revenu.
1.2.1.2- Les formes de l’épargne des ménages
a- L’épargne financière
Elle est consacrée sous plusieurs formes :
• La thésaurisation ;
• Placements financiers ;
• Placements monétaires.
b- L’épargne non financière
• Les acquisitions immobilières ;
• Les investissements des entreprises individuelles.
1.2.1.3- Les motifs de l’épargne
Il existe trois grandes motivations d’épargne :
• l’épargne de précaution par peur d’incertitude ;
• l’épargne de prévoyance, pour réaliser un projet ou payer une
dépense déjà programmée ;
• l’épargne pour constituer ou transmettre un capital ou une rente.
1.2.1.4- La mesure de l’épargne des ménages
• Du point de vue comptable, le taux national d’épargne est égal à la
moyenne pondérée des taux d’épargne de trois principaux secteurs
de l’économie ; les ménages, les entreprises et les administrations
publiques. Mais l’importance des ménages demande d’en faire une
analyse approfondie.
Le taux d’épargne
• La comptabilité nationale calcule le taux d’épargne des ménages en
rapportant leur épargne brute (EB) à leur revenu disponible brut
(RDB) :
• Taux d’épargne=EB/RDB
1.2.1.5- L’épargne des entreprises
• Dans le cas des entreprises, la définition de l’épargne comme résidu
du revenu après consommation n’est pas adaptée dans la mesure où
les entreprises ne font pas de consommation finale mais de
consommation intermédiaire.
• La définition de l’épargne des entreprises s’appuie sur le mode de
calcul utilisé par la CN dans le compte des sociétés. Ainsi, l’épargne
des entreprises comprend les bénéfices non distribués et les
amortissements destinés à renouveler le capital physique, donc à
investir. L’épargne permet donc l’autofinancement de l’entreprise.
1.2.2- Les théories de l’épargne
Certaines théories font de l’épargne un élément résiduel de l’utilisation
du revenu (KEYNES), tandis que d’autres en font un élément moteur.
Les théories cherchent à comprendre le lien entre l’épargne et le
revenu ou le rôle du taux d’intérêt. Toutefois les faits ne cadrent pas
toujours avec ces théories : l’épargne reste une grand2eur peu
prévisible dans nos économies.
a- La conception classique
• Pour les classiques, l’épargne est source de croissance parce qu’elle
permet une accumulation du capital. Elle joue donc un rôle moteur
essentiel.
• Pour les néoclassique, les agents décident de leur niveau d’épargne,
puis utilisent le reste de revenu à la consommation. Epargne est un acte
volontaire qui consiste à renoncer à une consommation présente au
profit d’une consommation future. Or les individus possédant une forte
préférence pour le présent, l’effort n’est possible que si on le « paie »
ou dédommage suffisamment. C’est pourquoi, l’épargne dépend de
taux d’intérêt.
• Ainsi, la consommation, considérée comme la part du revenu non
épargnée, est un résidu. Elle est d’autant moins grande que l’épargne
que l’épargne est importante.
b- Le concept keynésien
• Selon Keynes, l’épargne n’est pas l’objet d’une décision du
consommateur en tant que telle, elle ne résulte donc pas d’un choix mais
à une nature résiduelle : l’épargne est ce qui reste au revenu après avoir
consommé. Le taux d’intérêt a pour seul rôle de déterminer la forme de
l’épargne, c’est-à-dire la répartition entre les différents types d’épargne.
• Le revenu R est donc le déterminant de l’épargne (S) comme celui de la
consommation (C), les ménages faisant leur arbitrage entre les deux
selon leur niveau de revenu. Puisque R=C+S, on peut calculer :
• la propension moyenne à consommer S/Y ;
• la propension marginale à épargner ∆S/∆Y.
• Selon Keynes, la demande est une variable déterminante qui entraîne le
dynamisme de l’économie. L’épargne, en revanche n’a aucun rôle moteur.
1.2.2.2- Les déterminants de l’épargne
Plusieurs facteurs déterminent le niveau, la forme et l’évolution de
l’épargne.
a- Le revenu
• Dans la théorie keynésienne, c’est l’arbitrage par l’importance du
revenu qui détermine la part de l’épargne (la PMS).
• La théorie du revenu permanent montre le rôle contracyclique joué
par l’épargne, qui explique son évolution vers une relative stabilité à
long terme. En effet, en période récession et face à la diminution de
leurs revenus, les individus maintiennent leur niveau de
consommation et réduisent ainsi le montant de leur épargne.
Inversement, l’épargne s’élève lorsque la situation économique est
plus favorable.
b- Le niveau de taux d’intérêt
• Dans la théorie classique, c’est le taux d’intérêt qui détermine le choix
de la répartition du revenu entre la consommation et l’épargne, alors
que dans la théorie keynésienne, les taux d’intérêt n’intervient, en
second lieu que pour la répartition des formes d’épargne entre
placement et détention de la monnaie (hypothèse de la préférence
pour de la liquidité).
c- L’inflation et l’effet d’encaisses réelles (A. PIGOU)
• Arthur C. PIGOU (1877-1959) établit une relation entre le
comportement d’épargne des individus et leur niveau souhaité de
patrimoine. En période d’inflation, les agents constatent que leur
patrimoine (monnaie et titres) se dévalorise. Ils peuvent vouloir le
reconstituer en épargnant plus, pour maintenir sa valeur réelle. C’est ce
que PIGOU a nommé l’effet d’encaisses réelles.
• NB : Deux autres déterminants de l’épargne peuvent être cités, il s’agit
de la fiscalité et du poids de l’incertitude.
Titre 2 : L’investissement
L’investissement est évidemment une nécessité pour l’économie, d’une
part, pour remplacer le capital usé, mais d’autre part pour renouveler
et élargir le système productif. Investissement, élément de la demande
globale, devient alors un facteur essentiel de la croissance de la
production.
2.1- L’investissement ou accumulation du capital
2.1.1- La notion de capital
2.1.1.1- La notion de capital fixe
Le capital fixe regroupe l’ensemble des moyens de production durable
(plus d’un an) participant à plusieurs productions.
2.1.1.2- La notion de capital immatériel
Le capital immatériel correspond aux dépenses de l’entreprise visant à
améliorer son développement et sa compétitivité (recherche,
formation, méthodes et logiciels, publicité…).

2.1.2- La notion d’investissement


2.1.2.1- Définition
L’investissement est une opération réalisée par un agent économique
consistant à acquérir des biens de production (investissement matériel
en capacité fixe) ou à effectuer certaines dépenses ayant pour but de
développer le potentiel de l’entreprise pour l’avenir (investissement
immatériel).
2.1.2.2- Les différents types d’investissement matériel
On distingue traditionnellement trois types d’investissement matériel :
- l’investissement de remplacement, destiné à renouveler les équipements
usés, obsolètes ;
- l’investissement de capacité, destiné à augmenter les capacités de
production de l’entreprise pour qu’elle puisse produire plus ; il
accompagne souvent la création d’emploi ;
- l’investissement de modernisation ou de productivité, qui s’explique par
la volonté de l’entreprise de suivre l’évolution technologique, de se
positionner par rapport à la concurrence et d’abaisser les coûts de
production. La productivité du travail s’en trouve améliorée et, la plupart
de temps, la conséquence est une réduction du volume d’emploi.
2.1.2.3- La mesure et l’évolution de l’investissement
• La comptabilité nationale définit l’investissement en capital technique
comme la formation brute de capital fixe (FBCF).
• La FBCF correspond à l’acquisition de biens durables mis à la
disposition de l’économie chaque année par les entreprises, les
ménages, les administrations pour produire des biens et des services.
• Le taux d’investissement d’un pays correspond au rapport entre la
FBCF et le PIB pour une période donnée.
2.2- Les déterminants de l’investissement
Une première analyse de l’investissement porte sur la décision
d’investir. Il s’agira d’expliquer pourquoi les agents investissent, c’est-à-
dire d’analyser les divers éléments qui fondent la décision d’investir.
2.2.1- La demande
De manière générale, les entreprises n’investissent que s’il existe une
demande à satisfaire.
2.2.1.1- La demande effective
Depuis l’analyse keynésienne, il est admis que l’investissement dépend
de la demande qu’anticipent les chefs d’entreprise qui veulent adapter
l’évolution future des débouchés, s’ils l’aperçoivent comme durable. La
demande effective influe sur le niveau de l’investissement.
2.2.1.2- Le taux d’utilisation des facteurs de production (TUFP)
• Le TUFP est le rapport entre la production actuelle et la production
potentielle avec les capacités de productions actuelles.
• Lorsque la demande effective augmente, les entreprises n’investissent
pas si elles peuvent utiliser d’avantage les capacités de production
actuelles.
2.2.1.3- Le principe de l’accélérateur
• Selon le principe de l’accélérateur formalisé par John Maurice Clark en
1917, une variation de la demande finale entraine une variation plus
que proportionnelle de l’investissement.
• Les conditions posées pour mettre en évidence le phénomène sont
très strictes :
• les capacités de production doivent être saturées, sinon l’ajustement se fait
par le taux d’utilisation des capacités productives, sans augmentation du
stock de capital ;
• la productivité du capital doit être constante ou décroissante (sans progrès
technique), sinon l’accroissement de cette productivité permet un
accroissement de la consommation avec un investissement moins
proportionnel ;
• l’augmentation de la demande ne doit pas être temporaire, sinon l’ajustement
se fait par les prix.
3.2.2- Les profits et la rentabilité
3.2.2.1- Le profit et l’investissement

Les économistes classiques mettent l’accent sur le profit (comme


capacité de se financer en interne) et les profits futurs induits par
l’investissement.
2.2.2.2- Rentabilité et profitabilité
Plusieurs ratios permettent de mesurer le profit et la rentabilité d’un
investissement.
La rentabilité
• La rentabilité mesure le rapport entre les revenus du capital engagé et
ce capital.
• Rentabilité = Revenu du capital/Montant des capitaux engagés
La profitabilité
La profitabilité mesure l’écart entre la rentabilité financière ou
économique du capital dans l’entreprise et la rentabilité d’un
placement obtenue sur les marchés (E. MALINVAUD).
Titre 3 : La monnaie et le financement de l’économie

3.1- La monnaie
Pour satisfaire ses besoins, un agent économique doit pouvoir se
procurer les biens ou services qu’il ne produit pas lui-même. Nos
sociétés utilisent de un bien particulier, la monnaie, pour faciliter les
échanges entre les différents agents économiques.
4.1.1- Du troc à la monnaie :
Les échanges entre individus ne se font pas forcément par l’intermédiaire d’une
transaction de type monétaire. Le troc, c’est à dire l’échange d’un bien contre
un autre bien, est aussi un moyen de satisfaire ses besoins. Néanmoins,
l’introduction d’un instrument facilitant les échanges est un élément de
simplification et de développement des relations entre les agents économiques.
La monnaie est un bien économique : il a une utilité et il doit être produit (il
n’est pas disponible naturellement dans la nature) par un agent économique
spécifique.
La Monnaie est un actif qui permet à son détenteur d’acquérir un bien ou un
service.
La monnaie comprend l’ensemble des moyens de paiement à la disposition des
agents économiques leur permettant de réaliser des transactions .,
3.1.2- Les fonctions de la monnaie
• La monnaie est un instrument d’échange : la monnaie est un intermédiaire. Ce
n’est pas un bien convoité pour lui-même, mais parce qu’il permet d’acquérir
des biens et services finaux.
• La monnaie est un étalon de mesure : la monnaie permet d’évaluer la valeur de
tout bien ou service échangeable sur un marché. La monnaie permet donc de
comparer la valeur des différents biens économiques. Chaque bien et service
est donc évalué par un prix d'échange qui représente la quantité de monnaie
qu'un individu doit fournir en contrepartie de l'acquisition de ce bien.
• La monnaie est une réserve de valeur : la monnaie est une réserve de valeur
qui peut être utilisée n’importe quand dans le temps. Elle permet donc à son
détenteur de conserver un pouvoir d’achat qu’il pourra mobiliser au moment
de son choix. L'évolution des prix (l'inflation) vient diminuer la valeur
d'échange de la monnaie puisque la hausse des prix augmente la quantité de
monnaie nécessaire à l'acquisition d'un bien.
3.1.3- Les formes de la monnaie
• La monnaie divisionnaire : c’est la monnaie métallique, c’est à dire
l’ensemble des pièces en circulation dans une économie.
• La monnaie fiduciaire : c’est la monnaie « papier », c’est à dire
l’ensemble des billets détenus par les agents économiques.
• La monnaie scripturale : ensemble des soldes positifs des comptes à
vue dans les banques, des comptes postaux ou des comptes du Trésor
Public.
3.1.4- La circulation de la monnaie
• La monnaie divisionnaire ou fiduciaire est directement échangée entre deux
individus par le biais d’un paiement au comptant lors d’une transaction. Par
contre, la monnaie scripturale est transférée d’un compte à un autre compte par
le biais d’instruments spécifiques (le chèque, la carte bleue, le virement…).
• L’augmentation des échanges et l’importance croissante prise par la monnaie
scripturale entraîne une dématérialisation de la monnaie. Tout d’abord, la
monnaie fiduciaire a pris le pas par rapport à la monnaie divisionnaire. Puis, le
développement de la monnaie scripturale s’est traduit par une diminution du
poids de la monnaie divisionnaire et fiduciaire dans les échanges économiques.
Le développement du porte-monnaie électronique et des virements bancaires
devraient accentuer ce phénomène dans les années à venir.
3.1.5- La création monétaire
La monnaie est un instrument indispensable à l’activité économique
puisqu’elle facilite les transactions. La masse monétaire en circulation
représente le pouvoir d’achat dont dispose les agents économiques à
un moment donné. L’accroissement de la masse monétaire est donc
synonyme de croissance économique puisqu’il permet l’augmentation
des échanges.
3.1.5.1- Le processus de création monétaire
Le processus de création monétaire repose sur des acteurs spécifiques
qui sont les institutions financières, c’est à dire les banques. Le principe
est le suivant :
1. Un agent économique souhaite satisfaire un besoin mais ne dispose pas
d’un pouvoir d’achat suffisant (la quantité de monnaie dont il dispose est
insuffisante).
2. Il va donc chercher à accroître son pouvoir d’achat en se procurant une
quantité de monnaie supplémentaire auprès de l’agent économique
autorisé à créer de la monnaie : une banque.
3. Ce supplément de monnaie lui est accordé si la banque lui fait crédit. Le
crédit est donc l’instrument de la création monétaire.
4. Ce crédit se retrouve sur le compte du bénéficiaire sous la forme d’un
dépôt (somme qui apparaît au crédit du compte du bénéficiaire) : on dit
alors que « les crédits font les dépôts ».
5.La banque, ayant accordé un crédit, rémunère ce service en faisant payer
à l’emprunteur un intérêt proportionnel au montant emprunté.
6. L’agent économique rembourse par la suite ce crédit, ce qui entraîne la
destruction de la monnaie ainsi créée.
3.1.5.2- Les acteurs de la création monétaire
Les institutions financières : créent de la monnaie grâce aux
crédits qu’elles accordent aux différents agents économiques
ayant des besoins de financement.
La Banque Centrale : émet la monnaie fiduciaire et finance les
banques commerciales.
Le Trésor Public : émet la monnaie divisionnaire
La Banque Centrale a la responsabilité du contrôle de la masse
monétaire en circulation dans l’économie. Comme ce sont les
banques commerciales qui créent de la monnaie par le biais du
crédit, la Banque Centrale ne peut agir que par l’intermédiaire
du contrôle de l’émission de la monnaie fiduciaire. Les banques
commerciales, même si elles ne créent que de la monnaie
scripturale, doivent en effet disposer d’un certain volume de
monnaie fiduciaire pour satisfaire aux besoins de liquidités de la
part de ses clients. Ce besoin de liquidité permet à la Banque
Centrale de réguler la création monétaire de la part des
banques commerciales.
3.2- Les modalités du financement de l’activité économique
• Les agents économiques ayant des besoins de financement ont
différents moyens pour attirer les capitaux détenus par les agents
économiques ayant des capacités de financement.
3.2.1- Financement direct et financement indirect
3.2.1.1- Le financement indirect
Le financement indirect de l’activité économique implique qu’il y est un
agent économique qui face le lien entre les divers agents économiques.
On parle alors d’intermédiation financière. Cette intermédiation est le
fait des institutions financières (les banques) qui d’une part, collectent
l’épargne auprès des ménages, et d’autre part, prêtent aux entreprises
les sommes nécessaires au financement de leur activité. Une économie
qui fonctionne grâce essentiellement au rôle d’intermédiation des
banques est appelée « économie d’endettement ».
3.2.1.2-Le financement direct
• Les institutions financières font payer leur service d’intermédiation
financière aux emprunteurs ce qui a pour effet de rendre plus onéreux
l’obtention de ressources de la part des agents ayant des déficits de
financement. Ceux-ci sont donc amenés à rechercher des modalités leur
permettant de ne pas avoir à faire appel à ces intermédiaires financiers.
• Pour ce faire, ils vont s’adresser directement aux agents économiques
ayant des capacités de financement. Les entreprises, ou l’Etat, vont donc
passer par le biais des marchés financiers en émettant des valeurs
mobilières de placement qui seront acquises directement par les agents
économiques souhaitant faire fructifier leur épargne disponible. Si une
économie fonctionne essentiellement grâce aux marchés financiers, on
parle alors d’une « économie de marchés financiers».
3.2.2- Les différents marchés de capitaux :
On distingue deux types de marchés de capitaux
Le marché monétaire
• Le marché monétaire est un marché des capitaux à court terme ou s’échanges
des titres courts contre des liquidités.
• Ce marché est réservé aux investisseurs institutionnels, essentiellement les
banques et les sociétés d'assurance, qui se prêtent des capitaux sur des
échéances de courte durée. Il existe aussi un compartiment ou des entreprises
peuvent émettre des billets de trésorerie ou y placer des excédents de
trésorerie.
• Ce marché permet aux intervenants de trouver des sources de financement
pour des besoins liés à des décalages de trésorerie à court terme. Dans le cas
où le besoin de financement concerne une échéance plus longue, l'agent en
déficit de financement s'adressera au marché financier.
Le marché financier
Le marché financier est un marché des capitaux à long terme.
Sont échangé sur ce marché les titres de valeur mobilière. On
distingue deux compartiments : le marché primaire sur lequel sont
cédés les titres nouvellement émis par les agents ayant des besoins
de financement, et le marché secondaire (la Bourse) sur lequel ces
titres sont échangés entre agents économiques.
Les agents économiques qui interviennent sur ce marché pour obtenir
des capitaux peuvent soit émettre des actions (marché boursier) soit
émettre des obligations (marché obligataire) : Une action représente
un part du capital d’une société, qui donne droit à un droit de vote et à
une part du bénéfice de l’entreprise (dividende). Le marché
• obligataire pour sa part est le lieu où les agents économiques
s’échanges des parts des obligations émises par des emprunteurs.
Une obligation est une part d’un emprunt donnant droit à la
perception d’un intérêt. Le préteur récupère son capital lorsque
l’obligation arrive à son échéance.
Titre 4: L’intervention de l’Etat et la politique économique

Objectifs :
• Quels ont été les facteurs qui ont conduit les États à accroître ou à
restreindre leur degré d’intervention sur l’économie ? Que signifie
conduire une politique économique ? Qui définit les grandes
orientations de la politique économique d’un pays ?
• Lorsque l’État intervient régulièrement dans un grand nombre de
domaines de l’activité économique et sociale, on parle
d’interventionnisme étatique. L’interventionnisme est né des échecs
constatés du libéralisme : inflation, chômage, inégalités sociales…

Toutefois, selon l’époque ou le lieu, cet interventionnisme varie


grandement. Ainsi, si la France est historiquement une économie de
« tradition interventionniste », la plupart des pays occidentaux,
comme la Grande-Bretagne, attribuent à l’État une place plus
restreinte.
1. L’État : entre libéralisme et interventionnisme
a. Le concept d’État libéral
• Le libéralisme est une doctrine économique qui considère que la
régulation par le marché est la meilleure modalité de gestion de
l’économie. Il repose sur les fondements suivants :
• La  propriété privée des moyens de production ;
• l’initiative individuelle comme moteur de l’activité économique ;
• le libre jeu de la concurrence.
• À l'échelle internationale, il préconise le libre-échange (aucune
entrave aux échanges). Pour les libéraux, l’État doit se limiter à
ses fonctions régaliennes : la justice, la police et la défense
nationale, soit un rôle d’État gendarme. Toute ingérence
(intervention) de l’État dans les affaires privées doit être refusée car
elle risque de perturber le libre jeu du marché et donc de créer des
situations de crise.
• Toutefois, cette période de libéralisme a conduit au développement
de la misère ouvrière (revenus très faibles, aucune protection
sociale…).
• En outre, le libéralisme n’a pas permis d’éviter les crises économiques.
Cela a donné naissance à une autre vision de l’État, sous l’impulsion
de l’économiste J.-M. Keynes (on fera référence à l’analyse
keynésienne par opposition à l’analyse libérale) ; l’État devient garant
de l’intérêt général et se donne pour objectif de mettre la population
à l’abri du besoin et du risque. Il devient un État-providence.
b. Le concept d’État-providence
La différence entre l’État gendarme et l’État-providence tient
essentiellement à l’ampleur des domaines d’intervention. L’État-
providence a un rôle plus étendu : police, justice, sécurité mais aussi
protection sociale, interventions économiques (stabilité des prix,
équilibre du commerce extérieur, croissance) et sociales (emploi,
redistribution). Il intervient directement par le biais de la politique de
dépenses publiques et indirectement par ses politiques monétaires et
fiscales sur les fonctions de consommation et d’investissement dans le
but de soutenir ou relancer l’activité économique.
• Globalement, l’intervention économique et sociale de l’État-
providence peut se résumer autour de trois fonctions :
• la fonction d’allocation : elle consiste à affecter les ressources
budgétaires (recettes fiscales et non fiscales) à des dépenses d’ordre
collectif, en faveur des entreprises (déductions fiscales,
subventions…), ou de l’aménagement du territoire (stations
d’épuration, construction de lignes TGV…).
• la fonction de redistribution : elle consiste à prélever de façon
obligatoire (impôts et cotisations sociales) une partie des revenus
primaires (revenus perçus en contrepartie d’une contribution à la
production) pour les redistribuer sous forme de revenus de
transferts (allocations familiales, RMI…) aux agents qui en ont besoin.
Cette redistribution permet de réduire les inégalités (politique de
solidarité) et d’accroître la consommation.

• la fonction de stabilisation ou de régulation : l’État a ici pour mission


de permettre une croissance économique équilibrée en favorisant le
plein emploi des facteurs de production (travail, capital).
2. Les facteurs explicatifs de cette implication plus ou moins forte de l’État
a. Les causes de la croissance du rôle de l’État
Plusieurs raisons ont amené les pouvoirs publics à être plus interventionnistes dans
l’économie :
• les crises économiques (crise de 1929) ont rendu nécessaire l’intervention de l’État
afin d’aider les chômeurs, de stimuler une économie en difficulté (grands
programmes de travaux publics, renflouement d’entreprises en faillite par des
fonds publics…) ;
• les deux guerres mondiales ont conduit tous les gouvernements à prendre en main
l’économie en réquisitionnant tous les moyens humains et matériels et en les
orientant « autoritairement » vers certains secteurs afin de reconstruire le pays ;
• pour préserver les droits élémentaires des citoyens, l’État est
intervenu dans les domaines de la santé (réglementation de l’exercice
de la médecine, de la pharmacie, certification de la qualité
des produits alimentaires…), de l’éducation (prise en charge par de
nombreux États de l’instruction), des conditions de travail (sécurité
sur le lieu de travail, législation plus contraignante en matière
d’embauche…) ;
•  l’État s’est substitué à l’initiative privée pour la
réalisation d’investissements coûteux et non rentables à court terme
(construction des chemins de fer, production d’énergie nucléaire).
b. La crise de l’État-providence : le désengagement de l’État
• L’État-providence en crise de légitimité et d’efficacité
C’est à la fin des années 1970 que l’intervention de l’État est la plus
contestée. Son action est jugée peu efficace pour lutter contre les
déséquilibres économiques (notamment l’inflation ou hausse des prix).
L’État-providence subit alors une crise de légitimité. En effet :
•  les valeurs sociales ont changé : la crise a engendré un
certain individualisme ;
• de plus en plus d’individus sont réticents à payer le prix
d’une solidarité obligatoire : nombreux sont ceux qui n’établissent
pas le rapport entre ce qu’ils paient et ce qu’ils reçoivent. Ils
considèrent souvent les prestations sociales perçues comme un dû
alors que les cotisations qui leur sont prélevées engendrent leur
mécontentement ;
• le financement de l’État-providence pose problème, surtout en
période de ralentissement de la croissance ;
• les libéraux considèrent enfin que trop d’État et trop d’aides sociales
dissuadent les individus de travailler et de produire.
• La crise de l’État-providence entraîne un désengagement de
l’État dans de nombreuses économies.
Le rejet de l’État-providence se traduit dans les faits par :
• un mouvement de privatisation ;
• une déréglementation du marché afin d’assurer une plus grande
liberté aux entreprises et une plus grande flexibilité à l’activité
économique ; cette politique repose sur l’idée que les différentes
réglementations (législation du travail, encadrement du crédit,
réglementation de la concurrence, contrôle des prix…) ont des effets
contre productifs. La déréglementation vise à donner plus de place à
l’initiative individuelle et à la régulation par le marché (analyse
libérale) ;
• un ralentissement de la redistribution (moins d’aides sociales, de
subventions…) ;
• une lutte contre le déficit budgétaire (largement encouragée par l’Union
européenne) et les déficits des organismes sociaux (Sécurité sociale).

Ce désengagement poussé à l’extrême dans certains pays a provoqué


de graves inégalités dans le domaine social, notamment avec
l’aggravation de la fracture sociale, la dégradation de la qualité des services
publics (santé, éducation…) et un accroissement considérable des exclus
de la croissance, et de la pauvreté
3. L’action de l’État dans le cadre de la politique économique
a. La nécessité d’une politique économique
• Aujourd’hui, le simple jeu du marché ne suffit plus à rétablir les équilibres
fondamentaux des économies capitalistes, en raison notamment de la
mondialisation des échanges et de l’interdépendance des économies.
• C’est pourquoi l’intervention de l’État devient nécessaire : on parle
de régulation étatique. Cette régulation étatique (plus ou moins importante
suivant l’orientation politique des États ou les situations
économiques : récession ou expansion) consiste en l’intervention de l’État
pour soutenir ou rétablir les équilibres économiques et améliorer le bien-
être social. L’État élabore pour cela une « politique économique ».
b. Qu’est-ce que la politique économique ?
• La politique économique désigne l’ensemble des décisions prises par
les pouvoirs publics afin d’atteindre certains objectifs (relance de
l’économie, diminution de chômage, stabilité des prix…) grâce
à l’utilisation de divers instruments.
• Ces mesures doivent être cohérentes et coordonnées entre elles ; il
est donc nécessaire qu’une seule et même autorité en décide : c’est
le gouvernement qui est chargé d’établir les objectifs et les moyens
de la politique économique.
L'essentiel
• On distingue principalement deux conceptions dans la gestion d’une économie de type
capitaliste : l’État libéral et l’État-providence.
• Le libéralisme limite l’action de l’État à ses fonctions régaliennes : la justice, la police et la défense
nationale, soit un rôle d’État gendarme.
• L’État-providence étend ses prérogatives régaliennes à d’autres domaines : stabilité des prix,
soutien de la croissance, emploi, protection sociale… L’État ne se fait plus seulement arbitre ou
gardien de l’ordre public, il est aussi entrepreneur (il réalise certaines productions : infrastructures
routières, ferroviaires…) et redistributeur.
• Le degré d’interventionnisme étatique est plus ou moins développé suivant les époques (situations
de crises, guerres…) ou les lieux (pays à tendance libérale comme les pays anglo-saxons).

Enfin, l’interventionnisme de l’État s’inscrit dans le cadre d’une politique économique qui désigne


l’ensemble des décisions prises par le gouvernement d’un pays.

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