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Université de Douala

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Faculté des Sciences Juridiques et Politique

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Département de Science Politique

Cours Magistral: RELATIONS

INTERNATIONALES

Enseignant: Pr. Guillaume EKAMBI

DIBONGUÈ

Année Académique: 2019-2020

Niveau : Licence II
Plan du Cours

Introduction

Relations internationales, affaires internationales, vie internationale, activité

internationale, objectifs des relations internationales.

I- Le milieu international

La notion de milieu international

Les facteurs du milieu international

Le facteur naturel

Le facteur technique

Le facteur démographique

Le facteur économique

Le facteur idéologique

II- Les acteurs de la vie internationale

Les États

Les organisations intergouvernementales (OIG)

Les forces transnationales

Les organisations non-gouvernementales (ONG)

Les firmes multinationales

L’opinion publique internationale

III- Les objectifs fondamentaux en relations internationales

Le maintien de la paix et de la sécurité

La prévention des conflits

Le rétablissement de l’ordre

Équilibre des forces et stabilité politique : bipolarité,

multipolarité, unipolarité.

Le développement de l’Humanité : la mondialisation


BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Cette liste présente essentiellement des outils de références et des ouvrages

généraux. L’étudiant pourra la compléter par des ouvrages et autres outils

spécialisés, selon le sujet qu’il souhaite aborder.

A/OUTILS DE RÉFÉRENCES

I) DICTIONNAIRES

AYACHE, Georges, DICTIONNAIRE BIOGRAPHIQUE DES

RELATIONS,

CHAIGNEAU, Pierre , INTERNATIONALES DEPUIS 1945,

Paris, Édition Eyrolles, 2007, 294 p.

DOBENIK, Richard, DICTIONNAIRE FRANÇAIS-ANGLAIS ET

ANGLAIS-

(s. la dir.), FRANÇAIS DES RELATIONS

INTERNATIONALES,

Paris, Éditions Ellipses, 2007, 563 p.

LAKEHAL, Mokhtar, LE GRAND LIVRE DE LA POLITIQUE, DE

LA

GÉOPOLITIQUE ET DES RELATIONS

INTERNATIONALES. 4000 TERMES POUR

COMPRENDRE LE DISCOURS POLITIQUE,

Nouvelle édition, L’Harmattan, 2018, 806 p.

SMOUTS, Marie-Claude DICTIONNAIRE DES RELATIONS

INTERNATIONALES,

BATTISTELLA, Dario, Paris, Dalloz, 2012, 584 p.

VENNESSON, Pascal,

VAISSE, Maurice, DICTIONNAIRE DES RELATIONS

INTERNATIONALES
e
(s. la dir.), XX SIÈCLE, Paris, Armand Colin, 2000, 298 p.

II) ATLAS
BONIFACE, Pascal, ATLAS DES RELATIONS

INTERNATIONALES,

Paris, Éditions Hatier, 2004, 160 p.

III) ANNUAIRES

L’ÉTAT DU MONDE, parution annuelle depuis 1981, Paris, Éditions La

Découverte.

ANNUAIRE FRANÇAIS DES RELATIONS INTERNATIONALES, Paris,

Ministère des Affaires Étrangères.

B/ OUVRAGES GÉNÉRAUX

I) HISTOIRE DES RELATIONS INTERNATIONALES

BONIFACE, Pascal, LES RELATIONS INTERNATIONALES DE 1945

À NOS JOURS : COMMENT EN SOMMES

NOUS ARRIVÉS LÀ ?,

Paris, Eyrolles, 2017, 237 p.

DUROSELLE, Jean HISTOIRE DES RELATIONS

INTERNATIONALES

Baptiste, 2 tomes, Paris, Armand Colin, 2004, 605 et 714 p.

DUROSELLE, Jean INTRODUCTION À L’HISTOIRE DES

RELATIONS

Baptiste, INTERNATIONALES,

Paris, Éditions Pocket, 2007, 530 p.

Mc ALEAVY, Tony, MODERN WORLD HISTORY :

INTERNATIONAL RELATIONS FROM THE

FIRST WORLD WAR TO THE PRESENT,

Cambridge, Cambridge University Press, 1996, 176, p.

REA, Tony, INTERNATIONAL RELATIONS. 1914-1995

WRIGHT, John, Oxford, Oxford University Press, 2006, 216 p.

II) SOCIOLOGIE ET POLITIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES


DEVIN, Claude, MÉTHODES DE RECHERCHE EN RELATIONS

INTERNATIONALES,

Paris, Presses de Science Po, 2016, 270 p.

GARCIN, Thierry, LA FRAGMENTATION DU MONDE : LA

PUISSANCE DANS LES RELATIONS

INTERNATIONALES,

Paris, Economica, 2018, 344 p.

MERLE, Marcel, BILAN DES RELATIONS INTERNATIONALES

CONTEMPORAINES,

Paris, Economica, 1995, 112 p.

MERLE, Marcel, SOCIOLOGIE DES RELATIONS

INTERNATIONALES
e
Paris, Dalloz, 5 édition, 2007, 560 p.

MOREAU DESFARGES, INTRODUCTION À LA GÉOPOLITIQUE

Philippe, Paris, Éditions du Seuil, 2005, 242 p.

MOREAU DESFARGES, NOUVELLES RELATIONS

INTERNATIONALES,

Philippe Paris, Éditions du Seuil, 2017, 432 p.

OLSON, William, THE THEORY AND PRACTICE OF

INTERNATIONAL

RELATIONS,

New-York, Prentice-Hall, 2005, 400 p.

ROSENAU, James, THE STUDY OF WORLD POLITICS,

London, Routledge, 2006

SINDJOUN, Luc, SOCIOLOGIE DES RELATIONS

INTERNATIONALES

AFRICAINES,

Paris, Karthala, 2003, 250 p.


SMITH, Thomas W., HISTORY OF INTERNATIONAL

RELATIONS,

London, Routledge, 2001, 227 p.

C/ REVUES

Politiques internationales (Paris)

Le Monde Diplomatique (Paris)

Alternatives Internationales (Paris)

Foreign Affairs (New-York)

Foreign Policy (Washington)

The World Policy Journal (New-York)


FICHE DE PROGRESSION DU COURS

SÉQUENCE THÈMES DÉVELOPPÉS DURÉE

INTRODUCTION :
SÉQUENCE
Relations internationales, affaires internationales, vie
03 H
1
internationale, activité internationale, objectifs des

relations internationales.

Première partie : LE MILIEU INTERNATIONAL

La notion de milieu international

Les facteurs du milieu international


SÉQUENCE
Le facteur naturel 10 H
2
Le facteur technique

Le facteur démographique

Le facteur économique

Le facteur idéologique

Deuxième partie : LES ACTEURS DE LA VIE

INTERNATIONALE

Les États

Les organisations
SÉQUENCE
intergouvernementales (OIG) 18 H
3
Les forces transnationales

Les organisations non-

gouvernementales (ONG)

Les firmes multinationales

L’opinion publique internationale

Troisième partie : LES OBJECTIFS

FONDAMENTAUX EN

RELATIONS INTERNATIONALES

Le maintien de la paix et de la sécurité

SÉQUENCE La prévention des conflits


12 H
4 Le rétablissement de l’ordre

Équilibre des forces et stabilité

politique : bipolarité, multipolarité,

unipolarité.

Le développement de l’Humanité : la

mondialisation

É É É
SÉQUENCE CONCLUSION GÉNÉRALE : Bilan générale 02 H

5
INTRODUCTION

L’étude des relations internationales a, au fil des temps, intéressé de

nombreux spécialistes, à savoir les historiens, les géographes, les juristes,

les économistes, les sociologues ou encore les philosophes. Tour à tour, ils

ont étudié cette réalité sous l’angle des relations de paix entre nations ou des

relations de guerre, entre elles.

Sous l’aspect pacifique, les relations entre nations ont été étudiées

sous le prisme du commerce (commerce autour de la Méditerranée, traite

négrière et commerce triangulaire, comptoirs coloniaux, route de la soie,

etc…), de la religion (missionnaires, évangélisateurs), de la politique

(constitution volontaire de grands ensembles sous-régionaux, régionaux et

universels).

Sous l’angle de la guerre, les chercheurs se sont attachés à étudier les

relations internationales sous l’effet des guerres qui expriment la quête

expansionniste des peuples, les conquêtes territoriales et la constitution

forcée des grands empires (empires grec, romain, ottoman, coloniaux,

etc…)

De nos jours, les relations internationales entre les peuples se sont

largement complexifiées en s’enrichissant de nouveaux aspects : rencontres

sportives, échanges de jeunes, relations entre villes, entre universités, entre

syndicats ou encore jeunes de divers pays.

Quatre changements majeurs ont affecté l’évolution des relations

internationales contemporaines :

a) Au niveau des acteurs : à l’origine, les relations internationales


étaient menées par des individus (explorateurs, commerçants,

missionnaires) relayés par la suite par les États. De nos jours, de

nouvelles catégories d’acteurs sont entrées sur la scène : les

ONG (Organisations Non Gouvernementales), les collectivités

territoriales décentralisées, les firmes multinationales, l’opinion

publique, etc…

b) Au niveau des centres névralgiques : longtemps centre

névralgique du monde dans des relations internationales,

l’Europe s’est vu détrônée depuis la Première Guerre Mondiale

par de nouveaux centres : USA, Russie, Japon, Pays Émergents.

e
c) Changement dans les motivations des acteurs : avant le 20

siècle, les relations internationales étaient essentiellement

fondées sur l’intérêt des États attelés aux mêmes conceptions de

la société : intérêts économiques et commerciaux, expansion et

grandeur de la Nation. L’avènement de l’Union Soviétique en

1917 et plus particulièrement de l’hitlérisme dans les années

1930 ont introduit dans la sphère des relations entre nations non

plus simplement le facteur ‘’intérêt’’, mais des conceptions

radicalement différentes de l’homme et de la société nourries

soit au marxisme-léninisme soit au nazisme.

d) L’émergence du Tiers-Monde : après 1945, à la faveur de la

décolonisation, émerge un nouvel acteur : le Tiers-Monde. Son

avènement s’accompagne de l’apparition d’une inégalité

frappante entre acteurs tant du point de vue de la dimension que

de la richesse et d’une diversification accentuée des cultures et

civilisations des acteurs.

Tout cela donne une idée de la complexité et de l’étendue du champ et

de la notion des relations internationales que l’on peut définir comme


l’ensemble des flux d’actions publiques ou privées qui traversent ou tendent

à traverser les frontières.

L’approche fondée sur le critère de la frontière présente un double

avantage. D’une part, elle permet d’inclure dans les relations internationales

l’ensemble des manifestations les plus diverses de l’Humanité tant par leur

origine (publique ou privée) que par leur nature (politique, économique,

sociale, culturelle) qui vont au-delà des frontières. D’autre part, elle tient

compte du phénomène de base que constitue la division du monde en États,

puisqu’elle fait précisément de ces États, matérialisés sur le terrain par le

tracé des frontières, la condition nécessaire et suffisante pour qu’une relation

puisse être qualifiée d’’’internationale’’.

L’ensemble des actions menées dans les relations internationales

constitue ce que l’on appelle les affaires internationales ou plus précisément

la vie internationale. Celle-ci se déroule dans un cadre donné, est menée par

des acteurs donnés qui poursuivent des objectifs donnés.

C’est pourquoi notre étude se déroulera en trois temps :

Dans un premier temps, il s’agira d’étudier les facteurs qui

influencent le milieu international et les acteurs en relations

internationales.

Dans une deuxième partie, nous examinerons les acteurs eux-

mêmes, privés ou publics, qui animent ce milieu.

Enfin, nous nous pencherons sur les deux objectifs principaux

et constants poursuivis par les acteurs à savoir le maintien de

la paix qui résulte du respect de la sécurité de chaque État et

le développement en vue d’atteindre le bien-être de

l’Humanité par l’accroissement du niveau de vie, mais

également de la qualité de vie.


Nous ne perdons pas de vue qu’à côté de ces deux objectifs principaux

et normaux, existent des objectifs déviants des relations internationales :

quête de l’hégémonie, croisade idéologique, etc…

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PREMIÈRE PARTIE : LE

MILIEU INTERNATIONAL

Par milieu international, nous désignons l’environnement du système

international. L’étude du milieu international consiste donc à identifier

l’ensemble des facteurs qui commandent le comportement des acteurs,

autrement dit l’ensemble des contraintes qui pèsent sur leur action et le

fonctionnement du système international.

L’on étudiera donc successivement les facteurs naturel, technique,

démographique, économique et idéologique.

LE FACTEUR NATUREL

Il s’agit des éléments permanents et stables, extérieurs à l’homme, qui

conditionnent l’action des États sur la scène internationale.

En premier lieu, il convient de noter l’espace comme facteur naturel.

L’espace est considéré ici sous le triple angle de la dimension, de la

configuration et de la situation.

La dimension des États fait ressortir des différences considérables de

taille entre des pays d’envergure continentale (Russie, Inde, Brésil) et

d’autres qui figurent à peine comme un point sur la carte (Monaco,

Singapour ou la Barbade) en passant par tous les niveaux intermédiaires.

Quant à la configuration, elle permet, même à dimension égale, de

distinguer les espaces désertiques des vallées fertiles, les zones


montagneuses inaccessibles des plaines aisément ouvertes aux

communications.

Enfin, la situation permet de différencier les pays enclavés de ceux

bénéficiant d’un accès à la mer, les pays insulaires des pays continentaux.

La puissance ou la faiblesse d’un État dans le milieu international sera

fonction de l’espace qu’il y occupe. L’on comprend que les grandes

puissances sont généralement des pays vastes jouissant de larges bordures

maritimes. C’est précisément cette relation entre la géographie et la

politique des États qu’entend étudier la GÉOPOLITIQUE.

Mais cette relation n’est pas immuable à travers le temps. Car de nos

jours, les immenses progrès de la science et de la technique ont permis de

diminuer sensiblement la dépendance d’un État par rapport à son espace :

satellite, armes balistiques, cas du Japon grande puissance disposant

pourtant de peu d’espace naturel.

Ii n’en reste pas moins que l’espace détermine autrement la politique

internationale en raison des ressources naturelles qu’il procure à un État.

Les ressources naturelles sont fournies soit par la qualité des sols

(agriculture), soit par les produits et matières premières du sous-sol. Sols et

sous-sols déterminent la richesse d’un pays, donc sa puissance économique

dans le milieu international, dès lors qu’il est admis que les ressources

naturelles sont inégalement reparties de par la planète.

Mais ici, il faut également relever que la situation n’est pas figée. En

effet, la notion de ressources et la puissance qui en découle varie dans le

temps en fonction de l’état d’avancement de la technologie. Car il est arrivé,

grâce au progrès, que des zones hier réputées arides ou dignes de peu

d’intérêt comme les sables du Sahara algérien ou de l’Arabie Saoudite ou


encore les océans deviennent aujourd’hui des régions hautement convoitées

dès lors que la technologie a pu y déceler et exploiter des ressources rares.

LE FACTEUR TECHNIQUE

Les progrès accomplis par la science et la technique ont permis de

réaliser au cours des cinquante dernières années autant de découvertes que

pendant le reste de l’histoire de l’Humanité. Cela a, de toute évidence,

chargé la face du monde donc du milieu international.

L’impact du progrès technique dans le milieu international est

principalement intervenu sous la forme de l’accélération des moyens de

transport et de communications.

L’accélération des transports et des communications (avion,

téléphone, radio, fax, télévision, internet, etc…) a permis de vaincre les

deux obstacles majeurs qui jusqu’alors handicapaient la conduite des

relations internationales depuis les origines, c'est-à-dire la distance et le

temps. Ce qui permet aisément de nos jours de parler de ‘’village

planétaire’’. Cette évolution du milieu international en ‘’village planétaire’’

introduit deux conséquences principales dans la vie internationale : d’une

part sur la manière de faire la diplomatie (Chefs d’États et de

Gouvernements, Ministres se déplacent fréquemment d’une capitale à

l’autre ou communiquent beaucoup plus facilement) et d’autre part sur

l’attitude des peuples à l’égard des problèmes de l’Humanité (ex : les

guerres, les drames des migrations en mer, etc…).


LE FACTEUR DÉMOGRAPHIQUE

Les relations internationales ne se limitent pas aux rapports entre

États. En effet, à travers les frontières, les populations circulent et

provoquent, par des courants migratoires, des séries de perturbations en

chaîne qui affectent aussi bien l’équilibre au sein des sociétés que les

rapports entre ces sociétés. Les mutations quantitatives et qualitatives qui se

sont produites depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale dans le cadre

des populations constituent un phénomène sans précédent qui imprime un

impact majeur sur le milieu international.

Le facteur démographique peut-être identifié par le biais de trois

aspects : l’explosion démographique, les migrations de populations et

l’avènement des ghettos et diasporas.

- L’EXPLOSION DÉMOGRAPHIQUE

e
Dès la fin du 18 siècle, l’économiste anglais Thomas Robert

MALTHUS (dans un ouvrage intitulé Principes de la Population) avait été

le premier à attirer l’attention de l’opinion mondiale sur le danger que

l’augmentation de la population faisait peser sur la survie de l’espèce

humaine. MALTHUS considère que l’écart entre l’augmentation de la

population (qui progresse de manière géométrique) et celle des ressources

disponibles (qui progressent de manière arithmétique), comporte des risques

d’un périlleux déphasage entre le nombre d’habitants sur la planète et les

ressources de la Terre, destinées à faire vivre les populations.

Depuis 1950, l’on assiste à une réalisation des projections de

MALTHUS avec le doublement de la population mondiale en une


génération. Si ce rythme devait être maintenu, cette population devrait

avoisiner les 12 milliards d’individus vers 2025.

Favorisée essentiellement par les progrès de la médecine et de

l’hygiène, cette explosion de la population mondiale a crée des zones de

haute pression démographique (les pays pauvres où la population croit de 2

à 3% l’an) et les zones de basse pression démographique (les pays riches ou

règnent la contraception et l’avortement).

Face à cette situation qui préoccupe l’ensemble des responsables de la

planète, trois conférences mondiales des Nations Unies (Bucarest 1974,

Mexico 1984 et Caire 1994) ne sont pas parvenues à élaborer des voies de

solutions, en raison de l’affrontement manifeste des thèses entre

malthusiens et anti-malthusiens.

Pendant ce temps, les effets de cette explosion démographique

continuent à s’exercer dans le milieu international, principalement par les

migrations de population.

- LES MIGRATIONS DE LA POPULATION

Les migrations internationales de population concernent

essentiellement quatre catégories de personnes :

Les demandeurs d’asile : ils ont été chassés ou évadés de

leur pays pour échapper aux persécutions politiques,

idéologiques ou confessionnelles ;

La main d’œuvre peu ou non qualifiée désespérant de

trouver un emploi dans le pays d’origine ;

Les membres de l’élite locale qui fuient leurs pays dans le

but de valoriser leur statut d’intellectuel dans d’autres pays


où leurs talents seront mieux rémunérés : c’est l’exode des

cerveaux ;

Les étudiants cherchant à poursuivre leurs études dans les

universités et écoles de formation des pays développés.

De toute évidence, ces migrations vont pour la plupart dans le sens

Sud-Nord. En dépit des mesures prises par leurs Gouvernements, les pays

du Nord (occidentaux) sont hors d’état d’empêcher l’immigration

clandestine. Ce qui constitue un lourd défi pour les prochaines décennies à

ces pays face à la poussée exercée par les flux de population en provenance

du Tiers-Monde.

Les drames humains enregistrés ces dernières années avec les

naufrages des milliers de clandestins sur les rivages de l’Europe ont conféré

à cette thématique une immense résonnance émotionnelle dans le monde

tout en relevant l’ampleur et la complexité du phénomène migratoire.

- GHETTOS ET DIASPORAS

Les migrations soulèvent le problème de l’implantation sur un ou

plusieurs territoires de véritables ‘’colonies étrangères’’ (Ex : Chinatown à

New-York et à Paris, quartier nigérian à Douala, etc…). Ici, si l’assimilation

s’effectue mal, l’on assiste à la formation des ghettos, c'est-à-dire des zones

fermées dans une ville où vivent des populations d’origine commune.

Quand les populations étrangères sont intégrées dans le pays

d’accueil, il subsiste néanmoins le problème de la relation avec le pays

d’origine. L’on assiste à la création de diasporas, terme qui désigne la

dispersion d’un peuple ou d’une même ethnie à travers le monde. La

présence d’une forte diaspora dans le pays d’accueil est synonyme de


groupe de pression dont l’action influence la politique de ce pays d’accueil :

exemple des Juifs en France, mais surtout aux États-Unis.

En définitive, l’on peut affirmer que l’examen des problèmes de

population comme facteur de relations internationales démontre que les

relations entre États ne se réduisent pas à l’action des gouvernants, mais que

ceux-ci sont obligés d’intégrer dans leurs actions le nombre, la nature et le

comportement des hommes qui traversent les frontières.

LE FACTEUR ÉCONOMIQUE

Du point de vue économique, ce qui est vrai des hommes l’est autant

pour les États dans les relations internationales, à savoir que la détention de

la richesse est source de puissance.

Au niveau des États, la richesse se fonde essentiellement sur la

détention des ressources et la capacité à les exploiter.

Or nous savons que la détention des ressources obéit avant tout aux

aléas de la nature, laquelle procure aux États selon les cas un sol ou un sous-

sol riche ou pauvre.

Quant à la capacité d’exploitation des richesses, elle est étroitement

liée au niveau du développement technologique et à l’état quantitatif et

qualitatif de la population. Ainsi, le facteur économique sera la résultante

de la combinaison qui s’établit à un moment donné entre les trois autres

facteurs préalablement étudiés, c'est-à-dire, la nature, le progrès technique

et la population.

La résultante de ces trois facteurs confère ou ne confère pas la

puissance économique à un État et permet une hiérarchisation des États.


Elle influencera par conséquent l’action des uns et des autres sur la scène

internationale soit en poussant un État à imposer par domination sa

puissance économique soit en recherchant à la renforcer par la préservation

et la conquête d’intérêts.

LE FACTEUR IDÉOLOGIQUE

Le comportement des hommes, comme des États, est commandé non

seulement par la recherche de l’intérêt, mais aussi par la ‘’représentation’’

qu’ils se font des phénomènes qui les entourent. C’est ici qu’intervient le

rôle des images et des idées réelles, fausses ou supposées, que les uns se

font des autres et vice-versa dans le milieu international.

Ici on rencontre le rôle des croyances, des mythes, des idéologies et

des utopies.

Parmi les idéologies qui ont jalonné l’histoire de l’Humanité, on peut

citer le libéralisme, le socialisme, le fascisme, l’impérialisme, le nazisme, le

fédéralisme, le pacifisme, l’islamisme, etc…

Celles-ci ont été souvent cause de guerre ou de rapprochement entre

peuples et constituent de ce fait un facteur déterminant dans les relations

internationales.

Tels sont les facteurs qui, isolément ou en combinaison les uns les

autres, contribuent à structurer le milieu international et à déterminer le jeu

des acteurs.

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DEUXIÈME PARTIE : LES

ACTEURS DE LA VIE

INTERNATIONALE

LES ÉTATS :

Les États sont incontestablement les acteurs privilégiés des relations

internationales. Un État est une entité fondée sur la concordance de trois

éléments matériels (un territoire, une population et un Gouvernement) et un

élément juridique à savoir la reconnaissance par les autres États. Ainsi sur

un territoire appelé le Cameroun, vit une population de Camerounais dirigés

par un Gouvernement reconnu par la Communauté Internationale. On peut

donc parler de l’État du Cameroun.

C’est pourquoi, une fois constituée à l’intérieur de ses frontières, un

État doit pouvoir obtenir une reconnaissance internationale par les autres

États. Cette reconnaissance est attestée par son admission à l’Organisation

des Nations Unies, laquelle consacre son entrée dans le concert des États.

Dès lors, l’État constitué se dote de compétences interne et externe.

- LA COMPÉTENCE INTERNE :

Elle confère à l’État la liberté d’agir comme il entend à l’intérieur de

ses limites territoriales. Il est ainsi le sujet de droit par excellence. Il dispose

du monopole de la décision et, en cas de besoin, de la contrainte. En

d’autres termes, il a le monopole de l’émission des règles de droit et des

sanctions liées à celles-ci.


Au niveau des relations internationales, cette disposition juridique

appelle cependant trois réserves, celles :

du tracé exact des frontières ;

du lien de nationalité ;

et enfin, celui récent du droit d’ingérence.

Pour ce qui est des frontières, la difficulté apparaît au niveau de leur

délimitation précise (cas de la frontière nigéro-camerounaise) et tout

particulièrement au niveau des frontières maritimes avec la vieille querelle

des ‘’eaux territoriales’’, c'est-à-dire la portion d’espace maritime située en

bordure des côtes et sur laquelle l’État riverain entend exercer des droits

comparables à ceux dont il jouit sur l’espace terrestre. En d’autres termes,

c’est la zone parallèle à la côte qui est réputée faire partie du territoire

national et dans laquelle l’État riverain exerce pleinement sa souveraineté.

Elle s’étend, selon les règles internationales, sur 12 miles nautiques environ,

soit 22 Km de largeur. Les eaux territoriales ont acquis un regain d’intérêt

en raison des ressources pétrolières et halieutiques (poissons) qu’elles sont

susceptibles de receler.

Pour ce qui est du lien de nationalité, s’il est établi que chaque État a

autorité sur ses ressortissants, c'est-à-dire les individus qui relèvent de lui

par la nationalité, des difficultés apparaissent en revanche dans l’exercice de

l’autorité de l’État d’accueil sur les ressortissants étrangers y implantés

(ressortissants français ou centrafricains au Cameroun). C’est pourquoi les

États signent des conventions d’établissement qui fixent par voie d’accord

bilatéral, le statut de telle ou telle catégorie de ressortissants étrangers sur le

territoire de l’État d’accueil.

Enfin, le principe du droit d’ingérence, d’apparition récente, se

présente comme une limite à la compétence interne. En ce sens qu’il


invoque un droit de regard et d’intervention de la communauté

internationale dans les affaires intérieures d’un État souverain quand ce

dernier porte atteinte à la liberté et aux droits de l’Homme à l’intérieur de

ses frontières.

- LA COMPÉTENCE EXTERNE :

Au-delà de la compétence interne, l’État constitué dispose de la

compétence externe, c'est-à-dire l’ensemble des prérogatives attribuées aux

États pour agir dans la sphère des rapports internationaux. Cette

compétence se décompose en quatre éléments principaux : la fonction de

relation, la fonction de négociation, le pouvoir de contrainte (ou droit de

guerre) et enfin le droit d’ester en justice.

La fonction de relation : elle confère à un État le droit d’entretenir des

représentants auprès des autres États ET en d’en recevoir. La représentation

d’un État peut revêtir deux formes selon qu’il s’agit d’une mission

diplomatique ou d’un service consulaire.

C’est par l’entremise des missions diplomatiques que les États

entretiennent normalement leurs relations mutuelles. La mise en place d’une

mission diplomatique est matérialisée par l’échange d’Ambassadeurs,

représentants officiels et permanents d’un État auprès d’un autre. L’État qui

reçoit un nouvel Ambassadeur doit préalablement donner son agrément,

c'est-à-dire un accord pour la personnalité désignée par l’autre

Gouvernement. Une fois agréé par un autre Gouvernement, l’Ambassadeur

doit prendre ses fonctions auprès de celui-ci. L’entrée en fonction de

l’Ambassadeur est marquée par une cérémonie solennelle au cours de

laquelle il doit soumettre publiquement ses lettres de créances au Chef de

l’État hôte.
Pendant leur séjour dans le pays hôte, l’Ambassadeur, ses

collaborateurs et leurs familles, ainsi que les bâtiments et les services de la

mission diplomatique bénéficient de l’immunité diplomatique, notamment

en matière juridictionnelle, fiscale et douanière. En d’autres termes, les

personnes, les biens et les actes couverts par l’immunité diplomatique sont

soustraits à la compétence des autorités locales qui ne peuvent exercer à leur

encontre aucune réglementation, ni à plus forte raison aucune mesure de

contrainte.

Les fonctions assumées par une mission diplomatique sont de quatre

ordres. En premier lieu, l’Ambassadeur exerce une fonction protocolaire

c'est-à-dire il doit assurer la représentation de son pays dans les cérémonies

officielles de l’État hôte. En second lieu, la représentation diplomatique

exerce une fonction de relation : les discussions, négociations et échanges de

vues entre Gouvernements s’opèrent en principe par la voie diplomatique.

C'est-à-dire que les communications écrites ou verbales sont transmises par

l’intermédiaire des Ambassades. Troisième lieu, les missions diplomatiques

jouent le rôle d’information en renseignant leurs Gouvernements sur la

situation du pays où elles sont installées. Enfin, les Ambassades assurent

une mission de protection des droits et des intérêts des ressortissants

nationaux établis à l’étranger.

Si l’étendue de ces fonctions montre qu’une grande partie des

relations entre Gouvernements s’opère quotidiennement par le canal des

services diplomatiques, il n’en reste pas moins vrai de nos jours, que la

fonction diplomatique connait des limites et a perdu son monopole en raison

du progrès technique.

En effet, à l’heure où les informations circulent à la vitesse de la

lumière, où les Chefs d’États et de Gouvernements ainsi que les ministres se


déplacent d’une capitale à l’autre avec une extrême facilité, les Ambassades

n’ont plus l’exclusivité de l’information, ni le monopole du dialogue entre

autorités Gouvernementales.

Quant aux services consulaires, ils sont chargés exclusivement

d’assurer aide et protection aux ressortissants de l’État d’origine dans le

pays d’accueil. À cette fin, le Consul ne remplit ni une fonction de

représentation, ni une fonction politique. Il joue donc, tour à tour, le rôle

d’officier d’État civil (célébration des mariages, déclaration des naissances

et décès, etc…), de notaire (contrats de mariages, testaments, etc…). De

même, il est habilité à délivrer les visas d’entrée dans son pays aux

ressortissants du pays d’accueil.

Il convient enfin de noter que ces deux modes de relation entre États

(Ambassades et Consulats) ne sont pas nécessairement liés l’un à l’autre. La

création d’une Ambassade n’implique pas forcément celle d’un ou plusieurs

Consulats. À l’inverse, un Consulat peut être établi avant tout échange de

représentation diplomatique.

La fonction de négociation : tout État a le devoir d’engager sur

n’importe quel sujet des négociations avec un ou plusieurs autres États et de

conclure celles-ci jusqu’à un accord en bonne et due forme qui liera pour

l’avenir les parties en cause. Il en est ainsi des traités de paix mettant fin à

une guerre, des traités commerciaux, de délimitation des frontières ou de

création d’une Organisation Inter-Gouvernementale.

Quelle que soit sa dénomination (traité, convention, accord, etc…), le

traité est un accord entre États ayant pour objet de produire des effets de

droit. Fruit d’un engagement volontaire entre États, la conclusion d’un traité

se décompose en trois parties : la négociation, la signature et enfin la

ratification. Cette dernière étape manifeste l’engagement définitif de l’État.


Un État peut ratifier ou ne pas ratifier un traité et, à plus forte raison, peut

différer aussi longtemps qu’il voudra cette ratification. L’exemple le plus

patent est celui du TNP (Traité sur la Non Prolifération des Armes

Nucléaires) signé en juillet 1968 et visant à empêcher la diffusion de l’arme

nucléaire à travers le monde. Beaucoup d’États l’ayant signé ne l’ont pas

ratifié, jusqu’à ce jour et la détermination de la procédure de ratification

sont laissées à l’initiative de chaque État. Si la plupart des constitutions font

appel au concours de l’exécutif et du législatif pour exercer le droit de

ratification, d’autres recourent à la ratification populaire par voie de

référendum.

Le pouvoir de contrainte ou droit de guerre : En dépit de nombreuses

évolutions introduites depuis de nombreuses décennies dans la vie

internationale, la communauté internationale, comme toute société

organisée, peut difficilement éliminer la contrainte, donc le recours à l’usage

de la force.

En l’État actuel des choses, ce sont les États, individuellement ou

regroupés – et eux seuls – qui détiennent et conservent jalousement le

monopole et les moyens de recours à la force au plan international afin de

faire respecter le droit, protéger leurs intérêts ou rétablir la paix. L’on peut

affirmer que les États sont maîtres de la paix comme de la guerre.

Le droit d’ester en justice : S’ils peuvent user de la force, les États

peuvent également éviter celle-ci par le recours à la justice internationale en

vue de trancher les litiges qui les opposent. La justice internationale a été

établie en vue de régler les différends entre États par le recours à des tiers

neutres et impartiaux (juges et arbitres) qui appliquent le droit international

pour départager les parties en cause. Depuis la fin de la Deuxième Guerre

Mondiale, la justice internationale a accompli de nombreux progrès avec


l’évolution des droits de l’Homme et des peuples et la création de

nombreuses juridictions attachées à défendre ceux-ci.

Cependant, le droit pour les États d’ester en justice se heurte

malheureusement à deux limites :

D’une part, la justice internationale demeure pratiquement volontaire,

c'est-à-dire qu’un État ne peut traduire un autre devant une juridiction

internationale que si ce dernier donne son consentement préalable. En effet,

en vertu du principe de souveraineté, un État ne peut être attrait devant une

juridiction internationale sans son consentement. Ce consentement doit

s’exprimer soit avant la naissance du litige, soit après la naissance de celui-

ci. Ainsi donc, quand bien même un conflit aurait éclaté, il est possible pour

l’un des belligérants d’échapper à la justice internationale s’il ne reconnait

pas la compétence d’une juridiction internationale établie devant laquelle il

est traduit.

Une fois l’accord des deux parties acquis, celles-ci s’engagent à

accepter à l’avance la compétence de la juridiction désignée et la sentence y

afférente.

D’autre part, la justice internationale n’a pas les moyens pour faire

exécuter les sentences des juridictions, lesquelles peuvent demeurent

étroitement liées à la volonté des États. En effet, les décisions de justice, sur

le plan international sont obligatoires et non exécutoires. Cela signifie

qu’un État, quand bien même il ne peut se soustraire à une décision

internationale, ne peut également être l’objet d’exécutions forcées en vertu

de sa souveraineté. Le fragile mécanisme prévu à l’Article 94 alinéa 2 de la

Charte des Nations Unies n’a jamais été mis en œuvre. En vertu de cette

disposition, « si une partie en litige ne satisfait pas aux obligations qui lui

incombent en vertu d’un arrêt rendu par la Cour, l’autre partie peut
recourir au Conseil de Sécurité et celui-ci, s’il juge nécessaire, peut faire

des recommandations ou décider des mesures à prendre pour faire exécuter

l’arrêt ». Cet article n’implique pas systématiquement le recours à la force,

mais confère plutôt au Conseil de Sécurité des Nations Unies un pouvoir

d’appréciation. Or le Conseil de Sécurité est un organe éminemment

politique au sein duquel l’action des États est d’abord commandée par leurs

intérêts.

Telles sont les compétences internes et externes dont bénéficient les

États en tant qu’acteurs dans la vie internationale.

À première vue, ce tableau confère deux propriétés universelles aux

États : l’égalité et l’indépendance. Les États sont déclarés égaux en droit et

libres d’exercer leurs compétences à l’abri de toute intervention d’origine

étrangère.

L’on doit cependant reconnaître que ces dogmes heurtent

véritablement le système international où règne plutôt une hiérarchie entre

États, hiérarchie qui implique un jeu de rapports de force entre les divers

acteurs étatiques sur la scène internationale.

- LES ÉTATS SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE :

Quand on considère le phénomène étatique sous l’angle des relations

internationales, il se dégage une impressionnante diversité parmi les

nombreux acteurs étatiques qui s’exercent sur la scène internationale.

Égaux en droit, les États sont inégaux en fait. Ils le sont par :

leur taille ;

leur population ;
leurs ressources ;

leur capacité technologique ;

leur armement ;

leur niveau de développement.

Ces différentes variables permettent à un État de jouer un rôle plus ou

moins étendu et induisant une hiérarchie dans la capacité d’action et

d’intervention des États sur la scène internationale. Cette hiérarchie permet

de distinguer quatre types d’États sur l’échiquier international :

Les superpuissances ;

Les puissances moyennes ;

Les puissances régionales ;

Les petits États.

Les superpuissances : Une superpuissance est un État en mesure de

jouer un rôle mondial, c'est-à-dire d’intervenir sur toutes les parties de la

planète. Il peut s’agir d’intervention militaire, mais aussi politique,

économique ou idéologique. Il va sans dire que seul le cumul de l’ensemble

des variables sus-évoquées confère la position de superpuissance. De deux

e
superpuissances au XX siècle (USA et URSS) il n’en existe plus qu’une

seule de nos jours depuis l’effondrement de l’Union Soviétique en 1991,

reléguée dès lors dans la deuxième catégorie.

Les puissances moyennes : Ce sont des États qui ont l’ambition de

jouer un rôle mondial mais dont la capacité d’influence est réduite à un

secteur particulier des relations internationales. Ces États ne disposent que

d’un nombre limité d’atouts et ne peuvent déployer leur jeu que sur une

partie du monde : la Russie dans le domaine militaire et en Orient, la France

et la Grande Bretagne par leurs langues et leur influence dans les anciens

territoires Outre-Mer, la Chine dont le modèle a exercé une forte influence


sur certains pays du Tiers-Monde ; la Japon par sa puissance commerciale

est présente sur divers points du monde avec ses productions industrielles

(automobile, informatique, électronique, etc…)

Les puissances régionales : Ce sont des pays qui n’ont ni l’ambition ni

la capacité nécessaire pour jouer un rôle mondial, mais qui disposent

néanmoins de la capacité nécessaire pour jouer un rôle de leader au niveau

d’une région continentale ou sous-continentale : l’Égypte au Moyen-Orient,

l’Inde pour le sous-continent indien (qui intègre l’Inde, le Pakistan, le Sri-

Lanka, le Bangladesh), le Brésil pour l’Amérique latine, le Maroc, le

Nigéria et l’Afrique du Sud pour le continent noir.

Les petits états : il s’agit des pays qui, par leur exiguïté ou leur

faiblesse (économique, financière, technologique, etc…) ne peuvent

prétendre jouer qu’un rôle local, c'est-à-dire préserver leur indépendance et

protéger leur territoire contre les ambitions de leurs voisins. C’est le cas à

l’heure actuelle, de la majeure partie des États du monde qui sont beaucoup

plus objets que sujets de relations internationales.

Grands ou petits, les États agissent sur la scène internationale au

moyen d’une politique appelée la politique extérieure.

- LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DES ÉTATS

Dans les relations internationales, l’État joue son rôle par l’entremise

de ce qu’il est convenu d’appeler la politique extérieure ou politique

étrangère. Du point de vue officiel, et dans la conception classique des

relations internationales, la politique extérieure d’un État se fonde sur deux

axes principaux :

l’axe de la conception ou élaboration ;


l’axe de l’exécution.

Pour ce qui est de la conception, il est admis que la politique

extérieure est un privilège de l’exécutif, c'est-à-dire que la responsabilité de

la ligne générale, des choix et des options incombe au personnage de l’État

qui est situé au sommet de la hiérarchie : Président de la République pour

les régimes présidentiels et Premier Ministre pour les régimes

Parlementaires. C’est ce que l’on appelle le principe du ‘’domaine réservé’’.

L’on dira ainsi que le Chef de l’État définit la politique étrangère et la

politique de défense et notamment ceux qui sont chargés de l’appliquer.

Cela explique la position en première ligne du Président de la République en

cas de conflit armé et le rôle plutôt secondaire du Ministre des Affaires

Étrangères ou de la Défense.

Pour ce qui est de l’exécution de la politique extérieure, conçue et

élaborée par le sommet de l’Exécutif, elle incombe à un personnel spécialisé

composé de professionnels chargés de traiter avec les acteurs étrangers : ce

sont les diplomates. Ainsi, l’on peut affirmer que, la politique extérieure est

l’art de diriger les relations d’un État avec les autres acteurs, tandis que la

diplomatie est l’art d’assurer l’exécution et l’heureuse application du

programme de politique extérieure tracé par le plus haut responsable de

l’État.

Ce schéma classique en deux axes (conception-exécution) a toutefois

connu de nos jours de sérieuses évolutions. En effet, l’observation fait

apparaître de nos jours un partage des attributions au sein de l’exécutif et

l’immixtion de différentes forces politiques, économiques et sociales dans le

processus d’élaboration de la politique extérieure des États.

Quatre évolutions essentielles sont apparues de nos jours :


Au niveau du Gouvernement : Ici, le monopole du Ministère des

Affaires Étrangères dans l’exécution de la politique étrangère est largement

dépassé ou contesté de toutes parts. De nos jours, et dans tous les pays du

monde, de nombreux départements ministériels, en dehors des Affaires

Étrangères, exercent ou tendent à exercer une part de responsabilité

internationale : Ministère des Finances, Ministère de l’Économie, Ministère

du Commerce, etc… Ces départements ministériels vont respectueusement,

chacun selon ses intérêts propres, chercher à influer sur l’élaboration et

l’exécution de la politique étrangère de l’État, qui hier était le domaine

exclusif au Ministère des Affaires Étrangères.

Au niveau du Parlement : Son intervention dans le domaine de la

politique extérieure varie selon les pays. Dans certains pays, le Parlement

exerce un contrôle a posteriori de la politique étrangère de l’État :

ratification d’un traité ou la censure d’un Gouvernement pour les initiatives

extérieures. Dans d’autres, comme aux USA, le Parlement exerce un

contrôle a priori de la politique étrangère de l’État. Ainsi son accord

préalable est indispensable pour des actions de politique étrangère, allant

jusqu’à l’accord pour la nomination des Ambassadeurs.

Au niveau des groupes de pression : De nombreuses catégories

professionnelles s’activent et interviennent dans l’élaboration de la politique

étrangère des États, avec des moyens et des procédés divers, quand celle-ci

peut menacer leurs intérêts : agriculteurs américains et européens dans la

politique étrangère vis-à-vis de la Russie, les lobbies pétroliers dans

l’intervention américaine en Irak en 2003, le ‘’complexe militaro-

industriel’’ dans les pays développés, etc…

Au niveau de l’opinion publique : Celle-ci interfère bien souvent dans

la politique extérieure des États par le déchaînement des passions qu’elle


manifeste autour des problèmes internationaux. L’opinion publique

s’exprime par plusieurs canaux que sont : les manifestations de rue

(manifestations de rue en Europe contre la politique israélienne dans les

territoires palestiniens ou contre la guerre en Irak, etc…), les leaders

d’opinion (hommes d’église, professionnels, etc…) mais surtout par les

médias qui jouent un rôle d’amplificateur des débats et de révélateur des

courants de pensée dans la société.

En conclusion, à l’analyse de l’acteur étatique en relation

internationale, l’on peut affirmer que l’État, détenteur des compétences

internes et externes, grand ou petit, est l’acteur privilégié dans la vie

internationale. À l’intérieur des États, la politique extérieure est élaborée

par la plus haute autorité de l’Exécutif et conduite par les diplomates.

Cependant de nos jours, les Gouvernements se heurtent à de nombreuses et

diverses forces qui ont tendance à s’immiscer sur le terrain de la politique

étrangère. Il reste donc au Gouvernement, pour conduire sa politique

extérieure, à arbitrer entre les intérêts et les tendances émanant des diverses

forces en présence.

LES ORGANISATIONS INTERGOUVERNEMENTALES

Les organisations intergouvernementales (en abrégé OIG) constituent la

deuxième catégorie d’acteurs en relations internationales.

Une organisation intergouvernementale est un groupement d’États,

fondé sur un traité en vue de la réalisation d’un ou plusieurs buts

déterminés, bénéficiant de la personnalité juridique internationale,

disposant de compétences définies et d’organes statutaires dotés de pouvoirs

propres. La naissance et la promotion des OIG inaugurent un nouveau


réseau de rapports internationaux venant se superposer et compléter celui

des rapports directs entretenues par les gouvernements. On passe ainsi de la

diplomatie bilatérale à la diplomatie multilatérale.

La Première organisation intergouvernementale dans l’Histoire est la

CCNR (Commission Centrale pour la Navigation du Rhin) créée en 1815 au

Congrès de Vienne entre cinq pays à savoir ; l’Allemagne, la France, la

Belgique, les Pays-Bas et la Suisse. Son but était de prendre toutes les

initiatives pour garantir la liberté de navigation dans le Rhin et promouvoir

les activités sur ce fleuve.

Depuis lors, ce cadre de relations internationales n’a cessé de croître et

de prospérer, favorisé notamment par l’exigence de la paix au lendemain des

grands conflits qui ont ébranlé l’humanité.

Ainsi le choc consécutif à la Première Guerre Mondiale a renforcé

l’impératif de la paix faisant de l’organisation intergouvernementale un

cadre privilégié d’échanges entre nations et un instrument fondamental du

maintien de la paix et de la sauvegarde du Droit. Ainsi, est née la Société

des Nations (S.D.N.) en 1919 dotée d’organes annexes.

ème
Au lendemain de la 2 Guerre Mondiale, ce cadre de relations entre

États s’est prodigieusement développé. On dénombre à l’heure actuelle plus

de 300 (trois cents) organisations intergouvernementales.

On classe les OIG en trois catégories et ceci, selon trois critères à

savoir : l’étendue de leur champs d’activités, la nature de leurs activités et

enfin le type fonctionnel.

L’étendue du champ d’activités : ce critère permet de distinguer les

organisations à vocation universelle des organisations à vocation régionale.

Les premières sont celles qui visent à regrouper l’ensemble des États de la
planète : elles étendent leurs activités à l’ensemble du monde. Il s’agit de

l’ONU (Organisation des Nations Unies) et de toutes les institutions

spécialisées qui s’y rattachent : OMC (Organisation Mondiale du

Commerce), UNESCO (Organisation pour l’Education, la Science et la

Culture), l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), l’OIT (Organisation

Internationale du Travail), etc… C’est aussi la Banque Mondiale et ses

dérivés (FMI et SFI).

Quant aux organisations à vocation régionale, elles ont, comme leur

nom l’indique, une compétence régionale, c'est-à-dire limitée à une partie

déterminée du monde : UA (Union Africaine), UE (Union Européenne),

OEA (Organisation des États Américains), la Ligue Arabe, etc…

A l’intérieur de ces organisations régionales, se trouvent aussi des

organisations sous régionales : CEMAC, CEDAO, SADEC, Union du

Maghreb etc…

La nature des activités : ce critère permet de distinguer les

organisations à compétence générale des organisations à compétence

spécialisée. En effet, certaines organisations ont une compétence générale

c'est-à-dire une étendue variée de tâches : l’ONU est ainsi dotée de tâches

multiples, depuis le maintien de la paix jusqu’à la promotion des droits de

l’homme. La même pluralité de compétences se retrouve dans les

organisations régionales (Union Africaine, Organisation des États

Américains, etc…) qui sont dans une certaine mesure des ONU régionales.

A l’opposé, il faut reconnaître qu’à présent la majorité des

organisations intergouvernementales se sont spécialisées : UNESCO, FAO,

OMS, OPEP, AIEA.


Le critère fonctionnel : il permet de distinguer les organisations de type

forum des organisations de services. Dans les organisations de type forum,

l’activité principale consiste à discuter, négocier et adopter des textes de

conventions ou de résolution. La plus connue dans ce genre est l’ONU que

certains désignent comme le plus ‘’vaste forum international’’. On peut

citer également les organisations continentales. Dans ce type d’organisation,

c’est l’aspect politique qui prédomine, en d’autres termes on y fait

essentiellement de la politique. Par contre, les organisations internationales

de services ont pour mission de fournir des services spécifiques : OMS

(lutte contre les épidémies), FAO (amélioration de la production agricole

mondiale), UNESCO (diffusion de l’éducation, la science et la culture)

etc…

Dans cette deuxième catégorie, la bureaucratie est importante avec le

recours à un nombre élevé d’experts sur le terrain.

De nos jours, un pays adhère une multiplicité d’organisations

intergouvernementales différentes par l’étendue de leurs activités, la nature

de leurs activités et leurs critères fonctionnels. Ce qui confère aux OIG une

capacité d’influence dans la politique internationale et ceci par les

différentes fonctions qu’elles assurent.

- LES FONCTIONS DES ORGANISATIONS

INTERGOUVERNEMENTALES.

Les organisations intergouvernementales assurent quatre fonctions

principales au niveau international à savoir la fonction de dialogue, la

fonction de légitimation, la fonction d’information et la fonction de

réducteur de tension.
- La fonction de dialogue : les organisations intergouvernementales

rapprochent les États et même parfois les États en conflit qui ne

pourraient entretenir (du fait du conflit qui les sépare) des rapports

directs. En exprimant des points de vue bien souvent antagonistes,

les États en conflit trouvent dans les OIG un acteur international

leur permettant de nouer un dialogue qui aurait été impossible

ailleurs. (conflit israélo-arabe, débat sur le nucléaire iranien etc…).

- La fonction de légitimation : l’admission d’un État au sein d’une

OIG lui confère une légitimité qui oblige la communauté

internationale, y compris ses adversaires, à envisager avec lui des

rapports nouveaux. A l’inverse, le refus d’admission (cas de la

République Sahraouie, cas de l’ancienne Rhodésie, actuelle

Zimbabwe) met le pays au ban des accusés et constitue une mise

en garde contre ceux qui seraient tentés d’entrer en rapport avec

celui-ci.

En dehors des cas d’admission ou d’exclusion, les résolutions adoptées

par les OIG acquièrent une valeur symbolique et servent ensuite de

référence pour apprécier la validité de telle ou telle situation dans le monde.

(Résolution n°242 de l’ONU qui condamne l’annexion des territoires

occupés par Israël à la suite de la Guerre de 1967, Résolution n°660 de

l’ONU condamnant l’invasion de l’Irak par le Koweït en 1990, etc…).

- La fonction d’information : les organisations

intergouvernementales disposent d’une forte capacité

d’information. La masse de documents statistiques produits chaque

année dans tous les domaines (démographique, économique,

financier, social, culturel, etc…) sert de référence commune aux

acteurs de la vie internationale et constitue un miroir fidèle de


l’évolution de la situation de chaque pays et du monde en général

(statistiques de la Banque Mondiale, du FMI, de la FAO, etc….)

- Le rôle de réducteur de tension à l’échelle internationale. Les OIG

jouent ce rôle de deux manières : en leur sein et en dehors. En leur

sein, par le principe " un État, une voix", les OIG réduisent les

velléités des États les plus fort tentés d’exercer leur puissance sur

la scène internationale. De même, par le principe du veto au

Conseil de Sécurité, l’ONU peut parvenir à freiner les visées

belliqueuses des États les plus puissants dans leur volonté

hégémonique.

En dehors, les OIG sont appelés, depuis leur création, à intervenir sur

les divers champs de tension dans le monde soit pour prévenir, soit pour

arbitrer les conflits. (Guerre de Corée, Côte d’Ivoire, RDC, Mali, Somalie

etc…)

L’on peut affirmer que si l’acteur OIG venait à disparaître, l’humanité

entrerait dans une ère de désordre généralisé car le jeu des rapports de

forces pourrait se déployer à l’état pur sur la scène internationale avec les

risques de conflits que cela pourrait induire ici et là.

LES FORCES TRANSNATIONALES

Au-delà des "flux" de relations internationales décrits par les acteurs

étatiques et interétatiques, il existe d’autres flux qui échappent plus ou

moins, et parfois totalement, au contrôle des autorités gouvernementales. Il

en ainsi des déplacements de personnes, des mouvements de capitaux, des

échanges de marchandises ou de la circulation des idées. Ce sont les acteurs

de ces flux que l’on désigne sous l’appellation "Forces Transnationales".


On entend donc par forces transnationales, les mouvements et les

courants de solidarité d’origine privée qui cherchent à s’établir à travers les

frontières et qui tendent à faire valoir ou prévaloir leurs points de vues dans

le système international.

L’étude de ce phénomène est particulièrement ardue. Car s’il est

relativement aisé d’identifier comme acteurs les États ou les OIG, il est

beaucoup plus compliqué de localiser l’origine puis de reconstituer le tracé

de toutes les actions et interactions des forces transnationales.

L’on distinguera donc, pour systématiser, successivement :

Les ONG ou Organisations Non-Gouvernementales

Les firmes multinationales

L’opinion publique internationale.

- LES ORGANISATIONS NON-GOUVERNEMENTALES

Au niveau des relations internationales, on entend par organisation non-

gouvernementale tout groupement, association ou mouvement constitué de

façon durable par des particuliers appartenant à différents pays en vue de la

poursuite d’objectifs non-lucratifs. A présent dans le monde, on compte plus

de 6 000 (six mille) ONG à vocation internationale. Elles vont des syndicats

internationaux (Confédération Internationale des Syndicats Libres par

exemple) aux anciens combattants (Fédération Mondiale des Anciens

Combattants), en passant par la défense des droits de l’homme (Amnesty

International), les Églises (Fédération Mondiale des Églises Chrétiennes ou

FEMEC) ou la défense de la nature (Green peace), etc…

Cette prodigieuse vitalité tient à l’accroissement rapide des échanges et

des communications au plan international, mais à l’existence et


l’accroissement des besoins que ni les États, ni les OIG ne sont pas

parvenus à satisfaire.

Les ONG internationales sont le fruit de l’initiative privée et de la

solidarité internationale. De par l’initiative privée, les ONG internationales

se constituent à l’insu et en dehors de toute directive gouvernementale ou

intergouvernementale.

De par la solidarité internationale, les ONG se constituent par le

regroupement d’individus ou de mouvements en provenance de plusieurs

pays et animés par les mêmes objectifs.

Tout comme les États, les ONG diffèrent par leur taille, ce qui permet

de distinguer les Méga-ONG des Micro-ONG.

De même, à l’instar des OIG, les ONG diffèrent par leurs objectifs.

Beaucoup d’ONG n’ont d’autre objectif que d’assurer la protection des

intérêts de leurs membres ou se contentent d’activités purement internes

(Association Internationale des Anciens Combattants, des Marins, etc…).

D’autres ont des objectifs caritatifs ou humanitaires dont la réalisation ne

remet point en question l’ordre établi. (Lions Club International, Rotary

Club International, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières, Croix

Rouge Internationale, etc…)

D’autres, au contraire, sont plus nettement engagés dans une

transformation du monde parce qu’elles sont porteuses d’idéologies à

défendre ou à répandre : ce sont les ONG politiques, confessionnelles ou

syndicales qui supposent un certain degré de militantisme (Green Peace,

Transparency International, Ligue Internationale des Droits de l’Homme,

etc…)
Dans le système international, les ONG en tant qu’acteur, jouent un

double rôle :

a) dans les rapports avec les États

b) dans les rapports avec les OIG

a) Dans les rapports avec les États : La situation des ONG vis-à-vis

des États est tout à fait inconfortable. Cela provient du fait que les

États n’ont jamais accepté de conférer aux ONG un statut juridique

approprié à leur nature et à leurs fonctions. A défaut d’un accord

international qui leur vaudrait reconnaissance et liberté d’action sur

les territoires de tous les États signatures, les ONG sont donc

obligés de se plier à la législation des pays hôtes. Et ceci,

contrairement aux OIG régies par la "Convention de Vienne sur les

Relations Diplomatiques" signée en 1961 qui accorde la protection

diplomatique aux représentants des OIG.

En dépit de l’absence d’un statut international approprié, les ONG

s’efforcent d’agir dans les États, soit en apportant un soutien aux actions des

États (ONG à but non caritatif et humanitaire) soit en faisant pression sur

les États pour la satisfaction des besoins qu’elles visent.

b) Dans les rapports avec les OIG : Les ONG jouent un rôle d’appui

auprès des OIG en ce sens qu’il existe une coopération utile entre

ces deux formes d’organisations, l’une représentant les intérêts des

États, l’autre concernant les intérêts des groupes humains privés.

Ainsi de nombreuses ONG ont acquis un "statut consultatif" auprès

d’OIG exerçant dans le même domaine de compétences : la Croix

Rouge Internationale travaillant avec le Haut-commissariat des

Nations Unies pour les Réfugiés, Médecins Sans Frontières

travaillant avec l’OMS, etc… Cette coopération se traduit sous


forme de participation des ONG aux tâches concrètes entreprises

sur le terrain par les OIG. Les ONG deviennent ainsi des

partenaires actifs des ONG.

- LES FIRMES MULTINATIONALES

Elles constituent des acteurs transnationaux à but lucratif.

Une firme multinationale est une entreprise qui déploie ses activités

dans plusieurs pays étrangers. Il s’agit donc d’une action transnationale, car

d’origine privée, dont les axes directeurs sont contrôlés et gérés par les

dirigeants de la société mère installée dans le pays-siège. Les plus grandes

multinationales sont américaines (ExxonMobil, General Motors, Chevron,

Apple, Coca-cola), mais aussi européennes (Total, Shell, Sanofi) et

asiatiques (Samsung, Huawei, Mitsubishi, Toyota, etc…).

Si les firmes multinationales retiennent aujourd’hui l’attention, c’est

parce qu’elles ont acquis une puissance considérable sur la scène

internationale et en sont devenues des acteurs incontournables. En effet, leur

nombre s’est multiplié, le champ de leurs activités s’est entendu et s’est

diversifié.

Le volume de leur chiffre d’affaire s’est énormément accru. Certaines

multinationales ont acquis dès à présent une puissance financière supérieure

à celle de bien des États du Tiers-Monde. C’est le cas des multinationales

EXXON-MOBIL, SHELL ou encore GENERAL ELECTRIC dont le chiffre

d’affaires est supérieur au budget de certains États africains. C’est cette

puissance des firmes multinationales qui a suscité inquiétudes et

préoccupations chez les observateurs internationaux qui y voient la montée

d’un pouvoir anonyme, rival des États ainsi que le risque d’une collusion
entre le pouvoir politique des États et le pouvoir économique des

multinationales.

C’est donc principalement sur le rapport entre les multinationales et les

États que se penche l’analyse de cet acteur transnational en relations

internationales.

Ce rapport s’observe à deux niveaux :

a) dans les pays du siège de la société-mère

b) dans les pays d’accueil

a) Dans les pays du siège de la société-mère : C’est d’ici que la société-mère

de la multinationale dirige ses activités. Ces rapports sont faits tantôt de

complicité, tantôt d’hostilité. Il y a complicité quand les intérêts de la firme

multinationale coïncident avec ceux du gouvernement. On a ainsi vu dans

des cas limites un gouvernement défendre par les armes les privilèges que la

firme a pu acquérir à l’étranger. On a par exemple vu le gouvernement des

États-Unis intervenir militairement dans des pays d’Amérique Centrale

(Saint-Domingue, Honduras et Costa-Rica) pour y défendre les intérêts de la

multinationale United Fruit, ou encore les interventions françaises et

anglaises contre l’Égypte (guerre de 1956) pour empêcher la nationalisation

du Canal de Suez qui était alors exploité par la Compagnie Universelle et

Maritime de Suez. Tout récemment, plusieurs observateurs ont vu dans la

guerre américaine en Irak, une collusion entre la Maison Blanche et les

milieux pétroliers américains.

Mais il peut avoir aussi hostilité dès lors que l’action de la firme

multinationale menace la politique économique du pays d’origine. La

délocalisation ou le transfert à l’étranger d’une partie de la production d’une

firme multinationale. Ici, tout investissement à l’étranger se traduit par une


perte de capitaux, une baisse de la capacité nationale de production et

surtout une augmentation du chômage.

b) Dans les pays d’accueil : Ici les firmes multinationales, de par leur

puissance, exercent une influence déterminante sur les États en cherchant à

orienter la politique de ceux-ci dans un sens favorable à l’épanouissement

de leurs activités.

Cette influence peut conduire jusqu’à une dépendance de type colonial

ou néo-colonial quand une seule firme contrôle l’essentiel des ressources

d’un pays : la Compagnie pétrolière TOTAL dans certains pays africains,

hier c’était l’Anglo-Iranian Petroleum en Iran ou l’Anglo-Arabian Petroleum

en Arabie Saoudite avant leurs nationalisations respectives.

Il s’ensuit des réactions diverses des États d’accueil face à cette

situation pour exprimer leur souveraineté et défendre leurs intérêts menacés

par la prépondérance et la main-mise des multinationales sur leurs

ennemies : prise de participations, fortes taxations, obligation de réinvestir

dans le pays d’accueil ou simplement nationalisation.

Il s’est développé ces dernières décennies une forte controverse sur les

firmes multinationales, quant à leurs avantages et inconvénients, leurs

apports positifs et négatifs sur le bien-être de l’humanité.

A présent, elles sont devenues des acteurs à part entière de la vie

internationale – la mondialisation aidant et rien ne permet de prévoir ni leur

disparition, ni leur marginalisation sur la scène internationale car elles

apparaissent comme une nécessité vitale du capitalisme mondial.

C’est justement cette réalité que dénonce le dernier acteur que nous

allons examiner à savoir l’opinion publique internationale.


- L’OPINION PUBLIQUE INTERNATIONALE

L’opinion publique internationale est aussi saisie sous l’angle de la

conscience universelle ou encore conscience des peuples. Elle est le résultat

du prodigieux développement des communications et des échanges

d’informations et d’idées entre les peuples. Elle naît du rapprochement ou

de la convergence des différentes opinions publiques nationales. Ce

phénomène de rapprochement et de convergence se produit de trois

manières :

a) Convergence des opinions des dirigeants d’États

b) Convergence des opinions des peuples au sujet d’un fait

c) Convergence animé par le militantisme idéologique et politique

a) La convergence des opinions des dirigeants d’États : cette

convergence appâtait dès lors que la plupart des dirigeants étatiques se

rallient à des croyances ou principes qui expriment un accord entre

eux. C’est ainsi que des thèmes des droits de l’Homme, de la non-

discrimination raciale, des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes

ou encore de la démocratie et de la bonne gouvernance, etc… se sont

progressivement imposés dans les discours des hommes, d’États

comme un corps de principes auquel se réfèrent désormais tous les

acteurs.

b) La convergence entre diverses opinions nationales : il s’agit des

convergences de tendances et des rapprochements d’opinion qui se

manifestent d’un peuple de l’autre face à un problème, une institution

ou un évènement. Ces évolutions sont révélées soit par les médias

(presse, radio, télé, réseaux sociaux) soit par les sondages. À présent,

la majorité des peuples se rallient à l’exigence du règne de la


démocratie, du respect des droits de l’homme ou de la sauvegarde de

la nature.

c) Il faut enfin distinguer les courants d’opinions qui sont animés par

le militantisme idéologique ou politique : ceux-ci se traduisent par des

manifestations plus ou moins concertées au travers desquelles des

groupes agissant simultanément dans plusieurs pays s’efforcent de

créer un mouvement général favorable à la défense de telle ou telle

cause. Il eu ainsi des mouvements en faveur des palestiniens, en

faveur du climat, etc…

Le rôle de l’opinion publique internationale :

Qu’elle soit formée au niveau des gouvernants, des masses ou des

militants, l’opinion publique internationale est une force qui joue un rôle de

plus en plus important sur la marche des relations internationales.

Cet acteur international exerce son action de manière à la fois trop

diffuse et trop complexe mais réelle.

Cette action se manifeste soit de manière positive soit de manière

négative. De manière positive, l’opinion publique peut jouer le rôle

d’accélérateur des mutations et évolutions internationales. Récupérée par les

autres acteurs internationaux (États, OIG, ONG), les revendications de

l’opinion publique internationale se traduisent en actes souvent historiques :

création du Tribunal Pénal International, création du Tribunal Pénal

International du Rwanda, Sommet Mondial sur le climat à Paris, etc…

A l’opposé, l’action de l’opinion publique internationale peut jouer le

rôle de frein au développement d’autres acteurs mis au banc des accusés de

la société internationale : action contre les États-Unis dans la guerre du

Vietnam ou dans la guerre contre l’Irak, action contre Israël dans la bande

de Gaza, etc…
En conclusion à cette partie consacrée aux acteurs en relations

internationales, l’on peut dire que le bilan qui vient d’être établi fait

ressortir une pluralité d’acteurs prenant part à la vie internationale ainsi que

la diversité de leurs rôles.

Il apparaît clairement que l’État demeure l’acteur essentiel sur la scène

internationale. L’apparition et la prolifération des organisations

intergouvernementales ont marqué de façon substantielle les rapports entre

les États.

Enfin, l’émergence des forces transnationales traduit un enrichissement

du système international et exprime la montée des nouvelles formes de

solidarité dans tous les secteurs de l’activité humaine où la concurrence

entre États et l’intervention des organisations interétatiques se montrent

impuissantes à satisfaire les besoins de la communauté internationales.

______________________________

__________________

_______
TROISIÈME PARTIE : LES

OBJECTIFS FONDAMENTAUX

EN RELATIONS

INTERNATIONALES

Les relations internationales visent à établir entre les hommes des

rapports à même de satisfaire les besoins de l’humanité. Ces rapports sont le

reflet des forces et enjeux découlant des facteurs qui interfèrent sur le milieu

international. Cela introduit donc inévitablement comme dans toute vie

humaine une série de problèmes et défis que les acteurs s’efforcent de

résoudre.

Deux problèmes et défis fondamentaux se posent de manière constante

et cruciale à l’humanité toute entière :

- le maintien de la paix et de la sécurité

- l’exigence du développement que manifeste de nos jours le

phénomène de la mondialisation.

LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ

De nos jours, la guerre est condamnée par tous. Cependant la

condamnation de la guerre ne suffit pas à établir la paix. Pour parvenir à la

paix et à la sécurité, il est indispensable pour les acteurs internationaux de

mettre sur pied des moyens juridiques permettant d’établir et de garantir un

ordre supérieur à toute les parties susceptibles un jour d’entrer en conflit.


La solution radicale aurait consisté à réaliser un désarmement total et

généralisé de tous les États et groupes armés. Cette solution, qui a trouvé

dans l’histoire de nombreux partisans, demeure cependant du domaine de

l’utopie et ceci pour deux raisons au moins :

- l’énormité des intérêts que représente l’industrie de l’armement

dans le monde : avec plus de 400 milliards de Dollars en 2019 et

plus de cent millions d’emplois, l’industrie de l’armement

constitue l’un des tous premiers secteurs d’activités des pays

industrialisés.

- le désarmement total supposerait un bouleversement préalable de

l’ordre international : soit un État superpuissance imposerait le

désarmement à tous les autres, soit tous les États abandonneraient

le pouvoir et les moyens de contrainte à une autorité internationale

qui serait seule habileté à maintenir l’ordre dans le monde.

Faute de pouvoir donc désarmer les États, il ne reste donc aux acteurs

internationaux que deux solutions pour maintenir la paix et la sécurité dans

le monde, à savoir prévenir et guérir, c'est-à-dire :

- d’un part, empêcher le recours à la force par un acteur : c’est la

prévention des conflits

- d’autre part, rétablir l’ordre troublé, en d’autres termes le

rétablissement de l’ordre.

- LA PRÉVENTION DES CONFLITS

Qu’il s’agisse des rapports entre États ou entre particuliers, on a

toujours avantage à prévenir l’usage de la force, c'est-à-dire l’empêcher, qu’à

la réprimer. La prévention des conflits désigne donc l’ensemble des

procédés que les États mettent en place pour empêcher la naissance des

conflits entre eux. En dehors de la justice internationale, dont nous avons


ème
examiné les limites dans la 2 partie, la plupart des conflits ne peuvent

être prévenus que par des procédés politiques. Il existe à cet égard deux

types de procédés politiques : les procédés diplomatiques et les procédés

institutionnels.

1. Les procédés diplomatiques de prévention de conflit :

traditionnellement, les États utilisent quatre types de procédés

diplomatiques visant à empêcher qu’un litige ne dégénère en conflit. Il

s’agir :

des bons offices

de la médiation

de la commission d’enquête

de la commission de conciliation

Ainsi un tiers peut offrir ses bons offices en vue d’aider les parties

antagonistes à trouver un terrain d’entente. Sans suggérer de solution, il se

limite à permettre aux deux parties de nouer un dialogue autour d’une table.

Un tiers peut aussi offrir sa médiation, c'est-à-dire suggérer aux parties

opposées une solution de sortie de crise : non seulement, il les emmène à

nouer le dialogue, mais il suggère une solution.

L’offre de bons offices et la médiation sont des procédés diplomatiques

individuels.

Au-delà des initiatives diplomatiques individuelles, existent des

procédés diplomatiques collectifs de prévention de conflit : la commission

d’enquête et la commission de conciliation.

Une commission d’enquête est un organe ad hoc chargé d’établir la

matérialité des faits qui sont souvent à l’origine d’un différend. Elle ne
propose pas de solution mais se contente de réunir les éléments constitutifs

d’une solution future.

Enfin, la commission de conciliation va plus loin que la commission

d’enquête. Elle peut non seulement établir les faits constatés, mais en plus

formuler une solution à l’intention des pertes.

Ces différents procédés diplomatiques de prévention de conflits

présentent deux points communs :

- d’abord, ils font toujours appel à l’intervention d’un tiers chargé de

départager les adversaires ou de faciliter leur entente, ce qui

requiert une exigence d’impartialité.

- d’autre part, les parties en litige ne sont pas tenues d’accepter

l’intervention d’une tierce personne [bons offices et médiation] ou

la construction d’une commission d’enquête ou de conciliation et

encore moins d’en admettre les conclusions ou suggestions.

En effet, il arrive que les États préfèrent régler directement les litiges

les opposant, plutôt que de tolérer l’immixtion d’une personne ou d’une

commission étrangère dans leurs affaires.

De même, les États invoquent volontiers le principe du respect de leur

souveraineté pour contrecarrer l’action des commissions internationales.

Ainsi, l’efficacité des procédés diplomatiques de prévention de conflits

reste limitée. Elle est étroitement subordonnée au bon vouloir des États

opposés. C’est pourquoi, la communauté internationale a mis en place

d’autres procédés de prévention de conflits.

2. Les procédés institutionnels de prévention de conflit : L’apparition des

acteurs OIG (Organisation Intergouvernementale) a permis de réaliser


des progrès notoires dans la prévention des conflits. Ces progrès ont eu

lieu en deux directions :

- l’obligation de recours préalable à un règlement pacifique avant

tout usage de la force, sauf en cas de légitime défense.

- le caractère obligatoire à tout État des décisions de règlement

prises par les organisations intergouvernementales.

a) L’obligation de recours préalable à un règlement pacifique : de la Société

des Nations aux Nations Unies, il est demandé à toutes les parties

impliquées dans un différend de recourir obligatoirement à l’un

quelconque des procédés traditionnels de règlement de conflit ou, s’il y a

lieu, aux mécanismes institués à cet effet dans le cadre des ententes

régionales. C’est seulement en cas d’échec de cette première tentative

que les États en litige doivent saisir le Conseil de Sécurité ; lequel à son

tour peut renvoyer les parties en présence à tout mode de règlement

pacifique qu’il estime approprié. Ainsi les OIG ont revalorisé les

procédés diplomatiques classiques de prévention de conflit en les rendant

obligatoire.

b) Mais le progrès décisif introduit par les OIG est sans nul doute le

caractère obligatoire du règlement obtenu par la voie collective. Dès que

le Conseil de Sécurité émet une décision dans un conflit, celle-ci devient

obligatoire pour les parties en présence. Il en est de même à l’échelle des

organisations régionales.

Cette évolution a permis à l’ONU de rendre plusieurs services en

matière de prévention des conflits. Elle a offert aux États membres en

situation de litige un terrain sur lequel un dialogue a pu s’engager. Ainsi les

Nations Unies ont-elles pu désamorcer des crises qui auraient pu dégénérer

en guerre ouverte.
Hélas, en dépit de tous ces procédés de prévention de conflits –

diplomatiques ou institutionnels – mis en place, il arrive souvent que les

différends et litiges ne puissent être endigués et se transforment en conflits

armés. La communauté internationale, faute d’avoir pu prévenir, s’efforcera

donc de guérir c'est-à-dire de rétablir la paix là où elle a été rompue. C’est

ce rôle qui avait été imparti à la SDN avec l’application du principe de la

sécurité collective qui obligeait tous les États membres à faire usage de la

force contre un État agresseur pour rétablir la paix.

À l’usage, ce principe a lamentablement échoué et son échec a ouvert

ème
la voie à la 2 guerre mondiale et à la faillite de la SDN.

Ce qui a conduit l’ONU naissante à plus de réalisme dans la mise en

place des mécanismes de rétablissement de la paix. En effet, avec l’ONU,

seul le Conseil de Sécurité a le droit exclusif de recourir à l’usage de la

force armée pour maintenir ou rétablir la paix dans un coin du monde où

elle a été rompue. En effet, le Conseil de Sécurité seul est qualifié pour

apprécier la gravité d’une situation et choisir la réponse appropriée, allant

de la prise d’une résolution à l’intervention armée en passant par l’embargo

ou la force d’observation.

Si l’ONU choisit d’engager la force armée, elle a deux solutions :

- elle peut déléguer cette tâche à une coalition d’États : ainsi

l’OTAN ou la CEDEAO ont reçu à plusieurs reprises mandats de

l’ONU pour rétablir la paix dans une région troublée.

- elle peut tout aussi constituer sa propre force armée connue sous le

nom de "Casques Bleus". Pour constituer son contingent de

Casques Bleus, l’ONU, qui n’a pas une armée propre, prélève des

troupes dans les armées nationales et les place sous son

commandement.
- Dans cette dernière solution, l’ONU se heurte au sempiternel

problème de moyens de son action ; car la force armée qu’elle met

ainsi en œuvre dépend étroitement du bon vouloir des États

membres, tant pour les moyens humains que financiers. C’est

pourquoi l’on peut affirmer aujourd’hui que le mécanisme de

maintien de la paix par l’ONU a montré ses limites.

Pour beaucoup, la paix a pu être sauvée et éviter au monde une

troisième guerre mondiale non pas principalement grâce à l’action de

l’ONU mais grâce aux bienfaits du principe de l’équilibre des forces entre

puissance du monde.

C’est cette notion qui a fondé le principe de la bipolarité de la fin de la

ème
2 guerre mondiale aux années 80 et a assuré une paix relative dans le

monde autour de la rivalité entre deux blocs, issus de la Guerre Froide : le

Bloc de l’Ouest, capitaliste sous la direction des États-Unis et le bloc de

l’Est, socialiste, sous la houlette de l’URSS.

Elle reposait sur trois principes fondamentaux à savoir l’équilibre de la

terreur, la non-intervention et la concurrence dans la périphérie.

l’équilibre de la terreur : C'est-à-dire l’incapacité d’un des

camps à acquérir un avantage décisif sur l’autre en raison de la

détention par chacun d’eux de l’arme atomique.

la non-intervention dans les affaires du camp adverse : c’était

l’acceptation mutuelle par chaque bloc de l’intégrité territoriale

du camp adverse avec leurs institutions l’OTAN à l’Ouest, le

Pacte de Varsovie à l’Est, etc…

Enfin, la concurrence dans la périphérie supposait la

compétition des deux camps visant à rallier à leurs causes


respectives les pays non-engagés dans les blocs, à savoir les

pays du Tiers-Monde ou non alignés.

La bipolarité a évolué vers la multipolarité avec la prolifération de

l’arme nucléaire. De deux puissances atomiques ou est passé à plusieurs

(France, Grande Bretagne, Chine et d’autres encore).

La multipolarité disparait à son tour avec l’effondrement de l’URSS en

1991 et l’émergence d’un monde unipolaire caractérisé par le règne de

l’hyperpuissance américaine laquelle n’a pas davantage été pourvoyeuse de

la paix, comme le montre l’éclatement de nombreuses tensions dans le

monde (Darfour, Syrie, Irak, Afghanistan, etc…) et l’émergence des guerres

dites asymétriques.

La paix dans le monde, qui est l’un des buts poursuivis par les relations

internationales, reste à construire.

L’on peut à présent affirmer que, s’il y a lieu de se réjouir que le monde

a été depuis 1945 épargné d’une troisième Guerre Mondiale, l’humanité n’a

pas pour autant réussi à atteindre le premier objectif des relations

internationales à savoir la paix.

En effet, au moins une dizaine de conflits transformés en guerre se

déroulent à présent dans le monde. On peut citer notamment : la Syrie,

l’Afghanistan, l’Irak, la République Démocratique du Congo, la République

Centrafricaine, le Nigéria (en crise avec le Boko Haram), le Yémen, la

Somalie, les Philippines, Myanmar (ex Birmanie).

Si ce premier objectif n’est pas atteint de nos jours, qu’en est-il du

deuxième objectif celui de l’amélioration du niveau et de la qualité de vie

des humains par le développement.


LE DÉVELOPPEMENT DE L’HUMANITÉ

- LA PROBLÉMATIQUE DU DÉVELOPPEMENT

ème
La problématique du développement au XX siècle s’est présentée

comme la réponse appropriée à deux préoccupations majeures :

- tout d’abord comme une réponse urgente aux besoins de

reconstruction des économies européennes ruinées par la Seconde

Guerre Mondiale.

- ensuite comme une exigence à travers une réponse à la sortie du

sous-développement des économies de pays en voie de

décolonisation (Tiers-Monde).

D’un côté comme de l’autre, pour les États anciens, comme pour les

jeunes États, l’objectif de la communauté internationale étant le même :

sortir l’humanité de la précarité et de la pauvreté. Objectif aussi capital que

celui de la paix.

Face à ce défi, la communauté internationale a tout d’abord cru

opportun de réagir par le mécanisme de la coopération internationale par

l’assistance et de l’aide et l’intégration. Mécanisme qui a montré ses limites

et a laissé la place au règne de la mondialisation apparue à la fin du siècle

comme le remède le plus approprié pour la prospérité pour tous.

1. Le développement par l’aide économique et l’intégration de

l’Europe

Après 1945, tous les pays européens sont matériellement détruits ou

financièrement ruinés. La tâche qui s’impose à eux de façon urgente est

celle de la reconstruction en vue d’assurer la reprise économique. Une aide


extérieure devenait indispensable, eu égard au lamentable affaiblissement

économique du continent européen.

Elle fut octroyée par les États-Unis sous l’appellation plan Marshall,

du nom de son artisan principal le général Georges Marshall, Secrétaire

d’État américain en 1947 sous la présidence Harry Truman. Ce plan

consistait en une aide (85% en dons et 15% en prêts à long terme) étalée sur

quatre ans et évaluée à 16,5 milliards de Dollars (soit l’équivalent de près de

180 milliards de dollars en 2020). Seize pays européens l’acceptèrent ; à

l’exception des pays dits de l’Est.

Cette aide constitue aussi le point de départ de l’intégration

économique de l’Europe d’après-guerre. En effet, les États européens sortis

de la guerre sont pleinement conscients de la très grande fragilité de leurs

économies et de ce qu’ils ne pouvaient prétendre à retrouver un rang

international de premier plan que sous la forme d’une Europe Unie face aux

deux géants que sont les États-Unis et l’Union Soviétique. Cette

considération centrale a permis d’enclencher le processus d’intégration

économique et de construction de l’Europe dont la création de la monnaie

er
unique l’Euro (devenue monnaie unique le 1 janvier 1999) constitue un

point d’arrivée. Ainsi furent créées tour à tour diverses institutions supra-

nationales :

- L’OECE en 1947 (Organisation Européenne de Coopération

Économique devenue en 1961 l’OCDE)

- Le Conseil de l’Europe en 1945

- La Commission Économique du Charbon et de l’Acier en 1951

(CECA)

- La Communauté Économique Européenne (CEE) en 1957 qui

fusionne en 1993 avec la CECA pour donner naissance à la


Communauté Européenne.

- l’Union Européenne depuis 2007 qui regroupe 27 pays européens

formant ainsi la deuxième puissance économique mondiale,

derrière les États-Unis, en termes de PIB par tête d’habitant.

Si l’aide a réussi à assurer la réponse économique en Europe, à

ème
reconstruire son économie jadis dévastée pour en faire le 2 pôle

économique mondial, elle n’a pu pour autant épargner à ce continent les

maux économiques principaux que constituent le chômage, les inégalités

flagrantes, l’émergence de zones de précarité qui sounnent comme des

limites au boom des années glorieuses post-guerre.

Qu’en est-il des résultats de l’aide dans le Tiers-Monde pour vaincre la

pauvreté ?

2. Sous-développement du Tiers-Monde et assistance

Le sous-développement de la majeure partie de la population mondiale

est sans doute de nos jours la caractéristique prédominante de la scène

internationale. Il constitue en lui-même un facteur capital de tension à

l’intérieur de la société internationale.

Quelles qu’en soient les causes, il était impensable pour des raisons

politiques et humanitaires de laisser sans réagir une partie de l’humanité

s’enfoncer chaque jour davantage dans la pauvreté. Ainsi l’assistance aux

pays pauvres a été formulée comme une des réponses cardinales permettant

de relever ce défi.

Deux types de thérapies en matière d’assistance aux pays pauvres ont

été mis en place :


- L’aide extérieure

- Les mesures commerciales

a) L’aide extérieure comporte deux principaux volets ; à savoir l’aide

financière et l’assistance technique. Les principaux pourvoyeurs

sont les pays industrialisés et les pays arabes producteurs de

pétrole.

- L’aide financière concerne l’ensemble des flux de capitaux en

provenance des pays donateurs. Ces flux se caractérisent par trois

buts essentiels :

le montant total de l’aide est en régression : le seuil de 0,7% de

leur PNB n’a jamais pu être atteint par les pays donateurs,

comme l’avait fixé les Nations-unies

l’aide bilatérale l’emporte sur l’aide multilatérale

l’aide publique l’emporte sur l’aide privée

Quelle soit publique ou privée, bilatérale ou multilatérale, l’aide

financière aux pays pauvres s’avère onéreuse. D’où le problème crucial de la

dette des pays en voie de développement.

- L’assistance technique désigne l’ensemble des services par

lesquels un pays bénéficie des connaissances scientifiques ou

techniques et des savoir-faire à même de lui permettre de mener

une politique autonome de développement.

Elle se traduit principalement par l’octroi de bourses d’études et de

stages, l’envoi d’experts et coopérants ou la fourniture de matériels.

Des marques similaires à l’aide financière peuvent être formulées.

Aide financière et assistance technique restent faibles au regard de

l’ampleur du sous-développement. C’est pourquoi l’aide extérieure est


complétée par d’autres mesures en faveur du développement à savoir les

mesures commerciales.

b) Les mesures commerciales : elles ont pour but de remédier aux

conséquences néfastes de l’infériorité flagrante des économies en

sous-développement dans le commerce international. Cette

infériorité s’exprime principalement par la dégradation des termes

de l’échange, c'est-à-dire le déséquilibre entre la valeur

décroissante des produits exportés par les pays du Tiers-Monde et

la valeur croissante des produits qu’ils importent.

Deux mécanismes ont été mis en œuvre pour y parvenir :

- la stabilisation des cours des matières premières

- l’octroi de préférences douanières

Les cours de matières premières des pays en voie de développement

subissent de nombreuses fluctuations (des hauts et des bas) soit en raison

des phénomènes de surproduction (qui induit un déséquilibre entre la

demande et l’offre) ou de leur utilité décroissante dans les industries

développées. Ces fluctuations ont des conséquences souvent fâcheuses sur

les recettes financières des pays pauvres. C’est pour enrayer ces

conséquences, qu’il a été mis en place des accords sur les principaux

produits de base : café, sucre, cacao, cuivre, etc… Par ces accords, les

principaux pays producteurs et importateurs s’entendent pour stabiliser les

cours en régulant les marchés. De leur côté, les pays du Tiers-Monde ont

engagé des effets en vue de développer leurs échanges mutuels pour atténuer

la loi des marchés capitalistes. Mais ils sont paralysés dans cette voie par le

caractère concurrentiel et non complémentaire de leurs productions

nationales respectives.
Enfin, l’octroi de préférences douanières a été instituée pour contribuer

à l’équilibre des termes de l’échange par la constitution de zones d’échanges

favorables mutuels entre pays riches et pays pauvres : exemple accord entre

la CEE (Communauté Économique Européenne) et les ACP (Pays

d’Afrique, Caraïbes, Pacifique) avec des garanties d’achats des productions,

des garanties de prix et une solidarité monétaire.

Ni l’aide extérieure, ni les mesures commerciales n’ont pu, loin s’en

faut, véritablement inverser la courbe du sous-développement plus de

soixante ans après les premières indépendances des anciennes colonies. Les

difficultés des pays pauvres n’ont cessé de s’aggraver au point que ceux-ci ne

sont plus – pour beaucoup d’entre eux – en mesure d’assurer le

remboursement de leurs dettes.

Le FMI (Fonds Monétaire International) s’est donc imposé comme le

recours incontournable des économies en difficulté en octroyant

temporairement des ressources aux pays en crise moyennant des

contreparties drastiques qui ont pour nom ajustement structurel. Celui-ci se

traduit principalement par une réduction des déficits budgétaires, la

suppression des subventions de l’État, la privatisation des sociétés d’État ou

encore le gel des effectifs dans le secteur public.

Le recours au FMI ne s’est pas illustré comme une thérapie à même de

venir à bout des difficultés économiques des pays pauvres.

Ainsi ni l’aide extérieure par les acteurs internationaux (bilatéraux et

multilatéraux), ni les mesures commerciales ne sont parvenues à juguler le

fléau du sous-développement et, encore moins, à assurer un ordre

économique international favorisant une répartition équitable des richesses

de la terre. L’on peut ainsi dire que ni le premier objectif de relations

internationales (la recherche de la paix dans le monde) ni le deuxième (la


recherche du développement par le bien-être de la prospérité) n’ont pu

jusqu’alors être atteints. L’humanité demeure en quête d’un ordre

international juste et équilibré.

C’est à ce tournant que nait un nouveau phénomène que ses défenseurs

présentent à cor et à cri comme la solution aux problèmes de développement

de l’humanité tandis que ses détracteurs y voient le mal absolu : c’est la

mondialisation.

- LA MONDIALISATION

La mondialisation (en anglais : globalisation) est définie par le FMI

comme "l’interdépendance économique croissante de l’ensemble des pays

du monde, provoquée par l’augmentation du volume et de la variété des

transactions transfrontalières de biens et services, ainsi que des flux

internationaux de capitaux, en même temps que par la diffusion accélérée et

généralisée de la technologie".

Pour comprendre le phénomène de mondialisation, il importe avant

tout de la rattacher au processus d’unification du monde. Dans le passé

lointain, les évènements qui se déroulaient isolément sur la planète n’étaient

pas forcément liés entre eux. La mondialisation commence dès que les

évènements et les diverses parties du monde entrent en interdépendance les

uns avec les autres.

Ce terme apparut pour la première fois dans la langue française en

1962, s’affirme dans les années 80 et se généralise au cours de la décennie

90. Cette diffusion d’effectue d’une part sous l’influence des thèses sur

l’émergence d’un "village planétaire" (défendues par le philosophe canadien

Marshall McLUHAN) et surtout par le biais des mouvements


antimondialistes et altermondialistes qui s’activent à attirer l’attention de la

communauté internationale sur l’ampleur du phénomène et ses

conséquences. De nos jours, ce terme est considéré par certains comme le

ème
"terme le plus galvaudé du XXI siècle" en raison des interprétations

diamétralement apposées qui lui sont attribuées et des violentes passions

qu’il a suscitées. En effet, pour les uns la mondialisation est un "état de

grâce où règnent la paix et la prospérité universelle" tandis qu’elle est

décriée par d’autres comme un nouveau chaos de l’humanité qui, à ce titre,

doit être ardemment combattu.

Telle qu’on la connaît aujourd’hui, la mondialisation en tant que

processus d’unification de la planète est un phénomène qui plonge ses

racines dans un passé lointain. Du point de vue historique, quatre raisons

principales ont toujours poussé les individus à quitter leur famille ou leur

village pour parcourir des contrées éloignées à savoir :

- la raison politique : le désir de conquête afin d’asseoir sa propre

sécurité et étendre sa puissance.

- la raison économique : quête de prospérité pour une meilleure vie.

- la raison religieuse : le prosélytisme qui pousse les individus à

propager leur foi et convertir les autres.

- et enfin la raison culturelle : satisfaction d’un besoin de curiosité

et de découverte.

Ce processus qui a démarré depuis l’antiquité a eu pour artisans les

explorateurs, les missionnaires, les commerçants, les marchands, etc… La

révolution industrielle et la colonisation ont accéléré cette

intercommunication des différentes parties du monde avec d’importants

transferts d’hommes, de biens et de savoirs.


Dans sa phase actuelle, la mondialisation repose sur deux piliers

essentiels :

- la révolution des transports : celle-ci s’est traduite par une forte

régression du coût de transport, favorisée par la construction de

navires marchands toujours plus grands, puissants et compétitifs.

Cette énorme faiblesse du coût des transports explique la mise en

place d’une division internationale du travail puisqu’il devient dès

lors rentable de faire fabriquer un bien dans un pays (par ex. la

Chine) et le vendre dans un autre continent.

- la révolution des moyens de communication et de l’information :

de l’âge industriel à la "société globale" de l’information, les

nouvelles technologies (instrument numérique) n’ont cessé de

refaçonner l’espace-temps du monde de communication et de

transfert des données entre les hommes, accélérant leur

rapprochement comme jamais dans le passé.

A l’observation, la mondialisation se manifeste sous quatre aspects

fondamentaux, c'est-à-dire une idéologie (le libéralisme), un outil (la firme

multinationale), une monnaie (le Dollar) et une langue (l’anglais).

1. L’idéologie de la mondialisation : Le tournant idéologique décisif ayant

conduit au sacre de la mondialisation se produit dans les années 80.

C’est la décennie du triomphe des thèses libérales avec l’arrivée

simultanée au pouvoir du Président américain Ronald REAGAN (élu

en novembre 1980) et du Premier Ministre anglais Margaret

THATCHER (élève en 1979). Leurs mandats respectifs favorisent

ouvertement la promotion des idéologies du néo-libéralisme qui

investissent les médias, les universités et les grandes organisations


économiques et financières internationales, en particulier le FMI et la

Banque Mondiale. Une campagne planétaire est alors déclenchée : elle

vise à convaincre gouvernants, élites et masses populaires en

accréditant la thèse de l’indiscutabilité du libre-échangisme et du

marché. En d’autres termes, il s’agit de légitimer l’idée selon laquelle

la dérèglementation des échanges commerciaux, la liberté total des

marchés, la libre circulation des capitaux procuraient inévitablement

une élévation universelle du niveau de vie des individus et des

sociétés : Margareth THATCHER résume cette conviction dans un

slogan resté célèbre à savoir "there is no alternative" (résume par

l’abréviation TINA), slogan que l’anti-mondialiste Jean ZIEGLER

décrit comme lui du "troisième pouvoir totalitaire produit dans

l’histoire après le bolchevisme et le nazisme".

En une dizaine d’années, cette idéologie économique a gagné la

planète, le FMI et la Banque Mondiale s’en faisait les avocats attitrés,

imposant à tous des stratégies de développement favorables du marché,

pierre angulaire des programmes imposés aux pays pauvres et endettés.

Ainsi en 1980, le Sénégal inaugure le premier plan d’ajustement structurel,

la Chine libéralise son agriculture et s’ouvre au marché par la mise en place

de plusieurs zones économiques spéciales. La chute du Mur de Berlin en

1989 accélère la diffusion à l’Est de l’idéologie libérale tandis qu’elle prend

pied en Inde dès 1990.

2. L’outil de la mondialisation : la firme multinationale. De par son

extension géographique internationale, sa forte puissance financière et

sa capacité unique à transférer technologies et capitaux au-delà des

frontières, seule une firme multinationale est à même de développer

une stratégie à l’échelle mondiale en optimisant les possibilités qu’offre


les facteurs de production : localisation, approvisionnements,

financement, circuit de commercialisation, recrutements, débouchés,

fiscalité, etc… Cette stratégie se fonde sur la comparaison froide des

avantages et inconvénients que procurent aux investisseurs les

différents solutions nationales possibles ; comparaison elle-même

dictée par le sacro-saint objectif de l’idéologie libérale à savoir

l’obtention du maximum de projet au minimum de cout.

La multinationale se livre en cela à une folle loi de la concurrence et de

la compétitivité qui met en valeur la bonne ressource venue du bon endroit

pour fabriquer le bon produit à vendre sur le bon marché, au bon moment

et au bon consommateur. La logique capitaliste fait prédominer des

concepts à son avantage qui ont pour noms : production flexible,

externalisation, dégraissage, etc… autant de techniques du management

moderne qui caractérise la grande machine mondiale du capitalisme de

marché. Ainsi des ressources, des individus, des groupes sociaux, des villes

et régions voire des pays entiers peuvent être abandonnés, délaissés ou

exclus s’ils n’ont pas été jugés suffisamment rentables par la multinationale

capitaliste.

3. La monnaie de la mondialisation : le Dollar : L’hégémonie économique

des États-Unis indiscutable depuis la fin de la seconde Guerre

Mondiale et les Accords de Bretton Woods (ayant donné naissance à la

Banque Mondiale et au FMI) avaient déjà consacré le Dollar comme

monnaie de référence dans les échanges internationaux : toutes les

monnaies étaient définies par rapport au Dollar et le Dollar lui-même

défini par un certain poids d’or. Le processus de mondialisation a

confirmé cette suprématie de la monnaie américaine sur l’économie


mondiale. Non seulement plusieurs monnaies étaient déjà rattachées au

Dollar ; mais aussi, au fur et à mesure que les frontières s’ouvrent, la

monnaie américaine circule et s’impose dans beaucoup de pays du

Tiers-Monde ou de l’Europe de l’Est ex-communiste où elle jouit

d’une grande confiance du public par rapport aux monnaies locales.

4. La langue de travail de la mondialisation : l’anglais : Résultat d’une

évolution entamée depuis la fin de la seconde guerre mondiale,

l’anglais a acquis aujourd’hui une suprématie incontestable sur la scène

internationale, loin devant toutes les autres langues. La mondialisation

est venue consacrer cette situation, ce qui a abouti au "tout anglais"

dans l’économie mondiale. En effet, la poussée inédite des échanges

internationaux a imposé l’usage d’une langue commune, l’anglo-

américain, qui a envahi le monde du commerce, des affaires, de la

diplomatie, de la recherche et des technologies. Pour beaucoup

d’observateurs, cette hégémonie, loin de s’atténuer, ira croissant,

favorisée par le pragmatisme, l’efficience, la rapidité et le moindre

coût, autant de critères dictés par le gain capitaliste.

Parvenue au stage actuel, la mondialisation est un phénomène sans

précédent dans l’histoire de l’humanité. Conséquemment, elle suscite des

débats d’une ampleur inégalée dans tous les milieux entre partisans et

adversaires de ce processus, tout autant acharnés les uns comme les autres.

5. Les partisans de la mondialisation : La mondialisation compte ses

apôtres, ses dogmatiques. Nourris aux thèses des pionniers, ceux-ci

prolongent la réflexion en estimant que cette grande transformation

capitaliste était devenue un fait incontournable et inévitable pour

l’humanité. A leurs yeux, elle marque la réussite de la diffusion


mondiale d’une libéralisation économique entamée en Europe

occidentale il y a plus de trois quart de siècle avec le plan Marshall.

En plus d’être inévitable, la mondialisation, en ouvrant les frontières,

serait synonyme de développement ; en ce sens qu’elle permet aux pays du

Tiers-Monde de devenir à leur tour des pays industrialisés et cesser d’être

simplement des pays exportateurs de matières premières. A cet égard, les

thuriféraires de la mondialisation citent généralement en exemple les pays

asiatiques qui en trente ans ont multiplié par sept leurs revenus par tête

d’habitant tout en quadruplant leurs parts dans le commerce international

dès lors qu’ils se sont ouvert à l’économie mondiale (C’est le fameux mythe

des quatre dragons d’Asie du Sud-Est : Corée du Sud, Hong-Kong,

Singapour et Taiwan). Ainsi peuvent-ils affirmer : là où les barrières

économiques tombent, les flux de capitaux suivent. Par ses possibilités sans

précédent qu’elle offrirait à des milliards d’hommes sur la planète, la

mondialisation serait donc irréversible, porteuse de développement et à

même de permettre à l’humanité d’atteindre le deuxième objectif

fondamental des relations internationales à savoir l’atteinte du bien-être et

de la prospérité par le développement.

Face à ces partisans déterminés, se dressent dont aussi déterminés les

adversaires de la mondialisation qui proposent une autre vision du bien-être

et de la prospérité : ce sont les altermondialistes.

L’histoire de l’altermondialisme émerge dans les années 80 dans les

débats contre la dette des États du Tiers-Monde et l’intervention du FMI

dans les économies pauvres au moyen de plans d’ajustements structurels.

Contraire au triomphalisme des partisans de la mondialisation, il se

développe alors dans l’opinion mondiale la thèse d’une toute puissance des

grandes instances internationales du développement qui abriteraient des


lobbies au service du capitalisme et au détriment des populations. Le procès

contre le capitalisme triomphant et peu soucieux du sort des masses se

poursuit dans les années 90 avec la montée du chômage chronique et massif

en Europe et aux États-Unis, la précarisation du travail et la remise en cause

des acquis sociaux au nom des "exigences du marché".

Concrètement, les altermondialistes (qui se structurent en 2001 à Porto

Alegre au Brésil où nait le Forum Social Mondial qui se réunit tous les ans)

ne réfutent pas l’unification du monde. Mais loin de se résigner au diktat du

marché et de la finance, ils proposent de réformer la mondialisation pour

instaurer un "autre monde" selon la formule "un autre monde est possible".

Ils considèrent que le processus de mondialisation économique, s’il

n’est pas encadré et maitrisé politiquement, conduit inéluctablement à une

accélération des inégalités dans le monde (entre le Nord et le Sud, et au sein

même des populations de chaque hémisphère). Il proposent donc une

mondialisation maitrisée et solidaire qui place en son cœur les droits

humains des populations, la justice économique et aussi et surtout la

préservation de la nature par l’écologie posée comme moteur du

développement à la place du marché qui conduirait au démantèlement de la

planète.

Au total, l’on peut constater aisément qu’aujourd’hui le début sur les

voies et moyens du développement, du bien-être et de la prospérité laisse

dégager un affrontement entre partisans et adversaires de la mondialisation.

Chaque camp pose de manière dogmatique le bien-fondé de ses thèses et

l’irresponsabilité de l’autre quant au devenir de l’humanité. Chaque camp

compte ses victoires et ses échecs.

Alors que les partisans de la mondialisation présentent la montée des

pays émergents comme une des illustrations positives de leurs thèses, les
altermondialistes quant à eux mettent à leur propre actif plusieurs avancées :

l’annulation d’une partie de la dette des pays du Tiers-Monde et la création

d’un dispositif PPTE (Pays Pauvres Très Endetté), la critique généralisée

des politiques du FMI et de la Banque Mondiale, la mise à disposition à

prix réduit des médicaments contre le sida extraits des lois du marché, etc…

Mais plus fondamentalement, l’éclatement d’une série de crises à l’échelle

mondiale (crise des subprimes en 2008, crise climatique, etc…) a conforté

les altermondialistes dans la pertinence de la critique du capitalisme

mondialisé.

ème
En conclusion, il est permis d’affirmer que l’humanité en ce XXI

siècle s’est montrée impuissante jusqu’alors à apporter des solutions viables

et durables aux deux problèmes fondamentaux que tentent de résoudre les

acteurs dans les relations internationales à savoir d’une part la paix et la

sécurité dans le monde et d’autre part l’atteinte du développement. C’est

pourquoi l’humanité demeure-t-elle à la recherche d’un nouvel ordre

international.

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