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ÉCOLE SUPÉRIEURE DE GESTION

ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES


Agrément définitif par Arrêté n°4677/MES/CAB du 05 Juillet 2017
Accréditée par le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES)
BP : 2339 – Brazzaville – CONGO
E-mail : esgae@esgae.org Site web : www.esgae.org

Département Licence

ECONOMIE GENERALE

Parcours
Licence 1 – Gestion

Enseignants
Equipe pédagogique
COURS D’ECONOMIE GENERALE

Plan du cours
Chapitre 1 : Généralités sur l’économie
Chapitre 2 : les agents économiques
Chapitre 3 : Marché et structure des prix
Chapitre 4 : Monnaie et crédit dans l’économie

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Chapitre 1 : Généralités sur l’économie

INTRODUCTION
La vie de l’homme dépend de la satisfaction d’un certain nombre de besoins (se
nourrir, se soigner, se loger, se vêtir…). Pour satisfaire ses besoins, l’homme doit
disposer d’un certain nombre de ressources (aliments, médicaments, logements,
vêtements,) : ce sont des biens.
1.1. Notion de besoins et de biens
Les besoins et les biens jouent un rôle important dans la science économique. En
effet, l’économie doit son existence à l’incapacité des hommes à satisfaire la
totalité de leurs besoins.
1.1.1. Le besoin : c’est un sentiment de privation (de manque) qui pousse
l’homme à produire ou à consommer le bien.
On distingue :
- les besoins primaires : ce sont des besoins corporels vitaux, c-à-d dont la
satisfaction est indispensable à la vie de l’homme (manger, boire, dormir).
- les besoins secondaires : ce sont les besoins les moins urgents, liés au style de
vie de l’individu (qualité de l’alimentation ou de la boisson, divertissement…).
- les besoins tertiaires : ce sont des besoins qui sont nés avec le progrès technique
et qui se manifestent par la nécessité d’avoir des produits qui ne sont pas
accessibles à la majorité de la population.
Exemple : le besoin d’avoir une voiture de luxe, des bijoux en or, etc.
Outre les distinctions ci-dessus, on observe aussi les besoins individuels et les
besoins collectifs. La première division tient compte du fait que l’individu est,
certes, une personne ayant des besoins propres, mais qu’il est aussi membre d’une
collectivité, et en tant que tel il a des exigences spécifiques (enseignement public,
justice, santé,)
Les besoins économiques : Comme nous l’avons dit, l’économie est une science
qui étudie l’activité de l’homme visant à la satisfaction de ses besoins.
Il est donc nécessaire qu’un homme perçoive l’existence d’un objectif à
atteindre – connaisse un moyen lui permettant d’atteindre cet objectif – et
obtienne ce moyen par un sacrifice personnel

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Les besoins économiques sont par nature :
• illimités : non seulement ils sont nombreux, mais au fur et à mesure que
certains besoins trouvent satisfaction, d’autres, plus intenses encore
apparaissent. Ils ont tendance à se multiplier avec le temps, surtout si le
niveau de vie augmente :
• assouvis, dans le sens où, au fur et à mesure qu’un besoin est satisfait, son
intensité diminue jusqu’à disparaître dans le cas où il serait pleinement
satisfait ;
• subjectifs : chacun a ses propres besoins qui varient dans le temps ;
• répétitifs : un même besoin peut revenir dans le temps, à intervalles plus ou
moins rapprochés ;
• Complémentaires, car les besoins humains constituent une combinaison de
différentes nécessités et ne peuvent donc pas être satisfaits isolement

1.1.2. Le bien : le bien est un moyen qui permet à l’homme de satisfaire un besoin.
Contrairement aux besoins, les biens sont par nature, limités. Cela veut dire que
nul ne peut satisfaire la totalité de ses besoins.
a) Les biens libres : ce sont des biens qui sont donnés à l’homme par la nature en
quantité illimitée et dont l’obtention ne nécessite aucune dépense (l’air, l’énergie
solaire, l’eau de pluie…)
b) Les biens rares : ce sont des biens qui sont produits par l’homme et qui ont un
prix fixé par celui-ci. On les appelle encore biens économiques (pain, manioc,
livre…).
On dit qu’il y a bien économique lorsqu’un sujet est disposé à payer quelque
chose pour s’en procurer. Les biens économiques sont étroitement liés au besoin
de l’individu.
Sur le marché, ces biens doivent être limités par rapport à la demande pour qu’on
puisse les définir comme étant économiques. Par ailleurs, ils doivent nécessiter
un échange. Il faut qu’il soit nécessaire que nous cédions quelque chose nous
appartenant pour nous les procurer.
Exemple, pour posséder une voiture, il faut payer un prix (il s’agit donc d’un bien
économique) ; alors que pour avoir une fleur des champs, il suffit de la cueillir
(bien non économique).
Etant donné que les hommes ne peuvent satisfaire la totalité de leurs besoins,
l’économie leur apprend comment satisfaire au maximum leurs besoins. Dans

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l’univers des biens, la science économique ne s’intéresse qu’aux biens rares (biens
économiques).
Classification des biens : Parmi les biens produits pendant une certaine période
de temps, on établit une distinction entre les biens matériels et les services.
Les services sont les prestations personnelles, effectuées par des individus ou des
entreprises de services. Entrent dans cette catégorie non seulement les services
professionnels (ceux des médecins, des dentistes ou des coiffeurs), mais aussi
ceux rendus par les salariés, c’est-à-dire le travail en général.
Les biens économiques matériels peuvent être classés de la manière suivante :
• Biens de consommation directs qui sont d’une utilité directe pour le
consommateur. Après les avoir achetés, le consommateur doit pouvoir les
utiliser directement (vêtement, gâteau…).
• Facteurs de production ou biens indirects utilisés pour la production
d’autres biens.
Selon les modalités de satisfaction des besoins, on fait la distinction suivante :
• Biens durables pouvant être utilisés plusieurs fois.
• Biens non durables ne pouvant être utilisés qu’une seule fois.
Pour ce qui concerne les rapports existants entre les différents biens, l’on distingue
les catégories suivantes :
• Biens complémentaires, si deux ou plusieurs biens peuvent être utilisés
ensemble pour satisfaire un même besoin (télévision et courant électrique ;
moto et carburant) ;
• Biens substituables (ou biens concurrents ou encore biens succédanés)
dans le cas où le sujet pourrait choisir entre différents biens pour satisfaire
un même besoin.
Les biens peuvent encore faire l’objet d’une autre classification en s’appuyant sur
le phénomène de l’élasticité de la demande par rapport au revenu.
• Biens inférieurs : ceux dont la consommation diminue avec l’augmentation
du revenu. Il s’agit des produits comme la margarine, le manioc, les
pommes de terre, etc.
• Biens supérieurs : ceux pour lesquels une augmentation du revenu induit
une augmentation de la consommation, plus que proportionnelle. Cela
signifie que la part de ces biens augmente dans le total de la consommation
(Exemple : la santé, les loisirs,…).

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• Biens normaux : ceux pour lesquels, l’augmentation du revenu, implique
une hausse moins que proportionnelle de la demande.
1.2. Origines et définition de l’économie

1.2.1. Origines
Le terme économie vient du grec Oikonomias, constitué de « oikos » signifiant
« maison » et de « nomos » signifiant règle. Etymologiquement, l’économie serait
la science qui étudie les règles de gestion de la maison. Ainsi, pour Aristote,
l’économie est la science de la vie familiale par opposition à la politique dont
l’objet est la gestion de la cité.
L’économie a pour objet la résolution au mieux du problème de la rareté. Elle
serait donc sans objet si les hommes pouvaient satisfaire la totalité de leurs
besoins.
1.2.2. Définition de l’économie :
L’économie peut être définie comme la science qui étudie comment les hommes
s’organisent pour produire, échanger et consommer des biens et services en vue
de satisfaire au maximum leurs besoins.

1.3. Les branches de l’économie


L’économie se divise en deux principales branches : la microéconomie et la
macroéconomie.
1.3.1. La microéconomie : c’est la branche de l’économie qui étudie le
comportement d’un consommateur ou d’un producteur individuel.

1.3.2. La macroéconomie : c’est la branche qui étudie l’économie à l’échelle


nationale ou internationale. Elle se sert des indicateurs globaux appelés
agrégats (PIB, PNB, Revenu national…)
Remarque :
Les biens économiques ne sont pas plus utiles pour les individus que les biens
libres. L’air et l’eau, par exemple nous sont plus utiles que l’or et le diamant. Cela
signifie que le prix d’un bien n’est pas l’expression de son utilité pour les
individus. Le prix d’un bien n’est que l’expression de la rareté de ce bien.

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Chapitre 2 : les agents économiques

Introduction
Pour satisfaire leurs besoins, les hommes doivent consommer des biens. Ces
biens, dits biens économiques doivent être produits contrairement aux biens libres
ou non économiques qui ne sont pas produits.
Généralement, le producteur de ces biens n’en est pas le consommateur, il doit les
échanger pour avoir d’autres biens nécessaires à la satisfaction de ses propres
besoins. Produire, échanger et consommer sont appelés actes économiques.
Ils sont accomplis par les acteurs économiques appelés agents économiques.
Définition d’un agent économique
On appelle agents économiques, l’ensemble des personnes (physiques ou
morales) qui participent à la vie économique du pays en y accomplissant des actes
de production, d’échange et de consommation.
Les agents économiques peuvent être classés au plan macroéconomique et au plan
microéconomique.

2.1. Agents au plan macroéconomique


Au niveau macroéconomique, les agents économiques sont appelés secteurs
institutionnels. On les regroupe en tenant compte de leurs fonctions principales.
On distingue ainsi six (6) catégories d’agents économiques :
• les ménages ;
• les entreprises non financières ;
• les administrations publiques ou privées ;
• les institutions financières ;
• les compagnies d’assurance, et ;
• l’extérieur ou le reste du monde.
2.1.1 Les ménages
a) Définition d’un ménage.
Un ménage est un ensemble organisé de personnes qui vivent habituellement
ensemble, c’est-à-dire sous un même toit et qui perçoivent des revenus qu’elles
utilisent en opérations de consommation et d’épargne. Les ménages ont pour

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fonction principale la consommation, pour activité principale le travail et pour
revenu principal le salaire.
b) les différents types de ménages.
On distingue deux principaux types de ménages :
• les ménages ordinaires et,
• les populations des institutions.

➢ Les ménages ordinaires :


C’est l’ensemble des personnes qui vivent habituellement dans un même
logement indépendant et séparé (famille, célibataire, divorcés …)
➢ La population des institutions
C’est l’ensemble de personnes qui vivent habituellement en collectivité :
vieillards, religieux, militaires en caserne, élèves internes des établissements
scolaires…
Certains vivent en collectivité pendant tout le reste de leur vie et sont appelés
Ménages Collectifs.
Exemple :
- les vieillards (en maison de retraite) :
- les religieux
D’autres regagneront plus tard les ménages ordinaires et sont appelés population
comptée à part.
c) les revenus des ménages
Le ménage perçoit 2 types de revenus :
- les revenus de la production ;
- les revenus de transfert.
❖ Les revenus de la production : ce sont les revenus perçus par un ménage en
contre partie de sa participation à la production. Salaire (revenu du travail),
profit (revenu de l’entreprise), intérêt (revenu du capital), loyer (revenu de
la propriété). On les appelle encore Revenus Primaires.
❖ Les revenus de transferts : ce sont des revenus que les ménages perçoivent
sans participation directe à la production.

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Exemple : les prestations sociales, les pensions de retraite, bourses d’études,
allocations de chômage, etc.
d) Rôle du ménage dans la vie économique
Les ménages jouent un rôle important dans la vie économique. En tant que
consommateurs, ils stimulent la production des entreprises en achetant leurs
produits. Ils apportent aux entreprises les nécessaires à la production (travail et
capital). Ils payent également des impôts qui permettent aux administrations de
fonctionner.
2.1.2. Les entreprises
Ce sont les agents économiques qui ont pour fonction principale la production des
biens et services destinés à la vente. Leur revenu principal est donc la recette issue
de la vente.
2.1.3. Les administrations
Dans le langage économique, une administration est un organisme public ou privé
dont l’activité, sans but lucratif est de satisfaire les besoins collectifs.
Exemple :
- les Collectivités Locales
- les Mutuelles
- l’Université Marien NGOUABI
L’administration diffère de l’entreprises en ce que :
- l’administration n’a pas de but lucratif ; elle ne vise pas le bénéfice ;
- les ressources des administrations sont constituées des prélèvements (impôts,
cotisations), alors que celles des entreprises proviennent du prix de vente ;
- il n’existe pas de lien direct entre le service rendu par une administration et la
participation financière du bénéficiaire.

2.1.4. Les institutions financières


Ce sont des organismes qui ont pour rôle de drainer (et/ou attirer) l’épargne et
d’accorder des crédits. Il s’agit essentiellement des banques et des institutions de
microfinance.

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2.1.5. Les compagnies d’assurance
Ce sont des agents économiques qui ont pour rôle principal d’indemniser d’autres
agents économiques d’éventuels dommages moyennant une prime ou cotisation
payée à l’avance.
2.1.6. L’extérieur (ou le reste du monde)
C’est l’ensemble des pays étrangers qui entretiennent des relations commerciales
avec le pays considéré.
On distingue 2 types de relations avec l’étranger :
- les exportations : ce sont les ventes de marchandises à l’étranger.
- les importations : ce sont les achats de marchandises à l’étranger.

❖ La balance commerciale (BC)


C’est un document qui retrace la situation des exportations et des importations.
Les exportations constituent des ressources et les importations, des emplois.

E BC R
Importation (M) Exportation (X)

La balance commerciale peut être :


- excédentaire, si les exportations sont supérieures aux importations (X ˃
M) ;
- déficitaire si X ˂ M ;
- équilibrée si X = M.
Le taux de couverture est le rapport des X sur les M.
𝑿
𝑻𝑪 =
𝑴
❖ La mesure de la production nationale
La production d’un pays est mesurée par le PIB ou le PNB.
- Le produit intérieur brut (PIB) : c’est la valeur de la production réalisée par
l’ensemble des agents économiques (nationaux et étrangers) sur le territoire
national.
- Le produit national brut (PNB) : c’est la valeur de la production réalisée par
les ressortissants d’un pays sur le territoire national et à étranger.
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Il existe 3 optiques (façons) de calculer le PIB (PNB)
a) Calcul du PIB dans l’optique des dépenses
PIB = C + FBCF + G + ΔStock + (X – M)
C = Consommation
FBCF = Formation brute de capital fixe (investissement global)
ΔStock = variation des stocks
X – M = exportations nettes
b) Calcul du PIB dans l’optique du produit
PIB = ∑VA + TVA + DD
DD = droit de douanes
TVA=Taxes sur la valeur ajoutée
VA=Valeur ajoutée
c) Optique du revenu
PIB = Salaires + Revenu de la propriété (i + fermage + dividende + loyer) +
Amortissement + Impôt indirect – subventions

2.2.: Agents au plan Microéconomique


Au plan microéconomique, les agents économiques sont appelés Unités
Institutionnelles. On distingue 2 catégories d’agents économiques : les
consommateurs et les producteurs.
2.2.1. Consommateurs, revenus, consommation et épargne
a) Consommateur
Le consommateur est l’agent économique qui détruit les biens et les services pour
satisfaire ses besoins. Son objectif est d’obtenir le maximum de satisfaction à
partir de son revenu qui est limité.
b) Revenu
Le revenu peut être défini comme la rémunération d’un facteur de production.
Les facteurs de production sont les éléments qui sont nécessaires à la production
d’un bien ou d’un service. On distingue les facteurs de production suivants :

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- le travail dont la rémunération est le salaire ;
- le capital dont la rémunération est l’intérêt ;
- la terre dont la rémunération est la rente.
Le revenu disponible subit deux types d’affectation : la consommation et
l’épargne. On aura alors :
𝑦 =𝑐+𝑠
Où :𝑦 = 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 ; 𝑐 = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 ; 𝑠 = é𝑝𝑎𝑟𝑔𝑛𝑒

C) Consommation
Définition : la consommation consiste en la disparition par destruction ou par
transformation des biens et services utilisés. Il faut distinguer deux types de
consommation : la consommation finale et la consommation intermédiaire.
➢ La consommation finale : c’est l’ensemble des achats destinés à satisfaire
directement des besoins individuels ou collectifs des agents économiques.
➢ La consommation intermédiaire : c’est la consommation effectuée en vue
de la production des biens.
La fonction de consommation
La fonction de consommation est la relation qui lie la consommation au
revenu. Le volume de la consommation 𝑐 dépend du niveau du 𝑦
𝑐 = 𝑓(𝑦)
Elle est de la forme : 𝐶 = 𝑐𝑌 + 𝐶0
Où 𝑐 représente la propension marginale à consommer et 𝐶0 la consommation
incompressible ; c’est-à-dire le niveau de consommation qui existe pour un
revenu nul.
Les propensions à consommer
On distingue la propension moyenne à consommer (PMC) et la propension
marginale à consommer (pmc).
• La propension moyenne à consommer (PMC) : c’est la part du revenu qui
est affectée à la consommation
𝐶
𝑃𝑀𝐶 = .
𝑌
La PMC prend une valeur comprise entre 0 𝑒𝑡 1

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• La propension marginale à consommer. C’est la part du revenu
supplémentaire qui est affectée à la consommation supplémentaire. C’est le
rapport de la variation de la consommation sur la variation correspondante
du revenu, soit :
Δ𝐶
𝑝𝑚𝑐 =
Δ𝑌
d) L’épargne.
Définition : l’épargne est la partie du revenu qui n’est pas affectée à la
consommation.
𝑌 =𝐶+𝑆 ⇒𝑆 =𝑌−𝐶
La fonction d’épargne : C’est la relation qui lie l’épargne au revenu. La fonction
d’épargne découle de la fonction de consommation.
𝑆 = 𝑌 − 𝐶 𝑜𝑟 𝐶 = 𝑐𝑌 + 𝐶0 ⟹ 𝑆 = 𝑌 − 𝑐𝑌 − 𝐶0 = (1 − 𝑐)𝑌 − 𝐶0
Les propensions à épargner : On distingue la propension moyenne à épargner
(𝑃𝑀𝑆) et la propension marginale à épargner (𝑝𝑚𝑠).

• La propension moyenne à épargner. C’est la part du revenu qui n’est pas


affectée à la consommation
𝑆
𝑃𝑀𝑆 =
𝑌
• La propension marginale à épargner. C’est la part du revenu
supplémentaire qui est épargnée.
△𝑆
𝑝𝑚𝑠 =
△𝑦
d) Relation entre les propensions à consommer et à épargner
• Les propensions moyennes :

𝑌 𝐶 𝑆
Y= 𝐶 + 𝑆 ⇒ = + ⇒ 𝑃𝑀𝐶 + 𝑃𝑀𝑆 + 1
𝑌 𝑌 𝑌
• Les propensions marginales
Δ𝑌 Δ𝐶 Δ𝑆
𝑌 + 𝐶 + 𝑆 ⇒ Δ𝑌 = Δ𝐶 + Δ𝑆 ⇒ = + ⇒ 𝑝𝑚𝑐 + 𝑝𝑚𝑠 = 1
Δ𝑌 Δ𝑌 Δ𝑌

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Exercice d’application
Soit le tableau suivant de l’évolution de la consommation en fonction du revenu :
Y 0 1000 2000 3000 4000 5000
C 100 2500 3300

Travail à faire :
1) Que représente 𝐶 = 100?
2) Ecrire la fonction de consommation et d’épargne ;
3) Déterminer les différents niveaux de consommation et d’épargne ;
4) Calculer les propensions à consommer et à épargner ;
5) Tracer les courbes de consommation et d’épargne ;
6) Quelle serait l’incidence d’une augmentation du revenu de 500 sur :
a) La consommation ?
b) L’épargne
7) Quelle serait l’incidence d’une baisse de la consommation de 100 sur :
a) Le revenu ?
b) L’épargne ?

2.2.2. Le producteur
Définition : c’est l’agent qui combine différents facteurs de production (travail et
capital) pour produire des biens et des services destinés à satisfaire les besoins des
consommateurs.
La fonction de production est la relation qui lie le volume de production à la
quantité de facteur utilisée.
Exemple : 𝑄 = 𝐾 𝛼 𝐿𝛽
Où : 𝑄 = 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑏𝑖𝑒𝑛𝑠
𝐾 = 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑑𝑒 𝑐𝑎𝑝𝑖𝑡𝑎𝑙
𝐿 = 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑑𝑒 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙
𝛼 𝑒𝑡 𝛽= des coefficients (lorsque 𝛼 + 𝛽 = 1 ; la fonction est appelée fonction
Cobb Douglas).
L’objectif du producteur est d’obtenir une production maximale à partir des
dépenses de facteurs qu’il engage. La productivité marginale d’un facteur de
production est la production supplémentaire obtenue de la dernière unité de ce

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facteur utilisée. Elle se calcule comme la dérivée première de la fonction de
production par rapport à ce facteur.
Exemple : Soit la fonction de production suivante : 𝑄 = 𝐾 𝛼 𝐿𝛽 . Calculer les
productivités marginales du travail (𝐿) et du capital (𝐾).
Solution
La productivité marginale du travail (𝑝𝑚𝑙) est la dérivée de la fonction de
production par rapport au travail 𝐿. On aura donc :
𝜕𝐾 𝛼 𝐿𝛽
𝑝𝑚𝑙 = 𝑄𝐿′ = = 𝐾 𝛼 ( 𝐿𝛽 )′ = 𝛽𝐾 𝛼 𝐿𝛽−1
𝜕𝐿
De même, la productivité marginale du capital (𝑝𝑚𝑘) est la dérivée de la fonction
de production par rapport au capital 𝑘. On aura alors :
𝜕𝐾 𝛼 𝐿𝛽
𝑝𝑚𝑘 = 𝑄𝑘′ = = (𝐾 𝛼 )′ 𝐿𝛽 = 𝛼𝐾 𝛼−1 𝐿𝛽
𝜕𝐾
Pour obtenir la production maximale (optimale), le producteur doit respecter la
contrainte suivante :
𝑝𝑚𝑙 𝑃𝑙
=
{ 𝑝𝑚𝑘 𝑃𝑘
𝐿 ∗ 𝑃𝑙 + 𝐾 ∗ 𝑃𝑘 = 𝐶𝑇
Avec :𝑃𝐿 = 𝑐𝑜û𝑡 𝑑𝑢 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙
𝑃𝑘 = 𝑐𝑜û𝑡 𝑑𝑢 𝑐𝑎𝑝𝑖𝑡𝑎𝑙
𝐿, 𝐾 = 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑟𝑒𝑠𝑝𝑟𝑒𝑐𝑡𝑖𝑣𝑒 𝑑𝑢 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙 𝑒𝑡 𝑑𝑢 𝑐𝑎𝑝𝑖𝑡𝑎𝑙
Remarque : la résolution de ce système permet d’obtenir le volume de production
𝑄. Le produit obtenu doit être vendu à un prix 𝑃.
On appelle recette totale (𝑅𝑇)le montant global des ventes réalisées par
l’entreprise.
𝑅𝑇 = 𝑃𝑄
Le bénéfice est la différence entre la recette totale et les dépenses engagées par
l’entreprise (coût total- (𝐶𝑇))

Exercice : La fonction de production d’un producteur est :


𝑄 = 5𝐾𝐿,

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Où L et K sont les quantités respectives de travail et de capital.
Ces facteurs coûtent respectivement 2 Fcfa et 3 F cfa. Les dépenses totales du
producteur sont de 60 F cfa.
Travail à faire :
1. Déterminer les quantités optimales des facteurs de production
2. En déduire le volume de production 𝑄.
3. Calculer la recette totale et le résultat si le producteur vend son produit à
0,1 F cfa

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Chapitre 3 : Marché et structure des prix

Introduction
Les agents économiques ne consomment pas eux-mêmes la totalité des biens
qu’ils produisent. Une partie est destinée à la vente sur les marchés.

3.1. Définition du marché


Le marché peut être défini comme le lieu où s’effectuent les échanges de biens et
services. C’est donc le lieu de rencontre entre l’offre et la demande.

3.2. Caractéristiques du marché


Trois éléments caractérisent un marché : l’offre, la demande et le prix
3.2.1. L’offre
a) Définition : l’offre d’un bien est la quantité de ce bien que les producteurs sont
prêts à mettre sur le marché à un prix donné
b) Les facteurs de l’offre
L’offre d’un bien dépend des facteurs suivants :
- le prix de ce bien : l’offre augmente à mesure que le prix augmente. On dit
que l’offre est une fonction croissante du prix ;
- les coûts des facteurs de production : l’offre diminue quand les coûts de
production augmentent ;
- la disponibilité des facteurs de production : pour produire, il faut des
matières premières, de la main d’œuvre… L’insuffisance de ces éléments
diminue le volume de production ;
- la technologie utilisée : Le volume de production dépend des procédés
utilisés pour produire, une technologie avancée entraîne une production
plus importante.

c) La fonction et la courbe de l’offre


Une fonction d’offre est la relation qui lie l’offre au prix :
Exemple :𝑄0 = 20𝑝 + 100
La courbe d’offre est la représentation graphique dela fonction d’offre.
16
Exemple : Traçons la courbe de la fonction : 𝑄0 = 20𝑝 + 100

𝑝
30 ------------------------------------------------------ 𝑄0

10------------------------

100 300 700 Q


3.2.2. La demande

a) Définition : la demande d’un bien est la quantité de ce bien que les


consommateurs sont prêts à acheter à un prix donné.
b) Les facteurs de la demande
La demande d’un bien dépend des facteurs suivants :
- le prix de ce bien : la demande diminue à mesure que le prix augmente. On
dit que la demande est une fonction décroissante du prix ;
- le prix des biens complémentaires : deux biens sont dits complémentaires
lorsqu’ils doivent être utilisés ensemble pour satisfaire un besoin donné.
Exemple : voiture et carburant. Dans ce cas, une augmentation du prix de
l’un entraîne une baisse de la demande de l’autre ;
- le prix des biens substituables : deux biens sont dits substituables lorsqu’ils
peuvent être remplacés l’un par l’autre pour satisfaire un même besoin.
Exemple : Viande et poulet, les bières Primus et Ngok ;
- le revenu du consommateur : d’une manière générale, la demande
augmente à mesure que le revenu du consommateur augmente. Mais, il
existe des biens dits inferieurs dont la demande diminue quand le revenu
du consommateur augmente. Exemple : Médicaments de la rue.

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c) La fonction et la courbe de la demande
Une fonction de demande est la relation qui lie la demande au prix.
Exemple : 𝑄𝑑 = −30𝑝 + 1000
La courbe de demande est la représentation graphique de la fonction de demande.
Exemple : Traçons la courbe de la fonction de demande ci-dessus
P 10 20 30
Qd 700 400 100

30------------

10 ---------------------------------------------------------- 𝑄𝑑

100 700
d) L’équilibre :
C’est la situation où l’offre est égale à la demande, le prix qui permet cette égalité
est appelé prix d’équilibre.
𝑝
𝑄𝑑 𝑄𝑜

𝑝𝑒 ---------------------------------

𝑄𝑒 𝑄

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Remarques :
- si l’offre est supérieure à la demande, il y a surproduction :
- si l’offre est inférieure à la demande il y a pénurie du produit.

3.2.3. Le prix :
Le prix est l’expression monétaire de la valeur d’échange des biens. Sur un marché
le prix d’un bien dépend de la confrontation entre l’offre et la demande. La loi de
l’offre et de la demande stipule que le prix augmente quand la demande est
supérieure à l’offre et il baisse quand l’offre est supérieure à la demande. Mais,
l’Etat peut intervenir pour fixer :

a) Le prix plafond : C’est le prix au-delà duquel l’Etat interdit de vendre le


produit. Dans ce cas, l’Etat cherche à protéger l’intérêt des consommateurs.
b) Le prix plancher : c’est le prix en dessous duquel l’Etat interdit de vendre le
produit. Ce prix vise à protéger les intérêts des producteurs, notamment agricoles.

3.3. Les types des marchés :


On distingue le marché de concurrence pure et parfaite et les marchés imparfaits.

3.3.1. Le marché de concurrence pure et parfaite (CPP) :


C’est un marché qui présente les caractéristiques suivantes :
- l’atomicité de l’offre et de la demande : un grand nombre de vendeurs font
face à un grand nombre d’acheteurs ;
- l’homogénéité du produit : les produits échangés sont parfaitement
identiques : il n’y a aucune différenciation entre les produits de deux
entreprises différentes ;
- la transparence du marché : tous les intervenants (acheteurs et vendeurs)
sont informés des conditions du marché ;
- la fluidité du marché : les facteurs de production peuvent circuler librement
d’une branche à une autre : il n’y a aucune entrave à l’entrée des
concurrents sur le marché.

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3.3.2. Les marchés imparfaits
Un marché est dit imparfait quand l’une au moins des conditions de CPP n’est pas
respectée. On distingue :
a) Le marché de monopole : c’est un marché sur lequel un seul vendeur se
trouve en présence d’une multitude d’acheteurs ; on appelle monopole
discriminant une entreprise en situation de monopole qui vend son produit
sur différents marchés à des prix différents ;
b) Le marché de concurrence monopolistique : c’est un marché sur lequel
une multitude de vendeurs présentent à un grand nombre d’acheteurs des
produits différenciés.
c) Les autres formes des marchés
Les autres formes des marchés peuvent être examinées dans le tableau de
Stackelberg

Vendeurs Un Petit nombre Plusieurs


Acheteurs
Un Monopole Monopole Monopole
bilatéral contrarié
Petit nombre Monopole Oligopole Oligopole
contrarié bilatéral
Plusieurs Monopsone Oligopsone CPP

3.4. L’équilibre :
Il faut distinguer l’équilibre du marché et l’équilibre de l’entreprise.
3.4.1. L’équilibre du marché :
C’est la situation ou l’offre globale (OG) est égale à la demande globale (DG) :
𝑶𝑮 = 𝑫𝑮
3.4.2. L’équilibre de l’entreprise :
L’objectif de l’entreprise est de réaliser le bénéfice le plus élevé possible. Quand
cet objectif est atteint, on dit que l’entreprise est en en situation d’équilibre.
Pour produire, l’entreprise engage des dépenses (achat de matièrepremière, de la
main d’œuvre, des machines, paiement du loyer…). Cesdépenses constituent ses
coûts de production, encore appelés cout total (CT). La dépense supportée par
l’entreprise pour produire une unité supplémentaire est appelée coût marginal. Ce
dernier est la dérivée du coût total : 𝑐𝑚𝑎 = 𝐶𝑇 ′

20
L’entreprise vend sa production(Q) au prix (P). Sa recette totale (ou chiffre
d’affaires) est notée :
𝑹𝑻 = 𝑷𝑸
La recette marginale (Rma) est la dérivée de la 𝑅𝑇. Le résultat réalisé par
l’entreprise est donné par :
𝜋 = 𝑅𝑇 − 𝐶𝑇
a) L’équilibre du marché de concurrence pure et parfaite (CPP)
La condition d’équilibre du marché de CPP est alors :
𝑐𝑚𝑎 = 𝑅𝑚𝑎 = 𝑃
Démonstration
𝝅 = 𝑹𝑻 − 𝑪𝑻 ⇒ 𝝅𝒎𝒂𝒙 ⇒ 𝝅′ = 𝟎

⇒ (𝑹𝑻 − 𝑪𝑻)′ = 𝟎 ⇒ 𝑹𝑻′ − 𝑪𝑻′ = 𝟎 ⇒ 𝑹𝑻′ = 𝑪𝑻′

⇒ 𝑹𝒎𝒂 = 𝒄𝒎𝒂.

Par ailleurs, 𝝅′ = 𝟎 ⇒ (𝑹𝑻 − 𝑪𝑻)′ = 𝟎 ⇒ (𝑷. 𝑸 − 𝑪𝑻)′ = 𝟎

⇒ (𝑷𝑸)′ − 𝑪𝑻′ = 𝟎 ⇒ (𝑷𝑸)′ = 𝑪𝑻′ ⟹ 𝑷 = 𝑪𝑻′ ⇒ 𝑷 = 𝒄𝒎𝒂.

D’où :𝑅𝑚𝑎 = 𝑐𝑚𝑎 = 𝑃


b) L’équilibre des autres marchés
La condition d’équilibre des autres marchés est : 𝐶𝑚𝑎 = 𝑅𝑚𝑎

Exercice d’application
Sur un marché de CPP, l’offre et la demande d’un bien ont respectivement
pour fonctions :
𝑄𝑜 = 5𝑝 + 20 𝑒𝑡 𝑄𝑑 = −15𝑝 + 100

Le coût total d’une firme évoluant sur ce marché est donné par :
𝐶𝑇 = 0.12𝑄2 + 60
T.A.F
1. Déterminer le prix et la quantité d’équilibre du marché.
2. Déterminer la quantité d’équilibre de l’entreprise.
3. En déduire le CT, la RT et le résultatréalisé
21
4. Que se passerait-il si le prix était fixéà :
a) 3 F ?
b) 5 F ?
5) Tracer les courbes d’offre et de demande.

22
CHAPITRE 4: LA MONNAIE ET LE FINANCEMENT DE
L’ECONOMIE

Introduction

Dans les économies dites « de troc », les hommes échangent les biens contre les
biens. Le détenteur de la marchandise 𝐴 échange cette marchandise contre une
certaine quantité de la marchandise 𝐵. En revanche, dans les économies
contemporaines, dites économies monétaires, l’usage de la monnaie facilite les
transactions en les scindant en deux. En effet, dans ces économies, le détenteur de
la marchandise 𝐴 doit l’échanger contre de la monnaie qui lui permettra d’acheter
une quantité marchandise 𝐵.

𝑙𝑎 𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑣𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠: 𝑀 → 𝐴 → 𝑀

La complexité des économies modernes a donc rendu le système « de troc »


inopérant. La monnaie est alors apparue pour faciliter les transactions. Depuis son
apparition, la monnaie joue trois fonctions essentielles, tout en revêtant plusieurs
formes.

1. Définition et fonctions de la monnaie


1.1. Définition

La monnaie est l'ensemble des moyens de paiement directement utilisables par


des agents pour régler les transactions sur les marchés des biens et services à
l'intérieur d'un espace donné (un pays ou un ensemble de pays).

1.2. Les fonctions de la monnaie

Depuis Aristote, il est usuel d'attribuer à la monnaie trois fonctions :

La monnaie remplit une fonction d'unité de compte (ou encore d’unité de


mesure)

23
Elle permet en effet d'exprimer en une seule et même unité tous les biens et
services échangés. Par rapport à une situation de troc, l'existence d'une unité de
compte facilite les échanges entre individus. Ainsi, la monnaie permet de mesurer
la valeur d’échange de tout autre bien. Le prix d’un bien devient alors l’expression
monétaire de la valeur d’échange d’un bien.

La monnaie constitue un intermédiaire des échanges

Dans une économie de troc, chaque bien échangé constitue en même temps
l'intermédiaire des échanges ; le troc nécessite donc une double coïncidence des
désirs d'échange entre les individus. On voit donc qu'un tel système génère des
coûts de recherche de partenaire ainsi que des coûts de stockage. A la différence
du troc, l'économie monétaire n'impose pas de contre-prestation immédiate en
marchandises. Ainsi, l’intervention de la monnaie permet d’opérer toute
transaction :la marchandise désirée est négociée contre une certaine quantité de
« monnaie » avec laquelle le vendeur pourra à son tour se procurer les biens qui
lui sont nécessaires.

La monnaie exerce une fonction de réserve ou de conservation de la valeur

Au lieu de conserver en nature les biens périssables, les individus peuvent vendre
ces biens et conserver de la monnaie. Cette opération leur permet de garder intacte
la valeur de leurs biens.

La monnaie permet en effet, de remettre à plus tard des décisions d'achats ou


d'investissement.

2. Les formes et la nature de la monnaie


2.1. Les formes de la monnaie

La monnaie peut revêtir plusieurs formes. Les formes de la monnaie ont évolué
au cours du temps, passant progressivement d'une conception matérialiste, fondée
24
sur la valeur intrinsèque de la monnaie (pièces d'or et d'argent), à une conception
nominaliste, fondée sur la valeur fiduciaire de la monnaie. Aujourd'hui, les agents
non financiers (ménages, entreprises, administration) disposent de deux
instruments de paiement pour effectuer leurs transactions : la monnaie fiduciaire
et la monnaie scripturale.

• La monnaie fiduciaire se compose des pièces et des billets : les billets,


définis comme une créance anonyme sur la Banque centrale repose sur la
confiance (fiducia) puisque sa valeur intrinsèque est très inférieure à sa
valeur faciale. De même les pièces (monnaie divisionnaire) constituent
aujourd'hui, une monnaie fiduciaire puisque leur valeur intrinsèque est très
inférieure à leur valeur faciale (les pièces ne sont plus en or ou en argent).
• La monnaie scripturale est constituée par l'ensemble des dépôts à vue
auprès des intermédiaires financiers et se définit comme une créance sur le
système bancaire. Elle circule entre les agents au moyen de chèques, de
cartes bancaires, de virements et représente aujourd'hui dans les pays
développés près de 80% de la masse monétaire.

2.2. La nature de la monnaie

Pour les auteurs classiques, la monnaie n'est qu'un intermédiaire des échanges, un
voile. Elle est neutre, car elle n'est pas demandée pour elle-même, mais pour
acheter d'autres biens. Elle permet la réalisation de la loi de Jean-Baptiste Say : "
les produits s'échangent contre des produits ".

Pour les keynésiens en revanche, la monnaie n'est pas neutre, elle peut être
demandée pour elle-même à des fins de précaution ou de spéculation. La demande
de monnaie ne correspond donc pas nécessairement à une demande de biens ; il
peut donc y avoir des crises de surproduction, ce que niaient les classiques.

25
3. Masse monétaire et création de monnaie

3.1. La masse monétaire

La masse monétaire est la quantité de monnaie en circulation dans l'économie.


Mesurer la masse monétaire, c'est déterminer les actifs considérés comme
monétaires, et depuis 1986 ; on se réfère à la liquidité des actifs pour les classer.
Quatre agrégats composent ainsi la masse monétaire : M1, M2, M3, M4 :

• M1 constitue la masse monétaire au sens stricte (billets, pièces, …).


• M2 comprend M1 et les placements rémunérés, non mobilisables par
chèque, mais disponibles à vue.
• M3 comprend M2 et les droits en devises étrangères, des placements à
terme, des titres du marché monétaire émis par les établissements de crédit.
M3 est considéré comme la masse monétaire officielle.
• M4, qui est l'ensemble des liquidités comprend M3, l'épargne contractuelle
et les titres du marché monétaire émis par les agents non financiers.

3.2. La création de monnaie

Contrairement à une idée répandue, la monnaie fiduciaire et la monnaie


scripturale ne sont pas créées en contrepartie d'or engrangé dans les coffres de la
banque de centrale. L'origine, c'est-à-dire les sources ou les contreparties de la
masse monétaire, ne sont l'or et les devises que pour une faible part. Pour
l'essentiel les contreparties sont des crédits à l'économie et au trésor (créances au
trésor public) :

• Les crédits à l'économie : lorsque les banques prêtent aux entreprises ou


aux particuliers, elles ne le font pas à partir de dépôts, de leurs encaisses,
mais elles créent la monnaie qu'elles prêtent. Ce ne sont pas les dépôts qui
font les crédits, mais les crédits qui font les dépôts.

26
• Les créances au trésor public : la création monétaire due aux emprunts
effectués par le trésor prend essentiellement la forme d'avances monétaires
faites par la banque de France. Le mouvement de création monétaire a donc
pour symétrique un mouvement de destruction monétaire lors du
remboursement des crédits.

Les banques compensent leurs dettes mutuelles en échangeant les chèques qu'elles
détiennent les unes des autres. Cependant, la compensation n'est jamais totale :
c'est sur le marché interbancaire que les banques se procurent la monnaie banque
centrale dont elles ont besoin pour régler une autre banque ou pour fournir la
monnaie fiduciaire à un client qui en demande. Le volume de la masse monétaire
n'est pas le seul élément qui intervient dans l'échange. Il faut tenir compte de la
vitesse de circulation de la monnaie, c'est-à- dire le nombre de transactions qu'une
unité monétaire peut financer dans une période donnée.

4. Les motifs de détention de la monnaie


Keynes a développé une approche originale de la monnaie, en indiquant pourquoi
les agents économiques cherchent à détenir de la monnaie. Ainsi, trois motifs
poussent les agents économiques à détenir de la monnaie :
• le motif de transaction : la monnaie est un outil de transaction, qu'il faut
garder pour réaliser des dépenses. Les agents économiques détiennent donc
de la monnaie pour faire face à leurs achats ;
• le motif de précaution : les agents détiennent de la monnaie pour se
prémunir contre les aléas économiques futurs que le revenu courant ne
serait pas capable de financer (maladie, mariage, etc.) ;
• le motif de spéculation : ce motif permet d'agir sur les marchés financiers
à tout instant (achat d’actions, des obligations etc.).
Ces motifs montrent qu'il existe une demande spécifique pour la monnaie : ce n'est
pas qu'un simple intermédiaire des échanges, mais aussi une sorte de bien possédé
pour ses qualités propres. La monnaie, selon cette approche, n'est donc pas
27
neutre, elle n'est pas un simple « voile » entre des échanges réels, selon le mot de
J.-B. Say.

5. Les institutions de crédit et le rôle des banques


5.1. Les institutions de crédit

La banque centrale

• Banque des banques (de premier rang) :


o fournit de la monnaie centrale aux banques de second rang qui
doivent se refinancer pour faire face aux retraits d’argent liquide, à
leurs besoins de constitution des réserves obligatoires, aux fuites de
leur propre circuit (ex. : un chèque émis sur LCB arrivant à la BCI) :
o rôle de prêteur en dernier ressort en fournissant aux banques
commerciales (particulièrement lors de crises bancaires et
financières) de la monnaie centrale.

• Le contrôle de la création monétaire :


o dans le cadre de la politique monétaire, elle surveille les évolutions
de la masse monétaire afin de maîtriser le niveau de l’inflation en
utilisant les taux d’intérêt (taux directeurs).
o elle peut intervenir sur le marché monétaire, plus particulièrement le
marché interbancaire où les banques en quête de monnaie peuvent se
refinancer.

5.2. Le rôle des banques

Les banques sont d'abord chargées d'assurer la circulation de la monnaie


scripturale. Ces opérations de gestion de la monnaie constituent pour les banques
une partie importante de leur activité qui leur apporte des ressources tout en

28
occasionnant des coûts sur lesquels elles font pression par des innovations
technologiques ou en faisant payer ces services.

Les banques participent également, comme on l'a vu plus haut, au processus de


création monétaire par les crédits qu'elles accordent. Néanmoins ? lorsqu'elles
accordent des crédits, les banques tiennent compte de trois types de
considérations :

• des considérations de risque d'insolvabilité de l'emprunteur. Pour


contrebalancer ce risque, elles demandent des garanties.
• des considérations de liquidité, la banque devant pouvoir faire face à des
demandes de remboursement de ses créanciers.
• des considérations de rentabilité qui les incitent à financer de façon
privilégiée des projets à rendement élevé.

Conclusion

La monnaie est au cœur de l’activité économique. La quantité de monnaie en


circulation dans une économie ne doit être ni trop importante ni trop faible. Si elle
est trop importante, il y aura une augmentation des prix due à une demande trop
forte de bienS et services face à une quantité disponible (une offre) relativement
faible. Si, en revanche, la quantité de monnaie en circulation dans l’économie est
trop faible, il y aura une baisse de l’activité économique ? car les entreprises et les
ménages n’auront pas suffisamment d’argent pour les investissements et la
consommation.

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Bibliographie

- Balde, R., Parkin, M. et Barrette, M. (2017), Initiation à l’économie, éd.


ERP , De Boeck, Paris
- BIALES, M. (1986), Economie générale, éd. Foucher, Paris
- Bonteur, J.C. (2004), Histoire des idées économiques, 3ième édition, Paris
- De Montbrial, T. et Fauchart, E.(2007), Introduction à l’économie ; éd.
Dunod (4ième) Paris
- Dufort, G. et Gouault, A. (2001) , Economie générale ; éd. Dunod Paris
- Limoncini, M.C. (1998), Comprendre l’économie, éd. De Vecchi, Paris
- Longatte, J, et Vanhove, P.(2018), Economie générale ; éd. Dunod, Paris
- Plihon, D. (2004) ; La monnaie et ses mécanismes, éd. Découverte
- Sallée, M (1970), Initiation à l’économie générale, éd. Dunod, Paris

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