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MICRO ET MACROECONOMIE

I. La consommation et l’épargne :
La consommation et l’épargne sont deux des éléments du revenu. Ils formeront
donc à terme l’investissement et la croissance. L’un des enjeux central de l’économie
est d’évaluer les différents déterminants de ce partage. Afin de les comprendre, il va
falloir analyser chacune de ces variables à travers, notamment, son évolution et ses
déterminants spécifiques.

A. Le partage du revenu entre l’épargne et la consommation


1. Les multiples formes d’épargne et de consommation
La consommation et l’épargne revêtent plusieurs formes.
La consommation est l’opération économique qui consiste à acquérir des
biens qui sont destinés à être détruits immédiatement ou détruits
progressivement au fil de l’utilisation. Nous allons nous intéresser d’abord à
deux types de consommation  : la consommation finale et la consommation
intermédiaire.
Nous savons tout d’abord que la consommation appartient
principalement aux ménages, mais elle apparaît aussi au sein des entreprises et
même de l’état.
La consommation finale est la consommation qui satisfait les besoins
directs des ménages. Elle est opposée à la consommation intermédiaire qui
elle représente les biens qui vont disparaître lors du processus de production. Ils
servent à la transformation d’un produit semi-fini vers un produit fini (ex : les
matières premières).
L’acte de consommer est, foncièrement, un acte individuel. C’est un
comportement psychologique.
Nous allons maintenant nous intéresser à la consommation marchande et
non marchande. La consommation marchande est la consommation de biens et
de services. Ces biens peuvent être classés en fonction de leur durabilité, tandis
que ces services sont, pour une majorité, individuels, mais ils peuvent aussi être
collectifs (autoroutes). La consommation non marchande est
l’autoconsommation et la consommation de services publics non marchands.
L’autoconsommation exclut tout recours à l’échange  : elle comporte à la fois
une opération de création et de destruction de richesse (ex : le jardinage). Elle
se sépare entre l’autoconsommation de services et de biens. Les services non
marchands sont fournis soit gratuitement, soit à un coût inférieur à leur coût de
production.
L’épargne constitue la seconde destination du revenu. C’est la part du
revenu qui va rester disponible pour accumuler des actifs physiques et des actifs
financiers. L’ensemble de ces actifs physiques et financiers constituent le
patrimoine (notamment celui d’un ménage). Cependant, les entreprises aussi
épargnent.
Dans l’épargne, on retrouve à la fois un aspect financier et un aspect
non-financier.
L’épargne financière est l’épargne qui est soit placée soit thésaurisée
(placement sans intérêt, comme cacher de l’argent sous un matelas). L’épargne
financière peut être à court terme (spéculatif), moyen terme (SICAV) ou à long
terme.
L’épargne non financière représente l’investissement des ménages et
l’investissement des investissements.

2. Les déterminants du partage


Le partage du revenu entre consommation et épargne est toujours une
question politique.
Il existe différentes interprétations de ces relations :
• Pour les théoriciens néo-classiques, les ménages partagent entre
consommation et épargne en regardant le taux d’intérêt proposé
pour rémunérer l’épargne. Selon eux, ils n’accepteront d’épargner
que si la consommation à laquelle ils renoncent permettra une
consommation future plus élevée. Le taux d’intérêt est, en fait, le
prix de la renonciation à la consommation immédiate. La
consommation serait donc considérée comme la part du revenu non
épargnée.
• La politique Keynésienne propose l’inverse. L’épargne est le résidu de
la consommation. Selon lui, les ménages consomment en fonction de
leur revenu disponible  ; et la partie non consommée de ce revenu
devient l’épargne. Pour Keynes, le taux d’intérêt représente alors le
facteur de décision entre l’épargne placée ou thésaurisée  ; il
rémunère la renonciation à la liquidité. Il faut donc faire très
attention à la propension à consommer : plus on gagne d’argent et
moins la part revenant à la consommation est importante. Avec la
croissance du revenu les besoins sont progressivement satisfaits. Les
possibilités d’épargne deviennent alors de plus en plus importantes.
La propension moyenne à consommer (= Consommation/Revenu)
diminue quand le revenu augmente, ce qui signifie qu’à long terme la
part du revenu consacrée à la consommation est censée diminuer au
profit de celle consacrée à l’épargne.
La propension marginale à consommer (= variation C/variation R)
est toujours inférieure à la propension moyenne et, selon les théories
Keynésiennes, elle est supposée stable sur le court terme.
C = c . R + C0
Les trente glorieuses (1947-70) sont à l’image de la politique
Keynésienne. Les politiques ont joué sur les revenus les plus
modestes (car ce sont ceux ayant la propension à consommer la plus
faible, ils sont donc les plus enclins à consommer)
• La théorie du revenu permanent (1957) de FRIEDMAN (Prix nobel en
1976). Sur le court terme, le lien entre la consommation et le revenu
d’une part, et de l’épargne et du revenu d’autre part, est retrouvé.
Par contre, certains travaux d’économistes comme KUZNETS ont
montré une grande stabilité de la proportion moyenne à consommer
aux Etats-Unis sur une longue période alors que les revenus
augmentaient de façon importante.
Selon sa théorie du revenu permanent, la consommation ne s’établit
pas en fonction du seul revenu courant des ménages. Elle va, en fait,
s’établir par rapport à un revenu annuel moyen ; et ce revenu annuel
moyen est anticipé. Cela permet alors d’éviter les variations
importantes dues au changement de revenu. Par exemple, en période
de récession, on va transposer une partie de notre épargne vers notre
consommation. Au contraire, en période d’expansion, on
augmenterait notre épargne afin de préparer une période future de
récession.

3. Le partage consommation/épargne à l’épreuve des faits

D’une façon générale, les statistiques font apparaître des liens économiques
entre revenu et consommation. Cependant, il y a un délai de perception et de
réaction des ménages.

Les faits montrent bien la grande stabilité de la propension moyenne à


consommer dans le long terme.

B. La consommation, son évolution et ses déterminants

1. Les lois d’Engel et la typologie des dépenses de consommation

Les premiers travaux d’Engel datent de 1857. Ils ont permis de déboucher
sur la constatation de plusieurs concepts utilisés couramment et permettant de
distinguer différentes familles de produits. Engel va analyser, à partir de
statistiques, que plus une famille est pauvre, plus la part des dépenses totales
qui va être utilisée pour se procurer de la nourriture est importante. La
proportion des dépenses de nourriture diminue quand le revenu augmente. S’en
sont créées trois lois :
• La part des dépenses consacrée aux vêtements est
approximativement la même quel que soit le revenu.
• Le pourcentage des dépenses relatives à l’habitation, au chauffage et
à l’éclairage est invariable quel que soit le revenu.
• Le pourcentage des dépenses diverses va s’accroître lorsque le
revenu augmente.
Le coefficient budgétaire est le rapport entre le montant d’un poste
budgétaire et les dépenses de consommation totales.
L’élasticité prix est la variation de la demande d’un bien consécutive à
la variation du prix de ce même bien.
L’élasticité revenu est la variation de la demande d’un bien consécutive
à la variation du revenu du consommateur.
On pourrait donc dire que, selon les lois d’Engel  : le coefficient
budgétaire de l’alimentation diminue quand le revenu augmente et que
l’élasticité de la consommation alimentaire par rapport au revenu est faible.
Si on utilise les différents paramètres dont on dispose et qu’on les
affecte aux différents types de produits, on aboutira à une typologie de certains
biens et services en prenant comme paramètre le caractère plus ou moins
expansionniste ou récessif avec la distinction de biens inférieurs (pain) dont
l’élasticité revenu est négative, de biens normaux (éclairage) dont l’élasticité
revenu est stable (comprise entre 0 et 1), et de biens supérieurs dont
l’élasticité revenu est positive (>1).
L’élasticité revenu n’est cependant pas suffisante pour expliquer le
comportement du consommateur, il faut encore prendre d’autres paramètres en
compte et notamment l’élasticité prix.

2. L’évolution contemporaine de la consommation des ménages

Entre 1960 et 2011, les postes de dépense des ménages ont évolué.

On peut par exemple assister à une forte diminution des dépenses en


alimentation, en habillement/chaussures, ou en équipements du logement. Au
contraire, une hausse est apparue dans les dépenses en logement/chauffage/
éclairage, en santé, en transports et communications et en loisirs/culture et
services.

Depuis 1990, le poste logement est passé devant le poste alimentation.

Selon la première loi d’Engel, le poste logement devrait être stable. On a


pourtant assisté à une hausse de ce poste. Selon la seconde loi d’Engel, les
dépenses de l’habillement aussi devraient être stables, pourtant, une baisse y a
été remarquée.

On peut expliquer cela par une certaine dématérialisation. On la remarque


avec les services (culture ou autres biens et services). A savoir que les services
représentent environ 50% de la consommation d’un ménage. Elle est en partie
due à la réduction du temps de travail (ce qui laisse plus de temps libre), la
recherche de satisfaction de besoins supérieurs (éducation, loisirs, culture), la
marchandisation des activités domestiques (femmes de ménage)… Cette
dématérialisation s’affirme aussi dans l’activité économique où le secteur
tertiaire (services, tourisme) a pris le pas sur le secteur secondaire (industrie).

On assiste aussi à une hausse des consommations collectives (prise en charge


de l’éducation, des routes… par les collectivités). Il s’agit avant tout d’une
consommation non marchande puisque les ménages, au préalable, ont payé
leurs impôts. Ensuite, ces biens sont utilisés plus ou moins gratuitement (ou,
dans tous les cas, à un prix bien inférieur au coût de production).
Les dépenses contraintes ou dépenses pré-engagées sont des dépenses qui
sont considérées comme obligatoires par les ménages (essence, banque,
assurances, loyer, charges…). Elles représentent environ 30% des dépenses
totales d’un ménage.

On appelle revenu arbitrable le revenu disponible une fois les dépenses


contraintes retirées. Le revenu arbitrable se rapproche de la perception qu’ont
les ménages de leur pouvoir d’achat.

3. La consommation et ses déterminants économiques et sociaux

La consommation et son évolution a été l’objet d’étude de nombreux


économistes. L’hypothèse de base de la majorité de ces économistes est
l’hypothèse d’un consommateur pleinement rationnel.

Les sociologues (comme Bourdieu) et les économistes qui parlent de


rationalité pleine et entière ont intégré la psychologie du consommateur, les
implications sociologiques et la stratégie des firmes, puisqu’elles remettent en
question cette rationalité.

a. L’hypothèse de rationalité du consommateur


Selon les néo-classiques, le consommateur est purement rationnel. Il
possède deux qualités essentielles  : il est souverain car il dispose d’une
connaissance de ses propres intérêts et qu’il sait faire la part des choses
entre les produits/services qu’on lui propose et ses propres besoins. Le
consommateur fera des choix qui ne dépendent uniquement que de ses
choix.
Le consommateur est indépendant. Il est dépendant car son
comportement, ses choix, ses décisions, en termes de consommation, ne
sont pas du tout affectés par les autres agents économiques. Il n’y a donc
pas d’impact de la publicité.
Cette hypothèse est très importante car elle conduit à une situation
d’optimum : le consommateur va dépenser de manière optimale son revenu
en fonction de ses besoins.
Le consommateur, par nature, est supposé rechercher la maximisation de
sa satisfaction  : l’utilité. Elle dépend d’un paramètre appelé l’utilité
marginale  : l’augmentation de satisfaction que lui apporte une unité
supplémentaire.
A travers toutes ces combinaisons de biens, le consommateur devra
faire un choix qu’il fera à partir de sa contrainte budgétaire. Les
consommateurs vont alors confronter leur budget au prix des différents
produits. La consommation optimale sera alors celle qui épuisera le revenu
destiné à la consommation tout en maximisant la satisfaction. On peut aussi
assister à des produits de substitution. Entre le beurre et la margarine ou le
pain et le pain de mie par exemple. Il faut arriver à une situation
d’équilibre.
b. La théorie néo-classique mise à mal par les faits

Le choix des consommateurs ne sont pas toujours libres et rationnels. Le


consommateur tel que le néo-classique le décrit n’existe pas car le
comportement économique des consommateurs ne peut pas être toujours
déterminé par des calculs. Les déterminants du prix ou du revenu ne
suffisent pas à expliquer les comportements.

Face aux défaillances de la théorie, on assiste à d’autres hypothèses


ajoutant des paramètres psychologiques :

Effet Veblen  (1857-1929)  : il s’est attaqué au modèle néo-classique et


notamment au principe de l’offre et de la demande. Il s’est pour cela
attaqué au phénomène qui dit que lorsque le prix d’un bien augmente, sa
consommation se réduit. Il a trouvé de nombreux exemples contre-intuitifs
(le luxe). Selon lui, tout se joue par rapport à l’image sociale que renvois ce
bien. Dans ce cas, le prix élevé du produit joue le rôle de « signal » vis-à-vis
des autres. Le bien, une fois acheté, est ostentatoire. Veblen est
institutionnaliste.

Duesenberry (1918-2009)  : il est néo-keynésien et va étudier l’effet


d’imitation. Il va montrer que le comportement de consommation d’un
individu est fonction de son groupe social (pas forcément le groupe social
d’origine mais celui auquel il s’identifie). Ainsi, chaque catégorie sociale
professionnelle va essayer d’imiter le modèle de la classe sociale située
juste au-dessus d’elle. Ce groupe cible est appelé groupe de référence.

Galbraith (1908-2006) : la filière inversée. Il va s’attaquer à l’hypothèse


néo-classique de l’autonomie du consommateur. Selon lui, le consommateur
est sous influence  : le jugement du consommateur est altéré par les
stratégies publicitaires des firmes. Ces stratégies stimulent artificiellement
son désir d’achat (ex. : b-o de films).

Bourdieu (1930-2002)  : il va insister sur l’influence du capital culturel


des individus. Il va proposer une typologie sociale des goûts avec à l’extrême
les goûts de luxe qui sont représentatifs des professions libérales par
exemple. Ces goûts vont amener à des achats complètement différents.

Baudrillard  (1929-2007) : la consommation n’est qu’une suite de signes


envoyés. Cette logique de signes, de type de communication, va se
substituer à la logique primaire soit la logique des besoins du consommateur.
Même si le consommateur reste purement rationnel, sa rationalité, du fait
des signes, n’est pas du tout utilitaire.

Becker (1930-2014)  : nouvelle théorie du consommateur. Il a été le


premier à modéliser mathématiquement la notion de capital humain (savoir,
compétences, tour demain…). Il va intégrer d’autres variables dans les
décisions des consommateurs, et notamment la notion de coût du temps. Il
va expliquer l’essor de certains biens de consommateurs comme les biens
durables ou les plats préparés.

Simon  : cet économiste et sociologue va développer la notion de


rationalité limitée. En effet, au-delà du coût du temps on a essayé
d’intégrer d’autres variables pour contre les néo-classiques et leur vision
irréaliste de la consommation avec, entre autres, leurs notions
d’information parfaite. Les agents ne vont pas chercher la situation optimale
mais la situation la plus satisfaisante selon nos goûts, notre culture, notre
classe sociale.

Brown : effet cliquet lié aux habitudes de consommation. Ils ne vont pas
fixer leur choix de consommation par rapport à leurs revenus actuels mais
par rapport aux revenus antérieurs les plus élevés qu’ils aient pu recevoir. Va
apparaître alors un effet de cliquet  => face à une chute du revenu, les
agents ne vont pas, à court terme, ajuster leur consommation à la baisse. La
consommation n’est donc pas forcément proportionnelle au revenu.

C. L’épargne, son évolution et ses déterminants


a. L’évolution de l’épargne

Le taux d’épargne des ménages est forcément égal au rapport entre


l’épargne et le revenu disponible brut.

En France, le taux d’épargne n’a cessé de progresser tout au long des


30 Glorieuses puisque le pouvoir d’achat va augmenter. Il est de plus de 20%
en 1974 car on sent la fin des trente glorieuses donc on prévoit des
ressources. En 1980, on constate qu’il baisse puis il ré-augmente légèrement
pour aider l’Etat via l’achat d’emprunts obligatoires.
Entre 1989 et 1993, on assiste à une recrudescence de la part
financière (via la création de nouveaux produits financiers). Léger
retournement avec l’effondrement des marchés financiers (bulle internet)
en 2001.

b. Les déterminants de l’épargne

L’épargne peut dépendre de différents facteurs : le taux d’inflation,


le revenu, la politique fiscale, le système de retraite, l’évolution
sociodémographique ou encore le taux d’intérêt.

Effet Pigou (en relation avec l’inflation) : si vous avez de l’inflation,


on aura tendance à moins épargner. Cependant on peut avoir le phénomène
inverse, pour compenser la perte due à l’inflation on épargne plus. C’est ce
que l’on appelle l’effet d’encaisse réelle.

c. La théorisation du comportement d’épargne

Modigliani et le cycle de vie  : le revenu augmente au fil du temps.


Arrive un point crucial où le revenu dépasse la consommation. C’est alors la
fin de l’endettement et on commence à épargner. Cependant, passé la
retraite, on désépargne jusque la fin de sa vie.

L’ensemble de ces travaux ont leurs propres limites. Exemple : la théorie du cycle de vie
repose sur des hypothèses contraignantes et sur la sous-estimation de la volonté de
transmettre une épargne, les revenus de transferts soumis au ménage et notamment
lorsqu’ils sont à la retraite ou le paramètre essentiel, l’âge, qui ne permet pas une analyse
conjoncturelle.

II. Revenus et redistribution :


Les revenus des agents économiques sont répartis en deux phases  : la
répartition primaire, c’est la richesse qui a été créé par les agents lors du processus
de production  ; la répartition secondaire faite par l’Etat grâce au jeu des
prélèvements (TVA, impôts…).
Cette répartition secondaire est l’une des fonctions essentielles de l’Etat,
notamment dans les sociétés utilisant l’Etat-providence. Derrière cette répartition
se pose la question de la protection sociale.

A. La répartition primaire des revenus*


1.L’origine et l’évolution des revenus primaires
Pour déterminer cette origine et cette évolution, il existe des
indicateurs que l’on appelle notamment les grands agrégats de la
comptabilité nationale comme le PIB et la Valeur Ajoutée. On peut
voir notamment dans la comptabilité nationale la répartition de la
Valeur Ajoutée entre les agents économiques en contrepartie de la
production : c’est la répartition primaire.

On va étudier pour cela le point de vue néoclassique et


keynésien :

Chez les néoclassique : tout se passe sur le marché du travail


par la rencontre entre une offre et une demande qui va fixer le prix
(le salaire) => combien je rémunère les facteurs de production
humain.
Cette rencontre va aboutir, pour les néoclassiques, à un
équilibre que l’on appelle équilibre de plein-emploi (il n’y a aucun
chômage volontaire). Le prix du facteur travail est donc
l’intersection entre la courbe de demande du travail et la courbe
d’offre de travail.
Derrière la courbe d’offre de travail il y a les salariés. J’offre
mon travail, j’offre ma force de travail. Plus le niveau de salaire est
élevé, plus l’offre de travail est importante  : la courbe est
croissante.
En face on trouve la courbe de demande de travail, ce sont les
entrepreneurs en recherche de force de travail. Cette courbe est
décroissante.
On trouve alors un point d’équilibre, un salaire, où les deux
agents se retrouvent. Les deux facteurs de travail sont rémunérés
selon la productivité marginale. Un entrepreneur va vous embaucher
seulement si vous lui rapportez plus que vous ne lui coûtez.
Finalement, le salaire d’équilibre est égal à la productivité.
SMIC => Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance,
remplace le SMIG en 1970 sous Jacques Chaban-Delmas (1er ministre)

Chez les Keynésien : le salaire n’est pas flexible car il y a des


contre-pouvoirs (les syndicats, les groupes de pression, l’état) qui
vont faire souvent obstacle à une baisse de salaire. De plus, selon
eux, si les salaires sont flexibles cela veut dire qu’il peut y avoir une
baisse des salaires => baisse des salaires = baisse de la demande =>
baisse de la demande = baisse de la consommation.
C’est un cercle vicieux. Si les carnets de commande
diminuent, les entreprises vont essayer vendre plus à prix inférieur,
mais pour rattraper la baisse de marge il y aura baisse de salaire,
etc…
Au-delà des Keynésiens et des néoclassiques il y a de nouvelles
théories : pour certains, il n’y a pas de corrélation nécessaire entre
le salaire et le marché du travail. Ils vont même plus loin  : il n’y a
pas forcément de corrélation entre le salaire et la productivité
marginale d’un salarié –constat Keynésien et néokeynésien-.

La théorie du salaire d’efficience (néokeynésiens) proposée


par Shapiro et Stiglitz : ils proposent une relation croissante entre le
salaire versé et la productivité du travail. Ils démontrent que des
employeurs vont être amenés à payer des employés au-dessus du
fameux salaire d’équilibre => l’employeur va faire un arbitrage entre
le salaire et la productivité. Mais s’il tombe sur un salarié qui a une
productivité énorme, pourquoi ne pas l’appâter avec un salaire qui
est au-dessus de la moyenne ?

La théorie des contrats implicites (Azariadis) : c’est un peu un


contrat d’assurance que passe le salarié avec l’employeur. Le salarié
s’assure un salaire minimum, il va «  s’assurer  » contre les risques
économiques (aléas, chômage…). Il va accepter dans un contrat
tacite, implicite, entre lui et l’employeur, une rémunération qui va
être indépendante de la conjoncture. Cette rémunération ne
baissera pas en cas de crise mais n’augmentera pas forcément en cas
de croissance.
Exemple : en période de forte activité, mon salarié va « payer
une prime d’assurance  » en ayant accepté un salaire inférieur à sa
productivité marginale. Réciproquement, ils vont toucher une
indemnité lors des périodes de faible activité.

2.La formation des revenus en pratique


Quand on regarde le fonctionnement de l’économie générale
et notamment le marché de l’emploi pour la formation des revenus il
y a deux déterminants majeurs  : les négociations salariales dans un
cadre collectif, et l’état. L’état intervient sur la pression des
négociations collectives et sur les revenus d’activité (notamment
ceux des fonctionnaires). Pour le privé, l’état va définir un salaire
minimal (valorisation du SMIC au 1er juillet en suivant notamment les
critères de l’inflation) qui a une conséquence sur les salaires de tous
les autres membres de l’entreprise (qui eux aussi demandent une
augmentation équivalente afin de rester à X% au-dessus du SMIC), ce
qui a donc un impact sur la consommation au final. Les institutions
européennes aussi ont un impact sur la répartition des revenus  :
quand on parle de revenu, on parle notamment du revenu des
salariés, mais il y a aussi le revenu patrimonial => le revenu que l’on
touche de ses placements. Il y a aussi les salaires dus à la
compétitivité de l’entreprise.
Exemple : la politique monétaire de la BCE => elle va avoir un
impact sur, notamment, le taux directeur de la BCE. Ce taux
directeur va donner un signal aux banques qui vont augmenter ou
baisser leur taux d’intérêt, c’est-à-dire le taux auquel les ménages/
entreprises augmentent. Hors, si les taux augmentent, il faut
dépenser plus pour rembourser les emprunts et perte de
compétitivité => peut-être pas d’augmentation de salaire afin de
compenser la perte.
Exemple 2  : la fiscalité. La fiscalité est le taux d’imposition
des entreprises. Si l’état décide d’augmenter le taux d’imposition
des salariés, les entreprises vont rattraper le manque à gagner en
n’augmentant pas les salariés.

La répartition des revenus subissent plein de facteurs


indépendants.

3.Les inégalités de la répartition


Il y a différents facteurs d’inégalité en termes de répartition
des revenus : les revenus d’activité et les revenus de propriété.

Suivant les professions (PCS = Catégorie Socio


Professionnelles), les régions, l’âge, le sexe, la qualification, la taille
de la firme… Ce n’est pas le même salaire. Ce sont des facteurs
d’inégalité.
Exemples  : PCS => Cadre touche en moyenne 2,5 fois plus
qu’un ouvrier, Région => on touche moins en auvergne qu’en région
parisienne car la vie est moins chère, Âge => on touche moins jeune
qu’âgé, Sexe => à travail équivalent un salarié masculin gagne
environ 25% de plus qu’un salarié féminin, Qualification => salaire en
fonction des diplômes, Taille de la firme => grosse entreprise a plus
de moyens qu’une PME.

Les revenus de la propriété : ces inégalités existent aussi car


plus de la moitié du patrimoine français est détenu par 10% de la
population. Cette inégalité est d’autant plus importante qu’elle
comporte aussi une dimension cumulative dans le temps  : plus on
place, plus cela fructifie et donc plus cela accroît les inégalités dans
le temps.
Cette inégalité va de pair avec des revenus salariaux élevés :
plus vous avez un salaire élevé, plus vous avez des moyens
d’optimiser fiscalement et d’augmenter votre épargne ou votre
patrimoine.

La question des inégalités va poser deux autres questions dont


la première est relative à leurs évolutions  : entre 1950 et le milieu
des années 1980, il y a eu une réduction des inégalités grâce aux 30
Glorieuses (croissance, Etat-providence, lois sociales…) ; des années
1980 à 2010, il y a eu une hausse des inégalités car les revenus du
patrimoine augmentent plus vite que ceux des activités.

La deuxième question est de savoir comment on peut justifier


ces inégalités : certains économistes comme Becker vont parler de la
théorie du capital humain (1964). Becker va essayer d’expliquer ces
inégalités par des différences d’investissement en formation.
D’autres mettent en garde contre les excès d’inégalités. L’un des
dangers de l’excès d’inégalité est l’équilibre social.
Donc l’enjeu majeur est la recherche d’équité.

B. Les mécanismes et l’organisation du système français de


redistribution
1.Les principes et l’organisation générale de la redistribution
Cf. SCHEMA DE LA REDISTRIBUTION

Le passage du revenu primaire (activité + patrimoine) au


revenu disponible est marqué par  : le retrait des impôts et des
cotisations sociales et l’approvisionnement des prestations sociales.

L’Etat est là pour nous assurer un revenu contre les aléas de la


vie (chômage, retraite et maladie). De plus, l’impôt sert à diminuer
les inégalités.

Le revenu corrigé des prélèvements et des transferts est


appelé revenu disponible. Ce revenu disponible est le revenu
disponible par les ménages pour consommer et éventuellement
épargner. A peu près 40% du revenu primaire est prélevé par les
impôts et les cotisations sociales. Par contre, près d’1/3 du revenu
disponible provient des prestations sociales (ou revenus de
transferts).
Les deux grands objectifs de la redistribution sont la
fourniture de services collectifs (éducation, armée, justice…) et la
correction des inégalités de revenus (il permet aussi de couvrir les
risques à travers l’assurance sociale).
Il existe deux types de redistribution  : la redistribution
horizontale et la redistribution verticale.
La redistribution horizontale va permettre de maintenir les
ressources des individus (touchés par des risques sociaux comme
maladie, vieillesse…) mais cette répartition va se faire sans
considération de revenus (quelques soient vos revenus vous avez
droit à la protection sociale).
La redistribution verticale va essayer de réduire les inégalités
sur l’échelle des revenus.

Point de vue des néoclassiques et des keynésiens :

Néoclassiques  : pour eux, les mécanismes des marchés vont


aboutir directement à une répartition des revenus  ; mais cette
répartition des revenus est liée à la participation des différents
agents à la création de richesse. Ils parlent d’inégalité naturelle pour
parler de ce mécanisme. Pour eux, une intervention de l’état est
relativement négative car ils considèrent que le marché est capable
de produire des services sociaux plus efficacement que l’état. Enfin,
les prestations sociales et les prélèvements ont des effets pervers car
ils vont modifier dramatiquement les préférences individuelles.
Keynésiens  : ils soutiennent le principe de redistribution à la
fois pour corriger les excès des inégalités et pour assurer
collectivement un certain niveau de protection. S’il y a
redistribution, il y a augmentation de la ressource et du revenu des
ménages. Ce qui intéresse ici les keynésiens ce sont les revenus des
ménages modestes car ils ont une propension marginale à consommer
plus importante que les autres catégories de ménages => ils
augmenteront donc leur consommation => augmentation de la
demande sur le marché => augmentation des carnets de commande
des entreprises => développement des entreprises => diminution du
chômage.

L’organisation générale de la redistribution :


Il y a pour cela deux canaux. Le premier est la fiscalité : ce sont les
prélèvements d’impôts par l’état (au sens large, avec collectivités
territoriales). Ces prélèvements vont permettre de financer un
certain nombre de services publics. Le second canal est celui des
organismes publics de protection sociale  : l’URSSAF et Pôle Emploi.
L’URSSAF a pour mission de collecter toutes les cotisations sociales et
de verser les différentes prestations sociales. Pôle emploi lui
s'occupe du versement des allocations chômage. L’ensemble des
risques sociaux sont gérés, en fait, par ces deux organismes.

2.Le système fiscal


L’architecture du système fiscal français est très complexe et
permet d’alimenter à la fois le budget de l’état et celui des
collectivités territoriales. Il est complexe car il comprend des
prélèvements directs et indirects ainsi que des modes de calcul
spécifiques. Ces différents modes de calcul vont, en plus, s’appliquer
à différents types d’assiette (= pour l’impôt sur le revenu le revenu
touché par la personne imposée).

CF. SCHEMA « LES IMPÔTS A LA CHARGE DES MENAGES »

Les impôts ont plusieurs destinations et permettent de


satisfaire plusieurs objectifs de redistribution. Ils le font de trois
manières différentes :
➢ Financer les services non marchands (Police, Armée,
Justice…)
➢ Permettent d’assurer une contribution re-distributive
notamment à travers l’impôt progressive (les
personnes les plus riches financent mieux la
redistribution sociale)
➢ Contribuer à financer la protection sociale (CSG =
Contribution Sociale Généralisé, CRDS = Contribution
pour le Remboursement de la Dette Sociale)
Les spécificités du système fiscal français :
Trois caractéristiques essentielles :
➢ Importance considérable des impôts indirects
➢ Prépondérance des impôts proportionnels face aux
impôts progressifs
➢ La taxation privilégie le revenu par rapport au
patrimoine
L’effet négatif de cette complexité est qu’elle atténue la
redistribution.

3.La protection sociale


La protection sociale est apparue en France en 1945 (accord
entre le Conseil Général de la Résistance et le Général De Gaulle).
Elle désigne l’ensemble des institutions et des mécanismes de
prévoyance collective. Ces organismes et ces mécanismes
garantissent des ressources aux personnes qui font face à des risques
sociaux.
Le maître-mot est l’approche collective de cette protection
sociale, qui s’oppose à la protection individuelle (comme une
mutuelle).

Le système de protection sociale français obéit à deux


logiques bien distinctes :
➢ L’ouverture des droits sociaux est liée aux cotisations
sociales qui sont versées => le système français est un
système d’assurance obligatoire. Il fonctionne sur un
principe fondamental en France  : la solidarité.
Exemple : la redistribution des actifs vers les inactifs,
des bien-portants vers les malades, des salariés vers
les chômeurs…
➢ L’assistance : elle autorise le versement d’un minimum
de ressources et ce versement se fait
indépendamment des versements effectués.
Exemples  : le RSA (Revenue de Solidarité Active), le
Minimum Vieillesse…
Lois :
1930  : lois sur les assurances sociales (seuls les salariés de
l’industrie et du commerce sont couverts). Elles sont
instaurées suite à la crise de 1929 (jusque 1931).
1945 : création de la Sécurité Sociale.
1958 : création de l’assurance chômage.
1988 : RMI (Revenu Minimum d’Insertion)
1993 : réforme des retraites dans le secteur privé.
1999 : Couverture Maladie Universelle (CMU)
2003 : seconde réforme des retraites (privé + public)
2004 : réforme de l’assurance maladie 
2009 : RSA (Revenue Solidarité Active)
2010 : nouvelle réforme des retraites
Les organismes sociaux sont des organismes paritaires car ils
sont gérés à la fois par les syndicats et par les organisations
patronales. Cela dit, on pourrait parler de système tri-partiste car
lorsque les deux partis n’arrivent pas à se mettre d’accord, l’Etat
intervient.
La sécurité sociale est l’ensemble des organismes chargés, en
France, de collecter puis de reverser les cotisations sociales
concernant les risques de maladie, de vieillesse, de famille et des
accidents du travail.
Dans ces quatre branches, on trouve des régimes différents.
Par exemple, pour les retraites, il y a des régimes spéciaux pour : le
privé, le public, les libéraux, les agriculteurs…
Risque Maladie / Risque Santé :
Il est couvert par les prestations maladies. Il va aussi
s’occuper des prestations d’invalidité (handicap par exemple) ainsi
que de la partie dégâts physiques des accidents du travail (un bras
arraché par une machine, un accident de travail sur le trajet…).
Risque Vieillesse :
Il est couvert par les retraites (logique d’assurance). Il est
aussi couvert par le Minimum Vieillesse (logique d’assistance).
Risque Famille :
C’est l’ensemble des prestations familiales. Il est couvert par
les prestations familiales et il a deux objectifs : favoriser la natalité
et assurer une redistribution entre les différentes familles.
Risque Accidents du Travail :
Ce sont les prestations chômages avec notamment une logique
d’assurance  : l’Aide au Retour à l’Emploi (ARE)  ; ou une logique
d’assistance  : l’ASS (Aide de Solidarité Spécifique versée aux
personnes n’ayant jamais travaillé ou aux chômeurs en fin de droit).

……………………………………………………………………………………………………………
Parmi tous ces risques, deux d’entre eux pèsent lourd dans les
budgets : la vieillesse (38,90%) et la Maladie (27,50%).
Pour financer ces prestations, on a les cotisations et les
prélèvements. Dans les cotisations, le plus gros est représenté par les
cotisations sociales des employés, mais on assiste à un grossissement
de la part de la CSG et de l’impôt de l’état.
La CSG a été créée en 1991 et est un système hybride d’impôts et de
cotisations. C’est un impôt car elle a un caractère universel et
partiellement non déductible de l’impôt sur le revenu (soumise à cet
impôt). C’est une cotisation car elle est proportionnelle et que cette
partie ne rentre pas dans le budget de l’état.
La CRDS a été créée en 1996 et était là pour assurer la disparition/le
remboursement de la dette sociale. Une des spécificités centrales du
système social français est qu’environ 75% est constitué de
prélèvements mais uniquement sur les revenus d’activité (et non du
patrimoine).
C. Les difficultés et les perspectives de la redistribution
1.La protection sociale en difficulté
Le régime de protection sociale a toujours été déficitaire
(excepté miraculeusement en 2000, 2001 et 2002). En 2009 et 2010,
le déficit a dépassé les 20 milliards d’euros.

Ensuite, après 2010, les déficits diminuent car on a assisté à


une réduction des dépenses et à de nouvelles recettes.

Ce déficit est expliqué par une faiblesse des recettes et de


fortes dépenses :
➢ La faiblesse des recettes a une origine essentielle  : la
faiblesse de la croissance économique. Faiblesse de la
croissance économique => pas assez de création de
valeur => pas assez d’embauche => masse salariale
réduite => plus de monde au chômage (qui nécessite
des allocations) et plus assez d’actifs
➢ La hausse des dépenses est expliquée par  : le
vieillissement de la population qui augmente le poids
de la retraite et les dépenses de maladie. Certaines
mesures politiques comme le renchérissement des
honoraires médicaux ont aussi contribué à la hausse
des dépenses. Enfin, certaines caractéristiques du
système français  : comme certaines mutuelles
remboursent à 100%, cela n’aide pas à être plus sérieux
en matière de dépenses.
Tout cela amène à un effet ciseaux  : les recettes ne
parviennent pas à couvrir les dépenses.
Certaines réformes ont vu le jour afin d’essayer de rattraper
ce déficit mais elles n’ont pas été suffisamment poussées :
➢ Le durcissement des conditions d’indemnisation du
chômage  : durcissement dans les conditions
d’obtention des indemnités, réduction des durées
d’indemnisation, diminution du niveau des
prestations…
➢ La difficile maîtrise des dépenses de santé  ont donné
vie à différentes réformes. Par exemple, l’accélération
du déremboursement de certains médicaments. On a
aussi réduit les conditions d’accès à certains services
de la santé (Ex.  : l’accès aux cures thermales ont été
réduit). Puis on a essayé de trouver de nouvelles
ressources : mise en place de la CSG, de la CRDS. Enfin
on a accru la participation des ménages et des
mutuelles (les mutuelles ont dû prendre une part plus
importante des remboursements, les ménages ont subi
une augmentation des forfaits hospitaliers). En 2004 il
y a aussi eu une modification des conditions d’accès
aux soins : mise en place du médecin référent.
➢ Le système de retraite  : on a essayé d’accroître le
nombre d’années de cotisation nécessaires pour
percevoir une retraite à taux plein. Puis on a essayé de
réduire le montant des prestations, et notamment en
modifiant la base de calcul de la pension. Enfin, pour
alléger tout cela, on a essayé d’inciter les gens à
passer du traditionnel mécanisme de répartition au
mécanisme de capitalisation (formule d’épargne
retraite).
Le système de répartition repose sur le principe de la
solidarité intergénérationnelle dans la mesure où les cotisations des
actifs servent à financer les pensions des actuels retraités.
Le système de capitalisation repose sur le principe que chaque
individu va financer sa propre retraite grâce à l’épargne.

2.La remise en cause de la redistribution


Les effets limités de la redistribution verticale :
Elle est accusée de ne pas réduire tant que ça les inégalités
(notamment par rapport aux masses financières que l’on met en
place pour ces redistributions).
La fiscalité réduit peu cette inégalité à cause des impôts
indirects qui représentent la majorité des recettes. Les nombreuses
niches fiscales réduisent aussi fortement l’imposition. Enfin, la
faiblesse des prélèvements sur les revenus de propriété.
Les cotisations, à travers leur mode de calcul, ne favorisent
pas la disparition des inégalités, notamment pour certaines
catégories qui ont un forfait (pour les artisans par exemple). Pour
certains salariés il existe également un plafonnement des cotisations
sociales.
Enfin, au niveau des prestations, il y a un caractère fortement
inégalitaire  : les salariés les mieux payés cotisent à des retraites
supplémentaires (capitalisation) et ce sont eux qui ont une
espérance de vie plus élevée, ce sont donc eux qui vont profiter le
plus longtemps du système.

Les critiques en termes de doctrines sur la redistribution :


En termes de doctrines sur la redistribution, la redistribution
connait d’importantes critiques et notamment de la part des néo-
classiques  : ils sont critiques surtout sur les conséquences
défavorables économiquement des prélèvements trop élevés  ; ils
critiquent aussi les effets pervers de cette redistribution  : oisiveté,
chômage volontaire…
Laffeur, avec sa courbe en cloche, est un grand auteur critique
de l’impôt  : «  Trop d’impôts tue l’impôt  ». Au-delà d’un taux
optimum fiscal, on assiste à un découragement des individus qui sont
découragés de travailler et privilégient le loisir. L’excès de pression
fiscale va conduire à un ralentissement de la production et à la
réduction des recettes fiscales.
CF. COURBE DE LAFFEUR
Cette courbe inspire les politiques libérales qui ont été
notamment effectuées aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, surtout
dans les années 1980.
Certains économistes ont relativisé cette courbe en critiquant
le fait qu’il est très difficile de trouver un chiffre d’optimum fiscal.
La dernière remise en cause de cette analyse a été faite par
Laffeur lui-même. Il a été assez étonné car il affirmait que certaines
données empiriques empêchaient la mise en place de sa courbe.

Le mode de financement de la prestation sociale (cotisations


salariales et cotisations patronales) a un effet négatif sur le marché
de l’emploi car il augmente le coût du travail. Si le coût du travail
augmente, le patronat embauche moins pour gagner en
compétitivité. De plus, on trouvera un effet de substitution du
capital au travail (mieux vaut acheter une machine qu’embaucher un
employé). Cela va pénaliser majoritairement les salariés peu
qualifiés.
L’école de la recherche de l’emploi (Job Research) va
beaucoup plus loin. Elle va mettre en évidence les effets pervers
également des indemnités chômage  : s’il y a indemnité chômage,
cela va amener les chômeurs à augmenter leur période de recherche
d’un nouvel emploi. S’ils agissent ainsi, cela augmentera le chômage.
De plus, ces bénéficiaires d’allocations chômage sont maintenus dans
une situation d’exclusion, ce qui rend d’autant plus dure leur
intégration nouvelle sur le marché du travail  : on appelle cela la
« trappe du chômage ».

3.Vers de nouvelles solutions ?


La première solution proposée est de baisser les prélèvements
obligatoires et, parallèlement, d’étendre les mécanismes de marché
sur la sécurité sociale => modèle anglo-saxon (États-Unis).
Aux Etats-Unis le taux de prélèvement obligatoire est de 30%,
en Angleterre de 35%. Une baisse de ce prélèvement permet de
réduire le coût du travail => augmentation de la compétitivité du
pays => hausse des ventes et des productions => réduction du
chômage car hausse des embauches.
Cette démonstration impose plusieurs obligations  : la
première est un désengagement rapide de l’état, la seconde est de
faire massivement appel aux mécanismes de marché pour la sécurité
sociale.
Poursuivons dans cette logique  : ce n’est pas que pour la
santé, ce serait pour toute la protection sociale (+ retraites, +
chômage). Tous les salariés devront passer par des assurances
privées.
D’un autre côté, si on libéralise le marché, il y aura de la
concurrence. C’est-à-dire que les services de prestataires de la santé
seront en concurrence (hôpitaux et médecins).
La France s’est déjà engagée, partiellement, dans cette voie.
Exemple  : la retraite par capitalisation qui commence à apparaître
de plus en plus dans le paysage français (système d’épargne retraite
comme le PERP)  ; l’ouverture de parcours de santé différenciés
(médecin généraliste avant d’aller voir un spécialiste).
Le modèle Anglo-Saxon est un modèle profondément
inégalitaire. A savoir qu’aux Etats-Unis, une part significative de la
population n’a pas encore de protection sociale (ce que cherche à
changer Obama via Obama Care).

La seconde solution serait la recherche d’une régulation


administrée (= planification de la santé). On contrôle les abus sur les
ambulances, on met la pression sur les médecins, sur les hôpitaux…
La loi de finance pour la sécurité sociale est apparue en 1996.
On impose aux professions de la santé une enveloppe budgétaire
annuelle. Par là on essaye de limiter les dépenses de la santé.

La troisième solution serait un autre mode de calcul des


cotisations sociales => modifier les règles de financement de la
protection sociale.
Le risque serait de substituer le capital au travail et il y a là
un manque à gagner car moins de cotisations.
Plusieurs pistes pour améliorer le mode de financement de la
protection sociale :
➢ Cotisations patronales progressives (par ce biais on
essaye de favoriser le travail à temps partiel et de
réduire le chômage des ouvriers non qualifiés). En
France, elle est fortement appliquée depuis les années
1990 : il y a déjà un fort allégement des charges
sociales sur les bas salaires.
➢ Mise en place d’un système de cotisation avec des
bonus ou des malus qui se feraient suivant le
comportement «  responsable  » des entreprises
notamment. Exemple  : une entreprise qui aurait
recours abusivement aux contrats temporaires aurait
un malus.

III. L’investissement
L’investissement devient le facteur essentiel de la croissance de la
production et de la création de richesse. On reconnaît beaucoup de vertus à
l’investissement :
➢ Il permet de moderniser l’offre des entreprises : il permet d’intégrer
des changements techniques.
➢ L’investissement est un élément constitutif de la demande globale.

A. L’investissement, source d’accumulation de capital


Le capital est un stock, et ce stock est alimenté par les flux
d’investissement.

1.Le capital, support du progrès technique


L’un des premiers termes en terme de capital est le capital
technique (ou capital fixe au sens de la comptabilité nationale). Dans
le capital fixe, on intègre les installations techniques, les machines,
mais également les bâtiments et les logements. Particularité  :
l’ensemble de ce capital fixe doit être utilisé par les agents
économiques au-delà d’une seule année. Ce capital technique est
donc l’ensemble des moyens de production de biens et de services
qui participent à plusieurs cycles de production.
Le capital technique est considéré comme un détour de
production. L’économiste BOHM-BAWERK donne des exemples de ce
détour de production : un paysan doit irriguer sa terre. Pour ce faire
il doit aller systématiquement au puit. Le problème est qu’il dépense
énormément d’heures. Il décide alors de construire un tuyau entre
son puit et son champ. Ainsi il utilise son temps non pas en
production directe, mais en amélioration des conditions de
production. Pour faire ce tuyau, il a besoin d’outils et de matériaux
qu’il peut soit fabriquer, soit acheter => dans les deux cas, il renonce
à une consommation immédiate. Ce temps est utilisé pour obtenir un
capital technique (le tuyau). C’est le gage d’un revenu supérieur
dans le futur.
Il existe une légère modification entre capital fixe et capital
technique  : le capital technique c’est le capital fixe plus le capital
circulant (= capital qui bouge au fur et à mesure de l’exploitation
comme le stock de matière première).
Le capital d’une nation englobe tout ce qui produit quelque
chose  : l’ensemble des équipements (capital technique), le capital
humain…
L’augmentation du stock de capital fixe est largement
supérieure à l’augmentation de la population active sur la même
période.
La croissance de la production sur une longue période résulte
en partie d’un recours accru au facteur capital.

a. L’efficacité du capital
La productivité est le rapport entre la valeur ajoutée
produite et le stock de capital fixe nécessaire à cette
production.
Dans le calcul de la productivité, on ne prend pas en
compte les équipements non productifs comme le bâtiment.
On ne compte que les équipements en matériel.

Mesure de la productivité apparente du capital :

Productivité du capital = Valeur ajoutée / Capital fixe

Productivité horaire du capital = Valeur ajoutée /


(Capital fixe * Durée d’utilisation des équipements)

Exemple  : depuis la 2 nd G.M., l’efficacité des


équipements productif n’a cessé de croître ; alors que dans le
même temps la croissance de la productivité du capital s’est
ralentie. C’est-à-dire que notre productivité depuis la 2nd
G.M. et moins bonne mais qu’individuellement, les machines
sont de plus en plus performantes par heure.
L’efficacité peut aussi se mesurer via l’âge des
équipements. Plus vous avez du matériel jeune, plus il y a de
chances d’incorporer de nouvelles technologies qui
fournissent de nouveaux gains de productivité.
Exemple 2 : l’âge moyen du capital en France diminue.
En 1945, l’âge moyen d’une machine avant son
renouvellement était de 12 ans. En 1973, il était de 7.2 ans.
2.L’investissement alimente le stock de capital
L’investissement est une dépense immédiate en vue de
recettes futures ou d’économies de coût. L’objectif final de
l’investissement est la rentabilité, quel que soit le type
d’investissement (financier, productif…)
Derrière tout acte d’investir, il y a forcément une incertitude
ou un risque. L’incertitude pèse sur les recettes futures. Le risque
est que tous les gains que vous allez récupérer sur plusieurs années
soient inférieurs à la dépense que vous avez faite maintenant.
De plus, on aurait tort de croire que la dépense immédiate est
certaine, car derrière il y a toujours des coûts cachés. Quand vous
investissez, vous avez un projet et au fil du temps ce projet change,
et par là les charges affiliées à ce projet changent aussi.
Exemple  : le tunnel sous la manche. Entre le projet et le
rendu final, la facture a été multipliée par 2 ou 3 à cause des
imprévus. Autre exemple, l’EPR dont la facture grandi.

La comptabilité nationale défini l’investissement comme la


Formation Brute de Capital Fixe (FBCF). C’est l’ensemble des valeurs
de biens durables acquis au cours d’une période par les ménages, les
entreprises et l’administration  ; et qui sont destinés à être utilisés
pendant au moins un an pour produire des biens et des services.
Maintenant, si j’enlève à la FBCF les achats de logement des
ménages et les grosses réparations, alors on obtient la Formation
Brute de Capital Fixe Productif (FBCFP).
Enfin, si de la FBCF j’enlève les amortissements, on obtient la
Formation Nette de Capital Fixe (FNCF)
L’amortissement représente la consommation des avantages
fournis par la machine.

En fait, l’investissement renouvelle le stock de capital. On


mesure l’effort d’investissement d’une nation à partir de son taux
d’investissement. Et le taux d’investissement d’un pays est le
rapport entre la formation brute de capital fixe sur le produit
intérieur brut, et ce à une période donnée.
Taux d’investissement pays = FBCF / PIB pour une période
donnée

Les investissements matériels représentent à peu près la FBCF.


On y trouve différents types d’investissements :
➢ L’investissement de remplacement => renouveler à
l’identique le capital.
➢ Les investissements d’expansion => augmenter la
capacité de production de l’entreprise. Pour cela il
faut anticiper une augmentation de la demande sur
une longue période.
➢ Les investissements de modernisation => ils ont
vocation à accroître la productivité. Généralement, ils
introduisent dans l’entreprise le progrès technique et
permettent d’économiser du facteur travail =>
substitution du capital au travail.

En termes de chiffres, il est difficile de faire la distinction


entre ces trois investissements.

Au-delà de ce classement, les entreprises réalisent aussi des


investissements lorsqu’elles lancent un nouveau produit, car il
demande peut-être de nouvelles spécificités en termes de
production.
Généralement, lorsqu’il y a un investissement matériel, il y a,
de manière concomitante, un investissement immatériel.

L’investissement immatériel concerne tous les types


d’investissements qui ne prennent pas la forme d’achat de bien
matériel. En effet, pour produire il faut plusieurs éléments. Dans la
société actuelle il faut de plus en plus de savoir, et ce savoir toujours
croissant s’obtient par des dépenses de recherche et de
développement, en déposant (ou en achetant) des brevets, la
nécessité de savoir-faire qui s’acquiert via les formations
(notamment formation des employés aux nouvelles machines), et ces
formations ont un effet positif sur la motivation et donc la
productivité des salariés (la formation implique un gage de stabilité
du métier et donc un facteur stress en moins).
Produire c’est aussi savoir organiser, ce qui demande une
réflexion sur les méthodes de travail. Cela peut aussi demander la
création de logiciels spécifiques. Exemple  : la GPAO (Gestion de
Production Assistée par Ordinateurs).
Produire, c’est aussi faire savoir. Et faire savoir, c’est
communiquer. Cela repose donc sur des dépenses de publicités, sur
des techniques marketing (étude de marché, parrainage…), le
mécénat, …
Toutes ces dépenses, ces investissements immatériels,
augmentent la productivité de l’entreprise mais ont des effets dans
la durée qui dépasse le cycle de production.
L’investissement immatériel est donc un investissement
constitué de l’ensemble des dépenses de recherche et
développement, de formation, de logiciel et de mercatique qui ont
pour effet de générer des recettes futures et/ou des économies de
coûts.
La part des investissements immatériels dans l’ensemble des
investissements ne cesse augmenter (aujourd’hui => environ 30%)

B. Les déterminants de l’investissement


1.La demande
Pourquoi les entreprises décident d’investir  ? La raison
majeure est de satisfaire une demande qui s’adresse à elles.

Dans la demande, on trouve d’abord la demande effective.


Les entreprises sont forcément confrontées à l’incertitude, et
notamment concernant la demande. Les entreprises vont donc devoir
anticiper cette demande ; une fois cela fait, elles vont en déduire le
stock de capital nécessaire pour y répondre et donc évaluer le
volume d’investissement à réaliser. Ce volume d’investissement à
réaliser est la différence entre le stock de capital courant et le stock
de capital désiré.
Volume d’investissement = Stock Capital Désiré – SC Courant
Il faut savoir que la demande qui s’adresse à chacun des
entrepreneurs dépend des décisions prises par tous les autres
entrepreneurs, étant donné que la demande pour chaque
entrepreneur dépend des revenus versés par les autres entrepreneurs
(=> les salaires). La demande effective (terme créé par Keynes en
1936) n’est autre que la demande globale anticipée par l’ensemble
des entreprises ; c’est-à-dire qu’elle est le résultat des décisions de
toutes les entreprises sachant que chacune de ses entreprises prend
la sienne en anticipant celle des autres.
Si tous les entrepreneurs sont optimistes, ils vont tous
anticiper une hausse de la demande. Ils vont donc tous accroître
leurs investissements et leurs embauches => production augmentée
=> revenus versés plus élevés. Cela va donc renforcer les
anticipations des agents économiques.
Les anticipations peuvent donc s’avérer auto validantes.
Ces anticipations peuvent aussi être sous-optimales. On se
retrouve alors avec un excès d’investissement qui va être difficile à
rentabiliser. Cela peut amener une augmentation des importations
car on ne produit pas assez pour satisfaire la demande nationale (il
faut acheter des produits étrangers). Il peut aussi y avoir des
tensions inflationnistes car pour la même demande il y a beaucoup
moins de quantité proposée par les professionnels (et tout ce qui est
rare est cher).
L’investissement est largement tributaire du niveau anticipé
de la demande qui s’adressera aux entreprises. Il n’est pas
nécessaire d’accroître les capacités de production lorsque la
demande anticipée augmente. En fait, tout dépend du taux
d’utilisation de ces fameuses capacités de production.
Taux des capacités de production : c’est le rapport entre la
production actuelle de l’entreprise et sa production potentielle.
Lorsque l’on regarde les données empiriques, plus le taux de
rapport de production est proche de 100 et plus les entreprises ont
tendance à investir. Cela signifie que toute relance de la demande ne
débouche pas nécessairement sur une reprise de l’investissement.
Cependant, certains investissements tels que les
investissements de modernisation sont beaucoup moins sensibles à
l’évolution quantitative de la demande.

2.Les profits
Un entrepreneur s’intéresse à la rentabilité escomptée de
l’invest. La logique est que si on dépense maintenant cela va
rapporter beaucoup dans le futur. Donc on investit que si ce que l’on
va gagner est supérieur ce que l’on va dépenser maintenant.
La rentabilité de cet investissement dépend aussi du prix du
capital. Autrement dit, la rentabilité du prix relatif du capital par
rapport au travail (qu’est ce qui est le plus cher  : le travail ou le
capital).
Plus le prix du travail est élevé, et plus les entreprises vont
avoir recours aux capitaux, donc il y aura substitution. Il faut aussi
prendre en compte que les profits réalisés dans le passé représentent
une ressource financière pour financer tout ou une partie des
investissements nouveaux.

Rentabilité escomptée de l’investissement

I = R1 / (1+r)^1 + R2 / (1+r)^2 + … + Rn / (1+r)^n

I = R1(1+r)^-1 + R2(1+r)^-2 + … + Rn(1+r)^-n

Explication  : un investissement d’un montant I ne sera


rentable que si la somme des revenus futurs actualisée que génère
l’investissement est au moins égale au montant de l’investissement.

C’est-à-dire que mon investissement me rapporte chaque


année des revenus  : R1 pour la 1ère année, R2 pour la seconde… Rn
pour la dernière année. Si j’ai un projet d’investissement sur cinq
ans, Rn est R5.
Si mon investissement est égal à la somme de mes revenus
actualisés, cela veut dire que mon investissement est rentable (ou
qu’en tous cas il ne me fait pas perdre d’argent). Cependant, si mon
investissement est supérieur à la somme de mes revenus générés par
l’investissement actualisés, alors il est à perte.

Ici, r est le TIR (Taux Interne de Rendement). C’est le taux


d’actualisation pour lequel l’investissement est égal à la somme de
mes revenus actualisés. Le TIR est aussi appelé Efficacité Marginale
du Capital (EMC) par Keynes. C’est le taux de rentabilité espéré du
projet d’investissement.

Si on actualise tous ses revenus avec le TIR et qu’on y enlève


les investissements, si mon projet est rentable, il doit me rester
quelque chose. Ce quelque chose est la Valeur Actuelle Nette (VAN)
et quand je l’utilise pour actualiser mes revenus, c’est-à-dire pour r,
le TIR, la VAN = 0.

Pour Keynes, l’investissement est forcément une opération


risquée car on ne connait pas le futur. Pour lui, il y a d’autres façons
de faire fructifier son argent. On peut par exemple acheter des
obligations au taux d’intérêt i  : chaque année on touche une
rémunération. En économie, on considère que i est un coût
d’opportunité de l’investissement, c’est-à-dire le taux auquel
l’entreprise renonce quand elle investit. Si on investit, on n’achète
pas d’obligations, donc on renonce à un gain de financement.

Si EMC < i => le rendement de mon investissement < taux


d’investissement proposé par le marché. Donc les entrepreneurs vont
être peu enclins à investir.
Si EMC > i => l’investissement devient plus rentable qu’un
placement financier.

Donc plus EMC s’éloigne de i, plus l’incitation à investir est


forte. Un entrepreneur compare ce que lui rapportera un
investissement par rapport à ce que lui rapporterait un placement
pour se décider.

La profitabilité d’un investissement correspond à la différence


entre le TIR et le taux d’intérêt réel.

Résumé de la pensée d’un investisseur :


L’investissement dépend bien entendu du taux d’intérêt et du
niveau de l’EMC. Mais l’EMC est calculé selon des valeurs futures,
donc incertaines. Elle dépend donc elle-même des anticipations plus
ou moins optimistes des entrepreneurs.

3.L’influence du financement sur l’investissement


Les entrepreneurs sont très sensibles au taux d’intérêt. On a
parlé jusqu’ici du taux de rémunération du placement, mais il existe
un autre taux d’intérêt intéressant pour les entreprises  : c’est le
taux d’emprunt.
L’économiste Knut Wicksell (1920) s’est intéressé à ce taux via
l’effet de levier financier du au financement.

HYPOTHESE 1 HYPOTHESE 2
Investissement 1000 1000
Capitaux propres (1) 1000 500
Capitaux empruntés 0 500
Profit (2) 150 150
Intérêts (10%) (3) 0 50
Rentabilité des capitaux propres (4) = 15% 20%
(2-3)/1

On s’aperçoit dans les chiffres qu’en s’endettant un peu, on a


un meilleur rendement avec l’effet de levier. Mais ce levier n’est bon
que si la rentabilité du capital propre est supérieure aux taux
d’intérêt. Si c’est l’inverse, on n’a pas un effet de levier mais un
effet de massue ; donc le déterminant de l’investissement est bien le
taux d’intérêt réel.

L’incitation à l’investissement par le recours au marché


financier

L’entreprise peut faire une hausse de capital sur le marché car


son investissement est un montant d’action qui rapportent des
dividendes ; et si cet investissement peut permettre l’acquisition de
plus de 50% d’une entreprise, alors l’entreprise investisseuse peut
décider aux conseils d’états et donc « possède » l’entreprise.
Pour ne pas perdre le contrôle de la société, on peut émettre
des actions à dividende prioritaire sans droit de vote. Par contre, les
augmentations de capital sont généralement réalisées par les
grandes entreprises car cela représente un certain coût.
C. Le rôle de l’investissement dans la croissance économique
1.L’effet multiplicateur de l’investissement
On l’appelle aussi « effet multiplicateur keynésien ».
On trouve au départ une égalité :

Production (Y) = Consommation (C) + Investissement (I)

Qui est possible dans une économie fermée.

On que la production est la somme des Valeurs Ajoutées produite par


les agents économiques qui est distribuée ensuite aux ménages. On
trouve donc une seconde égalité :

Production = Revenu = Y

Si on a une augmentation de l’investissement et notamment de


l’investissement public, cela va se traduire par une augmentation des
revenus :

Delta I = Delta Y

Ces revenus vont revenir à ceux qui produisent les équipements


productifs. On va donc avoir une augmentation de la consommation :

Delta C = c * Delta Y
Où c = propension à consommer

Si Delta Y = Delta I, alors, Delta C = c * Delta I


Si l’état investit, les entreprises vont en profiter pour hausser leur
production, ce qui va générer des revenus dont une partie va être
consommée grâce à la propension à consommer. Il y a hausse de la
consommation donc hausse de la demande. Et s’il y a hausse de la
demande, il y a hausse de la production et de la consommation. Et
ainsi de suite…

Delta Y = Delta I + c * Delta I + c^2 * Delta I + c^3 * Delta I + … + 1


= Delta I (1 + c + c^2 + c^3 + c^4 + c^5 + c^6 + …)
= Delta I (1 / 1-c)

K = multiplicateur keynésien d’investissement = (1 / 1-c)

Si on a un c à 0.8, on aura un K à 5. Toute variation de


l’investissement conduira à une croissance 5 fois supérieure.
Si j’augmente mon investissement d’1 milliard, cela augmentera mon
revenu à court ou moyen terme de 5 milliards.
Donc selon le modèle de Keynes, l’état peut être à l’origine d’un
investissement, ce qui va générer une relance par le jeu des
multiplicateurs. Mais il peut être aussi source d’inflation.
L’idée essentielle de ce multiplicateur est qu’à la base on va avoir un
investissement public qui va provoquer des vagues successives de
consommation et donc de production. Mais cette consommation
supérieure doit être satisfaite donc il faut que l’économie ait des
capacités de production non utilisés pour répondre à cette nouvelle
demande. Sans cette capacité, la demande va s’accroître plus vite
que l’offre donc il va y avoir hausse des prix pour freiner cette
demande.
Le multiplicateur d’investissement Keynésien va se transformer
en multiplicateur des prix en situation de pleine utilisation des
facteurs de production.

Toute hausse de revenu va mener à une hausse des importations.


Cela veut dire qu’il y a des fuites vers l’extérieur qui vont limiter
l’effet multiplicateur. La relance de l’investissement public profite
donc également à l’extérieur. Cette déperdition vers l’extérieur de
deux paramètres : la compétitivité prix et la compétitivité hors-prix.
Plus vos produits sont compétitifs, moins il y aura d’impacts au
niveau des importations. L’effet multiplicateur est donc plus faible
en économie ouverte qu’en économie fermée.

2.L’effet d’accélération de l’investissement


Selon l’effet d’accélération de l’investissement, lorsque l’on est en
situation de pleine utilisation des capacités de production, une
variation de la demande entraine une variation encore plus que
proportionnelle de l’investissement.

L’effet accélérateur peut aussi être négatif : si la demande diminue,


l’investissement diminue encore plus fortement. Cela a été visible en
Europe avec les politiques restrictives budgétaires.

3.L’effet régénérateur de l’investissement


En quoi l’investissement a un effet régénérateur  ? En fait,
l’investissement va introduire le progrès technique dans la
production.

Qu’est-ce-que le progrès technique  ? C’est l’ensemble des


innovations qui conduisent à augmenter les quantités produites avec
des quantités inchangées en facteur travail et capital =>
augmentation de la productivité.

La mesure du progrès technique est visible à travers l’évolution de la


productivité, c’est-à-dire les gains de productivité.
Le progrès technique, c’est d’abord une nouvelle organisation de la
production. Autre caractéristique du progrès technique, son effet
très diffusé dans l’économie. L’exemple un peu de « dissémination »
du progrès technique dans l’économie est le progrès informatique =>
tout le monde en profite.
Une meilleure gestion de l’espace de travail dans une entreprise, qui
permet de faire circuler beaucoup plus vite les produits entre les
stocks et la chaine de production est aussi une sorte de progrès
technique.

Le progrès technique vient de la création humaine = l’innovation, qui


est l’application industrielle et commerciale d’une invention.
SCHUMPETER dénombre 5 types d’innovations :
➢ Les nouveaux produits
➢ Les nouvelles méthodes de production
➢ Les nouveaux marchés
➢ Les nouveaux types d’organisation de la production
➢ Les nouvelles sources de matière première
Pour Schumpeter, l’innovation est à l’origine d’un processus de
destruction créatrice. Qu’est-ce-que la destruction créatrice  ? En
fait, il y a des entreprises et des emplois qui disparaissent dans les
secteurs qui subissent le progrès technique. En même temps, des
entreprises et des emplois apparaissent dans les secteurs d’où
émerge ce progrès technique.
Le progrès technique est à l’origine des gains de productivité.
CF. SCHEMA « REPARTITION DES GAINS DE PRODUCTIVITE »
Cela suggère qu’une répartition judicieuse des gains de productivité
peut amener une croissance harmonieuse. Pourquoi  ? Parce qu’une
hausse de la production peut amener de manière proportionnelle à
une hausse de la demande solvable (demande capable de payer ce
qu’elle veut acheter).
Cette répartition est déjà apparue dans le passé, pendant les Trente
Glorieuses : le compromis Fordiste.
Quel est le lien entre origine du progrès technique et croissance
économique ?
On a deux générations de modèles censées expliquer l’origine du
progrès technique :
- Le premier modèle estime que le progrès technique est exogène à
l’activité économique  : c’est un résidu dont on ne connait pas
l’origine. Lorsque l’on parle de progrès technique exogène, on
pense à trois auteurs  : Carré, Dubois et Malinvaud. Ils vont
essayer d’expliquer les origines de la croissance française pour la
période 1951-1969. Ils constatent d’abord que la croissance
française ne résulte ni d’une augmentation de la population
active, ni d’une variation de la durée du travail. En fait, il y a,
selon eux, deux explications :
➢ Le volume de capital et son rajeunissement
➢ La qualité du travail
Par contre, dans leurs calculs, ils voient qu’une part de la
croissance, 2,5% à l’époque, n’est pas expliquée. On va en
déduire que ce résidu serait en fait le progrès technique. Cela
voudrait dire que la croissance de la production s’expliquerait par
des facteurs exogènes (progrès technique).
- Le deuxième modèle estime que le progrès technique est
endogène à l’activité économique : c’est-à-dire que l’on peut agir
dessus.
Romert, en 1986, ainsi que de nombreux autres auteurs, vont
rendre endogène des facteurs qui étaient considérés comme
exogène auparavant  => facteurs qui étaient explicatifs dans les
modèles néoclassiques. L’investissement en capital physique, en
capital public, en capital humain, en expérience et en
organisation du travail. Les progrès de productivité reposent sur
le « Learning by doing », l’effet d’expérience. Il y a un effet de
contamination du progrès technique entre les différentes
entreprises. Autre explication : l’innovation technique suppose de
gros investissements, et ces gros investissements se font en R&D
(Recherche et développement), et ils ne peuvent être faits que
par l’état et les grandes entreprises. Cette R&D demande des
idées nouvelles, et ces idées nouvelles, alors qu’elles ont été
considérées par la croissance exogène comme tombées du ciel,
elles n’apparaissent, selon la croissance endogène, que si la
recherche fondamentale est réalisée par l’état. Et donc s’il y a
une recherche fondamentale réalisée par l’état, il faut des
universités fortes => l’état doit investir d’une manière importante
et générale dans l’éducation.
Pourquoi l’état va faire de la recherche fondamentale ? Car si une
entreprise commençait à investir dans cette recherche, d’autres
entreprises profiteraient de ces avancées sans débourser 1€. Ils
seraient ce que l’on appelle en économie des «  Passagers
Clandestins ».

Les économies d’échelles  : cela représente une baisse du coût


unitaire de production avec l’augmentation des quantités
produites.
L’effet d’expérience : cela exprime la baisse du coût unitaire au
fur et à mesure de l’augmentation de la production cumulée
depuis la première unité produite.

IV. Les échanges internationaux


A. Les fondements des échanges internationaux
1.Les explications libérales de l’échange international
Pour les auteurs classiques, qui sont partisans du libre-échange,
l’échange international s’explique par la nécessaire division du
travail entre les différentes nations.

Définition : le libre-échange est une doctrine économique qui vise à


limiter les obstacles à la circulation des biens, des services et des
capitaux entre les économies nationales.

a. Les avantages de l’échange international


On a besoin de ces échanges car on a une répartition inégale
des ressources, entre les nations, sur la planète. Donc si les
nations échangent entre elles, c’est pour acquérir les biens et
les ressources qu’elles ne trouvent pas sur leur territoire
national. Par exemple, le café, qui ne pousse pas en France.

i. La théorie des avantages absolus


Définition  : un avantage absolu est un avantage
obtenu, dans l’échange international, par une nation
lorsqu’elle produit et vend un bien à un prix inférieur
à celui des nations concurrentes.
Adam Smith (1767)  : chaque pays a intérêt à se
spécialiser dans les productions pour lesquelles il
possède un avantage absolu par rapport aux autres
nations.

ii. La théorie des avantages comparatifs


Définition  : un avantage comparatif est un avantage
obtenu, dans l’échange international, par une nation
lorsque, comparativement aux autres biens, son
désavantage sur un bien, en terme de coût et de prix
de vente, est moindre.

Ricardo (1817) : les nations qui n’ont aucun avantage


absolu doivent quand même se spécialiser. En fait, ils
vont se spécialiser dans les productions pour lesquelles
ils connaissent le désavantage moindre.

CF. TABLEAU DE RICARDO (VIN + DRAPS ⬄


ANGLETERRE + PORTUGAL ⬄ MAIN D’ŒUVRE, UNITE
DE TRAVAIL)

La théorie de Ricardo repose sur l’hypothèse d’une


mobilité interne des facteurs de production travail et
capital. Mais cette mobilité, dans la réalité, n’est pas
parfaite. Un ouvrier fabricant du vin ne sera pas
forcément capable de fabriquer des draps. De même
pour les machines.

iii. La théorie des dotations en facteurs de


production
Hecksher (1919)/Ohlin (1933)/Samuelson(1954)
La théorie «  HOS  » estime que les nations se
spécialisent dans la production qui incorpore le
facteur qu’il possède le plus.

Définition  : la loi des dotations en facteurs de


production explique qu’un pays exporte les produits
dont la fabrication nécessite une grande quantité du
facteur qu’il possède en abondance.
Cela veut dire que les pays en développement
exporteraient des produits incorporant beaucoup de
main d’œuvre, tandis que les pays développés
exporteraient des biens nécessitant un capital
important.

La théorie HOS conduit à une division interne du


travail qui s’explique parce qu’il y a une
complémentarité des nations. Cette théorie est
conforme à la théorie des avantages comparatifs de
Ricardo.

Si on suit le raisonnement, on va assister à une


augmentation de la demande de travail (=> ce sont les
entreprises qui demandent de la force de travail) dans
les pays qui ont le plus recours au facteur travail (pays
du sud).
Parallèlement, on doit assister à une diminution dans
les autres pays (pays du nord).

Cela veut dire que dans les pays du sud, sur le marché
du travail, on va assister à une hausse du prix du
travail.

Il y a donc un processus de convergence de la


rémunération des facteurs de production => théorème
STOLPER et SAMUELSON. Cela veut dire que le revenu
du travail et celui du capital tendent à s’égaliser à
l’échelle mondiale grâce à l’échange international.

Mais majoritairement, les pays d’un certain niveau de


vie vont commercer qu’avec les pays qui ont un
certain niveau de vie voisin.

b. Les échanges de similitude


Les échanges de similitude constituent l’essentiel de
l’échange international => ce sont tous les échanges de biens
similaires, et ces biens similaires le sont dans le cas de ce que
l’on appelle le commerce intra-branche, et ce entre pays
d’un niveau de développement voisin  ; c’est-à-dire des pays
pour lesquels il n’y a pas de grande différence en matière de
dotation des facteurs de production.
La théorie de la «  demande représentative  » de Linder
(1961) :
Selon cette théorie, un produit est d’abord conçu pour
satisfaire une clientèle nationale. Par rapport au reste du
monde, mes avantages comparatifs, au sens Ricardien, sont
liés à l’ampleur de la demande intérieure. Plus mon marché
est vaste, plus il est possible de réaliser des économies
d’échelles. Ce produit n’est susceptible de concerner que des
nations dont les consommateurs ont un niveau de vie
semblable au mien, parce qu’ils sont à même de se l’offrir.

Bernard Lassudrie-Duchêne (1971) :


Selon lui, le commerce intra-branche s’explique par une
demande de différences, et cette demande de différence
vient des consommateurs, parce qu’en fait les échanges et les
produits qui se croisent ne sont pas parfaitement identiques
et donc il n’y a pas d’homogénéité parfaite des produits.
Cette théorie casse un élément essentiel de la théorie de la
concurrence pure et parfaite.

Paul Krugman (1979) :
Lui aussi montre que les consommateurs ont une préférence
pour la diversité. Les spécialisations ne sont pas aussi
tranchées que le modèle de Ricardo le laisse supposer. La
spécialisation s’opère par marque et non pas par produit.
Exemple : Renault et BMW. Ils font le même produit, mais ce
n’est pas la même marque.
Krugman est novateur car la plupart des modèles théoriques
explicatifs de l’échange international repose sur la théorie
des rendements décroissants. Si deux pays connaissent des
coûts de production identiques (c’est-à-dire aucun avantage
absolu ni relatif), ils ont tout de même intérêt à se
spécialiser. Pourquoi  ? Parce que la spécialisation conduit à
accroître la production d’un bien par un pays, et donc si
j’augmente cette production, je diminue les coûts unitaires
de fabrication. Cet exemple explique les avantages de la
différenciation.

2.Les effets pervers du libre-échange et la tentation


protectionniste
Définition : le protectionnisme est une doctrine économique qui a
pour but de limiter l’accès aux marchés nationaux pour les étrangers.

a. L’échange international, un obstacle au développement


Les pratiques protectionnistes se composent des mesures
tarifaires et des mesures non-tarifaires. Les barrières non-
tarifaires sont plus importantes maintenant que les barrières
tarifaires, puisqu’on a de plus en plus d’accords
internationaux pour libéraliser l’échange.

Une barrière tarifaire est une barrière douanière dont le but


est de limiter l’entrée de produits étrangers sur le territoire
en augmentant le droit des douanes à la frontière nationale.

Une barrière non-tarifaire est une barrière douanière autre


que les droits de douane. Elles ont le même objectif que les
tarifaires, mais elle concerne plutôt les normes d’hygiène,
techniques, sanitaires, l’exclusion des entreprises étrangères
des appels d’offre du marché public, les quotas, les
contingents…

D’autres normes de protectionnisme existent  : le


protectionnisme financier et le protectionnisme monétaire.
Le protectionnisme financier  : c’est quand l’état va donner
des éléments financiers aux entreprises pour qu’elles soient
plus compétitives que leurs concurrents étrangers.
Exemples  : subventions à l’exportation, crédit à
l’exportation…
On y trouve aussi les distorsions dues à des différences
fiscales.
Exemple : le dumping fiscal qui existe en EU.
Le protectionnisme monétaire  : ce sont tous les instruments
monétaires qui permettent de déprécier la monnaie plus
qu’elle ne le ferait naturellement. Cela permet aussi de
limiter l’appréciation d’une monnaie.

Conclusion  : le protectionnisme conduit à faire payer un


surcoût au consommateur national. Il le paye parce qu’en
mettant en place des barrières à l’entrée du marché, on
empêche des entreprises étrangères compétitives à proposer
leur produit sur le marché national.

CF. SCHEMA « IMPACT DES TARIFS DOUANIERS »

Certains théoriciens défendent la protection des industries


naissantes, et notamment Friederich List (1841). Elles sont
pénalisées face à la concurrence internationale car elles
n’ont pas encore assez d’expérience ni d’économie d’échelle
suffisante.
Pour cela, il faut mettre en place des droits de douane, afin
de bénéficier un certain temps d’économie d’échelle et
d’effet d’expérience.

La politique commerciale stratégique :

Brander et Spencer, en 1983, mettent en avant l’idée que


l’intervention de l’état est nécessaire pour soutenir les
entreprises. Ils considèrent que l’état a tout intérêt à
intervenir et soutenir la R&D des entreprises. Et l’état va la
soutenir pour favoriser l’innovation. Et tout cela va se faire
dans le cadre d’une politique commerciale stratégique (BBI en
France, Banque pour l’innovation). Généralement, dans une
société moderne, l’avantage comparatif provient des
connaissances accumulées par les entreprises. Et cette
connaissance accumulée par l’entreprise se fait à travers la
R&D. Le problème, c’est que la R&D a des caractéristiques
économiques particulières puisque ses résultats profitent à
d’autres agents économiques grâce au progrès technique et à
sa diffusion. Si on suit cette idée, les entreprises vont
préférer attendre que d’autres investissent en R&D à sa place
et qu’elles puissent profiter de ces avantages sans frais. C’est
ce que l’on appelle le comportement de «  passager
clandestin  ». Si personne n’investit, on se retrouve avec un
blocage dans le progrès technique. L’état doit donc intervenir,
et ce, notamment, sous forme de subvention. En France : les
subventions d’état ou le crédit d’impôt recherche.

Paul Krugman, en 1987, a montré un exemple classique de


l’opposition entre Boeing et Airbus.

CF. MATRICES 1 et 2

Cela veut dire que si le gouvernement européen intervient,


Airbus aura forcément un avantage par rapport à Boeing, et
dans ce cas-là, Boeing aura tout intérêt à ne pas entrer sur le
marché européen. La politique commerciale justifie un
protectionnisme prédateur.
b. L’échange international : un échange inégal
L’échange international est un échange inégal car il y a une
répartition différente des gains de productivité selon les pays.
Puis il y a gain de productivité et gain de productivité : si je
me spécialise dans l’aéronautique, mes gains de productivité
seront plus intéressants que si je me spécialise dans la
production de banane.
C’est pour cela que les pays essayent de monter la gamme/le
niveau de leur produit lorsqu’ils se développent. Ainsi ils
espèrent augmenter leurs profits et leurs bénéfices pour la
nation.

Définition  : l’échange inégal est une situation de l’échange


international dans laquelle certains pays s’enrichissent grâce
à l’échange, au détriment d’autres qui s’appauvrissent.

Deux auteurs en particulier ont travaillé là-dessus  : Arghiri


Emmanuel (1972) et Samir Amin (1986). Il s’agit d’une
période de fin de colonisation, et ainsi on va pouvoir voir les
différences entre les pays maintenant livrés à eux-mêmes et
leur pays tutélaire.

Ils ont eu une réflexion qui, à la base, est inspirée de la


théorie Marxiste, mais ils sont quand même dans le
prolongement des théories ricardiennes sur les échanges
internationaux. Ils vont démontrer que le libre-échange
conduit à une exploitation internationale des pays en
développement par les pays développés.

Pourquoi y-a-t-il une exploitation internationale ?


Le marché moderne, c’est avant tout la spécialisation ; et la
spécialisation s’opère par l’intermédiaire d’entreprises
multinationales qui viennent s’implanter dans les pays du 1/3
monde où elles obtiennent des gains de productivité. Ces
gains de productivité sont utilisés pour baisser les prix des
produits pour pouvoir les exporter vers les pays développés.
Ce sont donc les habitants des pays développés qui profitent
de ces exploitations.

Mais ces entreprises multinationales sont aussi dans les pays


développés. Or les gains de productivité des entreprises dans
les pays développés sont utilisés pour la hausse des salaries
plutôt que pour baisser les prix de l’exportation (hausse des
salaires, des profits, rémunération des actionnaires…).
Mais il y a aussi la dégradation des termes de l’échange des
pays en développement. Cette dégradation vient du fait que
les PED vont devoir exporter plus pour importer une même
quantité.

Définition  : les termes de l’échange (TE) représentent le


rapport entre l’indice des prix des biens exportés et l’indice
des prix des biens importés. Exporter plus veut aussi dire
travailler plus, il y a donc un échange inégal du facteur
travail (selon Arghiri).

TE = Indice des prix des biens exportés / Indice des prix des
biens importés * 100

Cette détérioration s’explique aussi par la Loi d’Engel car


pour la loi d’Engel la demande de bien primaire est moins
forte à long terme. Le prix des biens primaires a donc
tendance à baisser.

c. Le rôle des entreprises et l’économie mondialisée


L’hypothèse centrale dans toutes les théories repose sur
l’hypothèse de la parfaite mobilité des facteurs de production
car l’acteur principal du commerce mondial est la firme
multinationale qui organise son activité de production à
l’échelle de la planète et non à l’échelle nationale.

d. L’organisation des entreprises au niveau mondial


Définition : une entreprise mondiale est une entreprise
qui organise et structure ses activités au niveau mondial.
Elle ne considère pas son marché comme une
juxtaposition de marchés nationaux cloisonnés, mais
comme un marché mondial unique.

Bernard Lassudrie Duchêne (1971) : DIPP, Décomposition


Internationale des Processus Productifs

Exemple  : le secteur automobile qui demande un grand


nombre de sous-ensemble de pièces. La technique c’est
d’éclater le processus de production en plusieurs pays,
afin de choisir les pays les plus spécialisés => ceux qui
me donnent les gains de productivité les plus élevés. Si
chacun des éléments est produit dans un pays différent,
l’entreprise multinationale va pouvoir bénéficier
d’économie d’échelle et d’expérience partout. Mais la
DIPP est intéressante que si l’économie de coût que je
réalise l’emporte sur les frais de transport.

Ce sont les pratiques proteccionistes qui ont conduit à la


DIPP car il ralentit la mobilité des facteurs pour les
barrières à l’entrée. De plus, avec l’envol du niveau
mondial, on a eu une homogénéisation des goûts. Les
firmes peuvent s’installer où elles veulent, tout le
monde désire acheter leurs produits.

e. Les conséquences de l’organisation des entreprises sur le


commerce mondial
Définition  : le commerce intrafirme, ou commerce fermé,
correspond aux échanges commerciaux internationaux entre
les filiales d’un même groupe.

Si une multinationale éclate sa production dans le monde,


cela veut dire qu’une partie non-négligeable des flux
commerciaux internationaux se font entre filiales d’une
même firme internationale. Près du tiers du commerce
international s’explique aujourd’hui par le commerce
intrafirme. Donc ces prix import/export ne sont plus le prix
du marché. Plus le prix d’une offre et d’une demande
mondiale. Donc le commerce intrafirme ne relève plus d’une
simple concurrence, elle relève d’une simple organisation des
entreprises. Dans ce cas-là, les prix du marché vont laisser
place à un prix de scission interne (prix auquel je vends à
l’intérieur de la structure mondial). Ces prix permettent de
faire apparaître les bénéfices du groupe dans les pays les plus
généreux fiscalement (=> paradis fiscaux).

B. Le commerce mondial
1.L’évolution des échanges internationaux
On va voir maintenant le volume des échanges de biens et services. Il
faut d’abord savoir que les échanges tirent la croissance. Et les
échanges internationaux ont connu une très forte croissance, en
volume, de manière assez conséquente, depuis la fin de la seconde
Guerre Mondiale. Quand on analyse les échanges de marchandise, les
proportions, on observe une part croissante des services dans le total
des échanges. Les services échangés au niveau international sont
majoritairement des services commerciaux. Et ce, pour une raison
essentielle  : les services non marchands peuvent être difficilement
échangés au niveau international, et notamment les services de
proximité.
Première constatation dans le total des échanges de bien à long
terme  : la part des échanges des produits manufacturés est
croissante. Par contre, à l’inverse, les produits agricoles sont en
baisse régulière. Enfin, les produits combustibles, comme le pétrole,
fluctuent suivant le cours. En résumé, le poids des différents produits
échangés dépend de deux facteurs :
• Les volumes
• Les prix relatifs
Autre constatation  : les pays développés sont les principaux
exportateurs de matière première.  Attention, dans les matières
premières on trouve aussi les produits agricoles. Et s’il y a ouverture
des frontières, forcément, il y a transmission des fluctuations de
l’activité économique.
Définition : le taux d’ouverture d’une économie nationale se définit
comme le rapport entre la moyenne des importations et des
exportations et le produit intérieur brut.
(((Exportations + Importations) / 2) / PIB) * 100
Il est lié à la dimension du territoire et de sa diversité. Si on a
plusieurs ressources, on importe moins. Lorsqu’on a un taux
d’ouverture élevé, c’est généralement car on n’a pas beaucoup de
ressources, donc on importe beaucoup. Les fluctuations économiques
se transmettent par le commerce international. Si on met alors en
place une politique de relance keynesienne (endettement et
demande), elle va avoir des fuites vers les autres pays à cause du
commerce international. On se retrouve donc avec des pays qui
deviennent des passagers clandestins en attendant qu’un pays décide
de faire une politique de relance pour en profiter.

2.La géographie des échanges


On va d’abord voir les principales puissances commerciales et la
concurrence entre les nations. Les nations sont forcément
concurrentes parce que toutes les ressources qu’elles n’ont pas sur
leur territoire, elles vont essayer de s’en approvisionner à
l’extérieur. Et donc en fait ce qui est en jeu dans le commerce
international, c’est bien la position de chaque nation les échanges.
En gros : sa part du marché mondial.

Pour affronter la concurrence internationale, les nations peuvent


s’appuyer sur plusieurs éléments de compétitivité collective. En
gros, pourquoi une nation est bonne, pourquoi les investisseurs
étrangers veulent investir chez elle ? Il y a à cela plusieurs réponses,
plusieurs éléments.
• Le système de santé : si vous avez un bon système de santé,
vous avez des employés en bonne santé. Exemple : la France
utilise entre 19 et 20% de son PIB pour son système de santé,
l’un des meilleurs au monde. Les EU utilisent environ 30% de
leur PIB pour leur système de santé, qui n’est pas réputé pour
son efficacité. Le système de santé est l’un des éléments
majeurs qui amène les investisseurs à investir en France.
• L’enseignement et la formation
• La paix sociale
• Les transports/infrastructures logistiques/communication
• La fiscalité
• Le droit
70% du commerce mondial est le facteur des pays développés. La part
des pays en développement dans l’économie mondiale fluctue car elle
est liée à la fluctuation des coûts des matières premières.
Ces changements de position profitent aux pays en développement et
marque le passage entre une ancienne division internationale du
travail et une nouvelle division internationale du travail.
Définition : la division internationale du travail (DIT) est un processus
de répartition de la production, et des étapes de la production, des
biens, et des services à l’échelle internationale. Elle est le résultat de
la spécialisation des économies nationales.
Définition : une zone d’intégration régionale, ou bloc commercial, est
une zone constituée entre pays généralement voisins, qui consiste à
créer un espace de libre-échange, une union douanière ou une entente
politique.

3.L’organisation des échanges


Les grandes puissances mondiales ont souhaité organiser le
commerce international. Pour cela, ils ont essayé de mettre en place
une sorte de code de bonne conduite qui a été modifié au fil du
temps et qui a pris en compte les nouveaux arrivants comme la Chine
ou l’Inde.
Le premier code de bonne conduite a été mis en place en 1947 à
travers le GATT => accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce.
Ces accords reposent sur deux grands principes :
• Le libéralisme (le libre-échange)
• Le multilatéralisme
La clause de la nation la plus favorisée est une clause essentielle
dans les relations internationales : tout avantage tarifaire accordé à
un membre doit être étendu à l’ensemble des membres.
Le principe de réciprocité est le second point important. En matière
d’avantage tarifaire, la réciprocité s’impose (donnant-donnant) pour
éviter qu’un pays membre ne profite des concessions de ses
partenaires sans en accorder lui-même.
Il y a souvent, entre les pays membres, des réunions appelées rounds,
dont ceux de l’OMC.
Définition  : l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est un
organisme issu des accords de l’Uruguay Round, chargé d’établir et
de faire respecter, par la concertation entre les pays membres, les
règles du commerce international.

L’OMC va notamment prendre en charge les services qui étaient


jusqu’ici protégées par une sorte de protectionnisme. Les nouveaux
pays membres devront donc prendre en compte l’ouverture des
frontières en matière de service et donc de concurrence.
L’OMC doit prendre en compte, reconnaître, les droits de propriété.
Elle n’est pas là pour libéraliser les droits de propriété mais pour les
faire reconnaître, et notamment ceux de la propriété industrielle.
Cela signifie que l’OMC reconnaît les monopoles temporaires que
confèrent les brevets. L’OMC permet ainsi aux pays de rentabiliser
leurs investissements en R&D.

Est-ce-que l’OMC est réellement un arbitre du commerce mondial ?


On peut affirmer que l’OMC lutte contre les barrières tarifaires, mais
également, elle essaye de lutter contre les barrières non-tarifaires.
Elle essaye également de lutter contre les politiques de soutien, et
notamment de soutien aux produits agricoles (PACE => Politique
Agricole Commune Européenne, l’OMC est contre) ou les subventions
à l’exportation.
C’est aussi un arbitre car il est doté, depuis les accords de
Marrakech, d’un service qui va régler les différends entre les
différents états. Cet organe est saisi par les états quand ils détectent
le non-respect des accords bilatéraux ou multilatéraux. Deux groupes
de nations se chamaillent : les États-Unis et l’Europe.
Exemple  : l’UE avait mis en place des quotas sur les bananes pour
protéger les bananes antillaises.

V. Le change
Avec la mondialisation, on échange de plus en plus de biens et de services. Et pour
les payer, on a besoin de monnaie, et parfois même de monnaie étrangère. Il est
donc nécessaire d’échanger des devises puisqu’il n’y a pas une monnaie
internationale unique.

Comment et à quel prix s’échangent entre elles les devises ?

La monnaie est un bien comme un autre, avec une valeur. Cela a un enjeu capital
parce qu’en fait, la détermination du taux de change a un impact sur l’économie
réelle et notamment à travers la compétitivité.

A. Taux de change et marché des changes


Le passage d’une monnaie à l’autre se fait par l’intermédiaire du taux de
change. Le taux de change est en fait la confrontation de l’offre et de la
demande d’une monnaie. Cette confrontation se fait sur un marché
particulier qu’est le marché des changes. Le change est donc une opération
permettant d’obtenir une monnaie étrangère à partir d’une monnaie
nationale, et inversement. Le taux de change n’est qu’un prix de marché,
c’est le prix du marché sur le marché des changes.

1.La notion de taux de change


Définition : le taux de change, aussi appelé taux de change nominal,
est le prix d’une monnaie exprimé en une autre monnaie. C’est le
nombre d’unités monétaires que l’on peut obtenir en échange d’une
unité d’une autre monnaie.

Le problème du taux de change nominal est qu’il ne prend pas en


compte un phénomène essentiel : la différence de pouvoir d’achat. Il
faut donc retraiter ça et utiliser ce que l’on appelle le taux de
change réel. Ce taux de change a un avantage  : il permet de
comparer le prix des biens entre deux pays.

Exemples  : un bien unique se vend 1.000$ aux États-Unis et 1.200€


en Europe. Le taux de change nominal e, observé sur le marché des
changes est : 1$ = 0,90€

Calcul du taux de change réel er :

er = (e x Prix du bien aux États-Unis/Prix du bien en Europe)


= Prix du bien américain en euros/Prix du bien européen en
euros
Ce qui donne : er = 0,9 x (1.000/1.200) d’où e = 0,75

1 dollar ne permettrait d’obtenir que 0,75 euros de ce bien en


Europe.

Le taux de change réel correspond à un indice de compétitivité prix


de l’économie domestique par rapport à l’économie de la devise
concernée.

Si vous avez un taux de change réel inférieur à 1, cela signifie que


vous êtes en situation de sous-compétitivité prix dans votre
économie domestique ou alors que vous avez une surévaluation de la
monnaie domestique par rapport à la devise étrangère.

En passant d’un bien unique à un panier de bien :


Le prix est remplacé par l’indice des prix respectifs de chaque pays
P, pour la zone euro et P* pour l’étranger.

er = e x P* / P

Au cours d’une même période, une monnaie peut s’apprécier par


rapport à certaines devises et se déprécier par rapport à d’autres.
Cela veut dire qu’il va falloir calculer le taux de change moyen d’une
monnaie avec un ensemble de devises. On en arrive donc à calculer
un taux de change effectif : c’est une moyenne pondérée des taux de
change bilatéraux.

Il y a deux types de taux de change très connus :

Définition  : un taux de change fixe est un taux de change (ou une


parité) fixé à l’avance dans le cadre d’accords internationaux, par
référence à un étalon (l’or, une autre devise, un panier de devises).

Définition  : un taux de change flexible, ou flottant, est un taux de


change qui varie librement sur le marché des changes en fonction des
offres et des demandes pour cette monnaie.
On peut donc trouver quelques bizarreries  : la couronne danoise a,
par exemple, un taux de change flexible par rapport au dollar mais
un taux de change fixe par rapport à l’euro.
2.Le marché des changes
a. Définition et notion de marché des changes
Définition : le marché des changes est le lieu de rencontre
entre les offreurs et les demandeurs en vue d’un échange de
devises, et qui aboutit à la fixation des prix des devises
exprimés entre elles, le taux de change.

Sur le marché des changes il y a des acheteurs de monnaie et


des vendeurs de monnaie. Lorsqu’ils se rencontrent, cela fixe
en temps réel le cours d’une monnaie.

Il n’y a qu’un seul marché des changes dans le monde entier


car en fait les échanges de monnaie se font d’un point à
l’autre de la planète en temps réel (téléphone, télex ou
informatique). C’est, géographiquement, un marché mondial,
et c’est un marché qui fonctionne en continue. Vous avez
donc une courbe de change 24/24h. Du fait du décalage
horaire, vous avez toujours une place financière ouverte (=
cotation en continu).

b. Les intervenants sur le marché des changes


Les banques centrales interviennent sur le marché des
changes afin d’essayer de régler la fluctuation du cours de
change  : elles vont essayer de contrôler les changes. La
grande technique des banques centrales consiste par exemple
à racheter de leur propre monnaie

Sur le marché des changes, des individus négocient (= les


cambistes) afin de réaliser au mieux les ordres de leur
clientèle. Leur technique est d’obtenir des gains de change
pour le compte de leur banque.

c. Marché au comptant, marché à terme


Sur le marché au comptant, le transfert de devise se fait de
compte à compte. Généralement, sur ce marché, la livraison
de devises se fait dans les deux jours ouvrables suivant la
négociation.

Sur le marché à terme, c’est déjà un peu plus compliqué. Le


marché à terme va livrer la monnaie, mais cette livraison
n’est pas immédiate. Elle est reportée dans le futur à une
échéance que l’on a convenu dès le départ, et elle se fait un
cours/cotation qui a été décidée maintenant. Ce cours est
appelé le cours à terme.

d. La couverture contre le risque de change


Un importateur français qui doit régler 1.000.000$ à un
fournisseur américain dans 3 mois. Aujourd’hui :

1$ = 1,10€ : le montant de la facture est de 1.100.000€.

Trois mois plus tard, lorsque je dois payer (et donc convertir
mon argent) :

Si à l’échéance, 1$ = 1€ : l’entreprise française enregistre un


gain de change de 100.000€.

Si à l’échéance, 1$ = 1,20€  ; une perte de change du même


montant.

Deux possibilités de couverture contre ce risque de change :


1. Acheter des devises sur le marché des changes au
comptant (ici 1.000.000$) et les placer sur le marché
monétaire pendant trois mois.
2. Acheter des devises à terme (ici 1.000.000$) à un cours
fixé à l’avance.

Avantages et limites de chacune des solutions :


Au comptant : l’entreprise va quelque part se priver du délai
de paiement que lui octroie l’entreprise américaine.
A terme  : l’entreprise peut accepter de payer plus cher ses
devises contre la certitude de ne pas avoir à les payer encore
plus cher. L’entreprise va se prémunir contre une variation
excessive de la devise.

CF SCHÉMA « LES ÉTAPES DU RÈGLEMENT DES ÉCHANGES »

Pour ces échanges, la banque doit faire face à des


spéculateurs qui vont profiter des écarts de temps et
d’espace parce qu’en fait le spéculateur, au niveau de
l’espace, va tirer profit des écarts de cours entre devises sur
plusieurs places financières en même temps.

Au total, en conclusion, le marché des changes est un marché


spéculatif. Au départ, les marchés financiers étaient là pour
protéger contre un risque, mais cette protection a fini par
créer des produits spéculatifs et cette spéculation est aussi
un élément non négligeable de la variation des cours de
change.

B. La détermination des taux de change


1.Taux de change et échanges de biens et services
Première règle  : le taux de change dépend du solde de
transactions courantes (= l’ensemble des échanges de biens et de
services).

Quand l’offre est supérieure à la demande, le prix sur le marché à


tendance à baisser.

Exportations Européennes(1) Importations


Européennes(1)

Offre de devises Offre d’euros


contre euros c o n t r e
devises

Marché des changes

Taux de change de l’euro contre devises

(1) = échanges avec des pays hors de la zone euro.


Un excédent des transactions courantes conduit à une hausse de la
demande de la monnaie nationale et amène à une appréciation du
taux de change, car en exportant beaucoup plus dans un pays qu’on
en importe, il y a besoin de beaucoup d’euros sur le marché des
changes pour payer. La demande d’euros est donc supérieure à la
demande d’euros.
Exemple  : la hausse du Yen qui a longtemps accompagné l’excédent
extérieur japonais.
Au contraire, s’il y a un déficit des transactions courantes, cela
amène à une dépréciation du taux de change.
Le taux de change dépend aussi des différences d’inflation entre
pays. Pour en juger, vous avez la théorie de la parité des pouvoirs
d’achat  (by CASSEL, 1916). Selon cette théorie, le taux de change
bilatéral est déterminé par le rapport des pouvoirs d’achat internes
des deux monnaies. Cela signifie qu’en quelques sortes le taux de
change va assurer l’égalité des pouvoirs d’achat entre les deux
monnaies.
Sur la même période, on constate que la PPA (Parité Pouvoir d’Achat)
est une explication satisfaisante aux différentiels de change.
L’explication du PPA fonctionne sur une longue période, mais elle ne
fonctionne pas forcément à court-terme. Cela veut dire qu’il y a
d’autres facteurs qui agissent sur le taux de change.

2.Taux de change et mouvement de capitaux


LES TAUX DE CHANGE SONT SENSIBLES AUX TAUX D’INTÉRÊT
On sait que les taux de change sont sensibles aux taux d’intérêt car
lorsque les taux d’intérêts, de la zone euro par exemple, sont
supérieurs aux taux d’intérêts pratiqués à l’étranger, alors les
capitaux vont affluer en zone euro.

Si ces capitaux sont en dollars, ils sont d’abord échangés sur le


marché des changes. Cela implique une hausse de la demande d’euro
et donc une appréciation de l’euro (puisque offre < demande).

Il semble que la relation entre le taux d’intérêt et le taux de change


puisse être inversé. Si on a une dépréciation de l’euro, cela peut
conduire à une hausse des taux d’intérêts en Europe  ; alors qu’une
appréciation de l’euro permet de réduire les taux d’intérêts.

Pourquoi  ? Car si une monnaie est fragile, les agents économiques


vont anticiper la dépréciation. Cela signifie que les agents
économiques ont moins confiance en cette monnaie, et ce manque
de confiance va obliger à augmenter les taux d’intérêts (pour
stabiliser le taux de change).

Les mouvements de capitaux sont sensibles aux différentiels de taux


d’intérêts entre l’économie nationale et l’étranger. Donc si le taux
d’intérêt étranger i* est supérieur au taux d’intérêt national, cela
signifie que les agents économiques nationaux préfèrent acheter des
titres étrangers. On peut donc exprimer le solde des flux de capitaux
en fonction de I et de i*. Il faut quand même noter que les flux de
capitaux sont aussi très sensibles aux anticipations de change des
agents économiques.

En somme, si les agents économiques s’attendent à une dépréciation
du taux de change, alors les capitaux étrangers n’entrent pas sur le
territoire (aucun intérêt d’investir en zone euro) et les capitaux en
place sortent. Il y a donc une liaison inverse entre le solde de la
balance des capitaux et l’anticipation de la variation du taux de
change.

Parité des Taux d’Intérêt (PTI) de Keynes, 1923 :


I = i* + ê
Avec :
I = taux d’intérêt de l’économie domestique
i* = taux d’intérêt en vigueur à l’étranger
ê = anticipation du taux de change

On sait que les mouvements internationaux de capitaux sont libres.


Un placement financier doit avoir la même rentabilité quelle que soit
la devise dans laquelle il est réalisé. Le taux d’intérêt de l’économie
domestique est donc lié au taux d’intérêt en vigueur à l’étranger,
auquel on rajoute un phénomène d’anticipation du taux de change.

LA SPÉCULATION DÉSTABILISE LES TAUX DE CHANGE


On constate que, sur le marché du taux de change, le taux de change
peut s’écarter durablement de ce que l’on avait prévu en analysant
les données comptables d’une nation. Pourquoi  ? A cause de la
spéculation.

Lorsque les agents économiques anticipent la dépréciation d’une


monnaie, ils se débarrassent de celle-ci en la vendant sur le marché
des changes. En vendant cette monnaie, ils contribuent à sa
dépréciation effective  : c’est comme s’ils accéléraient, comme s’ils
amplifiaient, ce mouvement en augmentant l’offre sur le marché des
changes.

En conclusion, le cours d’une monnaie peut baisser simplement


parce que les spéculateurs pensent qu’il va baisser. Mais le
spéculateur sait également que les anticipations des autres
spéculateurs peuvent aussi changer le taux de change. Cela veut
dire que les offres et les demandes de monnaie ne reflètent pas
nécessairement les idées que se font les spéculateurs des
paramètres macroéconomiques d’une nation ; mais elles reflètent
plutôt les idées que se font les spéculateurs de l’opinion des
autres spéculateurs.
Imaginons le cadre d’une anticipation de la hausse du taux de
change  : vous allez faire des opérations sur le marché financier en
conséquence. Il peut alors se créer une bulle spéculative puisque la
hausse va appeler la hausse. Sur les marchés financiers, tous les
traders vont commencer à acheter et s’ils achètent tous, le bien est
rare.

Définition : une bulle spéculative est un phénomène de hausse ou de


baisse de la valeur d’un titre ou d’une devise, qui résulte de
l’agrégation des comportements de mimétisme des acteurs sur un
marché (marché des changes, marché financier) : la hausse appelle la
hausse, la baisse appelle la baisse.

La bulle spéculative va continuer à gonfler tant que chacun est


persuadé que les autres vont continuer à spéculer dans le même sens.

CF. KEYNES – CONCOURS DE BEAUTÉ

C. Balance des paiements et politique de changes


1.La balance des paiements
Elle s’intéresse à l’ensemble des échanges de biens, de services et
de capitaux. Dans la balance des paiements, vous avez deux sous-
ensembles : la balance des transactions courantes qui ne gère que les
échanges de biens et de services  ; et le compte financier qui ne
comptabilise que les échanges de capitaux.

Le compte financier va enregistrer différents types de flux


financiers  : les flux d’investissement directs, les flux
d’investissement de portefeuille et les flux de prêt et d’emprunt
entre agents économiques résidants et non résidants.

2.Les politiques de change


Les politiques de change permettent de maîtriser les variations des
taux de change pour que cette variation du change ne soit pas trop
néfaste pour l’activité des agents économiques. Pour mettre en place
cette politique de change, les autorités monétaires disposent d’un
ensemble d’instruments :

Les différents systèmes de change :


Le système de change choisi par un pays doit être déclaré au FMI.

Cas dans lequel un pays décide d’abandonner l’utilisation de sa


propre monnaie : il va abandonner l’utilisation de sa propre monnaie
au profit d’une autre monnaie. Exemple  : les pays qui étaient dans
l’Union Économique et Monétaire ont décidé d’adopter l’euro (fin du
franc, du deutschemark, des pesetas…). Dans ce système, le degré
de flexibilité des changes entre ces pays est nul puisqu’ils ont la
même monnaie.

Système de la caisse d’émission ou « currency board » :


Dans ce système-là, un pays va arrimer sa monnaie à une devise
étrangère de référence. La monnaie nationale continue à circuler à
l’intérieur du pays, mais cette monnaie nationale circule en quantité
particulière. Cette quantité est strictement proportionnelle aux
réserves en devise étrangères de référence détenue par la banque
centrale ayant décidé de choisir ce système.
Ce système confère une forte crédibilité au niveau de la parité entre
la monnaie étrangère et la devise de référence.
Exemple : le peso argentin ou le peso mexicain.

Cela a pour conséquence un effet récessif. Ces effets peuvent


amener les dirigeants politiques à modifier ou à abandonner ce
système.

Le système de change fixe :


C’est un système dans lequel les devises sont définies entre elles par
rapport à une devise de référence, à un panier de devises ou à l’or.
Dans ce système, il y a des marges de manœuvre. Exemple : en 1944,
Accords de Bretton Woods. Ils ont amené un système de change fixe
par rapport au dollar avec une fluctuation de + ou - 1%.

Enfin, un pays peut opter pour un système de change flexible.


Le système de change flexible :
Le taux de change flexible varie en fonction des offres et des
demandes de la monnaie nationale sur le marché des changes. Ce
sont les mécanismes de marché qui permettent d’ajuster les taux de
change, et si j’ajuste les taux de change, j’élimine les déficits
extérieurs ; et j’arrive à les faire disparaître sans être obligé à une
manipulation des taux d’intérêts.

CF. SCHÉMA DU DÉFICIT EXTÉRIEUR


Les différentes politiques de change :
• Encadrer les variations de change pour justement limiter le
risque de change.
• Le renforcement de la compétitivité prix d’une économie
quand le taux de change s’éloigne de la PPA.
Cette politique de change peut, par exemple, permettre de réaliser
des objectifs de plein-emploi, de croissance, de stabilité des prix ou
d’équilibre extérieur.
Exemple  : l’objectif de la BCE est la stabilité des prix alors que
l’objectif de la BCN est le plein-emploi. Deux banques centrales,
deux objectifs différents – deux politiques complètement différentes.
La BCE va privilégier l’appréciation de l’euro pour lutter contre
l’inflation, et si vous appréciez l’euro, cela va diminuer le coût des
importations.
Instruments de politique des changes :
Les BC peuvent intervenir sur le marché des changes et elles vont le
faire pour réguler les variations de change. Comment le fait-elle ? En
achetant ou en vendant des euros pour que le cours s’apprécie ou se
déprécie. Cette pratique se limite aux volumes des réserves de
change qui sont disponibles.
CF. SCHÉMA DE « RÉSERVES DE LA BCE EN EUROS ET EN DEVISES »
Si les BCE ne peuvent pas apprécier l’euro en achetant de la
monnaie, elle peut manipuler les taux d’intérêts.
CF. SCHÉMA RÉCAPITULATIF
L’efficacité de la politique de change :
Si j’ai une politique de dépréciation, cela va amener à une hausse du
prix des biens importés. Si l’euro baisse, je vais payer plus cher le
baril de pétrole. En conséquence, j’ai une baisse du volume des
importations.
Parallèlement, la dépréciation de ma monnaie va amener une baisse
du prix de mes exportations. En conséquence, je vais pouvoir
augmenter mes volumes exportés.
Cela veut dire qu’au total, la dépréciation de ma monnaie doit
amener, théoriquement, à l’équilibre extérieur. Cependant, il y a un
problème. Oui, on peut atteindre l’équilibre extérieur, mais par
contre on va avoir une augmentation de l’inflation importée.
Ensuite, dans le cas d’une politique d’appréciation de la monnaie, on
aura une baisse des prix de l’importation. En conséquence, j’aurai
une hausse des volumes importés. Cependant, cela se fait au
détriment de la production nationale.
Car parallèlement, cette appréciation renchérit le prix des
exportations. Mes clients étrangers vont payer plus cher mes
produits. Cela a pour conséquence de freiner les volumes exportés.
Cela veut dire que cette politique d’appréciation de l’euro permet de
contenir l’inflation mais au détriment de la compétitivité prix.
ATTENTION : le postulat de cette démonstration est que les volumes
exportés et importés sont parfaitement sensibles à la variation du
prix en devise.
Mais cela oublie un paramètre  : dans cette démonstration, on ne
parle que de la compétitivité-prix. Or, un second paramètre joue
dans cette variation : la compétitivité hors-prix.
Un pays subira différemment cette appréciation ou cette
dépréciation en fonction des produits proposés à l’exportation.

VI. Problèmes monétaires et financiers internationaux


A. L’instabilité monétaire et financière internationale
Le système monétaire international est un ensemble de règles et
d’institutions qui visent à organiser les échanges monétaires internationaux.

1.La montée de l’instabilité sur le marché des changes


Dans l’entre-deux guerres, il s’est produit une dérive monétaire, qui
est passée notamment par une multiplication de ce que l’on appelle
les dévaluations compétitives. Elles sont l’un des éléments qui
explique l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Après la 2nd G.M., on va mettre
en place les accords de Bretton Woods en 1944.
Ces accords vont mettre en place un cadre monétaire, et ce cadre
monétaire se veut stable à l’échelle internationale. Ces accords
comprenaient tout d’abord la mise en place d’un système de taux de
change fixe. C’est-à-dire que chaque pays voyait la parité de sa
monnaie définie soit en or, soit en dollars. La cohérence du système
résidait sur le lien direct entre l’or et le dollar. La pérennité du
système va reposer sur les interventions des banques centrales des
pays adhérents. Cette intervention va être déclenchée dès que la
parité de leur devise s’éloigne de + ou - 1% par rapport à la parité
fixée vis-à-vis du dollar.
Ces accords vont aussi permettre la création du Fonds monétaire
international (FMI). Le FMI est le garant de la stabilité des changes. Il
a aussi la mission de venir en aide aux économies qui rencontreraient
des difficultés, et notamment des difficultés pour équilibrer leur
balance des paiements. Le FMI dispose de ressources qui proviennent
des adhérents, et cette ressource est appelée la quote-part.
En 1944 est fondée également la banque mondiale qui a pour mission
de lutter contre la pauvreté. Ses ressources proviennent des pays
riches.
Dès la fin des années 1950, le système de change fixe va connaître
des disfonctionnements. Pourquoi ? Car c’est à cette période que la
quantité de dollar en circulation dans l’économie mondiale va
s’accroître. Ce phénomène va démarrer tout d’abord avec l’aide des
États-Unis aux pays européens, et notamment avec le plan Marshall.
Il est aussi lié à la modification, à la mutation, des échanges
commerciaux. La dernière explication, qui va apparaître dans les
années 1960, est l’apparition des euro-dollars : c’est l’ensemble des
dollars qui étaient déposés sur des comptes bancaires en dehors des
États-Unis. Or, avec ces dollars, on pouvait accorder des crédits qui
étaient libellés en dollars, et à partir du moment où vous accordez
un crédit libellé en dollars, alors il y a création de devise
américaine, et cela en dehors du territoire des États-Unis (donc non
contrôlé par la banque nationale états-uniennes). Pour tous ces
problèmes-là, la quantité en circulation de dollars a augmenté.
Dans le système de change fixe, cela a changé car le rapport entre
quantité de dollars en circulation et stock d’or mondial est
considérablement modifié. Or c’est sur cette parité que reposait le
système monétaire. Ceci signifie que cela va aussi toucher la
confiance des autres pays dans le système monétaire adopté. Face à
cette situation, les américains ont peur que les pays demandent la
conversion de leurs dollars en or. Le 15 août 1971, le président Nixon
va décider unilatéralement la suspension de la convertibilité entre
l’or et le dollar. La fin du système du taux de change fixe va être
décrétée à la conférence de la Jamaïque en 1974.
On va donc passer à un système de change flottant. Or, ce système
de change flottant va provoquer des fluctuations de grande
envergure et notamment à très court terme. Cela pose un vrai
problème dans l’économie réelle, et notamment lorsque vous
exportez  : si vous exportez dans un pays dont la devise est en
mouvement perpétuel, vous subissez un risque de change (qui a un
coût). L’exemple classique de grosse variation est le dollar  : il va
être très bas au court des années 1970 puis remonter très haut dans
la première moitié des années 1980. Cette montée du dollar va
pousser les membres du G7 à intervenir en 1985  : c’est ce que l’on
appelle l’accord du Plaza. Il va afficher la volonté des grandes
nations de provoquer une baisse progressive du dollar. À partir de ce
moment-là, le dollar va baisser, mais trop vite et trop fort. Cette
chute du dollar trop brutale va aboutir en 1987 aux Accords du
Louvre. Ces accords visent à stabiliser le dollar. En 1995, une
nouvelle intervention aura pour but de remonter le dollar jugé à un
cours trop faible.

Ces interventions sur le marché des changes sont efficaces parce


qu’elles provoquent un effet de signal et cet effet de signal va
montrer la détermination des autorités monétaires. Mais la
concertation internationale pour jouer sur la monnaie a ses limites
puisque chaque pays a ses propres intérêts. L’exemple classique est
le dollar, qui a la particularité d’être à la fois une monnaie nationale
et une monnaie internationale. Les États-Unis ne souhaitent donc pas
voir le dollar s’apprécier, car s’il s’apprécie, cela va nuire aux
exportations américaines, et si ça nuit aux exportations américaines,
ça aggrave le déficit commercial américain.
De manière beaucoup plus générale, le système de change flottant
rend beaucoup plus facile la mise en œuvre de ce que l’on appelle
un dumping monétaire, c’est-à-dire avoir un taux de change faible
pour stimuler les exportations.
2.L’amplification des flux de capitaux
Au niveau monétaire et financier, il y a de grandes périodes
importantes :
Les années 1970 est la décennie de transformation des systèmes de
change. Les années 1980 vont être l’apparition d’un véritable
système financier international.
Mais avant d’être un système financier international, cette mutation
a d’abord été nationale. Comment  ? Parce qu’elle a vu apparaître
deux nouvelles formes de titres. Elle a aussi vu apparaître des
organismes de placement collectifs. C’est aussi le décloisonnement
des marchés : n’importe qui peut intervenir sur le marché financier
sans passer par les banques. Enfin, c’est encore la dérèglementation
qui a amené une véritable concurrence entre les établissements
financiers et non financiers.
Tous ces éléments ont permis l’apparition d’une épargne longue
(notamment pour sa retraite), et cette épargne longue s’est dirigée
vers les marchés financiers.
L’internationalisation a pu se faire parce que sont apparues les
nouvelles technologies de l’information, notamment parce qu’on
pouvait intervenir en temps réel sur n’importe quelle place de
marché au monde.
Face à une concurrence accrue, les banques se sont diversifiées et
internationalisées. Les banques se sont donc dirigées vers les
marchés financiers. Il faut savoir par exemple que 90% des actifs
financiers mondiaux sont gérés par les investisseurs institutionnels
(notamment les banques). L’exemple typique est le fameux «  fonds
de pension » américain qui à eux-seuls détiennent ¼ des titres côtés
à N-Y. Les fonds de pension sont des fonds détenus par des banques
qui disposent de l’argent déposés par les américains pour leur
retraite.
Les marchés financiers ont pour vocation d’assurer la rencontre entre
l’épargne longue et les besoins de financement. Cette rencontre a
aussi permis aux états de financer leur déficit sans avoir recours à la
création monétaire et donc sans avoir un risque d’inflation.
Les marchés financiers ont aussi permis le rééquilibrage mondial en
termes d’épargne. Comment  ? Parce que les marchés financiers ont
permis de transférer l’argent, cette épargne, qui était en excédant
dans certaines zones (Europe, Japon) vers les États-Unis, notamment
à une époque où la consommation américaine était très élevées (par
exemple au cours des années 1990).
Autre élément qui joue en faveur des marchés financiers  : ils ont
contribué au financement des pays en voie de développement,
notamment grâce aux flux d’origine privée. Mais cette répartition a
été largement déséquilibrée : on estime qu’à peine 2% des capitaux
privés ont été pour l’Afrique Subsaharienne.
Un autre élément est dangereux sur les marchés financiers, c’est la
puissance des investisseurs institutionnels internationaux, et
notamment celle des fonds de pension. Pourquoi ? Car le poids de ces
institutions est une menace et une contrainte pour de nombreux
états. Elle peut amener une déstabilisation des marchés. Par
exemple : si ces fonds de pension ont un avis défavorable par rapport
à une politique d’un pays, ils peuvent retirer massivement leurs
capitaux  ; et s’ils le font, on fera face à une chute des cours
boursiers voire même à une chute des taux de change.
Mais en fait, la critique principale du développement des marchés
financiers est qu’ils se sont écartés de leur fonction première. Ils ont
ainsi favorisé la montée d’une spéculation à l’échelle internationale.
Ex  : sur le marché des changes, seulement 5% des opérations
répondent à des besoins de devise liés à des transactions
commerciales. Les 95% restant sont de la spéculation. Ex  2  : les
marchés dérivés permettent, à la base, de couvrir un risque. C’est
devenu massivement un marché de la spéculation.
Il faut aussi savoir qu’une partie des marchés financiers ne sont pas
réglementés  : ce sont les «  black market ». On estime que les
produits dérivés, en 2008, représentaient 300.000 milliards de
dollars, c’est-à-dire plus de dix fois le PIB des États-Unis.

B. Les crises monétaires et financières internationales


1.L’apparition et la diffusion des crises
Au cours des années 1990, les crises ont touché plus particulièrement
les PED. Pourquoi  ? Car ces pays qui connaissaient la croissance
avaient besoin d’un financement, notamment pour leurs
investissements. Or, ce financement ne pouvait pas être assuré
uniquement par l’épargne nationale (insuffisante). Par conséquence,
ces pays-là ont eu besoin d’argent  : ils ont alors eu recours à
l’endettement, et donc aux capitaux internationaux. Mais
l’endettement est supportable tant que la croissance génère
suffisamment de ressources pour faire face (pour rembourser les
intérêts et les annuités). Le problème, c’est que la croissance de
nombreux pays émergeants va se construire autour du dynamisme
des exportations. Dès que vous avez un pays qui a un besoin essentiel
de ces exportations, le taux de change joue un rôle central.
Pourquoi  ? Car le taux de change a forcément un impact sur le
commerce extérieur. Mais il joue également sur l’endettement,
puisqu’une grande part de l’endettement est libellée en dollars.
Si dans ces pays, jouant sur l’exportation, vous avez une devise qui
s’apprécie trop fortement, les investisseurs internationaux vont
spéculer à la baisse de cette devise. Pourquoi  ? Parce qu’ils
considèrent que la politique d’ancrage, notamment la politique
d’amélioration de la devise, n’est plus tenable. Elle n’est plus
tenable parce qu’elle est trop pénalisante pour les exportations. Or,
si c’est le cas, elle va avoir un impact considérable sur la croissance.
Voilà pourquoi lorsque le dollar a augmenté à la fin des années 1990,
il a déclenché la crise asiatique de 1997. Comment a-t-elle
commencée  ? Par la Thaïlande, parce qu’elle a abandonné sa
politique d’ancrage au dollar. Si le dollar a augmenté, le poids de la
dette augmente aussi, et ce qui était le plus insupportable pour la
Thaïlande était sa dette courte. Elle s’est donc retrouvée en
situation de cessation de paiement. Et un phénomène aggrave cela :
les marchés financiers. Quand les investisseurs étrangers ont vu ce
qu’il se passait en Thaïlande, ils ont retiré leurs capitaux : on appelle
cela une fuite de capitaux. Cela a limité encore plus les possibilités
de financement pour la Thaïlande. Le cas de la Thaïlande a montré le
phénomène de diffusion des crises, qui est double  : les crises se
transmettent d’abord sur le plan géographique, mais aussi du
monétaire et du financier vers l’économie réelle. C’est l’exemple de
la crise des subprimes.
Le processus de développement économique est relativement
semblable pour les pays d’une même région du monde. Cette
croissance qui est axée sur le dynamisme des exportations a pour
conséquence, dans une zone géographique précise, d’instaurer une
vive concurrence. Et cette concurrence va se faire sur des produits
où la variable prix est importante.
Si vous avez la chute de la devise d’un pays, ça déclenche un
avantage concurrentiel. Et cet avantage concurrentiel va pénaliser
l’ensemble de la zone géographique. Si ma devise diminue, par
rapport à mes voisins, je suis beaucoup plus compétitif. Et si je le
suis, cela va inciter les autres pays à faire baisser la valeur de leur
devise.
Pour revenir à la Thaïlande, la contamination de la zone
géographique s’est faite par des attaques spéculatives contre les
autres relais du sud-est asiatique, ce qui a propagé la crise vers
l’Indonésie et la Corée.
S’il y a un ralentissement économique, l’état va mettre en place une
politique protectionniste. Cette fermeture des économies va
amplifier la crise.
Il y a une autre raison à la diffusion géographique de la crise : c’est
la forte intégration régionale des échanges. La majorité des
échanges internationaux se font sur les pays limitrophes. Cela veut
dire que tout ralentissement économique d’un pays important se
répercute sur les autres, en faisant notamment chuter les
exportations. Ex  : l’effet de contamination en Argentine dans les
années 1990.
Pour aller plus loin  : si ces pays réduisent leur croissance, ils
réduisent leur consommation et leurs importations, ce qui réduit les
débouchés commerciaux des pays industrialisés. Les crises
monétaires et financières régionales voire nationales deviennent
mondiales par le jeu de mécanisme notamment liés à l’économie
réelle.
Les crises qui frappent généralement les pays industrialisés sont les
crises boursières et/ou les crises bancaires. La période typique est la
décennie 2000. Dans les pays industrialisés, dans les années 2000,
vous avez eu la crise des années 2000 et la crise des subprimes en
2008. Ces crises-là s’expliquent en règle générale par le gonflement
d’une bulle spéculative. C’est-à-dire que plus les cours augmentent,
plus le risque d’un retournement devient important. Quand vous êtes
dans ces situations, la moindre information peut déstabiliser les
marchés, et si les marchés sont déstabilisés, cela peut entraîner une
chute très forte et très rapide des taux.

En 2000, après l’éclatement de la bulle internet, les autorités


monétaires américaines ont adopté une politique monétaire de faible
taux d’intérêt. Et cette politique a contribué à stimuler les crédits
immobiliers, ce qui a favorisé la formation d’une nouvelle bulle due
à la surévaluation de la valeur des actifs immobiliers. Cette bulle
s’est tellement développée que vont apparaître les subprimes  : les
crédits hypothécaires à taux élevé. Ils étaient supportables pour le
débiteur car le prix de l’immobilier continuait d’augmenter. En
développant ces subprimes, la banque s’est attaquée à une partie de
la population qui présentait une garantie de solvabilité faible. Les
banques se sont donc retrouvées face au risque d’insolvabilité de
leur client. Pour couvrir ce risque, les établissements bancaires vont
faire de la titrisation  : ils vont transformer en actif financier les
risques pris avec ces clients peu solvables. À travers cette titrisation,
les banques vont à la fois dissimuler ce risque mais aussi le diffuser.
Le problème arrive quand il y a éclatement de la bulle immobilière.
Cet éclatement va amener une baisse, une chute, des prix des actifs.
S’il y a cette chute, alors il va y avoir une chute de la valeur des
hypothèques. Avec cette bulle qui éclate, les banques vont être
confrontées à deux crises : d'abord une crise de solvabilité puisque
leurs clients ne peuvent plus payer, puis ensuite une crise de
liquidité parce que les banques ne vont pas pouvoir identifier
clairement les risques du fait de la titrisation. Cela mène à une
méfiance entre les banques qui ne vont plus se prêter entre elles sur
le marché interbancaire. C’est là que vont apparaître les premières
faillites bancaires, faute de liquidité. C’est ce qui va déclencher la
grave crise boursière. Cette crise, apparue sur une place de marché,
va se diffuser très rapidement à l’ensemble de la planète. Pourquoi
y-a-t-il une contamination  ? Car les agents financiers vont subir des
pertes, et ces pertes vont les obliger à vendre une partie de leurs
actifs financiers pour faire face à leurs échéances. La vente de ces
actifs financiers provoque une nouvelle chute des cours, ce qui va de
nouveau obliger les agents financiers à vendre une partie de leurs
actifs. Le problème, c’est que les actifs qu’ils possèdent là
appartiennent à d’autres places financières  (Hong Kong, Tokyo ou
Paris pour respecter leurs échéances de New-York). Ces ventes vont
faire chuter les places financières étrangères, c’est ce qui créé la
contamination. Enfin, s’ajoute à cela le fait qu’une banque doit de
l’argent à d’autres banques, et, par effet domino, on assiste à une
contamination de l’ensemble du système bancaire mondial.
2.Le rôle des acteurs
Les premiers fautifs sont les agents privés qui ont spéculé. Après, il
ne faut pas oublier que ces agents financiers récupéraient une
information qui devait être une information de qualité, donnée par
les agences de notation. Les agences de notation notent des
entreprises et des pays, et elles notent le risque que l’on prend à
investir dans telle entreprise ou dans tel pays. Ces mauvaises
informations, souvent dues à l’incompétence des agences de
notation, ont induit en erreur les agents privés.
Les premiers agents privés touchés sont les banques. Parmi ces
banques, les plus fragiles étaient les banques des pays émergents.
Pourquoi  ? Car ces banques étaient inexpérimentées pour gérer des
flux de capitaux de grande envergure. Or, dans les pays émergents,
une grande partie des flux monétaires qui circulent sont des
investissements étrangers. Dans un pays émergents, les
investissements étrangers affluent par milliards, or ces afflux doivent
être gérés par des banques : malheureusement, le système bancaire
de ces pays n’est pas suffisamment mature pour gérer de tels flux.
Les banques des pays développés aussi sont critiquées et fautives,
car du fait de la déréglementation de leur marché bancaire, elles ont
subi une concurrence accrue. Cela les a obligées à se diversifier.
Cette diversification les a amenées à réaliser des placements de plus
en plus risqués, et notamment dans les pays émergents.
Un autre acteur de la crise est le Fonds monétaire international
(FMI). Le FMI avait pour mission, au départ, de garantir la stabilité
des changes. Puis, au fur et à mesure, ses missions ont changé : il a
dû proposer des diagnostics sur la situation économique des pays
membres, et notamment prodiguer des conseils sur les politiques
économiques. Enfin sa dernière mission est d’octroyer des prêts aux
États qui se trouvent en difficulté. Le problème est que les
interventions du FMI vont avoir un effet pervers, et cet effet pervers
est décrit à travers le phénomène appelé «  aléa moral  ». Comment
cela fonctionne  ? Les investisseurs internationaux qui investissent
dans un pays savent qu’en cas de difficulté le FMI va soutenir ce pays
afin qu’il paye ses dettes. Cela veut dire que des placements jugés,
au départ, risqués dans des pays en difficultés ne le sont plus puisque
le FMI garantie le paiement. Enfin, les programmes de sauvetage que
fait le FMI sont imposés. Ils sont imposés, immuables et donc ils sont
très souvent inadaptés.
Exemple : la crise asiatique et la crise mexicaine ont été abordées de
la même façon par le FMI alors que l’origine de la crise était
différente. En Asie c’était un surendettement privé tandis qu’au
Mexique c’était un surendettement public.

C. La recherche d’un nouveau système mon. et fin.


International
1.Repenser le fonctionnement des marchés
On sait que le monde financier est à l’origine de la crise, à cause de
dysfonctionnements. Une série de mesure peut concerner tout
d’abord les mécanismes financiers.
Première solution : organiser et contrôler les marchés de gré à gré.
Pourquoi pourrait-on les organiser  ? Car ils sont très opaques, et
l’une des solutions est de taxer les marchés dérivés, et de les taxer
plus fortement que les marchés organisés.
Deuxième solution : s’attaquer à la titrisation des crédits. Pourquoi ?
Car elle augmente l’opacité des marchés. Pourquoi  ? Parce qu’elle
limite les possibilités d’appréciation du risque liées à ces fameux
crédits titrisés.
Troisième solution  : la réglementation de l’attribution des crédits.
Avec la flambée de l’immobilier aux États-Unis, de plus en plus de
courtiers en crédit sont apparus. Ces courtiers ont parfois eu recours
à des gonflements de revenus pour que le crédit soit accepté à la
banque, ce qui ne dérangeait pas les banques puisqu’elles se disaient
qu’elles auraient une plus-value en revendant la maison si le client
ne pouvait plus rembourser la banque. La solution consiste donc à
mieux contrôler l’octroi des emprunts, et à forcer les banques
américaines à vérifier la solvabilité du client. On peut aussi penser à
une limitation de la durée des prêts immobiliers.
Quatrième solution : nouvelle réflexion sur les normes prudentielles
et les normes comptables. Il faudrait réduire le nombre de
publications financières annuelles afin de réduire les mouvements de
capitaux à courts termes. On trouve aussi la stabilisation du système
monétaire et financier international. On pourrait par exemple mettre
en œuvre des dispositifs prudentiels dans les établissements
bancaires et notamment des économies émergentes ainsi que dans
certains pays développés comme le Japon où il n’y a pas beaucoup
de normes prudentielles. Autre pays où il manque de normes
prudentielles, et c’est ce qui risquerait de créer la prochaine crise
mondiale, c’est la Chine. On en a eu les prémices cet été avec un
-40% sur la place de Shanghai.
Cinquième solution : s’occuper un peu plus des paradis fiscaux où les
banques des pays développés ont de nombreuses filiales, et c’est à
travers ces paradis fiscaux que les banques spéculent sur les marchés
dérivés.

2.Imaginer de nouvelles formes de gouvernance


En matière de gouvernance, l’une des pistes consiste à revoir les
pratiques des sociétés financières en matière de rémunération. Le
problème de la société financière est le fait qu’une partie de la
rémunération se fait par les bonus, ce qui amène les traders à
prendre toujours plus de risques. On propose par exemple d’intégrer
une partie fixe plus importante. Sur la partie variable, la piste serait
de juger la part variable par rapport au gain réel réalisé. Enfin, ne
verser les primes au trader que lorsque l’opération est clôturée et
attribuer une rémunération sous formes de titres.
Loi de juillet 2010 aux États-Unis (loi Dodd Franck)  : loi américaine
sur la régulation financière qui prévoit la séparation des activités
entre banque de dépôts et banques d’affaire. Ceci permet la lutte
contre l’inflation immobilière et financière et la stabilité du système
de change.
Enfin, la question de la gouvernance passe aussi par la place centrale
que pourrait occuper le FMI.  

VII. …

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